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Dans ce long combat contre l’injustice en éducation, le mois de novembre 2025 sera peut-être considéré comme un tournant

25 novembre, par École ensemble — , , ,
De l'appui d'un des économistes les plus influents de la planète à celui de la plus grande centrale syndicale du domaine de l'éducation, voici un retour sur neuf jours en (…)

De l'appui d'un des économistes les plus influents de la planète à celui de la plus grande centrale syndicale du domaine de l'éducation, voici un retour sur neuf jours en novembre.

Tiré de la Lettre de l'École ensemble

4 novembre : Appui de la CSQ au réseau commun

La Centrale des syndicats du Québec, dans un vote unanime de son conseil général, a décidé d'appuyer notre proposition de réseau scolaire commun. Cette nouvelle orientation remplace la vieille approche de définancement des écoles privées. La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente plus de 225 000 membres, dont 130 000 environ font partie du personnel de l'éducation.

9 novembre : le congrès de QS adopte le réseau commun

Tout comme la CSQ, Québec solidaire a remplacé son ancienne politique de définancement des écoles privées par notre proposition de réseau scolaire commun. Cette décision des délégués est en droite ligne avec le projet de loi 895 déposé par Ruba Ghazal en février 2025.

10 novembre : sortie du livre de Ruba Ghazal

La porte-parole de Québec Solidaire, Ruba Ghazal, lance son livre Les gens du pays viennent aussi d'ailleurs(Lux). Elle y explique les dérives de l'école à trois vitesses et prend position pour un réseau scolaire commun.

10 novembre : Pauline Marois réitère son appui à notre plan

Dans une grande entrevue avec Marie-Ève Tremblay du 98,5FM, l'ancienne première ministre souligne la proposition d'École ensemble pour régler le problème d'inégalité des chances dans l'école québécoise.

11 novembre : choc Pascal Bérubé-Sonia LeBel sur l'injustice scolaire

Lors d'une interpellation à l'Assemblée nationale, le critique Éducation du Parti Québécois questionne à plusieurs reprises la ministre de l'Éducation sur le caractère discriminatoire de notre système d'éducation. Cliquez pour voir les moments forts de ce débat
extrait 1 | extrait 2 | extrait 3 | extrait 4

12 novembre : le commissaire à la langue française propose de revoir les cartes scolaires

Le commissaire Dubreuil invite le gouvernement à « réviser la carte scolaire, de façon à rééquilibrer la présence des élèves issus de l'immigration et non issus de l'immigration au sein des écoles », et même à « réviser les règles de composition des classes pour renforcer la mixité ». Autrement dit, il n'y aura pas de culture commune au Québec sans école commune.

13 novembre : Thomas Piketty nous appuie !

Un des économistes les plus influents au monde, le Français Thomas Piketty,recommande à la France et au Québec d'adopter le réseau commun proposé par École ensemble.

L'économiste François Delorme et lui portent un regard croisé sur les systèmes scolaires français et québécois. Extraits :

« La France et le Québec ont en commun d'avoir un système d'éducation injuste. »

« Deux leviers déterminent la prospérité d'une nation : le niveau d'éducation et l'égalité d'accès à cette éducation. »

« Le Plan pour un réseau scolaire commun proposé au Québec par l'association École ensemble est sans doute l'avenue la plus prometteuse pour mettre fin à ce qui est avant tout un blocage politique. »

13 novembre : important rapport sur le lien entre santé publique et égalité des chances en éducation

Renoncer à l'égalité des chances ou la relancer ? C'est la question lourde de conséquences que pose l'Observatoire québécois des inégalités dans son nouveau rapport intitulé Inégalités sociales, scolaires et de santé : repenser le chemin vers l'égalité des chances. Cet important rapport documente les liens entre la santé publique et les inégalités scolaires.
L'école à trois vitesses est encore une fois au banc des accusés.

Rapport de l'OQI | reportage de Radio-Canada

14 novembre : un Palmarès des écoles décrédibilisé

C'est le retour de l'opération annuelle de propagande libertarienne du Fraser Institute : le Palmarès des écoles publié dans les médias de Québécor. Cette opération perd constamment en crédibilité et c'est encore plus vrai depuis que le chercheur Guillaume Lamy de l'Université de Sherbrooke a publié son essentielle étude sur le sujet il y a quelques mois seulement.

Écoutez-le au micro de l'émission Le 15-18 mettre en miettes ce néfaste palmarès.

École ensemble
https://www.ecoleensemble.com/

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Stop au saccage du filet social québécois

25 novembre, par Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ) — , ,
MONTRÉAL, le 18 novembre 2025 – À l'approche de la mise à jour économique du gouvernement Legault et à l'invitation de la Coalition Main rouge, le Regroupement des Auberges du (…)

MONTRÉAL, le 18 novembre 2025 – À l'approche de la mise à jour économique du gouvernement Legault et à l'invitation de la Coalition Main rouge, le Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ) s'est rassemblé devant les bureaux montréalais du Premier ministre du Québec pour dénoncer les conséquences des compressions budgétaires et des politiques d'austérité menées par la CAQ.

Une bannière a été déployée afin de rappeler l'urgence de réinvestir massivement dans les services publics, les programmes sociaux ainsi que le soutien du travail essentiel mené par les Auberges du cœur du Québec.

Les compressions qui s'accumulent et le gel des subventions décrété par le Conseil du trésor font craindre un nouvel affaiblissement du filet social et une aggravation des inégalités. Face à l'ampleur et la complexité des crises sociales qui frappent le Québec, nous joignons
aujourd'hui notre voix à celles de dizaines de groupes sociaux, communautaires et syndicaux aux quatre coins du Québec pour réclamer un véritable changement de cap.

Le RACQ rappelle, avec la Coalition Main rouge, qu'il existe des solutions fiscales alternatives concrètes et équitables permettant d'augmenter les revenus de l'État afin de répondre aux besoins réels de la population et aux missions les plus fondamentales de l'État.

« Les crises auxquelles nous assistons depuis déjà trop longtemps sont le résultat de choix politiques. L'État se prive de milliards de dollars avec des baisses d'impôts qui profitent aux plus riches. Il joue l'argent des Québécoises et Québécois en investissant dans des
projets voués à l'échec. La suite se déploie devant nous avec des réductions de services, un filet social qui se détériore et une part importante de la société qui se vulnérabilise. Comment se fait-il qu'il soit incapable de financer convenablement la lutte à la pauvreté et la prévention de l'itinérance ? » mentionne Marc-André Bélanger, directeur général du RACQ.

Partout au Québec, des groupes comme le Regroupement des Auberges du cœur du Québec soulignent que le respect des droits de la personne et la réduction des inégalités sociales exigent un renforcement du filet social et un financement adéquat des services publics. Le gouvernement doit revoir ses priorités : plutôt que de multiplier les mesures anti-démocratiques et les projets à courte vue, il doit assumer sa responsabilité première, soit d'assurer le bien-être de la population. Celle-ci a déjà trop souffert du désengagement de l'État et des inégalités sociales qui en résultent. Des solutions fiscales alternatives permettant d'y remédier existent et leur adoption n'est qu'une question de volonté politique.


Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec

Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec est le trait d'union de 32 membres qui opèrent 34 maisons d'hébergement communautaires pour jeunes vivant des difficultés ou en situation d'itinérance dans 10 régions du Québec. Elles doivent refuser plus de 6 000 demandes d'hébergement, généralement faute de place. Les Auberges du cœur hébergent et soutiennent chaque année plus de 4 500 jeunes âgé·e·s entre 12 et 35 ans. Au total, l'ensemble des Auberges du cœur offre plus de 780 places (416 en maison d'hébergement et 364 autres places en appartements supervisés ou logements sociaux). C'est aussi près de 500
travailleur·euse·s et 450 bénévoles qui gravitent autour de ces jeunes. Ces chiffres ne reflètent qu'une partie des besoins des jeunes pour le type d'hébergement et de soutien que nous offrons considérant les territoires où de telles ressources sont inexistantes.

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En suivi de nos correspondances sur l’Aéroport de Saint-Hubert

25 novembre, par Coalition Halte-Air Saint-Hubert — , ,
Nous avons déjà expliqué que le carburant avgas 100LL est une source majeure de pollution au plomb, constituant un danger même à dose infime pour la population environnante (…)

Nous avons déjà expliqué que le carburant avgas 100LL est une source majeure de pollution au plomb, constituant un danger même à dose infime pour la population environnante selon l'avis définitif8 de l'EPA américaine que nous avons transmis au Dr Loslier. M. Diamond prétend faire preuve de transparence. Malgré nos relances, il a refusé d'indiquer les volumes de carburants d'avgas 100LL utilisés annuellement par l'aéroport.

Madame Marie-France Boudreault
Directrice générale de la protection de la Santé Publique

CC : Madame Dr Julie Loslier, directrice

Direction de la Santé Publique de la Montérégie (DSPu)

Madame,

Nous faisons suite à votre lettre (N/Réf. : 24-MS-05545-001) du 17 juin 2025.

Nous vous avons sollicité à propos de différents types de pollutions inhérentes au fonctionnement de l'aéroport Saint-Hubert à la fois présentement et à venir. Nous rappelons
que cet aéroport est enclavé dans la ville de Longueuil.

Dans votre réponse du 17 juin 2025, vous n'évoquez que la pollution sonore.

Dans votre lettre du 24 décembre 2024, vous nous renvoyez vers des mémoires1 déposés en 2022 dont nous avions bien sûr connaissance depuis longtemps. Ces textes ne sont donc plus pertinents au regard de la situation actuelle de l'expansion de l'aéroport puisqu'au moment de leur écriture, il n'était pas question d'une aérogare pour 4 millions de passagers (Porter Airlines), pas plus que d'une aérogare pour jets privés (JB Aviations) qui ont été annoncés en
2023 et 2024.

La question de la pollution atmosphérique doit être abordée avec sérieux : elle n'est évoquée que dans un paragraphe du rapport de la DSP Montérégie (p.8 de [1]), sans aucune mesure de mitigation. En particulier, comme nous vous l'avons déjà expliqué lors de notre rencontre de février avec le Dr Loslier en février 2025, la science a beaucoup progressé sur la pollution liée aux particules ultrafines. Mentionnons l'étude de l'université de McGill chiffrant à plus de 1000 décès prématurés annuels sur Montréal et Toronto les conséquences de la pollution aux particules ultrafines2. Mentionnons aussi l'étude de l'université de Toronto3 qui concerne l'aéroport Billy Bishop (environ 2 millions de passagers) essentiellement desservi par Porter Airlines (avec les mêmes types d'avions qui fréquenteront l'aéroport de Saint-Hubert) : des aux alarmants de particules ultrafines y ont été mesurés. Les résultats d'une étude d'avril 2025 concernant l'aéroport d'Ottawa (YOW) sont très hélas similaires4.

En Europe, une récente étude a chiffré entre 14.000 et 21.000 morts prématurés par an le nombre de victimes des particules ultrafines, sans compter des centaines de milliers de maladies graves5.

Nous sommes informés, par voie de communiqué de presse, que la DSP Montérégie (DSPu) a créé un comité sur la qualité de l'air avec les responsables de l'aéroport et la société AtkinsRéalis. Les citoyens sont pour l'instant exclus de ce comité.

Les déclarations du 17 juillet 2025 du responsable des communications de l'aéroport, M. Simon-Pierre Diamond sur FM1036 ne nous satisfont pas.

Tout d'abord, ce sont les particules ultrafines qui doivent être mesurées en priorité. Or M. Diamond explique que l'installation d'un capteur de particules ultra-fines ne sera faite “qu'à terme”. Autrement dit, on repousse la mesure des particules ultra-fines aux calendes grecques.

Deuxièmement, rien n'a été évoqué par les responsables de l'aéroport concernant la pollution au plomb.

Concernant l'essence au plomb, nous attirons votre attention sur le fait qu'il y a bien reconnaissance de Monsieur Dugrippe, directeur de l'école de pilotage ‘Collège Richelieu', d'utilisation de l'essence au plomb par les avions de son école7.

Nous avons déjà expliqué que le carburant avgas 100LL est une source majeure de pollution au plomb, constituant un danger même à dose infime pour la population environnante selon l'avis définitif8 de l'EPA américaine que nous avons transmis au Dr Loslier. M. Diamond prétend faire preuve de transparence. Malgré nos relances, il a refusé d'indiquer les volumes de carburants d'avgas 100LL utilisés annuellement par l'aéroport. Comme mentionnée dans notre lettre du 26 septembre 2024, l'étude de 2013 de la Dre Sauvé concernant le plomb n'est plus pertinente au regard de l'augmentation de la population autour de l'aéroport et en particulier du nombre de CPE et de RPA dans un périmètre proche.

Par conséquent, nous souhaitons que la DSP Montérégie exige des responsables de l'aéroport :

1) l'installation de capteurs de particules ultrafines avant l'ouverture du terminal Porter fin 2025 ;

2) la mesure régulière du plomb dans l'air par système de filtration et analyse chimique (spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif) par un laboratoire ;

3) la publication des volumes des différents types de carburants utilisés par les différentes compagnies aériennes sur l'aéroport.

Il convient également de discuter de la construction de 2000 logements pour environ 3500 habitants à une distance d'un kilomètre de l'aéroport prévue par la ville de Longueuil et annoncé par la mairesse Catherine Fournier.

Les élus de Longueuil ont récemment changé le zonage en ce sens. Nous souhaitons savoir quelle est la position officielle de la DSP sur ce projet.

En complément, nous souhaitons connaître la position de la DSP quant aux niveaux sonores et à la concentration des particules (PM 0.1, PM 2.5, PM 10, O3, NO2, SO2, CO, plomb) à respecter par les opérateurs à l'aéroport de Saint-Hubert, pour protéger la santé de la population habitant à proximité, sachant que cette population comporte de nombreuses personnes vulnérables9.

Pour terminer, nous vous demandons de nous faire parvenir les procès-verbaux et les dates de réunions des rencontres de la DSPu avec les responsables de l'aéroport afin d'établir quelles mesures concrètes (en lien avec le bruit et la pollution atmosphérique) ont été ou seront mises en place pour “limiter les impacts sur la santé de la population” (pour reprendre l'expression utilisée dans votre lettre de décembre 2024) et comment vous appliquez le principe de précaution.

Nous espérons qu'une rencontre avec la DSPu sera possible à l'automne mais souhaiterions une réponse écrite auparavant.

Veuillez agréer, Madame, l'expression de nos sentiments respectueux.

Signataire : La Coalition Halte-Air Saint-Hubert

Notes

1.https://consultation.quebec/wp-content/uploads/2022/05/Memoire_DSPu_Monteregie.pdf
https://consultation.quebec/wp-content/uploads/2022/05/JPM1-Sante_Publique.pdf

2.https://www.mcgill.ca/newsroom/fr/channels/news/les-particules-ultrafines-sont-associees-plus-de-1-000-de ces-par-dans-les-deux-plus-grandes-villes-358211

3.https://positivezero.civmin.utoronto.ca/bqna/

4.https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acsestair.4c00288

5.https://www.transportenvironment.org/articles/ultrafine-particles-from-planes-put-52-million-europeans-at-risk-of-serious-health-conditions
https://www.transportenvironment.org/uploads/files/CEDelft_Final_Study.pdf

6.Emission du 17 juillet 2025 https://www.fm1033.ca/podcast_fm1033/le-met-a-la-rencontre-des-citoyens/

7.Débat du 19 mars sur FM103 https://www.fm1033.ca/podcast_fm1033/franchement-letourneau/

8.https://www.epa.gov/regulations-emissions-vehicles-and-engines/regulations-lead-emissions-aircraft

9.Nous avions longuement évoqué dans notre lettre du 26 septembre 2024 le cas des enfants, mais il faut également tenir compte des personnes âgées pour lesquelles la pollution de l'air a également des graves conséquences : https://www.nih.gov/news-events/nih-research-matters/air-pollution-linked-dementia-cases
https://alzheimer.ca/fr/les-aides-et-le-soutien/ressources-sur-les-troubles-neurocognitifs/dementia-talks-canaa/pollution

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Fermetures d’Amazon : Oxfam et la CSN déposent une plainte à l’OCDE

25 novembre, par Confédération des syndicats nationaux (CSN), Oxfam-Québec — , ,
En fermant l'ensemble de ses centres de distribution au Québec à la suite de la syndicalisation de l'entrepôt DXT4 à Laval, Amazon a enfreint plusieurs éléments contenus dans (…)

En fermant l'ensemble de ses centres de distribution au Québec à la suite de la syndicalisation de l'entrepôt DXT4 à Laval, Amazon a enfreint plusieurs éléments contenus dans les Principes directeurs de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) à l'intention des entreprises multinationales sur la conduite responsable des entreprises. C'est le sens d'une plainte déposée aujourd'hui par Oxfam America, soutenue par Oxfam-Québec et la Confédération des syndicats nationaux (CSN), représentant les employé-es syndiqués d'Amazon à Laval.

« La CSN et Oxfam souhaitent demander un examen de la conformité d'Amazon aux principes directeurs de l'OCDE à la lumière des efforts de répression syndicale de l'entreprise, de son refus de participer à des négociations collectives et des licenciements massifs de travailleurs peu après la création du premier syndicat canadien de l'entreprise », indique la plainte déposée aujourd'hui auprès de l'OCDE.

La plainte rappelle le fil des événements ayant précédé la fermeture, le 22 janvier 2025, des sept entrepôts d'Amazon au Québec. Déjà, en 2024, la multinationale, basée aux États-Unis, avait été condamnée par le Tribunal administratif du travail pour s'être activement opposée à une tentative de syndicalisation à l'établissement YUL2 de Lachine. Une campagne antisyndicale a également été menée à l'entrepôt DXT4 au moment de sa syndicalisation. Par la suite, plutôt que de s'astreindre à son obligation de négocier avec les employé-es syndiqués de DXT4, Amazon a préféré fermer l'ensemble de ses installations québécoises, licenciant ainsi 1 700 employé-es et provoquant la perte de plus de 4500 emplois.

Pour Oxfam et la CSN, de tels agissements contreviennent aux chapitres II, IV et V des Principes directeurs de l'OCDE, notamment en violant le droit à la syndicalisation, le droit à la négociation collective ainsi que le droit de ne pas subir de menaces ou de représailles après avoir exercé de tels droits.

Les plaignants demandent à l'OCDE de faire appliquer ses principes directeurs auprès de la multinationale en exigeant de celle-ci qu'elle s'engage dans un processus de médiation visant, entre autres, la réintégration des 1 700 salarié-es des sept entrepôts, une indemnité d'un an de salaire pour chacun de ceux-ci et une garantie qu'Amazon exercera son devoir de diligence en matière de droits humains, comme prévu au chapitre IV des Principes directeurs de l'OCDE.

Elles ont déclaré :

« Les principes directeurs de l'OCDE ont été mis en place afin que les multinationales puissent être rappelées à l'ordre lorsqu'elles contreviennent aux droits des travailleuses et des travailleurs. C'est exactement le cas d'Amazon, qui a fermé ses entrepôts et licencié 1 700 employé-es pour éviter d'avoir à respecter leur droit à la syndicalisation et à la négociation collective », de déclarer la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

« Les fermetures soudaines d'entrepôts et les licenciements massifs chez Amazon reflètent les préoccupations de longue date que nos collègues d'Oxfam America ont soulevées pendant des années à l'encontre d'Amazon : bas salaires, restriction de la liberté d'expression des travailleurs et pratiques de surveillance préjudiciables. Ces récentes décisions aggravent les inégalités et nuisent aux travailleurs du Québec et d'ailleurs. Une économie canadienne et québécoise forte ne peut exister qu'avec le respect des droits fondamentaux des travailleurs à s'organiser. Cette plainte est une étape nécessaire vers la redevabilité », selon la directrice générale d'Oxfam-Québec, Béatrice Vaugrante.

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Résistons aux attaques de la CAQ

25 novembre, par Fédération autonome de l'enseignement (FAE) — , ,
Lors de son élection en 2018, marquant le tout premier mandat de la Coalition Avenir Québec (CAQ) comme gouvernement, le premier ministre François Legault affirmait haut et (…)

Lors de son élection en 2018, marquant le tout premier mandat de la Coalition Avenir Québec (CAQ) comme gouvernement, le premier ministre François Legault affirmait haut et fort vouloir faire de l'éducation « la priorité des priorités [sic] ». Il n'a cessé de marteler ce message depuis. Cet engagement ambitieux a nourri l'espoir d'un véritable renouveau chez plusieurs citoyennes et citoyens, en particulier chez les parents et le personnel enseignant du réseau public. Mais qu'en est-il aujourd'hui concrètement ?

François Legault, le 28 novembre 2018
« L'heure du redressement national en éducation a sonné. »

Depuis son arrivée au pouvoir, la CAQ a déposé pas moins de huit projets de loi qui auront des répercussions majeures sur le système public d'éducation. Rien que pour l'année 2025, cinq de ces projets ciblant directement les enseignantes et enseignants ainsi que leurs syndicats ont été déposés, du jamais vu dans l'histoire récente du Québec. À la lumière de ces actions, une remise en question s'impose : cette priorité annoncée pour l'éducation s'est-elle réellement traduite en améliorations tangibles pour celles et ceux qui font vivre l'école au quotidien ? Quel était donc ce projet de la CAQ pour l'éducation ?

La CAQ et l'éducation : l'art du « show de boucane »

Plusieurs des projets de loi déposés par le gouvernement visent à encadrer davantage la profession enseignante. Ainsi, la CAQ a choisi son camp : l'autonomie et le jugement professionnels des enseignantes et enseignants sont un danger à limiter.

La CAQ fait également fi des nombreux encadrements légaux qui régissent déjà la profession enseignante et impose des mesures superficielles qui paraissent bien.

Il faut le dire : le gouvernement caquiste excelle dans l'art de façonner ses politiques publiques au gré de l'actualité et des occasions médiatiques. Malheureusement, ses décisions tiennent davantage d'un exercice de relations publiques que d'une véritable vision pour l'école publique et pour le personnel enseignant.

Comme enseignantes ou enseignants, que pouvez-vous faire ?

Suivez les actualités en général, mais en particulier celles de la FAE et de votre syndicat local sur leurs différentes plateformes.

Prévenez vos collègues, partagez l'information, discutez-en avec votre entourage.

Participez et incitez vos collègues à prendre part aux instances, activités et mobilisations syndicales.

C'est en se mobilisant, en se tenant debout collectivement, qu'on arrache des victoires et qu'on ouvre la voie à de véritables changements.

Retrait de la mesure budgétaire 16034 : de la poudre aux yeux ?

Le 22 octobre 2025, la ministre Lebel annonçait le retrait de la mesure budgétaire 16034, soit celle qui chiffrait les compressions en personnels dans le réseau. Malgré ce retrait, la cible en ETC (équivalent temps complet) de chaque centre de services scolaire (CSS) demeure : la ministre en réitère même l'importance en vue d'un hypothétique réinvestissement.

Résistons aux attaques de la CAQ : télécharger la brochure

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« Nous avons besoin d’un programme massif de désembourgeoisement » : Avi Lewis sur la reconstruction des services publics au Canada

25 novembre, par Christo Aivalis — , ,
Aujourd'hui, Lewis cherche à mettre son énergie militante au service du Parlement. Il s'est opposé à être présenté comme un candidat « vedette », préférant présenter sa (…)

Aujourd'hui, Lewis cherche à mettre son énergie militante au service du Parlement. Il s'est opposé à être présenté comme un candidat « vedette », préférant présenter sa candidature comme s'inscrivant dans un effort plus large visant à apporter une véritable transformation structurelle. Son programme repose sur de grandes idées : la propriété publique, un New Deal vert ancré dans la justice et une vision renouvelée de la gauche qui relie le militantisme de base à la politique partisane.

Tiré de Canadian dimension

17 novembre 2025

J'ai été ravi de m'asseoir avec Lewis pour discuter de sa campagne, de sa vision pour le Canada et de ses projets pour le parti. Si les défis auxquels le NPD est confronté sont réels et importants, la feuille de route de Lewis offre une orientation claire qui pourrait bien séduire de nombreux membres du parti et les membres de la gauche canadienne qui ne font pas partie du parti.

Christo Aivalis : À bien des égards, Mark Carney n'a pas été à la hauteur de ses propos musclés à l'encontre de Donald Trump, choisissant en fait de s'aligner sur lui dans des domaines politiques clés, tant au niveau international que national. Comment un NPD dirigé par Lewis répondrait-il plus efficacement à la menace Trump ?

Avi Lewis : Je pense que l'on peut considérer toute la période Carney jusqu'à présent, y compris et surtout le budget, comme une série de concessions faites à l'administration Trump. Il a réduit les dépenses publiques tout en engageant des dépenses de défense à des niveaux presque surréalistes. Il a même lancé l'idée fantaisiste du Golden Dome. Les changements en cours dans notre pays sous Carney sont donc gigantesques. Et je pense que le travail principal du NPD consiste à les nommer et à définir la direction que prend le pays par opposition à celle qu'il devrait prendre pour répondre à la menace économique des États-Unis.

Les conservateurs sont particulièrement incapables de le faire, car ils sont fondamentalement d'accord. Et le fossé entre les conservateurs et les libéraux n'a jamais été aussi étroit depuis une génération. Ce que nous devons vraiment faire pour faire face à la menace des États-Unis, c'est redoubler d'efforts pour préserver ce qui fait du Canada le Canada. Je pense que la population canadienne est prête pour de grands changements, pour des projets de construction nationale, pour la souveraineté économique. Le problème, c'est que nous redoublons d'efforts pour réaliser de grands projets industriels. Je ne suis pas du tout contre le développement industriel. Je crois, par exemple, à la propriété publique des mines de minéraux essentiels. Mais nous négligeons complètement l'urgence quotidienne des gens qui essaient simplement de survivre dans une économie impossible, et le potentiel des projets de construction nationale qui améliorent réellement la vie des gens est presque illimité en cette période, surtout quand tant d'argent public est soudainement devenu, apparemment, disponible.

Prenons le secteur des soins : plus de trois millions de personnes travaillent dans les domaines de la santé, de l'éducation, des soins de longue durée et de la garde d'enfants. Ces travailleuses et travailleurs essentiels, sous-estimé·es et sous-payé·es, constituent le tissu conjonctif même de la société. Ils renforcent directement le pays, contribuent à l'activité économique et servent les travailleurs et travailleuses les moins bien payé·es dans les domaines les plus valorisés. Ils et elles sont absent·es de cette conversation. Et pourtant, ils et elles incarnent la tradition la plus profonde du NPD : lutter pour les soins de santé, lutter pour des services publics universels, lutter pour les travailleuses et travailleurs les plus sous-estimé·es, sous-payé·es et marginalisé·es. Je pense donc qu'il y a beaucoup de détails à approfondir, mais la direction que prendrait le NPD pour le Canada est claire, contrairement à la voie choisie par Carney, qui semble vouée à l'échec.

Vous avez souvent évoqué la nécessité d'accroître la propriété publique. Expliquez-nous votre vision à ce sujet et comment elle peut être mise en œuvre pour obtenir des résultats pour la classe ouvrière canadienne.

Soyons concrets. La semaine dernière, je me trouvais à l'usine New Flyer de Winnipeg. C'est l'une des deux seules usines du pays qui fabriquent des bus électriques. J'ai discuté avec Mike, le représentant syndical d'UNIFOR sur le terrain. Il travaille dans cette usine depuis 30 ans. Il m'a parlé de la fierté et de l'ambiance qui règnent dans l'usine depuis qu'ils ont commencé à fabriquer des véhicules électriques entièrement à partir de matériaux et de pièces canadiennes. Ils ont 13,5 milliards de dollars de commandes en attente d'être honorées, ce qui représente une demande énorme et plusieurs années d'attente pour les autobus électriques destinés aux municipalités de tout le pays. Ils fabriquent les pièces dans l'usine, puis les transfèrent vers la chaîne d'assemblage pour en faire des autobus. Il s'agit donc d'une fabrication d'autobus de A à Z, réalisée avec de l'acier canadien.

C'est un modèle qui nous permet de protéger notre économie contre les droits de douane, de retrouver notre indépendance économique dans des secteurs clés, de réduire considérablement les émissions grâce à des véhicules zéro émission et de créer des emplois syndiqués en utilisant de l'acier canadien. Si c'était une guerre, nous agirions plus rapidement. Et si vous le faisiez parce que nous sommes en situation d'urgence, nous sommes attaqué·es par notre plus grand partenaire commercial. Et nous devons agir rapidement. Nous devons créer rapidement des emplois syndiqués. Nous devons utiliser rapidement des matériaux canadiens. Nous devons réduire rapidement les émissions. Le gouvernement fédéral interviendrait alors pour que cela se réalise. Êtes-vous en train de me dire que nous ne pouvons pas le faire ? Avoir des autobus électriques appartenant à l'État, avec une urgence accélérée comme en temps de guerre, qui créeraient tous ces emplois, réduiraient les émissions, relieraient les communautés et utiliseraient de l'acier canadien. C'est de cela dont nous parlons.

