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Milei et le cosplay : populisme et pop culture à l’ère des libertariens

8 avril, par Ariana Saenz Espinoza, Zacharie Petit — , ,
Nul besoin de comparer Javier Milei au Joker : en 2019, il se déguise en « Général Ancap », super-vilain icône de l'anarcho-capitalisme. Cette mascarade est emblématique de la (…)

Nul besoin de comparer Javier Milei au Joker : en 2019, il se déguise en « Général Ancap », super-vilain icône de l'anarcho-capitalisme. Cette mascarade est emblématique de la réappropriation par les extrêmes droites populistes de la pop culture et de la culture geek. Loin d'être une simple farce communicationnelle, ces pratiques instaurent un nouveau récit politique : celui de la super-violence autoritaire aux mains des ennemis de l'État de droit.

4 avril 2025 | tiré d'AOC media
HTTPS ://AOC.MEDIA/OPINION/2025/04/03/MILEI-ET-LE-COSPLAY-POPULISME-ET-POP-CULTURE-A-LERE-DES-LIBERTARIENS/

• « Je suis le Général Ancap. Je viens de Liberland, une terre née du principe d'appropriation originelle de l'homme. Un territoire de sept kilomètres carrés entre la Croatie et la Serbie. Un pays sans impôt, où l'on défend les libertés individuelles, où l'on croit en l'individu, et où il n'y a pas de place pour ces fils de pute de collectivistes qui veulent nous pourrir la vie. »

• Cette harangue ne sort pas de la bouche d'un prophète belliqueux échappé d'une bande dessinée futuriste, d'un antagoniste de manga hargneux ou d'un personnage épique de jeu vidéo réactionnaire. Le Général Ancap fait sa première apparition publique en 2019, lors d'une Comic Con à Buenos Aires.
Javier Milei y surgit sous les traits d'un personnage tout droit sorti d'un nanar : masqué, moulé dans une combinaison bon marché noire et jaune, les couleurs du drapeau libertarien, le torse frappé d'un sceau super-héroïque. Dans sa main, un sceptre doré en plastique, improbable croisement entre un trident mystique et un symbole alchimique. Le cosplay est cheap, le super-héros inédit : Ancap est un outsider « anarcho-capitaliste », armé d'une tronçonneuse et coiffé comme Wolverine, venu libérer la société de ses chaînes étatiques et instaurer le règne libertarien à l'échelle planétaire.

Quarante-quatre ans avant le Général Ancap, un justicier mondialement célèbre faisait irruption dans la fiction politique latino-américaine, cette fois transformé, dans l'imaginaire de Julio Cortázar, en héros socialiste face au néocapitalisme. En janvier 1975, après sa participation au Tribunal Russell II[1], l'écrivain en exil publie Fantômas contre les vampires des multinationales[2], une attaque parodique contre l'impérialisme américain et ses multinationales complices des dictatures latino-américaines.

Cortázar y place Fantômas aux côtés de Susan Sontag, Gabriel García Márquez, Octavio Paz et Alberto Moravia, intellectuels solidaires du héros masqué. Sérigraphies de répression, logos de multinationales, armes à feu, le texte se nourrit de collages : un télégramme dévoilant l'intention des États-Unis de renverser Salvador Allende, des documents montrant les profits des compagnies implantées sur le continent après le coup d'État de Pinochet. Un photomontage surréaliste, inspiré du Chien andalou et des illustrations de romans populaires ponctuent ce récit, qui fut censuré en Argentine mais vendu par dizaines de milliers au Mexique, et dont les recettes était intégralement reversées au Tribunal Russell.

Javier Milei est le produit d'une même histoire politique jalonnée d'épisodes macabres, entre série Z, dystopie horrifique et terreur, à l'image de ces manifestants évangélistes anti-IVG qui, la même année que l'apparition du Général Ancap, arpentaient Buenos Aires en brandissant des fœtus géants en papier mâché et de grands crucifix d'où pendaient des poupons éclaboussés de rouge façon sauce tomate — un sinistre écho aux 500 bébés volés sous la dictature, « sauvés » de la menace communiste qui, selon la junte, gangrénait la société argentine.

Les « subversifs » d'hier sont les wokes d'aujourd'hui : « Tremblez, gauchistes fils de pute, nous irons vous chercher jusqu'au dernier recoin de la planète en défense de la liberté », avertissait sur X, au lendemain de l'investiture de Trump, ce cosplayer sidérant adepte du clonage et des cryptomonnaies – hybride d'un général fascisant, d'un économiste libertarien et d'un super-héros de foire.

From pop'ular culture to pop'ulist culture

« La pop a quelque chose de sauvage et de proliférant. Elle n'est peut-être pas une démocratie », écrit Richard Mèmeteau dans Pop culture — Réflexions sur les industries du rêve et l'invention des identités (La Découverte, 2014). Il rappelle que, dans le Oxford English Dictionary, la première occurrence du mot pop a servi à qualifier « une chanson pétillante et entraînante ». Est pop ce qui pétille, ce qui surgit (to pop up) – explosion irrésistible qui déborde tous les cadres. Le terme de pop culture désigne une catégorie vaste et composite : on y retrouve Beyoncé, Spider-Man, le « quoicoubeh », le Nutella, Fortnite… Ce terme parapluie regroupe volontiers, souvent de manière simplifiée, des objets, des personnalités ou des pratiques massivement produits, partagés, diffusés et référencés de façon mimétique et mémétique.

Bien que certains de ces éléments aient leurs spécialistes, ils sont généralement perçus comme accessibles au plus grand nombre. La pop culture incarne une forme d'opposition à la culture élitiste, tout en étant aussi financée par elle. Par sa capacité à s'emparer de tout sujet ou objet, sans aucune limite, elle devient un phénomène omniprésent, capable de canaliser l'engagement et l'attention collective.

Ce sont les populistes d'outre-atlantique qui l'ont le mieux compris, avant d'inspirer la nouvelle génération de populistes des droites européennes. En témoigne l'évolution d'Elon Musk avec son DOGE[3], référence aux memes mettant en scène un shiba inu, chien japonais emblématique, dont la gloire est née sur Reddit et 4chan (dog devenant « doge »). Ses appels du pied à l'alt-right[4] (par l'utilisation du meme Pepe the Frog), ses velléités de s'afficher en gamer (en se ridiculisant), et son omniprésence sur feu Twitter sont autant de signalements ostensiblement affichés d'une appartenance prétendue à cette culture.

Elon Musk, lors de la Conservative Political Action Conference (CPAC), a bien qualifié cette stratégie : il s'agit de « devenir un meme », de s'insérer et de se cristalliser dans l'esprit populaire comme signe, signifiant et objet. Lors du même rassemblement, Steve Bannon a poussé la logique un cran plus loin : il a adressé à la foule un salut autrefois banni, double imitation nazie et muskesque, entériné par un « amen ». Trump lui-même est un artéfact pop culturel : animateur TV, personnage de catch WWE, il s'est plus récemment illustré, dans la dernière ligne droite de la présidentielle, en employé de McDonalds, ou encore comme danseur sur l'hymne YMCA ; ses mimiques ont été reprises partout dans le pays de l'oncle Sam. En France, ces stratégies sont copiées par l'extrême droite, comme lorsque Jordan Bardella se met en scène sur TikTok ou que sont diffusées ses performances de jadis sur Call Of Duty.

Post-satire, ridicule et outrance font écran à la violence des aspirations de l'alt-right et des libertariens. Une stratégie insidieuse émerge : jouer de la saturation médiatique et d'un nouvel ethos, en s'immiscant dans les codes et les espaces populaires pour contraster avec une élite conspuée et déconnectée – « la caste », dirait Javier Milei — jusqu'à se confondre avec l'objet esthétique plaisant, et, enfin, s'en emparer. Se prétendant contre-culturel, ce mouvement en est en réalité l'opposé : il détourne le « pop » de pop culture à son profit, le redéfinit et l'instrumentalise comme un levier de pouvoir populiste.

En Argentine, le cosplay détourné

En Argentine, cette stratégie trouve un terrain fertile dans la pratique du cosplay, investie par Milei et ses partisans. Derrière l'esthétique fantasque du miléisme se profile une figure désormais bien connue des Argentins : Lilia Lemoine, cosplayeuse, influenceuse antiféministe et complotiste antivax, aujourd'hui parlementaire sous la bannière de La Libertad Avanza.

Particulièrement populaire dans le paysage geek, le cosplay repose sur l'incarnation presque totémique d'un personnage, dans un acte d'expression libre. Changer de genre, d'origine ethnique ou de corpulence n'y surprend personne : cette plasticité fait du cosplay un espace de diversité et d'inclusivité, largement investi par la communauté queer.

La militante antiavortement Lilia Lemoine choisit pour elle des personnages qui, justement, sont au panthéon des icônes pop culturelles féministes et qui ont fait figure d'avant-garde des luttes de libération. L'exemple le plus marquant est sans doute celui de Ciri, issue de l'univers de The Witcher, une saga où la question du droit des femmes à disposer de leur corps se heurte aux pressions politiques et au regard objectifiant. Dans cet univers pro-choice, les cultures qui interdisent l'avortement sont qualifiées de barbares, et les sorcières, figures de pouvoir politique et mystique, échappent aux injonctions reproductives et redistribuent le pouvoir. La costumière du « Général Ancap » détourne ces personnages pour les inscrire dans une logique de fan service adressé à un public masculin, dans un registre qui oscille entre soft porn et fantasme geek, en bikini, épée à la main. Cette tension entre empowerment et male gaze, inhérente au cosplay, prend ici un tour nettement politique : la charge subversive de ces figures est neutralisée.

Du super-héros comme nouvel homme fort et salvateur

Symbole absolu de la culture geek pris pour référence par Musk, Milei et plus rarement par Trump, le super-héros est le personnage totem. Complexe et pourtant ultra-identifiable, héritier du chevalier et du demi-dieu mythologique, il incarne la pulsion de la salvation : être sauveur ou être sauvé au sein d'une communauté en péril. Cette figure, le plus souvent masculine, est un catalyseur en temps de crise. Ce fut par exemple le cas du célèbre Captain America, créé par Jack Kirby et Joe Simon, deux juifs ashkénazes, dont la fonction première était de combattre le nazisme.

Dans la même écurie, Marvel, les X-Men opèrent comme une représentation de la diversité des États-Unis en tant que terre d'immigration et un soutien au mouvement des droits civiques, le Professeur Xavier incarnant une figure inspirée de Martin Luther King, tandis que Magnéto est souvent comparé à Malcolm X. Plus tard, le groupe de super-héros mutants sera interprété comme une allégorie du coming out et de l'oppression des communautés LGBTQ. Dernier exemple en date, T'Challa, alias Black Panther, création de Stan Lee, avant même la naissance du groupe activiste du même nom, incarne un renversement des récits de ségrégation et d'émancipation : il est un roi technologique, capable de rivaliser avec les plus puissants héros. Dans l'univers Marvel, ni lui ni ses ancêtres n'ont connu l'esclavage et le Wakanda demeure l'un des plus grands bastions de résistance à l'oppression.

Le super-héros s'inscrit toujours dans l'urgence et dans l'action, bien qu'il puisse mener en parallèle une vie rangée. Il est le détenteur d'un pouvoir, le gardien d'un ordre. Il possède donc, comme l'a montré Alan Moore dans Watchmen, un potentiel fascisant immense. Le super-héros se place au-dessus des lois, au-dessus de l'opinion, dans un mouvement fondamentalement antidémocratique. Il fait souvent la loi plus qu'il ne la respecte. Même Superman, le plus pur d'entre eux, a ses versions alternatives où il devient un tyran. Comme le conceptualise Alan Moore, le super-héros nous maintient dans un état d'infantilisation, nourrissant l'instinct de déléguer notre protection à une figure toute-puissante et providentielle, quitte à légitimer la force comme mode de gouvernance.

Le retour du geek

Dans ce magma de références, on peut noter l'usage distinctif d'une culture populaire. Elle ne revêt que peu de sens si ce n'est de créer un écart démonstratif avec la culture bourgeoise. Indiscutablement, ce sont les références geeks qui jouent ce rôle. Dense réseau de sous-cultures, jadis houspillées et à présent hégémoniques, tant par leurs adhérents que par leur présence dans les références communes.

Aujourd'hui le box-office est tenu par les super-héros, le jeu vidéo est l'industrie culturelle la plus profitable, et les tout-puissants du numérique sont des geeks. La culture geek va de pair avec le capitalisme, par ses produits dérivés et ses espaces de consommation, mais aussi avec l'ère numérique, car tout repose sur le partage entre fans facilité par Internet – les forums ayant été le ground zero de notre communication moderne, le fruit de cette envie dévorante de partage et débat autour de la fiction.

Les geeks ne sont plus dominés ou minoritaires. Ils se perçoivent ainsi, comme minorisés, du fait du mépris non résorbé toujours réservé aux sous-cultures. On retrouve là, à l'instar des chrétiens aux États-Unis, un complexe de persécution, une posture victimaire adoptée par certains groupes dominants. Une frange réactionnaire du monde geek, lorsqu'elle se mêle aux idées fascistes, en fait un levier de revanche, dans une pensée-ressentiment où tout peut être utilisé pour contrer l'hypothèse woke.

Le faux drapeau super-héros pop et l'offensive libertarienne, une exploitation

Détourner les références pop en se les appropriant : une habitude de l'extrême droite, dans un mélange de méconnaissance et d'instrumentalisation. Le Seigneur des Anneaux y est considéré depuis des années comme une œuvre de ralliement. La pilule rouge de Matrix est devenue un nom de code masculiniste, symbole d'un contre-éveil anti-woke, alors que la tétralogie des sœurs Wachowski est, entre autres choses, une allégorie de la transition de genre.

Incarner un héros, devenir un artefact culturel, se mémifier, c'est, pour cette nouvelle extrême droite, acquérir une forme de transitivité de la puissance de ces images. « La raison a beau crier », comme le soulignait Pascal, mais l'image, elle, s'impose par la sidération qu'elle provoque. C'est ce qui permet à Elon Musk, malgré son profil de geek médiocre, de se construire une aura en prétendant être grand joueur d'Elden Ring ou de Path of Exile. L'adhésion repose moins sur les faits que sur la familiarité de l'image : un geek reconnu, un pair. Peu importe aussi que la figure du général soit connotée négativement, tant dans la culture argentine que dans la pop culture, où seuls les super-vilains portent ce titre (le Général Zod contre Superman, le Général Ross contre Hulk). L'esthétique prime sur la signification : le Général Ancap touche au cool, cette catégorie esthétique dominante, qui repose sur le détachement et l'effortless. Les politiciens d'extrême droite s'emparent ainsi de la culture geek pour y injecter leur propre mythologie.

Lilia Lemoine en Ciri et enWonder Woman, Javier Milei transformant sa tronçonneuse (une version maléfique du Mjöllnir de Thor, symbole de vertu réservé aux seuls dignes de le manier) : autant de détournements qui brouillent les repères. La tronçonneuse DOGE, offerte par Milei à Musk à la CPAC, est le point culminant de cette logique, une passation symbolique où l'objet, vidé de son sens premier, devient un étendard. Ce détournement ne s'arrête pas à l'iconographie. Il s'étend aux récits politiques eux-mêmes. Du libertarianisme à la conquête de Mars – hypothétiquement rendue habitable en prenant le contrôle de l'arsenal nucléaire pour bombarder ses pôles –, on retrouve les mêmes motifs de domination et de toute-puissance. Ironiquement, ces projets dystopiques résonnent avec ceux des antagonistes des univers de fiction que ces figures politiques prétendent incarner.

Un nouveau contrat éthique

Le Liberland géant, bien au-delà du micro-État vanté par Milei, surgit comme un monde cyberpunk sous l'impulsion de l'alt-right libertarienne et néo-libérale. Ce courant dominant de la science-fiction contemporaine (Matrix, Ghost in the Shell, Blade Runner, Total Recall) dépeint des futurs où l'industrie et le capitalisme écrasent l'humanité et précipitent sa disparition. Dans ces espaces, le lien avec la machine est, de gré ou de force, ténu, que ce soit par le rapport entre humain et IA, ou par des mutilations volontaires transhumanistes.

Avec leurs nouveaux costumes flamboyants et parodiques, les figures de l'extrême droite libertarienne prônent la fin du contrat social avec une désinhibition totale, sans filtre. À l'aune d'un nouvel ordre techno-féodal où la prédation est la norme, notre destin collectif exige l'établissement d'un nouveau contrat éthique – seul rempart contre la fusion politique super-violente de l'horrible et du merveilleux.

Zacharie Petit
PHILOSOPHE, DOCTORANT À L'UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE

Ariana Saenz Espinoza
JOURNALISTE

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L’homme qui voulait être roi : la méthode et les contradictions dans la folie de Trump

8 avril, par Sam Gindin — , ,
Des vents contraires sont apparus dans la précipitation de Donald Trump à faire dérailler et à transformer l'État et à placer l'Empire américain sur des bases radicalement (…)

Des vents contraires sont apparus dans la précipitation de Donald Trump à faire dérailler et à transformer l'État et à placer l'Empire américain sur des bases radicalement nouvelles – mais non moins oppressantes. Cette fois, cependant, Trump est venu avec un programme plus préparé, tandis que les forces sociales pour contrer sa trajectoire restent un souhait lointain. Cela facilite l'entêtement de Trump.

6 avril 2025 | https://socialistproject.ca/2025/04/man-who-would-be-king/

Nous ne savons pas jusqu'où Trump ira. Aucune préoccupation ne doit être écartée, qu'il s'agisse de la menace d'une consolidation fasciste, de la crainte que les atteintes aux programmes sociaux soient presque irréversibles, de la dévastation supplémentaire du mouvement ouvrier ou des dommages aigus causés à l'environnement par quatre années d'inaction (ou pire).

Pour une grande partie de la gauche découragée, la trajectoire de Trump signifie une ligne droite vers l'enfer. Et pourtant, il y a un écart important entre ce que Trump veut faire et ce qu'il sera capable de réaliser. Les cultures et les capacités de l'État peuvent être attaquées, mais pas si facilement refondées. Les structures économiques mondiales sont têtues. Les réactions internationales sont incertaines. Les contradictions de classe abondent.

Bien que les coupes de Trump dans les services, tenus pour acquis, n'aient pas encore été largement expérimentées, les réactions au déchaînement de Trump contre l'État commencent à faire surface. Et si les bizarres tarifs douaniers de Trump s'avèrent être plus qu'un stratagème de négociation temporaire et que leur imposition fait grimper les prix, les perturbations et l'économie à la baisse feront effondrer la crédibilité de Trump. Les perspectives pour la gauche socialiste de profiter de tout cela sont sombres.

La résistance aux excès de Trump est donc, paradoxalement, plus susceptible de provenir de ses propres partisans populistes et du monde des affaires.

Trump peut répondre aux attentes de ceux et celles qui recherchent une ligne dure sur l'immigration et peut accorder à ses bailleur.e.s de fonds les réductions d'impôts et la déréglementation qu'ils et ells recherchent avidement. Mais c'est l'économie qui sera décisive pour sa base populiste. Et sur cette mesure, il est très peu probable que Trump réussisse. Quant à l'élite des affaires, elle a toujours supposé que Trump n'était pas fou au point de déclencher une guerre tarifaire qui risquerait de saper l'empire américain lui-même. Au fur et à mesure que ce danger se matérialisera, les entreprises se rebelleront. La question passera alors de ce que Trump a l'intention de faire à ce qu'il fera si ses plans s'égarent.

Une méthode dans la folie de Trump ?

Steve Bannon, qui chuchotait à l'oreille du premier mandat de Trump, s'est un jour décrit comme léniniste parce que « Lénine ... voulait détruire l'État, et cela est aussi mon objectif. Je veux tout faire s'effondrer et détruire tout l'establishment d'aujourd'hui. » Apparemment, Trump écoutait et apprenait. Il y a de la méthode dans au moins une partie de la folie des débuts du second mandat chaotique de Trump.

« Le choc et l'effroi » déclenchés par Trump n'étaient pas seulement de concentrer le pouvoir de l'État entre ses mains ou un déchaînement vengeur de quelqu'un qui a été repoussé en 2020. Ce qui est plus important, c'est l'intention de perturber le fonctionnement normal de « l'État profond » afin de neutraliser toutes ses inclinations oppositionnelles et de le forcer à se replier sur sa défensive. Il ne s'agit pas de détruire l'État ; il ne fait aucun doute que les interventions de l'État à des fins autoritaires vont augmenter. C'est plutôt la paralysie permanente de ces aspects de l'État qui pourrait limiter le capital et répondre aux besoins collectifs.

Les mesures tarifaires erratiques de Trump, ainsi que son renversement de l'ancienne politique bipartisane sur l'Ukraine, ont déjà eu des résultats indirects. Dans le cadre d'une prétendue défense contre le tournant américain, l'Europe et le Canada ont tous deux endossé le manteau nationaliste de la souveraineté et ont donné à Trump l'un des principaux changements qu'il a demandés : une augmentation de leurs dépenses militaires afin de corriger la part disproportionnée de l'Amérique dans les coûts militaires de l'OTAN. Étant donné que les entreprises américaines obtiendront également une bonne part des dépenses militaires augmentées, le complexe militaro-industriel américain gonflé bénéficiera d'un coup de pouce supplémentaire.

De plus, il se peut que l'incertitude créée par rapport à l'accès au marché américain ait également de la méthode dans sa folie : les entreprises pourraient maintenant biaiser les futurs investissements mondiaux et les chaînes d'approvisionnement pour s'installer aux États-Unis « au cas où ». C'est une préoccupation générale. Mais cela touche particulièrement au Canada. Car il. est si proche, donc déjà intégré, et avec des coûts relativement comparables.

À la base de tout cela se trouve la question principale au cœur de l'agenda de Trump. Paraphrasée, elle demande : « Pourquoi, si l'Amérique est la puissance dominante du monde, accepte-t-elle une part aussi disproportionnée des fardeaux de la mondialisation et reçoit-elle une part si injuste des avantages ? » Le fait de définir le statut de l'Amérique en ces termes exagérés ajoute une autre méthode-de-folie : la mauvaise direction.

Beaucoup d'Américain.e.s n'aiment peut-être pas les réponses de Trump à la question qu'il pose, mais ils et elles ne remettent pas en question les hypothèses implicites qui sous-tendent cette question. L'Amérique est-elle vraiment en déclin ? Le problème est-il que le capital américain est faible et a besoin d'être renforcé, ou le capital américain est-il déjà trop fort et a-t-il besoin d'être contrôlé ? Les principales difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs et travailleuses sont-elles enracinées dans les biens qu'ils et elles importent ou sont-elles d'origine locale ? Malgré les tarifs douaniers qui dominent l'actualité, ce sont les actions intérieures de l'État américain et du capital national qui ont le plus d'impact sur la qualité de vie de la classe ouvrière. Pendant la Grande Dépression, le président Roosevelt a déclaré : « Nous ne pouvons pas êtres content.e.s... si une fraction de notre peuple est mal nourrie, mal vêtue, mal logée et peu sûre d'elle. » Neuf décennies plus tard, le « nous » de ce sentiment est toujours divisé entre les élites qui sont effectivement d'accord avec une telle Amérique et ceux et celles qui ne le sont décidément pas. Pourtant, ceux et celles du côté des perdant.e.s restent trop fragmenté.e.s et démoralisé.e.s pour réagir. Les défaites passées ont fait des ravages.

En abordant le phénomène Trump, il est courant de traiter le trumpisme comme unique. C'est une exagération. La montée d'une extrême droite a précédé Trump, et son ascension s'étend bien au-delà des États-Unis. Quelque chose avec un pedigree historique plus long que Trump et des fondements structurels communs semble être en jeu. À cet égard, quatre développements interdépendants ont été particulièrement cruciaux : la trajectoire du néolibéralisme, la crise de légitimité, la polarisation des options, et la montée du nationalisme.

Du libéralisme au néolibéralisme

Le libéralisme était l'expression du capitalisme des Lumières. Ses principes fondamentaux étaient la propriété privée des moyens de production et de distribution et l'omniprésence des marchés, y compris les marchés de la main d'œuvre et de la nature – les bases fondamentales de la survie humaine. Idéologiquement, le libéralisme soutenait que l'individualisme et l'intérêt personnel maximiseraient le bien-être de tous et toutes. Sur le plan politique, il a apporté le vote, des droits libéraux, tels que la liberté d'expression et d'association, la protection contre les arrestations arbitraires, et des limites à l'intervention du gouvernement dans la société civile.

Le capitalisme libéral n'était cependant pas un projet universaliste, mais un projet de classe. Le droit de vote était subordonné à la possession d'une propriété importante, et les premières tentatives des travailleurs et travailleuses d'agir collectivement ont été traitées comme des complots illégaux visant à limiter les droits prépondérants du commerce. Aux États-Unis, la qualification de propriété est restée jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle et a continué d'exclure les femmes jusqu'au premier quart du XXe siècle, et les Noirs jusqu'au Voting Rights Act de 1965. Les droits syndicaux n'ont été établis qu'avec la loi Wagner au milieu des années 1930.

Contenir les travailleurs dans une société où leurs droits étaient considérablement restreints était une chose. Le faire après que les travailleurs et travailleuses aient obtenu le droit de vote, consolidé la syndicalisation, et obtenu des droits collectifs vitaux par le biais de programmes sociaux en était une autre. La réponse de l'État américain au soulèvement de la classe ouvrière pendan la Grande Dépression a été d'introduire des droits syndicaux et des programmes sociaux – des concessions considérées comme essentielles pour conserver/récupérer la légitimité du capitalisme.

Dans la période de l'après-guerre, les grandes attentes de la classe ouvrière qui ont suivi les dénégations des années 1930 et les sacrifices de l'économie de guerre ont de nouveau mis la pression sur les élites. Le projet américain d'un ordre mondial libéral a renforcé ces pressions. Car il s'est accompagné d'une restructuration prononcée à l'intérieur du pays et a nécessité le détournement de fonds nationaux pour relancer le capitalisme à l'étranger.

Le boom de l'après-guerre a permis aux élites d'offrir plus facilement des concessions aux travailleurs et travailleuses. Ces gains étaient toutefois limités, intégratifs et, sans changements structurels dans l'équilibre des forces de classe, vulnérables à un renversement. Néanmoins, alors que le boom de l'après-guerre s'estompait et que le capital cherchait à réduire les attentes des travailleurs et travailleuses et à accroître l'autorité du patronat sur les lieux de travail, les concessions du capital ont permis une certaine résistance persistante.

L'État américain n'était d'abord pas sûr de savoir comment répondre à cela sans s'aliéner la classe ouvrière. Après une décennie de trébuchements, un consensus s'est dégagé. Une subordination plus étroite des travailleurs et travailleuses au travail et dans la société aux priorités de l'accumulation du capital était essentielle. Cela se ferait en libéralisant la finance, en mondialisant, en mettant un frein à la croissance des programmes sociaux et en affaiblissant de manière décisive le mouvement ouvrier.

Ce projet, une adaptation du libéralisme des premières années du capitalisme aux nouvelles circonstances des gains politiques de la classe ouvrière, a apporté un libéralisme modifié ou renouvelé : le néolibéralisme. Elle a été caractérisée à tort par beaucoup comme dégradant le rôle de l'État et élargissant les marchés. Mais cette interprétation a mal compris son essence biaisée de classe. Les marchés ont besoin de l'État. Et l'État s'est transformé pour limiter certains de ses rôles (programmes sociaux, droits syndicaux, participation démocratique) tout en renforçant d'autres (subventions aux entreprises, interventions contre les grèves, élargissement du complexe industriel-carcéral).

La crise de la légitimation

Bien que les élites aient d'abord été nerveuses à l'idée des ramifications de l'inversion des gains récents de la classe ouvrière, une décennie de recherche d'autres solutions les a convaincues que le maintien de l'ordre capitaliste exigeait un assaut frontal contre les travailleurs et travailleuses. Il s'est avéré que, bien que le mouvement syndical ait fait preuve d'un militantisme économique important et de protestations impressionnantes, lorsqu'il s'agissait d'exercer une influence politique, le mouvement syndical était un tigre de papier. Le statu quo n'étant plus une option, et sans base sociale pour déplacer les choses vers la gauche, la solution à la crise du capitalisme des années 1970 se résumait à la nécessité de plus de capitalisme. Le politologue Adolph Reed a résumé succinctement le néolibéralisme comme étant

5 essentiellement « un capitalisme sans opposition de la classe ouvrière ». La politique de concessions aux travailleurs et travailleuses était maintenant remplacée par quelque chose de beaucoup moins coûteux : le fatalisme imposé : « il n'y a pas d'alternative » est devenu le slogan qui définit lecapitalisme.

Pendant un certain temps, les familles des travailleurs et travailleuses ont trouvé des moyens de survivre à l'assaut. Les femmes sur le marché du travail travaillaient plus longtemps. Les femmes jusque-là la maison entraient sur le marché du travail. Les étudiant.e.s ont pris du temps de leurs études et de leurs familles pour occuper des emplois généralement précaires et mal rémunérés. Les familles se sont endettées. Ces adaptations individualisées ont affaibli la capacité de résistance collective de la classe.

L'aliénation purulente et les frustrations croissantes ont constitué une crise de légitimité. La colère n'était pas dirigée contre le capitalisme et les capitalistes, mais plutôt contre les gouvernements élus, les agences d'État et les partis politiques qui étaient censés défendre les travailleurs et travailleuses contre les méchancetés les plus extrêmes du capitalisme. La crise de légitimité s'est manifestée comme une crise politique.

De nombreux et nombresues marxistes ont insisté sur le fait que la cause sous-jacente résidait dans le déclin économique. Mais les profits américains se sont remarquablement bien comportés, et les investissements non résidentiels, bien qu'ils n'aient pas suivi la croissance des profits, ont augmenté à une moyenne respectable de plus de 3 % en termes réels entre leur pic d'avant la crise de 2008-09 et 2024.

La tension portait plutôt sur le contraste – et le lien – entre la façon dont les choses allaient bien pour les capitalistes et la misère de la vie de la plupart de la population. La crise de légitimité politique qui a suivi invitait du changement radical. Mais seule la droite s'est avérée capable de l'exploiter. Cela a culminé avec l'élection de Trump.

La polarisation des options

La crise de légitimation est intimement liée à une polarisation des options. La volonté persistante du capitalisme de « se blottir partout, de s'installer partout » l'a conduit à pénétrer toutes les institutions, à infuser la culture quotidienne, à déformer nos perceptions et à créer et reconstruire constamment une classe ouvrière qu'il peut tolérer. Cela a rendu encore plus difficile la lutte contre le capitalisme.

