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Sur le mythe de l’abandon de l’hypocrisie par Washington

3 juin, par Gilbert Achcar — , ,
La visite de Donald Trump dans les États arabes du Golfe a donné lieu à beaucoup de commentaires sur un changement radical que le nouvel-ancien président américain aurait (…)

La visite de Donald Trump dans les États arabes du Golfe a donné lieu à beaucoup de commentaires sur un changement radical que le nouvel-ancien président américain aurait introduit dans la politique étrangère américaine. L'hypocrisie reste cependant une constante de cette politique.

28 mai 2025

Gilbert Achcar
Professeur émérite, SOAS, Université de Londres
Abonné·e de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/gilbert-achcar/blog/280525/sur-le-mythe-de-l-abandon-de-l-hypocrisie-par-washington
Ce blog est personnel, la rédaction n'est pas à l'origine de ses contenus.

La visite de Donald Trump dans les États arabes du Golfe a donné lieu à beaucoup de commentaires sur un changement radical que le nouvel-ancien président américain aurait introduit dans la politique étrangère américaine, en particulier envers la région arabe. Les commentaires se sont fondés sur les déclarations de Trump lors de la visite, en particulier son éloge de ce qu'il a décrit comme les succès remarquables des régimes du Golfe exportateurs de pétrole et de gaz, insinuant que la principale source de leur richesse était leur habileté à gérer les affaires. Il a accompagné cet éloge de l'affirmation répétée qu'il avait opéré un changement radical dans la politique étrangère de Washington, de sorte que l'Amérique dorénavant ne fasse plus la leçon à d'autres États sur la démocratie, ou ne tente plus d'en reconstruire certains sur des bases démocratiques, en référence aux échecs américains en Irak et en Afghanistan.

En réalité, la seule période de l'histoire moderne qui a vu un changement réel, bien que limité, dans la politique arabe de Washington a été durant le premier mandat de George W. Bush (2001-2005) et la première moitié de son second mandat (2005-2009). L'orgueil démesuré des États-Unis à l'apogée de l'hégémonie mondiale unipolaire qu'ils ont connue au cours de la dernière décennie du siècle dernier, après l'effondrement du système soviétique, a abouti à l'accession des « néoconservateurs » au pouvoir dans la nouvelle administration. Ceux-ci ont promu une politique « idéaliste » naïve, fantasmant sur une reproduction du rôle joué par l'Amérique dans la reconstruction de l'Europe occidentale et du Japon sur des bases prétendument démocratiques, mais cette fois dans la région arabe. En fait, l'idéologie néoconservatrice a fourni à l'administration Bush, pour la poursuite de son occupation de l'Irak, un prétexte qui a pris de plus en plus d'importance lorsque le prétexte principal originel – le mensonge selon lequel Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive – s'est effondré.

Washington s'est alors lancé dans une tentative de construire un système « démocratique » en Irak répondant à ses intérêts et a tenté de l'imposer au peuple irakien par le biais de législateurs de son choix – jusqu'à ce que le mouvement populaire répondant à l'appel de l'autorité religieuse chiite l'oblige à accepter une assemblée constituante élue au lieu d'une assemblée nommée par l'occupant. À ce stade, dans un effort visant à confirmer la sincérité de ses intentions, l'administration Bush, en particulier par l'intermédiaire de Condoleezza Rice après sa promotion de conseillère à la sécurité nationale au poste de secrétaire d'État, a déclaré que l'époque où la stabilité autoritaire avait la priorité sur les exigences de la démocratie était révolue et que le moment était venu d'inverser l'équation. Cette prétention s'est accompagnée de pressions sur le royaume saoudien, le Koweït et l'Égypte pour qu'ils mettent en œuvre des réformes limitées. Elle s'est rapidement estompée en Égypte lorsque Hosni Moubarak, au second tour des élections législatives de 2005, ferma la parenthèse démocratique limitée qu'il avait ouverte au premier tour, sachant pertinemment que les Frères musulmans en seraient les principaux bénéficiaires. Les résultats du premier tour furent suffisants pour confirmer son point de vue auprès de Washington, qui cessa par la suite d'exercer des pressions sur lui.

La perspective « idéaliste » des néoconservateurs s'est entièrement effondrée à la suite du déclenchement de la guerre civile irakienne en 2006. L'administration Bush s'est alors débarrassée des néoconservateurs les plus en vue dans la seconde moitié du second mandat du président (2007-2008). Elle revint au cours que les États-Unis avaient suivi à l'échelle mondiale depuis le début de la Guerre froide. Dans les pays du Nord mondial, ce cours a développé un discours idéologique démocratique presque exclusivement dirigé vers la sphère soviétique (pour rappel : Washington a accueilli le régime portugais quasi-fasciste parmi les membres fondateurs de l'OTAN en 1949, et le coup d'État en Grèce en 1967 n'a pas empêché ce pays de rester membre de l'alliance tout au long du régime militaire qui a pris fin en 1974).

Dans les pays du Sud mondial, le cours « réaliste » constituait la norme. En effet, Washington a joué un rôle clé dans le renversement par la force de plusieurs régimes démocratiques progressistes et leur remplacement par des dictatures de droite (le plus célèbre de ces nombreux cas est probablement le coup d'État militaire de 1973 contre Salvador Allende au Chili). Barack Obama et Joe Biden ont tous deux suivi le même cours hypocrite, quelles que puissent être leur prétention au contraire. L'hypocrisie a même atteint son paroxysme sous Biden, qui, en 2021 et 2023, a convoqué un « Sommet pour la démocratie » incluant des personnalités éminentes de la galaxie néofasciste, telles que le brésilien Bolsonaro, le philippin Duterte et l'indien Modi, sans oublier, bien sûr, l'israélien Netanyahu.

Dans la région arabe, les prétentions démocratiques de Washington depuis l'époque de la Guerre froide ne l'ont pas empêché de parrainer l'établissement d'un régime imprégné d'extrémisme religieux dans le royaume saoudien tout en exploitant ses richesses pétrolières. Washington a même poussé à l'accentuation de cet extrémisme ou à son raffermissement face à la « révolution islamique » de 1979 en Iran. C'est ce qu'a souligné le prince héritier Mohammed ben Salmane lui-même dans une célèbre interview donnée après son entrée en fonction, en réponse à une question sur l'extrémisme religieux qu'il avait entrepris de démanteler dans le royaume. Le prétexte utilisé par les États-Unis et d'autres pays occidentaux ayant des intérêts dans la région arabe pour justifier leur silence sur le despotisme était le « respect des cultures locales ». C'est le même prétexte qu'utilise Donald Trump pour justifier la priorité qu'il donne aux intérêts étatsuniens et à ses intérêts personnels et familiaux sur toute autre considération.

Si Trump a introduit un changement quelconque dans le cours de la politique étrangère américaine, c'est en abandonnant le discours démocratique que cette politique avait pratiqué en combinaison hypocrite avec un « réalisme » qui privilégiait les valeurs matérialistes sur toutes autres valeurs. Trump a ainsi abandonné l'un des outils de la soft power que l'Amérique imaginait exercer sur le monde entier jusqu'à son arrivée à la Maison Blanche. Le cours néofasciste que Washington a adopté au cours du second mandat de Trump n'est cependant pas moins hypocrite qu'auparavant. Le vice-président J.D. Vance a fait la leçon aux gouvernements européens libéraux sur la « démocratie » en défense des forces néofascistes dans leurs propres pays, et nous avons vu Trump lui-même se targuer d'offrir l'asile à une poignée de fermiers blancs sud-africains sous prétexte qu'ils subissaient un génocide, pur fruit de l'imagination de ses amis suprémacistes blancs, tout en incitant à un véritable et terrible génocide à Gaza. La morale de tout cela est que l'hypocrisie a été la caractéristique constante la plus éminente de la politique étrangère de Washington depuis des décennies et jusqu'à ce jour.

Traduit de ma chronique hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 27 mai. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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La famine comme arme de génocide : Gaza 2025 - Union Soviétique 1941

Les images des enfants de Gaza, que la plupart des médias occidentaux refusent de montrer, ne laissent aucun doute : elles rappellent celles des camps d'extermination nazis (…)

Les images des enfants de Gaza, que la plupart des médias occidentaux refusent de montrer, ne laissent aucun doute : elles rappellent celles des camps d'extermination nazis filmées par des cinéastes comme John Ford, Samuel Fuller ou George Stevens juste après leur libération par l'armée américaine : des squelettes vivants, la peau collée sur les os, les yeux enfoncés dans les orbites, le regard embrumé !

Alors, force est de constater que le présent recours de l'État d'Israël a la famine comme arme de guerre contre la population de Gaza ressemble comme deux gouttes d'eau au « * Hungerplan* » (Plan de la faim) mise en œuvre par les nazis en Union Soviétique en 1941-1942, afin d'éliminer 30 millions de citoyens soviétiques. Dans les deux cas, même déshumanisation préalable des victimes, même volonté de ceux qui se posent en « * Herrenrasse* » (race des maîtres) d'exterminer leurs « * Untermenschen* » (sous-hommes) slaves et juifs alors, et palestiniens aujourd'hui, et même projet de vider le territoire de ses populations indigènes afin de l'occuper et le coloniser.

Et à Goering qui déclare à Galeazzo Ciano, ministre des affaires étrangères de Mussolini, que *« de 20 à 30 millions de personnes mourront de faim cette année en Russie. Et c'est sans doute très bien ainsi, car certains peuples doivent être décimés » *fait écho le ministre israélien Bezalel Smotrich qui déclare sans ambages qu'il serait *"justifié et moral de faire
mourir de faim 2 millions de Palestiniens à Gaza »…*

Ceci dit, il y a eu finalement « seulement » environ 6 millions de soviétiques (militaires, civils, juifs) morts de la faim, non pas parce qu'il a manqué aux nazis la volonté ou la détermination d'aller au bout de leur *Hungerplan*, mais en raison de la mauvaise tournure qu'a pris pour eux leur guerre contre l'URSS. Alors, Ernest Mandel a manifestement raison quand il constate que *« ce n'est pas vrai que les projets d'extermination des nazis étaient exclusivement réservés aux Juifs. Les Tziganes ont connu une proportion d'extermination comparable à celle des Juifs. À plus long terme, les nazis voulaient exterminer cent millions de personnes en Europe centrale et orientale, avant tout des Slaves ». (1)*

En somme, la Shoah n'est pas l'unique holocauste de l'histoire. Mais, s'il n'est pas unique, s'il y a eu d'autres avant ou en même temps que la Shoah, alors le meme Ernest Mandel a de bouveau raison de tirer la conclusion suivante : »Nous disons à dessein que l'holocauste est jusqu'ici le sommet des crimes contre l'humanité. Mais il n'y a aucune garantie que ce sommet ne soit pas égalé, ou même dépassé, à l'avenir. Le nier a priori nous semble irrationnel et politiquement irresponsable. Comme le disait Bertolt Brecht : « II est toujours fécond le ventre qui a accouché de ce monstre. »

En quelques mots Ernest Mandel non seulement invalide les arguments de tous ceux qui ont fait leur fortune en répétant que la Shoah est unique, « indicible » et « irrépétible », mais il nous avertit et nous prépare à la possibilité de nouveaux holocaustes. Et ce faisant, il répond d'avance aux deux réactions trop bien connues, aussi infondées et stupides l'une que l'autre : celle qui traite de « sacrilège » et interdit toute comparaison de la Shoah (2) avec ce qui arrive actuellement aux Palestiniens de Gaza, et l'autre qui s'interroge « comment est-ce possible que les juifs fassent aux Palestiniens ce qu'eux-mêmes ont subi des Allemands ? ». Tant que reste « fécond le ventre qui a accouché de ce monstre », c'est-à-dire tant qu'existent et se réunissent ce que Mandel appelle les « prémisses matérielles, sociales et idéologiques du génocide nazi », des nouveaux holocaustes sont possibles et notre devoir est de nous préparer à les prévenir en mobilisant toutes nos forces contre leurs « prémisses » !

Alors, que dire et que faire de tous ces dirigeants des 153 pays, dont les nôtres, qui bien que signataires de la « Convention sur le génocide », refusent ostensiblement de l'appliquer ? Que dire et que faire d'eux qui refusent le « devoir de prévenir le génocide » que leur impose cette Convention, un devoir « qui naît dès qu'un État a connaissance, ou aurait normalement dû avoir connaissance, d'un risque grave de génocide », qui comprend le « recours a la famine comme arme de guerre »,… « des actes constitutifs de crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, notamment l'extermination, et d'actes de génocide » ? (3) Que dire et que faire de ces complices de génocidaires et d'autres coupables de crimes contre
l'humanité ? …

Et la gauche dans tout ça, gauche israélienne en tout premier lieu ? Vu ce qu'elle ne dit pas et ce qu'elle ne fait pas en plein génocide des Palestiniens de Gaza, on ne peut que s'exclamer : cette gauche israélienne n'a que le nom ! (4) Car il n'y a nul besoin même d'être de gauche pour se révolter contre ce genocide, pour faire tout son possible pour le faire cesser, tout en luttant bec et ongles contre les génocidaires à la tête de ton propre pays.

Et pourtant, cette « gauche » israélienne ne fait rien de tout ça. Bien sûr, elle dénonce Netanyahou, elle va même jusqu'à l'appeler fasciste, mais elle ne dit rien des Palestiniens qui sont méthodiquement affamés, et systématiquement bombardés et massacrés par dizaines des milliers par l'armée de leur pays. Elle leur refuse sa solidarité. Elle s'en fout d'eux.

Comme d'ailleurs s'en foutent éperdument d'eux ses pareils de « gauche » dans la Diaspora qui parlent « en général » de paix et de coexistence avec les Palestiniens, mais n'osent même pas se démarquer des génocidaires et de leurs exécutants (militaires et autres) en faisant ce qu'avaient fait jadis les antifascistes allemands sous le Troisième Reich, et font, fort heureusement, aujourd'hui des milliers d'autres juifs aux Etats-Unis et de par le monde : descendre dans la rue aux côtés des Palestiniens, en brandissant publiquement les quatre mots qui sauvent l'honneur à la fois des juifs et de l'humanité : « not in my name » !

Notes

1. *Ernest Mandel » Prémisses matérielles, sociales et idéologiques du
génocide nazi* » :
https://ernestmandel.org/spip.php?page=article&id_article=183&lang=fr

2. Voir notre article *"**Auschwitz, la faillite de l'idée du progrès et
la réhabilitation de la dimension utopique du socialisme*" :
https://ujfp.org/auschwitz-la-faillite-de-lidee-du-progres/

3.
https://www.hrw.org/fr/news/2025/05/15/gaza-le-nouveau-plan-israelien-se-rapproche-de-lextermination

4. *Ce qu'un « sommet pour la paix » nous révèle sur l'état de la gauche
israélienne :*
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/05/12/ce-quun-sommet-pour-la-paix-nous-revele-sur-letat-de-la-gauche-israelienne/

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Gaza : un terrorisme d’Etat

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a été un acte terroriste et barbare. Mais la riposte du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, massacrant plus de soixante mille (…)

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a été un acte terroriste et barbare. Mais la riposte du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, massacrant plus de soixante mille habitants de Gaza, en leur majorité des femmes, des enfants et des personnes agées, a été cent fois plus terroriste.

Tiré du blogue de l'auteur.

1) Qui gouverne Israël ?

Benjamin Netanyahou et sa clique sont les héritiers d'un mouvement qui n'a jamais occulté sa nature criminelle.

En décembre 1948, lors de la visite de Menahem Begin, un des principaux leaders du parti Hérout, aux États-Unis, une trentaine de Juifs américains, plutôt "sionistes de gauche", parmi lesquels Hannah Arendt et Albert Einstein, ont envoyé au New York Times une déclaration qui dénonce catégoriquement ce personnage et son mouvement :

"Aux éditeurs du New York Times"

Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, est l'émergence, à l'intérieur de l'État d'Israël nouvellement créé, du "Parti de la Liberté" (Tnuat Haherut), un parti politique qui ressemble beaucoup, dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et ses prétentions sociales, aux partis politiques nazis et fascistes. Il a été créé par des membres et sympathisants de l'ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation chauvine, droitière et terroriste, en Palestine. (...)

Un exemple choquant a été donné par ce qu'ils ont fait contre le village arabe de Deir Yassin. Ce village, situé à l'écart des routes principales et entouré de terres juives, n'a pris aucune part à la guerre et a même combattu des groupes arabes qui avaient l'intention d'y établir une base. Le 9 avril, selon le New York Times, des groupes terroristes ont attaqué ce paisible village, qui n'était en rien un objectif militaire dans ce conflit, tué la plupart de ses habitants (240 personnes, hommes, femmes et enfants), et gardé quelques-uns en vie, afin de les faire parader, en tant que prisonniers, dans les rues de Jérusalem. (...)

L'incident de Deir Yassin illustre le caractère et les actions du Parti de la Liberté. À l'intérieur de la communauté juive, ils prêchent un mélange d'ultra-nationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale. (...)" [1]

Le gouvernement actuel d'Israël, hégémonisé par le Likoud (héritier direct du Hérout de Begin), a cependant dépassé, de loin, les crimes commis par ses ancêtres dénoncés comme "fascistes" par Albert Einstein. C'est un gouvernement qui comporte d'ailleurs des personnages comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qui vont bien au-delà, dans leur ultra-nationalisme raciste, de leurs alliés fascistes du Likoud. Ce gouvernement était devenu assez impopulaire – notamment par sa tentative d'évincer la Cour suprême – et était au bord de l'écroulement, menacé par de larges manifestations dans toutes les villes du pays. Il a été sauvé par l'attaque du 7 octobre 2023.

2) Que s'est-il passé le 7 octobre 2023 ?

Le Hamas, mouvement fondamentaliste et réactionnaire qui gouvernait la bande de Gaza, avait été longtemps soutenu par Netanyahou pour diviser le mouvement national palestinien. Lors d'une réunion du Likoud en mars 2019, Benjamin Netanyahou déclarait : "Ceux qui veulent empêcher la création d'un État palestinien doivent soutenir le renforcement du Hamas (...)".

Que s'est-il donc passé le 7 octobre ? On a pu lire et entendre les propositions les plus contradictoires, dans la plus grande confusion. Enzo Traverso propose une analyse sobre et objective :

"L'attaque du 7 octobre, qui a tué des centaines de civils israéliens, peut évidemment être qualifiée d'acte terroriste. Il n'était pas nécessaire d'assassiner et de blesser des civils, et de tels actes ont de surcroît toujours nui à la cause palestinienne. C'est un crime que rien ne peut justifier et qui doit être condamné. La réprobation nécessaire de ces moyens d'action ne remet cependant pas en cause la légitimité – reconnue par le droit international – de la résistance à l'occupation, une résistance qui implique aussi le recours aux armes." [2]

Un des aspects les plus tragiques de cette attaque barbare a été le fait que beaucoup de victimes appartenaient à des kibbutzim de gauche, pacifistes, et étaient même parfois directement engagées dans des actes de solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Si le Hamas avait attaqué seulement les bases militaires et pris deux cents soldats israéliens comme otages, cela aurait pu être une victoire politique. Mais le Hamas, depuis longtemps, avait choisi d'ignorer la distinction entre militaires et civils comme méthode de lutte.

3) La réponse d'Israël est un terrorisme d'État.

La riposte du gouvernement israélien a été cent fois plus terroriste que l'attaque du Hamas. Elle a résulté dans la destruction de Gaza, de ses maisons, écoles, hôpitaux, universités, et dans le massacre de plus de soixante mille Gazaouis (des milliers de corps ensevelis sous les décombres n'ont pas encore été pris en compte), dont la majorité étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées. Parmi les civils ainsi assassinés, des médecins, des infirmières, des écrivains, des poètes, des musiciens, des journalistes, des cinéastes, des travailleurs des associations humanitaires, des employés des Nations Unies. On compte aussi plus de cent mille blessés, parmi lesquels de nombreux enfants mutilés. Netanyahou et sa clique ont aussi utilisé la faim comme arme de guerre, en bloquant l'entrée à Gaza des secours alimentaires et médicaux. Il s'agit, comme le constate dans son récent livre le politologue Gilbert Achcar, "du pire épisode du long calvaire du peuple palestinien". [3]

L'objectif maintenant déclaré de cette criminelle destruction est l'expulsion des deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza, un nettoyage ethnique sans précédent. Malgré le soutien de Donald Trump, ce projet est irréalisable, aucun pays n'étant disposé à recevoir tout un peuple expulsé de sa terre.

Il s'agit d'un crime de terrorisme d'État, un véritable crime contre l'humanité. De nombreux universitaires israéliens, comme Raz Segal, parlent de génocide. Lee Mordechai, professeur à l'université de Jérusalem, après avoir rejeté ce terme, a changé d'avis : il s'agit de génocide.

4) L'opposition à la guerre se renforce, en Israël même.

La politique d'extermination du gouvernement israélien a rencontré une opposition croissante dans l'opinion publique internationale, y compris la diaspora juive. Des milliers de jeunes juifs ont participé aux protestations, notamment aux États-Unis. Il est ridicule de les accuser d'"antisémitisme". Les gouvernements européens, après deux années de complicité, commencent à prendre leurs distances.

Mais à l'intérieur même de l'État d'Israël, l'opposition à cette guerre s'étend. Les médias se réfèrent surtout aux familles des otages qui exigent un cessez-le-feu et des négociations avec le Hamas. Ces négociations ont permis la libération de plusieurs otages et un nombre important de prisonniers palestiniens, mais pas Marwan Barghouti, le "Nelson Mandela palestinien"...

Cependant, le refus de cette guerre barbare ne se limite pas à ces familles : il est beaucoup plus profond et ample. Il inclut des ONG comme B'Tselem, qui défendent les prisonniers palestiniens, Standing Together, qui réunit juifs et palestiniens dans l'opposition à la guerre, ou Breaking the Silence, qui publie des témoignages sur les crimes commis à Gaza ; les journalistes du quotidien Haaretz, comme Gideon Levy et Amira Hass ; des milliers d'officiers et soldats réservistes, notamment de l'aviation, qui ont publié des déclarations refusant de participer à la guerre (l'état-major de l'armée reconnaît que près de 40 % des réservistes ne répondent pas à l'appel) ; 3600 Israéliens qui ont signé un appel demandant des sanctions contre Israël. Les manifestations se multiplient, notamment sur les campus, où on a pu voir des pancartes proclamant : "Stop the Genocide", "Palestinian Lives Matter".

La principale force politique dans cette opposition est le Parti communiste israélien (Hadash), dont plusieurs députés, juifs comme Ofer Kassif, qui a appelé les soldats à refuser d'obéir aux ordres de participer au génocide, ou arabes, comme Ayman Odeh et Aida Touma-Souleiman, ont été suspendus de la Knesset (parlement) pour avoir dénoncé la guerre. Pour les communistes et pour les Israéliens les plus critiques, c'est toute l'entreprise colonialiste en Cisjordanie et à Gaza qu'il faut rejeter.

5) Quel avenir ?

Au-delà de la guerre et des massacres, peut-on imaginer un avenir commun pour Juifs israéliens et Arabes palestiniens ?

Pour le grand écrivain palestinien Elias Sanbar, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l'Unesco, le premier pas serait "une reconnaissance pleine et anticipée de la Palestine" (dans les frontières de la ligne verte de juin 1967) :

"Qu'est-ce qui interdirait à des nations souveraines de reconnaître pleinement un pays même si la souveraineté de ce dernier est captive d'un puissant occupant ?" [4]

La gauche en France et ailleurs est divisée entre partisans d'un État, de deux États, d'une fédération binationale, etc. J'aimerais ajouter une autre idée : une confédération démocratique, socialiste et multinationale des peuples du Moyen-Orient. Est-ce un rêve ? Certes, mais comme disait Lénine, "il faut rêver"...

Michael Löwy

Notes

[1] Le journaliste grec Giorgo Mitralias a re-découvert et publié dans son blog ce document.

[2] Enzo Traverso, Gaza devant l'histoire, Québec, Lux, 2025, p. 88.

[3] Gilbert Achcar, Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l'histoire mondiale, Paris, La Dispute, 2025.

[4] Elias Sanbar, "La dernière guerre ?". Palestine, 7 octobre 2023 - 2 avril 2024, Paris, Gallimard, "Tracts", n° 56, 2024

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En l’espace d’une semaine, un avant-poste de colon efface toute une communauté palestinienne

Après avoir construit sur leurs terres, des colons israéliens ont attaqué et chassé les habitants de Maghayer Al-Dir, l'un des derniers villages du sud de la vallée du (…)

Après avoir construit sur leurs terres, des colons israéliens ont attaqué et chassé les habitants de Maghayer Al-Dir, l'un des derniers villages du sud de la vallée du Jourdain.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Le matin du 18 mai, des colons israéliens ont établi un avant-poste illégal au sein de la communauté palestinienne de bergers de Maghayer Al-Dir, dans la zone C de la Cisjordanie, à seulement 100 mètres des habitations des résidents.

En milieu de semaine, avant toute confrontation violente ou incident de vol de bétail, près de la moitié des villageois palestiniens avaient fait leurs bagages et pris la fuite, les autres se préparant à faire de même : sous le regard des colons, les familles ont commencé à charger leurs moutons, leurs meubles, la nourriture pour animaux et des réservoirs d'eau dans des camions.

