Derniers articles

Orientations pour la 6e action mondiale

Les orientations adoptées pour la 6e action de la Marche mondiale des femmes au Québec sont le fruit d'un processus de réflexion collective réunissant des femmes de divers horizons. Ensemble, elles ont défini les postures politiques qui nous guideront tout au long de l'année 2025, orientant nos prises de parole, nos actions et la création des outils d'éducation populaire. Ces orientations s'inscrivent dans l'analyse du mouvement de la MMF et visent à renforcer les liens entre nos luttes locales et internationales. Nous appelons les organisations féministes, de justice sociale et environnementale à s'y rallier en mettant en lumière la manière dont leurs actions et revendications y trouvent écho.
Tiré de : Guide d'outils d'éducation populaire autonome féministe | Marche mondiale des femmes 2025
file :///C :/Users/coord/Downloads/CQMMF_Guide_EPAF_NUM%20(1).pdf
Encore en marche pour transformer le monde !
Dénoncer le continuum de la violence envers les filles et les femmes
• Nous nous mobilisons contre toutes les formes de violence sexiste générées par le système patriarcal dont la forme ultime est le féminicide ;
• Nous nous mobilisons contre les discriminations qui font violence aux femmes à la croisée des systèmes d'oppression ;
• Nous nous mobilisons contre l'industrie de la guerre et de l'armement en complicité avec les gouvernements qui amplifie les violences envers les femmes ;
Dénoncer la pauvreté qui représente une violence systémique
• Nous nous mobilisons contre l'appauvrissement généré par la division sexuelle et genrée du travail de même que par la non-reconnaissance du travail invisible, ici comme ailleurs ;
• Nous nous mobilisons contre tous les préjugés qui portent atteinte à la dignité des filles, des femmes et de toute personne ;
• Nous nous mobilisons contre les choix politiques qui nuisent à la redistribution de la richesse et qui promeuvent la privatisation des services publics ;
Dénoncer le capitalisme responsable de la crise climatique et de l'effondrement de la biodiversité au détriment de la santé et de la vie des populations et celles des prochaines générations ;
• Nous nous mobilisons contre le pouvoir des entreprises transnationales et nationales et leurs impacts négatifs sur le quotidien des femmes, sur la démocratie et l'environnement ;
• Nous nous mobilisons contre les choix d'actions gouvernementales pour la défense de la biodiversité et du climat en connivence avec les intérêts des entreprises au détriment du bien commun dont la privatisation des ressources naturelles ;
Nous marchons POUR
• Le droit des filles et des femmes de vivre en paix et en sécurité ;
• Le droit des filles et des femmes de pouvoir faire leurs propres choix libres et éclairés et que ceux-ci soient respectés ;
• Le droit à un revenu décent garantissant une autonomie économique aux femmes pour vivre dans la dignité ;
• Le droit à un accès gratuit et universel à des services publics de qualité,notamment en santé et services sociaux, en éducation, etc.
• Le droit de vivre dans un environnement sain et respectueux des humains, des communautés et de la biodiversité ;
Nous marchons pour une société basée sur les valeurs féministes qui place l'économie au service du vivant !
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Les limites de la force brute
Deux conflits majeurs retiennent l'attention internationale en ce moment : la guerre russo-ukrainienne laquelle a débuté par l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février 2022 afin d'annexer l'Ukraine d'une part, et d'autre part celui opposant Gaza et l'État hébreu provoqué par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 à l'intérieur d'Israël, près de la frontière gazaouie.
Ces deux conflits présentent des ressemblances frappantes : alors que le Kremlin au départ croyait que son attaque contre l'Ukraine se résumerait à une simple promenade militaire couronnée par la prise facile de Kiev, à Tel-Aviv, on pensait que la riposte à l'attaque du Hamas écraserait rapidement la résistance des Gazaouis, ce qui ne fut pas le cas. Elle dure encore.
Dans les deux cas, on s'est trompé. Russie et Israël se sont heurtés à une résistance farouche de la part des Ukrainiens et Ukrainiennes d'un côté, et des Gazaouis et Gazaouies de l'autre, si bien que ces deux conflits s'éternisent. Dans le premier cas, la Russie est l'agresseur, dans le second, le Hamas. Celui-ci visait selon toute vraisemblance à remettre "sur la carte" tout le problème de la dépossession des Palestiniens et Palestiniennes, lequel ne fait que s'aggraver de jour en jour, une question épineuse que la plupart des classes politiques occidentales ont le plus souvent tenté d'éluder, en particulier l'américaine, indéfectible alliée d'Israël. La tactique du Hamas commence à donner des résultats, encore timides mais peut-être prometteurs. En effet, trois soutiens solides d'Israël menacent d'adopter des mesures de rétorsion si le gouvernement Netanyahou continue à massacrer la population gazaouie. Le Canada, la France et la Grande-Bretagne s'impatientent devant l'arrogance du gouvernement d'extrême-droite en poste à Tel-Aviv. Il devient de plus en plus gênant de continuer à appuyer un gouvernement se livrant à une guerre qui prend chaque jour davantage les allures d'une entreprise d'extermination. Il se peut que le mouvement d'opposition à ce conflit prenne de l'ampleur et aboutisse enfin à une coordination plus large des mesures de rétorsion. Il s'agirait alors d'un changement majeur dans la politique des pays occidentaux à l'égard du conflit israélo-palestinien.
De plus, on observe un basculement progressif des opinions publiques occidentales en faveur des Palestiniens. Non que ceux-ci n'aient bénéficié jusqu'au déclenchement de la guerre d'aucune sympathie parmi elles, mais celle-ci s'élargit de jour en jour. On observe un divorce croissant entre les populations et leurs dirigeants sur cette question, même en Israël dans une certaine mesure.
Compte tenu de la taille minuscule de Gaza et de la concentration de sa population dans cet espace réduit, les Gazaouis se trouvent beaucoup plus vulnérables face aux actions militaires israéliennes que ne l'est le peuple ukrainien qui, lui au moins, dispose d'un territoire bien plus vaste. Les pertes ukrainiennes (militaires et civiles) sont considérables, la brutalité de Moscou est intolérable et devrait entraîner des pressions plus fortes que celles actuellement en vigueur. En Europe, la Russie est vue comme un "ennemi traditionnel" mais sa proximité géographique rend ses voisins prudents et sa puissance militaire en impose. Une certaine retenue découle donc de cet état de fait. Le nouveau président américain, Donald Trump, admire le président russe Vladimir Poutine et a diminué notablement les pressions en vigueur sous Biden.
Au contraire, Israël est l'enfant chéri des classes politiques occidentales dans l'ensemble et il a toujours bénéficié jusqu'à maintenant d'un traitement de faveur de leur part. Netanyahou parle maintenant ouvertement d'occuper à nouveau Gaza, évacué par les Israéliens en 2005. Ses intentions là-dessus sont encore un peu vagues, mais au moins on en connaît les grandes lignes.
Dans le cas de l'Ukraine, Poutine a vraisemblablement renoncé à l'annexer en entier et surtout à s'emparer de sa capitale, Kiev. Il profite de la complaisance de l'administration Trump à son endroit pour maintenir la pression sur Zelensky. De quelle portion du territoire ukrainien serait-il prêt à se contenter ? À coup sûr, au minimum des zones à majorité russophone. On peut toutefois croire que les Ukrainiens conserveraient une part assez importante de leur territoire.
Pour ce qui est de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza, la situation s'avère différente. Dans les deux premiers cas, la colonisation israélienne s'y déploie sans vergogne et le territoire où se concentre une majorité de Palestiniens se réduit comme peau de chagrin. Cet état de fait met bien en relief l'aveuglement et la témérité d'une bonne partie des décideurs israéliens. Dans le cas de Gaza, ce petit territoire, bien avant l'éclatement de l'actuel conflit était qualifié par nombre d'observateurs de prison à ciel ouvert et la population y subsistait dans un état de grande pauvreté en raison du relatif blocus qu'Israël lui infligeait (déjà !). On y trouvait aussi des camps de réfugiés remontant à 1947-1948. Il a été le théâtre de cinq affrontements majeurs avec Israël (2009, 2012, 2014 et 2021) avant le déclenchement de la guerre du 7 octobre 2023. Le conflit présent n'a fait que décupler la misère ambiante.
De façon plus large, l'aboutissement du conflit israélo-palestinien va dépendre en bonne partie d'une éventuelle évolution de la position américaine. Il n'y a rien à attendre des trumpistes. Toutefois, la situation au Proche-Orient évolue rapidement, de manière chaotique et le conflit actuel exige une solution, laquelle ne peut résider dans l'écrasement de la résistance palestinienne. Rien ne pourra remplacer des négociations honnêtes entre Israël et la Palestine. Les principaux acteurs de la tragédie devraient méditer ce vieux dicton :
"En Orient, la victoire n'est complète que si d'un vaincu on peut faire un allié".
J'ajouterais qu'il s'applique aussi à l'Ukraine.
Jean-François Delisle
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Les violences faites aux femmes

La semaine passée, j'ai eu la chance d'offrir encore une fois, une formation en matière de violence conjugale avec une approche féministe intersectionnelle. Depuis des années, je collabore avec différents organismes au Québec, avec des ateliers, des conférences ou des formations sur différents sujets qui touchent la violence systémique faite aux femmes, le racisme systémique (encore aujourd'hui non reconnu au Québec), ainsi que la visibilisation et la protection des droits des personnes issues des communautés de la diversité sexuelle et culturelles, notamment les femmes immigrantes.
La semaine dernière, nous avons appris qu'un autre féminicide à eu lieu au Québec, le 2e en 1 semaine et demi, et comme un “hasard” de la vie, à l'instant même que je donnais la formation, un 8e féminicide a eu lieu encore au Québec. Le 3e pendant mai, Le 8e en 5 mois. C'est trop ! On n‘en peut plus de répéter et de crier : “arrêter de nous tuer car nous sommes des femmes”
Je ne peux plus entendre aux médias “un nouvel homicide” comme Radio-Canada a dit jeudi matin. Certains médias parlent même de “crime passionnel” encore en 2025. C'est une blague ?
Depuis des dizaines des années, des femmes, notamment les féministes, nous nous battons pour dénoncer le concept de féminicide qui a été conçu pour décrire l'action ultime de l'escalade de la violence conjugale, et qui est la mort des femmes par son conjoint ou ex-conjoint. Nous, les personnes qui travaillons avec cet enjeu social, comprenons très clairement qu'une des problématiques sévères de la violence systémique faites aux femmes, ce sont les féminicides. Ces féminicides se passent presque “toujours” à l'intérieur d'une relation de couple ou ex couple, et toujours avec un rapport de pouvoir.
Cette forme de violence est apparemment invisible pour la société québécoise, peut-être parce qu'elle se passe dans la sphère privée. Voilà pourquoi pendant la 2eme vague du féministe, Carol Hanisch a soulevé le grand sujet de “the personal is political”, entre autres car cette séparation entre l'espace privé et l'espace public, parfois coince les femmes à pouvoir dénoncer ou visibiliser ou même prendre les espaces publics pour faire sortir ce que certaines personnes croient qui ne les concerne pas.
J'habite au Québec depuis 16 ans. Pendant tout mon parcours migratoire et mon processus d'intégration à ce territoire merveilleux en tant que terre d'accueil, j'ai croisé des femmes partout qui ont vécu une forme de violence systémique faite aux femmes, soit dans les espaces privés “violence conjugale”, soit dans les espaces publics “harcèlement de rue ou harcèlement sexuel en milieu du travail”.
Hier la salle était pleine, j'ai posé la question, comme à chaque fois, à chaque année, à chaque printemps : Vous croyez que j'exagère quand je dis qu'au moins une fois dans la vie toutes les femmes ont vécu une forme de violence systémique faite aux femmes ? pendant le tour de table, toutes ont avoué l'avoir vécu. TOUTES !
Il n'y a aucun milieu où je vais, où il n'y a pas des femmes qui ne connaissent pas cet enjeu. Présentement, je connais des femmes qui subissent la violence conjugale parmi les mamans de l'école, dans mon milieu de travail, dans les activités de loisirs, partout et toujours. Cependant, on n'en parle pas souvent car le sujet n'est pas beau, et les femmes ont honte d'avouer ce qu'elles subissent. Le sujet rend inconfortable à tout le monde, et pourtant “entre femmes” la majorité reconnaît toujours l'avoir vécu.
Je vous partage cette réflexion que SOS Violence conjugale a publié jeudi passé. Je suis totalement en accord avec l'urgence d'agir et continuer à en parler, l'importance de continuer à travailler pour changer les valeurs profondes de cette société.
“Quand on travaille en violence conjugale, chaque féminicide commis par un partenaire intime, c'est comme un échec. Avec nos collègues des Maisons d'hébergement et des autres organismes spécialisés en violence, ainsi qu'avec ceux des milieux judiciaires et policiers, on met en place des programmes, des mesures, des concertations et des services pour les prévenir et parfois on sent que ça fait une différence... et puis la réalité nous rattrape. Un deuxième féminicide en moins d'une semaine est survenu hier…”
L'approche féministe intersectionnelle permet entre autres, la compréhension de différencier la violence exercée par l'agresseur (de domination) et la violence réactionnelle (de la victime pour se défendre), elle permet aussi de comprendre que cette forme de violence existe à cause de la normalisation du contrôle coercitif à l'intérieur des relations de couple, que cette forme de violence s'inscrit dans le modèle patriarcal au service au modèle socio-économique capitaliste, et comment ces deux modèles se nourrissent et se soutiennent mutuellement.
Rita Segato, antropologue et féministe sud-américaine, souligne l'importance d'avoir une “conscience de genre” pour y comprendre la condition féminine, de la même manière qu'il faut avoir une conscience environnementale pour pouvoir comprendre les enjeux environnementaux.
Je souhaite que le Québec développe de plus en plus cette conscience de “genre” de la même manière qu'il existe la conscience environnementale liée aux enjeux climatiques bien enracinée et de plus en plus visible. Nous ne pouvons pas travailler l'une sans l'autre. En espérant que les changements sociaux permettent cette prise de conscience le plus rapidement possible, avec la même urgence d'agir aux enjeux climatiques, que l'urgence de se respecter les un-es et les autres.
Claudia Santibanez
17 mai 2025
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Création d’un nouveau réseau national pour l’employabilité des femmes au Québec

Saviez-vous que les services d'employabilité destinés aux femmes sont en danger, alors qu'ils sont plus nécessaires que jamais ?
Montréal, le 20 mai 2025 — Les 14 et 15 mai 2025, un nouveau réseau féministe, nommé Réseau femmes et employabilité, a été officiellement lancé à l'issue d'une rencontre réunissant plusieurs organisations engagées pour l'accès des femmes au marché du travail.
Ce réseau regroupe les organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine (OSDMOF) afin de les soutenir dans leur mission auprès des femmes, valoriser leur expertise et les représenter dans une perspective féministe. Ce regroupement national, né de la mobilisation des organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine (OSDMOF), porte une ambition claire : défendre le droit à l'employabilité des femmes, valoriser une expertise de terrain développée depuis plus de 30 ans, et faire entendre une voix collective forte dans le débat public.
Doté d'un conseil d'administration provisoire composé de trois représentantes issues de diverses régions, le Réseau amorce ses travaux avec une double mission : structurer ses instances officielles et intensifier les démarches politiques nécessaires à la reconnaissance de l'expertise développée depuis plus de 30 ans sur le terrain.
Dans un contexte de précarisation croissante du marché du travail et de sous-financement chronique des services spécialisés, ce nouveau réseau représente une occasion en or de parler de solutions concrètes, de terrain, qui touchent directement l'autonomie économique des femmes au Québec.
« Notre réseau naît d'un besoin criant de se rassembler et de se faire entendre. C'est une réponse claire à l'urgence de valoriser les services spécialisés qui accompagnent des milliers de femmes chaque année vers une autonomie économique durable », explique Marie-Laure Labadie, l'une des représentantes du réseau et directrice générale d'Étape emploi de Québec.
Une campagne de mobilisation sera lancée très bientôt afin de faire connaître la démarche, en vue d'un événement public d'envergure prévu à l'automne.
Le réseau souhaite s'imposer comme une figure de proue dans les débats publics et politiques entourant l'égalité en emploi, la reconnaissance des métiers majoritairement féminins et la lutte contre la précarité économique des femmes.
À propos du Réseau femmes et employabilité
Le Réseau femmes et employabilité rassemble des organisations de toutes les régions du Québec qui accompagnent les femmes dans leur parcours vers l'autonomie économique. Ce réseau féministe et inclusif a pour mission de défendre le droit à l'employabilité des femmes, de valoriser l'expertise de terrain des OSDMOF et de renforcer leur représentation politique. Il agit comme levier collectif pour assurer la pérennité des organismes, mutualiser les ressources, favoriser la concertation interrégionale et porter une voix forte en faveur de l'égalité en emploi et de la reconnaissance des métiers à prédominance féminine.
Valérie Gilker Létourneau
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Concernant la déclaration conjointe du Canada, de la France et du Royaume-Uni sur la situation à Gaza et en Cisjordanie

Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, le 21 mai 2025 – Le lundi, 19 mai, le Canada, la France et le Royaume-Uni ont émis une déclaration conjointe qui marquait un revirement en haussant nettement le ton à l'endroit d'Israël. Maintenant qu'ils assistent à l'horrible aboutissement logique des plans israéliens, la situation est devenue tellement embarrassante qu'ils tentent de s'en dissocier. Il s'agit là de paroles. Il est minuit moins une pour le peuple palestinien. Seules des actions d'une grande force – appliquées immédiatement, multilatéralement et dans la durée – peuvent faire reculer Israël.
Une collaboration maintenue à travers 19 mois de génocide
N'oublions pas qu'avant de faire cette déclaration, le Canada, la France et le Royaume-Uni ont appuyé Israël de façon indéfectible depuis des décennies. Ils ont tissé avec ce pays des liens très étroits à tous les plans : économique, politique, diplomatique, militaire, culturel. Des liens jusque dans la complicité avec l'occupation et la colonisation israéliennes du Territoire palestinien occupé (Gaza et Cisjordanie) et avec le génocide en cours.
Depuis octobre 2023, alors qu'Israël tuait et estropiait 200 000 Palestinien·nes (au moins), amenait toute une population vers la famine et détruisait l'ensemble de ses infrastructures, ces pays ont d'abord défendu le « droit d'Israël de se défendre », puis ont exprimé des « préoccupations » et finalement demandé un cessez-le-feu. Mais ils n'ont RIEN FAIT. Ils n'ont adopté aucune sanction significative, ils n'ont pris aucun moyen pour que cet enfer cesse.
Des demandes nettement sous la barre du droit international
C'est la première fois que ces pays utilisent face à Israël des termes comme « discours odieux » ou « actes honteux ». Mais c'est le peu d'envergure de leurs demandes qui frappe.
Le Canada, la France et le Royaume-Uni s'opposent « à l'élargissement des opérations militaires menées par Israël à Gaza » et « à toute tentative d'expansion des colonies en Cisjordanie » (c'est nous qui soulignons). Ces trois pays doivent plutôt exiger la fin immédiate de toutes les opérations militaires d'Israël à Gaza et le retrait complet de son armée de tout le Territoire palestinien occupé (TPO). Et ils doivent exiger le démantèlement de toutes les colonies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Ils aligneraient ainsi leurs demandes sur l'avis qu'a donné la Cour internationale de justice le 19 juillet 2024 et sur la résolution subséquente de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui a fixé le 17 septembre 2025 comme échéance à la fin de l'occupation et de la colonisation israéliennes du TPO.
Sauver la face… avec les mêmes fausses solutions
Alors que le peuple palestinien est sacrifié à Gaza et qu'Israël veut l'achever, le Canada, la France et le Royaume-Uni envisagent « une solution politique à long terme » (c'est nous qui soulignons). Et ils réaffirment leur appui aux « efforts déployés par les États-Unis, le Qatar et l'Égypte », alors que l'Égypte a toujours coopéré avec Israël pour maintenir le blocus et qu'il est connu du monde entier que les États-Unis continuent d'armer Israël et que leur président préconise la prise de possession de Gaza par les États-Unis et son développement en Côte d'Azur moyen-orientale !
Comme si cela relevait d'eux, les trois pays réitèrent leur volonté d'écarter le Hamas de toute discussion sur l'avenir de la Palestine. Et ils ajoutent : « Nous poursuivrons notre collaboration avec l'Autorité palestinienne, des partenaires régionaux, Israël et les États-Unis afin de parvenir à un consensus sur les dispositions à prendre concernant l'avenir de Gaza ». Est-ce ainsi que ces pays conçoivent le droit à l'autodétermination des peuples : décider qui les représente et leur demander d'arriver à un consensus avec un État génocidaire ?
C'est le temps d'agir !
Si le Canada ne veut pas demeurer complice des crimes d'Israël, il doit immédiatement déployer tous les moyens d'action politique et économique à sa disposition, en tant qu'État. Et ils sont nombreux : reconnaître immédiatement l'État de Palestine, appliquer un réel embargo bilatéral sur tout matériel militaire, se joindre à des actions devant les cours internationales, résilier des ententes économiques et militaires, imposer des sanctions, rompre les relations diplomatiques, pour n'en nommer que quelques-uns.
Le Canada devrait aussi œuvrer à ce que tous ses alliés fassent de même et que cette pression internationale réelle soit maintenue jusqu'à ce que soient obtenus :
• la levée immédiate et permanente du blocus israélien, et la reprise de la distribution de l'aide par les agences de l'ONU dûment mandatées pour cela, à commencer par l'UNRWA ;
• un cessez-le-feu immédiat et permanent ;
• le respect intégral du droit international par Israël et donc le démantèlement des colonies et la fin de l'occupation du TPO ;
• la réalisation, rapide et sans condition, du droit à l'autodétermination du peuple palestinien
De nouvelles ordonnances de la CIJ, de nouvelles résolutions de l'ONU, ne feront pas reculer Israël. Une nouvelle conférence à l'ONU en juin prochain, malheureusement non plus. Seul un maximum de sanctions appliquées sans délai peut faire reculer Israël.
Dans une période où le droit international est ouvertement, voire fièrement, bafoué par de nombreux pays – États-Unis et Israël en tête – c'est uniquement de cette façon que le Canada, qui prétend s'en réclamer, pourrait réellement prendre sa défense et s'acquitter de ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Ce qui est en jeu, c'est la possibilité même d'un avenir pour le peuple palestinien.
Citations
« Devant la réalisation ultime de ce à quoi ils ont tacitement consenti, voire même continué à participer depuis octobre 2023, la France, le Royaume-Uni et le Canada cherchent à s'en dissocier à la dernière minute. Il ne faut surtout pas se contenter de leurs paroles. Il faut exiger un maximum d'actions conséquentes, immédiatement, pour contribuer enfin à la libération de la Palestine ! »
— Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine
À propos de la Coalition
La Coalition du Québec URGENCE Palestine s'est formée en février 2024 pour rendre visible l'indignation de la société civile québécoise devant le génocide perpétré par Israël à Gaza et pour soutenir la lutte palestinienne contre l'occupation, la colonisation et la dépossession. Elle rassemble 51groupes syndicaux, communautaires et citoyens partout au Québec.
Site web :
https://urgencepalestine.quebec
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Mark Carney trahit déjà les électeurs et électrices qui l’ont porté au pouvoir