Les réformateurs et réformatrices se tournent souvent avec nostalgie vers l'âge d'or du capitalisme de l'après-guerre comme alternative éprouvée. Mais même si nous nous limitions à revenir à ces années, il faudrait revenir en arrière sur une grande partie des changements économiques survenus depuis lors : la mondialisation, la restructuration de la production, la croissance du pouvoir des entreprises et des finances. Ce serait une entreprise particulièrement radicale.

De plus (et outre le fait que cette époque n'était vraiment pas si merveilleuse), nous devons faire face au fait que les années 1950 et 1960 se sont terminées par un échec. Elles n'étaient pas une option durable sans l'ajout d'autres changements beaucoup plus radicaux. Pour le capital et l'État, cela impliquait le tournant néolibéral. La gauche large a refusé, ou a tout simplement été incapable, de s'y attaquer, et a été écartée. L'expression politique de cette polarisation des options est le ratatinage, pratiquement partout, de la social-démocratie. En l'absence de volonté et de capacité de transformer les structures du pouvoir - sur les lieux de travail et dans l'État -, ses réformes se sont avérées fragiles.

Penser (et agir) grand est aujourd'hui une condition même pour gagner petit. Cette tactique exige le développement d'un bon sens, distinct de celui du capital, et un respect pour les travailleurs et travailleuses comme ayant des potentiels qui vont au-delà du vote périodique, du porte-à-porte, et du financement de campagnes par l'intermédiaire de leurs syndicats.

La politique électorale est bien sûr pertinente, mais seulement si une base sociale puissante est déjà en place. La construction d'une telle base ne peut se faire dans les contraintes de temps et de l'accent mis sur le consensus des campagnes électorales, qui cherchent à mobiliser la classe ouvrière en grande partie telle qu'elle est, et non à jouer un rôle de premier plan dans la construction de la classe pour en faire ce qu'elle pourrait être.

En l'absence d'un projet plus large d'éducation et d'organisation pour créer une classe ouvrière dotée de la compréhension, de la vision indépendante, de la confiance et des capacités organisationnelles et stratégiques essentielles à la transformation de la société, la social- démocratie se dissout dans le « crétinisme parlementaire » dont parlait Marx. Il fuit le socialisme plutôt que de le défendre et prend sa base ouvrière pour acquise afin de gagner en crédibilité (légitimité) auprès de certaines sections du monde des affaires.

Les démocrates sous Biden semblaient reconnaître les coûts politiques d'un électorat aliéné et osaient parfois parler de la fin du néolibéralisme. Mais les réformes qu'ils et elles ont introduites n'ont pas été à la hauteur d'un véritable renversement. Au moment de la rédaction de cet article, le Parti démocrate est à son plus bas niveau d'approbation jamais enregistré. Le NPD social- démocrate du Canada est également à un niveau historiquement bas ; et les partis sociaux- démocrates européens ont longtemps subi un sort similaire.

La polarisation des options s'applique notamment également à la droite. La droite peut mobiliser les ressentiments et la colère par des appels nativistes. Mais elle ne peut pas tenir ses promesses parce que pour ce faire, il faudrait remettre en question les prérogatives du capital. De temps en temps, la droite est trop intégrée idéologiquement et institutionnellement dans le grand capital pour mener à bien une éventuelle rupture avec lui. Cela prépare le terrain pour qu'une partie de la base populiste de Trump se retourne contre lui.

Le nationalisme

La mondialisation n'a pas érodé le rôle des États-nations. Elle les a plutôt rendus plus importants que jamais. Sous l'égide de l'État américain, tous les États capitalistes en sont venus à assumer la responsabilité d'établir – et de légitimer – les conditions de l'accumulation mondiale sur leur propre territoire et de s'entendre mutuellement sur les règles qui liaient ces États ensemble. La souveraineté des États au sein de l'ordre dirigé par les États-Unis était une souveraineté libérale, et non populaire.

Comme nous l'avons vu plus haut, il était assorti de conditions : le caractère sacré de la propriété privée dans les moyens de production et de distribution, des marchés plus libres et un traitement égal des capitaux étrangers et nationaux. Le rôle actif des États-nations a contribué à maintenir envie le sentiment nationaliste, et le développement inégal de la mondialisation a suscité des ressentiments qui ont rendu possible une réémergence de la réaction nationaliste.

La revendication socialiste d'une souveraineté substantielle, ou populaire, au-dessus des droits de propriété privée, impliquait une restructuration économique radicale qui indiquait la nécessité d'une planification et d'une reconsidération des priorités nationales. Cela a posé un défi à la fois à l'ordre mondial dirigé par les États-Unis et aux classes capitalistes internes, en particulier celles les plus intégrées à la mondialisation.

La droite pourrait se plaindre du statut de son État au sein du capitalisme mondial. Mais comme elle n'était pas sur le point de vraiment affronter son propre capital ou de défier la mondialisation elle-même, elle a fondamentalement accepté les règles de l'Empire américain et exprimé son nationalisme économique en termes de renforcement de la compétitivité nationale. Son nationalisme populiste a détourné l'attention de la mondialisation en tant que telle vers son impact sur une immigration augmentée.

La situation aux États-Unis est distincte, parce que l'empire américain a le pouvoir de canaliser le nationalisme américain pour modifier l'équilibre des coûts et des avantages en sa faveur. C'est-à-dire qu'il peut être populiste dans ses critiques de l'impact de la mondialisation sur les emplois et les communautés et l'afflux d'immigrant.e.s, puis il peut agir pour modifier la mondialisation sans la quitter. Mais les tactiques de mobilisation impliquées, et les mécanismes utilisés pour faire pression sur d'autres États afin qu'ils acceptent des règles et des conditions spéciales pour l'Amérique, entraînent des risques pour la nature même de l'empire américain.

Contradictions cruciales

Ce qui sépare Trump des autres présidents américains, c'est sa détermination agressive à écraser l'État et à utiliser les droits de douane comme un outil pour gagner de l'avantage.

Remplacer les chefs des agences de l'État par des loyalistes de Trump n'est pas comme couper la tête d'un poulet. L'institution perdure, tout comme la nécessité d'une gamme de fonctions étatiques historiquement développées, qui servent à la fois les besoins sociaux et capitalistes. Les coupes indiscriminées ne mettront pas fin à la bureaucratisation, mais créeront plutôt une nouvelle bureaucratie, plus étroitement clientéliste et autoritaire, avec des conflits permanents à

l'intérieur et entre les agences, apportant chaos, dysfonctionnements, gaffes, dommages permanents, et aussi une résistance sous la forme de fuites stratégiques de l'intérieur de l'État. En ce qui concerne les droits de douane – pour Trump et ses conseillers et conseillères, le Saint Graal pour rendre à l'Amérique sa grandeur – trois points doivent être soulignés.

Tout d'abord, alors que les tarifs douaniers sont une taxe de vente sur les biens étrangers destinée à redistribuer les emplois mondiaux, les tarifs douaniers ont également des impacts sur la distribution nationale des revenus de classe. Considérons la réaction d'Amazon et de Walmart, les deux plus grands employeurs des États-Unis.

Lorsque ces entreprises importent des marchandises de Chine (leur principale fournisseuse), le gouvernement ajoute les droits de douane au coût des marchandises. Cela augmente les coûts des entreprises, qui sont répercutés, en tout ou en partie, sur leurs client.e.s. Contrairement à l'impôt sur le revenu, cet impôt ne dépend pas de vos revenus : les riches et les pauvres paient la même chose pour les biens.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Ce qui compte au moins autant, c'est ce que le gouvernement fait des revenus qu'il a collectés. Il ne sera certainement pas utilisé pour améliorer les programmes sociaux et l'infrastructure nécessaire ; Trump et Musk sont trop occupés à les réduire.

Au lieu de cela, les fonds collectés grâce aux tarifs douaniers seront utilisés par l'administration Trump pour compenser la perte de revenus due aux réductions d'impôts que Trump a promises à ses riches ami.e.s. Ainsi, au lieu de mettre fin à l'inflation dès le premier jour, Trump l'aggrave. Et au lieu de répondre aux préoccupations populaires, il utilise l'argent prélevé principalement sur les travailleurs et travailleuses pour rendre les sales riches encore plus riches (et plus sales).

Deuxièmement, bien que les tarifs douaniers sont parfois justifiés pour défendre les emplois ou, comme dans les pays du Sud, pour créer le temps et l'espace nécessaires au développement économique, s'ils constituent la seule réponse, plutôt que de faire partie d'un ensemble plus large de politiques, le résultat peut ne pas correspondre à l'intention.

Au milieu des années 80, Ronald Reagan a imposé des quotas sur les voitures japonaises pour les forcer à produire aux États-Unis plutôt que de simplement expédier des véhicules du Japon. Le soutien enthousiaste des travailleurs et travailleuses de l'automobile américain.e.s – compréhensible compte tenu de leurs options – ne leur a cependant pas apporté la sécurité attendue.

Les emplois ne sont pas allés là où les travailleurs et les travailleuses de l'automobile connaissaient des fermetures. Ils sont allés vers le sud. Les transplantés japonais, ayant l'avantage de construire des usines nouvelles sans coûts hérités pour les retraités, sans syndicats pour représenter les travailleurs et les travailleuses, et en jouant un État contre un autre pour obtenir d'importantes subventions, ont augmenté leur part de marché. Cela a entraîné d'autres pertes d'emplois dans le Nord. Bientôt, les usines japonaises non syndiquées, et non l'UAW, ont établi les normes de toute l'industrie.

Pour en revenir à l'exemple chinois – puisque c'est là où une grande partie de la colère contre les pertes d'emplois a été dirigée – taxer les produits chinois ne les déplacera pas vers les États- Unis. Les acheteu.e.s se tourneront plutôt vers d'autres pays avec des coûts un peu plus élevés que la Chine, mais toujours beaucoup moins chers, en raison de leur stade de développement, qu'aux États-Unis. Cela s'est vu avec les tarifs douaniers antérieurs sur la Chine, qui ont quelque peu réduit leurs exportations vers les États-Unis. Mais ce qui a suivi a été leur remplacement par une explosion des exportations vers les États-Unis en provenance du reste de l'Asie. Ajoutez à cela les représailles contre les exportations américaines et les interruptions des chaînes d'approvisionnement affectant toutes sortes d'autres emplois américains, et ce qui émerge est une inflation plus élevée, plus de perturbations dans l'économie et peu d'impact sur les emplois américains.

Cela nous amène à un troisième point. Les tarifs douaniers sont une diversion par rapport aux problèmes plus vastes auxquels sont confrontés les travailleurs et travailleuses américain.e.s – des problèmes intimement liés à l'assaut néolibéral contre les travailleurs et travailleuses qui a surgi plus tôt et qui est toujours en place. Le commerce est important. Mais l'impact national antagoniste et fondaentalement antidémocratique des décisions des entreprises et des gouvernements est plus important. Celles-ci vont de l'absence d'un système de soins de santé universel à l'accès insuffisant à l'éducation supérieure, et de l'absence de logement abordable au refus de faire de la syndicalisation un droit démocratique substantiel.

L'incapacité du système économique et politique américain à agir de manière cohérente sur la transition vers les véhicules électriques, une dimension relativement mineure de la crise environnementale qui aura un impact majeur sur les travailleurs et travailleuses de l'automobile et d'autres travailleurs et travailleuses, est également pertinente. Dans les années 1950, les États- Unis produisaient environ les trois quarts de tous les véhicules à gaz dans le monde. Aujourd'hui, la Chine, pour des raisons qui vont bien au-delà des questions commerciales, fabrique à peu près la même proportion de véhicules électriques dans le monde. Les raisons, et donc les solutions, vont bien au-delà des droits de douane.

Une réinitialisation impériale ?

Au cours des huit dernières décennies, l'Empire américain d'après-guerre a été la poule aux œufs d'or pour le capital américain et une grande partie du capital mondial. Son émergence était une réponse aux échecs cauchemardesques du capitalisme international au cours des trois décennies précédentes : deux guerres mondiales, la Grande Dépression, une réaction nationaliste monstrueuse. L'objectif était de générer un capitalisme relativement stable et intégré à l'échelle mondiale, non pas enraciné dans la force brute, mais dans l'acceptation d'une souveraineté formelle pour tous les États et de relations économiques internationales fondées sur des règles.

Les ressentiments et les frustrations qui se sont accumulés aux États-Unis au cours des dernières décennies ont créé une ouverture politique qui a conduit à l'ascension de Trump. Canalisant les frustrations vers l'extérieur plutôt que vers la guerre de classe intérieure contre les travailleurs et travailleuses, Trump a promis de rééquilibrer les coûts et les avantages internationaux en faveur de l'Amérique, un projet délicat mais possible, qui a obtenu le soutien populaire de la majorité.

Le capital américain, en revanche, se concentrait sur les avantages qu'il obtiendrait d'une deuxième présidence Trump. Il a largement ignoré les diatribes préélectorales de Trump sur le commerce, les considérant comme performatives. Des tarifs douaniers judicieux et temporaires auraient pu être acceptables. Mais l'offensive sauvage de Trump a risqué de démanteler l'Empire. L'imposition musclée de droits de douane a rendu des représailles inévitables. Et le fait qu'il redouble d'efforts pour montrer qu'il est sérieux augmentera les tarifs à des niveaux de plus en plus élevés. L'utilisation des tarifs douaniers par Trump comme arme pour forcer d'autres concessions non commerciales ajoute à l'animosité et au chaos.

Et comme le commerce est indissociable de l'évolution des taux de change, des contrôles de capitaux peuvent également suivre. Dans le passé, l'incertitude mondiale avait tendance à accélérer les flux financiers mondiaux vers la sécurité des États-Unis, augmentant la valeur du dollar, mais laissant les biens produits aux États-Unis moins compétitifs. Aujourd'hui, ces flux peuvent surprendre et s'inverser, entraînant la panique et une hausse des taux d'intérêt américains. Quoi qu'il en soit, une nouvelle étape dans la réorganisation de l'ordre mondial pourrait s'ensuivre : des contrôles de capitaux et une réduction mondiale négociée du taux de change du dollar.

Les États-Unis n'ont bien sûr jamais hésité, même dans le cadre de l'« ordre fondé sur des règles », à intimider le Sud, ou un partenaire particulier, lorsqu'ils le jugeaient nécessaire. Ce qui distingue l'époque actuelle, c'est la mesure dans laquelle l'agressivité récente de Trump a été dirigée contre les alliés de l'Amérique. Le discrédit qui s'ensuivra sur le leadership américain rendra encore plus difficiles toute fin négociée à la guerre tarifaire et la réinitialisation de l'ordre mondial.

Ce démantèlement potentiel de l'empire américain par le biais de représailles sera acclamé par certain.e.s. Mais se rappeler la réalité de l'entre-deux-guerres devrait faire réfléchir. En l'absence d'une gauche puissamment organisée, il y a peu de raisons d'attendre des économies plongées dans le désarroi, des boucs émissaires, et un nativisme mobilisés, des pratiques démocratiques mises de côté.

Conclusion : où ira la gauche flétrie ?

Quelles que soient les inclinations de Trump, sans une capacité à tenir ses promesses économiques et une échappatoire au chaos tarifaire, les problèmes de Trump s'aggraveront. Une bonne partie de sa base populiste s'agite déjà, et la plupart de ses partisan.e.s capitalistes deviennent nerveux et nerveuses. La réponse des socialistes doit commencer par ce que nous ne devons pas faire.

Même si nous préférons que Trump perde face aux démocrates, nous devons nous défaire des illusions sur le fait que les démocrates, présents ou futurs, sont le véhicule d'un monde meilleur. Leur retour signifiera le retour à un statu quo récemment critiqué, consolidant ainsi une baisse des attentes au moment où nous devons surtout les augmenter. Il en va de même pour s'attaquer à ce que l'activité électorale peut faire et à ce qu'elle ne peut pas faire. Les élections ne sont pertinentes que s'il existe une base sociale active qui peut se servir réellement des résultats. C'est seulement l'existence d'une telle base qui rend les élections pertinentes.

Cela ne signifie pas que nous devons consacrer notre énergie à féliciter chaque victoire localisée et sporadique comme un signe d'avoir « franchi le cap » et d'appeler vaguement à la « construction d'un mouvement ».

La résistance et la solidarité sont fondamentales pour toute avancée sociale et doivent être acclamées. Mais extrapoler à partir de victoires partielles – il n'y a pas de victoires totales au sein du capitalisme – jusqu'à fantasmer sur des tournants radicaux ou une révolution imminente sont des obstacles à la découverte de réponses complexes à ce qui nous a si longtemps échappé.

De même, exagérer le statut de groupes qui éclatent de temps à autre et qui indiquent des potentiels d'organisation, mais qui n'ont aucune capacité institutionnelle pour se maintenir en tant que « mouvements », sape le défi de ce que signifierait la construction de mouvements efficaces.

D'un point de vue analytique, nous devons comprendre que la rivalité inter-impériale et un vague internationalisme ne feront pas le gros du travail pour nous. La menace fondamentale pour le capitalisme mondial ne réside pas dans le conflit entre les États, mais dans les conflits à l'intérieur des États et dans la façon dont cela se répercute ensuite au niveau international.

Le trumpisme, qui n'émerge pas du conflit entre le capital américain et le capital européen, canadien ou chinois, mais qui émerge plutôt du résultat du néolibéralisme aux États-Unis, est ici révélateur. Une sensibilité internationaliste est bien sûr fondamentale pour l'universalisme du socialisme. Mais comme l'ont noté Marx et Engels , la lutte peut être internationale en substance, mais en pratique elle doit commencer chez nous, dans notre pays.. Si nous ne sommes pas organisé.e.s chez nous, nous ne pourrons pas faire grand-chose pour les autres à l'étranger.

Enfin, nous devons mettre fin à la caractérisation de la tâche principale de la gauche - la construction d'une force sociale de la classe ouvrière - comme « réductionnisme de classe ». Si la classe ouvrière n'est pas convaincue de s'organiser pour la transformation sociale, nous devons cesser de parler de remplacer le capitalisme par quelque chose de radicalement meilleur.

Il est crucial de s'attaquer aux inégalités au sein de la population, qu'elles soient fondées sur le sexe, la race, l'origine ethnique, le niveau de revenu, etc. Mais ces luttes sont plus pertinentes si elles visent à surmonter les inégalités au sein de la classe des travailleurs et travailleuses dans le cadre de la construction politique de cette classe. Sans cet objectif, nous nous retrouvons à morceler la classe ouvrière et à détourner les fragments de la lutte contre l'ennemi plus grand : le capitalisme.

Nous devons avant tout faire face au fait que nous sommes, dans tous les pays, en train de recommencer à zéro. Aux États-Unis, cela signifie initier la longue marche pour reconstruire une gauche en dehors des contraintes du Parti démocrate et qui peut répondre aux préoccupations ressenties d'une classe ouvrière désorientée et démoralisée.

Institutionnellement, cela signifie s'organiser pour faire simultanément des socialistes et pour construire une force sociale avec les capacités collectives de se défendre, de comprendre que les limites auxquelles elle est confrontée ne sont pas une raison de reculer, mais des raisons d'élargir la lutte. Et, finalement, cela signifie être suffisamment confiant.e.s pour rêver nos propres rêves et agir en conséquence. Tout ce que nous faisons doit être jugé avant tout en fonction de la question de savoir si cela contribue à cet objectif.

Cet article a été publié pour la première fois, avant l'annonce des tarifs douaniers de Trump on sur le site web Nonsite

Sam Gindin était le directeur de recherche du Syndicat canadien de l'automobile de 1974 et jusqu'à 2000. Il est le co-auteur avec Leo Panitch de The Making of Global Capitalism (Verso) et co-auteur avec Leo Panitch et Steve Maher de The Socialist Challenge Today (Haymarket).

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Largage en grand du transport en commun comme de tout le reste

8 avril, par Marc Bonhomme — , ,
Le dernier budget de la CAQ pourrait baptiser le budget de l'austérité permanente pour soutenir les entreprises malmenées par la guerre tarifaire. Ce budget abandonne les (…)

Le dernier budget de la CAQ pourrait baptiser le budget de l'austérité permanente pour soutenir les entreprises malmenées par la guerre tarifaire. Ce budget abandonne les transports en commun sur le bord de la route… comme d'ailleurs tout le reste à commencer par la santé. « Ils font la guerre au transport en commun » de commenter la porte-parole Solidaire. « Un « coup dur » pour le métro de Montréal » déplore Valérie Plante [,,,] En dollars constants, ‘'les sommes disponibles sur 10 ans pour le maintien d'actifs du transport collectif ne représentent que 50 % des sommes qui étaient disponibles en 2013'', déplore le transporteur [la STM] ».

Et dire que« [l]e taux de l'impôt général des sociétés a atteint un sommet de 47 % au cours de la décennie 1950. Il a ensuite diminué progressivement pour arriver à 21 % en 2007. Depuis 2012, le taux d'imposition des sociétés est de 15 %. » La moyenne du taux de croissance annuelle des dépenses du gouvernement du Québec de l'année fiscale 2025-2026 à celle 2029-2030 sera d'un misérable 1,7 %. Par contre, celle du gouvernement Trudeau a été de 9% entre 2015-2016 et 20232024. Est-ce qu'il en sera de même sous un éventuel gouvernement Carney ?

Où est « l'accélération de chantiers publics » afin de contrer les pertes d'emplois que causera le chamboulement du libre-échange de l'ACEUM d'ajouter le chef du PQ ? Non seulement le métro ne sera pas revampé comme il le devrait mais est abandonné le « projet de tramway reliant Lachine au centre-ville de Montréal, qui n'est plus inscrit au Plan québécois des infrastructures (PQI) ». « L'abandon des projets de voies réservées à Québec a amené le Parti libéral du Québec et Québec solidaire à réclamer la démission du ministre responsable de la Capitale-Nationale et des Infrastructures, Jonatan Julien. »

Comme l'affirmait au printemps 2024 la ministres des Transports de la CAQ lors de la mini-crise du financement des déficits des sociétés de transport en commun, « Gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n'est pas une mission de l'État. » Pourtant les investissements dans les infrastructures ne sont pas négligés. Ce sont ceux du transport en commun qui le sont. « ‘'Québec cherche toujours à rattraper son retard avec l'Ontario, mais ce budget va au contraire accentuer cet écart en notre défaveur. Alors que l'Ontario investit 70 % de son budget de transport en transport collectif, le Québec est à l'opposé en investissant 70 % dans le réseau routier contre seulement 30 % en transport collectif'', a ajouté le porte-parole de Trajectoire Québec, Philippe Jacques. »

Manifestations dont émergent nouveaux groupes et jonction avec les syndicats

Cette pingrerie a son côté sans cœur. Les personnes handicapées et âgées, les mères avec des bébés en carrosse se verront privées d'ascenseurs dans les stations de métro qui en sont encore dépourvus. Cette odiosité a fait déborder le vase de la Table de concertation sur l'accessibilité des transports collectifs à Montréal et de d'autres organismes. En automne 2024, ils ont organisé une manifestation d'une centaine de personnes. Cette manifestation n'a été, depuis la fin de la pandémie, ni la première ni la dernière à Montréal pour le transport en commun.

Photo : Adil Boukind Le Devoir Selon la STM, plus d'un usager sur cinq (22 %) de ses services déclare une limitation fonctionnelle permanente.

En novembre 2023, Vélorution Montréal soutenu par Équiterre, Greenpeace et Trajectoire Québec organisait une manifestation d'une centaine de personnes contre les coupures prévues à la STM. « Les deux élues [présentes à la manifestation] ont aussi rappelé l'engagement de Québec solidaire à rendre le transport collectif gratuit pour tous les Québécois et de financer davantage de projets, autant dans les grandes villes que dans les régions. »

En juin 2024, au Carré Saint-Louis, le Mouvement pour un transport public abordable (MTPA) réunissait une « petite foule » contre « l'augmentation des tarifs de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) » et pour « également une plus grande accessibilité des transports en commun. »

Photo : Dominick Gravel, La Presse

En novembre 2024, « Écologie populaire, Justice Climatique Montréal, La Planète s'invite au parlement et Rage climatique » ont rassemblé au parc Jarry une centaine de personnes « pour un transport en commun gratuit, étendu et accessible pour toustes ! [et] Mort à la culture du char ! » (Mon album de photos). On y notait une visible présence syndicale.

Photo de Marc Bonhomme

Émergence panquébécoise de manifs plus nombreuses incluant des syndicats

Finalement, ce 28 mars, des centaines de personnes, dont un bon deux cent à Montréal (mon album de photos), ont marché à Montréal, à Québec, à Rimouski, à Trois-Rivières, à Magog « [c]onsternées par l'inaction et le mépris du gouvernement sur la question, […] pour exiger que le gouvernement provincial investisse massivement pour l'accessibilité et le développement du transport en commun. […] La manifestation montréalaise est organisée par Écologie populaire, la Table régionale des organismes volontaires d'éducation populaire (TROVEP) de Montréal, le Mouvement pour un transport public abordable, Justice climatique Montréal et Trajectoire Québec. » Le mouvement Ex-aequo, qui défend les personnes handicapées et qui a pris la parole au départ de la manifestation souligne que « [p]our répondre à ses besoins et exercer ses droits, il faut être en mesure de se déplacer. Pourtant, l'accès au transport en commun est toujours compromis par le manque d'accessibilité universelle, par des tarifs inabordables ou par des services inadéquats, voire tout simplement inexistants. »

Photo de Marc Bonhomme

À la manifestation de Montréal, on remarquait un bon cortège des Mères au front, un député Solidaire mais sans cortège et aussi un cortège de Projet Montréal, élections automnales obligent, que des orateurs ont semoncé. Montréal, contrairement à Québec et à Gatineau, n'offre pas de tarification sociale aux personnes à faible revenu. À souligner la présence d'un cortège syndical bien visible aux deux dernières manifestations, tout spécialement du Syndicat du transport de Montréal qui syndique les employés de l'entretien de la STM (voir la photo ci-haut). Ce syndicat, historiquement combatif, est cette année en renouvellement de convention, la dernière remontant à 2018. En plus il fait face à un début de privatisation.

Dans l'évolution des manifestations pour le transport en commun depuis la pandémie, on remarque une légère augmentation de la participation, qui demeure cependant modeste. Qualitativement, on note l'apparition de nouvelles organisations, composées d'une jeune militance, dédiées spécifiquement à la défense et à la promotion du transport en commun. Celles-ci, conscientes de leur faible rapport de forces dans une conjoncture de contre-courant déchaîné collaborent entre elles et tendent la main au mouvement syndical. On peut espérer que si grève des employés d'entretien il y a ces nouvelles organisations les soutiendront.

Un Jour de la Terre prometteur si s'ensuit une sérieuse mobilisation syndicale

Ce début de jonction — il n'y a pas eu prise de parole d'un représentant syndical — tout comme cette politisation syndicale peut représenter le début du commencement de quelque chose. L'aboutissement pourrait en être cette grève climatique qui a inspiré la naissance des Travailleurs et travailleuses pour la justice climatique (TJC) suite à l'immense manifestation de 2019 avec Greta Thunberg. Un pas important pourrait être franchi lors de la prochaine manifestation du Jour de la Terre à Montréal le 26 avril prochain. Le Front commun pour la transition énergétique et la FTQ y mobilisent sur la base du slogan « Pour des transports collectifs publics – Finançons nos transports ».

Le SREM-SCFP, représentant plus de 2 000 membres dans les cinq villes de l'agglomération de Longueuil : Boucherville, Brossard, Longueuil, Saint-Bruno-deMontarville et Saint-Lambert, mobilise avec la perspective suivante :

Le 26 avril, à l'occasion du jour de la Terre, nous descendons dans la rue pour nos transports !

Nous sommes des usagers et usagères du transport, des syndiqué(e)s du milieu, des habitant(e)s préocupé(e)s, des automobilistes forcés d'en être, des cyclistes en quête de sécurité, des étudiant-es qui veulent se rendre à leurs cours facilement et bien plus encore. Nous vous donnons rendez-vous le 26 pour notre santé, pour notre capacité à se déplacer, pour une économie au service de la majorité, pour nos droits collectifs, pour des milieux de vie plus résilients, pour l'avenir !

Parce que notre résistance doit passer par la construction d'alternatives, nous vous invitons à prendre la rue aux côtés des syndiqué(e)s du transport collectif. Ensemble, désarmons les pétrolières et les politiciens qui sont à leur solde en nous libérant collectivement de la dépendance aux hydrocarbures. Exigeons un financement du transport collectif qui permette l'amélioration du service et la qualité des emplois. Faisons en sorte, que partout au Québec, des alternatives à l'auto solo puissent se mettre en place. Investissons dans un avenir viable, à l'image du monde que nous souhaitons !

Joignez-vous à nous pour exiger :

Un financement public pérenne pour maintenir et développer le réseau
Des emplois de qualité dans le secteur du transport collectif
Des transports accessibles à toutes et tous – physiquement, géographiquement et financièrement

Ne reste plus à espérer que les directions syndicales mobilisent réellement leurs membres sans se satisfaire d'une présence symbolique.

Marc Bonhomme, 5 avril 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Envisagez-vous de voter libéral ?

Le NPD est une voix importante à la Chambre des communes. Avec le glissement des libéraux vers la droite, la représentation de la gauche au Parlement est plus cruciale que (…)

Le NPD est une voix importante à la Chambre des communes. Avec le glissement des libéraux vers la droite, la représentation de la gauche au Parlement est plus cruciale que jamais.

Tiré de Rabble

Beaucoup de personnes sur mes réseaux sociaux envisagent de voter libéral lors des prochaines élections. Mark Carney semble être une valeur sûre et la crainte d'une victoire de Pierre Poilievre à l'ère Trump est effrayante. Si votre principale préoccupation est de savoir quelle est la meilleure personne pour faire face à Donald Trump, c'est probablement lui. Je comprends.

M. Carney semble digne de confiance et aimable. Il dit comprendre que l'industrie privée est douée pour créer de la richesse, mais qu'elle n'est pas aussi douée pour protéger les personnes vulnérables dans le processus. Malheureusement, nous ne sommes plus en 1990 et l'idée que fournir aux entreprises privées des tonnes d'argent public et des réductions d'impôts produira de la richesse pour tout le monde a été complètement discréditée par l'expérience vécue. Ce qu'elle a produit, c'est une richesse massive, concentrée dans les 1 % ou plus probablement les 0,1 %, et de plus en plus de souffrance pour les pauvres et la classe ouvrière. Le résultat est que Trump, Elon Musk et les autres autoritaires et fascistes gagnent du terrain dans le monde entier. Mark Carney, en tant que directeur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre et en tant que cadre supérieur dans d'importantes sociétés de capital-investissement, a fait partie du problème et non de la solution.

