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Libre fil

7 mai 2024, par Manon Ann Blanchard — , ,
Le vent souffle Un fil, emporté, ondule, Puis s'échoue dans les ramures d'un arbre dénudé Où d'autres fils le rejoignent peu à peu. Ils sont là, imbriqués, soudés, (…)

Le vent souffle

Un fil, emporté, ondule,

Puis s'échoue dans les ramures d'un arbre dénudé

Où d'autres fils le rejoignent peu à peu.

Ils sont là, imbriqués, soudés,

Par la tempête.

Qu'adviendra-t-il du fil libre,

Unique, précieux ?

Déjà, on ne le distingue plus

Dans l'amas tortueux

Gainant l'arbre,

Tissé serré.

J'aime que la trame soit souple

Que la lumière traverse, laisse deviner, caresse,

Hors du lycra moulant, étouffant, de nos sociétés,

Que les idéaux s'ouvrent aux débats,

Que le fil ait de l'espace,

Qu'il aille librement,

Sans qu'une main lourde

Lui assigne une place.

J'aime les mailles à l'envers,

Les voiles ajourées,

Qui dévoilent et préservent

Notre mystère,

Notre singularité,

Notre différence,

Notre liberté.

Tant mieux si tout ça fait étoffe,

Tant mieux si tout ça forme nous,

Un nous en mutation,

Tissé, peut-être,

Mais pas trop serré

Manon Ann Blanchar

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Après l’entrisme, bientôt l’auto-critique ?

6 mai 2024, par Sébastien Barraud — , ,
Que d'émotions la semaine dernière. Assez pour me sortir de mon détachement de la politique québécoise. La « gang à Gab » – expression forgée par la dissidence de Québec (…)

Que d'émotions la semaine dernière. Assez pour me sortir de mon détachement de la politique québécoise. La « gang à Gab » – expression forgée par la dissidence de Québec solidaire – a enfin tombé les masques. Plus le choix. L'enfumage systématique ne pouvait plus passer. On a vu trop tard la pente glissante nationaliste. Plus tard a été déchiffré le virage électoraliste. Et dernier coup de théâtre médiatique : la révolution citoyenne solidaire sera finalement… sociale-démocrate ! Le modèle contre lequel Québec solidaire a été précisément créé.

L'empathie aura duré une journée pour un GND, « ébranlé ». Bientôt flanqué de sa future co-porte-parole féminine pragmatique par intérim, il s'est et a assumé : QS doit changer de fond en comble. D'une pierre deux coups : on tente de reprendre le contrôle du narratif et on joue à quitte ou double (moi ou le déluge). Coky.

Ça ne vous étonnera pas, j'avais compris le stratagème entriste après la fusion avec Option nationale1. Mais avant ça, je n'ai pas cru les personnes qui prévenaient. Je tiens à m'excuser auprès d'elles. Parce que j'ai lutté contre elles avec les mêmes armes qu'eux.

Après mon départ de QS2, on ne m'a pas cru non plus.

Heureusement que je suis privilégié : je n'ai eu le droit qu'aux procès d'intentions complotistes et au tone policing. Mes ami·e·s ex-solidaires – dont certain·e·s ont fait élire une partie de la députation grâce à leur travail gratuit – ont souffert tellement ! Et leur souffrance se réveille encore à chaque épisode, car le déni continue. Ça les a même dégoûtés de la politique.

Moi je le croyais aussi, être dégoûté de la politique. Mais fuir l'aliénation des réseaux sociaux, mettre en pause mon travail syndical non local, se repassionner pour la politique française et étasunienne… tout ça m'a fait un bien fou. Moins de colère. Et l'envie de participer à nouveau aux débats de la gauche québécoise, toujours avec irrévérence.

Des souffrances non reconnues

Depuis 2017, nombreux·ses sont les militant·e·s qui ont alerté sur la manière d'être traité. Les personnes qui osaient parler ou dévier d'un pouce, étaient ramenées à leur place par un système de gaslighting interne et externe, y compris publiquement quelques fois. Souvenons-nous du Collectif antiraciste décolonial, ce ramassis de « wokes victimaires importé·e·s » expliquant qu'à QS, les militant·e·s racisé·e·s n'ont que la place qu'on leur donne.

Malgré ces alertes, l'aveuglement volontaire l'a emporté sur ce que des militant·e·s sans pouvoir questionnaient : le harcèlement et les discriminations systémiques découlant de la gestion des ressources humaines3 et militantes du parti. Pas capable de simple humanisme. Pourquoi ?

Car leur projet pour sauver le Québec est plus important que les sorties médiatiques contre les camarades (sic.), même si cela vaut à ces derniers des tombereaux d'insultes4 et de menaces de mort. Sur ça aussi, les personnes dirigeantes ont été alertées. Ignorance intentionnelle.

La fin justifie les moyens

Ainsi, la purge des « problématiques » s'est déroulée trop d'accros, aidée de l'alliance objective avec la classe médiatique, y compris la plus nauséabonde : journaux poubelles, twitto(facho)sphère et autres trolls. Le moulinet de la déradicalisation5 et de la respectabilité s'est porté comme un charme : décoloniaux, autochtones6, anglos, travailleuses du sexe7, fédéralistes (ou non-alignés, mais c'est pareil, puisqu'anyway « y'en a pas de fédéralistes à QS »). Récemment, c'était le tour des personnes trans et/ou migrantes8, puis des féministes (puisque leur co-porte-parolat est un boulet).
Au nom du Pays et donc on l'aura compris du « pragmatisme », c'était éthique d'engager juste les potes, de prendre et d'accaparer le pouvoir au sein d'un parti « irréaliste » qu'on n'a pas fondé. Notamment à l'aide de toutes les techniques de disqualification et de domination des classes dominantes : projection, dénigrement, rumeur, convocation, censure, favoritisme, cooptation, népotisme, diffamation, intimidation, mensonge, cyber raid, procès à charge, menace verbale et judiciaire, conciliation de grief.

Tout ça, la conscience tranquille, boss !

J'espère sincèrement que d'autres victimes oseront témoigner.

Pragmatisme néo-solidaire : les jeux sont-ils faits ?

Il y a deux étapes à passer pour rendre QS « gouvernemental » et sous la coupe définitive du clan des spin doctors9.

La première : la réforme de ses statuts et de son programme. Il parait que les régions québécoises sont pas assez vites pour les comprendre. Il faut donc simplifier pour accélérer 10. On verra aux prochaines instances nationales de QS si les délégué·e·s accepteront ce hold-up patiemment travaillé en coulisse.

À la seconde étape – les élections provinciales de 2026 – la question nationale11 va probablement être à nouveau au centre du jeu politique (si la tendance se maintient). PSPP ne pourra pas prendre le risque d'une victoire plus courte que prévue.

Si GND gagne son pari, l'accord électoral avec les péquistes, qu'il désire depuis si longtemps, semble inexorable12. Les signes religieux risquent d'en prendre un nouveau coup13, mais des ministères seront négociés. C'est mieux que des amendements, pensent-on…

Si GND ne réussit pas son pari, la question nationale divisera quand même la gauche, et QS devra se régénérer.

Dans les 2 cas, quelles options pour les personnes non nationalistes de la gauche québécoise ? L'abstention ou la résignation comme en 2022 ? Comment convaincre la moitié des personnes qui votent ou votaient pour QS de recommencer après la brutalisation vécue, aperçue et maintenant sue ? Comme Jean-François Lisée le souligne avec une délectation légitime : quel espace politique pour ce « 2ème PQ » ?
J'y reviendrai bientôt.

En attendant, un examen de consciences s'impose. Ils doivent bien ça à toutes les personnes rabaissées par l'autoritarisme et calomniées par la meute.

Notes

1.Clin d'œil à JP… La flottille : la classe. Et merci sincèrement d'avoir essayé !

2.https://folalliee.wordpress.com/2019/11/18/pourquoi-jai-quitte-qs-pour-vivre-mon-militantisme-autrement/

3. Je ne vous parle même pas des négociations syndicales internes, on pourrait en faire cas d'école de duplicité.

4.En même temps, pour les québécoises qui portent un signe religieux, c'est random.

5.https://www.pressegauche.org/Quebec-solidaire-de-radicalisation

6. https://www.pressegauche.org/Entre-les-cowboys-et-les-indiens-Quebec-solidaire-sur-une-ligne-de-crete

7.https://folalliee.wordpress.com/2021/02/04/prostitution-pourquoi-quebec-solidaire-ne-respecte-pas-son-programme/

8.https://onjase.org/post/2019/03/15/408-L%E2%80%99insoutenable-legerete-des-droits-fondamentaux

9.https://pivot.quebec/2024/05/02/le-menage-du-printemps/

10.https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2024-05-04/caq-qs-et-le-syndrome-de-la-locomotive.php

11.https://www.pressegauche.org/La-Nouvelle-France-2-0-et-les-formes-elementaires-de-l-identite-un-nationalisme

12. https://www.pressegauche.org/LES-SOLIDAIRES-A-LA-CROISEE-DES-CHEMINS

13.https://www.pressegauche.org/Quebec-solidaire-la-laicite-et-les-signes-religieux-pourquoi-je-defends-l

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Les combattant.tes en Amérique latine : la lutte périlleuse pour le droit à l’avortement

6 mai 2024, par Célia Sales
Celia Sales Au Salvador, au Honduras et au Suriname, l’avortement est strictement interdit. L’Uruguay ou la Colombie autorisent l’avortement selon certaines conditions (…)

Celia Sales Au Salvador, au Honduras et au Suriname, l’avortement est strictement interdit. L’Uruguay ou la Colombie autorisent l’avortement selon certaines conditions gestationnelles. En revanche, au Chili ou au Venezuela, les conditions sont restrictives, l’avortement étant seulement permis en (…)

Les deux nations interpénétrées

6 mai 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Dans mon texte de la semaine dernière, je mentionnais "l'imposture multiculturaliste". J'utilisais le concept des deux nations, le Québec français et le Canada anglais qui (…)

Dans mon texte de la semaine dernière, je mentionnais "l'imposture multiculturaliste". J'utilisais le concept des deux nations, le Québec français et le Canada anglais qui forment la trame politique et culturelle très contrastée du pays, ou plutôt des deux pays qui se côtoient dans un État : le Canada.

J'écrivais :
"La persistance du nationalisme québécois sous sa forme autonomiste et souverainiste contredit les thèses du courant d'idées multiculturaliste. Une simple observation pour quiconque a déjà fait le tour du Canada permet de constater la réalité des deux nations." Je devrais ajouter trois si on compte les membres des Premières nations.
Ce qui permet aux tenants et aux tenantes du multiculturalisme de tenir leur discours, c'est qu'il existe des francophones hors Québec et des non francophones au Québec même. Or, nous ne sommes pas en présence de groupes homogènes dans un cas comme dans l'autre. Plusieurs francophones en dehors de la "Belle Province" sont voués à l'assimilation à la société majoritaire anglophone, quand ce n'est pas déjà fait. Examinons cela de plus près.

On retrouve au Canada anglais des Québécois et Québécoises allés s'établir là pour des motifs professionnels ou personnels à une date récente. Ils forment de petits groupes dispersés, très minoritaires et obligés par la force des choses de s'assimiler à la majorité anglophone qui les entoure. D'autres francophones plus nombreux, eux aussi d'origine québécoise vivent eux aussi au Canada anglais depuis quelques générations (et parfois depuis plus longtemps encore). Ils utilisent encore leur langue à la maison parce qu'ils sont assez nombreux ; à force de pressions, ils ont obtenu des institutions sociales et culturelles comme des commissions scolaires et des bibliothèques. Leur situation varie donc au gré des rapports de force qu'ils sont arrivés à établir avec les autorités locales et régionales. Mais ils doivent souvent lutter pour conserver leurs modestes avantages.

Ensuite, il faut souligner qu'on oublie souvent les importantes minorités historiques suivantes : les Acadiens des Maritimes et les Métis de l'Ouest, en particulier ceux de la Saskatchewan.

Les premiers, regroupés surtout au Nouveau-Brunswick, sont des francophones de vieille souche, descendants des Acadiens et Acadiennes déportés par les Britanniques de l'actuelle Nouvelle-Écosse en 1755. Il en subsiste encore quelques groupes dans cette dernière province. Au Nouveau-Brunswick, on les rencontre surtout le long du golfe, de Bouctouche environ à Caraquet.

Les Métis, eux, vivent surtout en Saskatchewan et dans une moindre mesure au Manitoba. Ils descendent d'unions entre voyageurs canadiens et Amérindiennes aux dix-huitième et dix-neuvième siècles. Ceux et celles qui ont conservé le français sont assez peu nombreux mais ils affirment tout de même une présence francophone en plein milieu du Canada anglais.

On note ailleurs la présence d'autres communautés francophones qui sont arrivées à continuer de pratiquer leur langue et qui possèdent certaines institutions comme des bibliothèques, à Vancouver par exemple.
Toutes ces communautés francophones hors Québec affichent une conscience très vive de leur spécificité. Elles considèrent le Québec comme une espèce de grand frère de qui elles attendent soutien et encouragement. Pendant longtemps, Québécois et Québécoises les ont vues comme une extension nationale hors de leurs frontières. On est bien loin du multiculturalisme à la Trudeau.

Passons maintenant aux non francophones du Québec.

Ils se divisent en deux groupes principaux : ceux de vieille souche (anglo-saxonne et certaines communautés comme les Italiens et bon nombre de Chinois) d'une part, et d'autre part ceux arrivés assez récemment, en particulier de Grèce, ou plus récemment encore d'Asie, comme l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh. Certains de ces derniers éprouvent des difficultés à s'intégrer à la majorité francophone pour différentes raisons mais pas forcément à cause d'une mauvaise volonté réciproque. Il faut bien le dire aussi : en Amérique du Nord, l'anglais est la "lingua franca", la langue des affaires et de la promotion sociale.

Ceux qui s'assimilent le plus volontiers aux francophones semblent être ceux qu'on appelle les Latinos, c'est-à-dire les gens d'origine latino-américaine, peut-être en raison d'affinités culturelles.

Pour conclure, chaque nation principale au Canada possède donc ses "succursales" ou encore ses "antennes" au sein de sa voisine : pour le Québec, les francophones au Canada anglais et pour celui-ci, les non-francophones au Québec.
Ironiquement, leur présence respective confirme la thèse des deux nations bien plus que celle, éculée, du multiculturalisme.

Jean-François Delisle

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« VEYE YO ! PINGA ! » – Déclaration de la diaspora haïtienne

6 mai 2024, par Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCCD)
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Le Conseil présidentiel de transition (CPT) a été installé le jeudi 25 avril dernier. Nous publions ci-dessous la Déclaration de la diaspora haïtienne de Miami, New York et Montréal, suivi de la Déclaration de la Coalition haïtienne du Canada contre la dictature en Haïti comme contribution (…)

Un mouvement étudiant mondial contre le capital pro-Israël

5 mai 2024, par Rozana Ryan
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Rozana Ryan Les campus universitaires à travers le monde sont devenus des champs de bataille pour la justice et l’éthique dans les investissements, sous l’impulsion des mouvements étudiants pro-palestiniens. Depuis le déclenchement en octobre de la guerre génocidaire sur Gaza, les étudiant.es (…)

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Adopté le 1er avril 2021 par le conseil municipal de Montréal, le RMM (Règlement pour une métropole mixte) a été présenté comme un mécanisme permettant à la ville de forcer les promoteurs privés à construire des logements sociaux et/ou à loyer protégé. S'ils refusaient de le faire, ils pouvaient (…)

L’invasion russe en Ukraine, l’OTAN et l’augmentation de l’armement sur la planète

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Nous publions la deuxième partie d’une entrevue avec Pierre Rousset, animateur du site Europe solidaire sans frontière (ESSF), sur la crise planétaire et l’internationalisme. La deuxième partie de l’article porte sur l’invasion russe en Ukraine, et la troisième sur la guerre d’Israël contre le (…)

Élections 2024 en Afrique du Sud : un appel au réveil pour la gauche

4 mai 2024, par Rédaction-coordination JdA-PA
Éditorial publé dans Amandia ! le 17 avril. Les élections nationales et provinciales du 29 mai en Afrique du Sud s’annoncent les plus déterminantes depuis les «élections de la (…)

Éditorial publé dans Amandia ! le 17 avril. Les élections nationales et provinciales du 29 mai en Afrique du Sud s’annoncent les plus déterminantes depuis les «élections de la liberté» de 1994. Reste qu’encore une fois aucune force de gauche ou anticapitaliste crédible n’est en lice. Selon (…)

« Nous ne nous tiendrons plus aux côtés des employeurs »

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Le 28 avril, des points de vue contradictoires sur la sécurité au travail ont occupé le devant de la scène lors d'une manifestation organisée à l'occasion du Jour de (…)

Le 28 avril, des points de vue contradictoires sur la sécurité au travail ont occupé le devant de la scène lors d'une manifestation organisée à l'occasion du Jour de deuil​​​​​​​ sur la place Jack Poole à Vancouver. Le Jour de deuil​​​​​​​ est une commémoration annuelle des travailleurs qui ont (…)

L’Intifada étudiante s’intensifie dans les universités montréalaises

4 mai 2024, par André Frappier, Andrea Levy — , , ,
Des étudiantEs des quatre universités montréalaises se sont rassembléEs la semaine dernière pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et faire pression sur leurs (…)

Des étudiantEs des quatre universités montréalaises se sont rassembléEs la semaine dernière pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et faire pression sur leurs institutions pour qu'elles coupent leurs liens financiers et académiques avec Israël. Suivant l'exemple des campements de solidarité avec la Palestine aux États-Unis, ils et elles ont installé un campement sur le terrain de l'Université McGill le 27 avril, appelant à un cessez-le-feu et exigeant que les établissements d'enseignement supérieur de Montréal divulguent leurs investissements dans les entreprises complices du génocide en Palestine et se retirent de ces compagnies, en plus de couper les liens avec les institutions académiques israéliennes.

Dans le cas particulier de l'Université McGill, deux groupes d'étudiantEs, McGill Hunger Strike for Palestine et Students for Justice in Palestine, ont produit une base de données sur les investissements de McGill dans des entreprises ayant des liens avec l'État d'Israël. On a constaté que « au 31 décembre 2023, l'Université McGill détenait environ 74 millions de dollars en investissements directs et 5,5 millions de dollars en investissements non divulgués dans des entreprises complices du maintien du régime d'apartheid d'Israël et du financement de son génocide. »

Les étudiantEs de McGill ont fait remarquer aux médias qu'il existe un précédent historique de désinvestissement à McGill, qui a été la première université canadienne à se désinvestir de ses avoirs dans l'Afrique du Sud sous l'apartheid en novembre 1985.

Plus récemment, en décembre 2023, elle a annoncé qu'elle se désengagerait de toutes ses participations directes dans le Carbon Underground 200, c'est-à-dire les 100 premières entreprises publiques de charbon au niveau mondial et les 100 premières entreprises publiques de pétrole et de gaz au niveau mondial.

Safa, une étudiante diplômée de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) qui participe à la manifestation sur le campus de McGill, a souligné que l'appel au désinvestissement n'est pas nouveau dans les universités montréalaises et que si la vague de manifestations sur les campus américains en solidarité avec la Palestine a certainement eu une influence sur l'établissement du campement à McGill, les étudiantEs de cette université, mais aussi de l'UQAM et de l'Université Concordia, s'organisent autour du BDS dans les universités québécoises depuis des dizaines d'années.