Accorder un rôle réduit au travail et aux travailleurs-euses au sein du cabinet en dit long sur la manière dont Carney entend gouverner.
14 mai 2025 | tiré de Canadian dimension | Photo : Le premier ministre Mark Carney après la prestation de serment de son cabinet, le 13 mai 2025. Photo fournie par Mark Carney/X.
https://canadiandimension.com/articles/view/mark-carney-is-already-betraying-voters-who-made-him-pm
Les libéraux de Mark Carney ont remporté les élections il y a à peine quelques semaines, notamment grâce au ralliement de l'électorat progressiste venu d'autres partis comme le NPD. Ce sont ces électeurs qui ont permis à Carney de faire barrage aux conservateurs de Pierre Poilievre, qui ont pourtant obtenu un bon score en pourcentage de voix.
On pourrait croire que Carney remercierait les électeurs progressistes qui l'ont maintenu au pouvoir, mais c'est tout le contraire qui se produit : ses nominations au cabinet et ses priorités indiquent un virage net à droite, encore plus marqué que ce que laissait prévoir son cabinet de transition préélectoral déjà conservateur. Cela est particulièrement évident en matière de logement et de travail.
Une grande partie de la plateforme de Carney reprenait les politiques économiques de droite de Poilievre : démantèlement de la taxe carbone, réduction de l'impôt sur les gains en capital prévu pour les millionnaires et milliardaires, etc. Le logement semblait faire exception. Beaucoup espéraient que Carney tenait sincèrement à son engagement d'utiliser l'État pour construire des logements à une échelle comparable à celle des années 1940 et 1950. L'un des signes encourageants était le maintien, avant les élections, de Nathaniel Erskine-Smith au poste de ministre du Logement, de l'Infrastructure et des Communautés. Erskine-Smith est largement considéré comme une voix progressiste au sein du Parti libéral, engagé de longue date dans la lutte contre la crise du logement au Canada.
Pourtant, une fois le vote progressiste capté, Carney a évincé Erskine-Smith de son poste et même du cabinet, laissant penser que son plan logement n'était peut-être qu'un écran de fumée électoral. Beaucoup y voient une trahison des engagements pris envers les électeurs. Le chroniqueur politique Evan Scrimshaw a par exemple souligné que les électeurs de gauche avaient mis leur fierté de côté pour soutenir Carney, en échange d'un engagement sincère sur le logement :
Maintenant que Nate est écarté, nous ne pouvons plus faire confiance à Carney. Cette décision a brisé une confiance déjà fragile entre les libéraux et leur aile gauche, sans parler des électeurs du NPD qui nous ont sauvés cette année. Franchement, je me demande à quoi tout cela a servi.
Erskine-Smith lui-même a critiqué cette décision, laissant entendre que s'il s'était représenté aux élections, c'était parce qu'il s'attendait à jouer un rôle central dans une réforme ambitieuse du logement. Comme il l'a exprimé :
De nombreux militants libéraux avaient misé sur Erskine-Smith et sur la question du logement pour convaincre les électeurs du NPD de voter libéral, au-delà du simple réflexe de barrer les conservateurs. Mais il semble que ceux qui ont saisi cette main tendue risquent fort de s'être fait flouer.
La question des droits des travailleurs et des syndicats est tout aussi préoccupante. Avant même les élections, Carney avait déjà supprimé le portefeuille de ministre du Travail, en le reléguant à une sorte de super-ministère fourre-tout sur « l'emploi et les familles ». Il devient ainsi le premier chef de gouvernement à ne pas nommer de ministre du Travail depuis 1909.
Et la situation ne s'est pas améliorée après l'élection : Carney s'est contenté de confier un secrétariat d'État au travail — un poste qui ne siège pas au cabinet. Aucun premier ministre n'a donné aux travailleurs un rôle aussi marginal depuis plus d'un siècle. Les syndicats ont rapidement réagi face à ce virage à droite. Mark Hancock, président du SCFP, a déclaré qu'avec Carney, « les travailleurs comptent encore moins qu'ils ne comptaient sous Trudeau. À un moment aussi crucial pour notre pays, les travailleurs devraient être au premier plan, pas relégués au second plan. »
La situation devient encore plus préoccupante quand on considère que Carney marginalise les travailleurs tout en donnant une place centrale à l'intelligence artificielle, ce qui suscite l'inquiétude des syndicats. Il a notamment nommé Evan Solomon comme tout premier ministre de l'Intelligence artificielle et de l'Innovation numérique. Il est difficile de croire que l'IA ait droit à un ministère à part entière alors que les travailleurs sont à peine mentionnés.
Mais plus encore, les travailleurs s'inquiètent de la manière dont Carney pourrait utiliser l'IA pour réduire la taille de la fonction publique. Durant la campagne, il a suggéré qu'il ne procéderait pas à des mises à pied directes, mais son parti a promis d'utiliser l'IA pour supprimer des postes rémunérés, à l'image des pratiques du secteur privé. L'Association canadienne des employés professionnels (ACEP) s'est dite préoccupée par l'éventualité que Carney remplace des travailleurs par des « technologies non éprouvées ». De même, Sharon DeSousa, présidente de l'AFPC, a critiqué Carney pour avoir imposé un gel des embauches dans la fonction publique et pour promouvoir des programmes d'IA qui nuisent aux Canadiens les plus vulnérables :
« Lorsqu'une personne traverse une crise, elle se tourne vers le gouvernement pour obtenir des réponses et souhaite parler à un être humain, a-t-elle affirmé. Elle ne veut pas être piégée dans une boucle sans fin de réponses automatisées. »
Mark Carney montre aujourd'hui plus clairement que jamais qu'il gouvernera en conservateur, au service des riches et des puissants, pour préserver leur emprise sur la société canadienne. Des dizaines de milliers d'électeurs progressistes se rendent compte qu'ils ont été trompés. Cela montre que même si Poilievre a perdu l'élection, il a remporté la bataille idéologique au sein du Parti libéral.
Christo Aivalis est commentateur politique et historien, titulaire d'un doctorat en histoire canadienne de l'Université Queen's. Ses écrits ont été publiés dans Jacobin, The Breach, Ricochet, Maclean's, le Globe and Mail et le Washington Post.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Le « Dôme d’or » : un piège doré pour le Canada

Le projet de « Dôme d'or » lancé par Donald Trump est tout sauf une mesure défensive rationnelle. Présenté comme un bouclier antimissile censé protéger l'Amérique du Nord de potentielles attaques russes ou chinoises, ce projet pharaonique relève surtout d'un coup politique aux accents impériaux, dans la lignée du nationalisme spectaculaire cher à Trump. Derrière l'imagerie clinquante se profile un plan bâti sur du sable : technologiquement incertain, stratégiquement douteux, économiquement insoutenable.
26 mai 2025
Ce « Dôme d'or » n'est pas une initiative de sécurité, c'est un cadeau au complexe militaro-industriel américain, qui en récoltera les dividendes à coups de centaines de milliards de dollars. Estimé entre 175 et 542 milliards USD, ce programme alimentera les géants de l'armement, tout en permettant à Washington de renforcer son emprise sur ses « alliés » – le Canada au premier chef. Il ne s'agit pas d'une collaboration égalitaire, mais d'un chantage géostratégique déguisé : « si vous ne participez pas, vous serez exposés et isolés ».
Et Ottawa semble prêt à mordre à l'hameçon.
Le gouvernement de Mark Carney, soucieux de rester dans les bonnes grâces de Washington, laisse entendre que la participation canadienne serait « une bonne idée », malgré une opacité totale sur le rôle réel que le pays y jouerait. On ne connaît ni les modalités de financement, ni la chaîne de commandement, ni même les retombées stratégiques. Ce flou n'est pas anodin : il révèle un choix précipité, dicté davantage par la peur d'un courroux trumpiste que par une évaluation sérieuse des besoins du Canada. En s'enrôlant dans le « Dôme d'or », le Canada avaliserait aussi une logique de militarisation de l'espace, ce qui constituerait un ralliement à l'agenda belliciste du trumpisme.
Car soyons clairs : le Canada ne fait pas face à une menace imminente de missiles balistiques. Ce discours alarmiste relève du prétexte. L'argent qu'on s'apprête à engloutir dans ce projet inutile pourrait être investi pour faire face à la crise climatique, en développant les transports publics gratuits ou en répondant aux besoins essentiels de la population canadienne, comme la construction de logements sociaux.
Il est encore temps de dire non.
Non à un projet dicté par l'industrie de la guerre.
Non à une dépendance accrue vis-à-vis de Washington.
Non à une vision du monde fondée sur la peur, la confrontation et la surenchère technologique qui cherchera à mobiliser l'intelligence artificielle sur le terrain militaire.
Nous devons exiger un débat public afin d'assurer un contrôle démocratique sur nos choix d'investissements de l'argent public, et un engagement ferme en faveur de la paix, qui seule pourra protéger nos droits et répondre aux besoins de la majorité populaire.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Surprise party chez Glencore : squat symbolique et zone de liberté temporaire dans la Zone Tampon de Rouyn-Noranda

Rouyn-Noranda, 20 mai 2025 — Dans le cadre de la semaine d'actions du FRAPRU pour le droit au logement du 19 au 24 mai, des militant·es anticapitalistes et anarchistes ont lancé aujourd'hui une action coup de masse dans la tristement célèbre Zone Tampon de Rouyn-Noranda. Une maison appartenant à la multinationale Glencore y est désormais occupée dans le cadre d'un squat symbolique, zone libérée, espace d'autonomie, de solidarité et de résistance.
Les insurgéEs du logement à Rouyn-Noranda est un collectif d'anonymes qui militent pour l'expropriation des parasites et la socialisation totale du parc locatif. Le logement est un besoin de base et un droit reconnu par les chartes universelles. Personnes devrait se faire du cash sur la misère du pauvre monde.
Pendant que les élites détruisent nos quartiers pour préserver les profits d'une fonderie toxique, nous, habitant·es, militant·es, et allié·es, construisons des espaces de vie, de dignité et de lutte.
« Glencore, avec la complicité de l'État, veut vider un quartier entier sous prétexte de "protéger la population"... tout en continuant à empoisonner l'air. Ils détruisent des maisons pendant que des milliers de personnes dorment dans la rue ou s'entassent dans des logements insalubres. »
– Luca Mancone, membre du collectif des insurgéEs du logement à Rouyn-Noranda.
Dans une époque marquée par la pire crise du logement du siècle, cette démolition organisée est une attaque contre nous.
Aujourd'hui, nous disons non. Nos vies valent plus que leurs profits.
Aujourd'hui, on fait la fête dans les ruines de leur absurdité.
Bienvenue à la surprise party chez Glencore !
Ce n'est pas une simple action de protestation : c'est une réappropriation. Nous ne demandons pas l'autorisation de vivre — nous la prenons. À travers ce squat symbolique, nous affirmons que chaque maison doit être un foyer, pas un actif financier ; les maisons doivent appartenir aux gens, pas aux corporations ultraviolentes ; la justice sociale et écologique exige la fin du capitalisme extractiviste.
La campagne du FRAPRU : La clé, c'est le logement social revendique que le gouvernement du Québec investisse massivement afin que le logement social atteigne 20 % du parc locatif d'ici 15 ans. Cela passe par le financement de 10 000 nouveaux logements sociaux par an, sous forme de coopératives, d'OSBL et de logements publics, hors du privé et de la logique de profit. Nous nous joignons à cette revendication largement insuffisante.
Par ailleurs, nous tenons à pointer le racisme de François Legault qui met la faute de la crise du logement sur l'immigration alors qu'il a lui même coupé le programme AccèsLogis qui finançait la construction de logements sociaux. « Fuck you crisse de mononc' raciste à'marde t'est un esti de trou de cul ! » -Samuel Touchette, membre du collectif des insurgéEs du logement à Rouyn-Noranda
Un rassemblement de quartier a eu lieu ce soir autour d'un BBQ autogéré, il reste de la bonne bouffe véganne et le four est encore chaud, venez-nous rejoindre ! C'est une excellente occasion de se retrouver, de jaser, de rêver à d'autres mondes possibles — sans Glencore, sans patrons, sans police, sans frontières.
La Zone Tampon devient aujourd'hui une Zone de Liberté : émancipée du contrôle corporatif, où l'imaginaire anarchiste s'incarne dans des gestes concrets de résistance et de soin collectif.
Nous appelons à la solidarité.
Nous appelons à la révolte.
Nous appelons à l'occupation de chaque centimètre de territoire abandonné à la spéculation, à la pollution et au profit.
Un logement pour toutes et tous. Une vie digne, hors du capital.
– Collectif des insurgé·es du logement à Rouyn-Noranda
(En lutte avec le FRAPRU et toutes celles et ceux qui refusent de se soumettre)
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Appuyons la Chaise des générations pour l’Assemblée nationale

Les Québécois·es sont invité·es à soutenir l'adoption d'une Chaise des générations conçue pour prendre place à l'Assemblée nationale du Québec d'ici le 5 juin, Journée internationale de l'environnement et fin de la présente législature. Ce geste veut rappeler aux élu·es l'importance de reconnaître la voix des jeunes autour de la table où se prennent les décisions liées aux enjeux environnementaux. Une invitation des Mères au front.
Tiré de L'infolettre de L'R des Centres de femmes
https://www.meresaufront.org/cdg-jappuie
Pétition adressée à :
– François Legault (Premier), QC, Coalition avenir Québec
– Benoit Charette (Minister of the Environment, the Fight Against Climate Change, Wildlife and Parks), QC, Coalition avenir Québec
– Suzanne Roy (Minister of Families), QC, Coalition avenir Québec
– Nathalie Roy (MNA), Montarville, Coalition avenir Québec
– Bernard Drainville (Minister of Education), QC, Coalition avenir Québec
– Yannick Gagnon (MNA), Jonquière, Coalition avenir Québec
– Ruba Ghazal (MNA), Mercier, Québec solidaire
– Marc Tanguay (MNA), LaFontaine, Quebec Liberal Party
Appuyer l'adoption de la Chaise des générations est un geste fort pour rappeler aux élu·e·s l'importance de reconnaître la voix des jeunes autour de la table où se prennent les décisions politiques et législatives liées aux enjeux environnementaux.
En appuyant cette Chaise, vous ajoutez votre voix pour demander ensemble aux élu·e·s de l'Assemblée nationale, de tous partis confondus :
– d'honorer la voix des enfants qui ne sont pas en âge de voter et leur droit d'être entendu
– de garder le cap sur les questions liées à la préservation de la biodiversité, la réduction des GES et la prévention de la pollution
– de se rappeler que leurs décisions sur les enjeux climatiques ont un impact sur leur santé, leur sécurité et leur avenir
– d'adopter la Chaise des générations dans l'enceinte de l'Assemblée nationale
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Sommet « Pour vivre de la forêt » : propositions d’avenir pour notre régime forestier

Le mouvement syndical du monde forestier convie aujourd'hui des travailleurs et travailleuses, des parties prenantes telles que des groupes environnementaux et représentants autochtones, ainsi que plusieurs experts à un Sommet sur le thème « Pour vivre de la forêt » à Chicoutimi. À l'aube de la commission parlementaire sur le projet de loi no 97, les différents acteurs du monde de la forêt estiment que le gouvernement a échoué à assurer l'avenir durable de la filière et mettent de l'avant les éléments essentiels d'une réforme du régime forestier susceptible de réussir.
Tiré de L'infolettre de la CSN En mouvement
https://www.csn.qc.ca/actualites/sommet-pour-vivre-de-la-foret-propositions-davenir-pour-notre-regime-forestier/
20 mai 2025
« L'avenir de l'industrie et des emplois qui en découlent dépend de la capacité à réformer le régime forestier dans une perspective durable, dans le respect de l'environnement et des réalités autochtones, en mettant en œuvre une stratégie industrielle axée sur la transformation et la diversification, en misant sur un meilleur aménagement forestier et sur une gouvernance régionale efficace. Québec a échoué à la tâche en ne portant réellement l'oreille qu'à un cercle restreint de voix », déplorent les porte-parole de l'événement, Daniel Cloutier d'Unifor, Nicolas Lapierre du Syndicat des Métallos, Kevin Gagnon de la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), Luc Vachon de la CSD et Denis Bolduc de la FTQ.
« Nous mettons aujourd'hui au jeu une vision large, inclusive et mobilisatrice d'une réforme de notre régime forestier », ajoutent les syndicalistes, précisant que les 9 propositions mises au jeu sont le fruit d'un dialogue avec plusieurs experts et parties prenantes.
Des propositions d'avenir se dégagent autour de quatre piliers pour une réforme du régime forestier réellement porteuse d'avenir et rassembleuse :
– Une stratégie industrielle apte à soutenir des emplois de qualité et durables ;
– Un aménagement forestier qui assure la pérennité des écosystèmes ;
– Un dialogue social constructif avec les partenaires du milieu forestier ;
– Une gouvernance efficace, responsable et régionale.
« Il faut aujourd'hui résoudre une question fondamentale : comment assurer un avenir durable à l'industrie forestière et aux emplois qui y sont associés ? Le modèle d'exploitation et d'aménagement de la forêt doit changer pour être plus pérenne, viser l'acceptabilité sociale et reposer sur un réel dialogue social. Au terme d'un simulacre de consultation, Québec semble donner les clés de la forêt à l'industrie et privilégier des gains à court terme. Il y a urgence d'agir, mais nous refusons de suivre le gouvernement dans un tel cul-de-sac. C'est la soutenabilité de nos emplois, de nos communautés et de la forêt qui est en jeu », ajoutent les porte-parole du Sommet.
Les propositions émanant du Sommet seront transmises à la ministre des Ressources naturelles et des Forêts. Plusieurs des personnes intervenantes participeront également aux commissions parlementaires sur le projet de loi n° 97, Loi visant principalement à moderniser le régime forestier.
La plateforme mise de l'avant lors du Sommet peut être consultée en cliquant sur le lien suivant : lien à venir.
« Pour vivre de la forêt, dignement et encore longtemps, un coup de barre s'impose dès maintenant. Nous tendons la main au gouvernement pour travailler enfin de façon constructive à une réelle réforme du régime forestier porteuse d'avenir. Il doit retourner à la planche à dessin », concluent les organisateurs du Sommet.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Marché du carbone et taxe sur l’essence : le gouvernement fait le bon choix selon des organisations environnementales

MONTRÉAL | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET NON CÉDÉ DE LA NATION KANIEN'KEHÁ:KA, le 23 mai 2025 — L'Alliance TRANSIT, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Greenpeace Canada, Nature Québec, le Réseau action climat Canada et Vivre en Ville expriment leur appui envers les récents propos du premier ministre François Legault et du ministre des Finances Éric Girard au sujet du marché du carbone et de la taxe sur l'essence, des mesures écofiscales clés pour lutter contre la triple crise du climat, de la biodiversité et du coût de la vie.
« C'est un soulagement d'entendre le premier ministre et le ministre des Finances réaffirmer l'importance du marché du carbone et de la taxe sur l'essence pour financer notre action climatique. Notre marché du carbone, malgré ses défauts, fait la renommée du Québec à l'international. Quel message enverrait-on si on reculait sur ce qui fait de nous un leader ? On le répète, réduire nos émissions de gaz à effet de serre est indispensable pour que la vie soit abordable à long terme », déclare Andréanne Brazeau, analyste principale des politiques pour le Québec à la Fondation David Suzuki.
« Malgré ses défauts, le marché du carbone demeure un outil essentiel pour la transition énergétique au Québec. Mettre la hache dedans servirait d'abord et avant tout les intérêts de Trump et du lobby pétrolier — le Québec doit se tenir debout face à l'offensive des grands pollueurs qui n'attendent que le feu vert des gouvernements pour nous faire reculer d'une décennie en matière de lutte aux changements climatiques », estime Louis Couillard, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.
Un système essentiel mais imparfait
Alors qu'il y a à peine quelques mois, le gouvernement avait sur sa table à dessin une réforme du marché du carbone afin de le rendre plus efficace, les organisations l'appellent à rapidement mener à terme cette réforme en priorisant les changements les plus porteurs pour augmenter la contribution des grands pollueurs industriels et limiter l'impact sur les ménages, dont plus particulièrement ceux à plus faible revenu.
Elles réitèrent leurs recommandations publiées en 2022 ainsi que celles du Comité consultatif sur les changements climatiques pour rapidement renforcer le marché du carbone au bénéfice de toute la population.
« Le problème, ce n'est pas le marché du carbone en soi. L'heure est venue de faire les réformes nécessaires pour resserrer la vis aux gros pollueurs, par exemple en réduisant dès maintenant les “droits de polluer” offerts gratuitement aux grandes industries et en augmentant le prix du carbone. À l'heure où des milliers de familles québécoises sont aux prises avec une hausse fulgurante du coût de la vie et se retrouvent à défrayer la majorité des coûts de la crise climatique, demandons aux responsables d'assumer leurs responsabilités », recommande Charles-Édouard Têtu, analyste des politiques climatiques et énergétiques, Équiterre.
« Le Québec accuse un retard considérable sur ses cibles climatiques, et ce sont nos communautés qui en paient le prix. Le marché du carbone a le potentiel d'être un véritable levier de justice climatique s'il applique mieux le principe du pollueur-payeur et si la gestion des fonds est plus rigoureuse et transparente. Nous avons tout à gagner à renforcer les outils déjà en place », ajoute Leïla Cantave, responsable pour le Québec au Réseau action climat Canada.
Le marché du carbone : un outil pour rendre la vie plus abordable
Pour les organisations, là où le bât blesse, c'est dans la distribution des fonds récoltés via la bourse du carbone et la manière de la communiquer à la population, à l'heure où la crise climatique entraîne des coûts individuels et collectifs croissants.
« Le marché carbone est une excellente mesure d'écofiscalité, qui fait du Québec un leader nord-américain et qui contribue à lutter à moindre coût contre les changements climatiques. On doit en faire plus pour accélérer une transition écologique qui ne laissera personne derrière, et c'est ce à quoi nos énergies devront être consacrées pour consolider la tarification du carbone au Québec », analyse Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.
« Par le passé, l'argent récolté grâce au SPEDE a permis de développer des services de mobilité durable au Québec, mais il est temps de réviser sa gestion pour qu'il en fasse encore bien plus dans toutes les régions, d'autant plus qu'un surplus de 1,6 milliard demeure inutilisé. Quant à la taxe sur l'essence, qui finance l'entretien des infrastructures de mobilité, elle envoie un signal-prix essentiel, mais demeure insuffisante », ajoute Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur de l'Alliance TRANSIT.
« Il ne faut pas oublier qu'une partie des revenus du marché du carbone sert à financer l'adaptation aux changements climatiques. Montrer à la population du Québec comment cet argent peut les aider dans leur quotidien à faire face aux feux, aux inondations ou encore aux glissements de terrain permettrait une meilleure adhésion au marché du carbone, surtout à l'heure où de plus en plus d'assureurs ne veulent plus assumer le coût de ces catastrophes », conclut Anne-Céline Guyon, analyste climat-énergie chez Nature Québec.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Des pipelines au Québec ? Le mouvement citoyen dit non à un retour en arrière !

