Presse-toi à gauche !
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Au-delà de la propriété publique : l’heure de l’écosocialisme
En 2021, James Meadowcroft, professeur à l'université Carleton, déclarait : « Il n'est pas vrai que les gouvernements ne peuvent pas choisir les gagnants : ils le font tout le temps, partout dans le monde. »
Tiré de Rabble. 1er décembre 2025
Meadowcroft a ajouté que les gouvernements canadiens devraient voir plus loin que les pipelines à cet égard. Il s'agissait là d'une observation prémonitoire, étant donné que le premier ministre Mark Carney et la première ministre de l'Alberta Danielle Smith ont convenu d'accorder « des exemptions spéciales aux lois environnementales fédérales et d'offrir un soutien politique à un nouvel oléoduc ».
Réfléchissons attentivement à la question suivante : « Qui choisit les gagnant·es ? »
Les politicien·nes ? Un article du Globe and Mail indique que le personnel politique du ministre du Travail de l'Ontario, David Piccini, « a rejeté les évaluations de fonctionnaires non partisan·es et a distribué des centaines de millions de dollars à des organisations ayant obtenu des notes inférieures » dans le cadre des demandes adressées au Fonds de développement des compétences. L'article ajoute que « les candidat·es retenu·es pour bénéficier des fonds du programme avaient engagé des consultants pour faire pression sur M. Piccini ».
Il semble que les gouvernements canadiens ne choisissent pas les gagnant·es. Ils laissent les lobbyistes le faire à leur place. Pas étonnant que « la productivité du Canada soit à la traîne par rapport à celle de ses pairs depuis de nombreuses années ».
Les gouvernements peuvent et doivent « investir ». Mais la manière dont ils investissent est très importante.
Les trois candidats à la direction du NPD qui ont assisté au gala Mouseland de la Fondation Douglas Coldwell Layton le 28 octobre ont tous abordé ce sujet.
Rob Ashton a critiqué les employeurs qui reçoivent des aides gouvernementales puis ferment leurs portes.
« Chaque budget prévoit des aides financières pour les employeurs, ce qui est acceptable, à condition qu'elles soient assorties de sanctions. S'ils partent et laissent les Canadien·nes dans l'embarras, ils devront rembourser la totalité des fonds », a-t-il déclaré.
Heather McPherson a déclaré : « En tant que Canadien·nes, nous étions autrefois propriétaires de certaines choses. Vous savez, pendant la pandémie de COVID-19, je me suis constamment rappelé que nous avions autrefois les laboratoires Connaught. Notre pays avait autrefois la capacité de créer des vaccins. Nous possédions autrefois ce dont nous avions besoin pour fabriquer dans ce pays, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. »
Avi Lewis a poursuivi en déclarant : « Il est passionnant d'entendre un consensus émerger autour de la propriété publique. Je pense que c'est une idée populaire en période de défaillance du marché. Et je pense que les libéraux et les conservateurs n'ont qu'une seule idée pour stimuler l'économie : donner l'argent public à des intérêts privés. »
Lewis a ensuite évoqué la campagne du NPD contre les « parasites de l'aide sociale aux entreprises », menée par son grand-père David Lewis dans les années 1970.
Angella MacEwan, économiste principale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), décrit « Le pouvoir de la propriété publique » dans une vidéo de neuf minutes. Elle souligne l'importance de fabriquer et d'acheter des produits au Canada. Acheter canadien et privilégier la propriété publique est tout à fait logique. Mais la gauche a besoin d'une vision plus large de l'écosocialisme, combinant la propriété publique avec une planification démocratique et des normes environnementales progressistes.
Yves Engler, qui s'est porté candidat à la direction du NPD le 10 novembre, est très critique à l'égard du statu quo.
« Il est remarquable de constater à quel point notre système économique, qui concentre les richesses et détruit l'environnement, a été peu discuté dans les cercles du NPD », ajoutant que « remettre en question le capitalisme est plus important que jamais », a-t-il déclaré dans un éditorial publié sur rabble.ca.
Les économistes, qui s'intéressent à des questions telles que l'innovation et la productivité, analysent rarement la propriété publique sous l'angle environnemental. Une étude universitaire récente a révélé que les entreprises publiques peuvent être « plus innovantes que le secteur privé » et « n'ont pas d'effet négatif significatif en termes d'efficacité opérationnelle et de performance ». Un exemple : la société de télécommunications publique de la Saskatchewan (SaskTel) rivalise avec succès avec les opérateurs privés en louant ses antennes-relais et ses réseaux de fibre optique.
Dans l'ensemble, cependant, le Canada est loin derrière la plupart des pays en matière d'utilisation créative des investissements publics, par exemple en permettant à nos fonctionnaires de diriger des entreprises qui sont en concurrence sur le marché. Une adhésion obstinée au dogme néolibéral (déréglementation, privatisation, libre-échange) contribue à la baisse de notre productivité.
De nombreuses sociétés d'État fédérales prospères ont disparu lors de la vague de privatisations des années 1980 : Air Canada, Petro-Canada, Canadair, de Havilland Canada, Teleglobe, Connaught Labs, etc. Les gouvernements provinciaux ont également vendu des sociétés publiques rentables. La Saskatchewan a privatisé SaskOil and Gas et PotashCorp dans les années 1980. L'Alberta a privatisé les magasins d'alcool en 1993, la Saskatchewan en 2023. L'Ontario procède de manière fragmentaire.
Pour inverser cette tendance, il faut une vision à long terme du contrôle public majoritaire de secteurs clés tels que le logement, l'alimentation, l'exploitation minière, l'énergie, la sylviculture, la pêche et les transports.
Outre le contrôle public majoritaire, une société écosocialiste confierait le pouvoir décisionnel sur les activités économiques aux communautés locales et autochtones. Les projets devraient être écologiquement durables pour bénéficier d'un soutien.
Avec la durabilité écologique comme moteur de la prise de décision, des changements majeurs auraient lieu, en particulier dans les secteurs de l'agriculture et de l'énergie. Par exemple, l'agriculture industrielle serait remplacée par l'agriculture régénérative, les combustibles fossiles et nucléaires seraient progressivement éliminés, les énergies renouvelables seraient développées et des normes strictes en matière d'efficacité énergétique et de conservation seraient mises en place.
