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Débat sur l’actualisation du programme à Québec solidaire
Le débat sur le programme à Québec solidaire a pour une grande part été présenté comme ayant pour objectif de le rendre plus pédagogique et accessible pour la majorité de la population. En fait, l'ébauche du programme met de côté les engagements politiques essentiels. Les nouvelles propositions et amendements présentés ici cherchent à conserver ces acquis programmatiques qui nous semblent essentiels. Compte tenu de l'ampleur des sujets abordés par l'ébauche, nous nous sommes concentrées sur certaines enjeux : analyses et propositions.
Les amendements et les nouvelles propositions concernent celles présentées dans le Cahier de propositions mais également le texte de l'Actualisation du programme qui n'est pas soumis à la discussion par le Cahier. Les propositions du Cahier sont en italiques de même que les amendements et les nouvelles propositions. Les argumentaires sont en caractères normaux. La numération sans parenthèse correspond à celle du Cahier de propositions. La numération entre parenthèses correspond au texte du programme actualisé proposé. Pour obtenir une version pdf, cliquez sur l'icône.
Chapitre 1 : Créer une économie verte et solidaire
Amendement
Nouvelle proposition sur la biodiversité (à la suite de l'introduction du chapitre 1)
Défendre la biodiversité, c'est défendre les conditions mêmes de la vie
Québec solidaire défend l'urgence d'agir contre l'effondrement de la biodiversité, menace directe pour la santé, l'alimentation et l'avenir collectif. La protection du vivant exige une rupture avec la logique capitaliste qui transforme la nature en marchandise. Le Québec doit protéger au moins 30 % du territoire dans toutes les régions écologiques et relier ces zones par des corridors fauniques et floristiques. , réduire l'usage des pesticides, remplacer les monocultures destructrices, restaurer forêts et cours d'eau, réintroduire des espèces menacées et soustraire des zones entières à l'exploitation minière et forestière. Il doit appuyer les initiatives des Premières Nations à niveau. Enfin, la création d'un service public de la biodiversité, indépendant et financé, garantirait une gestion démocratique et écologique du territoire. Défendre la biodiversité doit devenir un pilier du projet de transition de Québec solidaire.
Argument :La préservation de la biodiversité est un enjeu environnemental au moins aussi important que la lutte aux changements climatiques. À long terme, nous devons en arriver à une société où la cohabitation harmonieuse entre territoires protégés et territoires développés deviendra la règle et non l'exception.
BLOC 1. ÉCONOMIE ET TRANSITION SOCIOÉCOLGIQUES
1.1 (1.1) Les objectifs de l‘économie solidaire
Proposition du Cahier de propositions
• La priorité est d'atteindre d'ici 2050 une économie décarbonée, c'est à dire générant zéro émission nette d'ici la moitié du siècle.
Amendement
• (ajout) Défendre la cible d'une diminution de 55 à 60% pour 2030 et l'évaluation de l'atteinte des cibles intermédiaires.
Argument : Alors que le gouvernement a un objectif de réduction de 37,5 pour 2030 et l'atteinte de la carboneutralité en 2050, il envisage de réduire ou d'abandonner sa cible pour 2030. Il faut remplacer la cible de -45% d'émission qu'il y avait dans le programme par celle des groupes écologistes – et un tel objectif ne s'inscrit pas dans le seul cadre d'une plate-forme qui prévoit l'objectif pour la seule durée d'un mandat. De plus, les objectifs intermédiaires sont importants pour favoriser la mobilisation et évaluer s'il y a une réelle progression de la diminution des émissions des ges.
Propositions du Cahier de propositions
• En fonction des besoins de la situation écologique, certains secteurs économiques devront croître (économie verte) tandis que d'autres devront décroitre (industrie fossile).
Amendement
• Il faudra faire décroître également l'exploitation des ressources naturelles, la production d'énergie, les productions de bien de luxe, les productions d'armements, les productions basées sur l'obsolescence planifiée et les productions de biens qui n'offrent aucune possibilité de réparabilité.
Argument : La définition de la décroissance est trop restrictive. L'arrêt de la catastrophe climatique et le déclin de la biodiversité exigent une réduction rapide et significative de la consommation d'énergie et des ressources. Ce qui nécessitera la réduction du pouvoir d'achat des riches, l'abandon de la publicité, de la consommation ostentatoire, la réduction de la production et de la consommation de viande et la fin de l'obsolescence accélérée.
(1.2) Comment atteindre nos objectifs
1.2 (1.2.1) Diversifier les modèles économiques
Proposition du Cahier de propositions
• A long terme, Québec solidaire souhaite élargir la socialisation des activités économiques. Ainsi, l'économie sociale prendra de plus en plus d'espace dans l'économie québécoise, la solidarité prendra le pas sur la compétition, l'ancrage communautaire sur la loi de la finance. L'économie doit revenir entre les mains des communautés québécoises, pour qu'elles prennent les meilleures décisions pour assurer leur propre développement futur.
Amendement
• Pour que les choix économiques reviennent aux mains des communautés, il sera nécessaire de socialiser les grands monopoles des secteurs stratégiques de l'économie, ce qui signifie que la propriété privée des moyens de production et d'échange des grandes entreprises et des grandes banques doit être remise en question. Il sera également nécessaire d'instaurer une décentralisation de la propriété sociale pour permettre un contrôle démocratique des choix d'investissement assurant la transition socioécologique.
Argument : On affirme que l'économie sociale prendra plus de place, mais on n'explique nullement comment elle marginalisera l'économie capitaliste actuelle. De plus, l'économie sociale (coopérative ou OBNL) ne constitue pas un dépassement réel de la production et d'échange des marchandises. On ne peut penser la transformation et la reprise en main de l'économie en laissant la propriété des moyens de production et d'échange aux acteurs majeurs du système qui déterminent sa logique d'évolution destructrice de l'environnement. Le contrôle par les grands capitalistes empêchera la majorité populaire et les mouvements sociaux d'agir concrètement dans le sens de l'objectif visé. La socialisation est identifiée à l'élargissement de l'économie sociale. L'État québécois a encouragé l'économie sociale car elle ne remet pas en cause la logique d'exploitation du travail salarié ni la domination des grandes entreprises. L'élargissement de l'économie sociale au Québec reste complémentaire au capitalisme, non pas antagoniste. Elle améliore des conditions de vie, développe des espaces de démocratie locale et de solidarité, mais elle ne constitue pas un outil de prise de contrôle par la majorité populaire sur l'économie.
(1.2.2) Reconnaître l'entreprenariat, le secteur privé et les industries
(Cette section n'est pas présente dans le Cahier de propositions)
En résumé ce passage de l'Ébauche affirme : que l'entrepreneuriat québécois et les petites et moyennes entreprises (PME) constituent un outil de choix pour l'habitation du territoire et la vitalité économique québécoise ; que le secteur industriel doit être mobilisé vers la transition socioécologique ; qu'un gouvernement solidaire rendra l'investissement et l'aide gouvernementale aux entreprises conditionnels à des critères de responsabilité sociale et environnementale stricts ; qu'une gouvernement solidaire cessera d'accorder toute subvention et aide aux entreprises participant au maintien du capital fossile dans l'économie du Québec. (Voir le texte de l'ébauche, section 1.2.2)
1.2.2. Reconnaître l'entrepreneuriat, le secteur privé et les industries du programme actualisé (texte du programme actualisé – première phrase du premier paragraphe)
• L'entrepreneuriat québécois et les petites et moyennes entreprises (PME) constituent un outil de choix pour l'habitation du territoire et la vitalité économique québécoise.
Amendement :
Remplacer cette première phrase du premier paragraphe par le texte suivant
• L'entrepreneuriat québécois ne se limite pas aux PME locales : il comprend aussi de grandes entreprises, dont plusieurs sont profondément intégrées au capital fossile et aux logiques extractives, ce qui en fait des acteurs majeurs de la crise climatique.
(texte du programme actualisé – première phrase du deuxième paragraphe :
• Le secteur industriel et manufacturier québécois doit être mobilisé vers une transition socioécologique
Amendement :
Remplacer cette première phrase du deuxième paragraphe par le texte suivant :
• Pour assurer la transition énergétique, il faudra nationaliser et socialiser les grandes entreprises exploitant les ressources et celles actives dans les énergies fossiles, afin d'organiser démocratiquement leur reconversion ou leur démantèlement planifié, en réorientant leurs investissements vers les filières renouvelables et en garantissant une transition juste pour les travailleurs et les travailleuses.
Argument : Le secteur industriel au Québec s'il est composé majoritairement de PME, est dominé par les grandes entreprises (minières, forestières, pétrochimiques, métallurgiques et bancaires …) qui font les investissements qui nourrissent la crise climatique par une volonté de croissance sans limites et par l'utilisation sans compter des ressources et qui tiennent en sous-traitance nombre de PME. Une juste caractérisation de l'entrepreneuriat est donc nécessaire pour l'établissement de politiques concrètes et différenciées en direction du secteur privé.
1.3 (1.2.1) Diversifier les modèles économiques
Proposition du Cahier de propositions
Québec solidaire s'appuiera sur trois critères pour déterminer la pertinence d'une nationalisation :
• 1. caractère stratégique d'une ressource ou d'un secteur pour la transition sociologique ou la souveraineté économique d'un Québec indépendant
• 2. La grande quantité de capital nécessaire soit pour l'achat d'entreprises existantes soit des investissements ;
• La démonstration de l'échec du secteur privé à gérer cette ressource ou ce secteur selon les impératifs de réduction des GES ou d'équité.
Amendement
-* Les critères 2 et 3 de la nationalisation doivent être biffés
Arguments : Le critère 2 ne pose pas les conditions de financement de la transition socioénergétique qui risque d'exiger la mobilisation de sommes considérables. Ce financement nécessiterait la socialisation des banques. Le programme actuel de QS proposait d'instituer « une banque d'État, soit par la création d'une nouvelle institution, soit par la nationalisation partielle du système bancaire ». Le critère 2, non seulement esquive ce qu'il faudrait pour financer la production, mais il ne met pas en question la possibilité de nationalisation sans compensation.
Le critère 3 pose que la logique capitaliste peut s'abstraire de la recherche de profits comme facteur déterminant des choix économiques. Et ce n'est pas d'assurer une gestion verte entreprise par entreprise dont il est ici question mais de jeter les bases des possibilités de planification démocratique des choix économiques.
Nouvelle proposition
Ajouter une définition de la nationalisation et de la socialisation afin de ne pas identifier nationalisation à étatisation :
• La nationalisation opère le transfert d'une entreprise ou d'un secteur économique de la propriété privée vers l'État qui devient une propriété publique (au niveau national, provincial, ou municipal) mais elle ne garantit pas encore un contrôle démocratique sur son fonctionnement. Socialiser signifie que les décisions économiques passent sous la responsabilité de la collectivité (travailleurs, travailleuses, usagers-eres, citoyen-nes). La socialisation des grandes entreprises et des banques passe par leur nationalisation et la démocratisation de leur fonctionnement – soit leur socialisation.
Argument : Si on peut nationaliser sans socialiser (étatiser) on ne peut socialiser les secteurs appartenant au grand capital sans nationaliser (les banques, les exploitations minières, forestières et les grandes industries de transformations). En somme, la démocratie économique ne peut être réalisée si une minorité possédante continue d'avoir le contrôle des choix d'investissement et de mobilisation de l'argent alors que cette minorité constitue une force de blocage de la transition écologique et sociale, comme la conclusion de ce chapitre du programme revisé le reconnaît.
Participation des travailleuses et des travailleurs à la transition socioécologique
1.4 (1.2.3) Protection des travailleuses et des travailleurs dans la transition écologique
Soutien aux municipalités dans la transition socioécologique
1.5 (1.2.4) Soutenir les municipalités dans la transition écologique
Proposition du Cahier de propositions :
• Un gouvernement de Québec solidaire soutiendra adéquatement les municipalités dans la mise en œuvre de la transition écologique.
Il donnera aux régions les moyens d'organiser leur développement économique et leur socialisation.
Il confiera à des nouveaux conseils régionaux la planification de la transition socioécologique.
Amendement :
• Pour assurer le soutien aux municipalités et favoriser leur démocratisation, il faut opérer un transfert d'une partie du budget de l'État vers les municipalités, instaurer des budgets participatifs et un fond de solidarité inter-municipalités.
Argument : Le soutien adéquat, cela ne signifie rien si on n'apporte pas de précisions sur l'opérationnalisation de ce soutien. Il faut donc fournir les moyens de renforcer les municipalités et leur démocratisation.
Encadrer le commerce, le libre-échange et la finance
1.6 (1.2.5) Encadrer le commerce, le libre-échange et la finance
BLOC 2 HABITATION, ÉNERGIE, RESSOURCES NATURELLES ET TRAVAIL
1.3 Le territoire : l'habiter, s'en occuper
(1.3.1) Pour une habitation durable et respectueuse du territoire
(1.3.1.1) Aménager le territoire
(1.3.1.2) Réguler et bâtir habitations et logements
(1.3.1.3) Assurer un transport écoresponsable
2.1 (1.3.1.2) Réguler et bâtir habitations et logements - 2-3-4-5
1.3.1.3 Assurer un transport écoresponsable
Pour la conservation de notre eau et de notre énergie (1.3.2)
(1.3.1.1) Aménager le territoire
(1.3.1.2) Réguler et bâtir habitations et logements
2.2 (1.3.2) Pour la conservation de notre eau et de notre énergie 3-4-5-5
Proposition du Cahier de propositions
• Afin de rompre notre dépendance au pétrole, il est urgent de lancer un vaste chantier pour accroître la production d'énergies renouvelables et non polluantes qui complètent l'énergie générée par l'hydroélectricité. C'est pourquoi un gouvernement solidaire priorisera l'utilisation et le développement des énergies solaire, géothermique et éolienne afin de limiter au maximum tout recours supplémentaire à l'hydroélectricité et aux énergies fossiles.
Amendements (ajout)
• Québec solidaire préconise de placer les entreprises œuvrant dans le domaine de l'énergie sous contrôle public par une nationalisation/socialisation complète du secteur.
• Soutenir les municipalités dans le développement et la gestion des microréseaux intelligents énergétiques adaptés à leurs besoins.
• Refuser la relance de la filière nucléaire, y compris l'exploitation de l'uranium.
Argument : L'ensemble de ces propositions de 2.2 sont à soutenir. Il reste que le texte ne fait pas le diagnostic du renforcement de la prise en main des entreprises privées dans le secteur des énergies renouvelables. Au niveau de l'éolien, c'est chose faite. La nationalisation/socialisation des entreprises de ce secteur est un impératif. Sans cette dernière, il sera impossible d'opérer une véritable démocratisation de l'action citoyenne et d'accorder une place prépondérante aux travailleurs, travailleuses, usagers-eres dans le processus d'élaboration du plan de l'énergie.
La décentralisation de la gestion de l'énergie s'appuie sur ce type d'initiatives qu'il faut soutenir.
Le gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux lorgnent vers la relance de l'énergie nucléaire. Le gouvernement Legault, avec son tournant actuel, pourrait l'envisager. Il est important de s'y préparer.
(1.3.3) Pour une agriculture et exploitation des ressources naturelles viables
(1.3.5.1) Pour une agriculture écoresponsable et relavorisée
Ressources naturelles
2.3 (1.3.5.2) Pour des pêcheries à l'échelle humaine
Proposition du Cahier de propositions
2.4 (1.3.5.3 )– 3 Pour des mines et forêts gérées responsablement )
• Un gouvernement solidaire placera l'industrie minière sous étroite surveillance, en nationalisant au besoin certains minéraux stratégiques. Un gouvernement solidaire élaborera une nouvelle loi sur les mines suivant une consultation populaire. Un gouvernement solidaire mettra en place un système de redevance pour les entreprises exploitant les ressources naturelles afin d'encourager l'utilisation de ressources renouvelables en s'assurant que les ressources soient équitablement réparties – entre les régions, les Premières nations et l'État québécois. Il garantira que la restauration complète des sites miniers soit assumée par celles-ci.
Amendement
• Remplacer la première phrase : Pour assurer un contrôle populaire collectif des ressources, un gouvernement solidaire doit nationaliser et socialiser les entreprises minières stratégiques, avec expropriation des multinationales sans compensation. Il doit créer une société publique sectorielle (Société québécoise des mines) gérée démocratiquement par les travailleuses, les travailleurs de ces sociétés et les citoyen-nes des régions ressources en collaboration avec le gouvernement afin de leur assurer un pouvoir de décision réel sur les investissements, les modes d'exploitation, la santé et la sécurité au travail et l'élaboration d'un plan de transition socioécologique de mise en valeur des ressources naturelles.
Argument : Placer l'économie minière sous haute surveillance est une formulation qui ne définit pas clairement la politique qui pourrait être suivie. Elle ne définit pas les conditions essentielles permettant un contrôle citoyen de ces ressources et une redéfinition du système de redevances.
2.5 (1.3.5.3) Pour des mines et des forêts gérées responsablement (4)
Proposition du Cahier de propositions
• Un gouvernement de Québec solidaire adoptera une stratégie de gestion durable et d'adaptation de la foresterie aux changements climatiques, en collaboration avec les communautés touchées, particulièrement les Premières nations et les Inuit, l'industrie et les travailleurs et travailleuses.
Amendement
• Pour assurer un contrôle populaire collectif des ressources, un gouvernement solidaire doit nationaliser et socialiser les entreprises forestières stratégiques, avec expropriation des multinationales sans compensation. Il doit créer une société publique sectorielle (Société québécoise des forêts) gérée démocratiquement par les travailleuses, les travailleurs de ces sociétés et les citoyen-nes des régions ressources en collaboration avec les Premier Nations afin de leur assurer un pouvoir de décision réel sur les investissements, les modes d'exploitation, la santé et la sécurité au travail et l'élaboration d'un plan de transition socioécologique de mise en valeur des ressources naturelles.
Argument : La collaboraton avec les acteurs des régions est bien indiquée dans la propostion du Cahier, mais la gestion est confiée au seul gouvernement et non au milieu concerné. Cela est nécessaire dans une optique d'un véritable reprise en main du contrôle de cette ressource par la majorité populaire.
2.5 (1.3.5.3) Pour des mines et des forêts gérées de façon responsable(6)
Proposition du Cahier de propositions
• Un gouvernement solidaire agira, en coopération avec les Premières nations et les Inuit, en surveillant et évaluant en continu les entreprises publiques et privées ou coopératives qui interviennent en forêt à partir de critères socio-économiques.
Amendement (ajout)
• Seule la nationalisation -socialisation des grandes entreprises forestières pour les placer sous le contrôle des travailleurs et travailleuses du secteurs, et des collectivités locales et Premières Nations pourra permettre un contrôle effectif des travaux forestiers.
Argument : On ne peut nier qu'un mode de propriété est déterminant des rapports de force entre les différents acteurs d'un milieu. Les grandes entreprises forestières et minières n'ont jamais respecté réellement les populations autochtones. Elles ont le plus souvent opérer une prédation des ressources naturelles et la promesse de règlements est insuffisante pour faire face au chantage à l'emploi dont elles pourraient se prémunir.
1.4 HUMANISER LE TRAVAIL
1.4.1 Pour un salaire digne
1.4.2 Pour la syndicalisation et la protection des emplois (voir proposition 2.7)
1.4.3 Pour reprendre le temps de vivre
Nouvelle proposition : ajouter à la section 1.4.3 le texte du programme de QS (2019) – 3.2.3 Réduction du temps de travail
• Au cours des dernières décennies, la productivité du travail a augmenté considérablement au Canada alors que la durée moyenne de la semaine de travail à temps plein n'a pas diminué. Résultat : les Québécoises et Québécois ont de moins en moins de temps pour profiter de la vie. Pour Québec solidaire, l'augmentation du temps libre favoriserait un partage équitable du travail domestique entre les hommes et les femmes ; cela favoriserait aussi leur développement personnel et l'enrichissement des rapports avec leurs proches en plus d'être une condition nécessaire à la participation active aux affaires de la collectivité, à la démocratie citoyenne.
C'est pourquoi un gouvernement solidaire : a) Réduira immédiatement la semaine normale de travail à 35 heures pour la ramener graduellement à 32 heures avec possibilité alternative de prolonger les vacances. Le tout sans perte de rémunération, avec embauche proportionnelle et sans intensification du travail, et avec resserrement des conditions de recours aux heures supplémentaires dans toutes les entreprises. b) Permettra à tous et à toutes de réduire leur temps hebdomadaire de travail sans pénalité si, sur préavis raisonnable, ils/elles en font la demande. c) Limitera strictement le recours patronal au travail à temps partiel involontaire et assurera aux personnes salariées le droit de passer à un emploi à temps plein dès que possible ; de plus, il garantira que les postes de travail à temps partiel offrent des conditions de travail, un salaire et des avantages sociaux normaux (en proportion des heures travaillées) et des perspectives d'avancement professionnel. d) Accordera une plus grande flexibilité aux travailleurs et travailleuses dans leurs horaires de travail, notamment afin de faciliter la conciliation famille-travail ; de plus, il adoptera des mesures de conciliation famille-travail telles que le soutien à des initiatives communautaires et de voisinage permettant l'échange de services entre les gens, le développement de services facilitant l'organisation de la vie familiale et l'adoption d'horaires flexibles dans les entreprises ; enfin, il prolongera les congés parentaux avec remplacement du revenu.
Argument : La crise sociooécologique est largement liée à une production et une consommation qui dépassent les capacités de régénération de la planète. Réduire le temps de travail permet de ralentir le rythme de la production marchande, de mettre un frein à l'extractivisme et à l'industrialisation illimitée, et d'orienter l'économie vers la satisfaction des besoins essentiels plutôt que vers l'accumulation de profits.
Chapitre 2 Mettre l'État au service du peuple BLOC 3 : SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX
Introduction
2.1 Un État solide et revitalisé
2.1.1 Pour une fiscalité qui lutte contre la pauvreté
2.1.2 La santé est un droit
2.1.2.1 La vision solidaire en santé : la prévention
3.1 (2.1.2.2) Pour une première ligne accessible et gratuite – médecines traditionnelles
3.2 (2.1.2.3-2) Pour la décentralisation et l'interdisciplinarité
2.1.2.4 Pour un accès universel aux médicaments
2.1.2.5 Pour une approche féministe et inclusive en santé
Proposition du Cahier de propositions : Maintenir la position du programme sur les médecines alternatives
Option A : Un gouvernement solidaire développera dans toutes les régions une première ligne publique forte.
Option B : en offrant des services de soutien à domicile et aux personnes proches aidantes facilitant ainsi l'accès global aux services sociaux de santé incluant les médecines traditionnelles …
Argument : Soutenir option B – maintenir un acquis du programme actuel et la reconnaissance dees médecines traditionnelles.
3.3 (2.1.3) Pour un filet social au coeur de la solidarité
3.4 (2.1.3.1) Pour des services sociaux accessibles et de qualité
3.5 (2.1.3.2) Pour une protection de la jeunesse et des services spécialisés revalorisés
3.6 (2.1.3.3) Pour la solidarité, l'inclusion et la sécurité résidentielle
BLOC 4 – FISCALITÉ, FAMILLES, ÉDUCATION ET JUSTICE
2.1.4 Pour une politique familiale inclusive
2.1.4.1 Pour une petite enfance dans l'égalité
2.1.4.2 Pour une diversité des familles
4.1 (2.1.4.3) Pour vieillir dans la dignité
4.2 (2.1.5) L'éducation, un fondement de l'égalité
2.1.5.1 Pour un accès gratuit, de la maternelle à l'université
4.3 (2.1.5.2) Pour la fin de l'inégalité dans le système scolaire québécois
2.1.5.3 Pour une formation continue, des cégeps et des universités de qualité
2.1.6 Pour une justice humaine
4.4 (2.1.6) Pour une justice humaine 5
2.1.7 Pour une culture en commun
BLOC 5 – CULTURE ET DÉMOCRATIE
5.1 (2.1.7) Pour une culture en commun -5-6-7
5.2 (2.1.7) Pour une culture en commun
5.3 (2.2) Une démocratie à parfaire - 7
BLOC 6 INDÉPENDANCE ET ALTERMONDIALISME
Introduction
(3.1) Indépendance, nation, fédéralisme
(3.2) Un pays de projets
(3.3) Une constitution pour réaliser l'indépendance
Le Cahier de résolutions affirme que les sections du programme sur l'indépendance et la place d'un Québec indépendant sur la scène internationale ne contiennent pas de nouveaux éléments par rapport à l'ancien programme. Les instances sont invitées à consulter le texte actualisé dans les documents de l'instance.
Nouvelle proposition (à la suite de la section (3.3)
Le défi de Québec solidaire et du mouvement indépendantiste – construire une large majorité pour l'indépendance du Québec
• Québec solidaire affirme que l'indépendance du Québec doit être présentée non comme une réforme institutionnelle, mais comme la condition d'une véritable souveraineté populaire. Elle doit être reliée aux luttes concrètes contre les crises écologique, sociale, économique et politique, et apparaître comme l'arme politique de la majorité laborieuse. L'indépendance que nous défendons est inclusive et pluriculturelle : elle rejette toute forme d'exclusion, de nationalisme ethnique ou identitaire, et s'appuie sur la convergence des mouvements féministes, syndicalistes, écologistes, antiracistes, autochtones et populaires.
Québec solidaire s'engage à construire un front indépendantiste large et unitaire, fondé sur la plurinationalité, la solidarité et l'égalité. Nous impulserons des pratiques démocratiques concrètes – budgets participatifs, assemblées citoyennes, scrutin proportionnel, contrôle collectif de l'économie, de l'énergie et des ressources – préparant la convocation d'une Assemblée constituante plurinationale. Nous assumerons la confrontation avec le régime canadien et ses structures impérialistes, en construisant des alliances décoloniales avec les Premières Nations et des solidarités avec les forces progressistes du reste du Canada. L'indépendance que nous proposons s'inscrit ainsi dans une perspective internationaliste et émancipatrice, et doit devenir le point de ralliement d'une majorité populaire organisée et mobilisée.
Argument : L'évolution actuelle du PQ vers un nationalisme de plus en plus conservateur qui nie l'existence d'un racisme systématique et fait de l'immigration le bouc émissaire de tous les maux de la société québécoise va constituer un obstacle de plus en plus important pour que l'indépendance du Québec devienne la majorité dans la société québécoise. La perspective du PQ de tenir un référendum sans tenir compte du fait que la tâche de l'heure est de construire une majorité indépendantiste ne peut que nous mener à de nouvelles défaites. Les voies de la construction d'une majorité indépendantiste liée à notre projet de société est la tâche de l'heure pour Québec solidaire.
BLOC 7 – FÉMINISME, IDENTITÉS SEXUELLES ET DE GENRE, PEUPLES AUTOCHTONES
7.1 (3.4.1-2) Pour la lutte à la discrimination basée sur le genre
Nouvelle proposition (à la suite de 3.4.1-3)
• Québec solidaire doit créer des liens permanents comme parti politique avec les grandes coalitions nationales du mouvement des femmes pour créer et renforcer leur poids politique. Québec solidaire doit agir contre la violence faite aux femmes et centrer son action autour de la lutte contre tout discours de l'extrême droite qui veut retirer des droits aux femmes en dénonçant systématiquement toutes les attaques contre leurs acquis.
Québec solidaire dénoncera les systèmes d'oppression qui tentent de cacher en particulier les féminicides, en montrant comment les violences font vivre et alimentent les oppressions particulièrement pour les femmes autochtones, les femmes noires et racisées et les personnes trans.
Québec solidaire revendiquera le financement intégral des maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence et les centres de femmes pour assurer aux femmes un hébergement adéquat et sécuritaire et pour permettre une prévention et un suivi de leurs démarches.
Québec solidaire agira contre la pauvreté des femmes en appuyant toutes les luttes pour rendre les services publics (particulièrement en santé et en éducation) gratuits et efficaces. La population et le personnel auront leur mot à dire dans des formes d'autogestion des services. QS défendra le droit des femmes à l'équité salariale et à leur autonomie politique.
Argument : Un programme de Québec solidaire doit présenter les analyses et les perspectives féministes qui orientent son action. Le mouvement mondial des femmes a tracé la voie pour lutter contre le capitalisme, le patriarcat et toutes les interrelations des différentes formes d'oppression ( hétérosexisme, capacitisme, racisme, sexisme, etc.).
7.2 (3.4.1-3) Pour la lutte à la discrimination basée sur le genre
7.3 (3.4.2 -2) Pour la pluralité des identités et des réalités
7.4 (3.4.2 Pour la pluralité des identités et des réalités -4 - 5
7.5 (3.5) De nation à nation, de peuple à peuple
BLOC 8 – IMMIGRATION, INCLUSION ET LANGUE FRANÇAISE
8.1(3.6) Pour un Québec pluriel 1-3-4-5-6
8.2 (3.6) Pour un Québec pluriel -2-7
8.3 (3.6.1) Pour une immigration et une intégration inclusive -1
Proposition du Cahier de propositions
• Dans les sociétés capitalistes, les politiques d'immigration sont déterminées en grande partie par les exigences du marché du travail en termes de main-d'œuvre. Dans un Québec solidaire, ces politiques tiendront compte de notre réelle capacité d'accueil, de la nécessité d'accepter des personnes immigrantes à des fins économiques et sociales et de notre responsabilité morale et politique d'accueillir des personnes et des familles réfugiées.
Amendement
• Biffer de notre réelle capacité d'accueil
Argument : La notion de capacité d'accueil est une notion mal définie, utilisée le plus souvent démagogiquement et qui s'inscrit dans une logique de quotas, puis de fermeture des frontières.
8.4. (3.6.1) Pour une immigration et une intégration inclusive -2
Proposition du Cahier de propositions
• L'immigration n'est pas un bouc émissaire : c'est une richesse. Le gouvernement de Québec solidaire doit adopter une approche inclusive et solidaire qui respecte la dignité humaine.
Amendement
• Ajout à la proposition du Cahier : Cette approche inclusive et solidaire passera par une politique d'égalité sociale et d'extension des droits économiques, sociaux et politiques. Elle exigera : a) le rejet d'une vision ethniquement homogène de la société québécoise ; b) une politique s'attaquant aux discriminations et le refus de l'existence de secteurs de la société privés de droits ; c) l'éradication du racisme systémique qui touche les secteurs issus de l'immigration ; d) le rejet des discours qui font des minorités les seules porteuses de la détérioration des services publics et de l'accès au logement ; e) le rejet d'une laïcité identitaire qui brime les droits des personnes migrantes, particulièrement ceux des femmes.
Argument : Il est important d'expliciter comment les discours nationalistes conservateurs de la CAQ et du PQ stigmatisent les personnes et communautés issues de l'immigration pour défendre leurs politiques néolibérales.
8.5. (3.6.1) Pour une immigration et une intégration inclusive -3
Proposition du Cahier de propositions
• Un gouvernement solidaire agira sur plusieurs fronts en matière d'intégration – logement, accueil, reconnaissance améliorée des diplômes, emploi, accès aux services publics, participation citoyenne plaçant le français et la culture québécoise au coeur du modèle d'intégration solidaire. Il reconnaîtra la différence entre la réalité de la région métropolitaine de Montréal et celle des autres régions et la nécessité d'instaurer des programmes spécifiques en fonction des besoins régionaux. Un gouvernement solidaire financera donc adéquatement les organismes communautaires qui participent à cette mission.
Amendements
• Biffer la phrase : Il reconnaîtra… jusqu'à besoins régionaux.
Argument : cette phrase non seulement inscrit la politique de Québec solidaire dans une logique utilitariste mais elle définit les personnes migrantes comme devant se plier à des obligations de déplacement et d'installation spécifique sur le territoire québécois. La CAQ applique ce genre de politique en interdisant l'arrivée de nouveaux travailleurs-euses temporaires à Montréal et Laval et non dans d'autres régions.
