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L’armée d’occupation israélienne cible depuis hier la ville de Rafah : 1,3 million de Ghazaouis en danger de mort

Ces nouvelles attaques ne font que confirmer l'intention des autorités d'occupation israéliennes de vider cette partie du territoire palestinien de ses occupants. Et par la violence.
Tiré d'Algeria Watch. Article publié à l'origine dans El Watan.
Il n'y a plus d'endroit sûr pour la population palestinienne de Ghaza. Ayant fui les bombardements aveugles et criminels de l'armée de l'occupation israélienne, 1,3 million de Ghazaouis, réfugiés dans la ville de Rafah, au sud de la Bande encerclée, sont désormais directement ciblés.
Une centaine d'entre eux, particulièrement des enfants et des femmes, ont été tués, dans la nuit de vendredi à hier, par l'occupant qui étend ainsi sa guerre abjecte à la partie sud de la Bande de Ghaza. Selon plusieurs agences de presse et des médias, l'Etat hébreu, défiant la Cour internationale de justice (CIJ) et le droit international, a pilonné des maisons à Rafah faisant au moins 100 morts parmi les civils.
De nouvelles victimes qui alourdissent encore le bilan du génocide israélien qui s'élève, selon le ministère palestinien de la Santé à 27 238 personnes tuées, en majorité des femmes, enfants et adolescents, et 66 452 blessés depuis le début de cette nouvelle agression israélienne.
Ces nouvelles attaques ne font, en fait, que confirmer l'intention des autorités de l'occupation de vider cette partie du territoire palestinien de ses occupants.
Et par la violence. En effet, après avoir concentré ses assauts sur la ville de Khan Younès durant les dernières semaines, l'armée de l'occupation israélienne sème désormais la mort y compris à Rafah, où s'entassent les civils chassés de leurs maisons au nord de Ghaza. Selon l'AFP qui cite des témoins, 12 personnes ont été tuées lors d'une frappe aérienne sur une maison appartenant à la famille Hijazi.
« Ils ont bombardé sans aucun avertissement », témoigne Bilal Jad, 45 ans, un voisin dont la maison a été endommagée lors de l'attaque. « Il n'y a aucun endroit sûr. Les frappes aériennes ont lieu partout », précise-t-il. Abdoulkarim Misbah résume le calvaire des civils palestiniens pourchassés par le danger.
Installé dans un centre après avoir fui le camp de réfugiés de Jabaliya dans le Nord, l'homme s'est installé à Khan Younès. Mais il a été à nouveau contraint de quitter les lieux. « Nous avons échappé la semaine dernière à la mort à Khan Younès. Nous sommes partis sans rien emporter avec nous », raconte-t-il.
Antonio Guterres préoccupé
Cette situation fait réagir le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a exprimé vendredi sa « profonde » préoccupation quant à une éventuelle expansion de l'agression israélienne contre la ville de Rafah, dans le sud de la Bande de Ghaza. S'exprimant lors d'une conférence de presse, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, affirme : « Nous avons déjà vu l'impact des actions à Khan Younès sur les civils, mais aussi l'impact sur nos propres installations lorsque notre complexe a été touché. »
Pour rappel, le 24 janvier, le bombardement par l'armée d'occupation d'un centre de formation de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) dans la ville de Khan Younès a fait 13 martyrs et des dizaines de blessés.
En plus de l'accueil des réfugiés, cette ville constitue également la principale voie d'acheminement des aides humanitaires à environ 2,3 millions de personnes, qui vivent dans des conditions extrêmement précaires avec des besoins des plus urgents. Cette extension de la guerre par l'occupation intervient au moment où des diplomates s'activent pour parvenir à une seconde trêve, plus longue que celle d'une semaine qui avait permis en novembre la libération de prisonniers.
Une seconde trêve
En vue de mettre en place cette seconde trêve, le leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, était attendu hier en Egypte pour discuter d'une proposition élaborée lors d'une réunion, fin janvier à Paris, entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.
Selon une source du Hamas, citée par des agences de presse, la proposition porte sur trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines. Durant celle-ci, Israël devra libérer 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Ghaza, et 200 à 300 camions d'aide humanitaire pourront entrer chaque jour dans le territoire.
Ces derniers jours, le Qatar a fait état de « premiers signes » d'appui à la trêve de la part du Hamas. Pour sa part, la partie israélienne, assure aussi Doha, « approuve la proposition ».
L'affirmation est contradictoire avec les déclarations des responsables de l'Etat hébreu, qui soutiennent « qu'ils ne mettront pas fin définitivement à l'offensive à Ghaza qu'une fois le mouvement islamiste éliminé, les otages libérés et après avoir reçu des garanties sur la sécurité future du territoire ».
Ce projet de trêve doit d'ailleurs être au cœur d'une nouvelle tournée au Proche-Orient du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, à partir d'aujourd'hui, qui le conduira au Qatar, en Egypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie Saoudite.
17 000 enfants sans accompagnement
En attendant cette trêve, le cauchemar continue pour les enfants palestiniens. Selon un communiqué de l'Unicef, publié vendredi dernier, au moins 17 000 enfants de la Bande de Ghaza sont non accompagnés ou séparés. « Chacun d'entre eux a une histoire déchirante marquée par le deuil et le désespoir.
Ce chiffre correspond à 1% de l'ensemble de la population déplacée, soit 1,7 million de personnes. Il s'agit bien évidemment d'une estimation, car il est pratiquement impossible de recueillir et de vérifier les informations dans le contexte sécuritaire et humanitaire actuel », relève l'organisation onusienne.
Selon la même source, la santé mentale des enfants est gravement affectée. « Ils présentent des symptômes tels que des niveaux extrêmement élevés d'anxiété persistante, une perte d'appétit, ils ne peuvent pas dormir, ils ont des crises émotionnelles ou de panique à chaque fois qu'ils entendent les bombardements », déplore la même source.
L'Unicef affirme que tous les enfants de Ghaza ont besoin d'une telle aide, soit plus d'un million. « Depuis le début du conflit, l'Unicef et ses partenaires ont apporté un soutien psychosocial et de santé mentale à plus de 40 000 enfants et 10 000 personnes s'occupant d'eux (…). Seul un cessez-le-feu permettra d'apporter ce soutien psychosocial et de santé mentale à grande échelle », indique le même document.

Contre le « diviser pour régner » fascisto-salvino-meloniste ; unifier les luttes des classes laborieuses !

Sur toutes les questions sociales et politiques, ce gouvernement réactionnaire avance comme un rouleau compresseur contre les conditions de vie et les droits des classes populaires pour les fragmenter et les diviser, assurant ainsi l'exploitation capitaliste et renforçant son pouvoir politique au service de la classe dominante. Nous sommes face au pire ennemi de la classe ouvrière, comme l'ont toujours été les fascistes et l'extrême droite dans les différentes configurations où ils se sont manifestés.
29 janvier 202 | tiré du site europe solidaires sans frontières
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69711
C'est encore dans ce sens que vont les dernières mesures du gouvernement en faveur des entrepreneurs, petits et grands, et les déclarations de Meloni, qui a réaffirmé sa « conception du monde » par une phrase lapidaire : « Si vous ne voulez pas travailler, vous ne pouvez pas espérer être entretenus avec l'argent de ceux qui travaillent tous les jours ». Dans notre pays, il y a 5 à 6 millions de pauvres.
