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L’Arabie saoudite, nouveau pôle d’influence aux États-Unis

Sans parvenir à détrôner Israël, l'Arabie saoudite, mais aussi les Émirats arabes unis et le Qatar ont acquis un nouveau poids auprès de Donald Trump. Les motivations du (…)

Sans parvenir à détrôner Israël, l'Arabie saoudite, mais aussi les Émirats arabes unis et le Qatar ont acquis un nouveau poids auprès de Donald Trump. Les motivations du président américain relèvent à la fois de la géo-économie et de ses intérêts personnels. Mais qui peut encore se fier à ses engagements ?

Tiré de orientxxi
3 juin 2025

Par Fatiha Dazi-Héni

Deux hommes souriants, l'un en costume, l'autre en tenue traditionnelle, posent ensemble.
Riyad, le 13 mai 2025. Le président états-uniens Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman lors du forum d'investissement américano-saoudien au centre de conférences du Roi Abdel Aziz.
© Official White House Photo / Daniel Torok / Flickr

La première visite à l'étranger du président Donald Trump au cours de son deuxième mandat (hormis celle consacrée aux obsèques du pape François à Rome) s'est déroulée du 13 au 16 mai 2025 dans les trois pays les plus actifs diplomatiquement du monde arabe : l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis. Elle s'est accompagnée d'une moisson de contrats signés ou promis (acquisition d'armements et d'avions civils) et d'annonces d'investissements vertigineux liés à la technologie et notamment à l'intelligence artificielle (IA), qui sont évalués à plus de deux mille milliards de dollars via les fonds souverains du Golfe et les grandes compagnies publiques liées aux industries minières, d'hydrocarbures ou de défense.

Ces monarchies, et plus particulièrement l'Arabie saoudite, sont apparues comme un pôle d'influence capable d'infléchir en partie les orientations de la politique étatsunienne. Cependant, le caractère transactionnel de la diplomatie trumpienne et sa méthode erratique incitent à tempérer les premières déclarations enthousiastes sur le succès éclatant de cette visite pour les monarques du Golfe et notamment pour le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman (MBS).

Une chose est sûre, l'alchimie entre le président étatsunien et MBS fonctionne parfaitement. Le discours élogieux prononcé par Donald Trump sur le « miracle de la modernité selon une méthode arabe réalisé en huit ans en Arabie saoudite par MBS », avec les Émirats arabes unis comme modèle référent, se voulait un vibrant hommage à « l'avenir radieux qui s'offre aux pays du Golfe, car forgé sur le business et le commerce et non par le chaos », allusion transparente à l'Iran (1).

Les perspectives d'un accord avec Téhéran

Le slogan America First du MAGA (« Make America Great Again ») de Trump résonnait avec le Saudi First de la Vision 2030de MBS. Comme le souligne Yasmine Farouk, directrice Golfe Péninsule arabique à l'International Crisis Group (2), le président Trump a traité le royaume comme un partenaire stratégique en lui conférant le statut de leader régional du Proche-Orient et non plus seulement comme un État ami ou simplement client comme les États du Golfe avaient coutume d'être considérés.

Les annonces politiques du président Trump de poursuivre les négociations avec Téhéran pour parvenir à un nouvel accord nucléaire et celle, plus surprenante, de la levée des sanctions économiques contre la Syrie, ajoutée à sa rencontre avec le président syrien Ahmed Al-Charaa à Riyad, ont constitué un réel succès diplomatique pour Riyad, et un revers pour Israël. C'est le résultat d'un travail de lobbying de la diplomatie saoudienne en étroite concertation avec Ankara pour convaincre le président Trump d'œuvrer à la stabilisation de la région enfoncée dans le profond chaos engendré par la dévastation de Gaza depuis le 8 octobre 2023 (3). En coordination avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan et l'émir du Qatar, le prince héritier saoudien engrange un succès diplomatique certain qui lui confère une légitimité de leader régional conduisant une diplomatie de détente au contraire du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Revirement saoudien

L'autre gain substantiel pour MBS est d'avoir convaincu Trump que ce contexte dramatique ne pouvait pas déboucher sur une normalisation avec Israël. Désormais, le président étatsunien ne conditionne plus, contrairement à son prédécesseur Joe Biden, le renforcement des relations bilatérales de défense et une coopération sur le nucléaire civil à la normalisation des relations entre Riyad et Tel-Aviv.

De même, en dépit des déclarations contradictoires, le président Trump a maintenu le cap des négociations avec Téhéran, prenant en compte les vives préoccupations de ses interlocuteurs du Golfe sur les risques de déflagration dans la région en cas de conflit ouvert entre Israël et l'Iran. Riyad a activement défendu l'idée de voir signé un nouvel accord sur le nucléaire, contrairement à sa position antérieure d'hostilité au Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA)signé en 2015. Cette position avait contribué à encourager la politique de sanctions maximales à l'encontre de Téhéran, décidée lors du premier mandat Trump et à la dénonciation de l'accord en mai 2018.

Preuve du revirement saoudien radical sur la question nucléaire iranienne, Khaled Ben Salman, ministre de la défense saoudien et frère cadet de MBS, a remis en mains propres au Guide iranien une lettre, le 17 avril 2025, témoignant du soutien de Riyad pour la réalisation d'un accord permanent sur ce dossier. Cet entrain est aussi largement motivé pour des raisons intérieures. Riyad souhaite en effet développer son propre programme nucléaire et enrichir l'uranium, dont il dispose à foison, à des fins civiles.

De son côté, Téhéran reste très attentif à la décision du président Trump de lever les sanctions contre la Syrie, et en particulier à leur matérialisation concrète. Les Iraniens n'hésitent plus à faire miroiter aux négociateurs étatsuniens, via la médiation d'Oman, les opportunités d'investissements qui s'offriraient aux sociétés étatsuniennes en cas d'accord sur le nucléaire.

Un échec sur la Palestine

En revanche, sur la question palestinienne, la visite du président Trump n'a rien changé et a même constitué, en particulier pour Doha, un échec dans ses efforts constants pour obtenir du gouvernement Nétanyahou un cessez-le-feu à Gaza. De fait, l'insistance de Donald Trump à maintenir son idée de déportation des Palestiniens de Gaza afin de prendre le contrôle de ce territoire pour en faire une « riviera », montre les limites de l'influence politique des États de la région.

Si la relation de Trump avec le premier ministre israélien s'est détériorée, rien n'indique une inflexion majeure de la politique des États-Unis quant au projet du gouvernement israélien en Palestine. Ainsi, le redéploiement de la présence militaire étatsunienne dans la région depuis les attaques du 7 octobre 2023, qui est passée d'environ 34 000 à près de 50 000 hommes à la fin de 2024, semble moins motivé par une planification à long terme que par un soutien indéfectible à Israël et aux menaces perçues en provenance de l'Iran et à l'instabilité en mer Rouge (4).

Toutefois, Riyad tentera de capitaliser sur le plan diplomatique lors de la réunion des Nations unies consacrée à la solution à deux États que le prince héritier coprésidera à New York, le 17 juin, avec le président français Emmanuel Macron. Ce dernier pourrait y annoncer, aux côtés du Royaume-Uni et du Canada (voire de nouveaux pays membres de l'UE), la reconnaissance de l'État palestinien, isolant un peu plus Israël.

La Tech, véritable moteur de la visite

Plutôt que d'inscrire le discours de Trump à Riyad dans la lignée du discours du Caire de Barack Obama (5) prononcé le 4 juin 2009, celui du président Trump s'inscrit dans le sillage des propos et de la visite d'État de trois jours du président chinois Xi Jinping à Riyad (du 8 au 10 décembre 2022). Tout comme celle de Xi, la visite de Trump a d'abord eu vocation à consolider la relation bilatérale, en traitant le royaume comme un partenaire incontournable de la compétition géoéconomique qui oppose les deux puissances globales.

Contrer la présence technologique et commerciale chinoise au sein des monarchies du Golfe a constitué un axe majeur de cette visite présidentielle étatsunienne comme en témoigne la présence de tous les géants étatsuniens de la Tech à Riyad, Doha ou Abou Dhabi. Les EAU ont ainsi conclu un accord pour héberger le deuxième plus grand centre de données du monde, avec l'achat des semi-conducteurs ultra performants de la compagnie Nvidia. C'est dans le cadre de ce projet colossal d'investissements sur dix ans, d'un montant de mille milliards et 400 millions de dollars que cheikh Tahnoun, à la tête de la compagnie G42 et conseiller à la sécurité nationale auprès de son frère, Mohammed Ben Zayed (MBZ), président des EAU, a fait le choix d'opter pour la Tech étatsunienne. Sa compagnie avait été contrainte par le président Biden de restreindre sa coopération avec la Chine dans le domaine de l'IA.

Cependant, une partie des congressistes étatsuniens demeure sceptique sur la fiabilité émiratie concernant sa prise de distance avec Pékin ou concernant sa diplomatie militarisée et agressive au Soudan (6) que Washington réprouve. Elle pourrait peser sur le débat et exiger des mesures concrètes pour s'assurer que l'accès émirati à 500 000 puces de pointe conçues par la multinationale étatsunienne Nvidia dès 2026 ne profite pas à la Chine - ce qui est d'ailleurs un engagement de Donald Trump.

L'ombre de la Chine

Pour sa part, MBS a réitéré son objectif d'investir 600 milliards dans des partenariats avec les États-Unis. Outre l'industrie d'armements, c'est l'IA qui est le centre de son attention que cela soit dans les secteurs d'infrastructure, de la santé, la sécurité ou les coopérations scientifiques. Comme le fait remarquer Jonathan Fulton (7) bon connaisseur des relations Chine-Golfe et États-Unis-Golfe, même en ramenant cette somme au chiffre vérifié de 283 milliards, ce montant éclipse largement les contrats d'une valeur de 50 milliards obtenus lors de la visite triomphale d'État du président Xi Jinping à Riyad en 2022. L'annonce de mégacontrats d'armements estimés à 142 milliards de dollars contre le montant record de 121 milliards atteint sous les deux mandats Obama donne un aperçu de la volonté saoudienne de prioriser le partenariat sécuritaire avec les États-Unis.

Pour les monarchies du Golfe, et notamment les EAU et l'Arabie saoudite, qui se livrent une âpre concurrence pour devenir les hubs de l'inter connectivité et de la Tech au croisement des continents africain, européen et asiatique ; l'industrie de l'IA est la clé de voûte de l'ère post-énergie fossile. De fait, ces pays sont jusqu'à présent parvenus à ménager leur coopération avec Pékin, en refusant de faire un choix entre les deux puissances globales. Mais cette visite a été l'occasion pour ces trois monarchies du Golfe d'exprimer leur préférence pour la Tech et la sécurité que leur procure le partenaire étatsunien.

Cependant, avec l'avance prise par l'implantation des entreprises chinoises dans le secteur de l'IA et leurs chaines d'approvisionnement dans la région, la Chine continuera à être un partenaire important sur le long terme. La diplomatie active de Pékin œuvre à renforcer les relations commerciales Sud-Sud dans le cadre de divers sommets multilatéraux (BRICS (8), Organisation de coopération de Shanghai— OCS (9), ou ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique en français (10) )—CCG— Chine (11) et de visites bilatérales en Asie du Sud et dans le Golfe, parallèlement au chaos suscité par la guerre des droits de douane lancée par le président Trump.

Durant la visite de Trump, un forum des investissements saoudo-étatsuniens s'est également tenu où il a été question d'édifier l'autre pierre angulaire du renforcement de la coopération bilatérale autour de l'industrie minière stratégique et des terres rares que le royaume possède en quantité. Cette coopération relève d'un impératif de sécurité nationale pour Washington et le royaume offre l'occasion aux États-Unis de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine dans ce domaine stratégique.

Ainsi, l'Arabie saoudite, qui ambitionne dans le cadre de son programme Vision 2030 de devenir un hub mondial de traitement des minerais, offre aux États-Unis la possibilité de diversifier ses chaines d'approvisionnements. Elle a ainsi rehaussé sa cote en tant que partenaire stratégique clé. Riyad est même parvenu à s'inscrire d'ores et déjà comme partenaire économique de premier plan dans l'ère post pétrolière, alors même que durant le premier mandat Trump, âge d'or du pétrole de schiste, Riyad et Washington étaient devenus des concurrents.

Le second mandat ouvre la voie à une coopération dense, mais la pression du président Trump à maintenir bas les cours du prix du pétrole (autour de 65 dollars) alors que Riyad a construit son budget autour d'un prix moyen de 80 dollars, pourrait contrarier le rythme ambitieux des réformes économiques prévues dans le cadre de la Vision 2030.

Des difficultés à se fier à Donald Trump

Pourtant, il paraît difficile de conclure au lendemain de cette visite que l'influence régionale de Riyad puisse opérer de manière pérenne en raison du caractère transactionnel et personnel des relations qui lient le président Trump à ce jeune monarque et à ses deux homologues qatari et émirati. De même, il n'est pas certain que cette visite, présentée comme destinée à réparer et à renforcer une relation dégradée avec l'Arabie saoudite et le Golfe sous l'administration Biden, ne connaisse de revers, tant le président Trump s'est illustré par de nombreux revirements notamment sur les tarifs douaniers même avec ses alliés les plus proches (pays de l'UE, Grande-Bretagne, Canada où même le Japon).

Cependant, comme les dirigeants du Golfe l'avaient pressenti, le président Trump du fait de son imprévisibilité risque de s'avérer un interlocuteur beaucoup plus difficile à manœuvrer que son prédécesseur par le premier ministre israélien (12). Ce qui pourrait le contraindre à revoir à la baisse sa stratégie de guerre sans fin au Proche-Orient.

L'épisode de la négociation menée avec le Hamas et avec l'aide de Doha pour libérer l'otage israélo-étatsunien ou encore l'accord conclu avec les Houthis, avec la médiation omanaise, pour mettre fin aux frappes en mer Rouge sans concertation avec Tel-Aviv, conforte cette intuition des dirigeants du Golfe. C'est l'une des raisons pour lesquelles, outre les relations personnelles et d'affaires qui les lient, les dirigeants du Golfe, MBS en tête, ont affiché leur préférence de voir Donald Trump accéder à la présidence en dépit de son parti pris pro-israélien.

La montée en puissance des monarchies du Golfe dans l'économie mondialisée se combine avec une nouvelle géopolitique de la finance et de l'aide extérieure, au moment où précisément le président Trump retire les programmes de l'US Aid ce qui ouvre de nouvelles possibilités aux États du Golfe. Ces derniers ont donc intérêt à maintenir le cap de la diversification de leurs partenariats commerciaux et industriels dans un monde plus multipolaire où la compétition fait rage sur la meilleure façon de réguler l'économie mondiale.

Notes

1. « Trump et le tournant de Riyad », texte intégral du discours traduit en français, Le Grand continent, 15 mai 2025.

2. « Regional response : How Gulf monarchies leveraged Trump's visit », European Council on Foreign Relations, 21 mai 2025.

3. Anthony Samarani, « MBS-Erdoğan : la tentation d'un grand rapprochement face à Israël », L'Orient-Le-Jour, 18 mai 2025.

4. Safia Karasick Southey, « Deterrence or creep ? US forces quietly surge back to Middle East », Responsible Statecraft, 24 avril 2025.

5. Intitulé « un nouveau départ », il visait à refonder les relations de Washington avec le monde musulman, notamment après le désastre de l'intervention étatsunienne en Irak.

6. Jean-Pierre Filiu, « La stratégie séparatiste des Émirats arabes unis », Le Monde, 11 mai 2025.

7. « Trump in the Gulf, commentary on HK's Chief Executive Lee's Gulf trip, PRC delegation to Morocco, more US sanctions on Iranian oil to China », The China-MENA Newsletter, 16 mai 2025.

8. Les BRICS se composent des dix États suivants : Afrique du Sud, Brésil, Chine, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Inde, Indonésie, Iran, Russie. L'Arabie saoudite préfère, quant à elle, maintenir son adhésion sans l'officialiser.

9. Ses membres sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, l'Inde, le Pakistan, l'Iran et Bélarus.

10. Ses membres sont les Philippines, l'Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, le Brunei, le Viêtnam, le Laos, le Myanmar et le Cambodge.

11. « The Inaugural ASEAN-GCC-China Summit : Economic Aspirations Amid Strategic Ambiguity », China Global South Project, 23 mai 2025.

12. Fatiha Dazi-Héni, « Riyad et l'administration Trump 2 », Institut de recherche stratégique de l'école militaire (IRSEM), 18 mars 2025.

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Avec l’élection de Lee Jae-myung, la Corée du Sud espère tourner la page d’une crise majeure

10 juin, par Camille Ruiz — , ,
Après six mois de crise politique et économique déclenchée par la tentative de coup de force du président destitué, la quatrième économie d'Asie a élu à sa tête le démocrate de (…)

Après six mois de crise politique et économique déclenchée par la tentative de coup de force du président destitué, la quatrième économie d'Asie a élu à sa tête le démocrate de centre-gauche Lee Jae-myung, avec un fort taux de participation.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière.

Séoul (Corée du Sud).– À chaque score affiché sur l'immense écran installé devant l'Assemblée nationale sud-coréenne, les cris de joie des manifestant·es, drapé·es de bleu, la couleur du Parti démocrate (PD, progressiste), se font entendre. Alors que les pancartes s'agitent, les pourcentages défilent à la télévision, province par province, et les premiers résultats de cette élection anticipée désignent Lee Jae-myung comme président de la République de Corée.

Mercredi 4 juin, la commission électorale a confirmé la victoire du démocrate, qui, au vu de la crise politique en cours, a pris ses fonctions sans période de transition. En 2022, lors du précédent scrutin présidentiel, Lee Jae-myung avait perdu de justesse face à Yoon Suk-yeol, le président finalement destitué le 4 avril.

Cette fois, Lee Jae-myung l'a emporté avec 49,42 % des suffrages et une avance confortable de près de 10 points sur son nouveau rival conservateur, dans un scrutin qui se joue à un tour. Et ce, malgré une affaire judiciaire, certes moins retentissante que celle de Yoon Suk-yeol mais tout de même très suivie dans le pays : devant la Cour suprême, le démocrate fait en effet l'objet d'accusations pour avoir violé la loi électorale lors de la présidentielle de 2022.

Il aurait en effet menti à la télévision en déclarant ne pas connaître, alors qu'il était maire de la ville de Seongnam, un haut fonctionnaire impliqué dans un projet d'aménagement du territoire. Or, ils ont posé tous les deux sur une photo lors d'un voyage de golf à l'étranger. Après de nombreux rebondissements, le démocrate semble aujourd'hui intouchable pour cinq ans : selon la Constitution, le chef de l'État ne peut être poursuivi, excepté pour trahison ou rébellion.

Lee Jae-myung a grandi dans une famille modeste d'un village de montagne, à Andong, dans le sud-est du pays. Encore adolescent, il arrête ses études pour travailler à l'usine, un épisode de sa vie dont il a fait un argument de campagne. Finalement, Lee Jae-myung reprend ses études et exerce comme avocat des droits humains, avant d'entrer en politique puis de devenir en 2018 gouverneur de la province de Gyeonggi, la plus peuplée de Corée du Sud.

La sanction du camp conservateur

Sa victoire dans cette élection présidentielle n'a rien d'une surprise, malgré tous les efforts de Kim Moon-soo, candidat du Parti populaire du peuple (PPP, conservateur), pour renverser une dynamique défavorable.

Ces soutiens du président déchu Yoon Suk-yeol, ultraconservateurs chrétiens, pro-Trump et biberonnés aux théories complotistes qui circulent sur le YouTube d'extrême droite, affirment que Lee Jae-myung est un espion de la Corée du Nord et de la Chine et reprennent à leur compte des slogans trumpistes tel que « Stop the Steal » (« arrêtez de voler »), en référence au soi-disant « vol » de l'élection par Joe Biden en 2020.

Peu après la victoire de Donald Trump, la Maison-Blanche avait exprimé son inquiétude quant à « l'influence de la Chine dans les démocraties du monde entier », tout en soulignant que l'alliance Séoul-Washington resterait inébranlable.

Le candidat conservateur a obtenu 41,15 % des voix, tandis que celui du New Reform Party, formation mineure d'extrême droite populiste, n'a récolté que 7,7 % des suffrages, malgré le soutien important des jeunes hommes de 20 à 30 ans, séduits entre autres par son antiféminisme. Le pourcentage restant des voix exprimées correspond aux votes blancs et invalides, tandis que la participation, record, a atteint 79,4 %, le taux le plus élevé depuis vingt-huit ans.

« La plus grande erreur du PPP a été de ne pas se distancer assez des prises de position de Yoon Suk-yeol », analyse Bong Young-shik, professeur associé en sciences politiques à l'université Yonsei. Même son départ forcé du PPP n'a pas suffi. Et pour cause : Yoon Suk-yeol a plongé la Corée du Sud dans la pire crise politique depuis la fin de la dictature, en 1987.

Tard dans la nuit du 3 décembre 2024, il avait déclaré la loi martiale puis envoyé l'armée, accompagnée d'hélicoptères militaires, bloquer le Parlement alors que les député·es tentaient de s'y réunir en urgence pour voter le retrait du décret. C'est dans ce contexte que Lee Jae-myung s'est filmé dans son taxi en route pour l'Assemblée nationale, puis en train d'escalader une barrière pour entrer en douce. Ces images diffusées en direct ont été vues par de nombreux Sud-coréen·nes.

Les parlementaires avaient finalement réussi à procéder au vote grâce à l'aide de citoyen·nes qui ont tenu tête aux soldats, alors que certains avaient reçu l'ordre de tirer, d'après un rapport du parquet.

Défis institutionnels et économiques

C'est pourquoi les enjeux de cette élection étaient de taille : au lendemain de l'entrée en vigueur de la loi martiale, la monnaie nationale, le won, a fait une chute spectaculaire, inédite depuis quinze années. À la baisse de confiance des investisseurs se sont ajoutés les droits de douane imposés par l'administration Trump : + 25 % pour la Corée du Sud. Ce sont les semiconducteurs, fierté nationale, qui en pâtissent le plus.

Aussi, l'économie était au cœur de la campagne. Tandis que Lee Jae-myung proposait d'établir une task force pour faire face à la crise, et de soutenir les petits commerces, son rival Kim Moon-soo promettait d'assouplir certaines réglementations encadrant les entreprises, et de réviser la loi sur la sécurité industrielle afin d'empêcher les dirigeant·es de faire l'objet de poursuites pénales en cas d'accidents mortels sur le lieu de travail.

En quelques années, la qualité du régime démocratique s'est nettement dégradée.

Lee Jae-myung a fait du rétablissement de la démocratie sa priorité absolue, selon son premier discours le 3 juin au soir. Il faut dire que la tentative de coup de force de Yoon Suk-yeol est révélatrice d'un constat inquiétant : en quelques années, avant même cet événement spectaculaire, la qualité du régime démocratique en Corée du Sud s'est nettement dégradée.

Dans son rapport annuel, le Varieties of Democracy Institute (V-Dem) de l'université de Göteborg (Suède) classe la Corée du Sud au 47e rang sur 179 pays selon son indice de démocratie libérale, qui prend en compte la liberté et l'équité des élections, l'état des libertés civiles, d'association et d'expression, ainsi que la justice sociale. En 2019, avant l'élection de Yoon Suk-yeol, la Corée du Sud était encore 13e sur cette liste.

Lee Jae-myung appelle ainsi de ses vœux une loi martiale réformée, ainsi que la séparation des pouvoirs des procureurs qui, en Corée du Sud, peuvent à la fois inculper et enquêter. Le démocrate voudrait également changer l'unique mandat de cinq ans en possibilité de se représenter pour deux mandats de quatre ans : il assure que le bilan du chef de l'État pourrait être jugé, et celui-ci réélu ou bien désavoué.

Par le passé, beaucoup de responsables politiques ont fait des promesses similaires, mais aucun n'a amorcé de tels changements. Aussi, certains des opposants à Lee Jae-myung s'interrogent et considèrent sa volonté de réformer le mandat présidentiel comme une opportunité de s'en autoriser un deuxième, et pourquoi pas davantage, la presse d'extrême droite allant jusqu'à citer l'exemple de Vladimir Poutine.

Un alignement entre la présidence et le Parlement

Avec sa majorité acquise à l'Assemblée nationale, le président n'aura a priori pas de difficultés à mener son agenda. En effet, au Parlement, unicaméral, les démocrates ont obtenu une large victoire, avec plus de 170 sièges sur 300, aux élections d'avril 2024.

« Selon les affirmations du PPP,rapporte le docteur en sciences politiques Bong Young-shik, il n'y aura pas de pouvoirs qui se contrebalancent, et donc élire Lee Jae-myung mènerait le pays à la dictature. L'argument opposé soutient que c'est un processus nécessaire pour éliminer les vices et la corruption de l'ensemble du système. Et c'est un désir très fort exprimé par tous les Coréens, de gauche ou de droite, jeunes ou vieux. »

Mais dans cette campagne éclair de trois semaines, bien des sujets ont été mis de côté : ainsi, les questions de genre ont été quasi absentes des débats. Pourtant, la Corée du Sud abrite, et de loin, le pire écart de salaires de l'OCDE avec 29,3 % de différence entre femmes et hommes, en 2023. Le poste laissé vacant de la ministre de l'égalité, des genres et de la famille, qui a démissionné en février 2024, témoignait des desseins de l'ancien président.

Ouvertement antiféministe, Yoon Suk-yeol avait fait de l'abolition de ce ministère une promesse de campagne. Wooyeal Paik, professeur en sciences politiques de l'université Yonsei, compare les positions sur la question : « Lee Jae-myung a déclaré qu'il améliorerait les droits des deux genres, quoi que cela signifie, et se concentrerait sur la défense des droits des femmes. Mais les autres candidats, comme Kim Moon-soo, n'en ont pas touché mot, sûrement pour des raisons liées à leurs bases électorales. »

La tâche principale de Lee Jae-myung et de son gouvernement reste de restaurer la confiance populaire dans les institutions. Une gageure, dans un contexte où les affaires judiciaires minent l'image des responsables politiques depuis de longues années.

Camille Ruiz

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« Massacre des affamés » : les forces israéliennes tuent 31 Palestiniens dans un centre de distribution d’aide humanitaire

10 juin, par Tareq S. Hajjaj — , ,
Un centre d'aide humanitaire géré par les États-Unis a été le théâtre d'un nouveau massacre dans le sud de Gaza après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des (…)

Un centre d'aide humanitaire géré par les États-Unis a été le théâtre d'un nouveau massacre dans le sud de Gaza après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des civils. « Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège pour nous attirer ici et nous tuer », a déclaré un témoin oculaire à Mondoweiss.

Tiré de Agence Médias Palestine
2 juin 2025

Par Tareq S. Hajjaj

Point de distribution d'aide humanitaire géré par la Fondation humanitaire de Gaza à al-Bureij, dans le centre de Gaza, le 29 mai 2025. (Photo : Moiz Salhi/APA Images)

Dimanche matin à l'aube, des Palestiniens du sud de Gaza se sont rendus au point de distribution d'aide humanitaire de Rafah géré par le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF), l'organisme américain chargé de fournir l'aide aux Palestiniens à la place de l'ONU. Selon des témoins oculaires qui se sont entretenus avec Mondoweiss, lorsque des milliers de personnes en quête d'aide sont arrivées dans le quartier d'al-Alam, dans le quartier de Tal al-Sultan à Rafah, l'armée israélienne a ouvert le feu sur la foule.

Alors que de nombreuses personnes patientaient devant le site d'aide humanitaire tôt le matin, attendant les instructions des employés américains, des témoins oculaires rapportent qu'un drone israélien survolait la zone et leur ordonnait via haut-parleur d'entrer dans le périmètre clôturé à 6 heures du matin.

Après que des centaines de personnes aient pénétré dans l'enceinte, les soldats ont ouvert le feu sur la foule, tuant 31 personnes et en blessant 200 autres avec des balles réelles, a déclaré dimanche le ministère de la Santé de Gaza dans un communiqué.

« Tous les martyrs arrivés à l'hôpital n'avaient qu'une seule blessure par balle à la tête ou à la poitrine », indique le ministère de la Santé. « Cela confirme l'intention de l'occupant de tuer des civils. »

Le directeur des hôpitaux de Gaza, Muhammad Zaqout, a déclaré lors d'une conférence de presse devant l'hôpital Nasser de Khan Younis que les blessés étaient arrivés au centre médical dans des charrettes tirées par des animaux ou portés sur les épaules des gens, l'armée israélienne ayant empêché les ambulances d'atteindre le site d'aide.

L'armée israélienne nie que des soldats aient tiré sur des civils dans le centre, qualifiant ces allégations de « fausses informations ». Le GHF a également niéces informations, les qualifiant de « complètement fausses et fabriquées », et a publié des images de vidéosurveillance de la distribution d'aide à Rafah comme preuve apparente que la journée s'était déroulée « sans incident ».

La semaine dernière, trois personnes ont été tuéesau centre de distribution d'aide géré par le GHF à al-Bureij, au nord de l'axe Netzarim, et sept autres ont été portées disparues à la suite des troubles qui ont éclaté la semaine dernière dans le site sud du GHF à Rafah. Aujourd'hui, 2 juin, l'armée israélienne a tué trois autres personnes sur le site du GHF à al-Bureij.

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un piège »

Ahmed Abu Libdeh, 28 ans, est arrivé au centre de distribution d'aide à Rafah à 5 heures du matin en provenance de l'est de Khan Younis. Au lieu de recevoir de la nourriture, il a été témoin de ce qu'il décrit comme « l'un des massacres les plus horribles perpétrés par l'armée [israélienne] » à Rafah.

« Nous étions debout à l'extérieur du centre de distribution », a déclaré Abu Libdeh à Mondoweiss. « Vers 6 heures du matin, un quadricoptère a survolé le site et a annoncé par haut-parleur que l'endroit était sûr et que nous pouvions entrer pour récupérer la nourriture. »

« Le haut-parleur du quadricoptère disait : « Marchez, vous êtes en sécurité. Nous vous distribuerons l'aide dans quelques instants » », a ajouté Abu Libdeh, précisant qu'après l'arrivée de l'aide, « ils ont commencé à nous bombarder et à nous tuer ».

« Dès que nous sommes entrés dans le centre de distribution et avons commencé à transporter les vivres, l'armée israélienne a ouvert le feu », a-t-il expliqué. « La scène était horrible. Nous ne voyions rien à cause de la poussière, des bombardements et des tirs nourris dirigés contre nous. Des dizaines de personnes ont été tuées. »

Abu Libdeh précise que la première frappe a eu lieu vers 6 h 15, lorsqu'un premier bombardement a visé une voiture remplie de personnes qui avaient reçu de la nourriture et quittaient la zone. « Après le bombardement de la voiture, les chars ont ouvert le feu sur nous », a-t-il décrit.

Ahmad décrit les premières minutes comme « un choc pour tout le monde », rappellant qu'ils étaient entrés sur le site de distribution conformément aux instructions de l'armée israélienne. « Nous ne savions pas d'où venaient les bombardements ni qui les lançait. La poussière envahissait la zone et les gens couraient sans savoir ce qui se passait. Des gens tombaient dans la bousculade et j'ai vu des dizaines de personnes gisant sur le sol, en sang. Ils sont tous morts parce que personne ne pouvait les sauver. »

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège en nous attirant ici pour nous tuer par dizaines », a conclu Abu Libdeh. « Nous ne voulons pas de l'aide des États-Unis. Nous voulons que la guerre cesse et la fin de la famine. »

Le massacre de dimanche a conduit de nombreux Palestiniens de Gaza à conclure que l'objectif du GHF n'est pas de distribuer de la nourriture à la population, mais d'aider et de soutenir l'armée israélienne dans son objectif d'« exterminer » les Palestiniens.

Arafat, 49 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, apparaît assis à l'hôpital Nasser avec un petit enfant sur les genoux dans un témoignage vidéo pour Mondoweiss. Tous deux pleurent, tandis qu'Arafat sanglote pour son frère, qui, selon lui, a été tué par l'armée israélienne à Rafah alors qu'il cherchait de la nourriture pour sa famille.

« Pourquoi nous disent-ils d'aller chercher de la nourriture pour nous tuer une fois sur place ? », demande Arafat. « Ce sont des menteurs. Ils nous mentent et mentent au monde entier. Les Américains conspirent avec les Israéliens pour nous tuer. Ils ont tué mon frère parce qu'il était parti chercher de la nourriture pour sa famille. » Arafat explique que l'enfant assis sur ses genoux est son neveu.

« Ils ont créé un endroit où nous pouvons être tués de sang froid », a poursuivi Arafat. « Ils ne devraient pas dire que c'est une zone humanitaire. C'est un piège et un massacre des affamés. »

Arafat note que certaines personnes faisaient la queue près du point de distribution depuis 23 heures la veille. « Le résultat, c'est que nous recevons la mort au lieu de nourriture », dit-il. « Nous ne voulons pas de l'aide de l'Amérique. Nous ne voulons pas de la nourriture de l'Amérique. Si l'Amérique veut nous aider, comme elle le prétend, qu'elle arrête la guerre. Nous ne voulons rien d'autre d'elle. »

Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss

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Gaza. Ceux qui ont épaulé le génocide

10 juin, par Jean Michel Morel — , ,
Dans son dernier ouvrage, Pascal Boniface, fondateur et directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), démontre combien l'impuissance du droit (…)

Dans son dernier ouvrage, Pascal Boniface, fondateur et directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), démontre combien l'impuissance du droit international à arrêter la guerre contre Gaza tient à la complicité des pays et des politiques occidentaux et à la complaisance des médias mainstream, notamment en France.