• Ajout à la fin de 3.6.2 -3 Toutes les personnes vivant comme résidentes au Québec ont des droits égaux : droit de s'installer durablement, de travailler, de recevoir un salaire égal, de se syndiquer, d'acquérir la nationalité, de vivre en famille, de voter et d'avoir accès à la sécurité sociale et aux services publics. Une société démocratique ne peut tolérer que des personnes placées sous le même cadre juridique soient traitées différemment. Les résident-es sans papier doivent être massivement régularisé-es.
Argument : Toutes celles et ceux qui vivent et travaillent au Québec participent à la richesse commune – pas seulement économique, mais aussi sociale et culturelle. Personne ne doit être privé de droits. Donner les mêmes droits sociaux, politiques et syndicaux aux personnes immigrées, c'est renforcer la démocratie et empêcher la création de « citoyen-nes de seconde zone ». C'est une façon de rendre réelle la souveraineté populaire : le peuple, ce sont toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent ici. Loin d'être utopique, cette perspective existe dans plusieurs pays, les personnes non-citoyennes votent aux élections locales et des programmes de régularisation massifs ont été menés. Le projet n'est pas d'abolir toute organisation territoriale du politique, mais de repenser la souveraineté à partir des droits des personnes plutôt qu'à partir de la logique des États et du patronat.
8.6 (3.6.1) Pour une immigration et une intégration inclusive -4
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Cinéma : l’Etat génocidaire veut couper les vivres des Oscars israéliens à cause d’un film « propalestinien »
La cérémonie des Ophirs Awards, l'équivalent des Oscars en Israël, s'est déroulée mardi soir à Tel-Aviv. Le film “Hayam” a remporté cinq récompenses pendant la cérémonie, dont l'Ophir du meilleur film et du meilleur scénario. Le ministre de la culture israélien Miki Zohar a annoncé en réponse à ce triomphe la suspension des subventions de l'Etat israélien à cette cérémonie.
Tiré d'Agence médias Palestine.
“Hayam”. C'est le nom du film qui a entraîné des réactions jusqu'au sommet du ministère de la culture israélien. Ce film réalisé par le cinéaste israélien Shaï Carmeli-Pollak a raflé cinq prix aux Ophir Awards mardi 16 septembre dernier.
Hayam signifie “la mer” en hébreu. Et c'est justement ce que raconte cette oeuvre de fiction : le périple d'un enfant palestinien de douze ans, qui habite à Ramallah en Cisjordanie occupée et rêve de voir la mer à Tel-Aviv. L'acteur de cet enfant, Mohammad Ghazaoui, a obtenu le trophée du meilleur acteur à seulement 13 ans, un record.
Le drame primé a été tourné et diffusé en langue arabe. Il a décroché le prix du meilleur scénario en plus de celui du meilleur film. Une avalanche de récompenses et de symboles qui n'ont pas vraiment plus au ministre israélien de la culture Miki Zohar, membre du Likoud, le parti d'extrême-droite auquel appartient également Benjamin Netanyahu.
Ce dernier a annoncé le gel des subventions de l'Etat israélien à cette cérémonie pour la prochaine édition en 2026 : “Après que le film propalestinien, Hayam, qui discrédite nos soldats héroïques alors qu'ils se battent pour nous protéger, a remporté le prix du meilleur film lors de la honteuse cérémonie des Ophir 2025, j'ai décidé d'arrêter de financer la cérémonie avec l'argent des citoyens israéliens”.
Les prix remportés par “Hayam” à la cérémonie font automatiquement de ce film le candidat d'Israël au prix du meilleur film étranger pour la prochaine cérémonie des Oscars.
Face aux déclarations du ministre de la culture israélien, la direction de l'Académie israélienne du cinéma et de la télévision a affirmé son “engagement pour l'excellence cinématographique, la liberté artistique et la liberté d'expression”.
Le directeur de l'Académie a affirmé qu'Hayam était “un film plein d'empathie, pour tous les êtres humains et en particulier pour son héros, un enfant palestinien dont le seul rêve est de voir la mer”.
Le film a été produit par un palestinien, Baher Agbariya, qui a déclaré : “Ce film est né de l'amour de l'humanité et du cinéma, et son message est unique : le droit de chaque enfant de vivre et de rêver en paix, sans siège, sans peur et sans guerre. C'est un droit fondamental auquel nous ne renoncerons pas”.
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Gaza et la faillite du libéralisme occidental. Entretien avec Gilbert Achcar
En défendant et en armant Israël ces deux dernières années, les États occidentaux ont démontré la vacuité du droit international. On se souviendra du génocide comme d'un moment qui montre combien le colonialisme – et son potentiel génocidaire – est au cœur du libéralisme occidental. Dans son ouvrage Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l'histoire mondiale, paru aux éditions La Dispute, Gilbert Achcar analyse le contexte, les dynamiques et les conséquences mondiales de la guerre génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Tiré de la revue Contretemps
15 septembre 2025
Par Gilbert Achcar
Dans cet entretien réalisé par Elias Feroz, d'abord publié par Jacobin, l'auteur revient sur la radicalisation politique de la société israélienne, sur ce qu'il considère comme les erreurs de calcul stratégique du Hamas et sur la complicité assumée des États occidentaux dans le génocide en cours à Gaza. Selon lui, la guerre a levé le voile sur le prétendu ordre libéral international et a accéléré la montée en puissance des forces néofascistes à l'échelle mondiale.
Dans votre ouvrage, vous ne vous en tenez pas à condamner l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, mais vous la placez dans un contexte historique plus large et critiquez les tentatives visant à rationaliser ou justifier le massacre. Comment évaluez-vous les conséquences à long terme de cet évènement pour Gaza et pour l'avenir d'Israël-Palestine ?
L'opération du 7 octobre menée par le Hamas – indépendamment de sa nature et des atrocités commises ce jour-là – a été conçue par ses organisateurs comme une première étape vers la libération de la Palestine. Jugée par rapport à cet objectif, l'opération a été totalement désastreuse. Le peuple palestinien est désormais confronté à une menace plus grande que jamais. Nous assistons à une guerre génocidaire menée par Israël, qui a d'ores et déjà tué un nombre énorme de personnes.
On connaît les chiffres officiels des victimes tuées directement par les bombes, mais si l'on y ajoute les morts indirectes causées par le blocus, l'interruption de l'aide humanitaire, la faim délibérément orchestrée, la coupure de la fourniture d'eau et la destruction des infrastructures de santé, le nombre réel de personnes tuées par Israël est certainement largement supérieur aux 60 000 morts officiellement recensées. Il pourrait bien excéder les 200 000. C'est un bilan ahurissant.
L'attaque du Hamas a été suivie d'une agression israélienne à grande échelle qui aurait été politiquement impossible sans le prétexte du 7 octobre, tout comme le 11 septembre avait servi de prétexte aux invasions de l'Afghanistan et de l'Irak par l'administration Bush. Un gouvernement d'extrême-droite – le plus extrême de l'histoire d'Israël – a saisi l'attaque du 7 octobre comme prétexte.
Pour ce gouvernement, cette attaque a presque été un cadeau tombé du ciel, une occasion en or pour réenvahir la bande de Gaza. Tous les membres actuels du gouvernement s'étaient opposés au retrait de Gaza en 2005. Benjamin Netanyahou avait même démissionné du gouvernement d'Ariel Sharon en signe de protestation. Il a maintenant saisi l'occasion non seulement pour réenvahir Gaza, mais pour aller bien plus loin encore : pour en expulser la population.
Il est clair que nous assistons au nettoyage ethnique d'une grande partie de Gaza, les habitants palestiniens étant acculés dans un coin de l'enclave. La prochaine étape sera probablement une tentative d'organiser leur émigration hors de Gaza. Dans le même temps, le gouvernement israélien a donné carte blanche aux colons, appuyés par l'armée israélienne en Cisjordanie pour s'en prendre à la population locale. Nous assistons donc également à un nettoyage ethnique en cours en Cisjordanie. Les Palestiniens font face à la pire situation qu'ils aient connue depuis très, très longtemps.
Vous qualifiez de mauvais calcul grave de la part du Hamas la sous-estimation du fait qu'Israël a un gouvernement d'extrême-droite, qui ne cache pas sa volonté d'expulser les Palestiniens et sa disposition à lancer une guerre génocidaire. En quoi ce contexte a-t-il façonné les conséquences de l'attaque du 7 octobre, et pourquoi le Hamas n'a-t-il pas pris pleinement en considération ce facteur essentiel ?
Il s'agit là de l'aile la plus extrême de la politique israélienne : aujourd'hui, le gouvernement israélien tout entier est d'extrême-droite. Avant même le 7 octobre, l'historien de la Shoah Daniel Blatman qualifiait dans Haaretz Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich de néonazis. Certains membres du gouvernement sont plus extrémistes que d'autres, mais, en dernière instance, tous partagent le même objectif : se débarrasser des Palestiniens et établir un Israël qui serait palästinenserfrei (sans Palestiniens) ou araberfrei (sans Arabes) entre le fleuve et la mer. Il est profondément choquant que des personnes qui se réclament de l'héritage des victimes de la Shoah – les victimes de l'effort des nazis pour rendre l'Allemagne judenfrei – poursuivent désormais l'objectif d'une terre araberfrei.
Le Hamas croyait probablement que le gouvernement israélien était faible au vu des manifestations de masse et des poursuites judiciaires pour corruption contre Netanyahou. Le Hamas comptait sur le soutien de l'Iran. Il s'attendait à ce que son attaque déclenche un soulèvement palestinien généralisé et une guerre régionale impliquant le Hezbollah, la Syrie et l'Iran [1]. Mais ce fut un mauvais calcul sur toute la ligne. Au lieu de diviser la société israélienne, l'attaque a unifié celle-ci autour d'un objectif unique : écraser le Hamas. Il en a résulté chez les juifs israéliens un très large consensus en faveur de la guerre à Gaza et de la réoccupation de l'enclave. De récents sondages indiquent même qu'une majorité des juifs israéliens sont désormais favorables à l'expulsion des Gazaouis hors de Gaza, si ce n'est à l'expulsion des Palestiniens hors de Palestine.
Ne pas reconnaître cela et prétendre au contraire que l'attaque du Hamas a en quelque sorte « remis la question palestinienne sur le tapis » est tout simplement absurde. La question palestinienne est effectivement de nouveau sur le tapis, mais ce n'est pas pour faire valoir les droits des Palestiniens. Elle est de retour afin de dégager un consensus sur la meilleure façon de liquider la cause palestinienne. Ce n'est pas un progrès pour la lutte palestinienne ; c'est une régression massive, une grave défaite. Israël est aujourd'hui plus triomphant que jamais, sa puissance régionale est plus grande que jamais, et tout cela avec le soutien total des États-Unis, un soutien qui n'a pas faibli de Joe Biden à Donald Trump, mais qui s'est au contraire intensifié.
Vous avez mentionné la caractérisation par Daniel Blatman du gouvernement israélien comme un régime fasciste, voire néo-nazi. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous pensez que cette comparaison est juste ?
Les libéraux et la gauche n'ont aucun problème à qualifier l'AFD allemande ou le FPÖ autrichien de néo-nazis. Comparés à Ben-Gvir et Smotrich, ces groupes semblent modérés.
Ben-Gvir et Smotrich décrivent ouvertement les Palestiniens comme des Untermenschen, presque littéralement. Ils appellent explicitement à leur expulsion. C'est l'équivalent de judenfrei : une terre, Eretz Israël comme ils l'appellent, sans Palestiniens. Ils veulent les chasser hors du territoire. Ils sont ouvertement racistes et croient en la force – en la Machtpolitik, autrement dit en l'imposition de leurs vues par la force.
N'oublions pas qu'entre 1933 et 1941, judenfrei pour les nazis signifiait l'expulsion. Les années d'extermination des Juifs européens ont suivi plus tard. Les nazis ont d'abord expulsé les Juifs allemands vers la Palestine. Ils ont conclu un accord avec le mouvement sioniste pour y transférer les Juifs allemands. La Palestine était la seule destination où les nazis autorisaient les Juifs quittant l'Allemagne à emporter une partie de leur capital avec eux. Ils ne voulaient pas que les Juifs allemands se rendent en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, où ils auraient soutenu les groupes de pression antinazis. Les nazis voulaient que les Juifs aillent en Palestine.
Smotrich et d'autres de ses semblables – et c'est tragique – sont des descendants de victimes du génocide perpétré par les nazis. Et pourtant, ils sont capables de reproduire les mêmes façons de penser et comportements d'extrême droite qui caractérisaient les nazis. Ainsi va l'histoire. Être un descendant de victimes ne signifie pas nécessairement que l'on deviendra un combattant de la liberté. On a vu de nombreux oppresseurs qui étaient descendants de victimes, voire d'anciens opprimés devenus oppresseurs.
Vous écrivez que, compte tenu de la supériorité militaire écrasante d'Israël, la seule stratégie rationnelle pour les Palestiniens est la lutte de masse non violente, comme l'a illustré la première Intifada, qui a provoqué une profonde crise éthique et politique au sein de la société israélienne. Selon vous, quelles ont été les erreurs ou les limites de la première Intifada, et pourquoi cette stratégie n'a-t-elle pas encore abouti à un succès durable pour les droits des Palestiniens ou à la fin de l'occupation ?
La première Intifada a atteint son apogée en 1988, en particulier au cours du premier semestre de cette année-là. Il s'agissait d'un mouvement de base organisé par des comités populaires locaux – une véritable mobilisation de masse qui a vu une participation féminine importante. Des personnes de tous âges y ont pris part. Le mouvement a provoqué une véritable crise morale au sein de la société israélienne, et même au sein de l'armée israélienne. Il a également suscité une sympathie internationale considérable pour la cause palestinienne.
Alors pourquoi le mouvement a-t-il échoué ? Tout d'abord, parce que la répression israélienne a été intense. Mais surtout parce que l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) s'est emparée de la direction du mouvement et a détourné l'Intifada. Yasser Arafat et l'OLP l'ont réorientée vers leur propre projet de création d'un prétendu État palestinien, qui a finalement abouti aux accords d'Oslo de 1993. Un tournant décisif a été le passage de la direction locale dans les territoires occupés à la direction de l'OLP à Tunis. Depuis Tunis, l'OLP s'est mise à radiodiffuser des déclarations officielles au nom de l'Intifada, écartant de fait la direction ancrée sur le terrain. Cela a marqué un recul important pour l'autonomie et l'orientation du mouvement.
Deuxièmement, une lutte de masse ne se gagne pas d'un seul coup. Elle se déroule par vagues, chacune renforçant le mouvement et affaiblissant progressivement l'adversaire. C'est une question de rapports de forces. Lorsque votre ennemi est beaucoup plus fort militairement et pleinement disposé à tuer, il n'est pas dans votre intérêt de lancer des attaques armées, d'autant moins si votre ennemi s'appuie sur la majorité des habitants du pays en raison du déracinement de votre propre peuple. Si vous lancez de telles attaques, il vous écrasera.
Mais si vous vous engagez dans une lutte populaire, vous gagnez la supériorité morale et pouvez attirer un soutien beaucoup plus large. Dans ce cas, l'ennemi se trouve dans une position plus difficile : s'il réagit en massacrant des manifestants pacifiques, il est largement condamné. Il perd sa légitimité aux yeux de l'opinion publique internationale. Israël en particulier dépend fortement du soutien militaire, politique et diplomatique de l'Occident et est donc concerné par l'opinion publique occidentale.
À titre de comparaison, prenons la population noire aux États-Unis et en Afrique du Sud. En Afrique du Sud, les Noirs formaient une majorité écrasante, il était donc stratégiquement judicieux pour eux de recourir à la lutte armée contre le régime d'apartheid parallèlement à la lutte de masse.
En revanche, la population noire aux États-Unis, en tant que minorité, n'avait aucune chance de gagner par la violence. Le mouvement pour les droits civiques, avec des figures comme Martin Luther King, a emporté des victoires au moyen d'une lutte de masse non violente dénonçant la brutalité du système. Cela a certainement joué un rôle beaucoup plus important dans le progrès de la lutte antiraciste que ceux qui ont appelé à la lutte armée, comme les Black Panthers. Ils ne sont pas allés loin sur cette voie, car c'était une impasse. On ne peut pas lutter avec des armes contre un ennemi qui est beaucoup plus fort que soi. Cela ne fait que fournir à l'adversaire un prétexte – une excuse – pour riposter avec une violence écrasante. Il tuera beaucoup plus de personnes que s'il n'était confronté qu'à des protestations pacifiques.
C'est une question de stratégie. On doit adapter ses méthodes à ses capacités. Les moyens que l'on utilise dépendent de la force dont on dispose et du rapport de forces général. La conviction du Hamas selon laquelle la violence armée libérerait la Palestine était totalement illusoire. Voyez où nous en sommes. Quelle que soit la façon dont on cherche à travestir les choses, il s'agit clairement d'un désastre majeur. Le résultat de ces événements est une catastrophe absolue. Cela dit, reconnaître les conséquences désastreuses du 7 octobre ne justifie en rien la guerre génocidaire qu'Israël a menée depuis lors.
Durant la première année du génocide, la plupart des États occidentaux n'ont même pas esquissé une remise en cause du prétendu droit d'Israël à se défendre – je dis « prétendu » car il est très discutable qu'un occupant ait le droit de se défendre contre le droit légitime des occupés à résister à l'occupation. Cela alors même qu'Israël avait très tôt tué beaucoup plus de Palestiniens que n'avaient été tués d'Israéliens le 7 octobre.
Mais ils sont allés encore plus loin : les gouvernements occidentaux, non seulement les États-Unis mais aussi les puissances européennes, se sont activement opposés pendant plusieurs mois aux appels à un cessez-le-feu immédiat, et Washington continue de s'y opposer. Ce faisant, ils ont effectivement endossé la guerre génocidaire qui se déroulait. Quand on s'oppose à un cessez-le-feu, c'est que l'on est favorable à la poursuite de la guerre. Telle était leur position. C'est une attitude honteuse au regard de l'histoire.
Comme je l'explique dans mon livre, ce moment a été le dernier clou dans le cercueil de ce qu'on appelle l'ordre international libéral fondé sur des règles. Cet ordre a toujours été une fiction, mais jamais cette fiction n'a été aussi clairement révélée qu'aujourd'hui. Le « deux poids, deux mesures » est flagrant, et il n'est nulle part plus évident que dans le contraste saisissant entre la manière dont les gouvernements occidentaux ont réagi à la guerre de la Russie contre l'Ukraine et celle dont ils ont réagi à la guerre d'Israël contre Gaza.
Tout ceci a d'énormes conséquences historiques. Cela a ouvert la voie à la continuation de la montée du néofascisme à l'échelle mondiale. La position de l'administration Biden a joué un rôle important dans la défaite des Démocrates aux États-Unis et a ouvert la voie au retour de Trump à la Maison Blanche – cette fois-ci avec un programme et un comportement, tous deux beaucoup plus clairement néofascistes que lors de son premier mandat.
Cela a encore renforcé l'extrême droite à travers le monde, de l'Allemagne à l'Espagne en passant par la France et ailleurs. Nous vivons aujourd'hui, comme je l'ai écrit il y a quelques mois, dans ce que j'appelle l'ère du néofascisme. Tout cela est lié à la perte totale de crédibilité du libéralisme.
C'est pourquoi le génocide de Gaza et l'attitude des États occidentaux à son égard resteront dans les mémoires comme un tournant historique, un moment clé qui a mis en lumière et achevé l'effondrement du libéralisme occidental, ou encore atlantiste.
Vous décrivez le sionisme comme un projet colonial avec des « tendances génocidaires ». Dans le même temps, vous affirmez que la libération des Palestiniens nécessitera l'inclusion des Juifs israéliens et une transformation de la société israélienne. Comment envisagez-vous cette transformation compte tenu des réalités politiques actuelles, et quelles mesures concrètes seraient nécessaires pour parvenir à la liberté tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens ?
Cela semble utopique aujourd'hui, mais il faut garder une perspective historique. Après la première Intifada, de 1987 jusqu'à ce qu'on appelle la Seconde Intifada en 2000, l'opinion publique en Israël s'est tournée en faveur de la paix et d'un règlement avec les Palestiniens. C'était l'époque des accords d'Oslo. Bien que ces accords aient été défaillants dès le départ, l'état d'esprit de la société israélienne était alors très différent.
Parmi les intellectuels juifs israéliens, il existait un mouvement post-sioniste qui cherchait à dépasser le sionisme et à parvenir à une coexistence pacifique. Mais à partir de 2000, la situation s'est inversée après qu'Ariel Sharon – qui était à l'époque le plus à droite des dirigeants de premier plan en Israël – a provoqué les événements qui ont déclenché la Seconde Intifada, au cours de laquelle la direction d'Arafat est tombée dans le piège de la lutte armée.
Les forces de sécurité palestiniennes ont utilisé contre les troupes israéliennes les armes légères que l'État israélien leur avait permis de posséder. Ce piège a permis à Sharon de remporter les élections de février 2001. Il a provoqué les affrontements en septembre 2000, remporté les élections en février 2001 grâce à l'onde de choc qui en a résulté, puis lancé ce qui a été l'attaque la plus violente contre la Cisjordanie depuis 1967. La guerre actuelle est beaucoup plus violente, mais la guerre de 2002 lancée par le gouvernement Sharon était déjà très brutale.
C'est pourquoi je dis qu'il est important pour les opprimés d'avoir une vision stratégique claire et de choisir des méthodes de lutte appropriées, plutôt que celles qui mènent à la catastrophe.
Vous décrivez la façon dont des groupes sionistes d'extrême droite, autrefois marginalisés et même qualifiés de terroristes par Israël et les pays occidentaux, sont devenus partie intégrante du gouvernement israélien grâce à Netanyahou. Comment analysez-vous le soutien militaire continu à un gouvernement qui inclut ces factions d'extrême droite ?
Lorsque Trump a été élu pour la première fois, il a rompu avec le consensus bipartisan qui définissait la politique des États-Unis depuis 1967. Il a reconnu l'annexion du plateau du Golan, ce qu'aucune administration précédente n'avait fait, et a fait de même pour Jérusalem-Est. Il a pleinement épousé le point de vue israélien.
Puis est arrivé Biden. Pendant sa campagne, il avait promis de défaire les décisions politiques de Trump, mais il s'est avéré être un menteur invétéré. Il n'a rien défait. Et lorsque le 7 octobre a eu lieu, il a pleinement soutenu la guerre génocidaire. Israël n'aurait pas pu mener cette guerre prolongée sans le soutien continu des États-Unis, qui a commencé sous l'administration Biden. C'est Biden qui a fourni à Israël des bombes massives d'une tonne chacune.
Lorsque de telles bombes sont larguées dans une zone aussi densément peuplée que Gaza, il s'agit clairement d'armes génocidaires. Des milliers de personnes vont être tuées, pour la plupart des civils, y compris des enfants. 40 % des victimes sont des enfants.
Même en imaginant que toutes les victimes masculines seraient membres du Hamas – ce qui est évidemment loin d'être le cas –, il resterait encore 70 % des victimes qui sont clairement non-combattantes : des femmes et des enfants. Je mentionne les femmes parce qu'à Gaza, les femmes ne sont pas combattantes. Le Hamas ne recrute pas de combattantes. Ainsi, seule une minorité des victimes sont des combattants. Ces derniers se cachent pour la plupart dans les tunnels construits par le Hamas. Il n'existe pas de tels abris pour les civils, qui restent à la surface et sont bombardés et tués tandis que les combattants peuvent se réfugier sous terre.
C'est là que se révèle clairement l'énorme responsabilité criminelle de l'administration Biden, une responsabilité qui sera bien sûr perpétuée par la deuxième administration Trump. Il y a eu d'autres génocides depuis 1945, notamment en Afrique. Mais celui-ci est le premier génocide commis par un État industrialisé avancé et soutenu par l'ensemble du système occidental, par tout le bloc occidental. C'est en cela que ce génocide représente un tournant historique si important.
Vous décrivez le soutien inconditionnel de l'Occident à Israël après l'attaque du 7 octobre comme une forme de « compassion narcissique », similaire à la réaction de l'Occident après le 11 septembre, dans laquelle l'empathie s'étend principalement aux « semblables ». Comment cette compassion sélective influence-t-elle la perception de la souffrance des Palestiniens par le public et les réponses politiques qui y ont été apportées ?
Les Israéliens sont perçus comme un peuple européen et l'on s'identifie à eux en tant que tels. Ils sont considérés comme une partie de l'Occident située en Orient. Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique moderne, écrivait dans son manifeste Der Judenstaat que les Juifs construiraient « un avant-poste de la civilisation contre la barbarie ». Il s'agit là d'un discours colonial typique : l'idée que « nous » sommes des Européens civilisés et que « les autres » sont des barbares.
Cette identification des États occidentaux à Israël est également renforcée par le fait qu'Israël revendique l'héritage de la Shoah. Cela permet aux gouvernements occidentaux de soutenir Israël presque sans réserve, en soulignant que, puisqu'ils portent à des degrés divers une responsabilité dans le génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ont l'obligation morale de soutenir Israël.
Cette attitude atteint son paroxysme dans le cas de l'État allemand. L'Allemagne a été le principal auteur du génocide de 1941 à 1945, mais le pays interprète de façon complètement erronée les enseignements de l'époque nazie et de la Shoah. Si la leçon que le pays en tire s'énonce comme suit : « Puisque nos prédécesseurs ont commis un génocide contre les Juifs, nous devons maintenant soutenir un État qui se proclame juif même lorsqu'il commet un génocide contre un autre peuple », alors il a clairement tiré la mauvaise conclusion. Ce faisant, l'Allemagne ressuscite le climat idéologique de violence sans limite qui a donné naissance au nazisme, même s'il apparaît aujourd'hui sous une forme nouvelle, celle du néofascisme, à l'échelle mondiale.
La leçon correcte à tirer de la Shoah – tant du génocide des Juifs que de celui d'autres victimes telles que les homosexuels, les personnes porteuses de handicap et les Roms – est qu'il faut faire preuve d'une vigilance constante contre toute forme de racisme, d'oppression et de politique de puissance agressive telle que l'occupation. Il est important que ces enseignements soient appliqués de manière cohérente et non sélective.
Les États occidentaux invoquent ces valeurs contre Vladimir Poutine pour son invasion de l'Ukraine, mais n'appliquent pas les mêmes valeurs à l'État israélien et à ses dirigeants d'extrême-droite pour ce qu'ils font à Gaza. Il s'agit là d'une énorme contradiction. Au-delà de la question morale, qui est importante, les gouvernements occidentaux font preuve d'un considérable manque de vision à long terme. Même du point de vue de leurs propres intérêts, leurs actions sont à courte vue en ce qu'elles contribuent à la déstabilisation mondiale. Les États occidentaux créent des conditions de violence qui déborderont inévitablement sur l'Europe et même les États-Unis.
Prenez la violence des années 1990 : la guerre en Irak, l'embargo contre l'Irak, les bombardements incessants… Toute cette violence a fini par se retourner contre les pays occidentaux et leurs alliés, culminant dans des tragédies comme celle du 11 septembre. Quiconque pense que ce qui se passe aujourd'hui à Gaza n'aura pas de graves conséquences à l'avenir se trompe.
Vous affirmez que le concept de « nouvel antisémitisme », largement attribué aux musulmans et à leurs défenseurs, est utilisé pour absoudre l'extrême droite européenne et américaine de son propre antisémitisme, permettant ainsi une alliance dangereuse fondée sur l'islamophobie. Comment cette dynamique a-t-elle influencé les réactions occidentales face à la souffrance des Palestiniens, et quelles sont plus largement les conséquences de ce « deux poids, deux mesures racial » que vous décrivez ?
L'extrême-droite, en particulier en Europe et aux États-Unis, accuse souvent des mouvements comme Black Lives Matter de racisme antiblanc. C'est la même logique que celle utilisée par les gouvernements européens lorsqu'ils qualifient les populations musulmanes – dont certains membres peuvent avoir des opinions antisémites, mais la plupart n'en ont pas – d'antisémites simplement parce qu'elles soutiennent les Palestiniens contre le gouvernement israélien. Ce n'est pas de l'antisémitisme.
Le fait est qu'aujourd'hui, l'extrême-droite – comme l'AFD en Allemagne ou le FPÖ en Autriche – surenchérit sur tout le monde en se montrant plus pro-israélienne que les autres. Marine Le Pen en France fait de même. Cette extrême-droite occidentale, malgré sa longue histoire d'antisémitisme, est maintenant devenue une fervente partisane d'Israël car elle considère ce pays comme un allié contre leur cible commune : les musulmans.
L'alliance actuelle des forces néofascistes repose sur la nouvelle forme dominante de racisme en Occident : l'islamophobie. Au lieu de reconnaître que l'antisémitisme existe toujours principalement au sein de ces traditions d'extrême-droite, les partisans d'Israël préfèrent ignorer leurs racines antisémites. Ils répriment sans retenue le mouvement de solidarité avec la Palestine.
En Grande-Bretagne, où je me trouve, le gouvernement de Keir Starmer a décidé d'interdire, en tant que groupe « terroriste », une organisation dont la dernière action a consisté à projeter de la peinture rouge sur des avions de la Royal Air Force. Cette action visait à attirer l'attention sur le rôle que joue la Grande-Bretagne dans la guerre contre Gaza en fournissant du matériel militaire à Israël. Qualifier cela de terrorisme est scandaleux. De nombreux défenseurs des droits civiques ont protesté contre cette décision, expliquant que si l'on commence à qualifier de terrorisme tout et n'importe quoi, on ouvre la voie à la destruction des libertés politiques.
Si le parti d'extrême-droite de Nigel Farage, Reform UK, venait à remporter les élections – ce qui n'est plus inimaginable –, il pourrait utiliser une telle loi pour restreindre davantage les libertés politiques. Les gouvernements occidentaux soi-disant libéraux jouent donc un jeu très dangereux qui risque même de se retourner contre eux.
Vous aviez prévu, bien avant que cela ne se produise, qu'Israël pourrait entraîner l'Iran dans une confrontation qui rendrait inévitable une offensive conjointe américano-israélienne, en particulier sous Trump. Comment interprétez-vous le rôle de l'Iran dans l'escalade actuelle, et que nous apprend votre prédiction antérieure sur les calculs stratégiques tant d'Israël que des États-Unis ?
Le régime théocratique iranien a utilisé la question palestinienne comme un instrument idéologique majeur pour étendre son influence dans les pays arabes. Pour combler le fossé entre Persans et Arabes, et entre chiites et sunnites, il s'est fortement appuyé sur la cause palestinienne. Dès le début, celle-ci a constitué un atout idéologique clé pour le régime.
Téhéran a donc soutenu les forces arabes anti-israéliennes, en particulier le Hezbollah, qui a mené une véritable lutte contre l'occupation israélienne du Liban. Le Hezbollah a été fondé sous patronage iranien après l'invasion israélienne de 1982 et a mené une longue campagne contre cette occupation, acquérant ainsi le statut d'allié principal de l'Iran.
L'Iran a profité de l'occupation états-unienne de l'Irak. Comme on sait, l'Iran a été le principal bénéficiaire de l'invasion américaine et a aujourd'hui plus d'influence en Irak que n'en ont les États-Unis. L'Iran est ensuite intervenu en Syrie pour soutenir le régime despotique de Bachar el-Assad contre le soulèvement populaire de 2011, ce qui lui a permis d'étendre plus encore son influence.
Cela a permis à l'Iran de créer un axe régional sous son influence directe, auquel s'est ajouté le Yémen, où les Houthis prirent contrôle du nord du pays en 2014, déclenchant une guerre civile.
L'Iran a ainsi tissé un réseau d'influence directe dans toute la région, pensant que cela lui assurerait une protection solide. Mais au contraire, cela a conduit Israël à considérer l'Iran comme une menace encore plus grande, en particulier lorsque l'Iran a commencé à développer son programme nucléaire. Cela est devenu une obsession pour Israël, soutenu par Washington.
Après que Trump eut retiré les États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien en 2018, l'Iran a considérablement augmenté son enrichissement d'uranium, à 60 %. Ce niveau dépasse clairement ce qui est nécessaire à des fins pacifiques, tout en restant inférieur à ce qui est nécessaire à des fins militaires. C'est ainsi que l'affirmation par l'Iran selon laquelle il n'a pas l'intention de fabriquer des armes nucléaires se trouvait contredite par ce niveau d'enrichissement. Cette position contradictoire s'est retournée contre l'Iran et a constitué, à mon avis, une autre erreur de calcul majeure.
