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États-Unis : Les scientifiques universitaires muselé.es s’exilent

15 avril, par Nicolas de Bellefeuille — , ,
Les universités aux quatre coins des États-Unis entament une lente chute libre, après les multiples coupes dans le budget de l'État, et l'abolition du département de (…)

Les universités aux quatre coins des États-Unis entament une lente chute libre, après les multiples coupes dans le budget de l'État, et l'abolition du département de l'Éducation (DOE), par le président Donald Trump. Depuis le 20 janvier, le milieu scientifique américain s'est vu privé d'un montant de plus de dix milliards de dollars américains.

8 avril 2025 | tiré du Journal des alternatives | Photo : Manifestation Stand for Science, en mars 2025 @ crédit photo Geoff Livingston via Flickr
https://alter.quebec/etats-unis-les-scientifiques-universitaires-musele-es-sexilent/

Dans la foulée de cette guerre idéologique qui affecte désormais l'éducation, le magazine Nature a recensé les réponses de 1650 chercheuses et chercheurs de différentes universités. Ce sondage visait à savoir combien souhaitent quitter le pays pour s'établir ailleurs. 75 % ont évoqué ce désir, un chiffre représentatif du danger pour ces professionnel.les de communiquer les résultats de leurs recherches sans crainte de représailles.

Une voix cruciale menacée

1900 signataires ont également rédigé une lettre ouverte au peuple des États-Unis afin de dénoncer ces diminutions de budget et cette censure. Rappelons qu'au début du mois de mars, l'administration Trump a dévoilé une liste de 400 mots officiels ou non interdits d'utilisation tant que le président républicain sera à la tête du pouvoir. Des mots comme « pollution », « femme », « Noirs », « inégalité » ou encore « LGBTQ » sont désormais bannis et ne peuvent pas être écrits dans des documents officiels ou de recherche au pays.

Parmi ces réductions, l'institut national de la santé (NIH) et son budget de 47 milliards, a enregistré une perte de près de 9 % en subventions de recherches, dont certaines sur le VIH. L'université Harvard, accusée de ne pas combattre l'antisémitisme sur son campus, pourrait afficher un manque à gagner ou déficit estimé à près de neuf milliards, si l'enquête en cours à ce sujet la reconnaît coupable.

Au pays, ce sont plus de 1,2 million de personnes qui assurent l'avenir de la science, au public comme au privé.

À l'université Johns Hopkins, ce sont 2200 postes abolis, et 800 millions de dollars évaporés pour la recherche. Ces compressions sont dues au démantèlement de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

L'Europe et le Canada, nouvelles terres d'accueil

C'est alors que ces deux endroits du monde entrent en jeu, maintenant plus que jamais rapprochés par la polarisation politique des États-Unis. Certaines universités ont décidé d'agir comme refuge pour ces scientifiques qui voient les fonds de leurs études supprimés. Elles proposent des emplois et des subventions afin de leur donner une voix, et la possibilité de poursuivre, en sécurité, leurs recherches.

C'est le cas, notamment, de deux universités françaises ; l'université Aix-Marseille et l'université Paris-Saclay. La première, la plus importante en France, est réputée pour ses programmes de sciences. Son projet Safe Place For Science a permis d'amasser plus de cent candidatures, à l'issue desquelles seulement une quinzaine seront sélectionnés.

Aix-Marseille Université est habituée à faire preuve d'une telle hospitalité. En septembre 2022, son administration a lancé le programme PAUSE, acronyme de « Programme d'accueil en urgence des scientifiques exilés ». Cette initiative vise à accueillir des spécialistes de pays en situation de conflit politique. Depuis, 25 d'entre eux, provenant de l'Ukraine, de la Palestine, du Yémen et de l'Afghanistan y ont trouvé refuge et ont pu continuer leurs travaux de recherche.

La seconde, quant à elle, s'est engagée à financer, au moyen de bourses, des séjours entre quatre mois et un an à des spécialistes des États-Unis. Mais cette idée ne constitue pas la première initiative mise en place par l'établissement parisien pour soutenir le travail scientifique. Grâce au programme « Make Our Planet Great Again », visant à soutenir la recherche sur le climat. Lors du premier mandat de Donald Trump, en 2017, c'est une dizaine de nouvelles têtes qui ont joint leurs connaissances pendant un an.

Au Canada, la Chaire d'excellence en recherche du gouvernement a déjà mis en place son processus de compétition. Son programme, dont la prochaine cohorte sera lancée en 2026, offrira des subventions atteignant un million de dollars par an, pendant huit ans, pour attirer les meilleurs savant.es internationaux. Une telle mesure illustre clairement l'ambition du Canada de devenir un refuge pour une science libre, en opposition marquée à la politique actuelle de Washington.

Par ailleurs, l'Université de Toronto a déjà engagé quelques chercheur.es de l'Université Yale, au Connecticut, pour leur donner un second souffle.

Des décisions à Québec qui n'aident pas !

Au Québec, l'Université de Montréal commence, sous la direction de Frédéric Bouchard, doyen de la faculté des Arts et des Sciences, à trouver certaines figures de référence susceptibles de vouloir quitter les États-Unis. À l'Université Laval, on cherche du financement pour faciliter leur arrivée. Ces procédures rencontreront, en revanche, un obstacle de taille.

En février dernier, le gouvernement Legault a rectifié sa liste de professions admissibles au traitement simplifié d'immigration, supprimant ainsi 189 postes. Et les professeur.es et chargé.es de cours universitaires n'y figurent plus, ce qui pourrait rendre la tâche plus laborieuse pour engager ces spécialistes.

L'Université Concordia a déploré cette action en précisant que la province se place désormais dans une position défavorable pour recevoir ces spécialistes étrangers. Avec ces restrictions, c'est la diversité professionnelle universitaire qui est mise en danger.

L'effritement de cette liberté de recherche et d'expression est devenu une si grande menace, que la fuite des têtes pensantes américaines ne peut plus être perçue comme une hypothèse. C'est une onde de choc qui résonne au-delà des frontières états-uniennes.

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Gaza : Israël intensifie publiquement le massacre de journalistes palestiniens, en l’absence totale de responsabilité internationale

15 avril, par Euro-Med Human Rights Monitor — , ,
Euro-Med Monitor condamne fermement l'attaque directe et délibérée d'Israël contre une tente abritant des journalistes palestiniens à Khan Younis, dans le sud de la bande de (…)

Euro-Med Monitor condamne fermement l'attaque directe et délibérée d'Israël contre une tente abritant des journalistes palestiniens à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, à l'aube aujourd'hui (lundi 7 avril). L'attaque a tué deux personnes, dont un journaliste, et en a blessé neuf autres, ce qui en fait un crime flagrant et intentionnel perpétré par Israël en pleine connaissance de ses conséquences.

Tiré de Association France Palestine Solidarité
10 avril 2025

Par Euro-Med Human Rights Monitor

L'équipe de terrain d'Euro-Med Monitor a documenté le meurtre de Helmi Al-Faqaawi, un correspondant de Palestine Today News Agency, et de Youssef Al-Khazandar, un civil qui assistait le groupe de journalistes, lors de l'attaque. Neuf autres journalistes ont été blessés, dont le photojournaliste Hassan Islayeh, lors de l'attaque israélienne directe et non provoquée contre la tente des journalistes près de l'hôpital Nasser à Khan Younis. Le bombardement a mis le feu à certains des journalistes alors qu'ils étaient encore en vie, dans une scène horrible qui souligne le ciblage systématique par Israël des journalistes palestiniens dans la bande de Gaza.

Au lendemain de l'attaque, l'armée israélienne a publié une déclaration dans laquelle elle admettait avoir pris pour cible la tente des journalistes, affirmant que Hassan Islayeh était la cible visée. Sans fournir aucune preuve, l'armée a prétendu que Hassan Islayeh était affilié à une faction palestinienne et qu'il opérait sous le couvert du journalisme par l'intermédiaire de sa société de presse.

La déclaration accuse également Islayeh d'avoir documenté et filmé les événements du 7 octobre 2023, lorsque des factions palestiniennes ont lancé des attaques contre des sites militaires israéliens situés à la frontière de la bande de Gaza, et fait référence à ses activités sur les réseaux sociaux pour justifier la frappe. Islayeh a souvent été la cible de campagnes d'incitation israéliennes, en particulier de la part des médias israéliens, en raison de son travail journalistique et de sa documentation sur les violations des droits de humains commises par Israël dans la bande de Gaza.

Cet incident s'inscrit dans le cadre d'une campagne plus vaste et délibérée des forces israéliennes visant à supprimer les reportages indépendants sur la bande de Gaza en ciblant ceux qui documentent et exposent la réalité sur le terrain, en particulier dans le contexte du génocide en cours. L'absence flagrante de mécanismes internationaux de responsabilisation ou de conséquences juridiques a encouragé les forces israéliennes à continuer à commettre ces crimes en toute impunité, faisant de la bande de Gaza la zone la plus meurtrière au monde pour les journalistes.

« Brûler vif un journaliste à Gaza ne vise pas à faire taire la vérité », a déclaré Lima Bustami, directrice du département juridique d'Euro-Med Monitor. « Israël s'appuie déjà sur une force bien plus grande : l'indifférence du monde à l'égard de la vérité ». Lima Bustami a expliqué que le ciblage systématique des journalistes palestiniens par Israël envoie également un message qui fait froid dans le dos : « Votre vérité ne signifie rien. Nous pouvons vous tuer la caméra à la main, et personne ne vous sauvera. »

M. Bustami a poursuivi en décrivant les crimes commis par Israël contre les journalistes palestiniens comme « une démonstration de puissance [et] une déclaration d'impunité en action ».

Les affirmations d'Israël concernant le ciblage du journaliste Islayeh, même si elles sont hypothétiquement valables, ne justifient en rien sa tentative de le tuer. Les journalistes sont protégés par le droit international humanitaire, notamment par le protocole additionnel I de 1977 aux conventions de Genève, qui stipule clairement que les civils - y compris les journalistes exerçant leurs fonctions professionnelles dans des zones de conflit - ne perdent pas leur protection juridique simplement parce qu'ils font des reportages dans des zones de guerre ou qu'ils transmettent des informations depuis les lignes de front.

Même un journaliste classé comme correspondant de guerre ne constitue pas une cible légitime s'il ne participe pas directement aux hostilités, ce qu'Israël n'a ni prouvé ni fourni de preuves crédibles dans le cas d'Islayeh. Ainsi, le ciblage d'Islayeh constitue une violation flagrante des lois des conflits armés et un crime international à part entière, justifiant une responsabilité juridique et des poursuites.

Le ciblage délibéré des journalistes palestiniens par Israël est l'un des principaux objectifs de son génocide. En témoigne la série de crimes horribles commis par Israël contre des journalistes dans la bande de Gaza depuis le début, le 7 octobre 2023, de son génocide contre les Palestiniens de l'enclave assiégée. À ce jour, 211 journalistes ont été tués et des dizaines d'autres ont été blessés ou arrêtés. Ces attaques s'accompagnent de campagnes d'incitation systématiques et de politiques visant à priver les journalistes de leur statut professionnel - une tentative délibérée de justifier leur ciblage illégal et de réduire au silence la voix de la vérité dans la bande de Gaza.

Dans le cadre de la vaste campagne génocidaire qu'il mène dans la bande de Gaza, Israël a tué au moins 15 journalistes palestiniens depuis le début de cette année.

Ces crimes contre les journalistes font partie intégrante de la politique délibérée d'Israël visant à faire taire les voix des victimes palestiniennes et à empêcher la documentation des atrocités commises contre la population civile dans la bande de Gaza.

Le massacre des journalistes palestiniens par Israël est systématique et généralisé. Il les a pris pour cible alors qu'ils étaient sur le terrain, vêtus de gilets de presse clairement identifiés, à l'intérieur de leurs bureaux de presse, dans les tentes de journalistes installées près des hôpitaux pour faciliter la couverture, et même dans leurs maisons avec leurs familles, lorsque des bâtiments entiers ont été bombardés et se sont effondrés sur eux.

Israël doit être tenu pleinement responsable de ces graves violations, qui constituent une infraction flagrante au droit international et une contradiction flagrante avec ses obligations de protéger les journalistes et de défendre la liberté de la presse en exposant la vérité et en révélant le génocide en cours dans la bande de Gaza.

Les attaques susmentionnées constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, ainsi qu'un élément du génocide commis dans la bande de Gaza ; elles s'inscrivent dans le cadre d'une série de violations visant à éliminer le peuple palestinien physiquement, psychologiquement et historiquement.

Le ciblage des journalistes et la tentative d'effacer les preuves du génocide sont au cœur de la campagne génocidaire d'Israël. Les crimes d'Israël ne se limitent pas aux massacres de civils, mais s'étendent à l'élimination des témoins qui peuvent transmettre et documenter les crimes grâce à leurs outils et à leurs témoignages. Les attaques contre les journalistes et les efforts de documentation, ainsi que le silence des voix indépendantes, ne sont pas seulement des violations graves du droit international, mais aussi des éléments essentiels du crime de génocide, qui vise à oblitérer l'existence, la voix et la mémoire du groupe ciblé.

En outre, l'absence de documentation prive les victimes de la reconnaissance de leurs droits et sape les efforts déployés pour demander des comptes, ce qui permet de continuer à perpétrer des crimes en toute impunité et renforce la politique bien établie d'Israël consistant à échapper à la justice pour les atrocités qu'il commet dans la bande de Gaza.

Depuis le début du génocide, Israël a systématiquement interdit aux journalistes et aux représentants des médias internationaux d'accéder à la bande de Gaza, à l'exception de quelques personnes intégrées aux forces militaires israéliennes. Ces personnes ont été autorisées à pénétrer dans l'enclave sous des conditions strictes qui limitent leurs déplacements, et n'ont été autorisées à faire des reportages que dans les zones approuvées par l'armée israélienne. Ces restrictions visent à isoler la bande de Gaza du monde extérieur et à occulter la vérité sur les crimes israéliens commis contre les civils palestiniens, contribuant ainsi à effacer les preuves et à dissimuler le génocide en cours.

Il y a quelques jours, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a indiqué qu'Israël était responsable d'environ 70 % des assassinats de journalistes dans le monde en 2024, ce qui représente le bilan le plus élevé pour un seul pays au cours d'une année donnée depuis que le comité a commencé à documenter de tels incidents il y a près de trente ans.

