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Le numéro 27 de la publication "Soutien à l’Ukraine résistante" est disponible pour un téléchargement gratuit

Les éditions Syllepse ont publié le numéro 27 des cahiers de "Soutien à l'Ukraine résistante" en téléchargement gratuit. Suivez le lien pour vous procurer votre exemplaire.
Vous y retrouverai notamment les textes suivants :
Déclaration du RESU : Un triste anniversaire
Un appel de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine
Un texte du comité français du RESU : Soutenir plus que jamais la résistance populaire armée et non armée en Ukraine
Un texte commun de la plupart des centrales syndicales de France : Pour une paix juste et durable : solidarité avec la résistance des travailleuses et des travailleurs ukrainiens
Un texte d'Hanna Perekhoda : Ukraine an III
Et plusieurs autres.
Pour télécharger le cahiers 27 des Brigades éditoriales de solidarité

Gaza : le syndicat des professeur.es de l’UQAM (SPUQ) interpelle sa direction et la CSN

Il est exceptionnel que des organisations syndicales de « base » se prononcent sur des questions de politique étrangère et plus encore sur des conflits armés.
C'est parfois le cas relève un spécialiste du syndicalisme étatsunien, Dan La Botz, quand ces questions deviennent un enjeu localement, « quand elles ont un impact direct sur l'emploi » ou sur le financement des services publics.
C'est avec ces éléments historiques en tête qu'il convient de mentionner deux résolutions provenant de la « base » syndicale au Québec. La première est une résolution de l'exécutif du Syndicat des travailleuses(eurs) des centres de la petite enfance de Montréal (STCPEML-CSN) adoptée le 28 novembre 2023 qui demande un cessez-le-feu immédiat et appuie des activités d'éducation populaire sur l'occupation et la colonisation de la Palestine , notamment.
La seconde résolution a été adoptée à l'unanimité le 16 février 2024 par le Conseil syndical du Syndicat des professeurs et des professeures de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ-UQAM). Les délégué.es des 1 200 membres affirment notamment leur solidarité avec les syndicats et les organisations de la société civile tant en Palestine qu'en Israël qui sont en faveur d'un cessez-le feu immédiat et dénoncent la prolifération de propos et gestes racistes, antisémites, antipalestiniens, islamophobes.
Au-delà de ces déclarations, le Conseil syndical interpelle directement le Conseil d'administration, la Fondation et les responsables des fonds de pension (des retraites) de l'UQAM et leur demande de procéder à « un examen de leurs engagements et placements financiers pour s'assurer qu'ils ne contribuent pas au soutien d'entreprises et d'activités économiques directement liées à la poursuite des hostilités à Gaza ».
Le Conseil syndical demande également à la CSN, la Centrale syndicale qui représente plus de 320 000 travailleurs et travailleuses, « de solliciter et de coordonner des dons de la part de ses organisations membres en vue d'une contribution commune au fonds d'urgence de l'Organisation internationale du travail pour les personnes travailleuses à Gaza ».
Enfin, le Conseil syndical dénonce les autorisations de ventes d'armes à Israël par le Gouvernement canadien et demande « à la CSN de s'impliquer énergiquement dans le mouvement de dénonciation de ces autorisations ».
Cette dernière résolution syndicale a été adoptée le jour même où la Cour internationale de justice notait « que les évènements intervenus tout récemment dans la bande de Gaza, et en particulier à Rafah, “entraineraient une aggravation exponentielle de ce qui est d'ores et déjà̀ un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales insondables” ». La CIJ estimait également que la situation exigeait « la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024 » et rappelait que « l'État d'Israël demeure pleinement tenu de s'acquitter des obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide ».
D'autres syndicats "de base" ont peut être adopté des résolutions sur le sujet. Nous n'en savons rien. On ne sait pas non plus le suivi qui sera fait de ces résolutions. Mais, compte tenu du silence quasi-absolu du patronat, des gestionnaires de fonds de pension et des centrales syndicales depuis le 7 octobre 2024, ces deux résolutions de la « base syndicale » nous semblaient mériter d'être rappelées.
Camille Popinot
Illustration : CISO, https://www.ciso.qc.ca

Les fils (des batteries) se touchent !!!

Rien ne sert de se précipiter dans le vide de l'ignorance et de faire comme si de rien n'était. Même un enfant sait tout ça depuis qu'il a lu Les habits neufs de l'empereur ; celui qui parade flambant nu comme s'il était vêtu des atours les plus fins. Legault, Guilbeault et combien d'autres persistent et signent tandis que des filous tels Northvolt leur ont affirmé que seuls les gens intelligents avaient la capacité de percevoir une telle étoffe miracle !
Le mirage de la batterie électrique (je me rappelle encore les Cent tours de Cent tours où le sorcier en guenilles, en actionnant le commutateur, croyait faire apparaitre la lumière !) constitue une somptueuse arnaque pour faire avaler l'auto solo (elle se répand comme une trainée de poudre à grandeur de notre pauvre planète d'individualistes acharnés) qui, à elle seule nous mène, « librement » droit dans le mur. Ça suffit de tergiverser et de nous jouer des mécanismes qui évoquent le trombone à coulisse ou le nez de Pinocchio. Un chat est bel et bien un chat et Northvolt une crosse monumentale… Plus ça coûte cher plus on devrait comprendre qu'on nous prend pour des imbéciles et envoyer les filous – politiciens et valets du capital – dans l'espace sidéral plutôt que de les suivre encore dans des histoires emberlificotées, aveuglé par des autoroutes stupidement élargies ou les énièmes liens du troisième type.
C'est trop clair : Northvolt ne crée que de l'esbroufe et nous dénude avec emphase en commençant pas un bon coup de déforestation pour le « progrès ». Il faut cesser de jouer à l'expert en se réappropriant les simples additions et soustractions pour que la lumière réapparaisse, de jouer à cache-cache avec le BAPE qui, trop souvent, sert à cautionner l'inacceptable en faisant promettre d'acheter du carbone ou de planter des chicots en contrepartie. Non, il faut cesser de mentir – on ne peut pas tout acheter. Écœurer de se faire asservir – tirons sur la plogue et, redémarrons massivement un transport en commun autre que des tartes à la crème (euh… REM) !
Ramon Vitesse, Biblio vélo
Image : Pixabay
Toujours dénoncé par les groupes communautaires, syndicats et comités logement

Des immigrants et des papillons

« Des immigrants et des papillons, est un documentaire de 52 minutes abordant en toute liberté, une question brûlante d'actualité : celle de l'immigration au Québec, mais au fil d'une passionnante conversation, menée à multiples voix entre gens d'ici et nouveaux arrivants, et touchant aux difficiles défis d'un vivre ensemble qui serait co-construit autant par les uns que par les autres.
Le projet, fruit d'une collaboration étroite entre le réalisateur et producteur audio-visuel Rodrigo Rodriguez, et le sociologue et essayiste, Pierre Mouterde — tous deux immigrants, mais l'un arrivé au Québec en 2011 et l'autre en 1973— a pris forme en décembre 2021 et a pu être finalisé en novembre 2023. » (Site de Rodrigo Rodriguez)
Entrevue avec Pierre Mouterde et Rodrigo Rodriguez sur leur film
Le film fait parler dans un premier temps, les personnes immigrantes sur les politiques des gouvernements canadien et québécois et sur leur vécu dans la société québécoise. Dans un deuxième temps, des personnes représentant la société d'accueil nous livrent leurs réflexions sur la société québécoise comme société d'accueil : ouverture, fermeture, xénophobie… Le film vise à permettre une prise de parole citoyenne sur la réalité de l'immigration dans la société québécoise.

Comment être véritablement allié ?
Déclaration bilan de clôture du FSM 2024 par le comité d’organisation népalais

