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Comment des militants et militantes ont pu devenir le sable dans l’engrenage d’Amazon

23 janvier, par Rédaction

Manifestation - Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Amazon Laval

Le 13 mai 2024, le Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Amazon Laval a été officiellement accrédité. Il s’agit du premier et du seul syndicat d’Amazon au pays. La nouvelle a fait le tour des médias, mais on a donné très peu d’attention à l’organisation du syndicat sur le terrain et aux motivations des membres à s’organiser. À Lachine, à Vancouver et à Toronto, les campagnes de syndicalisation n’ont pas mené à une accréditation, alors pourquoi les militantes et militants syndicaux ont-ils gagné à l’entrepôt DXT4 de Laval ?

Cet article a d’abord pour but d’offrir un aperçu des spécificités de l’exploitation chez Amazon, puis d’exposer les méthodes qui ont mené les syndicalistes à une première réussite. Sera ensuite abordée la question de l’organisation syndicale de nouveaux arrivants et arrivantes qui forment une majorité dans l’entrepôt nouvellement syndiqué.

Ce texte s’appuie d’abord sur deux entretiens approfondis que j’ai eu la chance d’avoir avec Jean-François, un ancien travailleur d’Amazon licencié durant la campagne de syndicalisation, et avec Jacques, un ancien militant de la Fédération autonome de l’enseignement qui s’est fait embaucher à l’entrepôt DXT4 pour des raisons pécuniaires, mais surtout politiques. L’article est aussi le fruit de nombreux échanges avec des membres de l’exécutif du nouveau syndicat, avec d’anciennes et anciens commis qui ont travaillé dans différents entrepôts de la région de Montréal, avec des militantes et militants impliqués au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (IWC-CTI) et avec des journalistes qui ont couvert le dossier.

Au Canada, Amazon compte environ 45 000 employé·e·s et a franchi le cap des 50 entrepôts en 2022. Au Québec, on en comptera bientôt une vingtaine, dont huit dans la grande région de Montréal. La plupart sont des centres d’expédition, désignés par le sigle DXT, mais les plus impressionnants sont les centres de distribution, désignés par le sigle YUL.

Le premier entrepôt qui a fait les manchettes sur le plan de la syndicalisation fut YUL2 situé à Lachine. Un travailleur, Manuel Espinar Tapial, avait fait signer environ 80 cartes de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) dans ce centre de distribution. Une offensive antisyndicale de la part d’Amazon est cependant venue à bout de cette campagne[1].

C’est dans cet entrepôt que le CTI a aussi commencé à s’impliquer dans la lutte contre Amazon. Le Centre a depuis formé un comité dédié aux aspects du travail dans les entrepôts de la multinationale, lequel organise des événements et fait pression pour qu’Amazon respecte les normes du travail. Le Comité Amazon du CTI demande entre autres que, conformément à la loi, l’employeur cesse de renvoyer les employé·e·s qui sont prosyndicat en guise de représailles et qu’il forme un comité de santé et de sécurité au travail. La force du CTI, habitué à accompagner les travailleurs et travailleuses d’entrepôt, se situe sur le plan de l’intervention dans des cas d’abus ou de blessures professionnelles.

Des conditions propices à la syndicalisation

On ne peut pas dire que les conditions de travail sont bonnes dans un entrepôt Amazon. Le travail est ardu physiquement et commande de répéter les mêmes gestes des centaines de fois chaque jour. À DXT4, les travailleurs et les travailleuses passent une partie de la journée devant un convoyeur qui leur dicte le rythme de travail et émet une alarme si les colis ne sont pas ensachés assez rapidement.

L’autre occupation principale d’une ou d’un employé de centre d’expédition impose de soulever des charges allant jusqu’à 50 lb (22 kg). Récemment, les chariots sur lesquels les lourds sacs de colis doivent s’empiler ont été munis de bras hydrauliques qui assument une partie de l’effort de soulèvement des sacs, mais, selon Jacques, ces bras ralentissent en fait le travail.

Les aides technologiques qui ont pour effet d’« allonger le travail » sont mal vues car chez Amazon, seule la cadence de travail compte. La travailleuse ou le travailleur est en effet constamment surveillé. Durant la « cueillette », c’est-à-dire le moment du quart de travail où les sacs de colis sont placés sur les chariots, le taux de complétion des commandes (« les rates » dans le jargon) est constamment calculé. Les commis sont munis de lecteurs de codes QR et doivent sans cesse numériser des codes pour que le système informatique puisse fournir en temps réel les variations en productivité des employé·e·s.

Dans un article de Radio-Canada, un travailleur d’Amazon du Québec avait exprimé ainsi cette condition : « On a littéralement un cellulaire accroché à notre main qui nous dit quoi faire, avec un scanner au bout du doigt. On est l’extension d’un robot[2] ». À la supervision numérique s’ajoute la supervision humaine de la part des cadres de l’entrepôt, qui vont, par exemple, aller avertir ceux et celles qui passent trop de temps aux toilettes.

Selon Jacques, ce n’est pas tellement qu’Amazon veut voir sa main-d’œuvre être la plus rapide possible, mais qu’elle garde une vitesse de travail constante. Même s’il demeure un employé parmi les plus rapides, quand il est relativement moins efficace qu’à l’habitude, Jacques se fait questionner par ses superviseurs. Les salarié·e·s sont, en effet, beaucoup plus facilement transformés en données managériales si le nombre de colis qu’ils traitent dans un temps donné est stable.

Il y a cependant deux exceptions à cette règle générale : lorsque l’équipe du quart précédent a pris du retard ou lorsque la quantité de colis est anormalement élevée. Durant la haute saison qui va de la mi-octobre jusqu’au début de janvier, on témoigne de rythmes beaucoup plus intenses, ce qui amène une augmentation des blessures[3]. Celles-ci sont d’ailleurs un fléau dans l’entreprise. Le travailleur interviewé par Radio-Canada affirmait qu’en « un an de travail, je pense que tout le monde a une blessure[4] ».

Les employé·e·s à qui j’ai parlé s’accordent sur le fait que le travail d’entrepôt chez Amazon n’est pas à classer parmi les pires au Québec et que nous ne sommes pas ici dans une situation des plus dramatiques, mais qu’il s’agit certainement de conditions qui usent rapidement le corps et les nerfs des travailleurs et travailleuses. Bien que Jacques trouve une certaine satisfaction à accomplir ce travail éreintant, il ne croit pas pour autant qu’il soit normal qu’il faille quotidiennement déplacer des tonnes de colis pour payer le loyer[5].

Au Québec, les pires conditions de travail chez Amazon sont réservées aux livreurs et livreuses qui sont à l’embauche de sous-traitants, ce qui dédouane Amazon de toutes les infractions aux normes du travail et d’autres abus lorsqu’ils adviennent.

Il est notable d’ailleurs qu’Amazon, suivant les préceptes du management à la mode, prenne des initiatives pour tenter que les salarié·e·s se sentent partie prenante de l’entreprise et que leur exploitation soit maquillée. On parle de nourriture offerte par les cadres, de séances collectives d’étirement, du spectacle occasionnel d’employé·e·s de bureau qui viennent maladroitement aider sur le plancher et, dans un cas spécifique, d’une séance surréelle de motivation où une gérante sautillait en encourageant les travailleurs et travailleuses. Somme toute, Jacques estime que les cadres de l’entrepôt ont du succès à créer une certaine complicité avec leurs subordonné·e·s.

Des conditions de travail dictées par le marché

Selon Jean-François, les conditions de travail dans les entrepôts sont juste assez bonnes – en comparaison des emplois les plus précaires de la province – pour qu’Amazon réussisse facilement à recruter des commis. Les offres d’emploi affichées par Amazon sont normalement comblées en quelques jours et la compagnie reçoit toujours des dizaines de candidatures quand elle ouvre des postes. Les salaires – par exemple, les commis débutent à 20 dollars de l’heure – sont corrects pour quelqu’un qui n’a pas la possibilité d’obtenir un emploi qualifié ou syndiqué.

Cet engouement pour les emplois chez Amazon est, en fait, l’un des piliers de la stratégie économique du géant. L’objectif de la compagnie est de toujours avoir le strict minimum de main-d’œuvre, et ce, au point où l’entreprise préfère licencier en grand nombre des membres du personnel dans un moment de faible demande pour engager à nouveau quelques mois plus tard. Contrairement à beaucoup d’entreprises qui favorisent le délestage ou la réduction des heures individuelles travaillées plutôt que de prendre le risque de briser des liens d’emploi en période morte, Amazon ne craint pas la pénurie de personnel.

L’instabilité de la main-d’œuvre dans les entrepôts est telle que le New York Times a rapporté en 2021 que le taux moyen de roulement de l’ensemble de la main-d’œuvre du comté de Richmond dans l’État de New York avait dépassé le cap des 100 % dans l’année qui a suivi l’ouverture d’un entrepôt d’Amazon dans la région[6]. L’entreprise se comporte, de fait, en capitaliste commercial exemplaire qui a orienté sa stratégie de gestion du personnel sur le principe que « la quantité d’ouvriers, emballeurs et transporteurs, etc., dépend de la masse des marchandises, objets de leur activité, et non l’inverse[7] ».

Encore une fois comme capitaliste exemplaire, Amazon a mis en place tout un appareil administratif et légal qui lui permet de faire des congédiements massifs sans pour autant inquiéter les autorités du travail comme la Commission des normes, de l’équité, de la santé et sécurité du travail (CNESST). Les commis sont ainsi classés en deux catégories : les badges bleus et les badges blancs. Les premiers sont des employé·e·s permanents alors que les seconds se savent sous la constante épée de Damoclès du congédiement sans raison autre que les pressions du marché.

Le renvoi de badges blancs sert aussi de représailles de la part des patrons. Radio-Canada rapportait en 2019 qu’un licenciement massif de 300 personnes aux États-Unis avait eu lieu pour punir les travailleurs et travailleuses qui avaient une productivité trop basse[8]. À DXT4, l’octroi de badges bleus a été suspendu peu après la syndicalisation de l’entrepôt.

Cette catégorie de commis plus précaires, constamment inquiets de se faire congédier s’ils n’en viennent pas à obtenir un badge bleu, sert d’ailleurs de tampon protecteur pour Amazon en ce qui concerne une possible syndicalisation. Les travailleurs interviewés sont unanimes : les badges blancs ont peur de s’impliquer dans le syndicat à cause de leur situation. Certaines personnes souhaitaient même attendre d’avoir le badge bleu pour signer leur carte d’adhésion.

Si les badges blancs sont les plus vulnérables au renvoi, les badges bleus peuvent eux aussi être mis à la porte par Amazon avec une relative facilité. Les statistiques constamment recueillies sur chaque employé·e servent à la ou à le discipliner par rapport à son travail, mais aussi à donner une justification pour le renvoi de certains « éléments à problème », au nombre desquels on compte les syndicalistes ou les gens qui se sont déjà blessés au travail.

Jean-François est d’avis qu’Amazon pratique un « eugénisme de la main-d’œuvre » en « purgeant » sournoisement la main-d’œuvre des commis à risque de se blesser. Selon lui, un premier accident de travail constitue une garantie soit de se faire renvoyer, soit de se blesser une deuxième fois à brève échéance. Les blessé·e·s, explique-t-il, reçoivent d’abord une assignation temporaire, comme il se doit de la part d’un capitaliste exemplaire, où ils exécutent des travaux moins difficiles. Ceux-ci sont cependant réintégrés assez rapidement au travail régulier, où ils font face à un choix difficile : ne pas atteindre la productivité d’avant leur accident de travail ou bien procéder trop vite par rapport à ce qu’exigerait leur réadaptation.

Ainsi, selon un employé de l’autre entrepôt de Laval, DXT5, un travailleur s’est forcé à maintenir sa productivité malgré qu’il ait été en rémission d’un cancer, ce qui l’a amené à faire une crise cardiaque. Cependant, la situation optimale pour Amazon est que le commis baisse la cadence et qu’il soit renvoyé pour des raisons de productivité, car s’il se blesse, il fera plutôt augmenter les cotisations à la CNESST.

L’ensemble de ces éléments constitue, sur le fond, plus l’essence de la grossière exploitation à la sauce Amazon que les bas salaires et l’ardeur du travail physique qu’on retrouve dans tant d’autres milieux de travail au Québec.

Ce qui a fait gagner le syndicat de Laval

Quand j’ai demandé à Jean-François ce qui a permis de remporter la victoire à DXT4, il semblait d’abord peu inspiré : « On a juste fait signer des cartes ». Comment a-t-on syndiqué ce qui n’avait jamais été syndiqué au Canada ? En faisant signer des cartes ?

La vérité, précise-t-il, est que du point de vue des tactiques proprement dites, rien n’était vraiment nouveau dans la campagne de syndicalisation de DXT4. Les militants ont appliqué ce qui constitue l’ABC de la mobilisation et de l’organisation. D’abord, il faut faire enquête, « parler au monde » dans les termes de Jean-François. Ensuite, il faut identifier des meneurs et des meneuses dans l’entrepôt. Finalement, il faut créer des comités pour embarquer ces contacts dans le mouvement de syndicalisation et les pousser à faire signer des cartes par leurs collègues proches.

À ces fondations solides s’ajoutent la distribution de matériel d’agitation, des barbecues et divers autres événements pour rallier les travailleurs au mouvement de syndicalisation. Les ressources de la CSN ont été utiles en cette matière, notamment pour permettre de multiplier les interventions à l’extérieur de l’entrepôt et pour ainsi épauler la part principale du travail qui se fait entre collègues dans l’entrepôt.

La syndicalisation est en effet le fruit du travail d’employé·e·s de l’entrepôt, et non celui d’une centrale syndicale ou d’un groupe politique qui intervient depuis une position externe. Législation oblige, la signature des cartes et la « sollicitation » se fait en dehors du lieu de travail, mais la mobilisation se fait néanmoins entre collègues et non pas entre un intervenant syndical et un travailleur.

La combinaison ultime entre le travail externe et le travail interne est venue de la part de militants syndicaux qui ont réussi à recruter d’autres militants et militantes syndicalistes pour que ceux-ci rejoignent également la force de travail d’Amazon et qu’ils fassent signer des cartes d’adhésion à la CSN. La tactique est vieille comme la lutte des classes ; il a été assurément bénéfique que quelques militants de gauche sans emploi aient bien voulu aller au cœur de la bête pour faire œuvre utile[9].

Là où il y a nouveauté, c’est en ce qui concerne la stratégie à plus long terme. L’envoi de militants dans un milieu de travail pour le syndiquer, ce qu’on appelle dans le jargon le salting, est quelque chose de tout à fait commun et, encore une fois, il s’agit d’une tactique éprouvée, mais les militants qui donnent actuellement du fil à retordre aux sous-fifres de Jeff Bezos ne sont pas des salts.

Ce groupe de militants n’est pas dans l’entrepôt de manière temporaire. L’objectif de ses membres est l’organisation à long terme des travailleurs et travailleuses d’Amazon au Canada et non pas seulement de syndiquer un nouveau milieu de travail. Dans un événement organisé en juin dernier par le collectif Archives Révolutionnaires, un membre du syndicat, questionné sur le futur de son implication militante dans le syndicat nouvellement formé, sur ce qu’il fera « après », a rétorqué : « C’est ma vie ».

Cette position surprend chez la gauche syndicale parce que l’« infiltration » d’un milieu de travail est généralement une chose de courte durée. Par exemple, un des grands succès du Syndicat industriel des travailleurs et travailleuses (SITT-IWW) de Montréal fut la syndicalisation du restaurant Frites Alors! sur la rue Rachel à Montréal en 2016. Trois membres du SITT avaient noyauté le personnel du restaurant et avaient pu en quelques mois organiser leurs collègues selon les lignes stratégiques de leur syndicat anarchosyndicaliste. Aucun des activistes n’est cependant resté plus de quelques mois supplémentaires au restaurant et le syndicat disparut rapidement[10].

Selon Jean-François, lui-même un militant entré chez Amazon pour la lutte syndicale, faire entrer des alliés à son travail pour faire signer plus de cartes n’est pas ce qui permet de bâtir un syndicat fort qui s’appuie sur ses membres. La stratégie du SITT était, au fond, la version anarchiste de la stratégie adoptée par les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce pour syndiquer des hôtels : former un syndicat avec des militants et militantes qui s’engagent temporairement, puis laisser les syndiqué·e·s se débrouiller.

L’idée que les militants syndicaux puissent être des activistes venant principalement de l’extérieur des milieux de travail et qu’ils infiltrent temporairement un endroit, si nécessaire, est radicalement différente de celle qui anime les syndicalistes d’Amazon de Laval. Jacques croit que les élu·e·s syndicaux devraient par exemple pouvoir être libérés une demi-journée par semaine, mais qu’ils devraient travailler la majorité du temps « sur le plancher ».

La volonté des militants d’Amazon de s’engager pour une longue période dans la lutte pour améliorer les conditions de travail d’un endroit médiocre peut, selon certains à gauche, être rapprochée de la tradition de l’« implantation ». Apparue à la fin des années 1960, mais peut-être davantage popularisée par le Parti communiste ouvrier et En lutte ! dans les années 1970, cette pratique consistait à joindre un milieu de travail ouvrier et à y organiser les travailleurs selon des lignes révolutionnaires. Le phénomène n’a pas eu lieu seulement au Québec, mais il a aussi été observé dans le mouvement antirévisionniste international.

Bien qu’on la croyait jadis rangée dans le placard du folklore marxiste-léniniste, l’implantation est récemment réapparue dans les débats de gauche au Québec. Certaines publications comme L’Établi de Robert Linhart[11] ont ravivé des discussions entre de jeunes militants prêts à se jeter dans la lutte ouvrière et des vétérans qui ont connu l’époque où il était courant pour un révolutionnaire d’aller travailler à l’usine.

Il n’est pas tellement surprenant, en fait, de retrouver de plus en plus de militants radicalisés au sein du mouvement étudiant qui soient prêts à plonger dans l’organisation en milieu de travail ouvrier. Il se trouve que beaucoup de jeunes prolétaires destinés à une ascension de classe ont finalement été obligés de remettre leur projet et d’occuper un emploi au bas de l’échelle « en attendant », voire de simplement abandonner leur plan de carrière pour aller vers un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou un diplôme d’études collégiales (DEC). Une statistique parlante à ce sujet, c’est que près de 10 % de la main-d’œuvre du domaine de la construction au Québec possède un diplôme universitaire[12].

Le travail d’implantation présente d’ailleurs un attrait certain pour les militants et militantes qui croient que le pouvoir vient du peuple (populistes de gauche, démocrates radicaux, maoïstes, etc.). Les mots d’ordre, les tracts, les discours visent assurément plus juste s’ils sont rédigés par des gens qui connaissent intimement une réalité que s’ils sont rédigés par des acteurs externes. De la même manière, il est beaucoup plus aisé d’établir un lien de confiance avec des travailleurs en vue d’organiser un syndicat si on travaille à leurs côtés. « On est complices, on est dans la gang », exprime Jacques.

Un ancien travailleur d’un entrepôt de Lachine donnait comme exemple qu’il a fait signer sa première carte grâce à des discussions qu’il a eues en faisant du covoiturage. L’employé d’une centrale syndicale qui distribue des tracts aux portes de l’entrepôt ne peut pas avoir ce type de discussion mi-politique mi-papotage qui permet de saisir comment convaincre quelqu’un d’adhérer au syndicat.

Le plus dur est à venir

Établir ces liens solides avec les autres travailleurs et travailleuses est d’autant plus important que tous les militants et militantes de DXT4 s’entendent sur une chose : la lutte ne fait que commencer et le plus dur est à venir.

Amazon est prêt à tout pour ne pas reconnaitre le syndicat légalement constitué. Aux États-Unis, la multinationale conteste carrément la validité du National Labour Relations Board, tandis qu’ici elle essaie de contester le principe de l’accréditation automatique quand plus de 50 % des employé·e·s ont signé une carte d’adhésion. La tactique d’Amazon devant le Tribunal administratif du travail a même été de se présenter en défenseur de la démocratie[13].

Aussi stupide que soit l’attaque légale d’Amazon, elle sert avant tout à retarder le processus de négociation et à laisser plus de temps à ses experts en démantèlement syndical pour faire leur sale besogne. À l’entrepôt de Staten Island (New York), cette approche patronale a réussi : le syndicat, pris à poireauter en attendant que l’appareil judiciaire s’occupe des diversions légales d’Amazon, a vu des conflits internes émerger[14].

La lutte dans les entrepôts d’Amazon constitue donc obligatoirement une lutte prolongée. Les bases organisationnelles qui ont permis à faire adhérer une majorité d’employé·e·s au syndicat doivent, suivant cette idée, devenir encore plus solides. Les « relais » qui avaient comme tâche de faire signer les cartes parmi les travailleurs doivent devenir des assises du syndicat. Les mots d’ordre, les objectifs, les tactiques doivent venir de tout le monde qui travaille dans l’entrepôt et pas seulement des quelques éléments qui ont une expérience militante. C’est seulement en refusant le « dirigisme » et en mettant de l’avant les membres de la base que l’unité du syndicat peut être préservée.

L’unité est déjà rudement mise à l’épreuve puisque les patrons s’évertuent à faire de la propagande antisyndicale. Jacques ou d’autres travailleurs doivent souvent prendre la parole pour contredire les gérants durant les réunions quotidiennes, car ceux-ci glissent d’habiles mensonges à l’encontre du syndicat dès qu’ils le peuvent. Ces mensonges sont d’autant plus faciles à propager qu’une grande majorité des employé·e·s de DXT4 sont immigrants et ne connaissent pas nécessairement leurs droits.

