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« { L’écologie contre-attaque} » : Marine Tondelier en appelle à l’unité de la gauche au congrès des Écologistes

6 mai, par Emilio Meslet — ,
Réélue le 19 avril 2025, la secrétaire nationale des Verts veut promouvoir une « écologie des 99 % » qui rassemble. Samedi 26 avril, depuis Pantin, elle a appelé la gauche à (…)

Réélue le 19 avril 2025, la secrétaire nationale des Verts veut promouvoir une « écologie des 99 % » qui rassemble. Samedi 26 avril, depuis Pantin, elle a appelé la gauche à l'unité pour la présidentielle en refusant de choisir entre ses partenaires.

Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/politique/les-ecologistes/lecologie-contre-attaque-marine-tondelier-en-appelle-a-lunite-de-la-gauche-au-congres-des-ecologistes

Publié le 27 avril 2025
Emilio Meslet
photo Eric Tschaen / Rea

Le parti Les Ecologistes se réunit autour de sa secrétaire nationale, Marine Tondelier.
Marine Tondelier a présenté, samedi 26 avril, les principales orientations politiques et stratégiques des Écologistes pour son second mandat en mettant l'accent sur les prochaines municipales et la présidentielle.

C'est ici qu'ils avaient fêté sans demi-mesure, à l'été 2020, leur succès aux élections municipales, lorsqu'ils s'imaginaient encore future force dominante de la gauche. Cinq années ont depuis passé, avec leur lot de gadins électoraux et de reculs environnementaux. Voilà pourquoi, selon Marine Tondelier, l'heure de la « contre-attaque » de l'écologie a sonné, comme elle l'a martelé depuis la Cité fertile, tiers-lieu de Pantin (Seine-Saint-Denis) où elle a été officiellement réinvestie secrétaire nationale à l'issue du congrès des Écologistes. Son score de 73 % est sans appel : les militants lui ont massivement renouvelé leur confiance pour porter leur ligne.Mais quelle ligne ?

Des mois durant, les critiques ont plu sur Marine Tondelier, accusée par ses opposants – Florentin Letissier (8 %), Karima Delli (13 %), et Harmonie Lecerf-Meunier (6 %)– d'être trop floue sur son cap politique. De refuser de trancher entre une « écologie de gouvernement » du premier cité, inspiré par les Verts allemands, et une « écologie populaire » foncièrement anticapitaliste défendue par les deux autres prétendantes.

« L'écologie, ce n'est pas la foi »

« Je vais vous faire plaisir : je vais parler de ligne. J'ai vu que ça manquait à certains », a lancé, un poil revancharde, Marine Tondelier pendant son discours. Elle promet donc une « contre-attaque » de l'écologie mais sans cliver. Si, lors de sa première élection en 2022, la Nordiste voulait un « million de sympathisants » pour son parti, elle place désormais la barre encore plus haut, espérant presque 66 millions de sympathisants puisqu'elle se dit « convaincue que chaque Française, chaque Français a, dans un coin de sa tête, un écologiste qui sommeille en lui ». D'où une stratégie qui flirte avec un populisme quasi ruffiniste : Marine Tondelier prône donc une « écologie des 99 % » qui rassemble contre ces 1 % « responsables de la moitié des émissions mondiales », qu'il faut taper au portefeuille avec, notamment, la taxe Zucman, impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultrariches.

« Ce congrès n'a pas été celui de la clarification », regrette Karima Delli, laquelle veut un projet « pour gagner, pas pour résister ». Un proche de Florentin Letissier dit lui « ne toujours rien comprendre ». « On a encore trop tendance à se dire qu'on a raison et que les gens vont s'en rendre compte, recadre Harmonie Lecerf-Meunier. Maintenant, il faut convaincre parce que l'écologie, ce n'est pas la foi. » « Marine a indéniablement ramené des gens vers nous et nous n'avons jamais eu autant de militants. Mais je voudrais qu'elle parle plus de fond et qu'elle incarne enfin la radicalité », espère une cadre.

Mais dans l'état-major tondelieriste, on assume de ne pas donner dans la lutte des classes : « Nous sommes sur le mode « transition », pas « révolutionnaire », car il nous faudra emmener tout le monde et faire accepter le changement avec une répartition équitable de l'effort », explique la députée Sabrina Sebaihi. Pour des mesures concrètes, il va falloir encore patienter. Le parti vient d'engager un travail programmatique, avec des chercheurs comme l'économiste Anne-Laure Delatte. Celui-ci ne sera dévoilé qu'à la fin août, lors des Journées d'été des Écologistes à Strasbourg. David Cormand, eurodéputé et proche de la secrétaire nationale, indique que le projet des Verts sera guidé par la lutte contre « le productivisme, dont tous ne sont pas sortis, y compris ceux qui se réclament de l'anticapitalisme ».

Le « théorème de l'entonnoir » pour définir un projet commun

Un débat qui ne doit pas empêcher l'union de la gauche et des écologistes pour 2027, d'après Marine Tondelier et sa ligne « antifasciste ». Une volonté consensuelle dans son parti. C'est d'ailleurs l'un des principaux objectifs du texte d'orientation des Écologistes, voté à 85 % par les adhérents. « Nous serons fidèles à la promesse de cet été (le Nouveau Front populaire, NDLR). Et vous ? », lâche-t-elle à chaque parti allié, dont au moins un émissaire était présent dans la salle. La secrétaire nationale veut peser de tout son poids pour faire aboutir le rassemblement à l'heure où « les forces obscures du néonazisme, du néofascisme, du néopétainisme se répandent ».

Elle propose une méthode tirée du « théorème de l'entonnoir » qu'elle a inventée : commencer par définir les contours d'un projet commun et remettre à plus tard la question de l'incarnation une fois que chacun a mis le doigt dans l'engrenage, « sinon on est sûrs de se planter ». Et, pour répondre aux « aspirations profondes du peuple de gauche et de l'écologie », Marine Tondelier veut tout le monde autour de la table : « Peut-être que des partenaires choisiront à notre place en s'isolant, en refusant de travailler avec les autres. Mais nous ne choisirons pas ! »

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5 mai : Journée des robes rouges

6 mai, par Femmes autochtones du Québec, Unifor — , , ,
Aujourd'hui, en cette journée de la robe rouge, nous honorons la mémoire des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones assassinées et disparues. Nous portons (…)

Aujourd'hui, en cette journée de la robe rouge, nous honorons la mémoire des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones assassinées et disparues. Nous portons le rouge pour faire résonner leur voix, trop souvent réduite au silence, et pour rappeler qu'aucune vie ne devrait être oubliée.

Chez Femmes Autochtones Québec, notre cœur est tourné vers les familles et les communautés qui vivent avec une douleur profonde, mais aussi avec une force admirable. À travers le deuil, l'amour demeure, et c'est cet amour que nous portons avec vous aujourd'hui.

Nous vous voyons, nous vous entendons, et nous marchons à vos côtés.

Prise de position d'Unifor

Le 5 mai est la Journée de la robe rouge, une journée de commémoration et de solidarité envers les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées, et l'occasion de renouveler l'engagement collectif du syndicat envers la justice.

Les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones continuent d'être la cible d'actes de violence à des proportions qui sont tout simplement inacceptables dans une société qui prétend accorder de la valeur à la justice. En 2019, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié une feuille de route exhaustive contenant 231 appels à la justice afin de s'attaquer aux causes systémiques de cette violence. Six ans plus tard, un trop grand nombre de ces recommandations ne sont toujours pas mises en œuvre. Le manque de volonté politique à tous les ordres de gouvernement a pour conséquence que la violence continue.

La découverte des restes de Marcedes Myran et de Morgan Harris dans le site d'enfouissement Prairie Green, situé près de Winnipeg, nous rappelle brutalement que la crise est loin d'être terminée, malheureusement. Bien qu'il ait fallu attendre trop longtemps avant d'entamer les recherches, la décision du premier ministre Wab Kinew d'organiser des fouilles montre ce qui est possible lorsque les gouvernements décident d'écouter, de croire les familles et d'agir.

Les familles et les autorités espèrent encore que les restes d'Ashlee Shingoose, une victime du même tueur en série, puissent être découverts dans un autre site d'enfouissement de la région de Winnipeg.

Il est important de sensibiliser la population à propos de cette crise de violence et de proposer aux membres des occasions de se joindre aux militantes et militants qui se battent pour la justice. Unifor invite ses membres à participer à une discussion qui se déroulera en ligne, le 5 mai à 13 h (heure de l'Est), au sujet du soutien à apporter aux familles des femmes, des filles et des personnes bisexuelles autochtones disparues et assassinées. Cliquez ici pour vous inscrire.

D'ici là, les sections locales d'Unifor sont vivement encouragées à prendre part aux événements organisés dans leurs régions pour souligner la Journée de la robe rouge.

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Le révisionnisme d’un certain pacifisme - À propos de la Crimée

Presse-toi à gauche ! (PTAG) publie le 38e numéro de Soutien à l'Ukraine résistante des Brigades éditoriales de solidarité. On y trouvera des textes produits par divers (…)

Presse-toi à gauche ! (PTAG) publie le 38e numéro de Soutien à l'Ukraine résistante des Brigades éditoriales de solidarité. On y trouvera des textes produits par divers camarades ukrainien·nes, ainsi qu'un dossier consacré à la Crimée ; dossier particulièrement utile pour tout·e internationaliste, acquis·e au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, qui s'inquiète du soutien improbable, apporté par des militants de gauche, au « plan de paix » imaginé par Donald Trump en avril 2025.

Pour rappel, le dit « plan de paix » consacre la loi du plus fort, notamment en reconnaissant la péninsule de Crimée, annexée de force par la Russie de Poutine en 2014, comme un territoire Russe [1].

Pourtant, il se trouve aujourd'hui au sein même des espaces militants, des discours portés au nom de la gauche, du pacifisme et de l'anticolonialisme qui voient dans cette concession une condition somme toute raisonnable. Après tout, la « paix internationale » pourrait bien valoir la peine de céder la Crimée et ses habitant·es au régime de Poutine ; d'ailleurs la Crimée a-t-elle jamais été « vraiment » Ukrainienne ? Et la paix ne serait-elle pas à portée de main si on parvenait à convaincre ce va-t-en-guerre de Zelensky, laquais de l'impérialisme de l'OTAN hier, de l' l'UE aujourd'hui – puisque Trump a officialisé, on ne peut plus publiquement, son soutien à Poutine - d'abandonner sa « prétention patriotique (…) de garder la Crimée ukrainienne » ? (nos italiques).

C'est l'expression mobilisée dans leur article du 25 avril dernier, par les Artistes pour la Paix (APLP). Et ces derniers, « sans vouloir vendre la peau de l'ours trop tôt », se déclarent tout de même « favorables à cette paix possible ». Si ce texte a retenu notre attention, c'est qu'il illustre une tendance de fond, bel et bien repérable dans la gauche au Québec comme ailleurs, et le développement concomitant d'un argumentaire qui se drape de vertu (eux, ils défendent la paix) mais qui procède de contre-vérités et de manipulations historiques tout en souffrant d'amnésies : exit de l'histoire le pacte germano-sovietique, les 1.7 millions d'ukrainien·nes de l'armée rouge qui sont mort·es au combat contre le nazisme, et les crimes russes contre les Tatars de Crimée. Suivant cet argumentaire "pacifiste", les Russes auraient (comme un seul homme) héroïquement résisté aux nazis alors que les Ukrainien·nes et les Tatars, tous aussi antisémites les uns que les autres, auraient (là encore comme un seul homme) collaboré avec l'occupant [2].

À contrecourant de cette relecture sélective de l'histoire, toute à la gloire de la puissance occupante russe, qui ressemble d'ailleurs à s'y méprendre à la propagande de Poutine lui-même (Collectif d'historiens dans Le Monde, 5 mai 2025), on recommande donc vivement la lecture de ce dossier des Brigades éditoriales de solidarité, pour ne pas « oublier » que :

1. « Le peuple autochtone – les Tatars de Crimée – a été au cours des siècles la principale victime de l'impérialisme russe : ils ont été privés de leurs terres, dépossédés, soumis à un nettoyage ethnique et à l'oppression » (Voir le texte de Sophie Bouchet-Petersen dans ce numéro). En 1944 « en deux jours, toute la population tatare (200 000 personnes) [fut] déportée dans des conditions atroces » (ibid.) ; environ 45% d'entre elles et eux sont morts au cours du trajet ou à leur arrivée dans l'Est de la Russie soviétique (en Ouzbékistan pour la plupart). Certains historiens évoquent un génocide, tout comme les autorités Tatares d'ailleurs.

2. Lorsque le 18 mars 2014, comme le rapporte l'APLP et nous reprenons leurs termes ici « le président russe, Vladimir Poutine, signe avec les dirigeants de Crimée un accord historique sur le rattachement de cette péninsule à la Russie, deux jours après le référendum en Crimée qui a pleinement plébiscité cette option », la Crimée venait d'être conquise par les « petits hommes verts » armés jusqu'aux dents, annexée « au terme d'un référendum bidon que la communauté́ internationale ne reconnait pas » (Sophie Bouchet-Petersen dans ce dossier), qui n'a aucune légitimité en droit international, qui fut tenu dans le contexte d'une répression terrible des opposant·es en Crimée, et qui fut largement boycotté par les Tatars. À l'issue de quoi, le Majlis (Assemblée des Tatars) a été déclaré́ « organisation terroriste » et interdit.

3. Aujourd'hui même, « [D]e nombreux Tatars de Crimée réfléchissent sérieusement à la forme d'autodétermination qu'ils préfèrent et au statut juridique de la Crimée sur la base du cadre juridique international. De leur représentation politique au sein du gouvernement de Crimée à la protection du patrimoine culturel, il existe de nombreuses façons de réaliser l'autonomie ». En revanche, l'enrôlement de force, les disparitions, les meurtres, les viols, la torture, la russification forcée, voire le nettoyage ethnique, bref ce qui est décrit de l'occupation Russe, ne figure pas parmi les projets d'autodétermination envisagés par les Tatars, jusqu'ici, à tout le moins.

Certes, nombre d'ukrainien·nes n'ont pas plus de leçon à donner en matière de respect des droits des minorités et des autochtones, que nombre de Russes ou de Québécois·es par exemple, c'est notamment ce que montre le texte de Mariia Chynkarenko concernant la question de l'autodétermination des Tatars. Pour qui s'y intéresse vraiment, ce texte éclaire précisément la complexité des rapports coloniaux en Crimée. Certes, le révisionnisme historique n'est pas le propre de la propagande Russe, des historiens et des politiciens Ukrainien·nes sélectionnent eux aussi des évènements historiques pour légitimer la domination de l'Ukraine sur la Crimée et sur les Tatars en particulier…

Mais en quoi cela peut-il constituer un argument en faveur d'une Crimée russe lorsqu'on se dit internationaliste et donc anticolonialiste ?

Pour ne pas dire n'importe quoi, peut-être pourrions-nous, comme nous y invite Patrick Silberstein dans son introduction, revenir aux principes de base du droit international, du droit international humanitaire, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et du droit des autochtones. Parmi ces principes, il y a bien entendu l'obligation de respecter l'intégrité territoriale des États, y compris, que cela plaise ou non aux pacifistes, celle de l'Ukraine, Crimée comprise. Il y a également l'interdiction des mobilisations forcées dans les territoires occupés (art.51 de la Conv. de Genève), le droit à des procès équitables, le droit à la liberté d'expression, de religion etc. autant de droits dont est privée une large partie de la population de la Crimée occupée, comme le montrent les textes de ce dossier (Halya Coynash et Crima SOS).

Et toujours pour éviter de dire n'importe quoi, peut-être pourrions nous revenir au principe de base de la solidarité internationale, lire et écouter ce que dénoncent et ce que revendiquent les premières et premiers concerné·es.

Bonne lecture.

Martin Gallié (texte révisé par Elsa Galerand)
5 mai 2025

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Des militant-es syndicaux dénoncent la privatisation et les attaques contre les droits syndicaux

6 mai, par PTAG ! — ,
Avant le départ de la manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes à Québec pour le Premier mai, des militant-es syndicaux ont dénoncé les attaques du gouvernement (…)

Avant le départ de la manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes à Québec pour le Premier mai, des militant-es syndicaux ont dénoncé les attaques du gouvernement Legault contre la classe travailleuse, particulièrement par son soutien à la privatisation en santé et au niveau des services d'électricité. Ils et elles ont également dénoncé le projet de loi 89 qui s'attaque au droit de grève. PTAG reproduit ici ces interventions.

À l'ouverture de la manifestation du premier mai à Québec, Pierre-Guy Sylvestre, conseiller syndical du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) dénonce la privatsation des services publics, et particulièrement de la production et de la distribution de l'électricité.


Isabelle Trépanier et Caroline Gravel de la Fédération interprofessionnelle(FIQ) dénoncent la démolition des services de santé par le gouvernement de la CAQ. Cette démolition passe par la privatisation des services de santé et par la détérioration des conditions de travail du personnel de la santé. (Premier mai, Québec)


François Proulx-Dupéré, secrétaire général du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches-CSN dénonce les politiques d'austérité du gouvernement de la CAQ qui se font au détriment des services publics et qui frappent la population de plein fouet. Le capital n'a pas sa place en santé et dans les services publics. Défendons notre droit de grève attaqué par le projet de loi 89 ! Dehors la CAQ ! (Premier mai, Québec)

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Analyse des investissements de la CDPQ en 2024 : 27,4 milliards $ dans 76 entreprises complices des crimes d’Israël en Palestine

6 mai, par Coalition du Québec URGENCE Palestine, Mouvement Pour Une Paix Juste — , , ,
La Coalition du Québec URGENCE Palestine et le Mouvement pour une paix juste (Just Peace Advocates) ont publié aujourd'hui, en français et en anglais, leur analyse conjointe du (…)

La Coalition du Québec URGENCE Palestine et le Mouvement pour une paix juste (Just Peace Advocates) ont publié aujourd'hui, en français et en anglais, leur analyse conjointe du rapport annuel 2024 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Presse toi à gauche publie ici le résumé, la présentation et la conclusion du rapport.

Pour lire le rapport cliquer ici

Résumé

Une analyse détaillée du rapport annuel 2024 de la CDPQ révèle que le bas de laine des Québécois·es investit, au 31 décembre 2024, 27,4 milliards $ dans 76 entreprises complices des crimes d'Israël en Palestine. Cela représente une augmentation de 24 % par rapport à l'année précédente et 5,8 % du total des investissements qui s'élèvent à 473,3 milliards $. Ces entreprises se retrouvent dans une ou plusieurs des six listes d'entreprises identifiées comme complices de crimes contre le peuple palestinien : base de données des Nations unies, projet AFSC Investigate, Canada : Stop Arming Israel, Who Profits, Don't Buy Into Occupation et Campaign Against Arms Trade.

Présentation

La présente analyse du rapport annuel 2024 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a été réalisée conjointement par la Coalition du Québec URGENCE Palestine et Just Peace Advocates/Mouvement pour une paix juste. La Coalition est un regroupement de 50 organisations syndicales, communautaires et citoyennes qui a lancé, le 17 mars 2025, la campagne panquébécoise Sortons la Caisse des crimes en Palestine, dans la foulée de l'installation du campement populaire Al Soumoud au Square-Victoria à Tiohtià:ke/Montréal en juin 2024 par le collectif Désinvestir pour la Palestine. Le Mouvement pour une paix juste est une organisation indépendante de défense des droits humains. Il a réalisé des analyses similaires des investissements de la CDPQ pour les années 2021, 2022 et 2023, en collaboration avec Palestiniens et Juifs unis et Canadian BDS Coalition.

L'analyse vise à mettre en lumière le fait troublant et inacceptable que la CDPQ continue d'investir l'argent des Québécois·es dans des entreprises ayant des activités complices des crimes actuels commis par Israël en Palestine : génocide, occupation, colonisation, apartheid et toutes formes de violations des droits humains des Palestinien·nes et du droit international associées à ces crimes.

Conclusion

Depuis plus de deux ans, divers acteurs de la société civile québécoise interviennent auprès de la CDPQ afin qu'elle reconnaisse le caractère hautement problématique, au plan légal et éthique, de toute activité économique qui contribue, d'une manière ou d'une autre, aux crimes d'Israël contre le peuple palestinien : génocide, occupation, colonisation, apartheid et tout le cortège de violations des droits humains et du droit international qui en découle. Ils ne demandent qu'une chose : que la CDPQ remette en question ses investissements dans des entreprises qui ont de telles activités, soit en désinvestissant, soit en faisant pression sur ces entreprises si cela peut mener à la fin rapide de ces activités. L'analyse de son rapport annuel 2024 démontre clairement que la CDPQ n'applique pas sa propre politique concernant les droits de la personne dans le cas des Palestinien·nes, dont la violation des droits ne devrait plus faire de doute pour personne.

En effet, loin de cesser ou de diminuer, les investissements complices de la CDPQ ont augmenté de 24 % au cours de l'année 2024. Nous constatons même une croissance plus élevée encore des investissements de la CDPQ dans les entreprises militaires qui profitent du génocide à Gaza.

Le refus flagrant de la CDPQ d'agir en conformité avec le droit international est honteux et son indifférence aux violations des droits du peuple palestinien est révoltante. La CDPQ ne gère pas un portefeuille de milliardaires. Elle gère l'argent de 6,5 millions Québécois·es à qui elle doit des comptes.

De plus en plus de Québécois·es découvrent avec effroi que des investissements de la CDPQ les rendent complices des crimes contre le peuple palestinien et font connaître leur opposition, notamment à travers la campagne « Sortons la Caisse des crimes en Palestine ». Cette analyse se veut un outil de plus pour soutenir leur mobilisation.

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Riches et puissants contre pauvres et faibles :Trump mondialise la lutte des classes !

6 mai, par Yorgos Mitralias —
Les 100 premiers jours de la seconde présidence de Trump ont suffi au Trumpisme pour qu'il bouleverse non seulement les certitudes de l'ordre international établi par ceux d'en (…)

Les 100 premiers jours de la seconde présidence de Trump ont suffi au Trumpisme pour qu'il bouleverse non seulement les certitudes de l'ordre international établi par ceux d'en haut, mais aussi les dispositions et la perception de cet ordre international par ceux d'en bas ! Et une première conséquence, mais de taille, de ce bouleversement est que le paysage international de ceux d'en haut est devenu subitement plus clair ou même presque limpide et intelligible aux yeux de cette humanité que constituent ceux d'en bas.

Par Yorgos Mitralias

Par exemple, il y a seulement six mois, Poutine était encore présenté, mais aussi perçu par nombre de ceux d'en bas, comme un contrepoids sinon comme un antidote « progressiste » à l'impérialisme nord-américain. Aujourd'hui, cette fable ne tient plus debout, elle n'est plus qu'un amas de ruines : Trump et Poutine sont des alliés et même des partenaires pour piller et partager le monde et surtout pour faire table rase de tout ce que l'humanité et le monde du travail ont pu conquérir comme droits et libertés par leurs luttes ces 15 ou 23 dernières décennies !

Loin de nous l'idée assez répandue que tout ce chambardement est le fait d'une seule personne, de Trump et de sa folie des grandeurs ultraréactionnaires. En réalité, il correspond à une véritable lame de fond planétaire qui est le fruit des efforts plus ou moins conjugués d'une myriade de personnes et de forces d'extrême droite, fascisantes ou même fascistes décomplexées lesquelles ont, en plus, le vent en poupe. Et c'est exactement parce que ces bouleversements ne sont pas le fait d'une seule personne, qu'ils disposent des bases matérielles solides, qu'ils ne seront -malheureusement- pas éphémères, et qu'ils doivent être pris très au sérieux.

Ceci étant dit, force est de constater qu'a l'instar de l'Establishment du Parti Démocrate américain, les (néo)libéraux de tout poil, temporisent et hésitent de résister à cette extrême droite envahissante, quand évidemment ils ne soutiennent pas, même du bout des lèvres, elle et ses mesures liberticides. En somme, le faisceau de crises cataclysmiques aidant,* le paysage classiste, hier encore brouillé, devient aujourd'hui bien plus claire, ce qui aide manifestement tout le monde, et surtout ceux d'en bas, de mieux s'orienter dans le labyrinthe de classe de temps modernes. *Par exemple, plusieurs pays des BRICS (Afrique du Sud, Brésil…) et de l'Afrique noire qui ont cru trouver dans la Russie de Poutine un ami et protecteur contre la rapacité de l'impérialisme nord-américain, doivent aujourd'hui reconsidérer ce choix stratégique, qui devient pratiquement intenable après que Poutine s'est rapproché énormément de Trump concluant de fait une
alliance avec lui, à laquelle s'ajoute désormais l'imprésentable génocidaire des Palestiniens premier ministre israélien Bibi Netanyahou.