Enfin, on ne saurait trop insister sur l'importance des terres publiques. La fin du programme fédéral des pâturages communautaires en 2012 a été une grande perte. Malheureusement, les parcs nationaux urbains semblent progresser lentement. Une société saine doit protéger et préserver des espaces naturels sains, des lieux où toutes les espèces, et pas seulement les humains, peuvent s'épanouir.
La nature est un élément clé de notre identité en tant que Canadien·nes. Nous devrions tous être fièr·es d'être les gardien·nes de nos terres et de nos eaux, en partenariat avec les peuples autochtones qui en prennent soin depuis des temps immémoriaux. La gestion responsable de la nature peut aller de pair avec de solides principes socialistes.
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Bloc québécois, Gaza, demi solidaire ?
Dans le fracas d'une guerre qui ravage Gaza depuis plus de deux ans, alors que les bilans humains atteignent des sommets effroyables, la présence du Bloc au sein du groupe interparlementaire Canada Israël laisse une empreinte lourde, bien plus lourde que ce que ses dirigeants semblent vouloir admettre. À force de ménager la chèvre et le chou, le Bloc québécois s'installe dans une zone trouble où le malaise devient plus que palpable.
Il s'agit pourtant d'une évidence. Les chiffres s'accumulent, les ruines s'étendent, les vies palestiniennes disparaissent dans un silence qui glace la conscience. Les organisations internationales parlent de crimes de guerre, plusieurs chercheurs et juristes évoquent un génocide, et les témoignages venus du terrain décrivent un peuple écrasé sous les bombes et la faim. Dans un tel contexte, on peine à comprendre ce qui pousse un parti qui se veut humaniste à demeurer présent dans un groupe interparlementaire dont l'objet même est lié à un gouvernement responsable de cette situation.
La difficulté devient choquante quand on observe l'ampleur de cette participation. Entre 19 et 21 députés bloquistes sur 22 figurent parmi les membres de ce groupe. Presque tout le Bloc. Une telle proportion entretient inévitablement l'impression d'un appui tacite, même si le parti se défend de toute adhésion aux actions de l'État israélien. En politique, les impressions sont parfois plus fortes que les faits, et il est impossible de balayer cette réalité d'un simple revers de main.
Il serait injuste de prétendre que le Bloque soutient les bombardements ou ferme les yeux sur la tragédie palestinienne. Ses déclarations publiques réclament un cessez le feu, dénoncent les violations du droit international et appellent à la création d'un État palestinien. Ces prises de position sont claires et importantes. Pourtant, elles se heurtent à cette contradiction silencieuse mais tenace. Comment concilier une condamnation des crimes commis à Gaza avec une participation active à un groupe parlementaire dédié à des liens d'amitié avec le pays qui en porte la responsabilité. Parmi les députés israéliens qui font partie du groupe, combien font-ils partie de l'actuel gouvernement d'Israël que l'histoire jugera comme génocidaire ?
Cette contradiction nourrit un trouble profond. L'opinion publique la perçoit. Les militants pro palestiniens la dénoncent. Les citoyens qui attendent du Bloc une voix ferme et cohérente en matière de droits humains ne comprennent pas ce double mouvement qui ouvre la porte à toutes les interprétations.
La question se pose alors avec une gravité nouvelle. Que cherche le Bloc québécois en maintenant sa présence dans ce groupe ? Veut-il préserver une image auprès de certaines communautés juives du Canada ? Tente t-il d'éviter les foudres du lobby sioniste bien implanté dans les cercles politiques d'Ottawa ? Ou alors présume t-il que sa position ambigüe reflète celle de l'opinion publique québécois ? Mais surtout, pourquoi autant de députés du Bloc sentent-ils le besoin de faire partie de ce groupe ?
Lorsque j'ai posé la question directement au chef du Bloc, il n'a pas répondu directement. J'ai senti plutôt un malaise, « Je suis hostile tant aux terroristes qu'aux criminels de guerre », une phrase qui rappelle tristement les discours prudents et interchangeables des dirigeants occidentaux qui, depuis deux ans, refusent de prendre la pleine mesure de la catastrophe humanitaire à Gaza. Certains états comme le Canada, continuaient à autoriser les livraisons d'armes à Israël en plein génocide. Cette réponse ne ressemble pas à Yves François Blanchet. Elle manque de souffle, de conviction, de cette netteté morale qui devrait guider tout chef politique face à l'injustice.
C'est dommage. Je fais partie de ces Québécois qui ont vu en lui un dirigeant mûri par l'expérience, capable de finesse politique et surtout de courage. Je crois encore qu'il peut assumer une position forte, claire, sans équivoque. Une position qui ne craint ni les pressions ni les tensions, ni les diatribes que provoque la dénonciation d'un pays allié du Canada. En tant que souverainiste, je m'attends de lui et de son parti plus de courage, de cohérence et un sens de l'histoire.
Le courage politique ne consiste pas à répéter les formules convenues, mais à dire ce que tant redoutent de dire. Les victimes palestiniennes n'attendent pas des nuances diplomatiques. Elles attendent une parole nette. Une solidarité sans détours. Elles attendent de nous un geste de dignité humaine. Elles attendent de nous d'être des souverains déclarés de nos positions en solidarité entière avec les peuples qui aspirent aussi à leur souveraineté. Laissons les demi solidarités aux demis politiciens.
Courage Yves François. Le moment exige plus que des équilibres. Il exige une voix sans aucune ambiguïté. Une voix qui reconnaît la souffrance où elle se trouve et qui refuse de la voir à moitié.
Mohamed Lotfi
12 Décembre 2025
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Nature Québec demande le retrait du projet de loi 5
Nature Québec demande le retrait du projet de loi no 5, Loi visant à accélérer l'octroi des autorisations requises pour la réalisation des projets prioritaires et d'envergure nationale. Selon l'organisation environnementale, la « loi Q-5 » est une atteinte directe aux principes démocratiques du Québec et prive la population québécoise de son droit de participer aux décisions cruciales pour son avenir collectif.