Tiré de orientxxi
5 juin 2025

Par Jean-Michel Morel

Droit international Gaza 2023-2025 Bande de Gaza France Génocide Israël Liberté d'expression Médias Palestine

Des corps enveloppés de bleu sont placés dans une fosse, entourés de personnes en deuil.
Khan Younès, le 22 novembre 2023. Des Palestiniens enterrent des corps dans une fosse commune du cimetière de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Les dépouilles, qui ne portaient que des numéros, provenaient de l'hôpital indonésien et de l'hôpital Al-Shifa, dans le nord de la bande de Gaza, selon les membres du comité présents sur le lieu de l'enterrement.
Mahmud HAMS / AFP

Couverture de livre avec fond coloré et titre en gras sur le conflit à Gaza.

Permis de tuer Gaza : Génocide, négationnisme et Hasbara
Pascal Boniface
Éditions Max Milo, 2025
283 pages
21,90 euros

Premier rappel salutaire dans le livre de Pascal Boniface, Permis de tuer, le fait que tout n'a pas commencé le 7 octobre 2023. Depuis 1967, « la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est est illégale. L'annexion de Jérusalem-Est est illégale. Le blocus de Gaza est illégal ». La guerre à Gaza est le dernier exemple en date de cette violation par Israël du droit international au prétexte récurrent que son existence est en jeu.

Même si la décision de la chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d'arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, son ex-ministre de la Défense, a pu donner l'impression que la justice internationale s'emparait du dossier, depuis rien n'a changé. Les crimes de guerre comme les crimes contre l'humanité se sont poursuivis et intensifiés ; un génocide est en cours.

Cette incapacité à agir efficacement pour mettre un terme aux massacres se reflète à l'ONU où, avertit Boniface, « les choses sont simples. Dans la grande majorité des cas, les résolutions obligatoires qui exigent quelque chose d'Israël sont bloquées par un veto des États-Unis. »

« Amnesty International, Human Rights Watch… Quand l'humanitaire fait le jeu du Hamas »

Aux côtés des juridictions internationales, des ONG humanitaires se sont employées à dénoncer « un piège mortel » pour les Palestiniens (1). Un constat qui, très rapidement, après le déclenchement de la guerre par Israël, est devenu une évidence dès lors que les morts et blessés se sont accumulés et que, progressivement, la famine s'est installée. Une réalité que les médias ont mis des mois à accepter, et encore de manière timide et sans jamais remettre en cause le récit qu'ils avaient propagédepuis le 7 octobre 2023. Mais il y a encore Franc-Tireur qui, dans son édition du 24 janvier 2024, a débusqué les vrais coupables : « ONG au service du pire : Amnesty International, Human Rights Watch… Quand l'humanitaire fait le jeu du Hamas. »

Titre en haut, image d'une bougie sur fond noir, message sur ONG et humanitaire.

Cette partialité dans la prise en compte de la « destruction directe de la population palestinienne » (Amnesty International) s'examine au trébuchet de ce que pèse la guerre russo-ukrainienne dans les discours de la plupart des politiciens et des médias où l'agresseur est, à juste titre, vilipendé. A contrario, les massacres perpétrés par l'armée israélienne sont le plus souvent minorés ou justifiés en recourant à l'argument qui voudrait que dans chaque hôpital rasé, dans chaque école bombardée, dans chaque maison détruite, se sont réfugiés des « terroristes » du Hamas. Ce que, le 18 janvier 2024, s'est évertué à justifier Isaac Herzog, le président d'Israël, au Forum de Davos : « Sous chaque matelas de n'importe quelle maison à Gaza, il y a une roquette. »

Cette approche du conflit repose sur ce que Pascal Boniface appelle « un biais médiatique occidentaliste ». Il est illustré par le positionnement d'Israël, membre revendiqué de l'Occident depuis sa fondation en 1948, choix confirmé par les assertions sans ambiguïté de son actuel premier ministre : « Nous faisons partie de la culture européenne… L'Europe se termine en Israël (2) », ou bien encore, en décembre 2024, lors de ses vœux aux communautés chrétiennes en Israël : « Israël mène le monde dans le combat contre les forces du mal et de la tyrannie… ».

Un occidentalo-centrisme guerrier

Une phraséologie qui, en Occident, nourrit inévitablement l'islamophobie et le fameux « concept » d'islamo-gauchisme. Une façon, nous dit Pascal Boniface, d'assimiler l'islam à une menace terroriste, interdisant de critiquer Israël « comme un pays qui occupe une terre qui n'est pas la sienne et réprime dans le sang un peuple qui ne veut pas se soumettre, mais devient la pointe avancée de la guerre contre le terrorisme ».

Le 6 octobre 2024, Pascal Praud, le présentateur vedette de CNews, propriété du milliardaire catholique intégriste Vincent Bolloré, ce laboratoire de la désinformation, a relayé cette logique dans le JDD (propriété du même milliardaire) : « Le 7 octobre a changé ma vie. Je devinais depuis quelque temps : le monde arabo-musulman a déclaré la guerre à l'Occident. Israël est un rempart. » Un occidentalo-centrisme guerrier qui s'accompagne de l'inévitable rappel à l'Holocauste convoqué pour culpabiliser les opposants au conflit et clore toute discussion sur les agissements meurtriers d'Israël.

Pascal Boniface cite un expert de cette rhétorique en la personne d'Alain Finkielkraut, qui, le 24 octobre 2024, dans l'émission Le Club Idée du FigaroTV, lance :

Quoi qu'on pense de la riposte israélienne, le mot génocide est fou, ignoble. Il permet de nazifier les Juifs, de leur faire perdre leur crédit victimaire et ainsi de les faire basculer dans le camp des bourreaux.

Pas sûr que les 6 millions de juifs assassinés lors de la Seconde guerre mondiale envisageaient leur martyre sous forme de « crédit victimaire » dont pourrait se réclamer Israël.

Dans un chapitre bienvenu, l'essayiste s'attarde sur le rôle néfaste du lobby pro-israélien. Il dénonce son implication dans la politique intérieure française :

Le lobby pro-israélien s'est montré hyper efficace pour affaiblir le soutien diplomatique de la France à la cause palestinienne, influencer la classe politique française en faveur du gouvernement israélien, créer une solidarité entre des personnes ayant les mêmes appréciations du conflit, et limiter au maximum la capacité d'expression de ceux qui ne pensent pas comme eux.

Institution agissante du lobby, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) mène le combat de l'assimilation entre antisionisme et antisémitisme. Il trouve des alliés dans la droite, parfois à gauche et dans la macronie à l'exemple d'Aurore Bergé, actuelle ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, qui, le 13 février 2025, lors des Assises contre l'antisémitisme a déclaré : « L'antisionisme, la haine décomplexée d'Israël sont les nouveaux visages de l'antisémitisme. »

Un maccarthysme rampant

Boniface donne à comprendre ce combat comme étant d'abord celui de Nétanyahou qui « a réussi à imposer ce slogan creux dans le débat français, qui sert d'arme de dissuasion massive à toute critique de la politique israélienne à l'égard des Palestiniens et des territoires occupés ».

Chercheur, il fait aussi état de ce maccarthysme rampant qui sévit dans les médias refusant de l'inviter ou de ces campagnes de dénigrement dont il est l'objet ou bien encore de son éviction de la manifestation — qu'il a créée — « Les Géopolitiques de Nantes » par la maire socialiste, Johanna Rolland. « La ville de Nantes, écrit-il, est l'une des rares grandes métropoles à n'avoir toujours pas entamé en 2024 d'action de coopération décentralisée avec une collectivité palestinienne. » Ceci expliquant sans doute cela.

L'auteur veut espérer que « l'histoire sera sévère pour ceux qui sont restés muets face à l'indicible ». Lui ne fait pas partie des adeptes de la cécité volontaire, ni des repentis de la 25e heure, ceux qui s'aperçoivent avec retard que leur « soutien inconditionnel à Israël » les a précipités dans un abîme d'insalubrité morale.

Note

1. Le 1er juin 2025, le chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarin, a indiqué sur X que la distribution d'aide humanitaire à Gaza était devenue un « piège mortel »

2. Pascal Boniface citant Sophie Bessis dans La civilisation judéo-chrétienne, anatomie d'une imposture, Les Liens qui libèrent, 2025.

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Gaza, jour 606 : 102 Palestiniens assassinés dans les « pièges mortels » des nouveaux centres humanitaires

10 juin, par Agence Média Palestine — , ,
Point sur la situation à Gaza, où Israël assassine les Palestinien-nes jusque dans les centres de distributions alimentaires, tout en poursuivant ses opérations de déplacement (…)

Point sur la situation à Gaza, où Israël assassine les Palestinien-nes jusque dans les centres de distributions alimentaires, tout en poursuivant ses opérations de déplacement forcé de la population.

Tiré de Agence Médias Palestine
3 juin 2025

Par l'Agence Média Palestine

Depuis une semaine, le Fonds Humanitaire pour Gaza (GHF), soutenu par les État-Unis, est mandaté par Israël pour contrôler les distributions d'aide alimentaire à la place des organisations locales et internationales (dont l'ONU) en place jusqu'ici, après plus de deux mois de blocage total des livraisons de ces dernières et la destruction systématique depuis 18 mois des infrastructures qui permettaient une forme d'autonomie alimentaire aux Gazaoui-es, assiégé-es depuis 17 ans par Israël.

Ces nouvelles« distributions alimentaires » sont le théâtre de scènes de chaos, de massacres et d'enlèvements. Selon un communiqué du bureau des médias de Gaza publié ce mardi 3 juin au matin, au moins 102 Palestinien-nes ont été assassiné-es dans ou à proximité de ces centres en une semaine, et plus de 500 autres ont été blessé-es. Le ministère dénonce ces centres qu'il décrit comme des « pièges » dans lesquels Israël attire les Gazaoui-es qu'il a précédemment affamé-espour les tuer.

« Ces soi-disant centres d'aide sont situés dans des zones exposées et à haut risque contrôlées par les forces d'occupation », a déclaré le bureau. « Ils sont devenus des pièges mortels. Les civils affamés sont attirés par la faim et le siège, puis froidement pris pour cible et abattus. » Qualifiant les tirs de calculés et s'inscrivant dans un plan plus large, le bureau a déclaré que ces scènes reflétaient « la cruauté derrière cette opération et révélaient ses véritables intentions ».

« Hunger Games dans la vie réelle »

« Un nouveau massacre commis par l'occupation israélienne, visant des points de distribution d'aide supervisés par les États-Unis à Gaza, faisant des martyrs et des dizaines de civils blessés #WitkoffMassacre », écrivait dimanche Ramy Abdul, responsable de l'organisation de surveillance des droits humains Euro-Med, dans un message publié sur X.

Des témoins oculaires interrogés par Euro-Med ont rapporté que des quadricoptères et des chars israéliens ont ouvert le feu sur les personnes qui attendaient de recevoir de la nourriture sur le site de Rafah vers 6 heures du matin dimanche. « Les forces d'occupation ont commencé à bombarder la zone sans discernement, transformant la scène en un horrible massacre. Au même moment, les forces de sécurité américaines ont tiré des gaz lacrymogènes sur les personnes à l'arrière pour les disperser et les tenir à distance », ont déclaré les survivant-es. Plus de 32 personnes ont été tuées dans ce massacre dimanche.

« Ces Hunger Games de la vie réelle doivent cesser, un nouveau cessez-le-feu doit être déclaré et Israël doit autoriser l'accès à tous les points de passage au système humanitaire mondial normal », a réagit Jan Egeland, directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés, sur son compte X.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exigé qu'une enquête soit ouverte. Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, a qualifié le détournement par Israël du système d'aide à Gaza d'« effroyable, indéfendable et criminel ». « Le gouvernement israélien utilise l'aide comme une arme et toutes les personnes impliquées dans le GHF se rendent complices de crimes de guerre », a-t-il écrit sur X. « Mettons fin à cela. »

Nettoyage ethnique

L'ONU et les organisations humanitaires affirment que le GHF ne respecte pas les principes humanitaires, l'accusant d'utiliser l'aide à des fins militaires et avertissant que cela pourrait servir à dépeupler le nord de Gaza, comme le prévoit l'armée israélienne. Car outre les atrocités qui s'y déroulent, les centres de distribution du GHF sont aussi stratégiquement situées afin de participer au déplacement des milliers de Palestinien-nes du Nord de Gaza.

Trois des sites de distribution du GHF se trouvent à Rafah, dans des zones où l'armée israélienne a émis des avertissements d'évacuation. Le quatrième site est situé dans la ville de Gaza, près de la frontière avec Deir el-Balah, où des centaines de milliers de Palestiniens déplacés ont trouvé refuge. Aucun des points de distribution n'est situé au nord du corridor de Netzarim. Tous sont situés dans des zones qui ont été entièrement rasées par l'armée israélienne au cours des 18 derniers mois.

Les Palestinien-nes, affamé-es depuis plus de trois mois par le blocus israélien, doivent parcourir à pied ou sur des chariots tirés par des animaux les distances conséquentes pour se rendre dans les centres, alors qu'il n'y a plus de carburant. L'emplacement des centres vise donc à servir d'incitatif au déplacement vers le sud.

Depuis la rupture par Israël du cessez-le-feu le 18 mars dernier, l'armée israélienne a émis des ordres d'évacuation et/ou placé sous contrôle militaire 81% de l'enclave palestinienne, selon le dernier relevé de l'OCHA. 2,3 millions d'habitants de Gaza sont entassés sur une bande de terre de plus en plus réduite dans le sud de Gaza, près de la frontière égyptienne.

Israël cache peu son objectif de déplacer définitivement la population de Gaza, les responsables promouvant ouvertement des plans de « migration volontaire ». Une enquête du Financial Times rapporte que les zones vers lesquelles les Palestiniens sont poussés ressemblent à un « désert aride, sans eau courante, sans électricité et sans hôpitaux ».

Des images satellites montrent les forces israéliennes en train de déblayer des terrains et d'installer des infrastructures militaires dans les zones évacuées. Examinant des dizaines d'ordres d'évacuation forcée récents, l'analyste politique Xavier Abu Eid déclare : « Le gouvernement israélien a été très clair quant à son plan pour Gaza. Il s'agit d'un nettoyage ethnique. »

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Les 30 ans de la marche _Du pain et des roses _célébrés à Québec : un appel à continuer la lutte

10 juin, par Collectif — , ,
Québec, le 8 juin 2025 – Près de 2000 personnes se sont rassemblées hier dans les rues de Québec pour souligner les luttes féministes, 30 ans après la marche Du pain et des (…)

Québec, le 8 juin 2025 – Près de 2000 personnes se sont rassemblées hier dans les rues de Québec pour souligner les luttes féministes, 30 ans après la marche Du pain et des roses.

Du Musée des Beaux-Arts du Québec, jusqu'à l'Assemblée nationale, à l'image de la marche s'y étant conclue le 4 juin 1995, les marcheuses et les marcheurs se sont ensuite dirigés à la Place George V. Sous le thème Marchons pour _Du pain et des roses, _encore et plus que jamais, les chants, les slogans et les diverses prises de paroles ont rappelé les revendications de 1995 et leur actualisation dans le contexte de 2025, permettant de faire le point sur les luttes féministes pour combattre la pauvreté [1] dont les femmes sont les premières victimes.

L'événement du 7 juin [2] concluait une série de marches locales débutées le 26 mai, [3] réalisées dans 12 régions du Québec, par 25 organismes du mouvement féministe, communautaire et syndical, avec la collaboration d'une trentaine d'autres organisations de leurs réseaux. Environ 1200 personnes ont participé à ces marches parcourant 5550 km au total, en hommage au trajet de 1995.

« Les actions organisées autour du 30e anniversaire de la marche « Du pain et des roses », et surtout, la ferveur avec laquelle les revendications féministes ont été porté aujourd'hui, sont de bon augure pour la suite du mouvement » souligne Sylvie St-Amand, présidente de la Fédération des femmes du Québec et co-porte-parole des actions de Marchons pour _Du pain et des roses, _encore et plus que jamais.

« La marche de 95 nous a appris que même, et peut être surtout dans des moments difficiles, il ne faut pas baisser les bras. C'est justement le moment de se mobiliser quelle que soit la manière ! » lance Françoise David, porte-parole de l'événement et présidente de la Fédération des femmes du Québec en 1995.

Un rosier symbolique a été remis à la présidente de l'Assemblée nationale, madame Nathalie Roy, laquelle a indiqué souhaiter le mettre en terre à proximité du monument soulignant la lutte des suffragettes, sur le terrain de l'Assemblée nationale. Mesdames Ariane Émond, Michèle Rouleau, Marie-José Turcotte et Marjorie Villefranche, marraines [4] de la marche en 1995, étaient présentes, en compagnie de mesdames Arcelle Appolon, Florence-Agathe Dubé-Moreau, Melissa Mollen-Dupuis et Adina Ungureanu, co-marraines [4]pour les actions de 2025.

La marche s'est conclue par une invitation à un grand rassemblement organisé par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes [5], à Québec le 18 octobre prochain, dans le cadre de la 6e édition de cette marche internationale, issue de celle de 1995.

À propos

À compter du 26 mai 2025, des marches locales et divers événements ont été réalisés par 25 organisations du mouvement féministe, communautaire et syndical ; environ 1200 personnes ont parcouru un total de 5550 km : Centrale des syndicats du Québec, [10] à Saint-Sauveur, le 28 mai ; Centre de femmes l'Essentielle [11] à Beloeil, le 3 juin ; Centre de femmes les Elles du Nord [12] à Chibougamau, le 5 juin ; Centre des femmes Centr'Elles [13] à Carleton, du 26 mai au 4 juin ; Centre des femmes de Longueuil [14], les 27 et 28 mai et les 3 et 4 juin ; Centre des femmes de Memphrémagog [15], le 29 mai ; Centre d'organisation mauricien de services et d'éducation populaire ( [16]COMSEP), le 26 mai ; Coalition montréalaise
de la Marche mondiale des femmes [17] (CMMMF) et ses groupes membres, le 29 mai ; Collective citoyenne Pas Une de Plus [18], le 4 juin ; Comité Action Féministe d'Unifor Québec [19], 7 juin – vers le rassemblement ; Comité régional Saguenay-Lac-Saint-Jean de la Marche mondiale des femmes [20] et ses groupes membres, le 5 juin ; Conseil central du Montréal métropolitain - CSN, [21] le 29 mai ; Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec [22] (FTQ), le 3 juin ; Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec [23] (FIQ), les 3 et 5 juin ; Groupes locataires de Maison pour la santé durable [24], du 26 mai au 4 juin ; L'R des centres de femmes du Québec [25] et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin ;
Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale [26] (RGF-CN) et ses groupes membres, organisation du rassemblement du 7 juin. ; Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du Québec [27] (RAFIQ), le 5 juin ; Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec [28] (RTRGFQ) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin ; ROSE du Nord, [29] le 4 juin ; Syndicat des cols bleus Montréal [30] (SCFP301), du 26 au 30 mai ; Table de concertation de Laval en condition féminine [31] (TCLCF) et ses groupes membres, le 4 juin ; Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière [32] (TCGFL) et ses groupes membres, le 4 juin ; Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) [33] et ses groupes membres, du 26 au 4 juin ; Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie [34] (TCMFM) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin.

Personnes ayant pris la parole le 7 juin 2025 (ordre d'apparition)[1] : Françoise David, présidente de la FFQ en 1995 ; Chantal Locat, marcheuse en 1995 ; Michèle Rouleau, militante pour les droits des Premières Nations et marraine de 1995 ; Melissa Mollen-Dupuis, militante Innu et co-marraine des actions de 2025 ; Lise Fournier, marcheuse en 1995 et comité d'organisation de l'événement en 2025 ; Nathalie Roy, présidente de l'Assemblée nationales ; Diane Matte, coordonnatrice de la marche en
1995 ; Marjorie Villefranche, marraine de 1995, Maison d'Haïti ; Adina Ungureanu, Collectif des femmes immigrantes du Québec et co-marraine des actions de 2025 ; Marie Eve Brunet et Johanne Gagnon, Collectif pour un Québec sans pauvreté ; Sylvie St-Amand, présidente de la FFQ ; Mercédez Roberge, travailleuse pour la marche en 1995 et comité d'organisation de
l'événement en 2025 ; Émilia Castro, Pénélope Guay et Julie Antoine, porte-paroles de la Coordination du Québec pour la marche mondiale des femmes.

Des marraines et des co-marraines engagées : En prélude aux activités, une lettre ouverte est parue dans La Presse [35], sous la signature des marraines de la marche de 1995 et de courtes capsules vidéos [36], réunissant ces dernières et des co-marraines des événements de 2025, ont été diffusées par les médias sociaux [37].

Marraines de 1995, de nouveau présentes en 2025 : Aoura Bizzarri, fondatrice du Collectif des femmes immigrantes du Québec ; France Castel, chanteuse et comédienne ; Ariane Émond, journaliste indépendante et animatrice ; Ranee Lee, chanteuse, musicienne et professeure de jazz à l'Université McGill ; l'honorable Chantal Petitclerc, sénatrice,
médaillée paralympienne, Michèle Rouleau, militante pour les droits des Premières Nations ; Marie-Claire Séguin, autrice, compositrice, interprète, coach vocal et artiste peintre ; Marie-José Turcotte, communicatrice et guide de randonnée, ex journaliste-animatrice et cheffe d'antenne à Radio-Canada ; Marjorie Villefranche, ex directrice générale
de la Maison d'Haïti.

Leurs co-marraines pour les actions de 2025 : Arcelle Appolon, directrice de la Maison d'Haïti ; France Beaudoin, animatrice et productrice, Léa Clermont-Dion, autrice et réalisatrice, récipiendaire du prix Hélène Pedneault ; Marion Cousineau autrice, compositrice et interprète ; Florence-Agathe Dubé-Moreau, commissaire indépendante en art contemporain, autrice de « Hors jeu » et récipiendaire du prix littéraire de la Gouverneure-Générale ; Melissa Mollen-Dupuis, militante Innu ; Adina Ungureanu, directrice du Collectif des femmes immigrantes du Québec ; et Ariane Vaillancourt autrice compositrice et interprète.

« Marchons pour [38]_Du pain et des roses, encor [38]_e et plus que jamais » [38] est organisé par la Fédération des femmes du Québec [39], en collaboration avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes [5]. Les marches locales du 26 mai au 4 juin 2025 sont réalisées par des organisations autonomes et celle du 7 juin à Québec est organisée grâce à la contribution du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale [26].

La Marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » [40] a eu lieu du 26 mai au 4 juin 1995, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, avec la collaboration d'un grand nombre d'organisations. Plus de 850 femmes ont marché pendant 10 jours en direction de l'Assemblée nationale. Plus de 18 000 personnes les y attendaient, pour entendre le gouvernement de l'époque répondre à leurs revendications contre la pauvreté.

Liens


[1] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszEuO6yAQheHVwAyLN1UDBpl4GxGmihhd5wW-WX8rrZ5-R-enbKF6HSVnkzw6jM55uWdM2mPbaqvGBEBoEBtY9mgZw0ZJ9hzBh7KFhuRQXw0lEzWYlFAHY4TXsxP_6291L_3gMVWErWIAIFT7OEJbvoM88n6eryncRdhV2LW19_KuSy3CroM__KBey9mfj6kMYlBW2yDsKu9MvajBB5fJqlP-hesfCHcx2ngT5ciDqdRvQXj9Gjwn38r_uvPyHDc5z8F8__4Doyebkiq1kPJQmwKyTelNg9HeO4tafrL9CQAA__9BwFvQ
[2] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsy02yqyAQQOHVwAyrgeZvwCATt5FCuo28p0lEzfpv5dadfqcOZRMrgpecdcBkk7cW5ZKDJQgGESs5U0zRibwGzck6X8GDbNlHdGVycyKb4K4paA9Rh5DAaS0Qjkb8v-1qK23lfigfp5pcjJTU0lc3D98g17yc5_sQ9ibMKMw4z_uw16EWYcat9LqwoksF9e9qT2XAOLVfPHEVZvzIjakV1XnlcrBqlH_h_gfC3jRo1F723JlKPdvrKRDenY-DH-WqCw-v_pDH2Zm37-84IZkQVKmFFMY6q0hmVjBB1IBoTQL5yeYnAAD__2DVXPk
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[36] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsyz2vmzAUxvFPY29GfjkGn8FDpIouVdU7dUTGPlxMIRCbJMq3r9Le6ZF-j_7JaxdBtpy86gANtsYAn31HjuwUk0VIiGDBjBimkaLUE8YWePatAxtGO2EyKAeVOtVKp7oOpVWKgaw50Z98E1vIK5UqWjdGtM4lFHNZ7dS8D776-TyPysyF6Z7p_vl8Nq_9ft5HauK-Md0fa3ituZ7M9P_n268feBvK8rFcd_P4-fp96I9Qx8vyPTnKA27LwTdKOYhCK4VKIif_D4YvYOaipALV8uILpRDPvF8ZyKNQrfQZ7nGmZi-fvJ6FaHv3lhCS7joRYkgCXJyES3oScpROSQCjUfKH138DAAD__3_VaWY
[37] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsjc3O2yAURJ8Gdlj8w12wiBT5NaJruMQodp2C26hvXzn6dqMzczQl6Zit9JySChYMeGMsXxMuzmpf1YIZnM9knCek4LEihVKJt-Sjdbi4CsWAfKgSlJdRhQDSKcWsHK3Qq_0WO7aN-hA-LhlcjAXE2jdXp6vgW1rP8z2YuTE9Mz1_Pp-pYqblOF5TPnam551KQ6bnQee1Md9g7jgBQFBOGZDWGjBM-_Pfm5i5G_51RKeNcJBoJX3B4wcwc1NSWeV5T50K5rMdv5iV705j0BP_5JWmoz_5ODvRfvmOwBYdgsCMRdiYq4hFVyEXGdX1r0Hyv0n_DwAA__-U_mVl
[38] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsy01uwyAQQOHTwA6Lf4YFi0iVrxENMI5R7DgFp7l-larb7-nVpKFY6TklFWw00Rtj-ZrQOMjeRkQNuUBGG1wGJE1OgsuVt-TBOsxuidVEeVU1KC9BhRClU4pZOVqle_sWO7aN-hAecokOoEax9s0t0yfwLa3n-RzMXJiemZ7f7_e0YKF8HPepHDvT89frie1BZ6XRj0FDxeiYnvlOtaHotBEOEq2mP7j-AzMXJZVVnvfUqWI52_FgVj47jUE3fJWVpqPf-Dg70f75HUVbdQgCC1ZhoSwCql6EzBKUtNboKPlP0r8BAAD__7KkXuI
[39] https://us.cisionone.cision.com/c/eJxEzEmO3SAUheHVwOw-0TcDBqVE3kaJB5cyiW1swFl_5ChSTb-j_-QgXFLMUAzcKi-9kVLRNThWrMjaoWBRJusLaqu5QamSYooLWoNxSse3Lj5Lzz55ttwwx631THNOFBs14-96wR7rhn2Ace_ktXPZw9o3XV7PQLewznkOIj-IWIhYSrleV3qlSMRytj5L22qDOnEfRCx77Gltx4Cz3R3yDWesB-CEjAN6GzgAj9Q6PnZu94DrRvgV91ifnMjvzx9xDiJ_CkN3zDVCxw3jQKg5_IPP_0DkB2dccUN76JhjmrUdRLGz4xj4Fe-04qv1LzpmR9yfXqNXWVgLMcUMyqUCLosC7M0cZ0pJ4Rn9E8TfAAAA__9We3fx
[40] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsjc1uwyAQhJ8GbkTLn4EDh0iVb30Ga82uYxQnccFpX79y1eN8M6OPsonFwSA56-CSTYO1Tq45BotAc5x1MgXnBAb94kuKbINnp2XNQ3QeZ78ksgkmTUEPEHUICbzWwkGvxPf6pR5YN25dDXEuycdISa1t88vlLOSW1-PYu7BXYUZhxqVdfuq97kwVL692E2Y8szDjJ7ay8vTxnnasz4mPibhP7dW5y8c5V403xs6qUv4D0z8Q9qpBOz3IlhsTlqO-nsLB3rh3vuG7rHy6ZD8a8-P8e06OTAgKC5JysSwqklkUzBA1OGdNAvmdzW8AAAD__yyWY4Q
[41] https://us.cisionone.cision.com/c/eJx8zruOHCEQheGnoTNGQBUUFXSw0qhfY8Sl2Eaem6Fnn98a28kmG_86Ol9dXSxowiKrJWTgAIDLvrZCQAQozUu2jYkrmpiJiTI2l5a-hog-Zd-4ApuLrWSDiZaIjbdWoZm9yq_-W99Sv8qYOsRc2MdYWe_j6tvpHZbruh_Hcyr4UG5TbkvPfip99sf99LiLctuXVW67Se3pMuQqacpUbnvd5yvPMnoWBd_zpVcFZ2ss2qBckPeNgvOQmsrRH3eF5jlkTvlMr7LL6TE-lQt7mruCM4JkIUQSSrUFR4BkGFkgM-QapJRcGhmPIXgOyDFjE59iDi1415a_FP2fontdv9kUfPyDLWP9CbTMY4jc3nsvjNUR6VRS1RhL07G6pk020RpEcGyWr9X9CQAA__8dZ40c

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D’Haïfa à Tel-Aviv, reportage auprès de ces Israéliens qui veulent l’arrêt de la guerre à Gaza

Ces dernières semaines, les Israéliens ont défilé par milliers dans les rues du pays. Pas un jour ne passe sans manifestations contre la politique de Netanyahou, pour demander (…)

Ces dernières semaines, les Israéliens ont défilé par milliers dans les rues du pays. Pas un jour ne passe sans manifestations contre la politique de Netanyahou, pour demander le retour des otages, pour un arrêt de la guerre à Gaza et plus récemment pour s'indigner de la souffrance des Gazaouis.

Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/monde/guerre-israel-hamas/dhaifa-a-tel-aviv-reportage-aupres-de-ces-israeliens-qui-veulent-larret-de-la-guerre-a-gaza
Léonor Varda

On les a d'abord aperçus à l'université d'Haïfa, devant l'école des beaux-arts Bezalel de Jérusalem ou encore sur le campus Ben Gourion de Beer-Sheva, au sud d'Israël. Puis ces drapeaux noirs ont pris place, épars, parmi les symboles brandis par les manifestants, aux côtés du ruban jaune de la campagne pour les otages encore détenus à Gaza, intitulée « Ramenez-les à la maison », et de banderoles anti-Netanyahou.

Le mouvement du black flag (« drapeau noir » en anglais) est né il y a tout juste deux semaines àl'initiative de groupes d'universitaires de Tel-Avivdésireux de délivrer un message : la guerre à Gaza doit prendre fin, et avec elle la dévastation qui frappe les civils gazaouis et leurs enfants – dont 1 309 ont été tués par Israëlaprès sa rupture unilatérale du cessez-le-feu le 18 mars, selon l'Unicef.

« Nous pensons qu'un drapeau noir flotte aujourd'hui sur la conduite du gouvernement et que les soldats et les pilotes qui bombardent Gaza sont complices d'actes criminels », assène Dana Olmert, chercheuse en littérature à l'université de Tel-Aviv et membre du conseil d'administration de l'ONG israélienne anti-occupation Breaking the silence. L'enseignante, par ailleurs fille de l'ancien premier ministre Ehud Olmert issu de la droite et proche d'Ariel Sharon, est l'une des figures actuelles d'un monde universitaire de gauche refusant de rester muet plus longtemps face aux décisions de son gouvernement.

« L'Israélien moyen ne connaît pas les images de Gaza »

« Il existe en Israël une gauche radicale, petite mais engagée, qui résiste à l'occupation depuis des décennies, expose Dana Olmert. Ces derniers mois, de plus en plus de voix se sont jointes à cet appel, exigeant la fin de la guerre et des dommages causés aux civils innocents à Gaza. » L'apparition dans les cortèges de portraits de civils tués dans l'enclave palestinienne est cependant bien récente en Israël. Elle existe aujourd'hui grâce à une prise de conscience tardive par la société israélienne des crimes perpétrés par son armée à Gaza, estime Liran Razinsky, un autre professeur issu de l'université de Bar-Ilan, à Ramat-Gan, dans la banlieue est de Tel-Aviv.

Les médias israéliens sont majoritairement responsables, selon lui, de ce retard : « L'Israélien moyen ne connaît pas les images de Gaza, car les médias locaux, surtout la télévision, ne les ont pas diffusées. Je pense que beaucoup de citoyens ont eu très mal moralement en les découvrant, juge-t-il. Les politiciens savent, les internationaux savent, mais ici tout le monde ne lit pas Haaretz. » Il serait pourtant hypocrite de résumer le problème à un manque d'information, ces universitaires en conviennent.