Mais samedi après-midi, la « patrouille » habituelle des colons dans le village a dégénéré en une attaque organisée. Quatre colons ont commencé à bousculer de jeunes Palestiniens qui se tenaient sur les toits des bâtiments en cours de démantèlement. « [Les colons] cherchaient la bagarre », a déclaré Avishay Mohar, un militant et photographe qui se trouvait sur place.

Les colons et les Palestiniens ont commencé à se lancer des pierres. Alors que l'affrontement semblait avoir pris fin, les colons ont appelé des renforts : environ 25 colons supplémentaires, certains masqués, beaucoup armés de fusils d'assaut et de matraques, se sont joints à l'attaque contre les habitants et les militants internationaux, qui ont riposté.

Un colon a été touché à la tête par une grosse pierre, s'est effondré et a perdu connaissance. Un Palestinien a également été touché au visage par une pierre. Un deuxième colon, apparemment mineur, a saisi le pistolet dans le gilet de son ami inconscient et a commencé à tirer en l'air. « Un autre colon est arrivé avec un M16 et a commencé à tirer sur nous », se souvient Mohar. Alors que la panique se propageait, les habitants ont couru frénétiquement vers le village voisin de Wadi Al-Siq, dont la population avait été déplacée quelques mois plus tôt lors d'une vague de violence des colons soutenus par l'État en octobre 2023.

Les colons ont poursuivi les habitants en fuite dans la vallée, leur jetant des pierres et brisant leurs téléphones. Ils ont saisi les deux appareils photo, le téléphone, le portefeuille et la batterie externe de Mohar. Au sol, il a vu les colons frapper à coups de matraque un garçon palestinien de 15 ans à la tête. Mohar a commencé à avoir des vertiges à cause des coups et avait du mal à relever la tête. « J'ai dit aux colons : « Si vous continuez, vous allez me tuer ! » » Ils ont continué à le frapper violemment dans le dos.

Après l'arrivée tardive de l'armée et l'appel des ambulances, les recherches pour retrouver les 12 blessés— dont certains ont été retrouvés entre 500 et 600 mètres du village — se sont poursuivies jusque dans la nuit. Le lendemain matin, il ne restait plus un seul habitant à Maghayer Al-Dir. Les 23 familles, soit environ 150 personnes, avaient été contraintes de fuir.

« Cette attaque a envoyé un message aux communautés palestiniennes de toute la Cisjordanie », a déclaré Mohar. « Non seulement vous ne pouvez pas rester, mais vous ne pouvez même pas partir tranquillement. »

« Ici aussi, il y aura des Juifs »

Depuis octobre 2023, plus de 60 communautés de bergers palestiniens de Cisjordanie ont été déplacées, et au moins 14 nouveaux avant-postes ont été construits sur leurs ruines ou à proximité. Une communauté expulsée violemment, Wadi Al-Siq, a été victime d'abus, notamment d'agressions sexuelles, qui ont conduit à la dissolution de l'unité « Desert Frontier » de l'armée israélienne.

Comme dans le cas de Maghayer Al-Dir, la création d'avant-postes de colons éleveurs a été le principal facteur qui a poussé les Palestiniens à quitter leurs maisons dans la zone C. Selon un récent rapport des ONG Peace Now et Kerem Navot, les colons israéliens ont utilisé des avant-postes pastoraux pour s'emparer d'au moins 786 000 dunams de terres, soit environ 14 % de la superficie totale de la Cisjordanie. Au cours des deux dernières années et demie, sept communautés pastorales palestiniennes voisines de Maghayer Al-Dir ont été dépeuplées.

Maghayer Al-Dir était la dernière communauté palestinienne restante dans la périphérie de Ramallah, à l'est de la route Allon, une autoroute stratégique nord-sud construite par Israël dans les années 1970 pour relier les colonies et préparer l'annexion potentielle du territoire situé à l'est de la route, le long de la frontière jordanienne. Originaires du Naqab/Néguev, les familles de Maghayer Al-Dir ont été expulsées en 1948 vers une autre partie de la vallée du Jourdain, avant que l'État ne décide de construire une base militaire et de les déplacer une nouvelle fois vers leur site actuel.

Dans une vidéo tournée par le militant Itamar Greenberg le jour où les colons ont établi le nouvel avant-poste, on peut entendre un colon se vanter du nettoyage ethnique de Maghayer Al-Dir. « C'est le dernier endroit qui reste – Dieu merci, nous avons chassé tout le monde… Toute cette zone n'est plus que des Juifs », explique le colon en montrant du doigt l'étendue à sa gauche. La caméra se concentre ensuite sur le site où les jeunes du sommet de la colline s'affairent à construire l'avant-poste. « Ici aussi, il y aura des Juifs. »

Comme l'a rapporté +972 en août 2023, la plupart des communautés vivant dans le territoire situé entre Ramallah et Jéricho, une zone de 150 000 dunams, ont été contraintes de fuir au cours des mois précédents, lorsque les colons ont commencé à construire rapidement des avant-postes pour le bétail et à s'en prendre violemment aux habitants, avec le soutien de l'armée israélienne et des institutions de l'État. Aujourd'hui, seules deux communautés palestiniennes, M'arajat et Ras Al-Auja, subsistent dans toute la partie sud de la vallée du Jourdain.

Même avant la construction du dernier avant-poste, Maghayer Al-Dir était complètement encerclée par des colonies et des avant-postes israéliens. Au nord se trouve l'avant-poste semi-autorisé de Mitzpe Dani ; à l'est, Ruach Ha'aretz (« Esprit de la terre »), établi peu avant la guerre et agrandi par la suite ; et au sud, près du village désormais déserté de Wadi Al-Siq, se trouve l'un des avant-postes de Neria Ben Pazi. Bien que Ben Pazi ait été sanctionné par le gouvernement britannique la semaine dernière pour son rôle dans la construction d'avant-postes illégaux et l'expulsion de familles bédouines palestiniennes de leurs maisons, il a été vu en train de patrouiller dans le village dans les jours qui ont précédé le départ forcé de la communauté.

« Les colons sont venus préparés, avec un plan, pour s'emparer des terres et nous expulser », a déclaré un habitant du village qui a préféré rester anonyme par crainte de représailles de la part des colons.

Ces dernières années, les colons des avant-postes environnants ont commencé à ériger des clôtures qui isolent les maisons des habitants de la route principale menant à Maghayer Al-Dir. Ils volaient également de manière systématique l'eau du puits du village pour abreuver leurs moutons.

Un autre habitant, qui a également souhaité garder l'anonymat, explique qu'il n'y a aucune différence entre la violence des colons et celle de l'État. « Le problème, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a pas de loi », déclare-t-il à +972. « [Les colons] disent ‘Nous sommes le gouvernement', et la police est avec eux. » Il envisage désormais de vendre son troupeau de moutons, car les colons s'emparent de plus en plus des terres sur lesquelles les Palestiniens faisaient paître leur bétail.

« L'année dernière, des colons sont entrés dans le village et ont attaqué mes proches », a-t-il poursuivi. « Nous avons essayé de nous défendre en filmant, et j'ai été arrêté. Heureusement, le juge d'Ofer [tribunal militaire] m'a libéré en demandant [ironiquement] au procureur si nous étions censés servir le café aux colons qui envahissaient nos maisons. »

Une tactique familière

Le jeudi 22 mai, la famille Malihaat a passé la journée à faire ses cartons. Les colons avaient érigé leur dernier avant-poste à l'intérieur d'une bergerie appartenant à Ahmad Malihaat, 58 ans, père de neuf enfants. Quelques heures après sa mise en place, a-t-il raconté, les colons « ont rapidement essayé de s'emparer de nos moutons, afin de pouvoir ensuite prétendre [aux autorités israéliennes] qu'ils leur appartenaient et les emmener ».

Il s'agit d'une tactique bien connue de la communauté : début mars, des dizaines de colons armés de fusils et de gourdins ont volé plus de 1 000 moutons à la communauté de bergers de Ras Ein Al-‘Auja. Craignant que cela ne se reproduise, les habitants de Maghayer Al-Dir ont concentré leurs efforts initiaux sur l'évacuation du bétail du village dans les jours qui ont suivi la construction de l'avant-poste.

Pourtant, la famille Malihaat a témoigné que mercredi soir, les colons ont réussi à leur voler un âne et 10 sacs de nourriture pour animaux. Malihaat se souvient que les colons lui ont dit d'aller en Jordanie ou en Irak. « Ils veulent nous expulser, nous et les autres communautés bédouines, et s'emparer des terres par tous les moyens. »

Malgré l'ordre de l'administration civile du 18 mai de cesser leurs activités de construction, les colons ont agrandi l'avant-poste de Maghayer Al-Dir jour après jour, installant une grande tente et raccordant le site à l'eau courante d'un avant-poste voisin érigé peu avant la guerre.

Alors qu'ils rassemblaient leurs biens et se préparaient à partir, Malihaat raconte qu'il n'avait pratiquement pas dormi ni mangé depuis la construction de l'avant-poste. Il ajoute que son régime alimentaire se composait « principalement de cigarettes et d'eau ». À ce moment-là, il avait presque prédit l'attaque imminente. « On ne sait jamais ce que [les colons] vont faire. Ils vont peut-être frapper votre fils, puis appeler la police et vous arrêter, vous ou votre fils, et vous devrez payer une caution de 20 000 shekels. »

Malihaat ne sait pas encore où sa famille va s'installer. Il a indiqué qu'une fois qu'une communauté de bergers est déplacée, elle obtient parfois l'autorisation temporaire de s'installer sur des terres appartenant à d'autres communautés palestiniennes dans la zone B de la Cisjordanie. Mais ce n'est pas une solution à long terme.

« Quand votre voisin est gentil, tout va bien, mais eux [les colons], ils ne veulent pas la paix », a conclu Malihaat. « Ils veulent vous expulser, vous tuer et détruire votre maison. »

En réponse à la demande de +972, un porte-parole de l'armée israélienne a déclaré que le nouvel avant-poste était situé sur un terrain appartenant à l'État et n'empiétait pas sur la zone où réside la communauté. L'administration civile a également confirmé qu'un ordre d'arrêt des travaux avait été émis pour l'avant-poste, « en raison de la présence d'éléments de construction illégaux dans la zone ».

Une version de cet article a été publiée pour la première fois en hébreu sur Local Call. Vous pouvez la lire ici.

Oren Ziv est photojournaliste, reporter pour Local Call et membre fondateur du collectif de photographes Activestills.

Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine

Source : +972 Magazine

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Fondation Humanitaire de Gaza : le nouveau modèle israélien d’aide humanitaire militarisée

3 juin, par Amira Nimerawi, James Smith, Mads Gilbert, Sara el-Solh — , , , ,
‘De tels programmes ne font guère plus que maintenir l'illusion d'une préoccupation humanitaire au milieu des violences génocidaires et du nettoyage ethnique qui se (…)

‘De tels programmes ne font guère plus que maintenir l'illusion d'une préoccupation humanitaire au milieu des violences génocidaires et du nettoyage ethnique qui se poursuivent.‘

Tiré d'Agence médias Palestine.

En mars 2024, la principale initiative mondiale de surveillance de la sécurité alimentaire, l'IPC (Integrated Food Security Phase Classification) a averti que la famine était imminente à Gaza.

Aujourd'hui, près d'un demi-million de Palestiniens sont confrontés à une famine catastrophique, le reste de la population du territoire se trouvant en état de crise ou d'urgence.Des enfants, des personnes âgées et des malades, mais aussi des personnes qui étaient autrefois en bonne santé, meurent chaque jour de malnutrition, de déshydratation et de maladies qui pourraient être évitées.

Les bébés naissent dans un monde de précarité et de famine.

Il ne s'agit pas d'une catastrophe naturelle. C'est le résultat brutal de la violence orchestrée et de l'apathie collective mondiale. La famine à Gaza n'est pas un dommage collatéral, mais plutôt la conséquence intentionnelle des politiques conçues par le gouvernement israélien pour maximiser la souffrance et la mort.

L'utilisation de la nourriture et de l'aide humanitaire comme arme est depuis longtemps un pilier de la stratégie militaire d'Israël à Gaza et dans toute la Palestine occupée.

Depuis qu'Israël a imposé son blocus sur Gaza il y a 17 ans, les Palestiniens vivent sous un régime de contrôle total qui étouffe leur économie, paralyse leurs infrastructures et restreint la circulation des personnes et des biens.

En 2012, le gouvernement israélien a dû rendre public un document rédigé en 2008, qui révélait que son ministère de la Défense avait calculé l'apport calorique minimum nécessaire pour éviter la malnutrition tout en continuant à restreindre autant que possible l'accès à la nourriture. Comme l'a déclaré un haut responsable israélien en 2006, Gaza devait être maintenue « au régime ».

Des restrictions opaques

Depuis plus d'une décennie, les organisations de défense des droits humains et les experts indépendants de l'ONU ont condamné à plusieurs reprises ce blocus, le qualifiant de punition collective. Mais en l'absence de répercussions concrètes, les gouvernements israéliens successifs ont continué à renforcer et à étendre cette pratique de privation orchestrée.

Le refus systématique, le retard et la destruction de l'eau, de la nourriture, des fournitures médicales et des abris sont devenus les caractéristiques déterminantes de cette politique ; même les équipements de purification de l'eau, les béquilles et l'insuline ont été bloqués en raison des restrictions injustifiables et opaques d'Israël en matière de « double usage ».

Les prestataires de services publics palestiniens, les réseaux de la société civile et les organisations humanitaires se trouvent dans l'incapacité de répondre aux besoins les plus élémentaires des Palestiniens vivant à Gaza. Ces derniers mois, alors qu'Israël intensifiait son offensive, ce blocus s'est transformé en un siège à part entière.

Les conséquences inévitables de cette stratégie délibérée ont été catastrophiques. Des experts indépendants de l'ONU ont déclaré à la mi-2024 que la famine s'était propagée dans toute la bande de Gaza.

Des enfants et des personnes âgées meurent de faim et de déshydratation, tandis que l'Organisation mondiale de la santé a averti que la famine à Gaza menace de freiner de manière permanente la croissance et le développement cognitif de toute une génération d'enfants.

Au milieu de cette crise qui s'aggrave, la manipulation de l'aide dite humanitaire s'accélère. Au printemps 2024, les États-Unis ont construit un « quai humanitaire » au large des côtes de Gaza. Les Palestiniens ont exprimé leur scepticisme, craignant que ce quai ne serve à masquer des opérations militaires, tandis que les organisations humanitaires ont fait valoir que sa construction ne faisait que détourner l'attention de l'obstruction délibérée par Israël de tous les points de passage terrestres existants.

Au mois de juin, la zone entourant ce quai a été utilisée lors d'un raid israélien contre le camp de réfugiés de Nuseirat, déguisé en mission humanitaire. Près de 300 Palestiniens ont été tués et près de 700 autres blessés.

Les experts des droits de l'homme de l'ONU ont qualifié cette attaque d'exemple de barbarie sans précédent. Pourtant, aucune répercussion significative n'a été dirigée contre Israël ou son allié américain.

Les acteurs humanitaires établis ont été maintes fois discrédités, notamment l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), ce qui constitue une autre tactique dans cette guerre d'usure.

L'UNRWA joue depuis longtemps un rôle central dans la distribution de l'aide et la fourniture de services essentiels dans toute la bande de Gaza. Mais ces derniers mois, elle a fait l'objet d'une campagne de désinformation intensifiée, qui a conduit à des attaques directes contre son personnel, au retrait de financements et à une interdiction imposée par la Knesset israélienne, une mesure à la fois illégale et sans précédent dans l'histoire de l'ONU.

« Affamer pour soumettre »

Cet affaiblissement des infrastructures civiles et humanitaires à un moment où les besoins sont extrêmement élevés a encore isolé la population palestinienne de Gaza, renforçant sa dépendance à l'égard de programmes d'aide contrôlés de l'extérieur et largement irresponsables.

Le dernier programme en date d'Israël est la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), nouvellement créée et soutenue par Tel-Aviv et Washington. La GHF a été créée pour superviser la distribution de l'aide dans toute la bande de Gaza, dans le but de mettre à l'écart toutes les structures existantes, y compris l'ONU. Un ancien porte-parole de l'UNRWA a condamné cette initiative, la qualifiant d'« aide humanitaire de façade », une stratégie visant à masquer la réalité, à savoir « affamer la population pour la soumettre ».

Selon la proposition de la GHF, les plus de deux millions d'habitants de Gaza seraient contraints de se procurer de la nourriture dans l'un des quatre « sites de distribution sécurisés ». Aucun des sites proposés n'est situé dans le nord de Gaza, une région qu'Israël a attaquée et occupée dans le but de procéder à un nettoyage ethnique, ce qui signifie que les personnes qui y vivent encore seront contraintes de fuir vers le sud pour accéder à l'aide vitale. La privation de l'aide humanitaire comme moyen de transfert forcé d'une population est reconnue comme un crime contre l'humanité.

L'annonce officielle du GHF ne fait aucune mention des attaques répétées d'Israël contre des centres de distribution alimentaire, des boulangeries et des convois humanitaires, qui ont causé la mort de centaines de Palestiniens qui tentaient de nourrir leur famille, ni de l'obstruction délibérée par Israël du système humanitaire existant.

Cette forme de contrôle de l'aide renforce le siège plutôt que de l'alléger. Des solutions inhumaines et inadéquates, telles que les largages aériens de vivres ou les colis alimentaires conditionnés, ne font guère plus que maintenir l'illusion d'une préoccupation humanitaire, tandis que la violence génocidaire et le nettoyage ethnique se poursuivent. Les auteurs de ces privations se posent en sauveurs, tout en continuant à affamer une population pour la pousser au déplacement et à la soumission.

Il ne s'agit pas d'une critique marginale : le coordinateur des secours d'urgence de l'ONU, Tom Fletcher, a qualifié les plans présentés par le GHF de « feuille de vigne pour justifier davantage de violence et de déplacements ».

Malgré la décision rendue en janvier 2024 par la Cour internationale de justice, qui exigeait la protection immédiate des civils à Gaza et la fourniture généralisée d'une aide humanitaire, la situation a continué de se détériorer rapidement. Une enquête menée en janvier 2025 auprès de 35 organisations humanitaires travaillant à Gaza a révélé un consensus écrasant : 100 % d'entre elles ont déclaré que l'approche adoptée par Israël était inefficace, inadéquate ou avait systématiquement entravé l'acheminement de l'aide.

L'incapacité de la communauté internationale à agir de manière décisive a permis cette crise prévisible – non pas une crise humanitaire, mais une crise politique marquée par l'apathie, l'indifférence et l'impunité. Les avertissements concernant la malnutrition massive et l'effondrement des infrastructures sanitaires et sociales de Gaza ont été ignorés pendant des années. Que la famine frappe aujourd'hui une population qui a été systématiquement privée de nourriture ne devrait surprendre personne.

L'utilisation de l'aide et de la nourriture comme armes à Gaza n'est pas un accident tragique. C'est le résultat prévisible – et prévu – d'un siège destiné à contrôler et à déplacer la population. L'incapacité des États et des organismes multinationaux à mettre fin à ce processus n'est pas simplement le résultat d'un environnement politique complexe, c'est un échec de la volonté, de la responsabilité et de la gouvernance mondiale.

Les détracteurs du GHF et des derniers plans d'Israël visant à mener un nettoyage ethnique sous couvert d'aide humanitaire doivent reconnaître la longue histoire de l'occupant en matière d'instrumentalisation et de militarisation de l'aide. Nous pourrons ainsi nous détourner des efforts réformistes visant à garantir une apparence de conduite humanitaire prétendument éthique et dénoncer l'ensemble des moyens utilisés par Israël pour créer une dépendance à l'aide depuis des décennies, dans le seul but de manipuler le système humanitaire comme pilier central de ses ambitions coloniales plus larges.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.


Amira Nimerawi est PDG de Health Workers 4 Palestine (HW4P) et spécialiste de l'impact des programmes au sein de la Palestinian Medical Relief Society (PMRS), spécialisée dans les programmes de soins d'urgence et de santé sexuelle en Palestine.

Sara el-Solh est médecin et anthropologue. Elle travaille à l'échelle nationale et internationale sur diverses questions de santé publique, notamment la migration, la justice climatique et l'accès aux soins de santé.

James Smith est maître de conférences en politique et pratique humanitaires à l'UCL et médecin urgentiste basé à Londres. Il a travaillé à Gaza entre décembre 2023 et janvier 2024, puis d'avril à juin 2024.

Mads Gilbert est un médecin urgentiste norvégien qui se rend régulièrement dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, en Cisjordanie occupée et à Gaza depuis 1982.

Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine

Source : Middle East Eye

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L’évolution du mouvement syndical en Ukraine

Oleksandr Skiba est membre du syndicat VPZU (Syndicat libre des cheminots d'Ukraine – KVPU) au dépôt ferroviaire de Darnytsa et président de la Fondation pour le développement (…)

Oleksandr Skiba est membre du syndicat VPZU (Syndicat libre des cheminots d'Ukraine – KVPU) au dépôt ferroviaire de Darnytsa et président de la Fondation pour le développement de l'Union.

Tiré de Entre les lignes et les mots

1. Introduction

Le mouvement syndical ukrainien est né dans le cadre du système soviétique, où les syndicats jouaient principalement un rôle décoratif, se concentrant sur la distribution des avantages sociaux plutôt que sur la défense des droits des travailleurs. L'effondrement de l'Union soviétique a marqué le début d'un nouveau chapitre. Dès 1990, des organisations syndicales indépendantes ont commencé à émerger, remettant en cause les institutions de l'« ancien système ». Au fil du temps, un nombre important de ces organisations se sont regroupées au sein de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine (KVPU).

Parallèlement, la Fédération des syndicats d'Ukraine (FPU) – la plus grande coalition de syndicats dits « traditionnels » ou « jaunes » – a poursuivi ses activités. Cette entité a hérité d'actifs et de positions institutionnelles considérables de l'ère soviétique. Bien qu'elle ait conservé une structure organisationnelle formelle, comprenant des rapports, des comités et des divisions de jeunes, ses opérations étaient largement symboliques et manquaient d'engagement substantiel. En particulier, la participation des jeunes au sein de ces organisations était nominale, sans véritable implication dans les processus de prise de décision ou de défense des droits du travail.

Au début de la guerre à grande échelle en 2022, le mouvement syndical s'est retrouvé dans une situation de crise profonde. Les principaux défis à relever ont été les suivants :

Faiblesse institutionnelle : Les syndicats ont exercé une influence minimale sur les processus législatifs et l'élaboration de la politique économique ;

Isolement politique : Les questions relatives au travail ont été marginalisées et les syndicats ne disposent pas d'une plate-forme politique spécifique ;

Stagnation organisationnelle : La vision stratégique était absente, les cadres juridiques étaient sous-développés et les progrès en matière de transformation numérique restaient insuffisants.

2. Contexte juridique et politique en temps de guerre

Le déclenchement d'une invasion à grande échelle en Ukraine a entraîné des transformations radicales dans le cadre juridique des relations de travail. La loi n°2136, adoptée en 2022, a considérablement restreint les droits des employés : les grèves ont été interdites, les garanties sociales ont été réduites et des dispositions clés des conventions collectives ont été annulées. En conséquence, les syndicats ont été privés de leurs mécanismes d'influence légaux et publics.

Les centres de recrutement territoriaux (TCC) sont devenus un instrument de pression supplémentaire. Des cas ont été documentés où la mobilisation aurait été utilisée pour cibler des militants syndicaux et des employés ayant une position fermement pro-ouvrière. Les employeurs, quant à eux, ont acquis un nouveau pouvoir discrétionnaire, à savoir la capacité de déterminer quels employés seraient mobilisés et lesquels seraient exemptés de la mobilisation, souvent sur la base de la loyauté personnelle ou de l'implication dans des activités syndicales. Ces développements ont eu un impact significatif sur les représentants des syndicats indépendants, qui sont généralement plus virulents dans leurs critiques à l'égard des employeurs et des autorités de l'État.

En outre, un nombre important de personnes ayant une position civique active, y compris des dirigeants et des militants, se sont portées volontaires pour le service militaire au début de 2022. Cela a considérablement affaibli le capital humain et le leadership intellectuel du mouvement syndical, aggravant les crises existantes de gouvernance et de résilience institutionnelle.

Simultanément, la suspension effective des activités du Service national du travail – en particulier des inspections de protection du travail – a entraîné des violations impunies des normes de sécurité et des conditions de travail. La suspension des inspections programmées a créé un environnement propice aux abus, en particulier dans les secteurs dangereux et à bas salaires.

Ainsi, le mouvement syndical a été soumis à une double pression : celle de l'État, qui a imposé des mesures restrictives en temps de guerre, et celle des employeurs, qui ont exploité la guerre comme moyen de contrôle. Dans un tel contexte, la défense des droits des travailleurs exige non seulement une expertise juridique, mais aussi un courage personnel exceptionnel.