La politique d'impunité dont jouit Israël en l'absence de mécanismes internationaux efficaces pour le tenir responsable des crimes qu'il commet contre les journalistes palestiniens lui permet de poursuivre ses crimes, y compris les violations de la liberté de la presse et du droit d'accès à l'information.

En conséquence, une enquête internationale exhaustive doit être ouverte sur les violations et les crimes que l'armée d'occupation israélienne a commis, et continue de commettre, à l'encontre des journalistes palestiniens dans la bande de Gaza. Des actions immédiates sont nécessaires pour que tous les auteurs répondent de leurs actes, dédommagent les victimes et fassent pression sur Israël pour qu'il cesse de cibler directement les journalistes et de les tuer délibérément, afin de garantir la protection de leur travail et de leur permettre de mener à bien leur mission, qui est de rapporter la vérité. Les journalistes internationaux et les équipes des agences de presse devraient également être autorisés à entrer et à travailler dans la bande de Gaza sans restrictions ni conditions, et leur sécurité devrait être assurée.

Tous les pays, individuellement et collectivement, doivent assumer leurs responsabilités légales et agir de toute urgence pour arrêter le génocide dans la bande de Gaza sous toutes ses formes, et prendre toutes les mesures pratiques pour protéger les civils palestiniens qui s'y trouvent. Euro-Med Monitor souligne la nécessité d'assurer le respect par Israël du droit international et des décisions de la Cour internationale de justice, et de garantir la responsabilité des crimes commis contre les Palestiniens. En outre, les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale à l'encontre du Premier ministre et du ministre de la Défense israéliens doivent être mis en œuvre dans les plus brefs délais, et la Cour doit être autorisée à les traduire devant la justice internationale.

La communauté internationale doit imposer immédiatement des sanctions économiques, diplomatiques et militaires à Israël en raison de ses violations graves et systématiques du droit international. Ces sanctions devraient inclure l'interdiction d'exporter des armes vers Israël, l'achat d'armes auprès d'Israël, l'arrêt de toute forme de soutien et de coopération politique, financière et militaire, le gel des avoirs financiers des responsables de crimes contre les Palestiniens et l'imposition d'interdictions de voyager à leur encontre, ainsi que la suspension de tous les privilèges commerciaux et accords bilatéraux qui accordent à Israël des avantages économiques qui lui permettent de continuer à commettre le génocide contre les Palestiniens.

Traduction : AFPS

Photo : Le journaliste Ahmed Mansour engouffré par les flammes dans la frappe israélienne sur une tente de journalistes à Khan Younis © Réseaux sociaux

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Journalistes, nous nous déclarons solidaires de nos collègues de Gaza

Les principales organisations de défense des journalistes et de la liberté de la presse françaises appellent la profession à se rassembler, mercredi 16 avril, à 18 heures, (…)

Les principales organisations de défense des journalistes et de la liberté de la presse françaises appellent la profession à se rassembler, mercredi 16 avril, à 18 heures, devant les marches de l'Opéra Bastille, en soutien à leurs confrères et consœurs de l'enclave palestinienne.

Tiré du blogue de l'auteur.

Ce n'est pas courant pour un journaliste d'écrire son testament à l'âge de 23 ans. C'est pourtant ce qu'a fait Hossam Shabat, correspondant de la chaîne qatarie Al Jazeera Moubasher dans la bande de Gaza. Le jeune homme, conscient que les bombardements israéliens sur le territoire palestinien ont drastiquement réduit l'espérance de vie des membres de sa profession, a composé un court texte, à publier s'il devait lui arriver malheur. Ces mots ont finalement été postés sur les réseaux sociaux lundi 24 mars.

« Si vous lisez ceci, cela signifie que j'ai été tué », commence le message dans lequel le reporter d'Al Jazeera évoque ses nuits à dormir sur le trottoir, la faim qui n'a jamais cessé de le tenailler et son combat pour « documenter les horreurs minute par minute ». « Je vais enfin pouvoir me reposer, quelque chose que je n'ai pas pu faire durant les dix-huit mois passés », conclut le reporter palestinien, tué par un tir de drone israélien sur la voiture dans laquelle il circulait, à Beit Lahia, dans le nord de Gaza. Un véhicule qui portait le sigle « TV » et le logo d'Al Jazeera.

En un an et demi de guerre dans l'enclave côtière, les opérations israéliennes ont causé la mort de près de 200 professionnels des médias palestiniens, selon les organisations internationales de défense des journalistes tels Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ), en lien avec le Palestinian Journalists Syndicate (PJS).

Dans l'histoire de notre profession, tous conflits confondus, c'est une hécatombe d'une magnitude jamais vue, comme le démontre une récente étude de l'université américaine Brown.

Au moins une quarantaine de ces journalistes, à l'instar de Hossam Shabat, ont été tués stylo, micro ou caméra à la main. C'est le cas de Saed Abu Nabhan, 25 ans, caméraman de la chaîne Al Ghad, abattu par un sniper dans le camp de réfugié·es de Nuseirat, le 10 janvier 2025. Et de Mohamed Balousha, 38 ans, correspondant de la chaîne émirienne Al Mashhad, tué par un drone le 14 décembre, alors qu'il travaillait dans un quartier de Gaza-Ville.

Des cas soigneusement documentés par les organisations précitées. Tous ces confrères et consœurs portaient un casque et un gilet pare-balle floqué du mot « PRESS », les identifiant clairement comme des professionnels des médias.

Certains avaient reçu des menaces téléphoniques de responsables militaires israéliens ou bien avaient été désignés comme des membres de groupes armées gazaouis par le porte-parole de l'armée, sans que celui-ci fournisse de preuves crédibles à l'appui de ces accusations. Autant d'éléments qui incitent à penser qu'ils ont été délibérément visés par l'armée israélienne. D'autres de nos collègues de Gaza sont morts dans le bombardement de leur domicile ou de la tente où ils s'étaient réfugiés avec leurs familles, comme des dizaines de milliers d'autres Palestiniens.

C'est le cas de Wafa al-Udaini, fondatrice du collectif de journalistes 16-Octobre, tuée dans une frappe sur la ville de Deir Al-Balah, le 30 septembre 2024, avec son mari et leurs deux enfants. Et d'Ahmed Fatima, une figure de la Maison de la presse de Gaza, une ONG soutenue par des bailleurs européens, qui formait une nouvelle génération de journalistes. Le 13 novembre 2023, un missile a frappé l'étage de l'immeuble où il résidait avec son épouse et leur fils de 6 ans, à Gaza-Ville. Les parents ont réchappé à l'explosion mais l'enfant a été blessé au visage. Ahmed Fatima l'a pris dans ses bras et s'est précipité dans la rue, pour l'amener à l'hôpital. À peine avait-il parcouru cinquante mètres qu'un second missile s'abattait à proximité de lui et le tuait.

Six jours plus tard, le 19 novembre, le fondateur et directeur de la Maison de la presse, Bilal Jadallah, mourrait à son tour dans le tir d'un char israélien sur son véhicule. D'autres ont survécu, mais dans quelles conditions ? Le journaliste reporter d'images Fadi al-Wahidi, 25 ans, est paraplégique depuis qu'une balle lui a sectionné la moelle épinière, le 9 octobre 2024, alors qu'il filmait un énième déplacement forcé de civils, comme l'a rapporté le média d'investigation Forbidden Stories. Wael al-Dahdouh, célèbre correspondant d'Al Jazeera à Gaza, a quant à lui appris la mort de sa femme et de deux de ses enfants dans un bombardement, en plein direct, le 25 octobre 2023.

Pour les journalistes palestiniens, « couvrir » la mort d'un collègue ou d'un proche fait désormais partie d'une macabre routine. Nous déplorons également la mort des quatre journalistes israéliens qui ont péri dans l'attaque terroriste menée par le Hamas le 7 octobre 2023, ainsi que celle de neuf confrères libanais et d'une consœur syrienne lors de frappes israéliennes.

Mais l'urgence est aujourd'hui à Gaza. Pour tous les défenseurs des droits humains, un constat s'impose : l'armée israélienne cherche à imposer un black-out médiatique sur Gaza, à réduire au silence, autant que possible, les témoins des crimes de guerre commis par ses troupes, au moment où un nombre croissant d'ONG internationales et d'instances onusiennes les qualifient d'actes génocidaires.

Cette volonté de faire obstacle à l'information se traduit également par le refus du gouvernement israélien de laisser la presse étrangère pénétrer dans la bande de Gaza. N'oublions pas la situation en Cisjordanie occupée, où l'on commémorera, dans quelques jours, les trois ans de la mort de Shireen Abu Akleh. La correspondante vedette d'Al Jazeera a été abattue à Jénine, le 11 mai 2022, par un soldat israélien, qui n'a eu aucun compte à rendre pour son crime.

L'agression par des colons, le 24 mars dernier, de Hamdan Ballal, coréalisateur du documentaire oscarisé No Other Land, qui a été ensuite arrêté par des soldats dans l'ambulance qui l'emmenait se faire soigner, témoigne de la violence à laquelle s'exposent ceux qui tentent de raconter la réalité de l'occupation israélienne. Elle révèle aussi l'impunité offerte quasi systématiquement à ceux qui cherchent à les faire taire.

En tant que journalistes, viscéralement attachés à la liberté d'informer, il est de notre devoir de dénoncer cette politique, de manifester notre solidarité avec nos collègues palestiniens et de réclamer, encore et toujours, le droit d'entrer dans Gaza. Si nous demandons cela, ce n'est pas parce que nous estimons que la couverture de Gaza est incomplète en l'absence de journalistes occidentaux. C'est pour relayer et protéger, par notre présence, nos confrères et consœurs palestiniens qui font preuve d'un courage inouï, en nous faisant parvenir les images et les témoignages de la tragédie incommensurable actuellement en cours à Gaza.

Un rassemblement est prévu mercredi 16 avril, à 18 heures, devant les escaliers de l'Opéra Bastille, à Paris, autour des mots d'ordre suivants : « Gaza Stop au massacre des journalistes palestiniens », « Halte à l'impunité des auteurs de ces crimes », « Ouverture immédiate de ce territoire à la presse internationale ».

Liste des signataires

Les syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes, Reporters sans frontières, le prix Albert-Londres, la Fédération internationale des journalistes, le collectif Reporters solidaires, la commission journalistes de la Scam ; les sociétés de journalistes et les rédactions des médias suivants : AFP, Arrêt sur images, Arte, BFMTV, Blast, Capital, Challenges, Le Courrier de l'Atlas, Courrier international, Le Figaro, France 2, France 3 rédaction nationale, France 24, FranceInfo TV et franceinfo.fr, L'Humanité, L'Informé, Konbini, LCI, Libération, M6, Mediapart, Le Monde, Le Nouvel Observateur, Orient XXI, Politis, Le Parisien, Premières Lignes TV, Radio France, Radio France Internationale, RMC, Saphirnews, Sept à huit, 60 millions de consommateurs, Télérama, TF1, La Tribune, TV5 Monde, L'Usine nouvelle, La Vie.

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Les Turcs debouts face à l’arrestation d’İmamoğlu, rival d’Erdoğan

15 avril, par Ozan Dogan Avunduk — , ,
La scène politique turque est secouée par l'incarcération, le 23 mars 2025, d'Ekrem İmamoğlu, figure de proue de l'opposition et maire d'Istanbul depuis 2019. Cette (…)

La scène politique turque est secouée par l'incarcération, le 23 mars 2025, d'Ekrem İmamoğlu, figure de proue de l'opposition et maire d'Istanbul depuis 2019. Cette arrestation, survenant dans un contexte de vives tensions et le jour même des primaires du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition, a déclenché une vague de colère populaire.

Tiré de : La chronique de Recherches internationales

L'incarcération du maire est intervenue après l'invalidation controversée de son diplôme par l'Université d'Istanbul. Malgré un important dispositif policier, des milliers de Turcs se sont rassemblés quotidiennement du 19 au 25 mars devant la municipalité métropolitaine d'İstanbul en réaction à l'arrestation d'İmamoğlu et d'autres maires. En moins de dix jours, un nombre alarmant de personnes ont été mises en garde à vue (1 879), 301 étudiants ont été incarcérés et des décisions de contrôle judiciaire ont été prononcées pour 468 citoyens, selon les données de la préfecture d'İstanbul.

Dans un contexte économique national extrêmement fragile, exacerbant le mécontentement populaire, le CHP réclame des élections anticipées depuis janvier. Le candidat de l'opposition, İmamoğlu, a obtenu 15 millions de voix lors des primaires. Néanmoins, l'annulation de son diplôme menace sa candidature officielle à la prochaine élection présidentielle.

Accusations sans preuves contre l'opposition

Accusés de « corruption », İmamoğlu et d'autres hauts responsables municipaux d'Istanbul ont été incarcérés sur la seule base de témoignages anonymes, sans preuves concrètes, physiques et documentables, contrairement aux arrêts de la Cour constitutionnelle turque et de la Cour européenne des droits de l'homme. De plus, l'avocat du maire d'İstanbul a également été arrêté, une décision constituant une violation du droit à un procès équitable. Ces événements renforcent l'opinion largement majoritaire dans le pays selon laquelle le processus est illégal et purement politique, orchestré par le régime pour éliminer un opposant de taille.

Parmi les détenus figurent le Secrétaire général adjoint de la mairie d'İstanbul, Mahir Polat, ainsi que le maire du district (mairie d'arrondissement) stambouliote de Şişli, Resul Emre Şahan, tous deux inculpés de « terrorisme ». Les charges contre ces responsables de la municipalité métropolitaine reposent sur la stratégie électorale nommée le « consensus urbain » du Parti de l'égalité et de la démocratie des peuples (DEM), parti du mouvement politique kurde. Cette stratégie consiste à soutenir les candidats du CHP dans certaines circonscriptions des provinces occidentales. Autrement dit, les maires du CHP sont accusés pour avoir bénéficié du soutien d'un autre parti politique légal.