Comme nombre de citoyens, Liran Razinsky a vu lasociété se fracturer sur la question israélo-palestinienne. Parfois jusqu'à la rupture. « Au lendemain du 7 octobre 2023, un ami que je fréquentais depuis plus de trente ans m'a dit : « Il faut faire une deuxième Nakba » (exode des Palestiniens avant et pendant la guerre israélo-arabe et la proclamation de l'État d'Israël en 1948 – NDLR) », se souvient-il. « J'ai répondu qu'il s'agissait d'un crime contre l'humanité, et il m'a accusé d'être du côté de Staline, de Pol Pot, parce que je ne condamnais pas assez le Hamas. Puis il a refusé tout contact avec moi. »

Le bloc uni des colons

Cette polarisation de la société israélienne s'exprime dans la rue, foulée ces dernières semaines par des manifestants aux aspirations adverses. Les altercations entre ces groupes ne sont pas rares, alors que l'extrême droite au pouvoir répète sur les plateaux télévisés et lors de marches nationalistes qu'« il n'y a pas de civils innocents à Gaza ».

Le 7 octobre aura eu pour conséquence l'élargissement du fossé entre deux blocs distincts, selon Dana Olmert : « D'un côté, une partie croissante de l'opinion publique recherche une solution politique globale avec les Palestiniens, soutient un cessez-le-feu immédiat, la fin de la famine à Gaza et le renversement du gouvernement actuel. Pour ce groupe, ramener les otages chez eux le plus rapidement possible est la priorité absolue. De l'autre côté, on trouve un public de plus en plus influencé par des idéologies racistes et juives suprémacistes, qui appelle à la vengeance et à l'expansion des colonies dans les territoires occupés. » Les figures de proue de ce combat messianique et anti-Arabes ne sont autres que les influents ministres d'extrême droite Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances), alliés de Benyamin Netanyahou depuis 2022 au sein de la coalition gouvernementale.

Ceux-là contribuent au défoulement d'un discours sioniste extrémiste : Bezalel Smotrich annonçait encore ce jeudi 29 mai la création de 22 nouvelles implantations juives enCisjordanie occupée, au mépris du droit international. De son côté, Itamar Ben Gvir s'affichait lundi dernier à Jérusalem aux côtés des colons les plus nationalistes et racistes du pays lors de la Marche des drapeaux, qui célèbre chaque année l'occupation et l'annexion par Israël de la partie orientale de la ville. Une preuve supplémentaire de la prise en otage du pouvoir par une frange nationaliste radicale, qui a poussé des dizaines de milliers d'Israéliens à manifester contre une dérive autocratique et pour le maintien d'un contre-pouvoir institutionnel en avril et mars.

Contestation bâillonnée

« Ce n'est pas que les gens n'ont pas envie de manifester, mais vous allez voir comment la police encadre les manifestations ces temps-ci… Des policiers par centaines, chaque mouvement est scruté et ils peuvent être agressifs. » Ce dimanche 1er juin, Nisreen Mourkus est stressée. Du coffre de sa voiture, elle sort pêle-mêle des affiches en hébreu et en arabe, des portraits d'enfants tués à Gaza et des autocollants et flyers portant le logo du Mouvement démocratique des femmes en Israël, un groupe de femmes juives et arabes créé en 1949 afin de militer pour la solution à deux États.

« D'habitude, je vais faire imprimer tout ça à Acre. Mais mon imprimeur refuse depuis quelque temps, il a peur que la police ne ferme son commerce… Donc j'ai dû en trouver un autre à Nazareth. Lui a accepté ! » raconte-t-elle, en route vers la manifestation prévue ce jour-là sur les hauteurs d'Haïfa, au nord d'Israël, pour l'arrêt des violences à Gaza. Cette Arabe d'Israël, Palestinienne dont la famille est restée sur place lors de la création d'Israël en 1948, ne touche pas terre ces derniers jours.

Elle se trouve prise entre l'organisation de marches contestataires dans le nord du pays, la rédaction de lettres à l'adresse de diplomates internationaux pour les inciterà faire pression sur Israël, et plusieurs visites dans les camps de réfugiés palestiniens de Cisjordanie, où l'armée entreprend des destructions massives depuis le mois de février. « Je milite avec plusieurs collectifs pour les droits humains, les droits des femmes et des enfants, les droits sociaux… Tout est connecté, en particulier en ces temps de guerre », souligne cette militante communiste, avant d'ajouter : « J'espère qu'un jour, les Israéliens comprendront qu'il n'est pas tenable de vivre ici en se préparant constamment à la prochaine guerre contre un de ses voisins. »

Ce jour-là, la manifestation est déplacée sur le mont Carmel. En contrebas, on aperçoit le port d'Haïfa. « Nous sommes bien moins visibles des habitants du centre-ville que lors des défilés précédents », souffle Nisreen Mourkus, ployant sous le poids de ses pancartes. Habituellement, les manifestants empruntent Allenby Street, l'artère fréquentée du centre. Sans cette concession sur le parcours, la manifestation aurait été interdite par le ministère de la Sécurité d'Itamar Ben Gvir, disent ses organisateurs.

C'est donc encadré par un imposant dispositif policier que le cortège s'élance à 17 heures. Des pancartes sur lesquelles on peut lire « Arrêtez la guerre », des slogans écrits en hébreu, en arabe et en anglais, sont brandies. Autour de la bannière de l'Action antifasciste flottent plusieurs drapeaux noirs.

Pour une information libre sur la Palestine

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Pitié pour le peuple de Gaza ! Une discussion de la stratégie du Hamas et des options auxquelles il est confronté

Ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours dans les négociations entre le Hamas et l'État sioniste sous patronage américain et arabe, à la suite du rejet par le mouvement (…)

Ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours dans les négociations entre le Hamas et l'État sioniste sous patronage américain et arabe, à la suite du rejet par le mouvement islamique de la trêve de soixante-dix jours, accompagnée de libérations mutuelles de prisonniers et de l'entrée de l'aide humanitaire, proposée par l'envoyé américain Steve Witkoff et acceptée par Benyamin Netanyahou, est en fait une répétition de ce à quoi nous assistons depuis le début de l'année dernière.

4 juin 2025

Gilbert Achcar
Professeur émérite, SOAS, Université de Londres
Tiré de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/gilbert-achcar/blog/040625/pitie-pour-le-peuple-de-gaza
Ce blog est personnel, la rédaction n'est pas à l'origine de ses contenus.

Photo Serge d'Ignazio

Après la propagation de la nouvelle d'un accord imminent, le Hamas a annoncé son rejet du plan parce qu'il ne stipule pas le retrait de l'armée israélienne de la bande de Gaza et la cessation permanente de la guerre. Ce sont les mêmes conditions que le Hamas a annoncé avoir obtenues au printemps de l'année dernière. Les habitants de Gaza avaient alors célébré la bonne nouvelle jusqu'à ce qu'il devienne clair qu'il s'agissait d'un fruit de l'imagination. J'ai commenté ce que le mouvement avait annoncé à l'époque, il y a plus d'un an, sous le titre « Poker menteur entre le Hamas et Netanyahou ».

Je dois m'excuser auprès des lecteurs et lectrices pour la longueur des deux extraits qui suivent, mais le but en est assez clair. Ils illustrent le fait que la situation est restée la même depuis le début de l'année dernière, avec cependant une différence importante : le nombre de victimes de l'assaut génocidaire contre le peuple de Gaza continue d'augmenter inexorablement, et la destruction sioniste de la bande de Gaza et son dépeuplement (« nettoyage ethnique ») se poursuivent à un rythme extrêmement dangereux, et ce dans le but de créer une situation irréversible. Le long extrait suivant de l'article mentionné ci-dessus se lit aujourd'hui comme s'il s'agissait d'un commentaire sur la situation actuelle, en remplaçant Joe Biden par Donald Trump et Anthony Blinken par Steve Witkoff :

« La déclaration de Khalil al-Hayya, le chef adjoint du Hamas à Gaza, expliquant ce que le mouvement avait accepté, n'a laissé aucune place à l'espoir qu'un accord serait trouvé, sauf en prenant ses désirs pour la réalité. Si l'État sioniste avait accepté l'interprétation officielle du mouvement, cela aurait simplement été un aveu de défaite écrasante. La proposition acceptée par le Hamas prévoyait trois étapes, qui, selon al-Hayya, comprenaient non seulement un cessez-le-feu temporaire et un échange de prisonniers entre les deux parties, mais aussi une cessation permanente des hostilités, un retrait complet de l'armée israélienne de la bande de Gaza, et même la fin du blocus imposé à l'enclave [...] Il est évident que l'État sioniste ne pourrait jamais accepter de telles conditions, et le Hamas n'est certainement pas naïf ou enclin à la pensée magique au point de croire que sa position déclarée conduirait à une trêve.

Cela suggère que l'annonce avait en fait deux objectifs : un objectif secondaire, qui était de soustraire le Hamas au reproche des habitants de Gaza, qui ont désespérément besoin d'une trêve accompagnée d'une accélération de l'entrée de l'aide afin qu'ils puissent reprendre leur souffle, se réunir, enterrer leurs morts et guérir leurs blessures. Ainsi, après une longue attente, le mouvement leur dit qu'il a accepté la trêve, mais que c'est Israël qui la rejette. L'autre objectif, principal, de l'annonce concerne le jeu de poker menteur en cours entre le Hamas et Benyamin Netanyahou.

On sait que ce dernier est pris entre deux feux dans la politique intérieure israélienne : ceux qui appellent à donner la priorité à la libération des Israéliens détenus à Gaza, les familles des détenus naturellement en premier lieu, et ceux qui rejettent toute trêve et insistent pour continuer la guerre sans interruption, menés par les ministres les plus extrémistes de l'extrême droite sioniste. Cependant, la plus grande pression sur Netanyahou vient de Washington, qui s'aligne sur les souhaits des familles des détenus israéliens dans sa poursuite d'une trêve “humanitaire” de quelques semaines, permettant à l'administration Biden de se dire avide de paix et préoccupée par le sort des civils, après avoir été et tout en restant un partenaire pleinement responsable de la guerre génocidaire d'Israël, une guerre qu'Israël n'aurait pas été en mesure de mener sans le soutien militaire des États-Unis.

Netanyahou a décidé d'échapper à l'embarras en acceptant tactiquement un cessez-le-feu de quelques semaines et les conditions d'un échange de prisonniers que Washington, selon les mots de son secrétaire d'État, a jugé “extrêmement généreuses”. C'était il y a quelques jours, et Antony Blinken a ajouté que la balle était maintenant dans le camp du Hamas et que celui-ci porterait seul la responsabilité de la poursuite de la guerre s'il rejetait la proposition. C'était embarrassant pour le mouvement islamique, à la fois aux yeux de la population de Gaza et aux yeux de l'opinion publique internationale, car il sait pertinemment que le gouvernement sioniste est déterminé à achever son occupation militaire de la bande de Gaza.

Ainsi, le Hamas a répondu à Netanyahou par une contre-manœuvre, annonçant en grande pompe médiatique son acceptation d'un cessez-le-feu basé sur une proposition très différente de celle que Netanyahou avait acceptée, renvoyant ainsi la balle dans son camp, sachant qu'il rejetterait sa proposition. Cependant, ce jeu est dangereux, car il n'a pas vraiment embarrassé Netanyahou, du fait que toutes les fractions de l'élite du pouvoir sioniste partagent son rejet d'une telle proposition. Au contraire, cela a renforcé le consensus sioniste pour achever l'occupation de Gaza... (Fin de la citation tirée de « Poker menteur entre le Hamas et Netanyahou », Al-Quds al-Arabi, 7 mai 2024 – en arabe.)

Mais la similitude entre la situation d'il y a un an et la situation actuelle ne cache pas le fait que les choses se sont sérieusement détériorées, ce que j'ai souligné il y a deux mois comme suit :

« La victoire de Donald Trump pour un second mandat présidentiel a permis à Netanyahou d'obtenir ce qu'il espérait, mais qu'il n'aurait pas pu faire sans le feu vert des États-Unis […] Avec le soutien de Trump, Netanyahou a maintenant changé la direction de la pression : au lieu que le Hamas utilise ses otages comme levier pour obtenir des concessions d'Israël en échange de leur libération graduelle, Netanyahou a réoccupé la bande de Gaza, prenant tous ses habitants en otages. Il menace maintenant le Hamas de continuer à tuer des milliers de Gazaouis et à déplacer la plupart d'entre eux si le mouvement ne se rend pas, ne libère pas tous ses captifs et ne quitte pas la bande de Gaza, de surcroît.

Le peuple de Gaza est maintenant confronté à deux possibilités, sans qu'une troisième ne se profile à l'horizon : soit le régime sioniste poursuit son projet d'achever la Nakba de 1948 en perpétrant un nouveau “nettoyage ethnique” accompagné de l'annexion de la bande de Gaza, comme le préconisent les alliés de Netanyahou à l'extrême droite sioniste ; ou l'accord négocié par les États arabes est conclu, qui stipule le départ des dirigeants et des combattants du Hamas et de leurs alliés de Gaza, à l'instar du départ des dirigeants et des combattants de l'OLP de Beyrouth en 1982, pour être remplacés par l'Autorité palestinienne de Ramallah, soutenue par des forces arabes. Le Hamas n'a pas son mot à dire dans le premier scénario, celui du nettoyage ethnique, bien entendu, mais il peut négocier le second et fixer ses propres conditions.

Au-delà de cela, quelle autre option le Hamas a-t-il à offrir ? La seule stratégie alternative que nous ayons entendue de la part du mouvement est celle articulée par l'un de ses porte-parole, Sami Abu Zouhri […] Il a appelé à faire face au projet de déplacement de la population de la manière suivante : “Face à ce plan diabolique qui combine massacres et famine, tous ceux qui peuvent porter des armes n'importe où dans le monde doivent agir. Faites usage de tout engin explosif, balle, couteau ou pierre. Que tout le monde brise son silence. Nous sommes tous des pécheurs si les intérêts de l'Amérique et de l'occupation sioniste restent en sécurité alors que Gaza est massacrée et affamée.” Cette vision de la bataille est une réitération de l'appel lancé par Mohammed Deif le matin de l'opération Déluge d'Al-Aqsa : “Aujourd'hui, aujourd'hui, tous ceux qui ont un fusil doivent le sortir, car c'est son heure. Et celui qui n'a pas de fusil doit sortir avec sa machette, sa hache ou son cocktail Molotov, avec son camion, son bulldozer ou sa voiture […] Voici venu le jour de la grande révolte qui mettra fin à la dernière occupation et au dernier système d'apartheid dans le monde.”

Il est rapidement devenu évident que parier sur un tel appel était un pur fantasme, car rien de notable ne s'est produit, même en Cisjordanie occupée, sans parler des territoires de 1948 et du monde arabe. Alors, quelles sont les chances de succès du même appel aujourd'hui, après tout le génocide et la dévastation que le peuple de Gaza a endurés ? Quant à ceux qui soutiennent cet appel depuis l'extérieur de la bande de Gaza et ne le mettent pas en œuvre avec tout « engin explosif, balle, couteau ou pierre » sur lesquels ils peuvent mettre la main, selon la recommandation d'Abou Zouhri, ils ne sont que des hypocrites qui incitent verbalement de loin à se battre jusqu'au dernier Gazaoui. La vérité est que le Hamas est aujourd'hui confronté à un choix entre renoncer à son contrôle de Gaza – dont il peut négocier les termes pour assurer la sécurité et la survie du peuple de la bande de Gaza – et poursuivre la stratégie de libération par les armes et les illusions. De ces dernières, c'est-à-dire des illusions, le mouvement islamique a certainement beaucoup plus que des premières. Il semble toutefois qu'un débat soit en cours parmi les dirigeants du mouvement quant à l'approche à suivre face au dilemme décrit ici. (Fin de la citation tirée de « Gaza et la sagesse de Salomon », Al-Quds al-Arabi, 1er avril 2025 – en arabe.)

Traduit de ma chronique hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 3 juin. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

PS1 : Abou Zouhri (basé au Qatar) s'est plus récemment illustré en suscitant une vaste réprobation – à Gaza en premier lieu – pour avoir déclaré lors d'un entretien télévisé à la mi-mai : « Aujourd'hui, nous sommes plus certains de la justesse de la bataille après que nous et notre peuple ayons réussi à tenir pendant quinze mois », en expliquant que « les maisons qui ont été détruites seront reconstruites et les ventres de nos femmes donneront naissance à beaucoup plus d'enfants que ceux qui sont morts en martyrs ».

PS2 : Pour une discussion approfondie du génocide en cours et de la stratégie du Hamas, voir mon tout dernier ouvrage : Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l'histoire mondiale.

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Lancement - discussion : Extrême-droitisation du monde des médias et de l’édition

10 juin, par Editions de la rue Dorion, Les Éditions Écosociété, M Éditeur — , ,
Joignez-vous à nous mercredi prochain pour le lancement de l'ouvrage Déborder Bolloré, une collaboration exceptionnelle entre trois éditeurs québécois et 125 éditeurs français (…)

Joignez-vous à nous mercredi prochain pour le lancement de l'ouvrage Déborder Bolloré, une collaboration exceptionnelle entre trois éditeurs québécois et 125 éditeurs français pour contrer les empires médiatiques et les idées d'extrême-droite qu'ils propagent.

La discussion portera sur la concentration et l'extrême-droitisation des médias et du monde de l'édition. Elle réunira l'essayiste Philippe de Grosbois, la rédactrice en chef (Pivot) Claire Ross, la journaliste Gabrielle Brassard-Lecours, ainsi que l'éditeur Claude Rioux.

À propos

L'empire du milliardaire Vincent Bolloré est devenu en quelques années un levier majeur de la conquête du pouvoir par l'extrême-droite en France. Au-delà du déluge xénophobe, la « bollosphère » fait chaque jour la promotion de discours sexistes et homophobes légitimant les violences contre les femmes et les personnes LGBTQIA2S+, en plus de promouvoir l'avènement d'une société inégalitaire.

Au Québec, l'empire de Pierre-Karl Péladeau peut faire penser à celui de Bolloré. Entretenant une panoplie de chroniqueurs aussi xénophobes que transphobes – dont un faisant la navette entre ses plateformes et celles de Bolloré (CNews) –, PKP possède les chaînes LCN et TVA et, via Québecor, des journaux, magazines et hebdomadaires parmi les plus lus de la province, en plus du « premier groupe d'édition, de diffusion et de distribution de langue française au Québec et au Canada », le Groupe Livres Québecor Média inc.

Ce recueil, édité collectivement par des éditeurices indépendant·es, alimente la réflexion générale sur la nécessité de s'opposer à l'empire Bolloré et par extension aux empires médiatiques. Chercheureuses, imprimeureuses, éditeurices et libraires y analysent ainsi les dynamiques de concentration et d'extrême-droitisation du marché. Chacun·e tente de formuler, depuis sa position respective, des réponses à cette question urgente : comment faire face au libéralisme autoritaire dans le monde du livre ?

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Gaza. Influenceurs par temps de génocide

La guerre contre Gaza est le premier génocide retransmis en direct sur les petits écrans de nos téléphones. Malgré l'absence d'électricité, l'accès difficile à Internet et la (…)

La guerre contre Gaza est le premier génocide retransmis en direct sur les petits écrans de nos téléphones. Malgré l'absence d'électricité, l'accès difficile à Internet et la famine, les Palestiniens de Gaza continuent à documenter sans relâche leur calvaire. Certains sont devenus des icônes suivies en ligne par des millions de personnes. Une présence en ligne, notamment en anglais, qui s'est construite depuis les mobilisations sur tout le territoire de la Palestine historique en 2021.

Tiré d'Orient XXI.

Il faut commencer par dire que la présence en ligne palestinienne s'était déjà construite bien avant 2023. Depuis quelques années déjà, on a pu remarquer une évolution notable du paysage des réseaux sociaux palestiniens. Ces derniers ont commencé à acquérir une plus grande visibilité au niveau mondial et une force de frappe digitale, avec les comptes de jeunes Palestiniens à l'anglais parfait et qui sont capables de mener des campagnes aux hashtags viraux.

C'est le cas de #SaveSheikhJarrah en 2021 sous l'impulsion notamment des jumeaux El Kurd (Muna @muna.elkurd15 et Mohammed @mohammedelkurd, respectivement 1,5 million et un million d'abonnés). Ce hashtag a été créé en référence au quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupé sous la menace d'expulsions massives d'habitants au profit de colons juifs. À ce jour, ce hashtag a été utilisé plus d'un million de fois en anglais sur Instagram sous ses différentes formes et plus de 970 000 fois en arabe.

De la même façon, le soulèvement palestinien de grande ampleur qui a éclaté en mai 2021 a été largement relayé sur les réseaux sociaux et sur les groupes WhatsApp et Telegram, par exemple lors de l'appel à la grève générale du 18 mai pendant les bombardements israéliens sur Gaza, sous des hashtags comme #GazaUnderAttack (#GazaSousAttaque) ou #the_strike_of_dignity (la_grève_de_la_dignité). Cela a contribué à connecter les Palestiniens entre eux (éclatés dans différents espaces géographiques, coupés par des checkpoints, le mur de séparation et le blocus de Gaza), et de rallier les Palestiniens d'Israël (qui se sont joints à un soulèvement de ce type pour la première fois depuis 1948) et, au-delà, de toucher une audience étrangère qui s'est sensibilisée à la cause palestinienne.

Une maîtrise des codes et de l'anglais

Cette visibilité en ligne a sans aucun doute aidé à amorcer un changement de perception de la part de l'opinion mondiale vis-à-vis des Palestiniens. Ceux-ci ne sont en effet plus seulement perçus à travers les images lointaines des médias traditionnels. Ils peuvent à présent être vus comme de jeunes influenceurs capables de prendre la parole, de s'adresser à un public international, de construire une audience, de peser dans le « game » des réseaux sociaux et d'en jouer le jeu, et à qui surtout on peut s'identifier. Cela a pu jouer un rôle dans l'infléchissement de l'opinion internationale en faveur de la cause palestinienne, en particulier auprès d'une jeunesse dite woke aux États-Unis et ailleurs, et en général sur les campus occidentaux.

Les influenceurs de Gaza sont encore plus impressionnants dans leur maîtrise des codes et de la langue dominante des réseaux sociaux. Pour la plupart ils n'ont jamais voyagé ni étudié à l'étranger en raison du blocus imposé sur l'enclave depuis 2007 (contrairement à un influenceur de Jérusalem comme Mohammed El Kurd qui a étudié aux États-Unis). De très jeunes journalistes se sont fait remarquer et sont devenus des figures publiques et populaires grâce à leurs comptes sur les réseaux sociaux, comme Motaz Azaïza (@motaz_azaiza, 16,9 millions d'abonnés), Bisan Owda (@wizard_bisan1, 4,8 millions d'abonnés), Plestia AlAqad (@plestia.alaqad, 4,2 millions d'abonnés), et bien d'autres.

Motaz Azaïza n'a que 26 ans, mais déjà quelques cheveux blancs et la maturité d'un trentenaire. Passionné de photographie, il avait acquis une petite popularité sur Instagram avant la guerre en cours en postant des portraits, des couchers de soleil et des scènes de plage à Gaza. Il rêvait de voyager et surtout de visiter le reste de la Palestine, mais, comme il le dit, ses photos voyageaient plus que lui. Il est devenu photojournaliste dès mai 2021 quand Israël a bombardé Gaza pendant 11 jours. Mais c'est après le 7 octobre 2023 que son compte a bondi de 25 000 abonnés à un million en, seulement, une dizaine de jours, et à 9 millions dès la fin du mois d'octobre 2023. Il a atteint ensuite un pic à 17,4 millions (avant de retomber à 16,9), ce qui fait de lui l'un des journalistes les plus suivis sur les réseaux sociaux au niveau mondial.

Il a su créer un lien direct et personnel avec le public via son compte Instagram en leur parlant directement en anglais et en arabe. Il a exposé non seulement son travail de journaliste, mais aussi l'humain derrière la caméra qui est pris dans la fureur des bombardements, ses états d'âme sans filtre, les amis qu'il a perdus, quelques rares moments de joie aussi, jusqu'à son départ de Gaza début 2024. Son compte a couvert la guerre de façon incarnée et c'est cela qui fonctionne sur les réseaux sociaux, même si son physique de gendre idéal a aussi possiblement joué un rôle. L'une de ses photos a été classée par Time Magazine dans le Top 10 des photos de l'année 2023 et vu sa notoriété en ligne, ce même magazine l'a sélectionné en 2024 parmi les 100 personnalités les plus influentes dans le monde.

  1. « Hi everyone, it's Bisan from Gaza and I'm still alive »

Sa consœur Bisan Owda, 27 ans, a, elle, été classée parmi les 25 femmes les plus influentes de 2024 par le Financial Times (aux côtés de Taylor Swift ou de Kamala Harris). Elle a reçu un certain nombre de prix de journalisme et de droits humains, dont un Emmy Award pour sa série documentaire AJ+ « It's Bisan from Gaza and I'm Still Alive » diffusée par la chaîne Al Jazeera, malgré des campagnes de lobbying pour contester sa nomination. Ses 4,8 millions d'abonnés sur Instagram connaissent bien son gimmick de début de vidéos « Hi everyone, it's Bisan from Gaza and I'm still alive » (« Bonjour tout le monde, c'est Bisan de Gaza et je suis toujours en vie. »). Une façon de souligner que non, ce n'est pas une évidence d'être toujours en vie quand on est dans la bande de Gaza sous les bombes et encore moins quand on est journaliste. Et en effet, on attend ses vidéos pour s'assurer qu'elle vit toujours, ce qui n'est plus le cas de tous les Instagrammeurs cités ici.

Bisan garde une approche journalistique, relayant les informations qu'elle peut collecter sur la situation en différents endroits de l'enclave et en documentant ce qui se passe dans les lieux de refuge où elle a pu se trouver, comme à l'hôpital Al-Shifa au début de la guerre, à Rafah, ou dans la zone d'Al-Mawasi. Mais elle n'hésite pas à partager aussi ses moments de désespoir, ses déplacements d'un refuge à l'autre, ses maladies de peau liées au manque d'hygiène, ses rencontres avec des enfants, sa joie de pouvoir croquer dans une carotte après en avoir été privé pendant des mois à Gaza…

C'est qu'elle reste une « conteuse », du nom du programme de vidéos Hakawatiya (Raconteur d'histoires) qu'elle produisait avant la guerre avec la chaîne de télévision Roya Palestine. Et de fait, à chaque publication, on écoute ce que Bisan a à nous dire. La plupart de ses posts sont des vidéos brutes face caméra, mais adressées directement au monde extérieur. Son visage, ses traits plus ou moins tirés et les mots qu'elle ne mâche pas, sont une source d'informations précieuse pour qui veut suivre ce que subissent les Gazaouis, et témoigner de leurs conditions de vie, leur santé mentale, leur survie.

Ce que l'on n'a pas pu montrer ni à Grozny ni dans le ghetto de Varsovie

Outre les journalistes, il y a toute une gamme de créateurs de contenus qui n'appartiennent pas à l'univers des médias, mais qui ont repris les codes des influenceurs du monde entier. À la différence que, dans leurs cas, le contexte est celui d'une guerre. Ils montrent la vie dans Gaza entièrement dévastée et la réalité de la guerre d'une façon jamais vue auparavant. C'est comme s'il y avait eu des Instagrammeurs dans le ghetto de Varsovie ou dans Grozny en train d'être rasée, montrant en direct tous les aspects de la survie.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a actuellement à Gaza des « influenceurs » cuisine, fitness, jardinage, lifestyle, etc. Bien sûr, ils ne peuvent pas bloguer comme partout ailleurs dans le monde, mais chacun apporte un angle de vue direct et précieux sur ce qui se passe à Gaza, avec toutes les difficultés quotidiennes, la dévastation, les aspects insoutenables, mais aussi des petits moments de bonheur et des touches d'humour. Bien souvent, le bourdonnement incessant des drones de surveillance israéliens accompagne leurs courtes vidéos. Une réalité inévitable de la bande de Gaza, avant même le 7 octobre 2023. Ils utilisent aussi toutes les astuces des réseaux, notamment les multi-publications d'un même contenu sur plusieurs comptes afin d'accroître leur portée et leur visibilité.

Ainsi Hamada Shaqoura (@hamadashoo, 582k abonnés), blogueur culinaire avant la guerre et qui est maintenant derrière les fourneaux d'une sorte de soupe populaire appelée Watermelon Relief (Secours Pastèque (1)), qui distribue de la nourriture aux enfants. Il nous montre en détail comment, sous un hangar en tôles et dans d'énormes marmites, il prépare de grandes quantités de riz au lait, de hamburgers ou d'autres délices prisés par les enfants.

Et pendant toute la durée de sa recette, au lieu de regarder ce qu'il fait quand il verse un ingrédient ou remue sa mixture, il fixe l'objectif avec un regard perçant. Il nous scrute, nous les spectateurs, au fond des yeux. C'est un style chez certains créateurs de contenus qui cultivent un degré de provocation et de détachement. Mais dans son cas, il semble plutôt nous mettre devant nos responsabilités chaque seconde de sa vidéo : « Voilà ce que je suis obligé de faire et dans quelles conditions ».

Et dans les faits, on ne peut pas détourner les yeux, car il est fascinant de voir comment il réalise des petits miracles, des plats et des friandises que les enfants adorent et qui ont l'air réellement appétissants. Et tout cela non pas avec des ingrédients raffinés, mais avec des produits de qualité aléatoire comme d'énormes boîtes de conserve bon marché issus de l'aide alimentaire. Le meilleur moment : la distribution à la fin aux enfants qui se bousculent, se délectent avec gourmandise et ne se font pas prier pour dire que c'est délicieux devant la caméra. On est là pour ces quelques sourires au milieu du désastre.

Des recettes pour se régaler, pour survivre

L'adorable petite Renad (@renadfromgaza), elle, cuisine devant un petit réchaud derrière la tente familiale. C'est son jeu préféré, une dînette « pour de vrai » et son moyen d'évasion d'un quotidien bouleversé. Elle a 11 ans et 1,2 million d'abonnés, et a posté depuis un an une soixantaine de recettes variées, toujours « à la façon gazaouie ». Les vidéos sont filmées et sous-titrées en anglais avec l'aide de sa grande sœur (@dr.nourhanattallah) qui est consciente de préserver ainsi la santé mentale de sa cadette.

  1. Renad, comme les pros des réseaux, ponctue toutes ses vidéos avec certains gimmicks qui sont devenus sa patte : « Yallah nbalesh » (« allez on commence ») et à la fin « wallah tejaaaanen » (« je vous jure ça déchiiire »).

Le plus réussi, c'est qu'elle arrive vraiment à nous intéresser à des recettes typiques de Gaza (avec l'indispensable piment qui les accompagne) qu'on peut reproduire chez soi. Mais l'on est surtout fasciné par la façon avec laquelle les Gazaouis parviennent à les préparer et à entretenir et sauvegarder leur patrimoine culinaire en utilisant des produits très limités en raison de l'entrée restreinte des denrées alimentaires et de la pénurie de produits frais, et tout cela cuisiné de façon rudimentaire derrière une tente…

Renad, comme les pros des réseaux, ponctue toutes ses vidéos avec certains gimmicks qui sont devenus sa patte : « Yallah nbalesh » (« allez on commence ») et à la fin « wallah tejaaaanen » (« je vous jure ça déchiiire »). Et l'on s'en régale à l'avance parce que finalement, au-delà de la recette, nous partageons l'enthousiasme brut et joyeux d'une enfant qui joue à l'influenceuse « cuisine » et a réussi à se créer sa propre échappatoire.

Dans un autre style, Basma Abu Shahla (@basma_shahla, 635k abonnés), créatrice d'une marque de vêtements à Gaza avant la guerre, est retournée vivre dans son logement partiellement détruit en avril 2024. Elle a alors commencé à poster des vidéos très lifestyle et cocooning (2), dans l'esprit d'une tendance actuelle des réseaux présentant de belles images de pâtisseries faites maison et de goûters réconfortants. Mais dans son cas, ce n'est pas un jardin riant ni une décoration cosy dans l'air du temps en arrière-plan, mais un champ de ruines.

Le côté soigné, doux et esthétisant de ses petites mises en scène tranche avec le décor alentour, créant alors une esthétique à part entière, incongrue, mais extrêmement puissante. Le 17 octobre 2024, elle a posté une vidéo déchirante, dans son style habituel de préparation, mais dans lequel toutes les casseroles étaient vides puisque l'aide humanitaire n'était pas rentrée depuis plusieurs semaines et que le nord de Gaza était soumis à une famine aiguë. Comme ces dernières semaines.

Bricolage et jardinage, envers et contre tout

Au rayon influenceurs « DIY et bricolage », on trouve Ibrahim Abu Karsh (@ibrahimkarsh), qui a « seulement » 40,2k abonnés, mais qui montre des astuces incroyables qu'il appelle camping tricks. On a vu depuis le début de la guerre les Gazaouis construire des fours à bois à base de terre séchée ou des réchauds improvisés dans des boîtes de conserve en l'absence d'électricité et de gaz, mais Ibrahim élève l'art de la récupération à un niveau de débrouillardise supérieur. Le voir prélever de la boue du sol et en extraire une eau presque pure à l'aide de filtres rudimentaires est bluffant. Il utilise du coton et de la gaze absorbante, qui retiennent l'eau avant de la faire passer goutte à goutte, un peu plus propre, d'un bocal à l'autre. Dans d'autres vidéos, il construit un petit chauffage d'appoint avec des boîtes de conserve vides, récupère le sel de l'eau de mer ou encore fabrique une bougie anti-moustiques. Ses vidéos sont sans paroles, mais il n'y en a pas besoin, ses DIY (Do it yourself, bricolage ou travail manuel amateur) sont simples et efficaces.