Un autre élément majeur du socialisme démocratique est la propriété des travailleuses et travailleurs et des coopératives. Comment le NPD dirigé par Lewis facilitera-t-il cela ?

Oh, absolument. Mon premier documentaire, The Take, que j'ai réalisé il y a 20 ans en Argentine, traitait de ce mouvement extraordinaire de travailleuses et travailleurs qui avaient été abandonné·es après le départ des propriétaires de leur usine. Et je pense maintenant à l'usine Stellantis, où des centaines de millions de dollars provenant des gouvernements fédéral et provincial ont été investis pour la rééquiper afin de fabriquer des véhicules électriques. Et puis, l'entreprise décide simplement d'apaiser Trump en rapatriant les emplois aux États-Unis. Nous devrions dire : « Ciao, au revoir ! Nous gardons tout ce que nous avons payé. » Et une usine comme celle-là pourrait être gérée comme une coopérative démocratique de travailleuses et travailleurs. Et je pense que la démocratisation de l'économie est, bien sûr, au cœur d'une approche socialiste démocratique. Il existe de nombreux cas où une entreprise fait faillite parce que les capitaux ont fui ou qu'elle a été rachetée par des fonds privés. Dans ces situations, il est facile, sur le plan législatif, de faire de la propriété des travailleuses et travailleurs la première option en cas de faillite lorsqu'il est dans l'intérêt public de maintenir les emplois, comme cela a été fait dans d'autres pays. On peut en fait transformer une catastrophe dans une communauté en une incroyable réussite. C'est une mesure concrète qui encouragerait cela dans l'économie, et je l'ai toujours soutenue.

De nombreux Canadien·nes de gauche ont vu en Zohran Mamdani, le maire élu de New York, un modèle potentiel pour le NPD. Mamdani a remporté les dernières élections en promettant d'améliorer l'accessibilité financière et les services publics. Comment comptez-vous faire de même ? Vous savez, je repense à quelque chose qu'un ami m'a dit récemment à propos des transports publics. La destruction intentionnelle de nos services publics essentiels a pour effet de rappeler aux gens leur impuissance. C'est la « merdification », pour reprendre l'expression de Cory Doctorow, que le capitalisme tardif a infligée à nos activités quotidiennes. Nous avons besoin d'un programme massif de « déshitification » (désembourgeoisement). Les choses qui sont publiques devraient être belles, devraient être fonctionnelles. Elles représentent notre aspiration collective et notre expérience quotidienne. Pourquoi pensons-nous que le service postal devrait être rentable ? Le service d'ambulance est-il rentable ? La police fait-elle des profits ? Postes Canada devrait être une entreprise publique qui fournit réellement le service essentiel de connexion numérique du XXIe siècle entre les Canadien·nes. Et ces choses devraient se faire sans friction. Elles le peuvent absolument. Nous sommes capables de choses incroyables, la question est de savoir « par qui et pour qui ». Le public doit être replacé au centre, car c'est la valeur socialiste ultime qui, selon moi, va bien au-delà de l'idéologie et de tout le jargon qui y est associé.

Toutes ces questions dont nous parlons dans le cadre de l'urgence liée au coût de la vie sont directement liées aux grands problèmes systémiques, et c'est pourquoi nous nous sommes concentrés sur ce point, car les solutions des options publiques pour l'alimentation, les téléphones et l'internet, le rôle du public dans le logement et la construction massive de logements non marchands, de logements à but non lucratif, de logements avec services de soutien — voilà comment nous touchons les gens avec des idées coopératives ambitieuses qui touchent leur vie quotidienne.

Certains membres s'inquiètent du fait que vous n'avez pas de siège. Si vous devenez chef, avez-vous une stratégie pour entrer au Parlement ?

Je me réjouis de cette question, car je me suis présenté deux fois dans des circonscriptions où le NPD n'avait jamais gagné, dans des endroits où je vis et où je me sens profondément ancré dans la communauté. Je pense que je dois entrer à la Chambre des communes le plus rapidement possible si j'ai la chance de gagner. Mais nous sommes dans un Parlement minoritaire où il y a déjà eu des changements d'allégeance et quelques départs à la retraite. Je suis ouvert à tout siège qui peut être remporté dans le pays.

Une chose que je ne pense pas faire, c'est demander à l'un des Magnificent Seven, le caucus actuel, héroïque et en difficulté, de démissionner. Quand vous avez un caucus de 25, 50 ou 150 membres, c'est une chose, mais quand vous n'avez que sept personnes, vous n'allez pas demander à l'une d'entre elles de se retirer. Mais, évidemment, vous devez comprendre qu'une fois que vous avez remporté la direction du parti et que vous essayez de le reconstruire, vous devez entrer à la Chambre des communes.

Nous devons rembourser la dette de la dernière élection avant de pouvoir emprunter à nouveau pour nous lancer dans une autre. La route sera difficile pour le NPD. Je pense que personne ne devrait enjoliver la situation. Cependant, je crois que le parti peut revenir en force et je pense que notre soutien commence déjà à croître à nouveau. Et je pense qu'avec un nouveau leader et une nouvelle approche, nous pourrions revenir assez rapidement. Nous avons beaucoup de travail à faire au niveau de la démocratisation de nos propres processus internes, pour rétablir la confiance et l'enthousiasme au sein de notre base, ce à quoi contribue, je pense, la course à la direction, mais cela doit être la priorité numéro un au lendemain du congrès de Winnipeg.

L'un des problèmes liés à la course à la direction est le manque de maîtrise approfondie de la langue française. Qu'avez-vous fait pour améliorer la situation à cet égard ?

Je parle tous les jours en français avec les membres de mon équipe et je travaille dur pour m'améliorer. C'est beaucoup à gérer pendant une campagne à la direction, mais je suis confiant car le français est ma troisième langue. J'ai appris l'espagnol à l'âge adulte, lorsque j'ai tourné mon premier film en Argentine il y a 20 ans. C'est juste une question de temps. Ce que je dois vraiment faire, c'est vivre au Québec, ce que j'ai hâte de faire. J'aimerais m'immerger dans la culture et la langue québécoises pendant trois ou quatre mois, et si j'avais trois ou quatre mois pour vivre en français, je pense que je pourrais atteindre un niveau de bilinguisme.

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Sommet du G20 : une occasion d’attaquer de front la crise des inégalités, souligne Oxfam

25 novembre, par Oxfam-Québec — , ,
Le 20 novembre 2025 — La fortune des milliardaires des pays du G20 a augmenté de 2200 milliards de dollars en seulement un an, ce qui aurait largement suffi à sortir 3,8 (…)

Le 20 novembre 2025 — La fortune des milliardaires des pays du G20 a augmenté de 2200 milliards de dollars en seulement un an, ce qui aurait largement suffi à sortir 3,8 milliards de personnes de la pauvreté, révèlent des données compilées par Oxfam à l'approche du sommet du G20 en Afrique du Sud.

La présidence sud-africaine du G20, qui a fait de la lutte contre les inégalités un thème central cette année, a commandé la toute première analyse du G20 sur les inégalités afin de conseiller les dirigeants. Le Comité extraordinaire d'experts indépendants du G20 sur les inégalités mondiales, dirigé par le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, a mis en évidence une « urgence en matière d'inégalités ».

Selon ce comité, depuis l'an 2000, les 1 % les plus riches ont accaparé 41 cents de chaque nouveau dollar créé par l'économie mondiale, tandis que la moitié la plus pauvre de l'humanité n'a reçu qu'un seul cent par dollar créé.

Le comité souligne les nombreux dommages que ces inégalités causent à l'humanité et à la planète, entraînant d'énormes difficultés économiques pour la majorité, tout en alimentant la polarisation politique et l'érosion des démocraties.

Oxfam salue la recommandation du comité de créer un nouveau panel international sur les inégalités qui jouerait un rôle similaire à celui du GIEC sur la crise climatique. Un tel panel apporterait la même rigueur scientifique et la même détermination pour mener des actions urgentes afin de remédier à la crise des inégalités.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé les autres pays du G20 à soutenir le rapport Stiglitz et ses recommandations.

Le Canada doit répondre à l'appel

« L'Afrique du Sud place le G20 devant un test moral, et le Canada doit y répondre avec courage », plaide Julie McClatchie, chargée de politiques publiques et de plaidoyer chez Oxfam-Québec.

« Ottawa a la chance de défendre un virage mondial vers la taxation équitable des plus riches et la réduction des écarts de richesse, entre autres en soutenant la création d'un panel international sur les inégalités. Les chiffres sont clairs, les solutions existent ; ce qui manque, c'est la volonté politique d'agir. Le Canada doit montrer qu'il est prêt à choisir la solidarité plutôt que le statu quo. »

Le Canada n'est pas épargné par l'accroissement des inégalités.

* Les personnes formant le 1% des plus riches au pays détiennent une fortune de près de 1250 milliards de dollars, soit presque autant que ce que possède 80% de la population canadienne la moins riche.

* En 2024, la fortune combinée des 65 milliardaires canadiens s'est accrue de 309 millions de dollars par jour, soit près de 500 milliards en une année.

* La tendance ne semble pas près de s'inverser : 11 nouveaux milliardaires se sont ajoutés au pays en 2025, pour un total de 76.

Le sommet du G20 intervient à un moment de grands bouleversements géopolitiques. Si les États-Unis brillent par leur absence aux réunions de cette semaine, leur gouvernement a défendu des politiques destructrices – des droits de douane inconsidérés aux allégements fiscaux régressifs, en passant par les coupes dans l'aide internationale – qui exacerbent les inégalités tant aux États-Unis qu'à l'échelle internationale.

Les autres pays du G20 ont une réelle occasion de prendre des engagements durables dans la direction opposée pour réduire les inégalités, en misant sur des règles internationales et une coopération qui servent les intérêts des personnes ordinaires plutôt que ceux des oligarques mondiaux.

Oxfam appelle les dirigeants du G20 à renouveler leur engagement en faveur d'une imposition efficace des personnes très riches, convenu lors du sommet du G20 de l'an dernier au Brésil, et à le traduire en actions concrètes.

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La délégation jeunesse de l’AQOCI appelle à l’adoption d’un accord ambitieux à la COP30 de Belém

25 novembre, par Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) — , ,
Montréal, le 18 novembre 2025 - Alors que la COP30 entre dans sa phase finale, les jeunes délégué·es de l'AQOCI exhortent les États à faire preuve d'ambition et à concrétiser (…)

Montréal, le 18 novembre 2025 - Alors que la COP30 entre dans sa phase finale, les jeunes délégué·es de l'AQOCI exhortent les États à faire preuve d'ambition et à concrétiser leurs engagements pour la justice climatique.

La délégation jeunesse de l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) qui participe à la COP30 à Belém souhaite attirer l'attention des décideur·euses sur des enjeux cruciaux à quelques jours de la conclusion des négociations climatiques.

Au cours de la dernière semaine, la délégation jeunesse de l'AQOCI a participé activement à de nombreuses activités au Sommet des peuples et à la COP30, et en menant un plaidoyer auprès des décideur·euses du Québec et du Canada en faveur de la justice climatique. À quelques jours de la fin de la COP, nous souhaitons réitérer l'importance pour les États de faire preuve d'ambition et pour le Canada de jouer un rôle constructif dans le dernier droit des négociations.

La délégation jeunesse de l'AQOCI appelle les États à adopter un accord ambitieux qui réponde véritablement à l'urgence climatique. Cet accord doit inclure des engagements concrets en matière de réduction des émissions, de financement climatique et de protection des droits des communautés les plus affectées, particulièrement celles du Sud global.

« Il est nécessaire que le Canada défende l'adoption d'un nouveau Plan d'action sur l'égalité des genres (GAP) qui soit véritablement ambitieux et transformateur. Ce Plan doit tre intersectionnel, reconnaissant explicitement l'oppression des femmes autochtones et des personnes de genre divers, et doit bénéficier de mécanismes de financement adéquats afin de répondre aux besoins des communautés locales », souligne Marie-Jeanne Eid, membre de la délégation.

Samuel Rainville, également membre de la délégation, observe que « la présence militaire disproportionnée que l'on observe à la COP contraste fortement avec la force inspirante des défenseurs autochtones, qui affirment leurs droits avec conviction et par des messages porteurs d'espoir. » Il est essentiel d'assurer leur participation pleine, équitable, inclusive et
effective au sein des décisions climatiques mondiales.

La délégation insiste sur la responsabilité particulière des pays industrialisés, dont le Canada, dans la mise en œuvre de solutions justes et équitables. « Le Canada fait partie des 10 pays les plus émetteurs du monde et a donc une responsabilité de s'engager f inancièrement pour compenser ses impacts de manière juste et inclusive. Ce financement doit se traduire également par des mécanismes qui ont un impact réel à l'échelle locale. C'est aussi ça, la justice climatique », affirme Frédérique Malecki.

Pour Cathy Hu, cette COP représente à la fois des défis et des opportunités : « Pour deux
semaines, Belém s'est transformé en microcosme du monde environnemental. Inondée de
contradictions, et séchée de véritables solutions. La COP30 représente l'éco-espoir du monde diplomatique et l'écoanxiété de la jeunesse engagée. À nous de façonner notre impact vers la bonne direction en ramenant la jeunesse autour des tables de décision en premier au Québec : par la création d'un comité-conseil jeunesse permanent sur l'environnement à l'Assemblée nationale.
»

Enfin, l'AQOCI s'attend à ce que le Canada démontre un leadership concret en appuyant fermement la création du mécanisme d'action de Belém pour une transition juste afin de garantir que personne ne soit laissé pour compte dans la transformation de nos économies
vers la carboneutralité.

La délégation jeunesse de l'AQOCI appelle les négociateurs et négociatrices à faire preuve
de courage politique et à placer la justice climatique au cœur de l'accord final. Le temps
des demi-mesures est révolu – l'heure est à l'action climatique ambitieuse, inclusive et transformatrice.

L'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) créée en 976, regroupe plus de 70 organismes de 14 régions du Québec qui œuvrent, à l'étranger et localement, pour un développement durable et humain. L'AQOCI a pour mission de soutenir le travail de ses membres ainsi que leurs initiatives en faveur de la solidarité internationale. En s'appuyant sur la force de son réseau, l'AQOCI œuvre à l'éradication de la pauvreté et à la construction d'un monde basé sur des principes de justice, d'inclusion, d'égalité et de respect des droits humains. www.aqoci.qc.ca

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19 octobre 2025 : Une virée à vélo qui dérange Enbridge et Valéro

25 novembre, par Alain Mignault — , ,
Au moment où le gouvernement de Mark Carney relance la promotion des énergies fossiles et des pipelines, des écologistes cherchent au contraire à rappeler l'urgence de fixer (…)

Au moment où le gouvernement de Mark Carney relance la promotion des énergies fossiles et des pipelines, des écologistes cherchent au contraire à rappeler l'urgence de fixer une date rapprochée pour la fermeture des infrastructures existantes.

de Alain Mignault

Le 19 octobre 2025 marquait ainsi le troisième anniversaire du blocage du pipeline 9B d'Enbridge par le Collectif Antigone — un geste qui avait exposé les risques posés par un vieux tuyau rouillé transportant jusqu'à 300 000 barils par jour de pétrole sale de l'Ouest vers Montréal. Ce pipeline menace l'eau potable, la biodiversité et les communautés autochtones, tout en contribuant à l'aggravation de la crise climatique.

C'était aussi le deuxième anniversaire de l'ultimatum lancé par notre collectif, Le vivant se défend, au gouvernement fédéral et à Enbridge : fermer la ligne 9B d'ici 2030, réduire son débit chaque année et rendre publiques les fuites. Faute de quoi, chaque 19 octobre deviendra une journée d'action perturbatrice jusqu'en 2030.

Répression et détermination

Depuis deux ans, la répression contre les activistes climatiques s'intensifie : emprisonnement des militant·es du pont Jacques-Cartier, procès du Collectif Antigone où la défense de nécessité a été rejetée, peine d'emprisonnement à domicile pour un militant. Le message est clair : la désobéissance civile écologique est désormais traitée comme une menace.
Puisque nous avions promis d'agir, nous avons choisi cette année d'organiser une masse critique à vélo pour aller livrer l'ultimatum à Enbridge, malgré une tension palpable.

Une escorte policière présidentielle

Le matin venu, nous étions une trentaine de cyclistes… mais davantage de policiers. Contre toute attente, la police a bloqué la rue Sherbrooke dans les deux sens pour nous laisser passer. Une « piste cyclable » improvisée large comme quatre voies, le vent dans le dos et la musique entraînante d'un camarade : un moment étrange, entre liberté et surveillance.

Plus de policiers que de manifestant-es au métro Honoré-Beaugrand. Photo : Anonyme.

Les cyclistes se préparent au métro Honoré-Beaugrand. Photo : Anonyme.

Les quatre voies sont bloquées sur la rue Sherbrooke dans le quartier des raffineries. Photo : Anonyme.

Rue Marien : la police bloque Valéro

Arrivés sur la rue Marien — où 500 camions-citernes par jour viennent chercher du pétrole raffiné — les policiers bloquaient l'entrée du terminal. Pour nous… mais aussi pour les camions. Résultat : un blocage involontaire mais bien réel, représentant environ 1,6 million de dollars l'heure pour Valéro. Nous avons savouré ce moment rare où la police bloque elle-même l'industrie pétrolière.

La police bloque l'entrée du terminal de Valéro sur la rue Marien soit l'endroit où 500 camions par jour sont ravitaillés. Photo : Alain Mignault.

Alain Mignault explique que les policiers bloquent d'eux-mêmes l'entrée des camions citernes au terminal de Valéro sur la rue Marien. Photo : Anonyme.

Devant les bureaux d'Enbridge, un cordon policier nous barrait l'accès. Nous avons signé l'ultimatum, pris une photo de groupe et chanté On lâche rien. Un policier nous a même laissé installer notre panneau sur la clôture, non sans humour : « Vous pensez qu'il va rester 15 minutes ? » — « Vous êtes optimistes ! »

Les manifestant-es signent l'Ultimatum. Photo : Anonyme.

Les policiers ont laissé passer une personne pour accrocher l'Ultimatum à l'entrée d'Enbridge. Photo : Alain Mignault.

Groupe de cyclistes qui ont livré l'Ultimatum à Enbridge sur la rue Broadway à Montréal-Nord. Photo : Anonyme.

Une dystopie tranquille

Deux rangées de policiers, une ambulance, possiblement des caméras à reconnaissance faciale : pour une simple trentaine de cyclistes, le dispositif frisait l'absurde. Mais il disait quelque chose : protester contre l'industrie pétrolière dérange — même pacifiquement, même à vélo.

Deux cordons policiers devant nous au bureau d'Enbridge. Photo : Alain Mignault.

La délégation policière suivant les manifestants sur Broadway au bureau d'Enbridge : remarquez l'ambulance... Photo : anonyme.

On a tenu parole

Le retour fut plus chaotique, la police ne bloquant qu'une seule voie cette fois. Mais nous sommes arrivés sans encombre. Et surtout, nous avons tenu parole : livrer l'ultimatum, montrer que la lutte continue, et rappeler que même une trentaine de cyclistes peuvent perturber, un instant, le flux du pétrole.

Le vivant se défend !

« Alain Mignault est chercheur en psychologie de formation et militant écologiste. Depuis 2016, il s'oppose activement au pipeline 9B d'Enbridge et a cofondé le collectif Le vivant se défend en 2023. Il donne régulièrement des conférences de vulgarisation sur les énergies fossiles. »

Un mois est déjà passé depuis le 18 octobre !

25 novembre, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — , ,
Ce que nous dénonçons : – Le continuum de la violence envers les filles et les femmes toutes les formes de vilence sexiste générées par le système patriarcal dont la forme (…)

Ce que nous dénonçons :

Le continuum de la violence envers les filles et les femmes toutes les formes de vilence sexiste générées par le système patriarcal dont la forme ultime est le féminicide

les discriminations qui font violence aux femmes à la croisée des systèmes d'oppressions

l'industrie de la guerre et de l'armement en complicité avec les gouvernements qui amplifient les violences envers les femmes

La pauvreté qui représente une violence systémique

l'appauvrissement généré par la division sexuelle et genrée du travail de même que par la non-reconnaissance du travail invisible, ici comme ailleurs

tous les préjugés qui portent atteinte à la dignité des filles, des femmes et de toute personne

les choix politiques qui nuisent à la redistribution de la richesse et qui promeuvent la privatisation des services publics

la crise climatique et de l'effondrement de la biodiversité

le capitalisme comme responsable qui agit au détriment de la santé et de la vie des populations et celles des prochaines générations

le pouvoir des entreprises transnationales et nationales et leurs impacts négatifs sur le quotidien des femmes, sur la démocratie et l'environnement

Les choix d'actions gouvernementales pour la défense de la biodiversité et du climat en connivence avec les intérêts des entreprises au détriment du bien commun commun

CE POURQUOI NOUS MARCHONS

Nous marchons pour

Le droit des filles et des femmes de vivre en paix et en sécurité ;
Le droit des filles et des femmes de pouvoir faire leurs propres choix libres et éclairés et que ceux-ci soient respectés ;
Le droit à un revenu décent garantissant une autonomie économique aux femmes pour vivre dans la dignité ;
Le droit à un accès gratuit et universel à des services publics de qualité, notamment en santé et services sociaux, en éducation, etc.
Le droit de vivre dans un environnement sain et respectueux des humains, des communautés et de la biodiversité ;

UNE SOCIÉTÉ BASÉE SUR LES VALEURS FÉMINISTES QUI PLACE L'ÉCONOMIE AU SERVICE DU VIVANT

Tiré de l'infolettre de la
Coordination du Québec de la Marche Mondiale des Femmes CQMMF
19 novembre 2025

Le 18 octobre, nous étions des milliers dans les rues de Québec. Mais ce que nous avons vécu, c'était bien plus qu'un événement isolé : c'était un moment phare, une action parmi d'autres, inscrite dans un mouvement mondial, féministe, historique et profondément vivant.

La Marche mondiale des femmes (MMF), ce n'est pas le nom à la marche à laquelle nous avons participé. La Marche mondiale des femmes, c'est le nom d'un mouvement. Un mouvement international, présent sur tous les continents, animé par des femmes organisées qui analysent, dénoncent et créent des alternatives.

✨Au Québec, cette 6e action internationale a débuté le 8 mars, lors du lancement national en Montérégie.
✨Elle s'est poursuivie avec des actions, des ateliers, des prises de position, un village féministe, des mobilisations régionales et locales et la création d'une immense courtepointe.
✨Elle s'est incarnée dans l'organisation collective, les rencontres, les analyses, et dans chaque geste posé par les groupes et les militantes tout au long de l'année.


Vous vous demandez aussi ce que vous avez vécu ?

Nous avons participé à quelque chose de beaucoup plus grand que nous : un mouvement qui s'attaque aux violences, à la pauvreté, au pillage des ressources, au racisme, au colonialisme, au sexisme, et à toutes les formes d'injustice qui traversent nos vies.

Nous avons vécu un moment de solidarité, de convergence des luttes. Nous avons uni nos voix et créé un souffle commun. C'était exaltant, vivifiant, émouvant, inspirant — un de ces instants où l'on sent que nous faisons partie d'un mouvement transformateur. Que nous avons une force collective !

Une mobilisation de la Marche mondiale des femmes, ça marque… et disons-le franchement : on n'en sort jamais tout à fait indemne — c'est ce qu'il y a de plus beau. 💜✊

La Marche mondiale des femmes ailleurs dans le monde

Nous vous présentons un petit apperçu des différentes mobilisations qui ont eu lieu un peu partout dans le monde dans le cadre de la 6e action de la Marche mondiale des femmes.

Les actions ont été lancé au Sahara occidental et devaient se clore au Népal avant que l'action soit annulée en raison de la conjoncture au pays.

Pour en savoir plus

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Le thème de la 16e campagne des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes : Même monde, mêmes luttes, mêmes espoirs

25 novembre, par Comité des 12 jours d'action pour l'élimination de la violence envers les femmes — , ,
La lutte contre les violences faites aux femmes et personnes de la diversité de genre est un combat qui ne se limite pas aux frontières. Les femmes, les filles et les personnes (…)

La lutte contre les violences faites aux femmes et personnes de la diversité de genre est un combat qui ne se limite pas aux frontières. Les femmes, les filles et les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont toujours et resteront toujours des victimes collatérales du recul des droits civils et humains notamment en temps de guerres et génocides.

Ces réalités qui nous semblent parfois lointaines sont pourtant interdépendantes des nôtres et viennent influencer la vie politique et sociale locale. La solidarité et le combat dans l'unité permettent de nourrir ce même espoir de sécurité et de paix.

Luttons tous et toutes ensemble. 🌎

👉Rejoignez-nous en proposant votre événement sur notre calendrier de la campagne des 12 jours d'action. https://www.12joursdaction.com/programmation-2025.

👉Pour consulter tous les outils de la campagne, rendez-vous sur le site !

👉Le 6 décembre aura lieu notre commémoration annuelle en l'honneur des 14 victimes de la tuerie de Polytechnique.

Page Facebook de la campagne.

Merci à la créatrice @studiochaimae pour les visuels de cette année.

Ce projet a été financé par le gouvernement du Québec/Secrétariat à la condition féminine.

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Manque majeur de suivis de grossesse à Québec : mais que font le CIUSSS et Santé Québec ?

25 novembre, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — , ,
La fermeture de la Clinique La Cité suscite de vives inquiétudes dans la région. Des groupes membres du RGF-CN, qui s'impliquent dans le Comité santé du Regroupement, ont (…)

La fermeture de la Clinique La Cité suscite de vives inquiétudes dans la région. Des groupes membres du RGF-CN, qui s'impliquent dans le Comité santé du Regroupement, ont décidé d'écrire cette lettre ouverte.

Tiré de l'info lettre L'Écho Féministe du 11 novembre 25 du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix)

Dans le dernier mois, nous apprenions que la plus grosse clinique d'obstétrique et de gynécologie de la région, la Clinique de la Cité, fermera définitivement ses portes en mars prochain. Les nouveaux suivis ont déjà cessé depuis le 1er octobre. Cette fermeture signifie la perte de suivi pour 1500 femmes annuellement et la perte de 20 à 25 % des suivis de grossesse dans la région. C'est une rupture de services énorme, dans un contexte où le manque d'accès aux soins prénataux est déjà criant et généralisé. Mis à part un transfert temporaire pour terminer les suivis existants au Centre de recherche clinique et évaluative en oncologie, aucune mesure ne semble avoir été mise en place.

Qu'arrivera-t-il aux femmes et aux personnes qui perdent ainsi leur accès à un suivi gynécologique ou de grossesse ? Les personnes plus marginalisées et désaffiliées sont les plus à risque de ne simplement pas être suivies. Les femmes enceintes tenteront d'avoir accès à un suivi dans une clinique (que ce soit en cliniques privées, GMF, hôpital ou cliniques IPS), mais nous savons toutes combien les manques sont criants. Plusieurs se rendront à l'hôpital pour accoucher sans avoir bénéficié d'un suivi adéquat ou suffisant. Les conséquences sont lourdes pour les femmes, familles et enfants. Collectivement, nous devons déjà faire face aux conséquences, puisque chaque problématique de santé ou grossesse non correctement prise en charge entraîne un poids plus lourd encore sur le personnel soignant et l'ensemble du système de santé.

Nous, organismes communautaires et syndicats de la région, tirons la sonnette d'alarme : la fermeture de la Clinique de la Cité aggravera la crise déjà présente. Elle amènera plus de demandes vers les organismes, alors que nous ne savons déjà plus où référer les femmes enceintes sans suivi de grossesse. À Québec, la Clinique SPOT offre des suivis de grossesses humanitaires aux personnes sans assurance maladie en disposant de ressources extrêmement limitées, répondant au quart des besoins seulement pour la région. Le Service de référence en périnatalité pour femmes immigrantes de Québec est sous-financé et ne peut déjà plus répondre à l'appel alors que le soutien téléphonique pour des recherches de suivis de grossesse explosait déjà. Les femmes sont en détresse - et on peut le comprendre, sachant l'importance d'avoir accès à des suivis prénataux.

Il est inacceptable qu'une clinique couvrant 1500 suivis dans une région comme la nôtre soit en train de fermer ses portes sans que personne ne soit intervenu à temps pour éviter un bris de services. Car telle est la réalité : l'entreprise n'est plus viable financièrement, alors elle ferme, et ainsi s'envolent le quart des suivis de grossesse de la région ! Encore une fois, ce sont les femmes et personnes enceintes qui paient le prix de l'incapacité du système de santé à faire face aux situations de crise, alors que les soins sont un enjeu de santé publique qui devrait être anticipé et prévu correctement. La fermeture de cette clinique entraînera la perte d'un lieu de soins accessible avec le Réseau de transport de la Capitale (RTC). Pour les nombreuses femmes et personnes plus précarisées qui n'ont pas d'autres options que les transports collectifs pour se déplacer, nous évaluons que l'accès aux soins pourrait être compromis. Notamment, le déplacement temporaire envisagé de certains suivis dans un Centre de recherche clinique et évaluative en oncologie situé dans le Vieux Québec rendra l'accès au service plus compliqué.