Manœuvrer en territoire multiculturel

On a vu ces dernières années un essor de l’intersectionnalité et de la décolonisation sur le plan théorique, mais bien peu de travail pratique de la gauche s’est tourné vers l’exploitation des « damnés de la terre » sur leur lieu de travail, hormis l’imposant travail du CTI. Cependant, la limite du CTI est qu’il n’est pas un syndicat ; il ne mène donc pas directement une lutte entre exploiteurs et exploités. Des ONG – on a nommé le CTI, mais il y a aussi le Front de défense des non-syndiquéEs – veillent sur les usines, les manufactures et les entrepôts où on retrouve une forte proportion de migrantes et migrants mais la gauche n’est généralement pas présente à l’intérieur des murs.

Ce n’est pas qu’on ne rencontre pas de travailleurs ou de travailleuses de gauche dans ces milieux, mais personne n’a su les intégrer au mouvement progressiste québécois. Par exemple, on retrouve chez Amazon des commis indiens qui ont participé au mouvement de révolte agricole qui a secoué leur pays en 2020 et 2021, mais ils n’ont jamais été sollicités par la gauche d’ici avant de rencontrer les militants d’Amazon.

L’isolement auquel font face beaucoup de travailleurs précaires migrants sera dur à rompre tant qu’il n’y aura pas dans leurs quartiers et leurs lieux de travail des militants québécois prêts à les mobiliser. Jean-François soulignait lors de notre discussion que depuis la désindustrialisation et la lente réindustrialisation qui s’en est suivie, les milieux ouvriers de grande ampleur n’ont généralement pas été syndiqués. Les usines et entrepôts bâtis dans les dernières décennies offrent ainsi des conditions de travail plutôt médiocres au point où un poste de commis chez Amazon apparait comme un emploi de choix pour beaucoup de travailleurs migrants.

L’abandon par la gauche des secteurs qui constituaient traditionnellement les châteaux forts des partis communistes, comme l’industrie manufacturière ou la construction, est parfois justifié par l’argument qu’il faut s’éloigner de la classe ouvrière blanche et masculine qui constitue la majorité dans plusieurs de ces secteurs. Cependant, ces secteurs sont ceux où, dans les dernières années, l’on voit la main-d’œuvre migrante augmenter et la main-d’œuvre canadienne diminuer[15]. La gauche s’est ainsi, par souci d’inclusivité, partiellement détournée des milieux où se développe l’exploitation des migrants et migrantes.

Jacques estime que plus de 90 % de ses collègues à DXT4 sont des personnes immigrantes, dont beaucoup de réfugié·e·s et d’étudiants et étudiantes. Le fait de travailler côte à côte avec eux et elles fut, selon les syndicalistes rencontrés, un facteur décisif pour gagner la confiance de certains meneurs organiques des microcommunautés migrantes présentes dans l’entrepôt.

Car, pour des raisons de langue notamment, les membres de différentes nationalités se regroupent habituellement ensemble dans les entrepôts Amazon. Pour gagner la confiance des nombreux travailleurs et travailleuses qui s’expriment peu en français ou en anglais, pour briser la barrière culturelle qui peut nuire aux échanges, les syndicalistes d’Amazon ont dû faire un effort d’inclusivité qui n’était pas sur le plan du discours, mais sur celui des actes, soit s’inclure dans les conditions de vie de ces gens. L’atomisation, les divisions culturelles ne peuvent être vaincues qu’en faisant partie du quotidien de ceux et celles qu’on souhaite voir se libérer.

Par André-Philippe Doré, boulanger et ancien délégué syndical à l’Alliance de la fonction publique du Canada


  1. David Savoie, « Syndicalisation : le cas d’Amazon porté devant le Tribunal administratif du travail », Radio-Canada, 10 février 2024.
  2. David Savoie, « Amazon, c’est l’exploitation avec le sourire », Radio-Canada, 29 mars 2023.
  3. Comité de Montréal, « La haute saison d’Amazon tue », L’Étoile du Nord, 19 janvier 2024, <https://etoiledunord.media/un-travailleur-meurt-pendant-la-frenesie-des-fetes-de-fin-dannee-la-haute-saison-damazon-tue/>.
  4. Savoie, op. cit., 29 mars 2023.
  5. L’Étoile du nord avance qu’au centre de distribution YUL2, les travailleurs et travailleuses soulèvent de 2 à 7 tonnes de colis par jour, suivant la période. Voir Comité de Montréal, op. cit., 19 janvier 2024.
  6. Jodi Kantor, Karen Weise et Grace Ashford, « The Amazon that customers don’t see », New York Times, 15 juin 2021, <https://www.nytimes.com/interactive/2021/06/15/us/amazon-workers.html>.
  7. Karl Marx, Le capital, livre 3, Paris, Éditions sociales, 1976, p. 288.
  8. Radio-Canada, « Amazon procède au licenciement d’employés à l’aide d’un système automatisé », 26 avril 2019.
  9. Aucun parmi eux n’était un employé ou un militant de la CSN avant d’aller travailler chez Amazon.
  10. « Solidarity and power in the face of a terrified employer : the IWW campaign at Frite Alors », Organizing Work, 2019, <https://organizing.work/2019/02/solidarity-and-power-in-the-face-of-a-terrified-employer-the-iww-campaign-at-frites-alors/>.
  11. Robert Linhart, L’Établi, Paris, Minuit, 1981.
  12. Guichets-Emploi (Gouvernement du Canada), Construction: Profil sectoriel (SCIAN 23) et perspectives 2023-2025 au Québec, <https://www.guichetemplois.gc.ca/analyse-tendances/rapports-marche-travail/quebec/construction>.
  13. Comité de Montréal, « Amazon achète du temps au Tribunal administratif du travail », L’Étoile du Nord, 20 juin 2024, <https://etoiledunord.media/amazon-achete-du-temps-au-tribunal-administratif-du-travail/>.
  14. Alex N. Press, « As Amazon refuses to bargain, divisions have emerged in the Amazon labor union », Jacobin, juillet 2023.
  15. Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Les personnes immigrantes et le marché du travail québécois, 2020, <https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/immigration/publications/fr/recherches-statistiques/ImmigrantsMarcheTravail2020.pdf>.

 

Des haies brise-vent sur la 132

23 janvier, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local C’est une avancée saluée par la population qui utilise la route 132 dans le Bas-Saint-Laurent : le gouvernement du (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local C’est une avancée saluée par la population qui utilise la route 132 dans le Bas-Saint-Laurent : le gouvernement du Québec a annoncé l’implantation de haies brise-vent sur un tronçon de la route 132 à Saint-Fabien. Une mesure qui, bien que (…)

« Pakistan contre les inégalités » à la veille du Forum économique mondial

23 janvier, par Rédaction-coordination JdA-PA
Le Forum économique mondial de Davos a ouvert sa 55ème édition le 20 janvier dernier. En riposte à cet événement, un puissant mouvement de plus de 30 000 activistes dans près (…)

Le Forum économique mondial de Davos a ouvert sa 55ème édition le 20 janvier dernier. En riposte à cet événement, un puissant mouvement de plus de 30 000 activistes dans près de 50 villes s’est mis en marche pour exiger la justice économique, l’action climatique et la fin de l’emprise des (…)

Decolonization, Identity and Anarcho-Indianism | Gaya Makaran (Mexico, 2024)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2025/01/alebrijes-anarquicos-gaya-makaran.jpeg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2025/01/alebrijes-anarquicos-gaya-makaran-1.jpeg?w=47523 janvier, par liberteouvriere
Anarchism helps us to discover that behind certain decolonial approaches can hide a populist peripheral nationalism that reproduces what it supposedly criticizes, by not (…)

Anarchism helps us to discover that behind certain decolonial approaches can hide a populist peripheral nationalism that reproduces what it supposedly criticizes, by not questioning the modern fetish categories such as the State, the nation or the race, constituting a kind of mirror of (…)

Génocide du peuple palestinien : après Gaza, la Cisjordanie

23 janvier, par Rédaction-coordination JdA-PA
Communiqué : Bureau National de l’AFPS, le 22 janvier 2025 Dès la mise en place du gouvernement d’extrême droite israélien en décembre 2022, la politique de colonisation et de (…)

Communiqué : Bureau National de l’AFPS, le 22 janvier 2025 Dès la mise en place du gouvernement d’extrême droite israélien en décembre 2022, la politique de colonisation et de répression d’Israël en Cisjordanie s’est accentuée. Après le 7 octobre elle a franchi un cran supplémentaire : plus de (…)

Chronique d’un cycliste dépassé

23 janvier, par Yvon Dinel — , ,
Décembre, la saison cycliste s'achève. La neige et la glace n'ont pas encore séduits le cycliste que je suis. Bien que le dérèglement climatique, avec ses chaussées de plus en (…)

Décembre, la saison cycliste s'achève. La neige et la glace n'ont pas encore séduits le cycliste que je suis. Bien que le dérèglement climatique, avec ses chaussées de plus en plus dénudées, pourrait bien m'offrir la possibilité de quelques sorties.

Et l'année cycliste 2024, quoi en penser ?

Je constate maintenant que je suis un cycliste dépassé.

Avec un corps fraîchement retraité, je dois bien l'avouer, je n'ai plus l'essence de mes trente ans. Je me fais souvent dépassé, par des jeunes et moins jeunes aux mollets bien plus tendus que les miens. Pour me consoler, je me dis : « il n'y a pas si longtemps, je traversais quotidiennement l'île de Montréal, de Hochelaga à Ahuntsic. » Cet aller-retour vélo-boulot-dodo me permettait d'apprécier un bon deux heures vingt à pédaler, quatre jours semaine. Ce n'est peut-être pas de la vitesse ça, mais un peu d'endurance. N'est-ce pas ?

CIRCUIT POUR ROUES DE TOUT GENRE

Mes nombreux allers-retours m'ont permis d'observer et de me questionner : « devrait-on changer la dénomination voie cyclable (ce qui inclus les bandes et les pistes cyclables) pour circuit pour roues de tout genre ?

Dans le temps, nous qui faisions l'effort de pousser sur des pédales pour articuler un engrenage qui faisait tourner des roues, nous étions « rois et maîtres » des voies cyclables. Maintenant, nous sommes détrônés de plus en plus par toutes sortes d'engin. Il y a maintenant des vélos électriques, des véhicules qui ressemblent à des scooters ou petites motos, des trottinettes électriques, des « uni-roues » électriques, et j'en passe. Les « vrais » cyclistes seront-ils bientôt en voie de disparition ? La propulsion par énergie humaine et sa simplicité deviennent-elle désuètes ?

Je ne sais pas ce qu'en penseraient Claire Morissette et Bob Silverman, ces deux porte-étendards du groupe Le Monde à bicyclette, avec qui j'ai milité dans les années 1980. Elle qui nous a quitté en 2007, lui en 2022. Je leur poserais la question : « y a-t-il du sable dans l'engrenage de la « vélorution » ? Ou la « vélorution » a-t-elle changé de sens ? »

CRÉER DE NOUVEAUX BESOINS

Les capitalistes n'en ont pas assez de produire plus de vélos, il faut qu'ils inventent toutes sortes de machines à propulsion pour augmenter les parts de marché et faire encore plus de profits. Il faut créer de nouveaux besoins. On parle maintenant de bicyclettes intelligentes…

Bon ! Je ne suis pas contre l'idée d'offrir à des gens, qui n'ont pas les mollets suffisants pour pédaler ou qui ont des limitations, la possibilité de prendre la route. Surtout si c'est pour délaisser la voiture. Mais, il y a des gens qui pourraient profiter de l'effort de pédaler avec ses bienfaits pour la santé. On aime mieux dénaturer le vélo, pour en faire autre chose.
Ce qui me désole en plus, c'est l'attitude autour de cette dénaturation.

VITESSE, VITESSE ET IMPATIENCE

Ce sont les mots d'ordre.

En cette époque où on peut tout obtenir d'un seul clic, obnubilé par les écrans, on ne voit plus rien et on ne peut plus attendre. On passe sur un feu rouge en se faufilant autour des autos, on roule à des vitesses folles en dépassant à droite à gauche, on fait un bout sur le trottoir, peu importe. « Free for all ». On est pressé, on est stressé. Que ce soit à bord de sa trottinette propulsé, de son scooter ou de son super vélo qui fait clic clic clic- les sporTIFS comme je les appelle - avec leurs costumes d'athlètes et leurs pieds soudés au pédalier, tous se disent : « il faut foncer ! »

Il y a des jours où je me demande si je risque plus de me faire défoncer par un vélo ou un truc à roues, que par une auto.

Je ne parlerai pas ici des automobilistes, même logique. Ce serait un sujet en soi. Maintenant, plusieurs d'entre eux sont frustrés de voir de plus en plus de vélos dans les rues et c'est tant mieux. La rue ça se partage. Mais, la communauté cycliste et autres roues dans son ensemble ne nous font pas honneur.

Et quand je vois des cyclistes qui ne s'emballent pas, respectueux de la route et des autres usagers, qui prennent le temps de regarder, d'arrêter et d'attendre sur un coin de rue et de contempler ce qu'il y a autour, tout en pédalant à un bon rythme. À ceux-là, encore majoritaires, je leur dit avec solidarité : « peace and love ». « Be cool » ! « Cyclistes de tous les pays unissons-nous pour ne pas perdre la simplicité énergétique ».
Certains diront : « tu te fais vieux bonhomme. » J'aime mieux ça que d'être avalé par la techno-performance. Je me tiendrai loin derrière, n'ayant pas peur de me faire dépasser, si cela ne mène à rien.

ALORS, ON SE TROMPE DE CHEMIN

Si cela ne mène qu'à une société où il faut courir sans cesse, produire et consommer jusqu'à en perdre le sens de la réalité, dans un espace où on laisse libre cours au marché, alors, on se trompe de chemin.

L'espace consacré aux bicyclettes dans les rues a augmenté et c'est tant mieux, mais la ville est encore étouffée par un nombre effarant de voitures, au détriment du transport actif et en commun. Tant qu'il y aura ce déséquilibre mortifère et ces valeurs productivistes qui pèsent sur nos têtes, il n'y aura pas de « vélorution ». N'est-ce pas Bob et Claire ?

Yvon Dinel, cycliste.

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Amazon ferme tous ses entrepôts au Québec

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/12/20241021_112426-1-1024x768.jpg22 janvier, par Comité de Montreal
Les avocats d'Amazon Canada ont annoncé ce matin dans un courriel au syndicat de l'entrepôt DXT4 à Laval qu'ils cesseraient définitivement leurs activités dans la province de (…)

Les avocats d'Amazon Canada ont annoncé ce matin dans un courriel au syndicat de l'entrepôt DXT4 à Laval qu'ils cesseraient définitivement leurs activités dans la province de Québec. Ce sont plus de 1800 travailleurs au Québec qui seront licenciés « dans les deux prochains mois ». Plusieurs (…)

D’Ayiti et du Sud Global : pourquoi dire NON à l’OTAN ?

21 janvier, par Chantal Ismé
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Intervention de Chantal Ismé, féministe et militante politique, au Contre-sommet de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN qui a eu lieu les 23 et 24 novembre dernier. Chantal intervenait lors du premier atelier sur Les menaces de l’OTAN pour le monde. L’exercice de cet après-midi est de mettre en (…)

Le travail invisible du clic : une exploitation systématique à l’échelle mondiale

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La Syrie, la géopolitique et la gauche

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Publié pour la première fois en espagnol sur publico.es le 12 décembre. Traduit par Art Young pour LINKS International Journal of Socialist Renewal. Les sous-titres et les (…)

Publié pour la première fois en espagnol sur publico.es le 12 décembre. Traduit par Art Young pour LINKS International Journal of Socialist Renewal. Les sous-titres et les notes de bas de page ont été ajoutés par le traducteur. (De l'espagnol à l'anglais)

5 janvier 2025 | Traduction en français André Frappier

Je vais être très dur : il y a quelque chose de moralement nauséabond dans l'hypocrisie occidentale, qui a toujours tué ou laissé tuer des civils partout au nom de la démocratie et des droits de l'homme. Mais il y a quelque chose de non moins répugnant dans l'hypocrisie de la gauche autoproclamée « anti-impérialiste », qui parvient effectivement à étouffer les rêves de libération de beaucoup de gens ordinaires sous une montagne d'études pontificales sur « l'équilibre des forces », « les intérêts capitalistes » et les « manipulations étrangères ». Curieusement, ces études présentent toujours les États-Unis ou l'un des « pions » qu'ils ont fabriqués dans les laboratoires de la CIA comme l'acteur central. Ces analystes de gauche savent toujours tout, peu importe où cela se produit et quoi qu'il arrive. Ils appliquent leurs schémas du 20e siècle à une réalité de plus en plus complexe et insaisissable, et méprisent tous ceux et celles qui sont trompés » en luttant et en mourant par le Mal, qui n'a jamais eu qu'un seul nom et qu'un seul but.

Samuel Johnson a dit que « le patriotisme est le dernier refuge des canailles ». On pourrait en dire autant de la « géopolitique » : c'est aussi est le refuge des paresseux, des fanatiques et, en général, des conspirationnistes. Certes, il est malheureux de constater que personne ne peut éviter la géopolitique ; il est impossible de comprendre quoi que ce soit à ce qui se passe dans le monde d'aujourd'hui sans analyser minutieusement la situation sur le terrain. Mais le caractère hypocrite et sectaire de l'obsession géopolitique de certains gauchistes est révélé par le fait que plus ils concentrent leur attention sur le Grand Jeu ou le Jeu d'échec mondial, plus ils ignorent de facteurs. L'un après l'autre, ils procèdent à ignorer tout ce qui ne correspond pas à leur version monothéiste de l'histoire ; au premier rang desquels se trouvent les peuples au nom desquels ils prétendent agir. Lorsqu'il se passe quelque chose quelque part dans le monde qui ne rentre pas dans leurs schémas (que ce soit le Maïdan en Ukraine ou les « révolutions arabes »), la première chose qu'ils font est d'abandonner l'acteur le plus gênant : le peuple. Ils le font avec un mépris déshumanisant dont le nihilisme rivalise avec celui de l'extrême droite européenne. Implicitement ou explicitement, ce mépris s'est traduit par un soutien à Poutine en Ukraine et à Bachar al-Assad en Syrie.

Le rôle et le parti pris de cette obsession géopolitique deviennent très clairs dès que l'on compare, par exemple, leurs attitudes différentes à l'égard de la Palestine et de la Syrie. En ce qui concerne la Palestine, les Palestiniens ont le droit de combattre l'occupation par tous les moyens nécessaires ; mais il n'en va pas de même pour les Syriens qui luttent contre la tyrannie. Lorsqu'il s'agit de la Palestine, la gauche invoque les droits de l'homme, le droit international et même les Nations Unies avec ses tribunaux internationaux ; le reste du temps, elle dénonce avec dédain ces mêmes normes et institutions. En revanche, en ce qui concerne la Syrie, la gauche a justifié les bombardements et les massacres au nom de la même « guerre contre le terrorisme » qu'elle rejette ailleurs, et ce à juste titre. En ce qui concerne la Palestine, ces personnes de gauche ne soulèvent pas la question de l'islamisme du Hamas ou de l'intervention de la théocratie iranienne, mais ils parlent des crimes d'Israël et du droit des Palestiniens à la souveraineté. En ce qui concerne la Syrie, en revanche, tous le discours a été et demeure centré sur l'islamisme de HTS, la main tendue de la Turquie ou les intérêts américains, et jamais sur les crimes du régime ou ceux de ses alliés internationaux (Russie, Iran, Hezbollah). Bien sûr, ils ignorent aussi le droit du peuple syrien à un peu de cette liberté que nous sentons menacée ici en Espagne. On n'empêche jamais les Palestiniens de se défendre contre leur bourreau en prétextant qu'une Palestine libre pourrait devenir une autre dictature arabe ou tomber aux mains des djihadistes. Pourtant, on dit aux Syriens qu'ils n'ont pas le droit de renverser leur propre bourreau sous prétexte que le remplacement d'Assad pourrait être pire (pire pour qui ?). Les Palestiniens sont des victimes et nous exigeons fermement et à juste titre qu'ils soient reconnus comme des sujets. Les Syriens ne sont que des pions des États-Unis ou des sous-pions des pions islamistes des États-Unis (tout comme les Ukrainiens qui défendent leur terre contre la Russie sont des « nazis »). En bref, en Palestine, l'accent est toujours mis sur l'humanité ; en Syrie (et en Ukraine), l'accent est toujours mis sur le contexte.

