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Position de MQRP sur la Loi 2 : pour un système public fondé sur la confiance, la collaboration et la démocratie
Adoptée sous bâillon, la Loi 2 marque un tournant préoccupant dans la gouvernance du réseau de la santé. Elle ignore les recommandations émises par de nombreux groupes lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 106 tenue en mai 2025, de même que les avis des milieux professionnels et des experts du terrain. Plutôt que de s'attaquer aux obstacles qui limitent l'accessibilité — dont un manque de ressources humaines et structurelles, une coordination insuffisante des soins au sein du réseau, ainsi que d'une privatisation croissante touchant tous les aspects des soins de première ligne — la Loi 2 privilégie une approche verticale et technocratique. Elle concentre le pouvoir décisionnel loin des milieux cliniques et des réalités quotidiennes des soignants, impose des mesures coercitives et crée un risque réel de désengagement des professionnels de la santé.
Le régime public devrait être un milieu de travail de choix pour offrir des soins à la population. Les conséquences immédiates de la Loi 2 sont déjà prévisibles, parmi lesquelles figurent la détérioration des conditions de travail et l'exode des médecins vers le privé ou vers d'autres provinces. Comment interpréter les intentions d'un gouvernement qui, d'une main, impose des « mesures de contrôle » visant à freiner l'exode vers le privé, et, de l'autre, accepte la vaste majorité des demandes de désengagement des médecins spécialistes tout en annonçant la couverture des chirurgies réalisées au privé après un an d'attente — alors même que les blocs opératoires du réseau public demeurent sous-utilisés (1) ?
MQRP reconnaît la nécessité d'une réforme sérieuse de la rémunération des médecins, omnipraticiens et spécialistes. Une telle réforme devrait être basée sur les données probantes, favoriser l'intégration des médecins aux objectifs globaux de santé du système et valoriser la qualité des soins plutôt que la simple performance chiffrée. Elle doit également assurer la cohérence des mesures avec la mission publique et universelle du système de santé québécois.
Dans le contexte de l'adoption de la Loi 2, MQRP formule cinq axes de
recommandations concrètes pour renforcer autrement un système public fort, fondé sur la confiance, la collaboration et la démocratie.
Les recommandations de MQRP en réaction à la Loi 2 :
pour renforcer le système public
1. Correction des dérives de la Loi 2
1.1. Suspendre la Loi 2. Il est urgent de cesser l'application de toute mesure
coercitive. Il s'agit d'une réforme importante, qui ne concerne pas uniquement la
rémunération des médecins, laquelle doit faire l'objet d'un dialogue entre les
acteurs concernés. Cette suspension doit ouvrir la voie à un véritable
processus de consultation publique et professionnelle, au-delà du cadre des
négociations avec les fédérations médicales, afin de rebâtir la confiance entre le
gouvernement et les soignants.
1.2. Créer une campagne provinciale de rapatriement des effectifs médicaux au
public. Face à l'exode annoncé vers les systèmes publics des autres provinces
telles que le Nouveau-Brunswick et l'Ontario, ainsi que la croissance
exponentielle de la privatisation de la santé au Québec, la population pourrait
subir une diminution drastique de l'accès aux soins. Le gouvernement doit
inverser la tendance et s'assurer de retenir les médecins dans son giron.
2. Réforme démocratique du mode de rémunération des médecins
et de la gouvernance
2.1. Créer un comité de consultation sur la réforme du mode de rémunération
des médecins, suivant un processus démocratique, décentralisé et guidé par les
avis d'experts.
2.2. Mettre en œuvre les recommandations du comité d'experts sur l'accès aux
soins de première ligne (Breton, Boulanger et Groulx). MQRP estime que le
système de santé a besoin de coopération, pas de commandement. Un
processus participatif doit être mis en place, incluant médecins, professionnels,
gestionnaires, usagers, universitaires et syndicats, pour redéfinir ensemble les
fondements d'un accès universel et équitable aux soins.
2.3. Décentraliser et responsabiliser la gouvernance locale. MQRP rejette la
microgestion des plages horaires par le MSSS et/ou Santé Québec. Les
solutions efficaces émergent du terrain. Plutôt que de centraliser les décisions
dans de gigantesques structures technocratiques telles que Santé Québec, il faut
redonner du pouvoir d'action aux milieux cliniques, aux directions locales et aux
équipes communautaires. Une gouvernance locale forte, soutenue par des
moyens stables, est le meilleur garant de l'équité et de la qualité des soins.
2.4. Favoriser la liberté d'expression professionnelle des médecins et des
soignants. Un régime public fort repose sur la transparence et le dialogue. Les
médecins et soignants doivent pouvoir exprimer leurs opinions sur le système de
santé librement et publiquement.
2.5. S'inspirer des meilleures pratiques des autres systèmes pour améliorer
l'accès aux soins. Tel que rapporté cette semaine par plusieurs médecins (2), d'autres systèmes de santé comparables obtiennent de meilleurs résultats (ex.
Colombie Britannique, Ontario) en termes de dispensation de soins à leurs
populations.
3. Utilisation optimale des ressources publiques
3.1. Exiger une pleine utilisation des salles d'opération publiques de chaque
CISSS avant d'autoriser les permis en CMS sur le territoire. Le réseau est
très loin de la cible des 85% de taux d'utilisation des blocs opératoires, affichant
cet été un taux d'environ 66% selon les données mêmes de Santé Québec (3).
Pourquoi financer les marges de profits des CMS à hauteur de 15% alors qu'on
pourrait faire financer nos salles au public à moindre coût ?
3.2. Annuler le remboursement automatique par la RAMQ au privé après un
délai d'attente d'un an. Alors que le régime public fonctionne sous le signe de
l'austérité (1,5 milliards de dollars sont recoupés en services depuis l'instauration
de Santé Québec (4)) et que des chirurgies sont annulées car on refuse de payer des 15 minutes de temps supplémentaire au personnel soignant (5), il est impensable de financer les chirurgies au privé en mode « bar ouvert ».
3.3. Utiliser les fonds publics existants pour payer le personnel soignant qui
opérera les patients sur la liste d'attente. MQRP implore le ministre d'utiliser
rapidement les sommes dédiées au rattrapage des listes d'attente dans le réseau
public.
3.4. Analyser la pertinence des soins offerts par le régime public. MQRP est
signataire de la Déclaration de Montréal sur les soins de santé pertinents de
2024 (6).
4. Amélioration des conditions de pratique dans le système de
santé public
4.1. Réviser les indicateurs de performance dans une logique de qualité, plutôt
que de volume. L'approche punitive fondée sur des cibles arbitraires est
incompatible avec la qualité des soins. Les indicateurs doivent être co-construits,
contextualisés et orientés vers la santé des populations.
4.2. Protéger la mission universitaire et la formation de la relève médicale. Les
facultés de médecine et les médecins professeurs ne peuvent être soumis à des
impératifs de productivité qui ne considèrent pas les activités d'enseignement et
de recherche. La formation est un investissement public, pas une dépense,
surtout dans un contexte de déficit de médecins dans la province (7).
4.3. Valoriser et promouvoir la pratique au public auprès des étudiants et
résidents en médecine. Dans les dernières années, les cliniques privées au
Québec courtisent ouvertement les étudiants et résidents. En contrepartie, le
gouvernement doit rendre plus attrayant.
4.4. Réduire la bureaucratie médicale. L'amélioration de l'efficacité passe par la
réduction des tâches administratives des médecins. Il faut faciliter la délégation
des tâches non médicales comme les formulaires, les fax et les suivis, numériser
et interconnecter les systèmes cliniques pour éliminer les redondances, simplifier
et uniformiser les formulaires d'assurance et autres documents administratifs,
reconnaître et comptabiliser le temps administratif des médecins, ainsi que
mettre en place des outils de communication sécurisés entre les cliniques et les
établissements.
4.5. Investir dans les infrastructures publiques, équipes soignantes et
ressources. Les obstacles à l'accès sont souvent matériels et humains :
manque de personnel, outils informatiques défaillants, contraintes administratives
absurdes, etc. Pour améliorer l'accessibilité aux soins, les soignants doivent
disposer d'effectifs suffisants et stables pour répondre aux besoins des patients.
Il faut soutenir plutôt que punir.
4.6. Mettre en place de véritables équipes interprofessionnelles. La
réorganisation des soins ne doit pas être centrée sur les médecins. L'intégration
rapide de professionnels dans l'offre publique (psychologie, physiothérapie,
orthophonie, ergothérapie, etc.) est essentielle pour assurer une couverture
réelle des soins de première ligne.
5. Encadrement du privé et application des recours législatifs
existants
5.1. Recourir à l'article 30.1 de la Loi sur l'assurance maladie (LAM) pour freiner
la désaffiliation de médecins. MQRP a rappelé au ministre, durant les
commissions parlementaires du PL83 et du PL106, qu'il possède déjà des leviers
législatifs permettant de préserver l'intégrité du réseau public, sans recourir à de
nouvelles mesures dont l'efficacité semble douteuse.