Les éléments clés de ce contexte sont les suivants

La loi n°2136 et les restrictions qu'elle impose aux droits des travailleurs, notamment l'interdiction des grèves et la réduction des garanties sociales ;

La loi martiale et la pression des centres de recrutement territoriaux (TCC) ;

La mobilisation des militants syndicaux, qui a conduit à l'affaiblissement des structures organisationnelles ;

La suspension de facto des inspections de la protection du travail, ce qui entraîne des violations sur le lieu de travail non contrôlées.

3. La réponse des syndicats aux défis de la guerre

En réponse aux défis sans précédent posés par l'invasion à grande échelle, les syndicats ukrainiens ont mobilisé un large éventail d'initiatives visant à soutenir les travailleurs et à défendre la cohésion sociale. Malgré les limites institutionnelles et les contraintes politiques, les syndicats ont fait preuve de résilience, d'adaptabilité et d'un engagement fort en faveur de la solidarité.

Activités bénévoles et aide humanitaire : Les organisations syndicales ont joué un rôle actif dans les efforts de volontariat, apportant un soutien essentiel aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et aux populations vulnérables. Ces initiatives comprennent la distribution de nourriture, de vêtements, de médicaments et d'abris, ainsi que la coordination du soutien logistique en coopération avec les communautés locales et les partenaires internationaux.

Soutien aux travailleurs des infrastructures essentielles et du secteur de la défense : Les syndicats ont apporté une aide ciblée aux employés travaillant dans les services essentiels, en particulier dans les secteurs de l'énergie, des transports, des soins de santé et de la défense.

Protection des droits des travailleurs mobilisés
Engagement dans des initiatives syndicales internationale : Les syndicats ukrainiens ont participé activement aux réseaux mondiaux de solidarité et aux forums internationaux du travail. Ces engagements ont permis de faciliter l'échange de bonnes pratiques, d'obtenir une aide matérielle et de sensibiliser la communauté internationale aux luttes du mouvement syndical ukrainien.

4. L'impasse stratégique et la perte d'influence

Dans le contexte de la guerre, le mouvement syndical ukrainien s'est retrouvé non seulement dans une situation d'adversité extérieure, mais aussi dans une profonde crise stratégique interne. Nous avons été confrontés à l'absence d'une stratégie cohérente, tournée vers l'avenir et proactive, capable de relever les défis contemporains et de façonner l'avenir des relations de travail dans le pays. La crise s'est traduite de la manière la plus visible par la passivité organisationnelle, l'incapacité à influencer les processus législatifs, un éloignement du discours public national et, surtout, la perte de la voix politique des syndicats.

Un nombre important de syndicats ukrainiens ont, par inertie, préservé la tradition de comportement apolitique de l'ère soviétique. Toutefois, dans le contexte de la transformation profonde de l'État et de la société ukrainiens, cette position a cessé d'être neutre. Au contraire, elle est devenue destructrice. Rester apolitique lorsque des décisions fondamentales affectant les droits des travailleurs sont prises est en fait une forme de complicité dans la violation de ces droits. En conséquence, les syndicats ne sont pas seulement absents de la sphère politique, ils perdent l'influence limitée qu'ils détenaient auparavant.

Le contraste avec les pays européens est frappant. Sur tout le continent, les forces politiques de gauche se concentrent de plus en plus sur les questions liées au travail : répartition équitable des revenus, sécurité sociale, gestion des effets de l'automatisation et de la numérisation. Les syndicats européens s'engagent activement auprès des partis politiques progressistes, participent aux débats parlementaires et font pression pour défendre les intérêts des travailleurs aux niveaux national et supranational. En Ukraine, en revanche, cette synergie stratégique est pratiquement inexistante. Les syndicats et leurs alliés politiques potentiels opèrent de manière isolée, sans plateformes, stratégies ou alignement idéologique communs. Il en résulte une marginalisation – les syndicats sont aujourd'hui largement sans alliés et sans influence.

Les implications de l'automatisation et de l'essor de l'intelligence artificielle sont particulièrement cruciales. Dans d'autres pays, les syndicats sont en première ligne pour défendre la reconnaissance du travail numérique, lutter pour la préservation des emplois, assurer la protection des données et garantir l'accès à l'amélioration des compétences et à la reconversion. En Ukraine, cependant, ces domaines critiques restent presque entièrement négligés. Il existe un réel danger que le pays prenne du retard dans sa réponse à la quatrième révolution industrielle, donnant ainsi l'initiative aux sociétés transnationales et aux structures oligarchiques locales.

L'impasse stratégique dans laquelle se trouvent actuellement les syndicats ukrainiens se manifeste dans de multiples dimensions :

L'absence de partenariats politiques et d'engagement significatif avec les mouvements de gauche ;

L'incapacité à façonner des agendas législatifs en défense des droits des travailleurs ;

Une méconnaissance de la transformation numérique de l'économie ;

Le refus de constituer un socle idéologique cohérent et fondé sur des valeurs.

Cette impasse ne peut être surmontée que par une réévaluation fondamentale des principes et des pratiques. Les syndicats doivent retrouver leur rôle historique d'acteurs politiques, d'agents du changement sociétal et de participants actifs au dialogue public. Sans cette transformation, le mouvement restera inaudible, n'inspirera pas confiance et, en fin de compte, ne sera pas pertinent.

5. Le problème des syndicats jaunes et des faux syndicats

L'un des problèmes les plus urgents et les plus préjudiciables auxquels est confronté le mouvement syndical ukrainien est la persistance de ce que l'on appelle les « syndicats jaunes » ou faux syndicats. Il s'agit d'organisations qui ressemblent extérieurement à des syndicats légitimes mais qui, dans la pratique, servent les intérêts des employeurs, des fonctionnaires ou d'autres structures de pouvoir. Leur fonction première est de simuler un partenariat social et de remplacer la véritable défense des droits des travailleurs par des activités superficielles adaptées à l'avantage du capital et de l'autorité.

Les racines de ces formations remontent à l'ère soviétique, lorsque les syndicats étaient intégrés à l'appareil d'État et fonctionnaient davantage comme des organisateurs d'activités de loisirs et d'événements cérémoniels, des distributeurs de chèques vacances que comme des défenseurs des droits du travail. Aujourd'hui encore, pour de nombreux Ukrainiens, le concept de « syndicat » reste synonyme de « cadeaux et de célébrations » plutôt que de lutte, de solidarité et d'action collective.

Les employeurs utilisent activement de faux syndicats pour faire pression sur les travailleurs et discréditer le mouvement syndical indépendant. Dans plusieurs secteurs – notamment l'administration publique, les transports et l'énergie – les employés sont souvent contraints d'adhérer à de tels syndicats sous la menace d'un licenciement, d'une perte d'avantages sociaux ou comme condition d'emploi de facto. Cette pratique constitue une violation directe du droit fondamental à la liberté d'association. Pourtant, en raison de la capacité limitée des inspections du travail et de l'absence de contrôle public efficace, ces violations restent souvent impunies.

Ces pseudo-syndicats bénéficient souvent d'un accès privilégié au dialogue officiel avec l'État et les employeurs. Ils participent aux commissions tripartites, signent des conventions collectives et contribuent ainsi à légitimer la détérioration des conditions de travail. Pendant ce temps, les syndicats authentiques, indépendants et actifs sont relégués aux marges du paysage institutionnel.

La présence de syndicats « jaunes » constitue une menace plus profonde et plus insidieuse : elle sape la confiance du public dans le mouvement syndical dans son ensemble. Les travailleurs qui ont été confrontés à ces faux syndicats sont plus susceptibles d'être désillusionnés et de perdre confiance dans la possibilité d'une représentation collective efficace. Il en résulte une apathie généralisée et une réticence à s'engager dans l'auto-organisation ou la protestation. Sans confiance et sans croyance dans le pouvoir de l'action collective, l'essence même du syndicalisme est vidée de sa substance.

La question des faux syndicats nécessite une réponse globale et systémique, notamment :

Reconnaissance officielle du problème au niveau de l'État et de la société ;

Mise en place d'un registre national transparent des organisations syndicales, avec des critères d'authenticité clairement définis ;

Campagnes de sensibilisation du public visant à informer les travailleurs des différences entre les syndicats authentiques et les syndicats « jaunes » ;

L'inclusion institutionnelle directe de représentants de syndicats indépendants dans les processus de négociation et les commissions consultatives dirigés par l'État ;

Des mécanismes stricts de responsabilisation pour sanctionner les employeurs qui contraignent les travailleurs à adhérer à des syndicats conformes ou contrôlés par l'employeur.

Il ne s'agit pas d'une question secondaire ou technique, mais d'un impératif stratégique. Sans affronter et résoudre cette question, le développement d'un mouvement syndical fort, démocratique et solidaire en Ukraine restera impossible.

Si nous aspirons à être des voix respectées au sein de la communauté mondiale du travail, si nous cherchons à participer sur un pied d'égalité au dialogue international de la gauche, nous devons d'abord déblayer le terrain institutionnel. Nous devons restaurer l'intégrité du concept de syndicat. Ce n'est qu'à cette condition qu'une nouvelle ère de solidarité sera possible.

6. L'avenir des syndicats dans l'Ukraine de l'après-guerre

Une croyance largement répandue, mais erronée, persiste au sein de la société ukrainienne : l'idée que tout recommencera « après la guerre ». Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe. La période d'après-guerre exigera non seulement la reconstruction matérielle des infrastructures, mais aussi la résolution de déséquilibres socio-économiques profondément enracinés que la guerre a à la fois révélés et exacerbés.

L'Ukraine est déjà confrontée à un paradoxe : malgré la guerre en cours, les secteurs des services et du commerce continuent de dominer la production industrielle. Dans de nombreuses régions, il existe un déficit critique d'emplois manufacturiers, le capital et la main-d'œuvre étant largement concentrés dans le secteur des services et de la consommation. Un exemple frappant est que dans les grands centres urbains, les complexes commerciaux et de loisirs emploient plus de personnes que les grandes entreprises industrielles. Ce modèle économique n'est pas viable – surtout si l'on tient compte du retour prévu de centaines de milliers de vétérans et de la vague d'émigration en cours.

Le temps de guerre a partiellement atténué les effets du chômage en intégrant de larges segments de la population dans l'économie de la défense et du volontariat. Des activités telles que la fabrication de drones FPV, la réparation d'équipements militaires, le soutien logistique de l'armée et le développement de systèmes civils de guerre électronique ont créé des opportunités d'emploi à court terme. Pour de nombreux ménages, cet engagement constitue la principale source de revenus. Toutefois, ces solutions ne sont que temporaires et se transformeront ou nécessiteront une restructuration fondamentale une fois que la phase active de la guerre aura pris fin.

L'une des menaces les plus graves dans le contexte de l'après-guerre est la criminalisation potentielle des relations de travail. L'Ukraine d'après-guerre pourrait être confrontée à une augmentation de l'emploi non réglementé (travail « gris » et « noir »), à une économie souterraine croissante, au pillage des entreprises et à des programmes d'externalisation du travail forcé sans garanties sociales. Les groupes vulnérables – notamment les anciens combattants, les personnes handicapées, les jeunes et les résidents des territoires anciennement occupés – sont particulièrement exposés au risque d'exploitation et de marginalisation.

Si l'État et la société ne sont pas en mesure d'offrir des possibilités d'emplois sûrs, dignes et tournés vers l'avenir, une partie importante de la main-d'œuvre continuera à chercher des moyens de subsistance à l'étranger. L'émigration de la main-d'œuvre est déjà devenue l'une des principales stratégies de survie. Avec l'ouverture des frontières de l'UE et l'instabilité intérieure persistante, cette tendance est susceptible de s'intensifier.

La réponse appropriée à ces nouveaux défis n'est pas la préservation des structures syndicales existantes, mais leur transformation complète. Les syndicats doivent devenir des institutions modernes et dynamiques, capables de façonner l'ordre socio-économique de l'après-guerre. Les domaines clés de la réforme sont les suivants :

Transformation numérique : Transition vers des moyens de communication modernes, des mécanismes numériques pour la transparence et la protection des droits ;

Défense juridique : Expansion des fonctions de soutien juridique au sein des syndicats, y compris l'amélioration de la formation des militants et une plus grande implication des juristes syndicaux ;

Réflexion stratégique : Planification à long terme basée sur les tendances démographiques, économiques et géopolitiques ;

Subjectivité politique : Développement de la capacité institutionnelle à influencer la législation, à s'engager dans des négociations avec le gouvernement et à former des coalitions avec d'autres institutions sociales.

Les syndicats de l'avenir ne doivent pas seulement jouer leur rôle traditionnel de défenseurs des salaires et des conditions de travail. Ils doivent devenir des institutions stratégiques capables d'articuler et de mettre en œuvre une vision nationale de la stratégie de développement du travail, empêchant ainsi la société ukrainienne de sombrer dans le chaos socio-économique et le désespoir de l'après-guerre.

7. Conclusion : Le choix entre extinction et modernisation

Le mouvement syndical ukrainien se trouve à un carrefour historique. Continuer à fonctionner avec des modèles et des méthodes dépassés, c'est s'engager sur la voie de l'insignifiance et du déclin. Face à la profonde transformation de la société et à la reconstruction d'après-guerre, les syndicats doivent choisir : l'extinction ou la modernisation.

La modernisation doit être comprise non pas comme un ajustement cosmétique, mais comme une transformation globale. Elle signifie la consolidation de toutes les actions de protestation et de grève dans le cadre d'une vision stratégique cohérente. Elle signifie la politisation des syndicats et leur représentation active au sein des organes législatifs à tous les niveaux de gouvernement.

Aujourd'hui, les syndicats ukrainiens reflètent en partie un modèle plus large d'infantilisme social et politique. Trop de dirigeants syndicaux restent enfermés dans une conception étroite de leur mission – isolés dans les limites techniques de la représentation des travailleurs et dédaigneux de l'engagement politique, qu'ils considèrent comme le domaine des opportunistes ou des adversaires.

Mais cette attitude a un coût. Dans les sociétés démocratiques modernes, s'abstenir de participer à la vie politique n'est pas une marque de vertu, mais un abandon de pouvoir. Ceux qui se désengagent de la politique abandonnent inévitablement leur avenir à ceux qui agissent sans se soucier du bien public. Le résultat n'est pas la neutralité, mais la vulnérabilité.

Le mouvement syndical doit retrouver sa voix et sa pertinence. Le slogan du 21e siècle doit être clair : de la défense à l'attaque !

25 mai 2025
Publié par le Réseau syndical international de solidarité et de luttes.
Traduction Patrick Le Tréhondat.

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Les « unionistes » cherchent la stratégie gagnante pour « éteindre » la candidature Mélenchon

3 juin, par Nils Wilcke — , ,
Après « La meute », les partisans d'une candidature unique à gauche en 2027, sans le candidat de LFI, oscillent entre inquiétude et espoir avant le congrès du PS. 23 mai (…)

Après « La meute », les partisans d'une candidature unique à gauche en 2027, sans le candidat de LFI, oscillent entre inquiétude et espoir avant le congrès du PS.

23 mai 2025 | tiré de Regards.fr
https://regards.fr/les-unionistes-cherchent-la-strategie-gagnante-pour-eteindre-la-candidature-melenchon/

Promis, juré, ils ne sont « pas obsédés » par Jean-Luc Mélenchon. Les « unionistes », cette petite bande d'élus qui a contribué à former la Nouvelle Union du Front Populaire (NFP) aux dernières élections législatives, n'ont pas renoncé à faire émerger une candidature commune en 2027… sans le candidat de LFI, faut-il le préciser. C'est pourtant le nom du tribun de la gauche qui est sur toutes les lèvres et dont l'ombre plane sur toutes les discussions. Avec les anciens insoumis comme Clémentine Autain, François Ruffin, Alexis Corbière, qui siègent désormais sur les bancs des écolos, mais aussi leur cheffe Marine Tondelier, la haute fonctionnaire Lucie Castet, la députée PCF Elsa Faucillon ou encore la maire socialiste de Nantes et numéro 2 du PS, Johanna Rolland, ils ne se parlent pas « tous les quatre matins » et toujours avec une « grande prudence », voire « un brin de parano », confie l'un d'eux. Échaudés par les sarcasmes de presse – Libérationavait révélé que certains d'entre eux se retrouvaient autour d'une salade de pommes de terre portugaises – et de leurs adversaires, le groupe réfléchit à une autre stratégie après la parution de « La Meute », ce livre choc qui accable Jean-Luc Mélenchon et la direction de LFI. Officiellement, ils n'ont plus de contact avec leurs anciens camarades. « C'est silence radio », soupire Clémentine Autain. Mais les ponts ne sont pas totalement rompus avec tous les insoumis, selon nos informations. « Il y en a, en dehors des trentenaires qui ont été promus suite à la dernière purge, qui gardent le sens de l'amitié », observe un rescapé sous le sceau de l'anonymat.

« Le sujet, ce n'est pas Jean-Luc mais de se demander comment on créé les conditions d'une candidature commune pour battre le RN »

Alexis Corbière, député ex-LFI

« Le sujet, ce n'est pas de se positionner par rapport à Jean-Luc mais de se demander comment on créé les conditions d'une candidature commune pour battre le Rassemblement national en 2027 », affirme à PolitisAlexis Corbière. Son discours semble pourtant empreint d'un soupçon de nostalgie : « Avant, Jean-Luc avait le verbe vif, mais ça l'empêchait pas d'entretenir une certaine souplesse avec le reste de la gauche et de bâtir des ponts », se remémore l'ancien compagnon de route de l'Insoumis en chef. La déferlante médiatique autour de l'ouvrage a laissé des traces. « J'ai passé ces deux dernières semaines loin des réseaux sociaux face au shitstorm provoqué par cette enquête », s'épanche l'un de ses camarades. Dit autrement, cela donne : « L'hypothèse d'une candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2027 ne peut être éteinte qu'avec un candidat unitaire ». Même s'ils ne veulent pas hurler avec la meute, les anciens « purgés », comme ils se surnomment entre eux, ont conscience que ce livre donne de la résonance à leurs revendications. « Le réel, ce sont les élections et ce qui va peut-être faire bouger LFI, ce sera peut-être les municipales. Ils vont découvrir que c'est une élection avec une grammaire différente des législatives », ajoute Alexis Corbière. « Notre responsabilité ultime, c'est de tout faire pour que le RN ne gagne pas en France et donc que la gauche doit être au 2e tour de la présidentielle. C'est notre matrice », répète à son tour Johanna Rolland, comme un mantra.

C'est pour cette raison que Lucie Castet a lancé l'appel du 2 juillet. L'ancienne candidate du NFP au poste de première ministre invite les chefs de partis à se rassembler pour la « primaire des gauches la plus large qu'on n'ait jamais proposée ». Le tout après le congrès des écolos et des socialistes et la fin des élections municipales. Une nouvelle tentative après son initiative « Gagnons ensemble », lancée avec Marine Tondelieret peu appréciée par les Insoumis, jusqu'alors plutôt conciliants avec elle. Clémentine Autain plaide en tous cas pour « ne pas perdre de temps » face à « la menace de l'extrême-droite. Il faut sortir des conciliabules, on ne va pas y arriver en additionnant les petits partis. La condition pour gagner, c'est de créer une dynamique comme on l'avait fait pour le NFP », affirme la députée.

Contradictions et maladresse

Reste une inconnue, le congrès du Parti socialiste, qui aura lieu du 13 au 15 juin. L'actuel premier secrétaire Olivier Faure a réussi à bâtir des relations de confiance à l'Assemblée avec ses partenaires de la défunte Nupes. « Si Olivier n'est pas reconduit, ça va être compliqué », s'inquiète Clémentine Autain. « Si c'est Nicolas Mayer-Rossignol qui est désigné, c'est terminé, autant donner les clefs du camion à Raphaël Glucksmann », résume l'un de ses camarades. C'est pourquoi Olivier Faure porte l'idée d'une plate-forme commune, sans LFI, à ce stade. « Olivier dit une chose simple, c'est que Mélenchon sera coûte que coûte candidat à la présidentielle et il n'attendra personne. Donc, l'objectif, c'est de ramener autour de nous des électeurs insoumis et même des cadres LFI en créant une dynamique », assume l'un des lieutenants du patron du PS.« On a réussi deux fois à créer les conditions de l'union », rappelle fièrement Alexis Corbière. « Les électorats ont fusionné même s'il y a eu de l'irritation, il faut maintenir l'acquis du NFP », martèle l'élu de Seine-Saint-Denis.

Reste que les membres de ce groupe devront d'abord s'affranchir de leurs propres contradictions. En dehors d'Alexis Corbière, de François Ruffin et de Marine Tondelier, les autres ne semblent pas chauds pour s'allier avec LFI pour tenter de remporter l'Elysée en 2027. S'il répète que la gauche « est plus forte ensemble », le député de la Somme a, une fois de plus, crispé ses petits camarades en annonçant dans Libération le 20 mai qu'il voulait une primaire à gauche… pour la gagner. « Ça a été mal pris, François est souvent maladroit », s'agace l'un d'eux. « Il a voulu dire qu'il ne voulait pas d'une primaire pour se ranger derrière un social mou », démine l'un de ses soutiens. Le député de la Somme, réputé pour faire cavalier seul, avait pourtant donné des gages en acceptant le rassemblement du 2 juillet. Même tentation du côté de Marine Tondelier. « Perdu pour perdu, autant qu'on mette un troisième candidat écologiste entre Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann », mettait en garde la patronne des écolos en conférence de presse le 6 mai. Avant de reconstruire l'union à gauche, les « unionistes » devront la maintenir dans leurs propres rangs.

Nils Wilcke

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Une initiative législative populaire oblige le gouvernement espagnol à régulariser exceptionnellement les migrants

3 juin, par Esquerda.net — , ,
700 000 personnes ont signé le document qui a poussé le gouvernement espagnol à présenter une proposition. Les modalités précises qui permettront d'assurer son adoption sont (…)

700 000 personnes ont signé le document qui a poussé le gouvernement espagnol à présenter une proposition. Les modalités précises qui permettront d'assurer son adoption sont encore en cours de négociation.

27 mai 2025 | tiré d'Inprecor.fr
https://inprecor.fr/node/4773

Le gouvernement espagnol négocie avec ses partenaires un processus de régularisation extraordinaire pour les immigrant·es. Les tenants et aboutissants de ce processus ont été révélés par El País, qui rapporte que la secrétaire d'État aux Migrations, Pilar Cancela, a rencontré mercredi différents groupes parlementaires pour leur présenter les grandes lignes de la proposition.

Selon cette source, la question à l'ordre du jour est de régulariser les immigré·es qui peuvent prouver qu'ils sont dans le pays depuis au moins un an, qui retirent leur demande s'ils sont demandeurs d'asile, qui n'ont pas de casier judiciaire, qui ne font pas l'objet d'une mesure d'expulsion et qui ne représentent pas un risque pour la sécurité nationale. Ils se verront attribuer un permis de séjour et de travail d'un an sans obligation de contrat préalable, à condition qu'ils puissent ensuite se mettre en conformité avec les règles de régularisation ordinaires en vigueur. Cela contraste, par exemple, avec la procedure de régularisation de 2005, lancée par José Luis Rodríguez Zapatero, qui exigeait dès le départ un contrat de travail.

Toutefois, toutes ces conditions devront encore être négociées afin d'obtenir une majorité parlementaire suffisante pour être approuvées. Le problème sera la position des Catalans de Junts et des Basques du PNV. Les premiers veulent en échange au moins la mise en œuvre de la délégation de compétence en matière d'immigration. Et les seconds ont jusqu'à présent défendu une régularisation subordonnée à l'existence de contrats de travail, conformément à la position du patronat basque.

La droite dans l'opposition, le Parti populaire, avait elle aussi déjà préconisé une procédure de régularisation des immigré.e.s, mais elle souhaite également la subordonner à l'existence de contrats de travail et raccourcir le délai proposé par le gouvernement. Selon El País, en dépit de ses déclarations défavorables, « le gouvernement compte sur une abstention sous la pression de l'Église et, surtout, des chefs d'entreprise (représentés par la Confédération espagnole des organisations patronales), principaux intéressés par la régularisation de travailleurs potentiels ».

Une nouvelle réglementation sur les étrangers est entrée en vigueur mardi

Cette mise en avant de la proposition de régularisation extraordinaire est considérée comme un contrepoids à l'entrée en vigueur, mardi, de la nouvelle réglementation sur les étrangers qui, selon le même journal, place « des milliers de travailleurs au bord de l'illégalité ».

Ce règlement réduit la durée nécessaire pour obtenir un permis de séjour de trois à deux ans, rendant celui-ci valable dans un premier temps pour un an, puis renouvelable pour quatre ans supplémentaires. Il instaure une « deuxième chance » pour les personnes qui ont déjà obtenu un permis de séjour mais l'ont perdu pour une raison quelconque, comme la perte de leur emploi, et ouvre de nouvelles possibilités de regroupement familial pour les proches de ressortissants espagnols.

D'autre part, les demandeurs d'asile qui souhaitent accéder à la régularisation par cette voie devront renoncer à leur demande d'asile ou avoir reçu une réponse négative, se retrouvant ainsi en situation irrégulière. Ils devront se trouver dans cette situation pendant les six mois précédant immédiatement la demande de régularisation et ne pourront recourir à cette option de légalisation que dans les 12 mois suivant l'entrée en vigueur du texte. Selon les experts, cela pourrait automatiquement mettre des milliers de personnes en situation irrégulière et affaiblir le statut de l'asile.