Aussi remarquable que les influenceurs « cuisine », l'influenceur fitness existe à Gaza. Un Tibo InShape (3) local est Mohamed Hatem du compte @gym_rat_in_gaza (221k abonnés). Il peut vous apprendre à faire de la musculation dans n'importe quel contexte, en utilisant un encadrement de porte, un bidon d'eau ou une bouteille de gaz. Sa motivation sans faille, sa routine parfaite et son humeur inaltérable en toute occasion sont le meilleur moyen de vous culpabiliser de ne pas être davantage en forme dans votre environnement privilégié et de ne pas faire plus d'exercice.

Élément perturbant, dans une pièce de sa maison à moitié détruite dans laquelle il présente des exercices entre deux fauteuils, une étoile de David et des inscriptions ont été taguées, dont le mot « revanche » en hébreu, et un « Allez l'OM » en français dans le texte. Des membres de l'armée israélienne ont en effet occupé sa maison quelque temps avant de se retirer en début d'année 2025.

Au rayon jardinage, un autre enfant des réseaux sociaux très à l'aise devant les caméras, Ahmed, 8 ans, a commencé à apparaître sur le compte Instagram de son père Aaed Abusweilem (@tasnemaaed, 1 million d'abonnés) et à planter un petit jardin en avril 2024. Du maïs et des oignons à côté de sa tente à Rafah. Il n'a pas manqué de transporter ses plants au cours des déplacements forcés de la famille. Il fait un tas d'autres choses sur son compte : principalement demander des dons via Paypal ou Gofundme, comme beaucoup d'autres Gazaouis en ligne, exposer sa vie quotidienne, ses joies, et aussi les moments sombres comme quand sa mère et ses sœurs ont été blessées par des éclats d'obus lors d'un bombardement près de leur tente en décembre 2024.

Mais ce sont ses vidéos de jardinage qui ont fait sa popularité, dont AJ+ a d'ailleurs fait un sujet. Sur ses vidéos il porte très souvent un chat dans ses bras, un capital sympathie assuré tant les félins sont populaires sur les réseaux sociaux. Son premier chaton, Suzy, est mort d'une hépatite, ce qui l'a beaucoup affecté. À présent, il est toujours avec celui qui ne le quitte plus, un beau matou noir du nom de Simba que son frère avait retrouvé tout petit sous les décombres. Le père d'Ahmed leur a récemment créé un compte dédié à leurs noms : @ahmed_and_simba.

  1. Il n'a pas pu aller au bout de son défi et sa « petite ferme », comme il l'appelait, est restée orpheline depuis qu'il a été tué le 26 août 2024 à l'âge de 19 ans

Un autre jardinier amateur des réseaux sociaux était Medo (@medo_halimy, 118k abonnés), un jeune homme attachant qui aimait se baigner et admirer le coucher du soleil pour oublier son quotidien. Il s'ennuyait dans cette vie de réfugié sous une tente et a eu l'idée de planter tous les jours jusqu'à la fin de la guerre. Ce jardinier amateur n'y connaissait absolument rien en jardinage. Il a appris les bases au fur et à mesure des conseils et commentaires des internautes. Il partageait en même temps au quotidien sa vie sous la tente, répondant régulièrement aux questions des abonnés sur la survie à Gaza : comment s'approvisionne-t-on en eau ou encore comment parvient-on à avoir du réseau internet. Il n'a pas pu aller au bout de son défi et sa « petite ferme », comme il l'appelait, est restée orpheline depuis qu'il a été tué le 26 août 2024 à l'âge de 19 ans par des éclats d'obus d'une frappe israélienne visant Khan Younès.

Un univers de débrouille

Medo était proche du duo Omar et Mohammed du compte @omarherzshow qui totalise 1,5 million d'abonnés. Il s'agit de deux amis qui avaient à peine commencé l'université à la rentrée 2023 quand leurs études ont été brutalement interrompues une semaine après, le 7 octobre. Dans le nom de leur compte Instagram il y a le mot « show » et c'est en effet un « show » fascinant : des vidéos rythmées, amusantes, avec les musiques et montages dans les tendances du moment. Ce sont deux jeunes amis qui mettent en scène leur vie sur les réseaux, font des vlogs comme il y en a plein en ligne, s'exprimant dans un anglais américanisé et reprenant les codes des influenceurs business et lifestyle. Sauf que leur vie n'a absolument rien de normal.

Ils ont commencé en créant un petit business : ils vendaient pour quelques dizaines de shekels des copies numériques d'applications, de jeux vidéo, de dessins animés ou de séries télé, qu'ils stockaient sur leurs disques durs, aux clients de passage dans un café. Un business de débrouille dans un univers où l'électricité, internet et les distractions sont devenus des denrées rares. Le fait qu'ils veuillent trouver de la joie dans la pire des situations et qu'ils documentent leur routine quotidienne de façon enjouée, sans toujours faire référence aux horreurs de la guerre, leur garantit d'être particulièrement visés par des commentaires pro-israéliens.

Mais c'est souvent leur communauté d'abonnés qui se charge de répondre de manière systématique, argumentée ou sarcastique. Par exemple, la vidéo du jour 52, où ils ont l'idée de se faire un chocolat chaud sur la plage, a déclenché des commentaires (en majorité effacés depuis) niant l'existence d'une famine à Gaza puisque le marché où ils se rendent est achalandé et qu'ils ont le « luxe » d'avoir du chocolat… Leurs abonnés ont répondu abondamment en rappelant les chiffres du génocide en cours et en arguant que le fait de se partager un petit sachet de chocolat en poudre et de chauffer son lait en brûlant du bois dans une vieille boîte de conserve n'avait précisément rien d'un luxe. Cela les blesse sans aucun doute, car plusieurs de leurs vidéos ont voulu se justifier de ce qui n'était pas montré directement dans leurs routines quotidiennes : les morts, les destructions et les difficultés pour trouver un logement temporaire ou simplement aller chercher de l'eau.

Et puis ils ne font pas toujours des vidéos. Ils disparaissent pendant plusieurs mois, ce qui en général sous-entend qu'ils n'ont alors pas la capacité de vloguer ; comme lors de déplacements forcés d'une « zone d'abri » à une autre ou encore à la mort de Medo. C'est de nouveau le cas depuis février 2025 et nous, derrière nos petits écrans, ne pouvons rien faire d'autre qu'espérer qu'ils sont sains et saufs.

Autres comptes à suivre

Journalistes

@plestia.alaqad (4,2 millions d'abonnés)

@hindkhoudary (1,1 million d'abonnés), journaliste d'Al Jazeera

@bayanpalestine (245k abonnés)

@nooh.xp (427k abonnés), photographe et secouriste

@aboodgaza (68,7k abonnés), photographe

Créateurs de contenus

@m7md_vo (2,4 millions d'abonnés) : Mohamed Al Khalidi souvent accompagné de son petit frère trisomique Kenan.

@ashraf_almajaida (1,1 million d'abonnés) : Ashraf et son petit frère Aboud

Les frères @reachabed (329k abonnés) et @reachyusuf (470k abonnés)

@ahmedmateer (35,1k abonnés) DIY, bricolage

@dr.mo5tar (68,5k abonnés), chef dans les camps de réfugiés

@mahashome (396k abonnés), cuisine, lifestyle

@nouur97 (342k abonnés), mode, lifestyle

@shamsabdn (146k abonnés), lifestyle, coaching, photographie

@aborjelaa (487k abonnés) de l'initiative de soutien humanitaire @shababgaza

@shorouqalazbaki (89,2k abonnés), lifestyle, promotion d'initiatives caritatives comme « 4 sisters »,

@shababgaza

Notes

1- NDLR. Les couleurs de la pastèque (rouge, vert, blanc, noir) rappellent celles du drapeau palestinien. Avec l'interdiction de brandir leur drapeau, les Palestiniens ont alors utilisé la pastèque comme un moyen détourné d'exprimer leur identité nationale et leur résistance. La pastèque est utilisée comme symbole de solidarité avec la Palestine à travers le monde.

2- NDLR. Le cocooning désigne le fait de rester chez soi dans un environnement chaleureux et protecteur, pour se détendre ou fuir le stress extérieur.

3- Influenceur fitness français, youtubeur francophone le plus suivi avec plus de 26 millions d'abonnés.

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Le trumpisme, stade suprême de l’anti-intellectualisme

10 juin, par Eric Fassin — , ,
« Misère de l'anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l'antisémitisme » est sorti le 2 octobre 2024. On était un an après le 7 octobre. Or en France il n'y a (…)

« Misère de l'anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l'antisémitisme » est sorti le 2 octobre 2024. On était un an après le 7 octobre. Or en France il n'y a eu aucune recension. Reste que l'élection de Donald Trump en a confirmé l'actualité. Après six mois, il était épuisé. L'avant-propos de la réédition, aujourd'hui en librairie, revient sur le paradoxe de cette (non-)réception.

5 juin 2025 | tiré du blog d'Éric Fassin sur mediapart.fr
https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/blog/050625/le-trumpisme-stade-supreme-de-l-anti-intellectualisme

La première édition de cet ouvrage est arrivée en librairie le 2 octobre 2024. Il était parti à l'imprimerie le 19 août, jour où s'ouvrait aux États-Unis la convention démocrate : Kamala Harris pouvait encore espérer la victoire. Du côté français, on savait seulement qu'Emmanuel Macron, au mépris des résultats d'élections législatives qu'il avait pourtant convoquées, refusait de choisir un Premier ministre dans les rangs de la gauche. Mon introduction annonçait un programme : « penser l'actualité ». Il ne s'agissait pas seulement de récapituler des développements récents, des deux côtés de l'Atlantique. Cet essai sociologique avait l'ambition de donner des clés pour comprendre ce qui prenait forme sous nos yeux. Pendant la fin de campagne, le candidat républicain accusait les migrants, dans l'Ohio, de manger chiens et chats. Contre ces alternative facts, que valait alors le fact checking ? C'était l'apothéose du bullshit politique – le grand n'importe quoi.

Or, cinq semaines après la parution du livre, Donald Trump remportait l'élection aux États-Unis. Force est de le constater : mon titre, Misère de l'anti-intellectualisme, a bien été validé par les cent premiers jours de ce second mandat. Dès son investiture, le 20 janvier, le président prenait un décret pour « défendre les femmes contre l'extrémisme de l'idéologie du genre et restaurer la vérité biologique dans l'État fédéral », et un autre pour « mettre fin au gâchis et à la radicalité de programmes de diversité et de politiques préférentielles dans l'administration fédérale ». L'anti-intellectualisme s'attaque en premier lieu aux politiques minoritaires, taxées de wokisme. Comme lors des attaques républicaines contre les présidentes d'universités auditionnées à la Chambre des Représentants depuis décembre 2023, il se drape dans la lutte contre l'antisémitisme. Les manifestations pro-palestiniennes servent de prétexte pour expulser des étudiants étrangers, écarter des professeurs, et sous la pression d'enquêtes annuler des financements fédéraux pour obtenir la capitulation d'universités d'Ivy League placées sous le contrôle du régime. Le nouveau vice-président, J.D. Vance, l'avait déclaré sans ambages en 2021 : « Les universités, voilà l'ennemi. »

En France, Patrick Hetzel, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche nommé en septembre 2024 par Michel Barnier, avait demandé quelques mois plus tôt à l'Assemblée nationale la création d'une commission d'enquête sur les « dérives islamo-gauchistes » dans l'enseignement supérieur. C'était reprendre le projet auquel l'ancienne ministre Frédérique Vidal avait dû renoncer. Quelques jours avant la date anniversaire du 7 octobre 2023, Patrick Hetzel inaugurait sa fonction nouvelle en condamnant « des manifestations et prises de position de nature politique, en lien avec le conflit au Proche-Orient », qui iraient, à l'en croire, « à l'encontre des principes de neutralité et de laïcité du service public de l'enseignement supérieur. » Les mobilisations ne parlent pourtant ni d'islam ni de judaïsme ; l'alibi républicain sert juste à neutraliser (au sens policier) le monde universitaire. C'est qu'à la différence des États-Unis, l'anti-intellectualisme avance souvent masqué. D'ailleurs, les mesures contre les universités s'y autorisent volontiers, non d'une idéologie, mais d'une rationalisation néolibérale : ce peut être au nom de l'évaluation des politiques publiques et de la rigueur budgétaire que sont visés, sans qu'il soit besoin de les nommer, les savoirs critiques.

Ainsi, début 2025, le Haut Conseil de l'Évaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur (HCERES) a rendu des avis défavorables sur de multiples licences et masters, surtout en philosophie et sciences sociales (y compris dans ma propre université). Or on apprenait bientôt que beaucoup de ces avis, susceptibles d'entraîner la fermeture de diplômes, contredisaient ceux des évaluateurs sollicités par cette instance. Démentant son indépendance supposée, le HCERES s'était ainsi permis, à l'insu de tous, de rayer d'un trait de plume, avec leurs conclusions, le principe même du jugement des pairs qui est un des piliers des libertés académiques. La révélation de ce contrôle politique entraînait un vote de l'Assemblée nationale, le 10 avril, pour la suppression de cette instance. Pourtant, le nouveau ministre, Philippe Baptiste, n'hésitait pas à protester… au nom de « l'autonomie » et de la « liberté académique ». Ce n'est sans doute pas un hasard si des soutiens intellectuels de l'offensive anti-intellectuelle contre un prétendu islamogauchisme, dès l'annonce en 2021 par Frédérique Vidal d'une enquête, avaient justement proposé de confier celle-ci au HCERES, « institution indépendante du ministère », pour lutter « contre la contamination du savoir par le militantisme ». On retrouve la convergence des logiques néolibérales et néofascistes : pour les premières, les savoirs critiques sont inutiles ; pour les secondes, ils sont dangereux.

Toutefois, la France apparaît quelque peu en décalage, voire en retrait par comparaison avec la radicalisation trumpiste. Dans les recherches bénéficiant d'un financement fédéral, le président des États-Unis a établi une liste de centaines de mots suspects ; y figurent non seulement « diversité » ou « intersectionnalité », ou encore « antiracisme », « race et ethnicité », qui organisent pourtant le recensement, et certaines de ses catégories, comme « noir » ou « Native American » (mais pas « blanc ») ; non seulement « LGBT » ou « trans », et bien sûr « genre », ou encore « féminisme », et même « femmes » (mais pas « hommes »). La purge ne s'arrête plus au « wokisme ». Le soupçon pèse aussi sur « discrimination » et « privilège », « inégalité » et « injustice », ou encore « inclusion » et « exclusion », et même « handicap » ou « santé mentale ». Outre « Golfe du Mexique », c'est la « science du climat » qui passe à la trappe, sans oublier « biais » ou « à risque ». Bref, la cible est la vérité scientifique en tant que telle.

Quant à la justification de la répression anti-universitaire par la lutte contre l'antisémitisme, sa crédibilité est quelque peu entamée par le salut, pudiquement qualifié de « romain », affiché le jour de l'investiture du président par son favori, Elon Musk. Que Steve Bannon, son rival dans le camp trumpiste, l'imite un mois plus tard n'a fait qu'en confirmer la signification. L'hebdomadaire allemand Die Zeit a d'ailleurs tranché (en pastichant Gertrude Stein) : « un salut hitlérien est un salut hitlérien est un salut hitlérien ». Pourtant, le président de l'Anti-Defamation League, Jonathan Greenblatt, censé lutter contre l'antisémitisme, n'a voulu y voir qu'« un geste maladroit, dans un moment d'enthousiasme, pas un salut nazi. » Pourquoi s'en étonner ? Ce livre apporte un éclairage. D'un côté, Elon Musk a favorisé l'expression suprémaciste sur X, allant jusqu'à reprendre à son compte la version antisémite de la « théorie » du grand remplacement, et de l'autre, cela n'a pas empêché le même Jonathan Greenblatt d'applaudir son engagement après l'interdiction de slogans pro-palestiniens sur son réseau social. Bannir le mot « décolonisation » pour parler d'Israël est un gage d'antiwokisme qui dédouane des accusations d'antisémitisme. Au moment même où celles-ci pleuvent contre la gauche, le néofascisme qu'elles épargnent peut avancer à découvert.

La résonance de ce livre avec une actualité qu'il paraît anticiper explique probablement l'épuisement de son premier tirage, six mois seulement après sa sortie. Cet accueil d'un public désireux de mieux comprendre interroge d'autant plus sur le silence qui a prévalu jusqu'à présent dans les médias : une seule recension, dans Le Soir, en Belgique ; deux entretiens en vidéo, l'un pour Regards, revue de gauche, l'autre pour SQOOL TV, chaîne consacrée à l'éducation. Ni le premier anniversaire du 7 octobre, coïncidant avec sa sortie, ni le nouveau mandat de Donald Trump n'ont suffi à éveiller l'intérêt journalistique. Comment l'interpréter ? Les deux premières phrases du livre apportent une première réponse : « On ne peut plus rien dire » a cédé la place à : « Taisez-vous ! » Son annulation dans les médias privés ou publics qui vont de l'extrême droite au macronisme confirme donc l'argument de cet ouvrage. Face à des analyses qui invalident un discours dominant sur l'antisémitisme qui s'emploie à diaboliser la gauche pour mieux dédiaboliser l'extrême droite aux portes du pouvoir, la prudence journalistique le dispute à l'embarras.

On peut ajouter que ce silence est l'effet d'une logique médiatique qui amène à discuter surtout ce dont on parle déjà. Or, aujourd'hui, ce n'est plus la gauche qui donne le la : l'hégémonie idéologique est passée à droite. En conséquence, les pamphlets de droite accaparent l'attention, fût-ce pour les critiquer. De fait, la plupart des médias continuent de faire comme si l'on pouvait débattre de tout avec n'importe qui – y compris pour dire n'importe quoi. C'est croire que l'on vivrait encore dans un espace public libéral où les opinions pourraient s'affronter lors d'échanges argumentés. Mais s'il défend des valeurs, Misère de l'anti-intellectualisme n'est pas à proprement parler un livre d'opinion. C'est un travail sociologique qui mobilise des faits empiriques et des outils conceptuels pour appréhender la configuration politique renouvelée par le trumpisme. Sans doute un essai polémique eût-il été la cible d'attaques. Contrairement à mes craintes, ce n'a pas été le cas : ce livre n'a pas suscité d'écho médiatique, même négatif. Dans un contexte d'anti-intellectualisme, le savoir subit bien sûr des formes de silenciation. Le public rencontré par ce livre, malgré l'annulation par les médias, confirme néanmoins l'amoindrissement de leur pouvoir prescripteur, en particulier dans les jeunes générations qui sont au cœur de cet ouvrage. Reste à espérer que des médias suivent l'intérêt des lecteur∙ices, à défaut de le dicter.

Finalement, la non-réception médiatique du livre peut donc s'expliquer, non pas malgré son actualité, mais à cause d'elle. Le contexte nouveau, dans son incertitude, crée en effet un malaise dans l'antiwokisme. En France, le Rassemblement national, qui a tant œuvré pour gagner un certificat de dédiabolisation, peut-il emboîter le pas à la radicalisation trumpiste ? Certes, il n'est pas surprenant que Marion Maréchal, Sarah Knafo et Éric Zemmour aient bénéficié d'une invitation à Washington pour les cérémonies d'investiture présidentielle, et non Marine Le Pen. Encore la condamnation de celle-ci en justice pourrait-elle entraîner son revirement : Donald Trump ne lui a-t-il pas manifesté sa solidarité ? À l'entendre, « c'est le même scénario qui a été utilisé contre moi ». Le trumpisme triomphant pourrait-il donc enfoncer un coin, en France, entre la minorité au pouvoir et l'extrême droite dont le soutien tacite, depuis la parution de ce livre, a été la condition nécessaire de survie des gouvernements choisis par Emmanuel Macron ? Il est vrai qu'à l'instar de J.D. Vance, Washington ne cache pas son mépris pour l'Union européenne ; celle-ci ne menace-t-elle pas de sanctions des oligarques comme Mark Zuckerberg et Elon Musk lui-même ? Il serait pourtant prématuré d'en conclure que, face à la coalition d'autocrates qui se dessine entre Donald Trump, Vladimir Poutine, et tant d'autres, la France et l'Europe renoueront avec un modèle libéral mis à mal par le recul des libertés publiques et le durcissement des politiques xénophobes, mais aussi, sous de multiples formes, par la privatisation de la puissance publique.

En tout cas, face à l'antiwokisme de Trump, la France ne saurait sérieusement se prétendre woke. Lorsque l'ambassade américaine à Paris exige des entreprises françaises qu'elles renoncent à toute politique de diversité, beaucoup s'offusquent d'une telle ingérence. « Quel toupet ! ». Cela dit, comme le souligne un dessin de Colpacano (Le Monde, 6 avril 2025) : « on n'a jamais eu de politique inclusive ! » L'ironie redouble dans l'image : un technicien de surface noir et une secrétaire qui apporte le café aux patrons indignés encadrent silencieusement ces deux hommes blancs. Cependant, les pourfendeurs européens du « totalitarisme woke » sont actuellement confrontés à un dilemme : la haine de l'Europe professée par le trumpisme les condamne-t-elle à sacrifier l'antiwokisme ? Il en est pour le reconnaître, ce combat n'est plus une priorité ; et de préconiser la « nuance », plutôt qu'un antiwokisme primaire. Mais il leur serait coûteux de devoir renoncer aux séductions de la notoriété éditoriale et médiatique qui accompagne l'incessant ressassement de leurs opuscules et tribunes. Pour ne pas renoncer aux gratifications de cette prolifique polémique, ils n'hésitent pas à plaider que, si le wokisme sert de « repoussoir » commode au poutinisme et au trumpisme qui le répriment, les wokes seraient en même temps les « alliés objectifs » de Poutine et Trump, communiant dans la détestation de l'universalisme occidental. « Hitler a déshonoré l'antisémitisme », écrivait Georges Bernanos en 1944. Trump finira-t-il par discréditer l'antiwokisme, ou bien celui-ci sera-t-il sauvé, en Europe comme aux États-Unis, par le chantage à l'antisémitisme réservé à la gauche ?

Misère de l'anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l'antisémitisme, Textuel, 2e édition, 4 juin 2025

Ressources naturelles & extractivisme

10 juin, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — , ,
Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque (…)

Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque webinaire a été consacré à un thème spécifique et à une région du monde nous permettant de partager nos expériences et surtout de mieux comprendre comment s'organisent les résistances féminises.

Amériques

Le tour du monde des résistances féministes s'est poursuivi le 19 septembre sous le thème de l'extractivisme et les ressources naturelles. Les panélistes étaient Aurora Valentina du Pérou et Alejandra Laprea du Venezuela.

Qu'est-ce que l'extractivisme ?

Tout d'abord l'animatrice a rappelé que l'extractivisme est un mode d'accumulation de richesse qui implique d'extraire des ressources et de les vendre sur les marchés (souvent internationaux). L'extractivisme va jusqu'à avoir recours au pillage et à la dépossession des peuples.


les luttes et résistances

Pour Alejandra Laprea, les luttes menées sont ancrées dans la résistance aux grandes multinationales qui saccagent les terres et les territoires et qui tentent de contrôler les richesses du Venezuela. Le Venezuela est un pays avec une grande quantité d'or et de pétrole, de minéraux rares pour la technologie, avec une biodiversité incroyable et beaucoup d'eau douce. Les ressources de ce pays, qui est une porte d'accès à l'Amérique du Sud, sont convoitées. Le blocus subit depuis 10 ans a affecté l'économie du Venezuela, ce qui a mené selon Alejandra Laprea à un retard important dans le développement du pays et à une dépendance aux dollars américains. Le peuple vénézuélien réclame un commerce libre. Il y a quelques années, le peuple vénézuélien a décidé de mener sa propre révolution pour que les richesses naturelles soient au service du peuple. Le peuple doit résister constamment pour s'assurer que les ressources naturelles, tout comme les systèmes de santé et d'éducation, demeurent au service de la population.

Aurora Valentina nous a expliqué être très impliquée dans les luttes aux côtés de deux communautés autochtones qui sont menacées par une minière canadienne. Dans ce projet, pour lequel la population n'a jamais été consultée, les eaux sont à risque d'être contaminées. C'est déjà arrivé par le passé, de l'arsenic a été détecté. Les conséquences importantes sur la santé et sur la pénurie d'eau sont bien réelles. Des démarches sont faites pour sensibiliser les dirigeant-e-s des communautés et pour fortifier ce mouvement. Des jeunes soulignent l'importance des emplois fournis par cette minière qui est considérée comme « une vache à lait ». Malheureusement, ce lait est contaminé, et contamine les eaux. Il y a eu plusieurs marches pour empêcher la minière de déployer ses machines. On tente de faire taire le mouvement de mobilisation, notamment en accusant les communautés mobilisées d'avoir volé des équipements. La lutte se poursuivra !

Alejandra Laprea dénonce que l'embargo imposé au Venezuela vise à contrôler les ressources du pays et les mettre entre les mains des multinationales. Les conséquences sont importantes : rationnement de l'eau et de l'électricité, manque d'accès aux vaccins de la COVID, confiscation de traitements pour les diabètes. Les impacts de ces restrictions sur les femmes sont importants. Le système capitaliste est en crise, et cette crise se fait sur le dos des femmes. Leur charge de travail augmente, elles doivent régler les problèmes d'eau, combler les lacunes du système hospitalier et elles ont moins de possibilités économiques. Les femmes s'organisent et créent des propositions pour une économie nouvelle, telle qu'un projet de coopératives pour la gestion des résidus solides, pour le recyclage du plastique, du carton et du verre afin de les convertir en nouveaux objets. Aussi des centaines de femmes s'organisent autour des écoles afin de fournir du matériel et de la nourriture en élevant des animaux. Elles se forment sur l'économie féministe afin de faire avancer des circuits de production et de consommation.

Pour Aurora Valentina, la lutte contre les violences vécues par les femmes et l'accompagnement des organisations leur venant en aide sont centraux. Les entreprises minières ont amené beaucoup de violence au Pérou : abandon par les maris partis travailler à la mine, manque de protection des femmes, manque de nourriture pour les enfants, maltraitance. Un autre problème rencontré est la pénurie alimentaire. Les femmes ne savent plus comment nourrir leur famille, il n'a a pas assez de production agricole.Au Pérou, si on se bat pour défendre son territoire, on se fait persécuter, menacer, insulter par la police et par les minières. Le gouvernement et la police défendent les minières, donc une minière canadienne, qui détruisent les territoires autochtones. Des gens ont été condamnés et ont dû fuir pour éviter la prison et les persécutions. Dans toutes les régions, les femmes sont mobilisées et actives. Il y a des femmes qui font des activités artisanales leur permettant de gagner leur vie. Il faut chercher des stratégies, il faut continuer de se battre, pour faire reculer les entreprises minières.

https://youtu.be/zFFUy9DjN38

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Oui, trop tard pour qu’Israël et les israéliens se libèrent de leurs démons génocidaires !

10 juin, par Yorgos Mitralias — , ,
Après vingt mois de massacres quotidiens de civils -surtout des femmes et des enfants- et des actes d'un indicible sadisme mortifère, dont la famine organisée contre les (…)

Après vingt mois de massacres quotidiens de civils -surtout des femmes et des enfants- et des actes d'un indicible sadisme mortifère, dont la famine organisée contre les habitants de Gaza, l'État israélien, mais aussi la société israélienne, voient leur heure de la vérité approcher comme jamais auparavant

* Par Yorgos Mitralias*

Alors, l'État sioniste peut-il devenir « normal », un État plus ou moins pareil aux autres ? En somme, est-il « réformable » ou est-il condamné à s'enfoncer de plus en plus dans la barbarie raciste, obscurantiste et exterminatrice de ses voisins qu'il traite de sous-hommes ? Et la société israélienne, peut-elle se défaire de ses fascistes et aspirants dictateurs ou il est déjà trop tard pour qu'elle se libère de ses tentations totalitaires et de ses démons suprématistes ?*

La réponse à ces interrogations est donnée d'abord par les événements de ces vingt derniers mois. Évènements qui ont vu l'État israélien franchir l'une après l'autre toutes les « lignes rouges », non seulement en se transformant en une machine à tuer massivement et en commettant les pires crimes contre l'humanité, mais aussi en les revendiquant publiquement,
allant jusqu'à se déclarer systématiquement fier de ces « exploits » macabres ! Le constat est donc catégorique : *l'État israélien suit une évolution inexorable et pleinement assumée vers sa transformation en État criminel et hors la loi !*

Mais, ce qui rend cette évolution encore plus redoutable et sinistre c'est qu'elle est rendue possible par la complicité active et l'approbation enthousiaste de la très grande majorité des citoyens israéliens ! Cette amère, et si dangereuse, vérité qu'on avait pu constater jour après jour ces vingt derniers mois, est maintenant pleinement confirmée par les conclusions d'une enquête d'opinion publiée par Haaretz (1) et passée – « évidemment » - presque sous silence par les grands médias de nos pays : *82% des Israéliens veulent expulser les Palestiniens de Gaza, et 47% d'eux veulent les tuer tous, enfants inclus !*

Et aussi, 56% des Juifs israéliens veulent expulser d'Israël ses citoyens Palestiniens, et ce pourcentage monte a 66% pour les Israéliens de moins de 40 ans. Il est à noter que, selon la même enquête, 70% des Israéliens dits « libéraux » et laïcs soutiennent l'expulsion des Gazaouis de leur terre, ce qui nous éclaire déjà sur la vraie nature de leurs manifestations contre
Netanyahou et son gouvernement : oui, ils veulent très sincèrement renverser ce gouvernement, et une partie d'eux, surtout les familles des otages, veulent le cessez-le feu. Mais, tout ça ne veut pas dire qu'ils veulent une paix durable avec les Palestiniens, ni qu'ils sont contre leur expulsion de Gaza ou même contre leur extermination. D'ailleurs, il suffit de lire attentivement la plupart de leurs proclamations pour voir que, sauf rares et très louables exceptions, ils ne sont pas contre ou même soutiennent la reprise de la guerre d'extermination contre les Palestiniens après un cessez-le-feu qui permettrait la libération des otages détenus pas Hamas.

De même, l'énorme pourcentage (97% !) des Ultra-orthodoxes (*Haredim*) qui soutiennent l'expulsion de Gazaouis devraient rendre plus circonspects ceux qui dans nos pays, s'empresseraient de penser du bien du parti de ces mêmes Haredim vu qu'il prépare, ces jours-ci, la chute du gouvernement Netanyahou. *En Israël, on peut être contre Netanyahou et être aussi
mauvais ou même pire que lui…*

La réponse aux interrogations de l'heure de la vérité israélienne, que donnent tant les événements des derniers vingt mois, que l'enquête d'opinion déjà citée, ne laisse donc aucun doute : Non, ce monstrueux Etat sioniste n'est pas « réformable », comme d'ailleurs n'est pas « réformable » la societe israélienne qui soutient activement ses politiques génocidaires ! Ce qui a comme conséquence que *même si Netanyahou est éloignée du pouvoir, les politiques criminelles continueront parce qu'elles correspondent aux vœux de la très grande majorité de la population juive d'Israël*. Alors, inutile de parler des divers
« solutions » du problème moyen-oriental (un ou deux états) avant de répondre a la question primordiale : que faire de l'État sioniste et surtout que faire de cette société israélienne ?

Il y a 16 mois, en décembre 2023, on écrivait déjà que « *le massacre méthodique et le nettoyage ethnique des Palestiniens qui a commencé avec la liquidation de ce qui est ce véritable ghetto de Gaza, se font en toute conscience car ils correspondent aux objectifs historiques du projet sioniste : la création, par l'extermination, l'expulsion et la soumission des indigènes, d'un État exclusivement juif sur l'ensemble des terres du Grand Israël !* ». Et on continuait en tirant la conclusion suivante : *« un
tel État est par nature monstrueux, inhumain et... irréformable » …et « la solution qui s'impose crève les yeux : il faut changer cet État de fond en comble, afin de le rendre au moins « normal »,« comme les autres ». En somme, il faut le dé-sioniser* ».(2)

Arrivés à cette conclusion, on s'interrogeait comment faire pour de-sioniser Israël. Alors, on se tournait vers deux grandes expériences du passé qui pourraient nous aider : celle de l'Allemagne nazie, et celle de l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Et voici ce qu'on écrivait : « *La dénazification de l'Allemagne à la fin de la Deuxième Guerre mondiale a été imposée par les puissances qui l'ont vaincu sur le champ de bataille. L'Apartheid sud-africain, la « purification » et la « normalisation » de
l'État s'est faite de l'intérieur, à l'initiative de deux populations jusqu'alors ennemies. Sur la base de ces précédents, on peut déjà exclure l'application à Israël du modèle de la dénazification allemande parce qu'il présupposerait la défaite militaire d'Israël, ce qui conduirait très probablement à un terrible bain de sang de sa population juive*
».

Ayant donc exclu la dénazification a l'allemande, notre article d'alors se déclarait en faveur de « *la variante sud-africaine qui suppose que la dé-sionisation d'Israël vienne de son intérieur, à l'initiative de ses propres citoyens* ». Aujourd'hui, tenant compte non seulement des massacres et autres crimes contre l'humanité, perpétrés, jour après jour, par l'État israélien à Gaza -mais aussi de plus en plus en Cisjordanie. Et tenant compte surtout des dispositions pogromistes et exterminatrices de la grande majorité des citoyens (juifs) d'Israël, nous ne pensons plus comme il y a 16 mois, en décembre 2023 : *Un scénario de dé-sionisation à la sud-africaine de la société israélienne nous paraît improbable sinon impossible*, d'autant plus que le temps court contre une éventuelle « pacification » de cet État et de cette société.