Mais, cette nouvelle réalité politique inaugurée par le tandem Poutine-Trump est en train de bouleverser le paysage politique et de clarifier les idées surtout des masses plébéiennes, des travailleurs et les travailleuses, des opprimé*E*s et des damné*E*s de la terre et -évidemment-
des gens de gauche*.* C'est -presque- inévitable quand* les oligarques s'allient aussi ostensiblement avec les milliardaires pour faire front avec la racaille obscurantiste, raciste et néofasciste afin de s'attaquer tous ensemble à la multitude des pauvres, des exploitéEs et des raciséEs partout dans le monde !* Il s'agit d'une véritable attaque frontale des riches
contre les pauvres, des puissants contre les faibles tant à la périphérie déshéritée qu'au centre développé de notre monde. D'une agression de dimensions historiques qui n'a pas de précédent car cette fois elle met en jeu l'existence même de l'humanité et de notre planète…

C'est donc dans ce nouveau contexte international qu'on voit poindre les premières tentatives de *coaliser ceux d'en bas* -indépendamment de leur précédente affiliation politique- pour qu'ils fassent front contre les attaques des puissants et des néofascistes de l'Internationale Brune en
gestation. Et ce n'est pas évidemment un hasard si ces tentatives soient pour l'instant plus palpables (et réussies) aux Etats-Unis, au cœur du monstre inhumain et réactionnaire : le « tour de lutte contre l'oligarchie » (*Fighting Oligarchy Tour*) de *Bernie Sanders* est en train
de battre les records historiques de participation populaire partout où il fait des arrêts , tant dans les grandes métropoles industrielles qu'aux petites villes rurales, tant dans les États Démocrates qu'aux bastions Republicains ! Et tout ça avec un Bernie Sanders qui fustige avec la même
véhémence tant les Républicains que les Démocrates, au nom de la classe ouvrière américaine et de son mouvement syndical…

Mais, il y en a plus que ça. Le mouvement populaire que Bernie Sanders est en train de propulser deviendra inévitablement une référence de résistance et de lutte pour ceux d'en bas de par le monde et les habituera à faire la distinction entre les deux Amériques, une distinction que hier encore ils ne faisaient pas : celle de ceux d'en haut amis milliardaires et néofascistes de Trump et celle des citoyens américains qui leur résistent, avec lesquels ils auront d'ailleurs tout intérêt de tisser des liens de solidarité active afin de rendre leur action commune plus efficace.

Encore plus importante, cette perception et conscience de la communauté des malheurs mais aussi des luttes, commence à poindre le nez en Palestine et en Ukraine. « Grace » aussi à Trump et à ses initiatives plutôt macabres que « pacificatrices », *les deux tentatives génocidaires de ses amis
Netanyahou et Poutine tendent désormais à paraître pour ce qu'elles ont toujours été, « jumelles »,* confirmant ainsi pleinement ce que le ministre des Affaires étrangères de Poutine Sergueï Lavrov déclarait déjà en janvier 2024, dans l'indifférence générale :* "Israël poursuit des objectifs
similaires à ceux de la Russie » car « la destruction complète du mouvement Hamas » » et « l'élimination de tout extrémisme à Gaza »
sont similaires à la "démilitarisation" et la "dénazification" que Moscou poursuit en Ukraine !(1). *Mêmes bourreaux impérialistes et barbares, soutenus par la même coalition internationale des réactionnaires et néofascistes, mêmes
tactiques génocidaires, et même occupation et colonisation des terres prétendument « sans population » au nom de la Grande Russie, du Grand Israël et du droit du plus fort !

Notre conclusion va de soi : face à la menace mortelle que représente ce front uni des milliardaires, des oligarques, des obscurantistes, des racistes, des génocidaires et des néofascistes, face à l'Internationale Brune de Trump-Poutine-Netanyahou, ce n'est pas seulement les peuples de la Palestine et de l'Ukraine qui doivent unir leurs forces et coordonner leurs résistances. Inventer et pratiquer un internationalisme de combat devient désormais pour nous tous aussi important que l'air que nous respirons…

*Notes*

*1. *Voir *Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères : « Israël poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » : * <https://europe-solidaire.org/spip.p...>
https://europe-solidaire.org/spip.php?article70464

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États-Unis - Cent jours dans la salle d’attente du fascisme

6 mai, par Dan La Botz — ,
Depuis son entrée en fonction il y a 100 jours, Donald Trump s'est employé à détruire ce qu'il y a de libéral et de démocratique dans l'État capitaliste américain et ses (…)

Depuis son entrée en fonction il y a 100 jours, Donald Trump s'est employé à détruire ce qu'il y a de libéral et de démocratique dans l'État capitaliste américain et ses systèmes de protection sociale, à supprimer les droits des citoyenNEs et des non-citoyenNEs et à s'attaquer aux institutions de la société civile telles que les universités et les médias.

Hebdo L'Anticapitaliste - 752 (1/05/2025)
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/cent-jours-dans-la-salle-dattente-du-fascisme

L'attaque de Trump a choqué, désorienté et déconcerté le peuple américain. La résistance s'est développée, mais elle est encore trop divisée, trop petite et trop faible pour l'arrêter.

Licenciements et expulsions

Trump domine le Parti républicain qui contrôle non seulement la présidence, mais aussi le Congrès et la Cour suprême. Trump a créé et placé le milliardaire Elon Musk à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), qui s'est déchaîné sur les ministères et les agences gouvernementales en procédant à des licenciements massifs de centaines de milliers de travailleurEs fédéraux et en réduisant le budget des programmes d'aide sociale. Trump a signé 137 décrets, dont beaucoup visent à mettre fin aux programmes de diversité, d'équité et d'inclusion qui luttent contre le racisme. Les mesures prises par Trump, Musk et d'autres sont trop nombreuses pour être énumérées, c'est pourquoi nous ne nous intéresserons qu'à quelques domaines.

Trump et son équipe chargée de l'immigration, Stephen Miller et Tom Homan, accélèrent les déportations massives d'immigréEs. En août, l'administration Trump mettra fin au statut de protection temporaire (TPS) qui donne le droit de vivre et de travailler aux États-Unis à 800 000 immigréEs de 16 pays. Ils devront quitter le pays sous peine d'être expulsés vers Haïti, l'Ukraine ou tout autre pays dont ils sont ­originaires. L'objectif ultime de Donald Trump est d'expulser 11 millions d'immigréEs sans-papiers et il est prêt à le faire en vertu d'une loi de 1798 connue sous le nom d'« Alien Enemies Act » (loi sur les ennemis étrangers), qui permet au président d'expulser les immigréEs sans audience judiciaire. Des centaines d'immigrantEs ont été rassembléEs en violation de la Constitution et sans procédure régulière, puis déportés et emprisonnés au Salvador. Trump a déclaré qu'il était également prêt à déporter des citoyenNEs américainEs de la même manière.

900 cas de rougeole dans 29 États

Trump et son secrétaire à la santé Robert F. Kennedy Jr. ont mis la hache dans les deux plus importantes institutions gouvernementales de santé publique aux États-Unis : les Centres de contrôle des maladies (CDC) et les Instituts nationaux de la santé (NIH). Ils prévoient de réduire le nombre d'employéEs du CDC de 82 000 à 62 000. Au NIH, 1 200 personnes sont licenciées et 30 000 scientifiques ont vu leur financement de recherche interrompu brutalement. Enfin, 2,7 milliards de dollars seront supprimés des subventions de recherche.

Kennedy, qui a encouragé les théories du complot, est un anti-vax qui doit aujourd'hui faire face à la plus grande épidémie de rougeole depuis des décennies. En 2000, les États-Unis avaient déclaré que, grâce à la vaccination, la rougeole avait été éliminée, mais aujourd'hui, à cause des anti-vax qui refusent de vacciner leurs enfants, on dénombre près de 900 cas de rougeole dans 29 États, dont deux enfants et un adulte décédés. Nous risquons une épidémie nationale.

Moins de recettes, pas forcément moins de dépenses

Les Républicains sont impatients de prolonger de 2025 à 2034 les réductions d'impôts accordées aux riches par Trump en 2017, ce qui coûterait 4 500 milliards de dollars de recettes fédérales. Dans le même temps, les effectifs de l'Internal Revenue Service qui collectent les impôts sont réduits de 102 000 à 65 000 employéEs, ce qui signifie que moins d'impôts seront collectés. Trump dit que les droits de douane compenseront ces pertes mais c'est loin d'être certain. Avec moins de recettes, il doit donc y avoir moins de dépenses. Le New York Times écrit que « le budget proposé pour l'année fiscale 2026 réduirait de plusieurs milliards de dollars les programmes qui soutiennent la garde d'enfants, la recherche dans le domaine de la santé, l'éducation, l'aide au logement, le développement communautaire et les personnes âgées ». Par contre, le Pentagone semble devoir échapper aux coupes budgétaires : après que des annonces trompeuses aient laissé entendre que son budget serait réduit, Trump a annoncé lors d'une réunion le 7 avril que « nous allons approuver un budget, et je suis fier de dire qu'il s'agit en fait du plus important que nous ayons jamais consacré à l'armée… 1 000 milliards de dollars. Personne n'a jamais vu une telle somme. »

La situation est effrayante, dangereuse. La résistance prend essentiellement la forme d'actions en justice. Quelque 186 procès ont été intentés contre l'administration Trump et, dans 122 d'entre eux, les tribunaux ont au moins temporairement suspendu la fermeture d'agences et le licenciement de travailleurEs. Des manifestations nationales ont rassemblé des millions de personnes dans les rues, mais pour l'instant, rien n'arrête Trump.

Dan La Botz, traduction Henri Wilno

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Le dilemme du NPD : recentrer ou pas ?

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) se présente comme le parti de la justice sociale, de la redistribution équitable des ressources produites, comme le défenseur de la classe (…)

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) se présente comme le parti de la justice sociale, de la redistribution équitable des ressources produites, comme le défenseur de la classe ouvrière et le garant de la protection de l'environnement.

Tout ceci suppose une intervention poussée de l'État fédéral, fût-ce au détriment des champs de compétence des provinces. Bref, c'est le parti des bonnes intentions, lesquelles frôlent parfois l'angélisme.

Cette orientation lui n'a pourtant valu que des performances électorales en dents de scie depuis sa fondation en 1961 par Tom Douglas. Entre autres, il n'est pas encore parvenu à percer au Québec de manière décisive, sauf en 2011 sous Jack Layton. Il n'y a pas remporté de succès électoraux durables.

Sans prétendre me livrer à une analyse savante et détaillée des résultats électoraux obtenus par le parti, je vais présenter l'audience qu'il a conquise à la fois au Canada dans son ensemble, et au Québec en particulier de 2006 jusqu'à 2025, tant en termes de votes recueillis que de députés élus. On remarque sur ces deux plans un contraste marqué entre les deux nations.
Examinons donc le pourcentage et du vote et le nombre de députés néo-démocrates élus au Canada et au Québec.

Au scrutin de 2006, le NPD obtient à l'échelle du Canada 17.4% des suffrages et fait élire 29 députés ; au Québec, il ne recueille qu'un maigre 7.49% du vote et aucun de ses candidats ne remporte la mise.

À celui de 2011, le parti bondit à 33.4% des voix et réalise une avancée aussi prodigieuse qu'imprévue au Québec avec 42.9% d'appuis. Dans tout le Canada, il récolte 103 députés dont 59 au Québec. Il forme l'opposition officielle et Jack Layton, son chef depuis 2003, peut rêver de devenir premier ministre. Il est le premier leader du NPD à avoir compris la nécessité d'effectuer une percée décisive dans la Belle Province et y avait par conséquent déployé les efforts requis pour assurer le succès de sa formation. Il s'était prononcé notamment pour un fédéralisme asymétrique et le respect des camps de compétence provinciaux, rompant ainsi avec la tradition centralisatrice des directions précédentes. Il avait présidé à une campagne électorale dynamique au Québec, y faisant de fréquentes apparitions. C'était un sympathique anglo- montréalais qui maîtrisait parfaitement le français.

Mais la suite des événements allait s'avérer beaucoup plus décevante. Tout d'abord, Layton meurt d'un cancer le 22 août 2011.

Thomas Mulcair, ancien ministre libéral provincial sous Jean Charest, le remplace au début de 2012. Il faut signaler que le nouveau chef avait été un des seuls candidats néodémocrates victorieux au Québec auparavant, lors d'une élection partielle tenue dans le comté d'Outremont le 17 septembre 2007. Layton en a donc fait son lieutenant pour le Québec et l'a nommé co-chef adjoint. Mulcair s'était fait la réputation d'être plus centriste que la majorité des membres de son parti pour ne pas dire plus à droite. Il a donc suscité une certaine méfiance dans le parti, notamment de la part de l'aile gauche.

Sous sa direction, l'audience électorale du NPD allait diminuer. Au scrutin de 2015, le NPD voit sa représentation parlementaire se rétrécir : il passe de 103 députés à 44, et de 59 au Québec à 16 seulement. Il ne recueille que 19.7% des voix à l'échelle canadienne dont 25.3% au Québec. On note donc un affaiblissement marqué des néo-démocrates par rapport aux résultats de 2011. Cet aboutissement décevant entraîne la démission de Mulcair en avril 2016 mais il demeure chef jusqu'à la désignation d'un nouveau leader. Ce leader, ce sera Jagmeet Singh, élu en octobre 2017. Nettement plus à gauche que son prédécesseur, Singh avait tout pour rassurer les militants et militantes. En effet, Mulcair avait semé la controverse par ses prises de position sur le libre-échange (il était en faveur, à condition qu'il soit assorti de clauses protégeant l'emploi et l'environnement), sur l'équilibre des finances publiques (qu'il voulait atteindre en un an, fût-ce au prix de possibles compressions budgétaires, notamment en santé) et au sujet de la loi sur la clarté référendaire (il était prêt à se contenter d'une majorité de 51% de OUI à la souveraineté pour enclencher des négociations entre Ottawa et Québec, ce qui heurtait les convictions de beaucoup de militants canadiens anglais).

Jagmeet Singh a renoué avec l'orthodoxie centralisatrice traditionnelle du parti. Notamment, il s'est opposé à la loi sur la laïcité de l'État votée par le gouvernement caquiste de François Legault en juin 2019. Au scrutin fédéral tenu cette année-là, le NPD a raflé 15.9% des suffrages partout au Canada, dont 10.8% au Québec ; sa représentation s'y est réduite à un seul député, Alexandre Boulerice dans Rosemont La Petite-Patrie. Au total, il n'y avait plus que 24 députés néodémocrates au Parlement. Ce recul n'a pas semblé pas inquiéter outre-mesure la direction du parti qui a continué sur sa lancée centralisatrice avec un programme social poussé mais dont l'application se serait avérée problématique puisqu'elle aurait entraîné de nombreux conflits fédéraux-provinciaux. Quant au nationalisme québécois, Singh s'en est toujours méfié.
Le scrutin de 2021 a abouti à la formation d'un gouvernement libéral minoritaire dirigé par Justin Trudeau mais où le NPD détenait la balance du pouvoir. À l'échelle du Canada, il a arraché 25 sièges mais seul Alexandre Boulerice a gardé le sien au Québec.

La suite est bien connue : le 28 avril dernier, la formation est tombée à 7 députés et on a assisté à l'affaissement de son vote (6.3%). Jagmeet Singh a été défait dans son propre comté, ce qui a provoqué sa démission.

Quelle conclusion tirer de tout cela ?

Tout d'abord, que le NPD n'a obtenu ses meilleurs résultats, tant en termes de votes qu'en ceux de députés que lorsque le Québec l'a soutenu, c'est-à-dire surtout en 2011 sous le dynamique leadership de Jack Layton qui avait bien saisi l'importance de l'équation nationaliste québécoise dans le jeu politique canadien. Layton a ainsi pu rejoindre l'importante frange nationaliste québécoise. Il a aussi été très présent au Québec, ce qui contraste avec l'attitude de Jagmeet Singh pour qui le fédéralisme canadien et la division des pouvoirs entre Ottawa et les provinces n'est qu'une "question académique". Layton rompait, ou du moins s'éloignait du programme centralisateur qui constitue en un sens la marque de commerce du NPD autant que la social-démocratie. Cette orientation a séduit une tranche non négligeable de l'électorat québécois sans effaroucher pour autant celui du Canada anglais.

Mais cette voie fut vite abandonnée par ses successeurs, surtout par monsieur Singh. Dès 2015, sous la gouverne de Thomas Mulcair, le parti reculait à 16 députés au Québec et à 28 au Canada anglais. La volonté de recentrage défendue par le chef lui a nui, mais le flou qu'il a entretenu sur la question du statut national ne l'a pas aidé non plus. Le centralisme qu'a défendu Jagmeet Singh n'a fait que contribuer à éroder encore davantage ses appuis québécois, même si ce n'est pas la seule cause du recul de son vote.

Tous ces facteurs font que le NPD n'a jamais été considéré comme un parti à vocation de pouvoir.
La frange autonomiste du Québec s'est longtemps sentie adéquatement représentée à Ottawa par les libéraux, ensuite, partir des années 1990 par le Bloc québécois, à tort ou à raison. Le récent retour en force des libéraux au Québec, en raison de la menace que Trump fait peser sur le Canada et de l'aversion que les conservateurs suscitent auprès de bien des Québécois ne garantit pas une réimplantation durable du parti au Québec. Tout simplement, Québécois et Québécoises ont voulu éviter de se trouver isolés dans une conjoncture politique jugée périlleuse. Mais même si le Bloc a perdu des plumes lors de ce scrutin, il y demeure bien présent avec 23 députés et 27% du vote. Le NPD, lui, n'a recueilli que 4,5% des voix au Québec.

Même les propositions du Nouveau parti démocratique qui devraient en principe séduire les électeurs et électrices progressistes du Québec n'ont guère réussi à y établir sa crédibilité. La "question nationale" interfère toujours dans l'équation et la brouille le plus souvent.
Pour résumer, si une majorité de Québécois juge le NPD sympathique et généreux, ils ne s'y reconnaissent guère. De leur point de vue, c'est le parti "des autres", celui d'une certaine gauche canadienne anglaise, ce que monsieur Singh n'a jamais voulu comprendre.

Si le Nouveau Parti démocratique tient à offrir à la population canadienne une alternative aux libéraux, il devra rallier le Québec et en faire un de ses bastions politiques. Le prochain chef devra accepter cette donnée de base.

Jean-François Delisle

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Haïti : un an après, le bilan du Cpt : cortège de cadavres, expansion du banditisme

6 mai, par Frank W. Joseph, Renel Exentus — ,
Le 25 avril 2025 marque le premier anniversaire du Conseil présidentiel de transition (Cpt). Cet anniversaire arrive dans un contexte où la majorité de la population se trouve (…)

Le 25 avril 2025 marque le premier anniversaire du Conseil présidentiel de transition (Cpt). Cet anniversaire arrive dans un contexte où la majorité de la population se trouve dans une situation extrêmement grave. Elle est constamment menacée de se faire massacrer par des hordes de gangs criminels à la solde de certaines factions de la bourgeoisie, de secteurs politiques et mafieux.

Bien qu'il ne soit pas étonnant que le Cpt fasse preuve d'impuissance, on ne s'attendait pas tout de même que le pouvoir, y compris le gouvernement d'Alix Fils-Aimé, concède des territoires aux bandits lourdement armés au point que la relocalisation des bureaux publics devient l'unique agenda gouvernemental.

Tous les ministères et les directions allouent une part importante de leur budget au déplacement de leurs services. Sous le gouvernement d'Ariel, il était question d'assumer la réalité de territoires perdus. La ministre de la justice d'alors, Madame Emmelie Prophete, ne se gênait pas de reconnaitre le désintérêt des pouvoirs publics à rétablir l'ordre dans les quartiers de Martissant, Cité-Soleil, Bel Air, etc.

Aujourd'hui, ce n'est pas seulement des quartiers qui sont livrés aux gangs mais également des départements entiers. La dernière cession à cette date est le département de Plateau central où se trouve la ville de Mirebalais. Les malfrats sont entrés dans la ville le 31 mars comme s'il n‘existait aucun commissariat, aucun policier. D'aucuns disent que la police a le sens de l'évacuation !

Pourtant, il n'y a pas si longtemps, Fritz Jean, l'actuel président du Cpt, déclara sur toutes les tribunes la guerre aux gangs !

Par ailleurs, il est tentant de croire que les forces policières et militaires seraient trop faibles pour tenir en respect des centaines de jeunes affamés, torses nus et armés d'armes automatiques, qui massacrent et pillent des quartiers de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, de l'Artibonite et du Plateau-central.

Détrompez-vous !

Elles sont assez fortes pour mitrailler des milliers de manifestants qui osent réclamer le rétablissement de la sécurité publique au cours des mois de février et de mars. Ces policiers ont fait preuve d'une capacité hors pair lorsqu'il s'agit de blesser à balles réelles plus d'une dizaine de manifestants et de tuer le jeune manifestant Élibert Idovic le 19 mars 2025.

Face à ces millions de personnes déplacées qui dénoncent le mépris et l'indifférence criminels du pouvoir, il fallait montrer les muscles de la puissance publique pour maintenir le statu quo.

Le CPT a peur de la mobilisation de ces millions de victimes de l'insécurité qui descendent dans les rues et occupent les places publiques. Il ne souhaite pas voir les classes populaires reprendre confiance en elles-mêmes pour exiger la sécurité, l'arrestation des hordes de gangs criminels et leurs commanditaires.

Alors que les cadavres s'amoncellent dans les coins et recoins des principales villes du pays, l'État fait preuve d'une indifférence complice.

Pourtant, le 16 avril 2025, l'annonce d'une nième manifestation contre l'insécurité programmée a créé la panique au sein du gouvernement. Le pouvoir a mobilisé des fonds, des ressources militaires et policières pour ériger des barrages dans les différentes artères de la ville de manière à empêcher le déroulement de la mobilisation.

De surcroit, le CPT a publié un communiqué pour menacer de coups et blessures toute initiative de mobilisation qui mettrait en cause « l'ordre public ».

Fort de ce constat, il est indéniable, pour nous, que ce gouvernement collégial est l'œuvre d'une alliance de classe. Une partie du monde des affaires, certaines organisations de la société civile, des partis politiques dits de gauche et de droite s'entendent sur un agenda antipopulaire pour maintenir le statu quo.

Le bilan négatif du CPT après un an au pouvoir témoigne non seulement de son impuissance mais aussi permet aux classes populaires de voir une fois de plus qu'aucun agenda bourgeois ne peut résoudre la crise sécuritaire et humanitaire.

Le renversement de cet État bourgeois, institué par l'oligarchie et l'impérialisme, constitue l'unique moyen pour mettre hors d'état de nuire les hordes de gangs criminels et construire un État axé sur la défense des intérêts de la majorité de la population.

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Analyse critique des orientations politiques proposées dans le Manifeste pour un Québec solidaire de ses travailleuses et travailleurs

6 mai, par Bernard Rioux — , ,
Le Manifeste proposé par les porte-parole de Québec solidaire constitue un tournant et une posture. Un tournant, car l'orientation de ce manifeste révèle une volonté de revenir (…)

Le Manifeste proposé par les porte-parole de Québec solidaire constitue un tournant et une posture. Un tournant, car l'orientation de ce manifeste révèle une volonté de revenir à une vision classiste de la gauche, opposant la classe des travailleurs et des travailleuses à l'élite dirigeante. Une posture, également, car le manifeste n'éclaire pas les fondements systémiques qui affectent leurs conditions d'existence et la dynamique d'évolution de la société face à la classe travailleuse.

En effet, le Manifeste présente une lecture des problèmes sociaux centrée principalement sur les mauvaises politiques gouvernementales (inaction sur le logement, austérité, soutien au patronat, etc.). Le manifeste affirme que « c'est la faute des gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans ». On croirait entendre les différents partis d'opposition qui nous expliquent que la situation sociale de la majorité populaire est essentiellement la conséquence des politiques gouvernementales. Cette approche permet de désigner des responsables immédiats et de mobiliser rapidement autour de revendications claires.

Toutefois, cette approche évacue l'analyse des causes systémiques plus profondes qui façonnent ces crises : le capitalisme mondialisé, le racisme systémique adossé aux logiques prédatrices du colonialisme et de l'impérialisme, l'oppression patriarcale ou encore la crise climatique. Il ne faudrait pas oublier l'oppression nationale du Québec et des peuples autochtones, qui contribue également à placer les travailleurs et les travailleuses dans une position d'expropriation politique par rapport à leur pouvoir d'assurer leurs droits nationaux. Il faut rester engoncé dans une posture économiste et réformiste pour ne pas mobiliser l'ensemble de ces réalités systémiques, comme autant d'obstacles qu'il faudra renverser si nous voulons transformer radicalement la situation de la classe travailleuse dans cette société capitaliste qu'est le Québec.