L'hypocrisie « anti-impérialiste » à l'œuvre

Comme je l'ai déjà souligné dans un article précédent : l'hypocrisie occidentale a concentré son attention sur l'Ukraine, l'hypocrisie « anti-impérialiste » s'est concentrée sur la Palestine. Personne ne s'est intéressé à la Syrie. En fin de compte, les trois peuples ont été perdants. Au cours de l'année écoulée, il a souvent été souligné, à juste titre, que le calvaire palestinien n'a pas commencé le 7 octobre avec les crimes de guerre commis par la résistance islamiste, que tout avait commencé en 1947, voire avant, et qu'au cours des dernières années, Israël avait continué à déraciner des arbres, à démolir des maisons, à torturer des enfants, à piller des territoires et à bombarder régulièrement Gaza, tandis que les médias de masse détournaient le regard. Mais on peut dire la même chose de la Syrie : tout n'a pas commencé le 1er décembre, lorsqu'une organisation islamiste dont très peu de gens connaissaient l'existence a pris le contrôle de la ville d'Alep. Si nous ne voulons pas remonter jusqu'au coup d'État de Hafez el-Assad en 1971, nous pouvons commencer par mars 2011, lorsqu'une révolution populaire pacifique a d'abord exigé des réformes, puis, en réponse à une répression brutale, le renversement de son fils et successeur, Bachar. Depuis lors, 320 000 civils ont été tués, principalement par le régime et ses alliés, et jusqu'à cette semaine, on comptait 100 000 prisonniers et personnes disparues. Eux aussi ont été victimes de ce régime atroce dont beaucoup d'entre nous célèbrent la chute aujourd'hui. De plus, depuis 2016, après que l'intervention de la Russie et de l'Iran ait inversé le rapport de forces au profit de la dictature, les bombes ont continué à tomber dans des zones que Damas ne contrôlait pas, comme Idlib. Les bombardements russes ont détruit boulangeries, hôpitaux et écoles, comme à Gaza (et en Ukraine). Mais cela n'a jamais dérangé les « anti-impérialistes » autoproclamés qui, au contraire, se méfiaient de la révolution tant qu'elle était pacifique et se réjouissaient de sa militarisation, de sa radicalisation et de son islamisation. Cela leur a permis, ainsi qu'à Assad, de traiter tous les opposants comme des « terroristes ». Ils n'ont jamais soutenu, même pas de manière rhétorique, tous ces militants syriens qui, s'ils avaient été espagnols, auraient manifesté sur les places pendant le mouvement du 15M [1], mais qui ont fini dans des fosses communes à Hama ou à Homs. Ils n'ont jamais trouvé quoi que ce soit à admirer dans les centaines de conseils démocratiques qui, pendant une certaine période, ont géré les villes libérées, y compris Alep elle-même. Aujourd'hui encore, j'entends certains amis (oui, des amis !) parler de la destruction de la Syrie… par les États-Unis, alors même que le président Obama — je ne l'oublie pas — a permis au régime d'Assad d'utiliser des armes chimiques contre des civils en 2013, et que sa seule intervention en Syrie a été contre l'EI et en soutien aux communistes kurdes (ce qui, je l'avoue ouvertement, m'a fait plaisir).

Aujourd'hui, après le renversement d'Assad, non seulement ces mêmes « anti-impérialistes » ne se réjouissent pas de voir les prisonniers libérés des prisons – les abattoirs de la dictature – mais ils ne se joignent pas non plus à la joie des familles qui se retrouvent après des années de séparation, ni au soulagement et à l'enthousiasme de la majorité des Syriens sans l'aide desquels le triomphe inattendu de cette offensive militaire ultra-rapide aurait été impossible. Au contraire : comme le montrent certains des messages que j'ai reçus, ces personnes espèrent que les méchants djihadistes, selon eux, qui ont libéré Damas commenceront immédiatement à couper des têtes et à imposer la charia. Ils n'apprécient pas le fait que les nouvelles autorités, qu'elles soient hypocrites ou non, aient évité les représailles, tiennent des discours inclusifs et négocient avec toutes les forces sur le terrain, y compris les secteurs du régime qui n'ont pas fui le pays et sans lesquels une transition serait impossible. Ce n'est pas que ces activistes de gauche attendent que les choses tournent mal (cela pourrait certainement arriver) ; c'est précisément ce qu'ils veulent qu'il se passe.

Syrie : le premier massacre de masse retransmis en temps réel

Comme en Palestine aujourd'hui, tout le monde a pu voir tout ce qui s'est passé en Syrie entre 2011 et 2016. Il n'est pas vrai que le massacre auquel nous assistons aujourd'hui en Palestine soit le premier de l'histoire à être diffusé en temps réel. La même chose s'est produite en Syrie au début de la dernière décennie. En fait, de nombreux Syriens, comme mon amie Leila Nachawati, pensaient naïvement que la visibilité des crimes d'Assad, qu'une légion d'activistes et de journalistes diffusaient en direct, aurait servi à les arrêter ou, au moins, à en réduire le nombre et l'intensité. « Aujourd'hui », pensait-elle alors, « ce qui s'est passé à Hama en 1982 ne peut pas se reproduire », en référence à l'époque où la famille Assad a pris le contrôle du pays pendant trois décennies en tuant dans l'ombre entre 10 000 et 30 000 Syriens. Hélas, elle se trompait et l'a admis dans son excellent roman Cuando La Revolución Termine. Les personnages de ce roman expriment douloureusement à quel point l'indifférence internationale a accru la souffrance et le désespoir que les Syriens éprouvaient déjà. En effet, nous avons tous été les témoins vivants des massacres perpétrés par le régime, tout comme aujourd'hui en Palestine, et nous n'avons rien fait à l'époque. En fait, certains ont fait quelque chose : ils ont soutenu Assad au nom de l'anti-impérialisme (tout comme ils soutiennent Poutine en Ukraine aujourd'hui), de la même manière que l'extrême droite mondiale soutient Israël contre les aspirations légitimes du peuple palestinien.

Une autre géopolitique est possible

Une autre géopolitique est possible. On l'a démontré il y a quelques jours, alors que personne ne pouvait imaginer l'effondrement imminent de la tyrannie syrienne. Nachawati a publié un excellent article qui expose toutes les complexités, endogènes et exogènes, qui ont émergé dans la région et qui excluent donc toute solution révolutionnaire magique pour la Syrie, tout comme il n'y en pas pour la Palestine. Mais cette complexité ne doit pas nous empêcher de nous associer aujourd'hui à l'espoir de millions de Syriens qui ont des raisons d'envisager l'avenir avec réserve, mais aussi de se réjouir du renversement d'Assad, de sa famille mafieuse et de ses alliés autocrates. Ils savent que cette démarche est une condition minimale et nécessaire, même si elle n'est peut-être pas suffisante, pour la construction d'un avenir plus juste et démocratique dans leur pays et dans le monde. N'est-ce pas ce que nous voulons pour la Palestine ? Là, les crimes du Hamas le 7 octobre ne nous ont pas empêchés d'être solidaires du peuple palestinien, ni d'être conscients de la complexité de sa juste lutte contre le sionisme israélien ; une complexité qui, dans leur cas, ne nous empêcherait pas de nous réjouir si, même dans un nouvel ordre mondial non démocratique (ou avec le soutien inimaginable des États-Unis et de l'Union européenne), ils parvenaient à obtenir leur libération. Car nous savons aussi qu'il n'y a pas d'avenir pour la Palestine et pour le monde sans la défaite du sionisme israélien génocidaire.

Dans une version antérieure de cet article, rédigée il y a cinq jours [7 décembre], alors que la chute rapide de Damas n'était pas encore prévisible, je recommandais un très beau texte d'Ayham Al Sati , réfugié syrien en Espagne, dans lequel l'auteur exposait, dans un espagnol remarquable, un mélange déchirant de peur et d'espoir que l'un des peuples les plus affligés de la planète a enduré pendant des décennies. Je conserve cette recommandation dans cette version en hommage aux Syriens qui ont souffert autant que lui et qui partagent son point de vue ; et qui, comme lui, ressentent un peu moins de peur et un peu plus d'espoir aujourd'hui. S'il vous plaît, laissez les Syriens de profiter de ce dimanche historique sans gâcher leur fête en remettant en question la légitimité de leur joie depuis notre distance olympique, agissant comme des joueurs de poker qui déplacent des pièces sur un échiquier géopolitique du siècle dernier.

Une autre géopolitique est possible : analyse complexe, principes simples, contexte et humanité. C'est le contraire de ce que les soi-disant "anti-impérialistes" ont fait au cours de ces années en ce qui concerne la Syrie et continuent à faire avec l'Ukraine, en appliquant le raisonnement d'Occam [2] au gré de leurs œillères idéologiques nihilistes, abandonnant ainsi les peuples sur le terrain qui se soulèvent contre les dictatures s'ils ne sont pas « de notre côté », ou ceux qui défendent leur terre contre les envahisseurs, à moins qu'ils ne soient palestiniens. Tout est beaucoup plus complexe que ce que prétendent ces fanatiques des échecs géopolitiques – qui jouent en fait aux dames – ; tout est aussi beaucoup plus simple. Il faut lire davantage, étudier davantage. Il faut aussi poser davantage de questions aux gens, directement ou indirectement.

Les Syriens eux-mêmes nous ont montré la voie : nous pouvons – oui, nous pouvons – soutenir à la fois les Palestiniens, les Ukrainiens et les Syriens. Nous ne savons pas ce qui se passera après-demain. Les Syriens sont très divers et de nombreux intérêts internationaux sont mêlés dans la région, mais l'effondrement extrêmement rapide d'un régime sanguinaire qui, avec la collaboration de la Russie et de l'Iran, semblait avoir consolidé son pouvoir (et qui était sur le point de normaliser ses relations avec l'Europe) montre que la chute de Damas n'était à l'ordre du jour de personne. Pour cette raison, elle devrait nous obliger à réduire l'arrogance de tous nos schémas. Comme ce fut le cas lors des révolutions arabes, de nombreux acteurs seront contraints d'ajuster leurs stratégies. Ils devront commencer par reconnaître l'autonomie relative des forces locales (islamistes, Kurdes, SNA (Armée nationale syrienne) [3] , opposition démocratique et restes du régime). Ils devront surtout tenir compte de l'existence inattendue (après tant d'années cauchemardesques) des gens du peuple, de leurs aspirations et de leurs capacités de résistance.

Tous les Syriens ont gagné et tous les Syriens ont perdu. Quiconque voudra gouverner la Syrie devra s'appuyer sur toutes les forces que l'offensive du HTS a elle-même mis en lumière, réduisant ainsi son hégémonie. Dans une situation où personne ne peut revendiquer la victoire et où chacun a le sentiment d'avoir perdu quelque chose – ou beaucoup ou tout – au cours des dernières années, un accord pourrait peut-être être plus envisageable. Soudain, il existe une possibilité (inimaginable il y a encore une semaine) que les Syriens soient ceux qui décident eux-mêmes de leur propre destin. Nous devons donc les laisser explorer. Aujourd'hui, en tout cas, laissons-les enterrer leurs morts, rendre hommage à leurs héros, accueillir leurs amis libérés des cachots, retrouver leurs mères, revenir d'exil et danser sur les places libérées, caressant dans la tête et des mains la Syrie que ces années leur avaient volée. Quoi qu'il arrive désormais, personne ne peut nier que la Syrie est aujourd'hui un pays meilleur. Nous pourrions aller plus loin et dire : en contraste aux souffrances des dernières décennies, pour quelques heures, la Syrie est et sera le pays le plus libre du monde.

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[1] Un mouvement anti-austérité qui a débuté en Espagne le 15 mai 2011.

[2] Principe de résolution de problème selon lequel l'explication la plus simple est souvent la meilleure.

[3] Malgré son nom le SNA n'est pas l'armée de l'État syrien. Elle fait partie d'un certain nombre de coalitions armées qui se sont opposées au régime d'Assad, principalement basé dans le nord de la Syrie et soutenu par la Turquie.

Annonce des auteurs et autrices sélectionné.es pour les résidences et les tournées littéraires en Gaspésie

21 janvier, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le 14 janvier 2025, Culture Gaspésie et poème en août ont dévoilé les auteurs et autrices retenu.es dans le cadre de (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le 14 janvier 2025, Culture Gaspésie et poème en août ont dévoilé les auteurs et autrices retenu.es dans le cadre de leur appel de dossiers pour les Résidences et Tournées littéraires, un projet qui soutient la création littéraire en (…)

ISRAËL DOIT ÊTRE ARRÊTÉ !

21 janvier, par Coalition du Québec URGENCE Palestine — ,
APPEL À LA MOBILISATION COALITION DU QUÉBEC URGENCE PALESTINE Grande manifestation à Montréal Dimanche 26 janvier 2024 à 13 h 30 Lieu : coin Sherbrooke et McGill College (…)

APPEL À LA MOBILISATION
COALITION DU QUÉBEC URGENCE PALESTINE

Grande manifestation à Montréal
Dimanche 26 janvier 2024 à 13 h 30
Lieu : coin Sherbrooke et McGill College (métro McGill)

Consultez la liste des signataires et signez vous aussi
En date du 13 janvier 2025

103 organisations
116 personnalités publiques

Matériel de promotion

Ensemble pour Gaza et la Palestine ! ISRAËL DOIT ÊTRE ARRÊTÉ !

Depuis plus de 15 mois, Israël poursuit son assaut génocidaire contre Gaza : 2,3 millions de Palestinien·ne·s, désignés comme « animaux humains », sont bombardés, privés de nourriture et d'eau, alors que leurs infrastructures de survie sont systématiquement détruites.Au moins 46 565 morts, dont 17 492 enfants ; plus de 11 160 disparu·e·s ; plus de 109 660 blessé·e·s (13/01/2025). 90 % de la population a été déplacée de force, à répétition, survivant dans des conditions les exposant à une mort lente. Partout, la disponibilité des denrées alimentaires n'a jamais été aussi faible. Ces crimes n'ont pu être commis qu'avec les armes et la complicité de l'Occident, y compris le Canada. C'est notre responsabilité de tout faire pour y mettre fin !

Israël méprise et affaiblit le droit et les instances internationales

Loin de mettre en oeuvre les ordonnances de la Cour internationale de justice(CIJ) du 26 janvier 2024(plausibilité d'un génocide ; libre accès pour l'aide humanitaire), du 24 mai 2024(arrêter l'offensive à Rafah ; garder ouvert le passage vers l'Égypte) et du 19 juillet 2024 (fin de l'occupation et de la colonisation israéliennes dans les plus brefs délais[1]), Israël a plutôt choisi de les dénoncer comme antisémites et de poursuivre ses atrocités. Le 18 juillet, le parlement israélien a voté contre toute perspective d'un État palestinien. Le 21 novembre 2024, Israël a aussi qualifié d'antisémites les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre Benyamin Nétanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Fin-janvier 2025, deux lois israéliennes entreront en vigueur, interdisant les activités de l'UNRWA – l'Agence des Nations Unies pour les réfugié.e.s palestiniens depuis 1949 – qui est, depuis 15 mois, la maigre bouée de sauvetage humanitaire de la population de Gaza !

Invasion du Liban et nettoyage ethnique au nord de Gaza

Du 23 septembre au 27 novembre 2024, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs et une invasion terrestre contre le Liban qui a fait plus de 3 400 morts et 14 600 blessés et plus d'un million de déplacé·e·s. Benyamin Nétanyahou a même menacé le Liban du même sort que Gaza.

Début octobre 2024, Israël a mis en oeuvre « le plan des généraux » visant à vider le nord de Gaza – un tiers du territoire – de tous ses habitants pour le transformer en zone militaire et le recoloniser. Bombardées sans relâche, 70 000 personnes – n'ayant pas voulu ou pas pu évacuer – sont privées d'accès à la nourriture, à l'eau ou à l'électricité depuis des semaines.Le dernier grand hôpital de cette région a été bombardé, assiégé, évacué de force et saccagé par l'armée israélienne.

La menace d'un embrasement régional encore plus grand

Le 27 novembre 2024 – en annonçant un cessez-le-feu avec le Liban, qu'il a violé une centaine de fois en moins d'une semaine – Israël a proclamé sa volonté d'intensifier la guerre à l'échelle régionale. Et il s'est exécuté immédiatement, profitant de la chute du régime Assad en Syrie,en bombardant massivement les installations militaires syriennes. Fort de nouvelles livraisons d'armes, Israël pourrait non seulement relancer son agression contre le Liban mais aussi lancer une nouvelle guerre contre l'Iran.

Israël doit être arrêté !

Israël poursuit son projet de dépossession du peuple palestinien, allant du nettoyage ethnique jusqu'au génocide. Israël cherche aussi à s'imposer par la guerre comme puissance régionale hégémonique. De nouvelles ordonnances de la CIJ, de nouvelles résolutions de l'ONU, ne feront pas reculer Israël. Seul un maximum de sanctions appliquées sans délai feront reculer Israël.

Le Canada et le Québec doivent agir !

La complicité et l'inaction du Canada et du Québec sont odieuses. Mobilisons-nous pour exiger des sanctions sévères contre Israël, pour un cessez-le-feu permanent à Gaza et la réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination. Exigeons la fermeture du bureau du Québec à Tel-Aviv. Exigeons un véritable embargo sur tout matériel militaire, et la remise en question des relations diplomatiques et de l'accord de libre-échange Canada-Israël. Exigeons la fin des investissements dans les industries qui nourrissent le génocide et la colonisation en Palestine.

IL N'EST PAS ANTISÉMITE DE DÉFENDRE LES DROITS DU PEUPLE PALESTINIEN !

[1] Le 18 septembre 2024, l'Assemblée générale des Nations Unies a exigé qu'Israël mette fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé (TPO) au plus tard d'ici un an.

Version PDF de l'appel
Version PDF de la liste des signataires

Signez l'appel vous aussi !

La Coalition invite le plus grand nombre d'organisations et de personnalités publiques à ajouter leur nom pour signifier leur appui à l'appel « Ensemble pour Gaza et la Palestine ! Israël doit être arrêté ! ».

Pour signer ou pour informations : urgencepalestine.qc@gmail.com

Liste des signataires de l'appel
En date du 13 janvier 2025

103 organisations
116 personnalités publiques

Organisations

Trump et la voyante autochtone

21 janvier, par Omar Haddadou — ,
( Bravant ses convictions religieuses et le péril de son entreprise, Donald Trump décide d'aller congratuler, en catimini, sa voyante autochtone qui lui prédisait un second (…)

( Bravant ses convictions religieuses et le péril de son entreprise, Donald Trump décide d'aller congratuler, en catimini, sa voyante autochtone qui lui prédisait un second mandat )

Naya, n'aie pas peur ! C'est moi, Donald.

– Oh, mon pauvre Ami, j'ai eu la peur de ma vie. Vieille comme je suis.

– Désolé d'investir ton Tipi au milieu de la nuit, dans un contexte d'hostilités acérées.

Je t'ai pris pour un brigand.
– Avec cette coiffe amérindienne et du charbon sur le visage mal agencé, j'entends bien.

– Quelqu'un t'a vu ?
- Non, ils (elles) ont les yeux rivés vers le ciel qui leur offre les feux d'artifice du Tout Puissant.
– L'aurore boréale et son choc de particules.

– Tout à fait.
– Approche du foyer du feu, t'es tout transi.

( Donald, recouvre ses esprits et se débarrasse de son déguisement)

Qu'est-ce que t'as sur l'oreille, mon petit ? Je vais m'occuper de toi.
- Rien de grave ! Juste une éraflure, mais qui aurait pu changer le cours de l'Histoire.

– Toujours gouailleur. Dis-moi la Vérité !
– Naya, tu m'avais prédit une protection du Seigneur et une nouvelle Investiture. Ça y est, c'est acquis ! J'ai envie de chanter à tue-tête « Glory, Glory Alleluiya ! » mais, j'ai encore peur de mes ennemis.
– T'es réélu 45 et 47ème Président républicain des Etats-Unis ?

- Chuut !
- Viens dans mes bras, mon blondinet.

– Tiens Naya, une enveloppe qui va te faire plaisir.
- Oh, t'es un ange. Tous les beaux gosses sont généreux !
– Naya, j'ai pas l'temps. Dis-moi ce que me réserve ce second mandat.
- Ouvre ta main !
- Toujours soyeuse. Elle n'a pas connu la misère.
– Je vais diviser la rétribution par deux, si tu continues.
– Non pas ça, s'il te plait !
- Alors ?
- Je vois des ramifications riches en bouleversements. Une espèce de coup de pied violent et spectaculaire lans la fourmilière. Il y a aussi une odeur de « règlement de compte à O.k Corral ».
(Le Président sourit )
– That's true !
- Je dirais une pulsion dévorante de faire table rase à syncoper la Planète.
– Je vois des conquêtes dignes du Far-West et des Alliances avec des Puissants de la Tech' et de la Finance.
– Oh my God ! La justesse de la prémonition. Je vais toucher un mot à Elon.

– Qu'est-ce que tu dis ?
- Non, rien. J'ai dit la tête du bison et le calumet exposés comme valeurs identitaires, sont magnifiques. Poursuis !
- Tout te réussira, mon enfant. Et le Monde te regardera agir. L'Europe s'inclinera, la France te courtisera avec obséquiosité piteuse.
– Dommage, le calumet est éteint, Naya. Ça mériterait une bonne taffe.
– Je peux le rallumer.
– Ne te dérange pas !
– Ok !
– Décris-moi rapidement d'autres projections me concernant, je dois partir !

– Tu seras animé par le désir dévorant de redonner à l'Amérique sa Grandeur en ressuscitant son Âge d'Or.
– C'est fou comme tu lis infailliblement dans mes pensées !

Comme Napoléon et son despotisme sauvage, tu useras de la domination pour t'assurer des expropriations des territoires des autochtones et peuples pacifiques.

( furieux, Donald brise le calumet en morceaux et tonne : )
- Je ne te permets pas de dire une telle ineptie. Qui plus est infondée !
- Tu as sollicité mes compétences, je te dis ce que je vois.
– Dieu m'a gratifié d'une puissance, j'en fais usage avec conscience.
– Tu risques, dans le feu de l'action, de perpétuer l'Injustice en chamboulant l'ordre mondial et en enterrant la Paix avec plus de cadavres.
– Assez avec tes c… ! On est la plus vieille Démocratie. Je me fie à tes compétences. Dis-moi plutôt si mes ambitions, après mon Investiture, vont susciter quelque risque géopolitique ?
- La chiromancie de ta main révèle des instincts de prédation et d'engagements hasardeux qui fâchent.
– Exemples ?
- La conquête du Groenland, la récupération du canal de Panama et du Golfe du Mexique, l'expulsion massive des immigrés (es) et la provocation annexionniste envers le Canada !
- Rends-moi mes dollars ! Vielle sorcière. Tu fais partie de l'Axe du mal !
- Ah ! j'ai oublié. En tant que prétendus pieux, tu dis : « l'Impossible » c'est ce que nous faisons de mieux ! « Une Nation qui grandit ses territoires ! ».