Cette fermeture illustre concrètement la faillite d'un modèle de soins de santé encourageant les pratiques privées. Fonder notre accès public aux soins sur des entreprises comme les Groupes de médecine familiale (GMF), c'est courir le risque que des cliniques ferment, exactement comme ce qui se passe avec la Clinique de la Cité. C'est une situation inacceptable dont nous souffrirons collectivement des conséquences.

Nous en appelons au CIUSSS de la Capitale-Nationale et à Santé Québec de prendre des mesures urgentes pour éviter une rupture de services. Il est inconcevable que cette fermeture n'ait pas déjà été corrigée par la mise en place de nouveaux points de service ou des mesures compensatrices rapides et restructurantes. Il en est de la responsabilité de nos institutions publiques. Récemment questionné sur la situation à l'Assemblée nationale, le premier ministre Legault nous assurait que la clinique serait relocalisée. Pourtant, aucune solution ne semble encore mise en place. Face à ce manque majeur de suivis de grossesse à Québec : que font le CIUSSS et Santé Québec ?

Cette crise nous force à le rappeler : le système de santé n'a pas besoin de coupures. Il a besoin de continuer à investir dans des modèles durables et de proximité : cliniques communautaires, modèles de périnatalité sociales, équipes interprofessionnelles et cliniques publiques de santé des femmes. Ces solutions existent déjà, mais elles manquent de soutien et de financement.

Surtout, le système de santé a besoin de vision, de responsabilité et de justice reproductive. C'est une question de droit à la santé. C'est une question de vie.

Signataires : nom et groupe

Élise Landriault-Dupont, Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale
Sylvie Pedneault, SOS Grossesse, Centre de santé des Femmes de la Capitale-Nationale
Marie-Pier Landry, Clinique SPOT
Marielle M'Bangha, Service de référence en périnatalité pour les femmes immigrantes de Québec
Stéphanie Viger, Le Collectif Les Accompagnantes
Caroline Gravel, SPSCN-FIQ
Annie Métivier Hudon et Marie-Soleil Gagné , Accès transports viables
Emilie Frémont-Cloutier, Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
Janie Tremblay, Les Perséides - Soutien au deuil périnatal
Marie-Eve Bouchard et Alice Châtel, Ressources familiales la vieille caserne de Montmorency (Re-Fa-Vie)
Audrée Houle, Centre Femmes d'aujourd'hui
Marie-Pierre Gagnon, Professeure titulaire, Faculté des sciences infirmières, Université Laval
Christine Marcotte, Allaitement Québec
Karine Verreault, Regroupement des organismes communautaires de la région 03
Isabelle Poulin, Chantelait
Julie Tremblay, Viol-Secours
Sarah Landry, Mouvement pour l'autonomie dans l'enfantement
Kim Couture, Espace MAM, centre de ressources périnatales
Roberta de Carvalho Corôa, chercheuse postdoctorale, Université Laval
Gabrielle Vaudry, Projet L.U.N.E.
Gabrielle Roberge-Chabot, Relevailles Québec
Élise Brunot, Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF)
Sara Arsenault, Fédération des femmes du Québec
Stéphanie Chouinard, Centre des femmes de Charlevoix
Stéphanie Lampron, YWCA Québec
Geneviève Lessard, Professeure titulaire, École de travail social et criminologie, Université Laval
Isabelle Picard, ESPACE région de Québec
Danielle Chenel, Parents-Espoir
Gaétane Cliche, Mamie-Lait
Annie Pressé, Ressources Parents Vanier
Brigitte Kang-Papadakis, CAF-SPPCSF
Aurélie Mélot, Centre Famille Haute-Ville
Franz Gauthier, RAFAL
Geneviève Sirois, Relevailles Québec
Natasha Chicoine, Carrefour les Ramilles
Nathalie Lamarre, Marie-Josée Racine et Cynthia Grondin, Carrefour Familles Monoparentales
Virginie Fortin, Sources Vives au coeur de la famille
Delphine Guénette-Mainguy, Entraide Jeunesse Québec
Jessica Price, Les Partenaires JH
Annabelle Cloutier, Les Partenaires JH
Marie-Laure Labadie, Étape emploi
Camille Comtois, Centre ressources pour femmes de Beauport

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La Constitution québécoise prétend vouloir protéger les femmes. La réalité est toute autre

25 novembre, par Naïma Hamrouni — , ,
Le Québec pourrait bientôt inscrire le droit à l'avortement dans sa Constitution. Présenté au public comme un symbole fort pour l'égalité des sexes, ce geste risque (…)

Le Québec pourrait bientôt inscrire le droit à l'avortement dans sa Constitution. Présenté au public comme un symbole fort pour l'égalité des sexes, ce geste risque paradoxalement de fragiliser l'accès réel des femmes à ce service, en plus de véhiculer une vision réductrice de la lutte féministe pour la justice reproductive.

Naïma Hamrouni est professeure agrégée de philosophie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

17 novembre 2025 | tiré de The Conversation | Photo : Des personnes participent à une manifestation à Montréal, le 26 juin 2022, pour dénoncer la décision de la Cour suprême des États-Unis d'annuler la loi qui garantissait depuis près de 50 ans le droit constitutionnel à l'avortement. La Presse canadienne/Graham Hughes

Le 9 octobre dernier, le ministre de la Justice du gouvernement caquiste Simon Jolin-Barrette déposait le projet de Loi 1, visant à doter le Québec de sa propre Constitution. Présenté comme un geste d'affirmation nationale progressiste, visant à « définir la nation québécoise » et ses « valeurs sociales distinctes, dont l'égalité entre femmes et hommes », ce projet inclut deux dispositions touchant spécifiquement l'égalité des sexes.

Ce texte se concentre sur la disposition prévoyant l'inscription constitutionnelle du droit à l'avortement. À travers ce débat ouvert par le gouvernement, je propose, à titre de titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe à l'Université du Québec à Trois-Rivières, d'y voir une occasion rare de réfléchir collectivement – en incluant les Premiers peuples, grands oubliés de ce projet – à la perspective féministe que nous souhaitons voir structurer et inspirer notre projet de société.

Contre la constitutionnalisation de l'avortement

En 2023, la Coalition avenir Québec a tenté d'inscrire le droit à l'avortement dans la Charte des droits et libertés de la personne. De nombreux groupes de femmes, le Barreau du Québec ainsi que plus de 400 médecins, s'y sont alors opposés, craignant d'abord qu'en ciblant l'avortement comme un service de santé distinct des autres, on risquait de raviver la stigmatisation des femmes qui y ont recours.

Ils rappelaient surtout que l'enchâssement du droit à l'interruption volontaire de grossesse dans une loi constitutionnelle ouvrirait de facto la porte à sa contestation devant les tribunaux. Cela fragiliserait des acquis menacés par les vents conservateurs qui soufflent sur la province depuis le renversement, en 2022, de l'arrêt Roe v. Wade, qui, depuis 1973, accordait aux États-Uniennes le droit d'avorter dans tout le pays.

Comme pour la vasectomie ou la chirurgie de la hanche, il n'est pas nécessaire de constitutionnaliser l'accès à l'avortement, mieux protégé comme soin que comme droit. Rappelons qu'au Québec, comme ailleurs au Canada, l'avortement n'est pas un droit constitutionnel : il est entièrement décriminalisé depuis 1988, à la suite d'une décision de la Cour suprême ayant invalidé les restrictions du Code criminel – qui, depuis 1969, n'autorisait l'avortement que dans certaines circonstances exceptionnelles et sous des conditions très restrictives. Depuis, l'interruption volontaire de grossesse relève du réseau de la santé, et non de la Constitution.

En décembre 2023, la ministre responsable de la Condition féminine Martine Biron avait su écouter les groupes de femmes et faire marche arrière sur son projet de loi. Aujourd'hui, le gouvernement caquiste choisit de faire fi de leurs voix – tout en s'autoproclamant champion de l'égalité des sexes. Il voudrait délibérément mettre en péril la protection du droit à l'avortement qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

Ce qui menace le droit à l'avortement

Les groupes de femmes et les chercheuses féministes n'ont jamais demandé la constitutionnalisation du droit à l'avortement, qu'elles ont même critiquée. Elles rappellent toutefois que l'accès réel à ce service reste entravé par des obstacles concrets : manque de services hors des grands centres, manque d'accès à la pilule abortive, délais d'attente longs, absence de congés payés, et manque d'investissement dans l'accompagnement de celles qui subissent violence ou contrôle de la part de leur partenaire.

Mais constitutionnaliser un droit à l'avortement est plus spectaculaire et politiquement payant. Ce geste qui frappe l'imaginaire citoyen dispense surtout de s'engager là où cela ferait une véritable différence pour les femmes. L'exercice réel de notre liberté reproductive dépend d'autres facteurs sur lesquels nos gouvernements ont un pouvoir d'agir : l'existence d'une clinique à distance raisonnable et l'accès rapide à une consultation dans une société féministe qui soutient et valorise les femmes et leur autonomie.

S'ajoutent aussi des facteurs socio-économiques et relationnels sur lesquels le gouvernement peut agir par l'éducation et les programmes sociaux : vivre une relation égalitaire et respectueuse, et avoir des moyens financiers permettant de réaliser ses projets reproductifs ou de quitter une relation toxique. La pauvreté, la crise du logement et la réduction des ressources pour femmes et enfants victimes de violence conjugale restent des enjeux féministes cruciaux, liés à la justice reproductive.

Au-delà de ces obstacles pratiques à la liberté reproductive, les féministes s'entendent pour dire que la principale menace à nos droits à l'heure actuelle est représentée par la montée des droites conservatrices. En ligne, ces mouvements tissent de nouvelles communautés réactionnaires, nourries par des discours natalistes, nostalgiques des rôles de genre traditionnels et d'une époque pure-laine fantasmée.

Vers une pleine justice reproductive

L'histoire classique du féminisme présente le droit à l'avortement comme un combat emblématique des années 1960. Mais ce récit est partiel. Il occulte les expériences des femmes autochtones, noires et racisées, des femmes vivant avec une déficience intellectuelle et de celles en situation de handicap, qui ont fait les frais des politiques génocidaires et eugénistes :stérilisations imposées, coercition reproductive, et retraits d'enfants, justifiés par des préjugés sur leur capacité à être mères.

Pour élargir la compréhension des droits reproductifs, la militante et cofondatrice du collectif SisterSong Loretta Ross – elle-même stérilisée sans consentement à l'âge de 23 ans –, a élaboré avec ses consœurs le concept de justice reproductive. Ancrée dans une compréhension intersectionnelle des oppressions (sexiste, mais aussi capacististe, raciste et coloniale), cette notion relie le droit de ne pas avoir d'enfants à celui d'en avoir, librement. Elle intègre également aux droits d'avorter et de mettre des enfants au monde, celui d'élever nos enfants dans la dignité, dans des conditions sociales qui soutiennent la valeur égale de leurs vies et des nôtres.

Dans cette perspective élargie, la justice reproductive implique donc bien davantage que la seule lutte pour l'accès à l'avortement. Elle conçoit comme indissociable de la liberté reproductive l'accès universel aux soins de santé, aux services sociaux et à une éducation de qualité. La justice reproductive implique aussi la lutte pour l'accès des femmes et de leurs enfants à un logement abordable et sain, à une alimentation nourrissante et suffisante, et à une vie libérée de la pauvreté et de la violence, qu'elle soit exercée au sein du foyer ou par l'État.

Autrement dit, en plus de fragiliser l'accès à l'avortement en ouvrant la porte à sa contestation devant les tribunaux, l'inscription de ce droit dans la Constitution refléterait une vision bien partielle de la lutte féministe pour la justice reproductive.

Prendre les droits des femmes au sérieux exige un leadership politique capable de dénoncer d'un même souffle les menaces au droit à l'avortement et les injustices issues des systèmes d'oppression qui limitent l'exercice réel de notre liberté reproductive. Sans un tel programme d'action féministe ambitieux, l'engagement de notre gouvernement pour l'égalité des sexes n'est qu'un vernis superficiel appliqué à un projet constitutionnel qui, fondamentalement, n'a rien de féministe.

« Pas tous les hommes quand même ! »

25 novembre, par Guilia Foïs — , ,
« Pas tous les hommes quand même ! », c'est le titre d'un petit livre féministe au ton vif, colérique et plein d'humour, de Giulia Foïs, une journaliste. (2025, éditions La (…)

« Pas tous les hommes quand même ! », c'est le titre d'un petit livre féministe au ton vif, colérique et plein d'humour, de Giulia Foïs, une journaliste. (2025, éditions La Meute, 11,5€.)

Tiré de Entre les lignes et les mots

L'autrice revient dans son essai sur cette phrase répétée, ad nauseam, dés qu'un témoignage de violence sexiste et sexuelle voit le jour : « Pas tous les hommes quand même ! »

L'autrice montre en quoi cette phrase est une résistance aux dénonciations et analyses féministes. Elle fait en effet taire les victimes en détournant le sujet, elle minimise les violences masculines d'une société patriarcale, et cherche à nier le caractère systémique de celles-ci. Elle permet aussi aux hommes d'éviter un examen de conscience qui serait pourtant fort utile. « Celui qui dit #NotAllMen souligne, en creux, que lui n'a pas violé. Estimant sans doute qu'il mérite des lauriers. Oubliant que c'est le minimum qu'on puisse lui demander. (…) Cesser de dire #NotAllMen, c'est trouver la force de s'interroger : dans ce système que je dis conchier, quel a été mon rôle ? » Et lequel est-il aujourd'hui ?

Réquisitoire facile à lire contre la culture du viol, chiffres effarants à l'appui, Giulia Foïs ne mâche pas ses mots pour dénoncer les mythes qui entourent le viol, ou les mythes qui entourent les femmes « menteuses » ou « vengeresses ». Elle rappelle ce qui devrait nous être des évidences : « La drague lourde n'existe pas », les actes en question sont du harcèlement sexuel, voire des agressions.

Après un rapide détour sur l'histoire de la pénalisation du viol et l'impact de #MeToo, elle relate le procès Mazan et les victimisations secondaires subies par Gisèle Pelicot. Terrible ! Elle invite alors à ce que « la justice accepte d'interroger ses pratiques. »

Un livre efficace contre cette « société vérolée par une virilité hypertrophiée, un sexisme lancinant et une misogynie crasse » ; à l'image d'un Macron, nommant un homme accusé de viol au ministère de l'Intérieur, et rechignant à répondre à la hauteur des besoins des associations accompagnant les femmes victimes de violences.

Un livre à découvrir et à laisser trainer.

[Je repique cette courte chronique publiée dans le journal Bifisud n°57 du syndicat Sudau CHU de rennes]

Télécharger le journal Bifisud n°57 : Bifisud 57 à imprimer

https://scenesdelavisquotidien.com/2025/11/14/pas-tous-les-hommes-quand-meme/

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Un nouveau marxisme pour la révolution écologique

25 novembre, par Alexis Cukier, Paul Guillibert — , ,
20 novembre 2025 | tiré de contretemps Nous publions un extrait de l'introduction de Découvrir le marxisme écologique paru aux Éditions Sociales en août 2025. Dans cet (…)

20 novembre 2025 | tiré de contretemps

Nous publions un extrait de l'introduction de Découvrir le marxisme écologique paru aux Éditions Sociales en août 2025.

Dans cet ouvrage, les philosophes Alexis Cukier et Paul Guillibert présentent dix textes (dans l'ordre des chapitres de l'ouvrage : Ted Benton, James O'Connor, Maria Mies, Ariel Salleh, John Bellamy Foster, Kohei Saito, Michael Löwy, Andreas Malm, Jason Moore, Alyssa Batistoni) qui permettent de saisir les principaux concepts du marxisme, ses liens avec d'autres courants, notamment l'écoféminisme, et ses enjeux politiques actuels.

L'introduction, intitulée « Un nouveau marxisme pour la révolution écologique » présente les principales caractéristiques du marxisme écologique – c'est l'objet de l'extrait ci-dessous, constitué de ses deux premières parties – puis les débats stratégiques qui le traversent et qu'il permet d'éclairer.
Alexis Cukier et Paul Guillibert, Découvrir le marxisme écologique, Éditions Sociales, 2025, 176 p., 12 euros

La catastrophe est déjà là. Partout sur la planète, des écosystèmes sont au bord de l'effondrement. Les températures ont augmenté si vite que certaines parties de la biosphère sont déjà en passe de devenir inhabitables. Alors que la hausse des températures globales n'a pas encore atteint 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, les pires scénarios climatiques sont en train de se réaliser. Et l'on entend brûler les feux assourdissants des flammes entretenues par les capitalistes fossiles avec le concours de leurs alliés néofascistes.

Pourtant, si la réalité de la catastrophe est désormais incontestable, l'écologie politique se dispute sur ses causes. Faut-il imputer la crise à des traits anthropologiques fondamentaux de l'espèce humaine, son insatiable et éternel désir de consommation ? Faut-il au contraire incriminer des modes de pensée typiquement modernes ? Ou alors, serait-ce le cumul de choix technologiques inadaptés qui nous aurait insidieusement conduits à la situation actuelle ? L'économie capitaliste serait-elle la principale responsable du désastre ?

Les différentes approches de l'écologie politique divergent sur la façon de comprendre l'histoire de la catastrophe. Elles proposent des pistes qui, sans être toujours contradictoires ou exclusives, n'en mettent pas moins l'accent sur des tendances différentes au sein des sociétés modernes. Certains insistent donc sur l'insatiabilité humaine dont témoignerait le désir effréné de consommation, d'autres sur la marchandisation, le productivisme et la croissance. Certains accusent la cosmologie « naturaliste » occidentale ou les technologies modernes, d'autres insistent sur l'histoire coloniale des plantations esclavagistes ou sur la domination conjointe des femmes et de la nature.

Les mobilisations écologistes elles-mêmes ont adopté des stratégies variées pour conjurer la catastrophe. Le mouvement écoféministe de la Women's Pentagon Action et la lutte paysanne du Larzac ont ciblé l'institution militaire et ses infrastructures nucléaires. Le mouvement Chipko Andolan en Inde et le Mouvement des sans-terre au Brésil se battent pour la réappropriation des conditions naturelles de la vie, c'est-à-dire pour la communauté de la terre et contre la propriété privée. De Standing Rock à Notre-Dame-des- Landes, des activistes se défendent contre l'extractivisme et les grands projets inutiles. C'est dans ce panorama théorique et politique qu'a émergé le marxisme écologique.

Marx, le capital et l'Empire : les trois fondements du marxisme écologique

Marxisme(s) écologique(s), écomarxisme, green marxism, tous ces termes expriment la volonté de repenser le marxisme dans une perspective écologique, en rompant avec le productivisme qui a caractérisé une partie de l'œuvre de Marx et Engels et la très grande majorité des courants marxistes ultérieurs. Si l'on voulait dater la naissance de ce courant, la fondation de Capitalism Nature Socialism en 1988, revue à laquelle a participé la première génération d'auteurs écomarxistes importants (James O'Connor, Ted Benton, John Bellamy Foster, Paul Burkett[1] ou encore Ariel Salleh), ferait sans doute une borne chronologique pertinente.

En raison de sa diversité interne, nous préférons parler de « marxismes écologiques » au pluriel. Trois éléments principaux les distinguent des autres courants de l'écologie politique. Ces diverses théories matérialistes : 1) se concentrent sur le rôle du mode de production capitaliste dans la trajectoire écocidaire des sociétés modernes ; 2) se réclament d'un rapport étroit – qu'il soit critique ou apologétique – à la pensée de Marx et 3) développent des analyses de longue durée et à l'échelle mondiale, impliquant une critique de l'impérialisme écologique.

Les marxismes écologiques affirment d'abord que le capitalisme est le principal responsable de la crise écologique, un constat qui n'est pas unanimement partagé en écologie politique. À la différence des pensées de la décroissance, par exemple, les marxismes écologiques défendent que les tendances au développement infini de l'économie et au dépassement des limites planétaires ne sont pas d'abord liées à une croissance de la demande de consommation mais à un système de production fondé sur l'accumulation de capital. La reproduction cyclique de crises de surproduction est bien le symptôme que le problème écologique du capitalisme n'est pas réductible à l'augmentation de la demande en consommation (cf. chap. 2).

Comme l'ont fort bien montré l'économiste décroissant Timothée Parrique ou le philosophe écomarxiste Kohei Saito (cf. chap. 6), marxisme écologique et décroissance peuvent avancer main dans la main, à condition de reconnaître que la décroissance de la consommation globale de matière et d'énergie n'est pas l'objectif principal. La finalité stratégique de l'écomarxisme, c'est le dépassement du capitalisme, en d'autres termes, le communisme. La décroissance de la consommation globale de matière et d'énergie est légitime à condition de s'inscrire dans une stratégie anticapitaliste de bifurcation écologique. Le marxisme écologique élargit ainsi la définition marxiste du capitalisme comme un système fondé non seulement sur l'accumulation infinie de la valeur par la vente de marchandises pour le profit par l'exploitation du travail salarié, mais aussi sur l'appropriation gratuite et illimitée des forces naturelles.

À l'encontre, cette fois, des approches qui insistent sur le rôle du développement technique dans la trajectoire écocidaire des sociétés modernes, les marxismes écologiques montrent que ce développement est inscrit dans la logique de la valorisation capitaliste. Il est vrai que les écomarxistes ont parfois tendance à minorer le rôle des controverses scientifiques, des conflits technopolitiques et des logiques proprement technologiques dans l'instauration de rapports déprédateurs à l'environnement. Néanmoins, leur réponse générale aux approches techno-centrées consiste à démontrer la corrélation forte entre devenir technique des sociétés modernes et logique de l'accumulation du capital.

À cet égard, le travail d'Andreas Malm, chercheur en écologie humaine, nous semble fondamental (cf. chap. 8). En prouvant que l'adoption de la machine à vapeur alimentée au charbon était liée à l'histoire de la lutte des classes dans le capitalisme anglais du XIXe siècle, il a montré que la technique était impensable sans l'économie. Cela a permis de réinscrire la compétition technologique dans la loi de la concurrence capitaliste, et de montrer qu'il n'est pas possible de comprendre le moteur des innovations techniques responsables des désastres environnementaux indépendamment des rapports sociaux au sein desquels elles émergent. La place des forces naturelles dans le processus de production capitaliste a également eu une grande importance dans ces débats d'économie politique, comme le synthétise le texte d'Alyssa Battistoni sur le « travail de la nature » (cf. chap. 10).

L'une des controverses qui structure le champ du marxisme écologique et qui constitue son deuxième élément constitutif porte sur l'écologisme de Marx et d'Engels. On pourrait schématiser cette controverse en affirmant que deux positions antagonistes s'y sont exprimées. La première – développée notamment par Ted Benton (cf. chap. 1) ou James O'Connor (cf. chap. 2) – considère que la pensée de Marx et Engels est profondément structurée par une forme de productivisme. Certains textes marxiens sur le rôle des machines dans les Grundrisse témoigneraient par exemple d'une adhésion sans faille à l'idéal du développement humain par l'innovation technique et l'augmentation de la productivité industrielle.

L'autre approche, portée par des auteurs comme Paul Burkett, John B. Foster (cf. chap. 5) ou Kohei Saito (cf. chap. 6) insiste au contraire sur la dimension écologiste de la pensée marxienne, allant jusqu'à affirmer qu'on pourrait y trouver une pensée écologiste systématique. Ces auteurs se sont intéressés en particulier à l'usage par Marx des sciences naturelles – la géographie de Karl Fraas et l'agronomie de Justus Liebig notamment – et à sa formulation du concept de perturbation ou de « rupture du métabolisme entre les sociétés et la nature » dans Le Capital. Ces concepts marqueraient, selon eux, une rupture historique irréversible dans l'œuvre de Marx.

Dans ce débat, il nous semble que les positions les plus caricaturales ont été tenues et qu'il convient plutôt d'échapper à l'idée que Marx aurait été un « ange vert » ou un « démon productiviste », pour reprendre les mots de Daniel Bensaïd. C'est la perspective adoptée par Timothée Haug dans sa thèse de doctorat intitulée La rupture écologique dans l'œuvre de Marx : analyse d'une métamorphose inachevée du paradigme de la production. L'auteur démontre que Marx a amorcé une transformation radicale du paradigme productiviste qu'il défendait dans ses premières années – paradigme hérité notamment de Hegel –, mais que cette transformation inachevée laisse en place des schèmes productivistes jusqu'à la fin de son œuvre.

Il faudrait donc penser, dans le corpus marxien, un abandon progressif du productivisme au profit de l'écologisme et, en même temps, une tension persistante entre productivisme et écologisme. L'idée centrale de Haug est que cette évolution des rapports de Marx à la nature est liée à la coexistence de conceptions antagonistes de l'émancipation dans son œuvre : une émancipation vis-à-vis du travail qui suppose le développement de la production industrielle et du machinisme chez le premier Marx ; une émancipation dans le travail qui suppose la réappropriation collective des tâches de subsistance chez le second Marx et qui introduit une rupture, partielle, avec les schèmes productivistes du premier Marx.

Le dernier élément caractéristique du marxisme écologique relève d'une attention particulière aux logiques impériales-coloniales dans la trajectoire écocidaire du capitalisme sur la longue durée. C'est la raison pour laquelle l'histoire environnementale joue un rôle si important dans le développement des marxismes écologiques.

Les études de l'anthropologue Alf Hornborg sur les « échanges écologiques inégaux » ou encore le concept d'« écologie-monde » de Jason W. Moore (cf. chap. 9) en témoignent. Comme l'ont montré John B. Foster et Brett Clark, cette critique de l'« impérialisme écologique » trouve son origine dans les écrits de Marx, notamment dans des textes sur l'Irlande et le Pérou. Marx analyse comment, après avoir appauvri les sols de l'Angleterre, la puissance coloniale en est venue à piller les sols irlandais et à s'approprier les engrais naturels du Pérou, et suggère ainsi que la logique du capital conduit à une mondialisation de la crise écologique.

Nous avons fait le choix d'inscrire les travaux écoféministes de Maria Mies et de l'« école de Bielefeld » sur la division sexuelle et internationale du travail (cf. chap. 3) dans l'histoire des marxismes écologiques. Si ces autrices ne se sont jamais définies comme des écomarxistes, il nous a semblé néanmoins pertinent de les intégrer à cette anthologie.

D'une part, parce qu'elles partagent certaines des caractéristiques de ce champ : le « féminisme de la subsistance » (pour reprendre une expression de Geneviève Pruvost), co-fondé par Maria Mies, Veronika Bennholdt-Thomsen et Claudia von Werlhof, fait bien du patriarcat capitaliste et de la division sexuelle du travail la cause fondamentale de la catastrophe environnementale ; ces autrices établissent à cet égard un dialogue étroit, bien que critique, avec la pensée de Marx.

D'autre part, leur travail a eu une influence décisive sur le marxisme écologique, comme en témoignent les textes de James O'Connor ou de Jason W. Moore qu'on pourra lire dans ce recueil. Les mêmes arguments nous ont conduits à intégrer des textes de l'écoféministe socialiste Ariel Salleh (cf. chap. 4) : son rôle dans la création de l'importante revue écomarxiste états-unienne Capitalism Nature Socialism et dans les débats de l'époque lui donne une place remarquable dans la constitution de ce champ. Il nous semblait également important de montrer la proximité, et la distance, entre le marxisme écologique et certains courants matérialistes de l'écoféminisme.

Contraints d'arbitrer des choix difficiles lors de la composition de ce recueil, nous avons privilégié des extraits universitaires[2], dont certains sont inédits en français, pour donner à lire la grande diversité conceptuelle et la fécondité théorique des marxismes écologiques. Mais ces derniers ne sont pas seulement un courant académique, ils se présentent aussi, désormais, comme une tentative de renouveler le marxisme pour intervenir dans les débats stratégiques contemporains

Notes

[1] Paul Burkett (1956-2024), économiste états-unien et pion- nier de la lecture écologiste de Marx, est l'un des théoriciens écomarxistes majeurs que nous n'avons pas pu inscrire dans la table des matières de cet ouvrage, en raison de son format.

[2] Un ouvrage de synthèse sur le marxisme écologique, présentant une histoire complète et une analyse très utile, sera bientôt disponible en français. Voir Marius Bickhardt, Gauthier Delozière et Cannelle Gignoux, Le marxisme écologique, Paris, La Découverte, à paraître.

« Au diable l’environnement, donnez‑moi l’abondance ! » : pourquoi le backlash est structurel

25 novembre, par Jean-Baptiste Fressoz — , ,
Et si ce que nous appelons backlash écologique n'était que la manifestation brutale d'un mouvement plus profond ? C'est la thèse défendue par l'historien Jean-Baptiste Fressoz (…)

Et si ce que nous appelons backlash écologique n'était que la manifestation brutale d'un mouvement plus profond ? C'est la thèse défendue par l'historien Jean-Baptiste Fressoz dans ce court texte : ce qui nous revient en boomerang, c'est l'incompatibilité structurelle entre l'organisation matérielle de nos sociétés et toute perspective écologique.