Nous savons également qu'il est impossible que le NPD remporte cette élection. Mais si le NPD perd des sièges, comme le prédisent les sondages s'ils sont corrects, nous aurons des problèmes, car quels que soient les résultats de cette élection, les temps seront durs. Que notre gouvernement tienne tête à Trump ou qu'il lui tienne la main, la plupart d'entre nous vont souffrir. Nous souffrirons des pertes d'emploi, des attaques contre les immigrant-es, contre la diversité, l'équité, l'inclusion et contre les femmes. Nous avons besoin d'une présence forte de politicien-nes du NPD, qui gagnent des sièges au Parlement pour s'assurer que Carney et son cabinet ne cèdent pas aux attaques de la droite qui ne manqueront pas d'arriver.

Aujourd'hui, les Canadien-nes défendent avec force ce qui nous différencie des Étatsuniens : les soins de santé universels, la diversité, un engagement fort en faveur des droits humains et de la démocratie, le droit de choisir, les droits syndicaux et l'éducation universelle. Nous voyons déjà nos universités céder aux pressions sionistes organisées et restreindre le droit de manifester sur leurs campus. L'université de York cède déjà à l'atmosphère de droite en abandonnant les études de genre et les études indigènes. La ville de Toronto vient de distribuer les résultats d'une étude sur l'autorisation des manifestations qui penche fortement en faveur de leur restriction dans les zones dites vulnérables, à savoir l'hôtel de ville, les centres culturels, les musées, les écoles, les lieux de culte, les établissements d'enseignement supérieur, les installations de loisirs et, bien entendu, les institutions religieuses. Que reste-t-il ? Nous savons que c'est à cause des manifestations pro-palestiniennes presque hebdomadaires, mais cela affectera tout le monde et toutes les questions.

Par ailleurs, je ne fais pas confiance aux libéraux. Lors de l'élection de 1988 sur le libre-échange, nous pensions que le vote stratégique ferait gagner les libéraux. Cela n'a pas été le cas. Lors des débats de 1988, le leader libéral John Turner était un puissant opposant au libre-échange avec les États-Unis. Le conservateur Brian Mulroney a remporté cette élection bien que la plupart des électeurs aient voté contre les conservateurs et leur accord de libre-échange avec les États-Unis. Comme je l'ai mentionné dans un article précédent, nous avions prévenu que le libre-échange avec les États-Unis coûterait des emplois au Canada et rabaisserait nos programmes sociaux à leur niveau. Ce n'était pas si grave, mais c'était grave. Et c'est un Premier ministre libéral, Paul Martin, qui a sauvagement réduit le financement fédéral des programmes provinciaux d'aide sociale et de logement, comme l'avait prédit l'économiste féministe Marjorie Cohen lors du débat sur le libre-échange. Mark Carney me rappelle beaucoup Paul Martin, il lui ressemble même un peu. Mais Mark Carney est probablement plus proche des progressistes-conservateurs que des libéraux de Trudeau ; même Andrew Coyne le pense.

Si vous vous trouvez dans une circonscription où le NPD a un-e candidat-e solide, votez pour le NPD. Certain-es néo-démocrates se battent pour sauver leur siège, notamment Heather McPherson et Matthew Green, qui ont été les plus fervent-es défenseur-es de la Palestine et d'un embargo sur les armes à destination d'Israël à la Chambre des communes, sans oublier Niki Ashton et Leah Gazan. Il y a également un certain nombre de nouveaux et nouvelles candidat-es fort-es comme Bhutila Karpoche et Joel Hardin, des député-es provinciaux fort-es et ayant leur base dans la communauté, qui espèrent passer au niveau fédéral à Toronto, et bien sûr Avi Lewis en Colombie-Britannique.

Dans l'Ouest en particulier, le fait de voter pour le NPD ne nuit pas aux libéraux. De nombreux sièges passent du NPD aux conservateurs. Quoi qu'il en soit, je pense qu'à mesure que la campagne se poursuivra, le soutien des libéraux augmentera. Tout ce que nous avons vu jusqu'à présent de Poilievre, ce sont des vidéos et des publicités sur lesquelles il a un contrôle total. Je doute qu'il puisse tenir le coup dans un débat avec M. Carney et le chef du NPD, Jagmeet Singh. C'est un chien d'attaque et, en tant que personne qui a débattu professionnellement à la télévision, j'ai été l'animatrice de gauche d'une émission de débat droite-gauche sur CBC Newsworld, et je peux vous dire que cela ne fonctionne pas dans un vrai débat.

Le nouveau codirigeant du parti vert, Jonathon Pedneault, a été impressionnant en français et en anglais lors de leur lancement électoral et leur programme semble assez bon. J'aimerais que le NPD et les Verts coopèrent dans les circonscriptions où l'un des deux partis a un-e candidat-e fort-e car leurs programmes sont similaires, mais cela n'arrivera probablement pas. La dernière fois, souvenez-vous, Trudeau avait promis de modifier le système électoral antidémocratique pour qu'il reflète réellement le vote des citoyen-nes. J'aimerais également que le NPD cesse de prétendre qu'il peut gagner les élections et qu'il se présente avec l'argument qu'une forte présence du NPD est nécessaire pour protéger nos acquis et éviter tout retour en arrière.

M. Carney suit déjà l'exemple de M. Poilievre en réduisant les impôts pour les personnes à faible revenu et les nouveaux propriétaires. Dans son cabinet préélectoral, il a supprimé le poste de ministre chargée de l'égalité entre les hommes et les femmes. Même les conservateurs n'ont jamais osé supprimer le poste de ministre chargée de la condition féminine. Une coalition de groupes féministes et de syndicats a publié une déclaration protestant contre la suppression d'un ministère distincte chargé de la condition féminine. Peut-être M. Carney pense-t-il que les femmes ont déjà atteint l'égalité ? Il est plus probable qu'il s'adresse aux électeurs et électrices de droite. Cette décision a été peu médiatisée et même certaines de mes amies féministes affirment qu'elle n'est que temporaire. Que ce soit temporaire ou non, c'est un signe que les libéraux de Carney seront nettement plus à droite que les libéraux de Trudeau.

Jagmeet Singh propose de construire des logements sociaux sur les terres fédérales. Il pourrait peut-être envisager d'utiliser les fonds fédéraux pour aider à la construction de ces logements, sans oublier de taxer les riches. La meilleure façon d'augmenter les fonds fédéraux est d'augmenter les impôts sur les riches, ce qui serait très populaire. Mais que le NPD ait ou non le programme que je souhaiterais, il est néanmoins, comme il le souligne, responsable de la plupart des programmes sociaux positifs qui nous tiennent à cœur aujourd'hui.

Ces élections ne sont pas comme les élections américaines où il n'y a que deux choix. Nous avons d'autres partis qui peuvent faire la différence et qui la font en parlant en notre nom au Parlement. Veuillez reconsidérer votre vote stratégique pour les libéraux. Je vous garantis que vous le regretteriez.

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« Sur la situation européenne et internationale », résolution du Bloco de esquerda (Portugal)

8 avril, par Bloco de Esquerda — ,
Cette résolution du Conseil National du Bloc de Gauche portugais sur la politique internationale, approuvée aujourd'hui, voit « l'Europe prise au piège de l'axe Trump-Poutine » (…)

Cette résolution du Conseil National du Bloc de Gauche portugais sur la politique internationale, approuvée aujourd'hui, voit « l'Europe prise au piège de l'axe Trump-Poutine » et soutient que « l'impérialisme américain reste le plus agressif et constitue une superpuissance avec laquelle d'autres puissances impérialistes cherchent à combiner l'existence de pôles mondiaux », un processus qui « avance, tantôt par le conflit, tantôt par la coopération entre puissances et par l'intégration capitaliste transnationale ». Pour le Bloc de Gauche, il existe divers impérialismes et « aucun d'entre eux n'aura un rôle progressiste car tous agissent selon les intérêts de leurs élites capitalistes ». Par conséquent, « reconnaître cette réalité est vital pour élaborer une proposition internationaliste capable d'offrir un avenir à l'humanité et de concevoir un ordre démocratique des peuples. »

Nous publions intégralement la résolution approuvée le 23 mars par le Conseil National du Bloc de Gauche sur la situation européenne et internationale, marquée par le retour de l'extrême droite à la présidence des États-Unis d'Amérique.

24 mars 2025 | tiré du site de la Gauche écosocialiste
https://gauche-ecosocialiste.org/sur-la-situation-europeenne-et-internationale-resolution-du-bloco-de-esquerda-portugal/

1. Une seule loi, celle de la force

La seconde élection de Donald Trump à la Maison Blanche a déclenché des changements significatifs dans l'ordre mondial. La conscience du déclin ou de la dissolution de diverses institutions internationales issues des accords d'après-Seconde Guerre mondiale est rapidement devenue généralisée. Les Nations Unies, fréquemment paralysées dans le passé par les vetos des États-Unis, de la Russie ou de la Chine au Conseil de sécurité, sont aujourd'hui ouvertement méprisées. Les États-Unis d'Amérique et leur bras israélien, ou la Fédération de Russie et son actuel bras nord-coréen, font des menaces répétées à l'existence même de l'ONU. Ce sont exactement les mêmes États responsables de violations continues des normes de la Charte qui interdisent l'usage offensif de la force. Des agences comme l'Organisation mondiale de la Santé ou l'UNESCO sont sous le feu de l'extrême droite internationale. L'Organisation mondiale du Commerce, enfoncée par de nouvelles protections douanières, est dans un coma induit par les États-Unis, sous protestation… de la Chine. Seul le Fonds monétaire international, extension organique de Washington, police du dollar comme monnaie standard et surveillant des économies endettées, est resté jusqu'à présent indemne, même s'il est déguisé en agence de l'ONU.

2. Retrait de l'OTAN, orphelinat européen

Les gouvernements et l'opinion publique d'Europe occidentale ont réagi avec stupeur à la collaboration entre Trump et Poutine. En relativement peu de temps, Trump a enterré l'Article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, désengageant les États-Unis de toute action militaire en cas d'agression contre l'un de ses membres. Il est devenu évident que l'OTAN n'a jamais été une protection. Trump a choisi l'Arabie Saoudite comme siège diplomatique de son partenariat avec Poutine : cet éternel vassal des États-Unis croise également la route de la Russie au sein des BRICS, en plus de chercher à sauvegarder la production d'hydrocarbures et d'enterrer définitivement les accords de Paris. Au-delà du partage de l'Ukraine, la Maison Blanche et le Kremlin annoncent une sorte de Traité de Tordesillas dans l'Arctique.

Les élites européennes se sentent orphelines. Plus que la soi-disant régulation internationale (à la destruction de laquelle elles ont directement contribué il y a quelques mois, en ignorant les mandats contre Netanyahu émis par la CPI), elles regrettent l'ombre du parapluie nucléaire des États-Unis.

3. Charte des Nations Unies – lettre morte

Les élites européennes pleurent ce moment comme l'agonie d'un certain multilatéralisme, basé sur la promesse du Droit International, la Charte des Nations Unies et de nombreuses conventions multilatérales. Il est vrai que cet ordre a toujours été lié aux accords de Bretton Woods de 1945, liés au dollar et au FMI. Mais, en même temps, avec toutes les limitations et le cynisme imposés par la Guerre froide, les Nations Unies sont le fruit de négociations entre les alliés victorieux contre le nazi-fascisme. Parrainée par les États-Unis et l'Union soviétique (bien plus tard aussi par la Chine), la Charte des Nations Unies aspire à être une « constitution mondiale » démocratique et pacifique, englobant les droits humains et l'égalité des genres et ethnique, ainsi que l'égalité des États. Ces principes pour un ordre démocratique méritent toujours le soutien des peuples luttant pour leur autodétermination et leur affirmation démocratique.

4. De la violation du droit international à son abolition

La violation de la Charte par les puissances a diminué les Nations Unies tout au long de son histoire, en tant que garante de ces principes démocratiques. La doctrine des « guerres préventives », sous prétexte de l'existence (réelle ou fictive) d'armes de destruction massive ou de supposées menaces sur leur sphère d'influence, a conduit les États-Unis, avec l'armée la plus puissante du monde, au record des violations de la Charte (Corée, Vietnam, Grenade, Yougoslavie, Libye, Syrie, Afghanistan…). L'invasion et la dévastation de l'Irak ont été l'apogée de cette barbarie, avec des conséquences à long terme. Cependant, rien n'a plus perturbé la scène internationale que l'extermination et la colonisation continues de la Palestine par l'État d'Israël, sous la bénédiction permanente de la Maison Blanche. Sans négliger d'autres États envahisseurs ou occupants, la Russie (du « socialisme réel » et du capitalisme réel) vient juste après les États-Unis, avec les invasions de la Hongrie, de la Tchécoslovaquie, de l'Afghanistan, de la Tchétchénie, de la Géorgie, de la Crimée et de l'Ukraine.

L'ordre impérialiste a subjugué les principes de l'ONU et les libéraux ne peuvent pas, face aux faits historiques, pleurer la fin d'un ordre de Droit International qui n'a jamais existé. Cependant, cette observation ne permet pas la banalisation de la discrétion impériale assumée sous le mandat de Trump et avec son rapprochement avec Moscou.

5. OTAN : instrument de domination nord-américaine, toujours

La continuité de l'OTAN (même en « mort cérébrale », comme dit Macron) permet aux États-Unis de vendre des armes aux pays européens, de maintenir des bases sur le continent et de contrer la pénétration chinoise. Ces dernières semaines, il devient clair, même pour les classes et secteurs politiques qui le nient encore, qu'il s'agit d'une relation impérialiste sans contrepartie, d'un processus d'extorsion sur l'Union européenne et qui subordonne également des pays hors de l'UE (Grande-Bretagne, Norvège). Nous réitérons que l'OTAN n'a jamais été une alliance défensive mais un simple instrument de domination des États-Unis. Le Portugal devrait mettre fin à sa présence dans cette machine militariste, comme le Bloc l'a toujours préconisé.

6. Course aux armements : l'ordre de Trump que l'Europe veut accomplir

Dans la plupart des indicateurs d'équipement, la capacité militaire actuelle des États européens est plus que suffisante pour soutenir la défense territoriale de l'Ukraine ; dans les indicateurs restants, cette capacité prendrait plusieurs années à acquérir. L'Ukraine est donc un simple prétexte pour une politique de promotion industrielle axée sur les armes comme réponse à la stagnation économique du capitalisme européen.

Harcelé par l'extrême droite, le bloc politique autour d'Ursula von der Leyen – des conservateurs aux verts européens – fait semblant de ne pas comprendre le piège de l'OTAN et fuit en avant sous le slogan du « réarmement » européen. L'accord allemand, entre conservateurs et verts, est particulièrement révélateur. Empêchés de faire 500 milliards d'euros de prêts pour l'armement de l'Allemagne en raison de la règle de la Constitution allemande qui limite la dette publique à un niveau très bas et sans avoir de majorité pour la changer, la CDU et le SPD ont eu recours aux Verts, dont la capitulation n'est guère surprenante, vu le militarisme intense manifesté dans le gouvernement précédent, où ils détenaient le portefeuille des affaires étrangères. Les conservateurs (au Portugal, PSD et CDS), les libéraux (IL), les sociaux-démocrates (PS) et les verts (Livre) constituent un vaste front en Europe pour la dérive militariste, rejoints par Chega, malgré l'opposition au plan de réarmement d'Orban et de l'extrême droite Patriots, au groupe desquels ils appartiennent. Le plan européen, conçu même avant l'élection de Donald Trump, veut des objectifs minimums de dépenses militaires des États membres, totalisant un paquet de 800 milliards d'euros d'investissement, une valeur proche de celle calculée pour financer la neutralité carbone de l'Union européenne. Ce plan d'armement est conçu comme soustrayant des fonds aux fonds de cohésion européens, mais l'essentiel du fardeau retombe sur les États membres, qui devraient s'endetter à cette fin, même s'ils dépassent les limites de déficit et de dette prévues dans les traités. Les dépenses militaires devraient atteindre 3% du Produit Intérieur Brut, pour monter ensuite au référentiel de 5% du PIB, comme l'a ordonné Trump. En fait, la plus grande escalade des dépenses militaires sera celle de l'Allemagne, qui vise à être une puissance nucléaire à court terme, tout en adaptant sa force effective aux guerres conventionnelles. La France aura également une forte impulsion. Pour financer ces objectifs, Merz et Macron ont déjà averti que des coupes dans l'État social seront nécessaires.

7. La vulnérabilité européenne n'est pas dans l'armement

Les pays européens membres de l'OTAN, dans leur ensemble, additionnent déjà une dépense militaire 3,5 fois supérieure à celle de la Russie et qui n'est dépassée que par les États-Unis d'Amérique. Comme la guerre en Ukraine, la pandémie de COVID-19 et les épisodes successifs d'ingérence électorale externe l'ont prouvé, la vulnérabilité européenne n'est pas dans l'armement mais dans l'énorme dépendance vis-à-vis des tiers dans les secteurs stratégiques.

Lors de l'invasion de l'Ukraine, la dépendance au gaz russe a retardé et discrédité les sanctions capables de dissuader la guerre. La rupture des chaînes d'approvisionnement pendant la pandémie a révélé les dangers de la dépendance dans des domaines comme la médecine (la grande majorité des substances actives dans les médicaments européens sont produites en Inde et en Chine). Aux épisodes d'ingérence russe et chinoise durant les périodes électorales et à leur soutien à l'extrême droite dans divers États membres via les plateformes Telegram et Tik Tok, s'est maintenant ajoutée l'ingérence explicite de membres éminents du gouvernement américain, comme le vice-président Vance et Elon Musk, ce dernier également propriétaire du réseau social X, tous deux présents en fin de campagne de l'AfD allemande.

Les grands investissements dont l'Union européenne a besoin sont dans son autonomie énergétique et numérique, dans l'alimentation et les médicaments. Reculer dans la transition numérique et désinvestir dans l'innovation et la cohésion est un risque pour la sécurité de l'Europe.

8. L'histoire se répète

Entre 2021 et 2024, les dépenses de défense dans l'UE ont augmenté de plus de 30%. Les dépenses de défense sans l'OTAN étaient de 326 milliards d'euros, selon le Conseil européen (certains think tanks mentionnent 440 milliards).

Quelques jours après l'invasion de l'Ukraine, la présidente de la Commission européenne a déclaré que l'Europe avait avancé davantage en termes de sécurité et de défense en six jours que durant les deux dernières décennies : une augmentation sans précédent des dépenses militaires européennes, avec de l'argent provenant directement du budget communautaire.

En 2023, les États membres de l'UE ont délivré 33 700 licences pour les exportations d'armes, représentant 1/4 des exportations mondiales. La France seule a augmenté de 47% ses exportations et est devenue le deuxième plus grand exportateur au monde, dépassant la Russie.

Ces dernières années, l'UE a lancé plusieurs projets de défense :

• Programme européen de développement industriel de la défense (EDIDP)

• Action préparatoire sur la recherche en défense (PADR)

• Fonds européen de défense (EDF)

• Loi européenne de renforcement de l'industrie de défense par l'achat commun (EDIRPH)

• Action de soutien à la production de munitions (ASAP)

• Stratégie européenne de l'industrie de défense (EDIS)

• Programme européen de l'industrie de défense (EDIP)

Le Fonds européen de soutien à la paix lui-même, qui est en dehors du budget européen, a été utilisé pour acheter des armes pour des pays en guerre (Ukraine, Rwanda, Niger).

Une étude de 2025 de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) indique que deux tiers des armes achetées par les pays européens proviennent maintenant des États-Unis. Les armes importées des États-Unis ont plus que doublé entre 2020 et 2024. Malgré les appels à réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis et à renforcer l'industrie européenne, les pays européens se sont précipités pour acheter de l'armement nord-américain. Pour la première fois en deux décennies, les armes nord-américaines ont afflué davantage vers l'UE que vers le Moyen-Orient. Tout cela dans la période où l'UE a investi sans précédent et a le plus appelé au renforcement des capacités européennes.

Dans la semaine suivant l'annonce de Von Der Leyen, les sociétés multinationales de guerre ont vu leur capitalisation boursière augmenter de 35 milliards d'euros. Il est clair qui bénéficie de cette remilitarisation.

Il y a des bases militaires nord-américaines sur tout le territoire européen. Il y a des ogives nucléaires nord-américaines sur le territoire européen. Mais à ce sujet, pas un mot sur « l'autonomie européenne ». Au contraire : le président polonais Andrzej Duda a fait appel à Trump pour transférer les ogives nucléaires nord-américaines installées en Europe occidentale vers la Pologne et l'Europe de l'Est. Ce qui est sur la table, c'est un nouveau modèle d'intégration européenne qui combine le constitutionnalisme du marché avec une identité politique basée sur la force militaire.

9. Coopération non-alignée

Le Bloc de Gauche s'oppose à l'augmentation des dépenses d'armement et à la dérive militariste que cela préfigure. Le Bloc de Gauche préconise des politiques de coopération volontaire entre États européens démocratiques à des fins de sécurité et de défense. Cette vision nous éloigne de la perspective de toute armée européenne, que les élites elles-mêmes rejettent, tel est le risque qu'impliquerait la simple installation d'un commandement militaire qu'aucune démocratie ne contrôle, ou dans lequel prédominent des gouvernements qui peuvent être dirigés par l'extrême droite dans un avenir proche.

10. Occident en turbulence et géométries variables

La géométrie des alliances en formation est sans précédent. Lors du récent Sommet de Londres, l'Angleterre, la Norvège, le Canada et la Turquie ont reçu onze pays de l'UE : France, Allemagne, Espagne, Italie, République tchèque, Roumanie, Danemark, Pays-Bas, Pologne, Finlande et Suède. Cette « communauté de défense » ad hoc n'est pas pilotée par l'OTAN, ni par l'UE – bien que les deux la suivent de près. Il est prévisible que cette géométrie variable d'alliances se développe face à la pression russe et à la distanciation des États-Unis, qui affirment le mépris pour l'autodétermination du peuple du Groenland (dont ils ont l'intention d'acheter le territoire au Danemark) ou le non-respect de l'indépendance canadienne, suggérant une annexion. La présence de la Turquie au Sommet de Londres, sans présence grecque, indique également une plus grande autonomie vis-à-vis des États-Unis.

11. Mondialisation « multipolaire », le régime des puissances

Sous le slogan du « monde multipolaire », les puissances impériales cherchent à consolider un régime de sphères d'influence, en articulation instable avec des impérialismes secondaires et régionaux. Ce régime de puissances est très similaire à celui qui a accompagné la montée du fascisme jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L'histoire ne se répète pas, mais elle enseigne. Nous devons empêcher l'escalade de la terreur. Au lieu de cela, l'Europe choisit la voie militaire pour se tenir côte à côte dans la dispute mondiale.

Le régime des puissances privilégie la négociation bilatérale – le « transactionnalisme » trumpiste – au détriment des règles fixées dans les accords multilatéraux. L'Union européenne elle-même fait déjà partie de ce régime. Elle maintient l'accord d'association avec Israël et finance le régime génocidaire de Netanyahu, tout en assurant des échanges commerciaux qui incluent la production dans des territoires illégalement occupés. Elle finance la guerre au Congo par l'accord commercial avec le Rwanda, de qui elle achète des ressources pillées au Congo avec des armes achetées en euros. Et elle continue d'acquérir auprès du Maroc les ressources du Sahara occidental (malgré la sentence de la Cour de Justice de l'Union européenne qui a considéré les accords nuls), tout en légitimant l'occupation illégale en échange de la signature marocaine sur des accords pour déporter des migrants.

Le régime des puissances privilégie la liquidité de la transaction sur tout engagement envers l'intérêt général, les droits humains et les écosystèmes, accentue le risque de guerre aux périphéries des zones d'influence, tout en renvoyant le conflit ouvert entre puissances à un statut exceptionnel, même en raison des risques existentiels impliqués. Le régime des puissances est la coalition mondiale pour le carbone, en ligne avec le négationnisme néofasciste, poussant l'UE et le monde à abandonner même de timides intentions concernant la transition énergétique.

12. Responsabilités européennes dans le malheur ukrainien

La guerre en Ukraine est dans l'impasse depuis longtemps. Bien avant que le trumpisme ne dicte les règles, les lignes de front bougeaient peu, toujours avec un nombre élevé de morts des deux côtés. L'UE, qui a à juste titre aidé l'Ukraine à résister à l'invasion barbare, n'a jamais voulu confronter la Russie avec des pourparlers de cessez-le-feu. Elle a répété le discours de Biden sur la « défaite de Moscou » et a collaboré à une stratégie de prolongation de la guerre visant à user la Russie. Cette passivité diplomatique européenne a laissé la sortie aux mains de Trump, par le pillage. Le partage de l'Ukraine et de ses minéraux suivra le tracé des tranchées, bénéficiant à l'envahisseur et pillant l'envahi, pour lequel des dirigeants collaboratifs devraient être installés à Kiev. Zelensky est pressé de capituler, de se retirer des négociations ou de signer aveuglément et de quitter la scène. Déjà la volonté du peuple ukrainien, elle ne compte pour rien.

La « communauté de défense » promue à Londres promet d'installer et de fournir des forces sur le territoire ukrainien libre de l'occupation russe. Le Bloc de Gauche rejette toute participation portugaise à la mission de stabilisation du partage et du pillage de l'Ukraine entre Trump et Poutine, même si elle est étiquetée comme force de maintien de la paix.

13. L'Ukraine doit être indemnisée

Trump veut l'UE dans les négociations avec la Russie après le cessez-le-feu, pour lever les sanctions sur les oligarques et normaliser le commerce russe en Europe, incluant également le retour des actifs gelés et saisis à la Fédération de Russie. Trump veut empêcher que 160 milliards d'euros actuellement gelés soient remis à l'Ukraine pour la reconstruction des infrastructures. De son côté, il a le système financier, craintif que la confiance dans l'euro ne soit ébranlée par la confiscation de l'argent russe. La remise de cet argent à l'Ukraine, comme proposé par le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, serait le moyen le plus efficace de conditionner Poutine.

14. Seule une paix juste peut durer

Le Bloc de Gauche a toujours été d'accord avec l'envoi d'armes défensives pour la résistance légitime de l'Ukraine. De même, nous continuons à défendre l'intégrité du territoire ukrainien de 2022, les négociations pour un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes. Une paix juste et durable doit être basée sur la neutralité de l'Ukraine et l'annulation de sa dette, ainsi que sur la reconnaissance de sa diversité nationale et le droit des populations qui habitaient le Donbass au moment de l'invasion russe à se prononcer sur leur avenir. Face à l'accord Trump-Poutine, l'UE doit prendre une position indépendante.

15. Le droit à l'autodétermination n'a pas de double standard

Le principe d'autodétermination des nations est fondamental dans le Droit International, première aspiration de tous les peuples. Cette compréhension est bien présente au Portugal, car nous avons vécu la décolonisation des pays africains après une guerre injuste d'occupation et la solidarité pour l'indépendance du Timor. En ce sens, le Bloc de Gauche ne classe pas les conflits pour l'autodétermination comme des « guerres par procuration », indépendamment de l'intervention d'acteurs internationaux étrangers aux peuples opprimés. Par conséquent, sauf pour les grandes différences historiques, nous utilisons le même critère en Ukraine ou en Palestine ou dans les nations sans État en territoire espagnol, au Sahara, au Kurdistan.

16. Palestine, drapeau de l'humanité contre la barbarie

Avec la couverture des États-Unis et de la plupart des pays européens, Israël promeut le génocide à Gaza, l'invasion de la Cisjordanie et des agressions sur les pays voisins. Trump et Netanyahu, avec leurs alliés régionaux, cherchent à encercler et neutraliser l'Iran. Ces facteurs conduisent à une instabilité accrue au Moyen-Orient, précisément l'une des périphéries des puissances.

Le Bloc de Gauche s'allie aux campagnes internationales pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions contre l'apartheid israélien et défend un accord qui garantit la paix en Palestine, la fin de l'occupation et le respect des résolutions de l'ONU. La démilitarisation d'autres conflits est attendue, notamment celui qui se déroule en Syrie, sous les auspices des pays du sud global, dans le respect de l'autodétermination des peuples.

17. L'internationalisme désobéit à tous les empires

Il est nécessaire de conclure que l'impérialisme du 21e siècle modifie sa dynamique et sa corrélation de forces. L'impérialisme américain reste le plus agressif et constitue une superpuissance que d'autres puissances impérialistes cherchent à combiner avec l'existence de pôles mondiaux. Ce processus avance, tantôt par le conflit, tantôt par la coopération entre puissances et par l'intégration capitaliste transnationale. Il y a plusieurs impérialismes dans le système mondial et aucun d'entre eux n'aura un rôle progressiste car tous agissent selon les intérêts de leurs élites capitalistes. Reconnaître cette réalité est vital pour élaborer une proposition internationaliste capable d'offrir un avenir à l'humanité et de concevoir un ordre démocratique des peuples.

Résolution approuvée le 23 mars par le Conseil National du Bloc de Gauche, Portugal.

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L’empire américain est en déclin

8 avril, par Amy Goodman, Richard Wolff — ,
Alors que le président Trump dévoile enfin son plan de tarifs douaniers mondiaux - fixant un tarif de base de 10 % sur tous les produits importés, avec des hausses (…)

Alors que le président Trump dévoile enfin son plan de tarifs douaniers mondiaux - fixant un tarif de base de 10 % sur tous les produits importés, avec des hausses supplémentaires apparemment basées sur les balances commerciales des différents pays avec les États-Unis - des économistes, comme notre invité Richard Wolff, préviennent qu'il y aura de graves effets économiques sur les consommateurs américains et que cela conduira à une récession.

https://www.democracynow.org/2025/4/3/trump_tariffs_global_markets
3 avril 2025 | tiré de democracy now !
https://www.democracynow.org/2025/4/3/trump_tariffs_global_markets

AMY GOODMAN : Ici Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report. Je suis Amy Goodman.

Les marchés boursiers mondiaux s'effondrent après que le président Trump a dévoilé la plus grande augmentation des tarifs douaniers mondiaux de l'histoire moderne des États-Unis, y compris un tarif douanier général de 10 % sur tous les produits importés en provenance d'environ 185 pays. En outre, de nombreux partenaires commerciaux des États-Unis, dont l'Union européenne, la Chine et le Japon, se verront imposer des droits de douane encore plus élevés. La Chine est désormais frappée d'un droit de douane total de 54 %. M. Trump a annoncé ce plan lors d'un discours prononcé dans la roseraie de la Maison-Blanche.