Israël a alors saisi l'occasion créée par les événements du 7 octobre pour écraser d'abord le Hezbollah, puis lancer une attaque à grande échelle contre l'Iran avec le soutien des États-Unis. Entre temps, le régime Assad s'est effondré.
Tout cela a donc porté un coup dur à l'Iran. Les États-Unis et Israël considèrent tous deux l'Iran comme un ennemi majeur. Israël, parce que l'Iran se déclare ouvertement comme son ennemi le plus acharné. Les États-Unis, bien qu'ils ne soient pas menacés militairement par l'Iran, parce qu'ils le considèrent comme une menace pour leurs intérêts dans le Golfe.
Les deux fois où Trump a été élu, il s'est rendu dans les monarchies arabes du Golfe pour sa première visite à l'étranger. Sa dernière visite a été l'occasion de discuter d'accords portant sur des centaines de milliards de dollars. Donc, peu importe ce qu'elles disent – souvent de façon hypocrite –, les monarchies du Golfe, tout en critiquant les attaques d'Israël contre l'Iran, en sont en réalité plutôt satisfaites, car elles craignent beaucoup plus l'Iran qu'elles ne craignent Israël.
C'est là le point crucial : les États-Unis s'opposent au régime iranien non pas principalement en raison de sa nature ou de son idéologie – après tout, la monarchie saoudienne est encore plus répressive – mais en raison de la menace géopolitique qu'il représente.
Compte tenu de la situation actuelle à Gaza et en Cisjordanie, et alors que le gouvernement israélien poursuit ce que vous décrivez comme une politique de nettoyage ethnique, quel avenir reste-t-il au peuple palestinien ?
Si le gouvernement d'extrême-droite israélien n'avait pas procédé plus tôt à une expulsion massive des Palestiniens, c'est parce qu'il savait que cela provoquerait une condamnation internationale et serait probablement bloqué. Mais le 7 octobre lui a offert une opportunité, une chance de commencer à mettre en œuvre ce projet de toute sa force et à l'aide d'une violence extrême à Gaza, au moyen de ce qui est devenu une guerre génocidaire.
Ils ne peuvent pas encore expulser la population palestinienne de Gaza, car cela nécessite le feu vert des États-Unis. Même sous l'administration Trump, cela serait compliqué en raison des relations de Washington avec les États du Golfe, qui craignent l'effet hautement déstabilisateur qu'aurait une telle expulsion. L'influence pétrolière et financière de ces États reste cruciale non seulement sur le plan géopolitique, mais aussi pour les intérêts commerciaux personnels et familiaux de Trump.
Deux scénarios catastrophiques menacent désormais les Palestiniens. D'un côté, la perspective d'un nettoyage ethnique total, c'est-à-dire leur expulsion massive, qui marquerait le deuxième grand déplacement des Palestiniens hors de leur territoire depuis 1948. Une expulsion plus limitée de Cisjordanie a eu lieu en 1967, mais ce qui est aujourd'hui en jeu, c'est le déracinement de la plupart des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
De l'autre côté, un scénario profondément inquiétant, mais considéré par certains comme un « moindre mal », est la création d'un semblant d'État palestinien, composé d'enclaves déconnectées en Cisjordanie et à Gaza. Le reste du territoire serait annexé par Israël, rempli de colons et de forces militaires. Cela fait déjà l'objet de discussions : l'administration Trump et Netanyahou seraient en train de négocier avec les Émirats arabes unis, le royaume saoudien et l'Égypte un accord qui permettrait à ces pays de gouverner temporairement les Gazaouis dans le cadre de ce prétendu « État » jusqu'à ce qu'une force palestinienne agissant par procuration d'Israël soit en mesure de les remplacer.
Bien sûr, cela ne serait pas une libération. Ce serait simplement une nouvelle façon d'organiser la prison à ciel ouvert dans laquelle les Palestiniens sont confinés depuis 1967 – une prison façonnée par l'occupation, qui serait dorénavant redéfinie pour apparaître comme un « règlement politique » tout en préservant les structures fondamentales de domination sous une forme très aggravée.
*
Cet entretien a été réalisé à l'origine pour le quotidien de gauche allemand ND. Réalisé en anglais, il a d'abord été publié sur le site Jacobin aux États-Unis. Il a été traduit de l'anglais par NL pour Inprecor.
Gilbert Achcar est professeur émérite à SOAS, Université de Londres. Ses ouvrages les plus récents sont La Nouvelle Guerre froide. États-Unis, Russie et Chine, du Kosovo à l'Ukraine et Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l'histoire mondiale.
Elias Feroz est écrivain indépendant. Il travaille entre autres sur le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie, ainsi que sur la politique et la culture de la mémoire.
Note
[1] Voir le texte de l'annoncefaite par le chef de la branche militaire du Hamas le matin de l'opération du 7 octobre.
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Le martyre de Charlie Kirk
L'assassinat de Charlie Kirk annonce une nouvelle étape mortelle dans la désintégration d'une Amérique du Nord divisée et fortement polarisée. Alors que des discours toxiques et des avertissements menaçants sont lancés à travers les clivages culturels comme autant de grenades à main, débouchant parfois sur des violences réelles — notamment l'assassinat de Melissa Hortman, présidente émérite de la Chambre des représentants du Minnesota, et de son mari, ainsi que les deux tentatives d'assassinat contre Donald Trump —, le meurtre de Kirk est un autre signe avant-coureur d'une désintégration sociale à grande échelle.
14 septembre 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/09/14/meurtre-de-charlie-kirk-deux-textes/
Son assassinat vient de fournir un martyr au mouvement qu'il représentait — une mouvance fondée sur le nationalisme chrétien.
Les martyrs sont le moteur des mouvements violents. Toute hésitation à recourir à la violence, tout propos appelant à la compassion ou à la compréhension, tout effort de médiation ou de discussion devient dénoncé comme une trahison envers le martyr et la cause pour laquelle il est mort.
Les martyrs sacralisent la violence. Ils sont utilisés pour renverser l'ordre moral. La dépravation devient moralité. Les atrocités deviennent héroïsme. Le crime devient justice. La haine devient vertu. La cupidité et le népotisme deviennent des vertus civiques. L'assassinat devient une bonne chose. La guerre est l'esthétique ultime. C'est ce qui nous attend.
« Nous devons faire preuve d'une détermination à toute épreuve », a déclaré le stratège politique hyper-conservateur Steve Bannon au cours de son émission « The War Room », en ajoutant : « Charlie Kirk est une victime de la guerre. Nous sommes en guerre dans ce pays. Nous le sommes. »
« S'ils ne nous laissent pas en paix, alors notre choix est de nous battre ou de mourir », a aussi écrit Elon Musk sur le réseau X.
« Toute la droite doit s'unir. Assez de ces querelles internes absurdes. Nous sommes confrontés à des forces démoniaques venues tout droit de l'enfer », a écrit le commentateur et auteur de droite Matt Walsh sur X. « Mettez de côté vos querelles personnelles. Ce n'est pas le moment. Il s'agit d'une question existentielle. Un combat pour notre propre existence et celle de notre pays. »
Le député républicain Clay Higgins a écrit qu'il utiliserait « l'autorité du Congrès et toute son influence auprès des grandes plateformes technologiques pour imposer l'interdiction immédiate et à vie de tout message ou commentaire favorable à l'assassinat de Charlie Kirk… ». Il a ajouté : « Je vais également m'attaquer à leurs licences commerciales et à leurs autorisations, leurs entreprises seront mises sur liste noire de manière agressive, ils devraient être expulsés de toutes les écoles et leurs permis de conduire devraient être révoqués. Je vais tout simplement annuler, avec un préjugé extrême, ces animaux malfaisants et malades qui ont célébré l'assassinat de Charlie Kirk. »
Le cofondateur de la méga-entreprise Palantir, Joe Lonsdale, a profité de la mort de Kirk pour plaider en faveur de la destruction de « l'alliance rouge-verte » des « communistes et islamistes » qui, selon lui, se sont unis pour détruire la civilisation occidentale. Il propose une application permettant aux citoyens de télécharger des photos de crimes et de sans-abri en échange de « réductions d'impôts fonciers ».
Le comédien d'extrême droite Sam Hyde, qui compte près d'un demi-million d'abonnés sur X, a écrit, en réponse à l'annonce par Trump de la mort de Kirk qu'il était « temps de faire votre putain de boulot et d'exercer votre pouvoir… si vous voulez être plus qu'une note de bas de page dans la section « Effondrement des États-Unis » des futurs livres d'histoire, c'est maintenant ou jamais ». Il tague en bas de son tweet des membres de l'administration et des entrepreneurs militaires privés.
L'acteur conservateur James Woods a lancé l'avertissement suivant : « Chers gauchistes : nous pouvons avoir une conversation ou une guerre civile. Un coup de feu de plus de votre part et vous n'aurez plus le choix. » Son tweet a été republié par près de 20 000 personnes, a été vu 4,9 millions de fois et a reçu plus de 96 000 likes.
Ce ne sont là que quelques exemples parmi le déluge de sentiments virulents partagés et applaudis par des dizaines de millions d'Américains.
La dépossession de la classe ouvrière, dont 30 millions de personnes ont été licenciées en raison de la désindustrialisation, a engendré la rage, le désespoir, le déracinement, l'aliénation et favorisé une pensée magique. Elle a alimenté des théories du complot, une soif de vengeance et la glorification de la violence comme remède à la décadence sociale et culturelle.
Les fascistes chrétiens — comme Kirk et Trump — ont habilement exploité ce désespoir. Ils ont attisé les braises. Le meurtre de Kirk va les enflammer.
Les dissidents, les artistes, les homosexuels, les intellectuels, les pauvres, les personnes vulnérables, les personnes de couleur, les sans-papiers ou ceux qui ne répètent pas aveuglément le credo d'un nationalisme chrétien perverti seront condamnés comme autant de contaminants humains à éliminer du corps politique. Ils deviendront, comme dans toutes les sociétés malades, des victimes sacrificielles dans une vaine tentative d'instituer un renouveau moral et de retrouver une gloire et une prospérité perdues.
La cannibalisation de la société, tentative futile de recréer une Amérique mythique, accélérera cette désintégration. L'ivresse de la violence – beaucoup de ceux qui ont réagi à l'assassinat de Kirk semblaient enthousiasmés par le bain de sang qui s'annonçait – s'auto-alimentera comme un incendie.
Le martyr est essentiel à cette nouvelle croisade, en l'occurrence débarrasser l'Amérique de ceux que Trump appelle la « gauche radicale ».
Les martyrs sont commémorés lors de cérémonies et d'actes de souvenir afin de rappeler aux adeptes la justesse de la cause et la perfidie de ceux qui sont tenus pour responsables de la mort du martyr. C'est ce qu'a fait Trump lorsqu'il a qualifié Kirk de « martyr de la vérité et de la liberté » dans un message vidéo diffusé le 10 septembre, en lui décernant la Médaille présidentielle de la liberté et en ordonnant que des drapeaux soient mis en berne jusqu'à dimanche. C'est pourquoi le cercueil de Kirk sera ramené à Phoenix, en Arizona, à bord de l'avion Air Force Two.
Kirk était un emblème de notre fascisme chrétien émergent. Il propageait notamment la théorie du Grand Remplacement, qui prétend que les libéraux ou « mondialistes » autorisent des immigrants de couleur à entrer dans le pays afin de remplacer les Blancs, déformant ainsi les tendances en matière d'immigration pour en faire un complot. Il était islamophobe, tweetant, entre autres accusations, « L'islam est l'épée que la gauche utilise pour trancher la gorge des États-Unis », et que cette religion n'était « pas compatible avec la civilisation occidentale ».
Lorsque la youtubeuse pour enfants Mme Rachel a déclaré « Jésus dit d'aimer Dieu et d'aimer son prochain comme soi-même », Kirk a rétorqué que « Satan a beaucoup cité les Écritures » et a ajouté « Au fait, Mme Rachel, vous devriez peut-être ouvrir votre Bible, dans une partie moins référencée du même passage des Écritures, dans Lévitique 18, il est écrit que si tu couches avec un autre homme, tu seras lapidé à mort ».
Il a exigé que nous abrogions la Loi américaine sur les droits civiques de 1964 et a dénigré les leaders du mouvement des droits civiques tels que Martin Luther King. Il s'est montré méprisant envers les Noirs : « Si j'ai affaire à une femme noire idiote à un service clientèle… je me demande si elle a ce poste en raison d'une discrimination positive ? » Il a déclaré que des « rôdeurs Noirs » s'en prenaient aux Blancs « pour le plaisir ». Il a accusé le mouvement Black Lives Matter de « détruire le tissu social de notre société ».
Kirk a soutenu que l'élection de 2020 avait été volée à Trump. Il a mis en place deux listes de cibles, la Professor Watchlist et la School Board Watchlist, dans le but de purger du monde de l'éducation les professeurs et les enseignants qu'il qualifiait de « gauchistes radicaux ». Il prônait la diffusion télévisée d'exécutions publiques, dont il estimait que le visionnement devrait être obligatoire pour les enfants.
L'idée qu'il défendait la liberté d'expression et la liberté est absurde. Il était l'ennemi de ces deux principes.
Kirk, qui était un fervent partisan du culte de Trump, incarnait l'hypermasculinité qui est au cœur des mouvements fascistes. C'était peut-être là son principal attrait pour les jeunes, en particulier les jeunes hommes blancs. Il soutenait l'existence d'une « guerre contre les hommes », fétichisait les armes à feu et vendait Trump à ses partisans comme un exemple d'hyper-virilité.
« On peut qualifier Donald Trump de bien des façons », a-t-il écrit, mais « Personne ne l'a jamais qualifié de féminin. Trump est un énorme doigt d'honneur adressé à tous les surveillantes de couloirs d'école qui hurlent contre des jeunes hommes simplement parce qu'ils existent. Il est un énorme ‘va te faire foutre' adressé à l'establishment féministe qui n'avait jamais été remis en question avant que Trump ne descende de son ascenseur doré. La plupart des médias ont raté ce développement. Les jeunes hommes, eux, ne l'ont pas raté. »
L'histoire nous enseigne ce qui va suivre. Ce ne sera pas agréable. Kirk, élevé au rang de martyr, donne à ceux qui cherchent à anéantir notre démocratie le droit de tuer, tout comme Kirk a été abattu. Ce meurtre mettra fin aux quelques contraintes qui existent encore pour nous protéger des abus de l'État et de la violence des justiciers auto-proclamés. Le nom et le visage de Kirk seront utilisés pour accélérer la route vers la tyrannie, ce qui est exactement ce qu'il aurait voulu.
Chris Hedges
« Cet article a été d'abord été publié sur mon Substack. Pour poursuivre mon travail de journalisme indépendant, je dépends de la générosité et du soutien de mes lecteurs et lectrices. Si vous souhaitez me soutenir directement, vous pouvez le faire à l'adresse suivante : http://chrishedges.substack.com.
https://chrishedges.substack.com/p/the-martyrdom-of-charlie-kirk
https://tradfem.wordpress.com/2025/09/11/le-martyre-de-charlie-kirk-par-chris-hedges/
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France : Après le succès de 18 septembre, ni supplique, ni routine, construire un mouvement conquérant
Le 18 septembre a déjoué beaucoup de pronostics et a été un grand succès. Contrairement à ce que nous aurions pu imaginer il a été davantage suivi que le 10, malgré le peu d'entrain des directions syndicales. Il a rassemblé jusqu'à un million de manifestants et paralysé des secteurs clés comme les transports parisiens, à un niveau qu'on n'avait plus vu depuis 2019. Cette réussite est surtout celle des bases qui ont poussé à l'action. C'est déjà une leçon.
20 septembre 2025 | tiré de Frustrations
Le mouvement qui a débuté le 10 septembre n'a rien d'anecdotique. Il n'est ni une réplique des Gilets Jaunes ni un simple copier-coller de 2023. Il conjugue la massivité du mouvement de 2023 mais avec des formes d'action plus radicales : blocages, appel à des grèves régulières et reconductibles plutôt que des simples « journées saute-mouton ». Des leçons ont, semble-t-il, été tirées par la population, à contrario de l'intersyndicale qui reprend sa “stratégie” de la supplication auprès des macronistes et tente de dévitaliser le mouvement en ne faisant que “menacer” de nouvelles grèves.
Face à cela, le pouvoir macroniste ne répond que par la fuite en avant. La nomination de Lecornu à Matignon traduit l'incapacité de Macron à comprendre ce qu'il se passe. Comme si la crise politique, profondément structurelle, se réglait à coups de chaises musicales. Comme si les Français rejetaient Bayrou pour sa personnalité (certes très pénible) et ses casseroles personnelles, et non pour les politiques qu'il incarnait et poursuivait. La macronie, privée de base sociale, n'a aujourd'hui plus que deux ressources : l'appareil répressif et les combines institutionnelles.
Sur la répression, il est donc à craindre que celle-ci s'accentue. Cela a déjà commencé avec des dizaines de garde-à-vue, des manifestantes et manifestants tabassés et gazés. La présidence Macron a marqué un saut qualitatif dans la brutalisation des mouvements sociaux. Elle a atteint des niveaux inédits dans les “démocraties” européennes depuis plus de vingt ans (il faut probablement remonter à Gênes en 2001, où la police italienne avait réprimé avec une brutalité absolument inouïe la mobilisation contre le G8, pour trouver un niveau de violence comparable ou supérieur). Ce niveau de brutalisation n'est d'ailleurs plus complètement contrôlable : la police, extrême droitisée, a profité de la faiblesse du pouvoir pour gagner en autonomie (y compris politique) et en impunité (qui est désormais totale). Mais cette fois, les images passent. La vidéo de cette jeune femme tabassée à Marseille a circulé dans les médias, (eux-mêmes incapables de trouver la sempiternelle « violence des manifestants » à mettre en miroir), là où, pendant les Gilets jaunes, les violences policières avaient mis des mois à percer le mur médiatique.
De son côté, et sans surprise, le Rassemblement National s'est rangé dans le camp du patronat. Pas de soutien aux grèves ni aux blocages : l'extrême droite n'a rien à gagner à s'aventurer sur un terrain où ses thèmes de prédilection sont absents. Au moment des Gilets jaunes, le RN s'est retrouvé dans un grand écart impossible qui a contribué à marginaliser l'extrême droite au sein du mouvement. Comment vouloir incarner « l'ordre » et être un soutien indéfectible de la police et en même temps soutenir des mouvements qui appellent au blocage de l'économie, où le rapport de force peut parfois passer par des destructions matérielles, où les violences policières sont courantes ? Cette fois le RN ne s'y est pas risqué. Il a bien compris que le mieux pour lui était de rester relativement silencieux en espérant capitaliser un petit peu sur la détestation de Macron.
Ensuite le RN prépare 2027. Pour se faire il doit être accepté par des franges importantes du capital français pour incarner une succession crédible à Macron. Le RN est donc dans une entreprise de séduction du grand patronat, et se débrouille assez bien. Au-delà des célèbres milliardaires d'extrême droite (Bolloré, Sterin…) c'est le Medef, le syndicat patronal, qui lui déroule désormais le tapis rouge. On entendait récemment son ancien président dire qu'il craignait bien plus Mélenchon à Bardella. Mais tout cela implique de donner des gages. Jordan Bardella a déjà largement commencé à le faire en acceptant de « différer » (c'est-à-dire y renoncer) l'abrogation de la réforme des retraites s'il était nommé premier ministre dans le cadre de son accord avec Eric Ciotti. Ce refus de soutenir les manifestations va dans le même sens : il s'agit de ne pas effrayer le patronat que le RN est en train de draguer. Cela est d'ailleurs révélateur : le RN ne craint pas de perdre son électorat populaire en ne soutenant pas les mobilisations – ce qui souligne qu'il a bien compris que ce n'est pas son vague ouvriérisme et vernis social initié par Philippot qui mobilise son électorat mais bien la xénophobie.
Dans les faits, Le Pen n'a que peu à tirer des conséquences possibles d'une extension du mouvement si celle-ci se traduisait par des législatives ou une présidentielle anticipée. Une dissolution maintenant pourrait apporter au RN davantage de députés, mais c'est avant tout 2027 que le RN vise. Une démission anticipée ou une destitution de Macron ne ferait pas complètement ses affaires non plus car Le Pen a été rendue inéligible avec exécution provisoire et son procès en appel n'arrivera qu'en février 2026.
La gauche, cette fois, n'a pas raté le train. Frustration Magazine a fait partie des premiers médias classés « à gauche », avec d'autres (Contre Attaque, Cerveaux non disponibles…) à soutenir le mouvement. Initialement cela a été assez mal reçu par des segments de la gauche bourgeoise, qui nous ont harcelé sur les réseaux sociaux, en nous accusant de « soutenir des fascistes », d'être des « fascistes » nous même, des « confus », des « conspirationnistes »…car la presse mainstream leur avait dit que le mouvement était d'extrême droite et, parce que habitués à la passivité la plus totale, ils ne savent pas qu'un mouvement n'est jamais rien d'autre que ce qu'on en fait.
Mais assez vite les bases syndicales ont appelé au mouvement, suivi de près par la direction de l'intersyndicale qui a mollement convié à une journée de mobilisation le 18 septembre. Puis de LFI au PS, chacun a fini par reconnaître la force du mouvement, quand bien même avec frilosité et souvent par opportunisme. La peur de revivre l'erreur commise face aux Gilets Jaunes a pesé : difficile de s'opposer à une colère populaire aussi massivement exprimée, particulièrement quand celle-ci est fondée sur des questions de travail, économiques et sociales.
Toutefois la direction de l'intersyndicale a, sans vraiment de surprise, repris sa routine de 2023, et tente de temporiser le mouvement au maximum ce qui revient à le démoraliser et à l'impuissanter. Dans mon entretien avec Alessi Dell'Umbria, celui-ci revenait sur la notion de “racket”, lorsque des bureaucrates s'érigent en représentants d'une catégorie de la population puis finissent très vite par avoir des intérêts divergents de celle-ci en vivotant sur le dos de l'organisation. Il en voyait un exemple avec le mouvement contre la réforme des retraites de 2023 : “Alors le mouvement contre la réforme des retraites, c'est vraiment l'illustration la plus éclatante de l'impuissance organisée par les bureaucraties syndicales. Une participation énorme aux manifestations, comme on n'en avait plus vu depuis longtemps, même lors de la mobilisation contre la Loi Travail au printemps 2016, avec des sondages assurant le soutien des trois quarts de la population, bref les conditions subjectives étaient réunies. Et ça a débouché sur quoi ?….(…) Les syndicats sont là pour mettre en scène la protestation, et une fois la représentation terminée, en fin de parcours, dispersion et tout le monde rentre chez soi.”
Il y a donc un enjeu fort à ne pas attendre les directives de la direction de l'intersyndicale (plein de syndiqués sont aussi révoltés par cette captation bureaucratique) qui est, de facto, dans un rapport de complicité avec le pouvoir et dans un syndicalisme complètement apolitique (comme si l'on pouvait traiter avec Lecornu…). Nous sommes très nombreuses et nombreux, déterminés, il est donc impératif ne pas se laisser embarquer dans la spirale infinie de loose dans laquelle des bureaucrates mollassons et nuls tentent de nous enfermer. Pour se faire, une seule solution : rejoindre les collectifs du 10 septembre, les AG des entreprises ou des quartiers, s'allier avec les bases syndicales. Il faut certes s'organiser, mais en refusant la verticalité et la bureaucratisation qui font le nid de la trahison et de la corruption.
Reste la question : que veut-on gagner ? Défendre, oui : obtenir le retrait total des mesures d'austérité. Mais surtout conquérir. Car faire grève, bloquer, perdre des journées de salaire ne se fait pas seulement « contre », mais pour quelque chose de positif. Pour la retraite à 60 ans (plutôt qu'une simple “abrogation” de la dernière réforme). Pour des augmentations substantielles de salaires et du smic, et pour l'indexation sur l'inflation. Pour la réduction du temps de travail. Pour une démocratie réelle. Voilà des pistes concrètes.
Le départ de Macron est à double tranchant. Si celui-ci n'est qu'une résolution institutionnelle d'une crise pourtant structurelle, qui n'aboutit qu'à l'élection d'un nouveau macroniste pour « faire barrage » ou bien d'un lepéniste, cela n'aura aucun effet positif pour notre camp social. Si toutefois cela signifiait la fin de la Ve République, cela serait très intéressant. Si des mesures d'austérité entraînent le départ d'un gouvernement puis d'un président, et même la fin d'un régime, cela laissera une trace forte, un traumatisme pour les capitalistes en France et en Europe. Et les politiciens hésiteront à deux fois avant s'y lancer trop frontalement. Depuis dix ans, la France connaît une conflictualité de classe que nos voisins européens nous envient souvent, mais qui s'est traduite par peu de victoires. Pour que notre camp social retrouve confiance en lui-même, il faut transformer la colère en victoire. La puissance est là. La stratégie aussi : paralyser l'économie par des grèves reconductibles, partout mais en particulier dans les secteurs stratégiques, associées à des blocages sous d'autres formes. Il est évident que le mouvement agrège des contestations de secteurs pluriels et de différents types et il ne s'agit pas d'avoir un mot d'ordre unique, mais l'important est que celui-ci s'affirme comme conquérant. Espérons continuer dans cette voie.
Cet édito est largement adapté de la discussion de Rob Grams avec le journaliste italien Stefano Minisgallo, disponible ici
Rob Grams
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La construction de l’autre à l’Assemblée nationale : Liste détaillée
En novembre 2024, le député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a créé une polémique en affirmant qu'il voyait tous les jours la « construction de l'autre » à l'Assemblée nationale. Il faisait référence entre autres à cette fâcheuse tendance de nos politiciens prétendument nationalistes à pointer du doigt l'immigrant pour tous les problèmes du Québec. La classe médiatique et politique s'est empressé de dénoncer ses paroles et de l'accuser de traiter tout le Québec de raciste. Je vous présente ici une liste des déclarations qu'on peut selon moi associer à cette « construction de l'autre » depuis la campagne électorale de 2022. Cette liste sera mise à jour.
17 septembre 2025 | tiré du site d'Alexandre Dumas
Paul St-Pierre Plamondon 25-26 janvier 2023 Contexte : Le Parti québécois demande que le chemin Roxham soit fermé
Déclaration : « On est les seuls à être à la recherche d'un modèle durable afin de faire en sorte qu'on évite ce qu'on voit ailleurs dans le monde en ce moment : la montée des extrêmes », a affirmé le chef péquiste en point de presse en marge du caucus présessionnel de son parti.
Paul St-Pierre Plamondon cite en exemple des pays comme le Danemark, la Suède, la Hongrie, la France ou encore l'Angleterre.
Le Parti québécois demande que le chemin Roxham soit fermé. « Si on compte l'immigration temporaire, la situation à Roxham, qui est en progression, et on prend les seuils actuels, nous, on constate le déclin du français, l'incapacité à loger tout le monde et l'incapacité à offrir des services. Donc, on est à la recherche d'un modèle qui soit plus durable, plus rassurant, plus garant de notre paix sociale et de la qualité des services également », a dit le chef de la formation indépendantiste.
« Supposons qu'on atteint les 100 000, puis ensuite on atteint les 200 000 entrées irrégulières. 95 % d'entre elles au Québec seulement, il faut visualiser l'impact », a-t-il ajouté.
« Ça va exacerber des insatisfactions »
(…)
Le chef péquiste croit que si on n'agit pas, il y aura des conséquences.
« Un modèle dans le cadre duquel le français est condamné à reculer, qu'on est en crise de logement exacerbée et que certaines familles ne peuvent même pas se loger et dans lequel on n'arrive plus à fournir des services à la population, ça va exacerber des insatisfactions », a-t-il dit.
« Si on fait l'erreur de ne pas trouver des modèles durables, ça aura des conséquences sur certaines parties de l'électorat qui vont décider de prendre les choses d'une autre manière », a ajouté le chef péquiste.
Le PQ veut baisser les seuils d'immigration à 35 000 personnes par année. Ils sont actuellement fixés à 50 000.
(…)
Paul St-Pierre Plamondon persiste et signe : le Québec met bel et bien en jeu, selon lui, sa « paix sociale » s'il poursuit sur sa lancée en immigration.
Le chef péquiste est revenu sur ses propos tenus la veille en marge du caucus de son parti, où il avait affirmé qu'une arrivée massive de demandeurs d'asile irréguliers, comme ceux qui entrent par le chemin Roxham, pourrait être favorable à la montée des extrêmes, citant des pays comme la Hongrie et la France.
Lorsque l'immigration n'est pas planifiée, surtout lorsqu'il n'y a pas de critères de sélection comme c'est le cas à Roxham, et que le nombre de personnes accueillies […] excède largement la capacité de loger, de nourrir les gens qui n'ont pas de permis de travail, ça a un impact sur la société d'accueil, a soutenu jeudi M. St-Pierre Plamondon à l'émission Tout un matin, sur les ondes d'ICI Première.
Ce que je constate, c'est que, dans les autres pays dans le monde qui ont raté cette planification [de l'immigration], ça a des conséquences sur leur tissu social, sur leur paix sociale.
S'il n'a pas précisé sa conception des extrêmes, le chef du Parti québécois a laissé entendre qu'il craignait une montée de l'extrême droite causée par une gestion chaotique de l'immigration.
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1951403/parti-quebecois-chef-migrant-chemin-roxham-frontiere
9 mai 2023
Auteur : Paul St-Pierre Plamondon
Contexte : La CAQ a retiré de son programme la volonté d'obtenir pour le Québec les pleins pouvoirs en immigration.
Déclaration : « Vous savez qu'en fin de semaine, la CAQ a retiré de son programme la volonté de rapatrier les pouvoirs en immigration. Donc désormais il faut comprendre que la CAQ n'a plus cette prétention-là. Dans quel cas, je veux savoir de notre premier ministre : Si vous n'êtes plus pour obtenir les pleins pouvoirs en immigration et que votre engagement envers le Canada est absolu et éternel, j'aimerais que vous nous disiez si vous optez pour l'affaiblissement, voire la disparition, à long terme, du français dans le Canada ? »
17 janvier 2024
Auteur : Paul St-Pierre Plamondon
Contexte : Les économistes Stéphane Marion et Alexandra Ducharme affirment que le Canada est tombé dans un piège démographique puisque la construction de logements ne suit pas l'augmentation de la population.
Déclaration : « On ment éhontément à la population. Les économistes disent que la hausse des seuils n'est pas une solution, n'a pas d'impact sur la pénurie de main d'œuvre. Et lorsque le ministre Marc Miller dit qu'il n'y a pas de problème parce que chaque immigrant va bâtir lui-même sa maison, c'est vraiment du délire. C'est une dérive idéologique qui a des conséquences réelles. C'est-à-dire que l'itinérance monte en flèche aux quatre coins du Québec, les logements ne sont plus abordables et il y a des conséquences sociales, l'appauvrissement des ménages parce que les loyers augmentent de manière incontrôlée. Tout ça pour des faussetés. Pour un courant idéologique. »
Source : https://www.youtube.com/watch?v=qGAIjkC515s
31 janvier 2024
Contexte : Débat à RDI entre les chefs de parti excepté François Legault.
Déclarations : « Si on ne réduit pas les travailleurs temporaires, les demandeurs d'asile et les étudiants étrangers, on arrivera jamais à un équilibre et cette crise du logement, mais aussi la crise sur notre capacité à livrer des services et à intégrer en français, vont se poursuivre. » Le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, lui demande alors s'il trouve qu'il y a trop de travailleurs temporaires au Québec et qu'il aimerait en voir quitter. « Par définition, un visa temporaire, c'est quelqu'un qui arrive et qui quitte. Et donc ça vient avec la définition de travailleur avec un visa temporaire. Si le simple fait d'arriver sur le territoire donne un statut de permanent, peu importe par quel chemin, peu importe si on remplit les critères ou non, ça crée un chaos. »
20 août 2024
Contexte : PSPP réagit à l'annonce du gouvernement du Québec d'imposer un moratoire de six mois sur l'émission de permis pour les travailleurs étrangers temporaires.