- La voyante autochtone barbouze que l'on donnerait cher de son scalpe. Adieu !

- N'oublie-pas ton déguisement ! Si tu tiens au tien !

- Shut up !
- Eh ! Même les écureuils se rebellent contre la soumission et les des Démocraties biaisées en kit à emporter.
- God bless America !
- J'tai dit de ne pas crier ! Dans quelques minutes, tu auras des grizzlys affamés comme protocole d'accueil ! Hugh… !

Texte et dessin : Omar HADDADOU

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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

L’Amérique s’attaque à sa jeunesse

21 janvier, par Dan La Botz — , ,
Le gouvernement américain et les gouvernements des États sont engagés dans une vaste offensive contre les droits politiques, la santé publique, ainsi que les droits sexuels et (…)

Le gouvernement américain et les gouvernements des États sont engagés dans une vaste offensive contre les droits politiques, la santé publique, ainsi que les droits sexuels et reproductifs des jeunes.

Hebdo L'Anticapitaliste - 734 (19/12/2024)

Par Dan La Botz

Les programmes économiques fédéraux qui fournissent une aide financière pour le logement, l'alimentation et l'éducation des jeunes issus de familles pauvres sont également menacés de coupes budgétaires.

Fin de l'obligation de vaccination

Le ministre de la Santé choisi par le président élu Donald Trump, Robert F. Kennedy Jr, a demandé à l'administration en charge des denrées alimentaires et des médicaments d'annuler l'homologation du vaccin contre la polio, qui a protégé des millions de personnes de la paralysie ou de la mort. RFK, qui a déclaré qu'« aucun vaccin n'est sûr et efficace », encouragera les gouvernements des États à mettre fin à l'obligation de vaccination des enfants des écoles publiques, ce qui pourrait déclencher des épidémies de rougeole, de coqueluche et de méningite. Il s'oppose également à l'introduction de fluor dans les réseaux d'eau publics, une pratique qui a permis de protéger les dents des enfants. Des scientifiques et des médecins ont déclaré que la politique de RFK mettrait en danger la vie même des enfants.

Droit à l'IVG et éducation sexuelle combattue

Dans le même temps, les droits sexuels et reproductifs des filles et des femmes sont également attaqués par les Républicains et les chrétiens évangéliques. En 2022, la Cour suprême des États-Unis a annulé l'arrêt Roe v. Wade, qui accordait une protection fédérale aux femmes ­souhaitant avorter. Depuis lors, l'avortement a été interdit dans 13 États et rendu plus difficile dans d'autres. Dix États ont limité l'accès aux pilules abortives. En juin, plusieurs Républicains ont voté contre une loi fédérale qui aurait protégé l'accès à la contraception.

L'éducation sexuelle dans les écoles est également menacée. Seuls les trois États de la côte ouest dispensent une éducation sexuelle complète, c'est-à-dire une éducation adaptée à l'âge des enfants, de la maternelle au lycée. Cette éducation permet de prévenir les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles. Dix-sept États du Midwest et du Sud, gouvernés par les Républicains, ne dispensent qu'une éducation sexuelle fondée sur l'abstinence. Dans tout le pays, des hommes politiques ont déposé quelque 137 propositions de loi visant à mettre un terme à l'éducation sexuelle ou à la restreindre. Toute discussion sur le genre ou l'orientation sexuelle dans les écoles est interdite dans trois États et restreinte dans cinq autres.

Enseignement supérieur trop cher, racisme, droits civiques menacés

En ce qui concerne l'enseignement supérieur, son coût le rend prohibitif pour beaucoup. Aujourd'hui, les frais de scolarité dans un établissement public s'élèvent à 10 940 dollars, auxquels s'ajoute le coût de ce qui est nécessaire pour vivre. Dans les établissements privés, le coût moyen s'élève à plus de 60 000 dollars pour les frais de scolarité, le logement et la pension. Ces coûts rendent l'accès à l'université difficile, voire impossible pour beaucoup, ce qui explique peut-être pourquoi la fréquentation a chuté de 5 % depuis la pandémie de covid de 2020-2022.

Les étudiantEs noirEs sont confrontéEs à des obstacles plus importants que dans un passé récent. La Cour suprême a statué en 2023 que la « race » d'un candidat à l'université ne pouvait pas être prise en compte comme elle l'était auparavant en raison des programmes d'action positive. Même avant la décision de la Cour, entre 2010 et 2020, le nombre d'étudiantEs noirEs inscritEs dans les universités avait diminué de 25 %, passant de 2,67 millions à 1,99 million. Aujourd'hui, 40 % des enfants blancs obtiendront un diplôme universitaire, contre seulement 19 % des enfants noirs. Et l'écart se creuse en raison de la dégradation des écoles, de la discrimination et des coûts. Il en résultera une baisse des revenus des travailleurEs noirEs. La récente décision de la Cour rendra encore plus difficile l'accès des NoirEs à l'enseignement supérieur, alors que les inscriptions des Noirs sont en baisse.

Les droits sociaux et politiques des jeunes sont également menacés. Historiquement, les universités étaient des bastions de la liberté d'expression et des lieux de discussion et de protestation progressistes. Mais lors des manifestations contre la guerre génocidaire d'Israël contre la Palestine, l'année dernière, les administrateurs des universités ont demandé à des gardes ou à la police de mettre fin aux manifestations et de démanteler les campements sur les campus, ce qui a conduit à l'arrestation de certains étudiants. Des orateurEs palestinienNEs ont été annuléEs et des organisations pro-palestiniennes harcelées. De nouvelles règles limitent désormais souvent les manifestations et entravent la liberté d'expression.

Les jeunes sont attaquéEs à tous les niveaux, et lorsque des personnes sont attaquées, on peut s'attendre à ce qu'elles se défendent. Nous, socialistes, devrons être à leurs côtés.

Dan La Botz, traduction d'Henri Wilno

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La menace fasciste se précise d’autant que Milei appelle à la création de l’Internationale brune !

21 janvier, par Yorgos Mitralias — , ,
« Il est de notre devoir moral de défendre l'héritage de notre civilisation occidentale. L'Occident est en danger… Nous ne devons pas laisser le socialisme avancer. Nous devons (…)

« Il est de notre devoir moral de défendre l'héritage de notre civilisation occidentale. L'Occident est en danger… Nous ne devons pas laisser le socialisme avancer. Nous devons s'unir et établir des canaux de coopération à travers le monde. Nous pourrions nous considérer comme une Internationale de droite, un réseau d'entraide composé de tous ceux qui souhaitent diffuser les idées de liberté dans le monde ».

Tiré de Inprecor
8 décembre 2024

Par Yorgos Mitralias

Cet appel en faveur de la fondation d'une Internationale de l'extrême droite doit être pris très très au sérieux. D'abord, parce que celui qui a prononcé ces paroles n'est pas n'importe qui, c'est le président d'Argentine et la coqueluche des fascistes et autres extrémistes de droite de par le monde Javier Milei. Ensuite, parce que parmi ceux qui les ont applaudi ont été l'ex-président du Brésil Jair Bolsonaro,le chef de Vox et des Franquistes espagnols Santiago Abascal, le stratège du néofascisme international Steve Bannon, et surtout la co-présidente du Republican National Committee et belle-fille de Donald Trump Lara Trump. Et aussi, parce que cet appel a été lancé au cours de la récente rencontre à Buenos Aires, de la Conférence d'action politique conservatrice (CPAC), la très puissante et incontournable organisation des réactionnaires américains, laquelle devient de plus en plus internationale et radicale d'extrême droite. Et enfin, parce que des éminences de l'extrême droite mondiale, comme la méta-fasciste première ministre italienne Giorgia Meloni ou le premier ministre hongrois Victor Orban se sont déjà prononcé en faveur de la création d'une telle Internationale.

Mais, ce n'est pas tout. Ce qui rend cet appel encore plus crédible et donc encore plus alarmant, c'est que le grand capital international se montre désormais de plus en plus intéressé, sinon favorable à Milei et à ses idées, considérées il y encore peu farfelues et extrémistes. Comme par exemple le britannique The Economist, le bateau amiral de la presse financière bien-pensante internationale, qui n'a pas hésité il y a quelques jours, à faire pratiquement l'éloge de Milei et de ses "exploits" économiques. A tel point que le même Economist est allé jusqu'à conseiller Trump d'oublier son protectionnisme, de suivre l'exemple de Milei et d'appliquer durant sa nouvelle présidence, les…thérapies de choc du très libertarien président d'Argentine. Et pour tout dire, ces éloges de Economist semblent faire école, car, victoire de Trump aidant, le pestiféré qu'était Milei jusqu'à récemment, est en train d'avoir actuellement les faveurs de la presse de droite des pays européens…

Cependant, il est à supposer que ce soudain virage des grands médias européens en faveur des politiques de Milei n'est pas dû seulement à des affinités idéologiques. Manifestement, il est aussi dû au fait qu'en bon libertarien, Milei prône la totale liberté de commerce, c'est-à- dire une politique diamétralement opposée au protectionnisme agressif prêché par Trump. Un protectionnisme qui, évidemment, fait peur aux bourgeoisies européennes, d'autant plus que Trump multiplie les menaces d'imposer des tarifs douaniers exorbitants sur leurs produits.

D'ailleurs, c'est exactement ces politiques protectionnistes de Trump qui devraient diviser l'extrême droite internationale, interdisant qu'elle puisse regrouper toutes ses forces dans une unique Internationale. Par exemple, on voit mal comment pourraient coexister durablement dans une même Internationale l'Amérique de Trump et la Russie de Poutine, quand Trump menace d'imposer les tarifs douaniers de 100 % sur les produits des pays membres de BRICS, si ces pays, dont la Russie, adoptent des politiques qui « dédolarisent » l'économie mondiale et sapent la suprématie du dollar. De l'autre côté, Milei qui est contraire à tout protectionnisme, et devrait donc s'aligner sur les positions des Brics, a déjà exclu catégoriquement que son Argentine adhère aux Brics, lesquels ne partagent pas du tout ses politiques libertariennes.

Toutefois, ces -bien réelles- difficultés que rencontre la construction de l'Internationale Brune de nos temps, ne devraient pas nous inciter à considérer que sa création est condamnée d'avance à l'échec. Car, même divisés, les néofascistes et autres extrémistes de droite ont toujours le vent en poupe, se coordonnent, passent à l'attaque et menacent comme jamais depuis 80 ans, nos droits, nos libertés et nos vies. D'ailleurs, comme nous l'écrivions déjà il y a plus de deux ans, en août 2022, « depuis la fin de la dernière guerre mondiale, jamais autant qu'aujourd'hui ne s'est fait sentir la menace représentée par une extrême droite revigorée, agressive et qui monte presque partout en flèche. Pourquoi ? Mais, parce qu'à l'opposé de ce qui se passait durant les dernières 6-7 décennies, maintenant cette menace ne provient plus de quelques groupuscules ou même petits partis de nostalgiques de l'entre-deux-guerres, mais d'une nouvelle droite décomplexée qui gouverne ou s'apprête à gouverner même des pays catalogués parmi les plus grandes puissances de ce monde » (1).

Cependant, l'heure n'est ni à la résignation ni au défaitisme au moment où se succèdent les bonnes nouvelles qui montrent que rien n'est encore perdu, que ceux d'en bas continuent à se battre, et parfois avec succès. Comme par exemple la gauche radicale française qui contrecarre les plans antidémocratiques de Macron en faisant tomber le gouvernement Barnier. Ou et surtout le peuple sud-coréen et sa mobilisation exemplaire qui non seulement fait avorter le coup d'état du président réactionnaire et va-t'en guerre, mais passe aussi à la contre-attaque. Et plus que tout autre, le peuple (en armes) syrien qui fait tomber le boucher Assad fils et son régime, un des plus barbares, sanguinaires et réactionnaires de ce dernier demi-siècle.

Il y a plus de deux ans, nous écrivions déjà que « la perspective, tout à fait réelle, que Poutine pourrait faire la jonction avec un Trump II réinstallé à la Maison Blanche dans deux ans, devrait être prise très au sérieux par les antifascistes et les démocrates de par le monde qui doivent préparer leur riposte au plus vite. Avec ou sans Internationale Brune, l'extrême droite représente désormais une menace existentielle pour nous tous ». Malheureusement, bien que cette prévision, qualifiée à l'époque de « catastrophiste » par certains, s'est vérifié, la gauche internationale continue de sous-estimer le danger et se montre aussi inapte à se mobiliser pour affronter la menace néofasciste que la gauche (communiste et social-démocrate) des années 30.

Pourtant, l'appel de Milei, qui constitue un pas décisif vers la création de l'Internationale Brune, devrait nous rappeler que le temps presse comme jamais dans les derniers 80 ans. Alors, allons-nous voir l'histoire se répéter et que la barbarie fasciste triomphe sans que nous réagissions avant qu'il ne soit trop tard ?

1. Vers l'Internationale Brune de l'extrême droite européenne et mondiale ? : https://www.cadtm.org/Vers-l-Internationale-Brune-de-l-extreme-droite-europeenne-et-mondiale

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Les défis posés à la gauche par le nouveau cours de l’impérialisme américain

21 janvier, par Bernard Rioux — ,
Le 20 janvier 2025, Donald Trump devient le nouveau président des États-Unis d'Amérique. Depuis son élection, en novembre dernier, il a multiplié les prises de position qui ont (…)

Le 20 janvier 2025, Donald Trump devient le nouveau président des États-Unis d'Amérique. Depuis son élection, en novembre dernier, il a multiplié les prises de position qui ont esquissé le nouveau cours qu'il veut donner à la politique de l'État américain. Tout le monde est concerné. Il est important tant pour la gauche internationale que pour la gauche d'ici, de définir une réponse pour faire face à ce qu'il faut bien appeler une offensive réactionnaire généralisée contre les peuples du monde.

I. Le nouveau cours de l'impérialisme américain : prédation et vassalisation

1. Au niveau international

Les États-Unis ne deviennent pas impérialistes avec Trump, mais Trump impose un nouveau cours à l'impérialisme américain [1] qui vise :
• à s'assurer le libre accès aux ressources naturelles de la planète en imposant son contrôle direct sur les ressources minières, énergétiques et sur les voies de communication. Les menaces de prise de contrôle sur le Groenland et sur le canal de Panama sont des illustrations de cette orientation politique ;
• à imposer une politique migratoire restrictive, particulièrement à ses voisins, le Canada et le Mexique, en faisant fi de toutes les règles du droit international en matière de réfugié-es et de migrations ;
• à ne tenir aucun compte de la souveraineté nationale des pays et parvenir à une vassalisation des pays pour défendre ses intérêts économiques. Cette politique prédatrice ne vise pas seulement les pays du Sud global mais également des pays alliés, comme le Canada et les pays de l'Union Européenne ;
• à faire prévaloir les législations américaines, y compris sur les législations des différents pays ;
• à imposer aux alliés de l'OTAN d'augmenter leurs dépenses militaires à la hauteur de 5% ;
• à déréglementer (pour l'UE) ou à bloquer toute réglementation future sur les GAFAM (pour le Canada) ;
• à défendre l'hégémonie américaine contre les pays émergents, et particulièrement la Chine, par l'imposition de tarifs importants sur ses exportations, mais en utilisant si nécessaire des menaces de guerre...

2. Sur le plan interne aux États-Unis

La politique de Trump constitue une offensive générale contre la majorité populaire des États-Unis [2]. Elle constitue une politique clairement marquée à l'extrême droite qui se déplie selon les axes suivants :
• relancer l'exploitation pétrolière et gazière, y compris en haute mer et démanteler le plan Biden (Inflation Reduction Act, qui subventionnait tant les industries de l'automobile que celle des semi-conducteurs et celle des équipements en énergies renouvelables) de lutte aux changements climatiques et de supprimer toute législation de protection de l'environnement ;
• s'attaquer aux fonctionnaires en bloquant l'embauche dans le secteur public et en finir avec les mesures de protection sociale ;
• expulser de millions de migrant-es illégaux dès sa prise du pouvoir ;
• augmenter les investissements militaires ;
• s'attaquer à la liberté de la presse ;
• restaurer les valeurs patriarcales les plus réactionnaires en s'attaquant au droit à l'avortement et aux droits des personnes trans ;
• développer un discours raciste et favoriser l'exacerbation des discriminations raciales.

3. Contre l'État canadien

L'État canadien (et le Québec par le fait même) est également une cible de l'administration Trump [3]. Au-delà de sa rhétorique sur la définition du Canada comme le 51e état des États-Unis, sa politique de prédation et de vassalisation [4], passera :
• par l'augmentation des tarifs douaniers à la hauteur de 25% ou selon des modalités et des secteurs qu'il choisira, remettant ainsi radicalement en cause l'Accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique ;
• par des pressions pour que le Canada durcisse sa politique migratoire, qu'il renforce la surveillance des frontières pour bloquer le passage d'immigrants du Canada vers les États-Unis et pour bloquer la vague migratoire que risque de créer sa politique d'expulsion ;
• par la demande d'augmentation des dépenses militaires et de participation aux différentes opérations militaires qui pourraient être menées par l'administration Trump ;
• en s'assurant l'accaparement des ressources pétrolières, gazières, en électricité et des ressources minières stratégiques dont regorge le Canada, sans oublier les ressources en eau potable dont les États-Unis ont un urgent besoin ;
• par la remise en question de la souveraineté du gouvernement fédéral sur l'Arctique canadien.

La vassalisation désigne ici la domination de l'État américain et de ses entreprises sur le Canada et le Québec, sans annexion, mais en imposant une influence politique économique ou militaire.

II. Les réponses des différents acteurs sociaux et politiques au Canada

1. Les réponses de la bourgeoisie canadienne, du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux

a) Défendre l'État pétrolier canadien par une logique de guerre commerciale [5]

Dans un premier temps, les menaces de Trump d'imposer des tarifs ont créé une véritable panique dans les milieux d'affaires. Les politicien-nes fédéraux et provinciaux ont tiré dans toutes les directions. Trudeau et son gouvernement ont cherché dans un premier temps à temporiser et Trudeau a visité Trump à Mar-a-Lago. Legault a appelé au calme, espérant que les menaces ne se réaliseront pas. Mais la remise en question de la souveraineté canadienne a amené la majorité de la classe politique à construire un front commun pour élaborer des mesures de rétorsion aux tarifs qui seraient éventuellement imposés par Trump. Pourtant, ce front commun n'a pas obtenu l'appui de la première ministre Danielle Smith de l'Alberta, qui envisage plutôt, pour éviter les tarifs, de doubler la production du pétrole lourd et d'augmenter les exportations aux États-Unis pour leur permettre d'exporter encore plus de pétrole léger dans le reste du monde.

Si le front de la riposte est déjà fracturé, il reste que la nature du Canada comme État pétrolier n'est nullement remise en question. Même quand des dirigeants politiques envisagent de diversifier les cibles de leurs exportations, nombre d'entre eux (comme Poilièvre ou Danielle Smith, envisagent de construire de nouveaux pipelines, des raffineries et de relancer le projet des usines de GNL et de gazoduc traversant le Canada (et le Québec) vers le Nouveau-Brunswick. Pour le chef du Parti conservateur du Canada, il faut également en finir avec les réglementations environnementales qui ne sont que nuisances.

Que Carney et Freeland aient déclaré renoncer à la taxe carbone dans le cadre de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada montre très bien que la défense de l'État pétrolier canadien est défendue par toute la classe politique canadienne (PLC compris) et que la vraie entente, avec l'administration Trump, sera de leur assurer un accès sans entrave aux richesses pétrolières et gazières du Canada.

Jagmeet Singh, chef du NPD, y va de sa suggestion. Il propose de cesser d'exporter des minéraux critiques aux États-Unis. Il s'inscrit, lui aussi, dans la seule logique de la guerre commerciale.

b) Se rendre aux exigences américaines en matière de fermetures des frontières

Le gouvernement Canada a répondu rapidement aux demandes de Trump en termes de fermetures des frontières. Déjà, il avait opéré une série de durcissements dans sa politique face aux personnes migrantes que ce soient les réfugié-es, les travailleurs et travailleuses immigrant-es temporaires ou les sans-papiers.

2. Le positionnement du gouvernement de la CAQ et du Parti québécois

Si, dans un premier temps, François Legault s'est contenté d'une posture attentiste, il a finalement rejoint le front du gouvernement fédéral et des premiers ministres des provinces. Il s'est placé dans le cadre d'une préparation du Canada à une éventuelle guerre commerciale.

Mais le gouvernement Legault s'est rangé sans nuance aux demandes de Trump en matière d'immigration. Le ministre Bonnardel a affirmé se préparer à envoyer la Sûreté du Québec pour faire face à la vague migratoire qui sera provoquée par la volonté d'expulsion de Trump (Opération Pélican). On peut donc s'attendre à ce que le gouvernement Legault se dirige vers un durcissement de ces politiques contre les personnes migrantes à tous les niveaux. Cette politique est d'autant moins surprenante qu'il compte sur ces politiques contre les migrant-es pour se construire une rente électorale.

PSPP dans une publication sur X n'hésite pas à affirmer : « Les États-Unis ont des points légitimes sur la question du laxisme aux frontières. Il faut donc voir cette situation pour ce qu'elle est réellement : avant tout, un enjeu de gestion négligente des frontières du gouvernement fédéral. Nous demandons au gouvernement fédéral de travailler avec l'administration Trump pour régler les enjeux aux frontières et nous permettre d'avancer. Entre s'engager dans une guerre commerciale avec les États-Unis et reprendre le contrôle des frontières, il n'y a aucune commune mesure entre le coût des deux. » Cette demande de collaboration avec le gouvernement d'extrême droite de Trump montre où en est la dérive du PQ dans l'expression du nationalisme le plus chauvin et dans sa stigmatisation des personnes migrantes.

