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Des syndiqués d’Amazon s’invitent à un colloque de la CNESST

Pour se révolter : écoutons Radio Jean Boulet !

Visiblement, l'incompétence du Gouvernement Legault, les centaines de millions de dollars dilapidés dans Northvolt (mais aussi pour Amazon, la venue des Kings etc.), l'explosion des inégalités sociales malgré un déficit public record, le pillage des fonds publics par une toute petite oligarchie de privilégiés (financiers, assureurs, riches entrepreneurs, médecins etc.), la privatisation des biens publics comme Hydro-Québec (PL69), la corruption au sein de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) le bas-de-laine des québécois·es, les hôpitaux insalubres, les urgences et les soins de santé inaccessibles, les soins dentaires inabordables, des salaires qui ne suivent pas l'inflation...
... le coût des produits de base qui explose, les transports en commun en faillite et toujours plus chers, les routes éventrées et les infrastructures qui s'effondrent tranquillement, les CHSLD transformés en d'ignobles mouroirs faute de ressources, l'empoisonnement des enfants à Rouyn Noranda, la protection de la jeunesse incapable de remplir ses missions de base, les écoles publiques et les CÉGEPS délabrés, surchargés et en sous effectifs, les logements insalubres et transformés en passoires énergétiques, les expulsions de logement à la chaine, les morts-vivants drogués jusqu'à la moelle et abandonnés dans les parcs des centre-villes, l'agriculture en crise, la mise en esclavage des ouvriers agricoles, les petites villes qui meurent peu à peu faute de services publics, les passe-droits pour les multinationales étatsuniennes pour qu'elles ravagent l'écosystème de Blainville ou du Nord du Québec, le ciblage systématique des étrangers, le paternalisme et le mépris du Premier ministre qui ne cesse de répéter – à la manière de « big brother - que « tout se passe bien », ne suffisent pas pour que la gauche québécoise, Québec solidaire, les centrales syndicales, les groupes communautaires se rassemblent, s'organisent en front populaire et exigent urgemment la démission du Gouvernement Legault.
Alors pour se mobiliser davantage, on a peut-être trouvé une solution : écouter le Ministre du travail, Jean Boulet, défendre son projet de Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out en Commission parlementaire.
Au-delà de l'enfumage du Ministre, ce projet de loi poursuit comme objectif de permettre au Gouvernement de supprimer le droit de grève dès qu'il estime que c'est nécessaire pour « assurer le bien-être de la population ». Les secteurs ciblés sont les derniers à avoir le droit de faire grève sans trop de limitations et à pouvoir s'opposer aux attaques continues contre l'État social québécois : l'éducation et les transports en commun.
Nous faisons l'hypothèse que celles et ceux qui travaillent ou ont déjà travaillé au salaire minimum, qui ont déjà été humilité au travail, qui ont osé se lever ou s'organiser pour revendiquer quoique ce soit à leur supérieur, qui ont déjà participé à une grève, ne tiennent pas plus de cinq minutes devant les interventions du Ministre sans avoir envie de lui demander de se taire et de quitter sans plus tarder l'Assemblée nationale ; bref, pour exiger qu'on « l'expulse humainement » pour reprendre une formule du Premier ministre.
Ce n'est pas une question de ton, même si ses monologues et son ton obséquieux, sont insupportables. Dans ce registre, il est à peine meilleur que son maitre, François Legault et que de nombreux député·es et employeurs. C'est le fond qui révolte. Pendant des heures, M. Boulet marmonne la même rengaine : il faut restreindre davantage encore le droit de grève pour « assurer le bien-être de la population ». On doit « améliorer le taux de 95% des conventions collectives obtenues sans arrêt de travail ».
On pensait avoir atteint des sommets après les contre-vérités de François Legault et les mensonges quotidiens de Donald Trump et de ses amis depuis leur retour au pouvoir. Et bien on a trouvé un nouveau champion, pour le Québec à tout le moins.
Trois exemples, qui sont ceux que le Ministre répète ad nauseam à l'Assemblée nationale. Tellement en boucle, qu'on sent qu'il est lui-même un peu gêné de les répéter quand il s'aperçoit que son auditoire s'en rend compte et que ça commence à sérieusement énerver tout le monde.
Premier exemple, il faut protéger les enfants, explique le Ministre sans rire. Ah bon ? Oui. C'est important. Il faut même protéger les 54 000 enfants qui souffrent de handicap, qui ont des troubles de santé mentale, autistes. Mais attention, pas n'importe quand. Surtout (ou uniquement ?) pendant les grèves. C'est de fait ce que l'on est obligé de conclure quand on se rappelle que pendant plus d'un an de négociation collective, les 60 000 enseignantes de la FAE n'ont eu de cesse de réclamer, en vain, des ressources au Gouvernement pour aider les enfants, en particulier pour ceux et celles en difficulté. Mais même après des semaines de grève illimitée, le Gouvernement a refusé de concéder quoique ce soit de conséquent sur les ressources en classe qui restent surchargées et ingérables. M. Boulet voudrait nous faire croire qu'il se préoccupe désormais des enfants ? Des enfants de Rouyn Noranda ? Des enfants de la DPJ ? Des parents d'élèves handicapés ? C'est abject ! Et une telle mauvaise foi (pour une anthologie on peut renvoyer à l'échange avec le très serviable Dr Égide Royer ) est à elle seule suffisamment écœurante pour donner envie à n'importe quelle enseignante de descendre de nouveau dans la rue, d'hurler de rage et d'exiger la démission du Ministre.
Deuxièmement pérore le Ministre, il faut protéger les travailleurs et les travailleuses, surtout les plus pauvres, ceux et celles qui ne peuvent pas faire grève et qui n'ont pas le choix que de prendre les transports en commun : « 50% des travailleurs pauvres utilisent le transport collectif pour des raisons médicales ou pour aller au travail... Le transport scolaire c'est fondamental… C'est super important de s'intéresser à ces personnes-là ». Mais attention, là encore, pas n'importe quand. Uniquement lors des grèves dans les transports en commun. C'est du moins ce que constatent ceux et celles qui utilisent quotidiennement les transports en commun, les préposées aux chambres, les préposées aux bénéficiaires, les femmes de ménages, les travailleurs et travailleuses des entrepôts d'Amazon, les travailleuses des CPE, les serveurs, les serveuses, les ouvriers, les ouvrières etc. qui voient leur condition de vie et de travail se détériorer, qui se font virer comme des délinquantes sous prétexte qu'ils et elles tentent de faire valoir leurs droits et de se syndiquer, sans que cela émeuve le moins du monde le Gouvernement Legault. Et M. Boulet voudrait nous faire croire qu'il se préoccupe d'eux et elles ? Quelle infamie !
Enfin, pour conclure, il faut penser « aux familles endeuillées… quand les dépouilles s'accumulent dans les frigidaires faute de pouvoir précéder à l'inhumation » nous dit le Ministre. « C'est une question de dignité ! ». De quoi s'agit-il ? Le ministre fait référence à la grève de la petite quinzaine d'employé·es du cimetière de Notre Dame de Grâce à Montréal pendant laquelle l'employeur a bloqué toute négociation pendant plus d'un an. Ici, le ministre, sans vergogne, instrumentalise les morts et les familles endeuillées, lui qui n'a strictement rien fait pour régler ce conflit et qui refuse toujours d'intervenir dans les conflits de travail (les chauffeurs de bus en grève en savent quelque chose) tant que les employeurs ne font pas appel à lui. Quelle ignominie !
Bref, pour ceux et celles qui espèrent de leur vivant une Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en tout temps et qui auraient besoin de se remotiver, on recommande : Radio Boulet !
Camille Popinot
26 mars 2025
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Du nettoyage ethnique au génocide (1967-2025)
Du nettoyage ethnique au génocide (1967-2025)
Deuxième d'une série de cinq soirées d'information sur les racines du génocide à Gaza, sous le thème « Palestine : une histoire qui n'a pas commencé le 7 octobre 2023 », organisées par la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
THÈMES ABORDÉS : Le processus israélien d'appropriation territoriale depuis 1967 : l'occupation militaire , la construction des colonies de peuplement en territoire palestinien occupé, la dépossession de la population palestinienne et sa transformation en réfugié.es. L'offensive actuelle à Gaza et le caractère génocidaire du projet israélien.
Avec Joël Bedda et Anne Latendresse.
Animation : Diane Lamoureux.
✦ Joël Bedda est diplômé de l'Institut du Droit de la Paix et du développement (Nice), détenteur d'une Maîtrise II en Sécurité internationale, Défense et intelligence économique. Il est chercheur juridique pour l'organisation palestinienne de défense des droits humains, Al Haq.
✦ Anne Latendresse est professeure au département de géographie de l'UQAM. Active au sein du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien depuis de nombreuses années, elle a vécu plus de deux ans en Cisjordanie occupée pour y mener une recherche. Elle a notamment été co-présidente d'Alternatives de 2020 à 2025.
✦ Diane Lamoureux est professeure émérite de science politique à l'Université Laval et militante de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
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Budget Girard : les réactions des organisations populaires