En d'autres termes, « si vous êtes pauvre, c'est de votre faute ». Il se trouve que c'est ainsi que les patrons ont présenté la pauvreté, produite par leur système économique, depuis la naissance du capitalisme jusqu'à aujourd'hui, afin de se décharger de toute responsabilité et de blâmer ceux qui se trouvent exploités et opprimés en marge de la société et de mettre en opposition ceux qui n'ont pas de travail et ceux qui en ont un, mais avec des salaires de misère.
Ne plus perdre de temps
Contre ce gouvernement, contre les forces politiques fascisantes qui le composent, le seul antidote pour le contrer efficacement est de mettre en œuvre une mobilisation sociale de masse pour défendre les salaires, les pensions, les emplois et tous les droits sociaux et politiques, pour unir cette classe sociale que les capitalistes et les gouvernants veulent diviser et fragmenter.
C'est une tâche qui incombe à toutes les forces politiques et sociales de gauche, mais pour des raisons évidentes de force organisationnelle et de représentation des travailleurs, elle concerne, en premier lieu, les grandes organisations syndicales. Soyons clairs : les syndicats de base font, avec leurs initiatives, un travail important, même s'ils sont parfois affaiblis par leurs divisions, et en organisant des militants combatifs et de classe, mais leur taille ne leur permet pas de peser suffisamment sur l'évolution des rapports de force globaux.
C'est pourquoi un accent particulier doit être mis sur la responsabilité de la CGIL, parce qu'elle est la principale organisation de masse du pays et parce qu'elle se prétend encore un syndicat de classe, capable de porter l'ensemble des revendications de toutes les catégories de travailleurs.
Seulement, ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées l'année dernière ; pendant des mois, les directions des grandes organisations ont adopté une attitude attentiste, d'« observation » de la politique du gouvernement, alors que son caractère anti-ouvrier était parfaitement clair ; ce n'est qu'à la fin de l'automne que la CGIL et l'UIL ont appelé à une mobilisation hésitante et à une grève, qui à ce moment-là n'était pas facile à mettre en œuvre. En fait, il s'agit d'un immobilisme coupable, masqué par des dénonciations propagandistes, dans le but d'arriver à une table de négociation que le gouvernement n'hésite pas à dédaigner.
Et il continue dans la même voie. Encore ces derniers jours, les « cris » contre la loi sur l'autonomie différenciée ont été forts, Landini en tête : « Plus de disparités et d'inégalités, moins de droits pour les travailleurs et les retraités.... nous nous y opposerons avec tous les instruments que la démocratie met à notre disposition, pour empêcher le gouvernement de diviser le pays et d'en compromettre l'avenir ». Le secrétaire de la CGIL, dans une interview à La Repubblica, énumère très précisément tous les méfaits du gouvernement, sur le « salaire équitable » et les cages salariales, sur les contrats, l'inflation, l'emploi et la pauvreté, les politiques industrielles et les privatisations, en invitant péremptoirement le gouvernement à « s'arrêter » (......)
Il est bon de rappeler le vieil adage : « Ils m'en ont beaucoup donné, mais je leur en ai dit tellement ».
Malheureusement, cette situation de dénonciation des politiques gouvernementales sans avoir la force matérielle de construire une résistance efficace affecte l'ensemble des forces politiques et sociales de la gauche et la classe ouvrière dans son ensemble. Mais une responsabilité particulière incombe à la CGIL qui assure encore la représentation et l'organisation de millions de travailleurs.
Le débat à l'Assemblée de la CGIL
La récente Assemblée générale de la CGIL a connu une discussion difficile avec le report de décisions tant politiques que pratiques. D'une certaine manière, elle a dû reconnaître que les mobilisations et les grèves de novembre n'ont pas été d'une grande utilité, notamment parce qu'elles ont été lancées tardivement, mal préparées et dans une perspective politique qui visait davantage la simple démonstration de l'existence du syndicat et de ses structures qu'une véritable continuité dans la lutte. De plus, même ces jours-ci, ce qui ressort le plus est la demande rebattue adressée au gouvernement de répondre aux revendications des syndicats et non une voie cohérente de reconstruction de la force du mouvement de masse.
Lors de l'assemblée, on a surtout discuté de tous les choix de référendum envisageables pour l'abrogation d'une série de lois antisociales et libérales, notamment celles sur le travail précaire. Les thèmes et les formulations proposés étaient nombreux, bien trop nombreux, pour pouvoir concentrer la bataille sur des objectifs qui pourraient être compris à un niveau de masse et donc maîtrisés de manière efficace. De plus, les référendums qui ne sont pas liés à une plate-forme de revendications et de luttes plus immédiates risquent d'avoir lieu en l'absence d'un contexte social stimulant. C'est pourquoi il est nécessaire de définir immédiatement le contenu de la bataille pour les salaires et l'emploi.
Le petit cadeau ponctuel accordé par le gouvernement à la fin de l'année avec le projet de loi de finances n'a certainement pas résolu les problèmes de millions de travailleurs aux prises avec une inflation qui, au cours des deux dernières années, a frôlé les 20 %.
Dans le même temps, les problèmes d'emploi causés par les restructurations et les délocalisations d'entreprises sont bien présents, et le gouvernement « souverainiste », tout autant que ses prédécesseurs, refuse d'utiliser les instruments de l'intervention publique pour les résoudre, préférant à chaque fois se contenter d'attendre qu'une nouvelle entité privée se mette en place. En revanche, il relance le bradage des actifs publics, à commencer par la poste, pour faire rentrer de l'argent. Dans les caisses.
Les grandes crises industrielles. Emploi et salaires
Les grandes crises industrielles ont atteignent leur paroxysme dans le secteur sidérurgique et dans celui de l'automobile, plus précisément chez Stellantis et dans les grandes entreprises qui lui sont liées, mais elles touchent également des centaines d'autres usines. Quelque 300 000 travailleurs et 300 000 familles sont concernés.
La mobilisation combative, militante et engagée de CKN contre les délocalisations et pour l'ouverture d'une nouvelle forme d'intervention publique par la planification de la réorientation de la production vers la transition écologique, aurait pu être l'occasion pour les directions syndicales de mettre en relation toutes les entreprises impliquées dans les restructurations, en dépassant la gestion perdante de la crise au cas par cas, avec l'objectif explicite de relancer l'action publique en lien avec la participation et le contrôle des travailleurs.
Il est clair pour tout le monde que les directions syndicales n'ont pas voulu s'engager dans cette voie. Ce n'est pas leur horizon.
Il n'en reste pas moins que si l'on veut sortir du bourbier dans lequel le mouvement syndical et la classe ouvrière se sont fourvoyés, il faut organiser une bataille sur le renouvellement des contrats de travail arrivés à échéance coordonnée avec la défense de l'emploi, ce qui ne peut que remettre sur la table la question des nationalisations, et même celle de l'échelle mobile des salaires. Personne ne pense que ce sera facile : il faut des discussions importantes dans les assemblées, mais il faut aussi que soit perçue la volonté des directions syndicales, et en particulier de la CGIL, de prendre les choses au sérieux et d'en finir avec la soumission.
