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Musique. En Patagonie, les groupes de metal font revivre les cultures autochtones

25 mars, par Maxime Bourdier — , ,
Aux confins de l'Argentine, la musique metal n'est pas qu'un exutoire. Le “metal patagón” s'inscrit aussi dans un processus de réappropriation de l'héritage indigène, souligne (…)

Aux confins de l'Argentine, la musique metal n'est pas qu'un exutoire. Le “metal patagón” s'inscrit aussi dans un processus de réappropriation de l'héritage indigène, souligne le magazine d'anthropologie “Sapiens”.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le groupe de métal Neyen Mapu joue de la trutruca, un inst5rument traditionnel mapuche, dans le clip de son morceau "Paso de indios". Capture d'écran Youtube/Neyen Mapu.

Death, doom, power, nu, black… Il existe de nombreux sous-genres dans la musique metal, eux-mêmes divisés en diverses sous-catégories. Ceux précités sont parmi les plus célèbres, mais connaissez-vous le metal patagón ? Comme son nom l'indique, ce dernier a pour berceau la Patagonie, immense territoire à cheval entre le sud de l'Argentine et le sud du Chili.

Ce courant du metal “a émergé dans le sud de l'Argentine [et] mêle le metal national argentin avec la musique folklorique de Patagonie”, explique Erin Wheeler Streusand. Cette anthropologue linguistique (et amatrice de metal) y consacre un article très documenté, paru dans le magazine scientifique Sapiens.

Réappropriation culturelle

Venu d'Europe et des États-Unis, le metal s'est implanté un peu partout. Il n'est donc pas surprenant d'en trouver des pratiquants en Patagonie. Ce qui est notable avec le metal patagón, note la chercheuse, c'est sa contribution à l'autoreconocimiento (“autoreconnaissance”), processus par lequel les peuples autochtones de Patagonie se réapproprient leur histoire et leur culture, invisibilisées et discriminées en Argentine.

Comme le rappelle l'article de Sapiens, la Patagonie a été colonisée tardivement – et brutalement – lors de la “conquête du Désert”, menée par l'armée argentine à la fin du XIXe siècle. Des milliers d'Amérindiens, notamment du peuple mapuche, ont été tués ou déplacés. Et la vision de “l'Argentine comme une nation blanche d'immigrés européens” est bien ancrée.

Langues, instruments et mobilisations

À l'arrivée du metal en Argentine, dans les années 1980, retrace Erin Wheeler Streusand, “les musiciens de la classe ouvrière patagonienne ont trouvé [en lui] un puissant moyen pour exprimer leur mécontentement à l'égard des difficultés économiques, des gouvernements déconnectés de la réalité, de l'effacement des populations autochtones et de l'isolement de leur région par rapport au reste du pays”.

Les groupes de metal patagoniens, avec comme pionniers Aonikenk, notamment (voir ici), avaient des inspirations musicales diverses mais se sont retrouvés dans leur volonté de redécouvrir et de transmettre leur héritage indigène. On l'observe dans les esthétiques, les noms et les paroles en langues mapudungun ou tehuelche chantées par certains groupes, comme Awkan.

Les chansons abordent l'histoire des peuples autochtones de Patagonie mais aussi des événements contemporains, comme la mobilisation des Mapuche contre les projets d'extraction minière sur les terres de leurs ancêtres.

Musicalement, des instruments traditionnels comme le kultrun, un tambour de cérémonie, ou la trutruca, instrument à vent que l'on peut entendre dans ce morceau de Neyen Mapu, sont fréquemment utilisés :

“Je ne sais pas pourquoi le metal s'accorde si bien avec le folklore patagonien”, se demande Rogelio Calfunao, grand promoteur de la musique patagonienne qu'a rencontré Erin Wheeler Streusand. Avant de donner lui-même des éléments de réponse : “À cause des paroles, de la rébellion, de la puissance.”

Maxime Bourdier

Un des réalisateurs de l’oscarisé « No other land » arrêté par l’armée israélienne après une attaque de colons

« Un groupe de colons vient de lyncher Hamdan Ballal. Ils l'ont roué de coups et il souffre de blessures ouvertes à la tête et au ventre », dénonce un autre coréalisateur du (…)

« Un groupe de colons vient de lyncher Hamdan Ballal. Ils l'ont roué de coups et il souffre de blessures ouvertes à la tête et au ventre », dénonce un autre coréalisateur du film oscarisé.

Tiré. de L'orient le jour.

L'armée israélienne a arrêté Hamdan Ballal, l'un des coréalisateurs palestiniens du film documentaire oscarisé No other land, après qu'il a été violemment agressé par des colons israéliens, rapporte le Haaretz.

Selon le quotidien israélien, des dizaines de colons en Cisjordanie ont attaqué Hamdan Ballal, le blessant ainsi que d'autres personnes. Il a été placé dans une ambulance pour recevoir des soins, mais à l'arrivée des soldats israéliens, ceux-ci l'ont extrait du véhicule et arrêté.

Le journaliste israélien Yuval Abraham, autre co-réalisateur du film, a dénoncé cette agression sur X, affirmant que Hamdan Ballal avait été « lynché » et souffrait de blessures à la tête et à l'abdomen. « Un groupe de colons vient de lyncher Hamdan Ballal, a-t-il écrit. Ils l'ont roué de coups et il souffre de blessures ouvertes à la tête et au ventre. Des soldats ont fait irruption à l'intérieur de l'ambulance qu'il avait appelée et l'ont emmené. Depuis, plus aucune nouvelle de lui ».

Les faits se sont déroulés à Soussiya, dans le sud de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, selon le Center for jewish Nonviolence, une ONG opposée à l'occupation israélienne, dont des membres étaient sur place et affirment avoir filmé les évènements. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle vérifiait ces informations.

Le film No other land traite de la colonisation israélienne en Cisjordanie vue par ceux qui la subissent. Il a remporté il y a moins d'un mois l'Oscar du meilleur documentaire après avoir été récompensé en 2024 du prix du meilleur documentaire à la Berlinale. Le ministre israélien de la Culture, Miki Zohar, avait qualifié l'attribution de l'Oscar au documentaire israélo-palestinien de « triste moment pour le monde du cinéma ». Tourné à Massafer Yatta, zone du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, No other land suit Basel Adra, un jeune Palestinien luttant contre ce que l'ONU qualifie de déplacement forcé des habitants des villages de cette région.

Massafer Yatta, dont Adra, l'un des réalisateurs est originaire, a été déclarée zone militaire par Israël. Après une longue bataille judiciaire, la Cour suprême a donné raison en mai 2022 à l'armée israélienne, dans une décision ouvrant la voie à l'expulsion des habitants des huit villages installés là où l'armée souhaite établir un champ de tir.

La colonisation de la Cisjordanie par Israël est régulièrement dénoncée par l'ONU comme étant illégale au regard du droit international.

Après le départ de GND comme porte-parole, un important bilan s’impose.

25 mars, par André Frappier, Bernard Rioux, Yves Bergeron — ,
En 2016, dans une entrevue accordée à la revue L'actualité (1) un an avant son entrée à Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois analysait les lacunes de la gauche québécoise en (…)

En 2016, dans une entrevue accordée à la revue L'actualité (1) un an avant son entrée à Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois analysait les lacunes de la gauche québécoise en expliquant qu'elle était en position défensive dans l'arène politique et « semblait avoir perdu sa créativité, son audace.
Gabriel expliquait pourquoi à son avis les jeunes se désintéressaient du projet d'indépendance : « Cela s'explique peut-être par le fait que, au-delà de ces différences stratégiques, le projet de pays a, au fil des années, été vidé de sa portée révolutionnaire, de son caractère transformateur pour la société, pour être relégué à un simple changement d'ordre constitutionnel. En vertu d'un phénomène semblable à celui qui affecte la gauche, il semblerait qu'à force de répondre aux campagnes de peur du camp fédéraliste, à trop vouloir rassurer leurs concitoyens, les indépendantistes ont dédramatisé le processus d'accession à la souveraineté au point d'en faire un projet inoffensif, sans substance, sans passion. »
Il évaluait aussi les limites du travail parlementaire : « Il existe bien sûr des élus qui œuvrent de façon honnête à l'Assemblée nationale, des hommes et des femmes qui ont le sens du service public. Malheureusement, cette bonne volonté ne pèse pour rien lorsque c'est la dynamique politique elle-même qui s'est enrayée. Le Québec a besoin d'un grand ménage politique, et celui-ci ne pourra advenir qu'en s'appuyant sur une large mobilisation sociale. »

Que s'est-il passé depuis à QS pour en arriver à une politique de recentrage ?

Ce serait une erreur de centrer notre attention uniquement sur GND. Aux élections Québec solidaire réussit à faire élire 3 député-e-s dont une nouvelle députée Manon Massé. La lenteur de la progression rejette la perspective d'un pouvoir gouvernemental à un horizon indéfini (10 %… au niveau national). L'espoir d'un saut qualitatif face aux dangers de faire du surplace se manifeste et la crainte d'éventuellement entrer dans une spirale de reculs se développe, C'est pour répondre à une telle appréhension, que le bilan des élections de 2014 propose une série de pistes centrées sur la recherche de crédibilité

La recherche des voies de dépassement (2014)

Dès 2014, toute suite après les élections, Québec solidaire s'engageait dans une réflexion qui l'amenait à considérer différents scénarios dont celui de la crédibilité et du pouvoir. Au-delà de l'autosatisfaction – et de l'espoir d'un développement continu dans un temps uniforme, l'espoir d'un saut qualitatif face aux dangers de faire du surplace se manifeste et la crainte d'éventuellement entrer dans une spirale de reculs se développe, Il y a une baisse du nombre de membres et des difficultés à assurer le renouvellement du membrariat. (2)

– Il y a une nécessité d'avoir des candidatures plus connues ayant une bonne crédibilité et, pour certainEs, une expertise économique.
– On devrait former une équipe de candidates et de candidats qui peut apparaître comme une équipe de ministrables.
– Il faut approfondir la professionnalisation de nos stratégies de communication – ce qui est déjà bien entamée.
– Enfin, il est impératif de développer une crédibilité économique : ouverture aux propositions des acteurs de l'économie sociale, des coopératives pour tenir compte de leurs préoccupations dans l'élaboration de propositions.

Ces idées étaient en débat. Il n'y avait pas de consensus mais des résistances à ces perspectives.

D'autres militantEs donnent la priorité à la base militante et aux liens que QS doit nouer avec les luttes sociales réelles. Pour ce qui est du choix des candidat-e-s du parti, des militantEs ont réaffirmé la volonté de laisser aux bases le choix des candidat-e-s et ont exprimé la peur que la pression aux choix de vedettes ne nuise au contrôle du parti sur ses candidat-e-s et au maintien de la parité hommes-femmes.

Ces débats commençaient à poser les questions de : Comment intervenir sur le terrain électoral sans détourner l'attention des luttes sociales ? Quelle est la place de l'intervention parlementaire dans le contexte d'une action (lutte) politique plus large ?

Les élections de 2018, en phase avec la remontée du mouvement sociaux et la compréhension de la lutte aux changements climatiques, Québec solidaire connaît uns saut qualitatif

Dans ces élections, Québec solidaire a réussi à démontrer qu'il portait un projet de société véritable. Il a défendu une réelle redistribution de la richesse en proposant de taxer les riches et taxer les grandes entreprises, la mise en place des 10 paliers d'imposition, l'augmentation du salaire minimum à 15$, toutes les mesures avancées dans le cadre financier proposé par Québec solidaire visent à faire payer aux plus riches leur juste part. Québec a su se faire inspirant car il a su montrer que toutes ses propositions sont centrées sur le bien-être de la majorité populaire.

Alors que la lutte aux changements climatiques est une question de survie, Québec solidaire a présenté un plan d'investissement massif pour développer les réseaux de transport en commun. C'était le plus grand chantier proposé depuis la Révolution tranquille.

Ces propositions du plan de transition s'inscrivent dans le cadre de la bataille menée par les mouvements environnementalistes et citoyens contre l'exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent et contre la construction du pipeline Energie Est. Ces propositions du Plan de transition économique de Québec solidaire reflètent l'accumulation des mouvements de résistance sur le terrain de l'environnement et sur l'importance de la lutte qui est devant nous. L'apport de Québec solidaire à ce combat a donc pu s'exprimer par un large soutien électoral.

Pandémie de la COVID-19, frappe la dynamique des mouvement sociaux et réduit la vie démocratique au sein de Québec solidaire

Les années 2020 et 2021, l'épidémie de la COVID-19 frappe la dynamique des mouvements sociaux. Le mouvement contre la crise climatique connaît un recul important. Legault, malgré des improvisations catastrophiques, comme dans les CHSLD, réussit à se présenter comme un protecteur de la nation. Pour les militants, c'est une période d'isolement social et d'atténuation de la vie démocratique interne.

L'élaboration de la plate-forme à l'élection de 2022 sera marquée par le réalisme et le pragmatisme…

L'essentiel des activités du Parti a alors été porté par son aile parlementaire. Cette dernière a alors insisté sur la volonté d'adopter une politique « crédible » qui positionnerait le parti comme ayant fait ses preuves en tant que parti d'opposition et qui serait maintenant prêt et capable de gouverner. Les propositions mises en discussion dans le cadre de l'élaboration de la plate-forme électorale écartaient toutes les propositions qui sous-entendaient une transformation sociale au-delà du capitalisme qui permettraient de s'attaquer aux racines de la dérive climatique et des injustices sociales. Les propositions visant à nationaliser les grandes entreprises minières et forestières n'ont pas été retenues. Le Parti dit vouloir se réapproprier notre territoire, mais il hésite à affirmer qu'on veut l'enlever du contrôle des multinationales et des corporations.

Le report de la gratuité scolaire à un objectif (réaliste) à long terme a été un révélateur important de la transformation rapide de cette partie de la jeunesse, qui avait pourtant conduit le Québec à rêver d'un changement de société, il y a déjà, on dirait bien, une éternité.

L'important pour la direction sous l'influence de GND, c'était qu'il fallait proposer au Québecois-es une plate forme politique plus modérée et vendable.

S'opposer à la crise climatique implique de s'attaquer aux puissances économiques et politiques et de jeter les bases d'une société moins consommatrice d'énergies et moins gaspilleuse. Prendre au sérieux la gravité de la situation, implique de remettre en cause un mode de production, un mode de consommation, bref un mode de vie construit sur un rapport de prédation à la nature. On ne peut au nom de la crédibilité électorale, masquer les tâches politiques que cela implique.

Une plate-forme qui rejette globalement les perspectives de nationalisation empêche toute chance de réaliser l'objectif de réduction des GES. On ne peut atteindre une baisse radicale des émissions de GES tout en laissant la propriété et leurs capacités d'investissement aux grandes entreprises qui exploitent nos ressources minières et forestières et qui n'en finissent pas de saccager la forêt québécoise et de ne pas respecter la biodiversité. La survie de la planète nécessite un changement de société, une rupture avec le capitalisme qui détruit la planète. Penser le contraire n'est tout simplement pas réaliste.

À plusieurs reprises, l'aile gauche du parti a averti que le recentrage du programme mènerait à un recul des appuis populaires. Partout dans le monde, l'expérience des partis socio-démocrates a montré qu'une droitisation du programme menait à une impasse. Que l'on pense au cas du NPD de Thomas Mulcair qui aux lendemains de la vague orange de Jack Layton a mené une opération de normalisation du programme qui a mené à l'effondrement électoral du parti et fait passer sa députation québécoise de 59 sièges et 42,99% des voix en 2011 à 16 élu.e.s et 25,3% lors de l'élection suivante en 2015 à un seul élu et 10,8% en 2019. Toute une chute. Le phénomène n'est pas unique au Canada. Le PASOK grec, le PS en France, les social-démocraties allemande et scandinaves, tous sont en recul historique et certaines sont même menacé de disparition. Comment la direction de QS a-t-elle pu faire fi de ces leçons de l'histoire et penser qu'ils et elles seraient meilleur.e.s que les autres ? Encore une fois, Albert Einstein aura eu raison !

…et a conduit à la stagnation

QS était dans une relative montée dans les premières semaines de la campagne de 2022, le plan de transport collectif permettait de mettre sur la table une proposition emballante pour tout le Québec qui permettait d'offrir une alternative à l'auto solo pour les déplacements interurbains et dans une certaine mesure pour les transports régionaux. La question du financement a cependant frappé un écueil. Au lieu de cibler les multinationales et leurs évasions fiscales, qui n'étaient pas mentionnées dans le plan de communication, la population a senti que ce serait elle et particulièrement les personnes qui ont une propriété et un fonds de retraite qui étaient ciblées. La montée de QS s'est arrêtée à ce moment.

Cela aurait dû sonner une alarme, il fallait tirer une leçon et remettre la barre à gauche, là où sont nos perspectives de changement social qui rejoignent les besoins de la population. Au contraire la direction de QS où GND a un rôle déterminant a mis sur la table au congrès de Saguenay en mai 2023 une proposition pour que le programme soit exempt d'engagements politiques trop spécifiques, qui a été adoptée. La déclaration de Saguenay concernant la reconnaissance du rôle central de l'industrie forestière stipulait « qu'un gouvernement solidaire va adopter une stratégie d'adaptation des forêts aux changements climatiques, en collaboration avec les communautés touchées et l'industrie. »
Cela remplaçait le programme antérieur qui stipulait : « En plus du secteur minier, Québec solidaire préconise de placer la grande industrie forestière sous contrôle public (participation majoritaire de l'État) en envisageant, au besoin, la nationalisation complète. »

QS et l'immigration

Durant la dernière campagne électorale, Québec solidaire parlait d'un seuil entre 60 000 et 80 immigrant-e-s par an en ce qui concerne l'immigration permanente. [6] Il proposait un plan intitulé « objectif Régions » qui s'adressait à ceux qui s'établissent en région et qui y cumulent 12 mois d'emploi avec une preuve d'intention d'y demeurer. « Ce programme permettra, écrivait-on, de répondre à la pénurie de main-d'œuvre touchant différents services essentiels comme dans le réseau de la santé ou dans les écoles par exemple, en plus d'assurer la revitalisation économique en région ». [7] On aurait pu s'attendre à une critique de l'ensemble de la politique du gouvernement Legault en immigration et à une rupture avec une logique utilitariste de l'immigration brimant les droits des personnes migrantes, mais tel n'a pas été malheureusement le cas. Québec solidaire doit rompre avec la logique de l'établissement de quotas, ouvrir les frontières et garantir la liberté de circulation et d'installation. Personne n'est illégal sur Terre. Tout le monde doit avoir le droit de se déplacer. Les frontières doivent être ouvertes à tout-tes celles et ceux qui fuient leur pays, que ce soit pour des raisons sociales, politiques, économiques ou environnementales. L'ouverture des frontières ne signifie pas que les flux migratoires ne sont pas régulés, mais que cette régulation se fait à partir des conditions et de principes fondamentaux qui affirment que les immigrant-e-s sont une richesse et que fermer les frontières est inefficace et inhumain.

Aujourd'hui, définir un projet de société alternatif et égalitaire nous permettant d'en finir avec notre dépendance à l'égard de l'économie américaine et des projets de vassalisation de Trump.

La direction GND a gagné son pari de recentrer le programme du parti, en faisant adopter la déclaration de Saguenay. Un congrès lui a donné raison en modifiant les statuts du parti. Et pourtant, les appuis au parti s'effondrent alors que cette opération devait permettre de progresser dans les appuis populaires.

Dans une entrevue accordée au Devoir, Amir affirmait que « le recentrage ne fonctionne pas. Québec solidaire s'est trop éloigné de son image de « parti des urnes et des rues » dans les dernières années. Moi, je ne conçois pas une gauche capable de faire quoique ce soit dans des démocraties libérales cadenassées par les grands intérêts financiers s'il n'y a pas un mouvement social ».

Nous devrons remettre les perspectives de luttes sociales écosocialistes et féministes et le renforcement des mouvements sociaux à l'avant plan et faire du travail parlementaire notre portevoix des luttes de ces derniers. Nous ne sommes pas un parti qui a comme perspective de faires quelques améliorations au système capitaliste. À l'heure actuelle ce système nous a amené dans une situation de crise où non seulement la survie de la population, particulièrement du sud global est en péril, mais la survie de la planète elle-même est en danger extrême. À l'heure de l'offensive de vassalisation du gouvernement Trump, il faut développer une politique fondée sur une véritable indépendance économique face aux États-Unis.

Cette dernière ne peut être réalisé qu'à partir des luttes sociales, politiques et culturelles des classes ouvrières et populaires s'assignant de s'engager dans la voie de la socialisation de leur économie et dans la redéfinition des institutions politiques actuelles que pourront être jetées les bases du refus de cette vassalisation. Elle passera par :

a) la relocalisation des productions stratégiques (aliments, médicaments, moyens de transport…) car on ne peut se contenter d'avancer un protectionnisme de rétorsion. Il faut définir une politique industrielle publique qui permet de fonder notre indépendance et d'en finir avec la dépendance vis-à-vis des États-Unis
b) la lutte pour la sortie des énergies fossiles et le refus de la construction de pipelines ou de gazoducs
c) le refus de l'augmentation de la production de l'hydro-électricité à des fins d'exportation et politique de sobriété énergétique passant par la rénovation thermique des logements qui sont des passoires énergétiques et cela dans une perspective de décroissance. Il faudra tourner l'économie vers la l'économie de l'énergie et des ressources naturelles, la réparabilité des objets de consommation, les activités de soins aux personnes et aux liens social, la fin de la production de marchandises inutiles et de services favorisant la surconsommation.
d) le refus de la privatisation d'Hydro-Québec – et le rejet du projet de loi 69 et la nationalisation/socialisation des énergies renouvelables.
e) le rejet de la filière batteries et de l'auto électrique comme solution à la crise climatique et la production locale de moyens de transports publics pour les personnes, et l'utilisation des chemins de fer pour le transport des marchandises
f) le développement d'une agriculture écologique centrée sur la souveraineté alimentaire et la protection de la biodiversité en réorientant la production vers les marchés locaux et régionaux et non vers l'exportation et, pour cela, la fin de la production carnée centrée sur l'exportation.

C'est en offrant un projet de société alternatif et indépendant qu'on pourra retrouver nos appuis et notre enracinement chez la majorité populaire et en finir avec une défection silencieuse de membres actifs qui ne se reconnaissent plus dans ce qui est devenu QS qui connaitra inévitablement des moments de questionnements, de débats et de réflexion sur les façons de dépasser la situation actuelle. Ce sera l'occasion de donner un nouveau souffle à la construction d'une véritable alternative de gauche sans faire l'économie d'un bilan sérieux portant notamment sur les rapports entre le parti et son aile parlementaire ainsi qu'avec la permanence.

Mais cela pose un défi important. D'une part il faut reprendre le travail de politisation, particulièrement dans une période de montée de l'extrême droite, il faut également restructurer ce parti pour permettre des lieux de débats en personne, remettre à l'avant plan la participation des collectifs et des associations au prorata des membres dans toutes les sphères du parti et remettre toutes les décisions et délibérations et votes dans les instances nationales et non par référendums. En somme redonner le pouvoir à la base.

Nous défendons l'amélioration des conditions sociales comme la santé, l'éducation, le logement, mais nous comprenons que les améliorations que nous pouvons apporter dans ce travail parlementaire sont insuffisantes et en bout de pistes inutiles si nous ne travaillons pas dès maintenant à construire la solidarité populaire pour le contrôle de notre société contre les consortiums financiers et les multinationales qui contrôlent le monde actuellement et qui nous amènent à la déchéance humanitaire.
Le dernier congrès a voté en faveur de la création d'un nouveau poste responsable à la solidarité internationale et pan canadienne au Comité de coordination national, il est maintenant plus que temps de reconstruire nos réseaux afin d'alimenter et d'inspirer nos projets et de conjuguer nos luttes.

Bernard Rioux, André Frappier, Yves Bergeron

Notes

(1) L'actualité, septembre 2016, p 40 et 41
(2) Les défis du dépassement : Québec solidaire à la croisée des chemins
mardi 22 mars 2016 / DE : BERNARD RIOUX, Présentation faite aux Nouveaux Cahiers du socialisme le
17 mars 2016

L’importance des liens

25 mars, par Marc Simard
Nous sommes une poignée de citoyen·nes présentement préoccupé·es par le climat actuel au sein de notre municipalité de Métis-sur-Mer. Au cours des dernières années, notre ville (…)

Nous sommes une poignée de citoyen·nes présentement préoccupé·es par le climat actuel au sein de notre municipalité de Métis-sur-Mer. Au cours des dernières années, notre ville a dû composer avec des projets qui, par leur nature, ont généré des opinions divergentes au sein de la population. (…)

De la sidération à la contestation ouverte

25 mars, par Guylain Bernier, Yvan Perrier — , ,
« Représentez-vous maintenant le Prince tel qu'il est fréquemment. Il ignore les lois, est assez hostile au bien général, car il n'envisage que le sien ; il s'adonne aux (…)

« Représentez-vous maintenant le Prince tel qu'il est fréquemment. Il ignore les lois, est assez hostile au bien général, car il n'envisage que le sien ; il s'adonne aux plaisirs, hait le savoir, l'indépendance et la vérité, se moque du salut public et n'a d'autres règles que ses convoitises et son égoïsme. » Érasme (1964[1511], p. 74).

Deux mois absolument intenses

Vaut-il la peine de rappeler certains faits sur lesquels reposerait un court condensé des deux mois de la présidence américaine en place depuis le début de l'année 2025 ? D'un côté, un sentiment mariant évitement et épuisement semble vouloir l'éviter, de l'autre, un besoin de se sortir un tant soit peu de ce tourbillon afin de véritablement profiter d'un portrait général et ainsi voir où nous en sommes renduEs. Faisons donc ici le choix de ce second côté, car mieux vaut se familiariser avec les changements de notre environnement extérieur que d'opter pour le déni, et récapitulons comme suit : l'actuel occupant de la Maison-Blanche met à rude épreuve, à peu d'exception près, pour le moment, la patience de ses homologues — qu'elles ou qu'ils soient ses alliéEs — et ce, à travers le monde.

