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1er décembre, par Marc Simard
(Lettre ouverte au sujet de la plus récente chronique de Martin Forgues dans le journal. Cette chronique peut être consultée ci bas à la suite de la lettre d’Eurore Belzile) « (…)

(Lettre ouverte au sujet de la plus récente chronique de Martin Forgues dans le journal. Cette chronique peut être consultée ci bas à la suite de la lettre d’Eurore Belzile) « Tout ce qui est excessif est insignifiant » ... Read More

Réchauffement climatique : peut-on encore prendre l’avion ?

Devant les effets dévastateurs du réchauffement climatique et sachant à quel point l'avion est un important émetteur de gaz à effet de serre (GES), plusieurs hésitent à prendre (…)

Devant les effets dévastateurs du réchauffement climatique et sachant à quel point l'avion est un important émetteur de gaz à effet de serre (GES), plusieurs hésitent à prendre ce moyen de transport. D'autres y renoncent carrément et pour toujours. Vaut-il mieux suivre leur exemple et rayer les grands avantages qu'offre l'avion ?

Lorsqu'on calcule le taux d'émission de gaz à effet de serre pour une seule personne dans un seul voyage en avion, le résultat est affligeant. Un aller-retour Montréal-Paris émet deux tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Quand on sait que l'émission de CO2 par habitant·e au Québec est de 11,3 tonnes, ce seul voyage équivaut presque au cinquième de cette somme, et cela alors que nous sommes parmi les grands émetteurs au monde.

Par contre, les voyages en avion ne sont responsables « que » de deux à trois pour cent des émissions de gaz à effet de serre, soit beaucoup moins que d'autres secteurs, comme l'industrie, l'automobile, les bâtiments, la cimenterie et même le numérique (à quatre pour cent). Cela nous place devant une situation à priori paradoxale : d'une part, l'avion est le moyen de transport le plus polluant ; d'autre part, dans l'ensemble des activités humaines nécessitant de la consommation d'énergie, il est loin d'être le plus nocif.

Le pire des choix possibles

Devant le problème de pollution causé par l'avion, peut-être avons-nous adopté le pire des choix possibles, c'est-à-dire de laisser la conscience de chaque individu décider du comportement à adopter en conséquence. Les avions circulent avec relativement peu de contraintes partout dans le monde et très peu est fait pour contrevenir à leur impact négatif. Ainsi, certaines personnes décident-elles de cesser de contribuer au problème en ne prenant plus l'avion, quitte à faire le sacrifice de déplacements qui leur seraient utiles, un choix que l'on peut qualifier de vertueux.

D'autres, par contre, ne se sentent pas prêtes à sacrifier l'avion, par ignorance, par nécessité parfois, ou parce qu'elles priorisent leurs intérêts personnels, en sachant très bien quelles en sont les conséquences. Devant la vertu des un·es est opposé l'égoïsme des autres, alors que le voyage en avion devient un choix moral déchirant pour de plus en plus de personnes.

Il est surtout important de constater l'inefficacité de cet état des choses pour essayer de diminuer les émissions de gaz à effet de serre produites par l'aviation : d'une année à l'autre, la situation ne s'améliore pas, les industriels rêvent d'une expansion de ce secteur pendant que les vols intérieurs et extérieurs s'effectuent toujours en grands nombres. Les personnes vertueuses se sacrifient pour rien (ou presque), les égoïstes apprennent à vivre avec leurs remords (s'ils en ont) et aucun progrès n'est accompli.

Les voyages en avion sur les plateaux d'une balance

Pour beaucoup, renoncer aux voyages en avion est un dur sacrifice. Les avions sont un moyen merveilleux pour explorer le monde, se confronter à d'autres cultures, s'ouvrir l'esprit, connaître des modes de vie différents. Ils permettent à des travailleurs et travailleuses de la classe moyenne de fuir leur pays et de profiter de moments de détente dans un décor différent du leur (même si ce type de voyage n'est pas toujours associé à une ouverture à l'autre). Ces mouvements de population propulsés par l'avion contribuent à une meilleure compréhension entre individus et à développer une plus grande empathie. Le sondeur Jérôme Fourquet a démontré dans son essai Le nouveau clivage à quel point la sédentarité est un facteur important qui justifie le vote en faveur de l'extrême droite, tant le repliement sur soi rend les individus méfiants devant ce qu'ils ne connaissent pas – et cela même si de parfait·es sédentaires peuvent aussi se distinguer par une remarquable ouverture d'esprit. Si les voyages en avion ne sont qu'un facteur parmi d'autres de mobilité, ils rendent cependant possible, plus que les autres moyens de transports, de forts dépaysements et des chocs culturels très souvent émancipateurs.

Par contre, très peu de gens dans le monde utilisent ce mode de transport. Avant la pandémie, seulement onze pour cent de la population mondiale avait déjà pris l'avion, dont quatre pour cent pour se rendre à l'étranger. Il s'agit majoritairement de la population aisée des pays du Nord qui non seulement peut se permettre les coûts élevés que ces voyages impliquent, mais qui n'est pas encombrée en plus par la difficile obtention de visas, comme dans le cas des personnes vivant dans les pays plus pauvres. Cette situation pose de sérieux dilemmes : les effets sur l'environnement seraient catastrophiques si les populations de tous les pays voyageaient autant en avion que les Occidentaux ; mais empêcher tout le monde de le faire par souci d'équité, proposer un grand nivellement par le bas, ne semble pas idéal non plus.

Depuis des années, les milieux militants s'interrogent à savoir s'il est correct ou non prendre l'avion pour participer à des événements internationaux. Que vaut-il mieux : éviter de polluer et donner l'exemple en restant chez soi, ou profiter de ces rencontres pour tisser d'importants liens, faire avancer ses idées, créer des solidarités et contrer les actions néfastes des adversaires politiques ? Les grands lobbys, les élites politiques, les gens d'affaires ne se gênent surtout pas, de leur côté, pour utiliser l'avion tant qu'ils le peuvent afin de se rendre dans tous les lieux où ils peuvent défendre leurs intérêts. Un vertueux repli sur soi pour des raisons environnementales est-il alors la bonne stratégie à adopter pour bien défendre la justice sociale et protéger la planète ? Les rencontres virtuelles, vues comme solution de rechange aux déplacements en avion, par ailleurs polluantes elles aussi, restent souvent d'une efficacité limitée pour protéger les droits et organiser des actions.

Les fausses solutions

L'industrie aéronautique offre ses propres solutions pour réduire son empreinte écologique. Il faut apprécier certains de ces efforts, par exemple lorsqu'elle adopte des modèles d'avions moins polluants ou de nouvelles pratiques pour réduire les comportements énergivores. Mais cela ne règle qu'une petite partie du problème, d'autant plus que les vols, eux, sont de plus en plus nombreux : côté décarbonation, aucun vrai progrès n'est à signaler.

Les solutions technologiques ne semblent pas en voie de se mettre en place. Le seul remplacement écologique au kérosène envisageable pour le moment est l'hydrogène « vert ». Mais les problèmes techniques concernant la production d'hydrogène, son stockage et le ravitaillement des avions demeurent si grands qu'on ne voit pas le jour où on en viendra à bout. L'avion 100 % électrique, quant à lui, est une invention qui nous ramène plutôt à la science-fiction, puisque les batteries n'offrent pas la puissance nécessaire pour permettre le déplacement d'un moyen de transport aussi lourd.

L'achat de crédits de carbone est souvent proposé comme solution au problème de l'émission de GES par les avions. Ces crédits permettent, par exemple, de financer la plantation d'arbres ou de soutenir des projets écologiques pour compenser aux dommages faits par l'émission de CO2. Ils peuvent être achetés tant par les individus que par les compagnies aériennes. S'ils parviennent en effet à aider à la décarbonation, à petite dose, ils deviennent trop souvent une grande nuisance tant les projets qui en découlent sont mal adaptés, inadéquats, irréalistes et parfois carrément nocifs pour l'environnement. Cette solution semble ainsi plus utile pour se soulager la conscience et pour faire de l'écoblanchiment que pour arriver à des résultats probants.

Une vision globale du problème

Il existe pourtant beaucoup d'autres solutions pour rendre l'usage des avions moins nocif. Celles-ci doivent cependant relever de choix collectifs, d'une sévère règlementation qu'il faudrait mettre en place dans de brefs délais, même si malheureusement rien n'indique qu'on soit prêt·e à aller en ce sens. Lançons en vrac une série de mesures qui pourraient réduire considérablement l'empreinte écologique de l'aviation sans qu'on soit obligé·e de se priver entièrement de ce moyen de transport.

La publicité pour les compagnies aériennes ou pour tout voyage impliquant l'avion devrait être interdite (comme on le fait, par exemple, pour la cigarette). À la place, on ferait la promotion du tourisme local ainsi fortement encouragé. Beaucoup de personnes voyagent sans en avoir nécessairement envie, à cause d'injonctions très fortes à partir au loin.

Il faudrait interdire les jets privés. Un individu voyageant en jet privé consomme 14 fois plus de CO2 que celui qui voyage dans les vols commerciaux. Bien que cette interdiction ne diminuerait pas de beaucoup la consommation de CO2 à l'échelle mondiale, cette baisse serait tout de même appréciée et s'associerait à la fin d'un privilège injustifiable pour les ultrariches.

Les vols de moins de deux heures pourraient être interdits quand d'autres moyens de transport existent pour permettre le même déplacement. Des petits avions pourraient être consacrés à répondre aux urgences médicales (ou autres). Des investissements importants seraient consacrés à l'amélioration des réseaux ferroviaires.

Le nombre de vols par individu par année (ou sur une plus longue période) serait limité. Le un pour cent de ceux qu'on qualifie de « grands voyageurs » consomment à eux seuls la moitié des émissions de carbone du secteur de l'aviation. Il serait nécessaire et équitable de réduire leur consommation.

La première classe et la classe d'affaires seraient éliminées. Selon la Banque mondiale, les personnes en classe affaires polluent jusqu'à neuf fois plus que celles en classe économique, à cause du grand espace qu'elles occupent.

Il faudrait éliminer les escales. Les décollages et les atterrissages sont ce qui nécessite la plus grande consommation de kérosène.

Les vols low cost devraient être interdits. Le coût des externalités, c'est-à-dire des dommages environnementaux, pourrait être inclus dans le billet d'avion. Il est inacceptable que le prix d'un billet d'avion soit équivalent ou moins cher que celui du train et de l'autobus pour un parcours équivalent.

Une taxe au kilométrage en avion serait créée. Plus la distance en avion est longue, plus le prix de la taxe s'élèverait proportionnellement. L'argent de cette taxe serait dédié à des mesures pour protéger l'environnement.

Ces propositions et bien d'autres du même type encourageraient une importante réduction de l'usage de l'avion, ce qui diminuerait aussi en même temps, et de façon significative, l'empreinte écologique de tout le secteur de l'aviation. Ceci nous permettrait d'éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain : préserver les voyages en avion pour ce qu'ils offrent d'important, mais éviter les abus, la consommation irresponsable et la croissance de cette industrie.

Le statu quo est malheureusement assuré par le fait que le débat est très mal orienté. En remettant tout sur les épaules des individus, les ramenant à leur choix de prendre ou non l'avion, on évite ainsi d'adopter de véritables mesures pour contrôler le secteur et arriver à un niveau beaucoup plus élevé de décarbonation.

Visuel : Elisabeth Doyon

Forums citoyens sur l’éducation : il faut travailler à changer le rapport de force

En 2023, l'initiative Parlons éducation réunissait près de 1 700 personnes dans 20 forums et plus de 50 ateliers jeunesse à travers tout le Québec pour discuter des défis du (…)

En 2023, l'initiative Parlons éducation réunissait près de 1 700 personnes dans 20 forums et plus de 50 ateliers jeunesse à travers tout le Québec pour discuter des défis du système scolaire québécois. Bilan et perspectives avec Suzanne-G. Chartrand, porte-parole du collectif Debout pour l'école. Propos recueillis par Wilfried Cordeau.

À bâbord ! : Les forums Parlons éducation ont permis une vaste mobilisation citoyenne. Pourquoi cet exercice était-il nécessaire ?

Suzanne-G. Chartrand : Depuis la première phase des États généraux sur l'éducation en 1995, jamais la population n'a été invitée à discuter et à se prononcer sur la vision qui doit guider le développement de l'école, sur ce qui fonctionne ou non, sur le type d'institution qu'elle souhaite pour l'avenir. Pour les organismes citoyens à l'origine des forums [1], c'était extrêmement important de faire ce travail démocratique. Et ça a fonctionné. S'il pouvait s'exprimer des sensibilités différentes au cours des débats, il n'y avait pas vraiment de grandes divergences sur le plan des orientations politiques. Beaucoup de consensus ont émergé, et le diagnostic est vraiment inquiétant et sévère. Il révèle à quel point notre société est à côté de la plaque sur à peu près toute la ligne. Partout, les gens ont exprimé l'urgence d'agir. Ce qui est extraordinaire, c'est que malgré ces constats, les participant·es sortaient des forums avec le sourire, avec un espoir et une volonté de faire bouger les choses.

ÀB ! : En décembre dernier, une synthèse de ces échanges a été rendue publique. Quels grands défis s'en dégagent pour l'école québécoise ?

S.-G. C. : La synthèse résume en 40 pages plus de 1 000 pages de notes prises dans des dizaines d'ateliers : un travail colossal ! Sur les cinq grands thèmes [2] abordés, beaucoup de pistes de réflexion se dégagent. D'abord, il est clair que la mission de l'école est complètement dévoyée. Après les États généraux, ledit « renouveau pédagogique » mandate l'école d'instruire, de socialiser et de qualifier. Cette trilogie-là est encore discutable, mais très rapidement elle s'efface au profit d'un nouveau mantra : la réussite éducative, voire la réussite pour elle-même. On ne vise plus la culture, le développement ou l'émancipation des êtres humains, mais leur performance, dans une compétition effrénée. La raison d'être de l'apprentissage finit par se réduire à ce qui est utile pour la diplomation. Cette vision-là, conforme à la nouvelle gestion publique et à sa gestion axée sur les résultats a complètement perverti la mission de l'école dans les 30 dernières années. Or, dans les forums, les gens ont plutôt affirmé que l'école, en misant sur des connaissances et des compétences, doit développer chez les jeunes une capacité d'émancipation d'agir comme citoyens et citoyennes averti·es et critiques, dans la perspective d'une société qui soit la plus égalitaire et juste possible. Et cela passe par un meilleur développement des compétences langagières, par un renforcement culturel des programmes, par un décloisonnement des matières, mais aussi par l'ouverture de l'école à son village, à son quartier, aux artistes, aux communautés avoisinantes, aux gens de métier, aux membres des communautés ethnoculturelles différentes, nouveaux arrivants ou pas, etc.

Ensuite, la question de ce qu'on appelle « l'école à trois vitesses » a été largement discutée. Unanimement, on a déploré que notre modèle éducatif soit en train de se fracturer. L'école privée, subventionnée à hauteur de 70 %, et les programmes sélectifs au public (souvent très onéreux) fonctionnent grâce à la capacité de payer des parents et aux notes des élèves : ils sont à la même vitesse. Il y a aussi au public des programmes moins sélectifs. Puis, il y a les classes dites régulières composées d'élèves moins performant·es, moins fortuné·es, nouvellement arrivé·es au Québec sans connaître le français ou qui font face à toutes sortes de difficultés. Cette ségrégation est un problème qu'on ne peut plus ignorer et auquel il faut absolument mettre un terme.

ÀB ! : Soixante ans après le rapport Parent, la question de l'égalité des chances demeure donc entière.

S.-G. C. : Absolument. Les gens ont aussi déploré qu'il y ait, encore en 2024, des populations totalement exclues du projet d'égalité des chances. Des jeunes et des adultes qui sont dans les écoles et les centres, mais qu'on ne reconnaît pas, et dont les besoins sont complètement invisibilisés. Par exemple, 50 % des enfants inuit·es et issu·es des Premières Nations sont scolarisé·es dans le système scolaire québécois et la majorité d'entre elleux dans de grandes villes comme Montréal. Est-ce qu'on leur donne une place ? Est-ce qu'on tient compte de leurs besoins culturels ? Les élèves issu·es de l'immigration, on les francise certes, mais quel accueil culturel ou social leur offre-t-on ? Quel soutien offre-t-on également aux jeunes qui ont eu des difficultés durant leur parcours du secondaire et qui peinent à décrocher leur diplôme ? Quelle valeur sociale accorde-t-on à la formation professionnelle pour des jeunes qui souhaitent apprendre un métier ? Donc, cela fait pas mal de laissé·es-pour-compte au sein d'un système qui se dit démocratique et qui peine à offrir à ces jeunes des perspectives épanouissantes.

ÀB ! : Les personnels scolaires disposent-ils de tous les outils nécessaires pour relever ces défis ?

S.-G. C. : Tout le monde convient qu'il est temps de reconnaître et de revaloriser le travail fondamental de l'ensemble des personnels scolaires : du personnel enseignant, des gens des services de garde, du personnel de soutien, des technicien·nes, des professionnel·les, des membres de direction d'établissements. Tout ce monde est à la course et beaucoup sentent qu'ils et elles n'arrivent pas à faire leur travail aussi bien qu'ils et elles le voudraient. Plusieurs finissent par se sentir submergé·es, par tomber malades ou abandonnent le navire. Il y a encore énormément de gens très investis dans ces métiers-là, mais c'est aussi devenu une source de frustrations, de fatigue et de souffrance importantes. On ne peut plus se permettre de démobiliser celles et ceux qui font l'école. Et il faut cesser de prétexter de la pénurie de main-d'œuvre pour ne rien faire.

Ensuite, les forums ont souligné l'absence de démocratie dans notre système scolaire. L'abolition des commissions scolaires et des élections scolaires, la création de centres de services scolaires (CSS), dirigés par des conseils d'administration opaques, le pouvoir du gouvernement de nommer les directions de CSS et d'infirmer leurs décisions ont été largement décriés. Nombre de personnes engagées dans les nouvelles instances des CSS ont dénoncé l'absence de temps pour débattre et ont exprimé le sentiment que tout est décidé d'avance et qu'elles sont bâillonnées. Quant aux jeunes, leur place est très limitée dans ces instances et dans les décisions qui touchent leurs apprentissages. Donc, on a affaire à une institution déconnectée de son personnel, de ses élèves, de sa communauté, et tout entière au service d'une machine bureaucratique et d'une vision instrumentale et productiviste.

ÀB ! : C'est un portrait plutôt riche et percutant des défis qu'il nous reste à relever comme société. Quelle doit être la suite ?

S.-G. C. : Une chose est claire, ce gouvernement se montre même hostile à discuter avec les principaux intéressés, à proposer une réflexion collective, à consulter la population sur quoi que ce soit. Sa vision est profondément opposée à celle exprimée dans les forums. Pour que les choses changent, il faut travailler à changer le rapport de force entre la population, la société civile et le gouvernement. C'est pourquoi Debout pour l'école lance une nouvelle consultation partout au Québec, pour que les gens identifient quels seraient les chantiers prioritaires à mettre à l'agenda public pour les prochaines années. À partir de là, nous souhaitons inviter la société civile à se regrouper autour de ce qui émergerait comme un Livre blanc citoyen, voire un rendez-vous national. L'heure est venue de créer un levier de mobilisation collective qui montrerait qu'une partie importante de la population réclame des changements structurels et durables pour le système d'éducation au Québec.


[1] L'initiative Parlons éducation découle des efforts concertés des organismes citoyens Debout pour l'école, École ensemble, Je protège mon école publique et le Mouvement pour une école moderne et ouverte.

[2] Soit : la mission de l'école ; l'école à trois vitesses ; l'inclusion de toutes les populations scolaires ; la valorisation des personnels scolaires ; la démocratie scolaire.

Suzanne-G. Chartrand est du collectif Debout pour l'école.

Photo : Forums Citoyens Parlons Éducation de 2023 (Debout pour l'école).

L’innovation au service des locaux communautaires

Alors qu'on salue l'importance des organismes communautaires pour le maintien du filet social, la crise d'accès à des locaux ajoute un fardeau difficile à porter pour un réseau (…)

Alors qu'on salue l'importance des organismes communautaires pour le maintien du filet social, la crise d'accès à des locaux ajoute un fardeau difficile à porter pour un réseau déjà précaire. Les intervenant·es et des directions d'organismes se demandent comment poursuivre leur mission auprès de la population quand leur propre avenir est incertain. Pour mieux surmonter cet obstacle, plusieurs regroupements communautaires et acteurs de l'économie sociale se retroussent les manches et tentent d'explorer le champ des possibles.

La pérennité des groupes communautaires est fragilisée par la difficulté de trouver des espaces convenant à leur cadre financier ou qui sont accessibles à la population desservie. Les programmes pour financer l'hébergement des organismes restent insuffisants. Ces derniers doivent donc emprunter des sentiers non balisés pour trouver des solutions à leurs besoins. Dans le sillon de l'article « Le tissu social des quartiers menacés : Protéger les locaux communautaires montréalais » paru dans le numéro 96 d'À Bâbord !, nous souhaitons ici souligner quelques initiatives intéressantes et encore peu explorées.

Une fiducie foncière en émergence dans Ahuntsic

L'aménagement de tout un secteur du quartier Ahuntsic à Montréal vise le développement de 800 à 1000 unités d'habitation, un pôle alimentaire, des commerces, des équipements publics et un centre communautaire. Il s'agit du lecteur Louvain Est, une ancienne cour de voirie qui appartient à la Ville. Le projet est porté par l'arrondissement et la Table de quartier Solidarité Ahuntsic. En plus d'être un exemple de planification qui associe municipalité et concertation locale, c'est un modèle de fiducie d'utilité sociale qui a été choisi pour servir l'intérêt social et collectif souhaité.

La fiducie d'utilité sociale (FUS) est une structure juridique de propriété et de gestion du patrimoine. Ici, c'est la Société de développement de l'Écoquartier Louvain qui est désormais le développeur du site et le gestionnaire de la fiducie. Cet OBNL collabore avec des comités de travail animés par la Table de quartier afin de déterminer les usages et les aménagements qui permettent de soutenir les orientations principales du projet, soit l'accès à l'alimentation, la transition socioécologique, l'habitation et la mobilité durable. Parmi les stratégies pour accomplir cette mission, la FUS favorise le développement de biens immobiliers hors marché grâce à la création d'un fonds local de développement. Tout promoteur communautaire ou privé qui acquiert un lot devra verser une rente annuelle à la fiducie et devra se conformer aux énoncés de la mission. Le modèle d'affaires est ainsi alimenté par les revenus dégagés grâce aux développements immobiliers. Cependant, certains freins ralentissent le projet. Par exemple, le développement des usages mixtes demeure compliqué à réaliser au sein d'une même entité. Le contexte financier et la réglementation contraignante ralentissent aussi la mise en œuvre du chantier de centre communautaire. C'est donc un dossier à suivre.

Une entente d'usufruit pour des taxes foncières allégées

Le modèle d'usufruit s'est d'abord fait connaître dans l'arrondissement montréalais du Plateau-Mont-Royal quand la machine municipale s'est mise au service de la protection et du développement d'espaces pour les artistes. En effet, en plein boom résidentiel des années 2010, les anciens lofts industriels du Mile-End furent un à un rénovés puis convertis en espaces commerciaux. Les conditions locatives n'étaient plus accueillantes pour de nombreux artistes, alors évincé·es. Les citoyen·nes, appuyé·es par l'arrondissement, se sont mobilisé·es pour freiner l'exode de ces artistes à la recherche d'ateliers, protéger leurs pôles d'emplois et préserver cette vitalité culturelle. C'est par l'entente d'usufruit que cela a été possible. Comme la plupart des autres bâtiments compris dans ce secteur, les anciens bâtiments industriels auraient probablement accueilli des entreprises du numérique bien plus en moyens de payer les nouveaux loyers. Mais dans le cas où une communauté souhaite maintenir ou développer des activités à but non lucratif dans certains bâtiments privés et ralentir la surenchère des loyers non résidentiels locatifs, l'entente d'usufruit se révèle être un outil juridique efficace.

L'ouverture d'un centre communautaire dans le quartier Centre-Sud, au 2240 rue Fullum à Montréal, en est un autre exemple. Cet immeuble de 25 000 pieds carrés qui appartenait à la communauté des frères du Sacré-Cœur et hébergeait quelques organismes communautaires avait été racheté par des intérêts privés. Grâce à l'intervention des élu·es municipaux qui en ont protégé la vocation et avec l'appui du milieu, les organismes du quartier ont négocié une convention d'usufruit avec les nouveaux propriétaires. Depuis septembre 2023, après un an de pourparlers, la totalité de l'immeuble est désormais à la disposition d'organismes.