3. La communication de Québec solidaire

Pour ce qui est de Québec solidaire, sa porte-parole Ruba Ghazal a fait sa suggestion, qui s'inscrit dans le cadre d'une éventuelle guerre commerciale : « Dans le cadre des tensions commerciales, un gouvernement solidaire n'hésiterait pas à agiter des hausses de prix importantes de l'électricité, vendue sur la côte est américaine pour se faire respecter. Le Québec doit se tenir debout devant Trump. Ce n'est pas à coup de taxes sur le jus d'orange qu'il va nous prendre au sérieux. » [6] Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette suggestion se colle aux modalités d'une politique commerciale, et ne cherche nullement à mettre le peuple québécois dans le coup. Même lorsqu'elle évoque l'indépendance, la prise de position de Québec solidaire reste engoncée dans une logique de politique commerciale : « Un Québec indépendant pourrait mettre ses intérêts au cours de ce bras de fer commercial, avec l'hydro-électricité comme principal levier de négociation, et s'assurer que les emplois et l'économie du Québec soient protégés. »

Aucune critique argumentée du projet de l'extrême droite trumpiste, aucune dénonciation de la politique environnementale désastreuse qu'il promeut, aucune dénonciation de ses projets d'expulsions des personnes migrantes, aucune critique de la réaction du gouvernement de la CAQ et du PQ en matière d'immigration face aux politiques d'intimidation de Trump. Pourtant, il nous apparait impératif d'opposer une réponse globale au cours actuel de l'impérialisme trumpiste dans le contexte actuel.

III. Un programme de déconnexion pour se libérer des diktats de l'impérialisme de prédation et de vassalisation de Trump

S'opposer au nouveau cours de l'impérialisme américain impulsé par Donald Trump par le seul biais de la réponse aux tarifs qu'il dit vouloir imposer, c'est refuser de voir l'ensemble des objectifs poursuivis par ce dernier. On en est alors réduit à une discussion sur les manœuvres diplomatiques ou les mesures de rétorsion sur le plan commercial. C'est l'ensemble du projet trumpiste de vassalisation auquel il faut s'attaquer. Cela ne peut être réalisé qu'à partir des luttes sociales, politiques et culturelles des classes ouvrières et populaires s'assignant de s'engager dans la voie de la socialisation de leur économie et dans la redéfinition des institutions politiques actuelles que pourront être jetées les bases du refus de cette vassalisation.

Ces politiques doivent s'articuler autour de quatre axes [7] : 1) une altermondialisation parcimonieuse basée sur la planification écologique dans la lutte aux changements climatiques passant par une rupture avec le capitalisme fossile ; 2) la priorité accordée à la satisfaction des besoins sociaux par la défense des services sociaux dans une perspective d'égalité sociale ; 3) une lutte anti-patriarcale défendant l'égalité des hommes, des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de genre, une lutte antiraciste pour l'instauration d'une réelle égalité sociale ; 4) une division internationale du travail en coopératives ; 4) une indépendance du Québec en alliance avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones et faisant du Québec une terre d'accueil face aux migrations appelées à se développer.

1) Une altermondialisation parcimonieuse basée sur la planification écologique dans la lutte aux changements climatiques passant par une rupture avec le capitalisme fossile

Trump a fait du Drill baby drill, un slogan de sa campagne électorale. Des entreprises internationales au Canada (et même au Québec) seraient prêtes à adopter ce mot d'ordre. La mondialisation capitaliste est une source de prédation des ressources comme de l'énergie, sans parler des pollutions de toutes sortes. Les transports internationaux de marchandises liées à la division internationale du travail contribuent de manière significative aux émissions de CO2. Il faut donc favoriser les relocalisations et la diminution des dépenses découlant des formes actuelles des chaînes d'approvisionnement. Il faut sortir également de la logique de la croissance, qui amène à produire toujours plus, à consommer plus et à ainsi dilapider les ressources minières, forestières et énergétiques de la planète. Il faut sortir des énergies fossiles, du capital fossile, car cette croissance ne bénéficie qu'aux entreprises multinationales.
De cela il découle :

a) la relocalisation des productions stratégiques (aliments, médicaments, moyens de transport…)
b) la lutte pour la sortie des énergies fossiles et le refus de la construction de pipelines ou de gazoducs
c) le refus de l'augmentation de la production de l'hydro-électricité à des fins d'exportation et politique de sobriété énergétique passant par la rénovation thermique des logements qui sont des passoires énergétiques
d) le refus de la privatisation d'Hydro-Québec – et le rejet du projet de loi 69 et la nationalisation/socialisation des énergies renouvelables
e) le rejet de la filière batteries et de l'auto électrique comme solution à la crise climatique et la production locale de moyens de transports publics pour les personnes, et l'utilisation des chemins de fer pour le transport des marchandises
e) le développement d'une agriculture écologique centrée sur la souveraineté alimentaire et la protection de la biodiversité en réorientant la production vers les marchés locaux et régionaux et non vers l'exportation et, pour cela, la fin de la production carnée centrée sur l'exportation.

2) la priorité accordée à la satisfaction des besoins sociaux par la défense des services publics dans une perspective d'égalité sociale.

Les responsables politiques nommés par Trump sont souvent des milliardaires. Les mœurs politiques des États-Unis sont corrompues par la puissance de l'argent. Avec l'éventuelle prise du pouvoir par Poilievre, on peut craindre que nombre des modes de fonctionnement de la politique américaine aient leurs effets sur la politique canadienne ou québécoise.

L'actuelle distribution des richesses en faveur d'une minorité des plus riches enlève à la majorité populaire la possibilité de faire des choix qui répondent réellement aux besoins sociaux du plus grand nombre. Le choix des gouvernements vise essentiellement à protéger cet accaparement des richesses par la classe dominante. Les généreuses subventions aux entreprises privées participent de cette concentration des richesses. C'est pourquoi, il faut :

a) abolir les privilèges fiscaux des plus riches et réformer la fiscalité pour la rendre plus juste et plus redistributive
b) augmenter le salaire minimum et garantir le droit au logement en construisant des logements sociaux
c) réinvestir massivement dans les services publics de santé et d'éducation, déprivatiser les cliniques et bloquer l'ouverture d'hôpitaux privés
d) nationaliser l'industrie pharmaceutique et favoriser la production locale et la distribution gratuite des médicaments
e) assurer un véritable service public d'éducation et en finir avec les subventions aux écoles privées

3) Une lutte antipatriarcale défendant l'égalité des hommes et des femmes, pour les droits des personnes trans et une lutte anti-raciste pour l'instauration d'une réelle égalité sociale.

La politique de Trump est sexiste et raciste. Elle remet en cause le droit à l'avortement. Elle stigmatise les Afro-Américains et mène une politique contre les personnes migrantes. Les impacts sur le Canada et le Québec ne sauraient être négligés. Surtout à un moment où le nationalisme québécois prend une forme de plus en plus identitaire et d'exclusion et que les partis nationalistes, comme la CAQ et le PQ n'hésitent pas à utiliser cette démagogie contre une partie de la population du Québec en faisant des personnes migrantes la source de tous les maux de la société québécoise. C'est pourquoi, entre autres choses, le combat contre le sexisme et le racisme et le soutien à l'auto-organisation des opprimés est incontournable. C'est pourquoi les combats doivent :

a) assurer le droit à l'avortement libre et gratuit
b) fournir les moyens nécessaires à la lutte effective contre les violences sexistes et sexuelles
c) soutenir le combat des personnes LGBTQi et lutter contre la transphobie
d) éradiquer les discriminations raciales et l'idéologie raciste, combat essentiel de l'objectif d'égalité sociale que nous poursuivons dans tous ces domaines.

4. L'indépendance du Québec passera par la construction d'une bloc populaire regroupant la majorité populaire d'une société plurinationale et pluriculturelle qu'est le Québec.

Ce bloc populaire passera par :

a) le rejet d'une vision ethnique homogène de la nation et par le rejet du projet nationaliste d'homogénéisation culturelle
b) une politique de rejet des discriminations et le refus de l'existence de secteurs de la société privés de droits et par l'union de toutes les composantes de la majorité populaire dans ce combat
c) par la liberté de circulation et d'installation de toutes et tous les personnes migrantes
d) par l'éradication du racisme systémique qui touche tant les nations autochtones que les autres secteurs racisés de la population.

La lutte pour l'indépendance nécessitera une alliance de la majorité populaire du Québec avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones et faisant du Québec une terre d'accueil face aux migrations appelées à se développer.

Conclusion

Le projet de vassalisation de la société canadienne et de la société québécoise par l'impérialisme trumpiste a de multiples dimensions. Le rejet de ce projet par l'impérialisme américain ne saurait en rien être réglé au seul niveau de la politique commerciale. Il ne pourra être renversé que par une convergence des luttes sociales portées par les différents secteurs de la majorité populaire au Québec, comme au Canada. La victoire ne sera possible que si la gauche politique et sociale sait clarifier les bases de cette convergence et qu'elle s'attelle à la résolution à cette tâche.

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[2] États-Unis : le gouvernement des milliardaires, Martine Orange, Mediapart, 26 décembre 2024

[4] Justin Trudeau, première victime de Donald Trump, Martine Orange, Mediapart, 7 janvier 2025

[5] Tarifs de Trump : la solution des pétrolières, l'Aut'journal, Pierre Dubuc, 15 janvier 2025

[6] Communiqué de QS

[7] Repères pour une autre mondialisation, Michel Husson, 2009

8 mars 2025 : Le thème de la campagne : Encore en lutte !

21 janvier, par Collectif du 8 mars — ,
L'horloge se dérègle. Le temps avance, mais nos droits dûrement acquis peuvent reculer. Chaque grain de sable qui tombe nous rappelle de ne rien lâcher. La droite continue de (…)

L'horloge se dérègle. Le temps avance, mais nos droits dûrement acquis peuvent reculer. Chaque grain de sable qui tombe nous rappelle de ne rien lâcher. La droite continue de monter, tout peut basculer. En ce 8 mars, on se tient debout, le poing levé. Ce poing, c'est notre force collective, notre cri de refus. Le symbole de Vénus, dans le creux de notre main, incarne notre liberté : celle de décider de notre corps et de notre vie.

Comme l'araignée résiliente qui tisse sa toile, on continue de construire un monde où personne n'est laissé derrière. Chaque victoire, chaque fil ajouté témoigne de notre force face aux obstacles. Ensemble, on tisse un féminisme anti-raciste, anti-impérialiste et résolument inclusif.

Dès le 8 mars à l'échelle internationale, la Marche mondiale des femmes se met en mouvement. Au Québec, le 18 octobre, on marchera aux côtés des femmes du monde entier pour affirmer que notre solidarité est plus forte que jamais. Face à la montée de la droite, la lutte s'intensifie et se transforme. Aujourd'hui, nous sommes ENCORE EN LUTTE.

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Le Canada dans le nouveau désordre mondial

21 janvier, par Andrew Jackson , Scott Sinclair — ,
Le Président américain désigné, D. Trump menace d'imposer des frais de douanes sur les importations canadiennes, mexicaines (et chinoises). Sans surprise cette annonce a (…)

Le Président américain désigné, D. Trump menace d'imposer des frais de douanes sur les importations canadiennes, mexicaines (et chinoises). Sans surprise cette annonce a provoqué une quasi panique dans l'élite du pays qui s'est longtemps considérée comme un partenaire fiable des États-Unis.

Andrew Jackson et Scott Sinclair, Canadian Dimension 12 décembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Nous sommes confrontés à la possibilité que l'ère du libre-échange arrive à sa fin

L'idée que l'ordre économique libéral soit au bord de la faillite est largement répandue au Canada. Cela laisserait le pays seul près du précipice tel un fétu de paille dans une mer de pouvoirs nationaux en compétition.

Il est instructif de se rappeler du grand débat sur le libre-échange avec les États-Unis au milieu des années 1980 dans notre pays. On craignait le protectionnisme américain et cela a provoqué un débat houleux à propos d'un virage à faire faire aux politiques économiques canadiennes en les éloignant de l'interventionnisme pour favoriser le néo libélarisme.

Les critiques de l'entente, comme les économistes de l'Université de Toronto Mrs Steven Clarkson et Mel Watkins ont soutenu, que le prix à payer pour la perte de notre souveraineté économique, ne valait pas le coût car les États-Unis ne se soumettraient jamais aux règles introduites. Le multilatéralisme tel que porté par l'accord sur les droits de douanes et le commerce (maintenant l'Organisation mondiale du commerce, OMC) n'était pas parfaite mais elle a quand même tempéré les pires formes du protectionnisme américain.

Longtemps avant que D. Trump soit élu, la gestion américaine du commerce avec le Canada, menaçait d'invoquer unilatéralement des exemptions en regard de sa sécurité nationale quand elle le trouverait nécessaire, dans des secteurs sensibles comme le bois d'œuvre. Ce fut le cas à la fois sous l'administration Trump et Biden qui ont rejeté le processus de règlement de l'OMC.

Rétrospectivement, on constate que les règles les plus louangées de la base du système commercial étaient pleines de trous et ce n'est pas près de changer.

Chaque crise comporte des opportunités. Durant les années 1980 la droite canadienne a vite compris que le protectionnisme américain était un moyen de promouvoir son propre programme politique. Le commentaire de Rudyard Griffiths et Sean Speer, publié sur The Hub, est particulièrement intéressant. Ces messieurs sont d'anciens conseillers de Steven Harper.

Ils soutiennent avec conviction que le Canada doit reconnaitre que les intentions de D.Trump de démanteler la production canadienne et éliminer les emplois s'y attachant, sont sérieuses. Ils proposent que le gouvernement réponde de manière préemptive en renforçant la compétitivité à long terme du capital canadien. La liste de recommandations politiques est trop familière : baisse drastique des taxes et impôts des entreprises, se débarrasser de l'augmentation des taxes sur les gains en capital, la dérégulation de toutes les entreprises, une diminution significative des règles et révisions en environnement et la fin du système de quotas en agriculture.

Dans la même veine, les grandes organisations d'affaire, notablement le Business Council of Canada, demandent une augmentation de l'extraction des énergies fossiles, le démantèlement des timides plans libéraux envers les changements climatiques, une augmentation significative des dépenses en matière de défense, accrochée à une stratégie de militarisation de l'industrie. De plus discrets appuis vont vers des coupes dans les dépenses pour financer le programme de sécurité tout en réduisant le déficit fédéral et la dette.

Ce que Mrs Griffits et Speer nomment « Plan B » est généralement appuyé par Pierre Poilievre et les Premiers ministres provinciaux conservateurs. Pendant ce temps les Libéraux et le centre-droit semblent croire que D. Trump peut être apaisé par une « Équipe Canada » est des efforts de lobbying pris en main par des élites politiques et corporatives, par une modeste négociation pour des changements à la frontière et pour d'autres irritants.

Pour sa part, le NPD se concentre sur des enjeux à négocier et au mieux plaide pour une modeste redistribution des investissements sociaux, pour un programme de taxation plus juste. Il ignore absolument les problèmes structuraux de l'économie canadienne.

Le grand débat sur nos relations avec les États-Unis remonte à 40 ans. Après l'élection de 1988, quand l'ALÉNA a été mis en place, une majorité de l'électorat soutenait un rôle plus actif des gouvernements dans la structuration du développement économique.

Aujourd'hui, nous sommes sérieusement confrontés.es à la possibilité que la fin du libre-échange soit arrivée et que les ententes existantes soient révoquées ou simplement ignorées. Nous avons un besoin urgent de débattre et développer des alternatives.

Notre bien faible gauche politique doit soulever des sérieuses questions. Que pourrions-nous faire avec des leviers politiques que nous avons abandonnés lors de l'ALÉNA en 1988, comme par exemple, les règles d'approvisionnement en énergie et biens publics, les limites sensibles attachées aux droits de propriété intellectuelle et la régulation des investissements étrangers ? En matière de commerce, quel espace est disponible pour le développement de stratégies économiques plus indépendantes ? Comment le Canada peut-il se positionner dans la compétition entre les États-Unis et la Chine ?

Comme durant la bataille de l'époque pour le libre-échange, la gauche doit combattre la politique d'apaisement des élites d'affaire canadiennes et leurs groupes de réflexion qui ne défendent que leurs intérêts. Une réponse progressiste aux menaces de D. Trump doit mettre l'accent, comme durant la crise de la COVID, sur la solidarité sociale, sur le soutient urgent aux travailleurs.euses et aux industries malmenés.es par les augmentations de droits de douane. En ayant en tête de futures crises, les progressistes doivent aussi considérer ce qu'il faut mettre en place pour une économie nationale plus autonome, résiliente et plus juste qui pourra s'ajuster dans le nouveau désordre mondial.

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Trump et Los Angeles, c’est le monde qui change de base

21 janvier, par Marc Bonhomme — ,
La fin de l'année et le début de la suivante marquent le temps des bilans et perspectives. Peu importe que l'année 2024 ait été la plus chaude depuis l'ère industrielle avec (…)

La fin de l'année et le début de la suivante marquent le temps des bilans et perspectives. Peu importe que l'année 2024 ait été la plus chaude depuis l'ère industrielle avec une augmentation dépassant pour la première fois le mythique 1.5°C plafond fixé par la COP de Paris… pour 2100. Contrairement aux racontars des grands médias, non seulement les émanations de CO2 continuent-elles de croître, loin de tendre vers un plafonnement elles croissent à un taux croissant comme l'indique l'étalon mondial en la matière, l'observatoire de Mauna Loa, l'année 2023, la dernière mesurée, établissant un record annuel. Le feu de Los Angeles s'en prenant à une bonne proportion de petits châteaux de riches à deux pas de la fabuleuse Hollywood ébranlera-t-il l'aveuglement volontaire du nouveau président étatsunien à la veille de son inauguration ? Une dialectique actionréaction pourrait entraîner la résistance au trumpisme vers une société solidaire de décroissance matérielle comme la Première guerre mondiale a mené à la révolution d'Octobre.

12 janvier 2025

À quelques génocides près, « tout va très bien Madame la marquise »

Du point de vue capitaliste, à quelques génocides près, c'est plutôt « tout va très bien madame la marquise » comme en témoignent les indicateurs suprêmes de l'humeur capitaliste soit les cotes de la bourse, spécialement celles des ÉU qui en 2024 ont grimpé de près de 25%... mais qui baissent depuis lors. Ce qui ne signifie pas que les stratèges capitalistes n'ont pas quelques craintes. Pour le dire à la manière suave du Directeur général de la Banque des règlements internationaux :

J'ai décrit aujourd'hui quatre risques interdépendants qui méritent d'être observés de manière continue. (1) Nous ne pouvons pas être sûrs que les taux réels reviendront aux niveaux qu'ils avaient avant la pandémie. (2) La politique budgétaire pourrait ne pas être restreinte autant qu'il le faudrait pour rétablir la stabilité financière. (3) La tendance de la productivité est inquiétante, impliquant un côté de l'offre de l'économie qui n'est pas particulièrement favorable à une inflation modérée et à une croissance robuste de la production. Et (4) une plus grande volatilité des marchés et le potentiel de retombées négatives sur d'autres marchés et intermédiaires financiers, pourrait être une caractéristique permanente du paysage.

Précisons. (1) Les taux d'intérêt resteront plus élevés qu'avant la pandémie afin de juguler les tendances inflationnistes qui se maintiendront particulièrement pour l'alimentation et le logement… pour lequel l'outil de contrôle fait paradoxalement parti du problème. Et surtout — impossible de le dire publiquement car il y a trop de monde qui écoute — des taux d'intérêt élevé sont nécessaires pour favoriser une augmentation d'un taux de chômage jugé trop favorable aux luttes antiinflationnistes du monde du travail qui pointent le nez notamment aux ÉU mais pas seulement.

(2) La laxiste politique fiscale et budgétaire des gouvernements va à l'encontre d'une politique monétaire très prudente ce qui impose le retour à une politique fiscale d'austérité. Cette « stabilité financière » est un indispensable garant pour que des gouvernements aux abois n'aient pas la tentation de recourir à la « planche à billets » à la mode turque ou argentine — d'où l'admiration capitaliste envers le libertaire président argentin — pour noyer dans la super-inflation leur dette publique.

(3) La hausse de la productivité fout le camp sauf aux ÉU. Le Saint-Graal permettant de résoudre ce problème fondamental pour assurer la prospérité capitaliste résiderait dans la recherche-développement (R-D). Elle est au pinacle aux ÉU, spécialement dans la haute technologie qui a remplacé l'automobile comme fer de lance de la R-D, avec un taux d'investissement à l'avenant. Ailleurs, dans les pays du vieil impérialisme, c'est la débâcle. Le niveau de productivité des trois plus grands pays de l'UE a repassé sous celui des ÉU. « La productivité du travail au Canada s'est contractée pendant 14 des 16 derniers trimestres ». La priorité des priorités fiscale et budgétaire des gouvernements devrait être la R-D à commencer par le soutien des grandes entreprises… et au diable les politiques sociales.

(4) Quant à cette mystérieuse volatilité des marchés, elle est un euphémisme pour écarter les vérités trop brutales des guerres géostratégiques, des catastrophes écologiques et de la crise de la démocratie représentative qui pourraient, si elles débordent, tout foutre en l'air. L'acceptation résignée de leur permanence signifie l'incapacité capitaliste d'en venir à bout et l'espoir fou de leur confinement à perpétuité. Les génocides et autres crimes de guerre et contre l'humanité ne sauraient déranger la plutocratie en autant qu'ils demeurent le lot de quelques peuples marginaux n'ébranlant pas l'équilibre général. Est-ce cette confiance en l'avenir que reflète le cour de l'or qui atteint des sommets et les taux d'intérêt de dix ans à la hausse ?