Déclaration : « Ça témoigne du fait que [François Legault] est complètement dépassé par la situation en matière d'immigration. Il est impuissant vis-à-vis le fédéral. Et ce n'est pas des mesures en surface et aussi pointues qui vont renverser une tendance qui est très lourde. C'est un petit pas, mais on n'est plus à l'époque des petits pas. On est au moment de prendre des mesures très fermes pour renverser une situation qui est intenable, de son propre aveu. En guise de réponse, le Parti québécois présentera d'ici octobre « un plan de réduction drastique et substantielle » de l'immigration temporaire et permanente. Le projet péquiste touchera « toutes les catégories de manière à ce que la crise du logement se résorbe, qu'on retrouve un équilibre », a-t-il dit. M. St-Pierre Plamondon n'a pas voulu étayer ce que signifie pour lui une « réduction drastique ».
« Attendez-vous à un contraste très, très important entre les mesurettes de la CAQ et la procrastination de la CAQ, d'une part, et notre volonté de ramener le modèle à quelque chose de durable et viable, c'est-à-dire un modèle qui correspond à notre capacité d'intégrer en français, de donner des services équitables à tout le monde et de donner un toit à tout le monde », a-t-il résumé.
https://ici.radio-canada.ca/rci/fr/nouvelle/2098148/immigration-quebec-ptet-etudiants-etrangers
10 septembre 2024
Contexte : Un stagiaire en enseignement est la victime d'horribles commentaires haineux de la part de certains de ses élèves, la plupart visant son orientation sexuelle.
Déclaration : « Cette situation soulève la question du communautarisme religieux et de l'incapacité de nos écoles à intégrer une partie des nouveaux arrivants à la société québécoise. Lors de l'entrevue au 98,5, l'animateur Patrick Lagacé a demandé si le caractère multiethnique de la classe en question avait pu jouer dans la banalisation de ce genre de geste. C'est une question qui est, je le conçois, très délicate. On doit l'aborder avec toute la responsabilité qui nous incombe et les mots justes. Mais on doit l'aborder. Est-ce que le rapport à l'homosexualité qu'ont des membres de certaines communautés, dans le contexte d'une salle de classe issue à 90% de l'immigration, a pu jouer dans un cas comme celui-ci ? (…) L'incapacité de plus en plus grande du Québec à intégrer par l'école est un réel sujet qui devrait tous nous préoccuper collectivement. Sans intégration, nous assisterons à la désintégration du contrat social québécois axé sur la paix sociale, ainsi que de notre culture québécoise, cette même culture paisible et respectueuse qui fait du Québec une terre d'accueil si attirante. Il ne s'agit pas ici de blâmer qui que ce soit ou de trouver des coupables, mais plutôt de faire des constats difficiles mais nécessaires, qui nous permettront d'avancer et de trouver des politiques publiques capables de recréer une mixité et une intégration dans les valeurs partagées de notre société. L'un des mandats fondamentaux de l'école est de former des citoyens. L'école québécoise ne doit plus uniquement viser à transmettre la maîtrise du français, elle doit aussi viser à transmettre la culture québécoise, notre vision du monde et notre façon de participer et de le façonner. Et surtout de transmettre une citoyenneté qui garantit une place, la sécurité et le respect de tous et chacun. »
(Bref, oui il y a de l'homophobie au Québec, mais c'est surtout la faute des immigrants.)
Source : https://x.com/PaulPlamondon/status/1833658356692660438
28 octobre 2024
Contexte : Conférence de presse à l'Assemblée nationale. Le Parti québécois présente son plan en matière d'immigration.
Déclaration : « Donc, on va se concentrer sur le fait de régler des crises qui ont une influence négative sur le taux de natalité au niveau du logement, des services. Notre réflexion peut peut-être aller plus loin dans le programme de 2026, mais c'est relié, parce que si nos seuils d'immigration sont trop élevés, il n'y a pas de logement, le logement coûte très cher, les gens sont étouffés au niveau du paiement de leur hypothèque et du loyer, est-ce qu'ils vont prendre la décision d'avoir un enfant ou un enfant de plus ? Les deux sont reliés. »
6 janvier 2025
Contexte : Paul St-Pierre Plamondon dresse un bilan du gouvernement Trudeau sur sa page Facebook.
Déclaration : « Immigration incontrôlée créant la pire crise du logement et des services depuis des décennies. »
Source : https://www.facebook.com/share/p/1ZNUbAeDaQ/
8 avril 2025
Auteur : Paul St-Pierre Plamondon
Contexte : Point de presse pendant la campagne électorale fédérale pour demander de fermer les frontières aux Américains qui tentent de fuir leur pays depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Déclaration : « Au Québec, le nombre de demandes d'asile en provenance des États-Unis a triplé depuis l'arrivée de Donald Trump, et, comme je vous le disais en novembre dernier, c'est probablement juste le commencement, la pointe de l'iceberg d'un phénomène qui va être beaucoup plus grand et qui vise des millions de personnes. J'en ai parlé en novembre dernier pour dire : Il faut surveiller ça. Et je réitère, là, le Québec est un endroit accueillant, respectueux, mais la crise du logement, l'impact sur les services et le recul du français n'est plus un débat au Québec. »
« Parce que si vous pensez que Roxham… si vous pensez que Roxham, c'était du sabotage, ce qui s'en vient, compte tenu, là, des millions de personnes qui sont en jeu avec les politiques de Donald Trump, ce qui s'en vient est peut-être encore beaucoup plus gros que ce qu'on a connu sur Roxham. »
3 juin 2025
Contexte : Point de presse pour commenter la première rencontre entre François Legault et Mark Carney.
Déclaration : « On est rendus, au Québec, seulement pour les quatre premiers mois de l'année à 14 000 demandeurs d'asile. Et, ça, c'est une des catégories en immigration. Mais ça veut dire que, pendant que le gouvernement prépare un document où est-ce qu'on va nous dire que les seuils sont maintenant à 30 000, 35 000, 40 000, dans les faits, on continue à accueillir nettement plus de personnes. Et on n'a aucun contrôle là-dessus. La CAQ a littéralement perdu le contrôle sur le nombre de personnes qu'on accueille au Québec. Peu importe ce qu'il dit par après, ça ne correspond pas à la réalité.
Donc, juste pour vous donner une impression, là, au mois d'avril, on parle de 2 875 entrées à Lacolle, c'était 654 l'année dernière. On est pas mal, donc, dans des chiffres qui ressemblent à l'époque de Roxham. Donc, on est vraiment dans un délire idéologique, et la CAQ choisit de se fermer les yeux.
Donc, je vous parle de ça parce qu'on a un François Legault tout sourire hier, il se rend à sa première rencontre avec Mark Carney, et moi, je lui avais demandé : Allez vous demander les pleins pouvoirs en immigration, là ? C'est une question de survie de la nation, de louisianisation. Allez-vous le faire ? Moi, je n'ai pas entendu parler de ce sujet-là. J'ai entendu parler seulement d'économie. Or, qu'en est-il de l'économie du Canada depuis 10 ans ? Ça, c'est le tableau de la croissance économique per capita du Canada de 2015 à 2024. Vous avez de la misère à le voir dans le fond, là, mais la croissance économique du Canada, là, elle est ici, elle est minuscule. Et, ce matin, là, notamment, le National Post, mais d'autres médias rapportent le rapport de l'OCDE, qui est très clair : la croissance économique du Canada, dans les 10 dernières années, est minuscule, en raison d'un choc démographique, ce qu'on appelle…
Dans notre document sur l'immigration, on vous a donné plusieurs études qui parlent d'un piège démographique. C'est-à-dire que, si on impose une hausse de l'immigration trop forte, trop soudaine, ça crée une crise du logement, ça crée beaucoup de ressources en adaptation, et ultimement, donc, ça crée une stagnation de la création de richesse. Donc, de voir… puis vous avez vu mes tableaux des dernières fois, là… donc, on a connu une hausse incroyable du prix du logement. Pourquoi ? Parce que la population du Canada explose, par rapport à n'importe quel autre pays de l'OCDE.
Et je vous parle de ça donc, parce qu'on doit constater que d'une part, ce sont des discussions très, très hypothétiques, avec lesquelles je n'ai aucun problème, là… Parler d'économie, c'est correct. Mais passer à côté du principal sujet, du principal aspect problématique de l'économie canadienne depuis 10 ans, selon le rapport de l'OCDE, et omettre son engagement, comme premier ministre, de demander les pleins pouvoirs en immigration, parce que François Legault sait ce qu'il va lui arriver, c'est-à-dire un autre refus, je trouve ça irresponsable.
Donc, j'aimerais rappeler à nouveau que le sabotage de notre modèle d'immigration, qui fonctionnait, c'est un sabotage qui vient du fédéral. J'aimerais rappeler que jamais on n'aura vu un premier ministre perdre le contrôle sur l'immigration que François Legault. Et j'aimerais rappeler que, pour tous les Québécois, incluant les Québécois issus de l'immigration, personne n'a intérêt à être dans un modèle où la crise du logement s'exacerbe, continue de… à croître, où on n'est plus capables de livrer les services, et où le français recule de manière spectaculaire, comme vous pouvez le voir à nouveau avec les plaintes à l'Office québécois de la langue française. Donc, personne n'a intérêt à ça.
Et on ne peut pas accueillir des centaines de milliers… Il y aurait peut-être des millions de personnes qui veulent venir au Québec, du jour au lendemain, et qui ont des bonnes raisons, mais il y a… à un moment donné, il va falloir se pencher sur un modèle durable, en fonction de notre capacité d'accueil, parce que tout ça ne fonctionne pas. Et je pense que, malheureusement, François Legault joue à l'autruche. »
30 juillet 2025
Contexte : PSPP réagit à un reportage du Journal de Montréal qui établit que le tiers des homicides survenus au Québec en 2024 implique des jeunes de 21 ans et moins.
Déclaration : « Oui, c'est lié à des changements démographiques, on ne peut pas le nier. On assiste à l'émergence de groupes criminels nouveaux qui amènent au Québec des techniques de criminalité plus agressives pour lesquelles, à l'évidence, on est mal adaptés. Il y a 20 ans, avant les changements démographiques générés par l'immigration, on n'aurait jamais pensé que des groupes criminels puissent être aussi agressifs dans l'identification de jeunes, dès l'âge de 12-13 ans, pour les amener à des criminels actifs capables de meurtres à l'âge de 16 ans. Il faut prendre acte. On sous-estime, à l'échelle du Québec, la gravité de ce que ça peut entraîner, cette inaction-là. On connaît des cas, en Europe, de villes où on a perdu le contrôle de certaines parties de la ville en raison d'une ghettoïsation et d'une infiltration du crime organisé. »
14 septembre 2025
Contexte : Le Parti québécois a publié une publicité critiquant le nombre de demandeurs d'asile « imposé » par « le Canada ». La publicité a été dénoncée comme trompeuse par plusieurs personnes, dont Louise Harel et Pierre Céré. Le 14 septembre 2025, Paul St-Pierre Plamondon publie un texte pour justifier la publicité.
Déclaration : « Rappelons que le Québec avait une planification de l'immigration qui fonctionnait très bien avant que le gouvernement fédéral, sous Trudeau, ne vienne la saboter. Rappelons également que les Québécois issus de l'immigration, comme tous les autres Québécois, n'ont pas plus d'intérêt que les autres à vivre dans une crise perpétuelle et aiguë du logement, ni à subir un recul des services publics ou encore du climat social, simplement pour plaire à quelques idéologues de la gauche radicale ou du gouvernement fédéral. »
Source : https://www.facebook.com/share/p/168N8QoXWz/
18 septembre 2025
Contexte : Paul St-Pierre Plamondon publie une vidéo dans laquelle il réplique à ses critiques sur le sujet de l'immigration
Déclaration : « Et c'est absolument faux d'affirmer que les Québécois issus de l'immigration ont des intérêts divergents de l'ensemble des Québécois, notamment sur la question fondamentale de la crise du logement, qui découle directement d'une immigration incontrôlée durant les dernières années. Les Québécois issus de l'immigration n'ont pas intérêt à ce que leur loyer, leur hypothèque soit désormais inabordable, parce qu'on a créé de toute pièce une crise du logement en accueillant un nombre de personnes beaucoup plus grand que notre capacité à faire des nouveaux logements durant la même année. Ce qui a créé évidemment un débalancement entre l'offre et la demande. Ils n'ont pas intérêt à ce que leurs enfants n'aient pas les moyens de s'acheter une première maison comme on voit en ce moment. Exactement comme l'ensemble des Québécois, les Québécois issus de l'immigration n'ont pas intérêt non plus à une dégradation des services publics comme la santé et l'éducation, même chose lorsqu'on parle de l'enjeu du climat social, personne n'a intérêt à ce qu'il se dégrade comme on le voit notamment en ce moment en Europe, en raison justement de dérives idéologiques qui ont mené à l'absence complète de planification entourant les questions d'immigration et d'intégration. »
Source : https://www.facebook.com/share/v/1DS3cRC7hD/
François Legault
7 septembre 2022
Contexte : Le gouvernement fédéral veut augmenter les seuils d'immigration. Pendant la campagne électorale québécoise de 2022, François Legault fait un point de presse pour dénoncer cette décision.
Déclaration : « Les Québécois sont pacifiques, ils n'aiment pas la chicane, ils n'aiment pas les extrémistes, ils n'aiment pas la violence, donc il faut s'assurer qu'on garde ça comme c'est là actuellement, a-t-il notamment répondu. On a quand même des valeurs et on a parlé beaucoup de laïcité dans les dernières années ; c'en est une des valeurs, aussi le respect. Il y a une façon de vivre chez nous et on veut la garder. »
Justification : Le lendemain, Legault s'est dit désolé « si ses propos ont porté à confusion ». Évidemment. Ce ne sont pas ses mots qui étaient mal choisis, c'est nous qui avons mal compris. Il a ajouté que « l'immigration est une richesse pour le Québec ». Mais c'était pour mieux en rajouter quelques jours plus tard.
11 septembre 2022
Contexte : François Legault s'adresse à un rassemblement militant à Drummondville. Il réagit aux propositions du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire, qui proposent d'augmenter les seuils d'immigration.
Déclaration : « J'ai essayé d'expliquer pourquoi les Québécois se sont serré les coudes pendant la pandémie. C'est parce qu'on est un peuple, une nation qui est tissée serré. Et puis au cœur de cette nation, il y a le français. Et là, il y a une certaine urgence. On a vu dans les études qui ont été déposées dernièrement qu'il y a un déclin du français. C'est important de garder cette cohésion nationale, de défendre le français, d'arrêter le déclin du français. C'est comme mathématique. Si on veut arrêter le déclin pendant un certain temps, il faut mieux intégrer les nouveaux arrivants au français. »
28 septembre 2022
Contexte : François Legault s'adresse à la Chambre de Commerce de Montréal pendant la campagne électorale. La Chambre de Commerce demande au gouvernement de hausser les seuils d'immigration.
Déclaration : « Des gens disent : où vous avez pris ça, la capacité d'intégration ? Bien, les chiffres sont clairs. Il y a un déclin du français. Si on garde la même recette, ça va donner le même gâteau. Si je suis réélu, le seuil d'immigration va rester à 50 000, mais on va être plus exigeant sur la connaissance du français. On va essayer d'envoyer un plus grand pourcentage dans les régions francophones, ça va aider. Mais tant qu'on n'aura pas stoppé le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut protéger le français, ça serait un peu suicidaire d'aller augmenter les seuils. »
Justification : François Legault dit avoir été ovationné par la foule venue l'entendre. Il ne croit pas avoir à s'excuser pour ce qu'il a dit.
10 juin 2024
Contexte : Le gouvernement fédéral offre 750 millions $ à Québec pour compenser les coûts reliés à l'accueil des demandeurs d'asile alors que Québec demandait un milliard.
Déclaration : « Le gouvernement fédéral doit comprendre que c'est urgent de réduire le nombre d'immigrants temporaires au Québec, si on veut que les Québécois puissent se loger, que nos enfants aient accès à des enseignants qualifiés, pour que nos malades soient soignés et pour que le déclin français soit inversé. »
« On a actuellement une explosion du nombre d'immigrants temporaires. Ça amène des problèmes importants dans le logement, dans les services publics, l'éducation, la santé, l'avenir du français en particulier à Montréal. (…) Donc on voit que 100% du problème du logement vient de l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires. (…) Le tiers du problème de pénurie de personnel qu'on vit en santé vient des 560 000 immigrants temporaires. (…) La moitié du manque d'enseignants qualifiés au Québec vient de la présence des immigrants temporaires. (…) Le tiers des immigrants temporaires ne parlent pas français. Ils sont surtout situés à Montréal. Donc ça amène un déclin du français au Québec, en particulier à Montréal. »
Source :
https://www.journaldequebec.com/2024/06/10/demandeurs-dasile—ottawa-versera-750-m-a-quebec
2 octobre 2024
Contexte : François Legault demande au gouvernement fédéral de réduire de moitié le nombre de demandeurs d'asile sur le territoire québécois, quitte à les déplacer de force.
Déclaration : « Il faut trouver le moyen de répartir les demandeurs d'asile de façon plus équitable, a réitéré le premier ministre. Parce qu'actuellement, tout ce qui est proposé par le gouvernement fédéral, c'est sur une base volontaire par les demandeurs d'asile et sur une base volontaire par les autres provinces. Nous, ce qu'on veut, c'est [que] la moitié des demandeurs d'asile qui sont actuellement au Québec [soient] transférés dans d'autres provinces, a-t-il mentionné. Ce n'est pas logique qu'on ait reçu 45 % des demandeurs d'asile, alors que le Québec représente 22 % de la population canadienne. (…) Moi, ce que je veux, c'est qu'il y ait des résultats, a-t-il poursuivi. Alors oui, ça devrait être obligatoire. Mais c'est au gouvernement fédéral de gérer ça. »
6 décembre 2024
Contexte : Bilan de fin de session
Déclaration : « Je veux aujourd'hui envoyer un message très clair aux islamistes. Les valeurs fondamentales qu'on a au Québec, comme la laïcité, comme l'égalité hommes-femmes… Eh bien, on va se battre, puis jamais, jamais on ne va accepter que des personnes essaient de ne pas respecter les valeurs qui sont fondamentales au Québec. (…)[Le fait] de voir des gens qui prient dans les rues, dans des parcs publics, ce n'est pas quelque chose qu'on souhaite au Québec. Quand on veut prier, on va dans une église, on va dans une mosquée, mais pas dans des lieux publics. »
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2124921/projet-loi-renforcement-laicite-ecole-quebec
10 mars 2025
Contexte : François Legault demande au nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, de diminuer l'immigration temporaire.
Déclaration : « On le sait, on a excédé notre capacité d'intégration en immigration au Québec », a indiqué François Legault, lors d'une conférence de presse tenue à Terrebonne en soutien à son candidat à l'élection partielle dans la circonscription, Alex Gagné.
« M. Trudeau a perdu le contrôle du nombre d'immigrants », a-t-il accusé, en ajoutant qu'il exigera à Pierre Poilievre et Mark Carney de remédier à la situation.
Réduire le nombre d'immigrants temporaire dans la province s'avère notamment essentiel dans un contexte de « manque de logements » et pour assurer la « protection du français ». « On a des difficultés à répondre aux besoins pour les classes en éducation, et on a de la difficulté à trouver du personnel en santé », a-t-il ajouté, pour justifier sa position.
Bernard Drainville
24 janvier 2024
Contexte : Caucus présessionnel des élus caquistes.
Déclarations : « S'il vous plaît, Monsieur Trudeau, on a atteint la limite, là. On est effectivement au point de rupture. Alors, le bar ouvert en immigration, arrêtez ça là, parce que nous autres, en éducation, on manque de profs, puis on manque de locaux. On travaille très fort sur des solutions. Il faudrait que M. Trudeau nous aide un petit peu. »
20 février 2024
Contexte : Point de presse des ministres pour demander au gouvernement fédéral de limiter l'arrivée des demandeurs d'asile au Québec.
Déclarations :
Christine Fréchette : « Il faut également que le fédéral réduise l'afflux des demandeurs d'asile en resserrant rapidement la politique canadienne d'octroi des visas. Il doit fermer toute brèche qui permettrait à des groupes criminels de s'infiltrer au Canada. Et également, il doit rembourser au Québec l'ensemble des sommes encourues pour l'accueil des demandeurs d'asile. »
Bernard Drainville : « La situation qu'Ottawa laisse perdurer depuis des années a un impact pas juste sur le personnel enseignant et sur les locaux, elle a un impact aussi sur les professionnels de l'éducation, les orthophonistes, les orthopédagogues, les psychologues, les psychoéducateurs, les éducatrices, le transport scolaire. Le fédéral n'en fait pas assez. Puis ce n'est pas juste une question d'argent. C'est important de le dire. Le montant qu'il nous donne pour couvrir ce que ça nous coûte ici, au Québec, est ridicule. Ça, c'est un fait. Ils ne nous donnent pas l'argent qui couvre les coûts de services. Mais ce n'est pas seulement une question d'argent. Parce que, rendus à la situation où on est présentement, on s'approche d'un point où nous n'arriverons plus à fournir les services aux personnes qui sont déjà sur le territoire québécois parce que nos ressources doivent se partager entre un nombre grandissant d'enfants. »
Chantal Rouleau : « L'augmentation incontrôlée du nombre de demandeurs d'asile sur le programme d'aide sociale nous conduit droit dans le mur. Le gouvernement de la Coalition avenir Québec, le gouvernement de la CAQ ne veut pas et ne va pas tolérer qu'on efface les progrès de la société québécoise. Il est temps que le gouvernement fédéral cesse de laisser nos frontières complètement ouvertes. »
Jean-François Roberge : « Donc, le gouvernement doit d'abord, le premier geste à poser, la première affaire, réviser la politique d'émission des visas, il doit aussi renforcer la surveillance des frontières, parce qu'on entend parler qu'il y a des groupes criminels qui profitent du laxisme actuel, il doit réduire le nombre de demandeurs d'asile, il doit répartir les demandeurs d'asile dans l'ensemble du Canada puis il doit évidemment rembourser le Québec, on parle de plus de 1 milliard pour les trois dernières années. Donc, c'est cinq R : Réviser, renforcer, réduire, répartir, rembourser. Puis, comme mes collègues l'ont montré, ça presse. »
Mon commentaire : En tant que telle, cette déclaration n'est pas si choquante. Demander que les demandeurs d'asile soient mieux répartis sur l'ensemble du territoire et que le gouvernement fédéral dédommage correctement les provinces est tout à fait légitime. Le problème est qu'on fait face à un gouvernement qui définance les services sociaux et blâme les demandeurs d'asile pour ses propres décisions.
24 avril 2024
Contexte : Bernard Drainville doit justifier le retard dans la mise sur pied des maternelles 4 ans promises par la CAQ.
Déclaration : « On veut créer des classes [de maternelle 4 ans], mais ça nous prend des enseignants, ça nous prend des locaux. Et l'essentiel de mon personnel, dans certains centres de services scolaires, sert essentiellement à instruire les nouveaux arrivants. Dans certains cas, j'inaugure une école toute neuve, il devait y avoir des maternelles 4 ans, et pourquoi il n'y en a pas ? Parce qu'il faut scolariser un plus grand nombre d'élèves que prévu, et dans certains cas, ce sont de nouveaux arrivants. Les enseignants affectés aux nouvelles classes de francisation et d'accueil, ce sont des enseignants que je pourrais utiliser dans d'autres contextes, par exemple des maternelles 4 ans. Mais je ne les ai point. »
16 août 2024
Contexte : Bernard Drainville fait le point sur la pénurie d'enseignants à l'aube de la rentrée scolaire.
Déclaration : « Quand tu es obligé de fermer des maternelles 4 ans pour ouvrir des classes de francisation, ce n'est pas normal. »
Précision du Devoir : « À Montréal, à Laval, à Québec, dans Lanaudière, dans le Centre-du-Québec, dans les Laurentides et en Montérégie : partout, les CSS ont déclaré au Devoir qu'ils n'avaient pas fermé de groupes de maternelle 4 ans pour faire place à des classes de francisation. »
26 août 2024
Contexte : Bernard Drainville commente comme chaque année le manque d'enseignants à la rentrée scolaire.
Déclaration : L'élu s'est ensuite dit « très fier » de constater que le réseau québécois ait pu « accueillir une telle augmentation d'immigrants ». Il a néanmoins renouvelé son appel au premier ministre canadien, Justin Trudeau, afin qu'il « reprenne le contrôle des frontières et du processus d'immigration ».
Le cabinet Drainville affirme que près de 80 % de la hausse de clientèle scolaire observée l'an dernier est attribuable aux élèves qui sont nés hors Canada. Il souligne qu'il y avait 1341 classes de francisation en mars 2024, une hausse par rapport au nombre de 1005, un an plus tôt. Or, de là à lier la hausse de l'immigration à la fermeture de classes de maternelle 4 ans, il y a un pas que les CSS ne sont pas prêts à franchir.
18 novembre 2024
Contexte : L'école secondaire du Phare est inaugurée dans Charlesbourg et elle manque déjà d'espace. Le gouvernement annonce des classes modulaires.
Déclarations : « Notre plan A c'est de construire, d'agrandir, de rénover, mais c'est un excellent plan B, un modulaire. L'effectif scolaire est en hausse et c'est essentiellement à cause de l'immigration temporaire. Et donc il faut scolariser ces élèves qui nous arrivent d'ailleurs. On ne les blâme pas, c'est pas de leur faute. Mais comment veux-tu planifier, quand le gouvernement du Canada, décide de laisser entrer 600 000 immigrants temporaires en trois ans ? »
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2120810/phare-ecole-immigration-temporaire
14 mars 2025
Contexte : Bernard Drainville partage sur sa page Facebook un article de La Presse intitulé « Le nombre d'élèves issus de l'immigration explose »
Déclaration : « 1/3 des élèves issus de l'immigration
Quand on dit que l'immigration pèse lourd sur le réseau scolaire, en voici la preuve👇
On ne blâme ni les parents, ni les élèves qu'on scolarise le mieux possible. Mais force est de constater que les décisions du fédéral créent des besoins majeurs en personnel et en espace.
En 3 ans 👉HAUSSE NETTE de 50 000 élèves du primaire et secondaire, tous issus de l'immigration, dont 40 000 sont nés hors du Canada🇨🇦.
Ça correspond à 87 nouvelles écoles primaires ! »
Déclaration : « La hausse de l'immigration crée une pression énorme sur nos services publics et particulièrement sur nos écoles. Soyons clairs, on ne blâme pas du tout les enfants immigrants et leurs parents, mais il faut que les Québécois voient l'impact que les politiques du gouvernement fédéral ont sur nos écoles. On a de plus en plus d'enseignants et de personnel à l'école, mais ça va être difficile d'en venir à bout si le nombre d'élèves immigrants continue d'augmenter comme ça. »
7 août 2025
Contexte : À Midi-Info, Bernard Drainville revient sur son recul sur les compressions en éducation.
Déclarations : « Les besoins sont grandissants. On a eu des nouveaux chiffres sur le nombre d'élèves qui était plus important que prévu lors de la dernière année scolaire. On voit ce qui se passe présentement aux frontières avec l'arrivée des demandeurs d'asile. On peut anticiper qu'il y aura encore plus d'élèves à scolariser l'année prochaine. (…) Les budgets vont continuer à payer. Mais la capacité de payer n'est pas infinie. On s'entend-tu là-dessus ? La capacité de payer n'est pas infinie. »
Autres
21 septembre 2022
Auteur : Jean Boulet
Contexte : Débat électoral avec les autres candidats dans Trois-Rivières
Déclaration : « Les immigrants, les seuils, c'est un débat purement académique. Il faut s'assurer de bien les intégrer. 80 % des immigrants s'en vont à Montréal, travaillent pas, ne parlent pas français ou n'adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise. La clé, c'est la régionalisation et la francisation. »
Justification : Jean Boulet s'est dit « désolé d'avoir mal exprimé sa pensée. L'extrait diffusé ne reflète pas ce que je pense. » François Legault a dit que les propos de Boulet le disqualifiaient comme ministre de l'Immigration. Il l'a tout de même conservé dans son cabinet comme ministre du Travail.
J'accorde à M. Boulet le mérite de ne pas avoir tenté de nous faire croire que c'était plutôt nous qui avions mal interprété ses paroles.
31 octobre 2024
Auteur : Lionel Carmant
Déclaration : « L'impact des nouveaux arrivants joue un rôle sur tous nos services que l'on offre. Vous savez qu'à mon grand désespoir, il y a des gens qui partent d'Amérique du Sud, des Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied avec leurs enfants, qui arrivent au Québec, et qu'à cause de leur état, la DPJ est appelée et doit intervenir dans ces cas-là. (…) Non, on n'a pas de chiffres parce que malheureusement, le Programme régional d'accueil et d'intégration des demandeurs d'asile ne rembourse et n'a des bases de données que sur la santé physique. Mais partout où je vais au Québec, les gens me disent qu'il y a quand même un grand nombre de signalements pour les nouveaux arrivants. D'ailleurs, (le cas) de ce matin (dans La Presse), c'était effectivement des nouveaux arrivants, qui ont vécu des traumas complexes, qui ont toutes sortes de difficultés et pour lesquels on appelle la DPJ à l'aide. »
Sol Zanetti, député de Québec solidaire, répond à Paul St-Pierre Plamondon sur la question de l'immigration
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Je m’appelle Mohamed, je suis Québécois et je vous em… !
Très jeune, j'ai compris que dans mon rapport à l'autre, si je voulais me forger une identité qui m'appartienne vraiment, jamais je ne devais laisser son regard définir qui je suis. L'autre, c'est mon frère, mon cousin, mon voisin, mais aussi « l'étranger » qui m'ouvre sa maison, son pays, sa cabane. C'est pourquoi il m'est arrivé souvent de devoir poliment remettre ce regard à sa juste place.
Non pas pour le mépriser ni pour l'ignorer, mais pour rappeler que l'identité ne se forge pas essentiellement dans la validation extérieure. C'est un exercice délicat, presque une discipline : savoir accueillir l'autre, recevoir ce qu'il a à offrir, offrir en retour ce que je peux, sans jamais lui céder le pouvoir de me nommer.
Dans cet équilibre entre ouverture et accueil s'est construite ma manière d'exister parmi les autres, sans me passer d'eux et sans me perdre en eux.
« Je m'appelle Mohamed, je suis québécois et je vous emmerde ». La dernière fois que j'ai entendu cette phrase, j'étais dans un taxi, à quelque 5000 kilomètres du village québécois Hérouxville, dans un pays musulman.
Accompagné de mon fils, j'ai souvent pris des taxis dans ce pays et j'ai rarement échappé aux sermons des chauffeurs barbus qui trouvaient inconcevable que mon fils de 23 ans ne parlait pas couramment l'arabe et ne connaisse pas suffisamment la religion de son père. Aux yeux de certains, c'était une faute morale : ne pas lui transmettre l'arabe et la religion, c'était le condamner à la perdition. Alors, avec le sourire, je mettais fin au prêche par une réplique que j'affectionne : « Mieux que l'arabe ou la religion, Monsieur, j'apprends à mon fils à se mêler de ses affaires. »
Mais ce jour-là, le chauffeur était différent. Titulaire d'un doctorat en biochimie, contraint de conduire un taxi pour nourrir sa famille faute d'un emploi à la hauteur de ses compétences, il avait une profondeur et un humour qui le distinguaient des autres. Lorsque je lui ai raconté mes échanges avec certains de ses collègues, il s'est mis à rire franchement. Il trouvait hilarant, presque subversif, que j'aie osé associer dans la même phrase les mots « arabe », « religion » et « se mêler de ses affaires ».