Contre toutes les formes d'autonomie différenciée
Telle est la seule voie qui puisse nous conduire, avec une force et une crédibilité suffisantes dans l'opinion publique, à la bataille essentielle, celle contre la loi sur l'autonomie différenciée, une loi qui vise à diviser sous toutes ses formes les classes laborieuses, sur les salaires, sur l'emploi, sur l'accès à l'aide sociale, sur les droits. A ce stade, il semble incontournable de devoir passer par un référendum révocatoire pour l'arrêter et éviter le désastre. Mais pour réussir à gagner, ce qui est absolument nécessaire, il faut dès maintenant une formidable mobilisation sociale sur des questions bien définies.
Meloni et consorts ne le disent pas ouvertement, mais ils savent que la classe ouvrière est leur seul véritable ennemi, le spectre qu'ils craignent, la force qui peut briser leur trajectoire. Travaillons à la relance de la lutte de masse de la classe ouvrière pour chasser ce gouvernement fascisto-salvino-meloniste.
Franco Turigliatto, Sinistra anticapitalista
P.-S.
• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepLpro.
Source Sinistra anticapitalista 2024/01/29 :
https://anticapitalista.org/2024/01/29/contro-il-dividi-ed-impera-fascio-leghista-riunire-le-lotte-delle-classi-lavoratrici/
Déclaration sur le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie
« Pour vaincre l’extrême droite, nous avons besoin d’une gauche plus radicale ! » Alvaro Garcia Linera

Lettre aux ministres Legault et Fitzgibbon

Bonjour à vous, Messieurs les Ministres. La présente vise à vous faire part de mon vif désaccord avec votre décision de court-circuiter le BAPE au sujet du projet Northvolt. Cette multinationale a beau se prétendre exemplaire du point de vue écologique, il est absolument impossible qu'un mégaprojet de cette envergure soit sans conséquences négatives pour l'environnement, de surcroît sur le long terme, et dans un milieu humide. C'est pourquoi il serait assurément irresponsable que vous laissiez carte blanche ou que vous fassiez des compromis en matière de précaution dès le départ. L'ensemble de ce projet doit être analysé par des sources indépendantes du promoteur afin d'identifier rigoureusement et objectivement les risques encourus et leurs conséquences éventuelles.
Par ailleurs, autre élément de première importance , qu'en est-il du principe d'acceptabilité sociale, cher aux réelles démocraties, qui semble complètement évacué par votre gouvernement ? Voilà une autre manière infaillible de nourrir le sentiment de trahison que ressent la population à l'égard de la CAQ, et qui s'exprime dans les sondages.
Tout comme une majorité de nos concitoyens, je dis oui à une économie florissante, mais pas au point de reléguer la protection environnementale au second plan. L'ampleur sans précédent de la crise climatique actuelle commande impérativement de faire passer cette nécessité en tête de liste des priorités. Votre gouvernement en aura-t-il le courage ? Vos électeurs souhaitent ardemment que votre parti passe de la parole aux actes, en alignant ses politiques sur les recommandations de la communauté scientifique, auxquelles souscrit le secrétaire général de l'ONU lorsqu'il parle d'effondrement imminent. Et, puisque les médias nous en font la preuve tous les jours, que ce soit à l'écran ou par écrit, quelle évidence faudra-t-il de plus pour « adapter » vos décisions à la situation ? Qu'on se le répète, dégrader davantage l'environnement revient à tirer le tapis sous les pieds de l'économie.
Conséquemment, puisque notre sort collectif repose entre vos mains, ce qui inclut celui des jeunes générations, je vous demande avec insistance de revenir sur votre décision. Messieurs, je vous présente mes salutations avec l'espoir d'avoir été entendu. Pourrons-nous vous faire confiance ?
Martin Bouchard
Un des membres fondateurs du nouveau collectif des « Aîné.e.s dans l'action climat » (ADAC)
St-Anaclet-de-Lessard
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Que faire de Facebook ?

Facebook préfère le profit maximal à la construction d'espaces permettant d'avoir des interactions enrichissantes et d'accéder à de l'information juste. Que faire de cette plateforme toxique à plusieurs égards, mais devenue presque incontournable ?
Les récentes révélations de la lanceuse d'alerte Frances Haugen sont venues confirmer ce que bien des chercheur·euses et activistes disaient depuis longtemps. Comme les hypothèses des chercheur·euses en sciences sociales, les documents fournis par Frances Haugen sont faciles à comprendre pour qui connaît l'entreprise. Facebook veut faire du profit, ce profit vient des revenus publicitaires. Il faut donc que les usager·ères restent le plus longtemps possible sur la plateforme, il faut que le fil suscite l'engagement, les commentaires, les clics, les réactions : « j'aime », « grr », « wouah » ! Ce que Facebook vend, c'est une fonction cognitive : notre attention. Les fils de discussion sont optimisés et personnalisés pour l'obtenir.
Cette optimisation nourrit la bête humaine : la peur, la haine, le biais de confirmation, l'effet Duning-Kruger (effet notable de l'ignare qui croit tout savoir alors que les personnes savantes doutent et hésitent). Une foule de mauvais plis de notre cognition se combine à cette optimisation pour créer un cocktail explosif : des fils de discussion violents où les positions sont bien campées. La fracture sociale se creuse. Les joutes par commentaires interposés touchent maintenant toutes les sphères de la société, depuis la sérieuse gestion de la pandémie jusqu'à la mise en conserve des légumes racines.
Devant ces constats, quelles sont les avenues possibles ? En schématisant un peu, les pistes de solution face à Facebook peuvent être regroupées en trois grandes catégories. On constatera que certaines sont plus prometteuses que d'autres.
Toujours plus de technologies ?
Chaque fois que le président de Facebook Mark Zuckerberg est appelé à témoigner au Congrès américain pour défendre les actions du géant, son discours est toujours sensiblement le même : les défauts de ces technologies se régleront avec plus de technologie. Dans son témoignage devant le Congrès deux mois après l'assaut du Capitole, pressé par les représentant·es voulant savoir ce qui avait été fait pour améliorer le travail de modération, Zuckerberg répond : « Plus de 95 % du contenu haineux que nous retirons est supprimé par une intelligence artificielle (IA) et non par une personne. […] Et je crois que 98 ou 99 % du contenu proterroriste que nous retirons est identifié par une IA et non une personne. » Pourtant, lorsque questionné par le représentant Tom O'Halleran sur ce que la compagnie fait pour augmenter sa capacité de modération, Zuckerberg explique que les algorithmes ne sont pas capables de différencier ce qui est une critique d'un propos haineux d'un véritable propos haineux [1]. Pourquoi tenter de nous convaincre que la solution technologique fonctionne, tout juste après nous avoir expliqué pour quelle raison elle ne fonctionne pas ? La réponse de Facebook pourrait se résumer par, « il faut de meilleurs algorithmes, laissez-nous travailler, vous ne comprendrez pas ! »
Or, selon Frances Haugen, c'est l'« engagement based ranking » – l'indicateur qui sert à privilégier le nombre de réactions pour choisir le contenu recommandé sur les fils d'actualité personnalisés – qui est le grand coupable des dérives. Avant les élections américaines, Facebook a réduit l'impact de cet indicateur de l'engagement dans l'algorithme de recommandation, puis l'a remonté tout de suite après les élections. Autrement dit, Frances Haugen démontre que Facebook est capable de jouer avec les paramètres de ses algorithmes pour modérer leurs effets délétères, mais que l'entreprise a choisi de ne pas le faire entre le jour de l'élection américaine et l'assaut du Capitole. L'entreprise choisit également de ne pas le faire lorsque la plateforme est utilisée pour organiser des génocides et des actes terroristes ou pour diffuser de la désinformation, lorsqu'elle exacerbe les problèmes de santé mentale et l'intimidation, ni même lorsqu'elle est employée par les puissances mondiales dans une guerre d'information [2].