« Ce projet de loi est l'aboutissement d'une année marquée par un recul démocratique inédit au Québec. Il s'ajoute à une liste alarmante de mesures législatives qui fragilisent l'État de droit et qui écartent nos garde-fous de protection de l'environnement et de la population. Il donne des pouvoirs démesurés au ministre des Finances au détriment de nos institutions démocratiques essentielles », affirme Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
Nature Québec déplore particulièrement que les promoteurs pourront réaliser des travaux préparatoires qui risquent de détruire des milieux naturels avant même de recevoir les autorisations nécessaires. L'organisme s'inquiète aussi de voir le BAPE muselé, alors qu'il ne pourra pas recommander la non-réalisation du projet même si les impacts sociaux et environnementaux sont majeurs pour le milieu d'accueil.
« Ce n'est pas dans la paperasse qu'on coupe, mais dans la protection légale de la population et du territoire québécois. Cette tentative d'accélérer le développement industriel et d'infrastructures risque d'aboutir à des projets mal ficelés, sans acceptabilité sociale, et dont les impacts sur la santé de la population et des écosystèmes ne seront connus que trop tard. Personne n'en sortira gagnant », conclut Mme Simard.
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Le choix des consommateurs
Quelle ne fut pas ma surprise de lire dans la rubrique « Forum » du Courrier de Saint-Hyacinthe qu'un analyste du Consumer Choice Center nous réprimande parce que nous nous questionnons au sujet du taux anormalement élevé de pesticides dans l'eau potable de Saint-Hyacinthe.[1]
Après 2 lettres ouvertes de ma part traitant de ce sujet [2] et une de M. Renard, voilà que M. Wirtz, du Luxembourg, minuscule pays aux confins de l'Allemagne et de la France, prend la peine d'envoyer un message de l'autre côté de l'Atlantique pour répondre à une « opinion du lecteur » dans l'hebdo d'une petite ville de 60 000 habitants. Bizarre !
Selon M. Wirtz, l'Europe « est le seul bloc réglementaire au monde qui applique systématiquement le « principe de précaution » à sa réglementation alimentaire ». Un lien YouTube va dans le même sens.[3] Ici comme ailleurs, s'opposer au principe de précaution me semble téméraire ; mon père disait souvent « mieux vaut prévenir que guérir ». En tapant « Consumer Choice Center » dans un moteur de recherche, j'apprends que cette organisation reçoit des fonds des transnationales du tabac et qu'elle s'oppose aux réglementations qui limitent l'utilisation du tabac aux États Unis et dans l'Union européenne.[4] Y aurait-il un lien entre une organisation qui s'oppose à une réglementation sévère contre le tabac et l'utilisation de pesticides sans égard pour le principe de précaution ?
Selon le « Climate Disinformation Database » de DeSmog Blog, le Consumer Choice Center (CCC) proclame qu'il veut donner plus de pouvoir (to empower) aux consommateurs de la planète. Mais pour une organisation qui prétend vouloir aider les consommateurs, il est difficile de comprendre pourquoi elle ne recueille pas des fonds du public, alors qu'elle accueille à bras ouverts les dons des grandes corporations et des magnats du pétrole.[5] Mais ce n'est pas le seul secteur où le CCC s'implique. Dans la Chronique Agora du 8 septembre 2022, M. Bill Wirtz signe un texte où il est écrit : « L'Europe et les États-Unis devraient mettre en veilleuse toutes leurs ambitions en matière de climat, raffiner davantage de pétrole et coopérer pour l'acheminer rapidement et efficacement. »[6]
Quel est le lien commun entre les cigarettiers, les manufacturiers de pesticides et l'industrie pétrolière ? Ce dénominateur commun semble être la réglementation qui met des balises aux utilisateurs de produits néfastes pour la santé des êtres vivants et de la planète. Et le Consumer Choice Center s'oppose farouchement à toute réglementation qui serait basée sur le principe de précaution.
Certes, le principe de précaution est un geste politique qui impose des balises aux manufacturiers et aux utilisateurs de produits dangereux pour la santé. Oui, j'avoue, ces balises peuvent avoir des effets négatifs sur la marge de profit. Mais quel est le coût d'un cancer ? Ce n'est pas une statistique dans une colonne de chiffres ; c'est lorsque que ton médecin s'assoit derrière son bureau, te regarde droit dans les yeux et t'annonce un diagnostic qui met ton existence en jeu !
Pendant des décennies, les cigarettiers ont farouchement nié le lien entre le tabac et le cancer du poumon ; en fin de compte, ce lien a été prouvé sans équivoque dans les cours de justice sur la base de données scientifiques indiscutables. Le 27 octobre dernier, le Washington Post publiait un article de fond faisant ressortir une statistique troublante. Les six États du « corn belt » ont un taux anormalement élevé de cancers chez les moins de 50 ans. Les citoyens de ces six États producteurs de céréales utilisent plus de glyphosate et autres pesticides que le reste des USA.[7] De plus, le puissant lobby des pesticides entretient souvent une relation très discutable avec les agences gouvernementales.[8] Malgré l'opposition acharnée des Monsanto de ce monde, est-ce que le lien entre pesticides et maladies graves est en train de devenir aussi solide que dans le cas des cigarettes ?
Le Consumer Choice Center affirme qu'il milite pour que les consommateurs aient le choix. N'en déplaise à M. Wirtz, pour faire un choix éclairé, le citoyen doit connaître tous les avantages et inconvénients, sinon il joue à la roulette russe. Une réglementation fondée sur le principe de précaution, mais qui devrait être encore plus sévère, limite inadéquatement la quantité de pesticides qui se retrouvent dans notre eau potable. M. Wirtz peut-il nous dire si les 60 000 citoyens de Saint-Hyacinthe ont le choix de boire, ou non, l'eau qui sort du robinet et qui contient des produits possiblement cancérigènes ?
Si M. Wirtz veut nous faire l'honneur de traverser l'Atlantique pour nous visiter en terre maskoutaine, je lui offrirai un verre de « Yamaska frappée » avec une cigarette. Il aura le choix, d'accepter ou de refuser mes cadeaux. Après tout, il faut bien mourir de quelque chose !
Gérard Montpetit
La Présentation, Québec.