Aussitôt installé au pouvoir, il a fait l'annonce d'un projet d'investissement de 500 milliards de dollars dans le projet SpaceGate. Projet qui a eu pour effet d'emballer et de réjouir les compatriotes du Tech Power de la Silicon Valley. Il a procédé à un renversement d'alliances en matière de relations internationales et d'échanges commerciaux. Il a retiré son pays de l'Organisation mondiale de la santé et affiche une attitude hostile à l'endroit de ses partenaires économiques que sont la Chine, le Canada, le Mexique et les pays de l'Europe de l'Ouest. Dans le conflit militaire qui oppose l'Ukraine à la Russie, il a sacrifié celle-là au profit de celle-ci. Bref, il jette par-dessus bord ses alliés occidentaux pour afficher clairement son parti pris en faveur de la Russie. Son abandon de l'Ukraine s'explique en raison de la richesse des minéraux présents sur son territoire, dont il convoite l'accès avec Poutine.

Il reçoit au Bureau ovale de la Maison-Blanche le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avec qui il convient de la mise en application d'un plan d'évacuation militaire et belliqueux de la population palestinienne de la bande de Gaza. Après avoir annoncé durant la campagne présidentielle qu'il réglerait la guerre en Ukraine en moins de 24 heures…, deux mois plus tard, Poutine se montre plus exigeant avant de convenir ou d'accepter un cessez-le-feu.

Certains de ses traditionnels pays alliés ne semblent plus en mesure de le suivre et pour cause : Trump ne cesse de changer d'idée constamment. Il annonce des tarifs douaniers et, à la veille de l'entrée en vigueur de la mesure, s'accorde le droit de rétropédaler pour ensuite tantôt la reporter, tantôt l'imposer. Pour ce qui est du pourcentage des tarifs eux-mêmes, ils sautillent ; ils vont, un jour, en ordre décroissant (25 %, 20 % ou 10 %) et le lendemain, ils doublent (passant de 25 % à 50 %). Dans le cadre d'une mesure de rétorsion, le pourcentage qui accompagne la menace pulvérise les plafonds précédents, en clair c'est l'escalade : Trump II évoque des droits de douanes pouvant atteindre 200 %. Bref, au premier temps de la valse, il annonce la possibilité d'imposer des tarifs, au deuxième temps de la valse, ses partenaires réagissent avec des contre-tarifs et, au troisième temps de la valse, Trump réplique avec des sur-tarifs.

Et dans un proche avenir, il prévient la planète que le 2 avril sera le « Jour de la libération » pour les USA, car en cette journée entreront en vigueur des « Tarifs douaniers réciproques ». Une mesure susceptible de créer un imbroglio administratif ingérable en raison du nombre élevé de produits concernés ; selon les premières données, il s'agit de 2,6 millions de tarifs qui devront être appliqués. Bonne chance aux agentes et aux agents ici !

À première vue, Trump II est, et cela n'a rien de nouveau, imprévisible. Il ressemble à une poule étêtée. Il agit d'une manière erratique. Il se comporte comme un être parfaitement irrationnel. Qu'il le soit ou non, une chose est par contre certaine : le programme qu'il applique prend sa source dans trois idéologies, c'est-à-dire libertarienne, illébérale et broligarque. Qu'est-ce que cela veut dire ?

Débutons avec son point de vue, à notre avis, en ce qui concerne le marché extérieur. Il voit son pays comme une victime du libre-échange et, en vue de renverser le cours des choses, il met unilatéralement entre parenthèses les règles du jeu de la mondialisation.

Maintenant à l'intérieur des frontières de son pays, il entreprend des coupures drastiques dans l'État fédéral, autant du côté de la taille de l'appareil gouvernemental que du nombre d'employéEs, de façon à se situer en deçà du minimum requis pour un État régalien. Par ailleurs, l'idée consiste certes à couper le personnel d'abord, pour installer ensuite de nouvelles et nouveaux titulaires dont la fidélité et la loyauté à son endroit seraient hors de doute ; autrement dit, l'exercice consiste à garantir un personnel entièrement soumis à l'influence du chef.

Pour ce qui est des subventions votées et adoptées au préalable par les membres du Congrès, elles peuvent être coupées, et ce selon son humeur du moment et ses critères arbitraires, pour ne pas dire ses caprices présidentiels. En bref, tout semble y passer : l'administration (le nombre d'employéEs) ; la redistribution des ressources monétaires, certains des contrats signés ainsi que des engagements pris, et ce, autant sur les plans intérieur qu'extérieur.

Il agit donc de la sorte, à la tronçonneuse, d'abord parce qu'il est un grand adversaire de l'administration publique et un farouche partisan de l'entreprise privée, ensuite en raison du fait qu'il entend réduire la dette fédérale coûte que coûte — dette qui s'élève à 36 000 milliards de dollars US. Et pour ce faire, il n'est pas seulement question du délestage des fonctionnaires du côté du ministère de l'Éducation, mais de son abolition pure et nette qui aura des conséquences indubitables. On peut s'attendre à ce qu'il y ait, éventuellement, auprès des jeunes et des nouvelles générations, un affaiblissement du récit unificateur sur le plan de la nation, car c'est bien là un des rôles du système de l'éducation américain, c'est-à-dire de contribuer à la diffusion d'un sentiment national à travers un tronc commun d'enseignement appelé maintenant à relever de chaque État membre. S'ajoute à cela une opération de révision-épuration terminologique et l'imposition d'une Chape de plomb sur la communauté scientifique et universitaire.

Trump II veut contrôler et orienter la recherche scientifique. Il coupe dans les budgets et les subventions, en plus d'imposer sa novlague aux chercheuses et chercheurs. Son ennemi de l'intérieur est maintenant bien ciblé : les Left Lunatics (les « gauchistes lunatiques »). Lire ici, les universitaires, les journalistes qui refusent de relayer les paroles présidentielles qui sont à ses propres yeux-vérité d'Évangile. D'ailleurs, un scientifique français a été refoulé aux frontières américaines pour des opinions anti-Trump. Pour avoir manifesté activement son soutien à la population de Gaza, durant le printemps 2024, l'étudiant de l'Université Columbia, Mahmoud Khalil, est maintenant accusé par l'administration Trump de « terroriste ». Il est présentement emprisonné et risque rien de moins que la déportation. Trump II sabre par centaine de millions de dollars dans les universités. Ces dernières licencient et réduisent en masse leurs effectifs. La relève scientifique se retrouve dans une situation précaire et les plus âgés développent un sentiment de peur. Il veut que les arts fassent la promotion de son régime et de ses idéologies. Il congédie les journalistes de la chaîne de Radio Voice of America. Trump II pratique, verbalement, un nationalisme offensif et agressif.

Nous avons appris, au moment même où nous écrivons le présent texte, que l'administration Trump a mis fin au statut légal de 500 000 latinos américains en provenance de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela. Ces personnes devront quitter les USA d'ici le 24 avril, sauf si elles parviennent à obtenir un nouveau statut d'immigration leur permettant de rester aux États-Unis.

Il vise à élargir son territoire par la reprise unilatérale (le canal de Panama), l'annexion (le Canada), l'achat ou la guerre (le Groenland). Il ne se gêne pas pour dire qu'il a pour modèle William McKinley (1897 à 1901), ce président américain qui a mené une politique active d'acquisition territoriale. Dans une même journée, il peut affirmer sans ambages qu'il n'a pas besoin de la production canadienne et immédiatement après il prétend avec un sourire intéressé que le territoire qui est voisin au nord devrait accepter de devenir le 51e État des USA. Ici, il faut vraiment trouver l'erreur.

Avec lui, au Bureau ovale de la Maison-Blanche, l'extractivisme est au poste de commande, et ce sans égard pour les conséquences sur le plan de l'environnement. Le développement durable, la crise écologique, pour lui, c'est « Ne connais pas ». Drill baby drill ! Telle est sa devise susceptible de faire revivre à son pays un nouvel Golden Age. Il a sabré dans l'Agence NOAA, responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère. Trump est climatosceptique. Il a un plan pour l'accumulation d'une réserve de cryptomonnaie qui sera probablement profitable pour certains membres de son entourage qui en détiennent déjà. Il multiplie l'adoption de décrets, dont un qui a pour effet de suspendre les poursuites dans le cadre de la loi « anticorruption ».

Sous prétexte qu'il a été élu par 70 millions d'électeurs et d'électrices, il annonce que son programme politique prime sur les décisions des juges. Il méprise, par conséquent, certaines décisions des tribunaux. Il demande même la révocation d'un juge qui a rendu une décision qui ne lui convenait pas. Il est manifestement à la tête d'un État d'exception. Il est même prêt à provoquer une crise constitutionnelle. Avec Donald Trump, c'est l'ère du « Grand chambardement » même s'il semble difficile, à première vue, d'identifier clairement dans quelle(s) direction(s) il s'oriente et quels objectifs précis il vise.


Une première synthèse

Tentons une première synthèse : c'est un ultra radical de droite, un contre-révolutionnaire, il méprise l'ordre international, les traités signés par son pays, la séparation des pouvoirs, etc.. Il se détourne de ses alliés traditionnels et veut nouer des relations privilégiées avec des dictateurs ou d'autres régimes autoritaires. Il a mis à sa main une majorité des membres du Congrès américain. Il est sous l'impression qu'il contrôle la majorité des juges de la Cour suprême des USA (ce qui n'est pas nécessairement le cas). Le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, vient de le rabrouer publiquement dans l'affaire qui oppose le président à un juge fédéral au sujet de l'expulsion de 200 migrants déportés au El Salvador. Force est de constater que pour Donald Trump, être le président élu, veut dire qu'il a obtenu un blanc-seing. Il peut, selon lui, gouverner sans entraves. Il a toute liberté pour agir à sa guise, sans avoir à se soumettre à l'instance juridique. Bref, il considère qu'il n'est aucunement lié par l'État de droit. Il est l'autorité suprême. Il n'a aucunement l'obligation d'agir dans le cadre du respect de la constitution. Il peut aller de l'avant en toute impunité, sans avoir à accepter l'examen de ses décisions ou de ses décrets par des juges. Son pouvoir, selon lui, s'exerce sans partage.

De notre côté, nous n'avons aucune antenne privilégiée à Washington. Tout au plus, nos sources d'information, qui sont les mêmes que n'importe quel quidam qui suit l'actualité, nous permettent d'abord de constater certains éléments de la vie politique américaine et ensuite de spéculer et de hasarder des hypothèses. Dès lors, certaines questions doivent être posées, afin de juger un tel agissement de la part d'un chef d'État. Si des raisons économiques et de sécurité nationale semblent servir de base argumentaire à ces actions politiques multiples (décrets), il y a lieu de réfléchir sur d'autres points assurément capitaux. En effet, qu'est-ce que la science ? qu'est-ce que la justice ? qu'est-ce que l'échange ? Si la tâche serait digne d'un imposant volume, allons-y par quelques pistes seulement.

Premièrement, l'évocation de la sécurité nationale repose sur une aversion à accepter la différence. Autrement dit, l'intolérance repose sur le mépris alimenté par des stéréotypes, des généralisations et des prima de conclusion. Ces types, étant davantage de l'ordre de l'opinion que des faits véritables, méritent normalement d'être rationalisés pour éviter des débordements néfastes. Le problème ici concerne leur intrusion au sein des pouvoirs de décision. Sur la base d'un argument de sécurité nationale, des droits et libertés individuelles sont (et seront) bafoués en toute légalité. Ce contournement n'a rien à voir avec le bien-être général et les lois officielles, puisqu'une pensée, une vision, voire une idéologie le supporte. Il semble donc y avoir tentative de ramener des distinctions de classes au sein de la société américaine, de façon à faire trôner la « race blanche » et « l'homme blanc » au sommet. Ainsi, les anciennes et actuelles luttes sociales pour la reconnaissance chez plusieurs groupes, sans tous les nommer, se voient soudainement rabrouer par des décrets allant à l'opposer de l'esprit des lois en vigueur, à l'opposer donc de l'acceptation du bien-être pour toutes et tous.

Deuxièmement, la question économique et de l'échange au sens large permet d'envisager cette fois-ci une utopie trumpiste rattachée au label Made in USA. Avant d'être président des États-Unis, Donald Trump se voulait à l'origine un promoteur immobilier. Par contre, ses constructions n'avaient rien d'iconique en soi, mais portaient un nom qui les rendait, semble-t-il, plus « valuable ». Ainsi, « TRUMP » est devenu une marque de commerce pour des gratte-ciel et autres réalisations immobilières, de façon à les distinguer et à gagner en valeur aux yeux du public et des acquéreurs. La marque de commerce constitue un actif incorporel, voire un bien immatériel pouvant rapporter gros, tout dépendant de la foi ou de la conviction accordée à ce qui s'y trame (bien entendu, la réputation et l'expérience entrent en ligne de compte). Tout est une question d'argent, voire de facilité pour en créer et en accumuler.

Pour le président américain, l'argent est le noeud de la guerre et doit être entièrement recherché. Son allusion aux balances commerciales déficitaires se base sur la perte d'argent pour les États-Unis, d'où l'idée selon laquelle le pays financerait ses partenaires commerciaux. Il s'agit là d'une conception particulière des échanges internationaux qui rappelle même des discours de l'époque des métropoles et des colonies ou, pour être encore plus précis, de celle du mercantilisme. Les métaux précieux étaient alors le produit le plus prisé dans les échanges, puisque leur accumulation rendait automatiquement le pays acquéreur plus riche. Cantillon (1755, pp. 309-310) soulignait d'ailleurs au sujet des échanges avec l'étranger : « […] il faut encourager, tant qu'on peut, l'exportation des ouvrages et des manufactures de l'État, pour en retirer, autant qu'il est possible, de l'or et de l'argent en nature. […] Cependant il ne serait pas avantageux de mettre l'État dans l'habitude annuelle d'envoyer chez l'étranger de grandes quantités du produit de son crû, pour en tirer le paiement en manufactures étrangères. Ce serait affaiblir et diminuer les habitants et les forces de l'État par les deux bouts » (grammaire et orthographe adaptées aux règles actuelles).

Autrement dit, tout échange avec les autres pays ou territoires doit viser à faire entrer plus d'argent dans l'État. Et que fait la présidence américaine ? Elle cherche à ramener des industries et des entreprises dans le but de les inciter à produire à partir des États-Unis, d'où toutes sortes de tarifs en vogue et en devenir. L'idée revient à utiliser leur production à la fois pour les besoins intérieurs et pour l'exportation contre de l'argent. La présidence américaine actuelle cherche donc non seulement à créer un marché à ce point enviable pour inciter les étrangers à y avoir accès, mais aussi à créer un « nom » qui donnera une plus-value à la production nationale vendue à l'extérieur. Autrement dit, une marque de commerce Made in USA, dont la présence sur chaque produit vendu en fera augmenter la valeur et, conséquemment, le prix. Derrière les tarifs s'expose une stratégie d'enrichissement par un retour à l'industrialisme, avec pour support un nom à ajouter afin de créer une plus-value, soit un moyen facile d'enrichissement, à condition que les acheteurs reconnaissent toutefois cette prétendue valeur ajoutée.

Troisièmement, la science se voit soudainement soumise à des restrictions ou à un nouvel ordre. Il importe de dépasser le désir de son instrumentalisation, afin de revenir à son essence. Une liaison naturelle se fait entre la science et la connaissance ; alors que ce qui est connu possède une valeur de vérité. Mais pour devenir connaissance, celle-ci doit avoir été testée, scrutée, reproduite et admise par des personnes légitimes et reconnues pour leurs expertises scientifiques. Descartes (1901[1637], pp. 20-21) précisait d'ailleurs quelques considérations au sujet de la science dans ses sciences : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes [dans le sens que tout être humain sait raisonner, sans signifier qu'il raisonne bien G.B. et Y.P.] ; et ainsi, que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons par les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. »

De là, l'importance de s'entendre sur des méthodes utiles à identifier la connaissance. Mais le vrai se jumelle au faux, car la connaissance repose aussi sur la non-vérité (Benmakhoulf, 2006). Autrement dit, la science doit nous permettre de dire ce qui est vrai et ce qui est faux, en fonction de la connaissance admise qui doit reposer sur des méthodes éprouvées et non sur des idéologies trafiquant les résultats. Ce postulat se lève donc face à un chef d'État qui prêche des vérités alternatives. Or, son pouvoir d'autorité manifeste doit-il dominer à ce point sur la science qui, par essence, consiste en une quête de vérité destinée à l'humanité et non à la politique ? Si la science aux États-Unis subit des entraves, des effets se feront sentir sur la connaissance humaine en général. Cela suppose un devoir allant au-delà des frontières, insinuant ainsi une déterritorialisation et une souveraineté de la science. Par contre, son exercice implique des balises, afin d'éviter les dérives éthiques. Son importance exige certes un encadrement législatif, sur la base de principes et donc d'une discussion engageant diverses parties prenantes de divers milieux et non un seul homme.

Quatrièmement, la justice subit des assauts comme jamais auparavant. En apostrophant les juges de la Cour suprême, le président des États-Unis vise à fragiliser la dernière instance pouvant freiner ses élans décisionnels. Mais il y a lieu de se questionner sur ses actions et se demander si elles sont véritablement justes. Sans nommer des philosophes pour en rester à certains principes, est juste ce qui ne cause pas de tort à autrui, aux règles communes et aux institutions garantissant la bonne marche de la société. La justice se base sur des valeurs communes, pour ne pas dire aussi une morale et une éthique régissant les conduites humaines. Ce corpus apparaît d'ailleurs au sein des lois régies par une institution chapeautant tout groupe et individualité évoluant dans un État déterminé. En conséquence, cela inclut aussi les représentantEs des gouvernements et donc le président des États-Unis. Dans les divisions du pouvoir, Montesquieu voyait dans le système judiciaire un garde-fou contre les visées absolutistes et/ou arbitraires de dirigeantEs. Il s'agit alors d'une institution capitale sur laquelle repose, comme déjà dit, les règles et les valeurs d'un vivre ensemble jugé harmonieux — en respect conséquent des droits et des libertés individuelles. Or, le président américain juge comme étant une entrave à ses droits et libertés de gouverner toute intervention de la Cour. Mais cela doit être justifié, sur la base de l'État de droit, toujours dans le but de garantir le bon ordre de la société. Rawls (1987, pp. 495-496) dit en ce sens : une société bien ordonnée est « conçue pour favoriser le bien de ses membres et étant gouvernée efficacement par une conception publique de la justice. Ainsi, c'est une société où chacun accepte et sait que les autres acceptent les mêmes principes de la justice et où les institutions sociales de base respectent — et sont connues pour respecter — ces principes ». Par conséquent, la justice reconnaît chez le président américain des intentions qui contreviennent aux principes reconnus dans sa propre société.

Il aurait été possible de se questionner aussi sur l'État américain, quoique déjà plusieurs points aient permis de mettre en lumière une transformation profonde de son régime. L'espace nous limitant ici, l'occasion se présentera assurément plus tard. Cela dit, un constat inquiétant apparaît, dans la mesure où le président américain et sa garde rapprochée attaquent les derniers piliers d'opposition à son libre agir total, c'est-à-dire la Science et la Justice, sans négliger les résistances extérieures à ses aspirations économiques et hégémoniques.

De la sidération à l'opposition de la rue

L'opposition du Parti démocrate ne semble pas s'être encore remise de sa défaite électorale de novembre dernier. Les victimes de l'agence DOGE d'Elon Musk manifestent maintenant de plus en plus bruyamment, tout en prenant connaissance ou en attente de jugements des tribunaux de première instance. Les personnes trompées ou congédiées par Trump prennent la rue et elles aussi manifestent bruyamment. Après la sidération, place à la contestation. Il y a un début de mouvement d'opposition parlementaire qui prend forme. Un nouveau rapport de force est en train de se mettre en branle. Rapport de force qui traverse plusieurs couches de la société. Le milieu de la finance assiste à l'effondrement du marché boursier et les perspectives de croissance économique sont fragilisées par les déclarations incohérentes du président. Les promesses en lien avec la chute de l'inflation ne se concrétisent pas à la vitesse annoncée — en effet, comment réduire la hausse des prix, lorsque les tarifs à l'importation les font augmenter ? Pour Trump, tout ce qui va mal est imputable à l'administration précédente et pour ce qui va bien, à ses yeux, tout le crédit lui revient. Trump a un plan. Il entend baisser les impôts, lesquels ou de qui ? C'est à suivre. Nous le verrons quand il déposera les différentes mesures à ce sujet. Il veut combattre l'inflation et réduire le déficit du gouvernement fédéral en effectuant des coupes drastiques dans les effectifs, les agences gouvernementales, les programmes, les prestations ou aides à des personnes dans le besoin, etc.. Il est convaincu que l'imposition de tarifs douaniers aura pour effet de rétablir la balance commerciale de son pays et amènera l'implantation d'entreprises sur le sol américain. Ce qui aura pour effet de réduire le chômage et qui sait de créer des emplois mieux rémunérés que les Mac Job's. Son plan de guerre commerciale tous azimuts prévoit un moment de démondialisation et seul l'avenir pourra dire si cela s'avérera durable dans le temps. Il veut aller plus loin que Ronald Reagan en matière de déréglementation et de réduction des effectifs de l'administration publique et d'agences gouvernementales. L'achat de Bitcoins — ou autres cryptomonnaies — diminuera éventuellement l'importance de la FED dans la détermination de la politique monétaire et profitera à certaines personnes de son entourage qui en détiennent déjà. Il entend élargir l'accès de son pays aux ressources des territoires voisins comme le Canada (l'eau), le Groenland (les minerais) et l'Ukraine (les terres rares), etc.. Réussira-t-il dans l'atteinte des objectifs qu'il poursuit ? Le temps et le temps seul, ce puissant principe de réalité, nous le dira.

Hypothèses

Élu démocratiquement ? Certes, et ce par une très faible majorité sur sa concurrente. Oligarque ? Avec la quantité de milliardaires qui l'entourent (dont un a des affinités fascistes clairement affichées), indubitablement. Autoritaire ? Absolument. Tyrannique ? Assurément. Raciste, antiféministe, antiwoke, nationaliste agressif ? Cela ne saurait faire aucun doute et les preuves à ces sujets sont accablantes. Dictatorial ? Il en donne constamment des signes. Totalitaire à la manière des Mussolini, Hitler et Staline ? Toujours pas. Oppresseur ? Osons simplement rappeler les deux classes de l'oppression selon Simone de Beauvoir : d'un côté, celle qui profite sur divers plans des avantages de l'humanité, de l'autre, celle condamné « ‘‘à piétiner sans espoir'' dans une vie répétitive dont l'unique but est la reproduction matérielle de la collectivité » (cité dans Cuerrier, 1990, p. 84). Autrement dit, l'oppresseur ordonne et les oppresséEs exécutent. Et il aurait été possible de parler « du pouvoir sur le corps », à la manière de Michel Foucault, non seulement dans l'industrialisme trumpiste imposé à la population américaine, mais aussi au droit notamment des femmes et des personnes du groupe LBGTQ+ sur leur propre corps.

Conclusion

À ce moment-ci, même si la liberté d'opinion et de pensée est menacée, attaquée et pas réellement respectée par le 47e président des USA, il est important que les scientifiques prennent la parole et n'hésitent pas à contester les affirmations erronées de Donald Trump et de J.-P. Vance, respectivement président et vice-président américains. Les économistes doivent montrer le caractère loufoque des thèses présidentielles au sujet de la balance commerciale et dénoncer le caractère mensonger de l'impact qu'il attend sur le budget national de l'imposition des tarifs douaniers. Les constitutionnalistes et les politologues doivent signaler les dérives anticonstitutionnelles de ce président dont on peut s'interroger sérieusement sur la nature même de sa personnalité. Donald Trump sait qu'il n'y a qu'une vérité. Le problème ici est le suivant : il ne croit que dans sa seule vérité. Il est mythomane. Dans son cas, des spécialistes en santé mentale devraient prendre la parole. Les psychiatres doivent maintenant soulever des hypothèques quant à la condition mentale requise pour occuper la fonction de chef politique du supposément plus puissant pays du monde, et ce avant que cela ne soit trop tard. Le juge en chef de la Cour suprême émet des avis extraordinaires en ce moment. Il faut se rappeler que le pouvoir judiciaire est le plus faible des pouvoirs étatiques, malgré toute sa valeur. Il se peut que la voie judiciaire s'avère impuissante devant les décisions unilatérales de Trump. Les scientifiques, les universitaires, les gens d'affaires, les représentantEs du monde du travail, les éditorialistes, les porte-parole de la société civile, les artistes sont des personnes influentes. Il appartient à chacune et à chacun de prendre position à ce moment-ci et de choisir par conséquent son camp. Avant de clore ce présent texte, nous osons nous demander si, avec le duo Trump-Vance à la tête de la direction politique des USA, Albert Einstein aurait choisi ce pays pour fuir Hitler ?

Pré-scriptum

Vous souvenez-vous de la citation mise en exergue ? Il nous semble qu'elle s'applique parfaitement à Donald Trump : « Représentez-vous maintenant le Prince tel qu'il est fréquemment. Il ignore les lois, est assez hostile au bien général, car il n'envisage que le sien ; il s'adonne aux plaisirs, hait le savoir, l'indépendance et la vérité, se moque du salut public et n'a d'autres règles que ses convoitises et son égoïsme », disait ainsi Érasme ([1511]1964, p. 74) dans son Éloge de la folie. Et dire que ceci a été écrit il y a plus de cinq cents ans. Décidément, plus ça change, plus c'est pareil. Ce qui est généré est appelé à se corrompre, mais en attendant jusqu'à quel point faut-il tolérer l'intolérable et accepter l'inacceptable sans mot dire, sans maudire ?

Guylain Bernier

Yvan Perrier

22-23 mars 2025

6h15

Références

Benmakhlouf, Ali. 2006. Vérité. Dans Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire de l'histoire et philosophie des sciences. Paris : Presses Universitaires de France, pp. 1128-1133.

Cantillon, Richard. 1755. Essai sur la nature du commerce en général. Londres : Fletcher Gyles, dans Holborn, 430 p.

Cuerrier, Jacques. 1990. L'Être humain, panorama de quelques grandes conceptions de l'homme. Montréal : McGraw-Hill, 136 p.

Descartes, René. 1901[1637]. Discours de la méthode. Paris : Librairie Ch. Poussielgue, 139 p.

Érasme. 1964[1511]. Éloge de la folie. Paris : FGF-Flammarion, 94 p.

Honneth, Axel. 2000. La lutte pour la reconnaissance. Paris : Éditions du Cerf, 350 p.

Rawls, John. 1987. Théorie de la justice. Paris : Seuil, 672 p.

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Derrière le départ annoncé de Gabriel Nadeau Dubois

25 mars, par Pierre Mouterde — , ,
Dans le camp de la gauche, il y a des annonces publiques qui sonnent bien mal, et celle de Gabriel Nadeau Dubois donnant sa démission comme porte-parole de Qs en ce début (…)

Dans le camp de la gauche, il y a des annonces publiques qui sonnent bien mal, et celle de Gabriel Nadeau Dubois donnant sa démission comme porte-parole de Qs en ce début d'année 2025, en fait assurément partie.