Sont également critiquées les restrictions du regroupement familial des ascendant.e.s (parents et beaux-parents) qui viennent d'entrer en vigueur. Ces personnes, si elles ont entre 65 et 80 ans, devront prouver qu'elles sont financièrement dépendantes du citoyen espagnol.

Les étudiant·e·s étranger·e·s pourront également travailler à temps partiel, jusqu'à 30 heures par semaine. Mais les emplois dans la recherche leurs sont interdits. Les mineur·e·s perdent également le droit d'obtenir un permis de séjour pour étudier.

Les aspects négatifs de la réglementation ont conduit les organisations Association pour les droits de l'homme en Espagne, la Coordination des quartiers et le réseau Extranjeristas en Red, une association d'avocats spécialisés dans le droit de l'immigration, à porter l'affaire devant la Cour suprême.

Elles souhaitent obtenir l'annulation des modifications concernant les demandeurs d'asile, la partie relative aux mineurs, et contestent la discrimination à l'égard des parents étrangers de ressortissants espagnols qui sont ressortissants de pays tiers.

Une deuxième procédure devant la même instance a été engagée par d'autres organisations, Andalucía Acoge, Cáritas, CEAR, Red Acoge et Servicio Jea, qui mettent l'accent sur l'incompatibilité entre la procédure de protection internationale et ce qui est désormais exigé des demandeurs d'asile.

L'Initiative législative populaire fait pression pour que des changements soient apportés
Une régularisation extraordinaire des immigrant·e·s ne figurait pas à l'ordre du jour des principaux partis espagnols, qui estimaient qu'elle n'était pas nécessaire, voire qu'elle violerait les règles en vigueur dans l'Union européenne. Ce qui a conduit à ce changement, c'est l'existence d'une Initiative législative populaire qui a recueilli près de 700 000 signatures et le soutien de 900 organisations et mouvements sociaux.

La force de la pétition à travers tout l'État espagnol a été telle que, à l'exception de Vox qui a maintenu son programme anti-immigration, tous les autres partis parlementaires l'ont acceptée. Sans grand enthousiasme dans la plupart des cas. La droite espagnole ne s'est pas laissée entraîner par l'extrême droite, non pas par mérite propre, mais parce que la Conférence épiscopale catholique s'est rangée du côté de l'ILP, affirmant que son adoption était un signe de « maturité démocratique » et soulignant que les immigrés « travaillent pour le bien commun ».

Les militants en première ligne pour l'ILP insistent désormais pour que la régularisation extraordinaire se concrétise immédiatement « afin de régler une fois pour toutes la situation des personnes qui vivent et travaillent dans ce pays », comme l'affirme à El Salto Edith Espínola, porte-parole de Regularización Ya, qui réclame également davantage de techniciens et d'infrastructures pour mener à bien ce processus.

Elle souligne toutefois : « Nous ne savons pas s'il s'agit d'une opération de marketing médiatique ou si le Congrès va réellement dans la bonne direction ».

La gauche face au processus

Pour sa part, la gauche extra-gouvernementale considère également avec prudence la proposition de régularisation extraordinaire du gouvernement. Le quotidien espagnol Público s'est entretenu avec des membres de la Gauche républicaine de Catalogne qui participent aux négociations et qui reconnaissent qu'il y a une « opportunité », mais qui restent « quelque peu sceptiques », indique le journal, ajoutant que le parti ne signera un accord que si les organisations promotrices de l'ILP sont d'accord.

Podemos est encore plus sceptique, rappelant que la forme choisie par l'exécutif implique que la loi passe devant le Parlement et risque d'être rejetée, alors qu'elle aurait pu être facilement adoptée par décret gouvernemental. C'est ce qu'a défendu la secrétaire générale de cette formation, Ione Belarra, lors d'une conférence de presse, où elle a exprimé sa crainte qu'il s'agisse davantage d'une mise en scène que d'une véritable volonté de changement, utilisant Junts et le PNV « comme excuse pour ne pas faire ce qu'ils ne veulent pas faire ». En effet, si le PSOE avait voulu changer la loi, a-t-elle insisté, il aurait pu le faire « dès le lendemain ».

Le parti a également précisé qu'il n'y avait aucune négociation en cours avec le gouvernement, mais qu'il était « grand temps » que celui-ci « réfléchisse à l'importance de ne pas maintenir dans cette situation d'exception démocratique des millions de personnes en Espagne, ce qui, en outre, constitue un terreau idéal pour l'exploitation du travail et toutes sortes de violations des droits humains ».

Publié le 23 mai 2025 par Esquerda.net (Portugal). Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepLpro

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La normalisation du fascisme en Italie

3 juin, par Rémi Guyot — , ,
Alors que le pays commémore chaque 25 avril la fin du fascisme, l'Italie navigue dans une ambiguïté. À la croisée des chemins entre mémoire et révisionnisme, le pays se (…)

Alors que le pays commémore chaque 25 avril la fin du fascisme, l'Italie navigue dans une ambiguïté. À la croisée des chemins entre mémoire et révisionnisme, le pays se confronte à un passé qu'il n'a jamais complètement refoulé après avoir marginalisé, voire effacé, les mouvements antifascistes.

23 mai 2025 | tiré du site Frustrations
https://frustrationmagazine.fr/la-normalisation-du-fascisme-en-italie

Aux abords de la Piazzale Gorini située dans l'est de Milan, loin du tumulte du centre-ville, trois femmes voilées marchent paisiblement. Leur pas ralentit lorsqu'elles aperçoivent, à une centaine de mètres, un groupe d'hommes aux crânes rasés. Regards appuyés, silence pesant : les femmes traversent la rue. Une heure plus tard près de 2000 militants néofascistes, essentiellement masculins, se réunissent pour commémorer la mémoire de Sergio Ramelli, militant fasciste tué en 1975 par des membres de l'Avant-garde ouvrière (une organisation d'inspiration maoïste-léniniste active dans les années 1970 en Italie). Le cortège silencieux s'achève sur trois “Presente !” – une formule rituelle héritée du fascisme italien, scandée bras tendu pour affirmer la présence symbolique des morts dans le combat politique – dans ce quartier pourtant cosmopolite. « Les groupes d'extrême droite, adorateurs de Mussolini, comme Veneto Skinhead Front, Forza Nuova, Casa Pound, Do.Ra ont toujours opéré dans les rues avec des actions violentes sans jamais provoquer de véritable indignation nationale, ou de la part de nos gouvernements. Aujourd'hui ils n'ont plus besoin d'agir avec autant de violence dans les rues. Ils ont pu répandre et normaliser leur idéologie. On retrouve désormais des politiques élus qui écoutent, défendent et/ou comprennent certaines de leurs revendications » indique Vincenzo Scalia, docteur en sociologie de la déviance du département des sciences politiques et sociales de l'université de Florence.

Photo : Rémi Guyot

Le fascisme dépénalisé, l'antifascisme étouffé par le droit

L'antifascisme du quotidien, tel que l'explique Mark Bray – historien américain, auteur de l'ouvrage de référence Antifa : The Anti-Fascist Handbook – repose sur la nécessité d'ériger des tabous sociaux qui rendent les idées fascistes et les comportements discriminatoires socialement inacceptables. Ce type de lutte nécessite une vigilance constante à l'échelle individuelle et collective, mais aussi un cadre légal robuste et ferme. En Italie, bien que la Constitution interdise explicitement la reconstitution de partis fascistes, les lois Scelba (1952) et Mancino (1993) n'ont pas permis son application en raison de formulations juridiques floues et de critères restrictifs pour qualifier un acte de reconstitution fasciste. Le Mouvement social italien (MSI) a donc pu être créé en 1946, reprenant largement l'idéologie fasciste, mais sans volonté officielle de rétablir son régime dictatorial, passant ainsi entre les mailles législatives. Sans grand procès national permettant une « défascisation », le pays a pu réintégrer d'anciens fonctionnaires fascistes à la vie politique nationale.

Dès lors, le fascisme est progressivement dissocié de son caractère illégal, ce qui a permis à des groupes d'extrême droite de s'immiscer dans la sphère politique et de normaliser leurs idées. Son idéologie a donc pu continuer d'infuser dans la société italienne, abaissant la garde morale de ses citoyens, faisant sauter les digues qui le protégeaient d'un retour des mouvances d'extrême droite. Désormais, le glissement à droite et à l'extrême droite de la société italienne renforce la création d'un « extrême centre » qui banalise l'agenda politique et médiatique néo-fasciste. « Les groupuscules d'extrême droite sont largement minoritaires. Au niveau des élections, ils ne représentent que très peu d'électeurs. Ils font du bruit, mais restent en marge de la société » déclare Federico Benini, élu du Parti Démocrate (PD) à la mairie de Vérone. Une analyse qui occulte des mécanismes politiques fondamentaux, comme la fenêtre d'Overton – un concept politique qui décrit les limites du discours acceptable dans l'espace public, et comment elles peuvent être déplacées pour normaliser des idées auparavant jugées extrêmes.

L'exemple du décret DDL 1660 et comment le centre gauche se droitise

« Le décret DDL 1660 est passé en avril 2025. Il vise à criminaliser les manifestants et les activistes. Une personne qui bloque une route avec son corps, comme cela peut être fait dans les mouvements écologistes et anticapitalistes, peut être soumise à des peines d'emprisonnement en fonction des « circonstances et de la gravité de l'infraction ». L'achat d'une carte SIM nécessitera un contrôle strict d'identité, excluant de facto les personnes en situation irrégulière. Ce décret vise à réduire les libertés fondamentales. C'est un virage autoritaire » déclare Chiara Pedrocchi, journaliste indépendante qui a couvert l'évolution de la loi pour Voice Over Foundation. Pour Federico Benini (PD), la perception est différente : « Il y a du positif dans cette loi, même si nous devons encore travailler dessus, car nous devons permettre la liberté de manifestation, sans qu'elle empiète sur les libertés des autres usagers de l'espace public. » « Cette rhétorique est typique. Elle relève des justifications données par les partis de droite et d'extrême droite », affirme Leonardo Bianchi, journaliste indépendant qui couvre l'extrême droite en Italie et en Europe. « Alors que l'antifascisme de rue est en crise, le cadre légal et médiatique restreint de plus en plus son expression » poursuit l'auteur de la newsletter « Complotti ! »

Une opposition radicale essoufflée

Dans le quartier ouvrier de Sant'Eustacchio à Brescia, le président du Parti communiste italien (PCI) en Lombardie, Lamberto Lombardi, et ses camarades tous âgés de plus de 60 ans se confient sur l'émiettement du parti communiste. « Avant les néofascistes se cachaient pour répandre leurs idées, désormais ils opèrent au grand jour sans être inquiétés. C'est une des conséquences de notre défaite. » Dans les dernières semaines, la tête « d'un nord-africain » a été mise à prix sur les murs de la gare de Varese par Casa Pound. A Padoue, les militants de la même organisation ont tracté devant un centre social de la ville en faveur de la « re-migration », nouveau terme à la mode dans les groupes d'extrême droite pour demander l'expulsion des « étrangers ». Les antifascistes sont intervenus violemment pour mettre fin à l'action. Une vingtaine d'entre eux ont été conduits au commissariat. « Les personnes sans papiers victimes de violences des groupuscules d'extrême droite ne sont pas crues, et craignent de se rendre au commissariat en raison de leur situation irrégulière. Elles se retrouvent sans défense. Depuis que Maroni (Ligue du Nord) a pris le rôle de ministre de l'Intérieur, la culture de la violence policière s'est accentuée et leur proximité avec les mouvances d'extrême droite s'est resserrée. Le mouvement antifasciste se retrouve à être considéré dans l'illégalité face à des groupes néo-fascistes » affirme Vincenzo Scalia.

La bourgeoisie aux manettes du système médiatique et de l'affaiblissement de l'Etat de droit

La situation actuelle est la conséquence d'une longue histoire qui a détruit la cause communiste et antifasciste, autrefois capable d'enrayer le retour du fascisme. Les « Arditi del popolo », premier groupe antifasciste d'Italie dans les années 1920, a échoué face au soutien matériel et financier des élites économiques envers les fascistes, à la destruction des infrastructures et l'unité de la gauche afin de coopérer face à un ennemi commun. Malheureusement, l'histoire semble de nouveau se répéter. Aujourd'hui, au niveau régional, du PD au PCI en passant par les mouvements antifascistes, les désaccords empêchent toute avancée. « Au sein de la gauche, nous restons en désaccord sur la stratégie à adopter, et sur la lecture des évènements » confie Ricardo, militant communiste. « Il est possible de travailler ensemble si on met l'européisme et la défense de la méritocratie au centre de notre stratégie. Sur la question des droits individuels, nous n'avons pas tant de désaccords » affirme Federico Benini du Parti démocrate. « Il y a une fracture entre l'ancienne et la nouvelle génération. Les plus vieux n'intègrent pas suffisamment les logiques d'intersectionnalités dans la lutte antifasciste » indique Chiara Pedrocchi. « Il y a eu une réécriture de l'histoire, qui permet de promouvoir l'idéologie d'extrême droite, et exclure la nôtre », assure Lamberto Lombardi. « Je participe aux manifestations et à la défense de centres sociaux, mais il est vrai que nous manquons d'initiatives et de représentants de la cause antifasciste au niveau national, en dehors d'Ilaria Salis au Parlement européen » reconnaît Antonello, militant antifasciste. « Au niveau médiatique, Silvio Berlusconi a été l'un des précurseurs du contrôle médiatique et de son articulation à des fins politiques. Désormais, même sur la Rai (ndlr : service public de radio-télévision en Italie), des intellectuels se font exclure pour leur position, comme Antonio Scurati par exemple » déclare Leonardo Bianchi. En effet, l'écrivain et essayiste italien célèbre pour sa trilogie sur Mussolini a été écarté en raison de ses critiques sur la ligne éditoriale de la chaîne et la normalisation croissante de l'extrême droite à laquelle elle contribue.

« La France vit ce que l'Italie a vécu ces dernières années »

Depuis 2022, l'Italie connaît un tournant politique majeur avec l'arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni et de son parti Fratelli d'Italia, héritier idéologique des mouvements néo-fascistes. Ce gouvernement s'inscrit dans une coalition comprenant également la Lega, parti d'extrême droite aux positions populistes et souverainistes. Cette alliance a marqué un renforcement des discours nationalistes, conservateurs et identitaires au cœur de la politique italienne, faisant de l'Italie un terrain d'observation essentiel pour comprendre la montée des droites radicales en Europe.« Malgré ses spécificités et ses différences, il y a de nombreux points de convergence entre ce que vit la France actuellement et ce qu'a vécu l'Italie ces dernières années. Matteo Renzi (anciennement PD) a eu une approche très similaire à celle d'Emmanuel Macron de par ses mesures sociales et économiques, tout comme son rapprochement avec l'idéologie d'extrême droite. Cela a conduit deux ans plus tard à sa victoire » souligne Leonardo Bianchi. « En Italie comme en France, il y a un anticommunisme latent, et une disqualification du discours antifasciste, qui le rend de plus en plus inaudible et inaccessible pour de nombreuses personnes. Désormais quand on parle de marxisme ou d'anticapitalisme, les auditeurs manquent de repères pour juger de la proposition, tant ces discours sont devenus minoritaires dans l'espace médiatique, et dans les discours de gauche influencés par des décennies de domination néolibérale, de dépolitisation du réel et de diabolisation de la gauche radicale » déclare Chiara Pedrocchi. Alors que Bruno Retailleau a entrepris la dissolution des groupes de résistance comme la Jeune Garde et Urgence Palestine, en les mettant sur le même plan que Lyon Populaire, groupuscule d'extrême droite très violent, le ministre de l'Intérieur français démontre sa volonté de diaboliser les mouvements progressistes radicaux. Cette situation laisse donc libre court à un virage identitaire radical du centre et de la droite, inspiré des mouvements néo-fascistes, afin d'exploiter la désillusion créée par les promesses non-tenues du système capitaliste qui règne en Italie, en France et au-delà. Ce repli pourrait toutefois être interprété comme le symptôme d'une avancée des idées progressistes, désormais suffisamment menaçantes pour inquiéter les élites bourgeoises, soucieuses de préserver leurs privilèges. Pour que cette dynamique s'inverse, l'internationalisation de la lutte antifasciste pourrait bien être la clé face à celle des mouvements néo-fascistes libéraux.

Photos de Rémi Guyot

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Une perspective socialiste dans une Ukraine en guerre

On publie ci-dessous, l'article introduction au numéro spécial des Brigades éditoriales de solidarité avec Sotsialnyi Rukh. On peut télécharger ce numéro en cliquant sur ce (…)

On publie ci-dessous, l'article introduction au numéro spécial des Brigades éditoriales de solidarité avec Sotsialnyi Rukh. On peut télécharger ce numéro en cliquant sur ce lien. Patrick Le Tréhondat est membre des Brigades éditoriales de solidarité et du Comité français du Réseau européen de soutien à l'Ukraine. 1er mai 2025.

26 mai 2025 | Lettre des Brigades éditoriale de solidarité

Huit mois après le début de la guerre à grande échelle, Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) réunissait ses militant·es en conférence nationale à Kyiv. Cet événement, qui s'est tenu le 17 septembre 2022, dans des conditions très difficiles, se devait de faire le point de la situation et fixer la feuille de route de l'organisation.

Tirant le bilan des mois passés depuis le 24 février 2022, Sotsialnyi Rukh soulignait que « la société civile avait été contrainte de remplir le rôle de l'État et, au lieu d'attendre une assistance de sa part, d'assumer presque toutes ses fonctions sociales ».

La guerre, poursuivait la déclaration, avait « conduit à de nou velles formes d'auto-organisation et de politique populaire » : La mobilisation du peuple sur la base de la guerre de libéra tion nationale a renforcé le sentiment d'implication populaire dans une cause commune et la conscience que c'est grâce aux gens ordinaires, et non aux oligarques ou aux entreprises, que ce pays existe. La guerre a radicalement changé la vie sociale et politique en Ukraine, et nous ne devons pas permettre la destruction de ces nouvelles formes d'organisation sociale, mais les développer.

Parmi les revendications mises en avant, Sotsialnyi Rukh insistait sur la nécessité de « la nationalisation des entreprises clés sous contrôle ouvrier » et de « l'ouverture des livres de compte dans toutes les entreprises, quelle que soit la forme de propriété et l'im plication des salariés dans leur gestion, création d'organes et de comités élus séparés pour la réalisation de ce droit ».

L'organisation fixait ainsi une orientation politique autogestion naire pour le contrôle et la gestion de la société par la population, une nécessité face à un pouvoir oligarchique déficient dans les tâches de la défense du pays. Ainsi, dans une interview donnée, lors de son passage à Paris en novembre 2022, Katya Gritseva, membre de cette organisation, observait que « beaucoup de gens étaient volontaires » :

Ils s'engagent dans l'aide mutuelle, créent des organisations extra-étatiques pour pallier les carences d'un État peu préparé à une telle situation. Cette dynamique d'auto-organisation est contradictoire avec le retour des conservateurs, voire de l'ex trême droite. Pour la gauche, il agit d'agir en faveur de cette dynamique, d'aider les travailleurs, les gens, sans prétendre leur donner des leçons à la manière des staliniens.

Depuis, contre vents et marées, Sotsialnyi Rukh a maintenu cette orientation socialiste tout en participant de toutes ses forces à la résistance anti-impérialiste contre l'agresseur russe. Nombre de ses militant·es se sont engagé·es dans les forces armées et l'orga nisation organise en permanence des collectes de fonds pour leur apporter un soutien matériel (notamment pour l'achat de drones). Sotsialnyi Rukh apporte également une aide aux soldat·es dans la défense de leurs droits sociaux, en particulier par l'animation d'une hot-line pour répondre à leurs questions et les aider à résoudre leurs problèmes face à une hiérarchie trop souvent autoritaire.

Sotsialnyi Rukh est une petite organisation, mais ce n'est pas un groupuscule. En son sein, sensibilités marxistes et libertaires, par exemple, se mélangent. Ses militant·es sont inséré·es dans le mou vement syndical, dans les deux confédérations FPU et KVPU, mais aussi dans les syndicats indépendants comme celui du personnel soignant Soyez comme nous, le syndicat étudiant Priama Diia ou encore le syndicat des locataires.

Sotsialnyi Rukh impulse partout où il le peut l'auto-organisation démocratique des exploité·es et des dominé·es face au pouvoir ukrainien qui, au service des classes dominantes, détruit pas à pas les acquis sociaux du prolétariat ukrainien et est par trop souvent inefficace. Il revendique le contrôle et la gestion des entreprises par les salarié·es mais aussi, par exemple, celui des abris antiaé riens par la population à la suite de graves dysfonctionnements qui ont mis en danger ceux et celles qui cherchaient un refuge lors de bombardements.

Sotsialnyi Rukh prête également une attention soutenue à la for mation de ses membres et aux débats d'idées. Malgré la guerre, il apporte sa part à une vie intellectuelle vivace et critique. Il orga nise régulièrement des conférences sur des sujets les plus divers, comme la défense des droits des travailleur·euses, l'histoire du mouvement ouvrier ukrainien ou encore celle du mouvement révolutionnaire en Amérique du Sud. Tous ces forums publics sont également diffusés en ligne. Les conférencier·es viennent parfois d'autres pays, car Sotsialnyi Rukh s'affirme comme une organisa tion internationaliste qui n'oublie pas, même en période de guerre, de commémorer le massacre de Tian'anmen par la bureaucratie chinoise, de saluer une grève des travailleur·euses britanniques, de publier des informations sur les luttes ouvrières ou anticolo niales dans le monde (Géorgie, Palestine, Argentine, États-Unis…).

Dans la douloureuse lutte de libération nationale que mène l'Ukraine, malgré les trahisons et les abandons occidentaux, Sotsialnyi Rukh défend une perspective socialiste qui combine à la lutte existentielle du pays l'émancipation sociale par l'autodétermi nation et l'auto-organisation des masses ukrainiennes.

Ce recueil illustre ce combat mais aussi cette démarche concrète (et ses voies transitoires) pour un socialisme démocratique d'auto gestion. Son expérience, ses pratiques sociales et écrits politiques constituent pour les gauches internationales un acquis inestimable dans leur entreprise d'élaboration d'un programme pour l'émanci pation au 21e siècle.

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Ukraine : Escalade des attaques russes contre les civils

(Kiev, 22 mai 2025) – Les attaques menées par la Russie en Ukraine depuis janvier 2025 ont tué et blessé davantage de civils que durant la même période en 2024, a déclaré Human (…)

(Kiev, 22 mai 2025) – Les attaques menées par la Russie en Ukraine depuis janvier 2025 ont tué et blessé davantage de civils que durant la même période en 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les autres gouvernements, en particulier l'administration Trump, devraient user de leur influence lors de leurs discussions avec le Kremlin pour inciter la Russie à respecter le droit international humanitaire et à mettre fin aux attaques délibérées, indiscriminées et disproportionnées contre les civils et les biens civils.

26 mai 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/26/ukraine-escalade-des-attaques-russes-contre-les-civils/

  • Les attaques menées par les forces russes en Ukraine depuis janvier 2025 ont tué et blessé davantage de civils que durant la même période en 2024.
  • Ces attaques ont violé l'interdiction des attaques indiscriminées et disproportionnées imposée par le droit international. De telles attaques, lorsqu'elles sont commises délibérément ou par imprudence, constituent des crimes de guerre au regard du droit international.
  • Les efforts diplomatiques devraient privilégier la protection des civils et la justice pour les violations. Cela implique un soutien continu aux enquêtes et aux poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

« Les attaques russes tuent et blessent un plus grand nombre de civils, y compris des femmes et des enfants, qu'auparavant, alors même que les dirigeants mondiaux impliqués dans les négociations expriment leur horreur face au nombre croissant de victimes », a déclaré Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Les négociateurs devraient exiger la fin immédiate des attaques contre les civils et les infrastructures civiles. »

Human Rights Watch a enquêté sur quatre attaques menées par les forces russes en Ukraine entre le 1er février et le 4 avril 2025, qui ont tué au moins 47 civils et blessé plus de 18 autres personnes. Human Rights Watch a conclu que ces attaques étaient illégales car elles ont violé, au minimum, l'interdiction des attaques indiscriminées et disproportionnées en vertu du droit international. Les forces russes n'ont pas fait la distinction entre objectifs civils et militaires, ni évité les pertes civiles disproportionnées que l'on pouvait attendre de ces attaques par rapport à l'avantage militaire attendu. De telles attaques, qu'elles soient commises délibérément ou imprudemment, constituent des crimes de guerre au regard du droit international.

Le 1er février à 7h44, un missile russe a détruit une aile d'un immeuble résidentiel dans la ville de Poltava, située à 240 kilomètres de la ligne de front ; cette attaque a tué 15 civils et blessé 20 autres personnes. Une base aérienne militaire dont l'entrée est située à une distance d'environ 700 mètres du lieu de l'explosion est la seule cible militaire identifiée par Human Rights Watch dans cette zone.

