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Oui, trop tard pour qu’Israël et les israéliens se libèrent de leurs démons génocidaires !

10 juin, par Yorgos Mitralias — , ,
Après vingt mois de massacres quotidiens de civils -surtout des femmes et des enfants- et des actes d'un indicible sadisme mortifère, dont la famine organisée contre les (…)

Après vingt mois de massacres quotidiens de civils -surtout des femmes et des enfants- et des actes d'un indicible sadisme mortifère, dont la famine organisée contre les habitants de Gaza, l'État israélien, mais aussi la société israélienne, voient leur heure de la vérité approcher comme jamais auparavant

* Par Yorgos Mitralias*

Alors, l'État sioniste peut-il devenir « normal », un État plus ou moins pareil aux autres ? En somme, est-il « réformable » ou est-il condamné à s'enfoncer de plus en plus dans la barbarie raciste, obscurantiste et exterminatrice de ses voisins qu'il traite de sous-hommes ? Et la société israélienne, peut-elle se défaire de ses fascistes et aspirants dictateurs ou il est déjà trop tard pour qu'elle se libère de ses tentations totalitaires et de ses démons suprématistes ?*

La réponse à ces interrogations est donnée d'abord par les événements de ces vingt derniers mois. Évènements qui ont vu l'État israélien franchir l'une après l'autre toutes les « lignes rouges », non seulement en se transformant en une machine à tuer massivement et en commettant les pires crimes contre l'humanité, mais aussi en les revendiquant publiquement,
allant jusqu'à se déclarer systématiquement fier de ces « exploits » macabres ! Le constat est donc catégorique : *l'État israélien suit une évolution inexorable et pleinement assumée vers sa transformation en État criminel et hors la loi !*

Mais, ce qui rend cette évolution encore plus redoutable et sinistre c'est qu'elle est rendue possible par la complicité active et l'approbation enthousiaste de la très grande majorité des citoyens israéliens ! Cette amère, et si dangereuse, vérité qu'on avait pu constater jour après jour ces vingt derniers mois, est maintenant pleinement confirmée par les conclusions d'une enquête d'opinion publiée par Haaretz (1) et passée – « évidemment » - presque sous silence par les grands médias de nos pays : *82% des Israéliens veulent expulser les Palestiniens de Gaza, et 47% d'eux veulent les tuer tous, enfants inclus !*

Et aussi, 56% des Juifs israéliens veulent expulser d'Israël ses citoyens Palestiniens, et ce pourcentage monte a 66% pour les Israéliens de moins de 40 ans. Il est à noter que, selon la même enquête, 70% des Israéliens dits « libéraux » et laïcs soutiennent l'expulsion des Gazaouis de leur terre, ce qui nous éclaire déjà sur la vraie nature de leurs manifestations contre
Netanyahou et son gouvernement : oui, ils veulent très sincèrement renverser ce gouvernement, et une partie d'eux, surtout les familles des otages, veulent le cessez-le feu. Mais, tout ça ne veut pas dire qu'ils veulent une paix durable avec les Palestiniens, ni qu'ils sont contre leur expulsion de Gaza ou même contre leur extermination. D'ailleurs, il suffit de lire attentivement la plupart de leurs proclamations pour voir que, sauf rares et très louables exceptions, ils ne sont pas contre ou même soutiennent la reprise de la guerre d'extermination contre les Palestiniens après un cessez-le-feu qui permettrait la libération des otages détenus pas Hamas.

De même, l'énorme pourcentage (97% !) des Ultra-orthodoxes (*Haredim*) qui soutiennent l'expulsion de Gazaouis devraient rendre plus circonspects ceux qui dans nos pays, s'empresseraient de penser du bien du parti de ces mêmes Haredim vu qu'il prépare, ces jours-ci, la chute du gouvernement Netanyahou. *En Israël, on peut être contre Netanyahou et être aussi
mauvais ou même pire que lui…*

La réponse aux interrogations de l'heure de la vérité israélienne, que donnent tant les événements des derniers vingt mois, que l'enquête d'opinion déjà citée, ne laisse donc aucun doute : Non, ce monstrueux Etat sioniste n'est pas « réformable », comme d'ailleurs n'est pas « réformable » la societe israélienne qui soutient activement ses politiques génocidaires ! Ce qui a comme conséquence que *même si Netanyahou est éloignée du pouvoir, les politiques criminelles continueront parce qu'elles correspondent aux vœux de la très grande majorité de la population juive d'Israël*. Alors, inutile de parler des divers
« solutions » du problème moyen-oriental (un ou deux états) avant de répondre a la question primordiale : que faire de l'État sioniste et surtout que faire de cette société israélienne ?

Il y a 16 mois, en décembre 2023, on écrivait déjà que « *le massacre méthodique et le nettoyage ethnique des Palestiniens qui a commencé avec la liquidation de ce qui est ce véritable ghetto de Gaza, se font en toute conscience car ils correspondent aux objectifs historiques du projet sioniste : la création, par l'extermination, l'expulsion et la soumission des indigènes, d'un État exclusivement juif sur l'ensemble des terres du Grand Israël !* ». Et on continuait en tirant la conclusion suivante : *« un
tel État est par nature monstrueux, inhumain et... irréformable » …et « la solution qui s'impose crève les yeux : il faut changer cet État de fond en comble, afin de le rendre au moins « normal »,« comme les autres ». En somme, il faut le dé-sioniser* ».(2)

Arrivés à cette conclusion, on s'interrogeait comment faire pour de-sioniser Israël. Alors, on se tournait vers deux grandes expériences du passé qui pourraient nous aider : celle de l'Allemagne nazie, et celle de l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Et voici ce qu'on écrivait : « *La dénazification de l'Allemagne à la fin de la Deuxième Guerre mondiale a été imposée par les puissances qui l'ont vaincu sur le champ de bataille. L'Apartheid sud-africain, la « purification » et la « normalisation » de
l'État s'est faite de l'intérieur, à l'initiative de deux populations jusqu'alors ennemies. Sur la base de ces précédents, on peut déjà exclure l'application à Israël du modèle de la dénazification allemande parce qu'il présupposerait la défaite militaire d'Israël, ce qui conduirait très probablement à un terrible bain de sang de sa population juive*
».

Ayant donc exclu la dénazification a l'allemande, notre article d'alors se déclarait en faveur de « *la variante sud-africaine qui suppose que la dé-sionisation d'Israël vienne de son intérieur, à l'initiative de ses propres citoyens* ». Aujourd'hui, tenant compte non seulement des massacres et autres crimes contre l'humanité, perpétrés, jour après jour, par l'État israélien à Gaza -mais aussi de plus en plus en Cisjordanie. Et tenant compte surtout des dispositions pogromistes et exterminatrices de la grande majorité des citoyens (juifs) d'Israël, nous ne pensons plus comme il y a 16 mois, en décembre 2023 : *Un scénario de dé-sionisation à la sud-africaine de la société israélienne nous paraît improbable sinon impossible*, d'autant plus que le temps court contre une éventuelle « pacification » de cet État et de cette société.

Malheureusement, ce qui apparait déjà, mais en filigrane, dans l'horizon israélien est la purge de cette société d'abord de ses (rares) éléments critiques du génocide palestinien, et ensuite de tout citoyen (juif) qui osera revendiquer des droits et libertés démocratiques. Alors, confrontés à une telle situation dominée par une extrême droite fascisante, obscurantiste, très agressive et violente, il est très probable qu'on assistera à l'exacerbation et la généralisation d'un phénomène qui pointe déjà le nez : l'exode massive d'Israël de ses citoyens tant soit peu libéraux et laïcs qui tiennent à leurs droits individuels les plus
élémentaires. Le résultat d'une telle évolution sera qu'il n'y aurait plus en Israël que des factions d'extrémistes plus ou moins délirantes et suprématistes, lesquelles tôt ou tard se battront entre elles, tout en inventant des nouveaux « ennemis » qu'il faudra bombarder sinon exterminer afin de perpétuer leur pouvoir fondé d'ailleurs sur le sentiment d'extrême insécurité qui résulte du mythe fondateur d'un Israël prétendument condamné à vivre encerclé par des ennemis soi-disant héréditaires.

Notre conclusion ne pourrait pas être optimiste, d'autant plus que nous ne voyons pas comment les Israéliens pourraient redevenir des êtres plus ou moins « normaux », arrêtant de favoriser, et de pratiquer, le nettoyage ethnique et l'extermination des Palestiniens, et demain peut-être d'autres de leurs voisins, au nom du mythe de ce Grand Israël biblique qu'il faut
reconstituer. Donc, pour l'instant nous ne sommes sûrs que d'une chose : quand Israël rencontrera ses premières vraiment grandes difficultés, et ses soutiens d'aujourd'hui, qui sont des antisémites patentés, se tourneront de nouveau contre les juifs, ceux qui prendront leur défense seront, de nouveau, les mêmes qui les ont toujours défendus bec et ongles et au péril
de leur vie. C'est-à-dire ces quelques gens de gauche, de préférence des révolutionnaires, qu'on ose qualifier aujourd'hui d'antisémites…

*Notes*

*1.*
https://geopoliticaleconomy.com/2025/05/30/poll-israelis-expel-palestinians-gaza-genocide/

*2.* Voir *Pour que les horreurs du carnage de Gaza soient les derniers Purger l'État d'Israël de ses fondements sionistes ! :
**https://www.pressegauche.org/Pour-que-les-horreurs-du-carnage-de-Gaza-soient-les-derniers-purger-l-Etat-d
<https://www.pressegauche.org/Pour-q...> *

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Gaza à la lumière de Fanon

Dans le cadre du colloque scientifique international sur Frantz Fanon « Guerrier Silex », qui s'est tenu le 31 mai à l'Hôtel Karibea de Sainte-Luce, dans le sud de la (…)

Dans le cadre du colloque scientifique international sur Frantz Fanon « Guerrier Silex », qui s'est tenu le 31 mai à l'Hôtel Karibea de Sainte-Luce, dans le sud de la Martinique, j'ai présenté une conférence sur l'héritage de Frantz Fanon. Organisé par l'association First Caraïbes, dirigé par le psychiatre et militant Aimé Charles-Nicolas, cet événement a rendu hommage à l'œuvre et à la pensée de Fanon.

Tiré du blogue de l'auteur.

Je voudrais commencer par remercier Aimé Charles-Nicolas et les organisateurs de cette conférence de m'avoir invité à participer à cet événement historique. Il est particulièrement exaltant pour moi de me trouver en Martinique, dans un lieu où Fanon a grandi et qui a eu une influence profonde sur son imagination et sur sa pensée – un lieu qui, comme vous le savez sans doute, l'a hanté jusqu'à la fin d'une existence tragiquement écourtée, ce d'autant plus qu'il n'a jamais pu y retourner une fois qu'il a rejoint la lutte pour la libération nationale de l'Algérie.

Lorsque j'ai commencé à travailler sur ma biographie de Fanon, je connaissais déjà ses racines martiniquaises, sa dette envers Aimé Césaire et son influence sur les écrits d'auteurs comme Edouard Glissant ou Patrick Chamoiseau. Mais ce n'est qu'à l'occasion de mes recherches que j'ai pris conscience de l'extraordinaire richesse et de la créativité de la tradition intellectuelle et poétique de la Martinique, qui imprègne tous les écrits de Fanon, et pas seulement Peau noire, masques blancs. Si Fanon a fini par s'identifier publiquement comme un Algérien, il est resté profondément attaché à la Martinique, et seul un Antillais aurait pu écrire Les Damnés de la terre, qui dépeint la société coloniale à travers le prisme des sociétés de plantation du Nouveau Monde.

Donc, encore une fois, un grand merci : je suis très reconnaissant d'être accueilli par vous ici.

On m'a demandé de parler de « Gaza à la lumière de Fanon ». Avant d'aborder ce sujet, j'aimerais inverser le titre proposé et parler de « Fanon à la lumière de Gaza », car la lecture qu'on peut faire aujourd'hui de cet auteur est forcément surdéterminée par les événements du 7 octobre et leurs conséquences.

Lorsque j'ai achevé la version anglaise de ce livre pendant l'hiver 2022, je m'attendais plutôt à ce qu'il soit lu à travers le prisme de la vague de manifestations contre l'assassinat de George Floyd par la police de Minneapolis un an et demi auparavant, ainsi que du débat que ce mouvement de protestation avait suscité autour des questions d'identité raciale et de l'expérience d'être noir sous la domination blanche. Mais ce contexte herméneutique a connu une métamorphose dramatique le 7 octobre 2023, lorsque des combattants du mouvement islamiste Hamas et d'autres factions palestiniennes ont franchi la frontière sud d'Israël, tuant près de 400 soldats et plus de 700 civils israéliens, et repartant avec 250 otages entre leurs mains. En quelques jours, Fanon a été tour à tour célébré et vilipendé sur les médias sociaux comme l'inspirateur intellectuel de l'attaque dite du « déluge d'Al-Aqsa », faisant ainsi l'objet d'un curieux consensus entre la gauche décoloniale et la droite sioniste. Dans un article intitulé « Vengeful Pathologies » paru dans la London Review of Books début novembre 2023 et traduit en français – sous le titre « Pathologies de la vengeance » – par le site Orient XXI, j'ai essayé de compliquer cette lecture, qui remonte à la célèbre préface de Sartre pour Les Damnés de la Terre. Lorsque mon livre est paru deux mois plus tard, j'ai été attaqué simultanément sur deux fronts : par les conservateurs pro-israéliens, qui m'accusaient de normaliser la croyance de Fanon en la violence, et par certains secteurs de la gauche radicale, qui me reprochaient de tenter de la neutraliser.

De l'avis de mes critiques, j'avais commis l'erreur impardonnable de vouloir injecter un peu de nuance dans le rapport de Fanon à la violence. Cette perception du révolutionnaire martiniquais comme incarnation d'une vision purificatrice et presque extatique de la violence anticoloniale évoque à mes yeux les observations de Fanon lui-même sur l'image de l'homme noir en Occident. Dans Peau noire, masques blancs, il écrit que le Noir est censé représenter tout ce qui relève de l'instinct biologique et des pulsions érotiques et violentes que les Blancs – et d'autres - préfèrent désavouer en eux-mêmes. Il n'est donc pas étonnant que Fanon continue d'être perçu comme un champion de la violence aveugle et absolue. Les écrits et la personnalité du psychiatre antillais ne sont dès lors qu'un écran sur lequel aussi bien les fanoniens que les anti-fanoniens projettent leurs peurs et leurs fantasmes. Or, fait remarquable en ce qui concerne le conflit israéolo-palestinien, Fanon a été symboliquement enrôlé comme combattant et guide idéologique d'une lutte sur laquelle il n'a jamais écrit un seul mot.

Certes, les passages de Fanon susceptibles d'être cités à l'appui de ce type d'arguments en faveur de la violence ne manquent pas. Il est exact que Fanon était partisan de la lutte armée : dans son esprit, la décolonisation était un processus intrinsèquement violent, et la violence était indispensable non seulement pour renverser le colonialisme, mais aussi pour surmonter la léthargie, l'impuissance et le fatalisme qu'il avait induits chez les colonisés. Il était hanté par l'idée que, si la Martinique et d'autres îles des Antilles n'avaient pas réussi à conquérir une liberté authentique, c'est parce qu'elles n'avaient jamais mené une véritable lutte contre leurs oppresseurs, contrairement au peuple haïtien. En réalité, la Martinique avait elle aussi connu ses révoltes d'esclaves, mais Fanon n'était pas familier de cette histoire, en partie à cause des lacunes et des silences de l'historiographie coloniale française. Ce sentiment obsédant d'un échec martiniquais a profondément marqué sa réflexion sur la révolution anticoloniale. Dans Les Damnés de la terre, comme l'a souligné Jean Khalfa, Fanon semble non seulement analyser la violence de la lutte anticoloniale, mais aussi en tirer une certaine jouissance, la présentant comme une sorte de nécessaire thérapie de choc. À mesure que la répression de la révolte algérienne par la France se faisait plus brutale et se traduisait par l'éradication de villages entiers, l'utilisation systématique de la torture et la disparition de milliers de personnes suspectes de sympathiser avec le FLN, Fanon manifestait de plus en plus son soutien aux attentats à la bombe et aux actions armées visant les civils. Il déclare même à un moment donné que tout Français présent sur le sol algérien est coupable, et constitue donc, apparemment, une cible légitime. Notons qu'il s'agit d'un raisonnement que certains de ses propres camarades au sein du FLN rejetaient.

En même temps, Fanon était manifestement perturbé par la violence, et pas seulement par celle du colonisateur. On perçoit son désarroi à ce sujet dans L'An V de la révolution algérienne, où il déplore la « brutalité presque physiologique » dont font preuve certains rebelles, et, surtout, dans le dernier chapitre des Damnés de la terre, intitulé « Guerre coloniale et troubles mentaux ». Il y évoque le meurtre d'un adolescent européen par deux de ses camarades algériens, ainsi que les troubles post-traumatiques dont souffrent les soldats rebelles ayant commis des crimes de guerre. Dans sa reconstitution poignante de la rencontre entre Fanon et Sartre à Rome en 1961, Simone de Beauvoir décrit un homme hanté par la violence dont il a été témoin et terrifié à l'idée de celle qu'il anticipait. Il se reprochait la mort de son mentor, le dirigeant nationaliste Abane Ramdane, assassiné par ses propres camarades au Maroc, et prédisait qu'au lendemain de l'indépendance, les règlements de compte et les accusations de trahison risquaient de provoquer un bain de sang. Par conséquent, pour pouvoir présenter Fanon comme un partisan inconditionnel de la violence, il faut en faire une lecture très sélective.

On ne peut que spéculer sur ce qu'il aurait pu dire au sujet de la Palestine. Il fait allusion dans Les Damnés de la terre aux réparations allemandes accordées à l'État juif après la guerre, mais ne mentionne jamais la Nakba, ni le sionisme, ni le colonialisme de peuplement qui est au fondement de l'existence d'Israël. S'il avait vécu assez longtemps pour voir la guerre des Six Jours en 1967 et assister à l'émergence de ce pays en tant que puissance occupante, il n'aurait sans doute pas manqué d'aborder la question. Dans le monde intellectuel francophone, ses contemporains ont réagi à la question palestinien de manière assez diverse. Claude Lanzmann, sioniste convaincu, n'a pas hésité à faire un usage assez pervers des thèmes fanoniens en célébrant le culte de la force prôné par Israël et en présentant Tsahal comme l'armée de libération nationale du peuple juif. Sartre, à qui sa visite de l'État juif à la veille de la guerre de 1967 avait laissé un goût plutôt amer, oscillait entre une défense embarrassée des Israéliens et des expressions sporadiques de soutien à la lutte armée des Palestiniens. Des historiens militants comme Pierre Vidal-Naquet et Mohammed Harbi se sont vigoureusement opposés à l'occupation et à l'expansionnisme brutal d'Israël et invoquaient une solution qui permettrait aux Arabes palestiniens et aux Juifs israéliens d'affirmer leur identité nationale tout en partageant équitablement la terre. Jacques Vergès, avocat du FLN pendant la guerre d'indépendance algérienne, s'alignait sur les positions du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et d'autres groupes armés qui prônaient une décolonisation totale et violente, laissant planer l'incertitude sur l'existence des Juifs en Israël-Palestine. Par ailleurs, à la fin des années 1960, les organisations de la résistance palestinienne, du Fatah au FPLP en passant par le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), ont de fait « palestinisé » Fanon en adoptant ses thèses et en distribuant des traductions des Damnés de la terre dans les camps d'entraînement de fedayines en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Il est presque impossible d'imaginer Fanon se rangeant du côté de Lanzmann, mais aurait-il suivi les traces de Harbi et de Vidal-Naquet, ou bien celles de Vergès et du FPLP ? On peut défendre aussi bien l'une ou l'autre de ces hypothèses, car nous l'avons vu, les opinions de Fanon sur la violence étaient complexes et parfois contradictoires. En outre, nous ne savons pas ce qu'il aurait pensé de la version spécifique du colonialisme de peuplement propre au sionisme, compte tenu de la Shoah et des liens ancestraux des Juifs avec la Palestine. Tout comme Sartre, il soutenait les mouvements de libération nationale dans le monde arabe, mais avait de nombreux amis juifs et connaissait parfaitement l'histoire de l'antisémitisme en Europe. Aurait-il considéré le sionisme comme l'expression idéologique d'un simplement mouvement de conquête coloniale, et donc un phénomène à combattre avec les mêmes moyens qu'en Algérie, ou bien à la fois comme une forme de colonialisme et un projet national, exigeant dès lors des stratégies de résistance différentes ? Et ne devait-on pas considérer les Juifs israéliens comme différents des pieds noirs ?