5.2. Interdire les pratiques d'affiliation et désaffiliation répétées. L'adoption de la
loi n° 83, Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la
santé et des services sociaux, devait mettre fin à la pratique de désaffiliation
temporaire du réseau. Or depuis son adoption, les résultats sont fâcheusement
mitigés : les demandes de omnipraticiens sont refusées, alors que la vaste
majorité des demandes des spécialistes sont acceptées par Santé Québec (8), envoyant des signaux contradictoires à la communauté médicale.
5.3. Interdire la mixité de pratique en télémédecine pour recentrer le temps médical vers le réseau public.
5.4. Imposer un plafond tarifaire aux médecins pratiquant au privé, diminuant
ainsi la possibilité de profit. MQRP propose de limiter les montants pouvant être
facturés par les médecins non participants aux tarifs de la RAMQ.
5.5. Abolir le statut de médecin non-participant à la RAMQ Une autre façon de
limiter l'expansion de la médecine privée serait de suivre le pas d'autres
provinces canadiennes (9) et d'abolir le statut de médecin non-participant et de ne conserver que le statut de médecin désengagé.
Les recommandations de MQRP en réaction à la Loi 2 - pour renforcer le système public
1. Correction des dérives de la Loi 2
1.1. Suspendre la Loi 2.
1.2. Créer une campagne provinciale de rapatriement des effectifs médicaux au public.
2. Réforme démocratique du mode de rémunération des médecins et de
la gouvernance
2.1. Créer un comité de consultation sur la réforme du mode de rémunération des médecins.
2.2. Mettre en œuvre les recommandations du comité d'experts sur l'accès aux soins de première ligne (Breton, Boulanger et Groulx).
2.3. Décentraliser et responsabiliser la gouvernance locale.
2.4. Favoriser la liberté d'expression professionnelle des médecins et des soignants.
2.5. S'inspirer des meilleures pratiques des autres systèmes pour améliorer l'accès aux soins.
3. Utilisation optimale des ressources publiques
3.1. Exiger une pleine utilisation des salles d'opération publiques de chaque CISSS avant d'autoriser les permis en CMS sur le territoire.
3.2. Annuler le remboursement automatique par la RAMQ au privé après un délai d'attente d'un an.
3.3. Utiliser les fonds publics existants pour payer le personnel soignant qui opérera les patients sur la liste d'attente.
3.4. Analyser la pertinence des soins offerts par le régime public.
4. Amélioration des conditions de pratique dans le système de santé
public
4.1. Réviser les indicateurs de performance dans une logique de qualité, plutôt que de volume.
4.2. Protéger la mission universitaire et la formation de la relève médicale.
4.3. Valoriser et promouvoir la pratique au public auprès des étudiants et résidents en médecine.
4.4. Réduire la bureaucratie médicale.
4.5. Investir dans les infrastructures publiques, équipes soignantes et ressources.
4.6. Mettre en place de véritables équipes interprofessionnelles.
5. Encadrement du privé et application des recours législatifs existants
5.1. Recourir à l'article 30.1 de la Loi sur l'assurance maladie (LAM) pour freiner la désaffiliation de médecins.
5.2. Interdire les pratiques d'affiliation et désaffiliation répétées.
5.3. Interdire la mixité de pratique en télémédecine.
5.4. Imposer un plafond tarifaire aux médecins pratiquant au privé
5.5. Abolir le statut de médecin non-participant à la RAMQ
Notes
1- Cette année, 423 des 488 demandes, soit 86%, ont été acceptées. Archambault, H. (2 octobre 2025). Médecins au
privé : une chirurgienne gagne en cour contre Santé Québec. Le Journal de Montréal.
https://www.journaldemontreal.com/2025/10/02/medecins-au-prive-une-chirurgienne-gagne-en-cour-contre-sante-quebec
2- Sioui, M. (29 octobre 2025). Médecin spécialiste, la fille du ministre Carmant songe à quitter le Québec. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/929118/medecin-specialiste-fille-ministre-carmant-songe-quitter-quebec
3- Boily, D., & Gentile, D. (11 juin 2025). Chirurgies : Santé Québec veut faire fondre les délais d'ici 2027.
Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2171029/chirurgies-attente-liste-hopitaux-orthopedie-caq
4- Levesques, Fanny. (15 janvier 2025) Compressions de 1,5 milliard : « Une mission difficile, mais pas impossible », assure Dubé, La Presse.
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2025-01-15/compressions-de-1-5-milliard/une-mission-difficile-mais-pas-i
mpossible-assure-dube.php
5- Cousineau, M. (13 février 2025). 12 000 opérations annulées depuis septembre au Québec. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/actualites/sante/807138/12-000-chirurgies-annulees-depuis-septembre-quebec
6- Collège québécois des médecins de famille (3 avril 2024). Déclaration de Montréal sur les soins de santé
pertinents, CQMF. https://www.cqmf.qc.ca/2024/04/03/declaration-de-montreal-sur-les-soins-de-sante-pertinents
7- Desautels, K. (2025, 28 octobre). Les médecins de famille travaillent assez, montrent des données. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/actualites/sante/928743/medecins-famille-travaillent-assez-montrent-donnees
8- Archambault, H. (2 octobre 2025). Médecins au privé : une chirurgienne gagne en cour contre Santé Québec. Le
Journal de Montréal.
https://www.journaldemontreal.com/2025/10/02/medecins-au-prive-une-chirurgienne-gagne-en-cour-contre-sante-quebec
9- Forcier, M. L. E. M. B. (7 décembre 2024). Une mesure insuffisante pour soutenir le contrat social entre les médecins, l'État et la société. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/825427/idees-mesure-insuffisante-soutenir-contrat-social-entre-medecins-etat-societe
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Le départ de Lionel Carmant
Ce départ est le dernier signe d'un désaveu de la CAQ même à l'interne. Monsieur Legault devait en prendre acte, écouter le peuple québécois qui demeure le seul juge en matière de gouvernement, et démissionner. Il n'y a pas grande alternative.
La volonté de se battre de Monsieur Legault ressemble de plus en plus à un affrontement contre des moulins à vent. Contre qui devrait-il se battre ? Il n'a plus d'adversaire sinon une volonté populaire de s'en débarrasser et elle est majoritaire. Si la démocratie a un sens pour monsieur Legault, il devrait écouter, non pas sa volonté de perdurer au pouvoir dans une vaine tentative de sauver son gouvernement, mais les vœux de la population qui lui envoie le message depuis des mois, de dégager.
Le choix de se battre apparait de plus en plus comme le dernier baroud d'honneur d'un homme désespéré qui encaisse les coups comme un boxeur dont les derniers ronds sont un entêtement qui ne mènera qu'à une défaite encore plus humiliante que l'appel aux urnes pour en finir. Il n'a que le choix de subir le sort de ceux à qui le peuple montre la porte. C'est sans appel.
Pourquoi s'obstiner quand tous les signes jouent contre vous ? Les élections partielles perdues, les démissions à l'intérieur de la CAQ, les sondages défavorables et, en tout dernier, de coup de bluff contre les médecins qui, malgré leur mauvaise foi, ne retourneront pas l'opinion ne leur faveur. Ce qui ne garantit nullement une remontée de la CAQ, mais continue d'entretenir une crise du pouvoir qui ne peut se conclure que par des élections où la CAQ sera vaincue.
La réflexion de Legault devait porter sur une sortie quelque peu honorable pour lui et son parti. Ils n'ont pas réussi devant le fédéralisme. La bonne entente n'a fait qu'enfoncer davantage le Québec. Son affrontement avec les syndicats annonce une fin de régime humiliante qu'il aurait pu s'épargner en ne multipliant pas les adversaires inutiles. Sa volonté de concilier les autres premiers ministres se conclue par une trahison de Doug Ford. Il y a trop de récriminations contre lui pour réussir à renverser la vapeur. Le sort en est jeté.
La démission est la seule sortie historique que le régime peut espérer comme un moindre mal. Les autres partis devaient en prendre acte et lui montrer une sortie, avec une population excédée d'un pouvoir qui ne la sert plus et qui en a assez. Ce qui aboutira à leur affrontement inutile parce que le pouvoir est déjà dévolu au Parti Québécois, tout le monde s'entend.
Guy Roy
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Danielle Smith utilise une clause dérogatoire pour mettre fin à la grève des enseignant·es de l’Alberta
Depuis le début de la grève légale des 51 000 enseignant·es des écoles publiques, francophones et catholiques de l'Alberta, le 6 octobre, certains membres du Parti conservateur uni (UCP) de la province sont impatients d'utiliser la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés pour mettre fin à la grève.
Tiré de rabble.ca
29 octobre 2025
Ainsi, lundi, comme on s'y attendait largement, l'UCP a présenté un projet de loi visant à obliger l'Association des enseignant·es de l'Alberta (ATA) et ses membres à reprendre le travail, sous la forme du projet de loi 2, joliment intitulé « Back to School Act » (loi sur la rentrée scolaire), qu'ils ont maintenant fait adopter à l'Assemblée législative.
La première ministre Danielle Smith espérait manifestement faire passer plusieurs messages clés avec cette mesure musclée. Parmi ceux-ci :
Aux syndicats, en particulier ceux du secteur public : nous n'aimons pas négocier et, si vous nous défiez, nous ne négocierons pas du tout.