D'un point de vue politique, ces accusations de terrorisme contre le CHP sont particulièrement paradoxales puisqu'elles interviennent dans un contexte inédit de rapprochement entre le DEM et le gouvernement lui-même. Le bloc islamo-nationaliste au pouvoir cherche à attirer le DEM dans son camp, tout en marginalisant le CHP. Depuis octobre 2024, Devlet Bahçeli, chef du Parti d'action nationaliste (MHP) et partenaire incontournable du président Erdoğan, a demandé à plusieurs reprises la libération d'Abdullah Öcalan, fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation considérée comme terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les États-Unis. Ayant salué les déclarations de cessez-le-feu faites par Öcalan et les dirigeants actuels du PKK, Bahçeli est désormais en dialogue avec le DEM, parti qu'il accusait jusqu'alors de « trahison » et de « terrorisme » en raison de ses liens supposés avec le PKK. Le parquet général d'İstanbul affirme ainsi que le soutien électoral urbain au CHP visait à accroître l'influence du PKK, alors que la proximité entre le DEM et le gouvernement ne fait l'objet d'aucune enquête, soulevant de sérieuses questions quant à l'impartialité de la justice turque.

À la place Saraçhane, l'esprit de Gezi resurgit

L'arrestation d'Ekrem İmamoğlu, maire d'une métropole de plus de 16 millions d'habitants, a provoqué la colère de millions de Turcs. Près de 110 000 personnes ont participé au premier rassemblement spontané quelques heures après l'invalidation du diplôme d'İmamoğlu. Quatre jours plus tard, un million de protestataires se sont réunis rien qu'à İstanbul. Les jours suivants, des milliers de citoyens ont également manifesté dans d'autres villes, notamment à Ankara, İzmir, Rize et Trabzon (ville natale du maire d'İstanbul).

Ces démonstrations de rue ont rassemblé les différentes composantes de l'opposition politico-sociale en Turquie contre l'arbitraire du régime Erdoğan, de son parti AKP et de son allié MHP. Outre le CHP, les drapeaux de diverses organisations d'inspiration marxiste (telles que le Parti de la liberté sociale, le Parti du travail et sa branche jeunesse, les Maisons du Peuple, le Parti des travailleurs de Turquie, les Collectifs d'étudiants, le Parti communiste de Turquie, le Parti de la gauche ainsi que le Parti de la libération du peuple) étaient visibles à Saraçhane, la place où se trouve la mairie d'İstanbul. Parallèlement, des nationalistes, notamment de jeunes sympathisants d'Ümit Özdağ, chef emprisonné du parti laïc et ultranationaliste « Zafer (victoire) », étaient également présents. Cette convergence pacifique d'idéologies a ravivé le souvenir des manifestations du parc Gezi en 2013, un mouvement social sans précédent, symbole de la lutte contre l'autoritarisme.

Au-delà de la libération d'İmamoğlu et des autres maires, d'autres revendications politiques ont animé les manifestations d'İstanbul. Les manifestants ont brandi les images de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque, et ont repris des slogans et des hymnes de l'époque kémaliste, aujourd'hui devenus des symboles de la contestation populaire. La laïcité est apparue comme une cause ardemment défendue par les protestataires contre le régime AKP, perçu par les citoyens opposants comme une menace à ce principe fondamental de la République, avec des slogans tels que « la Turquie est laïque, et elle restera laïque. » Les slogans classiques de la tradition socialiste turque, tels que « épaule contre épaule contre le fascisme », ou encore celui utilisé par İmamoğlu, « il n'y a pas de salut individuel, soit tous ensemble, soit aucun de nous », ont également résonné sur la place Saraçhane.

Le CHP à l'écoute de la contestation sociale

Malgré des similitudes, une distinction importante marque les manifestations actuelles par rapport au mouvement de Gezi, qui était un soulèvement social spontané et sans leadership centralisé. Aujourd'hui, le CHP joue un rôle actif dans la mobilisation des masses. Le parti, souvent critiqué par le passé pour sa passivité face aux actions du gouvernement, a pris l'initiative en mettant en place des « bureaux de vote solidaires », permettant aux non-membres du CHP de participer à la primaire du 23 mars, où environ 15 000 personnes ont voté pour İmamoğlu. Du 19 au 25 mars, le leader du CHP, Özgür Özel, s'est adressé au public à Saraçhane chaque soir. Bien que parfois critiqué par des groupes de jeunes non organisés ou des socialistes pour une approche jugée inactive, il a écouté les revendications citoyennes. Son appel au boycott des chaînes de télévision n'ayant pas couvert les manifestations et des entreprises pro-gouvernementales a ainsi rencontré un écho significatif dans la société, aboutissant au lancement d'un boycott global de la consommation le 2 avril. Alarmé, le parquet général a brièvement détenu onze personnes ayant appelé au boycott. Des boycotts organisés sur les réseaux sociaux, principalement menés par la génération Z, devraient se poursuivre chaque semaine.

Le 25 mars, le CHP a annoncé qu'il n'appellerait pas à de nouvelles manifestations à Saraçhane. Cependant, les jeunes, acteurs essentiels de l'opposition sociale, expriment leur volonté de rester mobilisés malgré la violence policière croissante. La journée du 29 mars, le CHP a organisé un grand rassemblement sur la place Maltepe d'İstanbul, rassemblant des centaines de milliers de citoyens, y compris des électeurs du DEM, témoignant d'une certaine unité - pour l'instant - de l'opposition sociale.

La capacité du CHP à maintenir et à unir un groupe aussi diversifié idéologiquement sera cruciale. Il apparaît essentiel de construire un discours politique axé sur la défense du suffrage universel et de la souveraineté nationale, des acquis démocratiques non négociables pour le peuple turc, actuellement mis à mal par un régime autoritaire. L'avenir démocratique de la Turquie et la place du CHP dépendront de la capacité à maintenir cette mobilisation et à développer des formes de résistance efficaces face à l'arbitraire.

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d'analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd'hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

Site : http://www.recherches-internationales.fr/

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Dans le sud de la Syrie, une nouvelle occupation israélienne violente se dessine

15 avril, par Tareq al-Salameh — , , ,
Les forces israéliennes ont avancé de plusieurs kilomètres en territoire syrien, confisquant des terres et des maisons, tuant des agriculteurs et cherchant à diviser la (…)

Les forces israéliennes ont avancé de plusieurs kilomètres en territoire syrien, confisquant des terres et des maisons, tuant des agriculteurs et cherchant à diviser la population diversifiée de la région.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière. Source - +972 Magazine Jeudi 10 avril 2025

Alors qu'il reprend ses opérations militaires dans la bande de Gaza, Israël a étendu ses incursions terrestres dans le sud de la Syrie ces dernières semaines, tout en lançant des frappes aériennes dans tout le pays, de Lattaquié et Homs aux zones rurales autour de Damas. Lors d'une opérationn majeure le 25 mars, les forces israéliennes ont pilonné Koya, un petit village de la vallée du Yarmouk dans le gouvernorat de Deraa, faisant au moins six morts.

« [Les troupes israéliennes] ont commencé à tirer sur les paysans dès qu'ils les ont vus », a déclaré Nadia Aboud, une journaliste de 28 ans originaire de la ville voisine de Deraa, à +972, relatant les témoignages des habitant.e.s du village. « Les paysans, qui gardent des armes pour protéger leurs terres, ont riposté. » La situation a rapidement dégénéré en un affrontement plus important, l'armée israélienne ayant lancé au moins une frappe aérienne sur le village. « Deux des [fermiers] ont été tués sur le coup. Lorsque d'autres se sont précipités pour les aider, les combats se sont intensifiés. »

Bien qu'Aboud ait souligné que « la population de Deraa veut la paix et que l'accord de désengagement syro-israélien de 1974 soit respecté », elle a prévenu que la résistance continuerait. « Si Koya est attaquée à nouveau, ils la défendront jusqu'au dernier homme. »

L'attaque de Koya a été l'une des plus meurtrières depuis l'invasion de la Syrie par Israël il y a environ quatre mois. Le 8 décembre, quelques heures seulement après l'effondrement du régime de l'ancien président syrien Bachar Al-Assad, les forces israéliennes ont rapidement pris le contrôle des postes de contrôle abandonnés sur les sommets, occupant ainsi le territoire en violation de l'accord de 1974.

Depuis lors, les avions de combat israéliens ont effectué des vols quasi quotidiens et frappé les anciens sites militaires du régime d'Assad, soit 600 opérations au cours des huit premiers jours. Pendant ce temps, les troupes au sol ont avancé de 19 kilomètres en territoire syrien, établissant au moins neuf bases militaires et étendant les réseaux routiers et autres infrastructures de communication.

Le haut commandement israélien justifie ses bombardements en les présentant comme nécessaires pour empêcher que les stocks d'armes ne tombent entre les mains du nouveau gouvernement de Damas, dirigé par le président par intérim Ahmed al-Charaa. Pourtant, al-Charaa n'a montré aucun signe de volonté de conflit avec Israël, concentrant son attention sur la reconstruction de la Syrie et faisant pression pour lever les sanctions internationales, tandis que l'influence de l'Iran en Syrie a été systématiquement affaiblie par le départ d'Assad. Et sur le terrain, souvent à proximité d'anciens avant-postes militaires, il reste une poignée de villages, où vivent des milliers de Syrien.ne.s qui subissent de plein fouet la brutalité de la nouvelle occupation militaire d'Israël.

Diviser pour mieux régner

À Rasm al-Rawadi, un petit village près de Quneitra dans la zone tampon démilitarisée entre la Syrie et Israël, les habitants se sont réveillés le 8 décembre au son des coups de feu et des bombardements aériens. « À 11 heures, les soldats [israéliens] ont enfoncé les portes des maisons pour tout vérifier à l'intérieur », a raconté Ali al-Ahmad, un ancien du village âgé de 65 ans. « Pendant que l'armée israélienne fouillait les maisons et en détruisait certaines, de nombreuses familles ont été placées dans une école. » Au cours des quatre derniers mois, le village est resté sous contrôle israélien et près de 350 personnes ont été contraintes de quitter leurs maisons, qui ont été réquisitionnées, selon al-Ahmad, à des fins militaires.

Bien que le Premier ministre Benjamin Netanyahou ait initialement présenté l'incursion israélienne dans le sud de la Syrie comme « temporaire », la présence militaire toujours plus importante d'Israël suggère le contraire. Plus récemment, le ministre de la Défense, Israel Katz, a affirmé qu'Israël était prêt à rester dans le pays pour une durée indéterminée.

Mohammed Fayyad, avocat et militant des droits de l'homme, a été battu et détenu par les forces israéliennes en janvier alors qu'il suivait leurs opérations dans le village de Hamidye. En plus de ces violences, il a expliqué à +972 dans son bureau de Quneitra que des responsables militaires israéliens « pénètrent dans les villages à bord de véhicules civils blancs pour collecter des données, et mènent des enquêtes statistiques sous prétexte d'offrir une aide humanitaire ». Il a également affirmé qu'ils ont proposé de payer les habitants « au moins 75 dollars par jour pour qu'ils participent à la construction des installations de la base ».

« Après nous avoir tout pris, ils nous offrent de la nourriture, des médicaments, de l'électricité et du travail », a expliqué Fayyad. « Leur but est de susciter la division et la séparation d'avec la nouvelle administration. » Mais jusqu'à présent, a-t-il noté, les villageois ont rejeté ces offres et « refusent toute ingérence diviseuse dans les affaires de la Syrie ».

Le 24 février, après un mois de calme relatif, les familles de Quneitra et de Deraa ont vécu une nuit sous les bombardements israéliens. Le lendemain, ils ont été réveillés par l'entrée dans le village des chars et des pick-up armés qui entraient dans leurs villages. L'attaque a eu lieu juste après la première Conférence de dialogue national en Syrie, où des dirigeants politiques et religieux de toutes les communautés s'étaient réunis pour discuter de l'avenir du pays.

« Nous venons de terminer une guerre, mais nous n'avons aucun problème à en commencer une autre avec Israël pour défendre notre pays », a déclaré à +972 Omar Hanoun, 47 ans, chez lui dans le village d'Al-Rafeed, près de Quneitra. Hanoun a été l'un des organisateurs d'une manifestation civile le 25 février contre l'incursion militaire israélienne, alors que les soldats avançaient sur le village depuis le mont Pérès, qui est resté sous contrôle israélien depuis l'occupation du Golan lors de la guerre de 1967.

Selon Omar Hanoun et d'autres habitants interrogés par +972, le comportement des soldats israéliens a suivi un schéma similaire dans de nombreux villages de la région. « Ils ont détruit des arbres centenaires et tiré sur tous ceux qui s'approchaient », a-t-il déclaré, décrivant l'arrivée de l'armée israélienne à Al Asbah, un petit village près d'Al-Rafeed. « Ils ont même tué deux jeunes hommes à moto qui avaient un fusil de chasse avec eux, ce qui est normal dans cette région pour protéger le bétail. »

Bader Safi, enseignant à l'école locale de Kodana, un village situé à la frontière du Golan occupé, a déclaré à +972 que des dizaines de soldats israéliens avaient confisqué les terres des habitants et effectuaient régulièrement des patrouilles dans la ville avec des chiens. « Je n'arrive plus à compter le nombre de fois où ils sont entrés dans notre village », a-t-il déclaré. « Un voisin et ami à moi, dont les terres ont été saisies [par les soldats], vit dans ma maison. Il pleure tous les jours parce qu'il a tout perdu. »

Cheikh Abu Nasr, 70 ans, d'Al-Rafeed, a déclaré que lorsque l'armée israélienne a envahi le pays, la population locale s'est opposée aux ordres de rester chez elle. « Nous considérons que c'est notre terre. Nous y avons planté des vignes et des figuiers. Nous ne reconnaissons pas l'État occupant », a-t-il déclaré, ajoutant que les forces du nouveau gouvernement syrien ne sont jamais venues au village pour offrir leur aide. « Nous sommes seuls, mais nous resterons ici sur nos terres, même si quelqu'un d'autre prend le contrôle. »

Exploiter les Druzes

Une autre tactique qu'Israël utilise pour justifier son occupation consiste à revendiquer le soutien des Druzes du sud de la Syrie, la troisième minorité religieuse du pays, qui représente environ 3 % de la population. En s'appuyant sur la loyauté des Druzes israéliens, qui servent en nombre dans ses forces armées, Israël a cherché à présenter sa présence comme étant approuvée par la population locale.