Ce qui se joue à travers le voile des Iraniennes
Ce qui se joue à travers le voile des Iraniennes
Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2023 / hiver 2024
Yalda Machouf Khadir, Avocate et militante iranienne Le 6 octobre dernier Nargess Mohammadi, militante féministe iranienne, se voyait octroyer le prix Nobel de la paix pour son combat en faveur des droits humains et contre l’oppression des femmes en Iran. Puis ce fut le tour de Jîna (Mahsa) Amini et le mouvement Femme, Vie, Liberté de recevoir le Prix Sakharov, soulignant leur contribution à la lutte pour la défense des droits de la personne et des libertés fondamentales. Si cette double distinction est l’expression d’un soutien important de la part de la communauté internationale, cette dernière peine toujours à sortir du symbolisme et à offrir une aide concrète à la population iranienne. Le voile des Iraniennes et leur revendication au droit à l’autodétermination de leur corps ont été le point focal de cette révolution inachevée : le voile imposé a embrasé la poudrière iranienne, et femmes et filles sont devenues les porte étendards du mouvement de contestation. Mais lorsque les femmes prennent les rues et brûlent leur voile, symbole de la ségrégation de genre et pilier de la théocratie iranienne, c’est l’ensemble du système politique en place qu’elles défient. Les revendications du mouvement porté par le slogan Jîn Jian Azadi (Femme, Vie, Liberté) dépassent ainsi largement cette question. Il s’agit d’un mouvement d’émancipation qui s’inscrit dans un cycle de soulèvements que connaît l’Iran depuis 2009 et qui porte en lui des revendications multiples, dont la liberté politique, la justice sociale et environnementale, la laïcisation et la démocratisation de l’État, ainsi que la pleine reconnaissance des minorités ethniques et de genres.Brutalité de la violence étatique
Le mouvement Femme, Vie, Liberté a donné lieu à une unité historique au sein de la société civile iranienne, notamment entre les courants féministes, ouvriers et les groupes de défense des droits des minorités ethniques. Une coalition de vingt organisations féministes, syndicales et de la société civile iranienne publiait ainsi, dès février 2023, une déclaration commune visant à jeter les bases d’un nouveau contrat social fondé sur douze principes minimaux, commençant par la libération inconditionnelle immédiate de tou-te-s les prisonnier-ière-s politiques et l’imputabilité des responsables de la répression étatique actuelle et passée1. C’est ainsi qu’en l’espace de quatre mois, 165 villes des quatre coins du pays ont été le théâtre de mobilisations massives, réunissant des manifestant-e-s de tous âges et de toutes conditions sociales. La réponse du gouvernement iranien face à l’embrasement du pays a été des plus brutales. Selon le Human Rights Activists News Agency, organe de presse d’une organisation indépendante de défense des droits de la personne opérant depuis l’Iran, cette répression féroce a fait en quatre mois plus de 530 morts et conduit à 19 763 arrestations, dont celle de 181 enfants2. Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de la personne en Iran, Javaid Rehman, décrivait dans son rapport rendu public en février 2023 une situation très alarmante faisant notamment état de torture et de mauvais traitements, y compris des violences sexuelles, à l’endroit des manifestant-e-s, d’emploi illégal de la force létale et d’exécutions d’enfants3. Face à la brutalité de la violence étatique, le mouvement de contestation qui défiait ouvertement le pouvoir dans la rue, a battu en retraite. Reste à voir si ce repli tactique lui permettra de trouver de nouvelles façons de se déployer. Car si dans les faits aucun changement structurel ne s’est encore opéré en Iran, la dynamique sociale a irrémédiablement changé et paraît nettement favorable aux Iraniennes qui s’octroient plus de libertés en dépit de toutes les tentatives du pouvoir religieux d’imposer des restrictions par de nombreuses mesures de rétorsion et de répression.Crise persistante
Mais plus important encore, la crise sociale et économique qui a instigué ce mouvement est loin d’être résolue et atteint des sommets inégalés. Un taux d’inflation vertigineux frisant les 50 %4, couplé à un taux de chômage de 11 % en 2022 — le taux de chômage chez les femmes étant supérieur de 7 points de pourcentage à celui des hommes5, accentuant ainsi la fracture sexuelle systémique — rend le quotidien des Iranien-ne-s insoutenable. Tout cela s’inscrit sur fond de corruption endémique et de dévastation environnementale qui sévit d’autant plus fort que le pouvoir est dopé par la rente des ressources premières. La théocratie iranienne qui a longtemps bénéficié d’un appui populaire reposant sur la ferveur religieuse doit, face au déclin de sa base historique, compenser par un clientélisme politique de plus en plus marqué. La vision extractiviste des ressources environnementales du pays, couplée à la nécessité de l’État de financer un appareil de répression coûteux, accentue la crise environnementale à laquelle l’Iran fait face. De plus, la construction intensive de barrages et le détournement des ressources hydrauliques du pays pour alimenter ses industries agricoles et pétrolières dévastent champs et campagnes, en plus de causer des pénuries d’eau importantes au pays. L’assèchement des lacs, rivières et marais perturbe l’ensemble de l’écosystème et représente aujourd’hui une dimension particulièrement aiguë de cette crise environnementale. La pollution urbaine est également une préoccupation importante, alors que l’Iran affiche parmi les pires indices de qualité de l’air au monde6. Nulle surprise de voir l’environnement comme terrain de mobilisation de la contestation du pouvoir. L’horizon n’est guère plus positif sur le plan social. De nouvelles dispositions législatives visant à contraindre le port du voile sont à l’étude. Elles prévoient de nouvelles formes de surveillance dans l’espace virtuel, un durcissement des sanctions en cas de non-respect du port du voile, un élargissement des mesures pénales aux entreprises, en plus d’encourager la délation au sein de la population7. La répression se fait aussi sentir au sein de l’appareil judiciaire. Le 17 octobre dernier, l’avocat de la famille de Jîna Amini, Saleh Nibakht, se voyait infliger un an de détention pour propagande contre l’État8. Moins d’une semaine plus tard, le 23 octobre, Niloofar Hamedi et Elahe Mohammadi, les deux journalistes ayant couvert la mort en détention de Jîna Amini recevaient des peines respectives de 13 et 12 ans de détention au terme de procès iniques où on leur reprochait d’avoir « collaboré avec un état ennemi, à savoir les États-Unis », de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et d’avoir fait de la « propagande contre l’État »9.Intensification de la peine de mort
On observe également depuis le début du mouvement une intensification du recours à la peine de mort par le système judiciaire. Les contestataires, inculpés pour des infractions vagues et imprécises comme moharabe (inimitié avec Dieu) et efsad-e fil-arz (corruption sur Terre), en sont une cible évidente10. Les plus grandes victimes de cette pratique proscrite par le droit international restent cependant les personnes condamnées pour des infractions liées au trafic de stupéfiants, des personnes provenant majoritairement de minorités ethniques cibles de discriminations systémiques et de communautés défavorisées sur le plan socioéconomique. Selon le plus récent recensement d’Amnistie internationale, au moins 282 personnes ont été exécutées en Iran en 2023, tous crimes confondus11. Au lendemain du décès de la jeune Armita Garavand, cette adolescente de 17 ans décédée le 29 octobre dans des circonstances qui rappellent douloureusement celui de Jîna Mahsa Amini, force est de constater que la marche vers la révolution politique et sociale initiée par les Iranien-ne-s sera plus longue qu’anticipé. Malgré les contrecoups et le fort prix payé par les opposant-e-s du régime, la population iranienne est déterminée à la mener à terme. Il peut sembler périlleux d’articuler son soutien à la lutte des Iranien-ne-s dans un contexte politique marqué par une montée du nationalisme identitaire et de l’islamophobie. C’est sans doute ce qui explique le manque d’enthousiasme des courants féministes québécois face à ce mouvement qui l’est pourtant résolument, tant par ses revendications que par sa forme. Pour sortir de cette impasse et tisser des liens de solidarité, il faut comprendre la multiplicité des revendications du mouvement Femme, Vie, Liberté et se rappeler que le voile n’est que le symbole de la structure politique que l’on cherche à renverser. Quelques pistes d’actions ont été dégagées par les initiatives de luttes qui ont pris origine dans la diaspora iranienne en appui au mouvement, dont le Collectif Femme Vie Liberté de Montréal :- Isoler le gouvernement iranien et le priver de ses liquidités : depuis octobre 2022, le gouvernement canadien s’est mis à la tâche en amendant les dispositions réglementaires régissant les sanctions économiques imposées au pays, pour élargir son champ d’application à des entités et personnes ayant participé à des violations graves et systémiques des droits de la personne en Iran12.
- Empêcher l’établissement au Canada et ailleurs des membres de l’appareil d’État iranien, de même que des oligarques iraniens et de toutes les personnes responsables de violations de droits de la personne en
- Contribuer à traduire en justice les auteurs de ces violations en appliquant le principe de compétence universelle13.
- Aider les Iranien-ne-s fuyant la persécution politique à trouver un refuge durable, notamment par la mise en place de programmes spéciaux de parrainage.
- Le Club Mediapart, Femme, Vie, Liberté ! Les organisations indépendantes syndicales et civiles, 20 février 2023. En ligne : https://blogs.mediapart.fr/patricio-paris/blog/200223/iran-femme-vie-liberte-les-organisations-independantes-syndicales-et-civiles
- Human Rights Activists News Agency, Iran Nationwide Protests after 157 Days: a Preliminary Summary of the Mass Releases, 21 février 2023. En ligne : https://www.en-hrana.org/iran-nationwide-protests-after-157-days-a-preliminary-summary-of-the-mass-releases/
- Javaid Rehman, Situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran – Rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, 7 février 2023. En ligne : https://www.ohchr.org/fr/documents/country-reports/ahrc5267-situation-human-rights-islamic-republic-iran-report-special
- International Monetary Fund, Country Data – Islamic Republic of Iran, octobre 2023. En ligne : https://www.imf.org/en/Countries/IRN#
- Groupe Banque mondiale, Data – Chômage, femmes (% de la population active féminine) (estimation modélisée OIT) - Iran, Islamic et Chômage, hommes (% de la population active masculine) (estimation modélisée OIT) - Iran, Islamic Rep. En ligne : https://donnees.banquemondiale.org/pays/iran-republique-islamique-d
- IQAir, 2022 World Air Quality Report - Region & City 5 Ranking, 47 pages.
- Al Jazeera Media Network, Iran’s parliament approves ‘hijab bill’; harsh punishments for violations, 20 septembre 2023. En ligne: https://www.aljazeera.com/news/2023/9/20/irans-parliament-approves-hijab-bill-harsh-punishments-for-violations
- Center for Human Rights in Iran, Blind Human Rights Lawyer Disappears in Iran, 19 octobre 2023. En ligne : https://iranhumanrights.org/2023/10/blind-human-rights-lawyer-disappears-in-iran/
- Human Rights Activists News Agency, Journalists Niloofar Hamedi and Elahe Mohammadi Sentenced to a Combined 25 Years in Prison, 23 octobre 2023. En ligne : https://www.en-hrana.org/journalists-niloofar-hamedi-and-elahe-mohammadi-sentenced-to-a-combined-25-years-in-prison/
- Javaid Rehman, op.é cit., p.15.
- Amnesty International, Frénésie d’exécutions dans les prisons pour des infractions liées aux stupéfiants : les chiffres ont quasiment triplé cette année, 2 juin 2023. En ligne : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2023/06/iran-prisons-turned-into-killing-fields-as-drug-related-executions-almost-triple-this-year/
- Règlement sur les mesures économiques spéciales visant l’Iran, DORS/2010-165, art. 2, par a.1).
- En ligne : https://www.amnesty.fr/focus/competence-universelle
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Quel respect des droits humains avec l’identité numérique ?
Quel respect des droits humains avec l’identité numérique?
Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2023 / hiver 2024
Anne Pineau, Membre du comité Surveillance des populations, intelligence artificielle et droits humains Selon une enquête réalisée par l’Académie de la transformation numérique (Université Laval) « moins de la moitié des internautes québécois connaissent les concepts d’identité numérique (44 %) et de portefeuille numérique gouvernemental (45 %)1 ». Et seulement 40 % des adultes internautes affichent de l’intérêt « pour installer une carte d’identité numérique sur leur téléphone intelligent ». Malgré ce désintérêt ou cette méconnaissance, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, avance à marche forcée dans son projet d’identité numérique (IN).Manque de transparence
Il y a un an, le 24 octobre 2022, les commissaires à la protection de la vie privée de tout le Canada publiaient une résolution concernant les systèmes d’identité numérique2. Elle énonce les exigences que devraient respecter les gouvernements en la matière3. Au Québec, la Commission d’accès à l’information, signataire de la résolution commune, précisait dans un communiqué que « le gouvernement doit faire preuve de transparence à toutes les étapes de la réalisation du projet d’identité numérique en sollicitant la participation citoyenne par des consultations élargies, comme l’ont fait certaines provinces »4. Or, force est de constater que le projet de Service québécois d’identifiant numérique (SQIN) se développe actuellement sans débat, et qu’à plusieurs égards, il ne respecte pas les exigences de la résolution : éventuelle utilisation de la biométrie, manque de consultation, absence d’encadrement légal précis.Service québécois d’identité numérique (SQIN)
Un mémoire déposé au Conseil des ministres sur le SQIN en décembre 20215 apporte certaines informations : la « solution d’affaires » vise l’élaboration d’un document d’identité numérique gouvernemental faisant autorité auprès des tiers (public ou privé). Cette identité serait supportée par un portefeuille numérique (application mobile) permet tant de conserver des cartes, permis et attestations d’identité diverses. Une vérification d’identité « bonifiée » par l’utilisation potentielle de la biométrie, par exemple la reconnaissance faciale, est prévue. Le système aurait un registre doté d’un processus de vérification d’identité de toutes les personnes résidant au Québec.En trois volets
Le Service d’authentification gouverne mentale (SAG), l’étape 1 du projet SQIN, est une « solution d’authentification » qui permettra aux individus d’accéder en ligne à des services gouvernementaux et de consulter à distance leurs dossiers personnels (santé, SAAQ, Revenu Québec etc.). Comme le mentionne le mémoire au Conseil des ministres, le SAG « met en place les fondements d’une identité numérique » pour les fins gouvernementales. Ce service a été inauguré dans le cadre de la transformation numérique de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), avec les résultats discutables que l’on sait. L’étape 2 du SQIN vise l’authentification des entreprises faisant affaire avec le gouvernement. L’étape 3 concerne l’ajout d’un portefeuille numérique, c’est-à-dire un « document d’identité numérique gouvernementale, sur un support numérique, faisant autorité et sur lequel peuvent se fier les tiers dans le cadre de programmes, de services ou d’autres activités ». Le mémoire précise que « les consommateurs de l’identité numérique disposeront d’un moyen simple, fiable et légalement reconnu de valider l’identité d’un résident du Québec avec lequel ils souhaitent faire affaire […] ». Pour mettre au point ce volet « des entreprises couvrant plusieurs domaines d’affaires (finances, télécommunications, assurances) ont été consultées » dans le but « de recueillir ou valider les besoins qui font partie intégrante de la solution proposée ». Le portefeuille s’articule donc autour des besoins des entreprises. Cette dernière phase du projet SQIN est prévue pour 2025. Le projet SQIN, dans son ensemble, soulève de nombreuses questions.Respect des droits humains et encadrement légal
L’élaboration d’un identifiant numérique fiable et sécuritaire doit d’abord respecter le droit à la vie privée et les autres droits humains.Le système ne devrait pas permettre la surveillance et aucun détournement de finalités ne doit être possible, ce qui implique l’adoption d’un cadre légal robuste et précis, allant bien au-delà des lois générales de protection des renseignements personnels. Or, aucune loi particulière n’encadre le SQIN. Les commissaires à la vie privée indiquent pourtant que les nombreuses conditions qu’ils posent à l’établissement d’un tel système d’IN devraient « être intégrées à un cadre législatif applicable à la création et à la gestion des identités numériques », et assorti d’interdictions, de sanctions et de recours. Le SQIN devrait aussi faire l’objet d’une évaluation et d’une surveillance par un organisme indépendant.
Sécurité et conception des systèmes : une forte dépendance au privé
Les questions de sécurité et de confidentialité des données sont cruciales. En cas de panne, de piratage ou d’attaques par rançongiciels du système d’identifiants, on peut craindre une paralysie des services gouvernementaux. Et qu’en sera-t-il en cas de vol d’identité ? Les appréhensions sont d’autant plus importantes que le gouvernement peine à recruter des experts en cybersécurité, ce qui l’amène à dépendre fortement du secteur privé. La proportion de sous traitants en informatique au sein du gouvernement atteignait 34,3 % en 20226, en forte hausse. L’utilisation de ressources externes augmente les coûts de même que les risques sur le plan de la confidentialité (plus de joueurs extérieurs). Le recours aux géants américains du Web, tels que Google, Amazon et Microsoft, pour l’hébergement des données ajoute aux inquiétudes, le Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act (Cloud Act) permettant aux autorités américaines d’accéder aux données hébergées (en infonuagique) par un fournisseur américain, peu importe où elles sont stockées7.Biométrie
Selon ce que le ministre Caire a maintes fois indiqué aux médias, l’identifiant pourrait être activé par reconnaissance faciale mais au choix de l’utilisatrice ou de l’utilisateur8. Il a aussi laissé entendre que les photos du permis de conduire ou de la carte d’assurance maladie pourraient éventuellement être utilisées9. Plus récemment, dans le cadre de l’étude des crédits budgétaires de son ministère, le ministre déclarait qu’une consultation aurait lieu sur cette question : « Mais, pour la reconnaissance faciale, dans le SQIN, ce que je vous avais dit et ce que je vous redis, c’est qu’il y aura consultation publique. Mais, si on veut amener notre service d’identité à ce qu’on appelle un niveau trois, donc c’est un niveau supérieur au niveau de la sécurité, c’est le genre d’élément (…) qu’on devra déployer, donc, l’identification par la biométrie. Et, si on ne souhaite pas ça, évidemment, si les citoyen-ne-s ne souhaitent pas aller là, bien, on n’ira pas10 ». Fonder un système d’identifiant gouvernemental sur l’utilisation de la biométrie mènerait à une banalisation insidieuse de cette technologie très invasive. Et ce même si son usage demeurait facultatif. Le critère retenu par les commissaires à la vie privée dans leur résolution n’est pas celui de la volonté mais de la nécessité11. Quant à l’argument de la sécurité, les commissaires à la vie privée notent dans un autre document : « Il ne suffit pas de s’appuyer sur des objectifs généraux de sécurité publique pour justifier l’utilisation d’une technologie aussi intrusive que la reconnaissance faciale12 ». L’usage de la biométrie semble se répandre au sein du gouvernement québécois. En 2020, la Sûreté du Québec concluait un contrat avec la société Idemia pour une « solution d’empreintes digitales et de reconnaissance faciale en mode infonuagique privé ». En 2022, la SAAQ annonçait adopter elle aussi cette technologie, apparemment pour « faire le ménage » de sa banque de photos13. Si le chaos généré par la transition numérique de l’organisme a mené la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, à suspendre ce projet, tout indique qu’il ne s’agit que d’une pause14. L’extension projetée de cette technologie à l’identifiant numérique démontre l’insouciance du gouvernement quant aux risques que fait planer cette technologie sur la vie privée et la démocratie. Comme le signalent encore les commissaires à la vie privée : « Si elle est utilisée de manière inappropriée, la technologie de reconnaissance faciale peut donc avoir des effets durables et sérieux sur la vie privée et sur d’autres droits fondamentaux. Cela inclut des préjudices subis par certaines personnes dont les renseignements personnels peuvent être recueillis, utilisés ou communiqués, mais aussi des préjudices pour les groupes et les communautés et des préjudices sociétaux plus généraux qui découlent de la plus grande capacité des autorités à surveiller les espaces physiques et numériques dans lesquels les citoyen-ne-s interagissent. Il peut être difficile de limiter cette plus grande capacité de surveillance une fois qu’elle est enclenchée15 ».Fracture numérique
Comment, enfin, garantir que l’identifiant numérique n’accentuera pas la fracture numérique d’une partie de la population ? Que le passage au gouvernement en ligne ne sera pas l’occasion de coupes sévères dans les services téléphoniques ou en personne ? Que les exclu-e-s du numérique ne seront pas laissés pour compte dans l’accès aux services gouvernementaux. Cet écart est déjà très préoccupant comme le signale le Protecteur du citoyen dans son dernier rapport : « (…) il existe un véritable fossé entre, d’une part, les services mis en ligne et, d’autre part, les personnes qui éprouvent des problèmes d’accès à ces modes de communication16 ».Ailleurs dans le monde
La course à l’identifiant numérique dépasse les frontières québécoises. Le ministre Caire collabore depuis quelques années avec le fédéral et les provinces de l’Ontario et de la Colombie-Britannique pour assurer l’interopérabilité (compatibilité) des services d’IN de chaque gouvernement17. En France, une application gouvernementale (France Identité Numérique) a été lancée en septembre 2023. Le gouvernement vise une généralisation de l’IN (80 % d’utilisateurs) en 2027. L’IN n’est toutefois pas obligatoire et, fait important, l’État, devant la grogne et des avis défavorables de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, l’équivalent de la CAI pour le Québec, a dû renoncer à l’utilisation de la reconnaissance faciale18. Une IN européenne est aussi en cours d’élaboration. En février 2017, la Banque Mondiale, et d’autres entités, publiaient les Principes généraux sur l’identification pour un développement durable : vers l’ère numérique19. L’objectif officiel : offrir une forme légale d’identification permet tant l’accès aux services publics, aux programmes sociaux et au marché en ligne. À cela s’ajoute une initiative de la Banque mondiale (ID4D) pour fournir une gamme complète de soutiens financiers et techniques aux niveaux national et régional en Afrique. Mais l’IN ne crée, en soi, aucun droit et l’accès à des programmes sociaux peut demeurer bien théorique, même avec un tel outil. Dans ce contexte, l’IN s’avère surtout un catalyseur de l’économie numérique, une identité « transactionnelle » comme la décrit le Center for Human Rights & Global Justice dans un texte de juin 2022. L’organisme reproche aussi à la Banque Mondiale de soutenir des projets d’IN fondés sur la biométrie. « La Banque prend soin de préciser que les données biométriques ne sont pas exigées. Mais en insistant autant sur leurs avantages dans toute sa documentation, l’initiative ID4D a contribué à normaliser l’utilisation extensive de la biométrie dans les systèmes d’identification numérique20 ». [Traduction libre] Coïncidence ? Secure Identity Alliance (SIA), qui compte parmi ses membres les principales entreprises de biométrie, endosse les Principes généraux sur l’identification établis par la Banque Mondiale.Conclusion
L’identité numérique soulève nombre d’enjeux de droits humains : vie privée, protection des données, anonymat, surveillance, cybersécurité, inégalités, démocratie, relation des citoyen-ne-s avec l’État, accès aux programmes sociaux, etc. Autant de défis qui justifient amplement la tenue d’un débat public, démocratique et éclairé sur l’ensemble du projet d’identifiant numérique, comme le réclament de nombreux experts et organisations, dont la Ligue des droits et libertés.- Académie de la transformation numérique. Les services gouvernementaux en ligne et l’identité numérique (2021). 27 avril 2022. En ligne : https://transformation-numerique.ulaval.ca/enquetes-et-mesures/netendances/les-services-gouvernementaux-en-ligne-et-lidentite-numerique-2021
- Assurer le droit à la vie privée et la transparence dans l’écosystème d’identité numérique au CanadaRésolution des commissaires à la protection de la vie privée fédéral, provinciaux et territoriaux et des ombudsmans qui assument une fonction de surveillance dans le domaine. En ligne : https://www.priv.gc.ca/fr/a-propos-du-commissariat/ce-que-nous-faisons/collaboration-avec-les-provinces-et-les-territoires/resolutions-conjointes-avec-les-provinces-et-territoires/res_220921_02
- Notamment : participation volontaire des individus; contrôle des personnes sur leurs renseignements; ne pas utiliser de données biométriques sauf nécessité; le système ne devrait pas permettre le traçage ni créer de bases de données centralisées; transparence et encadrement légal du système d’IN incluant des droits de recours pour les citoyen-ne-s.
- En ligne : https://www.cai.gouv.qc.ca/identite-numerique-canada-organismes-de-surveillance-demandent-aux-gouvernements-dassurer-le-droit-a-la-vie-privee-et-la-transparence-dans-leurs-projets-et-systemes
- En ligne : https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/gouvernement/MCE/dossiers-soumis-conseil-ministres/2021-0227_memoire.pdf
- Nicolas Lachance, Une transformation numérique sans expertise et sans effectifs pour Éric Caire, Journal de Montréal, 25 avril 2023. En ligne : https://www.journaldemontreal.com/2023/04/25/une-transformation-numerique-sans-expertise-et-sans-effectifs-pour-eric-caire
- Rousseau, La souveraineté numérique en agroalimentaire au Canada et au Québec, CIRANO, 16 février 2021. En ligne : https://cirano.qc.ca/files/publications/2021PE-03.pdf
- Nicolas Lachance, Identité numérique des Québécois: la reconnaissance faciale ne sera pas obligatoire, Journal de Québec, 25 février 2022. En ligne : https://www.journaldequebec.com/2022/02/25/identite-numerique-des-quebecois-la-reconnaissance-faciale-ne-sera-pas-obligatoire
- Stéphane Rolland, La Presse canadienne, Des documents financiers seront-ils associés à nos futures identités numériques au Québec?, Le Devoir, 7 janvier 2022. En ligne : https://www.ledevoir.com/politique/quebec/658875/des-documents-financiers-seront-ils-associes-a-nos-futures-identites-numeriques-au-quebec?
- Journal des débats de la Commission des finances publiques, Vol. 47 N° 21, Étude des crédits budgétaires du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, 26 avril 2023. En ligne : https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cfp-43-1/journal-debats/CFP-230426.html
- « La collecte ou l’utilisation de renseignements particulièrement intimes, sensibles et permanents, comme les données biométriques, ne devraient être envisagées que s’il est démontré que d’autres moyens moins intrusifs ne permettent pas d’atteindre l’objectif poursuivi; »
- Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, Document d’orientation sur la protection de la vie privée à l’intention des services de police relativement au recours à la reconnaissance faciale, mai 2022, 62.
- Nicolas Lachance, Après ses ratés informatiques, la SAAQ se lance dans la reconnaissance faciale, Journal de Québec, 4 avril 2023. En ligne : https://www.journaldequebec.com/2023/04/04/la-saaq-utilisera-la-reconnaissance-faciale-pour-prevenir-les-fraudes
- Nicolas Lachance, Reconnaissance faciale à la SAAQ: Guilbault demande la suspension du projet, Journal de Québec, 4 avril 2023. En ligne : https://www.journaldequebec.com/2023/04/04/reconnaissance-faciale-a-la-saaq-guilbault-demande-la-suspension-du-projet
- Document d’orientation sur la protection de la vie privée à l’intention des services de police relativement au recours à la reconnaissance faciale. Précité. par. 14
- Rapport annuel 2022-2023, page 13. En ligne : https://protecteurducitoyen.qc.ca/sites/default/files/2023-09/rapport_annuel-2022-2023-protecteur-citoyen.pdf
- En ligne : https://www.newswire.ca/fr/news-releases/avancees-importantes-en-matiere-d-identite-numerique-pour-le-quebec-rencontre-des-ministres-federal-provinciaux-et-territoriaux-sur-la-confiance-numerique-et-la-cybersecurite-869739478.html
- Louis Adam, France Identité numérique veut faire oublier ZDNET, 2 mai 2022.En ligne : https://www.zdnet.fr/actualites/france-identite-numerique-veut-faire-oublier-alicem-39941353.htm
- En ligne : https://thedocs.worldbank.org/en/doc/423151517850357901-0190022018/original/webFrenchID4DIdentificationPrinciples.pdf
- Center for Human Rights and Global Justice, NYU School of Law, Paving a Digital Road to Hell? A Primer on the Role of the World Bank and Global Networks in Promoting Digital ID, juin 2022. En ligne : https://chrgj.org/wp-content/uploads/2022/06/Report_Paving-a-Digital-Road-to-Hell.pdf
L’article Quel respect des droits humains avec l’identité numérique? est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.