Rendre le tigre végétarien
Au Canada et au Québec, à l'heure actuelle, le point de vue critique à l'égard des géants du Web est probablement la posture dominante. C'est notamment l'attitude du gouvernement de Justin Trudeau depuis son mandat 2019-2021, et tout indique qu'il poursuivra en ce sens dans les années à venir. C'est aussi la position de plusieurs organismes de défense des milieux culturel et journalistique (pensons par exemple aux Amis de la radiodiffusion, à la Coalition pour la diversité des expressions culturelles ou à la Fédération nationale des communications et de la culture-CSN). Or, dire que Facebook et les autres sont des menaces à la démocratie, aux médias d'information et à la diversité culturelle, c'est une chose, mais cela ne signifie pas que toutes les initiatives politiques à leur endroit sont nécessairement bénéfiques et souhaitables.
Ainsi, une deuxième catégorie de solutions réunit les avenues visant à faire de Facebook un acteur plus responsable. Il s'agit ici de forcer le géant à mieux faire son travail, par exemple en l'incitant à mieux cibler la désinformation ou les propos haineux, ainsi qu'à retirer des publications ou bannir des comptes. D'autres proposent aussi que Facebook valorise davantage le travail journalistique « sérieux », par le biais du filtrage algorithmique ou par la redistribution de revenus publicitaires.
Même si elle est parfois articulée avec des expressions enflammées, la critique qui sous-tend ces propositions ne remet pas en question le modèle d'affaires de Facebook. Les propositions ci-haut, si elles étaient appliquées, mèneraient au contraire à faire de l'entreprise un acteur plus mature dans l'écosystème médiatique, et donc, à consolider sa présence dans nos existences. La lanceuse d'alerte Frances Haugen a d'ailleurs explicitement soutenu la piste de la responsabilisation du géant par la législation lors de son témoignage auprès d'élu·es britanniques, « la régulation pourrait être bénéfique pour le succès à long terme de Facebook […] si on rend Facebook plus sûr et plus plaisant, ce sera une compagnie plus profitable dans dix ans [3] ».
Il y a donc ici une contradiction problématique : un discours qui commence par dénoncer les trop grands pouvoirs d'une entreprise aboutit finalement à consacrer ce pouvoir en cherchant à le rendre plus respectable. On trouve l'exemple le plus révélateur de ce paradoxe dans un billet publié par Bloomberg, où un chroniqueur soutient que la meilleure manière de rendre Facebook (et Amazon) redevable de ses actions, c'est… de lui donner un siège aux Nations Unies ! [4]
Viser la réappropriation
En fait, il ne s'agit pas d'encadrer Facebook, mais de limiter son pouvoir et son emprise. Il faut intervenir de manière à rendre le modèle d'affaires de l'entreprise de moins en moins viable, pour que des alternatives dignes d'intérêt disposent d'une chance raisonnable d'émerger.
Certaines formes de collecte de données, par exemple, pourraient être purement et simplement interdites. Les dispositifs de publicité ciblée devraient être fortement encadrés, voire interdits ; la personnalisation des fils d'actualité selon un profilage des caractéristiques des individus devrait aussi être limitée. Il faut pouvoir inspecter le développement des médias sociaux pour mieux comprendre les logiques qui les structurent. Si le fonctionnement de l'algorithme lui-même ne peut être étudié en profondeur parce que sa manière de traiter des masses de données n'est pas accessible aux humains, on devrait sans doute se demander s'il est judicieux de se servir de tels algorithmes dans le cadre d'activités aussi élémentaires que s'informer ou interagir avec des proches.
Enfin, il faut forcer les médias sociaux à être interopérables, c'est-à-dire à ne plus être des jardins fermés auxquels on peut seulement accéder en se créant un compte. Si on retrouve des standards communs, comme ceux du courriel ou des appels téléphoniques, des alternatives plus respectueuses des besoins des communautés pourront alors se faire une place. On pourrait, par exemple, encourager des médias sociaux à but non lucratif et n'accumulant pas des masses de données personnelles. Pour cela, des mesures antitrusts s'avèrent incontournables.
Ces pistes d'action nous montrent qu'une autre voie est envisageable : celle qui vise à soutirer à Facebook ses pouvoirs pour en redonner aux sociétés.
[1] Le témoignage de Mark Zuckerberg est disponible via C-Span : « House hearing on combatting online misinformation and disinformation », 25 mars 2021. En ligne : www.c-span.org/video/ ?510053-1/house-hearing-combating-online-misinformation-disinformation
[2] Le témoignage intégral de Frances Haugen est disponible via C-Span : « Facebook Whistleblower Frances Haugen testifies before Senate Commerce Committee », 5 octobre 2021. En ligne : youtu.be/GOnpVQnv5Cw
[3] Citée dans Salvador Rodriguez, « Facebook whistleblower Haugen tells UK lawmakers the company refuses to take responsibility for its harms », CNBC, 25 octobre 2021. Notre traduction.
[4] Ben Schott, « Give Amazon and Facebook a Seat at the United Nations », Bloomberg, 3 octobre 2021.
Photo : Thomas Hawk (CC BY-NC 2.0)

Microsoft. Adopter, étendre, anéantir

Le troisième texte de cette série sur les GAFAM porte sur Microsoft, omniprésent dans le monde du travail et dont la stratégie technico-commerciale est féroce.
Microsoft naît en 1975 pour commercialiser un langage de programmation populaire sur les premiers ordinateurs personnels. Ce n'est cependant que quelques années plus tard que l'entreprise prendra véritablement de l'importance en profitant du projet d'IBM, un géant de l'informatique de l'époque, et se lancera dans le marché des ordinateurs personnels avec un nouveau concept. À l'aide d'un coup de pouce des influents parents du futur milliardaire Bill Gates, Microsoft réussira à vendre à IBM une licence permettant d'utiliser le système d'exploitation MS-DOS que Microsoft a acheté à une autre entreprise. Un système d'exploitation étant une composante immatérielle essentielle au fonctionnement d'un ordinateur, Microsoft comprend qu'il peut générer d'importants revenus en se rendant indispensable au fonctionnement de tous les logiciels créés pour les nouveaux ordinateurs personnels d'IBM, et détourne à son avantage la réputation d'IBM bien établie dans le milieu des affaires. Microsoft a la clairvoyance de préférer une entente lui assurant un revenu pour chaque ordinateur vendu avec son système, ce que ses critiques appellent la « taxe Microsoft ».