9 octobre 2025 | tiré de Terrestres
https://www.terrestres.org/2025/10/09/backlash-structurel-fressoz/

Ce texte est extrait du livre collectif Greenbacklash : qui veut la peau de l'écologie ?, sous la direction de Laure Teulières, Steve Hagimont et Jean-Michel Hupé, à paraître le 10 octobre 2025 aux éditions du Seuil.

Le 25 mai 1970, un mois à peine après le premier Jour de la Terre qui vit des millions d'Américains manifester pour la défense de l'environnement, le New York Times évoquait déjà l'hypothèse d'un ecological backlash, d'un retour de bâton contre l'écologie. La menace n'était pas prise au sérieux. La vague environnementaliste semblait portée par la démocratie américaine elle‑même. « Tant que des millions d'Américains ont l'usage de leurs yeux, de leurs oreilles, de leur nez, la position du personnel politique est prévisible », expliquait l'éditorialiste. « Les habitants de Santa Barbara, dont beaucoup sont conservateurs, n'ont pas eu besoin d'être sermonnés pour s'indigner de la pollution de leurs plages. Les habitants de New York et de Los Angeles n'ont pas besoin d'être informés des dangers de la pollution de l'air. »

Dans la perspective des élections de novembre 1970, le New York Times plaignait « le député qui n'aurait pas de mesures environnementales à présenter à ses électeurs ». La défense de l'environnement était alors consensuelle, portée à la fois par une jeunesse éduquée votant démocrate et par le Parti républicain défendant son passé conservationniste (les parcs nationaux, Theodore Roosevelt). L'Environmental Protection Agency (EPA) et le Clean Air Act furent d'ailleurs adoptés sous la présidence du républicain Richard Nixon avec d'écrasantes majorités. Le backlash, expliquait le journal, venait de « conservateurs obtus […] qui n'accepteraient pas d'être sauvés d'un incendie sans demander avec suspicion où ils sont emmenés et si le danger des flammes n'a pas été exagéré ». Certes, quelques industriels « de moindre envergure » s'opposeraient à l'écologie, mais ils « seraient balayés par ceux dotés d'une vision plus large ».

Résignation climatique sous couvert de transition

Avec le recul, 1970 semble marquer l'apogée de l'écologie politique aux États‑Unis. La décennie qui s'ouvrait, annoncée par Nixon comme celle de l'environnement, fut surtout celle de la « crise énergétique » et de la recherche tous azimuts de la souveraineté par le nucléaire, par le gaz et par le charbon. Dès 1970, le journal Science prévoyait que la crise énergétique allait engloutir les préoccupations environnementales : « quand l'air conditionné et les télévisions s'arrêteront le public se dira “au diable l'environnement donnez‑moi l'abondance” ». En 1980, l'élection de Ronald Reagan et plus encore le score de Barry Commoner à la même élection (0,25 %) confirmeraient ce sombre pronostic. À l'époque, comme aujourd'hui, l'idée de « backlash écologique » est trop optimiste. Elle suggère une réaction temporaire, une résistance agressive, mais passagère, émanant des franges conservatrices de la société face à un mouvement d'écologisation et de transition. Les reculs observés ne seraient que tactiques : des contretemps fâcheux sur la voie du progrès. Le problème est qu'en matière écologique, le backlash est structurel, il reflète des intérêts liés à la totalité ou presque du monde productif. La lutte contre la pollution touche au fondement de l'activité économique, au volume et à la nature de la production, à la rentabilité des investissements, à la compétitivité des entreprises et des nations et à la place de l'État dans la régulation de l'économie. La nature structurelle du backlash est particulièrement visible pour le cas des États‑Unis et du réchauffement climatique sur lequel se limite ce texte.

À la fin de la décennie 1970, quand la question du réchauffement apparaît dans l'arène politique aux États‑Unis, personne ne mettait en cause la réalité du phénomène. Sa compréhension n'était entravée ni par les fausses controverses (le climatoscepticisme) ni par les fausses solutions (la capture du carbone par exemple). La nature du défi était bien perçue par les experts de l'EPA et de la National Academy of Science. Les experts soulignaient le rôle central du carbone dans le système productif mondial et l'énorme difficulté qu'aurait l'humanité à sortir des fossiles à temps pour éviter un réchauffement de 3 °C avant 2100. En 1979, le météorologue américain Jule Charney parlait du réchauffement comme du « problème environnemental ultime » : il fallait agir immédiatement, avant même sa détection, pour espérer limiter les dégâts à la fin du XXIe siècle.

Très vite, la résignation l'emporta. En 1979, la Chine annonçait aux pays du G7 ses prévisions de production de charbon : 2 milliards de tonnes par an d'ici l'an 2000, soit les deux tiers de la production mondiale à l'époque. Si on ajoute à cela l'échec de l'énergie nucléaire — lié à ses risques et ses surcoûts —, l'urbanisation et l'électrification du monde pauvre, la poursuite du consumérisme dans le monde riche et la montée du néolibéralisme, on comprend pourquoi l'idée de stopper le réchauffement fut promptement abandonnée.

En 1983, la National Academy of Science publiait un rapport dont le titre Changing Climate signale à lui seul le parti pris de la résignation. La conclusion défendait rationnellement l'idée de ne rien faire. Il était plus que probable que les grandes puissances de ce monde, prises dans un dilemme du prisonnier, ne parviendraient pas à restreindre leur consommation énergétique et matérielle. L'essentiel des stocks de carbone étant réparti entre les États‑Unis, l'URSS et la Chine, c'est‑à‑dire entre deux superpuissances rivales et un pays en voie de développement, il était illusoire de penser qu'un de ces acteurs puisse y renoncer. On pourrait certes ralentir le phénomène, en introduisant une taxe carbone, mais, concluait le rapport, l'expérience des chocs pétroliers récents dissuaderait n'importe quel gouvernement d'opter pour un renchérissement volontaire des prix de l'énergie. Il faudrait donc s'adapter à un climat plus chaud, ce qui, au dire des agronomes, des forestiers et des ingénieurs consultés sur ce sujet était tout à fait envisageable pour un pays comme les États‑Unis. Quant aux pays pauvres, leur meilleure option était encore de brûler les fossiles nécessaires à leur développement et donc à l'augmentation de leur « résilience ». Il y aurait bien sûr des perdants — le Bangladesh est souvent cité à l'époque — mais imaginer que les pays industriels ou ceux qui aspiraient à le devenir puissent sacrifier leur économie pour le bien‑être des plus pauvres était une illusion. Au pire, il resterait la possibilité de déménager des zones entières de la planète.

➤ Lire aussi | « Les plus pessimistes étaient beaucoup trop optimistes »・Jean-Baptiste Fressoz (2023)

À l'échelle internationale, les grandes conférences commencèrent à se succéder, mais sans modifier les bases économiques et géostratégiques du problème. L'une des premières du genre se tient à Toronto en 1988. La déclaration finale fait preuve d'une réelle ambition : réduire de 20 % les émissions mondiales de CO2 d'ici à 2005 par la mise en place d'une taxe sur les combustibles fossiles dans les pays riches, destinée à financer le développement et l'adaptation des pays pauvres. Mais des contre‑feux sont rapidement allumés. En 1988, une nouvelle institution est créée, le GIEC, dont le but explicite était de remettre les gouvernements au cœur du processus d'expertise. Parmi les trois groupes composant le GIEC, deux sont présidés par des climatosceptiques. Le groupe III, celui chargé des « solutions », est dirigé par l'Américain Robert Reinstein. Comme il l'expliquera plus tard, cette affaire de réchauffement n'est selon lui qu'un faux-nez des négociations commerciales. Les Européens, jaloux des ressources énergétiques américaines, cherchent à nuire à la compétitivité des États‑Unis en invoquant des objectifs de réduction d'émissions illusoires. En tant que chef de la délégation américaine à la conférence de Rio en 1992, il est chargé par son gouvernement de mettre en avant les solutions technologiques au réchauffement — même si lui-même n'y croyait guère. Cette « carte technologique » — c'est son expression — fut largement reprise tant elle arrangeait tout le monde : elle permettait de repousser à plus tard et dans des progrès futurs les efforts de décarbonation.

Couverture du rapport de la Conférence mondiale de Toronto, Canada, 27-30 juin 1988 : l'atmosphère en évolution : implications pour la sécurité du globe. Le texte intégral des actes est disponible dans la bibliothèque numérique de l'ONU.

Transitionisme et climatoscepticisme sont loin d'être contradictoires. En 2002, un mémo de Franz Luntz qui est alors le principal communiquant au service du Parti républicain montre comment ces deux tactiques dilatoires peuvent fonctionner en tandem. Selon lui, les Républicains proches des intérêts pétroliers sont perçus comme vulnérables sur la question climatique. Ils ont besoin de modifier leur langage. Il leur faut par exemple employer le terme « énergie » en lieu et place de « pétrole », dire « energy company » pour désigner Exxon et consorts. De même, mieux vaut éviter « drilling for oil », qui évoque « une bouillasse noire et gluante », mais dire plutôt « energy exploration » qui paraît plus propre et renvoie à la technologie. Sur la question du climat, Luntz reprend la boîte à outils des marchands de doute et y ajoute l'idée de transition en cours. « Le débat scientifique est en train de se clore contre nous » écrit‑il, mais il reste « une fenêtre de tir ». Les Américains respectent la science et donc il faut insister sur le besoin de faire plus de science ou de la meilleure science. Et surtout, il faut parler d'innovation, souligner les baisses d'émissions déjà réalisées par le secteur privé et insister sur les progrès technologiques à venir. L'opposition aux normes et aux traités internationaux n'est pas contre le climat ou l'environnement. Au contraire : ces règles imposées par les étrangers entraveront la prospérité nationale et l'inventivité technologique américaines. C'est aussi à ce moment, sous la présidence de George W. Bush, que sont poussées les propositions de capture et de stockage du carbone, solutions impraticables à grande échelle, mais qui jouent un rôle clé dans les scénarios de neutralité carbone mis en avant par le GIEC.

Quelle « écologisation » au regard des dynamiques matérielles ?

Depuis que le monde se préoccupe officiellement du changement climatique, depuis 1992 et la conférence de Rio, les techniques — dont les énergies renouvelables — ont beaucoup progressé : il faut émettre presque deux fois moins de CO2 pour produire un dollar de PIB. Mais ce rapport entre deux agrégats est bien trop grossier pour comprendre les dynamiques matérielles. La baisse de l'intensité carbone de l'économie mondiale cache le rôle presque inexpugnable des énergies fossiles dans la fabrication d'à peu près tous les objets, un rôle qu'elles remplissent, il est vrai, de manière plus efficace. Depuis les années 1980, l'agriculture mondiale a accru sa dépendance au pétrole et au gaz naturel (ingrédient essentiel des engrais azotés) avec les progrès de la mécanisation et l'usage croissant d'intrants chimiques. L'extraction minière et la métallurgie deviennent plus gourmandes en énergie. L'urbanisation du monde pauvre a conduit à remplacer des matières peu émettrices comme le pisé ou le bambou par du ciment. L'extension des chaînes de valeur, la sous‑traitance et la globalisation accroissent les kilomètres parcourus par chaque marchandise ou composant de marchandise et donc le rôle du pétrole dans la bonne marche de l'économie. Tous ces phénomènes sont masqués par l'efficacité croissante des machines et le poids des services dans le PIB mondial (d'où l'impression de découplage), mais ils n'en sont pas moins des obstacles essentiels sur le chemin de la décarbonation.

➤ Lire aussi | Défataliser l'histoire de l'énergie・François Jarrige & Alexis Vrignon (2020)

Car la « transition énergétique » présentée comme la solution au réchauffement concerne surtout l'électricité, soit 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour l'aviation, le transport maritime, l'acier, le ciment, les plastiques, les engrais, l'agriculture, le bâtiment ou encore l'armement, les perspectives de décarbonation restent encore assez fantomatiques. Le déploiement des renouvelables va alimenter en électricité décarbonée une économie dont la constitution matérielle dépendra encore longtemps des fossiles. D'où la nécessité de quantités colossales « d'émissions négatives » après 2050 sous forme de BECCS, pour « bioénergie couplée à la capture et au stockage de carbone ». C'est sur cette promesse technologique sans fondement que reposait l'Accord de Paris.

En 1970, l'éditorialiste du New York Times qui avait inventé le terme d'« ecological backlash » se moquait d'une rumeur colportée par la droite américaine, celle d'une collusion entre socialisme et environnementalisme. Peut‑être aurait‑il fallu explorer cette idée plus loin : lutter contre le réchauffement et la destruction des écosystèmes nécessite une transformation extraordinairement profonde du monde matériel et donc de notre société. Cela requiert non seulement le déploiement de nouvelles techniques, mais aussi et surtout le démantèlement accéléré de secteurs entiers de l'économie qui dépendent et dépendront longtemps des fossiles. Il s'agit bien d'une rupture avec le capitalisme industriel fondé sur la propriété privée des moyens de production. Denis Hayes, l'organisateur du premier Jour de la Terre, le reconnaissait volontiers : « Je soupçonne que les politiciens et les hommes d'affaires qui sautent dans le train de l'écologie n'ont pas la moindre idée de ce à quoi ils s'engagent […] Ils parlent de projets de traitement des eaux usées alors que nous contestons l'éthique d'une société qui, avec seulement 6 % de la population mondiale, représente plus de la moitié de la consommation annuelle mondiale de matières premières. »

L'idée de backlash a ceci de confortable qu'elle tend à naturaliser l'écologisation des sociétés. Elle donne l'impression que les revers actuels ne sont que temporaires. La transition serait en marche, il suffirait de l'accélérer. En fait, les ennemis de l'écologie — qu'ils soient populistes ou néolibéraux — ne sont que la face visible et grimaçante d'une force colossale, celle qui se trouve derrière l'anthropocène : non seulement le capitalisme, mais tout le monde matériel tel qu'il s'est constitué depuis deux siècles.

➤ Lire aussi | Portrait du capitalisme en économie régénérative・Quentin Pierrillas (2020)

Iksan Skuter : « Kamuflase » (Camouflage) , hymne de colère contre la manipulation politique en Indonésie

25 novembre, par Mark Johnson — , ,
Le musicien indonésien Iksan Skuter a publié « Kamuflase » (Camouflage) le 3 septembre 2025, quelques jours après le paroxysme des manifestations d'août contestant les (…)

Le musicien indonésien Iksan Skuter a publié « Kamuflase » (Camouflage) le 3 septembre 2025, quelques jours après le paroxysme des manifestations d'août contestant les tentatives du gouvernement de modifier la loi électorale et de concentrer le pouvoir.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière.
Cette chanson tranchante de critique sociale dénonce l'exploitation systématique du peuple par les élites au pouvoir. Les paroles articulent la rage des classes ouvrières face aux promesses creuses et à la manipulation politique, dénonçant notamment la façon dont les buzzers (trolls internet payés employés par les partis politiques ou le gouvernement) sont mobilisés pour déformer la réalité.

La vidéo officielle sur YouTube intègre des images des manifestations d'août 2025, renforçant l'ancrage de la chanson dans l'actualité politique indonésienne.

Musicien indépendant originaire de Blora (Java central), Iksan Skuter s'est imposé comme une voix majeure de la contestation politique en Indonésie, utilisant sa musique pour dénoncer les injustices sociales et la corruption du système politique. Né Mohammad Iksan le 30 août 1981, il réside maintenant à Malang, Java oriental, apparaissant toujours avec son chapeau distinctif orné d'une image d'étoile rouge unique.

Iksan a commencé à jouer de la musique durant l'école secondaire et a été guitariste et auteur-compositeur pour Putih Band de 2000 à 2010, sortant trois albums avant la dissolution du groupe. Après huit ans à Jakarta qui se sont terminés par son retour à Malang début 2014, il a fondé Kedai Srawung, un café qui sert également de mini-studio, Srawung Record, où la plupart de ses chansons sont produites.

Parmi ses chansons les plus populaires figurent « Rindu Sahabat », « Bapak », « Bingung », « Pulang » et « Partai Anjing », cette dernière faisant partie d'un album de compilation de 2013 « Frekuensi Perangkap Tikus » (Fréquence du piège à souris) initié par Indonesia Corruption Watch (ICW) [1] en tant que campagne anti-corruption par l'art. « Partai Anjing » (Parti des chiens) dépeint satiriquement un parti politique fictif avec un programme ouvert de corruption, inspiré par les jurons spontanés que le public lance en voyant ses représentants empêtrés dans des scandales de corruption. Le succès de la chanson a conduit Iksan à être invité à l'émission de débat Kick Andy.

Se décrivant comme « un combattant sans couteau ni arme à feu, avec des œuvres musicales comme substitut au couteau », Iksan s'inspire des conditions politiques indonésiennes, des affaires gouvernementales et des problèmes sociaux. Son militantisme environnemental a émergé lorsque la forêt urbaine de Malabar à Malang était en train d'être bétonnée, le conduisant avec d'autres artistes à créer l'album de compilation « Save Hutan Malabar » (« Sauvez la forêt Malabar ») et la plateforme médiatique alternative « Suar Malabar ».

Sur les réseaux sociaux, son compte Twitter compte plus de 4 000 abonnés, tandis que sa chaîne YouTube compte près de 39 000 abonnés avec des chansons vues des millions de fois. Il a collaboré avec divers musiciens Pop et Indie Pop, et continue à sortir des chansons fraîches et captivantes qui touchent les auditeurs.

Le nom de scène « Skuter » est un acronyme de « Seniman Kurang Terkenal » (Artiste moins célèbre), bien qu'il fasse également référence à son amour des scooters, en particulier une Vespa vintage bleu clair de 1977. Iksan refuse d'être catégorisé par genre musical, considérant les divisions de genre comme une forme de compartimentalisation de style colonial servant les profits de l'industrie plutôt que l'expression artistique.

Paroles de « Kamuflase »

Bahasa Indonesia / Traduction française

Membanting tulang peras keringat Nous nous brisons les os, nous essorons la sueur
Agar tuan berkuasa Pour que le maître puisse gagner le pouvoir
Lalu kau curi semua hak kami Puis tu voles tous nos droits
Sekarat dibuai janji Mourant, bercés par des promesses
Genderang perang sudah ditabuhkan Le tambour de guerre a déjà retenti
Pertanda mara bahaya Signe de danger imminent
Bara api Braises de feu
Bara api Braises de feu
Corong politik beretorika Porte-parole politique plein de rhétorique
Menjual mimpi semata Ne vendant que des rêves
Sudah keringkah air mata penguasa Les larmes du peuple ont-elles tari ?
Menari di atas luka Dansant sur les blessures
Genderang perang sudah ditabuhkan Le tambour de guerre a déjà retenti
Pertanda mara bahaya Signe de danger imminent
Bara api Braises de feu
Bara api Braises de feu
Propaganda semata Rien que de la propagande
Kamuflase semua Tout est camouflage
Buzzer digerakkan Les trolls sont mobilisés
Lalu framing dibelokkan Puis le cadrage est tordu
Dan berkuasa Et ils gouvernent
Dan berkuasa Et ils gouvernent
Propaganda semata Rien que de la propagande
Kamuflase semua Tout est camouflage
Buzzer digerakkan Les trolls sont mobilisés
Lalu framing dibelokkan Puis le cadrage est tordu
Dan berkuasa Et ils gouvernent
Dan berkuasa Et ils gouvernent
Propaganda semata Rien que de la propagande
Kamuflase semua Tout est camouflage
Buzzer digerakkan Les trolls sont mobilisés
Lalu framing dibelokkan Puis le cadrage est tordu
Dan berkuasa Et ils gouvernent
Dan berkuasa Et ils gouvernent

Mark Johnson

Traduction pour ESSF par Wendy Lim et Adam Novak

Notes

[1] Indonesia Corruption Watch (ICW) est une organisation indonésienne de surveillance de la corruption fondée en 1998.

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Haïti : quand la jeunesse érige l’art et la littérature en dernier bastion de résistance

25 novembre, par Marvens Jeanty — , ,
Plus de dix ans d'instabilité politique, économique et sociale ont profondément bouleversé la vie quotidienne en Haïti. Insécurité persistante, paralysie institutionnelle, (…)

Plus de dix ans d'instabilité politique, économique et sociale ont profondément bouleversé la vie quotidienne en Haïti.

Insécurité persistante, paralysie institutionnelle, inflation galopante, déplacements internes forcés : le pays vit au rythme des crises successives, laissant une grande partie de la population dans un état d'incertitude permanente. Dans ce contexte sombre, une dynamique inattendue continue pourtant de se développer : celle d'une jeunesse qui, malgré tout, refuse le silence.

Loin des scènes politiques qui semblent leur échapper, de nombreux jeunes se tournent vers la littérature et les arts comme espaces de liberté. Poésie, slam, peinture, photographie, théâtre, installations : les formes d'expression se multiplient et trouvent un écho particulier dans une société assoiffée de sens et de souffle.


*Un pays secoué, une créativité qui persiste*

Selon plusieurs acteurs culturels, le phénomène s'est intensifié au cours des dernières années. Bien que les conditions de déplacement soient difficiles et que les infrastructures culturelles se réduisent, les initiatives artistiques ne disparaissent pas : elles se réinventent.

Dans la capitale comme dans certaines villes de province, des groupes informels continuent d'organiser des rencontres littéraires, des lectures de poésie, des expositions en plein air ou encore des spectacles improvisés dans des cours d'école ou des centres communautaires.

« Les jeunes n'ont plus de repères institutionnels stables, mais ils ont encore cette force créative qui refuse de mourir », explique *Josué Dérisier*, animateur culturel au sein d'un collectif artistique de Port-au-Prince. « Quand tout s'effondre autour, l'art devient un moyen de tenir debout. »

*Créer malgré la peur et les obstacles*

Organiser un événement culturel dans le contexte actuel relève souvent du défi. Les coupures d'électricité, les risques de blocage des routes et les tensions dans certains quartiers obligent les organisateurs à faire preuve d'adaptation. Parfois, l'annonce d'une activité n'est diffusée qu'à la dernière minute, afin de réduire les risques.

« On vit au jour le jour », confie *Marie-Lyne Célestin*, jeune poétesse participant régulièrement à ces soirées de création. « On a peur, bien sûr. Mais rester enfermés chez nous, c'est laisser la crise gagner. L'art, c'est notre manière de rester humains. »

Les réseaux sociaux jouent également un rôle crucial, permettant d'élargir la portée de ces initiatives. Des performances sont filmées, partagées, diffusées, donnant aux jeunes artistes une visibilité qu'ils ne trouvent plus dans les circuits institutionnels traditionnels.


*L'art comme espace politique alternatif*

Au-delà de l'aspect créatif, ces initiatives véhiculent souvent une portée sociale et politique assumée. Par leurs poèmes, leurs peintures ou leurs performances, les artistes abordent des thèmes tels que la violence, la précarité, la migration forcée, mais aussi l'espoir, l'amour ou la
résilience. Cette génération transforme ainsi la création artistique en un terrain de contestation alternative.

« Dans un contexte où la parole publique est souvent confisquée ou étouffée, la littérature devient un acte politique », analyse *Renette Joseph*, professeure de littérature contemporaine. « Ce que les jeunes Haïtiens écrivent ou peignent en ce moment constitue une mémoire essentielle de la crise que nous vivons. »

*Une scène fragile, mais essentielle*

Malgré les ressources limitées et les dangers quotidiens, l'écosystème artistique continue de respirer. Des ateliers d'écriture se mettent en place dans certains quartiers, des associations tentent de maintenir des festivals locaux, et des auteurs autodidactes publient leurs textes sur des plateformes collaboratives.

Pour beaucoup, cette persistance culturelle est le signe d'un pays qui, malgré la souffrance, n'a pas renoncé à son humanité.

« L'art ne résout pas la crise, mais il nous permet de la traverser », affirme *Jonas Alcindor*, peintre de 22 ans originaire des Gonaïves. « C'est notre manière de dire que nous existons encore, que nous ne sommes pas seulement des victimes. »

*Un avenir incertain, mais une volonté intacte*

Si la situation du pays demeure fragile, les initiatives artistiques portées par la jeunesse témoignent d'une résilience exceptionnelle. Elles prouvent qu'à défaut de stabilité politique ou économique, Haïti conserve encore une richesse inestimable : la créativité, la parole et la capacité de transformer la douleur en expression.

Tant que ces jeunes continueront de créer, Haïti ne cessera pas de rêver, même au cœur des ténèbres.

Dans un pays où les institutions vacillent et où l'avenir semble constamment repoussé, la jeunesse haïtienne refuse de se résigner. À travers la littérature et l'art, elle revendique un droit fondamental : celui d'exister pleinement, de rêver et de construire des espaces où la
dignité demeure intacte. Ses créations ne sont pas de simples divertissements ; elles sont des messages, des alertes, des cris qui rappellent que la société haïtienne possède encore des forces vives prêtes à se battre autrement.

L'État chancelle, mais la culture tient. Les rues se vident, mais les scènes renaissent. Et tant que cette génération continuera à écrire, à peindre, à chanter ou à performer, Haïti ne sera jamais un territoire vaincu. Au contraire : elle demeure un pays où, même au bord du chaos, des voix s'élèvent pour dire que l'espoir existe encore – et qu'il appartient à ceux qui osent créer.

Marvens Jeanty

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Les frères ennemis

25 novembre, par Jean-François Delisle — , ,
Depuis l'émergence d'un important courant indépendantiste au Québec, durant les années 1960, les commentateurs et les opinions publiques, tant ici qu'à l'étranger ont eu (…)

Depuis l'émergence d'un important courant indépendantiste au Québec, durant les années 1960, les commentateurs et les opinions publiques, tant ici qu'à l'étranger ont eu tendance à en percevoir l'origine dans l'antagonisme entre le Québec français et le Canada anglais. Certains, aux États-Unis surtout, ont fait un rapprochement avec la guerre de Sécession, laquelle dans ce cas, opposerait le Québec francophone et le Canada anglophone.

Au Québec, la lutte pour sauvegarder le français a contribué à brouiller les cartes. Par conséquent, bien des souverainistes se sont ralliés à la thèse d'un antagonisme fondamental entre les deux nations, laquelle est radicalement opposée à celle d'un Canada multiculturel chère aux libéraux et qui reflète aussi la perception qu'entretient de son pays une bonne partie de l'opinion canadienne-anglaise.

Les tenants de ce courant idéologique multiculturaliste font valoir que le gouvernement du Québec dispose de bien plus de pouvoirs que la plupart des minorités dans la monde. Le fait est que le Québec est très autonome au sein de la fédération canadienne, ce qui au départ satisfait plusieurs Québécois et Québécoises. Ils se sont contentés par conséquent longtemps d'un nationalisme provincialiste teinté de conservatisme social et culturel qui ne remettait pas en cause la structure fédérale canadienne. Ils se concevaient comme des Canadiens français.
Mais la Révolution tranquille a chambardé cette perception. Ce grand bouleversement a restructuré la société québécoise, ce qui a nécessité un renouvellement du stock des idéologies et entraîné une redéfinition de l'identité nationale du Québec, sous l'impulsion de nouvelles élites, déjà opposées sous Duplessis au nationalisme autonomiste conservateur prévalant jusqu'en 1960. Ce mouvement a entraîné la transformation du nationalisme, qui s'est « modernisé » et provoqué l'émergence de l'idéal souverainiste. Dès lors, a commencé à se poser ce qu'on a appelé la question du Québec et celle de sa place, au sein ou en dehors, de la fédération canadienne. Le débat s'est donc polarisé entre fédéralistes et indépendantistes.

Les libéraux fédéraux francophones, qui disposaient d'une longue tradition de pouvoir à Ottawa se sont fanatiquement opposés aux thèses « séparatistes ». Même si l'ensemble du Canada anglais réprouve évidemment le « séparatisme » et trahit par le fait même ses préjugés contre le nationalisme québécois, l'antagonisme se cristallise surtout entre francophones. Par exemple, Pierre Elliott Trudeau, Jean Chrétien et Marc Lalonde, pour ne citer que ceux-là et leurs successeurs dans les hautes sphères du Parti libéral fédéral ont toujours exprimé une opposition virulente à l'endroit du « séparatisme », et les indépendantistes leur ont rendu la pareille, chaque camp accusant l'autre de traîtrise à la nation, canadienne pour les fédéralistes, québécoise pour les souverainistes. Trudeau père est même allé jusqu'à utiliser la Loi sur les mesures de guerre lors de la crise d'octobre 1970 pour envoyer en prison 500 personnes afin d'intimider ceux qu'il considérait comme des dangers publics, c'est-à-dire les « séparatistes » extrémistes ou considérés comme tels.

Comment rendre compte de cette situation ?