Grand rassemblement pour soutenir les professionnelles en soin

Le 16 mars prochain, nous nous retrouverons à Québec pour le plus grand rassemblement de professionnelles en soins de la FIQ en soutien à la négociation nationale.
Venez manifester parce qu'il faut que ça bouge à la table de négo. Rappelons au gouvernement du Québec que nous sommes toujours en négociation et que les professionnelles en soins ont droit à une convention collective négociée qui répond à leurs attentes.
La manifestation sera suivie d'une prestation musicale.
Pour permettre à toutes de participer à l'activité, les familles de nos membres sont les bienvenues.
Quoi : « Faut que ça bouge » – Grand rassemblement FIQ
Quand : 16 mars 2024 à 12 h (midi)
Lieu de rencontre pour la manifestation : Musée national des beaux-arts du Québec (Plaines)
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Négociation dans les secteurs public et parapublic : La conférence de presse du 18 février 2024 du premier ministre François Legault

Que retenir de cette conférence de presse du premier ministre François Legault tenue le 18 février 2024 concernant le dénouement des négociations avec le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS et avec la FSE-CSQ et la FAE en éducation (niveaux élémentaire et secondaire) ?
Peu et vraiment peu sinon que pour lui il y a une chose qui prime à ses yeux : les chiffres (4000 postes d'aide à la classe et la création de 5000 postes d'enseignant.es) et l'argent (un salaire de départ de 65 000$ pouvant aller, avec l'ancienneté, jusqu'à 109,000$ ; des augmentations salariales de 18% à 27%). Le chef de la CAQ revient encore une fois à la charge avec sa vision comptable de la négociation. Le coût des ententes en éducation (FSE-CSQ et FAE) et avec le Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS), sera semble-t-il élevé et c'est dans le budget des prochaines années que cela sera constaté. Par conséquent, le retour à l'équilibre budgétaire devra même être reporté de quelques années.
Nous verrons donc, en mars prochain, à combien s'élève la facture totale de ce qui a été conclu et entériné jusqu'à maintenant par les salarié.es syndiqué.es du Front commun intersyndical et de la FAE. Lors du dévoilement du grand chiffre, il y a une chose qu'il faudra avoir en tête, c'est quand même le gouvernement caquiste qui a décidé de se priver de 7 milliards de revenus par année en baissant les impôts de certains contribuables.
Les personnes qui oeuvrent dans les secteurs public et parapublic savent que ce ne sont pas les 650 000 salarié.es syndiqué.es (dont environ 75% sont des femmes) qui ont toutes et tous un revenu décent en lien avec leur travail. Plusieurs salarié.es syndiqué.es de ces deux secteurs déterminants pour notre qualité de vie en société vivotent avec une fraction de salaire et occupent un poste à temps partiel souvent non permanent.
La plus récente ronde de négociation a pu régler certains problèmes en éducation au niveau de l'aide à la classe, il y aura également l'ouverture de postes menant à la permanence, mais l'acceptation des ententes de principes négociées à la FAE et à la FSE-CSQ s'élève entre 50 et 60% selon les fédérations syndicales. À ce moment-ci, de tels résultats n'augurent rien de bon pour la suite des choses.
Il se peut que la ronde de négociation 2022-2023 (qui n'est toujours pas terminée avec le SFPQ, le SPGQ et la FIQ) apparaisse dans l'histoire comme la ronde d'un règlement négocié qui aura généré, en éducation élémentaire et secondaire, le nombre le plus élevé d'insatisfactions. C'est d'une tristesse affligeante quand on connaît l'importance de ce secteur pour l'avenir des jeunes et de la société.
À suivre…
Yvan Perrier
18 février 2024
19h45
yvan_perrier@hotmail.com
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Deux porte parole ou un chef à QS ?

QS révise ses statuts en ce moment. Un vaste sondage auprès des membres a été lancé. Évidemment la question du chef ou de deux porte parole est revenu à l'avant scène des discussion. Le Devoir en rapportant la nouvelle a aussi fait citation des propos de monsieur Thibodeau qui résume bien un courant de pensée dans Qs.
Membre de Québec solidaire, Jimmy Thibodeau voit d'un bon oeil l'idée de faire d'un des porte-parole solidaires un « chef ». « Ça ne nous empêche pas de considérer les porte-parole comme des porte-parole. Même si on donne le chapeau de chef à un des deux, ça ne va pas nécessairement affecter ses fonctions », a-t-il affirmé en entrevue avec Le Devoir, lundi. M. Thibodeau, qui est membre du collectif Option nationale de QS, évoque les « bénéfices financiers » d'une telle décision. « Si on veut être plus proches du pouvoir que ça, à un moment donné, à Québec solidaire, il va falloir être plus pragmatiques à ce niveau-là », a-t-il indiqué, tout en convenant qu'il « y a un discours ambiant chez Québec solidaire [où] on a toujours peur de mettre de l'avant un porte-parole plus que l'autre ». Québec solidaire pourrait tenir « des courses à la chefferie » ( Le Devoir François Carabin à Québec Correspondant parlementaire 13 février 2024 Québec) https://www.ledevoir.com/politique/quebec/807094/politique-quebecoise-qs-pourrait-tenir-courses-chefferie
Gabriel Nadeau Dubois a lui même mentionné que depuis la création de QS, le parti s'est transformé, la conjoncture a changé et la structure doit aussi être révisée.
Mais qu'en est-il du vrai débat ?
Un chef ou deux porte -parole
D'abord mentionnons que la création de deux porte parole : un homme et une femme a été permis une transformation de l'image public d'un parti politique et permis par extension de transformer l'image public de bien des groupes communautaires qui ont adopté eux aussi la création de deux porte parole.
Pourquoi transformer l'image publique ? Parce qu'il fallait le faire. Les femmes représente 50% de l'humanité mais sont encore peu visibles en politique malgré les progrès en parité et en partage de pouvoir. C'était vrai en 2006 à la création de Qs et c'est toujours vrai en 2024. Ce ne sont donc pas des questions financières, des préoccupations électorales qui ont amené les membres de Qs a élire deux porte parole : un homme et une femme. C'est une question féministe de représentation égale des femmes. Qs se définit comme un parti féministe : cela faisait partie de ses valeurs fondamentales et pour l'illustrer le porte parolat en était le moyen le plus efficace.
Ce qu'illustre la citation de monsieur Thibodeau c'est que la question féministe ne traverse pas l'ensemble des membres du parti. Il reste beaucoup de formation à faire pour convaincre les membres des effets combinés du patriarcat et du capitalisme sur les femmes.
Pourquoi un chef ?
Revenir avec la conception du chef c'est revenir à se fondre dans le moule de la politique traditionnelle. C'est vouloir une seule représentation du pouvoir à travers une personne qui domine la scène politique. Le meilleur exemple à l'heure actuel du chef c'est monsieur Legault. Est-ce cela que les membres de Qs veulent comme image public.
Un chef, et je dit bien un chef parce que nous sommes encore dans une société patriarcale qui a de la misère à accepter l'égalité de représentation politique des femmes, c'est déléguer le pouvoir en une seule personne qui dirige, qui domine. C'est le père du patriarcat.
Alors que ce débat revienne à Qs pose la place du féminisme dans l'image publique de Qs mais pose surtout le pouvoir dans Qs. Et comme dirait monsieur Lisée « Qui est le chef à QS » poser la question c'est y répondre.
Un chef à Qs symboliserait une réelle défaite du féministe à l'intérieur des rangs et aussi une régression dans la scème politique québécoise.
Même si Qs a grandi, que la conjoncture a changé et que la question financière est importante, la question du féministe n'a pas été réglée dans la société québécoise. Au delà d'une vision patriarcale, électoraliste et financière, l'égalité des femmes en politique demeure un combat essentiel à mener.
En espérant que les militantes féministes de Qs vont être capable de s'opposer à cette vague de recentrage de QS et qu'elles vont avoir l'appui nécessaire des groupes féministes parce que cela a un impact sur l'ensemble des luttes des femmes.
Il reste du chemin à faire
ginette lewis
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Gaza-Rafah. « Une horreur indescriptible ». Mais l’aide militaire à Israël continue