« Le mois dernier, l'UQAM est devenue la première université au Canada où toutes les associations étudiantes ont voté pour adopter un mandat de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël », a déclaré Safa, notant que les organisateurs et organisatrices cherchent maintenant à obtenir le soutien de diverses facultés universitaires pour un boycott académique. Safa a souligné que la bataille est plus difficile à McGill, qui a des liens particulièrement forts avec Israël et où l'administration a toujours refusé d'écouter les étudiantEs ou de travailler pour trouver un terrain d'entente.

Interrogée sur la réaction des étudiantEs, des professeurs et du public face au campement de McGill, Safa a déclaré qu'elle avait été agréablement surprise par le soutien apporté aux manifestantEs. « Il y a eu tellement de dons de nourriture, de vêtements et de fournitures que les organisateurs et organisatrices ont redistribué le surplus aux personnes dans le besoin à l'extérieur du campus », a-t-elle mentionné.

Néanmoins, depuis le début, le campement pacifique de McGill a été la cible de critiques de la part de l'administration et d'attaques de la part d'étudiantEs peu favorables à la manifestation. Deux de ces étudiants ont demandé une injonction qui aurait obligé toutes les manifestations à se dérouler à une distance de plus de 100 mètres de chacun des 154 bâtiments de McGill, alléguant que les manifestants les mettaient mal à l'aise et les faisaient éprouver un sentiment d'insécurité. Le 1er mai, la demande d'injonction a été rejetée par la juge de la Cour supérieure Chantal Masse. Comme le rapporte Le Devoir, Mme Masse a déclaré dans son jugement que les manifestantEs du campement occupaient illégalement le terrain de McGill, mais qu'elle ne voyait pas l'urgence de démanteler le campement puisque les cours et les examens n'étaient pas perturbés et que l'accès aux bâtiments n'était pas bloqué.

Mais l'administration de l'université, dirigée par le recteur et vice-chancelier Deep Saini, a exigé que le campement soit démantelé et a tenté d'impliquer la police, laquelle a répondu que l'action de protestation était une affaire civile et non criminelle. Cependant, près d'une semaine après le début de la manifestation, le premier ministre François Legault est intervenu demandant à la police de démanteler le campement, qu'il a qualifié d'illégal.

Les étudiantEs protestataires ont le soutien de plusieurs membres du corps professoral, aussi bien à l'Université McGill elle-même que dans d'autres universités montréalaises. Lors de notre visite du campement, nous nous sommes entretenus avec Rula Jurdi Abisaab, professeure d'histoire islamique à l'Institut d'études islamiques de l'Université McGill. Elle a indiqué qu'elle adhérait aux lignes directrices du BDS depuis 2005, lorsque la société civile palestinienne a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle boycotte Israël. En tant que professeure, le boycott universitaire était pour elle un objectif logique. Elle n'était pas la seule dans ce cas.

« Des professeurEs et des professionnels de la culture ont jugé très important de travailler au boycott des institutions israéliennes qui opèrent en complicité avec des organisations économiques et militaires qui normalisent l'occupation coloniale ou produisent des connaissances qui justifient l'occupation et la colonisation », a déclaré Mme Abisaab.

Elle a souligné que, face au génocide qui a tué 37 000 palestiniens et palestiniennes à ce jour, les étudiantEs se sont mobiliséEs plus intensément autour des objectifs du BDS, et pour examiner les liens de l'université avec les entreprises et les institutions israéliennes, affirmant que « notre travail ici en tant que professeurEs, à McGill ou à Concordia, est de soutenir nos étudiantEs qui ont été à l'avant-garde de ce mouvement ». Elle a ajouté que beaucoup de ses collègues lui apportent leur soutien, même s'ils ne viennent pas au campement.

Interrogée sur la réaction de l'administration de McGill face au campement et aux membres de la faculté qui expriment leur solidarité avec les étudiants et les étudiantes, Abisaab a insisté sur la tradition démocratique du Canada qu'elle espère voir respectée par l'administration.

« Ces sites et ateliers sur le campus sont des endroits de développement des connaissances ; ce sont des sites de sensibilisation, d'enseignement et d'expertise », a déclaré M. Abisaab. « Nous savons que la dissidence et la désobéissance civile sont très importantes pour développer le type de connaissance qui nous mènera à une société plus juste, le type de société dans laquelle nous aspirons à vivre. Je ne pense pas que l'administration de McGill, même si elle est mécontente, puisse prétendre que ce que font les étudiants ou les membres de la faculté qui les soutiennent sabote ou sape les fondements de cette institution », a-t-elle ajouté.

« Je pense qu'ils ne suivront jamais l'exemple des universités américaines », a-t-elle poursuivi. « Ce qui s'est passé à Columbia et à l'université Emory à Atlanta est honteux et nous nous y opposons. Mes collègues et moi-même, à McGill et dans d'autres institutions, avons été très clairs dans nos déclarations communes et individuelles : nous ne prendrons pas position contre les étudiantEs et nous nous opposerons à toute militarisation du campus », a affirmé Mme Abisaab.

« Une répression violente serait une très mauvaise décision », a-t-elle ajouté. « Les administrateurs auraient tort de faire l'autruche et de sous-estimer la force et la patience de ce mouvement. Ils et elles doivent écouter les étudiantEs et s'engager avec eux. Ces membres du corps étudiant continueront à manifester pacifiquement ; ils ont appris la persévérance ; sont très bien organisés, et sont très inspirants », a-t-elle déclaré.

Jeudi, une contre-manifestation pro-israélienne a eu lieu près du campement, organisée par des groupes de la communauté juive officielle. Cependant, il y a également un contingent d'étudiants et étudiantes et de sympathisantEs juifs à l'intérieur du campement.

Nous nous sommes entretenus avec l'une d'entre elles, une étudiante de McGill qui s'est identifiée sous le nom de Robin (nom fictif). Interrogée sur son engagement, elle a fait observer que : « Nous sommes un ensemble très diversifié d'étudiantEs, de professeurEs, d'anciens étudiants, de juifs, de personnes d'origine Palestinienne et musulmane qui se réunissent tous et toutes sous l'égide de la libération de la Palestine ». « En tant que juive, a-t-elle poursuivi, j'ai pensé qu'il était incroyablement important de s'impliquer aussi activement. Vous savez, on grandit avec cette propagande sioniste, ce lavage de cerveau dès le plus jeune âge. Il faut passer par un processus de désapprentissage et il est alors crucial d'essayer de partager cela avec les autres ».

Elle a déclaré que la réaction de ses amiEs de la communauté juive à son engagement a été mitigée. Ce n'est pas tout le monde qui l'appuyait. « D'un autre côté, j'ai rencontré certaines des personnes les plus extraordinaires dans le cadre de cet activisme politique et cela a eu un impact réel de rencontrer des personnes dont les objectifs et les valeurs correspondent si profondément aux miens », a-t-elle fait remarquer.

Robin a également des amis d'amis qui sont impliqués dans les mouvements de solidarité à Columbia depuis quelques années et qui ont participé au campement. Elle est optimiste quant à l'élargissement du mouvement dans le reste du Canada et a un petit conseil à donner : « Faites-vous entendre », a-t-elle insisté. « Votre université ne vous écoutera pas si vous ne faites pas avancer ces mouvements. À moins que vous ne vous fassiez entendre à un point tel qu'ils ne puissent pas l'ignorer. Je me réjouis que les étudiants et les étudiantes de tout le Canada s'alignent sur la solidarité avec le Mouvement de libération de la Palestine. »

Campement à l’Université McGill

2 mai 2024 À l'image des étudiant·es de nombreux autres campus à travers le monde, les étudiant·es montréalais·es s'organisent et se mobilisent pour défendre les droits des (…)

2 mai 2024

À l'image des étudiant·es de nombreux autres campus à travers le monde, les étudiant·es montréalais·es s'organisent et se mobilisent pour défendre les droits des palestiniennes et des palestiniens.

Il s'agit d'un mouvement exceptionnel, par son ampleur, par sa radicalité mais aussi parce qu'il compte parmi ses membres, voire parmi ses organisateur·trices, des organisations de jeunes juif·ves militant·es comme Not Now et Jewish Voice for Peace. Et ce mouvement ne se contente pas de s'indigner mais, pour reprendre la formule de Yorgos Mitralias à propos du mouvement étatsunien :

« il va plus loin, en frappant l'adversaire tout-puissant là où cela lui fait le plus mal : dans son portefeuille et son arsenal. C'est pourquoi sa principale revendication est de mettre fin immédiatement et une fois pour toutes aux relations et transactions économiques de toute espèce des universités américaines avec Israël et avec les entreprises américaines qui soutiennent financièrement et militairement Israël »

À Montréal, au lieu de se disperser, les étudiant·es de l'UQAM et d'autres universités montréalaises ont choisi de rejoindre le campement de l'Université McGill, en plein centre-ville. Et on y retrouve grosso modo la même détermination, les mêmes revendications politiques mais aussi la même volonté et les mêmes pratiques répressives des directions universitaires qu'ailleurs.

Le 30 avril l'administration a réclamé l'intervention de la police. Le même jour deux étudiant·es ont déposé une demande d'injonction exigeant que les militant·es quittent les lieux et manifestent à plus de 100 mètres de l'Université. Le 1er mai, la Cour supérieure a rejeté la demande au motif notamment que les craintes des étudiant·es sont « en grande partie subjectives » et reposent sur des « évènements isolés ».

Malgré cette décision judiciaire, l'administration universitaire a clairement fait entendre qu'elle n'entendait pas en rester là. « C'est vraiment le temps de démanteler le camp » insiste le vice-recteur à la vie étudiante, Fabrice Labeau. À croire que les dirigeants de McGill « ne savent pas lire » pour reprendre la formule mobilisée la même semaine par un vice-recteur à l'encontre des étudiant·es en droit de McGill [1]

Le lendemain, dans la matinée du 2 mai, ignorant à son tour les constats de la Cour supérieure, le Premier ministre du Québec, François Legault, demande aux forces de l'ordre d'expulser les étudiant·es : « Je vais laisser quand même les policiers décider comment et quand ils font ça. Mais les campements doivent être démantelés ».

Le même jour, une "organisation proisraélienne", dont le nom n'est pas spécifié, installe un écran géant en face de l'Université diffusant un "documentaire sur l'attaque du Hamas contre Israël". Une manifestation proisraélienne est également organisée face à l'entrée du parc de l'Université. La police est là en grand nombre, pour "tenir à distance les deux camps", selon La Presse.

C'est dans ce contexte pour le moins tendu, que les étudiant·es de l'UQAM présent·es sur le campement appel le corps professoral à la solidarité.

Nous faisons suivre ci-dessous leurs « pistes d'action concrètes » :

« Nous vous écrivons aujourd'hui pour faire suite à notre discussion et vous proposer des pistes d'actions concrètes pour soutenir ce mouvement que nous pouvons qualifier d' historique et dans lequel nous avons tout.e.s une responsabilité. Il existe plusieurs niveaux d'implications pour les professeur.e.s et chargé.e.s de cours, chacun-e pouvant choisir celui qui lui convient le mieux en fonction de son rythme de vie et de son énergie, par exemple :

• Rédiger un texte individuel ou collectif au nom des professeur.e.s de l'UQAM pour soutenir le campement.
• Venir sur place les matinées, car plusieurs médias sont souvent présents et recherchent des personnes pour intervenir à ce sujet. Plusieurs professeur.e.s de McGill et de Concordia ont pris la parole sur les médias pour soutenir le mouvement, et il serait bénéfique et important que l'UQAM fasse également entendre les voix de la résistance uqamienne.
• Être présent.e chaque jour, même pour quelques heures, est important. Nous ne savons jamais ce qui peut se produire à tout moment, et la présence de professeur.e. s dans ces conditions est importante politiquement et médiatiquement.
• Participer à nos réunions de campement chaque jour à 19h à la tente SDHPP UQAM. Nous y faisons un bilan de la journée et évaluons les actions à entreprendre pour le lendemain. Les événements évoluent rapidement, chaque heure étant l'équivalent d'une semaine dans un rythme quotidien. Si vous rencontrez des difficultés pour accéder à l'intérieur du campement, vous pouvez indiquer que vous êtes professeur.e et que vous venez rejoindre la tente SDHPP UQAM.
• Si vous souhaitez être inclu dans une liste d'appels d'urgence en cas d'évacuation et de démantèlement du campement, veuillez répondre à ce courriel en communiquant votre numéro de téléphone. Ce type de mission implique d'accepter d'être contacté en urgence à tout moment de la journée.
• Suivre notre page Facebook ou Instagram. Nous essayons de tenir le public informé aussi rapidement que possible.

En tant que professeur.e.s, chargé.e de cours, vous savez pertinemment que ces temps de solidarités sont bien plus que de simples événements ; ils représentent des moments clés de notre histoire collective.

Dans de tels moments, la réactivité est essentielle ; chaque geste, chaque parole comptent et peuvent avoir un impact significatif sur la suite de nos actions et la portée de nos revendications. C'est pourquoi nous appelons nos professeur.e. s à rejoindre les rangs de cette lutte, à apporter leurs soutiens et leurs expertises pour favoriser son avancée. Vous savez également, pour que cette lutte ait un réel impact, il est nécessaire de ne pas la limiter au fait unique des étudiant.e. s, mais qu' elle soit également mise en mouvement par les différents corps représentant le chœur universitaire. Comme nous l'avons vu aux États-Unis et dans d'autres mouvements de solidarité à travers le monde, la présence et l'engagement des professeur.e.s peuvent jouer un rôle important dans l'amplification des voix des manifestant.e.s et dans la sensibilisation du public aux enjeux qui nous concernent tous.

Comité d'action du campement,
Solidarité pour les droits humains des Palestiniennes & Palestiniens de l'UQAM »

Martin Gallié
Professeur, département des sciences juridiques
UQAM


[1] “McGill's provost has apologized for a “disrespectful” email besmirching a law student concerned about the strike by law professors — after he sent it to the university's president and other senior colleagues but also to the student in question by mistake. (…) Manfredi's response appeared to be an attempt to forward the student's email with his critical comments to Deep Saini, McGill's president, Robert Leckey, the dean of the faculty of law, and Fabrice Labeau, the deputy provost. “Are our students incapable of reading ?” he wrote”.
https://montrealgazette.com/news/local-news/mcgills-no-2-apologizes-for-disrespectful-email-about-law-student-in-reply-blunder#:~:text=The%20strike%20follows%20more%20than,Toronto%2C%20said%20Fox%2DDecent

De vagues fragments d’un rêve dans lequel je n’ai rien à faire

3 mai 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Les Éditions du 81 présentent :“de vagues fragments d’un rêve dans lequel je n’ai rien à faire” H.P. Lovecraft, (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Les Éditions du 81 présentent :“de vagues fragments d’un rêve dans lequel je n’ai rien à faire” H.P. Lovecraft, sélection de lettres situées entre 1927 et 1929. Cet ouvrage contient diverses correspondances entretenues par Howard Phillips (…)

Deuxième entretien avec Jean-Pierre Roy et Nimâ Machouf

3 mai 2024, par Martin Gallié, Jean-Pierre Roy, Nimâ Machouf — , ,
Aujourd'hui, 28 avril 2024, nous avons un deuxième entretien avec Nimâ Machouf, épidémiologiste et Jean-Pierre Roy, infirmier, tous les deux membres de la Flottille de la (…)

Aujourd'hui, 28 avril 2024, nous avons un deuxième entretien avec Nimâ Machouf, épidémiologiste et Jean-Pierre Roy, infirmier, tous les deux membres de la Flottille de la liberté pour Gaza. Il nous parle des blocages rencontrés par la flottille de la liberté pour Gaza.


Version audio de l'entrevue

Après un an, des locataires continuent de s’opposer à leurs augmentations de loyer excessives

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/05/thorncliffe1_cropped-1024x694.jpg2 mai 2024, par Southern Ontario Committee
Le 28 avril a marqué le premier anniversaire de la grève des loyers de Thorncliffe Park, une protestation collective des locataires contre les augmentations supérieures au taux (…)

Le 28 avril a marqué le premier anniversaire de la grève des loyers de Thorncliffe Park, une protestation collective des locataires contre les augmentations supérieures au taux légal (ASTL)​​​​​​​ proposées par leur propriétaire. Les locataires de trois immeubles, 71, 75 et 79 Thorncliffe à (…)

Gérer les forêts de notre région

1er mai 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local La Table régionale des élu·es municipaux du Bas-Saint-Laurent a déposé un mémoire le 22 avril 2024 concernant la (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local La Table régionale des élu·es municipaux du Bas-Saint-Laurent a déposé un mémoire le 22 avril 2024 concernant la gestion des forêts de la région. Le mémoire porte sur les facteurs menaçant l’avenir des activités forestières, comme les (…)

24 avril 2024, troisième entretien avec Jean-Pierre Roy de la flottille de la liberté pour Gaza

Pour la troisième fois cette semaine, nous retrouvons aujourd'hui mercredi 24 avril 2024, Jean-Pierre Valdebenito, infirmier de Québec et membre de la délégation Québécoise (…)

Pour la troisième fois cette semaine, nous retrouvons aujourd'hui mercredi 24 avril 2024, Jean-Pierre Valdebenito, infirmier de Québec et membre de la délégation Québécoise pour la Flottille de la liberté pour Gaza.

Dans ce court entretien, Jean-Pierre explique que la délégation est toujours bloquée à Istanbul. D'après les informations dont il dispose, les gouvernements occidentaux font toujours pression sur le Gouvernement Turc pour que celui-ci bloque ou retarde le départ de l'aide humanitaire.

Le temps joue contre les Palestiniens et contre la délégation internationale.

Ce même 24 avril 2024, et selon le journal Le Monde, la défense civile de la bande Gaza affirme avoir retrouvé, « 283 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l'intérieur de l'hôpital Nasser de Khan Younès ». L'armée israélienne affirme qu'il s'agit d'une accusation « sans fondement ». « Face à un climat d'impunité », l'ONU demande des enquêtes indépendantes.

À New York, l'Université Colombia a suspendu tous les cours en présentiel. Le campus est occupé. Plus d'une centaine d'étudiant·es est poursuivi devant le comité de discipline de l'Université. Le Président des États-Unis a accusé les étudiant·es d'antisémitisme.

Toujours selon Le Monde, à l'Université Yale, une soixantaine d'étudiant·es a été arrêtée et la mobilisation s'étend à d'autres campus.


Version audio de l'entrevue

Balado sur la résistance à l’industrie minière en Équateur

L'Actu des Oublié.e.s IV - Épisode 14. No à la Mineria ! 22 avril 2024 | tiré de Regards .fr En Equateur, les projets miniers se multiplient : 8 % du territoire national (…)

L'Actu des Oublié.e.s IV - Épisode 14. No à la Mineria !

