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Un Éditorial « pro-guerre » du Devoir (1) ou Quand « Ma-tante » Marie s’inquiète de l’image du Canada à l’International !

17 juin, par Mario Charland — , ,
C'est donc pas drôle d'arriver à une réunion des membres de l'OTAN avec seulement 1,37% de notre PIB consacré aux dépenses militaires ! Qu'est-ce que les autres vont dire ? (…)

C'est donc pas drôle d'arriver à une réunion des membres de l'OTAN avec seulement 1,37% de notre PIB consacré aux dépenses militaires ! Qu'est-ce que les autres vont dire ? Lucien Bouchard usait de la même rhétorique démagogique pour nous faire avaler l'« impérieuse nécessité » d'atteindre le déficit zéro à la fin des années 1990. Étant donné que les politiques de coupures et d'austérité budgétaires étaient dans l'esprit du temps, de quoi aurions-nous l'air si, au Québec, on ne suivait pas la tendance ?

C'est, à peu de chose près, la même attitude de « servage » que l'on peut observer avec des éditoriaux du même acabit que celui rédigé par Marie-André Chouinard dans Le Devoir du 12 juin dernier, éditorial qui fait office de position « officielle » du journal eu égard à la question des dépenses militaires canadiennes à propos desquelles Trump exerce son chantage habituel : « Le Canada ne pouvait plus contourner cet objectif en planant dans un espace d'utopie pacifique alors que le contexte géopolitique international, lui, bouillonne. » C'est moi qui souligne.

Le mot est lancé : « Utopie » ! Œuvrer à des relations internationales apaisées (autant que faire se peut), s'orienter vers des discussions diplomatiques afin de s'entendre, globalement, sur un désarmement à l'échelle de la planète, ne serait-ce que de façon progressive et asymétrique, tenir compte des intérêts contraires aux nôtres chez nos « ennemis », les mettre dans leur contexte géo-politique plutôt que les diaboliser en stigmatisant leurs leaders politiques, ce qui implique, en retour, de considérer nos propres intérêts comme non-absolus mais négociables, objet de pourparlers, c'est « utopique », c'est du rêve, c'est « planant ». Par contre, se lancer à corps perdu dans les dépenses militaires, ramper devant un néo-fasciste qui ne jure que par l'intimidation, les menaces de représailles en cas de refus d'obéir, qui s'affaire à installer, à l'échelle internationale, un climat de terreur, cela est rationnel, réaliste, raisonnable :

« Dans un contexte où il poursuit des négociations avec son homologue américain [ ], M. Carney pourra peut-être faire meilleure figure avec ce budget rehaussé. » Tous les journaux du monde occidental (Le Devoir y compris) vitupèrent contre l'administration Trump et ces méthodes illégales, anti-constitutionnelles, anti-démocratiques, déstabilisantes et menaçantes pour la paix et la pérennité de l'économie mondiales mais, au moment où il est possible de s'affirmer devant ce mégalomane qui ne respecte rien, Ma-tante Marie est d'accord qu'il faille faire profil pas, filer doux, le « flatter dans le sens du poil » parce que sinon, il va se fâcher et on va se sentir impuissant face à la colère du nouveau Roi Soleil.

La seule attitude juste, morale, rationnelle, la seule qui recèle une réelle probabilité d'avoir une certaine efficacité à plus ou moins long terme devant les provocations répétées de Donald Trump, c'est de lui faire face, de s'y opposer de toutes nos forces et de toutes nos capacités, le pousser dans ses derniers retranchements, le confronter à son délire et lui renvoyer son image en pleine figure afin qu'il contemple sa propre monstruosité. Quand Trump essuie un refus, quand il rencontre une opposition, qu'il est contrarié dans ses caprices d'enfant gâté et l'expression de ses pulsions infantiles, il devient « fou », il perd le contrôle, il fait n'importe quoi et cela finit par se retourner contre lui. Dans les circonstances actuelles, il faut axer nos réflexions, nos actions, nos décisions dans un cadre politico-psychanalytique (ou politico-psychiatrique si on préfère). Ce n'est pas des farces. Lorsqu'une situation socio-politique dérape, comme ce fut le cas dans les années 1930 en Europe, il faut penser au-delà du politique en tant que tel, il faut mettre à contribution d'autres expertises, d'autres expériences, il faut pouvoir considérer le problème sous plusieurs aspects, multiplier les angles d'approche afin d'adopter la meilleure stratégie, non pas pour tirer de façon « opportuniste » son épingle du jeu du chaos qui s'installe, comme nous le conseille Ma-tante Marie, mais pour éviter le pire et contribuer à ramener les rapports entre Nations, Peuples, sociétés dans un cadre rationnel et « relationnel ».

Autrement dit, il ne faut surtout pas entrer sur le terrain de Trump car là, on perd à coup sûr. Évidemment, cette solution implique une certaine « abnégation » de notre part sur le plan politique, social et économique au sens où il faut s'élever un tant soit peu au-dessus de la mêlée et adopter une vue d'ensemble qui exige que l'on mette nos intérêts à court terme entre parenthèses. Peut-être est-ce trop demander à nos politiciens et éditocrates (tous sexes confondus), incapables d'une telle grandeur d'âme et hauteur d'esprit parce que tout à fait incompétent-e-s en matière de géo-politique. En voici la preuve, si tant est qu'il faille encore dévoiler l'imposture de ceux et celles qui se prétendent « journalistes » :

« Mais le véritable meneur du jeu géopolitique est bien Vladimir Poutine, et une Russie qui gronde sur l'échiquier international. » C'est moi qui souligne. Affirmation conséquente étant donné la teneur d'une précédente, toute aussi désarçonnante « Pour plaire à Trump dans un monde où il tire quelques-unes des ficelles de la géopolitique actuelle, que ne ferait-on pas ? » C'est moi qui souligne.

C'est le monde à l'envers dans lequel une puissance moyenne comme la Russie, qui ne ferait pas le poids advenant une attaque de l'OTAN sur son territoire, a plus d'influence géopolitique que les États-Unis qui, à eux seuls, pourraient anéantir le monde entier tellement sa puissance de frappe se situe au-dessus de tous ses concurrents (la Chine y compris), même réunis, et que ses centaines de bases militaires, réparties partout sur la planète, sont prêtes à obéir aux ordres du Général en chef des armées américaines, à savoir le Président en personne. Quand on sait qui occupe ce poste à l'heure actuelle, les estimations de Ma- tante Marie sur l'état des forces en présence pourraient prêter à rire si la situation n'était pas aussi dramatique.

Pour couronner le tout de cette bouillabaisse faite d'erreurs de jugement, de désinformations, d'ignorance « crasse » concernant les véritables motifs des mouvements de troupes, des provocations de part et d'autre, des stratégies militaires qui s'élaborent en parallèle des négociations en haut-lieu, et qui nous coupe littéralement l'appétit tellement elle contient d'aliments incompatibles entre eux, un cafouillage d'ordre « logique » dans le va-et-vient discursif entre l'OTAN, les États-Unis, les dépenses militaires redirigées vers le Canada, la sécurité nationale, la Russie « impérialiste » et que sais-je encore. Essayons d'y voir clair : « Le Canada ne peut plus dépendre des États-Unis pour assurer sa défense […] » ; fort bien, jusque là ça va, rien à redire. Mais : « […] comme membre de l'OTAN, il doit contribuer au bouclier collectif que les membres de cette organisation devraient former pour faire face aux menaces. » Donc, si on comprend bien le raisonnement de Ma-tante Marie, il faut se déprendre de notre dépendance envers les États-Unis (qui dirigent l'OTAN) pour notre sécurité et, en même temps, se conformer aux exigences de l'OTAN (dirigée par les États-Unis) en tant qu'affirmation de notre libération des griffes du géant américain. Pour le dire encore autrement (afin d'être bien sûr de bien comprendre) : il faut, d'une part, se libérer de notre dépendance aux États-Unis afin, d'autre part, d'intensifier notre dépendance aux États-Unis ! Un peu comme Carney qui invite le Roi Charles à lire le discours du Trône en signe d'« indépendance et de souveraineté réaffirmées » du Canada face au géant américain.