Aux libéraux fédéraux à Ottawa : nous n'aimons pas la façon dont fonctionne la Constitution canadienne et nous utiliserons l'article 33 de la Charte pour bloquer vos lois également.
Et à chacun·e d'entre nous ici, dans le pays des fort·es et des libres (à voix basse) : nous ne laisserons pas les droits fondamentaux garantis par la Charte, mais soumis à la clause dérogatoire, nous empêcher de faire ce que nous voulons !
Le projet de loi 2 prévoit des sanctions sévères pour les individus et le syndicat des enseignant·es si la grève se poursuit, respectivement 500 dollars par jour et 500 000 dollars par jour. Il impose également à l'ATA une convention collective que ses membres ont rejetée à près de 90 % lors d'un vote de ratification le mois dernier.
De plus, il prive le syndicat de son droit de négocier collectivement les conditions locales avec les conseils scolaires individuels, ce qui est une pratique courante dans les relations de travail du secteur de l'éducation en Alberta, jusqu'en août 2028, date à laquelle le contrat imposé expirera.
Ce que la première ministre Smith a déclaré lors d'une conférence de presse cet après-midi, c'est que l'objectif du projet de loi aurait pu être facilement atteint sans recourir à la clause dérogatoire.
Mais le problème avec la rédaction d'une loi appropriée sans recourir à la clause dérogatoire et prouver par inadvertance que son gouvernement se moque éperdument des droits fondamentaux garantis par la Charte, c'est bien sûr qu'il pourrait y avoir des contestations judiciaires.
Ainsi, le recours à l'article 33, a expliqué le ministre de la Justice Mickey Amery lors de la conférence de presse, « éliminera l'incertitude qu'un procès créerait ». Réfléchissez-y, chers lecteurs et lectrices. Ce n'est pas un gouvernement qui respecte l'état de droit !
Le ministre des Finances, Nate Horner, et le ministre de l'Éducation, Demetrios Nicolaides, ont également joué un rôle de soutien lors de la conférence de presse. M. Horner a rappelé aux médias les lourdes amendes auxquelles les enseignant·es pourraient être condamné·es. M. Nicolaides semblait surtout inquiet, comme s'il avait d'autres choses en tête – peut-être que la pétition de destitution avec son nom en tête pourrait maintenant prendre de l'ampleur. Il est apparu dans une petite vidéo sur les réseaux sociaux avec la première ministre, lisant d'un ton monocorde à partir d'un téléprompteur.
Mais comme l'a fait remarquer l'ancien président Larry Booi, qui a dirigé l'ATA de 1999 à 2003, c'est désormais Smith qui est responsable de la suite des événements. (Cela explique peut-être pourquoi la première ministre, comme elle a coutume de le faire dans de telles circonstances, a immédiatement pris l'avion pour se réfugier dans la relative sécurité de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Elle ne devrait pas revenir dans la province de l'Alberta avant le 5 novembre.)
« La situation va clairement empirer, et comme il s'agit désormais de la grève de Danielle, elle sera la seule à en porter la responsabilité, a prédit Booi. C'était tellement inutile et malavisé qu'on se demande si cela n'est pas dû à sa certitude quasi sociopathique d'avoir toujours raison et que sa façon de faire est la seule valable. »
Il se souvient qu'un événement similaire s'était produit sous son mandat. « La clé de la réaction très efficace des enseignant·es à la législation draconienne similaire du projet de loi 12 en 2002 a été le retrait des services volontaires. Les enseignant·es avaient obéi à la loi en reprenant le travail et le public avait tendance à considérer le retrait des services volontaires comme une réaction légitime à une législation injuste.
« Cela a été un succès retentissant, et en quelques semaines, le gouvernement est venu voir l'ATA pour discuter d'un assouplissement de ses politiques. » Cela a finalement conduit à un accord raisonnable.
« Le retrait des services volontaires a encore plus de chances d'aboutir aujourd'hui, car les enseignant·es bénéficient d'un soutien encore plus important qu'en 2002 et la législation est clairement plus oppressive », a fait valoir M. Booi.
« L'image d'un enseignant condamné à une amende pour ne pas avoir supervisé le club de ping-pong est tout à fait ridicule. Je suis presque certain que même une première ministre aussi malavisée et idéologique que Mme Smith ne commettrait pas cette erreur », a-t-il conclu, peut-être avec trop d'optimisme.
Pendant ce temps, les dirigeant·es d'autres syndicats de l'Alberta et du Canada sont profondément préoccupé·es par les implications du projet de loi 2.
Exhortant le mouvement syndical à ne pas prendre de mesures pour aider l'ATA, la première ministre a insisté sur le fait qu'« il s'agit d'une mesure très spécifique que nous prenons dans ce cas précis, car nous avons deux tables différentes où des grèves perturbatrices pourraient potentiellement avoir lieu, et nous pensons que les enfants ont déjà été suffisamment perturbés ».
Je ne pense donc pas que les gens devraient en tirer une conclusion générale selon laquelle c'est l'approche que nous adopterions dans tous les cas d'action syndicale », a-t-elle déclaré.
Mais, en réalité, quelle autre conclusion peut-on tirer ?
La grève pourrait prendre fin dès mercredi. Ses répercussions dureront beaucoup plus longtemps.
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Appel à soutenir les communautés équatoriennes contre le projet de la minière canadienne Loma Larga
Le mois dernier, plus de cent mille personnes habitant Cuenca et d'Azuay, au sud de l'Équateur, ont inondé les rues de Cuenca lors d'une manifestation historique, qualifiée de « Cinquième fleuve de Cuenca ». Elles exigeaient l'annulation du projet de la minière canadienne Loma Larga au Páramo de Kimsakocha, une zone humide andine de haute altitude qui fournit de l'eau à des dizaines de milliers de personnes et qui est essentielle à la conservation de la biodiversité.
Tiré de Journal des Alternatives. Photo : Manifestation pour la protection de l'eau @crédit photo Canada Mining Watch.
Par Rédaction-coordination JdA-PA -20 octobre 2025
D'après des informations de Canada Mining Watch
Hortencia Zhagui, une défenseure de l'environnement faisait partie de la délégation équatorienne qui a visité l'an dernier le Canada. Elle est venue y dénoncer l'Accord de libre-échange entre l'Équateur et le Canada, mais aussi pour tirer la sonnette d'alarme au sujet de ce projet minier canadien.
En réponse à la pression publique constante, la licence environnementale a été révoquée. Cependant, les communautés touchées par l'exploitation minière restent vigilantes, car la société DPM Metals Inc, basée à Vancouver, annonce qu'elle cherche des moyens de contester cette révocation.
La Fédération des organisations indigènes et paysannes de l'Azuay (FOA), des Systèmes communautaires d'eau de Tarqui, Victoria del Portete, le Cabildo por el Agua et MiningWatch Canada invitent les organisations civiles au Canada et au Québec à signer une lettre ouverte adressée à la société minière canadienne faisant écho aux demandes des communautés concernant la nécessité de protéger leur eau potable et l'exhortant à fermer définitivement son projet Loma Larga et à se conformer à la loi.
Vous trouverez ci-dessous un résumé de la lettre que nous avons préparé :
Résumé — Lettre ouverte à DPM Metals Inc. sur le projet minier Loma Larga (Équateur)
La lettre adressée à David Rae, PDG de DPM Metals Inc., dénonce la persistance illégale du projet minier Loma Larga, situé dans le páramo de Kimsakocha, en Équateur. Elle appelle l'entreprise canadienne à mettre fin définitivement à ses activités et à respecter la législation équatorienne ainsi que les décisions populaires et judiciaires qui s'y opposent depuis plusieurs années.
En février 2022, un tribunal de Cuenca a suspendu le projet à la suite d'une plainte déposée par la Fédération des organisations indigènes et paysannes de l'Azuay (FOA) et par plusieurs systèmes communautaires d'eau. Ces groupes dénonçaient l'absence de consultation préalable, libre et éclairée, exigée par la Constitution, ainsi que les risques graves pour l'environnement et l'approvisionnement en eau potable. Cette suspension a été confirmée successivement en 2022, 2023 et 2024, jusqu'à la Cour constitutionnelle, qui a laissé la décision en vigueur.
Deux référendums populaires contraignants ont également rejeté le projet : en 2019, 86,79 % des personnes de Girón ont voté contre la mine, et en 2021, 80,03 % des citoyens et citoyennes de Cuenca ont interdit l'exploitation minière dans les zones de captage d'eau. Ces consultations, validées par la Cour constitutionnelle, interdisent toute autorisation administrative contraire au mandat populaire.
Malgré ce rejet juridique et social, DPM Metals a poursuivi ses démarches pour exploiter le site, obtenant en juin 2025 une licence environnementale controversée, entachée d'irrégularités et de violence. La consultation publique préalable aurait été menée auprès de personnes ne représentant pas la communauté directement concernée, San Pedro de Escaleras. En réaction à la pression populaire, le ministère équatorien de l'Énergie et des Mines a annoncé en août 2025 la suspension indéfinie du projet, suivie en septembre d'une procédure officielle pour révoquer le permis environnemental. Le 3 octobre, le ministre de l'Environnement a effectivement annulé cette licence, confirmant la victoire des mobilisations citoyennes.