De fil en aiguille, il a commencé à m'aider, sur un ton de farce, à raffiner mes répliques pour faire face à mes prochains chauffeurs moralisateurs. Et parmi toutes ses propositions, une est restée gravée dans ma mémoire, comme un refrain de rap : « Je m'appelle Mohamed, je suis québécois et je vous emmerde. »
Cette phrase, je l'ai entendue résonner à nouveau, mais cette fois au Québec, dans un amphithéâtre universitaire. Devant moi, un professeur tenait un discours savamment ambigu sur les notions de minorité et de majorité. À partir de quand, selon lui, un immigrant pouvait-il se permettre de se sentir membre de la majorité ? Pour l'amener à préciser sa pensée, je lui ai demandé s'il ne trouvait pas absurde, voire discriminatoire, qu'on désigne certains citoyens du Québec comme des « minorités visibles ». En poussant le raisonnement, je lui ai demandé : à quelle catégorie devrais-je appartenir, moi ? À la minorité à moitié visible ou à la majorité à moitié invisible ? Décontenancé, le professeur a fini par balbutier qu'« il faut bien qu'on vous désigne de quelque chose pour distinguer les différences ethniques ».
À 200 kilomètres d'Hérouxville, dans un local universitaire, j'imaginais l'éclat de rire de mon ami biochimiste si j'avais utilisé sa réplique à l'endroit du prof. Elle a failli m'échapper. Mais j'ai plutôt opté pour un silence dosé d'un sourire énigmatique.
Depuis cette rencontre, la réplique du chauffeur me revient chaque fois qu'au Québec la crispation identitaire refait surface. Et si je me garde de la lancer à voix haute, c'est par peur qu'elle soit mal comprise, dépouillée de l'humour et de la tendresse qui l'ont fait naître. Pourtant, elle exprime à merveille ce que je suis devenu et ce que sont devenus tant d'autres Québécois venus d'ailleurs.
Naturellement, ils assument leur choix de s'arracher à leurs racines. En regardant leurs enfants prendre un accent qui n'est pas le leur, tranquillement mais inévitablement, ils deviendront aussi québécois que le sont devenus tous ceux et celles qui débarquent sur cette terre depuis quatre siècles. Tôt ou tard, l'immigrant finit par arriver à la même réflexion du personnage principal du premier roman d'Abla Farhoud, Le bonheur a la queue glissante : « Mon pays, c'est là où mes enfants sont heureux. »
Les enfants du Québec d'aujourd'hui, issus de l'immigration, seraient encore plus heureux si le regard posé sur eux cessait de les redéfinir. Plus heureux si l'école, la rue, le travail, les médias et la politique leur rappelaient chaque jour qu'ils n'ont rien à prouver, rien à justifier, que leur accent est aussi légitime que celui d'hier et que leur appartenance plurielle n'a pas besoin d'être négociée. Plus heureux s'ils pouvaient répondre à la question « d'où viens-tu ? », par « je viens d'ici ».
Depuis vingt ans, chaque fois qu'on souffle sur les braises de la division, en rallumant de faux débats sur le « nous autres » contre « eux autres », la réplique du biochimiste me revient. Quand la controverse enfle et prend une nouvelle ampleur dans la bouche de ceux qui devraient l'apaiser, je me la répète, mais en y ajoutant la nuance nécessaire. Comme pour neutraliser, à petites doses, toute trace d'identité meurtrière qui sommeille en chacun de nous, celle qui se satisfait d'une seule appartenance.
Mon Québec à moi ne se contente plus d'une seule appartenance. Oui, je me la répète comme un rap ouvert sur demain.
Je suis arabe, je suis musulman, je suis juif, je suis chrétien, je suis africain, nord-africain, nord-américain, francophone, je suis berbère, je suis montréalais, je suis d'Hérouxville.
Je m'appelle Mohamed, je suis Québécois et je vous embrasse… !
Mohamed Lotfi
17 septembre 2025
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Laïcité au Québec : à qui profite le débat ?
Une nouvelle étude menée par L'observatoire des inégalités raciales au Québec (OIRQ) sera lancée officiellement
Tiohtià:ke/Montréal, Le 17 septembre 2025
Quand ; le jeudi 18 septembre à 18h
Où ; Café les Oubliettes, 6201 Rue de Saint-Vallier, Montréal, QC H2S 2P6
Une nouvelle étude menée par L'observatoire des inégalités raciales au Québec (OIRQ) sera lancée officiellement demain. Elle démontre comment le projet de loi 94, présenté par le gouvernement du Québec comme un renforcement de la laïcité dans les écoles, prolonge une tendance de longue date à utiliser ce principe non pas pour protéger la neutralité de l'État, mais pour redéfinir les frontières de l'appartenance nationale.
« Avec le dépôt du projet de loi 94, qui renforce les restrictions liées à la laïcité dans les écoles, on assiste à une étape charnière dans ce débat de société », explique Fella Hadj Kaddour, chercheuse à l'OIRQ. « Cette réforme s'inscrit dans la lignée de la Loi 21 et continue à instaurer une citoyenneté à deux vitesses, où certains groupes n'obtiennent qu'un statut limité, conditionné à l'effacement de leurs particularités religieuses et culturelles. »
De l'affaire Bedford à une "crise" de la laïcité
Le gouvernement justifie cette réforme en invoquant l'affaire Bedford, où des allégations ont circulé contre des enseignants accusés d'imposer des normes religieuses. Pourtant les enquêtes officielles ne démontrent aucune atteinte systémique à la laïcité dans cette affaire. Les problèmes identifiés relèvent de la gouvernance interne et non d'un enjeu religieux.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a d'ailleurs mis en garde contre les risques de violations des droits fondamentaux de ce projet de loi. Malgré ces avertissements, le gouvernement a choisi d'aller de l'avant en invoquant même la clause dérogatoire.
Un glissement sémantique significatif
L'analyse de plus de 1 700 articles écrits publiés entre octobre 2024 et avril 2025 sur l'affaire Bedford révèle un changement notable : alors que l'enjeu local portait sur le climat de travail et la gouvernance, le vocabulaire médiatique s'est déplacé vers une "crise de la laïcité". Les mentions de problèmes internes ont diminué, tandis que le mot "laïcité" est devenu central.
« Ce glissement transforme un enjeu local en crise identitaire nationale, masquant les véritables enjeux, manque de ressources, tensions internes qui continuent de miner les écoles », observe Geneviève Vande Wiele Nobert, chercheuse à l'OIRQ.
Une transformation du sens de la laïcité
L'étude montre que la laïcité, quasi absente du débat public avant les années 1990, est devenue un enjeu identitaire dans les années 2000, souvent lié à l'immigration et à la peur de l'islam. Ce basculement, que les auteurs qualifient de « laïcité narrative », transforme un principe juridique en récit national opposant un « nous » à un « eux » souvent associé aux musulmans.
Pour une laïcité inclusive
« Repenser la laïcité, ce n'est pas y renoncer », conclut Geneviève Vande Wiele Nobert, chercheuse à l'OIRQ. « C'est refuser qu'elle soit utilisée comme outil d'exclusion et construire une école fondée sur l'inclusion, la justice et l'égalité. »
À propos de l'OIRQ
L'Observatoire des inégalités raciales au Québec, c'est un groupe de réflexion, d'action de production du savoir. Il a pour mission et mandat de veiller au suivi des enjeux sous-jacents au phénomène du racisme au Québec en vue de faire avancer la lutte contre le racisme systémique.
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Entrevue avec le col. Olivier Rafowicz, porte-parole de l’armée d’Israël : Les propos qu’il a tenus m’ont révolté
Bonjour Patrice Roy. Au téléjournal du 16 septembre dernier, vous avez mené une entrevue avec le col. Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée d'Israël. Les propos qu'il a tenus m'ont révolté. Il a débuté son entrevue en disant trouver "étrange que les reportages fassent abstraction du Hamas (ce qui est faux), de son attaque génocidaire (sic !) du 7 octobre 2023 qui a tué 1 200 personnes, des hommes, des femmes des enfants », a-t-il précisé.
Photo Serge D'Ignazio
19 septembre 2025.
Or, quand vous lui avez parlé de la réplique d'Israël, il a répondu : « La guerre, c'est terrible, il y a des morts et des blessés chez nous, il y a des morts et des blessés chez eux ». Pouf ! Disparus la notion d'hommes, de femmes et d'enfants (sans doute parce que ce ne sont que des Arabes), évitant ainsi de parler des plus de 65 000 morts palestiniens, dont plus de 18 500 enfants, sans compter les dizaines de milliers de blessés. Et du fait qu'il est là, le vrai GÉNOCIDE en cours, pas dans l'attaque du 7 octobre.
« Mais qui est le coupable ? », s'est-il empressé d'ajouter pour justifier le massacre perpétré par Israël. Parce qu'il est beaucoup plus facile de chercher le coupable en résumant ce qui se passe actuellement à la seule attaque du 7 octobre et ainsi faire table rase de l'histoire. Je vous réfère à un livre, « Le nettoyage ethnique de la Palestine » (2006), de Ilan Pappé, professeur d'université et historien israélien, qui fait partie des « nouveaux historiens » qui ont réexaminé de façon critique l'histoire de l'État d'Israël et du sionisme. Dans cet ouvrage fouillé et amplement référencé, Ilan Pappé raconte dans le détail la Nakba, ce que les sionistes ont fait subir aux Palestiniens dès 1948 pour les expulser de leurs terres, raser leurs villages et faire disparaître toute trace de leur passé et de leur histoire.
Voix juives indépendantes du Canada (VJI) confirme ces faits sur leur site Web, dans « La Nakba a 77 ans : du nettoyage ethnique au génocide ». On peut notamment y lire :
« Le 15 mai, nous commémorons la Nakba, la catastrophe infligée au peuple palestinien par les milices sionistes et l'armée israélienne naissante. Plus de 750 000 personnes ont été violemment expulsées et forcées de fuir leurs terres, plus de 530 villages ont été détruits et des communautés entières ont été massacrées et détruites par les sionistes. Cette année, nous célébrons l'anniversaire de cette catastrophe, qui s'est traduite par 77 ans de nettoyage ethnique, de dépossession et de déshumanisation, et maintenant par 19 mois de génocide. Depuis sa création, le sionisme est un projet de colonisation fondé sur l'effacement des Palestinien.ne.s. »
Ces infos doivent être connues et diffusées, et elles doivent baser toute entrevue, tout reportage journalistique ou tout débat sur ce qui se passe en Palestine.
Surtout si on veut tous et toutes réellement que ce génocide cesse, qu'une vraie paix finisse par arriver, et que justice soit faite pour le peuple palestinien, même après « 77 ans de nettoyage ethnique, de dépossession et de déshumanisation, et […] 19 mois de génocide. »
Bien à vous.
Jacques Benoit
Co-initiateur de la Déclaration d'urgence climatique -DUC
Co-rédacteur du Plan de la DUC.
"La première adaptation, c'est limiter la cause !"
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Projet Montréal censure la Coalition Defund la Police et le groupe recherche d’intérêt public du Québec (GRIP) à la veille de la tenue d’un événement public dans le Quartier Chinois le 21 septembre.
Montréal, le 18 septembre 2025 – La Coalition Defund la Police et GRIP dénonce la décision de Projet Montréal de bloquer l'obtention d'un permis pour un événement communautaire. Cet événement, tenu chaque automne depuis 2021, rassemble des citoyens et des organisations communautaires afin d'explorer des moyens d'améliorer la sécurité publique sans recours à la répression policière.
La décision de Projet Montréal de bloquer le permis a contraint les organisateurs à déplacer l'événement à l'intérieur. Il se tiendra désormais à l'École de danse et de culture chinoise (1012, rue Clark), toujours de
midi à 19 h, le dimanche 21 septembre.
À Montréal, les permis pour les événements publics sont obtenus au niveau de l'arrondissement. Comme les années précédentes, la Coalition et le GRIP ont travaillé avec le personnel de l'arrondissement concerné (dans ce
cas-ci, Ville-Marie) pour préparer le permis et s'assurer que les activités de l'événement étaient conformes à la réglementation. La demande de permis a ensuite été soumise, avec plus d'une centaine d'autres, pour approbation officielle par le conseil d'arrondissement le 9 septembre 2025.
Dans un cas exceptionnel d'ingérence politique, Robert Beaudry, élu de Projet Montréal, a demandé un amendement à la motion visant à approuver toutes les demandes de permis soumises. Il a proposé de retirer de la liste l'événement organisé par la Coalition et le GRIP. Le prétexte de M. Beaudry était que toutes les activités qui devaient s'y dérouler n'ont pas été décrites. Le calendrier complet des activités prévues dans le cadre de
l'événement figurait bien sûr dans la demande de permis soumise à l'arrondissement le 5 août, car il s'agit d'un élément obligatoire de la demande de permis et le personnel de l'arrondissement n'aurait pas autorisé la soumission d'une demande de permis au conseil d'arrondissement sans cet élément.
L'amendement de M. Beaudry a été approuvé, et un événement prévu pour le 21 septembre se retrouve désormais sans permis.
L'ingérence politique de M. Beaudry et les élu.e.s de Projet Montréal attaque frontalement la liberté d'expression et de rassemblement des montréalais·es et des organisations œuvrant à Montréal. À l'aube des élections, l'administration de Projet Montréal pose un geste anti-démocratique qui viole les droits constitutionnels des montréalais·es et des organisations œuvrant sur son territoire.
La décision arbitraire de l'administration de Projet Montréal est d'autant plus surprenante que cet événement en est à sa quatrième édition, les trois éditions précédentes ayant toutes obtenues un permis. Cela semble toutefois
compatible avec le tournant autoritaire adopté par l'administration de Projet Montréal durant son passage au pouvoir durant lequel on a pu par exemple voir la répression violente de manifestations.
“La ville invoque de fausses prétentions afin de révoquer ce permis puisque nous avons répondu à toutes ses demandes et que nous lui avons fourni un horaire complet de nos activités. Projet Montréal s'oppose clairement aux nombreux organismes communautaires et citoyens de Montréal qui souhaitent voir adopter des approches non répressives en matière de sécurité publique. Ça signifie qu'elle s'attaque à notre liberté d'expression et notre liberté de rassemblement” - Jay Sallos
“Il est ironique de voir comment l'administration de Projet Montréal censure des événements à la veille des élections. Clairement, il veulent empêcher leurs critiques de s'exprimer sur leur gestion du SPVM et de la
sécurité publique. Alors qu'une campagne électorale devrait être un moment phare de la démocratie, Projet Montréal préfère utiliser son pouvoir arbitrairement afin d'écarter des idées politiques du débat”. - Gabrielle
Prince-Guérard
“Pourquoi maintenant ? Ça nous semble évident que Projet Montréal veut nous censurer, car le parti pense que ça leur nuira durant les élections. Mais peu importe la raison qu'ils évoqueront, ça reste de la censure arbitraire
pure et simple.” - Wawa Li
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Élections municipales à Victoriaville : Appel de candidatures fortes, témoignant d’une réelle vision écologique et démocratique
Depuis plus d'un an, les citoyennes et citoyens engagés dans le mouvement Sauvons la sablière d'Arthabaska luttent pour intégrer dans un parc-nature cet espace tampon essentiel à la biodiversité et très fréquenté par la population victoriavilloise.
Un appel de candidatures fortes
Parce la sablière relie le Boisé-des-frères, la rivière Nicolet et les marais adjacents, elle doit être protégée des assauts des gens d'affaires qui veulent y construire des logements haut de gamme et faire du profit au détriment des quelques rares espaces naturels qui demeurent quasi-intacts à Victoriaville.
Pendant toute cette période, nous, membres de comités du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska, avons observé de près la vie municipale : nous avons participé aux séances du conseil de ville et aux consultations tenues sur le sujet. Nous avons donné des entrevues, publié des lettres, rédigé un mémoire, rencontré la population, discuté avec nos élu.e.s, organisé un spectacle, manifesté notre désaccord et même chanté notre déception devant une décision municipale qui nous paraît toujours à courte vue. C'est pourquoi nous souhaitons aujourd'hui, à l'approche des élections municipales, encourager et susciter des candidatures fortes en vue du 2 novembre prochain.
D'abord, il nous faut de vraies élections, plutôt que des élections par acclamation. C'est ainsi qu'on pourra choisir les meilleures candidatures, des personnes ambitieuses non pas pour elles-mêmes mais pour leur ville, et ce, tant à la mairie que dans chacun des dix districts municipaux. Mais il faut aussi que les personnes candidates soient dotées d'une vision de l'avenir réaliste, certes, mais également inspirante et novatrice pour la Victoriaville du futur. Il est fini le temps du « business as usual ». Des changements seront nécessaires pour que notre conseil de ville soit davantage représentatif et à l'écoute de sa population. Nos élu.e.s devront agir avec encore plus de conviction face aux défis écologiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés en 2025 et pour les années, voire les décennies à venir.
Plusieurs personnes ont déjà annoncé leur candidature à la mairie ou au poste de conseillère ou de conseiller. D'autres se manifesteront dans les prochains jours. Sans vouloir leur imposer un programme complet ni leur demander d'adhérer à un nouveau parti politique municipal, nous leur proposons des valeurs, des principes et des actions à promouvoir dans le cadre de l'imminente campagne électorale qui se conclura le 2 novembre prochain. Nos candidatures idéales, celles pour qui nous voterons, seront celles qui correspondront le mieux au profil que voici.
Le profil de candidatures recherché : valeurs, principes et actions
Des valeurs écocitoyennes :
L'écologie. L'écologie est un courant de pensée qui valorise un meilleur équilibre entre l'être humain et son environnement naturel et cherchant à assurer la protection de ce dernier.
La démocratie. La démocratie, dans une ville, est un système politique caractérisé par des élections régulières et qui valorise la participation citoyenne dans de nombreux volets de la vie municipale.
Des principes directeurs clairs :
Favoriser le bien commun au bénéfice d'une communauté inclusive.
Favoriser une transition écologique et énergétique équitable. Préserver les milieux naturels privés et publics situés sur le territoire de Victoriaville.
Favoriser l'expression des citoyen.ne.s ; les écouter, les représenter en considérant leurs doléances, propositions ou recommandations et en les faisant valoir auprès du conseil municipal.
Tenir des discussions et des débats transparents dans toutes les instances de la ville, notamment dans ses assemblées municipales.
Nous reconnaissons que pour appliquer ces principes, les élu.e.s au conseil de ville devront :
Respecter les devoirs et responsabilités qui leurs sont conférés par la loi.
Réviser au besoin les politiques et règlements municipaux.
Selon les moyens dont dispose la ville, prévoir dans les budgets municipaux les sommes raisonnables nécessaires pour initier, développer ou soutenir des actions concrètes allant dans le sens de ces valeurs et principes.
Des actions témoignant d'une vision ambitieuse pour Victoriaville
Actions favorisant l'ÉCOLOGIE. Pour améliorer la qualité de l'air et de l'eau, préserver la biodiversité, lutter contre les changements climatiques, favoriser la justice climatique, réduire la surconsommation et ainsi assurer à chacun.e une meilleure qualité de vie :
Préserver les milieux naturels encore intacts sur le territoire de Victoriaville.
Concernant la sablière d'Arthabaska :
Si le MELCCFP refuse d'autoriser le projet de développement résidentiel sur le site : protéger puis restaurer la sablière afin de l'intégrer, avec les milieux naturels adjacents, à un nouveau parc-nature (constitué du Boisé-des-Frères-du-Sacré-Coeur à l'est, des zones inondables en bordure de la rivière Nicolet au sud, des marais à l'ouest et de la sablière au centre).
Si le MELCCFP autorise le projet de développement résidentiel sur le site de la sablière : Reconsidérer le vote tenu au conseil de ville en février dernier, notamment en tenant compte du fait que la population n'a pas été consultée par référendum. Advenant la décision du nouveau conseil de ville d'autoriser la poursuite du développement résidentiel, s'assurer minimalement de protéger et de restaurer au besoin les milieux naturels adjacents (les zones inondables en bordure de la rivière Nicolet ainsi que les marais ; le Boisé-des-Frères étant déjà protégé).
Protéger le Boisé-Colonial, une plus grande part du Mont-Arthabaska, le parc des Abénakis ainsi que le pourtour du Réservoir Beaudet (terrains publics et privés) pour en faire des aires naturelles à léguer aux générations futures.
Doter progressivement la ville d'un fonds dédié exclusivement à l'achat de terrains susceptibles de devenir des aires naturelles protégées.
Proposer des corridors verts pour assurer une connectivité favorisant la biodiversité et offrir à la population l'accès à une nature de proximité.
Élaborer un projet d'aménagement écologique à Terre-des-jeunes permettant de donner à la population (incluant les personnes handicapées) un accès à la rivière pour la baignade.
Accroître la densification de la construction sur les terrains et stationnement vacants ou sous-utilisés situés dans des lieux déjà artificialisés ou urbanisés.
Prioriser la construction de logements sociaux et abordables.
Poursuivre le processus de démarchandisation progressive d'une portion du parc immobilier résidentiel de la municipalité.
Dans tout projet d'habitation ayant un impact sur l'environnement, et malgré l'article 93 de la Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, entrée en vigueur le 21 février 2024, toujours consulter la population en appliquant les règles régulières permettant la tenue de référendums.
Dans tout futur projet d'implantation d'éoliennes sur le territoire de la municipalité, toujours consulter la population par référendum.
Développer l'économie collaborative en offrant des services municipaux ou en appuyant des initiatives citoyennes favorisant le troc et l'usage des biens plutôt que leur possession (échange de temps et de services, outilthèque, etc.).
Accroître le soutien au magasin d'occasions Le Support ainsi qu'aux autres organismes sans but lucratif ayant vocation de réduire la surconsommation ou la protection de l'environnement.
Favoriser les commerces et services de proximité.
Prioriser davantage l'achat local répondant à des critères sociaux et environnementaux et favoriser la distribution locale des produits agroalimentaires régionaux.
Développer et maintenir le transport collectif urbain, intermunicipal et interrégional.
Favoriser le transport actif.
Actions favorisant la DÉMOCRATIE.
Pour améliorer les pratiques municipales démocratiques et inclusives :
Créer plus d'espaces inclusifs de consultation et de participation citoyenne.
Réaménager la salle du conseil de façon plus accueillante pour le grand public.
Rendre les assemblées municipales plus pédagogiques En expliquant mieux les points à l'ordre du jour
En lisant les résolutions à adopter.
Favoriser des débats transparents qui permettent la libre expression de chacun.e aux assemblées municipales
En traitant des sujets à l'ordre du jour durant l'assemblée municipale (sauf lorsque le devoir de confidentialité impose un huis-clos) dans des échanges publics respectueux entre les membres du conseil.
En présentant un compte-rendu du contenu des séances de consultation municipale à la réunion du conseil de ville, avant qu'un vote sur le sujet soit pris.
En favorisant les demandes de vote en cas de désaccord entre les membres du conseil ainsi qu'en favorisant le vote à mains levées.
En encourageant chacun.e des membres du conseil de ville à répondre aux questions des citoyen.ne.s qui lui sont adressées lorsqu'elles concernent son district ou un comité qui lui a été attribué dans le cadre de ses fonctions.
En abolissant la pratique d'exiger des citoyen.ne.s présent.e.s à l'assemblée municipale d'identifier dès leur arrivée le sujet précis des questions qu'ils et elles souhaitent adresser au conseil de ville ;
En lisant les questions en ligne qui ont été acheminées à l'avance sans en travestir l'esprit.
Appel aux candidat.e.s
Nous invitons les personnes ayant déjà posé leur candidature au conseil de ville, que ce soit à la mairie ou comme conseiller ou conseillère, et celles qui s'apprêtent à le faire, à communiquer leur position à la population, par la voix des médias locaux traditionnels ou via leurs médias sociaux.
Allez-vous, dans le cadre de votre mandat, si vous êtes élu.e.s, promouvoir les valeurs et les principes que nous mettons de l'avant ? Souhaitez-vous initier, développer ou soutenir les actions qui vous sont ici suggérées pour améliorer la démocratie municipale et préserver la nature partout où il sera possible de le faire sur le territoire de la municipalité ?
Toute déclaration à ce sujet sera partagée auprès des 1300 membres de la page Facebook du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska.
Candidat.e.s : écoutez-nous, exprimez-vous et débattons ensemble !
Citoyen.ne.s : informons-nous, débattons, réfléchissons…
puis votons en grand nombre le 2 novembre prochain !
Pour le Collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska (SLSA)
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Je m’appelle Avi Lewis, voici pourquoi je me présente à la direction du NPD fédéral
Nous publions ci-dessous la traduction de la vidéo d'Avi Lewis qui se présente à la direction du Nouveau Parti Démocratique. (PTAG)
La vie au Canada aujourd'hui semble suspendue à un fil.
Tout le monde cherche un peu de stabilité. Tout le monde entend la même chose : « Vous êtes seuls. »
Et cela n'aide en rien que nous soyons attaqués économiquement. Des chocs perturbateurs nous tombent dessus, franchissant la frontière sans prévenir. Comme si nous étions le 51ᵉ État.
Mais il y a une crise encore plus profonde, que Donald Trump ne fait qu'aggraver.
C'est l'urgence quotidienne de simplement essayer de s'en sortir dans une économie devenue intenable. Que vous preniez soin de vos proches, que vous cumuliez plusieurs petits boulots ou que vous travailliez de 9 à 5, le dur labeur ne suffit plus à gagner sa vie.
Cent dollars pour un forfait cellulaire, 300 dollars pour un panier d'épicerie, plusieurs milliers pour un loyer ou une hypothèque. Aujourd'hui, chaque politicien se dit scandalisé par ces prix. Mais ce dont ils ne parlent jamais, c'est la raison pour laquelle des milliards de profits s'envolent vers une poignée de grandes corporations qui contrôlent chaque secteur de notre économie : trois fournisseurs de téléphonie, trois géants de l'alimentation, cinq compagnies pétrolières et les cinq grandes banques qui les financent.
Et ces PDG du pétrole et du gaz, ils ne se contentent pas d'accumuler des richesses indécentes : ils hypothèquent notre avenir commun.
Chaque été, désormais, les feux de forêt empoisonnent l'air, réduisent en cendres des villes entières que nous aimons.
Et savez-vous pourquoi cela continue ? Parce que les libéraux et les conservateurs à Ottawa les laissent agir en toute impunité.
Dans les années 1970, mon grand-père David Lewis, l'un des fondateurs du NPD, l'a bien dit : le gouvernement et les grandes entreprises se tiennent par la main… dans votre poche.
Sa génération a refusé d'accepter un marché pourri. Ils ont conquis l'assurance-maladie publique, les pensions, tout le filet social qui protégeait les gens quand l'économie s'écroulait.
C'est cette tradition de lutte dans laquelle j'ai grandi.
J'ai fait mes armes politiques dans le combat contre les accords de libre-échange.
Vous vous souvenez de ceux qui ont détruit des centaines de milliers d'emplois et nous ont rendus si vulnérables aujourd'hui à l'intimidation des États-Unis.
En chemin, j'ai affronté les puissants :
« Tu vas proclamer l'ALÉNA ? »
« Pourquoi dis-tu ça ? »
« Alors prouve-moi le contraire et abroge-le. »
Je te le dis, écoute-moi, Louis, et soyons…
« Attends, Jason. Je veux que tu répondes à la question. Tu as dit au Calgary Herald que tu soutiens les soins de santé privés. Je veux simplement savoir si le Parti de l'Alliance aussi. »
Tu as supprimé 62 lignes d'autobus. Tu as tenté de fermer des bibliothèques. Tu as dit que tu le referais sans hésiter.
Depuis plus de quarante ans, je me tiens aux côtés des travailleurs, racontant les histoires de héros de la classe ouvrière qui s'organisent pour la dignité : dans les usines et les champs, dans les salles de classe et les foyers de soins, sur les planchers d'usine et dans les flottes de pêche.
Aujourd'hui, je veux me tenir avec vous, avec toutes celles et ceux qui croient que la mission d'un gouvernement, c'est de gouverner — vraiment.
- Avec un impôt sur la richesse.
- Avec un plafonnement national des hausses de loyers.
- Avec une option publique pour l'alimentation et l'épicerie.
- Avec des soins de santé qui couvrent tout, des médicaments à la santé mentale.
- Avec un New Deal vert qui crée des millions d'emplois bien rémunérés.
Les élites veulent nous faire croire que ce genre de changements est impossible. Elles nous divisent, nous montent les uns contre les autres : les campagnes contre les villes, les syndicats contre les écologistes, tout le monde contre les immigrants.
Elles nous poussent à frapper vers le bas pour éviter que nous levions les yeux vers le haut.
Mais notre tâche, en tant que néo-démocrates, c'est précisément l'inverse :
Rassembler tout le monde, recommencer à rêver grand.
Porter les revendications du peuple jusqu'aux puissants — et gagner.
Rappeler à tous les Canadiens qu'ils ont peut-être l'argent, mais que nous sommes les plus nombreux.
Je m'appelle Avi Lewis, et c'est pourquoi je me présente à la direction du NPD fédéral.
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À l’Assemblée des Premières Nations, un chef se sent « mis à l’écart » par l’approche du Manitoba en matière de développement
Lorsque le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, s'est adressé à l'Assemblée des Premières Nations la semaine dernière, il a présenté son gouvernement néo-démocrate comme adoptant une approche unique consistant à impliquer les communautés autochtones dans le développement de grands projets.
Mais un chef parmi l'assistance, qui affirme que sa Première Nation a été mise à l'écart dans le cadre d'un projet routier, estime que le comportement du gouvernement Kinew s'est avéré être plus ou moins le même, malgré la popularité personnelle du premier ministre auprès des Premières Nations.
Tiré de Ricochet
9 septembre 2025
M. Kinew a déclaré à l'assemblée que, alors que de nombreuses juridictions se précipitent vers des projets d'infrastructure et d'exploitation des ressources, son gouvernement se distingue en appliquant une approche constitutionnelle et respectueuse pour garantir les relations avec les Autochtones, et prévoit que celle-ci sera à la fois efficace et efficiente.
« Nous avons en quelque sorte un laboratoire d'idées, une expérience pilote en cours à l'échelle nationale, avec plusieurs régions différentes qui tentent de mener à bien des mégaprojets en même temps. Beaucoup d'entre elles mettent la charrue avant les bœufs et essaient de se lancer dans les travaux avant même de s'être assurées que les communautés autochtones et leurs dirigeants représentatifs sont d'accord », a déclaré M. Kinew à l'assemblée à Winnipeg le 3 septembre.
« Ici, dans la province du Manitoba, nous disons : « Nous allons prendre le temps d'avoir ces conversations d'abord. » Dites-moi si je me trompe, mais je pense que dans les prochaines années, nous verrons que l'approche qui privilégie le dialogue permet de construire plus rapidement – ou du moins aussi rapidement – que partout ailleurs dans le pays. »
Leon Mandamin a été déçu d'entendre cela. Le chef de la Première Nation indépendante Isatewizaagegan, dont le territoire sur le lac Shoal chevauche la frontière entre l'Ontario et le Manitoba le long de la Transcanadienne, accuse le gouvernement Kinew de « fabriquer le consentement » en offrant des emplois et des contrats à d'autres Premières Nations locales pour le doublement de l'autoroute, tout en laissant de côté sa communauté, qui est la plus touchée.
Le lendemain, M. Mandamin a adressé à M. Kinew une lettre de quatre pages dans laquelle il demandait une réunion urgente afin de « commencer à rétablir les relations rompues avec le gouvernement du Manitoba dans un esprit de réconciliation ». Il menace le Manitoba d'une injonction judiciaire pour mettre fin au projet de doublement de la route, au motif qu'il n'a pas consulté et pris en compte les communautés concernées.
Cette lettre, la troisième depuis la mi-juillet, affirme que les travaux de construction réalisés cet été ont entraîné l'expropriation d'un tronçon de 700 mètres du territoire de la nation Iskatewizaagegan par les deux niveaux de gouvernement à des fins de développement. Elle exprime des préoccupations quant au cadre éthique du projet alors que la prochaine étape entre dans sa phase de conception.