En fait, peu importe à qui on cherche à plaire, à ne pas déplaire, à montrer patte blanche devant les velléités néo-impériales des États-Unis qui se sont volontairement soumis (du moins, pour une bonne partie de l'électorat) aux desiderata chaotiques de Donald Trump, on est dans une impasse parce qu'il s'agit toujours de plier l'échine devant les va-t-en-guerre et leur logique d'incessante confrontation, de guerre permanente, de provocation de l'« ennemi », quitte à en créer un de toutes pièces lorsqu'il n'y a plus de menace réelle ou plus personne à stigmatiser dans le but de justifier de nouvelles dépenses militaires, de nouvelles conquêtes, de nouveaux Appels à la Nation devant le danger imminent que représente l'« Autre », tout simplement parce qu'il est « Autre ».

Pourtant, le Canada a une tradition de « modérateur » dans les conflits internationaux depuis la deuxième guerre mondiale, il a déjà pris des initiatives en ce sens (casques bleus de l'ONU, reconnaissance « officielle » de la République Populaire de Chine, politique de cohabitation Est-Ouest) et, tout compte fait, c'est dans cette ligne de désescalade et d'apaisement des tensions entre puissances (nucléaires) internationales qu'il serait le plus utile, sans parler du gaspillage de fonds publics qu'il pourrait éviter d'imposer à sa population en essayant de s'aligner sur l'OTAN ou le Pentagone, ce qui, dans un cas comme dans l'autre, revient au même

Encore faut-il qu'il puisse être représenté politiquement par autre chose que des technocrates sans vision à la Carney (promoteurs, en sus, de paradis fiscaux) ou des saltimbanques à la Justin Trudeau qui confond allègrement scène de théâtre et responsabilité parlementaire (sans parler des têtes brûlées à la Pierre Poilievre...)

Mario Charland
Shawinigan

Note
1. Marie-André Chouinard, « Un mal très nécessaire », Le Devoir, 12 juin, 2025.

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Les sanctions imposées par le Canada aux ministres israéliens constituent un pas dans la bonne direction – mais il faut aller beaucoup plus loin

17 juin, par Voix juives indépendantes Canada — , ,
Ottawa, ON – 10 juin 2025 : Voix juives indépendantes Canada (VJI) et Mouvement pour une paix juste (MPPJ) se félicitent de l'annonce faite aujourd'hui par le Canada d'imposer (…)

Ottawa, ON – 10 juin 2025 : Voix juives indépendantes Canada (VJI) et Mouvement pour une paix juste (MPPJ) se félicitent de l'annonce faite aujourd'hui par le Canada d'imposer des sanctions à deux ministres de haut rang du gouvernement israélien – le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir – en coordination avec le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Norvège. Les sanctions comprennent le gel des avoirs et l'interdiction d'entrer au Canada.

10 juin 2025 IJV Canada
https://www.ijvcanada.org/fr/les-sanctions-imposees-par-le-canada-aux-ministres-israeliens-constituent-un-pas-dans-la-bonne-direction-mais-il-faut-aller-beaucoup-plus-loin/

« Il s'agit d'une mesure attendue depuis longtemps. Nous sommes encouragés de voir que le Canada répond enfin aux demandes du mouvement de cibler non seulement les colons de bas niveau, mais aussi les puissants responsables israéliens qui alimentent l'expansion violente des colons et renforcent l'apartheid », a déclaré Rebecca Steckle de MPPJ.

Les sanctions, imposées en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales (LMES), constituent la quatrième série de sanctions du Canada visant la violence des colons israéliens, et la première visant des représentants du gouvernement israélien.

Smotrich et Ben-Gvir – deux des personnalités les plus ultranationalistes et d'extrême droite du gouvernement israélien – ont ouvertement défendu la violence génocidaire, le nettoyage ethnique et la colonisation croissante des terres palestiniennes. Leur désignation est le résultat d'une pression soutenue de la part d'un mouvement grandissant exigeant des sanctions significatives à l'encontre de ceux qui sont à l'origine de l'oppression brutale des Palestiniens par Israël.

Cette décision fait suite aux recommandations formulées par VJI, la MPPJ et l'universitaire Miles Howe dans un rapport publié en octobre 2024, qui identifie huit cibles clés pour les sanctions canadiennes liées à la violence des colons israéliens et à la colonisation en cours de la Cisjordanie occupée. Smotrich et Ben-Gvir figurent en tête de cette liste.

Ces sanctions sont un pas dans la bonne direction, mais l'impunité d'Israël reste intacte », a déclaré Steckle. « Israël viole effrontément le droit international par son occupation illégale, son apartheid et son attaque génocidaire contre la Palestine. Le Canada doit aller beaucoup plus loin – et vite. »

Conformément à l'avis consultatif de 2024 de la Cour internationale de justice, le Canada est tenu de mettre fin à tous les liens financiers, commerciaux et économiques qui soutiennent l'occupation illégale d'Israël. Les Nations unies ont clairement indiqué que les États qui aident Israël risquent de se rendre complices de ses violations du droit international.

« À l'heure actuelle, il existe de nombreuses preuves de complicité de crimes de guerre dans les entreprises et les organisations philanthropiques canadiennes. En tant qu'État membre des Nations unies, le Canada doit agir de manière décisive pour s'assurer qu'il ne contribue pas à ces crimes » , a déclaré Miles Howe.

VJI et JPA demandent au gouvernement canadien de prendre d'autres mesures urgentes et décisives, comme l'exige l'avis consultatif de la CIJ :

Sanctionner tous les dirigeants et le personnel militaire israéliens responsables de crimes de guerre, en particulier, mais sans s'y limiter, le génocide en cours dans la bande de Gaza

Imposer un embargo complet et bilatéral sur les armes à Israël dans le cadre du SEMA

Annuler l'Accord de libre-échange Canada-Israël et cesser toutes les relations commerciales avec Israël qui maintiennent ou contribuent au maintien de l'occupation illégale.

Interdire aux organisations caritatives canadiennes de financer des activités associées à l'occupation illégale d'Israël

Enquêter sur tous les Canadiens qui participent à l'armée israélienne et les poursuivre en justice.

« Bien que le fait de sanctionner les ministres du gouvernement israélien soit un signal diplomatique important, il reste largement symbolique et n'impose que peu de coûts réels à Israël », a déclaré Corey Balsam de VJI. « Si le Canada veut vraiment tenir Israël pour responsable de ses crimes, il doit imposer des sanctions qui ont du mordant – le genre de sanctions qui forceront le gouvernement israélien à repenser ses actions à l'égard des Palestiniens pour le bon. »

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C’est par milliers que les femmes yéménites sont descendues dans les rues ces dernières semaines.