En ne tenant pas compte de ces dimensions structurelles, le projet politique risque de s'inscrire dans une logique défensive (réparer les effets visibles du système) plutôt que de porter une vision transformatrice ambitieuse. L'absence d'une critique explicite du capitalisme mondial, par exemple, empêche de proposer des alternatives radicales à l'ordre économique actuel et limite la capacité du mouvement à nourrir une véritable conscience politique visant l'émancipation de la classe travailleuse.

Réalités systémiques non abordées et conséquences

Plusieurs réalités majeures sont absentes ou sous-traitées dans ce Manifeste :

Crise du capitalisme : les racines économiques profondes de la précarité et de l'inégalité ne sont pas abordées. Le développement du précariat, l'articulation de la surexploitation et de l'oppression des femmes, le maintien des travailleurs et travailleuses migrants dans une situation où ils et elles sont privés de droits — tout cela découle de la logique du capitalisme que les gouvernements à son service ne font que protéger et consolider.

Crise climatique : on ne peut apprécier la situation des travailleurs et des travailleuses sans faire intervenir leur vécu face à la crise environnementale, directement liée à la croissance sans frein de la production, au pillage des ressources et à la destruction de la biodiversité. Leur santé et sécurité au travail, la détérioration de leur environnement par la pollution des grandes entreprises pétrochimiques, la crise climatique et les événements extrêmes qui se multiplient remettent en cause leur sécurité et leurs avoirs. Le sort des travailleurs et des travailleuses, leur avenir même, est directement dépendant de la lutte écologiste, et la classe travailleuse, par son rôle dans la production et la reproduction des richesses, peut et doit être un facteur essentiel dans la résolution de la crise. Pourtant, cette dimension essentielle ne donne lieu à aucune proposition écologique, alors que la crise environnementale affecte profondément les travailleuses et les travailleurs.

Racisme systémique et oppression patriarcale : à peine évoqués, ils ne sont pas intégrés aux propositions concrètes.

L'absence de ces luttes interdépendantes, dans lesquelles les travailleuses jouent et sont appelées à jouer un rôle de premier plan, réduit la portée du projet et risque de segmenter les mobilisations au lieu de construire une convergence, un véritable front uni entre mouvements ouvriers, écologistes, féministes et antiracistes. Sans ce lien, la capacité de transformation réelle est diminuée.

Évaluation de l'orientation politique proposée

En partie, cette orientation est cohérente avec les valeurs d'un parti de gauche : identification des luttes de classes comme moteur de la transformation sociale, défense des droits sociaux, appui aux syndicats, reconstruction des services publics. Les enjeux choisis (logement, pouvoir d'achat, services publics, droits syndicaux) sont essentiels, mais pas suffisants pour porter un véritable projet de société alternatif.

Perspectives pour un Manifeste visant réellement l'émancipation de la classe travailleuse

Pour dépasser une politique réformiste défensive, il faudrait :

  • proposer des alternatives structurelles (ex. : propriété collective des logements, décentralisation économique, contrôle démocratique des grandes entreprises par leur socialisation) ;
  • lier les luttes sociales, écologiques, féministes et antiracistes dans un front commun, comme une nécessité pour que la classe travailleuse puisse s'opposer réellement à toutes les formes d'oppression et d'exploitation ;
  • formuler une vision positive de la société que l'on veut construire (ex. : société solidaire, écologique, décoloniale, égalitaire), et non seulement réparer celle qui existe ;
  • un parti de gauche qui souhaite transformer plutôt que seulement « gérer autrement » doit nourrir l'espoir d'une autre société, dépasser les logiques de gestion de crise et inscrire son action dans une histoire longue des luttes populaires et de la résistance aux oppressions.

En somme, un manifeste à enrichir d'une véritable perspective émancipatrice

En somme, si le Manifeste de Québec solidaire pose des bases importantes en défendant les travailleuses et les travailleurs, en signalant leur rôle essentiel dans le projet politique de Québec solidaire, il manque une analyse systémique plus large pour répondre aux défis profonds de notre époque. Pour incarner pleinement un projet de gauche de transformation sociale, il serait nécessaire d'articuler la lutte économique avec les luttes écologiques, féministes, antiracistes et anticapitalistes, et de proposer une vision positive et émancipatrice du futur. C'est en liant ces dimensions que le parti pourra dépasser la gestion de crise pour devenir une véritable force de changement.

Notre tâche face au Manifeste est de s'appuyer sur la reconnaissance du rôle stratégique des luttes des travailleurs et des travailleuses dans la construction d'un projet de société égalitaire, pour l'enrichir de revendications qui prennent en compte les différentes dimensions de la lutte de la classe travailleuse, tant sur le terrain économique que sur ceux des luttes antipatriarcales, antiracistes, écologiques et antiguerres. Cet enrichissement peut et doit passer par l'identification de revendications prioritaires à ces différents niveaux.

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Un manifeste des travailleuses-travailleurs oubliant leur intérêt premier

6 mai, par Marc Bonhomme — , ,
Jetant au panier sans plus d'explication la« Déclaration de Saguenay » servant de programme et qui au moins donnait la priorité à la question climatique, la direction Solidaire (…)

Jetant au panier sans plus d'explication la« Déclaration de Saguenay » servant de programme et qui au moins donnait la priorité à la question climatique, la direction Solidaire propose au prochain Conseil national de juin un « Manifeste pour un Québec solidaire de ses travailleuses et travailleurs ». On n'y trouve nulle trace de crise climatique ni aucune résonnance à la question écologique en général. Pas plus que ne le faisait la Déclaration, le Manifeste ne dénonce la montée du néofascisme qui nous souffle dans le cou et qui cause ou cautionne les guerres génocidaires de l'impérialisme ruinant la crédibilité de toute allusion aux droits humains. Les membres du parti ont plutôt droit à un prodigieux bond vers l'arrière du temps des « trente glorieuses » (1945-1975).

Le mouvement ouvrier, profitant alors de la peur panique patronale vis-à-vis la montée du « communisme » confondu avec le stalinisme, pouvait alors arracher aux gouvernements de grandes réformes. Il profite encore de ses lambeaux après leur charcutage néolibéral. Cette ère est définitivement révolue. Le néolibéralisme a servi d'accoucheur à la présente ère néo-fasciste qui a instrumentalisé la négation ou la minimisation apeurées vis-à-vis des crises du climat et de la biodiversité. Abandonné aux extractivismes ancien et nouveau des hydrocarbures et du toutélectrique plus complémentaires que rivaux et comme l'a analysé le GIEC-ONU et prouvée la suite ininterrompue des catastrophes climatiques nous pend au bout du nez la terre-étuve de la fin de notre monde.

Ignorant totalement cette nouvelle réalité elle qui jadis en faisait une priorité, la direction Solidaire nous sert une insipide liqueur de bons mots et de réformettes comme si de rien n'était. Oui, il faut améliorer les conditions de travail et de vie des travailleuses et des travailleurs mais tout en balayant la consommation de masse assise sur le bungalow, l'auto-solo, le jetable non réparable et l'alimentation carnée. Cette consommation de masse emprisonne le peuple-travailleur dans le piège bancaire du traumatisme de la fin du mois ou pire encore dans celui du prochain repas ou du prochain gîte.
La réponse à la crise du logement c'est le collectif logement social écoénergétique pour tout le monde et pas seulement pour les pauvres.

La réponse à la crise de la mobilité c'est le transport en commun gratuit, fréquent, confortable jusqu'au moindre village et un complément d'autopartage communautaire.

La réponse à la ville infernale et dangereuse c'est la ville piétonnière et cyclable, de services de proximité, d'agriculture urbaine et de parcs nature.

La réponse au gaspillage c'est la garantie de la réparation accessible ou du remplacement, du bannissement de la publicité et de la mode commerciale.

La réponse à la crise de l'embonpoint c'est l'alimentation surtout végétarienne cultivée biologiquement et disponible en produits frais et peu transformés.

La réponse à la multiplication des pandémies dues au zoonoses c'est la préservation des forêts et zones humides mettant fin à l'agriculture carnée.

La réponse à la hausse des prix… c'est tout ce qui précède… et le contrôle des loyers, des prix des aliments indispensables et la gratuité de l'électricité de base.

La réponse à l'austérité des services publics c'est leur bonification quantitative et qualitative et la resocialisation des pans privatisés.

La réponse au financement d'une société écologique c'est son bon marché, la socialisation des banques et consorts et l'imposition des profits et du capital.

La réponse à l'impérialisme génocidaire, c'est le soutien aux peuples en lutte pour leur libération par tous les moyens nécessaires y compris par les armes s'il le faut.

La réponse aux divisifs sexisme et racisme dus à l'âpre compétition capitaliste c'est la solidarité d'une société du soin et du lien en décroissance matérielle.

La réponse au Quebec bashing fédéral et à l'hégémonie pétro-gazière canadienne c'est l'indépendance incluant le droit à l'autodétermination autochtone.

Marc Bonhomme, 5 mai 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Bon premier mai tout le monde

6 mai, par Vania Wright-Larin — , ,
Dans les groupes communautaires, on voit à chaque jour les conséquences de ce système économique injuste et complètement déréglé. Les chiffres confirment ce qu'on constate sur (…)

Dans les groupes communautaires, on voit à chaque jour les conséquences de ce système économique injuste et complètement déréglé. Les chiffres confirment ce qu'on constate sur le terrain. Depuis la pandémie, l'inflation et les politiques régressives de nos gouvernements ont appauvrit encore les 40% les plus pauvres, la classe moyenne fait du surplace mais les services publics se dégradent à toute vitesse. Mais pendant ce temps-là les plus riches, eux, ils ont passé go et ils ont ramassé le gros lot.

Le eux c'est le 1%, les milliardaires, les banquiers, les oligarques et leurs pantins politiques comme Legault, Carney, Poilièvre, name it. Ces gens-là se foutent des conséquences des guerres et des génocides, ils se foutent de la pauvreté, de l'itinérance, ils se foutent des reculs dans les droits des femmes, dans les droits des personnes trans, dans les droits des personnes immigrantes, ils se fichent de la jeunesse et des conséquences de la crise climatique. Quand Donald Trump joue au yoyo avec les tarifs Legault en profite pour nous ramener l'austérité. Carney en profite pour nous faire reculer de 20 ans dans la lutte aux émissions de GES. Quand ça va mal c'est nous qui devons nous serrer la ceinture, c'est nos services publics qu'ils coupent, c'est nos toits qui coulent, nos hôpitaux qui se dégradent et nos frigidaires qui se vident.

Encore une fois, on va s'unir pour dire non à l'austérité ! Non aux politiques de droite

Je vous parle pas plus longtemps. Le 1er mai c'est aussi le temps de célébrer nos luttes. De faire le plein de solidarité pour avoir le courage de poursuivre les petites et les grandes luttes pour plus de justice sociale.

Bon premier mai tout le monde…

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L’ACSM invite à agir pour une santé mentale sans masque

6 mai, par Association canadienne pour la santé mentale - Division du Québec — , ,
Lundi, le 5 mai 2025 - Parmi toutes les personnes ayant déclaré avoir une santé mentale “mauvaise” ou “passable” en 2019, 9,1 % d'entre elles soutiennent avoir vécu de la (…)

Lundi, le 5 mai 2025 - Parmi toutes les personnes ayant déclaré avoir une santé mentale “mauvaise” ou “passable” en 2019, 9,1 % d'entre elles soutiennent avoir vécu de la discrimination liée à cette condition ou n'étaient pas à l'aise de partager leurs problèmes.

Malgré les efforts déployés pour sensibiliser, la stigmatisation persiste. Dans ce contexte, il devient particulièrement difficile de faire preuve de vulnérabilité et de demander de l'aide lorsque l'on ne se sent pas accueilli et respecté durant des périodes difficiles. L'Association canadienne pour la santé mentale déploie, du 5 au 11 mai, la 74e édition de la Semaine de la santé mentale avec une phrase évocatrice : “Je suis tellement plus”.

Le masque comme protection

Dans un monde axé sur l'image et la performance, beaucoup choisissent de dissimuler leurs fragilités par crainte du jugement et du rejet. Il peut donc sembler plus simple de feindre que tout va bien plutôt que de se montrer authentique. Avant d'inviter les autres à être eux-mêmes, commençons par cultiver l'empathie et l'ouverture d'esprit dans nos interactions, qu'elles se déroulent en personne ou sur les réseaux sociaux.

Les dangers du masque social

Bien qu'il serve de protection, le masque social peut également nous priver du soutien précieux de notre entourage, augmentant ainsi notre sentiment d'isolement et de honte face aux attentes souvent irréalistes de la société. Les médias sociaux, en présentant fréquemment une version idéalisée de la réalité, contribuent à nous faire croire que nous sommes “anormaux” en vivant des situations qui, en vérité, sont totalement normales et font partie de l'expérience humaine.

Notre porte-parole, Marc-André Dufour, psychologue clinicien, chroniqueur et auteur, souligne les lourdes conséquences de cette stigmatisation et de cette pression à se conformer à une image idéalisée, tout en mettant en avant les bénéfices d'oser se montrer tel que nous sommes.

(Crédit photo : Amelieshoots)
Visitez le site web de la campagne (https://cmha.ca/fr/semaine-sante-mentale/)
Des solutions à portée de main

Des pistes de solutions existent, notamment en faisant preuve de bienveillance et de compassion envers soi-même. Apprenons à respecter et à défendre nos besoins et nos valeurs, même si cela peut parfois impliquer de décevoir les autres. Il est également essentiel d'identifier des personnes de confiance avec qui nous pouvons être authentiques. Se sentir vu, entendu et respecté dans notre vulnérabilité peut apporter un apaisement et un espoir précieux. Soyons attentifs et n'hésitons pas à tendre la main vers ceux qui semblent en difficulté. En osant nous montrer vulnérables et en prenant soin les uns des autres, nous contribuerons sans aucun doute à améliorer notre santé mentale, tant individuelle que collective.

On invite le public à créer cet effet d'entraînement : commençons par accepter les gens pour ce qu'ils sont, quelle que soit leur situation.

Obtenir de l'aide

La Semaine de la santé mentale est une campagne annuelle de transformation sociale. Organisée par l'ACSM, elle vise à modifier les attitudes et les perceptions à l'égard de la santé mentale. Si vous ou des personnes de votre entourage avez besoin de soutien en santé mentale, des programmes et des services gratuits existent. Si vous pensez au suicide, visitez le suicide.ca ou composez le 1-866-277-3553 pour obtneir du soutien. Visitez le www.semainedelasantementale.ca pour de l'information et des outils.

À propos - L'ACSM - Division du Québec

L'Association canadienne pour la santé mentale - Division du Québec constitue une voix forte pour la cause de la santé mentale et vise un changement social à l'échelle de la population québécoise. Elle est membre du réseau de l'ACSM qui fait la promotion de la santé mentale pour tous et qui soutient le rétablissement des personnes vivant avec des troubles de santé mentale. Notre vision est de rendre la santé mentale accessible pour toutes les personnes au Québec. Le mot clic utilisé est #SanteMentaleSansMasque

https://www.facebook.com/ACSM.Quebec

https://www.linkedin.com/company/association-canadienne-pour-la-sant%C3%A9-mentale-division-du-qu%C3%A9bec/

www.semainedelasantementale.ca

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Investissement d’urgence de 10 millions en itinérance, en voilà une bonne nouvelle ! Vraiment ?

6 mai, par Coalition des Tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) — , ,
La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) vous invite à prendre connaissance de la lettre ouverte ci-jointe dans le but de la diffuser. (…)

La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) vous invite à prendre connaissance de la lettre ouverte ci-jointe dans le but de la diffuser.

Gatineau, le 30 avril 2025
Madame Chantal Rouleau
Ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire
Édifice J.-A. Tardif
425, rue Jacques-Parizeau
4e étage
Québec (Québec)
G1R 4Z1
Ministre.ssac@mtess.gouv.qc.ca

Madame la Ministre,

Votre annonce du 7 avril dernier d'octroyer un fonds d'urgence de 10 millions sur deux ans à des organismes communautaires aux prises avec une hausse de l'itinérance semble réjouissante… à première vue. De fait, que pourrait-on trouver à redire à ce que votre gouvernement prenne ses responsabilités face à la dégradation des conditions de vie d'un nombre de plus en plus effarant de
citoyens et citoyennes ? Comment ne pas se réjouir devant votre volonté d'aider ceux qui aident les personnes directement touchées par la crise du logement, la hausse du coût de la vie, l'insécurité alimentaire, les inégalités sociales, pour n'en nommer que quelques-uns ?

Au risque d'être accusée de jouer les trouble-fêtes, la Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) souhaite malgré tout vous faire part de quelques bémols qui nous préoccupent grandement.

Chacun son métier, les vaches seront bien gardées

Cet ancien proverbe français souligne l'importance qu'il y a à se concentrer sur ses champs de compétences, de responsabilités et d'expertises pour garantir les meilleurs résultats possibles. C'est précisément là que le bât blesse. Au lieu de verser directement l'enveloppe de rehaussement aux organismes communautaires en passant par les mécanismes de répartition financière en place au sein de votre gouvernement, vous avez choisi de confier la distribution d'une enveloppe de 8,5 millions à une organisation philanthropique privée. Pour bénéficier de cette enveloppe, les organismes concernés devront déjà être financés par l'État alors qu'ils ne sont pas tous connus du réseau des Centraide. Ces derniers devront donc s'adresser aux différents ministères pour obtenir une liste d'organismes éligibles.

Nous ne voyons pas en quoi l'objectif annoncé de procéder rapidement pourrait être atteint avec l'ajout d'un intermédiaire entre le gouvernement et les organismes communautaires.Pour en revenir à l'adage cité plus haut, le gouvernement a entre autres le rôle de gérer les finances publiques. Dans cette optique, des programmes sont mis en place afin d'encadrer les conditions à respecter pour administrer au mieux les allocations financières destinées aux organismes. Ainsi qu'il est mentionné sur le sitede votre ministère « chaque membre du personnel s'acquitte de ses tâches avec professionnalisme. Dans l'atteinte des résultats visés, il met à contribution ses connaissances, ses habiletés, son expérience. Il est responsable de ses décisions et de ses actes ainsi que de l'utilisation judicieuse des ressources et de l'information mises à sa disposition ». Selon nous, vous avez transféré une responsabilité dévolue à votre gouvernement à une organisation privée en passant outre les champs de compétences et d'expertises de votre personnel. Il est difficile de ne pas y voir là une forme de désaveu.

Cette façon de procéder nous apparait comme un dangereux précédent que nous ne souhaitons pas voir se reproduire.

C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe

Nous convenons que les programmes ministériels balisant le soutien financier aux organismes communautaires sont perfectibles. D'ailleurs, dans certains ministères, des travaux d'amélioration sont en cours conjointement avec les représentants des organismes communautaires, et ceci dans le meilleur intérêt des organismes, des personnes qu'ils rejoignent et du gouvernement. Pour plusieurs d'entre eux, ces programmes reposent sur des principes de base qui définissent l'action communautaire autonome décrits dans une politique de reconnaissance de l'action communautaire adoptée en 2001 par le gouvernement, ainsi que dans ses documents complémentaires, soit le cadre de référence et le plan d'action en matière d'action communautaire.

Pour ce qui concerne plus spécifiquement le soutien financier, la politique gouvernementale met de l'avant la nécessité d'assurer la consolidation de l'action communautaire par des orientations générales et des grandes balises nationales, et de renforcer et accroitre l'action des organismes
communautaires autonomes en favorisant leur stabilité et la continuité de leur intervention par un mode de soutien financier qui correspond à leurs caractéristiques et à leur approche globale.1

Même s'il est vrai que la politique gouvernementale avance en âge, ses ingrédients essentiels ne se détériorent pas. En 2025, il est toujours d'actualité de recourir aux mécanismes existants visant à assurer une prévisibilité aux organismes communautaires autonomes. Il reste au goût du jour de
prioriser le mode de financement à la mission globale pour garantir la préservation de l'autonomie de gestion des organismes communautaires. Ce sont là quelques-uns des éléments de base qui soutiennent la capacité des organismes à répondre aux besoins des populations qui les fréquentent
et à contribuer ainsi au maintien d'un filet social de plus en plus fragilisé.

En donnant la responsabilité au privé de financer des organismes communautaires à partir d'une enveloppe publique sur une période de deux ans pour des projets structurants, cela nous parait très loin des objectifs de la politique gouvernementale.

Pourquoi changer non seulement les ingrédients d'une recette qui fonctionne, mais aussi le pot ?

Mieux vaut tard que jamais

Pour la CTROC, il est essentiel de ne pas confondre les rôles du gouvernement et d'organisations autres telles que les fondations. La gestion des finances publiques relève de la mission du gouvernement, alors que celle des organisations philantropiques consiste à collecter des fonds. En outre, étant donné la provenance distincte de leurs ressources financières, ces instances ne peuvent agir comme des vases communicants. Le gouvernement possède tous les mécanismes nécessaires au sein de ses ministères pour octroyer le soutien financier directement aux organismes communautaires sans déléguer ses responsabilités à un intermédiaire sous le couvert de l'urgence d'agir.

À défaut de corriger le tir, nous vous demandons, Madame la Ministre, de :

Faire en sorte que cette orientation ne s'étende pas aux autres ministères de votre gouvernement, et qu'elle en soit le point final ;

Appliquer les orientations de la politique gouvernementale sur l'action communautaire, notamment en regard des programmes existants et du soutien financier à la mission globale.

En vous remerciant à l'avance pour votre collaboration, nous vous prions de recevoir nos salutations.
Daniel Cayley-Daoust, président
Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires
c.c._ M. Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux

Notes

1. Gouvernement du Québec, L'action communautaire, une contribution essentielle à l'exercice de la citoyenneté et au développement social du Québec, ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, septembre 2001, p. 16

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La marchandisation de l’éducation aux Centres de petite enfance

6 mai, par Kaveh Boveiri — , ,
Tu les as sans doute vus : Ces petits mignons comme les canetons qui défilent les rues de Montréal. Vu que la sécurité de ce défilement enfantin est une composante (…)

Tu les as sans doute vus : Ces petits mignons comme les canetons qui défilent les rues de Montréal. Vu que la sécurité de ce défilement enfantin est une composante incontournable, ils se sont attachés avec les cordes dans les équipes de sept ou huit aux autres camarades. Un pas après l'autre, ils apprennent à marcher ; jour après jour, ils apprennent à parler, à écouter, à voir, à vivre et à bâtir ce monde. Dans cette période, chaque jour compte.

Cette éducation doit être obligatoirement surveillée. C'est pour cette raison que tu vois avec eux toujours deux ou trois adultes qui les accompagnent. Ces personnes accompagnant qui s'occupent de leur éducation sont presque toujours les femmes.

Dans la majorité des heures de jours, la vie de ces petits enfants est ainsi formée par ces femmes, ces éducatrices de Centres de petits enfants. Vu notre dépendance de ces formatrices pour notre avenir, il semble absolument naturel et évident que la vie de ces formatrices ne doit pas être le sujet de compromis. CE N'EST PAS LE CAS !

Les dilemmes sont partout : le gouvernement promet de recruter 18 000 nouvelles éducatrices en 2026. Derrière cette nouvelle est la confession de la surcharge de ces éducatrices. Donc c'est certes une bonne nouvelle, si ce genre de nouvelle n'est pas contrecarrée par d'autres nouvelles. Il y en a beaucoup. Voilà un exemple : « près de 3000 éducatrices ont quitté le réseau en 2021-2022 ». Il ne faut pas être un génie pour discerner les causes. Leur charge de travail étant énorme, leur rémunération inadéquate, leurs demandes inattendues, nos sœurs ne peuvent plus tolérer le travail dans le secteur scolaire.

Laissons-nous revoir quelques demandes de ces éducatrices pour vérifier si nous y trouvons quelque chose d'injuste : l'augmentation raisonnable de salaire, une sixième semaine de congé et l'amélioration des services pour les enfants à besoins de soutien particulier. Il faut souligner que cette dernière est à vrai dire une demande articulée par elles POUR LES ENFANTS. Ce n'est pas leur seule demande directement liée à la vie de ces enfants. « L'augmentation des heures pédagogiques » en est une autre. Dans ce cas aussi, le seul objectif est de perfectionner leur compétence pour être mieux au service de ces enfants.