Là encore, il est impossible de trancher, et l'œuvre de Fanon se prête à différentes lectures de ces questions. Dans L'An V de la révolution algérienne, il envisage un avenir dans lequel les Européens ayant embrassé la lutte pour l'indépendance seraient considérés comme des Algériens et vivraient aux côtés des musulmans sur un pied d'égalité ; mais à d'autres moments, il semble avoir une vision plus pessimiste des possibilités de coexistence. Autrement dit, invoquer le nom de Fanon à propos du 7 octobre et de Gaza, c'est ouvrir le débat, mais certainement pas le résoudre. Je ne pense pas qu'il faille s'en plaindre. Fanon ne demandait pas à ses aînés – ou aux auteurs qui l'ont précédé – de lui apporter des réponses toutes faites. Pourquoi nous comporter différemment ? C'est à nous qu'il revient de décider comment nous pouvons appliquer ses idées à la Palestine, en effectuant un véritable « saut » interprétatif – ou plutôt, un saut qui, je cite, « consiste à introduire l'invention dans l'existence ». Il ne s'agit donc pas de suivre servilement la lettre de ses écrits, mais d'être fidèle à l'esprit de son humanisme radical : comment mettre ses analyses au service des opprimés, de la liberté et de ce qu'il appelait la « désaliénation ».

Les parallèles entre le conflit israélo-palestinien aujourd'hui et l'Algérie du milieu des années 1950 n'auraient certainement pas échappé à Fanon. Tout comme l'Algérie française, Israël est fondé sur les ruines d'une autre société ; ses efforts incessants pour coloniser la terre et déposséder la population indigène se sont accélérés au cours des dernières années et ont été marqués par une brutalité croissante. Bien que les colonies israéliennes de Gaza ait été démantelées il y a près de 20 ans, le territoire est resté sous le contrôle et la surveillance étroite de l'État juif. Depuis 2007, la bande de Gaza est soumise à un blocus punitif dont on ne voit pas la fin. Jusqu'au 7 octobre, les Israéliens pensaient l'avoir neutralisée, instaurant même un partenariat tacite avec le Hamas, dont les dirigeants à Doha recevaient des millions de dollars transportés par les valises du gouvernement de Benjamin Netanyahou. Il y régnait un calme inquiétant, le calme de la « pacification », qu'Israël confondait avec la paix tout en cherchant à négocier des accords avec les dirigeants des États du Golfe.

Le 7 octobre, cette illusion de paix imposée par les conquérante a été brisée. Le « déluge d'Al-Aqsa » est une offensive traumatisante qui a brisé le sentiment d'invincibilité d'Israël et qui rappelle de manière frappante le soulèvement de Philippeville en 1955, « point de non-retour » de la guerre franco-algérienne, selon la formule de Fanon. Dans les deux cas, les actes de résistance légitime visant des soldats étaient mêlés à d'horribles crimes de guerre, dont des massacres sommaires de civils. On ne peut pas savoir si Fanon aurait établi de telles distinctions, mais ses écrits nous permettent de mieux comprendre pourquoi le 7 octobre s'est produit et pourquoi il a pris cette forme-là. L'auteur des Damnés de la terre n'a jamais manqué de le souligner : la violence anticoloniale est une contre-violence ; elle répond à la violence bien plus grande qui émane du système colonial et le définit. Et elle se manifeste partout où le système colonial a rendu le dialogue impossible. Fin 2023, ce n'était pas seulement le Hamas, mais le mouvement palestinien tout entier, qui se trouvait dans une impasse stratégique, incapable d'obtenir des concessions de la part d'Israël et courant le risque d'être complètement oublié par la communauté internationale. Le 7 octobre n'est pas sorti de nulle part.

L'œuvre de Fanon nous aide aussi à comprendre les pulsions les plus obscures qui ont animé le massacre de centaines d'habitants de kibboutz et de participants à une rave party. « Le colonisé, écrit-il, est un persécuté qui rêve en permanence de devenir persécuteur. » Le 7 octobre, ce rêve s'est réalisé pour ceux qui ont franchi la frontière sud d'Israël : les Israéliens allaient enfin éprouver le sentiment d'impuissance et de terreur que les Gazaouis avaient connu toute leur vie. En tant que psychiatre, Fanon n'aurait d'ailleurs eu aucun mal à comprendre pourquoi les Palestiniens ont pris les armes contre ceux qui les avaient dépossédé des terres de leurs ancêtres, imposé un blocus punitif à Gaza et bombardé leurs domiciles en faisant des dizaines de milliers de morts. Il était logique, expliquait-il, que « [celui] à qui on n'a jamais cessé de dire qu'il ne comprenait que le langage de la force, décide de s'exprimer par la force ». Il n'aurait pas non plus été étonné par le spectacle de la jubilation des Palestiniens face au 7 octobre, ni par les dénégations du Hamas quant au massacre intentionnel de civils perpetrés par ses miliciens - pas plus qu'il n'aurait été surpris par la machine de propagande israélienne qui, insatisfaite des crimes réels du Hamas, a diffusé des récits mêlant faits vérifiés et mensonges, comme la décapitation de bébés et le viol systématique de femmes. Dans une guerre coloniale, insistait-il, « le bien est tout simplement ce qui leur fait du mal ».

Après le 7 octobre, on a surtout invoqué Fanon en rapport avec la question de la lutte armée. Mais son œuvre apporte également un éclairage majeur sur l'impitoyable guerre de répression menée par Israël. Déterminée à surmonter son humiliation par le Hamas, l'armée israélienne a poursuivi une campagne de bombardements massifs, de nettoyage ethnique et d'organisation de la famine. Cette guerre contre les civils constitue clairement un génocide, selon les experts des droits humains et certains des plus éminents historiens de la Shoah, dont les Israéliens Omer Bartov et Amos Goldberg. Tsahal a tué plus de 54 000 Palestiniens à Gaza, déplacé la quasi-totalité de la population et détruit la plupart des bâtiments résidentiels, ainsi que toutes les universités et tous les hôpitaux. Elle a également étendu la guerre au Liban et occupé des régions de la Syrie. La violence d'Israël a revêtu en outre un caractère grotesquement exhibitionniste, à l'instar de la violence coloniale décrite par Fanon : elle vise à affirmer purement et simplement la domination tout autant qu'à atteindre un quelconque objectif politique. Et le langage des dirigeants israéliens est ouvertement raciste et génocidaire. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », expliquait l'ancien ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, confirmant ainsi l'observation de Fanon selon laquelle « le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique [et] se réfère constamment au bestiaire ». Un membre de la Knesset a récemment suggéré qu'il fallait séparer les hommes de Gaza des femmes et des enfants et les tuer tous. Ce type de déclarations revient fréquemment en Israël, et sans aucune retenue.

Je ne pense pas que Fanon aurait été surpris de la rapidité avec laquelle l'offensive d'Israël s'est pratiquement transformée en guerre d'annihilation. Comme le mentor de ses années de jeunesse, Aimé Césaire, il avait compris que la violence fasciste avait un lien intime avec l'histoire de la conquête coloniale et que les guerres de répression coloniale acquéraient souvent le caractère d'un authentique génocide. Israël n'échappe pas à ce schéma. Si les milieux intellectuels et politiques des pays du Nord ont pour l'essentiel soutenu l'État juif, c'est aux pays du Sud – notamment l'Afrique du Sud post-apartheid –, forts de leur propre expérience de la domination raciale et coloniale, qu'a incombé la tâche de demander des comptes à Israël. Depuis la guerre de Gaza, le monde semble presque aussi « coupé en deux » qu'il l'était sous les yeux de Fanon à l'époque de la guerre d'Algérie.

Une dimension cruciale de la guerre de Gaza et du conflit dans lequel elle s'inscrit est le racisme – un thème auquel Fanon a consacré encore plus d'attention que la violence. Depuis le début de l'offensive israélienne, on assiste en Occident à une explosion de racisme contre les Palestiniens, et le soutien aux droits de ces derniers, faussement assimilé à de l'antisémitisme, y est de plus en plus souvent criminalisé. Aux États-Unis, s'exprimer au nom de la Palestine peut vous conduire en prison ou à l'expulsion du territoire, même si vous avez un permis de séjour permanent. Fanon connaissait la flexibilité et la créativité du racisme, qui ne cesse d'inventer de nouvelles cibles, Juifs, Noirs, Arabes ou autres. Dans l'imaginaire anti-palestinien, les Arabes de Palestie ne représentent pas seulement la barbarie, il ne sont pas simplement les ennemis existentiels de la civilisation « judéo-chrétienne », mais ils constituent une dangereuse cinquième colonne, comme l'étaient les Juifs en Europe. Apatrides, antagonistes des descendants des victimes de l'Europe, ils n'ont apparemment pas le « droit d'avoir des droits », ce qui est d'après Hannah Arendt la condition préalable pour être considéré comme un être humain à part entière. La déshumanisation des Palestiniens est allée de pair avec la guerre génocidaire contre Gaza, mais aussi avec l'offensive plus sournoise mais tout aussi conséquente menées en Occident contre les immigrés, en particulier les immigrés musulmans – et contre la démocratie elle-même.

Dans Les Damnés de la terre, Fanon prédisait que l'« héritage humain de la France en Algérie » serait « toute une génération d'Algériens, baignée dans l'homicide gratuit et collectif gratuit avec les conséquences psychoaffectives que cela entraîne ». On peut appliquer la même logique à l'héritage d'Israël en Palestine. Mais avec une différence essentielle : à l'époque où Fanon rédigeait son manifeste tiers-mondiste, la décolonisation et l'indépendance de l'Algérie étaient pratiquement inévitables. Les Algériens étaient en train de gagner. Si l'attaque du 7 octobre a obligé le reste le monde à porter de nouveau son regard sur la Palestine, il s'agit d'une victoire à la Pyrrhus. Les Gazaouis continuent à être harcelés et bombardés et leur agonie est tournée en dérision par des discours obscènes sur la transformation de la bande de Gaza en nouvelle Côte d'Azur débarrassée de ses habitants. De leur côté, les habitants de la Cisjordanie sont confrontés à une campagne brutale de « gazafication » menée par l'armée israélienne. Les menaces existentielles qui pèsent sur les Palestiniens ne concernent pas seulement leur survie en tant que peuple, mais aussi leur simple survie physique sur le sol qu'ils habitent.

Comment résister ? En dernière instance, c'est aux Palestiniens eux-mêmes qu'il convient de répondre à cette question. Ce n'est pas à nous d'en décider, et encore moins de les mettre sur la sellette en n'acceptant d'écouter que ceux qui condamnent le 7 octobre. À essayer de réduire au silence ceux d'entre eux qui estiment que le « déluge d'Al-Aqsa » était un acte de résistance nécessaire, on n'aboutira qu'à décourager le débat qui se développe actuellement au sein du peuple palestinien. C'est le cas en particulier à Gaza, où la colère de la population est générale face à la décision du Hamas de lancer une attaque qui a fourni à Israël le prétexte pour commettre un génocide et transformé son territoire en gigantesque chantier de démolition. Les Palestiniens n'ont pas besoin qu'on les sermonne, ce serait arrogant de notre part. Pour autant, ce n'est pas une raison pour renoncer à la lucidité intellectuelle et morale – ou pour chanter les louanges du Hamas, une organisation dont la conception de la lutte pour la libération laisse beaucoup à désirer, c'est le moins que l'on puisse dire. Dans le même esprit, on peut citer un passage souvent négligé des Damnés de la terre dans lequel Fanon explique que « le racisme, la haine, le ressentiment, “le désir légitime de vengeance” ne peuvent alimenter une guerre de libération. […] Il est vrai que les interminables exactions des forces colonialistes réintroduisent les éléments émotionnels dans la lutte, donnent au militant de nouveaux motifs de haine, de nouvelles raisons de partir à la recherche du “colon à abattre”. Mais le dirigeant se rend compte jour après jour que la haine ne saurait constituer un programme ».

Pour Fanon, la décolonisation concernait non seulement les musulmans, voués à s'émanciper du joug de l'oppression coloniale, mais aussi les membres de la minorité européenne et les Juifs (eux-mêmes issus d'une communauté indigène de l'Algérie précoloniale) qui se montraient prêts à se joindre à la lutte pour la libération. Dans L'An V de la révolution algérienne, il rendait hommage aux non-musulmans d'Algérie qui, aux côtés de leurs camarades musulmans, envisageaient un futur dans lequel l'identité et la citoyenneté algériennes seraient définies par des idéaux communs, et pas par la religion ou l'appartenance ethnique. Les identités respectives du « colon » et de l'« indigène » – tout comme celles du « Noir » et du « Blanc » – n'étaient pas pour lui des essences immuables mais des créations d'un système oppressif ; elles disparaitraient une fois que ce système serait démantelé. Au lendemain de l'indépendance, le colonisé découvrirait « l'homme derrière le colonisateur », et inversement.

Fanon était un homme d'idéaux, pas un homme de violence. Il imaginait un monde rebâti à neuf par la décolonisation et la révolution sociale, un monde dans lequel les hommes et les femmes opprimés, les sujets racialisés de l'empire occidental, pourraient déterminer leur propre existence dans la liberté et la souveraineté. Mais il nous rappelle constamment que la seule affirmation de beaux idéaux et l'exaltation de notre humanité commune ne suffiront pas à nous mener à la terre promise. La liberté exige la lutte, et la lutte se caractérise rarement par son décorum ou sa courtoisie – elle est même parfois « désordre absolu », selon ses propres termes. Cela ne signifie pas pour autant que la médecine choisie par le docteur Fanon, à savoir la thérapie de choc de la violence, soit toujours le principal remède à un ordre oppressif, et encore moins le seul. Comme l'illustre son propre parcours et celui de la révolution algérienne, un recours excessif à la violence peut avoir pour conséquence de mettre en péril les idéaux mêmes au nom desquels on combat, et conduire à de nouvelles formes d'oppression et de domination brutale. Il existe d'ailleurs des situations dans lesquelles d'autres formes de confrontation et de mobilisation populaire sont plus efficaces, pour des raisons pragmatiques autant que morales. Fanon lui-même défendait cette idée dans Peau noire, masques blancs, où il décrit avec admiration il décrit avec admiration les tactiques de la phase initiale du mouvement des droits civiques à la fin des années 1940 et au début des années 1950 aux États-Unis. Mais il n'existe pas de circonstance où le pouvoir, un pouvoir injuste, cède sans combattre, quel que soit le choix des armes.

Dans mon livre, je décris le sentiment d'exaltation éprouvé par Fanon face à l'attitude combative du peuple algérien. Mais ce que Fanon admirait chez les Algériens, ce n'était pas tant l'usage des mitrailleuses et des bombes que ce qui sous-tendait leur résistance : la dignité, l'esprit de sacrifice, le refus d'être déracinés, l'attachement à leur culture et la détermination à se constituer en nation – soit cela même que les Palestiniens désignent depuis des décennies du nom de « sumud », qui exprime la fermeté inébranlable dans la résilience. Dans les manifestations de solidarité organisées sur les campus étatsuniens, on a entendu scander le slogan « Nous sommes tous palestiniens », une expression de solidarité et d'identification imaginaire sans doute hyperbolique, mais que Fanon aurait certainement apprécié. Circulant à travers le campement de solidarité de Bard College, l'établissement où j'enseigne, j'ai croisé plus d'une étudiante ou d'un étudiant plongés dans les pages des Damnés de la terre. Qu'en aurait pensé Fanon ? Aurait-il été flatté de constater l'actualité de son livre, ou plutôt désemparé de constater qu'il était malheureusement toujours aussi pertinent ? « Je n'arrive point armé de vérité décisives », affirmait-il avec force dans Peau noire, masques blancs. Nul doute que son vœu le plus cher aurait été de voir son message de lutte et d'intransigeance rendu obsolète par l'avènement d'un monde plus juste et d'une nouvelle humanité.

Dans notre combat pour que ce monde advienne, et dans l'attente du jour où la Palestine sera libre, les idées stimulantes et souvent perturbantes de Fanon resteront pour nous une boussole irremplaçable.

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Rédacteur de la London Review of Books pour les États-Unis, je suis l'auteur de Frantz Fanon, une vie en révolutions (La Découverte, 2024), qui est récemment apparu en poche.

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L’équipage de la flottille de la Liberté doit retrouver la liberté

Suite à un long périple dont le terminus aurait dû être le territoire de Gaza, le bateau de la flottille de la Liberté a été arrêté de manière manifestement illégale dans la (…)

Suite à un long périple dont le terminus aurait dû être le territoire de Gaza, le bateau de la flottille de la Liberté a été arrêté de manière manifestement illégale dans la nuit du dimanche 8 juin au lundi 9 juin. Cette attaque contre cette action civile, est une preuve de plus de la volonté destructrice du gouvernement de Benyamin Nétanyahou de faire cesser l'existence du peuple palestinien.

Tiré du blogue de l'auteur. Illustration : Trajectoire du Madleen, bateau humanitaire arrêté au large de l 'Égypte dans les eaux internationales

Chers gouvernements, vos citoyens ont été enlevés, agissez.
En dépit de tout respect du droit en haute-mer, et de manière générale, en dépit du respect du droit, le gouvernement Israélien a aujourd'hui franchi une étape supplémentaire en stoppant net le parcours du Madleen et en enlevant à son bord l'ensemble de son équipage.

Le choix de ces mots n'est pas pris à la légère, car dans ces eaux, Israël n'a aucun droit d'aucune nature à faire comme bon lui semble contre un bateau qui ne veut pas aller sur son territoire. Mais comme le petit gouvernement génocidaire de ce pays veut faire cesser tout contact extérieur avec l'enclave palestinienne, alors ce dernier harcèle, bafoue les règles communes et agit comme des barbares n'ayant que comme intention la violence et le sang de l'Autre.

Messieurs Macron, Bayrou, Barrot, si ces mots vous atteignent (ce que je pense est un bien maigre espoir), vos concitoyens ont été enlevés. Soyez enfin responsables politiquement comme le laisse entendre votre titre de responsable politique et agissez pour que tout l'équipage de ce bateau soit secouru et non retenu par cet état définitivement terroriste 1.

Cette action vous laisse aussi une grande marge de manœuvre pour faire cesser la violence et la barbarie qui se passe en territoire palestinien. Cet appel est le même pour tous les gouvernements dont au moins un citoyen se trouvait sur la Flottille de la Liberté.

Ce court texte n'est qu'une expression parmi d'autres d'un désarroi citoyen et d'une volonté que ceux qui ont le pouvoir d'agir le fassent.

Merci à ces femmes fortes et ces hommes forts qui ont embarqué sur ce navire et qui ravivent les flammes de l'espoir. Ne nous taisons pas et multiplions nos voix, que ce soit dans nos journaux ou sur les places de nos villes, pour que ces flammes de nouveau allumées puissent continuer de briller.


Clamons le haut et fort : La flottille de la liberté et le peuple palestinien doivent retrouver la liberté.

Rima Hassan et Greta Thunberg font voile vers Gaza : un courage qui met à nu l'inaction mondiale LA LETTRE DU 5 JUIN

5 juin 2025 | tiré de Regards.fr
par Loïc Le Clerc

Cette histoire va-t-elle finir en tragédie ou en épopée ? Le choix revient à Israël qui, par le passé, avait réagi par la force à ce genre de « provocation ».
Le 1er juin, le navire humanitaire Madleen a pris le large depuis la Sicile, direction Gaza. À son bord, douze personnes et pas des moindres : la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, l'eurodéputée LFI Rima Hassan – on a même vu l'acteur Liam Cunningham de la série « Game of Thrones » venir les soutenir lors de leur départ.

Cette action, à l'initiative de la Coalition de la flottille pour la liberté, a pour objectif d'acheminer « des quantités limitées » d'aide humanitaire à Gaza, de « dénoncer le blocus et le génocide en cours ». Mais sa portée est 1000 fois plus symbolique.

Cette embarcation fait parler d'elle par les passagers qu'elle transporte. Les médias y projettent leur lumière… Enfin, les médias, c'est beaucoup dire : en France, c'est surtout grâce à leur propre force de frappe sur les réseaux sociaux que Rima Hassan et Greta Thunberg font exister leur voyage. Comme pour toute lutte, l'incarnation est un facteur qui fait la différence et, dans ce cas précis, l'impact est à la hauteur de la résonance internationale que l'équipage porte en lui.

