Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Sous nos regards, récits de la violence pornographique

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/12/sous-nos-regards-recits-de-la-violence-pornographique/?jetpack_skip_subscription_popup
Seize femmes, victimes des réseaux de pornographie French Bukkake et Jacquie et Michel témoignent dans cet ouvrage collectif puissant. Elles avaient en moyenne vingt-trois ans quand les viols ont eu lieu. pornographie sous nos regards
Pascal OP, le producteur de French Bukkake, tourne des vidéos où des hommes éjaculent en cercle sur le visage d'une femme à genoux, puis lui imposent de nombreuses pénétrations. Les femmes sont recrutées par Julien Dhaussy, sous le faux profil Facebook d'Axelle Vercoutre, qui se lie d'amitié avec des jeunes femmes fragiles, devient l'oreille de leurs souffrances, les convainc de faire de l'escorting.
Elles subissent alors un viol d'abattage par Dhaussy, qui les pousse ensuite sur les tournages de Pascal OP, dont les vidéos sont présentées comme raffinées, avec une diffusion privée au Canada. Dans des lieux inconnus, où rien ne leur est expliqué et où aucune de leur demande de limite n'est respectée, elles sont violées par des bandes d'hommes. Beaucoup d'entre elles n'osent pas porter plainte et quand elles le font, les policiers répondent : « on ne viole pas une actrice porno ».
L'affaire Jacquie et Michel, en cours d'instruction, est sensiblement proche. Michel Piron est producteur (Jacquie n'existe pas). Sous couvert de « porno-amateur », des rabatteurs manipulent pour lui des jeunes femmes en détresse économique et sociale pour les contraindre à des tournages où elles sont victimes de viols collectifs.
Chaque récit est co-écrit par une plaignante de ces deux affaires, et une autrice, chercheuse ou journaliste. L'ouvrage est introduit par l'historienne Christelle Taraud, qui dépeint l'aggravation des violences dans l'industrie pornographique depuis les années 990, un porno « d'abatage » représentant les femmes comme des « territoires à ravager ».
Sous nos regards : des descriptions insoutenables
Seize voix distinctes, et pourtant toutes fondues dans la même horreur. La majorité a été victime de violences depuis l'enfance, frappées, violées, incestées. Des violences qu'elles n'ont pas toujours pu nommer. Et il y a celles qui s'estiment « trop gentilles », naïves, qui ont voulu aider, obéir, et qui ont été prostituées. Alice dit que c'est le point de ressemblance entre toutes les filles du procès : « Ils sentent ces choses-là, ils repèrent quand on est fragiles. »
La description des scènes de viols est insoutenable. Les corps des filles sont suppliciés, ravagés, humiliés. Elles hurlent, elles saignent, on leur demande de sourire. Ce sont souvent des jours de tournage d'affilée, des pénétrations à la chaîne, des orifices qui se déchirent. Mélanie raconte : « l'un d'eux m'a étranglée si fort que j'ai perdu connaissance. La caméra ne s'est pas arrêtée. »
A la première « mort », celle des viols, succède la diffusion des vidéos, une mort sociale. Certaines sont abandonnées par leurs amis et familles. Elles sont reconnues dans la rue, au travail, harcelées, insultées, agressées, considérées comme responsables des violences subies. En douze ans Amélie a déménagé dix-huit fois et changé vingt fois d'emploi. À chaque fois, tout recommence : « où que j'aille, quoi que je fasse, on finit par me reconnaître. À croire que la France entière regarde du porno. » Beaucoup d'entre elles ne sortent plus de chez elles, vivent la nuit.
Les vidéos se retrouvent sur de multiples plateformes de porno, visibles dans le monde entier. Si elles veulent les faire retirer, les producteurs demandent de l'argent. D'autres chantages viennent d'anonymes qui menacent d'envoyer les vidéos à leurs proches, à leurs cercles professionnels. Même quand des sites sont condamnées par la justice, les vidéos finissent toujours par réapparaitre sur d'autres sites. Ces femmes n'ont pas le droit à l'oubli. Loubna parle d'une « emprise infinie. »
Leurs récits manifestent les violences de genre, de race et de classe de cette industrie pornographique. Dans les sous-titres des vidéos et sur les tournages, elles sont traitées de salopes, de « fuck-meat » (viande-à-baiser), de « sac-à-foutre ». Elles sont appelées « beurette » ou « chinetoque ». Pascal OP reconnaît s'en prendre sciemment à des femmes de classes populaires, les désignant comme des « cassos » : « Ces filles-là sont des grosses cassos, elles n'ont pas de thune, elles sont à la rue. Mais nous on est contents, ça fait de bons vides-couilles. »
Les mots justement, ces femmes veulent les remettre à l'endroit, comme Noëlie et Pauline : « Nous n'avons jamais été actrices. Et le porno, ça n'est pas du cinéma. Ce qu'on voit sur les images est réel. Nous, on ne faisait pas semblant. Ce qu'on nous a fait, nous l'avons réellement vécu. »
Elles interpellent aussi les hommes qui regardent les vidéos, se masturbent sur leurs viols. Mélanie égrène la longue litanie des hommes qui l'ont violée et utilisée, y inclut les consommateurs de porno : « chaque jour des centaines de types me violent par procuration, jouissent dans leurs paumes moites et passent à autre chose. » Elle lance un dernier cri, en attendant le procès : « Ils m'ont bimboïfiée, pornifiée, putifiée, ils m'ont déshumanisée. Je ne suis pas une poupée. Je suis un être humain, je suis mon corps, sexué, fécond, mortel. Je suis vivante. Je demande justice. »
Anne Waeles
Sous nos regards, Ouvrage collectif, éditions du Seuil, 2025.
https://mouvementdunid.org/prostitution-societe/culture/sous-nos-regards-recits-de-la-violence-pornographique/
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1er mai 202 : Plate-forme contre l’austérité

Les mesures d'austérité fragilisent notre société, affectant en premier lieu les populations les plus vulnérables. Sous prétexte de rationalisation budgétaire, nos gouvernements procèdent à des coupes systématiques dans les services publics essentiels, affaiblissant ainsi le filet social et accentuant les inégalités.
10 avril 2025 - tiré du site de la FTQ
https://ftq.qc.ca/1er-mai-2025/#1744301470112-4a1cb758-0c8d
Depuis plusieurs mois, le gouvernement du Québec a fait le choix politique de l'austérité. La mise à jour économique de novembre dernier a confirmé que la province allait bel et bien être plongée dans un cycle de compressions budgétaires affectant ainsi directement la grande majorité de la population.
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, ce même gouvernement caquiste avait préféré appliquer des baisses d'impôts et distribuer des chèques de centaines de dollars plutôt qu'investir dans les services publics et des programmes sociaux qui profitent à toutes et à tous.
Si le gouvernement a fait le choix de l'austérité, ce n'est certainement pas celui des travailleur-se-s. C'est un film dans lequel le Québec a déjà joué et dont les grands gagnants sont les mêmes qui votent ces mêmes mesures d'austérité : les riches.
À ce contexte provincial s'ajoute évidemment l'élection fédérale qui pointe à l'horizon. Quel sera le parti qui prendra le pouvoir et quelles seront ses grandes orientations ? Impossible également de passer sous silence la grande incertitude dans laquelle Donald Trump plonge le monde entier, y compris nous.