Voici la revue de presse des réactions des organisations syndicales, féministes et populaires au dépôt du budget du ministre des finances Eric Girard. Elle sera mise à jour au fur et à mesure de la publication des réactions par communiqués.
Budget provincial : Couper en éducation, une décision inacceptable et scandaleuse
MONTRÉAL, le 28 mars 2025 - Le Conseil national du soutien scolaire du syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau — (CNSS-SEPB-Québec-FTQ) dénonce avec une grande vigueur les coupes budgétaires en éducation annoncée par la CAQ lors du dépôt de son budget cette semaine.
La présidente du CNSS, Manon Cholette ne décolère pas, « un gouvernement un tant soit peu responsable ne devrait jamais au grand jamais couper en éducation. Le secteur scolaire c'est la fondation de notre société, nos membres façonnent l'avenir des jeunes au quotidien et la CAQ leur enlève les moyens de bien faire leur travail, comment peut-on en arriver là ?", demande-t-elle.
Ne vous laissez pas berner. La CAQ annonce une augmentation de 2,2% des dépenses en éducation, mais dans les faits cette augmentation anémique représente une diminution face aux défis auxquels font face nos membres.
« Les infrastructures sont en décrépitude depuis des années, la violence dans les écoles est un problème criant. De plus en plus d'élèves demandent une attention particulière, nous aurions souhaité des annonces qui nous auraient permis de garder la tête hors de l'eau. Au lieu de ça, on nous annonce une enveloppe budgétaire qui au mieux favorisera le statu quo et au pire fera sombrer le milieu scolaire dans un marasme plus important », ajoute Mme Cholette.
Renforcement de la Loi 21, un autre coup dur
Comme si ce n'était pas suffisant, la CAQ a également annoncé qu'elle comptait renforcer la Loi 21 afin de favoriser davantage la laïcité dans le réseau scolaire. Le CNSS estime que cette initiative n'aura pour effet que d'empirer la pénurie d'employé.es qui sévit actuellement dans le réseau.
« Ne nous cachons pas la tête dans le sable, le renforcement de la Loi 21 vise principalement un groupe formé surtout de femmes. Ces dernières sont nombreuses à occuper un poste dans nos centres de services et commissions scolaires et si on les oblige à choisir entre leur foi et leur travail, nous allons les perdre », dénonce Mme Cholette.
Le manque de personnel dans les centres de services et commissions scolaires du Québec est criant. Le recrutement et la rétention du personnel sont difficiles parce que les conditions de travail ne sont pas alléchantes.
« Le gouvernement a gelé les embauches pendant plusieurs mois et voilà qu'il se propose de lancer un ultimatum à nos collègues au risque d'en perdre plusieurs. C'est un enjeu de dignité pour nos membres et au niveau des ressources humaines c'est une grave erreur stratégique », conclut Mme Cholette.
Budget du Québec 2025-2026 : L'AGRTQ préoccupée par la faible place occupée par le développement du logement communautaire et social dans les priorités des programmes publics du Gouvernement du Québec
QUÉBEC, le 27 mars 2025 - L'Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ) préoccupée par la faible place occupée par le développement du logement communautaire et social, réitère que ce dernier doit être au cœur des priorités des programmes publics du Gouvernement québécois.
Pas de nouveaux investissements à la mise en chantier pour de nouveaux projets
Pendant que les listes d'attente pour un logement communautaire et social augmentent, le budget annoncé par le ministre des Finances ne prévoit pas de nouveaux investissements qui permettront de mettre en chantier de nouveaux projets afin de répondre aux nécessités des personnes à besoins spécifiques et des populations vulnérables.
Lors d'une consultation récente de ses membres ancrés sur l'ensemble du territoire québécois, les groupes des ressources techniques témoignent que les organismes à but non lucratif, qui offrent des services aux communautés sont prêts à mettre en œuvre des projets en habitation communautaire et sociale dans une proportion de 10 000 unités dès maintenant. Malheureusement, en regard des orientations budgétaires actuelles, rien ne laisse pressentir la mise en œuvre rapide de ces projets.
Au précédent budget, le Gouvernement entendait réaliser son objectif de livrer plus de 23 000 logements entre 2023 et 2029. Cela représente un investissement de 2,6 milliards de dollars sur six ans.
Nous observons que cet investissement demeure identique dans le présent budget et que la cible n'a pas été bonifiée. Conséquemment, il n'y a pas de nouveaux subsides disponibles pour la réalisation de projets supplémentaires en habitation communautaire et sociale.
De plus, nous constatons que la mise en chantier sera en décroissance significative à partir de l'année 2027-2028. On passera de 8 373 unités en 2026-2027, puis 2 914 unités en 2027-2028 et à 65 unités en 2028-2029.
Nous sommes d'avis que la réalisation de projets devrait être en continu dans un programme autonome dédié à l'habitation communautaire et sociale, avec des périodes de dépôt et des cibles d'unités clairement définies, favorisant une atteinte de cibles cohérentes répondant aux besoins des populations vulnérables.
« Investir dans le logement communautaire et social, c'est investir dans nos communautés sur l'ensemble du territoire et offrir un milieu de vie abordable, accessible, durable et de qualité. Les groupes de ressources techniques du Québec sont ancrés partout au Québec et ils accompagnent tous les jours les organismes à buts non lucratifs et les coopératives d'habitation désireux d'offrir un toit pour tous. L'état doit contribuer en investissant massivement dès maintenant dans le logement communautaire et social », mentionne Ambroise Henry, président de l'AGRTQ
Quelques mesures accueillies positivement
L'AGRTQ tient à souligner un investissement de 302,6 millions de dollars sur 5 ans afin de soutenir l'accès au logement. Ce budget vise notamment a préserver le parc d'habitations à loyer modique et à répondre aux besoins urgents en matière de logement.
Le Réseau québécois des OBNL d'habitation et l'AGRTQ saluent « la revalorisation du financement pour l'accès au logement de 302,6 millions de dollars étalé sur cinq ans. Toutefois, la répartition du montant alloué au maintien du parc d'habitations à loyer modique de 228 millions de dollars nous pousse à nous interroger sur les possibilités d'action offertes aux OSBL d'habitations afin de maintenir un parc de logement abordable et décent alors que ce budget, prévu sur 3 ans, diminue drastiquement chaque année ».
L'AGRTQ tient également à souligner l'investissement de 38 millions de dollars afin de renflouer le Programme d'adaptation de domicile dédié aux personnes en situation de handicap. Ces fonds étaient épuisés depuis plusieurs mois et cette mesure permettra de relancer les travaux d'aménagement. Un engagement pour les années suivantes aurait été bienvenu considérant l'ampleur des besoins de ces personnes.
Enfin, l'AGRTQ souligne l'engagement pris par le Programme de financement en habitation de la Société d'habitation du Québec (SHQ) d'utiliser de nouveaux outils financiers, notamment des garanties de prêt et des prêts à conditions avantageuses afin de compléter le financement de projets d'unités abordables. L'AGRTQ offre son entière collaboration dans la réflexion, l'élaboration et la mise en place des stratégies.
Le logement communautaire et social doit être considéré comme un chantier d'infrastructure majeur
En l'absence d'investissements massifs dans le budget pour le secteur du logement communautaire et social, nous sommes contraints de nous adapter à la faible part qui est associée dans le Plan Québécois des Infrastructures (PQI) 2025-2035. En effet, l'investissement prévu pour les 10 prochaines années s'élève à 3 986,6 milliards sur un budget total de 164 milliards, soit une part de 2.4%.
L'AGRTQ a la ferme conviction que la population québécoise a le droit d'avoir accès à un milieu de vie abordable, durable et de qualité. Les logements doivent être diversifiés et répondre aux besoins de l'ensemble de la population tout en créant des milieux où il fait bon vivre en communauté.
« Nous demeurons convaincus que ces logements doivent demeurer à l'abri de la spéculation immobilière et être menés par et pour les communautés. Les retombées du logement communautaire et social sont majeures et nombreuses dans l'écosystème québécois et nous avons le devoir d'investir massivement dès maintenant » souligne Tommy Théberge, directeur général de l'AGRTQ.
Ambroise Henry, président de l'AGRTQ, affirme que « Le moment est venu de considérer l'habitation communautaire et sociale comme une infrastructure majeure qui a des retombées économiques et sociales sur tout le territoire québécois ».
En contexte économique incertain, investir en petite enfance est essentiel - Le Collectif petite enfance exprime ses préoccupations concernant le budget 2025-2026 du Québec
MONTRÉAL, le 27 mars 2025 - À la suite du dépôt du budget 2025-2026 du gouvernement du Québec, le Collectif petite enfance est inquiet quant aux orientations budgétaires concernant les services destinés aux tout-petits et à leurs familles. Au-delà des coupures que peuvent représenter les faibles augmentations des dépenses en santé et services sociaux ou en éducation, le Collectif constate l'absence d'investissements majeurs et transversaux pour les tout-petits et leur famille.
Notamment, l'organisation, regroupant 23 membres et alliés experts nationaux en petite enfance et périnatalité, est inquiète quant à l'absence apparente de suite au Grand chantier pour les familles, entre autres pour la complétion du réseau des services de garde éducatifs à l'enfance. Assurer l'accès à une place de qualité pour chaque enfant est essentiel pour favoriser l'égalité des chances, alors que ce soutien aux familles bénéficie aussi au marché de l'emploi.
Le Collectif petite enfance reconnaît que certains investissements positifs ont été faits pour améliorer les conditions de vie des enfants les plus vulnérables et les services leur étant destinés. Cependant, les investissements annoncés pour la mise en œuvre de la stratégie nationale intégrée de prévention en santé - financement pour une année seulement et d'une ampleur diminuée comparativement aux années précédentes - soulèvent des doutes. Le Collectif suivra l'évolution de ce dossier avec attention.
Citation
« Même en période d'incertitudes économiques et de restrictions budgétaires, on ne peut jamais faire l'économie des investissements en petite enfance et en périnatalité. Les rendements de ces investissements sont les plus élevés pour l'État. Ils constituent une approche préventive qui génère des retombées positives dans plusieurs sphères de la société et permettent de réduire les dépenses futures dans les systèmes de santé, d'éducation et de services sociaux. Négliger la petite enfance aujourd'hui engendrera inévitablement des coûts supplémentaires à court, moyen et long termes », affirme Elise Bonneville, directrice du Collectif petite enfance.
Budget du Québec et transport collectif : « Pour la CAQ, c'est le tout-à-l'auto » -SCFP
MONTRÉAL, le 27 mars 2025 - Le Conseil provincial du secteur transport terrestre (CPSTT-SCFP), qui représente près de 9000 travailleurs et travailleuses dans le transport collectif au Québec, abonde dans le sens des organismes de la société civile qui sont amèrement déçus par le budget Girard déposé ce mardi. Pour le CPSTT, le document est marqué par un grave manque d'ambition et de vision, et trahit la préférence pour l'automobile du gouvernement Legault.
« Ce budget rate complètement la cible, que ce soit pour l'entretien des infrastructures existantes, le développement de nouvelles infrastructures indispensables, ou plus généralement pour l'amélioration du service dans les différentes sociétés de transport », de commenter Simon Mathura, président du CPSTT.
« Bien sûr, il y a la participation au projet de tramway à Québec, mais là encore, le gouvernement de la CAQ s'est retrouvé à y participer quasiment contre son gré et pour des raisons apparemment électoralistes. Pour le reste, c'est une sorte d'abandon tranquille et une préférence implicite pour le tout-à-l'auto. C'est une bien triste nouvelle pour les Québécois et Québécoises qui ne peuvent se passer du transport en commun et qui sont déjà les plus touchés par la crise du coût de la vie. Et bien évidemment, c'est un manque d'ambition flagrant par rapport aux objectifs climatiques du Québec, donc un pelletage par en avant du problème aux générations suivantes », de conclure Simon Mathura.
Des décisions budgétaires dangereuses, déplore la FQPPU : malgré la précarité, le gouvernement sabre dans le financement universitaire
MONTRÉAL, le 27 mars 2025 - La Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) exprime sa vive inquiétude et son indignation devant la décision du gouvernement du Québec de réduire le financement des universités pour l'année budgétaire 2025-2026. À l'heure où notre réseau peine déjà à faire face aux conséquences majeures de récentes décisions gouvernementales malavisées, et dans un contexte économique singulièrement difficile, cette décision constitue une menace directe à l'intégrité de toutes les universités québécoises, grandes comme petites, dans les centres urbains comme dans les régions. Les coupes imposées les placent en effet dans une position impossible, les contraignant à faire des choix qui pourraient notamment avoir pour conséquence d'alourdir davantage la charge de professeur•es déjà en surcharge de travail, mettant à risque l'excellence de la recherche et de l'enseignement pour les années à venir.
Un sous-financement chronique, une précarisation durable
Cette réduction du financement arrive d'ailleurs au pire moment, alors que les pertes anticipées liées à la diminution forcée du nombre d'étudiantes et étudiants internationaux (estimées à environ 200 millions de dollars pour les deux prochaines années) aggravent considérablement la crise budgétaire actuelle. Cette situation prescrit déjà aux administrations universitaires des choix aux conséquences délétères, exacerbant le déséquilibre entre ressources disponibles et besoins croissants. Le gouvernement semble également ignorer que cette réduction de financement, conjuguée à une surcharge de travail accrue des professeurs, menace directement la capacité de nos universités à maintenir leur excellence en recherche et à offrir une formation de qualité. La FQPPU demande donc au gouvernement de revoir immédiatement sa stratégie budgétaire pour assurer la pérennité et la compétitivité du réseau universitaire québécois.
« Année après année, la diminution des ressources impose aux professeur•es universitaires un effort démesuré pour maintenir la qualité de leur enseignement et de leur recherche », souligne Madeleine Pastinelli, présidente de la FQPPU. « À force de devoir constamment prendre le relais pour combler des lacunes croissantes, nos collègues nous disent à quel point elles et ils sont au bord de l'épuisement. La situation devient intenable. Et, tout autant que le bien-être et la santé des professeur•es, c'est l'université et sa mission d'intérêt public qui se trouvent fragilisées. Couper ainsi les ailes de la recherche et de l'enseignement, c'est faire preuve d'une vue courte qui aura, bien malheureusement, des conséquences graves pour de nombreuses années. »
Dans ce contexte particulièrement préoccupant, la FQPPU rappelle aux administrations universitaires qu'elles doivent jouer leur rôle pour préserver l'intégrité de la contribution des professeur•es à la mission fondamentale des universités. Ainsi, elles doivent à tout prix éviter de céder à la tentation d'accroître davantage la charge administrative des professeur•es en réponse aux contraintes budgétaires actuelles, ce qui ne ferait qu'aggraver une situation déjà critique, affaiblissant davantage la capacité des professeur•es à s'acquitter adéquatement de leurs tâches essentielles d'enseignement et de recherche. La FQPPU invite plutôt les administrations à collaborer avec les représentant•es des professeur•es et autres parties prenantes pour identifier et élaborer des solutions qui évitent d'amplifier les nombreuses difficultés que vit déjà la communauté universitaire, notamment la surcharge administrative du corps professoral. Face à des décisions budgétaires qui menacent nos lieux de savoir, il est nécessaire d'agir avec vision, en plaçant le bien commun avant des mesures de contrôle administratif contreproductives et dommageables.
En bref
– Un coup porté à l'université : devant déjà faire face à un marasme financier, les universités voient de nouveau leur financement réduit par le gouvernement du Québec, ce qui compromet leur capacité à remplir leur mission d'enseignement et de recherche.
– Des professeur•es au bord de l'épuisement : alors que les ressources diminuent, la surcharge de travail des professeur•es atteint un seuil critique, menaçant leur santé, la qualité de l'encadrement étudiant et la vitalité de la recherche.
– Un appel à la concertation : la FQPPU exhorte le gouvernement à revoir sa stratégie et appelle les administrations à ne pas aggraver la situation par des alourdissements administratifs inutiles. Il est temps de défendre collectivement la mission d'intérêt public de l'université.
Réaction au budget provincial de 2025-2026 - Accueil glacial de ce budget pour les Auberges du cœur du Québec
MONTRÉAL, le 27 mars 2025 - Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ) constate le mépris pour le travail colossal des Auberges du cœur. Cet exercice annuel est l'occasion pour le gouvernement d'indiquer à la population ses priorités. Ce budget laisse planer un flou total concernant la somme allouée à nos actions. Faut-il en conclure qu'il n'y a tout simplement rien ? Manifestement, ce dernier ne considère pas l'impact essentiel qu'auront les Auberges face à la guerre commerciale et à ses conséquences.
Le RACQ revendique pour ses membres un rehaussement significatif de leur financement à la mission depuis de nombreuses années, s'élevant aujourd'hui à 33 M$. Pourtant, après plusieurs rencontres avec le personnel des ministres des Services Sociaux, des Finances et de l'Action communautaire, plusieurs participations à des comités et des consultations ainsi que la présentation d'un plan de rattrapage financier sur quelques années, rien n'y fait. En termes de financement à la mission, les Auberges du cœur restent à la traîne des ressources d'hébergements dont la mission est similaire.
« Certaines des Auberges peinent à boucler leur budget annuel, plusieurs termineront l'année avec un déficit. Non seulement elles ne reçoivent pas plus, mais tout ce qui touche la transition à la vie adulte des jeunes non plus. Logements abordables, prévention de l'itinérance, soin de santé mentale. Rien pour ces jeunes. Ces jeunes sont dans nos ressources et on doit en refuser plusieurs par manque de place. C'est vraiment choquant. », affirme Paule Dalphond, directrice générale du RACQ.
Le 10M$ alloué à l'ensemble des organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux (OCASSS) est une honte, mêlée à un mépris envers les besoins des Auberges du cœur. Ce montant dérisoire ne fait qu'entretenir leur précarité, rendant difficile le maintien de leurs services et d'en développer de nouveaux pour répondre aux besoins de plus en plus importants des jeunes vulnérabilisés.
La CAQ abandonne les jeunes vulnérables
Le ministre Lionel Carmant s'est clairement engagé à accorder un financement supplémentaire aux Auberges du cœur, dans une entrevue accordée à Nathalie Collard, le 15 décembre dernier. Il a pris le temps de rencontre Paule Dalphond, directrice générale du RACQ, pour l'en aviser ce qui rend son désaveu envers notre travail incompréhensible. Faut-il comprendre que les belles paroles de ce gouvernement n'ont aucune valeur lorsque vient le temps de respecter ses engagements ?
Nous déplorons l'absence d'un défenseur de la jeunesse au sein du gouvernement, depuis le départ de Samuel Poulain. Nous appuyons la nécessité d'un adjoint parlementaire dédié à la jeunesse afin d'assurer une réelle prise en compte des enjeux qui la concernent. Pendant ce temps, le gouvernement concrétise une gestion néolibérale de l'État québécois, appliquant une logique marchande à un secteur où les relations humaines, l'éthique et l'équité sociale sont les pierres d'assise. Plus que jamais, les Auberges du cœur seront essentielles, malheureusement plusieurs ne pourront répondre à l'appel faute de financement.
Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec
Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec est le trait d'union de 32 membres qui opèrent 34 maisons d'hébergement communautaires pour jeunes vivant des difficultés ou en situation d'itinérance dans 10 régions du Québec. Elles doivent refuser plus de 6 000 demandes d'hébergement, généralement faute de place. Les Auberges du cœur hébergent et soutiennent chaque année plus de 4 500 jeunes âgé•e•s entre 12 et 35 ans. Au total, l'ensemble des Auberges du cœur offre plus de 780 places (416 en maison d'hébergement et 364 autres places en appartements supervisés ou logements sociaux). C'est aussi près de 500 travailleur•euse•s et 450 bénévoles qui gravitent autour de ces jeunes. Ces chiffres ne reflètent qu'une partie des besoins des jeunes pour le type d'hébergement et de soutien que nous offrons considérant les territoires où de telles ressources sont inexistantes.
Budget 2025-2026 : la vision austéritaire de la CAQ !
En somme, avec ce budget, les dépenses prévues sont loin d'être suffisantes pour préserver la qualité des services publics et réduire les écarts de richesse !
❗Aucune mesure structurante pour améliorer les conditions de vie des femmes et des personnes en situation de pauvreté ni pour faire face à la crise du logement et au recul de la justice sociale.
❗La CAQ s'obstine à refuser d'aller chercher les sous là où il y en a (faire payer plus d'impôts sur le revenu ou le patrimoine aux plus riches).
❗Au moins, c'est une bonne nouvelle que la CAQ semble prête à trouver que le déficit n'est pas si préoccupant et qu'il est loin d'un niveau record, ce que des organismes comme l'IRIS défendent depuis des années !
❗La CAQ continue de faire des économies sur le dos des travailleuses et des travailleurs et des personnes en situation de pauvreté. Et on n'oublie pas les récentes coupures de la CAQ : la fermeture du bureau d'aide juridique en immigration de l'est du Québec , les 1,5 milliards en santé, les coupes en éducation, et plus !
Les mauvaises nouvelles du budget
❌ Aucun argent neuf pour les maisons d'aide et d'hébergement en violence conjugale.
❌ Aucun nouvel investissement pour la réalisation de logements sociaux.
❌Aucune mesure structurante pour permettre aux personnes en situation de pauvreté d'améliorer leurs conditions de vie.
❌ Des miettes pour le milieu communautaire pour 2025-2026, avec un maigre 22,9 millions contre les 2,6 milliards estimés nécessaires. Rien pour les groupes en défense collective des droits et une diminution aberrante pour les organismes d'accompagnement et de soutien à l'intégration des personnes immigrantes.
❌ Compressions majeures en santé : hausse de 3%, alors que les coûts de fonctionnement nécessitent 5,4% par année - ce à quoi s'ajoutent les coupes récentes de 1,5 milliards.
❌ L'environnement, le grand oublié : le budget diminue les investissements avec un montant prévu pareil à 2024-2025 (baisse par rapport à la hausse de l'inflation) et comprend un ridicule 100 000$ pour les organismes environnementaux !
❌ Coupes majeures à prévoir dans les services à la population si le plan de retour au déficit zéro d'ici 2029-2030 est maintenu (limite de la hausse des dépenses du gouvernement québécois à 1,7 % en moyenne sur 5 ans, alors que l'inflation anticipée est de 2,25% !).
❌ Des investissements insuffisants et insatisfaisants en éducation : investissements en dessous de l'inflation qui mettent en péril le maintien des services en place ; diminution de l'investissement dans les infrastructures par rapport à l'année dernière.
❌ Une baisse de 166 M$ sur dix ans des investissements pour les services de garde éducatifs à l'enfance, selon le Plan québécois des infrastructures.
❌ Recul des investissements en transport en commun (seulement 30% du budget en transport).
❌ Coupe dans des mesures d'aide financière aux travailleuses et travailleurs à faible revenu – exemples : le bouclier fiscal, qui compense les pertes de certains transferts fiscaux dans l'année où survient une hausse de revenus d'emploi ; frais de garde d'enfants maintenant seulement jusqu'à 14 ans.
Les consolations du budget
✔️ Maintien (in extremis) du programme d'accès aux services d'interprétariat pour femmes allophones pour deux ans. Heureusement que les groupes ont lutté pour défendre ce programme !
✔️ 1000 nouvelles unités pour le Programme de supplément au loyer (dont peuvent bénéficier les femmes victimes de violence conjugale).
✔️ 1,4 M$ pour poursuivre le travail de l'équipe de la Sûreté du Québec dédiée à la violence entre partenaires intimes.
✔️ Investissements additionnels de 228 millions $ pour la rénovation et l'exploitation des habitations à loyer modique (HLM).
✔️ 42,6 millions $ sur 5 ans pour « permettre au Ministère de la Santé et des Services sociaux d'assurer l'accompagnement des personnes vulnérables » - mais ces investissements iront-ils dans le soutien communautaire en logement social et communautaire ?
✔️ Retour du programme d'adaptation à domicile actuellement suspendu par manque de fonds (programme qui vise à permettre aux propriétaires de rendre leur logement accessible et adapté aux besoins des personnes en situation d'handicap).
✔️ En santé, de bonnes intentions sont annoncées mais sans détails ni moyens de confirmer la concrétisation de ces mesures (à surveiller !) :
– Réduire le temps supplémentaire obligatoire
– Implanter l'autogestion des horaires du personnel
– Limiter le recours aux agences de placement (on aimerait mieux leur abolition !)
– Favoriser le soutien à domicile et améliorer la première ligne.
✔️ Investissement dans la sécurisation culturelle des personnes autochtones dans le réseau de la santé et des services sociaux (10 M$ par année, ce qui reste minime compte tenu de la discrimination systémique). Mais sans la reconnaissance de cette discrimination systémique !
✔️ Culture : 317,9 millions de dollars sur cinq ans. Les mobilisations ont été au moins partiellement répondues !
Sources
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Collectif pour un Québec sans pauvreté
Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS)
Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN
Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQACA)
Budget du Québec 2025-2026 : De mauvais choix qui fragilisent le filet social québécois -Coalition des Tables régionales d'organismes communautaires
Le 26 mars 2024, Saint-Lin-Laurentides - La Coalition des Tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) réagit avec beaucoup de déception face au budget Girard-Legault 2025-2026. Des 830 millions supplémentaires demandés par les organismes communautaires autonomes intervenant en santé et services sociaux, seulement 10 millions d'investissements ont été annoncés dans le budget. En d'autres termes, le gouvernement s'attend à ce que plus de 3 000 organismes se partagent 10 millions, ce qui revient à un maigre 3 000 dollars par organisme.
En sommes-nous à un point de rupture du filet social québécois ?
Entretemps, le filet social québécois continue de péricliter par manque de soins. Non seulement le budget 2025-2026 prive le réseau public de la santé et des services sociaux des moyens nécessaires pour continuer à offrir des services à la population, il devra en outre couper dans ses dépenses avec l'imposition d'une limite de croissance de 3%.
Selon Daniel Cayley-Daoust, porte-parole de la CTROC : “Ces décisions, combinées à celle d'accorder une augmentation risible de 10 millions aux organismes communautaires, conduisent inévitablement à un seul constat : c'est la population qui, encore une fois, écopera des choix budgétaires gouvernementaux.” Vers un détournement des responsabilités des organismes communautaires ?
En dépit de la Loi sur la gouvernance en santé et services sociaux et de la politique
gouvernementale sur l'action communautaire qui garantissent aux organismes leur liberté de pratiques, d'orientations et de gestion, le réseau public se tourne de plus en plus vers eux pour combler les services qu'il ne peut plus offrir par manque de ressources. Or, si les organismes désirent pour la plupart collaborer, ils visent d'abord et avant tout à répondre aux besoins des personnes qui les fréquentent. Moins le réseau public dispose de ressources, plus la pression est forte pour utiliser les organismes communautaires à ses propres fins. “Un financement à la mission adéquat constitue le meilleur garde-fou pour protéger l'autonomie face aux tentatives de transférer les responsabilités du réseau public vers les organismes”, constate Daniel Cayley-Daoust.
La CTROC et ses membres craignent grandement que l'insuffisance de rehaussement financier pour l'année 2025-2026 accentue cette volonté gouvernementale de détourner les organismes communautaires de leur mission première pour son propre bénéfice et ceci, au détriment de la population.
La CTROC tient à mettre le gouvernement en garde contre toute tentative de se défi ler de ses responsabilités d'offrir des services publics de santé et de services sociaux adéquats et suffi sants, et de transmettre cette charge aux organismes communautaires autonomes. Pour le bénéfi ce de la population, le gouvernement se doit d'investir tant dans le réseau public que dans le milieu communautaire en respect de leurs missions respectives.
Grande mobilisation pour les arts au Québec : La lutte paie et elle continue
La GMAQ salue la décision du gouvernement d'augmenter le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec. La majoration des budgets permanents du CALQ à 165 millions et l'augmentation de ses crédits totaux à 200 millions pour les trois prochaines années constituent une mesure d'urgence essentielle qui apporte un bref répit pour un milieu des arts en péril.
Ce gain est le résultat d'une extraordinaire mobilisation concertée d'une multitude d'acteur.ice.s des arts, qui démontre que la lutte politique paie. Voilà plus d'un an que la Grande mobilisation pour les arts au Québec, alliée au Front commun pour les arts, est dans la rue et dans les médias pour porter les revendications des artistes et des travailleur.euse.s des arts de toutes les disciplines. Aujourd'hui, nous recueillons les premiers fruits de notre travail et de notre ténacité. Bravo et merci à toutes les personnes engagées dans ce mouvement ! Maintenant, la lutte pour les arts doit continuer !
La GMAQ porte deux revendications centrales : la majoration des fonds destinés au CALQ, à laquelle répond en bonne partie le budget du ministre Girard, et la création d'un programme de soutien continu aux artistes (filet social). Cette deuxième revendication est toujours sur la table et reste indispensable pour sortir les artistes de l'état de précarité endémique et permanent qui est le leur depuis trop longtemps. Il revient à l'ensemble de la société de s'assurer que les personnes qui créent la culture puissent le faire dans des conditions décentes et soutenables à long terme.
La GMAQ continuera de se battre pour la reconnaissance du rôle crucial des arts et pour un meilleur soutien aux artistes et aux travailleur.euse.s indépendant.e.s de toutes les disciplines, dans une vision inclusive, ouverte et expérimentale de la culture. Nous serons d'ailleurs attentif.ives.s à l'usage qui sera fait des crédits supplémentaires accordés au CALQ, pour nous assurer qu'ils se rendront jusqu'aux poches des artistes.
Budget 2025-2026 : trop peu, trop tard pour l'enseignement supérieur selon la FECQ
QUÉBEC, le 25 mars 2025 - Dans un contexte où l'enseignement supérieur a cruellement besoin d'un changement de cap, le budget 2025-2026 arrive avec une rame cassée. Avec une hausse des dépenses d'à peine plus de 2%, bien en deçà des augmentations des dernières années, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) déplore un manque flagrant d'ambition. Et pourtant, les besoins sont urgents : des infrastructures qui tombent presque en ruine, des cégeps de région en difficulté, et une population étudiante de plus en plus précaire.
Infrastructures collégiales
Aujourd'hui marquait le dépôt du premier budget caquiste depuis la publication, en mai dernier, du rapport accablant du VGQ sur l'état du parc immobilier des cégeps. La FECQ s'attendait à une réponse forte, mais déplore un sérieux manque de vision du gouvernement. Le budget alloué au maintien du parc stagne, et les sommes destinées à résorber le déficit de maintien d'actif pour 2025-2026 — soit 70 M$ — restent bien en deçà des besoins. Rappelons que l'an dernier, le déficit de maintien d'actif était estimé à 764 M$, sans qu'aucune mise à jour ne soit proposée cette année pour évaluer l'état réel des bâtiments.
Au-delà de la vétusté, le réseau collégial est aussi confronté à un manque criant d'espace pour accueillir la hausse des effectifs. À la rentrée 2024, par exemple, le Collège Montmorency a dû refuser l'admission de plus de 1 000 personnes étudiantes. La FECQ salue néanmoins l'ajout de près de 100 M$ sur deux ans pour bonifier le parc immobilier, qui est un pas dans la bonne direction, mais encore loin de suffire à répondre à l'ampleur des besoins.
Vitalité des cégeps de région
Dans un budget qui prétend miser sur l'innovation et anticiper les risques liés aux tensions tarifaires avec les États-Unis, l'absence de mesures pour soutenir les cégeps en région est pour le moins décevante. Ces établissements jouent pourtant un rôle central dans le développement économique et social de plusieurs régions du Québec. Or, sans mesures concrètes pour contrer la baisse des effectifs étudiants, celle-ci ne fera que s'accentuer, fragilisant l'offre de formation et limitant l'impact positif de ces cégeps sur leur milieu.
Plus spécifiquement, la FECQ déplore qu'aucune bonification n'ait été prévue pour le programme de bourses Parcours, qui vise à encourager la mobilité interrégionale, alors que certains établissements peinent à répondre à plus du tiers des demandes, faute de ressources suffisantes. Alors que plusieurs cégeps urbains font face à un contexte de surpopulation, il aurait été judicieux de bonifier ce programme afin d'inciter davantage de personnes étudiantes à réaliser leur parcours collégial en région.
Précarité financière étudiante
Depuis la rentrée 2024, la FECQ et plus de 200 000 personnes étudiantes demandent à la CAQ de renverser le poids de la précarité. Dans ce budget, un seul signal a été entendu : une indexation de l'aide financière aux études d'une valeur de 225 M$ sur cinq ans. Un pas dans la bonne direction, certes, mais insuffisant à lui seul pour répondre à l'ampleur des besoins.
Alors que le gouvernement met fin aux bourses Perspective — une coupe de 250 M$ — la FECQ s'attendait à ce que ces sommes soient réinvesties là où les besoins sont les plus criants, à commencer par la rémunération des stages. Or, aucune mesure n'a été annoncée. Et pendant que 40 % de la population étudiante vit de l'insécurité alimentaire, pas un seul dollar n'a été prévu pour le réseau postsecondaire à ce chapitre, alors que la FECQ réclamait pourtant moins d'un million par année. En refusant d'agir sur les enjeux les plus criants, le gouvernement tourne le dos à une génération qui, pourtant, continue de se mobiliser pour son avenir.
Citation
« Le rapport de la VGQ sonnait l'alarme incendie. La CAQ, elle, arrive avec un verre d'eau tiède. Aucune hausse pour le maintien du parc, aucune mise à jour de l'état des infrastructures : ce n'est pas un plan d'action, c'est un plan de table. Et comme si ça ne suffisait pas, après avoir sabré 250 M$ dans les bourses Perspective, le gouvernement n'a même pas cru bon de rémunérer les stages ni de proposer des mesures contre l'insécurité alimentaire. La FECQ accueille néanmoins favorablement l'indexation de l'aide financière aux études pour une valeur de 225 M$ sur cinq ans. », mentionne Antoine Dervieux, président de la FECQ
Budget Québec 2025-2026 : L'audiovisuel ignoré, l'AQTIS 514 IATSE exprime sa déception
QUÉBEC, le 26 mars 2025 - L'AQTIS 514 IATSE se dit déçue de l'absence de soutien direct à l'industrie des productions visuelles dans le budget 2025-2026, malgré une augmentation du budget culturel global de 717 millions de dollars. Loin de renforcer un secteur pourtant crucial, le budget 2025-2026 semble ignorer les défis urgents auxquels il est confronté.
Au-delà de l'absence de nouvelles mesures, l'AQTIS 514 IATSE s'inquiète de la trajectoire à la baisse annoncée pour la mise en valeur de la culture et de l'identité québécoise, qui verra ses fonds diminuer de 124,2 millions à 96 millions de dollars d'ici 2029-2030.
Si le maintien du soutien à la SODEC est noté, l'association insiste sur la nécessité de traduire rapidement les futures recommandations du Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel au Québec (GTAAQ) en actions concrètes et en investissements significatifs pour les années à venir. Rappelons que l'AQTIS 514 IATSE a participé aux travaux de ce groupe en déposant un mémoire proposant des solutions spécifiques aux enjeux actuels.
« Ce budget envoie un mauvais signal : l'importance stratégique de notre secteur pour l'économie et la culture québécoise n'a malheureusement pas été entendue », déplore Bernard Larivière, président de l'AQTIS 514 IATSE. « Alors que nous faisons face à des enjeux cruciaux de protection de notre identité et de nos valeurs dans le contexte international actuel, cette absence de soutien est non seulement décevante, mais potentiellement dommageable pour l'avenir de notre industrie. »
Rappelons que l'industrie des productions visuelles étrangères, véritable moteur économique pour le Québec, génère des milliers d'emplois et des retombées financières considérables tout en assurant le rayonnement de la culture québécoise mondialement.
Budget 2025-2026 du Québec - Les enfants vulnérables toujours aussi vulnérables -Association québécoise des centres de la petite enfance
MONTRÉAL, le 26 mars 2025 /CNW/ - Alors que les associations nationales des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées subventionnées (GS) ont fait de multiples représentations et une démonstration des besoins grandissants pour accueillir et accompagner les enfants les plus vulnérables dans les services éducatifs à l'enfance, les 82 millions de dollars sur 5 ans annoncés aujourd'hui seront insuffisants pour accompagner les enfants.
Citation
« Le gouvernement reconnaît sur le bout des lèvres les besoins du réseau pour le bien-être et le développement des enfants issus de contexte socio-économique précaire ou ayant des besoins de soutien particulier, mais le montant octroyé est loin d'être à la hauteur des besoins. Nous avions demandé près de 240 millions de dollars pour la seule année 2025-2026, ce qui illustre l'ampleur », déplore Samir Alahmad, président de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ).
Citation
« L'annonce d'aujourd'hui équivaut à 16,4 millions de dollars par année. C'est décevant sachant que le gouvernement s'était donné jusqu'à l'année 2025-2026, avec l'axe 6 du , pour assurer un accès plus équitable aux services de garde éducatifs et une réponse mieux adaptée aux besoins des familles les plus vulnérables » déplore Samir Alahmad, président de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ).Grand chantier pour les Familles, pour assurer un accès plus équitable aux services de garde éducatifs et une réponse mieux adaptée aux besoins des familles les plus vulnérables », observe Marie-Claude Lemieux, directrice générale de l'Association québécoise des CPE (AQCPE).
Des conséquences majeures pour les familles et la société
Les services éducatifs à l'enfance sont déjà sous pression, dû à la grave pénurie de la main-d'œuvre qui sévit, notamment en regard de la qualification du personnel, essentielle pour réussir cette profession. Il n'y a plus de latitude pour alourdir une tâche déjà considérablement augmentée depuis quelques années.
Citation
« En 2023, 91% des gestionnaires de SGEE ont dit avoir des besoins de soutien par des professionnels non comblés dans leur milieu. Résultat : 20% des gestionnaires ont réduit le temps de fréquentation des enfants concernés par manque de ressources humaines. Malgré l'investissement annoncé, nous craignons que ce pourcentage augmente encore », explique Mario Ranallo, président du Rassemblement des garderies privées du Québec (RGPQ).
Beaucoup de parents, devant l'absence de services adéquats pour leur enfant, auront des choix difficiles à faire. Certains devront réduire leur nombre d'heures travaillées, d'autres seront contraints de quitter leur emploi, alors même que l'égalité des chances est au cœur de la triple mission des services éducatifs à l'enfance.
Citation
« Il est prouvé que l'accès précoce à des services de garde éducatifs de qualité contribue à prévenir des difficultés de développement et permet une meilleure préparation pour l'école. L'investissement dans la petite enfance est donc non seulement un acte de justice sociale, mais aussi un investissement à long terme. C'est d'autant plus vrai pour les enfants vulnérables pour lesquels il a été déterminé que les effets positifs d'une fréquentation d'un service éducatif de qualité sont plus importants et agissent comme facteur de protection », expose Francine Lessard, directrice générale du Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance (CQSEPE).
La CAQ fait des choix avec l'argent des Québécois
Le contexte économique impose des choix difficiles pour les prochaines années et le réseau des services éducatifs à l'enfance en est conscient. Mais investir dans le développement des tout-petits n'est pas une dépense vaine. C'est un acte de prévention qui permettrait à l'État d'économiser des millions pour compenser des problématiques qui auraient pu être évitées. On le constate d'ailleurs avec les sommes considérables qui ont été annoncées pour la réussite scolaire.
Il est impératif de poursuivre le travail entamé pour une meilleure inclusion et des services adéquats pour les enfants les plus vulnérables dans les services de garde éducatifs du Québec.
Source
– AQCPE, Enquête sur l'expérience des éducatrices et responsables en milieu familial sur l'accueil et l'accompagnement des enfants vulnérables en services de garde éducatifs à l'enfance, 2021. Voir l'étude complète ici.
– Observatoire des tout-petits, Tout-petits ayant besoin de soutien particulier - Comment favoriser leur plein potentiel ? Faits saillants. Voir l'étude complète ici.
Budget 2025-2026 : L'Union étudiante du Québec s'insurge contre une réduction du financement des universités québécoises de 31 millions $
QUÉBEC, le 26 mars 2025 - L'Union étudiante du Québec (UEQ) se désole de voir le financement des universités réduit de 31 millions lors de l'exercice budgétaire 2025-2026. Principalement causée par une diminution du nombre d'étudiants dans nos universités, cette réduction de 31 millions de dollars met en lumière l'échec des politiques de la CAQ pour les universités québécoises. À un moment où le Québec souffre sévèrement d'une pénurie de main-d'œuvre dans de multiples domaines, le Québec n'a pas le luxe de voir le nombre d'étudiants universitaires diminuer.
De plus, cette réduction du nombre d'étudiants dans nos universités ne fait que mettre en lumière l'improvisation du gouvernement en matière d'étudiants internationaux. Le gouvernement ne fait qu'aggraver la crise de financement des universités en réduisant le nombre d'étudiants internationaux. Rappelons que la ministre Déry a déposé une nouvelle politique de financement des universités en juin 2024 dont la principale source de nouveau financement provenait des étudiants internationaux. L'UEQ avait à l'époque dénoncé l'incohérence de cette politique et les intentions du gouvernement en matière d'immigration. Force est de constater que ce sont les universités québécoises qui devront maintenant payer la note de cette blessure que la CAQ s'est auto-infligée.
De plus, l'UEQ s'attriste de constater qu'aucun investissement supplémentaire en recherche universitaire n'a été effectué. Dans un contexte économique instable, l'UEQ croit qu'il est crucial d'investir dans nos chercheurs et chercheuses, notamment en augmentant les bourses du FRQ qui leur sont dédiées. La CAQ manque ainsi une occasion de faire preuve de leadership et reste en retrait par rapport au gouvernement du Canada en matière de recherche et d'innovation étudiante.
Citation :
« Créer un trou de 31 millions pour nos universités à cause de politique incohérente, c'est inacceptable ! Assoiffer nos universités avec les menaces à notre économie que l'on connaît, pendant que la pénurie de main-d'œuvre sévit, alors que le Québec doit investir en recherche et innovation, ça fait aucun sens. », s'indigne Étienne Paré, président de l'Union étudiante du Québec (UEQ).
Malgré la grave crise du logement, le budget Girard ne prévoit aucun nouvel investissement pour la réalisation de logements sociaux -FRAPRU
QUÉBEC, le 26 mars 2025 - Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) est amèrement déçu que, malgré la crise du logement vécue durement par les locataires, en particulier ceux à faibles et modestes revenus, le 7ème budget Girard ne prévoit aucun nouvel investissement pour la réalisation de logements sociaux. Sa porte-parole déplore avec véhémence les choix politiques et fiscaux du gouvernement Legault, alors que le contexte économique incertain offrait une occasion supplémentaire à saisir pour traiter le nécessaire chantier de logement sociaux et communautaires comme un chantier d'infrastructures publiques. « Le budget table sur la création de richesse alors que l'absence de mesures structurantes pour aider les locataires à faire face aux graves conséquences de l'inabordabilité croissante du logement, appauvrira encore un trop grand nombre de personnes. On y retrouve que quelques mesurettes loin de répondre aux besoins criants » a réagit Véronique Laflamme.
Le FRAPRU avait demandé au ministère des Finances dans ses représentations pré budgétaires d'offrir enfin la prévisibilité indispensable à la planification à long terme du logement social dans l'objectif d'augmenter significativement la maigre part qu'il occupe sur le parc locatif. Selon le regroupement, la construction d'un nombre significatif de logements sociaux sous différentes formes (HLM, OSBL et de coopératives d'habitation) est plus que jamais essentielle pour limiter l'effet inflationniste des logements privés neufs qui se construiront dans les prochaines années. D'autant plus que la récente Stratégie gouvernementale en habitation vise la construction de 560 000 logements locatifs en 10 ans. Selon le FRAPRU, le budget 2025-2026 aurait dû permettre de doter la Stratégie gouvernementale d'objectifs chiffrés de logements sociaux à construire sur plusieurs années et prévoir les investissements nécessaires à cette fin.
Le seul objectif énoncé dans le Plan budgétaire 2025-2026 demeure le même depuis la dernière campagne électorale, note le FRAPRU, soit de réaliser autour de 23 000 logements d'ici 2029. Non seulement ces logements ne sont pas tous sans but lucratif rappelle le FRAPRU, mais près de la moitié avaient déjà été budgétés à l'arrivée de la CAQ au pouvoir. Même les 8000 unités annoncées dans la mise à jour économique de novembre 2023 sont toutes réservées et il n'y a eu aucun appel de projet du Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) depuis plus de 18 mois, alors que l'attribution de fonds publics par décret gouvernemental s'est généralisée. « L'insuffisance et le manque de prévisibilité du financement du logement social ralentit le développement de nouveaux projets et maintient un climat d'incertitude contreproductif » insiste la porte-parole du FRAPRU qui craint que cela ne coupe les ailes des municipalités qui doivent elles aussi se doter d'objectifs chiffrés sur plusieurs années pour planifier le développement sur leur territoire.
Même si le ministre des Finances semble miser sur le fait que « les déséquilibres s'estompent graduellement sur le marché locatif », le FRAPRU rappelle que celui-ci demeure très tendu avec un bas taux d'inoccupation à 1,9% à l'échelle provinciale, mais surtout que la construction de logements neufs sur le marché privé s'est accompagnée d'une hausse exponentielle des loyers. Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement caquiste en 2018, le loyer moyen au Québec a augmenté de près de 50 %. Selon Véronique Laflamme, « l'insuffisance de l'offre de logements sociaux qui ne constituent à peine que 11 % du parc locatif, combinée à une hausse folle des loyers, n'est plus tenable pour trop de locataires qui cherchent désespérément des alternatives aux logements trop chers sur le marché privé. La situation les précarise, les conduits à l'endettement, et pousse certain•es à la rue ».
Quelques mesures bien reçues quoiqu'insuffisantes
Le FRAPRU apprécie les investissements additionnels de 228 millions $ pour la rénovation et l'exploitation des habitations à loyer modique (HLM). « Si on veut augmenter la part occupée par le logement social sur le parc locatif, il faut se donner les moyens de préserver ceux que nous avons déjà », souligne Véronique Laflamme. Cependant, selon elle, les rénovations à venir serait une occasion de densifier certains sites en ajoutant des logements comme le demande aussi la Fédération des locataires de HLM du Québec. Or, le budget n'en donne pas les moyens en ne finançant pas la réalisation de nouveaux logements.
En dehors de ces sommes, le budget finance 1000 suppléments au loyer supplémentaire qui aident les locataires à faibles revenus à payer un loyer correspondant à leur capacité de payer. Même si le budget ne le garantit pas, ces unités pourraient servir dans des projets de logements sociaux actuellement en développement. Dans la configuration actuelle des programmes, ces subventions sont essentielles dans les projets de logements sociaux en développement afin de permettre aux locataires à faibles revenus d'y avoir une place et devraient leur être réservées, rappelle le FRAPRU qui souligne que leur nombre risque d'être largement insuffisant.
Le budget Girard prévoit 42,6 millions $ sur 5 ans pour « permettre au Ministère de la Santé et des Services sociaux d'assurer l'accompagnement des personnes vulnérables », sans préciser que ces investissements iront dans le soutien communautaire en logement social et communautaire. Les principaux regroupements du milieu de l'itinérance et de l'habitation sociale et communautaires y demandent pourtant des investissements annuels de 50 millions $.
Le FRAPRU se réjouit du financement de 38 millions $ en 2025-2026 du programme d'adaptation à domicile (PAD), visant à permettre aux propriétaires de rendre leur logement accessible et adapté aux besoins des personnes en situation d'handicap, actuellement suspendu par manque de fonds.
Quant au financement pour l'aide d'urgence autour du 1er juillet, le FRAPRU note que la somme prévue cette année représente seulement la moitié de celle prévue l'an dernier. Il constate que déjà, malgré le financement par Québec de services d'aide à la recherche de logement à l'année, de très nombreux locataires se font référer directement dans des ressources en itinérance déjà débordées. Plus souvent qu'autrement, ils ne se font déjà pas offrir d'aide concrète comme de l'hébergement temporaire ou de l'aide à l'entreposage. « Tous les jours, nos groupes membres assistent en direct à la création de situations d'itinérance. On perd carrément des gens qu'on ne reverra plus et qui vont s'ajouter à ces personnes nouvellement en situation d'itinérance au prochain dénombrement de l'itinérance visible », dénonce Véronique Laflamme. Ironiquement, le budget ne prévoit pas d'investissements supplémentaires ni dans la lutte à la pauvreté, ni dans la lutte à l'itinérance ni dans les logements sociaux nécessaires pour en sortir.
Québec devra prendre ses responsabilités en matière de droit au logement
Dans les circonstances, le FRAPRU est extrêmement inquiet et prédit que la situation des locataires va continuer à se dégrader rapidement. Il promet de se mobiliser dans les prochaines semaines pour forcer Québec à prendre ses responsabilités à l'égard du droit au logement. Il espère également obtenir des engagements ambitieux des partis en lice pour former le prochain gouvernement fédéral, ce qui pourrait, il l'espère contribuer à changer la donne.
Budget Québec 2025-2026 : 2,6 millions de dollars de plus pour l'action communautaire autonome en éducation
MONTRÉAL, le 26 mars 2025 - Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) constate avec satisfaction que le Programme d'action communautaire sur le terrain de l'éducation (PACTE) bénéficiera, pour l'année 2025-2026, de crédits supplémentaires de l'ordre de 2,6 millions de dollars, un rehaussement de 5,56 % de son enveloppe budgétaire. Le PACTE finance actuellement 220 organismes œuvrant dans les domaines de l'alphabétisation populaire, la prévention de l'analphabétisme, la formation continue ou encore la lutte au décrochage et le raccrochage scolaire (écoles de la rue).
« Malgré le contexte économique incertain dans lequel nous nous trouvons collectivement, le gouvernement et son ministre de l'Éducation ont fait le choix judicieux d'investir dans le PACTE. Ces nouveaux fonds permettront à tout le moins de maintenir la capacité d'action des 220 organismes soutenus, dont 131 interviennent en alphabétisation populaire et en prévention de l'analphabétisme », soutient Caroline Meunier, coordonnatrice du RGPAQ.
Un sous-financement qui perdure néanmoins
Les groupes d'action communautaire autonome financés au PACTE ont fait valoir, dans la dernière année, un manque à gagner de près de 42 millions de dollars, dont près de 20 millions pour les groupes d'alphabétisation populaire. On estime même qu'il faudrait plus que tripler l'enveloppe du PACTE pour que l'ensemble de ces organismes réalise pleinement leur mission éducative et sociale.
Rappelons qu'en matière d'alphabétisation, les besoins sont malheureusement criants. Les dernières données issues du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA, 2022) indiquent qu'en une décennie, le pourcentage d'adultes de 16 à 65 ans ayant de grandes difficultés avec l'écrit a augmenté de 19 % à 22 %. Pire encore, le pourcentage d'adultes de ce même groupe d'âge, se situant au niveau le plus faible de l'échelle de la littératie (niveau inférieur à 1) a doublé, passant de 4 % à 8 %. Il s'agit donc de près de 1,3 million d'adultes de 16 à 65 ans qui ont besoin d'être soutenus et accompagnés dans le maintien, l'acquisition et le développement de leurs compétences en littératie, numératie et littératie numérique et dans l'amélioration de leurs conditions de vie.
Le RGPAQ et ses 78 organismes membres constatent que le financement qui leur est octroyé n'est pas à la hauteur de la tâche qui les attend au quotidien. « Nous espérons que la consultation attendue en vue de l'élaboration de la prochaine politique gouvernementale d'éducation des adultes et de formation continue débouchera sur des actions structurantes et un financement à la hauteur des défis que pose la lutte à l'analphabétisme », conclut madame Meunier.
Budget 2025 : Une claque au visage des groupes communautaires en santé et services sociaux
MONTRÉAL, le 25 mars 2025 - _La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) et ses membres sont sans mot devant la mépris négligence du gouvernement envers les groupes communautaires autonomes et, conséquemment, envers la population qu'ils accompagnent au quotidien. En effet, dans son budget 2025, le ministre des Finances n'accorde que 10M$ de plus pour les organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS). C'est le même montant que l'année passée, ce qui n'équivaudrait qu'à 3000$ par groupe. Qui plus est, rien n'indique que ce maigre montant prendra la forme de subventions à la mission globale, ni qu'il sera destiné à tous les OCASSS par le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC).
Les OCASSS agissent déjà au meilleur de leurs capacités, faisant constamment face à des défis de recrutement et de rétention de personnel. Ils n'avaient pas besoin d'une telle claque. « Les groupes ont non seulement besoin de pourvoir des postes vacants, mais aussi d'agrandir leurs équipes. Les OCASSS ont besoin de beaucoup plus que 3000$ pour tenir le rythme face aux demandes constantes de la population. » avance Anne Lagarde, membre du comité de coordination de la campagne _CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux — Haussez le financement.)_
Le PAGAC 2022-2027 ne contenait pratiquement rien pour les OCASSS et le budget de 2025 ne rectifie pas le tir. « À 24$/heure en moyenne, les salaires offerts dans les groupes communautaires accusent un écart de 42 % avec le salaire moyen[1] au Québec. Un rehaussement consistant du financement aurait entrainé l'amélioration significative des conditions de travail dans le communautaire. Faut-il spécifier que ces personnes feront aussi face à l'augmentation des coûts et à l'incertitude économique, de la même manière que la population accompagnée au quotidien et que 80 % des emplois dans le mouvement communautaire sont occupés par des femmes ? Le gouvernement vient de rater une occasion de réduire la pauvreté et de faire avancer l'équité au Québec », souligne Stéphanie Vallée, présidente de la TRPOCB.
« Alors que les OCASSS réclament depuis plusieurs années une augmentation de l'enveloppe du PSOC pour la mission globale de 1,7G$ afin de soutenir 2,25 millions de personnes, le ministre des Finances sort 1G$ de son chapeau pour aider les entreprises à faire face aux tarifs américains. Le gouvernement semble oublier que les groupes communautaires aussi font rouler l'économie et qu'ils font également partie du marché de l'emploi » poursuit Mme Vallée.
Les OCASSS réclament aussi l'équité par l'application de seuils planchers communs et adaptés aux OCASSS de même que l'indexation des subventions selon l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC). « Le budget nous apprend que le gouvernement a refusé d'appliquer l'ICFC pour n'indexer les subventions que de 2,2%, en s'appuyant uniquement sur sa prévision de l'Indice des prix à la consommation (IPC). Or, appliquer l'ICFC ne représentait qu'une différence de 7,8M $. Comment le gouvernement a-t-il pu trouver ce montant facilement quand il était question de hockey, mais refuser de soutenir la pérennité des groupes communautaires ? Comment interpréter

