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Climat contre capital : quelles issues possibles ?
Le combat qui oppose le climat au capital implique une tension structurelle inégale entre deux parties engagées. D'un côté, l'effondrement climatique, dont les effets ne sont plus à venir mais se sentent déjà — canicules, inondations, déplacements massifs à l'échelle mondiale, pertes irréversibles — impose l'urgence d'agir. De l'autre, un système économique fondé sur l'accumulation, l'extractivisme, la marchandisation du vivant et l'illusion d'une croissance finie sur une planète finie, continue d'être nourri par les plus grands détenteurs de ressources. Les rapports scientifiques le confirment : limiter la crise climatique suppose de rompre avec les logiques du capital, soit les mêmes logiques qui structurent les politiques dominantes.
Introduction et présentation des intervenantes
Bonsoir, merci beaucoup Violette, merci tout le monde d'être avec nous ce soir, et merci à nos panélistes. Bienvenue !
Je suis vraiment ravie d'avoir l'occasion d'animer cette grande conférence sous le thème « Climat contre capital : quelles issues possibles ? », en compagnie de nos trois merveilleuses panélistes, que je vais vous présenter dans un instant.
Avant de commencer, peut-être dire deux mots sur la thématique de la conférence. Le combat qui oppose le capital au climat, c'est le fruit d'une tension qui est vraiment structurelle. Et c'est aussi un combat qui ne se déroule pas à armes égales, hein — c'est une évidence.
D'un côté, on voit déjà tous les signes de l'effondrement climatique : que ce soit des épisodes de chaleur extrême, des inondations, des déplacements massifs de population, l'effondrement de la biodiversité... des pertes qui sont incommensurables et irréversibles. Au moment où on se parle, déjà, la saison des feux de forêt a débuté en force partout au Canada. Il y a déjà des milliers de personnes qui ont été appelées à évacuer leur lieu de résidence et leur collectivité dans les Prairies canadiennes. Et évidemment, ce n'est qu'un exemple.
De l'autre côté, on voit un système économique qui est toujours fondé sur l'accumulation, les logiques extractives, la marchandisation du vivant, et bien sûr, le fantasme d'une croissance infinie — sur une planète qui est, bien évidemment, finie.
Toutes les données scientifiques l'indiquent : pour limiter la crise climatique, il va falloir absolument prendre de front la contradiction entre les logiques capitalistes et les changements climatiques. Cela crée donc le lieu d'un affrontement politique, évidemment. Et on doit poser des questions cruciales, que nous avons lancées ce soir à nos panélistes :
Qui décide ? Qu'est-ce qu'on doit changer ? Qui va porter le coût de l'adaptation ? Qui porte, de manière disproportionnée, le coût de la perte actuellement ? Quels sont les récits qui parviennent — ou ne parviennent pas — à s'imposer sur la crise climatique ?
Évidemment, les alternatives se pensent déjà, se construisent déjà : autant dans les luttes paysannes, les résistances autochtones, que les appels à la décroissance. Il y a plusieurs formes de réappropriation collective des ressources qui existent.
Et avec moi, j'ai des panélistes pour réfléchir à tout cela.
Tout d'abord, à ma droite, il y a Élisabeth Germain. Bienvenue Élisabeth, merci beaucoup d'être avec nous. Élisabeth est sociologue, chercheuse et travailleuse communautaire avec divers groupes de femmes et de lutte à la pauvreté. Son regard sur le monde a été particulièrement forgé par son expérience de coopération en Afrique de l'Ouest, où elle s'est intéressée notamment aux enjeux en lien avec les inégalités de genre et le développement.
Aujourd'hui, elle milite au sein d'un parti politique de gauche, auprès d'un comité de femmes immigrantes, du comité Femmes et écologie d'un regroupement régional de femmes, ainsi qu'avec la Fédération des femmes du Québec. Merci beaucoup Élisabeth d'être avec nous.
Ensuite, Joëlle Zask, qui est donc au milieu, à la droite d'Élisabeth. Elle est héritière de la philosophie pragmatiste et enseigne au département de philosophie de l'université d'Aix-Marseille. À partir de champs disciplinaires et d'expériences variées — surtout les arts visuels et l'urbanisme — ses recherches portent sur les caractéristiques et les conditions d'une culture démocratique.
Dans ses derniers travaux, elle a réfléchi aux relations entre écologie et autogouvernement démocratique. Elle est aussi l'autrice de plusieurs ouvrages : Quand la forêt brûle (2019), Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville (2020), Écologie et démocratie (2022), et son dernier ouvrage s'intitule Admirer. Éloge d'un sentiment qui nous fait grandir. Bienvenue Joëlle, merci beaucoup d'être avec nous.
Et enfin, Alyssa Battistoni, politologue et professeure adjointe de sciences politiques au Barnard College, à New York. Ses travaux et son enseignement portent notamment sur les politiques climatiques et environnementales, le capitalisme, le marxisme et le féminisme.
Elle est coautrice de l'ouvrage A Planet to Win : Why We Need a Green New Deal (2019), et de Free Gifts : Capitalism and the Politics of Nature, qui paraîtra au mois d'août chez Princeton University Press. Merci beaucoup Alyssa d'être avec nous.
Alors, je vais passer la parole à nos panélistes, qui vont tour à tour vous faire une présentation d'une vingtaine de minutes. Ensuite, vous aurez sans doute l'occasion de réagir aux présentations les unes des autres. On avait convenu d'un déroulement en commençant peut-être par Alyssa…
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Bâtir nos solidarités contre les violences islamophobes
Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2025
Chronique Le monde de Québec
Bâtir nos solidarités contre les violences islamophobes
Maryam Bessiri, Hassina Bourihane, Mélina Chasles, Sophie Marois, membres du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés - section de Québec [caption id="attachment_21653" align="alignright" width="304"]
Des violences interreliées, nourries par des idéologies communes
Ces attaques ont souvent été qualifiées d’« actes isolés » commis par des « loups solitaires », et même qui ne relèveraient d’aucune idéologie particulière. Or, les assaillants revendiquent eux- mêmes des filiations. L’auteur de l’attentat de London citait celui qui s’est attaqué en 2019 à deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, comme principale « source d’inspiration ». Ce dernier avait à son tour glorifié l’assaillant de la Grande mosquée de Québec, allant jusqu’à écrire son nom, avec ceux d’autres tueurs de masse, sur l’une des armes utilisées pour commettre l’attentat1 . Ces liens, fièrement assumés, ne sont pas anecdotiques : ils relèvent d’une vision du monde2 et d’un réseau numérique transnational3 fondés sur le suprémacisme blanc, l’islamophobie et les conspirations du « grand remplacement ». Ces idéologies conçoivent l’immigration, la diversité ethnoculturelle et le féminisme comme des menaces existentielles à l’établissement d’une « nation pure », désignée comme la « nation blanche ». Les procès des attentats de London et de Québec ont d’ailleurs révélé que leurs auteurs avaient envisagé d’autres cibles, notamment des cliniques d’avortement et des groupes féministes. Ces faits témoignent d’un noyau idéologique, bien documenté par la recherche, selon lequel contrôler qui « appartient » à la nation implique aussi de contrôler les corps, les rapports de genre et les sexualités4.Des fractures profondes
Les témoignages des proches des victimes nous rappellent que la violence islamophobe ne surgit pas au hasard, mais s’enracine dans des inégalités profondes. Comme l’a exprimé Tabinda Bukhari — mère, belle-mère et grand-mère des victimes de London — au terme du procès :« La désignation de terrorisme reconnaît la haine qui a alimenté le feu, la laideur qui a coûté la vie à Talat, Salman, Madiha et Yumnah. Mais cette haine n’existait pas dans le vide. Elle a prospéré dans les chuchotements, les préjugés, la peur normalisée de l’autre… Cette haine cachée sous nos yeux [hidden in plain sight] a été normalisée par la croyance non contestée qu’il existerait une hiérarchie raciale au Canada. Ce procès ne concernait pas qu’un seul acte. C’était un rappel brutal des lignes de fracture profondément ancrées dans notre société5».
Affronter cette haine implique de reconnaître que le racisme est systémique et ancré dans les histoires coloniales québécoise et canadienne, et qu’il persiste aujourd’hui dans les discours publics, les politiques migratoires, les lois discriminatoires et les violences du quotidien. La banalisation des expériences d’islamophobie, ou encore la législation interdisant les signes religieux dans l’exercice de certaines professions — affectant frontalement les femmes musulmanes — participent de cette dynamique et l’institutionnalisent.La force des solidarités
Nos solidarités constituent un rempart essentiel contre ces exclusions et ces violences. Dès le lendemain du 29 janvier 2017, des milliers de résident-e-s de la Ville de Québec ont encerclé la Grande mosquée dans un élan de solidarité avec les victimes et la communauté musulmane. Des rassemblements semblables se sont tenus dans de nombreuses autres villes à travers le pays, et le monde. Depuis, le comité citoyen 29 janvier, je me souviens organise des commémorations annuelles de l’attentat avec le Centre culturel islamique de Québec.Affronter cette haine implique de reconnaître que le racisme est systémique et ancré dans les histoires coloniales québécoise et canadienne, et qu’il persiste aujourd’hui dans les discours publics, les politiques migratoires, les lois discriminatoires et les violences du quotidien.À London, des ami-e-s de la plus jeune victime, Yumnah Afzaal, ont fondé la Youth Coalition Combating Islamophobia (YCCI). Cette association menée par des jeunes crée des ressources éducatives, organise des vigiles et développe des projets artistiques sous la bannière Take Initiative, End Islamophobia6. [caption id="attachment_21657" align="alignleft" width="339"]

- Documentaire Attentat à la mosquée, un devoir de mémoire, réalisé par Catherine En ligne : https://ici.tou.tv/attentat-a-la-mosquee-un-devoir-de-memoire
- Mark Davis, Violence as method : the “white replacement”, “white genocide”, and “Eurabia” conspiracy theories and the biopolitics of networked Ethnic and Racial Studies, 2024.
- Voir, par exemple: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1766695/twitter-neonazi-alexandre-bissonnette-attaque-mosquee-quebec
- Voir, par exemple: https://lemonde.fr/idees/article/2025/03/27/entre-racisme-et-masculinisme-des-liaisons-ordinaires_6586717_3232.html
- En ligne : https://ici.radio-canada.ca/rci/en/news/2051263/nathaniel-veltman-afzal-family-ruling-terrorism-islamophobia
- En ligne : https://ycci.ca
- En ligne : https://london.ca/living-london/anti-racism-anti-oppression
- En ligne : https://lfpress.com/news/local-news/on-afzaal-attack-anniversary-school-board-set-to-unveil-anti-islamophobia-plan
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Contrat de service – Permanence à la revue À bâbord !
La revue sociale et politique À bâbord ! est à la recherche d'une personne pour assurer la permanence de la revue. Revue autonome et indépendante, la revue À bâbord ! est réalisée par des membres bénévoles depuis 2003. Le rôle de la personne permanente est central pour assurer les publications. Cette personne devra effectuer les tâches suivantes, notamment.
Survol du poste
- • Assurer le suivi hebdomadaire des deux boîtes courriel (info + achats/pubs).
- • Relayer les propositions d'articles au secrétaire de rédaction.
- • Relayer les demandes ou les problèmes d'abonnements à la SODEP.
- • Relayer les questions spécifiques au collectif ou au comité de coordination.
- • Assurer le suivi avec l'imprimeur, et ce, toute l'année, en collaboration avec la personne secrétaire de rédaction.
- • Assurer le suivi avec la SODEP (ex. : remplir les sondages, faire les demandes pour le Printemps des revues) en collaboration avec le ou la responsable des abonnements.
- • Rassembler les nouvelles pubs (en relançant chaque syndicat qui a un contrat avec nous) pour le numéro 105 et les suivants, en collaboration avec le comité dédié aux annonces publicitaires et la personne secrétaire de rédaction.