Cette première accumulation de capitaux permet à Microsoft d'investir dans le développement du système d'exploitation Windows et de la suite bureautique Office. En 1995, l'entreprise lance Windows 95, première version aboutie du projet, et s'assurera à travers diverses ententes commerciales qu'il soit le seul système présent sur les ordinateurs personnels de pratiquement toutes les marques. Le système connait un succès important et ancre définitivement la position dominante de l'entreprise dans ce domaine. La sortie du système coïncide avec la popularisation de l'accès à Internet. Craignant que la toile en vienne à diminuer le rôle de son système d'exploitation dans l'informatique personnelle, Microsoft lance son propre fureteur, Explorer, et tente de l'imposer en le distribuant avec Windows. Cette manœuvre déclenche aux États-Unis une poursuite anti-monopole de grande envergure. La saga judiciaire mène à un jugement ordonnant de scinder l'entreprise en deux pour séparer ses activités liées à Windows de celles liées à ses autres logiciels, mais Microsoft fait immédiatement appel pour en arriver à une entente qui n'aura finalement que peu de conséquences sur ses activités. Cette conclusion pave la voie pour l'apparition des géants du Web en montrant comment il est difficile de contrer un tel monopole [1].
En plus de mettre en lumière la mauvaise foi des dirigeants de Microsoft, les audiences liées à la poursuite révèlent aussi un mot d'ordre interne de l'entreprise : « adopter, étendre et anéantir. » Cela résume les trois phases d'une stratégie technico-commerciale utilisée notamment dans le développement du fureteur Explorer de Microsoft : adopter un standard établi dans ses propres produits ; étendre le standard en y ajoutant des extensions ne fonctionnant qu'avec ses produits ; enfin, anéantir commercialement les produits concurrents incapables ou refusant d'utiliser la spécification étendue, adoptée par une majorité d'utilisateur·trices. Des variantes de cette stratégie commerciale sont utilisées à maintes reprises par Microsoft, notamment pour mieux imposer sa suite bureautique Office, emblématique de la mainmise de Microsoft dans le monde du travail.
Des tentacules largement déployés
L'ubiquité de Windows et d'Office dans l'écrasante majorité des bureaux du monde et sur les ordinateurs personnels pourrait laisser penser à tort qu'ils sont la principale source de revenus du géant. Microsoft divise elle-même ses revenus en trois « segments » : produits et services d'affaires, infonuagique intelligente et informatique personnelle. Ces segments génèrent chacun une part approximativement égale des revenus du géant. On prend la mesure de la diversité des sources de revenus de l'entreprise par la variété de ses produits : on y compte le système d'exploitation Windows et la suite bureautique Office (version classique et version en ligne), la console de jeu vidéo Xbox et jeux divers, les serveurs Azure, le moteur de recherche Web Bing et les services de publicité associés, le réseau social professionnel LinkedIn et ses services, les logiciels pour la programmation, etc.
Comme les autres GAFAM, Microsoft doit l'étendue de ses activités à de très nombreuses acquisitions stratégiques. On pense par exemple à Hotmail et Skype ou à l'entreprise finlandaise de téléphonie cellulaire Nokia. Elle a récemment fait l'acquisition du studio de jeu vidéo Blizzard pour la somme de 70 milliards de dollars US, ce qui en fait la 3e plus grande entreprise de jeux vidéo au monde. Elle a aussi mis la main sur le jeu vidéo Minecraft en 2004, devenu le plus populaire de tout le temps. Microsoft vient tout juste d'acquérir Nuance Communications pour près de 20 milliards de dollars US, entreprise dont la spécialité est la reconnaissance vocale et l'intelligence artificielle.
Bien que la publicité ciblée fasse partie des revenus de Microsoft, l'entreprise ne mise pas tant sur celle-ci et sur l'accumulation d'information sur ses usagers que certains autres GAFAM. Elle sait cependant monnayer la popularité de ses produits en faisant payer les gouvernements et autres entreprises de multiples manières. Par exemple, le géant reçoit un montant pour chaque téléphone Android vendu à cause des nombreux brevets qu'il détient, même s'il a commercialisé un produit concurrent.
Mainmise sur les administrations publiques
Les institutions publiques maintiennent le monopole de l'entreprise en renouvelant les contrats de services et de licences logiciels sans que l'on considère adhérer à un produit compétiteur, préférant par exemple payer une « taxe Microsoft » qu'investir dans le développement de logiciels libres. De plus, les choix logiciels gouvernementaux s'imposent souvent indirectement aux citoyennes et citoyens en forçant l'utilisation de logiciels spécifiques pour accéder aux services et aux documents.
Au Québec, la domination de Microsoft s'incarne souvent dans la place quasi inexistante des logiciels libres dans les administrations publiques. En 2009 et 2010, l'organisme FACIL pour l'appropriation collective de l'informatique libre ainsi que la firme Savoir-faire Linux remportaient des victoires juridiques importantes : elles reconnaissent notamment que la Direction générale des acquisitions du Centre de services partagés du Québec et la Régie des rentes du Québec attribuaient illégalement des contrats à Microsoft sans appel d'offres. Le discours gouvernemental évolue à cette époque pour se montrer plus favorable à l'utilisation des logiciels libres comme outils informatiques gouvernementaux. En 2013, l'Assemblée nationale adoptait même à l'unanimité une motion encourageant « le gouvernement à poursuivre ses efforts pour promouvoir l'utilisation du logiciel libre au sein de l'administration publique ». Le passage à l'infonuagique entrepris au Québec depuis quelques années a malgré tout grandement favorisé Microsoft, l'entreprise récoltant 71 % de la valeur de toutes les ententes signées.
La présence de Microsoft dans les administrations publiques n'est pas limitée à la bureautique. L'entreprise est aussi critiquée pour le développement d'outils de surveillance policière dans les villes américaines.
Quoi dénoncer ?
On peut dénoncer Microsoft pour son utilisation de stratégies d'évitement fiscal, pour les horaires de travail difficile de ses programmeurs, pour sa manière de briser à répétition les standards informatiques communs à son avantage, pour sa stratégie de « taxe Microsoft » et pour s'être échappé de nombreuses poursuites pour pratiques anticoncurrentielles.
La domination de Microsoft est le fruit de l'utilisation de stratégies visant à se positionner comme inévitable, autant auprès des utilisateur·trices, d'autres entreprises informatiques, des gouvernements que du monde du travail dans son ensemble. On n'a généralement pas su prendre à temps la mesure de l'effet social des stratagèmes commerciaux de l'entreprise ni su prévoir l'incapacité répétée des États à freiner la création d'un tel géant, de peur de nuire à l'« innovation ».
[1] Microsoft échappera à plusieurs autres poursuites pour pratiques anticoncurrentielles à travers le monde, ayant toujours les moyens financiers de régler sans conséquences importantes sur ses activités. Il règlera avec la commission européenne une amende record de 1,7 milliard d'euros, et un recours collectif au Canada s'est récemment terminé par une entente où Microsoft s'est engagé à payer un demi-milliard aux détenteur·trices canadien·nes de plusieurs de ses produits, mais sans reconnaître avoir profité de sa position dominante pour augmenter ses prix.
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Covid-19. D’ignorance crasse en aveuglement

Depuis août 2020, par l'entremise de mon site Web et des médias sociaux, je recense les cas de COVID-19 dans les écoles et milite activement pour une meilleure qualité de l'air. Voici pourquoi.