Elles ont exigé de l'eau, de l'électricité, un meilleur niveau de vie, le paiement des arriérés de salaires, l'amélioration des conditions d'enseignement, ou encore l'arrêt de (…)

Elles ont exigé de l'eau, de l'électricité, un meilleur niveau de vie, le paiement des arriérés de salaires, l'amélioration des conditions d'enseignement, ou encore l'arrêt de la généralisation de l'armement et des poursuites contre les auteurs de corruption.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/11/yemen-le-soulevement-des-femmes/

Ce mouvement n'est pas né de rien. Il y a des années que des groupes de femmes descendent dans la rue de façon sporadique pour exiger eau ou électricité, dans le cadre plus large de mouvements de protestation essentiellement masculins. Pour ne citer que ces dernières : les femmes d'Arrawa (gouvernorat de Abyan) pour l'eau en 2017, d'Aden pour l'eau et électricité et de Mukalla (gouvernorat de Hadramaout) pour l'électricité et des emplois en 2020, de Maareb pour de l'eau et des médicaments en 2021, de Qaataba (gouvernorat de Dali) pour l'eau en 2022, et de Seiyoun (gouvenorat de Hadramaout) pour l'électricité et des écoles en 2024. Mais l'exacerbation des problèmes économiques, les incessantes manifestations de leurs pairs pour les mêmes revendications qui n'ont abouti à rien, sinon à des affrontements et de la répression, qui a pu entrainer arrestations, parfois assorties de torture, morts ou blessés par balles, ont poussé les femmes à s'affirmer comme une force pouvant diriger ce que d'aucunes ont déjà appelé la « révolution des femmes ».

Le vague de protestation a commencé à El Hawf (gouvernorat de Al Mahra) le 5 mai quand des femmes ont bloqué le poste frontière de Sarfit avec le Sultanat d'Oman, pour exiger de l'électricité. Puis le mouvement s'est étendu à El Houta et Zinjibar (gouvernorat de Lahij), Chakra (gouvernorat de Abyan), Taiz ou Aden. Les femmes parfois accompagnées de leurs enfants, où munies de bouteilles d'eau vides, de vieilles lanternes ou encore de bois de chauffage, ont manifesté, et ce, à plusieurs reprises à Taezz et Aden. Les femmes ont tenu à se démarquer de toute politisation (partisane) afin d'unifier les femmes autour de leurs revendications, quelle que soit l'autorité en place, mais ont tenu à souligner le caractère politique de leur démarche. Les pancartes ou les slogans le révélaient : « il n'y a pas une crise de l'eau à Taiz, mais une crise de la conscience » ou ceux appelant à « poursuivre les corrompus » et le slogan historique « le peuple veut une vie digne » (El Houta).

En face, il y a eu un double mouvement. A Aden et à El Houta les autorités ont alimenté davantage les centrales électriques en carburant, afin qu'elles fournissent des heures supplémentaires de courant. Mais lors de la manifestation du 24 mai à Aden, des miliciens ont bloqué les routes menant à la place du rassemblement et des milices féminines ont été déployées pour dissuader les manifestantes et les ont agressées violemment . Et au lendemain de la manifestation du 31 à Aden encore, des barrages filtrants étaient en place dans les rues et les chauffeurs de bus ne pouvaient plus embarquer de passagères. A l'exception de la région contrôlée par les Houthis où les Zaynabia, une milice féminine, ont été déployées à titre dissuasif, les femmes continuent malgré la répression. Ainsi, le 6 juin, elles s'étaient données rendez-vous à l'issue de la prière de l'Aïd El Adha au stade Hubaishi à Aden pour une nouvelle manifestation pour exiger du courant électrique.

Luiza Toscane, 6 juin 2025
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article75278

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Justice climatique et environnementale

17 juin, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — , ,
Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque (…)

Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque webinaire a été consacré à un thème spécifique et à une région du monde nous permettant de partager nos expériences et surtout de mieux comprendre comment s'organisent les résistances féminises.

Tiré de la page web de la CQMMF
https://cqmmf.org/tour-du-monde-de-resistances-feministes.html?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=Infolettre-large--fevrier-2025#MENA

 Asie et océanie

Le troisième webinaire a eu lieu le 15 mai 2024 avec des représentantes de l'Asie (Philippines et Indonésie), webinaire ayant comme thème la justice climatique en lien avec la transformation sociale et l'économie féministe (avec l'interprétation français-anglais et de la langue des signes).

Jean Enriquez- Philippines

Susan Herawati - Indonésie

La justice climatique

Pour introduire la thématique, l'animatrice a présenté brièvement les importants défis à relever au Québec car nous vivons aussi les effets des changements climatiques avec des conséquences dramatiques sur la population, les femmes et les familles les plus défavorisées.

Pensons aux inondations, à d'immenses feux de forêts dans plusieurs régions du pays ayant provoqué le déplacement des populations ou encore à des sécheresses provoquant des dommages importants aux cultures agricoles (effets sur la hausse des prix des aliments, sur la relève agricole, etc.). De plus, l'industrialisation excessive de nombreux secteurs (agricole, minier, manufacturier) dans plusieurs régions du Québec provoque la pollution de l'eau. Des défis sont importants à relever afin de contrer la volonté du gouvernement de privatiser l'électricité, un bien collectif, et de détourner le sens de la décarbonation de la société.

Puis, après avoir présenté brièvement la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF), nous avons dans un premier temps présenter une vidéo de Jean Enriquez qui nous explique quels sont les grands défis et luttent des femmes aux Philippines.

De façon résumée, Jean nous a expliqué que le peuple philippin a subi de nombreux désastres : inondations gigantesques, feux de forêt, typhon (dont celui de 2023 causant 56 morts), glissements de terrains, etc..

Les effets sont dramatiques : le riz n'est plus accessible, une très grande perte de la vie marine est détruite avec, entre autres, l'achat de zones de récifs.
Des camps d'évacuation ont été érigés mais les violences et abus sexuels sont très nombreux. De plus, les familles monoparentales dirigées par les femmes dans le secteur de l'agriculture vivent des discriminations importantes.

Somme toute, la vie et le quotidien des femmes et des familles s'est grandement dégradée et le gouvernement actuel ne propose pas de solutions concrètes pour améliorer leur quotidien.

Par la suite, Susan Herawati d'entrée de jeu indique que la situation en Indonésie est très semblable à ce qui se vit aux Philippines.

Le secteur des pêches est très fortement touché par les changements climatiques. Plusieurs travailleurs ont d'ailleurs perdu la vie.

Elle dénonce fermement l'exploitation et l'extractivisme du nickel qui posent d'importants problèmes aux communautés locales, de même que les développements touristiques.
L'ouverture à des investisseurs étrangers est très importante, pensons au développement du port ou encore à l'exportations des produits de la mer (dont l'exportation de bébé homard vers le Vietnam). Cette fausse solution est appelée une « économie bleue » !

Les alternatives à développer

Pour répondre à ces grands défis Jean nous rappelle la solidarité et la participation des femmes à de nombreuses initiatives. Elles évaluent les besoins des femmes réfugiées climatiques, des victimes de violence ou de la prostitution.

Elles organisent des activités d'éducation populaire pour mieux outiller les femmes contre les violences. Elles organisent des banques alimentaires communautaires pour soutenir les femmes et les familles. Elles sensibilisent la population au respect de la nature, à la défense des droits des autochtones, etc..

Les femmes veulent contrôler collectivement les ressources dont elles ont besoin (dont l'agriculture des produits locaux). Elles militent aussi pour forcer l'application de la convention de Paris limitant, entre autres, l'exploitation pétrolière et le renforcement du contrôle des GES.

De plus, les liens et les alliances avec les membres de la MMF sont privilégiés et permettent l'échange d'expériences et d'actions (la marche des agricultrices, les dénonciations des problèmes causés par l'exploitation minière, etc.).