- • Renouveler les contrats de vente d'espaces publicitaires et les achats groupés après le numéro 105 et les suivants.
- • Vendre des espaces publicitaires à l'aide d'un nouveau kit médias (à créer : 2025-2026).
- • Transférer toutes les publicités à l'infographiste et au secrétaire de rédaction avant chaque date de tombée.
- • Produire toutes les factures publicitaires.
- • Produire des factures et faire le suivi des ventes et invendus auprès des librairies indépendantes deux fois par année.
- • Coordonner l'ajout de chaque numéro aux plateformes de vente des Libraires et de la SODEP.
Compétences requises et atouts
- • Bonnes capacités de communication et de rédaction en français.
- • Familiarité avec les outils de gestion et de suivi des boites courriels.
- • Aptitude à travailler en équipe et de manière autonome.
- • Connaissance des milieux syndicaux et militants québécois (atout).
- • Expérience ou connaissance en édition (atout).
- • Expérience de mise en marché (atout).
Conditions de travail
- • Il s'agit d'un contrat de service d'une moyenne de 40 heures par numéro (quatre numéros par année), mais les heures sont réparties en fonction des besoins.
- • La rémunération est de 20,00 $ de l'heure.
- • Toutes les données d'À bâbord ! devront être versées sur le serveur Nextcloud À Bâbord ! financé par la revue, et ce, dès la conclusion du contrat de services pour la personne assurant la permanence de la revue.
- • Le contrat sera renouvelable annuellement en juin), après entente entre les parties, et ce, notamment, si la situation financière de la revue le permet.
- • Le travail se réalise au domicile de la personne.
- • L'entrée en poste est prévue pour juin 2025.
Procédure pour postuler
Les personnes intéressées sont priées d'envoyer leur CV accompagné d'une lettre de motivation avant le 12 juin à 17 h à l'adresse suivante : candidature@ababord.org.
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Gaza : terrifiant et déchirant miroir !

Gaza, juin 2025 : alors que dans les grands médias du monde occidental, on s'écharpe en toute hypocrisie sur le sens des mots, pour savoir si l'on doit ou non oser prononcer le mot de "génocide", le témoignage de l'historien Jean-Pierre Filiu(1) , ayant vécu un mois à Gaza dans un camp de réfugiés, vient nous ramener à l'essentiel. Il nous rappelle " l'inhumanité absolue" à laquelle ont été réduits sous nos yeux près de 2 millions d'êtres humains et sur laquelle tant de nos dirigeants se contentent de fermer les yeux, Canada et Québec compris. Au nom de sordides intérêts militaires et économiques ? Ou alors par frilosité, lâcheté, complicité, peur panique d'indisposer les puissants de l'heure, allez donc savoir ?
C'est le remarquable : que cet historien ait eu le courage de vivre, puis de nous dévoiler un pan de cette horreur indescriptible, tout en y parvenant avec à la fois sobriété et précision, sans jamais perdre sang froid et rigueur !
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : voilà un peuple —le peuple palestinien de Gaza— pris en souricière depuis plus de 600 jours dans une prison à ciel ouvert, retenu de force sur un territoire grand comme l'ile de Montréal, lui-même ravagé périodiquement par des drones et des bombardements touchant sans égards civils, femmes et enfants et n'épargnant, ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les universités, ni les centres d'aide humanitaire, tout en ne laissant au fil des jours que destructions et montagnes de gravas s'élever jusqu'au ciel. Plus de 51 000 morts officiellement répertoriés (mais combien enfouis sous les décombres ?), et parmi eux plus de 16 000 enfants, sans compter le cortège des 100 000 autres blessés, handicapés ou mutilés qui survivent dans ce champ de ruines en ne disposant de presque rien.
Partout nous rappelle Jean-Pierre Filiu, c'est une "tragédie au sens absolu du terme", "une situation de détresse, de vulnérabilité totale". À Gaza, raconte-t-il « les rues n'existent plus », les champs et les cultures ont disparu, et "ce qu'on croit être des collines, ne sont que des amoncellements de ruines". Au sud de Gaza, au bord de la méditerranée, là où parmi les dunes et sur les plages ont échoué près d'un million de personnes, on ne voit qu'une mer de tentes de plastique qui ne protègent les gens ni du froid, ni des pluies violentes, ni bien sûr des bombes ou des drones. Le tout, pendant que la famine est utilisée comme arme de guerre et que l'aide humanitaire est dispensée –à l'encontre de toutes les recommandations de l'ONU— au compte gouttes par des agences privées sous contrôle militaire.
Et que l'on ne nous rappelle pas ici, en guise de justification implacable, les 1200 israéliens assassinés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas, comme si le conflit israélo-palestinien n'avait commencé que ce jour-là et que les dirigeants sionistes israéliens n'avaient pas eu aussi une écrasante part de responsabilité dans cette affaire !
C'est là le plus déchirant, et ce n'est sans doute que les poètes qui peuvent nous le faire ressentir : cet effet miroir que produit aussi en nous l'enfer de Gaza, tant il nous relie malgré tout à l'histoire et nous renvoie au drame de la Shoa ainsi qu'à à la naissance de l'État d'Israël, constitué en 1948 sous la caution coloniale des Européens, pour —croyait-on— s'en prémunir à tout jamais.
En cela, l'enfer de Gaza est peut-être le miroir de nos drames, le symbole des échecs de notre époque, l'occasion de nous interroger sur ses points aveugles. Pour oser penser tout différemment !
C'est le poète palestinien Reefaat Alareer qui le rappelait sans ambages dans un poème écrit 5 semaines avant sa mort provoquée par une frappe aérienne israélienne, le 6 décembre 2023, et dans lequel il s'adressait à son vis-à-vis israélien :
Je suis toi, deux fois, un et deux. Regarde dans le miroir, l'horreur, l'horreur (…)
Je suis toi, je suis ton passé qui hante ton présent et ton avenir.Je fais tout ce que je peux : comme tu l'as fait. Je lutte : comme tu l'as fait. Je résiste : comme tu as résisté
Le temps d'un instant, je prendrais même en exemple ta ténacité, si tu n'étais pas en train de tenir le canon de ton fusil entre mes deux yeux qui saignent.
Un, deux. C'est exactement le même fusil, exactement la même balle qui ont tué ta mère, qui ont tué ton père et qui sont en train d'être utilisés contre moi.
C'est pourquoi nous sommes jumeaux. Même parcours de vie, même arme, même souffrance. Mêmes expressions dessinées sur le visage du tueur –tout est pareil— sauf que dans ton cas la victime s'est transformée en agresseur.
je te le dis, je suis toi (…) Regarde dans le miroir. Je suis toi, je suis ton passé et en me tuant, c'est toi même que tu tues. »(2)
Quand donc oserons-nous le dire, nous regarder dans ce miroir ?
Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec, le 2 juin 2025.
Notes
1. Voir le livre Un historien à Gaza, Paris, les Arènes, mai 2025. Voir aussi Radio Canada : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/tout-terrain/episodes/953538/rattrapage-dimanche-1-juin-2025
Voir aussi TF1, RFI, Radio France, France 24
2. Extraits du poème Je suis toi du jeune poète palestinien Reefaat Alareer, lu par Catherine Dorion, lors d'une manifestation en soutien au peuple palestinien, réalisée le samedi premier juin à Québec (traduction libre).

Les activités de "Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais" sont lancées

Montréal, le 27 mai 2025 - La première journée d'actions soulignant le 30e anniversaire de la Marche des femmes contre la pauvreté « [1]_Du pain et des roses » [1] _s'est conclu hier par une reconnaissance importante [2] de la part de la ville de Montréal, en plus de donner lieu à des marches dans plusieurs régions.
« Place du Pain-et-des-Roses »
La Ville de Montréal a en effet annoncé qu'une place publique située dans le quartier Centre-Sud, entre les rues Atateken et Wolfe, porterait dorénavant le nom de « Place du Pain-et-des-Roses ». Par voie de communiqué [2], madame Valérie Plante, mairesse de Montréal et de l'arrondissement de Ville-Marie, a souligné vouloir « reconnaître ces milliers de femmes québécoises d'hier et aujourd'hui qui ont lutté pour améliorer leurs conditions et rendre leur vie plus digne ».
Des marches dans 10 régions
À compter du 26 mai [3], des marches auront lieu dans 10 régions, [1] certaines se répétant tous les jours et dans plusieurs villes, alors que d'autres se tiendront à un moment précis de la semaine ; chaque jour, de 4 à 8 marches, de durée variée, se réaliseront.
Des marches se tiendront en effet [4] à Alma (28 mai et 5 juin) ; à Beloeil (3 juin) et à Longueuil (27 et 28 mai, 3 et 4 juin) ; à
Carleton-sur-Mer (du 26 mai au 4 juin) ; dans plusieurs villes de la région du Centre-du-Québec (du 26 mai au 4 juin) ; à Chibougamau (5 juin), à Joliette (4 juin) ; à Magog (29 mai) et à Sherbrooke (4 juin) ; à Montréal (29 mai, 3 juin et du 26 mai au 4 juin) ; à Québec (3, 4, 5 et 7 juin) ; à Trois-Rivières (26 mai) et dans plusieurs villes de la Mauricie
(du 26 mai au 4 juin). En hommage au trajet de 1995, le total des kilomètres parcourus sera répertorié.
Le point culminant de cette mobilisation consistera en une marche à Québec, le 7 juin, de 13h à 16h [5], pour un trajet menant du Musée national des beaux-arts de Québec, vers un parc à proximité de l'Assemblée nationale, en passant par un arrêt devant cette dernière. Un état de situation des revendications de 1995 a [6] été produit pour l'occasion.
En prélude aux activités, une lettre ouverte est parue dans La Presse [7], sous la signature des marraines de la marche de 1995 et de courtes capsules vidéos [8], réunissant ces dernières et des comarraines des événements de 2025, sont diffusées par les médias sociaux [9]. Plusieurs marraines et commaraines [10] seront d'ailleurs présentes le 7 juin à Québec.
À propos
La Marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » [11] a eu lieu du 26 mai au 4 juin 1995, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, avec la collaboration d'un grand nombre d'organisations. Plus de 850 femmes ont marché pendant 10 jours en direction de l'Assemblée nationale. Plus de 18 000 personnes les y attendaient, pour entendre le gouvernement de l'époque répondre à leurs revendications contre la pauvreté.
« Marchons pour [1]_Du pain et des roses, encor [1]_e et plus que jamais » [1] est organisé par la Fédération des femmes du Québec [12], en collaboration avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes [13]. Les marches locales du 26 mai au 4 juin 2025 sont réalisées par des organisations autonomes et celle du 7 juin à Québec est organisée grâce à la contribution du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale [14].
Les marches de 2025 sont notamment réalisées par une vingtaine[1] d'organisations communautaires et syndicales, mixtes et non-mixtes :
· Coalition montréalaise de la Marche mondiale des femmes [15] (CMMMF) et ses groupes membres, le 29 mai
· Centre d'organisation mauricien de services et d'éducation populaire ( [16]COMSEP), le 26 mai
· comité régional Saguenay-Lac-Saint-Jean de la Marche mondiale des femmes [17] et ses groupes membres, le 5 juin
· Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec [18] (FTQ), le 3 juin
· Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), les 3 et 5 juin
· Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale [14] (RGF-CN) et ses groupes membres, organisation du rassemblement du 7 juin.
· Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du Québec [19] (RAFIQ), le 5 juin
· Groupes locataires de Maison pour la santé durable [20]
· Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) [21] et ses groupes membres, du 26 au 4 juin
· Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière [22] (TCGFL) et ses groupes membres, le 4 juin
· Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie [23] (TCMFM) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin
· L'R des centres de femmes du Québec [24] et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin
· Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec [25] (RTRGFQ) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin
· Centre des femmes de Longueuil [26], les27 et 28 mai et les 3 et 4 juin
· Centre des femmes de Memphrémagog [27], le 29 mai
· Syndicat des cols bleus Montréal [28] (SCFP301), du 26 au 30 mai
· Centre de femmes l'Essentielle [29] à Beloeil, le 3 juin
· Collective citoyenne Pas Une de Plus [30], le 4 juin
· Centre des femmes Centr'Elles [31] à Carleton, du 26 mai au 4 juin
· ROSE du Nord, [32] le 4 juin
· Centre de femmes les Elles du Nord [33] à Chibougamau, le 5 juin
· Comité Action Féministe d'Unifor Québec [34], 7 juin – vers le rassemblement
Pour information :
Mercédez Roberge, pour le comité d'organisation, 514-690-7826,
painetdesroses@ffq.qc.ca, www.ffq.qc.ca [35]
https://www.facebook.com/Dupainetdesroses1995 [36]
Pour toutes les informations www.ffq.qc.ca [35]
bit.ly/DuPainEtDesRoses-FFQ-1995-2025 [37]
Pour afficher le calendrier
bit.ly/DuPainEtDesRosesCalendrier [38]
[1] Cette liste ne comprend pas les noms des organisations qui invitent la
population à participer aux marches locales et à la marche finale du 7
juin à Québec.
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Face au bloc de droite, construire une gauche de rupture

Le Canada traverse une recomposition politique profonde marquée par les pressions de l'impérialisme américain, le tassement à droite de tous les partis de la bourgeoisie et l'affaiblissement de la gauche qui reste fragmentée , souvent enfermée dans une logique parlementaire et sans clarté programmatique et stratégique . Nous faisons donc face a un double défi : s'opposer à la constitution d'un bloc de droite, adossé à l'empire américain et reconstruire une gauche de rupture capable de proposer une véritable alternative émancipatrice.
31 mai 2025
I. Le nouveau cours de l'impérialisme américain et ses impacts sur la politique canadienne et québécoise
La victoire de Trump ouvre une nouvelle phase de l'impérialisme. Pour le Canada et le Québec, elle signifiera une multiplication des pressions exercées par les secteurs les plus droitiers du capital états-unien sur la société canadienne –les Big Tech, la crypto-finance, l'industrie fossile, auxquels s'ajoute l'industrie de l'armement. . La volonté de Carney de s'accommoder de cette domination participe d'un virage à droite de toute la classe politique au Canada, tant au niveau de l'État fédéral que des gouvernements provinciaux. Cette évolution sra favorisée par le popids du partie conservateur de Pierre Polivevre qui incarne une droite radicalisée, et populiste dont une partie de la base est solidaire du trumpisme.
La course aux armements et la volonté de renforcement des budgets militaires sont directement liées à la montée des tensions militaires, reflétant l'exacerbation de la concurrence sur les marchés mondiaux, l'intensification de l'extractivisme néocolonial et la lutte pour les minerais stratégiques. Une des premières demandes du gouvernement Trump a été d'exiger du gouvernement Carney une augmentation des dépenses militaires, le soutien à sa politique de réarmement généralisé et le ralliement à son projet de "Dôme doré" (bouclier antimissiles) qui mobilisera des milliards de dollars.
Le trumpisme est le leader des climatosceptiques et du maintien de la priorité donnée aux énergies fossiles. Il cherche également à opérer une rupture avec le capitalisme vert. Les pressions exercées sur le gouvernement canadien ont déjà conduit le gouvernement Carney à accepter non seulement de maintenir le soutien à l'exploitation des sables bitumineux, mais aussi à envisager la construction de pipelines traversant l'État canadien. Reprenant les orientations de Trump sur l'exploitation du pétrole dans les océans, le gouvernement Carney a déjà annoncé que « le gouvernement Carney appuie la mise aux enchères de 85 000 km² de permis d'exploration pétrolière en milieu marin au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador » (Le Devoir, 28 mai 2025). Il suit l'orientation d'expansion du capital fossile et abandonne la démagogie du capitalisme vert mise de l'avant par le gouvernement Trudeau. Les effets de la crise climatique continueront à se manifester violemment, détruisant les forêts, les infrastructures, les capacités agricoles et les moyens de subsistance de la population.
Les travailleurs et travailleuses migrant·es, les étudiant·es étranger·ères risquent d'être les premières victimes des volontés d'accommodement du gouvernement Carney, qui bénéficie déjà de la complicité assurée du gouvernement Legault et du Parti québécois. Le gouvernement néofasciste qui règne à Washington s'attaque prioritairement à toutes les forces qui agissent en solidarité avec la population palestinienne et contre la guerre génocidaire d'Israël contre la population de la bande de Gaza. Le gouvernement canadien a adopté la définition de l'antisémitisme qui assimile toute critique de la politique israélienne à de l'antisémitisme. La répression contre l'immigration palestinienne et leurs soutiens risque de s'approfondir pour répondre aux pressions de l'administration Trump.
Les droits des femmes, des personnes transgenres et de l'ensemble des LGBTQ+ seront aussi des cibles désignées par Trump au gouvernement canadien. L'idéologie du retour à la famille traditionnelle, constitutive de la matrice néolibérale et poussée à l'extrême par l'aile droite des fondamentalismes, sert à faire peser sur toutes les femmes des classes populaires les tâches de prise en charge des enfants, des personnes âgées, des malades et des personnes handicapées. Pendant la crise de la COVID, les femmes racisées ont été au centre de la résistance à la pandémie et au soin des personnes. Sitôt cette crise dépassée, leurs contributions à la société canadienne et québécoise n'ont fait l'objet d'aucune reconnaissance.
L'objectif qui découle des pressions de l'administration Trump sur Washington est clair : affaiblir les mouvements syndicaux, étudiants, communautaires, féministes, antiracistes et autochtones, ainsi que les ONG pro-démocratie. Le ralliement du gouvernement canadien et des élites dirigeantes au Canada à cet agenda va se révéler de plus en plus clairement dans les mois et les années à venir.
II. Un programme de déconnexion pour se libérer des diktats de l'impérialisme de prédation et de vassalisation de Trump
C'est à l'ensemble du projet trumpiste de vassalisation qu'il faut s'attaquer. Cela ne peut être réalisé qu'à partir des luttes sociales, politiques et culturelles des classes ouvrières et populaires et des mouvements sociaux antisystémiques (féministes, écologistes, jeunes, antiracistes,...) qui doivent s'engager dans la voie de la socialisation de l'économie et la redéfinition des institutions politiques actuelles. C'est ainsi que pourront être jetées les bases du refus de cette vassalisation.
Ces politiques doivent s'articuler autour des axes suivants :
1) Une planification écologique dans la lutte contre les changements climatiques, impliquant une rupture avec le capitalisme fossile
Il faut favoriser les relocalisations et la réduction des dépenses découlant des formes actuelles des chaînes d'approvisionnement. Il faut également sortir de la logique de la croissance, qui pousse à produire toujours plus, à consommer davantage, et ainsi à dilapider les ressources minières, forestières et énergétiques de la planète. Il faut sortir des énergies fossiles, du capital fossile, car cette croissance ne bénéficie qu'aux entreprises multinationales.
De cela découle :
a) la relocalisation des productions stratégiques (aliments, médicaments, moyens de transport…) ;
b) la lutte pour la sortie des énergies fossiles et le refus de la construction de pipelines ou de gazoducs ;
c) le refus de l'augmentation de la production d'hydroélectricité à des fins d'exportation et l'adoption d'une politique de sobriété énergétique passant par la rénovation thermique des logements, souvent de véritables passoires énergétiques ;
d) le refus de la privatisation d'Hydro-Québec et la nationalisation/socialisation des énergies renouvelables ;
e) le rejet de la filière batteries et de l'auto électrique comme solution à la crise climatique, au profit de la production locale de moyens de transport public pour les personnes, et de l'utilisation du transport ferroviaire pour les marchandises ;
f) le développement d'une agriculture écologique centrée sur la souveraineté alimentaire et la protection de la biodiversité, en réorientant la production vers les marchés locaux et régionaux, et non vers l'exportation, ce qui implique la fin de la production carnée orientée vers l'exportation.
2) La priorité accordée à la satisfaction des besoins sociaux par la défense des services publics dans une perspective d'égalité sociale et par le refus de leur privatisation
L'actuelle distribution des richesses en faveur d'une minorité des plus riches prive la majorité populaire de la possibilité de faire des choix qui répondent réellement à ses besoins sociaux. Les choix des gouvernements visent essentiellement à protéger cet accaparement des richesses par la classe dominante. Les généreuses subventions aux entreprises privées participent de cette concentration.
C'est pourquoi il faut :
a) abolir les privilèges fiscaux des plus riches et réformer la fiscalité pour la rendre plus juste et redistributive ;
b) augmenter le salaire minimum et garantir le droit au logement en construisant des logements sociaux ;
c) réinvestir massivement dans les services publics de santé et d'éducation, déprivatiser les cliniques et bloquer l'ouverture d'hôpitaux privés ;
d) nationaliser l'industrie pharmaceutique et favoriser la production locale ainsi que la distribution gratuite des médicaments ;
e) assurer un véritable service public d'éducation et en finir avec les subventions aux écoles privées.
3) Une lutte antipatriarcale défendant l'égalité des hommes et des femmes, et les droits des personnes trans.
Le combat contre le sexisme et le patriarcat passe, entre autres, par le soutien à l'auto-organisation du mouvement des femmes et des personnes trans, un enjeu incontournable.
Ces combats doivent :
a) assurer le droit à l'avortement libre et gratuit ;
b) fournir les moyens nécessaires à la lutte effective contre les violences sexistes et sexuelles, et appuyer les associations et mouvements menant ces luttes ;
c) soutenir les luttes pour l'égalité salariale ;
d) soutenir les combats des personnes LGBTQI et mettre en œuvre un plan d'éradication des violences les visant.
4) Une lutte antiraciste pour l'instauration d'une réelle égalité sociale de fait et de droit
Alors que des secteurs importants du nationalisme québécois prennent une forme de plus en plus identitaire et excluante, et que des partis nationalistes comme la CAQ et le PQ n'hésitent pas à recourir à une démagogie ciblant une partie de la population du Québec en désignant les personnes migrantes comme responsables des maux de la société, il est plus nécessaire que jamais de lutter pour :
a) le principe d'égalité des droits, qui implique la libre circulation et installation ;
b) l'accès égal à une série de droits fondamentaux, notamment : le droit au travail, à un salaire égal, à l'acquisition de la citoyenneté, à la vie familiale, au vote, à la sécurité sociale, et à l'accès aux services publics ;
c) l'éradication des discriminations raciales et de l'idéologie raciste, un combat essentiel à l'objectif d'égalité sociale que nous poursuivons dans tous ces domaines.
5. L'indépendance du Québec – axe stratégique contre l'État canadien et ses politiques réactionnaires
L'indépendance du Québec est au coeur de la crise structurelle de l'État canadien. Les luttes de la nation québécoise et ds nations autochtones peuvent devenir des leviers essentiels pour déconstruire le bloc bourgeois réactionnaire qui se met en place actuellement. La lutte pour l'indépendance exige de clarifier les voies dans son enracinement majoritaire dans la population.
A. La construction d'un bloc populaire regroupant la majorité populaire d'une société plurinationale et pluriculturelle qu'est le Québec
Dans un tel contexte, l'indépendance conçue dans un sens cosmopolitique signifie que l'indépendance vise à faire du territoire québécois libéré un centre de solidarité avec la lutte des peuples du monde pour leur émancipation et pour faire face ensemble à ces multiples problèmes.