Quand la Bourse va, tout va… pour le 1% et pour les États-Unis

Au sommet de la pyramide, certaines transnationales dont les profits proviennent essentiellement de la performance de la Bourse, baignent dans un béat optimisme. « BlackRock, le plus grand fonds d'investissement au monde, dans ses prévisions pour 2025, estime que "les cycles d'expansion et de ralentissement du capitalisme sont terminés" », l'intelligence artificielle (IA) y étant pour beaucoup. Sauf que « jusqu'à présent, [l'IA] n'a eu que peu d'impact sur l'économie mondiale. Il faut s'attendre à ce que cette énigme persiste en 2025. » Non seulement son apport à la productivité est-il douteux mais surtout elle est une ogresse énergétique. « Au cours des deux prochaines années, la consommation mondiale d'électricité des centres de données pourrait plus que doubler par rapport à son niveau de 2022, pour atteindre 1 000 térawattheures en 2026, soit l'équivalent de la consommation d'électricité du Japon. » ou encore entre 5 et 6% de la demande d'électricité des ÉU et de l'UE et près de 3% pour la Chine.

Les institutions financières internationales (IFI) sont plus réservées. « …le FMI s'attend à ce que la croissance économique mondiale se maintienne à environ 3,2% cette année. Ce taux de croissance est le plus faible depuis des décennies et "les risques de détérioration augmentent et dominent les perspectives". » Sur la base d'une perspective mondiale elles font ressortir la modicité de la croissance étatsunienne par rapport à celles du « Sud » même si elle reste supérieure à celles des autres pays du vieil impérialisme :

Toujours selon Michael Roberts, « si l'on se réfère au PIB par personne, même les États-Unis, l'économie la plus performante du G7, n'ont pas obtenu de bons résultats, tandis que les autres ont au mieux stagné. La raison n'en est pas l'augmentation de la population par les naissances et les décès, mais l'immigration nette. L'immigration a stimulé la main-d'œuvre et la production nationale en 2024 aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et au Canada. La longue dépression qui a débuté après la Grande récession de 2008-9 a repris après la pandémie de 2020 et s'est poursuivie en 2024. »

Selon la Banque mondiale citée par Roberts, « [l]a pandémie de COVID-19 a fortement alourdi le fardeau de la dette de tous les pays en développement, et la flambée des taux d'intérêt mondiaux qui s'en est suivie [et qui ne redescendront pas à leur niveau pré-pandémique, NDLR] a rendu plus difficile le rétablissement de la situation pour bon nombre d'entre eux. » Si les ÉU ne sont pas lestés par un tel fardeau de leur dette externe, leur relative prospérité par rapport aux autres pays du vieil impérialisme n'irrigue pas leur peuple-travailleur pour autant. « Les États-Unis sont le pays le plus inégalitaire de l'OCDE, avec 21 % du revenu national allant aux 1% les plus riches, soit autant qu'au Mexique (21 %) et un peu plus qu'en Afrique du Sud (19 %). » Ce sont ces perdants de la croissance qui soutiennent Trump.

Quant aux salaires, « [l]'Organisation internationale du travail (OIT) a constaté qu'en 2024, la plupart des travailleur-euse-s ont subi une réduction ou une absence d'amélioration de leur salaire après prise en compte de l'inflation, et il est peu probable que la situation s'améliore beaucoup en 2025. Les salaires réels restent inférieurs à leur niveau d'avant la pandémie dans de nombreuses régions du monde. Et l'écart de rémunération entre les travailleurs les mieux et les moins bien payés du monde reste important. » Les salaires réels, par rapport à 2019, baissaient en Allemagne, en France, en Italie et au Royaume-Uni, ainsi qu'au Japon et en Corée du Sud et croissaient à peine aux ÉU… et un peu plus au Canada. Mais ils augmentaient de plus du quart en Chine dont cependant l'économie, engluée dans la crise immobilière et au gouvernement surendetté, est sur le bord de la dépression comme en témoigne, contrairement au restant du monde, son taux d'inflation quasi nul.

Les soulèvements ne manquent pas mais leur orientation fait problème

Somme toute, les grands décideurs de ce monde sont pris entre le marteau et l'enclume tout en évitant de regarder le fond du gouffre à leurs pieds tapissé d'une possible troisième guerre mondiale entremêlée d'une fuite en avant vers la terreétuve dégarnie de sa biodiversité… et alimentée par la croissance inhérente au capitalisme. Les préoccupations capitalistes sont ailleurs. Comment assurer un « soft landing » en pleine onde longue dépressive qui pourrait virer au chaos tout en serrant la vis suffisamment au prolétariat et aux peuples pour les garder dans une précarité qui démobilise ? Ce sont aux ÉU, les relativement plus prospères des pays du vieil impérialisme, qui réunissent les meilleures conditions pour la lutte ouvrière au sein du monde dit développé :

Les syndicats américains ont connu une année exceptionnelle. En novembre, 33 000 machinistes ont regagné leur poste chez Boeing après avoir obtenu une augmentation de salaire de 38 % sur quatre ans. […] Un mois auparavant, 47 000 dockers avaient débrayé pendant trois jours dans certains des ports les plus fréquentés du pays. Le 19 décembre, le syndicat Teamsters a annoncé une grève nationale contre Amazon, juste à temps pour les livraisons de Noël.

Selon le Bureau des statistiques du travail, 29 arrêts de travail impliquant chacun plus de 1 000 salariés ont débuté entre janvier et novembre (le total en 2023 était de 33, soit le plus grand nombre depuis 2000). Le National Labour Relations Board (NLRB), l'agence fédérale chargée de résoudre les conflits du travail, indique que les pétitions visant à organiser un vote pour se syndiquer sont en hausse de plus d'un quart par rapport à l'année dernière. […]

Malgré — ou peut-être à cause de — toutes ces actions, la cote d'approbation des syndicats est à son plus haut niveau depuis les années 1960, selon les sondages de Gallup. […] Les dockers américains testent déjà la force de la rhétorique proouvrière de M. Trump. La grève portuaire [de tous les ports de l'Est des ÉU] a été interrompue en octobre lorsque les travailleurs ont accepté une augmentation de salaire de plus de 60 %. Mais les syndicats et les opérateurs portuaires sont toujours à couteaux tirés sur la question de l'automatisation, alors que la date limite pour trouver un accord est fixée au 15 janvier.

S'il y a peu de signes d'espoir émanant des pays émergents, quoique le recul électoral inattendu du BJP indien est a signalé, plusieurs pays dépendants ont secoué en 2024 des jougs de longues dates. On pense d'abord au renversement rapide et surprenant de la féroce dictature des Hassad en Syrie mais aussi à celui tout aussi rapide et surprenant de celle de facto au Bangladesh et au balayage électoral d'un marginal parti se réclamant de l'extrême-gauche au Sri Lanka. Citons aussi le renversement populaire du coup d'État du président sud-coréen mais qui réussit à résister à son arrestation. On pense moins à l'actuel soulèvement populaire au Mozambique. Il ne faut pas cependant s'illusionner en imaginant que ces étincelles d'espérance renverseront le rapport de forces au détriment de l'ascendance d'une droite de plus en plus extrême.

En Syrie la joie exubérante de la délivrance ne saurait masquer l'islamisme néolibéral de l'organisation conquérante qui ne promet des élections qu'au bout de quatre ans. Au Bangladesh, le nouveau chef de gouvernement dont la popularité auprès de la masse étudiante, fer de lance du renversement de la dictature, est dû à son prix Nobel pour la mise au point du microcrédit qui a permis la pénétration de la financiarisation néolibérale chez la masse des pauvres, surtout des femmes. Au Sri Lanka, le nouveau gouvernement n'a pas attendu longtemps pour commencer à tergiverser. En Corée du Sud, des centaines de milliers de manifestant-e-s ont bloqué la tentative de coup d'État sans qu'émerge une alternative même de centregauche. Il n'en reste pas moins que ce sont de larges mouvements de masse qui ont porté au gouvernement des nouvelles directions y compris au Sri Lanka dont l'étonnante inversion électorale découle du soulèvement populaire de 2022.

Depuis 2011, sous l'effet de la Grande dépression de 2008, sans doute inaugurant la phase récessive d'une onde longue, et des guerres échouées des ÉU au MoyenOrient, l'action spontanée des peuples par la participation prolongée de millions de personnes est au rendez-vous. De la Tunisie à la Birmanie/Myanmar en passant l'Égypte, la Syrie, le Yémen puis l'Algérie et le Soudan, et jusqu'à un certain point l'Espagne et la Grèce, même le Chili. Ce qui manque terriblement, c'est une direction politique révolutionnaire crédible qu'a varlopé le duo réformiste socialdémocrate / stalinien du XXe siècle et leurs avatars du XXIe siècle.

Le parti ou son équivalent, certes, ne fait jamais une révolution. C'est la masse prolétarienne et populaire qui la fait. Mais sans un parti-guide, parfois à la traîne d'événements qui le bousculent, ces soulèvements n'aboutissent pas. Ceci dit, un parti imparfait parce que trop sous influence stalinienne, tel le PC chinois ou Mouvement du 26 juillet cubain, ont été en mesure de guider une révolution réussie pour ensuite s'enliser dans le piège du parti-État unique suscitant une bureaucratie dirigeante susceptible de contre-révolution capitaliste. Contre-exemple pour la jeunesse qui, prenant en grippe les organisations centralisées ayant balancé pardessus bord le centralisme démocratique pour celui bureaucratique, succombe au stérile horizontalisme au perpétuel recommencement, sans mémoire historique, et souvent recelant un effectif noyau dirigeant non élu et sans obligation de reddition de compte.

Le faux espoir chinois, faux socialisme, fer de lance de l'alternative multipolaire

L'échec jusqu'ici des grands soulèvements contemporains de la Grande récession malgré leur grand nombre et le cul-de-sac apparent des plus récents sont de fortes incitations à rechercher des alternatives du côté des rivaux de l'impérialisme étatsunien, celui-ci étant identifié comme équivalent de l'impérialisme tout court ou du moins comme le pire d'entre eux en termes de barbarie. Sans nécessairement tomber ni dans le caricatural campisme géostratégique ignorant le peuple-travailleur de l'ennemi-de-mon-ennemi-est-mon-ami ni dans la paralysie de l'impuissant pacifisme moralisateur rejetant dos-à-dos les protagonismes d'un conflit, la tentation est d'autant plus grande que le chef de file des rivaux des ÉU se prétend socialiste et qu'il connaît un certain succès économique. À condition de ne pas tenir compte de pénibles conditions de travail et d'un haut taux de chômage de la jeunesse, de la persécution des minorités nationales, en particulier des Ouigours musulmans pour lesquels cette persécution frise le génocide culturel, et la répression tous azimuts dont l'écrasement du mouvement démocratique de Hong Kong est le pinacle.

À différents niveaux et à différents degrés, une grande partie de la gauche est tombée dans ce piège. Pour un des plus lucides d'entre eux, selon l'intelligence artificielle d'Adobe qui résume un de ses textes clefs sur le sujet, « [l]a Chine est décrite comme une économie en "transition piégée" car elle manque de formes significatives de démocratie ouvrière et est entourée par des forces impérialistes qui cherchent à l'étrangler. » Pour l'auteur, la Chine possède certaines caractéristiques socialistes parce qu'elle a « introduit certains éléments de transition vers le socialisme, comme la nationalisation des entreprises industrielles et des terres, et la planification étatique de l'économie. »

L'entreprise étatique Hydro-Québec avec son Plan d'action 2035 est-elle un pas vers le socialisme québécois ? Comme pour la (petite)-bourgeoisie québécoise se tailladant une place au sein de la bourgeoisie canadienne, mais à un tout autre niveau, la bureaucratie d'État embourgeoisée de Chine s'appuie sur ses entreprises étatiques léguées par la révolution de 1949 pour tenir tête à l'hégémon étatsunien, ce qui lui permet d'atténuer le cycle économique. Il est vrai, cependant, que « l'échange inégal » au sein du commerce mondial se fait au net au détriment de la Chine, ce pour quoi la Chine capitaliste n'est pas un impérialisme abouti mais émergent tant par rapport à son économie contrastée mêlant tiers-monde et haute technologie, son niveau de vie moyen relativement bas et sa force militaire bien moindre que celle des ÉU..

Pas plus que pour la bourgeoisie québécoise émergente, mais passablement bloquée, l'impérialisme émergent chinois ne saurait être un allié du peuple-travailleur. En fait leur agressivité « d'underdog » peut les rendre encore plus durs envers lui que les bourgeoisie hégémoniques aux marge de manœuvres plus grandes et en mesure de débaucher des alliés subordonnés pour faire la sale besogne. Pendant que l'allié russe de la Chine commet un génocide « slow motion » en Ukraine et la Chine un culturel au Xinyang, les ÉU se satisfont d'armer leur allié sioniste, tout en prétendant le restreindre, pour accomplir son génocide-nettoyage-ethnique à Gaza. Mais il faudrait se remémorer la barbarie de l'armée étatsunienne en Irak et en Afghanistan. Toutes choses étant égales par ailleurs, il y a un parallèle à faire avec le PQ de René Lévesque qui en 1982 a imposé un recul salarial et de leurs pensions à la fonction publique et parapublique québécoise, ce que n'a osé aucun autre gouvernement provincial canadien. La multipolarité impérialiste n'implique aucun « moins pire ».

Trump marque la fin de l'ère néolibérale : vers le fascisme ou l'écosocialisme ?

Tel est l'état du monde pour faire face à une multipolarité d'extrême-droite tous azimuts depuis la victoire de Trump, des ÉU à la Chine de Xi en passant par la Russie de Poutine et l'Inde de Modi et à laquelle le Brésil n'échappera peut-être plus. Trump en est le fer de lance : « La puissance économique et militaire de l'Amérique signifie que Trump pourrait non seulement refaire l'Amérique, mais aussi transformer le monde. » La menace contre le peuple travailleur des ÉU et du monde s'annonce un cauchemar :

La nouvelle année ramène Donald J. Trump à la présidence le 20 janvier, avec la promesse de prendre des mesures rapides pour expulser les immigrés sans papiers, de "réparer l'économie" et de changer fondamentalement le gouvernement. M. Trump est en mesure de faire une grande partie de ce qu'il veut, car il contrôle non seulement la présidence, mais aussi les majorités républicaines au Sénat et à la Chambre des représentants, ainsi qu'une Cour suprême bienveillante. Avec un cabinet et des conseillers milliardaires, avec ses manières dictatoriales et un énorme soutien populaire, nous semblons nous diriger vers une ploutocratie autoritaire, et certains craignent qu'il ne s'agisse d'un fascisme.

[…] Sur le plan intérieur, M. Trump promet de maintenir les réductions d'impôt sur les sociétés qu'il a mises en œuvre avec le Congrès en 2017. Malgré ces réductions d'impôts, il a promis de protéger les programmes de protection sociale les plus importants des États-Unis, à savoir la sécurité sociale, Medicare et Medicaid, mais de nombreux Républicains veulent réduire ces programmes de manière drastique. Trump veut transformer le ministère de la Justice, dont l'indépendance et l'impartialité sont théoriques, en son arme contre ceux qu'il appelle "l'ennemi intérieur".

On peut s'attendre à ce que le Congrès républicain réduise les programmes de logement et d'éducation. Et s'il est confirmé par le Sénat, le chef du département de la santé et des services sociaux sera Robert F. Kennedy, qui affirme qu'« il n'y a pas de vaccin sûr », ce qui pourrait nuire à la santé publique. L'IA (intelligence artificielle) a déjà commencé à transformer toutes les formes de travail, les systèmes économiques, la surveillance et le renseignement, mais Trump n'a pas de programme clair pour faire face à ces nouveaux développements.

Plus dangereux encore pour tout le monde en Amérique et dans le monde, Trump va défaire le Green New Deal incarné par la loi sur la réduction de l'inflation du président Joe Biden et, comme le suggère son slogan "Drill, baby, drill", encourager l'expansion de la production de pétrole, aggravant ainsi la crise climatique mondiale. […]

Sur le plan de la politique internationale, M. Trump - comme M. Biden - entrevoit une compétition avec la Chine pour la domination du monde, une compétition fondamentalement économique, mais avec des tensions croissantes qui laissent présager un conflit militaire sur la mer de Chine méridionale ou Taïwan. Il a choisi le sénateur Marco Rubio, un fervent critique et opposant de la Chine, comme secrétaire d'État. Trump a promis d'imposer d'énormes droits de douane sur les produits chinois et n'est pas opposé à une guerre commerciale, même si celle-ci pourrait perturber le système économique mondial.

Sur d'autres questions internationales, M. Trump a promis de mettre fin à la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Il a déclaré qu'il réduirait l'aide à l'Ukraine, ce qui pourrait obliger l'Ukraine à signer un traité dans lequel elle devrait céder environ 20 % de son territoire - une victoire pour le président russe Vladimir Poutine. M. Trump appelle également à mettre fin à la guerre entre Israël et Gaza « par tous les moyens possibles », bien qu'il soit en fait un fervent partisan de M. Netanyahou, à qui il a dit en octobre : « Faites ce que vous avez à faire » pour mettre fin à la guerre. Trump soutiendra les guerres et les acquisitions de terres d'Israël en Cisjordanie, au Liban et en Syrie, et appuiera ses attaques contre le Yémen et même l'Iran.

TOUT COMME LES ÉTATS-PROVIDENCE KEYNÉSIENS DE L'APRÈS-GUERRE ONT ÉTÉ TRANSFORMÉS PAR RONALD REAGAN ET MARGARET THATCHER ALORS QUE NOUS ENTRIONS DANS L'ÈRE DE LA
MONDIALISATION NÉOLIBÉRALE, CETTE ÈRE S'ACHÈVE ELLE AUSSI, MÊME SI LA DIRECTION QUE PREND LE MONDE RESTE INCERTAINE. VERS LA BARBARIE FASCISTE OU Y A-T-IL ENCORE DE L'ESPOIR POUR LA DÉMOCRATIE ET LE SOCIALISME ? [Je souligne]

L'aile Musk-fasciste mondialiste supplantera celle conservatrice du trumpisme

Le Canada et le Québec seront vraisemblablement frappés de plein fouet par la politique tarifaire de la présidence Trump :

Alors que la combinaison toxique de la cupidité et de l'idéologie de la droite dure alimente la campagne de réduction des impôts et des programmes, des mesures plus extrêmes menacent de déstabiliser l'ensemble du projet. D'emblée, les plus grandes « inconnues » économiques et financières comprennent l'étendue et les conséquences des droits de douane promis par Trump sur « toutes les importations ».

On suppose que des professionnels compétents en économie ayant accès à Trump pourraient expliquer comment des droits de douane de 25 % menaceraient d'écraser les économies canadienne et mexicaine qui sont inextricablement liées aux États-Unis, sans parler de celles des pays européens et asiatiques, et seraient hautement inflationnistes dans l'économie américaine elle-même.

Parmi les personnes les plus durement touchées dans l'immédiat se trouveraient bon nombre de ces mêmes classes moyennes et ouvrières américaines qui ont voté pour Trump en raison d'un ressentiment lié à l'inflation — une conséquence autodestructrice. Mais en tant que démonstration du type de « force » que Trump adore, les menaces tarifaires pourraient être utilisées pour obtenir les concessions qu'il exige de ses partenaires américains.

La panique règne au sein de l'establishment politique canadien, comme en témoigne la demande, non seulement de la part du parti Libéral au pouvoir, mais aussi du parti Conservateur et du parti de gauche néo-démocrate, au coût d'un milliard de dollars, pour le renforcement du personnel de contrôle aux frontières, de la surveillance et de la technologie des drones. Apparemment, M. Trump demande au Canada de s'attaquer aux « drogues et aux migrants illégaux » qui traversent le territoire américain, MAIS CES QUESTIONS SONT EN FAIT MARGINALES, VOIRE INEXISTANTES. SES OBJECTIFS RÉELS LES PLUS PROBABLES SONT DES CONCESSIONS COMMERCIALES ET AUTRES DE LA PART D'OTTAWA, ET PEUT-ÊTRE DES ACCORDS DISTINCTS AVEC LES PROVINCES CANADIENNES. [Je souligne]

On commence à pleinement réaliser au Canada, comme au Panama et ailleurs en Amérique latine et aux Caraïbes et comme au Danemark comme ailleurs dans l'Union européenne, que Trump ne plaisante pas quand il parle d'annexer le Groenland et le canal panaméen, par des moyens militaires s'il le faut, et le Canada, tout d'un bloc ou en morceaux, par une guerre économique. On commence à comprendre le but réel de sa menace de semer le bordel dans l'économie canadienne par une hausse des tarifs de 25% et par une politique anti-immigration au centuple qui précipitera nombre de personnes racisées sans permis de séjour vers le nord à travers une frontière très perméable.

À Hitler, il a fallu plusieurs années pour reconstruire la force économique et militaire de l'Allemagne. Rien de tel pour les ÉU dont l'aile extrême-droite de sa bourgeoisie veut arrêter net son affaiblissement géopolitique non seulement par un affrontement direct vis-à-vis d'abord la Chine, pour le moment économique, mais aussi en unifiant politiquement l'Amérique au nord du Rio Bravo/Grande. Si disent les trumpistes, le Canada (et le Groenland) sont au ÉU ce que la Sibérie est à la Russie. Et si la Russie sur la défensive ne respecte pas les frontières internationales (et même la Chine en Mer de Chine méridionale) pourquoi des ÉU sur le déclin le feraient-ils ? Ne doutons pas un instant que l'aile billionnaire-Musk-fascisme du trumpisme finira par avoir le dessus sur son aile conservatrice-isolationniste-traditionaliste comme celle SS-monopoles hitlérienne a triomphé de celle SA-populiste.

