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Quand le patrimoine devient cible : Haïti, entre culture en péril et guerre silencieuse

Par Smith PRINVIL En temps de guerre, les peuples civilisés s'entendent sur certaines règles. Même les conflits armés les plus violents respectent, tant bien que mal, des (…)

Par Smith PRINVIL

En temps de guerre, les peuples civilisés s'entendent sur certaines règles. Même les conflits armés les plus violents respectent, tant bien que mal, des lignes rouges : les hôpitaux, les écoles, les lieux de culte, et surtout les patrimoines culturels. Ces derniers – forts historiques, musées, bibliothèques, monuments – sont considérés comme les témoins silencieux de la mémoire collective. Ils racontent l'histoire des peuples, leurs luttes, leurs espoirs. Ils méritent, à ce titre, d'être protégés.

Mais en Haïti, le chaos ambiant semble avoir balayé jusqu'à l'idée même de sanctuaire. Des gangs lourdement armés ciblent sciemment ces bastions de la mémoire nationale. Ce n'est plus un hasard. C'est une stratégie de terreur, un effacement programmé.

À Port-au-Prince comme dans certaines communes de l'Artibonite ou du Sud, des bâtiments historiques sont brûlés, pillés, profanés. Des centres culturels, des maisons d'écrivains, des bibliothèques communautaires disparaissent dans les flammes de la violence armée. Le pays n'a pas seulement perdu le contrôle de son territoire, il perd aussi les traces de son héritage.

Ceux qui s'attaquent au patrimoine culturel ne s'attaquent pas qu'à des murs. Ils s'attaquent à l'identité. Ils cherchent à imposer un monde sans racines, une terre de peur et d'amnésie. Et ce qui est plus grave encore, c'est le silence complice des institutions dites de la communauté internationale, pourtant si promptes à brandir la « protection du patrimoine mondial » dans d'autres régions du globe.

Où est l'UNESCO lorsque la mémoire haïtienne est réduite en cendres par des mains armées ? Où sont les voix indignées des défenseurs de la culture, quand des fresques historiques sont mitraillées, quand des écoles d'art sont désertées sous la menace ?

Le peuple haïtien, lui, ne baisse pas les bras. Des collectifs citoyens se battent pour documenter, pour sauver, pour reconstruire. Mais ils ne peuvent lutter seuls contre la machine infernale de l'oubli et de la destruction. Il est temps que cette guerre silencieuse contre la culture soit reconnue pour ce qu'elle est : une attaque contre l'existence même d'un peuple.

Protéger le patrimoine, c'est résister. C'est dire que la mémoire compte. Que la beauté, le savoir, l'histoire ne sont pas négociables. Que les pierres parlent et que leur silence imposé est un crime. Haïti mérite de reconstruire, mais elle doit aussi se souvenir. Et pour se souvenir, elle doit préserver ce qui reste de ses lieux de mémoire.

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Pas de rois ! Liberté ! Des millions de personnes manifestent contre Trump à travers les États-Unis

17 juin, par Dan La Botz — ,
Au moins cinq millions de personnes ont participé à 2 000 manifestations « No Kings Day » dans les grandes villes et les petites localités des 50 États, la plus grande journée (…)

Au moins cinq millions de personnes ont participé à 2 000 manifestations « No Kings Day » dans les grandes villes et les petites localités des 50 États, la plus grande journée nationale de manifestations de ces derniers temps.

Tiré de Inprecor
16 juin 2025

Par Dan La Botz

Dans une ambiance festive mais combative, accompagnés de fanfares et de tambours, les manifestant·es ont scandé des slogans, chanté des chansons et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pas de rois depuis 1776 » ou des messages dénonçant les attaques du président Donald Trump contre le système de santé, les programmes alimentaires pour les enfants et les personnes âgées, ou encore ses attaques contre l'éducation et la science. Certaines banderoles affichaient le slogan « Combattons l'oligarchie ».

Plus de pancartes que lors des manifestations précédentes affichaient le slogan « Combattons le fascisme ! ». Dans toutes les manifestations, on voyait davantage de drapeaux américains et on entendait davantage de chants exprimant le désir d'une réunification nationale. À New York, où j'ai manifesté, les gens scandaient « À qui appartient ce pays ? À nous ! ». À Philadelphie, haut lieu des manifestations, l'historien Timothy Snyder a répété à plusieurs reprises « Pas de rois », ce à quoi la foule répondait « Liberté ! ».

Ces manifestations ont été presque toutes pacifiques et n'ont donné lieu à pratiquement aucun incident. À Riverside, en Californie, un contre-manifestant poursuivi par la police a été trouvé en possession d'une arme à feu dans sa voiture. Et en Virginie, un homme a foncé sur les manifestants avec une grosse voiture, blessant une personne. Ce n'est qu'à Los Angeles, où les affrontements duraient depuis plusieurs jours, que quelques manifestants ont jeté des projectiles sur la police, qui a réagi en frappant et en arrêtant certains d'entre eux, mais il ne s'agissait là que d'un incident mineur dans le cadre d'une manifestation massive.

No Kings Day a coïncidé avec le défilé militaire organisé par Trump pour célébrer le 250e anniversaire de l'armée américaine, mais aussi avec son 79e anniversaire. Trump a dépensé 45 millions de dollars pour cette démonstration de force militaire qui a mobilisé 6 700 soldats, des chars de plusieurs guerres et d'autres véhicules militaires, tandis que des hélicoptères de combat survolaient la parade et que les Golden Knights Parachute Team descendaient du ciel pour remettre un drapeau au président. Des barrières avaient été érigées pour protéger le défilé et Trump avait averti que toute manifestation serait réprimée « avec une force très importante ». Pour éviter tout conflit, les organisateurs de No Kings n'ont prévu aucune manifestation à Washington.

Les marches de la journée No Kings ont été le point culminant d'une semaine de manifestations à Los Angeles et dans 40 autres villes de 23 États contre les raids, les arrestations et les expulsions menés par l'ICE (Immigration and Customs Enforcement), ainsi que contre le déploiement par Trump de la Garde nationale et des Marines à Los Angeles. L'ICE tente d'arrêter et d'expulser 3 000 personnes par jour, en interpellant des immigrant·es sans papiers sur leur lieu de travail dans les quartiers et en arrêtant même des enfants dans les écoles. Lors des précédentes manifestations, les autorités de certaines villes ont tiré des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc et arrêté des centaines de manifestant·es. Les raids et les manifestations locales contre l'immigration se poursuivent.

Les organisateurs ont annulé les manifestations « No Kings » à Saint Paul, dans le Minnesota, en raison de l'assassinat politique de deux députés démocrates dans la région et de la blessure de deux autres personnes. La peur régnait car un tireur actif, déguisé en policier, était toujours en fuite. La police recherche Vance Boelter, un homme blanc de 57 ans, farouche opposant à l'avortement et critique des personnes LGBT. Il a voté pour Trump lors des dernières élections, possédait plusieurs armes à feu, était à la tête d'une société de sécurité privée et dirigeait également une organisation chrétienne à but non lucratif. Au moment où j'écris ces lignes, il est toujours en fuite. Le président Trump, qui a lui-même été la cible de deux tentatives d'assassinat, a condamné les meurtres du Minnesota et a offert des ressources fédérales à l'État.

Les manifestations contre l'ICE et la journée « No Kings Day » ont marqué une nouvelle étape dans la résistance contre Trump. Une fois de plus, les manifestations dans certaines villes, comme à New York, ont souffert d'une participation proportionnellement faible des Noirs et des Latinos. Or, un mouvement comme celui-ci a besoin de plus de puissance, de grèves et d'actes de désobéissance civile massive. La prochaine marche nationale contre Trump est prévue pour le 19 juin, jour de la célébration nationale de la fin de l'esclavage des Noirs.

Le 15 juin 2025

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Quand l’âme d’Haïti rencontre l’avant-garde européenne : le duo Désir & Fiorini envoûte le Citadelic Festival

17 juin, par Smith Prinvil — , ,
Par Smith PRINVIL Au crépuscule de cette dernière journée de mai, le Citadelpark de Gand, en Belgique, s'est lentement métamorphosé. Les oiseaux se taisent. Le vent suspend (…)

Par Smith PRINVIL

Au crépuscule de cette dernière journée de mai, le Citadelpark de Gand, en Belgique, s'est lentement métamorphosé. Les oiseaux se taisent. Le vent suspend son souffle. Sur une scène modeste, deux silhouettes s'avancent : Renette Désir, en robe noire, et Fabian Fiorini, en chemise froissée, les mains prêtes à déranger l'ordre des notes. Ce n'est pas un concert qui commence. C'est un rituel. Un dialogue entre continents, entre corps et mémoire, entre le visible et l'invisible.

Pendant cinq jours, le Citadelic Festival, organisé par le label indépendant el Negocito, a déployé une programmation pointue, ouverte à toutes les formes de musique improvisée et de jazz contemporain. Mais ce 1er juin, pour la soirée de clôture, le public a eu droit à une proposition singulière, à la croisée des traditions haïtiennes et de l'avant-garde européenne.