Au fond, que nous dit le Madleen ? On peut y voir un acte héroïque, aussi courageux que romantique, tout comme on y perçoit un désespoir profond. Ce bateau en dit long sur l'inaction du monde, alors que tout Gaza se meurt.

La réaction d'Israël va elle aussi être porteuse de symboles. En mai dernier, un autre navire humanitaire de la même organisation était la cible de tirs de drones israéliens, provoquant un incendie et une brèche dans la coque. Plus loin dans le temps, en 2010, Israël avait pris d'assaut une autre « flottille de la liberté », tuant neuf personnes et causant 28 blessés, comme le rappelle Dominique Vidal dans #LaMidinale de Regards.

Et là, déjà, Israël a commencé l'intimidation, tout d'abord par une déclaration de la marine leur demandant de « se préparer » car elle est « prête à un large éventail de scénarios, qu'elle appliquera selon les instructions des dirigeants politiques ». Des mots suivis d'actes avec le survol du navire par deux drones. La démonstration humanitaire n'est pas sans risque, ce à quoi répond Rima Hassan : « Quel que soit le danger de cette mission, il est loin d'être aussi dangereux que le silence du monde entier face à un génocide retransmis en direct ».

Il va sans dire que si Israël devait agir avec la même furie qui est la sienne depuis plusieurs mois, un drame pourrait se jouer en direct à la télévision. Comme une sorte de petite allégorie du génocide des Gazaouis. L'impunité dénoncée est brandie comme un étendard, lorsque le sénateur républicain Lindsey Graham, proche de Donald Trump, ironise « J'espère que Greta et ses amis savent nager ».

Le reste du monde, l'Europe, la France, resteront-ils muets jusqu'à la fin des temps ? Quelle tuerie sera la ligne rouge de l'Histoire ? Le Madleen a pour objectif d'atteindre les côtes palestiniennes d'ici une dizaine de jours. Tout un horizon…
Notes

1 : Terrorisme Gouvernement par la terreur. ; Emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique ; Attitude d'intolérance, d'intimidation. (Le Robert)

Image : Capture d'écran réalisée à partir du site https://freedomflotilla.org/ffc-tracker/

Photo : Jack Guez Agence France-Presse Le voilier humanitaire Madleen dans le port sud d'Ashdod après avoir été intercepté par les forces israéliennes le 9 juin 2025

Palestine Mettez fin au blocus de Gaza !

Déclaration du Bureau Exécutif de la Quatrième Internationale

Depuis trois mois, Israël bloque la quasi-totalité de l'aide humanitaire à Gaza, ce qui fait planer la menace d'une famine massive, de décès et d'épidémies dus à l'absence de soins médicaux.

Le Madleen était la dernière tentative en date de la coalition de la flottille de la liberté pour défier le blocus naval israélien et apporter une aide humanitaire symbolique à Gaza. Qualifiée par Netanyahou de « croisière selfie », les courageux militants des droits de l'homme à bord, dont l'eurodéputée franço-palestinienne Rima Hassan et la militante écologiste Greta Thunberg, se sont d'abord détournés pour recueillir et mettre en sécurité des réfugiés de guerre soudanais. Puis, alors qu'il se trouvait encore dans les eaux internationales, le Madleen a été accosté et envahi par les forces israéliennes qui ont arrêté l'ensemble de l'équipage.

Ce n'est pas la première fois qu'Israël bafoue de manière flagrante le droit international. Israël n'a pas le droit d'imposer un blocus à Gaza, ni d'empêcher les navires humanitaires d'accoster à Gaza. Israël n'a pas non plus le droit d'aborder ou d'attaquer ces bateaux dans les eaux internationales.

La Quatrième Internationale condamne la politique génocidaire du gouvernement israélien et appelle à :

- La libération immédiate des membres de l'équipage !

L'imposition de sanctions contre Israël !

La fin du commerce d'armes avec Israël !

A une mobilisation mondiale massive pour mettre fin à ce génocide !

Le 9 juin 2025

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Lettre ouverte des médias et des organisations de défense de la liberté de la presse sur l’accès à Gaza

10 juin, par Reporters sans frontières (RSF) — , , , ,
À l'initiative de Reporters sans frontières (RSF) et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), plus d'une centaine d'organisations de défense de la liberté de la (…)

À l'initiative de Reporters sans frontières (RSF) et du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), plus d'une centaine d'organisations de défense de la liberté de la presse et de rédactions internationales - dont l'AFP, France 24, Mediapart, Le Monde - lancent un appel public pour demander un accès immédiat et sans restriction des journalistes internationaux à la bande de Gaza et la protection des journalistes palestiniens.

Tiré du blogue de l'auteur.

Depuis plus de 20 mois, les autorités israéliennes empêchent l'entrée des journalistes étrangers dans la bande de Gaza. Dans le même temps, l'armée israélienne a tué près de 200 journalistes palestiniens dans l'enclave bloquée, dont au moins 45 dans l'exercice de leur profession. Les journalistes palestiniens qui continuent de travailler, seuls témoins présents sur le terrain, subissent des conditions intenables : déplacements forcés, famine, menaces permanentes.

Cet appel collectif, lancé avec RSF et CPJ, rassemble des médias emblématiques à l'international, de tous les continents, qui réclament leur droit d'envoyer leurs correspondants dans l'enclave pour travailler aux côtés de leurs confrères palestiniens.

« Le blocus médiatique imposé sur Gaza, avec le massacre de près de 200 journalistes par l'armée israélienne, facilite la destruction totale de l'enclave bloquée ainsi que son effacement. Les autorités israéliennes interdisent l'entrée aux journalistes étrangers et orchestrent un contrôle implacable de l'information. C'est une tentative méthodique d'étouffer les faits, de museler la vérité, d'isoler la presse palestinienne, et avec elle la population. Nous exigeons des gouvernements, des institutions internationales et des chefs d'État qu'ils mettent fin à leur silence coupable, qu'ils imposent l'ouverture immédiate de Gaza à la presse internationale, et qu'ils rappellent une évidence trop souvent piétinée : en droit international humanitaire, tuer un journaliste est un crime de guerre. Ce principe n'a été que trop bafoué : il doit être appliqué. » Thibaut Bruttin. Directeur général de RSF

Ce blocus médiatique sur Gaza continue en dépit des appels répétés de RSF à garantir un accès libre aux journalistes, et des recours judiciaires tels que la demande de l'Association de la presse étrangère (la Foreign Press Association ou FPA) devant la Cour suprême israélienne. Les journalistes palestiniens sont, quant à eux, enfermés, déplacés, affamés, diffamés et ciblés en raison de leur métier. Ceux qui ont survécu au massacre sans précédent des journalistes, se retrouvent sans abris, sans matériel, sans soins et même sans nourriture, selon un rapport du CPJ. Ils risquent d'être tués à tout moment.

Pour mettre fin à l'impunité qui permet à ces crimes de continuer, RSF a par ailleurs saisi à plusieurs reprises la Cour pénale internationale (CPI) pour lui demander d'enquêter sur des crimes de guerre présumés commis contre les journalistes à Gaza par l'armée israélienne. RSF soutient aussi les journalistes palestiniens sur le terrain, en particulier à Gaza, à travers des partenariats concrets avec des organisations locales comme ARIJ (Arab Reporters for Investigative Journalism).

Ce partenariat permet de fournir un appui matériel, psychologique et professionnel aux journalistes palestiniens, tout en garantissant la diffusion de reportages de qualité, malgré le blocus et les risques. RSF réaffirme, à travers cette coopération, son engagement à défendre un journalisme indépendant et rigoureux, même dans les conditions les plus extrêmes.

Lire l'appel en intégralité

L'appel a été signé par :

1. Actualite.cd, Patient Ligodi, fondateur (République démocratique du Congo)

2. Agence France-Presse, Phil Chetwynd, directeur de l'information internationale (France)

3. Agência Pública, Natália Viana, directrice exécutive (Brésil)

4. Al Araby Al Jadeed, Hussam Kanafani, directeur du secteur des médias

5. Al Jazeera Center of Public Liberties & Human Rights, Sami Alhaj, directeur (Qatar)

6. Al-Masdar Online, Ali al-Faqih, PDG (Yémen)

7. Alternative Press Syndicate (Liban)

8. Amazônia Real, Kátia Brasil, directrice (Brésil)

9. Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ), Rawan Daman, directrice générale

10. ARTICLE 19

11. Asia Pacific Report, David Robie, rédacteur en chef (Nouvelle-Zélande)

12. Associated Press, Julie Pace, rédactrice en chef et vice-présidente senior (États-Unis)

13. Association of Foreign Press Correspondents, Nancy Prager-Kamel, présidente

14. Bahrain Press Association (Bahreïn)

15. Birama Konaré, directeur général, Joliba (Mali)

16. BirGun Daily, Yasar Aydin, coordinateur de l'information (Turquie)

17. Brecha, Betania Núñez, directrice journalistique (Uruguay)

18. British Broadcasting Corporation (BBC), Deborah Turness, PDGPDG, BBC News (Royaume-Uni)

19. Bulatlat, Ronalyn V. Olea, rédactrice en chef (Philippines)

20. CamboJA, Nop Vy, directeur exécutif (Cambodge)

21. Casbah Tribune, Khaled Drareni, directeur de la rédaction (Algérie)

22. Cedar Centre for Legal Studies (CCLS) (Liban)

23. Center for Investigative Journalism of Montenegro (CIN-CG), Milka Tadić Mijović, rédactrice en chef

24. Churchill Otieno, directeur exécutif, Eastern Africa Editors Society et président, Africa Editors Forum (Kenya)

25. Committee to Protect Journalists (CPJ), Jodie Ginsberg, PDG

26. Community Peacemaker Teams (CPT) (Kurdistan irakien)

27. Confidencial.digital, Carlos F. Chamorro, directeur (Nicaragua, en exil)

28. Connectas, Carlos Eduardo Huertas, directeur (Les Amériques)

29. Daraj Media, Hazem al Amin, rédacteur en chef, Alia Ibrahim, PDG et Diana Moukalled, directrice de la rédaction (Liban)

30. Journal Dawn, Zaffar Abbas, rédacteur en chef (Pakistan)

31. De Último Minuto, Hector Romero, directeur (République dominicaine)

32. Delfino.CR, Diego Delfino Machín, directeur (Costa Rica)

33. Deník Referendum, Jakub Patocka, rédacteur en chef et éditeur,

34. Digital Radio-télévision DRTV, William Mouko Zinika Toung-Hou, directeur adjoint de l'information (Congo-Brazzaville)

35. Droub, Murtada Ahmed Mahmoud Koko, directeur général (Soudan)

36. Efecto Cocuyo, Luz Mely Reyes, directrice (Venezuela)

37. Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) (Égypte)

38. El Ciudadano, Javier Pineda, directeur (Chili)

39. El Diario de Hoy, Óscar Picardo Joao, directeur de la rédaction (Salvador)

40. El Espectador, Fidel Cano Correa, directeur (Colombie)

41. El Faro, Carlos Dada, cofondateur et directeur,

42. El Mostrador, Héctor Cossio, directeur (Chili)

43. El Sol de México, Martha Citlali Ramos, directrice éditoriale nationale (Mexique)

44. El Universal, David Aponte, directeur général éditorial (Mexique)

45. elDiarioAR, Delfina Torres Cabreros, directrice journalistique (Argentine)

46. ENASS, Salaheddine Lemaizi, directeur (Maroc)

47. European Broadcasting Union, Noel Curran, directeur général

48. Équipe Média, Mohamed Mayara, coordinateur général (Sahara occidental)

49. Fédération européenne des journalistes (FEJ), Ricardo Gutiérrez, secrétaire général

50. Eyewitness Media Group, Patrick Mayoyo, directeur des innovations éditoriales

51. Financial Times, Roula Khalaf, rédactrice en chef (Royaume-Uni)

52. Forbidden Stories, Laurent Richard, fondateur (France)

53. Foreign Press Association, Deborah Bonetti, directrice (Londres)

54. Foreign Press Association, le conseil (Israël et les territoires palestiniens)

55. Fondation pour le journalisme d'investigation – FIJ, Fisayo Soyombo, fondateur et rédacteur en chef (Nigeria)

56. France 24, Vanessa Burggraf, directrice (France)

57. Free Press Unlimited, Ruth Kronenburg, directrice exécutive

58. Front Page Africa, Rodney Sieh, rédacteur en chef et éditeur (Libéria)

59. GabonClic.info, Randy Karl Louba, directeur (Gabon)

60. Geneva Health Files, Priti Patnaik, fondatrice

61. Geo News, Azhar Abbas, rédacteur en chef (Pakistan)

62. Global Investigative Journalism Network (GIJN), Emilia Diaz-Struck, directrice exécutive

63. Global Reporting Centre, Sharon Nadeem, productrice et responsable des partenariats

64. Guineematin.com, Nouhou Baldé, fondateur et administrateur (Guinée)

65. Haaretz, Aluf Benn, rédacteur en chef (Israël)

66. 7amleh - Le Centre arabe pour la promotion des médias sociaux, Nadim Nashif, Directeur exécutif (Palestine\Israël)

67. Hildebrandt en sus trece, César Hildebrandt, directeur (Pérou)

68. HuMENA pour les droits humains et l'engagement civique

69. Independent Television News, Rachel Corp, directrice générale (Royaume-Uni)

70. Inkyfada, Malek Khadhraoui, directeur de la publication (Tunisie)

71. International News Safety Institute (INSI), Elena Cosentino, directrice (Royaume-Uni)

72. International Press Institute (IPI), Scott Griffen, directeur exécutif

73. IWACU, Abbas Mbazumutima, rédacteur en chef (Burundi)

74. Klix.ba, Semir Hambo, rédacteur en chef (Bosnie-Herzégovine)

75. L'Alternative, Ferdinand Ayité, directeur de la publication (Togo)

76. L'Événement, Moussa Aksar, directeur de la publication (Niger)

77. La Voix de Djibouti, Mahamoud Djama, directeur de la publication (Djibouti)

78. Le Jour, Haman Mana, directeur de publication (Cameroun)

79. Le Monde, Jérôme Fenoglio, directeur (France)

80. Le Reporter, Aimé Kobo Nabaloum, directeur de publication (Burkina Faso)

81. Le Temps, Madeleine von Holzen, rédactrice en chef (Suisse)

82. Centre libanais des droits de l'homme (CLDH) (Liban)

83. Luat Khoa, Trinh Huu Long, rédacteur en chef (Vietnam)

84. Mada Masr, Lina Atallah, PDG (Égypte)

85. Mail & Guardian, Luke Feltham, rédacteur en chef par intérim (Afrique du Sud)

86. Malaysiakini, RK Anand, rédacteur en chef exécutif (Malaisie)

87. Mekong Review, Kirsten Han, rédactrice en chef (Singapour)

88. MediaTown, Ashraf Mashrawi, directeur (Palestine)

89. MENA Rights Group (Suisse)

90. Mizzima Media, Soe Myint, directeur général et rédacteur en chef (Myanmar)

91. Mullithivu Press Club - Kanapathipillai Kumanan, photojournaliste et coordinateur (Sri Lanka)

92. Muwatin Media Network, Mohammed Al-Fazari, PDG et rédacteur en chef (Royaume-Uni)

93. Monte Carlo Doualiya (MCD), Souad Al-Tayeb, Directrice (France)

94. National Public Radio (NPR) Edith Chapin, vice-présidente senior et rédactrice en chef (États-Unis)

95. New Bloom Magazine, Brian Hioe, rédacteur en chef fondateur (Taïwan)

96. Nord Sud Quotidien, Raoul Hounsounou, directeur de publication (Bénin)

97. OC Media, Mariam Nikuradze, cofondatrice et codirectrice (Géorgie)

98. Organización Editorial Mexicana, Martha C. Ramos Sosa, directrice générale de la rédaction (Mexique)

99. People Daily, Emeka Mayaka Gekara, rédacteur en chef (Kenya)

100. Photon Media, Shirley Ka Lai Leung, PDG (Hong Kong)

101. Plan V, Juan Carlos Calderón, directeur (Équateur)

102. Prachatai, Mutita Chuachang, rédactrice en chef (Thaïlande)

103. Premium Times, Musikilu Mojeed, rédacteur en chef - directeur des opérations (Nigeria)

104. Pressafrik, Ibrahima Lissa Faye, directeur de publication (Sénégal)

105. Prospect Magazine, Alan Rusbridger, rédacteur en chef

106. Pulitzer Center, Marina Walker Guevara, rédactrice en chef

107. Rádio Ecclesia, Gaudêncio Yakuleingue, directeur (Angola)

108. Radio Universidad de Chile, Patricio López, directeur (Chili)

109. Radio France Internationale (RFI), Jean-Marc Four, Directeur (France)

110. Reporters sans frontières (RSF), Thibaut Bruttin, directeur général

111. Rory Peck Trust, Jon Williams, directeur exécutif

112. SMEX (Liban)

113. SMN24MEDIA, Kamal Siriwardana, directeur de l'information (Sri Lanka)

114. Society of Professional Journalists, Caroline Hendrie, directrice exécutive (États-Unis)

115. Stabroek News, Anand Persaud, directeur (Guyana)

116. Syrian Center for Media and Freedom of Expression, SCM (Syrie)

117. Taz – die tageszeitung, Barbara Junge, rédactrice en chef (Allemagne)

118. Tempo Digital, Wahyu Dhyatmika, directeur général (Indonésie)

119. The Globe and Mail & président du Forum mondial des rédacteurs en chef (WAN-IFRA), David Walmsley, rédacteur en chef (Canada)

120. The Independent, Geordie Greig, rédacteur en chef (Royaume-Uni)

121. The Intercept Brasil, Andrew Fishman, président et cofondateur (Brésil)

122. The Legal Agenda (Liban)

123. The Magnet, Larry Moonze, rédacteur en chef (Zambie)

124. The Nairobi Law Monthly, Mbugua Ng'ang'a, rédacteur en chef (Kenya)

125. The New Arab, Hussam Kanafani, directeur du secteur des médias

126. The Point, Pap Saine, directeur de la publication (Gambie)

127. The Reckoning Project, Janine di Giovanni, PDG

128. The Shift, Caroline Muscat, fondatrice (Malte)

129. The Wire, Seema Chishti, rédactrice en chef (Inde)

130. Association mondiale des éditeurs de journaux (WAN-IFRA), Vincent Peyrègne, PDG, Andrew Heslop, directeur exécutif pour la liberté de la presse

131. TV Slovenia, Ksenija Horvat, directrice (Slovénie)

132. Twala.info, Lyas Hallas, directeur de publication (Algérie)

133. Unnu.news, Lkhagvatseren Batbayar, rédacteur en chef (Mongolie)

134. Vikalpa - Sampath Samarakoon, rédacteur (Sri Lanka)

135. Wattan Media Network, Muamar Orabi, directeur général (Palestine)

136. Woz – die Wochenzeitung, Florian Keller, Daniela Janser, Kaspar Surber, comité de rédaction (Suisse)

137. Bianet, Murat İnceoglu, rédacteur en chef (Turquie)

138. Mediapart, Carine Fouteau, Rédactrice en chef (France)

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Quatre journalistes assassinés dans un hôpital à Gaza

10 juin, par Agence Média Palestine — , , ,
Une nouvelle attaque israélienne ciblant des journalistes palestiniens a fait quatre victimes, portant à 224 le nombre de journalistes assassiné-es par Israël à Gaza depuis le (…)

Une nouvelle attaque israélienne ciblant des journalistes palestiniens a fait quatre victimes, portant à 224 le nombre de journalistes assassiné-es par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2025.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Un drone israélien, au matin du jeudi 5 juin 2025, a visé une tente de journalistes qui se trouvait dans la cour de l'hôpital Al Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, dans la ville de Gaza. Au moins sept personnes ont été assassinées dans cette frappe, y compris des personnes qui accompagnaient des patient-es de l'hôpital, et de nombreuses autres ont été blessées dont des membres du personnel soignant.

Le syndicat des journalistes palestiniens (PJS) confirme que cette attaque a causé la mort de Suleiman Hajjaj, correspondant de Palestine Today, Ismail Badah, caméraman de Palestine Today, et Samir Al-Rifai, de l'agence de presse Shams. Le journaliste Ahmed Qaljah, caméraman indépendant pour Al-Arabiya, a été grièvement blessé lors de cette attaque, et a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. L'attaque a blessé trois autres journalistes.