Les avantages de la convention d'usufruit sont doubles. Contrairement aux baux commerciaux dont les termes sont généralement de 5 ans, avec des variations de prix impossibles à prévoir d'un terme à un autre, les usufruits sont habituellement de plus longue durée. Dans le cas du centre communautaire de la rue Fullum, il s'agit d'un terme de 15 ans renouvelable. En plus de permettre une stabilité matérielle aux équipes de travail et à la population desservie, la plus longue durée du terme permet d'anticiper et de contrôler l'augmentation des coûts du projet sur le temps long. L'usufruit permet aussi aux organismes hébergés d'être admissibles à des exemptions de taxes foncières. Sans ce contrat qui reconnaît certains droits de propriété à l'usufruitier, les organismes situés dans tout projet immobilier dont le propriétaire est privé ne sont pas admissibles à cet allègement fiscal. L'exemption représente un rabais d'environ 80 % de la facture initiale pour les organismes montréalais admissibles.

La négociation pour s'entendre sur les termes de l'usufruit et la démarche d'exemption comprennent des particularités juridiques pour lesquelles l'accompagnement d'avocat·es en droit immobilier est indispensable. La facture salée qui en découle reste un obstacle important. En plus d'être onéreuse, la phase de préparation du projet demande un engagement intense de la part des organismes. Par chance, les organismes occupants, la Table de quartier et des ressources humaines du CIUSSS ont appuyé la démarche. Cela a permis de réunir les bras et les têtes nécessaires pour animer les étapes de développement. La pérennité de ce projet va dépendre de l'implication des membres qui seront appelé·es à être vigilant·es pour s'assurer que les décisions restent cohérentes avec la mission d'offrir des loyers abordables tout en effectuant les réparations et l'entretien requis sur ce bâtiment centenaire. Les réflexes de gestion collective demandent encore à être aiguisés.

Tout comme les ateliers d'artistes du Mile-End, les activités communautaires sont largement menacées quand l'offre de locaux non résidentiels devient rare. L'usufruit est un outil juridique intéressant qui permet aux organismes de réduire certaines charges fiscales et apporte une stabilité que les baux commerciaux privés ne procurent pas. Le maintien des activités à but non lucratif doit également être porté par les arrondissements, ces derniers pouvant modifier ou protéger le zonage, c'est-à-dire les fonctions attribuées à tout bâtiment sur son territoire. Leur rôle a été déterminant pour le maintien des activités communautaires pour le bâtiment du Centre-Sud ainsi que les deux pôles artistiques du Mile-End.

La pierre angulaire

Les modèles de la fiducie d'utilité sociale ou de l'entente d'usufruit sont intéressants et méritent d'être davantage déployés. Toutefois, les mécanismes de mise en œuvre que sont les programmes de financement et l'accompagnement technique et stratégique doivent être au rendez-vous. Les investissements en temps et en argent de la part d'organismes communautaires engagés dans ce genre de projet sont exponentiels. Les risques inhérents à tout projet immobilier sont également difficiles à évaluer pour des organismes qui tentent simplement de veiller à une certaine stabilité à leur mission. Par ailleurs, ces situations génèrent une pression sur des équipes déjà fragiles en raison de l'appauvrissement de la population et des difficultés de rétention du personnel. Les organismes communautaires peuvent bien innover, créer, sortir des sentiers battus ou mutualiser, mais sans les ressources adéquates, leurs efforts sont vains.

Gessica Gropp est chargée de projet pour les locaux communautaires à la Coalition montréalaise des Tables de quartier.

Photo :Centre communautaire de la rue Fullum à Montréal (Audrée T. Lafontaine).

Note. Le terme usufruit réfère au droit de jouissance d'un bien dont une personne détient la propriété par une autre personne (morale ou physique). L'usufruitier s'engage à conserver l'intégrité du bien tout en l'utilisant (usus) et en profitant des fruits (fructus). Une entente d'usufruit désigne un arrangement juridique notarié qui peut concerner un bien immobilier, une entreprise ou un portefeuille d'investissements.

Pour l’autogestion au travail !

30 novembre, par Valérie Beauchamp, Isabelle Bouchard, Samuel Raymond — , , , ,
La hiérarchie et les relations autoritaires sont trop souvent considérées comme l'ADN de l'univers du marché du travail et, à notre avis, elles sont trop peu questionnées. (…)

La hiérarchie et les relations autoritaires sont trop souvent considérées comme l'ADN de l'univers du marché du travail et, à notre avis, elles sont trop peu questionnées. Elles apparaissent comme l'ordre naturel des choses.

Or, les nombreuses expériences d'organisations horizontales qui ont émergé à travers notre histoire démontrent que la suppression des rapports hiérarchiques au travail permet de favoriser le bien-être et la dignité par l'engagement et la participation collective. Dès lors, rester enfermé·e dans ce cadre d'organisation hiérarchique du travail conduit à la négation de toute la créativité dont sont capables les travailleur·euses pour instaurer de nouvelles formes de relations sociales. Puisque le travail occupe une grande partie de notre vie, remettre en question les rapports hiérarchiques et de pouvoir qui sont au cœur du système de production de la valeur nous apparaît comme un angle radical pour un changement social structurel et culturel.

L'autogestion en milieu de travail sera définie ici comme une structure dans laquelle tous·tes les membres impliqué·es participent directement à la prise de décision pour l'ensemble des sphères d'une organisation, sans intermédiaire. Quels rapports cette forme d'organisation entretient-elle avec le concept de démocratie ? Quels sont les défis concrets de l'autogestion au quotidien ? Les expériences présentées ici pourront, nous l'espérons, alimenter ces réflexions. À travers ce mini-dossier, une ligne du temps, conçue avec la participation d'Archives révolutionnaires, met aussi en lumière quelques expériences québécoises d'autogestion en milieu de travail.

Mini-dossier coordonné par Valérie Beauchamp, Isabelle Bouchard et Samuel Raymond

Avec des contributions de Valérie Beauchamp, Paolo Miriello, Vincent Roy, Carole Yerochewski

Autogestion démocratique pour tous... et toutes

Depuis le 19e siècle en Europe, la coopérative et l'autogestion sont devenues le support d'une réflexion utopique de transformation démocratique du travail et de la société. (…)

Depuis le 19e siècle en Europe, la coopérative et l'autogestion sont devenues le support d'une réflexion utopique de transformation démocratique du travail et de la société.

Ce mouvement a fait naître et renaître des projets et des pratiques, car, sous la poussée de différents mouvements sociaux, ce que peut être une société démocratique évolue : l'autogestion et le concept de société autogérée doivent désormais prendre en compte des enjeux politiques comme la redéfinition des rapports humains avec l'environnement et l'émancipation des rapports sociaux de sexe et race. En fait, ces enjeux sont profondément interdépendants, ce qui exclut d'emblée de n'avoir qu'une réflexion macroéconomique ou sociale, portant sur des systèmes de planification autogérés, sans l'articuler à sa mise en œuvre micro et mezzo. Partir de pratiques transformatrices concrètes menées par des communautés locales ou des villes peut être plus fructueux que de commencer par élaborer une vision globale en apparence séduisante, car visant explicitement les institutions et le pouvoir capitaliste, mais laissant dans un angle mort la façon dont se reproduisent les rapports sociaux de domination et d'exploitation [1].

Rapports de production capitalistes

Il est possible de tirer des enseignements des expériences récentes d'économie solidaire ou populaire, en particulier de celles qui se déroulent dans les pays du Sud, notamment au Brésil dans les années 1990 et 2000 et début 2010, où ce sont des populations pauvres et des communautés traditionnelles ou autochtones qui sont aussi impliquées. Leur participation directe fait tout d'abord ressortir que l'autogestion à l'échelle d'une coopérative ne règle pas l'enjeu de l'hétéronomie du travail.

Croire qu'un projet militant d'autogestion suffit à transformer le rapport au travail quand la coopérative continue d'être prise dans des logiques productivistes qui conduisent à, ou reproduisent la hiérarchisation des tâches, c'est faire l'impasse sur la reproduction des rapports sociaux de domination et d'exploitation. La tenue régulière d'assemblées générales, accompagnées de techniques participatives en petits groupes, préparatoires ou parallèles, ne peut favoriser la démocratie directe indépendamment de la possibilité donnée à chacun et chacune de se projeter individuellement et collectivement, et donc de participer à la définition de l'objectif. À l'échelle d'une entreprise, la gouvernance autogestionnaire est prise en tenaille entre la volonté de démocratiser et la nécessité de s'adapter aux contraintes de la productivité capitaliste. L'autogestion réduite à l'idée d'une propriété collective – ou d'une socialisation des moyens de production – ne suffit pas à produire un lieu où chacun et chacune se reconnaît dans l'objectif poursuivi et ose prendre la parole.

S'autogérer pour produire quoi ?

Dans son ouvrage sur le travail démocratique, Alexis Cukier souligne à escient l'importance de relier la démocratisation du travail à une réflexion sur la finalité du travail et une démocratisation des choix de production. La dissociation traditionnelle entre travail et citoyenneté, que ne comble pas la citoyenneté industrielle, qui laisse les choix économiques aux mains des capitalistes, est l'une des principales sources d'un rapport hétéronome au travail.

S'il suffisait pour démocratiser le travail de réduire le temps qui lui est consacré ou d'améliorer les revenus, ce que sont parvenues à faire des coopératives brésiliennes, le livre de Julia Posca au titre explicite (Travailler moins ne suffit pas) n'aurait pas connu cet engouement. Le contrôle démocratique, autogéré, de l'activité de travail, ne peut se développer qu'en interdépendance avec le contrôle des choix de production, c'est-à-dire de l'économie, par le moyen d'institutions dont il faut débattre parallèlement.

On ne peut oublier que nous vivons dans un monde qui tient quasiment pour acquise la séparation entre la sphère dite de production de celle dite de reproduction sociale. Or, cette séparation est totalement arbitraire, comme on le sait, puisqu'il suffit que des activités de la sphère de reproduction sociale soient vendues et comptabilisées dans le PIB, comme la confection de vêtements, pour basculer dans celle de la production [2].

En outre, cette séparation entre des activités qui seraient du travail et d'autres qui n'en seraient pas, qui se classeraient dans des occupations militantes, citoyennes, bénévoles, comme si l'on n'utilisait pas la même « force de travail » pour débattre, faire des affiches, etc., est en elle-même discutable : elle induit une hiérarchisation entre les différents travaux, selon qu'ils contribuent ou pas, dans une logique capitaliste, à augmenter la valeur d'échange. C'est ainsi que l'on voit depuis une quarantaine d'années se multiplier les fonctions de marketing, d'analyste financier, de contrôle de gestion. Or, leur valeur d'usage, si elle n'est pas nulle dans une logique d'accumulation, a du mal à rivaliser avec celle accordée à un logement salubre ou à une nourriture biologique. Mais les activités qui ont une valeur d'usage irremplaçable, ou « essentielle », comme celles de prendre soin, d'un·e enfant, d'un·e aîné·e, de sa communauté de proximité (géographique, éthique, etc.) sont dévalorisées, atténuant ainsi et même masquant le processus d'appropriation du travail au fondement des divisions sociales ainsi que sexuées et racisées du travail.

Travail et citoyenneté

En adoptant ainsi une perspective féministe matérialiste, on fait ressortir la centralité du travail – de tous les types d'activités et pas seulement du travail marchand – comme activité humaine de production du monde. Comme le souligne Alexis Cukier, le travail n'a pas qu'une fonction économique, mais aussi une fonction politique, celle de produire et reproduire les rapports sociaux de domination et d'exploitation, mais aussi potentiellement de les transformer. L'autogestion participe d'une démarche politique qui doit donc se préoccuper non seulement de produire, mais aussi de « savoir quoi produire, pour qui et comment » c'est-à-dire selon quelles divisions du travail, comme le résumait un syndicaliste brésilien de la CUT [3], frappé par la radicalité d'expériences emmenées par des femmes et des communautés autochtones.

La remise en cause des divisions hiérarchisées, sexuées et racisées du travail conduit à redonner de la valeur à des activités essentielles pour le « vivre ensemble ». C'est aussi à cette condition que l'autogestion du travail et des choix de production peut réconcilier travail et citoyenneté : en donnant une voix collective, en représentant celles et ceux, femmes, personnes pauvres, immigrantes et migrantes, racisées, qui sont susceptibles, en raison de leur position dans les rapports sociaux, de faire émerger de nouvelles cosmogonies où le « prendre soin », de soi, des autres, du vivant, de la planète, sera au fondement du « vivre ensemble ».


[1] Pour un aperçu de ces débats et enjeux, voir Audrey Laurin-Lamothe, Frédéric Legault, Simon Tremblay-Pepin, Construire l'économie postcapitaliste, Lux, 2023.

[2] Voir notamment sur ce sujet Christine Delphy, L'ennemi principal : 1. Économie politique du patriarcat, Paris, Syllepse, 2013 [1998].

[3] Central Única dos Trabalhadores (Centrale unique des travailleurs), principale confédération syndicale au Brésil, dont vient l'actuel président Lula.

Carole Yerochewski est sociologue.

Milieu communautaire : pas besoin de patron !

Nous avons interrogé sept personnes travaillant dans des milieux autogérés pour documenter leurs expériences dans ce mode de fonctionnement. Tous et toutes sont issu·es du (…)

Nous avons interrogé sept personnes travaillant dans des milieux autogérés pour documenter leurs expériences dans ce mode de fonctionnement. Tous et toutes sont issu·es du communautaire, l'un des milieux de travail comptant le plus d'expériences en autogestion au Québec. Pendant les entrevues, il a été marquant de réaliser la similitude des discours que les personnes portent sur leurs expériences d'autogestion en milieu de travail. Il se dégage de ce processus que malgré les différences dans les façons d'appliquer les principes autogestionnaires, les constats qui en ressortent pour les travailleurs et travailleuses sont en tous points semblables.

Pour l'ensemble des personnes interrogées, le principal avantage de l'autogestion est le plus grand contrôle sur ses conditions de travail comparativement aux structures hiérarchiques. Puisque tous et toutes sont amené·es à se prononcer sur l'ensemble des facettes du milieu, chaque élément qui compose le fonctionnement de l'organisme est compris et intégré. « Même si c'est “quelqu'un” qui me donne des tâches dans le sens que c'est le collectif qui me donne des tâches, quand c'est mon équipe qui me donne des tâches, ben je les comprends et je comprends pourquoi il faut les faire et pourquoi c'est moi qui dois les faire. Les tâches, elles ont du sens parce que je les ai analysées et je les ai acceptées. » Ainsi, l'autogestion permet de produire un sens collectif puisque chaque personne participe à l'ensemble des processus décisionnels. Un travailleur nous donnait l'exemple d'une discussion en équipe pour se doter de balises claires encadrant le travail à distance. Dans ce cas, que l'ensemble des personnes participent à la discussion « […] est un avantage parce que même la personne qui fait du télétravail décide aussi des paramètres à mettre en place. » Cela revient donc à avoir un pouvoir réel et concret sur la réalisation des tâches et sur la structuration des services dans l'organisme. De plus, c'est à l'équipe que revient la responsabilité de produire un contrat de travail qui respecte les limites financières de l'organisme. Lorsque les salaires ne sont pas imposés par un·e supérieur·e, mais discutés collectivement, les choix à faire pour la santé financière de l'organisme apparaissent légitimes.

Pour les travailleurs et les travailleuses, le fonctionnement en autogestion entraîne aussi un fort sentiment de liberté, une plus grande ouverture à leurs idées ainsi qu'une reconnaissance concrète de leur apport à l'organisme. De plus, la prise en charge collective du bien-être des travailleurs et travailleuses crée des relations différentes dans l'équipe de travail où l'entraide prend une place centrale. Tous et toutes dans l'équipe de travail sont responsables de l'équilibre entre ses besoins individuels et ceux des autres. De plus, le fait que tous et toutes participent aux mêmes tâches et ont exactement les mêmes conditions de travail entraîne une présomption d'égalité qui renforce ce sentiment de camaraderie.

« RH » : le défi de l'autogestion

Cette égalité entre toutes les personnes composant l'équipe de travail représente toutefois un idéal plutôt qu'une réalité concrète, puisque l'émergence de relations de pouvoir informelles ne peut être complètement évitée, malgré des mécanismes propres à en limiter les effets négatifs. Ce pouvoir a été défini en entrevue comme la différence entre les individus dans leur capacité à influencer les directions prises par l'organisme. Pour dépasser cela, il est primordial que les mécanismes de prises de décisions soient clairs et appliqués rigoureusement pour assurer cette présomption d'égalité. Pour qu'un organisme fonctionne de façon efficiente en autogestion, l'ensemble des membres de l'équipe de travail doivent partager la même compréhension de quelle instance a la responsabilité de quelle décision. Par ailleurs, avoir des structures décisionnelles claires n'est pas garant d'une atténuation des relations de pouvoir lorsqu'il faut les vivre au quotidien. Bien souvent, les mécanismes ont été réfléchis et explicités par écrit dans des documents, mais les équipes de travail doivent constamment rester alertes pour faire vivre ces façons de prendre des décisions collectives : « L'application dans le quotidien de ce que ça veut dire vraiment, ça peut être plus complexe. On peut théoriquement transmettre les structures, les valeurs, les fonctionnements, mais après ça, devant une situation, concrètement, à qui je demande, à quelle instance j'adresse la situation ou la difficulté ? Ce n'est pas juste théorique, des structures, elles se vivent. » Le défi de signaler les difficultés à l'instance appropriée peut causer des tensions dans les équipes de travail.

La façon de composer avec ces tensions dépend des structures mises en place, mais demeure un des principaux défis de l'autogestion, particulièrement en ce qui concerne la capacité à porter un regard critique sur le travail effectué par ses pair·es et à en discuter ouvertement en équipe. Dans les structures autogérées, il n'existe pas de poste dont c'est la responsabilité officielle de surveiller la façon dont est réalisé le travail. Cette responsabilité est partagée par chacune des personnes qui composent l'équipe de travail et doit être appliquée avec rigueur pour le bon fonctionnement de l'organisme. Cela est vu comme une difficulté particulière à l'autogestion, principalement à cause de la présomption d'égalité entre les membres de l'équipe. Les personnes interrogées nomment ne pas vouloir endosser ce rôle de discipline associé à une coordination générale, bien que tous et toutes s'entendent pour reconnaître que la surveillance de l'exécution des tâches est essentielle au bon fonctionnement de l'organisme. Le défi est donc de savoir quand, où et comment adresser les tensions qui résultent de l'exécution des tâches. Quand ces mécanismes existent et qu'ils sont opérationnels, il est de la responsabilité des individus de nommer explicitement ce qui pose problème. Cela demande donc aux travailleurs et travailleuses de grandes compétences en communication, particulièrement la capacité à émettre des critiques constructives et à en recevoir. Par contre, si ces mécanismes sont absents du milieu de travail ou s'ils ne sont pas utilisés correctement, il est de la responsabilité de l'organisme de trouver des façons d'intégrer la gestion de l'exécution des tâches dans son fonctionnement.

Mise en commun des expériences

Il nous apparaît que peu d'outils concrets sont partagés par les milieux pour pallier les difficultés qu'entraîne l'autogestion en milieu de travail. Il n'existe pas de lieu pour comparer les expériences d'autogestion avec d'autres qui fonctionnent de la même façon, en ce qui a trait au milieu communautaire à tout le moins. Dès lors, les défis vécus apparaissent comme propres au milieu et non comme des défis communs partagés par l'ensemble des personnes. Il y a donc un besoin au Québec de se regrouper entre organismes qui fonctionnent en autogestion pour réfléchir collectivement aux défis posés par ce type de gestion.

Propositions pour une autogestion viable

Il n'y a pas de recette unique pour l'autogestion, mais il y a certaines réalités qui reviennent souvent d'une entreprise à l'autre. À mes yeux, il importe de s'inspirer des « (…)

Il n'y a pas de recette unique pour l'autogestion, mais il y a certaines réalités qui reviennent souvent d'une entreprise à l'autre. À mes yeux, il importe de s'inspirer des « bonnes pratiques » et des échecs des autres, sans faire l'économie des débats à leur sujet. Voici donc quelques propositions qui, j'espère, aideront à situer quelques-unes des pratiques concrètes pour alimenter des débats constructifs.

Prendre la mesure du sale boulot

De façon presque intuitive, lorsqu'on imagine une entreprise sans patron·nes, notre premier réflexe est de poser la question suivante : qui fera le sale boulot ? En l'absence d'une structure hiérarchique traditionnelle, il est tout à fait légitime de craindre que personne ne veuille assumer les tâches les plus désagréables en entreprise. La question du sale boulot n'est pas une mince affaire ; c'est pratiquement une question civilisationnelle ! Le management contemporain y répond en établissant des relations de pouvoir fondées entre autres sur le salariat, mais comme l'autogestion refuse ce fonctionnement, cela peut longtemps nous tracasser.

Reconnaître cet enjeu et son ampleur est primordial. Il faut aussi savoir reconnaître les dynamiques qui l'aggravent : par exemple, on se retrouve parfois avec une minorité de collègues qui compensent les manquements d'une autre minorité. La minorité responsable met les bouchées doubles, et éventuellement, la minorité irresponsable s'y habitue : elle n'aura alors aucun incitatif à se discipliner, car le travail est accompli par les autres. On aura alors l'impression que tout fonctionne comme prévu, mais en réalité, l'inévitable sentiment d'iniquité risque de dégénérer en conflits interpersonnels. S'il n'est pas toujours réaliste de s'assurer que chaque personne contribue de façon égale à toutes les tâches, il faut toutefois reconnaître ce travail et les personnes qui l'accomplissent. Il faut également s'assurer de leur accorder l'opportunité d'être entendues et d'avoir le contrôle sur leur travail.

Privilégier la confrontation préventive

En contexte autogéré, les gens ne veulent généralement pas jouer aux patron·nes, et ce, pour deux raisons : d'abord parce que les patron·nes ne sont pas apprécié·es, mais aussi parce que les patron·nes sont responsables du travail des autres. On aimerait que chaque personne soit autonome vis-à-vis de ses tâches et que l'on puisse ainsi se concentrer sur les nôtres. Malheureusement, il y a toujours des écarts entre les attentes et le travail accompli. L'entreprise autogérée n'a pas de patron·nes désigné·es pour régler ces écarts, mais ceux-ci doivent être adressés. L'autogestion doit donc favoriser la confrontation préventive : il faut savoir confronter les individus qui ne répondent pas aux attentes. J'insiste sur l'idée de confronter les individus parce qu'il est souvent tentant de lancer des appels vagues à la discipline sans nommer de noms : on peut alors s'exprimer pour le bien de l'entreprise sans avoir le sentiment « d'attaquer » qui que ce soit. Cette pratique se veut préventive, car il est mieux d'ébranler légèrement des collègues que de laisser les manquements générer du ressentiment qui finira tôt ou tard par exploser. Évidemment, cette confrontation se doit d'être bienveillante et de ne pas prendre la forme d'une punition.

Une approche préventive de confrontation établit des procédures pour recevoir et traiter les plaintes. Les réunions ne sont pas toujours le meilleur espace pour ce faire, car certaines personnes auront plus de difficulté à émettre ou à entendre des plaintes dans un contexte de groupe : il pourrait s'avérer plus propice de nommer des personnes responsables pour recevoir les plaintes et confronter les individus concernés en privé. Cela dit, cette responsabilité peut devenir une source de pouvoir indue, donc il faut être prudent·e lorsqu'on choisit de « privatiser » ces démarches. Les procédures peuvent également prévoir une « escalade » des mesures dans le cas de fautes récurrentes, mais il faut aussi être patient·e.

Affirmer les formes d'autorité légitimes

Le choix de l'autogestion est historiquement inspiré d'un rejet de l'autorité des patron·nes, jugée illégitime. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe aucune forme d'autorité légitime en entreprise, ou que l'avis de chaque personne soit valable en toute circonstance. Il y a des moments où chaque voix doit être traitée de façon égale, et d'autres où il faut reconnaître l'autorité de nos collègues. Ici, j'entends l'autorité comme une capacité de s'imposer, de se faire respecter et écouter au-delà des autres par rapport à un sujet précis, et non comme un pouvoir total et incontestable.