Pour cette édition de la Journée internationale des travailleuses et travailleurs, le message est sans équivoque : Toujours debout contre l'austérité.
L'austérité et l'atteinte aux droits
Le respect des droits de tout le monde ne devrait jamais être négociable au gré des humeurs d'un gouvernement. Les droits au travail, à l'éducation, à la santé, au logement, à l'alimentation ou au transport devraient être inaliénables. Pourtant, les mesures d'austérité fragilisent au plus haut point ces droits.
La place accordée à l'école à trois vitesses, l'ouverture de plus en plus grande au privé en santé, le sous-financement dans les transports en commun, l'accès à des logements abordables impossible ou l'augmentation du panier d'épicerie pèsent de plus en plus lourd sur les épaules d'une grande partie de la population qui n'arrive même plus à combler leurs besoins de base.
L'austérité met donc en péril le droit fondamental d'accès à la santé, à l'éducation et à des services publics de qualité. Celles et ceux qui dispensent ces services voient également leurs conditions de travail se dégrader, ce qui nuit tant aux travailleur-se-s qu'aux bénéficiaires et aux patient-e-s. Et quand on ajoute à cela le droit de grève qui est actuellement grandement menacé, c'est une attaque frontale de plus que les travailleur-se-s ne peuvent laisser passer.
L'austérité et la fragilité des travailleur-se-s à statut précaire
Les travailleur-se-s à statut précaire, notamment les travailleur-se-s étranger-ère-s temporaires et les demandeur-se-s d'asile, font face depuis beaucoup trop longtemps à des conditions de travail épouvantables telles que de faibles salaires, des heures travaillées excessives, des abus de pouvoir et un manque de protection sociale.
Personne ne devrait être laissé pour contre ou exploité en raison du type d'emploi occupé ou de son origine. Il est grand temps que les gouvernements adoptent de meilleures politiques et lois qui protègent leurs droits notamment en matière de salaire minimum, d'heures de travail et de conditions de travail sécuritaires.
Ces travailleur-se-s ont besoin de solidarité et non d'austérité. La réduction de l'offre de services de francisation dans les centres de services scolaires au détriment des populations immigrantes est un exemple éloquent des effets dévastateurs des mesures d'austérité sur cette population.
Ils-elles sont donc confronté-e-s à des conditions de travail indignes et à une exploitation croissante, souvent sans protection sociale. Les emplois précaires se multiplient, et l'accès à des conditions de travail justes et équitables se restreint.
En l'absence de protections adéquates, leur accès à la résidence permanente demeure un véritable parcours du combattant. Cette situation engendre un déni de leurs droits fondamentaux et leur impose un silence forcé, les empêchant de revendiquer de meilleures conditions de travail.
Pendant ce temps, la redistribution de la richesse continue de bénéficier à une minorité, laissant la majorité des travailleuses et travailleurs dans une situation d'insécurité croissante.
L'austérité et l'effritement des filets de protection sociale
Les filets de protection sociale sont essentiels pour protéger les plus vulnérables et garantir une égalité des chances pour tous et toutes. Dans un contexte d'austérité, on assiste à l'effritement de ces filets venant ainsi augmenter les inégalités sociales.
Les attaques à l'endroit des femmes, des personnes marginalisées et des moins nanties sont plus importantes que pour le reste de la population. Les mesures d'austérité favorisent largement les emplois occupés par des hommes alors que ceux où les femmes sont d'ailleurs surreprésentées, comme dans les services publics, sont victimes de coupes importantes.
Parallèlement, plusieurs réformes sont mises en œuvre frappant de plein fouet des franges complètes de la population déjà fragiles. Les personnes en situation de handicap, celles bénéficiant de l'aide sociale, les victimes d'actes criminels ou les victimes de lésions professionnelles par exemple.
Collectivement, les filets de protection sociale sont ardemment souhaités et défendus. Il est grand temps que les gouvernements prennent en compte la vision et les attentes de la population.
L'austérité et la dégradation des services publics
La seule façon de garantir des services publics et l'accès à des programmes sociaux auxquels la population a droit c'est en y investissant les sommes nécessaires et en garantissant de bonnes conditions de travail à ceux et celles qui les dispensent.
Les coupures importantes imposées au réseau de l'éducation et à celui de la santé et des services sociaux sont catastrophiques. Le béton tombe en ruine et les services fondent comme neige au soleil. Devant l'état lamentable dans lequel se trouvent les établissements scolaires, de santé et de services sociaux, c'est le secteur privé qui en profite.
Les mesures d'austérité se manifestent de multiples façons. On supprime des postes, coupe des services, augmente le fardeau des organismes communautaires ou privatise tout simplement. Dans un tel contexte, la lutte pour des services publics et des programmes sociaux gratuits, accessibles et universels est fondamentale pour alléger le fardeau financier de la population et améliorer leurs conditions de vie. Même les personnes retraitées, qui ont contribué toute leur vie à ce modèle québécois, n'ont pas ou peu accès à ces services.
L'austérité n'est pas une nécessité – c'est une idéologie politique. Ce n'est pas un choix inéluctable, mais bien une volonté de démanteler nos acquis sociaux au profit d'une élite économique. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous tenir debout contre l'austérité et exiger un modèle de société plus juste et solidaire.
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Grande manifestation pour le Jour de la Terre à Québec (22 avril 2025)

Le 22 avril 2025, une grande manifestation et une chaîne humaine symbolique entoureront l'Assemblée nationale à Québec dans le cadre du Jour de la Terre. Ce rassemblement, initié par la Coalition régionale justice climatique et sociale, vise à attirer l'attention sur les défis environnementaux et sociaux qui définissent l'urgence de notre époque.
4 avril 2025 | par Juliet Nicolas | tiré du journal Le Carrefour de Québec | « Photo » : Coalition régionale justice climatique et sociale
L'année 2024 a marqué un tournant inquiétant pour le climat : des records de chaleur ont été atteints. Dépassant le seuil critique de +1.5 degré de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle. Ce réchauffement accéléré entraîne des conséquences dramatiques, comme la multiplication d'événements climatiques extrêmes. Notamment la fonte du pergélisol, ce sol gelé en permanence depuis des milliers d'années et qui libère des gaz à effet de serre lorsqu'il se dégrade. Ainsi que l'érosion des écosystèmes.
Les transformations exercent une pression majeure sur la sécurité alimentaire, la santé publique, les revenus et la qualité de vie à l'échelle mondiale. Préserver les milieux naturels et réduire la dépendance aux énergies fossiles s'impose désormais comme une nécessité.
Une justice sociale bafouée
Alors que beaucoup voient leurs conditions de vie se dégrader, certains conservent un train de vie élevé, souvent lié à des activités polluantes. Selon Oxfam, les 1 % les plus riches épuisent leur budget carbone annuel en seulement dix jours, tandis que les 50 % les plus pauvres en consomment une fraction sur trois ans.
Ce déséquilibre exige des mesures audacieuses pour forcer les plus pollueurs à contribuer à la transition énergétique et pour renforcer le filet social qui protège les plus vulnérables.