Dès les premières secondes, le public comprend qu'il ne s'agit pas d'un simple récital. La voix de Renette Désir surgit, puissante, enveloppante, chantant en créole des textes nourris de poésie haïtienne contemporaine. Elle ne chante pas pour divertir, mais pour dire, pour invoquer. Dans le ventre du piano, Fiorini frappe le bois, griffe les cordes, fait résonner des tambours imaginaires. Sa technique, mi-orthodoxe mi-expérimentale, brouille les repères et appelle d'autres formes de perception.

Ensemble, ils tissent un espace de tension et d'extase, où le rythme du vodou haïtien entre en collision avec des structures tonales européennes déconstruites. On ne sait plus si l'on est à Port-au-Prince ou à Bruxelles, dans une cérémonie sacrée ou dans une salle de concert contemporaine. Et c'est précisément là que réside la force de leur proposition : dans cette frontière floue où l'émotion prend le pas sur l'esthétique.

La performance du duo s'est appuyée sur leur premier album, "Yo Anpil", sorti en 2019 sous le label el Negocito Records. Mais sur scène, les morceaux prennent une dimension nouvelle. Rien n'est figé. Chaque chant devient un point de départ vers l'inconnu, chaque silence une respiration chargée de sens. "Nous ne jouons pas pour exister dans un marché", confiera plus tard Fiorini dans un échange impromptu avec le public. "Nous jouons pour convoquer ce qui nous dépasse."

Cette démarche a été saluée par la critique. Le magazine Jazz Magazine, présent sur place, a décrit la voix de Désir comme « ronde, claire, souveraine », portée par un piano « abrupt, anti-lyrique, presque sauvage ». Un contraste qui fait naître une tension féconde, une sorte de transe maîtrisée, où chaque note semble chercher son propre territoire.
Au-delà de la performance musicale, ce qui s'est joué ce soir-là au Citadelpark tenait de l'expérience. On a vu des spectateurs fermer les yeux, d'autres pleurer sans bruit, comme traversés par une histoire qui n'était pas forcément la leur. Car ce que propose le duo Désir & Fiorini, c'est une musique de l'origine et de la rupture. Une musique qui parle de l'exil, de l'identité, de l'invisible. Une musique qui refuse de se laisser enfermer dans un genre.

Le Citadelic Festival, en donnant une place à ce type de création, confirme sa vocation de laboratoire artistique : un lieu où l'expérimentation est reine, et où la rencontre entre les cultures devient une urgence poétique.

À l'heure où les festivals se multiplient sans toujours se distinguer, le Citadelic Festival reste un espace rare. Et en accueillant des artistes comme Renette Désir et Fabian Fiorini, il rappelle que la musique est plus qu'un divertissement : c'est un territoire de lutte, de mémoire et de métamorphose.

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« L’esprit du totalitarisme. George Orwell et 1984 face au XXIe siècle »

17 juin, par Jean-Jacques Rosat — ,
« L'esprit du totalitarisme. George Orwell et 1984 face au XXIe siècle » par Jean-Jacques Rosat, éditions Hors d'atteinte, collection "Faits & idées", Marseille, 2025. EAN (…)

« L'esprit du totalitarisme. George Orwell et 1984 face au XXIe siècle » par Jean-Jacques Rosat, éditions Hors d'atteinte, collection "Faits & idées", Marseille, 2025. EAN : 9782382572221. 416 pages. Prix : 23 euros. Date de publication : 11 avril 2025. https://horsdatteinte.org/livre/lesprit-du-totalitarisme/

Information publiée le 11 juin 2025 par Marc Escola < escola[a]fabula.org > sur le site internet « Fabula – La Recherche en littérature » < www.fabula.org/actualites/128155/jean-jacques-rosat-l-esprit-du-totalitarisme-george-orwell-et-1984-face-au-xxie-siecle.html >.

Au-delà de son œuvre d'écrivain, Orwell a laissé une pensée politico-philosophique forte, cohérente et novatrice sur l'esprit du totalitarisme. Jean-Jacques Rosat la relie aux régimes totalitaires de la seconde génération, de Xi Jinping à Poutine en passant par des entreprises de domination des esprits à l'œuvre dans les démocraties libérales.

Orwell était hanté par la crainte que les totalitarismes de son époque en engendrent d'autres. Ses idées offrent sur les régimes totalitaires d'aujourd'hui un éclairage qu'on ne trouve chez aucun autre auteur. C'est un penseur pour le XXIe siècle.

« La morale à tirer de ce dangereux cauchemar est simple, déclarait-il en juin 1949 à propos de son roman : Ne permettez pas qu'il arrive. Cela dépend de vous. »

Lire un extrait...

https://horsdatteinte.org/livre/lesprit-du-totalitarisme/#flipbook-df_2546/1/

Agrégé de philosophie et ancien élève de l'ENS-Ulm, Jean-Jacques Rosat a enseigné la philosophie au lycée pendant vingt ans. Il a traduit « La Connaissance objective de Karl Popper » ( Éd. Flammarion, 2009 [1991] ) et publié un livre d'entretiens avec Jacques Bouveresse, « Le Philosophe et le Réel »( Éd. Hachette, 1998).

De 1999 à 2016, il est maître de conférences au Collège de France (1999–2016) dans la chaire de « Philosophie du langage et la connaissance » (Pr. Jacques Bouveresse), puis dans celle de « Métaphysique et philosophie de la connaissance » (Pr. Claudine Tiercelin). En 2000, il crée aux éditions Agone la collection « Banc d'essais », qu'il dirige jusqu'en 2016, où il publie notamment douze livres de Jacques Bouveresse.

Parallèlement, il se consacre à l'œuvre et à la pensée de George Orwell, dont il fait traduire chez Agone trois ouvrages ( « À ma guise » en 2008, « Écrits politiques » en 2009 et « Une vie en lettres » en 2014 – ainsi qu'une biographie ( « John Newsinger, La Politique selon Orwell », 2006). Il traduit et publie par ailleurs « Orwell ou le pouvoir de la vérité » de James Conant ( Éd. Agone, 2012 ) et codirige un dossier intitulé « Orwell, entre littérature et politique » ( revue Agone, n°45, 2011 ). En 2013, il rassemble onze préfaces, articles et conférences qu'il a écrits sur Orwell sous le titre « Chroniques orwelliennes » ( éditions du Collège de France, en ligne ), suivies, en 2022, de « Nouvelles Chroniques orwelliennes » ( disponibles sur le site www.opuscules.fr ).

En savoir plus : Si « 1984 »est mondialement connu – les mots, les formules et les images de ce livre sont utilisés partout –, Orwell n'est pas reconnu comme un penseur à part entière. Or dans ses écrits de non-fiction depuis 1936 et dans ses deux romans politiques ( La Ferme des animaux et 1984 ), on trouve un ensemble d'idées originales et pertinentes sur le totalitarisme qui, si on les réunit, constituent une pensée politico-philosophique forte, cohérente et novatrice.

Orwell n'était pas en quête d'une théorie, d'un modèle ou d'une essence. Par-delà le « comment » ( la structure de pouvoir et le fonctionnement des régimes totalitaires ), il cherchait le « pourquoi ». Quand Big Brother nous regarde, qu'y-a-t-il au fond de ses yeux ? Qu'ont voulu les fondateurs de ces régimes ? Sur quels principes reposent les choix et les actes de leurs dirigeants ? Ce qu'Orwell a cherché et décrit dans 1984 , c'est l'esprit du totalitarisme.

Arpentant son œuvre depuis plus de vingt-cinq ans, Jean-Jacques Rosat synthétise ici sa démarche et ses idées, en ouvrant grand les yeux sur le monde présent.

Contrairement à un préjugé largement répandu, l'esprit du totalitarisme n'est pas mort avec la chute du Mur de Berlin : nous sommes confrontés aujourd'hui aux régimes totalitaires de la seconde génération. Héritiers de ceux du XXe siècle, la Chine de Xi Jinping et la Russie de Poutine ont leurs inventions propres, et l'avenir leur est ouvert. Simultanément, au sein des démocraties libérales, de nouvelles entreprises de domination des esprits sont à l'œuvre, et des modes de pensée typiques de ce qu'Orwell appelait la mentalité totalitaire se répandent.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"La matrice totalitaire de 1984", par Pascal Engel ( le 10 juin 2025 ).

On croyait que tout avait été dit sur "1984", et l'adjectif « orwellien » est passé dans le langage courant au même titre que « kafkaïen ». Mais Jean-Jacques Rosat vient, par un livre magistral, d'en renouveler l'interprétation, en exposant les principes du système décrit par Orwell, et en approfondissant le concept qu'on croyait dépassé de totalitarisme, qui reprend ainsi toute sa pertinence et son actualité.

URL de référence : https://horsdatteinte.org/livre/lesprit-du-totalitarisme/

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La job est faite, le mercenaire s’en va ailleurs !