22 avril 2024 | tiré de Regards .fr

En Equateur, les projets miniers se multiplient : 8 % du territoire national est concerné.Le gouvernement du président Noboa mène l'offensive en faisant appel à la police, à l'armée et même à des paramilitaires financés par les multinationales pour imposer des consultations aux populations.Pourtant, fort d'une constitution qui le protège (un peu), organisé et solidaire, le peuple équatorien résiste et maintient vivaces les flammes de la résistance. Focus sur le dernier chapitre de cet autre conflit intérieur à Palo Quemado, avec Luis Corral, porte parole du Front contre l'industrie minière.Mise à jour :A noter que le 20 avril, par référendum, le peuple équatorien a refusé à 65 % le fait de respecter les décisions des tribunaux d'arbitrage (tribunaux internationaux qui permettent aux multinationales de se retourner contre l'état lorsqu'elles s'estiment lésées que leurs projets ne sont pas menés à terme).

Avec Luis Corral, porte parole du Frente Nacional Antiminero

MEDIASActualité des mouvements anti-mineria en Equateur (castillan) :Frente Antiminero (Facebook)Caminantes, Espacio de articulación nacional anti-minera del Ecuador (Facebook)CONAIE [point] org
Sources en français :Sauvons la Forêt [point] orgWeDemain [point] frCDHAL [point] org
DOUBLAGEMarylou
MUSIQUESBoomBapKillaz Resistencia — Mike Corleone & DomeLucha Eterna — Caye Cayejera / Black Mama / M. Ankayli / Taki Amaru Ft. DjmicFuerza Latinoamericana — Rima Roja en Venus / Aguila tway / Mariela Salgado / Venus CastilloVISUEL« Notre lutte est pour la vie / Résistes ! »Affiche des communautés en lutte de Palo Quemado et Las Naves, auteur : Borrego.

Une (minuscule) hausse de salaire pour célébrer la Journée internationale des Travailleurs ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/05/mayday_fr.webp1er mai 2024, par L'Étoile du Nord
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L’intelligence artificielle, une puissance médiocre

30 avril 2024, par Rédaction

Today, we pose this question to new powers
Making bets on artificial intelligence, hope towers
The Amazonians peek through
Windows blocking Deep Blues
As Faces increment scars
Old burns, new urns
Collecting data chronicling our past
Often forgetting to deal with
Gender race and class, again I ask
« Ain’t I a woman? »

– Joy Buolamwini, AI, Ain’t I A Woman ?[1]

Alors qu’il y a une quinzaine d’années, les jeunes loups de la Silicon Valley ne cessaient de répéter que les développements de l’industrie de l’intelligence artificielle (IA) promettaient « d’amener un monde meilleur[2] », le discours du milieu est beaucoup plus dramatique aujourd’hui. Dans une récente émission spéciale de Radio-Canada sur l’intelligence artificielle, le chercheur montréalais Yoshua Bengio affirmait :

À partir du moment où on aurait des systèmes d’intelligence artificielle qui sont généralement beaucoup plus intelligents que nous, comment on fait pour les contrôler ? […] Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’espèce qui contrôle une autre espèce qui serait plus intelligente[3].

Pourquoi les leaders d’une industrie mettent-ils autant d’efforts à nous avertir de potentielles menaces que leurs propres produits font peser sur les sociétés ? Dans une entrevue du balado Tech won’t save us, la linguiste Emily Bender propose quelques éléments d’explication à ce curieux phénomène : si les problèmes à caractère apocalyptique « sont aussi attirants », c’est parce ces leaders « préfèrent réfléchir à un « méchant » imaginaire comme on en retrouve dans la science-fiction […] plutôt que de regarder leur propre rôle dans les préjudices observés aujourd’hui[4] ». On pourrait ajouter que ce type de discours vient aussi renforcer l’apparence d’inéluctabilité de ces technologies.

Le travail de critique des développements en intelligence artificielle doit donc éviter un piège majeur, celui de contribuer à l’engouement autour de l’IA en lui attribuant des capacités qu’elle n’a pas réellement. Les discours critiques évoquant les risques d’une domination totale d’un technocapitalisme d’une grande efficience sur des individus qui ont perdu toute agentivité risquent fort d’entretenir à leur manière ce mythe de l’IA surpuissante, en plus de négliger les effets tangibles des systèmes actuellement déployés sur des populations déjà marginalisées.

Dans cet article, je soutiens au contraire que la critique de l’IA doit plutôt mettre en lumière la médiocrité de cette dernière. Le terme peut sembler fort, il est vrai qu’il existe plusieurs types d’IA, et clairement, certaines innovations s’avèrent étonnamment efficaces pour répondre à des objectifs circonscrits, comme le fait l’informatique depuis plusieurs décennies. Cependant, en dernière analyse, les luttes qui nous attendent se situent dans le prolongement de celles qui nous occupent déjà depuis longtemps, soit une résistance au capitalisme, à l’hétéropatriarcat, au racisme et au colonialisme.

« l’IA n’est pas artificielle et elle n’est pas intelligente [5] »

Il n’y a pas d’intelligence dans l’intelligence artificielle. De manière générale, on fait plutôt face à des développements informatiques qui ont permis à des algorithmes de repérer des occurrences dans d’énormes masses de données et de faire des prédictions sur cette base. Pour décrire les modèles de langage comme ChatGPT, Emily Bender a popularisé l’expression de « perroquet stochastique » (stochastic parrot [6]). Le terme « stochastique» fait référence à ce qui est généré à partir de variations aléatoires; autrement dit, ChatGPT est un baratineur. Des féministes l’ont aussi comparé à ces hommes qui parlent avec une grande assurance de sujets qu’ils ne maitrisent à peu près pas. Cela ne veut pas dire, par ailleurs, que ChatGPT n’a aucune utilité : par exemple, il est possible de synthétiser des textes ou de produire des tableaux à partir de bases de données. Il est néanmoins judicieux d’éviter d’exagérer ses capacités.

Il faut toujours garder à l’esprit tout ce qu’une intelligence dite « artificielle » vient puiser – piller, en termes clairs – et ce, tant au sein de nos sociétés que dans l’environnement. Les documents publiés dans le cadre de la poursuite du New York Times contre ChatGPT montrent que certains passages sont pratiquement du « copier-coller » d’articles publiés par le journal. ChatGPT repose également sur le travail d’employé·es du Kenya qui ont dû tracer la ligne entre le contenu acceptable et les propos haineux et violents, au prix de leur santé mentale et pour un salaire de 2 $ l’heure. Le magazine Time rapporte que cette tâche a causé un nombre de traumas si important au sein de la force de travail que la firme sous-traitante Sama a mis fin au contrat avec OpenAI huit mois plus tôt que prévu[7]. Ce genre de « nettoyage des données » est nécessaire pour plusieurs systèmes en vogue aujourd’hui. Quant aux impacts environnementaux, on a déjà des chiffres éloquents : l’IA générative a fait bondir la consommation d’eau chez Microsoft, propriétaire d’OpenAI qui a développé ChatGPT, de 34 % entre 2021 et 2022[8].

En dépit de tous ces effets négatifs et malgré des investissements considérables, l’IA demeure souvent médiocre. Les exemples abondent. Après des années, voire des décennies, d’annonces de l’arrivée imminente des voitures autonomes pour le public, celles-ci sont toujours « en route vers nulle part », selon Christian Wolmar, journaliste britannique spécialisé dans les enjeux de transport : « Les entreprises des technos ont constamment sous-estimé la difficulté à égaler, sans parler d’améliorer, les aptitudes de conduite des humains[9] ».

Poursuivons avec d’autres exemples, d’abord concernant la désinformation par les fameux hypertrucages (deepfakes). On présente souvent le risque d’une guerre qui serait déclenchée par une fausse déclaration de la part de Vladimir Poutine ou de Joe Biden, mais la personne attentive remarquera qu’aucun article portant ces avertissements nefournit d’exemple tangible où un tel trucage a produit un effet politique significatif sur une société. Plus largement, la désinformation en ligne a plutôt tendance à renforcer les opinions de personnes déjà sensibles au message politique véhiculé; autrement dit, celles et ceux qui y adhèrent veulent souvent déjà y croire. Pour le reste, les hypertrucages et les fausses nouvelles ont surtout comme effet de généraliser le doute et la méfiance à l’égard de ce qui nous est présenté, ce qui est à l’opposé des capacités qu’on attribue à ces procédés, à savoir faire croire à son authenticité[10].

Qu’en est-il des algorithmes des médias sociaux ? La recherche sur les fameuses « chambres d’écho » dans lesquelles les internautes risqueraient d’être « coincé·es » est loin d’être concluante. Le journaliste scientifique Jean-François Cliche présentait récemment des recherches montrant que « non seulement la plupart des gens sont exposés à toutes sortes de vues, mais ils s’engagent aussi sciemment dans des échanges avec des personnes aux convictions opposées[11] ». Les algorithmes des médias sociaux ne sont pas programmés et calibrés pour nous offrir ce qui correspond à nos intérêts et croyances, mais plutôt pour présenter du contenu qui nous garde sur le site afin d’accumuler des données à notre sujet et nous offrir de la publicité ciblée, ce qui n’est pas la même chose. À la limite, on pourrait comparer le scrolling, le défilement du contenu d’un écran, des années 2020 au zapping des années 1990 : on se demande, une heure plus tard, pourquoi on a perdu un tel temps à regarder du contenu aussi insignifiant…

Terminons avec le cas de la reconnaissance faciale. Il est loin d’être clair que la vidéosurveillance assistée par les algorithmes est si efficace. Entre 2017 et 2021, en prévision des Jeux olympiques de Paris, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) a testé 19 logiciels de vidéosurveillance algorithmique : seuls 9 ont eu une performance supérieure à 50 %[12]. En 2018, il a été divulgué que le système de reconnaissance faciale utilisé par la Metropolitan Police de Londres avait produit 98 % de faux positifs : seules 2 alertes sur 104 étaient correctes[13]. Israël est un leader des technologies de surveillance, y compris celles de reconnaissance faciale, mais cela n’a aucunement été utile pour prévenir les attaques du Hamas le 7 octobre 2023.

« L’IA est basée sur les données, et les données sont un reflet de notre histoire[14] »

À la lecture de ces exemples, on sera peut-être tenté de répondre : « Bien sûr, l’IA fait des erreurs, mais c’est parce que nous sommes seulement aux débuts de son développement ! » Mais en disant cela, ne sommes-nous pas en train de reprendre les arguments de vente de l’industrie ? Pour paraphraser le philosophe Hubert Dreyfus qui critiquait déjà les prétentions des chercheurs en intelligence artificielle dans les années 1970, ce n’est pas parce qu’on a atteint le sommet de la tour Eiffel qu’on est plus près d’atteindre la Lune…

Certes, l’IA actuelle permet des prouesses étonnantes et annonce plusieurs changements dans nos vies, notamment dans divers secteurs du travail. Mais, comme le dit Hubert Guillaud, « l’IA vise à accélérer la prise de décision bien plus qu’à l’améliorer[15] ». Il s’agit souvent de faire des gains de productivité à l’aide de logiciels qui simulent ou surveillent l’activité humaine avec une efficacité variable, faisant ainsi pression sur la force de travail. Ces bouleversements sont plus terre-à-terre que les menaces existentielles du style de La Matrice[16], mais ils font pourtant partie de ceux qui doivent réellement nous préoccuper. Même une IA aux capacités restreintes peut causer des dégâts considérables; on rejoint ici les préoccupations d’André Gorz pour qui les innovations technologiques doivent être développées dans une optique d’allègement du travail et d’augmentation de l’autonomie.

Cela étant, la soi-disant intelligence artificielle comporte des limites majeures dont rien n’indique qu’elles pourront un jour être dépassées. D’abord, les accomplissements issus des réseaux neuronaux et de l’apprentissage profond, contrairement à ce que ces termes laissent entendre, ne signifient pas que ces systèmes possèdent les capacités de saisir le sens des créations humaines. L’IA ne comprend pas ce qu’elle voit et ne fait pas preuve de créativité : elle fournit des réponses et des prédictions de manière probabiliste, sur la base des données qui lui ont été fournies. En dernière analyse, l’IA contemporaine soulève une question épistémologique : qu’est-ce que les données nous concernant, si vastes et intrusives sont-elles, saisissent véritablement de ce que nous sommes ? Jusqu’à quel point peut-on traduire les émotions, aspirations, craintes et espoirs d’un être humain en données chiffrées ou en code informatique ?

Il y a une autre limite structurelle à l’IA actuelle : puisque les générateurs de langage ou d’images et les algorithmes d’aide à la prise de décision s’appuient inévitablement sur des données du passé, cela leur donne un biais, un angle, éminemment conservateur. Ils tendent à reproduire les iniquités, stéréotypes, dominations et oppressions déjà présents dans nos sociétés, en leur donnant un vernis « neutre » parce que « mathématique ».

Ici aussi, les exemples sont nombreux. La chercheuse et militante Joy Buolamwini a bien démontré que plusieurs logiciels de reconnaissance faciale sont très inefficaces pour identifier ou même simplement repérer les visages des personnes noires[17]. Les six cas d’arrestations erronées basées sur la reconnaissance faciale répertoriés par l’American Civil Liberties Union impliquent tous des personnes noires[18].

Les logiciels de prédiction de la criminalité posent le même genre de problèmes. Aux États-Unis, ces systèmes de décision automatisés peuvent assister la police en indiquant où patrouiller sur la base de données passées, ou encore peuvent aider des juges à évaluer les risques de récidive afin de déterminer la caution ou les conditions de probation d’individus.

Or, sachant que les systèmes judiciaires et policiers occidentaux sont fortement imprégnés de racisme et de classisme systémiques – certains quartiers étant sur-surveillés par rapport à leur taux de criminalité réel ou certains groupes condamnés étant l’objet de peines et de conditions plus sévères en raison de préjugés du système judiciaire –, les logiciels s’appuyant sur de telles données tendent à reproduire ces inégalités et injustices[19].

Il en est de même lorsque des compagnies de crédit ou d’assurance assignent un classement aux individus pour déterminer leur solvabilité ou leur niveau de risque : une personne avec un dossier sans faille peut voir celui-ci dénaturé par le recours à des probabilités basées sur les dossiers de personnes aux caractéristiques sociales similaires. C’est aussi le cas pour les admissions universitaires ou collégiales, pour l’attribution d’un logement social, pour l’embauche et les évaluations au travail[20]… Bref, on risque de renforcer des formes automatisées de ségrégation économique, genrée ou raciale effectuées par des systèmes qualifiés d’intelligents.

« L’IA étroite se résume à des mathématiques[21] »

Le mythe d’une IA surpuissante, redoutablement efficace, incontrôlable et menaçante est tenace. Du Frankenstein de Mary Shelley aux récits glaçants de la série Black Mirror, en passant par 2001 : l’odyssée de l’espace et les films Terminator, on constate une propension récurrente à fantasmer des machines qui dépassent, voire asservissent, l’être humain.

Ce mythe n’est pas seulement entretenu par des œuvres de fiction. Il est frappant de constater aujourd’hui des points de convergence entre les avertissements lancés par les gourous de l’univers des technos et certains discours critiques de l’IA, notamment les craintes à l’égard d’une domination totale d’une forme technologique sur les vies humaines. Alors que le chercheur Yoshua Bengio s’inquiète d’une IA qui aurait de tels désirs d’autopréservation qu’on ne pourrait plus la débrancher – « Si elle raisonne un peu, elle va se rendre compte qu’un humain pourrait effectivement la débrancher. Que fera-t-elle ? Elle pourrait se dupliquer sur d’autres machines[22] » –, le philosophe Eric Martin entrevoit « notre enfermement aliénant dans le monde forclos du jugement-machine et du capitalisme automatisé, un “monde sans humains” où nous n’aurons pas disparu, mais serons devenus les objets de machines-sujets qui penseront à notre place[23] ». Pour son collègue Maxime Ouellet, « la capacité de la praxis sociale d’instituer des normes […] se trouve anéantie » par les algorithmes et les big data, « [en] modelant la régulation sociale sur l’anticipation de l’action des sujets[24] ».

Ces perspectives critiques posent plusieurs problèmes. D’abord, en surestimant les capacités de l’IA, on entretient le discours actuel de légitimation de l’industrie. Ensuite, les inquiétudes concernant un « futur plus ou moins proche » éveillent des fantasmes dystopiques enivrants, mais nous amènent à négliger les problèmes moins glamour que l’IA pose dès maintenant : par exemple, à l’heure actuelle les hypertrucages servent davantage à dénuder des femmes sans leur consentement qu’à perturber des campagnes électorales. Troisièmement, en opposant l’IA – ou les robots ou les machines – à l’Humanité avec un grand H, on tend à laisser de côté les effets négatifs plus prononcés de ces technologies sur les groupes de la population qui sont déjà davantage opprimés, exploités et marginalisés. Enfin, en postulant que ce développement technologique amène notre société dans une ère totalement inédite, on tend à sous-estimer la capacité de l’IA à reconduire sous un nouveau visage des formes de domination anciennes et connues.

Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si les critiques que j’ai amenées dans cet article sont issues en grande majorité du travail de femmes racisées telles que Joy Buolamwini, Timnit Gebru, Safiya Noble et Meredith Broussard[25]. Or, certaines analyses nous invitent plutôt à entrevoir les perspectives critiques féministes et antiracistes de l’IA comme une simple extension de la sphère de l’éthique libérale, qui chercherait essentiellement à améliorer ces systèmes. En d’autres termes, ces critiques ne seraient pas porteuses de radicalité. Par exemple, Eric Martin écrit :

Dans la nouvelle éthique sans politique contemporaine, […] les seules questions autorisées ne concernent pas le caractère désirable du développement des robots, mais portent sur la manière de les programmer afin qu’ils ne soient pas sexistes ou racistes. On s’attaquera ainsi aux problèmes par le petit bout de la lorgnette, ce qui évitera de poser d’importantes questions sur le plan macrosociologique, à savoir par exemple que le développement du capitalisme détruit aussi bien les sociétés que la nature. Il y a donc, dit Castoriadis, « abandon du décisif au profit du trivial », et parler de ce dernier à profusion servira commodément d’écran médiatico-spectaculaire pour faire oublier la totale soumission sur le plan du premier[26].

Je partage les critiques d’Eric Martin selon lesquelles l’éthique libérale sert effectivement de légitimation aux développements de l’industrie, particulièrement à Montréal où l’éthique est devenue un élément central de l’image de marque de l’IA locale. Cependant, il m’apparait curieux de considérer que la déconstruction des systèmes d’oppression patriarcale et raciale serait « triviale » alors que ceux-ci concernent la grande majorité de la population de la planète.

Par ailleurs, il est erroné de prétendre que la critique féministe et antiraciste de l’IA se contente d’accompagner l’expansion du capitalisme en lui donnant un visage diversitaire ou woke, comme le veut la terminologie réactionnaire de notre époque. Observons par exemple le travail militant de l’Algorithmic Justice League (AJL) fondée par Buolamwini. L’organisation a pour objectif de sensibiliser la population et les élu·es aux biais et autres méfaits que peut amener l’IA. Leur site Web présente en détail leurs perspectives de lutte. On y explique par exemple que :

la justice requiert qu’on empêche l’IA d’être utilisée par les personnes au pouvoir pour augmenter leur niveau absolu de contrôle, particulièrement s’il s’agit d’automatiser des pratiques d’injustice bien ancrées historiquement, telles que le profilage racial par les forces policières, les biais sexistes à l’embauche et la sur-surveillance de communautés immigrantes. La justice implique de protéger les personnes ciblées par ces systèmes[27].