Les revendications au cœur de la mobilisation
Face à l'absence d'actions concrètes, la mobilisation citoyenne joue un rôle clé pour impulser des transformations nécessaires. La grande manifestation s'articulera autour de trois revendications fondamentales :
- Il est crucial d'intensifier la lutte contre les crises climatique et de biodiversité en abandonnant progressivement les énergies fossiles, pour réduire les émissions et protéger les écosystèmes.
- Un réinvestissement important dans les services publics et les programmes sociaux est crucial pour renforcer les infrastructures et soutenir la population face aux défis actuels. Notamment grâce à une taxation accrue des grandes fortunes pour un financement équitable et durable.
- Enfin, pour être pleinement efficace, la transition écologique doit être équitable et inclusive. Elle doit s'appuyer sur des politiques qui accompagnent les travailleurs et les communautés dans leur adaptation aux changements, tout en garantissant des solutions accessibles et durables pour les plus vulnérables.
- Ces mesures concertées, axées sur la justice climatique et sociale, représentent une voie pragmatique pour répondre aux défis environnementaux et assurer une meilleure qualité de vie pour tous.
Une responsabilité collective
La manifestation du 22 avril se présente comme une occasion majeure de démontrer la force de l'engagement citoyen. En se rassemblant autour de l'Assemblée nationale, les participants souhaitent inciter les décideurs à agir de manière responsable et concrète. Répondre aux crises environnementales tout en instaurant une justice sociale durable n'est plus une option, mais une nécessité pour assurer un avenir viable.
Le 26 avril, à l'occasion du jour de la Terre, nous descendons dans la rue pour nos transports !
Nous sommes des usagers et usagères du transport, des syndiqué(e)s du milieu, des habitant(e)s préocupé(e)s, des automobilistes forcés d'en être, des cyclistes en quête de sécurité, des étudiant-es qui veulent se rendre à leurs cours facilement et bien plus encore. Nous vous donnons rendez-vous le 26 pour notre santé, pour notre capacité à se déplacer, pour une économie au service de la majorité, pour nos droits collectifs, pour des milieux de vie plus résilients, pour l'avenir !
Parce que notre résistance doit passer par la construction d'alternatives, nous vous invitons à prendre la rue aux côtés des syndiqué(e)s du transport collectif. Ensemble, désarmons les pétrolières et les politiciens qui sont à leur solde en nous libérant collectivement de la dépendance aux hydrocarbures. Exigeons un financement du transport collectif qui permette l'amélioration du service et de la qualité des emplois. Faisons en sorte, que partout au Québec, des alternatives à l'auto solo puissent se mettre en place. Investissons dans un avenir viable, à l'image du monde que nous souhaitons !
Joignez-vous à nous pour exiger :
- Un financement public pérenne pour maintenir et développer le réseau
– Des emplois de qualité dans le secteur du transport collectif
– Des transports accessibles à toutes et tous – physiquement, géographiquement et financièrement
Rendez-vous le 26 avril 2025 à 13 h sur la Place des Festivals (métro Place-des-Arts).
Venez colorés, avec des pancartes, votre énergie et de quoi faire du bruit ! Plus d'informations sur le trajet et les surprises de cette manif à venir.
Organisateurs : Front commun pour la transition énergétique, FTQ, La Planète s'invite au Parlement, Mouvement pour un transport public abordable, TNCDC - Table nationale des Corporations de développement communautaire, Conseil central du Montréal métropolitain - CSN et Écologie populaire.
Pour plus d'informations : https://www.facebook.com/events/place-des-festivals/jour-de-la-terre-finan%C3%A7ons-nos-transports-collectifs-publics-/559774849745542
Source : https://scfp.qc.ca/appel-a-tous/
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Négociation nationale des CPE : Les 13 000 travailleuses en grève alors que la négociation s’intensifie

La négociation s'est poursuivie toute la fin de semaine et les échanges continuent de façon intensive. L'objectif est de parvenir à une entente bonifiant les conditions de travail des travailleuses en CPE dans les meilleurs délais.
Les 13 000 travailleuses et travailleurs en CPE syndiqués à la CSN sont en grève du 14 au 16 avril, alors que la négociation s'intensifie avec le gouvernement. La grève est maintenue afin de parvenir à une entente le plus rapidement possible.
La négociation s'est poursuivie toute la fin de semaine et les échanges continuent de façon intensive. L'objectif est de parvenir à une entente bonifiant les conditions de travail des travailleuses en CPE dans les meilleurs délais. Pour la CSN, qui représente 80 % des travailleuses syndiquées en CPE, il est important que le gouvernement accepte de bonifier ses offres pour répondre aux préoccupations des travailleuses quant à l'avenir des CPE.
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PL-69 : Non à la privatisation de l’électricité !

Des organisations des milieux communautaire, environnemental, citoyen et syndical se sont donné rendez-vous aujourd'hui à Saint-Jean-sur-Richelieu pour dénoncer les dérives du projet de loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques au Québec (PL-69). Les groupes ont profité d'un arrêt de la tournée Vision énergie sur la planification énergétique pour exiger une fois de plus un vrai débat public sur l'énergie, revendication portée depuis plus de deux ans déjà, sans écho réel de la part du gouvernement qui visiblement préfère imposer sa propre vision.
Avec le PL-69, la CAQ attaque un service indispensable. « Le retrait du droit exclusif d'Hydro-Québec à produire, transporter et distribuer l'électricité ouvre la porte à la privatisation. L'électricité coûtera plus cher à produire et l'impact sur les factures sera majeur », signale Patrick Gloutney, Président du SCFP-Québec
Rappelons qu'au Québec, 1 ménage sur 7 n'arrive pas à payer sa facture d'électricité ou y parvient au détriment d'autres besoins de base. « Le PL69 fait passer les besoins des industries avant la santé de la population. Il fait des tarifs d'électricité le principal mode de financement de la transition énergétique. C'est injuste et régressif ! », dénonce Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l'ACEF du Nord de Montréal
« Le gouvernement ne doit pas faire l'économie d'un véritable débat de société sur l'avenir énergétique du Québec. Le premier ministre François Legault en avait pourtant fait la promesse lors de son élection en 2022. Une large consultation publique sur l'avenir énergétique est essentielle pour s'assurer que le projet de loi mène réellement à la décarbonation tout en protégeant la nature et la santé humaine, en renforçant l'équité sociale et en favorisant la mobilisation de l'ensemble de la société face aux défis de la transition », souligne Louise Morand du RVÉQ.
« Si la population n'a pas été invitée à participer activement à l'élaboration de cette Loi 69, l'entreprise privée, par la voix de ses lobbyistes, a été très proche des décideurs, selon le registre accessible en ligne « Carrefour Lobby » » déclare Sophie Thiébaut, coordonnatrice d'Attac Québec.
Considérant l'importance des conséquences que ce projet de loi pourrait avoir, les groupes rappellent qu'une réelle consultation tenue dans un cadre démocratique inclusif est essentiel. Les décisions concernant l'avenir de l'énergie au Québec ne doivent pas être prises derrière des portes closes par quelques experts triés sur le volet par le gouvernement.
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La question de l’urne : Plus celle des réfugié-e-s que celle des tarifs ?