Nous publions ci-dessous une traduction française de la déclaration de Martin Griffiths, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence à l'ONU (OCHA), faite le 13 février à propos de l'opération militaire israélienne à Rafah.
Tiré de A l'Encontre
14 février 2024
Par la rédaction de A l'Encontre
Ibrahim Hasouna, seul survivant de sa famille, se tient au milieu des débris de sa maison bombardée à Rafah le 12 février. Il a perdu huit membres de sa famille, dont trois enfants.
En forme d'introduction, il nous semble utile – en fait indispensable – de citer un article de Baudouin Loos du grand quotidien belge Le Soir du 13 février. Ce dernier, à propos de la mise en garde, plus que justifiée, de Martin Griffiths, pose une question essentielle : « Et que fait le monde ? Il exprime son « inquiétude » ! Prévient qu'une telle offensive entraînerait « une catastrophe humanitaire indescriptible », comme l'a dit l'Européen Josep Borrell. Estime qu'il y a « beaucoup d'innocents qui meurent de faim, beaucoup d'innocents qui sont en difficulté, et il faut que cela cesse », selon les mots de Joe Biden himself [voir sur ce site l'article ayant trait au soutien militaire renouvelé, appuyé par les démocrates du Sénat, au gouvernement Netanyahou] Les leviers existent : cesser de livrer des munitions à l'Etat hébreu, comme le suggère le même Josep Borrell. Comme l'écrit dans une tribune publiée par le journal Haaretz l'intellectuel palestinien israélien Odeh Bisharat, “pendant qu'ils émettent des avertissements et versent des larmes de crocodile, ces mêmes dirigeants continuent de fournir à Israël des armes, de l'argent et un soutien diplomatique”. » (Réd. A l'Encontre )
***
Martin Griffiths, 13 février 2024
« Le scénario que nous redoutons depuis longtemps se déroule à une vitesse alarmante.
Plus de la moitié de la population de Gaza – bien plus d'un million de personnes – est entassée à Rafah, regardant la mort en face : ils n'ont pas grand-chose à manger, n'ont pratiquement pas accès aux soins médicaux, n'ont nulle part où dormir, nulle part où aller en toute sécurité [1].
Comme l'ensemble de la population de Gaza, ils sont victimes d'une offensive d'une intensité, d'une brutalité et d'une ampleur inégalées.
Selon le ministère de la Santé, plus de 28 000 personnes – principalement des femmes et des enfants – ont été tuées dans la bande de Gaza.
Pendant plus de quatre mois, les travailleurs humanitaires ont fait l'impossible pour aider les personnes dans le besoin, malgré les risques qu'ils encouraient et les traumatismes qu'ils subissaient.
Mais le dévouement et la bonne volonté ne suffisent pas à maintenir des millions de personnes en vie, à les nourrir et à les protéger, alors que les bombes tombent et que l'aide humanitaire est étouffée.
A cela s'ajoutent le désespoir généralisé, l'effondrement de l'ordre public et la suppression du financement de l'UNRWA [2].
Les conséquences sont que les travailleurs humanitaires sont la cible de tirs, de menaces, d'attaques et de meurtres [3]. Cela fait des semaines que je dis que notre réponse humanitaire est en lambeaux.
Aujourd'hui, je tire à nouveau la sonnette d'alarme : les opérations militaires à Rafah pourraient conduire à un massacre à Gaza [4]. Elles pourraient aussi laisser une opération humanitaire déjà fragile à l'article de la mort. Nous ne disposons pas des garanties de sécurité, de l'aide et du personnel nécessaires pour maintenir cette opération à flot.
La communauté internationale a mis en garde contre les conséquences dangereuses d'une invasion terrestre à Rafah. Le gouvernement israélien ne peut pas continuer à ignorer ces appels.
L'histoire ne sera pas tendre. Cette guerre doit cesser. »
[1] L'annonce du « massacre » en voie de « réalisation » à Rafah fait parfois oublier la trajectoire de centaines de milliers de Gazaouis depuis octobre 2023. Tareq S. Hajjaj, sur le site Mondoweiss, le 13 février, rapporte les paroles d'Ibrahim Barda', père de six enfants qui a fui la ville de Gaza avec sa famille, s'est réfugié à l'hôpital européen situé entre Khan Younès et Rafah : « J'ai passé toute la guerre à me déplacer d'un endroit à l'autre. J'ai monté ma tente pour la démonter peu de temps après, laissant mes enfants nus dans le froid jusqu'à ce que nous trouvions un nouvel endroit où nous abriter. J'ai écouté tous les ordres de l'armée israélienne, et nous nous dirigions toujours vers la dernière “zone de sécurité” désignée par l'armée. Et maintenant, nous sommes près de Rafah [à Khan Younès], et si l'armée nous ordonne d'aller au sud, à Rafah et qu'elle nous envahit, je ne sais pas où nous pourrons aller ensuite. Il n'y a plus d'endroit où aller à Gaza. La seule option que nous ayons est de continuer à être encerclé par la mort. » (Réd.)
[2] Nous reviendrons sur l'opération politique du gouvernement israélien, qui n'est pas nouvelle, de frapper l'UNRWA. Le 30 janvier 2024, Le Monde consacrait un premier article à cette question, soulignant : « L'extrême droite rêve de faire fermer l'UNRWA. Or ses arguments ont acquis un droit de cité inédit en Israël depuis le 7 octobre 2023. L'agence y est désormais assimilée au Qatar, accusé par Benyamin Nétanyahou d'avoir soutenu et financé le Hamas. Le premier ministre tâche ainsi d'éluder ses propres responsabilités, après avoir lui-même encouragé l'émirat à fournir à Gaza une aide financière directe, afin d'y maintenir un calme trompeur. Depuis trois mois, la patronne d'un lobby parlementaire pour une réforme de l'UNRWA, Sharren Haskel (droite), a voyagé à Bruxelles et dans des capitales européennes pour convaincre les donateurs de cesser de financer l'agence. »
Selon Luis Lema (Le Temps, 23 novembre 2023), un travail similaire de lobby a été effectué dans les sphères politiques helvétiques par la juriste Anne Herzberg, qui travaille pour NGO Monitor. Elle a aussi œuvré à ce que les « bailleurs occidentaux » coupent des fonds à des ONG palestiniennes. (Réd.)
[3] Outre les médecins, infirmiers et employés des structures humanitaires, les journalistes palestiniens sont ciblés par les militaires israéliens, pour tenter de faire taire les voix qui offrent une autre approche et image de la situation à Gaza que celle des journalistes « embedded » (embarqués) dans des chars israéliens. Reporters sans frontières indique qu'en « quatre mois de conflit, le journalisme palestinien a été décimé jour après jour, par les forces armées israéliennes, en toute impunité : plus de 84 journalistes ont été tués ». Reporters sans frontières a déposé un appel au Conseil de sécurité de l'ONU, « afin qu'il fasse appliquer, en urgence, sa résolution 2222 (2015) sur la protection des journalistes ». Selon le Committee to Protect Journalists, le 14 février, 85 journalistes et travailleurs des médias ont été tués, 16 blessés, 4 disparus et 25 arrêtés. (Réd.)
[4] Dans un entretien téléphonique avec le quotidien Libération, en date du 14 février, Pascal Hundt, responsable du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) dans la bande de Gaza, s'alarme d'une « horreur indescriptible » dans la bande de Gaza. A la question « Quelles pourraient être les conséquences d'une offensive militaire israélienne à Rafah ? », il répond : « Ce serait un carnage. On a vu l'opération de sauvetage de deux otages dimanche, certains avancent un bilan de 70 morts. Il s'agissait d'une opération ciblée. Imaginez une offensive massive, dans une zone aussi densément peuplée, avec des gens qui ne peuvent pas fuir dans un endroit considéré comme sûr avec un accès aux services essentiels, que ce soit la nourriture ou des hôpitaux. Ce serait un désastre qui s'ajouterait à la crise actuelle. Tout le monde connaît l'horreur absolument indescriptible de la situation à Gaza. Je n'ai plus de superlatifs pour la décrire. » (Réd.)
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Porte-parole ou chef, loin d’un choix anodin, une conception de la souveraineté populaire dans le parti et dans le pays

L'existence de porte-parole est-elle vraiment dépassée ? Nous reprenons ici un article publié par Presse-toi à gauche ! en 2017 qui expliquait pourquoi Québec solidaire a remis en question l'élection d'un chef ou d'une cheffe.
21 mars 2017 / Presse-toi à gauche
L'élection de co-porte-parole à Québec solidaire n'est pas assujetti à la loi électorale. Un co-porte-parole ne n'est pas un chef opine Alexandra Reny au nom du Directeur général des élections du Québec (DGEQ). Pour la ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santi, Québec solidaire joue sur les mots et elle affirme qu'en jouant sur les mots Québec solidaire s'autorise à déroger à la loi électorale et elle envisage de modifier la Loi afin de clarifier cette situation. Il y a bien un enjeu juridique formel à cette affaire. Mais, au-delà de ce type d'enjeu, il y a des fondements politiques à ce rapport à nos porte-parole qui méritent d'être explicités, car ils sont importants.
Le statut de chef dans les partis politiques dominants
Dans les partis politiques de la classe dominante, le chef (ou beaucoup plus rarement la cheffe) règne en maître. Philippe Couillard a le contrôle absolu de son parti. Les oppositions et divergences doivent se murmurer dans le secret de rencontres à huis clos où il a le pouvoir de trancher et de conclure les débats. Jean Charest avait la main haute sur son parti. Comme chef du Parti libéral du Québec (PLQ), il a obtenu l'appui de 97,2 pour cent des délégué-e-s libéraux dans un vote de confiance. On se souviendra que Bernard Landry avait cru bon de démissionner en 2005 suite à un vote de confiance qui avait tout de même atteint les 76%.
Pauline Marois avait obtenu un vote de confiance de 93,08% au 16e congrès du PQ en 2011, ce qui n'avait pas empêché dans la même année le PQ de rentrer en crise. En fait, le chef d'un parti, une fois élu, dans le cadre d'institutions de type britannique est le futur chef de gouvernement, le premier ministre. Comme premier ministre, il concentre tous les pouvoirs. Il est le boss. Il représente le souverain. [1]
Le vote de confiance et souveraineté royale !
Le chef politique dans notre système politique dirige le parti. Il impose son pouvoir. Il peut s'associer ou se dissocier du programme adopté par les militant-e-s. Tel est le sens du vote de confiance. Ce vote de confiance est une cérémonie qui consacre la souveraineté du chef dans son parti. Et cette souveraineté est au-dessus de la démocratie dans le parti. Le pouvoir du chef, c'est le pouvoir de défaire ce que les membres du parti ont construit ! Ce vote est le renoncement en dernière instance du pouvoir des membres sur les orientations du parti.
C'est ainsi qu'André Boisclair s'est permis de mettre côté le programme adopté de juin 2005 et d'imposer sa feuille de route provinciale élaborée dans les officines du chef. Mieux encore, Pauline Marois faisait du rejet de pans entiers du programme adopté en 2005 par l'ensemble des membres, la condition de son acceptation du poste de cheffe du Parti québécois. Elle n'a d'ailleurs pas entendu un congrès du parti pour rejeter ce programme. Elle a conclu l'opération dans un Conseil national. Jean-François Lisée est arrivé à la chefferie avec son programme et le report du référendum à 2022 est maintenant devenu le point central du discours péquiste. Les décisions du prochain congrès sur les propositions de son chef seront perçues comme un vote pour le programme défendu par le chef du parti… Un rejet signifierait un vote de censure induisant une spirale de crise dans le parti. Ce rapport au parti est la traduction à ce niveau du rapport du Premier ministre à son gouvernement.
Au parlement ou au gouvernement, toujours au-dessus du parti !
Et quand, il devient un parti de gouvernement, le Premier ministre et les ministres s'autonomisent de leur parti jusqu'aux prochaines élections. C'est ce qui explique toutes ces résolutions adoptées par les congrès restent lettres mortes et qu'une politique néolibérale est menée une fois au pouvoir par un parti qui prétend haut et fort, surtout durant les périodes électorales, défendre l'État social. N'est-ce pas l'histoire du Parti québécois ?
La base militante du Parti se transforme alors en instrument docile des parlementaires et se dégrade jusqu'à l'état de base sans pouvoir qui trotte derrière le chef ou la cheffe comme simple faire-valoir. Cette base, victime de sa confiance aveugle, n'a pas la force de faire triompher sa volonté.
La position de Québec solidaire sur les porte-parole s'appuie sur une tout autre logique !
Comme parti de gauche, QS s'appuie sur les couches subalternes de la société. Ses couches constituent la vaste majorité de la population. Son action est de défendre becs et ongles les intérêts de la majorité populaire. Il cherche et prend les moyens pour lui redonner cette parole que les couches dominantes n'ont eu de cesse de lui enlever. Mais cela n'est possible pour un parti que dans la mesure, où un fonctionnement radicalement démocratique s'y est généralisé. C'est pourquoi une compréhension profonde des conditions de l'entrée dans l'action politique de ces couches subalternes est une condition indispensable de la remise en question de leur assujettissement et de l'efficacité du politique pour remettre en question les bases idéologiques et sociales du pouvoir dominant.
Pour QS, l'opposition entre les chefs et une majorité suiviste se doit d'être abolie. Le rapport entre la base du parti et la direction est renversé. Les porte-parole condensent et expriment les aspirations des membres. Leur influence dans le parti est directement proportionnelle à cette capacité d'assumer ce rôle. Autrement dit, le prestige et l'influence des porte-parole n'augmentent que dans la mesure où ils détruisent les fondements de tout suivisme. Leur prestige augmente dans la mesure où ils ne se prétendent plus des chef-fes au-dessus des membres, mais d'où ils cherchent à faire de l'ensemble des militantes et militants qui constitue le parti, la direction de ce parti. Cette transformation de la base militante en collectif agissant capable d'une pratique réflexive partagée est un processus dialectique et continu, car un parti de gauche recrute de façon ininterrompue des éléments nouveaux. C'est pourquoi la formation est si essentielle dans un parti qui fonde son fonctionnement sur une véritable démocratie participative. La direction d'un tel parti doit refléter la réalité de genre (le caractère essentiel de la parité hommes/femmes), générationnelle (place faite aux jeunes), sociale (la présence des différents secteurs sociaux) et politiques (la reconnaissance du pluralisme politique dans le parti) pour créer les conditions d'une direction coordonnant le travail de la base d'un tel parti. Le résultat des débats peut devenir des synthèses d'expériences diversifiées vécues par les différentes composantes du parti…
C'est pourquoi un gouvernement solidaire qui voudra travailler à l'expression réelle de la souveraineté populaire exigera une rupture avec le primo-ministérialisme et proposera dans le cadre d'une assemblée constituante, la mise en place d'institutions qui donneront au parlement des pouvoirs décisionnels sur une série de questions stratégiques et instaureront divers mécanismes de démocratie directe et participative qui viseront à éviter la consolidation d'une oligarchie politique pouvant encore une fois s'approprier la souveraineté politique à ses propres fins.
[1] André Larocque dresse la liste de ses pouvoirs : “Le premier ministre du Québec est le chef de son parti, chef du gouvernement, chef du parlement, chef de l'administration. Sa décision est finale au Conseil des ministres. Il convoque, proroge et dissout l'Assemblée nationale comme il l'entend. Dans un cadre limité de cinq ans, il fixe la date des élections générales à sa discrétion, il détermine la date des élections complémentaires. Il nomme et révoque les ministres et les sous-ministres, le secrétaire général du gouvernement, le leader, le whip et le secrétaire général de l'Assemblée nationale. Il nomme les juges des cours du Québec, le directeur de la Sûreté du Québec et chef de la police de Montréal, les dirigeants des sociétés d'État (Hydro-Québec) et les dirigeants d'un large horizon d'offices, de commissions, de comités de tous genres dont la Société des Alcools, la Régie de l'assurance maladie, la Société de l'assurance automobile, la Caisse de dépôt et placement, etc. Il “propose”, mais en vérité nomme puis qu'il contrôle la majorité de l'Assemblée, le Directeur général des élections, le Protecteur du citoyen, le Vérificateur général, le président de la Commission d'accès aux documents des organismes publics. Il prépare et livre le discours inaugural (politique d ‘ensemble du gouvernement), approuve le discours du budget, détermine l'agenda gouvernemental, préside le Comité ministériel des priorités, approuve toute déclaration ministérielle majeure, répond en priorité aux questions à l'Assemblée nationale, approuve tout projet de loi, toute réglementation. Il procède par décret, contrôle l'octroi de tout contrat d'importance et détermine l'organisation de l'administration publique. » Et il conclut : “Bref, le système parlementaire est bien mal nommé. Nous vivons en réalité dans un système que l'on devrait qualifier de “premier-ministériel”. (André Larocque, Au pouvoir citoyen, mettre fin à l'usurpation des partis politiques, Éditions BLG, 2006, pp. 50-51)

Les élu.es de la gauche québécoise et le droit à l’autodétermination... des ukrainien.nes : un appel à la solidarité