17 juin, par Germain Dallaire — , ,
Oh là là, à lire les médias il faudrait pleurer le départ de Michael Sabia de la présidence d'Hydro-Québec. À vrai dire, avec une telle réaction, les médias ne font que nous (…)

Oh là là, à lire les médias il faudrait pleurer le départ de Michael Sabia de la présidence d'Hydro-Québec. À vrai dire, avec une telle réaction, les médias ne font que nous dire à quelle adresse ils logent : celle de grands défenseurs des privatisations au bénéfice du grand capital. Plus que jamais, ils méritent lequalificatif qu'Arruda leur avait donné au début de la pandémie : pigeons voyageurs. Pourtant l'historique de Michael Sabia est plus qu'étoffé. Un bref rappel des faits saillants de sa carrière permet d'en dégager clairement le sens.

Sabia commence sa carrière là où il pourrait la terminer : au gouvernement fédéral. À l'époque, il est un des architectes principaux de la mise en place de la TPS, ce prélèvement régressif qui a pour vocation de remplacer les impôts qui ont le défaut pour le grand capital d'être trop progressifs. Vont suivre dans les années et les décennies suivantes de multiples baisses d'impôt en même temps que la diminution de paliers d'imposition.

Par la suite, c'est la privatisation du CN que Sabia met en œuvre. Regardez le CN aujourd'hui : un champ de ruine alors que le train pourrait prendre une place importante dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Au début des années 2000, on le retrouve à la tête de Bell ou il a présidé à son passage de société publique à machine à profits jouissant de la rente phénoménale que représente son infrastructure historique.

Après Bell, c'est au tour de la Caisse de dépôt de subir le traitement-choc Sabia. Pendant son séjour, il a l'insigne honneur d'orchestrer l'enterrement de la vocation de la Caisse à privilégier le développement économique du Québec. L'exemple parfait : alors qu'il aurait pu bloquer la vente de Rona à Lowes, il ferme les yeux et laisse le libre marché suivre son cours. Aujourd'hui, Rona racheté pour une bouchée de pain par un fond spécialisé dans les démantèlements est en voie de disparition. Sous la gouverne de Sabia, la Caisse est devenu un grand fond d'investissement avec comme objectif le rendement maximum. De 2009 à 2019 la part des investissements étrangers de la Caisse est passée de 36 à 68%.

Pendant son séjour à la Caisse, il a orchestré à la construction du REM, ce gigantesque monument à l'incompétence qui invente toujours un moyen de faire faux bond à ses usagers tout en ne manquant pas de remplir les poches de son actionnaire qui bénéficie d'un rendement annuel garanti de 8% sur un contrat de 100 ans qui coûtera au contribuable trois fois le prix de la construction de cette infrastructure.

Ayant fait ses preuves, on retrouve ensuite Sabia dans ce qu'on pourrait appeler son alma mater : le ministère des finances à Ottawa où il aide à mettre en place de généreux crédits d'impôt de 25 à 35% pour les producteurs d'énergie renouvelable. Déjà, on sent venir la présidence d'Hydro-Québec mais il manque une pièce au puzzle : le financement. C'est ce à quoi il remédie en contribuant à la mise sur pied de Banque de l'Infrastructure du Canada (BIC) où il applique le modèle du REM. Essentiellement, la BIC sert d'intermédiaire entre des projets d'infrastructure et des grands fonds d'investissement comme Black Rock avec à la clé un rendement annuel garanti de 8%. C'est comme l'œuf de Christophe Colomb, il fallait y penser et Michael Sabia y a pensé : des infrastructures publiques avec clientèle captive source de profits généreux et garantis pour nos grands capitalistes.

Tout était en place pour s'attaquer à ce géant des services publics qu'est Hydro-Québec et c'est ce qu'il a fait en prenant la direction de ce joyau aimé des Québécois et symbole d'un nationalisme à détruire avec l'aide de François Legault et surtout l'ancien super ministre Fricgibbon qui partage avec Sabia l'habitude de faire ses mauvais coups et de partir en courant avant que tout le monde s'en aperçoive. Est arrivé ce qui devait arriver, Sabia à quitté la direction d'Hydro-Québec quelques jours après l'adoption par bâillon de la loi 69 qui accélère la privatisation de la production, de la distribution et de la vente d'électricité au Québec. Deux jours aussi après que le Journal de Montréal nous ait appris que, suite à l'effondrement du château de cartes créé par Fricgibbon, le Québec se dirige lentement mais sûrement vers un surplus d'électricité. Tout ça au détriment des citoyens québécois mais au grand bénéfice des p'tits copains de Sabia.

La suite de l'histoire s'écrira à Ottawa où notre marin au long cours est allé rejoindre le bleu peinturé en rouge Carney pour continuer son sale travail. Alerte de tempête à l'horizon !

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La population en otage ! L’indignation se manifeste !

17 juin, par Collectif — , , ,
Laurentides, 10 juin 2025 – Des membres du Regroupement citoyen pour la santé des Laurentides (RCSL) et des travailleurs-euses en santé et services sociaux de la FIQ-SPSL, la (…)

Laurentides, 10 juin 2025 – Des membres du Regroupement citoyen pour la santé des Laurentides (RCSL) et des travailleurs-euses en santé et services sociaux de la FIQ-SPSL, la CSN et l'APTS ont manifesté le 4 juin dernier devant les bureaux des ministres Sonia Bélanger, Éric Girard et Benoit Charrette.

Le premier ministre Legault s'est engagé à de nombreuses reprises depuis 2018 à corriger les carences d'un système régional de santé au bord de l'étouffement, particulièrement à l'Hôpital régional de Saint-Jérôme. Malheureusement, son gouvernement n'a toujours pas donné suite à ses promesses a déclaré Lise Boivin, porte-parole du RCSL, présente devant le bureau de comté de la ministre Bélanger. Nous voulons avoir l'heure juste sur l'échéancier de réalisation (construction) des trois hôpitaux en planification depuis 2018 et sur le sous financement chronique en santé et services sociaux. Le regroupement veut instamment rencontrer la ministre responsable de la région des Laurentides, Mme Bélanger ; le ministre des Finances, M. Girard, le ministre de l'Environnement, M. Charrette et la PDG du CISSS Laurentides, Mme Delaney.

La population des Laurentides a doublé en 25 ans et totalise 7,5% de la population du Québec. Le CISSS des Laurentides reçoit un financement équivalent à 4,5%. Cet écart de 3% représente un déficit annuel de centaines de millions de dollars pour soutenir les services de santé et services sociaux. Cette année, Santé Québec fait des compressions supplémentaires de 34,8 millions $ (1,7%) dans le budget du CISSS Laurentides. Chantal Maillé, présidente du Conseil central CSN Laurentides a manifesté devant le bureau du ministre Charrette, celui-là même qui en 2015 et 2016, alors président du caucus des députés de la CAQ des Laurentides « déplorait le peu de sensibilité
du gouvernement libéral face au très préoccupant sous-financement dont souffre la région des Laurentides en matière de santé
». Maintenant au pouvoir, a affirmé Mme Maillé, le ministre Charrette est silencieux, alors que plus de 30% des patients des Laurentides se font déjà soigner à l'extérieur de la région faute d'infrastructures, d'équipements et de ressources.

L'inquiétude de la population et des salariés du réseau de la santé est montée d'un cran, a souligné Marie-Claude Bérubé de l'APTS Laurentides, présente devant le bureau du ministre Girard, lorsque le ministre Dubé (Santé) a déclaré vouloir trouver de l'argent dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) destiné initialement à d'autres projets. Il avait évoqué en 2024 que Maisonneuve-Rosemont pourrait desservir la population des Laurentides. Ses déclarations ont
remis en question la construction en 2025 pour une mise en service en 2029 du « plateau technique chirurgical de l'Hôpital régional de Saint-Jérôme (HRSJ), attendu depuis 2001.

Rappelant qu'une motion unanime de tous les partis à l'Assemblée nationale avait été adoptée en mai 2021 reconnaissant le bien-fondé du rattrapage financier en santé et services sociaux et l'accélération des projets hospitaliers pour la région des Laurentides, Julie Daigneault, de la FIQ SPSL a souligné que malgré cela, les projets hospitaliers ont fait face à plusieurs reports de leurs échéanciers alors que se développait rapidement les cliniques et blocs opératoires privés notamment à l'intérieur du périmètre du Pôle santé de Saint-Jérôme.

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Ensemble pour une société de tous âges !