Il est impérieux de contrer l'incroyable charge islamophobe et antinoire de la CAQ, cautionnée par un Carney, probable prochain Premier ministre du Canada, qui fait paraître l'ancien Premier ministre Trudeau comme un gauchiste. Les prétextes — il en faut toujours — sont une poussée fondamentaliste dans quelques écoles et un prétendu assaut des frontières par des Haïtien-ne-s éperdu-e-s fuyant la fureur trumpienne. L'écrivain d'origine haïtienne et académicien Dany Laferrière a mille fois raisons de souligner que « [l]es demandeurs d'asile peuvent aussi représenter ‘'toute la richesse du monde'' » et non pas « toute la misère du monde » comme les a qualifié le ministre de l'Immigration Roberge. Comme le dit l'écrivain, « Les gens se disent [que] s'il n'y avait pas les Haïtiens au Québec, bien sûr, le Québec aurait survécu. Mais il manquerait quelque chose. »
On ne le dira jamais assez, quand iels sont accueilli-e-s les bras ouverts, c'est-à-dire avec de généreux programmes de francisation, de soutien au revenu si nécessaire, d'accès au logement à portée de leurs bourses, de reconnaissance de leurs diplômes sans entrave corporatiste et surtout d'accès au monde du travail sans aucune discrimination, les immigrant-e-s et les réfugié-e-s cessent rapidement d'être à charge. Pour avoir eu la force de subir les dures épreuves de la fuite d'enfers de misère ou de persécution souvent en traversant un grand nombre de pays, iels sont parmi les plus capables, débrouillard-e-s et résilient-e-s de leurs compatriotes.
Iels seront les premiers-ères à contribuer à la construction de logements et à devenir ces travailleur-euse-s essentiel-le-s, plus que proportionnellement des personnes racisées, qui ont sauvé la mise au peuple québécois durant la pandémie. Iels pourraient être la force de travail répondant à l'appel des 120 édiles municipaux, dont la mairesse de Montréal, représentant 10 millions de Canadienne-s. Ces édiles requièrent des chefs de parti en campagne électorale de laisser tomber pipelines de gaz et pétrole pour plutôt « construire au moins deux millions de logements écoénergétiques hors marché privé, rénover nos maisons et bâtiments pour mieux conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été, et finalement financer une véritable stratégie nationale de résilience, d'intervention et de reconstruction, pour que nos communautés soient prêtes à faire face aux catastrophes climatiques à venir ».
Nous, Québécois-e-s dit de souche, ne nous mettons pas la tête dans le sable. Le massacre de la mosquée de Québec et la mort de l'autochtone Joyce Echaquan ne sont pas des incidents isolés mais des signes d'un racisme bien enraciné et systémique. Les récentes enquêtes du Devoir en Abitibi et en Gaspésie à propos des stagiaires infirmier-ère-s africain-e-s l'ont plus que révélé. « Intolérance, stupeur et consternation » de clamer l'éditorialiste. « C'est une histoire à faire hurler, sise aux frontières de nos espoirs d'intégration des immigrants et de la plate réalité du terrain, encore raviné par des poches d'intolérance et de discrimination. » Est-ce si certain que ça ne soit que des poches ? C'est ce racisme bien implanté qui, au cours de la présente campagne électorale. fait les beaux jours du bloc nationaliste, CAQ, PQ et Bloc québécois, trop heureux de l'entretenir pour des fins bassement électoralistes.
Pourtant « Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) parle même plutôt d'une ‘'diminution importante'' de ce nombre total [de demandeurs d'asile] depuis 2023. […] Entre le 1er janvier et le 1er avril 2023, alors qu'il y avait encore des passages par le chemin Roxham, plus de 19 600 personnes ont demandé l'asile au Canada. Pour la même période en 2024, elles étaient plus de 17 000, principalement arrivées par avion. Et cette année, elles ont été 9460 au total. » Cependant, si les flux aux aéroports diminuent, ceux à la frontière, aux entrés routières comme à travers bois, iront en augmentant stimulés par la féroce répression trumpienne.
Quelle sera la réaction du Canada comme du Québec ? That is the question qui démarque l'internationalisme ouvrant une brèche vers une société pro-climat du soin et du lien et le nationalisme identitaire enfermant la nation dans un processus de néo-fascisation.
Marc Bonhomme, 13 avril 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Vote stratégique : Vote utile ou vote futile ?

À chaque élection on se pose la question de la nécessité ou non du vote stratégique. Cette fois-ci plus fortement encore. Il y Trump dans le décor. Et Poilièvre fait aussi peur à bcp de gens, surtout aux électeurs progressistes qu'ils ou elles votent Bloc Québécois, NPD ou les Verts.
Le vote stratégique est certes utile dans plusieurs circonstances pour éviter le pire. Mais pas dans tous les comtés ou en toute circonstances. Pour y voir clair, voyons d'abord le résumé des derniers sondages extrait du site QC125.com (voir image).
C'est à peu près pareil depuis plus d'une semaine. Le Parti Conservateur obtient une très grande concentration de ses votes dans l'Ouest, surtout en Alberta. Pour cette raison, le PC a besoin historiquement d'au moins 2% d'avance sur le PLC pour avoir une chance de former un gouvernement, même minoritaire. Avec 6 points d'avance, les Libéraux peuvent former un gouvernement majoritaire avec environ 190 sièges, loin des 170 nécessaires pour la majorité au parlement.
Beaucoup de gens sont actuellement aux prises avec les nombreuses difficultés d'une situation économique précaire. Ils et elles ne suivent pas en détail l'évolution de ces sondages et la tendance actuelle d'appui fort aux libéraux au Québec et en Ontario ne risque pas vraiment de bouger.
Donc, compte tenu de la très faible possibilité pour Poilièvre de remonter la pente, LE VOTE STRATÉGIQUE DEVIENT FUTILE DANS BEAUCOUP DE COMTÉS où les conservateurs n'ont aucune chance de le remporter. Les sympathisants du NPD, des Verts et les progressistes du BQ peuvent donc voter pour leurs convictions sans se soucier de calcul et de stratégie.
C'est particulièrement le cas dans Rosemont, dans Laurier-Saint-Marie ou dans Hochelaga-Rosemont-Est pour les sympathisants du NPD.
Dans le cas du LSM où se présente Nima Machouf pour le NPD pour la troisième fois, les sondages pancanadiens ressemblaient bcp à ceux d'aujourd'hui juste avant le jour d'élection en 2021 : le Parti libéral était légèrement en avance sur les conservateurs et le NPD était loin troisième au Canada- et encore plus bas au Québec.
Pourtant, Nimâ Machouf avait créé la surprise en 2021avec 33% des votes, terminant deuxième, à seulement 5 points de Steven Guilbeault, qui était déjà ministre libéral.
Aujourd'hui, le Parti libéral dirigé par Mark Carney a beaucoup de marge pour remporter une majorité sans avoir besoin de tous ses sièges actuels au Québec. Le vote stratégique n'a donc vraiement aucune utilité dans le comté de Nima Machouf.
Pourquoi voter pour Nimâ Machouf ?
● La course à LSM est très serrée entre Nimâ et Steven Guilbeault.
● Plusieurs analyses donnent Nimâ favorite, car Guilbeault est affaibli et que Nimâ est encore plus implantée, renforcée et connue qu'en 2021.