Le 8 décembre 2025
1] https://lecourrier.qc.ca/pesticides-le-probleme-des-normes-europeennes/
2] https://rveq.ca/replique-opinions/la-question-de-la-semaine-en-priode-lectorale
3]https://youtu.be/WQLVoZxZ29Q?si=Ec3kRlwE1xGOBaTH
4]https://www.tobaccotactics.org/article/consumer-choice-center/
5] https://www.desmog.com/consumer-choice-center/
7] https://www.washingtonpost.com/health/2025/10/27/young-cancer-iowa/
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Voici pourquoi les féministes s’opposent au PL1
Tout comme la FFQ et de nombreux organismes, nous demandons le retrait complet du PL1et l'ouverture d'un véritable processus constituant Jusqu'au 17 février, les organismes sont invités à appuyer la déclaration de la société civile contre le PL1 et à signer la pétition pour le retrait de l'article 29 portant sur l'avortement. Pour plus d"infos, on recommande vivement de visionner cette capsule. (source : CQMMF)
Tiré de l'infolettre de L'R des Centres de Femmes
Le Nouvel R 10 décembre 2025
La CQMMF déplore que ce projet de loi pose de sérieux enjeux quant à sa légitimité tout en menaçant nos droits :
– En affaiblissant les mécanismes de protection des droits, le PL1 ouvre la porte à des reculs en justice reproductive, incluant l'accès à l'avortement, qui pourrait devenir plus vulnérable aux décisions politiques.
– Le PL1 menace aussi les droits des peuples autochtones, en permettant au gouvernement d'imposer un cadre juridique unilatéral qui ignore leur souveraineté, leurs traités et leur autodétermination.
– Il permettrait aussi au gouvernement d'accroître le pouvoir du parlement tout en neutralisant les mécanismes de contre-pouvoir existants : tribunaux, organismes de défense des droits, société civile.
– Concrètement, certaines lois pourraient être protégées afin de préserver « la nation québécoise », ce qui empêcherait des organismes publics financés par des fonds publics de les contester ; leurs administrateurices pourraient même être poursuivi·es.
Tout comme la FFQ et de nombreux organismes, nous demandons le retrait complet du PL1et l'ouverture d'un véritable processus constituant Jusqu'au 17 février, les organismes sont invités à appuyer la déclaration de la société civile contre le PL1 et à signer la pétition pour le retrait de l'article 29 portant sur l'avortement. Pour plus d"infos, on recommande vivement de visionner cette capsule. (source : CQMMF)
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Un Noël festif et féministe mais dans un contexte de montée de la droite
Le comité des femmes de Québec Solidaire de la région de Québec a organisé le 14 décembre un Noël festif et féministe à la Brasserie La Korrigane. Cette activité du comité des femmes se veut un événement festif tout en tenant compte des débats qui se tiennent dans le mouvement féministe.
L'année dernière, les élections de Trump aux États-Unis et sa pluie de décrets, en particulier contre les femmes et les personnes appartenant à la diversité de genre, avait décidé le comité des femmes à supprimer de son annonce le mot « festif ».
Cette année, le mot festif faisait partie de la thématique même si le contexte de la montée de l'extrême droite demeure d'actualité.
Un cabaret féministe, c'est quoi ?
Le comité des femmes organise trois cabarets par année. Un pour l'Halloween (le cabaret des sorcières), un pour Noël (le Noël festif) et un pour le 8 mars.
C'est ainsi que le comité des femmes tient à agir dans la mouvance féministe car les cabarets sont d'abord un <lieu de confiance> qui ne tolère aucune parole ou geste de violence ou de mépris.
Ces cabarets sont des lieux d'expression permettant aux femmes présentes de témoigner, de se confier, de parler au micro ouvert prévu lors des événements.
Enfin, ils offrent une belle visibilité à Québec Solidaire sur les questions féministes. Cela ouvre une vitrine pour une participation des militantes et militants de Qs et des mouvements sociaux mais aussi pour la population en général intéressée à connaître Qs sous un angle plus social.
Le Noël festif de 2025
L'après-midi a débuté par un mot de bienvenue d'Amélie Dubé Lambert expliquant la nature de la rencontre et posant le contexte politique général.
Cette entrée en matière fut suivie par une présentation sur la tuerie de Polytechnique en 89 avec la lecture d'un texte de Alix Parent au coeur duquel il y avait le poème suivant :
Poly
Elles sont quatorze
Nous sommes chacune.
Elles ont reçu une balle
Sans avoir le temps de réaliser, d'avoir mal.
Nous, nous avons reçu insultes, gifles,
Avec trop de temps pour sentir le vide.
Paralysées par la peur ou mortes
C'est la main, c'est la balle.
C'est le mépris de la même sorte
Du père, du mari ou de l'amant jaloux qu'importe.
Mais surtout pas simple acte de malade.
Non la semence a été longtemps cultivée
La haine en est le fruit rouge sang.
La violence : cette sève goutant amèrement
Et le pouvoir : ces racines si entremêlées.
Et vous voulez par vos mains, par vos balles
Lentement ou rapidement
Sournoisement, subitement, ou violemment
Nous faire goûter ce mal ;
Implanter dans nos cœurs cette obéissance ?
Mais notre silence et notre consentement
À toutes fins et pour longtemps
Vous ne l'aurez
Et de la société et de nos vies
Déraciner, couper, brûler
À jamais cet arbre maudit.
Et avec nos bras, nos cœurs, solidarité
Nos sifflets, notre ardeur, solidarité
Nos clés, nos pieds
Riposter comme collectivité, solidarité
Elles ont été quatorze
Nous serons toutes
11-12-89
Deux prestations artistiques ont eu lieu durant l'événement : une lecture de Flavie Dufour portant sur l'avortement et deux slams de Véronica Rioux parlant de violence et de neuro-diversité.
Des personnes députées ont aussi tenu à faire leurs voeux pour 2026 : Manon, Ruba, Sol, Étienne, Guillaume, Harroun et Alejandra ont toutes et tous mentionné la montée de la droite et les temps difficiles qui s'annoncent pour 2026. Mais elles et ils ont aussi parler d'espoir, de lumière....et des élections en 2026.
L'activité boules de Noël a permis aux personnes présentes d'exprimer sur des boules de papier leurs voeux pour 2026 et de les accrocher à un sapin de papier....un sapin qui a connu les changements climatiques...
L'activité micro ouvert, quant à elle, a permis d'entendre des témoignages exposent des faits de vie mais qui ont tous exprimé dans le concret de grandes thématiques du mouvement des femmes : maternité, violences contre les femmes sous toutes les formes, viols, suicide, politiques néolibérales des gouvernements actuels, lien mère-fille. Un moment riche de vécu, d'émotions et d'expression libre.