Le 4 février, les forces russes ont lancé un missile sur la ville d'Izioum, située dans l'est de l'Ukraine à une distance de 42 kilomètres de la ligne de front. La frappe a touché le bâtiment du Conseil municipal dans le quartier central d'Izioum, tuant 6 civils et en blessant 57 autres, dont trois enfants. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch est un bureau de recrutement militaire, situé à une distance d'environ un kilomètre du Conseil municipal.

Dans la nuit du 5 mars, une munition explosive a frappé le toit de l'Hôtel Tsentralnyi, à Kryvyï Rih, dans le sud-est du pays, à 70 kilomètres de la ligne de front ; cette frappe a tué 6 civils, et blessé 31 autres personnes. La munition a touché le centre de l'hôtel, et endommagé 14 immeubles résidentiels et plusieurs autres bâtiments. Les forces russes et des blogueurs russes ont confirmé l'attaque, affirmant qu'elle avait tué 28 combattants étrangers qui se trouvaient dans l'hôtel ; toutefois, Human Rights Watch n'a trouvé aucune preuve étayant cette assertion. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch est un bureau de recrutement militaire, situé à une distance de 5,7 kilomètres de l'hôtel.

Karol Swiacki, fondateur et président d'Ukraine Relief, une organisation non gouvernementale fournissant une aide humanitaire aux Ukrainiens, se trouvait dans le restaurant de l'hôtel au moment de l'attaque avec six personnes, dont une femme et son fils âgé de 6 ans.

« On discutait, on riait un peu, et puis, en une milliseconde, il y a eu un bruit énorme, des bruits de verre brisé, beaucoup de poussière », a relaté Karol Swiacki. « L'endroit où nous étions assis est devenu un enfer… On était sous le choc, on cherchait une sortie [de secours]… C'était un cauchemar. L'enfant hurlait… La poussière nous empêchait de voir quoi que ce soit. J'ai dû me couvrir la tête et la bouche avec mon manteau. »

Le soir du 4 avril, les forces russes ont lancé une autre attaque contre Kryvyï Rih. Une munition a explosé au-dessus d'un parc, endommageant son aire de jeux, de nombreux bâtiments à proximité et un restaurant. Cette attaque a tué 20 civils, y compris neuf enfants, dont la plupart se trouvaient dans l'aire de jeux. La frappe a aussi blessé 73 autres personnes, dont un bébé de 3 mois.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a déclaré qu'il s'agissait de « l'attaque la plus meurtrière contre des enfants » enregistrée par le HCDH depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en février 2022. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch était le même bureau de recrutement militaire de Kryvyï Rih mentionné ci-dessus, situé à environ 2,5 kilomètres du parc.

Les forces russes n'ont émis aucun avertissement préalable aux civils qui se trouvaient sur ces sites ou à proximité, avant ces quatre attaques meurtrières.

Entre janvier et avril 2025, le nombre de civils tués et blessés par des attaques russes en Ukraine a augmenté de 57% par rapport à la même période en 2024 ; la hausse du nombre de blessés a été particulièrement importante. Le 24 avril, la Russie a mené une attaque dévastatrice contre Kiev ; les tirs de missiles et de drones ont tué au moins 12 civils, et blessé au moins 90 autres personnes.

Le droit international humanitaire, qui rassemble les lois de la guerre, oblige les parties à un conflit à faire en tout temps la distinction entre combattants et civils. Les civils ne peuvent jamais être la cible délibérée d'attaques. Les parties belligérantes sont tenues de prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils et aux biens civils. Les attaques ne peuvent viser que des objectifs militaires. Les attaques ciblant des civils, qui ne font pas de distinction entre combattants et civils, ou qui sont susceptibles de causer des dommages disproportionnés à la population civile par rapport au gain militaire attendu, sont interdites.

Les violations graves du droit de la guerre, y compris les attaques indiscriminées et disproportionnées, commises avec une intention criminelle – c'est-à-dire délibérément ou par imprudence – constituent des crimes de guerre. Les individus impliqués dans ces attaques peuvent être tenus pénalement responsables de la commission d'un crime de guerre, ainsi que de l'assistance, de la facilitation, de l'aide ou de l'incitation à un crime de guerre. Les commandants et les dirigeants civils peuvent être poursuivis pour crimes de guerre au titre de la responsabilité du commandement, s'ils avaient connaissance ou auraient dû avoir connaissance de la commission de crimes de guerre et ont pris des mesures insuffisantes pour les prévenir ou en punir les responsables.

« Les efforts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine devraient privilégier la protection des civils et la justice pour les abus », a conclu Belkis Wille. « Cela signifie qu'il ne faut pas accorder d'amnistie aux auteurs de violations graves du droit international humanitaire, et qu'il faut continuer à soutenir les enquêtes et les poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. »

Suite en anglais, comprenant des informations plus détaillées sur les quatre attaques illégales russes.

https://www.hrw.org/fr/news/2025/05/22/ukraine-escalade-des-attaques-russes-contre-les-civils

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Adoption du projet de loi 89 : « Il s’agit d’une journée sombre pour les travailleuses et les travailleurs »

2 juin, par Collectif — , ,
Le projet de loi 89, adopté aujourd'hui, aura de lourdes conséquences pour l'ensemble de la main-d'œuvre du Québec, affirment les porte-paroles des principales organisations (…)

Le projet de loi 89, adopté aujourd'hui, aura de lourdes conséquences pour l'ensemble de la main-d'œuvre du Québec, affirment les porte-paroles des principales organisations syndicales, dont la CSQ.

« Le premier ministre et son ministre du Travail n'ont vraisemblablement pas saisi l'ampleur des dégâts qu'occasionnera sa nouvelle législation. Il s'agit d'une journée sombre pour les travailleuses et les travailleurs », dénoncent les porte-paroles Robert Comeau de l'APTS, Luc Vachon de la CSD, Caroline Senneville de la CSN, Éric Gingras de la CSQ, Mélanie Hubert de la FAE, Julie Bouchard de la FIQ, Magali Picard de la FTQ, Christian Daigle du SFPQ et Guillaume Bouvrette du SPGQ.

Des conséquences pour toutes les personnes salariées du Québec

Il ne fait aucun doute pour les organisations syndicales que les impacts du projet de loi se feront sentir bien au-delà des personnes syndiquées. « Nous le répétons, les gains obtenus par la négociation exercent une pression positive sur les milieux non syndiqués, obligeant les employeurs à s'ajuster pour demeurer compétitifs. C'est à l'ensemble de la main-d'œuvre québécoise que le gouvernement s'attaque en limitant la capacité des travailleuses et des travailleurs à défendre et à améliorer leurs conditions de travail », déplorent les porte-paroles.

Une menace à la paix industrielle

Les règles entourant le recours et l'exercice de la grève permettaient jusqu'ici de maintenir l'équilibre fragile, mais essentiel entre les travailleuses, les travailleurs et les patrons. Les organisations syndicales ne s'expliquent pas pourquoi Jean Boulet a voulu tout bouleverser, si ce n'est pour assujettir l'ensemble des personnes salariées au bon vouloir des employeurs et pour faire plaisir au patronat ainsi qu'à un conseil des ministres aux tendances antisyndicales.

« L'encadrement entourant l'exercice du droit de grève, qui était somme toute limitatif, offrait aux travailleuses et aux travailleurs la possibilité d'améliorer leurs conditions à l'intérieur de balises claires. Le ministre semble s'être trouvé des prétextes pour bafouer leurs droits et, de ce fait, il menace la paix industrielle », évoquent les représentants syndicaux. « Il nous semble clair que les limitations au droit de grève contenues dans cette législation ne passeront pas le test des tribunaux. Les constitutions, tant canadienne que québécoise, ainsi que l'arrêt Saskatchewan sont sans équivoque à ce propos. Les droits syndicaux sont aussi des droits humains. »

Des gains obtenus grâce aux luttes

Au fil des décennies, de nombreuses avancées sociales bénéficiant à l'ensemble de la société ont été obtenues grâce aux luttes menées par les travailleuses et les travailleurs syndiqués. L'équité salariale, l'implantation du réseau des CPE, le salaire minimum, les congés parentaux sont quelques-uns des gains obtenus grâce à la mobilisation syndicale. « Ce sont nos moyens de pression et nos grèves qui ont permis à des millions de Québécoises et de Québécois de bénéficier de ces droits. Priver les travailleuses et les travailleurs de leur capacité à lutter, c'est freiner les progrès de toute la société québécoise », insistent les porte-paroles.

« Le lien de confiance est rompu »

Dès l'évocation par Jean Boulet de ses intentions, à la fin 2024, les organisations syndicales ont invité le ministre du Travail à la prudence. « Nous avons rapidement saisi que le ministre ne serait pas ouvert à la discussion afin de trouver des solutions satisfaisantes pour tous. D'ailleurs, nous nous expliquons mal cette volte-face complète de la part du ministre du Travail, qui a drastiquement changé de ton à partir de ce moment : il a choisi de rompre le dialogue avec les travailleuses et les travailleurs du Québec. Le lien de confiance est rompu », concluent les porte-paroles.

Le plan d’aide d’Israël à Gaza est un élément clé de sa stratégie d’expulsion des Palestiniens

Le projet d'Israël de confier la distribution de l'aide à Gaza à une entreprise privée américaine est un élément clé de son plan de nettoyage ethnique de la population. Voici (…)

Le projet d'Israël de confier la distribution de l'aide à Gaza à une entreprise privée américaine est un élément clé de son plan de nettoyage ethnique de la population. Voici comment.

Tiré de Agence médias palestine
27 mai 2025

Par Qassam Muaddi, le 22 mai 2025

Photo : Des Palestiniens font la queue pour recevoir des pots de nourriture distribués par des organisations caritatives, à Gaza, le 21 mai 2025. (Photo : Omar Ashtawy/APA Images)

L'expulsion forcée du peuple palestinien est désormais l'objectif explicite de la guerre menée par Israël contre Gaza. Mercredi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu'Israël ne mettrait fin à la guerre que si « le Hamas se rendait, Gaza était démilitarisée et que nous mettions en œuvre le plan Trump ».

Trump est revenu sur son plan de février visant à « prendre possession » de Gaza, à expulser sa population et à la transformer en « Riviera du Moyen-Orient », mais Netanyahu l'a tout de même saisi et considéré comme un feu vert pour exterminer Gaza. La dernière phase de ce plan consiste à militariser l'aide humanitaire à des fins d'extermination finale de Gaza.

Le plan est simple : affamer la population de Gaza et créer une seule zone rase où elle pourra venir chercher des rations alimentaires, acheminées par l'armée israélienne et gérées par une entreprise privée américaine. La population de Gaza sera contrainte de se rendre dans ces points de collecte, où elle sera parquée dans ce qui sera en fait un camp de concentration, situé dans l'ancienne ville de Rafah, transformée aujourd'hui en un terrain vague.

Netanyahu a clairement exprimé tout cela dans sa dernière déclaration, publiée au lendemain de l'annonce par Israël de son intention d'autoriser l'entrée d'une aide humanitaire « minimale » à Gaza pour des « raisons diplomatiques », afin d'éviter des accusations de crimes de guerre et des images de famine.

Lundi, le cabinet de guerre israélien a finalement approuvé l'entrée de l'aide, après deux mois de blocus total du territoire assiégé. Cette famine forcée a entraîné la propagation de la faim et des maladies. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a indiqué qu' au moins 70 000 enfants palestiniens ont été hospitalisés pour malnutrition sévère.

La décision du cabinet fait suite à d'intenses négociations avec le Hamas au Qatar, avec la médiation de cet État du Golfe et la pression de l'envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff. Les pourparlers ont débuté après la libération par le Hamas du soldat israélo-américainEdan Alexander au début de la semaine dernière.

Les États-Unis auraient fait pression sur Israël pour qu'il envoie une équipe de négociateurs, conduisant finalement à la décision d'autoriser l'entrée de denrées alimentaires.

Les pourparlers se poursuivent sur la possibilité d'un cessez-le-feu, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu insistant sur le fait qu'Israël ne s'engagera pas à mettre fin à la guerre et conservera le contrôle de Gaza. Le Hamas insiste sur des garanties américaineset une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU stipulant qu'Israël ne reprendra pas ses attaques sur Gaza après la libération des prisonniers israéliens. Toutefois, pour l'instant, les Palestiniens de Gaza devraient bénéficier d'un certain soulagement face à la famine, Israël ayant déjà commencé à autoriser l'entrée d'un petit nombre de camions de nourriture dans la bande de Gaza.

Mardi, l'ONU a déclaré que les neuf camions autorisés à entrer la veille par Israël ne représentaient qu'une « goutte d'eau dans l'océan » par rapport aux besoins de la population dévastée. Mais la quantité de l'aide autorisée à entrer à Gaza n'est pas la seule préoccupation qui plane autour de cette question. Une crainte supplémentaire grandit que l'aide puisse être utilisée comme un outil par Israël pour atteindre son objectif principal en temps de guerre : faciliter l'expulsion des Palestiniens de Gaza.

L'objectif d'Israël : le nettoyage ethnique

Lorsque Israël a annoncé sa dernière offensive visant à contrôler l'ensemble de Gaza, baptisée « opération Gédéon », le quotidien israélien Yediot Ahronot a rapportéque l'une des phases de l'opération consisterait à transférer la majorité de la population palestinienne vers le sud de la bande de Gaza, en particulier dans la région de Rafah. Ces informations ont été publiées simultanément avec les déclarations de Netanyahu aux réservistes israéliens la semaine dernière, selon lesquelles Israël vise à chasser les Palestiniens de Gaza et que le principal obstacle est de trouver des pays prêts à les accueillir. La concentration des Palestiniens dans le sud de Gaza est considérée par la plupart des analystes comme une étape préparatoire à leur expulsion. Ce nouveau plan d'aide humanitaire à Gaza pourrait être la dernière pièce de cette stratégie.

Cette utilisation tactique de la distribution de nourriture est envisagée par le cabinet de guerre israélien depuis l'année dernière, plusieurs mois avant la conclusion du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. En septembre 2024, Netanyahu discutait déjà du meilleur mécanisme pour permettre la distribution de l'aide dans le nord de Gaza, où l'armée israélienne prévoyait alors d'étendre ses opérations terrestres. Netanyahu a déclaré lors d'une réunion du cabinet que l'armée israélienne « se chargerait » de distribuer l'aide dans les zones où elle s'efforçait également de vaincre la résistance palestinienne.

Le journal israélien Makor Rishon a rapportéà l'époque que le Premier ministre israélien suivait les suggestions de ses alliés d'extrême droite au sein du cabinet, Itamar Ben-Gvir, Bezalel Smotrich et Orit Strock, qui auraient soutenu le contrôle de l'armée israélienne sur la distribution de l'aide, dans le cadre d'un plan plus large visant à étendre l'offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza. Le journal citait Smotrich qui qualifiait ce plan de « changement stratégique » visant à « maximiser l'effort militaire » afin de vaincre le Hamas.

Deux mois plus tard, l'armée israélienne a bouclé tout le nord de la bande de Gaza, provoquant une baisse immédiate de la quantité de nourriture disponible et poussant quelque 400 000 Palestiniens au bord de la famine dans le cadre de ce qui a été appelé « le plan des généraux », destiné à chasser les Palestiniens du nord de Gaza. Cette opération a fait chuter la population du nord de Gaza sous la barre des 100 000 habitants, atteignant même 75 000 selon certaines sources. Israël n'a jamais été en mesure de mettre en œuvre son projet de contrôle de la distribution de l'aide, car le blocus du nord a suffi à lui seul à chasser la majeure partie de la population de la région, et un cessez-le-feu a finalement été conclu à la mi-janvier.

Le nouveau plan d'aide

Même si le cabinet de guerre israélien a approuvé lundi l'entrée des camions d'aide, la mise en œuvre effective de cette décision a été progressive. Jeudi, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a annoncé que certains camions étaient arrivés dans la bande de Gaza pour distribution trois jours après la date prévue.

Les organisations internationales, notamment les agences des Nations unies telles que l'UNRWA et le Programme alimentaire mondial (PAM), ont traditionnellement joué un rôle clé dans la distribution de l'aide à Gaza. Mais quelques minutes après la décision du cabinet cette semaine, le Times of Israel a rapporté qu'Israël allait adopter un nouveau mécanisme pour distribuer l'aide par l'intermédiaire de l'armée israélienne, contournant ainsi les organisations internationales.

L'élément le plus important de ce nouveau dispositif est que l'aide ne serait pas distribuée dans toute la bande de Gaza, mais dans des points de distribution spécifiques où les Palestiniens seraient tenus de se rendre pour la recevoir.

Ce plan israélien avait en fait déjà été annoncé comme un plan conjoint des États-Unis et d'Israël, qui prévoyait la distribution d'une aide sous forme de rations limitées aux ménages. Dans le nouveau plan israélien, plutôt que de travailler avec les organisations humanitaires traditionnelles, la distribution serait organisée par la Gaza Humanitarian Foundation, une fondation humanitaire récemment créée aux États-Unis. Le 4 mai, les organisations internationales présentes à Gaza ont unanimement rejeté ce plan dans une déclaration commune, affirmant qu'il « contrevient aux principes humanitaires fondamentaux et semble conçu pour renforcer le contrôle sur les produits de première nécessité comme moyen de pression dans le cadre d'une stratégie militaire ».

Cette déclaration a été suivie le 6 mai par une déclaration des équipes d'aide humanitaire de l'ONU, qui ont déclaré que ce plan « semble être une tentative délibérée d'instrumentaliser l'aide ».

Un mois plus tôt, le 8 avril, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait rejetéle contrôle israélien sur la distribution de l'aide à Gaza, affirmant qu'il risquait « de contrôler davantage et de limiter de manière cruelle l'aide jusqu'à la dernière calorie et au dernier grain de farine ». M. Guterres avait ajouté que l'ONU « ne participerait à aucun arrangement qui ne respecterait pas pleinement les principes humanitaires : humanité, impartialité, indépendance et neutralité ».

Pendant ce temps, Gaza meurt de faim

Alors qu'Israël poursuit officiellement les négociations de cessez-le-feu avec le Hamas au Qatar, sa décision d'autoriser l'entrée de l'aide a été présentée comme un pas en avant dans les efforts visant à mettre fin à la crise humanitaire à Gaza. Cependant, si elle est mise en œuvre conformément au plan d'Israël, la livraison de l'aide pourrait devenir une nouvelle étape dans la stratégie israélienne visant à atteindre son objectif désormais explicite d'expulser la population palestinienne de la bande de Gaza.

Dans le même temps, la famine s'accentue de minute en minute dans la bande de Gaza, faisant depuis octobre 2023 au moins 57 morts parmi les Palestiniens, principalement des enfants, selon le ministère palestinien de la Santé, et provoquant 300 fausses couches dues au manque de nutriments. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a également déclaré qu'un nombre indéterminé de personnes âgées étaient décédées en raison du manque de médicaments au cours de la même période.

Tout cela se poursuit alors que les forces israéliennes intensifient leurs frappes aériennes sur la bande de Gaza, tuant 82 Palestiniens au cours des dernières 24 heures (mardi à mercredi), selon le ministère palestinien de la Santé. Depuis octobre 2023, l'offensive israélienne sur Gaza a officiellement tué plus de 53 000 Palestiniens, la plupart des estimations du bilan total du génocide étant beaucoup plus élevées.

Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss

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En 2025, les Démocrates ont le vent dans les voiles ; merci à D. Trump et à la nouvelle organisation de la base

2 juin, par John Nichols — , ,
Plus de 16,000 collaborateurs.trices sont déjà sur le terrain développant ce que le Président de Parti démocrate, Ken Martin, décrit comme une infrastructure d'organisation (…)

Plus de 16,000 collaborateurs.trices sont déjà sur le terrain développant ce que le Président de Parti démocrate, Ken Martin, décrit comme une infrastructure d'organisation jamais vue en période d'élection non présidentielle.

John Nichols, The Nation 20 mai 2025
Traduction, Alexandra Cyr

2025 est déjà une bonne année électorale pour les Démocrates. Il ne fait pas de doutes que le chaos, la cruauté et l'incompétence de l'administration Trump y est pour quelque chose. Elle a aidé les Démocrates à se relever des pertes de 2024 à la Chambre des représentants et au Sénat. Pourtant ils ne peuvent pas simplement s'en remettre à d'autres mauvaises politiques pour gagner les élections. Il faut vous saisir vous-mêmes des chances du moment. Il est évident que le Président du Comité central du Parti démocrate, (DNC), Ken Martin, qui n'a jamais caché son enthousiasme pour l'organisation de la base, est engagé dans ce sens.

Comme il me l'a dit cette semaine, pour ce président nouvellement élu, la notion qui veut qu'il : « n'y ait pas d'années de congé » est centrale. Avec cela en tête, K. Martin et son adjointe Libby Schneider, ont mis en place, en ces temps d'intense vie politique aux États-Unis, une stratégie peu remarquée mais efficace : il y a déjà 16,000 bénévoles sur le terrain partout dans le pays. Cela annonce aussi une augmentation significative en cette année sans élections mais qui définit celle de mi-mandat en 2026.

Mme Schneider décrit cela comme « une nouvelle organisation qui vise à impliquer les militants.es démocrates de la base à entrer en action, à demander des comptes aux Républicains.es qui ont adopté une proposition de budget désastreuse qui volent les familles ouvrières et donnent aux ultra riches ».

La direction du Parti doit faire face à de plus en plus de pressions et de mécontentement envers la stratégie dite des 50 États. Depuis plus de 20 ans on la discute dans les cercles démocrates depuis que l'ancien président du comité central, Howard Dean, qui après avoir tenté de l'implanter, l'a abandonnée. L'approche actuelle est fortement soutenue par des stratèges comme Mme Schneider qui y réfère comme : « la structure d'organisation la plus forte que la direction nationale ait jamais eue durant une année sans élections présidentielles ».

C'est ce à quoi Ken Martin, qui a longtemps été le président du Minnesota Democratic-Farmer-Labor Party avant son élection à la présidence du DNC en février dernier, réfère comme son obsession devant toutes les autres. Il semble que ça porte fruit non seulement électoralement mais aussi quand on observe l'affluence aux 100 assemblées publiques démocrates partout dans le pays. On y défie les Républicains.es sur leurs attaques contre presque tout à partir de Medicaid jusqu'à la démocratie en tant que tel.

K. Martin m'a déclaré que nous allions continuer à voir des investissements et un effort d'organisation de la part du DNC « que nous n'avons encore jamais vu ». Avec son équipe il débutait une nouvelle organisation communautaire numérique qui vise à « centraliser les opportunités de formation en communication, les événements, et les campagnes de demandes de comptes ». Il y aura aussi des programmes de formation pour outiller les bénévoles de la base qui se mobilisent pour la campagne : « Fight to Save Medicaid ». Et il ajoute : « Les principes qui nous guident pour l'organisation vont permettre au Parti de travailler à l'année longue à l'organisation des communautés, au renforcement de la base, à l'élection de candidats.es qui vont se battre pour la classe ouvrière et pour améliorer la vie des Américains.es ».

« Pas d'années de congé » est une bonne direction. La nouvelle direction du Parti démocrate parle toujours de nouvelles approches, de nouvelle stratégies. Avec les Démocrates, les débats ne manquent pas. Au cours des récentes semaines, on a entendu parler de beaucoup de drames liés au DNC spécialement quand le sous-comité des créances a recommandé une reprise de l'élection à la vice-présidence électorale suite à des plaintes sur la manière dont le vote initial avait été conduit et à des discussions à propos de la manière d'aborder les luttes pour les primaires. Bien des débats sont légitimes et importants dans un parti où l'accord sur la nécessité de changements est fort mais on observe moins de consensus sur ce qui est exactement requis.

Mais en même temps que ces débats se tiennent le Parti doit s'occuper d'un bien plus grand enjeu à court terme : les campagnes électorales à mener cette année. Comme en aucune autre année sans élections programmées, 2025 se présente un peu comme un fourretout. Il y a des élections pour les postes de gouverneurs en Virginie et au New Jersey. Des élections partielles auront lieu dans ces États et ailleurs au pays. Et des élections de juristes et de maires sont aussi au programme. Celles de mi-mandat sont dans un peu plus d'un an mais ça ne veut pas dire que les précédentes ne sont pas sans enjeux majeurs. C'est pourquoi, depuis son élection à la présidence du DNC il y a trois mois, K. Martin et son équipe ont adopté une attitude qui n'admet aucune excuse par rapport à ce cycle électoral.

Pour Mme Scheinder, l'investissement dans cette organisation précoce donne déjà des résultats.

Elle a raison. Même si les Démocrates ont débattu de la manière de se repositionner après l'amer échec de l'élection présidentielle de 2024, ils ont commencé à encaisser des records de succès en 2025. La candidate soutenue par le Parti au poste de la Cour suprême du Wisconsin a battu son adversaire à plates coutures alors qu'il était soutenu par le Parti républicain et D. Trump, qu'E. Musk y ait dépensé des sommes records et que d'autres millionnaires républicains le soutenaient aussi. Au cours des quatre premiers mois de l'année, les Démocrates ont gagné cinq élections partielles qui ont conforté leur situation à la Chambre des représentants. Ils ont profité de gains en Iowa et dans des districts de Pennsylvanie que D. Trump avait gagné haut la main en 2024. Ils ont surpassé leurs résultats de 2024 dans des élections partielles partout dans le pays. La semaine dernière les Républicains.es ont été estomaqués.es lorsque qu'un de leurs membres, maires élu dans une grande ville, a été éconduit de son poste par un Démocrate par une marge de 57 voix contre 43.