PRÉSIDENT DONALD TRUMP : Mes chers compatriotes américains, c'est le jour de la libération - attendu depuis longtemps. Le 2 avril 2025 restera à jamais dans les mémoires comme le jour de la renaissance de l'industrie américaine, le jour où le destin de l'Amérique a été récupéré et le jour où nous avons commencé à rendre l'Amérique à nouveau riche. Nous allons la rendre riche, bien et riche.

Pendant des décennies, notre pays a été pillé, saccagé, violé et spolié par des nations proches ou lointaines, amies ou ennemies. Les métallurgistes, les ouvriers de l'automobile, les agriculteurs et les artisans qualifiés américains - nous en avons beaucoup parmi nous aujourd'hui - ont vraiment souffert. Ils ont assisté avec angoisse au vol de nos emplois par des dirigeants étrangers, au saccage de nos usines par des tricheurs étrangers et à la destruction par des charognards étrangers de notre rêve américain autrefois si beau.

AMY GOODMAN : L'impact des tarifs douaniers de Trump devrait se faire sentir dans le monde entier. Alors que M. Trump prétend que ces tarifs stimuleront l'économie américaine, de nombreux économistes craignent qu'ils n'entraînent une récession, voire pire. La guerre commerciale de Trump pourrait également modifier les alliances mondiales, les pays cherchant de nouveaux partenaires commerciaux. La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont déjà annoncé leur intention de renforcer leurs liens commerciaux et de coordonner leur réponse aux tarifs douaniers de M. Trump.

Nous commençons l'émission d'aujourd'hui avec Richard Wolff, professeur émérite d'économie à l'université du Massachusetts Amherst, professeur invité au programme d'études supérieures en affaires internationales de la New School. Fondateur de Democracy at Work et animateur d'une émission hebdomadaire de radio et de télévision nationale intitulée Economic Update, il est l'auteur d'un certain nombre de livres, dont les plus récents sont Understanding Capitalism (Comprendre le capitalisme) et The Sickness Is the System (La maladie est le système) : Quand le capitalisme ne parvient pas à nous sauver des pandémies ou de lui-même.

Professeur Wolff, c'est un plaisir de vous revoir parmi nous. Commencez par répondre à la question suivante : avez-vous été surpris, choqué ou avez-vous deviné qu'environ 185 pays allaient subir une augmentation des droits de douane ?

RICHARD WOLFF : D'une part, nous savions que quelque chose comme ça allait arriver. D'un autre côté, l'ampleur et la portée de cette mesure nous poussent à nous arrêter. M. Trump a raison : il s'agit d'un moment de changement dans l'histoire américaine et dans l'histoire mondiale. Mais je pense que sa représentation de ce qui se passe est complètement fantaisiste et n'a à voir qu'avec l'autopromotion à laquelle il s'est livré la plupart du temps. Ce ne sont jamais des étrangers qui nous ont fait ça, cette notion de victime des États-Unis n'est pas juste. Au cours des 50 dernières années, nous avons été l'un des plus grands bénéficiaires de la richesse économique, en particulier pour les personnes les plus haut placées, comme lui. Cela n'a rien à voir avec le fait que des étrangers profitent de nous. Cette tentative de se rendre fort et puissant par rapport aux autres, de rejeter la faute sur l'étranger, sont des coups bas qu'un vrai président ne ferait pas.

Et c'est là le point le plus important. L'économie américaine est en difficulté. L'empire américain est en déclin. Nous ne voulons pas en parler dans ce pays. Nous sommes dans le déni. Et au lieu de cela, nous nous en prenons aux autres - triste façon de gérer un déclin. L'empire britannique a déjà décliné. Il en a été de même pour tous les autres. Nous en sommes maintenant à ce stade. Nous avons connu un excellent XXe siècle. Le XXIe siècle est différent. Il faut faire face à ces problèmes. Ce n'est pas ce qui se fait. Ce que l'on fait, c'est dire que nous avons des difficultés, mais que c'est la faute de quelqu'un d'autre, et que nous allons résoudre le problème en le punissant.

Je voudrais souligner, comme vous le suggérez, à juste titre, Amy, que le reste du monde ne va pas rester les bras croisés. Les États-Unis n'ont pas la puissance qu'ils avaient au 20e siècle. Ils ne sont pas dans la position qu'ils semblent s'imaginer. Lorsque le secrétaire au Trésor a ajouté aux commentaires de M. Trump qu'il avait averti le reste du monde de ne pas prendre de mesures de rétorsion, cela impliquait que s'ils le faisaient, il y aurait une escalade. Oui, a-t-il dit, il y aura une escalade. Eh bien, rien ne garantira plus d'escalade que s'ils ne font rien, parce que c'est alors une invitation pour M. Trump à continuer à le faire alors que chacun de ces efforts ne fonctionne pas.

AMY GOODMAN : Compte tenu du caractère dramatique de la journée d'hier, est-il possible qu'il ait pris cette décision à la toute dernière seconde, alors qu'ils remettaient cela à plus tard ? Et expliquez exactement - vous êtes professeur. La plupart des gens ne savent même pas comment fonctionnent les tarifs.

RICHARD WOLFF : D'accord, un tarif est une taxe. C'est juste une taxe particulière qui a reçu ce nom. Avant, on l'appelait droit d'importation. Tout ce que cela signifie, c'est que lorsqu'un produit fabriqué à l'étranger est importé aux États-Unis pour y être vendu, il doit payer une taxe, littéralement, lorsqu'il franchit notre frontière pour entrer dans notre pays. Cette taxe est payée par l'entreprise américaine qui l'importe, qui peut la répercuter sur le consommateur - c'est généralement ce qui se passe - et la taxe va à l'Oncle Sam. Elle va à Washington. M. Trump aimait suggérer que les droits de douane étaient payés par les autres - un peu comme le Mexique paierait pour le mur. Cela ne s'est jamais produit. Ce n'est pas près d'arriver ici non plus. C'est une taxe américaine.

Et il y a quelque chose de remarquable qui vous donne une idée de l'ampleur du changement : le parti républicain, qui s'est présenté comme le parti anti-fiscal pendant un siècle, impose maintenant la taxe la plus massive que l'on puisse imaginer. Pourquoi ce grand changement ? Parce que nous avons de très gros problèmes et que ce genre de gifle au reste du monde est une tentative pour en résoudre une petite partie. Mais cela ne marchera pas, parce que nous n'avons plus le pouvoir de le faire.

AMY GOODMAN : Je voudrais m'adresser au président de l'UAW, Shawn Fain, qui soutient les nouveaux tarifs douaniers de Trump et qui a déclaré la semaine dernière : « Nous applaudissons l'administration Trump pour avoir pris des mesures visant à mettre fin au désastre du libre-échange qui a dévasté les communautés de la classe ouvrière pendant des décennies. » M. Fain s'est exprimé dimanche dans l'émission Face the Nation de la chaîne CBS.

SHAWN FAIN : Nous avons vu plus de 90 000 usines quitter les États-Unis. Rien que pour les Trois Grands (les trois grands groupes de construction automobile américains), 65 usines ont fermé au cours des vingt dernières années. Vous savez, les droits de douane ne sont pas la solution totale. Les droits de douane sont un outil dans la boîte à outils pour amener ces entreprises à faire ce qu'il faut. L'objectif est de ramener des emplois ici et d'investir dans les travailleurs américains. ... Si l'on veut ramener des emplois ici, il faut qu'il s'agisse d'emplois vitaux, où les gens peuvent gagner un bon salaire, un salaire décent, bénéficier de soins de santé adéquats et de la sécurité de la retraite, et ne pas avoir à travailler sept jours sur sept ou à cumuler plusieurs emplois juste pour se débrouiller pour gagner leur vie.

AMY GOODMAN : Si le président de l'UAW, Shawn Fain, a fait l'éloge des tarifs douaniers de M. Trump, il a également déclaré qu'il était très préoccupé par la décision du président Trump de supprimer les contrats de 700 000 travailleurs fédéraux, de licencier des travailleurs à l'Institut national de la santé et dans d'autres agences.

RICHARD WOLFF : J'ai été un peu déçu. J'aime bien Shawn Fain, comme beaucoup d'entre nous, mais j'ai été déçu qu'il dise, en gros, « Je soutiendrai le président parce qu'il fait quelque chose qui pourrait aider mon syndicat », même si Shawn Fain sait, comme la plupart des économistes, que si l'on impose une taxe sur les marchandises qui arrivent, leur prix augmentera, parce que nous devons payer cette taxe maintenant, et que les producteurs nationaux pourront augmenter leurs prix parce que leurs concurrents de l'étranger sont bloqués par cette taxe. Nous nous attendons donc à une poussée de l'inflation, qui nuira gravement à la classe ouvrière de ce pays, surtout si elle s'amplifie, ce qui se produit souvent lorsque l'on applique des droits de douane de ce type.

Je tiens à rappeler à tout le monde, y compris à Shawn Fain, que les travailleurs de l'automobile représentent également des travailleurs qui ont besoin de marchés d'exportation, qui produisent en Amérique et vendent à l'étranger. Lorsque ces pays prendront des mesures de rétorsion, comme ils le feront probablement, nous perdrons des marchés d'exportation, ce qui se traduira par une diminution du nombre d'emplois. Et personne - permettez-moi d'insister - personne ne sait aujourd'hui si les emplois perdus à la suite de cette guerre commerciale seront plus ou moins nombreux que les emplois gagnés. C'est un gros risque que prend M. Trump. Et si cela ne se passe pas bien, ce sera très mauvais pour l'économie américaine. Elle entraînera la récession que les gens redoutent, car si les prix augmentent, les gens achètent moins, ce qui entraîne des pertes d'emplois.

Si l'on considère tout cela, il s'agit d'une tentative incroyablement risquée de blâmer le monde, de le punir, puis de croiser les doigts - ce qu'il fait - en espérant que tout se passera bien. Cela me rappelle la métaphore du football : il s'agit d'une passe Hail Mary. Vous la lancez sur le terrain. Vous espérez qu'elle rebondisse dans les mains de votre équipe. Mais c'est tout ce que c'est : un coup de chance. Et c'est un signe qui montre à quel point l'économie américaine est perturbée.

AMY GOODMAN : Si vous pouviez replacer cela dans un contexte plus large, vous pourriez parler des réductions d'impôts et de leur impact sur l'économie américaine. Parlez des réductions d'impôts et de la manière dont elles s'intègrent dans les tarifs, les - qu'est-ce que c'est ? - quelque chose comme 4 000 milliards de dollars de réductions d'impôts, et qui en bénéficie. Et puis parler des autres questions que le président Trump ne cesse de prétendre qu'ils ne vont pas toucher - même si celui que beaucoup appellent son coprésident, Elon Musk, se retire - vous savez, faire des discours ou non, s'en prendre à la sécurité sociale et à des questions comme Medicaid.

RICHARD WOLFF : Commençons par la question des impôts. La plus grande chose que Trump ait faite au cours de sa première présidence a été la réduction d'impôts de décembre 2017. Et lorsque cette réduction d'impôts a été inscrite dans la loi, elle était assortie d'une clause de caducité. Elle expire cette année, en 2025. Si cette expiration est autorisée, les entreprises et les riches, qui étaient les principaux bénéficiaires à l'époque, devront faire face à une forte [augmentation] d'impôts. Il ne veut pas faire cela, parce que c'est sa base, c'est le soutien de ses donateurs. Il ne veut pas que ces impôts augmentent à nouveau.

Dans ce cas, que va-t-il devoir faire ? S'il continue à dépenser et qu'il ne laisse pas les impôts augmenter, il devra emprunter des milliers de milliards, comme nous l'avons fait. Il ne veut pas être le président qui continue à emprunter des milliards, en partie parce que le reste du monde est un créancier important des États-Unis et qu'il ne va pas continuer à l'être comme il l'a été. Il est donc dans l'impasse. Il doit faire quelque chose.

Son espoir est donc de réduire les dépenses dans ce pays. Regardez ce qu'il fait. M. Musk se tient là, avec une tronçonneuse, pour nous dire clairement : « Je vais résoudre le problème sur le dos de la classe ouvrière. Je les vire tous. Je me fiche de ce que subit le reste de la classe ouvrière. Je vais licencier tous ces gens, sans préavis, sans plan ». Qualifier ce processus d'efficace est une plaisanterie stupide. Un processus efficace prend du temps, nécessite des experts. Ce n'est pas ce qu'ils font. Il s'agit simplement de licencier à tour de bras. Appeler cela de l'efficacité est une tentative de tromper les gens, cela ne devrait pas faire de différence.

M. Trump est maintenant dans le pétrin. Il ne peut pas s'en sortir sans résoudre d'une manière ou d'une autre le problème qui a été créé. Et il n'y a pas d'autre moyen que celui qu'il est en train de mettre en œuvre, parce que c'est la dernière façon de retirer à la masse des gens la possibilité d'emprunter. Je veux dire, soyons honnêtes. Si vous imposez des droits de douane, vous rendez tout ce qui vient de l'étranger plus cher. Cela signifie que les gens en achèteront moins. Ils réduiront leur niveau de vie. Si les entreprises américaines profitent des droits de douane, ce qu'elles font toujours, en augmentant leurs prix, la classe ouvrière en pâtira également. Vous humiliez vos travailleurs pour tenter de résoudre un problème que vous n'avez pas encore résolu.

Mais voici l'ironie qui pourrait bien finir par nous hanter. L'Europe a été incapable de s'unifier sous le parapluie des alliances américaines. L'hostilité des États-Unis rassemble l'Europe mieux que l'alliance n'a pu le faire. Et comme vous l'avez souligné, il est très important que la Chine, le Japon et la Corée du Sud, qui ont une longue histoire d'animosité et de tension, s'unissent pour faire face à cette situation. Ouah ! Nous sommes en train d'unifier le monde entier.

Si vous voulez avoir une vue d'ensemble, à mon avis, après la Seconde Guerre mondiale, George Kennan nous a appris ce qu'était l'endiguement : « Nous allons contenir l'Union soviétique ». L'ironie, qui plairait au philosophe Hegel, c'est que nous sommes en train de nous enfermer. Nous nous isolons - les votes à l'ONU des États-Unis seuls ou des États-Unis, d'Israël et de deux ou trois autres pays, l'isolement politique, l'isolement économique actuel. Nous sommes la nation voyou pour le reste du monde. Nous ne le voulons peut-être pas. Nous ne sommes peut-être pas d'accord. Mais cela n'a pas vraiment d'importance si c'est ainsi qu'ils nous perçoivent. Et c'est ce qui se passe.

AMY GOODMAN : Vous avez parlé de la Corée du Sud, du Japon et de la Chine qui s'unissent. L'une des plus grandes annonces de [droits de douane] a été faite à l'encontre de Taïwan. C'est un peu plus compliqué pour Taïwan de rejoindre ce groupe.

RICHARD WOLFF : Il y a aussi le Vietnam, qui a été frappé de plein fouet. Ne reconnaît-on pas ce que les États-Unis ont fait à ce pays ? Peut-être ne voudriez-vous pas l'écraser avec ce genre de choses ? Comme je le disais, il s'agit d'un changement. C'est un signe pour le monde qu'au fur et à mesure que l'empire des États-Unis décline, c'est un endroit mauvais qui va, vous savez, faire des gestes et se débattre, causant des dommages partout, alors qu'il fait face à son propre déclin.

AMY GOODMAN : L'ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a récemment écrit un article intitulé « Le plan directeur économique de Donald Trump ». Il a écrit, je cite, « C'est ce que ses détracteurs ne comprennent pas. Ils pensent à tort qu'il pense que ses tarifs douaniers réduiront d'eux-mêmes le déficit commercial de l'Amérique. Il sait que ce n'est pas le cas. Leur utilité vient de leur capacité à choquer les banquiers centraux étrangers pour qu'ils réduisent les taux d'intérêt nationaux. Par conséquent, l'euro, le yen et le renminbi s'affaibliront par rapport au dollar. Cela annulera les hausses de prix des biens importés aux États-Unis et n'affectera pas les prix payés par les consommateurs américains. Les pays soumis à des droits de douane paieront en fait pour les droits de douane de Trump. » Êtes-vous d'accord avec cela, Professeur Wolff ?

RICHARD WOLFF : Non, même si Yanis et moi travaillons beaucoup ensemble et que je m'en remets normalement à lui. Son analyse est merveilleuse. Mais je ne pense pas que ce soit correct. Est-ce un résultat possible ? Oui.

Vous savez, nous sommes dans une situation - permettez-moi de l'exprimer ainsi. Les tarifs douaniers ne sont pas nouveaux. Ils existent depuis des centaines d'années. Si vous donnez un cours d'économie internationale, ce que j'ai fait, vous dites aux étudiants : « Voici un millier de livres. Voici 5 000 articles. Nous savons. » La réponse est la suivante : lorsque vous imposez des droits de douane, vous ne savez pas quel sera le résultat, car il dépend de tout ce qui se passe ailleurs - taux d'intérêt, taux de change des monnaies, hausse ou baisse des économies dans le monde. Il est impossible de le savoir à l'avance. C'est une chose très risquée, et c'est pourquoi, au cours des 50 dernières années, nous avons eu, sous l'égide des États-Unis, ce que l'on appelle le libre-échange, le néolibéralisme ou la mondialisation.

Tout cela est désormais révolu. Les États-Unis ne peuvent plus gagner dans ce système et reviennent donc au nationalisme économique. Il s'agit là d'un changement fondamental qui bouleverse le monde. Pendant 50 ans, 50 - les 50 dernières années, il était admis qu'il ne fallait pas faire ce que M. Trump est en train de faire. Si vous voulez, vous pouvez penser que tous ceux qui ont pensé ainsi pendant 50 ans avaient tort, et que M. Trump, le génie, a raison, mais ce serait un pari risqué. Mieux vaut miser sur le fait qu'il essaie de sauver sa propre vie politique et qu'il tente de faire face, ce qui est tout à son honneur, à une économie en déclin sans avoir à l'admettre.

Cela ne se terminera pas bien. Normalement, ce n'est pas le cas. Et ce que nous allons voir, c'est la lutte entre le bloc européen, le bloc asiatique et le bloc américain, à un moment où les États-Unis sont plus faibles qu'ils ne l'ont jamais été sur le plan économique et politique. Regardez la débâcle en Ukraine, le malentendu selon lequel les Russes pourraient se tourner vers les Chinois et les Indiens pour faire face aux coûts de cette guerre d'une manière qui n'avait pas été calculée et qui est en train de façonner le résultat. La question n'est pas de savoir de quel côté on se trouve, mais de voir comment les choses s'alignent, c'est là le problème.

AMY GOODMAN : En trente secondes, comme vous le dites souvent, voyez-vous là le début de la fin de l'empire américain ?

RICHARD WOLFF : Oui, je pense que ce déclin dure déjà depuis 10 ou 12 ans. Ce n'est pas possible - voici la meilleure statistique. Si l'on additionne le PIB, c'est-à-dire la production totale de biens et de services d'un pays au cours d'une année, des États-Unis et de leurs principaux alliés, le G7, on obtient environ 28 % de la production mondiale. Si vous faites la même chose pour la Chine et les BRICS, c'est environ 35 %. Ils constituent déjà un bloc de puissance économique plus important que le nôtre. Tous les pays du monde qui envisagent de construire une ligne de chemin de fer ou d'étendre leur programme de santé envoyaient leurs représentants à Washington ou à Londres pour obtenir de l'aide. Ils le font encore aujourd'hui. Mais lorsqu'ils ont terminé, ils envoient la même équipe à Pékin, New Delhi ou São Paulo, et ils obtiennent souvent un meilleur accord. Le monde change. Et les États-Unis pourraient y faire face. Mais comme pour l'alcoolisme, il faut admettre que l'on a un problème avant d'être en mesure de le résoudre. Nous avons une nation qui ne veut pas encore faire face à ce que tout cela implique.

AMY GOODMAN : Richard Wolff, professeur émérite d'économie à l'université du Massachusetts Amherst, professeur invité au Graduate Program in International Affairs à la New School ici à New York, fondateur de Democracy at Work, anime une émission nationale hebdomadaire de télévision et de radio intitulée Economic Update. Parmi ses livres, Understanding Capitalism. Merci beaucoup d'être avec nous.

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La Hongrie se retire de la CPI « politique » alors que Netanyahu est en visite à Budapest

Le Premier ministre israélien, qui est recherché par la Cour, salue la décision « audacieuse et fondée sur des principes » de Viktor Orbán de quitter cet organe « corrompu ». (…)

Le Premier ministre israélien, qui est recherché par la Cour, salue la décision « audacieuse et fondée sur des principes » de Viktor Orbán de quitter cet organe « corrompu ».

Tiré de France Palestine Solidarité. Article paru dans The Guardian à l'origine.

La Hongrie quittera la Cour pénale internationale parce qu'elle est devenue « politique », a déclaré le premier ministre du pays, Viktor Orbán, en accueillant son homologue israélien, Benjamin Netanhayu - qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI - à Budapest pour une visite officielle.

Aux côtés de M. Netanyahu au début de cette visite de quatre jours, M. Orbàn a déclaré jeudi que la Hongrie était convaincue que la « Cour, par ailleurs très importante », s'était « réduite à un forum politique ». M. Netanyahu a salué une décision « audacieuse et fondée sur des principes ».

« Je vous remercie, Viktor... C'est important pour toutes les démocraties », a déclaré le premier ministre israélien. « Il est important de s'opposer à cette organisation corrompue. M. Netanyahu est sous le coup d'un mandat d'arrêt international depuis le mois de novembre, en raison d'allégations de crimes de guerre à Gaza. »

Il a également déclaré qu'il pensait qu'Israël et la Hongrie, tous deux dirigés par des gouvernements nationalistes de droite, menaient « une bataille similaire pour l'avenir de notre civilisation commune, notre civilisation judéo-chrétienne ».

Le chef de cabinet de M. Orbán, Gergely Gulyás, a annoncé peu après l'atterrissage de M. Netanyahu à l'aéroport de Budapest que le gouvernement « entamerait la procédure de retrait jeudi, conformément au cadre juridique constitutionnel et international ».

Pour quitter la Cour, à laquelle appartiennent les 27 États membres de l'Union européenne, il faudrait d'abord faire adopter un projet de loi par le parlement, dominé par le parti Fidesz d'Orbán, puis notifier officiellement le bureau du secrétaire général des Nations unies. Le retrait prendrait effet un an plus tard.

Le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Saar, a salué ce qu'il a qualifié de « décision importante » et a remercié la Hongrie pour sa « position morale claire et forte aux côtés d'Israël et des principes de justice et de souveraineté ».

Gideon Saar a ajouté que la « soi-disant Cour pénale internationale » avait « perdu son autorité morale après avoir piétiné les principes fondamentaux du droit international dans sa volonté de porter atteinte au droit d'Israël à l'autodéfense ».

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a toutefois déclaré aux journalistes en marge d'une réunion de l'OTAN à Bruxelles jeudi que tant que la Hongrie resterait officiellement membre de la CPI, elle devrait « s'acquitter de toutes ses obligations envers la Cour ».

M. Netanyahu a été accueilli à Budapest lors d'une cérémonie officielle, aux côtés de M. Orbán, sous le regard d'une fanfare militaire et de cavaliers portant des épées et des baïonnettes. Il devrait visiter le musée de l'Holocauste de Budapest et tenir un certain nombre de réunions politiques avant de repartir dimanche.

M. Orbán a invité son homologue israélien à venir le lendemain de l'émission par la CPI, basée à La Haye et seul tribunal mondial permanent chargé de juger les crimes de guerre et les génocides, d'un mandat d'arrêt qu'Israël qualifie de politiquement motivé et d'alimenté par l'antisémitisme.

Le gouvernement de M. Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises que la Cour avait perdu sa légitimité en délivrant un mandat à l'encontre d'un dirigeant démocratiquement élu exerçant le droit de son pays à l'autodéfense après l'attaque menée en octobre 2023 par des combattants du Hamas contre le sud d'Israël.

Liz Evenson, directrice de la justice internationale à Human Rights Watch, a déclaré que le retrait de la Hongrie « démontrerait jusqu'où le gouvernement d'Orban est prêt à aller pour diminuer la protection des droits de l'homme dans le monde et le respect de l'État de droit pour les personnes, y compris en Hongrie ». Ses obligations au titre de la CPI « restent intactes », a-t-elle ajouté.

En principe, la Hongrie, qui a signé le document fondateur de la CPI en 1999 et l'a ratifié en 2001, devrait être tenue de détenir et d'extrader toute personne faisant l'objet d'un mandat de la Cour, mais Budapest a fait valoir que la loi n'avait jamais été promulguée.

« Elle n'a jamais été intégrée à la législation hongroise », a déclaré M. Gulyás à la fin de l'année dernière, ce qui signifie qu'aucune mesure de la CPI ne peut être légalement mise en œuvre en Hongrie. Quoi qu'il en soit, M. Orbán a déclaré qu'il ne respecterait pas la décision, la qualifiant d'« effrontée, cynique et totalement inacceptable ».

En novembre, le Premier ministre hongrois a déclaré à la presse qu'il « garantirait » que la décision de la CPI n'aurait « aucun effet en Hongrie » et, depuis, il a évoqué à plusieurs reprises la possibilité de retirer son pays de la Cour.

« Il est temps pour la Hongrie de revoir ce que nous faisons dans une organisation internationale qui fait l'objet de sanctions américaines », a déclaré M. Orbán en février, lorsque Donald Trump a imposé des sanctions au procureur de la Cour, Karim Khan.

M. Orbán soutient fermement M. Netanyahu depuis de nombreuses années, considérant le premier ministre israélien de droite comme un allié qui partage les mêmes opinions conservatrices, souverainistes et autoritaires. La Hongrie a souvent bloqué les déclarations ou les sanctions de l'UE à l'encontre d'Israël.

Cette visite marque le deuxième voyage à l'étranger de M. Netanyahu depuis que des mandats d'arrêt de la CPI ont été annoncés contre lui et son ancien chef de la défense, Yoav Gallant, ainsi que contre le chef du Hamas, Ibrahim al-Masri. En février, il s'est rendu aux États-Unis qui, comme Israël, la Russie et la Chine, ne sont pas membres de la CPI.

Pour le Premier ministre israélien, cette visite est l'occasion de montrer - à un moment où les critiques à l'encontre de son leadership se multiplient et où la liste des scandales internes s'allonge - qu'en dépit de l'opposition internationale généralisée à la conduite de la guerre par Israël, il reste un leader sur la scène mondiale. Pour Orbán, il s'agit d'un nouvel acte de défi qui attire l'attention.

Les juges de la CPI ont déclaré, lorsqu'ils ont délivré le mandat d'arrêt, qu'il existait des motifs raisonnables de croire que M. Netanyahu et M. Gallant étaient pénalement responsables d'actes tels que le meurtre, la persécution et l'utilisation de la famine comme arme de guerre.

Les États membres de l'Union européenne sont divisés sur la question de l'exécution des mandats d'arrêt : certains, comme l'Espagne, les Pays-Bas et la Finlande, ont déclaré qu'ils les appliqueraient, tandis que d'autres, comme l'Allemagne et la Pologne, ont laissé entendre qu'ils pourraient trouver un moyen de permettre à M. Netanyahu de se rendre dans le pays sans être arrêté. La France a déclaré que M. Netanyahu ne devrait pas faire l'objet d'un mandat d'arrêt puisqu'Israël n'est pas membre de la CPI.

La Cour, qui compte parmi ses 124 membres le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, le Brésil, le Japon et de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie-Pacifique, a pour mission de poursuivre les personnes responsables de crimes graves lorsque les pays ne peuvent ou ne veulent pas le faire eux-mêmes.

Elle a ouvert plus de 30 dossiers pour des allégations de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, de génocide et d'atteintes à l'administration de la justice, mais elle est entravée par un manque de reconnaissance et d'application. Seuls le Burundi et les Philippines ont quitté la CPI à ce jour.

Traduction : AFPS

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La première grève de professeur·e·s à l’Université McGill (2024)

https://www.pressegauche.org/IMG/pdf/chornique-des-conflits-de-travail-no.7.pdf?50618/ef610ee878acb003887083a5a32f8af8db171fff12c84ca3ea2298978fea30a68 avril, par Martin Gallié — , ,
Le 24 avril 2024, la toute récente Association McGillienne des professeur·e·s de droit (AMPD), créée en 2021, déclenche une grève illimitée1. Dans le petit monde des (…)

Le 24 avril 2024, la toute récente Association McGillienne des professeur·e·s de droit (AMPD), créée en 2021, déclenche une grève illimitée1. Dans le petit monde des enseignant·e·s universitaires québécois·e·s, c'est un événement rare qui mérite d'être souligné. L'AMPD est alors le premier syndicat de professeur·e·s au sein de la prestigieuse Université McGill, à déclencher une grève et le premier à subir les attaques frontales d'une direction ouvertement antisyndicaliste.

C'est ainsi un conflit qui permet d'illustrer une campagne antisyndicale d'un patronat totalement décomplexé, qui n'hésite pas à mobiliser des fonds publics, les tribunaux, à faire traîner les négociations et à ridiculiser les étudiant·e·s solidaires afin d'empêcher ou de décourager toute forme de syndicalisation du corps professoral.

Cette septième Chronique des conflits du travail du GIREPS, écrite par Mireille Fournier et Martin Gallié, revient sur cette première grève.

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A-t-on vraiment besoin d’une ou d’un « top gun » en éducation au Québec ?

8 avril, par Jacques Désautels — , ,
Le 14 février dernier, Marie Michèle Sioui, correspondante parlementaire du Devoir à Québec, a publié un article dans lequel elle rapportait que le Ministère de l'Éducation du (…)

Le 14 février dernier, Marie Michèle Sioui, correspondante parlementaire du Devoir à Québec, a publié un article dans lequel elle rapportait que le Ministère de l'Éducation du Québec (MEQ) avait lancé un concours visant à combler le poste de direction du futur Institut National d'Excellence en Éducation (INEÉ), afin, éventuellement, d'embaucher ce qu'elle qualifiait d'un nouveau ou nouvelle « top gun » en éducation.

Jacques Désautels
Professeur émérite
Université Laval

Elle rappelait aussi que le projet de création de cet institut avait été loin de faire l'unanimité dans le milieu de l'éducation. C'est, à son avis, à la suite de la recommandation d'un comité confidentiel que le MEQ a donné suite à la mise sur pied d'une structure dédiée à la production de données dites probantes, en vue de repérer les pratiques éducatives fondées sur la recherche. Dans ce contexte, se demander si on a besoin ou pas d'un ou d'une « top gun » en éducation, c'est remettre en question la nécessité de créer ce genre d'institution, et ce, pour les raisons qui suivent.