« MTI refuse de s'engager de manière significative et de consulter l'IIFN afin de déterminer comment ses droits pourraient être affectés et comment tenir compte des droits constitutionnellement protégés de l'IIFN », peut-on lire dans la lettre. « MTI s'engage dans un processus de « consultation » symbolique et axé sur les procédures, qui ne permet pas à l'IIFN de participer de manière adéquate aux engagements et aux consultations. »
Le Manitoba a informé la nation Iskatewizaagegan que les conceptions préliminaires étaient en cours en mai 2023. Alors que MTI a identifié « la chasse et le piégeage », Mandamin soutient que les zones culturelles et spirituelles, les itinéraires de déplacement et les zones médicinales ont tous été laissés de côté, notamment les revendications des anciens selon lesquelles le tracé proposé aurait un impact sur l'eau potable de la communauté.
La province a exigé qu'une étude traditionnelle sur l'utilisation des terres soit menée en seulement quatre mois sans financement, ce que la Première Nation a réalisé « sous la contrainte ». En mai 2025, la Première Nation affirme que la province a rejeté cette étude, « puis a présenté une liste de contrôle de « consultation » préétablie visant à passer outre nos préoccupations et à cocher leurs cases ».
Puis, le 12 août, M. Kinew a personnellement traversé le territoire de l'IIFN pour se rendre à la Première Nation Wauhushk Onigum, où il a annoncé que le Manitoba avait signé un protocole d'accord pour le jumelage d'autoroutes avec Niiwin Wendaanimok (Four Winds), une entreprise de construction appartenant à quatre autres Premières Nations de la région. M. Mandamin affirme avoir appris le voyage de M. Kinew par les médias.
M. Mandamin a déclaré qu'il n'était pas trop tard pour sauver la relation, si Kinew commençait à aborder la nation Iskatewizaagegan sur un pied d'égalité entre nations.
« J'espère qu'il réagira de manière positive », a-t-il déclaré lors d'une interview. « Lorsque nous entendons parler d'accords de principe avec les Four Winds, cela revient à fabriquer un consentement, ce qui ne nous convient pas. C'est comme s'ils utilisaient d'autres peuples autochtones pour obtenir ce que le gouvernement veut. Nous sommes la Première Nation la plus touchée et ce n'est pas parce que nous parlons de traités et de droits autochtones que vous devez nous ignorer. »
Dans une déclaration à Ricochet Media, la ministre des Transports, Lisa Naylor, a déclaré avoir rencontré les dirigeants de la nation Iskatewizaagegan en janvier, en compagnie du ministre des Ressources naturelles et de l'Avenir autochtone, Ian Bushie.
« J'ai rencontré les représentants de la Première Nation indépendante Iskatewizaagegan et mon ministère continue de collaborer avec eux sur le projet proposé de doublement de l'autoroute », indique M. Naylor dans son communiqué. « Notre gouvernement s'engage à poursuivre le dialogue dans le respect des droits issus des traités, tout en améliorant la sécurité des transports pour les Manitobains. »
Un représentant du bureau de M. Kinew a déclaré que le premier ministre était également disposé à rencontrer M. Mandamin en personne.
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Chicane dans la meute
La classe ouvrière doit être plus vigilante que jamais devant les machinations de la classe politique. Mark Carney s'est présenté comme la réponse canadienne à D. Trump ; mais ses prises de positions le montrent proche de monde des affaires et contre les travailleurs.euses.
rabble.ca, Tim Sandborn, 8 août 2025
Traduction, Alexandra Cyr
Par les temps qui courent, les travailleurs.euses doivent s'inquiéter. Le paysage est farci de politiciens.nes qui se disent leurs amis.es. Généralement c'est un mensonge que ce soit à Ottawa ou à Washington D.C. ou toute autre capitale où le populisme est brandi par les autocrates. Rappelez-vous Orban, Poutine et Modi !
Nous devons apprendre à lire à travers ce faux populisme, nous rendre jusqu'aux règles affligeantes de la classe dirigeante qui masquent ses propres intérêts. Nous devons développer un grand mouvement ouvrier international qui puisse résister à l'actuelle contre révolution qui s'attaque aux gains obtenus au cours du dernier siècle. Le faux populisme ne nous aidera pas.
Un vieil ami me disait : « On peut toujours dire quand la classe politique ment ; les lèvres bougent ».
Quand des politiciens.nes attachées.es aux affaires habituelles disent la vérité, c'est généralement par accident. Le battage publicitaire autour de l'opposition entre D. Trump et M. Carney à propos des droits de douane, les prétentions futiles de D. Trump à s'emparer du Canada, les réactions de vexation sur jouées ont mené à la campagne voulant que le Canada avait besoin de M. Carney à la tête du pays et effectivement de son élection. Est-ce qu'il n'était pas capable de négocier avec D. Trump plus effectivement que les Conservateurs.trices. P. Poilievre le candidat pseudo Trump ? Et (les libéraux) levaient les coudes en signe de résistance.
Au moment où j'écris ces lignes, au début août, le soi-disant gars des banques n'a pas encore affiché de grandes réussites face à D. Trump. Au 31 juillet, la Maison blanche a publié un communiqué annonçant des droits de douane sur tous les produits canadiens entrant aux États-Unis. Sauf ceux protégés par la ACEUM, la hausse est de 35%. Comme habituellement dans la rage autour des droits de douane les raisons pour les augmenter semblent changer un jour sur l'autre. Le communiqué de la Maison Blanche mentionne les niveaux très bas de fentanyl qui passent la frontière comme raison de la hausse des droits punitifs mais sur « Truth Social » (le Président) l'attribue au fait que M. Carney ait publiquement parlé de la reconnaissance de l'État palestinien. Inutile de se rappeler ces virages soudains (…) demain il aura trouvé d'autres raisons.
D. Trump prétend être du côté du peuple travailleur mais il est assez facile d'y voir clair : sa brillance dans le noir, ses discours monstrueusement irrationnels, ses revirements de politique via les médias sociaux, aident à le démasquer. Malgré cela, avec l'aide massive de ses donnateurs.trices multimillionnaires qu'ils considère comme ses pairs, Orange One aurait réussi à persuader une petite majorité d'Américains.nes qui ont voté aux dernières élections, qu'il était leur homme.
Mais après six mois de son deuxième mandat il est clair que ce n'est pas le cas. Un seul exemple : le fameux « Big Beautiful Bill » (loi du budget 2025) augmente les taxes et impôts de la plupart des Américains.nes pour subventionner les exemptions de taxes et impôts de la riche élite que ce soient les individus ou les entreprises. Mais, au passage, la famille Trump et son premier cercle se sont déjà enrichis de plus de 300 millions en transactions sur les droits de douane avec leur crypto monnaie $Trump.
Cette ouverture aux achats de sa crypto monnaie permet au Président d'offrir à quiconque en achète d'avoir du même coup une influence à la Maison blanche donc d'utiliser ces achats comme pot-de-vin secret, jamais comptabilisé comme tel. Les transactions seront passées, les règles vidées de leur sens, un service public plus ou moins indépendant détruit et des programmes sociaux essentiels vont disparaître. C'est vraiment le meilleur gouvernement que l'on puisse acheter !
Les élections de mi-mandat l'année prochaine vont permettre de voir si la désillusion publique qui augmente face à la liste de promesse non tenues, est suffisante pour que le peu de pouvoir électoral que détiennent D. Trump et ses complices MAGA pourra tenir. Les Républicains du Taxas d'ailleurs organisent une attaque via le redécoupage des circonscriptions vers une situation plus avantageuse pour leur camp, que leurs victoires soient plus faciles. En réponse, les rues du pays sont couvertes d'affiches : « No Kings ».
Pendant ce temps, on pousse la classe ouvrière canadienne à croire que M. Carney est le champion face à D. Trump son impérialisme grossier et son intimidation. Pourtant, M. Caney a suivi la tradition libérale de faire campagne à gauche et gouverner à droite.
Si notre nouveau NPD n'est pas aussi repoussant que D. Trump, il y a peu de raisons pour qu'on imagine qu'il se lèvera contre les politiques qui mettraient sérieusement en danger le monde de la haute finance, des banques prédatrices qui étaient pourtant ses positions ici.
Comme son prédécesseur, notre nouveau Premier ministre aime à présenter des positions pseudo progressistes et des gestes de même allure pour nous faire oublier toutes ces années où il a été au service des intérêts de la classe dirigeante. L'affrontement entre D. Trump et M. Carney n'en est pas une entre un voyou américain et un patriote canadien. Au mieux, il s'agit d'une chicane dans la meute ; qui sera le plus habile à attraper et manger les agneaux.
M. Carney a longtemps profité de la mort des agneaux. Voici deux exemples : il a passé des années dans l'entreprise vampirique Goldman Sachs ; juste avant de revenir au pays et d'être couronné chef des Libéraux, il était à Brookfield Asset Management, une entreprise décrite comme capable de garder les syndicats au loin et habile en évasion fiscale.
Dans un article récent dans The Walrus, on pouvait lire : « … entre 2021 et 2024, quand M. Carney y était présent, Brookfield a fait 23,300 milliards de dollars américains. Au Canada, le taux de taxation pour les entreprises est d'environ 26%. La compagnie aurait donc dû payer 6,100 milliards de dollars américains en taxes et impôts. Mais en utilisant des vides juridiques, dont des transferts dans des paradis fiscaux, elle n'a payé que 2 milliards de dollars américains. Le Canada a donc perdu presque 4,100 milliards de dollars américains. Sous la présidence de M. Carney, cette compagnie a fait mille millions de dollars américains en profits et n'a rien payé ». Évidemment, le slogan « hauts les coudes » ne compte pour rien face aux profits corporatifs.
En fin de compte ni D. Trump ni M. Carney ne peuvent être fidèles à leurs discours. Ils ne sont pas là pour nous. Ils sont là pour eux-mêmes dans le cercle de l'élite auquel ils appartiennent. Nous devons être très clairement dirigés.es par cette vérité fondamentale et élaborer nos tactiques en conséquence.
Ça ne veut pas dire que la classe ouvrière ne doit pas s'engager dans la lutte politique au contraire, mais sans s'imaginer accéder à la justice en cours de route. L'actuelle campagne à la chefferie du NPD va nous donner une plateforme pour que nous soutenions des candidats pros travailleurs.euses comme Yves Engler un partisan de gauche qui a déjà déclaré vouloir porter les programmes vers la population. Nous devrions être attentifs.ves à cette course au NPD et travailler à remettre en place les engagements démocratiques et sociaux du parti.
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Déclaration Marche mondiale des femmes, région des Amériques
Nous, féministes populaires de la Marche mondiale des femmes, venues de quinze territoires de Nuestramerica, Abya Yala, nous sommes réunies pendant trois jours, dans le cadre de la 6e Action internationale, à San Cristóbal de las Casas, afin de construire notre vision collective du continent et de consolider nos actions pour une Amérique libre, souveraine et féministe.
Chiapas, Mexique 20-22 août 2025
Dans un monde où les guerres et les courses aux armements sont imposées, où les territoires sont envahis, où les génocides sont passés sous silence et où l'objectif est d'étendre l'impérialisme, les femmes de la région assument la responsabilité de continuer à défendre la paix sur le continent et dans le monde. Nous nous joignons à l'exigence des peuples de ne pas baisser les bras face à l'injustice, à l'assassinat d'enfants et de femmes, et à l'utilisation de la violence sexuelle et de la faim comme armes de guerre. Nous dénonçons le génocide du peuple palestinien et les institutions internationales complices de leur silence et de leur inaction. Nous soutenons la lutte incessante des femmes sahraouies et dénonçons les blocus politiques et économiques du gouvernement des États-Unis d'Amérique qui empêchent le plein développement du Venezuela et de Cuba.
Nous dénonçons la montée de la droite, du fascisme et des fondamentalismes religieux dans nos territoires, qui attaquent les droits conquis et stigmatisent les luttes par des discours de haine.
A partir de là, nous appelons toutes les femmes de la région et du monde à s'unir en un seul front et à brandir les bannières de la solidarité internationaliste.
Nous vivons dans un monde où l'oppression des travailleuses s'accroît. Chaque jour, la surcharge de travail mal ou non rémunéré s'accroît, les responsabilités de prise en charge des familles, des communautés et des personnes vulnérables se multiplient dans un contexte marqué par la précarité des politiques publiques, les difficultés d'accès à l'alimentation, à l'éducation et à la santé.
Nous constatons que cette situation de précarité de la vie contraste fortement avec les profits des entreprises transnationales, la montée en puissance des entreprises transnationales, leur influence dans la politique internationale, dans les organisations multilatérales et dans la vie elle-même.
Nous appelons toutes les organisations de base, dans toute leur diversité, à intégrer l'économie féministe comme stratégie pour faire face à l'avancée de la droite et du fascisme.
L'économie féministe est une pensée, une pratique et un engagement politique. C'est une économie qui reconnaît le réseau de la vie, l'interdépendance entre les personnes et la nature, et qui l'assume comme une alternative éthique face à l'extractivisme et à la mainmise des entreprises sur les États.
Nous sommes solidaires des communautés qui résistent, en particulier des femmes des peuples de la région du Macro Nord Pérou qui rejettent l'avancée de l'extractivisme. Avec les sœurs haïtiennes qui affrontent les gangs criminels avec leurs corps. Avec les sœurs d'Argentine qui affrontent le néolibéralisme le plus féroce. Nous embrassons les sœurs du Honduras et les peuples indigènes du Guatemala, nous les accompagnons dans leurs défis.
Nous soutenons les femmes du Salvador qui, avec courage, s'opposent à des lois telles que la loi dite « loi sur les agents étrangers » qui criminalise leur travail
Nous sommes aux côtés des femmes migrantes aux États-Unis d'Amérique, qui sont criminalisées, persécutées et victimes de toutes sortes de violations des droits de l'homme.
Nous sommes solidaires des femmes mapuches victimes de persécutions et de disparitions. Nous accompagnons les luttes et les résistances de nos camarades au Chili, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie, nous sommes avec toutes les femmes qui s'opposent au fondamentalisme religieux, aux avancées de la droite et au fascisme.
Et depuis cette belle ville qui nous a accueillis, nous sommes surtout avec les luttes et les femmes du Chiapas dans leur défense de leur territoire et leur proposition d'un bon mode de vie.
Nous sommes d'accord :
Renforcer la mémoire organisationnelle et la cohérence politique par la reconstruction documentaire et le débat collectif.
Réaffirmer l'économie féministe comme un horizon politique qui va au-delà de sa réduction à la visibilité de l'économie de soins.
Affronter la violence structurelle à l'égard des femmes par des actions communes, en particulier dans des contextes tels que celui d'Haïti.
Dénoncer les multiples formes de guerre et de militarisation, et défendre les Amériques contre les interventions.
Avec la force de nos ancêtres, la clarté de nos convictions et notre horizon politique, nous réaffirmons, dans le cadre de la 6e Action internationale, l'engagement inconditionnel de continuer à renforcer les réseaux féministes populaires dans tout le continent.
Depuis San Cristóbal de las Casas, nous tissons avec espoir et rébellion des déléguées de : Québec, Mexique, Honduras, Guatemala, Salvador, Cuba, Venezuela, Haïti, Chili, Brésil, Pérou, Bolivie, Argentine, Uruguay, Paraguay.
Nous marchons contre les guerres et le capitalisme !
Nous défendons la souveraineté des peuples et le Bien Vivre !
APPEL a La 6è ACTION INTERNATIONALE
3 février 2025
Dans "6e Action Internationale"
La 6ème action internationale de la Marche Mondiale des Femmes débute au Sahara Occidental
15 mars 2025
Dans "6e Action Internationale"
Rencontre Régionale de la Marche Mondiale des Femmes Amériques Nalú Faria
19 novembre 2024
Dans "Amériques"
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Les conditions de stages : qu’en pensent les stagiaires dans des programmes majoritairement féminins ?
La FFQ conduit une analyse de besoin sur les conditions de stages dans le cadre du projet La valorisation genrée des stages étudiants par de meilleures conditions, financé par Femmes et Égalité des genres Canada. Celle-ci vise à cerner les difficultés auxquelles sont confrontés les stagiaires qui étudient dans des domaines à prédominance féminine, où les stages sont obligatoires pour l'obtention du diplôme. Voici les principaux constats ressortant d'entretiens individuels et de groupe réalisés dans les derniers mois auprès de stagiaires provenant principalement de programmes universitaires ou collégiaux en relation d'aide, en éducation et en santé.
Principaux défis rapportés lors d'entretiens individuels
Durant l'été 2025, dix entretiens individuels ont été réalisés dans le but de faire ressortir l'expérience individuelle des stagiaires et de comprendre les effets des conditions de stage sur leur parcours étudiant et leur vie personnelle et sociale. Trois défis se dégagent de ces entretiens. Ceux-ci concernent : la qualité de la supervision, les conséquences de la non-rémunération et l'insuffisance de cadre, de clarté et d'uniformité des conditions de stage.
La supervision : une grande influence sur la qualité du stage
À la lumière de ces entretiens, la supervision reçue par le milieu de stage ou l'école est nommée comme étant le principal défi pour nos participantes (7 sur 10). La majorité d'entre elles indiquent avoir « manqué de soutien », avoir « trop d'autonomie » ou n'avoir pas suffisamment de rétroaction pour pouvoir s'améliorer. À ce sujet, une étudiante précise se sentir « plus dans un contexte de travail que d'apprentissage », alors qu'une autre révèle que sa superviseure avait l'attente qu'elle soit déjà intervenante et oubliait qu'elle était étudiante.
Plusieurs stagiaires rapportent aussi trouver difficiles de nommer leurs besoins ou difficultés à la personne qui les supervise en raison de la « position d'autorité » et « d'évaluation » de cette dernière. Elles craignent que ça joue dans la perception de leurs compétences et que ceci nuise à la complétion de leur stage. En outre, plus de la moitié de nos enquêtées révèlent avoir vécu des difficultés, des malaises ou des abus dans la relation avec leurs superviseur·e·s. Certaines ajoutent ne pas s'être senties à l'aise ou légitime d'intervenir en raison de leur statut de stagiaire.
Être non-rémunérée : un sentiment d'insécurité, de démotivation et d'injustice
Si la plupart des stagiaires ont bénéficié du Programme de bourses Perspective Québec, presque l'entièreté d'entre elles n'ont pas été rémunérées pour la réalisation de leur stage. Seules deux personnes affirment avoir reçu une petite compensation, n'équivalant aucunement au salaire minimum. En raison de la non-rémunération de leur stage, 7 participantes sur 10 indiquent vivre de la précarité ou de l'insécurité financière. De plus, considérant leurs stages très intenses, de nombreuses participantes jugent difficile de le concilier avec un emploi, leurs études et leur vie personnelle et sociale.
Ayant l'impression d'effectuer « un travail gratuit » et ne sentant pas que leur travail effectué dans leur milieu de stage soit reconnu à sa juste valeur, plusieurs stagiaires nomment également avoir un sentiment de « démotivation » ou de « dévalorisation » à l'égard de leurs études ou de leur profession. Enfin, des participantes trouvent injuste de ne pas être payées pour leurs stages comme c' est le cas dans les programmes majoritairement masculins.
« J'ai l'impression qu'il y avait un manque de reconnaissance dans qu'est-ce qu'on doit faire dans notre stage et qu'on n'est pas juste là pour faire de l'observation […], on aide aussi au fonctionnement du milieu. »
Insuffisance de cadre : des conditions de stage variables, non-claires et précarisantes
Les entretiens réalisés mettent de l'avant le manque de cadre entourant les conditions de stage. Ces dernières seraient variables selon l'école et le type de milieu. Par exemple, les participantes rapportent que l'accompagnement qu'elles reçoivent et l'évaluation du stage varient souvent en fonction de la personne enseignante ou superviseure. De plus, la charge de travail est parfois différente selon le milieu de stage pour des étudiantes d'une même classe.
Par ailleurs, le manque de clarté sur les directives, les exigences et le fonctionnement des stages ressort des propos des participantes. Quelques-unes indiquent ne pas savoir où aller chercher l'information sur les politiques, les couvertures et les contrats concernant leur stage. D'autres nous informent que les attentes et les obligations entre le milieu de stage et leur intuition scolaire ne sont pas claires ou disent se sentir pris entre leurs exigences différentes.
Finalement, nous constatons le manque de protection en cas de conflits ou difficultés durant les stages. Plusieurs stagiaires ignorent à qui se référer lorsqu'un problème survient. Beaucoup de participantes nomment aussi avoir l'impression que leur bien-être n'est pas considéré durant leur stage.
« On se faisait dire ‘'fais attention tsé, il ne faut pas trop nommer ça [les difficultés vécues dans le milieu de stage], parce que ça pourrait mettre en péril ton stage''. »
Constats d'entretiens de groupe faisant ressortir des éléments intersectionnels
Afin de bonifier nos réflexions sur les conditions de stage et de faire ressortir des éléments intersectionnels, chose qui manquait dans la littérature, nous avons réalisé 3 entretiens de groupes composés de : 1. stagiaires en situations de handicap ; 2. stagiaires racisées et/ou issues de l'immigration ; 3. stagiaires parentes et/ou proches aidantes. Les analyses de ces entrevues sont en cours, mais nous vous proposons, dans les prochaines lignes, un bref survol de certains constats préliminaires.
Ne pas divulguer sa situation de handicap pour ne pas être vue comme un fardeau durant le stage
Il ressort du groupe composé par des stagiaires en situation de handicap que ces dernières n'osent pas toujours demander d'accommodement à leur institution pour ne pas être perçues comme un « fardeau » ou par peur de la « stigmatisation » associée à leur situation. De plus, s'il semble avoir une certaine « acceptance théorique » associée à leur diagnostic, il est plus difficile pour les participantes de sentir que leurs besoins réels et l'impact du diagnostic sur leurs comportements soient bien compris par leurs milieux de stage. Ce faisant, il est ardu pour leur équipe de travail de bien s'adapter à leurs situations.
« J'aurais pu m'essayer de faire un aménagement, mais il aurait fallu que j'explique une longue liste de troubles puis considérant quand ça m'a pris beaucoup de temps trouver un stage, puisque j'avais peur de le perdre et que je n'avais pas envie d'être un fardeau […]. »
Des domaines d'études peu accessibles pour des personnes racisées et/ou issues de l'immigration
Les participantes du groupe représenté par les personnes racisées et/ou issues de l'immigration indiquent également que leurs domaines d'études sont peu accessibles pour elles car leurs stages sont non rémunérés. En effet, ces stagiaires disent ne pas pouvoir bénéficier des mêmes outils que les autres étudiantes puisqu'elles reçoivent peu de soutien de la part de leurs parents ou parce que ces derniers sont peu scolarisés. Une participante dit, d'ailleurs, ressentir un sentiment d'imposture comme première personne faisant des études supérieures dans sa famille, tout en ayant la pression de bien performer, parce que l'avenir des enfants est souvent un projet migratoire des parents immigrants.
« Depuis le début de mon parcours scolaire, que ce soit au baccalauréat ou que ça soit au début de mon doctorat et pendant les stages, je trouve que c'est très inaccessible en fait comme milieu pour les personnes racisées étant donné la non-rémunération, le fait que tu es très occupé et que tu ne peux pas faire d'autres choses. »
Difficile conciliation travail-famille-étude pour les stagiaires parentes et/ou proches aidantes
Du côté du groupe formé par les stagiaires parentes et/ou proches aidantes, celles-ci nomment que les stages diminuent leur temps disponible pour s'occuper des personnes à leur charge. De plus, leurs contraintes d'horaire ne sont pas toujours prises en compte lors de l'arrimage à un milieu de stage. Plusieurs de ces participantes affirment se sentir très fatiguées, en raison de la surcharge de travail.
« J'ai des enfants avec un conjoint en arrêt de travail, je n'ai pas les mêmes conditions que les autres étudiants. Moi, j'arrive chez moi, il y a une deuxième job qui m'attend, mes études à faire, etc. »
Suite du projet : sondage, recommandations et stratégie déployée
Pour compléter les entretiens individuels et collectifs, un sondage auprès d'acteurs et d'actrices occupant des emplois reliés aux stages étudiants est en cours.
Par la suite, des recommandations seront émises en concordance avec les résultats de nos différentes méthodes de recherche. Ces recommandations serviront de base pour la création d'une stratégie qui sera mise en place au sein d'établissements d'enseignement, à l'aide d'une concertation d'actrices et d'acteurs clés.
Vous êtes intéressé·e·s à faire partie de cette concertation ? Contactez : concertationstage@ffq.qc.ca
Vous souhaitez en savoir plus sur l'analyse de besoin ? Communiquez avec : recherchestage@ffq.qc.ca
Plus de détails sur la recherche viendront dans les prochains mois, restez à l'affût via notre infolettre et nos réseaux sociaux !
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30 regroupements, organismes et chercheurs-euses interpellent la CDPDJ à propos du manque de représentativité des femmes en emploi
Trente regroupements, organismes et chercheurs-ses interpellent la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) afin qu'elle révise sa méthodologie d'évaluation des cibles d'embauche dans le cadre des Programmes d'accès en égalité à l'emploi (PAÉE) qu'elle supervise. Depuis le changement méthodologique qu'elle a adopté en 2020, les cibles d'embauche pour les femmes ont chuté – ce qui a des conséquences directes sur l'accès des femmes à des emplois de qualité.
15 septembre 2025
Tiré de Action travail des femmes
https://atfquebec.ca/2025/09/15/trente-regroupements-organismes-et-chercheurs-euses-interpellent-la-commission-des-droits-de-la-personne-et-des-droits-de-la-jeunesse-a-propos-du-manque-de-representativite-des-femmes-en-emploi/
Par : Nicole Nepton
Le rôle de la CDPDJ : lutter contre les inégalités
Au Québec, la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi vise à corriger les inégalités vécues dans le domaine du travail par cinq groupes victimes de discriminations systémiques : les femmes, les Autochtones, les minorités visibles, les minorités ethniques et les personnes handicapées. Cette loi oblige les organismes publics qui emploient 100 personnes ou plus (comme des municipalités, des sociétés de transport en commun, des collèges, des universités, etc.) à adopter un Programmes d'accès en égalité à l'emploi (PAÉE) afin de corriger la situation de ces cinq groupes. La CDPDJ a le mandat de veiller à la conformité des PAÉE.
Un changement méthodologique problématique
Dans le cadre des PAÉE, la CDPDJ fixe des cibles d'embauche de femmes à atteindre (en fonction de leurs taux de disponibilité par regroupement d'emploi) pour corriger leur sous-représentation dans certains types d'emplois. Avant 2020, la CDPDJ se basait sur des catégories d'emplois détaillées pour fixer des indicateurs cibles. Depuis son changement méthodologique en 2020, elle regroupe les emplois dans 14 catégories professionnelles d'équité en matière d'emploi.
Le problème est que cette recatégorisation aboutit à des moyennes par grappes d'emplois, où se côtoient des emplois où les femmes sont sous-représentées (cols bleus, pompières, professeures, cadres supérieurs…) avec des emplois traditionnellement féminins ou des emplois où la mixité est bien établie. Par exemple, les pompières sont dans le même regroupement que les techniciens-nes juridiques et les techniciens-nes en bibliothèque à la Ville de Montréal ; et les professeurs-res sont regroupés avec les assistants-tes d'enseignement dans les universités.
Une réforme dévastatrice pour les Québécoises
Bien qu'involontaire, cette nouvelle méthodologie est lourde de conséquences pour les femmes à l'échelle du Québec. La sous-représentation des femmes dans certains emplois est devenue invisible et les cibles d'embauche quasiment nulles.
Résultat : les organismes publics soumis à la Loi n'ont plus d'objectifs suffisants d'embauches de femmes dans les types d'emplois où elles sont en nombre insuffisant. C'est le cas des femmes cols bleus et des pompières à la Ville de Montréal ; des professeures dans les universités ou encore des femmes cadres supérieurs dans les services de santé et services sociaux.
Ainsi, la Loi pour l'accès à l'égalité en emploi remplit moins son rôle de contrer la division sexuée du travail et les plafonds de verre dans les institutions publiques.
Les signataires de ce communiqué demandent à la CDPDJ de corriger sa méthodologie de calcul des cibles d'embauche afin de mettre en évidence les sous-représentations des femmes et de restaurer des cibles claires et ambitieuses pour les femmes.
Citations
« L'égalité en emploi ne peut pas dépendre du bon vouloir des employeurs. Elle doit être soutenue par des outils rigoureux et transparents, comme les PAÉE. C'est pour cette raison que nous lançons un appel urgent à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. La Commission est une instance unique et incontournable pour veiller à l'application de la Loi sur l'accès en égalité en emploi et combattre les inégalités. Nous sommes persuadées que les effets de son changement méthodologique étaient imprévus et qu'elle va donc le réviser », explique Katia Atif, directrice générale d'Action travail des femmes.
« En amalgamant des professions où les femmes sont historiquement absentes ou sous-représentées avec d'autres où elles sont majoritaires, la recatégorisation des groupes d'emploi brouille les statistiques et neutralise les mécanismes de correction. La sous-représentation féminine dans les postes stratégiques devient invisible, et les obligations en matière d'accès à l'égalité s'évaporent dans des moyennes qui ne reflètent plus la réalité », explique Diane Gagné, professeure titulaire en relations industrielles à l'Université du Québec à Trois-Rivières.
« Notre récente recherche Cols bleus, 10 ans plus tard : des progrès décevants, révèle que la proportion de femmes parmi les cols bleus de la Ville de Montréal est passée de 20% à 14,5% de 2006 à 2023. Malheureusement, les dernières cibles d'embauche pour les travailleuses cols bleus identifiées par la CDPDJ sont quasiment nulles. Les membres du Conseil des Montréalaises encouragent vivement la CDPDJ à réviser sa méthodologie afin de visibiliser la sous-représentation des femmes dans les emplois de cols bleus à la Ville de Montréal et de favoriser l'embauche de plus de femmes dans ces emplois de qualité », déclare Nelly Dennene, présidente du Conseil des Montréalaises.
Signataires
Action travail des femmes (ATF)
Action cancer du sein du Québec (ACSQ)
Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT)
Conseil des Montréalaises
Fédération des femmes du Québec (FFQ)
L'R des centres de femmes du Québec
Mouvement allaitement du Québec
Relais-Femmes
Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ)
Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF)
Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM)
Cécile Fonrouge, professeure à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Cheolki Yoon, professeur adjoint à l'École de communications sociales de l'université Saint-Paul
Diane Gagné, professeure titulaire en relations industrielles à l'UQTR
Éliane Moreau, professeure associée au département de marketing et technologie de l'information à l'UQTR
Elsa Galerand, professeure au département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM)
Étienne St-Jean, professeur titulaire au département de management de l'UQTR
Francine Descarries, professeure émérite à l'UQAM
Julie Levesque-Côté, professeure au département des ressources humaines de de l'école de gestion de l'UQTR
Isabelle Auclair, professeure titulaire, département de management, Université Laval et titulaire de la Chaire Bonenfant, Femmes-Savoirs et Sociétés
Marie-Eva Andriantsara, DBA et conseillère en recherche et projet à l'Institut National des Mines du Québec
Marise Bachand, professeure au département des sciences sociales à l'UQTR
Martin Gallié, professeur de droit à l'UQAM
Mélissa Theriault, professeure au département de philosophie de l'UQTR
Michel Coutu, professeur émérite École de relations industrielles, Université de Montréal
Naïma Hamrouni, professeure de philosophie à l'UQTR
Nancy Aumais, professeure au département de management de l'UQAM
Sophie Brière, professeure au département de management, Université Laval, Professeure titulaire, directrice de l'Institut EDI2 (équité, diversité, inclusion, intersectionnalité)
Yanick Noiseux, chercheur au Groupe interdisciplinaire et interuniversitaire de recherche sur l'emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS) et professeur au département de sociologie de l'Université de Montréal.
À propos d'Action travail des femmes et du Conseil des Montréalaises
Action travail des femmes du Québec (ATF) est un organisme autonome à but non lucratif féministe qui lutte contre la discrimination des femmes à l'embauche et au travail. Il intervient pour que des mesures actives soient mises en place et que la législation en matière de droits de la personne soit améliorée en tenant compte de la discrimination à l'égard des femmes.