Non pas que depuis son arrivée en 2017 à QS, tous et toutes aient toujours partagé ses points de vue, ni se soient parfaitement retrouvés dans son style de leadership, loin de là ! Mais voilà, avec la montée en force de la droite-extrême un peu partout au monde, et la nécessité que les forces progressistes fassent front uni à son encontre, sa démission résonne malheureusement comme le départ d'un capitaine quittant le navire alors que se prépare à l'horizon une tempête de premier ordre.

Aujourd'hui, on aurait besoin que tout le monde —et d'abord les plus expérimentés et aguerris— se retrouvent sur le pont et soient prêts à se serrer les coudes, pour faire face aux inquiétantes menaces qui s'amoncellent devant soi. On aurait besoin que mouvements sociaux en luttes, syndicats, forces et partis politiques de gauche ou progressistes se retrouvent unis pour parvenir à juguler la montée de "tendances politiques fascisantes" qui, déjà présentes chez notre puissant voisin du sud, pourraient bien se répandre ici bien plus facilement qu'on ne l'imagine.

Tenter d'y voir clair

Mais peut-être faut-il ici faire contre mauvaise fortune bon coeur et, pour tenter d'y voir clair, s'attarder plutôt aux raisons profondes qui ont conduit à sa démission et amené le parti dans l'état de difficultés où il se trouve aujourd'hui. Amir Khadir ne disait il pas encore tout récemment que QS se trouvait dans de "sales draps" ?

On s'en souviendra, Gabriel Nadeau Dubois lorsqu'il était arrivé avec son groupe Faut qu'on se parle à QS en 2017, avait annoncé qu'il voulait « amener de nouveaux visages, unir des forces, renouveler des stratégies » ? Et on peut dire que dans un premier temps et malgré bien des appréhensions, beaucoup ont pensé qu'il allait y arriver, notamment dans le sillage d'un accroissement important de membres ainsi que de la percée électorale de 2018 (10 députés) dont les acquis ont été maintenus en 2022 (avec 11 députés).

Pourtant derrière ces indéniables avancées sur la scène électorale, se cachaient bien des fragilités d'ordre structurel, comme si en quelque sorte « l'arbre » des percées électorales cachait « la forêt » des dures réalités sociales et politiques du Québec.

Peu en effet avaient à l'époque pris la mesure des enjeux auxquels devait prendre garde un parti de gauche en ce début du 21ième siècle. Et cela, notamment parce qu'on était entré dans d'une période politique de vives tensions et de crises multiples, en même temps que partout au monde la gauche —en panne de modèle et de stratégie— peinait à trouver les moyens de s'imposer, se perdant plus souvent qu'autrement dans les voies sans issue de la vie institutionnelle imposée par le néolibéralisme (voir les déboires de Podemos ou encore de Syriza en Grèce).

En ce sens, il faut le rappeler : on ne doit pas faire reposer la responsabilité des difficultés que connaît QS sur les seules épaules de son porte-parole le plus connu. Car c'est quand même une majorité de militants qui lui a ouvert la porte en 2017 et lui a permis, loin de toute prudence, de monopoliser d'importants pouvoirs de direction, non seulement comme tout nouveau jeune député, mais aussi comme co-porte-parole masculin [1] .

C'est aussi une bonne majorité de militants qui, en dépit des avertissements contraires venant de la gauche du parti, n'a pas jugé urgent de mettre en place des mécanismes d'encadrements démocratiques plus agiles, ni non plus d'alimenter de véritables débats de fond qui auraient permis d'assainir la vie interne du parti. Ces mesures auraient aussi porté les uns et les autres à être plus attentifs aux particularités de la période politique dans laquelle on entrait, comme aux stratégies plus audacieuses que QS aurait dû privilégier, par exemple sur la question nationale, sur le féminisme, sur la laïcité, sur le racisme, etc., de manière à incarner auprès des classes populaires du Québec une véritable alternative politique à la montée de l'extrême-droite populiste.

Des travers grandissants

Il s'est ainsi installé toute une série de travers grandissants au sein du parti, dont les débats et conflits soulevés par Catherine Dorion et Émilise Lessard Therrien, n'étaient finalement que la pointe visible de l'iceberg. Dans un contexte difficile et en dépit des efforts acharnés d'une opposition de gauche par trop fragmentée pour en renverser le cours, le parti "des urnes et de la rue", qu'avait voulu être QS (féministe, altermondialiste, social, écologiste, voire même anti-capitaliste), était désormais en train de se muer en un seul parti des urnes, en un seul parti de gouvernance institutionnelle. Le tout, sous la direction d'une équipe parlementaire ainsi que d'un groupe de com. qui chaque fois prenaient plus de place et dont Gabriel était devenu peu à peu à la fois le symbole et le véritable chef d'orchestre.

Il s'est donc effectué peu à peu sous sa houlette un recentrage du parti qui remonte à loin, mais qui n'est apparu cependant pour ce qu'il était aux yeux de tous et toutes que lors du vote sur la déclaration du Saguenay (au Conseil national de mai 2024) [2] .

Mais comme depuis lors, ce virage n'a donné aucun des résultats escomptés, ni en terme de renouveau du « membership », ni en terme de mobilisation militante (voir à ce propos les nombreux sondages défavorables et le rétrécissement notables des bases militantes de QS), il était tout naturel que Gabriel ait eu envie de partir et de donner sa démission.

Quelque part, il fallait bien qu'il prenne acte de l'échec d'une stratégie qu'il avait peu ou prou cautionnée depuis son arrivée à QS.

On le voit les choses ne sont donc pas simples, car ce n'est pas seulement au remplacement d'un co-porte parole masculin auquel il faut désormais penser, mais à toute la stratégie de QS qui s'est peu à peu cristallisée dans une seule direction depuis le départ de Françoise David et Amir Khadir.

Dans ce contexte, comme le dit si bien le cinéaste Samuel Matteau qui a travaillé en 2018 auprès de lui, il faut souhaiter que, "son départ entraine un réel travail de fond sur les structures opérationnelles internes du parti et sur le souffle qui animera Québec solidaire dans les années avenir".

En ces temps de montée si préoccupante de l'extrême-droite, tout nous montre la nécessité de penser à des alternatives sociales et politiques, à la fois stimulantes et audacieuses, appelant à ce que QS soit comme jamais « un parti des urnes et de la rue » travaillant d'arrache-pied avec les mouvements sociaux au dépassement des impasses grandissantes alimentées par le capitalisme néolibéral ?

N'est-ce pas de ce côté que git sa raison d'être ? N'est-ce pas ce à quoi il doit revenir ? N'est-ce pas ainsi qu'il restera ce sel de la terre dont a tant besoin le Québec d'aujourd'hui ?

Pierre Mouterde
Sociologue et essayiste
Québec, le 24 mars 2025


[1] Voir https://www.pressegauche.org/Que-dire-de-l-arrivee-en-force-de-Gabriel-Nadeau-Dubois-a-Quebec-solidaire. On était en mars 2017 et j'avais écrit à propos de son arrivée à QS : « (…) il n'en reste pas moins que ce changement mené par le haut et que l'on a cautionné à portes fermées lors de rencontres préalables, n'est pas sans conséquences : voilà qu'on donne à quelqu'un qui n'a jamais milité à QS, n'a pas participé à sa construction, à ce patient travail collectif de construction, de délibération et d'échange (ayant fait ce qu'est devenu QS), qui s'en est même défié (comme organisation partisane) pendant longtemps, voilà donc qu'on lui donne un formidable pouvoir d'orientation qui n'a malheureusement rien de très démocratique et qui pourrait être à l'avenir lourd de conséquences. Et quand on regarde le blogue personnel GDN2018 que Gabriel Nadeau Dubois vient de lancer –avec ses 3 axes (Amener de nouveaux visages, Unir des forces, renouveler des stratégies)— on ne peut que se demander de manière un peu troublante au nom de qui parle-t-il exactement ? De lui-même ? De QS ? À se demander même ici si le « moi-je » n'a pas la malencontreuse tendance à vouloir primer sur le "nous", un "nous"qui à QS —nouveau parti de gauche soucieux de pluralisme démocratique !— garde toute son importance ? »

[2] Ses toutes dernières déclarations le 24 mars dernier à Radio Canada tendent à confirmer cette hypothèse. Ne disait-il pas regretter de ne pas avoir proposer plus tôt ce recentrage ?

Les élections fédérales canadiennes de 2025

25 mars, par Presse-toi à gauche ! — ,
Dans le contexte actuel, certains et certaines appelleront à une abstention électorale. Aucune voix ne serait donc en mesure de faire entendre leurs revendications au (…)

Dans le contexte actuel, certains et certaines appelleront à une abstention électorale. Aucune voix ne serait donc en mesure de faire entendre leurs revendications au Parlement. Pour cela, Presse-toi à gauche favorise plutôt un vote pour le Nouveau Parti Démocratique. Malgré ses faiblesses, il continue de représenter des idées de gauche et tient à développer des liens avec le mouvement ouvrier, entre autres.

Introduction

Le gouvernement de Donald Trump vise à imposer une série d'orientations au gouvernement canadien et menace directement l'économie canadienne avec ses tarifs douaniers. Parmi ces orientations, il appelle au développement des hydrocarbures. La crise écologique se poursuit de plus belle avec la fin de la taxe carbone au Canada et la perspective de la construction d'un pipeline vers l'est. Les territoires autochtones sont de plus en plus convoités dans le but d'exploiter leur l'eau, d'augmenter la production d'électricité ou pour l'implantation des éoliennes. Le gouvernement canadien a répondu positivement aux pressions qui lui sont faites et visant à lui imposer une politique migratoire de plus en plus restrictive. Il a également promis d'augmenter ses dépenses militaires, comme le souhaite le gouvernement Trump. Et pendant que ce dernier promulgue des mesures discriminatoires, les violences faites aux femmes et particulièrement aux femmes autochtones ne cessent d'augmenter.

« Dans ce si beau pays », les prochaines élections fédérales permettront de discuter de tous ces enjeux sociaux, économiques et écologiques. Le projet de vassalisation de la société canadienne et de la société québécoise par l'impérialisme trumpiste ne pourra être renversé que par une convergence des luttes sociales portées par les différents secteurs de la majorité populaire, au Québec comme au Canada. Identifier les moyens de cette résistance sociale et politique est une tâche essentielle. Mais nous devons également nous poser la question : pour qui voter aux prochaines élections fédérales ? Faut-il voter stratégiquement, voter même minoritaire ou s'abstenir ?

Presse-toi à gauche tient à apporter sa contribution à ces débats.

1. Le Canada un État impérialiste

Les différents premiers ministres libéraux parlent du Canada comme d'un pays démocratique, inclusif et promouvant la liberté et les droits sociaux. C'est vrai que comparativement à bien des pays dans le monde, le Canada fait bonne figure. Mais il faut rappeler que les gains sociaux obtenus ont été arrachés par des luttes sociales menées tout au long de l'histoire canadienne.

Soyons clair : le Canada est un pays impérialiste, colonisateur et extractiviste.

Ne parler que de ces acquis sociaux, c'est passer à côté de la vraie nature de l'État fédéral comme état colonisateur. Encore aujourd'hui et malgré les grandes réconciliations de Justin Trudeau, les Nations Autochtones, et ce d'un océan à l'autre, vivent pour la plupart dans des réserves en négation de leurs territoires et dans la pauvreté faute d'emplois. Les femmes autochtones font davantage l'objet de féminicides et les membres des premières nations sont surreprésentés dans les prisons canadiennes. Est-ce cela un si beau pays ?

L'état canadien est un état extractiviste et pétrolifère. C'est un paradis fiscal pour les entreprises extractivistes à travers le monde. Il participe de l'expansion impérialiste mondiale en prenant place dans la division internationale des pays du G7 et de l'OTAN. C'est le gouvernement Harper qui a accordé aux multinationales du secteur minier les avantages fiscaux dont elles bénéficient aujourd'hui en permettant leur inscription comme entreprise au Canada. L'État fédéral est aussi un état favorisant les entreprises d'énergie fossile. Il est allé jusqu'à acheter un pipeline pour sortir le pétrole sale des prairies et il continue de subventionner grassement les entreprises du capital fossile. Face aux menaces du gouvernement Trump concernant les tarifs douaniers sur le pétrole, le gouvernement canadien et l'actuel premier ministre Carney ont relancé l'idée de construire des pipelines vers l'est tout en étant au fait de la désapprobation sociale à de tels projets.

Comme pays impérialiste, colonisateur et extractiviste, le Canada s'est enligné sur les politiques néolibérales du G7, et de l'OTAN. Les politiques keynésiennes appliquées durant la Covid et le règne de Justin Trudeau ne doivent pas cacher toutes celles mises en place afin de favoriser le grand capital. Le Canada a appliqué les différentes politiques néolibérales des pays capitalistes avancés soit : la limitation des droits syndicaux avec l'arrêt des grèves ferroviaires, postales et portuaire, les limitations apportées aux demandes d'immigration et le favoritisme envers les grandes entreprises, particulièrement pétrolières. Il faut voir aussi que l'application des mesures néolibérales ont accru les inégalités sociales. Pendant que les promoteurs immobiliers remplissaient leurs poches, les secteurs les plus fragiles de la population subissaient des hausses de loyer et la crise du logement qui en découlait. Pendant que les riches voyaient leurs profits augmenter, les travailleurs et les travailleuses, en particulier celles et ceux recevant le salaire minimum ou à employé-es à temps partiel, réussissaient de plus en plus difficilement à boucler leur budget. N'oublions pas que, comme les femmes sont d'abord considérées comme des ménagères et principales agentes du care, elles subissent les casse-têtes de fin de mois et voient leur situation empirer.

Le Canada prend aussi l'initiative de réarmer massivement l'armée. Les menaces du gouvernement Trump motivent celui de Carney à se tourner vers des intérêts européens pour se plier aux exigences des impérialismes en augmentant le budget attribué à l'armement. Des milliards de dollars, qui seraient pourtant nécessaires afin de mettre à jour nos infrastructures (école, hôpitaux, routes, etc.), seront détournés vers des fabricants d'armes pour satisfaire les intérêts impérialistes.

C'est en analysant ces constats qu'il faut voir le Canada. Et ce sont les premiers éléments à mettre au centre de la discussion pour établir quelle est la vraie nature de l'état canadien en cette période électorale.

Il faut construire la convergence des luttes pour s'opposer tant aux diktats de la présidence américaine qu'à la volonté d'accommodements des partis néolibéraux.

S'opposer au nouveau cours de l'impérialisme américain impulsé par Donald Trump par le seul biais de la réponse aux tarifs qu'il dit vouloir imposer, c'est refuser de voir l'ensemble des objectifs poursuivis par ce dernier. On en est alors réduits à une discussion sur les manœuvres diplomatiques ou les mesures de rétorsion sur le plan commercial. C'est l'ensemble du projet trumpiste de vassalisation auquel il faut s'attaquer. Cela ne peut être réalisé qu'à partir des luttes sociales, politiques et culturelles des classes ouvrières et populaires. Ces politiques doivent s'articuler autour de quatre axes :

1) un altermondialisme basé sur la planification écologique dans la lutte aux changements climatiques passant par une rupture avec le capitalisme fossile et privilégiant les circuits courts pour une série de biens stratégiques ;
2) la priorité accordée à la satisfaction des besoins sociaux par la défense des services sociaux dans une perspective d'égalité sociale ;
3) une lutte anti-patriarcale défendant l'égalité des hommes, des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de genre, une lutte antiraciste pour l'instauration d'une réelle égalité sociale ; une division internationale du travail en coopératives ;
4) une indépendance du Québec en alliance avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones et faisant du Québec une terre d'accueil pour les migrations appelées à se développer.

Pour qui voter dans le contexte actuel de crise ?

• Encore, toujours en lutte

Les différents partis politiques canadiens ont endossé l'application des mesures néolibérales et ne remettent en question ni l‘impérialisme, ni le colonialisme, ni l'extractivisme de l'État canadien. La gauche n'a donc aucune voix au parlement pour porter son message de contestation. Les mobilisations ouvrières contre le droit de grève, les manifestations contre le droit à l'avortement, les actions pour protéger la terre et le climat demeurent encore les seuls chemins utilisés pour faire connaître les idées progressistes. Ces actions doivent continuer, voire s'amplifier en période électorale. Les mobilisations des Mères au Front partout au Québec pour le 8 mars et les actions prévues pour la Marche Mondiale des femmes en 2025 tracent déjà une voie ; celle des prises de conscience et des luttes locales interreliées et en solidarité internationale.

• Le Parti Conservateur

Le Parti Conservateur se situe clairement à droite et flirte avec les politiques d'extrême droite du gouvernement de Trump. Ce parti a créé des liens forts avec des couches suprémacistes et religieuses. Souvenons-nous que durant le convoi des camionneurs avec des antivaccins, des complotistes et des militants et militantes d'extrême droite, des personnes députées du Parti Conservateur ont apporté leur soutien et visité les lieux.

Le Parti Conservateur refuse totalement de développer des politiques sociales en soutenant les services en garderie et en soins dentaires qui caractérisent ce discours. Ce parti, s'il accède au pouvoir, promet d'abolir la loi sur l'assurance médicaments. Il ne fait pas mention de la crise du logement et, conséquemment, n'a pas de proposition pour la régler.

Les droits des femmes et des personnes LGBTQ+ sont aussi remis en question par le chef quand il parle de ne reconnaître que deux sexes et le modèle de famille traditionnelle. Le droit à l'avortement dans ce contexte devient facilement remis en question, de même que le mariage pour les personnes de même sexe.

Les personnes immigrantes demeurent aussi une cible. Le Parti Conservateur appuie les mesures de restriction à l'accueil des personnes immigrantes. Il défend le resserrement et le blocage des frontières.

Ce flirt avec le trumpisme implique une vision climato-sceptique, favorable aux multinationales et antisyndicale. La fin de la taxe carbone, l'abolition de la taxe sur les gains de capitaux et l'accord avec des mesure de Right to work (permettre à des gens de se désyndicaliser tout en gardant les droits de convention collective ) remettent en cause la Formulant Rand.

Au niveau international, sous les pressions de sa frange religieuse, ce parti apporte son soutien indéfectible à Israël et à ses politiques génocidaires.

Poilievre, avec ses différentes publicités très revanchardes et ses propos proches des fakes news montre bien ses accointances avec les républicains américains et le trumpisme. L'importance mise sur la famille dans ses publicités illustre le côté traditionnel de ce parti. Trump I reste pour ce parti un exemple à suivre. Mais Trump II, avec le bouleversement mondial du partage du monde qu'il provoque, met à mal le Parti Conservateur. Le rejet de Polievre par le président Trump semble aller dans ce sens. Mais, rapidement, l'équipe conservatrice de Polievre a repris le flambeau en arguant qu'il est une force face aux Américains et que cela explique le rejet de leur chef par Trump. La campagne électorale devrait nous montrer les adaptations de Poilievre devant les pressions des Américains. Pour le parti Conservateur, l'enjeu demeure et l'image publique devient de plus en plus difficile à fabriquer : comment être d'accord avec la doctrine trumpiste tout en voulant lutter contre les attaques du gouvernement américain au Canada ?

Mais soyons clairs et résumons, le Parti Conservateur défend une philosophie d'extrême droite raciste et misogyne.

• Le Parti Libéral

Le Parti libéral, sous Justin Trudeau et durant la période Covid, a défendu des politiques plus keynésiennes. Nous devons l'adoption de ces mesures plus progressistes aux pressions du Nouveau Parti Démocratique qui a permis au gouvernement libéral minoritaire de poursuivre son travail. Mais c'est le gouvernement Trudeau qui a défendu les énergies fossiles et qui a limité l'immigration. C'est aussi le gouvernement Trudeau qui s'est aligné avec tous les pays du G20 pour soutenir Israël, retardant même le moment de parler de génocide. Marc Carney, en tant que nouveau chef du parti, a rapidement pris position sur l'abolition de la taxe carbone et la baisse de l'imposition des gains en capitaux. Le Parti libéral de Carney prend une direction clairement plus à droite que sous Justin Trudeau et rejoint ainsi certaines des demandes du Parti Conservateur, sous prétexte justement de se démarquer des politiques de Justin Trudeau. En fait, les secteurs de la bourgeoisie qui appuient le Parti Libéral du Canada demandent un tournant vers des politiques néolibérales plus strictes.

Nous pouvons déjà comprendre que le Parti Libéral va continuer, comme il l'a toujours fait, d'appliquer des politiques néolibérales, pétrolifères et extractivistes et cherchera des arrangements avec Washington. Compter sur un tel parti pour défendre les intérêts de la majorité populaire, c'est se préparer à des lendemains difficiles.

• Le Bloc Québécois

Le Bloc Québécois tente de garder une image de balance entre le Parti Conservateur et le Parti Libéral pour l'application des politiques néolibérales. Sous prétexte de défendre les droits du Québec, il a fait de la question de la loi 21 son cheval de bataille, prétextant que la défense de l'identité québécoise devait passer par le resserrement du nombre de personnes immigrantes et la fermeture des frontières. Ses politiques identitaires sont copiées sur celle du Parti Québécois et de la Coalition Avenir Québec.

Pour toutes ces raisons, les positions du Bloc Québécois le classent carrément à droite de l'échiquier politique.

• Le Parti Vert

Le Parti Vert défend très timidement les revendications écologiques. « Son plan vert promet : de cesser de donner de l'argent public aux compagnies pétrolières et gazières en l'investissant plutôt dans les énergies propres ; de tenir les grands pollueurs responsables des dommages climatiques qu'ils causent ; de créer des limites strictes et fondées sur la science pour la pollution totale du Canada ; d'obliger les compagnies à prouver qu'elles ont des plans réels pour faire face aux risques climatiques »(Site du Parti vert du Canada). Mais, il affirme également laisser libre cours aux investissements privés et au développement du capitalisme vert.

Si un vote pour ce parti peut exprimer une résistance au capital fossile et aux partis politiques à son service, il ne peut cependant constituer une alternative véritable.

• Le Nouveau Parti Démocratique

Quant au Nouveau Parti Démocratique, son appui au Parti Libéral l'a transformé en cinquième roue du carrosse du gouvernement Trudeau. S'il a bel et bien obtenu des concessions dont le PLC s'est attribué tous les mérites, il a miné sa pertinence comme alternative politique véritable. Ce parti demeure cependant à la défense des minorités et des droits des travailleuses et des travailleurs. Il parle peu par contre des droits des femmes et de l'écologie mais il garde des liens avec le mouvement syndical pan canadien et avec les militants et militantes de la société civile. Et ce parti se réclame toujours, dans son programme, de la sociale démocratie.

Soyons clair : un vote pour un tel parti, c'est un vote qui ne va pas aux grands partis du grand capital.

Dans ce contexte que doit défendre la gauche ?

Presse-toi à gauche, pour sa part, rejette l'appui au Parti conservateur de Poilievre, au Parti Libéral de Carney et au Bloc Québécois de Blanchet ainsi que celui au Parti Vert.

Certains militants et militantes progressistes parlent de voter Carney contre le danger d'une victoire de l'extrême droite que représente Polievre. Ce choix peut sembler une solution d'urgence face à l'extrême droite du Parti Conservateur mais en fait, c'est jouer sur l'alternative entre deux droites. Nous devons rappeler aux secteurs du mouvement syndical qui s'orientent vers le PLC dans une démarche inspirée du faux pragmatisme, que ce parti a brimé systématiquement le droit de grève et qu'il promet d'approfondir son virage à droite. Presse-toi à gauche considère que cette position va avoir comme conséquence une méséducation de la population. Avec le vote stratégique, il faut toujours voter pour le moindre mal en mettant sous le tapis la défense réelle des intérêts de la majorité populaire.

Presse-toi à gauche défend l'importance et l'urgence des mobilisations et des actions. Prendre la rue demeure essentiel pour faire connaître nos revendications et nos valeurs progressistes de tolérance et d'équité, de partage de la richesse, de protection de la terre et de mise en place d'un réel projet de société en finissant une fois pour toutes avec le capitalisme, le patriarcat, les guerres, les génocides et l'exploitation de la terre.

En cette période électorale actuelle, il faudra rester vigilant et vigilante sur plusieurs enjeux :

l'austérité, la crise du logement
la protection de la terre incluant le retrait des énergies fossiles, la décroissance économique et l'élargissement du transport collectif
les droits des travailleuses et travailleurs et l'accès à un vrai régime d'assurance chômage
l'accueil des personnes immigrantes et la lutte contre le racisme et le profilage racial
la défense des droits des personnes autochtones et des premiers peuples
les acquis du mouvement des femmes
le droit à une information juste, y compris en région, et la lutte contre les fake news
la lutte contre la privatisation de tous les services publics
le partage de la richesse contre les évasions fiscales

Dans le contexte actuel, certains et certaines appelleront à une abstention électorale. Aucune voix ne serait donc en mesure de faire entendre leurs revendications au Parlement.

Pour cela, Presse-toi à gauche favorise plutôt un vote pour le Nouveau Parti Démocratique. Malgré ses faiblesses, il continue de représenter des idées de gauche et tient à développer des liens avec le mouvement ouvrier, entre autres.

La gauche québécoise doit débattre. L'attitude à développer n'est ni de se mettre la tête dans le sable, ni de garder le silence, ni de faire comme si de rien n'était pour cacher un vote stratégique qui va à l'encontre de nos valeurs et de nos aspirations.

Presse-toi à gauche invite son lectorat à contribuer au débat en lui faisant parvenir des contributions. Nous publions à cet effet une nouvelle chronique portant sur les élections fédérales au Canada. Nous aimerions vous voir exprimer vos choix électoraux et les raisons qui sous-tendent ces choix.

Quelle couverture de la campagne ?

Outre la publication des contributions de nos lectrices et lecteurs, notre intention est de faire également état des prises de position des organisations syndicales, féministes, écologistes et populaires. Nous ferons écho aux études et analyses fournies par divers organismes afin d'éclairer certains angles des débats. Nous rendrons disponible en français des contributions de la gauche canadienne-anglaise. Nous publierons des éditoriaux selon les dynamiques que créera la campagne. Nous souhaitons que notre couverture soit la plus complète possible et permette d'analyser les enjeux en fonction des conséquences qu'ils auront pour les classes populaires.