Ce bloc populaire passera par :
a) le rejet d'une vision ethnique homogène de la nation et le rejet du projet nationaliste d'homogénéisation culturelle ;
b) une politique de rejet des discriminations racistes et le refus de l'existence de secteurs de la société privés de droits, ainsi que l'union de toutes les composantes de la majorité populaire dans ce combat ;
c) la liberté de circulation et d'installation pour toutes les personnes migrantes ;
d) l'éradication du racisme systémique qui touche tant les nations autochtones que les autres secteurs racisés de la population ;
e) une politique linguistique du français qui refuse de faire des personnes immigrantes la cause du manque d'attractivité de la langue française ;
f) le rejet d'une laïcité identitaire qui essentialise la réalité de la nation et débouche sur des attaques à la liberté de pensée et de religion.
B. La mise en marche d'une véritable démarche de souveraineté populaire
Le pouvoir constituant ne peut être que le moment final d'une délibération confiée à des représentant·e·s du peuple sur la forme que devraient prendre les institutions économiques et politiques de la société. Il se construit par une série de luttes économiques, sociales et politiques visant à élargir le contrôle populaire sur les différents éléments de la vie collective : la démocratie économique, la représentation de la majorité populaire dans la direction des entreprises, la place des citoyen·ne·s, des travailleurs et des travailleuses dans la définition de la politique énergétique en lien avec une véritable transition ; la démocratisation des mécanismes de contrôle de la majorité populaire sur la production réelle ; la capacité des producteurs et productrices agricoles à faire les choix permettant de concrétiser notre souveraineté alimentaire ; la capacité des travailleuses et travailleurs de la santé à bloquer la privatisation du système de santé ; le poids du contrôle citoyen sur les institutions locales et régionales.
Voici des revendications pouvant être défendues dès maintenant, qui vont dans le sens du renforcement de la souveraineté populaire et qui visent à bloquer les voies par lesquelles les représentant·e·s échappent au contrôle des personnes représentées. Ces revendications préparent la mise en place d'une véritable république sociale.
Il s'agit :
a) d'imposer un contrôle populaire des représentant·e·s dans le cadre de la démocratie représentative :
• en donnant des mandats impératifs aux élu·e·s par les assemblées devant lesquelles ces élu·e·s sont redevables ;
• en interdisant la circulation des élu·e·s entre les responsabilités politiques et les responsabilités économiques dans le secteur privé ;
• en implantant des mécanismes pour en finir avec la sous-représentation des catégories modestes (travailleurs et travailleuses manuelles) ;
• en introduisant une procédure de révocation des élu·e·s par les circonscriptions ou par les autres instances électives.
b) de mettre fin à la consolidation d'une oligarchie politique :
• en imposant la parité de genre (hommes/femmes) dans la représentation politique ;
• en abolissant les mandats consécutifs au parlement et dans les municipalités (les limiter à deux maximum) ;
• en introduisant un niveau de rémunération qui place les élu·e·s au niveau du salaire médian de la population.
c) d'introduire des mécanismes de démocratie participative à tous les niveaux dans les institutions de l'État et de généraliser le principe d'éligibilité :
• en instaurant des budgets participatifs conférant à des assemblées locales (municipalités et MRC) de citoyen·ne·s de larges pouvoirs de participation et de décision sur la détermination des priorités budgétaires dans les villes et les régions ;
• en introduisant un processus d'autogestion démocratique dans les entreprises et les services publics ;
• en mettant en place des référendums d'initiative populaire, notamment des référendums abrogatifs (permettant l'abrogation de lois rejetées par la majorité citoyenne).
6. La construction d'une alliance avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones pour en finir avec cette prison des peuples qu'est l'État canadien
La gauche canadienne et québécoise ne pourra se reconstruire qu'en rompant avec les nationalismes des classes dominantes du Canada anglais comme du Québec . Elle doit rassembler les classes populaires, les peuples autochtones et les groupes subalternes dans un projet de libération plurinationale.
Ce projet doit être féministe, antiraciste, socialiste et décolonial. Il implique le rejet de toute alliance avec le PQ et de toute défense de l'État canadien tel qu'il est, c'est-à-dire fondé sur la négation de la réalité multinationale du territoire.
Une gauche de transformation sociale doit lier son action à un projet écosocialiste, soutenir l'autodétermination des peuples autochtones et québécois, et développer des solidarités avec les mouvements écologistes, féministes et populaires.
Elle doit œuvrer à bâtir un bloc social autour de la justice climatique, de la lutte contre le patriarcat, des réparations envers les peuples autochtones, de la création d'assemblées constituantes populaires, de la nationalisation des ressources et du démantèlement du complexe militaro-industriel canadien.
7. Par la promotion d'un altermondialisme en lutte contre les fauteurs de guerre et en solidarité avec les peuples en lutte
Réaliser cette perspective suppose une réinscription active des luttes sociales et écologistes dans une critique radicale de l'ordre international capitaliste, militariste et impérialiste. Promouvoir un altermondialisme de rupture, c'est :nécessite de :
• S'opposer aux politiques d'armement, d'occupation, de colonisation et d'ingérence.
• Soutenir activement les luttes des peuples pour leur autodétermination et leur libération : Qu'il s'agisse de la Palestine, du Kurdistan, de l'Ukraine ou d'autres peuples en lutte
• Nouer des alliances avec les mouvements sociaux et populaires du Sud global :
• S'opposer aux politiques canadiennes de militarisation et de complicité impériale : Cela implique une rupture avec les dépenses militaires croissantes, le soutien aux multinationales extractivistes à l'étranger, la participation à l'OTAN ou à la militarisation de l'Arctique.
Conclusion : Construire une gauche de rupture
La reconstruction d'un projet de gauche au Québec et au Canada ne peut être purement électorale. Elle exige une articulation avec les luttes continentales et mondiales contre l'impérialisme, le capitalisme et le colonialisme. Le Canada et le Québec ne sera jamais libre s'il est intégré à l'empire nord-américain. Il ne pourra sortir de la dépendance économique sans solidarité avec les peuples autochtones, les peuples du Sud, les migrant·e·s et les mouvements anstisystémiques d'ici et d'ailleurs.
Une gauche de rupture doit donc chercher à articuler souveraineté populaire et internationalisme. Elle doit s'inspirer des expériences populaires latino-américaines, des résistances féministes mondiales, des luttes autochtones, des mouvements antiracistes, des actions de masse des écologistes, de celles des coalitions populaires contre l'austérité, la répression, la guerre et l'extractivisme.
Le Canada entre dans une période de turbulences majeures. L'impérialisme américain se durcit et menace nos acquis. Le climat se dérègle. Les inégalités explosent. La gauche ne peut pas se contenter d'attendre, de corriger à la marge ou de gérer l'existant.
Il faut reconstruire une gauche de combat, populaire, enracinée, internationaliste, anticapitaliste, écologiste, féministe, antiraciste, indépendantiste. Une gauche qui assume la conflictualité sociale, qui se donne les moyens d'unifier les colères, de se construire sur des victoires partielles et d'élargir le champ des possibles.
Cette gauche de rupture émergera des luttes, des convergences, des mouvements, des débats, des expérimentations. Cela demandera du courage, de la clarté, de la stratégie car sams rupture, il n'y aura pas d'émancipation.
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Discours d’Haroun Bouazzi sur l’imposition des multimillionnaires

Québec solidaire propose une taxe sur les multimillionnaires pour financer les services publics.
Le premier 50 millions n'est pas taxé.
% sur les actifs nets entre 50 M$ et 500 M$
2 % sur les actifs nets de plus de 500 M$.
Cela nous rapporterait collectivement des milliards annuellement.
26 mai 2025 - Discours d'Haroun Bouazzi à l'Assemblée nationale
Discours d'Haroun Bouazzi à l'Assemblée nationale du Québec
Merci madame la présidente.
Très heureux d'être avec vous aujourd'hui pour parler de taxe sur le capital ou taxe sur le patrimoine ou taxe sur la richesse, appelez-le comme vous voulez. Je vais commencer par rappeler de quoi on parle aujourd'hui. Quelle est notre proposition ? Québec solidaire propose que pour toutes les personnes qui ont accumulé plus de 50 millions de dollars, ben tout ce qui est au-dessus du 50 millions, on en prendrait 1 % et à partir de 500 millions de dollars, on en prendrait 2 %. On parle ici de quelques milliers de foyers québécoises des Québécois, quelque chose qui rapporterait quelques milliards de deux à 3 milliards de dollars. Évidemment, c'est difficile d'avoir des chiffres clairs sur de telles propositions car malheureusement comme personne ne touche au patrimoine au Québec, ben tout ce qui n'est pas taxé n'est pas calculé. Madame la présidente, donc de qui on parle au jour au juste ?
Déjà 50 millions, c'est beaucoup d'argent. Et commençons, madame la présidente, s'il vous voulez bien, par les milliardaires. Il y en a à peu près 13, ça fluctue un peu, mais disons qu'il y en a 13 qui accumulent 50 milliards de dollars. Les économistes, les grands économistes, Piketti, Stiglitz, prix Nobel de l'économie ont appelé depuis maintenant des années à introduire une taxe sur le patrimoine étant donné l'énorme écart de richesse sur les questions de patrimoine dans la société. L'économiste Zukman explique que de toute façon la richesse de ces multimillionnaires voire de ces milliard augmente en moyenne de 7,5 % par année et qu'évidemment si on en prend 1 % ils n'arrêteront pas au lendemain de cette taxe d'être multimillionnaires ou milliardaires. En fait, leur richesse va continuer à augmenter. Pour les milliardaires du Québec, leur richesse entre 2019 et 2024 a augmenté de pratiquement 50 %.
Donc la somme de l'argent de ces 13 personnes fait à peu près 50 milliards de dollars. Rendons-nous compte s'il vous plaît. 50 milliards de dollars, c'est autant d'argent que ce qu'a accumulé 3 millions de Québécoises et de Québécois.
Et j'ai entendu mon collègue du Parti libéral nous dire à quel point est-ce que c'est dombin catastrophique. On a 13 personnes au Québec qui ont accumulé l'équivalent de la richesse de 3 millions de Québécoises et Québécois et nous sommes le seul parti qui ose qui ose dire qu'il le faut une partie de cet argent là soit rendu à la richesse commune pour pouvoir construire nos écoles, nos hôpitaux ou notre transport en commun.
50 milliards de dollars pour 13 personnes. Pour l'accumuler le il faut mettre 100000 dollars de côté tous les ans pendant 500000 ans. 500000 ans.
C'est-à-dire que quelqu'un un un contemporain de Jésus ou de Moïse n'est même pas proche s'il est encore vivant aujourd'hui après avoir mis 100000 dollars de côté tous les ans. Madame la présidente, tous les ans, je sais pas si vous imaginez, c'est-à-dire que l'homo sapiens, les premières traces d'Homo sapiens doit être de 300000 ans. Il n'y a aucun être humain sur terre qui même s'il était immortel après avoir accumulé 100000 dollars par an, tous les ans pourraient se rapprocher de la richesse commune de ces 13 milliardaires québécois. et je dis québécois car évidemment c'est majoritairement voir essentiellement des hommes. Et les autres parties nous disent attention et le ministre des finances nous a dit attention ceci est la lutte des classes et il aime pas la lutte des classes. Et bien il se trompe deux fois madame la présidente. D'abord, même sans cette taxe, la lutte de classe opère. Et deuxièmement, en fait, il aime la lutte de classe. C'est juste qu'il en a choisi une et c'est entre autres celle de ses milliardaires. La lutte de classe opère parce que j'ai entendu mes collègues dire "Oui, mais c'est de l'argent qui est déjà taxé, le patrimoine, c'est de l'argent qu'on a. Pourquoi taxer quelque chose qu'on a ?" Mais cette taxe-là existe déjà, madame la présidente, pour chacun de nous qui possède une maison, il paye Bon 1 % de la valeur de sa maison pour la garder.