Le 16 septembre 2025, plus de 100 000 personnes ont défilé dans les rues de Cuenca lors d'une manifestation historique surnommée le « Cinquième fleuve de Cuenca », exigeant la fin définitive de Loma Larga. Sous cette pression, DPM Metals a suspendu temporairement son programme de forage, mais son communiqué du 6 octobre laisse entendre qu'elle cherche encore à « préserver la valeur pour ses actionnaires » et pourrait poursuivre ses activités sous couvert de « licence sociale ».
La lettre souligne aussi les risques environnementaux confirmés par une étude indépendante de Geoambiental TERRAE (2022) et par l'entreprise municipale ETAPA (2024). Ces études concluent que le projet menace les sources d'eau de Cuenca et d'Azuay par des risques de contamination à l'arsenic et par l'instabilité du dépôt de résidus miniers en cas de fortes pluies ou de séismes.
Les défenseurs de l'eau ont par ailleurs été victimes de criminalisation et de répression, leurs comptes bancaires étant gelés après la grande marche du 16 septembre, dans un contexte de grève nationale de la CONAIE contre le modèle extractiviste.
Les signataires demandent à DPM Metals :
– De suspendre définitivement le projet Loma Larga ;
– De respecter les décisions judiciaires et référendums de 2019, 2021, 2022, 2023 et 2024 ;
– De renoncer à toute action judiciaire ou arbitrale visant à contourner la souveraineté équatorienne.
Ils concluent en réaffirmant la volonté populaire : « Cuenca a déjà décidé : Kimsakocha ne sera pas touché. »
Ajouter votre signature à la lettre qui est disponible en français et anglais et en espagnol.
Date limite pour signer : 3 novembre
L'inscription est ouverte aux organisations, syndicats et aux particuliers (professeur.esd'université, avocat.es et militant.es).
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La loi canadienne permet la destruction de lacs pour y déverser des déchets miniers, ça doit arrêter !
Nos lacs et rivières sont au cœur de notre identité collective. Leur sauvegarde, comme celle de l'environnement, sont des valeurs fondamentales et prioritaires pour nous tous et toutes.
Malgré cela, la loi canadienne permet actuellement la destruction complète et totale de lacs et cours d'eau par des compagnies minières qui souhaitent les utiliser comme poubelle pour leurs déchets miniers. Le gouvernement présente cette mesure comme exceptionnelle et envisagée uniquement lorsqu'aucune autre solution n'est applicable, pourtant, 100% des demandes de destruction de plans d'eau déposées par des compagnies minières à ce jour ont été autorisées.
Cette situation est complètement absurde et inacceptable, d'autant plus qu'il est quasiment impossible pour la population de connaître l'ampleur réelle de cette dévastation. Sans pouvoir connaître le total exact, il est question de centaines de lacs et plans d'eau qui auraient été ou seront détruits à la demande de l'industrie minière.
Des solutions de rechange existent pourtant et permettent d'éviter la perte de ces plans d'eau naturels. Renvoyer les déchets miniers dans les fosses et les galeries de ces mêmes mines est certainement la plus simple de ces solutions. Mais ces options sont systématiquement écartées par l'industrie qui refuse toute diminution, aussi minime soit-elle, de ses profits. En autorisant cette destruction insensée de plans d'eau, le gouvernement va à l'encontre de ses engagements pour assurer la sécurité et la protection de l'eau douce au pays.
Nous demandons au gouvernement fédéral :
– d'abroger l'article 5(1) du Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants de la Loi sur les pêches qui permet aux plans d'eau d'être détruits pour y enfouir des résidus miniers ;
– d'obliger les exploitants de mines à remblayer systématiquement les excavations minières plutôt que d'utiliser des plans d'eau.
Les lacs et cours d'eau du Canada ne doivent pas servir à enfouir des déchets miniers. Demandez aux ministres responsables d'arrêter cette pratique insensée dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard.
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Un plan d’action ambitieux sur le long terme
Un déploiement interrégional pour renforcer l'inclusion des personnes aînées LGBTQ+. La Fondation Émergence lance sa nouvelle tournée « Pour que vieillir soit gai »
Montréal, le 28 octobre 2025 — La Fondation Émergence annonce le lancement de sa nouvelle tournée québécoise « Pour que vieillir soit gai » [1]. Cette initiative, rendue possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec, s'inscrit dans la mesure 96 du _Plan d'action gouvernemental 2024-2029 – La fierté de vieillir_, qui vise à promouvoir la bientraitance des personnes aînées LGBTQ+.
Durant cette période, la tournée se déploiera dans l'ensemble des régions administratives du Québec, avec pour objectif de former plus de dix mille intervenant·e·s en milieu aîné. Les formations gratuites s'adressent aux personnes travaillant auprès d'une clientèle aînée et visent à renforcer leurs compétences afin d'offrir aux personnes aînées LGBTQ+ des environnements inclusifs, sécuritaires et respectueux des diversités sexuelles et de genre.
La formation aborde plusieurs thématiques fondamentales pour la reconnaissance et l'inclusion des aîné·e·s LGBTQ+, notamment : une introduction aux composantes de la diversité sexuelle et de genre, les réalités et enjeux vécus par les personnes aînées LGBTQ+, les bonnes pratiques pour offrir des services et des milieux plus inclusifs, ainsi que le témoignage d'une personne aînée LGBTQ+.
Inauguré en 2009, le programme « Pour que vieillir soit gai » a acquis une reconnaissance internationale pour son expertise unique en matière d'inclusion de la diversité sexuelle et de genre en milieu aîné. La Fondation a notamment mené une tournée de formations virtuelles pancanadienne en 2021.
Des constats qui interpellent
Un sondage Léger mené au début de l'année 2025 par la Fondation Émergence auprès des personnes fréquentant ou œuvrant dans les milieux de vie pour aîné·e·s révèle qu'à peine 32 % du personnel ont reçu une formation sur la diversité sexuelle et de genre. Par ailleurs, 24 % des répondant·e·s se déclarent peu ou pas du tout à l'aise d'accueillir dans leur milieu une personne trans. Auprès du personnel, ce chiffre est de 19 %. De plus, un quart des répondant·e·s LGBTQ+ déclarent cacher leur orientation sexuelle ou leur identité de genre dans leur milieu.
« Les chiffres parlent d'eux-mêmes : trop de personnes aînées LGBTQ+ vivent encore dans l'ombre. Avec cette tournée, nous voulons changer définitivement la donne et permettre à nos aîné·e·s de s'épanouir dans des milieux qui les respectent et les valorisent véritablement », affirme Laurent Breault, directeur général de la Fondation Émergence.
Grâce à ce financement, la Fondation Émergence entreprend un vaste plan d'action provincial comprenant des tournées de formation dans toutes les régions du Québec ainsi que l'organisation d'un premier symposium national en 2026 sur les réalités aînées LGBTQ+, réunissant les acteur·rice·s clés des milieux aînés afin d'échanger, d'innover et de promouvoir la bientraitance envers les personnes LGBTQ+.
(etc....)
À propos de la Fondation Émergence
Depuis 25 ans, la Fondation Émergence œuvre activement pour l'inclusion des personnes LGBTQ+ en offrant des services de sensibilisation, de formation et d'accompagnement. Elle met aussi sur pied des événements phares, comme la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, dont elle est l'initiatrice, et le Gala Émergence. Par ses actions, elle poursuit sa mission d'informer et de sensibiliser la population aux réalités des personnes LGBTQ+, tout en promouvant leur inclusion, leur égalité juridique et sociale, et leur bien-être dans toutes les sphères de la société.
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L’économie féministe au prisme des études trans. L’exemple argentin
Après un retour sur l'histoire des luttes trans en Argentine et un focus sur les offensives antitrans de Milei, Pato Laterra revient pour Contretemps sur la manière dont les études trans revisitent l'économie féministe.
Tiré de la revue Contretemps
27 octobre 2025
Par Pato Laterra
Contretemps – Peux-tu revenir sur l'histoire récente des luttes trans en Argentine ?
Pato Laterra – Il faut tout d'abord revenir sur la loi sur l'identité de genre, adoptée en 2012, qui reconnaît la citoyenneté aux personnes transgenres et donc une identité. Et, en Argentine, il y a quelque chose de très important autour de l'identité, pas au sens libéral étatsunien mais plutôt en lien avec la dictature, les disparitions de militant-es et les mobilisations des mères et grands-mères de la Place de mai. Les disparitions, mais aussi l'identité des enfants volés par les militaires, qu'ils soient nés en captivité et qu'ils aient été enlevés, c'est quelque chose de très important dans notre histoire. Pendant des décennies et encore aujourd'hui, on a patiemment cherché à identifier ces enfants, et à les réunir avec leur famille – souvent leurs grands-mères, les parents ayant « disparu·es », c'est-à-dire ayant été assassiné·es par la dictature. Pour les trans, la dictature a mis en œuvre une persécution policière. Certaines infractions pénales sont restées en vigueur jusqu'en 2005 ou 2006. Ce qu'elles établissaient, c'était le caractère délictueux des comportements non conformes au sexe attribué à la naissance dans la vie publique, comme le fait de s'habiller d'une manière qui ne correspondait pas au sexe figurant sur la carte d'identité à la naissance. Donc pour le simple fait de figurer une expression de genre qui ne serait pas la norme, vous pouviez être arrêté. La seule issue professionnelle qui restait face à la discrimination était également fortement criminalisée : le travail du sexe dans la rue. Cette histoire est très présente en Argentine, contrairement à d'autres pays où la carte d'identité nationale n'a pas de poids propre, où elle joue le même rôle que d'autres formes d'identification, pour effectuer des démarches et obtenir des prestations sociales, par exemple. En Argentine, la carte d'identité nationale est la porte d'entrée vers l'acquisition de droits personnels.