Cette lettre est cosignée par des membres de 84 organisations citoyennes et personnalités publiques ayant contribué directement à la lutte contre les projets d'énergies fossiles au Québec au cours des dernières décennies*. Elle est aussi endossée par 29 organisations environnementales et autres ainsi que par plusieurs dizaines de citoyennes et citoyens individuel·les qui adhèrent à son contenu**.
Mesdames et Messieurs les parlementaires du Québec à Ottawa et à Québec,
Messieurs les candidats à la chefferie du Parti libéral du Québec,
Ceci est un message du mouvement citoyen qui a fait échec aux projets d'énergies fossiles qu'on a tenté d'imposer au Québec au cours des dernières décennies : centrale au gaz du Suroît, port méthanier Rabaska, forages aux Îles de la Madeleine, dans le golfe et le fleuve Saint-Laurent, dans la vallée du Saint-Laurent, en Gaspésie, au Bas-Saint-Laurent et sur l'île Anticosti, oléoduc Énergie Est et port pétrolier de Cacouna, gazoduc/usine de liquéfaction GNL Québec (Gazoduq/Énergie Saguenay).
Au fil des ans, nous avons combattu sans relâche toutes les tentatives d'intrusion fossile au Québec. Nous avons tenu des séances d'information publiques et des assemblées de cuisine, publié des infolettres, organisé des forums citoyens, tapissé nos parterres de pancartes, talonné nos député·es, fait signer 65 657 refus d'accès à la propriété, assailli nos conseils municipaux et obtenu l'adoption de centaines de déclarations, résolutions et règlements, marché, manifesté encore et encore, même au plus froid de l'hiver, pulvérisé la désinformation, encore et toujours, écrit des mémoires et des livres, participé aux consultations, même bidon, tourné et projeté des films, chanté, dessiné, donné des formations en résistance citoyenne, alerté les médias et fait tant d'autres choses. Nos familles, nos ami·es, nos voisin·es ont compris les enjeux et à la fin, chaque fois, nous avons remporté le combat de l'opinion publique. Ainsi, malgré la pugnacité avec laquelle les promoteurs et même les gouvernements ont voulu enfoncer ces projets dans la gorge des Québécois·es, ils ont tous été retirés.
C'est donc avec stupéfaction que nous avons appris que certains d'entre vous se disent « ouverts » à la construction d'oléoducs ou de gazoducs qui traverseraient le Québec. L'urgence climatique ne s'est pas atténuée depuis l'abandon des projets que nous avons vaincus. Elle s'accentue et ses premières manifestations donnent déjà froid dans le dos. L'effondrement de la biodiversité, nourri par le dérèglement du climat, s'accélère aussi à un rythme terrifiant. Aucun doute : il faut cesser de produire, distribuer et brûler des combustibles fossiles. Nous nous battrons encore becs et ongles dans ce but, s'il le faut, et nous savons qu'une toute nouvelle génération de militantes et militants sautera à son tour dans l'arène pour défendre son droit à un avenir viable.
Monsieur Steven Guilbeault, lieutenant du Parti libéral du Canada au Québec, il vous revient de convaincre votre chef, le premier ministre Mark Carney, et vos collègues à Ottawa de ne pas céder au chantage de l'Alberta en faisant fi des choix du Québec. La nature ne peut plus souffrir de reculs stratégiques, vous le savez. Et les travailleurs et travailleuses du secteur pétrogazier méritent mieux que des emplois maintenus artificiellement par le déni scientifique.
Monsieur Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, vous êtes le seul leader d'un grand parti fédéral à avoir opposé un non catégorique aux projets de pipelines. Nous comptons sur vous pour faire de cet engagement une priorité absolue et une condition de votre appui au gouvernement Carney.
Monsieur Alexandre Boulerice, député du Nouveau Parti Démocratique au Québec, nous vous invitons à exiger plus de rigueur de votre parti : un pipeline qui « n'endommage pas l'environnement », comme l'a évoqué votre chef pendant la campagne, ça n'existe pas.
Mesdames et Messieurs les député·es de la Coalition avenir Québec à l'Assemblée nationale, qui aviez promis de défendre les intérêts du Québec à Ottawa, comment avez-vous pu voter contre la motion du deuxième groupe d'opposition demandant au gouvernement de s'opposer à tout projet de pipeline au Québec ? La démonstration a été faite, sans ambiguïté, que de tels projets seraient néfastes pour le climat, compromettraient la santé des cours d'eau et des écosystèmes touchés, menaceraient l'eau potable de millions de Québécois·es, dans le cas d'un oléoduc, et auraient des retombées économiques minuscules pour le Québec.
Et vous, députées du Parti libéral du Québec, qui avez aussi rejeté la motion sur les pipelines, pourriez-vous rappeler aux candidats à la direction de votre parti que Philippe Couillard, dernier premier ministre libéral à ce jour, s'est cassé les dents sur le mur social que nous avons érigé entre le Québec et les projets fossiles qu'il caressait avec le lobby pétrogazier ? À vous d'encourager Pablo Rodriguez, Charles Milliard, Karl Blackburn et les autres aspirants-chefs à renoncer bien vite à suivre ses traces dans ce cul-de-sac.
Mesdames et Messieurs les parlementaires québécois·es et candidats à la chefferie du PLQ, vous avez mieux à faire que de souffler sur les braises de la pétroéconomie canadienne, souvent au bénéfice d'investisseurs étrangers, mais toujours au détriment du Québec et de la planète. La transition sociale et écologique nous appelle et vous appelle. Unissons-nous pour la réaliser.
* Ont cosigné cette lettre :
Odette Sarrazin, Vigilance Brandonnie, Saint-Gabriel-de-Brandon, depuis 2012 ; sur la base de l'étude indépendante de Jacques Harvey et ÉcoGestion Solution, mobilisation menant au refus catégorique par la MRC de D'autray, le 4 février 2015, du passage de l'oléoduc Énergie Est sur son territoire ; en 2017, campagne de financement pour la défense (victorieuse) de Ristigouche-Partie-Sud-Est (158 habitants) contre la poursuite de la pétrolière Gastem.
Daniel Green, co-président, Société pour vaincre la pollution.
Philippe Duhamel, Comité Vigilance Hydrocarbures Trois-Rivières (depuis 2010).
Stéphane Poirier, cofondateur de NON à une marée noire dans le Saint-Laurent (depuis 2010).
Martin Poirier, Coule pas chez nous !
Alain Mignault, Chorale du peuple, Montréal, depuis 2011.
Vincent Marchione, Comité de vigilance environnementale de l'est de Montréal (CVEEM).
François Geoffroy, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC), organisateur des grèves climatiques de 2019 et 2022.
Henri Jacob, président, Action boréale.
Shirley Barnea, porte-parole de Pour le futur Montréal (2019-2024), organisatrice de manifestations et grèves étudiantes.
Lucie Sauvé, Ph.D., professeure émérite, chercheure du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement et à l'écocitoyenneté, UQAM, responsable du Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec.
Guy Coderre, enseignant à la retraite, Centre de formation en traitement de l'eau, auteur d'études sur la vulnérabilité des stations de purification d'eau en cas de contamination par les hydrocarbures (2016).
Esther Auger, Pétroliques anonymes, Rivière-du-Loup (2013-2024).
Dominic Champagne, artiste, militant contre le gaz de schiste, réalisateur du film Anticosti : la chasse au pétrole extrême.
Lucie Bergeron, membre de Stop Oléoduc Capitale-Nationale (2013-2019), aujourd'hui Transition Capitale-Nationale.
Sylvie Berthiaume, présidente, Solidarité Environnement Sutton.
Gisèle Comtois, membre de Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) depuis 2015, Montréal.
Odette Lussier, citoyenne de L'Islet, membre de Stop Oléoduc Montmagny-L'Islet de 2013 à 2015.
Greg Mikkelson, co-founder, Cross Border Organizing Working Group.
Louis Couillard, ancien coordonnateur de la coalition contre GNL/Gazoduq, membre du comité organisateur de la marche pour le climat du 27 septembre 2019 avec Greta Thunberg qui a réuni 500 000 personnes à Montréal et ailleurs au Québec. Aujourd'hui responsable de la campagne Climat - Énergie chez Greenpeace Canada.
Jacques Tétreault, co-organisateur de la campagne « Vous n'entrerez pas chez nous » : 65 657 lettres de refus d'accès à la propriété signées par des citoyen·nes pour dire non à la fracturation, déposées à l'Assemblée nationale en 2012 et 2014.
Martine Chatelain, présidente d'Eau Secours ! de 2010 à 2015, porte-parole jusqu'en 2018.
France Pomminville, Réalité Climatique Canada.
Lucie Massé, porte-parole, Action Environnement Basses-Laurentides.
Nastassia Williams, porte-parole de Tache d'huile (2012-2018).
Sophie Thiébaut, conseillère municipale de 2009 à 2021 (arrondissement du Sud-Ouest, Montréal), porteuse de résolutions d'opposition concernant la perte de pouvoir des municipalités à protéger leur territoire de l'extraction des hydrocarbures (Loi 106) ainsi que la sécurité ferroviaire liée au déplacement des hydrocarbures.
Irène Dupuis, présidente, Saint-Antoine-de-Tilly - Milieu de vie et Lotbinière en transition (2015-2020), co-organisatrice des forums citoyens Quand l'or noir rencontre l'or bleu (2015) et Demain Lotbinière, on s'emballe pour le climat (2018).
Rose-Hélène Tremblay, Environnement Vert Plus, Gaspésie (depuis 1986).
Louise Morand, Comité vigilance hydrocarbures de la MRC de L'Assomption (depuis 2016).
Marie-Claire Binet, présidente, L'Assomption en transition.
Pierre Dostie, comité de coordination de la Coalition Fjord (GazoduQ-GNL Non merci ! 2018-2021).
Olivier D. Asselin, réalisateur de Pipelines, pouvoir et démocratie.
Annie Landry, citoyenne engagée des Îles de la Madeleine, scénariste du film Le peuple de la mer et auteure de La pêche ou le pétrole.
Geoff Clayden, représentant, La Planète s'invite au parlement-Gaspé (2019-2022).
Majorie Lapierre, Énergie alternative aux Îles de la Madeleine (2010-2017).
Lise Houle, Regroupement Gaz de schiste Verchères (2011-2018).
Simon Côté, porte-parole de Stop Oléoduc Kamouraska (2013 à 2016), coordonnateur général d'Arbre-Évolution Coop.
Ellen Nutbrown, membre de Citoyens du Bassin de Chambly contre l'oléoduc Énergie Est depuis 2016.
Serge Fortier, Pierre Bluteau et Pierre Brazeau, cofondateurs du RIGSVSL (Regroupement interrégional sur le gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent) (2011-2014), initiateur d'un mouvement citoyen fort contre le gaz de schiste au Québec, et du CMAVI (Collectif, Moratoire, Alternatives, Vigilance et Intervention) (2014-2018).
Normand Léo Beaudet, Diane Roy et Denise Brouillard, membres de la Coalition Alerte à l'enfouissement Rivière-du-Nord (CAER) opposée à l'inversion de l'oléoduc 9b d'Enbridge (2014) et au gazoduc Ste-Sophie en lien avec le méga dépotoir de la multinationale WM (2023-2024).
Mikael Rioux, Vigile citoyenne Cacouna, Marche des peuples pour la terre mère.
André Lafrance, cofondateur du mouvement citoyen Alerte pétrole Rive-Sud (2014-2018).
Guy Boudreau, Comité vigilance hydrocarbures Lavaltrie (2014-2023).
Benoit St-Hilaire, Prospérité Sans Pétrole.
Me Rodrigue Turgeon, cofondateur et coporte-parole du Collectif abitibien Gazoduq, parlons-en ! (2019 à 2021).
Réal Lalande, coordonnateur, Stop Oléoduc Outaouais (SOO) 2016 à 2018 et président, Action Climat Outaouais (ACO), dont les membres ont organisé la Marche citoyenne pour nos rivières (125 km de Saint-André-d'Argenteuil aux centres-villes de Gatineau et d'Ottawa) en opposition au projet d'oléoduc Énergie Est, du 14 au 20 août 2016.
Chantale Gamache, L'Association des Saint-Marcois.
Denise Campillo, Comité de vigilance gaz de schiste de Roxton Falls.
Albert Geuzaine, coordonnateur régional Montérégie (RVHQ) - contre le gaz de schiste (2011-2013).
Serge Giard, Comité gaz de schiste St-Hugues.
Gérard Montpetit, Comité Non-Schiste La Présentation et auteur du recueil L'histoire de la lutte aux hydrocarbures à travers 100 textes de Gérard Montpetit.
André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).
Éric Pineault, professeur, département de sociologie et Institut des sciences de l'environnement, UQAM et auteur du livre Le Piège Énergie Est.
Marc Nantel, Regroupement Vigilance Mines de l'Abitibi et du Témiscamingue.
Estelle Le Houx, Marche des peuples pour la terre mère.
Karen Busque, Les AmiEs de la Terre de Québec.
Marc Brullemans, Comité vigilance gaz de schiste de la Mauricie et coordonnateur interrégional au RVHQ (2010 à 2018).
Denise Laprise, militante, initiatrice de Montmagny en transition.
Raymond Gauthier, militant puis porte-parole du regroupement Madelinots pour le Respect du Golfe (MRG) de 2004 à 2013 et cofondateur de la Coalition Saint-Laurent.
France Mercille, coréalisatrice du film 20 000 puits sous les terres (2012).
Catherine Berger, Rimouski en transition.
Joyce Renaud, fondatrice et vice-présidente de Mobilisation climat Trois-Rivières, opposante à Énergie Saguenay.
Marielle Boisjoly, militante, Vigilance Lanoraie depuis 2012.
Johanne Béliveau, citoyenne, co-auteure de l'ouvrage L'héritage des luttes environnementales au Québec - Un souffle éco-citoyen.
Laure Waridel, écosociologue, PhD et Anaïs Barbeau-Lavalette, cinéaste et autrice, instigatrices de Mères au front ; Gabrielle Spenard-Bernier et Myriam Thériault, co-directrices.
Alyssa Symons-Bélanger, La Marche pour le Vivant.
François Gagné et Guy Leclerc, architectes, membres du collectif fondateur de CAP-RN (Coalition Anti Pipeline-Rouyn-Noranda), film Une couleuvre dans ma chambre.
Jacques Benoit, membre de GMob (Group Mobilisation) à l'origine de la Déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique-DUC reconnue par plus de 525 municipalités représentant plus de 80 % de la population du Québec, corédacteur du Plan de la DUC.
Hugues Bonenfant, Comité de Vigilance de St-Valérien (2012-2019).
Robert Marquette pour Solidarité populaire Richelieu Yamaska.
Martin Archambault membre fondateur de OLEA Oxygène Laval En Amont.
Marie-Eve Leclerc, organisatrice de la Marche Action Climat du 11 avril 2015 devant l'Assemblée nationale à Québec (25 000 personnes) et de la Marche 100 % Possible du 29 novembre 2015 devant le Parlement d'Ottawa (aussi 25 000 personnes).
Jean Falaise pour le Comité pour l'action climatique et environnementale Durham-Sud.
Julie Hevey, Citoyens au Courant (2015-2018).
Carol Saucier, porte-parole du regroupement citoyen Solidarité Gaspésie qui a joué un rôle décisif dans la lutte victorieuse contre le projet pétrolier Galt près de Gaspé (2018-2021).
Chantal Levert, Réseau québécois des groupes écologistes RQGE.
Ulla Gunst, Stop Oléoduc Île d'Orléans (2016-2017), Caravane la Gaspésie à cœur« Eau et hydrocarbures : le tour de la question » (2018).
Geneviève Tremblay-Racette, Table ronde des organismes volontaires en éducation populaire de l'Outaouais (TROVEPO).
Lilas Lamontagne, co-porte-parole Mouvement citoyen littoralement inacceptable (MCLI) Haute-Côte-Nord (2014 à 2020).
Josée Barrette, Regroupement Vigilance Hydrocarbures Sutton (2014-2019).
Paul Bibeau, Comité du regroupement vigilance hydrocarbure du Québec (Repentigny) 2014-2017).
Rébecca Pétrin, directrice générale d'Eau Secours.
Anne-Marie Chapleau, Mères au front Saguenay
Carole Dupuis, porte-parole du Mouvement écocitoyen UNEplanète depuis 2018. Coordonnatrice générale du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec de 2015 à 2018, initiatrice de la campagne Vous ne passerez pas ! en 2017.
** Ont endossé cette lettre :
Organisations
1. Martin Legault, coordonnateur pour le MARE (Mouvement d'action régional en environnement).
2. Danielle Demers, présidente, Les Amis de la Chicot de Saint-Cuthbert.
3. Claude Vaillancourt, président, Attac Québec.
4. André Bélanger, directeur général, Fondation Rivières.
5. Arlene Slocombe, Executive Director, Water Watchers.
6. Mélanie Busby, responsable de la Coalition large sur l'énergie, Front commun pour la transition énergétique.
7. Sepideh Anvar, Lâche RBC/Quit RBC.
8. Bertrand Guibord, président, Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.
9. Karl Janelle, président, Coalition climat Montréal.
10. Exécutif de la section québécoise de la fondation Sierra Club Canada.
11. Michèle Lavoie, co-fondatrice du Collectif Antigone.
12. Pierre Jasmin, secrétaire, Les Artistes pour la Paix.
13. Rachel Fahlman, présidente de Vent d'élus.
14. Anne-Céline Guyon, analyste climat-énergie chez Nature Québec, ancienne présidente de la fondation Coule pas chez nous ! et coordonnatrice des luttes contre Énergie Est et GNL Québec
15. Yolande Henry, membre de Transition écologique La Pêche Coalition for a Green New Deal.
16. Gilles Labrosse, pour le comité de coordination action/mobilisation de Sauvons la sablière d'Arthabaska.
17. Jennifer Ricard Turcotte, Mères au front Rouyn-Noranda.
18. Jacob Pirro, porte-parole francophone de Dernière Génération Canada.
19. Nathalie Ainsley, pour Mères au front Montréal.
20. Maxime Laplante, Union paysanne.
21. Yvan Fleurant, Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska.
22. Andréanne Brazeau, analyste principale des politiques et porte-parole pour le Québec, Fondation David Suzuki.
23. Charles-Edouard Têtu, Analyste politique - Climat et énergie, Équiterre.
24. Sophie-Laurence H. Lauzon, codirectrice générale, Réseau des femmes en environnement.
25. Sylvie Clermont pour le Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-lac.
26. Adrian Burke, président de Nature Hudson, pour Nature Hudson.
27. Linda Robichaud pour Mères au front Vaudreuil-Soulanges.
28. Shelagh McNally pour Pincourt Vert.
29. Jérôme Leclerc, Association pour la santé publique du Québec.
Citoyennes et citoyens
Bruno Detuncq, professeur à la retraite, Polytechnique Montréal.
Jacques Lebleu, citoyen.
Henri-Charles Baudot, citoyen, membre de Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) et de Eau Secours.
Estelle Carde, citoyenne, membre de Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC).
Frédérique Bertrand-Le Borgne, citoyenne, membre de Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC).
Sylvie Clermont, citoyenne engagée, membre du MARE, de la Coalition Verte, du Fonds d'héritage pour l'environnement et du Réseau Demain le Québec.
Gabriel Cliche, citoyen, bénévole pour Coule pas chez nous Québec (2013-2016).
Emmanuel Patola, citoyen.
Catherine Vallée, citoyenne engagée, membre du Mouvement d'action régional en environnement (MARE), de la Coalition Verte et du Réseau Demain le Québec.
Christophe Reutenauer, professeur de mathématiques, UQAM.
Lucien Beaupré, citoyen.
Jocelyne Alain, citoyenne.
Réal Vigneau, citoyen.
Françoise Cadorette, citoyenne.
Georges Karpat, citoyen, membre du Ralliement contre la pollution radioactive (RCPR).
Jean-Philippe Waaub, professeur associé, à la retraite, département de géographie, UQAM, membre du Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec et du GEIGER, Institut des sciences de l'environnement UQAM.
Francis Waddell, La planète s'invite au parlement.
Louise Legault.
Hélène Crevier, citoyenne.
Jean-François Boisvert, citoyen.
Jacques Gelineau, environnementaliste et réalisateur des émissions de Maya découvre le Saint-Laurent.
Isabelle Catafard, membre Le vivant se défend (2025) et Mères au front (2022), Fondation Rivières, mémoire au Bape contre GNL Québec (2020), Montréal.
Luc Falardeau, citoyen.
Monique Courchesne, citoyenne aînée.
Francine Salvas, membre du RVÉQ depuis 2012.
Joceline Sanschagrin, citoyenne.
François Prévost, citoyen.
Denise Campillo.
Marc St Cyr, citoyen, militant depuis 2012.
Isabelle Nadeau, citoyenne, Stop Oléoduc Capitale-Nationale (2013-2018) et comité de coordination de la Coalition Fjord (2020-2021).
Isabelle Gagné, citoyenne.
Nicole Lamarche, citoyenne.
Nicole Comtois, citoyenne.
Jacques Rousseau citoyen.
Jean-Paul St-Amand, citoyen.
Lucien Jutras, citoyen.
Émilien Pelletier citoyen de Saint-Hyacinthe.
Marie-Claire Mayeres, citoyenne.
Annette Landry, citoyenne madelinienne, militante de MRG (Madelinots pour le Respect du Golfe) entre 2004 et 2013.
Yanick Binet, professeur de philosophie, Collège Lionel-Groulx.
Marie Saint-Arnaud, Ph.D., comité de coordination du Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec.
Sophie Sarrazin, enseignante de musique au primaire.
Pierre Benoit.
Jocelyne Lachapelle, citoyenne, écologiste.
Eloise Gauthier, Montreal.
Pierre-Luc Tremblay, militant écologiste et membre du comité de coordination de la Coalition Fjord (2019-2023).
Camille-Amélie Koziej Lévesque, militante et coporte-parole au sein de la Coalition Fjord lors de la lutte contre GNL Québec (2018-2021).
Simon Barry, Montréal.
Stéphane Caron, Montréal.
Nata Porowska, Énergie alternative, Îles de la Madeleine (2010-2017).
Pascale Boucher-Mercier, enseignante au préscolaire, organisatrice d'activités de protection de l'environnement avec ses élèves, Mont-Laurier.
Ginette Guillemette, citoyenne.
Jean Morisset, citoyen de L'Islet, membre de Stop Oléoduc Montmagny-L'Islet (2013-2017).
Marie-Josée Larocque, membre de Stop Oléoduc Montmagny-L'Islet (2013-2017).
Marie Laberge, membre de Stop Oléoduc Montmagny-L'Islet (2013-2017).
André Jolicoeur, membre du Comité de Vigilance Val de Milt, St-Valérien de Milton.
Denis Dessaint, citoyen.
Martine Leclerc, membre du Comité de Vigilance, St-Valérien-de-Milton (2012-2019).
Arnaud Theurillat-Cloutier, membre de Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC).
Jean-Claude Plourde.
Jean Guilbert, porte-parole, Non aux éoliennes en territoire agricole à St-Maurice.
Jacques Ouellet, Solidarité Gaspésie.
François Lépine, citoyen.
Suzanne Fortin, citoyenne.
Catherine Béliveau, artiste multidisciplinaire et militante.
Josée Desmeules, militante Mobilisation 6600 Parc Nature MHM.
Valeria Moro, citoyenne.
Yann Pezzini, citoyen, doctorant.
Yves Galipeau, citoyen, membre de Solidarité Gaspésie.
Mélanie J. Gervais, citoyenne.
Martin Couture, citoyen.
Joris Maillochon.
Jocelyn Fournier, Action Climat Outaouais (2016 à 2023)
Sylvie Rousseau, comédienne, auteure et metteure en scène de la comédie dramatique « Notre Drame de par Ici », à l'affiche aux Îles de la Madeleine (étés 2005 et 2006), pour sensibiliser la population locale et les visiteurs à la menace d'hydrocarbures dans le Golfe.
Bernard Bonneau, maraîcher et membre de Citoyens au Courant (2013-2017).à
Jacinthe Brassard, membre du groupe citoyen Prendre Parole Vaudreuil-Dorion.
Yvon Couillard, citoyen, Montréal.
Michael Fleckenstein, citoyen.
Rachel Nadeau, citoyenne.
Anik Tremblay, citoyenne engagée, membre du Mouvement d'action régional en environnement (MARE) et de Mères au front.
Guylaine Thibodeau, citoyenne et membre du Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Isabel Delarosbil, citoyenne et membre du Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Claire Lapointe, citoyenne engagée, membre et résidante de la Maison des rebElles, groupe écoféministe.
Ginette Demers, Mères au front Montréal.
Rémi Pelletier, citoyen.
Claude Boileau, administrateur de « À Châteauguay, quelle ville voulons-nous ? », membre du Mouvement d'action régional en environnement (MARE), de Multitudes, de Vivre en Ville et d'autres groupes environnementaux et sociaux.
Claire Dufour, citoyenne engagée, photographe, militante.
Laurence Goulet, citoyenne et membre du Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Lyne Lefebvre, membre Centr'ERE, mère au front Montréal.
Julia Lévy-Ndejuru, Mères au front Montréal.
Nathalie Beauregard , citoyenne.
Alexis Beauregard , citoyen.
Yves Mailhot, Comité de citoyens responsables de Bécancour
Françoise Brunelle, Comité de citoyens responsables de Bécancour
Laetitia Lioussanne, Ph. D., Sciences biologiques et Environnement.
Hélène Charpentier, citoyenne.
Isabelle Senécal, Ph.D., mère au front.
Léa Delambre, Centr'ERE.
François Doucet, citoyen.
Amandine Alessandra, citoyenne engagée.
Jerome Rigaud, citoyen.
Carmen Montour, citoyenne engagée pour le climat.
Eugene Massam, étudiant.
Raymond Trempe, citoyen.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Quand même des anciens cadres en ont assez