Il a acheté avec de l'argent sur lesquels il a déjà payé des impôts. C'est une taxe qui existe déjà mais essentiellement pour la classe moyenne qui avec les taxes scolaires et municipales à chaque année paye un pourcentage de leur patrimoine pour pouvoir participer à la richesse publique. et les locataires qui ne sont même pas propriétaires aussi participent à cet axe puisque très souvent cet argent là est refilé au locataire. Ces taxes là sont refilés au locataires. Pire encore, cet axe là est spécialement régressif parce que ce n'est pas sur ce qui vous appartient que vous la payez mais c'est bien sur la valeur de la maison. Et donc si 90 % de votre maison appartient à la banque en fait parce que c'est des dettes et bien vous allez payer des impôts sur 100 % de la valeur de votre maison. Or les personnes qui ont accumulé plus de 50 millions, 100 millions, 500 millions, 1 milliard, leur argent est pas dans leur maison.
Leur argent est investi en bourse. C'est des actions, c'est des options. Et leur patrimoine à eux, contrairement à la classe moyenne où la majorité se trouve dans leur maison, leur patrimoine à eux, ils en payent 0 % de taxe sur la patrimoine. Et j'entends qu'on nous parle de lutte de classe, bien sûr, il y a une lutte de classe, mais encore une fois, ce gouvernement et les autres partis ont choisi une classe et c'est celle des millionnaires et c'est celle des milliardaires. Il y a eu des baisses d'impôts depuis 25 ans ici au Québec qui ont essentiellement servi les personnes les plus lentilles ou les grosses corporations. Il y a donc une liste de classe qui s'opère. Il y a des perdants et je vais vous parler de ma circonscription. Il y a de la classe de ceux qui prennent le transport en commun par exemple. Eux, ils sont perdants parce que quand on ne taxe pas les milliardaires et bien il n'y a pas il n'y a plus d'argent. Il y a des coupures pour qu'on puisse avoir le financement du transport en commun.
Pour les personnes qui sont en en transport adapté, pour les personnes qui sont en chaise roulante, et bien le gouvernement a arrêté le financement des ascenseurs et dans ma circonscription à Crimazi ou à Sauve, ils ne peuvent pas prendre le métro. Pour le personne qui se déplace dans l'école Sophie Bara par exemple d'une d'une section à l'autre à cause des travaux, il y a 6 km entre les différentes sections de cette école. et ben le transport n'est pas offert par manque de financement.
Il y a aussi quand on refuse de taxer les millionnaire, d'autres classes qui sont défavorisées. Il y a celle des étudiantes et des étudiants. Dans ma circonscription, madame la présidente, l'école Sophi Bara tombe en lambeau et bien les travaux nous avons appris il y a quelques mois qui vont être repoussés à 2032.
2032 ça a pris moins de temps de réparer l'échangeur turco que de réparer cette école qui a été mal menée par tous les gouvernements et pas juste par celui de la CAC. C'est les coupures qui font en sorte que des conseillers de pédagogique ont été coupés qu'il y a des restructions d'embauche dans les ressources pour l'école. la seule école publique secondaire du quartier. C'est des projets d'agrandissement du SJB HNANIK qui ont été coupé. Des coupures qui ont affecté 350 élèves à cause de l'annulation tardive d'un nombre important de cours pour la session d'hiver 2025. Ça, c'est les conséquences de ne pas toucher à l'accumulation obsène de richesse tout en haut de la pyramide.
Je rappelle encore une fois que ces 13 milliardaires accumulent autant d'argent que 3 millions de Québécoises, des Québécois et ses collègues ici devant moi vivent très bien avec ça. Ben nous à Québec solidaire, on pense qu'on peut ben en partager plus pour que toutes les Québécoises, des Québécois, y compris les enfants de milliardaires, peuvent avoir accès à un métro qui fonctionne ou une école de bonne qualité.
Quand on refuse de taxer les millionnaires et les milliardaires, il y a aussi les personnes malades qui en paye le prix quand on coupe le transport adapté, quand on coupe le service à domicile pour nos aînés, quand on refuse de taxer les millionnaires et les milliardaires, c'est aussi pour le logement qu'il y a des perdants. Dans ma circonscription, des beaux projets de coopérative comme Reveanou dans le dans l'écoquartier Louvain ont été coupés, n'ont pas trouver le financement dont ils avaient besoin et malheureusement ce n'est pas les seuls. Tout ceci pour dire madame la présidente que dans un moment où les finances publiques vont mal, les irresponsables, c'est pas Québec solidaire.
Les irresponsables, c'est ceux qui regardent peut-être avec passion toute cet argent qui s'accumule chez les mieux nanti. Je rappelle encore une fois qu'on parle des personnes qui accumulent plus de 50 millions de dollars et que le premier 50 millions n'est pas touché et que leur argent augmente de 7.5 5 % tous les ans et on parle d'en prendre un petit 1 % au-dessus du 50 millions et 2 % au-dessus du 500 millions. fait que oui, le ministre des finances a raison, il y a une lutte de classe et nous nous avons choisi celle des travailleurs, celle de ceux qui prennent le transport en commun, c qui ont leurs enfants dans les écoles publiques, les mals logés, ceux qui font la file dans les banques alimentaires, les aînés qui ont besoin de services à domicile, les personnes à mobilité réduite qui ont besoin d'un ascenseur dans le métro ou d'un transport adapté.
Et il y a la classe des milliardaires et des millionnaires qui ont les téléphones personnels des grands décideurs et qui aujourd'hui sont défendus par ce gouvernement et les autres oppositions qui sont leurs alliés.
Merci madame la présidente.
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Haïtiens en République dominicaine : Amnesty dénonce un racisme d’État persistant

Santo Domingo – Dans un nouveau rapport publié ce mois de mai 2025, Amnesty International s'adresse une nouvelle fois à la République dominicaine avec des mots forts : « racisme institutionnalisé », « expulsions arbitraires », « persécutions systémiques ». L'organisation internationale de défense des droits humains demande l'arrêt immédiat de la politique d'expulsions massives d'Haïtiens et de Dominicains d'ascendance haïtienne, politique qu'elle qualifie de « déshumanisante » et « discriminatoire ».
Par Smith PRINVIL
Sur le terrain, ces mots trouvent un écho douloureusement réel. Des rafles dans les rues de Santiago et Santo Domingo. Chaque semaine, des camions de la Dirección General de Migración sillonnent les quartiers populaires. À la sortie des chantiers, dans les marchés ou à l'arrêt des bus, des hommes en uniforme arrêtent sans distinction. Le critère ? La couleur de la peau. Le créole. Le type de cheveux. L'apparence.
« Je suis né ici, à La Vega. Je n'ai jamais mis les pieds en Haïti. Mais ils m'ont arrêté, m'ont dit que je n'étais pas Dominicain. Je n'avais pas mes papiers sur moi. Je me suis retrouvé à Dajabón, de l'autre côté de la frontière, sans rien », témoigne Wilner, 24 ans, un Dominicain noir de parents haïtiens, expulsé en février dernier.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président Luis Abinader en 2020, le gouvernement a intensifié sa politique dite de « contrôle migratoire ». En réalité, dénoncent les ONG, il s'agit d'un nettoyage ethnique à peine voilé, soutenu par une rhétorique nationaliste. Les autorités justifient ces expulsions par la « pression migratoire » exercée par la crise en Haïti. Mais les chiffres parlent d'eux-mêmes : selon Amnesty, plus de 200 000 personnes ont été expulsées en 2024, y compris des femmes enceintes, des enfants, des malades, parfois en pleine nuit.
Le droit international interdit les expulsions collectives et exige que toute procédure respecte les droits fondamentaux de la personne. Or, comme l'a documenté Amnesty International, nombre d'expulsés ne bénéficient ni d'assistance juridique, ni d'accès à un interprète, ni même de la possibilité d'emporter leurs effets personnels.
En 2013 déjà, la Cour constitutionnelle dominicaine avait rendu un arrêt déchu de toute humanité, retirant rétroactivement la nationalité dominicaine à des milliers de personnes nées dans le pays de parents étrangers, essentiellement haïtiens. Cette décision avait été fortement condamnée sur la scène internationale. Plus de dix ans plus tard, les conséquences se poursuivent.
Face à cette situation, le silence complice des pays de la région choque. L'Organisation des États américains (OEA), la CARICOM et même les Nations Unies semblent impuissants – ou désintéressés. Pendant ce temps, des familles entières sont déportées dans un pays qu'elles ne connaissent pas, livrées à la violence, au chaos, à la précarité extrême.
Pour Haïti, déjà au bord du gouffre, ces retours forcés sont une charge humaine, sociale et économique insoutenable. Pour la République dominicaine, c'est une dérive inquiétante vers une gouvernance de l'exclusion, sous couvert de souveraineté.
« Ce n'est pas une crise migratoire, c'est une crise des droits humains », conclut Amnesty.Et tant que les États choisiront l'aveuglement, les murs de la frontière continueront de s'ériger non seulement en béton, mais en haine.
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Suspension des visas : Trump continue son offensive contre les universités et les soutiens à la Palestine

Alors que les visas étudiants étaient déjà menacés à Harvard, Trump tente de passer en force en interdisant aux ambassades et consulats des États-Unis de recevoir l'ensemble des demandeurs de visas étudiants, avançant dans son offensive xénophobe à l'égard des universités.
28 mai 2025 | tiré de Révolution permanente
https://www.revolutionpermanente.fr/Suspension-des-visas-Trump-continue-son-offensive-contre-les-universites-et-les-soutiens-a-la
Ce mardi 27 mai, le secrétaire d'État étasunien, Marco Rubio, a annoncé la suspension du traitement de tous les visas des étudiants étrangers, en attendant une analyse approfondie de leurs profils sur les réseaux sociaux. Ce sont des milliers de personnes en attente d'être reçues par les différents services de l'immigration qui vont voir leur rendez-vous annulé, leur demande de visa refusée, en attente de nouvelles directives du gouvernement. La suspension des traitements des visas étudiants est justifiée par un besoin de prendre « très au sérieux le processus d'examen de tous ceux qui entrent dans le pays », d'après le porte-parole du secrétariat d'État américain, Tammy Bruce.
Cette mesure liberticide vise à surveiller les opinions politiques des étudiants étrangers, en s'assurant qu'ils ne soient pas critiques du gouvernement. C'est la mise en place d'un profilage et d'un tri idéologique aux frontières accru qui est progressivement mis en place, alors que les étudiants étrangers étaient déjà une cible de l'administration Trump. À Harvard, le programme d'inscription des étudiants étrangers a été suspendu la semaine dernière alors que l'Université s'était opposée au fichage des étudiants et à l'envoi des vidéos des manifestations en soutien à la Palestine du campus.
Face à la résistance de la présidence de l'Université, le Département de la Sécurité Intérieure a annoncé la suppression du programme, et désormais Trump entend s'attaquer à l'ensemble des étudiants étrangers et de la communauté universitaire. Le profilage des étudiants et la répression du mouvement Palestine sont les deux faces d'une même pièce : la volonté féroce de Trump de façonner les universités à son programme réactionnaire, raciste et anti-woke.
Ces deux mesures s'inscrivent dans la continuité de l'offensive que Trump mène depuis son retour à la tête des États Unis. En effet, le président mène une lutte acharnée contre les mobilisations dénonçant le génocide en Palestine et la complicité des États Unis, comme l'a montré la répression violente contre des figures du mouvement comme Mahmoud Khalil, menacé de déportation, ou les attaques contre les universités, en particulier d'élite, qui ont été le foyer des mobilisations. Trump avait notamment privé Columbia de 400 millions de dollars de financement fédéraux : après ça, l'université avait plié face aux demandes du gouvernement.
Trump cherche à abattre toute contestation de ses politiques en visant particulièrement les universités, affichant comme objectif un contrôle idéologique fort et la décapitation du mouvement de solidarité avec la Palestine. Seul un mouvement d'ensemble, formé d'étudiants et de travailleurs, affirmant que Trump n'a pas de mandat pour son programme réactionnaire, exigeant la relaxe de tous les réprimés et l'inscription de l'ensemble des étudiants étrangers demandeurs de visas sera capable de faire reculer le président américain et son monde.