Malheureusement, ce qui apparait déjà, mais en filigrane, dans l'horizon israélien est la purge de cette société d'abord de ses (rares) éléments critiques du génocide palestinien, et ensuite de tout citoyen (juif) qui osera revendiquer des droits et libertés démocratiques. Alors, confrontés à une telle situation dominée par une extrême droite fascisante, obscurantiste, très agressive et violente, il est très probable qu'on assistera à l'exacerbation et la généralisation d'un phénomène qui pointe déjà le nez : l'exode massive d'Israël de ses citoyens tant soit peu libéraux et laïcs qui tiennent à leurs droits individuels les plus
élémentaires. Le résultat d'une telle évolution sera qu'il n'y aurait plus en Israël que des factions d'extrémistes plus ou moins délirantes et suprématistes, lesquelles tôt ou tard se battront entre elles, tout en inventant des nouveaux « ennemis » qu'il faudra bombarder sinon exterminer afin de perpétuer leur pouvoir fondé d'ailleurs sur le sentiment d'extrême insécurité qui résulte du mythe fondateur d'un Israël prétendument condamné à vivre encerclé par des ennemis soi-disant héréditaires.

Notre conclusion ne pourrait pas être optimiste, d'autant plus que nous ne voyons pas comment les Israéliens pourraient redevenir des êtres plus ou moins « normaux », arrêtant de favoriser, et de pratiquer, le nettoyage ethnique et l'extermination des Palestiniens, et demain peut-être d'autres de leurs voisins, au nom du mythe de ce Grand Israël biblique qu'il faut
reconstituer. Donc, pour l'instant nous ne sommes sûrs que d'une chose : quand Israël rencontrera ses premières vraiment grandes difficultés, et ses soutiens d'aujourd'hui, qui sont des antisémites patentés, se tourneront de nouveau contre les juifs, ceux qui prendront leur défense seront, de nouveau, les mêmes qui les ont toujours défendus bec et ongles et au péril
de leur vie. C'est-à-dire ces quelques gens de gauche, de préférence des révolutionnaires, qu'on ose qualifier aujourd'hui d'antisémites…

*Notes*

*1.*
https://geopoliticaleconomy.com/2025/05/30/poll-israelis-expel-palestinians-gaza-genocide/

*2.* Voir *Pour que les horreurs du carnage de Gaza soient les derniers Purger l'État d'Israël de ses fondements sionistes ! :
**https://www.pressegauche.org/Pour-que-les-horreurs-du-carnage-de-Gaza-soient-les-derniers-purger-l-Etat-d
<https://www.pressegauche.org/Pour-q...> *

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Gaza à la lumière de Fanon

Dans le cadre du colloque scientifique international sur Frantz Fanon « Guerrier Silex », qui s'est tenu le 31 mai à l'Hôtel Karibea de Sainte-Luce, dans le sud de la (…)

Dans le cadre du colloque scientifique international sur Frantz Fanon « Guerrier Silex », qui s'est tenu le 31 mai à l'Hôtel Karibea de Sainte-Luce, dans le sud de la Martinique, j'ai présenté une conférence sur l'héritage de Frantz Fanon. Organisé par l'association First Caraïbes, dirigé par le psychiatre et militant Aimé Charles-Nicolas, cet événement a rendu hommage à l'œuvre et à la pensée de Fanon.

Tiré du blogue de l'auteur.

Je voudrais commencer par remercier Aimé Charles-Nicolas et les organisateurs de cette conférence de m'avoir invité à participer à cet événement historique. Il est particulièrement exaltant pour moi de me trouver en Martinique, dans un lieu où Fanon a grandi et qui a eu une influence profonde sur son imagination et sur sa pensée – un lieu qui, comme vous le savez sans doute, l'a hanté jusqu'à la fin d'une existence tragiquement écourtée, ce d'autant plus qu'il n'a jamais pu y retourner une fois qu'il a rejoint la lutte pour la libération nationale de l'Algérie.

Lorsque j'ai commencé à travailler sur ma biographie de Fanon, je connaissais déjà ses racines martiniquaises, sa dette envers Aimé Césaire et son influence sur les écrits d'auteurs comme Edouard Glissant ou Patrick Chamoiseau. Mais ce n'est qu'à l'occasion de mes recherches que j'ai pris conscience de l'extraordinaire richesse et de la créativité de la tradition intellectuelle et poétique de la Martinique, qui imprègne tous les écrits de Fanon, et pas seulement Peau noire, masques blancs. Si Fanon a fini par s'identifier publiquement comme un Algérien, il est resté profondément attaché à la Martinique, et seul un Antillais aurait pu écrire Les Damnés de la terre, qui dépeint la société coloniale à travers le prisme des sociétés de plantation du Nouveau Monde.

Donc, encore une fois, un grand merci : je suis très reconnaissant d'être accueilli par vous ici.

On m'a demandé de parler de « Gaza à la lumière de Fanon ». Avant d'aborder ce sujet, j'aimerais inverser le titre proposé et parler de « Fanon à la lumière de Gaza », car la lecture qu'on peut faire aujourd'hui de cet auteur est forcément surdéterminée par les événements du 7 octobre et leurs conséquences.

Lorsque j'ai achevé la version anglaise de ce livre pendant l'hiver 2022, je m'attendais plutôt à ce qu'il soit lu à travers le prisme de la vague de manifestations contre l'assassinat de George Floyd par la police de Minneapolis un an et demi auparavant, ainsi que du débat que ce mouvement de protestation avait suscité autour des questions d'identité raciale et de l'expérience d'être noir sous la domination blanche. Mais ce contexte herméneutique a connu une métamorphose dramatique le 7 octobre 2023, lorsque des combattants du mouvement islamiste Hamas et d'autres factions palestiniennes ont franchi la frontière sud d'Israël, tuant près de 400 soldats et plus de 700 civils israéliens, et repartant avec 250 otages entre leurs mains. En quelques jours, Fanon a été tour à tour célébré et vilipendé sur les médias sociaux comme l'inspirateur intellectuel de l'attaque dite du « déluge d'Al-Aqsa », faisant ainsi l'objet d'un curieux consensus entre la gauche décoloniale et la droite sioniste. Dans un article intitulé « Vengeful Pathologies » paru dans la London Review of Books début novembre 2023 et traduit en français – sous le titre « Pathologies de la vengeance » – par le site Orient XXI, j'ai essayé de compliquer cette lecture, qui remonte à la célèbre préface de Sartre pour Les Damnés de la Terre. Lorsque mon livre est paru deux mois plus tard, j'ai été attaqué simultanément sur deux fronts : par les conservateurs pro-israéliens, qui m'accusaient de normaliser la croyance de Fanon en la violence, et par certains secteurs de la gauche radicale, qui me reprochaient de tenter de la neutraliser.

De l'avis de mes critiques, j'avais commis l'erreur impardonnable de vouloir injecter un peu de nuance dans le rapport de Fanon à la violence. Cette perception du révolutionnaire martiniquais comme incarnation d'une vision purificatrice et presque extatique de la violence anticoloniale évoque à mes yeux les observations de Fanon lui-même sur l'image de l'homme noir en Occident. Dans Peau noire, masques blancs, il écrit que le Noir est censé représenter tout ce qui relève de l'instinct biologique et des pulsions érotiques et violentes que les Blancs – et d'autres - préfèrent désavouer en eux-mêmes. Il n'est donc pas étonnant que Fanon continue d'être perçu comme un champion de la violence aveugle et absolue. Les écrits et la personnalité du psychiatre antillais ne sont dès lors qu'un écran sur lequel aussi bien les fanoniens que les anti-fanoniens projettent leurs peurs et leurs fantasmes. Or, fait remarquable en ce qui concerne le conflit israéolo-palestinien, Fanon a été symboliquement enrôlé comme combattant et guide idéologique d'une lutte sur laquelle il n'a jamais écrit un seul mot.

Certes, les passages de Fanon susceptibles d'être cités à l'appui de ce type d'arguments en faveur de la violence ne manquent pas. Il est exact que Fanon était partisan de la lutte armée : dans son esprit, la décolonisation était un processus intrinsèquement violent, et la violence était indispensable non seulement pour renverser le colonialisme, mais aussi pour surmonter la léthargie, l'impuissance et le fatalisme qu'il avait induits chez les colonisés. Il était hanté par l'idée que, si la Martinique et d'autres îles des Antilles n'avaient pas réussi à conquérir une liberté authentique, c'est parce qu'elles n'avaient jamais mené une véritable lutte contre leurs oppresseurs, contrairement au peuple haïtien. En réalité, la Martinique avait elle aussi connu ses révoltes d'esclaves, mais Fanon n'était pas familier de cette histoire, en partie à cause des lacunes et des silences de l'historiographie coloniale française. Ce sentiment obsédant d'un échec martiniquais a profondément marqué sa réflexion sur la révolution anticoloniale. Dans Les Damnés de la terre, comme l'a souligné Jean Khalfa, Fanon semble non seulement analyser la violence de la lutte anticoloniale, mais aussi en tirer une certaine jouissance, la présentant comme une sorte de nécessaire thérapie de choc. À mesure que la répression de la révolte algérienne par la France se faisait plus brutale et se traduisait par l'éradication de villages entiers, l'utilisation systématique de la torture et la disparition de milliers de personnes suspectes de sympathiser avec le FLN, Fanon manifestait de plus en plus son soutien aux attentats à la bombe et aux actions armées visant les civils. Il déclare même à un moment donné que tout Français présent sur le sol algérien est coupable, et constitue donc, apparemment, une cible légitime. Notons qu'il s'agit d'un raisonnement que certains de ses propres camarades au sein du FLN rejetaient.

En même temps, Fanon était manifestement perturbé par la violence, et pas seulement par celle du colonisateur. On perçoit son désarroi à ce sujet dans L'An V de la révolution algérienne, où il déplore la « brutalité presque physiologique » dont font preuve certains rebelles, et, surtout, dans le dernier chapitre des Damnés de la terre, intitulé « Guerre coloniale et troubles mentaux ». Il y évoque le meurtre d'un adolescent européen par deux de ses camarades algériens, ainsi que les troubles post-traumatiques dont souffrent les soldats rebelles ayant commis des crimes de guerre. Dans sa reconstitution poignante de la rencontre entre Fanon et Sartre à Rome en 1961, Simone de Beauvoir décrit un homme hanté par la violence dont il a été témoin et terrifié à l'idée de celle qu'il anticipait. Il se reprochait la mort de son mentor, le dirigeant nationaliste Abane Ramdane, assassiné par ses propres camarades au Maroc, et prédisait qu'au lendemain de l'indépendance, les règlements de compte et les accusations de trahison risquaient de provoquer un bain de sang. Par conséquent, pour pouvoir présenter Fanon comme un partisan inconditionnel de la violence, il faut en faire une lecture très sélective.

On ne peut que spéculer sur ce qu'il aurait pu dire au sujet de la Palestine. Il fait allusion dans Les Damnés de la terre aux réparations allemandes accordées à l'État juif après la guerre, mais ne mentionne jamais la Nakba, ni le sionisme, ni le colonialisme de peuplement qui est au fondement de l'existence d'Israël. S'il avait vécu assez longtemps pour voir la guerre des Six Jours en 1967 et assister à l'émergence de ce pays en tant que puissance occupante, il n'aurait sans doute pas manqué d'aborder la question. Dans le monde intellectuel francophone, ses contemporains ont réagi à la question palestinien de manière assez diverse. Claude Lanzmann, sioniste convaincu, n'a pas hésité à faire un usage assez pervers des thèmes fanoniens en célébrant le culte de la force prôné par Israël et en présentant Tsahal comme l'armée de libération nationale du peuple juif. Sartre, à qui sa visite de l'État juif à la veille de la guerre de 1967 avait laissé un goût plutôt amer, oscillait entre une défense embarrassée des Israéliens et des expressions sporadiques de soutien à la lutte armée des Palestiniens. Des historiens militants comme Pierre Vidal-Naquet et Mohammed Harbi se sont vigoureusement opposés à l'occupation et à l'expansionnisme brutal d'Israël et invoquaient une solution qui permettrait aux Arabes palestiniens et aux Juifs israéliens d'affirmer leur identité nationale tout en partageant équitablement la terre. Jacques Vergès, avocat du FLN pendant la guerre d'indépendance algérienne, s'alignait sur les positions du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et d'autres groupes armés qui prônaient une décolonisation totale et violente, laissant planer l'incertitude sur l'existence des Juifs en Israël-Palestine. Par ailleurs, à la fin des années 1960, les organisations de la résistance palestinienne, du Fatah au FPLP en passant par le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), ont de fait « palestinisé » Fanon en adoptant ses thèses et en distribuant des traductions des Damnés de la terre dans les camps d'entraînement de fedayines en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Il est presque impossible d'imaginer Fanon se rangeant du côté de Lanzmann, mais aurait-il suivi les traces de Harbi et de Vidal-Naquet, ou bien celles de Vergès et du FPLP ? On peut défendre aussi bien l'une ou l'autre de ces hypothèses, car nous l'avons vu, les opinions de Fanon sur la violence étaient complexes et parfois contradictoires. En outre, nous ne savons pas ce qu'il aurait pensé de la version spécifique du colonialisme de peuplement propre au sionisme, compte tenu de la Shoah et des liens ancestraux des Juifs avec la Palestine. Tout comme Sartre, il soutenait les mouvements de libération nationale dans le monde arabe, mais avait de nombreux amis juifs et connaissait parfaitement l'histoire de l'antisémitisme en Europe. Aurait-il considéré le sionisme comme l'expression idéologique d'un simplement mouvement de conquête coloniale, et donc un phénomène à combattre avec les mêmes moyens qu'en Algérie, ou bien à la fois comme une forme de colonialisme et un projet national, exigeant dès lors des stratégies de résistance différentes ? Et ne devait-on pas considérer les Juifs israéliens comme différents des pieds noirs ?

Là encore, il est impossible de trancher, et l'œuvre de Fanon se prête à différentes lectures de ces questions. Dans L'An V de la révolution algérienne, il envisage un avenir dans lequel les Européens ayant embrassé la lutte pour l'indépendance seraient considérés comme des Algériens et vivraient aux côtés des musulmans sur un pied d'égalité ; mais à d'autres moments, il semble avoir une vision plus pessimiste des possibilités de coexistence. Autrement dit, invoquer le nom de Fanon à propos du 7 octobre et de Gaza, c'est ouvrir le débat, mais certainement pas le résoudre. Je ne pense pas qu'il faille s'en plaindre. Fanon ne demandait pas à ses aînés – ou aux auteurs qui l'ont précédé – de lui apporter des réponses toutes faites. Pourquoi nous comporter différemment ? C'est à nous qu'il revient de décider comment nous pouvons appliquer ses idées à la Palestine, en effectuant un véritable « saut » interprétatif – ou plutôt, un saut qui, je cite, « consiste à introduire l'invention dans l'existence ». Il ne s'agit donc pas de suivre servilement la lettre de ses écrits, mais d'être fidèle à l'esprit de son humanisme radical : comment mettre ses analyses au service des opprimés, de la liberté et de ce qu'il appelait la « désaliénation ».

Les parallèles entre le conflit israélo-palestinien aujourd'hui et l'Algérie du milieu des années 1950 n'auraient certainement pas échappé à Fanon. Tout comme l'Algérie française, Israël est fondé sur les ruines d'une autre société ; ses efforts incessants pour coloniser la terre et déposséder la population indigène se sont accélérés au cours des dernières années et ont été marqués par une brutalité croissante. Bien que les colonies israéliennes de Gaza ait été démantelées il y a près de 20 ans, le territoire est resté sous le contrôle et la surveillance étroite de l'État juif. Depuis 2007, la bande de Gaza est soumise à un blocus punitif dont on ne voit pas la fin. Jusqu'au 7 octobre, les Israéliens pensaient l'avoir neutralisée, instaurant même un partenariat tacite avec le Hamas, dont les dirigeants à Doha recevaient des millions de dollars transportés par les valises du gouvernement de Benjamin Netanyahou. Il y régnait un calme inquiétant, le calme de la « pacification », qu'Israël confondait avec la paix tout en cherchant à négocier des accords avec les dirigeants des États du Golfe.

Le 7 octobre, cette illusion de paix imposée par les conquérante a été brisée. Le « déluge d'Al-Aqsa » est une offensive traumatisante qui a brisé le sentiment d'invincibilité d'Israël et qui rappelle de manière frappante le soulèvement de Philippeville en 1955, « point de non-retour » de la guerre franco-algérienne, selon la formule de Fanon. Dans les deux cas, les actes de résistance légitime visant des soldats étaient mêlés à d'horribles crimes de guerre, dont des massacres sommaires de civils. On ne peut pas savoir si Fanon aurait établi de telles distinctions, mais ses écrits nous permettent de mieux comprendre pourquoi le 7 octobre s'est produit et pourquoi il a pris cette forme-là. L'auteur des Damnés de la terre n'a jamais manqué de le souligner : la violence anticoloniale est une contre-violence ; elle répond à la violence bien plus grande qui émane du système colonial et le définit. Et elle se manifeste partout où le système colonial a rendu le dialogue impossible. Fin 2023, ce n'était pas seulement le Hamas, mais le mouvement palestinien tout entier, qui se trouvait dans une impasse stratégique, incapable d'obtenir des concessions de la part d'Israël et courant le risque d'être complètement oublié par la communauté internationale. Le 7 octobre n'est pas sorti de nulle part.

L'œuvre de Fanon nous aide aussi à comprendre les pulsions les plus obscures qui ont animé le massacre de centaines d'habitants de kibboutz et de participants à une rave party. « Le colonisé, écrit-il, est un persécuté qui rêve en permanence de devenir persécuteur. » Le 7 octobre, ce rêve s'est réalisé pour ceux qui ont franchi la frontière sud d'Israël : les Israéliens allaient enfin éprouver le sentiment d'impuissance et de terreur que les Gazaouis avaient connu toute leur vie. En tant que psychiatre, Fanon n'aurait d'ailleurs eu aucun mal à comprendre pourquoi les Palestiniens ont pris les armes contre ceux qui les avaient dépossédé des terres de leurs ancêtres, imposé un blocus punitif à Gaza et bombardé leurs domiciles en faisant des dizaines de milliers de morts. Il était logique, expliquait-il, que « [celui] à qui on n'a jamais cessé de dire qu'il ne comprenait que le langage de la force, décide de s'exprimer par la force ». Il n'aurait pas non plus été étonné par le spectacle de la jubilation des Palestiniens face au 7 octobre, ni par les dénégations du Hamas quant au massacre intentionnel de civils perpetrés par ses miliciens - pas plus qu'il n'aurait été surpris par la machine de propagande israélienne qui, insatisfaite des crimes réels du Hamas, a diffusé des récits mêlant faits vérifiés et mensonges, comme la décapitation de bébés et le viol systématique de femmes. Dans une guerre coloniale, insistait-il, « le bien est tout simplement ce qui leur fait du mal ».

Après le 7 octobre, on a surtout invoqué Fanon en rapport avec la question de la lutte armée. Mais son œuvre apporte également un éclairage majeur sur l'impitoyable guerre de répression menée par Israël. Déterminée à surmonter son humiliation par le Hamas, l'armée israélienne a poursuivi une campagne de bombardements massifs, de nettoyage ethnique et d'organisation de la famine. Cette guerre contre les civils constitue clairement un génocide, selon les experts des droits humains et certains des plus éminents historiens de la Shoah, dont les Israéliens Omer Bartov et Amos Goldberg. Tsahal a tué plus de 54 000 Palestiniens à Gaza, déplacé la quasi-totalité de la population et détruit la plupart des bâtiments résidentiels, ainsi que toutes les universités et tous les hôpitaux. Elle a également étendu la guerre au Liban et occupé des régions de la Syrie. La violence d'Israël a revêtu en outre un caractère grotesquement exhibitionniste, à l'instar de la violence coloniale décrite par Fanon : elle vise à affirmer purement et simplement la domination tout autant qu'à atteindre un quelconque objectif politique. Et le langage des dirigeants israéliens est ouvertement raciste et génocidaire. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », expliquait l'ancien ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, confirmant ainsi l'observation de Fanon selon laquelle « le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique [et] se réfère constamment au bestiaire ». Un membre de la Knesset a récemment suggéré qu'il fallait séparer les hommes de Gaza des femmes et des enfants et les tuer tous. Ce type de déclarations revient fréquemment en Israël, et sans aucune retenue.

Je ne pense pas que Fanon aurait été surpris de la rapidité avec laquelle l'offensive d'Israël s'est pratiquement transformée en guerre d'annihilation. Comme le mentor de ses années de jeunesse, Aimé Césaire, il avait compris que la violence fasciste avait un lien intime avec l'histoire de la conquête coloniale et que les guerres de répression coloniale acquéraient souvent le caractère d'un authentique génocide. Israël n'échappe pas à ce schéma. Si les milieux intellectuels et politiques des pays du Nord ont pour l'essentiel soutenu l'État juif, c'est aux pays du Sud – notamment l'Afrique du Sud post-apartheid –, forts de leur propre expérience de la domination raciale et coloniale, qu'a incombé la tâche de demander des comptes à Israël. Depuis la guerre de Gaza, le monde semble presque aussi « coupé en deux » qu'il l'était sous les yeux de Fanon à l'époque de la guerre d'Algérie.

Une dimension cruciale de la guerre de Gaza et du conflit dans lequel elle s'inscrit est le racisme – un thème auquel Fanon a consacré encore plus d'attention que la violence. Depuis le début de l'offensive israélienne, on assiste en Occident à une explosion de racisme contre les Palestiniens, et le soutien aux droits de ces derniers, faussement assimilé à de l'antisémitisme, y est de plus en plus souvent criminalisé. Aux États-Unis, s'exprimer au nom de la Palestine peut vous conduire en prison ou à l'expulsion du territoire, même si vous avez un permis de séjour permanent. Fanon connaissait la flexibilité et la créativité du racisme, qui ne cesse d'inventer de nouvelles cibles, Juifs, Noirs, Arabes ou autres. Dans l'imaginaire anti-palestinien, les Arabes de Palestie ne représentent pas seulement la barbarie, il ne sont pas simplement les ennemis existentiels de la civilisation « judéo-chrétienne », mais ils constituent une dangereuse cinquième colonne, comme l'étaient les Juifs en Europe. Apatrides, antagonistes des descendants des victimes de l'Europe, ils n'ont apparemment pas le « droit d'avoir des droits », ce qui est d'après Hannah Arendt la condition préalable pour être considéré comme un être humain à part entière. La déshumanisation des Palestiniens est allée de pair avec la guerre génocidaire contre Gaza, mais aussi avec l'offensive plus sournoise mais tout aussi conséquente menées en Occident contre les immigrés, en particulier les immigrés musulmans – et contre la démocratie elle-même.

Dans Les Damnés de la terre, Fanon prédisait que l'« héritage humain de la France en Algérie » serait « toute une génération d'Algériens, baignée dans l'homicide gratuit et collectif gratuit avec les conséquences psychoaffectives que cela entraîne ». On peut appliquer la même logique à l'héritage d'Israël en Palestine. Mais avec une différence essentielle : à l'époque où Fanon rédigeait son manifeste tiers-mondiste, la décolonisation et l'indépendance de l'Algérie étaient pratiquement inévitables. Les Algériens étaient en train de gagner. Si l'attaque du 7 octobre a obligé le reste le monde à porter de nouveau son regard sur la Palestine, il s'agit d'une victoire à la Pyrrhus. Les Gazaouis continuent à être harcelés et bombardés et leur agonie est tournée en dérision par des discours obscènes sur la transformation de la bande de Gaza en nouvelle Côte d'Azur débarrassée de ses habitants. De leur côté, les habitants de la Cisjordanie sont confrontés à une campagne brutale de « gazafication » menée par l'armée israélienne. Les menaces existentielles qui pèsent sur les Palestiniens ne concernent pas seulement leur survie en tant que peuple, mais aussi leur simple survie physique sur le sol qu'ils habitent.

Comment résister ? En dernière instance, c'est aux Palestiniens eux-mêmes qu'il convient de répondre à cette question. Ce n'est pas à nous d'en décider, et encore moins de les mettre sur la sellette en n'acceptant d'écouter que ceux qui condamnent le 7 octobre. À essayer de réduire au silence ceux d'entre eux qui estiment que le « déluge d'Al-Aqsa » était un acte de résistance nécessaire, on n'aboutira qu'à décourager le débat qui se développe actuellement au sein du peuple palestinien. C'est le cas en particulier à Gaza, où la colère de la population est générale face à la décision du Hamas de lancer une attaque qui a fourni à Israël le prétexte pour commettre un génocide et transformé son territoire en gigantesque chantier de démolition. Les Palestiniens n'ont pas besoin qu'on les sermonne, ce serait arrogant de notre part. Pour autant, ce n'est pas une raison pour renoncer à la lucidité intellectuelle et morale – ou pour chanter les louanges du Hamas, une organisation dont la conception de la lutte pour la libération laisse beaucoup à désirer, c'est le moins que l'on puisse dire. Dans le même esprit, on peut citer un passage souvent négligé des Damnés de la terre dans lequel Fanon explique que « le racisme, la haine, le ressentiment, “le désir légitime de vengeance” ne peuvent alimenter une guerre de libération. […] Il est vrai que les interminables exactions des forces colonialistes réintroduisent les éléments émotionnels dans la lutte, donnent au militant de nouveaux motifs de haine, de nouvelles raisons de partir à la recherche du “colon à abattre”. Mais le dirigeant se rend compte jour après jour que la haine ne saurait constituer un programme ».

Pour Fanon, la décolonisation concernait non seulement les musulmans, voués à s'émanciper du joug de l'oppression coloniale, mais aussi les membres de la minorité européenne et les Juifs (eux-mêmes issus d'une communauté indigène de l'Algérie précoloniale) qui se montraient prêts à se joindre à la lutte pour la libération. Dans L'An V de la révolution algérienne, il rendait hommage aux non-musulmans d'Algérie qui, aux côtés de leurs camarades musulmans, envisageaient un futur dans lequel l'identité et la citoyenneté algériennes seraient définies par des idéaux communs, et pas par la religion ou l'appartenance ethnique. Les identités respectives du « colon » et de l'« indigène » – tout comme celles du « Noir » et du « Blanc » – n'étaient pas pour lui des essences immuables mais des créations d'un système oppressif ; elles disparaitraient une fois que ce système serait démantelé. Au lendemain de l'indépendance, le colonisé découvrirait « l'homme derrière le colonisateur », et inversement.

Fanon était un homme d'idéaux, pas un homme de violence. Il imaginait un monde rebâti à neuf par la décolonisation et la révolution sociale, un monde dans lequel les hommes et les femmes opprimés, les sujets racialisés de l'empire occidental, pourraient déterminer leur propre existence dans la liberté et la souveraineté. Mais il nous rappelle constamment que la seule affirmation de beaux idéaux et l'exaltation de notre humanité commune ne suffiront pas à nous mener à la terre promise. La liberté exige la lutte, et la lutte se caractérise rarement par son décorum ou sa courtoisie – elle est même parfois « désordre absolu », selon ses propres termes. Cela ne signifie pas pour autant que la médecine choisie par le docteur Fanon, à savoir la thérapie de choc de la violence, soit toujours le principal remède à un ordre oppressif, et encore moins le seul. Comme l'illustre son propre parcours et celui de la révolution algérienne, un recours excessif à la violence peut avoir pour conséquence de mettre en péril les idéaux mêmes au nom desquels on combat, et conduire à de nouvelles formes d'oppression et de domination brutale. Il existe d'ailleurs des situations dans lesquelles d'autres formes de confrontation et de mobilisation populaire sont plus efficaces, pour des raisons pragmatiques autant que morales. Fanon lui-même défendait cette idée dans Peau noire, masques blancs, où il décrit avec admiration il décrit avec admiration les tactiques de la phase initiale du mouvement des droits civiques à la fin des années 1940 et au début des années 1950 aux États-Unis. Mais il n'existe pas de circonstance où le pouvoir, un pouvoir injuste, cède sans combattre, quel que soit le choix des armes.

Dans mon livre, je décris le sentiment d'exaltation éprouvé par Fanon face à l'attitude combative du peuple algérien. Mais ce que Fanon admirait chez les Algériens, ce n'était pas tant l'usage des mitrailleuses et des bombes que ce qui sous-tendait leur résistance : la dignité, l'esprit de sacrifice, le refus d'être déracinés, l'attachement à leur culture et la détermination à se constituer en nation – soit cela même que les Palestiniens désignent depuis des décennies du nom de « sumud », qui exprime la fermeté inébranlable dans la résilience. Dans les manifestations de solidarité organisées sur les campus étatsuniens, on a entendu scander le slogan « Nous sommes tous palestiniens », une expression de solidarité et d'identification imaginaire sans doute hyperbolique, mais que Fanon aurait certainement apprécié. Circulant à travers le campement de solidarité de Bard College, l'établissement où j'enseigne, j'ai croisé plus d'une étudiante ou d'un étudiant plongés dans les pages des Damnés de la terre. Qu'en aurait pensé Fanon ? Aurait-il été flatté de constater l'actualité de son livre, ou plutôt désemparé de constater qu'il était malheureusement toujours aussi pertinent ? « Je n'arrive point armé de vérité décisives », affirmait-il avec force dans Peau noire, masques blancs. Nul doute que son vœu le plus cher aurait été de voir son message de lutte et d'intransigeance rendu obsolète par l'avènement d'un monde plus juste et d'une nouvelle humanité.

Dans notre combat pour que ce monde advienne, et dans l'attente du jour où la Palestine sera libre, les idées stimulantes et souvent perturbantes de Fanon resteront pour nous une boussole irremplaçable.

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Rédacteur de la London Review of Books pour les États-Unis, je suis l'auteur de Frantz Fanon, une vie en révolutions (La Découverte, 2024), qui est récemment apparu en poche.

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L’équipage de la flottille de la Liberté doit retrouver la liberté

Suite à un long périple dont le terminus aurait dû être le territoire de Gaza, le bateau de la flottille de la Liberté a été arrêté de manière manifestement illégale dans la (…)

Suite à un long périple dont le terminus aurait dû être le territoire de Gaza, le bateau de la flottille de la Liberté a été arrêté de manière manifestement illégale dans la nuit du dimanche 8 juin au lundi 9 juin. Cette attaque contre cette action civile, est une preuve de plus de la volonté destructrice du gouvernement de Benyamin Nétanyahou de faire cesser l'existence du peuple palestinien.

Tiré du blogue de l'auteur. Illustration : Trajectoire du Madleen, bateau humanitaire arrêté au large de l 'Égypte dans les eaux internationales

Chers gouvernements, vos citoyens ont été enlevés, agissez.
En dépit de tout respect du droit en haute-mer, et de manière générale, en dépit du respect du droit, le gouvernement Israélien a aujourd'hui franchi une étape supplémentaire en stoppant net le parcours du Madleen et en enlevant à son bord l'ensemble de son équipage.

Le choix de ces mots n'est pas pris à la légère, car dans ces eaux, Israël n'a aucun droit d'aucune nature à faire comme bon lui semble contre un bateau qui ne veut pas aller sur son territoire. Mais comme le petit gouvernement génocidaire de ce pays veut faire cesser tout contact extérieur avec l'enclave palestinienne, alors ce dernier harcèle, bafoue les règles communes et agit comme des barbares n'ayant que comme intention la violence et le sang de l'Autre.

Messieurs Macron, Bayrou, Barrot, si ces mots vous atteignent (ce que je pense est un bien maigre espoir), vos concitoyens ont été enlevés. Soyez enfin responsables politiquement comme le laisse entendre votre titre de responsable politique et agissez pour que tout l'équipage de ce bateau soit secouru et non retenu par cet état définitivement terroriste 1.

Cette action vous laisse aussi une grande marge de manœuvre pour faire cesser la violence et la barbarie qui se passe en territoire palestinien. Cet appel est le même pour tous les gouvernements dont au moins un citoyen se trouvait sur la Flottille de la Liberté.

Ce court texte n'est qu'une expression parmi d'autres d'un désarroi citoyen et d'une volonté que ceux qui ont le pouvoir d'agir le fassent.

Merci à ces femmes fortes et ces hommes forts qui ont embarqué sur ce navire et qui ravivent les flammes de l'espoir. Ne nous taisons pas et multiplions nos voix, que ce soit dans nos journaux ou sur les places de nos villes, pour que ces flammes de nouveau allumées puissent continuer de briller.


Clamons le haut et fort : La flottille de la liberté et le peuple palestinien doivent retrouver la liberté.

Rima Hassan et Greta Thunberg font voile vers Gaza : un courage qui met à nu l'inaction mondiale LA LETTRE DU 5 JUIN

5 juin 2025 | tiré de Regards.fr
par Loïc Le Clerc

Cette histoire va-t-elle finir en tragédie ou en épopée ? Le choix revient à Israël qui, par le passé, avait réagi par la force à ce genre de « provocation ».
Le 1er juin, le navire humanitaire Madleen a pris le large depuis la Sicile, direction Gaza. À son bord, douze personnes et pas des moindres : la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, l'eurodéputée LFI Rima Hassan – on a même vu l'acteur Liam Cunningham de la série « Game of Thrones » venir les soutenir lors de leur départ.