Dans le langage de la politique de notre jour, la négligence de la part du gouvernement est baptisée comme une « mesure d'économiser les coûts ». En revanche, derrière ce langage se cache une vérité amère : le gouvernement traite les enfants et leur éducation comme une marchandise, comme quelque chose dont la valeur primaire n'est que la valeur monétaire. Le résultat de ce désinvestissement dans ce secteur : le ministère de la Famille avoue que plus de 30 000 enfants sont toujours dans la liste d'attente pour une place en CPE. L'avenir de ces enfants est conséquemment compromis par cette tendance marchandisant pratiquée par le gouvernement.

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Budget 2025-2026 en santé et services sociaux pour les organismes communautaires autonomes

6 mai, par Coalition des Tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) — , ,
Gatineau, 1er mai 2025 - Lors de l'étude des crédits gouvernementaux tenue le 30 avril, le ministre Carmant a publiquement affirmé qu'il se réservait une somme d'un million sur (…)

Gatineau, 1er mai 2025 - Lors de l'étude des crédits gouvernementaux tenue le 30 avril, le ministre Carmant a publiquement affirmé qu'il se réservait une somme d'un million sur les 10 millions annoncés dans le budget de rehaussement de financement à la mission des organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux pour la prochaine année. Selon ses propos, ce montant est réservé « pour des urgences, des organismes à risque de fermeture ». Le ministre reconduit ainsi une mesure de l'an dernier qui avait soulevé un tollé chez les organismes communautaires indignés par son irrespect des règles d'un programme de financement géré par son propre ministère.

Pour Daniel Cayley-Daoust, président de la Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC), « le ministre s'octroie de l'argent de poche qu'il pourra saupoudrer selon son bon vouloir. Ce qu'il ne semble pas vouloir comprendre malgré toutes nos tentatives pour le lui rappeler, c'est que le financement à la mission globale fait partie d'un programme normé dont l'objectif est d'assurer une stabilité aux organismes quand ils répondent aux critères. C'est loin d'être un fonds d'urgence ou un budget discrétionnaire ».

Mis en place au début des années 1970, le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) encadre les exigences auxquelles doivent se soumettre les organismes communautaires autonomes une fois qu'ils ont été reconnus admissibles au financement.

C'est avec une grande froideur que la CTROC accueille cette nouvelle. « Déjà l'an dernier, nous avons fait des pieds et des mains pour tenter de convaincre le ministre Carmant de la nécessité de ne pas amputer un investissement très loin de correspondre aux besoins de rehaussement exprimés par les organismes communautaires. D'ailleurs, près de 1 600 organismes ont signé une lettre ouverte en juin dernier lui signifiant qu'il y avait des limites au manque de reconnaissance », insiste Daniel Cayley-Daoust. Selon les formulaires de demande de rehaussement de 2024-2025, le total des montants inscrits par un peu plus de 3 000 conseils d'administration d'organismes s'élevait à 830 M$. En amputant 1 million de l'enveloppe de rehaussement prévue, le montant à répartir entre les organismes communautaires représente à peine un peu plus de 1% de leurs besoins.

La CTROC rencontrera le ministre Carmant le 26 mai prochain pour lui rappeler à nouveau sa responsabilité de respecter les règles d'attribution des fonds entourant le PSOC. Par ailleurs, le PSOC étant régionalisé, le fait de passer outre les normes entraîne des conséquences sur les ententes de répartition convenues entre les établissements et les regroupements régionaux représentant les organismes communautaires, ce dont il sera question également lors de cette
rencontre.

Combien de fois la CTROC devra-t-elle insister auprès du ministre Carmant afin qu'il se conforme à ses propres règles ministérielles qui sont établies et connues ? « Nous pressons le ministre Carmant de rectifier le tir pour le meilleur intérêt des organismes communautaires autonomes financés par son ministère, et de verser l'entièreté des 10 millions supplémentaires en financement à la mission globale. Monsieur le ministre, le PSOC n'est pas un fonds d'urgence, mais il y urgence d'agir ! », conclut Daniel Cayley-Daoust.

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Où était le vote d’espoir au Canada ?

À la suite des dernières élections fédérales au Canada, les réseaux sociaux ont été envahis d'analyses spontanées et de célébrations de la victoire de Mark Carney et de la (…)

À la suite des dernières élections fédérales au Canada, les réseaux sociaux ont été envahis d'analyses spontanées et de célébrations de la victoire de Mark Carney et de la défaite de Pierre Poilievre. Peut-être à cause de l'algorithme, la majorité des commentaires que je vois saluent ce qu'ils perçoivent comme un recul du conservatisme. Pourtant, en y regardant de plus près, les résultats électoraux suscitent de sérieuses inquiétudes.

L'arrivée de Mark Carney à la tête du gouvernement ne saurait masquer la progression fulgurante du Parti conservateur, qui a su capter un large vote de protestation venant de tous les milieux sociaux. Elle ne saurait non plus occulter l'effondrement de l'électorat progressiste, en grande partie absorbé par les libéraux, laissant le NPD presque exsangue.

La stratégie de la peur, axée sur la menace d'un retour du trumpisme, n'a fonctionné qu'en partie. Certes, elle a permis de relancer un Parti libéral en déclin, mais elle n'a pas suffi à garantir une majorité parlementaire. Mark Carney devra maintenant gouverner sans majorité, contraint de négocier à la fois avec sa droite et avec sa gauche. Pendant ce temps, la moitié du pays a résisté à cette stratégie de la peur, et a consolidé le Parti conservateur — un parti qui, loin de se distancier de Donald Trump, semble en partager plusieurs visions.

L'écart entre les deux grands partis ne dépasse pas 400 000 voix. Le fait que le mécontentement social se soit dirigé vers le Parti conservateur, plutôt que vers le NPD, est un signal profondément préoccupant. Cette élection semble avoir été tranchée entre ceux qui ont voté libéral par peur, et ceux qui ont voté conservateur par colère. Mais une question essentielle demeure : où était le vote d'espoir ?

Aucun des deux grands partis n'a proposé une vision véritablement transformatrice du pays. Tous deux ont opté pour une approche conservatrice, en l'absence d'un horizon de changement clair : un Canada plus ouvert, plus juste, plus inclusif, plus humain, plus écologique et plus intelligent. Le NPD et le Parti vert, quant à eux, n'ont pas su construire un discours autonome et percutant, capable de remettre en question la narration dominante — une narration qui, même dans sa version la plus « modérée », reste façonnée par un centre politique toujours plus influencé par la droite.

Il faut toutefois saluer certains gestes courageux. Jagmeet Singh a été l'un des rares dirigeants politiques à avoir qualifié de génocide ce qui se passe à Gaza, et à soutenir ouvertement les mobilisations en faveur de la Palestine. Ce geste restera dans les mémoires. C'est peut-être là que réside la graine d'un NPD renouvelé : plus audacieux, plus cohérent, et davantage connecté aux personnes exclues du système politique actuel.

Car on ne transforme pas la société en imitant les gestes et le langage du centre — un centre qui, dans les sociétés capitalistes, penche presque toujours vers la droite. On la transforme en élargissant les frontières du débat, en intégrant celles et ceux que ce centre a historiquement laissés de côté. C'est à cette condition seulement qu'un véritable espace politique porteur d'espoir pourra émerger.

Manuel Tapial
Membre du Conseil d'administration de Palestine Vivra

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Le Canada est menacé : il est d’autant plus urgent de revoir la souveraineté et l’identité nationale des Premières nations

Au début de son second mandat en tant que président des États-Unis, Donald Trump a commencé à explicitement menacer le Canada de devenir le 51e État américain. Tiré de The (…)

Au début de son second mandat en tant que président des États-Unis, Donald Trump a commencé à explicitement menacer le Canada de devenir le 51e État américain.

Tiré de The conversation.

Mardi 8 avril 2025 / DE : Frank Deer
Traduction Johan Wallengren

Dans le cadre de sa rhétorique absurde et de temps à autre irrespectueuse, qui comprend également une proposition d'acquisition du Groenland et de la bande de Gaza, certains ont affirmé que l'intérêt de Trump pour l'annexion du Canada relevait d'une impulsion impérialiste.

En tant qu'éducateur Kanien'kehà:ka ayant à cœur l'enseignement des langues autochtones, l'éducation civique et la réconciliation, j'estime qu'il est essentiel de se pencher sur la façon dont les Canadiens abordent le concept de nation autochtone dans un contexte où des menaces pèsent sur la souveraineté de leur pays. J'ajouterai qu'une annexion du Canada par les États-Unis serait dévastatrice pour les peuples autochtones.

Réaffirmer la nation canadienne face aux menaces

Trump a déclaré que le Canada est susceptible d'être annexé par la force économique, tandis que d'autres ont émis l'hypothèse qu'une invasion militaire pourrait faire partie de cette tentative de conquête.

Bien que les menaces de Trump dirigées contre le Canada semblent aberrantes, de nombreux Canadiens les prennent au sérieux et considèrent la rhétorique impérialiste actuelle comme une menace pour la souveraineté canadienne.

Les personnalités politiques, les intellectuels et les citoyens canadiens ont vivement réagi à cette menace en se ralliant autour de la nation, de la souveraineté et de l'identité canadiennes. Certains suggèrent qu'un sentiment d'unité nationale a été attisé au Canada pour la première fois depuis des générations.

Cependant, ce sentiment d'unité que beaucoup ressentent au Canada – et qui pourrait inciter les votants à changer l'issue des élections fédérales qui approchent – camoufle les réalités de la nation canadienne. L'état de nation du Canada mérite à plus d'un titre qu'on s'y attarde, en particulier sous l'angle de l'unité face aux menaces américaines actuelles. Mais je suis particulièrement préoccupé par le fait que l'ancrage national des Premières nations, des Inuits et des Métis puisse être particulièrement menacé par une annexion américaine.

Peuples autochtones

Le Canada est un État-nation qui occupe les territoires traditionnels de nombreuses nations autochtones représentant une vaste diversité de cultures et de langues. Les peuples autochtones de ces nations ont été les gardiens des territoires de l'Amérique du Nord bien plus longtemps que les colonisateurs européens qui ont fini par s'emparer de ceux-ci.

De nombreux comportements coloniaux et postcoloniaux du gouvernement canadien, secondé par ses institutions (par exemple, les églises de diverses confessions), ont été de nature génocidaire.

Ces interventions coloniales ont eu pour conséquence que les communautés autochtones sont devenues des éléments constitutifs d'une nation unifiée – le Canada. Sur la scène publique, les narratifs omettent très souvent que les peuples autochtones avaient en amont établi leurs propres concepts de nation et d'appartenance à une nation. Ces concepts ont été supplantés par ceux des puissances qui ont pris le contrôle des territoires.

Le concept de nation autochtone

Aussi bien jadis qu'aujourd'hui, les peuples autochtones appréhendent leurs liens et leurs responsabilités communautaires comme étant issus de leur nation.

Tout un ensemble de valeurs fondatrices caractérisent les nations autochtones. Le sociologue Stephen Cornell, qui a travaillé avec des nations et des organisations autochtones en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande, dégage à cet égard cinq axes principaux recouvrant les liens avec la terre et ceux du sang, les récits et l'histoire associés à la terre et à la culture, l'autogestion et le bien-être collectif.

Par exemple, de nombreux Anishinaabe considèrent que la nation est fondée sur des histoires et des traditions et qu'elle est façonnée par les relations et les communautés. La diversité des peuples autochtones enrichit donc leur vision du monde.

Les Haudenosaunee (Iroquois) partagent de nombreuses histoires, traditions et langues qui influencent la façon dont ils se perçoivent en tant que nation et leur approche des traités et conventions (tels que l'entente de Kaswenta). Mais les Haudenosaunee se composent également de différentes nations autochtones – dont la mienne, les Kanien'kehà:ka –, chacune ayant ses propres formes de savoir, de réminiscences et de conscience autochtones.

Ces différentes nations ont eu des fonctionnements synergiques reposant sur des alliances et des ententes de partage de terres entre elles.

Le Canada n'est pas une nation unique et homogène

Les incursions colonialistes des autorités françaises, britanniques et, plus tard, canadiennes ont obscurci la façon dont les notions autochtones de nation peuvent être comprises par les Canadiens.

Une ombre a été jetée sur différents attributs des nations autochtones du fait de l'exploitation des terres, de la division des familles et des communautés, de la dénaturation de récits historiques, de l'étouffement de l'autogestion et du primat de la jouissance individuelle par rapport au sens collectif, marginalisant ainsi le concept de nation autochtone dans la conscience du grand public au Canada.

Au demeurant, la perception générale de la population canadienne est que le Canada est une nation unique et relativement homogène. Cela peut sembler souhaitable pour certains, voire idyllique, mais il s'agit là d'un mythe.

Acquis juridiques et chemin de la réconciliation

Quel rapport peut-on établir entre le concept de nation autochtone et les menaces d'un président américain à l'encontre de la souveraineté canadienne ?

Le concept de nation autochtone ne fait pas seulement partie de la conscience et du mode de vie des autochtones depuis des siècles, mais elle est désormais étroitement liée aux principes juridiques et constitutionnels établis et en cours d'élaboration au Canada.

Après des générations de surveillance et d'assujettissement, ces principes permettent enfin aux nations autochtones d'explorer et de mettre en œuvre des approches d'autodétermination et d'autogouvernance.

Les menaces de Trump impliquent l'abolition des cadres juridiques et constitutionnels canadiens existants. Elles suggèrent également que les mœurs culturelles et linguistiques des nations autochtones seraient plus menacées que jamais. Le processus de réconciliation – qui s'est appuyé sur les travaux de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada – serait presque certainement abandonné.

Le 51e État et les traités et conventions

Les menaces de Trump sont inquiétantes pour les nations autochtones, dont certaines ont plus à craindre que d'autres dans des domaines particuliers. Par exemple, de nombreuses Premières nations ont conclu des traités et des conventions avec la Couronne.

Ces traités et conventions servent à codifier les relations des Premières nations avec le gouvernement du Canada. De nombreux travaux sont actuellement en cours pour mieux les conceptualiser dans le contexte de l'ère moderne. Si le Canada devient le 51e État américain, il sera mis fin aux dispositions des traités et conventions, ainsi qu'aux efforts pour mieux les contextualiser.

Les peuples autochtones ont fait beaucoup de chemin – dans certains cas en collaboration avec des partenaires non-autochtones – pour ce qui est d'améliorer leur situation et de mieux se positionner dans le monde, en vue de tracer des pistes pour l'avenir.

Bien entendu, il reste encore beaucoup à faire. La pauvreté, par exemple, est encore très répandue parmi les peuples autochtones, les langues et les cultures de beaucoup d'entre eux sont menacées et les femmes et les filles autochtones continuent d'être traitées de manière horrifiante. Mais le parcours des nations autochtones vers le mieux-vivre et l'autodétermination a débouché sur des réalisations dont les peuples autochtones peuvent être fiers.

Ce voyage se poursuivrait-il au sein d'un 51e État ? J'ai des raisons d'en douter.

Frank Deer est professeur à la Faculté d'éducation de l'Université du Manitoba.

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Un échec capitaliste dont Trump exploite à fond la faille albertaine

Les résultats électoraux canadiens signalent un tournant droitier non banal de l'échiquier politique canadien. Le parti Libéral minoritaire du banquier Mark Carney vire à (…)

Les résultats électoraux canadiens signalent un tournant droitier non banal de l'échiquier politique canadien. Le parti Libéral minoritaire du banquier Mark Carney vire à droite par rapport à l'ex-gouvernement Libéral Trudeau allié implicitement avec le NPD de centre-gauche. Le parti Conservateur à tendance trumpiste augmente son score de près de huit points de pourcentage par rapport à l'élection de 2021 soit à 41% par rapport au 44% des Libéraux.

Il a fallu une remontée Libéral de plus de onze points de pourcentage pour devancer les Conservateurs, non pas à leurs dépens mais principalement à ceux du NPD qui perd aussi plus de onze points de pourcentage par rapport à 2021 obtenant son plus bas score électoral relatif depuis sa fondation en 1961. Une plus grande proportion des gens ayant voté NPD en 2021 a voté Conservateur en 2025 que Libéral notamment dans « le corridor Hamilton-Windsor — le cœur industriel du pays ». Le Bloc québécois nationaliste est le seul des tiers partis qui a évité une dégringolade mais il a quand même perdu plus d'un point de pourcentage et près de 30% de sa députation.

C'est la première fois depuis l'élection de 1958 que les deux grands partis traditionnels depuis la Confédération (1867) obtiennent ensemble plus de 80% des suffrages. Le choc Trump à coup de menaces tarifaires et annexionniste a ramené au bercail l'électorat canadien tout en le clivant de chaque côté de la barrière non pas conservateur-progressiste mais démocratique-néofasciste. Car néofasciste est tendanciellement le parti Conservateur de Pierre Poilievre… à la mode canadienne pourrait-on dire. Quand on sait que la clef de la conquête de la majorité électorale réside dans le Grand Toronto où, selon le Recensement de 2021, plus de la moitié de la population était née à l'étranger, on comprend que les Conservateurs ne se soient pas lancé dans une charge anti-immigration à la Trump. Toutefois le chef Conservateur ne s'est pas gêné pour dénoncer, à une émission francophone de grande écoute, les « faux réfugiés » tout comme il a promis de couper le financement à l'UNWRA au détriment d'un peuple palestinien que l'Occident en voie de néo-fascisation laisse mourir de faim.

Sous prétexte anti-Trump, les Libéraux déroulent le tapis aux entreprises

Pour bien voir le tournant droitiste Libéral commençons par mettre le projecteur sur l'enjeu climatique, épine dorsale de la politique du XXIe siècle. De constater les excellents journalistes du Devoir en la matière, « le chef Libéral parle d'énergie solaire, d'hydrogène vert et d'un réseau électrique transcanadien. Mais l'ancien apôtre de la finance climatique pense qu'il est « impératif » d'assurer la compétitivité des énergies traditionnelles, c'est-à-dire du pétrole et du gaz. ‘‘Oui, plus de pétrole, afin de réduire nos importations'', a-t-il lancé pour se défendre au débat des chefs du 17 avril. Ce pétrole devra toutefois être ‘‘bas carbone'', a-t-il ajouté, cela grâce aux technologies (immatures et coûteuses) de captage et de stockage de carbone. […] Le plafonnement des émissions du secteur pétrogazier — une mesure phare de l'ère Trudeau, qui n'est pas encore finalisée — était absent du programme de M. Carney, sans que celui-ci la renie pour autant. […] Rappelons que le Canada est en voie de rater ses cibles climatiques. » Ayant capitulé au slogan « Axe the [carbon] tax » des Conservateurs, « le premier ministre promet d'‘‘améliorer'' la tarification industrielle du carbone, qui cible les aciéries, les raffineries, les cimenteries, etc.. Tous les détails de cette amélioration ne sont pas connus, mais on sait que M. Carney veut donner ‘‘plus d'options'' aux grands pollueurs qui désirent compenser leurs émissions. »

Côté emploi d'observer une commentatrice du Globe and Mail,« [l]e pays a perdu 33 000 emplois en mars, le pire mois depuis trois ans pour le marché du travail, la menace des droits de douane américains ayant pesé sur la confiance des entreprises et ralenti l'embauche. » Comme politique palliative à court terme pour empêcher la hausse du chômage, « [a]près des années de recours accru aux travailleurs migrants pour occuper des emplois faiblement rémunérés, les Libéraux ont déclaré qu'ils ramèneraient l'immigration à des "niveaux viables", ce qui laisse de nombreux résidents temporaires dans l'incertitude et soulève des questions quant à la manière de combler les lacunes persistantes en matière d'emploi. Le parti s'est engagé à plafonner le nombre total de travailleurs temporaires et d'étudiants étrangers à moins de 5 % de la population canadienne d'ici à la fin de 2027, et à moins de 1 % les années suivantes. » Fini l'illusion des frontières ouvertes à la mode Trudeau alors que les ÉU ne peuvent d'aucune façon être considérés comme un « pays sûr » au titre de la loi.

Par contre, les milliards vont pleuvoir sur les entreprises : « un fonds de 2 milliards de dollars pour soutenir le secteur automobile, ainsi qu'un réseau "tout au Canada" destiné à produire davantage de pièces automobiles nationales. À cela s'ajoutent un fonds de 5 milliards de dollars pour améliorer les infrastructures liées au commerce et un mécanisme de crédit à l'exportation de 25 milliards de dollars pour aider les entreprises à trouver de nouveaux marchés. M. Carney a également évoqué la suppression, d'ici au 1er juillet, de toutes les barrières commerciales réglementées par le gouvernement fédéral entre les provinces, ainsi que la conclusion d'accords commerciaux avec des partenaires d'Amérique du Sud et d'Asie du Sud-Est. » Cependant, de constater un expert consulté par le Globe, « …diversifier les échanges est plus facile à dire qu'à faire. L'énorme marché américain exerce depuis longtemps une attraction sur le commerce canadien, en raison de la proximité et de la force de ses consommateurs. Peter Morrow, professeur agrégé d'économie à l'université de Toronto, a déclaré au Globe qu'il n'était pas réaliste de s'attendre à ce que les industries clés du pays - notamment l'automobile, le pétrole, le gaz et l'acier - se désintéressent des États-Unis dans un avenir proche. »

Plus prometteur paraît l'ambition des Libéraux de régler la crise du logement. « Ce pays a désespérément besoin de plus de logements – 3,5 millions de plus que ce que nous sommes censés construire au cours des cinq prochaines années, pour être exact, et ce uniquement pour ramener l'accessibilité au logement à ce qu'elle était il y a un quart de siècle. Les Libéraux ont promis de doubler la vitesse de construction pour atteindre près de 500 000 nouveaux logements par an, avec une nouvelle agence fédérale qui aiderait à développer et à financer des logements abordables. […dont] 25 milliards de dollars de financement pour les constructeurs de logements préfabriqués et modulaires, ce qui, selon les partisans de cette mesure, rendra la construction de logements moins coûteuse et plus rapide […et] tout en gagnant de l'argent sur les projets afin que le capital puisse être réinvesti pour augmenter l'offre. Il s'agit toutefois d'une tâche complexe, et l'économiste Mike Moffatt n'est pas sûr qu'Ottawa puisse la mener à bien. » On constate l'absence de référence aux logements sociaux, encore plus à ceux écoénergétiques. Toute l'affaire doit être rentable et profiter aux développeurs immobiliers désormais impliqués dans le logement populaire faute d'occasions suffisantes d'investissements payants dans le logement de luxe et les édifices commerciaux.

Un nationalisme canadien à deux faces qui a abouti à un échec capitaliste

On pourrait qualifier cette élection comme celle du triomphe du nationalisme canadien. On aura droit aux deux côtés de ce nationalisme soit la défiance envers un voisin écrasant — ‘trop près des ÉU, trop loin de l'Europe et d'ailleurs' pour paraphraser le dictateur mexicain Porfirio Diaz — mais aussi le néolibéralisme d'une moyenne puissance impérialiste :

Jusqu'alors, l'opposition Conservatrice de Pierre Poilievre détenait une avance significative dans les sondages de l'été 2023 au début de 2025, mais après les fanfaronnades de Trump, Carney a pu renverser la situation en faveur des Libéraux, d'autant plus que les Conservateurs avaient adopté des politiques "trumpistes" - une grave erreur après que Trump a parlé de mettre fin à la souveraineté du Canada. Par son appel flagrant au nationalisme canadien, Carney a pu obtenir le soutien de la plupart de ceux qui votent habituellement pour les Néo-démocrates à tendance travailliste et le Bloc québécois à tendance nationaliste française.

À bien des égards, M. Carney s'apparente à un Mario Draghi canadien que l'Italie et l'Europe n'ont cessé d'appeler de leurs vœux. Tous deux étaient des anciens de Goldman Sachs, tous deux étaient des banquiers centraux et tous deux sont devenus des héros du capital - Draghi pour l'Europe et maintenant Carney pour le Canada. Il semble que dans certains pays, lorsque la classe dirigeante est en difficulté, elle se tourne vers les "hommes d'argent" pour la sortir d'affaire. Parallèlement à sa rhétorique nationaliste anti-Trump, Carney a adopté la formule économique néolibérale habituelle : les réductions d'impôts et de dépenses publiques comme solution aux problèmes économiques du pays.