Tout d'abord, les libéraux surtout, et les fédéralistes en général sont les héritiers du vieux nationalisme canadien-français qui considère le Canada comme un tout, dans lequel cependant les francophones ont un droit d'antériorité puisqu'ils ont occupé en premier une bonne partie de ce vaste territoire. Ils se voient comme « Canadiens » avant tout au même titre que leurs compatriotes anglophones. Ils se regardent donc comme plus ouverts aux « autres » que les méchants « séparatistes » québécois, censés, eux, exhorter les Québécois et Québécoises à se replier sur eux-mêmes au détriment des droits des minorités, anglophone comme allophones. Ils entretiennent donc une vue glorieuse de la grande « nation canadienne » contre le nationalisme, qu'ils jugent étriqué, des « séparatistes », un nationalisme vu comme une régression.

Les souverainistes au contraire, croient incarner un mouvement de libération nationale, dans le droit fil de ceux du Tiers-Monde, qui ont eu lieu surtout à l'époque de la décolonisation des années 1950 et 1960. Ils veulent mettre au monde un nouveau Québec, affranchi de la tutelle d'Ottawa et capable par conséquent de s'affirmer en toute liberté sur la scène internationale, ce qui nécessite l'indépendance. Plusieurs voulaient aussi compléter les réformes de la Révolution tranquille, ce qui nécessitait une autonomie très accrue pour le Québec.

On comprend dès lors l'incompatibilité des deux positions : les uns se considèrent comme les sauveurs de l'unité canadienne, les autres comme les libérateurs du Québec. D'où l'avalanche d'excommunications réciproques, surtout à l'époque où s'intensifiait la fièvre indépendantiste, durant les années 1970 jusqu'au référendum de mai 1980. Pierre Elliott Trudeau dans le camp fédéraliste et René Lévesque dans celui souverainiste, représentaient à la perfection ces deux options quant à l'avenir national du Québec. Est-il besoin d'ajouter qu'il s'agissait là d'un débat essentiellement québécois ?

Il faut y ajouter les intérêts politiques et financiers en présence d'un côté comme de l'autre. Si les fédéralistes n'ont pas manqué de souligner que le « séparatisme » était avant tout soutenu par les nouvelles élites administratives et politiques issues de la Révolution tranquille, eux-mêmes entretenaient des liens étroits avec les milieux d'affaires et financiers de Montréal et de Toronto.

Tout ceci prouve bien que le pire ennemi des souverainistes n'est pas tant le « Canadian » que le fédéraliste canadien-français. Ce n'est pas le Canada qui est divisé, mais le Québec. Si le conflit entre les deux factions rivales principales de la classe politique québécoise au sujet du statut national du Québec avait dégénéré entre 1970 et 1980, il n'en aurait pas résulté une guerre de Sécession entre Québécois et « Canadians », mais une guerre civile entre Québécois. On ne conçoit pas l'accession d'une nation à la souveraineté sans que ce processus ne provoque un affrontement plus ou moins aigu en raison des intérêts fondamentaux en jeu, même si dans le contexte du Québec un dérapage militaire apparaît fort improbable.

En dépit des coups de gueule que les Québécois aiment bien se lancer réciproquement à la figure, leurs conflits aboutissent en général à des compromis plus ou moins satisfaisants peut-être, mais jusqu'à maintenant, le pire a été évité. Ils préfèrent les règlements de compte en douce pour bien des motifs sociaux, économiques et culturels. Mais cette inclination pourra-t-elle à la longue régler la problème crucial de leur statut national ?

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Jean-François Delisle

Nota bene.

J'ai encore commis une erreur de distraction et de fatigue dans mon article paru dans le précédent numéro de Presse toi à gauche (18 au 24 novembre). Il est intitulé : « En présence pour la réalisation éventuelle de l'indépendance : des généraux de paix ou des généraux de guerre ? »
Au huitième paragraphe, sixième ligne, au lieu de lire :
« On peut par ailleurs penser que cet ancien professeur de philosophie au collégial, pacifique et humoriste, soit « un général de guerre », mais plutôt un « général de paix », il aurait fallu lire :
« On peut par ailleurs douter que cet ancien professeur de philosophie et humoriste, soit un « général de guerre », mais plutôt un « général de paix ».
De plus, au neuvième paragraphe sixième ligne, au lieu de lire :
« Elle est membre fondatrice de Québec solidaire en 2006. », j'aurais du écrire plus correctement :
« Elle a été membre fondatrice de Québec solidaire en 2006 ».

Une odeur de trahison

25 novembre, par Sergio de Rosemont — , ,
Vincent, maintenant, je comprends ta réaction d'hier après-midi à ce café sur la rue Masson à mon égard. Quelle ne fut pas ma déception ce matin de ce samedi 22 novembre en (…)

Vincent, maintenant, je comprends ta réaction d'hier après-midi à ce café sur la rue Masson à mon égard.

Quelle ne fut pas ma déception ce matin de ce samedi 22 novembre en ouvrant mon internet que d'apprendre ta trahison.

Un dégoût m'est monté dans la gorge et au moment où j'écris ce texte, j'ai encore ce goût de vomir.

Je me rappel hier, j'étais assis à ma place habituelle dans ce café, je te vois entrer, une poignée de main et on discute.

À un moment donné, comme je te mentionnais que j'apprécierais que tu sois encore candidat de Qs dans Rosemont, que Rosemont avait besoin de toi (question que la circonscription ne retombe pas au PQ).

Tu as commencé à être, disons moins amical.

Tu n'arrivais pas à dissimuler ton irritation.

Et ta réponse est encore gravée dans ma mémoire.

Tu m'as répondu que ta décision n'était pas prise et qu'il fallait que tu penses à toi.
Pourtant au moment que tu me répondais ça, ta trahison était déjà accomplie, est-ce que je me trompe, dis-moi ?

Trahir tous ceux qui avaient mis leur confiance en toi, tous ceux qui avaient travaillé pour te permettre de te faire élire, tout ça pour penser qu'à toi, n'est-ce pas ?

Tu as manqué de courage pour le dire en pleine face que ta décision était prise et que tu avais déjà commencé à négocier avec PSPP.

Vincent, Vincent regardes, aux 2 élections où tu t'es présenté pour Qs et où tu as été élu, je tiens à te rappeler que le PQ avait lui aussi à chacune de ces élections un candidat, donc si les votants de la circonscription de Rosemont avaient voulu voter pour le programme du PQ, ils n'auraient pas voté pour toi.

Ils auraient simplement voté pour le candidat du PQ.

Donc cette trahison est aussi envers chacun de ceux qui avaient voté pour toi et le programme de Qs.

Et cette trahison pour rejoindre un parti néolibéral qui fait la promotion de l'intolérance.
Ce Parti Québécois qui a trahi le peuple québécois, rappelons-nous :

Ce PQ, ce créateur de la loi sur le déficit zéro et les budgets d'austérité. Ce PQ du retrait de 37,000 employés-es en santé et en éducation, t'en rappelles-tu Vincent ?

Le PQ qui avait réduit les impôts des plus riches de 5 milliards par année, pendant qu'il coupait dans l'aide sociale et les services publics, et ça, t'en rappelles-tu Vincent ?

Ce PQ de la Charte des valeurs et de la même xénophobie envers les réfugiées et les immigrants.

N'oublions pas ce PQ qui donnait 10 milliards par année de cadeaux de toute sorte aux banques et aux multinationales. Sans oublier des 800 millions en cadeaux pour les minières étrangères en 2013.

Surtout n'oublie pas le rejet du scrutin proportionnel en 2O11.

Vincent, toi qui défendais le dossier de la santé pour Qs, tu sembles oublier que le parti qui a foutu le trouble dans notre système de santé c'est justement ce même "Parti Québécois" que tu désires rejoindre.

J'espère Vincent que l'ancien journaliste que tu étais se rappelle que c'est bien Lucien Bouchard sous son gouvernement qui a mis à la retraite 37,000 employés-es en santé.
Mais Vincent n'est-ce pas toi qui avais été critique du virage identitaire du PQ au moment où tu étais journaliste à La Presse ?

Tu accuses la base du parti d'être la supposée cause de tous les causes, mais dis-moi en quoi qu'un parti peut être dirigé par sa base au lieu de l'être par une petite élite dominante puisse en être un problème ?

Vincent, tu viens de détruire toute la confiance et l'espoir que j'avais mis en toi.
En terminant, J'ai une pensée et une tristesse pour les 3 attachés politiques qui travaillaient au bureau de Vincent Marissal sur la 5e Av. dans le Vieux-Rosemont.

Que leur est-il arrivé ? Ont-ils été les 3 remerciés vu qu'ils étaient les 3 d'allégeance solidaire ?
Je sais qu'il y a une rumeur comme quoi que Vincent Marissal aurait tenté d'engager un nouvel attaché politique pour se créer une nouvelle équipe.

Ce soir ma pensée va pour Marie-Ève et ses 2 collègues.

Depuis le 1er octobre 2018, tu as bien joué ton jeu. Pendant tout ce temps, j'ai cru que tu étais intègre, maintenant je le sais que ce n'était fort probablement qu'un fake.
Dis-moi Vincent, j'aimerais savoir, pense-tu être encore longtemps capable de te regarder dans un miroir ?

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Une monnaie québécoise ? Peut-être que si !

25 novembre, par Germain Dallaire — , ,
Germain Dallaire, Samedi le 15 novembre dernier, le PQ faisait connaître son orientation concernant la monnaie dans un Québec indépendant. Il faut saluer avec enthousiasme la (…)

Germain Dallaire,

Samedi le 15 novembre dernier, le PQ faisait connaître son orientation concernant la monnaie dans un Québec indépendant. Il faut saluer avec enthousiasme la prise de position en faveur d'une monnaie québécoise. Il s'agit d'un pas en avant décisif par rapport à la souveraineté association de René Lévesque et l'union monétaire de Jacques Parizeau. Pour la première fois, on assume pleinement ce que signifie réellement l'indépendance d'un pays. En soi, c'est un événement.

La démonstration faite par PSPP en conférence de presse était d'une limpidité totale. Le Québec deviendra de facto la 27ieme économie du monde avec toute l'infrastructure financière et réglementaire nécessaire ainsi que les institutions(banques, caisse de dépôt, assurances). Jamais un nouveau pays n'aura été aussi bien pourvu pour prendre en main son destin de façon autonome.

Si l'objectif apparaît limpide, le chemin choisi pour y arriver pose cependant d'énormes questions parce qu'en plus d'être long (dix ans), l'issue en est carrément hypothétique. Toute la lucide analyse faite lors de la conférence de presse risque de s'effondrer comme un château de cartes. En choisissant de donner ce qui s'apparente à un veto à une commission d'experts (banquiers, gestionnaires, universitaires), le PQ abdique de sa responsabilité politique. Avec la CAQ, nous avons vu apparaître les top guns de l'administration publique, avec le PQ ce sont les top guns de l'indépendance. La décision de nous doter de notre propre monnaie ne doit pas relever d'une commission formée d'experts prétendument objectifs, rationnels et indépendants. Si leur implication active dans la mise en œuvre est légitime et souhaitable, la décision doit être prise par le pouvoir politique dans la mesure où elle découle d'une volonté démocratique de la population.

La prétendue objectivité des experts économiques est une pure fiction qui se vérifie tous les jours par les opinions souvent opposées qu'ils expriment publiquement. Le PQ lui-même en a fait l'expérience dès le lendemain de sa conférence de presse alors qu'un économiste patenté traitait le mal hollandais de foutaise dans les pages d'un quotidien. Le PQ s'est fortement appuyé sur ce phénomène pour justifier sa prise de position en faveur d'une monnaie québécoise.

Le PQ présente cette démarche en s'appuyant sur une volonté de stabilité. S'imaginer que la réalisation de l'indépendance sera un long fleuve tranquille relève de la pensée magique. Suffit de regarder toutes le magouilles qui ont entouré les référendums de 1980 et 1995. Du « coup de la Brink's » au scandale des commandites en passant par la naturalisation accélérée de milliers d'immigrants, les leaders fédéralistes autant politiques qu'économiques ont montré qu'ils ne reculeraient devant rien pour maintenir le statu quo. Faut-il le rappeler, la demande unanime de l'Assemblée Nationale de publier les documents de la Commission Grenier est toujours lettre morte près de deux ans après le vote. Comme le dit si bien PSPP en parlant des prochains mois, « on n'a encore rien vu en termes de vents contraires ». Ces documents secrets pourraient aider en mettant les fédéralistes sur la défensive .

Le conseil national portait essentiellement sur les PME et les régions. Comme pour la monnaie, on retrouve la même préjugé aveugle en faveur du milieu d'affaire. Le PQ voit les 90 milliards d'impôts rapatriés d'Ottawa comme une manne permettant d'installer ce qu'il appelle un système fiscal plus compétitif. Quand on utilise un tel langage, on vise la clientèle d'affaire. En plus de la fiscalité, les tarifs d'électricité sont dans le viseur. Le 20% de réduction de tarif d'électricité sur le tarif L qui ont coûté à ce jour 1,37 milliard aux québécois et vont en coûter autant sinon plus jusqu'à la fin du programme en 2032 fait saliver les PME qui veulent leur part du gâteau. PSPP a terminé son conseil national en parlant de création de richesse. François Legault n'aurait pas dit mieux. Une CAQ 2,0 vous dites ?

Plutôt de parler de stabilité, ce dont il faut parler c'est de courage et d'audace. Plus que jamais l'épitaphe qu'a fait inscrire Jacques Parizeau sur sa pierre tombale doit nous servir de boussole : « N'ayez pas peur ».

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Écosocialisme ou Extinction : défendre la vie, construire des territoires libres et l’Écosocialisme depuis et pour les Peuples

25 novembre, par Rencontres écosocialistes internationales — , , ,
Nous nous réunissons à un moment de profonde offensive du capital contre la vie, dans le cadre des actions que les peuples organisons face à la COP 30. Cette rencontre nous a (…)

Nous nous réunissons à un moment de profonde offensive du capital contre la vie, dans le cadre des actions que les peuples organisons face à la COP 30. Cette rencontre nous a permis, une fois de plus, de réaffirmer que tant la montée de l'extrême droite que les fausses solutions proposées par des gouvernements qui se disent progressistes, mais qui, aussitôt, n'hésitent pas à privatiser les biens communs ou à faciliter des agressions contre les peuples et les leaders qui affrontent quotidiennement les conséquences de la logique de croissance infinie du capital sur leurs territoires, nous poussent à lutter pour un monde dans lequel les systèmes de vie soient au centre de toutes nos constructions politiques et à rejeter énergiquement toute tentative d'intimidation.

20 novembre 2025 | tiré d'Inprecor.fr
https://inprecor.fr/ecosocialisme-ou-extinction-defendre-la-vie-construire-des-territoires-libres-et-lecosocialisme

Nous avons eu un exemple de ce qui arrive lorsque, au lieu de renforcer la lutte des peuples qui défendent leurs territoires au péril de leur propre vie, les défenseurs du néolibéralisme progressiste se mettent au service du capital et de l'extractivisme prédateur. Les menaces politiques subies par notre camarade indigène Auricelia Arapiun, lors de son intervention dans notre table ronde d'analyse de la conjoncture, montrent clairement un secteur qui agit à l'intérieur des communautés pour y installer la peur et la fragmentation. Cependant, nous — tout comme Auricelia l'a exprimé dans sa réponse à la menace — ne nous taisons pas et ne concilions pas.

L'offensive de l'extrême droite, nous le savons, se traduit également dans nos territoires par des tentatives de violation de notresouveraineté, reproduisant les mêmes logiques de soumission et de domination qui ont existé par le passé et perdurent aujourd'hui. Face à cette offensive impérialiste, nous, écosocialistes, défendons un front uni pour résister et nous défendre.
L'écosocialisme, en tant qu'outil pour construire un autre monde, devient nécessaire et urgent. L'accélération de la destruction massive des capacités de reproduction des écosystèmes et le caractèrenéocolonial et impérialiste des prétendues alternatives proposées par le même système qui a engendré la situation actuelle d'urgence climatique représentent une menace pour notre continuité en tant qu'espèce et nous conduisent à un point de non-retour.
Face à ce défi, la seule issue possible est l'organisation coordonnée de nos luttes afin de dépasser le système capitaliste. La lutte

organisée des peuples, leur résistance face aux systèmes de domination et leur avancée dans la construction d'autres mondes fondés sur la solidarité, la complémentarité et la réciprocité — en respectant les savoirs et les cosmovisions des différents peuples ainsi que leur droit légitime à l'autodéfense et à l'autodétermination — constitue la base fondamentale de notre stratégie.
Ces jours de débat ont réuni des représentant·es de peuples en lutte de diverses latitudes d'Abya Yala et d'autres continents, qui, au niveau mondial, ont élevé leur voix pour dénoncer le fait que les extractivismes capitalistes et impérialistes provoquent la destruction environnementale et humaine dans de nombreux territoires. Il est nécessaire de renforcer les articulations entre les peuples enrésistance pour combattre cette destruction, tout en consolidant les formes de production de la vie développées historiquement par les peuples et aujourd'hui menacées par la contamination et l'appropriation de l'eau, de la terre et de l'air par les entreprises transnationales et les gouvernements.

Les voix des peuples autochtones ont été protagonistes de cette rencontre, identifiant un contexte commun de colonialisme, d'invasion, de dépossession, d'extractivisme et de fausses solutions, accompagné d'une politique d'anéantissement et de génocide, où l'on ne se contente pas de tuer, mais où l'on invisibilise également ces peuples, en les criminalisant et en les persécutant. À ce stade, nous voyons la relation entre corps et territoire comme un tissu où, bien que résident des violences structurelles, réside aussi la lutte pour la vie. Cette lutte se manifeste dans les résistances alternatives, à travers la valorisation et l'articulation des savoirs, des cosmologies oùancestralité et nature sont indissociables, ainsi que par l'autodéfense, l'autodétermination, la vie communautaire et l'importance de l'espérance et de l'unité des différents territoires.

Ces luttes pour la vie se retrouvent également dans les écoféminismes, mettant en lumière la lutte des femmes et des corps féminisés de différents territoires d'Abya Yala, qui affrontent la relation étroite et historique entre capitalisme et violences exercées à la fois sur la terre, les territoires et les femmes.

Des différents extractivismes découle une violence qui s'exprime par la contamination et la destruction de la terre ; la prédation et le vol de nos biens communs ; la fragmentation des perspectives culturelles ; et sur les corps féminisés, appauvris et racialisés de milliers de femmes du Sud global.

Cette analyse, en plus d'identifier le capitalisme comme l'origine structurelle de toutes les violences territoriales, propose également des solutions capables de surmonter ces contradictions, telles que la gestion communautaire de l'eau, l'autonomie alimentaire, l'autogouvernement, la justice communautaire et une conceptionsubversive du soin — c'est-à-dire issue d'une critique structurelle de la néolibéralisation du discours du care, qui continue de soutenir la logique du capital. À l'inverse, nous nous positionnons en faveur de soins collectifs et communautaires, pour une transformation radicale.La lutte écosyndicale est un élément fondamental de la lutte écosocialiste. La lutte pour davantage et de meilleures conditions de travail, combinée à la conscience que l'exploitation de la classe travailleuse et la dépossession de nos biens communs sont au service du capital et se complètent, crée les conditions nécessaires pour mobiliser et avancer sur les causes structurelles des oppressions que nous subissons dans le système capitaliste. En ce sens, rejeter la pratique du fracking en Colombie, en Amérique latine, dans les Caraïbes et dans le monde est une tâche que nous assumons avec responsabilité, afin de contribuer à la construction de territoires libres. Nous savons que cela ne sera possible que si les organisations syndicales s'articulent avec les processus sociaux, populaires, indigènes et paysans de chaque pays, tout en maintenant leurs autonomies dans la défense des territoires, de la vie et de sa reproduction. Par la solidarité internationaliste, nous nous engageons à promouvoir des espaces de dénonciation des violations des droits du travail, humains et naturels.

C'est depuis ce tissu que nous sommes que nous crions, à l'unanimité : Palestine Libre, du fleuve à la mer ; cessez-le-feu à Gaza ; et condamnation de l'État génocidaire d'Israël pour le massacre du peuple palestinien. Un peuple qui résiste, qui sème, qui conserve la conviction de rester debout — et que nous embrassons depuis la solidaritéinternationaliste, en multipliant les actions globales de soutien, comme le BDS et la Flottille, exemples de résistance par le bas que l'État d'Israël considère comme des menaces.

Nous exigeons également des gouvernements de la région qu'ils rompent leurs relations avec Israël, comme dans le cas des accords avec Mekorot, l'entreprise nationale de l'eau d'Israël, qui est devenue un instrument de domination coloniale. L'eau est un bien commun et, en Palestine, elle est utilisée comme arme politique et économique : Israël contrôle les sources, empêche les Palestiniens de forer des puits, de collecter l'eau de pluie ou d'entretenir des citernes, créant ainsi une dépendance totale et un système d'apartheid hydrique. La Palestine est unlaboratoire de domination dont les techniques se répandent dans d'autres territoires, et la résistance et la solidarité avec le peuplepalestinien doivent être globales. Nous, écosocialistes du monde entier, accompagnons et construisons une solidarité active avec le peuple palestinien et son droit à exister.

À quelques jours du début de la COP 30, nous observons une fois de plus que cet espace n'est pas capable de répondre aux besoins des territoires ; au contraire, il s'impose comme un mécanisme de financiarisation de la nature. C'est pourquoi nous réaffirmons notre dénonciation et notre rejet du paiement des dettes odieuses et illégitimes, et plaidons pour la fermeture des mécanismes internationaux qui les impulsent et les légitiment. Ces mécanismes hypothèquent notre avenir en échange de la livraison des biens stratégiques dont le capital a besoin pour sa reproduction illimitée. Il est essentiel de démanteler le système de la dette, qui subordonne et limite les capacités de sortie planifiée du système.

Nous n'attendons rien de ces espaces qui proposent des projets tels que les crédits carbone qui, tout comme le TFFF, adoptent le récit selon lequel le problème serait que les biens communs ne sont pas encore complètement marchandisés et qu'il existerait donc une « défaillance du marché » à surmonter. Nous dénonçons également les gouvernements complices de projets écocides, comme c'est le cas du gouvernement brésilien qui, quelques jours avant le début de la COP 30 à Belém — territoire amazonien — a approuvé l'exploitation pétrolière àl'embouchure de l'Amazone et qui, en outre, pendant la COP 30, a approuvé l'enregistrement de 30 nouveaux pesticides.

Nous réaffirmons l'agroécologie comme l'un des chemins qui construisent notre stratégie écosocialiste. La production d'aliments agroécologiques, de base paysanne et indigène, n'est pas seulement une alternative au système agroalimentaire dominant, dont l'agronegocio et la production de commodités sont les principaux protagonistes ; c'est aussi une manière de restaurer et reconstruire les écosystèmes, et de rompre l'aliénation entre campagne et ville, étant donc essentielle dans la lutte contre le changement climatique. Il est indispensable de comprendre qu'il n'y a pas d'agroécologie possible au sein d'un capitalisme vert, car elle implique, en tant que pratique politique, une transformation structurelle des relations de production et de vie actuelles.

Reconnaissant que l'écosocialisme œuvre depuis des années à laconstruction de manifestes et programmes qui définissent cettestratégie, nous avons débattu des prochaines étapes qui nous permettent de conclure qu'il n'y a pas d'écosocialisme possible sans territoires libres. Nous n'avons aucun doute que les luttes éco-territoriales et la construction d'un monde vivable sont le chemin que nous devons suivre, en renforçant solidairement nos initiatives, en rendant visibles et en construisant des espaces où nous puissions avancer dans la construction d'un écosocialisme depuis et pour les peuples.

Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d'accumuler des victoires qui nous montrent la voie. Réaliser des mobilisations et campagnes entre les différents collectifs engagés dans la construction de ce projet écosocialiste est fondamental pour consolider un processus intégral et internationaliste de résistance coordonnée et de stratégie commune.La continuité de cette articulation de lutte, de construction du programme écosocialiste dont nous avons besoin, et l'internationalisation du mouvement écosocialiste, sont des tâches que nous avons entreprises il y a dix ans dans ces rencontres, et qui se sont consolidées avec la formation du Réseau Internationaliste des Rencontres Écosocialistes en 2024, à la suite de la rencontre de Buenos Aires.

Parmi les nouvelles initiatives, nous annonçons la tenue du Septième Rencontre Écosocialiste Internationaliste, en Belgique, en mai 2026 ; le Séminaire Écosocialiste International, qui se tiendra au Brésil dans le cadre de la Première Conférence Internationale Antifasciste ; et la Troisième Rencontre Écosocialiste Latino-Américaine et Caribéenne, en 2027, en Colombie. Nous sommes convaincu·es que ces rencontres doivent dépasser les frontières et générer des actions de lutte communes permettant de frapper simultanément les pouvoirs concentrés del'extractivisme capitaliste dans chaque territoire où nous nous trouvons.Cependant, les seules Rencontres Écosocialistes ne suffisent pas pour faire avancer la construction d'un programme véritablement enraciné dans les luttes concrètes. C'est pourquoi nous proposons la création d'actions et campagnes conjointes sur la Palestine, les combustibles fossiles, l'exploitation minière, la dette et les traités de libre-échange ; la défense de l'eau ; la lutte contre l'agronegocio ; et la restauration des forêts. Nous proposons également de cartographier quelles entreprises sont alignées avec des projets écocides dans les pays d'Amérique latine et des Caraïbes, afin de réaliser des dénonciations et communiqués communs. De plus, nous proposonsd'organiser des rencontres écosocialistes territoriales préalables à celle de Colombie, afin que les débats reflètent des formulations et propositions éco-territorialisées.

Enfin, nous voulons que notre espace de construction soit vivant et divers, capable de générer des débats profonds entre les collectifs qui le composent, de manière à penser et problématiser notre compréhension de l'écosocialisme, en réaffirmant que l'écosocialisme n'est pas un socialisme teint en vert, mais une proposition de transformation profonde de nos relations — tant entre nous que avec la nature. C'est une autre façon de faire de la politique, capable de construire un monde nouveau, digne et beau à vivre, pour les êtres humains comme pour tous les autres êtres vivants.

Le 19 novembre 2025

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Censure sur les réseaux sociaux et guerre informationnelle : rencontre avec l’ONG 7amleh

L'Agence Média Palestine s'est entretenue avec la chargée de plaidoyer pour l'Union européenne de 7amleh, une organisation de défense des droits numériques des Palestinien-nes (…)

L'Agence Média Palestine s'est entretenue avec la chargée de plaidoyer pour l'Union européenne de 7amleh, une organisation de défense des droits numériques des Palestinien-nes basée à Haïfa.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Agence Média Palestine : Vous dénoncez dans plusieurs rapports publiés en septembre et octobre un double standard raciste dans la gouvernance des contenus de Meta et LinkedIn, avec l'impunité d'incitation à la haine des Palestinien-nes d'une part et des restrictions accrues aux contenus palestiniens d'autre part. Pouvez-vous nous décrire ce double-standard, ses mécanismes et ses conséquences ?

7amleh : 7amleh documente la manière dont les GAFAM, mais également les plateformes des réseaux sociaux, mettent en place des réglementations internes qui vont à l'encontre de la protection des droits humains des Palestinien-nes et ne permettent pas que la parole pro-palestinienne soit aussi libre que la parole pro-israélienne.

Nous avions commencé à documenter ce double-standard en 2021, notamment au niveau de Meta lors des soulèvements survenus dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jerusalem-Est. Alors que de nombreux-ses Palestinien-nes voyaient leur maison détruite ou saisie par l'armée israélienne, Facebook a bloqué les lives, empêchant les Palestinien-nes de documenter en direct ce qu'ils et elles vivaient.

Depuis le 7 octobre, on remarque la manière dont META diminue la parole ou le contenu pro-palestinien par la suppression massive de contenus.

Ce qui se passe techniquement, c'est que le niveau moyen de « faux positif », soit de contenu légitime supprimé à tort par l'intelligence artificielle (IA) qui modère les publications, est augmenté : de 20 % avant le 7 octobre, il est monté à 80 % pour les contenus en arabe et pro-palestiniens. C'est un seuil fixé volontairement pas Meta, qui prétend qu'il y a “ trop de contenu “ et qu'ils ne peuvent pas le modérer efficacement, raison pour laquelle ils ont décidé de baisser le niveau de sécurité en augmentant le seuil de « faux positif » permis par leur IA.

Cela entraîne une sur-modération du contenu en arabe par des outils d'IA qui n'ont qu'une très faible connaissance du contexte régional ni de ses dialectes, menant à des suppressions massives de contenus tout ce qu'il y a de plus légitime. Prenez par exemple le mot شهيد, martyr : tout contenu comportant ce mot en arabe est supprimé, Meta estimant que l'usage du mot renvoie nécessairement à la célébration de combattant-es. Mais ce mot est utilisé bien plus largement, il équivaut à la formule « toutes mes condoléances », c'est un mot que l'on utilise pour toute personne, y compris des civils, des enfants.