Mary Parker Follett, théoricienne du management participatif, revendiquait une autorité fondée sur la base des compétences. Souvent, cette forme d'autorité est reconnue naturellement : pensons à une réunion sur les états financiers où ce sont les comptables qui ont le dernier mot sur la manière de comptabiliser les revenus et les dépenses. Il y a certaines choses, comme les normes comptables, que l'on ne soumet pas à un vote. L'autorité peut également découler du travail accompli. La notion d'autorité peut protéger les personnes qui connaissent mieux la réalité de leur travail contre l'ingérence individuelle ou contre l'influence excessive de collègues habiles pour mobiliser la majorité. Cela dit, ces personnes n'ont pas toujours raison, et ne devraient pas agir de façon totalement indépendante. Les responsabilités sont accordées collectivement, mais elles sont assumées individuellement : il faut tenter de trouver un équilibre entre ces deux positions légitimes, quoique possiblement antagonistes.

Rendre l'organisation viable

Il est crucial de s'entendre sur une vision de l'autogestion qui prévoit non seulement un fonctionnement idéal, mais aussi des mécanismes pour prévenir et traiter les situations conflictuelles qui peuvent surgir. Si le management traditionnel concentre le pouvoir entre les mains des managers, il leur confie aussi l'ultime responsabilité de ces conflits. C'est justement parce que l'on croit pouvoir faire mieux que l'autorité managériale que l'on choisit l'autogestion : encore faut-il apprendre à faire mieux. Cela est d'autant plus difficile sachant que plusieurs arrivent dans un contexte d'autogestion sans aucune expérience dans cette forme d'organisation : il faut se former collectivement à la responsabilité et la capacité de se dire les « vraies affaires » de manière à résoudre les problèmes de façon respectueuse, mais ferme.

Je dirais que l'autogestion nécessite une certaine rigidité face aux dysfonctionnements : asseoir l'autorité légitime, pratiquer la confrontation préventive et reconnaître les dynamiques malsaines autour du sale boulot n'a rien d'agréable, mais il est préférable de risquer quelques désagréments au quotidien plutôt que de fomenter des catastrophes. Ces pratiques font partie du « sale boulot » organisationnel : il faut éviter qu'une minorité de collègues en soient responsables et en faire un enjeu collectif.

Paolo Miriello est étudiant au doctorat en administration des affaires.

Pourquoi les syndicats québécois haussent-ils le ton contre la CAQ ?

28 novembre, par Comité de Montreal
Pourquoi les syndicats québécois haussent-ils le ton contre la CAQ ces derniers temps? Le nouveau projet de loi 3 s’ajoute à une série de réformes qui ont irrité les (…)

Pourquoi les syndicats québécois haussent-ils le ton contre la CAQ ces derniers temps? Le nouveau projet de loi 3 s’ajoute à une série de réformes qui ont irrité les syndicats.… Source

Trop politiques, les syndicats ?

Dans le contexte des attaques antisyndicales de la CAQ et des mobilisations en riposte à celles-ci, nous rendons disponible la chronique Travail de Thomas Collombat, issue de (…)

Dans le contexte des attaques antisyndicales de la CAQ et des mobilisations en riposte à celles-ci, nous rendons disponible la chronique Travail de Thomas Collombat, issue de notre prochain numéro. La revue sera disponible en librairie le 8 décembre !

La CAQ ne sait plus où donner de la tête pour essayer de rebondir dans les sondages prévoyant sa disparition et faire oublier les échecs de sa gouvernance, depuis les fiascos de la « filière batterie » jusqu'aux révélations de la Commission d'enquête sur SAAQclic. Quelques mois seulement après avoir fait adopter sa loi draconienne contre le droit de grève, elle utilise à nouveau les syndicats comme boucs émissaires en annonçant un projet de loi permettant à leurs membres de rendre facultative une partie de leur cotisation, destinée aux « activités politiques ». Décryptons ensemble cette tentative de détournement de l'attention collective, qui repose toutefois sur une des marottes historiques de la droite.

À la base de cette énième attaque contre le mouvement syndical se trouve l'idée suivant laquelle les syndicats utiliseraient les cotisations de leurs membres à d'autres fins que celles auxquelles elles sont normalement destinées. Le « carré de sable » syndical se résumerait ainsi aux relations du travail « pures », c'est-à-dire à la négociation et à l'application de conventions collectives. Si les syndicats souhaitent déborder de ce cadre, que ce soit pour faire des représentations politiques auprès du Parlement, contester une loi devant les tribunaux, ou encore appuyer d'autres organisations de la société civile (groupes féministes, travailleur·euses migrant·es…) alors, les membres devraient avoir la possibilité de retirer la partie de leur appui financier correspondant à ces activités.

Dans le débat public, les groupes proches des milieux des affaires brandissent régulièrement « l'exemple européen », soit celui de pays (en fait assez souvent la France) où l'affiliation et la cotisation syndicale sont des décisions individuelles plutôt que collectives, permettant à chaque travailleur·euse de décider s'il ou elle soutient tel ou tel syndicat et ses actions. Cet argument ne tient toutefois absolument pas la route. Dans des systèmes de relations du travail tel que celui de la France, la syndicalisation individuelle va de pair avec le fait que les syndicats négocient pour l'ensemble des salarié·es, affilié·es ou pas, par le biais de conventions collectives de branches ou d'accords interprofessionnels. Ils représentent également l'ensemble de la population dans de grands débats sociaux, tel celui sur les retraites, et jouent d'ailleurs à cet égard un rôle hautement politique, remplaçant même parfois les partis politiques défaillants dans leur capacité de représentation des citoyen·nes [1]. Ne s'attarder qu'à la question du caractère volontaire des cotisations syndicales sans prendre en compte le contexte plus large relève donc soit d'une ignorance des systèmes de relations industrielles, soit de la mauvaise foi.

Une volonté d'affaiblir

Revenons donc en Amérique du Nord, où des dispositions similaires à celles prônées par la CAQ existent bien, mais… aux États-Unis. Et ici, la comparaison est valide dans la mesure où notre système et celui de nos voisins du Sud ont des racines et des logiques communes. Or, si les taux de syndicalisation aux États-Unis et au Canada (et en particulier au Québec) ont commencé à s'écarter considérablement à partir des années 1950, c'est en grande partie en raison de législations limitant, voire interdisant totalement, le prélèvement automatique des cotisations syndicales dans plusieurs États américains. Dans les États dits Right-to-Work, la disposition que nous connaissons au Canada, comme la « formule Rand » (le prélèvement des cotisations par l'employeur sur le salaire qui doit ensuite les reverser au syndicat) est tout simplement interdite [2]. Même dans les États non Right-to-Work, il existe des cas où les syndiqué·es peuvent décider de ne payer qu'une partie de leur cotisation, excluant ce qui est soi-disant destiné aux « activités politiques ». Le résultat est clair : c'est dans ces États que le syndicalisme est le plus faible, y compris et surtout dans les entreprises, là où il est pourtant censé faire son travail « légitime ». L'objectif n'est donc jamais la transparence ou la démocratie, mais bien l'affaiblissement de la capacité collective des travailleur·euses à faire valoir leurs intérêts tant dans les milieux de travail qu'à l'extérieur.

Changements sociaux et syndicalisme

Venons-en donc à la question fondamentale posée par cette annonce de projet de loi : peut-on séparer, au sein des activités syndicales, ce qui relève des relations du travail et ce qui relève du politique ? La réponse est sans équivoque : non. D'une part, l'interactivité entre ces deux sphères est évidente. Les relations du travail n'existent pas dans un vide politique. Elles sont étroitement encadrées par des législations et des réglementations qui reflètent le rapport de force entre travail et capital existant dans la société. Empêcher ou même limiter la capacité d'action des syndicats dans l'arène politique, c'est mettre le doigt sur la balance en faveur des employeurs. Et ceci ne vaut pas uniquement pour les « règles du jeu » des relations industrielles (comme le Code du travail), mais aussi pour toutes les politiques d'ordre social et économique. Si une loi crée, par exemple, un régime universel de retraite ou d'assurance-maladie, ce sont autant d'éléments qu'un syndicat n'aura plus à négocier dans une convention collective, libérant ainsi sa possibilité d'aller chercher d'autres avancées pour ses membres. De la même manière, les conventions collectives servent souvent « d'incubateurs » à des politiques publiques. Ainsi, les congés de maternité ou encore la reconnaissance des conjoints de même sexe ont d'abord été acquis dans des conventions collectives avant de faire l'objet de législations à portée universelle.

D'autre part, les relations du travail sont, en elles-mêmes, politiques. Elles touchent aux rapports de pouvoir dans les milieux de travail, à la répartition de la richesse, à la lutte contre l'arbitraire patronal… Elles sont donc fondamentalement de même nature que les débats pouvant avoir lieu à l'Assemblée nationale et portant sur la fiscalité, la justice sociale ou encore le fonctionnement démocratique de la société. Chercher à limiter la capacité d'action du syndicalisme vise donc bien plus à altérer ce rapport de force qu'à « réformer le régime syndical ». Paradoxalement, une telle réforme encouragerait même le syndicalisme à se replier sur lui-même et à pratiquer une certaine forme de corporatisme, alors que c'est ce qui lui est régulièrement reproché, y compris par la droite ! Pire, les premières victimes d'une telle mesure ne seront sans doute pas tant les syndicats que la myriade d'organismes communautaires et de la société civile qu'ils soutiennent par leurs appuis récurrents ou ponctuels. En affaiblissant les syndicats, on affaiblit l'ensemble des mouvements sociaux et des acteurs de changement, puisque l'appui public dont ils bénéficient ne fait que fondre depuis de nombreuses années.

De la poudre aux yeux

Si le projet caquiste s'inscrit dans un contexte politique immédiat et bien spécifique, il n'est aussi que le dernier avatar d'une tendance à long terme du capitalisme : séparer artificiellement le politique et l'économique. Cette caractéristique, identifiée notamment par l'historienne et intellectuelle marxiste Ellen Meiksins Wood [3], cherche non seulement à créer l'illusion que l'économie n'est pas le fruit de choix humains et de rapports de force sociaux, mais aussi à délégitimer les acteurs cherchant à agir sur les deux fronts, et ainsi à révéler la nature profondément politique des dynamiques économiques. Le syndicalisme, dont l'action se situe à cheval entre ces deux sphères, est naturellement la première cible de ceux cherchant à les séparer de façon hermétique.

Terminons en rappelant que, si la démocratie syndicale est imparfaite et comporte son lot de défis, elle reste l'un des derniers lieux de délibération collective présents dans nos sociétés. Face à la marchandisation croissante de tous les éléments de nos vies quotidiennes, mais aussi aux réformes centralisatrices du gouvernement du Québec mettant fin aux espaces de co-détermination des politiques publiques créées par la Révolution tranquille, il reste bien peu d'endroits où les travailleur·euses peuvent se sentir en contrôle de leur destin collectif et débattre ensemble des directions qu'elles et ils souhaitent prendre. Le projet caquiste, sous couvert de transparence et de démocratie, conduirait au contraire à étouffer ce qu'il reste de cette dernière dans les milieux de travail et plus largement dans la société québécoise.


[1] Voir Thomas Collombat, « Syndicalisme en France : Bataille des retraites », À bâbord !, no 96, p. 10-11. Disponible en ligne.

[2] 26 États américains sur 50 ont adopté des lois Right-to-Work. On y retrouve la plupart des États conservateurs du Sud (le Texas, la Floride, l'Arkansas…) mais aussi certains États du Midwest plus industriels, comme le Wisconsin ou l'Indiana. Le Michigan, bastion important du syndicalisme états-unien, avait adopté une telle législation en 2012, mais celle-ci fut révoquée en 2024.

[3] Ellen Meiksins Wood, « The Separation of the Economic and the Political in Capitalism », New Left Review, vol. 1, no 127, 1981, p. 66-95.

Manifestation du Front commun 2023, le 23 septembre 2023 (Crédit : André Querry).

Le 29 novembre, manifestons contre une paix armée, pour une économie de paix durable !

26 novembre, par Claire Comeliau
Claire Comeliau, correspondante en stage Dans un contexte international marqué par des conflits sanglants, le Canada choisit à son tour d’intensifier ses dépenses militaires. (…)

Claire Comeliau, correspondante en stage Dans un contexte international marqué par des conflits sanglants, le Canada choisit à son tour d’intensifier ses dépenses militaires. Celles-ci atteignent des niveaux historiques, au détriment des secteurs sociaux ou environnementaux qui devraient (…)

Les candidat·es à la direction du NPD partagent leurs positions sur l’Ukraine

26 novembre, par CASU/ACSU, NPD — , ,
Alors que la course à la direction du principal parti de gauche du Canada, le Nouveau Parti démocratique (NPD), était en cours, l'Alliance Canadienne de Solidarité avec (…)

Alors que la course à la direction du principal parti de gauche du Canada, le Nouveau Parti démocratique (NPD), était en cours, l'Alliance Canadienne de Solidarité avec l'Ukraine (CASU/ACSU) a contacté les candidat·es pour clarifier leur position sur l'Ukraine.

Comment soutiendraient-elles ou ils l'Ukraine durant l'invasion en cours ?
Quelle est leur politique en matière de reconstruction ?
Quelle est leur position concernant ceux, à gauche, qui qualifient la guerre menée par la Russie de guerre par procuration de l'OTAN et exigent la fin des livraisons d'armes à l'Ukraine ?

Voici leurs réponses.

(Note de la rédaction : on aimerait bien que les représentant·es des partis politiques québécois indépendantistes se livrent au même exercice)

Tanille Johnston :

Chers amis et membres de l'Alliance canadienne pour la solidarité avec l'Ukraine,

Je vous remercie pour l'opportunité de clarifier ma position en tant que candidat pour la direction du NPD sur les questions du soutien canadien pour le combat de l'Ukraine pour la liberté et la démocratie.

L'invasion russe de l'Ukraine est un crime grave contre le droit international et les droits de l'homme. En tant que progressistes, nous avons un devoir pour nous montrer fermement solidaire avec les travailleurs, familles et la société civile ukrainiennes qui résistent cette agression violente et expansionniste. Leur courage face à une force accablante inspire tous ceux qui tiennent à la démocratie, la souveraineté et la paix.

L'obligation canadienne est claire : nous devons honorer nos engagements en tant qu'allié et en tant que défenseur de la démocratie sans se soucier des courants politiques changeants à Washington. En ce moment critique, je crois que le Canada doit agir résolument pour soutenir le peuple ukrainien et son droit à l'autodétermination. En tant que chef [du parti], je défendrais les politiques suivantes :

• Maintenir et approfondir l'assistance humanitaire et de reconstruction à l'Ukraine, y compris l'équipement essentiel, le soutien civil, les services médicaux et des abris sûrs pour les réfugiés.
• Réclamer des sanctions plus fortes contre la machine de guerre russe et sa responsabilité dans les crimes et abus de guerre.
• Soutenir l'intégration de l'Ukraine aux institutions euro-atlantiques et renforcer les partenariats populaires – particulièrement avec des syndicats et la société civile – pour contribuer à la reprise et défendre les droits des ouvriers.
• Habiliter les organisations, provinces et municipalités canadiennes à prendre des initiatives pratiques et solidaires axées sur les citoyens. Je rejette les propos qui présentent le combat de l'Ukraine pour sa survie comme une simple conséquence de la rivalité entre grandes puissances. Cette guerre parle de résister à une conquête autoritaire et de défendre les valeurs démocratiques qui soutiennent notre mouvement progressiste. Le NPD doit s'exprimer avec clarté morale et rejeter le silence et la neutralité face à une telle agression.

Si on me confie la direction de notre parti, je ferai en sorte que notre mission garantisse que le Canada réponde à l'appel pour la solidarité mondiale : lutter pour une paix juste, soutenir les réfugiés, reconstruire les communautés et défendre la ligne de front pour la démocratie en Ukraine.

Tanille Johnston

Rob Ashton :

Bonjour ACSU,

Merci pour votre patience et d'avoir posé de si importantes questions. Je parcourais le pays, rencontrais des membres et reconstruisant notre parti, et je voulais prendre le temps d'accorder vos question l'attention qu'elles méritent.

Laissez-moi être clair : je soutiens le peuple ukrainien. L'invasion russe est illégale et brutale et les Ukrainiens ont tout à fait le droit de défendre leurs maisons, leur démocratie et leur avenir.

Dans une perspective portée sur les travailleurs et sur la consolidation de paix, voici comment le Canada devrait soutenir l'Ukraine :

1. Un rôle de maintien de la paix et défensif important
Le Canada devrait se concentrer sur le maintien de la paix, un soutien défensif et la protection des civils – en travaillant avec des alliés pour éviter une escalade tout en aidant l'Ukraine à maintenir ses positions. Notre objectif devrait être la stabilité, la sécurité et une voie vers la paix et non pas d'alimenter un conflit sans fin.

2. Des sanctions ciblées sur la machine de guerre russe
Les sanctions doivent toucher les oligarques russes et les réseaux financiers qui alimentent l'invasion. Leurs mises en œuvre doivent être strictes et coordonnées avec nos partenaires internationaux.

3. Soutien pour les ouvriers et syndicats ukrainiens
Les travailleurs ukrainiens mènent ce combat et mèneront la reconstruction. Le Canada devrait renforcer les partenariats entre syndicats canadiens et ukrainiens et soutenir les efforts pour protéger les droits des ouvriers et des institutions démocratiques.

4. Soutien humanitaire et des réfugiés Des millions ont été déplacés.
Le Canada devrait accélérer des voies sûres pour les réfugiés, soutenir la réunification des familles et augmenter l'aide humanitaire là où il y en a le plus besoin.

5. La direction dans la reconstruction post-guerre
Le moment venu, le Canada devrait aider à diriger la reconstruction – se concentrant sur les services publics, le logement, l'énergie et l'infrastructure et assurant que les travailleurs bénéficient et non pas les profiteurs privés.

6. La défense du droit international

Le Canada doit défendre le principe que les frontières ne peuvent être modifiées par la force et que les gens ont le droit de choisir leur propre avenir.

Je voudrais aussi clarifier : je rejette tout narratif qui excuse ou qui minimise les actions de la Russie. Soutenir l'Ukraine est une question de solidarité, de démocratie et de respect humain élémentaire. Je vous remercie de nouveau pour votre lettre réfléchie. J'apprécie votre engagement à ces sujets et me réjouis d'un dialogue continu.

Avec solidarité,

Rob Ashton.

Heather McPherson :

Chère équipe de l'ACSU,

Nous sommes très heureux de fournir des informations sur le soutien pour l'Ukraine de Heather McPherson. Dans la Chambre des communes Heather est à la tête de l'appel pour le soutien à l'Ukraine, des sanctions contre la Russie et au soutien pour l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN.

Heather soutient l'Ukraine depuis des années, même avant sa première élection en tant que députée en 2019. Elle a travaillé pendant plus de vingt ans dans le développement international et a visité l'Ukraine en tant qu'observatrice électorale des Nations Unies.

Avant l'invasion de 2022, Heather a assuré que le Congrès ukraino-canadien pouvait témoigner du risque que la Russie posait à l'Ukraine : https://heathermcpherson.ndp.ca/news/mpmcpherson-and-foreign-affairs-committee-hear-ukrainian-canadian-congress

Peu de temps après l'invasion de 2022, Heather a appelé pour des actions significatives pour contrer l'agression russe : https://heathermcpherson.ndp.ca/news/letter-ministers-joly-sajjanukraine

Durant son mandat au Parlement, Heather a prôné pour augmenter l'aide à l'Ukraine ainsi que des sanctions sur la Russie et a dénoncé à maintes reprises le gouvernement pour son manque d'application de son régime de sanctions.

En avril 2022, la résolution parlementaire de Heather reconnaissant « la preuve claire et solide de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité systémiques et de masse » commis par les forces russes, incluant la tuerie délibérée de civils, le transfert forcé d'enfants, des cas de viols et de tortures, constituée à des « actes de génocide » passa dans la Chambre des communes.

Peu de temps après le premier anniversaire de la tentative brutale de la Russie pour capturer Kyiv, Heather s'est rendue en Ukraine. Elle était en Europe dans le cadre d'une étude menée par la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes et avait rencontré des réfugiés ukrainiens en Pologne. Cependant la commission n'allait pas se rendre en Ukraine. Inébranlable, Heather décida (contre l'avis du sergent d'armes) de se rendre seule à Kyiv. C'était important pour elle d'y être et de rencontrer des officiels ukrainiens et d'écouter les témoignages de l'invasion.

Quand elle rentra, elle a fait un rapport sur ce qu'elle a entendu et de ce qu'elle avait été témoin dans un article pour Policy Magazine : Témoin de l'esprit indestructible de l'Ukraine : https://www.policymagazine.ca/policy-dispatches-witnessing-the-indestructible-spirit-ofukraine/

Pendant son mandant au Parlement, Heather poussa le Canada avec consistance et insistance pour en faire plus pour soutenir l'Ukraine, aider les Ukrainiens fuir la guerre, imposer des sanctions sur les intérêts commerciaux russes au Canada et elle continuera de se battre pour l'Ukraine. Comme Heather a répété à maintes reprises, les Ukrainiens se battent pour la démocratie. Ils se battent pour nous tous.

Plus tôt cette année, Heather a prononcé un discours : https://heathermcpherson.ndp.ca/news/heather-mcpherson-mp-canada-us-relationshipand-ndps-vision-foreign-affairs-time-crisis au Conseil international canadien et au Cercle pour la solidarité démocratique qui présente ses positions sur les affaires étrangères et la menace que représente l'alliance Trump-Poutine au monde.

Je crois qu'un examen attentif des déclarations et actions de Heather prouvera qu'elle est la plus grande défenseure de l'Ukraine et digne de votre soutien.

N'hésitez pas a nous transmettre toutes questions que vous pourriez avoir.

Gale
Bénévole, Équipe Heather

Avi Lewis

Chère ACSU,

L'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 fut un acte illégal et gratuit d'agression contre un pays souverain et démocratique par un dictateur brutal. Le rêve de Poutine de faire renaître l'empire russe est le cauchemar de l'Ukraine, résultant à un niveau de mort et de dévastation que l'Europe n'a pas vu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au cours des dernières années, le monde a vu horreur après horreur : le transfert forcé d'enfants ukrainiens, la destruction de Mariupol, les bombardements d'écoles et d'hôpitaux. Ce sont des crimes de guerre haineux pour lesquels Poutine et ses généraux doivent être tenus responsables. Simultanément, nous avons aussi vu le meilleur en l'humanité. La dignité et le courage dont ont fait preuve les Ukrainiens ont inspiré le monde et les Canadiens ont accueilli dans leurs communautés 300 000 Ukrainiens cherchant refuge avec générosité et compassion.

Notre approche en matière de la politique étrangère doit être moralement cohérente : l'occupation est toujours mauvaise, que ce soit en Palestine ou en Ukraine. C'est pourquoi un NPD dirigé par Avi soutiendra les politiques suivantes :

1. Aider à reconstruire l'Ukraine
Le gouvernement canadien devrait fournir du financement et de l'assistance technique pour reconstruire l'infrastructure, les institutions et services publics ukrainiens. Le Canada devrait notamment utiliser son influence pour s'opposer à toutes tentatives de vendre les biens publics et ressources naturelles ukrainiens. L'Ukraine a besoin d'un plan Marshall, pas d'une stratégie du choc. Pour aider à financer cette reconstruction, le Canada devrait allouer tous les fonds saisis aux oligarques russes et pousser pour une annulation de la dette ukrainienne.

2. Soutenir une paix juste
Le Canada devrait prôner un accord de paix qui ne soit pas imposé sur l'Ukraine unilatéralement par Trump et Poutine mais qui implique la participation de l'Ukraine et des nations européennes. L'Ukraine ne devrait pas céder un centimètre de son territoire et le Canada devrait continuer de fournir l'aide défensive dont l'Ukraine a besoin pour défendre sa souveraineté.

3. Renforcer l'application des sanctions Renforcer l'application des sanctions, notamment en comblant la lacune qui permet encore au pétrole russe interdit d'affluer au Canada. Nous devrions frapper la machine de guerre russe là où ça fait mal c'est-à-dire en nous attaquant au baril de pétrole.

4. Assister les nouveaux arrivants ukrainiens Faire pression pour l'annulation des suppressions d'emplois au ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté et assurer que les nouveaux arrivants ukrainiens et ceux du reste du monde aient accès au services de logement dont ils ont besoin pour prospérer.

5. Construire des liens avec le mouvement travailliste ukrainien Travailler aux côtés des syndicats canadiens pour construire de la solidarité avec les syndicats ukrainiens, pour avancer les droits des travailleurs et renforcer la démocratie ukrainienne.

6. Investir dans les arts et la culture ukrainiens Promouvoir des échanges culturels entre l'Ukraine et le Canada et soutenir des organisations qui racontent l'histoire de l'Ukraine et de sa diaspora à travers les arts.