Cette attaque porte à 224 le nombre de journalistes tués par les forces israéliennes depuis le 7 octobre 2023, selon le Bureau des médias du gouvernement de Gaza. Parmi elles et eux, on compte 14 femmes journalistes et, selon Reporters sans frontières, 42 journalistes qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. En outre, des dizaines de journalistes ont été tués lors d'attaques ciblées contre leurs domiciles. Le Syndicat des journalistes palestiniens a documenté le bombardement de 152 maisons qui a tué 665 membres de la famille et proches de journalistes. D'autres journalistes ont été tués lors de bombardements aveugles tout au long du génocide en cours. 415 journalistes ont été blessés dans diverses circonstances. De plus, un grand nombre de militants des réseaux sociaux ont été pris pour cible, l'armée israélienne incitant systématiquement à la haine et les menaçant de mort s'ils ne se taisent pas.

Le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) a dénoncé fermement cette attaque et toutes les précédentes, affirmant que le ciblage de la presse vise à empêcher la documentation des actes génocidaires commis par Israël contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza. « Le PCHR estime que les attaques et les assassinats continus et croissants de journalistes au cours des 20 derniers mois prouvent sans équivoque qu'il s'agit d'assassinats délibérés et intentionnels, visant à intimider, terroriser et empêcher les journalistes de révéler la vérité au monde. Ces attaques ciblées font partie du crime de génocide commis par Israël dans la bande de Gaza. »

Le jour-même de cette attaque, 130 organisations mondiales de presse et de défense de la liberté de la presse, dont la BBC, l'AFP, Al Jazeera ou encore Le Monde, ont appelé à ce que les médias internationaux aient immédiatement accès à Gaza et à ce que les journalistes palestiniens bénéficient d'une protection totale. Dans une lettre coordonnée par Reporter Sans Frontières et le Comité de protection des journalistes, ces médias dénoncent « une attaque directe contre la liberté de la presse et le droit à l'information. »

« Les journalistes locaux, les mieux placés pour dire la vérité, sont confrontés au déplacement et à la famine. À ce jour, près de 200 journalistes ont été tués par l'armée israélienne. Beaucoup d'autres ont été blessés et voient leur vie constamment menacée parce qu'ils font leur travail : témoigner. »

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Cinq ans après l’assassinat de George Floyd

10 juin, par Malik Miah — , ,
George Floyd a été assassiné le 25 mai 2020 lorsqu'un policier blanc de Minneapolis a appuyé son genou sur le cou de Floyd pendant 9 minutes et demie alors que ce dernier était (…)

George Floyd a été assassiné le 25 mai 2020 lorsqu'un policier blanc de Minneapolis a appuyé son genou sur le cou de Floyd pendant 9 minutes et demie alors que ce dernier était menotté et implorait qu'on le laisse respirer.

Tiré de Inprecor
5 juin 2025

Par Malik Miah

La mort de Floyd a été filmée par une jeune personne, alors que d'autres personnes noires criaient à la police de relâcher Floyd.

Son meurtre a donné lieu à des manifestations nationales et internationales et à un réexamen du racisme sociétal et institutionnel, y compris le maintien de l'ordre. Cinq ans plus tard, quel est l'héritage de la mort de Floyd et du mouvement pour la justice et la responsabilisation de la police ?

De BLM à la contre-révolution

Pour faire simple : l'essor du mouvement Black Lives Matters (BLM), qui a obtenu quelques modestes avancées et un changement de conscience pour des millions de personnes, se trouve aujourd'hui dans le collimateur de la contre-révolution MAGA de Donald Trump.

Trump est un raciste de toujours qui affirme que la diversité, l'équité et l'inclusion sont des « discriminations de réversion » et un « génocide blanc ». Pourtant, c'est au cours de son premier mandat que Floyd a été assassiné. Il a soutenu les brutalités policières excessives, y compris contre les manifestants de BLM.

Le président Joe Biden et les démocrates, qui dépendaient du vote des Noirs, ont promu des réformes limitées de la police tout en vantant les mérites des flics qui « font leur travail ». Parmi ces changements modestes, le ministère de la Justice de Joe Biden a imposé un décret de consentement au département de police de Minneapolis.

Le policier qui a assassiné Floyd, Derek Chauvin, a été condamné à la fois dans un procès d'État et dans un procès fédéral. Cette décision est importante, car le président Trump ne peut pas accorder de grâce pour la condamnation prononcée dans le Minnesota.

Le nouveau ministère de la Justice de Trump a récemment mis fin aux décrets de consentement à Minneapolis et dans d'autres villes et avance des mensonges anti-Noirs en qualifiant de « raciste » l'enseignement de la vérité sur le racisme.

Cinq ans plus tard, une grande partie des progrès obtenus grâce aux manifestations de masse dans les rues ont été réduits à néant ou sont menacés. Les suprémacistes blancs dirigent ouvertement la Maison Blanche et le Congrès.

Une longue histoire de déni

Peu après son retour à la présidence, Donald Trump a contraint la municipalité de Washington à supprimer la place George Floyd.

Mais la volonté actuelle de défendre les privilèges des Blancs contre les droits des Noirs n'est pas une nouveauté, mais un retour à ce qui a existé pendant la plus grande partie de l'histoire des États-Unis. En 400 ans, les Noirs américains n'ont eu l'espoir d'être acceptés en tant que citoyens à part entière que pendant deux périodes : les 20 années qui ont suivi la guerre de Sécession et les 50 années qui ont suivi la révolution des droits civiques.

La communauté noire s'accorde largement sur les violences racistes commises par la police et sur la nécessité d'une véritable réforme, ce qui n'a guère été le cas au cours des cinq dernières années. Les démocrates et les libéraux se sont contentés de soutenir la réforme du bout des lèvres, sachant qu'elle n'aboutirait jamais.

Dans les années 1960, Malcolm X et Martin Luther King Jr. ont tous deux souligné que les ségrégationnistes blancs étaient au moins ouverts sur leur racisme, alors que la plupart des libéraux blancs faisaient la leçon aux dirigeants noirs pour qu'ils « ralentissent » la lutte en faveur d'un changement fondamental.

Minneapolis aujourd'hui

Le site de Minneapolis où Floyd a été assassiné fait l'objet d'un débat tendu sur la meilleure façon d'honorer son héritage, selon Melissa Hellmann du Guardian, qui s'est jointe à de nombreux journalistes étrangers le jour de l'anniversaire, le 25 mai.

Une fresque murale se trouve à l'angle de la 38e rue et de l'avenue Chicago à Minneapolis, dans la zone appelée George Floyd Square.

« En mai dernier, Roger Floyd et Thomas McLaurin ont parcouru la 38e rue et l'avenue Chicago à Minneapolis, passant devant un rond-point avec un jardin et une station-service inoccupée sur laquelle on pouvait lire : Where there's people there's power » (« Là où il y a des gens, il y a du pouvoir »).

« Aujourd'hui, cinq ans après le meurtre de George Floyd, l'avenir de la place où il est mort reste incertain, alors que le conseil municipal délibère sur des plans d'aménagement.

« McLaurin et Roger Floyd souhaitent que la place soit commémorée comme un site historique qui a lancé un mouvement mondial en faveur de la justice raciale et qui a servi d'appel au ralliement pour la responsabilisation de la police ».

Le journaliste du Guardian a ajouté : « Minneapolis abritait le plus ancien journal appartenant à des Noirs et géré par des Noirs, ainsi que plus de 20 entreprises appartenant à des Noirs entre les années 1930 et 1970. »

Michael McQuarrie, directeur du Centre pour le travail et la démocratie de l'université d'État de l'Arizona, qui a mené des recherches sur la place de Minneapolis lors des manifestations de 2020, a déclaré que la ville était divisée sur la manière de faire évoluer la zone au cours des cinq dernières années.

Il considère que la fermeture de la rue de 2020 à 2021 sera un facteur de transformation pour la communauté. Mais certains membres de la communauté, des membres du conseil municipal et des membres de la famille de Floyd affirment qu'il n'est pas possible de précipiter la guérison.

Jason Chavez, membre du conseil municipal du quartier 9, où se trouve une partie de la place, a déclaré qu'il fallait reconnaître qu'il s'agissait d'un « élément historique de l'histoire de notre ville qui ne sera jamais oublié ».

« Nous ne pouvons pas aseptiser ce qui s'est passé ici durant l'été 2020 », a déclaré M. Chavez.

Une remise en question fondamentale s'impose

Le 19 juin 2020 sur la place George Floyd. Fibonacci Blue CC by Sea

Keka Araujo, de Black Enterprisemagazine, a expliqué les sentiments de nombreux Afro-Américains :

« Cinq ans après le meurtre tragique et évitable de George Floyd, la lutte pour une responsabilité authentique et une justice équitable est loin d'être terminée ; en fait, à bien des égards, on a l'impression qu'elle reprend, avec des exigences plus pressantes que jamais...

« Le 25 mai 2020 reste une inscription brutale dans notre histoire commune honteuse, qui a déclenché une insurrection mondiale contre l'inégalité raciale et les méfaits des forces de l'ordre, que seule une remise en question fondamentale pourrait réparer.

« Pourtant, à l'approche de ce sombre anniversaire, la ferveur initiale de l'indignation et les appels urgents à une réforme systémique ont principalement cédé la place à une immobilité troublante, une marée de régression rampante qui laisse beaucoup se demander si les conditions mêmes qui ont conduit à la mort de Floyd ne sont pas tacitement autorisées à réapparaître. »

Araujo nous le rappelle avec éloquence :

« Comme l'histoire nous le rappelle constamment, le chemin vers la justice est rarement linéaire. L'élan naissant pour une réforme globale de la police au niveau fédéral s'est largement enlisé, les efforts législatifs n'ayant pas réussi à obtenir une adhésion bipartisane… et ayant rencontré une opposition persistante, un refoulement perceptible contre la compréhension même de l'existence du racisme systémique et les exigences de responsabilité ».

Ce que lui et beaucoup d'autres ne parviennent pas à identifier, c'est la racine du racisme, de la violence policière et de la suprématie blanche pratiquée par l'État : le système capitaliste. Il ne pourra jamais y avoir de fin au racisme, y compris à la violence policière, tant que ce système ne sera pas renversé.

Jusqu'à ce que ce système soit remis en cause, nous devons continuer à nous battre et à résister, et nous devons le faire les yeux grands ouverts. C'est la principale leçon à tirer de l'héritage du 25 mai 2020 à aujourd'hui. La communauté noire le sait mieux que toute autre population opprimée.

Publié par

Against The Current

le 5 juin 2025

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Lettre ouverte au premier ministre canadien, Mark Carney : Palestine, l’urgence absolue

Partout à travers le monde se multiplient les appels pour faire cesser les massacres à Gaza, pour un régime de sanctions effectif contre Israël, pour la reconnaissance de (…)

Partout à travers le monde se multiplient les appels pour faire cesser les massacres à Gaza, pour un régime de sanctions effectif contre Israël, pour la reconnaissance de l'État de Palestine. Dernier en date, celui émanant de personnalités du Canada.

Tiré d'Orient XXI.

Ce matin du 29 mai 2025, au lever, nous apprenons que plus de 50 personnes ont déjà été tuées à Gaza et le jour n'est pas terminé. À quel niveau d'horreur faudra-t-il arriver pour que nos gouvernements bougent pour empêcher la poursuite de ce carnage ?

  1. La protection du peuple palestinien est devenue une urgence absolue. À Gaza, après quelques semaines de suspension, les massacres de masse ont repris, accompagnés d'un siège total, d'une famine généralisée et de déplacements forcés de populations.

C'est le constat dramatique que faisait « l'appel de Paris pour la protection du peuple de Palestine » le 25 mai 2025 : « plus de 53 000 Palestiniens ont été tués suite aux opérations militaires israéliennes. La bande de Gaza dévastée est devenue inhabitable et en ruines. »

Le jugement que l'Histoire portera sur notre silence

Au Québec, une pétition de plus de 800 personnes, endossée par de grands noms de notre histoire, exprime la même indignation et demande au premier ministre du Canada, Mark Carney, de « hausser le ton ». Ils disent : « Nous refusons d'être maintenus dans l'impuissance et la passivité. Nous refusons le jugement que l'Histoire portera sur notre silence (1). »

Il n'y a pas que les gens qui meurent à Gaza : moins de 5 % des terres agricoles sont aujourd'hui utilisables, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO. Comment appelle-t-on une telle destruction ?
Gaza, c'est grand comme l'île de Montréal. Imaginez si tous nos hôpitaux étaient bombardés à répétition, détruits ou gravement endommagés. Et si notre centre-ville et nos quartiers résidentiels étaient réduits en poussière.

Nous avons vu, pratiquement en direct, des enfants brûler vifs à Gaza. Ils tendaient les bras. On voyait leurs petits corps bouger, mais on n'entendait pas leurs cris dans l'école bombardée où ces enfants vivaient avec leurs parents. L'ambassadrice américaine (sous la présidence Biden) a raconté la scène, comme nous le faisons ici, mais ça n'a pas empêché la diplomate d'opposer son veto, ce jour-là, à une résolution de cessez-le-feu, au conseil de sécurité de l'ONU.

Après Gaza, la Cisjordanie

Le 26 mai, on a encore vu des enfants palestiniens brûler vifs, dans une école de Gaza : 36 morts. À Gaza, des enfants sont amputés d'un bras, d'une jambe ou les deux, sans anesthésie ! Parce que les réserves des hôpitaux sont bombardées ou épuisées. Les enfants dont on parle sont si petits qu'ils demandent parfois si leur bras ou leur jambe coupée va « repousser ». Et plusieurs sont orphelins, à cause de la guerre.

Après Gaza, la Cisjordanie aussi devient un champ de bataille : en 18 mois, on y a compté plus de 1 500 attaques de l'armée israélienne. Les colons ont fait plus de 900 morts et plus de 7 000 blessés palestiniens, sans compter ceux qui ont été déplacés, par milliers. Les colons s'accaparent des terres, brûlent des oliveraies et des maisons !

Le 26 mai 2025, 800 juristes britanniques, dont deux anciens juges de la Cour suprême du Royaume-Uni, ont même affirmé que l'action des autorités israéliennes dans les territoires occupés pouvait constituer un génocide, en écho aux conclusions de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 (2).

Non moins importante que la protection de la population d'Israël face à toute agression, la protection du peuple palestinien et de ses enfants est devenue une urgence absolue. C'est notre devoir ! À tous.

« Tout être humain dont la vie est en danger a droit au secours » (article deux de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec). On retrouve le même esprit dans le droit international humanitaire. C'est ce droit qu'il faut absolument préserver.

Notre combat contre l'apartheid

Dans son histoire, le Canada a su relever des défis similaires. Qui a regretté notre combat contre l'apartheid en Afrique du Sud ? Et notre campagne courageuse contre les mines antipersonnel, avec le soutien inoubliable de Lady Di ? En 1956, on a dit non à la guerre de Suez et l'on a inventé les casques bleus, ce qui a valu au Canada un prix Nobel de la paix. Le Canada a plus que milité pour la création de la Cour pénale internationale : il en a été un architecte essentiel. La « responsabilité de protéger » porte aussi notre signature.

Avons-nous appris des leçons de notre histoire ?

Le 19 juillet 2024, la Cour internationale de justice de La Haye a confirmé que Gaza et la Cisjordanie sont des territoires « occupés ». La Cour a dit qu'Israël doit mettre fin à cette occupation de près de 60 ans et retirer ses colons de Cisjordanie. Pas dans dix ans ! Maintenant.

La Cour internationale dit aussi qu'Israël doit indemniser les Palestiniens pour les dommages découlant de cette colonisation. Plusieurs des juges dénoncent aussi l'existence d'un système d'apartheid en Cisjordanie, comme l'avait déjà observé Nelson Mandela, citoyen honoraire du Canada.

Le 17 septembre 2024, suivant l'avis de la Cour internationale, l'Assemblée générale de l'ONU a voté massivement « pour un démantèlement des colonies israéliennes avant le 18 septembre 2025 ». Le 18 septembre, c'est dans moins de quatre mois ! Le Canada s'est abstenu lors de ce vote. Nous lui demandons de reconsidérer sa position et de se ranger, comme la France, du côté de la grande majorité de l'Assemblée générale.

Le 29 mai 2025, Israël annonce la construction de 22 nouvelles colonies en Cisjordanie. Devant une telle provocation, le Canada peut-il continuer d'ignorer l'avis de la Cour et poursuivre comme si de rien n'était son commerce en libre-échange avec Israël, un libre-échange qui inclut les produits de Cisjordanie ?

On ne peut ignorer l'avis de la Cour internationale de justice

L'avis de la Cour internationale de justice est clair comme de l'eau de roche. La Cour dit le droit ! Le Canada ne peut ignorer cette décision. En partenariat avec un nombre croissant de pays européens — récemment l'Allemagne et la Norvège —, le Canada doit exiger le respect de la justice internationale, réclamer la paix, et annoncer une solide stratégie de pressions sur les autorités israéliennes, comprenant un régime de sanctions et la reconnaissance de l'État palestinien. Cette reconnaissance est présentée le 30 mai 2025 par le président Emmanuel Macron comme « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique (3) ».

Le Canada accueillera les pays du G7 à Kananaskis le 15 juin. Du 17 au 20 juin, se tiendra à New York une session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU, présidée par la France et l'Arabie saoudite, pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. La semaine suivante aura lieu un sommet de l'OTAN à La Haye. Le Canada devrait profiter de ces tribunes pour exercer du leadership et défendre les droits d'un peuple en péril !

************************

Liste des signataires

François Crépeau, professeur de droit international, université McGill, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l'homme des migrants

Aline Gobeil, ancienne journaliste à Radio-Canada

Avec le soutien de

Hon. Lloyd Axworthy, président du Conseil mondial pour les réfugiés et les migrations

Hon. René Dussault, ancien coprésident de la commission royale sur les peuples autochtones

Peter Leuprecht, ancien doyen de la faculté de droit de l'université McGill, ancien directeur des droits de l'homme et secrétaire général adjoint du Conseil de l'Europe

William A. Schabas, professeur de droit international, université du Middlesex, Londres, Royaume-Uni

Mark Antaki, université McGill

Rachad Antonius, professeur associé, université du Québec à Montréal (UQAM)

Robert Armstrong, consultant en télécommunications
Idil Atak, professeure, université métropolitaine de Toronto

Suzanne Aubry, écrivaine

Stéphane Beaulac, PhD (Cantab), professeur de droit international, université de Montréal

Gilles Bibeau, professeur émérite, université de Montréal

Megan Bradley, professeur et William Dawson Scholar, sciences politiques et développement international, université McGill

Bonnie Campbell, professeure émérite, UQAM

Christopher Campbell-Duruflé, professeur adjoint, faculté de droit, université métropolitaine de Toronto

Sonia Cancian, psychanalyste, historienne, centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises, université McGill

Janet Cleveland, chercheuse, institut universitaire Sherpa

Ellen Corin, professeure émérite, université McGill

Geneviève Dufour, professeure, université d'Ottawa

Gilles Duruflé, consultant en finance internationale

Samaa Elibyari, présidente du Conseil canadien des femmes musulmanes-Québec

Evan Fox-Decent, professeur de droit et président de la chaire en droit et justice cosmopolite, université McGill

Katsi'tsakwas Ellen Gabriel, artiste, documentariste, activiste autochtone en droits de la personne et en environnement, Kanehsatà:ke, Canada

Alain-G. Gagnon, professeur titulaire, département de science politique, UQAM

Ana Gómez-Carrillo, MD, psychiatre, hôpital pour enfants de Montréal, Centre médical de l'université McGill

Gaëtane Gascon, retraitée d'Oxfam Canada

Jill Hanley, professeure titulaire, école de travail social, université McGill

Simon Harel, professeur titulaire, département de littératures et de langues du monde, université de Montréal

Ghayda Hassan, UQAM

Denise Helly, institut national de la recherche scientifique, Montréal

Janique Johnson-Lafleur, institut universitaire Sherpa et université McGill

Niky Kamran, université McGill

Dr Laurence J. Kirmayer, professeur distingué James McGill, directeur, division de psychiatrie sociale et transculturelle, Université McGill

Myrna Lashley, université McGill

Isabelle Lasvergnas, psychanalyste

Karine Mac Allister, PhD

Abdelwahed Mekki-Berrada, professeur titulaire, université Laval

Donna Mergler, professeure émérite, UQAM

Lucie Nadeau, MD, professeure agrégée, divisions de psychiatrie sociale et culturelle et de pédopsychiatrie, université McGill

Vrinda Narain, professeure associée, faculté de droit, université McGill

Ndeye Dieynaba Ndiaye, professeure agrégée, département des sciences juridiques, UQAM

Alex Neve, chercheur principal, école supérieure d'affaires publiques et internationales de l'université d'Ottawa, ancien secrétaire général d'Amnesty International Canada

John Packer, centre d'études sur les droits humains et l'éducation, faculté de droit, université d'Ottawa

Michel Peterson, psychanalyste, école lacanienne de Montréal, Corpo Freudiano, Alfapsy

Johanne Poirier, professeure, faculté de droit, université McGill

Maryse Potvin, professeure titulaire, UQAM

Cécile Rousseau, professeure, Université McGill

Claude Savoie, avocate

Marina Sharpe, professeure associée, collège miliaire de Saint-Jean

Oussama Sidhom, université McGill

Louise Vandelac, professeure titulaire, sociologie, UQAM

Marie-Joëlle Zahar, directrice du réseau de recherche sur les opérations de paix, université de Montréal

Notes

1- « Des centaines de personnalités québécoises demandent à Mark Carney de lever le ton face à Israël », Le Devoir, 28 mai 2025.