Susan insiste sur l'importance de soutenir les travailleuses et travailleurs du secteur des pêcheries. Depuis plusieurs années diverses initiatives ont été développées afin de d'exploiter la pratique du surf, ce qui nuit grandement au secteur des pêcheries.
Plusieurs îles sont aussi à protéger afin de maintenir les échanges traditionnels, et ce, particulièrement où les gens sont isolés.

Un appui concret est organisé afin de soutenir les femmes agricultrices en donnant des semences, en se réappropriant les régions côtières.

La résistance des femmes du secteur de la pêche est importante, d'ailleurs lors d'actions concrètes 11 femmes ont été arrêtées !

L'éducation, la sensibilisation et la présentation d'alternatives sont des clés importantes à développer.

Le rôle et la place des femmes est au cœur des préoccupations. La formation politique nous permet de briser l'isolement, de construire des solidarités, de lutter contre la criminalisation des luttes.

Elle partage les analyses de la MMF. La formation est importante pour rejoindre les femmes, non seulement les femmes des villes, mais aussi celles des régions rurales.

Pour conclure ce webinaire, nous avons insisté sur les éléments clés à développer :

l'importance de la formation et de la sensibilisation pour rejoindre les femmes, aussi celles du secteur agricole et de les outiller dans la défense de leurs droits ;
l'importance de développer des projets solidaires et collectifs (dont la défense des cultures traditionnelles) ;
l'importance de développer des alliances pour renforcer le rapport de force face aux décideurs politiques et aux investisseurs étrangers.

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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Kimberlé Crenshaw en conférence : L’intersectionnalité pour éclairer nos sociétés

17 juin, par Fédération des femmes du Québec — , ,
Le 30 mai 2025, dans le cadre du Forum social mondial des intersections (FSMI) à Tiohtià:ke / Montréal, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a eu l'honneur d'assister à la (…)

Le 30 mai 2025, dans le cadre du Forum social mondial des intersections (FSMI) à Tiohtià:ke / Montréal, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a eu l'honneur d'assister à la conférence phare animée par Kimberlé Crenshaw, professeure de droit à l'Université de Californie à Los Angeles et à Columbia Law School, pionnière du concept d'intersectionnalité et figure emblématique des luttes féministes et antiracistes.

Cette rencontre a nourri des réflexions essentielles sur les outils, les luttes et les résistances collectives nécessaires pour construire un avenir féministe inclusif, ancré dans les réalités de toutes les femmes.

Aux origines du concept : des interventions inadaptées qui reproduisent les vulnérabilités

Lors de sa conférence intitulée « Entre intersectionnalité et intersections : théories vivantes, actions urgentes », la professeure Crenshaw a retracé l'origine de l'intersectionnalité, un concept né suite aux constats d'invisibilisation des femmes noires au sein même des mouvements féministes et antiracistes.

Elle a notamment évoqué le cas DeGraffenreid v. General Motors, dans lequel la justice a refusé de reconnaître une discrimination croisée fondée sur le sexe et la race. Ce refus a révélé une faille systémique dans les outils d'analyse juridique et sociale. D'où la nécessité, selon Crenshaw, de créer un cadre permettant de nommer les vulnérabilités structurelles vécues aux intersections des oppressions.

La professeure Crenshaw a également rappelé une réflexion qui l'a marquée dès les années 1980, au sujet des interventions en violence conjugale : « Qui a réellement besoin d'intervention ? ». À cette époque, elle rappelle que les politiques d'aide aux femmes victimes aux États-Unis avaient été conçues en fonction des besoins des femmes blanches, anglophones et relativement privilégiées. Les femmes non-anglophones, immigrantes ou racisées étaient, quant à elles, exclues par manque de traduction, d'accompagnement adapté ou en raison de barrières institutionnelles et culturelles. Crenshaw dénonçait une structure d'intervention qui reproduisait ainsi les inégalités structurelles qu'elle prétendait combattre, échouant à inclure celles qui en avaient le plus besoin.

Ces constats l'ont amenée à interroger les lois et les mouvements féministes : qui est placé·e au centre des politiques ? Qui est relégué·e en périphérie ? Et pourquoi ? L'intersectionnalité est née de cette urgence à rendre visibles ces angles morts dans les interventions sociales, juridiques et militantes, autant dans les mouvements féministes qu'antiracistes.

L'internationalisation de l'intersectionnalité : entre voyage des idées et perte de sens

Kimberlé Crenshaw a partagé une réflexion importante sur le cheminement international du concept d'intersectionnalité. Elle a rappelé que son intention première, dans les années 1980, n'était pas de créer un outil universel ni d'en faire un mot d'ordre mondial. L'internationalisation de l'intersectionnalité s'est faite hors de tout agenda promotionnel, et parfois sans attention au contexte militant ou historique qui l'a vu naître.

Comme elle l'explique, les idées peuvent voyager sans leurs intentions initiales. Lorsque l'intersectionnalité est reprise sans son ancrage antiraciste et féministe, elle risque d'être instrumentalisée dans des cadres dominants, notamment blancs, qui en neutralisent le potentiel transformateur. L'absence de référence aux luttes spécifiques des femmes racisées, ou à l'histoire du colonialisme, devient alors une forme de reproduction silencieuse des rapports de pouvoir.

Crenshaw insiste sur un point souvent ignoré : l'absence de littérature ou de données sur une réalité sociale ne signifie pas l'absence du problème, mais peut au contraire être un symptôme du problème lui-même — celui de ne pas reconnaître certaines existences, certaines douleurs, certaines urgences.

L'hypocrisie de l'« identité politique » : une critique nécessaire

Kimberlé Crenshaw a aussi vivement interpellé l'usage péjoratif du terme « politique identitaire », souvent brandi pour délégitimer les luttes féministes, antiracistes, queer ou décoloniales. Ce terme est généralement utilisé pour critiquer les mouvements qui mettent en avant les expériences spécifiques de groupes marginalisés. Pour ses détracteurs, revendiquer des droits à partir de son identité — qu'elle soit de genre, de race, de classe ou de sexualité — reviendrait à diviser la société. Crenshaw déconstruit cette idée en soulignant que toutes les identités, même celles considérées comme « neutres » ou dominantes (comme être un homme blanc, cisgenre et hétérosexuel), sont aussi politiques. L'enjeu, selon elle, n'est pas de nier les identités, mais de reconnaître les rapports de pouvoir qui les traversent. Elle a retourné la critique en posant une question plus que lucide :

« Quand un homme blanc, cisgenre, riche, accusé de dizaines de crimes, peut toujours se présenter à la présidence… Qu'est-ce qui est plus identitaire que ça ? »

Elle soulignait ainsi la complaisance sociale et médiatique à l'encontre des figures comme Donald Trump, qui incarne une forme d'identité politique dominante — blanche, masculine, nationaliste, chrétienne — tout en prétendant ne pas faire d'idéologie. Crenshaw a rappelé qu'une femme noire dans une situation comparable aurait été instantanément disqualifiée, médiatiquement et politiquement.

Cette invisibilisation des privilèges est au cœur de la critique intersectionnelle : ce ne sont pas seulement les identités minorisées qui sont politiques. Toute identité, même (et surtout) celle qui est dominante, produit du pouvoir et du récit collectif. Ce que les conservateurs qualifient de « politique identitaire » est en réalité un refus de laisser les « marges » entrer dans l'espace public. Pour Crenshaw, l'enjeu est clair : il faut dévoiler l'identité blanche, masculine et hétérosexuelle comme une construction politique, et non comme une norme universelle. Sans cela, toute revendication d'égalité par les groupes marginalisés sera perçue comme une menace, et non comme une légitime demande de justice.