Les chansons des Amères Noëlles (groupe créé durant le Sommet des Amériques en 2001 et qui prend des chansons connues en modifiant les paroles pour leur donner un contenu politique) ont mis de l'enthousiasme dans l'air. Les gens présents ont chanté, tapé des mains et tambouriné sur les tables.
Pour terminer, le cercle de lecture du comité a fait connaître ses activités et a procédé au tirage de prix de présence : toute une variété de livres féministes nouvellement parus.
Et nouveauté, cette année, l'artiste visuelle VYK a peint durant tout le cabaret une oeuvre, sous l'inspiration des témoignages. Le tableau a été tiré à la fin du cabaret. L'oeuvre était magnifique et Jacinthe, la gagnante de l'oeuvre, a fait bien des jalouses.
Une belle activité qui, cabaret après cabaret, rallie les gens, porte un discours politique et féministe, permet une visibiité de Qs sur les questions femmes et, surtout, fait du bien au coeur.
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6 décembre : voici pourquoi le Canada doit reconnaître le crime de féminicide
Cela fait 36 ans que le massacre de 14 jeunes femmes a eu lieu à l'École Polytechnique de Montréal. Un homme les a abattues parce qu'elles étaient des femmes. Qualifié d'acte « violent de misogynie » par le gouvernement fédéral, ce massacre n'a pourtant jamais été officiellement qualifié de féminicide au Canada, malgré sa reconnaissance mondiale. Des femmes et des filles continuent d'être tuées tous les deux jours au pays, très majoritairement par des hommes. Et les chiffres continuent d'augmenter.
Tiré de The conversation.
La majorité de ces meurtres sont des féminicides, selon le cadre statistique des Nations unies pour mesurer les meurtres de femmes et de filles liés au genre. Le féminicide est défini de manière générale comme le meurtre d'une femme ou d'une fille en raison de son sexe ou de son genre.
Un balado qui pour dénoncer
Pour ces raisons, l'Observatoire canadien sur les féminicides pour la justice et la responsabilité (CFOJA) a lancé son balado « Too True Crime » le 25 novembre 2025, soit la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le balado met en lumière les histoires de 580 femmes et filles tuées par des hommes dans des cas de féminicide depuis 2020.
Il ne tient compte que des cas où les informations disponibles indiquaient qu'il s'agissait d'un féminicide. Certains cas ont pu échapper à l'attention des autorités et rester sous le radar. Mais depuis le lancement de l'Observatoire en 2018, on a recencé plus de 1 100 femmes et filles tuées par des hommes.
Une partie des appels à l'action du balado comprends une pétition demandant au Canada de reconnaître officiellement le crime de féminicide et de l'inclure dans le Code criminel.
Les lois contribuent à apporter des changements
L'Italie est le dernier pays sur une trentaine dans le monde à avoir créé une infraction distincte de féminicide dans sa législation nationale.
Cette approche a ses détracteurs. Ils affirment :
– Elle ne met pas l'accent sur la prévention ;
– Elle ne s'attaque pas à la culture qui favorise le féminicide ;
– Elle peut avoir des conséquences imprévues ;
– Il est difficile de parvenir à un consensus sur la définition du féminicide ;
– Elle n'a pas réduit le nombre de féminicides.
Mais la criminalisation par opposition à la prévention n'est pas une question de choix entre l'un ou l'autre.
Les lois constituent un élément clé d'une approche de santé publique en matière de prévention de la violence. Les lois nationales sur les féminicides s'accompagnent généralement de programmes de prévention, de formations destinées aux forces de l'ordre et de campagnes de sensibilisation du public. La loi italienne, par exemple, prévoit des mesures plus sévères contre les crimes sexistes tels que le harcèlement obsessionnel et la pornographie vengeresse.
Les lois ne constituent pas des réponses isolées. Elles ne sont qu'une partie des réponses multisectorielles à un problème social qui doit inclure le suivi des processus de mise en œuvre et des résultats.
Changer les lois peut changer les cultures
En Italie, certaines militantes féministes se sont plaintes que la loi n'allait pas assez loin, notamment en matière de changement culturel. Au Canada, une avocate féministe suggère qu'il faudrait peut-être « repenser radicalement » toute la question plutôt que de créer une nouvelle infraction dans le Code criminel.
Mais qualifier ce crime de « féminicide » — un terme spécifique au sexe ou au genre — constitue en fait une remise en question radicale dans un climat de neutralité qui masque trop souvent le fardeau disproportionné que supportent les femmes et les filles dans certaines formes de violence masculine.
Les réponses apportées par les États à travers leurs lois reflètent les valeurs culturelles. À l'heure actuelle, ces valeurs considèrent le féminicide comme un problème individuel plutôt que comme le résultat de structures et de processus sociaux fondés sur des inégalités profondément enracinées.
Une loi sur le féminicide reconnaîtrait que la violence masculine envers les femmes et les filles est systémique et nécessite un changement d'attitude dans les valeurs culturelles du Canada.
Aider les femmes et les populations marginalisées
Les lois visant à protéger les femmes peuvent avoir des conséquences imprévues, comme le montre le cas de l'obligation de poursuites judiciaires en cas de violence conjugale. Elle impose à la police de porter plainte si elle a des motifs raisonnables de croire qu'une agression a eu lieu. Et les lois non sexistes peuvent nuire aux femmes, en particulier lorsqu'elles sont appliquées dans un environnement sexiste et raciste.
C'est pourquoi le Canada doit inclure le féminicide dans son Code criminel. Le féminicide n'est pas neutre du point de vue du genre, et le reconnaître officiellement permettra de définir comment et pourquoi les femmes sont tuées par des hommes, ce qui est essentiel pour une prévention efficace.
Une loi sur le féminicide ne vise pas à alourdir les peines, mais à garantir que les accusations, les condamnations et les peines soient appropriées et que les auteurs soient tenus responsables dans les meurtres de femmes et de filles de tous horizons.
Il est possible de parvenir à un consensus
Le Canada doit parvenir à un consensus sur la définition du féminicide et en identifier clairement les éléments constitutifs.