Le 24 février 2024 marque le triste anniversaire de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par l'armée Russe de Vladimir Poutine. Deux ans plus tard, le silence de la classe politique québécoise est toujours aussi assourdissant et affligeant. C'est tout particulièrement le cas du silence de ceux et celles qui se revendiquent de gauche, indépendantistes ou souverainistes et qui proclament haut et fort leur droit à l'autodétermination.
En deux ans, Québec solidaire a déposé deux motions à l'Assemblée nationale. Dans la première, adoptée en février 2022, les députés s'inquiètent « de la remontée du conflit armé en Ukraine », affirment leur « solidarité avec le peuple ukrainien » et expriment leur souhait « d'une résolution pacifique basée sur la négociation et le respect du droit international ». Dans la seconde, du 23 février 2023, l'Assemblée nationale réaffirme le droit inaliénable du peuple ukrainien à son intégrité territoriale », déclare « l'agression armée de l'Ukraine par la Russie comme défiant les lois internationales », « dénonce les actes à caractère génocidaire commis contre le peuple ukrainien qui ont été rapportés par les médias », « souhaite la bienvenue au Québec à toutes les Ukrainiennes et à tous les Ukrainiens temporairement déplacés, tout en demandant aux gouvernements du Québec et du Canada de [faire tout] en leur pouvoir pour faciliter leur arrivée au pays » et enfin, « salue la résistance héroïque du peuple ukrainien et le courage du mouvement d'opposition à la guerre en Russie ».
Ces deux motions ont été adoptées à l'unanimité à l'Assemblée nationale. De fait, elles n'engageaient les signataires à rien ou presque. Elles n'exigent ni le retrait inconditionnel de la Russie du territoire ni un soutien militaire ou humanitaire. Et le seul engagement concret, soit celui de tout faire pour faciliter l'arriver au pays des ukrainien.nes qui le souhaitent, a été remis en cause à peine un an plus tard par les auteur.es de la motion. En effet, Québec solidaire, à la suite de la Coalition avenir Québec, le parti au pouvoir, et des souverainistes du Parti Québécois, dénonce aujourd'hui l'afflux des migrants temporaires, des demandeuses et des demandeurs d'asile. Tant et si bien qu'aujourd'hui, les réfugié.es "bienvenu.es" il y a à peine deux ans, vivent quotidiennement avec la crainte d'être finalement expulsé.es.
À part ces deux motions, on cherchera en vain sur le site internet de Québec solidaire des communiqués ou des prises de positions en solidarité avec la défense de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le site contient en revanche de nombreux communiqués sur la nouvelle campagne du parti pour un « projet indépendantiste » ou l'autonomie du Québec. À l'exception d'un communiqué de presse en date de février 2022, on est obligé de faire le même constat sur le site internet des souverainistes du Parti Québécois.
Au moment d'écrire ce texte, on ne sait pas encore si Québec solidaire déposera une nouvelle motion à l'Assemblée nationale, le 24 février 2024. Mais en attendant, si des élu.es Québécois.es de gauche et attaché.es au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes souhaitent appuyer un peu plus concrètement le droit à l'autodétermination des ukrainien.nes, ils et elles sont invité.es à signer cet appel d'élu.es qui réclame le retrait inconditionnel des troupes russes et le droit de l'Ukraine à recevoir les armes nécessaires pour imposer ce retrait.
Camille Popinot
Illustration : Oleksandr Shatokhin, Guilty, 2022, Poutine sera reconnu coupable de ses crimes. https://salledepresse.uqam.ca/communiques-de-presse/ukraine-lart-de-se-defendre-le-centre-de-design-de-luqam-presente-une-exposition-dillustrations-antiguerre-en-trois-volets/

Français, anglais, immigration

Le français au Québec est-il menacé par l'immigration ? Est-ce que le déclin de la langue française est relié à l'afflux d'immigrantꞏes, temporaires ou permanentꞏes, régulièrꞏes, réfugiéꞏes ou clandestinꞏes ? En tout cas, l'immigration est constamment reliée à cette question dans d'innombrables déclarations politiques, chroniques et commentaires.
Pour mieux comprendre ce qui se passe ici au Québec, on ferait bien d'ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans notre « niche écologique culturelle ».
Élisabeth Germain, 2024-02-19
La réalité est que l'innovation, en Occident, se fait en anglais. Si elle naît dans une autre langue, elle est traduite en anglais pour circuler. L'anglais est la langue de l'enrichissement économique, des avancées technologiques, du tourisme, de la diffusion artistique, de la diplomatie internationale et plus encore. La puissance dominante en Occident, ce sont les États-Unis d'Amérique (dont le nom lui-même est une appropriation abusive). La France, foyer du français, se traduit elle-même en anglais, à l'intérieur comme à l'extérieur, et elle a fait de l'anglais sa langue de prestige. Les titres de livres, les marques de vêtements, le nom des écoles, les mots pour désigner les nouvelles technologies, tout cela et plus encore s'anglicise de plus en plus.
Il ne s'agit pas d'énumérer des exemples, mais de faire voir un courant : l'anglais a colonisé l'Occident, colonisé les affaires occidentales, colonisé les esprits occidentaux. C'est à cela que le Québec est confronté, et nos dynamiques particulières s'inscrivent dans ce courant suprarégional. Il ne sert à rien d'accuser nos immigrantꞏes : les courants migratoires mondiaux eux-mêmes s'effectuent en anglais. Lorsqu'un autre langue réussit à s'imposer devant l'anglais, c'est l'arabe ou le mandarin, tandis que le français arrive derrière l'hindi ou l'espagnol. Le français n'est plus porteur des dynamiques mondiales.
Si je suis unilingue francophone au Québec – ou en France - et que j'utilise un ordinateur en français, je dois apprendre un tas de choses en anglais, car c'est la langue d'accueil d'une majorité de sites, c'est la langue des transactions commerciales et des livraisons de produits achetés, c'est même la langue des réponses aux demandes de dépannage informatique. Les objets que nous achetons sont censés comporter des instructions en français, lesquelles sont souvent incompréhensibles si on ne va pas comparer avec l'anglais. Une grande proportion des publications sont traduites de l'anglais – en sciences, c'est évident, en littérature c'est flagrant. Les termes anglais, et plus encore le contexte culturel anglophone, s'imposent à travers ces traductions et nous amènent à notre insu à penser en anglais.
Alors oui, préservons le français, préservons notre capacité à nous épanouir collectivement et personnellement dans la culture qui nous porte. Mais sachons que ce faisant, nous résistons à une dynamique de colonisation qui dépasse largement la langue d'usage, car elle se déploie dans toutes les sphères de la vie collective. Sachons qu'elle n'est pas spécifique au Québec ni portée principalement par les personnes immigrantes. Elle est globale.
Nous ne pouvons pas simplement préserver notre langue : comme pour la crise écologique, ce sont les bases familières de notre habitation terrienne qui se modifient. Comme pour la crise écologique, cette dynamique est permise par notre consentement à une expansion économique féroce, fondée sur la marchandisation et l'exploitation. Fermer les yeux, réduire le phénomène, se contenter de le freiner ou s'imaginer que nous pouvons y échapper, sont des échappatoires nuisibles. Comme pour l'inévitable crise écologique, prenons conscience et assumons que nos façons de vivre et nos perspectives doivent changer en profondeur.
Conjuguer est un maître-mot : la réalité culturelle est d'ordre écologique, elle existe dans l'interdépendance avec les réalités qui coexistent dans le même environnement. Métissage, croisements, adaptation, mutations sont nécessaires à la persistance. Nous avons à inventer, comme et avec une multitude de peuples, des dynamiques de transition culturelle, sociale et économique pour assumer la diversité et favoriser un bien vivre pour l'humanité. Cela commence à l'échelle de notre communauté territoriale québécoise concrète, toute diversité incluse.
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Les travailleurs étrangers temporaires ou l’esclavage moderne

La question de l'immigration temporaire est sur toutes les lèvres depuis décembre 2023, alors que Statistique Canada nous apprenait qu'il y a plus d'un demi-million d'immigrants temporaires au Québec. Dans l'ensemble du Canada, le nombre s'établit à 2,5 millions de personnes en situation d'immigration temporaire, réparties selon trois catégories : travailleurs étrangers, étudiants internationaux et demandeurs d'asile.
14 février 2024 |tiré de l'Aut'journal
https://lautjournal.info/20240214/les-travailleurs-etrangers-temporaires-ou-lesclavage-moderne
Des établissements d'enseignement, surtout les collèges privés non subventionnés, de même que certaines compagnies, comme Amazon ou Dollarama, contribuent à cette situation ou, du moins, en profitent beaucoup. Ces organisations à but lucratif ont en commun d'exploiter sans vergogne les populations issues de l'immigration temporaire, qui comptent parmi les plus précaires de notre société.
En éducation, on se rappellera des écoles Matrix qui, par des stratagèmes méprisables, leurraient des jeunes gens d'origine indienne et leur faisaient payer jusqu'à 25 000 $ pour des Attestations d'études collégiales (AEC) de piètre qualité. Du côté des entreprises, un rapport du syndicat des Métallos révèle une explosion du recours au PTET (Programme des Travailleurs Étrangers Temporaires). Le nombre d'individus participant à ce programme est ainsi passé de 7 180, en 2017, à 59 000, en 2023. Pour Dominic Lemieux, directeur québécois des Métallos, cette situation est troublante. Je discute avec lui pour en apprendre davantage.
Orian Dorais : Vous avez signé une lettre ouverte dénonçant un « recours débridé » au PTET et un « détournement » du programme dans des termes assez durs. Pouvez-vous préciser quelles dérives vous dénoncez ?
Dominic Lemieux : Dans les dernières années, le recours au PTET s'est multiplié par huit, ce qui amène certains risques. Le système des contrats fermés du PTET est particulièrement problématique, parce qu'il attache les signataires à une seule entreprise. Autrement dit, quelqu'un qui est sous un contrat fermé pourrait voir un meilleur emploi dans une shop juste en face de son lieu de travail, mais n'aurait pas le droit d'y postuler.
C'est quand la dernière fois qu'au Canada des gens étaient liés de force à un lieu de travail, sans pouvoir légalement aller travailler ailleurs ? À l'époque de l'esclavage. En fait, un rapporteur spécial de l'ONU a dénoncé ce système-là, en parlant d'esclavagisme moderne. On abordait les dérives du PTET, en voici une assez grave.
Il faut aussi souligner que ce programme-là ne permet que très rarement l'accès à l'immigration permanente. À la limite, celles et ceux qui occupent des métiers plus spécialisés arrivent parfois à rester, mais pour des corps de métiers comme journalier, conducteur de chariot élévateur ou préposé au nettoyage, il n'y a pratiquement aucun moyen d'accéder à la citoyenneté canadienne.
Imaginez, on parle d'immigrants et d'immigrantes temporaires qui vont habiter dans nos régions, qui travaillent dans nos usines et qui forment des relations amicales ou amoureuses avec le monde d'ici… mais le programme ne leur permet pas de rester. Même après plusieurs mois. Aussi, l'incitatif d'apprendre le français est moins présent si la personne sait qu'elle ne va rester que trois ans, maximum.
À vrai dire, on observe qu'une immigration plus prospère ou plus spécialisée va systématiquement avoir un accès plus facile à la citoyenneté que les gens du PTET, ce qui est discriminatoire. Le programme fait maintenant en sorte que des gens viennent ici pour une longue période et finissent par s'attacher à leur milieu, mais sans pouvoir y rester… alors que, justement, le Québec a besoin d'attirer du monde dans ses régions. Quand on voit une multiplication des situations comme ce que je viens de vous décrire, on peut dire que le PTET a été détourné de ses objectifs initiaux, qui visaient à combler temporairement des besoins de personnel précis.
Des solutions permanentes à la pénurie de main-d'œuvre
O.D. : Les employeurs vont souvent plaider la pénurie de main-d'œuvre pour justifier leur recours massif et prolongé à ce programme…
D.L. : La pénurie de main-d'œuvre, c'est pas une légende ; là, on est bien conscients que ça existe. Mais si cette pénurie risque de devenir un problème permanent, faudrait peut-être lui trouver des solutions permanentes… comme permettre aux employés du PTET d'avoir accès à la résidence permanente ! Pour qu'ils puissent rester dans leurs communautés – en région – et y contribuer avec leur travail. Et si la pénurie de main-d'œuvre diminue dans les prochaines années, à cause d'un éventuel ralentissement économique, alors il faudra cesser d'abuser du PTET.
Encore un mot sur la fameuse pénurie, je vous donne l'exemple de la fonderie Laperle, à Saint-Ours. Il y a quelques temps, les patrons là-bas voulaient recruter à l'étranger, en prétextant qu'ils ne trouvaient personne pour travailler dans la région. Le syndicat a insisté pour que la fonderie offre des salaires bonifiés avant de se tourner vers l'international. C'était en milieu de convention collective, nous n'étions pas en mobilisation pour le renouvellement des ententes, mais nous avons réussi à négocier une amélioration majeure de la paie. Comme par hasard, les postes ont été comblés. Dans certains cas, ce n'est pas tant un problème de pénurie, mais un problème de conditions offertes.
Réinstaurer des seuils
O.D. : Quelles réformes votre syndicat propose-t-il au programme ?
D.L. : Aujourd'hui, si des entreprises veulent utiliser le PTET, ça passe comme une lettre à la poste. Il y a environ 300 catégories d'emploi qui peuvent se qualifier. Avant, il y avait des seuils à respecter, par exemple une usine ne pouvait pas compter plus que 10 à 20% de main-d'œuvre internationale. Les entreprises devaient effectuer des tentatives de recrutement local et démontrer la pénurie de personnel. Et le syndicat devait donner son accord. Toutes ces mesures sont maintenant suspendues et nous demandons leur rétablissement.
On demande aussi que l'employeur fournisse des efforts de francisation. D'abord, il existe des programmes gouvernementaux qui couvrent une partie des coûts de francisation, donc ce ne serait pas une grosse dépense pour les entreprises. Ensuite, quand quelqu'un manipule du matériel potentiellement dangereux et que les instructions sont en français, ce serait bien que la personne en question puisse les lire. Ça devient un enjeu de sécurité.
Des histoires d'horreur
O. D. : D'après ce que vous avez pu observer, dans quelles conditions vivent les immigrants temporaires sur un visa de travail ?
D.L. : On a déjà parlé des contrats fermés et de la quasi-impossibilité d'accéder à la citoyenneté, mais il faut aussi dénoncer la précarité que cause le PTET. Les gens qui sont ici avec ce programme ont droit à une valise de 22,5 kg pour deux, trois ans, ce que les Québécois amènent normalement pour une semaine de vacances. Les travailleurs et travailleuses vivent avec la peur constante de se faire dire de ramasser leur valise et de se faire mettre dans l'avion vers leur pays d'origine, quasiment avec un timbre sur le front.
J'ai entendu des histoires d'horreur. Par exemple, deux journaliers qui se parlent pendant leur quart devant un superviseur. Le superviseur s'étend les bras et se met à imiter un avion, pour leur signifier d'arrêter, sinon ils se font retourner. C'est humiliant et si c'est pas une menace, ça !
Une fois, j'ai enttendu parler d'un employé qui s'était fait escorter de son milieu de travail par deux agents de sécurité qui l'ont forcé à faire ses bagages. Ils allaient l'emmener à l'aéroport. Le syndicat a été informé et il a carrément fallu appeler la police pour dénoncer un enlèvement ! Heureusement, on a réussi à régler le problème avant que ça finisse en expulsion. Mais la peur reste.
C'est certain que le syndicat protège les employés du PTET et que la convention s'applique également à tout le monde. Mais si les gens ont peur, ils ont moins de chance de pouvoir refuser de faire des heures supplémentaires ou de dénoncer des situations dangereuses. On assiste à une augmentation massive des cas de blessures au travail chez les immigrantes et immigrants temporaires. Maintenant, il faut qu'on se pose la question : va-t-on accepter, comme société, de voir des gens dans des situations comme ça ?