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États-Unis. Obsédé par l’anniversaire de 1776, Trump impose son roman national américain

Le président des États-Unis prend des mesures drastiques pour remodeler l'histoire américaine, explique “The New York Times”. Il ambitionne de grandioses célébrations pour les 250 ans de l'indépendance, et veut créer un “Jardin des héros”.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : "Ça va être énooorme !" Dessin de Taylor Jones., Etats-Unis, Cagle cartoons. Article publié à l'origine dans le New York Times.
Le président Trump n'est pas connu pour sa passion pour l'histoire. Il n'a pas invité d'historiens à dîner à la Maison-Blanche pour débattre en toute liberté, comme Barack Obama, pas plus qu'il ne s'est vanté de dévorer de copieuses biographies, comme George W. Bush quand il se lançait dans des concours de lecture avec son conseiller Karl Rove.
Pendant sa première campagne, une plaque, apposée dans un de ses parcours de golf et qui commémore une bataille de la guerre de Sécession qui n'a jamais eu lieu, lui a valu des railleries. Il a beau régulièrement en appeler à la grandeur de l'Amérique, il ne se réclame que rarement des Pères fondateurs, et a un jour prétendu que si George Washington et Abraham Lincoln s'étaient présentés contre lui sur une même liste, il les aurait écrasés.
Reste qu'il est parfaitement conscient de la puissance de l'histoire. Et depuis qu'il est revenu dans le Bureau ovale, il a pris des mesures radicales pour promouvoir la vision qu'il en a – et bouleverser les institutions culturelles américaines qui influent sur le roman national américain.
En mars, dans un décret intitulé “Rétablir la vérité et la raison dans l'histoire américaine”, il s'en est pris à ce qu'il considère comme un dangereux “mouvement révisionniste” qui tenterait de saper les “accomplissements remarquables des États-Unis” et leur “contribution sans équivalent à la défense de la liberté, des droits individuels et du bonheur de l'humanité”.
Mainmise sur les préparatifs
Au-delà de la rhétorique, le président a décidé de remettre en question ou de prendre le contrôle d'institutions culturelles fédérales associées au domaine de l'histoire, dont la Smithsonian, le Service des parcs nationaux [qui gère les parcs naturels, mais aussi les monuments et propriétés historiques à l'échelle fédérale] et la Fondation nationale pour les sciences humaines.
Il souhaite également s'assurer la mainmise sur les préparatifs du 250e anniversaire de l'indépendance des États-Unis, qui doit avoir lieu l'an prochain, et a relancé son idée d'un Jardin national des héros américains, un parc orné de statues dédiées à des personnalités du passé.
Aux yeux de nombre de spécialistes, les décisions de Trump constituent une attaque contre la discipline qu'est l'histoire, dans l'espoir d'en écarter toute réflexion critique et ainsi purger le passé de faits gênants. “Il ne s'agit pas d'un retour à la raison, a rétorqué il y a peu l'Organisation des historiens américains dans une réponse au décret de Trump. Mais plutôt d'une tentative de rationaliser la destruction de la vérité.”
Contre les supposés défaitistes
Selon des sondages récents, les Américains, dans leur grande majorité et quelle que soit leur couleur politique, ne sont pas hostiles à une histoire complexe qui montre aussi bien les bonnes que les mauvaises choses. Pourtant, à en croire certains observateurs, par ses agissements, Trump s'efforce de plus en plus d'utiliser l'histoire comme un moyen de séparer les “vrais” Américains des défaitistes qui menaceraient le corps politique.
Pour Johann Neem, historien à la Western Washington University, Trump ne cherche pas à vanter un passé mythique uniquement blanc, comme l'affirment plusieurs de ses détracteurs. L'objectif est de s'en prendre à des ennemis actuels soupçonnés de déshonorer la grandeur de l'Amérique.
- “De son point de vue, le problème, ce n'est pas que l'on célèbre Harriet Tubman. Ce sont les gens qui, aujourd'hui, pensent que les héros, ça n'existe pas.”
La succession de déclarations de Trump au sujet de l'histoire américaine coïncide avec les célébrations autour du 250e anniversaire de la Déclaration d'indépendance, qui ont démarré [le 20 avril] avec la commémoration de la chevauchée de Paul Revere et le célèbre “coup de feu qui a résonné dans le monde entier”, autrement dit, les batailles de Lexington et de Concord.
La Maison-Blanche a mis en ligne un compte à rebours qui annonce “toute une année de festivités” censée débuter pour le Memorial Day [le 26 mai]. La page affiche les premières vidéos d'une série historique ambitieuse, The Story of America, créée en partenariat avec le Hillsdale College, l'établissement conservateur qui a joué un rôle clé dans la rédaction et la promotion du Rapport 1776 sur l'éducation patriotique, publié à la fin du premier mandat de Trump [une réponse au Projet 1619 du New York Times Magazine, qui mettait en avant le rôle fondateur des esclaves dans l'histoire du pays].
Un grandiose “semi-cinq-centenaire”
Trump parle du “semi-cinq-centenaire”, nom officiel de l'anniversaire, depuis qu'il a été élu pour la première fois. “Ce sera un des événements marquants de l'histoire du monde”, avait-il affirmé dans son premier discours au Congrès, en février 2017. Il l'a de nouveau évoqué dans un discours combatif lors de la conférence impromptue sur l'histoire américaine organisée à la Maison-Blanche en septembre 2020, durant laquelle il s'était emporté contre les “émeutiers gauchistes” qui avaient abattu des statues et “profané” des monuments.
En 2023, dans une vidéo de campagne, il a proposé de marquer cet anniversaire par une “grande foire-exposition américaine” et des “jeux patriotiques” pour les athlètes du secondaire. Et en novembre dernier, une semaine à peine après avoir été réélu, il a proclamé que les économies réalisées – d'ici le 4 juillet 2026 – par son nouveau “département de l'efficacité gouvernementale” (Doge) représenteraient un “cadeau parfait” pour le 250e anniversaire de l'Amérique.
En janvier, peu après avoir pris ses fonctions, Trump a annoncé la création d'une Task Force 250, chargée de travailler à la préparation de “célébrations grandioses”. Elle a été placée sous la supervision de Vince Haley, conseiller de longue date et auteur des discours du président, aujourd'hui directeur de son cabinet de politique intérieure.
Glorifier les héros
La plupart des événements liés au 250e anniversaire sont pris en charge aux niveaux local et des États, et la Maison-Blanche et l'État fédéral n'y jouent aucun rôle direct. Mais les décisions du gouvernement Trump suscitent de graves inquiétudes chez certains organisateurs.
Au début du mois d'avril, à la suite de plusieurs visites du Doge, la Fondation nationale pour les sciences humaines a licencié une grande partie de son personnel et annulé la plupart de ses financements en cours dans tout le pays, dont beaucoup de ceux qui étaient attribués à des projets en relation avec le 250e anniversaire. Sans soutien fédéral, préviennent les défenseurs des sciences humaines, on pourrait tout simplement assister à la disparition de quelques-unes des associations actives dans ce secteur aux niveaux local et des États.
Les financements annulés pourraient aider à financer le Jardin national des héros américains cher à Donald Trump, une éventualité qui en exaspère plus d'un. Pour beaucoup d'observateurs, la passion du président pour ce jardin de sculptures, qui honorera 250 héros dans différents domaines et aux origines diverses, a quelque chose de kitsch, voire pire. Mais il a toujours été convaincu qu'il ne fallait pas descendre les héros de leurs piédestaux, au propre comme au figuré.
“Une campagne pour effacer notre histoire”
En 2016, alors que les débats publics portaient sur le retrait d'Andrew Jackson des billets de 20 dollars pour le remplacer par l'abolitionniste Harriet Tubman, il avait salué la personnalité “fantastique” de Tubman, tout en appelant à faire preuve de sympathie envers Jackson [élu en 1828, ce président controversé a imposé des déplacements massifs d'Amérindiens]. “Je pense que c'est très dur quand on retire quelqu'un d'un billet de banque”, avait-il déclaré.
En 2020, pendant les manifestations en faveur de la justice raciale, alors que des statues étaient vandalisées dans tout le pays, dont certaines qui représentaient des soldats et des dirigeants nordistes, il avait durci ses propos, dans un discours au mont Rushmore.
- “Notre nation est témoin d'une campagne impitoyable qui vise à effacer notre histoire, diffamer nos héros, balayer nos valeurs et endoctriner nos enfants.”
Le choix des personnalités envisagées pour le jardin de sculptures de Trump paraît confus et laisse les observateurs perplexes, puisque l'on y trouve aussi bien l'activiste anti-lynchage Ida B. Wells, la philosophe antifasciste Hannah Arendt et d'autres qui ne sont généralement pas idolâtrés par la droite, que des figures emblématiques traditionnelles du patriotisme, comme George Washington, Betsy Ross [qui aurait confectionné le premier drapeau américain en 1776] et les frères Wright.
Laisser les querelles de côté
Certains universitaires rappellent néanmoins que la gauche n'est pas la seule à se soucier de l'inclusion, pas plus qu'il ne lui appartient de décider du sens de cette notion. Wilfred McClay, un historien du Hillsdale College, souligne qu'aucun groupe ou individu – qu'il s'agisse d'“historiens professionnels certifiés” ou du président – n'est propriétaire de l'histoire de l'Amérique. Et les historiens conservateurs, ajoute-t-il, ont tout autant le droit de contester les interprétations académiques prédominantes que leurs collègues de gauche l'ont fait avant eux.
McClay, membre de la Commission du semi-cinq-centenaire des États-Unis, qui regroupe les deux partis et a été autorisée par le Congrès en 2016, estime que le 250e anniversaire devrait être l'occasion de rassembler tous les Américains, y compris ceux “qui ne sont pas d'accord entre eux et peut-être même se détestent”. “Ce n'est pas le moment d'obliger tout le monde à être du même avis, ou de revenir sur toutes les vieilles querelles, recommande-t-il. C'est le moment de laisser tout ça de côté.”
La Maison-Blanche s'est abstenue de tout commentaire et il ne nous a pas été possible d'interviewer les membres de la Task Force 250. Mais il semblerait que cette dernière ait l'intention d'influencer d'autres organisateurs d'événements. Brittany Baldwin, qui en fait partie, a adressé des courriels à des planificateurs dans les États pour leur demander des informations sur leurs “trois à cinq” principaux projets, et s'est dite prête à soutenir les “initiatives appropriées”. Et en mars, à Mount Vernon, Vince Haley et d'autres représentants du gouvernement ont assisté à une réunion de la Commission du semi-cinq-centenaire.
Changement de partenaires
Peu après, les programmateurs au niveau des États ont appris que la commission avait mis fin à ses liens avec Precision Strategies, une agence de marketing fondée par des anciens du gouvernement Obama. Et la commission vient de faire appel aux services d'Event Strategies Inc., une société qui entretient des liens étroits avec les cercles proches de Trump et qui a attiré l'attention pour avoir aidé à organiser le rassemblement du 6 janvier 2021 à Washington.
Rosie Rios, la présidente de la commission, qui a occupé les fonctions de trésorière des États-Unis sous la présidence d'Obama, se dit emballée par le soutien vigoureux du gouvernement. Et elle ne croit pas que le 250e anniversaire en lui-même soit politisé. “Ce sont des partenaires formidables”, dit-elle de la Maison-Blanche.
- “Je pense que nous voulons tous créer les plus grandes célébrations dans l'histoire de notre pays, et les plus enthousiasmantes.”
Johann Neem, l'historien, se montre plus sceptique quant à la vision qu'a Trump du 250e anniversaire, et face à ce qu'il considère comme son offensive plus générale contre toutes les formes d'expertise et de savoir. Mais il reconnaît que dans leur approche de l'histoire, les spécialistes n'accordent pas toujours de place à des choses comme l'héroïsme des Minutemen [nom donné aux miliciens américains au début de la guerre d'indépendance] qui se sont battus à Lexington il y a deux cent cinquante ans.