On y trouve également une critique de l’éthique en intelligence artificielle :

L’utilisation de l’éthique n’est pas en soi problématique, mais a mené à la prolifération de « principes en IA » avec peu de moyens pour les appliquer en pratique. […] De notre point de vue, il s’agit d’une approche limitée, parce qu’elle ne crée pas d’obligations ou n’interdit pas certains usages de l’IA. […] Si nous nous soucions uniquement de faire des améliorations aux jeux de données et aux processus informatiques, nous risquons de créer des systèmes techniquement plus précis, mais également plus susceptibles d’être utilisés pour de la surveillance massive et d’accentuer des pratiques policières discriminatoires[28].

Ainsi, on voit qu’une critique féministe et antiraciste peut très bien s’inscrire dans une perspective abolitionniste face à certains développements technologiques et nourrir une dénonciation radicale du capitalisme.

Surtout, ce genre d’ancrage permet de mettre en lumière que ces développements techniques s’inscrivent dans l’histoire plus générale de la science, et de la manière dont une science médiocre a pu s’articuler à des visées de domination et d’exploitation. Comme le dit Cory Doctorow, « le racisme scientifique est parmi nous depuis des siècles[29] ». Au XIXe siècle, la phrénologie prétendait pouvoir identifier le caractère d’une personne, et notamment sa propension à la criminalité, à partir de la forme de son crâne. Au tournant du XXe siècle, des mathématiciens de renom ont participé à la fondation des statistiques telles qu’on les connait parce qu’elles permettaient d’escamoter leurs conclusions eugénistes derrière un paravent prétendument objectif[30]. Aujourd’hui, des chercheurs publient des articles dans des revues scientifiques prestigieuses dans lesquelles ils affirment que des systèmes d’intelligence artificielle leur permettent d’identifier l’orientation sexuelle ou les affiliations politiques d’un individu à partir de simples photos du visage[31].

Si la science et la technique médiocres ont fréquemment été des instruments de domination et d’exploitation, cette perspective historique permet aussi de nourrir l’espoir : la mauvaise science et la mauvaise technique peuvent être contestées et rejetées. Au-delà de la technologie elle-même, le problème est ultimement politique : ce dont il est question, c’est du pouvoir qui mobilise l’IA, du pouvoir que l’IA permet de développer sur les populations et du pouvoir qu’il nous faut construire pour se l’approprier ou l’abolir.

Par Philippe de Grosbois, professeur en sociologie au Collège Ahuntsic


NOTES

  1. Joy Buolamwini, AI, Ain’t I A Woman ?, YouTube, 28 juin 2018. Ain’t I a Woman? est un discours prononcé par la féministe afro-américaine Sojourner Truth en 1851. Traduction littérale du poème par la rédaction :
    Aujourd’hui, nous posons cette question à de nouvelles puissances
    Nous parions sur l’intelligence artificielle, tours d’espoir.
    Les Amazoniens jettent un coup d’œil à travers
    les fenêtres (Windows) bloquant les bleus profonds (Deep Blues)
    alors que les visages augmentent (increment) les cicatrices.
    De vieilles brûlures, de nouvelles urnes
    Collecte de données retraçant notre passé
    Oubliant souvent de traiter du genre, de la race et de la classe, je demande à nouveau
    « Ne suis-je pas une femme ? »
  2. « Make the world a better place » : c’est une formule répétée comme un mantra et ridiculisée par la série humoristique Silicon Valley.
  3. « Émission spéciale : L’intelligence artificielle décodée », Radio-Canada Info, 7 décembre 2023, 89e et 90e minutes.
  4. « ChatGPT is not intelligent, Emily M. Bender », Tech Won’t Save Us, 13 avril 2023, 51e minute. Ma traduction.
  5. Cory Doctorow, « The AI hype bubble is the new crypto hype bubble », Pluralistic, 9 mars 2023. Ma traduction.
  6. Elizabeth Weil, « You are not a parrot and a chatbot is not a human. And a linguist named Emily Bender is very worried what will happen when we forget this », New York Magazine, 1er mars 2023.
  7. Billy Perrigo, « OpenAI used kenyan workers on less than $2 per hour to make chatGPT less toxic », Time, 18 janvier 2023.
  8. Nastasia Michaels, « 6,4 milliards de litres pour Microsoft : l’IA générative a-t-elle fait exploser la consommation d’eau des géants de la tech ? », Geo, 12 septembre 2023.
  9. Christian Wolmar, « Driverless cars were the future but now the truth is out : they’re on the road to nowhere », The Guardian, 6 décembre 2023. Ma traduction.
  10. J’ai développé davantage ces idées dans le livre La collision des récits. Le journalisme face à la désinformation, Montréal, Écosociété, 2022.
  11. Jean-François Cliche, « Avons-nous tout faux sur les bulles Facebook? », Québec Science, 12 janvier 2023. Voir aussi Laurent Cordonier et Aurélien Brest, « Comment les Français choisissent-ils leurs médias? », The Conversation, 22 mai 2023.
  12. Jean-Marc Manach, « 50 % des algorithmes de vidéosurveillance testés par la SNCF jugés “insatisfaisants” », Next, 4 janvier 2024.
  13. Jon Sharman, « Metropolitan Police’s facial recognition technology 98 % inaccurate, figures show », The Independent, 13 mai 2018.
  14. Phrase de Joy Buolamwini, dans le documentaire de Shalini Kantayya, Coded Bias, États-Unis, 7th Empire Media, 2020, 6e minute.
  15. Hubert Guillaud, « L’IA vise à accélérer la prise de décision, bien plus qu’à l’améliorer! », InternetActu, 6 janvier 2022.
  16. NDLR. Film de science-fiction australo-américain sorti en 1999 qui dépeint un futur dans lequel la plupart des humains perçoivent la réalité à travers une simulation virtuelle, étant connectés à la « Matrice », créée par des machines douées d’intelligence afin de les asservir.
  17. Voir le documentaire Coded Bias, op. cit.
  18. « Meet Porcha Woodruff, Detroit woman jailed while 8 months pregnant after false AI facial recognition », Democracy Now!, 9 août 2023.
  19. Julia Angwin, Jeff Larson, Surya Mattu et Lauren Kirchner, « Machine bias », ProPublica, 23 mai 2016. Voir aussi Jonathan Durand Folco et Jonathan Martineau, Le capital algorithmique. Accumulation, pouvoir et résistance à l’ère de l’intelligence artificielle, Montréal, Écosociété, 2023, p. 208-226.
  20. On trouvera plusieurs exemples documentés de ces phénomènes dans le livre de Cathy O’Neil, Weapons of Math Destruction, New York, Crown, 2016.
  21. Phrase de Meredith Broussard dans Coded Bias, op. cit.
  22. Philippe Mercure, « Convaincs-moi… que l’intelligence artificielle menace l’humanité », La Presse, 12 septembre 2023.
  23. Eric Martin, « L’éthique de l’intelligence artificielle, ou la misère de la philosophie 2.0 à l’ère de la quatrième révolution industrielle », Cahiers Société, n° 3, 2021, p. 216.
  24. Maxime Ouellet, La révolution culturelle du capital. Le capitalisme cybernétique dans la société globale de l’information, Montréal, Écosociété, 2016, p. 225-226.
  25. Voir notamment Joy Buolamwini, Unmasking AI, New York, Random House, 2023 ; Safiya Umoja Noble, Algorithms of Oppression. How Search Engines Reinforce Racism, New York, New York University Press, 2018 ; Meredith Broussard, Artificial Unintelligence, MIT Press, 2019. Pour un portrait de plusieurs de ces chercheuses, voir Lorena O’Neil, « These women tried to warn us about IA », RollingStone, 12 août 2023.
  26. Eric Martin, op. cit., p. 205. Je souligne.
  27. The Algorithmic Justice League, Learn more. Ma traduction.
  28. Ibid. Ma traduction.
  29. Cory Doctorow, « Machine learning is a honeypot for phrenologists », Pluralistic, 15 janvier 2021. Ma traduction.
  30. Voir Aubrey Clayton, « How eugenics shaped statistics », Nautilus, 27 octobre 2020.
  31. Voir Catherine Stinson, « The dark past of algorithms that associate appearance and criminality », Scientific American, vol. 109, n° 1, 2021, et Cory Doctorow, « Machine learning… », op. cit.

 

Le premier mai, une journée pour se souvenir et pour lutter

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/04/t_c458a0b8ca804722b59dc736859672fc_name_9820EA520DAC436B903775538BF2827C-1024x538.jpg30 avril 2024, par Comité de Montreal
Cette année, la Journée internationale des travailleurs se tiendra après une année bien remplie. Du Front commun dans le secteur public au Québec à la formation historique d'un (…)

Cette année, la Journée internationale des travailleurs se tiendra après une année bien remplie. Du Front commun dans le secteur public au Québec à la formation historique d'un syndicat dans un entrepôt d'Amazon, en passant par plusieurs grèves dans le secteur privé et dans le secteur public (…)

Il y a nécessité d’un remontant corsé pour sauver un vin frelaté

30 avril 2024, par Marc Bonhomme — , ,
Le prochain Conseil national de Québec solidaire aura lieu à Saguenay (secteur Jonquière) du 24 au 26 mai. Sa substantifique moelle sera la Déclaration de Saguenay présenté (…)

Le prochain Conseil national de Québec solidaire aura lieu à Saguenay (secteur Jonquière) du 24 au 26 mai. Sa substantifique moelle sera la Déclaration de Saguenay présenté comme « un socle » à partir duquel le parti définira son « discours politique lors des prochaines années ». Cette Déclaration est plutôt un plaidoyer de généralités, de vagues propositions et de quelques-unes précises mais dont plusieurs sont problématiques. En plus, elle n'a aucune valeur statutaire. Elle engage donc peu la direction du parti. Le but de cette Déclaration est un déploiement médiatique, une opération charme, pour la conquête électorale des régions et peut-être une main tendue au PQ.

Il y a moyen de l'amender vers des engagements concrets à la hauteur d'une alternative de gauche. C'est le but de ce texte. Les changements que je propose sont surlignés en rouge à l'intérieur du texte original. Le surligné en vert sont les amendements adoptés par Hochelaga-Maisonneuve, dont le libellé peut être approximatif, dont je suis membre. L'argumentaire est en italique.

PREMIÈRE PROPOSITION

En cohérence avec les principes de la transition juste, de la décroissance de la surproduction matérielle en matière de lutte contre les changements climatiques et de mobilité durable, un gouvernement solidaire va :

• responsabiliser en priorité les très grands pollueurs qu'ils soient industriels ou individuels en imposant davantage leurs profits et leur capital et en expropriant les entreprises pétrolières et gazières ;

Responsabiliser » signifie faire payer. Il faut éviter la fausse bonne idée d'une taxe carbone à la source car ses conséquences seraient les mêmes qu'une taxe chargée directement aux usagers car elle leur serait refilée comme n'importe quelle taxe indirecte régressive. Contrer l'impôt sur les profits en les haussant est politiquement plus odieux et difficile. L'expropriation des industries énergétiques est conforme au programme Solidaire.

• miser sur la création d'alternatives de mobilité durable afin de faciliter les changements de comportement de la majorité des travailleuses et travailleurs ;

• prioriser le développement massif et rapideet gratuit du transport collectif interrégional et interurbain et urbain sur l'ensemble du territoire, de même qu'en développant un service communautaire subventionné d'autopartage électrique à la manière Communauto, en priorisant les régions les moins bien desservies. à la hauteur nécessaire pour que les ménages n'aient pas besoin de véhicules routiers. Les moyennes villes régionales ont aussi besoin d'un transport urbain adéquat tout comme d'un service d'autopartage, comme le centre de Montréal, qui peut s'étendre jusqu'au moindre village. La combinaison transport collectif gratuit et d'autopartage subventionné doit aller jusqu'à la disparition de l'auto privée.

DEUXIÈME PROPOSITION

Ainsi, en matière de transition écologique, un gouvernement solidaire va :

• appliquer le principe du zéro perte d'emploi nette à l'intérieur de chaque région entreprise sinon que soit à charge d'un collectif patronale le placement dans une autre entreprise aux mêmes conditions de travail y compris la formation nécessaire ;
Zéro perte d'emploi régional ne tient pas compte de la conjoncture économique et déresponsabilise l'entreprise. Le collectif patronal tient compte des entreprises qui ferment ou trop économiquement faibles tout en tenant compte de la compétitivité entre entreprises ce qui responsabilisent les « gagnants ».

• prioriser la diversification des économies locales, les investissements dans des secteurs peu polluants et la requalification de la main d'œuvre ;

• implanter des comités paritaires de travailleuses et travailleurs, préférablement syndicaux sur la transition dans les milieux de travail.

Les comités paritaires impliquent la paralysante bonne entente patron-travailleur alors qu'une transition réussie passe par l'unité combative travailleuse contre le patron et le gouvernement.

TROISIÈME PROPOSITION

Dans toutes ses décisions en matière de construction d'infrastructures, un gouvernement de Québec solidaire sera guidé par le principe d'équité territoriale y compris un système de péréquation régionale. Selon ce principe, les régions rurales et les quartiers plus défavorisés en zone urbaine doivent avoir accès au même niveau de services que le reste du Québec.
Les régions plus pauvres ne pourront rien sans des moyens financiers égaux aux régions riches.

SIXIÈME PROPOSITION

Un gouvernement de Québec solidaire va donner aux régions les moyens d'organiser leur développement économique et social ainsi que leurs efforts d'adaptation aux changements climatiques, en mettant en place des Conseils régionaux de développement et de transition (CRDT) élus directement par la population.
La transition doit être populaire et non faite au profit des élites locales.

SEPTIÈME PROPOSITION

Québec solidaire est favorable à l'exploitation durable et responsable des ressources naturelles sur le territoire québécois, dans le respect des limites de la planète et des écosystèmes. Cette exploitation doit impérativement se faire dans le respect des droits inaliénables des peuples autochtones, en cohérence avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. ce qui signifie un droit de veto sur le développement et l'usage de leurs ressources naturelles sur leurs territoires ancestrales.

Le langage juridique de l'article 32.2 de la Déclaration permet aux gouvernements de noyer le poisson comme le fédéral l'a fait vis-à-vis les Wet'suwet'en et de même l'aile parlementaire de Québec solidaire vis-à-vis la demande de moratoire sur la chasse à l'orignal des Anishinabeg dans le Parc La Vérendry obtenue grâce à leur militance alors que l'aile parlementaire prônait la conciliation Anishinabeg – chasseurs
Québec solidaire reconnaît l'importance, pour de nombreuses régions du Québec, des emplois de qualité liés à l'exploitation des ressources naturelles. Pour mettre fin à la vente à rabais des ressources naturelles et garantir la juste répartition des bénéfices de leur exploitation, un gouvernement de Québec solidaire va :

• s'assurer, conformément à notre programme, du contrôle majoritaire public des entreprises de ce secteur
La clef de voûte de « l'exploitation durable et responsable des ressources naturelles » demeure le contrôle public des entreprises du secteur comme stipulé par le programme Solidaire (section 1.3)

• s'assurer d'une répartition directe des redevances aux régions et aux collectivités ;

• favoriser le développement de modèles économiques démocratiques, notamment les coopératives, et de l'économie circulaire.

HUITIÈME PROPOSITION

Québec solidaire reconnaît le rôle central de l'industrie forestière dans l'épanouissement économique de plusieurs régions du Québec. Pour assurer la durabilité de cette industrie et la pérennité de la ressource, un gouvernement solidaire va adopter une stratégie d'adaptation des forêts aux changements climatiques, en collaboration avec les communautés touchées et l'industrie. Pour ce faire, il interdira d'ici 2030 l'utilisation de la forêt pour du papier-journal et d'ici 2035 pour du papier. Il limitera les exportations de bois d'œuvre et favorisera son usage pour la construction de bâtiments de toutes sortes y compris en hauteur.

L'usage de la forêt pour fabriquer du papier jetable souvent à des fins purement publicitaire est aussi antiécologique que la fabrication de plastique à usage unique. Par contre, le bois de construction fige pour ± 50 ans la décomposition du bois productrice de GES, ce qui donne le temps de maîtriser les émanations de GES d'ici là.

NEUVIÈME PROPOSITION

Un gouvernement de Québec solidaire va :

• conférer la responsabilité de l'agriculture à la première ministre ou au premier ministre du Québec ;

Pourquoi cette centralisation alors qu'on veut décentraliser ? Pourquoi ne pas confier au PM aussi la santé et l'éducation ? Le PM est-il par définition versé en agriculture ?

• créer un Fond d'urgence pour soutenir les agricultrices et agriculteurs qui font face aux conséquences des changements climatiques alimenté entre autres une taxe sur la malbouffe ;
L'ultra-transformation des aliments est une arme à deux tranchants. Elle est facteur d'obésité tout en privant l'agriculteur d'une part suffisante du prix de détail des aliments au profit de l'industrie d'une transformation nuisible et inutile.

• procéder à une réforme en profondeur agrobiologique de l'ensemble des programmes de soutien au secteur agricole afin de les adapter à la réalité des changements climatiques, tout en diminuant significativement la charge administrative ;
Une réforme en profondeur de l'agriculture peut-elle ne pas être agrobiologique ?

• renégocier les accords commerciaux afin de tendre vers la réciprocité des normes pour les produits importés quitte à imposer temporairement un tarif compensatoire.
Il est impérialiste d'imposer ses normes aux autres pays qui risquent d'être plus pauvres mais on peut protéger légitimement ses propres normes.

DIXIÈME PROPOSITION

En matière d'agriculture, Québec solidaire reconnaît le rôle de l'Union des producteurs agricoles (UPA) et renonce à réformer le syndicalisme agricole. favorise la démocratie syndicale qui comprend, le cas échéant, le pluralisme syndical.

Sans plaider pour le pluralisme syndical, il est carrément anti-démocratique d'être contre… d'autant plus que le Québec serait gagnant d'avoir une filiale de Via Campesina tout comme le Canada, les ÉU et en fait tous les pays des Amériques sauf les Guyanes. On en revient pas de faire un tel pied de nez à l'Union paysanne malgré ses difficultés.

ONZIÈME PROPOSITION

En ce qui a trait au déploiement de la filière batterie au Québec, un gouvernement solidaire va :

donner la priorité au transport en commun

relancer encadrer la filière batterie sur des bases démocratiques, durables et justes, notamment en confiant au Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) un mandat générique,afin de planifier le déploiement de cette filière économique de manière responsable et transparente, déclarer un moratoire sur le développement de cette filière y compris l'usine Northvolt, publier avant les prochaines élections un rapport sur le sujet dans l'esprit de Commission sur les enjeux énergétiques du Québec du début des années 2010 pour que ce rapport devienne le principal enjeu électoral. ;

prioriser les entreprises québécoises s'assurer d'une propriété publique majoritaire dans l'esprit de et les modèles économiques démocratiques dans le déploiement de la filière batterie ;

• fixer à la filière batterie un objectif spécifique de réduction de gaz à effet de serre (GES) au Québec.

La filière batterie ne fait sens qui si elle au service de la rupture avec le tout- électrique conduisant à la perpétuation de l'étalement urbain et de l'agro-industrie. Le BAPE est une organisation bureaucratique purement consultative qui ne saurait décider du développement économique du Québec. Par contre renouer avec le grand débat du début des années 2010 dans la perspective des prochaines élections aurait de l'allure. Confier le noyau producteur à l'entreprise privée, québécoise ou non, est renoncer au contrôle de la filière batterie et contraire à la « nationalisations de grandes entreprises dans certains secteurs stratégiques » clamée dans le programme Solidaire.