S’imposent l’arrêt des exportations d’armes et financer l’UNRWA

On ne dénoncera jamais assez l'odiosité du gouvernement canadien qui a hésité et tardé à réclamer un cessez-le-feu au fascisant gouvernement sioniste concernant sa terriblement asymétrique guerre génocidaire contre le peuple palestinien, et pas seulement contre la Bande de Gaza. Il faut dire que le gouvernement québécois a fait pire en tardant davantage et en persistant à ouvrir un bureau du Québec en Israël.
N'empêche que le gouvernement Trudeau a maintenu son soutien stratégique à Israël, tête de pont de l'impérialisme occidental pour le contrôle du Moyen-Orient, puits intarissable de pétrole bon marché et plus important carrefour géostratégique mondial, en continuant à lui exporter de l'armement. C'est ce que dénonce une coalition de la société civile canadienne et quelque peu québécoise d'ONG et d'églises mais non celle catholique (https://oxfam.qc.ca/lettre-ouverte-transferts-armes-israel/).
Là où cependant le gouvernement canadien a dépassé les bornes de l'odiosité et de servilité vis-à-vis l'impérialisme étatsunien est sa suspension précipitée de son financement de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Pourtant l'ONU a congédié ces personnes et a mis en branle le mécanisme d'examen prévu pour de tels cas. L'Office est le premier organisme humanitaire pour les personnes réfugiées de Gaza et d'ailleurs dans cette région. Elle est irremplaçable pour ces millions de personnes et est devenue indispensable car « les conséquences sur place de ces coupes budgétaires vont à l'encontre des mesures provisoires émises le vendredi 26 janvier par la Cour internationale de justice. »
Le prétexte en est qu'Israël accuse une douzaine des 13 000 personnes, sur 30 000 au total, employées de l'UNRWA dans la Bande de Gaza d'avoir participé à l'audacieuse percée du mur faisant de cette Bande une prison à ciel ouvert régulièrement bombardée, et à la prise des postes militaire adjacents dont plusieurs militaires israéliens ont été faits prisonniers. Rappelons que la lutte armée des peuples opprimés est conforme au droit international. Malheureusement l'organisation politico-militaire Hamas, réactionnaire et fondamentaliste administrant la Bande de Gaza, a planifié ou a laissé faire un massacre vengeur de plusieurs centaines personnes civiles et peut-être de soldats désarmés sans compter la prise d'otages civils. C'est là une imitation à petite échelle des crimes à grand déploiement de l'armée sioniste depuis la Nakba (catastrophe) du nettoyage ethnique de 1948. Comme la guerre génocidaire israélienne, ce crime de guerre du Hamas mérite un examen de la Cour internationale de justice. On ne dira jamais assez comment cette bavure du Hamas a donné un prétexte en or au gouvernement israélien pour sa guerre vengeresse et sans quartiers.
Devant ce scandale de non financement par les grandes puissance occidentales dont le Canada, six grands syndicats canadiens (SCFP, STTP, AFPC, Unifor, Métallos, NUPGE) représentant plus de deux millions de personnes salariées ont exigé du gouvernement canadien qu'ils annulent cette décision inhumaine pour ne pas dire barbare (https://scfp.ca/des-syndicats-reclament-le-retablissement-du-financement-lunrwa). Certes, cet appel inclut de facto plusieurs syndicats de la FTQ mais aucun des autres centrales québécoises. La CSN a bien appuyé une déclaration du CISO pour un cessez-lefeu dès octobre 2023 mais est demeuré silencieuse depuis lors. Quant aux autres centrales, sauf erreur c'est motus et bouche cousue. Il est vrai que la lutte du secteur public a été accaparante. Mais n'est-ce pas là une excuse facile ?
Marc Bonhomme, 18 février 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

Une catastrophe annoncée

En représailles à l'attentat du Hamas du 7 octobre 2023, le gouvernement israélien s'est lancé dans une opération militaire de grande envergure dans la bande de Gaza, en plus de soumettre ce territoire à un blocus total qui fait suite à un blocus partiel qui prévaut depuis 2006.
photo Serge d'Ignazio
En décembre 2023, l'Afrique du Sud a ouvert une procédure devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre Israël concernant un génocide en cours dans la bande de Gaza et demandant à la Cour de prendre des mesures conservatoires (l'équivalent d'une injonction provisoire) étant donné l'urgence, tout en lui demandant de se prononcer sur le fond de l'enjeu.
Le jugement de la CIJ
Le 26 janvier dernier, la Cour a rendu un jugement mi-figue mi-raisin concernant ces mesures conservatoires. Cependant, elle n'a pas reconnu valides les arguments de la partie israélienne et s'est déclarée compétente pour instruire cette cause.
Parmi les aspects positifs de ce jugement, mentionnons que la Cour a reconnu le très grand nombre de personnes mortes et blessées, la destruction d'habitations et le déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza (ce qui est prohibé par la Convention sur les génocides). Elle a également rappelé et fait siennes les observations du secrétaire général adjoint de l'ONU, de l'OMS et du commissaire général de l'UNRWA. Elle note également les propos déshumanisants de hauts responsables israéliens. De plus, elle accorde une plausibilité prima facie aux allégations de l'Afrique du Sud, à savoir que nous sommes devant un génocide. Elle reconnaît également le risque de détérioration de la situation d'ici à ce qu'elle rende un jugement sur le fond et admet qu'il y a une situation d'urgence. La Cour demande également à Israël de rendre disponibles les services de base et l'aide humanitaire et lui demande de faire un rapport sur les mesures prises dans un délai d'un mois.
Ces faits ne sont pas nouveaux. L'intérêt du jugement de la CIJ est de les faire attester par le droit international. Cependant, et là nous passons à l'aspect plus négatif de ce jugement, la Cour n'a pas appelé Israël à cesser immédiatement ses activités militaires dans la bande de Gaza, ce qui lui donne un délai supplémentaire d'un mois pour poursuivre ses exactions, ce dont elle ne se prive pas si l'on se fie à ce qui est rapporté par les médias. Le juge ad hoc israélien a même voté contre les mesures, tirées directement de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, demandant à Israël de s'abstenir de tels actes. À quoi s'attendre fin février puisque, dans leur plaidoyer, les représentant.es de l'État d'Israël ont nié l'ampleur des dommages infligés à la population civile et se sont même targués de permettre l'aide humanitaire à Gaza. De plus, la Cour qui avait le pouvoir d'en appeler à la communauté internationale, a laissé Israël seul juge de ce qu'il convient de faire.
Les réactions d'Israël et de ses alliés
Quelle a été la réponse du gouvernement israélien depuis ce jugement ? D'abord, de dénoncer la participation de 12 employé.es de l'UNRWA aux attentats du 7 octobre (ce qui représente moins de 0,1% du personnel de l'UNRWA en Palestine). Ensuite de demander la démission du responsable de l'UNWRA. Enfin, de planifier une attaque contre Rafah où s'est réfugiée la majorité de la population palestinienne de Gaza. Sans parler du climat de terreur et des violences que font subir les colons aux populations palestiniennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, le tout avec la complicité de l'armée israélienne. Sans parler, également, des manifestations récurrentes de l'extrême-droite israélienne pour empêcher l'aide humanitaire de transiter par le point de passage de Kerem Shalom.
Dans la foulée des « révélations » israéliennes concernant la participation de certains employé.es de l'UNRWA aux attentats du 7 octobre, plusieurs gouvernements occidentaux, dont le gouvernement canadien, n'ont rien trouvé de mieux à faire que d'annoncer la suspension de leur financement à l'UNRWA. Or, il s'avère que l'UNRWA gère, depuis 1948, les camps de réfugié.es (les personnes déplacées par la première Nakba et leur descendance), s'occupe de l'éducation et du système de santé et constitue la principale organisation humanitaire en territoire palestinien. Suspendre l'aide financière à l'UNRWA, c'est éventuellement se rendre complice du génocide israélien à Gaza et dans les autres territoires palestiniens occupés.
De plus, le Canada poursuit (et même intensifie) son commerce d'armement avec Israël. Dans le cas présent, cela signifie donner les moyens au gouvernement israélien de poursuivre son œuvre génocidaire. Or, selon la Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide, tous les États signataires (dont le Canada) doivent s'abstenir de contribuer directement ou indirectement à la commission d'un tel crime.
Que pouvons-nous faire ?
Évidemment, la première chose à faire, c'est de participer aux manifestations hebdomadaires organisées par la communauté palestinienne dans les principales villes canadiennes. Mais il y a actuellement plusieurs campagnes qui pourraient éventuellement changer la donne.
La première concerne l'annulation de l'implantation d'un bureau commercial à Tel Aviv. Le gouvernement québécois a suspendu l'ouverture de ce bureau du fait de la guerre actuelle, mais il ne l'a pas annulé. Nous devons faire savoir haut et fort au gouvernement québécois qu'il n'est pas question d'accroître nos liens commerciaux avec un État génocidaire. Au contraire, il faudrait les annuler et revoir l'entente Québec-Israël.
La deuxième concerne le rétablissement du financement à l'UNRWA. C'est actuellement la seule organisation humanitaire encore présente sur l'ensemble du territoire de Gaza et la seule en mesure de coordonner l'aide humanitaire si jamais celle-ci se rend. De plus, elle joue un rôle de premier plan en dans les autres territoires palestiniens occupés par Israël et dans les camps de réfugié.es palestinien.nes au Liban, en Syrie et en Jordanie. CJPMO a lancé une pétition à cet effet.
La troisième est la cessation de tout commerce d'armes avec l'État d'Israël. Il est insensé de soutenir militairement un gouvernement qui fait fi des règles à respecter lors d'affrontements armés. Plus encore, selon la Convention pour la prévention et la punition du crime de génocide, tous les États signataires sont tenus de faire tout en leur possible pour prévenir le crime de génocide. Contrairement à ses obligations ionternationales, le Canada alimente la machine génocidaire. Là encore CJPMO a lancé une pétition en ligne à cet effet.
En ces moments tragiques, nous devons manifester de toutes les façons notre soutien au peuple palestinien. Nous ne pouvons pas détourné le regard et dire que nous n'en savions rien : tous les jours des images atroces nous parviennent de Gaza occupée, ceux et celles qui nous les envoient risquant leur vie pour que le monde cesse de les ignorer.
Diane Lamoureux
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Ottawa fait fi du verdict de génocide de la Cour internationale de justice contre Israël et coupe les fonds d’aide aux réfugiés.es palestiniens.nes

On peut tenir pour plausible que bien des pouvoirs occidentaux soient complices du génocide des Palestiniens.nes
Owen Schalk, Canadian Dimension, 30 janvier 2024
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr
Le 26 janvier courant, la Cour internationale de justice, (CIJ) a émis un jugement contre Israël dans la cause défendue par l'Afrique du sud. Ce jugement a été bien accueilli par l'Afrique du sud, les dirigeants.es palestiniens.nes, la diaspora et les militants.es solidaires. Le tribunal ordonne ainsi à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission d'actes génocidaires » de permettre à l'aide humanitaire de pénétrer dans l'enclave ou la famine a été installée. Il ordonne aussi à Israël d'empêcher ses troupes de violer la convention de Genève de 1948 sur les génocides « avec application immédiate ».
Dans l'ensemble la CIJ reconnait que les Palestiniens.nes sont un groupe national à protéger de maux irréparables, donc la Contention de Genève s'y applique. Elle établit aussi qu'il y a des risques plausibles que l'armée israélienne commette un génocide à Gaza.
Les représentants.es israéliens.nes ont demandé au tribunal de tout simplement rejeter la cause, arguant que l'Afrique du sud ne pouvait légitimement porter plainte contre Israël devant le plus haut tribunal du monde. Mais la CIJ a pris le parti de l'Afrique du sud en émettant des obligations provisoires contre le génocide à Israël et en poursuivant la démarche judiciaire il lui a infligé un choc magistral alors que sa crédibilité s'altère sur la scène mondiale.
(…)
Même s'il n'a pas imposé de cessez-le-feu, les mesures provisoires ordonnées en exigent un. Essentiellement, il en impose un dans les faits. Après le jugement, le Ministre des affaires étrangères sud-africain, M. Naledi Pandor a déclaré : « Je pense que l'exécution des obligations, imposera un cessez-le-feu. Sans cela, on ne se sera pas conformé au jugement ».
Il faut noter que dans des cas semblables de génocide, celui de la Bosnie en 1990 et du Myanmar en 2019, la CIJ, n'a pas directement demandé de cessez-le-feu.
Ce jugement fait mentir le discours dominant des médias des représentants.es des gouvernements occidentaux à l'effet qu'Israël a le droit de se défendre contre le terrorisme et que ses interventions à Gaza quoique excessives, sont malgré tout justifiées. Autrement dit, la majorité mondiale rejette l'analyse occidentale de la guerre israélienne à Gaza.
Qu'est-ce qui va suivre ? À moins que les États-Unis n'exercent une pression suffisante pour qu'Israël cesse sa campagne militaire génocidaire contre les Palestiniens.nes, il ne va rien se passer. Le jugement de la CIJ a force de loi, mais jamais Israël n'a permis à une loi internationale de modérer sa violence que ce soit en regard des massacres de civils.es ou de l'expansion des colonies illégales. Et les institutions internationales, dominées quelles sont par les pouvoirs occidentaux, spécialement par les États-Unis, ne se sont pas non plus montrées très intéressées à tenir Israël responsable.
Mais, le présent jugement marque une victoire historique pour les Palestiniens.nes comme un rejet de la propagande israélienne et occidentale sur la scène mondiale.
De son côté, Isarël a répondu au tribunal avec sa position belliqueuse typique. Son Ministre de la défense, M. Yoav Gallant, a traité le tribunal « d'antisémite » et « qu'Israël n'avait pas de leçon de morale à recevoir ». Ce ministre avait déjà qualifié les Palestiniens.nes « d'animaux humains ». Cela a été cité durant la défense de la cause devant le tribunal.
Par ailleurs, les pays occidentaux ont poursuivi leur soutien inconditionnel à Israël malgré qu'aux yeux de la CIJ plusieurs d'entre eux sont susceptibles d'être complices du génocide des Palestiniens.nes.
La réaction des États-Unis était prévisible. Le gouvernement américain rejette la cause sans discussion sur ses mérites. Le porte-parole du Département d'État déclare que le tribunal « n'a pas prouvé qu'il y avait génocide (….) dans son jugement », ce qui est faux. À cette étape des procédures, la CIJ doit décider si l'Afrique du sud a présenté une cause plausible à l'effet qu'Israël commettait un génocide. La vaste majorité des juges l'ont fait. La cause se poursuit même s'il faudra des années pour avoir un verdict final.
Lors d'une entrevue, l'analyste géopolitique Owen Jones a estimé que la réponse de Washington au jugement, équivalait « à dire qu'un accusé en procès pour meurtre n'a pas été trouvé coupable le premier jour du procès ».
La réponse canadienne est semblable, sans colonne vertébrale.
Avant le jugement, J. Trudeau avait parlé de la cause sud-africaine de génocide avec dédain. Devant les journalistes il a déclaré : « Nous soutenons de tout cœur la CIJ et ses procédures mais cela ne veut pas dire que nous soutenons la prémisse que l'Afrique du sud a fait valoir devant la Cour ».
Le 26 janvier, quand la CIJ a statué qu'il était plausible qu'Israël commette un génocide à Gaza, la Ministre des affaires étrangères canadienne, Mme Mélanie Joly, a réitéré que le Canada soutenait Israël. Sa déclaration reprend les mots du Premier ministre et proclame que le Canada « soutien le droit d'Israël d'exister et de se défendre ». Elle demande au Hamas de libérer les otages capturés.es le 7 octobre mais ne demande pas à Israël de cesser ses bombardements sur les civils.es, les écoles, les hôpitaux, les refuges des Nations Unies, ou ses assassinats ciblés de journalistes, d'artistes ni les incitations au génocide de ses leaders.
Au moment d'écrire ces lignes, on rapporte le décès de 26,000 Palestiniens.nes à Gaza et de presque 65,000 blessés.es. Les Gazaouis souffrent du manque crucial de nourriture, d'eau potable, de médicaments et 85% des habitants.es de l'enclave ont été déplacés.es sur le territoire. Selon l'ONU, 60% des infrastructures y sont endommagées ou détruites.
Tout en parlant simplement de « préoccupation » à propos de la « crise humanitaire », à Gaza, Mme Joly emploie un langage acide pour parler de l'attaque du Hamas : « Rien ne peut justifier les attaques brutales du 7 octobre dont les terribles pertes de vie, les actes haineux de violence perpétrés durant ces attaques, incluant les violences sexuelles. (…) Le Hamas doit libérer tous les otages, cesser d'utiliser les civils.es comme boucliers humains et déposer les armes ».
Pendant ce temps, la réponse israélienne ne s'est pas limitée aux paroles. Peu après le verdict, il a publié une déclaration qui accuse des membres de l'Organisation de secours aux réfugiés.es palestiniens.nes (UNRWA), d'avoir participé aux attaques du 7 octobre.
On peut raisonnablement penser que ces accusations, obtenues lors de « confessions » durant les interrogatoires, aient été extraites par la torture. Mais cela a suffi aux donateurs de l'agence, dont les États-Unis et le Canada, de cesser leur financement.
L'UNRWA a été fondée en 1949 pour aider les réfugiés.es palestiniens.nes dépossédés.es par la Nakba. Depuis ce temps, elle a servi à la survie de millions de ces réfugiés.es. En ce moment, l'agence aide presque 6 millions de réfugiés.es principalement à Gaza et en Jordanie dans 58 camps. Elle maintient aussi 706 écoles, 140 installations sanitaires, pourvoit à l'alimentation et distribue des fonds à 1million 800 mille personnes.
L'analyste Mouin Rabani souligne : « Ce que je comprends c'est qu'Israël a calculé le moment d'émission de cette accusation contre 12 membres du personnel de l'UNRWA d'avoir participé personnellement aux attaques palestiniennes contre Israël, le 7 octobre. (Il semble) que le calendrier de publication de ces accusations coïncide avec le verdict de la CIJ dans une tentative de faire distraction ».
Selon M. Rabbani l'UNRWA a « spectaculairement mal géré cet enjeu ». En agissant immédiatement, elle pouvait donner l'impression de valider ces accusations. Cela a donné aux occidentaux qui soutiennent Israël ce qu'il fallait de justifications pour suspendre leur financement à l'agence onusienne.
Israël tente de décrédibiliser l'UNRWA depuis longtemps. Une ancienne haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères israélien, Mme Noga Arbell avait ouvertement appelé à sa fermeture. Tôt en janvier dernier, Mme Arbell a déclaré devant la Knessett : « Il sera impossible de gagner la guerre si nous ne détruisons pas l'UNRWA. Cette destruction devrait commencer immédiatement ».
Par ailleurs, l'UNRWA a déclaré que si les fonds ne sont pas de retour, elle devra mettre fin à tous ses services fin février ; une perspective catastrophique pour les réfugiés.es palestiniens.nes. Mais il ne semble pas que cela émeuve le Canada plus qu'il ne le faut. La famine régnait déjà à Gaza avant les coupures de fonds. Des millions de Gazaouis vivent le couteau sur la gorge, incapables de subsister au milieu d'inimaginables conditions, sous les bombardements, avec la faim et des brutalités génocidaires.
Hier, Mme Heather McPherson, députée NPD a demandé à la Chambre des communes : « Pourquoi les libéraux canadiens abandonnent-ils les Palestiniens.nes au moment où leurs besoins n'ont jamais été aussi grands » ?
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De la parole aux gestes svp !