Le 14 mars 2020, le lendemain de la fermeture des écoles au Québec, Roxanne Khamsi, journaliste scientifique de renommée internationale qui a fait de Montréal sa terre d'accueil, publie un article qui passera à l'histoire, « They Say Coronavirus Isn't Airborne — But It's Definitely Borne By Air », sur le magazine en ligne Wired. Alors que la Santé publique s'affaire à nous demander de nous laver les mains et de désinfecter les surfaces, certain·es expert·es s'interrogent : et si la COVID-19 était transmise principalement par voie aérienne ? Les mesures sanitaires mises en place pour contrer le virus seraient-elles vraiment adéquates ? Dans les milieux fermés comme les écoles et les hôpitaux, la ventilation et la filtration de l'air ne seraient-elles pas des moyens concrets à privilégier ?
Écoles à risque
Les écoles sont fermées le 13 mars, initialement pour deux semaines, afin de contenir la pandémie du coronavirus. Le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge compare cette période à des vacances, alors que le monde entier prend conscience de l'ampleur de la situation. Certaines écoles rouvriront finalement le 11 mai, alors que celles de la grande région de Montréal ne rouvriront qu'en août. Les parents sont alors dans le noir concernant les modes de transmission et réaliseront assez rapidement que la qualité de l'air y est pour beaucoup.
En tant que père de deux adolescents au secondaire qui s'implique dans leur milieu scolaire depuis leur jeune enfance, je me questionne sur les modes de transmission du virus et les risques en milieu scolaire. La vétusté du parc immobilier scolaire est de notoriété publique. Il y a déjà, depuis des décennies, des débats sur la surpopulation des locaux, sur le dépassement des ratios maitre-élèves, sur les enjeux liés à la qualité de l'eau (présence de plomb) et aux moisissures, sur le sous-financement des infrastructures et sur les rénovations majeures qui sont requises. L'arrivée d'un virus respiratoire dans cet environnement fermé, mal ventilé et dans lequel s'entassent des dizaines d'enfants plusieurs heures par jour semble réunir tous les ingrédients pour une explosion des cas.
Manque de transparence
Le 29 mai, le premier ministre Legault déclare que le retour en classe est un succès à l'extérieur de Montréal. Cependant, le gouvernement ne recense pas officiellement les données sur les cas dans ce milieu. Je me questionne donc sérieusement sur le niveau de risque pour mes enfants et sur les critères de succès de cette réouverture. En échangeant avec plusieurs groupes de parents, il m'apparaît évident que l'information qui leur serait nécessaire pour prendre une décision éclairée sur le retour en classe n'est pas accessible. Les parents québécois se voient mis devant un choix impossible : offrir l'éducation à leurs enfants signifie les exposer à la contamination.
Le 10 août, le ministre Roberge présente son plan de rentrée scolaire. Il mentionne que les écoles devront informer les parents et les enseignant·es de tous les cas de COVID-19 dans toutes les classes par l'entremise d'une lettre dont le modèle est fourni par la Santé publique. Le gouvernement promet la transparence complète. Je décide donc de le prendre au mot et de recenser ces lettres afin de comprendre l'étendue de la transmission et de quantifier le risque pour mes enfants. C'est dans ce contexte que je lance, le 27 août, un site internet (CovidEcolesQuebec.org) et un compte Twitter (@CovidEcoles).
Rapidement, les médias et la population active sur les médias sociaux démontrent de l'intérêt pour ma démarche et me donnent de la visibilité, ce qui va aider à faire connaitre le mouvement et me permettre de réunir plus de lettres de confirmation des cas émises par les écoles. Les données s'accumulent à une vitesse éclair et il devient évident que l'école est un haut lieu de transmission. Mon site internet et mon compte Twitter deviennent des incontournables dans le suivi des cas dans les écoles, alors que le gouvernement minimise toujours la situation et ne publie pas ces données.
Après plusieurs questions et articles sur le sujet, la pression des parents et des médias force finalement le gouvernement à publier sa propre liste d'écoles où des cas de COVID-19 sont confirmés. Cette liste est remise en question par les directions d'école et les Centres de services, car elle contient des données erronées. Le ministre de la Santé Christian Dubé intervient et décide alors de faire retirer la liste. Pendant ce temps, l'initiative CovidEcolesQuebec prend de l'ampleur.
Aveuglement volontaire
La population se demande alors ce qui cause l'explosion des cas. Plusieurs articles scientifiques et des centaines d'expert·es au Québec (dont celles et ceux de COVID-STOP) et à l'international sonnent l'alarme : le coronavirus se transmet par aérosols et la ventilation et la purification de l'air sont les moyens les plus efficaces pour les réduire. Je m'intéresse activement à cette explication et je m'entoure d'expert·es qui militent pour la reconnaissance de la transmission par aérosols.
Malheureusement, les expert·es qui conseillent le gouvernement s'entêtent à ne pas reconnaitre ce mode de transmission. Le principe de précaution est évacué pour faire place au dogme de la transmission par gouttelettes. La Santé publique va même jusqu'à qualifier les purificateurs d'air de « dangereux », ce qui fera d'elle la risée des expert·es à l'international.
Voyant la pression et l'inquiétude des parents, le ministre Roberge tente à plusieurs reprises de rassurer la population en mesurant le taux de CO2 dans les classes. Le protocole utilisé est non seulement défaillant, mais aussi non respecté sur le terrain. S'ensuivra une série d'actions incohérentes, dont l'achat de 75 millions de capteurs de CO2 qui arrivent 18 mois trop tard. Au moment d'écrire ces lignes, en mars 2022, les capteurs de CO2 ne sont pas tous livrés ni tous installés. La population perd entièrement confiance en son ministre sur le dossier de la qualité de l'air.
La non-reconnaissance de la transmission par aérosols et l'entêtement du gouvernement à ne pas agir concrètement et rapidement sur la qualité de l'air laissent un sombre bilan : l'année scolaire 2020-2021 se termine avec plus de 50 000 cas recensés en milieu scolaire, auxquels on doit rajouter tous les cas ramenés en milieu familial et la transmission communautaire causée par les écoles.
Le bilan de l'année 2021-2022 sera malheureusement incomplet, car le gouvernement a cessé les tests PCR pour les élèves et les enseignant·es au début de la vague Omicron, en décembre 2021. Nous revenons donc à la situation du mois d'août 2020, alors que la transparence des données sur les cas dans les écoles était inexistante.
* * *
En fait, à l'heure actuelle, le milieu scolaire est encore plus fragile et vulnérable face au coronavirus. La qualité de l'air est la même qu'en 2020, mais les variants se suivent et ne se ressemblent pas. Ils sont plus transmissibles que la souche originale. Le gouvernement recule sur la transparence des données en milieu scolaire en éliminant par exemple le bilan quotidien des écoles affectées.
Malgré tout, je garde espoir qu'une simple initiative citoyenne comme CovidEcolesQuebec, initiée par un père de famille impliqué et inquiet pour la santé et sécurité de ses enfants, permette aux citoyen·nes de faire entendre leur voix, de faire changer les choses et surtout, de faire bouger le gouvernement.
Olivier Drouin est idéateur de l'initiative citoyenne CovidEcolesQuebec.