Avec solidarité,
Peyton Veitch Directeur des politiques de la campagne Lewis pour chef.

Tony McQuail et Yves Engler n'ont pas répondu à temps pour la publication. S'ils répondent, ils figureront dans une publication ultérieure.

Traduit de l'anglais vers le français par Oleh Sztul.

Source : CASU/ACSU : https://ukrainesolidarity.ca/2025/11/24/les-candidats-a-la-direction-du-npd-font-part-de-leur-position-sur-lukraine/

Dr. Machouf revient sur le kidnapping violent de sa mission d’aide pour Gaza

26 novembre, par Comité de Montreal
En octobre, cinq Québécois et Canadiens ont été détenus dans des conditions déplorables par l’armée israélienne après avoir essayé d’amener de l’aide humanitaire par bateau (…)

En octobre, cinq Québécois et Canadiens ont été détenus dans des conditions déplorables par l’armée israélienne après avoir essayé d’amener de l’aide humanitaire par bateau dans la bande de Gaza.… Source

Québec-Haïti : la nécessité de la solidarité dans la lutte des travailleuses et des travailleurs

26 novembre, par Regroupement des Haitiens de Montreal contre l’Occupation d’Haiti REHMONCO
Par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti (REHMONCO) Nous dénonçons et condamnons les attaques systématiques du gouvernement du Québec contre les (…)

Par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti (REHMONCO) Nous dénonçons et condamnons les attaques systématiques du gouvernement du Québec contre les droits syndicaux. En effet, avec l’adoption d’une panoplie de lois, ce gouvernement s’inscrit dans une logique (…)

Le nouvel âge de l’eugénisme et le danger des mirages technologiques

26 novembre, par Claire Comeliau
Claire Comeliau, correspondante en stage À l’heure où l’IA et les technologies connaissent un essor fulgurant, certaines idéologies cherchent à remodeler l’humain. Parmi ces (…)

Claire Comeliau, correspondante en stage À l’heure où l’IA et les technologies connaissent un essor fulgurant, certaines idéologies cherchent à remodeler l’humain. Parmi ces dérives dystopiques, où la science-fiction semble rattraper la réalité, l’eugénisme refait surface, prétendant optimiser (…)

À Aitaroun au Liban, la récolte d’olives dans l’ombre de la guerre

26 novembre, par Amélie David
Amélie David, correspondante à Beyrouth Plus de 300 personnes ont été tuées au Liban-Sud depuis l’entrée officielle d’un soi-disant cessez-le-feu, le 27 novembre 2024, selon un (…)

Amélie David, correspondante à Beyrouth Plus de 300 personnes ont été tuées au Liban-Sud depuis l’entrée officielle d’un soi-disant cessez-le-feu, le 27 novembre 2024, selon un décompte de L’Orient-le-Jour. Dès la fin du mois de septembre, la population à Aitaroun a mené leurs récoltes d’olives (…)

Indépendance du Québec, un projet de libération nationale et sociale

26 novembre, par Bernard Rioux — , ,
Le gouvernement Carney s'aligne toujours plus fermement sur l'ordre américain, freine la lutte contre les changements climatiques, protège le capital fossile, renforce (…)

Le gouvernement Carney s'aligne toujours plus fermement sur l'ordre américain, freine la lutte contre les changements climatiques, protège le capital fossile, renforce l'extractivisme et militarise l'économie au nom de la « sécurité » nord-américaine. Dans ce contexte, Ottawa impose ses priorités, ses budgets, ses corridors énergétiques et ses choix géostratégiques à une population québécoise qui n'a jamais pu décider démocratiquement de son avenir.

Un bloc bourgeois solidaire du cours actuel du gouvernement de Washington se consolide au Canada

Élu comme le meilleur défenseur de l'autonomie canadienne, le gouvernement Carney a multiplié les alignements sur les desiderata de l'administration Trump. C'est dans la sécurisation des frontières et la mise en place de politiques d'immigration de plus en plus restrictives qu'il s'est le plus nettement plié aux volontés de Washington. Il a commencé par durcir les contrôles frontaliers et renforcer les effectifs policiers à ce niveau. Le gouvernement Carney prévoit de ramener la part des migrants temporaires (étudiants étrangers, travailleurs temporaires) à moins de 5 % de la population canadienne d'ici la fin de 2027. L'objectif se traduit aussi par une réduction progressive des admissions de résidents permanents. Il prétend ainsi alléger la pression sur le logement, les services publics et les infrastructures.

Par nombre de ses grands projets, il ouvre également la voie à un nouvel extractivisme fossile. Il promeut la filière des minéraux critiques utiles aux industries militaires et subventionne les centres de données, grands consommateurs d'énergie. Et s'il faut pour ce faire mépriser les droits des Premières Nations, le gouvernement canadien n'hésite pas à le faire. L'abandon du plafond sur les émissions pétrolières et gazières, les passe-droits environnementaux accordés aux projets fossiles constituent autant de reculs dans la lutte contre les changements climatiques, dénoncés au sommet de Belém où le Canada a remporté le prix « d'État fossile ».

La réponse positive donnée à l'administration Trump concernant les dépenses militaires illustre également l'adaptation du gouvernement Carney aux pressions de Washington. Le dernier budget témoigne de la volonté du premier ministre de porter les dépenses militaires à 5 % du PIB. Il prévoit plus de 70 milliards pour les cinq prochaines années afin d'acheter des F-35, des sous-marins et de construire des frégates. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le Canada oriente plus du tiers de son budget total vers la défense, au détriment des politiques sociales, climatiques et de sa propre souveraineté.

Le gouvernement Legault, partie prenante du bloc bourgeois canadien

Le gouvernement Legault défend l'ensemble des orientations stratégiques du gouvernement Carney : relance de l'économie par un soutien massif à l'industrie de l'armement, exploitation accélérée des ressources naturelles, reculs dans la lutte contre les changements climatiques, coupures systématiques dans les services publics et adoption d'une série de mesures restrictives en matière d'immigration.

Inspiré par le plan fédéral de réarmement massif, le gouvernement Legault veut que le Québec devienne un acteur majeur de l'industrie militaire. Pour ce faire, il veut intégrer plus étroitement l'économie québécoise aux chaînes d'approvisionnement militaires nord-américaines. Déjà, le gouvernement de la CAQ rêve de la production d'avions militaires par Bombardier et se dit prêt à mobiliser des fonds publics pour concrétiser ce projet. Le projet de doubler la production d'électricité ne vise pas d'abord à répondre aux besoins de la population, mais à offrir aux entreprises multinationales une électricité à faible coût, que ce soit pour l'établissement de vastes centres de données, d'entreprises de batteries électriques ou de production d'hydrogène dit « vert ».

C'est la lutte contre les changements climatiques qui en fait les frais. Le gouvernement reporte de quatre ans la transition énergétique et freine les mesures de décarbonation, affaiblissant l'action à court terme. Il assouplit certaines mesures environnementales afin d'accélérer les autorisations de projets ; il propose de détourner des sommes du Fonds vert vers d'autres usages, limitant ainsi les investissements consacrés à la lutte climatique ; il refuse de financer les municipalités pour leur permettre de faire face aux impacts croissants des changements climatiques. Il ne tient aucun compte des recommandations des experts concernant le relèvement des cibles climatiques.

François Legault multiplie les attaques contre les personnes migrantes et les rend responsables de tous les maux qui affligent la société québécoise : crise du logement, manque d'accès aux soins, développement de l'itinérance… Passant de la parole aux actes, il réduit les seuils d'immigration permanente à 45 000 par année et adopte des mesures qui compliquent l'obtention de la résidence permanente. Il ajoute une couche en prétendant « renforcer la laïcité », alors qu'il retire des droits aux minorités religieuses, en visant particulièrement les femmes musulmanes. Il est soutenu dans ces politiques xénophobes par le Parti québécois de PSPP qui adopte une rhétorique similaire.
Les élites nationalistes du Québec font donc bloc avec la bourgeoisie canadienne. Elles ferment les yeux sur son militarisme croissant, son alliance inconditionnelle avec Washington et sa responsabilité dans la destruction écologique de la planète.

L'indépendance du PQ ou l'acceptation d'une indépendance de pacotille fondée sur une stratégie irresponsable

L'indépendance proposée par PSPP n'est pas une véritable indépendance : le Québec demeurerait assujetti aux politiques de l'empire américain. Ce serait une indépendance croupion. « Un Québec indépendant devra aligner ses politiques économiques et militaires sur celles des États-Unis, malgré la guerre tarifaire menée par Donald Trump », affirme Paul St-Pierre Plamondon. « Il y a un contexte géopolitique et nos intérêts, au Québec, sont alignés sur ceux des États-Unis », a-t-il déclaré en dévoilant les premiers éléments de son Livre bleu sur un Québec souverain (Patrick Bellerose, Journal de Québec, 6 novembre 2025).

Cette vision de l'indépendance implique le refus de remettre en question la société néolibérale, la politique militariste que Washington veut imposer et le déni de la réalité des changements climatiques par cette administration. Si le projet d'indépendance accepte l'alignement des politiques économiques et militaires d'un Québec souverain sur celles des États-Unis (adhésion à l'OTAN et au NORAD), il s'agit d'une indépendance néocoloniale où la souveraineté du peuple est sacrifiée sur l'autel de l'impérialisme américain. Le PQ de PSPP propose ni plus ni moins un Québec néocolonial. C'est pourquoi une gauche écosocialiste ne saurait être du même camp que celui du PQ. L'indépendance du Québec devra être anti-impérialiste, ou elle ne sera pas — particulièrement dans le contexte géopolitique actuel.

La stratégie péquiste se limite à l'annonce d'un référendum sur l'indépendance. Pourtant, la tâche de l'heure est de gagner la majorité populaire en faveur de l'indépendance du Québec. Or, une majorité de la population ne la soutient pas aujourd'hui. Une vaste majorité ne souhaite pas la tenue d'un référendum. La question de l'heure n'est donc pas d'enclencher une campagne référendaire indépendamment de ses chances de succès, mais de construire patiemment cette majorité. Une telle majorité ne peut se cristalliser sur un double discours qui prétend, d'une part, rallier la droite et la gauche indépendantistes indépendamment de tout projet de société, et qui affirme, d'autre part, qu'un Québec indépendant demeurerait soumis aux rapports de force géopolitiques nord-américains. Une indépendance sans contenu n'existera jamais. Soit elle s'inscrit dans une démarche d'affirmation anti-impérialiste, soit elle ne sera qu'une néocolonie. C'est pourquoi la stratégie péquiste est irresponsable, vouée à l'inefficacité et susceptible de mener à des revirements brusques rappelant l'histoire du PQ, qui a tantôt tenté « le beau risque » d'un renouvellement du fédéralisme, tantôt repoussé indéfiniment la tenue d'un référendum et la rupture avec l'État canadien.

La construction de la majorité indépendantiste passe par un front des luttes populaires

Les syndicats défendent le pouvoir d'achat et résistent à l'arbitraire patronal. Les groupes écologistes mobilisent contre la crise climatique, l'effondrement de la biodiversité et pour la protection de l'environnement. Les groupes féministes luttent contre la paupérisation des femmes et les violences qu'elles subissent. Les groupes autochtones défendent leurs territoires et leurs droits ancestraux. Les groupes communautaires s'opposent à la crise du logement et à la montée de l'itinérance. Les mouvements pour la paix refusent la transformation du Québec en base arrière de l'industrie militaire et soutiennent les peuples en lutte pour leur liberté. Les mouvements étudiants affrontent la précarité et l'endettement. Les mouvements antiracistes et les organisations de travailleurs et travailleuses migrantes combattent la stratégie de division qui transforme les personnes racisées en boucs émissaires des maux sociaux, à travers des politiques d'immigration restrictives et une laïcité identitaire et répressive.

Le moment arrive où il devient évident que les dépenses militaires, la préparation à la guerre et les politiques écocidaires des gouvernements des États-Unis, du Canada et du Québec se font au détriment des intérêts de la majorité populaire du Québec, et que l'indépendance s'impose comme seule solution.

Mais ce moment ne pourra advenir que si les organisations syndicales, féministes, écologistes, antiracistes, autochtones et populaires parviennent à construire un front uni contre les politiques des gouvernements Carney et Legault. Seul un tel front pourra permettre de passer de luttes défensives et fragmentées à une lutte offensive capable de présenter un projet alternatif fondé sur la justice sociale et climatique, la décolonisation réelle des Premières Nations et des gains concrets contre la militarisation de l'économie (comme la conversion des entreprises militaires en entreprises productrices de biens utiles à la transition écologique), de même que la reprise en main citoyenne des biens communs — énergie, forêts, eau, mines — afin de répondre aux besoins de la population. Cette offensive pourra ouvrir la voie à la question du pouvoir politique de la majorité populaire dans un Québec souverain.

Mais ce front uni ne se heurtera pas qu'au gouvernement du Québec, allié du bloc bourgeois, mais aussi au gouvernement fédéral et à sa défense de l'État impérialiste canadien, promoteur du militarisme et du capital fossile. C'est pourquoi un tel front devra être capable de remettre en cause l'intégrité même de cet État. Il ne pourra advenir que sous la pression d'un vaste mouvement populaire capable de se déployer à l'échelle de tout l'État canadien, particulièrement dans un contexte marqué par la montée de l'extrême droite au sud de la frontière. Le mouvement ouvrier et populaire du reste du Canada n'a aucun intérêt objectif à défendre l'impérialisme canadien ni son État, qui mène aujourd'hui une offensive contre ses acquis sociaux et contre les droits des Premières Nations.
Il est donc impératif, pour le peuple québécois comme pour la classe ouvrière du reste du Canada, de construire des alliances durables et des solidarités actives avec les forces progressistes et les nations autochtones. C'est de cette unité des luttes que pourra émerger une alternative commune à l'ordre impérialiste et colonial : un projet de libération fondé sur la souveraineté des peuples, la justice sociale, la décolonisation et la transition écologique.

L'indépendance, un levier pour remettre en question le bloc bourgeois qui organise la domination fédéraliste et l'exploitation de la majorité laborieuse

Face à ce carcan que constitue l'État canadien pour la majorité populaire, il n'existe pas de demi-mesures. L'indépendance n'est pas une question identitaire ou culturelle : elle est la condition matérielle d'une rupture réelle avec un système qui sacrifie le territoire, l'environnement, les services publics, les droits démocratiques et les conditions de vie des classes populaires. Sans indépendance, le Québec restera prisonnier d'un régime qui protège les profits des pétrolières, impose des politiques anti-immigration racistes, intensifie la surveillance militarisée et bloque toute transition écologique digne de ce nom.

Il faut donc redonner à l'indépendance son sens véritable : celui d'un outil de libération. Un peuple qui n'a pas de pouvoir constituant, pas de souveraineté financière et pas de contrôle sur ses ressources ne peut ni rompre avec le capitalisme extractiviste, ni planifier démocratiquement son économie, ni organiser une transition écologique juste, ni garantir des droits sociaux élargis.

L'indépendance est la clé qui ouvre la possibilité d'en finir avec la domination économique et politique d'Ottawa et du capital canadien.

Mais pour que cette indépendance soit porteuse d'émancipation, elle doit être arrimée aux luttes concrètes : luttes syndicales, féministes, écologistes, antiracistes, étudiantes, autochtones, communautaires. Une stratégie qui esquive la question de la souveraineté s'enferme dans un réformisme défensif face à un État canadien qui impose ses priorités, dépossède le Québec de ses richesses et appuie l'impérialisme américain. À l'inverse, un indépendantisme qui se range derrière l'OTAN, qui refuse de dénoncer le trumpisme comme néofasciste, qui reprend les discours anti-immigration ou qui accepte la géostratégie nord-américaine trahit les aspirations populaires et renforce les dominations qu'il prétend combattre.

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Québec-Haïti : la nécessité de la solidarité dans la lutte des travailleurs et travailleuses

25 novembre, par Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l'occupation d'Haïti (REHMONCO) — , , ,
Nous dénonçons et condamnons les attaques systématiques du gouvernement du Québec contre les droits syndicaux. En effet, avec l'adoption d'une panoplie de lois, ce gouvernement (…)

Nous dénonçons et condamnons les attaques systématiques du gouvernement du Québec contre les droits syndicaux. En effet, avec l'adoption d'une panoplie de lois, ce gouvernement s'inscrit dans une logique systématique de précarisation des conditions de travail des travailleurs et travailleuses en réduisant toute capacité de lutte et de négociation du secteur syndical. À titre d'exemple, le projet de loi 1 menace de démanteler la Charte des droits et libertés.

Ce faisant, l'adoption de ce projet de loi amènerait à la destruction des outils juridiques protégeant tant soi peu les libertés. C'est le cas également du projet de loi 8 (devenu maintenant le PL3) qui remet en cause les moyens de pression dont disposent les syndicats des travailleurs et travailleuses pour exiger de meilleures conditions de travail. En adoptant un tel projet de loi, le gouvernement cherche à précariser les conditions de vie des travailleurs et travailleuses au profit du patronat.

Face à de telles attaques contre les travailleurs et travailleuses, il est essentiel de soutenir la grande manifestation du mouvement syndical le 29 novembre 2025. Nous encourageons tous les travailleurs, toutes les travailleuses, toutes les personnes conscientes de l'importance des droits et des acquis sociaux à manifester massivement contre la régression des droits des travailleurs et des travailleuses au Québec.

Et comme toute attaque contre les travailleurs et travailleuses dans n'importe quelle partie du globe est une attaque contre tous les travailleurs et toutes les travailleuses dans le monde entier, nous tenons du même coup à dénoncer et condamner la forte précarisation des conditions de travail en Haïti.

Comme les anciens gouvernements du régime néoduvalieriste Tèt Kale (PHTK), le gouvernement de coalition d'Alix Fils Aimé profite du climat d'insécurité à grande échelle pour maintenir les travailleurs et travailleuses dans des conditions de travail infrahumaines. C'est le cas par exemple des travailleurs et travailleuses du secteur industriel ou le gouvernement a bloqué de façon unilatérale l'ajustement du salaire minimum alors que l'inflation varie autour de 30 à 40% au rythme annuel depuis environ 3 ans.

En outre, les travailleurs du secteur de la santé sont également fortement éprouvés par la ganstérisation de la société. De surcroit, l'État haïtien en profite depuis plusieurs années pour les maintenir dans des conditions de vie et de travail exécrables. C'est pourquoi qu'il est urgent d'appuyer également la mobilisation des résidents de l'hôpital Isaïe Jeanty Chancerelles pour exiger de meilleures conditions de travail

Les enseignants de la fonction publique tant des écoles que de l'université n'ont pas eu également d'ajustement salarial depuis plusieurs années. Ce processus de précarisation affecte également le secteur sanitaire. Comme dans les autres secteurs, les travailleurs et travailleuses de la santé sont contraint.es de survivre avec des salaires de misère alors qu'ils et elles doivent faire face à une inflation galopante au quotidien.

Pour toutes ces raisons, nous soutenons la grève des enseignants et enseignantes de l'université d'État d'Haïti (UEH)-campus Limonade. Nous dénonçons le rectorat de l'UEH qui se lance dans une politique de faux-semblant consistant à prendre des mesures cosmétiques à travers une vaste campagne médiatique. Alors que l'institution universitaire se meurt sous les effets conjugués de la crise socio-politique du pays et de la crise de gouvernance de l'UEH, le nouveau recteur, Dieuseul Prédélus, est en train de poser des actions qui n'ont pas de prise sur la situation de dégradation de l'institution. Comme d'habitude, la grève des enseignants et enseignantes témoigne de la grande myopie du rectorat de l'UEH.

Soulignons que toutes les entités facultaires de l'UEH, se trouvant dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, sont vandalisées. Comme son prédécesseur, monsieur Fritz-Deshommes, le nouveau recteur de l'UEH, monsieur Dieuseul Prédélus, « oublie » de demander au pouvoir exécutif de rétablir la sécurité dans le pays. Il s'en fiche de la violence qui s'abat sur les travailleurs et les travailleuses, les étudiants et étudiantes de l'institution universitaire. A l'échelle du pays, cette insouciance met en lumière l'absence de l'UEH dans la lutte du peuple haïtien pour exiger ne serait-ce que le rétablissement de la sécurité dans le pays.

Les droits et les acquis sociaux des travailleurs et travailleuses doivent être défendus aussi bien au Québec, en Haïti que dans n'importe quel autre pays. Le programme néolibéral pris en charge en grande partie actuellement par les gouvernements d'extrême-droite devient de plus en plus hégémonique au niveau mondial. À nous aussi, travailleurs et travailleuses de tous les secteurs de mondialiser la lutte. La solidarité est donc de mise.

Voilà pourquoi du Québec à Haïti fidèle à ses convictions, le REHMONCO soutient fermement la lutte des travailleurs et travailleuses pour exiger de meilleures conditions de travail et de défendre leurs droits et acquis sociaux.

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En Ontario, une manifestation dénonce une loi qui attaque les locataires

25 novembre, par Southern Ontario Committee
Samedi, des centaines de locataires et de membres d’organismes de défense du droit au logement ont défilé au centre-ville de Toronto pour dénoncer vigoureusement le projet de (…)

Samedi, des centaines de locataires et de membres d’organismes de défense du droit au logement ont défilé au centre-ville de Toronto pour dénoncer vigoureusement le projet de loi 60 du… Source

« Dévastateur et démoralisant » : la fonction publique se prépare à une vague de coupes budgétaires

25 novembre, par Harrison Samphir — ,
Tiré de The Breach 14 novembre 2025 Paula Kielstra aimait son travail à Bibliothèque et Archives Canada, mais lorsqu'elle a reçu une lettre l'informant que les postes de (…)

Tiré de The Breach

14 novembre 2025

Paula Kielstra aimait son travail à Bibliothèque et Archives Canada, mais lorsqu'elle a reçu une lettre l'informant que les postes de son unité seraient touchés par une vague de compressions budgétaires fédérales, elle s'est portée volontaire pour être licenciée.

Cette conseillère politique et mère de deux enfants a déclaré que cette « décision très difficile » avait plongé sa famille dans une situation financière pénible, mais qu'elle lui avait donné la possibilité de soutenir son fils ayant des besoins particuliers.

Mme Kielstra n'est qu'une des 10 000 employé·es fédérales qui ont perdu leur emploi dans le cadre des compressions budgétaires du gouvernement Trudeau, une série discrète de « réajustements de la main-d'œuvre » qui a débuté l'année dernière et se poursuit dans tous les ministères.

Aujourd'hui, Mark Carney amplifie considérablement ces réductions en dévoilant dans le budget de la semaine dernière un plan ambitieux visant à « redimensionner » la bureaucratie fédérale.

Pour y parvenir, Ottawa a l'intention de supprimer environ 10 % des emplois de la fonction publique fédérale, soit environ 30 000 postes supplémentaires d'ici la fin de 2029.

Pour ceux qui se trouvent dans le collimateur, l'impact humain a été immédiat et profond.

Les fonctionnaires qui s'expriment anonymement en ligne, en particulier sur le populaire canal Reddit r/CanadaPublicServants, qui compte plus de 100 000 membres, décrivent la confusion et l'anxiété qui règnent sur leur lieu de travail.

« C'est vraiment frustrant, car de nombreux fonctionnaires ont voté pour Carney en pensant que leurs emplois seraient mieux protégés avec un programme libéral plutôt que conservateur », a déclaré Kielstra à The Breach. « Il y a un sentiment de trahison dans le fait que certaines politiques, en particulier les dépenses militaires et de défense, soient prioritaires par rapport à la fonction publique qui fournit tant de services essentiels. »

Le gouvernement a proposé une option de « départ volontaire » aux employé·es permanent·es à temps plein touché·es par les licenciements, leur permettant de bénéficier d'une indemnité calculée en fonction de leurs années de service.

Bien que le gouvernement affirme vouloir réduire au minimum les licenciements grâce aux départs volontaires et à une prime de départ à la retraite anticipée de 1,5 milliard de dollars, l'ampleur des coupes signifie que des milliers de fonctionnaires perdront tout de même leur emploi.

Les gestionnaires ne savent toujours pas quels programmes seront supprimés, et ces primes de départ à la retraite anticipée, bien qu'elles semblent généreuses sur le papier, laisseraient tout de même beaucoup de gens dans le besoin.

Même celleux qui sont éligibles à ces mesures incitatives affirment que le calcul ne tient pas la route : les pensions restent liées aux années de service, et la plupart des travailleuses et travailleurs n'ont tout simplement pas les moyens de prendre une retraite anticipée dans le contexte économique actuel.