Une offensive militaire israélienne à Rafah où quelque 1,5 million de Palestiniens ont trouvé refuge serait « catastrophique », a affirmé tard le 14 février le premier ministre canadien.
Par Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la Paix - 15 février 2024
Avertissements canadiens et internationaux bienvenus
Dans une déclaration commune avec les premiers ministres australien et néo-zélandais, Justin Trudeau déplore qu'une telle incursion à Rafah puisse générer des effets « dévastateurs », compte tenu de la situation humanitaire déjà désastreuse à Gaza.
« Nous exhortons le gouvernement d'Israël à ne pas s'engager dans cette voie. Les civils n'ont tout simplement nulle part où aller : 1,5 millions de Palestiniens sont bloqués à la frontière. On observe un consensus international croissant sur cette question. Israël doit écouter ses amis et la communauté internationale. On ne peut pas faire payer aux civils palestiniens le prix de la défaite du Hamas. »
Des avertissements similaires mais plus forts d'autres alliés occidentaux ont suivi ceux de l'Organisation des Nations unies. Le président américain Joe Biden a aussi déclaré que le gouvernement Nétanyahou ne devait pas lancer une éventuelle opération militaire à Rafah sans un plan « crédible » pour assurer la sécurité des civils.
Mardi matin, la ministre Mélanie Joly avait ainsi réagi : « Les civils de Rafah sont des personnes — ce sont des mères, des enfants. Ils ont des noms, des histoires — et ils existent. Leur demander de se déplacer à nouveau est inacceptable. Ils n'ont nulle part où aller. » Avant d'ajouter : « Nous avons besoin d'une entente sur la libération des otages, d'une augmentation de l'aide humanitaire à Gaza et d'un cessez-le-feu durable. »
Ces avertissements qualifiés d'hypocrites par les Palestiniens montrent plutôt un désarroi.
Nous déplorons l'absence de gestes significatifs
Pourquoi avoir attendu au 132e jour du conflit pour enregistrer de telles protestations qu'on pourrait aussi qualifier de remords de consciencei ? Et surtout pourquoi dès aujourd'hui ne pas sommer Israël d'obéir à la Cour Internationale de Justice (CIJ)ii, en menaçant, sinon, d'au moins rappeler notre ambassadrice Lisa Stadelbauer de Tel-Aviv ?
Dès le 1er novembre, l'Agora des Habitants de la Terre et nous avons donné mandat à maître Gilles Dévers de réclamer à la CIJ, parallèlement à la courageuse demande de l'Afrique du Sud, de se pencher sur les actes génocidaires perpétrés par Israël. Merci aux treize juges de la CIJ qui ont résisté aux immorales pressions politiques des puissants dont hélas le Canada, et aux critiques des extrémistes qui ont trouvé leur jugement timoré.
L'appel au cessez-le-feu de l'ONU a été endossé par le Canada le 12 décembre, alors que déjà 18 000 Palestiniens avaient été tués : nos éditorialistes furent déconcertés, après deux mois de nos propres déclarations censurées par les médias, vu notre usage du mot cessez-le-feu, toujours verboten pour l'Ukraine. Les Artistes pour la Paix avaient alors remercié la ministre Joly soutenue par le Bloc Québécois, le NPD et le Parti Vert, pour avoir voté avec 153 pays pour un cessez-le-feu entre le Hamas et Nétanyahou, réclamé par le Secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres, bloqué au Conseil de Sécurité par le honteux veto des États-Unis isolés.
Nous avions alors dénoncé la CAQ et sa Ministre des Relations internationales Martine Biron, qui jugeait la demande de cessez-le-feu « prématurée ». Heureusement, le Parti Québécois et Québec Solidaire ont sauvé l'honneur du Québec, la députée d'origine palestinienne Ruba Ghazal déclarant : « Je suis tellement choquée. La CAQ brise la tradition pacifiste du Québec qui historiquement a toujours été du côté de la paix. La majorité des Québécois sont pour un cessez-le-feu. » Elle a déposé aujourd'hui à l'Assemblée nationale deux pétitions de 12 000 noms, dont ceux de plusieurs APLP, contre l'ouverture d'un Bureau du Québec en Israël, tant et aussi longtemps que ce pays endossera les actes criminels du régime Nétanyahou envers le peuple palestinien.
D'autre part, la décision canadienne de supprimer le financement pour l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) est une mauvaise décision, selon les mots-mêmes du secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères et député de la circonscription de Don Valley Ouest, à Toronto, Rob Oliphant - Mon cœur se brise, car le seul moyen d'obtenir une aide là-bas est l'UNRWA, a confié le député. Comme l'ensemble des grands syndicats canadiens, nous appelons donc le gouvernement - plutôt que de punir le député dissident - à rétablir le financement de l'UNRWA. Sa suspension était d'autant plus scandaleuse qu'elle avait été mise en vigueur le 26 janvier, tout de suite après les États-Unis, le jour où la CIJ a jugé recevable la plainte de l'Afrique de Sud contre Israël pour actes de génocide. On y voit cause à effet.
Les accusations israéliennes contre une dizaine des 28 000 employés de l'UNRWA (13 000 à Gaza) n'ont jamais été étayéesiii !
Les positions de paix noyées par les extrêmes, droites et gauches
La CIJ a ordonné que l'État d'Israël prenne des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire nécessaires pour répondre aux conditions de vie défavorables des Palestiniens dans la bande de Gaza. Cette décision est contraignante pour tous les pays qui ont signé la convention sur le génocide, y compris le Canada.
Comme l'écrit Karim Kattan, écrivain palestinien, dans un essai émouvant pour Le Monde, il semble être devenu impossible pour certains soi-disant amis de la Palestine de « dire à la fois : les massacres comme ceux qui ont eu lieu le 7 octobre au festival de la Tribu de Nova sont une horreur scandaleuse, et Israël est une puissance coloniale féroce. » À une époque de défaite et de démobilisation, où les voix les plus extrémistes sont amplifiées par les médias sociaux, un culte de la force semble avoir envahi une partie de la gauche et court-circuité toute empathie envers les civils israéliens ».
La polarisation des voix a écarté la dénonciation de l'action terroriste du 7 octobre par l'extrême-gauche, ignorant la mort d'un millier de civils, dont plusieurs citoyens canadiens, causée par un extrémiste islamiste.
Le Hamas est l'ami de Nétanyahou qui l'a financé pour qu'il s'oppose au gouvernement palestinien (actuel premier ministre Mohammad Chtayyeh) : le fanatisme religieux, raciste et armé du Hamas dessert donc son propre peuple. Il est en outre devenu un prétexte pour que les Occidentaux de droite prétendent « que la guerre d'Israël n'est pas contre la Palestine mais uniquement contre le Hamas (voir le dessin approprié de notre APLP 2022, Jacques Goldstyn) et qu'on doit donc rejeter tout cessez-le-feu, tant que Tsahal n'aura pas exterminé les terroristes par la force brutale armée. Et on doit taire les interventions de l'ONU qui ne sont pas « objectives », ne reflétant pas la mentalité guerrière des « bons » pays alliés de l'OTAN qui réclament davantage d'armes ». À ce sujet, nous avons signé et tenté de faire connaître la pétition canadienne parlementaire du 3 janvieriv. Mais nous constatons aujourd'hui, au lendemain du fiasco de notre remise de prix pour la paix 2023, qu'il n'y a pas seulement les réseaux sociaux et les médias mainstream qui sont ennemis de la paix : nous promettons de vous revenir rapidement là-dessus.
Notre amie Elizabeth May m'a remercié aujourd'hui d'avoir appuyé « son appel à élargir notre cadre de référence - notre « carte mentale » politique - d'un système bipartite avec de mauvais choix et à reconnaître qu'au Canada, nous avons cinq partis au Parlement et qu'en 2025, nous élirons non pas un président comme aux États-Unis, mais un parlement que nous voulons diversifié avec PLUS de voix pour des politiques intelligentes et responsables. Donc moins de députés conservateurs et moins de libéraux et plus de tout le monde (évidemment, je veux plus de Verts), mais sur cette question, le Bloc a été formidable et nous devrions également avoir le soutien du NPD. » À bon entendeur, salut !
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NARRATIF A LA SAUCE … ! Journaliste en herbe,...

NARRATIF A LA SAUCE … !
– Journaliste en herbe, tu as pondu un sacré papier ?
– Un point sur la situation, M. le Directeur (trice).
– Avec une désinvolture stendhalienne.
– Mon arme n'a pas autant de cran pour « tirer au milieu d'un concert ! »
- Nous sommes en guerre et les plumes aussi !
- Je l'sais.
– Ce que tu tiens entre tes doigts est plus redoutable qu'un missile hypersonique.
– Je n'en doute pas, M. le Directeur.
– Et tu sais pourquoi ?
- Impacte sur les l'états d'esprit.
– Et … ?
- …, Je n'sais pas.
– Moi je l'sais. Le cours de l'Histoire, jeune homme !
- M. le Directeur, serait-ce-un crime de s'en tenir à la réalité ?
– Tu n'iras pas plus loin que le bout de ton nez, crois-moi !
- A ma place, vous choisiriez quel camp, entre Démocratie mensongère et Résistante effective ?
- Je choisirais de la fermer quand mon paradigme révolutionnaire ne porte pas aussi loin qu'un pipi d'un gnard.
– Le couteau sous la gorge ?
- Oui Monsieur ! Une brebis qui s'enhardit en s'écartant du cheptel, se fait sauvagement bouffer par les loups. Alors ne joue pas au factieux et suis le mouvement grégaire !
- J'ai compris, Monsieur le Directeur. Je vais écrire avec des tournures tranchantes que « Le tapis de bombes sur la population est un montage ».
- Par exemple
– Que ces images de bébés, de femmes et de vieillards sous les décombres, sont le fruit de l'IA* à des fins de propagande.
– Y a pas photo !
- Mais j'hésite à rectifier le tir, Monsieur le Directeur.
– Pourquoi ?
– Je trahirais la cause de l'Histoire qui condamne toute abjection humaine, comme les massacres des Indiens et les compagnes génocidaires actuelles.
– Ecoute-moi bien Journaliste frondeur (se) ! Dans la voie ferrée, Il y a deux sens : L'aller et le retour. Tu choisirais lequel ?
- J'apprécie votre sens allégorique M. le Directeur. Allons-y pour l'aller.
– Ben voilà ! T'es quelqu'un qui avance dans la vie. Si tu veux rester parmi nous, t'as qu'à respecter la cadence et le sens de la progression de notre « Big boy » *. C'est logique, non ?
- C'est plus logique, M. le Directeur, de tirer sur le signal d'alarme et de quitter le wagon !
Texte et dessin Omar HADDADOU
*Intelligence artificielle. * Locomotive mythique, la plus grande à son époque.
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Le coup de baguette maléfique de la spéculation immobilière