2- « UK must impose sanctions on Israel to meet legal obligations, say more than 800 lawyers », The Guardian, 27 mai 2025.

3- Le Monde, 30 mai 2025.

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Taxes de 50 % sur l’acier et l’aluminium : escalade dans la guerre commerciale ou nouveau bluff ?

10 juin, par Gregorio Oneto — , ,
Ce mercredi est entrée en vigueur une nouvelle hausse des droits de douane des États-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium, de 25 % à 50 %. Une hausse considérable, (…)

Ce mercredi est entrée en vigueur une nouvelle hausse des droits de douane des États-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium, de 25 % à 50 %. Une hausse considérable, qui, si elle se pérennise, provoquera de graves secousses dans un secteur déjà sous tension. Mais ce choix pourrait être un nouveau coup de la part de Trump destiné à le renforcer dans les négociations.

4 juin 2025 | tiré de Révolution permanente | Crédits photo : Flickr The White House
https://www.revolutionpermanente.fr/Taxes-de-50-sur-l-acier-et-l-aluminium-escalade-dans-la-guerre-commerciale-ou-nouveau-bluff

Ce mercredi 4 juin, Trump a de nouveau eu recours à l'un de ses leviers politiques préférés : les droits de douane. En augmentant de 25 % à 50 % les taxes sur l'acier et l'aluminium, Trump poursuit sa lancée protectionniste. Mais, depuis son investiture, le monde a assisté à un tel nombre de revirements dans sa politique commerciale que cette nouvelle annonce ne semble plus émouvoir grand monde : s'agit-il d'un simple nouveau coup de bluff, que Trump se hâtera de suspendre dans les prochains jours, ou avons-nous là affaire à une augmentation durable des droits de douane ?

La guerre commerciale ne s'est jamais interrompue

Le 2 avril, à l'occasion du « Liberation Day », Trump avait déclenché une panique mondiale en annonçant une offensive commerciale tous azimuts, avec des taxes ciblant l'ensemble des produits importés depuis l'ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis. Cette offensive s'était suivie d'une escalade avec la Chine atteignant jusqu'à 145 % de droits de douane. Mais, face à la pression des marchés et des risques réels de récession et d'inflation, le président américain s'était vu contraint d'interrompre sa folle course, en accordant d'abord le 9 avril une pause de 90 joursà l'ensemble des pays, exceptée la Chine, et en parvenant par la suite à un accord décrétant une pause similaire avec la Chine le 14 mai.

L'annonce de ce mercredi concernant les importations d'acier et d'aluminium vient nous rappeler que ces pauses n'ont jamais interrompu la politique douanière de Trump et constituent davantage des trêves fragiles que la fin de son offensive. En effet, les taxes sur l'acier et l'aluminium n'ont pas cessé d'être en vigueur, Trump avait lancé des attaques sur ces deux importations dès février, portant le niveau des droits de douane à 25 % début mars.

Mais cette nouvelle hausse est aussi un rappel de la fragilité de la trêve de 90 jours, accordée par les États-Unis aux pays du monde entier dans l'idée de leur accorder la possibilité de signer des accords bilatéraux. Ne restent plus que cinq semaines à la fin de ce moratoire, et seul un pays est parvenu à conclure à ce jour un accord surtout symbolique avec l'administration Trump : le Royaume Uni. L'accord annoncé par Trump et Starmer le 8 mai dernier a certes permis au Royaume Uni d'être le seul pays à échapper aux nouvelles taxes de 50 % sur l'acier et l'aluminium. Mais ce deal reste très fragile, car il s'agit d'un arrangement informel ne disposant aucun cadre juridique déterminé : il ne met aucunement le gouvernement de Starmer à l'abri d'un revirement inopiné de Trump. Ce risque est d'autant plus grand que le décret instituant les nouvelles taxes précise que Trump se réserve le droit de les appliquer au Royaume Uni s'il estime que Starmer ne remplit pas entièrement ses engagements pris dans l'accord du 8 mai.

Ces nouveaux tarifs interviennent par ailleurs en pleines négociations entre les États-Unis et Union européenne. Ce mercredi a eu lieu une rencontre entre Maroš Šefčovič, commissaire européen au commerce, et Jamieson Greer, représentant étasunien pour le commerce extérieur. Si les deux hommes ont décrit leur rencontre comme ayant été « constructive », la hausse de taxes annoncée aujourd'hui par Trump ne va pas faciliter les négociations. Venant frapper un secteur métallurgique en crise dans le monde entier, et en Europe tout particulièrement, ces nouvelles taxes pourraient bien devenir un nouvel atout de Trump dans les négociations. Mais il serait illusoire de réduire la politique commerciale de Trump à des coups de bluff destinés à renforcer sa capacité à obtenir des accords favorables aux États-Unis. Le projet du président étasunien reste un projet protectionniste qui vise à renforcer la production industrielle américaine. En tant que « barrière » de protection pour la sidérurgie étasunienne, telles que les a nommées Trump lui-même, ces nouvelles taxes douanières pourraient bien se pérenniser.

Une menace sérieuse pour le secteur métallurgique, en crise dans le monde entier

Les droits de douane sur l'acier et l'aluminium interviennent dans une période de crise profonde pour ces secteurs, dans un contexte de surcapacité industrielle mondiale. Pour prendre l'exemple de l'acier, cette crise est le fruit d'une explosion de la production mondiale, celle-ci étant passée de 1148 millions de tonnes en 2005 à 1892 en 2023. Un accroissement stimulé par la Chine, qui est devenu de très loin le premier producteur mondial d'acier, avec 1019 millions de tonnes produites en 2023. L'inondation du marché par un acier souvent plus abordable que l'acier produit dans les pays occidentaux a fortement mis à mal cette industrie. Le tout dans un contexte de très faible croissance de l'économie mondiale, exerçant une pression à la baisse sur la demande. Si Trump compte protéger l'industrie étasunienne grâce à ces droits de douane, cette stratégie va avoir des conséquences catastrophiques sur ses partenaires commerciaux, mais elle va également affecter par ricochet l'économie étasunienne.

Les premières victimes seront les premiers exportateurs d'acier et d'aluminium vers les États-Unis, au premier chef d'entre eux le Canada. Alors que les importations canadiennes représentent 23 % de l'acier et 40 % de l'aluminium importés aux États-Unis, les industriels canadiens ont tiré le signal d'alarme ce mercredi. Si des droits de douane de 25 % mettaient déjà à mal les exportations vers les États-Unis, le passage à 50 % les rend quasi impossibles. Alors que le premier ministre canadien Mike Carney avait promis une politique intransigeante face aux provocations de Trump, cette nouvelle attaque le met face à un défi bien difficile à résoudre.

Ces droits affecteront également les autres grands exportateurs vers les États-Unis à l'instar du Mexique et le Brésil, mais également l'UE. Si les pays européens ne sont pas les plus grands exportateurs vers les États-Unis, ces nouvelles barrières font planer la menace d'une inondation du marché européen par l'acier et l'aluminium qui ne pourront plus entrer sur le marché américain. Or, le secteur sidérurgique est en net recul depuis une décennie en Europe : la production a baissé de 20 % de 2014 à 2023, avec une baisse de 8 % des emplois directs sur la même période. Mis profondément à mal par la hausse des prix de l'énergie provoqués par la guerre en Ukraine, la stagnation économique et la crise de secteurs qui sont des grands consommateurs d'acier comme le secteur automobile ont aggravé sa rentabilité économique.

Le 19 mars dernier, en réaction aux droits de douane de 25 %, la Commission européenne avait déjà volé au secours de cette industrie avec des mesures de sauvegarde, telles que des quotas d'importation, mais aussi d'autres instruments de défense commerciale. Il semble probable que la nouvelle hausse pousse la Commission à intensifier ces mesures. Mais ces taxes spécifiques à l'acier et l'aluminium pourraient également faire l'objet d'un accord diplomatique entre UE et États-Unis. La pression exercée par Trump sur l'Europe est multiple : aux droits de douanes s'ajoutent les velléités de se désengager militairement d'Ukraine, pouvant aller jusqu'aux menaces de se désengager de l'OTAN. Sa stratégie transactionnelle le conduit à multiplier ces points de pression afin de faire plier ses partenaires, sans distinguer les questions commerciales, militaires ou sécuritaires. Les nouvelles taxes sur l'acier et l'aluminium pourraient alors jouer un rôle stratégique dans le cadre de ces négociations, dont l'issue est toutefois toujours très incertaine.

La stratégie de la classe ouvrière face à la guerre commerciale

Quelle que soit l'issue de cette guerre commerciale, et la pérennité ou non de ces mesures tarifaires, les victimes de cette politique agressive et erratique seront toujours les travailleurs. Malgré les prétentions de Trump de défendre le secteur industriel étasunien, ces mesures vont directement affecter les travailleurs américains. Ces taxes vont en effet produire de fortes tensions inflationnistes, et vont mettre à mal l'ensemble des secteurs manufacturiers dont la production reposait sur l'importation d'acier et d'aluminium. Ainsi, alors que l'économie mondiale est dans une longue phase de stagnation depuis la crise des subprimes, ces taxes vont accroître les risques de récession, qui vont en premier lieu toucher les travailleurs, en attaquant leur pouvoir d'achat et leurs emplois.

Si cela vaut pour les États-Unis, c'est a fortiori le cas pour le monde entier. La crise touchant le secteur sidérurgique permet aux patrons de multiplier les plans sociaux et licenciements, allant jusqu'aux fermetures d'usines. Arcelor Mittal, deuxième producteur mondial d'acier, a annoncé le 23 avril la suppression de 636 emplois sur sept sites dans le Nord. Cette annonce intervient dans le contexte d'une large vague de licenciements, et alors que le géant avait déjà confirmé la fermeture des sites de Reims et de Denain en février. Le groupe justifie ces suppressions par les difficultés économiques et la concurrence chinoise. Des justifications hypocrites, alors qu'il est lui-même un des acteurs de la production et de l'importation d'acier chinois en France.

Face à ces attaques, qui vont s'aggraver avec l'escalade commerciale de Trump, les bureaucraties syndicales, à l'instar de Sophie Binet, nous proposent de riposter aux côtés du gouvernement Macron avec des mesures protectionnistes de rétorsion. Cette réponse chauvine, en plus d'alimenter un discours nationaliste, ne fera qu'aggraver la situation de la classe travailleuse en accentuant les tendances à la récession et à l'inflation produites par la guerre commerciale. Face aux nouvelles attaques de Trump et aux attaques patronales qui vont suivre, une seule réponse est possible. Une réponse par en bas, des travailleurs auto-organisés qui par leurs méthodes de lutte exigent le maintien de leurs emplois, en brandissant notamment une revendication essentielle du mouvement ouvrier : la nationalisation sans indemnités des usines.

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Pour les universités, la répression de Trump, c’est « pire que le maccarthysme »

10 juin, par Dan La Botz — , ,
Les États-Unis ont déjà connu deux purges politiques de la gauche, la « Peur rouge » des années 1920 et le maccarthysme des années 1950, et nous sommes aujourd'hui en pleine (…)

Les États-Unis ont déjà connu deux purges politiques de la gauche, la « Peur rouge » des années 1920 et le maccarthysme des années 1950, et nous sommes aujourd'hui en pleine purge Trump, qui est pire que les précédentes.

Hebdo L'Anticapitaliste - 757 (05/06/2025)

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Wikimedia Commons

La « Peur rouge » des années 1920 a suivi la révolution russe d'octobre 1917. Elle a été immédiatement provoquée par des anarchistes autoproclamés qui ont envoyé des bombes au procureur général A. Mitchell Palmer et au juge de la Cour suprême Oliver Wendel Holmes. Le gouvernement américain a arrêté des milliers d'anarchistes, de socialistes et de communistes, dont plusieurs milliers d'immigrantEs originaires de Russie, d'Europe de l'Est et d'Europe du Sud qui ont été expulsés.

La guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique, qui a débuté à la fin des années 1940, a conduit à ce qu'on a appelé le maccarthysme. Le sénateur du Wisconsin Joseph McCarthy, président de la sous-commission d'enquête permanente du Sénat, a tenu des audiences sur la subversion communiste et ceux qu'il a appelés à témoigner ont souvent vu leur vie détruite par cela seul, perdant leur emploi et leur réputation. D'autres commissions législatives du Congrès et des États ont également tenu des audiences. En 1954, le Congrès a adopté et le président Dwight D. Eisenhower a signé la loi sur le contrôle des communistes, interdisant le Parti communiste. Au cours de cette période, des centaines de personnes ont été emprisonnées et des milliers ont perdu leur emploi.

Criminalisation de ses opposants

Aujourd'hui, Trump et les Républicains s'en prennent à ceux que Trump qualifie de « gauchistes lunatiques, socialistes et communistes » ou de « membres d'un réseau mondial de soutien au Hamas » ou encore d'« antisémites ». Des immigrantEs sont déclaréEs « criminels » sans procédure régulière, arrêtés et expulsés.

Trump expulse de plus en plus d'immigrantEs, parfois en invoquant la loi controversée de 1798 sur les ennemis étrangers (Enemy Aliens Act), parfois en violant le droit des immigrantEs à une procédure régulière. Les États-Unis ont notamment expulsé illégalement Kilmar Abrego García vers son pays d'origine, le Salvador, et ont refusé son retour malgré une décision de justice. Trump a mis fin au statut de protection temporaire de centaines de milliers de migrantEs vénézuéliens, cubains, haïtiens et nicaraguayens, et la Cour suprême a confirmé sa décision. Trump a également modifié le statut de plus de 1 800 étudiantEs internationaux et jeunes diplôméEs, les rendant plus vulnérables à l'expulsion.

On retrouve ici des échos de la guerre froide, aujourd'hui remplacée par une guerre froide avec la Chine communiste. L'administration Trump a déclaré qu'elle révoquerait « de manière agressive » les visas des étudiantEs chinois qui étudient aux États-Unis, soit 280 000 personnes. Sont menacés ceux qui ont des liens avec le Parti communiste chinois, qui étudient dans des domaines critiques tels que les sciences, l'ingénierie et la médecine ou qui « causent des problèmes », c'est-à-dire qui participent à des manifestations.

Une répression globale pour tout manifestant

Ellen Schrecker, historienne spécialiste du maccarthysme, affirme que « l'attaque actuelle contre l'université est infiniment pire que le maccarthysme ». Cette attaque est plus large, plus puissante et vise à discipliner et à contrôler l'ensemble de l'enseignement supérieur. En 2021, le vice-président J.D. Vance a prononcé un discours intitulé « Les universités sont l'ennemi », et sous Trump, c'est certainement devenu le cas. Dans le but de discipliner les universités, Trump a gelé environ 11 milliards de dollars de fonds destinés à la recherche.

Le maccarthysme ne menaçait que des professeurs individuellement, mais selon l'historienne Ellen Schrecker, la répression de Trump sur « les manifestations sur les campus contre la guerre d'Israël à Gaza et les menaces d'expulsion d'étudiants et de membres du corps enseignant, […] cela touche également les salles de classe, les laboratoires, les programmes d'études, les bibliothèques, les dortoirs, les programmes DEI, les bureaux d'admission, les décisions en matière de personnel, les sports, les agences d'accréditation ». Trump a même recomposé des institutions entières telles que le New College of Florida.

Contrairement à la période McCarthy, nous assistons à une résistance croissante. À l'université Columbia, qui a cédé aux exigences de Trump, les étudiantEs ont hué la présidente par intérim, Claire Shipman. Et au MIT, la présidente de la promotion 2025, Megha Vemuri, a prononcé un discours percutant attaquant les liens du MIT avec l'armée israélienne et la guerre génocidaire contre le peuple palestinien. Elle en a payé le prix en étant exclue de la cérémonie de remise des diplômes. Mais la lutte continue.

Dan La Botz, traduction Henri Wilno

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Marche mondiale vers Gaza ; plus de 80 organisations canadiennes se mobilisent au Canada

10 juin, par Palestine Vivra — , ,
Montréal, Tiohtia ;ke, le 5 juin 2025 - La situation à Gaza a franchi le point de non-retour. Depuis le début de l'offensive israélienne, plus de 54 000 Palestiniens et (…)

Montréal, Tiohtia ;ke, le 5 juin 2025 - La situation à Gaza a franchi le point de non-retour. Depuis le début de l'offensive israélienne, plus de 54 000 Palestiniens et Palestiniennes ont été tuées, dont plus de 16 000 enfants. Les bombardements incessants, le blocus et le siège total imposé à la population civile ne laissent aucun doute : il s'agit d'un génocide en cours.

Photo Serge d'Ignazio

Désormais la famine est utilisée comme une arme de guerre, une de plus dans l'arsenal de la stratégie israélienne visant à détruire la population de Gaza. Ce blocus mortifère, cette privation délibérée de nourriture, d'eau et de soins, s'ajoute aux bombardements incessants, plongeant près de 2 millions de personnes, soit 93 % de la population, dans une crise alimentaire extrême. Selon des organisations humanitaires, 470 000 personnes risquent de mourir des conséquences directes de cette famine provoquée. Malgré les pressions croissantes de la communauté internationale, Israël intensifie ses frappes, plongeant
les habitant·es de Gaza dans un cauchemar sans fin.

Face à cette réalité insoutenable et à l'inaction coupable des grandes institutions internationales et de nos gouvernements, un mouvement citoyen mondial sans précédent s'organise : la Marche Mondiale vers Gaza. Cette initiative appelle à une mobilisation pacifique et massive le 15 juin 2025, depuis l'Égypte, pour marcher vers Rafah en solidarité avec le peuple palestinien et exiger la fin immédiate des violences.

« La marche porte trois revendications claires et urgentes : la levée immédiate du blocus sur Gaza, l'ouverture des frontières et l'entrée massive de l'aide humanitaire, ainsi que la fin des complicités internationales qui rendent ce génocide possible. » souligne Baya El Hachemi, membre du collectif Palestine Vivra à l'origine de la mobilisation au Canada.

« Nous refusons de rester spectatrices et spectateurs. Nous marchons pour Gaza. » martèle-t-elle.

Une délégation canadienne rassemblant entre 75 et 120 personnes ; militant·e·s, syndicalistes, professionnel·les de la santé et membres de la société civile se joindra à cette marche historique aux côtés de milliers de citoyennes et citoyens du monde entier. Elle bénéficie d'un important soutien de la société civile au Canada, mobilisée autour de valeurs de justice, de dignité humaine et de solidarité internationale.

Plus de 80 organisations à travers le Canada ont officiellement endossé cette initiative, soulignant l'urgence d'agir face à la situation alarmante en cours à Gaza. « Le silence tue. Il faut agir, au-delà des mots, pour mettre fin au génocide à Gaza », affirme Safa Chebbi, de Désinvestir pour la Palestine et membre de la coordination canadienne nationale de la Marche. Elle rappelle que notre solidarité ne peut se limiter à des prises de position symboliques : elle doit se traduire par des actions concrètes, coordonnées et déterminées pour briser l'isolement de Gaza et soutenir la lutte du peuple palestinien pour sa liberté et sa dignité.