Les défis à la gauche sociale et politique engagent un tournant périr ou vaincre

Il y a là un immense défi interpelant les peuples-travailleurs des ÉU et de l'État canadien. Sont-ils prêts ? On a vu que la lutte syndicale s'aiguise aux ÉU même si on est encore loin du compte d'un rapport de forces pour bloquer Trump et encore moins pour renverser la vapeur. C'est moins reluisant au Canada où 2024 a connu beaucoup moins de journées de grève qu'en 2023, année record du XXIe siècle essentiellement à cause de la grève du secteur public québécois. À souligner en particulier la répression du gouvernement fédéral Libéral qui par cinq fois durant l'année, à l'encontre des syndicats du rail, de l'aviation, des ports des côtes est et ouest et de la poste, a stoppé net des arrêts de travail « menaçant l'économie canadienne ». Qu'est-ce qui arrivera avec un gouvernement Conservateur qui sera vraisemblablement élu ce printemps suite à la crise politique canadienne qui frappe en plein cœur les Libéraux fédéraux ?

Bien que pour l'instant la pression inflationniste qui a déclenché ce mouvement gréviste se soit atténuée, ce fort interventionnisme fédéral faisant suite à la plus important grève du secteur public québécois depuis un demi-siècle dénote un nouvel esprit combatif qu'on n'a pas vu depuis les années 1970. Il le faudra tant aux ÉU qu'au Canada et au Québec.

Aux ÉU, « ce qui se prépare est un véritable règne de terreur pour les communautés d'immigrés et de réfugiés. D'emblée, il s'agit d'une crise qui exige une préparation à la résistance à de multiples niveaux. Les organisations d'immigrés et de défense des droits civiques préparent diverses mesures juridiques, politiques et d'asile. […] La menace qui pèse sur nos mouvements va de la victimisation des communautés d'immigrés à l'attaque des droits des transgenres (que la Cour suprême semble prête à anéantir), en passant par l'accès à l'avortement et la justice raciale, la répression du droit de lire et la paralysie du droit d'organisation des travailleurs, jusqu'au « Projet Esther » - le plan de la Heritage Foundation visant à cibler et à couper le financement à la solidarité avec la Palestine et à toutes les activités de plaidoyer progressistes, qui nous a été présenté par les mêmes auteurs que le Projet 2025. »

Au Canada et au Québec, sans trop savoir ce qui attend le peuple-travailleur même à court terme, inutile de se mettre la tête dans le sable comme l'invite à le faire le Premier ministre québécois avec son attitude zen face au trumpisme. Se dit-il que les ÉU ne voudront pas pénaliser, ou si peu, les exportations extractivistes du Québec jugées indispensables aux ÉU ? Ou que la tactique trumpienne de démantèlement du Canada pourrait passer par une proposition d'indépendance fantoche du Québec ce qui bien sûr n'aurait rien d'une libération nationale ? Après tout, le Premier ministre québécois a déjà été un indépendantiste pur et dur à droite toute. Toutes ses possibilités et bien d'autres commandent que le peuple-travailleur canadien et québécois se dote d'une politique indépendante de celles multiples de la bourgeoisie. Les politiques tarifaire et migratoire des ÉU qui vraisemblablement frapperont rapidement invitent le NPD et Québec solidaire, les candidats en première ligne pour cette tâche, à rapidement se positionner et à mobiliser.

On doute de la capacité du NPD à le faire, trop habitué depuis longtemps sinon depuis toujours à soit s'allier, au niveau fédéral, au principal parti affairiste canadien, soit à prendre la relève de la gouvernance affairiste dans les provinces où il a été et est toujours au gouvernement. Québec solidaire n'a jamais subi l'épreuve d'être au gouvernement malgré ses quasi vingt ans d'existence ni même d'être l'officiel parti de l'opposition… ce qui ne l'a pas empêché de constamment glisser vers le centre pour s'ajuster à une opinion publique fabriquée par les grands médias… ce qui ne l'empêche pas de stagner électoralement s'étant laissé damer le pion par le PQ identitaire. Cependant, malgré maintes tergiversations, il n'a jamais trahi le peupletravailleur.

Renoncer aux trois piliers du consumérisme et libérer le prolétariat de la Finance

Il reste à sa base à ébranler les colonnes du temple. Pour l'instant, elle reste très majoritairement fidèle à la direction avec une opposition faible et hésitante davantage accrochée au socialisme du XXe siècle des nationalisations tous azimuts qu'à celui du XXIe siècle de la solidaire décroissance matérielle. C'est à ce point que la jeunesse contestataire milite hors de tout lien avec le parti malgré qu'une partie d'entre elle en soit membre. Il faudrait se ressaisir. La conjoncture explosive en donne l'occasion. La nouvelle porte-parole d'origine palestinienne dont la famille a fui la Nakba, pour l'instant seule au gouvernail, se fait la championne de l'indépendance par définition à gauche étant donné l'orientation générale du parti. C'est bien parti. Mais le projet de société et la stratégie manquent d'où la prédominance de la politique à la petite semaine qui n'invite pas à voir la lumière au bout du tunnel.

Pour se délivrer de sa dépendance économique, politique et idéologique envers les ÉU
— car c'est de cela qu'il s'agit très immédiatement — le peuple québécois doit rompre avec la consumériste American Way of Life basée sur l'orgie des hydrocarbures sans aller de Charybde en Scylla vers le tout-électrique et tout aussi croissanciste et extractiviste capitalisme vert, par exemple du Plan d'action 2035 d'Hydro-Québec. Ce nouvel extractivisme, loin de se substituer au premier non seulement s'y superpose comme le pétrole vis-à-vis le charbon au XXe siècle mais en dépend afin de construire l'orgie d'installations matérielles encore plus importantes que celles des hydrocarbures étant donné le caractère diffus et aléatoire des énergies renouvelables ou très risqué de celle nucléaire. En plus, l'offensive trumpienne ne donnera pas le temps de prendre notre temps, ce qui aurait été possible si un tournant convainquant avait été pris au moment du Sommet de Rio en 1992, lançant le processus des COP.

C'est maintenant qu'il faut renoncer aux trois piliers du consumérisme que sont le véhicule privé, la maison individuelle et en rangée et l'alimentation carnée. Ce sont eux, soutenus par le capital bancaire, qui piègent le peuple-travailleur dans le dilemme fin du mois versus fin du monde. Ce sont eux, soutenus par le capital financier, qui permettent la domination des monopoles du complexe auto-pétrole et de l'agro-industrie et de plus en plus des GAFAM s'invitant à la macabre noce y introduisant le tout-électrique qui est aussi tout-électronique. Il faut y ajouter leurs réseaux sociaux contrôlant les rapports sociaux, qui viennent s'ajuster au trumpisme avec la décision de Meta de se débarrasser des vérificateurs de faits, et leur intelligence artificielle s'imposant à toute la production sociale comme indispensable à la compétitrice hausse de la productivité… ce qui n'est pas encore démontré contrairement à son caractère énergivore même si l'IA alimente la spéculation boursière malgré l'essoufflement de la croissance.

Faire valoir le bien-être supérieur d'une société de solidaire décroissance matérielle

La guerre idéologique que doit mener Québec solidaire contre l'extractivisme tant historique des hydrocarbures comme celui nouveau de l'illusoire tout-électrique passe, pour débloquer les consciences de la peur des pénuries de temps de guerre, par faire valoir le bien-être supérieur d'une société de solidaire décroissance matérielle. Ce tournant révolutionnaire devant être imposée sans pitié aux très riches (1%) et drastiquement aux riches (10%) mais certainement pas aux plus pauvres — 50% de la population mondiale et plus ou moins 20% de celle des pays anciennement industrialisés — qui ont besoin de consommer plus mais autrement et solidairement par le recours au logement et au transport collectifs tout comme à la saine alimentation bon marché. Quant à la majorité dite souvent classe moyenne des pays du vieil impérialisme et à celle minoritaire des pays dépendants — en fait le peuple travailleur prolétaire et petit-bourgeois — elle n'a rien à perdre que ses chaînes de l'énergivore, individualiste et aliénante consommation de masse en faveur d'une consommation solidaire au bien-être supérieur.

On qualifie plus abstraitement d'écosocialiste cette société pour faire valoir son caractère anticapitaliste en ce sens qu'elle est incompatible avec la croissance infinie appelée par la loi de la compétition entre capitaux imposant à chaque entreprise la maximisation du profit conduisant à l'accumulation capitaliste à tendance exponentielle. Le généralisé transport actif et en commun public, avec un complément d'autopartage communautaire, remplace avantageusement le véhicule privé dans des quartiers et villages « 15 minutes » de collectifs logements sociaux et écoénergétiques pour tout le monde et entremêlés de jardins communautaires et de parcs nature. Cette nouvelle urbanité se reliera à la ruralité par des trajets cours afin d'assurer la souveraineté alimentaire basée sur l'agriculture écologique et comprendra le minimum nécessaire d'industries sans obsolescence programmée et avec mode de production durable, facilement réparable et circulaire.

Le peuple québécois, s'il est internationaliste, peut être un grand peuple

Le petit peuple québécois, qui pourrait être un grand peuple s'il se faisait l'avantgarde de la révolution écosocialiste mondiale. Car cette révolution sera mondiale du seul fait que le sont ses causes, le capitalisme néolibéral reposant sur une poignée de transnationales financiarisées opérant des chaîne de valeur internationales, et ses effets, les gaz à effet de serre se répandant dans tout l'atmosphère terrestre. Tout en connaissant dans sa chair l'exploitation et l'oppression nationale, le peuple québécois a la nécessaire marge de manœuvre politique — en Québec solidaire s'il le veut — économique — il n'est pas encore réduit à la lutte pour la survie. Il a particulièrement la marge énergétique de par son hydro-électricité amplement suffisante dans un contexte de solidaire décroissance matérielle sans chambouler la nature par un ruineux ajout de 50% en barrages et en parcs éoliens sur les territoires des peuples autochtones qu'on tente de soudoyer.

Côté internationaliste, les sondages disent que le peuple québécois est moins xénophobe et raciste qu'ailleurs au Canada. L'afflux prévisible par tous les chemins Roxham de l'immigration fuyant la barbare répression trumpienne mettra sérieusement à l'épreuve cet apparent « moins pire » identitarisme. Il revient à Québec solidaire et aux responsables syndicaux et populaires de préparer le terrain en canardant la mesquine CAQ (et PQ) et les hypocrites Libéraux fédéraux pour qu'ils se dotent de généreuses politiques d'accueil qui permettent d'intégrer rapidement, donc sans discrimination, ces nouvelles Québécoises et ces nouveaux Québécois. Ainsi pourront-iels participer de plein pied à la transition vers une société de solidaire décroissance matérielle, transition qui peut se faire pour l'essentiel en une dizaine d'années. Après tout, s'est accomplie en deux ou trois ans la transition de l'économie canadienne pour la Deuxième guerre mondiale, transition planifiée sous un gouvernement s'associant le grand capital. Comme quoi les stratèges de la haute bourgeoisie savent parfaitement que le « marché » est incapable d'effectuer le grand tournant requis par une profonde crise.

Des tâches pour une société de « soin et de lien » assurant le plein emploi écologique

Les tâches pour accomplir ce tournant ne manquent pas. Il y a un stock de logements et autres bâtisses récupérables à mettre à niveau écoénergétique c'est-à-dire avec pratiquement une consommation nulle d'énergie. Il y a à construire un réseau de transport collectif jusqu'au moindre village qui soit fréquent, confortable, électrifié et, en tant que service public, gratuit. Parlant de services publics actuellement dégarnis de la main d'œuvre nécessaire pour lesquels il faut non une décroissance mais une croissance fulgurante, la force de travail immigrante sera au rendez-vous comme elle l'a été comme « travailleurs et travailleuses essentielles » durant la pandémie. C'est cette combinaison de draconienne décroissance matérielle et de radicale croissance des services publics qui génère une solidaire société de « soin et de lien », des gens comme de la terre-mère, à la fois accueillante aux damné-e-s de la terre et découplée de la menace trumpienne de l'asphyxie économique par une guerre des tarifs ou autrement.

Le peuple québécois n'a pas à rester isolé face à cette résistance à l'impérialisme étatsunien fascisant. Il doit tendre la main aux peuples du monde à commencer par ceux canadien, européen et des Amériques qui ont aussi à résister à l'ogre tout en luttant contre leurs gouvernements prêts à se soumettre comme les nôtres et à nos dépens. Le chômage tant craint par ces syndicats industriels qui opposent emplois et environnement, il sera au rendez-vous s'ils s'associent dans la concertation nationaliste aux gouvernements capitulards. Par contre, la solidaire société de décroissance matérielle donne lieu à un plein emploi écologique comblant strictement de réels besoins sociaux dans le respect des grands équilibres écologiques par le partage équitable des emplois entre tous et toutes grâce à la réduction du temps de travail. Cette réduction à gagner par les luttes sociales est d'autant plus nécessaire qu'elle donne au peuple-travailleur le temps requis pour pleinement participer, de bas en haut, à la planification démocratique de la nouvelle économie.

Marc Bonhomme, 12 janvier 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Gaza - Israël. Le pari déroutant de Donald Trump

Mercredi 15 janvier 2025, les négociateurs israéliens et palestiniens sont parvenus à un accord de cessez-le-feu… temporaire. Le compromis, en attente d'approbation par le (…)

Mercredi 15 janvier 2025, les négociateurs israéliens et palestiniens sont parvenus à un accord de cessez-le-feu… temporaire. Le compromis, en attente d'approbation par le gouvernement israélien, serait agrémenté de « cadeaux » mirifiques octroyés par la future administration américaine à Israël. Champion de la diplomatie « non conventionnelle », le nouveau président étatsunien Donald Trump s'entoure d'une équipe plus que jamais acquise aux vues de l'extrême droite israélienne. Et les Palestiniens, dans tout ça ? Quels Palestiniens ?

Tiré d'Orient XXI.

Dans les guerres qu'Israël mène autour de lui, en particulier à Gaza, aucun pronostic n'est fiable, tant les changements intervenus dans la région depuis le 7 Octobre, mais aussi la nature des dirigeants politiques qui entreront à la Maison-Blanche ce 20 janvier, rendent toute prévision aléatoire. Qui aurait cru qu'avant même son retour au pouvoir, Donald Trump partagerait sur sa plateforme Truth Social, le 9 janvier, une vidéo où un économiste américain de renom, Jeffrey Sachs, présente Benyamin Nétanyahou comme un va-t-en-guerre compulsif et « manipulateur », un « fils de pute » dont il doit absolument se méfier s'il veut protéger l'Amérique ? Le lendemain, le même Trump encensait publiquement le premier ministre israélien. Trois jours plus tard, le chiffon brûlait de nouveau entre les deux hommes, avant que Nétanyahou ne cède aux exigences du Donald.

On sait depuis longtemps, et la guerre à Gaza l'a une fois de plus démontré, que la relation américano-israélienne est « spéciale ». Pourtant, la tension entre Nétanyahou et Trump a été réelle récemment. La négociation sur une libération des otages israéliens accompagnée d'un retrait des forces israéliennes s'est apparemment faite sur une base que Nétanyahou a systématiquement refusée depuis 14 mois. Son extrême droite le menace de quitter son gouvernement s'il plie aux exigences du Donald. Le gouvernement israélien a d'ailleurs décalé au vendredi 17 janvier la tenue d'une réunion pour ratifier l'accord de cessez-le-feu. Mais visiblement, Trump souhaitait fermement la signature d'un accord entre Israël et le Hamas avant son entrée en fonction.

Nétanyahou acceptera a priori, pour la première fois depuis novembre 2023, un accord de libération d'otages imposée de l'extérieur par les États-Unis. Or, avant l'affrontement entre lui et Trump, la classe politique israélienne et son complexe militaro-industriel avaient basculé dans une hubris de toute-puissance encore jamais atteinte dans leur pays. Israël procède par faits accomplis, en masquant souvent ses objectifs, mais aussi parfois en les révélant clairement. Ainsi en a-t-il été du « plan des généraux » pour le futur de Gaza, énoncé en octobre 2024, qui a progressé tambour battant jusqu'à ce jour, avec la destruction quasi totale dans le Nord de la bande de tout le bâti, l'expulsion forcée de plusieurs centaines de milliers de ses habitants et l'imposition d'une famine organisée, sans qu'on sache si ce génocide aura seulement servi à créer une vaste zone tampon militarisée, ou si, comme beaucoup l'exigent en Israël, de nouveaux colons viendront s'y installer.

Si le cessez-le-feu à Gaza est signé par Israël et le Hamas, cela signifierait-il que le premier se retire de la totalité du territoire de la bande ? C'est peu plausible. Rien n'est clair de ce que Nétanyahou entend faire précisément une fois la guerre terminée. Le 11 décembre 2024, le European Council on Foreign Relations (Conseil européen pour les relations internationales) a publié la carte du projet israélien de division de la bande de Gaza en cinq parcelles hermétiquement séparées et contrôlées par son armée (1). Qu'en restera-t-il une fois le cessez-le-feu acquis ? Et puisque l'accord de cessez-le-feu implique le retour des populations gazaouies dans le Nord de la bande, de quel espace Israël exigera-t-il de garder le contrôle ?

La joie et le marketing

On peut aisément comprendre les manifestations de joie des Palestiniens, après l'annonce de l'accord sur un cessez-le-feu, chantant « victoire » sur les décombres de Gaza, après 468 jours d'effroyables massacres et destructions. On constate que, du côté israélien, les réactions des familles d'otages sont beaucoup plus retenues, tant elles ont appris à craindre les turpitudes du comportement de Nétanyahou. Tant, aussi, les conditions de la mise en place de la libération des uns et des autres restent aléatoires : un processus lent et tortueux en trois phases doit se poursuivre, si aucun écueil n'intervient, sur près de trois mois a minima. La durée de la dernière phase, celle de l'échange des corps des Israéliens et des Palestiniens décédés entre les mains du camp adverse, n'est pas précisée, mais elle devrait être courte… Là encore, si tout se passe bien auparavant. Autre exemple : l'accord n'a pas réglé le nombre des personnes qui seraient libérées mutuellement lors de la phase 2.

Par ailleurs, les difficultés à son application restent multiples et tortueuses quant au rythme du retrait des forces israéliennes, à l'entrée dans Gaza de l'aide humanitaire, aux constructions d'urgence d'un premier habitat de fortune pour les Palestiniens, etc. Une question se pose avec gravité : Israël laissera-t-il l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) revenir à Gaza ? C'est un enjeu de première importance, tant seul cet organe onusien dispose de la logistique en mesure de répondre au drame quotidien des Gazaouis. Mais l'accord semble ne pas évoquer ce point, alors qu'Israël a fait voter par son Parlement une loi interdisant toute activité sur le terrain aux représentants de l'agence onusienne. Enfin, l'entourage de Nétanyahou, qui a dû accepter l'accord sous la pression, laisse filer une petite musique : l'accord n'ira pas au-delà de sa première phase, et la guerre reprendra…

Le principal, malheureusement, restera sans doute ailleurs. Alors que l'on s'interroge sur la mise en œuvre du cessez-le-feu, les à-côtés politiques de la « transaction » resteront en grande partie non explicites. Mais les premières informations qui ont commencé de filtrer sont extrêmement préoccupantes. Le 14 janvier, le quotidien israélien Yédioth Aharonot dévoilait que le marché conclu avec Nétanyahou se résume en une idée clé : Israël devrait abandonner ses ambitions sur la bande de Gaza et recevrait en contrepartie un « sac de cadeaux » qu'il lui serait difficile de refuser. En particulier :

➞ il aurait le droit de mettre fin au cessez-le-feu s'il le jugeait nécessaire ;

➞ il bénéficierait d'une approbation américaine pour lancer des constructions « extensives » en Cisjordanie ;

➞ la Maison Blanche pèserait de tout son poids pour annuler les sanctions prises auparavant par l'administration Biden contre certains colons ayant commis des actes criminels et, surtout, engagerait une bataille internationale contre les deux cours onusiennes ayant lancé des enquêtes ou des poursuites contre Israël ; en particulier Benyamin Nétanyahou et son ex-ministre de la défense Yoav Gallant, contre lesquels la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Dans ces propositions, l'enjeu essentiel, c'est la Cisjordanie. Car Trump offre aux Israéliens la possibilité d'assouvir l'ambition qu'ils chérissent le plus : foin de Gaza, de territoire libanais au sud de la rivière Litani, de Mont Hermon ou de désert du Sinaï, qu'ils ont physiquement occupés plusieurs fois dans le passé, c'est la Cisjordanie, cette terre palestinienne où Israël voit partout le passé biblique, qu'il entend voir annexée, et le plus tôt possible. Et c'est en le lui promettant que Trump a fait plier Nétanyahou.

La grande peur des Palestiniens

Sur cette partie du territoire palestinien occupé, l'armée et les colons, main dans la main, poursuivent activement une répression mortifère. Ce 8 janvier, Haaretz publiait un éditorial intitulé « Israël veut réduire en ruines la Cisjordanie, comme à Gaza ». La veille, Betzalel Smotrich, ministre en charge de la gestion civile de la Cisjordanie et messianiste proclamé, avait exposé son désir de voir l'armée y lancer une opération massive destinée à « détruire les camps de réfugiés en Judée et Samarie, à Tulkarem, Jénine, Naplouse et partout où il y a une menace pour les habitants israéliens ». C'est-à-dire partout, note le quotidien.