Le 1er mars, Netanyahou et Katz ont ordonné aux forces de l'armée israélienne de se préparer à défendre Jaramana, un village druze du sud de la Syrie. « Nous ne permettrons pas au régime islamique extrémiste de Syrie de nuire aux Druzes », a déclaré Katz, à la suite d'informations faisant état d'affrontements dans la banlieue de Damas. « Si le régime attaque les Druzes à Jaramana, nous réagirons. »

Autrefois petit quartier de la périphérie de Damas, Jaramana abrite aujourd'hui plus d'un million de Syriens des classes populaires. Selon K. Aboulhosn, un étudiant en art de 25 ans, Jaramana est désormais une « ville multiethnique et multiconfessionnelle », dont la population a augmenté pendant la guerre civile lorsqu'elle est devenue un « refuge pour les personnes déplacées d'autres quartiers de Damas en raison de son calme relatif ».

À l'extérieur, les deux escarmouches à Jaramana qui ont déclenché la réaction israélienne — l'une à l'hôpital Al-Mujtahed et l'autre au poste de contrôle de Jaramana — semblaient être un différend entre le personnel de sécurité local et les forces du nouveau gouvernement syrien dirigé par Ahmad al-Charaa. Mais selon Makram Oubaid, avocat du Comité d'action civile de Jaramana, il s'agissait en fait de « deux affrontements sans rapport entre eux, de nature privée » qui ont dégénéré en un conflit de plus grande ampleur. Les incidents ont finalement abouti à un accord permettant aux forces de Hayat Tahrir al-Sham (HTC), qui, selon Oubaid, « n'intervenaient que pour arrêter les combats et rétablir l'ordre », d'établir un bureau et de partager les responsabilités en matière de sécurité dans le village avec la population druze locale.

Quelle que soit la nature des affrontements, pour le gouvernement israélien, la situation représentait une excellente occasion d'instrumentaliser la population druze pour asseoir davantage son influence sur la Syrie. Une semaine avant l'incident de Jaramana, Netanyahou avait annoncé que son pays ne tolérerait « aucune menace contre la communauté druze du sud de la Syrie ».

Aujourd'hui, alors que les divers groupes religieux et ethniques de Syrie négocient leur fragile coexistence après la chute d'Assad, l'invasion d'Israël menace de briser cet équilibre délicat. « L'intervention d'Israël creuse le fossé entre les Druzes et les autres communautés syriennes », a déclaré à +972 Farid Ayach, professeur d'arts visuels de 32 ans, depuis son appartement de Jaramana. « Cela génère également des troubles dans les pays voisins, ce qui favorise [également] les intérêts d'Israël. »

Pour l'instant, tout indique que l'armée israélienne ne se retirera pas des zones qu'elle occupe dans le sud de la Syrie. En effet, de nombreux signes laissent présager une nouvelle escalade, alors qu'Israël continue de renforcer ses positions et de s'emparer de territoires supplémentaires. Cependant, à la suite des attaques de février à Quneitra et Deraa, la population locale s'est de plus en plus impliquée dans la résistance à l'offensive israélienne.

Des manifestations contre l'invasion ont eu lieu dans divers quartiers de Damas, ainsi qu'à Deraa, Khan Arnabeh, Soueïda et dans plusieurs villes et villages de Quneitra. Même la communauté druze a rejeté les offres d'aide humanitaire et s'est mobilisée en signe de défiance. Lorsque le ministre de la Défense Katz s'est engagé à « aider » les Druzes de Jaramana, les milices druzes de Suwayda ont mobilisé leurs troupes pour se diriger vers Damas, déterminées à défendre leur communauté face à la prétendue mission de sauvetage d'Israël.

« Le sud de la Syrie [conservera] sa dignité », a affirmé Fayyad, avocat et militant des droits de l'homme. « Nous avons des principes clairs : nous ne voulons pas répéter les événements de 1967 ni abandonner nos maisons et nos terres. »


Tareq al-Salameh

Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepLpro

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Israël. Yaïr Nétanyahou, le fou du roi à la droite du père

Actualisation. Le fils aîné du premier ministre israélien a défrayé la chronique le 12 avril 2025 en insultant le président Emmanuel Macron sur X suite à sa déclaration en (…)

Actualisation. Le fils aîné du premier ministre israélien a défrayé la chronique le 12 avril 2025 en insultant le président Emmanuel Macron sur X suite à sa déclaration en faveur de la reconnaissance d'un État palestinien. Militant proclamé du suprémacisme identitaire juif, Yaïr Nétanhyahou est adulé par le camp colonial. Portrait d'un « influenceur » auprès duquel Éric Zemmour paraîtrait pâlichon.

Tiré d'Orient XXI.

Vous avez aimé Bension Nétanyahou, le grand-père, historien adhérent au sionisme d'extrême droite le plus radical, admirateur affiché de Benito Mussolini dans les années 1920 et, déjà à l'époque, grand pourfendeur des musulmans, ces « barbares ». L'écrivain américain Joshua Cohen en a fait le principal personnage, abject et drolatique, d'un roman qui lui a valu le prix Pulitzer aux États-Unis (Les Nétanyahou, Grasset, 2022).

Vous avez adulé le fils, Benyamin, recordman de longévité à la tête du gouvernement israélien, chantre du « Grand Israël » aujourd'hui aux abois pour des vétilles : trois poursuites judiciaires et des centaines de milliers d'opposant·es dans les rues huant son nom. Vous allez adorer Yaïr, troisième du nom de la dynastie, fils aîné du précédent, suprémaciste juif revendiqué, ici ou là surnommé « Yaïr le dingo » mais en qui d'aucuns voient l'étoile montante de la politique israélienne.

« Mon pote, tu dois être très gentil avec moi »

On est à l'été 2015. Yaïr et son pote Kobi sortent éméchés d'une boîte de strip-tease de Tel-Aviv. Les deux compères envisagent d'aller voir des prostituées. Kobi propose un endroit. Yaïr refuse de payer le taxi. Kobi insiste, son copain lui doit déjà pas mal d'argent. Mais Yaïr, comme sa maman, est connu pour considérer que tout lui est dû. Alors, il dégaine : « Mon pote, tu dois être très gentil avec moi. Mon père a arrangé pour le tien un deal à 20 milliards de dollars. Tu ne vas pas pleurnicher pour 400 shekels [100 euros] que je te dois, espèce de fils de pute. »

Le problème, c'est que Kobi est le fils du milliardaire Ori Maïmon, principal investisseur israélien dans l'exploitation des champs gaziers découverts alors en Méditerranée. L'autre problème, c'est que l'altercation a été enregistrée. Par qui ? Le chauffeur, peut-être. Car trois ans plus tard, une chaîne de télévision israélienne diffuse l'enregistrement.

Les suites seront un peu désagréables pour le fils comme pour le père Nétanyahou, qui parlera de « deux jeunes gens qui plaisantaient ». Mais elles seront vite oubliées et Yaïr, depuis, a vu sa cote d'amour croître sans cesse en Israël dans les milieux suprémacistes juifs.

Aujourd'hui, ses « followers » sur Twitter sont plus de 170 000, son podcast, The Yair Netanyahu Show, est un must. Yaïr anime chaque vendredi une émission sur la chaîne radiophonique Galei Israël, sise dans une colonie en territoire occupé palestinien. On y profère des propos d'un racisme que quelqu'un comme Éric Zemmour rêverait de pouvoir prononcer impunément.

Ce qui séduit ses auditeurs ? D'abord, son franc-parler. Comme Donald Trump, Yaïr Nétanyahou mêle provocations et infox dans un langage dénué de freins. Semaine après semaine, il y conchie ses cibles préférées : les Arabes, l'islam, les intellos et artistes progressistes, et plus simplement tous ceux qui émettent la moindre critique envers son père.

L'espoir « que les gauchistes mourront tous du Covid »

En juillet 2020, l'agence Associated Press notait qu'en un mois, il avait appelé à [expulser de Tel-Aviv les « minorités » (comprendre : les Palestinien·nes), repris la thèse conspirationniste voulant que Barack Obama soit né au Kenya, demandé à une journaliste israélienne qui lui déplaisait si elle avait couché pour obtenir son poste, traité la police enquêtant sur les soupçons de corruption de son père de « Gestapo » et de « Stasi ». Un journaliste israélien a ainsi défini son credo fin mars dans le quotidien israélien Haaretz (1) :

  • Offrir une réponse simple à chaque problème. Les immigrés ? On les expulse. Les terroristes ? On les électrocute. Le terrorisme ? On l'éradique. L'Iran ? On le bombarde. La Cour suprême ? On la rend au peuple. Un ministre de la défense dit que la législation qu'on veut faire voter menace la sécurité du pays ? On le vire !

Depuis une dizaine d'années, la liste des frasques et la quantité « des thèses conspirationnistes, absurdités et mensonges » énoncés par cet homme âgé aujourd'hui de 31 ans est ahurissante. En 2019, il accuse Martin Indyk, ex-ambassadeur américain dans son pays, de vouloir « détruire Israël ». En 2020, il accuse les manifestantes et manifestants hostiles à son père d'être « financés par des fonds européens, par Soros, le pédophile Epstein et Ehoud Barak » (2).

La même année, il est traité en guest star en Allemagne par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), le parti d'extrême droite qui accueille en son sein les néonazis. En 2021, il clame qu'il « espère que les gauchistes mourront tous du Covid ».

L'inversion du sens des mots

Depuis que son père a de nouveau remporté les élections législatives en Israël, en novembre 2022, et installé peu après un gouvernement insérant en majesté l'extrême droite coloniale en son sein, le « dingo » semble avoir basculé dans une attitude plus libérée que jamais de toute contrainte — comme, en parallèle, y succombe aussi la fraction de l'opinion israélienne qui soutient l'alliance de l'extrême droite et des partis religieux. Comme si leur accession au pouvoir avait libéré les miasmes les plus nauséabonds et les propensions à la brutalité les plus viles de la société israélienne.

Dès lors, le nouveau gouvernement installé, Yaïr dit dans une interview (3) que les procureurs et les policiers chargés des enquêtes sur son père sont « des traîtres », ajoutant qu'en Israël la loi « punit la trahison de la peine de mort ». Il oublie au passage que cette loi israélienne n'est valable que pour la haute trahison en temps de guerre. Réaction du papa : « Bien que chacun ait le droit d'exprimer son opinion, je ne suis pas d'accord avec ces propos »…

Le 18 mars 2023, dénonçant les défilés grandissants en Israël contre le projet de loi soumettant la Cour suprême au pouvoir exécutif que Nétanyahou entend faire voter, Yaïr compare les manifestant·es aux SA, les sections d'assaut mises en place par Hitler en Allemagne. Sur Twitter, il accuse aussi l'actuel Département d'État américain d'« être derrière les manifestations pour renverser Nétanyahou, afin de parvenir à un accord avec les Iraniens ». Sa source ? Breibart News, le site de la « droite alternative » américaine. Et qui est derrière ce complot ? Le financier George Soros, bien sûr.

Ces attaques contre le magnat juif et les références aux nazis pour qualifier ses opposants ne sont pas de simples aberrations. Comme chez Trump, l'utilisation systématique de l'inversion du sens est constitutive chez Yaïr. Ainsi en va-t-il de l'accusation de « nazisme », d'agir en « kapo », SS ou SA… portée à tort et à travers pour qualifier — ou plutôt disqualifier — tout opposant. En 2020 par exemple, Nétanyahou le troisième, qui abhorre toute idée de collectivité, assimile les kibboutz à « l'Allemagne nazie ».

Quand on déteste des gens, on les traite de nazis, c'est la règle. The Daily Stormer, site internet néonazi américain, traitera en 2017 Yaïr Nétanyahou de « frère absolu » (4). La recette est connue : plus c'est gros, mieux ça marche. C'est pourquoi Yaïr, en mars 2023, peut aussi tweeter au sujet des manifestants contre son père qu'ils « ne sont pas des protestataires. Ni des anarchistes. Ce sont des terroristes ». Nazi, terroriste, tout ça c'est pareil ; ça ne sert qu'à calomnier l'adversaire.

« Trouve-toi un mari arabe et fous-nous la paix »

Qui s'étonnera que Nétanyahou le Troisième soit un habitué des prétoires ? Souvent attaqué en diffamation, il attaque plus souvent encore le premier ses adversaires. Procédurier compulsif, il part du principe qu'il gagne dans tous les cas. S'il l'emporte, justice est faite. S'il perd, c'est bien que l'État profond est pourri. Un exemple parmi d'autres. Ex-députée travailliste devenue écologiste, Stav Shaffir le traite de raciste et de « harceleur ». Il l'attaque en diffamation. Au procès, il prétend qu'elle s'est elle-même acoquinée au « pédophile Epstein » et termine sa diatribe en lui lançant : « Trouve-toi un mari arabe, convertis-toi à l'islam et fous-nous la paix » (5). Il perd son procès, évidemment, mais il gagne parmi les siens.

En Israël, un pays où les sondages ont régulièrement montré que la population juive était favorable à Donald Trump à 70 %, voire 75 %, cette attitude choque moins qu'elle ne convainc. Dès lors, en janvier 2023, à l'invitation de l'« illibéral » président Viktor Orbán, il participe à une conférence à Budapest au cours de laquelle il explique que « critiquer George Soros n'est pas antisémite » devant un parterre de personnalités hongroises qui ont fait du régent Horthy, maître de la Hongrie de 1920 à 1944 qui instaura des lois anti-juives avant même que l'Allemagne nazie n'en adopte, leur idole historique.

Yaïr Nétanyahou, devenu un influenceur à succès, entretient les meilleures relations avec des représentants patentés de la droite alternative, nouveau nom de l'extrême droite identitaire occidentale. A-t-il des ambitions politiques ? La réponse n'est pas évidente. Ambitieux, Yaïr l'est. Politique, c'est moins clair. Ce qui est certain, c'est qu'il a toujours vécu dans une ambiance protectrice où il était prince. Il n'avait que 4 ans lorsque son père, Benyamin, a pris pour la première fois la tête du gouvernement avant, plus tard, de régner quatorze années durant sur le pays. Entre une mère, Sara, qui a montré à satiété qu'elle concevait le service de l'État comme la mise de l'État à son service, et un père acclamé par ses partisans comme « Bibi, roi d'Israël », pas besoin d'être fin psychologue pour imaginer pourquoi Yaïr Nétanyahou se comporte depuis toujours comme ces enfants-rois qui se sentent tout-puissants et n'admettent aucune contrainte. Il n'est pas seul en ce cas. Ainsi se perçoivent aussi ces colons idéologiques fanatiques qui multiplient les menées pogromistes contre les Palestinien·nes avec le même sentiment d'impunité légitime.