À propos

La marche mondiale vers Gaza est une mobilisation internationale qui rassemble des délégations de plus de 60 pays.
Des centaines d'organisations à travers le monde ont déjà répondu à l'appel : syndicats, ONG, collectifs féministes, associations de quartier, groupes antiracistes...

Palestine Vivra est une organisation citoyenne non partisane née à Montréal en août 2024, en réponse aux mobilisations contre le génocide en cours à Gaza. Elle œuvre pour renforcer la solidarité avec la Palestine par des actions de sensibilisation au Québec et des projets de coopération internationale. Elle constitue également la structure juridique de la campagne québécoise de la Flottille de la Liberté.

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Il est minuit moins une pour le peuple palestinien : le Canada doit radicalement changer d’approche

10 juin, par Coalition du Québec URGENCE Palestine — , , ,
Sous les bombes depuis bientôt 20 mois, la population de Gaza y est tuée, blessée, terrorisée, déplacés sans arrêt. Ses moyens de survie ont été anéantis Le blocus l'a (…)

Sous les bombes depuis bientôt 20 mois, la population de Gaza y est tuée, blessée, terrorisée, déplacés sans arrêt. Ses moyens de survie ont été anéantis

Le blocus l'a amenée au bord de la famine. C'est dans ce contexte, qu'Israël a lancé, le 18 mai, une invasion terrestre dont l'objectif avoué est de déplacer la population dans à peine 20 % du territoire et de compléter la destruction de ce qui reste d'infrastructure civile, de telle sorte que la population n'ait « nulle part où retourner ». Le 21 mai, Benjamin Netanyahou a
même inclus dans ses exigencesl'application du « plan Trump » : expulsion des Palestinien·nes et contrôle étasunien de la bande de Gaza.

Le Canada doit cesser d'être complice du génocide d'Israël

Le 19 mai, le Canada, dans une déclaration commune avec la France et le Royaume-Uni, haussait nettement le ton à l'endroit d'Israël et demandait l'entrée libre de l'aide humanitaire et la fin de la nouvelle offensive, en brandissant la menace « d'autres actions concrètes » ou de « sanctions ciblées ». Mais ce sont là des paroles, alors que c'est le temps d'agir... depuis très longtemps.

Au-delà de l'extrême urgence actuelle, l'enjeu à saisir n'est PAS qu'Israël laisse entrer l'aide en ce moment ni qu'il stoppe son offensive actuelle. Comme l'ont rappelé, le 8 mai dernier, près d'une quarantaine de rapporteurs spéciaux et experts de l'ONU, les États du monde sont confrontés au choix décisif suivant : « mettre un terme au génocide en cours ou le voir mettre fin à la vie à Gaza ».

Le Canada doit opter pour l'autodétermination palestinienne d'abord et avant tout

Depuis plus de 30 ans, le Canada a soutenu des « processus de paix » sous le couvert desquels Israël a, ouvertement et en toute impunité, accentué sa dépossession, sa violence et son humiliation à l'égard du peuple palestinien, jusqu'au génocide actuel à Gaza. Depuis octobre 2023, nous n'assistons pas à une « escalade tout à fait disproportionnée » en riposte aux attaques du Hamas, mais à la mise en œuvre, déjà très avancée, du plan d'Israël de saisir ce moment pour mettre un terme définitif à la possibilité même d'un État pour le peuple palestinien sur son territoire.

Le Canada, la France et le Royaume-Uni ont à nouveau professé leur « collaboration avec l'Autorité palestinienne, des partenaires régionaux, Israël et les États-Unis afin de parvenir à un consensus sur les dispositions à prendre concernant l'avenir de Gaza ». La poursuite dans cette voie est, en fait, une négation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination, parce qu'elle désigne unilatéralement ses représentants et subordonne l'exercice de ce droit à un consensus à trouver avec un État génocidaire et la superpuissance qui a soutenu et armé cet État génocidaire jusqu'à ce jour. À défaut de rompre avec cette vision et de mettre fin à toute forme de collaboration à ce projet ignoble, le Canada demeurera complice
de tous les crimes d'Israël.

Le Canada doit agir résolument

Le Canada doit prendre résolument le parti d'honorer ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et en vertu de l'avis du 19 juillet 2024 de la Cour internationale de justice selon lequel l'occupation et la colonisation israéliennes de Gaza et de la Cisjordanie sont illégales et doivent cesser « dans les plus brefs délais » (un délai que l'Assemblée générale des Nations Unies a fixé au 17 septembre 2025).

Seules des actions d'une grande force peuvent faire reculer Israël. S'il ne veut pas demeurer complice des crimes d'Israël, le Canada doit déployer IMMÉDIATEMENT TOUS LES MOYENS d'action politique et économique à sa disposition, en tant qu'État. Et ils sont nombreux : reconnaître immédiatement l'État de Palestine, appliquer un réel embargo bilatéral sur tout matériel militaire, se joindre à des actions devant les cours internationales, résilier des ententes économiques et militaires, imposer des sanctions, rompre les relations diplomatiques, pour n'en nommer que quelques-uns.

Le Canada doit aussi œuvrer à ce que tous ses alliés fassent de même et que cette pression internationale réelle soit maintenue jusqu'à ce que soient obtenus non seulement la levée immédiate et permanente du blocus israélien de même qu'un cessez-le-feu immédiat et permanent, mais aussi le respect intégral, non négociable, du droit international par Israël et l'exercice, rapide et sans condition, du droit à l'autodétermination du peuple palestinien.

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Faillite des politiques sur le logement : blâmons les immigrants ?

10 juin, par Jessie Stein, Sophie O'Manique — , ,
L'élite canadienne a fait des immigrants.es les boucs émissaires de ses échecs en matière de logement. Mais elle compte de plus en plus sur cette population pour construire ce (…)

L'élite canadienne a fait des immigrants.es les boucs émissaires de ses échecs en matière de logement. Mais elle compte de plus en plus sur cette population pour construire ce qu'elle pense viendra à bout de la crise.

Jessie Stein et Sophie O'Manique
The Breach, 23 mai 2025

Traduction, Alexandra Cyr

Plus la crise du logement se creuse, plus l'élite politique canadienne a adopté une explication plus compliquée qu'il n'y parait : « Blâmons l'immigration ».

L'an dernier, Pierre Poilievre déclarait : « Le calcul est simple ; si plus de familles arrivent vous devez les loger, ça fait augmenter les prix du logement ». Le Premier ministre québécois, François Legault allait plus loin : « 100% du problème de logement provient de l'augmentation d'immigrants.es temporaires ».

Et l'automne dernier, le Premier ministre libéral, Justin Trudeau, faisait monter la pression en se servant de l'immigration pour : « stabiliser l'augmentation de la population » afin que le gouvernement puisse : « contrôler (le problème) du logement et des services ».

Ces discours cachent un fait fondamental : les immigrants.es ont été recrutés.es activement pour aider à régler le problème pour lequel ont les blâme. Ils participent à la construction des maisons que tous les politiciens,nes appellent de leur vœux.

Ces personnes représentent environ un cinquième des travailleurs.euses de la construction au Canada. Avec notre recherche nous avons découvert que le nombre de travailleurs.euse temporaires n'a cessé d'augmenter au cours de la dernière décennie dans ce secteur.

Le manque persistant de main-d'œuvre dans la construction résidentielle impose pratiquement le recours à ces travailleurs.euses pour atteindre les cibles de logements du gouvernement fédéral. Bien loin d'empirer la crise du logement, les immigrants.es sont au cœur des propositions gouvernementales pour la résoudre.

Mais il faut dire que plusieurs d'entre eux et elles sont vulnérables, dans des situations d'abus et d'exploitation pour lesquelles les politiques les visant ne sont pas à la hauteur. On en fait des boucs émissaires de la situation alors que leur situation de logement est des plus précaire au Canada.

Alors que tous les gouvernements du pays en remettent avec leur stratégie de construction qui privilégie le marché des logements et non celui qui répond aux besoins, les immigrants.es qui travaillent à les construire en sont exclus.es et le marché les accuse d'être de trop.

Combler le manque de logement

Il arrive souvent que l'on blâme le manque de main-d'œuvre dans le secteur de la construction pour la difficulté à intervenir dans la crise du logement au Canada.

On prévoit que 22% de cette main-d'œuvre prendra sa retraite au cours de la prochaine décennie. Les programmes de formation étant peu actifs, les travailleurs.euses temporaires étrangers.ères sont appelés.es à combler ce manque. En 2023 ils et elles comptaient pour 22% du secteur au pays. Les résidents.es temporaires comptent maintenant aussi pour une bonne portion de cette main-d'œuvre à hauteur de 30,000 personnes en 2024 soit une augmentation de 443% depuis 2015.

Ces chiffres ne comprennent pas les immigrants.es sans papiers et les demandeurs d'asile qui travaillent aussi sur les chantiers. Le gouvernement fédéral en a en quelque sorte tenu compte en 2019 quand il a mis en place un projet pilote offrant la résidence permanente à 500 d'entre eux dans la région de Toronto. Plus tard, il a ouvert le programme à 1,365 travailleurs.euses de la construction de plus et il a créé des plans spécifiques pour régulariser plus de cette main-d'œuvre et lutter contre les manques.

Les immigrants.es occupent un large volet des emplois dans le secteur mais font aussi face à de l'exploitation en lien avec leur statut précaire. Des entrevues ont fait apparaître du racisme, des défauts de paiement des salaires et du harcèlement. Certains.es ont occupé des postes mieux payés mais n'ont pas été informés.es de leur droit à une défense syndicale.

Et la précarité ne s'arrête pas aux portes des chantiers. Elle conditionne aussi les vies de cette population et les lieux où elles se passent.

Hausse des prix et précarité

Malgré le rôle essentiel que ces travailleurs.euses de la construction jouent, le prix exorbitant rend ces logements est hors de leur portée. C'est un paradoxe auxquelles s'accrochent d'autres barrières qui touchent particulièrement les travailleurs.euses issus.es de l'immigration.

Les personnes sans statut permanent n'ont pas droit aux programmes de subventions au logement et sont surreprésentés.es dans les emplois à faible salaire. Beaucoup, poussés.es dans les pires coins du marché, s'entassent dans des loyers de très mauvaise qualité pourtant épouvantablement chers. L'itinérance sera le lot de plusieurs.

Les problèmes de logement pour cette population vulnérable peuvent facilement mener à leur détention ou leur expulsion. Une de ces personnes nous a dit : « Un seul mois de retard de paiement du loyer et le propriétaire vous menace d'appeler l'immigration. Et ils le font ».

Les travailleurs.euses temporaires qui logent chez leur employeur font face à des risques encore plus importants. Un organisateur du Centre pour les travailleurs immigrants de Montréal explique : « Il se peut que votre propriétaire soit aussi votre patron. Si un problème survient au travail, on expulse les personnes de leur logement ».

Un groupe d'immigrants.es travaillant dans la construction a tout perdu dans l'incendie de leur logement fourni par leur employeur. Plutôt que de leur offrir de l'aide, il les a relogés.es loin du chantier ajoutant ainsi des heures non payées au déjà longues journées.

Comme tous les autres dans la classe ouvrière, ces travailleurs.euses font face à la crise du logement mais avec une couche de plus de contrôle et d'exclusion. Attachés.es à leur employeur, surveillés.es par les agents.es de l'immigration, leur lieu de vie devient un autre outil de discipline et de dépossession.

S'accrocher à fond

L'emploi des immigrants.es pour construire des maisons n'est qu'un aspect d'un tableau plus large. Le gouvernement a miné les services publics depuis des décennies et compte maintenant sur cette population pour les maintenir. Les infrastructures sociales ont été affaiblies par les politiques d'austérité et le retrait du gouvernement de ces services. Il recrute donc de plus en plus de personnes de cette population pour combler les manques.

Cela va des soins de santé aux personnes âgées, des soins aux enfants et à l'éducation. Ces travailleurs.euses sont devenus.es les bouche-trous partout où l'État s'est retiré. La construction résidentielle ne fait pas exception.

Au cours des années 1990, le gouvernement fédéral a abandonné ses programmes de soutien à la construction de logements sociaux. Il a ainsi ralenti les nouvelles constructions et refilé les responsabilités aux provinces. Depuis cette époque, il n'y a presque pas eu de construction de ce type de logements au pays et une grande partie de ce qui l'avait été croule sous les besoins d'entretien et de rénovation après des années de négligence. Les provinces réduisent les protections dont bénéficient les locataires les laissant avec moins de sauvegarde alors que le coût des loyers augmente toujours.

Ces décisions de changement de politiques arrivent pendant un boom dans le secteur de la finance. L'immobilier est devenu attractif parce que les taux d'intérêt sont à la baisse et que la dérégulation est passée par là. Les rendements des pensions sont donc aussi à la baisse ce qui fait que plus de personnes choisissent d'investir dans l'immobilier pour financer leur retraite. Aujourd'hui, un Canadien sur six possède plusieurs maisons.

Selon la Banque de Montréal, malgré la préoccupation politique envers lesapprovisionnements, le rythme d'achat des premières propriétés a été plus intense que la formation des ménages depuis le début des années 2000. Cela met en lumière que ce qui se construit favorise les investisseurs.euses et pas les gens qui ont besoin de se loger.

Construire sur le dos des immigrants.es

Aucune solution d'offre ne viendra à bout de la crise du logement au Canada sans que des considérations fondamentales ne soient au programme : que construit-on ? Par qui est-ce construit ? Dans quelles conditions ? Et pour qui ?

La stratégie libérale du gouvernement fédéral, en donnant la priorité aux investisseurs.euses dans l'immobilier et aux acheteurs.euses à hauts revenus, s'est empêché de résoudre la crise du logement que subit la classe ouvrière. Elle repose aussi sur l'exploitation continue des travailleurs.euses issus.es de l'immigration.

L'an dernier, le Premier ministre d'alors, M. J. Trudeau, déclarait : « Il faut que l'immobilier conserve sa valeur. Les futurs.es retraités.es comptent sur cela pour leur avenir financier ».

Plus récemment lors d'une cérémonie d'investiture, le nouveau ministre du logement et des infrastructures (de Colombie-Britannique) et ancien maire de Vancouver, M. Gregor Robertson répondait par un « non » clair à la question d'un journaliste. Il demandait si la baisse des prix des logements était à l'ordre du jour. Cette logique de la rétention de la valeur (de l'immobilier) est aussi au cœur de la stratégie de logement proposée par le nouveau Premier ministre du Canada, M. Mark Carney.

Malgré les plans prétendus ambitieux pour doubler le rythme de la construction résidentielle grâce à une nouvelle agence fédérale, M. Carney soutien qu'avec des partenariats publics-privés, l'allègement des régulations, des incitations au financement et la mise à disposition pour la construction résidentielle privée de terrains publics, le financement privé sera au rendez-vous.

Aucun engagement sérieux n'a été annoncé en faveur du logement social et un semblant d'attention a été concédé à ceux et celles qui sont coincés.es dans la crise du logement. Pire encore, ce plan ne prend pas du tout en compte un élément structurel en ce moment : le manque de main-d'œuvre dans la construction. Les immigrants.es y sont essentiels.les mais si peu est fait pour les protéger.

Les plans du gouvernement fédéral en immigration prévoient des moyens d'accès à la résidence permanente mais pour les seules personnes à haut niveau d'éducation. Et le recrutement d'immigrants.es de la classe ouvrière se poursuit mais pour des postes précaires et temporaires.

On ne voit pas non plus de plan pour la régularisation de ceux et celles qui sont déjà là et pas de protection non plus pour les statuts précaires dans le futur. Au contraire, ce plan promet des retraits (de statut) plus rapides et plus d'infrastructures liées aux expulsions.

L'avenir du logement construit dans la solidarité

Pour la réalisation du plan d'extension de l'offre de logements de M. Carney, les immigrants.es sont essentiels.les malgré que les bénéfices qui s'y rattachent ne soient pas à leur portée et qu'en plus ont les blâment pour l'échec des politiques qui y sont liées.

Transformer les immigrants.es en boucs émissaires procure un écran de fumée devant les politiques en immigration qui en plus permettent l'exploitation. Cette tactique sert aussi quant aux politiques de logement qui ont failli.

Nous ne pouvons pas évacuer la crise du logement de notre pays, mais nous pouvons construire la solidarité.
Se battre pour la justice dans le logement, c'est aussi se battre pour la justice envers les immigrants.es. Il faut aussi se battre pour un réinvestissement dans le logement social mis à mal par des décennies d'austérité. Cela veut dire rejeter la création des boucs émissaires et les logiques protectionnistes qui se manifestent plus clairement depuis que la guerre commerciale de D. Trump sévit et que le nationalisme s'élève comme réponse.

Nous pouvons et nous devons nous battre pour que le logement du futur soit lié à la justice pour ceux et celles qui vivent ici et les autres qui sont en chemin.

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Solidarité sans frontières et le Migrant Rights Network dénoncent les dispositions anti-réfugié-e-s et de déportation massive du projet de loi C-2

10 juin, par Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes), Solidarité sans frontière — , ,
4 juin 2025, Montréal/Toronto — Solidarité sans frontières et le Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes) condamnent fermement le projet de loi (…)

4 juin 2025, Montréal/Toronto — Solidarité sans frontières et le Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes) condamnent fermement le projet de loi C-2, qui sape profondément le système canadien
d'immigration et de protection des réfugié-e-s, en violation des obligations internationales et des droits humains fondamentaux

La Loi « concernant certaines mesures liées à la sécurité de la frontière entre le Canada et les États-Unis et d'autres mesures connexes liées à la sécurité » contient plusieurs dispositions alarmantes qui restreindront radicalement la protection des réfugié-e-s et permettront des déportations massives ainsi que l'exclusion de nombreuses personnes migrantes.

« Le premier ministre Carney s'est présenté comme l'antithèse de Donald Trump, mais son tout premier projet de loi constitue une capitulation honteuse face au racisme et à la xénophobie. Il tourne le dos aux obligations juridiques et morales du Canada envers les réfugié-e-s et les personnes migrantes. Ce que nous voyons, c'est la mise en place délibérée d'une machine à déportation de masse destinée à briser des familles et des communautés. Déjà, plus de 3 000 permis d'études et de travail expirent chaque jour en raison des coupes dans l'immigration décidées par Trudeau. Ce projet de loi ne fera qu'aggraver une catastrophe humanitaire. Il est immoral, illégal, et il sera combattu. » - Syed Hussan, porte-parole du Migrant Rights Network

Le projet de loi C-2 ne concerne pas la frontière canado-américaine ni les droits de douane

Interdiction de faire une demande d'asile après un an

Le projet de loi empêche toute personne migrante présente au Canada depuis plus d'un an de présenter une demande d'asile - avec une application rétroactive à toute personne arrivée après le 24 juin 2020. Cela signifie que des individus dont le pays d'origine plonge dans le conflit après leur arrivée au Canada n'auraient plus le droit de demander la protection du
statut de réfugié-e, uniquement à cause d'un critère temporel. C'est un abandon total du droit humanitaire international.

Expansion de l'Entente sur les tiers pays sûrs

Jusqu'à maintenant, les personnes qui entraient au Canada depuis les États-Unis entre deux postes frontaliers pouvaient demander l'asile après un délai de 14 jours. Le projet de loi C-2 supprime entièrement cette exception, forçant ainsi des personnes vulnérables à demeurer aux États-Unis, malgré les politiques migratoires très critiquées du président
Trump.

Pouvoirs ministériels accrus pour déportations massives

Le projet de loi accorde au ministre de l'Immigration des pouvoirs étendus pour annuler, suspendre ou modifier des documents d'immigration à l'échelle de groupes entiers, sans processus équitable. Il pourrait ainsi bloquer de nouvelles demandes, ou même annuler celles déjà soumises. Cela signifie que des personnes ayant déposé une demande de résidence permanente ou de statut de réfugié-e pourraient se voir retirer leur statut du jour au lendemain.

Affaiblissement des protections en matière de vie privée

Le projet de loi supprime des protections essentielles en matière de confidentialité, facilitant le partage d'informations sur les personnes migrantes entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Cela risque d'exposer davantage les personnes migrantes à des abus. Par exemple, des travailleurs et travailleuses sans statut pourraient être déporté-e-s pour avoir tenté de faire valoir leurs droits face à des employeurs abusifs, en raison de la transmission d'informations aux
services frontaliers.

Solidarité sans frontières et le Migrant Rights Network appellent tou-te-s les parlementaires à rejeter le projet de loi C-2 et à défendre plutôt l'égalité des droits et l'accès à la résidence permanente pour toutes et tous.