Il n'y a pas de doutes que cela soit en lien avec la manière par laquelle D. Trump et son allié multimillionnaire E. Musk qui a été « l'employé spécial du gouvernement », ont agi depuis le début de cette nouvelle administration. Ils ont été soutenus par les Républicains.es au Congrès. Leurs actions ont affaibli Social Security et l'administration des services aux anciens.nes combattants.es. Leurs menaces de coupes dans le budget de Medicaid provoquent de réelles peurs. Et tout cela avec un activisme débridé.

« Pas congés ; pas de jours de congé, par d'année de congé », répète Mme Scheinder à la suite de K. Martin. Et elle ajoute : « Le DNC est le premier comité national démocrate qui organise des liens directs avec les électeurs-trices pour les élections en 2025 et en 2026. Nous sommes témoins en temps réel de ce qu'un modèle d'organisation soutenu et couvrant toute l'année peut signifier pour les résultats électoraux. Les Démocrates surpassent leurs résultats dans les élections partout dans le pays, explicitement dans 22 élections sur 24 au cours des seuls cinq premiers mois de 2025 ».

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Comme il me l'a dit cette semaine, pour ce président nouvellement élu la notion qui veut qu'il : « n'y ait pas d'années de congé » est centrale.

Les lockoutés de Heidelberg pensent que leur patron ne tiendra pas longtemps

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/06/IMG_1452-scaled-e1748814734740-1024x496.jpg1er juin, par West Coast Committee
Depuis le 13 janvier, les travailleurs de l’usine de béton Heidelberg Materials à Delta, en Colombie-Britannique, sont en lockout. Leur syndicat, la section locale D277 de la (…)

Depuis le 13 janvier, les travailleurs de l’usine de béton Heidelberg Materials à Delta, en Colombie-Britannique, sont en lockout. Leur syndicat, la section locale D277 de la Fraternité internationale des chaudronniers, affirme que l’entreprise est de plus en plus « désespérée » de relancer la (…)

Procurez-vous les illustrations de Martirena dans notre nouvelle boutique !

1er juin, par Rédaction-coordination JdA-PA
Martirena est un artiste cubain qui nous proposent des dessins sur l’actualité politique. Il travaille comme caricaturiste pour un journal local à Cuba, mais il collabore aussi (…)

Martirena est un artiste cubain qui nous proposent des dessins sur l’actualité politique. Il travaille comme caricaturiste pour un journal local à Cuba, mais il collabore aussi avec des publications européennes, dont le Courrier international. Nous avons obtenu quelques illustrations de lui (…)

Les travailleurs de la STM se sont fait enlever leur droit de grève

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Le Tribunal administratif du travail (TAT) a suspendu le droit de grève des 2 400 employés de soutien de la STM, qui devaient commencer une grève générale dimanche dernier pour (…)

Le Tribunal administratif du travail (TAT) a suspendu le droit de grève des 2 400 employés de soutien de la STM, qui devaient commencer une grève générale dimanche dernier pour relancer des négociations bloquées. Le 23 mai, le TAT a jugé leur plan de maintien des services essentiels insuffisant. (…)

L’Étoile du Nord dénonce l’arrestation arbitraire d’une de ses journalistes

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/05/DSCF1155-scaled-e1748551552557-1024x526.jpg29 mai, par L'Étoile du Nord
L’Étoile du Nord condamne fermement l’arrestation arbitraire de sa journaliste Ramona Murphy, survenue hier vers 10h45 devant le EY Center, lors d’une manifestation contre le (…)

L’Étoile du Nord condamne fermement l’arrestation arbitraire de sa journaliste Ramona Murphy, survenue hier vers 10h45 devant le EY Center, lors d’une manifestation contre le salon militariste CANSEC. Mme Murphy couvrait la manifestation comme journaliste bénévole. Elle filmait les interventions (…)

Éditorial

29 mai, par Annabelle-Lydia Bricault-Boucher
Chères lectrices, chers lecteurs, Depuis la dernière décennie, nous observons une montée des extrêmes droites à travers le monde, qui s’articule par une multiplication en (…)

Chères lectrices, chers lecteurs,

Depuis la dernière décennie, nous observons une montée des extrêmes droites à travers le monde, qui s’articule par une multiplication en puissance des discours haineux et une augmentation des pratiques xénophobes face à l’immigration à l’échelle mondiale. Cette réalité provoque une crise de l’hospitalité telle que nous la connaissons actuellement, qui s’exprime notamment par le durcissement des politiques migratoires, le renforcement des contrôles frontaliers par les agences fédérales et policières, la restriction progressive du droit d’asile, ainsi qu’à l’accès aux soins de santé et au logement pour les personnes migrantes, notamment de l’Amérique latine. Celles et ceux qui sont forcé·es de migrer, dans l’espoir d’offrir une vie meilleure à leur famille ou d’échapper à la violence et aux changements climatiques dans leur pays d’origine, sont confronté·es à une exploitation capitaliste et au racisme systémique. D’un côté, les personnes migrantes sont vues comme une marchandise exploitable aux yeux des États et des entreprises, et de l’autre, elles deviennent les boucs émissaires de tous les maux de la société capitaliste pour détourner l’attention de la véritable source des problèmes structurels.

Devant cette fermeture des frontières et les déportations massives, des voix s’élèvent aux quatre coins du continent et se rejoignent pour former ce numéro de Caminando, ainsi que pour dénoncer les politiques migratoires inhospitalières. Cette édition comporte des analyses sur les migrations Sud-Nord et les conséquences des politiques d’hostilité, des récits de vie de personnes migrantes vivant avec un statut précaire ou sans statut, des réflexions sur la discrimination raciale et la criminalisation de la migration. Nous retrouvons également des histoires de résistances, où la solidarité et l’entraide se renforcent face à cette chasse aux personnes migrantes et leur invisibilisation historique.

De nombreux articles présentés dans ce numéro analysent les migrations du Sud vers l’Amérique du Nord. Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, en janvier 2025, a ravivé les inquiétudes concernant les politiques migratoires, en particulier à l’égard des personnes migrantes latino-américaines à la frontière du Mexique. L’histoire nous rappelle toutefois que le racisme et la vision de la personne immigrante comme criminelle existaient bien avant l’arrivée au pouvoir de Trump. Parallèlement au renforcement des frontières, les pays du Nord global ont aussi développé des techniques pour retarder l’arrivée des personnes migrantes, voire les décourager ou les inciter à l’immobilité, en offrant l’option de faire les démarches d’immigration et la demande d’asile sans mettre les pieds sur leur territoire. Les politiques de contention de la migration se retrouvent dans des programmes politiques comme l’application CBP One, mise en place par l’administration Biden, et l’initiative Quedate en México par l’administration Trump. Les casas de migrantes situées à la frontière mexicaine se transforment en lieu d’attente et d’hospitalité pour des milliers de personnes. La plupart de ces refuges ont été mis en place par des organisations de la société civile ou des congrégations religieuses en réponse à l’insécurité et la précarité vécues par les personnes migrantes et demandant l’asile qui attendent de pouvoir entrer légalement aux États-Unis. Dans ce numéro de Caminando, nous pouvons justement en apprendre davantage sur les défis affrontés par les organisations travaillant pour la reconnaissance des personnes migrantes et documenter les violations de droits humains.

Les poèmes sur la frontière Mexique–États-Unis qui accompagnent ce numéro sont à la fois porteurs d’espoir et d’incertitude. La poésie illustre de quelle manière une traversée périlleuse à la frontière transforme rapidement ce fameux « rêve états-unien » en un réel cauchemar.

Quelques articles portent plus particulièrement sur la situation au Québec. On peut lire notamment à propos du durcissement des politiques migratoires sous le gouvernement de François Legault, entre autres par sa tentative d’annuler 18 000 dossiers d’immigration, la fermeture du chemin Roxham ou encore le maintien des permis fermés pour les travailleur·eurs étrangers·ères temporaires. Selon le Regroupement des organismes en hébergement pour les personnes migrantes, les discours anti-immigration se reflètent notamment dans la discrimination en matière d’accès au logement ou au travail, vécue par les personnes nouvellement arrivées. Sur une note plus positive, le Projet accompagnement solidarité Colombie, un collectif anticolonial et féministe basé à Montréal, nous partage leur récente initiative d’éducation populaire qui porte sur la justice climatique afin de sensibiliser les jeunes personnes québécoises au lien entre le racisme environnemental et les injustices liées à la migration.

Quelques articles analysent comment les crises climatiques, politiques et économiques en Amérique latine, ainsi que le renforcement des dynamiques extractivistes impulsées par le Nord global, entraînent des millions de personnes à émigrer dans un pays voisin du Sud global. En Argentine, le président Javier Milei diabolise la migration et affirme que les personnes migrantes profitent du système afin de justifier la hausse des frais migratoires et des procédures pour la résidence temporaire et permanente dans un contexte de chômage et de réduction des politiques sociales. Au Brésil, des personnes migrantes vénézuéliennes sont relocalisées de force dans l’État de Roraima, dans des hébergements temporaires où ont été observées de graves violations de droits humains perpétrées par des autorités locales et internationales. En Colombie, le déplacement forcé du peuple Nasa-Paéz, dans le Département du Cauca, s’inscrit dans un processus colonial et de dépossession du territoire. Cette population autochtone nous offre toutefois un exemple de résistance et de reconstruction du tissu social autour de la préservation de la mémoire collective, de la lutte pour la récupération de leur territoire ancestral et la protection de la Terre-Mère.

Nous aimerions remercier la contribution de toute personne ayant rendu possible le développement, la promotion et la diffusion de la revue : auteur·trices, poètes, illustrateur·trices, traducteur·trices, réviseur·es, membres du comité éditorial, médias alliés québécois, libraires, ainsi que nos partenaires financiers. Enfin, la superbe couverture de ce numéro a été réalisée par Liana Perez Tello et nous la remercions pour sa créativité et son engagement solidaire.

Ce numéro représente une lecture essentielle pour comprendre les enjeux actuels dans les Amériques et la solidarité des organisations qui parviennent à cultiver l’hospitalité dans un environnement de plus en plus restrictif. Nous espérons qu’il générera une discussion sur les inégalités engendrées par la logique de sécurisation des frontières et mobilisera vers des actions concrètes. Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) reste engagé envers les luttes sociales qui nous unissent depuis bientôt 50 ans. Les liens tissés continueront d’inspirer les générations futures et de renforcer les mouvements sociaux d’ici et d’ailleurs.

Bonne lecture!

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Mères au front au FSMI : un exemple d’intersection

28 mai, par Emma Soares
À l’intersection des luttes environnementales et féministes se dresse Mères au front, ce mouvement social fondé en 2020 par la sociologue Laure Waridel et la cinéaste Anaïs (…)

À l’intersection des luttes environnementales et féministes se dresse Mères au front, ce mouvement social fondé en 2020 par la sociologue Laure Waridel et la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette s’est construit autour d’une peur commune : l’avenir des prochaines générations. Ce collectif (…)

Depuis quand un roi étranger est un symbole de souveraineté ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/05/PA-80402562-e1748387729512.jpg27 mai, par L'Étoile du Nord
Hier, l’heureux gagnant des dernières élections fédérales, le nouveau premier ministre Carney, a accueilli en grandes pompes Charles Windsor (ou, de son petit nom, le roi (…)

Hier, l’heureux gagnant des dernières élections fédérales, le nouveau premier ministre Carney, a accueilli en grandes pompes Charles Windsor (ou, de son petit nom, le roi Charles III). Aujourd’hui, vers midi, le roi a prononcé le discours du Trône et inauguré le Parlement, avec « un accent sur (…)

Le FSM 2026 au Bénin se tiendra du 4 au 8 août

27 mai, par Rédaction-coordination JdA-PA
Le comité d’organisation du Forum social mondial 2026 et la Convergence globale des Luttes pour la Terre et l’Eau — Afrique de l’Ouest (CGLTE-OA) à l’initiative de la (…)

Le comité d’organisation du Forum social mondial 2026 et la Convergence globale des Luttes pour la Terre et l’Eau — Afrique de l’Ouest (CGLTE-OA) à l’initiative de la proposition qui aura lieu au Bénin se déroulera du 4 au 8 août 2026 à Cotonou. Après avoir hésité à le tenir en janvier 2026 et (…)

Ce passé qui nous hante et façonne notre présent !

27 mai, par Yorgos Mitralias — ,
Il est manifeste que, par les temps qui courent, le passé revient en force pour hanter et même pour façonner de plus en plus notre présent ! C'est comme si les démons d'un (…)

Il est manifeste que, par les temps qui courent, le passé revient en force pour hanter et même pour façonner de plus en plus notre présent ! C'est comme si les démons d'un passé prétendument exorcisés à jamais revenaient et, pire, occupaient de nouveau le devant de la scène politique. Prenez par exemple la seconde présidence de Trump et son trumpisme triomphant qui présente plus que des similitudes avec la peste brune de l'entre-deux-guerres. Évidemment, Naomi Klein et Astra Taylor ont tout à fait raison quand elles affirment que « nous devons reconnaître la réalité : nous ne sommes pas confrontés à des adversaires que nous avons déjà vus [1] ». Oui, sans doute, car cette seconde présidence de Trump semble inédite et n'a aucun précèdent non seulement parce qu'elle est dirigée et soutenue par des milliardaires mais aussi parce que tous ces ultra-riches qui la composent « ne se contentent pas de profiter des catastrophes, dans le style du capitalisme du désastre, mais les provoquent et les planifient simultanément ».

22 mai 2025 | tiré d'entre les lignes entre les mots | Édito : Adresses – internationalisme et démocr@tie n°12
entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/22/ce-passe-qui-nous-hante-et-faconne-notre-present/

Cependant, les deux autrices ne se limitent pas à souligner et à analyser (brillamment) la nouveauté du projet trumpiste. Elles affirment aussi qu'on est quand même en présence d'un fascisme qu'elles appellent à juste titre « fascisme de la fin des temps ».

Nous voilà donc en plein retour aux sources du mal : il s'agit bel et bien d'un fascisme que Raphaël Canet a eu d'ailleurs la très bonne idée « d'authentifier » en lui appliquant – avec succès – les célèbres quatorze éléments qui permettent de reconnaître ce qu'est « le fascisme éternel » selon Umberto Eco [2].

Le test est convaincant. Les actes, les croyances et les politiques du trumpisme illustrent parfaitement les « quatorze éléments » d'Umberto Eco. Cependant, on doit avouer qu'un doute peut persister car il y a manifestement dans ce « fascisme de la fin des temps » quelque chose de plus qui le rapproche d'un scénario de… science-fiction apocalyptique : trop de délire millénariste, trop de paranoïa et d'irrationalité, trop de sadisme misanthrope décomplexé et surtout trop de haine exterminatrice des humains et destructrice de la nature, ce qui rend ses protagonistes des « traîtres à ce monde et à ses habitants humains et non humains [3] ».

Alors, tout ça pourrait n'être que science-fiction, projet irréalisable d'un cerveau détraqué ? Malheureusement non, absolument pas. Ce cauchemar n'est pas rêvé mais il est désormais vécu. Nous vivons déjà dans cette réalité horrifique et nous expérimentons déjà cette irrationalité macabre ne serait-ce qu'en subissant la catastrophe climatique ou qu'en assistant aux tragédies génocidaires qui se déroulent – heure après heure – devant nos yeux en Palestine et en Ukraine. Et malheureusement, ce n'est pas la première fois dans les derniers 80 ans que « les forces auxquelles nous sommes confrontés ont fait la paix avec la mort de masse [4] ». D'ailleurs, preuve supplémentaire de leur nazisme, ces « forces auxquelles nous sommes confrontés » s'inspirent ouvertement des exploits nécrophiles et macabres de leurs maîtres à penser nazis, et ils en sont fiers. C'est du reste pourquoi ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour soutenir tout ce qu'il y a d'extrémistes (durs) de droite, de néofascistes et surtout de néonazis de par le monde.

Mais, leur filiation ne se limite pas à ces penchants suprématistes et misanthropes. Elle touche aussi des questions apparemment secondaires comme leur commune prédilection pour le plus délirant des complotismes, pour l'eugénisme ou pour un ésotérisme et un occultisme (plus ou moins de pacotille) qui les rapprocherait plutôt d'un nazisme tendance Himmler. En somme, il y a plein de raisons d'affirmer non seulement que le pire passé cauchemardesque hante notre présent, mais aussi que le retour de ce passé prend la forme d'un nazisme pur-sang qui serait simplement actualisé !

Et puis, force est de constater que rien n'est totalement nouveau et inédit sous le ciel de la barbarie capitaliste. Comme, par exemple, « le retour d'une politique étrangère plus interventionniste et coercitive de la part des États-Unis » en Amérique latine, ce qui marque « la réactivation de la doctrine Monroe ». Et cela d'autant plus qu'il leur faut désormais contrer l'influence grandissante de la Chine dans ce qui était traditionnellement l'arrière-cour et la chasse gardée des États-Unis [5].

D'ailleurs, l'apparition de ce que l'économiste Adam Hanieh appelle « nouveaux centres d'accumulation du capital » et surtout de la Chine, oblige Trump à réagir vite et fort pour « gérer le déclin relatif des États-Unis dans le contexte des crises systémiques plus importantes auxquelles est confronté le capitalisme mondial [6] », ce qui l'amène à brandir la menace de droits de douane plus ou moins exorbitants. Et Adam Hanieh d'avertir que « lorsque nous parlons de la dynamique du système impérialiste mondial, il ne s'agit pas simplement de rivalités entre États et de mesurer la force des États-Unis par rapport à d'autres puissances capitalistes. Nous devons replacer ces conflits dans la crise systémique à plus long terme que tous les États tentent de surmonter »…

Mais, plus encore que le trumpisme, c'est le poutinisme qui est hanté et façonné par le passé et ses démons ! En rappelant que la « Grande Guerre patriotique » est devenue la principale sinon l'unique référence et ciment idéologique de l'Union Soviétique stalinienne et poststalinienne, Hanna Perekhoda [7] réussit trois tours de force : d'abord, démontrer qu'en se centrant sur la « Grande Guerre patriotique » qui couvre la période 1941-1945, tant le stalinisme que le poutinisme ont voulu « effacer les vingt et un mois qui ont précédé l'invasion de l'URSS » qui ont vu « Moscou et Berlin être des alliés de facto » et collaborer étroitement tant sur le plan économique que militaire. Ensuite, montrer combien la légende de cette « Grande Guerre patriotique » sert d'« outil de propagande à Poutine ». Et enfin, dévoiler ce qui se cache derrière la « dénazification de l'Ukraine » que prétend poursuivre le maître du Kremlin en envahissant et en détruisant ce pays.

C'est ainsi que, à l'opposé de ce que disent les poutinistes et les poutinisants de par le monde, la « dénazification » poutinienne de l'Ukraine renvoie à tout autre chose qu'à une Ukraine… nazifiée et gouvernée par des « fascistes ». Comme l'affirme Hanna Perekhoda, « le mot “fascisme” a perdu tout lien avec une idéologie politique spécifique et désigne désormais uniquement une menace abstraite et absolue : le désir de détruire la Russie. Il est devenu synonyme d'« ennemi » ou de « russophobe », désignant toujours l'Autre, jamais un mouvement historiquement défini ». D'ailleurs, au grand désespoir des poutinistes et autres campistes, c'est le bras droit de Poutine et son éternel ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov qui confirme pleinement les dires de Perekhoda quand il déclare que « les objectifs de Netanyahou à Gaza semblent similaires à la « démilitarisation » et à la « dénazification » que Moscou poursuit en Ukraine depuis le lancement de son offensive en février 2022 ».

À l'instar de Hanna Perekhoda, Jurgis Valiukevičius rappelle quelques grandes vérités qu'on a tendance à oublier dans nos pays de l'Europe occidentale. Par exemple que « l'histoire de nos pays [baltes] a été façonnée par l'empire russe plus que par les pays occidentaux [8] ». Ce qui se traduit par des siècles d'oppression nationale de ces pays par le chauvinisme impérial grand-russe, d'abord des tsars et ensuite des bureaucrates staliniens, jusqu'à ce qu'ils obtiennent leur indépendance il y a seulement trente-cinq ans.

Alors, le syndicaliste et Vert lituanien a tout à fait raison d'affirmer qu'en oubliant – de bonne ou de mauvaise foi – ces vérités, « la gauche occidentale maintient la même vision occidentalo-centrée, même lorsqu'il s'agit de critiquer le colonialisme et l'impérialisme ».

On pourrait ajouter qu'une première conséquence de l'arrogance de cette gauche (campiste) occidentale est qu'elle se désintéresse complètement de la gauche (oui, elle existe !) de ces pays et encore plus des expériences d'auto-organisation comme celle pratiquée par les femmes de la coopérative ukrainienne ReSeew Coop interviewées par Patrick Trehondat [9].

Mais, la conséquence est encore plus grave, quand cette gauche campiste va jusqu'à taxer de va-t'en guerre vendus à la réaction occidentale, les Lituaniens, Estoniens, Lettons mais aussi les Ukrainiens qui « osent » vouloir s'armer pour se défendre contre les (désormais traditionnelles) visées russes contre leurs pays…

Ceci étant dit, le retour en force d'un passé coupable qui empoisonne le présent n'est l'apanage ni des États-Unis ni de l'est européen. Les anciennes puissances coloniales européennes continuent à en faire périodiquement l'expérience. Comme la France qui refuse ostensiblement de reconnaître ses crimes tels que l'effroyable massacre de 30 000 Algériens qui revendiquaient leur liberté le 8 mai 1945, le jour même où les Français fêtaient… la capitulation du régime nazi qui les avait privés de leur propre liberté [10] ! Inutile de dire que ce refus éhonté fait le bonheur de son extrême droite et d'autres nostalgiques de l'Empire français tandis qu'il empoisonne les rapports de la France avec l'Algérie qui passent de nouveau un (très) mauvais moment.

C'est dans ce sombre paysage international que des actes de résistance comme celles des adolescentes Afghanes et Congolaises [11] qui défient – au péril de leur vie – les unes la misogynie des Talibans, et les autres la terreur des miliciens soutenus par le Rwanda, sont porteurs d'espérance. Comme d'ailleurs, la lutte exemplaire des féministes iraniennes non seulement contre la peine de mort, mais aussi contre « son application sexuée » qui fait d'elle « un outil de contrôle de l'État qui recoupe des questions de genre, de classe, de race et de sexualité [12] ».

Plus près de nous, les manifestations monstres des Serbes, étudiants en tête, qui se succèdent depuis des mois, font déjà trembler le pouvoir réactionnaire et corrompu du président – pro-Poutine et pro-Netanyahou – Vučić. Ce qui oblige les uns et les autres à préparer le futur : le régime à bout de souffle, qui tente de vendre aux manifestants des « solutions » bidon du genre « gouvernement d'experts » et les révoltés qui essayent d'éviter les pièges au nom de ceux d'en bas qui revendiquent le droit de gouverner collectivement [13].

Un autre pays qui est en train de s'interroger sur son avenir, est la Syrie martyrisée qui vient de se débarrasser de la dynastie sanglante des Assad. Mais, selon Joseph Daher [14], les premiers actes du régime du président (autoproclamé) Ahmed al-Charaa qui leur a succédé n'augurent rien de bon : massacre de la minorité des Alaouites, instrumentalisation du confessionnalisme afin de diviser la population, « refus des nouvelles autorités au pouvoir de mettre en place un cadre de justice transitionnelle » et promesses de leur part « d'approfondir les politiques néolibérales ».

Mais, pendant que le nouveau régime syrien fait les yeux doux à la monarchie saoudienne et à… Trump, presque de l'autre côté de sa frontière, le génocide du peuple Palestinien non seulement continue mais est en train d'atteindre son paroxysme devant une « communauté internationale » impassible qui refuse ostensiblement de l'arrêter. Comme d'ailleurs, elle refuse non seulement de tenir compte mais même de faire connaître à ses populations le rapport accablant de l'ONU sur « les violences sexuelles systématiques » que subissent les Palestiniennes par leurs bourreaux israéliens.

Violences sexuelles qui vont des viols aux attaques des « infrastructures de santé maternelle de Gaza, des centres de traitement de la fertilité et, en fait, de toute institution liée à la santé génésique [15] ».