Musique. En Patagonie, les groupes de metal font revivre les cultures autochtones

Aux confins de l'Argentine, la musique metal n'est pas qu'un exutoire. Le “metal patagón” s'inscrit aussi dans un processus de réappropriation de l'héritage indigène, souligne le magazine d'anthropologie “Sapiens”.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le groupe de métal Neyen Mapu joue de la trutruca, un inst5rument traditionnel mapuche, dans le clip de son morceau "Paso de indios". Capture d'écran Youtube/Neyen Mapu.
Death, doom, power, nu, black… Il existe de nombreux sous-genres dans la musique metal, eux-mêmes divisés en diverses sous-catégories. Ceux précités sont parmi les plus célèbres, mais connaissez-vous le metal patagón ? Comme son nom l'indique, ce dernier a pour berceau la Patagonie, immense territoire à cheval entre le sud de l'Argentine et le sud du Chili.
Ce courant du metal “a émergé dans le sud de l'Argentine [et] mêle le metal national argentin avec la musique folklorique de Patagonie”, explique Erin Wheeler Streusand. Cette anthropologue linguistique (et amatrice de metal) y consacre un article très documenté, paru dans le magazine scientifique Sapiens.
Réappropriation culturelle
Venu d'Europe et des États-Unis, le metal s'est implanté un peu partout. Il n'est donc pas surprenant d'en trouver des pratiquants en Patagonie. Ce qui est notable avec le metal patagón, note la chercheuse, c'est sa contribution à l'autoreconocimiento (“autoreconnaissance”), processus par lequel les peuples autochtones de Patagonie se réapproprient leur histoire et leur culture, invisibilisées et discriminées en Argentine.
Comme le rappelle l'article de Sapiens, la Patagonie a été colonisée tardivement – et brutalement – lors de la “conquête du Désert”, menée par l'armée argentine à la fin du XIXe siècle. Des milliers d'Amérindiens, notamment du peuple mapuche, ont été tués ou déplacés. Et la vision de “l'Argentine comme une nation blanche d'immigrés européens” est bien ancrée.
Langues, instruments et mobilisations
À l'arrivée du metal en Argentine, dans les années 1980, retrace Erin Wheeler Streusand, “les musiciens de la classe ouvrière patagonienne ont trouvé [en lui] un puissant moyen pour exprimer leur mécontentement à l'égard des difficultés économiques, des gouvernements déconnectés de la réalité, de l'effacement des populations autochtones et de l'isolement de leur région par rapport au reste du pays”.
Les groupes de metal patagoniens, avec comme pionniers Aonikenk, notamment (voir ici), avaient des inspirations musicales diverses mais se sont retrouvés dans leur volonté de redécouvrir et de transmettre leur héritage indigène. On l'observe dans les esthétiques, les noms et les paroles en langues mapudungun ou tehuelche chantées par certains groupes, comme Awkan.
Les chansons abordent l'histoire des peuples autochtones de Patagonie mais aussi des événements contemporains, comme la mobilisation des Mapuche contre les projets d'extraction minière sur les terres de leurs ancêtres.
Musicalement, des instruments traditionnels comme le kultrun, un tambour de cérémonie, ou la trutruca, instrument à vent que l'on peut entendre dans ce morceau de Neyen Mapu, sont fréquemment utilisés :
“Je ne sais pas pourquoi le metal s'accorde si bien avec le folklore patagonien”, se demande Rogelio Calfunao, grand promoteur de la musique patagonienne qu'a rencontré Erin Wheeler Streusand. Avant de donner lui-même des éléments de réponse : “À cause des paroles, de la rébellion, de la puissance.”
Maxime Bourdier
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Un des réalisateurs de l’oscarisé « No other land » arrêté par l’armée israélienne après une attaque de colons

« Un groupe de colons vient de lyncher Hamdan Ballal. Ils l'ont roué de coups et il souffre de blessures ouvertes à la tête et au ventre », dénonce un autre coréalisateur du film oscarisé.
Tiré. de L'orient le jour.
L'armée israélienne a arrêté Hamdan Ballal, l'un des coréalisateurs palestiniens du film documentaire oscarisé No other land, après qu'il a été violemment agressé par des colons israéliens, rapporte le Haaretz.
Selon le quotidien israélien, des dizaines de colons en Cisjordanie ont attaqué Hamdan Ballal, le blessant ainsi que d'autres personnes. Il a été placé dans une ambulance pour recevoir des soins, mais à l'arrivée des soldats israéliens, ceux-ci l'ont extrait du véhicule et arrêté.
Le journaliste israélien Yuval Abraham, autre co-réalisateur du film, a dénoncé cette agression sur X, affirmant que Hamdan Ballal avait été « lynché » et souffrait de blessures à la tête et à l'abdomen. « Un groupe de colons vient de lyncher Hamdan Ballal, a-t-il écrit. Ils l'ont roué de coups et il souffre de blessures ouvertes à la tête et au ventre. Des soldats ont fait irruption à l'intérieur de l'ambulance qu'il avait appelée et l'ont emmené. Depuis, plus aucune nouvelle de lui ».

Les faits se sont déroulés à Soussiya, dans le sud de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, selon le Center for jewish Nonviolence, une ONG opposée à l'occupation israélienne, dont des membres étaient sur place et affirment avoir filmé les évènements. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle vérifiait ces informations.
Le film No other land traite de la colonisation israélienne en Cisjordanie vue par ceux qui la subissent. Il a remporté il y a moins d'un mois l'Oscar du meilleur documentaire après avoir été récompensé en 2024 du prix du meilleur documentaire à la Berlinale. Le ministre israélien de la Culture, Miki Zohar, avait qualifié l'attribution de l'Oscar au documentaire israélo-palestinien de « triste moment pour le monde du cinéma ». Tourné à Massafer Yatta, zone du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, No other land suit Basel Adra, un jeune Palestinien luttant contre ce que l'ONU qualifie de déplacement forcé des habitants des villages de cette région.
Massafer Yatta, dont Adra, l'un des réalisateurs est originaire, a été déclarée zone militaire par Israël. Après une longue bataille judiciaire, la Cour suprême a donné raison en mai 2022 à l'armée israélienne, dans une décision ouvrant la voie à l'expulsion des habitants des huit villages installés là où l'armée souhaite établir un champ de tir.
La colonisation de la Cisjordanie par Israël est régulièrement dénoncée par l'ONU comme étant illégale au regard du droit international.
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Après le départ de GND comme porte-parole, un important bilan s’impose

Dans une entrevue accordée à la revue L'actualité (1) en 2016, soit un an avant son entrée à Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois analysait les lacunes de la gauche québécoise en expliquant que celle-ci était en position défensive dans l'arène politique et « semblait avoir perdu sa créativité, son audace ».
Gabriel expliquait pourquoi, à son avis, les jeunes se désintéressaient du projet d'indépendance : « Cela s'explique peut-être par le fait que, au-delà de ces différences stratégiques, le projet de pays a, au fil des années, été vidé de sa portée révolutionnaire, de son caractère transformateur pour la société, pour être relégué à un simple changement d'ordre constitutionnel. En vertu d'un phénomène semblable à celui qui affecte la gauche, il semblerait qu'à force de répondre aux campagnes de peur du camp fédéraliste, à trop vouloir rassurer leurs concitoyens, les indépendantistes ont dédramatisé le processus d'accession à la souveraineté au point d'en faire un projet inoffensif, sans substance, sans passion. »
Il évaluait aussi les limites du travail parlementaire : « Il existe bien sûr des élus qui œuvrent de façon honnête à l'Assemblée nationale, des hommes et des femmes qui ont le sens du service public. Malheureusement, cette bonne volonté ne pèse pour rien lorsque c'est la dynamique politique elle-même qui s'est enrayée. Le Québec a besoin d'un grand ménage politique, et celui-ci ne pourra advenir qu'en s'appuyant sur une large mobilisation sociale. »
Que s'est-il passé depuis à QS pour en arriver à une politique de recentrage ?
Ce serait une erreur de centrer notre attention uniquement sur GND. Aux élections, Québec solidaire réussit à faire élire 3 député-e-s dont une nouvelle députée, Manon Massé. La lenteur de la progression rejette la perspective d'un pouvoir gouvernemental à un horizon indéfini (10 %… au niveau national). L'espoir d'un saut qualitatif face au danger de faire du surplace se manifeste et la crainte d'entrer éventuellement dans une spirale de reculs se développe. C'est pour répondre à une telle appréhension que le bilan des élections de 2014 propose une série de pistes centrées sur la recherche de crédibilité.
La recherche des voies de dépassement (2014)
Dès 2014, tout de suite après les élections, Québec solidaire s'engageait dans une réflexion qui l'amenait à considérer différents scénarios dont celui de la crédibilité et du pouvoir. Au-delà de l'autosatisfaction, la crainte d'éventuellement entrer dans une spirale de reculs se développe, Il y a une baisse du nombre de membres et des difficultés à assurer le renouvellement du membrariat. (2)
– Il y a une nécessité d'avoir des candidatures plus connues ayant une bonne crédibilité et, pour certaines, une expertise économique.
– On devrait former une équipe de candidates et de candidats pouvant être perçue comme une équipe de ministrables.
– Il faut approfondir la professionnalisation de nos stratégies de communication – ce qui est déjà bien entamé.
– Enfin, il est impératif de développer une crédibilité économique : ouverture aux propositions des acteurs et actrices de l'économie sociale et des coopératives pour tenir compte de leurs préoccupations dans l'élaboration de propositions.
Ces idées étaient en débat. Il n'y avait pas de consensus mais on observait des résistances face à ces perspectives.
D'autres militant-es donnent la priorité à la base militante et aux liens que QS doit nouer avec les luttes sociales réelles. Pour ce qui est du choix des candidat-es du parti, des militant-es ont réaffirmé la volonté de laisser aux bases le choix des candidat-es et ont exprimé la peur que la pression pour faire place à des candidat-es vedettes ne nuise au contrôle du parti sur ses candidat-es et au maintien de la parité hommes-femmes.
Ces débats commençaient à poser des questions essentielles : Comment intervenir sur le terrain électoral sans détourner l'attention des luttes sociales ? Quelle est la place de l'intervention parlementaire dans le contexte d'une action (lutte) politique plus large ?
Lors des élections de 2018, étant en phase avec la remontée des mouvements sociaux et la compréhension de la lutte aux changements climatiques, Québec solidaire connaît un saut qualitatif
Au cours de ces élections, Québec solidaire a réussi à démontrer qu'il portait un projet de société véritable. Il a défendu une réelle redistribution de la richesse en proposant de taxer les riches et de taxer les grandes entreprises, de mettre en place des 10 paliers d'imposition, d'augmenter le salaire minimum à 15$, etc. Toutes les mesures avancées dans le cadre financier proposé par Québec solidaire visaient à faire payer aux plus riches leur juste part. Québec solidaire a su se faire inspirant en faisant la démonstration que toutes ses propositions étaient centrées sur le bien-être de la majorité populaire.
Alors que la lutte aux changements climatiques est une question de survie, Québec solidaire a présenté un plan d'investissement massif pour développer les réseaux de transport en commun. C'était le plus grand chantier proposé depuis la Révolution tranquille.
Ces propositions du plan de transition s'inscrivaient dans le cadre de la bataille menée par les mouvements environnementalistes et citoyens contre l'exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent et contre la construction du pipeline Energie Est. Ces propositions du Plan de transition économique de Québec solidaire reflétaient les revendications des mouvements de résistance sur le terrain de l'environnement et l'importance de la lutte qui est devant nous. L'apport de Québec solidaire à ce combat a donc pu s'exprimer par un large soutien électoral.
La pandémie de COVID-19, attaque la dynamique des mouvement sociaux et réduit la vie démocratique au sein de Québec solidaire
Au cours des années 2020 et 2021, l'épidémie de COVID-19 grandement affecté la dynamique des mouvements sociaux. Le mouvement contre la crise climatique a connu un recul important. Legault, malgré des improvisations catastrophiques, comme celles concernant les CHSLD, réussit à se présenter comme un protecteur de la nation. Pour les militant-es, c'est une période d'isolement social et d'atténuation de la vie démocratique interne.
L'élaboration de la plateforme à l'élection de 2022 sera marquée par le réalisme et le pragmatisme…
L'essentiel des activités du Parti a alors été porté par son aile parlementaire. Cette dernière a insisté sur sa volonté d'adopter une politique « crédible » qui positionnerait le parti comme ayant fait ses preuves en tant que parti d'opposition et qui serait maintenant prêt et capable de gouverner. Les propositions mises en discussion dans le cadre de l'élaboration de la plate-forme électorale écartaient toutes les propositions qui sous-entendaient une transformation sociale au-delà du capitalisme qui seule permettraient de s'attaquer aux racines de la dérive climatique et des injustices sociales. Les propositions visant à nationaliser les grandes entreprises minières et forestières n'ont pas été retenues. Le Parti disait vouloir se réapproprier notre territoire, mais il hésitait à affirmer qu'on veut l'arracher au contrôle exercé par les multinationales et les corporations.
Le report de la gratuité scolaire à un objectif (réaliste) à long terme a été un révélateur important de la transformation rapide de cette partie de la jeunesse qui avait pourtant conduit le Québec à rêver d'un changement de société, il y a déjà, on dirait bien, une éternité.
L'important pour la direction sous l'influence de GND, c'était qu'il fallait proposer aux Québecois-es une plateforme politique plus modérée et vendable.
S'opposer à la crise climatique implique de s'attaquer aux puissances économiques et politiques et de jeter les bases d'une société moins consommatrice d'énergies et moins gaspilleuse. Prendre au sérieux la gravité de la situation implique de remettre en cause un mode de production, un mode de consommation, bref un mode de vie construit sur un rapport de prédation à la nature. On ne peut, au nom de la crédibilité électorale, masquer les tâches politiques que cela implique.
Une plateforme qui rejette globalement les perspectives de nationalisation empêche toute chance de réaliser l'objectif de réduction des GES. On ne peut atteindre une baisse radicale des émissions de GES tout en laissant la propriété et leurs capacités d'investissement aux grandes entreprises qui exploitent nos ressources minières et forestières et qui n'en finissent pas de saccager la forêt québécoise et de ne pas respecter la biodiversité. La survie de la planète nécessite un changement de société, une rupture avec le capitalisme qui détruit la planète. Penser le contraire n'est tout simplement pas réaliste.
À plusieurs reprises, l'aile gauche du parti a averti que le recentrage du programme mènerait à un recul des appuis populaires. Partout dans le monde, l'expérience des partis socio-démocrates a montré qu'une droitisation du programme menait à une impasse. Que l'on pense au cas du NPD de Thomas Mulcair qui, aux lendemains de la vague orange de Jack Layton, a mené une opération de normalisation du programme dont a découlé l'effondrement électoral du parti et fait passer sa députation québécoise de 59 sièges et 42,99% des voix en 2011, à 16 élu-es et 25,3% des voix lors de l'élection suivante en 2015, à un seul élu et 10,8% en 2019. Toute une chute ! Le phénomène n'est pas unique au Canada. Le PASOK grec, le PS en France, les sociales-démocraties allemande et scandinaves, toutes sont en recul historique et certaines sont même menacées de disparition. Comment la direction de QS a-t-elle pu faire fi de ces leçons de l'histoire et penser qu' elle serait meilleure que les autres ? Encore une fois, Albert Einstein aura eu raison !
…et a conduit à la stagnation
QS était dans une relative montée au cours des premières semaines de la campagne de 2022. Le plan de transport collectif permettait de mettre sur la table une proposition emballante pour tout le Québec offrant une alternative à l'auto solo pour les déplacements interurbains et, dans une certaine mesure, pour les transports régionaux. La question du financement a cependant frappé un écueil. Au lieu de cibler les multinationales et leurs évasions fiscales, qui n'étaient pas mentionnées dans le plan de communication, la population a senti que ce serait elle et particulièrement les personnes qui ont une propriété et un fonds de retraite qui étaient ciblées. La montée de QS s'est arrêtée à ce moment.
Cela aurait dû sonner une alarme. Il fallait tirer une leçon et remettre la barre à gauche, là où sont nos perspectives de changement social qui rejoignent les besoins de la population. Au contraire, la direction de QS où GND a joué un rôle déterminant a mis sur la table, au congrès de Saguenay en mai 2023, une proposition pour que le programme soit exempt d'engagements politiques trop spécifiques. Cette proposition a été adoptée. La déclaration de Saguenay concernant la reconnaissance du rôle central de l'industrie forestière stipulait « qu'un gouvernement solidaire va adopter une stratégie d'adaptation des forêts aux changements climatiques, en collaboration avec les communautés touchées et l'industrie. »
Cela remplaçait le programme antérieur qui stipulait : « En plus du secteur minier, Québec solidaire préconise de placer la grande industrie forestière sous contrôle public (participation majoritaire de l'État) en envisageant, au besoin, la nationalisation complète. »
QS et l'immigration
Durant la dernière campagne électorale, Québec solidaire parlait d'un seuil d'immigration permanente situé entre 60 000 et 80 immigrant-es par an. [6] Il proposait un plan intitulé « objectif Régions » qui s'adressait à celleux qui s'établissent en région et qui y cumulent 12 mois d'emploi avec une preuve d'intention d'y demeurer. « Ce programme permettra, écrivait-on, de répondre à la pénurie de main-d'œuvre touchant différents services essentiels comme dans le réseau de la santé ou dans les écoles par exemple, en plus d'assurer la revitalisation économique en région ». [7] On aurait pu s'attendre à une critique de l'ensemble de la politique du gouvernement Legault en immigration et à une rupture avec une logique utilitariste de l'immigration brimant les droits des personnes migrantes, mais tel n'a malheureusement pas été le cas. Québec solidaire doit rompre avec la logique de l'établissement de quotas, en préconisant l'ouverture des frontières et la garantie de la liberté de circulation et d'installation. Personne n'est illégal sur Terre. Tout le monde doit avoir le droit de se déplacer. Les frontières doivent être ouvertes à toustes celles et ceux qui fuient leur pays, que ce soit pour des raisons sociales, politiques, économiques ou environnementales. L'ouverture des frontières ne signifie pas que les flux migratoires ne sont pas régulés, mais que cette régulation se fait à partir des conditions et de principes fondamentaux qui affirment que les immigrant-es sont une richesse et que fermer les frontières est inefficace et inhumain.
Aujourd'hui, définir un projet de société alternatif et égalitaire nous permettant d'en finir avec notre dépendance à l'égard de l'économie américaine et des projets de vassalisation de Trump
La direction de GND a gagné son pari de recentrer le programme du parti en faisant adopter la déclaration de Saguenay. Un congrès lui a donné raison en modifiant les statuts du parti. Et pourtant, les appuis au parti s'effondrent alors que cette opération devait permettre de progresser dans les appuis populaires.
Dans une entrevue accordée au Devoir, Amir affirmait que « le recentrage ne fonctionne pas. Québec solidaire s'est trop éloigné de son image de « parti des urnes et des rues » dans les dernières années. Moi, je ne conçois pas une gauche capable de faire quoi que ce soit dans des démocraties libérales cadenassées par les grands intérêts financiers s'il n'y a pas un mouvement social. »
Nous devrons remettre les perspectives de luttes sociales écosocialistes et féministes et le renforcement des mouvements sociaux à l'avant plan et faire du travail parlementaire notre portevoix des luttes de ces derniers. Nous ne sommes pas un parti qui a comme perspective de faires quelques améliorations au système capitaliste. À l'heure actuelle, ce système nous a amenés dans une situation de crise où non seulement la survie de la population, particulièrement du sud global, est en péril, mais la survie de la planète elle-même est en danger extrême. À l'heure de l'offensive de vassalisation du gouvernement Trump, il faut développer une politique fondée sur une véritable indépendance économique face aux États-Unis.
Cette dernière ne peut être réalisée qu'à partir des luttes sociales, politiques et culturelles des classes ouvrières et populaires s'assignant de s'engager dans la voie de la socialisation de leur économie et dans la redéfinition des institutions politiques actuelles qui pourront jeter les bases du refus de cette vassalisation. Elle passera par :
a) la relocalisation des productions stratégiques (aliments, médicaments, moyens de transport…) car on ne peut se contenter d'avancer un protectionnisme de rétorsion. Il faut définir une politique industrielle publique qui permette de fonder notre indépendance et d'en finir avec la dépendance vis-à-vis des États-Unis ;
b) la lutte pour la sortie des énergies fossiles et le refus de la construction de pipelines ou de gazoducs ;
c) le refus d'augmenter la production d'hydro-électricité à des fins d'exportation et une politique de sobriété énergétique passant par la rénovation thermique des logements qui sont des passoires énergétiques et cela, dans une perspective de décroissance. Il faudra tourner l'économie vers une économie de l'énergie et des ressources naturelles, la réparabilité des objets de consommation, les activités de soin aux personnes et aux liens sociaux, la fin de la production de marchandises inutiles et de services favorisant la surconsommation ;
d) le refus de la privatisation d'Hydro-Québec – et le rejet du projet de loi 69 et la nationalisation/socialisation des énergies renouvelables ;
e) le rejet de la filière batteries et de l'auto électrique comme solution à la crise climatique, la production locale de moyens de transports publics pour les personnes et l'utilisation des chemins de fer pour le transport des marchandises ;
f) le développement d'une agriculture écologique centrée sur la souveraineté alimentaire et la protection de la biodiversité en réorientant la production vers les marchés locaux et régionaux et non vers l'exportation et, dans cette optique, la fin de la production carnée centrée sur l'exportation.
C'est en offrant un projet de société alternatif et indépendant qu'on pourra retrouver nos appuis et notre enracinement chez la majorité populaire et qu'on pourra en finir avec une défection silencieuse de membres actifs qui ne se reconnaissent plus dans ce qu'est devenu QS. Le parti connaitra inévitablement des moments de questionnement, de débats et de réflexion sur les façons de dépasser la situation actuelle. Ce sera l'occasion de donner un nouveau souffle à la construction d'une véritable alternative de gauche sans faire l'économie d'un bilan sérieux portant notamment sur les rapports entre le parti et son aile parlementaire ainsi qu'avec la permanence.
Mais cela pose un défi important. D'une part, il faut reprendre le travail de politisation, particulièrement dans une période de montée de l'extrême droite. Il faut également restructurer ce parti pour permettre des lieux de débats en personne. Il faut remettre à l'avant plan la participation des collectifs et des associations au prorata des membres dans toutes les sphères du parti et remettre toutes les décisions et délibérations et votes dans les instances nationales et non par référendums. En somme, il faut redonner le pouvoir à la base.
Nous défendons l'amélioration des conditions sociales comme la santé, l'éducation et le logement, mais nous comprenons que les améliorations que nous pouvons apporter dans ce travail parlementaire sont insuffisantes et, en bout de pistes, inutiles si nous ne travaillons pas dès maintenant à construire la solidarité populaire pour le contrôle de notre société contre les consortiums financiers et les multinationales qui contrôlent le monde actuellement et qui nous amènent à la déchéance humanitaire.
Le dernier congrès a voté en faveur de la création d'un nouveau poste responsable à la solidarité internationale et pancanadienne au Comité de coordination national. Il est maintenant plus que temps de reconstruire nos réseaux afin d'alimenter et d'inspirer nos projets et de conjuguer nos luttes.
Bernard Rioux, André Frappier et Yves Bergeron
Notes
(1) L'actualité, septembre 2016, p 40 et 41
(2) Les défis du dépassement : Québec solidaire à la croisée des chemins
mardi 22 mars 2016 / DE : BERNARD RIOUX, Présentation faite aux Nouveaux Cahiers du socialisme le 17 mars 2016
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L’importance des liens
Perspectives d’une Syrie renaissante
Une terre confisquée : histoire de la colonisation de la Palestine