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La pente glissante de la laïcité autoritaire

25 mars, par Benoît Renaud — ,
Le ministre de l'Éducation de la CAQ, Bernard Drainville, autrefois ministre péquiste responsable du projet de “Charte des valeurs”, sévit à nouveau avec sa vision autoritaire, (…)

Le ministre de l'Éducation de la CAQ, Bernard Drainville, autrefois ministre péquiste responsable du projet de “Charte des valeurs”, sévit à nouveau avec sa vision autoritaire, arbitraire et nationaliste de la laïcité. (Projet de loi no 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives). Cette fois, il utilise le prétexte des problèmes vécus récemment dans certaines écoles publiques avec l'application de lois et de règlements n'ayant rien à voir avec les “signes religieux” pour rallonger la liste des occupations pour lesquelles ces signes seront interdits.

Cette fois, l'interdiction devrait affecter “tout le personnel scolaire en contact avec des élèves. Ceux œuvrant par contrat dans le périmètre des écoles sont aussi concernés, notamment les bénévoles qui s'y rendent pour offrir des ateliers, les employés de la cafétéria et les éducatrices des services de garde des écoles.” [1] Seuls les chauffeurs d'autobus scolaires sont épargnés. Mais comme toujours, ces règles ne s'appliquent qu'aux écoles publiques, créant une inégalité socio-économique en plus de la discrimination religieuse et sexiste.

On voit bien à l'œuvre ici le phénomène de pente glissante qu'on observe en France depuis vingt ans. Dans l'hexagone, on a commencé par s'attaquer aux droits des élèves (ici aussi dans les écoles publiques seulement), puis on s'est mis à réglementer les vêtements des parents qui accompagnaient les élèves lors de sorties scolaires. Éventuellement, on s'est mis à mesurer la longueur des jupes, parce que les plus longues étaient considérées comme des signes religieux…

À partir du moment où on accepte l'idée que le port de signes d'appartenance religieuse est un problème de société, il n'y a pas de limite objective ou naturelle à la logique d'interdiction. Pour l'extrême-droite française, on est rendu à vouloir interdire les vêtements en question dans l'espace public en général (au centre commercial, dans les parcs…).

La réponse du mouvement syndical, de Québec solidaire et de toutes les personnes qui ont à cœur la défense de l'égalité des droits ne peut être qu'un rejet sans ambiguïté du nouveau projet de loi. On doit revendiquer le respect intégral de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, de même que le retrait des clauses dérogatoires de la Loi sur la laïcité de l'État et de ses articles interdisant le port de signes d'appartenance religieuse.

Le gouvernement de la CAQ, en mauvaise posture dans les sondages depuis plus d'un an, semble bien avoir adopté une stratégie de surenchère et de compétition avec le Parti québécois pour déterminer lequel des deux est le plus hostile à l'immigration et à la diversité culturelle. Ce faisant, il suit l'exemple du régime d'extrême droite maintenant installé à Washington. Toute la gauche, sociale et politique, doit se mobiliser dans le sens contraire et affirmer sans ambiguïté que tout le monde est bienvenu dans nos écoles. Comme le disait récemment une enseignante de l'Idaho aux prises avec la répression anti-anti-raciste [2], c'est un principe de base en éducation sur lequel on ne devrait faire aucune concession.


Pourquoi Netanyahou a choisi de rompre le cessez-le-feu et de relancer la guerre

A la veille de sa reprise de la guerre, Israël était acculé, le Hamas obligeant Netanyahou à honorer l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé. Confronté à ses problèmes (…)

A la veille de sa reprise de la guerre, Israël était acculé, le Hamas obligeant Netanyahou à honorer l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé. Confronté à ses problèmes politiques internes, le seul choix qu'avait Netanyahou était de faire exploser cet accord.

Tiré d'Agence médias Palestine. Photo : Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou évalue la situation sur le mont Hermon avec le Ministre de la défense Israel Katz et l'ancien chef d'état-major de l'armée, Herzl Halevi, le 18 décembre 2024. (Photo : Bureau du Premier Ministre israélien/Images de l'APA)

Mardi matin, Israël a annoncé la reprise de son assaut militaire contre la Bande de Gaza. La première vague de frappes aériennes a tué plus de 400 Palestinien.nes, dont 130 enfants, et blessé plus de 500 personnes, selon le Ministère de la santé de Gaza. La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré que plusieurs familles avaient été entièrement anéanties par l'assaut.

La nouvelle offensive visait également des personnalités clés des autorités administratives civiles de Gaza. Cela s'inscrit dans une nouvelle stratégie visant à saper la capacité du Hamas à gouverner Gaza en ciblant « non seulement les dirigeants militaires du Hamas, mais aussi son leadership civil », selon une source israélienne en interne qui s'est entretenue mardi avec Haaretz.

Dans une déclaration, le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a déploré les meurtres du coordonnateur de l'action gouvernementale à Gaza, Isam Da'alis, du ministre adjoint à la justice, Mahmoud Hatteh, du ministre adjoint à l'intérieur, Ahmad Abu Watfeh, et du chef de la sécurité, Bahjat Abu Sultan.

Mais qu'est-ce qui explique que l'assaut israélien ait eu lieu à ce moment précis ? Et comment comprendre la décision de Netanyahou de reprendre la guerre alors qu'il subit des pressions internes pour poursuivre le cessez-le-feu afin d'obtenir la libération de plus de prisonnier.es israélien.nes ? Les circonstances entourant les négociations de cessez-le-feu en cours la semaine dernière donnent quelques réponses.

Se sortir du pétrin

La reprise des attaques israéliennes contre Gaza intervient près de deux mois après la signature d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas négocié par l'Égypte, le Qatar et les États-Unis. L'offensive fait également suite à plus d'un mois de tentatives infructueuses de passer à la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu, qui est destinée à inclure des pourparlers sur la fin de la guerre et le début de la reconstruction de Gaza en échange de la libération de tous les prisonnier.es israélien.nes restant.es. Depuis des semaines, le Premier Ministre israélien Benyamin Nétanyahou évite d'entamer la deuxième phase de l'accord et continue de faire pression pour une extension de la première phase. Ceci dans le but de libérer le plus grand nombre de prisonnier.es israélien.nes sans s'engager à mettre fin à la guerre contre Gaza.

Début mars, il a fait fermer le point de passage de Rafah et bloqué l'entrée de toute l'aide humanitaire à Gaza. L'impact de la fermeture a été immédiat, les prix des marchandises ont triplé dans toute la Bande de Gaza, les boulangeries se sont retrouvées sans électricité, et les organisations internationales, telles que l'UNRWA, ont dû réduire l'aide fournie aux civils. Les sept hôpitaux partiellement opérationnels à Gaza ont averti qu'ils cesseraient bientôt de fonctionner en raison du manque de carburant pour alimenter leurs groupes électrogènes. L'ONU a prévenu qu'une nouvelle famine se profile pour la population dévastée de Gaza.

Ces mesures israéliennes, qui violent les termes du cessez-le-feu, sont considérées comme une tentative israélienne de faire pression sur le Hamas pour qu'il fasse des concessions concernant la fin de la guerre – à savoir renoncer au contrôle de la Bande de Gaza et reculer sur la condition d'un retrait israélien total de Gaza, en particulier du couloir de Philadelphie, le long de la frontière égyptienne. Netanyahou a répété tout au long de la première phase du cessez-le-feu qu'il n'accepterait pas que le Hamas ou l'Autorité palestinienne jouent un rôle dans la gouvernance de Gaza après la guerre. Ce qui rend toute discussion d'après-guerre avec le Hamas dénuée de sens.

L'envoyé de Trump dans la région, Steve Witkoff, a également affirmé le 26 février que la poursuite de la gouvernance par le Hamas était « une ligne rouge » pour Israël et les États-Unis. Même lorsqu'un autre envoyé spécial de l'administration américaine, Adam Boehler, a rapporté que le Hamas était prêt à discuter non seulement de quitter le pouvoir, mais aussi de se désarmer – une affirmation que le Hamas n'a jamais confirmée – Israël a considéré les pourparlers directs de Boehler avec les représentants du Hamas comme irrecevables.

En bref, Israël a tiré toutes les ficelles imaginables pour tenter de reporter la mise en œuvre de toutes les phases du cessez-le-feu. Mais le Hamas a mis un frein à ces plans lorsqu'il a annoncé la semaine dernière qu'il était prêt à libérer le captif israélo-américain Edan Alexander et les corps de quatre autres prisonniers israéliens décédés, cela en échange d'une « feuille de route claire pour les pourparlers sur la deuxième phase ».

Netanyahou était scandalisé, parce que le Hamas tenait Israël avec l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé de son plein gré. Acculé, Netanyahou a accusé le Hamas de « manipulation » et de « guerre psychologique », insistant sur le fait que le Hamas « reste ferme dans son refus et n'a pas bougé d'un pouce ». La seule façon pour lui de se sortir de ce pétrin était de faire sauter l'ensemble de l'accord.

Cependant, il existe également des raisons politiques internes sous-tendant la reprise des assauts israéliens.

Nétanyahou et ses alliés

Un autre aspect de la décision de Nétanyahou de reprendre la guerre concerne sa bataille interne avec le système juridique et politique israélien, ainsi que sa constellation d'alliances d'extrême-droite et leurs demandes de reprise des hostilités.

Les alliés d'extrême droite de Nétanyahou qui, jusqu'au cessez-le-feu, composaient son cabinet, considèrent le cessez-le-feu en lui-même comme une capitulation inacceptable devant le Hamas, qui devrait être renversée. Le principal allié de Nétanyahou, le ministre, intransigeant, des Finances, Bezalel Smotrich, est resté dans la coalition gouvernementale malgré son opposition au cessez-le-feu. Cela afin d'assurer la stabilité du gouvernement. Son lot de consolation a été le nouvel assaut sur la Cisjordanie, baptisée « Opération mur de fer ».

Mais Smotrich a également déclaré à maintes reprises que Nétanyahou lui avait promis de reprendre la guerre, en s'attendant à une attaque encore plus dure et plus cruelle contre la population de Gaza qui conduirait à son déplacement massif. Nétanyahou n'a jamais nié avoir fait de telles promesses, mais même les familles des prisonnier.es israélien.nes ont accusé à plusieurs reprises Nétanyahou d'être plus fidèle à ses promesses à Smotrich qu'à la vie de leurs parents captifs à Gaza.

L'autre figure clé de la droite religieuse israélienne, Itamar Ben-Gvir, avait quitté le gouvernement à la suite de la signature de l'accord de cessez-le-feu. Mardi, après qu'Israël ait officiellement annoncé la reprise de la guerre, Ben-Gvir a accepté de revenir au cabinet de Nétanyahou.

Tous ces événements ont eu lieu alors que Nétanyahou continue de renforcer son contrôle sur les organes décisionnels israéliens. Après la démission de l'ancien chef d'état-major de l'armée, Herzl Halevi, Nétanyahou a nommé Eyal Zamir, décrit par les rapports israéliens comme étant suffisant proche de Nétanyahou pour devenir le prochain chef des armées. Nétanyahou a également renvoyé le chef du service de renseignement interne, Ronen Barr, la veille de la reprise de la guerre. Barr a refusé son licenciement, ce qui s'ajoute à la crise politique en cours en Israël.

Cette crise politique est protéiforme.

Premièrement, les dirigeants israéliens ne s'entendent pas sur la formation d'une commission d'enquête sur l'échec en matière de sécurité que représentent les attaques du 7 octobre. Les opposants à Nétanyahou l'accusent de tenter de manipuler sa formation pour se sortir de l'enquête, tandis que Nétanyahou accuse ses opposants de vouloir utiliser la commission pour l'attaquer politiquement.

Deuxièmement, Nétanyahou est lui-même confronté à de multiples accusations de corruption et un procès en attente qui continue d'être reporté en raison de la guerre.

Mardi, était prévue une nouvelle audition de Nétanyahou devant le tribunal israélien pour ses affaires de corruption, mais elle a été suspendue en raison du retour à la guerre.

Intérêts convergents

L'agenda politique des États-Unis pour le Moyen-Orient, et en particulier pour l'administration Trump, semblent toujours plus grand que la seule guerre israélienne contre Gaza et les jeux politiques de Nétanyahou. Trump s'est engagé à mettre fin à la guerre et à passer des accords de normalisation avec les pays arabes, en particulier avec l'Arabie saoudite. Ca n'était plus tenable lorsque Trump insistait pour « posséder Gaza » et en faire une « Riviera » une fois sa population expulsée. Steve Witkoff a alors rencontré les ministres arabes des Affaires étrangères à Doha la semaine dernière, acceptant de prendre le plan arabe de reconstruction de Gaza sans le déplacement de la population comme « base » pour les plans de reconstruction.

Cependant, cette vision plus large du Moyen-Orient pourrait elle-même être une raison de la reprise de la guerre par les États-Unis. La veille de la reprise des bombardements israéliens, les États-Unis ont lancé une série de frappes contre le Yémen, où le mouvement Ansar Allah (communément connu sous le nom de « Houthis ») avait également repris ses attaques contre des navires israéliens et américains dans la mer Rouge, en réponse au blocage de l'aide humanitaire israélienne à Gaza. Lundi, Trump a directement accusé l'Iran d'être responsable des actions d'Ansar Allah, promettant que Téhéran « en subira les conséquences ».

Au milieu des tentatives en cours de redessiner la carte géopolitique du Moyen-Orient, Israël insiste pour maintenir ses récentes prises de nouveaux territoires syriens et ses positions militaires dans le sud du Liban, les États-Unis font maintenant une démonstration de force contre l'Iran. L'approbation par Washington de la nouvelle campagne israélienne de bombardements doit être comprise dans ce même contexte.

Après plus d'un an et demi d'attaque massive contre leurs vies, les Palestinien.nes de Gaza se retrouvent pris entre ces agendas politiques croisés. Cela se produit à nouveau dans un silence assourdissant de la communauté internationale, pour qui les vies palestiniennes continuent d'être sans importance.


Traduction : LG pour l'Agence Média Palestine

Source : Mondoweiss

Chris Hedges : La guerre de Trump contre l’éducation

25 mars, par Chris Hedges — ,
Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation. 13 (…)

Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation.

13 mars 2025 | tiré de Canadian dimension |Illustration : I Stink Therefore I Am.” par Mr. Fish.

Les attaques contre les collèges et les universités—l'administration de Donald Trump a averti une soixantaine d'établissements qu'ils pourraient perdre leurs financements fédéraux s'ils ne garantissent pas un environnement sûr pour les étudiants juifs et a déjà retiré 400 millions de dollars à l'Université Columbia—n'ont rien à voir avec la lutte contre l'antisémitisme. L'antisémitisme sert de prétexte, de couverture à un agenda bien plus large et insidieux. L'objectif, qui inclut des projets visant à abolir le département de l'Éducation et à supprimer tous les programmes de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI), est de transformer le système éducatif, de la maternelle aux études supérieures, en un outil d'endoctrinement.

Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation. Les récits qui remettent en question les mythes servant à légitimer le pouvoir absolu—dans notre cas, les faits historiques qui ternissent la suprématie du masculin blanc, du capitalisme et du fondamentalisme chrétien—sont effacés. Il ne doit y avoir aucune réalité partagée. Il ne doit y avoir aucune autre perspective légitime. L'histoire doit être figée. Elle ne doit pas être réinterprétée ni étudiée. Elle doit être cristallisée sous forme de mythe, afin de soutenir une idéologie dominante ainsi que la hiérarchie politique et sociale en place. Toute autre conception du pouvoir et des interactions sociales est assimilée à une trahison.

« L'une des menaces les plus significatives pour une hiérarchie de classes est un système scolaire public universellement accessible et de grande qualité, » écrit Jason Stanley dans Erasing History : How Fascists Rewrite the Past to Control the Future :

La philosophie politique qui perçoit cette menace de manière aiguë—et qui associe hostilité envers l'éducation publique et soutien à la hiérarchie de classes—est une certaine forme de libertarianisme de droite, une idéologie qui considère les marchés libres comme la source fondamentale de la liberté humaine. Ces libertariens s'opposent à la régulation gouvernementale et à quasiment toutes les formes de biens publics, y compris l'éducation publique. Leur objectif politique est de démanteler les biens publics. La destruction du système éducatif est soutenue à la fois par les oligarques et les élites économiques, qui voient dans la démocratie une menace pour leur pouvoir et dans les impôts finançant les biens publics une menace pour leur richesse. Les écoles publiques sont le socle fondamental de la démocratie. Il est donc parfaitement logique que ceux qui s'opposent à la démocratie, y compris les mouvements fascistes ou à tendance fasciste, s'allient aux libertariens de droite pour affaiblir l'institution de l'éducation publique.

J'ai enseigné Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn dans une prison du New Jersey. Le livre de Zinn est l'une des principales cibles de l'extrême droite. Trump l'a dénoncé en 2020 lors de la Conférence de la Maison-Blanche sur l'Histoire américaine, déclarant :

« Nos enfants sont instruits à partir de tracts de propagande, comme ceux de Howard Zinn, qui tentent de leur faire honte de leur propre histoire. »

Zinn déconstruit les mensonges utilisés pour glorifier la conquête des Amériques. Il permet aux lecteurs de voir les États-Unis à travers les yeux des Amérindiens, des immigrants, des esclaves, des femmes, des leaders syndicaux, des socialistes, anarchistes et communistes persécutés, des abolitionnistes, des militants pacifistes, des leaders des droits civiques et des pauvres. Il met en lumière les témoignages de Sojourner Truth, du chief Joseph, de Henry David Thoreau, de Frederick Douglass, de W.E.B. Du Bois, de Randolph Bourne, de Malcolm X et de Martin Luther King Jr. Pendant mes cours, j'entendais parfois des étudiants murmurer : « Bordel » ou « On nous a menti ».

Zinn montre clairement que des forces militantes organisées ont ouvert des espaces démocratiques dans la société américaine. Aucun de ces droits démocratiques – l'abolition de l'esclavage, le droit de grève, l'égalité des sexes, la Sécurité sociale, la journée de travail de huit heures, les droits civiques – ne nous a été accordé par une classe dirigeante bienveillante. Ils ont été obtenus par la lutte et le sacrifice. En résumé, Zinn explique comment fonctionne la démocratie.

Le livre de Zinn était vénéré dans ma petite salle de classe en prison. Mes étudiants comprenaient intimement comment le privilège blanc, le racisme, le capitalisme, la pauvreté, la police, les tribunaux et les mensonges véhiculés par les puissants avaient déformé leurs communautés et leurs vies. Zinn leur a permis, pour la première fois, d'entendre les voix de leurs ancêtres. Il écrivait l'histoire, pas des mythes. Il n'éduquait pas seulement mes étudiants, il leur redonnait du pouvoir. J'ai toujours admiré Zinn. Après cette classe, je l'ai vénéré moi aussi.

Lorsque Zinn enseignait au Spelman College, une université historiquement noire pour femmes à Atlanta, il s'est engagé dans le mouvement des droits civiques. Il a fait partie du Comité de coordination des étudiants non violents (SNCC). Il a défilé avec ses étudiantes pour réclamer les droits civiques. Le président de Spelman n'a pas apprécié.

« J'ai été licencié pour insubordination », se souvenait Zinn. « Ce qui était effectivement vrai. »

L'éducation se doit d'être subversive. Elle donne aux étudiants la capacité et le langage nécessaires pour interroger les idées et les suppositions dominantes. Elle remet en question les dogmes et les idéologies. Elle peut, comme l'écrit Zinn, « contrecarrer la tromperie qui légitime la force de l'État ». Elle met en avant les voix des marginalisés et des opprimés pour honorer une pluralité de perspectives et d'expériences. Lorsqu'elle fonctionne, l'éducation mène à l'empathie et à la compréhension, à un désir de réparer les injustices historiques et d'améliorer la société. Elle favorise le bien commun.

L'éducation ne concerne pas seulement le savoir, elle touche aussi à l'inspiration. Il s'agit de passion, de la conviction que ce que nous faisons dans la vie a de l'importance. Comme l'écrit James Baldwin dans son essai « Le processus créatif », il s'agit de la capacité à creuser « jusqu'au cœur de chaque réponse pour exposer la question que cette réponse dissimule ».

Les attaques de la droite contre des programmes comme la théorie critique de la race ou la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI) visent, comme le souligne Stanley dans son livre, à « déformer intentionnellement ces programmes pour donner l'impression que ceux dont les perspectives sont enfin incluses – comme les Afro-Américains, par exemple – bénéficient d'un avantage illicite ou injuste. Ainsi, ils ciblent les Afro-Américains qui ont accédé à des postes de pouvoir et d'influence et cherchent à les délégitimer en les présentant comme indignes. L'objectif ultime est de justifier une prise de contrôle des institutions afin de les transformer en armes dans la guerre contre l'idée même d'une démocratie multiraciale. »

L'intégrité et la qualité de l'enseignement supérieur public aux États-Unis sont attaquées depuis des décennies, comme le documente Ellen Schrecker dans son livre The Lost Promise : American Universities in the 1960s.

Les protestations sur les campus universitaires dans les années 1960, note Schrecker, ont vu « les ennemis de l'académie libérale » s'en prendre à ses « bases idéologiques et financières ».

Les frais de scolarité, autrefois faibles, voire inexistants, ont explosé, entraînant une dette étudiante colossale. Les législateurs des États et le gouvernement fédéral ont drastiquement réduit le financement des universités publiques, les obligeant à chercher des soutiens auprès des entreprises et à précariser la plupart des enseignants en les reléguant au statut de vacataires sous-payés, souvent sans avantages sociaux ni sécurité d'emploi.

Selonla Fédération américaine des enseignants, près de 75 % des cours dans les universités sont assurés par des vacataires, des chargés de cours à temps partiel et des enseignants non titulaires, sans espoir d'obtenir la titularisation.

Les institutions publiques, qui accueillent 80 % des étudiants du pays,manquent chroniquement de fonds et de ressources de base. L'enseignement supérieur est devenu, même dans les grandes universités de recherche, une simple formation professionnelle, servant davantage la mobilité économique que l'apprentissage intellectuel. Dans ce contexte, les universités d'élite, dont les frais de scolarité dépassent parfois les 80 000 dollars par an, privilégient les riches et les privilégiés, excluant les pauvres et la classe ouvrière.

« L'académie actuelle sert principalement à reproduire un statu quo de plus en plus inégalitaire. Il est difficile d'imaginer comment elle pourrait être restructurée pour servir un objectif plus démocratique sans une pression extérieure en faveur d'un enseignement supérieur gratuit et universel », écrit Schrecker.

Les sociétés totalitaires n'enseignent pas aux étudiants comment penser, mais quoi penser. Elles produisent des étudiants historiquement et politiquement illettrés, aveuglés par une amnésie historique imposée. Elles cherchent à fabriquer des serviteurs dociles et des apologistes conformistes, et non des critiques et des rebelles. C'est pourquoi les collèges d'arts libéraux n'existent pas dans les États totalitaires.

PEN America a recensé près de 16 000 interdictions de livres dans les écoles publiques du pays depuis 2021, un chiffre, écrit PEN, « jamais atteint depuis la chasse aux sorcières du maccarthysme dans les années 1950 ». Parmi les titres censurés figurent The Bluest Eye de Toni Morrison, La Couleur pourpre d'Alice Walker et Maus, le roman graphique d'Art Spiegelman sur l'Holocauste.

L'activité humaine la plus importante, comme nous le rappellent Socrate et Platon, n'est pas l'action, mais la contemplation, un principe qui résonne également dans la philosophie orientale. Nous ne pouvons pas changer le monde si nous ne pouvons pas le comprendre. En absorbant et en critiquant les philosophes et les réalités du passé, nous devenons des penseurs indépendants au présent. Nous pouvons articuler nos propres valeurs et croyances, souvent en opposition à celles prônées par ces anciens penseurs. La capacité de penser, de poser les bonnes questions, représente toutefois une menace pour les régimes totalitaires cherchant à inculquer une obéissance aveugle à l'autorité.

Les civilisations inconscientes sont des déserts totalitaires. Elles perpétuent des idées mortes, comme l'illustre la fresque “The Epic of American Civilization” de José Clemente Orozco, où des squelettes en toge académique donnent naissance à des bébés squelettes.

« Avant de prendre le pouvoir et d'imposer leur vision du monde, les mouvements totalitaires invoquent un monde imaginaire cohérent, plus satisfaisant pour l'esprit humain que la réalité elle-même », écrit Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme.

Aussi mauvaise soit la situation, elle va encore empirer. Le système éducatif américain est sur le point d'être saigné à blanc, privatisé et démembré…Les entreprises qui tirent profit du système des écoles à charte et des universités en ligne—dont la principale préoccupation n'est certainement pas l'éducation—remplacent les véritables enseignants par des instructeurs non syndiqués et mal formés. Les élèves, au lieu d'être éduqués, recevront un enseignement par cœur et seront nourris des tropes familiers des manuels autoritaires : des hymnes à la suprématie blanche, à la pureté nationale, au patriarcat et au devoir de la nation d'imposer ses « vertus » aux autres par la force. Cette endoctrinement de masse garantira non seulement l'ignorance, mais aussi l'obéissance. Et c'est bien là l'objectif.

Chris Hedges est un journaliste lauréat du prix Pulitzer, un auteur à succès du New York Times, un professeur du programme universitaire destiné aux prisonniers de l'État du New Jersey offert par l'université Rutgers, ainsi qu'un ministre presbytérien ordonné. Il a écrit douze livres, dont le best-seller du New York Times Days of Destruction, Days of Revolt (2012), coécrit avec le dessinateur Joe Sacco. Parmi ses autres ouvrages figurent Wages of Rebellion : The Moral Imperative of Revolt (2015), Death of the Liberal Class (2010), Empire of Illusion : The End of Literacy and the Triumph of Spectacle (2009), I Don't Believe in Atheists (2008) et le best-seller American Fascists : The Christian Right and the War on America (2008). Son dernier livre est America : The Farewell Tour (2018). Son ouvrage War Is a Force That Gives Us Meaning (2003) a été finaliste du National Book Critics Circle Award dans la catégorie Essais et s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires. Il écrit une chronique hebdomadaire pour le site ScheerPost.

Cet article a été publié à l'origine sur ScheerPost.com.

Ne pas consentir au fascisme qui vient

25 mars, par Alain Policar — ,
Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer (…)

Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer une ligne claire : le fascisme doit être reconnu, nommé, combattu. Et que soient posées les conditions de l'émancipation. L'universalisme véritable, celui qui permet de penser en termes de volonté et non pas d'origine, en est un moyen. En partenariat avec le festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet.