CovidEcolesQuebec est un organisme qui a pour mission de contribuer activement à la transparence des données sur les écoles affectées par la COVID-19 au Québec. L'initiative est récipiendaire du prix international Data Hero Awards et d'une médaille de l'Assemblée nationale.
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École à trois vitesses. Vers la fin des élèves « en rien » ?

La concurrence que se livrent les établissements d'enseignement publics et privés, couplée à la stratification des parcours qui s'y exprime, a mis à mal la mixité sociale et scolaire, et en péril l'équité et l'égalité des chances de cette école commune dont la Révolution tranquille avait rêvé. Inéquitable, notre système scolaire est en attente de solutions concrètes et de volonté politique.
Aujourd'hui, plus de 20% des élèves du secondaire fréquentent un projet particulier au secteur public, et 21% un établissement privé (34% à Montréal). Dans certaines régions, plus de la moitié des élèves du secondaire évitent ainsi la classe dite ordinaire, qui recueille désormais des concentrations importantes de jeunes issu·es de milieux défavorisés ou en difficulté, et ne bénéficiant pas de l'effet de pairs positif que permet une plus grande hétérogénéité. Conséquemment, les élèves issu·es des classes publiques régulières auraient presque deux fois moins de chances d'atteindre le cégep que ceux et celles qui proviennent du privé ou des programmes particuliers. Seulement 15% des élèves issu·es du public régulier atteindraient l'université, contre 60% des élèves diplômé·es du privé ou 51% du public enrichi. [1] Sous le poids de la ségrégation scolaire, le câble de l'ascenseur social a été rompu. Les disparités scolaires et sociales que l'école de la Révolution tranquille devait aplanir ont ni plus ni moins qu'été recréées au sein d'un système à trois vitesses.
De l'école fourre-tout à l'école à la carte
Cette ségrégation n'est pas qu'un effet du jeu de concurrence. Elle est maintenant caractéristique du système scolaire québécois, dont la compétition est une dynamique intégrante, assumée et renforcée par tous les gouvernements qui se sont succédés depuis que la Commission des États généraux sur l'éducation a tiré la sonnette d'alarme [2]. C'est un fait qu'il existe un quasi-marché scolaire, qui alimente avec l'argent public une concurrence inégale au nom d'une liberté de choix galvaudée ainsi qu'un jeu de tamis socio-économiques qui érode la mixité sociale au sein des écoles au profit d'une homogénéisation dans des établissements et filières élitistes où règne l'entre-soi plutôt que le vivre-ensemble.
Il semble bien qu'une certaine trame narrative marchande se soit imposée au Québec. D'une part, on aurait réussi à vendre l'idée d'un déterminisme scolaire et socioprofessionnel couplant fortement le lieu de scolarisation aux chances de réussite professionnelle de chacun : on serait passé de l'idée que l'école universelle favorise l'expression des talents sans distinction de classe, à la logique du capital humain, qui traite les parents comme des consommateurs-investisseurs, les incitant à payer un supplément à la gratuité scolaire (en plus de leurs impôts) pour améliorer l'employabilité et la valeur marchande (le capital) de leur progéniture, soit ses chances d'optimiser son plein potentiel… Qu'importe l'ascenseur social, il faut prendre celui qui, selon ce qu'on nous fait croire, mène le plus haut et le plus rapidement, quitte à sortir le chéquier pour avoir le privilège d'y embarquer.
D'autre part, en cette ère de la personnalisation de masse, le rejet de toute uniformité ou formule commune s'exprime dans l'idée reçue que chaque enfant étant unique, il faut lui offrir une expérience stimulante et motivante à sa mesure, qu'il a désormais droit à l'expression de son individualité à travers son propre projet (si ses parents en ont les moyens), et qu'en conséquence chaque établissement et chaque parcours doivent être différenciés par une couleur locale, une saveur unique, porteuse, dit-on, de motivation et d'appartenance, et qui saura répondre à ses intérêts et besoins. Alors que certaines commissions scolaires cherchent actuellement à abolir le programme régulier pour, disent-elles, diversifier leur offre au bénéfice de tous·tes, force est de constater qu'on passe lentement mais sûrement du projet d'école pour tous·tes à celui d'école pour chacun·e.
Enfin, on a intériorisé l'association de ces deux idées, à savoir que toute saveur rimerait avec excellence, et qu'on pourrait ainsi sauver nos enfants du filet social que représente l'école ordinaire... En somme, tout se passe au Québec comme si l'école commune était perçue comme sans saveur et donc sans intérêt. Sans projet, jugée à tort ordinaire, peu stimulante et peu performante, l'école régulière et son programme scolaire uniforme issu du ministère seraient devenus indésirables aux yeux d'une part croissante des parents, qui cherchent à le contourner dans un véritable sauve-qui-peut.
Faute d'engagement des gouvernements dans un dénouement satisfaisant, la ségrégation scolaire poursuit ainsi son œuvre et le fossé se creuse entre les jeunes en difficulté ou issus de milieux défavorisés et ceux des classes moyennes et supérieures.
Vers un réseau scolaire commun ?
Créé en 2017, le mouvement École ensemble dévoilait le 9 mai dernier son Plan pour un réseau scolaire commun afin de s'attaquer à cette impasse [3]. Ce dernier s'inspire du modèle finlandais pour regrouper les établissements publics et privés conventionnés qui le souhaiteraient au sein d'un réseau commun, gratuit, sans sélection et entièrement financé par les deniers publics. Des bassins géographiques fondés sur des critères de mixité sociale remplaceraient la liberté de choix et les modes de recrutement sélectifs, en contrepartie de l'obligation pour tous les établissements d'offrir des options variées et enrichissantes à tous les élèves sans restriction. L'horaire des écoles serait ajusté de manière à offrir la formation générale commune quatre périodes par jour, puis à répartir les élèves selon leur option de prédilection durant la cinquième période quotidienne. Les établissements privés qui ne souhaiteraient pas être intégrés à ce réseau commun perdraient leurs subventions publiques. Celles qui l'intégreraient maintiendraient leur autonomie de gestion, notamment en matière de ressources humaines. La mise en œuvre de ce plan s'étalerait sur six années. Finis, la concurrence, le magasinage, le marketing et l'inflation pédagogique et curriculaire.
Fruit d'un travail sérieux, le plan reste bien sûr à parfaire, car il laisse en suspens des enjeux complémentaires importants, et demeure une voie de compromis qui mise sur un réseau hybride au sein duquel des entités privées continueraient d'évoluer à l'abri de certains des mécanismes de régulation publics. Malgré ses angles morts, cette proposition a l'immense mérite d'apporter du nouveau dans une discussion bloquée (voir évitée) depuis plusieurs années et même de relancer le débat de fond sur de nouvelles bases. Et cela, il faut le saluer.