17 juin, par Intergénérations Québec — , ,
Plaidoyer pour une reconnaissance de l'intergénérationnel comme un levier de transformation sociale Montréal, le 12 juin 2025 *À l'occasion du 30e anniversaire de (…)

Plaidoyer pour une reconnaissance de l'intergénérationnel comme un levier de transformation sociale

Montréal, le 12 juin 2025

*À l'occasion du 30e anniversaire de fondation d'Intergénérations Québec, l'organisme souhaite promouvoir le réel potentiel du rapprochement intergénérationnel comme solution aux multiples enjeux auxquels la société québécoise est aujourd'hui confrontée. Les liens entre les générations constituent un moyen incontournable de lutte contre l'isolement et l'âgisme et un puissant levier de transformation sociale.*

Saviez-vous que l'isolement social est un enjeu de santé publique aussi important que l'alcoolisme, le tabagisme ou l'obésité ? Des experts affirment que l'isolement social est « une épidémie silencieuse » aussi néfaste que le fait de fumer 15 cigarettes par jour (1). Selon des recherches récentes, l'isolement social augmenterait même à 50% le risque de démence, à 29% le risque de maladies cardiaques et à 32% le risque de subir un accident vasculaire cérébral. (2)

Partant de ces données et de ces constats saillants, il importe de s'interroger quant aux politiques publiques à prioriser pour réduire l'isolement social, et ce, aussi bien chez les aînés que les jeunes au Québec.

Les initiatives de rapprochement entre les générations apparaissent comme une solution prometteuse pour combattre ce fléau. Cela allait de soi dans les familles traditionnelles d'antan parce qu'elles vivaient sous le même toit. Aujourd'hui, de plus en plus de Canadiens vivent seuls dans leur logement, ce qui rend d'autant plus nécessaire la création d'occasions propices aux rencontres entre générations (3). En plus de permettre de réduire l'isolement social, de nombreuses études soutiennent que les initiatives intergénérationnelles contribuent à réduire l'âgisme, notamment envers les aînés, un phénomène très répandu dans tous les pays (4) et qui constitue un risque important pour la santé et le bien-être (5).

[*Intergénérations Québec*](https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeFuBm0WzjiKCHLzm08CD/OsnXwfn6Xv17), anciennement connue sous le nom de *l'Association l'amitié n'a pas d'âge*, œuvre chaque année, depuis 30 ans, dans la promotion de projets intergénérationnels et à leur valorisation dans le cadre de la [Semaine québécoise intergénérationnelle](https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeG13E9LwusTgNBIVyQmT/dok9tJ7GEv1c) (SQI). La tenue annuelle de la SQI a pour but de sensibiliser la population aux quatre coins du Québec aux bienfaits du rapprochement des générations.

**Changement de paradigme **

En collaboration avec tous ses organismes membres et partenaires, Intergénérations Québec, de par sa mission de sensibilisation et d'accompagnement, œuvre à changer les mentalités et à transformer la perception de l'intergénérationnel. L'expérience sur le terrain et la recherche-action ont mis en évidence le caractère transversal de l'intergénérationnel et ont prouvé sa contribution à une multitude d'enjeux sociaux relevant de plusieurs secteurs, dont ceux de la santé, la famille, l'emploi et l'éducation. La sphère de l'éducation connaît tout particulièrement de sérieux obstacles, notamment en matière d'intimidation, dans un contexte de pénurie criante d'enseignants et de personnel spécialisé. Selon une étude québécoise sur les rapports sociaux (EQRS), publiée sur le site de l'Institut national de santé publique du Québec, pour y faire face, l'intervention et/ou le soutien d'un témoin, tel qu'un aîné bénévole, qui agit en faveur de la victime au moment de l'agression, s'avère être une solution non négligeable. « Le facteur social serait à même d'atténuer ou diminuer les conséquences de l'intimidation », assure la même étude.

L'ouverture progressive de milieux de vie et d'hébergement pour personnes aînées, tels que les résidences pour aîné.e.s (RPA) et les Centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) à la communauté et l'intérêt grandissant envers différentes formes de cohabitation intergénérationnelle laissent présager un changement de paradigme. En outre, plusieurs municipalités régionales de comtés (MRC) et villes de diverses régions revoient, quant à elles, de plus en plus leurs politiques familiales et MADA (Municipalités Amies des Aînés.e.s) pour y intégrer la dimension intergénérationnelle. De son côté, le Secrétariat aux aînés préconise, dans son 3e [*Plan d'action gouvernemental 2024-2029 - La fierté de vieillir*](https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeG7ugIAu62dAT0bFwjMj/NxyHSWF4-baV)*, *plus d'une centaine d'actions visant à soutenir le vieillissement actif et l'amélioration des conditions de vie des personnes aînées. L'intergénérationnel fait partie de ces recommandations, mais comme on le dit si bien, il faut que « les bottines suivent les babines ». Dans un contexte où le secteur communautaire souffre d'un manque considérable de reconnaissance, il est nécessaire de valoriser son apport essentiel au développement de l'intergénérationnel et sa contribution à la solidarité sociale au Québec. Pour que l'intergénérationnel soit un véritable levier de changement et de transformation sociale, il est indispensable que les organismes communautaires, les milieux de recherche, les diverses institutions et le gouvernement travaillent de concert pour le mieux-être individuel et collectif et pour bâtir une société réellement ouverte, inclusive et solidaire.

**(1)** Holt-Lunstad, J., et al. (2015). Loneliness and social isolation as risk factors for mortality : a meta-analytic review. Perspectives on Psychological Science, 10(2), 227-237.

**(2)** Gilmour, H. & Ramage-Morin, P.L. (2020). Social isolation and mortality among canadian seniors. Health Reports, 31(3), 27–38.

**(3)**Statistique Canada, « Vivre en solo », [https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeGEm8QzrHCmeYptzv1wz/2E3rbEz1jc0F](https://www.statcan.gc.ca/o1/fr/plus/1908-vivre-en-solo)

**(4)** Burnes, D. et al. (2019). Interventions to reduce ageism against older adults : A systematic review and meta-analysis. American Journal of Public Health, 109(8), e1-e9.

**(5)** Kang, H. & Kim, H. (2022). Ageism and psychological well-being among older adults : A systematic review. Gerontology and Geriatric Medicine, 8, 1-22.

**À propos d'Intergénérations Québec**

Depuis 30 ans, Intergénérations Québec rassemble des individus, organismes et institutions qui œuvrent pour le rapprochement entre les générations. Grâce à des formations, des événements et des ressources adaptées, l'organisme soutient la mise en place d'initiatives intergénérationnelles et favorise le partage de savoirs et d'expériences entre les âge

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Et si on changeait de paradigme ?

17 juin, par Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) — , ,
Le logement social est sous-financé et victime de préjugés tenaces. Pourtant, loin des clichés, ce modèle a fait ses preuves ici comme ailleurs et améliore la vie de milliers (…)

Le logement social est sous-financé et victime de préjugés tenaces. Pourtant, loin des clichés, ce modèle a fait ses preuves ici comme ailleurs et améliore la vie de milliers de locataires. Plus qu'une alternative au marché privé, c'est la formule la plus complète et pérenne permettant d'assurer le droit au logement, de favoriser la mixité sociale et de lutter contre la précarité.

Tiré du Journal Entrée libre

Réussir sa vie, c'est accéder à la propriété ?

Qui n'a pas déjà rêvé de cette grande maison, au bout du chemin, derrière la petite barrière blanche ? Si nous sommes nombreuses et nombreux à avoir porté cet idéal, c'est que l'accès à la propriété nous est imposé comme une finalité, un aboutissement. Or, derrière cette vision se cache une idéologie bien rodée qui sert avant tout les intérêts des banques, des promoteurs et des spéculateurs immobiliers, politiques à l'appui. La crise actuelle le démontre : loin de profiter ou d'être accessible à toutes et tous, le modèle de propriété immobilière accentue les inégalités économiques et sociales, en alimentant les écarts de richesse. Une minorité détentrice des biens est favorisée, au détriment des autres.

Au Québec, les logements locatifs manquent. La loi de l'offre et de la demande à l'œuvre, les promoteurs immobiliers et les propriétaires voient leurs profits exploser. À coups de rénovictions et d'augmentations abusives, ils exploitent la demande grandissante tout en profitant d'une règlementation insuffisante. Après avoir sous-financé le logement social, les gouvernements privilégient les investissements dans le logement dit « abordable », souvent inaccessible pour les locataires à faible et modeste revenus. C'est donc sans surprise que le loyer moyen a bondi de près de 50 % depuis le début de la pénurie, passant de 761 $ en 2018 à 1 119 $ en 2024.

La situation est d'autant plus dramatique que les locataires n'ont pas d'alternatives au marché privé, en cas de perte de logement. En ne représentant que 11 % du parc locatif québécois, il n'y a pas assez de logements sociaux pour répondre à l'ensemble des besoins. De fait, la précarité locative se répand. Pour beaucoup, cela signifie choisir entre payer le loyer ou se nourrir. Pour d'autres, c'est l'angoisse d'une éviction, ou encore vivre dans un logement ne correspondant pas à ses besoins, nuisant à sa santé, sa sécurité ou celle de ses enfants. Pour les plus précaires, c'est carrément la rue qui les menace.