Le blanchiment de l'intersectionnalité : une récupération préoccupante

La professeure Crenshaw a offert un exposé lucide sur les déformations, résistances et récupérations dont fait l'objet l'intersectionnalité, en particulier dans les sphères politiques et médiatiques aux États-Unis. Si l'intersectionnalité fait l'objet d'attaques, c'est parce qu'elle détient un pouvoir transformateur réel — à condition d'être mise en pratique pour amplifier les voix marginalisées et déstabiliser les structures de pouvoir. Elle a également souligné que l'intersectionnalité n'est pas un « concept abstrait » ou un slogan, mais bien un outil concret pour intervenir efficacement. Ainsi, les outils critiques comme l'intersectionnalité n'ont de force que dans les mains de celleux qui les utilisent pour visibiliser l'injustice. Leur puissance dépend des valeurs, des intentions et des histoires qui les accompagnent. Utilisés hors de tout ancrage, ils peuvent — paradoxalement — renforcer les logiques d'exclusion qu'ils étaient censés contester.

Crenshaw a alerté sur ce qu'elle appelle le blanchiment de l'intersectionnalité, soit l'utilisation du terme dans des contextes où les enjeux de race, de colonialisme ou de pouvoir sont ignorés ou édulcorés. Elle a évoqué des milieux qui adoptent le vocabulaire de l'intersectionnalité sans en respecter les fondements politiques ni les ancrages militants.

Ce phénomène crée un glissement préoccupant : on fait de l'intersectionnalité une étiquette à la mode plutôt qu'un levier critique. Cela permet à certaines institutions ou organisations de se donner une image inclusive, sans remettre en cause leurs structures ni leurs pratiques.

Résister aux nostalgies autoritaires

En réponse à une question du public sur les enjeux à venir pour les mouvements féministes et sociaux, Kimberlé Crenshaw a mis en garde contre un phénomène de plus en plus visible : la montée des mouvements autoritaires et réactionnaires, comme ceux liés au slogan Make America Great Again (MAGA) aux États-Unis. Selon elle, ces courants politiques s'appuient sur une nostalgie d'un passé mythifié, où les privilèges blancs, masculins, cisgenres et chrétiens étaient largement incontestés.

« Les choses vont mieux quand tu n'as pas à te questionner », a-t-elle résumé. Ce confort illusoire est précisément ce que plusieurs politiciens promettent de restaurer — au détriment des avancées en matière de justice sociale, d'égalité raciale ou de droits des femmes.

Crenshaw invite ainsi les mouvements féministes à déconstruire ces récits, et à poser une question centrale : qui perd, et qui gagne, dans cette vision du « retour en arrière » ? La promesse de « grandeur » passée s'accompagne presque toujours d'un effacement des luttes minorisées, d'une peur de l'égalité, et d'une résistance à la complexité des identités contemporaines.

Pour elle, le prochain grand enjeu féministe ne peut être dissocié de la défense active de la démocratie, du pluralisme et des droits humains face aux dérives autoritaires. Cela exige de maintenir des espaces de réflexion critique, de cultiver la mémoire des luttes, et de ne pas céder à la tentation d'un féminisme confortable ou dépolitisé.

Intelligence artificielle et algorithmes : les nouvelles frontières de l'inégalité

En réfléchissant à ce que pourraient être les « prochains grands enjeux » pour les mouvements féministes, Kimberlé Crenshaw a désigné un domaine en pleine expansion : l'intelligence artificielle et les algorithmes. Selon elle, ces technologies, de plus en plus omniprésentes dans nos vies — que ce soit dans la justice, la santé, l'éducation ou l'accès à l'emploi — deviennent des acteurs silencieux, mais puissants dans la reproduction des inégalités sociales, en automatisant des biais préexistants. Par exemple, des algorithmes de recrutement peuvent écarter des candidatures issues de quartiers marginalisés ou sous-estimer les compétences de femmes ou de personnes racisées sur la base de données biaisées.

Crenshaw a rappelé que les données ne sont jamais neutres. Elles sont produites dans un contexte social, culturel, politique. Ainsi, si les données reflètent des biais racistes, sexistes, classistes ou colonialistes, les algorithmes qui en découlent renforcent ces biais de manière systémique et souvent invisible. Les inégalités sous-jacentes dans nos sociétés sont alors exacerbées par des outils technologiques qui se présentent pourtant comme objectifs ou « intelligents ».

Ce que Crenshaw met en lumière, c'est que l'IA peut apparaître comme une avancée neutre ou progressiste, alors qu'en réalité, elle automatise des structures d'exclusion déjà existantes. Dans ce contexte, le féminisme intersectionnel a un rôle crucial à jouer : dénoncer les angles morts technologiques, interroger les sources de données, et exiger une gouvernance éthique de ces outils.

En somme, la lutte contre l'injustice ne peut se permettre de négliger le numérique. Les algorithmes sont devenus des champs de bataille politiques, et le féminisme du 21ᵉ siècle devra aussi se déployer là où se produisent les décisions automatisées qui affectent la vie des personnes les plus marginalisées.

La FFQ demeure réflexive sur ses propres pratiques

Depuis plusieurs années, la FFQ souhaite intégrer l'intersectionnalité comme outil central d'analyse des oppressions systémiques. La FFQ a progressivement affirmé son engagement à appliquer ce cadre dans ses actions, prises de position, formations et alliances, dans une volonté de refléter la diversité des expériences des femmes. Une série de décisions stratégiques et de projets spécifiques portent ces intentions.

Toutefois, pour véritablement incarner le potentiel transformateur de l'intersectionnalité, la FFQ doit poursuivre une démarche critique rigoureuse, qui interroge ses propres hiérarchies internes, la représentation réelle des voix marginalisées au sein de ses instances, et la manière dont ses pratiques reflètent ou reproduisent les rapports de pouvoir qu'elle cherche à déconstruire. Ce positionnement est essentiel pour garantir que l'intersectionnalité reste un levier de justice sociale, et non un outil neutre ou dépolitisé.

Pour approfondir cet enjeu, la FFQ propose une sélection de ressources critiques essentielles, afin de prolonger le travail amorcé :

🎙️ Podcast Intersectionality Matters ! – animé par Kimberlé Crenshaw

📚 Livre On Intersectionality : Essential Writings – Kimberlé Crenshaw

📘 Ouvrage collectif Penser l'intersectionnalité au Québec – dirigé par Nengeh Mensah et collaborateurs

📕 Essai Le blanchiment de l'intersectionnalité – Sirma Bilge

📗 Étude comparative Praxis de l'intersectionnalité : répertoires des pratiques féministes en France et au Canada

Une conversation à poursuivre… jusqu'en 2026

Le Forum social mondial des intersections a démontré l'importance des espaces partagés, où les luttes se rencontrent, les récits s'enrichissent, et les solidarités prennent racine dans le vécu. Ce forum n'est pas un point d'arrivée, mais un tremplin vers la suite.

Le prochain Forum social mondial se tiendra du 4 au 8 août 2026, et la FFQ y sera à nouveau présente.

La FFQ remercie chaleureusement Katalizo pour l'organisation de ce moment fort, ainsi que Carminda Muren pour l'animation et pour l'invitation d'Océane Leroux-Maurais.