Toujours selon l'économiste anticapitaliste Michael Roberts, le Canada est malgré sa pléthore de richesses naturelles un échec capitaliste :

Le pays est indépendant sur le plan énergétique et possède les plus grands gisements d'uranium à haute teneur au monde et les troisièmes réserves prouvées de pétrole. Il est également le cinquième producteur de gaz naturel. Le Canada dispose également d'une grande quantité d'autres matières premières, notamment les plus grandes réserves de potasse (utilisée pour fabriquer des engrais), plus d'un tiers des forêts certifiées du monde et un cinquième de l'eau douce de surface de la planète. Il possède en abondance du cobalt, du graphite, du lithium et d'autres éléments des terres rares, qui sont utilisés dans les technologies renouvelables. Malgré ces avantages comparatifs en matière de ressources naturelles, la croissance du PIB du Canada a longtemps été inférieure à celle de ses pairs du G7, se classant seulement au 16e rang mondial en termes de parité de pouvoir d'achat. Un pays doté d'une telle géographie devrait produire davantage. Mais les capitalistes canadiens ont pris du retard dans les investissements productifs (hors énergie) et dans l'augmentation de la productivité de leur main-d'œuvre. […]

La population du Canada a augmenté de 30 %, contre seulement 11,5 % pour l'ensemble du G7. L'ajout d'un million de personnes en un an à une population de base d'environ 40 millions est sans précédent. Mais le niveau de vie des Canadiens, mesuré par le PIB réel par personne, n'est guère plus élevé en 2024 qu'en 2014, soit une stagnation de dix ans. […] En effet, la croissance de la productivité dans les industries productrices de biens au Canada a non seulement ralenti, mais s'est inversée. En conséquence, le secteur des biens a soustrait en moyenne 0,4 point de pourcentage à la croissance globale de la productivité du Canada chaque année depuis la pandémie. […] Le Canada est l'un des pays les moins densément peuplés du monde. Mais, fait remarquable, il connaît également l'une des pires pénuries de logements du monde développé. Les prix moyens des logements ont triplé au cours des deux dernières décennies, et l'endettement hypothécaire élevé pèse sur les dépenses de consommation.

Toujours selon Roberts, « [l]e taux d'investissement a diminué en raison d'une forte baisse de la rentabilité du capital canadien. La trajectoire du taux de profit canadien a toujours été fortement influencée par le prix du pétrole brut. » Bien que Roberts n'en parle pas, cette crise de rentabilité se traduit par une importante fuite des capitaux vers les ÉU depuis au moins 2016 si ce n'est depuis le début de la Grande Récession de 2008 :

Canada : Taux de profit par rapport au stock de capital net en pourcentage
Bilan net des investissements internationaux du Canada, selon la région
Source : Michael Roberts, Canada : election under the shadow of Trump,Statistique Canada

Le secteur des entreprises canadiennes est aujourd'hui accablé par les coûts du service de la dette, plus de la moitié des revenus des entreprises étant consacrée au paiement des intérêts et du capital des emprunts. Environ 25 % des entreprises canadiennes cotées en bourse peuvent être considérées comme des entreprises zombies, c'est-à-dire qu'elles ne gagnent pas suffisamment de revenus pour couvrir les paiements d'intérêts sur leurs dettes en cours.

Le coup de pied trumpien dans un édifice fragile et à la faille albertaine

Le Canada, bien avant la victoire de Trump, était un pays d'où la rentabilité capitaliste sur le marché mondial avait disparu sauf pour l'exploitation des ressources naturelles en particulier le pétrole albertain. Son secteur manufacturier lié au marché mondial, dont le cœur est l'automobile ontarienne, ne survit que grâce à son intégration à celui étatsunien au sein de l'ACEUM. En 2023, le Canada exportait en produits aux ÉU près de 20% de son PIB sans compter ses exportations de services ce qui donne en tout près du quart de son PIB, rien de moins. Pour les quatre grandes provinces canadiennes, leurs exportations de produits, sans les services, aux ÉU par rapport à leur PIB comptaient respectivement pour 35% pour l'Alberta, essentiellement du pétrole, 18% pour l'Ontario surtout la fabrication très intégrée avec les ÉU de véhicules routiers, de l'acier, des minéraux ,15% pour le Québec dont l'aluminium (soit de l'électricité cristallisée), du bois de construction, de l'électricité brut mais aussi des aéronefs, et seulement 7% pour la Colombie britannique qui exporte beaucoup en Asie.

Et voilà que le trumpisme flanque un magistral coup de pied tarifaire et annexionniste dans cette édifice fragile. Maquillée d'un nationalisme de façade l'élite canadienne s'est empressée illico à accommoder le monstre par un renforcement des frontières et une substantielle augmentation de ses dépenses militaires au sein du NORAD, particulièrement pour la défense de l'Arctique. Puis, par Libéraux interposés, elle promet de laisser tomber de grands pans de sa déjà insuffisante et biaisée politique climatique et d'imiter sa baisse des impôts tout en promettant d'investir dans les infrastructures pour « ‘‘faire du Canada une superpuissance des énergies propres et traditionnelles'', disait Mark Carney en campagne. » Mais il n'est nullement question de répondre au sabotage étatsunien du libre-échange des marchandises par un contrôle canadien de l'éperdue fuite des capitaux vers les ÉU. Comment ne pas poser la question de la capacité existentielle du Canada que la récession déjà en coursmettra durement à l'épreuve ?

L'Alberta (et la Saskatchewan) est le tendon d'Achille de la résilience existentielle canadienne. Tout près des deux tiers des votes sont allés aux Conservateurs dans ces deux provinces, soit au moins cinq points de plus que lors des élections de 2021, bien qu'il faille distinguer les zones rurales au score stalinien pro-PCC et les grandes villes quand même en moyenne à nette majorité Conservatrice. Inutile d'ajouter que la victoire Libéral laisse un goût amer d'autant plus que jusqu'aux menaces trumpiennes les Conservateurs s'annonçaient les grands gagnants des élections. Afin de mesurer la propension vers l'annexion dans ce maelstrom, le média alternatif Ricochet a tenté d'y apprécier la tentation séparatiste, voie royale d'une éventuelle annexion de ces provinces archi-dépendantes de leurs exportations de ressources naturelles.

Un sondage réalisé ce mois-ci[avril 2025] montre que 30 % des Albertains et 33 % des Saskatchewanais voteraient en faveur de la séparation si les Libéraux étaient réélus, soit à peu près le même niveau de soutien à la sécession qu'au Québec. Le sentiment séparatiste est régulièrement amplifié par la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, par des journalistes comme Rick Bell, un chroniqueur du Calgary Herald […] et par l'ancien leader du parti Réformiste, Preston Manning, […] Le message de Bell, Smith et Manning est que les électeurs des Prairies sont pleins d'une juste colère à l'égard des politiques environnementales fédérales qui frustrent l'industrie pétrolière et d'un programme de péréquation qui prend l'argent de l'Ouest pour subventionner le Québec, où les gens sont hostiles au pétrole et au gaz. Le ressentiment se concentre dans les zones rurales. […]

Il n'y a pas de répartition régionale au sein de l'Alberta rurale, mais une étude réalisée par Jared Wesley, professeur de sciences politiques à l'université de l'Alberta, a montré que les séparatistes sont généralement des hommes blancs plus âgés, nés en Alberta, qui ont participé au "Convoi de la liberté" contre les restrictions de santé imposées par le COVID ou qui ont été sympathisants de ce mouvement. […] Bratt [professeur de sciences politiques à l'Université Mount Royal] pense qu'elle [Danielle Smith] aime une grande partie du programme de M. Trump, mais il est également clair qu'elle subit des pressions de la part de la base de son parti pour s'attaquer à Ottawa. Elle a pris la tête du parti Conservateur unifié après qu'une rébellion liée au mouvement anti-mandat [COVID] a fait tomber l'ancien premier ministre Jason Kenney. La base de son parti est en colère face à la perspective d'un nouveau gouvernement Libéral à Ottawa, et c'est cette colère qu'elle cherche à canaliser.

Mme Smith a prévenu que si les Canadiens élisaient un gouvernement Libéral, elle mettrait en place un groupe d'experts chargé d'examiner les options de l'Alberta, et elle a évoqué la possibilité d'un référendum à l'initiative des citoyens. Mais la procédure actuelle n'autorise un référendum sur une question constitutionnelle qu'après que les citoyens ont recueilli les signatures de 20 % des électeurs inscrits (près de 600 000), ce qui semble être un seuil impossible à atteindre. Mme Smith fait maintenant l'objet de pressions pour faciliter les choses.

Par un tarif différentiel, Trump joue à fond le réactionnaire régionalisme albertain

Nul doute que les trumpiens joueront à fond cette frustration qui ne s'apparente nullement à une volonté indépendantiste du Québec assise sur l'oppression nationale s'exprimant avant tout dans la menace envers sa langue et sa culture que l'annexion aux ÉU n'arrangerait certainement pas, au contraire. Le parti-pris des « Canadiens » lors de l'invasion étatsunienne tant de 1775 que de 1813 reste prémonitoire. Mais il ne faut rien exclure d'autant plus qu'une bonne partie de la jeunesse québécoise s'entiche de l'anglais et de la culture commerciale étatsunienne. Le séparatisme albertain est un régionalisme réactionnaire assis sur le pétrole bien qu'il soit l'héritier d'un sentiment d'abandon par le « Canada central » qui s'industrialisait à ses dépens.

On peut être assuré que les stratèges trumpiens ont bien compris la faille albertaine comme point faible pour rompre ce long longiforme Canada le long de la frontière étatsunienne quand on visualise sa densité de peuplement d'est en ouest. Trump n'a pas pour rien imposer un tarif de « seulement » 10% au pétrole, au gaz et à la potasse de l'Ouest canadien contrairement à celui de 25% à l'aluminium québécois, à l'acier surtout ontarien et à l'automobile ontarienne quoique partiellement et graduellement. L'éventuel succès de l'annexionnisme trumpien pour dominer les Amériques afin de se colletailler en position de force avec les oligarchies des autres grandes puissances mondiales dépend moins de la résilience canadienne que de la capacité du trumpisme de s'imposer au peuple étatsunien et même à sa classe dominante afin de renouer avec « le rêve américain de prospérité à l'intérieur et de suprématie à l'étranger » qui n'a jamais rien eu de démocratique.

Marc Bonhomme, 4 mai 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Les victimes de l’agence de recrutement et de placement IRIS continuent leur lutte

6 mai, par Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) — , ,
Tio'tià:ke (Montréal), le 5 mai 2025. – Aujourd'hui, devant les bureaux de l'agence de recrutement et de placement IRIS, seront rassemblé·es des travailleurs et travailleuses (…)

Tio'tià:ke (Montréal), le 5 mai 2025. – Aujourd'hui, devant les bureaux de l'agence de recrutement et de placement IRIS, seront rassemblé·es des travailleurs et travailleuses migrant·es et leurs allié·es, pour dénoncer les abus vécus aux mains de cette agence et exiger leurs salaires impayés, leurs feuilles de paie et leur relevé d'impôts, nécessaires pour leurs démarches d'immigration, ainsi que faire entendre leurs revendications concernant les agences de placement et le programme de travailleurs étrangers temporaires. Les porte-paroles convient les médias au point de presse qui aura lieu au début du rassemblement.

M. Dieudonné Nidufasha, directeur de l'Agence IRIS, doit plusieurs dizaines de milliers de dollars en salaires impayés. Suite aux révélations parues dans Le Devoir le 09 et 10 avril dernier concernant les abus commis par l'Agence de recrutement et de placement des employés Iris Inc., le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) tient à montrer sa solidarité avec les victimes et à dénoncer ces violences.

Le CTTI et ses allié·es se réjouissent de la suspension du permis d'opération de l'agence IRIS. Toutefois, plusieurs travailleuses et travailleurs victimes de cette agence attendent depuis plus d'une année la compensation des frais illégalement perçus et des salaires non payés. Qui plus est, le cas de l'agence IRIS n'est pas un cas isolé. Malgré la mise en place du règlement portant sur les pratiques des agences de recrutement de placement en 2020 par le gouvernement du Québec et des clauses interdisant la perception des frais de recrutement auprès des travailleuses et travailleurs en 2022 par le gouvernement du Canada, les pratiques abusives d'intermédiaires privés demeurent malheureusement largement répandues.

« Nous sommes doublement victimisé·es : d'abord par l'agence IRIS, puis par le système d'immigration, qui nous maintient dans une situation précaire » indique un des travailleurs, qui a préféré garder l'anonymat. « L'immigration se ferme les yeux, ne veut pas accepter que cette situation est la conséquence naturelle d'un système dysfonctionnel. » a renchéri une autre travailleuse.

Les travailleuses et travailleurs victimes de l'agence IRIS, le CTTI et leurs allié·es revendiquent la régulation efficiente des pratiques des intermédiaires privés et la mise en place des mesures de protection pour les travailleuses et travailleurs contre leurs pratiques abusives. Elles et ils réitèrent d'ailleurs leurs revendications pour que le gouvernement fédéral abolisse le permis de travail fermé qui expose continuellement les travailleuses et travailleurs migrant·es à ces situations d'exploitation et de traite. En outre, le CTTI note que de plus en plus de personnes migrantes perdent leur statut migratoire à la suite de telles situations abusives, et réaffirme l'urgence de la mise en place d'un programme de régularisation complet et inclusif pour les personnes sans statut.

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"Le vide de la vérité : le silence médiatique qui se transforme en pouvoir"

6 mai, par Manuel Tapial — , ,
Pour comprendre le biais médiatique au Canada, il suffit de comparer le fonctionnement de ses médias à celui d'autres pays. Prenons, par exemple, l'attaque récente contre (…)

Pour comprendre le biais médiatique au Canada, il suffit de comparer le fonctionnement de ses médias à celui d'autres pays.

Prenons, par exemple, l'attaque récente contre la Flottille de la Liberté : aucun média canadien ne l'a rapportée, ni n'a donné la parole aux activistes à bord. En revanche, les médias espagnols, arabes, britanniques et même américains ont consacré un temps d'antenne considérable à couvrir l'attaque, la situation dramatique de famine à Gaza, et à relayer les témoignages des personnes directement concernées.

Les médias ont un pouvoir immense dans la façon dont nous percevons le monde, et dans la formation du débat public. Dans les pays souvent qualifiés d'autoritaires, le contrôle des médias par l'État est évident : l'information est soigneusement filtrée pour maintenir les discussions dans des cadres acceptables pour le pouvoir en place. Au Canada, les mécanismes sont plus discrets, mais l'effet est tout aussi préoccupant.

Nous sommes habitués à critiquer les chaînes comme RT en Russie, Al Jazeera au Qatar ou Telesur au Venezuela pour leur proximité avec les gouvernements. Mais nous refusons trop souvent de nous regarder dans le miroir et d'analyser nos propres médias, leur silence, et les intérêts qu'ils protègent. Ce manque d'autocritique est un danger pour toute démocratie.

Sous la dictature franquiste en Espagne, de nombreux citoyens se tournaient vers les médias étrangers pour savoir ce qui se passait réellement dans leur propre pays. Ironiquement, aujourd'hui au Canada, beaucoup d'entre nous, attentifs à ce qui se passe dans le monde — voire ici même — en viennent à faire la même chose. Nous dépendons de médias étrangers pour rester informés, face à un black-out quasi total ou à une couverture biaisée, dénuée de neutralité et de sensibilité.

Dans les années à venir, il est inévitable que de nouveaux médias indépendants voient le jour — par nécessité. Pour continuer à être humains. Pour servir les communautés que les grands médias ne représentent plus. Des médias qui oseront dénoncer le génocide en Palestine, les attaques contre les bateaux humanitaires à destination de Gaza, le vol des terres des Premières Nations au Canada, les disparitions de leurs membres, et les innombrables actes de solidarité que les médias ignorent systématiquement sur notre propre territoire.

Un pays où les médias ne parlent que de ce qui arrange les élites — en ignorant les victimes et en renonçant à leur rôle de contre-pouvoir — est un pays dangereux pour ses citoyens.

Se taire n'est jamais neutre. Se taire, c'est choisir un camp.

Manuel Tapial, membre du Conseil d'administration de Palestine Vivra

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Lettre au premier ministre du Canada

6 mai, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — , ,
Alors que le Canada se prépare à tourner une nouvelle page politique, nous militantes de la Marche mondiale des femmes au Québec portons à votre attention les valeurs et les (…)

Alors que le Canada se prépare à tourner une nouvelle page politique, nous militantes de la Marche mondiale des femmes au Québec portons à votre attention les valeurs et les revendications qui animent notre mouvement.

29 avril 2025

À vous qui serez appelé·e à guider ce pays, nous rappelons que les rapports sociaux de sexe et de genre ne sauraient être relégués au second plan, et par conséquent, le maintien d'une ministre et d'un ministère des Femmes et de l'Égalité des genres est primordial. Nous exigeons que le féminisme soit un moteur d'action publique, que la justice sociale guide toutes décisions, et que l'environnement soit enfin reconnu comme un bien commun vital, à protéger urgemment et résolument.

Nous attendons de votre gouvernement :

Des actions fermes contre toutes les formes de discrimination, de violence et de pauvreté, particulièrement envers les femmes, les personnes autochtones, racisées, migrantes, en situation de précarité et les personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres.
Une transition écologique juste, qui place le vivant et la dignité humaine au cœur des priorités économiques.

Une défense sans compromis des droits humains, ici comme ailleurs, en solidarité avec les peuples du monde.

Le respect, la reconnaissance et la réparation envers les Premiers Peuples, dans une perspective de justice décoloniale.

Les crises actuelles nous montrent que le statu quo n'est plus une option. Il est temps de construire, avec courage et détermination, un avenir féministe, écologiste et internationaliste.

Car nous savons que l'exercice de la citoyenneté ne se limite pas aux urnes : il se vit chaque jour, dans les luttes, dans les solidarités et dans les gestes quotidiens. Et nous serons des milliers, le 18 octobre prochain, à démontrer haut et fort que nos valeurs ne sont pas négociables.

La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF)

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Brésil : La résolution transphobe du Conseil fédéral de médecine (CFM) et l’attaque de l’extrême droite contre les personnes trans L’offensive transphobe du CFM représente un énorme recul

6 mai, par Ekop Novis — , ,
Le 8 avril 2025, dans le cadre d'une offensive contre les personnes trans, le Conseil fédéral de médecine a publié sa résolution n° 2.427/2025. Cette réglementation restreint (…)

Le 8 avril 2025, dans le cadre d'une offensive contre les personnes trans, le Conseil fédéral de médecine a publié sa résolution n° 2.427/2025. Cette réglementation restreint l'accès aux thérapies d'affirmation de genre, en interdisant l'utilisation de bloqueurs hormonaux pour les moins de 18 ans, les chirurgies d'affirmation de genre pour les moins de 21 ans et en instaurant l'obligation d'un suivi psychiatrique pendant plus d'un an avant que les adultes transgenres puissent commencer une thérapie hormonale.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
22 avril 2025
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article74800

Ces mesures, critiquées depuis longtemps par le mouvement transgenre, sont fondées sur de fallacieux arguments médicaux utilisés pour harceler cette population. Les bloqueurs hormonaux sont des substances utilisées chez les enfants et les adolescents afin de ralentir la puberté. Il s'agit de médicaments utilisés et approuvés depuis des décennies chez les enfants cisgenres présentant une puberté précoce ou un retard idiopathique de croissance.

Chez les enfants et les adolescents trans, ils sont utilisés dans le but de retarder le développement des caractéristiques sexuelles secondaires, qui sont permanentes et souvent sources d'une dysphorie importante pour ces personnes. L'idée derrière ce traitement est de donner aux jeunes plus de temps pour consolider leur identité de genre, ce qui facilite la thérapie de substitution hormonale si le jeune décide de poursuivre sa transition. Il s'agit d'un traitement réversible, traditionnellement utilisé chez les personnes cisgenres, qui présente de nombreux avantages pour les jeunes transgenres, leur évitant de passer par une puberté qui peut très souvent être traumatisante.

L'obligation d'un accompagnement psychiatrique, quant à elle, découle d'une pathologisation de la transidentité qui est extrêmement violente pour nous. Depuis toujours, les milieux conservateurs s'efforcent de faire passer dans l'imaginaire collectif la transidentité et l'homosexualité pour des maladies. Il est important que nous gardions en mémoire que l'Organisation mondiale de la santé considérait l'homosexualité comme une maladie jusqu'en 1990 et la transidentité jusqu'en 2019. Qualifier la « différence » de « maladie » implique qu'il y a quelque chose à soigner, et le CFM, en rendant obligatoire le suivi psychiatrique pour que les personnes trans aient accès à des traitements qui sauvent leur vie, s'inscrit dans cette logique.

Face à une décision qui, de toute évidence, ne repose pas sur des fondements scientifiques solides, mais qui a un impact considérable sur la vie de milliers de personnes transgenres, la question se pose : pourquoi le CFM s'en prend-il à cette population ? La vérité est que la résolution n° 2.427/2025 n'est pas un acte isolé, mais seulement un petit élément d'une offensive mondiale de l'extrême droite contre les personnes transgenres. Aux États-Unis, le gouvernement Trump délivre des visas et des passeports aux personnes transgenres sous le genre auquel elles ont été assignées à la naissance et transfère les femmes transgenres emprisonnées dans des prisons pour hommes. Au Royaume-Uni, sous la pression de groupes féministes « radicaux », alliés à l'extrême droite et financés par la bourgeoisie britannique, la Cour suprême a adopté une définition du terme « femme » qui exclut délibérément les personnes transgenres.

Au niveau international, l'extrême droite met en œuvre une nouvelle stratégie pour rallier les masses à son projet mortifère : créer un climat de panique morale où certaines populations (personnes transgenres, immigrés, musulmans, etc.) sont prises pour cibles. Partant de l'amalgame homophobe entre la communauté LGBT et la pédophilie, on construit un discours selon lequel les personnes trans chercheraient à s'en prendre à la jeunesse et donc que notre lutte pour que les enfants et les adolescents trans puissent avoir accès à des traitements qui sauvent leur vie ferait partie de ce projet. C'est dans ce contexte de prétendue attaque contre l'enfance que des dirigeant·es fascistes se présentent comme les seul·es à avoir le courage de mener ce combat.

Au Brésil, l'effet de cette nouvelle stratégie de l'extrême droite est déjà visible, non seulement avec l'offensive du CFM, mais aussi à travers des figures telles que Lucas Pavanato, conseiller municipal le mieux élu de São Paulo, qui non seulement s'est fait élire en promettant d'exclure les personnes transgenres de certains espaces publics tels que les sanitaires et les installations sportives, mais qui, dès son premier mois de mandat, a déposé trois projets de loi antitrans. Dans un contexte de crise du bolsonarisme, avec l'inéligibilité de Bolsonaro, la persécution des personnes transgenres a été l'une des stratégies de ce secteur pour conserver son audience et tenter de reprendre le pouvoir.

De ce point de vue, il convient de rouvrir les débats précédemment menés par cette plateforme sur les moyens de vaincre l'extrême droite. Contrairement à ce que certains secteurs de la gauche défendent, on ne peut pas dire que l'emprisonnement de Bolsonaro, uniquement et simplement décidé par la Cour suprême, suffira à mettre fin au bolsonarisme, qui reste profondément enraciné dans les masses. Pour défaire définitivement le fascisme, il faut entretenir des processus de mobilisation qui font progresser la conscience de la population et démoralisent l'extrême droite. Ainsi, si nous voulons aller jusqu'au bout dans la lutte contre l'extrême droite, le rôle des révolutionnaires est d'être aux côtés des personnes trans, car nous savons qu'elles ont été systématiquement utilisées comme épouvantails par ces milieux qui n'y regardent pas à deux fois avant de sacrifier leurs droits afin d'en tirer un gain politique.

Cela signifie, entre autres tâches, qu'il nous faut être aux côtés des personnes transgenres dans leur lutte pour leur droit à la santé et contre la résolution n° 2.427/2025 du CFM. Cette lutte, qui connaîtra un moment fort le 24 avril avec la manifestation nationale organisée par l'IBRAT et l'ANTRA, a mobilisé des milliers de jeunes transgenres, prêts à affronter l'extrême droite pour défendre leurs droits. Nous devons descendre dans la rue non seulement pour la dignité et le droit à la santé des jeunes trans, mais aussi parce que nous comprenons que ces attaques font partie d'une stratégie du bolsonarisme pour conserver son influence.

Ekop Novis

P.-S.

• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepLpro

Source - Movimento revista 22 avril 2025, 11h51. 22 avril 2025, 11h51 :
https://movimentorevista.com.br/2025/04/a-resolucao-transfobica-do-cfm-e-o-ataque-da-extrema-direita-as-pessoas-trans/

• Ekop Novis est militante du collectif Juntos !, étudiante en droit, directrice du DCE Livre de l'USP et membre du collectif Intertransvestigênere Xica Manicongo

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En temps de guerre, l’accent mis sur les « valeurs traditionnelles » met en péril la communauté LGBTQ en Russie

6 mai, par Niko Vorobyov — , ,
En 2020, des militants LGBT ont participé à une manifestation contre les amendements à la Constitution russe et les résultats d'un vote national sur les réformes (…)

En 2020, des militants LGBT ont participé à une manifestation contre les amendements à la Constitution russe et les résultats d'un vote national sur les réformes constitutionnelles, à Moscou. La pancarte photographiée ici dit : « Je ne reconnais pas l'autorité qui m'empêche d'avoir une famille » [Archive : Shamil Zhumatov/Reuters]

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
3 mars 2025

Par Niko Vorobyov

Moscou réprime de plus en plus cette communauté minoritaire, forçant certains à fuir.