Tous les pays dotés de lois sur le féminicide sont parvenus à un consensus, même si tous ne l'ont pas défini de la même manière. Cependant, les protocoles types et des lois types sont disponibles pour les pays qui envisagent d'inclure le féminicide dans leur législation nationale et leur code pénal.
Certaines recherches suggèrent que les lois sur le féminicide sont inefficaces. Elles n'ont pas permis de réduire le nombre de cas. Mais d'autres soulignent que les lois sur le féminicide ont renforcé la responsabilité et amélioré le signalement, la protection des survivantes et la sensibilisation à toutes les formes de violence sexiste.
Les effets variables d'une loi dépendent du contexte, notamment de qui la connaît, de sa clarté et de sa concision, et de la réactivité des personnes responsables de l'appliquer.
Les lois sur le féminicide ne suffiront pas à elles seules à réduire immédiatement le nombre de femmes tuées par des hommes ou victimes d'autres formes de violence sexiste. Peu de lois ont ce pouvoir. Le principal défi consiste à déterminer si et comment une loi sur le féminicide sera mise en œuvre.
Une réponse de l'ensemble de la société
Les lois sur le féminicide visent la prévention et peuvent changer notre culture. Elles pourraient venir en aide aux femmes et aux filles, en particulier celles dont la vie et la mort sont aujourd'hui marginalisées et ignorées.
Comme beaucoup d'autres pays, le Canada peut parvenir à un consensus sur la définition du féminicide et élaborer une loi qui conduira à des changements significatifs. Mais cela nécessite des consultations proactives, une volonté politique et des dirigeants à l'écoute.
Les 580 récits présentés dans Too True Crime démontrent clairement et sans ambiguïté que la vie des femmes et des filles en dépend.
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La loi 14 ne passera pas la rampe des tribunaux – on vous explique pourquoi
Au lendemain de son entrée en vigueur, la CSN a déposé une demande de pourvoi en contrôle judiciaire qui vise à faire déclarer inapplicable, invalide et inopérante la Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out. Complètement en porte-à-faux du droit québécois, canadien et international, cette loi doit être déclarée inconstitutionnelle par la Cour supérieure, estime la CSN.
Tiré de l'Infolettre de la CSN En Mouvement
11 décembre 2025
Le ministre Boulet l'admet d'emblée : sa nouvelle loi vise à élargir la notion de « services essentiels » afin que le Tribunal administratif du travail (TAT) s'éloigne d'une interprétation trop restrictive des limitations pouvant être apportées au droit de grève. « Il faut penser à de nouveaux critères de détermination de ce qui constitue un service à maintenir [lors d'un conflit de travail] », exprimait-il quelques semaines avant de déposer son projet de loi 89, sanctionné depuis comme loi 14.
Ces nouveaux critères, la loi 14 les définit ainsi : des services devront être « minimalement requis pour éviter que ne soit affectée de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale, notamment celle des personnes en situation de vulnérabilité. »
Il s'agit d'un virage à 180 degrés, y compris pour Jean Boulet lui-même : en 2019, lors du dépôt de son projet de loi 33, rendu nécessaire pour corriger les balises au droit de grève du secteur public à la suite de l'arrêt Saskatchewan de la Cour suprême, le ministre du Travail avait à l'époque déclaré que seule « la protection de la santé ou de la sécurité publique » devait être retenue comme critère général acceptable pouvant entraver le droit de grève, dorénavant hissé au statut de droit fondamental.
Le ministre avait raison… en 2019
Car c'est bien de cela dont il s'agit, souligne à grands traits la contestation juridique de la CSN : non seulement l'arrêt Saskatchewan identifiait clairement les seules limites acceptables au droit de grève (la santé et la sécurité de la population ; une urgence nationale extrême ; ou encore à l'endroit de salariés de la fonction publique qui exercent un pouvoir au nom de l'État), celles-ci sont également reconnues par le droit international comme étant les seules restrictions admissibles.
Sur ce plan, le droit de grève constitue un droit fondamental au sens de la convention no 87 de l'Organisation internationale du travail, un traité ratifié par le Canada, stipule le pourvoi en contrôle judiciaire, qui rappelle que la Cour suprême a reconnu, à plusieurs reprises, l'importance de respecter le consensus international en matière de liberté syndicale.
En fonction du principe de présomption de conformité au droit international, le gouvernement du Québec ne peut se placer en contravention avec ses obligations à l'égard des autres États et des organisations internationales, rappelle la CSN dans son recours.
D'autant plus que la Cour suprême et le droit international reconnaissent que, lorsque des restrictions au droit de grève sont possibles en regard des trois critères mentionnés plus haut, les balises se doivent d'être serrées. Non seulement l'objectif (la santé ou la sécurité de la population, par exemple) doit être suffisamment important pour justifier l'atteinte à un droit fondamental, mais les moyens adoptés doivent être soigneusement conçus pour atteindre l'objectif en question. En ce sens, les mesures ne doivent être ni arbitraires, ni inéquitables, ni fondées sur des considérations irrationnelles. Et, si un tel lien rationnel entre l'objectif et les moyens existe, ces derniers doivent être choisis de façon à porter « le moins possible » atteinte au droit de grève.
À la lecture de cette loi qui vise à éviter que ne soit affectée « de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale, notamment celle des personnes en situation de vulnérabilité », force est de constater que la loi s'appuie sur « une définition très large référant à des concepts encore plus larges et peu juridiques », pourfend le recours juridique de la CSN.
Mais d'ici à ce que cette loi soit invalidée, le TAT devra l'appliquer… et rendre des décisions qui sont contraires à la jurisprudence établie par l'arrêt Saskatchewan, s'inquiète la CSN.
Sur l'arbitrage de différends obligatoire
En plus des services minimalement requis pour assurer le bien-être de la population, un deuxième mécanisme de la loi 14 pourrait difficilement passer le test de la Cour suprême : le pouvoir que s'accorde le ministre de mettre fin à une grève, par simple décret, s'il estime que celle-ci « cause ou menace de causer un préjudice grave ou irréparable à la population ». Dans de telles situations, aux contours des plus flous, le ministre pourrait alors imposer un arbitrage pour se substituer à la négociation.