La loi sur l'identité de genre a été obtenue grâce à la lutte des travestis et des trans [1] dès 2006. Elle a permis la reconnaissance de l'identité trans et de l'identité travestie, en tant que sujets de droits, au sens des droits humains, qui eux aussi prennent une importance particulière dans l'histoire argentine marquée par les dictatures. L'enjeu autour de la loi sur l'identité de genre, ce n'est pas seulement la reconnaissance du droit à l'existence, mais aussi une série d'autres droits et de demandes primaires de la population trans, en particulier le droit à la non-discrimination et le droit à la santé. Jusque-là, les personnes trans n'étaient pas reconnues dans les statistiques officielles et les seules statistiques ou informations sur les conditions de vie étaient produites par les personnes trans elles-mêmes. Pour prendre un exemple, en 2010, l'espérance de vie, calculée par les travestis eux-mêmes donc, était de 35 ans, alors que l'espérance de vie de la population cis-sexuelle est de 65 ou 70 ans ! Cette loi donne également lieu à une série de politiques à plus long terme, notamment des politiques culturelles, des politiques liées à la reconnaissance et au respect de cette identité, ainsi que des politiques visant à lutter contre la violence physique et symbolique à l'égard des travesties et des personnes transgenres, même si cette violence reste quotidienne. En pratique, selon les militant·es et leurs organisations, la reconnaissance de l'identité par l'État constitue une amélioration importante. Elle offre un droit reconnu à l'éducation sexuelle intégrale, c'est-à-dire, à former au libre choix de son genre, à s'identifier comme on le souhaite, à partir des droits humains plutôt que, ou à côté, de la biologie. Son objectif est de permettre aux personnes de prendre des décisions éclairées et responsables concernant leur santé et leur sexualité de manière globale, de développer des relations respectueuses, de comprendre leurs droits et de se protéger contre les situations à risque ou les abus. Depuis cette reconnaissance, le taux de grossesse chez les adolescentes a baissé, les cas d'abus sexuels sont plus souvent dénoncés et plus généralement la sexualité et le consentement sont devenus des sujets politiques. Selon un rapport publié en 2019 [2] par la région du grand Buenos Aires, 3 enfants sur 10 ayant signalé des abus sexuels ont pu comprendre qu'ils avaient été victimes d'abus après avoir suivi des cours d'éducation sexuelle intégrale. Chez les 12-14 ans, ce chiffre dépasse les 50 %.
Mais ce n'est qu'un premier pas. Pour changer réellement leurs conditions de vie, il faut également poser la question de l'accès à l'emploi. On l'a dit, la seule perspective qui était offerte aux personnes trans était le travail du sexe. Alors que certains discutent du revenu de base, du fait que nous ne devrions pas travailler du tout ou de la fin de l'exploitation, pour les personnes transgenres, le problème central est simplement de pouvoir obtenir un revenu de son travail sans courir de danger. Du fait des discriminations, la question de l'emploi devient centrale. Beaucoup de trans sont capables d'assurer un emploi, comme les personnes cis ; elles sont qualifiées mais, à cause de leur expression de genre, elles sont exclues du marché du travail. Et si par chance elles obtiennent un poste, c'est difficile de tenir sur la durée, écrasées par le poids d'une vie d'exclusion. Elles ont été exclues de la famille, exclues de l'éducation et exclues des espaces de socialisation quotidienne. Donc elles sont blessées et endommagées, empêchées de pouvoir coexister dans la société. Il y a donc, disons, un grand nombre de subjectivités qui ont du mal à persister dans un espace de travail du fait d'avoir été historiquement discriminées.
Je pense qu'un élément fondamental aujourd'hui, c'est que cette situation du difficile accès des trans au travail rencontre la crise contemporaine du travail, de l'institution du travail, du travail formel. Certaines travesties arrivent enfin sur le marché du travail, au moment même où celui-ci est en crise. Tout cela se télescope. Enfin, tant dans le domaine du travail que dans celui de la santé ou de l'éducation, ce que demandent les personnes transgenres, c'est de pouvoir accéder à ces politiques, c'est-à-dire que les politiques publiques ne soient pas normatives en termes d'accès, qu'il ne soit pas nécessaire de se conformer aux normes cisgenres pour exercer ses droits. Elles ne doivent pas non plus courir de risque, se mettre en danger, pour pouvoir y accéder.
Et je pense que c'est précisément la raison pour laquelle les personnes trans sont la cible de la droite et de l'extrême droite. Les personnes elles-mêmes vivent en dehors d'un cadre normatif, parce le système lui-même les en exclue. Les personnes neurodivergentes, les personnes handicapées, les personnes qui ont été stigmatisées ou discriminées en raison de leur socialisation, parce qu'elles ont grandi dans les familles que le système lui-même a détruit finalement. Donc je pense que ce qui cause la rage des travesties ou ce qui ouvre, disons, cette façon de vivre la vie trans est précisément transgressive. Donc toutes les revendications reviennent finalement à demander une manière non normative de mettre en œuvre les politiques publiques d'accès aux conditions de vie.
À gauche, certains militants révolutionnaires cisgenres peuvent considérer que les personnes transgenres veulent simplement réformer le système, mais c'est parce qu'elles n'y ont pas accès. Cette forme de mépris pour une simple demande d'accès aux conditions de vie, aux droits, aux politiques publiques, au marché du travail, est due au fait que beaucoup de ces personnes cisgenres ont déjà leurs conditions de vie garanties. Tant que nous n'avons pas cette garantie, il est difficile d'imaginer quelque chose de plus révolutionnaire. Il est déjà assez révolutionnaire de vivre dans un monde qui est contre vous. Les revenus, le logement, un espace de soutien et d'amitié ou d'amour, l'éducation, la famille, sont des éléments fondamentaux qui, en général, posent de grandes difficultés aux personnes trans.
Contretemps – Au début des années 2010 les choses évoluaient donc, un peu au moins, dans le bon sens. Avant d'en arriver à Milei en 2024, est-ce qu'il y a eu des avancées sous le gouvernement de Fernandez ?
Pato Laterra – Oui, des progrès importants ont été réalisés pour les personnes transgenres en 2021, avec l'adoption d'une loi sur les quotas d'emploi. Il y a évidemment un long chemin à parcourir entre la loi et son application, mais il s'agissait d'un changement législatif très important. La loi impose des quotas d'emploi pour les personnes transgenres dans le secteur public au niveau fédéral, et elle a déjà été adoptée dans certaines provinces. Il convient de rappeler que l'Argentine est l'un des premiers pays au monde à appliquer ce quota d'emplois. Auparavant, depuis la fin des années 1970, ce quota existait également pour les personnes handicapées. Dans le cas des personnes transgenres, il s'agit de l'occupation de 1 % des postes du secteur public national par des personnes transgenres. En outre, cette loi a permis d'accorder des avantages fiscaux aux entreprises privées afin de les encourager à embaucher des travesties et des personnes transgenres. Si nous croyions à la théorie économique néoclassique, avec un marché parfait, une telle loi ne serait pas nécessaire. Mais la théorie néoclassique et les lois du marché sont une fiction : l'embauche de personnes n'est pas un choix rationnel, effectué de manière abstraite sur le marché. Il existe en réalité une discrimination sur le marché du travail, une stigmatisation des personnes transgenres, et c'est en raison de ces injustices, et non de la qualité, de la formation ou des fonctions des personnes transgenres, qu'elles ne sont pas embauchées. Cette loi vise donc à réparer, dans une certaine mesure, le préjudice subi de manière intergénérationnelle par les générations passées, qui ont été systématiquement discriminées sur le marché du travail.