Cette action, à l'initiative de la Coalition de la flottille pour la liberté, a pour objectif d'acheminer « des quantités limitées » d'aide humanitaire à Gaza, de « dénoncer le blocus et le génocide en cours ». Mais sa portée est 1000 fois plus symbolique.

Cette embarcation fait parler d'elle par les passagers qu'elle transporte. Les médias y projettent leur lumière… Enfin, les médias, c'est beaucoup dire : en France, c'est surtout grâce à leur propre force de frappe sur les réseaux sociaux que Rima Hassan et Greta Thunberg font exister leur voyage. Comme pour toute lutte, l'incarnation est un facteur qui fait la différence et, dans ce cas précis, l'impact est à la hauteur de la résonance internationale que l'équipage porte en lui.

Au fond, que nous dit le Madleen ? On peut y voir un acte héroïque, aussi courageux que romantique, tout comme on y perçoit un désespoir profond. Ce bateau en dit long sur l'inaction du monde, alors que tout Gaza se meurt.

La réaction d'Israël va elle aussi être porteuse de symboles. En mai dernier, un autre navire humanitaire de la même organisation était la cible de tirs de drones israéliens, provoquant un incendie et une brèche dans la coque. Plus loin dans le temps, en 2010, Israël avait pris d'assaut une autre « flottille de la liberté », tuant neuf personnes et causant 28 blessés, comme le rappelle Dominique Vidal dans #LaMidinale de Regards.

Et là, déjà, Israël a commencé l'intimidation, tout d'abord par une déclaration de la marine leur demandant de « se préparer » car elle est « prête à un large éventail de scénarios, qu'elle appliquera selon les instructions des dirigeants politiques ». Des mots suivis d'actes avec le survol du navire par deux drones. La démonstration humanitaire n'est pas sans risque, ce à quoi répond Rima Hassan : « Quel que soit le danger de cette mission, il est loin d'être aussi dangereux que le silence du monde entier face à un génocide retransmis en direct ».

Il va sans dire que si Israël devait agir avec la même furie qui est la sienne depuis plusieurs mois, un drame pourrait se jouer en direct à la télévision. Comme une sorte de petite allégorie du génocide des Gazaouis. L'impunité dénoncée est brandie comme un étendard, lorsque le sénateur républicain Lindsey Graham, proche de Donald Trump, ironise « J'espère que Greta et ses amis savent nager ».

Le reste du monde, l'Europe, la France, resteront-ils muets jusqu'à la fin des temps ? Quelle tuerie sera la ligne rouge de l'Histoire ? Le Madleen a pour objectif d'atteindre les côtes palestiniennes d'ici une dizaine de jours. Tout un horizon…
Notes

1 : Terrorisme Gouvernement par la terreur. ; Emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique ; Attitude d'intolérance, d'intimidation. (Le Robert)

Image : Capture d'écran réalisée à partir du site https://freedomflotilla.org/ffc-tracker/

Photo : Jack Guez Agence France-Presse Le voilier humanitaire Madleen dans le port sud d'Ashdod après avoir été intercepté par les forces israéliennes le 9 juin 2025

Palestine Mettez fin au blocus de Gaza !

Déclaration du Bureau Exécutif de la Quatrième Internationale

Depuis trois mois, Israël bloque la quasi-totalité de l'aide humanitaire à Gaza, ce qui fait planer la menace d'une famine massive, de décès et d'épidémies dus à l'absence de soins médicaux.

Le Madleen était la dernière tentative en date de la coalition de la flottille de la liberté pour défier le blocus naval israélien et apporter une aide humanitaire symbolique à Gaza. Qualifiée par Netanyahou de « croisière selfie », les courageux militants des droits de l'homme à bord, dont l'eurodéputée franço-palestinienne Rima Hassan et la militante écologiste Greta Thunberg, se sont d'abord détournés pour recueillir et mettre en sécurité des réfugiés de guerre soudanais. Puis, alors qu'il se trouvait encore dans les eaux internationales, le Madleen a été accosté et envahi par les forces israéliennes qui ont arrêté l'ensemble de l'équipage.

Ce n'est pas la première fois qu'Israël bafoue de manière flagrante le droit international. Israël n'a pas le droit d'imposer un blocus à Gaza, ni d'empêcher les navires humanitaires d'accoster à Gaza. Israël n'a pas non plus le droit d'aborder ou d'attaquer ces bateaux dans les eaux internationales.

La Quatrième Internationale condamne la politique génocidaire du gouvernement israélien et appelle à :

- La libération immédiate des membres de l'équipage !

L'imposition de sanctions contre Israël !

La fin du commerce d'armes avec Israël !

A une mobilisation mondiale massive pour mettre fin à ce génocide !

Le 9 juin 2025

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Lettre ouverte des médias et des organisations de défense de la liberté de la presse sur l’accès à Gaza

10 juin, par Reporters sans frontières (RSF) — , , , ,
À l'initiative de Reporters sans frontières (RSF) et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), plus d'une centaine d'organisations de défense de la liberté de la (…)

À l'initiative de Reporters sans frontières (RSF) et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), plus d'une centaine d'organisations de défense de la liberté de la presse et de rédactions internationales - dont l'AFP, France 24, Mediapart, Le Monde - lancent un appel public pour demander un accès immédiat et sans restriction des journalistes internationaux à la bande de Gaza et la protection des journalistes palestiniens.

Tiré du blogue de l'auteur.

Depuis plus de 20 mois, les autorités israéliennes empêchent l'entrée des journalistes étrangers dans la bande de Gaza. Dans le même temps, l'armée israélienne a tué près de 200 journalistes palestiniens dans l'enclave bloquée, dont au moins 45 dans l'exercice de leur profession. Les journalistes palestiniens qui continuent de travailler, seuls témoins présents sur le terrain, subissent des conditions intenables : déplacements forcés, famine, menaces permanentes.

Cet appel collectif, lancé avec RSF et CPJ, rassemble des médias emblématiques à l'international, de tous les continents, qui réclament leur droit d'envoyer leurs correspondants dans l'enclave pour travailler aux côtés de leurs confrères palestiniens.

« Le blocus médiatique imposé sur Gaza, avec le massacre de près de 200 journalistes par l'armée israélienne, facilite la destruction totale de l'enclave bloquée ainsi que son effacement. Les autorités israéliennes interdisent l'entrée aux journalistes étrangers et orchestrent un contrôle implacable de l'information. C'est une tentative méthodique d'étouffer les faits, de museler la vérité, d'isoler la presse palestinienne, et avec elle la population. Nous exigeons des gouvernements, des institutions internationales et des chefs d'État qu'ils mettent fin à leur silence coupable, qu'ils imposent l'ouverture immédiate de Gaza à la presse internationale, et qu'ils rappellent une évidence trop souvent piétinée : en droit international humanitaire, tuer un journaliste est un crime de guerre. Ce principe n'a été que trop bafoué : il doit être appliqué. » Thibaut Bruttin. Directeur général de RSF

Ce blocus médiatique sur Gaza continue en dépit des appels répétés de RSF à garantir un accès libre aux journalistes, et des recours judiciaires tels que la demande de l'Association de la presse étrangère (la Foreign Press Association ou FPA) devant la Cour suprême israélienne. Les journalistes palestiniens sont, quant à eux, enfermés, déplacés, affamés, diffamés et ciblés en raison de leur métier. Ceux qui ont survécu au massacre sans précédent des journalistes, se retrouvent sans abris, sans matériel, sans soins et même sans nourriture, selon un rapport du CPJ. Ils risquent d'être tués à tout moment.

Pour mettre fin à l'impunité qui permet à ces crimes de continuer, RSF a par ailleurs saisi à plusieurs reprises la Cour pénale internationale (CPI) pour lui demander d'enquêter sur des crimes de guerre présumés commis contre les journalistes à Gaza par l'armée israélienne. RSF soutient aussi les journalistes palestiniens sur le terrain, en particulier à Gaza, à travers des partenariats concrets avec des organisations locales comme ARIJ (Arab Reporters for Investigative Journalism).

Ce partenariat permet de fournir un appui matériel, psychologique et professionnel aux journalistes palestiniens, tout en garantissant la diffusion de reportages de qualité, malgré le blocus et les risques. RSF réaffirme, à travers cette coopération, son engagement à défendre un journalisme indépendant et rigoureux, même dans les conditions les plus extrêmes.

Lire l'appel en intégralité

L'appel a été signé par :

1. Actualite.cd, Patient Ligodi, fondateur (République démocratique du Congo)

2. Agence France-Presse, Phil Chetwynd, directeur de l'information internationale (France)

3. Agência Pública, Natália Viana, directrice exécutive (Brésil)

4. Al Araby Al Jadeed, Hussam Kanafani, directeur du secteur des médias

5. Al Jazeera Center of Public Liberties & Human Rights, Sami Alhaj, directeur (Qatar)

6. Al-Masdar Online, Ali al-Faqih, PDG (Yémen)

7. Alternative Press Syndicate (Liban)

8. Amazônia Real, Kátia Brasil, directrice (Brésil)

9. Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ), Rawan Daman, directrice générale

10. ARTICLE 19

11. Asia Pacific Report, David Robie, rédacteur en chef (Nouvelle-Zélande)

12. Associated Press, Julie Pace, rédactrice en chef et vice-présidente senior (États-Unis)

13. Association of Foreign Press Correspondents, Nancy Prager-Kamel, présidente

14. Bahrain Press Association (Bahreïn)

15. Birama Konaré, directeur général, Joliba (Mali)

16. BirGun Daily, Yasar Aydin, coordinateur de l'information (Turquie)

17. Brecha, Betania Núñez, directrice journalistique (Uruguay)

18. British Broadcasting Corporation (BBC), Deborah Turness, PDGPDG, BBC News (Royaume-Uni)

19. Bulatlat, Ronalyn V. Olea, rédactrice en chef (Philippines)

20. CamboJA, Nop Vy, directeur exécutif (Cambodge)

21. Casbah Tribune, Khaled Drareni, directeur de la rédaction (Algérie)

22. Cedar Centre for Legal Studies (CCLS) (Liban)

23. Center for Investigative Journalism of Montenegro (CIN-CG), Milka Tadić Mijović, rédactrice en chef

24. Churchill Otieno, directeur exécutif, Eastern Africa Editors Society et président, Africa Editors Forum (Kenya)

25. Committee to Protect Journalists (CPJ), Jodie Ginsberg, PDG

26. Community Peacemaker Teams (CPT) (Kurdistan irakien)

27. Confidencial.digital, Carlos F. Chamorro, directeur (Nicaragua, en exil)

28. Connectas, Carlos Eduardo Huertas, directeur (Les Amériques)

29. Daraj Media, Hazem al Amin, rédacteur en chef, Alia Ibrahim, PDG et Diana Moukalled, directrice de la rédaction (Liban)

30. Journal Dawn, Zaffar Abbas, rédacteur en chef (Pakistan)

31. De Último Minuto, Hector Romero, directeur (République dominicaine)

32. Delfino.CR, Diego Delfino Machín, directeur (Costa Rica)

33. Deník Referendum, Jakub Patocka, rédacteur en chef et éditeur,

34. Digital Radio-télévision DRTV, William Mouko Zinika Toung-Hou, directeur adjoint de l'information (Congo-Brazzaville)

35. Droub, Murtada Ahmed Mahmoud Koko, directeur général (Soudan)

36. Efecto Cocuyo, Luz Mely Reyes, directrice (Venezuela)

37. Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) (Égypte)

38. El Ciudadano, Javier Pineda, directeur (Chili)

39. El Diario de Hoy, Óscar Picardo Joao, directeur de la rédaction (Salvador)

40. El Espectador, Fidel Cano Correa, directeur (Colombie)

41. El Faro, Carlos Dada, cofondateur et directeur,

42. El Mostrador, Héctor Cossio, directeur (Chili)

43. El Sol de México, Martha Citlali Ramos, directrice éditoriale nationale (Mexique)

44. El Universal, David Aponte, directeur général éditorial (Mexique)

45. elDiarioAR, Delfina Torres Cabreros, directrice journalistique (Argentine)

46. ENASS, Salaheddine Lemaizi, directeur (Maroc)

47. European Broadcasting Union, Noel Curran, directeur général

48. Équipe Média, Mohamed Mayara, coordinateur général (Sahara occidental)

49. Fédération européenne des journalistes (FEJ), Ricardo Gutiérrez, secrétaire général

50. Eyewitness Media Group, Patrick Mayoyo, directeur des innovations éditoriales

51. Financial Times, Roula Khalaf, rédactrice en chef (Royaume-Uni)

52. Forbidden Stories, Laurent Richard, fondateur (France)

53. Foreign Press Association, Deborah Bonetti, directrice (Londres)

54. Foreign Press Association, le conseil (Israël et les territoires palestiniens)

55. Fondation pour le journalisme d'investigation – FIJ, Fisayo Soyombo, fondateur et rédacteur en chef (Nigeria)

56. France 24, Vanessa Burggraf, directrice (France)

57. Free Press Unlimited, Ruth Kronenburg, directrice exécutive

58. Front Page Africa, Rodney Sieh, rédacteur en chef et éditeur (Libéria)

59. GabonClic.info, Randy Karl Louba, directeur (Gabon)

60. Geneva Health Files, Priti Patnaik, fondatrice

61. Geo News, Azhar Abbas, rédacteur en chef (Pakistan)

62. Global Investigative Journalism Network (GIJN), Emilia Diaz-Struck, directrice exécutive

63. Global Reporting Centre, Sharon Nadeem, productrice et responsable des partenariats

64. Guineematin.com, Nouhou Baldé, fondateur et administrateur (Guinée)

65. Haaretz, Aluf Benn, rédacteur en chef (Israël)

66. 7amleh - Le Centre arabe pour la promotion des médias sociaux, Nadim Nashif, Directeur exécutif (Palestine\Israël)

67. Hildebrandt en sus trece, César Hildebrandt, directeur (Pérou)

68. HuMENA pour les droits humains et l'engagement civique

69. Independent Television News, Rachel Corp, directrice générale (Royaume-Uni)

70. Inkyfada, Malek Khadhraoui, directeur de la publication (Tunisie)

71. International News Safety Institute (INSI), Elena Cosentino, directrice (Royaume-Uni)

72. International Press Institute (IPI), Scott Griffen, directeur exécutif

73. IWACU, Abbas Mbazumutima, rédacteur en chef (Burundi)

74. Klix.ba, Semir Hambo, rédacteur en chef (Bosnie-Herzégovine)

75. L'Alternative, Ferdinand Ayité, directeur de la publication (Togo)

76. L'Événement, Moussa Aksar, directeur de la publication (Niger)

77. La Voix de Djibouti, Mahamoud Djama, directeur de la publication (Djibouti)

78. Le Jour, Haman Mana, directeur de publication (Cameroun)

79. Le Monde, Jérôme Fenoglio, directeur (France)

80. Le Reporter, Aimé Kobo Nabaloum, directeur de publication (Burkina Faso)

81. Le Temps, Madeleine von Holzen, rédactrice en chef (Suisse)

82. Centre libanais des droits de l'homme (CLDH) (Liban)

83. Luat Khoa, Trinh Huu Long, rédacteur en chef (Vietnam)

84. Mada Masr, Lina Atallah, PDG (Égypte)

85. Mail & Guardian, Luke Feltham, rédacteur en chef par intérim (Afrique du Sud)

86. Malaysiakini, RK Anand, rédacteur en chef exécutif (Malaisie)

87. Mekong Review, Kirsten Han, rédactrice en chef (Singapour)

88. MediaTown, Ashraf Mashrawi, directeur (Palestine)

89. MENA Rights Group (Suisse)

90. Mizzima Media, Soe Myint, directeur général et rédacteur en chef (Myanmar)

91. Mullithivu Press Club - Kanapathipillai Kumanan, photojournaliste et coordinateur (Sri Lanka)

92. Muwatin Media Network, Mohammed Al-Fazari, PDG et rédacteur en chef (Royaume-Uni)

93. Monte Carlo Doualiya (MCD), Souad Al-Tayeb, Directrice (France)

94. National Public Radio (NPR) Edith Chapin, vice-présidente senior et rédactrice en chef (États-Unis)

95. New Bloom Magazine, Brian Hioe, rédacteur en chef fondateur (Taïwan)

96. Nord Sud Quotidien, Raoul Hounsounou, directeur de publication (Bénin)

97. OC Media, Mariam Nikuradze, cofondatrice et codirectrice (Géorgie)

98. Organización Editorial Mexicana, Martha C. Ramos Sosa, directrice générale de la rédaction (Mexique)

99. People Daily, Emeka Mayaka Gekara, rédacteur en chef (Kenya)

100. Photon Media, Shirley Ka Lai Leung, PDG (Hong Kong)

101. Plan V, Juan Carlos Calderón, directeur (Équateur)

102. Prachatai, Mutita Chuachang, rédactrice en chef (Thaïlande)

103. Premium Times, Musikilu Mojeed, rédacteur en chef - directeur des opérations (Nigeria)

104. Pressafrik, Ibrahima Lissa Faye, directeur de publication (Sénégal)

105. Prospect Magazine, Alan Rusbridger, rédacteur en chef

106. Pulitzer Center, Marina Walker Guevara, rédactrice en chef

107. Rádio Ecclesia, Gaudêncio Yakuleingue, directeur (Angola)

108. Radio Universidad de Chile, Patricio López, directeur (Chili)

109. Radio France Internationale (RFI), Jean-Marc Four, Directeur (France)

110. Reporters sans frontières (RSF), Thibaut Bruttin, directeur général

111. Rory Peck Trust, Jon Williams, directeur exécutif

112. SMEX (Liban)

113. SMN24MEDIA, Kamal Siriwardana, directeur de l'information (Sri Lanka)

114. Society of Professional Journalists, Caroline Hendrie, directrice exécutive (États-Unis)

115. Stabroek News, Anand Persaud, directeur (Guyana)

116. Syrian Center for Media and Freedom of Expression, SCM (Syrie)

117. Taz – die tageszeitung, Barbara Junge, rédactrice en chef (Allemagne)

118. Tempo Digital, Wahyu Dhyatmika, directeur général (Indonésie)

119. The Globe and Mail & président du Forum mondial des rédacteurs en chef (WAN-IFRA), David Walmsley, rédacteur en chef (Canada)

120. The Independent, Geordie Greig, rédacteur en chef (Royaume-Uni)

121. The Intercept Brasil, Andrew Fishman, président et cofondateur (Brésil)

122. The Legal Agenda (Liban)

123. The Magnet, Larry Moonze, rédacteur en chef (Zambie)

124. The Nairobi Law Monthly, Mbugua Ng'ang'a, rédacteur en chef (Kenya)

125. The New Arab, Hussam Kanafani, directeur du secteur des médias

126. The Point, Pap Saine, directeur de la publication (Gambie)

127. The Reckoning Project, Janine di Giovanni, PDG

128. The Shift, Caroline Muscat, fondatrice (Malte)

129. The Wire, Seema Chishti, rédactrice en chef (Inde)

130. Association mondiale des éditeurs de journaux (WAN-IFRA), Vincent Peyrègne, PDG, Andrew Heslop, directeur exécutif pour la liberté de la presse

131. TV Slovenia, Ksenija Horvat, directrice (Slovénie)

132. Twala.info, Lyas Hallas, directeur de publication (Algérie)

133. Unnu.news, Lkhagvatseren Batbayar, rédacteur en chef (Mongolie)

134. Vikalpa - Sampath Samarakoon, rédacteur (Sri Lanka)

135. Wattan Media Network, Muamar Orabi, directeur général (Palestine)

136. Woz – die Wochenzeitung, Florian Keller, Daniela Janser, Kaspar Surber, comité de rédaction (Suisse)

137. Bianet, Murat İnceoglu, rédacteur en chef (Turquie)

138. Mediapart, Carine Fouteau, Rédactrice en chef (France)

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Quatre journalistes assassinés dans un hôpital à Gaza

10 juin, par Agence Média Palestine — , , ,
Une nouvelle attaque israélienne ciblant des journalistes palestiniens a fait quatre victimes, portant à 224 le nombre de journalistes assassiné-es par Israël à Gaza depuis le (…)

Une nouvelle attaque israélienne ciblant des journalistes palestiniens a fait quatre victimes, portant à 224 le nombre de journalistes assassiné-es par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2025.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Un drone israélien, au matin du jeudi 5 juin 2025, a visé une tente de journalistes qui se trouvait dans la cour de l'hôpital Al Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, dans la ville de Gaza. Au moins sept personnes ont été assassinées dans cette frappe, y compris des personnes qui accompagnaient des patient-es de l'hôpital, et de nombreuses autres ont été blessées dont des membres du personnel soignant.

Le syndicat des journalistes palestiniens (PJS) confirme que cette attaque a causé la mort de Suleiman Hajjaj, correspondant de Palestine Today, Ismail Badah, caméraman de Palestine Today, et Samir Al-Rifai, de l'agence de presse Shams. Le journaliste Ahmed Qaljah, caméraman indépendant pour Al-Arabiya, a été grièvement blessé lors de cette attaque, et a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. L'attaque a blessé trois autres journalistes.

Cette attaque porte à 224 le nombre de journalistes tués par les forces israéliennes depuis le 7 octobre 2023, selon le Bureau des médias du gouvernement de Gaza. Parmi elles et eux, on compte 14 femmes journalistes et, selon Reporters sans frontières, 42 journalistes qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. En outre, des dizaines de journalistes ont été tués lors d'attaques ciblées contre leurs domiciles. Le Syndicat des journalistes palestiniens a documenté le bombardement de 152 maisons qui a tué 665 membres de la famille et proches de journalistes. D'autres journalistes ont été tués lors de bombardements aveugles tout au long du génocide en cours. 415 journalistes ont été blessés dans diverses circonstances. De plus, un grand nombre de militants des réseaux sociaux ont été pris pour cible, l'armée israélienne incitant systématiquement à la haine et les menaçant de mort s'ils ne se taisent pas.

Le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) a dénoncé fermement cette attaque et toutes les précédentes, affirmant que le ciblage de la presse vise à empêcher la documentation des actes génocidaires commis par Israël contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza. « Le PCHR estime que les attaques et les assassinats continus et croissants de journalistes au cours des 20 derniers mois prouvent sans équivoque qu'il s'agit d'assassinats délibérés et intentionnels, visant à intimider, terroriser et empêcher les journalistes de révéler la vérité au monde. Ces attaques ciblées font partie du crime de génocide commis par Israël dans la bande de Gaza. »

Le jour-même de cette attaque, 130 organisations mondiales de presse et de défense de la liberté de la presse, dont la BBC, l'AFP, Al Jazeera ou encore Le Monde, ont appelé à ce que les médias internationaux aient immédiatement accès à Gaza et à ce que les journalistes palestiniens bénéficient d'une protection totale. Dans une lettre coordonnée par Reporter Sans Frontières et le Comité de protection des journalistes, ces médias dénoncent « une attaque directe contre la liberté de la presse et le droit à l'information. »

« Les journalistes locaux, les mieux placés pour dire la vérité, sont confrontés au déplacement et à la famine. À ce jour, près de 200 journalistes ont été tués par l'armée israélienne. Beaucoup d'autres ont été blessés et voient leur vie constamment menacée parce qu'ils font leur travail : témoigner. »

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Cinq ans après l’assassinat de George Floyd

10 juin, par Malik Miah — , ,
George Floyd a été assassiné le 25 mai 2020 lorsqu'un policier blanc de Minneapolis a appuyé son genou sur le cou de Floyd pendant 9 minutes et demie alors que ce dernier était (…)

George Floyd a été assassiné le 25 mai 2020 lorsqu'un policier blanc de Minneapolis a appuyé son genou sur le cou de Floyd pendant 9 minutes et demie alors que ce dernier était menotté et implorait qu'on le laisse respirer.

Tiré de Inprecor
5 juin 2025

Par Malik Miah

La mort de Floyd a été filmée par une jeune personne, alors que d'autres personnes noires criaient à la police de relâcher Floyd.

Son meurtre a donné lieu à des manifestations nationales et internationales et à un réexamen du racisme sociétal et institutionnel, y compris le maintien de l'ordre. Cinq ans plus tard, quel est l'héritage de la mort de Floyd et du mouvement pour la justice et la responsabilisation de la police ?

De BLM à la contre-révolution

Pour faire simple : l'essor du mouvement Black Lives Matters (BLM), qui a obtenu quelques modestes avancées et un changement de conscience pour des millions de personnes, se trouve aujourd'hui dans le collimateur de la contre-révolution MAGA de Donald Trump.

Trump est un raciste de toujours qui affirme que la diversité, l'équité et l'inclusion sont des « discriminations de réversion » et un « génocide blanc ». Pourtant, c'est au cours de son premier mandat que Floyd a été assassiné. Il a soutenu les brutalités policières excessives, y compris contre les manifestants de BLM.

Le président Joe Biden et les démocrates, qui dépendaient du vote des Noirs, ont promu des réformes limitées de la police tout en vantant les mérites des flics qui « font leur travail ». Parmi ces changements modestes, le ministère de la Justice de Joe Biden a imposé un décret de consentement au département de police de Minneapolis.

Le policier qui a assassiné Floyd, Derek Chauvin, a été condamné à la fois dans un procès d'État et dans un procès fédéral. Cette décision est importante, car le président Trump ne peut pas accorder de grâce pour la condamnation prononcée dans le Minnesota.

Le nouveau ministère de la Justice de Trump a récemment mis fin aux décrets de consentement à Minneapolis et dans d'autres villes et avance des mensonges anti-Noirs en qualifiant de « raciste » l'enseignement de la vérité sur le racisme.

Cinq ans plus tard, une grande partie des progrès obtenus grâce aux manifestations de masse dans les rues ont été réduits à néant ou sont menacés. Les suprémacistes blancs dirigent ouvertement la Maison Blanche et le Congrès.

Une longue histoire de déni

Peu après son retour à la présidence, Donald Trump a contraint la municipalité de Washington à supprimer la place George Floyd.

Mais la volonté actuelle de défendre les privilèges des Blancs contre les droits des Noirs n'est pas une nouveauté, mais un retour à ce qui a existé pendant la plus grande partie de l'histoire des États-Unis. En 400 ans, les Noirs américains n'ont eu l'espoir d'être acceptés en tant que citoyens à part entière que pendant deux périodes : les 20 années qui ont suivi la guerre de Sécession et les 50 années qui ont suivi la révolution des droits civiques.

La communauté noire s'accorde largement sur les violences racistes commises par la police et sur la nécessité d'une véritable réforme, ce qui n'a guère été le cas au cours des cinq dernières années. Les démocrates et les libéraux se sont contentés de soutenir la réforme du bout des lèvres, sachant qu'elle n'aboutirait jamais.

Dans les années 1960, Malcolm X et Martin Luther King Jr. ont tous deux souligné que les ségrégationnistes blancs étaient au moins ouverts sur leur racisme, alors que la plupart des libéraux blancs faisaient la leçon aux dirigeants noirs pour qu'ils « ralentissent » la lutte en faveur d'un changement fondamental.

Minneapolis aujourd'hui

Le site de Minneapolis où Floyd a été assassiné fait l'objet d'un débat tendu sur la meilleure façon d'honorer son héritage, selon Melissa Hellmann du Guardian, qui s'est jointe à de nombreux journalistes étrangers le jour de l'anniversaire, le 25 mai.

Une fresque murale se trouve à l'angle de la 38e rue et de l'avenue Chicago à Minneapolis, dans la zone appelée George Floyd Square.

« En mai dernier, Roger Floyd et Thomas McLaurin ont parcouru la 38e rue et l'avenue Chicago à Minneapolis, passant devant un rond-point avec un jardin et une station-service inoccupée sur laquelle on pouvait lire : Where there's people there's power » (« Là où il y a des gens, il y a du pouvoir »).

« Aujourd'hui, cinq ans après le meurtre de George Floyd, l'avenir de la place où il est mort reste incertain, alors que le conseil municipal délibère sur des plans d'aménagement.

« McLaurin et Roger Floyd souhaitent que la place soit commémorée comme un site historique qui a lancé un mouvement mondial en faveur de la justice raciale et qui a servi d'appel au ralliement pour la responsabilisation de la police ».

Le journaliste du Guardian a ajouté : « Minneapolis abritait le plus ancien journal appartenant à des Noirs et géré par des Noirs, ainsi que plus de 20 entreprises appartenant à des Noirs entre les années 1930 et 1970. »

Michael McQuarrie, directeur du Centre pour le travail et la démocratie de l'université d'État de l'Arizona, qui a mené des recherches sur la place de Minneapolis lors des manifestations de 2020, a déclaré que la ville était divisée sur la manière de faire évoluer la zone au cours des cinq dernières années.

Il considère que la fermeture de la rue de 2020 à 2021 sera un facteur de transformation pour la communauté. Mais certains membres de la communauté, des membres du conseil municipal et des membres de la famille de Floyd affirment qu'il n'est pas possible de précipiter la guérison.

Jason Chavez, membre du conseil municipal du quartier 9, où se trouve une partie de la place, a déclaré qu'il fallait reconnaître qu'il s'agissait d'un « élément historique de l'histoire de notre ville qui ne sera jamais oublié ».

« Nous ne pouvons pas aseptiser ce qui s'est passé ici durant l'été 2020 », a déclaré M. Chavez.

Une remise en question fondamentale s'impose

Le 19 juin 2020 sur la place George Floyd. Fibonacci Blue CC by Sea

Keka Araujo, de Black Enterprisemagazine, a expliqué les sentiments de nombreux Afro-Américains :

« Cinq ans après le meurtre tragique et évitable de George Floyd, la lutte pour une responsabilité authentique et une justice équitable est loin d'être terminée ; en fait, à bien des égards, on a l'impression qu'elle reprend, avec des exigences plus pressantes que jamais...

« Le 25 mai 2020 reste une inscription brutale dans notre histoire commune honteuse, qui a déclenché une insurrection mondiale contre l'inégalité raciale et les méfaits des forces de l'ordre, que seule une remise en question fondamentale pourrait réparer.

« Pourtant, à l'approche de ce sombre anniversaire, la ferveur initiale de l'indignation et les appels urgents à une réforme systémique ont principalement cédé la place à une immobilité troublante, une marée de régression rampante qui laisse beaucoup se demander si les conditions mêmes qui ont conduit à la mort de Floyd ne sont pas tacitement autorisées à réapparaître. »

Araujo nous le rappelle avec éloquence :

« Comme l'histoire nous le rappelle constamment, le chemin vers la justice est rarement linéaire. L'élan naissant pour une réforme globale de la police au niveau fédéral s'est largement enlisé, les efforts législatifs n'ayant pas réussi à obtenir une adhésion bipartisane… et ayant rencontré une opposition persistante, un refoulement perceptible contre la compréhension même de l'existence du racisme systémique et les exigences de responsabilité ».

Ce que lui et beaucoup d'autres ne parviennent pas à identifier, c'est la racine du racisme, de la violence policière et de la suprématie blanche pratiquée par l'État : le système capitaliste. Il ne pourra jamais y avoir de fin au racisme, y compris à la violence policière, tant que ce système ne sera pas renversé.

Jusqu'à ce que ce système soit remis en cause, nous devons continuer à nous battre et à résister, et nous devons le faire les yeux grands ouverts. C'est la principale leçon à tirer de l'héritage du 25 mai 2020 à aujourd'hui. La communauté noire le sait mieux que toute autre population opprimée.

Publié par

Against The Current

le 5 juin 2025

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Lettre ouverte au premier ministre canadien, Mark Carney : Palestine, l’urgence absolue

Partout à travers le monde se multiplient les appels pour faire cesser les massacres à Gaza, pour un régime de sanctions effectif contre Israël, pour la reconnaissance de (…)

Partout à travers le monde se multiplient les appels pour faire cesser les massacres à Gaza, pour un régime de sanctions effectif contre Israël, pour la reconnaissance de l'État de Palestine. Dernier en date, celui émanant de personnalités du Canada.

Tiré d'Orient XXI.

Ce matin du 29 mai 2025, au lever, nous apprenons que plus de 50 personnes ont déjà été tuées à Gaza et le jour n'est pas terminé. À quel niveau d'horreur faudra-t-il arriver pour que nos gouvernements bougent pour empêcher la poursuite de ce carnage ?

  1. La protection du peuple palestinien est devenue une urgence absolue. À Gaza, après quelques semaines de suspension, les massacres de masse ont repris, accompagnés d'un siège total, d'une famine généralisée et de déplacements forcés de populations.

C'est le constat dramatique que faisait « l'appel de Paris pour la protection du peuple de Palestine » le 25 mai 2025 : « plus de 53 000 Palestiniens ont été tués suite aux opérations militaires israéliennes. La bande de Gaza dévastée est devenue inhabitable et en ruines. »

Le jugement que l'Histoire portera sur notre silence

Au Québec, une pétition de plus de 800 personnes, endossée par de grands noms de notre histoire, exprime la même indignation et demande au premier ministre du Canada, Mark Carney, de « hausser le ton ». Ils disent : « Nous refusons d'être maintenus dans l'impuissance et la passivité. Nous refusons le jugement que l'Histoire portera sur notre silence (1). »

Il n'y a pas que les gens qui meurent à Gaza : moins de 5 % des terres agricoles sont aujourd'hui utilisables, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO. Comment appelle-t-on une telle destruction ?
Gaza, c'est grand comme l'île de Montréal. Imaginez si tous nos hôpitaux étaient bombardés à répétition, détruits ou gravement endommagés. Et si notre centre-ville et nos quartiers résidentiels étaient réduits en poussière.