La littérature scientifique a largement documenté l'incidence du mal-logement sur la pauvreté, les problèmes de santé physique ou mentale et le développement des enfants. L'État doit alors compenser avec des dépenses accrues : en services sociaux et de santé ; en aides très onéreuses au logement temporaire, qui vont surtout dans les poches du privé ; et en solutions d'urgence pour les personnes en situation d'itinérance.

Rêver d'un autre modèle est-il possible ?

Et si l'on changeait de perspective ? Plutôt que de nous pousser vers l'endettement et l'individualisme, pourquoi ne pas promouvoir un modèle où chacun·e puisse vivre dignement, sans être à la merci des fluctuations du marché ? Si être locataire, en particulier en logement social, était un choix à revendiquer avec fierté ?

Le logement est un droit, non un luxe, un privilège ou une occasion de profit. Or, il s'avère que le logement social est le meilleur moyen de mettre en œuvre ce droit.

Le logement social : un mal nécessaire ou une solution durable ?

Délabrement, ghettos urbains, assistanat, misère, insécurité : le logement social souffre de nombreux préjugés. Pourtant, il ne s'agit pas d'une solution transitoire, de dernier recours ou d'un « privilège » offert à quelques-un·es, mais bien d'une alternative viable, durable, solidaire et équitable à un marché privé qui ne cesse de fragiliser les locataires, les communautés et la société dans son ensemble. En ce sens, il constitue une réponse incontournable à la crise du logement.

Le rôle du logement social va donc bien au-delà de la simple offre de logements abordables. Il permet de freiner la spéculation immobilière, de stabiliser les loyers et d'offrir une sécurité d'occupation aux locataires. Logements publics, coopératives et OSBL d'habitation : ses différentes formes permettent de répondre à une diversité de besoins. Chaque dollar investi dans ce secteur se traduit par des économies en santé publique, en services sociaux et en prévention de l'itinérance. Le logement social doit donc être vu comme un investissement, non comme une dépense.

Doubler la mise : un choix politique inéluctable

Face à la crise, les gouvernements cherchent de faux coupables, tels que l'immigration, et proposent de fausses bonnes solutions. Ces stratégies détournent l'attention des véritables responsables : des politiques néolibérales favorisant le marché privé au détriment des locataires. C'est donc sans surprise s'il est boudé par les gouvernements, malgré les avantages documentés du logement social. Face à la crise du logement qui ne cesse de prendre de l'ampleur, il est temps que les gouvernements revoient leurs positions.

Afin de répondre aux besoins les plus criants, il faudrait que la part du logement social double d'ici les 15 prochaines années au sein du parc locatif, jusqu'à atteindre au moins 20 %. Si l'objectif parait ambitieux, il est réaliste. Pour ce faire, les gouvernements doivent cesser de favoriser la financiarisation du logement au détriment du droit au logement.

Les droits sociaux sont non négociables. Il revient aux gouvernements de mobiliser les ressources nécessaires pour les assurer pour toutes et tous. Les politiques publiques qui creusent les écarts économiques et sociaux en privilégiant les entreprises et les plus riches doivent cesser. Les inégalités ne se résorbent pas seules : elles exigent des choix fiscaux à l'avenant qui permettront notamment de financer le logement social. Il est plus que temps de mettre les bouchées doubles et d'investir dans un avenir où le droit au logement pour toutes et tous sera enfin une réalité.

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Attentes pour une chirurgie : « Le privé fait partie du problème »

17 juin, par Étienne Richer — , , ,
« Plus on fait appel au privé et plus les listes d'attente s'allonge. C'est le serpent qui se mord la queue rien de moins ! ». C'est ainsi que réagit la présidente de la (…)

« Plus on fait appel au privé et plus les listes d'attente s'allonge. C'est le serpent qui se mord la queue rien de moins ! ». C'est ainsi que réagit la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Isabelle Dumaine, à la publication des données en santé de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), selon lesquelles le Québec est bon dernier quant aux délais d'attente de certaines chirurgies.

Tiré de Ma CSQ.

« Avec les chiffres dévoilés ce matin, la démonstration n'est plus à faire. Si on veut améliorer la situation en santé au Québec, il faut renforcer nos services publics. C'est le choix logique sur le plan de l'efficacité, mais aussi sur le plan financier. Le secteur privé ne se gêne pas pour gonfler généreusement la facture et ce sont évidemment les Québécoises et Québécois qui perdent au change » a résumé Isabelle Dumaine.

En 2023, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) avait d'ailleurs constaté un écart important entre le coût des chirurgies et autres interventions réalisées dans le secteur privé et dans le secteur public. C'est par le biais de la Loi d'accès à l'information que l'IRIS a pu consulter des documents relatifs au projet-pilote sur les chirurgies privées lancé en 2016 par l'ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette. Dans certains cas, le recours au privé se traduisait même par une facture bien salée, soit 50 % de plus.

Québec privatise les soins malgré les ententes

Il y a quelques mois à peine, le ministre de la Santé a révélé travailler sur un projet de règlement qui permettrait à Santé-Québec de financer certains examens et chirurgies au privé afin de faire baisser les délais d'attente. Un tel projet fait bondir de son siège la présidente de la Fédération : « La FSQ-CSQ, on est parvenu à arracher au gouvernement 2,6 M$ qui devaient servir précisément à réduire les délais. C'est de l'argent disponible immédiatement pour soigner la population dans nos établissements publics. Le gouvernement et son opérateur du réseau, Santé-Québec, ne manque pas d'argent pour privatiser les soins de santé des Québécois et refuse jusqu'à maintenant de respecter la lettre d'entente qu'il a signée avec les professionnels de la santé du secteur public. Les voir dérouler le tapis rouge, c'est sidérant ! »

Rappelons que depuis l'adoption du projet de loi no 83 le 25 avril dernier, un médecin qui désire aller travailler dans le réseau privé doit obtenir l'autorisation de Santé Québec. Des critères précis guident les autorisations accordées, notamment l'incapacité du réseau public de mettre à contribution ce médecin dans les établissements de sa région. Or, en privant directement le réseau public de ses ressources financières, ne crée-t-on indirectement les conditions pour mieux le privatiser ?

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La coûteuse aventure nucléaire de l’Ontario

17 juin, par David Robertson — , ,
La province a fait passer le développement du nucléaire à la vitesse supérieure tout en reléguant à l'arrière-plan les énergies renouvelables propres, économiques et sûres. (…)

La province a fait passer le développement du nucléaire à la vitesse supérieure tout en reléguant à l'arrière-plan les énergies renouvelables propres, économiques et sûres.

Tiré de Canadian Dimension
https://canadiandimension.com/articles/view/ontarios-costly-nuclear-folly
Lundi 2 juin 2025 / DAVID ROBERTSON
traduction John Wallengren

La dernière fois que l'industrie nucléaire a eu les coudées franches en Ontario, la compagnie publique d'électricité de la province, Ontario Hydro, a passé plus de deux décennies à construire des réacteurs nucléaires, au nombre de vingt. Ce fut un festival de délais non respectés et de dépassements de coûts de toutes sortes, sur fond de baisse préoccupante des performances nucléaires.

Plus inquiétant encore, la dernière génération de réacteurs nucléaires a poussé Ontario Hydro au bord de la faillite et fait accumuler à la province une montagne de dettes nucléaires que nous sommes encore en train de rembourser.
Le gouvernement Ford répète à présent ces coûteuses erreurs en présidant à ce qui représente la plus grande expansion de l'industrie nucléaire dans l'histoire du Canada, risquant ainsi de commettre une bévue aux proportions historiques.

Dette insurmontable

En 1999, Ontario Hydro s'est effondrée sous le poids de son abyssale dette nucléaire. À l'ouverture des livres de comptes de la société d'État, le gouffre financier est apparu dans toute son ampleur. À l'époque, les actifs d'Ontario Hydro étaient évalués à 17,2 milliards de dollars, tandis que sa dette s'élevait à 38,1 milliards de dollars. Le gouvernement provincial s'est retrouvé aux prises avec une dette insurmontable de 20,9 milliards de dollars. Il a réagi en divisant Ontario Hydro en cinq entités distinctes. Ontario Power Generation (OPG) a repris les installations de production (hydroélectricité, charbon, gaz, nucléaire) et Hydro One, qui a été privatisée par la suite, a hérité du réseau de transport d'énergie. Le gouvernement était conscient que tout espoir de privatisation des successeurs d'Ontario Hydro serait réduit à néant si les investisseurs devaient se charger d'absorber la dette. Celle-ci a donc été transférée aux familles ontariennes en ajoutant des frais spéciaux sur les factures d'électricité (jusqu'en 2018) et par le biais du système fiscal. Ce fut le plus grand renflouement de l'industrie nucléaire jamais vu dans le monde - un sauvetage que nous n'avons pas fini de payer.