Qu'elle soit québécoise, canadienne ou internationale, la jurisprudence est claire : lorsqu'un droit fondamental est entravé, le mécanisme de rechange se doit d'être juste, adéquat, indépendant et impartial, précise le recours de la CSN. Ici, l'arbitrage n'est pas imposé par un tiers neutre et impartial, mais bien par un ministre dans l'exercice d'un « pouvoir discrétionnaire fort peu encadré » qui court-circuite les processus habituels et démocratiques d'adoption d'une loi.
Aux yeux de la jurisprudence, l'arbitrage obligatoire ne peut s'avérer un substitut valide puisqu'il « sera toujours à l'avantage de la partie patronale, il aura pour effet de briser tout le rapport de force d'un syndicat, l'empêchant d'obtenir des gains », précise le recours de la CSN en Cour supérieure.
Un effet paralysant sur toutes les négociations
L'impact de cette possibilité d'être visé par un décret créera un effet paralysant sur toutes les négociations : nombre de syndicats seront confrontés à la possibilité toujours latente de voir sa grève être complètement arrêtée. Une véritable épée de Damoclès pour les syndicats qui voudraient envisager la grève dans la construction de leur rapport de force.
Pour la CSN, la loi 14 constitue une politisation sans fin de l'exercice d'un droit fondamental, où les grèves les plus impopulaires seront jetées à la vindicte populaire.
Cette possibilité d'adopter un décret à tout moment introduit une grande part d'arbitraire dans le droit à la négociation collective, souligne le pourvoi en contrôle judiciaire.
Et l'indépendance des tribunaux, dans tout ça ? Qu'arrivera-t-il lorsque le ministre, insatisfait d'une décision du TAT sur les services essentiels, décidera d'assujettir le même syndicat aux services minimalement requis pour assurer le bien-être de la population ?
Pour la CSN, il s'agit clairement d'un « droit d'appel détourné dans les mains du ministre », qui risque de mettre à mal la stabilité des décisions du TAT.
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Les contre-pouvoirs dans la ligne de mire
À l'occasion du bureau fédéral de la FNCC–CSN, tenu le 29 novembre 2025 à Montréal, Louis-Philippe Lampron, professeur titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval, s'est entretenu avec les délégué-es sur les attaques du gouvernement envers les contre-pouvoirs et le régime qui protègent les libertés fondamentales.
Tiré de l'Infolettre de la CSN En mouvement
10 décembre 2025
« Il y a un fil rouge qui lie les projets de loi 1, 2, 3, 7 et 9. La CAQ complexifie la possibilité de s'opposer à la légalité de l'action gouvernementale, et ce, dans tous les secteurs », affirme l'expert d'entrée de jeu.
Selon M. Lampron, le gouvernement fait deux choses. Par sa constitution, il tâche de limiter la capacité des tribunaux à interpréter les droits et libertés de la personne. En faisant en sorte que lorsque c'est l'Assemblée nationale « qui parle », les tribunaux ne peuvent intervenir pour remettre en cause les choix établis par l'institution. Ensuite, à travers ses projets de loi, le gouvernement caquiste s'attaque concrètement à la capacité des groupes de la société civile et des organisations publiques indépendantes de contester des lois.
Dans un État de droit comme le nôtre, nul n'est au-dessus de la loi, pas même le gouvernement. Ainsi, il existe des contre-pouvoirs pour ramener à l'ordre un gouvernement qui part en roue libre : les tribunaux, la société civile – dont les syndicats –, les organismes indépendants, les citoyennes et citoyens – par des manifestations et des pétitions par exemple –, les médias et les partis de l'opposition.
Les contre-pouvoirs viennent protéger les droits de la population. Dans la pyramide des lois, il y a tout en haut la Charte des droits et libertés de la personne. Les droits et libertés inscrits dans la charte priment donc sur toutes les autres lois. Avec ses nouveaux projets de loi, le gouvernement vient démanteler cette pyramide.
Inonder la zone
La stratégie de la CAQ est littéralement d'inonder la zone avec trop d'initiatives qui attaquent plusieurs groupes en même temps. Ce qui fait en sorte de forcer une division à la fois des journalistes – qui ne sont pas capables de tout couvrir – et des groupes qui sont attaqués. « Le grand problème, quand on inonde la zone, c'est qu'on prend chacune des initiatives isolément sans voir le portrait global de la situation », croit le professeur.
De plus, le gouvernement ajoute du bruit et du brouillard en accolant des titres racoleurs. Par exemple, le projet de loi 3 : Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail. « Qui n'est pas en faveur de la démocratie syndicale ? Je veux dire, c'est comme de la tarte aux pommes. Mais évidemment, entre cette étiquette “ d'appât ”, pour que le projet de loi passe bien dans les médias, et la capacité des syndicats à justement jouer leur rôle dans la société… il y a une marge épouvantable ! », prévient M. Lampron.
Des projets de loi liberticides
Lors de sa présentation, le professeur en droit a expliqué un par un les projets de loi liberticides afin de bien exposer les enjeux démocratiques en cause.
Avec le projet de loi 1, la « constitution caquiste » comme l'expert aime l'appeler, le gouvernement vient ici museler les contre-pouvoirs et affaiblir les libertés fondamentales.
Selon le Barreau du Québec, le projet de loi vient affaiblir le régime québécois de protection des droits fondamentaux, mettre à mal la séparation des pouvoirs et l'indépendance des tribunaux, soulever des enjeux constitutionnels importants et vient rouvrir le débat sur l'avortement. Rien de moins.
Mais ce qui choque le plus M. Lampron, c'est que le gouvernement normalise le recours à la disposition dérogatoire. Cette disposition permet aux législateurs de suspendre l'application des droits et libertés. En ce moment, au Canada, il y a une multiplication des recours à ces dispositions de dérogation. Par exemple, en Alberta, Daniel Smith a récemment cassé une grève et imposé un contrat de travail de quatre ans au personnel enseignant en utilisant une clause dérogatoire.
Avec le projet de loi 2, le gouvernement enlève le droit de négocier aux médecins en imposant un contrat de travail par une loi spéciale. Il met en place des mécanismes de surveillance « qui n'en finissent plus ».