Au contraire, par rapport à ce que l'on a pu observer de la modération du contenu en hébreu, Meta y opère une sous-modération flagrante des contenus haineux. Du contenu appelant à la destruction de Gaza, au nettoyage ethnique des Palestiniens, au viol des femmes Palestiniennes, reste sur les plateformes et n'est pas modéré comme il devrait l'être. On peut considérer qu'il y a un donc un parti-pris qui permet à ce contenu de se propager librement sur les réseaux sociaux et d'être relayé au plus haut des sphères politiques israéliennes.

Ce que nous démontrons dans nos rapports, c'est qu'il ne s'agit pas d'erreurs techniques, comme l'affirme Meta, mais bien d'une politique délibérée de narratifs précis. Quand Meta prétend avoir ‘trop de contenu' à modérer, nous répondons qu'il s'agit d'une entreprise qui est plus riche que certains pays : augmentez les moyens, embauchez des médiateur-ices, formez-les aux spécificités régionales et linguistiques.

Agence Média Palestine : Comment menez-vous vos enquêtes, à quelles actions aboutissent-elles ? Quelle agentivité avons-nous face aux géants de ces plateformes ?

7amleh : Tout d'abord, nous avons développé nos propres outils d'IA, des LLM (modèles de langage), pour pouvoir collecter des données et contextualiser la modération de contenu en Israël/Palestine. Nous n'utilisons pas, ou très peu, les autres outils d'IA des plateformes que nous surveillons, précisément parce que nous estimons que ces outils sont partiaux.

Nous avons par ailleurs notre propre Helpdesk, intitulé 7or, par lequel des victimes de la modération abusive (suppression de contenu, de compte, etc) peuvent venir vers nous pour effectuer un signalement, que nous faisons remonter à la plateforme concernée. Ces utilisateurs sont une base précieuse pour documenter nos plaidoyers.

Nous travaillons également avec d'autres organisations de défense des droits humains qui ont leurs propres informations, et nous nous basons sur le travail de journalistes d'investigation de médias comme le Guardian, Disclose, Lighthouse, Haaretz, +972.

Enfin, des employé-es de ces plateformes elles-même nous fournissent des informations cruciales sur les réglementations internes qui vont à l'encontre des droits des Palestinien-nes. C'est une ressource extrêmement importante, qui pose la question de la protection des lanceurs d'alerte car nous devons protéger leur identité.

Avec toutes ces données, nous produisons des rapports, et des entretiens avec des victimes de censure ou de contenus de haine, et nous mettons en place des plaidoyers et des stratégies de communication.

Par exemple, en tant que responsable de plaidoyer pour l'UE, je m'adresse directement aux décisionnaires et aux États membres, je leur montre les rapport et leur explique pourquoi il s'agit d'une problématique européenne. Quand l'armée israélienne a payé Youtube et Google pour appeler en Europe à l'enrôlement dans son armée via des publicités ou du contenu pro-israélien, il s'agit de manipulation d'information contraire à la réglementation européenne. Nos plaidoyers tendent à changer les réglementations, à visibiliser ces questions et mettre des débats sur la table.

En ce qui concerne l'agentivité, c'est très compliqué car on ne peut pas vraiment dire « arrêtons d'utiliser ces plateformes » : on en a besoin, car de manière paradoxale ce sont aussi des plateformes qui permettent d'avoir de l'information, notamment dans la bande de Gaza, où les médias internationaux ne peuvent pas rentrer.

Pour cette raison, nous n'appelons pas au boycott. Ce que nous voulons, c'est qu'elles soient régulées. Mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'elles se régulent elles-même : ce sont des entreprises qui visent le profit. Leurs choix ne seront jamais guidés par le bien commun ou le respect de chacun, mais bien par le profit. C'est pour cela qu'il faut des réglementations fortes, qui s'imposent au-delà de l'UE.

Et c'est là tout notre travail, de dénoncer des lois qui ne protègent pas tous les utilisateurs, par exemple, des réglementations comme le EU AI Act en Europe qui n'imposent pas un ban à l'exportation : alors, une entreprise européenne qui développe un outil interdit d'utilisation en UE peut continuer à le vendre hors UE. Nous dénonçons aussi l'instrumentalisation d'un certain nombre des ces réglementations du numérique à des fins de censure, comme c'est le cas de la part de groupes d'extrême droite.

Mais la chose la plus importante à faire, selon moi, en tant qu'individu-es, c'est de continuer à partager les informations vérifiées, sans se dire qu'on n'est qu'un petit poids, car chaque poste à son importance. Et il faut aussi éduquer les utilisateurs et utilisatrices à la vérification des informations.

Agence Média Palestine : Dans un article publié en juillet dernier, vous analysez l'utilisation des réseaux sociaux par les Gazaoui-es avant et depuis le génocide, son impact dans la construction de récits collectifs et de la solidarité. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette enquête et ses conclusions ?

7amleh : C'est tout le paradoxe dont on parlait : ces plateformes sont au cœur de la censure du mouvement de solidarité pour la Palestine, en écho aux médias traditionnels qui ont censuré la parole des Palestinien-nes. Mais c'est aussi l'endroit où les Gazaoui-es ont pu communiquer avec l'extérieur, et cela a généré un large mouvement de solidarité.

On observe également certains discours, en faveur des droits humains et des droits fondamentaux, qui n'ont plus leur place dans des médias traditionnels, qui retrouvent une certaine place et une certaine légitimité sur les réseaux sociaux, comme on l'a observé par exemple avec l'élection du nouveau maire de New York, Zohran Mamdani, qui a fait une grande partie de sa campagne sur ces réseaux.

C'est intéressant de voir que pour répondre à cela, Israël a recours à des moyens presque archaïques pour bloquer cette parole sur les réseaux sociaux, notamment via la destruction des infrastructures de télécommunication, le brouillage des satellites. On revient à une forme de censure qu'on pourrait dire ‘à l'ancienne', qui ne relève pas de la manipulation d'information mais bien de l'empêchement de sa circulation.

C'est donc un paradoxe très complexe que nous essayons d'expliquer, qui veut que les plateformes de communication sont une source précieuse d'information, d'analyse et de débat, mais elles permettent aussi et encouragent une violence et une désinformation qui vise à déshumaniser les Palestinien-nes.

Et enfin, au-delà de la bataille du narratif, ces outils de télécommunication sont au cœur de la crise humanitaire : les gens à Gaza qui subissent des bombardements israéliens ne peuvent pas appeler les secours, ni leurs proches, les familles sont séparées du Nord au Sud. La communauté elle-même a besoin de pouvoir être connectée.

Agence Média Palestine : Définiriez-vous la désinformation comme l'une des armes du génocide en cours à Gaza, ou plutôt comme un symptôme ?

7amleh : L'armée israélienne elle-même a déclaré, dès le début, la stratégie informationnelle comme une arme. Il y a au sein de l'armée israélienne une unité dédiée, la Digital Task Force : ce sont des membres de l'armée qui ne sont formés que pour mener cette guerre informationnelle.

On voit des proches du pouvoir dont l'expertise n'est que centrée sur cela : des soldats israéliens dont le seul mandat est l'activité sur les réseaux sociaux, par la diffusion de fausses informations, de contenus haineux et l'attaque de contenus pro-palestiniens, avec l'objectif d'imposer le narratif israélien.

Donc on peut affirmer que oui, l'information, comme la désinformation, est une arme du génocide.

Maintenant, beaucoup affirment qu'Israël a perdu la guerre informationnelle dans ce génocide. À 7amleh, nous pensons qu'il est un peu tôt pour le dire, cela prendra des années pour pouvoir réellement l'observer.

Mais le fait est que l'armée paie Google et Youtube pour avoir ses publicités relayées, et cela montre bien qu'il s'agit d'un enjeu majeur. Par ailleurs cette pratique est illégale, et cela a été démontré par de nombreuses analyses.

Ce ne sont pas des pratiques nouvelles, dans ce que l'on a pu observer avec 7amleh, mais il y a une exacerbation certaine dans le cadre de ce génocide.

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Les marxistes révolutionnaires et la question institutionnelle

25 novembre, par Denis Verstraeten, John Christiaens, Madeleine Vibert — , ,
Alors que la Belgique sombre dans une crise d'ampleur, avec un gouvernement fédéral qui se déchire sur le budget tandis que se poursuit l'impasse complète des négociations pour (…)

Alors que la Belgique sombre dans une crise d'ampleur, avec un gouvernement fédéral qui se déchire sur le budget tandis que se poursuit l'impasse complète des négociations pour la formation d'un gouvernement en région bruxelloise, la question des orientations immédiates à mettre en avant se pose avec force et urgence pour notre camp social. Dans ce contexte, difficile d'éluder l'examen de l'attitude à adopter en tant que marxistes révolutionnaires vis-à-vis du jeu institutionnel. Nous publions ci-dessous une contribution à la discussion, rédigée par trois membres de la direction de la Gauche anticapitaliste, qui cherche à clarifier les liens complexes entre dynamiques institutionnelles et transformations sociales, sans perdre de vue la nécessité d'ancrer ces problèmes dans la conjoncture spécifique de la Belgique en 2025.

14 novembre 2025 | tiré d'Europe solidaire sans frontières

« [C]omment peut-on dire que « le parlementarisme a fait son temps politiquement », si des « millions » et des « légions » de prolétaires non seulement s'affirment encore pour le parlementarisme en général, mais sont franchement « contre-révolutionnaires » !? Vous êtes tenus de leur dire l'amère vérité. Vous êtes tenus d'appeler préjugés leurs préjugés démocratiques bourgeois et parlementaires. Mais en même temps vous êtes tenus de surveiller d'un œil lucide l'état réel de conscience et de préparation de la classe tout entière (et pas seulement de son avant-garde communiste), de la masse travailleuse tout entière (et pas seulement de ses éléments avancés). (…) » (Lénine, 1920).

Ces mots de Lénine, pourtant éloignés de nous par plus d'un siècle, résonnent avec notre présent politique. Ce qui valait pour la jeune république allemande au lendemain de la Première Guerre mondiale vaut a fortiori pour la Belgique de 2025, bien éloignée de l'intensité insurrectionnelle de la révolution allemande. Dans un pays où le modèle de la démocratie libérale est durablement implanté dans toutes les couches de la société, y compris la classe travailleuse, c'est peu dire que des “légions de prolétaires” s'affirment encore pour le parlementarisme en général, et ne sont pas d'emblée acquises à la cause révolutionnaire.

Ce constat doit servir de point de départ à toute discussion sur la position des révolutionnaires à l'égard du jeu institutionnel aujourd'hui en Belgique, pour éviter de se perdre dans des généralités qui voudraient que les marxistes interviennent soit toujours soit jamais sur ces questions. En effet, s'il est tentant de prime abord de considérer que des révolutionnaires devraient rejeter par principe le jeu institutionnel, il est vrai cadenassé par les structures sociales et les règles juridiques élaborées par la classe dominante et conçu pour étouffer toute dynamique de transformation sociale, d'éminentes figures du marxisme ont pris très au sérieux cette question en l'inscrivant dans une stratégie plus large de prise du pouvoir. Marx et Engels appelaient ainsi à la présentation de figures issues du mouvement ouvrier lors des élections, tandis que Lénine n'a jamais perdu de vue la question institutionnelle dans la construction d'un bloc historique révolutionnaire.

S'ancrer dans la conscience de classe

Nous sommes bien loin d'une période de crise révolutionnaire, dans laquelle ceux d'en haut ne peuvent plus et ceux d'en bas ne veulent plus, qui rendrait plausible la mise en place rapide d'un pouvoir ouvrier antagoniste aux institutions bourgeoises. Si la tâche centrale des révolutionnaires est bien de construire une alternative dans et par les luttes, un tel objectif ne nous autorise pas aujourd'hui à snober la question institutionnelle, parce que l'immense majorité de notre camp social y reste encore attaché. Dans ces circonstances, éluder la question institutionnelle revient tout simplement à ignorer le niveau de conscience de ces parties de la classe travailleuse, et à adopter une posture qui nous isole du reste du mouvement ouvrier.

En outre, avec toutes leurs limites, les victoires parlementaires progressistes ont un impact très concret sur la classe travailleuse et sa confiance dans des perspectives de changement. S'il est possible de regretter l'aspect minimaliste de certaines mesures, notre attitude doit plutôt être, selon la logique du programme de transition, de tirer le fil de ses victoires dans un sens anticapitaliste. Par exemple, le vote au printemps 2025, par une majorité de centre-gauche au parlement bruxellois, d'une loi contraignant les propriétaires bruxellois·es à respecter une grille des loyers n'est pas révolutionnaire. Cette loi ne fait qu'atténuer la domination du propriétaire sur le locataire sans la remettre structurellement en cause, dans un contexte pourtant dramatique de pénurie de logement et d'explosion du prix de l'immobilier dans la capitale. On ne peut cependant se contenter de mépriser cette victoire en appelant abstraitement à l'expropriation des propriétaires, au risque d'apparaître déconnecté à l'égard des locataires pour qui cette loi représente potentiellement une bouffée d'air dans un contexte de précarisation croissante. Notre rôle doit plutôt consister à mettre en avant que cette loi diminue l'arbitraire des propriétaires en provoquant une incursion (certes limitée) dans leur liberté de bailleur, et d'essayer d'en approfondir la logique, en orientant par exemple le mouvement pour le droit au logement dans une perspective de rupture avec la logique de la propriété privée.

Le piège du double fétichisme de la question institutionnelle

La posture qui rejette en bloc et par principe la question institutionnelle pêche par une conception simpliste et réductrice de la réalité sociale et politique. Cette logique consiste à refuser toute participation au jeu électoral, toute pression sur les partis de gouvernement, et parfois plus généralement toute prise de position qui prendrait pour objet le champ institutionnel. Il y aurait d'un côté les institutions bourgeoises, et de l'autre la société civile, le mouvement social et les révolutionnaires. A partir de ce postulat de base, il existe une myriade de nuances, plus ou moins fines : des forces antipolitiques et antipartisanes les plus zélées, à des formes plus raffinées qui assument de faire de la politique, qui cherchent à politiser le mouvement social autour d'un vrai programme anticapitaliste et qui construisent des organisations, mais qui refusent de prendre position sur les questions qui relèvent de l'institutionnel.

Il est important de noter que ce postulat a le mérite de placer l'accent sur l'essentielle indépendance du mouvement social face aux émanations de la bourgeoisie, mais également face aux partis issus du mouvement ouvrier. Une telle posture vise de manière salutaire à pointer les dangers d'étouffement de la dynamique sociale par le champ institutionnel : il ne manquent en effet pas d'exemples, y compris récents, de forces politiques qui se sont appropriées des revendications issues des luttes sociales pour les vider de leurs potentialités de rupture avec l'ordre existant. Néanmoins, ce postulat demeure désorientant en tant que tel, en ce qu'il abandonne de fait la lutte institutionnelle aux seules forces bourgeoises, et ne permet pas de comprendre la complexité dialectique des interactions entre luttes sociales et institutionnelles ni d'agir dans le présent politique. Nous y reviendrons.

En niant tout simplement la possibilité d'intervenir dans le débat institutionnel en tant que révolutionnaires, les tenants d'un anti-institutionnalisme de principe adoptent paradoxalement une logique similaire à celle des réformistes. En effet, le geste réformiste consiste notamment à fétichiser le champ institutionnel en le présentant comme le seul lieu du pouvoir, c'est-à-dire en autonomisant les institutions des antagonismes de classe qui structurent la société. De leur côté, les révolutionnaires anti-institutions fétichisent aussi le champ institutionnel en le considérant à leur tour comme résolument extérieur à la lutte des classes, mais pour condamner le premier au profit de la seconde. Dans les deux cas, ces postures ne parviennent pas à saisir le caractère spécifique des rapports de force qui s'expriment dans les institutions, et leurs liens avec la conflictualité de classe. La situation n'est paradoxale qu'en apparence : en semblant prendre le contrepied absolu des réformistes, ces révolutionnaires adoptent en fait une logique similaire, en fétichisant ainsi le fait institutionnel non pour s'en réjouir, mais pour le condamner. Comme souvent, les postures gauchistes adoptent la même forme que celle de leurs adversaires, mais se contentent d'en inverser le contenu.

Dans le meilleur des cas, les révolutionnaires anti-institutions arriment effectivement le champ institutionnel à la lutte des classes, mais présentent les institutions comme le simple reflet de la conflictualité des luttes sociales. La conséquence d'une telle conception est qu'il n'y aurait pas besoin d'amener de perspectives propres aux questions institutionnelles, et que l'objectif serait simplement d'appeler à renforcer les luttes sociales, y compris pour débloquer une situation de crise dans le domaine institutionnel. Il n'y aurait ainsi aucune autonomie du champ institutionnel, et par effet rebond, la lutte des classes réglerait la question institutionnelle. Nous pensons pourtant que les révolutionnaires doivent se garder de toute tentation de raccourci facile de ce type, qui affirme qu'en réglant la question de la lutte des classes, toutes les autres questions se solutionneront par la même occasion.

Intégrer la question institutionnelle dans une stratégie révolutionnaire

Les marxistes ne se représentent pas la réalité en blocs homogènes et hermétiques. Il n'y a pas d'un côté la rue, les quartiers, les lieux d'étude et de travail, et de l'autre les institutions politiques bourgeoises, mais un complexe d'interactions variées et dialectiques entre différents espaces qui exercent des pressions les uns sur les autres. S'il est vrai que l'infrastructure des rapports de classe détermine en dernière instance la superstructure institutionnelle, celle-ci n'est pas un simple prolongement immédiat et inerte de celle-là, mais peut à son tour agir sur la dynamique des conflits de classe. Autrement dit, le champ institutionnel n'est pas le reflet transparent de la conflictualité de classe, mais dispose d'une autonomie relative, qu'il faut pouvoir discuter comme telle, car elle peut également avoir en retour des effets bénéfiques (ou néfastes) sur la lutte des classes [1].

Il ne s'agit pas de dire que chaque espace se vaut, et qu'il faudrait un pied dans les institutions, et un pied dans la rue. Il est clair qu'une véritable transformation sociale ne viendra pas des institutions, puisque le moteur du changement historique, c'est la lutte des classes qui s'exprime par excellence au sein de la conflictualité sociale. Mais la dynamique qui s'exprime dans le champ institutionnel s'élève sur cette conflictualité de classe, et réfracte le rapport de force entre les classes fondamentales, c'est-à-dire qu'il les retraduit de manière tronquée dans le vocabulaire institutionnel. Ainsi, le rôle des marxistes révolutionnaires doit être de déchiffrer les symptômes de la lutte des classes au sein des conflictualités institutionnelles, et de donner les perspectives pour orienter les crises dans le sens le plus fidèle aux intérêts de notre camp, à partir du champ institutionnel lui-même [2]. Vouloir résoudre une crise institutionnelle en renvoyant uniquement à la construction de la révolution dans la rue ne donne aucune orientation immédiate de la voie à suivre pour y arriver, a fortiori pour celles et ceux, majoritaires, qui ne sont pas déjà acquis·es à la stratégie révolutionnaire.

Donner des perspectives à notre camp social ne se fera donc pas seulement en appelant à la révolution, mais également en mettant les mains dans la tambouille institutionnelle. En effet, considérer qu'en agissant uniquement sur les rapports de classes au sens restreint (c'est-à-dire les rapports directs entre capitalistes et travailleur·ses) ou au “social” vu comme strictement séparé des questions politico-institutionnelles, on peut faire l'économie d'un discours sur le jeu institutionnel, c'est ne pas faire droit aux médiations qui composent nécessairement la réalité politique, et dont le domaine institutionnel constitue l'une des modalités [3]. Le champ de la politique institutionnelle n'est pas extérieur aux luttes sociales, ni déterminé mécaniquement par celles-ci. Cela signifie qu'il est nécessaire pour nous d'inscrire le fait institutionnel dans une stratégie plus large, en le considérant comme un champ de lutte à part entière qui, bien que clairement subordonné à la lutte sur les lieux de travail et dans la rue, n'est pas insignifiant et ne peut être ignoré. A fortiori dans les pays où le modèle de la démocratie libérale est durablement implanté dans la société.

Réformes, réformistes, rapport de forces et attitude des révolutionnaires

[I]l est tout à fait évident que les ouvriers qui soutiennent encore les réformistes et les centristes sont tout aussi intéressés que les communistes à la défense de meilleures conditions d'existence matérielle et de plus grandes possibilités de lutte. Il est donc nécessaire d'appliquer notre tactique de telle manière que le Parti Communiste (…) n'apparaisse pas aujourd'hui – et surtout ne le soit pas en fait – un obstacle à la lutte quotidienne du prolétariat. (…)

L'unité du Front s'étend-elle seulement aux masses ouvrières ou comprend-elle aussi les chefs opportunistes ? Cette question est le fruit d'un malentendu.

Si nous avions pu unir les masses ouvrières autour de notre drapeau ou sur nos mots d'ordre courants, en négligeant les organisations réformistes, partis ou syndicats, ce serait, certes, la meilleure des choses. Mais alors la question du Front Unique ne se poserait pas dans sa forme actuelle.” (Extraits de la résolution de l'Internationale communiste sur le Front unique, rédigée par Trotsky, 1922)

Développer et mettre en pratique une stratégie et une tactique à l'égard de cette question politico-institutionnelle implique nécessairement de prendre en considération, d'interpeller et de parfois d'interagir avec des partis de la gauche institutionnelle et/ou avec leurs sympathisant·es et militant·es. Le fait de ne pas snober ces partis n'implique à aucun moment d'entretenir des illusions quant à leur nature profonde de gestionnaires du capitalisme. Au contraire, il s'agit d'aiguiser au maximum les contradictions politiques et sociales représentées par ces partis, pour aider à mobiliser leur base dans la lutte des classes. La tâche des marxistes révolutionnaires est alors de lutter au côté de cette dernière, de stimuler sa combativité, et de jouer un rôle utile dans la construction d'un rapport de forces permettant de défendre de la manière la plus fidèle possible les intérêts de la classe travailleuse. Finalement, il s'agit de convaincre dans l'action le plus grand nombre de la nécessité d'une rupture révolutionnaire, ce qui passe aussi par le fait de lutter pour un ensemble de réformes de gauche répondant aux besoins de la classe travailleuse et soutenues par celle-ci mais considérées comme inacceptables par la bourgeoisie.

Très concrètement, puisque c'est l'un des points de tension majeurs actuellement en Belgique, la majorité parlementaire de gauche et centre-gauche au Parlement bruxellois est une occasion de mettre ces forces au défi de former un gouvernement anti-austérité tout en appelant les travailleurs, les syndicalistes et les mouvements sociaux et associatifs à ne plus rester au balcon mais à imposer par eux et elles-mêmes, dans la lutte, un programme de rupture sociale, écologique et démocratique qui répond aux besoins, défie la droite radicalisée et ses institutions, ainsi que la création des outils politiques nécessaires pour y arriver. Une telle dynamique pourrait donc créer une première fissure majeure dans l'édifice des gouvernements issus des élections de 2024 qui participent d'un rapport de forces dégradé pour notre classe. Cette dynamique, conditionnée et loin de tout résoudre, déboucherait évidemment sur d'autres questions et affrontements sociaux et politiques, auxquels la gauche de combat devra pouvoir répondre. Mettre les institutions bourgeoises en crise, par la gauche, et par la lutte, cela implique aussi de pousser les partis et forces de centre-gauche et réformistes à jouer cartes sur table. En plus et en lien avec une forte implication dans la lutte sociale sous toutes ses formes, c'est ça aussi, faire de la politique en marxiste révolutionnaire en Belgique en 2025. Et cette approche à la fois unitaire et indépendante est d'autant plus indispensable dans la période réactionnaire et lourde de dangers dans laquelle nous nous trouvons.

John Christiaens, Denis Verstraeten et Madeleine Vibert

Photo : manifestation contre l'Arizona du 29 avril 2025. Crédit : Gauche anticapitaliste / CC BY-NC-SA 4.0
P.-S.

• Gauche anticapitaliste (Belgique). 14 novembre 2025 :
https://www.gaucheanticapitaliste.org/les-marxistes-revolutionnaires-et-la-question-institutionnelle/

Notes

[1] Il manque d'espace pour développer ce point, mais le processus révolutionnaire connu par le Chili entre 1970 et 1973 relève de ce type de dynamique positive. Avec toutes ses limites, la présidence de Salvatore Allende pour l'Unité Populaire a entretenu, du moins au début de la révolution chilienne, une relation de renforcement mutuel avec l'important mouvement social qui le soutenait sans perdre son autonomie critique. Il aura fallu le massacre du coup d'Etat de Pinochet pour écraser cette dynamique.

[2] Mutatis mutandis, la même logique vaut pour la question nationale en Belgique. Apporter une réponse marxiste aux conflits communautaires ne se fera pas seulement en appelant à l'unité des prolétariats wallon et flamand contre les bourgeoisies. Si c'est bien l'horizon à viser, atteindre cette unité implique des orientations immédiates et ancrées dans une société effectivement structurée par des conflits communautaires qui ne sont pas simplement le reflet des antagonismes de classe.

[3] Les structures syndicales, les collectifs de quartiers et les organisations politiques au sens large sont d'autres de ces médiations nécessaires entre l'expression d'une volonté individuelle et la mise en place d'un projet politique

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L’automobile canadienne n’est pas en « crise », elle est en danger d’extinction

Les travailleurs et travailleuses de l'automobile au Canada ont traversé de nombreuses crises au fil des années, mais la menace actuelle est différente. Lana Payne, présidente (…)

Les travailleurs et travailleuses de l'automobile au Canada ont traversé de nombreuses crises au fil des années, mais la menace actuelle est différente. Lana Payne, présidente d'Unifor, a averti que « si nous ne nous opposons pas fermement à lui [le président américain Donald Trump] et à ces entreprises, nous allons tout perdre ». Jusqu'à présent, le débat sur la manière de réagir s'est arrêté aux tarifs imposés par Trump. Mais les menaces vont plus loin, tant pour les entreprises automobiles que pour notre capacité, en tant que travailleurs et citoyens, à déterminer démocratiquement le type de société que nous voulons — c'est-à-dire pour la souveraineté du Canada, dans son sens substantiel et non simplement formel. Relever ces défis plus vastes exige d'affronter certaines réalités difficiles.

Le point de départ d'une réponse doit être que les tarifs ne sont qu'un symptôme du dilemme plus vaste du Canada : sa dépendance excessive à l'égard de la grande puissance dominante mondiale. Nous avons peut-être longtemps été le « partenaire économique le plus proche et l'allié le plus fidèle » des États-Unis, mais cela n'a pas empêché Trump de nous traiter comme un État vassal.

Au-delà des tarifs

À entendre la justification de l'administration Trump pour imposer des tarifs contre le Canada, nul ne devinerait que les États-Unis enregistrent en réalité un excédent commercial avec le Canada pour les produits manufacturés, y compris dans l'automobile. Les tarifs ont été imposés malgré cela et motivés, comme l'a affirmé sans détour le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, par la volonté des États-Unis d'appliquer « les politiques les plus America First possibles ».

Bessent a ajouté que la seule limite à cela était de ne pas « encourir la colère des marchés ». Cette déclaration – selon laquelle la seule contrainte acceptée par les États-Unis est celle de la Bourse américaine, qui appartient massivement aux riches (10 % de la population détient plus d'actions que les 90 % restants) – offre une vision remarquablement sombre, quoique précise, non seulement de la politique internationale américaine, mais aussi de la démocratie interne du pays.

Quelles qu'aient été les frustrations de longue date de nombreux Canadiens face à notre relation subordonnée aux États-Unis et au malaise généralisé quant à ce que représente l'Amérique, la dissidence a historiquement été étouffée par l'attrait économique des produits américains, des marchés américains, des investissements américains, de la technologie américaine et par la prétendue sécurité offerte par le parapluie militaire américain. Mais aujourd'hui, bon nombre de Canadiens ont compris — ou re-compris — que s'accrocher aux États-Unis constitue un handicap. Bien que Trump ait porté à son paroxysme l'antipathie envers l'unilatéralisme américain, ce que nous affrontons ne se réduit pas à Trump. Le problème le précédait et perdurera longtemps après son départ.

Le Canada n'est, bien sûr, pas seul dans sa dépendance à l'égard de l'empire américain. D'autres pays, y compris d'autres alliés des États-Unis, éprouvent des inquiétudes similaires. Dans le cas du Canada, toutefois, cette dépendance est particulièrement extrême, et dans l'industrie automobile, unique. Dans ce secteur, déplacer des usines d'assemblage canadiennes vers les États-Unis est perturbant et coûteux, mais relativement plus simple que dans d'autres secteurs et d'autres pays. C'est l'effet d'une industrie continentale hautement intégrée, où le principal marché est américain et où les décisions essentielles en matière de recherche, de développement et de planification sont concentrées aux États-Unis.