Le Conseil des Montréalaises est une instance consultative de la Ville de Montréal créée en 2004. Il conseille l'administration municipale sur tous les enjeux féministes en lien avec les compétences municipales. Ses 15 membres bénévoles effectuent des recherches et publient des avis sur les conditions de vie et de travail des Montréalaises.
SOURCE : Conseil des Montréalaises
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Déclaration – Une démarche collective et unie face au Projet de loi 97
Le 16 septembre 2025, l'APNQL, son comité des Chefs sur les forêts, des syndicats représentant plus de 20 000 travailleurs du secteur forestier, des organisations environnementales ainsi que les fédérations des ZEC et des pourvoiries du Québec soutenants plus de 5000 emplois se sont réunis pour une rencontre inédite.
Tous partagent le même constat : le projet de loi 97 est l'un des plus rassembleurs jamais proposés, et cette déclaration commune, rédigée contre lui, en est la preuve.
Cette convergence de voix témoigne d'un profond malaise quant à la version actuelle du projet de loi et souligne que la forêt doit être considérée comme un enjeu sociétal majeur. À ce titre, et dans un esprit de collaboration, nous demandons que le PL 97 ne soit pas rappelé à la nouvelle session parlementaire.
Après avoir analysé la situation, nous arrivons tous aux mêmes constats : la mouture proposée est inacceptable. Malgré nos démarches pour faire entendre nos voix, le gouvernement a persisté à faire la sourde oreille, refusant de reconnaître la valeur des solutions que nous portons collectivement.
Le statu quo n'est pas non plus envisageable. Mais une nouvelle mouture devra pleinement répondre aux exigences exprimées par les Premières Nations et l'ensemble des acteurs du milieu concernés.
De la même façon, une réforme précipitée ne saurait être bénéfique à qui que ce soit, surtout si elle devait rester en vigueur pendant plusieurs années. Nous nous entendons tous pour dire qu'un nouveau régime forestier doit être envisagé comme un véritable projet de société.
Une rencontre entre le Premier ministre, les Premières Nations et toutes les parties concernées doit être organisée promptement afin de discuter et d'identifier ensemble une voie permettant de concilier, de manière durable et équitable, la reconnaissance des droits ancestraux, la pérennité de la forêt et des avantages multiples qu'elle procure, la biodiversité ainsi que la qualité et la stabilité d'emplois à long terme dans le secteur forestier.
Dans le respect, la bienveillance et l'unité,
Francis Verreault-Paul
Chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador
Lucien Wabanonik
Chef de la nation Anishnabe de Lac- Simon
Jonathan Germain
Chef de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh
Martin Dufour
Chef du Conseil des Innus de Essipit
Jérôme Bacon St-Onge
Vice-Chef du Conseil des Innus de Pessamit
Sipi Flamand
Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan
Lance Haymond
Chef de Kebaowek First Nation
Constant Awashish
Grand Chef du Conseil de la Nation Atikamekw
Savanna McGregor
Grande Cheffe du Conseil tribal de la nation algonquine-anishnabeg
Kevin Gagnon
Fédération de l'industrie manufacturière-CSN
Luc Vachon
Président de la Centrale des syndicats démocratiques
Daniel Cloutier
Directeur québécois d'Unifor
Nicolas Lapierre
Directeur québécois du Syndicat des Métallos
Alice-Anne Simard
Directrice générale de Nature Québec
Alain Branchaud
Directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada-Section Québec
Martin Vaillancourt
Directeur général du Regroupement national des Conseils régionaux en environnement du Québec
Bruno Caron
Président du Conseil d'administration de la Fédération des pourvoiries du Québec
Guillaume Ouellet
Président Zecs Québec
Normand Fiset
Président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique

Réaction à la décision du ministre de l’environnement d’autoriser la construction d’un quartier résidentiel sur La Sablière
Message aux membres du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska et aux citoyen.ne.s de Victoriaville préoccupé.e.s par l'état de la démocratie et de l'environnement
Victoriaville, le 16 septembre 2025. - Nous avons appris, à notre plus grand regret, que BBG inc. (Binette et associés) a obtenu l'autorisation ministérielle pour son projet de développement de 292 logements sur le site de la sablière d'Arthabaska.
Même si cette nouvelle nous déçoit énormément, nous ne sommes pas surpris ; nous savions que le ministre donne son autorisation dans plus de 95% des cas semblables. Mais sur quoi s'appuie et que signifie précisément cette autorisation, accordée le 4 septembre 2025 par l'ex-ministre de l'Environnement Benoît Charette, avant qu'il soit muté ? C'est la question qui a été posée à la personne responsable de la région du Centre-du Québec.
D'abord, il faut savoir que les critères d'acceptabilité sociale, de protection du patrimoine et les arguments sociopolitiques (construction de logements haut de gamme et non de logements abordables) ne sont pas pris en compte par le ministère. Celui-ci ne se préoccupe que de l'impact potentiel d'un projet sur l'environnement et se contente de vérifier si le projet respecte les lois et règlements en vigueur. (!!) Or, il semble que c'est le
cas, ce qui nous laisse penser que ces lois et règlements sont pleins de trous et devraient être renforcés.
Par ailleurs, est-ce que le mémoire que nous avons envoyé a été considéré ? On ne peut nous l'assurer. (!!) Est-ce à dire que le ministère s'est contenté des études du promoteur, études que nous n'avons pas réussi à obtenir et sur lesquelles le conseil de ville s'est également basé pour prendre sa décision en février dernier ? Il semble que rien n'oblige le ministère à faire une contre-expertise. (!!) Enfin, y a-t-il une procédure d'appel ? Non, la décision est f inale. Point.
Une décision antidémocratique !
Cela dit, si la décision est légale, elle n'en demeure pas moins illégitime, car antidémocratique, à notre avis. Le conseil de ville n'a tenu aucun référendum sur le sujet qui fut pourtant LE DOSSIER CHAUD des quatre dernières années à Victoriaville. Pire, il a décidé d'utiliser une récente modification de la loi pour éviter que les citoyens puissent demander un référendum. Le conseil de ville n'a pas semblé tenir compte des objections que
le collectif et de nombreux citoyens ont exprimé à plusieurs reprises et par différents moyens démocratiques durant plus d'un an. C'est d'ailleurs pourquoi nous sommes plusieurs à envisager la création d'un regroupement populaire permanent dédié à la protection de l'environnement et de la démocratie dans notre région.
Des élections cruciales !
Certes, le ministre Charette avait le droit de prendre cette malheureuse décision au bénéfice des intérêts privés de quelques entrepreneurs. Mais son gouvernement en paiera le prix dans un an, aux prochaines élections. Quant au conseil de ville, c'est le 2 novembre prochain que la population pourra décider de le sanctionner, lors des élections municipales.
Conséquemment, le Comité de coordination de l'action-mobilisation du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska vous invite à suivre la campagne électorale en vue des élections municipales. Plus que jamais, les valeurs d'écologie et de démocratie doivent être mises de l'avant par nos prochain.e.s élu.e.s. Consultezl'Appel à des candidatures fortes, écologiques et démocratiquesrédigé par notre Comité élections municipales, posez des
questions et interpellez vos candidat.e.s.
Le 2 novembre, votons et élisons des gens réellement soucieux de consulter leur monde. Et choisissons des gens prêts à changer le monde, au moins un peu : des personnes prêtes à créer un magnifique parc-nature dont tout le monde serait fier, à Victoriaville ! Car une décision politique, ça se change, surtout lorsqu'un nouveau conseil s'installe pour 4 ans…
Solidairement,
Pour le collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska
Silvie Lemelin
Gilles Labrosse
Luce Michaud
Julie-Eve Proulx
Geneviève Doucet
Sophie Harvey
Kelly Avilà
Membres du Comité de coordination de l'action-mobilisation ou du comité élections
municipales.
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Grève du transport en commun pour le bien public et pour le climat
Les grandes puissances du monde « occidental », Canada compris, prétendument championnes des droits humains et du droit international, se sont muées en soutiens pro-actifs de la guerre génocidaire sioniste contre la Palestine tout en restant indifférentes à celle au Soudan et en refusant d'aider à fond l'Ukraine pour qu'elle refoule l'envahisseur russe déployant clairement en paroles et en actes sa volonté génocidaire. Leurs gouvernements, dont ceux Carney et Legault, se servent de cet alibi criminel pour justifier une politique économique militaro-productiviste de gros achats et grands travaux et une politique sociale ultra-austéritaire justifiée par les déficits financiers records dus à la nouvelle politique économique.
Le glissement s'accélérant de la terre-mère vers une invivable terre-étuve, qui frappe déjà de plein fouet les pays du Sud, n'est plus une préoccupation de ces deux gouvernements si jamais ce fut le cas. Ils ne font même plus semblant de s'en soucier en s'apprêtant à réviser à la baisse leurs cibles déjà inadéquates de réductions des gaz à effet de serre (GES). Le transport routier est directement et indirectement au Canada et au Québec la cause principale des émanations de GES.
Nos gouvernements, comme ailleurs dans le monde dit développé, ont opté pour la
« filière batterie » et, au niveau du transport, pour l'auto solo électriqueélectronique.
La macabre association du tout-électrique avec le tout-fossile
Peu importe qu'il faille, pour métamorphoser systèmes d'énergie et de transport dans le sens du capitalisme vert, fabriquer un Everest d'équipements provenant d'énergivores et polluantes mines à ciel ouvert et exigeant une transformation et une fabrication tout aussi énergivores et polluantes. Et comme l'énergie est encore mondialement à 80% fossile, cette drastique mue assure de beaux jours à l'énergie fossile. Ensuite énergies solaire, éolienne, nucléaire et fossiles s'associent comme larrons en foire pour perpétuer les énergivores étalement urbain et agro-industrie dans le contexte du capitalisme inhéremment croissanciste. Comme quoi, il est plus qu'urgent que le mouvement écologique se libère de l'illusion du toutélectrique comme substitut au tout-fossile et leurs compléments nucléaire et hydraulique ou tout au moins comme moindre mal ce qu'il n'est pas.
Cette pseudo voie alternative capitaliste verte rallie de facto les tenants des énergies fossiles pensant plus loin que le bout du nez de Trump. Cette fausse alternative est promue par ce 0.1% milliardaire ou presque engoncé dans le 1% millionnaire ou plus et soutenu à fond par le riche 10%, responsables ensemble par leur consommation luxueuse de 50% des GES mondiaux. Le goulot d'étranglement de la lutte climatique dépend cependant de l'hégémonie mondiale des milliardaires et consorts qui s'adosse au 40% de la population mondiale responsable de 40% des GES, majoritaire dans les pays du vieil impérialisme comme le CanadaQuébec.
Le peuple-travailleur piégé par le pseudo charme de l'auto solo et du bungalow
Cette dépendance s'explique par l'attachement de ces « classes moyennes », regroupant petite-bourgeoisie et couche supérieure fortement syndiquée du prolétariat, à la consommation de masse reposant sur la « villa unifamiliale » et l'auto solo financées par le capital bancaire. Cet endettement ne manque pas de piéger la riposte sociale du peuple-travailleur. C'est ce bloc hégémonique qui par l'impérialisme du capital financier soumet ce 50% de la population mondiale qui n'est responsable que de 10% des GES mondiaux. De ce diagnostic découle l'importance cruciale de libérer ces « classes moyennes » de l'emprise du capital en rompant le charme du bungalow et de l'auto solo.
Dans la relation bungalow versus auto solo, cette dernière détermine la première car l'étalement urbain reposant sur la villa ne serait pas viable sans l'auto solo bien que l'on puisse dire que l'auto solo induit maisons unifamiliales et en rangées. D'où l'importance du développement des moyens de transport alternatifs à l'auto solo que sont les transports actif et en commun. Ces derniers ne peuvent être alternatifs, c'est-à-dire remplacer l'auto solo, que s'ils sont généralisés jusqu'au moindre village, fréquents, confortables et qu'ils deviennent un service public comme le sont ou devraient l'être les secteurs de la santé et de l'éducation c'est-àdire gratuits.
Comme du temps du Front commun, c'est la lutte de classe qui fera la différence
Comme pour la santé et l'éducation c'est la lutte de classe, comme il y a un demisiècle du temps du Front commun, qui imposera la généralisation des transports actif et en commun. Voilà pourquoi la grève des employé-e-s du transport en commun, cette fois-ci ceux et celles de l'entretien de la Société du transport de Montréal (STM), est le début du commencement du virage à 180 degrés pour éviter la catastrophe et prendre la voie d'une société de justice climatique et de justice sociale. C'est dans cet esprit que les Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC) appuient proactivement cette grève en distribuant aux usagersères et aux travailleurs-ses le tract suivant :
Si vous voulez distribuer ce tract, car qui n'est pas potentiellement un membre de TJC, contactez info@justiceclimatique.org
Marc Bonhomme, 21 septembre 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Permis de travail fermés : invitation d’Amnistie internationale pour une action nationale le 22 septembre
La FTQ se prononce en faveur de l'abolition du permis de travail fermé qui a pour effet de provoquer une importante vulnérabilité pour les travailleurs et travailleuses migrantes. Tous les travailleurs et travailleuses doivent être égaux dans leurs droits ; il est inacceptable que les règles relatives au statut migratoire aient pour effet de créer deux classes de travailleurs.
Amnistie internationale a pris l'initiative de l'organisation, du 22 au 26 septembre prochain, d'une semaine d'action nationale portant sur l'élimination des permis fermés. La FTQ invite tous les travailleurs et travailleuses à se mobiliser et à participer aux actions prévues dans le cadre de cette semaine d'action.
Invitation d'Amnistie internationale
Chaque année, des milliers de personnes migrant-es viennent travailler au Canada, dans les champs, les foyers ou les services essentiels. Chaque année, trop de ces travailleuses et travailleurs sont abusé-es, précarisé-es et invisibilisé-es.
C'est inacceptable et c'est injuste.
C'est un système d'exploitation qui relève des permis de travail fermés qui les piègent dans des situations abusives.
Le 22 septembre : agissons à Ottawa
Nous serons à Ottawa pour une action nationale devant le Parlement – joignez-vous à nous pour exiger la fin des permis de travail fermés.
Lorsque des leaders politiques blâment ces travailleur-euses à tort pour des choses qui ne sont pas de leur ressort, nous devons agir pour les droits de ces personnes, essentielles dans nos collectivités
C'est le moment de faire pression sur le gouvernement, de rendre visible l'injustice et de montrer que nous ne resterons pas silencieux.
Vous ne pouvez pas être à Ottawa ? Vous pouvez quand même faire une différence :
Interpellez votre député dès aujourd'hui.
Partagez votre solidarité sur les réseaux sociaux.
Découvrez le documentaire Mon ami Omar, afin de mieux comprendre la réalité des travailleuses et travailleurs migrant·e·s au Canada.
Retrouvez toutes les idées et un guide pratique ici : Comment Agir.
Notre message est clair :
Les travailleuses et travailleurs migrant·e·s ont des droits. Le 22 septembre à Ottawa, et partout au Canada, mobilisons-nous pour la justice et la dignité !
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Déclenchement de la grève des 2400 employé-es d’entretien de la STM
Les 2400 employé-es d'entretien ont déclenché la grève pour que la STM abandonne sa position inflexible à la table de négociation. Après plus d'un an de négociation et plus de 100 séances de pourparlers, le Syndicat du transport de Montréal–CSN souhaite obtenir une entente le plus rapidement possible.
L'annonce de la grève le 5 septembre dernier et l'ouverture que le syndicat a montrée à la table de négociation n'ont pas suffi à convaincre la STM de faire le nécessaire pour éviter le conflit et convenir d'une entente. La STM se borne à attaquer les conditions de travail de ses salarié-es au moment où leurs efforts sont plus nécessaires que jamais pour entretenir les métros et les autobus. Alors que des ententes interviennent dans les sociétés de transport un peu partout au Québec, la STM ne fait aucun effort pour faire avancer la négociation. Elle continue de réclamer le recours à la sous-traitance pour tout et rien et revendique plus de contrôle sur le travail des salarié-es par les gestionnaires. Et pour couronner le tout, la STM continue d'offrir des augmentations salariales sous l'inflation, ce qui aurait pour effet d'abaisser le pouvoir d'achat des employé-es d'entretien.
La grève d'une durée de quatorze jours engendrera des arrêts de services en dehors des heures de pointe les lundis, mercredis et vendredis. À cela s'ajoute une grève des heures supplémentaires sur l'ensemble de la séquence, laquelle affectera de manière importante l'administration de la STM, sans toucher directement les services à la population. Rappelons que le syndicat a convenu d'une entente avec la STM sur les services essentiels à maintenir durant la grève et que cette entente a été validée par le Tribunal administratif du travail. Les travailleurs et les travailleuses manifesteront ce soir dès 19 h 30 devant l'hôtel de ville pour faire entendre leurs revendications en marge de la séance du conseil municipal.
« Si on déclenche la grève aujourd'hui, c'est parce que c'est le seul moyen de faire entendre raison à la STM. Après plus de 100 rencontres de négociation, la société de transport veut mettre la hache dans nos conditions sans rien offrir pour attirer et retenir le personnel. Doit-on rappeler à la STM que près de la moitié des stations de métro sont vétustes ? Pour avoir des métros et des autobus sécuritaires et bien entretenus, on doit miser sur les employé-es d'entretien, pas ouvrir la porte à une sous-traitance qui va nous coûter une fortune pour un travail de moindre qualité », lance le président du Syndicat du transport de Montréal–CSN, Bruno Jeannotte.
« Dans les derniers jours, la STM semblait pas mal plus occupée à communiquer les horaires de la grève qu'à tout faire pour l'éviter. Le syndicat a donné tout le temps nécessaire à la société de transport pour trouver une entente. Comment ça se fait qu'il y a des ententes dans les autres sociétés de transport et rien à Montréal ? Tôt ou tard, il va falloir que la STM se mette en mode règlement et qu'elle montre enfin de l'ouverture à la table de négociation », explique la première vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Stéphanie Gratton.
« Les 2400 employé-es d'entretien de la STM débutent aujourd'hui une deuxième séquence de grève. Ils seront visibles pendant les deux semaines de la grève pour défendre le transport collectif public. Si on veut améliorer les services à la population, on doit nécessairement offrir de bonnes conditions aux travailleurs et aux travailleuses », poursuit le président du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN), Bertrand Guibord.
« Plutôt que de dénoncer le gouvernement qui la sous-finance, la STM veut refiler la facture à ses salarié-es. Ce que les usagères et les usagers veulent, c'est un transport collectif public efficace et abordable. Ce n'est pas en attaquant les conditions de travail des employé-es d'entretien qu'on va y arriver. Et que fait le gouvernement pour aider les parties à trouver une entente satisfaisante ? On croirait qu'il laisse perdurer les choses. Le ministre Boulet et le ministre Julien peuvent dès maintenant s'impliquer pour que cette négociation mène à une bonne entente », de conclure la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
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Vous avez dit humilité et écoute ?
Cette lettre signée par Julie Bouchard présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec est adressée au premier ministre François Legault. Le 11 août dernier, après la défaite de votre parti dans Arthabaska, vous avez déclaré : « Je pense que c'est le temps pour moi d'abord de faire preuve d'humilité et d'écouter les citoyens. »
À l'aube de la rentrée parlementaire, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ vous rappelle vos propres paroles. Il est temps de les mettre en pratique, dès maintenant, en écoutant celles qui empêchent le réseau public de la santé de s'effondrer.
Depuis des mois, nos membres subissent les contrecoups de décisions et d'inactions gouvernementales qui mettent leur patience à rude épreuve.
Neuf mois après la signature de la convention collective, elles attendent encore des sommes qui leur sont dues. Le fameux processus unique de reconnaissance de l'ancienneté (PURA), censé reconnaître leur parcours et leur fidélité au réseau, a été retardé pour cause de mauvaise préparation. Derrière ces délais administratifs, il y a des femmes privées de reconnaissance et de revenus légitimes.
À cela s'ajoute le fiasco du système informatique SIFARH qui a englouti des centaines de millions pour… ne même pas verser correctement les primes prévues au nouveau contrat de travail. Pendant que vos budgets explosent, nos membres, elles, attendent leur dû.
Soins et services déficients
Les exemples où les soins et les services à la population sont déficients s'accumulent également. Le plus éloquent en liste ? Celui de Rouyn-Noranda.
Depuis l'incendie, il n'y a plus de salle d'opération fonctionnelle. Des dizaines de femmes ont dû accoucher à plus de 100 km de chez elles, plongées dans l'angoisse et l'incertitude. Chaque mois de retard ajoute un risque inacceptable. Rouyn-Noranda ne peut plus attendre — et vous non plus.
Le réseau de la santé est à un point de rupture et ce sont les patient-e-s qui écopent.
Alors que les médecins spécialistes et omnipraticiens ont commencé leurs moyens de pression, le réseau de la santé fait du surplace.
Votre gouvernement a une obligation de résultat et ce n'est pas en maintenant la ligne dure avec les médecins que ces négociations vont se conclure.
Plus que jamais, le réseau de la santé a besoin de tout le monde, y compris des médecins ! Et eux aussi ont le droit d'être écoutés. Pour le reste, c'est à la table de négociation que cela doit se passer.
Par ailleurs, l'absence d'ententes avec les fédérations de médecins entraîne des conséquences sur le déploiement de la convention collective des professionnelles en soins. En guise de rappel, une enveloppe de 60 millions de dollars destinée au rattrapage des chirurgies dort actuellement faute de vous entendre avec les médecins.
Enfin, écoutez celles que vous avez exclues des consultations sur le projet de loi 101. Écarter la FIQ, qui représente près de 90 000 professionnelles en soins, c'est museler celles qui vivent chaque jour les conséquences de vos décisions. C'est un mépris pour les femmes et pour la démocratie syndicale.
Et maintenant, voilà que votre gouvernement veut ouvrir un nouveau front contre les syndicats. Ce n'est pas de transparence dont il est question, mais bien de réduire la capacité des organisations à défendre leurs membres. Vous parlez d'écoute, mais vous cherchez en réalité à faire taire les voix syndicales, celles qui portent la voix des travailleuses et des travailleurs.
La rentrée parlementaire est l'occasion de démontrer que vos paroles ne sont pas vides. Écouter, c'est respecter les conventions signées. Écouter, c'est investir dans la relève. Écouter, c'est protéger les travailleuses de la santé. Écouter, c'est prioriser le public, pas le privé.
Alors, monsieur le premier ministre, allez-vous continuer à détourner le regard, ou aurez-vous enfin le courage d'agir ?
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Réunion entre le STTP et le ministre responsable de Postes Canada
Aujourd'hui, 19 septembre 2025, l'équipe de négociation et des membres du Conseil exécutif national du STTP ont tenu une réunion d'une demi-heure avec Joël Lightbound, ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Le ministre a finalement convoqué une réunion hier afin d'entendre le point de vue du Syndicat sur l'actuelle ronde de négociation et l'avenir du service postal public.
Nous avons expliqué au ministre la nécessité de conclure des conventions collectives que les membres voudront ratifier avant la période de pointe de fin d'année. Nous lui avons fait remarquer que, depuis qu'elle a perdu le vote imposé, Postes Canada ne ressent plus aucune urgence d'agir, choisissant plutôt de laisser tomber les négociations, les travailleurs et travailleuses des postes et la population. Nous ignorons pourquoi il faut une semaine de plus à Postes Canada pour préparer ses nouvelles offres globales.
Nous avons souligné quelques-unes des revendications majeures qui doivent absolument figurer dans les prochaines conventions collectives : salaires adéquats, meilleures conditions de travail, emplois à plein temps, effectifs en nombre suffisant, équilibre entre travail et vie personnelle et égalité pour les FFRS.
Nous avons présenté au ministre quelques-unes de nos idées pour redessiner l'avenir du service postal public grâce à l'ajout de services lucratifs susceptibles de procurer de réels avantages aux collectivités du pays, petites et grandes. Le ministre s'est abstenu de formuler tout commentaire sur nos propositions.
Nous avons insisté sur le fait que nous sommes fiers du travail que nous accomplissons, mais que nous sommes préoccupés par l'avenue que la direction de Postes Canada veut faire emprunter à cette importante institution publique.
Nous avons quitté cette première réunion avec le ministre Lightbound sur une note d'incertitude quant à la direction qu'il donnera à Postes Canada, et ce, malgré le fait que les deux parties comprennent bien l'importance du service postal public. Nous avons aussi convenu qu'il importe de maintenir les canaux de communication ouverts entre nous.
Le Syndicat attend le retour de Postes Canada à la table de négociation dans les plus brefs délais.
Pour recevoir par courriel les dernières nouvelles du Syndicat, abonnez-vous à Somm@ire : www.sttp.ca/fr/sommaire-sttp.
Solidarité,
Jan Simpson
Présidente nationale
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Le silence comme faillite morale !
Le silence des artistes et des intellectuels québécois face au génocide à Gaza n'est pas un détail, ni un fait conjoncturel : il est le symptôme d'une faillite morale profonde.
Photo Serge D'Ignazio
Jadis, ces voix dénonçaient l'injustice, rompaient avec la complaisance des puissants et se tenaient aux côtés des opprimés. Des figures comme Pierre Falardeau ou Michel Chartrand manifestaient régulièrement, haut et fort, leurs indignations et leurs colères. "Vive la Palestine Libre" criaint-ils sans honte ni peur !
Pendant trente-cinq ans, j'ai reçu des artistes en prison, dans le cadre de mon programme radiophonique Souverains anonymes, pour soutenir les personnes incarcérées dans leurs efforts de réhabilitation. Mais depuis une vingtaine d'années, les vedettes se faisaient de plus en plus rares, ou hésitaient à adhérer à cette cause pourtant noble. Seuls quelques rares courageux (et une courageuse Michaëlle Jean) acceptaient de franchir les murs de la prison.
Aujourd'hui, le mutisme des artistes face à Gaza sidère. Non pas qu'ils ignorent ce qui s'y passe, mais parce qu'ils préfèrent ne pas le dire. « Ce n'est pas clair, ce qui se passe là-bas », m'a confié un artiste dont je tairai le nom. Ce refus d'assumer la parole publique, sous de faux prétextes, s'inscrit dans ce que la philosophe Cynthia Fleury a nommé La fin du courage : un monde où l'on se protège davantage qu'on ne protège les autres.
Le courage politique ne naît pas de calculs stratégiques ni de compromis prudents : il plonge ses racines dans le courage moral, celui qui pousse à dire « non » quand tout incite au silence. Or, lorsque les intellectuels renoncent à cette exigence éthique, ils abandonnent la possibilité d'une action politique véritable. Leurs prises de parole, quand elles existent, se réduisent à des gestes cosmétiques, calibrés pour ne froisser personne, et donc incapables de transformer le réel.
Certes, il faut reconnaître la force de la peur : peur d'être ostracisé, réduit au silence médiatique, de perdre financements, postes ou reconnaissance. Mais n'est-ce pas précisément dans la confrontation à ces risques que se mesure le courage ? Celui qui se tait pour protéger sa carrière choisit son confort au détriment de la dignité d'autrui. Son silence devient alors une complicité tacite avec la violence.
En se taisant, les intellectuels ne se contentent pas de faillir à leur mission critique : ils appauvrissent le débat public et fragilisent la démocratie elle-même. Car une démocratie sans voix dissidentes est une démocratie morte. Les minorités persécutées, les peuples massacrés, ne trouvent plus de relais dans l'espace symbolique. L'histoire nous apprend que les régimes autoritaires commencent toujours par réduire la parole libre, mais que parfois, c'est la société elle-même qui s'impose une autocensure, par confort ou par peur.
Il est relativement aisé pour un artiste de se faire le porte-parole d'une cause consensuelle : la prévention du suicide, la défense des sans-abris, les femmes victimes de violence, la protection des rivières menacées, etc. Ces engagements, tout à fait louables, rejaillissent positivement sur l'image publique de l'artiste et renforcent son prestige. En retour, la cause bénéficie d'une visibilité accrue auprès du grand public. Mais il ne faut pas se méprendre : dans bien des cas, il n'y a pas là de véritable courage, mais un simple échange, presque une transaction symbolique. C'est du donnant-donnant, une forme de « business » moral.
En revanche, lorsqu'un artiste choisit d'appuyer une cause controversée, comme celle du peuple palestinien, il sort du confort des consensus et s'expose à des représailles concrètes. Des figures comme Roger Waters, cofondateur de Pink Floyd, ont accepté de prendre ces risques, sacrifiant parfois leur réputation dans certains milieux, leur carrière, voire leurs sources de revenus, au nom d'une fidélité à la justice. Lorsque Julien Poulin brandit le drapeau du Hezbollah pour manifester son appui aux Libanais victimes des attaques d'Israël en 2006, il fut sermonné publiquement à l'émission Tout le monde en parle. L'impression retenue de son passage devant deux millions de téléspectateurs fut celle d'un artiste engagé contraint de faire son mea culpa pour avoir soutenu un peuple agressé ! Disons que ce n'est pas le genre d'événement qui incite au courage…
À cette lumière, la situation d'organismes comme Artistes pour la Paix, fondé au Québec il y a quarante-trois ans, est révélatrice. Apprendre que cette association est aujourd'hui menacée de disparaître, faute d'attention médiatique, en dit long sur le climat ambiant. Car si le courage moral se fait rare chez les artistes eux-mêmes, il se fait tout aussi rare dans les sphères médiatiques qui façonnent leur visibilité. Les médias, en privilégiant les causes neutres et « rentables » en termes d'audience, condamnent des voix réellement critiques à la marginalité, voire à l'invisibilité. Ainsi, ce n'est pas seulement le monde artistique qui faillit, mais tout un système de communication qui hiérarchise les luttes selon leur degré de commodité et qui décide silencieusement de ce qui mérite d'exister dans l'espace public. Quel artiste-vedette québécois oserait embarquer avec sa guitare sur l'un de ces 44 bateaux, aux côtés des 500 volontaires qui tentent d'apporter une aide à un peuple affamé, alors qu'aucun grand média n'en parle ?
Le silence n'est pas une simple absence de mots : il est une abdication, une désertion. Le courage moral, loin d'être un héroïsme surhumain, est au contraire la fidélité à une exigence minimale : témoigner de l'injustice, refuser de détourner les yeux. Sans ce socle, le courage politique devient impossible. En renonçant à parler, les artistes et intellectuels ne perdent pas seulement leur honneur : ils laissent s'installer l'idée qu'il est possible de tuer sans que personne ne dise « non ».
Quel mot pour qualifier cette abdication muette face à l'injustice ?
Je vous laisse deviner.
Mohamed Lotfi
15 septembre 2025
PS : "Je n'ai jamais voyagé vers d'autres pays que toi mon pays" le grand Gaston Miron n'avait pas peur d'afficher toute sa solidarité avec la cause palestinienne. Devant mon micro, j'ai capté sa voix et un de ses plus beaux poèmes sur les images de solidarité avec Gaza en 2014 : https://youtu.be/U1hJneoPTK8?si=lWOL5gUeusZ3VBLF
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L’Héritage du dodo
L'Héritage du dodo, c'est une bande dessinée en ligne. L'Héritage du dodo, c'est une bande dessinée en ligne sur la crise du climat et de la biodiversité. En 10 épisodes, on explore la santé des écosystèmes, on parle du réchauffement climatique, de déforestation, de pollution, de surexploitation…
Tiré de L'Info lettre de l'R des Centres de femmes
On découvre à quel point nous sommes dépendant·es de la biodiversité. On décortique les raisons qui nous empêchent d'agir en faveur de l'environnement. On décrypte les stratégies de désinformation et de manipulation mises au point par les industriels et les climatosceptiques. Le tout avec humour et légèreté, mais sans culpabilisation, ni naïveté.
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Le livre d’anniversaire offert à Epstein vous choque-t-il ? Cette culture était omniprésente avant le féminisme contemporain.
Le féminisme a mis en lumière l'omniprésence de la molestation sexuelle d'enfants, des viols, celle du harcèlement sexuel et de la violence conjugale, et a contribué à la lutte contre cette culture.