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Féminicides : aux grands maux, les grands moyens

10 juin, par Alliance des maisons de 2e étape du Québec , Fédération des maisons d'hébergement pour femme (FMHF), Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
Chaque femme tuée par un partenaire intime devrait être un signal d'alarme suffisant pour faire de la violence conjugale une priorité du gouvernement. À l'heure actuelle, le (…)

Chaque femme tuée par un partenaire intime devrait être un signal d'alarme suffisant pour faire de la violence conjugale une priorité du gouvernement. À l'heure actuelle, le Québec dénombre 10 féminicides, 6 en contexte de violence conjugale, et 5 en moins d'un mois. Le seuil d'alerte est largement dépassé. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg. La crise qui sévit est bien plus profonde.

Ce matin, interrogé par les députées solidaires Ruba Ghazal et Christine Labrie, le premier ministre François Legault affirmait : « On s'occupe de chaque femme qui appelle ». Nous aimerions tellement que ce soit vrai. Mais la réalité est toute autre.

Une réalité accablante

Dans la dernière année, SOS violence conjugale a reçu 19 306 demandes d'hébergement. Elles en ont dû refuser plus d'une demande sur deux.

Dans le réseau de maisons d'aide et d'hébergement, 60 maisons ont des listes d'attente pour les services externes qui peuvent notamment leur offrir un accompagnement pour les aider à préparer une rupture de façon sécuritaire – du jamais vu pour des organismes qui se sont toujours refusées à faire attendre des femmes au moment où elles en ont le plus besoin.

Au niveau de l'hébergement, les maisons d'aide et d'hébergement et les maisons de 2e étape, sont à pleine capacité. La durée de séjour s'allonge – notamment en raison de la crise du logement.

Les trois derniers budgets du Québec ne comportaient aucun argent neuf pour les maisons d'aide et d'hébergement.

Les travaux du comité mis sur pied par le ministère de la Santé et des services sociaux pour évaluer le manque de place et de services stagnent.

Certes, le gouvernement de Monsieur Legault a procédé à un rattrapage important depuis 2020. Mais les solutions amenées à ce moment-là sont déjà largement insuffisantes, face à l'explosion des demandes qui fait suite à la sensibilisation du grand public et à la mobilisation croissante de partenaires.

Les 4 nouvelles maisons d'aide et d'hébergement financées offriront un total de 57 places supplémentaires, permettant d'héberger annuellement quelques 350 femmes de plus. C'est un pas en avant significatif, mais c'est bien trop peu.

Les 190 unités prévues dans la trentaine de maisons de 2e étape, elles, permettront d'accueillir quelques 250 femmes par an en moyenne, après leur passage en maison d'aide et d'hébergement. Encore une fois, c'est une avancée notoire… mais insuffisante face à l'ampleur des besoins.

Pour répondre au débordement, le gouvernement a mis sur pied, malgré les réticences des associations de maisons, un mécanisme d'urgence pour héberger à l'hôtel les femmes qui ne trouvent pas de place en maison et qui sont face à un danger imminent. Cette solution n'est qu'un pansement sur une plaie béante, en plus d'être dangereuse, laissant les femmes isolées à l'hôtel dans un des moments où elles sont le plus fragiles.

Une cellule de crise réclamée

Nous avons su réagir rapidement en 2021, face à une vague de féminicides. Aujourd'hui, il faut faire plus.

Nous demandons la création immédiate d'une cellule de crise nationale pour répondre à l'urgence des besoins en violence conjugale, à l'image des cellules d'intervention rapide déployées autour des femmes en danger.

Tout comme il l'a fait en 2021, lorsque 9 femmes avaient été tuées par un partenaire intime en autant de semaines, nous demandons au Premier ministre François Legault de donner un mandat fort pour remettre la violence conjugale au coeur des priorités de son gouvernement.

Nous devons continuer de mieux informer la population pour que chacune et chacun puisse prendre action à son échelle. Mais en contrepartie, nous devons avoir les moyens de répondre aux demandes d'aide qui continueront d'affluer de plus belle.

Nous n'avons pas le luxe de s'asseoir sur des décisions prises en 2021, malheureusement déjà désuètes.

Nous n'avons pas le luxe d'attendre et de voir mourir nos soeurs.

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Consultations sur le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques : les groupes insatisfaits du processus actuel

10 juin, par Collectif — , ,
Montréal, le 6 juin 2025 - Alors que le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 69 (PL-69) sous bâillon aujourd'hui, les groupes signataires dénoncent vigoureusement (…)

Montréal, le 6 juin 2025 - Alors que le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 69 (PL-69) sous bâillon aujourd'hui, les groupes signataires dénoncent vigoureusement la transformation majeure du paysage énergétique québécois qu'il entraîne. Ils dénoncent cette adoption marquée par l'improvisation et le contournement des processus démocratiques.

Pour les groupes, toutes les étapes ayant mené à l'adoption de ce projet de loi sur l'énergie ont été marquées par le refus systématique du gouvernement de tenir un véritable dialogue social tel que demandé par de multiples acteurs de la société civile.

Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population québécoise lors des dernières élections, insistent les groupes.

Les groupes rappellent aussi qu'un des éléments centraux de la planification énergétique aurait dû être le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) - un outil structurant permettant de planifier l'approvisionnement, la production et la consommation d'énergie de manière coordonnée, prévisible et durable : « Un Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, élaboré en concertation avec la société civile, aurait dû précéder l'adoption du projet de loi pour permettre une véritable et nécessaire planification. Le gouvernement a préféré procéder à l'envers et adopter sous bâillon une loi problématique, plutôt que d'engager un vrai dialogue sur l'avenir énergétique du Québec », martèlent-ils.

Jusqu'à la fin, le gouvernement n'a pas permis de débat sain : à quelques jours de la fin de l'examen du projet de loi, 52 amendements, provenant directement d'Hydro-Québec, ont été déposés, sans avoir été accessibles au public ni discutés lors de la consultation particulière à laquelle certains groupes ont été invités à participer. Alors qu'une large portion des 157 articles n'a pas été étudiée en commission parlementaire, le recours au bâillon vient clore cette séquence antidémocratique.

Pour les groupes, cette adoption forcée est inacceptable, surtout que cette loi aura des impacts délétères sur le long terme, notamment en reportant sur les tarifs les coûts d'un développement industriel énergivore qui ne garantit pas la transition énergétique.
« La production, le transport et la distribution d'électricité renouvelable au Québec doivent être publics. Les choix énergétiques sont des choix de société dont nous devons pouvoir débattre pour qu'ils soient justes, durables et légitimes. Le Québec mérite mieux qu'une réforme bâclée, opaque et déconnectée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques », concluent les organisations.

Organisations signataires :
Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
Collectif Scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec
Nature Québec
ACEF du Nord de Montréal
Imagine Lachine-Est
Mouvement écocitoyen UNEplanète
Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)
Greenpeace Canada
Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec
Fondation David Suzuki
Équiterre
Collectif Entropie
Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec
Pour Nos Enfants - Montréal
L'Assomption en transition
Union des consommateurs

Pour consulter la liste complète des signataires.

Le Front commun pour la transition énergétique rassemble des groupes environnementaux, citoyens, syndicaux, communautaires et autres pour accélérer la mise en place d'une transition énergétique structurante et porteuse de justice sociale. Ce communiqué n'engage que les organisations signataires.

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Manifestation contre Ray-Mont Logistiques : 400 personnes bloquent les rails de l’entreprise dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

10 juin, par Les soulèvements du fleuve , Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM — , ,
Montréal, 8 juin 2025 – **400 personnes se sont rassemblées aujourd'hui pour manifester leur opposition au projet de plateforme de conteneurs de Ray-Mont Logistiques dans (…)

Montréal, 8 juin 2025 – **400 personnes se sont rassemblées aujourd'hui pour manifester leur opposition au projet de plateforme de conteneurs de Ray-Mont Logistiques dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Après une marche dans le quartier, les manifestant.e.s ont bloqué les rails de l'entreprise et y ont planté des fleurs afin d'affirmer leur détermination à empêcher le bon déroulement de l'implantation de l'entreprise. **Les manifestant.e.s exigent que la friche ferroviaire située entre le terrain de Ray-Mont et le quartier Hochelaga soit protégée dans son entièreté et qu'aucun rail n'y soit déplacé ou construit.**

« La Ville de Montréal a approuvé l'optimisation du projet de Ray-Mont Logistiques mais celui-ci est toujours aussi inacceptable : la population n'accepte pas que cette entreprise délinquante et quérulente vienne polluer la vie des habitant.e.s et détruire les espaces verts » a affirmé Anaïs Houde, co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-nature MHM. « Les institutions publiques censées protéger notre santé et notre qualité de vienous ontlaissé·e·s tomber, a-t-elle continué. **Nous prenons donc nous-mêmes les choses en main : armé·e·s de pelles de jardinage, de fleurs et de semences, nous bloquons le projet et protégeons nos milieux de vie.** Nous ferons dérailler le projet de Ray-Mont, coûte que coûte ! »

Ray-Mont Logistiques projette de construire à moins de 100 mètres d'habitationset d'un CHSLD **l'une des plus grandes plateformes de transbordement de marchandises en Amérique du Nord**. Les dérogations accordées par la Ville de Montréal en appui au projet prévoient que des rails soient déplacés plus près des habitations pour les activités ferroviaires de l'entreprise, empiétant sur un grand espace vert fréquenté au quotidien par les familles. La construction d'un « mur de la honte » haut de 16 mètres, censé protéger la population des nuisances sonores, est aussi prévu.

« La destruction de cet espace vert qu'on surnomme la “friche ferroviaire”est inadmissible. C'est un véritable îlot de fraîcheur dans la mer de béton aménagée par le Port de Montréal et le lobby industriel et logistique » a affirmé Cassandre Charbonneau, co-porte-parole du mouvement. « Nous exigeons que les rails soient déplacés sur le terrain de l'entreprise, le plus loin possible des habitations, et que la friche soit complètement protégée et redonnée à la communauté » a-t-elle martelé. Reconnu comme noyau prioritaire de biodiversité par l'arrondissement MHM,cette friche arbustive, la seule dans tout l'est de Montréal, est l'habitat de plus de 150 espèces d'oiseaux.

**Les Soulèvements du Fleuve appuient tous les mouvements populaires qui, comme Mobilisation 6600, luttent contre la conteneurisation du fleuve et la dépossession des berges et des quartiers**. « Les actions du mouvement écologiste doiventmonter en intensité.Nous n'avons plus rien à attendre des gouvernements, il nous faut attaquer directement les responsables de la destruction du vivant et des milieux que nous habitons. Ray-Mont Logistiquesest l'un d'entre eux » a affirmé Sylvia, une militante des Soulèvements du fleuve qui participait à la manifestation. « La lutte d'Hochelaga est un symbole de résistance populaire contre la logique de marchandisationdu monde qui ruine nos quartiers.Contre la bétonisation des berges, nous luttons pourlesusages libres d'un terrain vague aux abords du fleuve », a-t-elle ajouté.

Plusieurs groupes solidaires à la lutte contre Ray-MontLogistiques ont participé à la manifestation festive et familiale : Rage climatique, Mères au front-Montréal, Antigone, Last Generation, l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA), le Conseil Central du Montréal Métropolitain – CSN, la chorégraphe Karine Cloutier et le groupe musical Excavation et poésie.

**À propos de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM et Les Soulèvements du fleuve**

**Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM** est un mouvement populaire qui lutte depuis 2016contre l'expansion des activités industrialo-portuaires etpour la préservation des espaces verts, de la santé et de la qualité de vie de la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Il revendique la création d'unparc nature dans le secteur Assomption-sud. À ce jour, il a permis de sauver de la requalification industrielle ou logistique environ 1 million de pieds carrés de territoire dans ce secteur.

**Les Soulèvements du fleuve** sont nés de la rencontre de plusieurs luttes locales disséminées sur les territoires avec comme volonté de mettre en branle un mouvement de résistance au développement industriel, colonial et extractiviste. Une réponse à l'appel international des Soulèvements de la terre à rassembler les forces brutes et à s'en prendre directement à ceux qui exploitent et détruisent le vivant. Nous nous soulevons à la défense du fleuve, de ses berges et du vivant.

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PL-69 sur l’énergie : un déni de démocratie du début à la fin

10 juin, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population (…)

Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population québécoise lors des dernières élections, insistent les groupes.

Alors que le gouvernement du Québec adoptera le projet de loi 69 (PL-69) sous bâillon, les 19 groupes signataires, dont la CSN, dénoncent vigoureusement la transformation majeure du paysage énergétique québécois qu'il entraîne. Ils dénoncent cette adoption marquée par l'improvisation et le contournement des processus démocratiques qui auraient pu assurer la légitimité et la pertinence des orientations portées par cette loi.

Pour les groupes, toutes les étapes ayant mené à l'adoption de ce projet de loi sur l'énergie ont été marquées par le refus systématique du gouvernement de tenir un véritable dialogue social tel que demandé par de multiples acteurs de la société civile.

Dans cette loi, le gouvernement ouvre notamment la voie à la privatisation d'Hydro-Québec, sans que ses intentions n'aient initialement été présentées à la population québécoise lors des dernières élections, insistent les groupes.

Les groupes rappellent aussi qu'un des éléments centraux de la planification énergétique aurait dû être le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) – un outil structurant permettant de planifier l'approvisionnement, la production et la consommation d'énergie de manière coordonnée, prévisible et durable : « Un Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, élaboré en concertation avec la société civile, aurait dû précéder l'adoption du projet de loi pour permettre une véritable et nécessaire planification. Le gouvernement a préféré procéder à l'envers et adopter sous bâillon une loi problématique, plutôt que d'engager un vrai dialogue sur l'avenir énergétique du Québec », martèlent-ils.

Jusqu'à la fin, le gouvernement n'a pas permis de débat sain : à quelques jours de la fin de l'examen du projet de loi, 52 amendements, provenant directement d'Hydro-Québec, ont été déposés, sans avoir été accessibles au public ni discutés lors de la consultation particulière à laquelle certains groupes ont été invités à participer. Alors qu'une large portion des 157 articles n'a pas été étudiée en commission parlementaire, le recours au bâillon vient clore cette séquence antidémocratique.

Pour les groupes, cette adoption forcée est inacceptable, surtout que cette loi aura des impacts délétères sur le long terme, notamment en reportant sur les tarifs les coûts d'un développement industriel énergivore qui ne garantit pas la transition énergétique.

« La production, le transport et la distribution d'électricité renouvelable au Québec doivent être publics. Les choix énergétiques sont des choix de société dont nous devons pouvoir débattre pour qu'ils soient justes, durables et légitimes. Le Québec mérite mieux qu'une réforme bâclée, opaque et déconnectée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques », concluent les organisations.

Organisations signataires

Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)

Collectif Scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec

Nature Québec

ACEF du Nord de Montréal

Imagine Lachine-Est

Mouvement écocitoyen UNEplanète

Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)

Greenpeace Canada

Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec

Fondation David Suzuki

Équiterre

Collectif Entropie

Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec

Pour Nos Enfants – Montréal

L'Assomption en transition

Union des consommateurs

Fondation Rivières

Centrale des syndicats du Québec

Confédération des syndicats nationaux (CSN)

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Les vacances payées : la brève histoire d’une longue lutte

10 juin, par Félix Lebrun-Paré — , ,
Alors que plusieurs pays européens garantissent cinq semaines de congés payés, les travailleuses et travailleurs québécois n'en ont que trois, et ce, après avoir patienté trois (…)

Alors que plusieurs pays européens garantissent cinq semaines de congés payés, les travailleuses et travailleurs québécois n'en ont que trois, et ce, après avoir patienté trois ans. Ce décalage soulève une question essentielle : pourquoi, malgré des décennies de luttes syndicales pour le droit au repos, le Québec reste-t-il à la traîne ?

Tiré de Ma CSQ.

Le contraste est frappant. Au Québec, le minimum légal de vacances annuelles est de deux semaines après un an d'ancienneté, et de trois semaines après trois ans. De l'autre côté de l'océan, la France, le Danemark, la Norvège, la Finlande et la Suède garantissent tous au moins cinq semaines de congés payés chaque année. À cela s'ajoutent 13 jours fériés en Suède, contre seulement 8 au Québec. Les pays scandinaves figurent aussi parmi les meilleurs en matière d'état de santé et de bien-être, ce qui invite à réfléchir à nos propres normes en matière de temps de repos.

Un droit acquis de haute lutte

Pourtant, le droit aux congés payés n'a rien d'un luxe. C'est le fruit de luttes syndicales longues et acharnées qui trouvent leurs origines dans la transformation radicale de l'organisation du travail du XIXe siècle. À cette époque, la maximisation des profits conduit à une exploitation intense de la force du travail : les ouvriers sont soumis à des cadences infernales – parfois jusqu'à 70 heures de travail par semaine – dans des usines qui fonctionnent jour et nuit.

En réaction, les mouvements ouvriers et syndicaux se mobilisent massivement pour revendiquer le « droit au repos ». Celui-ci englobe non seulement la réduction du temps de travail hebdomadaire, mais aussi ce qu'on considère aujourd'hui comme un droit fondamental : les congés payés (autrement dit, le droit à un repos rémunéré).

À l'époque où le temps libre est parfois perçu comme de l'oisiveté, c'est entre autres en faisant des congés une question de santé que cette revendication fait son chemin. L'un des jalons décisifs de cette lutte survient en 1936, avec l'adoption, en France, d'une loi accordant deux semaines de congés payés obligatoires par an (en plus des jours fériés). Ce gain suit les fameuses « grèves joyeuses », un vaste mouvement de mobilisation qui réunit près de deux millions de personnes et paralyse le pays.

Le progrès se poursuit. Au fil des luttes syndicales, en France, les congés payés obligatoires augmentent, passant à trois semaines en 1956, à quatre en 1969, puis à cinq en 1981. Cela démontre clairement le rôle central du syndicalisme dans la conquête du droit au repos.

Bien avant cette époque, au Moyen Âge, certaines formes de régulation du temps de travail existaient déjà dans les relations entre maîtres artisans et compagnons, ou encore entre maîtres d'œuvre et ouvriers. C'est cependant avec l'essor du capitalisme industriel que l'enjeu prend une dimension collective, politique et structurante.

Aujourd'hui, dans un monde du travail marqué par l'épuisement professionnel, les problèmes de santé mentale et la course à la productivité, alors que d'autres pays récoltent les fruits de leurs choix collectifs en matière de bien-être, il est peut-être temps que le Québec relance le débat sur la place du repos !

* Félix Lebrun-Paré est délégué au Syndicat des professionnelles et professionnels de la santé publique du Québec (SPPSPQ-CSQ) et membre du comité d'action sociopolitique de la CSQ.

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Congrès de la FIQ : Trois axes pour guider notre action syndicale

10 juin, par Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) — , ,
Lors du 13ᵉ congrès de la FIQ, vos déléguées ont été amenées à débattre sur des grandes orientations politiques et syndicales, des lignes d'action et des priorités qui (…)

Lors du 13ᵉ congrès de la FIQ, vos déléguées ont été amenées à débattre sur des grandes orientations politiques et syndicales, des lignes d'action et des priorités qui guideront le travail des prochaines années. Ces discussions ont été nourries par des conférences sur plusieurs enjeux contemporains, notamment l'intelligence artificielle, les mouvements de droite et la crise climatique.

Trois grands axes ont structuré les réflexions : 

Le pouvoir sur notre avenir, qui met de l'avant la nécessité de redonner aux professionnelles en soins un réel pouvoir d'action sur leurs conditions de travail et leur expertise, et ce, dans un contexte où les réformes du réseau de la santé ont centralisé les décisions ;

Des femmes de conviction, qui rappelle l'importance de la politisation des membres, de la justice sociale et de la solidarité face aux enjeux de société ;

La FIQ tournée vers l'avenir, qui appelle à anticiper les transformations du monde du travail et à défendre une vision syndicale audacieuse et inclusive.

Ces travaux ont mené à l'adoption de 17 recommandations qui guideront l'action de la Fédération et de ses syndicats affiliés au cours des prochaines années. Ces recommandations touchent, entre autres, la valorisation de notre expertise, les alliances syndicales, la reconnaissance de l'impact des changements climatiques sur la santé, la lutte contre les discriminations systémiques et les défis liés à l'intégration de l'intelligence artificielle dans le réseau de la santé.

Pour découvrir l'ensemble des recommandations, consultez le document thématique du congrès.