Nous avons vu, pratiquement en direct, des enfants brûler vifs à Gaza. Ils tendaient les bras. On voyait leurs petits corps bouger, mais on n'entendait pas leurs cris dans l'école bombardée où ces enfants vivaient avec leurs parents. L'ambassadrice américaine (sous la présidence Biden) a raconté la scène, comme nous le faisons ici, mais ça n'a pas empêché la diplomate d'opposer son veto, ce jour-là, à une résolution de cessez-le-feu, au conseil de sécurité de l'ONU.

Après Gaza, la Cisjordanie

Le 26 mai, on a encore vu des enfants palestiniens brûler vifs, dans une école de Gaza : 36 morts. À Gaza, des enfants sont amputés d'un bras, d'une jambe ou les deux, sans anesthésie ! Parce que les réserves des hôpitaux sont bombardées ou épuisées. Les enfants dont on parle sont si petits qu'ils demandent parfois si leur bras ou leur jambe coupée va « repousser ». Et plusieurs sont orphelins, à cause de la guerre.

Après Gaza, la Cisjordanie aussi devient un champ de bataille : en 18 mois, on y a compté plus de 1 500 attaques de l'armée israélienne. Les colons ont fait plus de 900 morts et plus de 7 000 blessés palestiniens, sans compter ceux qui ont été déplacés, par milliers. Les colons s'accaparent des terres, brûlent des oliveraies et des maisons !

Le 26 mai 2025, 800 juristes britanniques, dont deux anciens juges de la Cour suprême du Royaume-Uni, ont même affirmé que l'action des autorités israéliennes dans les territoires occupés pouvait constituer un génocide, en écho aux conclusions de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 (2).

Non moins importante que la protection de la population d'Israël face à toute agression, la protection du peuple palestinien et de ses enfants est devenue une urgence absolue. C'est notre devoir ! À tous.

« Tout être humain dont la vie est en danger a droit au secours » (article deux de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec). On retrouve le même esprit dans le droit international humanitaire. C'est ce droit qu'il faut absolument préserver.

Notre combat contre l'apartheid

Dans son histoire, le Canada a su relever des défis similaires. Qui a regretté notre combat contre l'apartheid en Afrique du Sud ? Et notre campagne courageuse contre les mines antipersonnel, avec le soutien inoubliable de Lady Di ? En 1956, on a dit non à la guerre de Suez et l'on a inventé les casques bleus, ce qui a valu au Canada un prix Nobel de la paix. Le Canada a plus que milité pour la création de la Cour pénale internationale : il en a été un architecte essentiel. La « responsabilité de protéger » porte aussi notre signature.

Avons-nous appris des leçons de notre histoire ?

Le 19 juillet 2024, la Cour internationale de justice de La Haye a confirmé que Gaza et la Cisjordanie sont des territoires « occupés ». La Cour a dit qu'Israël doit mettre fin à cette occupation de près de 60 ans et retirer ses colons de Cisjordanie. Pas dans dix ans ! Maintenant.

La Cour internationale dit aussi qu'Israël doit indemniser les Palestiniens pour les dommages découlant de cette colonisation. Plusieurs des juges dénoncent aussi l'existence d'un système d'apartheid en Cisjordanie, comme l'avait déjà observé Nelson Mandela, citoyen honoraire du Canada.

Le 17 septembre 2024, suivant l'avis de la Cour internationale, l'Assemblée générale de l'ONU a voté massivement « pour un démantèlement des colonies israéliennes avant le 18 septembre 2025 ». Le 18 septembre, c'est dans moins de quatre mois ! Le Canada s'est abstenu lors de ce vote. Nous lui demandons de reconsidérer sa position et de se ranger, comme la France, du côté de la grande majorité de l'Assemblée générale.

Le 29 mai 2025, Israël annonce la construction de 22 nouvelles colonies en Cisjordanie. Devant une telle provocation, le Canada peut-il continuer d'ignorer l'avis de la Cour et poursuivre comme si de rien n'était son commerce en libre-échange avec Israël, un libre-échange qui inclut les produits de Cisjordanie ?

On ne peut ignorer l'avis de la Cour internationale de justice

L'avis de la Cour internationale de justice est clair comme de l'eau de roche. La Cour dit le droit ! Le Canada ne peut ignorer cette décision. En partenariat avec un nombre croissant de pays européens — récemment l'Allemagne et la Norvège —, le Canada doit exiger le respect de la justice internationale, réclamer la paix, et annoncer une solide stratégie de pressions sur les autorités israéliennes, comprenant un régime de sanctions et la reconnaissance de l'État palestinien. Cette reconnaissance est présentée le 30 mai 2025 par le président Emmanuel Macron comme « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique (3) ».

Le Canada accueillera les pays du G7 à Kananaskis le 15 juin. Du 17 au 20 juin, se tiendra à New York une session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU, présidée par la France et l'Arabie saoudite, pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. La semaine suivante aura lieu un sommet de l'OTAN à La Haye. Le Canada devrait profiter de ces tribunes pour exercer du leadership et défendre les droits d'un peuple en péril !

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Liste des signataires

François Crépeau, professeur de droit international, université McGill, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l'homme des migrants

Aline Gobeil, ancienne journaliste à Radio-Canada

Avec le soutien de

Hon. Lloyd Axworthy, président du Conseil mondial pour les réfugiés et les migrations

Hon. René Dussault, ancien coprésident de la commission royale sur les peuples autochtones

Peter Leuprecht, ancien doyen de la faculté de droit de l'université McGill, ancien directeur des droits de l'homme et secrétaire général adjoint du Conseil de l'Europe

William A. Schabas, professeur de droit international, université du Middlesex, Londres, Royaume-Uni

Mark Antaki, université McGill

Rachad Antonius, professeur associé, université du Québec à Montréal (UQAM)

Robert Armstrong, consultant en télécommunications
Idil Atak, professeure, université métropolitaine de Toronto

Suzanne Aubry, écrivaine

Stéphane Beaulac, PhD (Cantab), professeur de droit international, université de Montréal

Gilles Bibeau, professeur émérite, université de Montréal

Megan Bradley, professeur et William Dawson Scholar, sciences politiques et développement international, université McGill

Bonnie Campbell, professeure émérite, UQAM

Christopher Campbell-Duruflé, professeur adjoint, faculté de droit, université métropolitaine de Toronto

Sonia Cancian, psychanalyste, historienne, centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises, université McGill

Janet Cleveland, chercheuse, institut universitaire Sherpa

Ellen Corin, professeure émérite, université McGill

Geneviève Dufour, professeure, université d'Ottawa

Gilles Duruflé, consultant en finance internationale

Samaa Elibyari, présidente du Conseil canadien des femmes musulmanes-Québec

Evan Fox-Decent, professeur de droit et président de la chaire en droit et justice cosmopolite, université McGill

Katsi'tsakwas Ellen Gabriel, artiste, documentariste, activiste autochtone en droits de la personne et en environnement, Kanehsatà:ke, Canada

Alain-G. Gagnon, professeur titulaire, département de science politique, UQAM

Ana Gómez-Carrillo, MD, psychiatre, hôpital pour enfants de Montréal, Centre médical de l'université McGill

Gaëtane Gascon, retraitée d'Oxfam Canada

Jill Hanley, professeure titulaire, école de travail social, université McGill

Simon Harel, professeur titulaire, département de littératures et de langues du monde, université de Montréal

Ghayda Hassan, UQAM

Denise Helly, institut national de la recherche scientifique, Montréal

Janique Johnson-Lafleur, institut universitaire Sherpa et université McGill

Niky Kamran, université McGill

Dr Laurence J. Kirmayer, professeur distingué James McGill, directeur, division de psychiatrie sociale et transculturelle, Université McGill

Myrna Lashley, université McGill

Isabelle Lasvergnas, psychanalyste

Karine Mac Allister, PhD

Abdelwahed Mekki-Berrada, professeur titulaire, université Laval

Donna Mergler, professeure émérite, UQAM

Lucie Nadeau, MD, professeure agrégée, divisions de psychiatrie sociale et culturelle et de pédopsychiatrie, université McGill

Vrinda Narain, professeure associée, faculté de droit, université McGill

Ndeye Dieynaba Ndiaye, professeure agrégée, département des sciences juridiques, UQAM

Alex Neve, chercheur principal, école supérieure d'affaires publiques et internationales de l'université d'Ottawa, ancien secrétaire général d'Amnesty International Canada

John Packer, centre d'études sur les droits humains et l'éducation, faculté de droit, université d'Ottawa

Michel Peterson, psychanalyste, école lacanienne de Montréal, Corpo Freudiano, Alfapsy

Johanne Poirier, professeure, faculté de droit, université McGill

Maryse Potvin, professeure titulaire, UQAM

Cécile Rousseau, professeure, Université McGill

Claude Savoie, avocate

Marina Sharpe, professeure associée, collège miliaire de Saint-Jean

Oussama Sidhom, université McGill

Louise Vandelac, professeure titulaire, sociologie, UQAM

Marie-Joëlle Zahar, directrice du réseau de recherche sur les opérations de paix, université de Montréal

Notes

1- « Des centaines de personnalités québécoises demandent à Mark Carney de lever le ton face à Israël », Le Devoir, 28 mai 2025.

2- « UK must impose sanctions on Israel to meet legal obligations, say more than 800 lawyers », The Guardian, 27 mai 2025.

3- Le Monde, 30 mai 2025.

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Taxes de 50 % sur l’acier et l’aluminium : escalade dans la guerre commerciale ou nouveau bluff ?

10 juin, par Gregorio Oneto — , ,
Ce mercredi est entrée en vigueur une nouvelle hausse des droits de douane des États-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium, de 25 % à 50 %. Une hausse considérable, (…)

Ce mercredi est entrée en vigueur une nouvelle hausse des droits de douane des États-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium, de 25 % à 50 %. Une hausse considérable, qui, si elle se pérennise, provoquera de graves secousses dans un secteur déjà sous tension. Mais ce choix pourrait être un nouveau coup de la part de Trump destiné à le renforcer dans les négociations.

4 juin 2025 | tiré de Révolution permanente | Crédits photo : Flickr The White House
https://www.revolutionpermanente.fr/Taxes-de-50-sur-l-acier-et-l-aluminium-escalade-dans-la-guerre-commerciale-ou-nouveau-bluff

Ce mercredi 4 juin, Trump a de nouveau eu recours à l'un de ses leviers politiques préférés : les droits de douane. En augmentant de 25 % à 50 % les taxes sur l'acier et l'aluminium, Trump poursuit sa lancée protectionniste. Mais, depuis son investiture, le monde a assisté à un tel nombre de revirements dans sa politique commerciale que cette nouvelle annonce ne semble plus émouvoir grand monde : s'agit-il d'un simple nouveau coup de bluff, que Trump se hâtera de suspendre dans les prochains jours, ou avons-nous là affaire à une augmentation durable des droits de douane ?

La guerre commerciale ne s'est jamais interrompue

Le 2 avril, à l'occasion du « Liberation Day », Trump avait déclenché une panique mondiale en annonçant une offensive commerciale tous azimuts, avec des taxes ciblant l'ensemble des produits importés depuis l'ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis. Cette offensive s'était suivie d'une escalade avec la Chine atteignant jusqu'à 145 % de droits de douane. Mais, face à la pression des marchés et des risques réels de récession et d'inflation, le président américain s'était vu contraint d'interrompre sa folle course, en accordant d'abord le 9 avril une pause de 90 joursà l'ensemble des pays, exceptée la Chine, et en parvenant par la suite à un accord décrétant une pause similaire avec la Chine le 14 mai.

L'annonce de ce mercredi concernant les importations d'acier et d'aluminium vient nous rappeler que ces pauses n'ont jamais interrompu la politique douanière de Trump et constituent davantage des trêves fragiles que la fin de son offensive. En effet, les taxes sur l'acier et l'aluminium n'ont pas cessé d'être en vigueur, Trump avait lancé des attaques sur ces deux importations dès février, portant le niveau des droits de douane à 25 % début mars.

Mais cette nouvelle hausse est aussi un rappel de la fragilité de la trêve de 90 jours, accordée par les États-Unis aux pays du monde entier dans l'idée de leur accorder la possibilité de signer des accords bilatéraux. Ne restent plus que cinq semaines à la fin de ce moratoire, et seul un pays est parvenu à conclure à ce jour un accord surtout symbolique avec l'administration Trump : le Royaume Uni. L'accord annoncé par Trump et Starmer le 8 mai dernier a certes permis au Royaume Uni d'être le seul pays à échapper aux nouvelles taxes de 50 % sur l'acier et l'aluminium. Mais ce deal reste très fragile, car il s'agit d'un arrangement informel ne disposant aucun cadre juridique déterminé : il ne met aucunement le gouvernement de Starmer à l'abri d'un revirement inopiné de Trump. Ce risque est d'autant plus grand que le décret instituant les nouvelles taxes précise que Trump se réserve le droit de les appliquer au Royaume Uni s'il estime que Starmer ne remplit pas entièrement ses engagements pris dans l'accord du 8 mai.

Ces nouveaux tarifs interviennent par ailleurs en pleines négociations entre les États-Unis et Union européenne. Ce mercredi a eu lieu une rencontre entre Maroš Šefčovič, commissaire européen au commerce, et Jamieson Greer, représentant étasunien pour le commerce extérieur. Si les deux hommes ont décrit leur rencontre comme ayant été « constructive », la hausse de taxes annoncée aujourd'hui par Trump ne va pas faciliter les négociations. Venant frapper un secteur métallurgique en crise dans le monde entier, et en Europe tout particulièrement, ces nouvelles taxes pourraient bien devenir un nouvel atout de Trump dans les négociations. Mais il serait illusoire de réduire la politique commerciale de Trump à des coups de bluff destinés à renforcer sa capacité à obtenir des accords favorables aux États-Unis. Le projet du président étasunien reste un projet protectionniste qui vise à renforcer la production industrielle américaine. En tant que « barrière » de protection pour la sidérurgie étasunienne, telles que les a nommées Trump lui-même, ces nouvelles taxes douanières pourraient bien se pérenniser.

Une menace sérieuse pour le secteur métallurgique, en crise dans le monde entier

Les droits de douane sur l'acier et l'aluminium interviennent dans une période de crise profonde pour ces secteurs, dans un contexte de surcapacité industrielle mondiale. Pour prendre l'exemple de l'acier, cette crise est le fruit d'une explosion de la production mondiale, celle-ci étant passée de 1148 millions de tonnes en 2005 à 1892 en 2023. Un accroissement stimulé par la Chine, qui est devenu de très loin le premier producteur mondial d'acier, avec 1019 millions de tonnes produites en 2023. L'inondation du marché par un acier souvent plus abordable que l'acier produit dans les pays occidentaux a fortement mis à mal cette industrie. Le tout dans un contexte de très faible croissance de l'économie mondiale, exerçant une pression à la baisse sur la demande. Si Trump compte protéger l'industrie étasunienne grâce à ces droits de douane, cette stratégie va avoir des conséquences catastrophiques sur ses partenaires commerciaux, mais elle va également affecter par ricochet l'économie étasunienne.

Les premières victimes seront les premiers exportateurs d'acier et d'aluminium vers les États-Unis, au premier chef d'entre eux le Canada. Alors que les importations canadiennes représentent 23 % de l'acier et 40 % de l'aluminium importés aux États-Unis, les industriels canadiens ont tiré le signal d'alarme ce mercredi. Si des droits de douane de 25 % mettaient déjà à mal les exportations vers les États-Unis, le passage à 50 % les rend quasi impossibles. Alors que le premier ministre canadien Mike Carney avait promis une politique intransigeante face aux provocations de Trump, cette nouvelle attaque le met face à un défi bien difficile à résoudre.

Ces droits affecteront également les autres grands exportateurs vers les États-Unis à l'instar du Mexique et le Brésil, mais également l'UE. Si les pays européens ne sont pas les plus grands exportateurs vers les États-Unis, ces nouvelles barrières font planer la menace d'une inondation du marché européen par l'acier et l'aluminium qui ne pourront plus entrer sur le marché américain. Or, le secteur sidérurgique est en net recul depuis une décennie en Europe : la production a baissé de 20 % de 2014 à 2023, avec une baisse de 8 % des emplois directs sur la même période. Mis profondément à mal par la hausse des prix de l'énergie provoqués par la guerre en Ukraine, la stagnation économique et la crise de secteurs qui sont des grands consommateurs d'acier comme le secteur automobile ont aggravé sa rentabilité économique.

Le 19 mars dernier, en réaction aux droits de douane de 25 %, la Commission européenne avait déjà volé au secours de cette industrie avec des mesures de sauvegarde, telles que des quotas d'importation, mais aussi d'autres instruments de défense commerciale. Il semble probable que la nouvelle hausse pousse la Commission à intensifier ces mesures. Mais ces taxes spécifiques à l'acier et l'aluminium pourraient également faire l'objet d'un accord diplomatique entre UE et États-Unis. La pression exercée par Trump sur l'Europe est multiple : aux droits de douanes s'ajoutent les velléités de se désengager militairement d'Ukraine, pouvant aller jusqu'aux menaces de se désengager de l'OTAN. Sa stratégie transactionnelle le conduit à multiplier ces points de pression afin de faire plier ses partenaires, sans distinguer les questions commerciales, militaires ou sécuritaires. Les nouvelles taxes sur l'acier et l'aluminium pourraient alors jouer un rôle stratégique dans le cadre de ces négociations, dont l'issue est toutefois toujours très incertaine.

La stratégie de la classe ouvrière face à la guerre commerciale

Quelle que soit l'issue de cette guerre commerciale, et la pérennité ou non de ces mesures tarifaires, les victimes de cette politique agressive et erratique seront toujours les travailleurs. Malgré les prétentions de Trump de défendre le secteur industriel étasunien, ces mesures vont directement affecter les travailleurs américains. Ces taxes vont en effet produire de fortes tensions inflationnistes, et vont mettre à mal l'ensemble des secteurs manufacturiers dont la production reposait sur l'importation d'acier et d'aluminium. Ainsi, alors que l'économie mondiale est dans une longue phase de stagnation depuis la crise des subprimes, ces taxes vont accroître les risques de récession, qui vont en premier lieu toucher les travailleurs, en attaquant leur pouvoir d'achat et leurs emplois.

Si cela vaut pour les États-Unis, c'est a fortiori le cas pour le monde entier. La crise touchant le secteur sidérurgique permet aux patrons de multiplier les plans sociaux et licenciements, allant jusqu'aux fermetures d'usines. Arcelor Mittal, deuxième producteur mondial d'acier, a annoncé le 23 avril la suppression de 636 emplois sur sept sites dans le Nord. Cette annonce intervient dans le contexte d'une large vague de licenciements, et alors que le géant avait déjà confirmé la fermeture des sites de Reims et de Denain en février. Le groupe justifie ces suppressions par les difficultés économiques et la concurrence chinoise. Des justifications hypocrites, alors qu'il est lui-même un des acteurs de la production et de l'importation d'acier chinois en France.

Face à ces attaques, qui vont s'aggraver avec l'escalade commerciale de Trump, les bureaucraties syndicales, à l'instar de Sophie Binet, nous proposent de riposter aux côtés du gouvernement Macron avec des mesures protectionnistes de rétorsion. Cette réponse chauvine, en plus d'alimenter un discours nationaliste, ne fera qu'aggraver la situation de la classe travailleuse en accentuant les tendances à la récession et à l'inflation produites par la guerre commerciale. Face aux nouvelles attaques de Trump et aux attaques patronales qui vont suivre, une seule réponse est possible. Une réponse par en bas, des travailleurs auto-organisés qui par leurs méthodes de lutte exigent le maintien de leurs emplois, en brandissant notamment une revendication essentielle du mouvement ouvrier : la nationalisation sans indemnités des usines.

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Pour les universités, la répression de Trump, c’est « pire que le maccarthysme »

10 juin, par Dan La Botz — , ,
Les États-Unis ont déjà connu deux purges politiques de la gauche, la « Peur rouge » des années 1920 et le maccarthysme des années 1950, et nous sommes aujourd'hui en pleine (…)

Les États-Unis ont déjà connu deux purges politiques de la gauche, la « Peur rouge » des années 1920 et le maccarthysme des années 1950, et nous sommes aujourd'hui en pleine purge Trump, qui est pire que les précédentes.

Hebdo L'Anticapitaliste - 757 (05/06/2025)

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Wikimedia Commons

La « Peur rouge » des années 1920 a suivi la révolution russe d'octobre 1917. Elle a été immédiatement provoquée par des anarchistes autoproclamés qui ont envoyé des bombes au procureur général A. Mitchell Palmer et au juge de la Cour suprême Oliver Wendel Holmes. Le gouvernement américain a arrêté des milliers d'anarchistes, de socialistes et de communistes, dont plusieurs milliers d'immigrantEs originaires de Russie, d'Europe de l'Est et d'Europe du Sud qui ont été expulsés.

La guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique, qui a débuté à la fin des années 1940, a conduit à ce qu'on a appelé le maccarthysme. Le sénateur du Wisconsin Joseph McCarthy, président de la sous-commission d'enquête permanente du Sénat, a tenu des audiences sur la subversion communiste et ceux qu'il a appelés à témoigner ont souvent vu leur vie détruite par cela seul, perdant leur emploi et leur réputation. D'autres commissions législatives du Congrès et des États ont également tenu des audiences. En 1954, le Congrès a adopté et le président Dwight D. Eisenhower a signé la loi sur le contrôle des communistes, interdisant le Parti communiste. Au cours de cette période, des centaines de personnes ont été emprisonnées et des milliers ont perdu leur emploi.

Criminalisation de ses opposants

Aujourd'hui, Trump et les Républicains s'en prennent à ceux que Trump qualifie de « gauchistes lunatiques, socialistes et communistes » ou de « membres d'un réseau mondial de soutien au Hamas » ou encore d'« antisémites ». Des immigrantEs sont déclaréEs « criminels » sans procédure régulière, arrêtés et expulsés.

Trump expulse de plus en plus d'immigrantEs, parfois en invoquant la loi controversée de 1798 sur les ennemis étrangers (Enemy Aliens Act), parfois en violant le droit des immigrantEs à une procédure régulière. Les États-Unis ont notamment expulsé illégalement Kilmar Abrego García vers son pays d'origine, le Salvador, et ont refusé son retour malgré une décision de justice. Trump a mis fin au statut de protection temporaire de centaines de milliers de migrantEs vénézuéliens, cubains, haïtiens et nicaraguayens, et la Cour suprême a confirmé sa décision. Trump a également modifié le statut de plus de 1 800 étudiantEs internationaux et jeunes diplôméEs, les rendant plus vulnérables à l'expulsion.

On retrouve ici des échos de la guerre froide, aujourd'hui remplacée par une guerre froide avec la Chine communiste. L'administration Trump a déclaré qu'elle révoquerait « de manière agressive » les visas des étudiantEs chinois qui étudient aux États-Unis, soit 280 000 personnes. Sont menacés ceux qui ont des liens avec le Parti communiste chinois, qui étudient dans des domaines critiques tels que les sciences, l'ingénierie et la médecine ou qui « causent des problèmes », c'est-à-dire qui participent à des manifestations.

Une répression globale pour tout manifestant

Ellen Schrecker, historienne spécialiste du maccarthysme, affirme que « l'attaque actuelle contre l'université est infiniment pire que le maccarthysme ». Cette attaque est plus large, plus puissante et vise à discipliner et à contrôler l'ensemble de l'enseignement supérieur. En 2021, le vice-président J.D. Vance a prononcé un discours intitulé « Les universités sont l'ennemi », et sous Trump, c'est certainement devenu le cas. Dans le but de discipliner les universités, Trump a gelé environ 11 milliards de dollars de fonds destinés à la recherche.

Le maccarthysme ne menaçait que des professeurs individuellement, mais selon l'historienne Ellen Schrecker, la répression de Trump sur « les manifestations sur les campus contre la guerre d'Israël à Gaza et les menaces d'expulsion d'étudiants et de membres du corps enseignant, […] cela touche également les salles de classe, les laboratoires, les programmes d'études, les bibliothèques, les dortoirs, les programmes DEI, les bureaux d'admission, les décisions en matière de personnel, les sports, les agences d'accréditation ». Trump a même recomposé des institutions entières telles que le New College of Florida.

Contrairement à la période McCarthy, nous assistons à une résistance croissante. À l'université Columbia, qui a cédé aux exigences de Trump, les étudiantEs ont hué la présidente par intérim, Claire Shipman. Et au MIT, la présidente de la promotion 2025, Megha Vemuri, a prononcé un discours percutant attaquant les liens du MIT avec l'armée israélienne et la guerre génocidaire contre le peuple palestinien. Elle en a payé le prix en étant exclue de la cérémonie de remise des diplômes. Mais la lutte continue.

Dan La Botz, traduction Henri Wilno

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Marche mondiale vers Gaza ; plus de 80 organisations canadiennes se mobilisent au Canada

10 juin, par Palestine Vivra — , ,
Montréal, Tiohtia ;ke, le 5 juin 2025 - La situation à Gaza a franchi le point de non-retour. Depuis le début de l'offensive israélienne, plus de 54 000 Palestiniens et (…)

Montréal, Tiohtia ;ke, le 5 juin 2025 - La situation à Gaza a franchi le point de non-retour. Depuis le début de l'offensive israélienne, plus de 54 000 Palestiniens et Palestiniennes ont été tuées, dont plus de 16 000 enfants. Les bombardements incessants, le blocus et le siège total imposé à la population civile ne laissent aucun doute : il s'agit d'un génocide en cours.

Photo Serge d'Ignazio

Désormais la famine est utilisée comme une arme de guerre, une de plus dans l'arsenal de la stratégie israélienne visant à détruire la population de Gaza. Ce blocus mortifère, cette privation délibérée de nourriture, d'eau et de soins, s'ajoute aux bombardements incessants, plongeant près de 2 millions de personnes, soit 93 % de la population, dans une crise alimentaire extrême. Selon des organisations humanitaires, 470 000 personnes risquent de mourir des conséquences directes de cette famine provoquée. Malgré les pressions croissantes de la communauté internationale, Israël intensifie ses frappes, plongeant
les habitant·es de Gaza dans un cauchemar sans fin.

Face à cette réalité insoutenable et à l'inaction coupable des grandes institutions internationales et de nos gouvernements, un mouvement citoyen mondial sans précédent s'organise : la Marche Mondiale vers Gaza. Cette initiative appelle à une mobilisation pacifique et massive le 15 juin 2025, depuis l'Égypte, pour marcher vers Rafah en solidarité avec le peuple palestinien et exiger la fin immédiate des violences.

« La marche porte trois revendications claires et urgentes : la levée immédiate du blocus sur Gaza, l'ouverture des frontières et l'entrée massive de l'aide humanitaire, ainsi que la fin des complicités internationales qui rendent ce génocide possible. » souligne Baya El Hachemi, membre du collectif Palestine Vivra à l'origine de la mobilisation au Canada.

« Nous refusons de rester spectatrices et spectateurs. Nous marchons pour Gaza. » martèle-t-elle.

Une délégation canadienne rassemblant entre 75 et 120 personnes ; militant·e·s, syndicalistes, professionnel·les de la santé et membres de la société civile se joindra à cette marche historique aux côtés de milliers de citoyennes et citoyens du monde entier. Elle bénéficie d'un important soutien de la société civile au Canada, mobilisée autour de valeurs de justice, de dignité humaine et de solidarité internationale.

Plus de 80 organisations à travers le Canada ont officiellement endossé cette initiative, soulignant l'urgence d'agir face à la situation alarmante en cours à Gaza. « Le silence tue. Il faut agir, au-delà des mots, pour mettre fin au génocide à Gaza », affirme Safa Chebbi, de Désinvestir pour la Palestine et membre de la coordination canadienne nationale de la Marche. Elle rappelle que notre solidarité ne peut se limiter à des prises de position symboliques : elle doit se traduire par des actions concrètes, coordonnées et déterminées pour briser l'isolement de Gaza et soutenir la lutte du peuple palestinien pour sa liberté et sa dignité.

À propos

La marche mondiale vers Gaza est une mobilisation internationale qui rassemble des délégations de plus de 60 pays.
Des centaines d'organisations à travers le monde ont déjà répondu à l'appel : syndicats, ONG, collectifs féministes, associations de quartier, groupes antiracistes...

Palestine Vivra est une organisation citoyenne non partisane née à Montréal en août 2024, en réponse aux mobilisations contre le génocide en cours à Gaza. Elle œuvre pour renforcer la solidarité avec la Palestine par des actions de sensibilisation au Québec et des projets de coopération internationale. Elle constitue également la structure juridique de la campagne québécoise de la Flottille de la Liberté.

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Il est minuit moins une pour le peuple palestinien : le Canada doit radicalement changer d’approche

10 juin, par Coalition du Québec URGENCE Palestine — , , ,
Sous les bombes depuis bientôt 20 mois, la population de Gaza y est tuée, blessée, terrorisée, déplacés sans arrêt. Ses moyens de survie ont été anéantis Le blocus l'a (…)

Sous les bombes depuis bientôt 20 mois, la population de Gaza y est tuée, blessée, terrorisée, déplacés sans arrêt. Ses moyens de survie ont été anéantis

Le blocus l'a amenée au bord de la famine. C'est dans ce contexte, qu'Israël a lancé, le 18 mai, une invasion terrestre dont l'objectif avoué est de déplacer la population dans à peine 20 % du territoire et de compléter la destruction de ce qui reste d'infrastructure civile, de telle sorte que la population n'ait « nulle part où retourner ». Le 21 mai, Benjamin Netanyahou a
même inclus dans ses exigencesl'application du « plan Trump » : expulsion des Palestinien·nes et contrôle étasunien de la bande de Gaza.

Le Canada doit cesser d'être complice du génocide d'Israël

Le 19 mai, le Canada, dans une déclaration commune avec la France et le Royaume-Uni, haussait nettement le ton à l'endroit d'Israël et demandait l'entrée libre de l'aide humanitaire et la fin de la nouvelle offensive, en brandissant la menace « d'autres actions concrètes » ou de « sanctions ciblées ». Mais ce sont là des paroles, alors que c'est le temps d'agir... depuis très longtemps.

Au-delà de l'extrême urgence actuelle, l'enjeu à saisir n'est PAS qu'Israël laisse entrer l'aide en ce moment ni qu'il stoppe son offensive actuelle. Comme l'ont rappelé, le 8 mai dernier, près d'une quarantaine de rapporteurs spéciaux et experts de l'ONU, les États du monde sont confrontés au choix décisif suivant : « mettre un terme au génocide en cours ou le voir mettre fin à la vie à Gaza ».

Le Canada doit opter pour l'autodétermination palestinienne d'abord et avant tout

Depuis plus de 30 ans, le Canada a soutenu des « processus de paix » sous le couvert desquels Israël a, ouvertement et en toute impunité, accentué sa dépossession, sa violence et son humiliation à l'égard du peuple palestinien, jusqu'au génocide actuel à Gaza. Depuis octobre 2023, nous n'assistons pas à une « escalade tout à fait disproportionnée » en riposte aux attaques du Hamas, mais à la mise en œuvre, déjà très avancée, du plan d'Israël de saisir ce moment pour mettre un terme définitif à la possibilité même d'un État pour le peuple palestinien sur son territoire.

Le Canada, la France et le Royaume-Uni ont à nouveau professé leur « collaboration avec l'Autorité palestinienne, des partenaires régionaux, Israël et les États-Unis afin de parvenir à un consensus sur les dispositions à prendre concernant l'avenir de Gaza ». La poursuite dans cette voie est, en fait, une négation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination, parce qu'elle désigne unilatéralement ses représentants et subordonne l'exercice de ce droit à un consensus à trouver avec un État génocidaire et la superpuissance qui a soutenu et armé cet État génocidaire jusqu'à ce jour. À défaut de rompre avec cette vision et de mettre fin à toute forme de collaboration à ce projet ignoble, le Canada demeurera complice
de tous les crimes d'Israël.

Le Canada doit agir résolument

Le Canada doit prendre résolument le parti d'honorer ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et en vertu de l'avis du 19 juillet 2024 de la Cour internationale de justice selon lequel l'occupation et la colonisation israéliennes de Gaza et de la Cisjordanie sont illégales et doivent cesser « dans les plus brefs délais » (un délai que l'Assemblée générale des Nations Unies a fixé au 17 septembre 2025).

Seules des actions d'une grande force peuvent faire reculer Israël. S'il ne veut pas demeurer complice des crimes d'Israël, le Canada doit déployer IMMÉDIATEMENT TOUS LES MOYENS d'action politique et économique à sa disposition, en tant qu'État. Et ils sont nombreux : reconnaître immédiatement l'État de Palestine, appliquer un réel embargo bilatéral sur tout matériel militaire, se joindre à des actions devant les cours internationales, résilier des ententes économiques et militaires, imposer des sanctions, rompre les relations diplomatiques, pour n'en nommer que quelques-uns.

Le Canada doit aussi œuvrer à ce que tous ses alliés fassent de même et que cette pression internationale réelle soit maintenue jusqu'à ce que soient obtenus non seulement la levée immédiate et permanente du blocus israélien de même qu'un cessez-le-feu immédiat et permanent, mais aussi le respect intégral, non négociable, du droit international par Israël et l'exercice, rapide et sans condition, du droit à l'autodétermination du peuple palestinien.

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Faillite des politiques sur le logement : blâmons les immigrants ?