Pour beaucoup d'Américains, toutes tendances politiques confondues, cet héroïsme est bien réel, explique Neem, et le fait de l'ignorer peut donner l'impression de violer quelque chose de “sacré”. “Si nous passons à côté de ça, nous passons à côté de l'essentiel”, convient-il.
Un an de festivités
Pour l'anniversaire des 250 ans de la déclaration d'indépendance, promulguée à Philadelphie le 4 juillet 1776, et par laquelle les treize colonies américaines ont déclaré leur souveraineté à la Couronne britannique pour former les États-Unis d'Amérique, la Maison-Blanche a vu les choses en grand. Et préparé des festivités qui vont durer plus d'une année. Elles vont débuter le 26 mai, jour du Memorial Day, pour se conclure en apothéose le 4 juillet 2026. Parmi les premiers événements marquants, un grand défilé militaire va être organisé à Washington le 14 juin pour célébrer, dans le même élan, les 250 ans de la création de l'armée américaine et le 79e anniversaire de Donald Trump. De nombreuses autres cérémonies vont être organisées tout au long de l'année dans un grand nombre de villes et d'États américains.
Jennifer Schuessler
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Gaza. « Le pire depuis le début de la guerre »

Le 30 mai, l'OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU) « avertit que la situation catastrophique à Gaza est la pire depuis le début de la guerre ». Il souligne que « les frappes se sont poursuivies dans toute la bande de Gaza, en particulier dans le nord, où le dernier hôpital encore partiellement opérationnel, Al Awda, a été contraint d'évacuer ses patients hier soir après avoir été frappé à plusieurs reprises ces derniers jours.
Tiré d'À l'encontre.
Les attaques se sont également poursuivies plus au sud, à Deir al-Balah, dans les camps d'Al-Bureij et d'An-Nuseirat. […] Les déplacements se sont poursuivis dans toute la bande de Gaza, avec près de 200 000 personnes déplacées au cours des deux dernières semaines seulement. Hier, les autorités israéliennes ont émis un nouvel ordre de déplacement couvrant environ 30% du territoire total de Gaza, dans le nord de Gaza, l'est de la ville de Gaza et Deir al-Balah. »
En tant que « puissance occupante » – selon le droit international – le gouvernement israélien aurait l'obligation, comme l'affirme l'OCHA, d'assurer « l'entrée de quantités beaucoup plus importantes de fournitures essentielles par plusieurs points de passage et itinéraires ». Or, le gouvernement israélien privatise et militarise une prétendue aide humanitaire, prenant appui sur la structure fantoche Gaza Humanitarian Foundation qui fait appel à des mercenaires et est appuyée par l'armée israélienne.
A ce propos, Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a publié sur les réseaux sociaux, le 1er juin, que cette opération israélo-états-unienne « est devenue un piège mortel… Ce système humiliant a contraint des milliers de personnes affamées et désespérées à marcher pendant des dizaines de kilomètres pour se rendre dans une zone pratiquement détruite par les bombardements intensifs de l'armée israélienne. » Philippe Lazzarini ajoute que « l'acheminement et la distribution de l'aide doivent être à grande échelle et sûrs. A Gaza, cela ne peut se faire que par l'intermédiaire des Nations unies, y compris l'UNRWA. » Et il appelle Israël « à lever le blocus de l'aide humanitaire, en place depuis trois mois, et à permettre un accès sûr et sans entrave, car c'est le seul moyen d'éviter une famine massive, notamment parmi un million d'enfants ». Dans un entretien donné à Middle East Eye le 2 juin, Philippe Lazzarini déclare : « Si Gaza n'est plus désormais un territoire pour les Palestiniens, ils considéreront qu'il s'agit de leur deuxième Nakba. » (Réd. A l'Encontre)
*****
« Comme si ces centres de distribution d'aide distribuaient la mort, à la place »
Par Maha Hussaini et Mohammed al-Hajjar (Gaza) et Ahmed Aziz à Khan Younis (Palestine occupée)
Les forces israéliennes ont commis un nouveau massacre le 1er juin visant des Palestiniens qui cherchaient de l'aide dans la bande de Gaza, tuant au moins 32 personnes et en blessant des dizaines d'autres, a déclaré dimanche le ministère palestinien de la Santé.
Selon des témoins oculaires et des responsables locaux, les forces israéliennes ont ouvert le feu directement sur des civils rassemblés à deux points de distribution de nourriture américano-israéliens à Rafah et dans le centre de Gaza.
Au moins 31 personnes ont été tuées à Rafah et une dans le centre de Gaza, tandis que plus de 200 ont été blessées, dont beaucoup gravement.
Le ministère de la Santé [de Gaza] a accusé Israël d'utiliser le nouveau mécanisme d'aide comme un « piège pour commettre des massacres » et un outil pour « le déplacement forcé de la population de Gaza ».
Il a ajouté que les personnes tuées dans le « massacre » présentaient des blessures par balle à la tête ou à la poitrine, ce qui indique une intention claire de tuer.
A Rafah, des milliers de personnes ont reçu l'ordre de faire la queue à environ 500 mètres du point de distribution de la Gaza Humanitarian Foundation situé au rond-point Al-Alam, a déclaré le journaliste local Mohammed Ghareeb à Middle East Eye.
Alors que la foule approchait de la zone, les forces israéliennes ont ouvert le feu dans toutes les directions, ont déclaré des témoins oculaires.
« Je me tenais parmi la foule, mais lorsque les gens ont commencé à se précipiter vers le point de distribution, je n'ai pas pu les suivre car des centaines de personnes poussaient pour avancer », a déclaré Marwa al-Naouq.
« Puis un quadricoptère [drone] est apparu et a commencé à tirer sur eux. Après cela, l'armée israélienne a ouvert le feu directement sur la foule, et les « forces de sécurité » américaines appuyant la GHF ont tiré des grenades lacrymogènes. Des dizaines de personnes ont été tuées et blessées alors que les gens couraient dans toutes les directions pour tenter de s'échapper. »
Marwan al-Hems, directeur des hôpitaux de campagne à Gaza, a décrit la scène comme un « massacre et un carnage ». « L'occupation a pris pour cible des personnes affamées, comme si ces centres de distribution d'aide distribuaient la mort à la place. »
Les hôpitaux du sud de Gaza ont été submergés, les patients s'entassant dans les couloirs et gisant sur le sol faute de lits et de fournitures médicales, a déclaré Marwan al-Hems. « Nous avons essayé de sauver autant de personnes que possible, mais nous en avons perdu certaines en raison d'une pénurie de sang », a-t-il ajouté.
Le Hamas a accusé Israël d'utiliser l'aide humanitaire comme une arme, affirmant que le système de distribution de nourriture s'inscrivait dans le cadre d'une campagne plus large de génocide.
L'armée israélienne a affirmé « ne pas avoir connaissance de blessés causés par les troupes [de l'armée israélienne] ».
Embuscade
A Rafah et dans le centre de Gaza, des témoins oculaires ont décrit les incidents comme des « embuscades » menées par les forces israéliennes. En coordination avec le « personnel de sécurité » américain travaillant pour la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), des civils affamés ont reçu l'ordre, aux premières heures du jour, de se rendre à un point de rassemblement près du pont de Wadi Gaza, officiellement pour recevoir de l'aide.
Au lieu de cela, ils ont été accueillis par des tirs directs, selon le Bureau des médias du gouvernement basé à Gaza. Beaucoup restent « pris au piège sous des tirs continus à proximité du centre d'aide », a rapporté le bureau.
Une scène similaire s'est déroulée à Rafah, où des milliers de personnes s'étaient rassemblées pendant la nuit pour recevoir de la nourriture. « Ils nous ont dit d'aller dans cette zone humanitaire pour recevoir de la nourriture, puis ils nous ont tués », a déclaré Arafat Siyam, un survivant, à MEE. Le frère de Siyam a été tué.
Les deux hommes étaient arrivés sur le site d'aide vendredi 30 mai à 23 heures, dans l'espoir de ramener de la nourriture à leurs enfants affamés. « Les Américains nous mentent. Depuis quand se soucient-ils de l'aide humanitaire ? Ils appellent ça un poste humanitaire, puis ils nous tuent là-bas. »
Selon le bureau des médias, les forces israéliennes ont tué au moins 49 Palestiniens et blessé 305 autres dans les centres de distribution gérés par la GHF depuis le début de l'opération, le 27 mai.
La GHF, une organisation américaine en proie à des controverses soutenue par Israël, a été créé pour contourner l'infrastructure humanitaire de l'ONU à Gaza.
De hauts responsables humanitaires ont condamné ce projet, affirmant qu'Israël devait cesser de bloquer le système mis en place par l'ONU et permettre à l'aide d'arriver sans obstruction.
Au total, les forces israéliennes ont tué plus de 54 000 Palestiniens dans la bande de Gaza depuis octobre 2023, dont au moins 16 500 enfants. En outre, plus de 10 000 personnes sont portées disparues et présumées mortes, tandis que près de 120 000 autres ont été blessées. (Article publié par Middle East Eye, le 1er juin 2025 ; traduction rédaction A l'Encontre)
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« Le déploiement militaire de denrées alimentaires comme moyen de déplacer une population »
Par Mera Aladam
Les forces israéliennes ont abattu lundi 2 juin trois affamés dans un centre de distribution de l'aide humanitaire américano-israélien (GHF) dans le sud de Gaza, portant à plus de 75 le nombre de personnes tuées en moins de six jours alors qu'elles tentaient de se procurer de la nourriture.
Le ministère de la Santé de Gaza a rapporté que trois Palestiniens ont été tués et au moins 35 blessés lorsque les forces israéliennes ont ouvert le feu près d'un site de distribution d'aide humanitaire à Rafah géré par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël.
Le ministère a indiqué que, selon son propre décompte, au moins 75 Palestiniens ont été tués et plus de 400 blessés alors qu'ils faisaient la queue pour obtenir de la nourriture depuis que la GHF a lancé ses opérations à Gaza le 27 mai.
Les meurtres de lundi ont eu lieu quelques heures après que les forces israéliennes ont abattu au moins 35 Palestiniens à deux points de distribution de nourriture américano-israéliens à Rafah et dans le centre de Gaza. […]
Depuis le lancement de ses opérations mardi dernier, la GHF affirme, sans fournir aucune preuve, avoir distribué des dizaines de milliers de colis alimentaires aux Palestiniens dans le besoin, soit une fraction de ce qui, selon les agences humanitaires, est nécessaire pour faire face à la famine qui sévit dans la bande de Gaza.
Le nouveau système d'aide, qui limite la distribution de nourriture à un petit nombre de centres gardés [quatre] par des agents de sécurité américains, vise à soustraire la distribution aux organisations humanitaires dirigées par les Nations unies.
L'ONU et d'autres grandes organisations humanitaires ont critiqué à plusieurs reprises ce mécanisme, et Médecins Sans Frontières (MSF) a averti que « l'utilisation de l'aide comme une arme pourrait constituer un crime contre l'humanité ».
« Les événements d'aujourd'hui ont montré une fois de plus que ce nouveau système d'acheminement de l'aide est déshumanisant, dangereux et totalement inefficace », a déclaré dimanche Claire Manera, coordinatrice d'urgence de MSF. « Il a entraîné la mort et des blessures de civils qui auraient pu être évitées. L'aide humanitaire doit être fournie uniquement par des organisations humanitaires qui ont la compétence et la détermination nécessaires pour le faire de manière sûre et efficace. »
« Un système hideux »
Rob Williams, directeur général de l'organisation de défense des droits humains War Child Alliance, a également critiqué le mécanisme d'aide soutenu par les Etats-Unis et Israël, affirmant que les scènes à Rafah sont « une condamnation accablante d'un modèle qui n'aurait jamais dû exister ». « Enfermer des familles désespérées derrière des barrières et placer l'aide sous bonne garde armée viole non seulement les principes humanitaires, mais aussi les règles élémentaires de décence. La véritable monstruosité de ce système hideux réside dans le fait de déguiser en action “humanitaire” le déploiement militaire de denrées alimentaires comme moyen de déplacer une population. »
Depuis le 2 mars, Israël interdit toute entrée de marchandises à Gaza, y compris la nourriture, l'eau et les médicaments, afin de contraindre le Hamas à renégocier l'accord de cessez-le-feu conclu en janvier.