Triste époque que la nôtre, époque de tous les dangers et de toutes les horreurs. Et, signe des temps, ce n'est pas un hasard que celui qui est très probablement à la fois le cerveau et l'esprit maléfique du trumpisme, le milliardaire libertarien et néonazi Peter Thiel traite d'« antéchrist » son ennemi juré le plus emblématique, la jeune militante suédoise écosocialiste et anticapitaliste Greta Thunberg. Alors, pourquoi Greta ? Mais, parce que, selon Naomi Klein et Astra Taylor, « ce qui l'effraie chez Greta est son engagement indéfectible envers cette planète et les nombreuses formes de vie qui existent – et non envers des simulations de ce monde générées par l'IA, ni envers une hiérarchie entre ceux qui méritent de vivre et ceux qui ne le méritent pas, ni envers les divers fantasmes d'évasion extra-planétaire vendus par les fascistes de la fin des temps »…

Notes

[1] Naomi Klein et Astra Taylor, « La montée du fascisme et la fin des temps », voir dans ce n° d'Adresses, p. 26.
[2] Raphaël Canet, « Pourquoi le trumpisme est un fascisme », voir dans ce n° d'Adresses, p. 19
[3] Naomi Klein et Astra Taylor, art. Cité.
[4] Idem.
[5] Laurent Delcourt, « États-Unis-Amérique latine : retour de la politique du gros bâton », voir dans ce n° d'Adresses, p. 36.
[6] Adam Hanieh, « Les nouveaux centres d'accumulation du capital », voir dans ce n° d'Adresses, p. 53.
[7] Hanna Perekhoda, « La “Grande Guerre patriotique”, un outil de propagande de Poutine », voir dans ce n° d'Adresses, p. 9.
[8] Jurgis Valiukevičius, « Menaces russes contre la Lituanie et monde de travail », voir dans ce n° d'Adresses, p. 43.
[9] Entretien avec ReSeew Coop, Ukraine : « Les coopératives sont une façon de propager les principes de l'auto-organisation », voir dans ce n° d'Adresses, p. 76.
[10] Olivier Lecour Grandmaison, « Massacres du 8 mai 1945 : la reconnaissance indispensable », voir dans ce n° d'Adresses, p. 14.
[11] Carol Mann, « Quand les adolescentes résistent », p. 71.
[12] Elahe Amani, « Iran : la peine de mort est une question féministe », voir dans ce n° d'Adresses, p. 67.
[13] Nemanja Drobnjak, « Les fausses promesses de la gouvernance « experte » imposée d'en haut : un appel à la démocratie radicale », voir dans ce n° d'Adresses, p. 61.
[14] Joseph Daher, « Syrie : justice transitionnelle et confessionnalisme », voir dans ce n° d'Adresses, p. 50.
[15] Samah Salaime, « Où est l'indignation face aux violences sexuelles « systématiques » contre les Palestinien·nes ? », voir dans ce n° d'Adresses, p. 73.

Yorgos Mitralias
Yorgos Mitralias est un internationaliste grec. Journaliste, il est membre du comité pour l'abolition des dettes illégitimes (CADTM) et de la Commission pour la vérité sur la dette grecque.

Télécharger le n°12 : Adresses n°12

Toutes les introductions et les numéros à télécharger gratuitement sont disponibles sur une page dédiée :
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/adresses-internationalisme-et-democrtie/

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Marchons pour Du pain et des roses - 1995 - Marche des femmes contre la pauvreté, plus que jamais !

27 mai, par Fédération des femmes du Québec — ,
Du 26 mai au 7 juin, des marches auront lieu aux quatre coins de la province pour rappeler que la lutte contre la pauvreté et pour l'égalité est toujours d'actualité.📍 Le point (…)

Du 26 mai au 7 juin, des marches auront lieu aux quatre coins de la province pour rappeler que la lutte contre la pauvreté et pour l'égalité est toujours d'actualité.📍 Le point d'orgue ? Le 7 juin à Québec. De 13h à 16h.

Pour en savoir plus sur tous les événements à venir
➡️ https://bit.ly/44PAkya

Marchons ensemble en mauve. Une mémoire collective qui continue d'avancer, pas à pas.

Célébrons ensemble 30 ans de luttes féministes et continuons le combat contre la pauvreté et les inégalités. Viens marcher. Viens revendiquer. Viens changer l'histoire.

Comme il y a 30 ans, les luttes féministes se rendront visibles sur les routes du Québec ce printemps 2025. Des événements commémorant la marche Du pain et des roses de 1995, et soulignant l'importance de continuer d'agir contre la pauvreté, auront lieu à compter du 26 mai, pour se conclure le 7 juin.

Lien pour afficher les marches dans un calendrier : https://bit.ly/DuPainEtDesRosesCalendrier

Lien pour télécharger et imprimer tous les événements

Plus qu'une commémoration : un élan

« La marche ‘'Du pain et des roses'' a marqué l'histoire québécoise, tant par la mobilisation qu'elle a représentée et l'adhésion populaire qu'elle a reçue, que par les gains qu'elle a permis d'obtenir. Elle est également célébrée internationalement comme étant la bougie d'allumage, en 2000, de la Marche mondiale des femmes, rappelle Sylvie St-Amand, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et co-porte-parole des actions de Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais. En 2025, la FFQ profite du 30e anniversaire de la marche ‘'Du pain et des roses'' pour faire le point et poursuivre la lutte contre la pauvreté en invitant la population à se joindre à diverses actions » poursuit-elle.

Du 26 mai au 4 juin, des dizaines de marches locales, organisées par des organisations féministes, syndicales et du mouvement communautaire, mixtes et non-mixtes, auront lieu dans la plupart des régions. Des citoyennes et des citoyens en réaliseront aussi dans leurs milieux respectifs. Le point culminant de cette mobilisation consistera en une marche à Québec, le 7 juin, de 13h à 16h, pour un trajet menant du Musée national des beaux-arts de Québec, vers un parc à proximité de l'Assemblée nationale, en passant par un arrêt fort en symbole devant l'Assemblée nationale.

« En ces temps troublés et inquiétants, les femmes ressentent plus que jamais le désir de se mobiliser avec tous ceux qui les appuient dans le combat pour leurs droits. Les actions de mai et juin 2025 seront des moments de retrouvailles mais aussi de réaffirmation de la nécessité de revendiquer ensemble un Québec juste et égalitaire. Un prélude au grand rassemblement du 18 octobre prochain, organisé par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes ! » souligne Françoise David, co-porte-parole et présidente de la FFQ au moment de la marche de 1995.

Des marraines de 1995 seront également présentes à différents moments, parfois accompagnées des comarraines se joignant à elle cette année illustrant ensemble, la force, la diversité et la persistance du mouvement féministe. Mesdames Aoura Bizzarri, France Castel, Ariane Émond, Ranee Lee, Chantal Petitclerc, Michèle Rouleau, Marie-Claire Séguin, Marie-José Turcotte et Marjorie Villefranche seront ainsi accompagnées par mesdames Arcelle Appolon, France Beaudoin, Léa Clermont-Dion, Marion Cousineau, Florence-Agathe Dubé-Moreau, Melissa Mollen-Dupuis, Adina Ungureanu et Ariane Vaillancourt.

Les informations sur les événements seront progressivement annoncées sur le site web de la FFQ et sur le compte Facebook. En hommage au trajet de 1995, le total des kilomètres parcourus y sera répertorié. La population est invitée à se vêtir de mauve durant les événements.

Pour informations

Comité d'organisation : painetdesroses@ffq.qc.ca

Informations générales : ffq.qc.ca
Facebook : https://www.facebook.com/Dupainetdesroses1995

À propos

La marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » a eu lieu du 26 mai au 4 juin 1995, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, avec la collaboration d'un grand nombre d'organisations. Plus de 850 femmes ont marché pendant 10 jours en direction de l'Assemblée nationale. Plus de 18 000 personnes les y attendaient, pour entendre le gouvernement de l'époque répondre à leurs revendications contre la pauvreté.

« Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais » est organisé par la Fédération des femmes du Québec, en collaboration avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes. Les marches locales du 26 mai au 4 juin 2025 sont réalisées par des organisations autonomes et celle du 7 juin à Québec est organisée grâce à la contribution du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.

Les revendications de 1995

Un programme d'infrastructures sociales avec des emplois accessibles dès maintenant aux femmes.
Une loi proactive sur l'équité salariale.
L'augmentation du salaire minimum au-dessus du seuil de la pauvreté (8.15$ de l'heure).
L'application de la loi des normes minimales du travail à toutes les personnes participant à des mesures d'employabilité.
Un système de perception automatique des pensions alimentaires avec retenue à la source.
La création d'au moins 1 500 nouvelles unités de logement social par année.
L'accès aux services et aux programmes existants de formation générale et professionnelle, avec soutien financier adéquat, pour toutes les personnes qui ne sont pas prestataires de l'assurance-chômage ou de la sécurité du revenu, en vue de leur insertion ou de réinsertion au travail.
L'application rétroactive de la réduction du parrainage de 10 ans à 3 ans pour les femmes immigrantes parrainées par leur mari ainsi que la mise sur pied d'un mécanisme d'accès aux droits sociaux pour les femmes parrainées victimes de violence conjugale et familiale.
Le gel des frais de scolarité et l'augmentation des bourses aux étudiantes/ts.

Les revendications de 1995 sont rassemblées dans les objectifs de celles portées par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) en 2025.

Pour une société basée sur les valeurs féministes qui place l'économie au service du vivant :

Pour le droit des filles et des femmes de vivre en paix et en sécurité ;
Pour le droit des filles et des femmes de pouvoir faire leurs propres choix libres et éclairés et que ceux-ci soient respectés ;
Pour le droit à un revenu décent garantissant une autonomie économique aux femmes pour vivre dans la dignité ;
Pour le droit à un accès gratuit et universel à des services publics de qualité, notamment en santé et services sociaux, en éducation, etc.
Pour le droit de vivre dans un environnement sain et respectueux des humains, des communautés et de la biodiversité.

Marraines de 1995, de nouveau présentes en 2025

Aoura Bizzarri, fondatrice du Collectif des femmes immigrantes du Québec ; France Castel, chanteuse et comédienne ; Ariane Émond, journaliste indépendante et animatrice ; Ranee Lee, chanteuse, musicienne et professeure de Jazz à l'Université McGill ; Chantal Petitclerc, sénatrice, médaillée paralympienne, Michèle Rouleau, militante pour les droits des Premières Nations ; Marie-Claire Séguin, autrice, compositrice, interprète, coach vocal et artiste peintre ; Marie-José Turcotte, communicatrice et guide de randonnée, ex journaliste-animatrice et cheffe d'antenne à Radio-Canada ; Marjorie Villefranche, ex directrice générale de la Maison d'Haïti.

Leurs co-marraines

Arcelle Appolon, directrice de la Maison d'Haïti ; France Beaudoin, animatrice et productrice, Léa Clermont-Dion, autrice et réalisatrice, récipiendaire du prix Hélène Pedneault ; Marion Cousineau autrice, compositrice et interprète ; Florence-Agathe Dubé-Moreau, commissaire indépendante en art contemporain, autrice de « Hors jeu » et récipiendaire du prix littéraire de la Gouverneure-Générale ; Melissa Mollen-Dupuis, militante Innu ; Adina Ungureanu, directrice du Collectif des femmes immigrantes du Québec ; et Ariane Vaillancourt autrice compositrice et interprète.

Pour honorer la marche Du pain et des roses et les luttes féministes toujours d'actualité : Un rassemblement à Québec et des marches près de chez vous

L'organisation des actions soulignant les 30 ans de la marche des femmes contre la pauvreté et ses liens avec les revendications d'aujourd'hui va bon train. Les féministes et leurs organisations, non-mixtes et mixtes, membres ou non de la FFQ, sont invitées à prendre part à la réalisation de marches locales, entre le 26 mai et le 4 juin, et à participer au rassemblement et à la marche qui se tiendra à Québec le 7 juin.

Appel à organiser des marches locales près de chez vous

De nombreuses organisations préoccupées par les inégalités sociales répondent présentement à l'appel en annonçant leurs intentions de participation. Des marches sous différentes formes se préparent dans toutes les régions, planifiées par des groupes féministes, des organismes communautaires mixtes, des tables régionales de concertation, des organisations de personnes âgées, des centrales et fédérations syndicales, etc. Des organisations sont aussi en train de mobiliser leurs membres en vue du rassemblement de la marche du 7 juin à Québec.

Les informations sur les marches organisées sont diffusées ICI et sur facebook . En bref, au 12 mai, des marches sont annoncées dans plusieurs villes :

– Trois-Rivières : le 26 mai à 13h15

– Alma : le 28 mai, de même que le 5 juin à 19h

– Magog : le 29 mai, de 13h30 à 16h

– Montréal : le 26 mai, le 29 mai, de 18h à 21h, le 3 juin à 12h30, de même que le 4 juin,

– Joliette : le 4 juin, de 11h à 13h

– Partout en Mauricie, du 26 mai au 4 juin

– Partout dans le Centre-du-Québec : du 26 mai au 4 juin

– Dans différentes régions : par les membres de L'R des centres de femmes, le Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec, etc.

Un dossier a été constitué à l'intention des organisations pour progressivement y réunir les informations facilitant la préparation des actions Celui-ci contient déjà un aide-mémoire sur les marches régionales et le rassemblement du 7 juin, un diaporama pour des présentations, des éléments d'archives, etc. Des outils d'animation pour relier les revendications de 1955 à celles de la marche mondiale des femmes de 2025, des éléments de visibilité, etc. seront bientôt déposées dans ce dossier.

Que vous ou votre organisation ayez participé ou non à la marche de 1995, vous êtes invitées à créer votre marche et à l'inscrire dans ce formulaire afin qu'elle soit annoncée dans le programme complet (prochainement sur le site de la FFQ et par facebook . Le formulaire vise aussi à recueillir les informations sur les intentions de participation au rassemblement et à la marche du 7 juin.

Les marraines de 1995 seront encore des nôtres en 2025, mais en plus, dans une perspective de relève, chacune sera accompagnée d'une « co-marraine ». La composition de cette belle équipe sera annoncée très prochainement.

En référence aux trajets de 1995, nous compilerons les kilomètres qui auront été parcourus entre le 26 mai et le 4 juin durant les marches locales et régionales (il est possible de dépasser cette date, mais sans aller au-delà du 6 juin puisque le total sera dévoilé lors du rassemblement du 7 juin à Québec).

Marchons pour Du pain et des roses, encore… et plus que jamais !

Le comité d'organisation
painetdesroses@ffq.qc.ca

• Pour des informations générales consultez le site web de la FFQ et https://bit.ly/DuPainEtDesRoses-FFQ-1995-2025

• Merci de suivre et de partager https://www.facebook.com/Dupainetdesroses1995 :

o Indiquez votre participation aux marches locales et régionales entre le 26 mai et le 4 juin (https://www.facebook.com/events/1950761182115532/)

o Indiquez votre participation au rassemblement du samedi 7 juin (de 13h à 16h) près de l'Assemblée Nationale (https://www.facebook.com/events/1094473922482381/)

Il y a 30 ans, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, dans un élan sans précédent, plus de 850 femmes parcouraient plus de 200 km, en 10 jours, sur les routes du Québec pour réclamer du pain et des roses — du pain, pour mettre fin à la pauvreté, et des roses, pour vivre dans la dignité.

Aujourd'hui, en 2025, la FFQ vous invite à honorer et poursuivre cette grande mobilisation pour l'égalité des femmes et la justice sociale que demeure la Marche des femmes contre la pauvreté “Du pain et des roses”.

Événement très rassembleur pour la société québécoise, cette marche historique a concentré les énergies et les espoirs d'un nombre incalculable de femmes, d'individus et d'organisations très variées. Son rayonnement a dépassé le Québec et a été la bougie d'allumage de la Marche mondiale des femmes qui en sera à sa 6e édition en 2025 et qui réserve une place de choix au 30e anniversaire de “Du pain et des roses”.

Marchons ensemble pour garder la mémoire collective bien vivante, souligner l'héritage de ce mouvement, se rappeler qu'il reste des kilomètres à parcourir et, surtout, ne jamais baisser la garde.

Des marches locales et régionales auront lieu partout au Québec ce printemps du 26 mai au 4 juin 2025, pour souligner les luttes féministes, faire entendre nos voix et bâtir un avenir plus juste.

Le point culminant de cette mobilisation consistera en une grande marche, le 7 juin prochain, de 13h a 16h, à Québec. Réservez cette date à votre agenda et faisons ensemble vibrer nos pas et notre volonté à l'unisson.

Dans un contexte géopolitique et socioéconomique instable et préoccupant, nous sommes encore en marche et nous ne pouvons pas rester immobiles face aux reculs, aux actualités, à la menace qui gronde.

Il est aussi essentiel de faire l'état des lieux quant au 9 revendications de la marche contre la pauvreté Du pain et des roses de 1995, de protéger nos acquis et de revendiquer à nouveau.

De grandes figures du féminisme d'hier et d'aujourd'hui, les militantes et marcheuses de l'époque et d'autres personnalités inspirantes seront présentes, prendront la parole et surtout, marcheront et chanteront avec nous.

Que vous ayez marché en 1995 ou que vous découvriez ce pan d'histoire féministe québécois marquant, votre présence compte.

Vous voulez marcher avec nous ?

Organisez ou informez-vous sur les marches locales et régionales entre le 26 mai et le 4 juin auprès des groupes de femmes ou organisations de votre région

Notez la date du 7 juin pour la marche nationale à Québec.

Invitez vos ami·es, vos collègues, vos proches.

Suivez les actualités de la page FB dupainetdesroses

Épinglez et consultez régulièrement cette page du site FFQ pour ne rien manquer et accéder à des ressources.

Joignez-vous aux bénévoles et organisatrices : painetdesroses@ffq.qc.ca

Le samedi 7 juin : une marche et un grand rassemblement à Québec

La FFQ vous donne rendez-vous à Québec, le samedi 7 juin à 13h, pour une marche symbolique et un rassemblement festif, aux côtés des féministes de 1995 et de 2025.

Toute la population est conviée.

Départ : Musée national des beaux-arts de Québec — là même où les marcheuses des trois contingents se sont rassemblées le dernier jour de la marche de 1995.

Arrêt : Devant l'Assemblée nationale, en mémoire du rassemblement de 18 000 personnes du 4 juin 1995.

Arrivée : Parc de la Francophonie, pour un moment de célébration, de mémoire et de mobilisation.

Du 26 mai au 4 juin 2025 : Marches dans vos milieux

Partout au Québec, des groupes (mixtes et non mixtes) sont invités à organiser des marches collectives de proximité, dans leur quartier, leur localité ou leur région en commémoration du 30e anniversaire de Du pain et des roses. Une actualisation de la mobilisation sous forme de marches.

Ces marches peuvent prendre la forme qui vous convient :

Une seule sortie ou plusieurs

Courtes ou longues distances

En silence ou en musique

Symboliques ou revendicatrices

L'objectif : marcher ensemble pour du pain et des roses, dans l'inclusion et la solidarité, avec les personnes en situation de pauvreté, de handicap ou vivant d'autres formes de marginalisation.

En marche vers un meilleur avenir, toujours et encore !

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Sortons la Caisse du Québec des crimes en Palestine

27 mai, par Collectif de Québec pour la paix — , ,
Manifestation le samedi 31 mai à Québec « Sortons la Caisse du Québec des crimes en Palestine » Pas un sous pour l'oppression, jamais en notre nom. (20 mai 2025 à Québec) (…)

Manifestation le samedi 31 mai à Québec « Sortons la Caisse du Québec des crimes en Palestine » Pas un sous pour l'oppression, jamais en notre nom.

(20 mai 2025 à Québec) Le samedi 31 mai à Québec, nous allons appuyer la campagne urgente « Sortons la Caisse des crimes en Palestine » lancée par la Coalition du Québec Urgence Palestine, composée d'au moins 50 groupes du Québec. Il s'agit d'une manifestation à Québec, qui se veut accessible au grand public, organisée par le Collectif de Québec pour la paix en collaboration avec Cégep de Sainte-Foy pour la Palestine, et avec l'appui de quelques groupes communautaires et syndicaux.

Cette manifestation focalise surtout sur nos propres responsabilités collectives et obligations internationales face aux crimes impensables commis contre la population de Gaza –avec près d'un million d'enfants à Gaza qui souffrent actuellement de faim, soif, etc.— et autres crimes commis contre les Palestinien-nes.

Nous nommons aussi les revendications pour les droits, exigées par les Nations unies. -

Nos obligations internationales et nos responsabilités :


Revendication principale
: nous demandons que la Caisse de dépôt et de placement du Québec désinvestisse des entreprises qui soit
1) font affaire ou assistent les colonies illégales en violation patente de l'obligation internationale déclarée par le Conseil de sécurité de l'ONU, ou
2) font affaire avec l'armée israélienne malgré les Crimes contre l'Humanité, dont un génocide désormais indéniable (manifeste devant nos yeux), et des Crimes de guerre innombrables et incessants. Cela inclut, par exemple, des firmes d'ingénierie qui construisent un train reliant les colonies illégales, mais aussi les entreprises qui offrent des services à l'armée israélienne. Voir la campagne : https://cdpq-palestine.info/

Aussi …

Le gouvernement du Canada doit s'assurer qu'aucune exportation à partir des territoires canadiens vise à fournir du matériel à l'armée israélienne, que cela soit officiellement des armes ou non. Il doit aussi s'assurer qu'aucun produit en provenance des colonies illégales ne soit sur les marchés canadiens.

Nous exigeons que le gouvernement du Québec annule son bureau commercial en Israël, car non seulement ouvrir ce bureau récemment est irresponsable face à l'occupation de la Cisjordanie et des blocus de Gaza, mais c'est aussi inhumain face au contexte génocidaire actuel. Pendant que le gouvernement Legault se dit touché, ses actions témoignent plutôt d'une indifférence irresponsable.

Les solutions exigées par les Nations unies et que nous appuyons :

• mettre fin d'urgence aux Crimes contre l'Humanité en cours, dont à un génocide, et aux innombrables Crimes de guerre ; • mettre fin aux blocus de Gaza ;
• mettre fin à l'occupation de la Cisjordanie, et donc aussi aux colonies déclarées illégales par l'ONU ;
• mettre fin aux violations massives et systématiques des droits humains, notamment aux « détentions administratives », perpétrées par l'État israélien ;
• respecter réellement la souveraineté de l'Autorité palestinienne sur la Cisjordanie et Gaza ;
• respecter réellement des droits égaux pour toute personne, qu'elle soit arabe, juive, bédouine, etc., peu importe l'État ;
• permettre le droit de retour des personnes réfugiées, dont les familles ont fui jadis les crimes israéliens.

77 années de dépossession violente, de crimes et d'oppression (1948-2025) : Focaliser sur nos responsabilités et solutions actuelles ne signifie pas nier l'Histoire. Mai 2025, c'est 77 années de crimes violents, incluant d'incessants Crimes de guerre, de déplacements forcées, de dépossession, mais aussi d'occupation illégale (droit international), d'oppression, incluant des violations massives et systématiques des droits humains comme lesdites « détentions administratives », etc. En 1947, des milices sionistes attaquent des villages. En mai 1948, l'État israélien est déclaré sans égard à la population locale et fait expulser les populations de plus de 500 villages, soit près de la moitié de la population arabe locale. C'est ce que les Palestinien-nes nomment la Nakba, soit la catastrophe, journée de commémoration reconnue mme par l'Assemblée générale des Nations unies [ https://www.un.org/unispal/about-the-nakba/ ].

DÉTAILS DE LA MANIFESTATION :

QUAND : samedi 31 mai 2025, à 13 h Rassemblement 13 h ; Discours 13 h 15 ; Départ 13 h 30 (sujet à de légères modifications au besoin).

OÙ : devant le Centre Lucien-Borne : 100 chemin Ste-Foy (intersection Salaberry)

TRAJET : une courte partie de l'ave. Cartier, du boul. René-Lévesque, de Turnbull*, mais surtout rue Saint-Jean (arrt Place D'Youville), pour terminer à l'Édifice Price (bureau de la CDPQ, près de l'Hôtel de Ville). https://www.google.com/maps/d/u/0/edit?mid=1iD6KoUWZqYuT6lX5aPxe8aWsD-ZkREE&usp=sharing
[16 mai : le SPVQ a confirmé réception et n'a aucun problème avec notre trajet.]

SITE : www.paix.reseauforum.org Liens vers les actions et les groupes à Québec. FACEBOOK : https://www.facebook.com/events/630471666640495
COURRIEL : paix@reseauforum.org

Qui sommes-nous
:

Le Collectif de Québec pour la paix est né de coalitions régionales (à Québec) en 2002 dénonçant d'abord des attaques militaires en territoires palestiniens et organisant ensuite de nombreuses manifestations importantes contre l'invasion de l'Irak en 2003. Depuis, nous avons organisé de nombreuses activités (conférences, discussions, assemblées citoyennes d'organisation, manifestations, etc.) pour demander la fin de diverses occupations militaires et situations d'oppression armée.

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Le Forum social mondial des intersections arrive à Montréal

27 mai, par Forum Social Mondial des Intersections — ,
Montréal, 24 mai 2025 – Du 29 mai au 1er juin 2025, Montréal sera l'hôte de la toute première édition du Forum social mondial des intersections (FSMI), un événement d'envergure (…)

Montréal, 24 mai 2025 – Du 29 mai au 1er juin 2025, Montréal sera l'hôte de la toute première édition du Forum social mondial des intersections (FSMI), un événement d'envergure qui réunira plus de 400 groupes issus du Québec et de partout dans le monde et près de 3 000 participant.es au sein d'un espace laissant place au partage de perspectives, de savoirs et d'interactions pour favoriser des changements systémiques. Ensemble, ils prendront part à plusieurs dizaines d'activités — ateliers, conférences, forums publics, performances artistiques — invitant à croiser espoirs et actions sur les grands enjeux de notre époque : justice sociale, climat, égalité, démocratie, droits humains, et bien d'autres.