● Sur les questions d'économie et d'environnement, Mark Carney s'est aligné sur les conservateurs et Steven Guilbeault s'est aligné sur son nouveau chef. Il n'exerce plus aucune influence en faveur de l'environnement ou de la justice fiscale et sociale.
● Il nous faut donc une personnalité forte, compétente et progressiste comme Nimâ pour consolider une opposition véritable à ces politiques réactionnaires et défendre la justice sociale et l'environnement.
Je me permet un message à mes amis souverainistes et aux électeurs du Bloc Québécois dans LSM : nombreux sont les électeurs du Bloc partagent plusieurs des valeurs de Nimâ Machouf, notamment en matière de justice sociale et d'écologie. Or, malgré le respect que j'ai pour le candidat du BQ dans LSM, je dois dire que le Bloc n'est pas actuellement en position de gagner ici. En 2021, le BQ était loin troisième, avec 13 points de retard sur Nimâ. Aujourd'hui, la course se joue entre Nimâ et le ministre libéral sortant. Si on souhaite le déloger pour avoir une véritable opposition progressiste, la meilleure option est d'appuyer Nimâ.
Conclusion : le vote utile, dans Laurier-Sainte-Marie, c'est un vote pour Nimâ Machouf.
Texte repris de Facebook : Amir Khadir
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Organiser une riposte unitaire à la montée de l’extrême droite, de l’autoritarisme et de l’austérité

Le panel était composé de Amir Khadir, ex-député et ancien porte-parole de Québec solidaire ; Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal-Métropolitain CSN ; Karine Cliche, initiatrice de QS-Parti de la rue ; Roger Rashi, Réseau intersyndical de Québec Solidaire et membre de Révolution écosocialiste. L'animation a été assurée par Josée Chevalier, militante syndicale FNEEQ-CSN.
Le Panel avait pour tâche de répondre aux questions suivantes : Comment unir ces résistances multiples en un front uni ? Quel rapport entre la déferlante trumpiste au sud et les attaques anti-syndicales ici ? Comment renforcer la gauche sociale et politique dans ce nouveau cycle politique ? Quelle place peut occuper Québec solidaire dans cette riposte ?
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L’armée israélienne est confrontée à sa plus grande crise de refus depuis des décennies

Plus de 100 000 Israéliens auraient cessé de se présenter au service de réserve. Si les raisons diffèrent, l'ampleur de la crise témoigne de l'affaiblissement de la légitimité de la guerre.
Tiré d'Agence médias Palestine.
Personne n'est en mesure de donner des chiffres précis. Aucun parti ou dirigeant politique ne le demande explicitement. Mais quiconque a passé du temps dans les manifestations antigouvernementales ou sur les réseaux sociaux en hébreu ces dernières semaines sait que c'est vrai : il est de plus en plus légitime de refuser de se présenter au service militaire en Israël – et pas seulement au sein de la gauche radicale.
Dans la période qui a précédé la guerre, le refus – ou plus précisément le fait de « cesser de se porter volontaire » pour les réserves – est devenu une caractéristique importante des manifestations de masse contre la réforme judiciaire du gouvernement israélien. Au plus fort de ces manifestations, en juillet 2023, plus de 1 000 pilotes et membres de l'armée de l'air ont déclaré qu'ils cesseraient de se présenter au travail si la législation n'était pas abandonnée, ce qui a conduit à des avertissements de la part de hauts responsables militaires et du chef du Shin Bet, selon lesquels la réforme judiciaire mettait en péril la sécurité nationale.
La droite israélienne continue jusqu'à aujourd'hui d'affirmer que ces menaces de refus ont non seulement encouragé le Hamas à attaquer Israël, mais qu'elles ont également affaibli l'armée. En réalité, toutes ces menaces ont disparu dans l'éther le 7 octobre, les manifestants se portant massivement et avec enthousiasme volontaires pour s'enrôler.
Pendant 18 mois, la grande majorité de la population juive d'Israël s'est ralliée au drapeau pour soutenir l'assaut contre Gaza. Toutefois, des fissures ont commencé à apparaître, en particulier depuis que le gouvernement a décidé de rompre le cessez-le-feu le mois dernier.
Ces dernières semaines, les médias ont fait état d'une baisse significative du nombre de soldats se présentant au service de réserve. Bien que les chiffres exacts soient un secret bien gardé, l'armée a informé le ministre de la défense Israël Katz à la mi-mars que le taux de participation s'élevait à 80 %, contre environ 120 % immédiatement après le 7 octobre. Selon Kan, le radiodiffuseur national israélien, ce chiffre a été falsifié : le taux réel est plus proche de 60 %. D'autres rapports font état d'un taux de participation de 50 % voire moins, certaines unités de réserve essayant de recruter des soldats par le biais des réseaux sociaux.
Une foule d'amis, de familles et de militants organisent une manifestation de solidarité en faveur d'Ella Keidar Greenberg devant le centre de recrutement de Tel Hashomer, avant qu'elle ne déclare son refus de s'enrôler dans l'armée israélienne, le 19 mars 2025. (Oren Ziv)
« Le refus se fait par vagues, et celle-ci est la plus importante depuis la première guerre du Liban en 1982 », a déclaré à +972 Ishai Menuchin, l'un des dirigeants du mouvement de refus Yesh Gvul ( »Il y a une limite »), qui a été fondé pendant cette guerre.
Tout comme la conscription dans les forces régulières à l'âge de 18 ans, il est obligatoire pour les Israéliens de servir dans les réserves lorsqu'ils sont convoqués jusqu'à l'âge de 40 ans (bien que cette période puisse varier en fonction du grade et de l'unité). En temps de guerre, l'armée dépend fortement de ces forces.
Au début de la guerre, l'armée a déclaré avoir recruté environ 295 000 réservistes en plus des quelque 100 000 soldats en service régulier. Si les rapports faisant état d'un taux de participation de 50 à 60 % dans les réserves sont exacts, cela signifie que plus de 100 000 personnes ont cessé de se présenter au service de réserve. « C'est un chiffre énorme », a fait remarquer M. Menuchin. « Cela signifie que le gouvernement aura des difficultés à poursuivre la guerre.
Le 7 octobre a d'abord créé un sentiment de « Ensemble, nous vaincrons », mais ce sentiment s'est maintenant érodé », a déclaré Tom Mehager, un activiste qui a refusé de servir pendant la deuxième Intifada et qui gère aujourd'hui une page sur les réseaux sociaux où sont diffusées des vidéos d'anciens refusant d'accomplir leur devoir, expliquant leur décision. « Pour attaquer Gaza, trois avions suffisent, mais le refus continue de tracer des lignes rouges. Il oblige le système à comprendre les limites de son pouvoir ».
« Jour après jour, je relève des déclarations de refus »
La majorité de celles et ceux qui défient les ordres d'enrôlement semblent être ce que l'on appelle des « réfractaires gris », c'est-à-dire des personnes qui n'ont pas d'objection idéologique réelle à la guerre, mais qui sont plutôt démoralisées, fatiguées ou lassées qu'elle dure depuis si longtemps. À côté d'elles, une petite minorité de réservistes, qui ne cesse de croître, refuse de s'engager pour des raisons éthiques.