Dans la vingtaine, Mikhail* (ce n'est pas son vrai nom), un homme gay de la ville d'Oufa en Russie, faisait ce qu'il aimait : des spectacles de drag.

« Je partais en tournée, à des compétitions ; je rencontrais de nouveaux artistes et je prévoyais que le drag serait le grand-père de ma vie », a-t-il confié à Al Jazeera.

À ce moment-là, Mikhail a déclaré qu'il vivait sa vie ouvertement et n'avait pas connu beaucoup d'hostilité manifeste de la part du public au quotidien. Mais ces dernières années, les choses ont commencé à changer.

« Des préoccupations sont apparues dans l'industrie des clubs », a-t-il déclaré. « Des restrictions ont été imposées sur le nombre d'artistes ukrainiens, une interdiction a été placée sur la mention de sujets liés aux LGBT. Dans la vie quotidienne, c'était simplement une anxiété éternelle ».

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est venue lorsque la police a ciblé l'établissement où travaillait Mikhail pour une descente.

« J'ai été pris dans des descentes plus d'une fois, mais ma dernière descente a été la plus brutale et la plus terrible », se souvient-il.

« S'en sont suivis deux interrogatoires de huit ou neuf heures chacun, exerçant une pression psychologique sur moi sans relâche. Après cela, j'ai été forcé de quitter le pays afin de préserver ma liberté. »

La Russie ne fait pas seulement la guerre à l'Ukraine, mais aussi à ce qu'elle considère comme des ennemis intérieurs. La persécution des individus, organisations et communautés LGBTQ s'est intensifiée ces dernières années, le Kremlin cherchant à défendre les « valeurs traditionnelles ».

Le coordinateur du programme de surveillance de l'organisation russe LGBTQ Sphere, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré à Al Jazeera qu'avant 2022, la majorité des abus ciblant les individus LGBTQ « concernaient la discrimination quotidienne et institutionnelle, plutôt que la répression directe ».

Depuis les amendements à l'interdiction de la « propagande gay » en 2022, suivis par l'interdiction de la transition de genre et la désignation du « mouvement LGBT international » comme « organisation extrémiste » en 2023, maintenant au moins deux tiers des abus se produisent aux mains des autorités.

L'ancienne URSS a été l'un des premiers pays au monde à dépénaliser l'homosexualité en 1917, abrogeant les lois de l'ère tsariste qui elles-mêmes étaient à peine appliquées. Mais dans les années 1930, sous Joseph Staline, l'homosexualité est devenue perçue comme une menace pour le tissu de la société soviétique et en 1934, la « sodomie » était punissable de trois à cinq ans d'emprisonnement.

Plus tard, elle a été considérée comme une maladie mentale et les gays et lesbiennes ont été enfermés de force dans des asiles. Ce n'est qu'en 1993, après l'effondrement du communisme, que l'interdiction a été levée à nouveau.

Une nouvelle vague de persécution a commencé dans les années 2010 avec des lois visant à prévenir la « propagande gay », ostensiblement pour protéger les enfants.

Le gouvernement du président Vladimir Poutine a dépeint le mouvement pour les droits des LGBTQ comme un agenda étranger visant à saper les valeurs familiales traditionnelles de la Russie.

« Les autorités russes ne font pas la distinction entre la pédophilie et les orientations 'non traditionnelles', ce qui est clairement évident dans les statistiques publiées du Département judiciaire de la Cour suprême de la Fédération de Russie pour 2023, où les statistiques pour les trois articles de 6.21 sont présentées sur une seule ligne », a expliqué Noel Shaida, chef du département des communications de Sphere.

Fin 2023, la Cour suprême de Russie a qualifié le « mouvement LGBT international » d'« organisation extrémiste ». Bien sûr, une telle entité formelle n'existe pas, mais ce flou crée un très large éventail de cibles.

« Les employés de toute organisation [aidant les LGBTQ] risquent d'être accusés de participer à ou d'organiser une activité extrémiste – ce qui implique des poursuites pénales injustes et politiquement motivées, potentiellement avec des peines de prison à deux chiffres comme résultat », a déclaré le coordinateur de surveillance de Sphere.

« Pour cette raison, de nombreuses initiatives ont annoncé la cessation de leurs activités dans le pays. Certaines organisations ont fait sortir des employés de Russie afin de poursuivre leur travail. Il ne reste pas beaucoup d'initiatives queer dans le pays qui ne sont pas forcées d'opérer clandestinement. »

En novembre dernier, la police de Moscou a effectué une série de descentes dans des bars et établissements à travers la ville, soupçonnés de servir une clientèle queer.

« Selon nos données, il y en a eu au moins 43 dans tout le pays de novembre 2023 à janvier 2025 », a déclaré le représentant de Sphere.

« Les résultats varient : des poursuites pénales contre les propriétaires d'établissements pour 'organisation et participation à une organisation extrémiste' aux mêmes protocoles et amendes pour propagande. Souvent, les descentes ne conduisent pas formellement à d'autres persécutions, mais les établissements où elles ont lieu changent rapidement leur format de travail et démontrent activement leur loyauté envers les politiques du gouvernement, ou ferment tout simplement. »

Le surveillant de Sphere a ajouté que les participants reçoivent parfois des convocations à un bureau d'enregistrement militaire, ce qui signifie qu'ils pourraient être enrôlés pour combattre en Ukraine.

« Les images publiées montrent souvent que les visiteurs des établissements sont forcés de s'allonger nus sur le sol froid pendant la descente, qui dure généralement plusieurs heures », ont-ils poursuivi.

« La violence peut être utilisée, entre autres, pour convaincre les visiteurs récalcitrants de se conformer aux demandes illégales de la police : donner accès au contenu d'un téléphone portable ou répondre aux questions d'intérêt pour la police. Par exemple, dans l'un des établissements, les gens ont été forcés de faire des squats jusqu'à ce que leur ami donne à la police le mot de passe de leur téléphone. Dans ce cas, on parle de torture. »

En outre, les forces de l'ordre font régulièrement des descentes dans les fêtes gays et piègent des individus en utilisant des applications de rencontre, les arrêtant sous des accusations telles que les stupéfiants ou la « propagande gay », ce qui pourrait signifier afficher des symboles de la Fierté gay ou parler positivement des relations homosexuelles.

La répression cible l'activité queer dans la sphère publique et la vie privée.

En décembre, Andrei Kotov, directeur de l'agence Men Travel à Moscou, a été arrêté pour « organisation d'activités extrémistes » et a ensuite été retrouvé mort dans sa cellule, les autorités ayant conclu à un « suicide ».

Le site d'information russe indépendant Meduza, opérant désormais en exil depuis la Lettonie, a récemment rapporté que les autorités semblent compiler les données recueillies lors des descentes dans les fêtes gays - comme les empreintes digitales et les échantillons d'ADN - ainsi que les dossiers médicaux des personnes transgenres pour créer une base de données des individus LGBTQ.

L'objectif d'une telle base de données n'est pas clair, mais la police russe dispose déjà d'une base de données similaire pour les toxicomanes, qui serait utilisée pour identifier des cibles pour des pièges ou pour planter des preuves lorsque des officiers corrompus doivent atteindre leurs quotas.

« Les données collectées pourraient être utilisées pour initier une affaire criminelle majeure sous l'accusation d'extrémisme contre le 'Mouvement LGBT international' inexistant, qui aurait des cellules dans des dizaines de régions de Russie », a déclaré Irina, responsable du plaidoyer de Sphere.

« Cela pourrait également être utilisé comme un outil d'intimidation, créant une atmosphère de peur constante parmi les personnes queer ; un outil de persécution ; et pour recruter des personnes LGBT+ comme informateurs 'volontaires', leur offrant le retrait de la base de données en échange de leur coopération. »

En raison de la pression continue, beaucoup tentent de fuir la Russie.

« Être une famille ou avoir une orientation non traditionnelle en Russie peut être dangereux pour la liberté et la vie en général », a déclaré Anastasia Burakova, avocate des droits humains et fondatrice de Kovcheg (l'Arche), une organisation qui aide les émigrants russes.

« Nous avons des logements d'urgence temporaires dans des pays comme la Serbie, la Turquie, et parfois on nous demande de fournir ces logements d'urgence pour les personnes LGBTQ. Pour l'instant, nous constatons qu'il y a beaucoup de demandes pour ces personnes qui sont persécutées. »

Néanmoins, Sphere reste optimiste quant à l'avenir.

« Malgré tous les obstacles que l'État met devant nous, nous croyons sincèrement qu'il y a un avenir pour la communauté LGBT+ en Russie, au minimum, et au maximum, il y aura de l'acceptation, pas de discrimination, et ainsi de suite », a déclaré Noel Shaida.

« Après tout, les régimes politiques ne sont pas éternels, les fonctionnaires ne sont pas immortels. Et même s'il semble que l'avenir est sans espoir, nous croyons et essayons de démontrer par toutes nos activités qu'aucune interdiction d'État ne peut nous annuler. »

Mais Mikhail est plus sombre, du moins à court terme.

« Les gens ne pourront pas s'exprimer, ils essaieront de surveiller leur comportement pour se fondre dans les normes que l'État dicte maintenant », a-t-il remarqué.

« Aussi triste que cela puisse être, je pense que les statistiques de suicide vont augmenter. »

Niko Vorobyov

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P.-S.

Aljazeera

https://www.aljazeera.com/news/2025/3/3/in-wartime-focus-on-traditional-values-imperils-russias-lgbtq-community

Traduit pour l'ESSF par Adam Novak

Pas de licence spécifique (droits par défaut)

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Éoliennes : Autant en emporte le vent

6 mai, par Maxime Laplante — , ,
Après les complexes porcins et le gaz de schiste, voici venir le nouvel assaut dans le paysage rural agricole : les éoliennes. Le processus est similaire. Des promesses de (…)

Après les complexes porcins et le gaz de schiste, voici venir le nouvel assaut dans le paysage rural agricole : les éoliennes. Le processus est similaire. Des promesses de richesse sans aucun fondement ni analyse autre que l'intérêt des promoteurs, des consultations bidon, la zizanie.

Agriculteur biologique dans le comté de Lotbinière, je suis témoin de l'enthousiasme maladif de la MRC pour l'implantation de plus de 18 gigantesques éoliennes sur le territoire, essentiellement sur les meilleures terres de la région, sinon de la province. Pour le promoteur Innergex, c'est du gâteau : des sites plats, accessibles, drainés, épierrés. La MRC a même modifié ses règlements pour permettre la construction de ces tours de plus de 200 m de hauteur à 3 mètres de distance des propriétés voisines. En somme, la même distance que votre voisin doit respecter s'il veut placer un cabanon pour ranger sa brouette et son calendrier que son épouse ne veut pas voir dans la maison.

Mais qui suis-je pour ainsi m'opposer à ces magnifiques projets de transition énergétique ? Suis-je donc resté au stade cromagnonesque de consommation de pétrole ? Le premier problème apparent dans cette logique simpliste réside d'une part dans le fait que, de façon globale, les énergies renouvelables ne remplacent pas le pétrole mais ne font que s'y ajouter. Personne n'a jamais réussi à construire ou même entretenir une éolienne sans pétrole. Le plastique employé, mais également les métaux, les lubrifiants, le cuivre pour le transport de l'électricité produite, tout repose sur l'utilisation du pétrole.

Je me permets ici de citer la présentation de l'ingénieur Jean-Marc Jancovici sur la consommation mondiale de l'énergie. Il est assez clair que les énergies d'origine fossile ne font l'objet d'aucune réduction, peu importe quelle autre source énergétique apparaît dans le décor.

Je croirai au scénario de la transition énergétique lorsqu'on me présentera au préalable un plan de réduction des sources d'énergie fossile. Sinon, ce n'est que du vent, au sens propre comme au figuré.

J'ajouterais que le Québec aurait grand intérêt à réduire sa consommation d'énergie au lieu de conclure avec nos voisins du sud des ententes de livraison d'électricité à bas prix sur des périodes de 30 ans. La construction d'éoliennes en zone agricole et habitée y perdrait sans aucun doute son intérêt. Et à propos, j'aimerais qu'on me présente quelqu'un qui, dans le contexte actuel, tiendrait mordicus au respect des ententes de livraison d'électricité à bas prix avec les États-Unis… Si j'y repense, j'en glisserai un mot aux 115 personnes qui ont perdu leur emploi récemment dans mon petit village en raison des sautes d'humeur de l'oncle Donald.

Diviser pour régner

Une vieille recette : traiter les habitants du milieu rural comme des citoyens de seconde classe. Des distances séparatrices de plus de 2 km pour ceux qui résident dans les villages ou les villes (en fait beaucoup plus parce qu'on considère le périmètre urbain), mais de l'ordre de 750 m pour la partie des résidences rurales, dont le fameux 3 m des lots voisins. Fini la tranquillité pour ceux qui circulent sur leurs terres. Avec en prime un bon nanane de 35 000$ par an et par éolienne pour celui qui en fait construire une sur ses champs, mais sans rien pour le voisin. Avec ce genre de projet, on ne fait pas qu'écorcher le paysage, on pourrit le climat social.

La privatisation des profits, la socialisation des dépenses

Dans le cadre de mon parcours du combattant pour comprendre le dossier, je suis allé rencontrer mon conseil municipal. Évidemment, j'avais raté la séance « d'information publique », aucune des trois municipalités où je paie des taxes n'ayant jugé pertinent de m'informer de la tenue d'un tel événement. Idem pour ma MRC. Je me suis donc pointé au conseil avec quelques questions, dont une sur un éventuel fonds de réserve en cas de faillite du promoteur. Qui devra payer si le meneur de projet disparaît et qu'il faut démanteler ? Mon tracteur et moi ? Mon conseil ne disposant d'aucune réponse, on me référa au conseil des maires, où je me rendis, deux fois, avec les mêmes questions. Je prends rendez-vous avec le directeur général, qui ne le sait pas plus. Il me semble pourtant qu'il s'agit d'un élément important. C'est quand même la communauté qui doit financer la moitié du projet, même si mon maire affirme haut et fort qu'il n'en coûtera pas un sou aux citoyens.

J'ai donc assisté aux deux séances publiques subséquentes. L'agent de liaison du promoteur ne sait rien à propos d'un éventuel fonds de réserve. J'obtiens finalement de la part du représentant officiel de l'entreprise l'aveu que s'il y a un problème, le gouvernement assure la garantie. En toute honnêteté, j'avoue que je m'y attendais.

Il en est allé de même avec le plan de financement, la totalité de mon conseil municipal faisant entièrement confiance à une quelconque entreprise comptable, sans en connaître les détails.

Dans tout ce processus, la phrase que j'ai entendue systématiquement, c'est : « Il faut avoir confiance ». Je ne sais pas pour vous, mais chez moi, ça provoque exactement le contraire.

Maxime Laplante,
agronome et agriculteur biologique

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Accélérer l’incompréhension et la confusion climatique locale

6 mai, par Marc Brullemans, Jacques Benoit — , ,
Les élections fédérales sont maintenant derrière nous, et si les résultats en ont surpris plusieurs, le nouveau gouvernement, oppositions incluses, ne nous surprendra pas : il (…)

Les élections fédérales sont maintenant derrière nous, et si les résultats en ont surpris plusieurs, le nouveau gouvernement, oppositions incluses, ne nous surprendra pas : il ne prendra pas la mesure du réchauffement planétaire et des crises qui s'ensuivent… jusqu'à ce que celles-ci nous rattrapent.

Jacques Benoit et Marc Brullemans
Co-rédacteurs du Plan de la DUC, membres de GMob

Certain.e.s se tournent maintenant vers les élections municipales qui auront lieu dans un peu plus de six mois. La dernière fois, beaucoup avaient voté et élu de nouvelles personnes, espérant une plus grande conscience des enjeux qui nous menacent.

Quatre ans plus tard, les déceptions sont nombreuses : de la part d'élu.e.s qui ont écrit aux partis politiques lors de l'élection fédérale, mais aussi de la part de la population qui s'est vue trahie par des promesses vertes non tenues. L'exemple type est celui de la mairesse de Longueuil, qui appelait récemment à “notre devoir d'agir et notre responsabilité collective” suite à des extrêmes météos s'étant abattus sur sa ville, tout en faisant la promotion de l'expansion de l'aéroport de Saint-Hubert, une infrastructure qui aggrave le réchauffement climatique causant ces extrêmes météos.

Alors, à quoi pouvons-nous nous attendre dans l'année “municipale” qui vient ?
Le 20 avril dernier, Radio-Canada annonçait « Bientôt un plan climatique dans la région de Bécancour ».

Le plan en question découle du programme “Accélérons la transition climatique locale” annoncé l'an dernier par le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCCFP), Benoît Charette. Le ministre avait mentionné que son gouvernement verserait jusqu'à 500 M$ aux municipalités participantes.

Et sans doute pour accélérer la démarche :
• le ministre en avait fait l'annonce endébut février,

• les municipalités (ou MRC) devaient acheminer leur intention d'engagement au plus tard le 15 mars par courriel, et

• l'aide financière serait versée aux bénéficiaires au plus tard le 31 mars 2024.

Le tout, en un mois et demi ! Après quoi, l'élaboration ou la mise à jour de leur plan climat pourrait débuter.

Urgence climatique ? Ou urgence de vider les tiroirs avant la fin de l'année financière ?

À la page 6 duGuide d'élaboration d'un plan climat, sur la définition des objectifs, on pouvait lire :
« Si les élus de l'organisme se sont déjà engagés publiquement pour la lutte contre les changements climatiques, par exemple en adhérant à la Déclaration d'urgence climatique, les objectifs devraient être cohérents avec les engagements déjà existants. »

Mais le guide ne facilitait en rien cette cohérence, puisqu'aucun lien ne conduisait à laDéclaration d'urgence climatique - DUC.

Le guide ne faisait pas plus référence au Plan de la DUC, publié en mars 2021 et transmis à toutes les municipalités. Ce plan, qui est la suite logique de la DUC, énonce les actions à entreprendre : 98 pour les gouvernements fédéral et provincial, 53 pour les municipalités et 59 pour les citoyen.ne.s, pour un total de 210 mesures réparties dans onze chantiers. Ce plan a fait le sujet de 15 articles hebdomadaires consécutifs, entre autres dans les Coops de l'Information au printemps 2021.

Le guide gouvernemental ne référait pas non plus au document « LAST CALL CLIMATIQUE - Pour une mobilisation vitale », publié à la fin août 2021, qui avisait des dangers croissants de tout délai, ou d'action non globale ou incomplète.

Cependant, sachant que l'élaboration du “plan climat local”, sa planification et sa mise en œuvre devaient être approuvées par le MELCCFP, et sous la responsabilité du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH), on comprend mieux que le gouvernement voulait s'assurer que l'action reste au niveau « local » ! L'exemple de ladémarche de participation publique à Trois-Rivières montre bien la limite tolérée.

Suivant la liste des 101 municipalités – MRC ayant signifié leur intention, le montant total versé par le gouvernement atteint 127 734 500 $, soit en moyenne 1 264 698 $ par plan climat. Les villes et MRC devraient rendre leurs plans publics dans les prochains mois. Certain.e.s l'utiliseront aux élections municipales de l'automne comme faisant partie de leurs réalisations, voire de leurs prochaines politiques.

Malheureusement, si leurs plans climatiques ne tiennent pas compte des divers niveaux de responsabilités, incluant le fédéral et le provincial, si les mesures prévues ne sont pas à la hauteur des défis qui sont à notre porte, si les actions visent à ne pas nuire au développement économiquequi nous a conduits au précipice actuel, alors cet exercice n'aura servi qu'à augmenter le déficit budgétaire provincial, sans possibilité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Au moment où le monde est entièrement bouleversé par l'irresponsabilité américaine, la campagne électorale fédérale n'a parlé que de fossiles, de pipeline transcanadien, de corridor énergétique, d'exploitation de ressources et de nouveaux marchés. Pour sa part, le gouvernement Legault additionne les tourbières sacrifiées et un troisième lien supposément pour notre bien. Alors que les scientifiques ne cessent de nousalerter sur les impacts de notre inaction, nos dirigeant.e.s ne nous amènent vraiment pas dans la bonne direction.

Dans une récente entrevue radiophonique, une mairesse signataire de la lettre des élu.e.s municipaux disait que « le fédéral a l'argent, le provincial a le pouvoir et les municipalités ont les responsabilités ».

Mais où est le plan ? 101 mini-plans locaux ne font pas un plan global, mais peuvent accélérer localement l'incompréhension et la confusion climatique !

Nous avions un tel plan global : le plan de la DUC, où tous les paliers gouvernementaux sont impliqués ensemble, et avec les citoyen.ne.s, dans une même optique, dans un même plan, chacun selon son niveau. Et il n'a jamais été aussi urgent de le mettre en place !
Et qu'on cesse de nous parler et de se gargariser avec l'adaptation climatique.

"La première adaptation, c'est limiter la cause !"

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Maisonneuve-Rosemont : un hôpital qui met en danger celles qui soignent

6 mai, par Julie Bouchard — , ,
Le 29 avril au soir, des orages violents ont frappé Montréal. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le pire a été évité de justesse. Une panne de courant majeure a paralysé des (…)

Le 29 avril au soir, des orages violents ont frappé Montréal. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le pire a été évité de justesse. Une panne de courant majeure a paralysé des secteurs névralgiques.

Le 29 avril au soir, des orages violents ont frappé Montréal. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le pire a été évité de justesse. Une panne de courant majeure a paralysé des secteurs névralgiques : le bloc opératoire, les soins intensifs, la salle de réveil, l'unité coronarienne. Des fenêtres ont explosé dans des chambres de patients. Des ascenseurs sont restés bloqués avec du personnel à l'intérieur. Une infirmière a été blessée par une vitre brisée. Des professionnel-les-s de la santé ont dû continuer leur travail dans le noir, à la lueur de lampes frontales et de cellulaires. Tout cela, dans un hôpital public du Québec, en 2025.

C'est un miracle qu'aucun-e patient-e n'ait été gravement blessé ou n'ait perdu la vie cette nuit-là. Mais il ne faut pas se leurrer : ce genre d'incident pourrait à tout moment tourner à la tragédie. Et il n'a rien d'imprévisible. Le problème n'est pas la météo. Le problème, c'est un bâtiment vétuste, surchargé, aux systèmes défaillants, où chaque panne expose la vie des patient-e-s… et celle du personnel.

Ce n'est pas un hôpital, c'est un champ de mines. Et ce sont les professionnelles en soins qui doivent s'y aventurer chaque jour. Partout au Québec, des établissements de santé tombent en ruine pendant que le gouvernement mise sur des mégaprojets, négligeant la sécurité du personnel soignant et de la population. Ces lieux de soin sont devenus des zones à risque.

Le gouvernement parle de reconnaissance. Mais pendant que les ministres félicitent les équipes en conférence de presse, ce sont nos membres qui doivent composer avec des installations délabrées et dangereuses. Ce sont elles qui courent d'une urgence à l'autre, sans savoir si l'ascenseur va fonctionner ou si la génératrice va partir. Ce sont elles qui absorbent les conséquences de la négligence gouvernementale.

Maisonneuve-Rosemont est devenu un repoussoir. Qui voudrait travailler dans un établissement où la simple tempête du mois de mars peut transformer une salle de soins en zone sinistrée ? Comment attirer et retenir du personnel quand la sécurité physique elle-même n'est plus garantie ?

Le ministre Christian Dubé se dit rassuré. Nous, non. Nous sommes inquiètes, épuisées et en colère. Les excuses ne suffisent plus. Les beaux discours non plus. Depuis des mois, le gouvernement recule, temporise, remet les projets à plus tard sous prétexte de rigueur budgétaire. Pendant ce temps, la situation se détériore. Et ce sont nos membres et nos patient-e-s qui paient le prix.

Qui peut croire que si un immense trou s'ouvrait sur une autoroute et menaçait la vie des automobilistes, on attendrait trois ans pour le réparer ? On comblerait ce trou en urgence. On sécuriserait la zone sans délai. Parce que c'est une question de sécurité publique. Eh bien cette logique doit s'appliquer à Maisonneuve-Rosemont. Un hôpital vétuste qui met en péril la vie du personnel et des patients, c'est un gouffre dans notre réseau de la santé. Il faut le réparer. Maintenant.

Tout comme le Collège des médecins du Québec, nous lançons un cri du cœur. Et un cri d'alarme.