Il existe au Québec, au sein des Faculté de Sciences de l'Éducation, des centres et des équipes de recherche dont l'excellence est reconnue internationalement et qui peuvent réaliser tous les types de travaux que l'INEE pourrait éventuellement entreprendre. En effet, qu'il s'agisse des pratiques de formation initiale et continue des enseignants et enseignantes ; des pratiques associées à la réussite éducative ; des pratiques de gestion de classe ; des pratiques d'enseignement des disciplines scolaires ; des pratiques d'évaluation des apprentissages ; des pratiques d'orientation professionnelles ou des pratiques d'administration scolaire, on retrouve dans ces facultés universitaires des experts et expertes tout à fait capables de répondre aux interrogations que pourrait formuler le MEQ en lien avec l'un ou l'autre de ces thèmes. Il suffirait simplement que ce dernier via les grands organismes qui subventionnent la recherche au Québec lance des appels à projet ciblés autour de ces interrogations.

Il serait alors possible de mobiliser les meilleures équipes de recherche à la suite à des concours arbitrés par des pairs et paires qui en assureraient la crédibilité sur le plan scientifique. Alors, dans ce cas, pourquoi confier à des personnes nouvellement embauchées à titre de fonctionnaires le soin de faire des recherches, alors qu'elles n'ont pas l'obligation de participer à des concours arbitrés par des pairs et paires pour obtenir des subventions.

Comment va-ton alors s'assurer que leurs travaux répondent aux critères de scientificité en recherche ? Par ailleurs, en vertu de quel parti pris a-t-on fait ce choix, sachant que l'un des critères retenus pour recruter le ou la « top gun » est son engagement à promouvoir une culture de recherche plutôt qu'une autre, soit la production de données dites probantes, alors qu'au sein de la communauté internationale de la recherche en éducation celle-ci est loin de faire l'unanimité ?

La réponse à ces questions est constamment éludée au MEQ sans compter qu'il est impossible de savoir ce que coûtera ce projet au-delà du million de dollars qui pourrait être versé sur une période de cinq ans à la personne choisie pour diriger l'INEÉ. Cette absence de prévisibilité des coûts tient au fait que l'on ne sait pas combien de professionnels et professionnelles seront recrutés ni l'ampleur des budgets de fonctionnement.

Toutefois, en cette période de restrictions, voire de compressions budgétaires en éducation, on n'a vraiment pas besoin d'un ou d'une « top gun » de plus, si l'on veut éviter de gaspiller l'argent public sachant de plus qu'il y a fréquemment des dépassements de coûts des projets au sein de l'actuel appareil gouvernemental. Enfin, gageons que la personne choisie pour diriger l'INNÉ aura été membre du comité confidentiel auquel fait référence la journaliste du Devoir.

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Pour que la gratuité, l’accessibilité et l’universalité ne soient pas qu’un poisson d’avril

8 avril, par Collectif — , ,
Saint-Jérôme, 1er avril 2025 - Plusieurs instances régionales des Laurentides profitent de la Semaine nationale d'actions régionales organisées par la Coalition solidarité (…)

Saint-Jérôme, 1er avril 2025 - Plusieurs instances régionales des Laurentides profitent de la Semaine nationale d'actions régionales organisées par la Coalition solidarité santé (CSS) pour alerter la population à l'urgence d'agir, tout en dénonçant les fausses promesses faites par le ministre Dubé quant à la réforme en santé et services sociaux.

Si la réforme Dubé est bel et bien engagée, ses promesses semblent avoir été avalées par les flots d'un immense rebrassage de structures qui ne favorisent en rien la prévention ni l'accès aux soins. Créature de la CAQ, l'agence de gestion Santé-Québec nous montre déjà, après à peine quatre mois, qu'elle est beaucoup plus intéressée à privatiser le réseau public qu'à le décentraliser et en assurer la pérennité.

Il est toujours aussi difficile d'avoir rapidement accès à des soins de santé et à des services sociaux. La centralisation du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) a atteint son maximum : une agence pour tout. Sans parler du fait que le réseau a perdu le peu de démocratisation qui restait, étant maintenant géré par une agence de « tops guns du privé » non-élu·e·s, dont la création fût imposée par bâillon. Bien que les milieux communautaire, syndical, universitaire et citoyen aient levé la main dès l'amorce de cette réforme pour dénoncer plusieurs problèmes dans le projet, personne au gouvernement n'a écouté.

« La privatisation du réseau de la santé est la conséquence du désengagement grandissant de l'État envers son filet social. Cela nous fait craindre un délestage supplémentaire vers les organismes communautaires autonomes qui seront encore malheureusement considérés comme de simples prestataires de services, mettant au passage en péril leur autonomie », précise Benoit Larocque, coordonnateur du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL).

« Les réformes du réseau de la santé et des services sociaux ont, à travers le temps, laissé le phénomène de privatisation des soins et services s'accroître. Avec la mise en place de Santé Québec, le privé se développe à vitesse grand V. Cela profite plus au milieux des affaires et aux médecins entrepreneurs qu'aux citoyens. Le privé est moins efficace, plus cher, ne permet pas de réduire les listes d'attente, il vampirise les ressources du public et nuit à la qualité et à l'équité dans l'accès aux soins. » mentionne pour sa part Véronique Jean, Vice-présidente du secteur de la santé du syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux-CSN.

« Nous pensons que le gouvernement fait fausse route : au contraire, il faut décentraliser la gestion du réseau et fermer la porte à l'expansion du secteur privé. Les conséquences de la privatisation sont multiples et désastreuses notamment pour les femmes qui non seulement subissent ces effets pour elles-mêmes, mais pour leurs proches dont elles sont responsables » ajoute Isabelle Thibault du Réseau des femmes des Laurentides.

« Force est plutôt de constater une explosion de l'offre de soins et services à but lucratif pendant que le réseau public peine plus que jamais à accomplir sa mission. Après avoir centralisé tous les établissements publics au sein d'une seule entité, Santé-Québec, le gouvernement lui donne comme première mission de couper 1,5 milliard $. La réforme Dubé promettait d'améliorer l'accessibilité aux services pour la population : n'était-ce qu'un leurre ? ». Pendant qu'on coupe dans le réseau public, on ouvre les vannes au secteur privé à but lucratif : un non-sens ! » dénonce Julie Daignault Présidente FIQ-Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides.

« Au cœur de ces services, on trouve des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs dévoués au quotidien qui n'ont aucun mot à dire sur des décisions prises à Québec par une équipe de « top-guns » qui ne connaissent rien à la réalité sur le plancher » s'exclame Marie-Ève Meilleur, représentante nationale à l'APTS pour la région des Laurentides.

« Nous ne pouvons que constater que les promesses et la réforme du Ministre Dubé, n'ont aucunement amélioré le réseau public et sont loin d'être une réponse adéquate aux besoins de la population. Les ressources déjà affaiblies par une mauvaise gestion chronique et un sous-financement sont mal utilisées et souvent détournées au profit du secteur privé. », dit Lise Boivin du Regroupement citoyen pour la Santé dans les Laurentides. (RCSL)

La privatisation et la centralisation accrues du réseau de la santé et des services sociaux pavent la voie à un système de soins inéquitable, coûteux et inefficace, mettant du même coup en péril la gratuité, l'accessibilité et l'universalité des soins et services. Nous joignons notre voix dans la région pour dénoncer les impacts de cette réforme.

CO-SIGNATIARES

Lise Boivin – Réseau citoyen Santé Laurentides (RCSL)
rcslaurentides@gmail.com

Julie Daignault - Présidente FIQ-Syndicat des Professionnelles en soins des Laurentides
presidente@fiqspsl.com
Marie-Ève Meilleur, représentante nationale à l'APTS pour la région des Laurentides / memeilleur@aptsq.com

Véronique Jean, Vice-présidente du secteur de la santé du syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux-CSN
vp.sante@csn-lssss.ca

Isabelle Thibault, Coordonnatrice générale - Réseau des femmes des Laurentides -/ coordo@femmeslaurentides.org

Farah Wikarski, Agente à la mobilisation - Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) farah@roclaurentides.com

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Pour un discours non-stigmatisant sur les jeunes racisés de Montréal

8 avril, par Collectif — , ,
Nouvelle collaboration université-communauté vise à promouvoir un discours non-stigmatisant sur les jeunes racisés de Montréal Le 2 avril, 2025, Montréal – Une nouvelle (…)

Nouvelle collaboration université-communauté vise à promouvoir un discours non-stigmatisant sur les jeunes racisés de Montréal

Le 2 avril, 2025, Montréal – Une nouvelle collaboration université-communauté a été formée pour explorer de meilleures approches aux conditions auxquelles font face les populations racisées à Montréal, notamment les jeunes. L'un des objectifs du nouveau collectif de recherche est de combattre le discours dominant qui, pendant des années, a faussement et dangereusement représenté les jeunes racisés comme une source de criminalité et de violence.

Le collectif commencera son travail avec une série de présentations et de discussions ommunautaires à Montréal-Nord le 2 avril. Les membres du collectif expliqueront les objectifs de leur démarche et présenteront certaines conclusions de leurs recherches initiales sur les conséquences de la répression policière et les bénéfices des pratiques d'autodétermination communautaire.

Parmi d'autres conclusions, les premières recherches du collectif démontrent que les récentes opérations du SPVM contre la violence armée ont augmenté la surveillance et la répression des jeunes racisés - sans pour autant combattre les crimes commis avec des armes à feu.

Le collectif de recherche représente une collaboration entre cinq chercheurs universitaires montréalais et l'organisme communautaire, le Café jeunesse multiculturel de Montréal-Nord (CJM). Les recherches des chercheurs et l'expérience du Café jeunesse, ancré depuis 1984 dans la vie
des jeunes de Montréal-Nord, ont déjà révélé les problèmes du discours dominant sur les jeunes racisés à Montréal.

« Au cours des dernières années, le SPVM a mis en place trois opérations censées combattre la violence armée dans des quartiers comme Montréal-Nord », explique Ted Rutland, chercheur à l'Université Concordia, qui présentera ses recherches lors de l'événement. « Lorsque nous examinons ces opérations, cependant, nous constatons qu'elles ciblent de façon disproportionnée les jeunes racisés et qu'elles n'aboutissent que très rarement à des arrestations pour des crimes impliquant des armes à feu. »

Pour Anne-Marie Livingstone, chercheuse à l'Université McMaster, ces problèmes s'inscrivent dans une histoire plus longue.

« Depuis des années, le SPVM, la Ville de Montréal et les médias véhiculent un discours sur les “gangs de rue” qui renforce les préjugés envers les jeunes Noirs et autres jeunes racisés et soutient le racisme policier », explique la chercheuse, qui présentera aussi ces recherches. « Ce discours est empiriquement infondé et repose sur stéréotypes racistes importées des États-Unis qui ont été réfutées depuis longtemps par les chercheurs. Il y a longtemps que ce discours aurait dû être abandonné ».

En plus de combattre le discours dominant, le collectif vise à documenter les bénéfices des programmes communautaires axés sur l'autodétermination. Le chercheur de l'Université McGill Tari Ajadi, ainsi que trois intervenants communautaires, discuteront des types d'interventions qui
soutiennent véritablement le bien-être et la sécurité des jeunes racisés.

En réunissant chercheur.es et intervenant.es, la nouvelle collaboration vise à créer des bases académiques et scientifiques qui permettront de contribuer à faire avancer le travail crucial du Café jeunesse multiculturel et d'autres organismes communautaires engagés dans le bien-être des jeunes de Montréal.

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Lettre ouverte sur le virage numérique

8 avril, par Collectif — , ,
Il y a plusieurs semaines, la sortie du rapport de la vérificatrice générale du Québec sur SAAQclic a braqué le projecteur sur la transformation numérique gouvernementale. (…)

Il y a plusieurs semaines, la sortie du rapport de la vérificatrice générale du Québec sur SAAQclic a braqué le projecteur sur la transformation numérique gouvernementale. Depuis lors, les révélations explosives s'enchainent, forçant la démission d'Éric Caire de son poste de ministre de la Cybersécurité et du Numérique et le déclenchement d'une enquête publique. Face à ce fiasco, des questionnements sur la fiabilité des autres projets de transformation numérique gouvernementale commencent à émerger.

Le RGPAQ, ses groupes membres et ses alliés n'ont pas attendu le scandale SAAQclic pour s'inquiéter. Depuis plusieurs années, nous tirons la sonnette d'alarme sur les conséquences de la transformation numérique sur la population québécoise. À l'occasion de la Semaine de l'alphabétisation populaire, qui se tient du 7 au 11 avril 2025, laissez-nous taper sur le clou une fois de plus.

Saviez-vous que, selon les dernières données du PEICA (2022), 22 % des adultes québécois âgés de 16 à 65 ans sont considérés comme peu alphabétisés ? Ces personnes, qui ont de grandes difficultés pour lire, écrire, compter et comprendre les informations, ont bien du mal à évoluer dans notre société. Sans compter les murs que le numérique vient dresser sur leur parcours déjà semé d'embûches.

Effectivement, les personnes peu alphabétisées sont souvent en situation de pauvreté. Elles peuvent donc avoir plus de difficultés à accéder à Internet et aux outils numériques. De plus, avec des compétences en littératie plus faibles, elles manquent parfois de connaissances ou ne savent pas bien utiliser Internet et ces outils. Elles peuvent ainsi rencontrer des difficultés à faire des tâches qui nous semblent simples, comme chercher de l'information sur un site Internet, envoyer un courriel, télécharger un document ou prendre un rendez-vous en ligne. Bref, ces personnes sont plus vulnérables aux fractures numériques. Et elles sont loin d'être les seules ! Les personnes âgées, immigrantes, autochtones, en situation de handicap ou vivant dans la pauvreté, sont également concernées. En réalité, au Québec, plus d'une personne sur quatre trouve les interactions en ligne complexes !

Or, malgré tous les voyants rouges qui s'allument, le gouvernement de François Legault ne semble pas prêt à ralentir sa transformation numérique, comme en témoigne le dépôt récent du projet de loi n° 82 visant à implanter la future identité numérique.

Pourtant, sur le terrain, la situation ne cesse de se dégrader. Et SAAQclic n'est que la pointe émergée de l'iceberg ! Depuis la mise en place de la prise de rendez-vous médicaux en ligne via des plates-formes comme Clic-Santé, l'accès aux soins se complexifie. À l'assistance sociale, le déploiement du projet UNIR s'accompagne déjà de nombreux problèmes comme des pertes de documents ou des envois de lettres erronées. On passe également trop souvent sous silence la fermeture de points de services, comme ceux de la CNESST et de la SAAQ, ainsi que l'orientation croissante vers les services en ligne. De plus, les demandes sur papier sont souvent plus coûteuses que leurs équivalents numériques, comme c'est le cas pour le remplacement d'une carte de la RAMQ perdue. Sans oublier le temps interminable passé à tenter de joindre un employé ou une employée du gouvernement par téléphone.

Est-ce là le Québec que nous voulons ? Un Québec où seules les personnes à l'aise avec le numérique auront accès facilement aux services publics ? Un Québec où toute une partie de la population se verra privée des services auxquels elle a droit ? Un Québec qui exclut ? Il faut impérativement renverser cette tendance. C'est pourquoi le RGPAQ a lancé, avec des alliés, la déclaration Traversons l'écran Pour que l'humain demeure au cœur des services publics. Cette déclaration, qui a récolté 12 804 signatures, revendique notamment le maintien des services en personne, l'humanisation des services et la conservation d'alternatives au numérique, accessibles et de qualité. Le gouvernement doit entendre raison. La transformation numérique ne peut se poursuivre en laissant de côté une part importante de la population !

Signataires
Martine Fillion, présidente, Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec
Pierre Lynch, président, Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées
Serge Petitclerc, co-porte-parole, Collectif pour un Québec sans pauvreté
Catherine Tragnée, organisatrice communautaire, Front commun des personnes assistées sociales du Québec
Élianne Venne, citoyenne et membre du Mouvement Personne D'Abord de Sainte-Thérèse, Fédération des Mouvements Personne d'Abord du Québec

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"Résistance ou soumission ? Le Québec, dernier rempart contre l’expansionnisme américain"

8 avril, par Manuel Tapial — , ,
En 1982, Margaret Thatcher entra en guerre contre l'Argentine, un pays militairement inférieur à la flotte britannique. À l'époque, la nécessité d'assurer l'approvisionnement (…)

En 1982, Margaret Thatcher entra en guerre contre l'Argentine, un pays militairement inférieur à la flotte britannique. À l'époque, la nécessité d'assurer l'approvisionnement pétrolier et la quête d'indépendance énergétique ont déclenché un conflit que peu auraient imaginé quelques années plus tôt.

Cette guerre, bien que localisée dans l'hémisphère sud, n'eut qu'un impact limité sur la scène internationale, malgré les vies perdues et la défaite argentine dans sa tentative de défendre les îles Malouines.

Quarante-trois ans plus tard, les ambitions impériales du bloc anglo-saxon renaissent sous l'impulsion de Donald Trump aux États-Unis. Cette fois, les cibles sont le Groenland et le Canada, deux territoires où l'anglais domine et qui sont dans le viseur de l'administration Trump – et ce n'est pas un hasard. La bataille pour le contrôle de l'Arctique et de ses ressources naturelles a déjà commencé. En réalité, ce sont les Soviétiques qui ont lancé l'offensive à la fin des années 1940 avec l'expédition *Sever*, découvrant et revendiquant la dorsale de Lomonossov, comme l'explique le journaliste catalan Enric Juliana dans La Vanguardia. Au cours des décennies suivantes, la Russie y a établi des bases scientifiques et militaires, identifié d'immenses gisements de gaz, de pétrole, d'uranium et de nickel, construit des brise-glaces ultra-puissants et anticipé les opportunités offertes par la fonte des glaces pour le transport maritime vers l'Europe et la Chine. Aujourd'hui, 20 % du PIB russe provient du cercle polaire arctique.

Les États-Unis, quant à eux, envisagent clairement l'assimilation du Canada et du Groenland, avec pour objectif le contrôle des futures routes commerciales maritimes. Mais les richesses naturelles de ces territoires sont tout aussi convoitées. Le Canada concentre l'essentiel de sa population dans une bande de 200 km le long de la frontière américaine, laissant l'immense majorité de son territoire vierge et inexploité. L'eau, les minéraux, les terres rares et la faible densité démographique du nord du pays font de cette région une proie idéale pour Trump – et pour Elon Musk, qui rêvent d'étendre leurs frontières en intégrant l'Alaska et le Canada.

Une menace imminente

Il ne s'agit plus de savoir si le conflit éclatera, mais quand. Le Canada, aujourd'hui, n'a ni les moyens ni la capacité de protéger ses frontières contre une assimilation rampante. Et la population, consciente du danger, redoute l'avenir.

Que faire face à la menace Trump ? L'histoire récente nous enseigne une logique implacable : là où il y a des ressources naturelles convoitées par des puissances étrangères, les populations locales paient un prix terrible. Pensons à l'Irak, où plus d'un million de civils ont péri sous l'occupation américaine. À la Palestine, colonisée depuis les années 1940, où des centaines de milliers de personnes ont été expulsées ou massacrées. Au Venezuela, dont l'économie a été étranglée par des sanctions américaines après que Hugo Chávez eut repris le contrôle du pétrole aux multinationales étrangères.

La réponse canadienne à la menace Trump s'annonce problématique, d'autant plus que l'Europe, où les idées de Trump et de Musk gagnent du terrain, pourrait se montrer complaisante. Le scénario d'un démantèlement de l'État au profit des grandes corporations n'est plus une dystopie – l'Argentine en est l'exemple contemporain.

La résistance québécoise : un espoir ?

Au Canada, la population, éduquée sous l'influence culturelle et médiatique américaine (surtout dans les provinces anglophones), ressemble de plus en plus à ses voisins du Sud. Une résistance organisée à une annexion territoriale y semble donc difficile.

Mais le Québec est une autre histoire. La Belle Province, par sa culture et son héritage francophone, reste une enclave européenne en Amérique du Nord. Les récentes manifestations à Montréal contre l'idée de devenir le *51e État américain* ont rassemblé des milliers de personnes, montrant un rejet clair de l'expansionnisme trumpiste. Les aspirations indépendantistes et la solidarité sociale pourraient servir de rempart contre cette menace.

Une question glaçante

Une question hante les esprits : Pourquoi les États-Unis iraient-ils s'emparer du pétrole irakien ou syrien alors qu'ils pourraient se contenter de celui de l'Alberta sans déployer un seul soldat ? Pourquoi intervenir en Afrique ou au Moyen-Orient quand le Canada offre autant de ressources sans résistance armée ?

L'avenir du Canada face à l'administration Trump dépendra de sa société civile – et surtout des Québécois, qui pourraient être amenés à écrire une page décisive de l'histoire. Le Canada n'est ni le Venezuela ni l'Irak, mais il pourrait s'inspirer des BRICS et chercher des alliances hors de l'orbite américaine. Ni la Russie, ni le monde arabe, ni la Chine n'ont menacé le Canada, malgré son alignement traditionnel sur les croisades américaines.

La menace vient des États-Unis. Le Canada est-il prêt à corriger le tir et à revoir ses alliances internationales ? Ou ses dirigeants céderont-ils discrètement aux États-Unis en criant Canada First ?

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Solidarité avec La Palestine

8 avril, par Collectif de Québec pour la paix, Michaël Lessard — , , ,
Nous vous invitons à appuyer (soit comme individu ou comme organisme) la campagne québécoise Sortons la Caisse (de depôt et placement du Québec) des crimes en Palestine —soient (…)

Nous vous invitons à appuyer (soit comme individu ou comme organisme) la campagne québécoise Sortons la Caisse (de depôt et placement du Québec) des crimes en Palestine —soient les violations graves du Droit international humanitaire— lancée par la Coalition Urgence Gaza basée à Montréal.

Notre résumé : la campagne vise concrètement 87 entreprises qui soient aident des colonies illégales (chose absolument contraire aux obligations internationales stipulées par le Conseil de sécurité de l'ONU) ou encore qui fournissent à l'armée israélienne de l'équipement ou services alors que celle-ci commet des violations graves du Droit internationale humanitaire contre la population de Gaza notamment (DIH : Crimes de guerre, Crimes contre l'Humanité dont des actes de génocide, etc.). Toutefois, le but est aussi que la Caisse se donne un système plus long terme face aux violations graves des Droits Humains.

Les revendications :

1 Désinvestissement : la CDPQ doit retirer immédiatement ses 14,2 milliards $ d'investissement dans les 87 entreprises complices de crimes contre le peuple palestinien.

2 Transparence : la CDPQ doit mettre en place un processus de contrôle transparent pour garantir qu'aucune entreprise dans laquelle elle investit ne soit associée à des violations des droits humains et du droit international.

Actions suggérées

* Adoptez une position collective d'appui à la campagne et peut-être aussi rejoindre la Coalition Urgence Gaza . Vous pouvez d'ailleurs écrire à urgencepalestine.qc@gmail.com si vous avez des questions ou pour informer la coalition de l'appui de votre groupe.

* Invitez votre réseau à envoyer (rapides en ligne) un message à la CDPQ et/ou à votre député-e québécois (Assemblée nationale). Le site de la campagne permet de le faire rapidement et vous pouvez modifier ou adapter le message.

Le site a une page avec du matériel pratique pour ces actions, et autres informations :
https://cdpq-palestine.info
* Nous vous invitons aussi à suivre la Page Facebook du Collectif de Québec pour la paix pour voir les actions à venir à Québec (probablement une manifestation en mai) :
https://www.facebook.com/CollectifPaix
Nous présumons ici qu'il n'est pas nécessaire de vous informer de la destruction systématique et massive de toutes les infrastructures civiles, nécessaires à la vie, à Gaza, des blocages même de l'aide humanitaire et des agences de l'ONU comme l'UNICEF, des massacres incessants, etc.

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"Les Invisibles"

8 avril, par Manuel Tapial — , ,
Dans chaque ville, il existe des quartiers marginalisés où le trafic de drogue, les gangs de rue et les petits larcins coexistent avec la survie et la précarité. (…)

Dans chaque ville, il existe des quartiers marginalisés où le trafic de drogue, les gangs de rue et les petits larcins coexistent avec la survie et la précarité.

Montréal ne fait pas exception, et des endroits comme Deuf Court à Lachine ou Saint-Michel, dans le nord de l'île, en sont des exemples frappants. Une immigration entassée, combinée au manque d'opportunités pour des communautés déjà marquées par les traumatismes de l'exil et la violence de leurs pays d'origine, condamne leurs habitants à une vie d'invisibilité.

Abisay Cruz Isidro était l'un de ces immigrés condamnés. Originaire du Honduras, il est mort lors d'une intervention policière disproportionnée dans son logement du quartier Saint-Michel le dimanche 30 mars. Peu importent les raisons de l'opération, la vérité, comme me l'a dit un de ses proches lors d'une veillée commémorative, est la suivante : "Ils l'ont pris vivant, menotté, et nous l'ont rendu mort."

Des cas comme celui d'Abisal abondent en Amérique du Nord : George Floyd, Frank Tyson, Sonya Massey, Anthony Lowe Jr., Vanessa Renteria, Jean René Junior Olivier... La liste est si longue qu'il serait impossible de nommer toutes les victimes de violences policières aux États-Unis et au Canada rien que ces dernières années. L'usage disproportionné de la force dans des situations qui devraient relever du médical ou du social se solde par des morts qui, trop souvent, restent impunies.

Ce qui est le plus révélateur dans le cas d'Abisay, c'est le silence médiatique. Aucun média n'a couvert son histoire. Pas d'articles, pas de reportages, pas de couverture ; son nom n'existe que pour sa famille et ses amis du quartier. Il est probable qu'il n'apparaisse même pas dans les statistiques des violences policières, devenant ainsi une victime invisible de plus, dont la famille n'obtiendra jamais justice.

Le Canada n'est pas exempt de racisme et de xénophobie, tout comme les États-Unis, et cela devient évident quand les médias ignorent une vie fauchée par la police. Si Abisay avait été blanc, un parti politique aurait exigé des comptes. S'il avait vécu à Westmount, le quartier riche de Montréal, il y aurait eu des démissions dans la police, et la mairesse de Montréal comme celle de Westmount seraient venues présenter leurs condoléances à la famille en promettant justice.

Mais Abisay n'était qu'un Hondurien de 29 ans, immigré issu d'une famille modeste. Aucune personnalité publique ne s'est déplacée, aucune promesse de justice n'a été faite. Seulement l'invisibilité, l'impunité, et une vie de plus brisée par un système qui continue de faillir envers les plus vulnérables.

Dites son nom : #Abisay Cruz Isidro

Manuel Tapial,
Community Organizer

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Une mobilisation provinciale pour renverser la tendance en itinérance

8 avril, par Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ) — , ,
Québec, le 8 avril 2025 – Le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ) lance une vaste campagne de mobilisation pour recueillir 50 000 signatures en appui à la déclaration (…)

Québec, le 8 avril 2025 – Le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ) lance une vaste campagne de mobilisation pour recueillir 50 000 signatures en appui à la déclaration commune pour renverser la tendance en itinérance, issue des 4es États généraux de l'itinérance.

La déclaration commune se veut un signal fort aux décideurs publics, à l'image de la déclaration de 2010, qui avait mené à l'adoption de la Politique nationale de lutte à l'itinérance. Aujourd'hui, face à une situation qui s'aggrave, un engagement renouvelé est nécessaire pour exiger que la lutte à l'itinérance devienne une véritable priorité des gouvernements.

Renversons la tendance : c'est possible !

La crise de l'itinérance est bien documentée quotidiennement partout au Québec. Pourtant, l'itinérance n'est pas une fatalité : des solutions existent et ont fait leurs preuves. La déclaration commune pour renverser la tendance en itinérance met en avant des mesures concrètes pour renverser cette tendance :

• Développer massivement des logements sociaux et abordables afin de garantir un accès au logement pour les personnes vulnérables.

• Renforcer la prévention par un meilleur accompagnement des jeunes, des personnes en sortie d'institution et un accès élargi aux services en santé mentale.

• Assurer une réponse coordonnée des différents paliers de gouvernement et un financement stable pour maximiser l'efficacité des actions menées.

« Nous connaissons les solutions et les gouvernements ont le devoir d'agir. La population québécoise exige des actions immédiates et ambitieuses pour prévenir et réduire l'itinérance », affirme Gabriel Pallotta, Président du conseil d'administration du Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec.

Un geste concret pour faire avancer la lutte contre l'itinérance

En signant la déclaration commune pour renverser la tendance en itinérance, les citoyens et citoyennes lancent un appel fort au gouvernement pour exiger des mesures concrètes afin de prévenir et réduire l'itinérance. D'ailleurs, plusieurs citoyens, municipalités et organismes ont déjà signé la déclaration commune pour renverser la tendance en itinérance avant même le lancement de la campagne nationale.

L'ampleur de cette mobilisation démontrera l'importance accordée par la population à cet enjeu et incitera les décideurs à poser des gestes concrets.Le RSIQ invite l'ensemble des citoyen.e.s, organismes, élu.e.s, entreprises et personnes concernées à signer la déclaration commune pour renverser la tendance en itinérance et à la partager largement.

D'ailleurs, les influenceur.e.s Annie Archambault et Farnell Morisset, très engagés dans les causes sociales, participent à la campagne de mobilisation et portent le message que renverser la tendance en itinérance, c'est possible !

Pour signer la déclaration commune pour renverser la tendance en itinérance, rendez-vous au itinerance.ca/declaration.

À propos du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec

Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec a été créé en 1998 et consiste en un regroupement de quinze concertations régionales de lutte à l'itinérance et une vingtaine de membres associés, totalisant plus de 200 organismes à travers le Québec qui visent entre autres à améliorer les conditions de vie des personnes en situation d'itinérance ou à risque de l'être.

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Pourquoi je me dissocie de la position majoritaire du Comité de rédaction de Presse-toi à gauche

La crise se poursuit. Vers la fin de l'après-midi 26 mars, le président Trump annonçait qu'à partir du 2 avril, il allait imposer des droits de douane de 25% sur tous les (…)

La crise se poursuit.

Vers la fin de l'après-midi 26 mars, le président Trump annonçait qu'à partir du 2 avril, il allait imposer des droits de douane de 25% sur tous les véhicules importés aux États-Unis. Après avoir écouté le premier ministre de l'Ontario Doug Ford et le premier ministre du Canada Mark Carney réagir, j'ai passé, une fois couché ce soir-là, de longs moments d'insomnie.