Une influence discutée

Pour autant, l'influence réelle de Yaïr sur son père n'est pas claire. Divers commentateurs israéliens pensent que Nétanyahou garde la main et se sert de son fils pour tester les frontières de l'admissible aux yeux de l'opinion. Au contraire, Ben Caspit, biographe de Benyamin Nétanyahou, estime que sa femme et son fils « donnent complètement le ton » et sont les plus influents conseillers du maître.

On raconte, par exemple, que lorsque le soldat Elor Azaria, en 2016, avait assassiné de sang-froid un jeune Palestinien déjà blessé et gisant dans son sang, et que, l'acte ayant été filmé, il était difficile à l'armée de ne pas sanctionner le soldat, Nétanyahou avait d'abord acquiescé. Mais quelques heures plus tard, il tournait casaque. Yaïr lui aurait montré les « milliers de réactions outrées » de jeunes Israélien·nes sur les réseaux sociaux, et le chef du gouvernement aurait alors couru rencontrer chez eux les parents du soldat incarcéré.

Quant à Nir Hefetz, ancien conseiller de Nétanyahou père devenu dans les procès en cours « témoin de l'État » (c'est-à-dire collaborateur de l'accusation en contrepartie de l'abandon des poursuites à son égard), il pense que Yaïr joue un rôle très important dans les décisions politiques de son géniteur. Nétanyahou père aurait, assure-t-il, repoussé un déplacement en Inde en 2017 parce que son fils aurait violemment manifesté son courroux de ne pas être invité dans la délégation israélienne.

Beaucoup, en Israël, estiment que l'influence de Yaïr a commencé de s'imposer au Likoud, le premier parti du pays, comme une alternative possible à son père lorsque ce dernier a connu des difficultés aux quatre scrutins législatifs successifs menés à partir d'avril 2019. « On adorerait pouvoir ne pas tenir compte [de Nétanyahou fils], comme si ce gosse difficile était juste un embarras pour son père. Mais la vérité est que sa grande influence est désormais démontrée », disait dès 2020 Raviv Drucker, un enquêteur respecté de la télévision israélienne (et honni des Nétanyahou).

Yaïr a cependant un handicap. La puissance du père semble décliner. Pas seulement parce que l'extrême droite radicale le tient en otage. Mais parce que son image semble lentement s'éroder. Le 10 avril, il donnait une conférence de presse. Interrogé sur le rôle de son fils, il a déclaré : « Yaïr n'a aucune influence. C'est une personne indépendante, avec ses propres opinions. »

L'ancien premier ministre Naftali Bennett s'est précipité à la radio pour déclarer : « Nétanyahou est un irresponsable. On aurait presque cru entendre Yaïr Nétanyahou. » Ce qui n'était pas une flatterie. Quant à Avigdor Lieberman, qui fut son ministre de la défense, il a eu ce commentaire sur Galei Tsahal, la radio militaire : « Nétanyahou ne prend plus aucune décision. Il ne fait qu'exécuter les ordres de son fils. » (6). Vrai, faux ou entre les deux, cela ne sent pas très bon, ni pour le papa, ni pour le fils.

Notes

1- « Yair Netanyahu's Weekly Radio Show : A Window Into the pro-Bibi Israeli Right's Bubble of Conspiracies ».

2- Yaïr hait l'Union européenne ; George Soros est un juif américain, magnat de la finance et progressiste, cible préférée de l'extrême droite américaine ; Jeffrey Epstein était un milliardaire qui organisait des orgies et s'est suicidé en 2019 ; Ehoud Barak est un ex-premier ministre travailliste israélien.

3- « Indictment of Netanyahu for corruption - an act of treason, son says », Ynet, 25 décembre 2022.

4- Daniel Estrin, « Netanyahu's Son Yair Stirs Up Controversy With Anti-Semitic Cartoon », 11 septembre 2017.

5- « Israeli Court Rules MK's Claim That Yair Netanyahu Is ‘Racist' Not Libelous », Haaretz, 30 mars 2023.

6- Amir Tibon, « Israel's 'Yair Netanyahu Problem' : The PM's Alter Ego Sowing Internal Strife and Tensions With Washington », Haaretz, 11 avril 2023.

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Gaza : « Plus qu’un être humain ne peut supporter »

Le rapport de la Commission indépendante de l'ONU* sur les crimes sexuels et reproductifs commis par Israël à l'encontre des Palestiniens, confirme ce que nous savions déjà : (…)

Le rapport de la Commission indépendante de l'ONU* sur les crimes sexuels et reproductifs commis par Israël à l'encontre des Palestiniens, confirme ce que nous savions déjà : l'État sioniste utilise systématiquement et massivement la violence sexuelle contre les femmes, les hommes, les filles et les garçons palestiniens !

Tiré du site du CADTM.

Mais le rapport nous dit aussi autre chose : ces crimes sexuels et reproductifs commis par Israël font partie intégrante du plan génocidaire de l'État sioniste, au même titre que les bombardements constants et le meurtre de dizaines de milliers de civils, la destruction systématique de toutes les infrastructures de leur vie quotidienne et les déplacements massifs et répétés de la population de Gaza.

Ce n'est pas donc un hasard si ce rapport fait référence à la famine organisée par Israël qui touche la population de Gaza, en soulignant que *« l'utilisation de la famine comme méthode de guerre, a eu des effets sur tous les aspects de la reproduction * ». C'est-à-dire, sur tous les aspects de ce qui constitue le problème majeur -et toujours non résolu - du projet sioniste : la persistance des femmes palestiniennes à donner naissance à de petits Palestiniens !

Parlons donc, de cette famine programmée, bien organisée et toujours en application contre les Palestiniens de Gaza, qui vient compléter le projet génocidaire du gouvernement Netanyahou. Un projet qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui mis en œuvre dans l'Union soviétique d'alors par l'Allemagne nazie, qui a exterminé au moins 7 millions de militaires et civils russes, ukrainiens, biélorusses et Juifs Soviétiques, au moyen de la famine organisée. Et la principale raison pour laquelle la famine nazie de l'époque et la famine sioniste actuelle sont si semblables est que toutes deux ont servi et servent encore un projet commun assumé et déclaré publiquement : l'extermination de la population indigène afin de vider, d'annexer et de coloniser ses territoires avec leurs propres colons !

Alors, n'oublions pas qu'au moment même où on lit ces lignes, tout un peuple, pas si loin de Crète, meurt lentement de faim et de soif, privé de médicaments, de médecins et d'hôpitaux, tout en étant la cible d'exercices de tirs à munitions réelles de l'armée israélienne visant les tentes de réfugiés et les interminables ruines de Gaza qui n'ont rien à envier à celles de Dresde ou de Berlin en 1945. N'oublions pas…

*Le recours systématique par Israël à la violence sexuelle et procréative, et à d'autres formes de violence fondée sur le genre depuis le mois d'octobre*

*GENÈVE* – Un nouveau rapport
<https://www.ohchr.org/sites/default...> publié aujourd'hui par la Commission internationale indépendante* chargée d'enquêter dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, indique qu'Israël a eu de plus en plus recours à la violence sexuelle et procréative, ainsi qu'à d'autres formes de violence fondée sur le genre contre le peuple palestinien, dans le cadre d'un effort généralisé pour affaiblir les droits de la population à l'autodétermination. Le rapport montre également qu'Israël a commis des actes génocidaires en détruisant systématiquement les infrastructures de santé sexuelle et procréative.

Le rapport fait état d'un large éventail de violations perpétrées contre des femmes, des hommes, des filles et des garçons palestiniens dans l'ensemble du Territoire palestinien occupé depuis le 7 octobre 2023, qui constituent une part majeure des mauvais traitements infligés aux Palestiniens et s'inscrivent dans le cadre de l'occupation illégale et de la persécution des Palestiniens en tant que groupe.

« Les preuves recueillies par la Commission révèlent une augmentation déplorable de la violence sexuelle et de genre », a déclaré Navi Pillay, présidente de la Commission. « Nous ne pouvons que conclure qu'Israël a utilisé la violence sexuelle et fondée sur le genre contre les Palestiniens pour les terroriser et maintenir un système d'oppression qui porte atteinte à leur droit à l'autodétermination. »

La publication du rapport s'est accompagnée de deux jours d'audiences publiques à Genève les 11 et 12 mars, au cours desquels la Commission a entendu des victimes et des témoins de violences sexuelles et liées à la santé procréative, des membres du personnel médical leur ayant fourni des soins, ainsi que des représentants de la société civile, des universitaires, des avocats et des experts médicaux.

Le rapport révèle que les violences sexuelles et fondées sur le genre, dont la fréquence et la gravité ont augmenté, sont perpétrées dans l'ensemble du Territoire palestinien occupé et constituent une stratégie de guerre permettant à Israël de dominer et de détruire le peuple palestinien.

Des formes spécifiques de violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment la nudité ou des mises à nu forcées en public, le harcèlement sexuel, dont les menaces de viol, ainsi que les agressions sexuelles, font partie des modes opératoires standards des forces de sécurité israéliennes à l'égard des Palestiniens.

Selon le rapport, d'autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment des viols et des actes de violence ciblant les organes génitaux, ont été commises soit sur ordre explicite, soit avec l'encouragement implicite des hauts responsables civils et militaires d'Israël.

Un climat d'impunité existe également en ce qui concerne les crimes sexuels et fondés sur le genre commis par les colons israéliens en Cisjordanie, dans le but de susciter la peur chez la communauté palestinienne et de l'expulser.

« Les déclarations et actions des dirigeants israéliens visant à exonérer leurs responsabilités et le manque d'efficacité du système judiciaire militaire pour poursuivre les affaires et condamner les auteurs envoient un message clair aux membres des forces de sécurité israéliennes : ils peuvent continuer à commettre de tels actes sans craindre d'être tenus responsables », a déclaré Navi Pillay. « Dans ce contexte, l'établissement des responsabilités par la Cour pénale internationale et les tribunaux nationaux, en vertu de leur droit interne ou de leur compétence universelle, est essentiel pour que l'état de droit soit respecté et que les victimes obtiennent justice.

La Commission a constaté que les forces israéliennes ont systématiquement détruit les installations de soins de santé sexuelle et procréative dans toute la bande de Gaza. Elles ont simultanément imposé un siège et bloqué l'aide humanitaire, notamment la fourniture des médicaments et du matériel nécessaires pour garantir le bon déroulement des grossesses, des accouchements et des soins post-partum et néonatals. Ces actes portent atteinte aux droits en matière de procréation et à l'autonomie des femmes et des filles, ainsi qu'à leur droit à la vie, à la santé, à fonder une famille, à la dignité humaine, à l'intégrité physique et mentale, à l'absence de torture et d'autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, à l'autodétermination et au principe de non-discrimination.

Des femmes et des filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l'accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l'accès aux soins de santé procréative, des actes qui relèvent du crime contre l'humanité par extermination.

La Commission a constaté que les autorités israéliennes ont détruit en partie la capacité de reproduction des Palestiniens de Gaza en tant que groupe par la destruction systématique des soins de santé sexuelle et procréative, ce qui correspond à deux catégories d'actes génocidaires dans le statut de Rome et la Convention sur le génocide, notamment le fait de soumettre intentionnellement la population palestinienne à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique et d'imposer des mesures visant à empêcher les naissances.

« Le ciblage des établissements liés à la santé procréative, notamment par des attaques directes contre les maternités et la principale clinique de fertilité in vitro de Gaza, ainsi que l'utilisation de la famine comme méthode de guerre, ont eu des effets sur tous les aspects de la reproduction », a déclaré Navi Pillay. « Ces violations ont causé non seulement de graves souffrances et préjudices physiques et mentaux immédiats aux femmes et aux filles, mais aussi des effets irréversibles à long terme sur la santé mentale et les perspectives de reproduction et de fécondité des Palestiniens en tant que groupe.

La Commission a constaté une augmentation de la mortalité féminine à Gaza, qui s'est produite à une échelle sans précédent en raison de la stratégie israélienne consistant à cibler délibérément des bâtiments résidentiels et à utiliser des explosifs lourds dans des zones densément peuplées. La Commission a également recensé des cas dans lesquels des femmes et des filles de tous âges, y compris des patientes en maternité, ont été prises pour cible. Ces actes constituent le crime contre l'humanité de meurtre et le crime de guerre d'homicide volontaire.

**Contexte : Le 27 mai 2021, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a chargé la Commission d'« enquêter, dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, sur toutes les allégations de violations du droit international humanitaire et sur toutes les allégations de violations et d'abus du droit international relatif aux droits de l'homme qui ont précédé et suivi le 13 avril 2021 ». La résolution A/HRC/RES/S-30/1 demandait en outre à la Commission d'enquête « d'enquêter sur toutes les causes profondes des tensions récurrentes, de l'instabilité et de la prolongation du conflit, y compris la discrimination et la répression systématiques fondées sur l'identité nationale, ethnique, raciale ou religieuse ». La Commission d'enquête a été chargée de faire rapport au Conseil des droits de l'homme et à l'Assemblée générale chaque année à partir de juin 2022 et de septembre 2022, respectivement.*

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La solitude de la Palestine est une solitude fertile

Malgré l'isolement international et l'abandon de la part d'une grande partie du monde face à sa cause juste, la Palestine chante, crée, éduque, sème, résiste… et inspire. Elle (…)

Malgré l'isolement international et l'abandon de la part d'une grande partie du monde face à sa cause juste, la Palestine chante, crée, éduque, sème, résiste… et inspire. Elle inspire des luttes aux quatre coins du globe. Aujourd'hui, la Palestine est pour les peuples en révolte ce que fut le Che Guevara dans les années soixante : un symbole universel de dignité, de fermeté et d'espoir.

Photo Serge d'Ignazio

Oui, les gouvernements les plus puissants de la planète ont abandonné la Palestine, mais pas les peuples. Ce sont les citoyens qui ont fait preuve d'empathie, de solidarité et de conscience. Leurs gouvernements, eux, se sont agenouillés. Par peur de s'opposer à l'impérialisme nord-américain, ils ont choisi la soumission, devenant des sujets dociles de l'empereur du moment à la Maison-Blanche. Jamais ils n'ont osé défendre leurs propres peuples face aux abus de Washington ; ils ont préféré s'aligner sur ces intérêts, même au prix des souffrances de leurs concitoyens.