De la sidération à la contestation ouverte

« Représentez-vous maintenant le Prince tel qu'il est fréquemment. Il ignore les lois, est assez hostile au bien général, car il n'envisage que le sien ; il s'adonne aux plaisirs, hait le savoir, l'indépendance et la vérité, se moque du salut public et n'a d'autres règles que ses convoitises et son égoïsme. » Érasme (1964[1511], p. 74).
Deux mois absolument intenses
Vaut-il la peine de rappeler certains faits sur lesquels reposerait un court condensé des deux mois de la présidence américaine en place depuis le début de l'année 2025 ? D'un côté, un sentiment mariant évitement et épuisement semble vouloir l'éviter, de l'autre, un besoin de se sortir un tant soit peu de ce tourbillon afin de véritablement profiter d'un portrait général et ainsi voir où nous en sommes renduEs. Faisons donc ici le choix de ce second côté, car mieux vaut se familiariser avec les changements de notre environnement extérieur que d'opter pour le déni, et récapitulons comme suit : l'actuel occupant de la Maison-Blanche met à rude épreuve, à peu d'exception près, pour le moment, la patience de ses homologues — qu'elles ou qu'ils soient ses alliéEs — et ce, à travers le monde.
Aussitôt installé au pouvoir, il a fait l'annonce d'un projet d'investissement de 500 milliards de dollars dans le projet SpaceGate. Projet qui a eu pour effet d'emballer et de réjouir les compatriotes du Tech Power de la Silicon Valley. Il a procédé à un renversement d'alliances en matière de relations internationales et d'échanges commerciaux. Il a retiré son pays de l'Organisation mondiale de la santé et affiche une attitude hostile à l'endroit de ses partenaires économiques que sont la Chine, le Canada, le Mexique et les pays de l'Europe de l'Ouest. Dans le conflit militaire qui oppose l'Ukraine à la Russie, il a sacrifié celle-là au profit de celle-ci. Bref, il jette par-dessus bord ses alliés occidentaux pour afficher clairement son parti pris en faveur de la Russie. Son abandon de l'Ukraine s'explique en raison de la richesse des minéraux présents sur son territoire, dont il convoite l'accès avec Poutine.
Il reçoit au Bureau ovale de la Maison-Blanche le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avec qui il convient de la mise en application d'un plan d'évacuation militaire et belliqueux de la population palestinienne de la bande de Gaza. Après avoir annoncé durant la campagne présidentielle qu'il réglerait la guerre en Ukraine en moins de 24 heures…, deux mois plus tard, Poutine se montre plus exigeant avant de convenir ou d'accepter un cessez-le-feu.
Certains de ses traditionnels pays alliés ne semblent plus en mesure de le suivre et pour cause : Trump ne cesse de changer d'idée constamment. Il annonce des tarifs douaniers et, à la veille de l'entrée en vigueur de la mesure, s'accorde le droit de rétropédaler pour ensuite tantôt la reporter, tantôt l'imposer. Pour ce qui est des tarifs eux-mêmes, ils sautillent ; ils vont, un jour, en ordre décroissant (25 %, 20 % ou 10 %) et le lendemain, ils doublent (passant de 25 % à 50 %). Dans le cadre d'une mesure de rétorsion, le pourcentage qui accompagne la menace pulvérise les plafonds précédents, en clair c'est l'escalade : Trump II évoque des droits de douanes pouvant atteindre 200 %. Bref, au premier temps de la valse, il annonce la possibilité d'imposer des tarifs, au deuxième temps de la valse, ses partenaires réagissent avec des contre-tarifs et, au troisième temps de la valse, Trump réplique avec des sur-tarifs.
Et dans un proche avenir, il prévient la planète que le 2 avril sera le « Jour de la libération » pour les USA, car en cette journée entreront en vigueur des « Tarifs douaniers réciproques ». Une mesure susceptible de créer un imbroglio administratif ingérable en raison du nombre élevé de produits concernés ; selon les premières données, il s'agit de 2,6 millions de tarifs qui devront être appliqués. Bonne chance aux agentes et aux agents ici !
À première vue, Trump II est, et cela n'a rien de nouveau, imprévisible. Il ressemble à une poule étêtée. Il agit d'une manière erratique. Il se comporte comme un être parfaitement irrationnel. Qu'il le soit ou non, une chose est par contre certaine : le programme qu'il applique prend sa source dans trois idéologies, c'est-à-dire libertarienne, illébérale et broligarque. Qu'est-ce que cela veut dire ?
Débutons avec son point de vue, à notre avis, en ce qui concerne le marché extérieur. Il voit son pays comme une victime du libre-échange et, en vue de renverser le cours des choses, il met unilatéralement entre parenthèses les règles du jeu de la mondialisation.
Maintenant à l'intérieur des frontières de son pays, il entreprend des coupures drastiques dans l'État fédéral, autant du côté de la taille de l'appareil gouvernemental que du nombre d'employéEs, de façon à se situer en deçà du minimum requis pour un État régalien. Par ailleurs, l'idée consiste certes à couper le personnel d'abord, pour installer ensuite de nouvelles et nouveaux titulaires dont la fidélité et la loyauté à son endroit seraient hors de doute ; autrement dit, l'exercice consiste à garantir un personnel entièrement soumis à l'influence du chef.
Pour ce qui est des subventions votées et adoptées au préalable par les membres du Congrès, elles peuvent être coupées, et ce selon son humeur du moment et ses critères arbitraires, pour ne pas dire ses caprices présidentiels. En bref, tout semble y passer : l'administration (le nombre d'employéEs), la redistribution des ressources monétaires, certains des contrats signés ainsi que des engagements pris, et ce, autant sur les plans intérieur qu'extérieur.
Il agit donc de la sorte, à la tronçonneuse, d'abord parce qu'il est un grand adversaire de l'administration publique et un farouche partisan de l'entreprise privée, ensuite en raison du fait qu'il entend réduire la dette fédérale coûte que coûte — dette qui s'élève à 36 000 milliards de dollars US. Et pour ce faire, il n'est pas seulement question du délestage des fonctionnaires du côté du ministère de l'Éducation, mais de son abolition pure et nette qui aura des conséquences indubitables. On peut s'attendre à ce qu'il y ait, éventuellement, auprès des jeunes et des nouvelles générations, un affaiblissement du récit unificateur sur le plan de la nation, car c'est bien là un des rôles du système de l'éducation américain, c'est-à-dire de contribuer à la diffusion d'un sentiment national à travers un tronc commun d'enseignement appelé maintenant à relever de chaque État-membre. S'ajoute à cela une opération de révision-épuration terminologique et l'imposition d'une Chape de plomb sur la communauté scientifique et universitaire.
Trump II veut contrôler et orienter la recherche scientifique. Il coupe dans les budgets et les subventions, en plus d'imposer sa novlague aux chercheuses et chercheurs. Son ennemi de l'intérieur est maintenant bien ciblé : les Left Lunatics (les « gauchistes lunatiques »). Lire ici, les universitaires, les journalistes qui refusent de relayer les paroles présidentielles qui sont à ses propres yeux vérités d'Évangile. D'ailleurs, un scientifique français a été refoulé aux frontières américaines pour des opinions anti-Trump. Pour avoir manifesté activement son soutien à la population de Gaza, durant le printemps 2024, l'étudiant de l'Université Columbia, Mahmoud Khalil, est maintenant accusé par l'administration Trump de « terroriste ». Il est présentement emprisonné et risque rien de moins que la déportation. Trump II sabre par centaine de millions de dollars dans les universités. Ces dernières licencient et réduisent en masse leurs effectifs. La relève scientifique se retrouve dans une situation précaire et les plus âgés développent un sentiment de peur. Il veut que les arts fassent la promotion de son régime et de ses idéologies. Il congédie les journalistes de la chaîne de Radio Voice of America. Trump II pratique, verbalement, un nationalisme offensif et agressif.
Nous avons appris, au moment même où nous écrivons le présent texte, que l'administration Trump a mis fin au statut légal de 500 000 latinos américains en provenance de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela. Ces personnes devront quitter les USA d'ici le 24 avril, sauf si elles parviennent à obtenir un nouveau statut d'immigration leur permettant de rester aux États-Unis.
Il vise à élargir son territoire par la reprise unilatérale (le canal de Panama), l'annexion (le Canada), l'achat ou la guerre (le Groenland). Il ne se gêne pas pour dire qu'il a pour modèle William McKinley (1897 à 1901), ce président américain qui a mené une politique active d'acquisition territoriale. Dans une même journée, il peut affirmer sans ambages qu'il n'a pas besoin de la production canadienne et immédiatement après prétendre avec un sourire intéressé que le territoire qui est voisin au nord devrait accepter de devenir le 51e État des USA. Ici, il faut vraiment trouver l'erreur.
Avec lui, au Bureau ovale de la Maison-Blanche, l'extractivisme est au poste de commande, et ce sans égard pour les conséquences sur le plan de l'environnement. Le développement durable, la crise écologique, pour lui, c'est « Ne connais pas ». Drill baby drill ! Telle est sa devise susceptible de faire revivre à son pays un nouvel Golden Age. Il a sabré dans l'Agence NOAA, responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère. Trump est climatosceptique. Il a un plan pour l'accumulation d'une réserve de cryptomonnaie qui sera probablement profitable pour certains membres de son entourage qui en détiennent déjà. Il multiplie l'adoption de décrets, dont un qui a pour effet de suspendre les poursuites dans le cadre de la loi « anticorruption ».
Sous prétexte qu'il a été élu par 70 millions d'électrices et d'électreurs, il annonce que son programme politique prime sur les décisions des juges. Il méprise, par conséquent, certaines décisions des tribunaux. Il demande même la révocation d'un juge qui a rendu une décision qui ne lui convenait pas. Il est manifestement à la tête d'un État d'exception. Il est même prêt à provoquer une crise constitutionnelle. Avec Donald Trump, c'est l'ère du « Grand chambardement » même s'il semble difficile, à première vue, d'identifier clairement dans quelle(s) direction(s) il s'oriente et quels objectifs précis il vise.
Une première synthèse
Tentons une première synthèse : c'est un ultra radical de droite, un contre-révolutionnaire, il méprise l'ordre international, les traités signés par son pays, la séparation des pouvoirs, etc.. Il se détourne de ses alliés traditionnels et veut nouer des relations privilégiées avec des dictateurs ou d'autres régimes autoritaires. Il a mis à sa main une majorité des membres du Congrès américain. Il est sous l'impression qu'il contrôle la majorité des juges de la Cour suprême des USA (ce qui n'est pas nécessairement le cas). Le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, vient de le rabrouer publiquement dans l'affaire qui oppose le président à un juge fédéral au sujet de l'expulsion de 200 migrants déportés au El Salvador. Force est de constater que, pour Donald Trump, être le président élu veut dire qu'il a obtenu un blanc-seing. Il peut, selon lui, gouverner sans entraves. Il a toute liberté pour agir à sa guise, sans avoir à se soumettre à l'instance juridique. Bref, il considère qu'il n'est aucunement lié par l'État de droit. Il est l'autorité suprême. Il n'a aucunement l'obligation d'agir dans le cadre du respect de la constitution. Il peut aller de l'avant en toute impunité, sans avoir à accepter l'examen de ses décisions ou de ses décrets par des juges. Son pouvoir, selon lui, s'exerce sans partage.
De notre côté, nous n'avons aucune antenne privilégiée à Washington. Tout au plus, nos sources d'information, qui sont les mêmes que n'importe quel quidam qui suit l'actualité, nous permettent d'abord de constater certains éléments de la vie politique américaine et ensuite de spéculer et de hasarder des hypothèses. Dès lors, certaines questions doivent être posées, afin de juger un tel agissement de la part d'un chef d'État. Si des raisons économiques et de sécurité nationale semblent servir de base argumentaire à ces actions politiques multiples (décrets), il y a lieu de réfléchir sur d'autres points assurément capitaux. En effet, qu'est-ce que la science ? qu'est-ce que la justice ? qu'est-ce que l'échange ? Si la tâche serait digne d'un imposant volume, allons-y de quelques pistes seulement.
Premièrement, l'évocation de la sécurité nationale repose sur une aversion à accepter la différence. Autrement dit, l'intolérance repose sur le mépris alimenté par des stéréotypes, des généralisations et des prima de conclusion. Ces types, étant davantage de l'ordre de l'opinion que des faits véritables, méritent normalement d'être rationalisés pour éviter des débordements néfastes. Le problème ici concerne leur intrusion au sein des pouvoirs de décision. Sur la base d'un argument de sécurité nationale, des droits et libertés individuelles sont (et seront) bafoués en toute légalité. Ce contournement n'a rien à voir avec le bien-être général et les lois officielles, puisqu'une pensée, une vision, voire une idéologie le supporte. Il semble donc y avoir tentative de ramener des distinctions de classes au sein de la société américaine, de façon à faire trôner la « race blanche » et « l'homme blanc » au sommet. Ainsi, les anciennes et actuelles luttes sociales pour la reconnaissance chez plusieurs groupes, sans tous les nommer, se voient soudainement rabrouer par des décrets allant à l'opposer de l'esprit des lois en vigueur, à l'opposer donc de l'acceptation du bien-être pour toutes et tous.
Deuxièmement, la question économique et de l'échange au sens large permet d'envisager cette fois-ci une utopie trumpiste rattachée au label Made in USA. Avant d'être président des États-Unis, Donald Trump se voulait à l'origine un promoteur immobilier. Par contre, ses constructions n'avaient rien d'iconique en soi, mais portaient un nom qui les rendait, semble-t-il, plus « valuable ». Ainsi, « TRUMP » est devenu une marque de commerce pour des gratte-ciel et autres réalisations immobilières, de façon à les distinguer et à gagner en valeur aux yeux du public et des acquéreurs. La marque de commerce constitue un actif incorporel, voire un bien immatériel pouvant rapporter gros, tout dépendant de la foi ou de la conviction accordée à ce qui s'y trame (bien entendu, la réputation et l'expérience entrent en ligne de compte). Tout est une question d'argent, voire de facilité pour en créer et en accumuler.
Pour le président américain, l'argent est le noeud de la guerre et doit être entièrement recherché. Son allusion aux balances commerciales déficitaires se base sur la perte d'argent pour les États-Unis, d'où l'idée selon laquelle le pays financerait ses partenaires commerciaux. Il s'agit là d'une conception particulière des échanges internationaux qui rappelle même des discours de l'époque des métropoles et des colonies ou, pour être encore plus précis, de celle du mercantilisme. Les métaux précieux étaient alors le produit le plus prisé dans les échanges, puisque leur accumulation rendait automatiquement le pays acquéreur plus riche. Cantillon (1755, pp. 309-310) soulignait d'ailleurs au sujet des échanges avec l'étranger : « […] il faut encourager, tant qu'on peut, l'exportation des ouvrages et des manufactures de l'État, pour en retirer, autant qu'il est possible, de l'or et de l'argent en nature. […] Cependant il ne serait pas avantageux de mettre l'État dans l'habitude annuelle d'envoyer chez l'étranger de grandes quantités du produit de son crû, pour en tirer le paiement en manufactures étrangères. Ce serait affaiblir et diminuer les habitants et les forces de l'État par les deux bouts » (grammaire et orthographe adaptées aux règles actuelles).
Autrement dit, tout échange avec les autres pays ou territoires doit viser à faire entrer plus d'argent dans l'État. Et que fait la présidence américaine ? Elle cherche à ramener des industries et des entreprises dans le but de les inciter à produire à partir des États-Unis, d'où toutes sortes de tarifs en vogue et en devenir. L'idée revient à utiliser leur production à la fois pour les besoins intérieurs et pour l'exportation contre de l'argent. La présidence américaine actuelle cherche donc non seulement à créer un marché à ce point enviable pour inciter les étrangers à y avoir accès, mais aussi à créer un « nom » qui donnera une plus-value à la production nationale vendue à l'extérieur. Autrement dit, une marque de commerce Made in USA, dont la présence sur chaque produit vendu en fera augmenter la valeur et, conséquemment, le prix. Derrière les tarifs s'expose une stratégie d'enrichissement par un retour à l'industrialisme, avec pour support un nom à ajouter afin de créer une plus-value, soit un moyen facile d'enrichissement, à condition que les acheteurs reconnaissent toutefois cette prétendue valeur ajoutée.
Troisièmement, la science se voit soudainement soumise à des restrictions ou à un nouvel ordre. Il importe de dépasser le désir de son instrumentalisation, afin de revenir à son essence. Une liaison naturelle se fait entre la science et la connaissance ; alors que ce qui est connu possède une valeur de vérité. Mais pour devenir connaissance, celle-ci doit avoir été testée, scrutée, reproduite et admise par des personnes légitimes et reconnues pour leurs expertises scientifiques. Descartes (1901[1637], pp. 20-21) précisait d'ailleurs quelques considérations au sujet de la science dans ses sciences : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes [dans le sens que tout être humain sait raisonner, sans signifier qu'il raisonne bien G.B. et Y.P.] ; et ainsi, que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons par les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. »
De là, l'importance de s'entendre sur des méthodes utiles à identifier la connaissance. Mais le vrai se jumelle au faux, car la connaissance repose aussi sur la non-vérité (Benmakhoulf, 2006). Autrement dit, la science doit nous permettre de dire ce qui est vrai et ce qui est faux, en fonction de la connaissance admise qui doit reposer sur des méthodes éprouvées et non sur des idéologies trafiquant les résultats. Ce postulat se lève donc face à un chef d'État qui prêche des vérités alternatives. Or, son pouvoir d'autorité manifeste doit-il dominer à ce point sur la science qui, par essence, consiste en une quête de vérité destinée à l'humanité et non à la politique ? Si la science aux États-Unis subit des entraves, des effets se feront sentir sur la connaissance humaine en général. Cela suppose un devoir allant au-delà des frontières, insinuant ainsi une déterritorialisation et une souveraineté de la science. Par contre, son exercice implique des balises, afin d'éviter les dérives éthiques. Son importance exige certes un encadrement législatif, sur la base de principes et donc d'une discussion engageant diverses parties prenantes de divers milieux et non un seul homme.
Quatrièmement, la justice subit des assauts comme jamais auparavant. En apostrophant les juges de la Cour suprême, le président des États-Unis vise à fragiliser la dernière instance pouvant freiner ses élans décisionnels. Mais il y a lieu de se questionner sur ses actions et se demander si elles sont véritablement justes. Sans nommer des philosophes pour en rester à certains principes, est juste ce qui ne cause pas de tort à autrui, aux règles communes et aux institutions garantissant la bonne marche de la société. La justice se base sur des valeurs communes, pour ne pas dire aussi une morale et une éthique régissant les conduites humaines. Ce corpus apparaît d'ailleurs au sein des lois régies par une institution chapeautant tout groupe et individualité évoluant dans un État déterminé. En conséquence, cela inclut aussi les représentantEs des gouvernements et donc le président des États-Unis. Dans les divisions du pouvoir, Montesquieu voyait dans le système judiciaire un garde-fou contre les visées absolutistes et/ou arbitraires de dirigeantEs. Il s'agit alors d'une institution capitale sur laquelle repose, comme déjà dit, les règles et les valeurs d'un vivre ensemble jugé harmonieux — en respect conséquent des droits et des libertés individuelles. Or, le président américain juge comme étant une entrave à ses droits et libertés de gouverner toute intervention de la Cour. Mais cela doit être justifié, sur la base de l'État de droit, toujours dans le but de garantir le bon ordre de la société. Rawls (1987, pp. 495-496) dit en ce sens : une société bien ordonnée est « conçue pour favoriser le bien de ses membres et étant gouvernée efficacement par une conception publique de la justice. Ainsi, c'est une société où chacun accepte et sait que les autres acceptent les mêmes principes de la justice et où les institutions sociales de base respectent — et sont connues pour respecter — ces principes ». Par conséquent, la justice reconnaît chez le président américain des intentions qui contreviennent aux principes reconnus dans sa propre société.
Il aurait été possible de se questionner aussi sur l'État américain, quoique déjà plusieurs points aient permis de mettre en lumière une transformation profonde de son régime. L'espace nous limitant ici, l'occasion se présentera assurément plus tard. Cela dit, un constat inquiétant apparaît, dans la mesure où le président américain et sa garde rapprochée attaquent les derniers piliers d'opposition à son libre agir total, c'est-à-dire la Science et la Justice, sans négliger les résistances extérieures à ses aspirations économiques et hégémoniques.
De la sidération à l'opposition de la rue
L'opposition du Parti démocrate ne semble pas s'être encore remise de sa défaite électorale de novembre dernier. Les victimes de l'agence DOGE d'Elon Musk manifestent maintenant de plus en plus bruyamment, tout en prenant connaissance ou en attente de jugements des tribunaux de première instance. Les personnes trompées ou congédiées par Trump prennent la rue et elles aussi manifestent bruyamment. Après la sidération, place à la contestation. Il y a un début de mouvement d'opposition parlementaire qui prend forme. Un nouveau rapport de force est en train de se mettre en branle. Rapport de force qui traverse plusieurs couches de la société. Le milieu de la finance assiste à l'effondrement du marché boursier et les perspectives de croissance économique sont fragilisées par les déclarations incohérentes du président. Les promesses en lien avec la chute de l'inflation ne se concrétisent pas à la vitesse annoncée — en effet, comment réduire la hausse des prix, lorsque les tarifs à l'importation les font augmenter ? Pour Trump, tout ce qui va mal est imputable à l'administration précédente et pour ce qui va bien, à ses yeux, tout le crédit lui revient. Trump a un plan. Il entend baisser les impôts, lesquels ou de qui ? C'est à suivre. Nous le verrons quand il déposera les différentes mesures à ce sujet. Il veut combattre l'inflation et réduire le déficit du gouvernement fédéral en effectuant des coupes drastiques dans les effectifs, les agences gouvernementales, les programmes, les prestations ou aides à des personnes dans le besoin, etc.. Il est convaincu que l'imposition de tarifs douaniers aura pour effet de rétablir la balance commerciale de son pays et amènera l'implantation d'entreprises sur le sol américain. Ce qui aura pour effet de réduire le chômage et qui sait de créer des emplois mieux rémunérés que les Mac Job's. Son plan de guerre commerciale tous azimuts prévoit un moment de démondialisation et seul l'avenir pourra dire si cela s'avérera durable dans le temps. Il veut aller plus loin que Ronald Reagan en matière de déréglementation et de réduction des effectifs de l'administration publique et d'agences gouvernementales. L'achat de Bitcoins — ou autres cryptomonnaies — diminuera éventuellement l'importance de la FED dans la détermination de la politique monétaire et profitera à certaines personnes de son entourage qui en détiennent déjà. Il entend élargir l'accès de son pays aux ressources des territoires voisins comme le Canada (l'eau), le Groenland (les minerais) et l'Ukraine (les terres rares), etc.. Réussira-t-il dans l'atteinte des objectifs qu'il poursuit ? Le temps et le temps seul, ce puissant principe de réalité, nous le dira.
Hypothèses
Élu démocratiquement ? Certes, et ce par une très faible majorité sur sa concurrente. Oligarque ? Avec la quantité de milliardaires qui l'entourent (dont un a des affinités fascistes clairement affichées), indubitablement. Autoritaire ? Absolument. Tyrannique ? Assurément. Raciste, antiféministe, antiwoke, nationaliste agressif ? Cela ne saurait faire aucun doute et les preuves à ces sujets sont accablantes. Dictatorial ? Il en donne constamment des signes. Totalitaire à la manière des Mussolini, Hitler et Staline ? Toujours pas. Oppresseur ? Osons simplement rappeler les deux classes de l'oppression selon Simone de Beauvoir : d'un côté, celle qui profite sur divers plans des avantages de l'humanité, de l'autre, celle condamnée « à piétiner sans espoir'' dans une vie répétitive dont l'unique but est la reproduction matérielle de la collectivité » (cité dans Cuerrier, 1990, p. 84). Autrement dit, l'oppresseur ordonne et les oppresséEs exécutent. Et il aurait été possible de parler « du pouvoir sur le corps », à la manière de Michel Foucault, non seulement dans l'industrialisme trumpiste imposé à la population américaine, mais aussi au droit notamment des femmes et des personnes du groupe LBGTQ+ sur leur propre corps.
Conclusion
À ce moment-ci, même si la liberté d'opinion et de pensée est menacée, attaquée et pas réellement respectée par le 47e président des USA, il est important que les scientifiques prennent la parole et n'hésitent pas à contester les affirmations erronées de Donald Trump et de J.-P. Vance, respectivement président et vice-président américains. Les économistes doivent montrer le caractère loufoque des thèses présidentielles au sujet de la balance commerciale et dénoncer le caractère mensonger de l'impact qu'il attend sur le budget national de l'imposition des tarifs douaniers. Les constitutionnalistes et les politologues doivent signaler les dérives anticonstitutionnelles de ce président dont on peut s'interroger sérieusement sur la nature même de sa personnalité. Donald Trump sait qu'il n'y a qu'une vérité. Le problème ici est le suivant : il ne croit que dans sa seule vérité. Il est mythomane. Dans son cas, des spécialistes en santé mentale devraient prendre la parole. Les psychiatres doivent maintenant soulever des hypothèques(1) quant à la condition mentale requise pour occuper la fonction de chef politique du supposément plus puissant pays du monde, et ce avant que cela ne soit trop tard. Le juge en chef de la Cour suprême émet des avis extraordinaires en ce moment. Il faut se rappeler que le pouvoir judiciaire est le plus faible des pouvoirs étatiques, malgré toute sa valeur. Il se peut que la voie judiciaire s'avère impuissante devant les décisions unilatérales de Trump. Les scientifiques, les universitaires, les gens d'affaires, les représentantEs du monde du travail, les éditorialistes, les porte-parole de la société civile, les artistes sont des personnes influentes. Il appartient à chacune et à chacun de prendre position à ce moment-ci et de choisir par conséquent son camp. Avant de clore ce présent texte, nous osons nous demander si, avec le duo Trump-Vance à la tête de la direction politique des USA, Albert Einstein aurait choisi ce pays pour fuir Hitler ?
Pré-scriptum
Vous souvenez-vous de la citation mise en exergue ? Il nous semble qu'elle s'applique parfaitement à Donald Trump : « Représentez-vous maintenant le Prince tel qu'il est fréquemment. Il ignore les lois, est assez hostile au bien général, car il n'envisage que le sien ; il s'adonne aux plaisirs, hait le savoir, l'indépendance et la vérité, se moque du salut public et n'a d'autres règles que ses convoitises et son égoïsme », disait ainsi Érasme (1964[1511], p. 74) dans son Éloge de la folie. Et dire que ceci a été écrit il y a plus de cinq cents ans. Décidément, plus ça change, plus c'est pareil. Ce qui est généré est appelé à se corrompre, mais en attendant jusqu'à quel point faut-il tolérer l'intolérable et accepter l'inacceptable sans mot dire, sans maudire ?
Guylain Bernier
Yvan Perrier
22-23 mars 2025
6h15
(1) Au sens de prendre le temps d'identifier les difficultés susceptibles d'entraver l'accomplissement de quelque chose.
Références
Benmakhlouf, Ali. 2006. Vérité. Dans Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire de l'histoire et philosophie des sciences. Paris : Presses Universitaires de France, pp. 1128-1133.
Cantillon, Richard. 1755. Essai sur la nature du commerce en général. Londres : Fletcher Gyles, dans Holborn, 430 p.
Cuerrier, Jacques. 1990. L'Être humain, panorama de quelques grandes conceptions de l'homme. Montréal : McGraw-Hill, 136 p.
Descartes, René. 1901[1637]. Discours de la méthode. Paris : Librairie Ch. Poussielgue, 139 p.
Érasme. 1964[1511]. Éloge de la folie. Paris : FGF-Flammarion, 94 p.
Honneth, Axel. 2000. La lutte pour la reconnaissance. Paris : Éditions du Cerf, 350 p.
Rawls, John. 1987. Théorie de la justice. Paris : Seuil, 672 p.
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Derrière le départ annoncé de Gabriel Nadeau Dubois