Selon Menuchin, Yesh Gvul a été en contact avec plus de 150 réfractaires idéologiques depuis octobre 2023, tandis que New Profile, une autre organisation soutenant les « refuzniks », a traité plusieurs centaines de cas de ce type. Mais alors que les adolescents qui refusent l'enrôlement obligatoire pour des raisons idéologiques sont passibles de peines de prison de plusieurs mois, Menuchin n'a connaissance que d'un seul réserviste qui a été puni pour son récent refus – recevant une peine de deux semaines de mise à l'épreuve.
« Ils ont peur de mettre les réfractaires en prison, car cela pourrait enterrer le modèle de l'armée populaire », explique-t-il. « Le gouvernement le comprend et n'insiste donc pas trop ; il se contente de renvoyer quelques réservistes de l'armée, comme si cela allait résoudre le problème.

Par conséquent, Menuchin estime qu'il est difficile d'estimer l'ampleur réelle de ce phénomène. « Pendant la guerre du Liban, nous avons estimé que pour chaque réfractaire qui allait en prison, il y avait huit à dix autres réfractaires idéologiques », explique-t-il. « Ainsi, si 150 ou 160 personnes ont déclaré qu'elles n'iraient pas à l'armée pour des raisons idéologiques, il est raisonnable d'estimer qu'il y a au moins 1 500 réfractaires idéologiques. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg [étant donné le nombre bien plus important de réfractaires non idéologiques] ».
Cependant, selon Yuval Green – qui a refusé de poursuivre son service à Gaza après avoir désobéi à l'ordre de mettre le feu à une maison palestinienne, et qui dirige aujourd'hui un mouvement anti-guerre appelé « Soldats pour les otages », dont 220 réservistes ont signé la déclaration de refus – cette catégorisation binaire ne dit pas tout.
« Il y a de plus en plus de gens qui ne se soucient pas nécessairement des Palestiniens, mais qui ne se sentent plus en paix avec les objectifs de la guerre », explique-t-il. C'est ce que j'appelle le « refus idéologique gris ». Je n'ai aucun moyen de savoir combien ils sont, mais je suis sûr qu'ils sont nombreux.
« Dans le passé, les gens que je connaissais étaient vraiment en colère contre moi [pour avoir appelé au refus] », a poursuivi M. Green. « Aujourd'hui, je sens beaucoup plus de compréhension. Nous sommes devenus plus pertinents pour eux. Les médias nous couvrent ; nous avons été invités sur Channel 13 et Channel 11. Jour après jour, je vois des déclarations de refus ».
Les exemples récents abondent. La semaine dernière, Haaretz a publié une tribune de la mère d'un soldat qui déclarait : « Nos enfants ne se battront pas dans une guerre messianique de choix ». Un autre article d'opinion publié dans le même journal par un soldat anonyme déclarait : « La guerre actuelle à Gaza vise à acheter la stabilité politique avec du sang. Je n'y participerai pas ».
D'autres sont moins explicites, mais l'effet est similaire. Dans une interview récente, l'ancien juge de la Cour suprême, Ayala Procaccia, n'a pas approuvé le refus de s'enrôler, mais a appelé à la « désobéissance civile ». Le 10 avril, près de 1 000 réservistes de l'armée de l'air ont publié une lettre ouverte exigeant un accord sur les otages qui mettrait fin à la guerre ; ils ont rapidement été rejoints par des centaines de réservistes de la marine et de l'unité 8200, l'unité d'élite des services de renseignement. Le Premier ministre Netanyahou a répondu : « Le refus est un refus, même s'il est dit implicitement et dans un langage euphémisé ».

« La légitimité du régime est en danger »
Yael Berda, sociologue à l'Université hébraïque et militante de gauche, explique que le déclin dans le choix de se présenter pour le service de réserve découle avant tout de préoccupations économiques. Elle se réfère à une enquête récente de l'Office israélien de l'emploi, selon laquelle 48 % des réservistes ont déclaré avoir subi une perte importante de revenus depuis le 7 octobre, et 41 % ont déclaré avoir été licenciés ou contraints de quitter leur emploi en raison de périodes prolongées passées dans la réserve.
Menuchin considère aussi que les facteurs économiques jouent un rôle important, mais propose une explication supplémentaire : « Les Israéliens ne veulent pas avoir l'impression d'être des pigeons, et ils en sont maintenant à un point où ils ont l'impression d'être exploités. Ils voient d'autres personnes bénéficier d'exemptions, et ils parient que si quelque chose leur arrive, personne ne les soutiendra, eux ou leur famille. Il y a un sentiment d'abandon : ils voient les familles des otages faire du crowdfunding pour survivre. En fin de compte, l'État n'est pas vraiment là, et de plus en plus d'Israéliens s'en rendent compte. »
« Il y a beaucoup de désespoir », poursuit Menuchin. « Les gens ne savent pas où ils vont. On voit la ruée vers les passeports étrangers – même avant le 7 octobre – et la recherche de ‘meilleurs' endroits où émigrer. Les gens se replient de plus en plus sur leurs propres intérêts. Et surtout, on ne ramène pas les otages ».
En ce qui concerne le refus idéologique, Mme Berda identifie plusieurs catégories. Un type de refus découle de « ce que j'ai vu à Gaza », mais il s'agit d'une minorité », explique-t-elle. « Un autre type de refus est la perte de confiance dans les dirigeants, en particulier lorsque le gouvernement n'a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour ramener les otages. Il y a un écart intolérable entre ce que le gouvernement a dit qu'il faisait et ce qu'il a réellement fait. Ce décalage entraîne une perte de confiance de la part des citoyens ».
Une autre catégorie, poursuit Berda, est le « dégoût pour le discours du sacrifice » promu par l'extrême droite religieuse, dirigée par des personnalités comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. « Il s'agit d'une sorte de réaction contre le discours des colons qui dit qu'il est bon de sacrifier sa vie pour quelque chose de plus grand », explique Berda. Les gens réagissent à l'idée que la collectivité est plus importante que l'individu en disant : « Les objectifs de l'État sont importants, mais j'ai ma propre vie ».
Tout en notant que les menaces de refus représentaient une part importante des protestations antigouvernementales de 2023, Berda affirme que « maintenant, après l'effondrement du cessez-le-feu, on peut dire que l'ensemble du mouvement de protestation s'oppose à la poursuite de la guerre au motif qu'il s'agit de la guerre de M. Netanyahou. C'est vraiment nouveau ; il n'y a jamais eu une telle rupture, où la légitimité du régime est en danger. »
« En 1973, ils disaient que Golda [Meir] était incompétente, qu'elle faisait des erreurs, mais personne ne doutait de sa loyauté », poursuit Berda. « Pendant la première guerre du Liban, des doutes ont été émis quant à la loyauté d'Ariel Sharon et de Menachem Begin, mais c'était marginal. Aujourd'hui, surtout à la lumière de l'affaire du « Qatargate », les gens sont convaincus que Netanyahou est prêt à détruire l'État pour son profit personnel.
Néanmoins, la vague de refus et de non-participation n'a pas encore mis l'armée à genoux. Les gens disent : « Il y a le gouvernement et il y a l'État », explique Berda. « Ces gens continuent d'aller servir parce qu'ils s'accrochent à l'État et à ses institutions de sécurité, car s'ils n'y croient plus, ils n'auront plus rien ».