Germain Dallaire
Depuis plusieurs années, des gens du Saguenay-lac-Saint-Jean alertent sur les pertes d'emplois liées à Rio Tinto (anciennement Alcan) qu'on met toujours en balance avec l'immense privilège donné à la multinationale de posséder 8% de la production hydroélectrique au Québec. Déjà en 1995, les travailleurs d'Alcan à Arvida faisaient œuvre d'immenses lanceurs d'alerte par une grève de 11 jours visant à se distribuer la rareté en obtenant un partage du temps de travail. Aujourd'hui, les chiffres parlent d'eux-mêmes, on est rendu à la corde : 12 000 emplois au début des années 60 comparativement à 2 700 actuellement. C'en est rendu au point où même des anciens cadres ont sauté la barrière. Parmi eux, Jacques Dubuc et Myriam Potvin. Pendant un temps, M. Dubuc était la voix publique d'Alcan au Saguenay-lac-Saint-Jean. Avec Mme Potvin, il vient de sortir un livre réquisitoire sur Rio Tinto.
L'essentiel du livre se trouve dans les deux premiers chapitres où les auteur(e)s étoffent le dossier de détails inconnus. Ils ont une connaissance profonde de leur sujet et ça paraît. Ils suivent pratiquement les mégawatts à la trace même si, ils le démontrent amplement, Rio Tinto et Hydro-Québec font tout pour semer la confusion. Leur conclusion sur cette question est que Rio Tinto est actuellement en surplus d'électricité. Question bourrage de crâne, Rio Tinto est passé maître dans cet art. En terme de lobbyistes auprès des gouvernements, on parle de 21. En termes de lobbyistes auprès de la population qu'on désigne par l'euphémisme de relations publiques (ces qualificatifs sont de moi et non des auteurs), on parle aussi d'une vingtaine.
Le cœur du livre se trouve dans l'évaluation des retombées consécutives à la signature du bail de Péribonka en 1984. Contrairement aux trois barrages à l'embouchure du lac Saint-Jean et sur le Saguenay, Rio Tinto ne possède pas l'espace physique (fond de rivière et terrains adjacents), le tout est loué au gouvernement du Québec et fait l'objet d'un bail qui a été renouvelé en 1984. Lors de ce renouvellement, Alcan à l'époque, s'est engagé à la construction de trois usines pour 2009. À cette date, seules deux usines (Alma et Laterrière) avaient été construites et la construction de la troisième usine a fait l'objet de trois reports (en 2006 pour 2015, en 2015 pour 2020 et en 2020 pour 2025), reports à toutes les fois associés à de généreux cadeaux du gouvernement (prêt sans intérêt de 400 millions, blocs d'énergie…). Les trois reports ont été promulgués par décrets alors que le bail de Péribonka est une loi. En termes juridiques, une loi a préséance sur un décret. Selon les auteurs, « les engagements de Rio Tinto pris dans l'entente de 2006 sont toujours valides. Le dernier délai pour réaliser cet engagement aurait dû être le 31 décembre 2025. Son non-respect devrait avoir pour conséquence de libérer le gouvernement de ses propres engagements dans l'entente de 2006, comme précisé dans le renouvellement du bail de Péribonka. » En clair, cela signifie qu'à la fin de cette année, le gouvernement serait en droit de reprendre possession des barrages, des centrales et des droits d'eau sur la rivière Péribonka. Comme le disent les auteurs : « Le levier du bail de location des forces hydrauliques de la rivière Péribonka et des conditions qui s'y rattachent se trouvent toujours entre les mains du gouvernement du Québec. Et c'est bien le fondement de notre intervention ». C'est là une conclusion forte qui porte à conséquences et doit faire réfléchir la population ainsi que les dirigeants politiques. Pour ces raisons et bien d'autres, ce livre a intérêt à être lu et bien digéré par le plus de gens possible.
Avec la bénédiction des autorités politiques, Rio Tinto est en train d'opérer sa mue de compagnie d'aluminium à compagnie d'électricité. Tout pointe dans cette direction : 1- la nomination à la tête de Rio Tinto Aluminum de Jérôme Pécresse qui supervisait précédemment l'installation d'éoliennes en mer pour General Electric ; 2- l'annonce il y a 2 semaines d'un investissement de 1,7 milliard dans son barrage d'Îles Malignes ; 3- la construction prochaine d'un parc éolien de 1000 mégawatts. On ajoute à ça le projet de loi 96 qui permet à Rio Tinto de vendre l'électricité à des tiers et tout devient limpide. Le dossier de Rio Tinto au Saguenay-lac-Saint-Jean est rien de moins qu'accablant. Comme le disait il y a longtemps un célèbre duo, je dirais même, je dirais même plus : « Honteux ».
L'EXPLOITATION DE NOTRE EAU PAR RIO TINTO, Quel avenir pour le Québec ? Jacques Dubuc et Myriam Potvin, Édition Somme Toute.
********
Des ex-cadres lèvent le voile sur Alcan/Rio Tinto et son électricité
« Il est plus que temps que ça change
» Martine Ouellet
Montréal, le lundi 26 mai 2025 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, souligne l'importance des révélations contenues dans un livre-choc rédigé par deux anciens cadres d'Alcan/Rio Tinto. Ces auteurs lèvent le voile sur les privilèges exorbitants dont bénéficie la multinationale grâce à ses barrages privés, mettant en lumière des enjeux majeurs sur l'avenir de la production hydroélectrique au Québec et la mainmise croissante d'intérêts privés sur une ressource collective aussi stratégique que notre eau.
Dans « L'exploitation de notre eau par Rio Tinto », publié aux Éditions Somme Toute, Jacques Dubuc et Myriam Potvin, deux anciens cadres dont l'un fut la voix d'Alcan au Saguenay–Lac-Saint-Jean pendant de nombreuses années, sonnent l'alarme. Leur constat : Rio Tinto dévie dangereusement des engagements historiques pris lors de l'exception à la nationalisation de ses barrages en 1962.
À l'époque, les installations d'Alcan — représentant environ le quart de la production électrique du Québec — avaient été soustraites à la nationalisation en raison de leur impact majeur sur l'emploi, avec 12 000 emplois directs. Aujourd'hui, que ce nombre est tombé à moins de 3 000.
« En combinant les subventions déguisées liées à ses barrages, les passe-droits fiscaux et les exemptions pour les GES, ce sont 1,2 milliard de dollars par année que Rio Tinto reçoit en manque à gagner pour les contribuables québécois. Il est plus que temps que ça change. » déclare Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec
Le livre révèle également le non-respect des engagements juridiques pris par Alcan en 1984 lors du renouvellement du bail de la rivière Péribonka, engagements reconduits par Rio Tinto en 2006. Selon Dubuc et Potvin, ce manquement ouvre la porte à une reprise légale des trois barrages concernés par le gouvernement du Québec. L'ouvrage aborde également les enjeux liés au projet Elysis et à la gestion des rives du lac Saint-Jean.
« Avec les révélations de ce livre, l'ensemble de la classe politique a le devoir de revisiter le pacte social et d'exiger de Rio Tinto des retombés à la hauteur de ses privilèges. Sans cela, il est du devoir du gouvernement de reprendre les droits d'eau et d'en faire meilleur usage au bénéfice de la population. » ajoute Martine Ouellet
Il semble s'opérer un vaste réorientation du coté de Rio Tinto avec le nouveau PDG qui provient de GE volet énergie renouvelable qui investit massivement dans la production électrique, avec un parc éolien de 1 000 MW et 1,7 milliard $ pour la rénovation du barrage d'Îles Malignes. Combiné avec les volontés exprimées dans le projet de loi 69, qui permettrait aux producteurs privés de vendre leur électricité à des tiers, une question s'impose : Rio Tinto est-elle en voie de devenir une entreprise énergétique privée voulant vendre de l'électricité plutôt que de l'aluminium et ce au détriment du bien commun ?
– 30-
SOURCE :
climat.quebec
Relations médias communications@climat.quebec
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Le milieu de l’enseignement supérieur réclame plus d’écoute et de soutien

Montréal, le 20 mai 2025 — La Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU) se joint à ses organisations alliées du monde syndical pour réclamer un changement de garde au ministère de l'Enseignement supérieur. Depuis sa nomination, en octobre 2022, la ministre Pascale Déry a totalement antagonisé le milieu qu'elle avait pour mission de servir. Cette fracture irréductible ne lui permet plus d'accomplir ses fonctions.
La Politique québécoise de financement des universités lancée en juin 2024 ainsi que le budget 2025-2026 ont signifié une baisse effective des fonds alloués à l'éducation postsecondaire. La FPPU déplore ce désinvestissement, qui met en péril nombre d'emplois professionnels contractuels. Faut-il rappeler que le personnel hautement qualifié joue un rôle clé dans le soutien aux communautés enseignante et étudiante ?
Par ailleurs, la « surtaxe » imposée aux personnes de l'étranger, qui paient désormais à prix fort leurs études au Québec, mine l'écosystème universitaire. Et le plafonnement des admissions par l'État n'arrange rien. Ces mesures restrictives grèvent le budget de plusieurs établissements et entravent les échanges internationaux qui nourrissent la vie intellectuelle. Elles suscitent l'indignation de beaucoup de nos membres, notamment chez ceux et celles dont le travail consiste à accompagner la population étudiante.
Enfin, la FPPU déplore que le rapport qui doit encadrer l'usage responsable de l'intelligence artificielle en enseignement supérieur tarde autant à paraître. La communauté universitaire et collégiale est abandonnée à elle-même face à cette révolution technologique d'une ampleur inédite, émergée il y a plus de deux ans. Notre propre mémoire sur le sujetremonte déjà à juillet 2023.
Que la députée de Repentigny soit nommée ministre de l'Enseignement supérieur avait surpris en 2022, sa carrière s'étant déroulée loin des campus. On a laissé la chance à la coureuse, mais Pascale Déry, hélas, n'a pas su franchir le fil d'arrivée. Méconnaissance de la culture du secteur, accrocs à la liberté académique et à l'autonomie universitaire, manque d'écoute et de transparence... Pas étonnant qu'environ 800 membres du personnel enseignant aient exigé sa démission dans cette lettre ouverte. À leur instar, la FPPU réclame la nomination d'un élu ou d'une élue plus en phase avec le milieu. Reconstruisons sur des bases neuves cette relation, si essentielle à notre société du savoir, entre le gouvernement et les diverses universités du Québec.
À PROPOS
Fondée en 1979, la Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU) représente des membres à qualification élevée du réseau de l'enseignement supérieur. Elle soutient près de 3000 personnes réparties en 10 syndicats et associations, au Québec et au Nouveau-Brunswick.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Réforme du régime de négociation : Des solutions pour rétablir un réel équilibre

Québec, le 21 mai 2025 — En commission parlementaire aujourd'hui, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) proposera différentes modifications au projet de loi 100 sur la réforme du régime de négociation dans le secteur public afin de rétablir un réel équilibre dans les négociations.
Services essentiels
Force est de constater que des enjeux majeurs ont été ignorés au moment de la rédaction du projet de loi, notamment en ce qui a trait à la négociation des services essentiels. « Le Code du travail précise que la négociation des services essentiels doit se faire avec diligence et bonne foi. Or, dans la pratique, c'est une tâche lourde et chronophage pour les syndicats. Il n'est pas rare que la partie patronale propose une longue liste imprécise et exagérée. Le SPGQ propose d'imposer un délai maximal de dix jours à l'employeur pour répondre aux précisions demandées par les syndicats tel qu'on le prévoit dans le secteur de la santé. L'employeur ne doit plus avoir la possibilité de laisser traîner les choses indéfiniment pour retarder l'exercice du droit de grève », illustre Annie Morin, première vice-présidente du SPGQ.
Influence excessive du Conseil du trésor
Il est aussi primordial de prévoir des aménagements pour le régime de négociation applicable aux organismes gouvernementaux. « Le projet de loi ne corrige pas les problèmes actuels et confirme l'influence excessive du Conseil du trésor dans les négociations. Cette approche centralisée a déjà entraîné plusieurs situations regrettables, dont l'instrumentalisation de clauses remorques précédemment négociées, exacerbant les tensions à la table de négociation et portant notamment atteinte à la crédibilité des parties concernées », signale Mme Morin.
Maraudage
Le projet de loi pourrait entraîner des répercussions importantes sur la période de maraudage en modifiant les moments applicables aux secteurs public et parapublic. « Cela aurait pour effet de retarder le processus de négociation et de repousser la conclusion des ententes, nuisant ainsi à l'efficacité du processus. Nous invitons le législateur à revoir les règles encadrant le maraudage dans les organismes gouvernementaux, lesquelles ne sont pas adaptées à la réalité de ces milieux », indique Mme Morin.
Dépôts simultanés demandés
Enfin, l'obligation pour les syndicats de déposer leurs demandes bien avant celles de l'employeur devrait aussi être retirée. Celle-ci déséquilibre les négociations. « L'employeur peut alors adapter ses propositions en fonction des informations reçues, sans pour autant exposer ses réelles revendications. Cette dynamique réduit considérablement la capacité des parties à négocier de manière équitable sur la base des véritables enjeux, ce qui va à l'encontre de l'efficacité souhaitée » explique Mme Morin.
Le SPGQ demande au gouvernement de faire preuve d'ouverture relativement à ses propositions afin d'en arriver à un projet de loi bénéfique pour l'ensemble des parties sans perdre de vue ses objectifs de simplifier et d'accélérer les négociations.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

Coupures dans les organismes communautaires

Comme vous le savez déjà, de nombreux organismes communautaires sont victimes de coupures qui vont même jusqu'à menacer leur existence. C'est le cas entre autres de plus d'une dizaine d'entre eux à Montréal seulement.
Affilié à notre Fédération syndicale, nos camarades du Carrefour jeunesse-emploi de Verdun doivent réduire leurs heures parce que leur organisme voit ses subventions réduites de plus de 70K$ par année alors que les besoins de la population qu'il désert ne cessent de croître, ce qui a un impact majeur, et sur les services offerts, et sur les travailleuses et les travailleurs de cet important organisme.
Par ailleurs, le CALACS Longueuil, les organisme Le boulot vers… et Carrefour relance ainsi que d'autres groupes devront carrément fermer sous peu faute du renouvellement de leurs subventions. Les coupures sont catastrophiques et elles touchent aussi des programmes essentielles pour les population déjà marginalisées. On peut penser à cet effet aux coupures inhumaines qui s'opèrent dans les service d'aide à domicile, ce que déplore d'ailleurs l'organisme Ex Aequo.
Bref, nous allons tenir un point de presse pour dénoncer les coupures dans les différents organismes communautaires et mettre la lumière sur le saccage de notre filet social par la CAQ. En plus de multiplier les attaques sur l'accès au logement, à l'éducation et à la santé via des politiques néolibérales qui servent la petite classe des riches au pouvoir, le gouvernement de la CAQ instrumentalise nos citoyens issus de l'immigration et il précarise encore davantage celleux qui en arrachent déjà ! Et pour ajouter l'insulte à l'injure, ce même gouvernement veut sabrer dans les organismes qui plus souvent qu'autrement sont le tout dernier maillon qui peut prendre soin de la classe des gens qu'il a déjà attaqué.
Nous devons être nombreux à dénoncer les coupures dans les organismes communautaires et faire comprendre à la CAQ qu'on ne laissera pas ça passer ! Ce sera le moment de donner la parole aux organismes et au travailleuses et travailleurs du milieu communautaire à cet occasion.
Fédération des syndicats de l'action collective (FSAC-CSQ)
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Grève à l’entretien du RTC : « L’employeur a sa part de responsabilité », selon le syndicat