21 mars 2025 | tiré d'AOC.media
https://aoc.media/opinion/2025/03/20/ne-pas-consentir-au-fascisme-qui-vient/

Ndlr – Alain Policar est, en partenariat avec AOC, l'invité du festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet (20-22 mars 2025) : « Pourquoi faudrait-il sauver l'universel ? », dialogue avec Sylvain Bourmeau .

Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer une ligne claire : le fascisme doit être reconnu, nommé, combattu. Et que soient posées les conditions de l'émancipation. L'universalisme véritable, celui qui permet de penser en termes de volonté et non pas d'origine, en est un moyen. En partenariat avec le festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet.

Qui peut raisonnablement douter du racisme, du sexisme et de l'homophobie de Donald Trump ? En France, les propos du nouveau président américain tomberaient sous le coup de la loi. Cette évidence n'a pas empêché les journalistes de l'émission de LCI « 24 heures Pujadas », le 23 janvier dernier, de condamner unanimement la décision de la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF), laquelle a choisi, afin de limiter le risque de diffusion de propos injurieux, une retransmission en léger différé du discours d'investiture du 20 janvier. Pour les commentateurs, parmi lesquels Bernard Guetta et Jean Quatremer (Libération !), aucun doute : la RTBF, en établissant un « cordon sanitaire médiatique », a commis une impardonnable faute professionnelle, en « censurant » la parole présidentielle. La veille, sur la même chaîne, et dans la même émission, Robert Ménard, maire de Béziers (et ancien président de Reporters sans frontières), avait vanté les mérites d'un Donald Trump « qui sait comment parler au peuple » : Vincent Hugeux fut le seul à fermement protester contre cet éloge du style populiste et de l'anti-intellectualisme par l'édile biterrois.

Le macronisme comme pensée de l'acquiescement

Ne sont-ce pas là de claires manifestations du consentement au fascisme qui vient ? Dans l'explication de ce consentement, le macronisme porte une très lourde responsabilité. Celle-ci ne tient pas principalement à la faute politique que fut la dissolution. Certes, cette dernière a donné consistance au rêve de l'extrême droite de s'emparer du pouvoir. Mais, plus fondamentalement, c'est la conception macroniste du politique qui a servi de marchepied au Rassemblement national en restreignant l'espace de la délibération démocratique. Pour le macronisme, en cela héritier du libertarianisme, il existe un ordre naturel des choses, et ceux qui n'en reconnaissent pas la réalité sont irrationnels. Rien ne doit être fait qui puisse entraver les décisions des acteurs du marché.

Le macronisme est une pensée de l'acquiescement : comment mieux défendre l'ordre qu'en légitimant l'inégalité ? Une inégalité inscrite dans la nature des choses. Loin de naître libres et égaux en droit, les hommes doivent admettre l'inégalité comme la conséquence inévitable de la liberté. Mieux encore, elle seule autorise le progrès, comme Maurras aimait à le rappeler. À l'inverse de l'égalité « stérile et mortelle », l'inégalité célèbre la vie. Il convient dès lors de reconnaître les limites de l'action politique.

D'où l'indifférence à la chose publique, plus globalement à la démocratie : ce qui importe est la recherche de l'accord sur la manière de résoudre des problèmes, tels que la compétitivité des entreprises, le coût du travail, le financement des retraites, le poids de la dette, etc. Résolution difficile en période de ralentissement de la croissance, ce qui conduit, afin de soutenir le taux de profit privé, à prendre des mesures autoritaires. Les exemples sont nombreux : durcissement du droit d'asile, volonté de maîtriser l'immigration, préférence nationale, suspicion de fraude sociale à l'égard des immigrés et des étrangers… Toutes ces mesures concourent à légitimer les idées d'extrême droite et, corrélativement, à diaboliser la gauche. Pour employer le vocabulaire d'Adorno, ce retour du « lexique de l'effroi », contre des menaces fantasmées, est un trait caractéristique des processus de fascisation.

Ce qui doit retenir notre attention, comme symptômes de ce nationalisme fascisant, est, entre autres, le refus du clivage gauche-droite, le mépris des contre-pouvoirs, la stigmatisation de la figure de l'étranger, le contrôle et la répression vis-à-vis de celles et ceux qui bénéficient des mécanismes de solidarité, le rejet des libertés syndicales : le macronisme, dès lors, loin de se plaindre du désintérêt grandissant des électeurs pour la chose publique, comprend la politique comme « l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde » (Paul Valéry).

Reconnaître le fascisme

Dans ce contexte, l'un des moyens privilégiés au service du brouillage conceptuel, est certainement la production de paniques morales autour d'objets aux contours incertains, comme l'« islamogauchisme » ou le « wokisme », accusés de menacer l'identité nationale. Ces paniques sont aussi l'indice de la difficulté pour le pouvoir de préserver son hégémonie, tant les fondements moraux de celle-ci paraissent friables.

Umberto Eco a énoncé, lors d'une conférence donnée à Columbia le 25 avril 1995, les caractéristiques du fascisme[1]. Il en distinguait quatorze, qui ne font pas système : il suffit, écrit-il, « qu'une seule d'entre elles soit présente pour faire coaguler une nébuleuse fasciste ». Il évoquait un « populisme sélectif » au sein duquel le peuple est une entité monolithique exprimant la volonté commune. Mais, ajoutait-il, celle-ci ne pouvant être portée par les êtres humains en grand nombre, le chef en devient l'interprète. Dès lors, les citoyens renoncent à leurs pouvoirs délégataires et n'agissent pas. Ils se satisfont du fait que chacun d'entre eux appartient au meilleur peuple du monde. Ainsi, ceux qui sont privés d'une identité sociale claire ont le privilège d'être nés dans un même pays. L'identité nationale se confond alors avec le nationalisme, lequel a besoin pour se perpétuer de désigner des ennemis de la nation : il entretient un esprit complotiste, et le complot, on le sait, peut venir de l'intérieur. Toute distance critique devient trahison, et la peur de la différence est exacerbée. Difficile de ne pas reconnaître ici la description du trumpisme.

Or l'arsenal législatif récent (et celui qui s'annonce, si l'on en croit les gesticulations de Bruno Retailleau) entretient un permanent soupçon sur une partie de la population qui, précisément, en raison de différences réelles ou imaginaires, ne peut correspondre à l'image mythifiée de l'identité nationale. Dès lors, les classes moyennes, qui ne veulent à aucun prix subir la relégation que le capitalisme financier réserve à des populations abandonnées, souvent issues de l'immigration arabo-musulmane, expriment une réelle crainte. Et cette dernière s'alimente du repli de ces populations dans un espace susceptible de leur apporter protection, celui des communautés de provenance.

Dans un tel contexte de croissance, on aurait grandement tort de ne pas entendre l'avertissement d'Umberto Eco. Si reconnaître le fascisme ne suffit certainement pas à s'en prémunir, savoir nommer son ennemi reste l'indispensable préalable à l'échec de son projet. Dès lors, la question de l'action politique se pose avec une vive acuité.

Les conditions de l'émancipation

Dans un article récent, Marion Ink rappelait qu'avant d'être un élan réfléchi, le Front populaire fut « un sursaut unitaire contre le 6 février 1934 ; c'est ensuite qu'il devint un projet concerté pour la République sociale ». Ce sursaut, ajoutait-elle, venu des travailleurs avant les politiques, fut une coalition agrégeant des forces plurielles, construite progressivement, d'abord dans les luttes sociales antifascistes, ensuite dans le travail des forces politiques. Il s'agit, pour Marion Ink, d'allier « radicalité des propositions et modération des discours ».

Au-delà de cette sage préconisation doivent être posées les conditions de l'émancipation. L'émancipation, comprise comme la volonté politique de se défaire de la situation de minorité à laquelle on est soumis, doit s'assigner la tâche prioritaire d'éviter le basculement des classes moyennes dans le fascisme. Si l'on songe au mirage populiste, le moyen le plus sûr de le combattre demeure l'insistance sur le ressort universaliste des luttes d'émancipation. Plus précisément, il importe que leur principe soit le refus de les hiérarchiser et, plus encore, de négliger celles fondées sur la reconnaissance, au nom d'un primat, sur celles ayant la redistribution pour horizon ou, bien sûr, de choisir la priorité inverse.

Nous devons, au contraire, articuler les unes et les autres. Rechercher les conditions de cette articulation, c'est faire l'éloge de la complication, ce qui suppose à minima un regard critique sur les modalités de nos combats.

Plus précisément, il s'agit de résister à la tentation de l'« essentialisme inversé », celui-ci étant défini comme la reproduction par les dominés du processus d'essentialisation dont ils sont victimes, mais en inversant la hiérarchie qu'il instaure. Frantz Fanon avait fortement insisté sur ce danger dans Les Damnés de la terre (chapitre sur « Les mésaventures de la conscience nationale »). Car il ne saurait être question de sacrifier le projet universaliste au bénéfice de l'essentialisation des appartenances raciales. Danièle Lochak écrit à cet égard que « les victimes sont toujours particulières – classes exploitées, peuples colonisés, femmes opprimées, Noirs, juifs, Arabes ou Roms stigmatisés –, prétendre pour cette raison qu'aucune lutte ne peut se faire au nom de l'universel, c'est encourager la concurrence des victimes. Plus fondamentalement, c'est oublier que chacun de ces groupes lutte en vue d'un objectif universel : l'abolition de toute forme de domination et de discrimination ». Et, ajoute-t-elle, citant Francis Wolff, c'est oublier « qu'une injustice ne concerne pas seulement ceux qui en sont victimes, ou coupables, mais la communauté éthique tout entière [2] ».

Le processus d'essentialisation, quelle que soit sa provenance, est négation de toute approche intersectionnelle, laquelle, par nature, implique la considération de nos appartenances multiples. L'identitarisme, lorsqu'il se fonde sur l'identité raciale, est le miroir du racisme qu'il est supposé combattre : l'un et l'autre ignorent l'importance des structures de classe et de genre. Énoncer ce danger, ce n'est nullement, faut-il le préciser, occulter le droit de la victime à décrire l'oppression de son propre point de vue, à être écoutée, et à l'être avant quiconque. L'antiracisme ne peut ignorer les revendications fondées sur les situations particulières de racisation. Le recours incantatoire aux valeurs universelles s'est trop longtemps accommodé de la persistance des discriminations, à la prise en compte desquelles on a systématiquement opposé l'intangibilité du modèle républicain.

Si la parité a fini par être inscrite dans la Constitution, ce n'est pas le cas d'autres formes d'appartenance, notamment celles fondées sur les identités raciales. Le catéchisme d'indifférence à la différence, qui a pu apparaître comme la meilleure façon de lutter contre le racisme, a fini par le dévoiement de la valeur d'égalité jusqu'à l'infériorisation de l'Autre. Car il est inconséquent de faire comme si les différences n'existent pas, alors qu'elles existent, non seulement dans la tête des racistes, mais aussi dans le vécu de ceux qui subissent le racisme. On ne peut donc les évacuer sous prétexte de respecter le postulat universaliste, prétendument universaliste en réalité, celui qui confond traitement uniforme et traitement égal. Car, il faut le rappeler, appliquer le même traitement à tous, c'est conforter les inégalités préexistantes.

Penser en termes de volonté et non d'origine

S'il est vrai qu'un universalisme dévoyé a pu servir de paravent à la volonté d'imposer à l'Autre une domination politique, économique et culturelle, c'est bien l'horizon d'une égalité universelle en droit qui a nourri la révolte des pionniers des luttes anti-impérialistes. Et s'il est également vrai que des pratiques néocoloniales perdurent aujourd'hui, en rendre coupable l'universalisme, c'est se priver des moyens de lutter contre les despotes corrompus qui dirigent actuellement la plupart des anciennes colonies après avoir éliminé les pionniers des luttes libératrices.

L'universalisme véritable, celui qui voit dans la pluralité l'essence même de l'universalité, ne peut s'accommoder de la célébration de l'authenticité identitaire, d'où qu'elle vienne. La capacité à s'arracher au donné et à choisir d'autres appartenances que celles qui nous ont été transmises est une spécificité humaine. Elle conduit à poser le lien entre individu et communauté de telle façon que l'on puisse dire, non qu'un individu appartient à une communauté, par essence ou originairement, mais que la communauté appartient à l'individu, ce qui signifie la poser comme une réalité qui ne peut avoir de sens et même d'existence que par l'acte de la choisir et de la faire sienne. Donc penser en termes de volonté et non d'origine.

Comme l'a souligné Pierre Guenancia, on a vraiment dit peu de choses sur un homme « lorsqu'on l'a identifié comme originaire d'un pays, d'une région du monde : tout reste à connaître de lui, comme être singulier, différent de tous les autres, y compris de ceux auxquels il ressemble [3] ». Le fait d'être de couleur noire comme d'autres sont de couleur blanche doit être considéré comme un détail qui ne nous qualifie pas essentiellement en tant que personne : « Une personne n'existe en tant que telle que si elle peut se concevoir elle-même comme distincte de toutes les marques d'identité passive ou reçue, même si, au cas où ces marques seraient celles d'hommes opprimés ou persécutés, elle les déclare siennes par esprit de solidarité […] Pour peu qu'il n'ait pas complètement renoncé à sa liberté, un homme ne peut pas coïncider totalement et adéquatement avec lui-même, et moins encore avec les personnages que le hasard, peut-être aussi le sens de son devoir l'amènent à assumer [6] ».

On comprend dès lors l'inanité de la volonté d'enfermer les individus dans leur couleur, volonté qui conduit à promouvoir l'entre-soi et, au bout du compte, à défendre l'apartheid. Ainsi que le souligne Paul Audi dans Troublante identité, l'identité en elle-même est réductrice : « C'est l'essence même de l'identité que de réduire tout être à un aspect de lui-même, à une partie de son être. Cette partie, c'est précisément sa particularité. Ce que l'identité identifie dans l'être, c'est une particularité. Or toute particularité est générale. Mes yeux bleus sont une particularité de mon être, mais je ne suis pas le seul à avoir les yeux bleus. Idem pour ce qui est de mes origines libanaises ou de ma culture française : elles n'appartiennent pas à moi seul. Sous ce rapport, je suis comparable. Mais un être n'est pas qu'une collection de traits particuliers ; il est, ou plutôt il peut être singulier. Cette singularité ne saurait être concernée par le concept d'identité. Pourquoi ? Parce que, contrairement à l'identité, la singularité n'est ni donnée, ni reçue. On ne naît pas singulier, on le devient [4]. » Dès lors, mettre en avant une identité exclusive de tout autre, c'est le contraire de la liberté, car cette dernière exige d'articuler toutes nos déterminations : il n'y a pas de hiérarchie entre les luttes, tout simplement parce que nous ne pouvons mettre entre parenthèses les divers éléments qui font de nous ce que nous sommes.

Accéder à la majorité, autrement dit parvenir à l'émancipation, c'est être devenu capable de distinguer les attributs que je reçois de mes origines de ceux dont je suis la cause : « Un être capable d'un autre destin que le sien est un être fécond [5] ». Pour parvenir à cet état d'esprit, nous devons opérer une réduction, c'est-à-dire une suspension du sentiment d'appartenance que, sans y penser, nous éprouvons envers notre nation d'origine. Il s'agit de pratiquer un détachement de tout ce qui va de soi afin d'être en mesure de repenser les relations à soi, à autrui et à la cité, par l'intermédiaire de la relation universelle au monde.

Il nous faut donc être capable d'imaginer, dans le temps et dans l'espace, d'autres appartenances. C'est le moyen d'échapper aux passions haineuses et destructrices, afin d'isoler dans son être un invariant absolu, le simple fait d'être homme. En d'autres termes, pour trouver l'universel en soi, il est nécessaire de se désencombrer de soi, et la capacité de décentrement radical participe de la définition de l'humain.

Ndlr – Alain Policar est, en partenariat avec AOC, l'invité du festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet (20-22 mars 2025) : « Pourquoi faudrait-il sauver l'universel ? », dialogue avec Sylvain Bourmeau .

Alain Policar

Politiste, Chercheur associé au Cevipof

Notes

[1] Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2024.
[2] Danièle Lochak, « Racismes, antiracismes : reconstruire l'universalisme », Pouvoirs, n°181, 2022/2, p. 141. La citation de F. Wolff est dans Plaidoyer pour l'universel, 2019, p. 28.
[3] Pierre Guenancia, « Identité et cosmopolitisme », Raison présente, no 201, 1er trimestre 2017, p. 77.
[4] Paul Audi, « Entretien avec Jean-Marie Durand », Philomag, 28 septembre 2022.
[5] Emmanuel Levinas, Totalité et infini. Essai sur l'extériorité, La Haye, Martinus Nijhoff, 1961, p. 258.

Déclaration du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)

25 mars, par Conseil national élargi des chômeurs et chômeuses — , ,
Déclaration de Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) « Enfin ! Alors que l'administration Trump impose une (…)

Déclaration de Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)

« Enfin ! Alors que l'administration Trump impose une guerre commerciale et continue de multiplier ses menaces de tarifs, le gouvernement fédéral s'est décidé vendredi soir dernier à agir pour aider les travailleurs et les travailleuses dans un contexte de forte incertitude économique et politique. Par voie réglementaire, il met en place des assouplissements au régime d'assurance-emploi qui visent à élargir l'admissibilité et accélérer le versement des prestations. Il abolit temporairement le délai de carence et suspend pour six mois les règles entourant le traitement des indemnités de cessation d'emploi. De plus, il ajuste le taux de chômage utilisé dans le calcul de l'admissibilité pour permettre à plus de travailleurs et de travailleuses de se qualifier, et ce dans toutes les régions du Canada.

Ces améliorations à l'assurance-emploi sont évidemment les bienvenues. Elles rappellent en grande partie les revendications que le CNC, le MASSE, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD ont réclamé de manière commune en février dernier.

Nous croyons toutefois que des modifications additionnelles permettraient de compléter cet effort. Nous sommes toujours d'avis que l'exclusion pour fin d'emploi invalide ne devrait s'imposer que sur le dernier emploi occupé, afin que le régime soit plus flexible face aux aléas de la situation actuelle. Une telle mesure permettrait d'assurer que la très grande majorité des travailleurs et travailleuses mis à pied puissent se qualifier à l'assurance-emploi.

La situation des travailleurs et travailleuses saisonniers devraient aussi être prise en considération : mettre fin à la mesure sur l'admissibilité en juillet ne permettra pas de les couvrir convenablement dans un contexte économique incertain où ils et elles sont encore plus vulnérables.

Finalement, ces solutions sont temporaires et partielles, ne se substituant pas à la nécessité d'améliorer considérablement le régime d'assurance-emploi. Le prochain gouvernement devra considérer la pérennisation de ces mesures afin de fournir aux travailleurs et aux travailleuses une réelle protection en cas de chômage, peu importe les tempêtes économiques éventuelles. »

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Au bout de vingt ans, Québec solidaire vit une crise existentielle

25 mars, par Marc Bonhomme — , ,
Le soirée électorale de l'élection partielle de Terrebonne gagnée haut la main par le PQ a été difficile pour Québec solidaire tout comme pour les Libéraux et les (…)

Le soirée électorale de l'élection partielle de Terrebonne gagnée haut la main par le PQ a été difficile pour Québec solidaire tout comme pour les Libéraux et les Conservateurs. Ce fut toute une plongée pour Québec solidaire qui recule relativement des deux tiers confirmant les pires sondages. En plus, le bas taux de participation est en soi révélateur d'un désenchantement même pour une partielle, Tous les candidats à la chefferie des Libéraux et le chef Conservateur étaient présents pour soutenir leurs candidat-e-s défait-e-s à plate couture. De même, le Premier ministre l'était à la soirée de la CAQ.

Pour retourner le fer dans la plaie Solidaire aucun-e des porte-parole ni député-e-s Solidaire n'y étaient pour consoler leur candidate défaite. Allô solidarité. Cette faute morale, cette erreur politique sont révélatrice du désarroi de la direction et députation Solidaire devant la descente aux enfers persistante de sa popularité. Pour les député-e-s, ça devient le chacun-e pour soi. La venue de la nouvelle porteparole et la priorité donnée au « Nouveau Québec » indépendant n'y ont rien changé. Ni non plus le mitraillage de propositions de réformettes même si elles sont plus pertinentes les unes que les autres.

La « gouvernance » a amené GND à ne pas dénoncer le racisme du Parlement

La démission de Gabriel Nadeau-Dubois (GND) quelques jours plus tard vient mettre les points sur les ‘i' et les barres sur les ‘t' à ce qui ressemble de plus en plus à une débandade. Par calcul électoral de bas étage épicé de préjugé envers le peuple-travailleur québécois, GND avait laissé humilier par la députation « Solidaire » un collègue député d'origine arabo-musulmane. Celui-ci avait eu l'audace de montrer du doigt l'éléphant raciste, particulièrement islamophobe, trônant au sein de l'Assemblée nationale sous le déguisement de la laïcité.

Tambour battant, GND a mené la charge contre le programme du parti, impropre à la gouvernance affirme-t-il. Certes, celui-ci a ses défauts de longueur, de lourdeur et de déséquilibre. Toutefois, des passages essentiels affirment l'anticapitalisme et l'antiracisme des Solidaires. Toustes comprennent que ce sont ceux-là qui sont visés. Bernie Sanders avait saisi il y a près de 10 ans qu'aux ÉU le vocable « socialisme » est électoralement rentable et unifie la gauche et même bien des progressistes. GND ne l'a pas compris. Nos députée-e-s non plus semble-t-il.

Centrisme et centralisation du parti capitulent face à la néo-fascisation

La centralisation et la bureaucratisation du parti pour en faire une machine électorale bien huilée entraîne par défaut un programme de type « signifiant vide » à la mode du théoricien populiste Laclau et dans la lignée de l'insipide Déclaration de Saguenay. Faut-il se surprendre que dans une telle organisation suffocante régie par les « com », la spontanéité des exploité-e-s et des opprimé-e-s n'y trouve pas son compte ? Ce fond de l'air étouffant a suscité l'abandon, puis la critique livresque d'une députée, et la démission d'une porte-parole. Par la suite l'élection par acclamation de sa successeure a démontré une perte de démocratie interne.

Dans ce centrisme centralisateur réside l'erreur stratégique. Dans un monde existentiellement menacé par la crise climatique et socialement polarisé avec une « classe moyenne » en voie de disparition, cette organisationnelle centralisation politiquement centriste ramène à des temps révolus et dépassés. À rebours, l'extrême-droite l'a très bien compris. Elle fonce droit devant vers le néofascisme sans s'embarrasser de précédents et de constitution. Elle attire à elle ces paniquées « classes moyennes » traditionnelles et la partie de celles populaires en perdition et désemparée.

Libérer la parole sans contrôle conduirait la jeunesse du parti vers la gauche

Dans ces circonstances, libérer la parole de la base Solidaire sans l'étouffer par des textes à l'orientation cuite d'avance, sans la cadenasser dans des webinaires au dialogue impossible, sans l'isoler par des contributions individuelle aboutirait fort probablement à un virage à gauche-toute du programme. Comme lors de la récente élection allemande, ce virage se présenterait comme contrepartie de la néofascisation anti-immigrante de la droite. Cette extrême-droitisation entraîne derrière elle les partis centristes dont la base est constituée de la section traditionnelle des « classes moyennes » laissée pour compte et qui rêve d'un retour à l'Étatprovidence d'antan… que l'immigration menacerait.

L'autre section de ces « classes moyennes » sont des professionnels en voie de prolétarisation et des jeunes bardés de diplômes mais souvent sous-employés et même en chômage. Cette sous-classe est fort présente à la direction Solidaire et au sein de sa militante où elle s'est en partie substituée à la classe populaire. Le virage vers le socialisme en serait-il compromis ? En autant que cette jeunesse instruite, à cheval entre le prolétariat et la petite-bourgeoisie, souvent mise à l'écart de la société, minoritaire dans nos pays vieillissants du vieil impérialisme, reste acquise aux Solidaires, elle est en mesure de revivifier le parti. Tant l'ardeur due à son âge que la conscience qu'elle a de la course folle vers la terre-étuve que nie et encourage la néo-fascisation du monde la mènent vers l'anticapitalisme en autant que cette perspective soit socialement présente et vivante.

En ces temps de turbulence tant mondiale que Solidaire, il faut garder la tête froide et penser stratégiquement. Le parti de Gauche allemand (Die Linke) après des années de crise qui ont abouti à une scission majeure sur sa droite, s'est ressaisi. Il a changé sa direction et a consolidé son programme à gauche axé sur les questions sociales vitales (inflation, logement, austérité) sans discrimination anti-immigrant, Cette discrimination était prônée à différents niveaux par tous les autres partis, même le SPD et les Verts du gouvernement sortant, et pas seulement par le néofasciste L'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Malgré le succès électorale de l'AfD et de la droite traditionnelle, Die Linke est passé de 3 % des intentions de vote en début de campagne à près d'un score de 9 % le jour des élections. Chemin faisant, il a doublé le nombre de ses membres grâce à l'adhésion massive de la jeunesse, surtout chez les femmes. Grâce à leur apport, Die Linke a pu organiser des centaines de milliers de porte-à-porte.

Plongée électorale, abandon et démission révèlent une critique féministe

Québec solidaire est-il capable d'un tel rebondissement à l'allemande ? Le test n'est pas banal puisque le parti vit sa première grande crise depuis près de vingt ans d'existence. Cette crise n'a rien à voir avec une stimulante crise de croissance comme le parti en a déjà connu. La crise d'un parti électoraliste se vit d'abord comme une chute du score électoral ou du moins de celle soutenue d'intentions de vote. Cette crise du parti couvait depuis l'élection partielle de Jean-Talon, dans la ville de Québec, de l'automne 2019. La direction-députation avait alors tenté sans succès d'imposer un candidat apparemment populaire issu d'un parti municipal de droite. À la suite de cette crise locale, le score électoral du parti avait baissé de deux points de pourcentage. Rien de dramatique mais un signe avant-coureur invitant une rectification à gauche.

Ce mauvais résultat annonçait la stagnation de l'élection générale de 2022 un moment occultée par la victoire de la partielle de Ste-Marie-Ste-Anne à Montréal, gracieuseté de l'effondrement des Libéraux chez les francophones. Mais le recul de sept points de pourcentage, ou relativement du tiers, lors de la nouvelle élection partielle de Jean-Talon en octobre 2023 allait précipiter les événements. Peu après cette élection, la parution du livre de l'ex-députée Catherine Dorion, dont le refus de se représenter en 2022 avait créé un malaise, critiquait directement GND. Elle s'en prenait non pas au contenu de son discours mais à son style de direction. Elle signalait le rapport problématique de GND au style frondeur — peut-on le qualifier de féministe ? — qui devrait avoir sa place dans un parti de gauche. Il fallait normaliser style et habillement pour plaire au mythique électorat centriste et pragmatique. Il fallait une députation avant tout dotée d'expertise. Leurs liens au milieu populaire devenaient secondaires.