DOUZIÈME PROPOSITION

En matière d'habitation, un gouvernement de Québec solidaire va :

• s'assurer qu'au moins la moitié des logements construits au Québec soit hors marché (et écoénergétiques) pour atteindre un stock de logements hors marché de 40% comme c'était le cas en Suède avant son tournant néolibéral de 1991
Il est aberrant pour ne pas dire scandaleux de passer sous silence la solution fondamentale du logement hors marché ou social écoénergétique, en région comme ailleurs, pour régler la crise du logement. Il serait temps que Québec solidaire se hausse au moins à la hauteur sociale-démocrate de la Suède d'avant l'ère néolibérale.

• convoquer un sommet national afin de lancer une nouvelle Corvée habitation sur l'ensemble du territoire québécois ;

• lancer un programme rapide de construction de maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ;

• en dialogue continu avec les communautés autochtones, appuyer leurs efforts afin de répondre à leurs défis particuliers en matière de logement, particulièrement dans le Nord-du-Québec.

TREIZIÈME PROPOSITION

Québec solidaire adhère au modèle interculturaliste des bâtisseurs du Québec moderne, ce qui signifie une reconnaissance du racisme systémique donnant lieu à une commission sur le sujet.

Se gargariser d'interculturalisme et passer sous silence le racisme systémique sent l'opportunisme vis-à-vis « les régions »

Québec solidaire s'engage à défendre les droits et libertés des Québécoises et des Québécois.

Ainsi, un gouvernement de Québec solidaire va affirmer la primauté de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne constitutionnalisée dans le cadre d'un Québec indépendant.

Québec solidaire n'est-il pas en campagne pour « le projet de pays de Québec solidaire » en région aussi ?

Faut-il s'inquiéter de la stagnation peut-être devenue glissement des Solidaires ?

Les deux derniers sondages simultanés ont beau être contradictoire eu égard aux PQ, CAQ et Libéraux, ils montrent un Québec solidaire en baisse. Pourquoi le message ne passe-t-il pas alors que la tournée de régions est terminée ? Il est difficile d'être convainquant quand on affirme mener une campagne pour « le projet de pays de Québec solidaire » mais qu'on n'en glisse pas un mot dans les engagements, si mous soient-ils, de la Déclaration de Saguenay qui doit tenir lieu de discours politiques dans les prochaines années. Le double langage Solidaire commence à se constater. Ce qui est vrai pour l'indépendance l'est aussi pour la politique Solidaire concernant l'enjeu climatique qui reste ambigu à propos de la filière batterie. Veut-on une filière alignée sur l'auto électrique à la mode de la CAQ ou un redimensionnement radical donnant la priorité au transport en commun ? « The answer is blowing in the wind » comme le chantait Bob Dylan au temps des grandes mobilisations soixante-huitardes.

Marc Bonhomme, 24 avril 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Bruits de bottes sur la planète, les armées s’équipent

30 avril 2024, par John Olympio
La récente annonce par le Canada d'un plan record pour augmenter ses dépenses militaires ne fait que souligner une tendance observée à l'échelle mondiale, ce que confirme les (…)

La récente annonce par le Canada d'un plan record pour augmenter ses dépenses militaires ne fait que souligner une tendance observée à l'échelle mondiale, ce que confirme les données récentes publiées par l'organisme suédois SIPRI sur les dépenses militaires dans le monde. L’article Bruits de (…)

Les poursuites pour apologie du terrorisme ne doivent pas devenir un outil de répression politique

30 avril 2024, par Sophie Binet et al — , ,
L'instrumentalisation de la justice à des fins politiques n'est pas qu'une vue de l'esprit ou un moyen de défense. C'est une réalité de plus en plus prégnante et inquiétante. (…)

L'instrumentalisation de la justice à des fins politiques n'est pas qu'une vue de l'esprit ou un moyen de défense. C'est une réalité de plus en plus prégnante et inquiétante. Nous dénonçons cette nouvelle glissade autoritaire et appelons à raffermir nos liens historiques de solidarité pour faire barrage à toutes tentatives de fragilisation du contre-pouvoir fondamental que constitue la société civile.

19 avril 2024 | tiré d'Europe solidaire sans frontières
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article70545

par AFPS, BINET Sophie, Responsables associatifs et syndicaux, Union syndicale Solidaires

Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la CGT du Nord est poursuivi pour apologie du terrorisme suite à un tract publié le 12 octobre à la suite des actes terroristes du Hamas.

Comme la secrétaire administrative de l'union départementale, il a subi une interpellation musclée par des policiers cagoulés, devant ses enfants à 6h du matin, avec un menottage humiliant suivi de 6 heures de garde à vue.

Le jeudi 28 mars 2024 avait lieu son procès au tribunal correctionnel de Lille. 6 heures d'audience à décortiquer une phrase d'un tract de la CGT du Nord rédigé collectivement, et assumé par Jean-Paul en sa qualité de secrétaire général. 6 heures à scruter l'intention de ses rédacteurs. 6 heures à tenter, à partir de photos extraites de son profil Facebook, de faire passer Jean-Paul pour quelqu'un de violent, alors qu'il est aide soignant et engagé depuis toujours dans l'aide et le soutien aux autres. 6 heures à tenter de faire dire à des virgules et à des points ce qu'ils ne disent justement pas, là où la parole de la CGT a toujours été celle de ses valeurs historiques, la condamnation de toute forme de violence et l'appel à la paix et à la solidarité. Le sens du communiqué était pourtant clair. Rendre hommage à toutes les victimes civiles de cet enchainement inexorable de violence meurtrière.

La procureure de la République a requis une condamnation à un an de prison avec sursis pour apologie du terrorisme. Une réquisition d'une gravité inédite, alors que jamais de telles peines n'ont été requises lors des multiples poursuites judiciaires contre les sorties racistes ou antisémites du rassemblement national. Alors une procédure logique ? Ou bien un procès qui s'inscrit dans un bien étrange moment de répression administrative et judiciaire de l'action syndicale et plus généralement de celle de la société civile ?

Respecter l'institution judiciaire n'implique pas de renoncer à une lecture des dynamiques et des forces qui sont à l'œuvre avant et pendant cette audience. Une audience singulière, car pour la première fois de son histoire, un représentant de la CGT était poursuivi pour apologie du terrorisme. Des poursuites suscitées par le préfet Georges-François Leclerc, ancien préfet du Nord, lui-même plusieurs fois condamné par le Tribunal Administratif de Nice pour ses mesures illégales contre les migrants à la frontière Italienne. Un préfet donneur d'ordre dans l'affaire des violences commises sur Geneviève Legay. Un préfet en conflit ouvert avec la CGT du Nord sur plusieurs mobilisations sociales et notamment celle des ouvrières de Vert Baudet.

Une procédure qui s'inscrit à l'évidence dans la vague d'interdictions de manifestations de soutien aux palestiniens et de poursuites pour apologie du terrorisme à la suite d'une circulaire de la chancellerie ayant incité les parquets à poursuivre massivement les militants sur des projections politiques nauséabondes prêtant à des phrases des intentions contraires à celles de leurs rédacteurs. L'action judiciaire et politique est indispensable contre les comportements antisémites et racistes qui se sont multipliés après les attaques du 7 octobre et contre les glorifications du terrorisme.

Il est pour cela nécessaire que les autorités retrouvent la raison et cessent d'assimiler toute contestation politique ou sociale à du terrorisme. Le terrorisme tue, y compris en France. Le banaliser en traitant certains militants d'éco terroristes ou en en poursuivant d'autres devant les tribunaux c'est grave. A l'heure où certaines voix y compris à l'ONU n'hésitent plus à qualifier de Génocide le massacre en cours à Gaza, est-ce vraiment Jean-Paul Delescaut dont il faut faire le procès ? L'instrumentalisation de la justice à des fins politiques n'est pas qu'une vue de l'esprit ou un moyen de défense. C'est une réalité de plus en plus prégnante et inquiétante.

Le 4 avril dernier, ce fut le tour de Kamel Brahimi, secrétaire Général de la CGT 93 d'être interpellé et placé en garde à vue pendant plus de 7 heures pour une simple participation à une manifestation symbolique et pacifique. Ce même 4 avril, Laurent Indrusiak, secrétaire général de la CGT de l'Allier comparaissait au tribunal de Montluçon avec deux autres militant·e·s suite à une opération escargot sans aucune dégradation matérielle. L'action du parquet et de l'Etat font désormais sens. Il s'agit d'entraver l'action syndicale par l'usage de moyens judiciaires disproportionnés et inadéquats.

Le 18 avril, date de la décision du tribunal correctionnel de Lille, nous, actrices et acteurs de la société civile, appelons avec la plus fermeté à la relaxe de de Jean-Paul Delescaut en solidarité avec les valeurs communes de fraternité de la CGT.

Signatures :

AZARIA Ana, présidente Femmes Égalité
BAUDOIN Patrick, président de la Ligue des Droits de l'Homme LDH
BEN SAID Mohamed, président Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives FTCR
BINET Sophie, secrétaire générale de la CGT
BUARD Vincent, président Confédération Internationale Solidaire et Ecologique CISE
GEBUHRER Olivier, Co-animateur Une Autre Voix Juive UAVJ
LE MARREC Jean-Paul, président Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui ACCA
LE MIGNOT Renée, président honoraire Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples MRAP
PICARD Alice, porte-parole ATTAC France
STAMBUL Pierre, co-président Union des Juifs Français pour la Paix UJFP
TUAILLON Anne, Présidente Association France Palestine Solidarité AFPS
TESTE Benoit, secrétaire général Fédération Syndicale Unitaire FSUba.
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/150424/les-poursuites-pour-apologie-du-terrorisme-ne-doivent-pas-devenir-un-outil-de-repressi

https://www.ldh-france.org/15-avril-2024-tribune-collective-les-poursuites-pour-apologie-du-terrorisme-ne-doivent-pas-devenir-un-outil-de-repression-politique-publiee-sur-mediapart/
« Les conflits sociaux ne se règlent jamais devant les tribunaux »

Rassemblement de soutien au secrétaire général de la CGT du Nord, poursuivi pour… un tract. Discours prononcé par la Secrétaire Générale de la CGT le jeudi 28 mars, à Lille.

Jean Paul a été interpellé chez lui au petit matin, menotté devant ses enfants comme un dangereux criminel puis emmené pour 6h de garde à vue. Pourquoi une telle démonstration de force, alors que Jean Paul est connu comme le loup blanc dans le département et que la CGT ne s'est jamais dérobée à aucune convocation ?

Pour un tract dans lequel la CGT disait une triste vérité : la violence entraine la violence. La violence de l'occupation imposée depuis 80 années au peuple palestinien entraîne, malheureusement, la violence. Et, comme ce fameux tract l'indiquait, la CGT pleure toutes les victimes.

La position de la CGT est très claire depuis le début du conflit.

Nous ne confondons pas la résistance et le terrorisme.

La résistance, on connait, c'est ce que faisaient nos camarades des FTP MOI qui sont enfin rentré•es au Panthéon il y a quelques semaines. S'attaquer aux forces d'occupation, y compris par les armes. Mais jamais ils n'ont ciblé les civil•es de façon aveugle.

La CGT a donc immédiatement condamné les attaques du Hamas et leurs 1200 victimes civiles [1], appelé à un cessez-le-feu et à la libération des otages.

La CGT est historiquement engagée pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est ce combat que nous avons porté pour l'autodétermination du peuple algérien et contre les guerres coloniales. C'est ce combat que nous menons avec nos camarades du syndicat palestinien de la PFGTU et du petit syndicat israélien, Koach La Ovdim, qui, courageusement, continue à porter en Israël une voix pour la paix.

Car il n'y a pas de paix durable sans justice. Pour que les Israélien•nes puissent vivre en sécurité, il faut que les palestinien•nes disposent d'un Etat souverain, dans les frontières de 1967, conformément aux résolutions de l'ONU.

Pourquoi alors ce procès ? Pourquoi imposer à notre système judiciaire totalement engorgé d'organiser un procès pour un tract alors que les moyens manquent cruellement pour poursuivre les auteurs de violences conjugales, les narco traficants ou les délinquants fiscaux ?
Parce qu'il s'agit d'une opération de diversion.

« Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt »

Ce proverbe résume très bien la situation. Ce faux débat est entretenu pour discréditer par avance les voix pour la paix [2], tous les soutiens aux palestinien•nes.

Celui qui devrait être poursuivi aujourd'hui c'est Benjamin Netenyahou. Ce Premier ministre d'extrême droite qui a déjà assassiné plus de 35 000 civil•es et fait plus de 70 000 blessé•es. Ce Premier ministre qui affame et traite comme des animaux humains 2 millions de gazaouis. Ce Premier ministre qui empêche aide humanitaire d'entrer dans l'enclave et laisse de 2 millions de civil•es mourir de faim et de maladie. Ce Premier ministre qui bombarde les hôpitaux et piétine les principes fondamentaux du droit international.

Ce massacre se produit sous nos yeux. Et grâce à l'Afrique du Sud et à la cour de justice internationale de l'ONU, on peut maintenant nommer les choses : il s'agit d'un génocide.

Il s'agit d'un génocide et dans un océan de lâcheté et d'hypocrisie, les dirigeant•es occidentaux, France et Etats Unis en tête, refusent de sanctionner Israël et continuent même de lui livrer des armes. Ceux qui devraient être poursuivis c'est donc tous ceux qui permettent à Benyamin Netteyahou de continuer son massacre en toute impunité.

Ce procès politique permet donc, opportunément, de faire diversion.

J'en appelle donc à la responsabilité de la justice.

Face aux dérives autoritaires de notre gouvernement, vous êtes les garants de notre Etat de droit.

C'est vous qui avez rétabli la liberté de manifester alors que le gouvernement avait interdit les manifestations de soutien aux palestiniens.

C'est vous qui avez interdit la dissolution d'organisations qualifiées d'« écoterroristes » par le gouvernement.

Car oui, le terrorisme, c'est grave et on ne doit jamais l'amalgamer avec des luttes sociales ou environnementales.

Les conflits sociaux ne se règlent jamais devant les tribunaux. Les débats politiques ne se tranchent pas dans les prétoires.

Jean Paul n'est pas un terroriste !

Nous sommes ici, de toutes les professions, de tout le pays pour dire que quand on touche à un•e militant•e de la CGT c'est à toute la CGT qu'on s'attaque et qu'on ne laissera pas faire !

Nous somme tous et toutes Jean-Paul !

Sophie Binet

https://www.cgt.fr/actualites/libertes-syndicales/les-conflits-sociaux-ne-se-reglent-jamais-devant-les-tribunaux

******

Le tribunal de Lille vient de condamner Jean Paul Delescaut SG de la CGT du Nord à un an de prison avec sursis suite à une phrase dans un tract. Il s'agit d'un cap gravissime franchi dans la répression des libertés. La cgt fait appel de ce jugement honteux

Sophie Binet

https://twitter.com/BinetSophie/status/1780969284702761307
Ne laissons pas condamner Jean-Paul Delescaut !

Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l'Union Départementale CGT du Nord, vient d'être condamné à un an de prison avec sursis « pour apologie du terrorisme » et à 5000 euros au titre de préjudice moral aux parties civiles du procès dont l'Organisation des juifs d'Europe. En revanche, il a été relaxé pour les accusations de « provocation publique à la haine ou à la violence ».

Ce jugement est scandaleux et dangereux pour la démocratie. Jean-Paul Delescaut est aujourd'hui condamné pour le contenu d'un tract de la CGT 59 diffusé trois jours après les attaques du 7 octobre menées contre Israël par les groupes armés palestiniens, dont le Hamas. Un tract dont le contenu a déplu au Préfet qui a immédiatement engagé les poursuites en s'appuyant sur la circulaire envoyée début octobre par la Chancellerie. Une circulaire faite sur mesure pour intimider celles et ceux qui voulaient exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et continuer à dénoncer l'occupation israélienne. Le garde des sceaux, et avec lui tout le gouvernement d'Emmanuel Macron, n'ont plus qu'un seul but ; faire passer pour une apologie du terrorisme tout propos qui chercherait à contextualiser et expliquer les attaques du 7 octobre au lieu de les condamner purement et simplement. Et bien souvent, les soupçons d'antisémitisme ne sont pas loin.

Ce faisant, c'est toute l'expression démocratique du corps social et politique qui est susceptible d'être censurée et poursuivie devant les tribunaux. En condamnant Jean-Paul Delescaut, le tribunal de Lille a franchi une étape supplémentaire dans la criminalisation de la solidarité avec la Palestine occupée et colonisée. En déniant à un responsable syndical le droit de s'exprimer comme il l'entend sur la situation dans la bande de Gaza avant le 7 octobre en tordant ses propos et en extrapolant ses intentions, les juges ont porté un coup dangereux à la démocratie. Pour cela, ils ont ignoré que le communiqué de la CGT 59 rendait aussi hommage à toutes les victimes civiles des attaques du 7 octobre au profit d'une lecture subjective et à sens unique.

Bien sûr, Jean-Paul Delescaut a immédiatement fait appel de ce jugement inique et le combat pour son acquittement démarre dès maintenant. L'AFPS lui a déjà témoigné toute sa solidarité par la voix de sa présidente, Anne Tuaillon ; elle continuera à lui apporter tout son soutien jusqu'à l'obtention de cet acquittement et l'abandon de toutes les charges retenues contre lui.

Si nous laissons passer cette décision, toute parole portant sur la situation à Gaza ou toute critique de la politique israélienne sera susceptible d'être poursuivie devant les tribunaux. Comment ne pas voir que cette criminalisation s'inscrit évidemment dans la vague liberticide qui touche aujourd'hui en France la liberté de réunion et de manifestation, dès lors qu'on veut y aborder la question de la Palestine ?

Depuis quand dans ce pays, les étudiants ne pourraient-ils pas organiser des conférences sur la Palestine avec qui ils veulent comme invité·es ?Depuis quand les animateurs d'associations de la solidarité ou des dirigeants politiques sont-ils convoqué·es et entendu·es par les services de police, mis en cause pour apologie du terrorisme ou pour antisémitisme ?

Depuis quand les mouvements de solidarité avec la Palestine font-ils l'objet de publications haineuses incitant le pouvoir à les dissoudre ?

Il faut que cessent les intimidations, les pressions et les interdictions contre les militant·es des syndicats, des partis politiques ou des associations solidaires du peuple palestinien.

L'AFPS participera à tout mouvement unitaire contre ces mesures liberticides pour la défense de notre liberté d'expression politique et associative. La solidarité avec le peuple de Palestine, n'est ni un crime, ni un délit ! C'est un devoir pour lequel personne ne nous fera taire !

Nous continuerons à parler de Palestine et à donner la parole aux Palestiniens et aux Palestiniennes !

Le Bureau National de l'AFPS, le 19 avril 2024
Libertés publiques… Un pas de plus dans la répression !

Depuis quelques semaines, on a vu se multiplier les convocations de militant·es, et une vague de criminalisation de l'action syndicale, plus particulièrement autour du soutien à la Palestine : convocations par la police de militant·es de Solidaires étudiant·es ensuite poursuivi·es pour apologie du terrorisme, convocation d'un militant de Sud rail, et déjà y a quelques mois pressions sur le représentant de Sud aérien.