Les membres du Syndicat des Salariés(ées) d'entretien du RTC (CSN) ont dressé des piquets de grève cette nuit devant le 720, rue des Rocailles. Ils seront en grève aujourd'hui et demain, les 22 et 23 mai. Le syndicat estime que l'employeur a sa part de responsabilité dans le conflit et dénonce une instrumentalisation politique de la grève.
22 mai 2025
Tiré de L'infolettre de la CSN En mouvement
« Soyons clairs : ce n'est pas le syndicat qui a décidé de suspendre complètement le service à la population, c'est l'employeur », déclare Nicolas Louazel, président du Syndicat des Salariés(ées) d'entretien du RTC (CSN). « Ils n'étaient pas obligés de fermer pendant deux jours ». Le syndicat avait d'ailleurs choisi d'y aller graduellement avec son mandat de grève pour permettre à la partie patronale de s'organiser. Le RTC aurait voulu maximiser l'impact de la grève pour retourner l'opinion publique contre les syndiqués qu'il ne s'y serait pas pris autrement. « L'employeur a sa part de responsabilité dans le conflit », martèle Nicolas Louazel. « En 42 jours de négociation, dont 4 jours de conciliation, on n'a même pas commencé à travailler sur les vrais enjeux parce que l'employeur a fait trop de demandes et se traine les pieds ».
Le RTC parle souvent de bien-être de la population et de qualité du service, ce qui est ironique selon le syndicat. « La paix industrielle, s'entendre avec les syndicats, adresser les enjeux vécus par les salarié-es, c'est ça qui va assurer la qualité du service et le bien-être de la population, » explique Nicolas Louazel. « Du monde heureux au travail, c'est du monde productif. Il est plus que temps que le RTC investisse dans son capital humain ». Le syndicat estime que ses demandes ne coûteront pas plus cher à la population puisqu'il est en mesure de suggérer et de générer des économies substantielles pour le transporteur.
« Le transport en commun est un élément clef du développement économique et social du Québec, en plus d'être un élément incontournable de la transition juste », rappelle Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), « c'est important de prendre soin de nos salarié-es et de maintenir de bonnes conditions de travail ». La vice-présidente note toutefois qu'il y a des limites à ce qu'il est possible d'atteindre en négociation. « Non seulement les sociétés de transport doivent agir de bonne foi et négocier des conditions décentes pour maintenir des services de qualité », explique Stéphanie Gratton, « mais les gouvernements supérieurs doivent s'impliquer et s'assurer que le transport en commun soit adéquatement financé pour pouvoir jouer son rôle ».
« La région de Québec a pris du retard en matière de transport en commun et de mobilité durable », poursuit Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). « Au lieu d'aller de l'avant et de soutenir le réseau adéquatement, on fait la vie dure aux salarié-es et on étire les négociations avec les syndicats, c'est le monde à l'envers ». Pour la présidente du Conseil central, ce que vivent les syndicats au RTC avec des négociations qui s'éternisent n'est pas sans rappeler ce que vit la population : « Pendant que les gens attendent le bus, nos membres, eux, attendent le boss ; on pourrait se dire que c'est la vie, mais non, ce n'est pas obligé d'être comme ça. Le RTC peut et doit faire mieux ».
Pour Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN, la direction du RTC instrumentalise la grève des salarié-es d'entretien pour marquer des points politiques. « Ils ne s'en cachent même pas, ils en parlent ouvertement en conférence de presse : ils veulent revenir à la situation antérieure, récupérer les services essentiels et limiter le droit de grève de leurs employé-es », explique Katia Lelièvre. Pour la vice-présidente de la CSN, le conflit au RTC illustre, malheureusement, tous les problèmes soulevés par le projet de loi 89 du ministre Boulet, visant à limiter le droit de grève. « Au lieu d'accélérer les choses, limiter le droit de grève des salarié-es va les ralentir encore plus », conclut la syndicaliste. « On va en voir de plus en plus souvent des employeurs se traîner les pieds en négociation, pourquoi ils se presseraient si à la fin si le ministre peut suspendre une grève et qu'un arbitre peut imposer une convention collective ? »
La CSN et ses organisations affiliées réitèrent son appui au Syndicat des Salariés(ées) d'entretien du RTC (CSN). Toutes les ressources sont mises à la disposition du syndicat pour soutenir la négociation et la mobilisation pour obtenir une bonne convention collective. Rappelons que la convention collective des salarié-es d'entretien du RTC est échue depuis le 27 septembre 2024.
À propos
Le Syndicat des salariés(ées) d'entretien du RTC (CSN) représente 363 travailleuses et travailleurs des garages de la société de transport. Il est affilié à la FEESP–CSN, qui regroupe 65 000 membres répartis dans 425 syndicats dans les services publics et parapublics ainsi qu'au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN) qui compte 45 000 membres dans 240 syndicats de toutes provenances. Pour sa part, la CSN compte plus de 330 000 membres syndiqués provenant tant du secteur privé que du secteur public.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

PL89 : le ministre discrétionnaire

23 décembre 2024. Au détour d'une entrevue de fin d'année accordée dans sa circonscription, Jean Boulet affirme analyser la possibilité d'élargir la notion de services essentiels et de s'arroger le pouvoir de mettre fin à une grève.
Tiré du Point syndical.
est la première fois qu'un ministre du Travail québécois ose évoquer aussi explicitement de nouvelles restrictions au droit de grève, du moins depuis sa reconnaissance en tant que droit constitutionnel par l'arrêt Saskatchewan il y a dix ans.
Le ministre Boulet n'aura pas chômé. Dès février, il présente sa pièce législative : la Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève introduit un nouveau chapitre au Code du travail et instaure des pouvoirs discrétionnaire inédits pour le ministre.
Par simple décret, celui-ci pourrait dorénavant permettre à l'une des parties négociantes de saisir le Tribunal administratif du travail (TAT) afin que celui-ci détermine si des « services minimalement requis pour éviter que ne soit affectée de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale » doivent être maintenus. À défaut d'entente entre les parties, le TAT serait alors mandaté à stipuler les services qui doivent être maintenus.
Le ministre s'arroge également le droit de mettre un terme à un conflit de travail et le droit d'imposer aux parties l'arbitrage obligatoire. Simplement par décret, sans aucune forme de débat parlementaire.
Un interventionnisme sans précédent
Aux fins de l'analyse, mettons de côté un instant les représentations effectuées par les organisations syndicales et patronales, que d'aucuns pourraient soupçonner d'être teintées d'intérêts particuliers.
N'en déplaise au ministre, les avis des experts indépendants sont unanimes : les spécialistes du droit et des relations de travail qui sont intervenus en commission parlementaire ont tour à tour pourfendu les modalités contenues dans le projet de loi 89. Tant pour ses atteintes à la liberté d'association et au droit de grève que pour le déséquilibre majeur qu'il entraînera dans le système des relations de travail qui prévaut au Québec.
Tous trois professeurs à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal, Patrice Jalette, Mélanie Laroche et Gregor Murray s'interrogent d'abord, dans un mémoire présenté en commission parlementaire, sur la pertinence même du projet de loi, qui s'apparente à leurs yeux à « une distraction inutile par rapport aux priorités auxquelles les parties patronales et syndicales sont confrontées ». Si les dernières années ont vu une recrudescence relative des conflits de travail, c'est en grande partie dû à la montée de l'inflation postpandémie, juxtaposée à une importante pénurie de main-d'œuvre, précisent les auteurs.
Rappelant à quel point le droit de grève est encadré au Québec et qu'il demeure indissociable à notre régime de paix industrielle, les professeurs sont particulièrement préoccupés par « l'encadrement excessif du droit de grève » et par « la politisation accrue des relations du travail dans le secteur privé », entraînés par tant de pouvoirs discrétionnaires accordés au ministre.
« En 30 ans de militantisme syndical, je n'ai jamais vu une telle attaque aux droits des travailleuses et travailleurs », assure le premier vice-président de la CSN, François Enault.
Contestations à venir
Plusieurs éléments du projet de loi 89 risquent de ne pas passer le test des tribunaux, soulignent des spécialistes intervenus en commission parlementaire.
C'est le cas d'un groupe de huit professeurs de droit et de relations industrielles associés au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT).
Craignant une « banalisation de la violation des droits consacrés par les chartes », ces experts prévoient que l'adoption du projet de loi « conduira inévitablement à une prolifération de contestations constitutionnelles et à une judiciarisation des conflits de travail ».
L'obligation de maintenir des services assurant le bien-être économique, social et environnemental de la population risque également d'être taillée en pièces par les tribunaux, rappellent les universitaires. À ce jour, seules la santé et la sécurité de la population sont reconnues par les tribunaux comme étant des critères raisonnables qui justifient de restreindre le droit de grève, tel que confirmé par l'arrêt Saskatchewan.
D'autant plus qu'à très court terme, malgré les contestations à venir, c'est le rapport de force des syndicats qui risque d'en pâtir. À ce sujet, les avis sont sans équivoque : sans même avoir à être mise en exécution, la seule possibilité du ministre de mettre un terme à un conflit ou d'exiger le maintien de services minimaux au-delà des exigences de santé et de sécurité de la société entraînera une perte d'efficacité de la grève.
Pour la présidente de la CSN, le projet de loi 89 doit être retiré. « Nous avons la profonde conviction que ce projet de loi contrevient aux chartes. Les experts sont de notre avis. S'il est adopté, nous le contesterons avec vigueur devant les tribunaux. Mais les dommages sur nos conditions de travail auront été faits. Et ça, le ministre le sait, c'est ce qui est particulièrement enrageant ».
À plusieurs reprises durant les travaux parlementaires, le ministre Boulet s'est défendu de vouloir abuser de ces nouveaux pouvoirs, y voyant là plutôt l'occasion d'intervenir dans des circonstances exceptionnelles.
Les huit experts du CRIMT ne sont pas dupes pour autant : rappelant la métaphore du fusil de Tchekhov, « de tels pouvoirs sont octroyés pour être utilisés », soulignent-ils dans leur mémoire.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

« Un simple accident » remporte la palme d’or

Jafar Panahi refuse de céder au cynisme, comme au régime. Son film, qui vient de remporter la palme d'or à Cannes est drôle, parfois absurde, et pose les questions essentielles de la légitimité de la violence et de la vengeance. Un film aux dialogues ciselés qui désamorce les instincts punitifs, comme une invitation à l'invention d'une autre société pacifiée.
Tiré du blogue de l'autrice.
Un couple et leur fille en voiture la nuit. L'homme est derrière le volant, mutique, sa femme à côté de lui est enceinte. La petite demande à monter le son de la musique, quelque chose percute la voiture. Un chien errant, il est mort. La petite serre sa peluche qui ressemble au Milou de Tintin, elle n'a plus le cœur à la fête. Un simple accident, que Dieu a mis sur leur chemin.
Mais la voiture tombe en rade. Le père de famille s'en remet à un ouvrier devant une usine. Dans l'arrière boutique près de la volière Vahid est au téléphone avec sa mère. Quelque chose passe dans son regard lorsqu'il entend la démarche chuintante du père de famille. Ses yeux se figent, il prend congé de sa mère au téléphone. La voiture redémarre, il la suit en filature. Le lendemain, il fulmine, abat sa pelle sur la tête du conducteur et l'embarque fissa à l'arrière de sa camionnette. Il va l'enterrer dans le désert. Cet homme est son tortionnaire, celui qui a bousillé sa vie. C'est sûr, c'est lui. Pourtant, Vahid ne parvient pas à en avoir le cœur net.
Au cours du road-movie tragi-comique qui va suivre, il entrainera dans son expédition punitive une équipe improbable d'anciens codétenus. Certains l'appelaient la Guibole, d'autres l'Éclopé, mais tous se souviennent de son sadisme, de sa cruauté, du zèle exemplaire qu'il mettait à soumettre leurs corps aux sévices corporels.
La fiction rejoint la réalité
Comme dans Taxi Téhéran, Jafar Panahi filme depuis une camionnette, dans l'habitacle. C'est un dispositif scénique indispensable à plusieurs égards : il répond au besoin des protagonistes du film – et du tournage – de passer sous le radar du régime, d'échapper à sa surveillance.
Le réalisateur iranien a passé 200 jours en prison. Lorsque ses personnages parlent des sévices qu'ils ont subis, il sait de quoi ils parlent. Le secret a d'ailleurs été maintenu autour du film jusqu'à sa diffusion, là aussi pour échapper à la censure et à la répression du régime.
Plutôt que de montrer les geôles, Panahi laisse de l'espace à l'humour et à l'espoir. Dans une scène en plein désert, les protagonistes citent et rejouent En attendant Godot. Allah pourtant, n'a pas vraiment volé à leur secours lorsque la corde menaçait sans cesse de leur pendre au cou. Pour l'espoir et les signaux faibles de libéralisation, il y a les têtes des femmes davantage découvertes. Mais quand il s'agit des institutions, le constat est plus amer, une femme en train d'accoucher doit être sous la responsabilité d'un homme, elle n'a d'identité donc de droit aux soins que sous cette condition.
Inversion de rôles
Avec son film, Panahi montre la versatilité avec laquelle des humains s'élancent dans la vengeance. Qu'ils soient dans une conversation douce avec leur mère comme Vahid, sur le point de se marier comme Maria, ou en train de travailler comme Shiva ou de zoner comme Hamid, tous ou presque acceptent l'invitation à l'expédition punitive. Davantage pour mettre la main à la pâte que pour se poser en justiciers de l'otage inconnu. Masqué, brimé, le père de famille Eclopé présumé, se retrouve réduit à la position de ses anciennes victimes.
Pour qu'il puisse se soulager, Vahid va pourtant jusqu'à le porter sur son dos. Lui qu'on surnommait la Cruche parce qu'il se tient toujours la hanche de douleur, et à cause de l'incontinence qu'il a héritée de la prison. Malgré ses souffrances il se retrouve à porter sur son dos l'homme qu'il soupçonne fortement d'être son bourreau.
Panahi réserve un coquin de sort à ses anciennes victimes qui revêtent les habits de tortionnaires. Pourront-ils encore se regarder en face s'ils réalisent qu'ils sont capables de commettre les mêmes horreurs que le régime d'Ali Khamenei ?
Sans relativiser la violence du régime, Panahi parvient, par son regard sociologique, à passer au crible les instincts vengeurs et punitifs qui gravitent en nous. L'engrenage infernal de la violence, le dilemme cornélien, les joutes verbales, plaidoyers et réquisitoires, tout est ciselé dans les dentelles langagières et les circonvolutions d'une argumentation étayée, qui sont l'une des marques de fabrique du cinéma iranien (on pense à Un héros et à Le Client d'Asghar Farhadi). Par sa photographie aussi le film désenclave le regard, élargit la focale et éclaircit l'horizon.
Un simple accident nous parle de l'Iran, mais aussi d'Israël-Palestine. Il nous parle de tous les régimes autoritaires, des guerres héréditaires, qui ne peuvent s'éteindre que dans le difficile renoncement à la vengeance. Un acte de résistance et de résilience politique, qui invite à toujours s'interroger sur l'éthique humaniste de ses actes.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

En marche : l’amour et la résistance queers

Lancement national du long métrage documentaire de l'ONF En marche : l'amour et la résistance queers. Début des projections ce mois-ci dans les villes canadiennes et diffusion sur les plateformes ONF et TVO durant le Mois de la Fierté
Le 20 mai 2025 – Toronto – Office national du film du Canada (ONF)
Le long métrage documentaire En marche : l'amour et la résistance queers, qu'ont créé le réalisateur winnipegois Noam Gonick et la productrice torontoise Justine Pimlott pour l'Office national du film du Canada, braque les projecteurs sur le militantisme ayant donné son impulsion au mouvement 2ELGBTQI+ au Canada. Des projections évènements auront lieu dès le mois de mai dans les villes du pays avant la mise en ligne sur ONF.ca le 27 juin.
La version française du film sera présentée en première sur les plateformes de l'ONF durant le Mois de la Fierté, et s'accompagnera d'événements en présentiel qui se tiendront à la salle Alanis-Obomsawin de l'ONF, dans le Quartier des spectacles. Plusieurs projections en anglais d'En marche sont également confirmées, ainsi que des diffusions ponctuelles et en continu en juin sur TVO.
Récemment présentée à l'ouverture deHot Docs, la production figure parmi les 10 films favoris du public du festival.
À propos d'En marche
Sans compromis, audacieux, exaspérant, porteur d'espoir, ce chapitre capital de l'histoire queer retrace les moments décisifs qui ont mené à l'émergence du mouvement 2ELGBTQI+, et rend hommage aux militantes et militants dont les actes de résistance nous ont valu nos droits actuels.
À l'aide d'images d'archives rarement vues et de témoignages, le film entraîne le public en première ligne du combat. Des descentes de police jusqu'aux premiers spectacles de drag queens, et des communautés qui s'organisent jusqu'à la Chambre des communes, l'histoire complexe de la diversité canadienne se dessine sous nos yeux.
Le récit de ces jalons déterminants illustre la puissance de l'action collective, mais nous rappelle également que des droits acquis de haute lutte peuvent aisément nous être retirés. C'est dire qu'il s'agit là d'un documentaire essentiel pour l'ensemble des Canadiennes et Canadiens.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Aires de jeux, aires de guerre

– Aire de jeux.
- Enfants heureux.
- Aire de guerres.
- Enfants sous terre.
- Aire de jeux.
- Des cris de joie.
- Aire de guerres.
- Horreur et effroi.
- Aire de jeux.
- Bac à sable et balançoires.
- Aire de guerres.
- Décombres et cadavres le soir.
- Aire de jeux.
- Cheveux dans l'vent et belles mines.
- Aire de guerres.
- Exode et grande famine.
- Aire de jeux.
- Ciel plein de couleurs.
- Aire de guerres.
- Snippers et drones tueurs.
- Aire de jeux.
- Je te dessine un Koala.
- Aire de guerres.
– Tu n'es plus là !
Omar HADDADOU En hommage aux enfants de Gaza Mai 2025
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

« Le livre noir de Gaza », un acte de résistance contre l’indifférence

Un an après l'attaque terroriste du Hamas contre Israël et la riposte implacable de Tsahal, un ouvrage collectif, coordonné par Agnès Levallois – vice-présidente de l'Institut de Recherche et Études Méditerranée Moyen-Orient –, se dresse comme un monument de papier contre l'oubli. Le Livre noir de Gaza – titre évocateur d'un genre littéraire né des cendres de la Shoah, et utilisé ensuite pour documenter les génocides au Cambodge et au Rwanda – se veut le gardien d'une mémoire fragile : celle du peuple palestinien dont les dirigeants de l'État d'Israël souhaitent effacer, non seulement les souffrances, mais l'existence même.
21 mai 2025 | tiré du site Monafrique
https://mondafrique.com/loisirs-culture/un-acte-de-resistance-contre-le-blocus-mediatique-qui-entoure-gaza/
La chronique de Jean-Jacques Bedu sur Le Livre noir de Gaza, signé Agnès Levallois et préfacé par Rony Brauman, Le Seuil, 04/10/2024, 304 pages, 21,50 €
Ce Livre noir est un ouvrage exigeant, dur, parfois accablant. En nous mettant face à notre propre responsabilité, à notre humanité devant l'inacceptable et à l'injustice, il doit être pas seulement lu, mais aussi entendu et compris. Cet ouvrage nous lance ce défi : et si l'indifférence était le pire des génocides ; l'oubli la plus grande victoire de l'oppresseur ? Les génocidaires ont déjà perdu la bataille contre l'oubli. Notre résistance mémorielle sera la plus forte.
Documenter l'indicible
Face à l'immonde barbarie subie le 7 octobre 2023, crime abominable qui ne peut être ni excusé, ni oublié, l'État d'Israël avait le devoir de se défendre face aux attaques du Hamas : « Pourtant comme l'a sobrement résumé Jean‑Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement français, « la violence du Hamas est sans excuse, mais pas sans cause ». Remarque de bon sens, bien souvent ignorée, voire criminalisée en tant que justification du terrorisme. » Nonobstant, ce droit est en principe encadré par le droit international, qui impose des limites à l'usage de la force. Les crimes de guerre commis à Gaza, et désormais au Liban (bien que les conflits soient très différents), ne sont pas seulement une tragédie humaine : ils constituent une violation flagrante de ce droit international, dont les dirigeants de l'État israélien devront rendre compte selon l'ordonnance rendue le 26 janvier 2024. Mais c'est déjà peine perdue : les États-Unis, la Chine, l'Arabie saoudite n'ont jamais ratifié le Statut de Rome ; la Russie a retiré sa signature en 2016. Tous ces pays ont violé – ou violent encore – de manière manifeste ce droit international, sans être le moins du monde inquiétés par la Cour pénale. Et nous ne parlerons même pas de la trentaine de résolutions de l'ONU qu'Israël a violé ! La vengeance aveugle et la destruction massive n'ont jamais été légitimes. Elles ne font qu'alimenter la spirale de la violence et de la haine, rendant la paix encore plus inaccessible. Mais qu'importe ! Machiavel avait déjà fixé les règles : « Dès l'instant que le salut de l'État est en jeu, aucune considération de justice ou d'injustice, d'humanité ou de cruauté, de gloire ou d'ignominie, ne doit plus intervenir. Tout moyen est bon qui sauve l'État et maintient sa liberté. » Ou, mieux encore, comme le disait Henry Kissinger : « l'illégal, nous le faisons immédiatement ; l'inconstitutionnel, nous y réfléchissons. »

Le brouillard de la guerre
Dès les premières pages, nous sommes frappés par l'ampleur du projet de d'Agnès Levallois : rendre compte d'un événement d'une telle brutalité, survenu dans un territoire étroitement contrôlé et hermétiquement fermé à la presse internationale, relève d'un véritable tour de force. En organisant cet ouvrage, la spécialiste du Moyen-Orient se positionne en archiviste d'un massacre, en gardienne d'une mémoire collective qu'elle refuse de laisser sombrer dans l'oubli, ou d'être déformée par les récits simplificateurs d'une géopolitique manichéenne. Et c'est là toute la force de ce livre collectif : il nous contraint à regarder la réalité de Gaza en face, à la fois dans sa quotidienneté insupportable, et dans l'immensité de ses souffrances.
Au cœur d'un conflit marqué par une propagande intense et la manipulation de l'information, Le Livre noir de Gaza s'impose donc comme un contrepoint nécessaire, une quête de vérité au milieu du brouillard de la guerre. L'ouvrage se propose de documenter méthodiquement les violences infligées à la population civile palestinienne, en s'appuyant sur des sources incontestables : rapports d'ONG telles qu'Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins Sans Frontières et Reporters Sans Frontières, enquêtes d'experts indépendants et témoignages de journalistes qui risquent leur vie pour rendre compte de l'horreur quotidienne. L'ouvrage se démarque donc des récits manichéens, des simplifications médiatiques et du sentimentalisme facile. Le choix est fait d'une objectivité chirurgicale : la violence est exposée sans fard ni complaisance, à travers la froideur des chiffres, la précision des rapports et la puissance brute des témoignages, laissant au lecteur la liberté de juger et de se forger sa propre opinion.
Le Livre noir souligne également l'importance de documenter les crimes commis dans l'ombre du silence, non seulement pour rendre justice aux victimes, mais aussi pour empêcher que l'impunité ne devienne la norme, et que l'oubli ne s'abatte sur la conscience collective. Il s'agit d'un acte de résistance contre l'effacement, celui des victimes, celui de la mémoire, et celui de la légitime identité palestinienne.