Les ministères ont reçu pour instruction de se préparer à une « rationalisation des opérations » et à une « rationalisation des programmes », des euphémismes bureaucratiques qui, dans la pratique, se traduiront par une réduction du personnel et une diminution des services offerts aux Canadien·nes.

Cela ne fera qu'aggraver la situation des Canadien·nes qui tentent d'accéder aux pensions, à l'assurance-emploi et aux passeports. Chaque poste supprimé se traduit par des délais d'attente plus longs, des retards plus importants dans le traitement des demandes d'immigration et des permis, moins de personnes pour corriger les erreurs et une diminution des services offerts aux Canadien·nes qui dépendent quotidiennement d'une multitude de programmes.

L'ironie de cette réduction des effectifs n'a pas échappé aux observateurs et observatrices. Il y a quelques mois à peine, les libéraux ont repris le siège du chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, dans la région d'Ottawa, en partie en avertissant que son projet de réduire considérablement la fonction publique aurait des conséquences désastreuses sur l'économie de la région.

Les propositions de M. Poilievre étaient largement considérées comme le reflet de l'effort conjoint de Donald Trump et d'Elon Musk pour réduire drastiquement les effectifs de la fonction publique fédérale américaine, motivé par la même idéologie qui considère la réglementation comme une « bureaucratie », l'aide étrangère comme « faisant passer l'Amérique au second plan » et les fonctionnaires comme des « élites libérales » déconnectées de la réalité.

Aujourd'hui, Carney promeut un programme d'austérité comprenant bon nombre de ces mêmes mesures. La seule différence semble résider dans la rhétorique utilisée pour annoncer la mauvaise nouvelle.

Des coupes déguisées en compassion

L'expérience de Kielstra rejoint celle d'autres personnes qui ont déjà perdu leur emploi. Un ancien employé de l'Agence du revenu du Canada (ARC), licencié en avril 2024, a décrit ces coupes comme soudaines et démoralisantes, ayant un impact important sur la prestation des services.

« Cela signifie des retards », a déclaré l'ancien employé, qui a demandé à ce que son nom ne soit pas divulgué. « Nous gérions les informations relatives aux projets informatiques et d'infrastructure, comme les pannes prévues et imprévues ou les consolidations de bases de données à long terme. Quand quelque chose se produit soudainement, vous laissez tout tomber pour vous concentrer sur cela, ce qui repousse tout le reste. »

Ils ont déclaré que les licenciements avaient été programmés pour empêcher les travailleuses et les travailleurs, dont beaucoup avaient été embauché·es lors d'une vague d'embauche pendant la COVID, de devenir permanent·es.

« Dans mon poste, on passe à un emploi permanent à temps plein après trois ans », a déclaré l'ancien employé. « Les embauches pendant la COVID atteignaient ce seuil, et ils ont mis fin à de nombreux contrats prématurément pour éviter les conversions. On nous a dit qu'il s'agissait d'une « réaffectation des services gouvernementaux », mais cette formulation était trompeuse : personne ne s'attendait à de véritables licenciements. On avait l'impression que ces euphémismes étaient utilisés pour dissimuler ce qui se passait réellement. »

Ce fonctionnaire, qui est entré dans la fonction publique grâce au Programme fédéral d'expérience de travail étudiant (PFETE), a déclaré que cette expérience avait déçu de nombreux et nombreuses jeunes employé·es. « En tant que jeune Canadien, je pensais pouvoir faire carrière dans la fonction publique », a-t-il déclaré. « Je suis passé à un emploi officiel après avoir obtenu mon diplôme, puis j'ai été licencié six mois plus tard dans le cadre de cette « stratégie de réduction des coûts ». C'est démoralisant, surtout quand on apprend que les cadres ont encore reçu des primes l'été dernier alors que nous avons été licenciés. »

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, insiste sur le fait que le gouvernement fera preuve de « beaucoup de compassion » dans la gestion des licenciements, une distinction qui ne rassure guère les travailleurs et travailleuses qui vont désormais devoir entrer sur le marché du travail dans une économie instable.

Pour des milliers de personnes travaillant dans la région de la capitale nationale Ottawa-Gatineau, où plus de 20 % de la population active occupée travaille dans l'administration publique, l'impact sera dévastateur.

« Réduire notre capacité à accomplir notre travail signifie que le Cabinet reçoit des conseils moins avisés », a déclaré Nathan Prier, président de l'Association canadienne des employé·es professionnel·les (ACEP), un syndicat qui représente 28 000 employé·es fédéraux, notamment des économistes, des analystes politiques, des chercheurs et chercheuses, des traducteurs et traductrices, des statisticien·nes et des interprètes. « Beaucoup de personnes intelligentes qui se sont spécialisées et ont acquis une connaissance approfondie d'un secteur ou d'un programme sont simplement écartées en raison d'un objectif d'austérité arbitraire. »

« C'est Mark Carney qui a déclaré pendant la campagne électorale qu'il n'y avait pas de libertarien·nes en temps de crise. Mais ici, nous nous contentons de faire porter le déficit aux fonctionnaires, alors que ce ne sont pas elleux qui l'ont causé. Le gouvernement fait des promesses aux Canadien·nes qu'il ne peut pas tenir en raison de ses réductions d'impôts massives. »

M. Prier a déclaré que la dépendance croissante du gouvernement fédéral à l'égard des sous-traitants a sapé les capacités institutionnelles et le moral. Cette préoccupation est étayée par des données : en 2023-2024, Ottawa a dépensé 20,7 milliards de dollars pour l'externalisation, contre 14,7 milliards seulement trois ans plus tôt. Mais une augmentation des dépenses en services externalisés ne signifie pas pour autant que davantage de travail est accompli. Un rapport publié en janvier 2025 par le directeur parlementaire du budget a révélé que dans quatre grands ministères, dont Emploi et Développement social Canada (EDSC) et Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), les services informatiques externalisés coûtaient entre 22 et 26 % plus cher que s'ils avaient été réalisés en interne.

Les coûts de l'austérité en matière de race et de genre

De nombreux ministères sont encore sous le choc des récentes coupes budgétaires de l'ère Trudeau. L'Agence du revenu du Canada (ARC) a perdu près de 7 000 postes cette année, ce qui a mis à rude épreuve les centres d'appels fiscaux et les bureaux des prestations. L'EDSC a également subi des pertes cumulées, tandis que Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a supprimé près de 2 000 emplois lors de la dernière vague de licenciements, une mesure qui coïncide avec le virage à droite du Canada en matière d'immigration ainsi qu'avec les coupes dans l'aide étrangère et l'aide humanitaire internationale.

L'impact de ces pertes ne sera pas ressenti de manière uniforme. Selon une analyse récente de David Macdonald et Katherine Scott pour le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), les réductions de personnel prévues par le gouvernement toucheront de manière disproportionnée les femmes, les travailleurs et travailleuses racialisé·es et autochtones, ainsi que les employé·es en situation de handicap.

Des ministères tels que l'EDSC, les Services aux Autochtones et l'IRCC, qui emploient la plus forte proportion de femmes, d'Autochtones, de travailleurs et travailleuses racialisé·es et de personnes en situation de handicap, sont également concernés par les coupes budgétaires. Par ailleurs, à la GRC et à l'Agence des services frontaliers du Canada, qui emploient une proportion plus faible de femmes et de travailleurs et travailleuses racialisé·es, Carney prévoit de créer 1 000 nouveaux postes de policiers et policières et 1 000 autres postes d'agentes et d'agents frontaliers.

La CCPA met en garde contre le fait que ces coupes risquent de réduire à néant des décennies de progrès en matière d'emploi et d'équité salariale, érodant ainsi l'un des rares domaines dans lesquels le gouvernement fédéral a toujours été à l'avant-garde du marché du travail en général.

Le départ prématuré de fonctionnaires chevronné·es et en milieu de carrière privera également la bureaucratie fédérale des connaissances institutionnelles accumulées au fil des décennies. Cette expérience créera probablement des lacunes importantes en matière d'expertise qui seront difficiles à combler. Cette perte de mémoire institutionnelle menace non seulement la « productivité » tant vantée par les libéraux, mais aussi la capacité des ministères à réagir aux crises et à assurer la continuité de la prestation des programmes.

Lorsque la prestation des services faiblit, cela frustre les personnes qui ont recours aux programmes et aux services et érode la confiance dans les institutions publiques dont dépendent les Canadien·nes. Chaque retard, chaque erreur ou chaque appel sans réponse alimente l'impression que le gouvernement n'est pas en mesure de répondre aux besoins fondamentaux. Cette insatisfaction s'autoalimente : l'affaiblissement des services publics sape la confiance dans le système, créant une boucle de rétroaction que les gouvernements peuvent exploiter pour justifier des coupes encore plus importantes à l'avenir.

Sous la direction de Carney, l'accent est mis sur les résultats, et non sur la reconstruction. Dans la pratique, cela signifie exiger des ministères qu'ils « fassent plus avec moins », un mantra d'austérité familier déguisé en mesure de modernisation.

La première vague de suppressions touchera les postes « à durée déterminée », « occasionnels » et étudiants qui constituent des points d'entrée pour les jeunes, en particulier les diplômé·s en sciences humaines et sociales qui espèrent mettre un pied dans la fonction publique fédérale. Ces postes à court terme et temporaires sont généralement les premiers à disparaître lors d'une réduction des effectifs.

« Redimensionnement » de la fonction publique ?

La taille de la fonction publique fédérale est depuis longtemps un sujet politique brûlant. Sous Stephen Harper, la fonction publique a considérablement diminué au cours des dernières années du gouvernement, les réductions budgétaires et le gel des embauches ayant vidé les ministères de leur substance.

Les syndicats du secteur public ont fait valoir que l'augmentation de plus de 100 000 fonctionnaires sous le gouvernement Trudeau n'était qu'un effort pour reconstruire les capacités et rétablir les services après des années d'austérité.

Mais si l'on mesure la taille du gouvernement par rapport à la population totale du pays, ce qui est une façon plus précise d'évaluer son impact, on obtient une image très différente. Mesuré de cette manière, l'État fédéral a en fait atteint son apogée au début des années 1980. Puis, avec l'ascendant du néolibéralisme, les coupes budgétaires successives des années 1980 et 1990 ont progressivement réduit sa taille.

Vu sous cet angle, les libéraux de Trudeau n'ont fait qu'interrompre une tendance vieille de plusieurs décennies vers un gouvernement plus petit, sans toutefois le ramener à son niveau pré-néolibéral.

En effet, même avec cette expansion, la proportion d'employé·es fédéraux par rapport à la population canadienne reste inférieure à ce qu'elle était au début des années 1980, lorsque la fonction publique représentait près de 1 % de la population.

La fonction publique fédérale a augmenté en chiffres absolus depuis 2015, mais en pourcentage de la population canadienne, elle reste plus petite qu'au début des années 1980, ce qui souligne une érosion à long terme des capacités gouvernementales.

« Il n'y a pas de « taille idéale » pour la fonction publique », a déclaré M. Prier. « C'est un terme qui n'a aucun sens. Si vous faites des promesses aux Canadien·nes, quelqu'un doit faire le travail. Ce devrait être des fonctionnaires de carrière dans lesquel·les vous investissez réellement afin qu'ils et elles puissent surmonter des crises comme celle-ci la prochaine fois qu'elle se présentera. »

Derrière le discours officiel de « rationalisation », les travailleuses et les travailleurs ont l'impression d'un retour aux niveaux d'effectifs d'avant la pandémie, un cycle d'austérité qu'ils ont déjà connu, mais cette fois sous un gouvernement qui semblait promettre quelque chose de différent.

Pour Carney, ces coupes sont présentées comme une correction nécessaire après des années de dépenses galopantes ; pour celleux qui travaillent dans la fonction publique, elles marquent le retour à une époque d'incertitude, d'attrition et de démoralisation que beaucoup pensaient enfin révolue.

« Il est tout à fait clair que mes collègues vivent beaucoup d'inquiétude et d'anxiété. C'est une période très stressante, où l'on doit faire face à l'insécurité de l'emploi alors que l'instabilité économique règne tout autour de soi », a déclaré M. Kielstra.

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L’hiver sera chaud : la CAQ a déclaré la guerre à la société civile

25 novembre, par Collectif — ,
Des associations pour la défense des droits, des organismes communautaires et de solidarité internationale, des syndicats et d'autres citoyen·nes appellent la population à (…)

Des associations pour la défense des droits, des organismes communautaires et de solidarité internationale, des syndicats et d'autres citoyen·nes appellent la population à faire front pour dénoncer les politiques de la CAQ qui démantèlent, brique par brique, l'édifice de nos services publics et de nos droits sociaux et politiques.

Les projets de loi s'enchaînent les uns après les autres et s'ajoutent à d'autres mesures dictées par une même logique. Il s'agit d'affaiblir nos institutions démocratiques et de réduire au silence les voix critiques capables d'exprimer des désaccords légitimes et de défendre les droits de toutes et tous, incluant les minorités les plus défavorisées, marginalisées et discriminées. Marquant un tournant autoritaire et démagogique, ces politiques, souvent adoptées sous bâillon, détruisent les bases de notre démocratie pour répondre aux intérêts d'élites économiques.

Des lois antisociales et antisyndicales

Le projet de loi 8 (anciennement projet de loi 89) et la réforme annoncée du régime syndical s'attaquent non seulement aux droits des travailleuses et des travailleurs partout au Québec, mais s'inscrivent dans une tendance inquiétante de remise en question des mécanismes qui protègent notre démocratie. Il s'agit de la pire offensive d'un gouvernement contre le mouvement syndical.

Avec le projet de loi 1, Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, déposé le 9 octobre 2025, le gouvernement de la CAQ menace de démanteler tout le système québécois de protection des droits de la personne, alors que la Charte des droits et libertés de la personne célèbre ses 50 ans d'existence. Élaboré derrière des portes closes, sans aucun débat ni consultation, ce projet n'a rien d'une constitution. Témoignant d'un autoritarisme mal dissimulé, il risque d'affaiblir les pouvoirs de la société civile. Ainsi, les outils juridiques pour la défense de nos droits et libertés, comme la Charte et la possibilité de contester des lois devant les tribunaux, sont ébranlés. En instrumentalisant la « souveraineté parlementaire » et « les valeurs québécoises », le projet de loi 1 engendre une dérive identitaire dangereuse, comme on n'en a pas vu depuis Duplessis.

Dans une déclaration publiée le 13 novembre dernier, le Barreau du Québec affirme que ces projets de loi « comportent des dispositions qui s'écartent de manière importante des valeurs et des traditions de la société québécoise au profit d'un renforcement du pouvoir de l'État », et craint ainsi une « érosion de l'état de droit au Québec ».

Une dérive dangereuse aux relents trumpistes

Devant la montée de l'extrême droite et de pratiques autoritaristes du pouvoir un peu partout dans le monde, les fondements mêmes de nos systèmes démocratiques sont menacés. Au Québec comme ailleurs, des droits que nous pensions acquis sont mis à mal par des décisions politiques.

Dans une logique affairiste et au mépris de la science, les coupures de centaines de postes et les fusions d'établissements dans la fonction publique nous empêchent d'agir de manière pertinente pour protéger nos écosystèmes et le bien commun. Tout ceci facilite l'approbation de grands projets industriels, tout en limitant la possibilité de contrôles environnementaux et liés à la santé publique.

La déclaration récente de François Legault qui, en réponse à l'appel de Donald Trump, positionne le Québec comme un acteur majeur de l'industrie militaire est troublante et représente un virage dangereux pour notre société et la planète. D'autant plus que cette militarisation de l'économie s'associe à des discours et des décisions contre l'immigration et les droits des personnes réfugiées et demandeuses d'asile.

La baisse des seuils d'immigration, l'annulation du Programme de l'expérience québécoise (PEQ) et le recul des droits des personnes demandeuses d'asile montrent clairement la trajectoire actuelle du gouvernement de la CAQ. Alors que le Québec restreint l'accès au territoire au nom d'une logique utilitariste, il investit parallèlement dans l'industrie militaire, tirant profit des conflits et de la crise climatique qui appauvrissent les populations et les forcent à fuir.

Aujourd'hui, le génocide à Gaza est le symbole brutal des conséquences toxiques engendrées par la complaisance envers un gouvernement raciste et totalitaire, guidé par des objectifs coloniaux : un monde dominé par la peur, la militarisation et l'instrumentalisation et le mépris envers le droit international. Malgré les condamnations de l'ONU, il est honteux que le Québec renforce ses liens diplomatiques et économiques avec Israël et refuse d'accorder la RAMQ aux familles évacuées de Gaza. Ce 29 novembre, à l'occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, reconnaissons qu'une atteinte aux droits des un·es est une atteinte aux droits de toutes et de tous.

Défendre et devenir une société solidaire, juste et démocratique

De plus en plus de Québécoises et de Québécois ont du mal à joindre les deux bouts. Partout, la crise du logement et de l'itinérance a pris une ampleur alarmante. La situation touche encore davantage les peuples autochtones. En même temps, à l'heure où la planète arrive à un point de bascule, la CAQ impose des reculs en matière de législation et de réglementation environnementales. En dépit de l'urgence des problèmes qui devraient nous préoccuper, le gouvernement détourne l'attention de ses propres faillites en cherchant des boucs émissaires, comme les personnes migrantes et immigrantes et les minorités religieuses. Au lieu de chercher à résoudre les sources des problèmes sociaux, il s'attaque et suspend le financement de groupes qui œuvrent à l'amélioration de la société.

Nous avons à cœur un Québec qui choisit la solidarité plutôt que l'exclusion, le respect plutôt que la répression, la dignité plutôt que la peur, la justice sociale plutôt que la concentration des richesses entre les mains d'une poignée de privilégié·es. Le Québec que l'on veut est ancré dans des valeurs de solidarité, d'équité et de justice sociale et aura besoin d'être à l'écoute de toutes les voix, dans leur si belle diversité, et dans le respect de cette dissidence rebelle, critique et libre qui a longtemps teinté l'image du Québec.

L'hiver sera chaud ! Le 29 novembre prochain, descendons dans la rue pour protéger la vision de la société québécoise que l'on veut. Une société plus juste, plus égalitaire et plus inclusive. Le rassemblement aura lieu à Montréal, à la Place du Canada, à partir de 13h30.

POur signer cette lettre : cliquer ici

Auteurs et autrices de la déclaration :

Zahia El-Masri, Travailleuses et travailleurs pour la Palestine

Laurence Guénette, Ligue des droits et libertés

Bertrand Guibord, Conseil central du Montréal métropolitain─CSN

Marc-Édouard Joubert, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain

Amir Khadir, ex-député de Québec solidaire

Yasmina Moudda, Alternatives

Amélie Nguyen, Centre international de solidarité ouvrière (CISO)

Roger Rashi, militant

Patrizia Vinci, militante féministe et communautaire

Amel Zaazaa, Observatoire pour la justice migrante

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Soutenir efficacement la lutte de libération de l’Ukraine, tel le Réseau de soutien écossais, exige de se libérer du pacifisme à la québécoise

Les victoires populaires internationalistes dans la sphère des guerres impérialistes sont trop rares pour ne pas les souligner. Il peut s'agir de résilience et d'endurance ce (…)

Les victoires populaires internationalistes dans la sphère des guerres impérialistes sont trop rares pour ne pas les souligner. Il peut s'agir de résilience et d'endurance ce qui est déjà énorme surtout en Palestine mais aussi en Ukraine. La résistance populaire internationaliste au génocide facho-sioniste est plus limitée aux ÉU et au Canada mais plus massive dans maints pays européens où elle a atteint en Italie un quasi niveau de brève grève générale. Malgré les répressions dans maints pays et pas seulement par des gouvernements dictatoriaux mais aussi par plusieurs gouvernements dit démocratiques en particulier en Europe occidentale « [c]es deux dernières années, 47 981 rassemblements pro-palestiniens ont eu lieu dans 137 pays différents. »

Cette résistance palestinienne et ces manifestations, combinées aux contradictions entre Israël et les ÉU, ces derniers voulant maintenir et surtout élargir leur alliance entre Israël et les dictatures des pays arabes pour dominer le Moyen-Orient, ont certainement joué un rôle dans le cessez-le-feu bâtard imposé par Trump au gouvernement israélien. Cependant, ce cessez-le-feu se traduit par la continuation du génocide mais à basse intensité tout comme c'est le cas en Cisjordanie. Sans compter qu'il écarte toute organisation palestinienne du soidisant plan de paix. Il permer aussi et excuse d'avance Israël pour tout inévitable blocage et possible reprise de son génocide tous azimuts.

D'un génocide flagrant à un autre génocide en devenir qui est aussi à dénoncer

L'invasion de l'Ukraine par le fascisant impérialisme russe donne aussi lieu, au-delà de crimes contre l'humanité auxquels la Cour pénale internationale a accusé plusieurs dirigeant-e-s dont Poutine, à une dérive génocidaire. Cette dérive prend la forme de bombardements croissants contre les civils et les infrastructures dont celles énergétiques, de tortures des prisonniers, d'emprisonnement de résidents ukrainiens en territoires occupés affirmant leur identité ukrainienne et de la russification de ces territoires dont celles d'enfants envoyés en Russie.

Il est très dommageable pour la gauche et humainement révoltant de constater le campisme de ceux et celles qui confondent anti-impérialisme et anti-américanisme et de celles et ceux qui par pacifisme refusent le droit aux peuples, dont celui ukrainien, de résister par les armes et, par le fait même, de leur droit de s'en procurer après des pays qui en ont. Il est outrageant de soutenir la propagande russe justifiant son invasion comme une guerre anti-fasciste alors que l'Ukraine est moins pénétrée par l'extrême-droite que ne le sont les grands pays de l'Union européenne. D'autant plus que le régime poutinien est une référence pour maintes organisations fascisantes.

Du pacifisme à une politique de gauche pour la lutte armée anti-impérialiste

La guerre ukrainienne, et dans une moindre mesure la guerre civile birmane, en forçant un débat à propos du soutien armé a obligé la gauche anticapitaliste à réviser son pacifisme par défaut qui l'avait subrepticement pénétré depuis l'échec ou le cul-de-sac des luttes armées latino-américaines inspirées du guévarisme. Il y a une réflexion à faire à propos d'une alternative de sécurité collective pour remplacer l'OTAN tout en comprenant que les pays d'Europe de l'Est n'ont pas d'autre choix que d'y adhérer entretemps.

Rejeter le pacifisme ne signifie nullement soutenir l'actuel surgissement des dépenses militaires par suivisme trumpiste et sous prétexte d'un danger russe alors que le PIB de ce pays est dans l'ordre de grandeur de celui du Canada et qu'il s'enlise dans la guerre contre la faible Ukraine. La politique militaire de gauche passe certes par la déconnexion d'avec la machine de guerre étatsunienne en faveur d'une production d'armements défensifs libérés par la nationalisation de la peste des profiteurs de guerre et par la coopération des pays qui cherchent à se distancer des grandes puissances.

Pour ce qui est du danger russe, ce qui obnubile les pro-ÉU, la meilleure façon de le contrer est de soutenir à fond de train l'Ukraine par tous les moyens dont toutes les armes qu'il lui faut. C'est ce que ne font ni l'Europe ni le Canada ni certainement les ÉU, même du temps de Biden, et de plus en plus seulement si ça rapporte au complexe militaro-industriel. Cette politique ne nécessiste pas de hausser les dépenses militaires mais plutôt d'utiliser des stocks existants, quitte à les regarnir au besoin, et surtout de rediriger les exportations actuellement vers Israël, l'Arabie saoudite et tutti quanti vers l'Ukraine (et la résistance birmane) quitte à subventionner l'industrie militaire ukrainienne. Une fois l'impérialisme russe vaincu en Ukraine non seulement il ne sera plus un danger mais il risque de connaître un mouvement de masse anti-poutinien, tellement ce régime est devenu économiquement militaro-pétrolier.

À ne pas oublier la lutte économique pour asphyxier la machine de guerre russe

Il faut certes un appui conséquent à la lutte armée du peuple et du gouvernement ukrainiens. Ce gouvernement étant cependant néolibéral jusqu'aux oreilles et passablement corrompu, l'appui populaire nécessite un parti-pris pour les organisations populaires y compris leur soutien direct en matériel de guerre. Il y a toutefoi danger de s'y limiter. C'est l'erreur que ne fait pas le Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine. Ce réseau prévilégie le soutien direct d'organisation populaire à organisation populaire, surtout entre syndicats et groupes féministes y compris des visites réciproques. Ce travail d'information et d'analyse est complété par l'envoi de soutien monétaire et de matériel de toute nature, incluant celui militaire, telle une ambulance pour le front pour laquelle souscrit une organisation canadienne anglaise. À ce niveau, les organisations populaires québécoises dont les syndicats sont aux abonnés absents quand elles ne sombrent pas dans le plus plat pacifisme comme le fait la Coalition Échec à la guerre.