La nouvelle hier de la condamnation du représentant de la CGT du Nord à un an de prison avec sursis pour un simple mot dans un tract nous a atterré·es… et nous lui témoignons tout notre soutien.

Tandis que le génocide est en cours à Gaza, ce gouvernement choisit de s'attaquer aux milieux syndicaux, associatifs, ou politiques, au nom de l'ordre public, et sur des critères flous et plus que discutables, en instrumentalisant les massacres du 7 octobre.

Comment ne pas y voir une dérive grave de ce gouvernement au pouvoir, qui encourage, valide et cautionne les convocations policières, les décisions préfectorales et les décisions de justice qui vont dans ce sens ?

L'interdiction de la marche contre le racisme et les violences policières du 21 avril, pour risques à l'ordre public, semble également signer une nouvelle ère : celle où l'on ne peut plus mettre le motif de violence policière comme motif d'une manifestation. La manifestation du 19 septembre suite au meurtre de Nahel avait pourtant été autorisée.

Depuis plusieurs années, Solidaires alerte sur les dérives autoritaires de ce gouvernement, sur les attaques régulières contre des libertés publiques, nos libertés syndicales, de manifestation, de grève..

Les milieux militant-es écologistes, et les méthodes de plus en plus « musclées » d'interpellations ne sont pas en reste. Un militant de SUD Education a été interpellé et mis en garde à vue 96h pour participation à une mobilisation écologiste comme Lafarge, comme nombres de participant-es à ces actions.

Le climat ultra sécuritaire autour des Jeux Olympiques et paralympiques explique-t-il cette accélération ? S'agit-il d'une stratégie globale de ce gouvernement pour donner des « gages » vis à vis des idées de l'extrême droite dans une visée électoraliste ?

Après notamment la loi sur le séparatisme, qui sert à faire un « tri » dans les associations, à dissoudre des organisations jugées trop radicales, on voit bien que c'est un pas de plus qui est franchi.

Les annonces de G. Attal sur l'école, basées sur un retour à l'autorité et à la sanction (y compris pénale) comme centre de la politique éducative est dénoncée par l'ensemble des syndicats, y compris par l'Unicef (sur la politique pénale des mineurs de la France qui bafoue la convention internationale des droits de l'enfant).

Solidaires, tout comme l'ensemble des organisations du mouvement social défendeuses des libertés publiques, soutient les militant·es qui subissent cette répression, et continuera de dénoncer et de se battre pour les libertés publiques, fondements d'une démocratie.

Publié le 19 avril 2024

Union syndicale Solidaires

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/libertes-publiquesun-pas-de-plus-dans-la-repression/
Notes

[1] https://www.cgt.fr/comm-de-presse/pour-une-paix-juste-et-durable-entre-israel-et-la-palestine

[2] https://www.cgt.fr/actualites/proche-orient/mobilisation/solidarite-avec-la-palestine-les-organisations-syndicales-se-mobilisent

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Sophie Nélisse rivalise avec Anthony Hopkins

30 avril 2024, par Pierre Jasmin — , ,
Qui sauve une vie sauve l'humanité - Cette thématique humaniste unit ces deux grands films de 2023, Le vœu d'Irina (en polonais, le serment d'Iréna devenu en français la (…)

Qui sauve une vie sauve l'humanité - Cette thématique humaniste unit ces deux grands films de 2023, Le vœu d'Irina (en polonais, le serment d'Iréna devenu en français la promesse d'Iréna) de Louise Archambault et Une vie (one life) de James Hawes qui racontent l'obsession (fabuleuse) de deux êtres humains ayant réellement existé, la Polonaise Irina Gut et le britannique Nicholas Winton, de vouloir sauver des vies de Juifs en danger d'extermination par la Gestapo nazie.

Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix, 27 avril 2024

Hélas non exploitée par le Festival du Film de Toronto (les deux films s'y sont côtoyés en premières mondiales en septembre dernier, un mois avant que le thème du génocide ressurgisse avec l'hideuse revanche disproportionnée de Nétanyahou contre l'attaque du Hamas), une similitude frappante unit l'héroïne et le héros, deux êtres modestes qui pendant des décennies n'ont nullement cherché à mettre en valeur ce qu'ils estimaient simplement être leur devoir de citoyens du monde ; ils auraient changé d'avis devant la montée inquiétante dans le monde de la négation de la shoah par l'extrême-droite.

Deux femmes d'exception ont permis leurs réalisations.

Une vie, avec Anthony Hopkins

L'une est Barbara Winton, fille de celui qui âgé de 29 ans avait visité Prague au moment où Hitler annexait les Sudètes. Il y rencontra la Cheffe du Comité britannique pour les réfugiés de Tchécoslovaquie, débordée par un afflux de Juifs fuyant aussi l'Autriche après l'Anschluß et abandonnée par un monde indifférent - dont le Canada repoussant en juin 1939 le navire MS Saint Louis peuplé de Juifs en danger, un « chapitre honteux » de l'histoire collective canadienne dénoncé récemment par Justin Trudeau, qui reste hélas silencieux sur la Flottille de liberté avec quatre Québécois voulant acheminer de l'aide humanitaire à destination de Gazai.

Surnommé abusivement « le Schindler anglais », M. Winton réussira, grâce à sa mère d'origine allemande jouée par Helena Bonham-Carter, à secouer les bureaucrates réticents et à rassembler des familles anglaises qui ouvriront leurs portes à 669 enfants importés dans des conditions précaires. Anthony Hopkins s'incarne parfaitement en ce héros devenu octogénaire, forcé par sa femme jouée par Lena Olin - fabuleuse actrice suédoise qu'on avait adorée dans L'insoutenable légèreté de l'être, sur le roman du tchèque Milan Kundera - de faire le tri de ses archives encombrant la maison. Le scénario du film a obtenu après sa mort la collaboration de sa fille Barbara qui tenait absolument que l'acteur Anthony Hopkins incarne son père : devant le résultat, comment ne pas lui donner raison !

La promesse d'Irina, avec Sophie Nélisse

L'autre femme d'exception est Sharon Azrieli au petit rôle mais coproductrice du film tourné en Pologne, puisque l'héroïne, encore plus remarquable que le héros précédent, en est l'infirmière Irena Gut Opdyke ; elle a sauvé douze personnes juives pendant la Seconde Guerre mondiale, en les cachant dans la villa de l'Oberkommandant Rügerer, joué par Dougray Scott. Elle ne peut réussir son acte héroïque sans l'humanité du collaborateur Schultz, joué avec une retenue très réaliste par l'acteur polonais Andrzej Seweryn. Dan Gordon est le principal auteur du scénario qui met en vedette la Québécoise Sophie Nélisse dans le premier rôle. Elle incarne magnifiquement l'histoire vraie d'une femme bouleversée par l'horreur nazie et le sort réservé aux Juifs, qui va risquer sa vie en abritant et nourrissant les douze hommes et femmes durant une grande partie de la guerre, au nez et à la barbe de son patron nazi, dans la cave de sa somptueuse villa. Les scènes où elle doit céder aux avances de l'Allemand qui a découvert trois juives en rentrant tôt de son travail, ambigües à souhait, sont, malgré le défi de taille, bien rendues par la jeune actrice de 24 ans, tant admirée dans Monsieur Lazhar et La Voleuse de livres, autre drame de la guerre mondiale.

La réalisatrice de Gabrielle et d'Il pleuvait des oiseaux a tourné en anglais cette coproduction canado-polonaise, à l'hiver 2022, en Pologne. Ses très grandes qualités – y compris la musique d'Alexandra Strélisky qui entretient le suspense continu des 110 minutes d'action - éclipsent les nombreuses maladresses inhérentes à l'emploi universel de la langue anglaise, même par les Allemands aboyant leurs ordres. Et pour admirer la prestation remarquable de l'actrice, j'ai revu le film en version anglaise, son rôle en français (très bien) doublé par une autre actrice. On connaît d'autre part la réticence de Louise Archambault face à l'avortement (voir Gabrielle), mais on ne peut qu'admirer la scène où les douze Juifs, potentiellement en danger avec la naissance anticipée d'un bébé dont les pleurs éveilleraient les soupçons, se laissent convaincre par la Polonaise que Hitler serait gagnant avec son génocide juif si on acceptait de supprimer l'enfant : il naîtra dans le maquis de la résistance polonaise et survivra, retrouvant presqu'un demi-siècle plus tard la bienfaitrice à qui il doit la vie.

Ce n'est qu'une des scènes en postface des deux films qu'on aurait souhaitées encore davantage mises en valeur, puisqu'elles en constituent l'aspect documentaire indéniable, dont les faits nous ont arraché les larmes tout au long de leur narration romancée.

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Privatiser Hydro-Québec (ou comment Fitzgibbonner l’économie)

30 avril 2024, par Jacques Benoit — ,
Le gouvernement Legault et son super- ministre de l'Économie et de l'Énergie Pierre Fitzgibbon nous disent qu'avec leurs gros projets, ils vont décarboner l'économie. (…)

Le gouvernement Legault et son super- ministre de l'Économie et de l'Énergie Pierre Fitzgibbon nous disent qu'avec leurs gros projets, ils vont décarboner l'économie.

Jacques Benoit
Membre de Gmob (GroupMobilisation)

Fitzgibbon dit qu'Hydro-Québec a le mandat de fournir l'électricité à tous les clients industriels, mais il invite toutes les entreprises à venir s'établir ici, en leur offrant des tarifs électriques réduits, sans tenir compte des impacts qu'elles auront sur l'environnement, sur la biodiversité et sur le réchauffement climatique.

Le seul projet de Northvolt aura besoin d'une puissance électrique de 352 mégawatts (MW). 352 MW, c'est plus qu'il n'en faut pour alimenter toutes les résidences de Longueuil (253 600 habitants en zone urbaine) !

Pour soutenir ses projets, il annonce que 20 % de la main-d'œuvre de la construction devra être affecté à construire les infrastructures électriques nécessaires, alors qu'on est en pleine crise du logement et qu'on en manque cruellement.

Ce super- ministre encourage les municipalités à s'associer avec le privé pour soumissionner dans des parcs d'éoliennes, ce qui va augmenter les coûts d'électricité, diminuer les revenus d'Hydro-Québec et participer à la déconstruction de notre service public d'énergie et de nos services publics en général.

Ce super-ministre et ses collègues font miroiter aux Premières Nations qu'elles ont un intérêt à s'associer pour développer de nouveaux barrages qui vont inonder et détruire leurs territoires et leur culture, créant ainsi des divisions au sein des communautés.

Malgré des avis nous avertissant du danger d'extinction d'espèces animales et végétales, et dans le contexte d'une grave crise mondiale de la biodiversité, ce super-ministre continue de favoriser l'exploitation abusive de territoires riches en biodiversité, qui appartiennent souvent aux Premières Nations.

Il nous dit que ces terrains ne sont pas des Jardins d'Éden, ou que dans certains coins de rivière, « les poissons ont 3 yeux ! »… Pour les « poissons à 3 yeux », on sait que c'est possible, parce qu'on a des ministres qui n'ont pas de tête !

Sous prétexte de décarboner l'économie, ce gouvernement favorise la dépossession et la dégradation du bien commun des Québécoises et des Québécois et des Premières Nations, au profit d'intérêts privés.

Ce que fait ce gouvernement, ce n'est pas décarboner l'économie, c'est Fitzgibbonner l'économie.

Ils privatisent l'électricité, l'environnement, la Santé, ils dérèglementent, ils sous-traitent, ils copinent dans des rencontres non déclarées de lobbyisme pour modifier les lois sur mesure pour leurs projets cachés, au détriment de nos intérêts, de notre santé et de notre environnement.

Ils préfèrent les p'tits biscuits au caviar dans leurs camps de chasse aux faisans, pendant que la population, elle, peine à se loger, à se nourrir, à payer ses médicaments.

Ça suffit ! Il est temps de nous occuper de ces mal-faisans ! Ne les laissons pas accaparer notre bien commun, chaparder nos droits et détruire notre environnement.

Ne nous laissons pas faire. C'est NOTRE bien commun !

L'énergie hydraulique, c'est à nous ! L'énergie éolienne, c'est à nous ! L'énergie solaire, c'est à nous !

Pis leur privatisation ?...

C'est pas pour nous, on n'est pas fou !

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La grosse tête enflée à Pierre Fitzgibbon

30 avril 2024, par Léo-Paul Lauzon — ,
Le ministre caquiste de l'Économie et de l'Énergie (Hydro-Québec), Pierre Fitzgibbon, est arrogant, très imbu de sa petite personne, a une éthique qui frôle la malhonnêteté et (…)

Le ministre caquiste de l'Économie et de l'Énergie (Hydro-Québec), Pierre Fitzgibbon, est arrogant, très imbu de sa petite personne, a une éthique qui frôle la malhonnêteté et favorise toujours le patronat, déjà très riche avec notre argent. Faut absolument arrêter ce cinglé qui est en train de privatiser Hydro-Québec (avec l'aide de son ami qu'il a nommé l'an passé président de ce joyau public, Michael Sabia, qui ne connaissait rien à l'électricité par le biais de l'éolien privé cédé à des opportunistes que nous la vende à 11 cents le le kW/h et par les tarifs ridiculement bas (4 cents le kW/h) qu'il accorde à des transnationales très très polluantes comme les alumineries et la cimenterie McInnis en Gaspésie ; les centres de données de Google, d'Amazon et Cie ; les serres qui font pousser du cannabis et des fraises et le déluge d'électricité exportée aux très riches États américains de New York et du Massachusetts à un prix d'ami de 5 cents le kW/h.

18 avril 2024 | tiré du blog de l'auteur | Photo : Guy LeBlanc, ici en compagnie de la ministre Nadine Girault, est PDG d'IQ depuis avril 2019. Rappelons qu'il était alors déjà un proche ami du ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon. Photo d'archives
https://www.facebook.com/leopaul.lauzon/

- Le smatte à Fitzgibbon

Si on manque d'électricité au Québec, pourquoi donc les vendus à Fitzgibbon et Legault en exportent tant au States à perte par rapport au prix de l'éolien privé. D'autres contrats signés en 2023 afin d'en shipper plus chez l'Oncle Sam. Du vol institutionnalisé que je vous dis les amis.

- Le patronat, le Journal de Montréal et François Legault aiment ça

Et afin de vendre toujours plus d'électricité à perte sur notre bras, le suffisant Fitzgibbon (dont ses propres business se sont nourries de fonds publics) nous fait la morale, avec l'aide de ses journalistes et médias fidèles du Journal de Montréal, afin que l'on utilise moins d'énergie. Ce gars-là est tellement imbécile qu'il est un danger public pour les Québécois ordinaires. Il se croit tout permis avec notre argent. En campagne électorale, la CAQ n'a jamais parlé de céder l'éolien au privé et de créer des hôpitaux privés entièrement financés par l'État et les contribuables. Selon moi, Fitz est encore plus condescendant que l'était l'ex-ministre libéral de la Santé, Gaétan Barrette. C'est tout dire. Mais vous le savez, après leur carrière politique toujours au service du patronat, ils vont se voir offrir de belles grosses jobs dans le privé ou dans les médias comme au Journal de Montréal, à TVA et à LCN, où l'on retrouve d'ex-politiciens comme Joseph Facal, Mario Dumont, Gaétan Barrette et j'en passe. Fitz est en train de couler la CAQ auprès de la population. Mais François Legault, l'hypocrite, le laisse faire, comme il donne aussi carte blanche à Christian Dubé à la santé d'y aller gaiement avec la privatisation, car c'est ce qu'il veut lui qui a toujours été un farouche partisan du moins d'État et plus de privé, et de l'intérêt particulier plutôt que l'intérêt collectif. C'est avec de tels subordonnés sous tutelle que les inégalités économiques explosent et que les transnationales (alimentation, pétrole, banques, communications, pharmaceutiques, etc.) sont autorisées à nous arnaquer continuellement (sans que nos élus lèvent le petit doigt) et à polluer « positivement » en nous faisant accroire qu'elles sont vertes et dédiées à la protection de l'environnement.

- Legault comme Fitzgibbon, mais plus sournois

Eille, en 2023, François Legault a affirmé ceci sans qu'aucun journaliste ne réagisse à l'immensité de la décision prise par la CAQ au détriment de la population et au profit des faiseux. C'est une façon insidieuse de privatiser Hydro-Québec : « Comme son ami ministre de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, François Legault a affirmé qu'il n'était pas question qu'Hydro-Québec exploite ses propres parcs éoliens. Je trouve que l'État québécois (sic) est déjà impliqué dans beaucoup de choses, on va laisser ça au privé (mais du privé qui vit aux crochets de l'État » (Le Devoir, 28 janvier 2023). Ça, c'est un exemple parfait de l'idéologie capitaliste. De la pure propagande servie à la population avec l'aide du patronat et des médias. Au moins, un journaliste aurait pu demander à Fitz où à Legault sur quoi ils se basaient et s'appuyaient pour larguer de telles grossièretés. Elles sont où les études sérieuses qui pourraient conclure que le privé est meilleur qu'Hydro-Québec pour opérer dans l'éolien ? Monsieur Legault, je suppose que des entreprises plus grosses que le Québec et le Canada comme Amazon, Power, la Banque Royale, Exxon Mobil et Cie n'en font pas assez ?

- La minable Power insulte les gens qui la critiquent

Au mois de mars 2024, Fitz a ramassé deux excellents journalistes, Alexandre Shields du Devoir et Thomas Gerbet de Radio-Canada en les traitant de « militant journalistes de mauvaise foi qui tordent les faits pour arriver à passer leur message » (Le Devoir, 2 mars 2024). Elle est bien bonne celle-là, car c'est exactement ce que la CAQ et le PLQ ont toujours été : des militants politiciens au service de la classe dominante qui tordent les faits et qui trompent constamment la population pour arriver à faire passer leur message « éducatif » du mérite du privé subventionné, de la déréglementation du travail et de l'environnement, des traités de libre-échange, du contrôle étranger, du mérite des paradis fiscaux, du ruissellement de la richesse, etc. Des histoires à dormir debout.

Et en 2022, il a affiché le même mépris envers l'ex-présidente d'Hydro-Québec, Sophie Brochu, qui n'était pas d'accord avec lui et ne voulait pas que notre fleuron collectif devienne une sorte de Dollarama au profit des affairistes et au détriment de la population qui en théorie en est la véritable propriétaire. Il a dit que : « son différend avec Sophie Brochu vient du fait qu'elle ne comprend pas (sic) le dossier dans sa globalité au-delà de la simple profitabilité d'Hydro-Québec (lui qui se bat pour la rentabilité du privé alimentée au détriment d'Hydro et des contribuables). Elle se ralliera (sic) à mon point de vue quand on lui présentera l'ensemble de mon œuvre (c'est-à-dire que l'on fera l'éducation de la dame) ». Il l'a ainsi carrément traitée d'ignorante. Plus mesquin que ça, tu meurs. Lire à cet effet l'excellente chronique de Michel David parue dans Le Devoir du 27 octobre 2022 et intitulée « Les béotiens ».