Le gouvernement doit immédiatement donner un échéancier clair, contraignant et public pour la réfection complète de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il doit cesser de soumettre le personnel à des risques évitables. Il doit investir sans délai dans un environnement digne pour celles et ceux qui sauvent des vies.

Tant que cet hôpital ne sera pas reconstruit, nous ne pourrons plus nous contenter de la rassurante formule « tout le monde est en sécurité ». Parce que ce n'est tout simplement plus vrai. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, la coupe est pleine. Et elle déborde.

Julie Bouchard, Présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec—FIQ

Crédit photo : Jeangagnon, Wikimedia Commons, sous licence CC BY-SA 3.0

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L’Alliance Ouvrière est avec le Syndicat d’Amazon Laval CSN à Montréal : Ici, on boycotte Amazon

6 mai, par Alliance ouvrière — , ,
Environ 75 manifestants répondant à l'appel d'Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage de toute marchandise au terminal intermodal du CN à Côte-Saint-Luc. “3” mai (…)

Environ 75 manifestants répondant à l'appel d'Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage de toute marchandise au terminal intermodal du CN à Côte-Saint-Luc.

“3” mai 2025
tiré de la page facebook d'Alliance ouvrière

Cette action marque l'apogée de la semaine de perturbation économique lancée par l'organisation le 27 mai. Alliance Ouvrière cible ce centre pour son rôle stratégique dans la logistique à Montréal, afin de perturber au maximum la circulation des marchandises et les livraisons sur l'Île.

Nous tentons, par une perturbation directe des opérations économiques, à forcer le gouvernement à répondre aux demandes des travailleurs d'Amazon licenciés et aux exigences citoyennes. Alliance Ouvrière espère que le blocage des profits des collaborateurs de la CAQ brisera enfin le silence du gouvernement, qui détourne ou ignore le débat.

CITATIONS :

"On a rencontré le ministre, puis un candidat CAQ. Aucune réponse. On a manifesté devant chez Jean Boulet, et Legault a dit que c'était honteux. Ensuite, on s'est rendus à l'Assemblée nationale comme il l'avait demandé. Mais encore une fois, rien. Rendu là, il ne reste plus d'alternative. La seule voix que ce gouvernement écoutera peut-être, c'est celle qui menace les profits de ses amis."

Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière

"Les milliardaires comme Bezos et les politiciens comme Carney et Legault feraient bien de se préparer : Alliance Ouvrière entend mettre fin au pouvoir des riches pour le redonner aux travailleurs. L'action d'aujourd'hui n'est qu'un simple avant-goût de ce que la population leur réserve s'ils continuent à faire à leur tête. "

Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière

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Semaine de mobilisation et de perturbation économique

6 mai, par Alliance ouvrière, Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) — , ,
29 mai 25 Alliance Ouvrière bloque toutes les livraisons d'un des plus grands bureaux de poste au pays* *Alliance Ouvrière bloque depuis quelques minutes toutes les (…)

29 mai 25

Alliance Ouvrière bloque toutes les livraisons d'un des plus grands bureaux de poste au pays*

*Alliance Ouvrière bloque depuis quelques minutes toutes les livraisons au 333 rue Chabanel, à Montréal. L'action du groupe vise à perturber les livraisons d'Amazon dans l'un des plus grands bureaux de poste au Canada, doté d'infrastructures stratégiques pour la livraison de colis.*

Depuis qu'Amazon a cessé ses livraisons directes au Québec, Postes Canada a pris le relais (avec Intelcom) en signant un contrat de distribution. Une entente vivement dénoncée par Alliance Ouvrière, qui critique le refus de la société d'État de se joindre au boycott d'Amazon et appelle à mettre fin à « l'Amazonification » du service postal.

Pour le groupe, la fermeture des entrepôts d'Amazon et les ordres de retour au travail imposés aux postiers, débardeurs et cheminots s'inscrivent dans une même logique : affaiblir la capacité de la classe ouvrière à obtenir de meilleures conditions de vie face à une concentration croissante du pouvoir entre les mains de l'oligarchie et du patronat.

À l'approche du dépôt du rapport de la commission Kaplan, prévu pour le 15 mai, et alors que la grève pourrait reprendre dès le 22, Alliance Ouvrière réaffirme son appui aux postiers et postières en lutte. Le groupe exige que la surcharge causée par l'afflux des colis d'Amazon soit résolue par la
création de bons emplois stables, et non par le recours au modèle Amazon. Il demande également que les livraisons de fin de semaine soient confiées à des employés à temps plein, et que Postes Canada cesse de viser à la création d'emplois instables.

Cette mobilisation s'inscrit dans la semaine d'action et de perturbation économique organisée par Alliance Ouvrière, du 27 avril au 3 mai. Une action est prévue chaque jour dans le cadre de cette campagne.

*CITATIONS :*

*Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière :*

« Même si le syndicat des postes n'a pas pris position en faveur du boycott, nous serons toujours présents pour supporter les postiers et postières de la base. Vous n'êtes pas seul face aux attaques antisyndicales, nous avons subi cette vague de plein fouet aussi, et nous sommes avec vous. »

«

Les postiers veulent offrir des services essentiels à la population, les dirigeants de Postes Canada veulent être à la traîne d'une industrie qui les dépasse. Ils ne seront jamais et ne doivent jamais devenir Amazon, même si c'est ce qu'ils voudraient le plus.

»

*Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière :*

«

Les ordres de retour au travail, le projet de loi 89, la fermeture d'Amazon après la syndicalisation... Tout ça, c'est dans la même logique, celle d'empêcher à la classe ouvrière de s'organiser et se battre pour ses conditions de vie.

»

*À propos d'Alliance Ouvrière* :

Alliance Ouvrière vise à constituer la classe ouvrière en force politique indépendante. Elle organise et mobilise la classe ouvrière dans les milieux de travail et les autres sphères de la vie sociale afin de récupérer l'outil de la grève politique. Page Facebook :
facebook.com/alliance.ouvriere

*****
Blocage en cours du centre de donné d'Amazon Web Services à Varennes par des militants d'Alliance Ouvrière*

*Varennes, 30 avril 2025* — *Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage des employés d'Amazon Web Services (AWS) qui allaient rentrer au travail. Les militants cherchent à perturber le fonctionnement normal du centre de données de Varennes pour mettre de la pression afin que
l'entreprise, qui a renvoyé 4700 travailleurs en janvier, rembourse tout l'argent public qui lui a été accordé.*

Les gouvernements fédéral et provincial ont accordé au cours des dernières années plus de 400 millions de dollars de contrats publics ou subventions à Amazon, dont la majorité à AWS. Par exemple, l'aide de tarifs préférentiels, Amazon paie presque deux fois moins cher son électricité
qu'un travailleur québécois moyen. La multinationale a aussi reçu des rabais supplémentaires de 20% la première année, diminuant de 5% par année.

AWS représentait environ 67% des profits d'Amazon en 2024, comparé à seulement 17% des revenus. C'est donc la division d'hébergement web qui fournit à Amazon les ressources nécessaires pour investir massivement dans une région… et pour s'en retirer aussi rapidement qu'ils sont arrivés.

*CITATIONS*

*Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière :*

« Si on dérange, c'est parce qu'eux, ils écrasent. Perturber le centre de données à Varennes, c'est le minimum quand Amazon vide nos coffres, met 4700 personnes à pied, puis continue de rouler sur l'or au Québec. On va se le dire, elle n'est
jamais vraiment partie ! Si elle voulait partir, qu'elle le fasse pour vrai. Nous, on demande que ses actifs soient saisis et remis à la collectivité. »

*Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière :*

« Quand une multinationale fait ses profits avec nos taxes et notre électricité, elle ne devrait pas avoir le droit de sacrer son camp sans conséquence. Ce modèle-là profite à une poignée d'oligarques et laisse les travailleurs du Québec les mains vides. Amazon peut partir, si elle
rembourse tout ce qu'on lui a donné, autant contrats que subventions. »

*****
AMAZON : Comité d'accueil des travailleurs au ministre Boulet à Québec ce matin*

*Québec, 1er mai 2025* — *Ce matin, les travailleurs licenciés d'Amazon étaient devant l'Assemblée nationale pour accueillir le ministre Boulet. Ils poursuivent leur mobilisation amorcée dimanche à Trois-Rivières, où ils s'étaient rendus devant la maison du ministre pour réclamer une rencontre, en vain. M. Boulet refuse toujours de qualifier le licenciement massif de 4700 personnes comme une crise et d'entamer un dialogue sérieux avec le syndicat.*

Les travailleurs réclament des formations, des compensations justes et des sanctions contre Amazon, qui a violé les lois du Québec en fermant ses entrepôts pour bloquer leur syndicalisation. C'est une pratique illégale, qui est restée sans conséquence.

Le gouvernement ignore toujours des obligations légales claires, c'est-à-dire de mettre en place un comité d'aide au reclassement qui ferait un plan pour s'assurer que les travailleurs licenciés ne resteraient pas trop longtemps sans emplois. À la place, Amazon a remis un contrat à une agence américaine qui propose un simple « coaching ». Selon M. Boulet lui-même, seulement 800 des 4700 licenciés y ont eu accès. La CAQ a pourtant autorisé cette solution.

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs d'Amazon (STTAL–CSN) a aussi recueilli des témoignages de chauffeurs qui n'ont reçu aucune compensation suite au congédiement. Bien qu'employés par des sous-traitants (les "DSP", qui n'existaient que dans le contexte d'Amazon, avec leur siège social dans les entrepôts), c'est Amazon qui gérait leur embauche, leurs horaires,
leurs trajets et leur congédiement. Ces compagnies ont été mises en place par Amazon afin d'éviter ses responsabilités légales.

De plus, les travailleurs de l'entrepôt syndiqué DXT4 n'ont reçu que 12 semaines d'indemnités, alors que la loi en exige 16 en cas de licenciement collectif de plus de 300 personnes.

Leurs demandes sont claires : un an de salaire et bénéfices pour compenser les torts, ainsi qu'un soutien gratuit à une formation de reclassification. Le gouvernement a démontré par le passé qu'il pouvait fournir des bourses d'études en contexte de crise, notamment avec la pénurie en santé et en construction. En parallèle, les travailleurs exigent le remboursement des subventions et contrats publics accordés à Amazon, pour sanctionner son non-respect des lois et de leurs droits.

Rappelons qu'en février, les travailleurs avaient arraché une rencontre de cinq minutes avec le ministre Boulet, lors d'un dîner au Château Frontenac. Il leur avait alors affirmé qu'il n'interviendrait pas. Pourtant, des mesures peuvent être mises en place par décret ou via un projet de loi spéciale. Ils avaient aussi rencontré le candidat caquiste Alex Gagné (Terrebonne), qui avait promis d'en parler au ministre Boulet et à la ministre Jourdain.

Cette action s'inscrit dans une semaine de mobilisation et de perturbation économique appelée par l'Alliance Ouvrière.

*CITATIONS :*

*Wesley Marceau, vice-président du STTAL-CSN :*

« Mes collègues ont travaillé fort et se sont blessés à maintes reprises pour cette entreprise. Et qu'est-ce qu'on reçoit en retour ? Un licenciement, un coach de vie, et quelques semaines de salaire. On voulait améliorer nos conditions, et Amazon nous a écrasé. Aujourd'hui, Legault et Boulet ferment les yeux sur une crise qui se passe sous leurs nez. »

*Félix Trudeau, président du STTAL-CSN :*

« On a tout essayé pour que M. Boulet nous entende, mais il continue de faire la sourde oreille. On est allés chez lui samedi et il n'a pas aimé ça, alors on est venus à l'Assemblée nationale. Va-t-il enfin écouter les travailleurs, ou recommencer à dire dans les médias qu'on exagère pour
éviter de parler du vrai problème ? »

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Alliance Ouvrière bloque les marchandises au terminal intermodal du CN à Cote-St-Luc*

*Montréal, 3 mai 2025* - *Environ 75 manifestants répondant à l'appel d'Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage de toute marchandise à l'entrée **** de la gare de triage du CPKC de Côte-Saint-Luc. **Cette action marque l'apogée de la semaine de perturbation économique lancée par l'organisation le 27 mai. Alliance Ouvrière cible ce centre pour son rôle stratégique dans la logistique à Montréal, afin de perturber au maximum la circulation des marchandises et les livraisons sur l'Île. *

L'organisation tente, par une perturbation directe des opérations économiques, à forcer le gouvernement à répondre aux demandes des travailleurs d'Amazon licenciés et aux exigences citoyennes. Alliance Ouvrière espère que le blocage des profits des collaborateurs de la CAQ
brisera enfin le silence du gouvernement, qui détourne ou ignore le débat.

Les travailleurs licenciés et les citoyens de la campagne "Ici, on boycotte Amazon" exigent :

- Une indemnité d'un an pour les travailleurs
- Une formation de requalification gratuite
- Le remboursement des fonds publics accordés à Amazon et AWS
- La saisie des actifs d'Amazon au Québec et l'interdiction d'y opérer

Depuis le début de la semaine, Alliance Ouvrière a organisé au moins une action d'envergure par jour :

- Dimanche, les membres de l'organisation, le Syndicat d'Amazon Laval et la campagne de boycott citoyenne ont manifesté devant la résidence personnelle du ministre du Travail Jean Boulet.

- Lundi, Alliance Ouvrière a occupé les bureaux d'Hydro-Québec à Montréal pour dénoncer la vente d'énergie à rabais à Amazon Web Services (AWS).

- Mardi, l'organisation a bloqué l'entrée du bureau de poste Chabanel (où circule beaucoup de colis d'Amazon) pendant plus de deux heures. Le 333 Chabanel est une des plus grosses installations du genre au pays.

- Mercredi, les militants ont bloqué pendant plus de 2h30 l'entrée des employés d'AWS, à Varennes, afin de perturber les opérations du centre de donné.

- Jeudi, Alliance Ouvrière a fait une entrée remarqué à la manifestation du 1er mai, au Parc Lalancette à Montréal, avec une guillotine de deux mêtres de haut.

- Vendredi, Alliance Ouvrière et Désinvestir pour la Palestine ont été faire le ménage du printemps à la Caisse de Dépôt, qui investit massivement dans Amazon, en sortant les meubles du 1er étage de l'Espace CDPQ, à la Place Ville-Marie.

*CITATIONS* :

"On a rencontré le ministre, puis un candidat CAQ. Aucune réponse. On a manifesté devant chez Jean Boulet, et Legault a dit que c'était honteux. Ensuite, on s'est rendus à l'Assemblée nationale comme il l'avait demandé. Mais encore une fois, rien. Rendu là, il ne reste plus d'alternative. La
seule voix que ce gouvernement écoutera peut-être, c'est celle qui menace les profits de ses amis."

*Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière*

"Les milliardaires comme Bezos et les politiciens comme Carney et Legault feraient bien de se préparer : Alliance Ouvrière entend mettre fin au pouvoir des riches pour le redonner aux travailleurs. L'action d'aujourd'hui n'est qu'un simple avant-goût de ce que la population leur
réserve s'ils continuent à faire à leur tête. "

*Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière*

*À propos d'Alliance Ouvrière* :

Alliance Ouvrière vise à constituer la classe ouvrière en force politique indépendante. Elle organise et mobilise la classe ouvrière dans les milieux de travail et les autres sphères de la vie sociale afin de récupérer l'outil de la grève politique. Page Facebook :
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Notes sur la situation mondiale et les risques de guerres

https://www.pressegauche.org/IMG/zip/finlande_avif.zip?51106/e3283771e236f954009e8cb7f2ebe9ffca2477c40f4b7576411a43a7dac1884f6 mai, par Vincent Presumey — ,
Le monde au moment présent bruisse de risques de conflits armés, dont trois concernent des secteurs où ces conflits auraient une portée mondiale immédiate : l'Europe centrale (…)

Le monde au moment présent bruisse de risques de conflits armés, dont trois concernent des secteurs où ces conflits auraient une portée mondiale immédiate : l'Europe centrale et orientale, le Proche-Orient, la mer de Chine, auxquels vient de se joindre la question indo-pakistanaise. Dans les deux premiers les risques prennent appui sur les développements concernant deux guerres déjà engagées, celle de la Russie contre l'Ukraine et celle d'Israël contre le peuple palestinien.

Seconde guerre en Europe en 2025 ?

Concernant l'Europe centrale et orientale, les personnes sensées et raisonnables qui nous expliquent que la Russie ne peut avoir ni la volonté, ni les moyens, de déclencher à échéance rapprochée une nouvelle guerre ont raison, dans l'optique d'un monde censé et raisonnable.

Dans l'optique, toutefois, du monde réel, ils oublient trois facteurs :

1°) L'Etat et l'économie russe sont voués à la guerre et risquent de disjoncter en cas d'arrêt : ils tiennent par la dynamique guerrière, ils se sont piégés eux-mêmes dans ce processus, qui ne peut pas s'arrêter d'un coup. Une démobilisation poserait encore plus de problèmes que la mobilisation, y compris sur la sécurité intérieure.

2°) Il y a le facteur Trump. Le facteur Trump signifie qu'en cas d'attaque par exemple sur la Baltique il n'y a pas d'OTAN qui tienne. En outre on ne sait pas encore si Trump va rendre son pouvoir durable ou si les contradictions qui sont en train de monter aux Etats-Unis vont le balayer avant.

3°) Compte tenu des points 1 et 2 Poutine n'a pas forcément intérêt à attendre, car attendre, c'est attendre éventuellement la chute de Trump, d'une part, et une réaction européenne sérieuse, d'autre part, plus, éventuellement, le développement de liens économiques Europe/Chine prenant à revers l'ordonnancement actuel des alliances.

Le réarmement européen s'il s'engage sérieusement aurait cinq années devant lui – s'il s'engage sérieusement -, et les gens sensés et raisonnables les moins confiants disent que Poutine se prépare pour « dans 5 ans » : du point de vue de Poutine ceci n'est ni sensé ni raisonnable, il a intérêt à bousculer ce calendrier hypothétique.

S'il est donc tout à fait sensé et raisonnable de penser que la Russie n'a nulle intention d'attaquer qui que ce soit d'autre que l'Ukraine en 2025, dans le monde réel avec ses facteurs non pas sensés et raisonnables, mais réels, ce serait rigoureusement logique.

Attaquer où ? Des troupes russes sont en cours de concentration en Carélie, face à la Finlande. Le pouvoir chinois estimant avoir intérêt au moment présent d'appuyer sur son alliance militaire avec Moscou (y compris, par ailleurs, pour ne pas être débordé par la Corée du Nord), les entreprises chinoises du secteur militaire ne prennent actuellement plus de commandes, se tenant en réserve. La Baltique (plutôt l'Estonie et la Lettonie que la Finlande, et/ou la Lituanie et la Pologne au niveau du corridor de Suwałki) et l'Arctique (donc la Norvège) semblent être les zones immédiatement menacées.

En outre, les menaces des Etats-Unis sur le Canada et sur le Groenland ont été, de fait, un message à Poutine lui disant : le moment venu, tu pourras y aller, comme nous – et on fera la partition du grand Nord.

Pas seulement le grand Nord. J.D. Vance depuis son discours de Munich a proposé, de fait, le partage de l'Europe à Moscou, voire plus encore car son soutien à l'AfD, assorti des mesures de départ/réduction des troupes US restant en Allemagne, comporte un message mettant en cause les acquis des années 1989-1991, réunification allemande y compris (regardez la carte électorale de l'Allemagne actuelle et vous comprendrez). La politique du pouvoir US dans sa pointe avancée ne propose ni plus ni moins qu'un nouveau partage de Yalta.

Pour que ce danger ni sensé ni raisonnable mais d'autant plus réel risque le plus de se réaliser, un « cessez-le-feu » à la sauce Trump-Poutine est nécessaire en Ukraine, c'est-à-dire un cessez-le-feu au maximum aux conditions de la Russie, qui affaiblisse au maximum l'Ukraine tout en permettant à la Russie d'ouvrir un nouveau front.

Un tel « cessez-le-feu » visant à entériner l'occupation de la Crimée, du Donbass et des régions ukrainiennes méridionales, pourrait théoriquement permettre à Poutine de préparer un nouvel assaut contre l'Ukraine voire la Moldavie, mais l'armée ukrainienne de 900 000 hommes et femmes et le peuple ukrainien qui s'y attendent constitueraient un obstacle de taille : le meilleur, ou plutôt le pire, cessez-le-feu trumpo-poutinien, ne semble pas en mesure à ce stade d'annuler ou d'affaiblir ce facteur (d'où la reprise par Trump, à la demande de Poutine, des pressions visant à délégitimer Zelensky) .

Si Poutine veut exploiter la fenêtre de tir que lui fournirait ce dit « cessez-le-feu », ce serait donc plutôt ailleurs, à savoir la Baltique.

Inversement, aider l'Ukraine au maximum et immédiatement constituerait la chose la plus efficace à faire au service de la paix. Le réarmement européen tel qu'il est programmé par les chefs d'Etat et par la Commission européenne est loin d'y répondre : il enrichirait les trusts de l'armement, il pourrait donner lieu à nouveau à des achats aux Etats-Unis bien que l'objectif de « l'indépendance » soit de plus en plus mis en avant, et il mettrait l'accent sur le nucléaire français et britannique. Il ne répond donc pas à l'objectif d'aide immédiate à l'Ukraine, bien qu'il soit vrai que la question d'un réarmement européen se pose bel et bien.

L'aide immédiate à l'Ukraine, elle, peut se faire en puisant dans les stocks existants, en stoppant les ventes aux dictatures (la France depuis 2022 est devenue le second exportateur d'armes et ses clients sont les dictatures et monarchies pétrolières et l'Inde) et les livraisons à Israël, pour réorienter les livraisons vers l'Ukraine.

En apportant rapidement et massivement (ainsi que tentent de le faire les pays baltes) drones, artillerie de défense, moyens de renseignement, et aviation déconnectée des Etats-Unis, à l'Ukraine, elle interdirait toute nouvelle progression aux troupes russes et produirait leur recul, lequel aurait des conséquences déstabilisatrices sur le régime poutinien.

La question militaire européenne est donc une question politique immédiate qui concerne avant tout l'aide à l'Ukraine et qui demande une autre politique que celles de Macron, Merz, Starmer, et bien entendu que celle de Meloni qui cherche à se tenir au plus près de Trump.

Le fait que la gauche et le syndicalisme ne mènent pas campagne pour cette autre politique militaire, laquelle serait bien entendu un aspect de l'autre politique d'ensemble, démocratique, sociale et écologique, qu'il faut défendre, est un manque décisif contribuant à la montée du risque de guerre. En s'illusionnant sur la « paix en Ukraine » à quelque condition que ce soit, en faisant fi des populations sous occupation, voire en préconisant le « cessez-le-feu partout », on fait en réalité le jeu de la guerre. C'est donc le « pacifisme » à gauche qui, en empêchant de lutter pour une politique militaire démocratique immédiate, contribue le plus au risque de guerre.

La résistance ukrainienne reste le principal facteur de paix, la seule lutte réelle pour la paix et le seul antifascisme digne de ce nom étant la lutte contre l'Axe Trump/Poutine. La puissante mobilisation prolongée de la jeunesse serbe, entrainant toute la société, pointe avancée des mobilisations populaires montante dans les Balkans, ainsi qu'en Turquie, défie aussi l'ordre de Trump/Poutine. Or, l'Union Européenne qui dit défendre la démocratie, traite le pouvoir serbe comme s'il était légitime, et la France de Macron a fait de ce pouvoir proche de Poutine l'un de ses clients pour les Rafales. Question sociale, question démocratique et question militaire, là aussi, devraient être liées par les forces dites de gauche, car elles sont liées.

Le salut de Gaza passe par la défense de la révolution syrienne.

En ce qui concerne maintenant le Proche et le Moyen Orient, les personnes sensées et raisonnables au moment présent n'osent plus dire grand-chose, car le viol massif du cessez-le-feu suivi de la pire offensive contre le peuple de Gaza, par le pouvoir et l'armée israéliens, faisant totalement fi du sort des otages israéliens du Hamas, depuis le 18 mars 2025, apparaissent ouvertement comme n'étant vraiment ni sensés, ni raisonnables.

Ils sont pourtant, hélas, parfaitement logiques du point de vue de Netanyahou, tant pour son intérêt personnel étroit que pour la ligne de fuite en avant de l'extrême-droite raciste qui le soutient, et qui se sent pousser des ailes en raison de l'Axe Trump/Poutine.

L'alternative sensée et raisonnable en effet, celle, ici, du cessez-le-feu, conduisait à la chute de deux pouvoirs politiques aux destins liés : celui du Hamas et celui de Netanyahou.