Le Canada bénéficie certes de coûts de main-d'œuvre plus faibles que les États-Unis, en grande partie en raison de notre dollar plus faible et du refus obstiné des Américains d'adopter un système universel de santé publique. Mais contrairement à l'écart massif entre les coûts de main-d'œuvre au Mexique et aux États-Unis (les coûts mexicains représentent environ un sixième de ceux des États-Unis), l'avantage canadien n'est pas assez grand pour compenser les incertitudes créées par les pressions de Trump visant à relocaliser au sud de la frontière.

Voir des entreprises quitter le Canada et constater un biais croissant contre les investissements futurs au pays est consternant, mais pas surprenant. C'est précisément ce que Trump visait en agitant la menace de tarifs. Même si les tarifs prennent fin et que Trump et notre Premier ministre s'enlacent, les entreprises américaines n'oublieront pas cette expérience de sitôt. La prudence dans l'attribution de nouveaux travaux et de nouvelles installations de production au Canada persistera.

La menace pour l'emploi des deux côtés de la frontière

Une deuxième réalité touche les travailleurs des deux côtés de la frontière. Les travailleurs de l'automobile se retrouvent pris entre une crise environnementale impossible à éviter et une industrie qui, obsédée par ses profits à court terme, n'a pas su se préparer à la catastrophe climatique planétaire en évolution. Cela aussi est antérieur à Trump, bien qu'il ait tout fait pour aggraver la situation.

Le contraste avec la Chine est saisissant. Alors que les entreprises nord-américaines retardent activement la conversion aux véhicules électriques (VE), la Chine fonce à toute vitesse. Alors que l'industrie nord-américaine tergiverse, la Chine a sécurisé l'accès à l'ensemble des chaînes d'approvisionnement nécessaires aux VE ainsi qu'aux minéraux rares requis pour les batteries. Tandis que la Chine subventionne la recherche sur les VE, l'innovation dans les batteries, les coûts d'assemblage, et construit un réseau national de bornes de recharge facilement accessibles, Trump mise sur le maintien de bas prix de l'essence, renforçant la dépendance à un pétrole coûteux pour l'environnement.

Les entreprises nord-américaines versent des larmes de crocodile en affirmant qu'il n'y a pas de demande pour les VE, mais la Chine a démontré que si le prix est raisonnable et si les bornes de recharge sont facilement disponibles, les consommateurs suivront. À mesure que la production chinoise a augmenté, les économies d'échelle ont réduit le coût des VE au point que les véhicules électriques se vendent maintenant en Chine autour de 20 000 $ – soit moins de la moitié du prix des VE ici ou ailleurs. Les VE représentent aujourd'hui environ 50 % du marché chinois, contre seulement 10 % du marché américain et 15 % du marché canadien.

Pour replacer ces réalisations dans leur contexte historique : au tournant du siècle, le secteur automobile américain assemblait plus de six fois ce que produisait la Chine (même le Canada assemblait environ 50 % de plus que la Chine). La production chinoise ne représentait alors que 3,4 % de l'industrie mondiale. Pourtant aujourd'hui, alors que les véhicules électriques sont l'avenir de l'automobile, la Chine produit 7 VE sur 10 au niveau mondial. C'est le même ratio que celui des véhicules à essence produits par les États-Unis au sommet de leur domination économique d'après-guerre, au milieu des années 1950.

Le contraste Chine–États-Unis dans la transition vers les VE s'étend également à leurs réponses respectives en matière d'énergies renouvelables ; la Chine est aussi de loin la première dans le solaire et l'éolien. Reconnaître la réponse impressionnante de la Chine à une menace fondamentale pour la nature et l'humanité ne revient pas à être « pro-Chine ». La Chine a évidemment ses défauts, notamment la faiblesse des droits syndicaux et des travailleurs ainsi qu'un régime autoritaire de haut en bas.

L'objectif est plutôt de déplacer la responsabilité : ce n'est pas le prétendu désintérêt des consommateurs nord-américains pour les VE qui explique le retard, mais les échecs économiques et technologiques stupéfiants du capitalisme américain à rendre les VE réellement accessibles au public. Devant cet échec historique, il est difficile d'imaginer les entreprises américaines et l'État américain mener le monde hors de la catastrophe environnementale, plus vaste et plus complexe, qui se profile.

L'automobile ne pourra plus créer des emplois comme autrefois

Une troisième réalité est que l'industrie automobile dans les pays développés ne va pas — et ne peut pas — redevenir le moteur d'emplois qu'elle a été. Les centaines de milliers d'emplois perdus au Canada et aux États-Unis au fil des décennies ne reviendront pas, et au mieux seule une partie des emplois actuels pourra être sauvée.

Les raisons sont claires : l'environnement ne peut plus supporter l'augmentation continue du nombre de voitures sur les routes ; le marché des véhicules neufs dans les pays capitalistes développés est relativement saturé ; la faible croissance restante est compensée par les gains de productivité ; et la transition vers les véhicules électriques exigera significativement moins de main-d'œuvre par véhicule, à moins que la production de batteries ne se fasse également au Canada. (Il faut aussi compter avec le fait que la concurrence internationale déplace la production automobile hors de l'Occident développé, la Chine et le Mexique étant les principaux bénéficiaires.)
Aux États-Unis, les emplois dans les véhicules motorisés ont chuté de plus de 20 % depuis 2000, ce qui représente une perte de près de 300 000 emplois. Ce chiffre masque l'impact bien plus important pour le Midwest américain, puisqu'il inclut des gains d'emplois dans le sud des États-Unis. Depuis le début du siècle, les emplois liés aux véhicules motorisés au Michigan, en Ohio et en Indiana ont diminué de 46 %, soit plus du double du déclin national.

Les entreprises asiatiques et européennes s'étaient installées aux États-Unis pour contrer les menaces protectionnistes, mais elles ont évité les régions où les emplois étaient perdus et se sont plutôt dirigées vers le sud américain massivement non syndiqué. Les tarifs douaniers à eux seuls ont peu fait pour relancer la fabrication dans le Midwest. Bien que les pertes d'emplois américaines se soient stabilisées ces six dernières années, l'insécurité demeure une réalité permanente pour les travailleurs de l'automobile.

Pour le Canada, les emplois ont diminué d'environ 30 % — pire que pour l'ensemble des États-Unis, mais pas autant que dans le Midwest, bien que les données les plus récentes datent d'avant l'impact des tarifs. En 2000, les Big Three américains — GM, Ford et Chrysler (désormais Stellantis) — comptaient neuf usines d'assemblage au Canada. Malgré les subventions massives accordées au fil des années, aucun nouveau site n'a été ajouté par les Big Three ; quatre installations ont fermé ; trois sont en attente de nouveaux produits ; et une a perdu un quart de travail et fait face à des incertitudes quant à son avenir. Seules deux usines des Big Three assemblent actuellement des véhicules (l'une devant ajouter un troisième quart en 2026).

Usines d'assemblage des Big Three au Canada depuis 2000
No. USINES D'ASSEMBLAGE 2000 SITUATION ACTUELLE (novembre 2025)
1 GM St-Thérèse Fermée en 2002
2 GM Oshawa – voitures Fermée en 2005
3 GM Oshawa – camions Fermée en 2009
4 Ford St Thomas Fermée en 2011
5 GM CAMI, Ingersoll Production de VE suspendue
6 Stellantis Brampton Aucun produit
7 Ford Oakville Camion électrique abandonné, camion à essence en 2026
8 GM Oshawa – camion Silverado 3 quarts, réduits à 2 en 2026, moteur à essence
9 Stellantis Windsor 2 quarts, passant à 3 en 2026

Toyota, avec trois installations non syndiquées (dont la seule nouvelle usine d'assemblage ajoutée dans l'industrie au cours de cette période), assemble désormais plus de véhicules au Canada que les Big Three réunis. En ajoutant les deux usines canadiennes de Honda, la capacité d'assemblage de ces deux entreprises japonaises dépassera celle des Big Three, même si les usines en attente obtiennent de nouveaux produits. Le message, dont Unifor est pleinement conscient, est que syndiquer les usines japonaises est aujourd'hui aussi crucial que l'était la syndicalisation de GM puis de Ford et Chrysler dans les années 1930.

La résistance est primordiale

Ne pas résister revient essentiellement à capituler. Tripler nos dépenses militaires pour tenter d'obtenir les faveurs de Trump n'a mené, comme on pouvait s'y attendre, qu'à de nouvelles exigences de sa part. Et rien n'est plus absurde que de voir l'Ontario ne trouver de meilleure publicité que des louanges à l'endroit du président américain Ronald Reagan ou d'entendre que notre Premier ministre se serait « excusé » auprès de Trump parce qu'une juridiction canadienne avait diffusé une publicité qui ne lui plaisait pas.

L'explosion des dépenses militaires, comme en Europe, ira principalement à l'achat d'équipement américain et détournera des revenus publics essentiels au financement de la santé, de l'éducation, des services sociaux pour les plus pauvres, ainsi qu'aux investissements nécessaires pour faire face à la crise environnementale. En cédant aux pressions américaines, le Canada tente en réalité de défendre sa souveraineté en devenant davantage comme les États-Unis.

Lorsque, dans les années 1980, les syndicats ont commencé – sous la pression – à accepter les concessions exigées par les entreprises en échange de promesses de sécurité d'emploi, une leçon importante s'est dégagée. Céder à l'intimidation ne fait que révéler les faiblesses et invite à de nouvelles concessions. Les emplois ne sont pas revenus, les syndicats ont perdu en crédibilité auprès de leurs membres et les travailleurs, comme leurs organisations, en sont ressortis affaiblis pour les batailles à venir.

Réponses immédiates

Que peut-on faire pour sauver une industrie automobile canadienne en pleine tourmente ? Diverses mesures immédiates ont été proposées pour stopper l'hémorragie : se battre pour obtenir de nouveaux produits dans les usines mises à l'arrêt, instaurer des contre-tarifs, diversifier le commerce canadien, créer des coentreprises avec la Chine, et développer une stratégie industrielle.

Chacune est importante, mais leur effet reste limité, même combinées.

Obtenir rapidement de nouveaux produits pour les installations existantes, plutôt que de se contenter de vagues « possibilités » de produits futurs, est crucial. Comme Unifor l'a souligné, laisser passivement des usines à l'arrêt réduit la pression sur l'entreprise et risque de faire disparaître ces installations de l'attention publique. Cependant, l'indignation morale face aux promesses rompues ne suffira pas. Toute forme de protestation, y compris un retour au legs historique du syndicat — les occupations d'usine — doit faire partie de son arsenal.

L'introduction de contre-tarifs contre les États-Unis, comme l'avait initialement menacé le Premier ministre canadien, a peu de chances d'être efficace. Cela aurait sans doute peu ou pas d'effet positif sur l'emploi au Canada et mènerait certainement à davantage de menaces américaines. Mais imposer de tels contre-tarifs constituerait malgré tout une affirmation défiante : nous ne nous laisserons pas écraser sans nous battre. Cela pourrait aussi inciter d'autres alliés des États-Unis à réagir plus fermement. Si le Canada — l'allié le plus dépendant — conclut qu'il doit défier les États-Unis, pourquoi pas eux aussi ?

Diversifier notre commerce, notamment avec la Chine, apparaît désormais comme une évidence. Il ne s'agit pas de remplacer notre dépendance envers les États-Unis par une dépendance envers la Chine, mais plutôt d'opérer un rééquilibrage attendu depuis longtemps. Cependant, il ne faut pas se faire d'illusions : ces mesures, aussi nécessaires soient-elles, ne résoudront pas la crise automobile canadienne. Le Canada n'a ni la force du gigantesque marché chinois, ni ses énormes réservoirs de main-d'œuvre à bas coûts, ni sa base technologique. L'espace disponible à l'étranger est déjà largement occupé par la Chine, et l'Europe cherche aussi à exporter davantage pour compenser ses limites face aux États-Unis.

Quant aux coentreprises de VE avec la Chine, les États-Unis bloqueraient sans aucun doute l'entrée massive de ces véhicules sur leur marché depuis le Canada. Ils le font déjà contre des entreprises américaines opérant au Canada. Sans un accès assuré au marché américain, et la Chine refusant d'aggraver les tensions, il est difficile d'imaginer un tel partenariat.

Une « stratégie industrielle », avec un rôle accru de l'État dans l'économie, est discutée depuis longtemps et connaît aujourd'hui un renouveau, notamment pour l'automobile. Mais compte tenu de l'ampleur du problème, certaines précisions s'imposent. Si le leadership reste entre des mains privées, avec un gouvernement qui tente timidement d'influencer la direction par des « incitatifs », cela ne fonctionnera pas. L'expérience passée l'a démontré. Le gouvernement doit diriger, et la propriété publique devra jouer un rôle important.

De plus, se concentrer uniquement sur l'offre ne suffit pas. Il faut aussi trouver des marchés pour les produits issus de cette stratégie, ce qui renvoie encore une fois à la fonction de planification de l'État en tant qu'acheteur (j'y reviendrai plus bas). Et surtout, relier une stratégie industrielle aux marchés ne peut être laissé aux décisions des entreprises sur la rentabilité. Prioriser la « liberté » des entreprises de faire ce qui est bon pour leurs actionnaires nuit à notre capacité de répondre à nos propres besoins. Les nouveaux marchés doivent être réservés à notre capacité productive nationale nouvellement développée.

Tout cela met en évidence les conflits inévitables au cœur d'une stratégie industrielle. Les préoccupations des travailleurs et du public ne coïncident généralement pas avec les intérêts des entreprises. Comme dans tous les pays capitalistes, ces divergences façonnent les politiques. Les travailleurs peuvent se sentir tiraillés — ce n'est pas surprenant compte tenu de la complexité des enjeux, et du fait que les « grandes questions » ont été longtemps reléguées. Mais les élites économiques canadiennes, elles, sont parfaitement claires : leur priorité absolue est de revenir au statu quo commercial pré-Trump, lequel exerçait déjà des pressions pour que les travailleurs et gouvernements canadiens « s'alignent » (c'est-à-dire deviennent compétitifs) sur les États-Unis — pays où les lois du travail sont les pires et les programmes sociaux les plus faibles du monde capitaliste avancé.

Le nationalisme peut donc être un piège — un moyen de coopter le mouvement syndical dans une « solidarité » où la main-d'œuvre est subordonnée et ses intérêts dilués. Fait notable : les oppositions auxquelles nous serions confrontés dans toute alternative sérieuse ne viendraient pas seulement des entreprises américaines. Les entreprises canadiennes seraient souvent tout aussi — voire davantage — hostiles à tout effort visant à réduire la dépendance de la classe ouvrière canadienne envers les États-Unis.

Relever nos ambitions

Le problème fondamental d'une dépendance politique et économique est qu'on ne peut pas simplement claquer des doigts pour s'en libérer. Pour contrer ce qui nous menace, il n'y a d'autre voie que de penser plus grand, beaucoup plus grand. L'urgence ne peut être ignorée, mais elle ne doit pas se substituer à la construction d'une réponse à long terme.

Rompre significativement nos chaînes à l'égard des États-Unis bouleverserait tout dans l'économie capitaliste canadienne. Y faire face exigerait une planification globale ; ce ne peut pas être fait en ajustant légèrement les marchés et les incitatifs aux entreprises. Et comme on ne peut pas planifier ce qu'on ne contrôle pas, cela impliquerait une régulation accrue des entreprises et la création d'entreprises d'État pour mettre en œuvre ces plans. Surmonter la dépendance du Canada envers les États-Unis exige donc aussi de surmonter notre dépendance interne à l'égard du capital canadien et américain.

Ces nouvelles capacités de planification devraient être démocratiques, tant dans leurs objectifs que dans leurs processus décisionnels. La restructuration économique, autrefois une menace pour les travailleurs, pourrait devenir une opportunité. De telles transformations historiques ne se font pas du jour au lendemain, mais les évoquer dès maintenant fournit des balises — des points de repère — indiquant où nous devons aller. Dans notre effort pour affronter ce qui se présente, plusieurs éléments sont fondamentaux.

D'abord, bien que le syndicat doive se battre pour sauver ce qui peut l'être, si les entreprises ont décidé de partir, il n'est plus réaliste de leur supplier de rester. Ce sont alors les capacités productives — les espaces industriels, l'équipement flexible, les ateliers polyvalents d'outillage, les divers savoir-faire — et non les entreprises elles-mêmes, qui doivent devenir la cible. Ces ressources ne doivent pas être gaspillées. Répéter l'échec historique consistant à les soudoyer pour rester est futile. Certaines entreprises resteront peut-être et investiront au Canada, mais nous ne pouvons pas compter sur cela pour résoudre les menaces considérables auxquelles nous faisons face. Ici en particulier, les tactiques devront inclure une renaissance de l'histoire syndicale des occupations et prises d'usine.

Deuxièmement, nous devons élargir nos ambitions au-delà de la fabrication de véhicules. Produire des véhicules — surtout des modèles davantage compatibles avec l'environnement — demeure important, mais l'enjeu majeur consiste à convertir nos riches capacités productives et à les développer pour fabriquer la multitude de biens dont nous avons besoin au-delà de l'automobile.

Troisièmement, relier la transformation des capacités de production dans le secteur des transports à la crise environnementale peut rendre les enjeux plus concrets. Pour faire face à la crise environnementale, nous devrons revoir en profondeur tout ce qui concerne notre manière de vivre, de travailler, de nous déplacer et de nous divertir. À ceux qui demandent ce que nous produirons si nous dépendons beaucoup moins du marché américain, la réponse est que la lutte contre la crise environnementale fournit une bonne partie de la réponse : accélérer la transition vers les véhicules électriques ; convertir tous les véhicules publics en flottes électriques fabriquées au Canada (véhicules postaux, véhicules des services publics, ambulances, autobus scolaires, voitures de police) ; étendre le transport en commun et ses infrastructures ; rénover les maisons et les bureaux ; transformer les machines dans les milieux de travail ; investir massivement dans les énergies renouvelables tout en amorçant un retrait progressif de la production pétrolière.

Quatrièmement, un Institut national de conversion pourrait suivre les évolutions, élaborer des plans pour les biens nécessaires et faciliter les reconversions ainsi que l'investissement dans de nouvelles installations. Il coordonnerait les financements avec les gouvernements locaux et leurs projets environnementaux municipaux spécifiques, ainsi qu'avec les entreprises fournissant des composantes. Les gouvernements provinciaux pourraient créer des pôles technologiques dans diverses communautés, où des milliers de jeunes ingénieurs étudieraient les besoins des collectivités et des entreprises, et initieraient ou appuieraient des adaptations techniques pour produire de nouveaux biens, services et méthodes de production.

Cinquièmement, les sections locales des syndicats — dans les secteurs public et privé — pourraient mettre en place des comités en milieu de travail pour surveiller si leur employeur prévoit des compressions ou des fermetures, se préparer au pire si cela se produit, et faire appel au futur Centre national de conversion pour examiner des alternatives permettant de maintenir la production et les services. Le commerce continuerait d'exister, mais il serait intégré aux besoins de la nouvelle économie domestique, beaucoup plus tournée vers l'intérieur, et non laissé au libre jeu des entreprises privées.

Depuis des décennies, le secteur manufacturier est dévalorisé comme une composante déclinante de l'économie. Mais réparer et préserver l'environnement ne peut se faire sans des capacités manufacturières. Cela inclut la satisfaction des besoins sociaux essentiels annuels, tels que les pénuries de biens collectifs comme le logement, l'éducation ou les soins aux personnes âgées, ainsi que l'inversion du déclin des cliniques de santé communautaires, des installations sportives et des centres communautaires. Il y a aussi la charge immense et urgente de réparer et soutenir l'environnement. Plutôt que de se demander ce qu'il adviendra de notre « surplus » de main-d'œuvre, nous pourrions très bien faire face à une pénurie de main-d'œuvre si nous réalisons un tournant politique et social vers la satisfaction des besoins sociaux plutôt que des impératifs du marché.

Conclusion : Le défi nécessaire de “penser en grand”

Au début des années 1980, les travailleurs canadiens affrontaient une accélération de la mondialisation, tandis que les élites économiques et politiques se tournaient vers une intégration plus étroite avec les États-Unis, Ottawa ouvrant la voie à ce qui allait devenir le néolibéralisme (qu'Adolph Reed a très justement décrit comme « un capitalisme sans opposition de la classe ouvrière »). La direction de l'UAW, le syndicat mère des travailleurs de l'automobile en Amérique du Nord, avait accepté à contrecœur l'idée qu'il n'y avait d'autre choix que de céder aux concessions exigées par les constructeurs automobiles et voulait imposer cette attitude défaitiste à ses membres canadiens.

Les travailleurs canadiens de l'automobile étaient dans une impasse historique. Le syndicat mère représentait 90 % des travailleurs des Big Three dans une industrie intégrée de manière unique. Les accréditations syndicales étaient officiellement détenues par le syndicat mère. Rompre avec l'organisation américaine signifiait donc perdre non seulement le poids et les ressources de cette vaste union, mais aussi devoir réaccréditer des centaines d'unités de négociation. En décidant de défier l'UAW — qui leur avait pourtant inspiré leurs propres avancées — les autoworkers canadiens osaient également défier certaines des plus grandes corporations du monde, leur propre gouvernement et la tendance à une intégration toujours plus profonde avec les États-Unis.

Malgré tout cela, la direction syndicale canadienne comprit que pour ne pas « tout perdre », elle devait convaincre ses membres de rompre avec la maison mère américaine. Sous la direction de son président, Bob White, la confiance nécessaire pour prendre ce risque s'est imposée. La crédibilité ainsi acquise permit ensuite au nouveau syndicat indépendant, les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA/CAW), de jouer, avec d'autres syndicats et mouvements sociaux, un rôle moteur dans la lutte contre le libre-échange, le néolibéralisme et l'intégration croissante au voisin américain.

Il n'était toutefois pas encore clair pour les TCA et les autoworkers canadiens — ni pour le mouvement syndical élargi — jusqu'où il faudrait aller pour réussir. Aujourd'hui, ce dilemme du rapport aux États-Unis réapparaît. Une différence majeure est que l'affaiblissement du mouvement syndical au fil des années a réduit sa portée : il ne s'agit plus de contester la dépendance du Canada aux États-Unis, mais essentiellement de mettre fin aux tarifs et, de fait, de favoriser une intégration accrue avec les États-Unis.

Construire une société différente à l'ombre de l'empire américain est évidemment une tâche historique intimidante. Il est facile de comprendre pourquoi on hésite à s'y engager. Pourtant, penser plus grand est, au fond, la seule option réaliste si l'on veut sortir de l'impasse actuelle, marquée par frustrations et démoralisation. Les étapes précises et le calendrier pour avancer avec lucidité dépendront des circonstances. Mais il ne faut pas éviter de commencer, dès maintenant, les discussions — dans nos lieux de travail, nos sections locales, nos communautés et au niveau national — sur ce à quoi nous faisons face, où nous nous situons, ce qu'il faut faire et comment nous pourrions y parvenir.

La politique électorale sera inévitablement nécessaire, mais l'expérience passée montre que laisser les choses aux politiciens conduit à l'érosion de toute action décisive. Le monde électoral n'a de sens que si une base sociale solide est construite à l'extérieur du parlement, avec la vision, la solidarité, l'engagement et la confiance nécessaires pour orienter la politique. Cela exige une institution focalisée non sur la prochaine élection mais sur la construction d'une force sociale qui rendra un jour l'activité électorale réellement pertinente. La création d'une telle institution — un « parti » d'un type différent — est, au bout du compte, la pièce essentielle qui manque encore à nos luttes. •

Le Socialist Project est particulièrement intéressé par des réponses à l'orientation présentée ici. Pensez-vous qu'elle va dans la bonne direction ? Souhaiteriez-vous en savoir davantage ? Souhaitez-vous mettre en place un comité dans votre communauté ou votre section locale et, si oui, quelles informations supplémentaires seraient utiles ? Intéressé à aider à organiser un forum public sur ces questions et, le cas échéant, obtenir des suggestions d'intervenants ? Contact : info@socialistproject.ca

Sam Gindin a été directeur de la recherche des Travailleurs canadiens de l'automobile de 1974 à 2000. Il est coauteur (avec Leo Panitch) de The Making of Global Capitalism (Verso), et coauteur, avec Leo Panitch et Steve Maher, de The Socialist Challenge Today, version américaine élargie et mise à jour (Haymarket).

Source : https://socialistproject.ca/2025/11/canadian-auto-isnt-in-crisis-danger-of-extinction/

L’avortement est un droit, pas un débat

L'avortement n'est pas un débat : c'est un droit fondamental des femmes et des personnes dissidentes, comme l'a reconnu la Cour constitutionnelle, malgré l'opposition de la (…)

L'avortement n'est pas un débat : c'est un droit fondamental des femmes et des personnes dissidentes, comme l'a reconnu la Cour constitutionnelle, malgré l'opposition de la droite espagnole.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/10/23/lavortement-est-un-droit-pas-un-debat/?jetpack_skip_subscription_popup

Cependant, ce droit n'est toujours pas effectif pour toutes et tous, car il est devenu un parcours du combattant presque impossible à franchir pour celles et ceux qui n'ont pas de carte de santé. Nous exigeons l'abolition de la loi sur les étrangers et la fin des frontières dès maintenant !

La droite et l'extrême droite s'attaquent à nos droits et au domaine public :

● En démantelant la santé publique

● En empêchant les interruptions volontaires de grossesse ou le traitement du cancer du sein

● En réduisant les ressources consacrées à l'éducation publique

● En refusant aux enfants l'accès à une éducation affective et sexuelle, également reconnue comme un droit.

Tout cela vise à priver les femmes et les dissidents de notre liberté de choix et de notre capacité d'agir sur notre corps et nos relations, nous ramenant à une époque que nous croyions révolue.

À la mairie de Madrid, cette offensive se traduit par la censure et le démantèlement des espaces d'égalité, piliers fondamentaux de la défense des droits sexuels et reproductifs.

L'avortement doit être garanti comme n'importe quelle autre prestation de santé publique, conformément à la loi. Cela permet d'éviter la stigmatisation et le harcèlement des femmes et des dissidents, et garantit un accès universel, quel que soit le lieu de résidence ou la situation administrative.

L'enregistrement de l'objection de conscience est indispensable pour mettre fin à l'opacité qui permet à des services entiers de se déclarer objecteurs. Cet enregistrement, obligatoire et anonyme, doit être l'exception et non la règle. L'année dernière, seuls 0,47 % des avortements pratiqués dans la Communauté de Madrid l'ont été dans des centres du réseau public (et nous savons qu'il y a des professionnels disposés à le faire !).

Que demandons-nous, à qui et pourquoi ?

Au ministère de la Santé :

L'élaboration de la Stratégie nationale en matière de santé sexuelle et reproductive, outil indispensable à la pleine mise en œuvre de la loi et à la garantie effective de ce droit.

À la Communauté de Madrid :
La création et la publication du registre d'objection de conscience, le respect de la loi, la protection des personnes qui décident d'interrompre leur grossesse et de celles qui travaillent dans le réseau public, indépendamment de leur situation bureaucratique.

À la mairie de Madrid :
Qu'elle cesse d'entraver nos décisions et d'attaquer les services qui nous soutiennent et nous accompagnent. Qu'elle respecte la loi, s'appuie sur des preuves scientifiques et respecte les droits fondamentaux. Nous exigeons la fin de la censure et la restauration des Espaces d'égalité en tant que services publics de référence pour les femmes et les habitantes de Madrid.

Nous ne partirons pas, Ayuso, nous resterons pour avorter dans le système de santé publique de la Communauté de Madrid.

Commission pour le droit à l'avortement de Madrid
21 octobre 2025
https://feministas.org/wp-content/uploads/2025/10/COMUNICADO-COMISION-ABORTO-MADRID-OCT-2025-1.pdf
Traduit par DE

https://feministas.org/el-aborto-es-un-derecho-no-un-debate/

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Droit à l’avortement. Une délégation d’Amnesty International rencontre des défenseur·e·s de l’avortement dans un contexte de recul des droits fondamentaux

25 novembre, par Amnistie internationale — ,
Une délégation d'Amnesty International se joindra à des personnes qui pratiquent des avortements et défendent ce droit dans divers pays lors de deux conférences internationales (…)

Une délégation d'Amnesty International se joindra à des personnes qui pratiquent des avortements et défendent ce droit dans divers pays lors de deux conférences internationales à Bogotá, en Colombie, pour examiner les avancées dans l'accès à l'avortement sécurisé et discuter de nouvelles stratégies contre les menaces croissantes visant les droits fondamentaux.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/11/03/droit-a-lavortement-une-delegation-damnesty-international-rencontre-des-defenseur%c2%b7e%c2%b7s-de-lavortement-dans-un-contexte-de-recul-des-droits-fondamentaux/

Cette délégation participera à un certain nombre de tables rondes organisées dans le cadre de la conférence régionale du Groupement latino-américain contre l'avortement non sécurisé(CLACAI), du 30 octobre au 1er novembre, et de laconférence internationale sur la planification familiale (ICFP), du 4 au 6 novembre. 