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Encore des suppressions de postes : Le gouvernement veut détruire les services publics

10 juin, par Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Québec, le 5 juin 2025 — Après avoir imposé un gel d'embauche, le non-renouvellement des contrats occasionnels, l'interdiction d'heures supplémentaires et le non-remplacement (…)

Québec, le 5 juin 2025 — Après avoir imposé un gel d'embauche, le non-renouvellement des contrats occasionnels, l'interdiction d'heures supplémentaires et le non-remplacement des départs à la retraite, le gouvernement impose maintenant carrément des coupures de postes dans l'appareil public, dénonce le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

« Les coupes ont débuté dans les collèges avec les compressions de 151 millions $ et plusieurs abolitions de postes et on se rend maintenant compte que ce sont l'ensemble des services de l'État qui sont touchés. Des gens commencent à perdre leur emploi un peu partout alors que le personnel professionnel de l'État est déjà en surcharge. C'est une attaque frontale, le gouvernement veut détruire les services publics au profit du privé », dénonce Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.

Le gouvernement n'a même pas eu la décence et l'honnêteté d'en faire l'annonce lui-même au syndicat. Le SPGQ essaie tant bien que mal d'obtenir de l'information sur le nombre exact de personnes touchées actuellement. « L'information nous parvient par des gestionnaires et des déléguées et délégués syndicaux préoccupés, avec raison, par la situation. Penser que les services à la population ne seront pas touchés, c'est de la pensée magique. Les impacts, on les voit déjà. Des délais s'allongent et certains services ne sont tout simplement plus offerts », constate M. Bouvrette.

Favoriser l'entreprise privée

Le gouvernement laisse entendre qu'il génère des économies, mais c'est un mensonge. « Il faut arrêter de prendre les contribuables pour des imbéciles. La vérité, c'est que le gouvernement se tourne de plus en plus vers des consultants et que ceux-ci coûtent beaucoup plus cher. Ce n'est pas de l'économie, c'est de l'idéologie. Le gouvernement est en train de démolir l'appareil public pour favoriser des entreprises privées qui s'enrichissent sur le dos des citoyens », plaide M. Bouvrette.

À propos du SPGQ

Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.

Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

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Bref commentaire sur l’orientation antisyndicale perçue chez les jeunes caquistes lors de leur récent regroupement

10 juin, par Guylain Bernier, Yvan Perrier — , ,
Nous vivons dans un monde divisé et surtout hiérarchisé dans lequel il y a des groupes ou des institutions qui disposent de la force et du pouvoir de contraindre autrui. Dans (…)

Nous vivons dans un monde divisé et surtout hiérarchisé dans lequel il y a des groupes ou des institutions qui disposent de la force et du pouvoir de contraindre autrui. Dans ce monde, la loi doit protéger le faible et surtout lui permettre de s'associer pour exprimer ses revendications en vue d'améliorer ses conditions de vie et d'existence. François Legault, en appuyant les propositions antisyndicales des jeunes caquistes qui visent à étouffer la conflictualité sociale ne fait qu'une chose : encourager la polarisation des opinions.

Au sujet de certains préjugés faciles à l'encontre des syndiqué.e.s et des syndicats

Derrière cette prise de position du chef caquiste se cachent malheureusement des idées préconçues, telles que « les syndiqué.e.s se plaignent le ventre plein », « ces personnes bénéficient d'avantages sociaux déjà enviables comparativement à d'autres travailleuses et travailleurs », « le problème de la faible productivité québécoise s'explique en grande partie par la présence des syndicats qui contaminent un peu partout l'économie », « les syndiqué.e.s ne se donnent jamais à fond dans leur travail, aimant rallonger les pauses », et ainsi de suite.

Souvent aussi, la question syndicale revient lorsque l'État accroît sa dette publique et connaît des déficits, parce que les secteurs public et parapublic sont syndiqués et « gourmands », toujours selon un certain point de vue. Mais il y a aussi un contexte qui peut aviver le sentiment antisyndical, en lien avec la guerre commerciale imposée par les États-Unis. En ce sens, le besoin pressant de favoriser le développement économique de la province exige justement d'agir vite et à nouveau apparaissent les préjugés, alors que la présence des syndicats est synonyme de « bâton dans les roues », de « barrières » ou de « frein » à la cadence que le gouvernement en place espérerait.

De l'importance de comprendre le rôle et la valeur des syndicats avant de les vilipender sur la place publique et de leur jeter l'opprobre

Certes, le mouvement syndical n'est pas parfait ; d'ailleurs, rien n'est parfait en ce monde. Il connaît actuellement des difficultés à s'ajuster aux réalités actuelles, avec ses méthodes méritant une certaine révision. Au lieu de proposer des mesures pouvant être perçues comme antisyndicales, les gouvernements devraient toutefois prendre le temps de se questionner sur leurs rôles et leur valeur. La facilité à vouloir « tasser » ce qui ne fait pas notre affaire risque souvent de créer plus de ralentissement que de prendre le temps, aussi réduit soit-il, de déterminer le type de relation que nous souhaitons avoir avec les acteurs qui jouent sur la même scène que nous. Et le syndicalisme québécois, de son côté, a besoin d'ouvrir le débat sur son avenir, surtout sur sa contribution dans le contexte actuel où tout est mis sur la table.

Pour conclure

Le mot débattre, faut-il le rappeler, consiste à examiner le pour et le contre d'une chose. Pas à écraser les exploitéEs, les dominéEs et les oppriméEs dans la portée et l'étendue de leur droit d'association. Parce que l'un des rôles des syndicats consiste d'ailleurs à éviter les abus, si faciles du côté patronal souvent plus soucieux de la croissance de ses profits que de la qualité des conditions de travail. Et il faut le rappeler : l'un ne va pas sans l'autre dans notre monde qui a besoin d'être uni plutôt que divisé.

Guylain Bernier
Yvan Perrier
8 juin 2025
13h50

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Vivre à loisir – Le bonheur à tout âge

10 juin, par Andrea Calderón Stephens, Écomusée du fier monde — , ,
Montréal, jeudi 5 juin 2025 – Spectacles, vélo adapté, promenades, art thérapie… Découvrez la série photographique documentaire Vivre à loisir – Le bonheur à tout âge, qui met (…)

Montréal, jeudi 5 juin 2025 – Spectacles, vélo adapté, promenades, art thérapie… Découvrez la série photographique documentaire Vivre à loisir – Le bonheur à tout âge, qui met en lumière des résidents et des résidentes de centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) accompagnés du personnel intervenant en loisir. L'exposition est à l'affiche du 18 juin au 7 septembre 2025 à l'Écomusée du fier monde.

Un projet photographique au cœur des CHSLD

À travers les images sensibles et chaleureuses d'Andrea Calderón Stephens, l'exposition Vivre à loisir – Le bonheur à tout âgeillustre l'importance du plaisir, du jeu et du divertissement dans la construction de conditions de vie dignes. Réalisé dans les 17 CHSLD duCentre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, ce projet témoigne d'un engagement profond envers le mieux-être des personnes âgées ainsi que du travail inestimable réalisé par les équipes des loisirs. Ce personnel contribue jour après jour à rendre la vie des résidents et des résidentes plus
heureuse.

Originaire du Mexique, Andrea Calderón Stephens est photographe et détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle est également diplômée d'une licence en littérature dramatique et en théâtre par l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) à Mexico. Ses œuvres, multidisciplinaires, ont été exposées au Mexique, au Québec ainsi qu'aux États-Unis. Son parcours professionnel l'a également menée à travailler dans le domaine du loisir au sein de CHSLD du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.

Musée d'histoire et musée citoyen

Musée d'histoire et musée citoyen, l'Écomusée du fier monde vous invite à explorer des volets méconnus de la culture montréalaise. Découvrez la vie quotidienne en milieu ouvrier et suivez le parcours inspirant de groupes citoyens. Visitez les expositions de l'Écomusée et l'ancien bain public Généreux, un magnifique exemple de l'architecture des années 1920.

Écomusée du fier monde
2050, rue Atateken
Angle Ontario
Métro Berri-UQAM
Mercredi au dimanche : 10 h à 17 h
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Où es - tu institution ?

10 juin, par Omar Haddadou — , ,
– Où es-tu Institution ? - Gaza en mode extermination. – Tu condamnes avec fermeté. – Le crime contre l'Humanité. - Dérision ! - Ça sent la capitulation sur fond de (…)

Où es-tu Institution ?
- Gaza en mode extermination.

Tu condamnes avec fermeté.

Le crime contre l'Humanité.
- Dérision !

- Ça sent la capitulation sur fond de décimation.

- Quand le bourreau s'abreuve du sang, sans commisération.

Où es-tu Institution ?
- Gaza en proie à l'abomination.
- Le génocidaire massacre la population.

Des cadavres que l'œil ne peut embrasser jusqu'au dernier.

- Bébés, femmes, enfants, vieillards (es), tous (tes) rangés en chapelets.

- Où es-tu Institution ?
- Pétocharde, tu bottes en touche avec détermination.

Pataugeant dans un océan de Résolutions.
- A l'indignation et au mandat d'arrêt.

- Le boucher te répond par moult charniers.

- Où es-tu Institution ?
- Le Maître des « hautes œuvres » te dicte sa domination.

Tu plies sous l'humiliation.
- Disqualifiée !
- Tu fais pitié !

Où es-tu Institution ?
- Toi qui n'as pour autorité.
- Qu'un fronton ampoulé.

- Réduite à la figuration !

- Tu excelles dans l'énumération :

- Une victime, deux, trois… cinquante-quatre mille ! Taillés en pièces par l'aviation.

Les chars et les drones conçus dans les Fablabs de la mort par procuration.

- Où es-tu Institution ?
- Ephéméride funeste et tragique.
- Actant le nettoyage ethnique.

- Où es-tu Institution ?
- La bande de Gaza n'est que désolation !
- Elle a perdu toute une génération !

Texte : Omar HADDADOU Hommage aux victimes de Gaza. (Juin 2025)

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Haïti, un peuple en résistance contre le néocolonialisme : appel à la solidarité

10 juin, par Claire Comeliau
Claire Comeliau, correspondante en stage Aujourd’hui en Haïti, 48% de la population fait face à une insécurité alimentaire aigüe, selon le centre national de la sécurité (…)

Claire Comeliau, correspondante en stage Aujourd’hui en Haïti, 48% de la population fait face à une insécurité alimentaire aigüe, selon le centre national de la sécurité alimentaire. Le pays ne s’est jamais remis du terrible tremblement de terre qui l’a frappé en 2010 : déficit de la (…)

Faire face à la montée des droites

10 juin, par Collectif de la Grande transition — , ,
Les mouvances de droite — caractérisées de plus en plus par l'extrême droite — bénéficient actuellement d'une amplification fulgurante de popularité dans plusieurs régions du (…)

Les mouvances de droite — caractérisées de plus en plus par l'extrême droite — bénéficient actuellement d'une amplification fulgurante de popularité dans plusieurs régions du monde. L'extrême droite gouverne depuis 2022 en Italie ; en Allemagne, l'Alternative pour l'Allemagne (Afd) a remporté plus de 20% des voix lors des élections fédérale en février dernier ; le gouvernement de Javier Milei en Argentine a entraîné une hausse majeure du taux de pauvreté dans le pays ; et, tout près d'ici, Donald Trump s'attaque avec intensité aux droits humains des États-Unien.ne.s depuis son arrivée au pouvoir en janvier.

Au-delà des énumérations, la montée des droites s'inscrit dans une dynamique globale de crises économiques, sociales, politiques et climatiques concrètes. Alors que les démocraties se fragilisent et rendent possible ce glissement, l'autoritarisme se normalise, les discours haineux (xénophobes, antiféministes, transphobes et plus) s'institutionnalisent, et les frontières établies se durcissent. Les personnes les plus marginalisées, dont les migrant.e.s, les femmes, les personnes racisées, les personnes queer et les dissident.e.s, sont systématiquement les plus ciblées par les droites.

Résister à cette montée des droites implique une riposte collective et communautaire, qui se construit déjà à travers des luttes locales, des mobilisations transnationales et différentes formes de productions théoriques. La résistance suppose également de comprendre pourquoi certaines promesses de la démocratie libérale, dont l'égalité et la solidarité, peinent à convaincre.

Avec Ugo Palheta, Lise Benoist et Francis Dupuis-Déri. Animé par Dalila Awada.

Introduction et présentation des panélistes

Bonjour et bienvenue à cette grande conférence sur la montée des droites, des mouvances qui bénéficient actuellement d'une popularité fulgurante dans différentes régions du monde. On le dit souvent — et on aimerait avoir à moins le dire — : en Italie, en Allemagne, en Argentine, en France, aux États-Unis, entre autres, l'extrême droite est soit au pouvoir, soit elle bénéficie d'importants gains électoraux.

Évidemment, quand elle est au pouvoir, elle s'attaque frontalement aux droits fondamentaux et aux filets sociaux. La montée des droites s'inscrit dans une dynamique globale de crises — économique, sociale, politique et climatique. Les démocraties, quant à elles, se fragilisent et rendent possible ce glissement, vraiment effrayant, disons-le, dans lequel l'autoritarisme se normalise, les discours haineux s'institutionnalisent et les frontières se durcissent.

Dans un tel contexte, on sait trop bien que les groupes déjà marginalisés subissent encore plus d'attaques. Les dissidents et les dissidentes sont aussi systématiquement dans la mire.
Avec les panélistes, on va s'attarder sur ce contexte de montée des droites à partir de leur expertise variée. Ça va nous permettre de clarifier pourquoi certaines promesses de la démocratie libérale échouent ou s'affaiblissent, et pourquoi tant de gens continuent de penser que l'extrême droite est une avenue viable. La compréhension du phénomène est cruciale pour organiser une riposte collective efficace. Une riposte qui se construit déjà, notamment à travers des luttes locales et des mobilisations transnationales.

Donc, on va en discuter avec :

Ugo Palheta, sociologue et militant anticapitaliste, co-directeur de la revue en ligne Contretemps, auteur notamment de Comment le fascisme gagne la France et La nouvelle internationale fasciste. Il anime aussi le podcast Minuit dans le siècle, qui porte justement sur les extrêmes droites et l'antifascisme.
Lise Benoist, doctorante en géographie humaine à l'Université d'Uppsala, précédemment membre du Zetkin Collective, qui a contribué à l'ouvrage Fascisme fossile. L'extrême droite, l'énergie, le climat. Sa recherche de thèse porte sur le militantisme écologique au sein de l'extrême droite extraparlementaire française. Elle s'intéresse particulièrement aux revendications localistes.
Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l'UQAM, qui codirige avec Mélissa Blais le chantier sur l'antiféminisme du Réseau québécois en études féministes. Il a signé plusieurs livres sur la démocratie, l'anarchisme, la répression policière, les hommes et le féminisme, une bande dessinée sur les grèves d'élèves à l'école, et il a dirigé des anthologies de textes anarchistes. Il milite ou a milité dans des collectifs de sensibilité anarchiste.

Climat contre capital : quelles issues possibles ?

10 juin, par Collectif de la Grande transition — ,
Le combat qui oppose le climat au capital implique une tension structurelle inégale entre deux parties engagées. D'un côté, l'effondrement climatique, dont les effets ne sont (…)

Le combat qui oppose le climat au capital implique une tension structurelle inégale entre deux parties engagées. D'un côté, l'effondrement climatique, dont les effets ne sont plus à venir mais se sentent déjà — canicules, inondations, déplacements massifs à l'échelle mondiale, pertes irréversibles — impose l'urgence d'agir. De l'autre, un système économique fondé sur l'accumulation, l'extractivisme, la marchandisation du vivant et l'illusion d'une croissance finie sur une planète finie, continue d'être nourri par les plus grands détenteurs de ressources. Les rapports scientifiques le confirment : limiter la crise climatique suppose de rompre avec les logiques du capital, soit les mêmes logiques qui structurent les politiques dominantes.

Introduction et présentation des intervenantes

Bonsoir, merci beaucoup Violette, merci tout le monde d'être avec nous ce soir, et merci à nos panélistes. Bienvenue !

Je suis vraiment ravie d'avoir l'occasion d'animer cette grande conférence sous le thème « Climat contre capital : quelles issues possibles ? », en compagnie de nos trois merveilleuses panélistes, que je vais vous présenter dans un instant.

Avant de commencer, peut-être dire deux mots sur la thématique de la conférence. Le combat qui oppose le capital au climat, c'est le fruit d'une tension qui est vraiment structurelle. Et c'est aussi un combat qui ne se déroule pas à armes égales, hein — c'est une évidence.

D'un côté, on voit déjà tous les signes de l'effondrement climatique : que ce soit des épisodes de chaleur extrême, des inondations, des déplacements massifs de population, l'effondrement de la biodiversité... des pertes qui sont incommensurables et irréversibles. Au moment où on se parle, déjà, la saison des feux de forêt a débuté en force partout au Canada. Il y a déjà des milliers de personnes qui ont été appelées à évacuer leur lieu de résidence et leur collectivité dans les Prairies canadiennes. Et évidemment, ce n'est qu'un exemple.

De l'autre côté, on voit un système économique qui est toujours fondé sur l'accumulation, les logiques extractives, la marchandisation du vivant, et bien sûr, le fantasme d'une croissance infinie — sur une planète qui est, bien évidemment, finie.

Toutes les données scientifiques l'indiquent : pour limiter la crise climatique, il va falloir absolument prendre de front la contradiction entre les logiques capitalistes et les changements climatiques. Cela crée donc le lieu d'un affrontement politique, évidemment. Et on doit poser des questions cruciales, que nous avons lancées ce soir à nos panélistes :

Qui décide ? Qu'est-ce qu'on doit changer ? Qui va porter le coût de l'adaptation ? Qui porte, de manière disproportionnée, le coût de la perte actuellement ? Quels sont les récits qui parviennent — ou ne parviennent pas — à s'imposer sur la crise climatique ?

Évidemment, les alternatives se pensent déjà, se construisent déjà : autant dans les luttes paysannes, les résistances autochtones, que les appels à la décroissance. Il y a plusieurs formes de réappropriation collective des ressources qui existent.

Et avec moi, j'ai des panélistes pour réfléchir à tout cela.

Tout d'abord, à ma droite, il y a Élisabeth Germain. Bienvenue Élisabeth, merci beaucoup d'être avec nous. Élisabeth est sociologue, chercheuse et travailleuse communautaire avec divers groupes de femmes et de lutte à la pauvreté. Son regard sur le monde a été particulièrement forgé par son expérience de coopération en Afrique de l'Ouest, où elle s'est intéressée notamment aux enjeux en lien avec les inégalités de genre et le développement.

Aujourd'hui, elle milite au sein d'un parti politique de gauche, auprès d'un comité de femmes immigrantes, du comité Femmes et écologie d'un regroupement régional de femmes, ainsi qu'avec la Fédération des femmes du Québec. Merci beaucoup Élisabeth d'être avec nous.

Ensuite, Joëlle Zask, qui est donc au milieu, à la droite d'Élisabeth. Elle est héritière de la philosophie pragmatiste et enseigne au département de philosophie de l'université d'Aix-Marseille. À partir de champs disciplinaires et d'expériences variées — surtout les arts visuels et l'urbanisme — ses recherches portent sur les caractéristiques et les conditions d'une culture démocratique.

Dans ses derniers travaux, elle a réfléchi aux relations entre écologie et autogouvernement démocratique. Elle est aussi l'autrice de plusieurs ouvrages : Quand la forêt brûle (2019), Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville (2020), Écologie et démocratie (2022), et son dernier ouvrage s'intitule Admirer. Éloge d'un sentiment qui nous fait grandir. Bienvenue Joëlle, merci beaucoup d'être avec nous.

Et enfin, Alyssa Battistoni, politologue et professeure adjointe de sciences politiques au Barnard College, à New York. Ses travaux et son enseignement portent notamment sur les politiques climatiques et environnementales, le capitalisme, le marxisme et le féminisme.

Elle est coautrice de l'ouvrage A Planet to Win : Why We Need a Green New Deal (2019), et de Free Gifts : Capitalism and the Politics of Nature, qui paraîtra au mois d'août chez Princeton University Press. Merci beaucoup Alyssa d'être avec nous.

Alors, je vais passer la parole à nos panélistes, qui vont tour à tour vous faire une présentation d'une vingtaine de minutes. Ensuite, vous aurez sans doute l'occasion de réagir aux présentations les unes des autres. On avait convenu d'un déroulement en commençant peut-être par Alyssa…

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