L'Europe, ces dernières années, nous a offert de nombreux exemples de cette indignité. En septembre 2022, les gazoducs Nord Stream — qui transportaient du gaz de la Russie vers l'Allemagne — ont été sabotés. Aujourd'hui, nous savons, grâce aux déclarations du secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, lors de son entretien avec Tucker Carlson le 7 avril, que des commandos américains ont été impliqués dans cette opération. Ces gazoducs devaient fournir une énergie bon marché à l'Europe sans passer par l'Ukraine, ce qui était inacceptable pour Washington, qui voyait là une menace pour ses milliards de dollars d'intérêts.

Après ce sabotage, l'Europe s'est vue contrainte d'acheter du gaz aux États-Unis à un prix bien plus élevé, acceptant les règles imposées par la puissance nord-américaine. Cette reddition énergétique, sous la présidence de Joe Biden à l'époque, a laissé l'Europe à nu, vulnérable… et ses citoyens entre les mains d'élites politiques lâches et soumises.

Que peut-on attendre d'une Europe qui se soumet au jeu sale des États-Unis, tout en embrassant son allié Netanyahou, malgré le génocide perpétré à Gaza ? Les Palestiniens subissent dans leur chair ce moment historique sombre, où les grandes figures capables de s'élever face à l'injustice et à l'impérialisme brillent par leur absence.

Il y a un an, alors que nous attendions à Istanbul pour embarquer à destination de Gaza sur un bateau qui visait à briser le blocus — bateau finalement bloqué par le gouvernement turc —, je me souvenais d'une image forte : celle de François Mitterrand, en 1992, brisant le siège de Sarajevo et invitant les organisations humanitaires à le suivre. Son geste n'a duré que six heures, mais ce furent six heures sans bombes, six heures de répit pour une ville assiégée. Et surtout, ce fut un geste marquant, un repère moral. Une action qui nous rappelle ce que l'on est en droit d'attendre des dirigeants du monde face à l'horreur.

Pourquoi Sarajevo et pas Gaza ?

Il pourrait y avoir mille réponses, toutes valables selon le point de vue. Mais pour moi, une seule tient : la lâcheté. Une lâcheté généralisée, normalisée, chez les sociétés et leurs dirigeants. Une lâcheté qui envoie un message terrible aux générations futures : n'attendez rien de nous, car nous ne faisons pas partie de la société que nous représentons.

Si des millions de personnes risquent leurs carrières, leurs emplois, leur confort, leur avenir pour défendre la Palestine, le minimum qu'on puisse exiger de nos gouvernants est qu'ils se placent en première ligne de la dénonciation et de l'action. Car ce qui se passe à Gaza est inacceptable au regard de toute conscience humaine.

La Palestine ne souffre pas seulement d'une solitude narrative. Elle souffre d'une censure. Présenter les Palestiniens comme un "problème" au lieu de les reconnaître comme un peuple injustement opprimé transforme ceux qui propagent cette narration en complices d'un génocide. Voler leur voix aux Palestiniens, c'est exactement ce que faisaient tous les régimes infâmes de l'Histoire : le franquisme en Espagne, le nazisme en Allemagne, le fascisme en Italie.

Mais ce qui se passe aujourd'hui est peut-être pire. Car autrefois, les exilés espagnols, allemands ou italiens pouvaient s'informer à travers la presse étrangère sur les atrocités commises dans leurs pays. Aujourd'hui, le récit antipalestinien est quasi universel. Quelques rares et courageuses exceptions subsistent, notamment dans le monde arabe et en Amérique latine. Mais elles sont minoritaires.

Celui qui ne craint pas les processus de déshumanisation en cours ne connaît pas l'histoire qui nous précède en tant qu'espèce. Et de ceux-là, il faut se méfier. Car ce sont les premiers qui, fièrement, tueront. Tout comme ils sont déjà aujourd'hui les premiers à tuer des êtres humains ailleurs sur notre planète.

Manuel Tapial
Membre du Conseil d'Administration de Palestine Vivra

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De corridor en corridor, le morcellement territorial de la bande de Gaza est en marche

Dans le sillage de la vaste offensive menée par Tsahal dans l'enclave palestinienne depuis près d'un mois, l'État hébreu cherche à découper Gaza en cinq zones en vue de d'une (…)

Dans le sillage de la vaste offensive menée par Tsahal dans l'enclave palestinienne depuis près d'un mois, l'État hébreu cherche à découper Gaza en cinq zones en vue de d'une domination militaire plus ferme, voire d'une annexion et d'une colonisation de la bande à plus long terme, révèlent les derniers mouvements militaires sur le terrain.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : La guerre à Gaza en 3 cartes. Source Ocha, LiveUAMA, Institute for the Study of war, BBC, ECFR, EU, ENOSAT, Financial Time.

Démolitions massives, fortifications militaires, construction de nouveaux corridors : le plan d'expulsion de la population palestinienne et de fragmentation de la bande de Gaza en vue d'une éventuelle annexion et d'une colonisation du territoire n'est plus une vue de l'esprit ni un projet lointain. Désormais affiché sans complexe par des ministres israéliens et bénéficiant du soutien américain, ce plan s'est notamment accéléré depuis la rupture du cessez-le-feu et la relance de la guerre il y a un mois.

Mais déjà en 2024, quelques mois avant le cessez-le-feu, entré en vigueur en janvier 2025, l'armée israélienne avait commencé à consolider sa présence au niveau des deux principaux couloirs en place dans l'enclave, révélait une investigation du New York Times fondée sur des images satellitaires : celui de Netzarim (séparant le nord du sud de l'enclave) et celui de Philadelphie (séparant l'Égypte de la bande de Gaza).

Mefalsim en toute discrétion

Durant le dernier trimestre de 2024, Tsahal avait aussi pavé des routes pour la construction d'un nouveau couloir dans le nord de l'enclave, à la lisière du camp de Jabaliya, alors en proie à une vaste opération militaire, lancée en octobre. Ce troisième corridor, qui porte le nom de Mefalsim, et dont l'émergence a été révélée en décembre dernier par quelques médias et think tanks seulement, dont The Washington Post et le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), vise à isoler la ville de Gaza du reste de la partie septentrionale de l'enclave.

Le projet de démembrement de la bande de Gaza a survécu au cessez-le-feu (de janvier à mars 2025), l'armée israélienne ayant seulement ouvert le corridor de Netzarim pour permettre le retour de plus de 500 000 Palestiniens dans le nord de l'enclave, mais refusant de retirer ses troupes du corridor de Philadelphie, tel que stipulé par l'accord conclu le 15 janvier avec le Hamas.

Deux nouveaux projets de corridors

Et depuis la relance de la guerre, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou semble plus que jamais déterminé à aller de l'avant et à accélérer la mise en œuvre de son plan de “départ volontaire”, de concert avec celui du président américain Donald Trump consistant à relocaliser les Gazaouis dans d'autres pays et à faire de l'enclave la “Riviera du Moyen-Orient”, déplorent certains médias.

Tsahal a en effet récemment commencé à construire un nouveau couloir, baptisé “Morag” (du nom d'une ancienne colonie israélienne à Gaza, démantelée en 2005), séparant la ville de Rafah de celle de Khan Younès, dans le sud de l'enclave. “Les mouvements de chars et de bulldozers militaires ne cessent pas” dans le secteur, rapporte le média libanais Daraj, selon lequel ce quatrième corridor rendra, par ailleurs, “inutilisable l'une des zones agricoles les plus importantes” du territoire.

“Contrôle permanent”

Enfin, l'armée israélienne “prépare le terrain” pour ériger un dernier corridor séparant la ville centrale de Deir Al-Balah de celle, plus au sud, de Khan Younès, selon l'ECFR. Cela n'est pas sans rappeler un plan de fragmentation territoriale mis en place par Israël au début des années 1970, baptisé “Five fingers” (“Cinq doigts”, en anglais), indique Middle East Eye.

Il s'agit d'“un plan visant à s'emparer de la plus grande partie possible du territoire […], qui entraverait tout futur règlement politique”, ajoute Daraj.

Pour la journaliste israélienne Dahlia Scheindlin, Gaza pourrait ainsi évoluer à l'identique de la Cisjordanie, découpée dans les années 1990 en trois zones et grignotée depuis par une colonisation galopante. L'objectif est un “contrôle permanent” des Territoires palestiniens, en vue d'empêcher toute possibilité concrète de création d'un État palestinien, affirme-t-elle dans Ha'Aretz.

Courrier international

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Coupures budgétaires

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/04/leagultccegep2.jpg14 avril, par L'Étoile du Nord
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Après des mois de négociations avec des négociateurs municipaux obstinés et de mauvaise foi, les 30 000 travailleurs de la ville de Toronto représentés par la section locale 79 (…)

Après des mois de négociations avec des négociateurs municipaux obstinés et de mauvaise foi, les 30 000 travailleurs de la ville de Toronto représentés par la section locale 79 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-79) ont récemment voté en faveur de la ratification de leur nouvelle (…)

États-Unis : Les scientifiques universitaires muselé.es s’exilent

8 avril, par Nicolas De Bellefeuille
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Nicolas de Bellefeuille, correspondant en stage Les universités aux quatre coins des États-Unis entament une lente chute libre, après les multiples coupes dans le budget de l’État, et l’abolition du département de l’Éducation (DOE), par le président Donald Trump. Depuis le 20 janvier, le milieu (…)

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8 avril, par Marie-Michaelle Vadeboncoeur
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Marie-Michaelle Vadeboncoeur, correspondante en stage L’Agence américaine pour le développement international (USAID) annonçait, le 26 février dernier, la réduction dramatique de 92 % de ses programmes d’aide internationale. Une semaine plus tard, le secrétaire d’État des États-Unis, Marco (…)

Du Petit manuel de campagne électorale à aujourd’hui

8 avril, par Guylain Bernier, Yvan Perrier — ,
Sur les politiciens : « […] on les croit plus occupés à tendre aux hommes des pièges qu'à les diriger pour le mieux, et on les juge habiles plutôt que sages » (Spinoza, (…)

Sur les politiciens : « […] on les croit plus occupés à tendre aux hommes des pièges qu'à les diriger pour le mieux, et on les juge habiles plutôt que sages » (Spinoza, 1966[1677], p. 11).

Nous sommes entréEs officiellement au Canada, depuis le 23 mars dernier, en campagne électorale et il en sera ainsi jusqu'au 28 avril prochain. Durant cette courte période, il y aura plusieurs centaines voire même plus d'un millier de personnes qui vont poser leur candidature en vue de se faire élire dans l'une des 338 circonscriptions représentées à la Chambre des communes du Parlement fédéral. Qui dit élection, dit candidates et candidats qui feront, au cours des semaines à venir, « campagne électorale ». Nous sommes maintenant à l'ère de celles qui se déploient entre le contact direct avec l'électrice et l'électeur ainsi que ce qui est diffusé dans les médias électroniques (la radio, la télévision et les journaux) et sur les réseaux sociaux (entre autres choses, Facebook et X). Il est à noter que les spécialistes en communications et en marketing occupent indubitablement, depuis plusieurs décennies, une place de choix auprès des dirigeantEs et des candidatEs des partis politiques. Mais, comme le veut le vieil adage selon lequel « C'est dans les vieux pots qu'on trouve les meilleurs onguents », profitons de la présente occasion pour effectuer un retour sur le Petit manuel de campagne électorale rédigé en 64 avant Jésus-Christ à l'intention de… Cicéron1. Tout au long du présent texte, il sera question des élections dans une démocratie libérale occidentale. Nous dégagerons certaines des caractéristiques de ces campagnes électorales contemporaines et nous formulerons certaines remarques au sujet de celle qui se déroule en ce moment au Canada. Nous focaliserons une partie de notre texte sur ce qui est toujours bien présent dans le paysage et qui remonte aux lointaines campagnes politiques de l'Antiquité romaine. Mais commençons par une remarque à caractère terminologique. D'où vient au juste l'expression « campagne électorale » ?

Du paysager, au militaire… au politique

Parler de « campagne électorale » mérite d'entrée de jeu un certain nombre de précisions. À l'origine, le mot « campagne » désignait une « vaste étendue de pays plat ». Ce sera sous l'influence de la langue italienne (« campagna ») que la locution « se mettre en campagne » prendra une connotation militaire consistant, concrètement, à envoyer des troupes sur un terrain où elles vont se battre pour faire triompher un camp sur un autre. Ce n'est que progressivement que le terme « campagne » sera par la suite employé dans d'autres domaines, comme la politique (« campagne électorale »)2.

Au sujet des élections, on peut suggérer qu'une campagne électorale correspond à la période durant laquelle les candidatEs et leurs partis font leur autopromotion partisane auprès de l'électorat, en vue de récolter le plus grand nombre de voix possible. Dans un plan de campagne électorale, il faut, par conséquent, que les candidatEs qui rivalisent les unEs contre les autres, recrutent des militantEs et des sympathisantEs qui se mettront à leur service et collecteront des ressources financières. La ou le candidatE devra proposer un programme électoral pour les années à venir, le rendre public et le « vendre » par différents procédés de communication (affiches électorales, distribution de « tracts » ou de dépliants électoraux, appels téléphoniques, assemblées partisanes, participation à des débats contradictoires, diffusion de messages ou présence sur les réseaux sociaux, etc.). Il va sans dire que la mobilisation de l'électorat se fera en s'adressant à la passion (et non prioritairement à la raison) des personnes et en ne jouant sur rien de moins que les émotions ou les affects des citoyenNEs.

Dans les démocraties libérales occidentales électives, le vote correspond maintenant à un horizon réputé indépassable. Il s'agit d'un moment fort où la citoyenne et le citoyen sont appeléEs à exprimer leur voix parmi une flopée de candidatEs qui aspirent à siéger au Parlement pour les quatre ou cinq prochaines années, selon les pays. Poser sa candidature suppose toujours d'aller à la rencontre des électrices et des électeurs en vue d'obtenir leur vote. Dès lors, une démarche de conviction ou de séduction se met en branle durant la fameuse période qui correspond à la campagne électorale. Comme mentionné plus haut, celle-ci oscille entre « art agricole » et « art militaire ». De la première, elle emprunte son objectif de récolte ou de cueillette des suffrages, de la seconde elle emprunte ses méthodes : la ou le candidatE devra affronter et combattre son adversaire politique en parcourant de long en large sa circonscription et en organisant la diffusion de sa propagande partisane. Elle ou il comptera sur ses militantEs et sympathisantEs pour faire connaître ses engagements ou ses promesses électorales. C'est ici que peut s'imposer l'accès à un ou à une spécialiste en communication politique qui est réputéE avoir à sa disposition une expertise des manuels portant sur l'art de bien conduire une campagne électorale.