N'est pas à oublier la lutte économique. Est à réclamer l'exigence de l'annulation de la dette extérieure de l'Ukraine et de la saisie à son profit des fonds russes gelés au sujet desquels circule une pétition en Belgique où ces fonds sont majoritairement gardés. À contrario est à dénoncer de presser l'Ukraine comme un citron en profitant de son endettement pour la guerre. Est à s'indigner de la mainmise sur ses ressources naturelles sans compter le léchage de babines anticipant les investissements pour la reconstruction. En tête de liste vient le renforcement des sanctions économiques pour étouffer l'effort de guerre de la Russie. Cet effort est au cœur de l'économie russe qui se maintient mais qui commence à stagner tout en enregistrant une inflation relativement importante.

Un exemple à souligner et à imiter à cet égard est « la victoire considérable pour une campagne internationale menée par des organisations de base, notamment des organisations ukrainiennes telles que Razom We Stand et United Action, des organisations écossaises telles que Ukraine Solidarity Campaign Scotland et Climate Camp Scotland, des associations d'étudiants ukrainiens dans les universités écossaises et des syndicalistes de base en Ukraine et en Écosse ». Leur campagne à forcer le gouvernement britannique à interdire à une importante entreprise maritime écossaise « le transport maritime de gaz naturel liquéfié russe vers les ports européens et du monde entier » (voir le communiqué de presse en annexe ci-bas de cette coalition).

Marc Bonhomme, 16 novembre 2025,
www.marcbonhomme.com ; bonmarc1@gmail.com


Annexe

Le gouvernement britannique a finalement annoncé qu'il interdirait aux entreprises britanniques de participer au transport maritime de gaz naturel liquéfié (GNL) russe.

Un porte-parole de la coalition Stop Seapeak a déclaré :

« Le gouvernement britannique a trop longtemps permis à des entreprises britanniques telles que Seapeak, basée à Glasgow, de générer des milliards de dollars par an pour la machine de guerre de Poutine grâce à leur rôle dans le transport maritime de gaz naturel liquéfié russe vers les ports européens et du monde entier.

« Nous sommes ravis, au-delà des mots, de l'annonce selon laquelle le RoyaumeUni va enfin fermer le robinet et tarir cette importante source de revenus pour le régime russe.

« Il s'agit d'une victoire considérable pour une campagne internationale menée par des organisations de base, notamment des organisations ukrainiennes telles que Razom We Stand et United Action, des organisations écossaises telles que Ukraine Solidarity Campaign Scotland et Climate Camp Scotland, des associations d'étudiants ukrainiens dans les universités écossaises et des syndicalistes de base en Ukraine et en Écosse.

« Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui, au cours des deux dernières années, ont soutenu nos manifestations devant le siège de Seapeak à Glasgow et nos pétitions adressées aux parlements britannique et écossais.

« Ce triomphe de la solidarité internationale montre à quel point les gouvernements européens peuvent et doivent faire davantage pour soutenir l'Ukraine à l'approche du quatrième anniversaire de l'invasion totale de la Russie.

« Nous devons maintenant voir l'engagement du gouvernement britannique se concrétiser le plus rapidement possible.

« Trop de personnes mourront et trop de villages et de villes seront occupés par la Russie d'ici à ce que le gouvernement britannique mette pleinement en œuvre cette interdiction, dans plus d'un an.

« Nous continuerons à faire pression sur le gouvernement britannique afin qu'il soutienne davantage l'Ukraine dans sa résistance au fascisme russe. Nous invitons nos sympathisants à participer à notre webinaire le 25 novembre afin de discuter de la manière dont nous pouvons tirer parti de l'élan donné par l'étape importante franchie cette semaine. »

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La gauche et l’anti-impérialisme : de Hands off Ethiopia à Hands off Ukraine ?

Il y a 90 ans, à l'automne 1935, l'Italie fasciste de Mussolini envahissait l'Éthiopie du dictateur Négus. Cette guerre coloniale et impérialiste coutera la vie, selon (…)

Il y a 90 ans, à l'automne 1935, l'Italie fasciste de Mussolini envahissait l'Éthiopie du dictateur Négus. Cette guerre coloniale et impérialiste coutera la vie, selon certaines estimations, à au moins 760 000 éthiopien·nes.

Il y a bientôt quatre ans, en février 2022, la Russie néofasciste de Poutine envahissait l'Ukraine du néolibéral Zelensky. Cette guerre coloniale et impérialiste a déjà couté la vie de centaines de milliers de personnes. Et elle n'est pas finie.

Certes, les analogies historiques sont toujours très contestables. Et, évidemment, l'Italie et l'Éthiopie de 1935 ne sont pas la Russie et l'Ukraine de 2025. Mais il n'est pas utile nous semble-t-il de s'interroger sur la manière dont la gauche a historiquement réagi face à des agressions coloniales et impérialistes. Cela permet, minimalement, de mettre en perspectives certaines prises de position actuelles. Et ici, comment ne pas voir une certaine homologie entre le refus du Komintern et de l'ensemble des partis communistes staliniens de soutenir militairement l'Éthiopie en 1935 d'une part et le refus de la majeure partie de la gauche radicale d'aujourd'hui de soutenir militairement l'Ukraine d'autre part ? Comment ne pas noter les similitudes dans les arguments avancés par les pacifistes, les chauvin·nes, les "réalistes" et autres stalinien·nes d'hier avec ceux des pacifistes, des chauvin·nes, des "réalistes" et autres néostalinien·nes d'aujourd'hui ?

Ce n'est pas un souvenir très glorieux - ce qui explique peut être pourquoi cet épisode historique reste largement méconnu - mais en 1935, les partis communistes du Komintern et une bonne partie de la gauche de la planète, refusent de soutenir militairement la résistance éthiopienne contre l'agression coloniale italienne (sans parler ici, de ceux qui soutiennent alors l'agression à grande échelle, au nom de la "civilisation" ou des intérêts italiens sur place).

Pour certains, le refus d'aider militairement l'éthiopie est alors justifié au nom du pacifisme ou du chauvinisme, la priorité étant donnée à la lutte "nationale" contre la montée du nazisme. Pour beaucoup d'autres, l'argumentaire repose sur l'idée que les régimes politiques italien et éthiopien se valent ("on ne soutiendra ni le fasciste Mussolini ni l'Empereur Haïlé Sélassié 1er") et parce qu'il est hors de question d'armer un dictateur africain considéré comme un allié des impérialistes, que ce soit l'Angleterre, la France ou les États-Unis (Fronczak, 2015). À titre d'exemple, l'exécutif de l'Independant Labour Party britannique affirme en 1935 que « la différence entre les deux dictateurs rivaux et les intérêts qui les sous-tendent ne valent pas la perte d'une seule vie britannique » (Oppen, 2022).

En 2025, le refus de la gauche radicale de soutenir militairement l'Ukraine repose grosso modo sur les mêmes arguments (sans parler ici de ceux qui justifient l'agression à grande échelle et la colonisation au nom de la "grande Russie" ou de la défense des russophones de l'Est de l'Ukraine).

Pour beaucoup, c'est toujours au nom du pacifisme, du chauvinisme ou du "réalisme" que l'on s'oppose aux livraisons d'armes. Cette position repose plus ou moins grossièrement sur des formules du genre : "On veut des services de santé, pas des F35" ; ;"Les ménages européens ne peuvent pas supporter une nouvelle augmentation des coûts de l'énergie" ; "Soyons réalistes, l'Ukraine ne peut pas gagner la guerre alors arrêtons le massacre et de dépenser inutilement de l'argent" ; "Laissons Poutine tranquille, il nous laissera tranquille" etc.
Pour beaucoup d'autres, des gauchistes ou des néostaliniens, ce refus repose par ailleurs sur la conviction que les régimes politiques russe et ukrainien se valent ou se confondent ("on ne soutient ni le fasciste Poutine, ni le néolibéral-fasciste Zelensky") et il est hors de question de livrer des armes à un dictateur allié des impérialistes étatsuniens, de l'OTAN, de la CIA ou de l'Union européenne néolibérale.
Dans le monde francophone occidental, c'est la position de Québec solidaire, de La France Insoumise (on n'est pas près d'oublier les sorties de Mélenchon sur l'OTAN "agresseur" la vieille du 22 février 2022 ou de Zelensky, le « président de rien ») en passant par le Parti du travail Belge, comme des indécrottables défenseurs de la "neutralité" Suisse (voir ce communiqué du PTS, par exemple) qui tous refusent, pour l'un ou l'autre de ces motifs, de soutenir militairement l'Ukraine.

Ainsi, au mieux (en oubliant les pacifistes et les chauvin·nes qui ne veulent même pas parler de solidarité armée), pour cette gauche de 1935 ou de 2025, un peuple agressé ne mérite des armes qu'à la condition d'avoir "un bon gouvernement", selon eux et selon des critères très flous et mouvants.

Pour être plus clair ou plus concret, en 1935, pour justifier leur inaction, les partis staliniens du monde entier répéteront que, bien évidemment, ils sont solidaires du « peuple éthiopien ». En revanche, ils s'opposent, tout aussi évidemment, au gouvernement et à l'« l'Éthiopie fasciste » (Fronczak, 2015). Il n'est donc pas question de lui fournir des armes.
George Padmore – militant anti-impérialiste et futur représentant du panafricanisme - dénoncera alors cette réthorique communiste mensongère et l'ignoble duplicité de l'Union soviétique en rappelant que concrètement « pas un rouble n'a été envoyé en Abyssinie, pas un pansement, pas une tonne de blé », ni au "peuple éthiopien" ni au "Gouvernement éthiopien". De même, C.L.R. James, militant trotskyste et antiraciste, dénoncera le racisme de cette ligne politique inconséquente, qui revient concrètement à ignorer les appels à l'aide des peuples non-européens colonisés (Fronczak, 2015 ; Buchanan, 2016).

En 2025, cette même gauche "réaliste" affirme régulièrement qu'elle est sincèrement solidaire avec le « peuple ukrainien » tout en s'exprimant et votant contre toute aide militaire au gouvernement néolibéral de Zelensky, la "marionnette de l'OTAN", que ce soit au nom de la paix ou de la "désescalade" (voir en ce sens, les prises de positions du groupe The Left au Parlement Européen). Et quand on cherche des actes de solidarité de cette gauche avec le "peuple ukrainien", les seules actions concrètes que l'on peut trouver pour le moment c'est un soutien ostensible aux anciens partis staliniens (ukrainiens ou russes), à des militants racistes, des "influenceurs gauchistes et crétins du Post-Soviet Left" (PSL), corrompus et masculinistes, en leur donnant la parole dans des grandes messes "pacifistes", comme le meeting organisé par LFI et Your Party, les 4 et 5 octobre 2025 à Paris.

Bref, dans les deux cas, pour cette gauche qui refuse de répondre aux appels à la solidarité armée d'un peuple envahi et colonisé, la lutte pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est secondarisée, voire totalement ignorée. Cette gauche préfère définir et déterminer de l'extérieur, sans et contre les premiers concerné·es, bien loin des bombes et des drones, ses propres priorités politiques : pour les uns la priorité sera le pacifisme, pour les autres la lutte contre le régime « fasciste » du Negus ou de Zelensky ou encore la lutte des classes.

Depuis 1935, on dispose toutefois d'importantes données historiques qui autorisent à douter que l'absence de solidarité armée avec le gouvernement du Négus en 1935, la défaite, le massacre et la colonisation des éthiopien·nes aient contribué d'une quelconque manière à la paix, à la lutte contre le fascisme et le nazisme ou à l'émancipation du prolétariat. On pourrait même être tenté de faire l'hypothèse inverse.

Quoiqu'il en soit, l'argumentaire et la politique déployée par les pacifistes ou les staliniens en 1935, ne sont pas les seuls points de comparaison possibles avec leurs épigones de 2025.

Par exemple, dans les deux cas également, en 1935 comme en 2025, les sanctions internationales ne ciblent pas, ou mal, les matières premières et autorisent au su et au vu de tous et toutes, la puissance impérialiste à poursuivre sa guerre de conquête. Les prétendues puissances « ennemies » continuent ainsi de s'entre-aider économiquement et militairement. W.E.B. du Bois révèlera ainsi dans The Crisis, la revue de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) comment l'URSS stalinienne, la « patrie du prolétariat », continue en pleine guerre de fournir du pétrole et du blé aux fascistes italiens de Mussolini (Weiss, 2018). Tout comme aujourd'hui, les États-Unis de Trump (ceux-là même qui seraient toujours en train d'encercler et d'agresser la Russie) continuent de commercer et de faire des « deals » avec la Russie de Poutine (au point d'envisager de creuser un tunnel déjà nommé Poutine-Trump sous le détroit de Béring). Dans les deux cas, cette gauche dénonce sans cesse l'hypocrisie occidentale et l'inefficacité des sanctions, mais sans réclamer leur durcissement ou, si c'est le cas, tout doucement de peur de contribuer à augmenter le coût du chauffage des ménages occidentaux.

Dans les deux cas, les impérialistes ont également proposé au peuple envahi des « deals » en échange de leur appui et de la paix, des deals qui sont toujours de véritables rackets [1]. Et ces rackets reçoivent parfois le soutien de cette gauche, au nom du réalisme et de la paix ("il faut bien commencer à négocier, et négocier implique des concessions et de savoir faire le dos rond"), toujours sans consulter les intéressés (pour quoi faire ?), en évitant soigneusement de se poser la question de qui en subira les conséquences, de qui en cas de "compromis" ou de "de défaite, va subir l'exil, la famine, la torture, la dictature, et toutes ces choses qui accompagnent la victoire d'un Etat autoritaire ?".

Et évidemment, dans les deux cas, cette gauche, qu'elle se nomme socialiste ou aujourd'hui décoloniale, ignore les appels à l'aide et à la solidarité armée des travailleurs et des travailleuses colonisé·es. Elle abandonne ainsi le principe même de la solidarité socialiste internationale, l'internationalisme.

Mais 90 ans après le début de cette guerre coloniale largement oubliée et monstrueuse, il faut aussi se rappeler qu'elle fut aussi l'occasion de voir émerger l'une des plus importantes mobilisations internationalistes de l'histoire ouvrière, une mobilisation planétaire encore plus méconnue que la guerre elle-même, qui contribua pourtant à populariser le slogan "Hands off" (après Hands off China, en 1925) aujourd'hui repris par des millions de manifestants états-unien·nes qui se battent contre le régime de Trump.

Cette mobilisation de 1935 s'est construite à la base, contre la gauche vérolée par le stalinisme, contre le pacifisme capitulard et finalement complice des colons et impérialistes, contre le racisme, contre l'hypocrisie des puissances occidentales et l'impuissance de la Société des Nations (SdN). Une mobilisation qui donnera lieu à d'innombrables et parfois immenses manifestations à Londres, New York, Paris, au Ghana, au Nigeria, au Japon, au Brésil, en passant par l'Égypte, la Tunisie ou l'Inde. Une mobilisation au cours de laquelle des campagnes d'enrôlement seront organisées, tout comme de nombreuses actions visant à bloquer les livraisons d'armes dans des ports du monde entier. Une mobilisation, enfin, qui marquera un tournant dans les mobilisations antiracistes et anticoloniales en Afrique en particulier et qui contribuera à la mise sur pied des Brigades internationales de la guerre civile espagnole.

Ces 90 ans ce sont donc aussi ceux d'une mobilisation ouvrière qui a permis de sauver l'honneur de la classe ouvrière internationale et surtout de construire des liens de solidarités contre les tyrans, des liens amenés à durer dans le temps. Alors, Hands off Ethiopia ! Hands off Ukraine ! Hands off Palestine ! Hands off Soudan ! Hands off Venezuela ! Hands off New York…

Martin Gallié
Membre de l'Alliance Canadienne de solidarité avec l'Ukraine (CASU) et du Réseau de solidarité avec l'Ukraine (RESU). Merci à O.D. pour les précieuses suggestions.

Les citations proviennent d'un premier texte, publié en avril 2025 dans PTAG.


[1] Soucieux de ne pas intervenir, le Département d'État étatsunien dû contraindre la Standard-Vacuum Oil co. à renoncer à un « contrat pétrolier » conclut pendant la guerre avec l'Empereur éthiopien dans une tentative désespérée de ce dernier d'impliquer les États-Unis dans le conflit . Ce « deal » prévoyait la « location » de la moitié du territoire éthiopien à la compagnie pétrolière. À noter qu' en mars 1945, une fois revenu au pouvoir, l'Empereur conclut de nouveau un accord avec Harry Ford (« Sinco ») Sinclair, le président de Sinclair Oil Corp. Selon le Time, ce dernier aurait « obtenu d'Hailé Sélassié une concession de 50 ans lui donnant des droits exclusifs sur tout le pétrole qu'il pourrait trouver sur les 350 000 miles carrés de l'Éthiopie… Et 90 ans plus tard, en février 2025, le Gouvernement des États-Unis a tenté à son tour d'imposer à l'Ukraine un « deal » globalement homologue, l'acquisition de la moitié des ressources minières de l'Ukraine. « Oil Sinco places a bet », Time, https://time.com/archive/6792001/oil-sinco-places-a-bet/ ; sur le « Deal » avec l'Ukraine ; « Trump vient-il de signer un traité inégal ? », Le Grand Continent, 27 février 2025, https://legrandcontinent.eu/fr/2025/02/27/trump-vient-il-de-faire-signer-a-lukraine-un-traite-inegal-le-texte-integral-de-laccord-etats-unis-ukraine-sur-les-mineraux-critiques/

Trump fragilisé

25 novembre, par Dan La Botz — ,
Le président semble vulnérable pour la première fois depuis le début de son second mandat. Donald Trump fait face à des revers qui ébranlent son hégémonie. Incapable (…)

Le président semble vulnérable pour la première fois depuis le début de son second mandat. Donald Trump fait face à des revers qui ébranlent son hégémonie. Incapable d'améliorer la situation économique pour la majorité des Américains, il a essuyé une large défaite lors des élections du 4 novembre.

Hebdo L'Anticapitaliste - 776 (20/11/2025)

À New York, le candidat qu'il soutenait, Andrew Cuomo, a perdu face au socialiste Zohran Mamdani, tandis que les démocrates ont remporté les gouvernorats du New Jersey et de Virginie. En Californie, ils ont aussi gagné un référendum sur le redécoupage des circonscriptions.

Les effets du shutdown

Trump a attribué ces défaites au « shutdown ». Celui-ci, inédit par sa durée — 43 jours — a causé de lourdes difficultés : des millions des 42 millions d'AméricainEs dépendant de l'aide alimentaire ont perdu leurs allocations pendant plus d'un mois. Le budget républicain prévoit en outre une hausse des coûts de l'assurance médicale pour 92 % des 45 millions de bénéficiaires de l'Affordable Care Act, rendant les soins inaccessibles pour des millions de personnes. 48 % des AméricainEs tiennent Trump et les républicains pour responsables.

Epstein fracture le MAGA

La publication des dossiers de Jeffrey Epstein revient à l'agenda du Congrès, soutenue à la fois par démocrates, républicains et par la base MAGA. Trump qualifie l'affaire de « canular », tout en demandant à la ministre de la Justice d'enquêter sur les démocrates cités dans les documents. Une motion pour la publication des dossiers pourrait être adoptée à la Chambre, voire au Sénat, avant d'arriver sur le bureau de Trump — qui hésite à y opposer son veto, de peur de ce qui pourrait le concerner. Cette situation a provoqué la première fracture publique au sein du MAGA : Marjorie Taylor Greene critique Trump pour son refus d'ouvrir l'accès à ce dossiers et pour la hausse des coûts de la santé et de l'alimentation. Trump la traite de « farfelue » et de « honte pour le parti », mais d'autres républicains partagent ses exigences. La défiance de Greene pourrait annoncer une rupture plus profonde. (1)

Des promesses non tenues

Trump n'a jamais été majoritaire dans la population : seuls 42 % des Américains l'approuvent, contre 58 % qui le rejettent. Pour tenter de maintenir son emprise sur sa base, il promet désormais une allocation de 2 000 dollars pour chaque personne gagnant moins de 100 000 dollars par an, financé par les droits de douane. Mais cette mesure coûterait 300 milliards de dollars, alors que les droits de douane n'en ont rapporté que 175. Il avait déjà promis une aide similaire plus tôt dans l'année, au moment où Elon Musk et le département de l'efficacité gouvernementale coupaient des programmes publics — une somme qui n'a jamais été versée.

Trump en opposition à sa base

Trump paraît moins soucieux de transparence ou de pouvoir d'achat que lancé dans une double offensive : déployer les services d'immigration, des douanes et la Garde nationale dans des villes dirigées par des démocrates, et préparer une intervention au Venezuela. Si la base MAGA soutient la première option, elle risque de rejeter une guerre à l'étranger destinée à renverser un régime, à l'inverse des engagements de campagne de Trump.

Empêtré dans ses contradictions, Trump est en difficulté. Les regards se tournent désormais vers les élections de mi-mandat de novembre 2026 — chacunE se demandant si les démocrates pourront reprendre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat.

Dan La Botz

1. Sous la pression de son propre camp, Donald Trump a annoncé, dimanche 16 novembre, soutenir un vote à la Chambre des représentants américaine pour la publication du dossier du délinquant sexuel Jeffrey Epstein, à laquelle il s'opposait jusque-là. (NDLR)

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Se connecter - Entretien avec Franck Gaudichaud sur la situation au Chili

25 novembre, par Inprecor — ,
Franck Gaudichaud présente le résultat du 1er tour des élections au Chili, avec les scores très importants de la droite et l'extrême droite, et les grandes difficultés de la (…)

Franck Gaudichaud présente le résultat du 1er tour des élections au Chili, avec les scores très importants de la droite et l'extrême droite, et les grandes difficultés de la gauche à y faire face.

18 novembre 2025 | inprecor.org | Photo : la droite radicale a le vent en poupe

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Susana Muhamad, ancienne ministre colombienne de l’Environnement, s’exprime sur les négociations de la COP30, Trump, Gaza et bien plus encore

25 novembre, par Amy Goodman, Susana Muhamad — ,
Lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Belém, au Brésil, nous nous entretenons avec l'écologiste colombienne Susana Muhamad, qui a occupé le (…)

Lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Belém, au Brésil, nous nous entretenons avec l'écologiste colombienne Susana Muhamad, qui a occupé le poste de ministre de l'Environnement et du Développement durable de la Colombie de 2022 à 2025. Muhamad évoque le mandat des Nations Unies visant à atténuer l'accélération des changements climatiques causés par l'espèce humaine et condamne l'influence puissante et détournée du lobby des énergies fossiles. D'origine palestinienne, Muhamad réagit également aux attaques américaines contre des bateaux dans les Caraïbes et au génocide israélien en cours à Gaza. « Ces questions ne sont pas sans rapport entre elles », dit-elle. « L'humanité peut faire mieux. [Nous] pouvons être très proactifs et productifs pour changer cette situation de crise climatique, plutôt que de continuer à investir dans les armes, les armées et la défense. »

https://www.democracynow.org/2025/11/19/susana_muhamad

19 novembre 2025

AMY GOODMAN : Vous écoutez Democracy Now !, democracynow.org. Nous diffusons en direct depuis le sommet des Nations unies sur le climat, la COP30, qui se tient dans la ville brésilienne de Belém, porte d'entrée de l'Amazonie. Je suis Amy Goodman.

Alors que les délégué·es et les dirigeant·es représentant plus de 190 pays poursuivent les négociations, la présidence brésilienne devrait publier aujourd'hui un nouveau projet de texte abordant certaines des demandes les plus urgentes en matière de climat, notamment le financement et la transition vers l'abandon des combustibles fossiles. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva est aujourd'hui à Belém alors que la pression monte pour inclure une feuille de route visant à éliminer progressivement le pétrole, le charbon et le gaz dans le texte final sur le climat. Il pourrait nous dépasser à tout moment. Plus de 80 pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et du Pacifique, ainsi que les États membres de l'Union européenne et le Royaume-Uni, se sont joints à ces appels, la Colombie menant les efforts.

Tout cela intervient alors que la frustration monte face au refus des nations riches et de certains des pires pollueurs mondiaux de financer correctement les efforts d'adaptation au changement climatique des pays du Sud, qui sont les plus touchés par la crise climatique mais qui ne l'ont pas causée.

Nous sommes maintenant rejoints par Susana Muhamad, environnementaliste de longue date. Elle a été ministre de l'Environnement et du Développement durable de la Colombie de 2022 à cette année. Elle a également été présidente de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité qui s'est tenue l'année dernière à Cali, en Colombie. Elle est d'origine palestinienne.