« De nombreux progrès ont été réalisés pour garantir la disponibilité et l'accessibilité des services d'avortement qui sauvent des vies, mais les discours et les lois anti-avortement gagnent du terrain dans le monde et présentent de nouvelles menaces, a déclaré Fernanda Doz Costa, directrice du programme Justice de genre, Justice raciale et Droits des personnes migrantes et réfugiées d'Amnesty International.

« Malgré tous les risques encourus, de courageux militant·e·s et professionnel·le·s de santé continuent d'œuvrer pour protéger le droit durement acquis d'accéder aux soins médicaux essentiels dont dépend la vie de très nombreuses personnes. Ces conférences sont un signal clair que le mouvement en faveur de l'égalité des genres résiste face aux multiples difficultés, et c'est une source d'inspiration. »

Ces conférences sont un signal clair que le mouvement en faveur de l'égalité des genres résiste face aux multiples difficultés, et c'est une source d'inspiration – Fernanda Doz Costa, directrice du programme Justice de genre, Justice raciale et Droits des personnes migrantes et réfugiées d'Amnesty International

La criminalisation de l'avortement est le principal facteur contribuant aux quelque 35 millions d'avortements pratiqués dans des conditions dangereuses chaque année. Cela signifie que le personnel de santé est constamment pris en étau entre le devoir éthique et professionnel de proposer les meilleurs soins disponibles et le risque de poursuites pénales s'il ne respecte pas des lois préjudiciables.

Un rapport d'Amnesty International a conclu que, en dépit de nombreuses avancées, les personnes qui pratiquent des avortements et celles qui défendent ce droit sont confrontées à une multiplication des attaques à leur encontre. À Bogotá, l'organisation et ses partenaires continueront également de promouvoir les Principes et mesures clés visant à protéger les prestataires de soins d'avortement en leur qualitéde défenseur·e·s des droits humains et de plaider en faveur de nouveaux discours pour faire progresser la justice reproductive par le biais d'une nouvelle campagne intitulée Latido Común.

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2025/10/global-amnesty-delegation-meets-abortion-defenders-as-backlash-against-human-rights-intensifies/

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Pourquoi nous soutenons le projet de loi « Inachetable » d’Ash Regan au Parlement écossais

Ash Regan, membre du Parlement écossais (MSP), a présenté au Parlement écossais le projet de loi sur la prostitution (infractions et aide) (Écosse), communément appelé « projet (…)

Ash Regan, membre du Parlement écossais (MSP), a présenté au Parlement écossais le projet de loi sur la prostitution (infractions et aide) (Écosse), communément appelé « projet de loi anti-prostitution ». S'il est adopté, ce projet de loi introduira en Écosse l'approche du modèle nordique en matière de politique et de législation sur la prostitution.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Photo : Amanda Quick témoignant oralement devant la commission de la justice pénale du Parlement écossais, le 8 octobre 2025

Nous soutenons très fortement ce projet de loi et espérons de tout cœur qu'il sera adopté. Nous avons donc été ravies d'être invitées à témoigner devant la commission de la justice pénale du Parlement écossais le 8 octobre 2025, lors de l'examen du projet de loi.

Amanda Quick, l'une des survivantes de la prostitution du groupe Nordic Model Now !, a accepté de s'y rendre. Bien qu'elle se soit déjà exprimée via Zoom lors de plusieurs événements organisés en Écosse par d'autres organisations, c'était la première fois qu'elle s'exprimait aussi publiquement (la session était diffusée en direct) sur cette question profondément personnelle. Mais nous étions convaincues que si quelqu'une pouvait faire comprendre la réalité brute et sans fard aux membres de la commission, c'était bien elle. Et c'est exactement ce qu'elle a fait. Et même plus.

Dans ce cadre formel du Parlement écossais, lors d'une session présidée par une femme qui rappelait sans cesse à tous et toutes les participantes qu'elles et ils devaient discuter du projet de loi et non d'autres questions, aussi pertinentes soient-elles, Amanda a résolument ramené tout le monde à la réalité chaotique : les droits et la cruauté des clients masculins, la violence, la misère et l'érosion de son estime de soi jusqu'à ce qu'il lui devienne impossible d'envisager toute autre existence. Cela a nécessité un courage et une force extraordinaires, qui nous inspirent le plus grand respect.

À ses côtés, deux autres femmes brillantes participaient au panel : Diane Martin CBE, présidente du groupe de campagne A Model For Scotland et elle-même survivante de la prostitution, et Bronagh Andrew, directrice des opérations de Tara and Routes Out Services à Glasgow. Toutes deux éloquentes et très compétentes, elles ont également apporté à la session une expertise indispensable.

Vous pouvez regarder l'intégralité de la session sur le site web du Parlement écossais, mais nous avons inclus ci-dessous deux extraits de l'intervention d'Amanda. Ceux-ci contiennent des informations sous copyright du Parlement écossais.

« Tant que le corps d'une femme est à vendre, c'est tout ce qu'elle vaut. »

Amanda ne mâche pas ses mots lorsqu'elle évoque la réalité de la prostitution et le message selon lequel vendre son corps revient à réduire le bien-être des femmes et des filles à néant. L'envie, le besoin ou le « droit » des hommes de payer pour un orgasme incite à la marchandisation, à l'exploitation et à un cycle sans fin de violence injustifiable envers les femmes qui se vendent, ainsi qu'envers leurs partenaires ou leurs épouses.

« C'est une industrie insatiable. »

Elle revient ici sur l'impact des commentaires laissés par les clients après qu'elle ait refusé une demande et qu'ils aient tenté de la violer. Elle a réalisé à ce moment-là qu'elle avait perdu tout pouvoir de consentement, tant avec le client qu'après avoir réussi à le faire sortir de la pièce. Elle était condamnée à subir des violences sexuelles, verbales ou écrites.

Certains préféreraient peut-être que nous nous en tenions aux données et aux statistiques, mais serait-il éthique de prendre des décisions sur la politique en matière de prostitution sans comprendre ce dont il s'agit réellement, à savoir la violence masculine institutionnalisée contre (principalement) les femmes et les enfants ?

Comment pouvez-vous contribuer à l'adoption de ce projet de loi ?

Si vous résidez en Écosse, veuillez écrire à votre député·e pour lui demander de soutenir ce projet de loi et lui expliquer pourquoi vous le soutenez. A Model For Scotland met à votre disposition un outil qui vous permet d'envoyer rapidement un modèle d'e-mail à votre député·e. Encouragez vos ami·es et collègues à faire de même.

Si vous ne vivez pas en Écosse, contribuez à faire connaître le modèle nordique en général et expliquez pourquoi vous espérez que le Parlement écossais franchira cette étape historique en adoptant ce projet de loi.

Preuves écrites supplémentaires

À plusieurs reprises au cours de la session, Amanda a fait référence à des études et à d'autres preuves qu'elle a expliqué qu'elle enverrait après la session.

Informations complémentaires à l'appui du témoignage oral d'Amanda Quick devantla commission de la justice pénale, le mercredi 8 octobre 2025.

Pour en savoir plus : Un appel à l'action pour avoir des conversations courageuses
https://nordicmodelnow.org/2025/10/21/why-we-support-ash-regans-unbuyable-bill-in-the-scottish-parliament/
Traduit par DE

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Turquie. Les dispositions divulguées qui criminaliseraient les personnes LGBTI « ne doivent en aucun cas être intégrées dans la législation »

25 novembre, par Amnesty international — , ,
En réaction à un projet de loi divulgué intitulé « 11e paquet judiciaire » qui propose des sanctions pénales visant la communauté LGBTI en Turquie, Dinushika Dissanayake, (…)

En réaction à un projet de loi divulgué intitulé « 11e paquet judiciaire » qui propose des sanctions pénales visant la communauté LGBTI en Turquie, Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe pour l'Europe à Amnesty International, a déclaré : « Ces propositions constituent une grave menace pour les droits des personnes LGBTI et de celles qui les défendent. Elles ne doivent en aucun cas être intégrées dans la législation. »

Tiré de Entre les lignes et les mots

« Pour la première fois de l'histoire de la République turque, les législateurs pourraient envisager la criminalisation de toute expression des identités LGBTI, des relations sexuelles entre adultes consentants et de l'accès à des soins de réattribution sexuelle qui sont vitaux. Aux termes des dispositions figurant dans ce projet de loi, des gens pourraient encourir des peines d'emprisonnement sur la base de stéréotypes de genre, en fonction de la manière dont ils se présentent et des personnes qu'ils choisissent de fréquenter. Si ce texte était examiné et adopté, tout propos positif sur des sujets liés aux personnes LGBTI pourrait également être passible de poursuites pour « incitation, promotion ou éloge » de celles-ci.

« Sous le prétexte fallacieux de protéger “les bonnes mœurs” et “l'institution familiale”, ces mesures menaceraient en réalité les fondements mêmes de la société turque. Si ces dispositions étaient adoptées, elles constitueraient une violation grave de l'obligation qui incombe aux autorités turques de respecter, de protéger et de garantir les droits humains des personnes LGBTI et de leurs allié·e·s sans discrimination. Elles représenteraient un immense retour en arrière, il faut donc y répondre par une résistance forte et un rejet catégorique. »

Complément d'information

Le texte de 66 pages qui a été divulgué, intitulé Projet de loi portant modification du Code pénal turc et de certaines lois, comporte des dispositions qui modifieraient le Code pénal, le Code civil et d'autres lois. C'est la troisième fois en un an qu'un projet législatif comprenant des mesures visant les personnes LGBTI est porté à la connaissance du public. Les deux précédents n'ont pas été examinés par la Commission parlementaire pour la Justice, comme le prévoit la procédure législative.

La modification proposée de l'article 225 du Code pénal turc (relatif aux « actes indécents ») alourdirait à trois ans la peine encourue par toute personne qui « se livre publiquement à des relations sexuelles ou de l'exhibitionnisme » et prévoirait dans le nouveau deuxième paragraphe que « toute personne qui affiche une attitude ou un comportement contraire à son sexe biologique de naissance et aux bonnes mœurs, ou qui encourage, félicite ou promeut publiquement ce type de comportement, est passible d'une peine d'emprisonnement d'un à trois ans ».

Si ces propositions étaient examinées et approuvées par le Parlement, les couples de même sexe organisant des cérémonies symboliques de fiançailles ou de mariage encourraient jusqu'à quatre années de prison. Le mariage entre personnes de même sexe n'est pas légal en Turquie.

La motivation invoquée pour justifier cette modification est « d'élever des personnes et des générations saines physiquement et mentalement et de protéger l'institution familiale et la structure sociale ».

Par ailleurs, le document divulgué comporte des modifications de l'article 40 du Code civil turc qui rendraient les procédures de réattribution sexuelle extrêmement difficiles, voire impossibles, et créeraient de nouveaux obstacles pour les personnes souhaitant obtenir une reconnaissance juridique de leur identité de genre. Les propositions de modification relèveraient notamment l'âge minimum pour s'engager dans ces procédures de 18 à 25 ans, réintroduiraient l'obligation d'être privé définitivement de ses fonctions reproductives et imposeraient des évaluations supplémentaires dans les hôpitaux conventionnés pour démontrer que la réattribution sexuelle est nécessaire au bien-être de la personne concernée.

Un nouvel article est également proposé pour le Code pénal, selon lequel les personnes s'engageant dans des procédures de réattribution sexuelle seraient passibles de poursuites. Cet article criminaliserait aussi les professionnel·le·s de santé qui réalisent ces procédures, en prévoyant des peines d'emprisonnement à leur encontre.

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2025/10/turkiye-leaked-proposals-that-would-criminalize-lgbti-people-must-never-see-the-light-of-day-2/

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Venezuela : agression impérialiste étatsunienne et bruits de bottes

Dans le cadre de l'avancée militaire des États-Unis dans la mer des Caraïbes, Gabriel Hetland propose ici de revenir sur la politique impérialiste des États-Unis vis-à-vis de (…)

Dans le cadre de l'avancée militaire des États-Unis dans la mer des Caraïbes, Gabriel Hetland propose ici de revenir sur la politique impérialiste des États-Unis vis-à-vis de la région en général, et du Venezuela en particulier. Sans faire de concessions quant au caractère autoritaire du gouvernement Maduro, Hetland montre que, derrière l'instrumentalisation de la lutte contre le « narco-terrorisme », on trouve bien la volonté de l'administration Trump d'imposer un changement de régime. À l'heure où ce dernier annonce d'éventuelles négociations avec le gouvernement vénézuélien, la menace militaire reste bien réelle.

19 novembre 2025 | Tiré de la revue Contretemps
https://www.contretemps.eu/meurtre-caraibes-venezuela-imperialisme-etats-unis/

À ce jour, le plus grand navire de guerre du monde, le porte-avion USS Gerald Ford, est déployé dans la mer des Caraïbes ainsi que quatorze autres navires de guerre, un sous-marin à propulsion nucléaire, l'USS Newport et autour de 14 000 soldats, faisant de cette démonstration de force la plus massive dans la région depuis leur intervention à Haïti en 1994. En outre, des manœuvres militaires étatsuniennes ont lieu du 16 au 21 novembre à Trinité-et-Tobago, à une quinzaine de kilomètres des côtes vénézuéliennes. Les intérêts des néo-conservateurs restent au cœur de ce processus, représentés par Marco Rubio qui est à la tête du secrétariat d'État.

Le décompte est d'ores et déjà macabre : 83 exécutions extra-judiciaires dont la plupart de victimes sont des Vénézuéliens victimes de cette réorientation de la politique étrangère états-unienne qui cherche à récupérer sa capacité d'influence sur sa « zone d'influence naturelle ». Si le déploiement de troupes n'est pas, pour l'heure, d'une ampleur suffisante pour une intervention terrestre, Donald Trump n'a pas exclu l'envoi de troupes au solet a déjà clarifié, conformément à son mépris habituel pour le droit international et l'État de droit, qu'il ne demanderait pas l'autorisation du Congrès en vue d'une déclaration de guerre formelle car il considère qu'il s'agit d'un « conflit armé non-international » (n'opposant pas un État à un autre) contre des « combattants illégaux » (les supposés « narcoterroristes »). Si nous ne partageons pas le projet de Nicolás Maduro, qui n'a plus rien à voir avec un horizon émancipateur et socialiste, nous souhaitons à travers la publication de ce texte adresser notre solidarité au peuple vénézuélien contre les menaces militaires impérialistes des États-Unis. Aussi brutale qu'ait pu être la répression de Nicolás Maduro contre chaque vague de mobilisation, arbitraire face à de nombreux mouvements sociaux, rien ne saurait justifier ces ingérences étatsuniennes.

Gabriel Hetland, chercheur et militant étatsunien travaillant depuis longue date sur les gouvernements progressistes du début de XXIème siècle en Amérique latine. Cet article a été initialement publié en anglais le 16 octobre dernier sur le blog Sidecar de la New Left Review.

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« Nous l'avons fait exploser. Et nous le referons. » « Je me fiche de savoir comment vous appelez ça. » Ces mots, prononcés respectivement par le secrétaire d'État étatsunien Marco Rubio et le vice-président J. D. Vance, font référence au premier des cinq bombardements étatsuniens de bateaux dans les eaux internationales près du Venezuela au cours du mois dernier, qui auraient fait vingt-sept morts au total.

Washington affirme que les bateaux transportaient de la drogue destinée aux côtes étatsuniennes, mais n'a fourni aucune preuve ; les éléments disponibles indiquent que les personnes tuées lors du premier bombardement, le 2 septembre, étaient peut-être des pêcheurs. L'opération s'est accompagnée d'un renforcement des forces militaires américaines dans les Caraïbes, avec notamment huit navires de guerre, un escadron de F-35, un sous-marin nucléaire d'attaque et plus de 10 000 soldats.

Trump a qualifié le gouvernement de Maduro de « cartel narco-terroriste », et selon certaines informations, les tentatives d'accord diplomatique auraient été interrompues par l'administration américaine, début octobre. Le 9 octobre, le gouvernement vénézuélien a demandé une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, invoquant des « menaces croissantes » et la perspective d'une « attaque armée » imminente contre le pays. Comment interpréter cette escalade spectaculaire de la politique étatsunienne ?

Washington considère depuis longtemps l'Amérique latine comme son « arrière-cour », comme l'a clairement exprimé la doctrine Monroe de 1823, qui avertissait les puissances européennes de laisser la région aux États-Unis – et non, bien sûr, aux Latino-Américains eux-mêmes. Au cours des XIXe et XXe siècles, les États-Unis ont interféré à plusieurs reprises dans les affaires latino-américaines.

Parmi les exemples récents les plus notoires – où l'implication des États-Unis a pris toutes les formes, du soutien en coulisses et de l'appui politique à l'intervention directe – figurent le coup d'État de 1954 contre Jacobo Arbenz au Guatemala, le coup d'État de 1973 contre Salvador Allende au Chili, l'invasion du Panama en 1989 (qui, comme beaucoup l'ont fait remarquer, présente des parallèles frappants avec les actions actuelles de Trump contre le Venezuela), le renversement du président haïtien Jean-Bertrand Aristide en 1991 et 2004, et le coup d'État de 2009 au Honduras.

Le Venezuela a toutefois été confronté à plus de tentatives étatsuniennes de changement de régime que tout autre pays d'Amérique latine au cours des vingt-cinq dernières années. L'obsession de Washington pour cet objectif a commencé quelques années après l'élection d'Hugo Chávez en 1998. Washington a soutenu de nombreuses initiatives visant à le destituer, notamment un coup d'État militaire en 2002 et le blocus pétrolier de 2002-2003 qui a frappé l'industrie la plus importante du pays.

Les administrations Bush et Obama ont versé des millions de dollars à l'opposition, notamment à María Corina Machado, récente lauréate du prix Nobel de la paix. Le comité du prix a ignoré le fait que Machado milite depuis des décennies pour le renversement violent des dirigeants vénézuéliens et qu'elle a soutenu les récents assassinats.

Le soutien de Washington à l'opposition s'est poursuivi après la mort de Chávez en 2013 et l'élection de son successeur désigné, Nicolás Maduro. Obama a soutenu une vague de manifestations souvent violentes en 2014, qui a fait environ 43 morts, et Maduro a dû faire face à une nouvelle vague de manifestations parfois violentes de l'opposition soutenue par les États-Unis en 2017. Ces mobilisations ont été réprimées dans la violence par les forces de l'ordre de Maduro, provoquant des dizaines de morts en plus de registres d'emprisonnement arbitraires et tortures dans les centres de rétention.

En 2015, Obama a déclaré que le Venezuela constituait une « menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale des États-Unis », une accusation si ridicule qu'elle a été rejetée par les dirigeants de l'opposition vénézuélienne lorsqu'elle a été initialement annoncée. Cette accusation a néanmoins été utilisée pour justifier l'imposition de sanctions étatsuniennes, qui ont contribué de manière décisive à la déliquescence de l'économie vénézuélienne. Comme le montre Francisco Rodriguez dans The Collapse of Venezuela, si les politiques gouvernementales ont été une cause majeure de l'effondrement économique du Venezuela, ce sont les sanctions qui ont rendu la reprise pratiquement impossible.

L'antipathie envers le régime a ensuite atteint un nouveau niveau pendant le premier mandat de Trump, qui a appliqué une politique de « pression maximale » pour renverser Maduro. En plus des sanctions punitives – qui s'appliquaient désormais à l'industrie pétrolière vénézuélienne –, Trump a soutenu l'autoproclamation grotesque de Juan Guaidó à la présidence en janvier 2019. Au cours des années suivantes, les partisans de Guaidó ont appelé à une intervention humanitaire menée par les États-Unis, ont ouvertement soutenu les mesures coercitives étatsuniennes (à l'instar de la plupart des dirigeants de l'opposition), ont exhorté l'armée à se soulever contre Maduro et ont financé l'opération Gédeon, une invasion maritime spectaculairement peu sérieuse du Venezuela en mai 2020 par des mercenaires soutenus par les États-Unis, qui n'ont survécu qu'après avoir été secourus par des pêcheurs vénézuéliens, puis remis à l'État.

Les récentes actions de Trump doivent donc être comprises comme s'inscrivant dans un schéma de longue date d'agressions étatsuniennes envers le régime chaviste. Il existe toutefois des différences notables. D'une part, l'administration a effectivement abandonné le discours rhétorique sur la « démocratie » et les « droits de l'homme », longtemps utilisé – même pendant le premier mandat de Trump – comme prétexte pour justifier son bellicisme envers le Venezuela. Parallèlement, l'accent a été davantage mis sur l'apparence du multilatéralisme : la « présidence par intérim » de Guaidó, par exemple, a été soutenue par des dizaines de pays à travers le monde.

Bien que l'Argentine, le Paraguay et le Pérou se soient tous alignés derrière les États-Unis, et que la République dominicaine d'Abinader ait participé à des opérations conjointes dans les Caraïbes, l'administration actuelle semble considérer le soutien international comme une réflexion après coup. La supervision de la région par Washington s'est toujours exercée sur un spectre allant de la force au consentement, et jusqu'à présent, l'administration Trump penche clairement davantage vers la première option – la direction prise pourrait être celle que Ranajit Guha a qualifiée de « domination sans hégémonie ».

Le second mandat de Trump a été marqué par un penchant non dissimulé pour la puissance brute. Cela se voit dans la manière dont il a cherché à utiliser la politique commerciale pour contraindre les pays à se plier à sa volonté, comme dans le cas des droits de douane de 50 % imposés au Brésil pour avoir osé traduire Bolsonaro en justice. On peut également citer, entre autres, le fait qu'il ait rebaptisé le secrétariat de la Défense « secrétariat de la Guerre », qu'il ait déployé la garde nationale, qu'il ait poursuivi ses ennemis politiques devant les tribunaux, qu'il ait refusé de feindre l'unité après le meurtre de Charlie Kirk (Trump ayant répondu à la déclaration d'Erica Kirk selon laquelle elle pardonnait au meurtrier de son mari : « Je déteste mes ennemis »).

Le bombardement de bateaux vénézuéliens s'inscrit dans cette logique. La seule justification fournie pour ces exécutions extrajudiciaires est la nécessité de lutter contre le spectre mal défini du narco-terroriste, une catégorie qui associe la guerre contre la drogue et la guerre contre le terrorisme, mais l'administration Trump n'a fourni aucune preuve à l'appui de cette accusation. Comme le fait valoir Miguel Tinker-Salas, elle a agi en tant que juge, partie et bourreau. Le message véhiculé par le meurtre de non-combattants par l'administration est « nous ferons ce que nous voulons, quand nous le voulons, et nous n'avons pas à nous expliquer ni à nous justifier auprès de qui que ce soit ».

L'opération semble s'inscrire dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale, qui sera bientôt publiée et qui appellerait à un recentrage sur la sécurité hémisphérique, en mettant l'accent sur les relations avec l'Amérique latine, les migrations et les cartels de la drogue. L'idée que les bombardements de bateaux auront un impact significatif sur le trafic de drogue vers les États-Unis est toutefois improbable, pour la simple raison que la grande majorité des drogues provenant d'Amérique latine transitent par le corridor du Pacifique oriental, et non par les Caraïbes.

Il convient également de noter que si le Venezuela est une voie de transit pour environ 10 à 13 % de la cocaïne mondiale (selon les agences américaines), il ne fournit aucun des fentanyls qui sont à l'origine de 70 % des décès liés à la drogue aux États-Unis. L'affirmation de l'administration Trump selon laquelle Maduro est à la tête du Cartel de los Soles est tout aussi peu plausible ; les experts en criminalité organisée au Venezuela nient l'existence même d'un tel cartel.

Si les États-Unis ne bombardent pas les bateaux vénézuéliens pour mettre fin au trafic de drogue, alors pourquoi le font-ils ? L'une des raisons est la tentative de Rubio de s'imposer face aux autres membres du cercle restreint de Trump. L'obsession du secrétaire d'État à vouloir renverser Maduro trouve son origine dans son passé politique dans le sud de la Floride et dans le rôle crucial que les exilés vénézuéliens et cubains d'extrême droite anticommunistes y jouent depuis des décennies. D'autres personnalités importantes de l'entourage de Trump partagent son point de vue, notamment le directeur de la CIA, John Ratcliffe, et Stephen Miller.

Comme le souligne Greg Grandin, la position belliciste de Rubio envers le Venezuela contraste avec celle de l'envoyé spécial de Trump, Richard Grenell, qui a préconisé la conclusion d'accords avec Maduro. Selon un article récent du New York Times, Grenell a réussi à obtenir des concessions extraordinaires, notamment un accord qui aurait donné aux entreprises américaines un contrôle important sur les ressources du Venezuela, y compris son pétrole. Trump a toutefois rejeté cet accord, et tout porte à croire que la position intransigeante de Rubio a actuellement la faveur du président.

Il pourrait également y avoir toute une série d'incitations nationales en jeu. Un conflit avec le Venezuela fournirait une justification à l'utilisation de la loi de 1798 sur les ennemis étrangers pour expulser les Vénézuéliens, comme l'administration tente de le faire. Si un conflit militaire venait à éclater, les tribunaux adopteraient probablement une position plus favorable, permettant ainsi l'expulsion des Vénézuéliens au motif qu'ils constituent une menace pour la sécurité nationale.

Un tel conflit détournerait également l'attention d'autres domaines dans lesquels Trump est vulnérable, tels que les dossiers Epstein, qui le tourmentent depuis des mois et qui semblent sur le point d'exploser à la suite de la victoire d'Adelita Grijalva lors de l'élection spéciale en Arizona. Cela donne aux démocrates de la Chambre des représentants suffisamment de voix pour forcer l'administration Trump à divulguer les dossiers restants ; cependant, jusqu'à présent, le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, a refusé de faire prêter serment à Grijalva (Grijalva a menacé d'intenter une action en justice).

Maduro soutient que l'offensive dans les Caraïbes s'inscrit dans le cadre d'un nouvel effort visant à renverser le régime. Trump a publiquement nié cette affirmation, mais certains signes indiquent qu'il prend cette idée au sérieux. Des rapports indiquent que les États-Unis prévoient une action militaire au Venezuela. Des frappes aériennes sur des cibles continentales – une escalade majeure – pourraient ostensiblement commencer dans les semaines à venir, et Trump a autorisé la CIA à mener des opérations secrètes dans le pays.

La possibilité que le président change soudainement de cap ne peut être exclue, compte tenu de son caractère capricieux et de sa tendance à se désengager des opérations qui ne se déroulent pas sans heurts. Qu'il existe ou non un plan cohérent pour renverser Maduro, il semble clair que l'administration espère le provoquer afin qu'il réagisse. Jusqu'à présent, il n'a pas mordu à l'hameçon. Au-delà de la mobilisation des milices populaires, la réponse militaire du Venezuela s'est limitée au survol de deux F-16 armés au-dessus d'un navire de la marine américaine dans le sud des Caraïbes. Avec la menace d'une intervention étatsunienne, les questions sur la préparation militaire du Venezuela se sont multipliées.

Beaucoup de choses restent inconnues, mais de récents articles publiés dans des médias américains spécialisés dans les questions militaires suggèrent que les défenses du Venezuela, bien qu'inégales, constituent néanmoins un obstacle important. À ce jour, il semble que l'agression étatsunienne ait renforcé Maduro sur le plan intérieur. Prenons, par exemple, la déclaration du Parti communiste vénézuélien, farouchement critique à l'égard de Maduro – qu'il considère comme autoritaire, illégitime et anti-ouvrier – qui affirme qu'en cas d'invasion étatsunienne, la position du parti subirait un « changement radical » au nom de la défense de la souveraineté du Venezuela.

Pour l'instant, l'administration Trump semble déterminée à poursuivre sa politique de destruction des bateaux vénézuéliens. Les tentatives du Congrès pour s'y opposer se sont jusqu'à présent avérées infructueuses : un vote a été imposé sur la résolution d'Ilhan Omar visant à mettre fin aux hostilités non autorisées au Venezuela, mais il a été rejeté à trois voix près. L'opposition des démocrates s'est principalement fondée sur des motifs procéduraux, comme l'a résumé la sénatrice du Michigan Ellisa Slotkin, qui s'est plainte que « si l'administration Trump veut entrer en guerre contre une organisation terroriste, elle doit s'adresser au Congrès, nous en informer et demander notre approbation », ajoutant qu'« en réalité, je n'ai aucun problème à lutter contre les cartels ».

Sur la scène internationale, le président colombien de gauche Gustavo Petro a qualifié les bombardements de bateaux d'« acte de tyrannie », et lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU le 10 octobre, la Russie et la Chine ont fermement condamné les actions de Trump ; d'autres diplomates, d'Europe et d'Afrique, se sont gardés d'exprimer des critiques. La question de savoir si une guerre est imminente reste ouverte, mais Caracas a de bonnes raisons de craindre le pire.

Le 16 octobre 2025.

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Illustration :Wikimedia Commons.

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