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Le féminisme en 2025 : freiner la montée du masculinisme

17 juin, par Collectif Jeunes FSMI 2025 — , ,
Vous appréciez cet article ? Il a été écrit par un.e jeune stagiaire ou correspondant.e du Journal. Aidez-nous à les soutenir, contribuez au Fonds Jeunesse du Journal des (…)

Vous appréciez cet article ? Il a été écrit par un.e jeune stagiaire ou correspondant.e du Journal. Aidez-nous à les soutenir, contribuez au Fonds Jeunesse du Journal des Alternatives ! Toute contribution est appréciée ! Marie Couture et Thomas Fontaine, membre du collectif Jeunesse du FSMI.

10 juin 2025 | tiré d'Alternatives | Photo Ivan, FSMI

Au Québec, un homme sur cinq âgé de 18 à 35 ans considère que « le féminisme est une stratégie pour permettre aux femmes de contrôler la société » selon un sondage de la firme léger qui paraît en 2023. C'est dans ce contexte que l'Aide internationale pour l'enfance (AIE) propose une activité nommée « Le féminisme en 2025 : freiner la montée du masculinisme » pour la troisième journée du Forum social mondial des Intersections.

L'atelier de deux heures, animé par Caio Santiago, s'est déroulé sous un format de groupe de discussion appuyé par un diaporama interactif. Celui-ci comportait différents faits et statistiques sur les inégalités de genre à travers le monde.

Grâce à ce format qui s'inscrit dans leur programme d'éducation à la citoyenneté mondiale (https://www.aipe-cci.org/ecm/), l'AIPE sensibilise les jeunes dès l'âge du secondaire.

Le masculinisme, c'est quoi ?

Au début de l'atelier, Caio nous propose quelques définitions afin que toutes les personnes participantes partent sur les mêmes bases de connaissances. Le masculinisme comme un mouvement social, puisqu'il comporte différents acteurs, surtout, qui tiennent des actions et des discours autour d'une idéologie commune. Ce mouvement se qualifie comme « réactionnaire », puisqu'il tient à réactiver des idéaux, à retourner vers un état passé des rapports homme-femme. L'idéologie partagée chez les masculinistes est que, dans nos sociétés contemporaines, les hommes et la masculinité sont en crise à cause du féminisme.

L'animateur prend aussi le temps d'aborder le féminisme, qu'il définit comme mouvement idéologique, politique et social en faveur de l'égalité des genres.

Les hommes et le féminisme

Grâce au nombre restreint de personnes participantes, les échanges étaient à la fois fluides et approfondis, permettant de soulever de nombreux enjeux et questionnements.

Parmi les idées communes qui circulent par rapport au féminisme, on entend souvent que « le féminisme n'a plus trop d'intérêt aujourd'hui, puisque les grandes luttes ont déjà été menées ». Ici, les participants se sont mis d'accord sur la différence entre l'égalité formelle et l'égalité réelle. Alors que les femmes ont le droit de voter, elles sont moins nombreuses en position de pouvoir, elles passent plus de temps quotidiennement aux tâches ménagères, elles gagnent des salaires inférieurs à leurs collègues, etc. De plus, elles sont régulièrement victimes de micro-agressions, d'un sexisme quotidien, qui serait difficile à cibler et à combattre.

La question de la posture et de la responsabilité des hommes dans les luttes féministes a constitué un point central de nos discussions. Nous avons collectivement pris conscience que les hommes se revendiquant comme proféministes doivent, au-delà d'amincir leur propre contribution au système de domination patriarcale, adopter une posture de vigilance et agir en véritables sentinelles dans les interactions sociales, n'hésitant pas à intervenir pour prévenir toute forme d'agression.

En effet, si une féministe confronte un homme vis-à-vis d'un commentaire sexiste, celui-ci risque de ne pas se sentir interpellé, puisque cette confrontation est prévisible. Or, si un homme proféministe critique ce même commentaire et refuse de le valider, nous soupçonnons qu'il sera davantage porté à une réflexion, puisqu'il considère plus sérieusement le jugement d'un autre homme. Ainsi, dans les luttes féministes, les hommes ont une position privilégiée pour être des alliés actifs.

Ensuite, nous remarquons que plusieurs hommes ne se joignent pas à la cause féministe, puisqu'ils ne s'y sentent pas concernés. Alors, le féminisme se présente à eux seulement comme une perte de privilèges. Ceci crée alors une certaine peur, ou un sentiment de dépassement. Ainsi, il semble primordial de rappeler que l'idéologie féministe, qui remet en question le patriarcat, bénéficierait aux femmes, mais également aux hommes.

Effectivement, dans le système patriarcal actuel, le concept de masculinité encourage les hommes à correspondre le plus conformément à de nombreux critères. Être un « vrai » homme impliquerait d'être compétitif, musclé, dominant, riche, etc. Cependant, ce ne sont pas tous les hommes qui se retrouvent dans cette conception étroite de la masculinité. Ainsi, il nous semble important de déconstruire nos idées préconçues de ce qu'est un « vrai » homme, pour une société plus inclusive et égalitaire.

Les hommes et le masculinisme

En ce sens, nous remarquons que plusieurs jeunes adolescents qui adhèrent au masculinisme sont en quête identitaire et à la recherche de repères auxquels s'accrocher. Ainsi, lorsqu'ils voient Andrew Tate, ils le perçoivent comme un modèle inspirant, dans la mesure où il présente des caractéristiques valorisées en société, dont l'argent, la célébrité, la confiance en soi. Selon les personnes participantes, il faut mettre de l'avant d'autres modèles de masculinité plus sains, notamment pour ces jeunes adolescents.

Pour finir, la place des émotions a également été identifiée comme un enjeu majeur. Il a été observé que, dans le mouvement masculiniste, la tendance à négliger ses émotions est valorisée, la sensibilité étant perçue comme un attribut féminin. À l'inverse, nous avons conclu que la sensibilité ne devrait pas être genrée et qu'il est important de valoriser les hommes empathiques et sensibles, afin de déconstruire les normes de la masculinité hégémonique. L'intelligence émotionnelle doit être encouragée et travaillée chez les jeunes garçons, notamment, pour permettre de créer des conversations plutôt que d'opter pour la violence.

À la fin de l'atelier, une chose reste certaine pour tout le monde, le masculinisme monte en popularité chez les jeunes. Pour chaque personne participante, il semble une priorité d'étudier ce mouvement qui menace les acquis des luttes féministes, afin de limiter la violence portée par ses idées. Les ateliers comme celui de l'AIPE sont nécessaires afin de sensibiliser les jeunes et d'ouvrir des espaces de dialogues sécuritaires.

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Solidarité féministe 101

17 juin, par Collective Pas une de plus — , ,
PAS UNE de PLUS est une collective citoyenne de Sherbrooke qui rassemble des féministes en action contre les féminicides et les violences genrées. Nous nous organisons de façon (…)

PAS UNE de PLUS est une collective citoyenne de Sherbrooke qui rassemble des féministes en action contre les féminicides et les violences genrées. Nous nous organisons de façon autogérée, et travaillons avec une analyse féministe, intersectionnelle et transinclusive des luttes.

Tiré du Journal Entrée libre

Date : 1 juin 2025

Crédit image : Collective Pas une de plus

Nos actions sont politiquement orientées vers la déconstruction des systèmes de domination, comme le patriarcat et le capitalisme.

Nous ne sommes pas un organisme communautaire, une organisation financée, un groupe légalement constitué. On est une gang de féministes.

Nous rêvons d'un mouvement d'apprentissages collectifs, de partages d'Histoires de vie, de savoirs féministes et d'éducation populaire. Nous voulons un espace public militant et organisationnel porteur de justice sociale et surtout, d'espoir. Nous, citoyennes féministes en colère, vivant de l'impuissance et de la désolation, écoeurées du statuquo autour du continuum de violence genrée.