- Et les invectives de la canaille continuent

En 2021, il avait aussi insulté au parlement la députée de Québec solidaire dans Mercier à Montréal, Ruba Ghazal, qui n'avait fait que reprendre tels quels les chiffres de la vérificatrice générale du Québec, madame Guylaine Mercier, qui démontraient que les grosses subventions qu'ils accordaient généreusement aux entreprises ne répondaient pas aux critères. Le petit minus, insulté de se faire questionner, a sèchement répondu ceci à Ruba Ghazal : « De toute évidence, elle ne comprend pas comment le système fonctionne. Je l'invite à faire ses devoirs ». Fitz, Ruba et nous, on comprend, hélas, trop bien comment le système caquiste et le tien fonctionnent. Et en rajoutant une couche, Fitz s'est plaint : « Me faire poser des questions par du monde qui ne sait pas de quoi il parle, ça me dérange » (Le Devoir, 27 octobre 2022). À faire vomir !

- Fitz le moraliste

Comme si ce n'était pas assez, Fitz le pédant nous fait continuellement la morale : « Sobriété énergétique. Pierre Fitzgibbon dit que les Québécois sont les derniers de classe » (Le Journal de Montréal, 18 mars 2024). Prétention encore fondée sur du vent par le petit homme. Fitz, en termes d'attente à l'urgence : « Le Québec, cancre à l'échelle du Canada (et de l'Occident) » (La Presse, 14 décembre 2022). On est aussi dernier, allô modèle québécois, en termes de médecins, de lits et d'infirmiers par habitant. Fitz, plus de 2,3 millions de Québécois n'ont pas de médecins de famille. Par contre, grâce à la CAQ et au PLQ, le Québec est la province au Canada qui fait le plus de place aux écoles et à la santé privées et aussi : « Le Québec reste champion pour l'aide de l'État aux entreprises » (Le Journal de Montréal, 29 mars 2021). Ça, c'est sans compter les subventions déguisées accordées par Hydro-Québec au privé. Mais Fitz l'a dit : « L'État doit tout faire pour encourager les entreprises » (Le Journal de Montréal, 30 septembre 2019). C'est exactement ce que la CAQ fait avec notre fric.

- Le Journal de Montréal complice des sombres combines caquistes

Le Journal de Montréal n'est pas là pour nous conscientiser, mais bel et bien pour nous brainwasher. Seulement au mois de mars 2024, afin de nous culpabiliser et de satisfaire les besoins du privé, de Vidéotron et de Québecor, il a publié ces merdes d'endoctrinement journalistiques :

« Grand dossier (sic). Sommes-nous prêts à changer nos habitudes de consommation d'électricité ? » Dossier d'enquête du Journal de Montréal ?
« Institut privé de l'énergie Trottier : 10 trucs pour diminuer sa facture d'électricité ». Institut privé indépendant, je suppose ?
« Elle utilise un sablier pour prendre sa douche ». Mieux, elle pourrait prendre sa douche à l'eau frette.
« Voici le citoyen modèle en matière de sobriété énergétique » Qui est ce citoyen modèle selon vous ?
Ils me font littéralement chier. Tous des charlatans à la solde de l'élite économique capitaliste.

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À l’origine des menaces de guerre généralisée : la politique criminelle et l’impunité d’Israël

Dans la nuit du 13 au 14 avril, le régime iranien a lancé l'opération militaire « Promesse Honnête », qui a impliqué le tir de plus de 300 drones et missiles, en représailles à (…)

Dans la nuit du 13 au 14 avril, le régime iranien a lancé l'opération militaire « Promesse Honnête », qui a impliqué le tir de plus de 300 drones et missiles, en représailles à l'attaque israélienne contre l'annexe de l'ambassade iranienne à Damas le 1er avril 2024, qui avait tué sept membres du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI), dont le commandant de la force al-Quds pour le Levant, Mohammad Reza Zahedi, et 16 personnes au total.

Tiré du site de la revue Contretemps.

À la suite de cette attaque, l'armée d'occupation israélienne a riposté par une opération militaire menant à des explosions dans une base militaire aérienne dans la province d'Ispahan, en Iran et des attaques dans le sud de la Syrie, près d'une position de radar de l'armée syrienne. Quelles dynamiques ont mené à cette montée sans précédent des tensions régionales ?

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Quels étaient les objectifs de l'attaque iranienne contre Israël ?

L'opération militaire « Promesse Honnête » a été saluée comme une victoire nationale par les représentants du régime iranien et du CGRI. Les médias d'État ont diffusé des images de foules fêtant l'événement dans les rues. Le président iranien Ebrahim Raissi a décrit l'opération « Promesse Honnête » comme « une leçon pour l'ennemi sioniste » , tandis que le commandant en chef des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, a déclaré qu'elle visait à créer « une nouvelle équation avec Israël » . De son côté, la mission iranienne auprès de l'ONU a déclaré que cette « opération militaire était une réponse à l'agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas » et qu'elle avait été « menée sur la base de l'article 51 de la Charte des Nations unies relatif à l'autodéfense ». Le Conseil suprême de sécurité iranien a averti dans sa déclaration que toute nouvelle action israélienne contre l'Iran recevrait « une réponse au moins décuplée ».

L'opération militaire iranienne visait à submerger les défenses israéliennes et à détruire l'infrastructure de la principale base aérienne de l'armée d'occupation israélienne, Nevatim, qui abrite sa flotte d'avions de chasse F-35. La base n'a toutefois subi que des dommages mineurs, tandis que 99 % des projectiles envoyés par la République islamique d'Iran ont été détruits par l'État colonial israélien, soutenu par les forces armées américaines, françaises, britanniques et jordaniennes. Aucun des 170 drones n'a pénétré dans l'espace aérien israélien et 25 des 30 missiles de croisière ont été abattus par les systèmes de défense aérienne avant de franchir les frontières du pays. Dans le même temps, quelque 50 % des missiles balistiques tirés par l'Iran n'ont pas pu être lancés ou se sont écrasés avant d'atteindre leur cible, selon le Wall Street Journal.

Bien qu'elle attaque directement l'État d'Israël sur son territoire pour la première fois depuis la création de la République islamique d'Iran en 1979, cette opération militaire peut être comparée dans une certaine mesure à la réponse iranienne à l'assassinat par les forces armées américaines de Qassem Soleimani, le commandant du CGRI, en janvier 2020 en Irak. Cette riposte a consisté à lancer une vingtaine de missiles sur les bases américaines d'Ain al-Asad, dans le gouvernorat irakien de l'Anbar et d'Erbil au Kurdistan Irakien, abritant un total de plus de 5 000 soldats.

Le bureau du premier ministre irakien démissionnaire de l'époque, Adel Abdel-Mahdi, avait précisé que le gouvernement irakien avait été informé par l'Iran que celui-ci allait mener des raids sur son sol se limitant au bases américaines. Selon certaines sources, les forces de la coalition avaient également été prévenues de frappes contre les bases américaines. De son côté, la République Islamique d'Iran avait déclaré par la voix de Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne à cette période, que son pays avait mené et « terminé » des représailles « proportionnées » et que « Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre ». L'opération n'avait fait aucune victime et elle n'avait causé que des dommages minimes.

De même, lors de l'opération militaire « Promesse Honnête », Téhéran a prévenu ses alliés et les pays voisins de l'attaque 72 heures à l'avance afin de protéger leur espace aérien, selon le ministre des affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian. Dans ce contexte, le Royaume d'Arabie Saoudite (RAS) et les Émirats Arabes Unis (EAU) ont joué un rôle important en aidant l'armée d'occupation israélienne à neutraliser l'attaque. Ils ont partagé ces informations avec les États-Unis et donc avec Israël, selon le Wall Street Journal. Les gouvernements saoudien et irakien ont également autorisé les avions-citernes de l'US Air Force à rester dans leur espace aérien pour soutenir les patrouilles américaines et alliées pendant l'opération, selon Al-Monitor.

Par ailleurs, l'Iran a choisi d'utiliser principalement des drones, qui ont mis des heures à arriver sur le territoire de l'Etat d'Israël, et de ne pas faire appel massivement à ses alliés, notamment le Hezbollah, son principal atout militaire contre Israël. En outre, après la fin de l'attaque, le Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran a déclaré qu'aucune autre action militaire n'était actuellement à l'ordre du jour. De même, Téhéran a considéré que « l'affaire était close » après son attaque.

En d'autres termes, l'opération militaire iranienne visait principalement à « sauver la face » pour Téhéran après l'attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas et l'assassinat de nombreux responsables du CGRI, tout en maintenant sa réaction militaire relativement limitée, notamment en termes d'efficacité. Les responsables iraniens ont clairement voulu, par cette opération militaire, tenter d'éviter d'être entraînés dans une guerre régionalisée qui pourrait potentiellement constituer une menace pour leur régime. Téhéran a déclaré à de nombreuses reprises depuis le 7 octobre, et même auparavant dans le passé, son refus d'être entraîné dans un conflit généralisé et direct avec Israël, malgré les frappes incessantes de l'armée d'occupation d'Israël contre des cibles iraniennes (et du Hezbollah) en Syrie et les assassinats ciblés de hauts responsables iraniens, y compris en Iran, par Tel Aviv.

Dans le même temps, et bien que ne constituant pas son objectif premier, la riposte a également permis au régime iranien de consolider sa propagande de « résistance contre Israël » auprès de sa base populaire, tout en resserrant davantage l'étau et en réprimant les organisations démocratiques et progressistes iraniennes et les individus critiques à l'égard du régime, accusés d'espionnage en faveur d'Israël. En effet, les critiques sont interdites sous toutes leurs formes, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias.

Israël et l'impérialisme américain

A la suite de l'opération militaire modérée et calculée de l'Iran contre Israël, la classe dirigeante israélienne, civile et militaire, avait juré de riposter contre l'Iran. De son côté, le président américain Biden avait déclaré que Washington ne voulait pas d'une guerre plus large et a averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu que les États-Unis ne participeraient pas à une contre-attaque contre l'Iran.

Les responsables américains ont présenté l'opération défensive comme une victoire retentissante pour l'État colonial israélien, surtout après l'échec sécuritaire du 7 octobre, alors qu'elle a permis à Israël d'apparaître comme l'acteur « attaqué » et de réduire partiellement la couverture médiatique sur la guerre génocidaire contre la population palestinienne dans la bande de Gaza en la détournant vers le « danger iranien ».

Le rôle des États-Unis a été décisif pour contrecarrer les représailles de l'Iran contre Israël. Les forces américaines, soutenues par les destroyers du Commandement américain en Europe, auraient détruit plus de 80 drones d'attaque unidirectionnels et au moins six missiles balistiques visant son allié israélien, selon le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). Quelques jours avant les représailles iraniennes, le président américain avait d'ailleurs déclaré : « Nous nous consacrons à la défense d'Israël. Nous soutiendrons Israël. Nous aiderons à défendre Israël, et l'Iran ne réussira pas« , a déclaré Joe Biden. Au lendemain de l'offensive iranienne, il a condamné les actions de Téhéran et réitéré l'importance de l'alliance américano-israélienne, ignorant complètement ses divergences récentes avec le premier ministre israélien.

Pour rappel, si les responsables américains ont à plusieurs reprises utilisé leur carte de veto contre les résolutions appelant à un éventuel cessez-le-feu, l'actuelle guerre génocidaire israélienne contre la population palestinienne de la bande de Gaza aurait été militairement impossible sans le soutien continu des États-Unis. Washington a notamment accepté depuis le 7 octobre 2023 la fourniture de 25 avions de combat F-35 de dernière génération, plus de 500 bombes MK82 et plus de 1 800 bombes MK84 – qui ne sont plus utilisées par les armées des États occidentaux dans les zones densément peuplées avec dommages collatéraux. Ces livraisons d'armes ont contourné l'obligation de consultation du Congrès en invoquant les « pouvoirs d'urgence ».

L'administration américaine actuelle a également effectué plus de 100 transferts d'armes vers Israël sans aucun débat public, en utilisant une faille dans laquelle le montant spécifique de chaque vente était inférieur au seuil requis à partir duquel le Congrès doit être notifié. Pour sa part, le journal israélien Haaretz a déclaré que les données de suivi des vols accessibles au public montrent qu'au moins 140 avions de transport lourd à destination d'Israël ont décollé de bases militaires américaines dans le monde entier depuis le 7 octobre, transportant des équipements principalement vers la base aérienne de Nevatim, dans le sud d'Israël.

À la mi-avril, Joe Biden a également appelé le Congrès américain à voter en faveur d'un projet de loi prévoyant une aide de 26,4 milliards de dollars à Israël.

Tout cela fait partie de la stratégie américaine en faveur de l'avantage militaire qualitatif (AMQ) d'Israël. Il s'agit de l'épine dorsale conceptuelle de l'aide militaire américaine à Israël depuis des décennies, qui a été officiellement confirmée dans la législation américaine en 2008. Elle attend du gouvernement américain qu'il maintienne la capacité d'Israël à « vaincre toute menace militaire conventionnelle crédible émanant d'un État individuel, d'une éventuelle coalition d'États ou d'acteurs non étatiques, tout en subissant un minimum de dommages et de pertes ».

La raison en est qu'Israël est toujours considéré comme un acteur clé dans la préservation des intérêts occidentaux dans la région. Le processus de normalisation entre Israël et les pays arabes initié par le président Donald Trump et poursuivi par le président Joe Biden visait à consolider les intérêts américains dans la région, y compris dans sa rivalité avec la Chine.

Contre-attaque israélienne et retour à la « guerre de l'ombre » ?

Alors comment interpréter, la contre-attaque israélienne dans la nuit du 18 au 19 avril ?

Les responsables états-uniens ont déclaré à la suite de l'attaque israélienne que les États-Unis « n'ont pas été impliqués dans une opération offensive ». Avant les représailles israéliennes, les États-Unis avaient déclaré ne pas vouloir participer à une réponse militaire israélienne à une attaque iranienne. Cela ne signifiait pas cependant que Washington empêcherait l'armée d'occupation israélienne de réaliser une telle opération, comme cela s'est déroulé. Le rôle des Etats-Unis a très probablement été de mettre néanmoins des limites à l'action israélienne.

À la suite de l'opération militaire iranienne « Promesse Honnête », la classe dirigeante israélienne voyait en effet une opportunité politique de radicaliser davantage l'opposition à la République islamique d'Iran parmi les États occidentaux, mais aussi d'attaquer directement l'Iran et de cibler ses installations nucléaires. L'AIEA a en effet averti à la fin de l'année 2023 que Téhéran disposait déjà de suffisamment de matériel pour fabriquer trois bombes nucléaires s'il enrichissait le matériel actuellement à 60 % et à plus de 60 %. Aux yeux de la classe dirigeante israélienne, la perte du monopole régional sur les armes nucléaires constituerait une perte stratégique importante.

C'est pourquoi il est plausible que l'attaque israélienne contre le consulat iranien ait délibérément voulu provoquer une escalade afin de donner à l'État israélien l'occasion de frapper à l'intérieur du territoire iranien et plus particulièrement le potentiel nucléaire de l'Iran. En outre, la crainte de voir l'Iran obtenir le potentiel nucléaire est partagée par Washington.

Une autre raison potentielle dans l'attaque israélienne du consulat iranien était une volonté des dirigeants israéliens face à l'enlisement de sa guerre génocidaire contre la population à Gaza, la croissance continue des critiques contre Tel Aviv de cette guerre, et l'impossibilité de réaliser les objectifs officiels d'une « destruction du Hamas », de réunir autour de lui, à nouveau, le « bloc occidental », dans l'éclatement d'une guerre régionale avec la République Islamique d'Iran. Les États-Unis et les principaux États occidentaux, tel que la France et la Grande Bretagne, se seraient en effet joints pour aider son allié israélien, comme cela a été le cas lors de l'opération militaire israélienne « Promesse Tenue ».

Une attaque directe contre l'Iran aurait cependant nécessité une plus grande couverture politique et d'assistance militaire de la part des États-Unis, en d'autres termes une intervention directe de Washington contre l'Iran. De plus, l'utilisation de l'espace aérien des États arabes situés géographiquement entre eux et l'Iran, et donc leur approbation, auraient également été nécessaires. Dans les deux cas à priori, cela n'a pas été obtenu par l'État Israélien.[1]

Washington craignait probablement qu'une attaque de plus grande envergure ait des conséquences négatives sur l'économie mondiale en raison des menaces d'interruption ou, pire, de fermeture du détroit d'Ormuz, ce qui entraînerait une hausse significative des prix du pétrole. Le détroit se situe entre Oman et l'Iran et relie le golfe au nord de celui-ci au golfe d'Oman au sud et à la mer d'Arabie au-delà. Environ un cinquième du volume de la consommation mondiale totale de pétrole passe quotidiennement par le détroit. En moyenne, 20,5 millions de barils par jour (bpj) de pétrole brut, de condensats et de produits pétroliers ont transité par Ormuz entre janvier et septembre 2023. C'est d'ailleurs aussi pour cette raison que Washington a mis en place, début décembre, une force navale multinationale pour protéger les navires marchands de la mer Rouge, par laquelle transite 12 % du commerce mondial, contre le mouvement Houthi, qui a multiplié les attaques dans cette zone contre des navires considérés comme liés à Israël. L'objectif principal était de garantir l'un des couloirs maritimes les plus essentiels pour le commerce international. De même, de nouvelles sanctions américaines ont été annoncées à l'encontre de l'Iran, mais elles visent principalement ses programmes de drones et de missiles, le CGRI et son ministère de la défense, et aucune nouvelle sanction n'a été annoncée concernant l'exportation du pétrole iranien.

Cela dit, l'action israélienne ne signifie pas la fin de ces actes hostiles envers l'Iran. Le gouvernement israélien va probablement continuer d'organiser des opérations de sécurité et des assassinats en Iran et/ou à l'étranger, cyberattaques contre les institutions du CGRI et iraniennes, ainsi qu'intensifier ses attaques au Liban et en Syrie.[2] Ainsi, la guerre dite de l'ombre se poursuivra et présentera toujours le risque d'une escalade vers un conflit ouvert. En outre, le fait que Tel-Aviv ait ciblé une force aérienne iranienne près de la ville d'Ispahan, et suffisamment proche des installations nucléaires, sans utiliser d'avions ni de missiles balistiques, a également envoyé un message politique clair à Téhéran quant à sa capacité d'atteindre des sites stratégiques à l'intérieur du pays et de provoquer des dommages importants.

De même, les conflits de faible intensité d'Israël se poursuivront contre les alliés et réseaux iraniens dans la région. À la mi-mars 2024, l'armée d'occupation israélienne avait déjà frappé « environ 4 500 cibles du Hezbollah » au Liban et en Syrie depuis le 8 octobre. Depuis 2015, Israël a multiplié les attaques et les bombardements contre les réseaux militaires iraniens et du Hezbollah sur le territoire syrien après l'éclatement du soulèvement en 2011, qui s'est transformé en guerre par la suite avec de nombreuses interventions militaires régionales et internationales.

Ces derniers jours, les tensions ont également continué à monter au Liban, l'armée d'occupation israélienne poursuivant ses bombardements sur le pays, au-delà des seules zones frontalières, et prenant pour cible les soldats du Hezbollah, mais aussi des civils. Et ce, bien que le Hezbollah n'ait pas participé à l'opération militaire iranienne contre Israël. En outre, le parti libanais s'en tient depuis le 8 octobre à des « réactions calculées et proportionnelles » contre les attaques israéliennes et affirme continuellement rester un « front de pression » contre Tel-Aviv. Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a d'ailleurs déclaré le 18 avril à la chaîne d'information américaine NBC que le Hezbollah était déterminé à limiter dans une certaine mesure ses opérations militaires à la frontière israélo-libanaise et à ne pas se laisser entraîner dans une guerre de grande ampleur.