La Société financière de l'industrie de l'électricité de l'Ontario (SFIEO) est l'une des cinq entités qui ont succédé à Ontario Hydro. Elle a été créée pour gérer et assurer le service de la dette à long terme provenant d'Ontario Hydro. Selon le rapport annuel de 2024 de celle-ci, la dette totale s'élève encore, 25 ans plus tard, à 12,1 milliards de dollars. En 2024, la SFIEO a déboursé 626 millions de dollars rien qu'en frais d'intérêt, une somme qui est récupérée en taxant les contribuables et les usagers. Dans ses états financiers, la SFIEO indique que le règlement de la dernière portion de sa dette à long terme est prévu pour le 2 décembre 2050. La dette du programme nucléaire des années 1970 et 1980 n'aura donc pas pu être entièrement épongée avant cette date.

Répéter les erreurs du passé

OPG assure environ la moitié de la production d'électricité de la province et appartient au gouvernement de l'Ontario.
OPG agit comme fer de lance de la résurrection nucléaire de l'Ontario, avec l'aide et le soutien de la Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité (SIERE), un autre rejeton ayant survécu à l'effondrement d'Ontario Hydro. OPG est tenue de procéder selon une série de décisions politiques annoncées et d'initiatives législatives émanant du gouvernement provincial - des directives qui placent le nucléaire sur la voie rapide tout en laissant les énergies renouvelables propres, rentables et sûres sur le bas-côté.

Il s'agit d'un coup de force étonnant. Sans investir de fonds propres et sans supporter de risques financiers, l'industrie nucléaire s'est emparée de la politique énergétique de l'Ontario et a transformé les organismes de la Couronne en champions du nucléaire.

Il y a quelques années seulement, cela aurait semblé impossible. Les accidents nucléaires catastrophiques de Three Mile Island aux États-Unis, de Tchernobyl en Ukraine et de Fukushima au Japon avaient gravement terni l'image de la sûreté nucléaire. Partout dans le monde, les dépassements de coûts et les longs délais de construction de centrales nucléaires ont refroidi l'intérêt des compagnies d'électricité et des gouvernements pour les nouveaux projets. En Europe, une seule centrale nucléaire a été construite et mise en service depuis la fin des années 1990, en Finlande.

Des problèmes de sécurité et d'exploitation ont par ailleurs plombé l'industrie. Les quatre unités de Pickering ont connu des arrêts pour des raisons de sécurité, et ont dû être fermées encore par la suite. En 1993, les performances de la centrale nucléaire de Bruce, située sur les rives du lac Huron, ont dégringolé. En 1997, Ontario Hydro a annoncé la fermeture temporaire de ses sept réacteurs les plus anciens. À ce moment-là, l'escalade des coûts des réacteurs les plus récents sur le site de Darlington avait déjà de quoi alarmer. À l'origine, en 1978, on évaluait la facture à 3,9 milliards de dollars, mais le coût final en 1993 a plus que triplé par rapport à ce chiffre pour atteindre 14,4 milliards de dollars (en dollars de 1993).

La première génération de centrales nucléaires a clairement démontré l'incapacité de l'industrie nucléaire à fournir de l'électricité dans les délais et les budgets impartis. Elle a également démontré que l'électicité provenant de réacteurs nucléaires ne pouvait pas être fournie à un prix abordable. En fait, la dernière comparaison publique de coûts effectuée par Ontario Hydro (en 1999) a révélé que le coût de l'énergie nucléaire était plus de six fois supérieur à celui de l'hydroélectricité (à 7,72 c/kWh contre 1,09 c/kWh).

Il semble que toutes les « dures leçons » apprises aient été volontairement oubliées. Plus récemment, le gouvernement Ford a lancé une offensive nucléaire sur plusieurs fronts. Il a adopté une loi visant à faire du nucléaire la priorité énergétique de l'Ontario. Il s'est engagé à construire de petits réacteurs modulaires (PRM), coûteux et non testés. Il a décidé de remettre en état des centrales nucléaires vétustes alors qu'aucune étude de viabilité ne justifiait de le faire. Il a annoncé comme pièce maîtresse de sa politique énergétique l'objectif irrationnel de devenir une superpuissance de l'énergie nucléaire. Et il a ouvert le portefeuille public à l'appétit de l'industrie nucléaire. C'est ce qui s'appelle faire le « forcing », avec un certain nombre de tactiques manifestement peu « fair play ».

Une poussée de propagande

En 2023, OPG a fait appel à l'agence de publicité internationale Forsman & Bodenfors pour lancer une campagne d'éducation du public visant à « s'attaquer aux nombreuses perceptions erronées concernant l'énergie nucléaire ». Les messages publicitaires diffusés, apparaissant dans les abribus, les transports en commun, la presse écrite et la télévision, ont été conçus pour vaincre le scepticisme ambiant et convaincre les Ontariens que la nouvelle génération d'énergie nucléaire est sûre, fiable et propre. Selon Kathy Nosich, vice-présidente des relations avec les parties prenantes d'OPG, « pendant des années, la culture populaire a déformé les perceptions sur l'énergie nucléaire avec des narratifs erronés qui ont servi à alimenter la peur... La campagne a pour but de redorer le blason de l'énergie nucléaire en tant que "véritable héros" de l'offre d'énergies propres de la province ».

Certains des messages visant manifestement les jeunes ont été diffusés sur TikTok avec une mise en scène axée sur un personnage de dessin animé, « Pelly, la pastille d'uranium ». D'autres ont carrément été conçus dans le but de colporter des énormités. Par exemple, dans une annonce pour les PRM, on prétend que « ceux-ci sont propres et fiables » - affirmation gratuite, sachant qu'aucun réacteur de ce type n'a encore été construit au Canada.
Cette campagne publicitaire a servi avec efficacité de porte-voix pour les mots d'ordre et slogans de l'industrie dont le gouvernement Ford a fait un mantra. Le ministre de l'Énergie de l'Ontario décrit désormais l'énergie nucléaire comme « propre », « non polluante », « fiable » et « fondamentale pour notre avenir ».

Le gouvernement essaime dans l'industrie

En juin 2024, le ministre de l'Énergie Todd Smith a quitté le gouvernement. Après avoir dépensé des milliards dans l'industrie nucléaire et promis des milliards supplémentaires, ce même Monsieur Smith a décroché un poste de vice-président auprès de CANDU Energy Inc. Cette société a été créée lorsque SNC-Lavalin a racheté au gouvernement fédéral la division des réacteurs commerciaux d'Énergie atomique du Canada limitée en 2011. Afin de se distancer de son passé marqué par les scandales, SNC-Lavalin a depuis changé son nom pour AtkinsRéalis. Cette entreprise joue un rôle très important dans la remise en état des centrales nucléaires de l'Ontario et dans les projets de nouvelles constructions.

Les réacteurs CANDU (CANada Deuterium Uranium) ont été le cheval de bataille de l'industrie nucléaire canadienne. Ils ont été développés dans les années 1950 et 1960 dans le cadre d'un partenariat entre le gouvernement et l'industrie. Contrairement à d'autres réacteurs nucléaires, le CANDU utilise de l'uranium naturel plutôt que de l'uranium enrichi. L'uranium naturel est moins coûteux et permet d'éviter certains des problèmes de prolifération nucléaire associés à l'uranium enrichi. L'establishment nucléaire canadien espérait que ces avantages créeraient d'importants débouchés à l'exportation. Le gouvernement fédéral s'efforce à présent à relancer la filière CANDU. En mars 2025, Ottawa a annoncé un prêt pouvant atteindre 304 millions de dollars pour AtkinsRéalis, en vue de soutenir le développement des réacteurs nucléaires CANDU.

Pleins feux sur la technologie des PRM

Les PRM ne sont pas petits et ils ne sont pas si modulaires. Ils ne sont pas non plus très récents. Existant en 54 exemplaires, cela fait longtemps qu'ils sont dans le paysage. Là où le bât blesse, c'est que personne ne voulait en construire et que les investisseurs répugnaient à investir leur propre argent dedans. Le sort des PRM s'est amélioré lorsque l'industrie nucléaire a convaincu les gouvernements du Canada d'élaborer une feuille de route des PRM, avec beaucoup de battage médiatique et peu de substance, ce qui a toutefois suffi à convaincre le gouvernement Ford d'entrer dans la danse.

La feuille de route des PRM, une liste de souhaits de l'industrie répertoriant les soutiens dont elle a besoin, a été suivie par le plan d'action pour les PRM du gouvernement fédéral. Ce plan d'action a pour but de soutenir « le développement, la démonstration et le déploiement des PRM pour de multiples applications sur le territoire national et à l'étranger » et comprend un large éventail de mesures de soutien allant de l'assouplissement des exigences réglementaires à l'absorption des risques financiers d'une technologie non éprouvée, en passant par des efforts de relations publiques.
Les PRM sont des réacteurs d'une capacité de 300 mégawatts ou moins. Bien qu'un réacteur de 300 mégawatts soit assez grand, la puissance développée est considérablement moindre que celle des réacteurs existants. Par ailleurs, ce sont des réacteurs conçus pour inclure des « modules » qui peuvent être construits en usine. Ces caractéristiques et le passage à des systèmes de sécurité « passifs » visent à réduire les coûts de l'énergie nucléaire.