« Les conditions d'inégalité peuvent être reproduites au sein des mouvements et des organisations de défense des droits des femmes lorsque sont amplifiées les voix, les idées et les expériences des femmes blanches, riches, cisgenres, hétérosexuelles et les femmes non en situation de handicap, au détriment des voix, des idées et des expériences des femmes marginalisées. » (Un guide pour construire la solidarité féministe intersectionnelle, Institut canadien de recherches sur les femmes, 2021)

Reconnaitre le savoir expérientiel et l'engagement militant

On peut nous qualifier de militantes, d'activistes, de « féministes radicales qui prônent la désobéissance civile » et qui avancent le fait que le système est gangrené et que rien n'y changera si nous ne le changeons pas nous-mêmes. Ce qui est crucial dans le féminisme que nous portons, c'est de reconnaitre que notre engagement est fondé sur nos valeurs de justice sociale, d'équité et de respect de nos droits.

Traumavertissement : Ce qui suit est une liste d'enjeux multiples que peuvent vivre plusieurs femmes et qui laissent des marques permanentes. La force des féminismes portés par la Collective est bâtie à partir de nos réalités de ce qu'on vit ou ce qu'on a vécu : plusieurs types de violences (conjugale, familiale, sexuelle, économique, psychologique, judiciaire, systémique, médicale, policière, classiste, capacitiste), plusieurs types de discrimination (basée sur le genre, l'orientation sexuelle, l'identité ou l'expression de genre, l'âge, la classe sociale, les convictions politiques et/ou sur le handicap visible et invisible), décrédibilisation de nos savoirs, pauvreté, contrôle coercitif, limitation à l'accès aux transports, risque d'itinérance et itinérance cachée, certains troubles alimentaires, certaines dépendances, certains troubles de santé mentale, errance médicale, inaccessibilité de ressources en santé mentale et santé physique gratuites, inaccessibilité de produits menstruels ou de contraception gratuits, grossophobie ordinaire et médicale, absence de représentativité dans les études en santé, non-reconnaissance de la douleur, surmédicalisation et décrédibilisation de l'overdose d'effets secondaires sexisme ordinaire, harcèlement de rue, décrochage et raccrochage scolaire, arrestation et détention illégale, suicide d'une personne proche, proche-aidance, accompagnement et décès d'un parent d'un cancer du sein ou cancer des ovaires, sa propre tentative de suicide ou moments très noirs.

Pour nous, ces savoirs appelés « expérientiels », sont tous aussi – sinon plus – importants que ce qu'on peut apprendre à l'école. Nos pensées féministes se sont développées au contact des autres, avec des livres, des films, des BD, des cercles de parole, des collectifs autonomes, des participations à des recherches par et pour, des actions directes, des assemblées, des comités en non-mixité choisie. Juste en se parlant. Mais ça, on s'en torche la plupart du temps. On nous invisibilise. On nous gaslight. On nous invalide. Pourquoi faut-il toujours être une personne « experte » avec des diplômes ou représenter une organisation pour que notre parole ait de la valeur ? Pour qu'on nous écoute ? Pour vrai.

En ces moments troubles où la transmisogynie, la haine des femmes et la peur de l'Autre sont des discours réguliers, l'action citoyenne féministe devrait être encouragée. La désolidarisation d'une frange d'un mouvement vis-à-vis d'une partie jugée radicale se condamne lui-même à sa perte. Parce que si on ne travaille pas ensemble, on ne gagnera jamais la lutte.

Et si vous pensez que la désobéissance civile est le mal absolu, on vous invite respectueusement à quitter votre poste de directrice d'une table de concertation en défense de droits des femmes et à refaire vos devoirs.

Nos droits n'ont pas été gagnés avec le statuquo. C'est la multiplication des actions, dont la désobéissance civile, qui fait qu'on a les libertés et les droits d'aujourd'hui. Et c'est grâce à la multiplication des actions, dont la désobéissance civile, que nous les avons protégés, que nous les protégeons, que nous les protégerons.

Alors, où est la place des citoyennes dans la lutte féministe en Estrie ?

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Comptes rendus de lecture du mardi 17 juin 2025

17 juin, par Bruno Marquis — , ,
Devenir fasciste Mark Fortier J'ai beaucoup aimé ce bouquin, très d'actualité, dont je ne saurais trop vous recommander la lecture. Devant la montée de l'extrême droite, qui (…)

Devenir fasciste
Mark Fortier

J'ai beaucoup aimé ce bouquin, très d'actualité, dont je ne saurais trop vous recommander la lecture. Devant la montée de l'extrême droite, qui a pris le pouvoir dans de nombreux pays et qui menace de triompher dans d'autres, le sociologue Mark Fortier envisage - non sans une certaine ironie - de se convertir au fascisme, histoire de se mettre à l'abri des conséquences du totalitarisme en marche. Il nous explique, à ce propos, la responsabilité de ceux qui ont laissé faire, de ceux qui ont laissé se dégrader nos institutions, nos droits et même notre pensée à travers les mots, au profit de la droite et de l'extrême droite, en nous rappelant, dans la solidarité propre à la gauche, le devoir de résistance et de changement.

Extrait :

Il était là, le souci des libertariens : comment allaient-ils pouvoir, une fois la planète détruite, éviter que leurs gardes ne tournent leurs armes contre eux pour les tuer ? Ils savaient bien que vivre en autarcie exigerait une force armée privée pour repousser les voleurs, la plèbe, la foule écumant des envieux. Un des participants à la rencontre avait déjà à son service une douzaine d'anciens soldats. Pour éviter cette violence, suggéra l'universitaire, vous pourriez traiter ces gardes en amis, ne pas simplement investir dans les armes et les munitions, mais vous investir personnellement dans votre relation à ces personnes. Rushkoff précisa tout de même que le mieux, vraiment, serait d'agir au présent et de s'engager dans la lutte contre la catastrophe écologique. Il se permit de suggérer qu'il serait judicieux de leur part de se soucier du monde. De prendre leurs responsabilités. Les libertariens ont levé les yeux, surpris d'avoir payé si cher pour se faire servir un discours de hippie. « Ne serait-il pas plus réaliste de miser sur la production de robots de combats ? » lança alors l'un d'entre eux, « Oui, mais seront-ils opérationnels à temps ? » de s'inquiéter un autre.

Quand les élèves se révoltaient
Emanuelle Dufour et Francis Dupuis-Déri

Ce très beau livre, qui ressemble à une bande dessinée, se veut un manuel scolaire de l'année 2047-2048. Il nous situe ainsi après l'effondrement de la civilisation industrielle provoqué par la crise climatique une douzaine d'années plus tôt. Il revient sur les nombreuses luttes et révoltes étudiantes pour plus de démocratie et de justice sociale au cours de l'histoire et plus récemment contre les changements climatiques. C'est un bouquin éclairant, facile d'accès, et fort bien illustré, qui nous parle de vraie démocratie, de justice sociale et des actuelles luttes des jeunes générations pour la défense de l'environnement. Je vous en recommande certainement la lecture !

Extrait :

Nous sommes en l'An 12 après l'Effondrement (ap. E.) des systèmes politiques, économiques et sociaux de la civilisation industrielle. Cet effondrement a été provoqué par une crise climatique globale qui avait été prédite de longue date par des milliers de scientifiques et, au tournant des années 2020, par des millions d'élèves du Mouvement des jeunes pour le climat. C'est une jeune Suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, qui avait lancé ce mouvement en entamant une grève scolaire pour le climat dès 2018. Heureusement, en 2035 l'Effondrement a donné lieu à l'émergence d'une nouvelle génération plus démocratique, plus égalitaire et plus solidaire.