Dans le camp de la gauche, il y a des annonces publiques qui sonnent bien mal, et celle de Gabriel Nadeau Dubois donnant sa démission comme porte-parole de Qs en ce début d'année 2025, en fait assurément partie.
Non pas que depuis son arrivée en 2017 à QS, tous et toutes aient toujours partagé ses points de vue, ni se soient parfaitement retrouvés dans son style de leadership, loin de là ! Mais voilà, avec la montée en force de la droite-extrême un peu partout au monde, et la nécessité que les forces progressistes fassent front uni à son encontre, sa démission résonne malheureusement comme le départ d'un capitaine quittant le navire alors que se prépare à l'horizon une tempête de premier ordre.
Aujourd'hui, on aurait besoin que tout le monde —et d'abord les plus expérimentés et aguerris— se retrouvent sur le pont et soient prêts à se serrer les coudes, pour faire face aux inquiétantes menaces qui s'amoncellent devant soi. On aurait besoin que mouvements sociaux en luttes, syndicats, forces et partis politiques de gauche ou progressistes se retrouvent unis pour parvenir à juguler la montée de "tendances politiques fascisantes" qui, déjà présentes chez notre puissant voisin du sud, pourraient bien se répandre ici bien plus facilement qu'on ne l'imagine.
Tenter d'y voir clair
Mais peut-être faut-il ici faire contre mauvaise fortune bon coeur et, pour tenter d'y voir clair, s'attarder plutôt aux raisons profondes qui ont conduit à sa démission et amené le parti dans l'état de difficultés où il se trouve aujourd'hui. Amir Khadir ne disait il pas encore tout récemment que QS se trouvait dans de "sales draps" ?
On s'en souviendra, Gabriel Nadeau Dubois lorsqu'il était arrivé avec son groupe Faut qu'on se parle à QS en 2017, avait annoncé qu'il voulait « amener de nouveaux visages, unir des forces, renouveler des stratégies » ? Et on peut dire que dans un premier temps et malgré bien des appréhensions, beaucoup ont pensé qu'il allait y arriver, notamment dans le sillage d'un accroissement important de membres ainsi que de la percée électorale de 2018 (10 députés) dont les acquis ont été maintenus en 2022 (avec 11 députés).
Pourtant derrière ces indéniables avancées sur la scène électorale, se cachaient bien des fragilités d'ordre structurel, comme si en quelque sorte « l'arbre » des percées électorales cachait « la forêt » des dures réalités sociales et politiques du Québec.
Peu en effet avaient à l'époque pris la mesure des enjeux auxquels devait prendre garde un parti de gauche en ce début du 21ième siècle. Et cela, notamment parce qu'on était entré dans d'une période politique de vives tensions et de crises multiples, en même temps que partout au monde la gauche —en panne de modèle et de stratégie— peinait à trouver les moyens de s'imposer, se perdant plus souvent qu'autrement dans les voies sans issue de la vie institutionnelle imposée par le néolibéralisme (voir les déboires de Podemos ou encore de Syriza en Grèce).
En ce sens, il faut le rappeler : on ne doit pas faire reposer la responsabilité des difficultés que connaît QS sur les seules épaules de son porte-parole le plus connu. Car c'est quand même une majorité de militants qui lui a ouvert la porte en 2017 et lui a permis, loin de toute prudence, de monopoliser d'importants pouvoirs de direction, non seulement comme tout nouveau jeune député, mais aussi comme co-porte-parole masculin [1] .
C'est aussi une bonne majorité de militants qui, en dépit des avertissements contraires venant de la gauche du parti, n'a pas jugé urgent de mettre en place des mécanismes d'encadrements démocratiques plus agiles, ni non plus d'alimenter de véritables débats de fond qui auraient permis d'assainir la vie interne du parti. Ces mesures auraient aussi porté les uns et les autres à être plus attentifs aux particularités de la période politique dans laquelle on entrait, comme aux stratégies plus audacieuses que QS aurait dû privilégier, par exemple sur la question nationale, sur le féminisme, sur la laïcité, sur le racisme, etc., de manière à incarner auprès des classes populaires du Québec une véritable alternative politique à la montée de l'extrême-droite populiste.
Des travers grandissants
Il s'est ainsi installé toute une série de travers grandissants au sein du parti, dont les débats et conflits soulevés par Catherine Dorion et Émilise Lessard Therrien, n'étaient finalement que la pointe visible de l'iceberg. Dans un contexte difficile et en dépit des efforts acharnés d'une opposition de gauche par trop fragmentée pour en renverser le cours, le parti "des urnes et de la rue", qu'avait voulu être QS (féministe, altermondialiste, social, écologiste, voire même anti-capitaliste), était désormais en train de se muer en un seul parti des urnes, en un seul parti de gouvernance institutionnelle. Le tout, sous la direction d'une équipe parlementaire ainsi que d'un groupe de com. qui chaque fois prenaient plus de place et dont Gabriel était devenu peu à peu à la fois le symbole et le véritable chef d'orchestre.
Il s'est donc effectué peu à peu sous sa houlette un recentrage du parti qui remonte à loin, mais qui n'est apparu cependant pour ce qu'il était aux yeux de tous et toutes que lors du vote sur la déclaration du Saguenay (au Conseil national de mai 2024) [2] .
Mais comme depuis lors, ce virage n'a donné aucun des résultats escomptés, ni en terme de renouveau du « membership », ni en terme de mobilisation militante (voir à ce propos les nombreux sondages défavorables et le rétrécissement notables des bases militantes de QS), il était tout naturel que Gabriel ait eu envie de partir et de donner sa démission.
Quelque part, il fallait bien qu'il prenne acte de l'échec d'une stratégie qu'il avait peu ou prou cautionnée depuis son arrivée à QS.
On le voit les choses ne sont donc pas simples, car ce n'est pas seulement au remplacement d'un co-porte parole masculin auquel il faut désormais penser, mais à toute la stratégie de QS qui s'est peu à peu cristallisée dans une seule direction depuis le départ de Françoise David et Amir Khadir.
Dans ce contexte, comme le dit si bien le cinéaste Samuel Matteau qui a travaillé en 2018 auprès de lui, il faut souhaiter que, "son départ entraine un réel travail de fond sur les structures opérationnelles internes du parti et sur le souffle qui animera Québec solidaire dans les années avenir".
En ces temps de montée si préoccupante de l'extrême-droite, tout nous montre la nécessité de penser à des alternatives sociales et politiques, à la fois stimulantes et audacieuses, appelant à ce que QS soit comme jamais « un parti des urnes et de la rue » travaillant d'arrache-pied avec les mouvements sociaux au dépassement des impasses grandissantes alimentées par le capitalisme néolibéral ?
N'est-ce pas de ce côté que git sa raison d'être ? N'est-ce pas ce à quoi il doit revenir ? N'est-ce pas ainsi qu'il restera ce sel de la terre dont a tant besoin le Québec d'aujourd'hui ?
Pierre Mouterde
Sociologue et essayiste
Québec, le 24 mars 2025
[1] Voir https://www.pressegauche.org/Que-dire-de-l-arrivee-en-force-de-Gabriel-Nadeau-Dubois-a-Quebec-solidaire. On était en mars 2017 et j'avais écrit à propos de son arrivée à QS : « (…) il n'en reste pas moins que ce changement mené par le haut et que l'on a cautionné à portes fermées lors de rencontres préalables, n'est pas sans conséquences : voilà qu'on donne à quelqu'un qui n'a jamais milité à QS, n'a pas participé à sa construction, à ce patient travail collectif de construction, de délibération et d'échange (ayant fait ce qu'est devenu QS), qui s'en est même défié (comme organisation partisane) pendant longtemps, voilà donc qu'on lui donne un formidable pouvoir d'orientation qui n'a malheureusement rien de très démocratique et qui pourrait être à l'avenir lourd de conséquences. Et quand on regarde le blogue personnel GDN2018 que Gabriel Nadeau Dubois vient de lancer –avec ses 3 axes (Amener de nouveaux visages, Unir des forces, renouveler des stratégies)— on ne peut que se demander de manière un peu troublante au nom de qui parle-t-il exactement ? De lui-même ? De QS ? À se demander même ici si le « moi-je » n'a pas la malencontreuse tendance à vouloir primer sur le "nous", un "nous"qui à QS —nouveau parti de gauche soucieux de pluralisme démocratique !— garde toute son importance ? »
[2] Ses toutes dernières déclarations le 24 mars dernier à Radio Canada tendent à confirmer cette hypothèse. Ne disait-il pas regretter de ne pas avoir proposer plus tôt ce recentrage ?

Les élections fédérales canadiennes de 2025

Dans le contexte actuel, certains et certaines appelleront à une abstention électorale. Aucune voix ne serait donc en mesure de faire entendre leurs revendications au Parlement. Pour cela, Presse-toi à gauche favorise plutôt un vote pour le Nouveau Parti Démocratique. Malgré ses faiblesses, il continue de représenter des idées de gauche et tient à développer des liens avec le mouvement ouvrier, entre autres.
Introduction
Le gouvernement de Donald Trump vise à imposer une série d'orientations au gouvernement canadien et menace directement l'économie canadienne avec ses tarifs douaniers. Parmi ces orientations, il appelle au développement des hydrocarbures. La crise écologique se poursuit de plus belle avec la fin de la taxe carbone au Canada et la perspective de la construction d'un pipeline vers l'est. Les territoires autochtones sont de plus en plus convoités dans le but d'exploiter leur l'eau, d'augmenter la production d'électricité ou pour l'implantation des éoliennes. Le gouvernement canadien a répondu positivement aux pressions qui lui sont faites et visant à lui imposer une politique migratoire de plus en plus restrictive. Il a également promis d'augmenter ses dépenses militaires, comme le souhaite le gouvernement Trump. Et pendant que ce dernier promulgue des mesures discriminatoires, les violences faites aux femmes et particulièrement aux femmes autochtones ne cessent d'augmenter.
« Dans ce si beau pays », les prochaines élections fédérales permettront de discuter de tous ces enjeux sociaux, économiques et écologiques. Le projet de vassalisation de la société canadienne et de la société québécoise par l'impérialisme trumpiste ne pourra être renversé que par une convergence des luttes sociales portées par les différents secteurs de la majorité populaire, au Québec comme au Canada. Identifier les moyens de cette résistance sociale et politique est une tâche essentielle. Mais nous devons également nous poser la question : pour qui voter aux prochaines élections fédérales ? Faut-il voter stratégiquement, voter même minoritaire ou s'abstenir ?
Presse-toi à gauche tient à apporter sa contribution à ces débats.
1. Le Canada un État impérialiste
Les différents premiers ministres libéraux parlent du Canada comme d'un pays démocratique, inclusif et promouvant la liberté et les droits sociaux. C'est vrai que comparativement à bien des pays dans le monde, le Canada fait bonne figure. Mais il faut rappeler que les gains sociaux obtenus ont été arrachés par des luttes sociales menées tout au long de l'histoire canadienne.
Soyons clair : le Canada est un pays impérialiste, colonisateur et extractiviste.
Ne parler que de ces acquis sociaux, c'est passer à côté de la vraie nature de l'État fédéral comme état colonisateur. Encore aujourd'hui et malgré les grandes réconciliations de Justin Trudeau, les Nations Autochtones, et ce d'un océan à l'autre, vivent pour la plupart dans des réserves en négation de leurs territoires et dans la pauvreté faute d'emplois. Les femmes autochtones font davantage l'objet de féminicides et les membres des premières nations sont surreprésentés dans les prisons canadiennes. Est-ce cela un si beau pays ?
L'état canadien est un état extractiviste et pétrolifère. C'est un paradis fiscal pour les entreprises extractivistes à travers le monde. Il participe de l'expansion impérialiste mondiale en prenant place dans la division internationale des pays du G7 et de l'OTAN. C'est le gouvernement Harper qui a accordé aux multinationales du secteur minier les avantages fiscaux dont elles bénéficient aujourd'hui en permettant leur inscription comme entreprise au Canada. L'État fédéral est aussi un état favorisant les entreprises d'énergie fossile. Il est allé jusqu'à acheter un pipeline pour sortir le pétrole sale des prairies et il continue de subventionner grassement les entreprises du capital fossile. Face aux menaces du gouvernement Trump concernant les tarifs douaniers sur le pétrole, le gouvernement canadien et l'actuel premier ministre Carney ont relancé l'idée de construire des pipelines vers l'est tout en étant au fait de la désapprobation sociale à de tels projets.
Comme pays impérialiste, colonisateur et extractiviste, le Canada s'est enligné sur les politiques néolibérales du G7, et de l'OTAN. Les politiques keynésiennes appliquées durant la Covid et le règne de Justin Trudeau ne doivent pas cacher toutes celles mises en place afin de favoriser le grand capital. Le Canada a appliqué les différentes politiques néolibérales des pays capitalistes avancés soit : la limitation des droits syndicaux avec l'arrêt des grèves ferroviaires, postales et portuaire, les limitations apportées aux demandes d'immigration et le favoritisme envers les grandes entreprises, particulièrement pétrolières. Il faut voir aussi que l'application des mesures néolibérales ont accru les inégalités sociales. Pendant que les promoteurs immobiliers remplissaient leurs poches, les secteurs les plus fragiles de la population subissaient des hausses de loyer et la crise du logement qui en découlait. Pendant que les riches voyaient leurs profits augmenter, les travailleurs et les travailleuses, en particulier celles et ceux recevant le salaire minimum ou à employé-es à temps partiel, réussissaient de plus en plus difficilement à boucler leur budget. N'oublions pas que, comme les femmes sont d'abord considérées comme des ménagères et principales agentes du care, elles subissent les casse-têtes de fin de mois et voient leur situation empirer.
Le Canada prend aussi l'initiative de réarmer massivement l'armée. Les menaces du gouvernement Trump motivent celui de Carney à se tourner vers des intérêts européens pour se plier aux exigences des impérialismes en augmentant le budget attribué à l'armement. Des milliards de dollars, qui seraient pourtant nécessaires afin de mettre à jour nos infrastructures (école, hôpitaux, routes, etc.), seront détournés vers des fabricants d'armes pour satisfaire les intérêts impérialistes.
C'est en analysant ces constats qu'il faut voir le Canada. Et ce sont les premiers éléments à mettre au centre de la discussion pour établir quelle est la vraie nature de l'état canadien en cette période électorale.
Il faut construire la convergence des luttes pour s'opposer tant aux diktats de la présidence américaine qu'à la volonté d'accommodements des partis néolibéraux.
S'opposer au nouveau cours de l'impérialisme américain impulsé par Donald Trump par le seul biais de la réponse aux tarifs qu'il dit vouloir imposer, c'est refuser de voir l'ensemble des objectifs poursuivis par ce dernier. On en est alors réduits à une discussion sur les manœuvres diplomatiques ou les mesures de rétorsion sur le plan commercial. C'est l'ensemble du projet trumpiste de vassalisation auquel il faut s'attaquer. Cela ne peut être réalisé qu'à partir des luttes sociales, politiques et culturelles des classes ouvrières et populaires. Ces politiques doivent s'articuler autour de quatre axes :
1) un altermondialisme basé sur la planification écologique dans la lutte aux changements climatiques passant par une rupture avec le capitalisme fossile et privilégiant les circuits courts pour une série de biens stratégiques ;
2) la priorité accordée à la satisfaction des besoins sociaux par la défense des services sociaux dans une perspective d'égalité sociale ;
3) une lutte anti-patriarcale défendant l'égalité des hommes, des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de genre, une lutte antiraciste pour l'instauration d'une réelle égalité sociale ; une division internationale du travail en coopératives ;
4) une indépendance du Québec en alliance avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones et faisant du Québec une terre d'accueil pour les migrations appelées à se développer.
Pour qui voter dans le contexte actuel de crise ?
• Encore, toujours en lutte
Les différents partis politiques canadiens ont endossé l'application des mesures néolibérales et ne remettent en question ni l‘impérialisme, ni le colonialisme, ni l'extractivisme de l'État canadien. La gauche n'a donc aucune voix au parlement pour porter son message de contestation. Les mobilisations ouvrières contre le droit de grève, les manifestations contre le droit à l'avortement, les actions pour protéger la terre et le climat demeurent encore les seuls chemins utilisés pour faire connaître les idées progressistes. Ces actions doivent continuer, voire s'amplifier en période électorale. Les mobilisations des Mères au Front partout au Québec pour le 8 mars et les actions prévues pour la Marche Mondiale des femmes en 2025 tracent déjà une voie ; celle des prises de conscience et des luttes locales interreliées et en solidarité internationale.
• Le Parti Conservateur
Le Parti Conservateur se situe clairement à droite et flirte avec les politiques d'extrême droite du gouvernement de Trump. Ce parti a créé des liens forts avec des couches suprémacistes et religieuses. Souvenons-nous que durant le convoi des camionneurs avec des antivaccins, des complotistes et des militants et militantes d'extrême droite, des personnes députées du Parti Conservateur ont apporté leur soutien et visité les lieux.
Le Parti Conservateur refuse totalement de développer des politiques sociales en soutenant les services en garderie et en soins dentaires qui caractérisent ce discours. Ce parti, s'il accède au pouvoir, promet d'abolir la loi sur l'assurance médicaments. Il ne fait pas mention de la crise du logement et, conséquemment, n'a pas de proposition pour la régler.
Les droits des femmes et des personnes LGBTQ+ sont aussi remis en question par le chef quand il parle de ne reconnaître que deux sexes et le modèle de famille traditionnelle. Le droit à l'avortement dans ce contexte devient facilement remis en question, de même que le mariage pour les personnes de même sexe.
Les personnes immigrantes demeurent aussi une cible. Le Parti Conservateur appuie les mesures de restriction à l'accueil des personnes immigrantes. Il défend le resserrement et le blocage des frontières.
Ce flirt avec le trumpisme implique une vision climato-sceptique, favorable aux multinationales et antisyndicale. La fin de la taxe carbone, l'abolition de la taxe sur les gains de capitaux et l'accord avec des mesure de Right to work (permettre à des gens de se désyndicaliser tout en gardant les droits de convention collective ) remettent en cause la Formulant Rand.
Au niveau international, sous les pressions de sa frange religieuse, ce parti apporte son soutien indéfectible à Israël et à ses politiques génocidaires.
Poilievre, avec ses différentes publicités très revanchardes et ses propos proches des fakes news montre bien ses accointances avec les républicains américains et le trumpisme. L'importance mise sur la famille dans ses publicités illustre le côté traditionnel de ce parti. Trump I reste pour ce parti un exemple à suivre. Mais Trump II, avec le bouleversement mondial du partage du monde qu'il provoque, met à mal le Parti Conservateur. Le rejet de Polievre par le président Trump semble aller dans ce sens. Mais, rapidement, l'équipe conservatrice de Polievre a repris le flambeau en arguant qu'il est une force face aux Américains et que cela explique le rejet de leur chef par Trump. La campagne électorale devrait nous montrer les adaptations de Poilievre devant les pressions des Américains. Pour le parti Conservateur, l'enjeu demeure et l'image publique devient de plus en plus difficile à fabriquer : comment être d'accord avec la doctrine trumpiste tout en voulant lutter contre les attaques du gouvernement américain au Canada ?
Mais soyons clairs et résumons, le Parti Conservateur défend une philosophie d'extrême droite raciste et misogyne.
• Le Parti Libéral
Le Parti libéral, sous Justin Trudeau et durant la période Covid, a défendu des politiques plus keynésiennes. Nous devons l'adoption de ces mesures plus progressistes aux pressions du Nouveau Parti Démocratique qui a permis au gouvernement libéral minoritaire de poursuivre son travail. Mais c'est le gouvernement Trudeau qui a défendu les énergies fossiles et qui a limité l'immigration. C'est aussi le gouvernement Trudeau qui s'est aligné avec tous les pays du G20 pour soutenir Israël, retardant même le moment de parler de génocide. Marc Carney, en tant que nouveau chef du parti, a rapidement pris position sur l'abolition de la taxe carbone et la baisse de l'imposition des gains en capitaux. Le Parti libéral de Carney prend une direction clairement plus à droite que sous Justin Trudeau et rejoint ainsi certaines des demandes du Parti Conservateur, sous prétexte justement de se démarquer des politiques de Justin Trudeau. En fait, les secteurs de la bourgeoisie qui appuient le Parti Libéral du Canada demandent un tournant vers des politiques néolibérales plus strictes.
Nous pouvons déjà comprendre que le Parti Libéral va continuer, comme il l'a toujours fait, d'appliquer des politiques néolibérales, pétrolifères et extractivistes et cherchera des arrangements avec Washington. Compter sur un tel parti pour défendre les intérêts de la majorité populaire, c'est se préparer à des lendemains difficiles.
• Le Bloc Québécois
Le Bloc Québécois tente de garder une image de balance entre le Parti Conservateur et le Parti Libéral pour l'application des politiques néolibérales. Sous prétexte de défendre les droits du Québec, il a fait de la question de la loi 21 son cheval de bataille, prétextant que la défense de l'identité québécoise devait passer par le resserrement du nombre de personnes immigrantes et la fermeture des frontières. Ses politiques identitaires sont copiées sur celle du Parti Québécois et de la Coalition Avenir Québec.
Pour toutes ces raisons, les positions du Bloc Québécois le classent carrément à droite de l'échiquier politique.
• Le Parti Vert
Le Parti Vert défend très timidement les revendications écologiques. « Son plan vert promet : de cesser de donner de l'argent public aux compagnies pétrolières et gazières en l'investissant plutôt dans les énergies propres ; de tenir les grands pollueurs responsables des dommages climatiques qu'ils causent ; de créer des limites strictes et fondées sur la science pour la pollution totale du Canada ; d'obliger les compagnies à prouver qu'elles ont des plans réels pour faire face aux risques climatiques »(Site du Parti vert du Canada). Mais, il affirme également laisser libre cours aux investissements privés et au développement du capitalisme vert.
Si un vote pour ce parti peut exprimer une résistance au capital fossile et aux partis politiques à son service, il ne peut cependant constituer une alternative véritable.
• Le Nouveau Parti Démocratique
Quant au Nouveau Parti Démocratique, son appui au Parti Libéral l'a transformé en cinquième roue du carrosse du gouvernement Trudeau. S'il a bel et bien obtenu des concessions dont le PLC s'est attribué tous les mérites, il a miné sa pertinence comme alternative politique véritable. Ce parti demeure cependant à la défense des minorités et des droits des travailleuses et des travailleurs. Il parle peu par contre des droits des femmes et de l'écologie mais il garde des liens avec le mouvement syndical pan canadien et avec les militants et militantes de la société civile. Et ce parti se réclame toujours, dans son programme, de la sociale démocratie.
Soyons clair : un vote pour un tel parti, c'est un vote qui ne va pas aux grands partis du grand capital.
Dans ce contexte que doit défendre la gauche ?
Presse-toi à gauche, pour sa part, rejette l'appui au Parti conservateur de Poilievre, au Parti Libéral de Carney et au Bloc Québécois de Blanchet ainsi que celui au Parti Vert.
Certains militants et militantes progressistes parlent de voter Carney contre le danger d'une victoire de l'extrême droite que représente Polievre. Ce choix peut sembler une solution d'urgence face à l'extrême droite du Parti Conservateur mais en fait, c'est jouer sur l'alternative entre deux droites. Nous devons rappeler aux secteurs du mouvement syndical qui s'orientent vers le PLC dans une démarche inspirée du faux pragmatisme, que ce parti a brimé systématiquement le droit de grève et qu'il promet d'approfondir son virage à droite. Presse-toi à gauche considère que cette position va avoir comme conséquence une méséducation de la population. Avec le vote stratégique, il faut toujours voter pour le moindre mal en mettant sous le tapis la défense réelle des intérêts de la majorité populaire.
Presse-toi à gauche défend l'importance et l'urgence des mobilisations et des actions. Prendre la rue demeure essentiel pour faire connaître nos revendications et nos valeurs progressistes de tolérance et d'équité, de partage de la richesse, de protection de la terre et de mise en place d'un réel projet de société en finissant une fois pour toutes avec le capitalisme, le patriarcat, les guerres, les génocides et l'exploitation de la terre.
En cette période électorale actuelle, il faudra rester vigilant et vigilante sur plusieurs enjeux :
– l'austérité, la crise du logement
– la protection de la terre incluant le retrait des énergies fossiles, la décroissance économique et l'élargissement du transport collectif
– les droits des travailleuses et travailleurs et l'accès à un vrai régime d'assurance chômage
– l'accueil des personnes immigrantes et la lutte contre le racisme et le profilage racial
– la défense des droits des personnes autochtones et des premiers peuples
– les acquis du mouvement des femmes
– le droit à une information juste, y compris en région, et la lutte contre les fake news
– la lutte contre la privatisation de tous les services publics
– le partage de la richesse contre les évasions fiscales
Dans le contexte actuel, certains et certaines appelleront à une abstention électorale. Aucune voix ne serait donc en mesure de faire entendre leurs revendications au Parlement.
Pour cela, Presse-toi à gauche favorise plutôt un vote pour le Nouveau Parti Démocratique. Malgré ses faiblesses, il continue de représenter des idées de gauche et tient à développer des liens avec le mouvement ouvrier, entre autres.
La gauche québécoise doit débattre. L'attitude à développer n'est ni de se mettre la tête dans le sable, ni de garder le silence, ni de faire comme si de rien n'était pour cacher un vote stratégique qui va à l'encontre de nos valeurs et de nos aspirations.
Presse-toi à gauche invite son lectorat à contribuer au débat en lui faisant parvenir des contributions. Nous publions à cet effet une nouvelle chronique portant sur les élections fédérales au Canada. Nous aimerions vous voir exprimer vos choix électoraux et les raisons qui sous-tendent ces choix.
Quelle couverture de la campagne ?
Outre la publication des contributions de nos lectrices et lecteurs, notre intention est de faire également état des prises de position des organisations syndicales, féministes, écologistes et populaires. Nous ferons écho aux études et analyses fournies par divers organismes afin d'éclairer certains angles des débats. Nous rendrons disponible en français des contributions de la gauche canadienne-anglaise. Nous publierons des éditoriaux selon les dynamiques que créera la campagne. Nous souhaitons que notre couverture soit la plus complète possible et permette d'analyser les enjeux en fonction des conséquences qu'ils auront pour les classes populaires.
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La pente glissante de la laïcité autoritaire