La démission surprise de la nouvelle porte-parole Émilise, en avril 2024, allait définitivement ouvrir la grande crise du parti. La porte-parole démissionnaire était manifestement malvenue dans le sérail de la députation. On lui en voulait d'être la seule députée défaite du parti sans égard au fait qu'elle avait été punie par l'élite patronale-syndicale de Rouyn-Noranda, en Abitibi. Elle avait joué un rôle crucial pour médiatiser l'empoisonnement à petit feu de la population de la ville, surtout celle voisine de la fonderie de cuivre de Glencore. À noter que c'est un enjeu finalement pris à bras-le-corps dans la rue par l'organisation féministe Mères au front et médiatisé à tout le Québec. Est-ce là un hasard ou plutôt une manifestation lutte-de-classe que reflète le malaise féministe au sein de Québec solidaire dont la députation est deux fois plus masculine que féminine ?

L'écosocialisme, un projet de société solidaire, concret, simple et bon marché…

N'est-ce pas un secret de Polichinelle qu'est écologique, c'est-à-dire écosocialiste, le socialisme du XXIe siècle ? Cet écosocialisme n'a rien à voir avec des projets étatiques pharaoniques genre cathédrales hydroélectriques au Nord, champ d'éoliennes géantes au Nord du Sud ou trains aériens et métros au Sud. La construction de logements sociaux éco-énergiques, c'est-à-dire hors marché et à consommation énergique (quasi)-zéro, pour tout le monde et non seulement pour les pauvres répond à la fois aux trois crises de l'inflation, du logement et du climat.

Le remplacement sur nos rues et routes de l'auto (SUV) solo, à essence et électrique, par le transport public collectif mur-à-mur, avec un complément d'autopartage, contribue aussi à résoudre la crise du climat. Ce transport public puise son électricité dans les « négawatts » hydroélectriques des bâtiments restaurés par une grande corvée. Finalement, il résout la crise de l'étalement urbain dévorant les meilleurs terres agricoles de la plaine de Montréal et par la même occasion l'aliénante congestion urbaine et l'inflation des prix de l'énergie. Sans ces deux sources majeures d'endettement que sont le logement privé et l'auto solo, les ménages reprennent leur souffle tout en pouvant davantage contribuer fiscalement.

L'essentiel du financement viendra cependant d'ailleurs. Comme le disait un fameux voleur de banque des années 1930 à qui l'on demandait pourquoi il se limitait à ces vols très risqués, « l'argent est dans les banques ». J'ajouterais non seulement au Québec et au Canada mais aussi dans celles des paradis fiscaux. En plus, sans grands projets inutiles y compris ceux de la géo-ingénierie et de la croissance exponentielle des fermes de serveurs, l'écosocialisme est bon marché. Pour faire le tour de la question de la lutte conjointe justice climatique et justice sociale, l'alimentation végétarienne, indispensable climatiquement mais impopulaire, peut être encouragée par une politique de prix administré, c'est-à-dire dégagée de l'emprise du marché. Cette politique subventionnerait les aliments végétariens de base aux dépens du prix des viandes et des aliments ultratransformés bourrés de sucre, gras et sel, ces derniers devant à terme devenir interdits. Ajoutons-y une politique agricole soutenant la bio-agriculture aux dépens de l'agro-industrie actuellement grassement subventionnée.

Toutes ces politiques simples à comprendre et simples à expliquer établissent une société solidaire du soin et du lien en forte décroissance matérielle qui bat en brèche l'austérité des services publics. En répartissant un travail obligatoire devenu moins contraignant parce que libéré de la consommation de masse générée par l'accumulation capitaliste, ces politiques libèrent le temps de la science, de l'art et de la démocratie participative reqise par la planification démocratique. Et elles lèvent toute restriction socio-économique et idéologique à l'accueil et au soutien internationalistes.

Ce sont ces politiques qui devraient être au cœur du programme Solidaire, son noyau dur. Les objectifs de réduction des GES découlant de l'analyse scientifique du GIEC et des principes d'équité du Sommet de Rio, soit pour le Québec une réduction des deux tiers pour 2030 sinon 2035, en deviendraient réalistes. Non seulement ces politiques apparaîtraient-elles comme une alternative politiquement sérieuse vis-à-vis la voie sans issu du capitalisme vert à la québécoise fait de filière batterie et d'autos solo électriques mais aussi elles laisseraient voir une stratégie de solidaire croissance du bien-être pour toustes.

…qui en contrepartie exige le courage politique d'affronter le capitalisme fascisant

En contrepartie, ces politiques vont rencontrer sur le chemin de la lutte pour leur mise en œuvre le barrage de la propriété privée des moyens de production qui ne peuvent conserver leur valeur qu'en accumulant du profit. Comme le disait Marx (Le Capital, Volume 3, Chapitre 47) : « La grande industrie et la grande agriculture exploitées industriellement agissent en commun. Si elles se différencient au début en ce que l'une gaspille et ruine davantage la force naturelle de l'homme et l'autre la force naturelle de la terre, elles se tendent la main plus tard, le système industriel appliqué à la terre venant à son tour exténuer la force de travail, et l'industrie et le commerce intervenant pour procurer à l'agriculture les moyens d'épuiser la terre. »

Dorénavant ne pouvant plus compter sur le voile de la démocratie parlementaire, ce capitalisme apparaît dans sa nudité fascisante. S'impose donc la nécessité du renversement de la domination capitaliste qui viendra par la pression du cumul des luttes pour des réformes combiné à la hausse de la conscience écosocialiste. Cette lutte gigantesque aboutira dans l'un ou l'autre pays qui entraînera les autres. Pourquoi pas au pays du « Nouveau Québec » qui de petit peuple pourrait ainsi devenir « quelque chose comme un grand peuple » ?

Marc Bonhomme, 23 mars 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

Et si le gouvernement commençait par assurer le respect des droits des élèves ?

25 mars, par Comité pour le droit à la scolarisation — , ,
Québec, le 20 mars 2025. — Le Comité pour le droit à la scolarisation invite le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, à profiter du budget qu'il présentera le 25 mars (…)

Québec, le 20 mars 2025. — Le Comité pour le droit à la scolarisation invite le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, à profiter du budget qu'il présentera le 25 mars pour faire la preuve que l'éducation est la première priorité de son gouvernement.

Comme le dit le premier ministre, « on a le devoir de donner aux élèves tous les outils pour réussir »*, mais c'est loin d'être le cas présentement, et encore plus pour les élèves en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA).

« Le gouvernement du Québec a beau se targuer d'avoir augmenté de 50% le budget du système d'éducation, il doit reconnaître que les résultats ne sont pas au rendez-vous pour les élèves qui en auraient le plus besoin, les élèves HDAA », lance la porte-parole du Comité, Laurence-Simard Gagnon. « Un des symptômes les plus visibles de ce mal qui ronge notre système scolaire est assurément la déscolarisation que subissent de plus en plus d'élèves HDAA. »

« Rappelons que le ministère de l'Éducation nous parle de 2411 cas d'élèves "en situation complexe" qui auraient vécu un bris de service en 2023, contrairement à 1481 en 2021, poursuit Laurence Simard-Gagnon. Ce n'est déjà pas négligeable, mais ces données sous-estiment largement le problème, notamment parce qu'elles tiennent uniquement compte des élèves qui sont retiré.es de l'école pour deux semaines ou plus. La recherche nous démontre que la réalité est beaucoup plus complexe, que les cas de figure sont plus nombreux, et que les données du Ministère invisibilisent plusieurs milliers de cas d'élèves qui vivent des épisodes de déscolarisation ou de scolarisation partielle ou précaire. »

Toujours selon Laurence Simard-Gagnon, « ce n'est pas pour rien que les bris de scolarisation figuraient parmi les principaux motifs des plaintes reçues par le Protecteur national de l'élève en 2023-2024. Dans sonrapport d'activités annuel, déposé en février, celui-ci nous rappelait à juste titre que "chaque situation de bris de services ou de scolarisation prive l'élève de son droit aux services d'enseignement prévus à la Loi sur l'instruction publique", que "les impacts de ces événements sont souvent majeurs pour les élèves et leurs parents" et que "tous les moyens nécessaires doivent être entrepris pour assurer la scolarisation des élèves". »

« Et ce n'est pas pour rien que nous avons soumis un rapportau Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies, avec l'appui de la Clinique internationale de défense des droits humains de l'UQÀM, pour l'informer des atteintes au droit à l'éducation et au droit à l'égalité que représentent les bris de scolarisation que subissent de plus en plus d'élèves au Québec. Il y a des droits qui sont brimés et le gouvernement du Québec est en train de renier ses engagements internationaux »

Pour toutes ces raisons, le Comité pour le droit à la scolarisation a soumis ces trois recommandations générales au ministre Eric Girard dans son mémoire prébudgétaire :

1) Que le ministre reconnaisse, au nom de son gouvernement, que les droits de nombreux et nombreuses élèves HDAA sont actuellement bafoués au Québec ;

2) Qu'il réaffirme l'engagement de son gouvernement à faire respecter les droits des élèves HDAA et à « leur donner les moyens pour développer leur plein potentiel » ;

3) Qu'il s'assure que tous les fonds nécessaires sont disponibles pour répondre aux besoins des élèves HDAA, peu importe le degré d'accompagnement nécessaire, et assurer la pleine réalisation du droit à l'éducation pour l'ensemble des enfants.

« Devant l'aggravation du phénomène de la déscolarisation, tout nouveau recul est à évidemment à exclure. L'argument financier ne saurait être invoqué pour priver des enfants d'un de leurs droits les plus fondamentaux. Il est plus que temps que le gouvernement du Québec respecte ses engagements », de conclure Laurence SimardGagnon.


* Citation de François Legault dans le chapeau : 2 juin 2024, en ligne.

À propos du Comité pour le droit à la scolarisation

Le Comité pour le droit à la scolarisation cherche à faire respecter le droit à l'éducation et à la scolarisation des élèves en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA) dans la région de Québec, dans une perspective d'inclusion et de réduction des inégalités.

Formé de parents touchés par la déscolarisation, de chercheuses et chercheurs, de représentantes d'organismes communautaires et d'allié.es, le Comité est associé à la Ligue des droits et libertés – Section de Québec. Il mène son action sur différents fronts : recherche, sensibilisation, plaidoyer, défense de droits, mobilisation.

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Sortons la CDPQ des crimes en Palestine !

25 mars, par Coalition du Québec Urgence Palestine — , , , ,
La Coalition du Québec URGENCE Palestine a lancé cette semaine la campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine et dévoilé un nouveau site web : cdpq-palestine.info. Les (…)

La Coalition du Québec URGENCE Palestine a lancé cette semaine la campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine et dévoilé un nouveau site web : cdpq-palestine.info. Les 17 et 18 mars, 150 personnes ont participé à deux webinaires de lancement de cette campagne panquébécoise qui exige que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) cesse tout investissement dans des entreprises liées au génocide, à l'occupation, à la colonisation et aux violations des droits humains et du droit international en Palestine.

Deux revendications

La campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine porte deux revendications : 1) Le désinvestissement des 14,2 milliards $ dans 87 entreprises complices de crimes contre le peuple palestinien (selon les données disponibles au 31 décembre 2023 ; une mise à jour sera effectuée en avril lors de la publication du rapport annuel 2024 de la CDPQ) ; 2) La mise en place d'un processus de contrôle transparent pour garantir qu'aucune entreprise dans laquelle la CDPQ investit ne soit associée à des violations des droits humains et du droit international.

Objectifs

La campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine vise à élargir la mobilisation afin que la question des investissements de la CDPQ devienne un enjeu de débat public. L'argent confié à la CDPQ par 48 déposants (Retraite Québec, RREGOP, SAAQ, CNESST, etc.) appartient aux Québécois·es : nous refusons que par ses investissements, la CDPQ nous rendent tous et toutes complices des crimes contre le peuple palestinien !

Site web et identité visuelle

Le site web de la campagne est en ligne depuis le 17 mars : cdpq-palestine.info Il présente de façon vivante et dynamique les objectifs de la campagne et les raisons qui la motivent et suggère plusieurs pistes d'action, en offrant des outils pour ce faire.

Des actions ont déjà débuté qui ont pour but de visibiliser largement les investissements complices de la CDPQ, de mobiliser des organisations de la société civile et de faire des pressions ciblées sur des acteurs influents, au premier plan les déposants (clients) de la CDPQ.

Le logo de la campagne est un « bas de laine des Québécois·es », expression désignant la CDPQ, qui est entouré de fils de barbelés et du slogan « Israël criminel, CDPQ complice ».

La bannière de la campagne représente la complicité de la CDPQ dans les crimes commis par Israël dans les territoires palestiniens occupés dans lesquels la population est enfermée derrière des murs honteux.

Prochaines actions

La Coalition reste à l'affût de la publication du rapport annuel 2024 de la CDPQ en avril 2025. Elle procédera rapidement à son analyse et mettra à jour le nombre d'entreprises et le montant des investissements complices de crimes contre le peuple palestinien.

En avril ou mai 2025, le président et chef de la direction de la CDPQ, Charles Émond, devra répondre aux questions des partis d'opposition lors d'une séance de la Commission des finances publiques à l'occasion de l'étude des crédits budgétaires.

La population est invitée à envoyer des lettres aux dirigeant·es de la CDPQ, en demandant que la Caisse exerce immédiatement son influence afin que toutes les entreprises concernées abandonnent leurs activités économiques associées aux violations des droits du peuple palestinien et, à défaut d'action conséquente de leur part, que la Caisse retire sans délai ses investissements dans ces entreprises.

Les citoyen·nes sont également invité·es à écrire à leurs député·es pour demander que leur parti politique prenne position sur cet enjeu et interroge M. Émond lors de l'étude des crédits budgétaires.

Citations

« Si la population savait, elle refuserait que son argent soit ainsi investi dans des entreprises qui mènent des activités complices de l'occupation, de la colonisation et du génocide israéliens en Palestine. La CDPQ doit inclure le respect du droit international et des droits humains en Palestine dans ses « plus hauts standards éthiques ». C'est ce qu'a fait KLP, le principal fonds de pension en Norvège ; et c'est ce que devrait faire la CDPQ pour le bas de laine des Québécois·es »
Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.

« Derrière chaque colonie israélienne illégale en Palestine occupée, chaque maison détruite, chaque détention arbitraire, chaque prisonnier torturé, chaque bombardement et chaque massacre, il y a des entreprises complices. WSP, Alstom, Caterpillar, Lockheed Martin et General Dynamics profitent directement des crimes commis par Israël. À travers ses investissements dans ces entreprises, la Caisse de dépôt rend l'ensemble des Québécois·es complices du génocide et de l'occupation en Palestine. Notre message aujourd'hui est clair : nous refusons que notre argent soit taché de sang palestinien. Ensemble, il est temps de sortir la Caisse des crimes en Palestine ! » –
Benoît Allard, porte-parole du collectif Désinvestir pour la Palestine, un groupe membre de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.

« Dans un contexte où la colonisation et la dépossession continuent partout en Palestine et où, depuis l'automne 2023, Israël détruit toute l'infrastructure civile de la bande de Gaza, bombarde intensivement la population gazaouie, force le déplacement de presque tout le monde et tue et blesse des dizaines ou peut-être des centaines de milliers de personnes – coupant également l'acheminement de la nourriture et d'autres vivres nécessaire pour soutenir la vie – la population québécoise est en droit de se demander : qu'est-ce que la CDPQ attend pour désinvestir nos fonds de tous ces crimes ? »
Zev Rose Saltiel, porte-parole de Voix juives indépendantes–Montréal, un groupe membre de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.

Pour visionner la présentation de Benoit Allard durant la conférence de presse concernant la CDPQ et les grands axes de la campagne.

Livre blanc sur l’éducation : Pour une nouvelle « révolution tranquille » en éducation

25 mars, par Debout pour l'école — , , ,
Le Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation est le fruit d'une volonté citoyenne d'exhorter les pouvoirs publics à résoudre les problèmes du milieu de l'éducation (…)

Le Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation est le fruit d'une volonté citoyenne d'exhorter les pouvoirs publics à résoudre les problèmes du milieu de l'éducation québécoise. Produit à partir des propos recueillis lors des forums citoyens et des ateliers Jeunesse de Parlons éducation au printemps 2023 ainsi que de la consultation qui a suivi, il s'appuie aussi sur de nombreuses sources documentées.

Le document a été rédigé par l'organisme Debout pour l'école, en collaboration avec plusieurs personnes de divers horizons. Il contient quatre revendications et huit orientations concernant le préscolaire, le primaire et le secondaire. Les revendications ont été identifiées comme étant incontournables et urgentes ; les orientations ont été retenues comme pouvant faire l'objet de chantiers prioritaires pour les années à venir. Ce document en est à sa première version.

Cliquez ici pour télécharger la version web du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation !

Médiagraphie du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.

Consultation citoyenne

Avec la consultation citoyenne Pour améliorer l'école québécoise, qui sera en ligne du 17 mars au 25 avril 2025, nous voulons maintenant l'avis de toutes les québécoises et de tous les québécois afin de bonifier le texte du Projet de livre blanc. Debout pour l'école souhaite entendre les points de vue de la part de tous : citoyennes et citoyens, parents, personnel enseignant, éducatrices et éducateurs, personnel de direction, organismes du milieu, etc. Au terme de l'exercice, Debout pour l'école produira la version finale du projet de livre blanc qui deviendra le Livre blanc citoyen sur l'éducation.

C'est le temps de faire une différence pour l'école publique !

Pourquoi un livre blanc sur l'éducation ?

Debout pour l'école entend produire un Livre blanc citoyen sur l'éducation regroupant les revendications prioritaires de milliers de québécoises et québécois qui veulent des changements majeurs à court et à moyen termes dans leur système d'éducation. Pour cela, il faut être suffisamment nombreux à endosser ce Livre blanc afin que nos revendications soient présentes dans la campagne électorale de 2026 et obligent le prochain gouvernement à les mettre en œuvre. Non seulement Debout pour l'école, mais aussi plusieurs autres organisations de la société civile, dont École ensemble, le Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO) et Je protège mon école publique (JPMEP), exigent des changements majeurs en éducation, parce que tous les aspects de notre système scolaire se dégradent depuis 30 ans.

Qu'est-ce qu'un livre blanc ?

Un livre blanc est un document de quelques pages qui traite d'un sujet précis et qui répond à un ensemble de questions interreliées, c'est-à-dire à une problématique. Un tel document propose des orientations nouvelles et identifie des objectifs à atteindre.

Retour sur notre démarche

Étapes préliminaires

2019

Debout pour l'école a recueilli près de 12 000 signatures à une pétition contenant sept revendications adressées au ministre de l'Éducation d'alors, JeanFrançois Roberge, sans que celui-ci daigne envoyer un accusé de réception.

Mars 2022

Parution de l'ouvrage collectif Une autre école est possible et nécessaire, publié chez Del Busso (Montréal).

Printemps 2023

Les forums citoyens et les forums Jeunesse Parlons éducation dans 19 villes du Québec réunissent plus de 2000 participantes et participants.

Printemps 2024

Des rencontres citoyennes sur le thème de L'école que nous voulons sont tenues afin de recueillir des revendications prioritaires pour un Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.

Été 2024

Rédaction du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.

Automne 2024

Ajustements et révision du texte à la suite des échanges avec le comité directeur et différents collaborateurs, collaboratrices et spécialistes.

Étapes en cours ​

17 mars au 25 avril 2025

Lancement de la vaste consultation citoyenne sur le Projet de livre blanc et présentation du Projet de livre blanc aux organisations et groupes en éducation.

Mai 2025

Analyse des données et publication des rapport.

Prochaines étapes

Été 2025

Ajustements sur le texte et rédaction de sa version finale.

Automne 2025

Lancement et diffusion du Livre blanc citoyen sur l'éducation.

Octobre 2025 à mars 2026

Représentations politiques et recherche d'appuis formels.

Vaste mobilisation citoyenne et organisationnelle en vue d'un grand rendez-vous national sur l'éducation.

Printemps 2026

Tenue du Rendez-vous national sur l'éducation.

On a besoin de vous pour discuter et diffuser ce projet au cours de la prochaine année !

Documents

Services de garde : encore 30 000 familles en attente, les parents manifesteront à Montréal pour exiger des places en garderie

25 mars, par Ma place au travail — , ,
L'organisation Ma place au travail convie les familles du Québec et ses partenaires à une grande manifestation à Montréal, le 12 avril prochain, afin de rappeler au (…)

L'organisation Ma place au travail convie les familles du Québec et ses partenaires à une grande manifestation à Montréal, le 12 avril prochain, afin de rappeler au gouvernement ses engagements et de dénoncer les impacts de la pénurie de places en garderie sur les parents, en particulier les femmes. Alors que le gouvernement promettait il y a quatre ans de régler la crise des services de garde éducatifs à l'enfance une bonne fois pour toutes, près de 30 000 familles attendent toujours une place. Pour l'occasion, Ma place au travail pourra cette année compter sur le précieux appui de Jessica Barker, comédienne, animatrice, chroniqueuse et maman engagée, en tant qu'ambassadrice de la marche.

Des promesses encore loin d'être tenues

En 2021, le gouvernement s'engageait à ce que chaque enfant ait une place en service de garde et à ce que tous les parents qui le souhaitent puissent retourner sur le marché du travail d'ici 2024-2025. Il promettait également de rétablir une plus grande équité financière entre les familles en convertissant le réseau, d'embaucher massivement d'ici 2025-2026 et d'assurer la présence d'une main-d'œuvre qualifiée en nombre suffisant pour garantir la qualité des services. Pourtant, selon les dernières données du ministère, près de 30 000 enfants attendent encore une place, seulement 9 000 places non subventionnées ont été converties, et chaque jour, en moyenne, 10 éducatrices quittent le réseau, faute de reconnaissance et d'un salaire décent, pour aller travailler ailleurs, notamment au Costco.

Pendant ce temps, la qualité des services continue de se détériorer, les iniquités entre les familles se creusent, et les éducatrices – majoritairement des femmes – s'appauvrissent. Quant à la promesse de compléter le réseau, elle est encore loin d'être tenue.

« *Les familles du Québec ont fait preuve de patience, mais elles méritent maintenant des actions concrètes et immédiates. Il est inacceptable, en 2025, plus de 25 ans après la création du réseau, que des dizaines de milliers d'enfants soient toujours privés d'un accès à un service de garde éducatif de qualité, et que des parents, majoritairement des femmes, soient forcés de mettre leur carrière sur pause. Le 12 avril, nous ferons entendre la voix des parents : il est temps que le gouvernement tienne ses promesses ! * » – déclare Marylin Dion, directrice générale de Ma place au
travail.

Un contexte préoccupant pour les droits des femmes

Partout dans le monde, la montée des discours masculinistes et des politiques conservatrices menace les avancées en matière d'égalité des genres. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous mobiliser pour empêcher le recul des droits des femmes. Permettre aux femmes de retourner sur le marché du travail, et assurer des conditions de travail adéquates pour celles œuvrant dans le réseau, c'est refuser de revenir en arrière et défendre activement leur autonomie économique et sociale.

« *Le problème ne date pas d'hier ! Ça fait des années qu'on en parle, j'ai vécu la situation il y a plus de 12 ans, et pourtant, rien ne bouge vraiment ! Visiblement, la petite enfance et les femmes ne sont pas des priorités pour le gouvernement. Il y a 4 ans, le premier ministre nous a fait une promesse, mais les parents attendent encore. Et qui en paie le prix ? Encore et toujours les femmes. Les femmes qui doivent, après un revenu déjà diminué pendant leur congé parental, prendre des congés sans solde, puiser dans leurs économies, ou pire, quitter leur emploi faute de solution. Ce n'est pas un caprice, c'est une question de justice et d'équité ! Ne pas investir dans un réseau de services de garde complet et de qualité, c'est refuser aux femmes le droit de choisir leur avenir. Le 12 avril, nous serons dans la rue pour dire : ça suffit ! On veut mieux, on mérite mieux ! * » – Jessica Barker, ambassadrice de la manifestation pour Ma place au travail.

Une grande manifestation familiale

L'événement se veut un moment de rencontre et de solidarité pour toutes les familles. Il débutera à 10h au parc Lahaie, à Montréal, suivi d'une marche dans une ambiance à la fois revendicatrice, festive et familiale, et se conclura par des prises de parole au monument de sir George-Étienne
Cartier.

Toutes les familles, grands-parents, ami(e)s, collègues, employeurs, allié(e)s ainsi que les organisations concernées sont invitées à se joindre à cette manifestation d'envergure, car c'est toute notre société qui est touchée par cette crise.

À propos de Ma place au travail

Ma place au travail est un organisme à but non lucratif assurant une veille de l'offre proposée aux familles québécoises en matière de services de garde et intervient auprès des instances gouvernementales afin que chaque parent qui le désire puisse avoir accès à une place de qualité et subventionnée pour son enfant. L'organisme vise à faire connaître les difficultés bien réelles que les familles rencontrent dans leurs recherches d'un milieu de garde, et ce, tous types de milieux confondus. Ma place au travail expose régulièrement les répercussions de la pénurie sur la vie personnelle, professionnelle et financière des parents.

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Tirage d’une toile : En marche pour transformer le monde 2025

25 mars, par Chantal Locat, Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — , ,
Nous avons l'honneur de vous présenter une œuvre unique de l'artiste Chantal Locat. Cette magnifique toile, réalisée en acrylique sur toile et papier de soie, est une pièce (…)

Nous avons l'honneur de vous présenter une œuvre unique de l'artiste Chantal Locat. Cette magnifique toile, réalisée en acrylique sur toile et papier de soie, est une pièce maîtresse de notre campagne de financement 2025.

En effet, pour solliciter les dons, nous organisons un tirage qui vise à soutenir la 6e action de la Marche mondiale des femmes. En participant, vous contribuez directement à la poursuite de nos luttes pour l'égalité, la justice et la solidarité à travers le monde. Votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer à défendre les valeurs de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité.

Participation au tirage

Pour participer à ce tirage et avoir une chance de remporter cette œuvre d'une valeur de 500$, il vous suffit d'acheter un billet au prix de 10$. Le tirage au sort aura lieu le 18 octobre 2025, à 15h00, lors de notre rassemblement national à Québec. Les billets sont disponibles en ligne sur la plateforme Zefy du 10 mars au 18 octobre 2025, 14h59.