La polyphonie des voix
Le Livre noir de Gaza se nourrit de la richesse et de la complexité des points de vue recueillis. Ce n'est pas seulement le récit des ONG occidentales qui nourrissent ces pages, mais aussi les voix des ONG palestiniennes et israéliennes, des analystes et des experts issus de divers horizons géopolitiques, offrant une palette de perspectives aussi instructives que nécessaires. Dans Le Livre noir de Gaza, chaque contributeur apporte une perspective unique et essentielle à la compréhension du conflit, enrichissant l'ouvrage par la diversité de ses angles d'analyse.
Par exemple, les contributions sur les droits des enfants mettent en lumière l'impact dévastateur du blocus et des bombardements sur les plus vulnérables, détaillant la souffrance psychologique et physique des jeunes Gazaouis. D'autres textes se concentrent sur l'impact humanitaire, soulignant la difficulté pour les ONG d'accéder à une population coupée du monde et documentant les violations flagrantes du droit international humanitaire. Enfin, l'analyse géopolitique replace la situation de Gaza dans un cadre plus large, expliquant comment ce conflit s'articule avec les dynamiques de pouvoir au Moyen-Orient, les intérêts stratégiques internationaux, et les jeux d'alliances qui perpétuent ce cycle de violence. Ces voix plurielles permettent de dresser un tableau complet et nuancé de la réalité sur le terrain, et leur juxtaposition crée un récit polyphonique qui refuse toute simplification réductrice. Mais ne nous méprenons pas : ce n'est pas le Hamas qui parle ici, ni les dirigeants politiques ou les militants armés, mais les civils ordinaires : des mères de famille, des enseignants, des étudiants qui décrivent comment, jour après jour, ils tentent de préserver un semblant de normalité au milieu de l'horreur. Ils parlent de la difficulté d'envoyer les enfants à l'école lorsque chaque bâtiment peut s'effondrer à tout instant, de l'impossibilité de trouver un emploi lorsque le blocus asphyxie l'économie, de la douleur d'enterrer ses proches sans espoir de justice.
« Gaza, une prison à ciel ouvert. » Cette expression, tant de fois répétée, semble avoir perdu de son sens tant elle est devenue un cliché ; au-dessus de Gaza s'étend le regard impitoyable des drones israéliens, les frappes soudaines et meurtrières de l'aviation, et cette chape de terreur ne laisse aucun répit aux habitants de ce territoire minuscule, compressé entre la mer et la barrière de sécurité. Le livre ne se contente pas de présenter une accumulation de faits. Il s'interroge sur les causes profondes de la violence, et ouvre la réflexion sur les obstacles à une paix juste et durable : le manque de confiance mutuelle, la radicalisation croissante des deux côtés, et l'inaction complice de la communauté internationale, notamment des pays occidentaux, soutiens inconditionnels d'Israël. Le texte se veut également une réflexion sur les modalités de l'information en temps de guerre. L'usage des réseaux sociaux est analysé : ils jouent un rôle ambigu dans ce conflit en permettant à la fois la diffusion d'informations censurées, et la propagation rapide de la propagande et des fausses nouvelles.
L'œil de celui qui a vu, Rony Brauman
La préface d'un ouvrage est comme un seuil ; elle nous invite à franchir une porte, à nous engager sur un chemin parfois ardu, et nous prépare à ce que nous allons découvrir. Dans Le Livre noir de Gaza, c'est Rony Brauman, ancien Président de Médecins Sans Frontières et figure incontournable de l'humanitaire, qui se charge de cet accueil du lecteur. Son regard, forgé par des années d'engagement auprès des victimes de conflits et de crises humanitaires partout dans le monde, est empreint d'une lucidité acérée et d'une profonde humanité. Rony Brauman n'est pas un observateur distant et froid ; c'est un homme qui a vu de ses propres yeux l'horreur, la souffrance, la violence. Et cette expérience l'autorise à parler avec une autorité morale qui ne souffre aucune contestation.
Dès les premières lignes, Rony Brauman déconstruit le récit dominant sur la guerre à Gaza. Il pointe du doigt la tendance médiatique à occulter la réalité quotidienne de l'occupation israélienne et à passer sous silence les violences et les crimes commis contre les Palestiniens « en temps de paix ».
Ce qui est souvent décrit comme une « période calme » en Israël-Palestine – caractérisée par l'absence de morts israéliens – est en réalité une période de violences insidieuses et quotidiennes, que subit la population palestinienne sans pouvoir se défendre : harcèlement des paysans par les colons, destructions de récoltes et d'habitations, expulsions, assassinats arbitraires et arrestations sans procès.
Rony Brauman nous interpelle : comment le monde peut accepter de fermer les yeux sur cette injustice, au nom d'une « stabilité » illusoire et précaire ?
Face à la déshumanisation des Palestiniens, Rony Brauman plaide pour une approche basée sur l'empathie et la reconnaissance de leur souffrance. Il nous rappelle que la victime, avant d'être Palestinienne ou Israélienne, est d'abord humaine. Il dénonce la tendance à juger les Gazaouis à travers le prisme du terrorisme et de l'islam, à oublier que l'histoire et la géopolitique jouent un rôle déterminant dans le cycle de la violence. Il invite à replacer l'attaque du 7 octobre 2023 dans le contexte de l'occupation, du déni des droits des Palestiniens et de l'humiliation qu'ils subissent au quotidien, soulignant ainsi les frustrations et les désespoirs qui conduisent à la radicalisation et à la violence. Cette préface de Rony Brauman n'est pas seulement un plaidoyer pour les victimes, c'est aussi un appel à la conscience. Il interpelle directement le lecteur et le met face à ses propres responsabilités. Sommes-nous prêts à accepter que notre silence et notre inaction nourrissent l'impunité et la barbarie ? Il dénonce l'hypocrisie des gouvernements occidentaux qui se contentent de déplorer les victimes, tout en continuant de livrer des armes à Israël, et en fermant les yeux sur les violations du droit international.
Rony Brauman souligne l'urgence d'un changement radical de l'approche internationale face au conflit. Le soutien aveugle à l'un des belligérants et la minimisation systématique de la souffrance de l'autre sont contre productifs et contribuent à enkyster le conflit dans un cycle sans fin de vengeance et de haine.

Répartition de la population de la bande de Gaza selon le niveau d'insécurité alimentaire actuel et projeté, d'après les données de l'IPC publiées le 21 décembre 2023 – AFP / AFP / NALINI LEPETIT-CHELLA
L'architecture d'un réquisitoire
Le Livre noir de Gaza ne se veut pas seulement un ouvrage d'information, mais aussi un outil de compréhension, une invitation à la réflexion critique et un appel à la mobilisation contre l'injustice. Sa structure est donc délibérément conçue pour créer un impact sur le lecteur et l'inciter à agir. N'imaginons pas que nous sommes impuissants : La responsabilité cosmopolite, concept philosophique puissant, affirme que chaque individu, en tant que citoyen du monde, possède le devoir moral et la capacité d'agir concrètement contre les injustices internationales, transcendant ainsi les frontières et l'impuissance apparente face aux défis globaux.
Le recueil est donc divisé en sept chapitres thématiques qui détaillent les différentes facettes du drame vécu par les Gazaouis : l'asphyxie progressive d'un territoire en état de siège ; l'effondrement du système de santé et la mort programmée des civils ; la manipulation de l'information et l'éradication du journalisme (ce que la municipalité RN de Perpignan ne s'est pas gênée de faire en refusant de remettre un Prix à un photoreporter palestinien sous un motif fallacieux) ; le ciblage délibéré de la population civile ; la violence démesurée des armes employées et l'invisibilisation calculée des victimes ; la destruction systématique de l'environnement et les perspectives, hélas, sombres pour l'avenir.
Cette architecture savante permet de confronter les analyses, de donner la parole à des voix diverses et de montrer la complexité de la réalité. Le livre se déroule comme une partition musicale, où les notes graves des chiffres et des rapports s'entrelacent avec la mélodie plaintive des témoignages individuels et la puissance percutante de certaines analyses géopolitiques, créant ainsi un réquisitoire implacable contre la violence étatique et l'indifférence du monde. L'ouvrage ne cherche surtout pas à minimiser les violences commises par le Hamas — elle les documente au contraire avec une rigueur impitoyable, mettant en lumière les exactions du mouvement islamiste, ses attaques aveugles et souvent suicidaires contre Israël. Mais ce qui transparaît ici, c'est avant tout l'immense disproportion entre les forces en présence. D'un côté, une milice armée, certes puissante localement, mais dépourvue de moyens militaires sophistiqués ; de l'autre, une armée régulière suréquipée, bénéficiant d'un soutien logistique et diplomatique massif de la part des États-Unis et de l'Europe.
Cette asymétrie, l'ouvrage la décortique en s'appuyant sur des chiffres édifiants : le nombre de victimes civiles, les infrastructures détruites, les écoles et les hôpitaux réduits en cendres sous le prétexte de « frappes ciblées ». La lecture de ces chapitres est accablante : elle dévoile une machine de guerre implacable, guidée par une stratégie qui ne laisse aucune place à la modération ou à la proportionnalité. On s'interroge face à cette logique du « moindre mal » revendiquée par l'armée israélienne, qui prétend minimiser les pertes civiles, tout en infligeant des destructions massives.
Le Livre noir de Gaza s'intéresse aussi à la dimension psychologique de cette guerre. Elle cite les propos glaçants de Yoav Gallant, ministre de la Défense israélien, qui qualifie les Gazaouis d'« animaux humains ». Ce type de déshumanisation n'est pas nouveau, mais dans le contexte actuel, et au regard de l'histoire du peuple juif, il résonne avec une intensité particulière. Le discours officiel israélien, loin de simplement viser le Hamas, s'attaque à l'existence même de Gaza en tant que communauté humaine. La population civile devient un dommage collatéral acceptable dans la « guerre contre la terreur ». Et cette rhétorique trouve un écho dans certaines déclarations de responsables occidentaux, prêts à justifier l'injustifiable au nom de la lutte contre l'extrémisme. Combien Gilles Kepel a été inspiré d'écrire par ailleurs que : « les génocidés sont devenus les génocidaires »…
No pasarán de la mémoire
Le Livre noir de Gaza dépasse le cadre strict du conflit israélo-palestinien pour nous interroger sur des questions d'une portée universelle, telles que : le respect des droits humains dans les zones de conflit ; la légitimité de la force dans les relations internationales ; le rôle et la responsabilité de la communauté internationale face aux crimes de guerre et aux violations du droit international humanitaire ; et enfin les fondements mêmes d'une éthique de la guerre dans un monde gouverné par la loi du plus fort et les intérêts géostratégiques. Car vivre à Gaza, c'est ne pas vivre. C'est survivre dans une condition de vulnérabilité extrême, où la mort est omniprésente, où chaque espace, chaque recoin, peut devenir une cible potentielle. Le Livre noir de Gaza est un cri de résistance qui, face aux forces implacables de l'oubli et de la déshumanisation, résonne comme le « No pasarán » de La Pasionaria : une barrière de mots dressée contre l'avancée inexorable du silence, affirmant haut et fort que, malgré le siège de la mémoire, ceux qui tentent d'effacer l'histoire ne passeront pas.

Comptes rendus de lecture du mardi 27 mai 2025


À qui appartient l'eau ?
Maude Barlow
Traduit de l'anglais
J'avais déjà lu « Vers un pacte de l'eau » de Maude Barlow il y a une quinzaine d'années. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis pour l'accès à l'eau potable et sa protection, même s'il en reste encore beaucoup à parcourir, et c'est ce dont l'auteure rend compte dans ce récent essai. Maude Barlow nous y appelle à contrer la privatisation de cette ressource vitale par de grandes entreprises comme Veolia, Suez, Coca-Cola et Nestlé, en incitant nous-mêmes nos municipalités, nos écoles, nos collèges, nos universités et nos autres institutions à devenir des communautés bleues. Ce mouvement citoyen, né au Canada, vise à faire reconnaître le droit à l'eau et à s'assurer que la gestion des services d'eau demeure exclusivement sous la gouverne publique. Un bel effort de conscientisation pour changer notre monde et un ouvrage très intéressant pour faire le tour de cette importante question… et agir.
Extrait :
Ce livre traite d'espoir. Il raconte l'histoire de gens ordinaires qui défendent les ressources en eau de leurs communautés et protègent au sens plus large le droit à l'eau en s'assurant que cette précieuse ressource demeure à jamais un bien commun, qui ne doit pas tomber aux mains d'entreprises à but lucratif.

PoéVie
Gilbert Langevin
C'est Normand Baillargeon qui m'a amené à lire cet important poète dont il ne tarissait pas d'éloges. Gilbert Langevin est un peu oublié de nos jours et cette anthologie nous permet de mieux le connaître et l'apprécier. Sa poésie exprime beaucoup de chaleur, d'ouverture au monde, de tendresse fraternelle aussi. Vous en trouverez probablement la lecture un peu difficile, mais vous en sortirez sans doute aussi un peu… transformé.
Extrait :
Quand on fait de la peine
à son meilleur ami
quand on bafoue son frère
qu'on est jaloux de lui
on ne sait plus quoi faire
on devrait fuir d'ici
jusqu'au bout de la terre
jusqu'au bout de la nuit
chaque homme a sa misère
qui partout le poursuit
chaque homme a sa manière
de faire parler de lui
chaque homme a sa lumière
de sagesse ou de folie
chaque homme est notre frère
même s'il nous injurie
un amour millénaire
nous a donné la vie
mais pourquoi cette guerre
qui n'est jamais finie
on ne vient pas sur terre
pour se détruire ainsi
le monde est un mystère
l'homme un mystère aussi
là n'est pas mon affaire
on me l'a souvent dit
parle-nous de rivière
de neige ou de la pluie
parle-nous de ton père
ou de l'astrologie
mais laisse aux militaires
les histoires de fusil
que peuvent les colères
de notre poésie
contre les mercenaires
des forces de la nuit
nous sommes la poussière
de leur démocratie
nous les bénéficiaires
du royaume infini

Une école sans murs
Rabindranath Tagore
Versions originales en bengali
Rabindranath Tagore est le premier non-Européen à s'être mérité - en 1913 - le prix Nobel de littérature. Cette sélection de ses principaux textes sur l'éducation m'a beaucoup plu. Sa vision de ce que devrait être l'éducation, qui laisse une très grande place aux arts, à la nature et surtout à la découverte de l'autre et à la liberté, demeure dans une large mesure une excellente critique du modèle d'éducation que nous avons encore en place de nos jours. Comme il s'agit d'une sélection, les mêmes idées sont parfois exprimées dans plus d'un texte, mais ça n'enlève rien à la valeur de cette précieuse anthologie.
Extrait :
Tant que j'ai été contraint de fréquenter l'école, je l'ai vécu comme une torture intolérable. J'ai souvent compté le nombre d'années qui me séparaient du jour où je serais libre. Mes frères plus âgés avaient déjà terminé leurs études et débuté leur vie active, chacun à sa façon. Comme je les enviais lorsque, après un repas pris en hâte le matin, je trouvais, m'attendant à la porte, l'inévitable chariot qui nous emmenait à l'école. Comme j'aurais souhaité, par un quelconque sortilège, pouvoir traverser en un instant les quinze ou vingt ans me séparant de l'âge adulte. J'ai compris plus tard que ce qui pesait sur mon esprit était la pression du système d'éducation contre nature qui prévalait partout.
La Curée
Émile Zola
C'est ce roman qui a donné au mot curée son sens figuré de ruée avide pour s'emparer des biens, des places et des honneurs laissés vacants. Ayant comme trame l'enrichissement spéculatif et la dépravation des mœurs sous le Second Empire, c'est assurément l'un des romans les plus critiques de la série des Rongon-Macquart de Zola. À la suite de son mariage arrangé avec une toute jeune femme, Renée Béraud du Chatel, Aristide Rougon, devenu Saccard, commence à spéculer et à s'enrichir frauduleusement. De grands travaux transforment alors des parties entières de Paris.
Extrait :
Celui-ci ne broncha pas. La société en question venait de crouler avec un effroyable scandale. Des actionnaires trop curieux avaient voulu savoir où en était l'établissement des fameuses stations commerciales sur le littoral de la Méditerranée, et une enquête judiciaire avait démontré que les ports du Maroc n'existaient que sur les plans des ingénieurs, de fort beaux plans, pendus aux murs des bureaux de la Société. Depuis ce moment, M. Toutin-Laroche criait plus fort que les actionnaires, s'indignant, voulant qu'on lui rendît son nom pur de toute tache. Et il fit tant de bruit que le gouvernement, pour calmer et réhabiliter devant l'opinion cet homme utile, se décida à l'envoyer au Sénat. Ce fut ainsi qu'il pêcha le siège tant ambitionné, dans une affaire qui avait failli le conduire en police correctionnelle.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Le monde regarde Gaza périr !

L'hécatombe à Gaza a atteint inconcevablement l'apogée de l'horreur, avec plus de 54 000 victimes. Hier lundi, 55 Gazaouis ont péri sous les bombardements. Les promesses de Netanyahou de ramener les otages font la « Une ». A Paris, des milliers de manifestants (es) ont appelé à l'arrêt du génocide.
De Paris, Omar HADDADO
Le Politique décide, le militaire trucide, la Résistance impavide !
A Paris, les plaisirs de la vie, l'hédonisme, l'apparat et les « éternuements des Peoples », prennent le pas sur le génocide du peuple palestinien, devenu une espèce d'indisposition itérative gâchant impromptuement les délices inassouvis du quotidien. Qu'importe si le nettoyage ethnique et ses 54 000 victimes, femmes, enfants, personnes âgées et même handicapées, se poursuit avec une complicité dégoutamment validée par une Europe vassalisée et une Amérique plus que jamais prédatrice et orgueilleusement « westernisée ».
Les bonnes causes ont encore du chemin à faire pour éveiller les cerveaux embrumés de nombre de Français (es), déviés de la réalité par le semi (bio) du racisme ambiant, les réseaux sociaux et la vie des célébrités, tel le scoop sur la torgnole, d'avant-hier, de Brigitte Macron à son époux Emmanuel.
Ou, plus pernicieux, les cavalcades xénophobes d'un Retailleau ayant fait de sa haine envers les Immigrés et les Musulmans un fonds de commerce au sein d'une majorité citoyenne dénuée de tout discernement ! Bonne prise !
L'innommable n'intéresse point la Droite ni l'Extrême Droite. Elles n'ont d'yeux que pour la Présidentielle. Les 15 613 enfants retrouvés sous les décombres, les 34 173 blessés et les 11 200 portées disparus, ne les interpellent pas.
La France aseptisée, n'a cure du constat du Centre satellitaire des Nation Unies (Unosat) qui fait état de 70% des bâtiments de l'enclave détruits ou endommagés. Elle s'en moque comme de l'an quarante des relevés de l'OMS, rappelant la réduction de la capacité d'accueil des hôpitaux à 1 800 lits. Comme elle se bat l'œil quand l'Unicef affirme que depuis le 7 octobre 2023, des centaines d'écoles ont été directement frappés et 19 universités endommagées.
Hier, dans la soirée, le Premier ministre Netanyahou avait promis de ramener tous les otages, « les vivants et les morts ». « Si nous n'y arrivons pas aujourd'hui, on arrivera demain, et si ce n'est pas demain, alors après-demain. On n'abandonne pas ! » déclare -t- il en clôturant les festivités de la Journée de Jérusalem.
Dix-neuf mois de conflit. Des milliers de vies détruites, la famine, l'exode et le trauma endémique.
Gaza n'est plus qu'un champ de ruines ! Une honte du genre humain !
Le refus, ce lundi, du Hamas d'accepter l'offre du cessez-le-feu proposée par les Etats-Unis, par la voix de son émissaire Steve Witkoff, n'a fait qu'exacerber le drame des Palestiniens.
Drame dont la Gauche française, réconciliée in extrémis, dénonce avec force : « Heureux, de voir toutes les tendances du PS rallier notre position contre le génocide à Gaza, appeler à pavoiser aux couleurs de l'Etat palestiniens sans craindre d'être traitées d'agent du Hamas ou du Hezbollah, ou d'antisémite, comme ils faisaient naguère contre nous ! » S'exclamait hier Jean Luc Mélenchon (LFI) sur son compte X.
Socialistes, Ecologistes et Communistes ont, à l'issue d'une réunion dénoncé « Un génocide caractérisé. Une politique hélas pensée, planifiée et même revendiquée », selon Olivier Faure.
Reste la voix de la rue qui ne cesse de relèver les défis.
Paris, 15 heures tapantes Place de la République, ce dimanche. Après une minute de silence en hommage aux victimes de Gaza, le 11 ème arrondissement a vibré toute l'après-midi au rythme des clameurs de milliers de manifestants réclamant un cessez-le feu immédiat. Une Jeunesse tantôt courroucée, tantôt enthousiaste plaidait avec ferveur la cause palestinienne. Le rassemblement avait fédéré citoyens (es), étudiants, travailleurs, syndicats et autres collectifs mobilisés pour la circonstance. Des représentants et leaders de chaque mouvement se sont relayés derrière le micro pour lire leurs communiqués, condamnant avec force la politique « génocidaire » de Netanyahou.
A l'unisson, la foule scandait avec rage : « Une seule solution, arrêter l'occupation ! »
Puis la voix d'une déléguée du corps médical de fuser : « Nous devons continuer jusqu'à la Libération de la Palestine ! ». Et la foule de s'égosiller d'une seule voix en guise de réponse : « Free, free Palestine ! », « Résistance, résistance, c'est la loi de l'existence ! » « Netanyahou casse-toi ! La Palestine n'est pas à toi ! » « Embargo militaire pour l'Etat génocidaire ! » Un militant de Révolution Permanente se saisit du micro et tonitrue : « Ça va Paris ? » et toute la masse humaine de rétorquer : « Ouais ! » « Est-ce qu'on va lâcher ? » et la place de s'époumoner : « Non ! ».
Les poignets brandis en l'air, tout le monde bat la mesure :
« Palestine, vivra, Palestine vaincra ! »
O.H





******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

L’opinion de Mgr William Barber est sans appel : « Une énorme et horrible proposition de loi, destructive et mortifère »