Dans les démocraties électives occidentales, le droit de vote universel et non discriminatoire à l'endroit des femmes est d'origine récente (il s'agit pour l'essentiel d'un processus qui s'échelonne du XIXe au XXe siècle, environ) ; pour ce qui est du manuel de campagne électorale, celui-ci a des origines un peu plus lointaines. On peut même le faire remonter au Ier siècle avant Jésus-Christ et son auteur est nul autre que Quintus Tullius Cicéron, le frère du célèbre sénateur romain Marcus Cicéron.

Au sujet des conseils exposés dans le Petit manuel de campagne électorale

Quintus Tullius Cicéron donne dans son Petit manuel de campagne électorale les principales recettes d'une élection réussie : comment serrer les mains des futurs électeurs (uniquement des hommes à l'époque), leur tenir un discours plaisant. Les méthodes, à ces sujets, n'ont apparemment guère changé. La campagne électorale pourrait en effet se définir comme l'ensemble des opérations mises en œuvre par un candidat pour recueillir le maximum de suffrages à une élection donnée et gagner la « bataille électorale ». Pour se faire, dans la section XI, paragraphe 41, Quintus Tullius Cicéron recommande ceci au sujet des rapports d'un candidat avec le peuple : « de connaître le nom des électeurs, de savoir les flatter, d'être constamment auprès d'eux, de se montrer généreux, de veiller à sa réputation, d'avoir grand air, de faire miroiter des espérances politiques » (p. 36). Bref, le candidat doit se montrer fraternel et amical avec les électeurs, de même que faire des promesses qui annoncent de grandes réalisations étatiques visant à engendrer de vifs espoirs quant au déroulement de l'avenir. Un peu plus loin, au paragraphe 52, Quintus Tullius Cicéron précise ceci au sujet du contenu de la campagne : « applique-toi enfin à ce que ta campagne soit pleine de faste, qu'elle soit brillante, éclatante, populaire, qu'elle se déploie dans une grandeur majestueuse et une dignité sans pareille. Et même, si l'on peut trouver un moyen de le faire, veille à ce que l'on jette l'opprobre sur tes compétiteurs, en évoquant quelque scandale conforme à leurs mœurs (crime, débauche ou corruption). [Et au paragraphe] 53. Dans cette campagne, il faut surtout faire en sorte que l'on nourrisse de sérieux espoirs quant à ta politique et une bonne opinion à ton égard » (pp. 41-42). Autrement dit, faire triompher les apparences d'un avenir meilleur grâce à d'ambitieux et de fastueux engagements électoraux, tout en discréditant, en grande partie ou en totalité, la personnalité et les solutions mises de l'avant par les candidats des camps adverses. Cet ouvrage, écrit il y a plus de deux millénaires, nous donne à penser qu'à travers le temps, le contenu des campagnes électorales a peu varié. Tout se passe comme si les personnes humaines ont peu ou n'ont pas vraiment changé.

Les campagnes électorales depuis l'avènement de la télévision et des réseaux sociaux

Le terme « campagne électorale », qui appartient comme mentionné ci-haut au vocabulaire de l'art militaire, désigne une action collective qui ne fait plus directement appel, dans les démocraties libérales occidentales, à la violence, mais qui n'a pas renoncé à la conflictualité concurrentielle inscrite dans un cadre législatif peu ou fortement codifié, selon les pays. Si les savoir-faire politiques de campagne se sont beaucoup transformés et professionnalisés, notamment sous l'effet de la médiatisation, le travail de sollicitation des électrices et des électeurs relève de différentes approches qui sont à la fois lointaines et contemporaines. Les campagnes électorales comportent tous les éléments constitutifs d'un rituel : publicité visant à faire connaître la ou le candidatE, théâtralisation des débats autour de certains enjeux spécifiques du moment, différenciation des fonctions entre les différentEs spécialistes qui oeuvrent dans les partis politiques, etc.. La répétition des élections a engendré un savoir-faire électoral spécialisé qui se façonne par la pratique et se diffuse notamment à travers les manuels électoraux3. La relation électorale entre la ou le candidatE et la ou le citoyenNE se définit comme un échange de promesses énoncées dans le programme politique du parti.

En Occident, le XXe siècle constitue une période fondatrice en ce qu'elle formalise la transaction électorale et cristallise certains savoir-faire, en jetant les bases des campagnes électorales réussies. Pour avoir des chances de gagner, la ou le candidatE doit désormais mobiliser des ressources à la fois personnelles (sa famille, sa biographie, sa réputation), qui supposent une rationalisation du travail de l'image de soi et de son enracinement dans le parti (ses réseaux, son électorat, son financement, ses supportrices et ses supporteurs) que confère notamment l'investiture partisane. Mais si les campagnes électorales se sont beaucoup transformées dans le sens d'une professionnalisation, d'une standardisation et d'une rationalisation, elles restent des conjonctures fluides. Le travail de mobilisation électorale préserve encore aujourd'hui son caractère traditionnel de rencontre de personne à personne (à caractère artificiellement fraternel), qui lui remonte jusqu'à l'époque de Cicéron.

Les manières de « faire campagne » et les répertoires d'action électoraux ont certes subi des transformations depuis le siècle dernier. Mais dans le cadre des campagnes électorales couvertes par la télévision et l'achat de publicité dans les médias écrits et électroniques, les candidatEs qui ont des chances d'être éluEs sont celles et ceux qui peuvent compter sur un parti fortement centralisé, aux ressources professionnelles compétentes et disposant d'une caisse électorale bien garnie. Il en est ainsi, car il en coûte de plus en plus cher pour rejoindre et convaincre les électrices et les électeurs. Désormais soumise à une concurrence de plus en plus forte, la conquête des positions de pouvoir implique un travail de mobilisation obéissant à une logique de persuasion de plus en plus simplifiée.

Les techniques de campagne se standardisent et se professionnalisent à mesure que se développe le recours aux médias, aux sondages (à la fois portrait et construction de l'opinion publique) et aux savoir-faire de la communication politique. Ainsi, la réunion publique et les assemblées locales ont perdu, à travers le temps, leur place centrale dans la communication électorale. C'est dans les médias d'information traditionnels et sur les réseaux sociaux que se jouent maintenant les campagnes électorales. Le rôle de l'image est reconnu maintenant comme un élément distinct et capital de la candidate et du candidat, indépendamment de son programme ou de l'organisation partisane qui l'investit. Dans ces conditions, faire campagne consiste surtout à influencer et contrôler ce que l'électorat doit percevoir des enjeux diffusés dans les médias. Autrement dit, la campagne représente une lutte visant à imposer son propre programme politique dans l'agenda public et médiatique. Le chef du parti doit, de son côté, percer l'écran et se faire reconnaître minimalement comme le titulaire ou l'expert de l'enjeu principal de l'élection. Nous y reviendrons un peu plus loin dans le cas, plus spécifiquement, du chef du Parti libéral du Canada, Marc Carney.

La transformation de la société

Nous vivons au sein d'une société qui traverse présentement un moment particulier, soit le bouleversement des règles du jeu en matière de commerce international. De plus, la lutte pour le progrès social, fondée jusqu'à tout récemment, sur une vision universaliste, est en ce moment éclipsée par une grande menace aux droits et libertés. Cette menace a pour nom le président des USA : Donald Trump. Ajoutons qu'il n'y a pas, par les temps qui courent, d'acteur central qui peut formuler un projet de société susceptible de susciter une adhésion large de la masse populaire. Il est par conséquent difficile d'envisager la formulation d'un idéal réaliste à atteindre susceptible d'inspirer la pluralité des mouvements sociaux et d'influencer, par ricochet, les programmes électoraux des partis politiques. La menace qui nous pèse au bout du nez et qui borne notre horizon immédiat se résume prioritairement, pour certaines personnes, dans la formule restrictive des tarifs douaniers.

Ce qui caractérise la présente campagne électorale au Canada

La présente campagne électorale devrait être celle du bilan des dix dernières années du gouvernement libéral sortant et des solutions à mettre en place pour résoudre des enjeux comme les changements climatiques, la répartition de la richesse, l'éducation, la santé, etc.. Mais par un curieux retournement de la conjoncture, elle porte plutôt sur l'heure de la guerre des tarifs douaniers. Il y a retour du balancier, puisqu'en 1988, la campagne avait aussi porté sur un seul enjeu, mais à l'inverse : celui du Libre-échange entre les USA et le Canada. En ce moment, nous assistons à une lutte entre deux chefs. Lequel a une histoire personnelle qui favoriserait le succès d'une éventuelle négociation avec le président étatsunien Donald Trump ? C'est du moins ce que l'actuel chef du Parti libéral du Canada et premier ministre non élu, Marc Carney, semble vouloir faire en inscrivant sa propre histoire de « Banquier à succès » dans celle de la bataille des tarifs douaniers. L'« autoréférentialité » du discours de la campagne électorale de Marc Carney participe de la fermeture du jeu politique sur lui-même, où les calculs électoraux (ceux des candidats [commentés par les journalistes] et ceux supposés de l'électorat) priment hélas sur les enjeux environnementaux, sociaux, culturels, etc.. Malgré tout, un autre rappel historique peut servir à justifier sa popularité. En souvenir de la Deuxième Guerre mondiale, la Grande-Bretagne aurait-elle survécu à l'hostilité nazie si Chamberlain avait continué son rôle de Premier ministre ? Winston Churchill n'était peut-être pas la figure la plus populaire du moment, mais il représentait l'homme que la nation avait besoin. Il existe des périodes où tout va si bien qu'un pantin aurait autant de succès qu'une personne ultra compétente. À l'inverse, il y a des périodes qui exigent de se tourner vers des gens aux qualités particulières, en raison d'un contexte extraordinaire. Car nous ne sommes pas toutes et tous aptes à faire face à une guerre. Ainsi, Marc Carney peut être perçu comme l'homme dont le Canada a besoin à l'heure actuelle, en raison des peurs qui ébranlent la population. Encore une fois, tout est une question de point de vue.

Conclusion

En démocratie représentative élective, lors d'une élection générale, les dirigeantEs ne sont pas « éluEs », mais « se font élire » et ce surtout dans le cadre d'un mode de scrutin uninominal à un tour. D'abord, le rôle du peuple consiste pour l'essentiel à ceci : il doit se confiner dans la position d'un spectateur qui se contente d'apprécier certains engagements ou promesses électorales à partir de la performance verbale des candidates et candidats en lutte pour obtenir son vote. Ensuite, le dénouement du vote ne doit pas être interprété comme le résultat de l'intérêt spontané des individus pour la politique, bien plutôt comme le produit d'un travail d'enrôlement des citoyenNEs par les professionnelLEs de la politique. Une chose est certaine : la présente campagne électorale fédérale nous donne et donnera à voir et à observer moult et maints exemples de candidates et de candidats spécialistes des engagements flous, lointains et surtout expertEs de la rhétorique, du slogan et de la solution supposément « définitive » à plusieurs problèmes. Il faut se le dire, en campagne électorale les citoyennes et les citoyens se font et se feront asséner, jour après jour, des déclarations provocantes, des petites phrases insignifiantes, des formules-chocs redondantes, des promesses merveilleuses et nous en passons…

Il nous sera difficile, dans le cadre de la présente campagne électorale, de réinventer de nouvelles pratiques qui paraissent nécessaires à la refondation des solidarités en vue de résoudre les nombreux problèmes qui nous assaillent, qui nous interpellent et que les partis politiques préfèrent à peine mentionner ou ne pas aborder, et ce uniquement parce qu'ils savent qu'au cours des prochaines années il se peut que l'agenda des crises à résoudre soit constitué d'autres enjeux pour lesquels ils n'auront soumis aucune perspective de solution4. Ils auront alors carte blanche pour y aller de leurs solutions improvisées et antipopulaires à caractère idéologique, qui font peu de cas de la dimension sociale ou écologique. Quoi qu'il en soit, nous aurons droit à de nombreuses promesses qui, une fois les candidatEs éluEs, seront rapidement remisées au rayon des promesses mirobolantes non tenues… Et ainsi va minimalement la vie politique depuis Cicéron !

En fin de compte, la critique à adresser au système des partis politiques en campagne électorale est la suivante : il s'agit de celle de la bureaucratie étatique et partisane. Le système de gouvernement représentatif connaît aujourd'hui une crise en partie parce qu'il a perdu, avec le temps, toutes les institutions qui pouvaient permettre une participation effective des citoyenNEs et, d'autre part, parce qu'il est gravement atteint par le mal qui affecte le système des partis politiques tel que diagnostiqué par Moisei Ostrogorsky et Robert Michels au siècle dernier, c'est-à-dire la bureaucratisation et la tendance des deux grands partis politiques à ne représenter que leurs appareils. C'est le phénomène du gouvernement de l'anonymat, celui des candidatures errantes qui parviennent à se faire élire à l'aide d'une kyrielle de promesses aux solutions illusoires condensées dans un programme électoral : un programme « mirage ».