Les petits réacteurs existent depuis la fin des années 1950, mais la plupart de ces projets ont été abandonnés. Ces dernières années, on a assisté à un foisonnement de nouveaux modèles, certains refroidis à l'eau, d'autres faisant usage de réfrigérants différents tels que le sodium liquide, l'hélium gazeux ou les sels fondus. Pour obtenir les réductions de coûts visées, il est nécessaire de construire une série de modules du même conçus pour être produits en usine, ce qui demeure un objectif difficile à atteindre.

Le World Nuclear Industry Status Review est une évaluation annuelle indépendante de l'industrie nucléaire mondiale. Le rapport de 2022 se conclut ainsi :

Les PRM continuent de faire la une dans de nombreux pays, même si toutes les données disponibles à ce jour montrent qu'ils seront probablement confrontés à des problèmes économiques majeurs et qu'ils ne seront pas compétitifs sur le marché de l'électricité. Malgré cela, les partisans du nucléaire soutiennent que ces réacteurs non testés sont la solution aux problèmes de l'industrie nucléaire.

Dans l'édition 2024 du rapport, les analystes notent : « L'écart entre le battage médiatique autour des [PRM] et la réalité concrète continue de se creuser. L'industrie nucléaire et plusieurs gouvernements s'adonnent à une surenchère d'investissements dans les PRM, à la fois en termes monétaires et politiques ».

Démesure et miroir aux alouettes

Stephen Lecce est devenu ministre de l'Énergie en juin 2024. Peu de temps après, il s'est rendu aux États-Unis où il s'est adressé à des dirigeants occidentaux et à des acteurs majeurs de l'industrie. Il leur a dit que l'Ontario était en train d'élaborer un plan d'avenir pour l'énergie nucléaire.

Un communiqué diffusé par la Presse canadienne a décrit cette perspective comme suit : « L'Ontario se présente comme l'étoile polaire nucléaire qui guidera l'orientation de la puissance américaine ». S'adressant à un public majoritairement américain, M. Lecce a déclaré qu'il était temps de « débarrasser nos économies de toute dépendance envers ces États étrangers qui... ne partagent pas notre engagement envers la démocratie ». (Oups !)
Sur le plan intérieur, ce qui commencé comme une offensive de charme de la part du ministre a par la suite dévié vers un ton plus agressif lorsqu'il a critiqué les partisans des énergies renouvelables en les qualifiant d'« idéologues » qui veulent « faire mousser certaines ressources ». Comme il l'a déclaré au National Post, « nous voyons des forces de gauche, la gauche illibérale, qui ne peuvent pas accepter le fait que pour décarboniser, nous allons avoir besoin du nucléaire ».

L'engagement en faveur du nucléaire s'est davantage inscrit dans l'avenir de l'Ontario lorsque le gouvernement Ford a dévoilé sa vision en matière d'énergie en octobre 2024 énoncée dans un document ironiquement intitulé L'avenir énergétique abordable de l'Ontario conçu pour préparer le terrain à un développement massif de l'énergie nucléaire.
Cela montre aussi clairement que l'Ontario a l'intention de devenir une superpuissance de l'énergie nucléaire dans l'espoir de vendre de l'électricité nucléaire coûteuse aux États-Unis, ainsi qu'une technologie nucléaire dispendieuse au reste du monde.

Signe des aspirations grandioses à un statut de superpuissance énergétique, le ministre a déclaré que « le moment était venu pour l'Ontario de briller ».

L'engagement de prendre en charge les coûts du nucléaire

Le gouvernement finance l'expansion nucléaire avec des fonds publics parce que les investisseurs ne veulent pas risquer leur propre argent. Les coûts de l'énergie nucléaire ont fait fuir les investisseurs privés. Même avec des subventions massives de la part des gouvernements, les investisseurs sont réticents à y mettre du leur.

Une porte-parole de la société d'État OPG a été très claire à ce sujet lorsqu'on lui a demandé de se prononcer sur les PRM.

Kim Lauritsen, vice-présidente d'OPG, a déclaré lors d'une conférence du Global Business Forum à Banff que la société d'État était prête à prendre les devants.

Comme elle l'a déclaré, « étant donné qu'ils [les PRM] prennent trop de temps à voir le jour et que l'industrie a besoin de voir que ces choses peuvent être construites avec succès, il s'agit d'aller de l'avant afin de donner confiance aux investisseurs et de vraiment lancer la machine pour permettre à d'autres provinces et territoires de suivre ».
Les investisseurs sont nerveux et, parce que la province veut montrer la voie à suivre aux autres provinces et territoires, le gouvernement Ford est prêt à faire supporter aux familles ontariennes et aux générations futures les coûts exorbitants de l'énergie nucléaire.

Les trois axes de développement du nucléaire : remises en état, PRM et nouveaux réacteurs d'envergure

Remises en état

Le gouvernement de l'Ontario s'est mis à dépenser des milliards pour remettre en état de vieilles centrales nucléaires. Quatorze réacteurs doivent être rajeunis - six à Bruce, quatre à Darlington et quatre à Pickering. Le calendrier de réparation des centrales nucléaires existantes s'étend sur plusieurs décennies. Pendant que ces réacteurs sont hors service, le gouvernement prévoit de combler le manque d'électricité en construisant de nouvelles centrales au gaz fossile détraquant le climat.

Le coût des remises en état s'élèvera à plus de 40 milliards de dollars. Ce coût, ainsi que les millions de dollars de frais d'intérêt, seront répercutés sur nos factures d'électricité.

Lorsque les factures augmentent, la pression politique s'accentue et, lorsque cette pression atteint un point critique, le gouvernement intervient en accordant des subventions pour aider à réduire les factures d'électricité. C'est un schéma répétitif en Ontario.

Un rapport récent du Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario (BRF) du gouvernement prévoit que le coût des subventions actuelles à l'électricité s'élèvera à 118 milliards de dollars sur la période des 20 prochaines années. Toutes ces subventions n'iront donc pas à l'électricité nucléaire. Toutefois, à mesure que les dépenses liées à l'énergie nucléaire augmentent et font grimper les coûts de l'électricité, les gouvernements, qui sont sous pression pour ce qui est de maintenir l'électricité à un prix abordable, sont susceptibles d'offrir encore plus de subventions, transférant ainsi le fardeau de nos factures d'électricité sur nos impôts.

Petits réacteurs modulaires (PRM)

Outre le programme de remise en état à grande échelle, le gouvernement Ford a annoncé une série de nouvelles constructions de centrales nucléaires.

Quatre nouveaux réacteurs PRM seront construits sur le site nucléaire de Darlington. Les travaux de préparation du site sont déjà en cours pour le premier de ceux-ci. OPG a convaincu la Commission canadienne de sûreté nucléaire de renoncer à une étude d'impact sur l'environnement en faisant valoir qu'une étude a été réalisée il y a plusieurs années sur le même site, mais pour un autre projet.

Le gouvernement a choisi le BWRX-300 de GE-Hitachi, qui repose sur une conception élaborée depuis près de 20 ans et qui a fait l'objet d'une dizaine de refontes. Ce réacteur attend toujours d'être construit. Les plans d'ingénierie de Darlington ont à nouveau été modifiés, rendant le PRM moins petit et encore moins modulaire.
OPG n'a pas publié d'estimation du coût des réacteurs, mais il y a quelques indications sur l'ampleur probable du projet. Aux États-Unis, le seul projet de PRM approuvé par le gouvernement fédéral a été celui de NuScale, dans le Midwest. Ce projet a été annulé en raison de l'escalade des coûts. Estimé à l'origine à 3 milliards de dollars, il a été abandonné en 2024 lorsque les coûts projetés ont atteint 9,3 milliards de dollars.

La Tennessee Valley Authority (TVA), grande compagnie d'électricité américaine, s'est associée à OPG pour promouvoir le réacteur PRM GE-Hitachi. La TVA a récemment fourni certaines estimations de coûts de construction d'un PRM aux États-Unis, indiquant que le coût du premier réacteur pourrait s'élever à environ 5,4 milliards de dollars. Celle-ci espère que les coûts pourront être réduits à environ 3,7 milliards de dollars par unité si d'autres réacteurs de ce type sont construits. Ces estimations de coûts ne comprennent pas les frais d'intérêt, dépassements de coûts ou délais non respectés.

Si nous partons de l'estimation basse et convertissons le coût en dollars canadiens, le prix des quatre PRM de Darlington s'élèverait à environ 20 milliards de dollars avant que les choses ne tournent mal. Or, en 2019, la compagnie a donné une indication de coûts de l'ordre d'à peine 1 milliard de dollars.