Nous vous souhaitons la bienvenue à Democracy Now !, Susana. Nous vous avons déjà interviewée lors de précédentes COP. Vous avez été à un moment donné la principale négociatrice climatique pour la Colombie. Pouvez-vous expliquer à notre audience internationale ce que signifie COP, et même ce qu'est la Conférence des Parties 30, 30 ans, pourquoi elle est si importante, nous dire ce qui se passe aujourd'hui avec le président brésilien ici présent, et ce que vous voyez dans les textes qui ont été présentés ?

SUSANA MUHAMAD : Merci beaucoup, Amy, je suis très heureuse d'être à nouveau ici cette année.
Il est très important que le public comprenne ce que signifie cet environnement. La COP est la Conférence des Parties. Qui sont les parties ? Les parties sont les pays du monde qui ont signé la Convention sur les changements climatiques. Et cette convention est un traité international signé par les pays afin de pouvoir contrôler et stabiliser le climat, car nous savons depuis 30 ans — et c'est pourquoi elle s'appelle COP30 puisque c'est la 30e fois que les parties se réunissent pour tenter de résoudre ce problème.

Mais quelle est la réalité ? Vous l'avez constaté aux États-Unis au cours de ces dernières années, le climat est en train de devenir incontrôlable. Les émissions de CO2 qui provoquent cette crise climatique, augmentent au lieu de diminuer, le climat devient plus sauvage, pour le dire simplement, et la situation plus dangereuse.

Cette COP 2025 est donc cruciale, car les scientifiques ont déclaré que nous devions réduire les émissions de 42 % par rapport à 2019 d'ici 2030, mais la réalité est que nous sommes sur une trajectoire qui, plutôt que de diminuer de 42 %, va augmenter de 16 %. Et plutôt que de stabiliser le climat à 1,5 °C, nous nous dirigeons en fait vers une augmentation de la température de 2,8 °C. Pour donner à votre public une idée de ce que cela signifie, nous n'avons jamais connu une telle température au cours des deux dernières ères géologiques. L'humanité, en tant qu'espèce vivant sur la planète Terre, n'a jamais connu une telle température. Nous n'avons aucune idée de ce que cela signifie. Et quand cela pourrait-il se produire ? À la fin de ce siècle. Et qui vivra cela ? Les enfants qui sont déjà nés au cours de ce siècle. C'est pourquoi cette conférence est le seul forum dont nous disposons à l'échelle internationale, mondiale. Alors, pays du monde, mettez-vous d'accord et agissez.

AMY GOODMAN : Je vais vous poser une question sur ce que Kumi Naidoo, le militant sud-africain pour le climat, a appelé hier « le mot en F » : les combustibles fossiles. Que signifierait l'inclusion de l'élimination progressive des combustibles fossiles dans le texte final sur le climat ? Et comment se fait-il que cela n'ait pas été fait auparavant ?

SUSANA MUHAMAD : Eh bien, cela s'est produit pour la première fois à Dubaï, ce qui était en fait un processus très intéressant car c'était dans le monde arabe, aux Émirats arabes unis. Vous savez que c'est là que se trouvent les plus grandes réserves de pétrole au monde, et les moins chères. C'était donc un effort considérable que d'inclure l'objectif d'éliminer progressivement les combustibles fossiles, qui n'était d'ailleurs pas formulé en ces termes. Il s'agissait plutôt d'une « transition » vers l'abandon des combustibles fossiles, car il s'agit bien d'une transition. Mais qu'est-ce que cela signifie ? Que nous devons changer notre source d'énergie. Nous devons cesser de produire, d'étendre les frontières de la production, et également cesser la consommation et la combustion des combustibles fossiles. Et cela représente un changement radical.

Donc, ce qui se passe maintenant, c'est que deux ans se sont écoulés depuis Dubaï, et le gouvernement brésilien a en fait accordé des licences d'exploration en Amazonie, dans le delta de l'Amazone, au large, dans les eaux profondes où se jette le fleuve Amazone, quelques semaines seulement avant cette conférence. C'est un message très contradictoire, car, vous savez, l'Amazonie est l'un des piliers de la stabilité climatique. L'Amazonie absorbe énormément de CO2. Et lorsque nous déboisons, chaque hectare déboisé émet du CO2 et cesse d'en absorber. Donc, si nous perdons l'Amazonie, ce qui signifie une déforestation d'environ 25 %, nous perdons en fait le contrôle du climat. Et nous sommes en Amazonie. Cette COP se tiendra en Amazonie en 2025, cinq ans avant que l'objectif de stabilisation du climat ne doive être atteint. Et le gouvernement brésilien accorde des licences d'exploration pétrolière seulement quelques semaines avant.

L'éléphant dans la pièce, ce sont les combustibles fossiles. Les pays arabes ne veulent pas en parler. En fait, ils essaient de revenir sur la décision de Dubaï et disent : « Oh, nous ne pensons pas que ce soit correct », ce qui représente un effort considérable. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'hier, une coalition de 80 pays s'est levée et a déclaré : « Nous devons élaborer une feuille de route pour la transition. Nous ne pouvons pas quitter cette COP. » Le sujet tabou est donc devenu la question principale. Il a été mis en lumière et figure désormais dans le texte négocié. Le président Lula arrive aujourd'hui, et le Brésil s'est engagé à faire avancer cette feuille de route.

Mais je vais vous donner un fait concret. À l'heure actuelle, les pays prévoient d'augmenter leur production de combustibles fossiles de 120 % par rapport à ce qui est nécessaire pour stabiliser le climat à 1,5 °C. Et pour vous qui nous regardez, souvenez-vous de l'année 2024 et pensez au climat qui régnait cette année-là dans votre région. C'était la première année où nous avons atteint, en moyenne, une température de 1,5 °C sur la planète. Je me souviens que dans mon pays, 400 municipalités sur 1 100 étaient privées d'eau. La plus grande ville, Bogotá, a dû rationner l'eau pendant un an. Nous avons eu des incendies. Nous avons eu la sécheresse. Et en fait, si cela doit être la nouvelle réalité, je ne peux pas imaginer ce que ce sera avec 2,8 °C. Et c'est en fait la limite environnementale vers laquelle nous tendons.

En résumé, la lutte dans cette COP oppose le capital fossile avec les pays qui veulent continuer à vivre des combustibles fossiles et les autres pays qui affirment qu'il faut donner la priorité à l'humanité et à la sécurité environnementale et sauver les enfants qui sont déjà nés dans ce siècle.

AMY GOODMAN : Susana Muhamad, vous étiez négociatrice en chef sur le climat lors des COP. Vous étiez ministre du Climat. Pouvez-vous nous parler du pouvoir du lobby pétrolier ? Je veux dire, nous parlons de plus de 1 600 personnes, le plus grand groupe de lobbyistes jamais réuni. Il y a également 900 représentant·es autochtones. C'est le groupe le plus important en termes de représentation autochtone. Parlez-nous donc de l'équilibre. Et aussi, les revendications autochtones sont-elles prises en compte ici ? Je veux dire, les dirigeant·es autochtones ont interrompu cette COP vendredi pendant plusieurs heures.

SUSANA MUHAMAD : C'est exactement ça. Je pense que c'est l'image du XXIe siècle. Vous voulez résumer cette question en une seule image ? C'est l'image de cette femme amazonienne, cette femme autochtone, qui bloque l'entrée de la COP, et de l'autre côté de la barrière, les militaires qui protègent la forteresse de la COP. Quelle forteresse protégez-vous ? Vous protégez les capitalistes des énergies fossiles. Voilà qui vous protégez.

Et en fait, l'influence du lobby des énergies fossiles dans ces salles est énorme. Elle se présente sous deux formes : les États pétroliers qui ont... Même la Colombie a sa propre compagnie pétrolière nationale, mais aussi les entreprises privées qui ont leurs lobbyistes. Et cela devient en fait une bataille entre le capital des énergies fossiles qui résiste au changement. C'est ce qu'est devenue la COP. C'est de cela qu'il s'agit maintenant, résister au changement du capital des énergies fossiles.

Et à l'extérieur de la clôture de la COP, à l'extérieur de la zone militaire, pas 900 - 900 étaient ceux qui ont été accrédités. Nous avons 4 000 peuples autochtones de toute l'Amazonie qui sont venus pendant 25 jours en bateau par le fleuve Amazone, de toutes les communautés, des huit pays de l'Amazonie. Ils ont ce qu'ils appellent le camp autochtone. Ils sont là, dehors. Ces gens ont les connaissances nécessaires pour sauver la planète. Ils ont les connaissances nécessaires pour sauver l'Amazonie. Et nous ne parlons pas de cela ici. C'est pourquoi, mardi, ils sont venus de force et ont envahi ces couloirs. Et cette présence de ce que j'appelle le sang, la sueur et les larmes des personnes en première ligne de la crise climatique est ce dont nous avons besoin dans cette salle. Et malheureusement, même si nous devons reconnaître que la situation est bien meilleure au Brésil qu'au moment où nous avons organisé la COP en Égypte, aux Émirats arabes unis et en Azerbaïdjan, où nous n'avons même pas pu manifester dans la rue, organiser la marche pour le climat, je pense que ce sont là les forces du XXIe siècle, les personnes en première ligne contre le capital des énergies fossiles.

AMY GOODMAN : Il ne nous reste qu'une minute, mais je voudrais vous poser deux questions rapides. Quelle est la signification du fait que, pour la première fois, les États-Unis n'envoient pas de délégation de haut niveau ? Pensez-vous que cela soit positif ou négatif en termes d'influence sur le résultat ? Et aussi, vous êtes colombienne d'origine palestinienne. Que pensez-vous de ce qui se passe actuellement à Gaza ?

SUSANA MUHAMAD : Oui, pour répondre à la première question, c'est absolument terrible que les États-Unis ne soient pas présents. C'est le deuxième plus grand pollueur au monde. Et nous, pour pouvoir... Je veux dire, c'est là le problème. Ce problème ne peut être résolu par un seul pays. Il faut que la communauté internationale s'y attelle ensemble.

Mais le pire, c'est l'escalade conflictuelle. Avant, il s'agissait d'un blocus, comme le font certains pays, mais maintenant, il s'agit d'une action militaire. Ainsi, le déploiement de forces militaires américaines dans les Caraïbes a causé la mort de 80 Latino-Américains, en toute impunité, au cours des deux derniers mois, sans que personne ne s'y oppose. En réalité, je crains que le président Trump ne vienne pour s'emparer des ressources pétrolières du Venezuela et des minerais de la Colombie, de l'Amérique latine et de l'Amérique du Sud. Si cela doit mener à une escalade du conflit, nous sommes en très mauvaise posture. C'est pourquoi le message du Brésil sera fantastique : plus de 80 pays, soit la majorité des pays, ont déclaré : « Non, nous n'allons pas changer l'ordre du jour parce qu'il y a actuellement des intimidations militaires de la part d'un pays puissant. Nous devons protéger l'humanité. »

Et en ce qui concerne Gaza, ces questions ne sont pas sans rapport, car ils utilisent Gaza comme un laboratoire, parce qu'ils ont pu aller de l'avant. Même le président Trump a déclaré au Parlement israélien que les armes avaient été fournies par les États-Unis pour commettre un génocide, car c'est ce qui s'est passé, et le monde, les Nations unies, personne n'a pu l'empêcher. C'est pourquoi ils ont désormais le droit, le feu vert, pour aller de l'avant et poursuivre les intérêts qu'ils souhaitent. C'est pourquoi nous devons renforcer la communauté internationale et le multilatéralisme, ainsi que la résistance en première ligne sur ces questions, car, croyez-moi, les gens ne laisseront aucune puissance militaire les tuer. Même les Palestinien·nes, malgré tout ce qui s'est passé, continuent de résister. Et c'est en fait une leçon pour nous toustes, car si la défense de l'environnement devait dégénérer en conflit militaire, nous voyons déjà en Palestine ce qui se passera à l'avenir. Je ne souhaite pas un tel avenir. Je pense que nous pouvons réellement, que l'humanité peut faire mieux, et que nous pouvons être très proactifs et productifs pour changer cette situation de crise climatique, plutôt que de continuer à investir dans les armes, les armées et la défense, comme le fait le monde entier. Il n'y a donc pas d'argent pour le climat, mais tout le monde, en deux secondes, consacre 5 % de son PIB à la défense.

AMY GOODMAN : Eh bien, Susana Muhamad, nous tenons à vous remercier infiniment d'être avec nous. Vous êtes une environnementaliste de longue date, vous avez été ministre de l'Environnement et du Développement durable de la Colombie de 2022 à cette année, et vous êtes également présidente de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité de 2024 qui se tiendra à Cali, en Colombie.

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L’indépendantisme de la génération Z, un point d’espérance qui aura besoin d’un Québec solidaire boosté à la mode Mamdani

25 novembre, par Marc Bonhomme — , ,
La jeunesse québécoise francophone redécouvrirait l'espérance de l'indépendance. Les sondages dithyrambiques au départ montrent finalement une modeste remontée des 18-35, la (…)

La jeunesse québécoise francophone redécouvrirait l'espérance de l'indépendance. Les sondages dithyrambiques au départ montrent finalement une modeste remontée des 18-35, la génération Z, qui le manifeste cependant bruyamment sur les réseaux sociaux, culturellement par des rappeurs et chanteurs et dans la rue par des rassemblements pleins d'ardeur mais qui restent modestes.

L'appui au « oui » reste globalement en bas de 40% soit légèrement moins que ce que le dernier sondage accorde aux deux partis indépendantistes (40% mais 49% chez les francophones). Cependant, « [l]es appuis au Parti québécois (PQ) ont reculé bien plus que la marge d'erreur depuis la fin de l'été, et l'option souverainiste ne semble pas avoir profité de la nostalgie qui a transpiré des trois semaines d'intense couverture médiatique entourant le 30e anniversaire du référendum de 1995. »

Creuser le pourquoi de l'engouement de la génération Z reste toutefois indispensable pour saisir la poignée qui permettrait à la gauche — celle qui ne dérive pas — de se cramponner pour résister au tumultueux flot de la fascisation du monde le précipitant dans le gouffre de la terre-étuve. La présidente du OUI Québec en donne la clef : « Cela traduit un besoin d'espoir […] qui voit la séparation du Canada comme un antidote au cynisme de l'époque actuelle. » La génération Z n'a connu ni les déboires référendaires, ni la démission de sociale-libérale à néolibérale du PQ marquée par les « sommets économiques » de la direction Bouchard, ni la contre-réforme fiscale de celle Landry au tournant des années 2000.

Le PQ offre à la génération Z l'indépendantisme de la désespérance

L'affirmation identitaire à la Drainville (la charte des valeurs) du gouvernement Marois qui entache toujours les PQ de PSPP a laissé à la génération Z un héritage ambigu vis-à-vis l'indépendance. Est-ce que ce sera un indépendantisme nativiste replié sur lui-même ou un de participation du peuple québécois aux affaires mondiales dont la tête de liste est l'existentielle crise écologique qui envenime guerres, misères, polarisation sociale et autoritarisme. La génération Z semble plus réceptive à l'immigration que celle plus âgée, surtout dans la région de Montréal et chez l'électorat Solidaire et Libéral. (La tranche Libéral de la génération Z sera-t-elle rebutée par ce qui semble être le retour de la corruption inhérente à ce parti dont le fondement est l'Argent avec un grand A ?) Majoritairement, cependant, cette génération partage, à un moindre degré, l'attitude de rejet de l'immigration par l'ensemble de la population.

Cette attitude à deux faces de la génération Z est en syntonie avec le même groupe d'âge dans plusieurs pays dépendants où les contradictions sont beaucoup plus aigues qu'au Québec. Dans maints pays de l'Asie du Sud (Sri Lanka, Bangladesh, Népal) mais aussi au Maroc, au Pérou et à Madagascar, cette génération a été au centre de la mobilisation ayant renversé leurs gouvernements pour cependant les remplacer par des gouvernements cautionnant les mêmes politiques. La jeune génération est prise en souricière entre d'une part sa prise de conscience de la fin du monde si la tendance actuelle se maintient, et dont elle devra assumer toutes les tragiques conséquences, et d'autre part l'absence ou l'ambiguïté d'alternative crédible à gauche. Celle-ci nécessite l'apport significatif de la gauche des générations plus âgées dont la majorité est prostrée dans le découragement et le cynisme de son échec historique.

C'est surtout le cas des soixante-huitards qui n'ont pas su faire aboutir, en renversement du capitalisme, leur puissante lutte pour des réformes, trop souvent se satisfaisant du piège réformiste consommation de masse et société spectacle. Cette victoire « trente glorieuses » (1945-1975) du capitalisme s'est accomplie aux dépens de la rupture métabolique avec la nature et plus particulièrement de l'avilissement de la nature humaine dont la généralisation de l'obésité et la culture du divertissement et de l'écran sont les signes les plus visibles. Si l'ouragan de la fin du monde fait chavirer ou détourne maints navires qui prétendaient mener l'humanité à bon port, on en perçoit de ci de là qui sont passablement malmenés mais qui gardent le cap en souquant à contre-courant. On ne donne pas cher de leur chance de survie mais elle existe.

En filigrane du PQ se pressent une tournure rouge-brune à la sauce trumpiste

Le PQ n'a certes pas coulé comme la conjoncture le laissait voir mais il se laisse aller au gré du courant. En rajoutant une couche aux propos nauséabonds à double sens du Premier ministre caquiste qui n'ont de cesse, le PQ blâme l'immigration pour tous les péchés du monde au point de proposer d'encore plus lui fermer la porte que la CAQ. En langage codé, « …l'exemple de plusieurs pays européensdémontre qu'une immigration illimitée et désorganisée, combinée à une ghettoïsation des nouveaux arrivants sur une base ethno culturelle et parfois ultrareligieuse, sans intégration à la société d'accueil, ne mène ni à la paix sociale ni à une intégration réussie. » Le vernis économique sur sa politique à double sens ne trompe personne qui sait lire entre les lignes. Cette politique singe la fermeture des frontières et le protectionnisme du trumpisme, au point de prendre les ÉU comme modèle. Si le PQ n'est pas adepte des énergies fossiles — mais il en a rêvé ! — ce n'est que parce que le Québec, contrairement aux ÉU, n'en extraie pas. Il leur a substitué, à la remorque de la CAQ et des Libéraux, le capitalisme vert du toutélectrique s'appuyant sur le turbinage de son abondante hydroélectricité.

Est-ce ce calque de la CAQ qui a permis au PQ de le remplacer à la tête des sondages aux dépens des Solidaires et de lui damer le pion lors des partielles ? Oui et non. Le PQ a su se différencier par son engagement d'un peu plausible référendum dans le premier mandat, qui requinque les croyants purzédurs et attire une inexpérimentée génération Z n'y regardant pas de plus près. Il en rajoute par une habile politique de communication flattant la fierté identitaire par la proposition d'une monnaie québécoise… dix ans après l'indépendance. En sous-main, malgré son tournant néolibéral qui date, le PQ joue du violon social-démocrate tout en soutenant les forces policières contre la CAQ ! En filigrane se pressent une tournure rouge-brune de social-démocratie pour les natifs seulement. L'ex-député Solidaire de Rosemont sera en bonne compagnie. Voilà où se termine le mariage du vedettariat et du recentrage.

Le programme Solidaire ne s'incarne pas dans un appui aux travailleur-se-s

Ce sont ces deux maux qui avant tout valent à Québec solidaire sa plongée électorale et non les entourloupettes du PQ. La nouvelle direction Solidaire a fait approuver une refonte du programme qui parle à profusion des « travailleuses et des travailleurs », qui dénonce à tour de bras les « profits », qui pointe certaines possibilités de nationalisation d'entreprises dans les ressources naturelles et qui ouvre à terme une perspective de socialisation de l'économie. À part certains points spécifiques et encore, les grands médias ont ignoré l'adoption de ce programme au profit de l'élection du nouveau porte-parole. Pire, le communiqué de presse Solidaire sur le congrès ignore totalement le nouveau programme et à ce jour on ne le trouve nulle part sur le site web du parti. On a l'impression que ce programme est pour les membres seulement.

Ce parti-pris programmatique pour les « travailleuses et travailleurs », qui au printemps dernier avait donné lieu à un manifeste qui laissait à désirer, ne trouve pas trace depuis lors sur le site web du parti… à moins de considérer l'appui aux médecins comme en faisant partie. Ni la loi antisyndicale 89 ni le projet de loi 3 n'ont mérité une mention sur le site web. Même la médiatiquement et syndicalement remarquée dénonciation de la loi spéciale pour le retour au travail des grévistes de la STM n'est pas affichée sur le site web du parti. On n'y trouve d'ailleurs aucun appui aux revendications syndicales de ces grévistes qui concernent le rattrapage de l'inflation, des horaires de travail pro-famille et surtout un refus dela privatisation du service d'autobus aux personnes handicapées sous prétexte de sauver des sous… aux dépens et au profit de qui et pour combien de temps, ce que le parti aurait dû dénoncer et expliquer. Pire, il en fut de même pour la dernière grève du Front commun pourtant une des plus importantes en Amérique du Nord ces dernières années, sauf une opportuniste séance de photos prétexte à une levée de fonds pour le parti alors que les enseignantes de la FAE en grève sans fonds de grève criaient famine.

La politique Solidaire n'est guère plus conséquente vis-à-vis la politique énergétique de la CAQ. Le parti s'oppose à la privatisation d'Hydro-Québec mais non à son projet pharaonique de croissance de 50% de la production électrique hydraulique et éolienne d'ici 2050, et la filière batterie qui en découle, tout à fait inutile dans une société de décroissance matérielle qui répudierait auto solo, bungalow et consommation de masse. Le site web du parti n'a rien à dire sur le tournant militaire de la politique économique de la CAQ et pas davantage pour dénoncer le tournant d'Hydro-Québec en faveur des énergivores centre de données qui créent très peu d'emplois. Le parti défend les droits des nations autochtones et inuit mais son nouveau porte-parole récuse leur droit à se séparer du Québec ce qui nie le noyau dur de leur droit à l'autodétermination.

Face aux engagements du maire de New-York, les priorités Solidaire piquent du nez

Défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs dans la conjoncture actuelle passe par la défense du coût de la vie et le droit au logement. Pour une population légèrement inférieure à celle du Québec (8.5 M versus 9.1M), le nouveau maire de New York s'est engagé à geler les loyers de deux millions de personnes vivant dans des « appartements à loyer stabilisé » et « utilisera les fonds publics pour tripler la production de logements abordables à long terme, construits par des syndicats et à loyer stabilisé dans la ville, en construisant 200 000 nouveaux logements au cours des dix prochaines années. » Dans ses « priorités » à la une de son site, Québec solidaire se contenterait d'« instaurer un registre des loyers et interdire les hausses abusives » et de lancer « un grand chantier pour que l'État construise rapidement des logements abordables, collectifs et sociaux ». Le parti ne parle plus de la revendication phare de la construction de 10 000 logements sociaux par année. Dernièrement, il réclamait une « taxe de 5 % sur tous les immeubles abandonnés ou vacants depuis plus d'un an » dont au moins 10 000 à Montréal. Pourquoi pas leur réquisition si on veut sérieusement régler la crise de l'itinérance ?

En ce qui concerne l'alimentation, le nouveau maire de New-York « créera un réseau de magasins d'alimentation appartenant à la ville, dont l'objectif sera de maintenir des prix bas et non de réaliser des bénéfices » pendant que Québec solidaire se satisfait d'« instaurer un programme universel d'alimentation scolaire. » Pendant que Zohran Mamdani, fort de la mobilisation de près de 100 000 volontaires durant sa campagne électorale, s'engage à « supprimer définitivement les tarifs dans tous les bus urbains et les rendre plus rapides en construisant rapidement des voies prioritaires », Québec solidaire ne réclame plus que la formule passe-partout d'« investir massivement en transport en commun » ayant oublié son engagement vers la gratuité de sa campagne électorale de 2018 où il avait connu un électoral grand bond en avant.