Règles de Participation

Ce tirage est organisé par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF).

Le numéro de licence associé, attribué par la Régie des alcools, des courses et des jeux, est L-01503.

Il s'agit d'un tirage au sort, dont le nombre de billet est indéterminé.

Informations utiles :

Le prix de vente de chaque billet est de 10$.

Les billets seront disponibles en ligne, sur la plateforme Zefy (bouton plus bas), du 12 mars au 18 octobre 2025, 14h59.

Le tirage aura lieu le 18 octobre 2025, à 15h00, lors du rassemblement national à Québec. La sélection de la personne gagnante sera faite par tirage au sort. Elle sera publique et faite devant au moins trois (3) témoins.

Le prix est une toile de l'artiste Chantal Locat, d'une valeur de 500$.

Le prix pourra être réclamé sur place, le 18 octobre. En cas d'absence au moment du tirage, la CQMMF s'engage à trouver la manière façon de vous acheminer votre prix, à ses frais !

Le délai pour réclamer le prix à compter du tirage est le 31 mars 2026

Pour recevoir son prix, la personne participante devra démontrer à la CQMMF qu'elle est âgée d'au moins 18 ans et devra lui prouver son identité.

Participe

Participer

Présentation de la toile

En marche pour changer le monde - 2025
Chantal Locat
Acrylique sur toile et papier de soie, technique mixte
60,44 cm / 91,44 cm (24 po / 36 po)

Réalisée dans le cadre de la 6e action de la Marche mondiale des femmes (MM), cette œuvre de Chantal Locat est utilisée pour la campagne de financement 2025 de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF).

© Chantal Locat

Il est interdit d'utiliser, de reproduire, en partie ou en totalité, le visuel de l'oeuvre En marche pour transformer le monde 2025 - sans l'autorisation de l'artiste.
Seule la CQMMF et ses membres, peuvent utiliser ces visuels pour faire la promotion de sa campagne de financement et ce, jusqu'au 18 octobre 2025.

Note de l'artiste

« Pour cette œuvre, je m'inspire de la Marche mondiale des femmes, de sa naissance à aujourd'hui, de ses luttes, de sa composition, de ses rêves et des valeurs de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité. Ces grands personnages de femmes, venant et représentant les cinq continents, sont peintes volontairement comme étant légendaires. Elles portent en elles les racines de la MMF. Depuis des millénaires, elles sont en route, elles construisent le présent et tissent l'avenir.

En 1995, plus de 800 marcheuses traversent les 17 régions du Québec, de ville en village ; elles exigent des mesures concrètes pour éliminer la pauvreté ; c'est la Marche du Pain et des Roses. Une grande mobilisation qui ne s'arrêtera pas. Le Québec devient alors un terreau fertile, d'où émerge en 2000, la Marche mondiale des femmes. Des solidarités se construisent entre les militantes des cinq continents.

Des éléments mis en lumière :

La planète, notre terre, représente ici comme localisation, les 17 régions du Québec ;
Les roses, un rappel de l'apport de la Marche du pain et des roses à la création d'un mouvement, on y voit se construire des liens de solidarité, par les lignes (cordes de jute peintes) qui unissent tous les personnages de la MMF ;

5 grands personnages, pour les 5 continents dont une femme autochtone. Il y a des femmes autochtones partout sur la planète. J'ai choisi de souligner l'apport et les réalités de celles vivant au Québec : 11 plumes pour 11 nations et un rappel des femmes autochtones disparues et assassinées, avec les robes de jute rouges ;
Ces grands édifices au bas de la première dame, pour « un logement pour toutes et tous », un clin d'œil au contexte actuel de la crise du logement ;

La deuxième dame, porteuse de la paix ; les colombes donnent naissance à des rubans blancs, pour signifier que la paix sur la terre, c'est aussi un monde sans violence faite aux femmes ;

La troisième dame, porteuse de la Solidarité, représentée par des grappes de raisins. Solidarité nourrissante, transformatrice, régénératrice et durable ;

La quatrième dame, porte fièrement les personnages du logo de la MMF, on voit bien la provenance de ce mouvement par les liens au mouvement des femmes du Québec (lignes avec les cordes de jute peintes) ;

Et la lune, tel un phare qui guide à chaque pas, chaque jour de marche ;

L'ensemble exprimant toute la richesse et la vivacité de ce mouvement qu'est la Marche mondiale des femmes (MMF).

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Trois ans de guerre : les leçons du Février noir que nous n’avons pas apprises – par le collectif éditorial russe de « Posle »

Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde. 17 mars 2025 | tiré du site Entre les lignes (…)

Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde.

17 mars 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/17/trois-ans-de-guerre-les-lecons-du-fevrier-noir-que-nous-navons-pas-apprises-par-le-collectif-editorial-russe-de-posle/#more-91780

Cela fait maintenant trois ans que l'agression criminelle de Poutine contre l'Ukraine s'est transformée en une invasion à grande échelle. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées, des millions de réfugié sont fui leur patrie et des dizaines de villes ont été réduites en ruines. Depuis mars 2022, date à laquelle le plan initial de « changement de régime »rapide à Kiev a définitivement échoué, « l'opération militaire spéciale » de Poutine s'est transformée en une guerre d'usure. Sans tenir compte des pertes, le Kremlin a continué à augmenter le coût de la guerre pour l'Ukraine et ses alliés avec une persistance monstrueuse. Pour la Russie de Poutine elle-même, cette guerre ne consiste plus seulement à étendre ses frontières ou à accroître son influence dans l'espace post-soviétique. Il s'agit désormais d'un problème existentiel. La question est la suivante : le régime russe peut-il non seulement survivre, mais aussi faire de sa vision un nouveau principe de la politique mondiale ? Il semble que la destruction d'un État ukrainien indépendant, qui est l'objectif ultime de « l'opération militaire spéciale », serait reconnue par tous comme un signe de la supériorité d'une véritable puissance militaire sur un droit international impuissant. Ce n'est que lorsque le monde entrera dans une nouvelle ère de redistribution impérialiste, une lutte pour les territoires entre les puissances militaires les plus fortes, que la « victoire » de la Russie sera véritablement consolidée.

Aujourd'hui, après le début des négociations russo-américaines, il semble que cette « victoire » soit proche. Cependant, il ne s'agit pas d'une victoire militaire : l'armée ukrainienne continue de résister et la Russie n'a pas réussi à prendre une seule grande ville ukrainienne en trois ans. Il s'agit plutôt d'une victoire idéologique, d'une victoire de la vision du monde de Poutine. Le format même de la rencontre entre Sergueï Lavrov et Marco Rubio, représentants de puissances militaires discutant calmement de la division du territoire d'un autre pays et de ses richesses naturelles, rappelle les événements les plus honteux et injustes du passé, tels que les partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle ou le pacte de Munich de 1938.

L'administration américaine n'offre aucun plan définitif pour mettre fin à la guerre, et la Russie n'a pas encore manifesté la volonté de faire des compromis et de renoncer à au moins certaines de ses revendications territoriales.

‍La différence, cependant, est que, contrairement à ce qui s'est passé à Munich, il n'y a pas cette fois de cartes sur la table des négociations sur lesquelles les diplomates pourraient tracer les nouvelles frontières des empires. L'administration américaine n'offre aucun plan définitif pour mettre fin à la guerre, et la Russie n'a pas encore manifesté la volonté de faire des compromis et de renoncer à au moins certaines de ses revendications territoriales. Pour les deux parties, ces négociations ont surtout une importance symbolique : il est important pour elles de montrer qu'un tel scénario ne doit plus paraître impensable et que les règles du jeu ont été radicalement modifiées. Bien qu'elle ait été plutôt infructueuse, cette rencontre restera dans l'histoire comme le début d'une nouvelle ère, celle de l'impérialisme du XXIe siècle. Cependant, si le monde entier est réellement divisé entre prédateurs et victimes, la Russie d'aujourd'hui, économiquement faible et ayant déjà perdu la vie de plus de 200 000 soldats, a-t-elle la garantie d'une place parmi les élites dirigeantes ?

Comme chacun le sait, l'Empire russe a fait la sourde oreille à une question similaire à la veille de son entrée dans la Première Guerre mondiale. Surestimant sa propre puissance et aveuglée par de faux mythes impériaux et le mépris de sa propre population, la Russie tsariste n'a pas conquis Constantinople, mais a plutôt été confrontée à l'effondrement militaire et à la révolution. À l'instar des travailleurs de l'Empire russe, des millions de citoyens d'autres pays engagés dans la guerre ont tourné leur colère contre leurs propres gouvernements. Il a fallu un siècle de plus pour que cette leçon soit complètement effacée de l'esprit des élites dirigeantes, qui sont à nouveau obsédées par l'idée d'expansion impériale.

Le sort des Ukrainiens aujourd'hui tourmentés pourrait bientôt devenir l'image de l'avenir de l'humanité, mais l'humanité a toujours la possibilité de dire « Assez ! » à cette folie impérialiste.

‍Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde.L'impérialisme ne s'arrête jamais à mi-chemin – l'acquisition des territoires convoités ne fait qu'inviter à de nouvelles agressions. Le sort des Ukrainiens aujourd'hui tourmentés pourrait bientôt devenir l'image de l'avenir de l'humanité, mais l'humanité a toujours la possibilité de dire « Assez ! » à cette folie impérialiste.

‍*-*

Quelle sont les bases politiques du média d'opposition « Posle » ?

‍Après l'invasion de la Russie en Ukraine, la vie dans les deux pays ne sera plus jamais la même. Mais pour continuer à vivre et à agir, nous devons en grande partie faire le tri. Comment cette guerre est-elle devenue possible ? Pourquoi ne parvient-on pas à l'arrêter ? Quel sera l'avenir après le début de la guerre ?

« Après » [1] – est une tentative de trouver des réponses à ces questions. En tant que collectif de camarades, nous condamnons la guerre qui a conduit à une catastrophe humanitaire, à des destructions colossales et à des massacres de civils en Ukraine, et qui a provoqué une vague de répressions et un durcissement de la censure en Russie. En tant que collectif de la gauche, nous ne pouvons pas considérer cette guerre sans tenir compte de l'énorme inégalité sociale et de l'absence de droits de la majorité des travailleurs. Et, bien sûr, l'idéologie impérialiste, qui cherche à maintenir le statu quo et puise ses forces dans les dictionnaires du militarisme, de la xénophobie et de l'intolérance.

Notre plateforme a été créée pour comprendre la structure de ces problèmes et imaginer des moyens de les résoudre. « После » (Posle) accueille et invite à collaborer les chercheurs, les journalistes, les activistes, les témoins – tous ceux qui s'efforcent de comprendre le présent et de penser l'avenir.

[1] « Posle » signifie « après » en russe.

Posle : article original en russe
Traduit par le RESU (Belgique)
https://www.solidarity-ukraine-belgium.com/post/trois-ans-de-guerre-les-lecons-du-fevrier-noir-que-nous-navons-pas-apprises-par-le-collectif-editorial-russe-de-posle

8 mars : le discours de Mélanie Pelletier

25 mars, par Mélanie Pelletier — , ,
Voici le discours de Mélanie Pelletier, responsable du comité des femmes au Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), présenté lors de la manifestation du 8 mars à (…)

Voici le discours de Mélanie Pelletier, responsable du comité des femmes au Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), présenté lors de la manifestation du 8 mars à Québec

Bonjour,

On est ici devant le CLSC Basse-ville-Limoilou. Les plus jeunes d'entre-nous ont probablement aucune espèce d'idée d'à quel point cette institution a pu être importante pour la basse-ville de Québec.

Quand j'étais petite, le CLSC c'était la porte d'entrée du système de santé. À moins d'être en danger de mort ou d'avoir un problème très spécifique, tu allais pas à l'hopital quand tu avais un problème, tu venais ici. Il y avait des médecins, des infirmières, et pleins d'autres professionnels de la santé.

Non seulement ça, mais il s'occupait de prévention aussi. Le CLSC avait des organisatrices communautaires et des travailleuses sociales qui s'occupaient d'agir sur les déterminants sociaux de la santé comme la pauvreté, la violence, l'environnement et même… le patriarcat. Le CLSC était ancré dans sa communauté, il y avait des représentants des groupes communautaires du quartier, comme le comité des citoyens du quartier Saint-Sauveur sur le c.a.. Plusieurs marches et activités du 8 mars ont eu lieu ici ou sont partie d'ici il y a 40 ans. Au début des années 1980, il y avait une militante de la CSN, Pauline Gingras, qui était travailleuse sociale ici et qui avait une approche féministe. Elle disait « la maladie des femmes, c'est l'oppression ». Ça a même été le titre de l'article du Soleil pour parler du 8 mars 1983.

Aujourd'hui, on va se le dire, c'est pas mal rendu une coquille vide. Il n'y a plus personne qui fait de la prévention et qui dit que la maladie des femmes c'est l'oppression. C'est triste mais la privatisation a vidé les CLSC et les a complètement mis de côté au profit des GMF. Notez la différence : Centre local de services communautaires vs Groupe de médecine familiale. C'est pas pantoute la même affaire. Ça fait que des pans entiers du territoire, comme la basse-ville, sont rendu des déserts de services médicaux.

Qu'est-ce que tu fais si tu es une jeune mère en basse-ville pis que ton enfant fait de la fièvre ? S'il est malade et qu'il a besoin d'une consultation ? Il n'y a plus de cliniques sans rendez-vous. Si tu es chanceuse et que tu as accouché à Québec, tu peux peut-être appeler à la clinique de médecine familiale de l'hôpital où il a son dossier. Tu peux aussi aller sur internet à la recherche d'un rendez-vous. Avec un peu de chance tu va peut être avoir un rendez-vous à l'autre bout de la gare du palais, dans 72h. Ou pas. Faut être vite sur le piton pour avoir un rendez-vous sur internet. Si non, ben c'est l'hôpital. Va falloir s'armer de patience et aller passer une journée (et peut être une nuit) à l'urgence.

C'est ça la privatisation. Moins de service. Moins de proximité. Plus de charge mentale pour les femmes, plus de suivis à faire si tu as pas de médecin de famille (pis même si tu en as un), plus de dérangement dans le quotidien, plus de travail manqué pour aller à des rendez-vous (ou juste avoir un maudit rendez-vous), plus de frais et de sous aussi. Pour voir une infirmière, pour avoir une prise de sang, pour se faire prescrire des antibiotiques. Envoye, tchik-a-tchik. Ou bien prends ton mal en patience pis attends.

À la CSN, ça fait longtemps qu'on le dit. Ça a pas de maudite allure. Et c'est pour ça qu'on est en campagne depuis une couple de mois pour un réseau Vraiment public. On est dans une escalade de moyens de pression qui va nous mener jusqu'au premier mai et après ça aux élections québécoises. On a un plan d'urgence pour freiner la privatisation du reseau de la santé et des services sociaux. On veut démocratiser, décentraliser et déprivatiser le réseau. On veut le redonner aux travailleuses, qui sont l'immense majorité, et aux usagères. Ça fait trop longtemps qu'on laisse ça entre les mains de monsieurs qui veulent juste faire la piastre avec ça. Ça suffit, il ne devrait pas y avoir de profits sur la maladie.

Si vous voulez en savoir plus, il y a un code QR sur les pancartes mauves que mes camarades brandissent. Ça va vous mener à nos trois revendications prioritaires et à une pétition si vous voulez nous appuyer.

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Accès à l’emploi : des milliers de femmes risquent d’être abandonnées

25 mars, par Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) — , ,
Montréal, 21 mars 2025 — Alors que le Québec pourrait faire face à une crise majeure de l'emploi avant longtemps, exacerbé par les tensions commerciales avec les États-Unis, le (…)

Montréal, 21 mars 2025 — Alors que le Québec pourrait faire face à une crise majeure de l'emploi avant longtemps, exacerbé par les tensions commerciales avec les États-Unis, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) tire la sonnette d'alarme.

Le premier ministre Legault disait en début d'année que plus de 100 000 emplois pourraient être en péril, notamment dans le secteur manufacturier, mettant en danger des dizaines de milliers de travailleuses.

Pourtant, dans ce contexte difficile, le gouvernement a choisi de retirer les femmes des listes de clientèles prioritaires d'Emploi-Québec, compromettant leur accès aux services d'accompagnement essentiels à leur recherche d'emploi.

« Nous assistons à une situation inquiétante où les femmes, déjà confrontées à d'importants obstacles sur le marché du travail, voient leur accès aux organismes d'employabilité restreint, dénonce Colette Cummings, directrice générale du CIAFT. Cette décision menace directement la survie des organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine (OSDMOF), dont l'expertise est cruciale pour soutenir celles qui cherchent à intégrer un emploi stable et bien rémunéré. »

Un réseau en danger

Ces organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine, présents dans plusieurs régions du Québec, accompagnent chaque année des milliers de femmes en leur offrant des services adaptés à leurs réalités : formation, orientation professionnelle, mentorat et accompagnement individualisé, et plus encore. Pourtant, au moment où le besoin devient de plus en plus criant, un de ces organismes a déjà annoncé sa fermeture, et au moins deux autres sont en péril à cause des décisions du gouvernement Legault.

Cette absence de soutien aux femmes à la recherche d'emploi a des conséquences lourdes sur leur autonomie économique. Moins bien rémunérées et trop souvent cantonnées à des emplois précaires, elles accumulent moins de cotisations aux régimes de retraite, augmentant leur risque de vivre dans la pauvreté à long terme. Cette précarité entraîne une plus grande dépendance aux aides publiques, un fardeau supplémentaire pour l'État. Sans compter les répercussions de cette vulnérabilité économique sur leur famille.

Un appel au gouvernement

Face à cette situation alarmante, le CIAFT exige la réintégration des femmes dans les clientèles prioritaires du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale ainsi qu'un financement stable et prévisible pour les OSDMOF.

« Le gouvernement doit comprendre qu'en restreignant l'accès des femmes aux services d'employabilité, il hypothèque non seulement leur avenir, mais aussi celui de l'économie québécoise. Nous demandons donc des mesures immédiates, décisives, pour corriger cette situation, conclut Colette Cummings. »

À propos du CIAFT

Le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) est une organisation à but non lucratif réunissant des groupes et des individus engagés dans l'accès et le maintien des femmes sur le marché du travail.

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Mouvement planétaire féministe : la Marche mondiale des femmes décolle en 2025 !

25 mars, par Julie Dionne — , ,
À tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF) appelle à la mobilisation féministe, reliant nos processus d'organisation et nos luttes (…)

À tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF) appelle à la mobilisation féministe, reliant nos processus d'organisation et nos luttes tant au niveau local, régional, national qu'international. Le 8 mars dernier, le lancement de la 6e action internationale (25 ans) de la MMF s'est célébré partout sur la planète, dont ici, en Estrie.

tiré de Journal Entrée Libre

La MMF est un mouvement transnational féministe qui lutte contre les systèmes d'oppressions, dont le capitalisme, afin d'agir sur les causes de la pauvreté et des violences faites aux femmes. La MMF se définit comme un mouvement populaire, au sens où les luttes prennent racines par les femmes sur le terrain qui vivent directement les conséquences des inégalités sociales. Ses valeurs et actions ont comme objectifs un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Elles sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d'autres mouvements sociaux progressistes.

Il y a 30 ans, du pain et des roses

Organisée à l'initiative de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), 850 femmes entreprennent le 26 mai 1995 la longue marche Du pain et des roses qui les mène de Montréal à Québec pour réclamer « du gouvernement québécois des changements visant l'amélioration de leurs conditions économiques par le biais de neuf revendications essentielles ». Pendant dix jours, les marcheuses reçoivent un fort appui de la population.

Après 200 km parcourus, le 4 juin 1995, elles sont accueillies devant l'Assemblée nationale par plus de 15 000 personnes. C'est la prémisse de la Marche mondiale des femmes !

En effet, c'est cinq ans plus tard, en 2000, que s'est organisée la première Marche mondiale des femmes, en raison notamment des féministes mobilisées de la FFQ. Une attention particulière sera portée le 4 juin 2025 pour célébrer les 30 ans de la marche Du pain et des roses, qui changea le paysage féministe et la manière de se mobiliser et de rêver.

Ce qu'il faut retenir en résumé

La 6e action internationale de la Marche mondiale des femmes a lieu sur une période de temps : du 8 mars au 17 octobre 2025 (au Québec : 18 octobre). Pendant cette période, différentes dates sont ciblées pour être soulignées (voir image calendrier).

D'autres dates sont ciblées selon les coordinations nationales et les pays (une soixantaine). Le samedi 18 octobre, une grande action nationale aura lieu à Québec. Du transport sera organisé gratuitement à partir de chaque région pour y aller ; surveillez l'actualité et les réseaux sociaux !

De notre côté, nous nous engageons à écrire à propos de la Marche mondiale des femmes à chaque parution de Entrée Libre jusqu'en octobre.

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Le masculinisme, ou l’illusion d’une cause

25 mars, par Lina Al khatib — , ,
En perspective de la Journée internationale pour les droits des femmes, un retour sur la dernière conférence de l'Université populaire (UPop) de Montréal est nécessaire. Animée (…)

En perspective de la Journée internationale pour les droits des femmes, un retour sur la dernière conférence de l'Université populaire (UPop) de Montréal est nécessaire. Animée par la sociologue Mélissa Blais et le politologue Francis Dupuis-Déri, cette rencontre visait à sensibiliser les habitués et les nouveaux d'UPOP aux dynamiques du masculinisme et à ses implications sur la société.

Tiré de Journal des Alternatives

« Bonne journée internationale », dit-on chaque 8 mars. Cette année, Francis Dupuis-Déri et Mélissa Blais suggèrent d'aller au-delà des fleurs et des mots doux pour interroger la condition féminine actuelle. Dans la continuité des cours sur l'antiféminismedonnés à l'automne, leur conférence du 26 février dernier s'est penchée sur le masculinisme, comme mouvement social à déconstruire. Alors, vivons-nous réellement une crise de la masculinité ? Rassurez-vous, répondent les deux spécialistes : la masculinité a toujours été en crise.

Le masculinisme est intemporel

Francis Dupuis-Déri lance la conférence sur un ton mêlant ironie et dérision. Il tient d'abord à revenir sur les déclarations masculinistes récentes de plusieurs hommes influents. Au menu, Mark Zuckerberg qui pense qu'il faut « insuffler une nouvelle énergie masculine », Elon Musk qui affirme que « la masculinité est de retour » et Andrew Tate qui appelle au « retrait du vote des femmes ». Un tour d'horizon qui suscite à la fois la moquerie et l'inquiétude.

Dans la famille des mouvements antiféministes, on retrouve le masculinisme ! C'est ainsi que M. Dupuis-Déri le définit comme une sous-branche de l'antiféminisme. Sa principale thèse est que « la masculinité va mal, principalement à cause des femmes ». Les masculinistes considèrent que nous vivons dans une société matriarcale et exhortent à un retour d'une forme « conventionnelle et traditionnelle » du masculinisme.

Dupuis-Déri s'intéresse particulièrement au phénomène de la « crise de la masculinité », un sujet sur lequel il travaille depuis les années 1990. Son premier constat est que la masculinité et la féminité sont des identités politiques, et non psychologiques. Contrairement à ce que défendent les masculinistes, les caractères qui seraient physiologiquement et psychologiquement « propres » aux deux genres sont en réalité liés à l'environnement sociopolitique dans lequel ils évoluent. Lorsqu'une femme est qualifiée de « douce », cela traduit une attente sociale visant à renforcer son inclinaison à la soumission. De même, en décrivant un homme de « stoïque », on crée un cadre propice pour qu'il s'approprie les rapports de forces sociétaux.

Aux prémices de ses recherches sur cette crise, Francis Dupuis-Déri constate immédiatement que les sources disponibles relèvent principalement des archives historiques. La crise de la masculinité a été étudiée sous divers angles à travers les époques : dans l'Antiquité romaine, pendant la Révolution française, à l'apogée du fascisme, aux débuts de la démocratie américaine… Ainsi, la crise de la masculinité ne se rattache à aucun régime politique, système économique, préférence religieuse ou temporalité spécifique. Elle est omniprésente, imagée et infondée. Pourtant, le discours qui l'entoure demeure pernicieux et porteur de dangers.

Pour conclure son intervention, M. Dupuis-Déri nous met en garde contre la dialectique de la crise. « Ce n'est pas parce qu'un discours est faux qu'il n'a pas d'impact », dit-il. Il appelle à déceler le registre lexical de la crise, employé par les masculinistes. À l'instar d'une véritable crise, les masculinistes en définissent les éléments clés : une cause (les féministes), des victimes (les hommes) et des solutions prétendument salvatrices (programmes de remise en forme, retraites spécialisées pour hommes, etc.).

Le masculinisme est stratégique

Dans la seconde partie de la conférence, Mélissa Blais rebondit sur les propos sarcastiques de son collègue avant de s'atteler à des sujets plus lourds. Ayant travaillé tout autant sur la crise de la masculinité, elle nous propose de revenir sur certaines tactiques et stratégies de camouflage du masculinisme. Son approche permet de reconnaître et de classifier les comportements antiféministes intrinsèquement liés au masculinisme.

Les stratégies qu'elle décèle sont celles de la neutralisation, de la persuasion, du recrutement et des dommages. Les masculinistes sont en quête permanente de nouveaux adeptes et s'emploient à convaincre progressivement, ou comme le souligne Mélissa Blais, « tranquillement, pas vite ». Ils tentent de minimiser l'influence des féministes en s'opposant activement à leur combat et n'hésitent pas, au besoin, à recourir aux menaces et à la violence. Leurs tactiques, toujours au service de ces stratégies, couvrent un large spectre : de la rhétorique à la surveillance, du lobbying à la mise à l'écart, de l'infiltration à la parodie, de l'action juridique au soutien organisé. Selon le public visé, ils jonglent entre ces dernières avec précision.

Mme Blais s'attarde particulièrement sur l'aspect violent du masculinisme. En effet, en clamant que l'égalité doit désormais être conquise par les hommes, les masculinistes entretiennent l'idée d'une symétrie des violences entre les genres, notamment en contexte conjugal. Plus encore, ils considèrent même que les femmes sont plus dangereuses, car elles détiennent le monopole de la violence psychologique. Pour illustrer ceci, elle cite l'approche de psychologie évolutionniste d'Yvon Dallaire ainsi que la théorie de l'aliénation parentale de Richard Gardner. Autant d'exemples prétendument académiques qui justifient, légitiment et normalisent les violences faites aux femmes.