La crise du logement bat son plein et bien de gens peinent à payer leur loyer. À présent, même des employés convenablement rémunérés une fois leur loyer acquitté, doivent fréquenter des supermarchés à rabais pour s'approvisionner, comme les Dollarama.
Avec raison, on a beaucoup dénoncé les "rénovictions", c'est-à-dire des gens à modeste et faible revenu chassés de leur appartement transformé ensuite en condo ou logement de luxe, à un prix inabordable. De vieilles usines abandonnées sont aussi livrées à la spéculation qui les fait muer, comme par un coup de baguette magique, en condos.
Il y a là une dimension de l'embourgeoisement des quartiers centraux jamais dénoncée. Ces usines désaffectées pourraient (ou auraient pu) devenir des HLM, des coopératives ou des logements à prix abordable. On l'a souvent souligné, et avec justesse. Mais l'aspect historique du problème paraît échapper à l'attention des militants et militantes communautaires du secteur de l'habitation.
En effet, des générations d'ouvriers et d'ouvrières ont bossé dans ces établissements souvent pour des salaires de misère. Montréal doit à cette main d'oeuvre bon marché une forte partie de sa puissance et de son statut de métropole du Québec (et autrefois du Canada). De plus, ces gens habitaient souvent à proximité de leur lieu de travail, dans des blocs appartements aujourd'hui "condoïsés¨ dans la plupart des cas.
Or, ces lieux "revampés" et mis au goût du jour sont aujourd'hui envahis par les nouvelles élites depuis que les spéculateurs immobiliers les ont transformés en condos. Ces gens y mènent une vie confortable alors qu'autrefois les accidents de travail se signalaient par leur fréquence. Les spéculateurs et les propriétaires de condos s'en fichent éperdument, si même ils en sont conscients. Il s'agit d'une sorte de scandale moral de nature historique. Murs refaits auxquels sont fréquemment accrochés des tableaux de maître (ou plus fréquemment leurs reproductions), planchers en bois verni, belles fenêtres panoramiques, mobilier sophistiqué... Tout un contraste avec la réalité d'autrefois !
Là où circulaient les ouvriers et ouvrières en habits de travail souvent couverts de poussière et effectuant un boulot suant, les nouveaux occupants des lieux sont des membres de ce qu'on appelle parfois la classe moyenne supérieure : des gestionnaires financiers, des administrateurs privés et publics, des patrons, des politiciens, parfois des professeurs d'université ; ils sont tous élégamment vêtus et sirotent durant leurs loisirs un verre de rouge ou une tasse de café importé. Ils y circulent avec aisance. Ce sont des profiteurs.
C'est donc sans complexe qu'ils s'approprient des locaux d'anciennes manufactures, comme si ça allait de soi.
Il faut donc garder à l'esprit cette dimension historique quand on passe à côté d'une usine transformée en condo.
Jean-François Delisle
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Souveraineté : La répartition des sacrifices

J'ai déjà évoqué dans un texte précédent la longue et difficile période de transition qui suivrait un OUI majoritaire à la souveraineté lors d'un hypothétique troisième référendum. Les indépendantistes, même ceux et celles de gauche, n'abordent jamais cette question difficile. Il suffit de relire l'ensemble des textes soutenant l'option souverainiste pour le constater du premier coup d'oeil.
On y parle abondamment de libérer le Québec de sa "soumission" au pouvoir fédéral, on y valorise la notion de "république sociale", on y lie souveraineté à émancipation de la nation québécoise en général et de ses travailleurs en particulier. Toutes ces idées se défendent certes et sont en partie fondées.
Cependant, un problème central est toujours escamoté : la répartition des sacrifices nécessaires à la réalisation du rêve indépendantiste. Même Québec solidaire n'y fait pas allusion, un parti qui s'est pourtant donné comme mission première de défendre les travailleurs et travailleuses, ce qui n'augure rien de bon pour ceux-ci en cas de victoire souverainiste.
Si cette hypothèse devenait réalité, les pressions financières, commerciales et politiques d'Ottawa sur Québec seraient énormes, lourdes et étouffantes. Concrètement, l'accession du Québec à son indépendance nécessiterait une détermination sans failles tant de la part de ses dirigeants que d'une majorité de la population.
Des compressions budgétaires majeures deviendraient inévitables de la part du gouvernement souverainiste, qu'il soit péquiste ou solidaire, ou encore une coalition parlementaire des deux. C'est ici que la dimension sociale serait incontournable . Qui en écoperait le plus ? Comment acquérir la certitude que le gouvernement indépendantiste respecterait les intérêts des travailleurs en général, et ceux des secteurs mous de l'économie, qui concentrent les plus démunis d'entre eux, c'est-à-dire des moins organisés et des plus vulnérables, là où la résistance se révélerait la plus faible face à une politique restrictive venant des pouvoirs publics ?
Une adhésion majoritaire de l'électorat à l'indépendance provoquerait inévitablement une forte instabilité économique et financière, ce qui frapperait durement un marché de l'emploi déjà ébranlé à l'heure actuelle. Les exclus n'ont aucune garantie que le gouvernement du Québec protégerait leurs intérêts économiques, même les plus minimaux.
Bien au contraire. Le cabinet péquiste n'aurait d'autre possibilité pour retenir au Québec d'indispensables compétences comme les administrateurs publics et le plus possible de gestionnaires privés, des architectes, des techniciens en tout genre et des ouvriers spécialisés que de ménager leurs intérêts en priorité, et ce d'autant plus que d'importantes et influentes associations professionnelles et syndicales défendent leurs intérêts. Ce n'est pas le cas des travailleurs non syndiqués et des exclus comme les chômeurs et les prestataires de la Sécurité du revenu (aide sociale). Pareil pour les régions les moins développées dont le cabinet négligerait les intérêts au profit d'autres plus favorisées. On peut aussi parler des retraités dont on ne ne sait trop quelle ligne de conduite Ottawa adopterait à leur égard. Se livrerait-il à du chantage sur leur dos contre le gouvernement "séparatiste" québécois dans l'espoir qu'ils le laissent tomber et le pressent de regagner le bercail fédéraliste ?
Le processus de transition vers la souveraineté, même s'il devait réussir, accentuerait des divisions déjà profondes au sein de la société québécoise. La majorité en faveur du OUI serait nécessairement assez faible. L'importante minorité qui aurait voté NON ne désarmerait pas facilement et on peut s'attendre à une alliance active et même agressive de son côté avec le gouvernement d'Ottawa contre les "séparatistes". Le débat fédéralisme-indépendance concerne moins le Canada anglais que le Québec français lui-même. C'est ici que les divisions, voire les déchirements qui accompagnent toute accession d'une nation à sa souveraineté se feraient le plus sentir.
Ces considérations sont encore spéculatives bien sûr, mais elles ont au moins le mérite de suivre le chemin de la vraisemblance. Pour la gauche sociale, il importe de talonner les formations indépendantistes à ce sujet. Elle le doit d'abord pour veiller aux intérêts fondamentaux de ceux et celles qu'elle défend : les travailleurs non syndiqués, les chômeurs, assistés sociaux et locataires à faible revenu.
Jean-François Delisle
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La Saint-Valentin : un douloureux rappel pour les personnes assistées sociales

Québec, le 14 février 2024 – ROSE du Nord a répondu à l'appel à la signature massive de la pétition : Modernisation de la notion de vie maritale pour les prestataires de l'aide sociale lancé par son regroupement provincial le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ).
Depuis plusieurs années, notre organisme dénonce l'application des dispositions entourant la vie maritale pour les personnes assistées sociales. « La journée de la Saint-Valentin est une date symbolique pour notre regroupement et ses membres puisque les personnes assistées sociales n'ont pas le même droit à l'amour que le reste de la population à cause d'obstacles dans la loi de l'aide sociale. » mentionne Mélanie Ratté, militante impliquée au sein du FCPASQ.
Le statut de vie maritale à l'aide sociale, c'est lorsque deux personnes sont considérées être en couple aux yeux de la Loi. Lorsque ce statut est appliqué, pour la majorité des prestataires, les prestations sont amputées de 25% et une seule personne peut percevoir la prestation pour le couple.
Plusieurs conséquences aberrantes découlent de ce statut : atteinte à l'autonomie financière, risque de subir des violences de toutes sortes, enquêtes très intrusives, cumul de dettes injustifiées, choix à faire entre son histoire d'amour et ses prestations d'aide sociale, déménagement forcé avec une personne plus rapidement que prévu, être forcé.e de vivre seul.e, etc. « Ces dispositions sont un véritable frein à l'amour et à l'entraide. Plusieurs personnes choisissent de vivre seules plutôt que de devoir vivre dans une anxiété constante de se faire couper leurs prestations parce qu'elles sont considérées en couple. Et tout ça en pleine crise du logement ! », mentionne Mélanie Ratté. La militante impliquée ajoute qu' « à l'inverse, d'autres personnes sont forcées de rester dans une situation parce qu'elles n'ont pas de prestation pour pouvoir quitter. »
ROSE du Nord appui et porte la pétition lancée par le comité femmes du FCPASQ le 14 décembre dernier, visant à revendiquer la modernisation des dispositions entourant la vie maritale. Cette pétition s'inscrit dans une série d'actions organisées en vue de s'assurer que la ministre Chantal Rouleau inclut les revendications du regroupement dans la réforme de l'aide sociale qui est à paraître au printemps 2024. Quatre revendications sont mises de l'avant :
● D'administrer un chèque par personne et que celui-ci puisse couvrir les besoins de base en établissant les prestations sans tenir compte du revenu de la personne conjointe ;
● D'établir le statut de vie maritale seulement lorsque les personnes se déclarent conjointes et abolir les critères tels que l'entraide et la commune renommée ;
● De cesser la surveillance accrue des personnes ;
● D'abolir rétroactivement toutes les dettes en lien avec le statut de vie maritale en concordance avec les dispositions ci-haut.
Cette pétition, portée par le député de Laurier-Dorion Andrés Fontecilla, est disponible sur le site de l'Assemblée nationale jusqu'au 14 mars 2024. Mélanie Ratté conclut : « il est primordial que cet enjeu soit discuté à l'Assemblée nationale. Pour ce faire, nous avons besoin de récolter le plus de signatures possible. Allez signer la pétition, parlez-en autour de vous, faites-la circuler ! »
À propos :
ROSE du Nord est un collectif de femmes vivant en situation de pauvreté. Nous défendons solidairement les droits des femmes sans emploi ou à statut précaire et militons activement pour améliorer leurs conditions de vie dans une approche féministe-conscientisante.
Le Front commun des personnes assistées sociales du Québec regroupe des organismes de défense des droits des personnes assistées sociales partout au Québec. La principale mission du FCPASQ et de ses groupes membres est la promotion des droits économiques, sociaux et culturels des citoyen.ne.s du Québec exclu.e.s du marché du travail et qui vivent dans la pauvreté
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Action féministe : De l’indignation à l’action

Les diverses crises, inégalités et violences qui font obstacle à l'atteinte de l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi qu'entre les femmes elles-mêmes ont été au cœur des discussions entre le Collectif 8 mars et la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, lors d'une rencontre organisée dans le cadre des activités entourant la Journée internationale des droits des femmes.
Tiré de Ma CSQ cette semaine.
La ministre a reconnu la pertinence du thème « Ça gronde ! », choisi cette année pour souligner la journée du 8 mars, et la nécessité de manifester notre indignation.
En tant que membre du Collectif 8 mars, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a participé à cette rencontre. Celle-ci a été l'occasion de faire un état des lieux des enjeux vécus par les femmes aujourd'hui encore. La ministre Biron en a profité pour exprimer sa volonté d'agir afin de faciliter l'accès à l'avortement et de lutter contre la violence conjugale.
« Nous comptons sur la ministre pour sensibiliser son collègue, Jean Boulet, ministre du Travail, afin qu'il ajoute, au projet de loi no 42 présentement à l'étude, la mise en place d'une banque de 10 jours d'absence rémunérés pour les victimes de violence conjugale », a dit la porte-parole du Collectif 8 mars, Virginie Mikaelian.
La réalité des femmes en situation d'itinérance a aussi été mise de l'avant lors de la rencontre. Exacerbée par l'actuelle crise du logement, l'itinérance touche les femmes de manière disproportionnée et spécifique, selon le Collectif, qui affirme que les solutions pour y remédier sont connues. « Il faut s'attaquer à la racine du problème, notamment en accélérant la construction d'un plus grand nombre de logements sociaux. Il s'agit d'une mesure structurelle pour contrer l'itinérance », avance Virginie Mikaelan.
La question du maintien de services publics accessibles et de qualité a également été abordée lors de la rencontre avec la ministre. Le Collectif a fait valoir que ce sont les femmes, en tant que travailleuses et utilisatrices des services publics, qui ressentent le plus les effets lorsque la qualité des soins de santé et des services sociaux et de l'éducation est fragilisée. « Nous aurions voulu lui parler plus longuement de la dégradation des services publics et de nos préoccupations concernant les récentes réformes adoptées en éducation et en santé et services sociaux », a dit la porte-parole du Collectif.
La ministre responsable de la Condition féminine a été très réceptive aux informations qui lui ont été présentées. Le Collectif 8 mars l'encourage fortement à utiliser tous les leviers à sa disposition à titre de ministre pour intervenir sur l'ensemble des enjeux touchant les femmes, que ce soit l'économie, l'environnement, l'habitation ou la santé et les services sociaux. Ses membres souhaitent poursuivre le dialogue et continueront de proposer des pistes de solutions pour veiller à la défense des droits de toutes les femmes au Québec.
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FFQ : Un petit tour d’horizon

Voici un extrait du message de la présidente de la FFQ publié dans l'infolettre de la Fédération des Femmes du Québec.
Tiré de L'infolettre
Chères membres et personnes alliées,
C'est avec grand plaisir que je saisis l'occasion pour m'adresser à vous aujourd'hui. Comme vous le savez sûrement, depuis mon arrivée en poste au printemps dernier, les événements se sont enchaînés les uns après les autres. L'équipe de travail et le conseil d'administration n'ont pas chômé ! Plusieurs enjeux nous ont interpelées dans les derniers mois, notamment, l'annonce de la ministre responsable de la condition féminine concernant la possibilité de légifération du droit à l'avortement. Heureusement, grâce à nos pressions et celles de plusieurs autres organisations féministes, celle-ci a fait volte-face à ce sujet, ce qui est une victoire majeure pour le respect des droits des femmes et leur accès aux services d'avortement.
D'autre part, il y a eu d'importantes mobilisations du Front commun du secteur public au cours de l'automne dernier. Cette lutte nous concerne toutes, étant donné les discriminations évidentes envers les femmes qui occupent majoritairement les emplois de ces secteurs, la sous-valorisation de leurs savoir-faire, de l'apport essentiel qu'elles offrent à toute la population. Nous avons donc soutenu activement le Front commun pour les secteurs publics dans leurs négociations avec le gouvernement.
De plus, il y a eu une augmentation de violence et des propos haineux envers les communautés LGBTQIA2s+, particulièrement envers les personnes trans et non binaires. Nous nous sommes donc mobilisées avec le Comité des pas-sages pour lancer un appel à soutenir un manifeste pour l'abolition du supposé « Comité des sages » mis en place par la Coalition Avenir-Québec. Je vous invite fortement à suivre leurs actions et à les soutenir.
Plusieurs autres sujets nous ont préoccupées, je vous les évoque rapidement, sachant que chacun de ces sujets est très important et demanderait un texte complet. Entre autres, la réforme de la santé proposée par le ministre Dubé et adoptée en décembre dernier aura certainement des impacts majeurs sur la pratique sage-femme et sur la santé des femmes plus globalement. Aussi, la crise humanitaire et le génocide qui se déroulent en ce moment, et ce depuis des mois, en Palestine sont alarmants. Nous devons continuer à dénoncer cela et continuer à soutenir la Palestine.
(....)
Au plaisir de vous voir sous peu et bonne lecture !
Sylvie
Présidente de la FFQ
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gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.