Pendant que les Solidaires s'engagent à « augmenter le salaire minimum à 20$ de l'heure », le maire de New York établira « une nouvelle loi locale visant à porter le salaire minimum à New York à 30 dollars de l'heure [42$ CDN] d'ici 2030. Par la suite, le salaire minimum augmentera automatiquement en fonction du coût de la vie et des gains de productivité. » Pendant que Québec solidaire est devenu très discret à propos des garderies, Zohran Mamdani « mettra en place un service de garde gratuit pour tous les New-Yorkais âgés de 6 semaines à 5 ans, garantissant ainsi des programmes de grande qualité pour toutes les familles. »

Pour financer ces engagements, « le plan fiscal de Zohran prévoit d'augmenter le taux d'imposition des sociétés pour l'aligner sur celui du New Jersey, soit 11,5 %, ce qui rapporterait 5 milliards de dollars. Il prévoit également d'imposer les 1 % des New-Yorkais les plus riches, ceux qui gagnent plus d'un million de dollars par an, à un taux forfaitaire de 2 % (à l'heure actuelle, les taux d'imposition sur le revenu de la ville sont pratiquement les mêmes, que vous gagniez 50 000 dollars ou 50 millions de dollars). » Quant aux Solidaires, leurs « priorités » restent silencieuses quant au financement. Est-ce la raison de la grande humilité de leurs revendications prioritaires ?

Québec solidaire va-t-il se doter d'une plateforme électorale à la Mamdani ?

Toutes ces fortes revendications du maire new-yorkais vont dans le sens d'une société redistributive du soin et du lien en transition vers un anticapitalisme matériellement décroissanciste. La revendication de la gratuité d'un transport en commun bonifié s'accompagne de restrictions à la circulation automobile mais sans engagement d'électrification, à terme renouvelable, de la flotte d'autobus. On aurait souhaité un programme de consommation d'énergie zéro des bâtiments existants bien qu'il soit normal que l'attention du maire se porte sur la protection de la population, en particulier non blanche, vis-à-vis les canicules pires à New York qu'à Montréal et les inondations ce que pour l'instant Montréal n'a pas à craindre.

On objectera qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. N'empêche, le maire est bien élu avec plus de 50% des suffrages et soutenu par une armée de volontaires encadrée par un quasi-parti militant, le Democratic Socialists of America (DSA) pendant que son ennemi juré, Trump, est sur la défensive. La faille de son armure est que DSA s'insère dans le parti Démocrate dont la direction veut le neutraliser en le cooptant comme elle l'a fait vis-à-vis Bernie Sanders et AOC dont la radicalité ne dépasse pas le discours. La clef pour réaliser ses engagements est le remobilisation de sa militance et au-delà. La tâche Solidaire est plus modeste mais non moins essentielle soit se donner une plateforme à la Mamdani ce qui lui donnera les moyens de rallier dans l'enthousiasme la génération Z et celles qui le sont restées de cœur.

C'est normalement ce à quoi convie formellement la direction Solidaire par suite d'une décision de son Conseil national :

Que le processus soit guidé par les balises suivantes :

1. Que la plateforme électorale de 2026 soit conçue comme un ensemble court et cohérent d'engagements électoraux. Qu'elle contienne de 5 à 6 enjeux électoraux au maximum ;
2. Que la plateforme électorale de 2026 soit le résultat d'une réflexion impliquant l'ensemble du parti et portant notamment sur le contexte politique, le positionnement du parti dans la conjoncture actuelle et les priorités qui devraient s'exprimer dans le contenu de la plateforme électorale de 2026 ;
3. Que le processus se fasse de façon démocratique, mobilisatrice et en impliquant l'ensemble des membres de Québec solidaire.

Reste aux membres à prendre l'initiative, à cesser de penser dans la boîte réaloréaliste qui conduit la nation québécoise à sa disparition, le peuple-travailleur à l'austoritarisme permanent et l'humanité à sa perte.

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Les angles morts du système public révélés par la loi 2

25 novembre, par Médecins québécois pour le régime public (MQRP) — , ,
Médecins québécois pour le régime public (MQRP) invite nos décideurs à se décoller des enjeux de rémunérations des médecins et à agir sur les facteurs, rapportés par nos (…)

Médecins québécois pour le régime public (MQRP) invite nos décideurs à se décoller des enjeux de rémunérations des médecins et à agir sur les facteurs, rapportés par nos collègues dans les dernières semaines, qui nuisent à l'accessibilité aux soins et affectent la population directement. Voici ce que nous proposons pour augmenter rapidement et efficacement la couverture des soins via notre réseau public.

Problème 1. Les listes d'attentes pour les chirurgies s'allongent, mais les chirurgiens ne sont pas capables d'opérer, faute de temps opératoire, alors que plusieurs salles restent vides.

Solution : Payer tout le temps supplémentaire en salle opératoire nécessaire pour que les chirurgies aient lieux de façon intensives jusqu'à la résolution des listes d'attente

Si l'on souhaite tendre vers la cible de 97% de chirurgies moins de 12 mois (1), nous ne pouvons nous permettre d'utiliser nos blocs opératoires à 66% (2). Il n'est ni humain, ni économique (3), de faire poireauter les patients sur la liste d'attente pendant plus d'un an et de les envoyer au privé par la suite (4), pour qu'ils obtiennent au final des soins de moindre qualité (5).

Problème 2. Dans le système actuel, les médecins de famille peuvent difficilement offrir davantage de rendez-vous (6). Or, le temps des médecins est souvent « mal » utilisé.

Solution : Embauche et ouverture de plages couvertes par le réseau public de
physiothérapie, ergothérapie et psychothérapie, par exemple dans les CLSC

Si l'on souhaite tendre vers une couverture totale de la population en première ligne en gardant le modèle GMF (7), il est essentiel de dégager du temps aux MD. Alors que le gouvernement a ciblé les tâches non-médicales (ex. formulaires assurances) ()8), il y aurait beaucoup plus de gains à diriger les patients vers des professionnels qui sont mieux placés pour offrir les soins (ex. physiothérapeute pour du musculosquelettique ou thérapeutes en santé mentale, augmenter le nombre d'infirmières et infirmières auxiliaires en première ligne et s'assurer que toutes puissent travailler à la hauteur de leurs compétences), au lieu de sabrer dans ces dépenses (9).

Problème 3. Les patients en attente de transfert (dit « NSA ») occupent des lits, accaparent des ressources hospitalières, ralentissent l'accès aux soins à l'urgence et coûtent cher au système (10)

Solution : Financer les soins à domicile et les places en soins longue durée
Si l'on souhaite tendre vers moins de 4h en ambulatoire et 14h sur civière à l'urgence (11), il est impératif de réserver les lits aux étages à ceux qui en ont médicalement besoin. Il faut revoir le modèle actuel (ex. Maison des aînés) qui ne saura répondre au vieillissement de la population (12).

Problème 4. Le modèle des GMF est vulnérable aux changements dans la rémunération des médecins, surtout chez ceux à but lucratif.

Solution : Interdire les modèles de GMF à but lucratif et assurer aux autres GMF un financement récurrent et des ressources adéquates, hors rémunération médicale

Plusieurs GMF et cliniques ont annoncé leur décision de fermer leurs portes dans les prochains mois, à la mise en vigueur du PL2 (13), s'ajoutant aux multiples fermetures de GMF ayant abruptement laissé des milliers de patients sans suivi dans les dernières années (14) (15) (16)
.

Rédaction
Dr Xavier Gauvreau, vice-président et Dre Isabelle Leblanc, présidente,
au nom du conseil d'administration de Médecins québécois pour un régime public (MQRP).

Références

1. Annexe 1, chapitre 1, Objectif national 6A dans Ministère de la justice du Québec, Projet de loi n° 2, Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à assurer la continuité de la prestation de ces services, présenté le 24 octobre 2025 à l'Assemblée nationale, Québec.
https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-2-43-2.html

2. Gentile, D., & Boily, D. (11 juin 2025). Chirurgies : Santé Québec veut réduire les délais d'ici 2027. Radio.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2171029/chirurgies-attente-liste-hopitaux-orthopedie-caq

3. Cousineau, M.-E. (13 avril 2021). Les Cliniques privées gonflent leur marge de profit avec la Pandémie. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/actualites/sante/598697/sante-plus-de-profits-pour-les-cliniques-privees

4. Gentile, D., & Boily, D. (15 octobre 2025). Chirurgies : Québec veut diriger au privé après un an. Radio.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2199958/chirurgies-patients-prive-attente-dube

5. Goodair, B. & Reeves, A. The effect of health-care privatisation on the quality of care. Lancet Public Health 9, e199–e206 (2024). https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(24)00003-3/fulltext

6. Desautels, K. (28 octobre 2025). Les médecins de famille travaillent assez, montrent des données. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/actualites/sante/928743/medecins-famille-travaillent-assez-montrent-donnees

7. Chapitre I : Prise en charge de la population, dans Op. cit, Ministère de la justice

8. Desautels, K. (11 novembre 2025). Paperasse des Médecins : De Nouvelles Mesures pourraient libérer 310 000 rendez-vous. La Presse.
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2025-11-11/paperasse-des-medecins/de-nouvelles-mesures-pourraient-liberer-310-000-rendez-vous.php

9. Levesques, F. (15 janvier 2025) Compressions de 1,5 milliard : « Une mission difficile, mais pas impossible » , assure Dubé, La Presse.
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2025-01-15/compressions-de-1-5-milliard/une-mission-difficile-mais-pas-i

10. Archambault, H. (11 novembre 2025). Coincés à l'hôpital depuis des mois, des patients ont coûté plus d'un demi-million$, Journal de Montréal,
https://www.journaldemontreal.com/2025/10/30/coinces-a-lhopital-depuis-des-mois-des-patients-ont-coute-plus-dun-demi-million

11. Annexe 1, chapitre 1, Objectif national 2 dans Op. cit, Ministère de la justice

12. Deloitte. (25 mars 2021). Canada's elder care crisis : Addressing the double demand - CMA digital library -Canadian Medical Association (CMA). https://digitallibrary.cma.ca/link/digitallibrary53

13. Poirier, Y. (17 septembre 2024.). Une importante clinique médicale pour personnes vulnérables Pourrait fermer ses Portes à Montréal | TVA Nouvelles.
https://www.tvanouvelles.ca/2024/09/17/une-importante-clinique-medicale-pour-personnes-vulnerables-pourrait-fermer-ses-portes-a-montreal

14. Malboeuf, M. et Joncas, H. (14 décembre 2024) Groupe Elna Médical : En dif iculté, Le réseau de cliniques commence à licencier. La Presse.
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2024-12-14/groupe-elna-medical/en-difficulte-le-reseau-de-cliniques-commence-a-licencier.php

15. Gentile, D., & Boily, D (27 janvier 2024). 300 000 patients inquiets du sort d'un groupe privé en Santé.
Radio-Can. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2044892/patients-clinique-prive-sante-faillite-quebec

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Suppression du PEQ : « Ils sont en train de jouer avec nos vies »

25 novembre, par Charline Caro — , ,
« Le gouvernement de Québec est venu chez nous au Brésil et nous a dit « On a besoin de vous », se remémore Sergio, debout sur un banc, micro à la main. « J'ai commencé à (…)

« Le gouvernement de Québec est venu chez nous au Brésil et nous a dit « On a besoin de vous », se remémore Sergio, debout sur un banc, micro à la main. « J'ai commencé à étudier le français, j'ai fait une maîtrise, j'ai fait le tour du Québec pour travailler, j'ai envoyé mes enfants à l'école », raconte le père de famille. « Mais aujourd'hui, après tout ce qu'on a donné, le gouvernement nous dit de rentrer chez nous ? », s'indigne-t-il, accompagné du grondement de la foule.

19 novembre 2025 | tiré du journal des Alternatives | Photo : Des manifestants défilent sur le boulevard Saint Laurent contre la suppression du PEQ - Charline Caro

Lundi dernier à midi, plusieurs centaines de personnes se sont réunies place de la Paix, devant le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, à Montréal. Ces personnes migrantes et leurs soutiens sont venus protester contre l'abolition du Programme de l'expérience québécoise (PEQ), annoncée la semaine dernière par le gouvernement provincial.

Une partie de la manifestation sur la Place de la Paix – toutes les photos sont de l'autrice, Charline Caro, pour le Journal

Une décision brutale

Ce programme permettait à toutes les personnes immigrantes qui répondaient aux exigences d'obtenir presque automatiquement un Certificat de sélection du Québec (CSQ), en vue d'obtenir la résidence permanente. Avec un diplôme québécois et/ou deux années de travail à temps plein, ainsi qu'une bonne connaissance du français, ces personnes demanderesses pouvaient s'établir au Québec de manière permanente.

« On est venus pour avoir le PEQ, c'était ça la promesse », poursuit Sergio, sur un ton amer. Comme lui, des milliers de personnes nouvellement arrivées ont quitté leur pays pour la Belle Province en sachant qu'un programme leur permettrait d'obtenir un visa permanent après quelques années d'études ou de travail.

La semaine dernière, le gouvernement Legault a annoncé la suppression définitive du PEQ. Cette décision intervient alors que le pouvoir provincial veut réduire les seuils d'immigration de 45 000 cette année à 60 000 pour la suivante.

« Ils ont changé les règles en cours de jeu », dénonce Thibault Camara, membre de l'organisme Le Québec c'est nous aussi, qui organise la manifestation. « On avait des projets, des rêves au Québec. Tout s'écroule à cause d'une décision d'un ministère », poursuit-il.

Le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) devient l'unique porte d'entrée pour les immigrant.es économiques au Québec. C'est une voie qui présente plus d'obstacles, et aucune garantie. Celles et ceux en demande sont sélectionné.es selon un ensemble de critères comme leur secteur d'activité, leur expérience professionnelle, leur scolarité ou leur situation géographique. Certaines conditions ont, de plus, été durcies par la nouvelle réforme. Le fait d'habiter à Montréal constitue par exemple un gros désavantage, alors que le gouvernement veut régionaliser l'immigration.

« Ce qu'on leur dit, c'est que si votre permis de travail expire dans trois, quatre ou six mois, il faut partir ailleurs », estime Yamanda Bouchaala, membre de l'équipe organisatrice de la manifestation, qui témoigne en entrevue du « choc » provoqué par l'abolition du PEQ dans la communauté immigrante : « On a des centaines de témoignages de familles et d'étudiant.es qui sont dans le flou total. »

Une vie investie au Québec

« J'ai vendu tout ce que j'avais », raconte Géraldine, qui prend la parole au micro de la manifestation. Cette mère de famille a quitté la France il y a deux ans, après que du personnel du ministère de l'immigration québécois soit venu la recruter pour combler le manque de main-d'œuvre dans la province.

L'infirmière a tout quitté avec son mari et ses deux enfants, pour « s'intégrer, travailler et tisser des liens au Québec ». Avec la suppression du PEQ, c'est tout son « avenir qui s'écroule ». « On va devoir rentrer, après tout les sacrifices qu'on a faits ? », interroge-t-elle sans y croire.

Les personnes immigrantes ont « tout investi au Québec, du temps, de l'argent, tout », rappelle Yamanda Bouchaala. « On abandonne des personnes qui font déjà partie du système », dénonce-t-elle.

Au milieu de la foule, Neba brandit une pancarte sur laquelle il est écrit « Respectez vos engagements ». Cette jeune marocaine est venue étudier au Québec en dessin industriel, avec le projet de s'établir ici. Chaque session d'étude lui coûte 12 000 $, le tarif réservé à la plupart des étudiant.es de l'international. « Tout ça pour qu'au final on nous dise de rentrer chez nous », regrette l'étudiante. « Aujourd'hui, c'est comme si j'avais reçu un couteau dans le dos ».

Des soutiens politiques

Après les témoignages, c'est au tour des soutiens de se succéder au micro devant la manifestation. André Albert Morin et Guillaume Cliche-Rivard, respectivement députés pour le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS), prennent notamment la parole pour dénoncer la décision du gouvernement caquiste.

« On ne peut pas changer les règles du jeu en plein match », fustige le député libéral, rappelant que les personnes immigrantes étaient considérées comme des « anges gardiens » pendant la pandémie.

Son homologue de QS estime quant à lui que le gouvernement Legault a « trahi » ceux et celles qui arrivent , alors même que c'est une « plus-value extraordinaire pour le Québec ». Le député promet de se battre à l'Assemblée nationale pour le retour du PEQ, avant que le public s'exclame : « Merci ! Merci ! Merci ! ».

Une transition avant l'abolition

« Aujourd'hui, nous demandons une seule chose : le respect d'une promesse », avance Thibault Camara. Le mouvement citoyen réclame au gouvernement d'instaurer une clause grand-père, qui permettrait aux personnes déjà installées au Québec de bénéficier du PEQ avant son abolition définitive.

Avant d'inviter les manifestant.es à défiler sur le boulevard Saint Laurent, l'organisateur fait un rappel : « L'immigration, ce n'est pas juste des numéros dans un fichier Excel. Ce sont des vies. »

Toutes les photos sont de l'autrice, Charline Caro, pour le Journal.

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Quand la Constitution québécoise ignore les peuples autochtones

25 novembre, par Karine Millaire — , ,
La Coalition avenir Québec (CAQ) projette non seulement d'imposer une Constitution du Québec aux Premières Nations et Inuit, mais en plus le projet de loi s'inscrit en (…)

La Coalition avenir Québec (CAQ) projette non seulement d'imposer une Constitution du Québec aux Premières Nations et Inuit, mais en plus le projet de loi s'inscrit en contradiction avec les droits des Autochtones garantis par la Constitution canadienne. Adopter une telle approche en 2025 ignore des droits constitutionnels bien reconnus, reproduit la vieille approche coloniale et constitue une grave erreur juridique comme historique.

Karine Millaire est professeure adjointe en droit constitutionnel et autochtone, Université de Montréal. Karine Millaire est Présidente bénévole de Projets Autochtones du Québec, une organisation assurant des services d'hébergement et d'autonomisation aux personnes autochtones en situation de précarité à Tiohtià:ke (Montréal). À titre de professeure universitaire, elle reçoit du financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

27 octobre 2025 | tiré de la lettre The Conversation | Photo : Le drapeau du Québec flotte au sommet de la tour principale de l'Assemblée nationale
https://theconversation.com/quand-la-constitution-quebecoise-ignore-les-peuples-autochtones-268329

Il y a plus de 40 ans, on enchâssait dans la Constitution canadienne l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Cette disposition garantit les droits des peuples autochtones issus de traités et leurs droits ancestraux. Le projet de Constitution de la CAQ en fait complètement fi. Aucune disposition du projet de loi déposé ne traite des droits constitutionnels autochtones. Plus encore, les quelques mentions des Premières Nations et Inuit au préambule du projet de loi 1, Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, sont de nature à minimiser des droits pourtant clairement reconnus.

On y mentionne en effet les Autochtones pour affirmer qu'ils « existe[nt] au sein du Québec ». On ne reconnaît pas qu'il s'agit de « peuples », contrairement à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007, mais plutôt de simples « descendants des premiers habitants du pays ». On désigne même nos nations sous des appellations coloniales francisées, rappelant le processus d'effacement des noms de nos ancêtres.

Le projet de loi affirme l'« intégrité territoriale » ainsi que la « souveraineté » culturelle et parlementaire du Québec. Les Autochtones ne pourraient selon ce projet de Constitution que « maintenir et développer leur langue et leur culture d'origine ». Autrement dit, les droits territoriaux et de gouvernance garantis en vertu de l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 sont complètement ignorés, voire niés.

L'imposition coloniale des « droits collectifs » de la « nation québécoise » sur les droits collectifs et fondamentaux des peuples autochtones est également affirmée par des dispositions d'interprétation spécifiques. Alors que les droits des Premières Nations et Inuits sont réduits, on précise que ceux de la nation québécoise « s'interprètent de manière extensive ».

De plus, on propose la création d'un Conseil constitutionnel ayant pour mandat d'interpréter la Constitution du Québec. Or, les facteurs explicitement précisés dont devrait tenir compte ce Conseil ne portent que sur les droits et « caractéristiques fondamentales du Québec », son « patrimoine commun », son « intégrité territoriale », ses « revendications historiques », son « autonomie » et son « économie ». Pas une seule mention ici de l'existence des peuples autochtones ou de leurs droits.

Les Wendat, Kanien'keháka (Mohawk), Attikamekw, Anishinaabe, Cris (Eeyou Istchee), Abénakis, Mi'kmaq, Innus, Naskapis, Wolastoqiyik et Inuit n'existent pas sur un territoire « appartenant » au Québec. C'est le Québec qui existe sur les territoires dont ces nations sont les gardiennes et pour lesquels nous avons une responsabilité commune. Nos droits ne sauraient être effacés à nouveau en 2025 par ce projet de Constitution du Québec.

La Cour suprême et les tribunaux du Québec comme d'ailleurs au pays reconnaissent de façon constante que les peuples autochtones ont une souveraineté préexistante à celle imposée historiquement par la Couronne, c'est-à-dire une souveraineté qui existait bien avant les débats sur l'autonomie du Québec au Canada. Cette souveraineté existe toujours et doit être réconciliée avec celle de l'État dans un esprit de « justice réconciliatrice ».

Il en découle des droits concrets en matière de consultation, de consentement, d'autonomie gouvernementale. Aucune dérogation à ces droits n'est possible, contrairement aux droits et libertés visés par la clause dérogatoire de l'article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Or, la CAQ souhaite mettre à l'abri de contestations constitutionnelles toute disposition législative qui « protège la nation québécoise ainsi que l'autonomie constitutionnelle et les caractéristiques fondamentales du Québec » en interdisant toute contestation judiciaire d'un organisme qui utiliserait pour ce faire des fonds publics du Québec. Fort nombreuses sont les organisations qui reçoivent des fonds publics, incluant celles ayant justement la mission publique de protéger la société contre les actions illégales ou délétères de l'État. Il s'agit d'un des fondements de l'État de droit.

Du point de vue autochtone, cette interdiction rappelle l'époque coloniale où il était interdit aux Premières Nations de contester les actions illégales de l'État qui avaient pour but de les déposséder de leurs terres, de nier leurs droits et de les assimiler. Cette mesure a participé au génocide des peuples autochtones au Canada.

Ce projet de Constitution du Québec s'ajoute à plusieurs autres atteintes claires aux droits autochtones. Pensons à la contestation de Québec de la loi fédérale reconnaissant le droit inhérent des peuples autochtones de mettre en place leurs propres politiques familiales et de protection de la jeunesse. La Cour suprême lui a donné tort et a confirmé la constitutionnalité de la loi fédérale.

La CAQ a aussi refusé d'exclure les étudiants autochtones des règles de renforcement de la Charte de la langue française (projet de loi 96), alors que les langues autochtones ne menacent pas le français. Cette décision accroît les obstacles aux études supérieures et limite les droits de gouvernance en éducation des peuples autochtones. La contestation de la constitutionnalité de la loi québécoise est en cours.

Enfin, pensons au récent projet de loi 97 visant à réformer le régime forestier, lequel avait été sévèrement critiqué. Celui-ci proposait un retour en arrière et rappelait l'approche préconisée au début de la colonisation du territoire, alors que l'industrie jouait un rôle accru en matière de gouvernance du territoire. Le projet de loi a finalement été abandonné fin septembre, mais il aura fallu que les peuples autochtones se battent à nouveau pour faire respecter leurs droits.

Moderniser la Constitution du Québec pour respecter les droits des Autochtones

Le contexte n'est plus le même qu'à la fondation du pays en 1867 ou lors des discussions des années 1980 ayant précédé le rapatriement de la Constitution. En 2025, il ne serait ni légal, ni légitime, d'adopter une Constitution du Québec ignorant les droits des Autochtones.

Une Constitution québécoise doit minimalement reconnaître les mêmes droits ancestraux et issus de traités que ceux protégés par la Constitution canadienne et les décisions des tribunaux en la matière. Cela inclut des droits de gouvernance notamment quant au territoire.

De plus, la Charte des droits et libertés de la personne est silencieuse sur les droits autochtones. L'article 10 garantissant le droit à l'égalité devrait être modifié pour indiquer que l'identité et le statut autochtone sont des motifs de discrimination spécifiquement prohibés au Québec. Cette Charte devrait également reconnaître expressément le droit à la sécurité culturelle afin que toute personne autochtone ait accès aux services publics de façon équitable. Ces changements permettraient qu'un mandat conséquent soit donné à la Commission des droits de la personne pour agir afin d'enrayer cette discrimination.

Le Québec doit également mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le Canada fait partie de nombreux pays qui se sont engagés à le faire et nos tribunaux ont commencé à s'y référer. La Déclaration exige de construire avec les peuples autochtones les politiques qui touchent à leurs droits, de respecter leur consentement et leur autonomie ainsi que le droit d'avoir accès aux services publics sans discrimination, à l'instar du Principe de Joyce.

Le projet de Constitution de la CAQ ne correspond en rien à ce qu'un véritable processus constituant doit faire. Ni les Québécois ni les peuples autochtones ne participent à cette démarche. Une Constitution devrait être pensée pour au moins les sept prochaines générations, comme nous l'enseignent les Aînés, et non en vue de la prochaine élection.

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