Amy Goodman : Le Président Trump a rendu une rare visite au Capitol pour faire pression sur les élus.es républicains.es afin que la proposition de budget mis au débat soit adoptée. Elle comprend d'énormes déductions d'impôts pour les riches, déduit brutalement le dépenses de Medicaid, le programme d'aide à l'alimentation (food stamps), y est aussi largement amputé de même que les subventions pour l'énergie propre. Un estimé avance que presque 14 millions de personnes pourraient perdre leur assurance maladie. Une nouvelle analyse du Congressional Budget Office (CBO) montre que ce projet de loi implique aussi 535 milliards de dollars de coupes dans le budget de Medicare.
Democracy Now 21 mai 2025 - https://www.democracynow.org/2025/5/21/budget_bill_medicaid_taxes
Traduction, Alexandra Cyr
Les négociations se sont poursuivies toute la nuit car un groupe de républicains.es voulaient encore plus de réductions dans les dépenses et certains.es d'entre eux demandaient un élargissement des diminutions d'impôts en augmentant les déductions des impôts et taxes locales.
Mardi, accompagné par le speaker de la Chambre, M. Mike Johnson, le Président, devant les journalistes, a louangé ce projet de loi, le plus important par son étendue selon lui dans le pays et l'a qualifié de grand, énorme et magnifique, qui offre les plus grandes baisses d'impôts de toute l'histoire américaine. Il a ajouté que c'était tout aussi incroyable pour Medicare et Medicaid.
Durant ce débat, Mme Brendan Boyle, représentante démocrate, a souligné la manière par laquelle cette proposition de loi allait déduire plus d'un demi-milliard de dollars du budget de Medicare : « C'est toute un nouvelle. Quand le Comité du budget a déclenché ce processus il y a environ trois mois, le Président Trump s'était engagé à ce qu'il n'y ait pas de coupes dans le budget de Medicare dans cette proposition de loi. Depuis que le début des discussions nous n'avons jamais parlé de Medicare. On a parlé de Medicaid mais pas de Medicare. Nous voici ici ce soir, parce que comme vous l'avez expliqué à cause de l'ampleur des déficits, de la loi Pay-As-You-Go, les appropriations budgétaires pour Medicare seraient affectées pour un total de 500 mille milliards de dollars. Les prévisions du CBO confirment 535 mille milliards de dollars dans le budget de Medicare.
Mgr William Barber nous rejoint. Il est le président de Repairers of the Breach, le fondateur et directeur du Center for Public Theology and Public Policy à Yale Divinity School. Il est aussi président associé de la Poor People's Campaign et co-auteur de White Poverty : How Exposing Myths About Race and Class Can Reconstruct American Democracy. Il a été arrêté deux fois récemment durant les manifestations dites Moral Mondays contre la proposition de loi budgétaire, devant le Capitol. Dites-nous pourquoi.
Mgr. W. Barber : Merci beaucoup Amy.
L'autre jour je parlais de cela avec Joan Baez, de comment notre époque est affreuse mais aussi comment nous sommes obligés.es de nous tenir debout. Nous avons dû affiner nos propos. Avec d'autres, j'ai été arrêté dans la rotonde (du Capitol) simplement pour avoir prié devant l'horreur de cette proposition de loi. Des personnes qui représentent des milliers, des centaines de milliers de religieux de toutes sortes ont aussi été arrêtées. Nous allons y retourner le 2 juin pour un autre Mass Moral Monday, organisé par Repairers of the Breach et 20 autres partenaires parce qu'il faut se tenir debout en ce moment. C'est une énorme et horrible proposition de loi destructive et mortifère. Il faut commencer à en parler de cette façon. Ce ne sont pas que des baisses d'impôts pour les riches, même si c'est ça aussi. Mais c'est une marche vers la mort et la destruction pour les pauvres, les personnes âgées et le jeunes de notre pays, indépendamment de leur couleur. Une des choses que nous devons faire, c'est de démêler ce qui va arriver dans les États, que vous soyez dans les Appalaches ou en Alabama. Ils mentent, disent que c'est pour lutter contre la fraude, mais ce n'est absolument pas ça. Ce sont des coupes dans des programmes qui sauvent des vies légitimement, qui sont nécessaires et pour lesquels nous nous sommes battus pendant des années.
Amy, rapidement, je veux faire comprendre aux auditeurs.rices ce dont nous parlons quand nous parlons de coupes dans le budget de Medicaid. Nous parlons d'abord de personnes à faible revenu, peu importe la race, la croyance ou la couleur. Ce sont des familles, des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées ou des handicapés.es. On nous parle de 500 milliards de coupes pour Medicare. Ce programme s'adresse aux personnes de 65 ans et plus. Nous parlons d'enfants atteints.es de maladies rénales et de personnes souffrant de la maladie de Lou Gehrig. Des recherches nous montrent que pour chaque million de personnes, 2,500 mourront par défaut de soins. Et nous sommes dans un temps ou déjà, 800 personnes meurent tous les jours des effets de la pauvreté et des bas salaires.
C'est une proposition de loi énorme, horrible mortifère et destructive. On doit y résister partout, dans les lieux de pouvoir, du haut de la chaire, dans les rues. Nous devons prier, nous exposer physiquement parce qu'environ 13 millions 700 mille personnes risquent de perdre leurs droits à Medicare et leur assurance maladie. Et nous savons déjà que ce genre de coupes touchera éventuellement Social Security. Car les montants ne seront pas à la hauteur. Dans une vidéo, Steve Bannon a déclaré que leur objectif est de prendre le contrôle de cinq mille milliards de dollars du budget de telle sorte qu'ils puissent contrôler en fin de course environ 70 mille milliards des actifs du gouvernement. C'est une prise énorme, une proposition de loi énorme, mauvaise, horrible, destructive et mortifère. Environ 11 millions de personnes vont perdre leur aide à l'alimentation, dont 4 millions d'enfants. Il y aura 6 mille milliards 500 millions d'investissements retirés des programmes pour une énergie verte.
Et ils disent que ces réductions d'impôts sont faites pour aider la société. Mais, l'école dont le Président se vente avec enthousiasme avoir fréquentée, la Wharton School, a déclaré que ces changements que la proposition de loi apporte au système fiscal fera que les pauvres et les personnes à faibles revenus dans le pays, subiront une baisse de revenu annuel. Elles perdront environ 1,035$ annuellement. Mais pour les biens nantis.es ce rapport démontre qu'ils et elles recevront 389,000$ de plus chaque année.
Cette énorme, mauvaise, horrible, destructive et mortifère proposition de loi, va frapper les pauvres, les personnes à faibles revenus, et finalement le pays lui-même. S'ils le font ; ils disent vouloir le faire sur dix ans. Il va y avoir une destruction massive des services de santé dans les zones rurales. Nous allons vivre les effets de ces restrictions budgétaires immorales qui font que les riches gagnent alors que les pauvres et les familles ouvrières perdent. En plus ils ne veulent pas seulement faire ces coupes pour avoir plus d'argent, mais ils veulent ajouter un autre 350 milliards de dollars pour payer les contracteurs de la défense et plus d'argent aussi pour les expulsions. Donc, avec cette proposition de budget qui porte la marque d'E. Musk et du DOGE ils en adoptent les buts. Finalement, Amy, avec un processus de réconciliation qui n'exige que 50 votes et non 60 …..
Donald Trump a dit une chose qui est vraie : C'est une énorme proposition de loi. Mais elle n'est pas grande qui signifierait bonne. C'est une grande, très grande mauvaise, horrible, destructive, mortifère et démoralisante proposition de loi qui va heurter les pauvres et les personnes à bas salaire pendant des années et des années. Et cela pourrait aussi affaiblir notre démocratie si nous laissons faire.
Juan Gonzalez : Mgr Barber, on rapporte que dans les zones rurales, beaucoup d'hôpitaux sont forcés de fermer à cause du retrait des subventions du gouvernement fédéral. Pouvez-vous en parler ? Qu'en est-il dans votre région, la Caroline du nord et dans d'autres zones rurales ? Quel impact direct résultera de tout cela ?
W.B. : Il faut se rappeler l'épisode du COVID qui a mis au jour beaucoup de problèmes dans notre système de santé. Dans de nombreux États, qui n'avaient pas étendu les bénéfices de Medicaid, beaucoup, vraiment beaucoup de personnes sont mortes qui ne l'auraient pas dû. Le taux de mortalité chez les pauvres et les personnes à faible revenu, peu importe la race, a été le même : une solide augmentation. C'était immoral, affreux.
Nous savons que quand les États n'acceptent pas d'étendre les bénéfices de Medicaid, et cette proposition de loi ferait en sorte de restreindre encore plus cette expansion, les hôpitaux ruraux ont beaucoup de mal à se maintenir. Laissez-moi vous raconter une histoire qui va vous donner une idée de ce que nous attend. Par exemple, en Caroline du nord, quand l'expansion des bénéfices de Medicaid a été refusée, j'avais rencontré une jeune femme du nom de Portia. Elle est la première personne de Belhaven en Caroline du nord, une communauté rurale, à mourir parce que l'hôpital était fermé ; l'État avait refusé d'étendre les bénéfices de Medicaire. Elle n'a pas pu survivre ; elle est morte dans le terrain de stationnement d'une école en attente qu'un hélicoptère vienne la chercher. Le médecin a déclaré que si l'hôpital avait été fonctionnel, elle aurait probablement survécu parce qu'elle aurait eu les soins à l'intérieur de ce que nous appelons « l'heure dorée ». Cette proposition de loi va encore plus loin et nous allons entendre parler de plus en plus de coupes budgétaires dans les hôpitaux, de plus en plus d'hôpitaux incapables de poursuivre leur mission et de prendre soin des gens.
Amy et Juan, je veux retourner chez-moi et trouver des gens qui vont observer comment les vies des populations seront affectées. Nous devons commencer à parler de cette proposition de loi comme d'une forme de meurtre social et politique, d'un projet social et politique de caractère mortel ; ils savent ce qu'ils font. Et si j'utilise le terme « meurtre » c'est parce qu'ils savent qu'il y aura des morts. Les études démontrent ce qui se passe quand l'accès aux soins de santé diminuent, mais ils vont de l'avant. Même en plein milieu de la nuit. Ils ne veulent pas de débats durant le jour quand les gens sont éveillés et peuvent voir ce qui se passe. Ils le font la nuit parce que c'est une énorme, grande, mauvaise, horrible, mortifère proposition de loi destructive.
J.G. : Mgr Barber, il y a des Républicains.es qui ont tardé à voter pour cette proposition parce qu'ils et elles veulent encore augmenter les coupes budgétaires. Comment pensez-vous que les gens devraient résister à ces manœuvres durant les jours à venir au Congrès ?
W.B. : Les budgets sont des documents moraux. C'est pour cela que nous convoquons les gens à nous rejoindre le lundi 2 juin, pour une messe qui sera célébrée devant la Cour suprême et le Capitol. Ce sera la messe du lundi moral. Le clergé sera en vêtements cléricaux. Il a de l'impact sur les gens et sur d'autres avocats.es de la cause. Nous devons apparaître partout et déclarer qu'il ne s'agit pas de soutient aux Démocrates ou aux Républicains.es, ou de la gauche ou de la droite ; c'est vraiment au sujet du bien et du mal.
Et cela devrait être notre préoccupation principale, car si vous acceptez qu'un tel budget passe, vous démantelez le gouvernement. Et c'est ce qu'ils cherchent : démanteler l'État, l'administration de l'État. C'est mortel et destructeur. Nous devons l'identifier comme un enjeu moral. Et nous devons mettre des visages sur ceux et celles qui seront heurtés.es, sur ce qui va se passer. J'en appelle à tous les médias, pour qu'ils mettent sur la carte des États-Unis où les diminutions de budget vont frapper, vont affecter des personnes en dehors de votre communauté et la vôtre aussi bien sûr.
Tous les élus.es démocrates et ceux et celle des républicains qui sont contre cette proposition de budget, devraient inviter des personnes touchées à occuper les galeries (de la Chambre des représentants). Elles devraient défiler dans les couloirs du Capitol pour rendre visible qui sera touché, quelles vies sont mises en jeu.
C'est un moment crucial pour les États-Unis, pour les voix morales du pays. Nous ne pouvons pas nous défiler. Si cela devient effectif, disons pendant 10 ans, ce sont 10 années où ce pays sera handicapé et blessé. C'est ce qui va se passer avec ce budget. Et il ne s'agit pas de ce qu'ils coupent il s'agit aussi de ce qu'ils financent. Ils financent des programmes qui vont apporter encore plu de mort, d'expulsion et de destruction.
Par quelque côté que vous examiniez cela, c'est une énorme, grande, horrible, mortifère, mauvaise, destructive, et handicapante proposition de loi contre laquelle nous devons nous élever de toutes les façons possibles. Personne ne doit se défiler, spécialement les leaders moraux, les pasteurs, le clergé, les imams et les rabbins qui s'occupent des gens et s'en soucient. Parce que c'est nous, particulièrement les dirigeants.es des congrégations, qui vont enterrer les morts.es, qui devront être avec les familles qui seront affaiblies par cette grande, énorme, horrible, mortifère, destructive et handicapante proposition de loi avec laquelle on veut nous assommer.
(…)
Je ne connais pas l'état d'esprit des gens quand ils se lèvent le matin, quelle mythologie est installée dans leur tête mais ce qu'on peut imaginer, c'est que la moindre des choses est d'imaginer combien de personnes vous allez heurter, combien de vies vous mettez à risque, combien vous allez en détruire, avec combien de mauvaises politiques. C'est fou. Et pour ceux et celles d'entre nous qui ne sont pas frappés.es par cette maladie il est temps de se tenir debout.
A.G. : Mgr Barber, (…) merci beaucoup d'avoir été avec nous.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Donald Trump et l’Internationale brune

La spectaculaire victoire de Donald Trump à l'élection américaine de 2025 est un tournant historique pour les peuples du monde entier.
Tiré de Inprecor
20 mai 2025
Par Michael Löwy
Netanyahou et Trump le 7 avril 2025 à la Maison Blanche. The White House - Public Domain
On peut longuement débattre de si cette victoire est le résultat des défaillances des Démocrates – de leur absence de programme, de leur adhésion au néolibéralisme – ou d'une réaction raciste et misogyne contre Kamala Harris. Grâce à un discours associant agressivité et vulgarité verbale, utilisation systématique de mensonges et fake news, ainsi que des arguments prétendument anti-élites et anti-establishment, il a réussi à obtenir une majorité absolue du vote populaire (1). Le résultat est en tout cas désastreux pour les peuples.
Son gouvernement est la représentation directe de la haute bourgeoisie, de l'oligarchie fossile (pétrole, charbon, etc.) et du grand capital financier : jamais autant de milliardaires – dont Elon Musk est l'exemple le plus frappant – n'ont été présents au sommet de l'État américain (2).
L'élection de Trump n'est que la dernière manifestation d'une vague d'extrême droite réactionnaire, autoritaire ou néofasciste sur toute la planète : elle gouverne déjà beaucoup de pays de plusieurs continents. Parmi les exemples plus connus : Modi (Inde), Orban (Hongrie), Erdogan (Turquie), Meloni (Italie), Milei (Argentine), Netanyahou (Israël). Poutine (Russie) n'est pas très loin de ce modèle. Dans d'autres pays de l'Europe et de l'Amérique latine, ce courant n'est pas encore au pouvoir, mais n'est pas loin de la victoire. C'est bien entendu le cas de la France, où le Rassemblement national de Le Pen est un sérieux candidat au pouvoir.
Trump est sans doute le plus dangereux de ces personnages, parce qu'il se trouve à la tête de l'empire capitaliste le plus puissant, du point de vue économique et militaire. Sa victoire est aussi un formidable encouragement à cette Internationale brune en formation, que des personnages comme Steve Bannon essayent d'organiser.
Dans le cas français – mais cela vaut pour la plupart des pays européens – l'essor du néofascisme est étroitement lié au racisme d'origine coloniale, comme le montrent Ugo Palheta et les autres auteurices de l'excellent ouvrage Extrême droite : la résistible ascension (3). Mais cette analyse ne s'applique pas, ou en tout cas, pas dans les mêmes termes, pour les mouvements néofascistes de pays du Sud global (Argentine, Brésil, Inde, etc.).
Les caractéristiques des néo-fascistes
Malgré leur diversité, certains traits sont communs à la majorité, sinon à tous ces dirigeants et/ou mouvements : l'autoritarisme, le nationalisme intégral – « Deutschand über alles » et ses variantes locales : « America First », « O Brasil acima de tudo », etc. –, le racisme et la violence policière/militaire comme seule réponse aux problèmes sociaux. La caractérisation comme fasciste ou semi-fasciste peut s'appliquer à certains, mais pas à tous.
Enzo Traverso utilise le terme de « post-fascisme », en désignant à la fois une continuité et une différence. Alberto Toscano propose quant à lui, le terme de « fascisme tardif », pour mettre en évidence le changement résultant du contexte socio-économique. Miguel Urban, dans un brillant livre récent qui embrasse l'ensemble de ces mouvements (4), parle de « Trumpisme », en référence au poids du modèle américain. J'utilise plutôt le concept de « néofascisme » pour désigner à la fois la nouveauté et la ressemblance. Mais tous ces termes sont utiles pour rendre compte de ces nouvelles formations.
Fascistes ou populistes ?
Par contre, le concept de « populisme », employée par certains politologues, par les médias et même par une partie de la gauche, est parfaitement incapable de rendre compte du phénomène en question, et ne sert qu'à semer la confusion. Si dans l'Amérique latine des années 1930 jusqu'à 1960 le terme correspondait à quelque chose de relativement précis – le varguisme, le péronisme, etc. – son usage en Europe à partir des années 1990 est de plus en plus vague et imprécis.
On définit le populisme comme « une position politique qui prend le parti du peuple contre les élites », ce qui est valable pour presque n'importe quel mouvement ou parti politique ! Ce pseudo-concept, appliqué aux partis d'extrême droite, conduit – volontairement ou involontairement – à les légitimer, à les rendre plus acceptables, sinon sympathiques – qui n'est pas pour le peuple contre les élites ? – en évitant soigneusement les termes qui fâchent : racisme, xénophobie, fascisme, extrême droite. « Populisme » est aussi utilisé de façon délibérément mystificatrice par des idéologues néolibéraux pour opérer un amalgame entre l'extrême droite et la gauche radicale, caractérisées comme « populisme de droite » et « populisme de gauche », puisque opposées aux politiques libérales, à l'« Europe », etc.
Aujourd'hui et les années 30
S'agirait-il d'un retour aux années 1930 ? L'histoire ne se répète pas : on peut trouver des ressemblances ou des analogies, mais les phénomènes actuels sont assez différents des modèles du passé. Surtout, nous n'avons pas – encore – des États totalitaires comparables à ceux d'avant-guerre. L'analyse marxiste classique du fascisme le définissait comme une réaction du grand capital, avec le soutien de la petite-bourgeoise, face à une menace révolutionnaire du mouvement ouvrier. On peut s'interroger si cette interprétation rend vraiment compte de l'essor du fascisme en Italie, Allemagne et Espagne, dans les années 20 et 30. En tout cas, elle n'est pas valable dans le monde actuel, où l'on ne voit, nulle part, de « menace révolutionnaire ». Mais il y a un aspect de l'analyse marxiste du fascisme classique qui est pertinent pour notre époque : le désir de la grande bourgeoisie industrielle, financière et rurale de se débarrasser, une fois pour toutes, de l'ensemble des forces du mouvement ouvrier, politiques ou syndicales, qui imposaient certaines limites à l'exploitation. C'est ainsi qu'on a vu, par exemple en Allemagne, les partis bourgeois, de la droite ou du « centre », porter à la chancellerie du Reich, en janvier 1933, un certain Adolf Hitler qui n'avait pas réussi à obtenir une majorité dans les élections (voir à ce sujet les remarquables travaux de l'historien Johann Chapoutot) (5).
Les gouvernements ou partis de type néofasciste actuels se distinguent radicalement de ceux des années 1930, qui étaient « étatistes » et national-corporatistes du point de vue économique, par leur néolibéralisme extrême. Ils n'ont pas, comme dans le passé, des puissants partis de masse et des sections d'assaut uniformisées. Et ils n'ont pas la possibilité, au moins jusqu'à maintenant, de supprimer totalement la démocratie et créer un État totalitaire.
Si le fascisme des années 30 avait une base surtout petite-bourgeoise ou rurale, ce n'est pas le cas du néofascisme du 21e siècle, qui est implanté dans toutes les couches de la société, depuis la bourgeoisie jusqu'à la classe ouvrière. Certes, dans chaque pays la configuration sociologique du phénomène est spécifique. En France, les sondages semblent indiquer que le soutien au Lepenisme est plus fort chez les couches qui ont peur du déclassement et dans certaines franges de la grande bourgeoisie.
Les politiques d'extrême droite aujourd'hui
Comment expliquer cet essor de l'extrême droite ? On peut donner des explications propres à chaque pays, en fonction de son histoire, des forces politiques en présence, ou du rôle de la religion. Mais le phénomène est planétaire ! Il nous faut donc une explication à l'échelle mondiale. Les hypothèses proposées par la gauche – la chute de l'URSS, la crise économique de 2008, les politiques néolibérales, la mondialisation – sont pertinentes, mais insuffisantes.
Aux États-Unis, Donald Trump est en train de démanteler l'État de droit et la démocratie. On ne peut pas encore prévoir s'il réussira, et jusqu'où ira sa dérive autoritaire, raciste et xénophobe. On ne peut pas prévoir non plus si la résistance – des femmes, des immigré·es, des Afro-Américain·es, des ouvrier·es, de la jeunesse – qui a déjà commencé aux États-Unis sera capable de bloquer son offensive. Mais sa victoire signifie un changement important du rapport de forces à l'échelle internationale.
En Europe, l'extrême droite est déjà au pouvoir en Italie et en Hongrie, et participe au gouvernement en Hollande, Belgique, Suède et d'autres pays. De plus en plus influente, elle est une candidate sérieuse au pouvoir en France et (dans une moindre mesure) en Allemagne. Mais le phénomène ne se limite pas aux pays capitalistes avancées : en Inde, Modi, héritier du mouvement fasciste hindouiste des années 1930, persécute les musulmans, tandis que les États musulmans autocratiques (Iran, Afghanistan), attaquent les minorités religieuses et les femmes.
En Amérique latine aussi on trouve différentes sortes de régimes ou mouvements autoritaires. Un des plus répressifs est la dictature de la famille Ortega au Nicaragua, suivi du gouvernement de Bukele au Salvador. Mais le principal axe de l'extrême droite néofasciste se trouve dans le cône Sud. Les trois principaux exemples sont Javier Millei, déjà au pouvoir en Argentine, Bolsonaro, pour le moment neutralisé, au Brésil, et José Antonio Kast, candidat au pouvoir au Chili. Millei est le plus fanatiquement néolibéral, Bolsonaro (ou ses partisans) le plus attaché à l'héritage de la dictature, et Kast celui qui a les racines nazies (sa famille allemande). Ce que Anibal Quijano désignait comme « la colonialité du pouvoir » en Amérique latine est une piste intéressante pour comprendre ce phénomène dans les pays du continent, ainsi que, dans le cas du Brésil, les quatre siècles d'esclavage. Il faut ajouter, bien entendu, l'héritage des sanglantes dictatures militaires dans ces trois pays, entre 1964 et 1976.
Plus difficile est de comprendre l'adhésion de vastes couches populaires à ces représentants du néofascisme latino-américain : est-ce la déception par rapport aux gouvernements de centre-gauche ? Est-ce la peur du déclassement, ou la panique suscitée par l'inflation ? Est-ce une situation de crise économique et/ou politique ? Encore une fois, chaque pays à des causes spécifiques, mais le phénomène s'étend à diverses nations du continent, et n'est pas sans avoir des affinités avec Trump, qui sert d'inspiration et de modèle.
Sept caractéristiques
Malgré leurs différences, toutes ces figures de l'Internationale brune de l'extrême droite, autoritaire et/ou néofasciste, du Nord au Sud global, ont beaucoup en commun :
1) L'autoritarisme, l'adhésion à un homme fort, un chef, un Duce capable de « restaurer l'ordre »,
2) L'idéologie répressive, le culte de la violence policière, l'appel au rétablissement de la peine de mort, et à distribuer des armes à la population pour sa « défense contre les criminels »,
3) Au nom d'une prétendue « défense de la famille », le refus de l'avortement et l'intolérance envers les sexualités dissidentes (LGBTI). C'est un thème agité, avec un certain succès, par des secteurs religieux réactionnaires, souvent néo-pentecôtistes, mais parfois aussi catholiques. C'est l'aspect proprement conservateur de leur idéologie,
4) Le néo-libéralisme le plus débridé, le démantèlement des services publics, la privatisation et la marchandisation générales,
5) La haine de la gauche, des syndicats, des mouvements sociaux, notamment le féminisme, l'antiracisme et l'écologie (dénoncés comme « woke »),
6) La négationnisme de la crise climatique, le refus de mesures écologiques minimales.
7) Le racisme et/ou l'intolérance religieuse, la persécution des minorités, des immigrés, souvent aussi des femmes.
Comment lutter ?
Léon Trotsky avait proposé, au début des années 1930, une stratégie de Front unique ouvrier – incluant toutes les forces du mouvement ouvrier, révolutionnaires ou réformistes – pour résister à la montée du nazisme. L'unité de la gauche reste, encore aujourd'hui, le point de départ indispensable pour confronter l'offensive néo-fasciste.
Mais il faut aussi prendre en compte que le système capitaliste, surtout en périodes de crise, produit et reproduit constamment des phénomènes comme le fascisme, les coups d'État et les régimes autoritaires. La racine de ces tendances est systémique, et l'alternative doit être radicale, c'est-à-dire anti-systémique.
L'enjeu pour les révolutionnaires est de garder le cap sur la rupture avec le système, tout en évitant l'isolement sectaire ; de promouvoir et participer à l'unité de toute la gauche, sans tomber dans les ornières du réformisme. Dans certains pays comme le Brésil, soutenir (critiquement) des gouvernements de centre-gauche contre la menace fasciste, tout en gardant son indépendance et œuvrant à la constitution d'une force anticapitaliste. Il n'y a pas pour cela de recette magique. Dans chaque pays la configuration est différente, et c'est la tâche des révolutionnaires de trouver les modalités concrètes pour associer l'unité et la radicalité. Avec toutes ses limites, le Nouveau Front populaire français est – ou a été ? – une tentative importante de constituer une alliance antifasciste, sur un programme de rupture avec le néolibéralisme.
En 1938, Max Horkheimer, un des principaux penseurs de l'École de Francfort de la Théorie critique, écrivait « si vous ne voulez pas parler du capitalisme, vous n'avez rien à dire sur le fascisme ». En d'autres termes, l'antifasciste conséquent est un anticapitaliste.
Le 28 avril 2025
Notes
1. Voir l'entretien de Laura Camargo dans Inprecor, avril 2025, « Le discours trumpiste a entraîné un changement radical dans la façon de comuniquer des droites mondiales ».
2. Voir le brillant article de John Bellamy Foster, “The US ruling class & the Trump Regime", Monthly Review, vol 78, n° 11, April 2025. Foster décrit Trump comme un néofasciste.
3. Préface de Johann Chapoutot, Postface de Clémence Guetté, coordonné par Ugo Palheta, Paris, Éditions d'Amsterdam, 2024.
4. Trumpismos, neoliberales y utoritarios, Verso Libors, 2024.
5. Johann Chapoutot, Irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ? Paris, Gallimard, 2025.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