Pour voir les affiches des différentes activités du Forum, cliquez sur l'icône

Une continuité intergénérationnelle et internationale

Propulsé par l'élan du Forum social mondial de 2016 à Montréal, un événement qui avait rassemblé plus de 35 000 personnes de 120 pays, le FSMI 2025 est aujourd'hui porté en majorité par une nouvelle génération engagée, majoritairement composée de jeunes de moins de 30 ans. En s'inscrivant dans la lignée du Forum social mondial (FSM), né en 2001 au Brésil, le FSMI poursuit la mission de créer des espaces de dialogue, d'échange, de réflexion et d'action collective. Il représente également un moment clé de mobilisation internationale en vue du FSM 2026, qui se tiendra à Cotonou, au Bénin.

Le FSMI s'associe à deux événements majeurs qui auront lieu simultanément : le collectif La Grande transition et le Festival des saveurs interculturelles de Saint-Michel. En achetant un billet pour le FSMI, les participant.es auront accès également à ces deux événements, qui auront lieu aux mêmes dates.

Une programmation ancrée dans l'action collective

Le Forum s'articule autour de trois piliers fondateurs : reconnaître le croisement des discriminations dans une perspective intersectionnelle, multiplier les intersections positives de savoirs, de générations et d'actions, et enfin développer une culture politique respectueuse et apprenante. Il proposera une programmation variée et participative, incluant :

  • La grande conférencière invitée, Kimberlé Crenshaw, figure de proue du féminisme intersectionnel, présentera une grande conférence à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
  • La directrice des commissaires de la Ville de Montréal, Bochra Manaï, ainsi que le commissaire Randy Legault-Rankin, commissaire aux relations avec les peuples autochtones, participeront à la cérémonie d'ouverture.
  • Des activités autogérées et des Assemblées d'intersections à l'UQAM et au parc François-Perrault, où les participant.es pourront échanger et co-construire des solutions autour des enjeux sociaux, environnementaux et politiques actuels.
  • Une « Anticonférence » innovante, suivie d'une soirée festive à l'Afromusée propulsée par O·N·S & Friends – A Live Dub Experience, pour déconstruire les formats traditionnels de conférence et encourager la réflexion créative dans un cadre détendu et festif.
  • Des activités participatives au cœur du quartier Saint-Michel, en collaboration avec de nombreux organismes locaux et le Festival des saveurs interculturelles de Saint-Michel, afin de renforcer les liens locaux et célébrer la diversité culturelle.
  • Des soirées festives animées à l'Afromusée et au parc François-Perrault, pour favoriser les échanges informels et la convivialité entre les participant.es.
  • Des activités expérimentales en ligne.

Et bien plus encore.

« Le Forum social mondial des intersections 2025 est bien plus qu'un événement : c'est un espace pour imaginer ensemble un avenir plus juste, mais surtout pour tisser des alliances durables, capables de transformer nos aspirations en actions concrètes. En réunissant des voix venues de tous horizons, nous voulons faire émerger des stratégies et des solutions solidaires, transformatrices et adaptées aux crises systémiques que nous traversons. À toutes celles et tous ceux qui rêvent de changement : joignez-vous à nous, faites entendre votre voix et construisons ensemble un avenir à la hauteur de nos espoirs. »

— Carminda Mac Lorin, cofondatrice et directrice générale de Katalizo.

À propos du Réseau mondial des intersections (RÉMI)
Le Réseau mondial des intersections (RÉMI) est une communauté de pratique transnationale qui facilite le processus du Forum social mondial des intersections 2025. Lancé en avril 2023, il regroupe plus de 300 organisations, collectifs et des centaines de personnes engagées provenant des quatre coins du monde. Coordonné par l'organisation montréalaise Katalizo, le RÉMI œuvre à faire du FSMI un espace ouvert, engageant et inclusif.

Pour tout renseignement
Emma Fortin
TACT
Cellulaire : 581 745-2681
efortin@tactconseil.ca

Source : Katalizo

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Déborder Bolloré | Livre à paraître le 10 juin | 128 éditeur·ices contre les empires médiatiques

27 mai, par Collectif — ,
Une collaboration exceptionnelle entre trois éditeurs québécois et 125 éditeurs français pour contrer les empires médiatiques et les idées d'extrême-droite qu'ils propagent. (…)

Une collaboration exceptionnelle entre trois éditeurs québécois et 125 éditeurs français pour contrer les empires médiatiques et les idées d'extrême-droite qu'ils propagent.

L'essai *Déborder Bolloré - Faire face au libéralisme autoritaire dans le monde du livre*, coécrit et coédité par un collectif de 128 éditeur·ices (dont les éditeurs québécois Écosociété, M éditeur et les Éditions de la rue Dorion), paraîtra en librairie le 10 juin prochain.

Si ce livre se concentre sur l'empire du milliardaire français Vincent Bolloré, de nombreux parallèles peuvent être faits avec celui de Pierre-Karl Péladeau.

L'éditeur David Murray (Écosociété) et l'éditeur Claude Rioux (Éditions de la rue Dorion) sont disponibles pour des entrevues.

*À propos du livre*

L'empire du milliardaire Vincent Bolloré est devenu en quelques années un levier majeur de la conquête du pouvoir par l'extrême-droite en France. Au-delà du déluge xénophobe, la « bollosphère » médiatique fait chaque jour la promotion de discours sexistes et homophobes légitimant les violences contre les femmes et les personnes LGBTQIA2S+, en plus de promouvoir l'avènement d'une société inégalitaire.

Ce recueil, édité collectivement par des éditeur·ices indépendant·es, alimente la réflexion générale sur la nécessité de s'opposer à l'empire Bolloré et par extension aux empires médiatiques. Chercheureuses, imprimeureuses, éditeur·ices et libraires y analysent ainsi les dynamiques de concentration et d'extrême-droitisation du marché. Chacun·e tente de
formuler, depuis sa position respective, des réponses à cette question urgente : comment faire face au libéralisme autoritaire dans le monde du livre ?

Face à de grands groupes monopolistiques qui filtrent les récits et mobilisent des moyens logistiques et médiatiques colossaux pour mener leur « guerre civilisationnelle », il nous faut lutter pour préserver des espaces essentiels de résistance et de diversité. Nous devons alors, de notre côté, mobiliser l'entièreté de notre réseau d'éditeur·ices, de diffuseurs, de libraires et de relais médiatiques pour résister. Face à la concentration par les grands groupes, faisons jouer la multiplicité et la singularité caractéristique du monde du livre indépendant.

*Au Québec, l'empire de Pierre-Karl Péladeau peut faire penser à celui de Bolloré.* Entretenant une panoplie de chroniqueurs aussi xénophobes que transphobes – dont un faisant la navette entre ses plateformes et celles de Bolloré (CNews) –, ce dernier possède les chaînes LCN et TVA, et via Québecor, des journaux, magazines et hebdomadaires les plus lus de la
province, en plus du « premier groupe d'édition, de diffusion et de distribution de langue française au Québec et au Canada », le Groupe Livres Québecor Média inc.

Écosociété, M éditeur et les Éditions de la rue Dorion, en se joignant au collectif français d'éditeur·ices et en rendant *Déborder Bolloré* disponible au Canada, veulent participer à la diffusion d'idées et d'outils contribuant à défier les empires médiatiques et éditoriaux. L'extrême-droite a pris le pouvoir aux États-Unis et elle avance partout en Occident : il est crucial, au nom de la justice sociale, de la liberté d'expression et de la dignité humaine, de défendre l'existence d'une
multiplicité de mondes.

Un *lancement-discussion aura lieu le 11 juin, 18h, à la librairie N'était-ce pas l'été* (6792 Boul. Saint-Laurent, Montréal). La discussion portera sur la concentration et l'extrême-droitisation des médias et du monde de l'édition. Elle réunira l'essayiste Philippe de Grosbois, les journalistes Claire Ross et Gabrielle Brassard-Lecours, ainsi que l'éditeur Claude Rioux.

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Il faut qu’on parle de Québecor

27 mai, par Alexandre Dumas — , ,
PKP demande du financement public alors même que ses chroniqueur·euses alimentent la haine et l'intimidation. Cette lettre est co-signée par près de 7000 personnes – (…)

PKP demande du financement public alors même que ses chroniqueur·euses alimentent la haine et l'intimidation. Cette lettre est co-signée par près de 7000 personnes – écrivain·es, artistes, chercheur·euses, enseignant·es, travailleur·euses sociales et de la santé, ouvrier·es, retraité·es, citoyen·nes, etc. La liste complète se trouve en fin de texte.

Tiré de l'Infolettre de l'R des Centres de femmes
et du site de Pivot

Par Alexandre Dumas 15 mai 2025

Pierre Karl Péladeau, PDG de Québecor, publiait le 3 mai dans Le Devoir une lettre sur la nécessité de financer les diffuseursprivés. Se désolant avec raison de la « désinformation » et de « la tolérance face aux fausses nouvelles diffusées sur les médias sociaux », il réclame le financement public des diffuseurs privés en soulignant « la nécessité d'avoir accès à une information fiable et de qualité ».

Les médias d'information possèdent un grand pouvoir : celui d'influencer le discours public et démocratique dans nos sociétés. C'est pour cette raison qu'il existe des guides déontologiques visant entre autres à prévenir les abus.

Or, les principes énoncés dans ces guides sont violés sciemment et de façon répétée par certain·es chroniqueur·euses œuvrant en grande partie dans les médias de Québecor, qui refuse d'être membre du Conseil de presse, donc de s'engager à respecter les normes reconnues par le métier.

Lorsqu'on sait que les médias de l'empire monétisent, par le truchement d'une poignée de chroniqueur·euses, la désinformation, les amalgames mensongers et les propos injurieux ou discriminatoires, la demande de financement public formulée par Pierre-Karl Péladeau nous apparaît pour le moins culottée.

D'autant plus qu'à peine six jours après la parution de sa lettre, l'un de ses chroniqueurs-vedettes, Richard Martineau, a intimidé un adolescent publiquement sur ses réseaux sociaux, le ridiculisant pour avoir exprimé son opinion dans le cadre d'une possible grève étudiante. Le jeune a aussitôt été submergé d'insultes, de moqueries et même de menaces. À ce jour, la publication est toujours en ligne, malgré les appels répétés de parents et de professionnel·les en santé mentale demandant qu'elle soit retirée.

On ne peut pas, d'un côté, réclamer des fonds publics et, de l'autre, permettre à un poulain de notre écurie de relayer à ses dizaines de milliers d'abonné·es une publication qui menace l'intégrité physique et psychologique d'un mineur.

Dénoncer, encore et encore

Chaque jour, depuis trop longtemps, certains acteurs médiatiques répètent, en ondes ou à l'écrit, les mêmes refrains obsessifs, dans une mauvaise foi qui saute aux yeux – même à ceux des étudiant·es du secondaire à qui on soumet ces textes pour en repérer les nombreux sophismes.

Ces tribuns misent sciemment sur la provocation et l'outrage pour capter l'attention, dégradant au passage notre espace public. L'insulte y est habituelle, une marque de commerce. Elle entraîne du clic et des revenus.

On observe un tel phénomène au sein de l'empire Bolloré, en France, où, comme le souligne Salomé Saqué dans Résister, « l'un lance une polémique, l'autre la commente, le dernier interpelle les politiques à son sujet ».

La convergence entre les diverses plateformes se transforme en véritable arme de désinformation et d'intimidation massive. Ainsi, une chronique radio discréditant une citoyenne prenant la parole dans l'espace public devient une vidéo Web, une chronique papier, un éditorial sur un canal d'infos en continu et des publicités commanditées. À cela s'ajoutent des publications sur Facebook et sur X, sous lesquelles les adeptes des tribuns invectivent la personne ciblée dans une litanie d'insultes qui peut durer des jours.

Les médias de l'empire monétisent, par le truchement d'une poignée de chroniqueur·euses, la désinformation, les amalgames mensongers et les propos injurieux ou discriminatoires.

La liste des personnes publiquement tournées en dérision, attaquées ou méprisées par certain·es chroniqueur·euses est longue, trop longue.

Les femmes racisées, les intellectuelles féministes, les artistes engagées sont particulièrement ciblées par un discours qui alterne l'insulte gratuite, le mépris condescendant et la diffamation. La publication visant l'adolescent mentionnée en début de texte n'a été que la goutte qui a fait déborder un vase au contenu fielleux et visqueux, déjà beaucoup trop plein.

Ce n'est pas d'hier que cette intimidation médiatique est dénoncée. En 2023, Le Devoir a publié la lettre « Ce ne sont pas que des mots », signée par 388 personnes. En 2021, le collectif Liberté d'oppression avait lui aussi revendiqué que cessent les mensonges, la désinformation et l'incitation à la haine émanant de certains médias et chroniqueurs :il avait récolté 10 000 signatures.

Dans la foulée, le président de la Fédération professionnelle des journalistes, Michaël Nguyen, avait déploré « que le collectif n'ait pas cité clairement les médias visés », ce qui était délibéré. Nommer, c'est parfois s'offrir en pâture.

Mais aujourd'hui, nous en avons assez d'avoir peur et faisons front pour mettre fin, une fois pour toutes, à l'intimidation médiatique. Aujourd'hui, nous affirmons que les modèles d'affaires reposant sur la monétisation de la haine ne sont pas dignes des subventions supplémentaires que leurs dirigeants réclament.

Ça a assez duré.

Le paradoxe de l'intolérance

En 1945, le philosophe Karl Popper énonçait ainsi le paradoxe de la tolérance : « Si nous étendons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants […] les tolérants seront anéantis, et la tolérance avec eux. »

Cette mise en garde, rédigée à l'ombre des totalitarismes, n'a rien perdu de sa pertinence. Elle trouve même un écho saisissant dans notre espace médiatique actuel.

Nous ne pouvons tolérer que le pouvoir exercé par certaines entreprises médiatiques leur serve à abuser et à intimider des Québécois·es, plombant leur liberté d'expression et leur sécurité.

Nous demandons aux gouvernements du Québec et du Canada d'ignorer toute demande de soutien financier supplémentaire émanant de Pierre-Karl Péladeau ou des médias de Québecor, et ce, tant qu'ils n'auront pas démontré, sans équivoque, leur volonté de respecter les guides de déontologie du journalisme, de participer aux mécanismes de contrôle indépendants et de contribuer de manière responsable à la discussion collective.

La liberté d'expression n'existe que lorsqu'elle est assurée pour tou·tes et non pas seulement pour ceux et celles qui bénéficient d'importantes tribunes.

Le 29 avril dernier, la députée Ruba Ghazal a fait adopter à l'unanimité par l'Assemblée nationale une motion qui condamne l'intimidation et le harcèlement en ligne visant les femmes qui prennent la parole, motion qui réaffirme l'importance de protéger l'espace public contre la haine. Ce pas, important, doit être le premier de plusieurs.

Ainsi, nous réclamons d'urgence un débat public sur le financement des médias : il est impératif de fixer un cadre qui décrit les conditions éthiques minimales à respecter pour accéder à des fonds publics dans le domaine médiatique. Ce cadre doit aussi englober les publications faites à titre personnel sur les réseaux sociaux par les tribuns, qui font pleinement partie de l'équation et participent à l'écosystème de l'intimidation.

Il est tentant de dire que « les personnes visées n'ont qu'à porter plainte », mais ne soyons pas dupes : les attaques sont si quotidiennes et répétées que les mécanismes de plainte existants censés protéger les citoyen·nes ne suffisent pas à régler le problème de fond : l'emploi de l'injure comme carburant toxique dans la course aux clics. Il est donc primordial que les pouvoirs publics se penchent rapidement sur ce problème pour y apporter enfin des solutions concrètes.

La liberté d'expression n'existe que lorsqu'elle est assurée pour tou·tes et non pas seulement pour ceux et celles qui bénéficient d'importantes tribunes. Liberté d'expression et liberté d'oppression ne sont pas des synonymes. Ne pas tolérer l'intolérance, ce n'est pas censurer : c'est refuser que la parole des riches et puissant·es devienne une arme contre une partie de la population. C'est protéger le climat social en défendant un espace commun où la parole critique de chacun·e peut exister sans menace, où la diversité des idées ne se confond pas avec le mépris, l'insulte et le harcèlement.

Les médias doivent reconnaître leur responsabilité dans l'épidémie de violence et agir en conséquence.

Recevoir des fonds publics est un privilège, pas un droit.

Vois les signatures sur le site de Pivot

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12 travaux pour transformer les villes et les villages du Québec

27 mai, par Vivre en ville — , ,
Québec, le 8 mai 2025 – À l'occasion d'un webinaire tenu aujourd'hui, Vivre en Ville a dévoilé les 12 travaux de nos collectivités, une plateforme d'engagements concrets (…)

Québec, le 8 mai 2025 – À l'occasion d'un webinaire tenu aujourd'hui, Vivre en Ville a dévoilé les 12 travaux de nos
collectivités, une plateforme d'engagements concrets destinée aux candidats et candidates municipaux en vue des élections du 2 novembre prochain. Avec sa plateforme_ Les 12 travaux de nos collectivités_, l'organisme propose 12 engagements structurants, adaptables à toute plateforme électorale, pour répondre aux défis pressants de notre époque : crise de l'habitation, étalement urbain, verdissement, mobilité, climat.

Maintenir le leadership municipal dans l'action climatique

Vivre en Ville recommande en premier lieu aux futurs candidats et candidates de s'engager à être en première ligne des nécessaires transformations du territoire et de nos milieux de vie afin de maintenir le leadership municipal dans l'action climatique.

« Dans ces temps troubles, notamment liés à la situation aux États-Unis, il peut être tentant de faire passer au second plan l'urgence socioécologique dans laquelle nous sommes. S'engager à redoubler d'efforts pour mettre en place les changements de pratiques nécessaires en s'assurant de ne laisser personne derrière est un positionnement incontournable » rappelle Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.

La plateforme complète, incluant les 12 propositions détaillées, est disponible ici :
https://carrefour.vivreenville.org/dossier/elections-municipales-2025 [1]


Les 12 travaux pour bâtir l'avenir

Fruit de trois décennies d'expertise dans tous les aspects des milieux de vie, cette plateforme propose des solutions concrètes, immédiatement applicables, quelle que soit la taille ou la région de la municipalité. Elle vise à outiller les candidats et candidates pour bâtir des collectivités qui sauront traverser les crises.

Voici les 12 travaux proposés :

* S'assurer que chaque terrain soit utilisé à son plein potentiel pour planifier la sobriété territoriale.
* Renforcer le centre-ville, les rues principales et les noyaux villageois dès la première année du prochain mandat.
* Permettre à chaque ménage d'accéder à un logement adéquat et de qualité en accélérant la construction d'habitations, en priorisant le logement à but non lucratif.
* Cesser l'étalement urbain sur les milieux naturels et mettre en place une protection pour les milieux d'intérêt.
* Récupérer de l'espace afin de verdir les milieux de vie, notamment en réduisant la place dédiée au stationnement.
* Identifier les corridors écologiques, assurer leur conservation et consolider une trame verte et bleue.
* Soutenir la décarbonation des bâtiments notamment par des programmes innovants d'aide financière à l'amélioration de l'efficacité énergétique.
* Donner plus de place à la marche et au vélo et faciliter leur pratique au quotidien, en toute saison.
* Améliorer l'offre de transport collectif urbain, interurbain et régional. S'engager, en milieu urbain, à développer des parcours à grande fréquence et en site propre.
* Développer une communauté nourricière et ne demander aucun dézonage agricole au cours du prochain mandat.
* Utiliser les leviers d'écofiscalité, notamment afin d'influencer les choix et comportements des acteurs immobiliers et économiques.
* Adopter une lunette équité dans l'élaboration et la mise en œuvre de chaque programme, mesure ou politique municipale.

« Les municipalités sont aux premières loges des grandes crises que nous vivons. Avec ces 12 travaux, nous donnons des leviers concrets aux futures équipes municipales pour bâtir un avenir plus viable. Ce n'est pas le moment de relâcher nos efforts, c'est le moment d'agir », déclare Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.


Un leadership municipal inspirant

Mathieu Maisonneuve, maire de Saint-Lin-Laurentides, présent lors du lancement, s'est distingué durant son mandat par son ambition et son engagement en matière de planification de milieux de vie durables.

« Les propositions de Vivre en Ville sont non seulement pragmatiques, mais elles touchent directement aux défis réels que vivent nos communautés aujourd'hui. Les candidates et les candidats qui souhaitent proposer des projets porteurs et rassembleurs pour leur milieu ont tout à gagner à s'en inspirer. Adopter ces politiques, c'est choisir l'équité, la
durabilité et l'avenir », a déclaré Mathieu Maisonneuve, maire de Saint-Lin-Laurentides.

À propos de Vivre en Ville

Vivre en Ville ouvre la voie aux nécessaires transformations du territoire et de nos milieux de vie. Notre approche mise sur la sobriété, la proximité et le renforcement des solidarités pour soutenir l'épanouissement de tous et toutes, assurer la vitalité des collectivités, préserver la santé des écosystèmes et traverser les crises.

Depuis près de 30 ans, Vivre en Ville met l'audace, la rigueur et la collaboration au service de l'intérêt collectif. Combinant des
compétences variées et complémentaires en aménagement, mobilité, alimentation, habitation et verdissement, son équipe propose des stratégies sensibles à chaque milieu et déclinées à toutes les échelles. Organisation à but non lucratif, Vivre en Ville est reconnue tant pour sa contribution au débat public que pour ses nombreuses publications et ses activités de formation, de sensibilisation et d'accompagnement, menées partout au Québec.

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Contre les spéculateurs partout, du logement social ici, et maintenant !

27 mai, par Table citoyenne du littoral Est — , ,
Québec, le 20 mai 2025 – Dans le cadre de la semaine nationale d'actions et d'occupations du FRAPRU, la Table citoyenne Littoral Est demande aux gouvernements municipal et (…)

Québec, le 20 mai 2025 – Dans le cadre de la semaine nationale d'actions et d'occupations du FRAPRU, la Table citoyenne Littoral Est demande aux gouvernements municipal et provincial de mettre en place des moyens concrets pour bonifier l'offre de logement social afin qu'il atteigne 20% du marché locatif d'ici 15 ans.

La gentrification et la spéculation se répandent dans nos quartiers

Nous nous trouvons ce matin au coin du boulevard Henri-Bourassa et du chemin de la Canardière. Juste en face, une ancienne RPA a été convertie en logements hors de prix : au “Mezz”, un trois et demi coûte 1350$ par mois. Un peu plus au nord sur le boulevard Henri-Bourassa, cinq terrains ont été rachetés par un promoteur immobilier et des locataires ont récemment appris qu'ils seront évincés Enfin, l'ancien emplacement de Gaétan Moto, où notre action se déploie ce matin, a récemment été vendu par le groupe Brivia. L'automne dernier, nous avons interpellé la Ville de Québec afin qu'elle mette ce terrain à l'abri de la spéculation en utilisant sa réserve foncière destinée au logement social, demande à laquelle elle n'a pas donné suite. « Quel manque de vision ! » dénonce Azélie Rocray, coordonnatrice de la Table citoyenne. Cette réserve est un un
investissement : ces terrains sont réservés, en attente d'être revendus à des développeurs de logements sociaux. Malheureusement, plusieurs terrains dorment actuellement dans cette réserve en attente d'un financement structurant du
gouvernement provincial.

La clé : le logement social !

Pendant ce temps, la crise du logement continue de prendre de l'ampleur d'une année à l'autre : « Sur la majorité de notre territoire, 20% à 60% des ménages vivent des besoins impérieux en matière de logement, alors qu'on enregistre une augmentation du coût du loyer moyen de 15% en Basse-Ville de Québec depuis l'an dernier seulement » dénonce Azélie Rocray. Développer le logement social, c'est-à-dire les coopératives et OSBL d'habitation de même que les logements publics (HLM), est le seul moyen viable à long terme pour freiner l'augmentation du coût des loyers et pour garantir des
logements décents à tous ceux et celles qui en ont besoin.

Les gouvernements doivent agir maintenant !

Depuis l'abolition du programme Accès Logis en 2023 par la CAQ, il est plus difficile que jamais de construire des nouveaux logements sociaux. Le gouvernement du Québec doit se doter d'un programme de subvention dédié au logement social ; il doit se doter d'objectifs chiffrés de développement et mobiliser toutes les ressources nécessaires (fonds publics, terrains, prêts) afin de doubler le nombre de logements sociaux disponibles sur le marché.

Pour sa part, la ville de Québec dispose de plusieurs leviers pour promouvoir le développement de logement social et freiner la spéculation immobilière, elle doit les utiliser ! « La ville doit d'une part doubler les montants octroyés à sa réserve foncière
et exercer son droit de préemption sur toutes les RPA et les maisons de chambre de nos quartiers, afin de protéger de l'éviction ces populations particulièrement vulnérables »
réclame Azélie Rocray.

Concernant le terrain visé par l'action d'aujourd'hui, la Table citoyenne reste à l'affût et sera prête à se mobiliser si un nouveau projet gentrificateur s'annonce : Ce terrain ne doit pas être le prochain « ilot Dorchester » ! –30

la Table citoyenne Littoral Est

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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

gauche.media

Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.

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