Dans de telles circonstances tout à fait historiques, savoir pour qui voter dans les prochaines élections fédérales importe énormément.

La position majoritaire du Comité de rédaction de Presse-toi à gauche est qu'il faut appuyer le NPD, le seul parti qui reflète réellement les valeurs progressistes. Appuyer stratégiquement le Parti libéral pour empêcher une victoire de Pierre Poilievre, serait, selon ce point de vue, contribuer à la méséducation de la population, aller à l'encontre de nos valeurs et de nos aspirations. Cela reviendrait à voter pour le moindre mal en mettant sous le tapis la défense réelle des intérêts de la majorité populaire. L'urgence, selon cette position, serait de prendre la rue et de militer pour la mise en place d'un réel projet de société en finissant une fois pour toutes avec le capitalisme, le patriarcat, les guerres, les génocides et l'exploitation de la terre.

Il y a quelques mois, le Comité de rédaction m'invitait à me joindre à lui. J'aime y participer et je respecte et admire énormément mes collègues. Les valeurs qu'ils et elles défendent m'inspirent. Leur engagement à produire et maintenir vivant, ce cela de façon tout à fait bénévole, un journalisme de qualité, m'impressionne.

Cependant, je ne partage pas la position majoritaire du comité.

Pour étayer mon opinion dissidente, je traçais, dans un article précédent, le portrait de l'actuel premier ministre du Canada, Mark Carney, en me fondant sur son livre Values : Building a Better World for All (2021), dont je venais tout juste de terminer la lecture. Et je remettais carrément en question ce qu'affirment de nombreux progressistes tels que James Hardwick et David Moscrop et ce que laisse entendre la position majoritaire. À savoir que Carney n'est qu'un néolibéral qui vénère à l'autel du fondamentalisme du marché et qu'il va faire pencher le Parti libéral plus à droite.

Carney, comme je l'ai démontré dans mon article, rejette carrément dans son livre à la fois l'analyse des économistes néoclassiques et celle des économistes néolibéraux. À certains égards, son analyse me rappelle beaucoup celle du psychanalyste américain de tendance marxiste Erich Fromm, qui, dans The Sane Society (1955), rejette le capitalisme parce que celui-ci, dit-il, réduit l'être humain à une simple marchandise. Le capitalisme, allègue Fromm, mène à l'aliénation, et c'est pourquoi il plaide pour un projet de socialisme humaniste et démocratique. Fromm s'inspire partiellement des écrits du jeune Marx et rejette, comme ce dernier, la sacralisation ou le fétichisme des forces du marché.

Cependant, même si je maintiens mordicus que dans la crise historique existentielle que nous vivons présentement au Canada, la grande priorité des progressistes devraient être de tout faire pour empêcher une victoire de Pierre Poilievre, quitte à appuyer stratégiquement le Parti libéral, cela ne veut pas dire que je partage toutes les opinions que Mark Carney exprime dans son livre Values.

Selon Carney, il est tout à fait faux d'alléguer, comme le font la plupart des économistes de la gauche comme de la droite, qu'Adam Smith, que plusieurs perçoivent comme le pionnier de la science économique, était un fondamentaliste du marché. Autrement dit, qu'il croyait que les riches n'ont qu'à chercher à s'enrichir de plus en plus pour que soit automatiquement atteint, comme par magie et grâce à la main invisible présumément de Dieu, le bien commun.

Il est facile de croire cela, affirme Carney, si on ne concentre que sur un ou deux passages de l'œuvre majeure de Smith, Wealth of Nations. Cependant, dès qu'on considère l'ensemble de son œuvre, et surtout son premier livre The Theory of Moral Sentiments, cette thèse – la recherche de la richesse des puissants mène automatiquement au bien commun – ne tient plus du tout la route.

Sur ce point, qui est tout de même fort important, je ne partage pas l'opinion de Mark Carney.

***************

Les crises, cela est bien connu, mènent souvent à la polarisation. Disparaissent rapidement, dans de telles situations, les nuances.

Vous êtes pour nous ou contre nous, affirmait George Bush Jr à la suite de l'attaque des tours jumelles à New York, mardi matin, le 11 septembre 2001.

Si Mark Carney découvrait la sagesse d'Adam Smith alors qu'il vivait les conséquences de la crise financière de 2008, je découvrais Adam Smith, pour la première fois de ma vie, alors que je vivais le coup d'État chilien qui renversait, en 1973, le gouvernement socialiste de Salvador Allende.

Comme l'attaque des tours jumelles à New York, c'était aussi un mardi matin. Et, de plus, c'était aussi un 11 septembre. Même le nombre de morts ici et là était à peu près le même : 3 000.

Les lunettes évènementielles que portait Mark Carney comme gouverneur de la Banque d'Angleterre lorsqu'il lisait The Theory of Moral Sentiments étaient fort différentes des lunettes évènementielles que je portais lorsque je lisais minutieusement ce même livre.

Les lunettes académiques que Carney portait lorsqu'il lisait ce livre étaient aussi fort différentes des lunettes académiques que je portais lorsque je le lisais. Carney détenait une licence en économie de l'Université de Harvard (1988), ainsi qu'une maitrise (1993) et un doctorat (1995) en économie de l'Université d'Oxford. Je détenais un baccalauréat des arts (1961) et une maitrise en philosophie (1966) de l'Université d'Ottawa et un baccalauréat en théologie (1968) de l'Université Saint Thomas d'Aquin à Rome. Je ne terminerais ma scolarité de maitrise en économie à l'Université McGill que plus tard (1978).

Avant d'expliquer davantage, dans un prochain article, pourquoi je me dissocie de la position majoritaire du Comité de rédaction de Presse-toi à gauche, qui qualifie carrément le Canada de pays impérialiste, colonisateur et extractiviste, et ce au moment même où ce dernier se trouve plongé dans une crise historique existentielle, je vais comparer, dans cet article, l'interprétation que j'ai faite d'Adam Smith en 1974 avec celle qu'en a faite Mark Carney dans son livre de 2021.

Une comparaison qui devrait montrer que, bien que je me dissocie de la position majoritaire du Comité de rédaction, je partage plusieurs des valeurs et inquiétudes profondes qui sous-tendent celle-ci.

Deux interprétations fort différentes de la pensée d'Adam Smith

Carney semble avoir découvert la grande sagesse d'Adam Smith alors qu'il tentait, comme gouverneur de la Banque centrale d'Angleterre, de résoudre les problèmes issus de l'énorme crise financière de 2008, des problèmes dont la gravité était telle qu'une partie substantielle de la population remettait en question l'économie de marché comme telle.

Lorsque j'étais à la Banque centrale d'Angleterre, nous nous sommes souvent inspirés de ses idées pour aborder des questions allant de l'avenir de la monnaie à l'ère des cryptoactifs à la manière de reconstruire les fondements sociaux des marchés financiers après la crise financière de 2008, affirme Carney (...). Ce faisant, nous avons été inspirés par Smith, le sage de la politique, de la morale, de l'éthique et de la jurisprudence, et non par Smith, le fondamentaliste du marché de la légende et de l'opportunisme politique de la droite et de la gauche.

Je découvrais Adam Smith, comme mentionné plus haut, dans un tout autre contexte.

J'avais 31 ans, et je me trouvais alors à Santiago, Chili. Quelques mois plus tôt, j'avais vécu le violent coup d'État du 11 septembre 1973 par lequel les militaires, soutenus par les riches hommes d'affaires chiliens et le gouvernement américain, renversaient le gouvernement socialiste démocratiquement élu de Salvador Allende.

Semaine après semaine, j'entendais les militaires proclamer avec fierté que le Chili avait retrouvé la liberté. Vive le retour du marché libre, nous disaient-t-ils ! Vive le retour des investissements !

Cependant, ces proclamations me bouleversaient et me révoltaient profondément, car je voyais ces mêmes militaires exécuter sommairement, s'adonner à la torture la plus barbare imaginable – selon une Commission d'enquête, quelques 27 000 de Chiliens et Chiliennes ont subi de la torture – , faire disparaître des personnes, acheminer comme du bétail de dizaines de milliers d'adeptes de l'Unité populaire dans des camps de concentration, imposer la censure totale des médias et bannir la plus grande centrale ouvrière du Chili.

Si ma mémoire est bonne, c'était le début mars 1974 que je découvrais Adam Smith. Je venais de commencer à suivre un cours d'économie à l'Instituto Latinoamericano de Doctrinas y Estudios Sociales (ILADES). Mon professeur m'avait demandé de faire une dissertation sur Adam Smith, et j'avais sorti de la bibliothèque sa première œuvre, The Theory of Moral Sentiments (1759). Il s'agissait d'un livre de philosophie morale, et bien qu'il soit assez volumineux, sa lecture ne m'était pas du tout rébarbative, puisque que je détenais une maitrise en philosophie.

ILADES n'était pas mon premier choix.

En arrivant au Chili fin juillet 1973, ma conjointe d'alors, Wynanne Watts, et moi nous étions inscrits dans le Centro del estudio de la realidad nacional (CEREN), une institution progressiste qui faisait partie de l'Université catholique du Chili.

Cependant, à peine nos cours commencés fin aout, le coup d'État du 11 septembre y mettait subitement fin, la dictature démantelant immédiatement le CEREN.

Ce geste répressif n'étonnait guère, puisque cette institution était hautement réputée et son influence dans la gauche était remarquable, non seulement au Chili et toute l'Amérique latine, mais aussi au niveau international.

Privés de cours, Wynanne et moi nous tournions alors immédiatement aux tâches qui, dans ces évènements dramatiques que nous vivions, nous paraissaient les plus urgentes : aider les personnes traquées par les militaires à prendre refuge dans une ambassade, faire parvenir des rapports au Comité Québec-Chili à Montréal, rencontrer les nombreux journalistes qui arrivaient à Santiago pour leur raconter ce qui arrivait au Chili.

Ayant passé presque huit ans au séminaire à me préparer à la prêtrise, j'étais abasourdi et profondément révolté de voir la complicité de l'Église catholique dans le coup. J'ai donc commencé à exprimer ma frustration dans mon journal, et, peu à peu, ce dernier s'est transformé en livre.

Début mars 1974, je réussissais, après quelques tentatives manquées, à faire parvenir mon manuscrit Chili : le coup divin à Montréal. Et c'est à ce moment-là, si ma mémoire est bonne, que Wynanne et moi ont commencé à suivre des cours à ILADES.

Si ILADES n'avait pas connu le même sort que le CEREN, c'est parce que cette institution était dirigée par les Jésuites, lesquels étaient proches du Parti démocrate-chrétien, un parti qui, initialement, avait appuyé le coup d'État.

Mon professeur d'économie à ILADES m'avait demandé de faire une dissertation sur Adam Smith, mais je lui avais expliqué discrètement que je voulais aussi poursuivre, à l'insu de tous, le projet de recherche que j'avais initié au CEREN, soit découvrir la pensée de Karl Marx.

Comme les militaires brûlaient dans la rue tous les livres de tendance socialiste ou même social-démocrate qui leur tombaient sous la main, les Jésuites avaient discrètement accepté que soient entreposés dans l'énorme sous-sol d'ILADES les livres de la bibliothèque du CEREN.

C'est dans ce sous-sol, vers lequel mon professeur a eu la gentillesse de me diriger, que j'ai trouvé quelques livres de Karl Marx. Non sans difficulté énorme, d'ailleurs, car il y avait des montagnes de livres et ils étaient empilés par terre dans un désordre total !

Lire Smith, le grand apôtre du capitalisme, et Marx, le plus grand et illustre critique du capitalisme, dans le contexte du coup d'État brutal qui était en marche, m'ouvrait les yeux.

Si quelqu'un cognait à la porte de notre appartement situé dans un quartier populaire de Santiago, je cachais immédiatement, avant d'ouvrir la porte, le livre de Marx que j'étais en train de lire.

L'interprétation de Mark Carney de l'œuvre d'Adam Smith

Dans son livre Values, Mark Carney affirme, comme noté plus haut, que les économistes se sont trompés en présentant Adam Smith comme le préconiseur d'un laissez-faire où individus et entreprises n'auraient qu'à poursuivre égoïstement le profit afin que soit automatiquement atteint le bien commun. Si on s'en tient, affirme-t-il, au deuxième livre de Smith, Wealth of Nations (1776), le livre de loin le plus acheté et lu, on peut facilement avoir cette impression. Cependant, insiste Carney, pour comprendre Smith, il faut absolument tenir compte de l'ensemble de son œuvre. Et de façon particulière de son premier livre, The Theory of Moral Sentiments (1759), où Smith, dit-il, adhère clairement aux valeurs éthiques classiques, reconnaissant que toute société saine doit se fonder sur les grandes vertus humaines que sont justice, compassion, amour, respect etc.

Une société purement commerciale, dans laquelle les hiérarchies sociales sont basées sur la richesse, amène naturellement les gens, note Carney, à se concentrer sur la recherche systématique de la richesse, cette recherche que Max Weber considère comme principal déterminant sociologique du capitalisme.

Adam Smith craignait, poursuit Carney, qu'une telle recherche systématique n'encourage un comportement amoral. En cela, il était en désaccord total avec la conclusion du théoricien social du XVIIe siècle Bernard Mandeville dans sa parabole des abeilles, selon laquelle la poursuite de vices privés par les abeilles conduit à la prospérité de la ruche, faisant de ces vices des vertus publiques.

Au lieu de reconnaître que Smith rejetait carrément la fameuse parabole des abeilles de Mandeville, poursuit Carney, les économistes ont fait exactement le contraire. Ils ont présenté Adam Smith comme le père et grand défenseur du laissez-faire.

Il est révélateur, écrit Carney dans son livre, que les économistes se soient rangés du côté des abeilles, en les adoptant comme symbole de la Royal Economic Society.

Présenter Smith comme le père du laissez-faire, insiste Carney, n'est qu'une caricature de ce grand économiste, une déformation grossière de sa pensée. C'est passer sous silence, poursuit l'ex-banquier catholique qui pratique la méditation, le fait que Smith était le plus réfléchi et catholique des philosophes du monde entier !

Les écrits de Smith, affirme Carney, mettent en garde contre les erreurs consistant à assimiler l'argent au capital et à dissocier le capital économique de son partenaire social, erreurs que l'on peut commettre en ne lisant que quelques pages, certes brillantes, de Wealth of Nations. Cette caricature de Smith en tant que « père du laissez-faire » dévalorise grossièrement le plus réfléchi et le plus catholique des philosophes du monde entier ; l'expression « main invisible » n'apparaît qu'une seule fois dans ce livre et seulement trois fois dans les œuvres rassemblées de Smith.

Smith, Carney argumente, n'était pas du tout un intellectuel au service du grand capital. Il était tout à fait conscient du danger que le gouvernement soit indument influencé par le capital.

Smith a mis en garde contre le fait qu'un système politique dominé par les entreprises permettrait une conspiration de l'industrie contre les consommateurs, les entreprises cherchant à influencer la politique et la législation.

Mon interprétation de l'œuvre d'Adam Smith

Plongé dans un Chili où riches et puissants avaient orchestré le renversement brutal du gouvernement de l'Unité populaire qu'appuyaient fortement la grande majorité des travailleurs et travailleuses ainsi que les marginalisés des bidonvilles, ma lecture de The Theory of Moral Sentiments – j'avais méticuleusement lu ce livre au complet – fut fort différente de celle de Carney.

Voici un extrait du journal que j'écrivais en avril 1974, alors que j'étais en train de lire ce livre. Un extrait où parfois je paraphrase et souvent je cite longuement et textuellement Smith.

Pour moi, l'exemple qui suit va au cœur de la philosophie du père du capitalisme, Adam Smith.

Smith parle d'un fils de pauvre qui, voyant et enviant le rang et la situation matérielle d'un homme riche, s'efforce d'obtenir pour lui-même ce rang et cette situation. À cette fin, il travaille beaucoup plus fort qu'il ne l'aurait fait autrement, sacrifie beaucoup de choses dont il aurait pu jouir, apprend un métier très difficile, étudie jour et nuit, puis fait tout son possible pour faire connaître publiquement son excellence afin d'obtenir un emploi toujours plus élevé et de meilleure qualité. À cette fin, il va même jusqu'à faire la cour à toute l'humanité, à servir ceux et celles qu'il déteste et à être obséquieux envers ceux et celles qu'il méprise.

Une fois qu'il a atteint la richesse, le pouvoir et la gloire, il est vieux, usé par le travail et le labeur, et il découvre alors que ce monde de rêve qu'il avait toujours imaginé, et qui l'avait toujours poussé à aller de l'avant, est beaucoup plus imaginaire que réel. Il découvre que sa richesse est très précaire et remplie de soucis qui lui font perdre temps et quiétude de l'esprit, et qu'en outre, les vraies valeurs qui réconfortent le cœur de l'homme sont ailleurs, et qu'il aurait pu les atteindre depuis longtemps sans toute cette peine et toute cette ambition.

Cet extrait de mon journal fait apparaître Smith comme un grand sage. Comme, pour reprendre les paroles de Mark Carney, le plus réfléchi et le plus catholique des philosophes du monde entier. Quelqu'un qui nous montre, un peu comme ne le faisaient Platon et Aristote, que les vraies valeurs qui réconfortent le cœur des personnes humaines ne résident aucunement dans la poursuite de richesse, choses matérielles, rang, pouvoir et prestige. Quelqu'un qui nous rappelle l'importance d'enseigner aux jeunes de prioriser amour, solidarité, et relations humaines profondes.

Cependant, le passage qui suit dans mon journal laisse entendre que selon Smith, l'Anglosaxon pragmatique, ce serait une erreur que de tenter d'enseigner une telle morale aux jeunes. Car le bon Dieu, dit Smith, nous a créé avec cette tromperie innée en nous. Un peu comme la loi de la gravité que découvrait Newton, elle est implantée dans notre nature. Et c'est d'ailleurs précisément cette tromperie – la tendance de prioriser richesse, puissance, et prestige au lieu de l'amour et la solidarité – qui représente le grand propulseur des progrès que réalise l'humanité.

Il est bon, poursuit Smith, que la nature nous impose cette façon de faire. Car c'est cette tromperie qui suscite et maintient en mouvement continuel l'industrie de l'humanité. C'est elle qui a incité les humains à cultiver le sol, à construire des maisons, à fonder des villes et des états, et à inventer et améliorer toutes les sciences et tous les arts qui ennoblissent et embellissent la vie humaine.

Ce dernier passage de Smith, que je citais textuellement dans mon journal chilien d'avril 1974, ressemble comme deux gouttes d'eau à un autre passage que je découvrais en 1977 lorsque je me préparais pour une maitrise en économie à l'Université McGill. Celui que l'on trouve dans le livre Capitalisme et liberté (1961) du grand théoricien du néolibéralisme, Milton Friedman, de l'Université de Chicago. Un livre, d'ailleurs, qui représente en quelque sorte la bible de la révolution économique néolibérale qu'a imposée par la force brutale la dictature chilienne pendant 17 ans. Et un livre qui a profondément impressionné Pierre Poilievre dans sa jeunesse.

La seule modification à apporter pour rendre pratiquement identiques ce passage tiré de The Theory of Moral Sentiments et celui tiré de Capitalisme et liberté est de remplacer le mot tromperie par l'expression qu'utilise Friedman entreprise individuelle (individual endeavour).

Revenons à mon journal d'avril 1974.

Immédiatement après cité dans mon journal le passage ci-haut de Smith, je poursuis en me lançant dans une critique percutante de la philosophie morale d'Adam Smith, utilisant pour ce faire le couteau analytique que m'ont permis d'aiguiser mes quatre années d'études en philosophie.

L'amour du système lui-même, affirme Smith en 1759, est le moteur du monde des affaires ! L'amour de l'harmonie, de la régularité, de l'efficacité du système ! L'amour des moyens et non des fins ! L'amour non pas tant de la richesse, du pouvoir et des honneurs extérieurs, mais plutôt des mécanismes qui permettent de les obtenir. En tant que fins, jugées comme telles, la richesse et le pouvoir font en effet de bien piètres concurrents, car "ils apparaissent toujours au plus haut point méprisables et insignifiants", affirme Smith. Ce n'est que lorsque nous considérons ces fins que sont richesse et pouvoir, "non pas dans leur contexte abstrait et philosophique, poursuit-il, mais dans leur contexte concret et complexe", c'est-à-dire "liées à l'ordre, au mouvement régulier et harmonieux du système, de la machine ou de l'économie qui les produit", qu'elles apparaissent vraiment valables et dignes d'efforts.

Avant de reproduire la longe citation textuelle de Smith qui apparaît dans mon journal immédiatement après cette critique mordante, j'aimerais rappeler à lectrices et lecteurs que pour Mark Carney, The Theory of Moral Sentiments représente la preuve par excellence que Smith était bel et bien le plus réfléchi et le plus catholique des philosophes du monde entier. Que pour Carney, c'est surtout dans ce livre que Smith rend clair le fait que toute société saine devrait reposer sur les grandes valeurs éthiques.

Les leaders de ce grand mouvement du système, les riches, affirme Smith, peuvent s'efforcer tant qu'ils veulent de ne poursuivre que leurs propres intérêts. L'estomac du riche n'est pas plus gros que celui du paysan le plus pauvre : le reste, le riche est obligé de le distribuer entre ceux et celles qui préparent, de la plus belle manière, le peu dont il fait usage lui-même, entre ceux et celles qui aménagent le palais où ce peu doit être consommé, entre ceux et celles qui fournissent et maintiennent en ordre toutes les différentes babioles et bibelots qui sont employés dans l'économie de la grandeur ; tous et toutes tirent ainsi du luxe du riche et de son caprice une part des nécessités de la vie et de la justice. (...)

Les riches, poursuit Smith dans The Theory of Moral Sentiments, ne consomment guère plus que les pauvres ; et malgré leur égoïsme et leur rapacité naturels, bien qu'ils ne songent qu'à leur propre intérêt, bien que la seule fin qu'ils se proposent en faisant travailler de milliers d'hommes et de femmes ne soit que la satisfaction de leurs vains et insatiables désirs, ils partagent avec les pauvres le produit de toutes leurs améliorations.

Ils sont conduits par une main invisible à faire à peu près la même distribution des choses nécessaires à la vie que celle qui aurait été faite si la terre avait été divisée en portions égales entre tous ses habitants, poursuit Smith ; et ainsi, sans le vouloir, sans le savoir, les riches favorisent l'intérêt de la société, et fournissent les moyens de multiplier l'espèce. Lorsque la Providence a partagé la terre entre quelques maîtres seigneuriaux, elle n'a ni oublié ni abandonné ceux et celles qui semblaient avoir été écartés du partage. Ces derniers et dernières jouissent aussi de leur part de tout ce que cette terre produit.

Certes, avoue Smith, la Providence, c'est-à-dire le bon Dieu, n'a pas fait un très bon boulot lorsqu'il a partagé la terre entre tous ses habitants. Les riches, quelques maitres seigneuriaux, ont reçu à peu près tout.

On se croirait en 2025 ! C'est comme si Smith, qui écrivait pourtant ces mots il y a quelques siècles, plus précisément en 1759, était en train de décrire notre monde actuel, et non le sien.

Le bon Dieu ne semble pas s'être amélioré au cours des siècles ! Encore à l'heure actuelle, il ne semble pas faire un très bon boulot, puisque qu'il distribue la part de lion des revenus et de la richesse à une petite poignée de riches !

Mais ne vous en faites pas trop, mesdames et messieurs, poursuit Smith. Car, en partageant de façon aussi inégale la terre, le bon Dieu n'a ni oublié ni abandonné ceux et celles qui semblaient avoir été écartés du partage !

Non, nous dit Smith. il ne les a pas oublié et abandonné du tout ! Il a fait en sorte que grâce à cette tromperie innée qu'il a placée dans notre nature, une tromperie qui nous pousse sans cesse à rechercher ces fausses valeurs que sont biens matériels, pouvoir, puissance et prestige, l'humanité progresse à grands pas. Car les riches, nous dit Smith, malgré leur rapacité et leur seule poursuite du profit, sont conduits par une main invisible à faire à peu près la même distribution des choses nécessaires à la vie que celle qui aurait été faite si la terre avait été divisée en portions égales entre tous ses habitants !

Je crois Mark Carney lorsqu'il affirme que lui et ses collègues de la Banque centrale d'Angleterre se sont inspirés des idées brillantes de Smith pour solutionner un tas de problèmes issus de la crise financière de 2008, allant de l'avenir de la monnaie à l'ère des cryptoactifs à la manière de reconstruire les fondements sociaux des marchés financiers. Smith, il est vrai, ne souffrait aucunement de l'étroitesse de perspective qui caractérise la science économique contemporaine, surtout l'école néolibérale qui prédomine.

Cependant, son interprétation de Smith, selon moi, laisse à désirer. Elle manque énormément de rigueur, surtout en ce qui concerne la philosophie morale d'Adam Smith.

Mark Carney a beau insisté sur le fait qu'il importe de considérer l'ensemble de l'œuvre d'Adam Smith, et non pas de se limiter aux seuls trois passages dans celle-ci, dont celui que je viens de reproduire, où il se réfère à la beauté et merveille de la main invisible...

Il a beau nous rappeler, et ce fort justement d'ailleurs, que Smith savait nuancer. Qu'il dénonçait le fait que parfois les entreprises se concertent pour maintenir artificiellement hauts les prix ; le fait que les entrepreneurs, les « masters » comme les appelait Smith, cherchent souvent à maintenir les salaires les plus bas possibles, et qu'ils ont le gros bout du bâton, puisque les travailleurs et les travailleuses, pour résister à de telles manœuvres, ne peuvent faire la grève que quelques jours, faute de moyen financiers...

Il a beau insister sur le fait que selon Smith, le fonctionnement sain du marché suppose confiance, intégrité et équité...

Il a beau nous rappeler tout cela...

Toujours est-il que la vision du monde qui se dégage clairement de la philosophie globale d'Adam Smith n'a rien de très réconfortant pour les Damnés de la terre (1961) dont parle Franz Fanon dans son livre.

En tout cas, elle ne me réconfortait nullement lorsque je me retrouvais à Santiago, Chili, en avril 1974.

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Ensemble, debout face aux élections fédérales 2025 : Pour un avenir féministe, solidaire et inclusif

8 avril, par Fédération des femmes du Québec — , , ,
Alors que le Canada s'apprête à retourner aux urnes le 28 avril 2025, la Fédération des femmes du Québec souhaite s'adresser à toutes ses militantes, allié·es, partenaires, et (…)

Alors que le Canada s'apprête à retourner aux urnes le 28 avril 2025, la Fédération des femmes du Québec souhaite s'adresser à toutes ses militantes, allié·es, partenaires, et surtout, à toutes les femmes dans la lutte pour un monde plus juste. Nous sommes à un moment charnière, un moment où nos solidarités doivent être plus fortes que jamais.

2 AVRIL 2025

S'informer et se mobiliser : ressources, campagnes, événements et outils

Depuis plusieurs années, nous assistons à la montée inquiétante des droites et de ses discours visant à s'opposer aux évolutions sociales tout en revenant à des valeurs traditionnelles. Cette vague s'accompagne d'attaques frontales contre les droits des femmes, des personnes trans et non binaires, des personnes migrantes, ainsi que de toutes les communautés historiquement marginalisées. Les droits durement acquis sont remis en question. Nos filets sociaux s'effritent. Les violences queerphobes et transphobes augmentent. Le droit à l'avortement est fragilisé. La crise du logement frappe de plein fouet les femmes en situation de précarité. Les discours démagogiques sur l'immigration attisent la peur plutôt que la solidarité. Les défenseur·es de la diversité, de l'équité, de l'inclusion et de la recherche sont attaqué·es.

Mais nous savons que, face à ces vents contraires, nous avons le pouvoir collectif de riposter et de proposer un autre avenir.

À la FFQ, nous croyons qu'un avenir féministe ne peut se construire qu'en intégrant une perspective intersectionnelle : en reconnaissant que les oppressions se croisent et se renforcent, et que notre lutte pour les droits des femmes est indissociable des luttes contre le racisme, la transphobie, la pauvreté, la crise climatique, et toutes les formes d'injustice.

Les élections fédérales de 2025 sont une occasion cruciale de faire entendre nos voix, de faire valoir nos revendications et de rappeler aux décideur·euses que nous ne resterons pas silencieuses.

Nous appelons toutes les féministes et toutes les personnes engagées pour un avenir plus juste à se mobiliser, à s'informer, à sensibiliser leurs entourages et à poser des gestes concrets pour défendre nos droits. Chaque vote, chaque parole, chaque action compte !

Ensemble, refusons les politiques qui nourrissent les inégalités.

Ensemble, exigeons un accès réel au logement, à l'avortement, à la sécurité économique pour toutes.
Ensemble, défendons les droits des personnes trans, non binaires, migrantes, racisées et précaires.
Ensemble, portons une voix forte pour la justice environnementale et sociale.
Notre espoir ne réside pas dans les promesses électorales, mais dans la force de notre solidarité qui sera pérenne. C'est ensemble, dans nos communautés, dans la rue, que nous ferons reculer la haine et avancer nos droits.

Pour vous outiller et vous informer, nous vous proposons plus bas une série de ressources féministes, médiatiques et citoyennes : guides d'analyse, outils de mobilisation, revues de presse et initiatives de nos allié·es. Que ce soit pour mieux comprendre les enjeux électoraux, planifier des actions militantes ou outiller votre entourage, ces ressources sont là pour nourrir notre riposte et renforcer notre solidarité.

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Agir avec détermination contre la pauvreté et les inégalités

Dans le cadre de la présente campagne électorale fédérale, les membres du Mouvement ATD Quart Monde, un mouvement de lutte à la grande pauvreté, appellent le futur gouvernement (…)

Dans le cadre de la présente campagne électorale fédérale, les membres du Mouvement ATD Quart Monde, un mouvement de lutte à la grande pauvreté, appellent le futur gouvernement fédéral à mener une ambitieuse stratégie de lutte à la pauvreté et aux inégalités.

Posté le 31 mars 2025

Cette stratégie doit viser un grand objectif : améliorer, en priorité, le revenu et les conditions de vie du cinquième de la population le plus pauvre. Cette stratégie doit, de plus, se penser et se bâtir avec la pleine participation des personnes concernées, celles-là mêmes qui la vivent au quotidien.

Les membres du Mouvement souhaitent un État fédéral pro-actif, engagé et déterminé à protéger et améliorer les services publics tout en combattant les inégalités sociales et économiques qui se creusent depuis quelques années.

Les membres du Mouvement ont identifié 7 enjeux prioritaires sur lesquels ils interpellent les candidats et candidates.