Une nécessaire mobilisation sociale
La marche accélérée de notre système scolaire vers la fracture sociale inquiète de plus en plus. Malheureusement, le mutisme devenu classique des gouvernements ne fait qu'accroître le problème chaque année davantage. On ne se surprend pas que la CAQ, originellement acquise au projet d'écoles à charte (charter schools), se soit contentée, en tant que gouvernement, de nier le problème de la ségrégation scolaire pourtant mis au jour par le Conseil supérieur de l'éducation en 2016 [4]. Au contraire, elle a plutôt choisi de cautionner et de renforcer l'école à trois vitesses, d'abord en maintenant les frais reliés à la fréquentation de projets particuliers à l'école publique (projet de loi no12), puis en excluant l'abolition du financement des écoles privées confessionnelles de son projet de laïcité (projet de loi no21). La mise à l'agenda politique de ce problème sociétal s'avère difficile, mais son ancrage dans la société civile semble de plus en plus tenace, quoiqu'avec l'abolition des élections scolaires, il tienne à la motivation de mouvements citoyens aux ressources limitées. Malheureusement, la majorité parlementaire demeure actuellement et probablement pour un temps favorable au statu quo, alors que le Parti conservateur du Québec ramène même l'idée des bonds d'éducation (school vouchers)...
Le chemin pour faire d'une proposition sérieuse de système scolaire équitable un enjeu électoral s'avère donc encore bien sinueux, mais sa percolation dans l'espace public demeure un passage obligé et les prochains mois ne manqueront pas d'occasions pour s'y atteler. Après avoir lancé un ouvrage collectif sur les défis de l'école québécoise [5], qui dénonce sans réserve les mécanismes de marchandisation scolaire actifs au Québec, le collectif Debout pour l'école ! a annoncé un vaste chantier de consultation citoyenne sur l'avenir de l'école québécoise pour le printemps 2023. Celui-ci sera l'occasion de discuter de nombreux enjeux importants pour remettre notre système d'éducation sur ses rails. Nul doute que la ségrégation scolaire et la nécessité d'un système équitable pour y répondre seront au cœur des réflexions. Il restera à faire en sorte que cet élan puisse porter plus largement un vaste mouvement social susceptible de forcer le prochain gouvernement à agir pour de bon.
[1] Pierre Canisius Kamanzi, « Marché scolaire et reproduction des inégalités sociales au Québec », Revue des sciences de l'éducation, vol.45, no3, 2019, p.140-165
[2] CÉGÉ (1996), Rénover notre système scolaire : dix chantiers prioritaires, 90 p. Voir https://collections.banq.qc.ca/ark :/52327/bs40260
[3] École ensemble, Plan pour un réseau scolaire commun, 2022, 37 p. Voir www.ecoleensemble.com/reseaucommun
[4] CSE, Remettre le cap sur l'équité, Québec, 2016, 100 p.
[5] Debout pour l'école !, Une autre école est possible et nécessaire, Montréal, Del Busso Éditeur, 2022, 472 p.
Gravure : Giorgio Escher, Relativite, 1953
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Courez la chance de gagner un livre en vous abonnant à la revue !

Lors d'un tirage effectué en mars par le collectif d'AB !, chacune des personnes sélectionnées sera contactée et pourra choisir parmi un exemplaire de ces quatre livres. La première personne gagnante étant la première à choisir son livre et ainsi de suite.
Offre valide jusqu'au 22 février 2024, seulement pour les nouvelles personnes abonnées. Vous êtes aussi éligible au tirage si vous abonnez une autre personne en cadeau !
Pour vous abonner, c'est par ici : https://ababord.org/abonnement
Liste des livres tirés :
Godin
Jonathan Livernois
Lux Éditeur (plus d'infos ici)
En attendant qu'on se libère. Vers une justice sans police ni prison
Mariame Kaba
Éditions de la rue Dorion (plus d'infos ici)
Voyage au bout de la mine. Le scandale de la fonderie Horne
Pierre Céré
Écosociété (plus d'infos ici)
De si longues racines. L'histoire d'une historienne
Micheline Dumont
Éditions du remue-ménage (plus d'infos ici)
Un gros merci aux maisons d'éditions et bonne chance à toutes les personnes participantes !

Le parcours militant de Charles Gagnon (1939-2005) – Balado
Charles Gagnon est un des plus importants militants révolutionnaires de la seconde moitié du XXe siècle au Québec. Né au Bic (Bas-Saint-Laurent) en 1939, il est élevé dans une famille d’agriculteurs pauvres, avant d’avoir la chance d’étudier au Séminaire de Rimouski en raison de ses aptitudes (1952-1960). Il étudie ensuite à l’Université de Montréal où il est aussi chargé de cours en lettres (1963-1966). Durant cette période, il s’implique au sein de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ) et dans plusieurs revues (Cité libre, Socialisme, Parti Pris), avant de fonder Révolution québécoise (1964-1965) avec Pierre Vallières. Cette revue prône une révolution socialiste et l’indépendance du Québec.
À la fin de l’année 1965, Gagnon et Vallières adhèrent au Front de libration du Québec (FLQ) dont ils deviennent les principaux théoriciens. En voyage aux États-Unis afin de rencontrer d’autres organisations révolutionnaires, les deux Québécois apprennent l’arrestation des membres de leur cellule et décident de manifester pour leur libération devant le siège de l’ONU à New York, avant d’entamer une grève de la faim. Ils sont arrêtés et extradés au Canada. Charles Gagnon passe les trois années suivantes en prison, où il lit et écrit, notamment son manuscrit Feu sur l’Amérique (1968).
Après une brève relaxation (février à octobre 1970), Gagnon est à nouveau incarcéré pour un an, jusqu’à sa libération définitive en juin 1971. Il se tourne alors plus résolument vers le marxisme et désire créer un parti révolutionnaire, comme il l’exprime dans Pour le parti prolétarien (automne 1972). Au printemps 1973, il participe au lancement du journal EN LUTTE ! qui devient une organisation marxiste-léniniste l’année suivante. Charles Gagnon en assume la direction jusqu’à sa dissolution en 1982. Après plusieurs voyages en Amérique latine (Mexique, Bolivie) afin d’y étudier le « mode de production asiatique » (selon les termes marxistes), il se consacre à des réflexions théoriques et à des interventions publiques, tout en publiant deux livres (Ne dites pas à mon père que je suis Québécois, 1992 et Le référendum, un syndrome québécois, 1995). Ses dernières années sont consacrées à préparer l’édition de ses Écrits (trois volumes) qui paraîtront après son décès survenu en novembre 2005.
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En tant que figure majeure du mouvement révolutionnaire québécois, le parcours et la pensée de Charles Gagnon intéressent depuis longtemps le collectif Archives Révolutionnaires. C’est pourquoi, en décembre 2023, nous avons été invités à discuter de sa vie et de son influence à l’émission Sans faire d’histoire, le balado de l’Association des étudiants diplômés du Département d’histoire de l’Université de Montréal (AÉDDHUM). Durant plus d’une heure, nous nous sommes entretenus de Charles Gagnon, avec un intérêt particulier pour ses idées politiques et leur portée actuelle. Une émission à écouter et à faire circuler !

Photo de couverture : Libération de Charles Gagnon, 13 février 1970 (Guy Turcot / Archives CSN)
Photo de fin : Écrits politiques de Charles Gagnon (Lux, trois volumes, 2006-2011)
15 fois le salaire moyen d’un employé pour le PDG de Santé Québec
Des mines pour la transition écologique
Espagne et France : Quelles perspectives pour l’anarcho-syndicalisme ? | Le Monde Libertaire (France, 2023)
Liban : une chaîne de solidarité organisée autour de l’agriculture raisonnée
gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.