  • Les instituts de recherche palestiniens, à Jérusalem et Ramallah, prévoient déjà des scénarios incluant l'expulsion de centaines de milliers de Palestiniens en leur faisant traverser le Jourdain. (…) La délégitimation par Israël des organismes onusiens, l'UNRWA en particulier, aboutira à l'effondrement de l'enjeu des réfugiés, et la normalisation progressive entre Israël et d'autres pays arabes, comme l'Arabie saoudite, isolera complètement les Palestiniens. (2)

Telle est la crainte la plus souvent exprimée du côté palestinien. Il faut la prendre au sérieux. La frange la plus radicale du sionisme messianique, avec un large soutien de l'opinion israélienne, appelle quotidiennement à la mise en œuvre en Cisjordanie d'une nouvelle Nakba. Le 3 janvier, huit parlementaires israéliens, représentant quatre partis de droite, Likoud inclus, appelaient le gouvernement à « détruire toutes les ressources de nourriture et d'énergie à Gaza » (3). À la première occasion jugée favorable, Israël pourrait s'y atteler. Le 7 janvier 2025, Betzalel Smotrich a déclaré après une attaque meurtrière de Palestiniens contre un autobus de colons : « En Cisjordanie, nous devons passer de la défense à l'attaque. » Il a expliqué avoir élaboré un « plan » qui ferait ressembler les villes palestiniennes « d'Al-Foundouk, Naplouse et Jénine à Jabalya » (4), une ville totalement rasée au Nord de la bande de Gaza. Et voilà que Trump, tout à sa diplomatie « transactionnelle », offre aux Israéliens de faire comme bon leur semble en Cisjordanie. Qui dit mieux ?

Proches de la frange la plus raciste des politiques israéliens

Nétanyahou avait bâti toute sa stratégie personnelle sur l'attente du retour de Trump au pouvoir. Voilà qu'au moins conjoncturellement, il est déstabilisé par le Donald. Trump n'en est qu'au tout début de son nouveau mandat. Peut-on déjà imaginer un revirement tel que l'administration américaine change radicalement d'attitude envers Israël, suscitant une crise beaucoup plus profonde ? Quelqu'un comme Peter Beinart, le directeur de la revue Jewish Currents, critique radical de ce qu'est devenu l'État d'Israël et de sa politique, ne le croit pas. Fin novembre 2024, il répondait par avance à ceux qui pensent que Trump peut être l'homme des décisions surprenantes :

  • Durant son second mandat comme lors du premier, Trump pourra critiquer Nétanyahou, mais vu son ignorance, sa paresse et son incompétence, ses conseillers le manœuvreront [chaque fois] de nouveau pour s'assurer qu'Israël aura les coudées franches (5).

De facto, on sait qu'à la fin de son premier mandat, Trump avait exprimé des griefs et eu des dissensions avec Nétanyahou. Mais à chaque occasion, ce dernier avait obtenu ce qu'il cherchait, en s'appuyant sur le personnel dont le Donald s'était entouré sur le Proche-Orient. Or, cette fois encore, parmi ceux engagés par la nouvelle administration, il n'en est aucun qui puisse laisser place à l'optimisme. L'administration Biden était constituée d'inconditionnels pro-israéliens absolus et d'autres inconditionnels juste modestement réticents. Tous pliaient sans faille devant les desiderata israéliens. Mais jamais une administration américaine n'a été à ce point formée de proches de la frange la plus raciste et coloniale du spectre politique israélien. Parmi ceux désignés pour gérer le dossier du Proche-Orient, le nombre d'évangéliques est en hausse importante. Par exemple, Mike Huckabee, le nouvel ambassadeur américain en Israël, qui devrait s'entendre à merveille avec son homologue israélien à Washington, Yehiel Leiter, un colon imbibé d'idéologie messianique nommé par Nétanyahou.

La Cour des Miracles

Marco Rubio, secrétaire d'État. Sénateur de Floride, ce supporter inconditionnel d'Israël est un partisan de « la paix par la force ». Il a déclaré « légitime le droit d'Israël sur sa patrie historique » et comparé la guerre israélienne contre Gaza à la traque d'Adolf Hitler.

Pete Hegseth, secrétaire à la défense. Vétéran des guerres en Irak et en Afghanistan, puis présentateur phare de la chaine Fox News, il y a mené campagne pour dénoncer les « fausses informations » qui parlent de victimes palestiniennes à Gaza.

Michael Waltz, secrétaire à la sécurité nationale. Il a publiquement appelé Israël à « finir le boulot » à Gaza. En octobre 2024, il lui avait recommandé de frapper l'île de Kharg, nœud des exportations pétrolières de l'Iran.

Stephen Miller, chef de cabinet adjoint de Trump. Fanatique anti-immigrés. Il est proche de la Zionist Organization of America (ZOA), l'organisation sioniste américaine, qui prône l'expulsion de tous les Palestiniens entre la mer et le Jourdain. En 2017, il avait rédigé le décret de Donald Trump qui suspendait l'entrée aux États-Unis des ressortissants de six pays musulmans.

Elise Stefanik, représentante aux Nations unies. Elle a bâti sa carrière publique sur la défense absolue d'Israël. Elle a mené la campagne étatsunienne pour disqualifier le rôle de l'UNRWA, l'agence onusienne de soutien aux réfugiés palestiniens.

Kristi Noem, secrétaire à la sécurité intérieure. Gouverneure du Dakota du Sud, elle a été au premier rang des promoteurs de la « nouvelle définition de l'antisémitisme », qui permet d'accuser quiconque critiquant Israël d'antisémitisme.

Mike Huckabee, ambassadeur en Israël. Cet ex-pasteur évangélique, devenu gouverneur de l'Arkansas, a plusieurs fois expliqué que « les Palestiniens n'existent pas » et que la Cisjordanie « c'est la Judée et la Samarie, une partie intégrante d'Israël ». Il a émis l'idée que l'Arabie saoudite et l'Égypte devraient offrir une partie de leurs vastes territoires vides pour l'établissement des Palestiniens.

Adam Boehler, envoyé pour les affaires d'otages. Ami personnel de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et maître d'œuvre des Accords d'Abraham.

Sebastien Gorka, conseiller adjoint du président. Grand admirateur d'Israël, il a été accusé à plusieurs reprises de liens avec l'extrême droite hongroise antisémite.

Steven Witkoff, envoyé spécial au Proche-Orient. Ce promoteur immobilier, grand donateur à la fois de Trump et de l'État israélien, est un partenaire de golf privilégié du futur président.

Morgan Ortagus, envoyée spéciale adjointe pour la paix au Proche-Orient. Inconditionnelle d'Israël, elle a grandi dans une famille évangélique avant de se convertir au judaïsme.

Les priorités américaines au Proche-Orient

Le retour au pouvoir de Donald Trump s'inscrit dans un contexte où jamais, depuis 1948, la cause des Palestiniens n'a semblé aussi désespérée.

Si le 7 octobre 2023, le Hamas a replacé la question palestinienne au cœur des enjeux proche-orientaux, Nétanyahou est parvenu à rebattre les cartes en Palestine comme dans la région de manière spectaculaire, en détruisant Gaza et en affaiblissant l'Iran et le Hezbollah - et conséquemment en favorisant, involontairement, la chute du régime de Bachar Al-Assad et la prise du pouvoir en Syrie d'un groupe issu d'une mouvance jihadiste, Hayat Tahrir Al-Cham.

Aux États-Unis, Mohammed Salih, chercheur au Foreign Policy Research Institute, estime que, contrairement aux penchants non-interventionnistes les plus ancrés de ses partisans isolationnistes, la nouvelle administration de Donald Trump devra, face à la concurrence croissante avec la Chine, « probablement renforcer ses alliances pour réaligner la région sur les priorités américaines » (6).

Quelles seront ces « priorités » ? Si Trump, comme le croit Salih, entend parvenir rapidement à un accord avec l'Iran sur le nucléaire qu'il pourrait présenter comme « meilleur » que le fameux accord de 2015, auquel il avait retiré la signature américaine en 2019, il pourrait entrer dans un conflit difficile avec son principal allié, Israël. Il signale aussi que, parmi l'entourage de Trump, l'idée d'une attaque israélienne sur l'Iran ne manque pas de soutiens. « Nétanyahou, écrit-il, pourrait se sentir encouragé à lancer une frappe globale contre l'Iran avant ou peu après le 20 janvier. »

Pour éviter cette perspective peu réjouissante, estime le chercheur, Trump devrait s'atteler à relancer les Accords d'Abraham signés par Israël avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc en 2020, et surtout le projet d'accord de défense tripartite entre les États-Unis, Israël et l'Arabie saoudite, dont Nétanyahou avait annoncé, juste avant l'attaque du 7 octobre 2023, qu'il mettrait définitivement fin au problème palestinien (7). Malheureusement pour le premier ministre israélien, ce jour-là, le Hamas a replacé la Palestine au premier plan des enjeux internationaux. Désormais, écrit Salih, après la guerre à Gaza, un tel projet « se heurte à des obstacles considérables. (…) Si un accord israélo-saoudien s'avérait impossible à réaliser, principalement en raison de l'inflexibilité israélienne sur la question palestinienne, un accord de sécurité bilatéral saoudo-américain pourrait être l'alternative la plus fiable ». Sans avoir la dimension symbolique de celui auparavant rêvé par les Américains.

D'autres « experts » américains cherchent des voies plus ambitieuses pour Washington. Suzanne Maloney, spécialiste du Proche-Orient et directrice du programme de politique étrangère de l'Institut Brookings, estime que l'administration Trump « adoptera sans doute une approche permissive à l'égard des ambitions territoriales israéliennes ». Un pronostic peu audacieux. Elle ajoute dans Foreign Affairs, l'organe officieux du « Blob » — communauté informelle qui réunit les hauts rangs des départements d'État et de la défense, des think-tanks spécialisés et du « complexe militaro-industriel » — que « l'approche de Trump sera probablement très perturbatrice, d'autant que certains de ses objectifs sont incompatibles ». Mais, poursuit-elle, « c'est le moment idéal pour un chaos non conventionnel, imprévisible, qui semble à l'ordre du jour de la présidence Trump ». Un homme dont « les grandes ambitions et l'approche transactionnelle en politique étrangère sont étonnamment bien adaptées au Proche-Orient contemporain », juge-t-elle. Et d'ajouter : « C'est là que la volatilité et la cruauté du président pourraient s'avérer un atout inattendu », et enfin permettre « le deal du siècle », dont Trump a rêvé lors de sa première présidence. Certes, reconnait-elle, « il sera très difficile d'y parvenir », d'autant que « les perturbateurs ne manquent pas dans cette région explosive ». Mais si les étoiles s'alignent, veut-elle croire, tout sera possible.

Ces articles exposent une propension répétitive des élites du « Blob » à porter sur le Proche-Orient un regard qui élude la réalité politique, économique et sociale de l'« ailleurs », pour rechercher systématiquement le meilleur moyen d'imposer une pax americana. Et tant pis si elle passe par « la volatilité et la cruauté ». On sait que Donald Trump peut être « cruel » mais aussi très pragmatique. Il ne faut jamais l'oublier, nous disent les trumpologues. Peut-être… Mais dans les deux longs articles précités, par exemple, les termes « État palestinien » ne sont nulle part énoncés. Car il est un fait incontestable : pas un seul de ces experts ne mise sur l'établissement d'un État palestinien, ni même sur l'évacuation des Territoires palestiniens occupés et colonisés depuis plus de 57 ans par Israël. En d'autres termes, malgré « la vision non conventionnelle » du Donald, malgré ses « grandes ambitions » à un « moment idéal », l'idée d'une solution sinon complète du moins simplement assez digne pour ouvrir une voie réaliste mettant fin à la question palestinienne reste l'éléphant qui encombre tout l'espace mental de ces experts.

Ceux-ci continueront d'échafauder des sorties possibles de crise à l'« impasse israélo-palestinienne », alors qu'ils savent pertinemment que seule une pression américaine puissante, du type cessation drastique des fournitures massives gratuites d'armes à Israël, serait en mesure d'obtenir des résultats. Mais ils font semblant de regarder ailleurs. Tout comme ils savent, s'ils avaient tiré la leçon de ce qui a mené au 7 octobre 2023, que la question palestinienne restera une plaie purulente tant qu'on essayera de la « régler » par la seule imposition de la force. Au lieu de cela, ils préfèrent adopter la politique de l'autruche. En attendant, les choix du Donald pour composer ses équipes qui vont gérer la politique proche-orientale des États-Unis resteront déterminants. Et ces choix-là en disent beaucoup plus que les pronostics de tous les experts.

Notes

1- Hugh Lovatt & Muhammad Shehadah, « Dealing with Trump, Israel, and Hamas : The path to peace in the Middle East », voir la carte intitulée « Israel's fragmentation of Gaza », ECFR.EU, 11 décembre 2024.

2- Jack Khouri : « Trump will work to end the Israeli-Palestinian coinflict by erasing Palestinians aspiration », Haaretz, 7 novembre 2024.

3- Noah Spiegel, « Israeli lawmazkers call on military to destroy food, water and power sources in Gaza », Haaretz, 3 janvier 2025.

4- « Israel wants to turn the West Bank into rubbler, just like Gaza », Haaretz, 8 janvier 2025.

5- Peter Beinart, « Trump's Israel instincts don't matter », Jewish Currents, 26 novembre 2024.

6- Mohammed A. Salih, « Between activism and isolationism, what to expect from Trump's foreign policy », FPRI, 15 décembre 2024.

7- Depuis, ce projet est devenu celui d'un accord de défense américano-saoudien, avec la perspective d'une reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite.

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L’accord de cessez-le-feu, explications

Un accord de cessez-le-feu a été annoncé mercredi, laissant espérer la fin de plus d'un an de guerre génocidaire d'Israël contre la bande de Gaza. Le cessez-le-feu devrait (…)

Un accord de cessez-le-feu a été annoncé mercredi, laissant espérer la fin de plus d'un an de guerre génocidaire d'Israël contre la bande de Gaza. Le cessez-le-feu devrait entrer en vigueur le 19 janvier, en attendant le vote du cabinet de sécurité israélien.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Après 476 jours, la guerre israélienne contre Gaza est plus proche que jamais de prendre fin, après l'annonce à Doha, au Qatar, d'un cessez-le-feu et d'un accord d'échange de prisonniers entre Israël et le Hamas. L'accord entrera en vigueur dimanchev19 janvier prochain.

Le Premier ministre qatari, Mohammad Bin AbdulRahman Al Thani, a annoncé l'accord à Doha, mercredi 15 janvier en fin de journée, après plusieurs jours d'anticipation et d'accélération des négociations à Doha, qui ont abouti à des avancées importantes sur des questions clés pourtant jugées « insolubles » lors des précédents cycles de pourparlers. Parmi ces questions, l'acceptation par Israël du retrait de ses forces des corridors de Netzarim et de Philadelphie et le retour des Palestiniens déplacés dans leurs maisons détruites dans le nord de la bande de Gaza. Lors des négociations précédentes, Israël avait insisté pour refuser ces deux conditions, ce qui avait prolongé la guerre pendant des mois.

Peu avant l'annonce de l'accord, le président des États-Unis, Donald Trump, déclarait via publication sur Truth Social : « Nous avons un accord pour les otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés sous peu ». Selon des fuites, l'envoyé de Trump, Steve Witkoff, a directement fait pression sur Netanyahou pour qu'il reconsidère ses positions et accepte l'accord.

Selon certaines informations, l'accord de cessez-le-feu comprend deux phases. La première phase, d'une durée de 42 jours, comprendra un arrêt complet des hostilités et une libération progressive des otages à Gaza en échange des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Au cours de cette phase, le Hamas et d'autres factions palestiniennes libéreront 33 Israéliens retenus depuis le 7 octobre 2023, dont les cinq femmes restantes, les personnes âgées de plus de 50 ans et les malades. On ne sait pas encore qui d'entre eux est encore en vie. Israël libérera simultanément des centaines de Palestiniens de la même catégorie, ce qui portera à 1 000 le nombre de prisonniers et de détenus.

L'armée israélienne commencera à retirer ses forces des secteurs habitables de la bande de Gaza le premier jour du cessez-le-feu. Le retour des Palestiniens déplacés vers le nord commencera le septième jour. Israël est revenu sur son précédent refus d'autoriser le retour des Palestiniens dans le nord ainsi que sur ses précédentes conditions concernant les restrictions d'âge. Les personnes déplacées qui reviennent à pied seront fouillées, mais pas celles véhiculées. L'accord prévoit également l'entrée de l'aide humanitaire dans les premiers jours du cessez-le-feu, à raison de 600 camions par jour. L'aide qui entrera dans la première phase comprend des fournitures médicales et le matériel nécessaire pour reconstruire les hôpitaux et les boulangeries.

Les négociations concernant les détails de la deuxième phase commenceront le seizième jour du cessez-le-feu. La deuxième phase verra la libération des derniers captifs détenus à Gaza, en particulier les soldats et les officiers de l'armée israélienne, ainsi que les derniers corps des captifs tués. Les noms et le nombre de détenus palestiniens qui seront libérés au cours de cette phase doivent encore être négociés. Cette phase comprendra également le début de la reconstruction de Gaza. Israël achèvera son retrait de la bande de Gaza au cours de la deuxième phase, ne maintenant une présence militaire que dans une bande de 700 mètres le long de la ligne de clôture de la Bande, et dans certaines parties du corridor de Philadelphie, qui longe la frontière avec l'Égypte.

Israël se retirera complètement du passage de Rafah. Les médiateurs américains, qataris et égyptiens ont donné des garanties pour veiller à ce que le retrait israélien soit achevé. Quant à la troisième phase, des négociations se tiendront pour une fin permanente de la guerre.

Lors de l'annonce de l'accord de cessez-le-feu mercredi, le Premier ministre du Qatar a remercié les États-Unis, et en particulier l'envoyé de Trump, Steve Witkoff, ainsi que les médiateurs égyptiens, d'avoir contribué à la conclusion de l'accord. Il a également affirmé que le Qatar, l'Égypte et les États-Unis continueraient à jouer le rôle de médiateurs dans les négociations des deuxième et troisième phases et superviseraient leur mise en œuvre.

Peu après l'annonce faite à Doha, le président américain Joe Biden a également publié une déclaration, soulignant que l'accord prévoyait la libération des captifs de nationalité américaine et des otages malades, des femmes otages et des personnes malades. Il a également déclaré que son équipe et les efforts de son administration, via l'assistance militaire à Israël et l'affaiblissement du Hezbollah et de l'Iran avaient permis la conclusion de l'accord.

Pour sa part, le Hamas a déclaré dans un bref communiqué que l'accord était « le fruit de la ténacité légendaire de notre peuple et de sa résistance », estimant qu'il s'agissait « d'un pas en avant vers les objectifs de libération et de retour [des réfugiés] de notre peuple [palestinien] ».

Dans un discours télévisé, le chef du politburo du Hamas, Khalil Al-Hayeh, a déclaré que l'accord intervenait après « le génocide le plus horrible de l'histoire moderne, qui restera une tache de honte sur le front de toute l'humanité, en particulier de ceux qui l'ont soutenu avec des tonnes de bombes et d'armes ».

Le président israélien Yitzhak Herzog a exprimé dans un discours télévisé son « soutien au Premier ministre Netanyahu et à l'équipe de négociation », appelant les membres du cabinet à voter en faveur de l'accord, qu'il considère comme « le bon choix ». Le cabinet de Netanyahu se réunira jeudi pour voter sur l'accord de cessez-le-feu. Dans son discours, M. Herzog a déclaré qu' »il n'y a pas d'obligation morale, humaine ou juive plus importante que le retour de nos fils et de nos filles à la maison », en référence aux otages israéliens à Gaza.

En Israël, l'accord a suscité la controverse avant même son annonce. Les familles des otages ont manifesté à Tel-Aviv, exigeant la libération immédiate de tous les captifs en une fois. Un certain nombre de membres de ces familles ont également protesté lors d'une réunion avec le ministre israélien de la guerre, Yizrael Katz, accusant le gouvernement israélien de trier parmi les otages qui seraient libérés lors de la première phase.

Le Premier ministre israélien Benyanin Netanyahou, multiplie les réunions avec ses alliés politiques depuis lundi, en particulier avec son ministre des finances, Bezalelel Smotrich, et son ministre de la sécurité, Itamar Ben-Gvir, vivement opposés à tout cessez-le-feu à Gaza et menaçant à de multiples reprises de démissionner du cabinet si un accord était conclu.

Mardi, Smotrich a qualifié l'accord de « catastrophique », tandis que Ben-Gvir l'a qualifié de « capitulation devant le Hamas ». Ben-Gvir a appelé Smotrich à démissionner du gouvernement pour protester contre l'accord. Ben-Gvir a également déclaré que, grâce à ses moyens de pression, Netanyahu avait saboté les négociations sur le cessez-le-feu en juillet dernier. Les déclarations de Ben-Gvir contredisent la position de Netanyahu et des Etats-Unis selon laquelle le Hamas, et non Israël, serait à l'origine de l'échec des négociations sur le cessez-le-feu.

Pendant ce temps, alors que les Palestiniens de Gaza célébraient la nouvelle, les avions de guerre israéliens ont intensifié leurs frappes sur la bande de Gaza, en particulier sur Gaza City, tuant des dizaines de personnes en l'espace de quelques heures. Mercredi, le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes depuis octobre 2023 s'élevait à 46 707 et 110 265 blessés, tandis que 10 000 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, 70 % des personnes tuées sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.


Traduction : DB pour l'Agence Média Palestine

Source : Mondoweiss

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