Sommes-nous alors dans la duperie et le mensonge ? Sinon dans la courtisanerie laissant sous-entendre une tendance hypocrite, du sens de Hannah Arendt ? Et pourquoi ne pas rappeler Quinte-Curce pour qui le meilleur moyen de gouverner la multitude est l'usage de la superstition ? D'abord, l'hypocrite signifie « comédien » en grec, mais il s'agit surtout d'un comédien dont l'art de jouer lui retombe dessus inévitablement, car s'il sait berner autrui, en espérant que celui-ci le croit vertueux comme il le dit, il en vient en plus à se mentir à lui-même, cherchant donc à convaincre de ce qu'il n'est pas. En bref, le crime de l'hypocrite se résume à « un faux témoignage contre lui-même », ce qui revient à considérer l'hypocrisie comme « le vice grâce auquel la corruption devient manifeste » (Arendt, 2012, pp. 156-157). La distraction de la campagne électorale peut alors dissimuler sous son masque un échange particulier entre des contributeurs et des offreurs de promesses conditionnelles à la victoire. Bien entendu, il s'agit ici de se remémorer certains faits malheureux de l'histoire des campagnes électorales, en espérant une avenue vertueuse de celle qui nous concerne actuellement. Ensuite, la superstition est ce qui sert à adorer des dieux, des rois, des dirigeantEs, mais aussi à les détester. Car la cause « d'où naît la superstition, qui la conserve et l'alimente, est donc la crainte […] » (Spinoza, 1965[1670], p. 20). Si la superstition fut utile à rattacher les fidèles aux grandes religions et aux anciens États, elle demeure toujours d'actualité et s'est donc ajustée au goût du jour. Pour éviter le châtiment, une action doit être posée pour alléger l'humeur ou la dangerosité de la chose menaçante ; par exemple, pour éviter des pressions inflationnistes et avoir plus d'argent dans nos poches, il faut voter pour le parti qui promet des baisses d'impôt et les meilleures mesures de croissance économique, comme si tout pouvait être régulé par la force du politique. Superstition et croyance vont ainsi de pair.

Par ailleurs, dans la mesure où leur efficacité ne peut jamais être véritablement établie, les répertoires d'action et les techniques de mobilisation électorale sont dotés d'une forte inertie. Certaines formes de mobilisation électorale, apparues aussi loin que l'Antiquité romaine, continuent de perdurer. La médiatisation n'a pas supprimé les médiations traditionnelles d'une campagne électorale. Faire campagne, c'est toujours, même à l'ère de la démocratie médiatique contemporaine, « serrer les mains » et distribuer des dépliants électoraux et des macarons à l'effigie de la candidate ou du candidat. Faire campagne, c'est donc, dans une conjoncture et sur un territoire donnés, recourir à un répertoire de techniques plus ou moins stabilisées, dont la ou le candidatE présuppose l'efficience, et dont l'usage est fonction de la représentation qu'il se fait de son électorat et de leurs attentes et de leurs préférences. Ces techniques apparaissent à la fois en constante transformation et marquées par une certaine continuité. Si une rationalisation des pratiques politiques et électorales est à l'œuvre, notamment à travers le rôle du marketing politique, et si le volume total des ressources de toutes sortes nécessaires pour l'emporter dans la compétition politique tend à augmenter, faire campagne revêt toujours l'aspect laborieux d'une incontournable et nécessaire « besogne électorale » qui consiste à aller à la rencontre des gens. La lutte et les campagnes électorales restent fortement contraintes par la structure des interactions sociales et le travail de mobilisation de l'électorat en vue de faire sortir le vote partisan. Elles relèvent, par conséquent, de pratiques préexistantes et de concurrences routinières, ancrées dans le temps long. Se pose ici une question : est-ce ainsi que nous croyons vraiment un jour venir à bout de ces nombreux maux auxquels nous sommes constamment confrontéEs ? Élections, piège à quoi encore5 ?

Guylain Bernier
Yvan Perrier
4 et 5 avril 2025
14h

Références

Arendt, Hannah. 2012. De la révolution. Paris : Gallimard, 502 p.

Baudart, Anne. 2005. Qu'est-ce que la démocratie. Paris : Vrin, 128 p.

Beaumont, Stéphane. 1997. Le jeu politique. Toulouse : Les éditions Milan, 63 p.

Charlot, Jean. 1971. Les partis politiques. Paris : Armand Colin, 255 p.

Coche, Marie-Ève et Émilie Muraru. 2022. « La démocratie ». Documentation photographique, 2022, no. 2, 65 p.

Haegel, Florence. 2024. La science politique. Paris : SciencesPo Les Presses, 377 p.

Lambert, Frédéric et Sandrine Lefranc. 2014. 50 fiches pour comprendre la science politique. Paris : Bréal, 223 p.

Lefebvre, Rémi. 2024. « Le travail de mobilisation électorale ». In Cohen, Antonin (dir.). Nouveau manuel de science politique. Paris : La Découverte, p. 423-439.

Michels, Robert. 2009. Les partis politiques. Bruxelles : Éditions de l'Université de Bruxelles, 271 p.

Offerlé, Michel. 2024. « Partis et configurations partisanes ». In Cohen, Antonin (dir.). Nouveau manuel de science politique. Paris : La Découverte, p. 465-478.

Ostrogorski, Moisei. 1979. La démocratie et les partis politiques. Paris : Éditions du Seuil, 312 p.

Quintus Tullius Cicéron. 2015. Petit manuel de campagne électorale. Paris : Rivages poche, 143 p.

Spinoza, Baruch. 1965[1670]. Traité théologico-politique. Paris : GF-Flammarion, 380 p.

Spinoza, Baruch. 1966[1677 et 1661-1676]. Traité politique. Lettres. Paris : GF-Flammarion, 379 p.

Notes
1. Quintus Tullius Cicéron. 2015. Petit manuel de campagne électorale. Paris : Rivages poche, 143 p. Il est à noter que nous avons lu, à plus d'une reprise, que certains spécialistes doutent de l'authenticité de l'auteur du manuel.
2. Rey, Alain (dir.). 1993. Dictionnaire historique de la langue française. Tome 1. Paris : Dictionnaire Le Robert, p. 335.
3.Voir à ce sujet les nombreux ouvrages explicatifs disponibles sur le NET au sujet des règles électorales afin d'aider les candidatEs et de permettre aux électrices et aux électeurs d'exercer leur droit de vote.
4.C'est la grande leçon qu'il faut retenir de la campagne électorale de 1988 qui a porté sur un seul enjeu (le libre-échange Canada-USA). Les cinq années suivantes ont été entre autres choses consacrées à l'échec de l'entente du Lac Meech, au rejet de celle de Charlottetown et à l'adoption de la taxe sur les produits et services (TPS).
5. « Élections, piège à cons » (Jean-Paul Sartre). Issu du vocabulaire militaire, le « piège à cons » désigne un leurre grossier dans lequel seuls les faibles d'esprit peuvent tomber....

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Un abandon du recentrage politique ou un changement de rhétorique ?

8 avril, par Roger Rashi — ,
Le 22è Conseil national de Québec solidaire tenu en ligne le 5 et 6 avril c'est conclu de façon bien inattendue sur une note combative. Pourtant, jusqu'à sa dernière session le (…)

Le 22è Conseil national de Québec solidaire tenu en ligne le 5 et 6 avril c'est conclu de façon bien inattendue sur une note combative. Pourtant, jusqu'à sa dernière session le dimanche après-midi, ce CN nouvelle formule, réduit à 110 délégués en vertu des nouveaux statuts restrictifs adoptés au congrès de novembre dernier, s'annonçait comme l'un des plus mornes et insipides de l'histoire du parti. Et ce malgré l'atmosphère de crise ininterrompue qui afflige QS depuis dix-huit mois, aggravée par le départ fort médiatisé du porte-parole masculin et figure marquante de la formation, Gabriel Nadeau-Dubois, moins de deux semaines avant la tenue de cette instance nationale.

Une campagne publique contre le vent de droite

Coup de théâtre, dimanche à 14h, la direction du parti laisse passer une résolution proposée par le Réseau militant intersyndical et appuyé par les associations de Viau et NDG qui prône le lancement d'une campagne publique contre le vent de droite. Intitulée « Face à la montée de l'extrême droite, de l'austérité et de l'antisyndicalisme, lançons une riposte unitaire et populaire » cette résolution brise avec le recentrage politique et le parlementarisme affichés par le parti depuis la campagne électorale de 2022 sur deux points essentiels. Premièrement, elle propose une campagne publique qui se déroulerait « tant au parlement que dans la rue » en solidarité avec les mobilisations sociales en cours. Deuxièmement, elle affirme qu'une telle campagne est « la meilleure façon de mobiliser nos membres, d'activer nos structures… et d'accroître notre appui populaire ». La résolution, fortement soutenue par la très grande majorité des intervenants au micro, est adoptée avec une substantielle majorité.

Fort appui aux luttes ouvrières et syndicales en cours

Tout aussi intéressante est l'ultime session de ce conseil national qui porte sur trois résolutions d'urgence appuyant des luttes syndicales en cours. La première affirme l'appui du parti aux travailleuses des Centres de la petite enfance (CPE) en lutte contre le gouvernement caquiste. Les deuxièmes et troisièmes résolutions d'urgence, proposées par le Réseau intersyndical, réaffirment respectivement :

L'appui aux licenciés d'Amazon et à la campagne de boycottage public et institutionnel de cette multinationale notoirement antisyndicale.
Que QS continue de dénoncer sans arrêt le projet de loi 89 et toutes les formes de recul que tente d'imposer la CAQ au droit de grève.

Le scénario se répète alors que la direction nationale approuve tacitement ces résolutions et elles passent avec une forte majorité et un appui quasi unanime au micro.

Un changement cosmétique ?

C'est toute une volte-face pour une direction nationale qui affirmait jusqu'à tout récemment, contre vent et marée, que la seule issue aux multiples crises internes et à la dégringolade du parti dans les sondages se trouvait dans le pragmatisme politique et le recentrage programmatique. Dans les faits, ce conseil national se voulait à l'origine comme un véritable éteignoir des critiques internes en ignorant tout débat stratégique et ne mettant à l'ordre du jour qu'une série de questions d'ordre organisationnelles.

Ce n'est que dans la semaine précédant le CN qu'un changement à l'OJ fut annoncé en catimini, soit l'ajout dès le samedi matin d'une session de discussion sur les perspectives stratégiques. Un court document ne donnant aucune orientation concrète a été publié littéralement à la veille du conseil notant la démission de GND de son poste de porte-parole masculin et soulignant l'annonce par Ruba Ghazal que désormais « la défense des travailleuses et travailleurs serait sa priorité comme porte-parole ». Le débat d'une heure et quart qui s'en est suivi fut assez confus alors que la direction et les parlementaires présents se sont abstenus de toute intervention et qu'aucune conclusion n'en est ressortie.

Mais est-ce un virage stratégique qui s'amorce ou simplement un changement de rhétorique face une situation de crise lancinante qui démobilise les bases du parti ?

Difficile de conclure, car, jusqu'au moment d'écrire ces lignes, les résolutions adoptées à ce 22è CN demeurent quasiment confidentielles. Depuis une quinzaine d'années, les porte-parole du parti tenaient toujours une conférence de presse à l'issue des instances nationales. Ce n'est point le cas cette fois-ci, alors qu'il n'y a même pas eu un simple communiqué de presse. De plus, rien n'a été annoncé à l'interne et aucune modification du prochain Conseil national devant se tenir au début du mois de juin n'a été mise en marche.

Quoi qu'il en soit, ce 22è CN a entrouvert la porte à un débat stratégique dans les rangs du parti et, par ce fait même, à la possible réorientation de cette formation engluée dans un marasme politique ponctué de crises publiques spectaculaires.

Nous sommes à l'orée d'un nouveau cycle politique avec la montée du néofascisme trumpien, des guerres tarifaires, et de la droitisation de la scène politique québécoise et canadienne. C'est dans de telles circonstances qu'une vraie gauche de transformation sociale doit s'affirmer et répondre aux défis de la nouvelle époque.

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Intervention d’Alexandre Leduc, député de Québec solidaire, sur le principe du projet de loi 89

8 avril, par PTAG ! — , ,
Presse-toi-à-gauche ! présente ici l'intervention à l'Assemblée nationale d'Alexandre Leduc, député de Québec solidaire d'Hochelaga-Maisonneuve sur le principe du projet de loi (…)

Presse-toi-à-gauche ! présente ici l'intervention à l'Assemblée nationale d'Alexandre Leduc, député de Québec solidaire d'Hochelaga-Maisonneuve sur le principe du projet de loi 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out. Le député affirme clairement que « c'est un projet de loi liberticide, injuste et profondément inutile », car il cherche à limiter le droit de grève et à diminuer la capacité des travailleuses et des travailleurs de disposer d'une certaine capacité de négociation avec leurs employeurs.

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Note de presse de la Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti

8 avril, par Alain Saint Victor, Jean-Claude Icart — , ,
D'après certaines informations, un membre du Conseil présidentiel de transition (Cpt), Smith Augustin, connu pour son implication dans le scandale de la Banque nationale de (…)

D'après certaines informations, un membre du Conseil présidentiel de transition (Cpt), Smith Augustin, connu pour son implication dans le scandale de la Banque nationale de crédit (BNC), serait à Montréal pour promouvoir la participation des Haïtiens et Haïtiennes aux prétendues élections en Haïti. La présence d'un tel individu à Montréal est un outrage et un affront à notre communauté.

Il est inutile de rappeler ici tous les crimes commis par les gangs à sapate et à cravate dans le pays, les statistiques parlent d'elles-mêmes : massacres, assassinats, viols, destructions et incendies, mais également détournement et gaspillage des fonds publics. La diaspora ne peut donc se permettre d'organiser des activités pour mettre de l'avant l'importance des élections à ce moment tragique de notre histoire et qui pis est, d'inviter un Conseiller/Président à y participer d'autant qu'il est accusé de corruption sans que le CPT ne fasse cas de la situation.

L'impuissance du pouvoir à faire face à la violence des gangs et à l'élaboration d'une gouvernance fiable et efficace ne vient pas uniquement d'un manque de moyens. Derrière les agissements des personnalités du pouvoir, il y a la volonté politique de ne rien faire, du « lese grennen » cher à nos politiciens traditionnels. Le pouvoir actuel n'est pas seulement indifférent et même complice, il est également truffé d'individus corrompus, une attitude doublement outrageante.

Après 12 mois au pouvoir, l'échec est cuisant pour le Cpt et le gouvernement de Fils-Aimé : le projet de mettre sur pied un référendum et de réaliser les élections n'est que pur fantasme, et si les membres du pouvoir continuent d'en parler c'est pour mieux détourner l'attention sur la situation tragique du peuple haïtien et la corruption qui gangrène le Cpt.

C'est pourquoi nous, de la diaspora, devrions dénoncer avec véhémence toutes campagnes visant à faire croire que des élections sont possibles dans la situation actuelle. Devant la gabegie et son incapacité à résoudre quoi que ce soit, le Cpt cherche par tous les moyens à se légitimer. À nous de dénoncer et de refuser de participer à cette mascarade.

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