Rebecca Solnit, le 13 septembre, dans The Guardian
*-*
J'y étais. J'en ai conservé les preuves. Je me souviens d'à quel point l'exploitation sexuelle des adolescentes et même des préadolescentes par des hommes adultes était traitée comme la norme au cours des années 70, comment elle figurait dans les films, dans les récits sur les rock stars et les « baby groupies », dans la contre-culture et la culture dominante, bref à quel point le viol, l'exploitation, le grooming, l'objectivation et la marchandisation étaient normalisés.
Le dernier film de Woody Allen que j'ai vu était Manhattan, dans lequel il jouait plus ou moins son propre rôle, celui d'un quadragénaire ringard qui sortait avec une lycéenne incarnée par Mariel Hemingway. Elle avait mon âge, 17 ans, et je ne connaissais que trop bien ce genre de types répugnants. Le film m'a donné la chair de poule, même si ce n'est que bien plus tard que j'ai lu qu'elle avait déclaré qu'il avait fait pressionsur elle pour qu'elle ait des relations sexuelles avec lui dans la vie réelle.
Manhattan est sorti en 1979 ; deux ans plus tôt, Roman Polanski, sous prétexte de prendre des photos pour l'édition française du magazine Vogue, avait convaincu une jeune fille de 13 ans de venir seule dans une maison, où il l'avait droguée et violée vaginalement et analement. L'agent de probation qui lui a été assigné a écrit : « Certains éléments indiquaient que les circonstances étaient provocantes, que la mère faisait preuve d'une certaine permissivité » et « que la victime était non seulement physiquement mature, mais consentante ». Selon son propre compte-rendu, cette jeune fille avait dit non à plusieurs reprises et avait même feint une crise d'asthme pour essayer de dissuader Polanski, mais l'agent de probation était de son époque et trop disposé à blâmer une enfant droguée. C'était normal à l'époque.
Les films des années 1970 ont normalisé tout cela. Jodie Foster avait 12 ans lorsqu'elle a joué le rôle d'une prostituée dans Taxi Driver. Dans Pretty Baby, Brooke Shields, âgée de 11 ans, jouait une autre prostituée dans la pittoresque Nouvelle-Orléans, dont la virginité était vendue aux enchères et qui apparaissait nue dans certaines scènes, comme elle l'avait fait dans un numéro spécial « sugar and spice » du magazine Playboy à l'âge de 10 ans. Dans Taking Off, le film de Milos Forman sorti en 1971, la fille de 15 ans du protagoniste, qui s'était enfuie, réapparaît avec un petit ami rock star. La culture des groupies comprenait plus d'une poignée d'enfants couchant avec des rock stars ; le magazine Interview raconte qu'une groupie célèbre « a perdu sa virginité à l'âge de 12 ans avec le guitariste de Spirit, Randy California. Pendant un certain temps, elle a eu une relation avec Iggy Pop, qui a glorifié leur relation dans sa chanson Look Away de 1996, écrivant : « J'ai couché avec Sable quand elle avait 13 ans / Ses parents étaient trop riches pour faire quoi que ce soit. »
C'est dans les années 70 que les photographies en couleurs et floues de David Hamilton représentant des adolescentes nues ou à moitié nues ont été normalisées sous forme de livres de salon et d'affiches. Dans les années 90, les photographies en noir et blanc de Jock Sturges représentant des adolescentes blanches minces photographiées dans une colonie nudiste ont suscité la controverse. Alors qu'il les défendait avec des notions fades d'art haut de gamme et de vie édénique sans honte, une de ses anciennes élèves a réalisé un film semi-documentaire sur la relation sexuelle qu'elle avait eue avec lui lorsqu'elle avait 14 ans et qu'il était son professeur d'art, dans les années 70.
Plus tard, lorsque Brooke Shields a tenté d'empêcher la diffusion des photos d'elle nue à l'âge de 10 ans prises par Gary Gross,comme l'a rapporté le Guardian en 2009, « les avocats de Gross ont fait valoir que ses photographies ne pouvaient pas nuire davantage à la réputation de Shields car, depuis qu'elles avaient été prises, elle avait mené une carrière lucrative « en tant que jeune vamp et prostituée, vétérane sexuelle chevronnée, enfant-femme provocante, sex-symbol érotique et sensuel, la Lolita de sa génération ». Le juge a donné raison à Gross et, tout en louant le « charme sensuel et sulfureux » des photos, a jugé que Gross n'était pas un pornographe : « Elles n'ont aucun attrait érotique, sauf peut-être pour des esprits pervers. »
C'était aussi comme ça dans les années 1980. À l'âge adulte, Molly Ringwald a écrit à propos des films pour adolescents de John Hughes dans lesquels elle jouait à l'époque : « Je suis un peu gênée de dire qu'il m'a fallu encore plus de temps pour comprendre pleinement la scène à la fin de Sixteen Candles, lorsque Jake, le garçon de rêve, prête en quelque sorte sa petite amie ivre, Caroline, au Geek, afin de satisfaire les pulsions sexuelles de ce dernier, en échange des sous-vêtements de Samantha. Le Geek prend des photos Polaroid avec Caroline pour avoir une preuve de sa conquête ; quand elle se réveille le matin avec quelqu'un qu'elle ne connaît pas, il lui demande si elle « a apprécié ». Le fait qu'il s'agissait d'un viol n'était pas clair pour Ringwald, comme elle le dit, ni pour le public. En 1984, Bill Wyman, bassiste des Rolling Stones alors âgé de 47 ans, a commencé une relation avec une enfant qu'il avait rencontrée, affirmant qu'« elle était une femme à treize ans ». Bien plus tard dans sa vie, cette femme a milité pour que l'âge du consentement sexuel soit relevé de 16 à 18 ans en Grande-Bretagne, déclarant : « À 16 ans, on est encore un enfant. »
Avant ce qu'on a appelé la révolution sexuelle, la pudibonderie et les convenances considéraient les filles et les jeunes femmes comme la propriété de leurs pères et de leurs futurs maris, et ne pas souiller la pureté qui faisait partie de leur valeur était au moins une raison de dire non. La révolution sexuelle a supprimé cette barrière et, lorsque j'étais adolescente dans les années 1970, l'idée générale était que le sexe était une bonne chose et que tout le monde devait en profiter. J'ai donc commencé à être draguée par des garçons issus de la contre-culture lorsque j'avais 12 ou 13 ans, tout comme mes camarades féminines. Tout signifiait oui, rien ne signifiait non, presque personne n'aidait les filles qui voulaient éviter ces garçons ; nous étions livrées à nous-mêmes et devions devenir des artistes de l'évasion. Dans l'école alternative où je suis allée au milieu des années 1970, dans une banlieue agréable, des filles de 13 ans sortaient avec des dealers de drogue adultes, une fille de 14 ans exhibait la bague de son fiancé d'âge mûr, et une fille de 15 ans est tombée enceinte d'un marin d'une base voisine et a décidé de garder le bébé. Aucun adulte ne semblait s'en préoccuper.
C'était encore une culture misogyne ; le sexe était encore largement considéré en fonction des besoins des hommes. Un autre aspect frappant de la culture des années 1970 était l'éthique sexuelle des terroristes de la contre-culture qui ont kidnappé Patti Hearst en 1974 : c'était être une bonne « camarade » de répondre aux besoins des autres, et les femmes de la Symbionese Liberation Army devaient donc toujours dire oui aux hommes, pour répondre aux besoins de ces derniers, sans se soucier des leurs. Voilà pour la libération.
Fondée en 1978, la NAMBLA (North American Man-Boy Love Association) était une organisation d'hommes adultes qui militaient activement pour la légalisation des relations sexuelles avec des enfants de sexe masculin, et qui n'a été que très progressivement poussée dans la clandestinité. Les hommes hétérosexuels n'avaient pas besoin d'une organisation spéciale pour défendre leurs intérêts ; c'était toute la culture qui le faisait. C'était la philosophie Playboy, c'était Hollywood et le rock'n'roll, c'était l'art kitsch comme celui de David Hamilton, c'était les ricanements et les excuses.
J'écris tout cela parce que l'album anniversaire de Jeffrey Epstein, qui vient d'être révélé en 2003, est un vestige tardif de cette culture, tout comme l'attitude de Donald Trump envers les femmes. Trump était souvent vu aux événements organisés par Epstein, où se pressaient de très jeunes mannequins, à une époque où les mannequins étaient envoyées pour se mêler à des hommes fortunés.
Deux pages de cet album sont particulièrement frappantes. L'une d'elles montre une photo de trois personnes tenant un chèque géant à l'ordre d'Epstein, avec la signature de Trump (probablement fausse), décrivant la vente par Epstein d'une femme « entièrement dépréciée », dont le nom a été caviardé, à Trump pour 22 500 dollars. « Dépréciée » est un terme immobilier ; la blague semble être qu'une femme a en quelque sorte perdu une partie de sa valeur, mais qu'elle reste vendable comme un bien immobilier, du bétail, un bien mobilier ou tout autre terme utilisé pour désigner des êtres humains considérés comme des biens.
Dans l'autre, un dessin d'Epstein en 1983 approchant des fillettes avec des ballons et des bonbons le reconnaît clairement comme un pédophile ; l'autre moitié des photos le montre en 2003 dans un fauteuil inclinable, entouré de quatre jeunes femmes ou filles, dont deux en string, l'une avec les initiales d'Epstein tatouées sur la fesse. Il est clair que celui qui a ajouté ces pages suggestives à l'album d'Epstein connaissait son appétit sexuel pour les jeunes filles, tout comme beaucoup d'autres personnes.
Ce qui s'est passé entre les années 1970 que j'ai décrites et le présent, c'est le féminisme : un féminisme qui a insisté sur le fait que les femmes étaient des personnes dotées de droits, que le sexe, à la différence du viol, devait être quelque chose que les deux parties désiraient, que le consentement devait être actif et conscient, que toutes les interactions humaines impliquaient un rapport de force et que l'énorme différence de pouvoir entre les hommes adultes et les enfants rendait un tel consentement impossible.
C'est le féminisme qui a révélé l'omniprésence de la molestation sexuelle d'enfants, des viols, du harcèlement sexuel et de la violence conjugale, qui a dénormalisé ces agressions qui faisaient partie intégrante de la société patriarcale. Et qui le sont encore, bien trop, mais l'attitude dédaigneuse et permissive du passé appartient désormais au passé, du moins dans la culture dominante.
Rebecca Solnit dans The Guardian, le 13 septembre
Rebecca Solnit est chroniqueuse pour l'édition étasunienne du Guardian. Elle est l'autrice de Orwell's Roses et coéditrice, avec Thelma Young Lutunatabua, d'une anthologie sur le climat.
Plusieurs de ses livres onbt été traduits en français :
Unparadis en enfer, Éditions de l'Olivier, 2023.
Souvenirs de mon inexistence, Éditions de l'Olivier, 2022.
Cendrillon libératrice,Les Arènes, 2020.
La mère de toutes les questions, Éditions de l'Olivier, 2019.
Ces hommes qui m'expliquent la vie, Éditions de l'Olivier, 2018.
Garder l'espoir. Autres histoires, autres possibles, Actes Sud, 2006.
L'art de marcher, Actes Sud, 2002.
https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/sep/13/epstein-birthday-book-feminism-culture
Traduction : TRADFEM
https://tradfem.wordpress.com/2025/09/15/le-livre-danniversaire-offert-a-epstein-vous-choque-t-il-cette-culture-etait-omnipresente-avant-le-feminisme-contemporain/
Note de lecture : La mère de toutes les questions, sous le titre : Un océan d'histoires brise le silence et conteste l'impunité
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2020/09/08/un-ocean-dhistoires-brise-le-silence-et-conteste-limpunite/
Note de lecture : Ces hommes qui m'expliquent la vie, sous le titre : Ce qu'on ne dit pas quand on ne parle pas de genre
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2019/11/20/ce-quon-ne-dit-pas-quand-on-ne-parle-pas-de-genre/
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Qu’est-ce que le féminisme marxiste ? D’un point de vue marxiste-féministe : essais sur la liberté, la rationalité et la nature humaine
Nancy Holmstrom est professeure émérite de philosophie à l'université Rutgers. Elle incarne un mélange unique de rigueur philosophique et d'activisme ancré dans une préoccupation sincère pour les femmes et les personnes LGBTQ qui souffrent des maux du capitalisme, du racisme, du patriarcat et de l'homophobie dans les pays du Nord et du Sud.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Nancy Holmstrom
Brill, 2024 ; Haymarket, 2025
Dans ce recueil d'essais, elle présente ses principales contributions à la théorie féministe au cours de sa vie. Alors que The Socialist Feminist Project (2002), un recueil d'essais qu'elle a édité, avait une portée plus large, cet ouvrage identifie ce qui, selon elle, distingue le féminisme marxiste du féminisme socialiste. Elle définit le féminisme marxiste, la perspective à laquelle elle s'identifie, comme la centralité du mode de production : « L'idée que le mode de production capitaliste fixe les conditions, si vous voulez, des degrés de liberté et de non-liberté, là encore d'une manière historiquement particulière qui diffère des autres modes de production. » Le mode de production capitaliste est considéré comme « fondamental mais non déterminant » (3).
Cette opinion peut être mieux comprise en explorant l'articulation par Holmstrom du concept marxiste de la nature humaine. Elle est également particulièrement pertinente dans le cadre des débats actuels sur la théorie et l'identité queer, qui remettent en question une conception essentialiste et immuable de la nature humaine.
Dans son essai « A Marxist Theory of Women's Nature » (Une théorie marxiste de la nature des femmes), Holmstrom soutient que, selon la philosophie de Karl Marx, les besoins et les capacités humains s'expriment, se façonnent et se créent à travers le travail (une activité visant à satisfaire des besoins). C'est donc le travail, et non le déterminisme biologique, qui est la clé pour expliquer la vie sociale et le changement social. Elle démontre que pour Marx, les différences biologiques entre les hommes et les femmes ne peuvent expliquer ou justifier aucune discussion sur des natures distinctes, car son effort vise à examiner la nature des personnes en tant que groupes sociaux et non en tant que groupes biologiques. Ainsi, « Marx nie l'existence d'une nature humaine au sens traditionnel et transhistorique. Selon lui, il existe cependant des formes historiquement spécifiques de nature humaine… propres au féodalisme, au capitalisme, au socialisme, etc. » (232).
De plus, Holmstrom ajoute que la nature humaine, et même la nature biologique, peuvent changer sous l'influence de facteurs socio-historiques et de l'évolution. Elle affirme ainsi que « selon Marx, l'opposition entre le social et le naturel et immuable est particulièrement inappropriée pour les êtres humains, car ceux-ci sont par nature des êtres sociaux dotés d'une histoire » (233). Si les différences biologiques ne peuvent être ignorées, ce sont les facteurs sociaux, et non les facteurs biologiques, qui sont les principaux déterminants. Par conséquent, d'un point de vue marxiste, les différences psychologiques entre les femmes et les hommes seraient liées au type de travail qu'ils effectuent et aux relations sociales qui en découlent. « Le point de vue marxiste n'est pas qu'il existe un lien de causalité direct entre le type de travail effectué par les individus et leur structure de personnalité. Au contraire, le type de travail effectué par les individus les place dans certaines relations sociales et ces relations sont institutionnalisées dans des ensembles de pratiques, d'institutions, d'agences culturelles, etc. » (237).
Ce n'est pas principalement la biologie, mais surtout les conditions sociales, économiques et historiques oppressives qui déterminent la division sexuelle/sociale du travail. Ainsi, même les femmes qui ont des emplois non traditionnels et qui n'ont pas de famille à charge sont toujours influencées par les institutions patriarcales, sociales et culturelles dominantes.
Holmstrom souligne que si Marx n'avait pas une vision essentialiste de la nature humaine, il croyait néanmoins que les êtres humains ont un potentiel unique d'activité libre et consciente qui ne peut être pleinement développé que dans une société socialiste exempte de travail aliénant. Sur cette base, elle soutient que même s'il y aura toujours certaines différences dans la façon dont les hommes et les femmes se perçoivent en tant qu'êtres physiques, la signification de ces expériences variera en fonction de l'évolution de la société. En outre, dans une société qui ne repose pas sur le travail aliéné, « les choix sexuels et reproductifs des femmes n'auraient pas les conséquences sociales profondes qu'ils ont actuellement pour les femmes par rapport aux hommes » (246).
La formulation par Holmstrom d'un concept non essentialiste de la nature humaine, expliqué plus en détail dans un essai intitulé « Humankind(s) », peut également éclairer ceux qui participent aux débats sur l'identité transgenre. Si elle n'est pas d'accord avec « les formulations de la distinction entre sexe et genre qui présentent le biologique comme un substrat sous-jacent intact par la société, et le genre comme une pure culture, superposée à une biologie inerte », elle n'est pas non plus d'accord avec le point de vue qui efface la distinction entre sexe et genre et affirme que le genre n'est qu'une performance (257). Elle nous aide à comprendre que, s'il existe certaines différences liées au sexe qui ne pourront jamais être éliminées, il n'existe pas de nature humaine essentielle ancrée dans la biologie. Les opinions actuelles bien ancrées sur la masculinité et la féminité sont plutôt profondément enracinées dans un ensemble de relations économiques, historiques et sociales propres à notre époque capitaliste.
Bien que les femmes et les personnes LGBTQ aient réalisé d'importants progrès dans diverses régions du monde, une grande partie de la population aux États-Unis et dans le monde continue de s'accrocher aux normes traditionnelles en matière de genre. Le fait que les dirigeants autoritaires et fascistes utilisent actuellement la transphobie comme l'un des éléments de leur stratégie pour obtenir le soutien des masses signifie que les opinions misogynes, patriarcales et homophobes sont encore très ancrées dans toutes les sociétés. Les travaux de Holmstrom montrent que le dépassement de ces opinions ne peut se faire par le simple biais d'un travail culturel et performatif, mais nécessite de profondes transformations économiques, sociales et politiques. À cet égard, elle partage certaines des opinions de Rosemary Hennessy (2000), une importante théoricienne queer.
Dans un essai intitulé « Sex, Work and Capitalism » (Sexe, travail et capitalisme), Holmstrom offre une perspective unique sur les débats féministes actuels concernant le travail du sexe. Parmi les féministes socialistes, il existe des divergences quant à la signification d'un mouvement queer et sex-positif qui s'oppose à toutes les formes d'exploitation sexuelle, à toutes les normes de genre oppressives et à toutes les formes d'instrumentalisation de nous-mêmes ou des autres (Goldberg, 2021 ; Srinivasan, 2021). Certaines prônent la légalisation et la normalisation totales du travail du sexe et affirment qu'il peut être « créatif » ou « satisfaisant » (Smith et Mac, 2020). D'autres, qui défendent également les droits des travailleuses du sexe et leurs efforts pour s'auto-organiser afin d'assurer leur sécurité, considèrent le travail du sexe comme une pratique de marchandisation et d'instrumentalisation du corps et des sentiments. Bien qu'eils soutiennent la dépénalisation des travailleurs du sexe, iels soulignent que le travail du sexe, en plus d'être exploiteur et abusif, cause de terribles dommages physiques et psychologiques à long terme à ceux qui l'exercent, qu'iles y soient contraint·es ou qu'iles le fassent « volontairement . Partisane de ce dernier point de vue, Holmstrom écrit : « La vente de services sexuels n'est donc pas comparable à la vente d'autres services. La vente d'expériences corporelles intimes est une forme d'aliénation ultime » (37).
Le défi pour les féministes socialistes consiste donc à trouver comment soutenir les femmes qui se prostituent sans renoncer à notre critique du travail et de l'institution de la prostitution. Mais le soutien aux femmes qui exercent cette activité doit toujours être associé à la lutte pour changer les conditions politico-économiques qui poussent tant de personnes à s'y adonner. Nous devons nous battre pour des emplois avec des salaires décents, des logements et des services de garde d'enfants abordables, des programmes de lutte contre la toxicomanie, une aide pour les problèmes d'immigration et tout ce dont les travailleuses du sexe disent avoir besoin (39).
Je partage ce point de vue et je dirais que plutôt que de concentrer nos efforts d'organisation sur la légalisation du travail du sexe, il serait préférable de contribuer à diffuser le message du mouvement #MeToo afin de remettre en question la normalisation des abus et des agressions sexuels dans tous les domaines de la vie (Boussedra, 2017 ; Mock, 2014). Les faits montrent que l'extension de la légalisation du travail du sexe aux proxénètes et aux clients facilite l'exploitation des femmes et des enfants et augmente le trafic sexuel (Harvard Law School, 2014). Ajouter le travail du sexe à la liste des emplois normaux du secteur des services signifie également que les femmes sans emploi qui reçoivent une aide de l'État ne pourraient pas refuser le travail du sexe comme emploi. La normalisation du travail du sexe signifie que de plus en plus de jeunes femmes, d'hommes et de personnes transgenres envisageraient le travail du sexe comme un emploi à temps plein ou à temps partiel pour gagner de l'argent.
Holmstrom a également contribué aux débats féministes sur la théorie de la reproduction sociale. Elle estime que si l'oppression des femmes n'a pas commencé avec le capitalisme, elle ne peut s'expliquer simplement par le travail domestique et reproductif. Elle soutient que le travail domestique peut être progressivement supprimé sous le capitalisme afin de faciliter davantage l'exploitation capitaliste du travail. Cependant, le travail aliéné capitaliste et sa séparation entre l'esprit et le corps affectent notre psychisme et réduisent notre liberté dans tous les domaines de la vie (281).
C'est son approche humaniste socialiste qui permet à Holmstrom d'apporter un éclairage profond sur les débats féministes socialistes actuels et d'exprimer une véritable solidarité avec les personnes opprimées. Contrairement aux penseurs post-structuralistes qui définissent la liberté comme la lutte pour le pouvoir et la domination, elle considère la liberté comme l'épanouissement humain ou la réalisation de soi, enracinés dans la solidarité et la rationalité. Son concept de rationalité ne concerne pas le calcul capitaliste et la maximisation de l'utilité. Il s'agit de coopération et de lutte collective enracinées dans le contrôle humain sur les moyens et le processus de notre travail. Ce travail est ce que Marx appelait le potentiel humain pour une activité libre et consciente, et non un travail mécanique et aveugle. Une activité libre et consciente concerne également la protection de la nature/de l'environnement et la création d'un avenir durable.
Frieda Afary
Publié à l'origine sur New Politics
https://socialistfeminism.org/book-review-what-is-marxist-feminism/
traduit par DE
Che cos'è il marxismo-femminismo ?
https://andream94.wordpress.com/2025/09/21/che-cose-il-marxismo-femminismo/
References
Butler, Judith. (2006 [1990]) Gender Trouble : Feminism and the Subversion of Identity. New York : Routledge.
— (2011 [1993]) Bodies That Matter : On the Discursive Limits of Sex. New York : Routledge.
Boussedra, Saliha. (2017) “Marx and Prostitution.” Resources Prostitution. Feb. 13.
Goldberg, Michelle. (2021) “Sex-Positive Feminism Is Falling out of Fashion.” New York Times. Sept. 25.
Harvard Law School. (2014) “Does Legalized Prostitution Increase Human Trafficking ?” Harvard Law and International Development Society. June 12.
Hennessy, Rosemary. (2000) Profit and Pleasure : Sexual Identities in Late Capitalism. New York : Routledge
Mock, Janet. (2014) Redefining Realness : My Path to Womanhood, Identity, Love and So Much More. New York : Atria.
Smith, Molly, and Juno Mac. (2020) Revolting Prostitutes : The Fight for Sex Workers' Rights. London : Verso.
Srinivasa, Amia. (2021) The Right to Sex : Feminism in the Twenty-First Century. New York : Farrar, Strauss and Giroux.
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Comptes rendus de lecture du mardi 23 septembre 2025
Le cas Trump
Alain Roy
J'avais déjà lu « Les déclinistes » du même auteur. Qui est Donald Trump ? Que nous révèle sa jeunesse, son passé ? Incarne-t-il la réussite, comme il veut le laisser croire ? La franchise ? L'honnêteté ? Est-il cultivé, renseigné, à l'écoute des autres, de ses conseillers ? Est-il même sain d'esprit ? Ou dangereux ? En proie au chantage d'intérêts étrangers ? C'est à toutes ces questions qu'Alain Roy répond dans cet essai fouillé, dont les chapitres alternent entre les réponses à ces questions et la participation de l'auteur et de son ami photographe à un invraisemblable rallye pour Trump à Manchester. Un bouquin plus éclairant que je ne l'aurais cru et qui m'a donné le goût de lire l'ouvrage « Trop et jamais assez » de Mary Trump, la nièce de Donald Trump, auquel l'auteur fait souvent référence.
Extrait :
Puis une vidéo a défilé sur l'écran géant au-dessus de la grande scène. On y voyait la Terre depuis l'espace, puis l'image de Trump petit garçon, puis Trump adulte vaquant à ses tâches présidentielles. Le narrateur parlait d'une voix grave et solennelle, mais ce ton tranchait curieusement - ou comiquement plutôt - avec ce qu'il disait car il s'agissait de choses extravagantes. Les rédacteurs de cette narration avaient dû s'amuser beaucoup en produisant ce tissu d'absurdités : « Le 14 juin 1946, Dieu a regardé le paradis qu'il avait créé et il a dit : J'ai besoin de quelqu'un qui se lèvera avant l'aube, réparera ce pays, travaillera toute la journée, combattra les marxistes, prendra son repas, puis retournera au Bureau ovale jusqu'à minuit pour discuter avec des chefs d'État. Dieu nous a ainsi donné Trump ».
Gaza
Mazen Kerbaj
Traduit de l'anglais
L'artiste Mazen Kerbaj nous offre, dans ce superbe album, un dessin par jour sur la situation en Palestine depuis le début des bombardements du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu sur la bande de Gaza. Il y témoigne en images et en mots de l'horreur de l'épuration ethnique en cours et y dénonce haut et fort l'indifférence et la terrible complicité des pays occidentaux. Un album extraordinaire, facile d'accès, qui nous sort de notre éventuelle indifférence et nous pousse à agir. À mettre entre toutes les mains !
Extrait :
Une mère avance dans les ruines de son quartier qui vient d'être bombardé, elle hurle inlassablement le nom de ses quatre enfants dans l'espoir d'en entendre un lui répondre sous les décombres.
« L'Enfant » est un roman engagé, en partie autobiographique, dans le plus pur style du roman réaliste de la fin du XIXe siècle. L'auteur y dresse un tableau saisissant de la société et de la triste condition des enfants de l'époque. C'est un roman révélateur que j'ai adoré.
Extrait :
La maison que nous habitons est dans une rue sale, pénible à gravir, du haut de laquelle on embrasse tout le pays, mais où les voitures ne passent pas. Il n'y a que les charrettes de bois qui y arrivent, traînées par des bœufs qu'on pique avec un aiguillon. Ils vont, le cou tendu, le pied glissant ; leur langue pend et leur peau fume. Je m'arrête toujours à les voir, quand ils portent des fagots et de la farine chez le boulanger qui est à mi-côte ; je regarde en même temps les mitrons tout blancs et le grand four tout rouge, — on enfourne avec de grandes pelles, et ça sent la croûte et la braise !
L'odyssée des illusions
Jean Lemire
C'est à la suite d'une chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir que j'ai entrepris la lecture de ce livre superbement illustré sur l'état de la planète et de la vie animale. Le biologiste, cinéaste et photographe Jean Lemire s'était lancé il y 25 ans le défi de sensibiliser les gens à la beauté et à la fragilité de la planète. À bord du voilier SEDNA IV, il aura sillonné les mers du monde et ainsi constaté les défis environnementaux presque insurmontables qu'entraînent d'une part le réchauffement climatique et d'autre part, de façon plus générale, le capitalisme de marché. Un très beau livre, triste parfois, mais plein de compassion pour les animaux et pour les humains les plus pauvres. Je ne saurais trop vous en recommander la lecture.
Extrait :
Non, si tout cela était à refaire, je ne serais pas le porteur d'espoir créé par des médias en recherche de modèles qui doivent impérativement être plus grands que nature. À force de départs et d'escales, devant le constat implacable d'un environnement sacrifié au nom de la croissance économique, j'ai réussi à transformer le rêve en illusion, triste bilan pour celui qui ambitionnait de sensibiliser le monde jusqu'à engendrer le changement. Au fil des jours, des mois, des années, l'indifférence de l'humanité s'est faufilée dans les entrailles intérieures pour rejoindre mon âme en peine, et le grand pèlerinage des espoirs s'est transformé en odyssée des illusions. Si la perte de racines fragilise l'être devant la tempête, la capitulation de ses propres rêves souffle la lueur qui enflammait pourtant toutes les passions.
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De la montée de l’extrême droite et sa menace
Les partisans de Charlie Kirk ne cessent d'en appeler à la liberté d'expression alors qu'ils tentent de faire taire les opposants à ses discours haineux du style que Trump a malheureusement rendu familiers. Ce double discours favorise la montée de l'extrême droite alors que l'on connait depuis le XX ième siècle les torts que celle-ci a causé à l'humanité par la manifestation de l'intolérance.
Je ne suis pas moi-même très tolérant face aux transnationales et à la facilité avec laquelle elles influent sur les gouvernements. C'est ma liberté d'expression qui est en jeu et j'ai, dans ce cas le droit inaliénable de m'exprimer, compte tenu de l'expérience historique du lien qu'ont entretenu les grands patrons allemands avec l'extrême droite lors de l'ascension de Hitler au pouvoir. On peut s'insurger justement contre le lobbyisme comme un dévoiement des institutions démocratiques.
C'est dans ce contexte que j'exhorte les partisans de Charlie Kirk a plus de modestie face à l'histoire de leur mouvement et à considérer l'opposition à ses discours comme une sinécure pour la société démocratique qui leur permet d'exprimer leurs paroles nauséabondes en toute impunité. Car les discours haineux comme ceux d'un Trump envers les immigrants sont censés être punis par les lois qui défendent les libertés démocratiques. Les symboles de leur haine raciale sont interdits dans le pays qui ont connu le nazisme et il est grandement dommage que l'on voit ressurgir de tels discours au plus haut sommet de l'État pour en faire des politiques discriminatoires aux États-Unis sans que cela ne soit dénoncé par les dirigeants actuels des démocraties comme une menace aux institutions de ces sociétés.
Ce serait en fait un minimum que soient stigmatisés pour ce qu'ils sont, i.e. de la propagation de la haine, ces discours odieux contre des boucs-émissaires de la détérioration des conditions de vie de la population dans nos pays et dans le monde Si l'on n'y prend garde ce sera toute forme d'opposition qui sera enterrée sous les injonctions de Trump contre la gauche radicale qui ne constitue en réalité une menace que contre ses abus de pourvoir comme on a vu au XX ième siècle et qui ont mené à la catastrophe de la Deuxième Guerre Mondiale.
Si le climat est toxique pour l'extrême droite, sa pertinence devrait être conçue comme un mécanisme de défense des société démocratiques qui n'ont que faire de ce pouvoir en gestation qui les a menacées et contre lequel elles n'ont réagi que trop trad alors que les droits ont été engloutis derrière des sociétés sclérosées qui n'avaient plus pour évoluer que la violence des institutions figés par le pouvoir dictatoriale.
Avant que l'extrême droite ne conquiert un pouvoir définitif qui est antagonique avec la démocratie, il faudrait un sursaut des peuples de ces systèmes de manière que soient préservé les droits fondamentaux élémentaires qui font des démocraties ce qu'elles sont : des endroits où la tolérance fait foi de valeur importante pour préserver la qualité des débats.
L'intolérance d'un meurtrier comme Tyler Robinson, aussi déplorable soit-elle, devrait être perçue comme le réflexe d'un individu qui sent menacée l'intégrité de sa société par des propos tendant à en dissoudre l'essence même. Dans ce sens les appels à la tolérance des propos d'un Charlie Kirk sont hypocrites et contribuent à la montée de l'extrême.
Guy Roy, syndicaliste à la retraite
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gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.