Avec Francisco Fernández Romero, un collègue géographe, depuis environ trois ans, nous menons une étude sur la mise en œuvre du quota de travail trans [3]. Cette étude a commencé avec l'objectif de savoir comment cette loi était appliquée et aussi de connaître les conditions sociodémographiques des personnes transgenres qui ont pu trouver un emploi. Nous avons mené deux enquêtes, l'une en 2022 et l'autre en 2024. Le premier résultat, c'est dans quelle mesure la loi sur les quotas d'emploi des transgenres était respectée : la loi fixe un quota de 1% pour l'emploi des transgenres. En Argentine, il y a plus ou moins 550 000 travailleurs masculins et féminins dans le secteur public national, si on appliquait le quota, on devrait donc avoir 5 500 travesties ou transgenres travaillant dans le secteur public. Et en novembre 2023, on a pu observer que seulement 955 personnes ont été embauchées dans ce cadre. Donc la loi n'était mise en œuvre qu'à 17 %. Ce que nous avons constaté dans cette étude, c'est que les personnes qui avaient été embauchées, au-delà du fait qu'elles faisaient face à beaucoup d'obstacles, avaient aussi été discriminées une fois en emploi, sur leur lieu de travail. Il y a bien sûr du mégenrage, des problèmes d'accès aux toilettes, mais aussi des discriminations qui consistent à ne pas leur confier certaines tâches. Les lieux de travail sont généralement très hostiles. Cependant, dans de nombreux cas, ces personnes ont dit que ce travail leur a sauvé la vie, que grâce à leur contrat de travail, ielles ont pu louer une chambre ou un appartement. Sans contrat de travail, ielles n'avaient accès qu'à des chambres dans des pensions de famille, qui coûtent le double ou le triple du loyer normal, parce que les chambres en pension sont accessibles sans condition. Il faut savoir qu'aujourd'hui en Argentine, avec la dérégulation des prix des loyers, les loyers sont très chers, proches des prix européens. Or le logement est une question fondamentale pour que les gens puissent développer leurs conditions de vie. Les enquêté·es ont aussi dit que grâce à ce travail, ielles accédaient à un revenu et surtout une stabilité. Et cela rend leur vie quotidienne très différente. Parce que si vous ne pouvez pas prévoir dans un mois ce qui va vous arriver en termes de revenus, vous allez avoir une vie beaucoup plus difficile.Un autre résultat, c'est que les personnes recrutées sur le quota trans ont été placées dans les catégories salariales les plus basses dans le secteur public national, tout en bas de la grille.Ainsi, notre estimation pour le mois de juillet 2024 était que 57% des personnes embauchées sur le quota trans se trouvaient en dessous du seuil de pauvreté. En d'autres termes, bien qu'elles gagnent de l'argent, qu'elles aient un emploi formel, les personnes embauchées se situent sous le seuil de pauvreté. C'est ce qui se passe aujourd'hui pour une grande partie des travailleurs en Argentine, plus ou moins 40 % d'entre eux : vous travaillez, vous avez un salaire chaque mois mais vous êtes toujours sous le seuil de pauvreté. C'est pire encore pour les personnes transgenres, cette proportion monte à 57%.
Pour cette deuxième enquête, nous avons collaboré avec Zaguan qui est, plus qu'un syndicat, un front de travailleurs et travailleuses travesties et transgenres. En juillet 2023, avant même que la possibilité d'une victoire de Milei ne soit envisagée, les travailleuses travesties et transgenres ont commencé à se réunir pour influencer et changer leurs conditions de travail. Il était nécessaire de lutter contre la discrimination et la violence sur le lieu de travail, mais aussi d'interpeller les syndicats. Le syndicalisme, avec la sécurité sociale qu'il gère, par exemple, organisée en mutuelles en Argentine, est loin d'être en mesure d'accueillir les personnes transgenres. À l'époque, nous nous posions une question fondamentale : il en va de même pour les lieux de vacances partagés à bas prix auxquels donne accès l'affiliation syndicale, ou tout autre avantage accordé dans le cadre de certaines politiques syndicales, nous voulions cela pour notre communauté. Lorsque nous nous sommes réunis en 2023 avec Zaguan, notre objectif était le suivant : pouvoir réfléchir à ces questions syndicales et créer un espace permettant de changer les conditions sur les lieux de travail. Au départ, cela différait de la réflexion syndicale habituelle, centrée sur les exigences des employeurs, les revendications salariales, la protection du travail dans les usines… Si Zaguan [4] n'est pas un syndicat, c'est pour pouvoir être l'interlocuteur des syndicats, établir un pont avec eux, au lieu de leur faire concurrence. Il existe une forte concurrence entre les syndicats, car ce sont des structures très rigides et très hétéronormatives, ce qui rend difficile la prise en compte des revendications d'autres acteurs émergents. Nous avons donc entamé un dialogue avec les syndicats. Les deux parties doivent avancer, car il y avait aussi beaucoup de réticence de la part des personnes transgenres envers les syndicats, à juste titre. Les syndicats eux-mêmes discriminaient les personnes transgenres sur leur lieu de travail. Cela est également important pour les syndicats, dans un contexte où, en Argentine, la question syndicale est en pleine crise, car leur sujet, le travailleur, est en crise.
Contretemps – Fin 2023, le candidat d'extrême droite libertarien Milei a gagné l'élection présidentielle. Quelles sont ses prises de position, ses actions sur le sujet des sexualités et identités de genre ?
Pato Laterra – Lorsque Milei arrive au pouvoir, il commence à démanteler férocement toutes ces politiques. Dès son deuxième jour, il met fin à la carte alimentaire destinée aux personnes transgenres en situation critique, qui garantissait une sorte de revenu minimum et ne servait qu'à acheter de la nourriture. La carte alimentaire a été maintenue pour les enfants vulnérables et les familles dans le besoin, ainsi que la politique sociale connue sous le nom d'allocation universelle pour enfant à charge. Il s'agit donc d'une attaque ciblée contre les personnes transgenres. Et ce, sans même un prétexte budgétaire, car il s'agit d'un volume de financement insignifiant. De ce point de vue, cela peut même être contre-productif, car cela réduit la demande des commerces qui acceptent la carte alimentaire, ce qui est économiquement récessif. Il s'agit d'une mesure purement idéologique et réactionnaire. Puis, au bout de trois mois, Milei a commencé à mettre en œuvre ses plans de licenciement des personnes embauchées grâce aux quotas trans : 150 licenciements dans le secteur public au niveau fédéral, selon une estimation issue de notre enquête avec Francisco.
Avec Zaguan, nous avons cherché des formes de résistance juridique. Interpeller les syndicats étaient décisif, parce que ce sont les organisations syndicales qui ont les moyens de défendre les travailleurs, et donc les personnes trans face aux licenciements. La législation de l'administration publique argentine fait que, dans certains cas, les conseils syndicaux ont pu réintégrer la quasi-totalité du personnel trans qui avaient été licenciés. Le dialogue avec ces conseillers juridiques syndicaux, bien que complexe, a pu avoir lieu, ce qui, à une autre époque, aurait peut-être été considéré comme quelque chose de tout à fait impossible.Ces attaques s'inscrivent dans le cadre du démantèlement du ministère de la Femme, du Genre et de la Diversité, qui était chargé de nombreuses mesures très importantes pour les femmes et les personnes transgenres les plus touchées par la violence ; par exemple, il existait une allocation de six mois pour sortir d'une situation de violence.
Le gouvernement Milei perturbe et supprime également les outils qui permettent d'informer le public, qui visent à rendre des comptes et à évaluer ces politiques. Il est donc impossible de faire le bilan et de connaître les effets produits. Ce sont les fonctionnaires licenciés du ministère ou les chercheurs intéressés par les politiques de genre qui doivent reconstituer les dossiers.
Il y a également une attaque contre le financement de l'éducation et de la santé. Cela signifie que tous les systèmes de santé existants sont en crise faute de financement.
Et les personnes transgenres sont généralement prises en charge dans le cadre de la santé publique, qui s'occupe de celles et ceux qui n'ont pas de mutuelle. En Argentine, si vous avez un emploi formel, vous êtes pris en charge par un réseau de soins mutualistes, et non par la santé publique. Mais comme les personnes transgenres ont rarement un emploi formel, c'est le système de santé publique qui prend en charge leur prise en charge. Cela a donné lieu à un système de santé publique informé et, en fin de compte, plus responsable dans le traitement de la diversité que le système d'assurance maladie ou le système médical privé individuel. Et aujourd'hui, c'est ce système qui est particulièrement menacé.
Enfin, Milei sape complètement la politique d'éducation sexuelle intégrale (ESI), qui est une politique à long terme. Il s'agit de permettre aux enfants et aux jeunes d'avoir accès à l'information, afin que cette discrimination ne se reproduise pas. Cela s'inscrit dans le cadre d'une politique de haine très forte, très exacerbée, où les boucs émissaires sont les personnes transgenres, les migrants, les peuples autochtones et les personnes handicapées. Et aussi les fonctionnaires, décrits comme des parasites. Y compris les scientifiques. Il s'agit donc d'une offensive réactionnaire, qui va jusqu'à la violence physique et symbolique contre les personnes transgenres, mais aussi contre les lesbiennes et les gays, ainsi que contre toutes les personnes mentionnées ci-dessus.
Ces changements, tant dans les lois que dans les discours, s'inscrivent dans un contexte de violence à l'égard des personnes transgenres, alors qu'en réalité, bien sûr, elles ne sont pas la cause du problème, ni du déficit budgétaire, ni du déséquilibre des comptes nationaux. Le problème réside dans des années d'organisation économique discriminante et en crise pour générer toujours plus de profits.