« Au-delà de ça, il y a également des mesures qui interdisent de remettre en cause et de critiquer cette loi spéciale et tous ces mécanismes de surveillance. Ces mesures ne s'étendent pas seulement aux médecins, mais aussi à la grand-mère, aux voisins, à l'ami ou au prof d'université. Dans ces conditions, on ne pourra contester ce régime sans possiblement subir des sanctions pécuniaires », affirme M. Lampron.
Dans le projet de loi 3, le gouvernement érige des « haies », des obstacles, pour empêcher les syndicats d'agir dans l'espace public. Par exemple, pour contester une loi qui viendrait brimer le droit des travailleuses et des travailleurs, le syndicat devra consulter ses membres. Il faudra convoquer une assemblée générale et atteindre le quorum. Combien de temps ça prendra, organiser tout ça ? Combien ça coûtera ? Pour Louis-Philippe Lampron, ce sont des haies qui ralentiront et qui empêcheront les syndicats d'agir dans l'espace public. Mais selon lui, la principale source de difficultés concernant ce projet de loi, c'est l'idée selon laquelle le syndicalisme doit être enfermé dans une stricte case de relations de travail.
Le projet de loi 7 : Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires, vient fusionner et couper des institutions et des organismes importants à notre démocratie. « Ainsi, on limitera la protection contre la censure institutionnelle et on mettra fin à des obligations de reddition de comptes, préservées notamment par la Loi sur la liberté académique qui s'applique au milieu universitaire », souligne M. Lampron. Il ajoute : « C'est une perte sèche pour la nature démocratique des décisions gouvernementales. On a besoin de plus d'organismes avec de l'expertise, dans les différentes sphères où le gouvernement doit trancher, si l'on aspire aux meilleurs choix possibles et pas seulement à “ quelque chose ” qui se décide dans le bureau du premier ministre. »
Finalement, le projet de loi 9 vient, entre autres, étendre l'interdiction des signes religieux aux employé-es des centres de la petite enfance et interdire des pratiques religieuses dans l'espace public. Selon M. Lampron, c'est un cas classique de discrimination : « Parce que ceux qui vont subir les désavantages, ce sont les membres de groupes religieux minoritaires. »
De plus, le gouvernement « veut interdire les prières de rue au nom de la laïcité de l'État. On veut ainsi faire de la laïcité une valeur, ce qui la détourne de son sens », soulève Louis-Philippe Lampron. L'objectif de la laïcité, c'est d'assurer l'égalité et la liberté de tous les citoyens, croyants ou pas, et de toutes religions ou convictions, en garantissant la neutralité religieuse des institutions publiques et une séparation claire de l'État et de la religion.
Une mobilisation fondamentale
En plus de faire pression sur le gouvernement, M. Lampron croit qu'il faut « accentuer la pression politique exercée sur les partis de l'opposition, pour qu'ils s'engagent dès maintenant à abroger des initiatives de cette nature. Ils ne se mouillent pas assez. La manif du 29 novembre, ce n'était pas un soulèvement contre le projet de loi 3, c'était une manif contre les projets de loi 1, 2, 3, 7 et 9. Parce que c'est lié ensemble. Cette attaque-là, elle est tous azimuts. »
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Lettre ouverte | Vieillir dignement : une promesse que le Québec doit tenir
Vieillir dignement au Québec devrait être un droit, pas un luxe ou une promesse creuse. Pourtant, des milliers de personnes âgées vivent chaque jour dans l'attente, dans l'angoisse ou dans la solitude. Elles attendent qu'une place se libère, qu'une aide arrive, qu'un service reprenne. Elles attendent qu'on se souvienne d'elles.
Faute de places dans un centre d'hébergement public, combien de personnes aînées doivent s'éloigner dans la précipitation de l'endroit où elles ont tout bâti ? Combien de proches, souvent des femmes, s'épuisent à offrir des soins jour et nuit, sans soutien ni répit ? Combien de familles se saignent pour payer des résidences privées dont les coûts dépassent les 4 000 $ par mois, simplement pour assurer à leurs parents un repas chaud, un bain, une main tendue ?
La situation n'est guère plus rose pour celles et ceux qui souhaitent rester à domicile. Les soins et services se fragmentent, confiés à une multitude de sous-traitants privés dont la formation et la supervision n'est pas toujours adéquates. Les intervenant·e·s du réseau, quant à eux et elles, courent d'un domicile à l'autre, pris·es entre les formulaires, les contraintes et leur conscience professionnelle. Ces professionnel·le·s ont à cœur de bien faire, mais le système ne leur en laisse ni le temps ni l'autonomie - au détriment du lien de confiance qu'ils et elles tentent coûte que coûte de maintenir avec les personnes aînées et leur famille.
Vieillir, ce n'est pas disparaître. Ce n'est pas devenir un chiffre dans une liste d'attente ni une dépense à réduire. C'est continuer à faire partie du tissu vivant de notre société — à transmettre, à aimer, à exister pleinement. Heureusement, nous pouvons nous engager dans cette voie, ensemble. Nous pouvons construire un réseau public fort, universel, humain — où chaque personne aînée est respectée et entourée, et où chaque proche peut respirer, sachant que ses efforts sont soutenus, reconnus, partagés. Un Québec où vieillir serait synonyme de sécurité, pas de peur ; de sérénité, pas d'abandon.
Nous en appelons aujourd'hui à toutes les personnes qui se présenteront aux prochaines élections québécoises pour servir la population : vous avez le pouvoir — et la responsabilité — de transformer ce drame silencieux en véritable priorité nationale. Aurez-vous le courage de défendre un réseau public solide et accessible pour soutenir nos aîné·e·s ? Ferez-vous du vieillissement digne un objectif collectif plutôt qu'un fardeau individuel ? Serez-vous de celles et ceux qui choisiront la solidarité plutôt que l'indifférence, pour nos parents, nos grands-parents, et pour nous-mêmes demain ? C'est maintenant qu'il faut affirmer, ensemble, que la dignité des aîné·e·s doit être au cœur de notre projet de société.
Signataires
Robert Comeau, président de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Dre Julia Chabot, présidente de l'Association des médecins gériatres du Québec (AMGQ)
Pierre Lynch, président de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR)
Paul-René Roy, président de l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP)
Micheline Germain, présidente de l'AREQ - Le mouvement des personnes retraitées CSQ
Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)
Nathalie Déziel, directrice du Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal (RAANM)
Sylvie Tremblay, directrice générale du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU)
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