Pour conclure, Mélissa Blais rapporte les trois rhétoriques principales du masculinisme. Le masculiniste rationaliste s'appuie sur des discours pseudoscientifiques qu'il brandit fièrement dans l'espace public. Cependant, il se trouve rapidement en difficulté lorsque la question des « preuves tangibles » est soulevée. Le masculiniste caméléon se fond dans les discours dominants et adapte son langage pour diffuser, de manière insidieuse, des idées problématiques sans éveiller immédiatement les soupçons. Le masculiniste, adepte du « diviser pour mieux régner », cherche à discréditer le féminisme en opposant les courants entre eux. Il pointe du doigt les féministes radicales afin de les isoler du mouvement dans son ensemble, tout en laissant planer l'idée d'une « bonne féministe »… dont on attend toujours l'exemple.

Le masculinisme semble alors être partout et nulle part à la fois. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il s'inscrit avant tout dans une logique de déconstruction. Si vous voulez célébrer dignement la journée internationale des droits de la femme, prêtez-vous au jeu et interrogez les discours de vos proches, de vos hommes politiques et les vôtres.

Lina Al Khatib, correspondante
https://alter.quebec/le-masculinisme-ou-lillusion-dune-cause/

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Réaction de Greenpeace Canada à la promesse de Poilievre d’éliminer la tarification du carbone industriel

En réaction à l'annonce de Pierre Poilievre promettant d'éliminer la tarification du carbone industriel, Keith Stewart, Stratège senior en énergie pour Greenpeace Canada, a (…)

En réaction à l'annonce de Pierre Poilievre promettant d'éliminer la tarification du carbone industriel, Keith Stewart, Stratège senior en énergie pour Greenpeace Canada, a déclaré :

« Cela n'a rien à voir avec les tarifs ou le coût de la vie, mais relève plutôt de protéger les grands pollueurs. Les alliés de Poilievre dans l'industrie pétrolière sont ainsi dispensés de faire leur juste part dans la lutte contre les changements climatiques, alors que les personnes ordinaires paient le prix fort à travers des feux de forêt, des inondations et des tempêtes de plus en plus violentes. »

Greenpeace Canada a dénoncé le fait que Poilievre protège les pollueurs et trahit les gens durant une action non violente à Stornoway en novembre 2024. Greenpeace appelle tous les partis à rejeter les politiques trumpistes, à construire un avenir meilleur et à soutenir des moyens de subsistance durables en :

respectant les droits et la souveraineté des peuples autochtones ;

faisant payer leur juste part aux milliardaires et aux entreprises polluantes ou qui pratiquent des prix abusifs ;

construisant des logements pour les gens, non pas pour le profit ;

fournissant une énergie moins chère et plus propre.

Notes aux éditeur·rices

Selon l'Institut climatique du Canada « D'ici à 2030, la tarification du carbone industriel fera plus que toute autre politique pour réduire les émissions du Canada. »

Dans le cadre du système fédéral, les grands émetteurs reçoivent déjà entre 80 et 95 % de leurs crédits d'émission gratuitement afin de préserver leur compétitivité.

Les personnes au Canada ont déclaré vouloir que les grands pollueurs comme les compagnies pétrolières et gazières soient tenues responsables en exigeant qu'elles réduisent leur pollution par le carbone et protègent notre environnement.

Cela a toujours été le plan. Bien que M. Poilievre avait jusque-là refusé de dire s'il maintiendrait le programme fédéral de tarification du carbone industriel, l'une de ses principales conseillères (Jenni Byrne) avait laissé entendre en septembre 2024 que le programme « Supprimer la taxe » inclurait la tarification du carbone industriel.

Selon les expert·es de Greenpeace Canada, si le Canada veut rompre sa dépendance à l'égard des États-Unis et accéder à des marchés tels que l'Union européenne, nous devons vendre les produits à faible teneur en carbone qu'ils souhaitent acheter.

Consultations sur le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques : les groupes insatisfaits du processus actuel

25 mars, par Collectif — , ,
Montréal, le 19 mars 2025 - À la suite du lancement hier de la tournée Vision énergie, qui fait office de consultation sur le futur plan de gestion intégrée des ressources (…)

Montréal, le 19 mars 2025 - À la suite du lancement hier de la tournée Vision énergie, qui fait office de consultation sur le futur plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE), les groupes signataires se déclarent insatisfaits quant au processus actuel.

Plutôt que de procéder d'abord à un débat démocratique, le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (MEIE) a choisi de lancer un processus de façon précipitée et sans cadre clair. Si l'objectif déclaré est l'élaboration du PGIRE, les questions abordées et le peu de temps alloué pour en débattre ne permettent ni de bien établir les contours d'un projet de société décarbonée et juste comme l'aurait permis un vrai débat démocratique, ni de fournir les informations précises nécessaires à la modélisation de l'avenir énergétique.

Les groupes rappellent que ce PGIRE jettera les bases de notre avenir énergétique. C'est pourquoi il doit impérativement reposer sur des modélisations d'hypothèses quant à la consommation future d'énergie dans les différents secteurs de l'économie et à la production future par différentes filières énergétiques. Les groupes ajoutent que l'ensemble de la population étant concernée, il est indispensable que la question soit abordée dans un cadre démocratique inclusif, respectueux des droits des Premiers Peuples et prenant en compte notamment les travailleurs et travailleuses, les populations les plus vulnérables ainsi que les générations futures, ce que le processus actuel ne permet pas.

La forme de la consultation est particulièrement problématique selon les groupes signataires. Plus exactement, bien que la tournée ait le mérite de se déplacer dans 13 villes du Québec, ils dénoncent qu'une consultation lancée à quelques jours d'avis, en plus de faire parvenir la documentation préparatoire à la dernière minute pour des rencontres d'une demi-journée portant sur un enjeu aussi complexe, n'a pour conséquence que d'instrumentaliser la pratique consultative et les groupes présents.

« Au Québec, il existe des forums établis pour mener des consultations démocratiques, pourquoi ne les avons-nous pas mobilisés ? » affirment les groupes. Par exemple, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) permet aux citoyens et citoyennes de s'informer et de s'exprimer tandis que le pouvoir d'enquête des commissaires garantit d'obtenir des réponses crédibles et complètes aux questions de fond. Les processus de la Régie de l'énergie devraient également être mis à contribution pour permettre aux experts de débattre de questions plus pointues dans une enceinte transparente et selon des règles claires et connues à l'avance.

Dans les deux cas, la société civile, les expert·es et les scientifiques peuvent connaître à l'avance les étapes, les échéanciers, les objectifs et le cadrage des démarches de consultation, participer aux consultations de manière publique, connaître l'identité des personnes qui interviennent, accéder au contenu présenté et mobiliser ce contenu pour se saisir des enjeux ou contribuer au débat.

En conclusion, les groupes demandent à la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette, d'élargir considérablement l'exercice pour permettre la tenue d'un véritable débat de société sur l'avenir énergétique du Québec et de mener ensuite une démarche claire et transparente d'élaboration du PGIRE.

Organisations signataires :

Charles-Édouard Têtu, Équiterre
Anne-Céline Guyon, Nature Québec
Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
Émilie Laurin-Dansereau, ACEF du Nord de Montréal
Normand Beaudet, Fondation Rivières
Jacques Benoit, GMob (GroupMobilisation)
Gilles Cazade, Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec (SSPHQ)
Jean-Pierre Finet, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)
Carole Dupuis, Mouvement écocitoyen UNEplanète
Janie Vachon-Robillard, Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska
Shawn Bourdages, Comité vigilance énergie et industrie Côte-Nord
Michel Kuntz, Comité provisoire de démocratie citoyenne de la MRC des Sources
Dany Janvier, Contre la Privatisation du Vent et du Soleil dans Mékinac Des Chenaux
Philippe Duhamel, Regroupement Vigilance Énergie Québec
Lucie Sauvé, Collectif des scientifiques sur les enjeux énergétiques
Karl Janelle, Coalition climat Montréal
Marie-Claire Binet, L'Assomption en transition
Rachel Fahlman, Vent d'élus
France Levert, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE)
Geneviève Paul, Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE)

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La mobilisation à une étape supérieure

25 mars, par Germain Dallaire — , ,
Samedi le 22 mars dernier, 2 à 3 000 syndiqué(e)s et citoyen(ne)s sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition au projet de loi 69 qui ouvre toute grande la porte à (…)

Samedi le 22 mars dernier, 2 à 3 000 syndiqué(e)s et citoyen(ne)s sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition au projet de loi 69 qui ouvre toute grande la porte à une privatisation accélérée de la production et de la distribution d'électricité au Québec. Les manifestations se sont tenues simultanément dans 8 villes au Québec. À Montréal (plus de 1000 manifestant(e)s), à Québec (environ 500), à Chicoutimi (plus de 200), mais aussi à Baie-Comeau, Chipaugameau, Trois-Rivières, Rimouski, Rouyn-Noranda et Sept Îles.

Organisateur des manifestations, le SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique) avait mis le paquet avec des écrans géants. C'est ainsi que tous les manifestants, indépendamment de l'endroit où ils étaient, ont pu assister aux discours des différents orateurs présents à Montréal.

Une lutte qui concerne tout le monde.

À Québec, le président du SCFP-Québec Patrick Gloutnay a mis la table : « Ce n'est pas un mouvement de négociation ou de débat pour le conditions de travail. C'est un débat social, on est là pour faire un rempart au Gouvernement qui veut détruire les prochaines générations, qui vont payer le prix au bout du compte ».

Même chose du côté de David Lemay à Trois-Rivières : « Aujourd'hui, on n'est pas nécessairement des travailleurs d'Hydro-Québec, on est des citoyens québécois et on s'inquiète de la privatisation d'Hydro-Québec. » Les bottines ont suivi les babines puisque Carole Neill de « Toujours Maîtres chez nous » et Janie Vachon-Robillard du collectif « Pour un choix éclairé dans Nicolet Yamaska » ont pris la parole.

À Chicoutimi, Marc Côté du SCFP 1500 a passé le même message. Pour Lynda Youde de Mères au front, présente à Chicoutimi « c'est notre bien commun qui est ici en jeu ». De son son côté, Pierre Dostie, du Mouvement Onésime Tremblay présent avec sa pancarte, disait la même chose : « Le Mouvement Onésime Tremblay est un mouvement citoyen qui vise la reprise en main de nos ressources électriques. C'est un bien public qui doit être exploité dans l'intérêt général et non dans l'intérêt privé ».

3 à 400 personnes lors des manifestations du 8 décembre dernier, 2 à 3000 le 22 mars. Indéniablement, la mobilisation s'intensifie. Le printemps risque d'être chaud.

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En toute collégialité ! Chroniques d’une aventure syndicale universitaire de Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers.

25 mars, par Simon Viviers, Louis-Philippe Lampron — , ,
En 2021, sans expérience au sein d'un exécutif syndical et avec un petit groupe de collègues déterminés, nous avons choisi d'investir notre syndicat dans le but de défendre une (…)

En 2021, sans expérience au sein d'un exécutif syndical et avec un petit groupe de collègues déterminés, nous avons choisi d'investir notre syndicat dans le but de défendre une vision collégiale – et donc démocratique - de l'Université.

En toute collégialité ! Chroniques d'une aventure syndicale universitaire
_de _
Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers
Essai_En librairie le 1er avril_

Largement accueillie et soutenue par nos collègues, cette vision de l'université a été au cœur d'une petite révolution, tant au sein de nos instances syndicales que de la dernière négociation collective. Cette petite révolution a culminé avec une mobilisation historique de nos collègues lors d'une grève de près de 5 semaines à l'hiver 2023 qui a mené à d'importants gains ayant le potentiel de renforcer leur capacité à réaliser la mission d'intérêt public de l'Université.

Toujours portés par l'enthousiasme de l'expérience que nous avons vécue en 2021-2023, nous nous sommes demandé si le blueprint de notre aventure collective ne pourrait pas se transposer dans d'autres institutions publiques ou parapubliques, à travers un syndicat ou via d'autres médiums associatifs. C'est dans cette optique que nous nous sommes lancés dans l'écriture de cet essai : partager les grandes étapes du cheminement qui nous a poussés à investir, en 2021, le comité exécutif de notre syndicat pour initier, morceau par morceau, le mouvement de réappropriation collective de notre institution, l'Université.

Parce que les missions des grandes institutions publiques qui structurent nos sociétés ne seront jamais mieux défendues que par celles et ceux qui en assurent le fonctionnement, en première ligne, nous espérons que le partage de nos expériences – et stratégies – en inspirera d'autres
à s'organiser pour que ces groupes névralgiques aient, concrètement, voix au chapitre.

Respectivement professeurs en droit et libertés de la personne et en sciences de l'éducation, Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers travaillent à l'Université Laval depuis 2007 et 2014. Très actifs dans leurs domaines de recherche, les travaux de ces deux enfants des années 80
se recoupent notamment par un clair intérêt relatif à la défense des conditions assurant la pérennité des institutions de services publics essentielles au fonctionnement de la société québécoise, incluant les universités.

Extrait :

« Au sortir d'une grève historique des employé-es du secteur public québécois, motivée en grande partie par le désir de ces mêmes salarié-es d'obtenir des conditions leur permettant de faire leur
travail de manière sensée et soutenable, nous sommes toujours confrontés à un gouvernement qui, non seulement tolère de nombreuses dérives autoritaires dans la gestion des institutions publiques, mais tend à les encourager. Dans ce contexte, il nous semble fondamental que toutes celles et ceux qui font fonctionner nos institutions publiques au quotidien puissent investir des véhicules collectifs effectifs permettant d'imposer, à l'intérieur de ces mêmes institutions, des mécanismes assurant que les dirigeant-es agissent comme les leaders qu'ils et elles doivent être et non pas comme des caricatures du personnage de Cartman-policier dans la série américaine South Park. »

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Ne revenons pas en arrière

25 mars, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , , ,
La FTQ a toujours fait la promotion de la justice sociale, de la dignité humaine et de la liberté démocratique. Cette lutte pour une société meilleure, plus juste et plus (…)

La FTQ a toujours fait la promotion de la justice sociale, de la dignité humaine et de la liberté démocratique. Cette lutte pour une société meilleure, plus juste et plus égalitaire, la FTQ la mène au quotidien dans les milieux de travail, car c'est d'abord là qu'elle fait reconnaître les droits de ses membres.

La FTQ s'invite dans la campagne

Mais elle mène aussi cette lutte dans l'arène politique : depuis sa création en 1957, la FTQ représente l'intérêt des travailleurs et travailleuses, ainsi que de toute la population auprès des gouvernements et porte haut et fort son projet de société sur toutes les tribunes, y compris sur les scènes électorales québécoises et canadiennes.

La campagne L'Âge de Pierre, lancée par la FTQ pour bloquer l'élection du Parti conservateur de Pierre Poilievre lors des élections fédérales de 2025, s'inscrit dans cette longue tradition d'action politique.

Cette campagne prend racine dans la mission sociale de la FTQ en défendant les droits fondamentaux des Québécois et des Québécoises, et en mettant de l'avant une société plus juste et plus démocratique, alors que le Québec est confronté à de nombreux défis – comme la crise de la vie chère et les menaces de guerre tarifaire et d'annexion venant de la Maison-Blanche, pour ne nommer que ceux-là.

Bloquons Poilievre

Dans ce climat socioéconomique plus qu'incertain, nous ne pouvons pas faire confiance à Pierre Poilievre pour défendre les intérêts de l'ensemble de la population québécoise, pour protéger nos services sociaux, notre modèle de société, nos emplois et notre territoire.

Le chef du Parti conservateur du Canada l'a démontré à maintes reprises, il est issu de la même famille politique que Donald Trump et ses amis oligarques comme Elon Musk :

Il a le même manque de respect envers les médias, les journalistes, et les élus ;

Il a la même volonté de couper dans les programmes sociaux pour offrir des baisses d'impôts aux plus riches ;

Il a le même rêve de donner toujours plus de contrôle aux compagnies privées ;

Il souhaite lui aussi détruire nos normes environnementales au profit des grandes entreprises ;

Et il s'attaque de la même façon aux droits des femmes et des communautés marginalisées.

Avec autant de points en commun, ce n'est plus une simple coïncidence !

Pour la FTQ, il ne fait aucun doute que Pierre Poilievre représente le pire choix pour ceux et celles qui veulent bâtir une société plus juste, plus égalitaire et plus verte.

Agissons avant qu'il ne soit trop tard, et bloquons Pierre Poilievre ! Ne revenons pas en arrière !

Matériel

Pour commander du matériel de la campagne l'Âge de Pierre, veuillez remplir le formulaire ci-dessous. Tout le matériel sera envoyé à votre conseil régional ; il suffit de sélectionner votre région. Votre conseil régional communiquera avec vous pour que vous puissiez récupérer votre matériel lorsqu'il sera prêt.

Commande

Résistons aux menaces de Donald Trump

25 mars, par Caroline Senneville — , , ,
Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des (…)

Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des LGBTQ+ et les mesures pour contrer la discrimination raciale et pour favoriser la diversité.

Nous, soussignés, citoyens et citoyennes du Québec de toutes allégeances, tenons à exprimer notre indignation contre la volonté affichée par le président américain, Donald Trump, de nous étrangler avec ses tarifs douaniers et son chantage, dans le but d'inciter à notre annexion aux États-Unis. Il n'est absolument pas question pour nous du Québec de devenir américains. Qu'on se le tienne pour dit ! Nous sommes trop attachés aux valeurs démocratiques, culturelles et sociales développées au cours des ans par notre société.

Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des LGBTQ+ et les mesures pour contrer la discrimination raciale et pour favoriser la diversité.

Nous ne voulons pas importer ici une société qui consacre l'inégalité entre les plus démunis et les plus riches de la société. Ainsi, il n'est pas dans nos plans d'établir des soins de santé payants et privés, ou encore de renoncer à se faire soigner, faute de moyens. De la même façon, nous ne voulons pas que les jeunes soient tenus de rembourser leurs dettes d'études jusqu'à la retraite. Nous tenons également à notre réseau de services de garde éducatifs et à nos congés parentaux.

Nous résisterons collectivement afin de préserver notre liberté de penser, de débattre, de produire et de diffuser des connaissances et des savoirs diversifiés, nécessaires pour édifier une société plus juste, tolérante et équitable.

D'autre part, nous ne ferons pas un retour en arrière en rétablissant la peine de mort, abolie depuis plusieurs décennies au pays, ou en encourageant le port d'armes chez nous. De plus, nous ne voulons pas mettre de côté nos engagements et nos préoccupations en faveur de la protection de l'environnement afin de faire face au défi que constituent les changements climatiques. L'avenir de la planète n'attendra pas.

Enfin, nous tenons à protéger nos droits linguistiques, notre culture ainsi que les cultures autochtones. En ce sens, nous ne supporterons pas que la culture américaine prenne le dessus sur nos ondes radio et télé, de même que sur les plateformes numériques, propriété des multimilliardaires américains. À plus ou moins long terme, nous devons même viser à nous affranchir des géants américains du web et de leurs plateformes.

Ainsi, nous lançons aujourd'hui un immense appel à résister et à être solidaire face à la menace qui nous vient du bureau Ovale. Ces menaces pèsent un poids particulier pour la nation québécoise qui doit de tout temps imposer ses choix, notamment en matière d'exception culturelle, ou encore de gestion de l'offre sur le plan économique. Nous en appelons à la population, à la société civile, aux représentants patronaux, syndicaux, aux groupes communautaires, aux groupes de femmes, environnementaux et de toutes les communautés de la diversité et des communautés culturelles, à faire front commun.

Cette solidarité est devenue nécessaire. Tous et toutes, nous avons actuellement un ennemi commun : l'administration du président américain. La même intention de se défendre contre les pressions exercées par Donald Trump existe partout dans le reste du Canada. Nous les encourageons, là aussi, à tenir bon et à développer la même unité. Nous souhaitons également établir des ponts avec nos amis américains qui découvrent, jour après jour, les dégâts causés par les premiers mois au pouvoir du président Donald Trump et son administration.

Ce sont les raisons pour lesquelles nous invitons la population et les forces vives du Québec de toutes allégeances à se mobiliser et à résister face aux menaces de Donald Trump, car le temps nous presse.

À nous de jouer !

Les autres signataires de ce texte :

*Alain Saulnier, Christine Beaulieu, Christine St-Pierre, Liza Frulla, Louise Beaudoin, Yvon Deschamps, Éric Gingras (président de la Centrale des syndicats du Québec/CSQ), Tania Kontoyanni (présidente de l'Union des artistes), Alain Saladzius, Alain Vadeboncœur, Alex Norris, Anaïs Barbeau-Lavalette, Anaïs Larocque, Anne-Marie Cadieux, Ariane Charbonneau, Boucar Diouf, Catherine Durand, Clément Duhaime, Alain Deneault, Destiny Tchehouali, Dominique Legault, Françoise David, Fred Pellerin, Guylaine Tremblay, Jacques Godbout, Jean-Robert Bisaillon, Jean-Robert Choquet, Joanne Liu, Jonathan Durand Folco, Laure Waridel, Lorraine Pintal, Louise Caouette Laberge, Louise Sicuro, Maka Koto, Mariana Gianelli, Michel Rivard, Michelle Chanonat, Monique Simard, Normand Baillargeon, Pierre Trudel, Ségolène Roederer, Simon Brault, Agnès Gruda, André Bélisle, André Noël, Annick Charette, Ariane Roy, Benoit McGinnis, Camil Bouchard, Céline Bonnier, Christian Bégin, Christian Vanasse, Claude Desrosiers, Claude Legault, Claude Meunier, Dominic Champagne, Edith Butler, Édith Cochrane, Emmanuel Bilodeau, Ève Déziel, François Avard, François Delorme, François Girard, Geneviève Rochette, Geoffrey Gaquère (directeur artistique et codirecteur général du TNM), Isabelle Vincent, Jacqueline Lemay, Janine Krieber, Jean-François Lépine, Jean-François Nadeau, Jean-Sébastien Fournier, Julie Le Breton, Lana Carbonneau, Léa Clermont-Dion, Lise Aubut, Lizann Demers, Lou Vincent Desrosiers, Louise Harel, Louise Richer, Mani Soleymanlou, Manon Barbeau, Marie Malavoy, Marie-Josée Lacroix, Michel Désautels, Michel Lacombe, Mireille Elchacar (Mères au front), Monique Savoie, Myriam Perraton Lambert, Patrice Michaud, Paule Baillargeon, Philippe Poullaouec-Gonidec, Pier Paquette, Pierre Curzi, Pierre Martin, Pierre-Michel Tremblay, Rachida Azdouz, Rémi Bourget, René Richard Cyr, Robin Aubert, Salam Yazbeck, Vincent Graton, Marie-Pier Boisvert (Coalition des familles LGBT+), Marc Bolduc, Marion Dove, Michel Dumais, Mona Greenbaum (fondatrice de la Coalition des familles LGBT+), Gabrielle Boulianne-Tremblay, Pascale Cormier, Conrad Bouchard, Mélissa Dion, Sylvie Dupont, Luc Ferrandez, Martin Gougeon, François Gendron, Pierre Huet, Claire Trudel, James Gabriel Galantino, Pierre Huet, Sophie Paradis, Alexandra Soumain, Pascal Vaillancourt (Interligne), Sao Vincent, Paule Robitaille, Lyne Robert.

Un projet de loi qui va inutilement trop loin

25 mars, par Fédération autonome de l'enseignement (FAE) — , ,
D'abord, nous réitérons que nous sommes fondamentalement en accord avec la laïcité de nos institutions publiques. Ainsi, l'enseignement des programmes tels qu'ils sont (…)

D'abord, nous réitérons que nous sommes fondamentalement en accord avec la laïcité de nos institutions publiques. Ainsi, l'enseignement des programmes tels qu'ils sont prescrits sans adaptation pour des croyances religieuses, l'interdiction des locaux de prière, et les services offerts et reçus à visage découvert sont tous des éléments avec lesquels nous sommes d'accord.

Mais sous prétexte de renforcer la laïcité dans nos écoles, ce projet de loi ratisse beaucoup trop large.

Prenons, par exemple, le dépôt des planifications annuelles en début d'année scolaire et l'évaluation du personnel à chaque année. Par cette nouvelle exigence, le ministre sous-entend qu'il doute des compétences et du professionnalisme des 105 000 personnes enseignantes à la formation générale des jeunes du réseau public du Québec. Comme si ces personnes devraient être plus encadrées pour garantir la qualité des services offerts aux élèves.

Pour nous, une telle vision est totalement inacceptable. Dans les faits, dans le rapport de vérification publié en janvier 2025, les vérificateurs affirment que « le Programme de formation de l'école québécoise est bien suivi dans les établissements vérifiés » et qu'il n'a pas été nécessaire de recourir à leur mandat de vérification pour l'application de la Loi sur l'instruction publique (ce qui visait notamment l'enseignement des programmes) dans le cadre de leurs travaux.

Bien que ce les événements s'étant déroulés à l'école Bedford soient inacceptables, le problème que le ministre Drainville souhaite régler nous apparaît somme toute isolé. Les encadrements actuels permettent à la direction de s'assurer de la qualité des services dispensés dans son établissement et d'encadrer le personnel qui semble éprouver des difficultés. Les processus de supervision pédagogique et éventuellement disciplinaires sont possibles, et parfois même enchâssés dans les ententes locales.

  • Concrètement, ce que la situation révèle, c'est l'échec des gestionnaires à appliquer les mesures qui existent déjà.

En créant un tel projet de loi, le ministre va inutilement beaucoup trop loin, surtout dans un contexte de pénurie, où beaucoup de gens n'ont pas la formation initiale ni leur brevet, alors que plusieurs ne maîtrisent pas les programmes d'études ni les progressions des apprentissages… Il aurait mieux valu miser sur de l'accompagnement des personnes concernées plutôt que d'exiger des planifications et des évaluations comme si tout le monde représentait un danger potentiel pour les élèves. Pour ce qui est des milieux problématiques, des plans d'action ciblés auraient pu être mis en place afin de s'assurer que les gestionnaires fassent adéquatement le travail qui est attendu d'eux.

Si le ministre souhaite changer le narratif en éducation et veut valoriser la profession enseignante, qu'il commence par faire confiance à une vaste majorité d'enseignantes et d'enseignants qui, malgré des moyens souvent limités, accomplissent un travail colossal auprès des groupes d'élèves qui leur sont confiés.

Au cours des prochains jours, la FAE analysera plus finement le projet de loi et sera assurément de retour en commission parlementaire lorsqu'elle aura lieu pour faire entendre la voix des profs qu'elle représente.

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