Pour en finir avec Octobre
Francis Simard

Francis Simard nous a quitté il y a une dizaine d'années. Si vous ne l'avez fait, je vous invite à lire son fameux bouquin « Pour en finir avec Octobre » sur l'enlèvement du ministre Pierre Laporte par la cellule Chénier du Front de libération du Québec. C'est un récit humain et honnête des événements d'octobre 1970.

Extrait :

Je ne crois pas aux choses immuables. Je ne crois pas que la vie ce soit un acte solitaire qu'on devrait assumer tout seul. J'ai comme l'impression de n'avoir jamais cru que j'étais né dans un monde où tout était décidé, que rien ne pouvait changer, qu'il fallait donc l'accepter en cherchant tout seul à s'en sortir. Il me semble que c'est comme la vie. On vient au monde, on grandit, on vieillit, on meurt. On change tout le temps. Si c'est vrai pour une vie humaine, ça doit être vrai pour une société. Toutes les sociétés.

Des bonobos et des hommes
Deni Béchard
Traduit de l'anglais

« Des bonobos et des hommes » relate le travail de l'ONG Bonobo Conservation Initiative (BCI), qui travaille étroitement avec des Congolais pauvres et démunis à la protection et à la conservation de ces importants grands singes, si près de nous génétiquement, que sont les bonobos. Ce récit d'une lecture fort agréable nous en apprend tant sur les bonobos que sur les hommes, tant sur la guerre et l'impact du capitalisme étranger que sur l'avenir de certaines espèces animales et de l'humanité elle-même. Vous prendrez assurément beaucoup de plaisir à le lire, vous aussi.

Extrait :

Bien que lents à se dévoiler, les bonobos ont commencé à faire des apparitions, jetant ici et là des regard à travers le feuillage, les yeux curieux, les lèvres d'un rouge vif sur leurs visages noirs. Ils avaient les bras tendus et musclés des athlètes, et leurs corps possédaient une grâce particulière. En nous étudiant, ils enroulaient leurs longs doigts autour des branches et des troncs d'arbres. Nous nous frayions un chemin dans la végétation en tentant de les apercevoir de plus près.

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Changement de garde à la FTQ – Le secrétaire général Denis Bolduc annonce qu’il ne sollicitera pas de renouvellement de mandat

17 juin, par Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , ,
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) annonce que son secrétaire général, Denis Bolduc, profitant de la rencontre mensuelle du Bureau de direction qui (…)

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) annonce que son secrétaire général, Denis Bolduc, profitant de la rencontre mensuelle du Bureau de direction qui s'est tenue ce lundi, a fait part aux vice-présidents et vice-présidentes de la FTQ qu'il ne solliciterait pas de nouveau mandat au Congrès de novembre prochain à Québec. Dans un même temps, l'actuelle présidente, Magali Picard, a confirmé qu'elle sollicitera un deuxième mandat à la tête de la Fédération.

Denis Bolduc a été élu secrétaire général de la FTQ lors du 32e Congrès en novembre 2019, puis réélu au 33e Congrès en janvier 2023. Auparavant, il a été président du Syndicat canadien de la fonction publique pour le Québec (SCFP-Québec) de 2016 à 2019, secrétaire général du SCFP-Québec de 2011 à 2016 et membre du conseil exécutif du SCFP national de 2011 à 2020. Denis est aussi membre du conseil d'administration du Fonds de solidarité FTQ.

« C'est avec une grande fierté et humilité que j'ai servi tout au long de ma carrière les travailleurs et travailleuses du Québec, que ce soit à la FTQ ou auprès de mon syndicat d'origine, le SCFP-Québec, ou en tant que président du syndicat de la rédaction lors du malheureux lock-out de 16 mois au Journal de Québec imposé par Quebecor. Défendre les valeurs syndicales, de justice sociale, de solidarité et de respect fait partie de mon ADN. Est-il besoin de rappeler que les sociétés les plus justes, démocratiques et équitables sont les pays les plus syndicalisés ?

« C'est donc avec le sentiment du devoir accompli que je quitterai le poste de secrétaire général de la FTQ en novembre prochain. À tous les travailleurs et travailleuses, mes amis et collègues qui m'ont permis d'exercer mes fonctions en tant que leader syndical et secrétaire général de la plus grande et belle centrale syndicale qu'est la FTQ, MERCI », déclare le secrétaire général, Denis Bolduc.

« Denis est non seulement un proche collaborateur, mais aussi et surtout, un ami et fidèle allié dans tous les dossiers, pas toujours faciles, sur lesquels la FTQ a dû intervenir pendant toutes ces années. Denis a toujours su prendre la défense des travailleurs et travailleuses avec conviction et détermination sans jamais sacrifier les valeurs qui font de lui un homme de principe. Denis a fait grandir la FTQ et nous ne pouvons que le remercier. Je suis fière d'avoir eu comme coéquipier mon ami Denis », conclut la présidente de la FTQ, Magali Picard.

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13e congrès de la FIQ | Un moment important

17 juin, par Julie Bouchard — , ,
Nous avons vécu un moment important, la semaine dernière, à Québec. Ce 13e congrès de la FIQ a été le terreau de nos luttes et de notre solidarité pour les années à venir. J'ai (…)

Nous avons vécu un moment important, la semaine dernière, à Québec. Ce 13e congrès de la FIQ a été le terreau de nos luttes et de notre solidarité pour les années à venir. J'ai vu des professionnelles en soins audacieuses, brillantes et déterminées réfléchir, discuter et débattre sur les défis de demain. Vos déléguées syndicales sont animées par une volonté sincère de défendre vos droits, d'améliorer vos conditions de travail et de rendre le réseau de la santé plus humain.

C'est donc avec une immense fierté et beaucoup d'émotion que j'ai accepté le deuxième mandat de présidente qu'elles m'ont accordé à l'issue des élections.

Depuis 2021, j'ai le privilège de vous représenter, de porter nos luttes et nos espoirs. Ce rôle est exigeant, souvent confrontant, mais toujours profondément porteur de sens. Alors que s'amorce mon deuxième mandat, mes convictions et ma détermination sont plus vives que jamais. Je continuerai de porter votre voix haut et fort, sans compromis.

Mais mon travail ne serait pas possible sans l'apport inestimable de mes collègues. Je tiens à souligner tout le travail qu'ont accompli Isabelle Giroux, Patrick Guay et Laurier Ouellet au sein du comité exécutif dans les quatre dernières années. Leur dévouement a laissé une marque importante à la FIQ.

Une nouvelle équipe se met en place et je suis ravie d'accueillir Julie Daignault, Pascal Beaulieu et Sébastien Bouchard parmi nous. J'ai hâte de poursuivre le travail à leurs côtés, ainsi qu'à ceux des membres réélues du Comité exécutif, soit Nathalie Levesque, Françoise Ramel, Isabelle Trépanier, Roberto Bomba et Jérôme Rousseau !

Pour en savoir plus sur les décisions prises, les visages du nouveau Comité exécutif et des comités statutaires et les dossiers prioritaires qui guideront nos actions dans les prochaines années, je vous invite à lire cette édition du FIQ en action jusqu'au bout.

Merci de faire vivre notre fédération avec autant de force et de solidarité. Nous sommes et resterons inébranlables face aux défis de demain.

Julie Bouchard
Présidente de la FIQ

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