Le ministre de l'Éducation de la CAQ, Bernard Drainville, autrefois ministre péquiste responsable du projet de “Charte des valeurs”, sévit à nouveau avec sa vision autoritaire, arbitraire et nationaliste de la laïcité. (Projet de loi no 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives). Cette fois, il utilise le prétexte des problèmes vécus récemment dans certaines écoles publiques avec l'application de lois et de règlements n'ayant rien à voir avec les “signes religieux” pour rallonger la liste des occupations pour lesquelles ces signes seront interdits.
Cette fois, l'interdiction devrait affecter “tout le personnel scolaire en contact avec des élèves. Ceux œuvrant par contrat dans le périmètre des écoles sont aussi concernés, notamment les bénévoles qui s'y rendent pour offrir des ateliers, les employés de la cafétéria et les éducatrices des services de garde des écoles.” [1] Seuls les chauffeurs d'autobus scolaires sont épargnés. Mais comme toujours, ces règles ne s'appliquent qu'aux écoles publiques, créant une inégalité socio-économique en plus de la discrimination religieuse et sexiste.
On voit bien à l'œuvre ici le phénomène de pente glissante qu'on observe en France depuis vingt ans. Dans l'hexagone, on a commencé par s'attaquer aux droits des élèves (ici aussi dans les écoles publiques seulement), puis on s'est mis à réglementer les vêtements des parents qui accompagnaient les élèves lors de sorties scolaires. Éventuellement, on s'est mis à mesurer la longueur des jupes, parce que les plus longues étaient considérées comme des signes religieux…
À partir du moment où on accepte l'idée que le port de signes d'appartenance religieuse est un problème de société, il n'y a pas de limite objective ou naturelle à la logique d'interdiction. Pour l'extrême-droite française, on est rendu à vouloir interdire les vêtements en question dans l'espace public en général (au centre commercial, dans les parcs…).
La réponse du mouvement syndical, de Québec solidaire et de toutes les personnes qui ont à cœur la défense de l'égalité des droits ne peut être qu'un rejet sans ambiguïté du nouveau projet de loi. On doit revendiquer le respect intégral de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, de même que le retrait des clauses dérogatoires de la Loi sur la laïcité de l'État et de ses articles interdisant le port de signes d'appartenance religieuse.
Le gouvernement de la CAQ, en mauvaise posture dans les sondages depuis plus d'un an, semble bien avoir adopté une stratégie de surenchère et de compétition avec le Parti québécois pour déterminer lequel des deux est le plus hostile à l'immigration et à la diversité culturelle. Ce faisant, il suit l'exemple du régime d'extrême droite maintenant installé à Washington. Toute la gauche, sociale et politique, doit se mobiliser dans le sens contraire et affirmer sans ambiguïté que tout le monde est bienvenu dans nos écoles. Comme le disait récemment une enseignante de l'Idaho aux prises avec la répression anti-anti-raciste [2], c'est un principe de base en éducation sur lequel on ne devrait faire aucune concession.
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Pourquoi Netanyahou a choisi de rompre le cessez-le-feu et de relancer la guerre

A la veille de sa reprise de la guerre, Israël était acculé, le Hamas obligeant Netanyahou à honorer l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé. Confronté à ses problèmes politiques internes, le seul choix qu'avait Netanyahou était de faire exploser cet accord.
Tiré d'Agence médias Palestine. Photo : Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou évalue la situation sur le mont Hermon avec le Ministre de la défense Israel Katz et l'ancien chef d'état-major de l'armée, Herzl Halevi, le 18 décembre 2024. (Photo : Bureau du Premier Ministre israélien/Images de l'APA)
Mardi matin, Israël a annoncé la reprise de son assaut militaire contre la Bande de Gaza. La première vague de frappes aériennes a tué plus de 400 Palestinien.nes, dont 130 enfants, et blessé plus de 500 personnes, selon le Ministère de la santé de Gaza. La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré que plusieurs familles avaient été entièrement anéanties par l'assaut.
La nouvelle offensive visait également des personnalités clés des autorités administratives civiles de Gaza. Cela s'inscrit dans une nouvelle stratégie visant à saper la capacité du Hamas à gouverner Gaza en ciblant « non seulement les dirigeants militaires du Hamas, mais aussi son leadership civil », selon une source israélienne en interne qui s'est entretenue mardi avec Haaretz.
Dans une déclaration, le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a déploré les meurtres du coordonnateur de l'action gouvernementale à Gaza, Isam Da'alis, du ministre adjoint à la justice, Mahmoud Hatteh, du ministre adjoint à l'intérieur, Ahmad Abu Watfeh, et du chef de la sécurité, Bahjat Abu Sultan.
Mais qu'est-ce qui explique que l'assaut israélien ait eu lieu à ce moment précis ? Et comment comprendre la décision de Netanyahou de reprendre la guerre alors qu'il subit des pressions internes pour poursuivre le cessez-le-feu afin d'obtenir la libération de plus de prisonnier.es israélien.nes ? Les circonstances entourant les négociations de cessez-le-feu en cours la semaine dernière donnent quelques réponses.
Se sortir du pétrin
La reprise des attaques israéliennes contre Gaza intervient près de deux mois après la signature d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas négocié par l'Égypte, le Qatar et les États-Unis. L'offensive fait également suite à plus d'un mois de tentatives infructueuses de passer à la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu, qui est destinée à inclure des pourparlers sur la fin de la guerre et le début de la reconstruction de Gaza en échange de la libération de tous les prisonnier.es israélien.nes restant.es. Depuis des semaines, le Premier Ministre israélien Benyamin Nétanyahou évite d'entamer la deuxième phase de l'accord et continue de faire pression pour une extension de la première phase. Ceci dans le but de libérer le plus grand nombre de prisonnier.es israélien.nes sans s'engager à mettre fin à la guerre contre Gaza.
Début mars, il a fait fermer le point de passage de Rafah et bloqué l'entrée de toute l'aide humanitaire à Gaza. L'impact de la fermeture a été immédiat, les prix des marchandises ont triplé dans toute la Bande de Gaza, les boulangeries se sont retrouvées sans électricité, et les organisations internationales, telles que l'UNRWA, ont dû réduire l'aide fournie aux civils. Les sept hôpitaux partiellement opérationnels à Gaza ont averti qu'ils cesseraient bientôt de fonctionner en raison du manque de carburant pour alimenter leurs groupes électrogènes. L'ONU a prévenu qu'une nouvelle famine se profile pour la population dévastée de Gaza.
Ces mesures israéliennes, qui violent les termes du cessez-le-feu, sont considérées comme une tentative israélienne de faire pression sur le Hamas pour qu'il fasse des concessions concernant la fin de la guerre – à savoir renoncer au contrôle de la Bande de Gaza et reculer sur la condition d'un retrait israélien total de Gaza, en particulier du couloir de Philadelphie, le long de la frontière égyptienne. Netanyahou a répété tout au long de la première phase du cessez-le-feu qu'il n'accepterait pas que le Hamas ou l'Autorité palestinienne jouent un rôle dans la gouvernance de Gaza après la guerre. Ce qui rend toute discussion d'après-guerre avec le Hamas dénuée de sens.
L'envoyé de Trump dans la région, Steve Witkoff, a également affirmé le 26 février que la poursuite de la gouvernance par le Hamas était « une ligne rouge » pour Israël et les États-Unis. Même lorsqu'un autre envoyé spécial de l'administration américaine, Adam Boehler, a rapporté que le Hamas était prêt à discuter non seulement de quitter le pouvoir, mais aussi de se désarmer – une affirmation que le Hamas n'a jamais confirmée – Israël a considéré les pourparlers directs de Boehler avec les représentants du Hamas comme irrecevables.
En bref, Israël a tiré toutes les ficelles imaginables pour tenter de reporter la mise en œuvre de toutes les phases du cessez-le-feu. Mais le Hamas a mis un frein à ces plans lorsqu'il a annoncé la semaine dernière qu'il était prêt à libérer le captif israélo-américain Edan Alexander et les corps de quatre autres prisonniers israéliens décédés, cela en échange d'une « feuille de route claire pour les pourparlers sur la deuxième phase ».
Netanyahou était scandalisé, parce que le Hamas tenait Israël avec l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé de son plein gré. Acculé, Netanyahou a accusé le Hamas de « manipulation » et de « guerre psychologique », insistant sur le fait que le Hamas « reste ferme dans son refus et n'a pas bougé d'un pouce ». La seule façon pour lui de se sortir de ce pétrin était de faire sauter l'ensemble de l'accord.
Cependant, il existe également des raisons politiques internes sous-tendant la reprise des assauts israéliens.
Nétanyahou et ses alliés
Un autre aspect de la décision de Nétanyahou de reprendre la guerre concerne sa bataille interne avec le système juridique et politique israélien, ainsi que sa constellation d'alliances d'extrême-droite et leurs demandes de reprise des hostilités.
Les alliés d'extrême droite de Nétanyahou qui, jusqu'au cessez-le-feu, composaient son cabinet, considèrent le cessez-le-feu en lui-même comme une capitulation inacceptable devant le Hamas, qui devrait être renversée. Le principal allié de Nétanyahou, le ministre, intransigeant, des Finances, Bezalel Smotrich, est resté dans la coalition gouvernementale malgré son opposition au cessez-le-feu. Cela afin d'assurer la stabilité du gouvernement. Son lot de consolation a été le nouvel assaut sur la Cisjordanie, baptisée « Opération mur de fer ».
Mais Smotrich a également déclaré à maintes reprises que Nétanyahou lui avait promis de reprendre la guerre, en s'attendant à une attaque encore plus dure et plus cruelle contre la population de Gaza qui conduirait à son déplacement massif. Nétanyahou n'a jamais nié avoir fait de telles promesses, mais même les familles des prisonnier.es israélien.nes ont accusé à plusieurs reprises Nétanyahou d'être plus fidèle à ses promesses à Smotrich qu'à la vie de leurs parents captifs à Gaza.
L'autre figure clé de la droite religieuse israélienne, Itamar Ben-Gvir, avait quitté le gouvernement à la suite de la signature de l'accord de cessez-le-feu. Mardi, après qu'Israël ait officiellement annoncé la reprise de la guerre, Ben-Gvir a accepté de revenir au cabinet de Nétanyahou.
Tous ces événements ont eu lieu alors que Nétanyahou continue de renforcer son contrôle sur les organes décisionnels israéliens. Après la démission de l'ancien chef d'état-major de l'armée, Herzl Halevi, Nétanyahou a nommé Eyal Zamir, décrit par les rapports israéliens comme étant suffisant proche de Nétanyahou pour devenir le prochain chef des armées. Nétanyahou a également renvoyé le chef du service de renseignement interne, Ronen Barr, la veille de la reprise de la guerre. Barr a refusé son licenciement, ce qui s'ajoute à la crise politique en cours en Israël.
Cette crise politique est protéiforme.
Premièrement, les dirigeants israéliens ne s'entendent pas sur la formation d'une commission d'enquête sur l'échec en matière de sécurité que représentent les attaques du 7 octobre. Les opposants à Nétanyahou l'accusent de tenter de manipuler sa formation pour se sortir de l'enquête, tandis que Nétanyahou accuse ses opposants de vouloir utiliser la commission pour l'attaquer politiquement.
Deuxièmement, Nétanyahou est lui-même confronté à de multiples accusations de corruption et un procès en attente qui continue d'être reporté en raison de la guerre.
Mardi, était prévue une nouvelle audition de Nétanyahou devant le tribunal israélien pour ses affaires de corruption, mais elle a été suspendue en raison du retour à la guerre.
Intérêts convergents
L'agenda politique des États-Unis pour le Moyen-Orient, et en particulier pour l'administration Trump, semblent toujours plus grand que la seule guerre israélienne contre Gaza et les jeux politiques de Nétanyahou. Trump s'est engagé à mettre fin à la guerre et à passer des accords de normalisation avec les pays arabes, en particulier avec l'Arabie saoudite. Ca n'était plus tenable lorsque Trump insistait pour « posséder Gaza » et en faire une « Riviera » une fois sa population expulsée. Steve Witkoff a alors rencontré les ministres arabes des Affaires étrangères à Doha la semaine dernière, acceptant de prendre le plan arabe de reconstruction de Gaza sans le déplacement de la population comme « base » pour les plans de reconstruction.
Cependant, cette vision plus large du Moyen-Orient pourrait elle-même être une raison de la reprise de la guerre par les États-Unis. La veille de la reprise des bombardements israéliens, les États-Unis ont lancé une série de frappes contre le Yémen, où le mouvement Ansar Allah (communément connu sous le nom de « Houthis ») avait également repris ses attaques contre des navires israéliens et américains dans la mer Rouge, en réponse au blocage de l'aide humanitaire israélienne à Gaza. Lundi, Trump a directement accusé l'Iran d'être responsable des actions d'Ansar Allah, promettant que Téhéran « en subira les conséquences ».
Au milieu des tentatives en cours de redessiner la carte géopolitique du Moyen-Orient, Israël insiste pour maintenir ses récentes prises de nouveaux territoires syriens et ses positions militaires dans le sud du Liban, les États-Unis font maintenant une démonstration de force contre l'Iran. L'approbation par Washington de la nouvelle campagne israélienne de bombardements doit être comprise dans ce même contexte.
Après plus d'un an et demi d'attaque massive contre leurs vies, les Palestinien.nes de Gaza se retrouvent pris entre ces agendas politiques croisés. Cela se produit à nouveau dans un silence assourdissant de la communauté internationale, pour qui les vies palestiniennes continuent d'être sans importance.
Traduction : LG pour l'Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss

Chris Hedges : La guerre de Trump contre l’éducation

Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation.
13 mars 2025 | tiré de Canadian dimension |Illustration : I Stink Therefore I Am.” par Mr. Fish.
Les attaques contre les collèges et les universités—l'administration de Donald Trump a averti une soixantaine d'établissements qu'ils pourraient perdre leurs financements fédéraux s'ils ne garantissent pas un environnement sûr pour les étudiants juifs et a déjà retiré 400 millions de dollars à l'Université Columbia—n'ont rien à voir avec la lutte contre l'antisémitisme. L'antisémitisme sert de prétexte, de couverture à un agenda bien plus large et insidieux. L'objectif, qui inclut des projets visant à abolir le département de l'Éducation et à supprimer tous les programmes de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI), est de transformer le système éducatif, de la maternelle aux études supérieures, en un outil d'endoctrinement.
Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation. Les récits qui remettent en question les mythes servant à légitimer le pouvoir absolu—dans notre cas, les faits historiques qui ternissent la suprématie du masculin blanc, du capitalisme et du fondamentalisme chrétien—sont effacés. Il ne doit y avoir aucune réalité partagée. Il ne doit y avoir aucune autre perspective légitime. L'histoire doit être figée. Elle ne doit pas être réinterprétée ni étudiée. Elle doit être cristallisée sous forme de mythe, afin de soutenir une idéologie dominante ainsi que la hiérarchie politique et sociale en place. Toute autre conception du pouvoir et des interactions sociales est assimilée à une trahison.
« L'une des menaces les plus significatives pour une hiérarchie de classes est un système scolaire public universellement accessible et de grande qualité, » écrit Jason Stanley dans Erasing History : How Fascists Rewrite the Past to Control the Future :
La philosophie politique qui perçoit cette menace de manière aiguë—et qui associe hostilité envers l'éducation publique et soutien à la hiérarchie de classes—est une certaine forme de libertarianisme de droite, une idéologie qui considère les marchés libres comme la source fondamentale de la liberté humaine. Ces libertariens s'opposent à la régulation gouvernementale et à quasiment toutes les formes de biens publics, y compris l'éducation publique. Leur objectif politique est de démanteler les biens publics. La destruction du système éducatif est soutenue à la fois par les oligarques et les élites économiques, qui voient dans la démocratie une menace pour leur pouvoir et dans les impôts finançant les biens publics une menace pour leur richesse. Les écoles publiques sont le socle fondamental de la démocratie. Il est donc parfaitement logique que ceux qui s'opposent à la démocratie, y compris les mouvements fascistes ou à tendance fasciste, s'allient aux libertariens de droite pour affaiblir l'institution de l'éducation publique.
J'ai enseigné Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn dans une prison du New Jersey. Le livre de Zinn est l'une des principales cibles de l'extrême droite. Trump l'a dénoncé en 2020 lors de la Conférence de la Maison-Blanche sur l'Histoire américaine, déclarant :
« Nos enfants sont instruits à partir de tracts de propagande, comme ceux de Howard Zinn, qui tentent de leur faire honte de leur propre histoire. »
Zinn déconstruit les mensonges utilisés pour glorifier la conquête des Amériques. Il permet aux lecteurs de voir les États-Unis à travers les yeux des Amérindiens, des immigrants, des esclaves, des femmes, des leaders syndicaux, des socialistes, anarchistes et communistes persécutés, des abolitionnistes, des militants pacifistes, des leaders des droits civiques et des pauvres. Il met en lumière les témoignages de Sojourner Truth, du chief Joseph, de Henry David Thoreau, de Frederick Douglass, de W.E.B. Du Bois, de Randolph Bourne, de Malcolm X et de Martin Luther King Jr. Pendant mes cours, j'entendais parfois des étudiants murmurer : « Bordel » ou « On nous a menti ».
Zinn montre clairement que des forces militantes organisées ont ouvert des espaces démocratiques dans la société américaine. Aucun de ces droits démocratiques – l'abolition de l'esclavage, le droit de grève, l'égalité des sexes, la Sécurité sociale, la journée de travail de huit heures, les droits civiques – ne nous a été accordé par une classe dirigeante bienveillante. Ils ont été obtenus par la lutte et le sacrifice. En résumé, Zinn explique comment fonctionne la démocratie.
Le livre de Zinn était vénéré dans ma petite salle de classe en prison. Mes étudiants comprenaient intimement comment le privilège blanc, le racisme, le capitalisme, la pauvreté, la police, les tribunaux et les mensonges véhiculés par les puissants avaient déformé leurs communautés et leurs vies. Zinn leur a permis, pour la première fois, d'entendre les voix de leurs ancêtres. Il écrivait l'histoire, pas des mythes. Il n'éduquait pas seulement mes étudiants, il leur redonnait du pouvoir. J'ai toujours admiré Zinn. Après cette classe, je l'ai vénéré moi aussi.
Lorsque Zinn enseignait au Spelman College, une université historiquement noire pour femmes à Atlanta, il s'est engagé dans le mouvement des droits civiques. Il a fait partie du Comité de coordination des étudiants non violents (SNCC). Il a défilé avec ses étudiantes pour réclamer les droits civiques. Le président de Spelman n'a pas apprécié.
« J'ai été licencié pour insubordination », se souvenait Zinn. « Ce qui était effectivement vrai. »
L'éducation se doit d'être subversive. Elle donne aux étudiants la capacité et le langage nécessaires pour interroger les idées et les suppositions dominantes. Elle remet en question les dogmes et les idéologies. Elle peut, comme l'écrit Zinn, « contrecarrer la tromperie qui légitime la force de l'État ». Elle met en avant les voix des marginalisés et des opprimés pour honorer une pluralité de perspectives et d'expériences. Lorsqu'elle fonctionne, l'éducation mène à l'empathie et à la compréhension, à un désir de réparer les injustices historiques et d'améliorer la société. Elle favorise le bien commun.
L'éducation ne concerne pas seulement le savoir, elle touche aussi à l'inspiration. Il s'agit de passion, de la conviction que ce que nous faisons dans la vie a de l'importance. Comme l'écrit James Baldwin dans son essai « Le processus créatif », il s'agit de la capacité à creuser « jusqu'au cœur de chaque réponse pour exposer la question que cette réponse dissimule ».
Les attaques de la droite contre des programmes comme la théorie critique de la race ou la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI) visent, comme le souligne Stanley dans son livre, à « déformer intentionnellement ces programmes pour donner l'impression que ceux dont les perspectives sont enfin incluses – comme les Afro-Américains, par exemple – bénéficient d'un avantage illicite ou injuste. Ainsi, ils ciblent les Afro-Américains qui ont accédé à des postes de pouvoir et d'influence et cherchent à les délégitimer en les présentant comme indignes. L'objectif ultime est de justifier une prise de contrôle des institutions afin de les transformer en armes dans la guerre contre l'idée même d'une démocratie multiraciale. »
L'intégrité et la qualité de l'enseignement supérieur public aux États-Unis sont attaquées depuis des décennies, comme le documente Ellen Schrecker dans son livre The Lost Promise : American Universities in the 1960s.
Les protestations sur les campus universitaires dans les années 1960, note Schrecker, ont vu « les ennemis de l'académie libérale » s'en prendre à ses « bases idéologiques et financières ».
Les frais de scolarité, autrefois faibles, voire inexistants, ont explosé, entraînant une dette étudiante colossale. Les législateurs des États et le gouvernement fédéral ont drastiquement réduit le financement des universités publiques, les obligeant à chercher des soutiens auprès des entreprises et à précariser la plupart des enseignants en les reléguant au statut de vacataires sous-payés, souvent sans avantages sociaux ni sécurité d'emploi.
Selonla Fédération américaine des enseignants, près de 75 % des cours dans les universités sont assurés par des vacataires, des chargés de cours à temps partiel et des enseignants non titulaires, sans espoir d'obtenir la titularisation.
Les institutions publiques, qui accueillent 80 % des étudiants du pays,manquent chroniquement de fonds et de ressources de base. L'enseignement supérieur est devenu, même dans les grandes universités de recherche, une simple formation professionnelle, servant davantage la mobilité économique que l'apprentissage intellectuel. Dans ce contexte, les universités d'élite, dont les frais de scolarité dépassent parfois les 80 000 dollars par an, privilégient les riches et les privilégiés, excluant les pauvres et la classe ouvrière.
« L'académie actuelle sert principalement à reproduire un statu quo de plus en plus inégalitaire. Il est difficile d'imaginer comment elle pourrait être restructurée pour servir un objectif plus démocratique sans une pression extérieure en faveur d'un enseignement supérieur gratuit et universel », écrit Schrecker.
Les sociétés totalitaires n'enseignent pas aux étudiants comment penser, mais quoi penser. Elles produisent des étudiants historiquement et politiquement illettrés, aveuglés par une amnésie historique imposée. Elles cherchent à fabriquer des serviteurs dociles et des apologistes conformistes, et non des critiques et des rebelles. C'est pourquoi les collèges d'arts libéraux n'existent pas dans les États totalitaires.
PEN America a recensé près de 16 000 interdictions de livres dans les écoles publiques du pays depuis 2021, un chiffre, écrit PEN, « jamais atteint depuis la chasse aux sorcières du maccarthysme dans les années 1950 ». Parmi les titres censurés figurent The Bluest Eye de Toni Morrison, La Couleur pourpre d'Alice Walker et Maus, le roman graphique d'Art Spiegelman sur l'Holocauste.
L'activité humaine la plus importante, comme nous le rappellent Socrate et Platon, n'est pas l'action, mais la contemplation, un principe qui résonne également dans la philosophie orientale. Nous ne pouvons pas changer le monde si nous ne pouvons pas le comprendre. En absorbant et en critiquant les philosophes et les réalités du passé, nous devenons des penseurs indépendants au présent. Nous pouvons articuler nos propres valeurs et croyances, souvent en opposition à celles prônées par ces anciens penseurs. La capacité de penser, de poser les bonnes questions, représente toutefois une menace pour les régimes totalitaires cherchant à inculquer une obéissance aveugle à l'autorité.
Les civilisations inconscientes sont des déserts totalitaires. Elles perpétuent des idées mortes, comme l'illustre la fresque “The Epic of American Civilization” de José Clemente Orozco, où des squelettes en toge académique donnent naissance à des bébés squelettes.
« Avant de prendre le pouvoir et d'imposer leur vision du monde, les mouvements totalitaires invoquent un monde imaginaire cohérent, plus satisfaisant pour l'esprit humain que la réalité elle-même », écrit Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme.
Aussi mauvaise soit la situation, elle va encore empirer. Le système éducatif américain est sur le point d'être saigné à blanc, privatisé et démembré…Les entreprises qui tirent profit du système des écoles à charte et des universités en ligne—dont la principale préoccupation n'est certainement pas l'éducation—remplacent les véritables enseignants par des instructeurs non syndiqués et mal formés. Les élèves, au lieu d'être éduqués, recevront un enseignement par cœur et seront nourris des tropes familiers des manuels autoritaires : des hymnes à la suprématie blanche, à la pureté nationale, au patriarcat et au devoir de la nation d'imposer ses « vertus » aux autres par la force. Cette endoctrinement de masse garantira non seulement l'ignorance, mais aussi l'obéissance. Et c'est bien là l'objectif.
Chris Hedges est un journaliste lauréat du prix Pulitzer, un auteur à succès du New York Times, un professeur du programme universitaire destiné aux prisonniers de l'État du New Jersey offert par l'université Rutgers, ainsi qu'un ministre presbytérien ordonné. Il a écrit douze livres, dont le best-seller du New York Times Days of Destruction, Days of Revolt (2012), coécrit avec le dessinateur Joe Sacco. Parmi ses autres ouvrages figurent Wages of Rebellion : The Moral Imperative of Revolt (2015), Death of the Liberal Class (2010), Empire of Illusion : The End of Literacy and the Triumph of Spectacle (2009), I Don't Believe in Atheists (2008) et le best-seller American Fascists : The Christian Right and the War on America (2008). Son dernier livre est America : The Farewell Tour (2018). Son ouvrage War Is a Force That Gives Us Meaning (2003) a été finaliste du National Book Critics Circle Award dans la catégorie Essais et s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires. Il écrit une chronique hebdomadaire pour le site ScheerPost.
Cet article a été publié à l'origine sur ScheerPost.com.
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Ne pas consentir au fascisme qui vient

Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer une ligne claire : le fascisme doit être reconnu, nommé, combattu. Et que soient posées les conditions de l'émancipation. L'universalisme véritable, celui qui permet de penser en termes de volonté et non pas d'origine, en est un moyen. En partenariat avec le festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet.
21 mars 2025 | tiré d'AOC.media
https://aoc.media/opinion/2025/03/20/ne-pas-consentir-au-fascisme-qui-vient/
Ndlr – Alain Policar est, en partenariat avec AOC, l'invité du festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet (20-22 mars 2025) : « Pourquoi faudrait-il sauver l'universel ? », dialogue avec Sylvain Bourmeau .
Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer une ligne claire : le fascisme doit être reconnu, nommé, combattu. Et que soient posées les conditions de l'émancipation. L'universalisme véritable, celui qui permet de penser en termes de volonté et non pas d'origine, en est un moyen. En partenariat avec le festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet.
Qui peut raisonnablement douter du racisme, du sexisme et de l'homophobie de Donald Trump ? En France, les propos du nouveau président américain tomberaient sous le coup de la loi. Cette évidence n'a pas empêché les journalistes de l'émission de LCI « 24 heures Pujadas », le 23 janvier dernier, de condamner unanimement la décision de la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF), laquelle a choisi, afin de limiter le risque de diffusion de propos injurieux, une retransmission en léger différé du discours d'investiture du 20 janvier. Pour les commentateurs, parmi lesquels Bernard Guetta et Jean Quatremer (Libération !), aucun doute : la RTBF, en établissant un « cordon sanitaire médiatique », a commis une impardonnable faute professionnelle, en « censurant » la parole présidentielle. La veille, sur la même chaîne, et dans la même émission, Robert Ménard, maire de Béziers (et ancien président de Reporters sans frontières), avait vanté les mérites d'un Donald Trump « qui sait comment parler au peuple » : Vincent Hugeux fut le seul à fermement protester contre cet éloge du style populiste et de l'anti-intellectualisme par l'édile biterrois.
Le macronisme comme pensée de l'acquiescement
Ne sont-ce pas là de claires manifestations du consentement au fascisme qui vient ? Dans l'explication de ce consentement, le macronisme porte une très lourde responsabilité. Celle-ci ne tient pas principalement à la faute politique que fut la dissolution. Certes, cette dernière a donné consistance au rêve de l'extrême droite de s'emparer du pouvoir. Mais, plus fondamentalement, c'est la conception macroniste du politique qui a servi de marchepied au Rassemblement national en restreignant l'espace de la délibération démocratique. Pour le macronisme, en cela héritier du libertarianisme, il existe un ordre naturel des choses, et ceux qui n'en reconnaissent pas la réalité sont irrationnels. Rien ne doit être fait qui puisse entraver les décisions des acteurs du marché.
Le macronisme est une pensée de l'acquiescement : comment mieux défendre l'ordre qu'en légitimant l'inégalité ? Une inégalité inscrite dans la nature des choses. Loin de naître libres et égaux en droit, les hommes doivent admettre l'inégalité comme la conséquence inévitable de la liberté. Mieux encore, elle seule autorise le progrès, comme Maurras aimait à le rappeler. À l'inverse de l'égalité « stérile et mortelle », l'inégalité célèbre la vie. Il convient dès lors de reconnaître les limites de l'action politique.
D'où l'indifférence à la chose publique, plus globalement à la démocratie : ce qui importe est la recherche de l'accord sur la manière de résoudre des problèmes, tels que la compétitivité des entreprises, le coût du travail, le financement des retraites, le poids de la dette, etc. Résolution difficile en période de ralentissement de la croissance, ce qui conduit, afin de soutenir le taux de profit privé, à prendre des mesures autoritaires. Les exemples sont nombreux : durcissement du droit d'asile, volonté de maîtriser l'immigration, préférence nationale, suspicion de fraude sociale à l'égard des immigrés et des étrangers… Toutes ces mesures concourent à légitimer les idées d'extrême droite et, corrélativement, à diaboliser la gauche. Pour employer le vocabulaire d'Adorno, ce retour du « lexique de l'effroi », contre des menaces fantasmées, est un trait caractéristique des processus de fascisation.
Ce qui doit retenir notre attention, comme symptômes de ce nationalisme fascisant, est, entre autres, le refus du clivage gauche-droite, le mépris des contre-pouvoirs, la stigmatisation de la figure de l'étranger, le contrôle et la répression vis-à-vis de celles et ceux qui bénéficient des mécanismes de solidarité, le rejet des libertés syndicales : le macronisme, dès lors, loin de se plaindre du désintérêt grandissant des électeurs pour la chose publique, comprend la politique comme « l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde » (Paul Valéry).
Reconnaître le fascisme
Dans ce contexte, l'un des moyens privilégiés au service du brouillage conceptuel, est certainement la production de paniques morales autour d'objets aux contours incertains, comme l'« islamogauchisme » ou le « wokisme », accusés de menacer l'identité nationale. Ces paniques sont aussi l'indice de la difficulté pour le pouvoir de préserver son hégémonie, tant les fondements moraux de celle-ci paraissent friables.
Umberto Eco a énoncé, lors d'une conférence donnée à Columbia le 25 avril 1995, les caractéristiques du fascisme[1]. Il en distinguait quatorze, qui ne font pas système : il suffit, écrit-il, « qu'une seule d'entre elles soit présente pour faire coaguler une nébuleuse fasciste ». Il évoquait un « populisme sélectif » au sein duquel le peuple est une entité monolithique exprimant la volonté commune. Mais, ajoutait-il, celle-ci ne pouvant être portée par les êtres humains en grand nombre, le chef en devient l'interprète. Dès lors, les citoyens renoncent à leurs pouvoirs délégataires et n'agissent pas. Ils se satisfont du fait que chacun d'entre eux appartient au meilleur peuple du monde. Ainsi, ceux qui sont privés d'une identité sociale claire ont le privilège d'être nés dans un même pays. L'identité nationale se confond alors avec le nationalisme, lequel a besoin pour se perpétuer de désigner des ennemis de la nation : il entretient un esprit complotiste, et le complot, on le sait, peut venir de l'intérieur. Toute distance critique devient trahison, et la peur de la différence est exacerbée. Difficile de ne pas reconnaître ici la description du trumpisme.
Or l'arsenal législatif récent (et celui qui s'annonce, si l'on en croit les gesticulations de Bruno Retailleau) entretient un permanent soupçon sur une partie de la population qui, précisément, en raison de différences réelles ou imaginaires, ne peut correspondre à l'image mythifiée de l'identité nationale. Dès lors, les classes moyennes, qui ne veulent à aucun prix subir la relégation que le capitalisme financier réserve à des populations abandonnées, souvent issues de l'immigration arabo-musulmane, expriment une réelle crainte. Et cette dernière s'alimente du repli de ces populations dans un espace susceptible de leur apporter protection, celui des communautés de provenance.
Dans un tel contexte de croissance, on aurait grandement tort de ne pas entendre l'avertissement d'Umberto Eco. Si reconnaître le fascisme ne suffit certainement pas à s'en prémunir, savoir nommer son ennemi reste l'indispensable préalable à l'échec de son projet. Dès lors, la question de l'action politique se pose avec une vive acuité.
Les conditions de l'émancipation
Dans un article récent, Marion Ink rappelait qu'avant d'être un élan réfléchi, le Front populaire fut « un sursaut unitaire contre le 6 février 1934 ; c'est ensuite qu'il devint un projet concerté pour la République sociale ». Ce sursaut, ajoutait-elle, venu des travailleurs avant les politiques, fut une coalition agrégeant des forces plurielles, construite progressivement, d'abord dans les luttes sociales antifascistes, ensuite dans le travail des forces politiques. Il s'agit, pour Marion Ink, d'allier « radicalité des propositions et modération des discours ».
Au-delà de cette sage préconisation doivent être posées les conditions de l'émancipation. L'émancipation, comprise comme la volonté politique de se défaire de la situation de minorité à laquelle on est soumis, doit s'assigner la tâche prioritaire d'éviter le basculement des classes moyennes dans le fascisme. Si l'on songe au mirage populiste, le moyen le plus sûr de le combattre demeure l'insistance sur le ressort universaliste des luttes d'émancipation. Plus précisément, il importe que leur principe soit le refus de les hiérarchiser et, plus encore, de négliger celles fondées sur la reconnaissance, au nom d'un primat, sur celles ayant la redistribution pour horizon ou, bien sûr, de choisir la priorité inverse.
Nous devons, au contraire, articuler les unes et les autres. Rechercher les conditions de cette articulation, c'est faire l'éloge de la complication, ce qui suppose à minima un regard critique sur les modalités de nos combats.
Plus précisément, il s'agit de résister à la tentation de l'« essentialisme inversé », celui-ci étant défini comme la reproduction par les dominés du processus d'essentialisation dont ils sont victimes, mais en inversant la hiérarchie qu'il instaure. Frantz Fanon avait fortement insisté sur ce danger dans Les Damnés de la terre (chapitre sur « Les mésaventures de la conscience nationale »). Car il ne saurait être question de sacrifier le projet universaliste au bénéfice de l'essentialisation des appartenances raciales. Danièle Lochak écrit à cet égard que « les victimes sont toujours particulières – classes exploitées, peuples colonisés, femmes opprimées, Noirs, juifs, Arabes ou Roms stigmatisés –, prétendre pour cette raison qu'aucune lutte ne peut se faire au nom de l'universel, c'est encourager la concurrence des victimes. Plus fondamentalement, c'est oublier que chacun de ces groupes lutte en vue d'un objectif universel : l'abolition de toute forme de domination et de discrimination ». Et, ajoute-t-elle, citant Francis Wolff, c'est oublier « qu'une injustice ne concerne pas seulement ceux qui en sont victimes, ou coupables, mais la communauté éthique tout entière [2] ».
Le processus d'essentialisation, quelle que soit sa provenance, est négation de toute approche intersectionnelle, laquelle, par nature, implique la considération de nos appartenances multiples. L'identitarisme, lorsqu'il se fonde sur l'identité raciale, est le miroir du racisme qu'il est supposé combattre : l'un et l'autre ignorent l'importance des structures de classe et de genre. Énoncer ce danger, ce n'est nullement, faut-il le préciser, occulter le droit de la victime à décrire l'oppression de son propre point de vue, à être écoutée, et à l'être avant quiconque. L'antiracisme ne peut ignorer les revendications fondées sur les situations particulières de racisation. Le recours incantatoire aux valeurs universelles s'est trop longtemps accommodé de la persistance des discriminations, à la prise en compte desquelles on a systématiquement opposé l'intangibilité du modèle républicain.
Si la parité a fini par être inscrite dans la Constitution, ce n'est pas le cas d'autres formes d'appartenance, notamment celles fondées sur les identités raciales. Le catéchisme d'indifférence à la différence, qui a pu apparaître comme la meilleure façon de lutter contre le racisme, a fini par le dévoiement de la valeur d'égalité jusqu'à l'infériorisation de l'Autre. Car il est inconséquent de faire comme si les différences n'existent pas, alors qu'elles existent, non seulement dans la tête des racistes, mais aussi dans le vécu de ceux qui subissent le racisme. On ne peut donc les évacuer sous prétexte de respecter le postulat universaliste, prétendument universaliste en réalité, celui qui confond traitement uniforme et traitement égal. Car, il faut le rappeler, appliquer le même traitement à tous, c'est conforter les inégalités préexistantes.
Penser en termes de volonté et non d'origine
S'il est vrai qu'un universalisme dévoyé a pu servir de paravent à la volonté d'imposer à l'Autre une domination politique, économique et culturelle, c'est bien l'horizon d'une égalité universelle en droit qui a nourri la révolte des pionniers des luttes anti-impérialistes. Et s'il est également vrai que des pratiques néocoloniales perdurent aujourd'hui, en rendre coupable l'universalisme, c'est se priver des moyens de lutter contre les despotes corrompus qui dirigent actuellement la plupart des anciennes colonies après avoir éliminé les pionniers des luttes libératrices.
L'universalisme véritable, celui qui voit dans la pluralité l'essence même de l'universalité, ne peut s'accommoder de la célébration de l'authenticité identitaire, d'où qu'elle vienne. La capacité à s'arracher au donné et à choisir d'autres appartenances que celles qui nous ont été transmises est une spécificité humaine. Elle conduit à poser le lien entre individu et communauté de telle façon que l'on puisse dire, non qu'un individu appartient à une communauté, par essence ou originairement, mais que la communauté appartient à l'individu, ce qui signifie la poser comme une réalité qui ne peut avoir de sens et même d'existence que par l'acte de la choisir et de la faire sienne. Donc penser en termes de volonté et non d'origine.
Comme l'a souligné Pierre Guenancia, on a vraiment dit peu de choses sur un homme « lorsqu'on l'a identifié comme originaire d'un pays, d'une région du monde : tout reste à connaître de lui, comme être singulier, différent de tous les autres, y compris de ceux auxquels il ressemble [3] ». Le fait d'être de couleur noire comme d'autres sont de couleur blanche doit être considéré comme un détail qui ne nous qualifie pas essentiellement en tant que personne : « Une personne n'existe en tant que telle que si elle peut se concevoir elle-même comme distincte de toutes les marques d'identité passive ou reçue, même si, au cas où ces marques seraient celles d'hommes opprimés ou persécutés, elle les déclare siennes par esprit de solidarité […] Pour peu qu'il n'ait pas complètement renoncé à sa liberté, un homme ne peut pas coïncider totalement et adéquatement avec lui-même, et moins encore avec les personnages que le hasard, peut-être aussi le sens de son devoir l'amènent à assumer [6] ».
On comprend dès lors l'inanité de la volonté d'enfermer les individus dans leur couleur, volonté qui conduit à promouvoir l'entre-soi et, au bout du compte, à défendre l'apartheid. Ainsi que le souligne Paul Audi dans Troublante identité, l'identité en elle-même est réductrice : « C'est l'essence même de l'identité que de réduire tout être à un aspect de lui-même, à une partie de son être. Cette partie, c'est précisément sa particularité. Ce que l'identité identifie dans l'être, c'est une particularité. Or toute particularité est générale. Mes yeux bleus sont une particularité de mon être, mais je ne suis pas le seul à avoir les yeux bleus. Idem pour ce qui est de mes origines libanaises ou de ma culture française : elles n'appartiennent pas à moi seul. Sous ce rapport, je suis comparable. Mais un être n'est pas qu'une collection de traits particuliers ; il est, ou plutôt il peut être singulier. Cette singularité ne saurait être concernée par le concept d'identité. Pourquoi ? Parce que, contrairement à l'identité, la singularité n'est ni donnée, ni reçue. On ne naît pas singulier, on le devient [4]. » Dès lors, mettre en avant une identité exclusive de tout autre, c'est le contraire de la liberté, car cette dernière exige d'articuler toutes nos déterminations : il n'y a pas de hiérarchie entre les luttes, tout simplement parce que nous ne pouvons mettre entre parenthèses les divers éléments qui font de nous ce que nous sommes.
Accéder à la majorité, autrement dit parvenir à l'émancipation, c'est être devenu capable de distinguer les attributs que je reçois de mes origines de ceux dont je suis la cause : « Un être capable d'un autre destin que le sien est un être fécond [5] ». Pour parvenir à cet état d'esprit, nous devons opérer une réduction, c'est-à-dire une suspension du sentiment d'appartenance que, sans y penser, nous éprouvons envers notre nation d'origine. Il s'agit de pratiquer un détachement de tout ce qui va de soi afin d'être en mesure de repenser les relations à soi, à autrui et à la cité, par l'intermédiaire de la relation universelle au monde.
Il nous faut donc être capable d'imaginer, dans le temps et dans l'espace, d'autres appartenances. C'est le moyen d'échapper aux passions haineuses et destructrices, afin d'isoler dans son être un invariant absolu, le simple fait d'être homme. En d'autres termes, pour trouver l'universel en soi, il est nécessaire de se désencombrer de soi, et la capacité de décentrement radical participe de la définition de l'humain.
Ndlr – Alain Policar est, en partenariat avec AOC, l'invité du festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet (20-22 mars 2025) : « Pourquoi faudrait-il sauver l'universel ? », dialogue avec Sylvain Bourmeau .
Alain Policar
Politiste, Chercheur associé au Cevipof
Notes
[1] Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2024.
[2] Danièle Lochak, « Racismes, antiracismes : reconstruire l'universalisme », Pouvoirs, n°181, 2022/2, p. 141. La citation de F. Wolff est dans Plaidoyer pour l'universel, 2019, p. 28.
[3] Pierre Guenancia, « Identité et cosmopolitisme », Raison présente, no 201, 1er trimestre 2017, p. 77.
[4] Paul Audi, « Entretien avec Jean-Marie Durand », Philomag, 28 septembre 2022.
[5] Emmanuel Levinas, Totalité et infini. Essai sur l'extériorité, La Haye, Martinus Nijhoff, 1961, p. 258.
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Déclaration du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)

Déclaration de Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)
« Enfin ! Alors que l'administration Trump impose une guerre commerciale et continue de multiplier ses menaces de tarifs, le gouvernement fédéral s'est décidé vendredi soir dernier à agir pour aider les travailleurs et les travailleuses dans un contexte de forte incertitude économique et politique. Par voie réglementaire, il met en place des assouplissements au régime d'assurance-emploi qui visent à élargir l'admissibilité et accélérer le versement des prestations. Il abolit temporairement le délai de carence et suspend pour six mois les règles entourant le traitement des indemnités de cessation d'emploi. De plus, il ajuste le taux de chômage utilisé dans le calcul de l'admissibilité pour permettre à plus de travailleurs et de travailleuses de se qualifier, et ce dans toutes les régions du Canada.
Ces améliorations à l'assurance-emploi sont évidemment les bienvenues. Elles rappellent en grande partie les revendications que le CNC, le MASSE, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD ont réclamé de manière commune en février dernier.
Nous croyons toutefois que des modifications additionnelles permettraient de compléter cet effort. Nous sommes toujours d'avis que l'exclusion pour fin d'emploi invalide ne devrait s'imposer que sur le dernier emploi occupé, afin que le régime soit plus flexible face aux aléas de la situation actuelle. Une telle mesure permettrait d'assurer que la très grande majorité des travailleurs et travailleuses mis à pied puissent se qualifier à l'assurance-emploi.
La situation des travailleurs et travailleuses saisonniers devraient aussi être prise en considération : mettre fin à la mesure sur l'admissibilité en juillet ne permettra pas de les couvrir convenablement dans un contexte économique incertain où ils et elles sont encore plus vulnérables.
Finalement, ces solutions sont temporaires et partielles, ne se substituant pas à la nécessité d'améliorer considérablement le régime d'assurance-emploi. Le prochain gouvernement devra considérer la pérennisation de ces mesures afin de fournir aux travailleurs et aux travailleuses une réelle protection en cas de chômage, peu importe les tempêtes économiques éventuelles. »
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Au bout de vingt ans, Québec solidaire vit une crise existentielle