A Gaza l'irruption de manifestations contre le Hamas, violemment réprimées par celui-ci mais aussi, de fait, par les bombardements israéliens, est un fait récent marquant. Et s'il est vrai que le clivage principal dans la société judéo-israélienne ne porte pas directement sur le rapport colonial aux Palestiniens (à l'exception de Standing Together), le clivage aigu sur la démocratie, l'Etat de droit et la corruption, envers Netanyahou et ses sbires, est essentiel pour les possibilités de défense de leurs droits par les Palestiniens.

Mais le fait central dont Netanyahou, et derrière lui Trump et Poutine, veulent annuler la portée, c'est la révolution syrienne. Une Syrie souveraine et démocratique serait un exemple pour toute la région, et un appui décisif aux Palestiniens pour se débarrasser du Hamas, de l'« axe de la résistance » et donc pour pouvoir combattre efficacement Netanyahou et la colonisation, ainsi qu'aux Libanais pour reconquérir Etat de droit et démocratie. Netanyahou a donc intérêt à exploiter et aggraver au maximum la crise du nouveau régime syrien.

Celle-ci peut s'expliquer globalement : la victoire populaire massive sur le régime d'Assad contredisait totalement l'ordre de Trump, de Poutine, de Netanyahou, de l'Iran, tous ensemble et à la fois, mais si le nouveau pouvoir formé par le Hayat-Tahir-al Cham (HTC) ne présentait pas le danger de vouloir instaurer un soi-disant Etat islamique comme bien des commentateurs l'ont prétendu, il n'avait guère d'autre boussole que de tenter de passer pour le garant d'un ordre bourgeois acceptable.

Un pouvoir démocratique déterminé aurait sans doute engagé rapidement un processus électoral constituant allant de pair avec la formation d'une armée nationale populaire prenant la place des milices. Là, le HTC a combiné compromis avec l'ancien appareil d'Etat d'Assad et règlements de comptes quasi privés. Voici quelques semaines, le « dérapage » s'est produit, attisé par les provocations extérieures (en l'occurrence : iraniennes d'un côté et turques de l'autre) : des alaouites ont subis des massacres de masse. Il ne s'agissait pas de règlements de comptes avec des hommes de l'ancien régime, lesquels ont bien sûr utilisé la situation, mais de massacres communautaires.

Ceci a ouvert une nouvelle situation, dans laquelle Netanyahou s'engouffre, en cherchant à manipuler les druzes, avec un objectif : surtout pas une Syrie souveraine et démocratique, exemple pour toute la région et appui politique inédit aux Palestiniens et aux Libanais.

La révolution syrienne, avec la résistance ukrainienne, est la pointe avancée de la contre-offensive des peuples à l'Axe Trump/Poutine. Il faut la soutenir impérativement, en exigeant la levée de toutes les sanctions toujours maintenues, et en diffusant des informations issues de la Syrie.

Et soutenir la résistance palestinienne, qui ne consiste pas dans les opérations armées du Hamas dont le trait n°1, outre son orientation pogromiste envers les Juifs, est de dessaisir les Palestiniens de toute autonomie, mais dans la manière héroïque, formidable et terrible, dont ce peuple résiste avec ses pieds en ne partant pas.

Le soutien à cette véritable résistance palestinienne passe par le soutien à la révolution syrienne et par le combat contre l'Axe Trump/Poutine, porteur d'une politique dans laquelle tout est lié : menace génocidaire sur les Ukrainiens, menace génocidaire sur les Palestiniens, menace de déportation massive des migrants, menace contre l'Etat de droit.

La menace génocidaire contre les Palestiniens, indépendamment de l'emploi fétichiste du terme « génocide » jusque-là, par un mouvement dit propalestinien aussi impuissant qu'il est étendu, risque de se concrétiser maintenant, maintenant que « Genocide Joe » a été battu (et que ce mouvement y a contribué) : par la destruction totale de Gaza et la concentration, en un camp, de ses deux millions d'habitants qui y seront affamés, au Sud du territoire, par l'accélération drastique de la colonisation en Cisjordanie, le tout allant avec la transformation de la société israélienne en un Etat policier et totalitaire.

Ajoutons que la séance de longue durée de « ball-trap à Bab-el-Mandeb » – voir à ce sujet monarticle de décembre 2023 – n'a rien à voir avec le « soutien à la résistance palestinienne » mis en avant par les Houthis, et participe d'un grand jeu stratégique renchérissant conditions et tarifs du fret maritime et des compagnies d'assurance, dans lequel les Houthis, qui partagent avec l'Arabie saoudite la mission de réprimer les aspirations démocratiques des Yéménites, sont les instruments combinés de l'Iran, de la Russie et de la Chine, les Etats-Unis menant la bataille maritime contre eux depuis 2023.

En outre, la rive africaine de la mer Rouge, théâtre de la guerre en réalité la plus sanglante de ces dernières années, à peu près totalement passée sous silence, de la part du régime néo-impérial éthiopien contre le peuple du Tigré, suscite les intérêts impérialistes, avec l'Ethiopie, nouveau champ d'investissement de capitaux des « BRICS+ » dont elle est membre, et les Etats fantômes issu de la Somalie où l'administration Trump agite le délire de déporter les Gazaouis …

Or, les affaires croquignolesques de fuites du ministre taré et suprématiste de la Défense américaine, Pete Hegseth : successivement invitation par erreur d'un journaliste non trumpiste sur une boucle de messagerie Signal non sécurisée portant sur les frappes anti-Houthis, boucle comportant Vance et autres hauts dirigeants, dont l'un se trouvait à Moscou, puis nouvelle révélation sur le fait qu'Hegseth partage avec sa famille et son avocat les informations confidentielles sur ce même sujet …, le tout associé à la pénétration de l'appareil d'Etat US par les services russes sous l'administration Trump, ne laisse guère de doute sur le fait que la Russie est parfaitement au courant des gesticulations US en mer Rouge et dans l'océan Indien, censées menacer l'Iran.

Gaza : contre le Hamas et les bombardements israéliens, « Nous refusons de mourir ».

Mer de Chine, Taiwan … et grèves, grèves, grèves.

Concernant la mer de Chine, la menace de guerre pour « reprendre » Taiwan, de la part de la RPC (République Populaire de Chine), s'est accentuée, ce que des exercices et provocations militaires fréquents, ainsi que des opérations de « guerre hybride » ne cessent de manifester, depuis l'arrivée de Trump.

On sait que la ligne générale de Trump, mais pas seulement de lui, était de séparer la Russie de la Chine en livrant l'Ukraine à la Russie. C'est manifestement très mal engagé.

Mais à la tentative d'un ordre mondial antichinois à deux (« duplice » Etats-Unis/Russie) pourrait se substituer, au moins pour un temps, celle d'un partage à trois (« triplice ») incluant la Chine, et lui livrant donc Taiwan en même temps que l'Europe, au moins orientale et centrale, serait livrée à la Russie, et que les Etats-Unis mettraient la main sur l'Amérique du Nord jusqu'au Groenland.

Le transfert, qui est engagé, des ateliers de production de la première firme productrice de semi-conducteurs au monde, TSMC, de Taiwan aux Etats-Unis, faciliterait le « deal » temporaire.

L'érection de la Corée du Nord en acteur de l'ordre impérialiste multipolaire, comme centre de production d'armes et fournisseur de la Russie, suivi de l'envoi de troupes nord-coréennes contre l'Ukraine, a « doublé » la Chine, qui ne contrôle pas Pyongyang, mais a pour l'heure plutôt poussé le régime chinois à renforcer son orientation eurasiatique.

Cependant, intervient depuis le 2 avril dernier, massivement, un facteur supplémentaire, la guerre tarifaire de Trump. Le partage impérialiste du monde est associé à la fragmentation du marché mondial et de la division internationale du travail, combinée à la « mondialisation », reproduisant, dans des conditions aggravées, la situation mondiale de fragmentation des années 1930. Et la première offensive tarifaire était très défavorable à la Chine, en fait destructrice de son commerce extérieur. Elle était, par contre, favorable à la Russie, qu'elle épargnait ainsi que la Corée du Nord, mais l'affectait par ricochet par la déflation des prix pétroliers.

Cette offensive globale a été perdue par Trump : les taux d'intérêts de la dette publique états-unienne se sont mis à monter, l'ensemble de la finance internationale cherchant à s'en dessaisir, signe d'une perte historique de confiance dans la solvabilité de ce qui est encore la première puissance impérialiste mondiale, et facteur d'endettement aggravé pour elle. D'où les manœuvres de recul de Trump qui n'ont cependant absolument pas ramené « la stabilité ». Et, dans le krach boursier des 2-5 avril, la firme TSMC est de celles, avec les « GAFAM », qui ont le plus perdu.

Ces développements donnent l'impression d'une Chine patiente et sûre d'elle et d'un pouvoir qui se joue de cet agité de Trump en voyant loin, lui. Or il faut le dire : cette représentation est fausse. Toute la période de guerre des tarifs commerciaux a vu des signes d'affolement dans les sommets chinois, de longues absences de Xi Jinping et la poursuite de purges concernant les appareils militaires et de sécurité. Mais surtout, il y a une nouvelle vague de grèves en Chine. Je donne ici un long extrait, il le mérite, en traduction de l'italien du très précieux blog d'Andrea Ferrario, qui a lui-même résumé le texte chinois des informations provenant de la chaine Telegram d'un groupe chinois d'opposition dénommé « Bolchevik » :

« L'article des activistes chinois commence par décrire la mobilisation importante des travailleurs de BYD [construction automobile] à Wuxi [près de la côte Sud, au Fujian] et Chengdu [énorme ville au Sichuan] qui, entre fin mars et début avril, ont organisé une grève coordonnée dans plusieurs provinces impliquant des milliers de personnes. Cet événement est identifié comme un modèle pour les luttes ultérieures des travailleurs chinois. Malgré la répression violente des forces de police, qui a temporairement freiné le mouvement, l'expérience accumulée de lutte a continué à prospérer ailleurs, contribuant à construire une base matérielle solide pour la croissance des luttes de classe.

Selon les données recueillies par la plateforme « Yesterday » (yesterdayprotests.com), jusqu'au 22 avril 2025, en plus de la grève de BYD, au moins 17 autres grèves et manifestations à grande échelle ont eu lieu. L'article les énumère méticuleusement, en fournissant des dates, des lieux et les revendications de chacun. Parmi eux se trouvent 200 employés d'hôtel qui ont fait grève à Shenzhen du 31 mars au 20 avril pour réclamer des salaires impayés ; des milliers de travailleurs de l'aciérie d'Anyang dans le Henan, qui ont manifesté le 1er avril pour réclamer leurs salaires et leurs avantages sociaux suite à la fermeture de l'usine ; des dizaines de médecins et d'infirmières de Fuzhou, dans le Jiangxi, se sont rendus au gouvernement de la ville le 7 avril pour réclamer leurs salaires impayés.

La liste continue avec les travailleurs de l'automobile en grève à Wenzhou et Nanjing entre le 7 et le 8 avril ; des centaines de travailleurs d'une usine de conteneurs à Fuqing, dans le Fujian, se sont mis en grève les 9 et 10 avril ; les travailleurs de l'industrie de précision à Shenzhen qui ont organisé une deuxième grève le 10 avril pour exiger des avantages de redéploiement ; des centaines d'ouvrières d'une usine d'électronique à Wuhan, dans le Hubei, qui se sont mises en grève le 10 avril mais ont été réprimées ; et de nombreuses autres manifestations dans diverses villes et secteurs industriels.

L'article se concentre ensuite sur trois cas considérés comme particulièrement significatifs.

Le premier est la lutte des chauffeurs de camions de déchets de construction à Chongqing [autre ville majeure du Sichuan], du 11 au 16 avril. Ces travailleurs, qui font un travail sale et éreintant mais ne reçoivent que des « miettes », se sont regroupés pour protester contre les tentatives du service de gestion de la ville de les exclure du marché de l'enlèvement des déchets ou de les forcer à accepter des salaires inférieurs par le biais d'un système de certification qui favorise les entreprises monopolistiques. Leur action coordonnée dans plusieurs quartiers a conduit le service de gestion urbaine à abandonner temporairement ces pratiques. L'article souligne qu'il s'agit d'un exemple rare de victoire du jour au lendemain dans le contexte économique actuel, attribuant ce succès à la capacité des travailleurs à s'unir au niveau de la ville et à paralyser efficacement la production. Les auteurs émettent l'hypothèse que derrière un tel mouvement organisé, il doit y avoir des dirigeants ouvriers déterminés et des structures organisationnelles efficaces.

Le deuxième cas examiné concerne les manifestations dans une mine chinoise en Indonésie, où le 16 avril des centaines de travailleurs chinois ont entamé une lutte pour récupérer les salaires et les comptes impayés. Inspirés par cette action, les travailleurs indonésiens ont rejoint la grève le 18 avril, démontrant ainsi comment la solidarité internationale peut émerger naturellement des luttes des travailleurs malgré les différences culturelles. L'article souligne comment l'intégration du marché mondial et la migration centralisée de la main-d'œuvre ont créé des intérêts communs parmi les travailleurs de nationalités différentes.

Le troisième cas concerne les ouvriers d'une usine de papier à Zhaoqing, dans le Guangdong, qui ont manifesté du 7 au 22 avril contre les licenciements et les salaires impayés. Face à la police armée qui bloquait l'entrée de l'entreprise, les travailleurs ont réagi par des moqueries collectives en dialecte local [cantonais], démontrant qu'ils ne craignaient pas la répression et manifestant une haine ferme envers la classe dirigeante. Cette attitude est interprétée comme emblématique de l'esprit militant des travailleurs à travers le pays alors que la vague de grèves s'intensifie.

L'article conclut en soulignant que la récession économique et la guerre commerciale mondiale qui ont déclenché la vague actuelle de grèves ne font que commencer, ce qui suggère que les luttes des travailleurs pourraient s'intensifier davantage dans le contexte d'un probable ralentissement économique mondial.

Un texte similaire, mais moins détaillé, a également été publié par le China Labour Bulletin, qui donne également un bref aperçu des luttes de mars. Vous pouvez également y consulter ses cartes détaillées des grèves et des manifestations des travailleurs. Autres sources qui suivent quotidiennement les luttes sociales en Chine : Labor Power et Yesterday [v. ci-dessus], Labor Fact qui publie occasionnellement des informations. La chaîne Telegram du célèbre dissident Teacher Li se concentre principalement sur les phénomènes généraux de protestation et d'insubordination, mais publie également souvent des documents sur les actions des travailleurs. »

Ce sont là des données centrales. Est-il besoin de préciser que ce sont là des grèves économiques, mais qu'en tant que telles leur contenu politique est décisif, chacune constituant un affrontement avec le pouvoir du PCC, le « Parti Capitaliste Chinois » : « La lutte de classe à classe est une lutte politique » (Marx, Misère de la Philosophie).

La grève en Indonésie indique en outre que la lutte des classes en Chine intérieure et la lutte des classes dans toute la région interagissent. Ce sont ces données fondamentales, et non pas les Etats-Unis, qui font avant tout hésiter Xi Jinping et son oligarchie à propos de Taiwan. Ils sont en train de digérer Hong-Kong, et ce n'est pas fini. Taiwan pose un autre problème. Traditionnellement, une vision « anti-impérialiste » considère sommairement que la nation chinoise s'est réunifiée contre les Japonais et les occidentaux et donc que Taiwan en fait partie, mais en fait Taiwan n'a été liée à la Chine que tardivement et épisodiquement et sa population est plus diverse, par la présence de diverses couches de chinois et par celles de peuples austronésiens, que dans les régions chinoises côtières proches. Elle aurait peut-être adhéré à une Chine démocratique, unifiée réellement par en bas, celle pour laquelle combattait le vrai fondateur du communisme chinois, Chen Duxiu, autour du mot d'ordre de constituante. Mais la Chine de Mao, de Deng puis de Xi est restée un empire, qui opprime des nationalités, construit militairement par en haut et qui est devenu un repoussoir pour les Taiwanais, qui doivent être libres de s'autodéterminer. Leur intégration à la Chine de Xi ne pourrait qu'être un écrasement totalitaire. Réciproquement, leur aspiration à l'indépendance peut être une source d'inspiration pour les Chinois continentaux.

Lutte des classes et lutte démocratique sont plus que jamais liées et l'Asie orientale l'illustre avec force : en Corée du Sud, la population et au premier rang la classe ouvrière ont chassé un président qui aspirait à la dictature en se référant à Trump. Mauvaise nouvelle pour Trump, mais aussi pour Xi Jinping, mais aussi pour Kim-Jong-Un.

Grèves de masses en Chine, avril 2025.

Inde/Pakistan, en plus du reste …

Cependant, alors qu'une chaleur mortelle approchant les 50 degrés, au mois d'avril dans l'hémisphère Nord, accable les peuples pendjabi, cachemiri, sindhî … présents de part et d'autre de la « frontière » taillée par la violence en 1947, les chefs d'Etat Modi, en Inde, ethno-nationaliste hindou, affaibli par les dernières élections et par l'effervescence sociale dans le pays, et le premier ministre Sharif, au Pakistan, de la Ligue musulmane, sont tentés par la fuite en avant guerrière pour surmonter les mouvements sociaux et frapper des boucs émissaires dans leurs deux pays.

L'attentat de Pahalgam, au Cachemire, 26 morts le 22 avril dernier, a été saisi par Modi pour intensifier la terreur antimusulmane en Inde et annoncer que le Pakistan allait subir des représailles militaires. Dans l'immédiat, les victimes sont les populations à nouveau expulsées de part et d'autre d'une frontière qui ne vient pas de la lutte des peuples, mais d'une manipulation coloniale relayée par des forces réactionnaires.

Modi doit rétablir une autorité ébréchée et l'Inde, dans le concert de la multipolarité impérialiste, doit s'affirmer. Il joue donc avec le feu, les deux Etats ayant l'arme nucléaire. Chine, Etats-Unis et Iran leur ont demandé de se calmer !

La dynamique d'un éventuel conflit armée indo-pakistanais pousserait la Chine, allié et tuteur économique du Pakistan, à intervenir, ce qui ne semble pas lui convenir à cette étape.

Il n'est donc pas impossible qu'en plus de tout ce qui précède, un « accident » majeur n'éclate aussi de ce côté-là. Cependant, les dirigeants indien et pakistanais sont principalement mus par l'utilisation de leur conflit récurrent pour calmer menaces et contestations internes. Ils ne cherchent pas à entrer dans un conflit armé total. Mais ils sont capables de le provoquer, au risque de déchainer également la révolution dans le sous-continent.

* * *

Les quatre zones dont il vient d'être question sont les plus « sensibles » en raison de la connexion immédiate entre les évènements militaires qui s'y produisent et peuvent s'y produire, et les grandes puissances impérialistes de la planète. Ce sont loin d'être les seules zones de guerre : cet article ne prétend pas à l'exhaustivité.

La situation dans l'Est du Congo, où le Ruanda se comporte comme une sorte de mécano sous-impérialiste et prédateur, ce que ne légitime en rien le fait que son régime ait pris le pouvoir suite au génocide de 1994 ; les tensions en Afrique occidentale notamment entre le Mali et l'Algérie, l'impérialisme russe étant maintenant le gardien prétorien des dictatures au Mali, au Burkina, au Niger, en Centrafrique ; la guerre des factions militaires au Soudan, qui a joué le rôle d'une contre-révolution et qui menace de génocide certains peuples comme les Massalits ; la dictature mafieuse au Venezuela tentée d'opérer une diversion armée au Guyana … : tous ces foyers d'horreurs sont réactivés dans le désordre mondial de l'Axe Trump/Poutine et du grand partage avec Xi.

Ce n'est pas un retour au XIX° siècle, c'est pire : à l'ère au grand réchauffement climatique, c'est la barbarie impérialiste qui arrive. Il est illusoire, où que vous soyez, de croire y échapper. Seule issue, la lutte sociale, bien sûr, et seule perspective réaliste (et non grigri culturel) : la révolution, démocratique et prolétarienne, mouvement réel qui est déjà là car il s'agit de notre survie et de celle de nos enfants. A ces généralités, il convient d'ajouter que la question militaire s'impose dans toute stratégie révolutionnaire. Le survol auquel je viens de me livrer, dans chaque secteur, la pose à sa manière. La question militaire, c'est-à-dire celle des armes pour la révolution et les combats populaires, combinée à celle de leur attitude envers les conflits armées, en toute indépendance de classe, c'est-à-dire de la manière d'intervenir dans ces conflits, qu'elle soit, selon les cas, pacifiste, belliciste, défaitiste ou défensiste.

Or, par-delà l'impression de diversité voire d'éclatement que peut donner le tableau des « points chauds », ils ont un point commun qui est la marque de la réaction sur toute la ligne que constitue la multipolarité impérialiste, c'est l'abaissement de l'Europe.

On voit arriver d'une part la liquidation des restes de possessions « outremer » des puissances européennes. Le Groenland est ici symbolique, dernière possession européenne de très grande taille relevant du continent américain. S'opposer, comme le fait sa population, à la menace étatsunienne, ne conduira pas à réaffirmer son appartenance danoise, mais conduit à sa véritable souveraineté et indépendance.

La France, pour le reste, est en première ligne au plan mondial. On a la liquidation engagée de la Françafrique, qui va conduire au heurt des peuples avec l'impérialisme russe : ce heurt ne ramènera pas la Françafrique, mais est la voie vers la vraie indépendance. De même pour l'outremer française, avec cette anomalie mondiale que constitue le parc français de Zones Economiques Exclusives (ZEE) maritimes : la menace chinoise en Kanaky/Nouvelle-Calédonie n'est évidemment pas un argument contre son indépendance. Mais il est clair que les restes coloniaux européens ne sont pas convoités par les autres impérialismes pour leur assurer la liberté !

D'autre part et surtout, on voit arriver le projet d'asservissement du continent européen lui-même, soit par livraison de l'Europe centrale et orientale à la Russie, soit par soumission de tout le continent via des gouvernements d'extrême droite, éventuellement flanqués de populo-staliniens « de gauche » à la sauce Wagenknecht.

Que l'on se comprenne bien : le fait que les puissances impérialistes européennes soient l'objet d'une tentative les visant de mise hors-jeu, de la part des mastodontes américain, chinois et russe, est en soi indifférent aux intérêts de l'humanité et n'appelle nulle défense des dits impérialismes européens, ancêtres de tous les autres et concepteurs premiers de tous leurs crimes.

Mais le rétablissement d'une domination russe, qui serait le relais des capitaux chinois et du retour partiel des capitaux américains mais exercerait directement son knout, sur l'Est du continent, n'est pas indifférent au « statut » notamment de l'Allemagne, où le spectre de la partition du pays revient à travers la carte électorale, et aussi à la situation de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni.

De ce fait, les réflexions du genre « la menace russe concerne les baltes mais pas l'Europe occidentale » sont déplacées et erronées, si l'on comprend qu'il ne s'agit pas seulement de la « menace russe » en tant que telle, mais de la décadence impérialiste comme forme barbare du capitalisme au XXI° siècle, dans le cadre d'un partage du monde qui, lui-même, ne conduira pas à l'entente entre les mastodontes qui se le seront partagés, mais à la guerre entre eux.

Le vrai combat pour empêcher cette guerre, c'est donc le combat pour l'indépendance de l'Europe, mais une Europe non impérialiste. Les forces politiques qui cherchent à réagir dans le sens d'une résistance, d'un réarmement, européens, en gros les libéraux, conservateurs « classiques », démocrates-chrétiens, social-démocrates et écologistes à l'échelle du continent, ne peuvent l'engager vraiment, car leur base est celle de la défense des impérialismes européens.

Il ne s'agit pas de défendre les impérialismes et le capitalisme européens, il s'agit de défendre les conquêtes sociales, démocratiques et culturelles. Et cette bataille sera une bataille centrale de l'affrontement mondial entre les classes. Elle va faire de l'Europe, non pas le foyer de la domination capitaliste et impérialiste qu'elle a été, mais un épicentre révolutionnaire mondial, à rebours de toutes les phrases sur le « Sud global », qui n'existe pas mais dans lequel des dizaines de peuples se battent pour survivre contre le désordre barbare actuel.

L'union démocratique et socialiste des peuples européens comme perspective, et dans l'immédiat la défensive pour sauver les Ukrainiens, les Palestiniens et l'Etat de droit : cette perspective stratégique en Europe, avec sa dimension militaire qui ne sera pas un à-côté mais un aspect essentiel, c'est la forme contemporaine concrète de la révolution prolétarienne et démocratique pour sauver un avenir humain dans un monde habitable.

VP, le 02/05/25.
Source : APLUTSOC https://aplutsoc.org/2025/05/02/notes-sur-la-situation-mondiale-et-les-risques-de-guerres-par-vincent-presumey/

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