Mener un grand chantier pour le logement social

Le dossier du logement est la préoccupation première des membres. Se loger adéquatement à un coût raisonnable est devenu un très grand défi budgétaire pour des centaines de milliers de ménages à faibles revenus au pays. Le coût du logement entraîne une aggravation très marquée de la pauvreté et une réelle dégradation du tissu de nos communautés.

Cette crise du logement est connue depuis plusieurs années et pourtant les choses bougent trop lentement. Il est plus que temps que soit mené un vaste et ambitieux chantier de logement social et communautaire. Le gouvernement fédéral doit ainsi accentuer considérablement ses efforts financiers afin de soutenir la construction de nouvelles unités de logement social et la rénovation des logements sociaux insalubres.

Financer plus largement des projets de transport collectif et de transport en commun

Se déplacer est souvent un grand défi pour des personnes plus démunies tant au niveau de la disponibilité des services de transport que de leur coût. Le gouvernement fédéral doit davantage soutenir les projets de transport collectif, régionaux et en commun afin d'assurer des services de qualité et accessibles financièrement qui assurent la mobilité de tous. De plus, de tels projets ont un impact positif sur l'environnement.

Agir plus fortement contre les changements climatiques

Il est largement documenté que ce sont les populations les plus pauvres, ici et ailleurs dans le monde, qui vivent dans les environnements les plus mauvais et qui souffrent le plus des changements climatiques. Cette injustice climatique doit cesser et le gouvernement fédéral doit mener des actions ambitieuses et ciblées afin de contrer ces inquiétants dérèglements. Le gouvernement doit soutenir le verdissement des villes, la lutte aux îlots de chaleur, les technologies vertes, etc. et s'assurer que cela soit équitablement réparti entre les populations du pays.

Augmenter l'aide internationale directe et sans conditions aux pays les plus pauvres

Les Nations Unies ont fixé à 0,7 % du Produit national brut (PNB) le niveau d'aide internationale que les pays doivent viser. Le Canada avec 0,23 % est encore loin de cet objectif et c'est une honte pour un pays aussi riche que le nôtre. Les membres d'ATD Quart Monde, en toute solidarité avec les populations les plus démunies du monde, demandent donc, dans les meilleurs délais, l'augmentation du niveau d'aide internationale du Canada afin d'atteindre la cible de 0,7 %. Ils demandent que cette aide soit directe, sans conditions et au bénéfice des populations les plus marginalisées de ces pays.

Être un pays ouvert pour les réfugiés et les demandeurs d'asile

Le contexte mondial actuel de guerre et de catastrophes et l'extrême pauvreté qui persiste dans plusieurs régions du monde crée des mouvements migratoires importants. Les membres souhaitent largement que notre pays reste ouvert et accueillant et que les services publics nécessaires soient en place pour bien réussir cet accueil. Les membres souhaitent également que soient combattues le racisme et la discrimination y compris celle basée sur le statut social de la personne.

Agir plus durablement pour améliorer les conditions de vie des peuples autochtones

Les membres du Mouvement reconnaissent l'histoire et la situation particulières des personnes issues des Premières Nations et des Inuits, et sont solidaires des nombreuses injustices qu'ils ont connues. Les membres appellent à une réelle réconciliation entre les peuples du pays. De plus, ils demandent que les personnes des Premières Nations et Inuits soient impliquées directement dans les décisions et les investissements requis qui les concernent. Il est inacceptable qu'ils ne puissent avoir accès au même niveau de services publics (eau potable, logement, services sociaux, etc.) que le reste de la population du pays.

Assurer la sécurité du pays sans impacter les mesures sociales

Les membres s'inquiètent de l'augmentation annoncée du budget des dépenses militaires. Quoiqu'ils reconnaissent que l'enjeu de la sécurité du pays doit être pris en considération, ils craignent que cela se fasse au détriment des budgets sociaux. Ils ont la même crainte au regard du retour à l'équilibre budgétaire. Dans les choix budgétaires à faire, il importe impérativement de protéger les budgets sociaux au bénéfice des composantes de la population canadienne les plus défavorisées.

En terminant, les membres du Mouvement ATD Quart Monde rappellent que la pauvreté ne peut se mesurer uniquement à partir du panier de consommation (MPC), mesure privilégiée par le gouvernement fédéral.

En conséquence, ils portent à l'attention des candidats et candidats l'excellent rapport Les Dimensions cachées de la pauvretéauquel le Mouvement a contribué et qui démontre qu'une stratégie efficace de lutte à la pauvreté doit intégrer d'autres dimensions soit :

Dépossession du pouvoir d'agir
Souffrances dans le corps, l'esprit et le cœur
Combat et résistance
Maltraitance sociale
Maltraitance institutionnelle
Contributions non reconnues
Manque de travail décent
Revenu insuffisant et précaire
Privations matérielles et sociales

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Élections fédérales 2025 - Beauport Limoilou : Vers un air plus pur, de meilleurs accès au fleuve et le droit au logement

8 avril, par Accès Saint-Laurent Beauport, Table citoyenne du littoral Est — , ,
Québec, 3 avril 2025 - Des membres de la Table citoyenne Littoral Est et d'Accès Saint-Laurent Beauport demandent aux candidates et candidats à la campagne fédérale de la (…)

Québec, 3 avril 2025 - Des membres de la Table citoyenne Littoral Est et d'Accès Saint-Laurent Beauport demandent aux candidates et candidats à la campagne fédérale de la région de Québec de s'engager concrètement en vue de transformer nos quartiers en un territoire plus propre, plus sain et comportant davantage de logements sociaux.

Ceux-ci sont actuellement caractérisés par trop d'activités industrialo-portuaires, de la contamination des sols et beaucoup de pollution de l'air à proximité d'une population vulnérable.

Ainsi, nos organismes leur demandent de reconnaître la zone sacrifiée du Littoral Est et de s'opposer à un éventuel projet de terminal de conteneurs promu par l'entreprise QSL au Port de Québec et à tout autre projet émetteur de pollution atmosphérique. Il est généralement reconnu que ce type de projet détériore davantage la qualité de l'air, ce qui est inacceptable dans un secteur déjà saturé en contaminants atmosphériques comme le secteur Beauport-Limoilou. La réalisation de ce projet exacerberait aussi la congestion routière, alors que le Directeur de la santé publique recommande plutôt de réduire la capacité routière. Il nuirait également à l'aménagement tant attendu de la phase 4 de la promenade Samuel-De Champlain, pour laquelle citoyennes et citoyens se sont battus.

Ce sont des mesures d'assainissement de l'air qui doivent être envisagées prioritairement par nos élu.es. De plus, nous demandons aux candidates et candidats de s'engager à accorder un statut légal de protection aux battures de Beauport afin de les protéger des effets négatifs de tout développement autoroutier et industriel futur. L'intégrité de ce milieu écologique exceptionnel est régulièrement menacée par des projets industriels irresponsables et ces battures doivent être reconnues à leur juste valeur.

Ensuite, afin d'assurer un accès direct, sécuritaire et convivial à la baie de Beauport via l'avenue D'Estimauville, les candidates et candidats devraient s'engager pour que le prochain gouvernement fédéral, de concert avec le Canadien National et l'Office des transports du Canada, contribuent aux
futurs aménagements de la phase 4 de la Promenade Samuel-de-Champlain pour accéder directement à la plage, et ce, sans entrave. Ce joyau qu'est la plage, légué à la Ville de Québec par le gouvernement fédéral en 2008, est peu accessible à la population. En effet, la cour de triage du CN fait obstacle à cet accès naturel.

Enfin, nous demandons aux candidates et candidats et à leurs partis de défendre un accroissement des investissements fédéraux dans le logement social et de se doter d'un objectif chiffré de bonification de l'enveloppe budgétaire destinée au logement social (HLM, coop et OBNL), de manière à réaliser l'objectif de rehausser la part de logements sociaux à hauteur d'un minimum de 20% du parc de logements locatifs des quartiers du Littoral Est.

La crise du logement est criante dans nos quartiers, qui sont également de plus en plus touchés par la gentrification. Plus de 2300 ménages sur notre territoire sont en situation de « besoin impérieux » de logement, c'est-à-dire que leur logement est inadéquat, inabordable ou d'une taille non convenable, et que leur niveau de revenus est insuffisant pour leur permettre de payer les frais d'un logement approprié et adéquat dans leur communauté.

En résumé, nous demandons aux candidates et aux candidats de :

● reconnaître que le Littoral Est est une zone sacrifiée ;

● s'opposer à un éventuel projet de terminal de conteneurs promu par l'entreprise QSL au Port de Québec et à tout autre projet émetteur de pollution atmosphérique ;

● d'accorder un statut légal de protection aux battures de Beauport ;

● d'assurer un accès direct, sécuritaire et convivial à la baie de Beauport via l'avenue D'Estimauville ;

● se doter d'un objectif chiffré de bonification de l'enveloppe budgétaire destinée au logement social dans le secteur afin d'atteindre 20% du marché locatif.

Que proposent nos candidates et candidats à titre d'engagements électoraux pour améliorer la qualité de vie des quartiers littoraux, assainir l'air de la Basse-Ville, aménager de meilleurs accès au fleuve et concrétiser notre droit au logement ? Nous souhaitons vous entendre.

Accès Saint-Laurent Beauport
Table citoyenne Littoral Est

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« Quand la menace plane, ça prend une vraie assurance emploi ! » dit le Conseil National des Chômeurs et Chômeuses

8 avril, par Conseil national des chômeurs et chômeuses — , , ,
Montréal, le 3 avril 2025 – Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) s'invite dans la campagne électorale, revendiquant un régime d'assurance-emploi plus juste et (…)

Montréal, le 3 avril 2025 – Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) s'invite dans la campagne électorale, revendiquant un régime d'assurance-emploi plus juste et plus robuste dans le contexte actuel d'incertitude politique et économique provoquée par les menaces et décisions du président des États-Unis.

Le slogan du CNC, « QUAND LA MENACE PLANE, ÇA PREND UNE VRAIE ASSURANCE-EMPLOI » sera destiné aux partis fédéraux, tout en cherchant à sensibiliser la population, afin de faire de l'assurance-emploi un enjeu important de l'élection. Dans cet objectif, le CNC s'est inscrit comme « tiers » auprès d'Élections Canada, et déploiera sur l'ensemble du territoire québécois des milliers de pancartes de type électoral et une large panoplie d'outils de communication en ligne.

En conférence de presse, les co-porte-paroles du CNC, Selma Lavoie et Milan Bernard, ont fait valoir la nécessité d'un filet social réformé, plus juste et mieux adapté aux réalités du monde du travail et aux crises qui s'abattent sur nos sociétés.

« On ne peut pas s'arrêter aux mesures de soutien annoncées juste avant la campagne électorale et on ne peut encore moins se permettre des reculs. Il faut que le régime soit bonifié, qu'il devienne plus simple et plus protecteur. C'est fondamental, particulièrement dans le contexte actuel où les décisions et menaces du président des États-Unis font craindre des pertes d'emplois importantes » - Milan Bernard, co-porte-parole du CNC

« Nous en appelons ainsi aux partis fédéraux : ils doivent s'engager à élargir la couverture et assouplir les trop graves sanctions rattachées aux raisons de fin d'emploi présentement jugées invalides. Ils doivent aussi mettre des mesures qui protègent mieux les travailleurs et travailleuses des industries saisonnières. Les électeurs et électrices vont avoir cela en tête au moment de voter le 28 avril prochain » - Selma Lavoie, co-porte-parole du CNC

« Ceux qui aspirent à nous gouverner ne doivent en aucun cas se laisser influencer par le démantèlement de l'État opéré au sud de notre frontière par Trump et sa bande, cela doit être dit haut et fort », ont conclu les co-porte-paroles.

Nos revendications

En compagnie des grandes centrales syndicales québécoises (FTQ, CSN, CSQ et CSD) et du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) revendique les mesures suivantes pour faire face aux crises d'aujourd'hui et de demain :
• Une norme universelle d'admissibilité de 420 heures ;

• Une augmentation du montant des prestations et l'établissement d'un seuil plancher à 500 $ ;

• L'exclusion pour fin d'emploi invalide circonscrite au dernier emploi occupé (un demandeur sur 4, qui a travaillé et cotisé au régime au cours de la dernière année, est refusé en raison de ces sanctions) ;

• Un prolongement de la mesure actuelle permettant de recevoir des prestations plus tôt en simplifiant les règles qui régissent le traitement des indemnités de départ et autres sommes versées à la suite d'une cessation d'emploi.

Pour en savoir plus : www.lecnc.com/pensezy

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Lutte contre les paradis fiscaux : un appel aux candidats fédéraux

8 avril, par Audrey Parenteau, Collectif Échec aux paradis fiscaux — , , ,
Alors que la campagne électorale fédérale bat son plein, le collectif Échec aux paradis fiscaux met en garde contre l'absence de mesures concrètes pour lutter contre l'évasion (…)

Alors que la campagne électorale fédérale bat son plein, le collectif Échec aux paradis fiscaux met en garde contre l'absence de mesures concrètes pour lutter contre l'évasion fiscale. Dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir le 1er avril 2025, l'organisme propose deux pistes d‘action pour renforcer la justice fiscale et protéger les services publics.

Tiré de Ma CSQ.

Un manque de transparence persistant

Le Canada figure parmi les pays les plus permissifs en matière d'opacité fiscale. Depuis 2016, les multinationales doivent produire une « déclaration pays par pays » détaillant leurs activités à l'étranger, mais ces données restent confidentielles. Échec aux paradis fiscaux revendique un accès public à ces informations afin de permettre aux journalistes et aux organismes de la société civile de jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir.

Une imposition plus juste des multinationales

Malgré l'adoption en 2024 d'un impôt minimum mondial de 15 %, le collectif estime que cette mesure est insuffisante. Elle laisse subsister de nombreuses exemptions et contribue à normaliser un taux d'imposition artificiellement bas. Selon les estimations, les stratégies d'évitement fiscal coûtent à l'État canadien 12,7 milliards $ annuellement, ce qui correspond à plus de 3 % des dépenses de santé du pays. Le groupe plaide pour un taux effectif d'imposition des multinationales porté à 25 % afin d'assurer la pérennité du modèle social canadien.

Face à ces enjeux, Échec aux paradis fiscaux exhorte les partis politiques à intégrer ces revendications à leur programme. Pour l'heure, les principaux candidats demeurent silencieux sur ces questions cruciales pour l'avenir fiscal du Canada.

Paradis fiscaux : deux pistes pour dépasser l'évidence électorale (Élections fédérales 2025)

La dernière page de l'ère Trudeau se tourne à peine que, déjà, les dés électoraux semblent jetés. En dépit des divergences entre les partis, les principaux candidats semblent s'entendre sur une chose : l'heure est aux baisses d'impôt. Les prochaines semaines de campagne électorale annoncent une surenchère de mesures d'« allégement » qui, au nom de la vigueur économique nationale, continueront d'affaiblir un filet social déjà vacillant.

La question de la répartition juste des responsabilités fiscales est bien sûr cruciale, mais elle ne peut se résumer à la réduction des sources de revenu public. Le changement de ton à Washington, où trumpiens et GAFAM parlent d'une même voix, appelle un nouvel élan de solidarité sociale, que le gouvernement fédéral doit soutenir pleinement. Cette solidarité passe avant tout par la défense de nos services publics et la lutte contre le recours aux paradis fiscaux, qui chaque année prive l'État de revenus essentiels à la santé des finances publiques.

Le silence des candidats sur cette question fait douter de leur résolution à prendre le problème de l'évitement fiscal des multinationales et des riches particuliers au sérieux. Dans le cadre de cette campagne électorale, le collectif Échec aux paradis fiscaux propose ici aux aspirants premiers ministres deux pistes concrètes d'action afin de parer notre modèle social à la tempête qui vient.

Combattre l'opacité canadienne

L'opacité considérable du système canadien nous empêche d'avoir une idée claire de la somme d'impôts effectivement payée par les multinationales faisant affaire au pays. Les compagnies opérant sur le sol canadien sont en effet soumises à des exigences de déclaration particulièrement faibles, qui classent le Canada parmi les cinq principaux pays responsables des abus transfrontaliers identifiés par le Tax Justice Network[1] .

Pourtant, depuis 2016, le gouvernement fédéral dispose d'une source d'information importante sur les activités des multinationales connue sous le nom de « déclaration pays par pays ». Dans ces déclarations, les sociétés multinationales répertorient les activités économiques qu'elles mènent dans l'ensemble des pays où elles opèrent. Le problème n'en est donc pas un de disponibilité des données, mais bien d'accès à celles-ci : le gouvernement refuse de les rendre disponibles au grand public, invoquant des questions de protection des données privées.

« Le problème n'en est donc pas un de disponibilité des données, mais bien d'accès à celle-ci […] »

En garantissant un accès public et gratuit aux données des déclarations pays par pays, le Canada permettrait aux journalistes et aux organisations de la société civile de jouer plus efficacement leur rôle de chien de garde de la démocratie. Alors que le pouvoir économique des multinationales confère à celles-ci une influence politique grandissante, la préservation de ces foyers de contre-pouvoir est essentielle. Cette mesure, déjà mise en œuvre depuis l'automne dernier par l'Australie, contribuerait à un assainissement considérable du système fiscal canadien.

Imposer justement les profits des multinationales

En dépit de l'opacité, il y a de bonnes raisons de croire que les sommes d'impôt payées effectivement par les multinationales sont minimes. Les rares estimations, forcément partielles, évoquent des taux moyens d'imposition allant « au mieux » jusqu'à 9,6 %[2], bien en deçà du taux statutaire fédéral-provincial moyen établi à 26,6 %.

Pour lutter contre cette tendance à la moins-disance fiscale, le gouvernement canadien place depuis 2019 ses espoirs dans la loi dite de l'« impôt minimum mondial ». Cette mesure phare de la réforme de la fiscalité internationale de l'OCDE, entrée en vigueur au Canada en juin 2024, promet de mettre fin à la concurrence fiscale entre les États en instaurant un seuil d'imposition minimale de 15 % pour toutes les multinationales réalisant un chiffre d'affaires annuel de plus de 750 millions d'euros.

À bien y regarder, cette promesse semble plutôt relever de l'illusion. L'impôt minimum mondial ne dispose pas des armes législatives pour mener son projet à bien. Non seulement prévoit-il des provisions exemptant certains types de revenu de l'assujettissement au taux minimum, mais il contribue également à normaliser la pratique d'un taux d'imposition artificiellement bas. Pourquoi en effet payer le taux prévu par la loi fiscale lorsque le taux minimum est fixé à seulement 15 % ?

Un sérieux coup de barre est nécessaire pour éviter d'accentuer la tendance en vigueur, conséquence de la stratégie actuelle du gouvernement canadien. Depuis des années, le collectif Échec aux paradis fiscaux réclame une cible du taux effectif d'imposition des multinationales fixé à 25 %, ce qui rapprocherait le Canada de la moyenne des États de l'OCDE. L'évitement fiscal des grandes sociétés s'élève annuellement à 12,7 milliards de dollars, soit plus de 3 % des dépenses canadiennes totales en santé.

Un engagement ferme du Canada en faveur d'un taux effectif à 25 % représenterait un premier pas en vue de la pérennisation des assises fiscales de notre modèle social[3]. En ces temps tumultueux, nous appelons les candidats à faire preuve de courage et à exiger que les multinationales paient leur juste part au Trésor public.

Notes

[1] Tax Justice Network, “Justice fiscale : État des lieux 2024”, 2024, p. 34. En ligne : https://taxjustice.net/wp-content/uploads/2024/11/State-of-Tax-Justice-2024-French-Tax-Justice-Network.pdf ..

[2] Anis Maaloul, “L'adoption de la déclaration pays par pays (DPP) du projet BEPS a-t-elle affecté l'évitement fiscal des multinationales ? Cas des multinationales canadiennes”, 2023, Cahier de recherche 2023-03, Université de Sherbrooke, Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques, p. 17-19.

[3] Consulter la section “Encaisser” de la campagne “Démasquer, Condamner, Encaisser” du collectif Échec aux paradis fiscaux à l'adresse suivante : https://echecparadisfiscaux.ca/campagne/encaisser/ .

Élections : 4 des 5 partis fédéraux s’engagent à respecter le Consensus québécois en environnement

À l'aube des élections fédérales, quatre des cinq principaux partis politiques – le Bloc Québécois, le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Parti libéral (PLC) et le Parti vert (…)

À l'aube des élections fédérales, quatre des cinq principaux partis politiques – le Bloc Québécois, le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Parti libéral (PLC) et le Parti vert – se sont engagés à respecter le Consensus québécois en environnement dans le cadre de l'élaboration de leurs plateformes politiques respectives.

Cette initiative, portée par la coalition Vire au vert – qui regroupe une vingtaine d'organisations de la société civile québécoise – représente le « strict minimum » à respecter pour assurer la crédibilité des propositions environnementales des plateformes électorales aux yeux de l'électorat du Québec.

Quant au Parti conservateur du Canada (PCC), il n'a toujours pas signifié d'appui au Consensus, et ce, malgré de multiples communications initiées par Vire au vert depuis le lancement du Consensus en octobre dernier.

« On a donné beaucoup de temps aux partis pour qu'ils puissent prendre position, même si pour nous, ce consensus représente le strict minimum à respecter en matière d'environnement. Les élections approchent à grands pas et l'électorat du Québec a le droit de savoir où logent leurs potentiels élu(e)s sur ce plan », affirment les groupes membres de la coalition.

« Qui nous sommes »

La coalition Vire au vert rappelle que le Consensus québécois ne constitue en rien une liste de souhaits idéalistes ou radicaux, mais plutôt une série de grands principes à respecter sur le plan climatique et environnemental.

Par exemple, notre eau, nos lacs et nos rivières sont des richesses collectives précieuses que nous voulons protéger contre la pollution, et nos terres agricoles sont cruciales pour notre résilience alimentaire. Voyez l'ensemble des éléments du Consensus.

« Il s'agit d'une série de choix politiques et sociaux qui ont façonné le développement du Québec, qui représente qui nous sommes comme nation, comme peuple », concluent les groupes.

Partenaires de Vire au vert pour les élections fédérales 2025

Accès transports viables, Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME), Centre d'écologie urbaine, Coalition Québec meilleure mine, Eau Secours, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, Fondation David Suzuki, Fondation Rivières, Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Front étudiant d'action climatique (FÉDAC), Mères au front, Nature Québec, Piétons Québec, Réalité climatique Canada, Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec, Réseau des femmes en environnement, Trajectoire Québec, Vélo Québec, Vigilance OGM, Vivre en Ville.

Ces universitaires experts du fascisme qui quittent les États-Unis pour le Canada

8 avril, par Bérangère Cagnat — , , , ,
Trois professeurs de la prestigieuse université Yale ont quitté les États-Unis de Trump pour enseigner à Toronto, au Canada. Il s'agit du couple d'historiens formé par Timothy (…)

Trois professeurs de la prestigieuse université Yale ont quitté les États-Unis de Trump pour enseigner à Toronto, au Canada. Il s'agit du couple d'historiens formé par Timothy Snyder et Marci Shore, tous deux spécialisés sur les régimes autocratiques et l'Europe de l'Est, et du professeur de philosophie Jason Stanley, qui a abondamment écrit sur le fascisme et la propagande.

Tiré de Courrier international.

C'est un peu comme si l'université de Toronto était en train de se muer en refuge pour les universitaires américains experts de l'autocratie et du fascisme, souligne le quotidien canadien The Globe and Mail.

Trois professeurs de la prestigieuse université Yale – tous trois virulents critiques du président Donald Trump – occupent en effet désormais des postes d'enseignement à la Munk School of Global Affairs & Public Policy, le département des affaires internationales et des politiques publiques de l'université de Toronto, rapporte le journal.

La semaine dernière, le professeur de philosophie américain Jason Stanley, expert du fascisme et de la propagande, a en effet annoncé qu'il quittait lui aussi les bancs de Yale pour ceux de l'université de Toronto. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages remarqués, dont Les Ressorts du fascisme, paru en 2022 en France aux éditions Eliott.

Il vient y rejoindre le couple d'universitaires spécialisés dans l'histoire de l'Europe de l'Est et de l'Union soviétique, Marci Shore et Timothy Snyder, qui ont déménagé à Toronto l'été dernier dans le cadre d'un congé sabbatique et pour lesquels “la réélection de Donald Trump a lourdement pesé dans leur décision de rester au Canada” et d'enseigner à l'université de Toronto.

“Sonner l'alarme”

Ces universitaires américains ont non seulement choisi de s'exiler, mais ils utilisent leurs nouvelles chaires pour “sonner l'alarme” sur les dérives de l'administration Trump, notamment ses attaques contre l'enseignement supérieur aux États-Unis, ainsi qu'exprimer “leurs craintes face à la montée de l'autoritarisme au sud de la frontière”, souligne le quotidien canadien. Début février, l'historien Timothy Snyder a été l'auteur d'un post très remarqué sur la plateforme Substack, dans lequel il dénonçait le coup d'État numérique en cours de Donald Trump et Elon Musk.

C'est aussi ce que fait le professeur de philosophie Jason Stanley dans une longue interview accordée au magazine américain Vanity Fair et publiée ce 31 mars. Dans cet entretien, il confesse quitter Yale à regret pour rejoindre le Canada, devenu, en quelque sorte, “l'Ukraine de l'Amérique du Nord”.

Il y souligne notamment que l'Amérique de Trump est de plus en plus enferrée dans les griffes du fascisme : “Les choses vont très mal dans ce pays. Nous sommes face à un régime autoritaire. Les gens ne réagissent pas. Les choses vont plus vite qu'en Russie, et les journalistes n'agissent même pas de manière à se faire tirer dessus ou à être défenestrés – ce qui est censé arriver aux journalistes dans ce genre de situation”, déplore-t-il non sans une pointe d'humour noir.

L'élément déclencheur qui l'a poussé à déménager au Canada ? C'est la récente “capitulation de l'université Columbia”. La célèbre université new-yorkaise a en effet très récemment accédé à l'essentiel des demandes du gouvernement Trump pour ne pas perdre ses financements fédéraux.

“La démocratie passe avant le prix des œufs”

Dans cette interview, l'universitaire dénonce un climat étouffant et confesse être en train de vivre, en tant qu'Américain juif, “le moment le plus antisémite de ma vie”. Il évoque les manifestations pro-Gaza de ces derniers mois sur les campus et leur répression, et qualifie la politique du gouvernement Trump d'“attaque antisémite sur l'antisémitisme”.

“J'aimerais vivre aux États-Unis, mais je veux vivre aux États-Unis parce que c'est un pays libre”, conclut-il sur une note aussi alarmiste que caustique. “Un grand nombre d'Américains se moquent de la liberté. Les sondages montrent que les Américains n'ont que faire de la démocratie. Mes valeurs sont différentes. Pour moi, la démocratie passe avant le prix des œufs [une denrée particulièrement touchée par l'inflation outre-Atlantique]. Ce que je trouve particulièrement insensé, naïf et stupide, c'est de renoncer à la démocratie et d'augmenter le prix des œufs.”

Interrogée dans les colonnes du Globe and Mail, la directrice de la Munk School of Global Affairs & Public Policy de l'université de Toronto, Janice Stein, souligne de son côté qu'il est essentiel que son département multiplie les travaux de recherche et les enseignements sur l'autoritarisme et la démocratie alors que les États-Unis s'engagent “sur une voie profondément inquiétante”.

“Il est très troublant d'y voir les universités prises pour cible, des étudiants harcelés, arrêtés, expulsés, détenus”, explique-t-elle au quotidien canadien, avant de conclure : “Les universités sont la première cible. Les universités et les tribunaux – c'est toujours ainsi que se déroule le scénario du pire. Et malheureusement, c'est ce que nous voyons se dérouler sous nos yeux.”

Bérangère Cagnat

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La nostalgie centriste ne viendra pas à bout de la menace trumpiste sur le Canada

8 avril, par Jeet Heer — , ,
Même si les Démocrates sont encore abasourdis.es et dans la peur post-électorale, les libéraux centristes dans d'autres pays occidentaux dont les démocraties les plus (…)

Même si les Démocrates sont encore abasourdis.es et dans la peur post-électorale, les libéraux centristes dans d'autres pays occidentaux dont les démocraties les plus importantes, on observe un regain d'énergie et de soutien populaire grâce aux menaces de D. Trump. Une des particularités de sa vision élargie c'est de considérer les alliés traditionnels des États-Unis méritent d'être punis.

Jeet Heer, The Nation, 24 mars 2025
Traduction, Alexandra Cyr

Pour preuve la guerre commerciale lancée contre le Canada, le Mexique et l'Europe. De même de son appel pour que le Canada, le Groenland et le Panama soient intégrés aux États-Unis. Mais ce fut une bénédiction pour les partis de centre gauche qui faisaient face à des insurrections de la part de partis populistes de droite et qui maintenant ont l'opportunité de se présenter comme les défenseurs du patrimoine national.

Le cas du Canada est particulièrement intéressant. Jusqu'à récemment, le Parti libéral, sous la gouverne du Premier ministre Justin Trudeau, s'apprêtait à être battu fermement lors de la prochaine élection (fédérale). Après une décennie de pouvoir, le charme juvénile de J. Trudeau avait pâli, subit le traumatisme de la Covid et une inflation démoralisante pour le Parti. L'électorat indécis, dans ce contexte, était prêt au changement. Le Parti conservateur sous la direction de Pierre Poilievre, un troll habile agitateur « anti woke » à la JD Vance, avait brandit un puissant message anti système : Le Canada est brisé.

Mais, quand D. Trump a commencé à dire qu'il n'y avait aucune raison pour que le Canada existe comme nation et qu'il devrait devenir le 51ième État américain, la dynamique politique canadienne a été transformée. Brisé ou non, li fallait se porter à la défense du Canada. Les Libéraux se sont retrouvés en bien meilleure position pour se présenter comme le Parti de l'unité nationale en temps de crise, plutôt que les Conservateurs, le Parti néodémocrate (NPD) ou les séparatistes du Bloc Québécois. Après avoir dirigé le pays pendant 70 ans au 20ième siècle, les Libéraux sont tenus pour le Parti de gouvernement naturel du pays ; le parfait Parti auquel se rallier en temps de crise.