Israël veut que le mouvement palestinien libère les derniers otages israéliens détenus à Gaza en échange d'une aide humanitaire, d'une trêve prolongée et de la libération d'autres prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Mais le Hamas insiste pour qu'Israël s'engage à un cessez-le-feu permanent, affirmant que tout « accord partiel » permettra à Israël de reprendre les massacres à Gaza.
Depuis la violation de l'accord de cessez-le-feu, les forces israéliennes ont tué au moins 4000 personnes lors d'attaques visant des tentes, des hôpitaux et des écoles transformées en abris.
Selon les autorités sanitaires et gouvernementales palestiniennes, au moins 54 000 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis octobre 2023, dont plus de 28 000 femmes et fillettes.
Ce chiffre comprend également au moins 1400 professionnels de la santé, 280 travailleurs humanitaires de l'ONU – le plus grand nombre de morts parmi le personnel de l'ONU depuis sa création – et au moins 180 journalistes, le plus grand nombre de professionnels des médias tués dans un conflit depuis que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a commencé à enregistrer ces données en 1992.
En janvier 2025, la revue médicale The Lancet a rapporté que le nombre de morts était probablement sous-estimé de 41%. L'étude estime que 59,1% des personnes tuées étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées de plus de 65 ans. Elle ne fournit pas d'estimation du nombre de combattants palestiniens parmi les morts.
Ce bilan représente 2,9% de la population de Gaza avant la guerre, « soit environ un habitant sur 35 », selon l'étude.
Article publié par Middle East Eye, le 2 juin 2025 ; traduction rédaction A l'Encontre.
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Les libéraux sauront-ils défendre les intérêts des femmes et l’égalité des genres ?

Ça y est, les élections fédérales sont derrière nous et le nouveau gouvernement est en place. Malgré l'impression d'avoir évité le pire en matière de recul des droits des femmes, cette campagne a mis en lumière une fragilisation préoccupante des engagements étatiques pour l'égalité de genre et les droits des femmes.
Dans ce contexte, il est donc essentiel de revenir sur les dynamiques de cette élection ainsi que sur la nouvelle composition ministérielle. Cela nous permettra de mieux cerner les perspectives politiques qui se dessinent au sujet des droits des femmes et des minorités de genre.
Une campagne électorale qui invisibilise les femmes
Sans grande surprise, les enjeux économiques ont occupé le devant de la scène tout au long de la campagne électorale : coût de la vie, guerre commerciale avec les États-Unis, crise du logement, entre autres. Si ces sujets sont indéniablement importants, leur prédominance a relégué d'autres enjeux essentiels au second plan.
Ainsi, les droits des femmes et l'égalité de genre ont été largement absents des échanges, en particulier lors du débat francophone, où ces questions n'ont été évoquées que de manière marginale. Aucun parti n'a pris d'engagement clair sur ces enjeux fondamentaux, et les candidats n'y ont consacré que quelques minutes – à peine – de leur temps de parole. Il aura fallu la question posée par l'une des journalistes dans les cinq dernières minutes du débat pour que les quatre chefs des principaux partis politiques finissent par y accorder de l'attention. Une invisibilisation préoccupante, alors que ces droits concernent plus de la moitié de la population mondiale.
Cette tendance à l'invisibilisation des femmes se confirme lorsqu'on analyse la représentation des femmes parmi les candidatures : un net recul a été observé, tous partis confondus. En 2021, les femmes représentaient 38 % des candidat·e·s. En 2025, ce chiffre est tombé à 32 %. Nous sommes donc loin de la parité.
Seul le NPD fait figure d'exception, avec une proportion de 51 % de femmes parmi ses candidat·e·s, dépassant ainsi légèrement la barre symbolique de l'équilibre.
Face à ce recul préoccupant, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) réitère sa position : rendre obligatoire la parité au sein des partis politiques afin d'assurer une représentation politique équitable et inclusive.
Un nouveau Parlement, mais toujours aucune réelle parité
Avec 18 femmes sur 38 parlementaires, le gouvernement Carney, assermenté le 13 mai dernier, s'approche de la parité statistique (47,4%). Si la parité est atteinte pour le conseil des ministres (14 femmes et 14 hommes), notons toutefois que seules 4 femmes sur 10 ont été nommées secrétaires d'État.
À la différence d'un secrétaire d'État, un ou une ministre siège à toutes les réunions du Cabinet et peut diriger un ministère à part entière. Le ou la secrétaire d'État, elle, n'intervient que sur les dossiers qui relèvent de son champ d'action. Son rôle est plus ciblé, avec des ressources et des moyens plus restreints.
Autre point important à souligner, le cabinet de Mark Carney tend vers la diversité. Pas moins de trois ministres autochtones sont entrés en poste : Mandy Gull-Masty, la nouvelle ministre des Services aux Autochtones – première femme autochtone à diriger un ministère chargé de fournir des services aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis au Canada – , Rebecca Chartrand qui s'occupera du ministère des Affaires du Nord et de l'Arctique, et Buckley Belanger qui devient secrétaire d'État pour le Développement rural. De plus, toutes les provinces et territoires sont représentés par au moins un ministre dans ce nouveau gouvernement et le quart de ces élus et élues sont Québécoises (Le Devoir, 2025).
Autre bon point : le gouvernement Carney s'appuie sur des femmes d'expérience. L'honorable Chrystia Freeland conserve son poste au ministère des Transports et du Commerce intérieur, tandis que l'honorable Mélanie Joly passe à l'Industrie. De nouveaux visages font par ailleurs leur apparition, tels que Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique, élue sous la bannière libérale dans Châteauguay–Les Jardins-de-Napierville.
Enfin, notons la nomination de l'honorable Rechie Valdez à la tête du ministère des Femmes et de l'Égalité des genres, lequel avait été dissous en mars dernier. Première femme d'origine philippine élue à la Chambre des communes, Valdez apporte une double expérience : celle du monde des affaires et de la sphère politique. Entrepreneure de formation, députée depuis 2021, elle est perçue comme une figure montante de la scène fédérale. Sa nomination pourrait marquer un engagement du gouvernement en faveur de la relance de ce ministère. La jeunesse de la nouvelle ministre, son parcours et ses origines multiculturelles en font une actrice attendue sur les enjeux d'équité, de représentation et de défense des droits des femmes.
Malgré ces signes encourageants, il n'en reste pas moins que la composition de la Chambre des communes laisse, quant à elle, à désirer. Seuls 30% des sièges, soit 104 sur 343, sont occupés par des femmes. Ce qui fait dégringoler le Parlement Canadien au 70ᵉ rang du classement mondial de l'Union interparlementaire en matière de parité. Ce recul s'observe également au Québec où 26 femmes sont élues (30%), comparativement à 28 à la précédente élection (La presse, 2025).
Le nouveau gouvernement prendra-t-il en compte les enjeux concrets des femmes ?
Dans le contexte actuel de guerre commerciale avec les États-Unis, le gouvernement se préoccupera-t-il des droits des femmes, plus que jamais menacés ? Rien n'est moins sûr lorsqu'on le voit se concentrer sur l'économie, la sécurité et la défense nationale.
Nous le savons, les femmes subissent plus durement les effets des crises économiques. Surreprésentées dans les emplois précaires, elles sont plus exposées à l'appauvrissement causé par la hausse du coût de la vie. Si les mesures nécessaires ne sont pas mises en place, les inégalités sociales et économiques risquent de s'intensifier. L'instauration de politiques d'austérité mènerait alors à des coupures de services publics, touchant particulièrement les femmes, principales utilisatrices et prestataires de ces services. Sans parler de la montée des droites qui menace chaque jour un peu plus les droits reproductifs et aggrave les violences faites aux femmes.
C'est pour toutes ces raisons que les droits des femmes et l'égalité des genres doivent être reconnus comme des priorités transversales, intégrées à l'ensemble des politiques publiques — qu'il s'agisse d'économie, de santé, de sécurité ou d'immigration.
L'approche intersectionnelle, qui tient compte des réalités croisées vécues par les femmes selon leur origine, leur statut social, leur orientation ou leur situation de handicap, ne peut être reléguée au second plan. Elle doit guider les choix stratégiques, les investissements et les évaluations d'impact du gouvernement.
Reste à voir comment les libéraux réagiront. La FFQ suivra de près l'évolution de ces différents enjeux qui pourraient défavoriser les femmes et les minorités. Nous appelons le gouvernement Carney à réaffirmer son engagement politique envers les femmes de façon claire et à l'inclure à tous les niveaux de décision.
Aujourd'hui, comme hier, nous restons mobilisées pour défendre les droits de toutes les femmes.
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Mères au front au FSMI : un exemple d’intersection

À l'intersection des luttes environnementales et féministes se dresse Mères au front, ce mouvement social fondé en 2020 par la sociologue Laure Waridel et la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette s'est construit autour d'une peur commune : l'avenir des prochaines générations.
28 mai 2025 | tiré du journal des alternatives | Photo : crédit : Mères au front, manifestation pour la fête des mères
Ce collectif décentralisé rassemble 33 groupes locaux à travers le Québec dans le but d'interpeller la société québécoise sur les différents systèmes d'oppression qui se rejoignent dans leurs luttes. La protection de la biodiversité et le droit à un environnement sain sont des enjeux au cœur de leurs préoccupations. Leurs membres contestent la construction de l'usine de Northvolt depuis deux ans, une menace envers la nature et les animaux de la région. Depuis 2022, elles portent une campagne nationale contre la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda et sa pollution des airs et du sol de la ville, dégradant la nature environnante, le territoire urbain et la qualité de vie de la population.
Face à l'inaction politique, mères, grands-mères et enfants se réunissent pour faire bousculer notre société et son rapport à la nature et aux autres. Ensemble, elles mobilisent leur amour pour leurs enfants comme « carburant » pour opérer des actions concrètes au sein de ce mouvement intergénérationnel qui se situe au carrefour de la militance écologiste, féministe, antifasciste et anticapitaliste. Mères au front feront leur début au Forum social mondial des intersections du 29 mai au 1er juin 2025 dans une volonté de mobiliser les femmes et faciliter leur participation dans l'espace militant autour de valeurs intersectionnelles communes.
Mères au front se distingue par l'aspect familial de leur mouvement, un caractère souvent oublié du monde militant. En alliant la maternité aux combats sociaux, elles veulent inclure les enfants dans l'espace de participation sociale afin d'effacer l'obstacle que pourrait représenter la charge familiale et encourager la participation des femmes. L'accent sur l'inclusion familiale dans les espaces militants vise aussi à porter la voix des enfants, qui voient leur futur perdu au profit d'entreprises privées et d'une classe politique endormie. Les mères au front s'emparent de ce combat pour préserver le futur des générations à venir et pousser les gouvernements à agir en considérant l'écologie en premier.
Leur participation au FSMI est marquée par un désir de partager des luttes semblables avec d'autres organismes et se confronter à des perspectives différentes pour mieux comprendre l'aspect mondial de ces enjeux. Leur combat critique la classe politique mondiale actuelle et leur manque d'action contre le dérèglement climatique et l'érosion des droits des femmes et des minorités. Leur présence au forum espère éveiller les consciences, tisser des liens internationaux avec des mouvements venus du monde et mobiliser toujours plus de citoyen.nes autour des causes qu'iels défendent depuis maintenant 5 ans. Leurs actions unissent artistes, scientifiques, et citoyen.nes engagé.es pour léguer une planète saine à nos enfants.
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