La guerre où le corps des femmes a perdu ses droits

La guerre à Gaza n'est pas seulement une histoire de décombres et de frappes aériennes. C'est l'histoire d'une fillette qui a ses règles sous les bombardements, de la mère qui saigne en silence et fait une fausse couche sur des sols froids ou qui accouche sous des drones.
Tiré de Mondoweiss
Par Mariam Khateeb 19 mai 2025 0
Sur FacebookXWhatsAppLien LinkedInMastodonteCiel bleuRedditMessagerie électroniqueImprimer
Beit Lahia, au nord de Gaza, le 20 février 2025. (Photo : Omar Ashtawy/APA Images)
En octobre, j'ai saigné pendant dix jours sans avoir accès à une vraie salle de bain.
La maison où nous nous sommes enfuis – comme la plupart des abris à Gaza – n'avait aucune intimité. Quarante personnes dormaient dans deux pièces. La salle de bain n'avait pas de porte, seulement un rideau déchiré. Je me souviens d'avoir attendu que tout le monde dorme pour pouvoir me nettoyer avec une bouteille d'eau et des bouts de tissu. Je me souviens d'avoir prié pour ne pas tacher le matelas que je partageais avec trois cousins. Je me souviens de la honte – non pas de mon corps, mais de ne pas pouvoir en prendre soin.
En temps de guerre, le corps perd ses droits, surtout le corps féminin.
Les gros titres parlent rarement de cela, de ce que cela signifie pour une fille d'avoir ses règles sous les bombardements, des mères forcées de saigner en silence et de faire une fausse couche sur des sols froids ou d'accoucher sous des drones. La guerre à Gaza n'est pas seulement une histoire de décombres et de frappes aériennes. C'est l'histoire de corps interrompus, envahis et privés de repos. Et pourtant, d'une manière ou d'une autre, ces corps continuent.
En tant que femme palestinienne et étudiante déplacée vivant maintenant en Égypte, je porte ce souvenir corporel avec moi. Non pas comme une métaphore, mais comme un fait. Mon corps tressaille encore aux bruits forts. Ma digestion vacille. Mon sommeil se présente par fragments. Je connais beaucoup de femmes – des amies, des parentes, des voisines – qui ont développé des maladies chroniques pendant la guerre, qui ont perdu leurs règles pendant des mois, dont les seins se sont desséchés en essayant d'allaiter dans des refuges. La guerre entre dans le corps comme une maladie et y reste.
Le corps de Gaza est une carte d'interruption. Il apprend tôt à se contracter – à prendre moins de place, à rester en alerte, à réprimer le désir, la faim, le saignement. La nature publique du déplacement détruit la vie privée, tandis que la peur constante ronge le système nerveux. Les femmes qui gardaient autrefois leur pudeur changent maintenant de vêtements devant des inconnus. Les filles arrêtent de parler de leurs cycles. La dignité devient un fardeau que personne ne peut se permettre.
C'est le paradoxe de la survie : le même corps à qui l'on refuse la sécurité devient l'instrument de la résistance. Les femmes font bouillir des lentilles à la lueur des bougies, elles calment les enfants dans les sous-sols, elles bercent les mourants. Ces actes ne sont pas passifs ; Ils sont radicaux. Avoir ses règles, porter, nourrir, apaiser – au milieu de la destruction – c'est insister sur la vie.
Je reviens encore et encore à l'image de ma mère pendant la guerre. Le dos penché sur une casserole, les mains tremblantes, les yeux scrutant le plafond à chaque bruit. Elle n'a pas mangé avant que tout le monde ne le fasse. Elle n'a pas dormi avant que les enfants ne le fassent. Son corps portait à la fois l'architecture de la guerre et de la maternité. Je me rends compte maintenant à quel point son épuisement était politique – comment son travail, comme celui de tant de femmes palestiniennes, a défié la logique de l'anéantissement.
Il n'y a pas de tente pour le corps à Gaza. Pas d'espace sûr où le corps féminin peut se déployer sans crainte. La guerre nous dépouille – non seulement de nos maisons et de nos biens, mais aussi des rituels qui nous rendent humains : le bain, les règles, le deuil en privé. Mais même sans abri, notre corps perdure. Ils se souviennent. Ils résistent.
Et peut-être, dans leur persévérance tremblante, écrivent-ils l'histoire la plus vraie de toutes.
Mariam Khateeb
Mariam Mohammed El Khatib est une écrivaine, poète et militante palestinienne de Gaza. Elle étudie la dentisterie en Égypte, où elle poursuit également son travail littéraire. Ses écrits – publiés sur des plateformes telles que This Week in Palestine, We Are Not Numbers et Avery Review – explorent les thèmes de la mémoire, de la guerre et de la résistance, en particulier d'un point de vue féministe et existentiel. Elle utilise la narration comme une forme de résistance culturelle, documentant l'expérience palestinienne et amplifiant les voix de son peuple.
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Les invisibles

Depuis le 7 octobre, on trouve en Israël des dizaines de milliers de photographies affichées sur les murs. Il est impossible d'échapper à ces visages : ceux des victimes du massacre. Les mêmes images sont diffusées de manière répétitive dans les médias. Pourtant, ces médias semblent souffrir d'un angle mort : celui des victimes civiles de l'autre camp, qui restent invisibles.
Tiré du blogue de l'auteur.
Depuis le 7 octobre, on trouve en Israël des dizaines, voire des centaines de milliers de photographies — souvent de petite taille — affichées sur les murs des abribus, les kiosques, dans les stations de train… En somme, elles envahissent l'ensemble de l'espace public. Il est impossible d'échapper à ces visages : ceux des victimes du massacre, des disparus et des otages, accompagnés d'une phrase qui leur est attribuée à titre posthume.
Rien de plus naturel que cette volonté de rendre hommage aux êtres chers ou de partager la douleur de leur perte. Traumatisée, la population israélienne cherche ainsi à faire face à ce qui fut sans doute l'un des événements les plus dramatiques de l'histoire du pays. Rapidement, les portraits des otages prennent une place prépondérante, souvent réunis sur un seul panneau, tels une iconostase tragique.
Ces panneaux, accompagnés de l'inscription « Ramenez-les à la maison maintenant », sont devenus le cri de ralliement d'une société pour laquelle il est impensable d'abandonner un soldat ou un civil entre les mains de l'ennemi.
C'est sur une place située en face du musée d'art contemporain de Tel-Aviv — jouxtant également la bibliothèque principale de la ville —, rebaptisée pour l'occasion « la Place des Otages » et devenue le principal lieu de contestation contre la poursuite de la guerre, que la densité de ces portraits d'absents prend toute son importance.
La proximité du musée — ce lieu consacré à d'autres types d'images, resté fermé pendant une longue période après le 7 octobre — crée un contraste étrange avec la rupture brutale introduite par ces nouveaux visages, qui captent désormais toute l'attention des passants.De plus, pendant de longs mois, « la Place des Otages » est occupée par des monuments improvisés, touchants dans leur maladresse. Leurs auteurs, souvent anonymes, évitent toute forme de sophistication et s'adressent directement aux nombreux visiteurs qui parcourent ce lieu de mémoire.
Les mêmes images sont diffusées de manière répétitive dans les médias — télévision, journaux, réseaux sociaux — afin d'éviter que le sort des victimes ne sombre dans l'oubli. Pourtant, ces médias semblent souffrir d'un angle mort : celui des victimes civiles de l'autre camp, qui restent invisibles — sauf, parfois, dans le journal Haaretz ou sur la chaîne 13.
Les quelques tentatives de briser cette cécité ont été empêchées, les journalistes étrangers n'ayant pas le droit d'exercer leur métier. Plus grave encore, les journalistes israéliens admis à Gaza n'ont accès qu'aux activités liées au Hamas, essentiellement aux tunnels et aux dépôts d'armes. Volontairement ou non, ces reportages contribuent à justifier la prolongation d'un conflit d'une violence inouïe.
Les rares apparitions des Palestiniens à l'écran se limitent à des foules en mouvement, sans jamais s'arrêter sur la souffrance d'un individu particulier. Tout porte à croire que ces images pourraient ébranler la certitude selon laquelle le conflit armé doit se poursuivre malgré les « dégâts collatéraux ».
Ce filtrage s'explique sans doute par un réflexe de solidarité nationale et par la nécessité de refouler une réalité insupportable.
Il suffit d'écouter Eli Bar-Navi, ancien ambassadeur d'Israël en France et fervent défenseur d'une paix durable au Moyen-Orient, qui affirme comprendre que les Israéliens pleurent d'abord leurs compatriotes. Néanmoins, il est difficile d'accepter une telle invisibilisation, un tel déni, dans une société qui se revendique fièrement humaniste.
Cette situation n'est pas nouvelle. Depuis longtemps, l'image du Palestinien est pratiquement absente du regard du public juif en Israël. Devenu une menace, il n'est plus représenté comme un individu réel. Presque jamais nommé, doté d'un caractère collectif, il incarne la terreur existentielle qui étreint le protagoniste juif et l'empêche de vivre sa vie comme il l'aurait souhaité.
Des exceptions existent néanmoins, notamment lorsque des artistes cherchent à confronter le public à cette histoire en recourant à des documents dits « objectifs » : photographies, cartes, journaux… Ainsi, en novembre 2003, une exposition présentée au Musée national d'Israël à Jérusalem montra les œuvres de David Reeb, réalisées à partir de photographies prises dans les territoires par Michael Kratzman et Alex Levac. À partir de ces images, Reeb exécuta des toiles de grand format, de facture réaliste, véritables constats grandeur nature d'une réalité tragique et de ses personnages. Isolées par des parois, ces œuvres formaient parfois un story-board éclaté, une mosaïque juxtaposant deux réalités qui se côtoient sans vraiment se voir.
Sans détails, sans précision, sans virtuosité illusionniste, ces toiles semblent, malgré leur taille, peintes à la hâte, dans une urgence palpable — comme des croquis réalisés, si l'on ose dire, sur le motif. Ce sont des images d'une réalité prosaïque que le public israélien ne voit pas. Isolées, agrandies, extraites de leur contexte médiatique et projetées dans l'espace artistique, retouchées par l'artiste qui laisse visibles les traces de la matière picturale, elles acquièrent une qualité improvisée, presque maladroite.
Le travail de Reeb rappelle que, dans une société en conflit, même si tout peut être visible, tout n'est pas montrable — et encore moins regardé. Il souligne aussi que cette cécité partielle, cette forme d'autisme développée par la société israélienne, n'est plus tenable lorsqu'il s'agit de la société palestinienne.
La différence est simple mais cruciale : quand l'occupé voit sans cesse l'occupation — car elle détermine et enferme son espace vital sans alternative — l'occupant, lui, s'efforce d'oblitérer tout signe visible de cette occupation, adoptant une attitude qui lui permet de prétendre qu'elle n'existe pas, ou du moins, de n'en tenir aucun compte. L'expression camera obscura prend ici tout son sens, et ce n'est pas un hasard si une autre exposition de Reeb organisée à Tel-Aviv portait ce titre. Pour dire les choses sans détour : ce sont des œuvres créées sous occupation.
Soyons justes : ce déséquilibre visuel n'est pas l'apanage des médias israéliens. La représentation de l'Israélien, voire du Juif, dans les médias arabes n'est guère meilleure. Peut-être, un jour, un historien de l'art palestinien posera-t-il, à son tour, un regard critique sur la manière dont son peuple se représente l'« autre ». Peut-être, un jour aussi, les Palestiniens accepteront-ils l'idée que, parmi les Israéliens, certains tournent leur regard vers eux sans haine.
Itzhak Goldberg
Professeur émérite en Histoire de l'art à l'Université Jean
Monnet à Saint- Etienne`
Critique à Journal des Arts
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Une presse « objective » ne vous alertera pas sur les menaces qui pèsent sur la démocratie

Intercept : Trump poursuit une démocrate du Congrès pour avoir fait son travail. La réponse des médias : Pas grave.
Natasha Lennard (Intercept (20/05/25) : « Les organes de presse devraient... ont depuis longtemps cessé d'accorder à l'administration Trump une couverture aussi crédule ».
Tiré de la page web de FAIR
https://fair.org/home/an-objective-press-wont-alert-you-to-threats-to-democracy/
Jim Naureckas
Un article de FAIR (22/05/25) sur la défense sélective de la liberté de la presse par l'éditeur du New York Times A.G. Sulzberger (New York Times, 13/05/25) l'a décrit comme quelqu'un qui « s'accroche au faux dieu de la neutralité journalistique à tout prix ». L'article de Natasha Lennard dans The Intercept (20/05/25) sur la couverture médiatique de l'arrestation par l'administration Trump de la représentante LaMonica McIver (D-N.J.) illustre ce que nous entendons par là.
McIver, a écrit Lennard, a été accusée d'avoir « agressé » un agent de l'ICE lorsqu'elle « a tenté d'effectuer une visite de surveillance plus tôt ce mois-ci dans un nouveau centre de détention de l'ICE dans sa ville natale de Newark, dans le New Jersey ». Une telle surveillance fait partie du devoir constitutionnel des représentants et est spécifiquementautorisée par la loi dans le cas des installations de l'ICE. Lennard a noté que si cela s'était produit dans un autre pays – un pays qui n'a pas la faveur de Washington – cela aurait été rapporté, assez précisément, comme quelque chose comme : « Le régime cible les politiciens de l'opposition avec des accusations fabriquées de toutes pièces pour avoir exercé une surveillance ».
Mais comme cela s'est produit aux États-Unis, ce n'est pas ainsi que les principaux organes de presse américains, y compris le New York Times (19/05/25), l'ont rapporté. « Le représentant McIver accusé d'agression à la suite d'un affrontement à l'extérieur du Newark ICE Center » était le titre du Times à propos d'un article qui suivait le livre de style du Times. "Les deux parties ont montré du doigt des vidéos de la bagarre chaotique... pour s'accuser mutuellement d'être à l'origine de l'altercation.
Comme l'a fait remarquer le sous-titre de The Intercept, « Vous ne sauriez jamais en lisant le New York Times que les accusations contre la représentante LaMonica McIver ne sont rien d'autre qu'une attaque autoritaire. » L'article du Times n'a pas fourni le contexte selon lequel l'ICE a saisi des immigrants sans procédure régulière et les a expédiés dans des prisons étrangères enviolation des ordonnances du tribunal – un contexte essentiel pour juger si la poursuite d'un législateur qui a tenté d'enquêter sur l'agence est de bonne foi.
NYT : Le représentant McIver accusé d'agression lors d'un affrontement à l'extérieur du Newark ICE Center
« Clash » est un mot utile si vous voulez faire passer un législateur non armé pour un adversaire égal pour les commandos de la Sécurité intérieure (New York Times, 19/05/25).
Dans son essai, Sulzberger a averti que sans la liberté de la presse, les gens pourraient ne pas savoir quand leurs droits sont retirés ou que les structures démocratiques sont sapées :
Sans une presse libre, comment les gens sauront-ils si leur gouvernement agit légalement et dans leur intérêt ? Comment les gens sauront-ils si leurs dirigeants disent la vérité ? Comment les gens sauront-ils si leurs institutions agissent dans l'intérêt de la société ? Comment les gens sauront-ils si leurs libertés sont soutenues, défendues et défendues – ou érodées par des forces qui cherchent à remplacer la vérité et la réalité par la propagande et la désinformation ?
Mais si vous suivez l'approche du Times en matière de journalisme, dans laquelle vous ne devez jamais dire que quelque chose se passe si quelqu'un au pouvoir prétend que ce n'est pas le cas, alors votre public ne saura pas quand son gouvernement agit illégalement ou nie la vérité et la réalité. (« Vous ne pouvez pas simplement dire que le président ment », a déclaré la journaliste du Times Elisabeth Bumiller à un panel de DC – Extra !,1-2/05 – exprimant une règle réelle qui a été appliquéemême aux chroniqueurs d'opinion du journal.)
Les journalistes ont inévitablement, inéluctablement, des valeurs, et ces valeurs influencent nécessairement ce qu'ils communiquent à leurs publics. S'ils valorisent la démocratie, ils communiquent à leur auditoire que les arrestations de législateurs de l'opposition sont dangereuses. Si, d'un autre côté, ils accordent plus d'importance à l'apparence de neutralité qu'à toute autre chose, alors le message que les lecteurs recevront est : Qui peut le dire ?
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Sensibiliser à l’industrie de la mode rapide

La CQMMF a produit une série de vignettes visant à sensibiliser à l'industrie de la mode rapide. On y observe les mêmes mécanismes employés par les entreprises transnationales pour maximiser leur profits que dans d'autres domaines, tel que l'énergie, l'alimentation ou les mines.
Tiré de l'Infolettre de la Coalition Québécoise de la Marche Mondiale des femmes CQMMF
Seulement dans l'industrie de la mode ?
Si l'industrie de la mode rapide (fast fashion) est ici citée en exemple, nous souhaitons rappeler que les entreprises transnationales utilisent des mécanismes similaires pour maximiser leurs profits. Voici quelques exemples : décolalisation pour bénéficier des normes plus laxistes, rémunération à bas salaire, pollution de l'environnement voir destruction de l'écosystème, barrière à la syndicalisation, contexte de travail dangereux, etc.
Pour toutes les visionner cliquer sur ce lien : ici
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.