Nouveaux réacteurs nucléaires d'envergure

En juillet 2023, le gouvernement de l'Ontario a annoncé son soutien à l'augmentation de la capacité de la centrale nucléaire de Bruce, située à proximité de Kincardine. La centrale appartient à OPG mais est exploitée par Bruce Power, un consortium privé. Bruce Power prévoit d'augmenter considérablement la capacité de production sur site. Actuellement, six des huit réacteurs sont en cours de remise en état. Ce nouveau développement, s'il se concrétise, ajoutera 4 800 mégawatts supplémentaires, ce qui nécessiterait la construction de quatre ou cinq nouveaux réacteurs. Il est certes encore tôt et aucune indication de coûts n'a été fournie.

Puis, au début de l'année 2025, le gouvernement de l'Ontario a annoncé qu'il en était aux étapes préliminaires de conception d'une nouvelle centrale nucléaire de très grande envergure qui pourrait être construite sur le site d'OPG à Wesleyville, près de Port Hope. Selon une estimation préliminaire des autorités, la centrale pourrait avoir une capacité de 8 000 à 10 000 mégawatts et entrer en service dans les années 2040. Pour atteindre cette capacité de production, il faudrait construire huit réacteurs nucléaires minimum.

Calcul des coûts

Le gouvernement évite toute discussion sur les coûts liés à son expansion nucléaire. Lorsqu'on lui pose la question, il l'élude. Là encore, nous devons donc nous appuyer sur des estimations raisonnables.
Les coûts réels engendrés par la construction de réacteurs nucléaires récemment implantés dans d'autres pays constituent un point de départ utile pour estimer le prix à payer en Ontario.

Centrale de Vogtle, États-Unis

Les unités 3 (2023) et 4 (2024) de la centrale Vogtle, en Géorgie, sont les seules à avoir été construites aux États-Unis sur les trois dernières décennies. Leur construction a pris des années de retard et les coûts ont augmenté de façon spectaculaire. Les travaux ont commencé en 2009 et devaient se terminer en 2017. Au lieu de cela, la construction a duré 15 ans, prenant sept ans de retard. Les coûts définitifs sont maintenant estimés à environ 38 milliards de dollars.

Flamanville, France

En décembre 2024, la centrale nucléaire de Flamanville, d'une puissance de 600 mégawatts, a commencé à fournir de l'électricité au réseau français et européen. Il s'agit de la première nouvelle unité en France depuis 1996.
La construction a commencé en 2007. La mise en service était prévue pour 2012 et un coût de 3,4 milliards d'euros était prévu. La Cour des comptes française a estimé que le coût de la centrale nucléaire s'élèverait à plus de 20 milliards d'euros, une fois pris en compte les coûts de financement et les retards.

Hinkley C, Angleterre

Le projet nucléaire phare du Royaume-Uni, la centrale Hinkley C, située dans le sud de l'Angleterre, a vu ses coûts subir une hausse vertigineuse. La centrale possède deux réacteurs d'une capacité de 3 200 mégawatts.
La facture était initialement estimée à environ 9 milliards de livres sterling et l'achèvement des travaux était prévu pour 2017. Son coût est désormais estimé à 46 milliards de livres sterling et il faudra attendre 2030 pour que la centrale soit mise en service.

La même histoire se répète et se répète. Des dépassements de coûts massifs, des retards importants et l'électricité la plus chère au monde. Si nous devons nous fonder sur ce qui précède pour évaluer les coûts du programme nucléaire de l'Ontario, nous sommes dans de beaux draps.

Il y aurait une autre façon d'estimer les coûts de l'expansion nucléaire de l'Ontario consistant à utiliser des chiffres de référence pour les coûts d'investissement relatifs à la construction de nouvelles centrales nucléaires.
Lazard est une société de conseil financier et de gestion d'actifs qui est considérée comme une source faisant autorité en matière de comparaison des coûts de l'énergie. Parmi les statistiques fournies par cette société figurent des comparaisons des coûts d'investissement pour diverses technologies de production d'énergie. Lazard exprime les coûts dans une fourchette allant du minium au maximum pour chaque technologie de production. En 2024, Lazard a indiqué que le coût en capital des centrales nucléaires se situait dans une fourchette de 8 475 à 13 925 dollars (américains) par kilowatt. Le point médian de la fourchette, exprimé en dollars canadiens cette fois, est de 15 680 dollars par kilowatt. Ce chiffre nous permet d'estimer le coût des nouvelles centrales nucléaires de Ford. Le point médian de l'estimation de coût pour Bruce C, en considérant une production de 4 800 mégawatts, est de 75 milliards de dollars. Pour Port Hope, avec sa capacité de production projetée de 10 000 mégawatts, le coût se chiffre à 156 milliards de dollars.
Même si ces coûts paraissent astronomiques, ces estimations se situent probablement dans le bas de la fourchette. Si les coûts en Ontario devaient être rapportés aux coûts réels à Vogtle aux États-Unis, à Hinkley C en Angleterre et à Flamanville en France, la facture pour Bruce C et Port Hope serait encore plus élevée.

Une facture qui hypothèque notre avenir

Le gouvernement Ford s'est engagé à engloutir des sommes colossales dans son aventure nucléaire : 40 milliards de dollars pour la remise en état de 14 réacteurs nucléaires, 20 milliards de dollars pour quatre PRM à Darlington, 75 milliards de dollars pour Bruce C et 156 milliards de dollars pour Port Hope.

Un total de 290 milliards de dollars doit donc être engagé dans ce pari nucléaire. Si nous ajoutons les 26 milliards de dollars qui constituent l'estimation préliminaire officielle pour le dépôt géologique profond des déchets nucléaires, on dépasse largement les 300 milliards de dollars.

Trois cents milliards, c'est un montant presque impensable. Pour la plupart d'entre nous, il est difficile de se faire une idée de ce que ces fonds pourraient permettre de réaliser. Or, voici des exemples :

• Fournir à chaque habitation de l'Ontario une pompe à chaleur gratuite d'une valeur de 20 000 dollars, pour un total d'environ 110 milliards de dollars. Le gouvernement pourrait également fournir aux propriétaires de maisons un système d'énergie solaire gratuit à installer sur le toit d'une valeur de 20 000 $, pour un autre montant de 110 milliards de dollars. Ces initiatives combinées représentent moins que le coût de l'expansion du nucléaire.
• Remplacer la moitié des véhicules de tourisme en Ontario par un véhicule électrique gratuit pour un total d'environ 225 milliards de dollars. C'est moins que ce que coûterait le nucléaire.
• Suppléer aux tarifs des transports en commun à Toronto pour les 300 prochaines années.
• Fournir gratuitement à chaque ferme de l'Ontario une éolienne de 10 kilowatts d'une valeur d'environ 5 milliards de dollars.
• Remplacer tous les autobus scolaires de l'Ontario par de nouveaux bus électriques, ce qui représenterait une dépense d'environ 10 milliards de dollars.

Les centrales nucléaires produisent de l'électricité coûteuse et les coûts à assumer se retrouvent sur nos déclarations d'impôts et nos factures d'électricité. Il est déjà établi que le nucléaire est l'une des options énergétiques les plus coûteuses. L'Ontario Clean Air Alliance, s'appuyant sur des données de la SIERE et de Lazard, a établi que le coût moyen d'une nouvelle centrale nucléaire sera de 24,4 cents par kilowattheure, à comparer avec 10 cents par kilowattheure pour l'énergie solaire avec stockage.

Le gouvernement de l'Ontario prévoit de dépenser une somme démesurée pour soutenir une industrie nucléaire dont les réacteurs seront, selon toute vraisemblance, des actifs abandonnés bien avant la fin de leur durée de vie utile. Dès maintenant et dans les années à venir, nous paierons des factures d'électricité inutilement élevées. Et puis nos enfants et leurs enfants seront obligés de payer la prochaine génération de dettes nucléaires insurmontables.
Une transition énergétique mondiale est en cours. Dans son récent rapport World Energy Outlook 2024, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) passe en revue certaines des dimensions de cette évolution et la dynamique qui la sous-tend, ainsi que les caractéristiques des technologies énergétiques propres. Elle note que les énergies propres se développent à un rythme sans précédent, avec notamment plus de 560 gigawatts de nouvelles capacités renouvelables ajoutées en 2023. Les flux d'investissement dans les projets d'énergie propre approchent désormais les 2 000 milliards de dollars par an, soit près du double de ce qui est consacré globalement aux nouvelles sources d'approvisionnement en pétrole, en gaz et en charbon. De plus, la capacité de production d'énergie renouvelable devrait passer de 4 250 gigawatts actuellement à près de 10 000 gigawatts en 2030, ce qui est inférieur à l'objectif de triplement fixé lors de la COP28, mais plus que suffisant, dans l'ensemble, pour couvrir la croissance de la demande mondiale d'électricité.
Le gouvernement Ford s'est clairement engagé sur la mauvaise voie en matière d'énergie.

David Robertson est un activiste climatique qui travaille pour SCAN !, Seniors for Climate Action Now (les aînés qui soutiennent l'action climatique) et TERRE. Avant de prendre sa retraite, David était directeur de l'organisation du travail et de la formation au sein des Travailleurs canadiens de l'automobile (désormais Unifor).

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