L'objectif d'Israël dans ses actions militaires contre le Hezbollah est de pousser le parti à se retirer à 10 kilomètres de la frontière, c'est-à-dire au nord du fleuve Litani, ce qui constituerait un succès politique et militaire pour Israël. Les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 280 membres du Hezbollah depuis le 8 octobre, mais aussi de plusieurs dizaines de civils. Les attaques de l'armée d'occupation israélienne par avion et par drone sur des villages du Sud-Liban ont également entraîné le déplacement forcé de plus de 90 000 personnes et la destruction de vastes étendues de terres agricoles, et d'infrastructures civiles. Il y a une véritable politique de la terre brulée de part de l'armée d'occupation d'Israël contre les régions libanaises frontalières.

Dans le même temps, le scénario potentiel d'une conflagration régionale est également perçu très négativement par les alliés régionaux des États-Unis, en particulier par Riyad, Doha et Abou Dhabi, qui ont fait de la stabilité autoritaire et de la croissance économique une priorité absolue. Le Royaume d'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis tentent de maintenir leur alliance avec les États-Unis et de stabiliser les relations avec l'Iran après des années de tensions. Tous deux ont d'ailleurs condamné les frappes israéliennes contre l'annexe consulaire iranienne à Damas le 1er avril.

Plus généralement, l'Arabie saoudite a modifié sa politique étrangère agressive et conflictuelle adoptée initialement par le prince héritier Muhammad Bin Salman, symbolisée par la guerre meurtrière lancée contre le Yémen en 2015 et la pression maximale contre l'Iran et ses alliés dans la région, qui s'est soldée par un échec. Cette politique s'est avérée trop coûteuse politiquement et dangereuse pour son projet de réforme de l'économie. Le Royaume saoudien a donc tenté d'établir des relations plus cordiales avec ses voisins, y compris l'Iran.

Cette évolution s'est concrétisée par le rapprochement politique historique entre l'Iran et l'Arabie saoudite grâce à la médiation de la Chine au début du mois d'avril 2023. Depuis, les deux pays ont affirmé leur volonté de collaborer pour « la sécurité, la stabilité et la prospérité » au Moyen-Orient. Cela est particulièrement important pour l'Arabie saoudite afin de stabiliser la situation au Yémen et de prévenir les menaces à sa frontière méridionale. La perception saoudienne que Washington ne peut plus assurer la sécurité nécessaire au Royaume, notamment après le déclenchement des révoltes en 2011 ou après le bombardement des unités de production d'Aramco en 2019 et 2020, a également poussé le Royaume dans cette direction.

La suspension temporaire du processus de normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël suite au début de la guerre génocidaire israélienne contre la bande de Gaza depuis octobre 2023 a également renforcé la coopération entre Téhéran et Riyad ces derniers mois. En outre, le Royaume d'Arabie Saoudite ainsi que les Émirats Arabes Unis, n'ont pas participé à la force navale multinationale dirigée par les États-Unis contre le mouvement Houthi.

Dans ce contexte, Riyad et Abou Dhabi se sont montrés réticents à l'idée d'une collaboration accrue avec l'alliance israélo-américaine, du moins ouvertement, en ce qui concerne une éventuelle attaque contre l'Iran, par crainte de représailles iraniennes ou de la part des alliés iraniens dans la région. Leur position pourrait changer si Washington proposait un pacte de défense, une demande formulée par l'Arabie saoudite pour normaliser ses relations avec Israël. Riyad, ainsi qu'Abu Dhabi, sont en effet à la recherche d'une forme de parapluie de sécurité comme celui accordé à l'État israélien.

Pour un mouvement anti-guerre et anti-impérialiste

Au milieu des dernières tensions dans la région, Israël n'a pas cessé sa guerre génocidaire contre les Palestiniens dans la bande de Gaza. Le nombre de morts a presque atteint 34 000 personnes. L'opération militaire de l'Iran n'a pas atténué les souffrances des Palestiniens et ce n'était pas son objectif. Les objectifs géopolitiques de l'Iran ne sont en effet pas de libérer les Palestiniens, mais de promouvoir et de faire avancer ses propres intérêts.[3]

Dans cette situation, que peuvent faire la gauche et les acteurs progressistes ?

Dans les pays impérialistes occidentaux, la mobilisation d'un vaste mouvement anti-guerre et anti-impérialiste devrait être l'une des priorités et des tâches quotidiennes des organisations de gauche et progressistes. Les États-Unis et les pays occidentaux ont joué un rôle clé en permettant et en participant à la guerre génocidaire d'Israël contre les Palestiniens, à l'occupation et à la colonisation continues des terres palestiniennes, aux bombardements du Liban et de la Syrie, aux opérations de sécurité et d'assassinat dans toute la région et, aujourd'hui, aux tensions croissantes contre l'Iran, etc.

L'impunité d'Israël constitue une menace mortelle et permanente pour les classes populaires et ouvrières de la région, tout en augmentant continuellement la menace d'une guerre régionale et menaçant également plus largement la situation internationale. Outre son soutien à Israël, l'impérialisme occidental dirigé par les États-Unis n'a fait qu'aggraver la misère et les souffrances des classes populaires régionales en soutenant les États autoritaires de la région, en poursuivant les bombardements et les interventions militaires.

Dans ce contexte, s'opposer à toute guerre ou opération militaire israélienne potentielle contre l'Iran devrait être une priorité politique. Cela ne doit pas conduire à soutenir le régime autoritaire, néolibéral et patriarcal iranien ou à ignorer ses politiques réactionnaires et répressives à l'encontre de ses propres populations et d'autres populations régionales telles que la Syrie. La République Islamique d'Iran est un ennemi des classes populaires en Iran et dans la région, et ne luttent pas pour leur émancipation, bien au contraire.

En outre, il est important de continuer à exiger un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza. De même, les organisations de gauche et progressistes doivent continuer à s'opposer radicalement à l'Apartheid, à l'Etat colonial et raciste d'Israël et à défendre le droit des Palestiniens à résister. En effet, comme toute autre population confrontée aux mêmes menaces, les Palestiniens ont ce droit, y compris par des moyens militaires. De même, les Libanais ont le droit de résister aux agressions militaires israéliennes. Il ne faut pas confondre cela avec le soutien aux perspectives et orientations politiques des différents partis politiques palestiniens et libanais, y compris le Hamas et le Hezbollah. Cela vaut également pour tous les types d'actions militaires que ces acteurs pourraient entreprendre – en particulier les actions qui conduisent à l'assassinat aveugle de civils.

Au niveau régional, la tâche principale de la gauche et des forces sociales et politiques progressistes reste de développer une stratégie basée sur une solidarité régionale « par en bas » et autonome des classes dominantes des États régionaux et internationaux. Cela signifie résister frontalement aux États occidentaux impérialistes et à Israël d'une part, tout en s'opposant aux États autoritaires régionaux (que ce soit l'Iran, l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les Émirats Arabes Unis, l'Égypte, etc. ) et, plus généralement, aux forces politiques réactionnaires locales, qui empêchent toute rupture avec les dynamiques impérialistes (de tous les États impérialistes sans distinction), autoritaires, néolibérales, racistes et patriarcales.

Ces acteurs politiques représentent, bien sûr, un danger et des menaces différenciés (selon les conjonctures et les pays) pour les perspectives émancipatrices, mais il est primordial de constituer un bloc de gauche et progressiste indépendant de ces forces mettant l'accent sur la solidarité avec la lutte pour la libération des Palestiniens et l'émancipation de tou·tes les exploité·es et opprimé·es de la région.

Notes

[1] Cette réalité a également provoqué des divisions au sein du gouvernement israélien et du cabinet de guerre sur la manière de réagir face à l'Iran.

[2] Les forces d'occupation israéliennes ont également visé ces dernières années au moins une dizaine de navires faisant route vers la Syrie et transportant, dans la plupart des cas, du pétrole iranien, rapporte le Wall Street Journal, citant des responsables israéliens.

[3] Selon plusieurs sources, avant son opération militaire contre Israël, les responsables iraniens étaient en fait engagés dans des négociations secrètes avec leurs homologues américains, certaines tenues à Oman et d'autres à New York. Dans un premier temps, Téhéran a demandé aux Etats-Unis de faire pression sur le Premier ministre israélien pour qu'il arrête la guerre à Gaza, et s'est engagé en échange à ne pas répondre à l'attaque contre son consulat à Damas. L'objectif de l'Iran était de reprendre les négociations avec Washington afin de régler la question nucléaire et d'alléger les sanctions. Cependant, ni les États-Unis ni Israël n'ont accepté la condition iranienne, ce qui a poussé Téhéran à agir…

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Émilise Lessard-Therrien démissionne de son poste de co-porte-parole de Québec solidaire

30 avril 2024, par Roger Rashi — ,
QS est un parti en crise ! Il faut revoir la stratégie de recentrage politique et démocratiser le fonctionnement interne sous peine de détruire cette formation politique ! (…)

QS est un parti en crise ! Il faut revoir la stratégie de recentrage politique et démocratiser le fonctionnement interne sous peine de détruire cette formation politique !

« Un indice particulièrement inquiétant et la démission, ou l'abandon pur et simple du militantisme, par beaucoup de femmes. Ragaillardie un moment par la course et la subséquente élection de la porte-parole féminine, l'enthousiasme initial s'estompe à mesure que la mécanique infernale de la pression médiatique « sur la bulle parlementaire », des jeux de coulisses et de pouvoir au sein du caucus, de la persistance des comportements patriarcaux, finit par tout emporter sur son passage...

Pour répondre à la nouvelle conjoncture, QS doit changer de stratégie sous peine de frapper un mur aux élections de 2026. En s'obstinant à tenter d'occuper le centre du spectre politique, Québec solidaire émousse sa singularité et réduit son attractivité auprès de ceux et celles qui désirent un réel changement social. QS doit impérativement se redéfinir comme un parti de contestation sociale et de rupture avec le système capitaliste en proie à une polycrise de plus en plus grave. »

« Pour repartir la structure militante, il faudra raviver les lieux de débats démocratiques, tenir des instances nationales (conseils nationaux et congrès) où sont débattues les analyses de la conjoncture ainsi que la stratégie du parti et transformer les associations locales et régionales en véritables lieux de convergence des résistances populaires. »

Pour plus de détails voir : « Pour faire face à la nouvelle conjoncture politique, Québec solidaire doit changer de stratégie »
Roger Rashi, Presse-toi à gauche, 23 avril 2024

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Démission de la co-porte-parole de Québec solidaire : la lettre d’Émilise Lessard-Therrien

30 avril 2024, par Émilise Lessard-Therrien — ,
Je prends la parole aujourd'hui pour vous annoncer que je quitte mes fonctions de porte-parole féminine de Québec solidaire. Quatre mois à peine ont suffi à m'épuiser. (…)

Je prends la parole aujourd'hui pour vous annoncer que je quitte mes fonctions de porte-parole féminine de Québec solidaire. Quatre mois à peine ont suffi à m'épuiser. Complètement. Je suis partie en arrêt de travail fin mars, les deux genoux à terre, l'élan freiné.

Tiré de la page Facebook de l'autrice.

Je suis venue ici pour qu'on rapproche le pouvoir du monde, pour défendre le Québec en entier, pour lutter contre la renaissance des colonies-comptoirs dans les « régions ressources », pour un Québec habité de communautés vigoureuses partout, pour la réappropriation de tous nos pouvoirs et nos savoir-faire. À l'image de Manon, je souhaitais cultiver de la sensibilité, du cœur, de l'écoute, de l'authenticité et de la franchise en politique.

Ma vision pour Québec solidaire était claire. Je l'ai trimballée avec moi aux quatre coins du Québec pendant 6 mois, le temps d'une longue course pour le poste de co-porte-parole féminine, une course que j'ai voulue la plus franche possible. Une vision que les rencontres et les échanges avec les membres ont extraordinairement enrichie, à mon grand bonheur, parce qu'une vision qui n'est pas souhaitée et portée par un grand nombre de personnes n'a tout simplement pas d'avenir en politique.

Cette vision pour le parti, c'est que notre projet de société soit le plus incarné possible. Je voulais qu'il ne se laisse pas effacer par les habituels compromis, les calculs d'image et les indicateurs de votes. Je voulais qu'on se remette à éveiller l'enthousiasme pour ce projet, plutôt que de se mettre à la remorque de ce qui est « gagnable » à court terme.

Les dernières semaines ont été éprouvantes. Il m'est difficile aujourd'hui de prendre parole par souci de ne pas faire mal à mon parti. Québec solidaire est rempli de gens de cœur qui, depuis le début, ont donné énormément à la construction d'une alternative de gauche inspirante et mobilisante au Québec. Comment exprimer ce que je vis sans nuire à leur travail, à notre travail acharné ?

Au milieu de mes nombreuses nouvelles fonctions comme porte-parole féminine de Québec solidaire, j'ai cherché un petit espace sauvage pour semer de nouvelles idées, tenter l'incalculable, le risque. Essayer d'insuffler un nouveau souffle au parti, ou enfin, un souffle qu'il possédait avant. Y faire entrer l'air frais du pays, qui sent bon l'épinette, la terre mouillée et la brise salée du fleuve.

Mais je me suis vite aperçue que le train était déjà bien en marche. J'ai voulu y monter, tenter d'influencer le cadre de réflexion et de décision mené ou nourri par une petite équipe de professionnel.le.s tissée serrée autour du porte-parole masculin. J'y suis parfois arrivée, mais je m'y suis sentie bien seule et j'ai eu du mal à y trouver mon espace. Les différentes visions se sont entrechoquées, me paraissant difficilement compatibles, grafignant au passage mes motivations profondes à être co-porte-parole de Québec solidaire. Comme un gel tardif sur des fleurs fraîchement écloses, mon enthousiasme naturel s'est vite flétri. Ma fougue en a pris un coup.

Et puis, au travers de ça, je me suis fait gronder ou culpabiliser pour des prises de paroles sincères, pour avoir donné des opinions ou suivi mon intuition. On m'a invalidée quand j'ai nommé des besoins.

Alors, j'ai commencé à avoir peur, peur de dire, peur de ne pas être entendue, reconnue, comprise. Peur de monter sur cette tribune que j'ai tant souhaitée pour faire vivre mes convictions et celles des membres dans l'espace public. Peur de perdre l'espoir. Peur, surtout, de perdre le sens.

Pour ces raisons, je suis tombée en mode « survie » dans mon parti, à essayer de garder la tête hors de l'eau, à me dépatouiller avec ce qui me semblait être des incongruités organisationnelles, à tenter tant bien que mal d'alimenter ma flamme et ma confiance contre vents et marées et de rester connectée aux raisons profondes de mon engagement. Pendant ce temps, je n'étais pas en train de prendre soin des membres comme j'aurais souhaité le faire, pas en train de développer des liens avec nos associations pour qu'elles sentent qu'elles sont partie prenante de notre projet. Je n'étais pas en train d'accompagner le caucus, de tisser du lien avec chaque député.e alors qu'ils et elles étaient en droit de s'attendre à plus de leadership, plus de cran. Je n'investissais pas les mouvements comme je l'aurais espéré.

En dedans de moi, je n'avais plus rien pour nourrir le courage de l'action. Plus rien pour prendre soin. Je n'y arrivais plus. Je me suis épuisée, complètement.

Moi qui voulais si fort plonger les racines du parti dans les régions du Québec. Depuis là où le fleuve St-Laurent devient mer jusqu'au lac Abitibi, que partout on se reconnaisse en nous et pas juste là où on a des « chances de gagner »… Je dois me rendre à l'évidence : il m'a été impossible de plonger mes propres racines dans la direction du parti. La vision différente que je proposais s'est heurtée à un blocage organisationnel, au sein d'un parti qui a été créé pour faire de la politique autrement.

Et là, le sens s'en est allé. Me foutant un sale coup derrière les genoux au passage pour que je tombe. « L'ascension n'est pas sans souffrance lorsqu'on s'élève dans le non-sens », chante Jérôme 50.

Puis, à un moment, je suis rentrée à la maison et il y en avait plein de sens là, assise à la table de la cuisine, Flora qui bricolait dans le soleil. Ce soleil en flaques de lumière dans les sillons mouillés du champ devant la maison. J'ai eu tellement soif de cette douceur, tellement soif de cette lumière.

Je n'arrivais plus à justifier la raison pour laquelle j'étais tout le temps partie. Autrefois, comme députée, je le savais. Lorsque je me suis lancée dans la course au co-porte-parolat, je le savais. Saint-Exupéry a écrit : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. »

Les semaines de mon arrêt de travail pour épuisement, je les ai passées dans la forêt à faire les sucres. Puis les érables se sont taris. Ce rituel printanier, qui fait passer le temps d'une saison à l'autre, n'a pas eu le même effet sur moi. Alors, on s'est mis au sirop de bouleau pour tenter de rassembler mes forces pour revenir, pour honorer le mandat qu'on m'a confié, qui était en droite ligne avec mon cœur. Le bouleau, il nous oblige à être encore plus patient. Il faut 3 à 4 fois plus d'eau pour tirer un litre de sirop. C'est fou comme parfois on trouve des réponses là où on ne les attend pas.

Un constat a commencé à émerger : je vais avoir besoin de temps, beaucoup plus de temps que je pensais pour retrouver la fougue de nourrir nos luttes avec tout le cœur dont je me sais capable. Comme celle qu'on a menée face à la Fonderie Horne. Comme celle que j'ai voulu mener pour les pêches dans l'Est du Québec. Comme celle que je voudrais mener aux côtés de nos producteurs et productrices agricoles qui ont tellement raison d'être dans la rue en ce moment.

Je sais aujourd'hui que pour retrouver mon souffle, je dois rester fidèle à mes convictions, fidèle à mes valeurs, fidèle à mes façons de faire et de prendre soin du monde. Je dois, surtout, prendre soin de ma santé. Et donc, je ne reviendrai pas.

À mes ami.e.s député.e.s : j'aurais tellement aimé qu'il en soit autrement. J'aurais tellement aimé ne pas être prise comme je l'ai été. Pouvoir prendre le temps de redéfinir avec vous une réelle vision partagée de ce que notre parti doit faire dans l'avenir. Pour les raisons que vous savez, ça n'a pas été possible. Tout au long de l'aventure vous m'avez aidée et soutenue de mille façons, et je vous en remercie profondément. J'ai confiance que vous saurez rebondir.

Aux solidaires de partout au Québec, aux gens de ma région, l'Abitibi-Témiscamingue et à tous ceux et celles que mon élection avait enthousiasmé.e.s : il me fait mal de penser que j'assombris l'espoir qu'on s'était planté dans le cœur. Ma seule consolation, c'est de savoir que si je choisis de m'arrêter et de prendre soin de moi, ce n'est que pour mieux resurgir à vos côtés, dans un autre rôle, dans les luttes pour redonner le pays et la justice aux gens qui habitent ce territoire et qui en prennent soin. Où ? Quand ? Comment ? Le temps le dira, mais je sais que ça viendra.

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