Le soirée électorale de l'élection partielle de Terrebonne gagnée haut la main par le PQ a été difficile pour Québec solidaire tout comme pour les Libéraux et les Conservateurs. Ce fut toute une plongée pour Québec solidaire qui recule relativement des deux tiers confirmant les pires sondages. En plus, le bas taux de participation est en soi révélateur d'un désenchantement même pour une partielle, Tous les candidats à la chefferie des Libéraux et le chef Conservateur étaient présents pour soutenir leurs candidat-e-s défait-e-s à plate couture. De même, le Premier ministre l'était à la soirée de la CAQ.
Pour retourner le fer dans la plaie Solidaire aucun-e des porte-parole ni député-e-s Solidaire n'y étaient pour consoler leur candidate défaite. Allô solidarité. Cette faute morale, cette erreur politique sont révélatrice du désarroi de la direction et députation Solidaire devant la descente aux enfers persistante de sa popularité. Pour les député-e-s, ça devient le chacun-e pour soi. La venue de la nouvelle porteparole et la priorité donnée au « Nouveau Québec » indépendant n'y ont rien changé. Ni non plus le mitraillage de propositions de réformettes même si elles sont plus pertinentes les unes que les autres.
La « gouvernance » a amené GND à ne pas dénoncer le racisme du Parlement
La démission de Gabriel Nadeau-Dubois (GND) quelques jours plus tard vient mettre les points sur les ‘i' et les barres sur les ‘t' à ce qui ressemble de plus en plus à une débandade. Par calcul électoral de bas étage épicé de préjugé envers le peuple-travailleur québécois, GND avait laissé humilier par la députation « Solidaire » un collègue député d'origine arabo-musulmane. Celui-ci avait eu l'audace de montrer du doigt l'éléphant raciste, particulièrement islamophobe, trônant au sein de l'Assemblée nationale sous le déguisement de la laïcité.
Tambour battant, GND a mené la charge contre le programme du parti, impropre à la gouvernance affirme-t-il. Certes, celui-ci a ses défauts de longueur, de lourdeur et de déséquilibre. Toutefois, des passages essentiels affirment l'anticapitalisme et l'antiracisme des Solidaires. Toustes comprennent que ce sont ceux-là qui sont visés. Bernie Sanders avait saisi il y a près de 10 ans qu'aux ÉU le vocable « socialisme » est électoralement rentable et unifie la gauche et même bien des progressistes. GND ne l'a pas compris. Nos députée-e-s non plus semble-t-il.
Centrisme et centralisation du parti capitulent face à la néo-fascisation
La centralisation et la bureaucratisation du parti pour en faire une machine électorale bien huilée entraîne par défaut un programme de type « signifiant vide » à la mode du théoricien populiste Laclau et dans la lignée de l'insipide Déclaration de Saguenay. Faut-il se surprendre que dans une telle organisation suffocante régie par les « com », la spontanéité des exploité-e-s et des opprimé-e-s n'y trouve pas son compte ? Ce fond de l'air étouffant a suscité l'abandon, puis la critique livresque d'une députée, et la démission d'une porte-parole. Par la suite l'élection par acclamation de sa successeure a démontré une perte de démocratie interne.
Dans ce centrisme centralisateur réside l'erreur stratégique. Dans un monde existentiellement menacé par la crise climatique et socialement polarisé avec une « classe moyenne » en voie de disparition, cette organisationnelle centralisation politiquement centriste ramène à des temps révolus et dépassés. À rebours, l'extrême-droite l'a très bien compris. Elle fonce droit devant vers le néofascisme sans s'embarrasser de précédents et de constitution. Elle attire à elle ces paniquées « classes moyennes » traditionnelles et la partie de celles populaires en perdition et désemparée.
Libérer la parole sans contrôle conduirait la jeunesse du parti vers la gauche
Dans ces circonstances, libérer la parole de la base Solidaire sans l'étouffer par des textes à l'orientation cuite d'avance, sans la cadenasser dans des webinaires au dialogue impossible, sans l'isoler par des contributions individuelle aboutirait fort probablement à un virage à gauche-toute du programme. Comme lors de la récente élection allemande, ce virage se présenterait comme contrepartie de la néofascisation anti-immigrante de la droite. Cette extrême-droitisation entraîne derrière elle les partis centristes dont la base est constituée de la section traditionnelle des « classes moyennes » laissée pour compte et qui rêve d'un retour à l'Étatprovidence d'antan… que l'immigration menacerait.
L'autre section de ces « classes moyennes » sont des professionnels en voie de prolétarisation et des jeunes bardés de diplômes mais souvent sous-employés et même en chômage. Cette sous-classe est fort présente à la direction Solidaire et au sein de sa militante où elle s'est en partie substituée à la classe populaire. Le virage vers le socialisme en serait-il compromis ? En autant que cette jeunesse instruite, à cheval entre le prolétariat et la petite-bourgeoisie, souvent mise à l'écart de la société, minoritaire dans nos pays vieillissants du vieil impérialisme, reste acquise aux Solidaires, elle est en mesure de revivifier le parti. Tant l'ardeur due à son âge que la conscience qu'elle a de la course folle vers la terre-étuve que nie et encourage la néo-fascisation du monde la mènent vers l'anticapitalisme en autant que cette perspective soit socialement présente et vivante.
En ces temps de turbulence tant mondiale que Solidaire, il faut garder la tête froide et penser stratégiquement. Le parti de Gauche allemand (Die Linke) après des années de crise qui ont abouti à une scission majeure sur sa droite, s'est ressaisi. Il a changé sa direction et a consolidé son programme à gauche axé sur les questions sociales vitales (inflation, logement, austérité) sans discrimination anti-immigrant, Cette discrimination était prônée à différents niveaux par tous les autres partis, même le SPD et les Verts du gouvernement sortant, et pas seulement par le néofasciste L'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Malgré le succès électorale de l'AfD et de la droite traditionnelle, Die Linke est passé de 3 % des intentions de vote en début de campagne à près d'un score de 9 % le jour des élections. Chemin faisant, il a doublé le nombre de ses membres grâce à l'adhésion massive de la jeunesse, surtout chez les femmes. Grâce à leur apport, Die Linke a pu organiser des centaines de milliers de porte-à-porte.
Plongée électorale, abandon et démission révèlent une critique féministe
Québec solidaire est-il capable d'un tel rebondissement à l'allemande ? Le test n'est pas banal puisque le parti vit sa première grande crise depuis près de vingt ans d'existence. Cette crise n'a rien à voir avec une stimulante crise de croissance comme le parti en a déjà connu. La crise d'un parti électoraliste se vit d'abord comme une chute du score électoral ou du moins de celle soutenue d'intentions de vote. Cette crise du parti couvait depuis l'élection partielle de Jean-Talon, dans la ville de Québec, de l'automne 2019. La direction-députation avait alors tenté sans succès d'imposer un candidat apparemment populaire issu d'un parti municipal de droite. À la suite de cette crise locale, le score électoral du parti avait baissé de deux points de pourcentage. Rien de dramatique mais un signe avant-coureur invitant une rectification à gauche.
Ce mauvais résultat annonçait la stagnation de l'élection générale de 2022 un moment occultée par la victoire de la partielle de Ste-Marie-Ste-Anne à Montréal, gracieuseté de l'effondrement des Libéraux chez les francophones. Mais le recul de sept points de pourcentage, ou relativement du tiers, lors de la nouvelle élection partielle de Jean-Talon en octobre 2023 allait précipiter les événements. Peu après cette élection, la parution du livre de l'ex-députée Catherine Dorion, dont le refus de se représenter en 2022 avait créé un malaise, critiquait directement GND. Elle s'en prenait non pas au contenu de son discours mais à son style de direction. Elle signalait le rapport problématique de GND au style frondeur — peut-on le qualifier de féministe ? — qui devrait avoir sa place dans un parti de gauche. Il fallait normaliser style et habillement pour plaire au mythique électorat centriste et pragmatique. Il fallait une députation avant tout dotée d'expertise. Leurs liens au milieu populaire devenaient secondaires.
La démission surprise de la nouvelle porte-parole Émilise, en avril 2024, allait définitivement ouvrir la grande crise du parti. La porte-parole démissionnaire était manifestement malvenue dans le sérail de la députation. On lui en voulait d'être la seule députée défaite du parti sans égard au fait qu'elle avait été punie par l'élite patronale-syndicale de Rouyn-Noranda, en Abitibi. Elle avait joué un rôle crucial pour médiatiser l'empoisonnement à petit feu de la population de la ville, surtout celle voisine de la fonderie de cuivre de Glencore. À noter que c'est un enjeu finalement pris à bras-le-corps dans la rue par l'organisation féministe Mères au front et médiatisé à tout le Québec. Est-ce là un hasard ou plutôt une manifestation lutte-de-classe que reflète le malaise féministe au sein de Québec solidaire dont la députation est deux fois plus masculine que féminine ?
L'écosocialisme, un projet de société solidaire, concret, simple et bon marché…
N'est-ce pas un secret de Polichinelle qu'est écologique, c'est-à-dire écosocialiste, le socialisme du XXIe siècle ? Cet écosocialisme n'a rien à voir avec des projets étatiques pharaoniques genre cathédrales hydroélectriques au Nord, champ d'éoliennes géantes au Nord du Sud ou trains aériens et métros au Sud. La construction de logements sociaux éco-énergiques, c'est-à-dire hors marché et à consommation énergique (quasi)-zéro, pour tout le monde et non seulement pour les pauvres répond à la fois aux trois crises de l'inflation, du logement et du climat.
Le remplacement sur nos rues et routes de l'auto (SUV) solo, à essence et électrique, par le transport public collectif mur-à-mur, avec un complément d'autopartage, contribue aussi à résoudre la crise du climat. Ce transport public puise son électricité dans les « négawatts » hydroélectriques des bâtiments restaurés par une grande corvée. Finalement, il résout la crise de l'étalement urbain dévorant les meilleurs terres agricoles de la plaine de Montréal et par la même occasion l'aliénante congestion urbaine et l'inflation des prix de l'énergie. Sans ces deux sources majeures d'endettement que sont le logement privé et l'auto solo, les ménages reprennent leur souffle tout en pouvant davantage contribuer fiscalement.
L'essentiel du financement viendra cependant d'ailleurs. Comme le disait un fameux voleur de banque des années 1930 à qui l'on demandait pourquoi il se limitait à ces vols très risqués, « l'argent est dans les banques ». J'ajouterais non seulement au Québec et au Canada mais aussi dans celles des paradis fiscaux. En plus, sans grands projets inutiles y compris ceux de la géo-ingénierie et de la croissance exponentielle des fermes de serveurs, l'écosocialisme est bon marché. Pour faire le tour de la question de la lutte conjointe justice climatique et justice sociale, l'alimentation végétarienne, indispensable climatiquement mais impopulaire, peut être encouragée par une politique de prix administré, c'est-à-dire dégagée de l'emprise du marché. Cette politique subventionnerait les aliments végétariens de base aux dépens du prix des viandes et des aliments ultratransformés bourrés de sucre, gras et sel, ces derniers devant à terme devenir interdits. Ajoutons-y une politique agricole soutenant la bio-agriculture aux dépens de l'agro-industrie actuellement grassement subventionnée.
Toutes ces politiques simples à comprendre et simples à expliquer établissent une société solidaire du soin et du lien en forte décroissance matérielle qui bat en brèche l'austérité des services publics. En répartissant un travail obligatoire devenu moins contraignant parce que libéré de la consommation de masse générée par l'accumulation capitaliste, ces politiques libèrent le temps de la science, de l'art et de la démocratie participative reqise par la planification démocratique. Et elles lèvent toute restriction socio-économique et idéologique à l'accueil et au soutien internationalistes.
Ce sont ces politiques qui devraient être au cœur du programme Solidaire, son noyau dur. Les objectifs de réduction des GES découlant de l'analyse scientifique du GIEC et des principes d'équité du Sommet de Rio, soit pour le Québec une réduction des deux tiers pour 2030 sinon 2035, en deviendraient réalistes. Non seulement ces politiques apparaîtraient-elles comme une alternative politiquement sérieuse vis-à-vis la voie sans issu du capitalisme vert à la québécoise fait de filière batterie et d'autos solo électriques mais aussi elles laisseraient voir une stratégie de solidaire croissance du bien-être pour toustes.
…qui en contrepartie exige le courage politique d'affronter le capitalisme fascisant
En contrepartie, ces politiques vont rencontrer sur le chemin de la lutte pour leur mise en œuvre le barrage de la propriété privée des moyens de production qui ne peuvent conserver leur valeur qu'en accumulant du profit. Comme le disait Marx (Le Capital, Volume 3, Chapitre 47) : « La grande industrie et la grande agriculture exploitées industriellement agissent en commun. Si elles se différencient au début en ce que l'une gaspille et ruine davantage la force naturelle de l'homme et l'autre la force naturelle de la terre, elles se tendent la main plus tard, le système industriel appliqué à la terre venant à son tour exténuer la force de travail, et l'industrie et le commerce intervenant pour procurer à l'agriculture les moyens d'épuiser la terre. »
Dorénavant ne pouvant plus compter sur le voile de la démocratie parlementaire, ce capitalisme apparaît dans sa nudité fascisante. S'impose donc la nécessité du renversement de la domination capitaliste qui viendra par la pression du cumul des luttes pour des réformes combiné à la hausse de la conscience écosocialiste. Cette lutte gigantesque aboutira dans l'un ou l'autre pays qui entraînera les autres. Pourquoi pas au pays du « Nouveau Québec » qui de petit peuple pourrait ainsi devenir « quelque chose comme un grand peuple » ?
Marc Bonhomme, 23 mars 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Et si le gouvernement commençait par assurer le respect des droits des élèves ?

Québec, le 20 mars 2025. — Le Comité pour le droit à la scolarisation invite le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, à profiter du budget qu'il présentera le 25 mars pour faire la preuve que l'éducation est la première priorité de son gouvernement.
Comme le dit le premier ministre, « on a le devoir de donner aux élèves tous les outils pour réussir »*, mais c'est loin d'être le cas présentement, et encore plus pour les élèves en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA).
« Le gouvernement du Québec a beau se targuer d'avoir augmenté de 50% le budget du système d'éducation, il doit reconnaître que les résultats ne sont pas au rendez-vous pour les élèves qui en auraient le plus besoin, les élèves HDAA », lance la porte-parole du Comité, Laurence-Simard Gagnon. « Un des symptômes les plus visibles de ce mal qui ronge notre système scolaire est assurément la déscolarisation que subissent de plus en plus d'élèves HDAA. »
« Rappelons que le ministère de l'Éducation nous parle de 2411 cas d'élèves "en situation complexe" qui auraient vécu un bris de service en 2023, contrairement à 1481 en 2021, poursuit Laurence Simard-Gagnon. Ce n'est déjà pas négligeable, mais ces données sous-estiment largement le problème, notamment parce qu'elles tiennent uniquement compte des élèves qui sont retiré.es de l'école pour deux semaines ou plus. La recherche nous démontre que la réalité est beaucoup plus complexe, que les cas de figure sont plus nombreux, et que les données du Ministère invisibilisent plusieurs milliers de cas d'élèves qui vivent des épisodes de déscolarisation ou de scolarisation partielle ou précaire. »
Toujours selon Laurence Simard-Gagnon, « ce n'est pas pour rien que les bris de scolarisation figuraient parmi les principaux motifs des plaintes reçues par le Protecteur national de l'élève en 2023-2024. Dans sonrapport d'activités annuel, déposé en février, celui-ci nous rappelait à juste titre que "chaque situation de bris de services ou de scolarisation prive l'élève de son droit aux services d'enseignement prévus à la Loi sur l'instruction publique", que "les impacts de ces événements sont souvent majeurs pour les élèves et leurs parents" et que "tous les moyens nécessaires doivent être entrepris pour assurer la scolarisation des élèves". »
« Et ce n'est pas pour rien que nous avons soumis un rapportau Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies, avec l'appui de la Clinique internationale de défense des droits humains de l'UQÀM, pour l'informer des atteintes au droit à l'éducation et au droit à l'égalité que représentent les bris de scolarisation que subissent de plus en plus d'élèves au Québec. Il y a des droits qui sont brimés et le gouvernement du Québec est en train de renier ses engagements internationaux »
Pour toutes ces raisons, le Comité pour le droit à la scolarisation a soumis ces trois recommandations générales au ministre Eric Girard dans son mémoire prébudgétaire :
1) Que le ministre reconnaisse, au nom de son gouvernement, que les droits de nombreux et nombreuses élèves HDAA sont actuellement bafoués au Québec ;
2) Qu'il réaffirme l'engagement de son gouvernement à faire respecter les droits des élèves HDAA et à « leur donner les moyens pour développer leur plein potentiel » ;
3) Qu'il s'assure que tous les fonds nécessaires sont disponibles pour répondre aux besoins des élèves HDAA, peu importe le degré d'accompagnement nécessaire, et assurer la pleine réalisation du droit à l'éducation pour l'ensemble des enfants.
« Devant l'aggravation du phénomène de la déscolarisation, tout nouveau recul est à évidemment à exclure. L'argument financier ne saurait être invoqué pour priver des enfants d'un de leurs droits les plus fondamentaux. Il est plus que temps que le gouvernement du Québec respecte ses engagements », de conclure Laurence SimardGagnon.
* Citation de François Legault dans le chapeau : 2 juin 2024, en ligne.
À propos du Comité pour le droit à la scolarisation
Le Comité pour le droit à la scolarisation cherche à faire respecter le droit à l'éducation et à la scolarisation des élèves en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA) dans la région de Québec, dans une perspective d'inclusion et de réduction des inégalités.
Formé de parents touchés par la déscolarisation, de chercheuses et chercheurs, de représentantes d'organismes communautaires et d'allié.es, le Comité est associé à la Ligue des droits et libertés – Section de Québec. Il mène son action sur différents fronts : recherche, sensibilisation, plaidoyer, défense de droits, mobilisation.
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Sortons la CDPQ des crimes en Palestine !

La Coalition du Québec URGENCE Palestine a lancé cette semaine la campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine et dévoilé un nouveau site web : cdpq-palestine.info. Les 17 et 18 mars, 150 personnes ont participé à deux webinaires de lancement de cette campagne panquébécoise qui exige que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) cesse tout investissement dans des entreprises liées au génocide, à l'occupation, à la colonisation et aux violations des droits humains et du droit international en Palestine.
Deux revendications
La campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine porte deux revendications : 1) Le désinvestissement des 14,2 milliards $ dans 87 entreprises complices de crimes contre le peuple palestinien (selon les données disponibles au 31 décembre 2023 ; une mise à jour sera effectuée en avril lors de la publication du rapport annuel 2024 de la CDPQ) ; 2) La mise en place d'un processus de contrôle transparent pour garantir qu'aucune entreprise dans laquelle la CDPQ investit ne soit associée à des violations des droits humains et du droit international.
Objectifs
La campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine vise à élargir la mobilisation afin que la question des investissements de la CDPQ devienne un enjeu de débat public. L'argent confié à la CDPQ par 48 déposants (Retraite Québec, RREGOP, SAAQ, CNESST, etc.) appartient aux Québécois·es : nous refusons que par ses investissements, la CDPQ nous rendent tous et toutes complices des crimes contre le peuple palestinien !
Site web et identité visuelle
Le site web de la campagne est en ligne depuis le 17 mars : cdpq-palestine.info Il présente de façon vivante et dynamique les objectifs de la campagne et les raisons qui la motivent et suggère plusieurs pistes d'action, en offrant des outils pour ce faire.
Des actions ont déjà débuté qui ont pour but de visibiliser largement les investissements complices de la CDPQ, de mobiliser des organisations de la société civile et de faire des pressions ciblées sur des acteurs influents, au premier plan les déposants (clients) de la CDPQ.
Le logo de la campagne est un « bas de laine des Québécois·es », expression désignant la CDPQ, qui est entouré de fils de barbelés et du slogan « Israël criminel, CDPQ complice ».
La bannière de la campagne représente la complicité de la CDPQ dans les crimes commis par Israël dans les territoires palestiniens occupés dans lesquels la population est enfermée derrière des murs honteux.
Prochaines actions
La Coalition reste à l'affût de la publication du rapport annuel 2024 de la CDPQ en avril 2025. Elle procédera rapidement à son analyse et mettra à jour le nombre d'entreprises et le montant des investissements complices de crimes contre le peuple palestinien.
En avril ou mai 2025, le président et chef de la direction de la CDPQ, Charles Émond, devra répondre aux questions des partis d'opposition lors d'une séance de la Commission des finances publiques à l'occasion de l'étude des crédits budgétaires.
La population est invitée à envoyer des lettres aux dirigeant·es de la CDPQ, en demandant que la Caisse exerce immédiatement son influence afin que toutes les entreprises concernées abandonnent leurs activités économiques associées aux violations des droits du peuple palestinien et, à défaut d'action conséquente de leur part, que la Caisse retire sans délai ses investissements dans ces entreprises.
Les citoyen·nes sont également invité·es à écrire à leurs député·es pour demander que leur parti politique prenne position sur cet enjeu et interroge M. Émond lors de l'étude des crédits budgétaires.
Citations
« Si la population savait, elle refuserait que son argent soit ainsi investi dans des entreprises qui mènent des activités complices de l'occupation, de la colonisation et du génocide israéliens en Palestine. La CDPQ doit inclure le respect du droit international et des droits humains en Palestine dans ses « plus hauts standards éthiques ». C'est ce qu'a fait KLP, le principal fonds de pension en Norvège ; et c'est ce que devrait faire la CDPQ pour le bas de laine des Québécois·es »
– Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
« Derrière chaque colonie israélienne illégale en Palestine occupée, chaque maison détruite, chaque détention arbitraire, chaque prisonnier torturé, chaque bombardement et chaque massacre, il y a des entreprises complices. WSP, Alstom, Caterpillar, Lockheed Martin et General Dynamics profitent directement des crimes commis par Israël. À travers ses investissements dans ces entreprises, la Caisse de dépôt rend l'ensemble des Québécois·es complices du génocide et de l'occupation en Palestine. Notre message aujourd'hui est clair : nous refusons que notre argent soit taché de sang palestinien. Ensemble, il est temps de sortir la Caisse des crimes en Palestine ! » –
– Benoît Allard, porte-parole du collectif Désinvestir pour la Palestine, un groupe membre de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
« Dans un contexte où la colonisation et la dépossession continuent partout en Palestine et où, depuis l'automne 2023, Israël détruit toute l'infrastructure civile de la bande de Gaza, bombarde intensivement la population gazaouie, force le déplacement de presque tout le monde et tue et blesse des dizaines ou peut-être des centaines de milliers de personnes – coupant également l'acheminement de la nourriture et d'autres vivres nécessaire pour soutenir la vie – la population québécoise est en droit de se demander : qu'est-ce que la CDPQ attend pour désinvestir nos fonds de tous ces crimes ? »
– Zev Rose Saltiel, porte-parole de Voix juives indépendantes–Montréal, un groupe membre de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
Pour visionner la présentation de Benoit Allard durant la conférence de presse concernant la CDPQ et les grands axes de la campagne.
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Livre blanc sur l’éducation : Pour une nouvelle « révolution tranquille » en éducation

Le Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation est le fruit d'une volonté citoyenne d'exhorter les pouvoirs publics à résoudre les problèmes du milieu de l'éducation québécoise. Produit à partir des propos recueillis lors des forums citoyens et des ateliers Jeunesse de Parlons éducation au printemps 2023 ainsi que de la consultation qui a suivi, il s'appuie aussi sur de nombreuses sources documentées.
Le document a été rédigé par l'organisme Debout pour l'école, en collaboration avec plusieurs personnes de divers horizons. Il contient quatre revendications et huit orientations concernant le préscolaire, le primaire et le secondaire. Les revendications ont été identifiées comme étant incontournables et urgentes ; les orientations ont été retenues comme pouvant faire l'objet de chantiers prioritaires pour les années à venir. Ce document en est à sa première version.
Cliquez ici pour télécharger la version web du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation !
Médiagraphie du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.
Consultation citoyenne
Avec la consultation citoyenne Pour améliorer l'école québécoise, qui sera en ligne du 17 mars au 25 avril 2025, nous voulons maintenant l'avis de toutes les québécoises et de tous les québécois afin de bonifier le texte du Projet de livre blanc. Debout pour l'école souhaite entendre les points de vue de la part de tous : citoyennes et citoyens, parents, personnel enseignant, éducatrices et éducateurs, personnel de direction, organismes du milieu, etc. Au terme de l'exercice, Debout pour l'école produira la version finale du projet de livre blanc qui deviendra le Livre blanc citoyen sur l'éducation.
C'est le temps de faire une différence pour l'école publique !
Pourquoi un livre blanc sur l'éducation ?
Debout pour l'école entend produire un Livre blanc citoyen sur l'éducation regroupant les revendications prioritaires de milliers de québécoises et québécois qui veulent des changements majeurs à court et à moyen termes dans leur système d'éducation. Pour cela, il faut être suffisamment nombreux à endosser ce Livre blanc afin que nos revendications soient présentes dans la campagne électorale de 2026 et obligent le prochain gouvernement à les mettre en œuvre. Non seulement Debout pour l'école, mais aussi plusieurs autres organisations de la société civile, dont École ensemble, le Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO) et Je protège mon école publique (JPMEP), exigent des changements majeurs en éducation, parce que tous les aspects de notre système scolaire se dégradent depuis 30 ans.
Qu'est-ce qu'un livre blanc ?
Un livre blanc est un document de quelques pages qui traite d'un sujet précis et qui répond à un ensemble de questions interreliées, c'est-à-dire à une problématique. Un tel document propose des orientations nouvelles et identifie des objectifs à atteindre.
Retour sur notre démarche
Étapes préliminaires
– 2019
Debout pour l'école a recueilli près de 12 000 signatures à une pétition contenant sept revendications adressées au ministre de l'Éducation d'alors, JeanFrançois Roberge, sans que celui-ci daigne envoyer un accusé de réception.
– Mars 2022
Parution de l'ouvrage collectif Une autre école est possible et nécessaire, publié chez Del Busso (Montréal).
– Printemps 2023
Les forums citoyens et les forums Jeunesse Parlons éducation dans 19 villes du Québec réunissent plus de 2000 participantes et participants.
– Printemps 2024
Des rencontres citoyennes sur le thème de L'école que nous voulons sont tenues afin de recueillir des revendications prioritaires pour un Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.
– Été 2024
Rédaction du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.
– Automne 2024
Ajustements et révision du texte à la suite des échanges avec le comité directeur et différents collaborateurs, collaboratrices et spécialistes.
Étapes en cours
– 17 mars au 25 avril 2025
Lancement de la vaste consultation citoyenne sur le Projet de livre blanc et présentation du Projet de livre blanc aux organisations et groupes en éducation.
– Mai 2025
Analyse des données et publication des rapport.
Prochaines étapes
– Été 2025
Ajustements sur le texte et rédaction de sa version finale.
– Automne 2025
Lancement et diffusion du Livre blanc citoyen sur l'éducation.
– Octobre 2025 à mars 2026
Représentations politiques et recherche d'appuis formels.
Vaste mobilisation citoyenne et organisationnelle en vue d'un grand rendez-vous national sur l'éducation.
– Printemps 2026
Tenue du Rendez-vous national sur l'éducation.
On a besoin de vous pour discuter et diffuser ce projet au cours de la prochaine année !
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gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.