Pour ces gouvernements de droite et d'extrême droite – je pense à Musk, Trump, Bolsonaro –, le cheval de bataille, leur discours principal, est de réduire le déficit. Mais rien de ce qui se passe ne réduit réellement le déficit. Le discours semble économique, il porte sur la réforme fiscale, sur la dette, sur le modèle économique, mais en réalité, il s'agit de réduire les dépenses sociales comme moyen de contrôle public, de dénaturer les problèmes sociaux et d'épuiser et d'appauvrir la population. Au contraire, il faudrait parler de l'argent que s'approprient les multimillionnaires. Je pense qu'aujourd'hui, il est facile de s'en rendre compte.
Contretemps – Peux-tu revenir maintenant sur tes propres recherches. Comment repenser l'économie féministe à partir d'une approche non cis hétéro ? En commençant peut-être par expliquer ce qu'est pour toi l'économie féministe…
Pato Laterra – L'économie féministe consiste à introduire dans l'économie la discussion de ce qui se passe en termes de relations de genre. C'est-à-dire donner de la visibilité à ce que nous pourrions appeler l'autre face de l'économie, le travail qui est rendu invisible. En mettant sur la table le travail invisibilisé, qui est le travail de reproduction, le travail reproductif, le travail domestique et de soins [cuidado, c'est-à-dire soin en espagnol, a un sens un peu distinct, plus militant que care, NDLT] non rémunéré, on ne montre pas seulement ce qui arrive à ce travail. On discute de la manière dont cela soutient le système dans son ensemble. Comment la production et la reproduction des personnes sont organisées, et pas seulement des personnes, mais du monde dans son ensemble.
Maintenant, ce que je pense de l'économie féministe, ayant travaillé longtemps dans l'économie féministe, c'est que l'idée que les chercheuses se font du genre est très étroite.
C'est une idée limitée aux femmes cis-sexuelles. Ou c'est une idée limitée à une vision hétéro-normative, cis-sexuelle. Il en va de même pour la théorie de la reproduction sociale. En d'autres termes, je pense que la définition du sujet de l'économie féministe pose problème.
L'approche de la reproduction sociale consiste à réfléchir à la manière dont elle soutient et produit la main-d'œuvre, ce qui rend ce problème relativement utilitaire. Vous participez à la reproduction sociale dans la mesure où vous contribuez à la reproduction du système. Le fonctionnement de la famille (nucléaire, désormais recomposée) est alors déterminant. La question est de savoir comment fonctionne la famille nucléaire ou quel rapport de domination, hétérosexuel, elle abrite.
Or, ces derniers temps, la famille nucléaire et la famille hétérosexuelle se désintègrent complètement, et soudainement, les gens commencent à s'intéresser à d'autres formes d'organisation, comme les formes queer ou trans. Les familles trans ne sont pas organisées pour leur reproduction de la même manière que la famille nucléaire. Il y a un livre, les soins multidimensionnels [5], sorti pendant la pandémie qui compile tout cela. La différence, c'est que les personnes sont soignées ou reproduites non pas en tant que force de travail, mais en tant qu'êtres humains. Et non par la conjointe ou la mère mais dans des relations d'amitié ou d'autres types de parents qui ne sont pas des membres de la famille, pas une famille avec des enfants. Or de plus en plus de personnes cis, vivent seules ou en dehors d'une famille nucléaire. Je pense donc que parfois ces questions de queer ou trans sont intéressantes parce que précisément ce qu'elles examinent, c'est comment la reproduction sociale, ou plutôt la reproduction quotidienne, reproduction de la vie, s'appuient sur ces nouvelles formes de liens. C'est une contribution des études queer et trans aux études féministes.
Contretemps – Tu défends également le fait que le travail reproductif s'appréhende d'une manière différente au sein des études trans, avec une attention spécifique à la partie émotionnelle de ce travail et de comment les liens sont construits entre les personnes. Peux-tu revenir sur ce point ?
Pato Laterra – Ma thèse porte sur la prise en charge des personnes trans en Argentine et sur la relation entre les politiques sociales et la reproduction de la vie des travesties et des trans. Ce que j'observe, c'est une conception profondément cisgenre des soins. Je vais apporter une idée qui n'est pas la mienne, mais celle de deux chercheurs canadiens, Lewis et Irving [6], qui affirment que l'objectif de l'économie politique transgenre est d'étudier comment les vies transgenres s'inscrivent dans les structures économiques existantes et comment elles proposent des alternatives pour vivre. Irving vient d'une tradition anglophone avec laquelle j'essaye de faire dialoguer la tradition latino-américaine, qui s'intéresse à la communauté. C'est que pour les trans et plus généralement les LGBT, immédiatement, le moyen de survivre dans le système est une question communautaire, de construction de liens. Je ne veux pas idéaliser cette idée de communauté, je dis simplement que la façon de se reproduire ou de survivre s'appuie plus ou moins directement sur la communauté. Nos besoins sont résolus d'une manière communautaire. C'est en grande partie à cause des vies que nous menons : par exemple, nous passons une grande partie de notre vie à vivre seul·e ou à vivre avec d'autres personnes qui ne sont pas la famille ou un couple. Vous avez donc une forme de reproduction qui est totalement différente. Il y a beaucoup de gens trans qui ont besoin d'obtenir de la nourriture par l'intermédiaire d'une communauté ou qui ne pourraient pas se payer seul·e un logement. Ces questions concrètes, matérielles, ne sont pas séparées des émotions, puisqu'elles se résolvent par la mobilisation de liens interpersonnels. Ces affects nous organisent, mais ils sont aussi instrumentalisés par la droite pour nous désorganiser : la droite sait très bien comment perturber ces affects pour leur ôter la vitalité. Je crois que c'est ce que Milei fait, consciemment ou inconsciemment. Les études trans ou les études queer enrichissent donc le féminisme qui pendant longtemps s'est concentré sur les aspects plus matériels. Le tournant affectif consiste à prendre en compte comment sont produites culturellement les émotions et les affects dans les groupes. Je crois qu'il y a comme une rupture, une coupure, qui complique l'intercompréhension entre celleux d'entre nous qui ont une tradition matérialiste et entre celleux d'entre nous qui rompent avec les féminismes classiques.
On s'intéresse aussi à ce qui constitue la base culturelle de la société, ce qui permet la durabilité de la communauté. C'est finalement une autre façon de penser la matérialité. C'est un peu ce que je disais précédemment sur l'optique utilitariste des théories de la reproduction sociale : comment améliorer la situation des femmes ? Comme si « les femmes » était un sujet unique, homogène, alors que nous savons que les femmes sont une catégorie très diversifiée et traversée par différentes intersectionnalités. Donc je trouve très intéressant le croisement de l'économie féministe avec ces approches à partir de la communauté. D'autant, encore une fois, que ces expériences d'organisation de la vie quotidienne des personnes queer et trans ne sont pas si éloignées des nouvelles organisations que peuvent avoir des jeunes personnes cis, qui adoptent d'autres façons d'affronter la vie. Avoir deux ou trois enfants, s'occuper de ces personnes, être capable, je ne sais pas, d'acheter une maison, d'avoir un foyer : toutes ces questions sont manifestement très éloignées de la majorité de la population trans. Je pense qu'aujourd'hui, elles sont également éloignées des jeunes et de la manière dont ils s'organisent ou dont certains d'entre elleux s'organisent. Il s'agit donc de créer des passerelles. Trans et jeunes ne subissent pas les mêmes discriminations mais je pense que c'est un rapprochement qui peut être pertinent, une perspective non normative. Là où, je crois, souvent l'approche de la reproduction sociale, l'approche féministe, garde une certaine normalité occidentale qui n'est pas ce qui se produit avec d'autres liens.
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Pato Laterra est économiste à la Université de Buenos Aires.
Propos recueillis par Fanny Gallot et Hugo Harari-Kermadec.
Notes
[1] Le terme « travestie », genrée au féminin, est une identité propre à certaines régions d'Amérique latine et diffusée par les migrations, un retournement du stigmate (« travesti » étant initialement utilisé une insulte) constitué en sujet politique. Suivant Butierrez et Fernández Romero (2023), l'identité de personne trans renvoie à une grande pluralité d'expériences, incluant à la fois celles qui s'identifient comme des hommes ou des femmes transsexuels, transgenres ou trans, ainsi que les travesties, les personnes non binaires et d'autres identités de genre. Bien qu'il existe des différences géographiques, historiques, identitaires et de position sociale entre les personnes qui utilisent chacun de ces termes, le point commun est de vivre dans un genre différent de celui qui leur a été attribué à la naissance.
[3] Laterra, P. & Fernández Romero (2024). Technical Report on Individuals Hired in 2024 Under the Law for the Promotion of Access to Formal Employment for Travestis, Transsexuals, and Transgender People “Diana Sacayán – Lohana Berkins” (No. 27.636). Ciudad de Buenos Aires : Gender and Labor Relations Union Observatory, Association of State Workers (ATE) Link to the report, voir aussi les résumésici et là.