Le 19 février, après une courte course à la direction du Parti, les Libéraux sont passés de J. Trudeau à l'ancien banquier, Mark Carney qui a endossé le costume du leader de l'unité nationale. Durant cette période échevelée, les Libéraux ont vu leur quote de popularité atteindre un point historique dans les sondages. Au moment de l'assermentation du Président Trump, les Conservateurs était à 44.8% dans les sondages et les Libéraux à 21.9% selon l'agrégateur de la CBC. Depuis ce moment, les scores se sont rapproché à 37.8% pour les Libéraux à 37.2% pour les Conservateurs. Cette amélioration de la position des Libéraux est largement attribuable à l'effondrement des appuis au NPD et au Bloc québécois. Le NPD a été le Parti associé aux Libéraux depuis 2021 qui avait été élu sans majorité et qui avait besoin d'un partenaire parlementaire pour gouverner. Mais la menace de D. Trump a affaibli la prétention du NPD à l'effet qu'il méritait une récompense pour avoir poussé le gouvernement libéral à sa gauche et obtenu l'introduction de politiques comme le financement des soins dentaires.

L'électorat de centre gauche, effrayé par D. Trump et convaincu que les Conservateurs étaient trop proche de lui pour leur faire confiance, ont rallié la bannière libérale. Le rapprochement entre les deux Partis dans les sondages est trompeur ; les Conservateurs bénéficient d'un important appui dans les zones rurales de l'ouest du pays alors que les libéraux ont une position enviable partout dans le pays ce qui leur permet de jouir du vote « utile » pour utiliser le jargon des sciences politiques.

Compte-tenu de cette remontée dans les sondages et de l'actuel courant nationaliste canadien anti Trump, il n'est pas étonnant que dimanche, Mark Carney ait convoqué les électeurs.trices à une élection anticipée le 28 avril prochain. Les libéraux ont de bonnes raisons de penser qu'ils pourront profiter d'une majorité malgré que le dynamisme des élections canadiennes puisse renverser la tendance actuelle.

Mais gagner les élections n'est qu'une partie de la politique ; gouverner est également crucial. Même si je ne doute pas que les Libéraux aient d'excellentes chances de gagner cette élection, je crains que la politique d'unité centriste de M. Carney ne réussisse pas à transformer la passion nationaliste en politiques qui puissent résoudre les profonds problèmes économiques et sociaux (du pays).

Il est fort possible qu'il continue la politique néo libérale d'affaiblissement des capacités de l'État ce qui rendrait le Canada vulnérable devant le populisme de droite interne, devant les visées expansionnistes et les attaques de D. Trump. D'une certaine façon, M. Carney est la version canadienne de Joe Biden en 2020 : le candidat sûr pour tenir la position et qui promet le retour de la normalité en temps perturbés. Mais, comme J. Biden a été incapable de maitriser la situation, on a toutes les raisons de penser que les politiques d'ancien régime de M. Carney n'auront fait que repousser le triomphe de l'extrême droite.

Dans toute sa personnalité, M. Carney est un technocrate néo libéral, même s'il se présente en assurant qu'il a une conscience sociale aiguisée. Il est né en 1965, a étudié à Harvard et Oxford avant de travailler pendant 13 ans comme consultant chez Godman Sachs. En 2003, il entre à la Banque centrale du Canada et occupe aussi divers postes au gouvernement. En 2007, il devient Gouverneur de la Banque centrale du Canada et ensuite, de 2013 à 2020, gouverneur de celle d'Angleterre. Il a plus tard été vice-président de la firme multinationale Brookfield qu'on évalue à la hauteur de trois mille milliard de dollars. (Son portefeuille de New-York comprends Brookfield Place).

Pas étonnant, qu'avec ce passé, les premiers gestes de M. Carney dans le Parti libéral, qui n'était pas vraiment des plus énergiques, soient de le recentrer. À titre de Premier ministre, il a immédiatement aboli la taxe carbone qu'il avait pourtant soutenue pour souligner sa fibre envers la lutte aux changements climatiques. Ensuite il a aussi annulé une proposition d'augmentation de l'échelle des gains en capitaux. Ces deux décisions visent directement l'électorat conservateur entre autre l'annulation de l'augmentation de l'échelle des gains en capitaux va directement bénéficier au plus riches contribuables.

Dans un article dans Canadian Dimensions, James Hardwick souligne que dans son ouvrage de 2021, Value(s) : Building a Better World for All, M. Carney souligne les grands problèmes comme les changements climatiques et les inégalités économiques. Mais il insiste pour dire que leur solution passe par des bricolages techniques et une amélioration de la conscience sociale. Il écrit : « les individus et leurs entreprises doivent redécouvrir leur sens de la solidarité et de responsabilité envers le système. Plus largement, en basant plutôt nos valeurs sur celles de la société nous pourrons créer des plateformes de prospérité ».

Comme le souligne M. Hardwick, ces nobles sentiments sont bien loin de l'ampleur des problèmes du Canada et du monde :

« C'est le fondement de sa vision pour un monde meilleur. Il croit sincèrement qu'il est possible de créer un nouveau véhicule néo libéral éthiquement responsable. Ultimement, il n'est pas intéressé à affronter l'oligarchie corporative et son pouvoir. Il veut plutôt utiliser les incitations financières des marchés pour encourager les oligarques à agir en faveur de l'aspect social. Il pense que les excès du capitalisme peuvent être contenus par la création de mesures justes, des métriques spécifiques et du « benchmarking ». (Limites à ne pas franchir. Nd.t.)

Sur Substack, le journaliste Luke Savage est dans le même ton. Il donne une analyse tout aussi dévastatrice de l'énorme fossé entre la crise mondiale actuelle, que M. Carney comprend autant que n'importe qui et ses propositions de solutions anémiques : « Avec un manque d'analyse sérieuse du pouvoir, tout en opérant dans les limites du système qu'il prétend critiquer, il nous laisse avec des propositions qui sont autant brumeuses qu'insatisfaisantes. Un peu de persuasion morale ici, un peu plus de conscience de classe éthique, quelques ajustements mineurs dans les règles du gouvernement et Miracle : un capitalisme mondial plus gentil, plus tendre nous attend ».

Pour avoir une idée d'à quel point les alternatives avancées par M. Carney sont inadéquates pour répondre au « trumpisme » il vaut la peine de visionner la publicité qu'il a publié samedi où il se met en scène avec le comédien Mike Myers. Tous les deux portent des chandails de hockey, se rencontrent dans une aréna et assistent à une partie. M. Carney questionne M. Myers, qui est né au Canada mais réside aux États-Unis, à propos de divers aspects de la culture populaire canadienne. Ils échangent à propos du programme pour enfants, Mr. Dressup, avec les marionnettes Casey et Finnegan, la bande rock The Tragically Hip et la chanson « Bud the Spud » de Tom Connor.

Pour la génération des Canadiens.nes anglais.ses de 40 ans et plus, c'est une plongée dans les souvenirs. Ce fut un succès relatif sur les médias sociaux. Mes ces références à la culture populaire auront peu de résonnance chez les plus jeunes, l'émission a disparu en 1996, ni chez beaucoup d'immigrants.es et pas non plus chez les Canadiens.nes français.es.

L'étroitesse de cette annonce n'est pas le seul problème. Le nationalisme de M. Carney est nostalgique et lisse. Jusqu'ici, le nationalisme canadien a toujours inclus de grands projets d'État : la construction du chemin de fer au 19ième siècle, la création du système de santé national, un soutien important à la culture canadienne avec le diffuseur national et la promotion du bilinguisme.

Dans la crise actuelle, il se peut que le chamboulement économique exige des réponses fortes de ce type. Un nationalisme plus visionnaire pourrait renforcer notre alliance avec le Mexique et des nations de notre hémisphère autre que les États-Unis. Nous pourrions renforcer notre population avec des programmes pour recruter des Américains.nes découragés.es, en investissant dans un train à haute vitesse (TGV), et en mettant à jour notre système de santé. En bon néo libéral qu'il est, M. Carney refuse d'investir l'imagination nécessaire que la politique du moment exige. D. Trump est un fasciste avéré aux États-Unis qui menace d'annexer le Canada. En semant le doute sur la souveraineté du pays et la sécurité de sa frontière, il parle de son voisin du nord de la même manière que Vladimir Poutine parle de l'Ukraine et que Benjamin Netanyahu parle de Gaza et de la Cisjordanie. Devant une telle menace, il faut un esprit combattif sans nostalgie. On ne peut combattre le fascisme en invoquant des marionnettes de la télévision que vous avez aimées lorsque vous étiez enfant.

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Corridor pour fossiles

8 avril, par Gérard Montpetit — , ,
Les élections du 28 avril se tiennent dans le contexte d'une tourmente trumpienne. Nous devons réagir ! Pour tenter de coordonner une réponse commune face à cette menace (…)

Les élections du 28 avril se tiennent dans le contexte d'une tourmente trumpienne. Nous devons réagir ! Pour tenter de coordonner une réponse commune face à cette menace économique, le Premier ministre Carney et ses homologues provinciaux ont tenu une conférence au Musée de la guerre le 21 mars dernier.

Ils ont convenu de favoriser le commerce interprovincial sur un axe est-ouest et de faciliter l'exportation de nos ressources vers des marchés autres que les États-Unis. Ils sont « ...tombés d'accord pour créer un corridor national pour faciliter le transport et l'exportation du pétrole et du gaz... » ainsi que d'autres produits.[1]

Un corridor est-ouest pour faciliter les échanges commerciaux entres les provinces et pour diversifier nos marchés d'exportation, je veux bien…, pourvu que ce corridor respecte la priorité des priorités. L'éléphant dans la pièce durant cette élection hors normes, ce sont les changements climatiques. Il ne faudrait pas que notre réponse à l'ouragan de la perruque orange nous fasse oublier l'avenir des jeunes générations vivant sur une planète dont les écosystèmes ont été fragilisés par la combustion de trop d'énergies fossiles ! Dans les faits, est-ce que le CORRIDOR proposé se limitera uniquement à la résurrection de l'oléoduc Énergie Est et du gazoduc GNL Québec et de son port méthanier ? Est-ce que l'électricité et les énergies de l'avenir nécessaires à une véritable transition énergétique seront renvoyées aux calendes grecques ?

Comme des joueurs d'échecs, nous devons réagir à la menace immédiate à notre « roi » tout en planifiant nos actions stratégiques pour le combat à long terme. Même pour un jovialiste, construire un oléoduc de 4 600 Km comme Énergie Est requiert minimalement 5 ans. À ce moment-là, le mandat de Trump sera terminé. Mais nous serons pris avec un éléphant blanc dispendieux. Le coût pharaonique de ce future corridor risque d'être tellement élevé qu'on se rappellera avec nostalgie que TransMountain a coûté seulement 50 milliards de dollars aux contribuables canadiens.[2]

Énergie Est et GNL Québec ont été abandonnés par le gouvernement du Québec ET celui d'Ottawa à cause des problèmes économiques et environnementaux et du manque d'acceptabilité sociale. Aussi bien la société québécoise que les deux paliers de gouvernement ont convenu que le jeu n'en valait pas la chandelle ! Malgré Trump et l'incertitude économique, il faut évaluer sérieusement si les raisons qui ont amené le rejet de ces projets générateurs de destruction climatique sont toujours valides.

En ce qui a trait aux évaluations nécessaires pour ce futur corridor, M. Poilievre déplore que « ...la loi anti-pipeline C-69 est toujours en vigueur…. »[3] Quant à M. Carney, il propose d'éliminer les dédoublements en « ...reconnaissant les évaluations des provinces ... ».[1] Heureusement qu'il reconnaît la qualité des évaluation du BAPE (Bureau d'audiences publiques sur l'environnement). On se souviendra qu'en 2015-2016, Trans-Canada Pipelines et Énergie Est refusaient systématiquement de se soumettre aux audiences du BAPE alléguant qu'ils reconnaissaient seulement l'autorité du NEB/ONE (National Energy Board/Office national de l'énergie). On a compris le pourquoi de cette obstination lorsqu'on a appris que M. Watson, le premier dirigeant du NED, et deux membres de l'office ont eu une rencontre secrète derrière des portes closes avec un lobbyiste d'Énergie Est.[4] Ce manque de transparence par une entité quasi-judiciaire a mis du plomb dans l'aile de la cause d'Énergie Est ! Est-ce que la justification pour construire les pipelines de ce corridor énergétique requiert des évaluations bidons ???

En période électorale, les lobbyistes tordent le bras de tous les politiciens prétextant l'urgence ; ils placent leurs « pions » pour être en position de force pour l'avenir prévisible.[5] Dans la campagne électorale, la taxe fédérale sur le carbone, un outil efficace contre les changements climatiques, est tombée, victime de la petite politicaillerie partisane avec une vue à court terme. Mais, dans cette partie d'échecs, les tarifs et la lubie du « 51e État » de Trump mettent une pression difficilement tolérable sur les « tours » et les « chevaliers » du Canada et du Québec. Mais la partie se gagne en protégeant le « roi », c'est-à-dire le climat. Notre « reine » est placée stratégiquement car le corridor des énergies fossiles doit obligatoirement traverser le Québec. Au nom des jeunes et de toute la biodiversité, utilisons cet atout pleinement pour mettre les projets pétroliers et gaziers « échec et mat » !

Gérard Montpetit
membre du CCCPEM
le 2 avril 2025

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1] https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2025-03-21/riposte-aux-droits-de-douane-americains/ottawa-et-les-provinces-s-entendent-pour-creer-un-corridor-energetique.php

2] https://environmentaldefence.ca/2025/01/31/federal-government-approves-new-massive-20-billion-loan-for-trans-mountain-pipeline/

3] https://www.nationalobserver.com/2025/02/06/news/lwest-east-oil-pipeline-canada-us-energy-minister-jonathan-wilkinson?utm_source=National+Observer&utm_campaign=dd33073e2a-

4] https://www.nationalobserver.com/2016/07/07/news/quebecs-jean-charest-had-secret-meeting-pipeline-watchdog-after-transcanada-hired

5] https://www.tcenergy.com/open-letter-to-party-leaders

Solidarité avec la Palestine

Rien ne peut pas nous arrêter, l'injustice ne peut pas nous paralyser, l'oubli ne peut pas s'installer dans nos esprits. C'est la mémoire qui doit nous guider, c'est le (…)

Rien ne peut pas nous arrêter,
l'injustice ne peut pas nous paralyser,
l'oubli ne peut pas s'installer dans nos esprits.
C'est la mémoire qui doit nous guider,
c'est le sens de l'amour et de la justice qui doit nous faire marcher, parler, pleurer sur le chemin, mais sans rester à la traîne.

« La Palestine, du fleuve à la mer, vaincra » n'est pas seulement une phrase,
c'est une conviction dans la lutte contre les cruautés,
c'est un désir de se souvenir de l'humanité,
c'est comprendre que dans tous les territoires où la persécution, la criminalisation et le meurtre ont lieu, où tout fait mal et fait rage,
c'est là que les racines de nos pieds nous disent que nous ne pouvons pas abandonner, que nous ne pouvons pas nous fatiguer.
Abandonner n'a jamais été une option,
car tout comme en Palestine, en Amérique latine,
nous continuons à rêver d'une vie digne pour tous, pour chacun, pour tous.
Nous continuons parce que nous savons que les vies pour lesquelles nous luttons vont au-delà des vies humaines ;
nous luttons pour des vies qui, à leur tour, donnent la vie,
parce que le complément fait partie de la vie même que nous défendons.

Le poème est écrit par Cony Oviedo, militante féministe du Paraguay, Marche mondiale des femmes et représentante des Amériques au Comité international de la Marche mondiale des femmes.

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Marchons pour Du pain et des roses, encore… et plus que jamais !

8 avril, par Fédération des femmes du Québec — , ,
Il y a 30 ans, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, dans un élan sans précédent, plus de 850 femmes parcouraient plus de 200 km, en 10 jours, sur les routes du (…)

Il y a 30 ans, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, dans un élan sans précédent, plus de 850 femmes parcouraient plus de 200 km, en 10 jours, sur les routes du Québec pour réclamer du pain et des roses — du pain, pour mettre fin à la pauvreté, et des roses, pour vivre dans la dignité.

Aujourd'hui, en 2025, la FFQ vous invite à honorer et poursuivre cette grande mobilisation pour l'égalité des femmes et la justice sociale que demeure la Marche des femmes contre la pauvreté “Du pain et des roses”.

Événement très rassembleur pour la société québécoise, cette marche historique a concentré les énergies et les espoirs d'un nombre incalculable de femmes, d'individus et d'organisations très variées. Son rayonnement a dépassé le Québec et a été la bougie d'allumage de la Marche mondiale des femmes qui en sera à sa 6e édition en 2025 et qui réserve une place de choix au 30e anniversaire de “Du pain et des roses”.

Marchons ensemble pour garder la mémoire collective bien vivante, souligner l'héritage de ce mouvement, se rappeler qu'il reste des kilomètres à parcourir et, surtout, ne jamais baisser la garde.

Des marches locales et régionales auront lieu partout au Québec ce printemps du 26 mai au 4 juin 2025, pour souligner les luttes féministes, faire entendre nos voix et bâtir un avenir plus juste.

Le point culminant de cette mobilisation consistera en une grande marche, le 7 juin prochain, de 13h a 16h, à Québec. Réservez cette date à votre agenda et faisons ensemble vibrer nos pas et notre volonté à l'unisson.

Dans un contexte géopolitique et socioéconomique instable et préoccupant, nous sommes encore en marche et nous ne pouvons pas rester immobiles face aux reculs, aux actualités, à la menace qui gronde.

Il est aussi essentiel de faire l'état des lieux quant au 9 revendications de la marche contre la pauvreté Du pain et des roses de 1995, de protéger nos acquis et de revendiquer à nouveau.

De grandes figures du féminisme d'hier et d'aujourd'hui, les militantes et marcheuses de l'époque et d'autres personnalités inspirantes seront présentes, prendront la parole et surtout, marcheront et chanteront avec nous.

Que vous ayez marché en 1995 ou que vous découvriez ce pan d'histoire féministe québécois marquant, votre présence compte.

Vous voulez marcher avec nous ?

Organisez ou informez-vous sur les marches locales et régionales entre le 26 mai et le 4 juin auprès des groupes de femmes ou organisations de votre région
Notez la date du 7 juin pour la marche nationale à Québec.
Invitez vos ami·es, vos collègues, vos proches.

Suivez les actualités de la page FB dupainetdesroses

Épinglez et consultez régulièrement cette page du site FFQ pour ne rien manquer et accéder à des ressources.

Joignez-vous aux bénévoles et organisatrices : painetdesroses@ffq.qc.ca

Le samedi 7 juin : une marche et un grand rassemblement à Québec

La FFQ vous donne rendez-vous à Québec, le samedi 7 juin à 13h, pour une marche symbolique et un rassemblement festif, aux côtés des féministes de 1995 et de 2025.

Toute la population est conviée.

Départ : Musée national des beaux-arts de Québec — là même où les marcheuses des trois contingents se sont rassemblées le dernier jour de la marche de 1995.

Arrêt : Devant l'Assemblée nationale, en mémoire du rassemblement de 15 000 personnes du 4 juin 1995.

Arrivée : Parc de la Francophonie, pour un moment de célébration, de mémoire et de mobilisation.

Du 26 mai au 4 juin 2025 : Marches dans vos milieux

Partout au Québec, des groupes (mixtes et non mixtes) sont invités à organiser des marches collectives de proximité, dans leur quartier, leur localité ou leur région en commémoration du 30e anniversaire de Du pain et des roses. Une actualisation de la mobilisation sous forme de marches.

Ces marches peuvent prendre la forme qui vous convient :

Une seule sortie ou plusieurs

Courtes ou longues distances

En silence ou en musique

Symboliques ou revendicatrices

L'objectif : marcher ensemble pour du pain et des roses, dans l'inclusion et la solidarité, avec les personnes en situation de pauvreté, de handicap ou vivant d'autres formes de marginalisation.

En marche vers un meilleur avenir, toujours et encore !

Un rappel : les 9 revendications de 1995

1- Un programme d'infrastructures sociales avec des emplois accessibles dès maintenant aux femmes.

2- Une loi proactive sur l'équité salariale.

3- L'augmentation du salaire minimum au-dessus du seuil de la pauvreté (8.15$ de l'heure).

4- L'application de la loi des normes minimales du travail à toutes les personnes participant à des mesures d'employabilité.

5- Un système de perception automatique des pensions alimentaires avec retenue à la source.

6- La création d'au moins 1 500 nouvelles unités de logement social par année.

7- L'accès aux services et aux programmes existants de formation générale et professionnelle, avec soutien financier adéquat, pour toutes les personnes qui ne sont pas prestataires de l'assurance-chômage ou de la sécurité du revenu, en vue de leur insertion ou de réinsertion au travail.

8- L'application rétroactive de la réduction du parrainage de 10 ans à 3 ans pour les femmes immigrantes parrainées par leur mari ainsi que la mise sur pied d'un mécanisme d'accès aux droits sociaux pour les femmes parrainées victimes de violence conjugale et familiale.

9- Le gel des frais de scolarité et l'augmentation des bourses aux étudiantes/ts.

Les marraines de 1995

Titres qu'elles portaient en 1995 :

Anne-Marie Alonzo, auteure dramatique (décédée en 2005)
Audrey Benoît, comédienne et vice-présidente de la Commission des jeunes sur l'avenir du Québec
Aoura Bizzarri, Collectif des femmes immigrantes du Québec.
France Castel, comédienne et chanteuse.
Ariane Émond, écrivaine et journaliste.
Ranee Lee, chanteuse de jazz.
Chantal Petitclerc, marathonienne.
Michèle Rouleau, animatrice de télévision.
Marie-Claire Séguin, compositrice.
Marie-Josée Turcotte, journaliste sportive.
Marjorie Villefranche, de la Maison d'Haïti.

Pour en savoir plus sur la Marche contre la pauvreté : Du pain et des roses

Vous souhaitez contribuer à l'événement, comme organisme ou en votre nom personnel, ou annoncer votre intérêt à y participer ? https://bit.ly/Du-pain-et-des-roses-1995-2025-interet-organisation-participation

Pour rester informée, nous vous invitons à suivre : https://www.facebook.com/Dupainetdesroses1995

Plongez dans l'univers des archives de Du pain et des roses 1995 : https://bit.ly/duPainDesRoses1995

Communiquez avec le comité organisateur : painetdesroses@ffq.qc.ca

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Des changements gouvernementaux en défaveur des femmes et des minorités

8 avril, par Sylvie St-Amand — , ,
Le premier ministre Mark Carney a prêté serment le 14 mars dernier devant un cabinet ministériel réduit. En effet, ce sont 13 ministères qui sont soit disparus ou effacés, dont (…)

Le premier ministre Mark Carney a prêté serment le 14 mars dernier devant un cabinet ministériel réduit. En effet, ce sont 13 ministères qui sont soit disparus ou effacés, dont celui des Femmes, de l'Égalité des genres et de la Jeunesse et celui de la Diversité, de l'Inclusion et des Personnes en situation de handicap. Cette situation inquiète les groupes de femmes à travers le Canada, dont la Fédération des femmes du Québec.

Créé en 1976, le ministère des Femmes, de l'Égalité des genres et de la Jeunesse, autrefois connu sous le nom de ministère de la Condition féminine, jouait un rôle clé pour faire avancer les droits des femmes et l'égalité des genres. Sa disparition en 2025 n'a rien d'anodin : elle prive les femmes et les minorités de genre d'une voix forte au sein du gouvernement, à un moment où les reculs sont déjà tangibles. Il ne s'agit pas simplement d'un réaménagement administratif : l'effacement d'un ministère dédié envoie un message politique fort, reléguant au second plan les questions cruciales d'égalité des genres, de droits des jeunes et des personnes marginalisées.

Comble de l'ironie, pendant qu'on effaçait ce ministère à Ottawa, la ministre Marci Ien défendait avec conviction son importance devant l'ONU, lors de la 69e session de la Commission de la condition de la femme. Un contraste saisissant.

Pendant ce temps, ailleurs dans le monde…

Le Canada n'est pas le seul pays où les mécanismes institutionnels pour l'égalité sont fragilisés. En Hongrie, Viktor Orbán a dissout le ministère de l'Égalité en 2010. En Pologne, depuis 2015, les politiques d'égalité ont été reléguées à un secrétariat symbolique. Aux États-Unis, Donald Trump a dissout le Council on Women and Girls. Ce démantèlement progressif crée des précédents inquiétants, où l'égalité devient une simple variable d'ajustement idéologique.

Aux États-Unis, les droits des femmes sont sauvagement attaqués – tout comme ceux des personnes LGBTQIA2S+, immigrantes et racisées – par un gouvernement ouvertement misogyne et raciste. Coupures dans les politiques d'équité, diversité et inclusion (EDI), restriction jusqu'à l'absurde de l'accès à l'avortement, affaiblissement des législations contre la violence conjugale, rapatriement de l'influenceur masculiniste accusé de trafic humain Andrew Tate, pas une journée ne se passe sans l'annonce d'un nouvel affront.

Mais qu'on se le dise : bien que le Canada soit souvent cité en exemple en matière d'égalité des genres, nous sommes bien loin d'être à l'abri des idées réactionnaires si populaires chez nos voisins du sud et ailleurs dans le monde. Selon un sondage Léger, 15 % des Canadiens voteraient pour Donald Trump s'ils en avaient la possibilité. Qui plus est, 46% des Canadiens sont en accord avec la mesure de Donald Trump d'interdire l'accès aux sports féminins aux personnes transgenres et 40% approuvent sa décision de légaliser qu'il n'y a que deux sexes [sic]. Ces appuis sont révélateurs des courants conservateurs présents ici aussi.

Une montée inquiétante du masculinisme

Au Québec, la montée du masculinisme et le retour des soi-disant « valeurs traditionnelles » inquiètent, comme l'a démontré le tollé autour du documentaire Alpha de Simon Coutu et de l'invitation – heureusement retirée – de l'influenceur masculiniste Joël McGuirk à l'émission Tout le monde en parle en novembre dernier.

Ce retour en arrière trouve évidemment écho dans l'arène politique. Pierre Poilièvre, le chef conservateur qui mène dans les intentions de vote au fédéral, a souvent critiqué les politiques féministes du gouvernement libéral de Justin Trudeau et ce qu'il appelle les « politiques identitaires ». Sa proximité avec des groupes conservateurs et pro-vie dans le parti inquiète les groupes de femmes, notamment en ce qui a trait à ses positions sur l'avortement.

Gare au retour en arrière

Dans ce contexte délétère, la disparition du ministère des Femmes, de l'Égalité des genres – même dans un gouvernement temporaire – inquiète grandement la Fédération des femmes du Québec. Les droits des femmes, des personnes en situation de handicap, des personnes LGBTQIA2S+ et des jeunes ne peuvent être traités comme des enjeux secondaires. Ils constituent le socle d'une société forte, juste et résiliente et d'une économie solide. Dans ce contexte préoccupant, il est plus crucial que jamais de renforcer nos politiques en faveur de l'égalité des genres et de l'inclusion. Aucun acquis n'est permanent. L'égalité des genres n'est pas un luxe ni un dossier accessoire : c'est un indicateur fondamental de la santé démocratique et économique d'un pays. Nous appelons les décideurs, la société civile et l'ensemble des citoyen·nes à rester vigilants et à refuser tout recul.

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Changer la game : le RLQ mobilise le milieu sportif pour plus d’inclusion

8 avril, par Réseau des lesbiennes du Québec — , ,
À l'approche de l'édition 2025 de la Journée de visibilité lesbienne , le Réseau des lesbiennes du Québec lance aujourd'hui la campagne nationale Changer la game, une (…)

À l'approche de l'édition 2025 de la Journée de visibilité lesbienne , le Réseau des lesbiennes du Québec lance aujourd'hui la campagne nationale Changer la game, une initiative visant à transformer le milieu sportif québécois en un espace plus inclusif pour les personnes lesbo-queer. Inspirée par l'univers du sport, cette campagne met en lumière les défis spécifiques rencontrés par ces athlètes tout en proposant des actions concrètes pour favoriser un changement durable. Cette campagne invite à devenir des game changers, une expression utilisée pour décrire des événements et des idées qui entraînent un changement important dans les façons de faire ou de penser dans un domaine.

Un terrain plus inclusif : des actions concrètes

Tout au long du mois d'avril, le RLQ invite plusieurs associations sportives du Québec à adopter des pratiques plus inclusives, dans le but de favoriser des changements durables au sein de leurs organisations. Ces actions visent à contrer la lesbophobie et à promouvoir un environnement où toutes les athlètes peuvent évoluer sans crainte de discrimination. « Dans un contexte où de plus en plus d'associations professionnelles pour les femmes voient le jour, il était important pour nous de nous mobiliser pour changer concrètement la game dans le milieu sportif, que ce soit en invitant les associations sportives à adopter ou renforcer une politique anti-discrimination, à offrir des formations sur l'inclusion et la diversité à l'interne ou en les invitant à créer des espaces sécuritaires pour les personnes LGBTQ+ dans leur milieu », explique Cynthia Eysseric, directrice générale du RLQ.

Des chiffres qui parlent

● 67 % des athlètes LGBTQ+ et 85 % des athlètes trans ont vécu au moins un épisode d'homophobie dans le sport canadien (Guylaine Demers, 2017).
● 42 % des Canadiens gais et des Canadiennes lesbiennes ont été victimes ou témoins de discrimination dans un contexte sportif, soit plus du double des personnes hétérosexuelles (Statistique Canada , 2024).
● Les piscines publiques et les vestiaires sont perçus comme les endroits les moins sécuritaires pour les personnes LGBTQ2+ en raison de l'exposition du corps et des espaces genrés (Mémoire UQTR « À la quête d'un safe space en loisir : l'accès des personnes LGBTQ2+ aux services publics et municipaux de loisir ainsi qu'aux infrastructures municipales récréatives et sportives », 2023).

Un appel à l'action pour toute la communauté sportive

« L'absence de visibilité et de représentations positives des sportives lesbo-queer nourrit un sentiment d'exclusion, créant un environnement où des athlètes peuvent se sentir invisibles ou dévalorisées. Cela décourage de nombreuses jeunes personnes lesbo-queer de s'investir pleinement dans le sport ou de se dévoiler, par peur de discrimination ou de marginalisation », ajoute Cynthia Eysseric.

Pour y remédier, la campagne Changer la game met en lumière des athlètes inspirantes à travers des portraits diffusés sur les réseaux sociaux. En offrant des modèles accessibles, cette initiative vise à sensibiliser le grand public et à encourager les fédérations, clubs et athlètes à adopter des pratiques plus inclusives.

Pour en savoir plus sur la campagne, visitez le siteWeb

À propos du RLQ

Le Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ) est la référence centrale en ce qui concerne les enjeux touchant les différentes communautés lesbiennes au Québec. Depuis 1996, il défend collectivement les droits des femmes et des personnes des communautés lesbo-queer, afin d'amplifier leurs voix et leur visibilité pour leur permettre d'exister pleinement.

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