« Le public comprend que dès que la confiance dans l'armée est rompue, l'histoire est terminée – et c'est effrayant », poursuit-elle. « Ils ont peur d'être impliqués dans la chute de l'armée, car cela les rendrait complices. Bibi oblige les Israéliens à faire |ce qu'ils considèrent comme] un choix terrible. Quoi que vous fassiez, vous serez complices d'un crime : soit le crime de génocide, soit le crime de démantèlement de l'État ».
Une version de cet article a d'abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lisez-le ici.
Traduction : SD pour l'Agence Média Palestine
Source : +972 Magazine
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La guerre commerciale de Trump et les travailleur·ses canadien·nes

Les tarifs douaniers de 25 % imposés aux exportations du Canada et du Mexique par l'administration américaine de Donald Trump à compter du 4 mars (à l'exception des tarifs de 10 % pour le pétrole et le gaz et la potasse canadiens) constituent une attaque agressive contre les moyens de subsistance des travailleur·ses canadien·nes et une menace pour la survie d'industries clés au Canada.
Tiré de Inprecor
9 avril 2025
Par Socialist Project
Frontière entre la Canada et les États-Unis. © P. Hughes – CC BY-SA 4.0, détail
Trump a reporté une partie des droits de douane sur l'automobile et d'autres tarifs dans les secteurs couverts par le traité commercial États-Unis-Mexique-Canada (USMCA) conclu entre les trois pays (environ 40 % des exportations canadiennes vers les États-Unis), les droits de douane sur l'automobile étant prévus pour le 2 avril, mais il a menacé de poursuivre avec d'autres. D'autres droits de douane sur l'aluminium et l'acier (au-delà du niveau de 25 %) ont été menacés d'atteindre 50 %, et Trump a également menacé de « fermer » l'industrie automobile canadienne.
Trump a fait des allers-retours pour augmenter les niveaux des droits de douane et élargir leur champ d'application, tenant les travailleurs canadiens au dépourvu et poussant les gouvernements canadiens à faire des allers-retours pour tenter de suivre le mouvement.
Le gouvernement fédéral canadien a répondu par des contre-tarifs de 30 milliards de dollars sur les importations en provenance des États-Unis le même jour et a rapidement mis en œuvre un plan frontalier pour surveiller davantage la frontière américano-canadienne, notamment pour limiter le commerce quasi inexistant de fentanyl en provenance du Canada (surtout si on le compare à la contrebande de drogues et d'armes à feu au Canada en provenance des États-Unis), et le volume tout aussi faible de l'immigration transfrontalière « illégale » vers les États-Unis. L'administration Trump utilise froidement les droits de douane pour obtenir d'autres concessions de l'État canadien - accès aux terres rares au Canada, militarisation de l'Arctique et des eaux côtières dans le cadre d'une nouvelle barricade de la Forteresse Amérique du Nord, augmentation des dépenses militaires canadiennes et réouverture de projets de détournement d'eau transfrontaliers de longue date.
Une attaque brutale contre des dizaines de milliers de travailleur·ses
Les droits de douane constituent une attaque inattendue et brutale contre des dizaines de milliers de travailleurs dans des secteurs tels que l'automobile, l'acier, l'aluminium et les ressources naturelles au Canada. Les droits de douane touchent particulièrement les travailleurs qualifiés dans certains des secteurs les plus avancés de l'économie, mais ils frapperont aussi rapidement les sections de la classe ouvrière les plus précaires et les plus vulnérables aux ralentissements économiques. Plusieurs estimations suggèrent que les politiques tarifaires de Trump pourraient affecter des millions de travailleurs et leurs communautés, alors que des secteurs manufacturiers clés sont menacés de perdre des marchés d'exportation dans les secteurs de l'automobile et de l'acier en Ontario, les travailleurs de l'aluminium au Québec, et les exportations de produits agricoles et de ressources dans l'Ouest et les provinces atlantiques du Canada.
La menace et l'impact de la guerre tarifaire menée par les États-Unis sont immédiats. Elle peut facilement dégénérer en cycles de représailles punitives (avec l'avantage politique écrasant du côté de la puissance dominante), les travailleurs des deux côtés de la frontière subissant les conséquences des bouleversements économiques. Le défi est plus profond et plus important pour le Canada et les travailleurs canadiens. Il est ancré dans la manière dont le capitalisme et l'État canadiens ont évolué, avec l'adoption stratégique (ou « acte de foi », comme on l'appelait autrefois) d'une intégration profonde avec les États-Unis par le biais d'une série d'accords de libre-échange (ALE) à partir de 1989, qui promettaient un « accès sûr » au marché américain, ainsi qu'une croissance économique et une prospérité libérées des craintes du protectionnisme américain. Les accords de libre-échange nord-américains (ALE, étendus au Mexique en 1994) n'ont rien apporté de tout cela.
Les ALE ont été associés aux autres attaques néolibérales contre les droits des travailleurs, à la privatisation et à la déréglementation des services et institutions publics, notamment l'éducation, les soins de santé et le logement, aux changements apportés à l'État pour faciliter le profit et la compétitivité des entreprises et à l'intensification de la dépendance de la classe ouvrière à l'égard de ses employeurs.
Les capitalistes canadiens (unifiés à l'exception de quelques dissidents) ont conduit et vendu le libre-échange, face au tollé général provoqué par une large coalition menée par les syndicats et les militants du mouvement social. Bien qu'une majorité d'électeurs ait voté contre l'idée du libre-échange avec les États-Unis lors des élections fédérales de 1988, la structure du système électoral uninominal canadien a donné une majorité aux conservateurs dirigés par Brian Mulroney, qui ont négocié le premier accord de libre-échange entre les États-Unis et le Canada.
Le libre-échange fait partie intégrante du régime politique avec lequel nous vivons depuis quatre décennies : dépendance à l'égard des exportations, austérité, coupes dans les principaux programmes sociaux, attaques contre les syndicats et les travailleurs, droits des investisseurs et des capitaux à se déplacer où bon leur semble, réglementation environnementale via les marchés, et autres mesures libéralisant les marchés capitalistes afin d'approfondir l'intégration du Canada dans le marché mondial sous la houlette de l'empire des États-Unis. Alors que d'autres centres capitalistes sont également intégrés dans la matrice de l'empire étatsunien, le Canada est un pays capitaliste qui entreprend ses propres programmes impérialistes, notamment dans les secteurs extractifs où le capital canadien s'appuie sur l'histoire de l'exploitation des peuples autochtones, ainsi que dans les activités internationales des banques canadiennes. Ce qui est unique dans l'intégration de l'État et du capital canadiens, c'est le niveau d'intégration et de dépendance à l'égard des États-Unis. Le Canada est plus profondément intégré aux marchés capitalistes américains, aux chaînes d'approvisionnement, à la politique économique et aux cadres réglementaires, et il est l'allié le plus fidèle de l'empire des États-Unis en matière de politique militaire et étrangère.