10 juin, par Jessie Stein, Sophie O'Manique — , ,
L'élite canadienne a fait des immigrants.es les boucs émissaires de ses échecs en matière de logement. Mais elle compte de plus en plus sur cette population pour construire ce (…)

L'élite canadienne a fait des immigrants.es les boucs émissaires de ses échecs en matière de logement. Mais elle compte de plus en plus sur cette population pour construire ce qu'elle pense viendra à bout de la crise.

Jessie Stein et Sophie O'Manique
The Breach, 23 mai 2025

Traduction, Alexandra Cyr

Plus la crise du logement se creuse, plus l'élite politique canadienne a adopté une explication plus compliquée qu'il n'y parait : « Blâmons l'immigration ».

L'an dernier, Pierre Poilievre déclarait : « Le calcul est simple ; si plus de familles arrivent vous devez les loger, ça fait augmenter les prix du logement ». Le Premier ministre québécois, François Legault allait plus loin : « 100% du problème de logement provient de l'augmentation d'immigrants.es temporaires ».

Et l'automne dernier, le Premier ministre libéral, Justin Trudeau, faisait monter la pression en se servant de l'immigration pour : « stabiliser l'augmentation de la population » afin que le gouvernement puisse : « contrôler (le problème) du logement et des services ».

Ces discours cachent un fait fondamental : les immigrants.es ont été recrutés.es activement pour aider à régler le problème pour lequel ont les blâme. Ils participent à la construction des maisons que tous les politiciens,nes appellent de leur vœux.

Ces personnes représentent environ un cinquième des travailleurs.euses de la construction au Canada. Avec notre recherche nous avons découvert que le nombre de travailleurs.euse temporaires n'a cessé d'augmenter au cours de la dernière décennie dans ce secteur.

Le manque persistant de main-d'œuvre dans la construction résidentielle impose pratiquement le recours à ces travailleurs.euses pour atteindre les cibles de logements du gouvernement fédéral. Bien loin d'empirer la crise du logement, les immigrants.es sont au cœur des propositions gouvernementales pour la résoudre.

Mais il faut dire que plusieurs d'entre eux et elles sont vulnérables, dans des situations d'abus et d'exploitation pour lesquelles les politiques les visant ne sont pas à la hauteur. On en fait des boucs émissaires de la situation alors que leur situation de logement est des plus précaire au Canada.

Alors que tous les gouvernements du pays en remettent avec leur stratégie de construction qui privilégie le marché des logements et non celui qui répond aux besoins, les immigrants.es qui travaillent à les construire en sont exclus.es et le marché les accuse d'être de trop.

Combler le manque de logement

Il arrive souvent que l'on blâme le manque de main-d'œuvre dans le secteur de la construction pour la difficulté à intervenir dans la crise du logement au Canada.

On prévoit que 22% de cette main-d'œuvre prendra sa retraite au cours de la prochaine décennie. Les programmes de formation étant peu actifs, les travailleurs.euses temporaires étrangers.ères sont appelés.es à combler ce manque. En 2023 ils et elles comptaient pour 22% du secteur au pays. Les résidents.es temporaires comptent maintenant aussi pour une bonne portion de cette main-d'œuvre à hauteur de 30,000 personnes en 2024 soit une augmentation de 443% depuis 2015.

Ces chiffres ne comprennent pas les immigrants.es sans papiers et les demandeurs d'asile qui travaillent aussi sur les chantiers. Le gouvernement fédéral en a en quelque sorte tenu compte en 2019 quand il a mis en place un projet pilote offrant la résidence permanente à 500 d'entre eux dans la région de Toronto. Plus tard, il a ouvert le programme à 1,365 travailleurs.euses de la construction de plus et il a créé des plans spécifiques pour régulariser plus de cette main-d'œuvre et lutter contre les manques.

Les immigrants.es occupent un large volet des emplois dans le secteur mais font aussi face à de l'exploitation en lien avec leur statut précaire. Des entrevues ont fait apparaître du racisme, des défauts de paiement des salaires et du harcèlement. Certains.es ont occupé des postes mieux payés mais n'ont pas été informés.es de leur droit à une défense syndicale.

Et la précarité ne s'arrête pas aux portes des chantiers. Elle conditionne aussi les vies de cette population et les lieux où elles se passent.

Hausse des prix et précarité

Malgré le rôle essentiel que ces travailleurs.euses de la construction jouent, le prix exorbitant rend ces logements est hors de leur portée. C'est un paradoxe auxquelles s'accrochent d'autres barrières qui touchent particulièrement les travailleurs.euses issus.es de l'immigration.

Les personnes sans statut permanent n'ont pas droit aux programmes de subventions au logement et sont surreprésentés.es dans les emplois à faible salaire. Beaucoup, poussés.es dans les pires coins du marché, s'entassent dans des loyers de très mauvaise qualité pourtant épouvantablement chers. L'itinérance sera le lot de plusieurs.

Les problèmes de logement pour cette population vulnérable peuvent facilement mener à leur détention ou leur expulsion. Une de ces personnes nous a dit : « Un seul mois de retard de paiement du loyer et le propriétaire vous menace d'appeler l'immigration. Et ils le font ».

Les travailleurs.euses temporaires qui logent chez leur employeur font face à des risques encore plus importants. Un organisateur du Centre pour les travailleurs immigrants de Montréal explique : « Il se peut que votre propriétaire soit aussi votre patron. Si un problème survient au travail, on expulse les personnes de leur logement ».

Un groupe d'immigrants.es travaillant dans la construction a tout perdu dans l'incendie de leur logement fourni par leur employeur. Plutôt que de leur offrir de l'aide, il les a relogés.es loin du chantier ajoutant ainsi des heures non payées au déjà longues journées.

Comme tous les autres dans la classe ouvrière, ces travailleurs.euses font face à la crise du logement mais avec une couche de plus de contrôle et d'exclusion. Attachés.es à leur employeur, surveillés.es par les agents.es de l'immigration, leur lieu de vie devient un autre outil de discipline et de dépossession.

S'accrocher à fond

L'emploi des immigrants.es pour construire des maisons n'est qu'un aspect d'un tableau plus large. Le gouvernement a miné les services publics depuis des décennies et compte maintenant sur cette population pour les maintenir. Les infrastructures sociales ont été affaiblies par les politiques d'austérité et le retrait du gouvernement de ces services. Il recrute donc de plus en plus de personnes de cette population pour combler les manques.

Cela va des soins de santé aux personnes âgées, des soins aux enfants et à l'éducation. Ces travailleurs.euses sont devenus.es les bouche-trous partout où l'État s'est retiré. La construction résidentielle ne fait pas exception.

Au cours des années 1990, le gouvernement fédéral a abandonné ses programmes de soutien à la construction de logements sociaux. Il a ainsi ralenti les nouvelles constructions et refilé les responsabilités aux provinces. Depuis cette époque, il n'y a presque pas eu de construction de ce type de logements au pays et une grande partie de ce qui l'avait été croule sous les besoins d'entretien et de rénovation après des années de négligence. Les provinces réduisent les protections dont bénéficient les locataires les laissant avec moins de sauvegarde alors que le coût des loyers augmente toujours.

Ces décisions de changement de politiques arrivent pendant un boom dans le secteur de la finance. L'immobilier est devenu attractif parce que les taux d'intérêt sont à la baisse et que la dérégulation est passée par là. Les rendements des pensions sont donc aussi à la baisse ce qui fait que plus de personnes choisissent d'investir dans l'immobilier pour financer leur retraite. Aujourd'hui, un Canadien sur six possède plusieurs maisons.

Selon la Banque de Montréal, malgré la préoccupation politique envers lesapprovisionnements, le rythme d'achat des premières propriétés a été plus intense que la formation des ménages depuis le début des années 2000. Cela met en lumière que ce qui se construit favorise les investisseurs.euses et pas les gens qui ont besoin de se loger.

Construire sur le dos des immigrants.es

Aucune solution d'offre ne viendra à bout de la crise du logement au Canada sans que des considérations fondamentales ne soient au programme : que construit-on ? Par qui est-ce construit ? Dans quelles conditions ? Et pour qui ?

La stratégie libérale du gouvernement fédéral, en donnant la priorité aux investisseurs.euses dans l'immobilier et aux acheteurs.euses à hauts revenus, s'est empêché de résoudre la crise du logement que subit la classe ouvrière. Elle repose aussi sur l'exploitation continue des travailleurs.euses issus.es de l'immigration.

L'an dernier, le Premier ministre d'alors, M. J. Trudeau, déclarait : « Il faut que l'immobilier conserve sa valeur. Les futurs.es retraités.es comptent sur cela pour leur avenir financier ».

Plus récemment lors d'une cérémonie d'investiture, le nouveau ministre du logement et des infrastructures (de Colombie-Britannique) et ancien maire de Vancouver, M. Gregor Robertson répondait par un « non » clair à la question d'un journaliste. Il demandait si la baisse des prix des logements était à l'ordre du jour. Cette logique de la rétention de la valeur (de l'immobilier) est aussi au cœur de la stratégie de logement proposée par le nouveau Premier ministre du Canada, M. Mark Carney.

Malgré les plans prétendus ambitieux pour doubler le rythme de la construction résidentielle grâce à une nouvelle agence fédérale, M. Carney soutien qu'avec des partenariats publics-privés, l'allègement des régulations, des incitations au financement et la mise à disposition pour la construction résidentielle privée de terrains publics, le financement privé sera au rendez-vous.

Aucun engagement sérieux n'a été annoncé en faveur du logement social et un semblant d'attention a été concédé à ceux et celles qui sont coincés.es dans la crise du logement. Pire encore, ce plan ne prend pas du tout en compte un élément structurel en ce moment : le manque de main-d'œuvre dans la construction. Les immigrants.es y sont essentiels.les mais si peu est fait pour les protéger.

Les plans du gouvernement fédéral en immigration prévoient des moyens d'accès à la résidence permanente mais pour les seules personnes à haut niveau d'éducation. Et le recrutement d'immigrants.es de la classe ouvrière se poursuit mais pour des postes précaires et temporaires.

On ne voit pas non plus de plan pour la régularisation de ceux et celles qui sont déjà là et pas de protection non plus pour les statuts précaires dans le futur. Au contraire, ce plan promet des retraits (de statut) plus rapides et plus d'infrastructures liées aux expulsions.

L'avenir du logement construit dans la solidarité

Pour la réalisation du plan d'extension de l'offre de logements de M. Carney, les immigrants.es sont essentiels.les malgré que les bénéfices qui s'y rattachent ne soient pas à leur portée et qu'en plus ont les blâment pour l'échec des politiques qui y sont liées.

Transformer les immigrants.es en boucs émissaires procure un écran de fumée devant les politiques en immigration qui en plus permettent l'exploitation. Cette tactique sert aussi quant aux politiques de logement qui ont failli.

Nous ne pouvons pas évacuer la crise du logement de notre pays, mais nous pouvons construire la solidarité.
Se battre pour la justice dans le logement, c'est aussi se battre pour la justice envers les immigrants.es. Il faut aussi se battre pour un réinvestissement dans le logement social mis à mal par des décennies d'austérité. Cela veut dire rejeter la création des boucs émissaires et les logiques protectionnistes qui se manifestent plus clairement depuis que la guerre commerciale de D. Trump sévit et que le nationalisme s'élève comme réponse.

Nous pouvons et nous devons nous battre pour que le logement du futur soit lié à la justice pour ceux et celles qui vivent ici et les autres qui sont en chemin.

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Solidarité sans frontières et le Migrant Rights Network dénoncent les dispositions anti-réfugié-e-s et de déportation massive du projet de loi C-2

10 juin, par Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes), Solidarité sans frontière — , ,
4 juin 2025, Montréal/Toronto — Solidarité sans frontières et le Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes) condamnent fermement le projet de loi (…)

4 juin 2025, Montréal/Toronto — Solidarité sans frontières et le Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes) condamnent fermement le projet de loi C-2, qui sape profondément le système canadien
d'immigration et de protection des réfugié-e-s, en violation des obligations internationales et des droits humains fondamentaux

La Loi « concernant certaines mesures liées à la sécurité de la frontière entre le Canada et les États-Unis et d'autres mesures connexes liées à la sécurité » contient plusieurs dispositions alarmantes qui restreindront radicalement la protection des réfugié-e-s et permettront des déportations massives ainsi que l'exclusion de nombreuses personnes migrantes.

« Le premier ministre Carney s'est présenté comme l'antithèse de Donald Trump, mais son tout premier projet de loi constitue une capitulation honteuse face au racisme et à la xénophobie. Il tourne le dos aux obligations juridiques et morales du Canada envers les réfugié-e-s et les personnes migrantes. Ce que nous voyons, c'est la mise en place délibérée d'une machine à déportation de masse destinée à briser des familles et des communautés. Déjà, plus de 3 000 permis d'études et de travail expirent chaque jour en raison des coupes dans l'immigration décidées par Trudeau. Ce projet de loi ne fera qu'aggraver une catastrophe humanitaire. Il est immoral, illégal, et il sera combattu. » - Syed Hussan, porte-parole du Migrant Rights Network

Le projet de loi C-2 ne concerne pas la frontière canado-américaine ni les droits de douane

Interdiction de faire une demande d'asile après un an

Le projet de loi empêche toute personne migrante présente au Canada depuis plus d'un an de présenter une demande d'asile - avec une application rétroactive à toute personne arrivée après le 24 juin 2020. Cela signifie que des individus dont le pays d'origine plonge dans le conflit après leur arrivée au Canada n'auraient plus le droit de demander la protection du
statut de réfugié-e, uniquement à cause d'un critère temporel. C'est un abandon total du droit humanitaire international.

Expansion de l'Entente sur les tiers pays sûrs

Jusqu'à maintenant, les personnes qui entraient au Canada depuis les États-Unis entre deux postes frontaliers pouvaient demander l'asile après un délai de 14 jours. Le projet de loi C-2 supprime entièrement cette exception, forçant ainsi des personnes vulnérables à demeurer aux États-Unis, malgré les politiques migratoires très critiquées du président
Trump.

Pouvoirs ministériels accrus pour déportations massives

Le projet de loi accorde au ministre de l'Immigration des pouvoirs étendus pour annuler, suspendre ou modifier des documents d'immigration à l'échelle de groupes entiers, sans processus équitable. Il pourrait ainsi bloquer de nouvelles demandes, ou même annuler celles déjà soumises. Cela signifie que des personnes ayant déposé une demande de résidence permanente ou de statut de réfugié-e pourraient se voir retirer leur statut du jour au lendemain.

Affaiblissement des protections en matière de vie privée

Le projet de loi supprime des protections essentielles en matière de confidentialité, facilitant le partage d'informations sur les personnes migrantes entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Cela risque d'exposer davantage les personnes migrantes à des abus. Par exemple, des travailleurs et travailleuses sans statut pourraient être déporté-e-s pour avoir tenté de faire valoir leurs droits face à des employeurs abusifs, en raison de la transmission d'informations aux
services frontaliers.

Solidarité sans frontières et le Migrant Rights Network appellent tou-te-s les parlementaires à rejeter le projet de loi C-2 et à défendre plutôt l'égalité des droits et l'accès à la résidence permanente pour toutes et tous.

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Féminicides : aux grands maux, les grands moyens

10 juin, par Alliance des maisons de 2e étape du Québec , Fédération des maisons d'hébergement pour femme (FMHF), Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
Chaque femme tuée par un partenaire intime devrait être un signal d'alarme suffisant pour faire de la violence conjugale une priorité du gouvernement. À l'heure actuelle, le (…)

Chaque femme tuée par un partenaire intime devrait être un signal d'alarme suffisant pour faire de la violence conjugale une priorité du gouvernement. À l'heure actuelle, le Québec dénombre 10 féminicides, 6 en contexte de violence conjugale, et 5 en moins d'un mois. Le seuil d'alerte est largement dépassé. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg. La crise qui sévit est bien plus profonde.

Ce matin, interrogé par les députées solidaires Ruba Ghazal et Christine Labrie, le premier ministre François Legault affirmait : « On s'occupe de chaque femme qui appelle ». Nous aimerions tellement que ce soit vrai. Mais la réalité est toute autre.

Une réalité accablante

Dans la dernière année, SOS violence conjugale a reçu 19 306 demandes d'hébergement. Elles en ont dû refuser plus d'une demande sur deux.

Dans le réseau de maisons d'aide et d'hébergement, 60 maisons ont des listes d'attente pour les services externes qui peuvent notamment leur offrir un accompagnement pour les aider à préparer une rupture de façon sécuritaire – du jamais vu pour des organismes qui se sont toujours refusées à faire attendre des femmes au moment où elles en ont le plus besoin.

Au niveau de l'hébergement, les maisons d'aide et d'hébergement et les maisons de 2e étape, sont à pleine capacité. La durée de séjour s'allonge – notamment en raison de la crise du logement.

Les trois derniers budgets du Québec ne comportaient aucun argent neuf pour les maisons d'aide et d'hébergement.

Les travaux du comité mis sur pied par le ministère de la Santé et des services sociaux pour évaluer le manque de place et de services stagnent.

Certes, le gouvernement de Monsieur Legault a procédé à un rattrapage important depuis 2020. Mais les solutions amenées à ce moment-là sont déjà largement insuffisantes, face à l'explosion des demandes qui fait suite à la sensibilisation du grand public et à la mobilisation croissante de partenaires.

Les 4 nouvelles maisons d'aide et d'hébergement financées offriront un total de 57 places supplémentaires, permettant d'héberger annuellement quelques 350 femmes de plus. C'est un pas en avant significatif, mais c'est bien trop peu.

Les 190 unités prévues dans la trentaine de maisons de 2e étape, elles, permettront d'accueillir quelques 250 femmes par an en moyenne, après leur passage en maison d'aide et d'hébergement. Encore une fois, c'est une avancée notoire… mais insuffisante face à l'ampleur des besoins.

Pour répondre au débordement, le gouvernement a mis sur pied, malgré les réticences des associations de maisons, un mécanisme d'urgence pour héberger à l'hôtel les femmes qui ne trouvent pas de place en maison et qui sont face à un danger imminent. Cette solution n'est qu'un pansement sur une plaie béante, en plus d'être dangereuse, laissant les femmes isolées à l'hôtel dans un des moments où elles sont le plus fragiles.

Une cellule de crise réclamée

Nous avons su réagir rapidement en 2021, face à une vague de féminicides. Aujourd'hui, il faut faire plus.

Nous demandons la création immédiate d'une cellule de crise nationale pour répondre à l'urgence des besoins en violence conjugale, à l'image des cellules d'intervention rapide déployées autour des femmes en danger.

Tout comme il l'a fait en 2021, lorsque 9 femmes avaient été tuées par un partenaire intime en autant de semaines, nous demandons au Premier ministre François Legault de donner un mandat fort pour remettre la violence conjugale au coeur des priorités de son gouvernement.

Nous devons continuer de mieux informer la population pour que chacune et chacun puisse prendre action à son échelle. Mais en contrepartie, nous devons avoir les moyens de répondre aux demandes d'aide qui continueront d'affluer de plus belle.

Nous n'avons pas le luxe de s'asseoir sur des décisions prises en 2021, malheureusement déjà désuètes.

Nous n'avons pas le luxe d'attendre et de voir mourir nos soeurs.

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Consultations sur le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques : les groupes insatisfaits du processus actuel

10 juin, par Collectif — , ,
Montréal, le 6 juin 2025 - Alors que le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 69 (PL-69) sous bâillon aujourd'hui, les groupes signataires dénoncent vigoureusement (…)

Montréal, le 6 juin 2025 - Alors que le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 69 (PL-69) sous bâillon aujourd'hui, les groupes signataires dénoncent vigoureusement la transformation majeure du paysage énergétique québécois qu'il entraîne. Ils dénoncent cette adoption marquée par l'improvisation et le contournement des processus démocratiques.

Pour les groupes, toutes les étapes ayant mené à l'adoption de ce projet de loi sur l'énergie ont été marquées par le refus systématique du gouvernement de tenir un véritable dialogue social tel que demandé par de multiples acteurs de la société civile.

Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population québécoise lors des dernières élections, insistent les groupes.

Les groupes rappellent aussi qu'un des éléments centraux de la planification énergétique aurait dû être le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) - un outil structurant permettant de planifier l'approvisionnement, la production et la consommation d'énergie de manière coordonnée, prévisible et durable : « Un Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, élaboré en concertation avec la société civile, aurait dû précéder l'adoption du projet de loi pour permettre une véritable et nécessaire planification. Le gouvernement a préféré procéder à l'envers et adopter sous bâillon une loi problématique, plutôt que d'engager un vrai dialogue sur l'avenir énergétique du Québec », martèlent-ils.

Jusqu'à la fin, le gouvernement n'a pas permis de débat sain : à quelques jours de la fin de l'examen du projet de loi, 52 amendements, provenant directement d'Hydro-Québec, ont été déposés, sans avoir été accessibles au public ni discutés lors de la consultation particulière à laquelle certains groupes ont été invités à participer. Alors qu'une large portion des 157 articles n'a pas été étudiée en commission parlementaire, le recours au bâillon vient clore cette séquence antidémocratique.

Pour les groupes, cette adoption forcée est inacceptable, surtout que cette loi aura des impacts délétères sur le long terme, notamment en reportant sur les tarifs les coûts d'un développement industriel énergivore qui ne garantit pas la transition énergétique.
« La production, le transport et la distribution d'électricité renouvelable au Québec doivent être publics. Les choix énergétiques sont des choix de société dont nous devons pouvoir débattre pour qu'ils soient justes, durables et légitimes. Le Québec mérite mieux qu'une réforme bâclée, opaque et déconnectée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques », concluent les organisations.

Organisations signataires :
Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
Collectif Scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec
Nature Québec
ACEF du Nord de Montréal
Imagine Lachine-Est
Mouvement écocitoyen UNEplanète
Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)
Greenpeace Canada
Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec
Fondation David Suzuki
Équiterre
Collectif Entropie
Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec
Pour Nos Enfants - Montréal
L'Assomption en transition
Union des consommateurs

Pour consulter la liste complète des signataires.

Le Front commun pour la transition énergétique rassemble des groupes environnementaux, citoyens, syndicaux, communautaires et autres pour accélérer la mise en place d'une transition énergétique structurante et porteuse de justice sociale. Ce communiqué n'engage que les organisations signataires.

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Manifestation contre Ray-Mont Logistiques : 400 personnes bloquent les rails de l’entreprise dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

10 juin, par Les soulèvements du fleuve , Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM — , ,
Montréal, 8 juin 2025 – **400 personnes se sont rassemblées aujourd'hui pour manifester leur opposition au projet de plateforme de conteneurs de Ray-Mont Logistiques dans (…)

Montréal, 8 juin 2025 – **400 personnes se sont rassemblées aujourd'hui pour manifester leur opposition au projet de plateforme de conteneurs de Ray-Mont Logistiques dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Après une marche dans le quartier, les manifestant.e.s ont bloqué les rails de l'entreprise et y ont planté des fleurs afin d'affirmer leur détermination à empêcher le bon déroulement de l'implantation de l'entreprise. **Les manifestant.e.s exigent que la friche ferroviaire située entre le terrain de Ray-Mont et le quartier Hochelaga soit protégée dans son entièreté et qu'aucun rail n'y soit déplacé ou construit.**

« La Ville de Montréal a approuvé l'optimisation du projet de Ray-Mont Logistiques mais celui-ci est toujours aussi inacceptable : la population n'accepte pas que cette entreprise délinquante et quérulente vienne polluer la vie des habitant.e.s et détruire les espaces verts » a affirmé Anaïs Houde, co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-nature MHM. « Les institutions publiques censées protéger notre santé et notre qualité de vienous ontlaissé·e·s tomber, a-t-elle continué. **Nous prenons donc nous-mêmes les choses en main : armé·e·s de pelles de jardinage, de fleurs et de semences, nous bloquons le projet et protégeons nos milieux de vie.** Nous ferons dérailler le projet de Ray-Mont, coûte que coûte ! »

Ray-Mont Logistiques projette de construire à moins de 100 mètres d'habitationset d'un CHSLD **l'une des plus grandes plateformes de transbordement de marchandises en Amérique du Nord**. Les dérogations accordées par la Ville de Montréal en appui au projet prévoient que des rails soient déplacés plus près des habitations pour les activités ferroviaires de l'entreprise, empiétant sur un grand espace vert fréquenté au quotidien par les familles. La construction d'un « mur de la honte » haut de 16 mètres, censé protéger la population des nuisances sonores, est aussi prévu.

« La destruction de cet espace vert qu'on surnomme la “friche ferroviaire”est inadmissible. C'est un véritable îlot de fraîcheur dans la mer de béton aménagée par le Port de Montréal et le lobby industriel et logistique » a affirmé Cassandre Charbonneau, co-porte-parole du mouvement. « Nous exigeons que les rails soient déplacés sur le terrain de l'entreprise, le plus loin possible des habitations, et que la friche soit complètement protégée et redonnée à la communauté » a-t-elle martelé. Reconnu comme noyau prioritaire de biodiversité par l'arrondissement MHM,cette friche arbustive, la seule dans tout l'est de Montréal, est l'habitat de plus de 150 espèces d'oiseaux.

**Les Soulèvements du Fleuve appuient tous les mouvements populaires qui, comme Mobilisation 6600, luttent contre la conteneurisation du fleuve et la dépossession des berges et des quartiers**. « Les actions du mouvement écologiste doiventmonter en intensité.Nous n'avons plus rien à attendre des gouvernements, il nous faut attaquer directement les responsables de la destruction du vivant et des milieux que nous habitons. Ray-Mont Logistiquesest l'un d'entre eux » a affirmé Sylvia, une militante des Soulèvements du fleuve qui participait à la manifestation. « La lutte d'Hochelaga est un symbole de résistance populaire contre la logique de marchandisationdu monde qui ruine nos quartiers.Contre la bétonisation des berges, nous luttons pourlesusages libres d'un terrain vague aux abords du fleuve », a-t-elle ajouté.

Plusieurs groupes solidaires à la lutte contre Ray-MontLogistiques ont participé à la manifestation festive et familiale : Rage climatique, Mères au front-Montréal, Antigone, Last Generation, l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA), le Conseil Central du Montréal Métropolitain – CSN, la chorégraphe Karine Cloutier et le groupe musical Excavation et poésie.

**À propos de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM et Les Soulèvements du fleuve**

**Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM** est un mouvement populaire qui lutte depuis 2016contre l'expansion des activités industrialo-portuaires etpour la préservation des espaces verts, de la santé et de la qualité de vie de la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Il revendique la création d'unparc nature dans le secteur Assomption-sud. À ce jour, il a permis de sauver de la requalification industrielle ou logistique environ 1 million de pieds carrés de territoire dans ce secteur.

**Les Soulèvements du fleuve** sont nés de la rencontre de plusieurs luttes locales disséminées sur les territoires avec comme volonté de mettre en branle un mouvement de résistance au développement industriel, colonial et extractiviste. Une réponse à l'appel international des Soulèvements de la terre à rassembler les forces brutes et à s'en prendre directement à ceux qui exploitent et détruisent le vivant. Nous nous soulevons à la défense du fleuve, de ses berges et du vivant.

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PL-69 sur l’énergie : un déni de démocratie du début à la fin

10 juin, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population (…)

Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population québécoise lors des dernières élections, insistent les groupes.

Alors que le gouvernement du Québec adoptera le projet de loi 69 (PL-69) sous bâillon, les 19 groupes signataires, dont la CSN, dénoncent vigoureusement la transformation majeure du paysage énergétique québécois qu'il entraîne. Ils dénoncent cette adoption marquée par l'improvisation et le contournement des processus démocratiques qui auraient pu assurer la légitimité et la pertinence des orientations portées par cette loi.

Pour les groupes, toutes les étapes ayant mené à l'adoption de ce projet de loi sur l'énergie ont été marquées par le refus systématique du gouvernement de tenir un véritable dialogue social tel que demandé par de multiples acteurs de la société civile.

Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population québécoise lors des dernières élections, insistent les groupes.

Les groupes rappellent aussi qu'un des éléments centraux de la planification énergétique aurait dû être le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) – un outil structurant permettant de planifier l'approvisionnement, la production et la consommation d'énergie de manière coordonnée, prévisible et durable : « Un Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, élaboré en concertation avec la société civile, aurait dû précéder l'adoption du projet de loi pour permettre une véritable et nécessaire planification. Le gouvernement a préféré procéder à l'envers et adopter sous bâillon une loi problématique, plutôt que d'engager un vrai dialogue sur l'avenir énergétique du Québec », martèlent-ils.

Jusqu'à la fin, le gouvernement n'a pas permis de débat sain : à quelques jours de la fin de l'examen du projet de loi, 52 amendements, provenant directement d'Hydro-Québec, ont été déposés, sans avoir été accessibles au public ni discutés lors de la consultation particulière à laquelle certains groupes ont été invités à participer. Alors qu'une large portion des 157 articles n'a pas été étudiée en commission parlementaire, le recours au bâillon vient clore cette séquence antidémocratique.

Pour les groupes, cette adoption forcée est inacceptable, surtout que cette loi aura des impacts délétères sur le long terme, notamment en reportant sur les tarifs les coûts d'un développement industriel énergivore qui ne garantit pas la transition énergétique.

« La production, le transport et la distribution d'électricité renouvelable au Québec doivent être publics. Les choix énergétiques sont des choix de société dont nous devons pouvoir débattre pour qu'ils soient justes, durables et légitimes. Le Québec mérite mieux qu'une réforme bâclée, opaque et déconnectée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques », concluent les organisations.

Organisations signataires

Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)

Collectif Scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec

Nature Québec

ACEF du Nord de Montréal

Imagine Lachine-Est

Mouvement écocitoyen UNEplanète

Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)

Greenpeace Canada

Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec

Fondation David Suzuki

Équiterre

Collectif Entropie

Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec

Pour Nos Enfants – Montréal

L'Assomption en transition

Union des consommateurs

Fondation Rivières

Centrale des syndicats du Québec

Confédération des syndicats nationaux (CSN)

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Les vacances payées : la brève histoire d’une longue lutte

10 juin, par Félix Lebrun-Paré — , ,
Alors que plusieurs pays européens garantissent cinq semaines de congés payés, les travailleuses et travailleurs québécois n'en ont que trois, et ce, après avoir patienté trois (…)

Alors que plusieurs pays européens garantissent cinq semaines de congés payés, les travailleuses et travailleurs québécois n'en ont que trois, et ce, après avoir patienté trois ans. Ce décalage soulève une question essentielle : pourquoi, malgré des décennies de luttes syndicales pour le droit au repos, le Québec reste-t-il à la traîne ?

Tiré de Ma CSQ.

Le contraste est frappant. Au Québec, le minimum légal de vacances annuelles est de deux semaines après un an d'ancienneté, et de trois semaines après trois ans. De l'autre côté de l'océan, la France, le Danemark, la Norvège, la Finlande et la Suède garantissent tous au moins cinq semaines de congés payés chaque année. À cela s'ajoutent 13 jours fériés en Suède, contre seulement 8 au Québec. Les pays scandinaves figurent aussi parmi les meilleurs en matière d'état de santé et de bien-être, ce qui invite à réfléchir à nos propres normes en matière de temps de repos.

Un droit acquis de haute lutte

Pourtant, le droit aux congés payés n'a rien d'un luxe. C'est le fruit de luttes syndicales longues et acharnées qui trouvent leurs origines dans la transformation radicale de l'organisation du travail du XIXe siècle. À cette époque, la maximisation des profits conduit à une exploitation intense de la force du travail : les ouvriers sont soumis à des cadences infernales – parfois jusqu'à 70 heures de travail par semaine – dans des usines qui fonctionnent jour et nuit.

En réaction, les mouvements ouvriers et syndicaux se mobilisent massivement pour revendiquer le « droit au repos ». Celui-ci englobe non seulement la réduction du temps de travail hebdomadaire, mais aussi ce qu'on considère aujourd'hui comme un droit fondamental : les congés payés (autrement dit, le droit à un repos rémunéré).

À l'époque où le temps libre est parfois perçu comme de l'oisiveté, c'est entre autres en faisant des congés une question de santé que cette revendication fait son chemin. L'un des jalons décisifs de cette lutte survient en 1936, avec l'adoption, en France, d'une loi accordant deux semaines de congés payés obligatoires par an (en plus des jours fériés). Ce gain suit les fameuses « grèves joyeuses », un vaste mouvement de mobilisation qui réunit près de deux millions de personnes et paralyse le pays.

Le progrès se poursuit. Au fil des luttes syndicales, en France, les congés payés obligatoires augmentent, passant à trois semaines en 1956, à quatre en 1969, puis à cinq en 1981. Cela démontre clairement le rôle central du syndicalisme dans la conquête du droit au repos.

Bien avant cette époque, au Moyen Âge, certaines formes de régulation du temps de travail existaient déjà dans les relations entre maîtres artisans et compagnons, ou encore entre maîtres d'œuvre et ouvriers. C'est cependant avec l'essor du capitalisme industriel que l'enjeu prend une dimension collective, politique et structurante.

Aujourd'hui, dans un monde du travail marqué par l'épuisement professionnel, les problèmes de santé mentale et la course à la productivité, alors que d'autres pays récoltent les fruits de leurs choix collectifs en matière de bien-être, il est peut-être temps que le Québec relance le débat sur la place du repos !

* Félix Lebrun-Paré est délégué au Syndicat des professionnelles et professionnels de la santé publique du Québec (SPPSPQ-CSQ) et membre du comité d'action sociopolitique de la CSQ.

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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

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Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.

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