[4] En ce qui concerne l'expérience syndicale et Zaguan, on peut lire cet article Romero, F. F., Laterra, P., & Sánchez, V. (2025). At the Thresholds : Labor Organizing as Travesti-Trans Formal Workers in Argentina : Travesti and trans workers in the formal sector expand imaginaries about the relationship between TTNB people and work, contributing to broader labor struggles for all of society. NACLA Report on the Americas, 57(1), 27–33. https://doi.org/10.1080/10714839.2025.2473263
[5] The Care Collective Manifiesto https://www.versobooks.com/products/2625-the-care-manifesto?srsltid=AfmBOopRw9R4tJS5B8Ax05UtY1tlBltkLocQoKr_XhfpKpjnM1j847Wk ; version en espagnol https://www.bellaterra.coop/es/libros/el-manifiesto-de-los-cuidados
[6] Irving, D. (2008). Normalized Transgressions : Legitimizing the Transsexual Body as Productive. Radical History Review, (100). https://transreads.org/wp-content/uploads/2019/03/2019-03-13_5c888b5420f95_NormalizingTransgressionsLegitimizingtheTransgenderbodyasproductive.pdfVoir également Gleeson and O'Rourke (2021) « Transgender Marxism ». Pluto Press et
Bhattacharya Tithi (2015) « How Not To Skip Class : Social Reproduction of Labor and the Global Working Class » https://viewpointmag.com/2015/10/31/how-not-to-skip-class-social-reproduction-of-labor-and-the-global-working-class/
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La sécurisation culturelle : bâtir des ponts dans le réseau de la santé
À l'occasion de la semaine québécoise de rencontres interculturelles qui célèbre la richesse de la diversité au Québec, le comité antiracisme met de l'avant un concept essentiel, mais encore peu connu : la sécurisation culturelle.
Qu'est-ce que la sécurisation culturelle ?
À la base une démarche sociale, la sécurisation culturelle est une nécessité dans nos milieux de travail. Elle vise à assurer que chaque personne, peu importe ses origines, se sente en sécurité, respectée et valorisée.
Pour le comité antiracisme de la FIQ, c'est donc un outil concret pour combattre toute forme de racisme (racisme systémique de la part des institutions, des gestes racistes du quotidien, des micro-agressions au travail). Le concept de sécurisation culturelle fait en sorte que les institutions reconnaissent les réalités historiques et culturelles des groupes marginalisés.
Ayant pris forme en Nouvelle-Zélande dans les années 80 pour répondre aux discriminations vécues par les Maoris dans le système de santé et repris au Québec par le Principe de JOYCE, la sécurisation culturelle est définie par celles et ceux qui la vivent. Cela implique de la part des professionnelles en soins d'écouter et de remettre en question les normes dominantes dans le but de construire des milieux inclusifs.
Concrètement, cela veut dire d'offrir plus de formations dans le réseau de la santé pour sensibiliser les travailleuses à l'histoire et aux réalités des groupes historiquement discriminés, de mettre en place des mécanismes permettant d'adapter nos pratiques afin d'éviter les biais et les exclusions et finalement, de créer des espaces où les voix des minorités sont entendues et respectées.
Pendant la Semaine québécoise des rencontres interculturelles, le comité antiracisme invite chaque professionnelle en soins à la réflexion : nos milieux sont-ils sécurisants pour toutes et tous ? La sécurisation culturelle, ce n'est pas un concept ou une option, c'est notre responsabilité collective. Et c'est surtout en agissant ensemble que nous pourrons bâtir un milieu de vie et un réseau de la santé plus justes, plus à l'écoute, et surtout, plus humain.
Linda Gingras et Mouloud Seddiki, membres du comité antiracisme / FIQ
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Réforme du régime syndical : un projet de loi désespéré
Québec, le 30 octobre 2025 — Désespéré à la lecture des résultats de sondage catastrophiques sur sa formation politique, la Coalition Avenir Québec (CAQ) tente de donner le mauvais rôle aux syndicats pour se faire du capital politique, juge le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).
«
Le premier ministre, François Legault, a besoin d'un “méchant” sur qui tirer pour détourner l'attention de ses échecs majeurs, comme NorthVolt, Recyclage Carbone Varennes, SAAQclic et Lion Électrique. Il a décidé que ce serait les syndicats. Mais son projet de loi s'attaque à des problèmes qui n'existent pas vraiment. Ce sont essentiellement des situations anecdotiques montées en épingle. Au SPGQ, nos votes se font en ligne et s'il veut consulter nos états financiers, il va les trouver sur notre site Internet », note Guillaume Bouvrette, président du SPGQ
François Legault oublie bien vite que les syndicats sont des organisations démocratiques composées d'abord et avant tout de leurs membres. « Quand il essaie de faire taire les critiques des syndicats à son endroit, ce sont celles des travailleuses et des travailleurs qu'il refuse d'entendre. Les déléguées et délégués syndicaux sont élus dans leur milieu de travail pour représenter leurs collègues qu'ils consultent régulièrement. Ils ont toute la légitimité nécessaire pour se prononcer sur différents sujets. Demander aux membres de se prononcer annuellement enlèverait aux syndicats la possibilité de réagir rapidement aux imprévus de l'actualité, par exemple. Le gouvernement cherche à nous bâillonner », juge M. Bouvrette.
Le gouvernement lui-même ne s'impose pas d'exigences semblables. « Le gouvernement est-il prêt à soumettre annuellement son budget à l'approbation de la population ? », questionne M. Bouvrette. Il ajoute au passage que la reddition de compte exigée est aussi beaucoup plus détaillée que celle du gouvernement lui-même.
Le gouvernement incapable d'ajuster ses propres cotisations
Par ailleurs, le SPGQ s'inquiète fortement de la capacité du gouvernement à modifier annuellement les cotisations syndicales de son personnel. « Nous avons récemment ajusté notre cotisation syndicale, à la suite d'un vote des membres. Le gouvernement, comme employeur, a mis six mois pour faire le changement, bien qu'il avait été avisé près de deux mois d'avance. Comment le gouvernement peut-il demander aux entreprises ce qu'il est incapable d'exécuter lui-même ? », demande M. Bouvrette.
Finalement, le ministre du Travail, Jean Boulet, a une vision réductrice du travail des syndicats. « Lorsque nous réclamons dix jours d'absence rémunérés pour les victimes de violence conjugale ou lorsque nous dénonçons le climat de travail toxique que subissent nos membres, ce ne sont pas des enjeux de renouvellement de convention collective à proprement parler. Mais ce sont des sujets importants pour les conditions de travail de nos membres et de l'ensemble des travailleuses et travailleurs », illustre M. Bouvrette.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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Dépôt du projet de loi nº 3 La FIQ n’a pas de leçon à recevoir du dernier de classe
Québec, le 30 octobre 2025 — La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ exprime sa vive inquiétude et son opposition catégorique au projet de loi nº 3 présenté par le ministre du Travail, Jean Boulet. Derrière le vernis de transparence et de bonne gouvernance, ce projet de loi constitue une attaque frontale contre l'autonomie syndicale et le droit fondamental d'association.
« Ce projet de loi est une diversion. Il tente de faire oublier les véritables urgences : les conditions de travail intenables, l'accès aux soins qui se détériore, la première ligne en crise et la qualité des services qui s'effondre. Pendant que la CAQ accumule les fiascos informatiques, les pertes financières colossales et gouverne à coups de bâillons, elle ose nous faire la leçon sur la transparence ? C'est le monde à l'envers », dénonce Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
La FIQ est claire : elle n'a aucune leçon à recevoir d'un gouvernement qui multiplie les erreurs de gestion et qui s'illustre comme le dernier de classe en matière de reddition de comptes. « Contrairement à la CAQ, la transparence et l'imputabilité sont au cœur de nos pratiques. Nos membres savent exactement où, quand et comment leur argent est utilisé. Nous, on se comporte de manière responsable », martèle Mme Bouchard.
La chef syndicale poursuit : « Ce projet de loi impose des carcans bureaucratiques sur la vie interne des syndicats. Il piétine le droit des travailleuses de définir leurs propres règles, statuts et modes de fonctionnement. C'est une intrusion inacceptable dans des processus qui relèvent exclusivement de l'autonomie syndicale. Les syndicats appartiennent à leurs membres, pas à l'État, et certainement pas à la CAQ. »
La FIQ dénonce également les restrictions imposées à l'usage des cotisations facultatives pour des activités politiques ou sociales, qu'elle considère comme une tentative à peine voilée de museler la voix syndicale dans l'espace public. Les nouvelles règles sur les scrutins secrets sont tout aussi problématiques : trop rigides, elles risquent de paralyser l'action syndicale en période de mobilisation ou de négociation.
« Dans les hôpitaux, les CLSC, les CHSLD, les établissements privés conventionnés et les services à domicile, les patient-e-s ne demandent pas combien coûte une cotisation syndicale. Ils demandent pourquoi ils attendent des heures à l'urgence, pourquoi leur chirurgie est reportée, pourquoi les soins à domicile sont insuffisants. Voilà les vraies priorités », insiste Mme Bouchard.
La FIQ voit dans ce projet de loi une dérive autoritaire dangereuse. En criminalisant certaines pratiques syndicales et en transférant le pouvoir de poursuite pénale aux salarié-e-s elles-mêmes, le gouvernement sème la division et affaiblit la solidarité. « La FIQ appelle le gouvernement à retirer ce projet de loi et à entamer un véritable dialogue avec les organisations syndicales. Les travailleuses du Québec méritent des syndicats forts, libres et capables de défendre leurs intérêts sans ingérence politique », conclut la présidente.
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
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