Les droits des travailleurs requièrent une souveraineté démocratique
Les luttes des travailleurs canadiens - au Canada anglais, au Québec et chez les Peuples autochtones - pour contester l'austérité et lutter pour une société socialement juste et écologiquement responsable nécessitent le pouvoir de prendre des décisions politiques et économiques, qui est aujourd'hui limité par l'intégration et la dépendance du capital canadien à l'égard de l'empire des États-Unis. La vulnérabilité des travailleurs canadiens face aux caprices de Trump le démontre très clairement. Mais il ne s'agit pas de « stades » de développement menant à la création d'une classe capitaliste nationale indépendante. Nous devons lutter pour nous « déconnecter » des États-Unis, dans le sens de la construction de l'autonomie internationale et politique nécessaire pour prendre des décisions alternatives en matière de développement et de démocratie, tout en construisant l'identité, la compréhension et le pouvoir d'organisation et de lutte de la classe ouvrière.
Les différentes composantes de la classe capitaliste canadienne n'ont aucun désir de rompre avec cette dépendance et cette intégration, et moins d'intérêt à remettre en cause le néolibéralisme. Au contraire, la majeure partie de la classe d'affaires de ce pays aspire à une forme de « statu quo ante », pour faire tomber les barrières à l'intégration avec les États-Unis que Trump a érigées. Ce n'est guère plus qu'un redoublement de l'« acte de foi » visant à garantir l'accès aux marchés des États-Unis sans protectionnisme américain et sans exigences politiques et militaires à l'égard du Canada. D'autres sections de l'élite politique et économique ont proposé de passer à une dépendance commerciale et d'exportation vis-à-vis d'un groupe plus large de pays, ce qui permet en partie d'adopter des attaques plus profondes contre les revenus de la classe ouvrière et les protections sociales au nom de la compétitivité canadienne.
Certains militants progressistes au Canada partent d'un souci de nationalisme, craignant que la remise en cause de l'intégration à l'empire des États-Unis ne conduise inévitablement ou n'implique une alliance avec les intérêts commerciaux et une soumission à ces derniers. Mais on peut difficilement qualifier d'alliance avec le capital le fait de travailler à la construction d'un mouvement visant à contester démocratiquement et à supprimer les principaux obstacles à la prise de décisions concernant l'économie et le système politique canadiens. En effet, tout mouvement visant à remettre directement en question l'intégration du Canada aux États-Unis est un anathème pour toutes les sections du capital, qu'il s'agisse d'une propriété légale canadienne formelle ou d'un contrôle étranger.
Il est également problématique de considérer que les luttes pour réformer et (et finalement transformer) l'État, pour limiter notre intégration et notre dépendance, empêchent d'une manière ou d'une autre de lutter pour les principales revendications de la classe ouvrière qui nécessitent également des réformes de l'État. Plutôt que de s'opposer, ces luttes doivent être menées sur les deux fronts. Revendiquer les droits des travailleurs canadiens et des mouvements populaires à façonner les décisions sur l'orientation politique du Canada n'est pas une approbation de notre dépendance à l'égard des entreprises, c'est une revendication anticapitaliste initiale pour la démocratie économique et le contrôle du capital sur les lieux de travail et dans les communautés, tout comme l'obtention de réformes pour l'expansion et la démarchandisation de l'aide sociale afin de réduire la dépendance à l'égard du marché.
Une vision différente, de nouvelles possibilités
Nous avons une vision du développement, de la démocratie et du rôle des classes laborieuses différente de celle des capitalistes et des élites politiques des États-Unis et du Canada. Pour poursuivre un tel programme au Canada, la relation actuelle avec les États-Unis constitue un obstacle qui va au-delà de l'intimidation autoritaire de l'administration Trump. Pour surmonter cet obstacle, il faudra restructurer le plus largement possible les priorités en matière de commerce, de développement et d'environnement, en répondant aux besoins de la classe ouvrière et en intégrant les points de vue et les ambitions du Québec et des Peuples autochtones.
Pour ce faire, il faudra développer des capacités de planification et de coordination démocratiques, procéder aux changements structurels qui le permettront et mener des luttes sociales contre les élites économiques et politiques canadiennes sur les valeurs et les objectifs pour lesquels nous nous battons. La lutte pour transformer la société et le rôle de la classe ouvrière consiste également à lutter pour développer notre capacité collective à prendre des décisions collectives. Nous réclamons les mesures suivantes :
• Le Canada doit riposter de manière équivalente à toutes les extorsions tarifaires de Trump et rompre la guerre commerciale de type « appauvrir son voisin » que les États-Unis ont déclenchée, en reconnaissant qu'une telle guerre génère des coûts énormes pour les travailleurs canadiens, américains et mexicains, ainsi que pour leurs communautés.
• L'investissement est essentiel pour protéger les travailleurs et les communautés menacés et affectés par la guerre tarifaire, tout comme le soutien aux travailleurs qui résistent aux tarifs douaniers et aux menaces qui pèsent sur leurs moyens de subsistance et leurs secteurs. L'assurance chômage et les autres programmes de soutien aux revenus doivent être étendus immédiatement pour protéger les travailleurs vulnérables.
• Les travailleurs des secteurs menacés possèdent des compétences essentielles et les communautés ne peuvent pas se permettre de les perdre. Les lieux de travail et les usines sont des ressources essentielles qui doivent rester ouvertes, produire pour des utilisations respectueuses de l'environnement, être façonnées par les travailleurs et les communautés, et appartenir au secteur public.
• Il est essentiel de se désengager des efforts militaires déployés par les États-Unis pour s'étendre dans l'Arctique, tout comme il est essentiel de se retirer de tout engagement d'augmentation des dépenses militaires au sein de l'OTAN.
• Le Canada doit cesser de dépendre des exportations, en particulier des exportations de ressources naturelles, et s'orienter vers une économie davantage tournée vers l'intérieur, compatible avec les exigences d'une production respectueuse de l'environnement. Le développement des ressources naturelles doit tenir compte de la nécessité de prévenir le changement climatique et de respecter et promouvoir les droits et les besoins des peuples indigènes du Canada.
• Les efforts de reconstruction de l'économie canadienne doivent être ancrés dans une stratégie fondée sur la propriété publique et donner la priorité à la satisfaction des besoins humains, au développement social, à l'emploi de qualité et à la réduction des gaz à effet de serre.
• Le Canada doit défendre, combattre et organiser une économie dirigée par la classe ouvrière qui réclame les droits des travailleurs et des syndicats, le logement, l'éducation, les soins de santé et le pouvoir démocratique de façonner une démocratie et une économie différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui.
• Le Canada doit rejeter les relations inégales et néocoloniales avec le Mexique et les autres pays d'Amérique latine et des Caraïbes et développer des relations commerciales et économiques mutuellement bénéfiques avec les pays du Sud, en reconnaissant la responsabilité du Canada de les aider à faire face au changement climatique et au développement.
En tant que socialistes, nous cherchons à construire une alternative à la société capitaliste qui a le pouvoir de prendre des décisions politiques et économiques, dans une société démocratique, organisée et dirigée par la classe ouvrière. La crise actuelle nous donne l'occasion de soulever ces questions. Les Canadiens progressistes, les travailleurs préoccupés par leur emploi, l'avenir de l'économie, de l'environnement, de leurs enfants et de leurs familles, et les autres personnes préoccupées par leur emploi, ainsi que les communautés en général, doivent s'engager dans des discussions sur la façon d'aller de l'avant en cette période dangereuse et de retrouver nos ambitions sociales pour une politique pacifique, égalitaire et écologiquement responsable, faite de potentiels et de possibilités.
Source The Bullet, 14 mars 2025
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