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France - 10 septembre : construire un mouvement de masse pour une rupture avec Macron et son monde
La mobilisation du 10 septembre est une réussite. Un point d'appui pour construire un mouvement de masse pour un changement radical en France.
NPA - l'Anticapitaliste
12 septembre 2025
Par Antoine Larrache
Crédit Photo
Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas.
Les médias français et le gouvernement auront beau minimiser la réussite de journée, c'est une réussite qui montre les ressources de la classe ouvrière de France. Selon le ministère de l'Intérieur, il y a eu 430 actions (à comparer aux deux à trois mille des premières journées des Gilets jaunes), dont 157 blocages mobilisant 29 000 personnes. Mais on peut déjà dire, à cette heure, que 15 000 personnes ont manifesté à Bordeaux, environ 30 000 à Toulouse (contre 120 000 au plus fort de la mobilisation sur les retraites), 600 à Belfort, au moins 200 à Angoulême, au moins 10 000 à Rennes, 5 000 à Brest. À Paris, de multiples actions ont eu lieu : blocages de quelques portes, rassemblements à République, Gare du Nord, Châtelet, Place des Fêtes. Une grande partie des blocages parisiens ont été délogés par le gouvernement, qui avait mobilisé 80 000 gendarmes et policiers, même si certains piquets de grève, là où il y avait un nombre substantiel de grévistes, ont tenu. Partout on pointe la présence de nombreux.euses jeunes. Au total 175 000 manifestant.es (250 000 selon la CGT) annoncé par Retailleau qui en avait « prévu » 100 000. Dans la soirée, des assemblées générales doivent se tenir pour discuter des suites du mouvement.
Une journée réussie
On peut dire que, pour un mouvement semi spontané, c'est une grande réussite. Il a été déclenché par des individus et des courants très variés, puis la frange de la gauche radicale s'est engagée à l'intérieur (France insoumise et extrême gauche, certaines Fédérations CGT, Soldaires et syndicats locaux…), tandis que les grandes confédérations syndicales appellent à une journée de grève le 18 septembre. Des assemblées ont regroupé, fin août et début septembre, des centaines de personnes, sur un mot d'ordre de rejet de Macron et de l'austérité, en particulier à la suite de l'annonce de la volonté de reconduire le budget de l'année dernière, qui aura des conséquences désastreuses sur les services publics et la Sécurité sociale, et de supprimer trois jours fériés, dont le 8 mai et le lundi de Paques. Dans les manifestations, ces mots d'ordre se sont mêlés au rejet de l'extrême droite et de l'augmentation des budgets militaires, et à la solidarité avec la Palestine.
Le gouvernement s'est sabordé lundi 8 septembre lorsque le Premier ministre Bayrou a demandé un vote de confiance de l'Assemblée nationale, qui l'a rejeté, avec seulement 194 voix favorables et 384 voix contre. La nomination par le président Macron du ministère de la Défense, Lecornu, au poste de Premier ministre mardi 9 septembre, sonne à la fois comme une provocation et un aveu d'immense faiblesse. C'est une provocation car, comment peut-on nommer à ce poste celui qui représente à la fois la continuité de tous les gouvernements sous Macron et le transfert des budgets sociaux vers le militarisme ? C'est aussi un aveu de faiblesse qui montre à quel point Macron est en difficulté pour trouver du personnel politique prêt à mener sa politique.
Les prochaines semaines seront très importantes, tout peut arriver. Si les classes populaires et la gauche ne sont pas assez déterminées, ce sont la droite et l'extrême droite qui sortiront leur épingle du jeu dans cette séquence de semi-vacances du pouvoir. On aura peut-être un accord entre Le Pen et Macron pour gouverner et accélérer l'offensive antisociale et raciste. Ou un « gouvernement d'expert » qui fera passer cette politique avec un Rassemblement national qui le laissera faire et attendra son heure lors de la présidentielle de 2027.
Construire un mouvement pour gagner
À l'inverse, le prolétariat peut peser dans la situation, à condition de se positionner de façon offensive. Cela nécessite plusieurs conditions.
La première est de ne pas se contenter d'un mouvement minoritaire et radical. Il faut absolument construire le mouvement : dans les prochains jours, multiplier les tournées dans les services, les ateliers, etc , les diffusions de tract, la préparation d'une grève de masse. Le 18 peut permettre de franchir un cap vers une grève générale contre la politique du gouvernement.
La seconde est d'avoir des objectifs clairs, des mots d'ordre qui répondent à la situation économique, sociale et aux enjeux actuels : révoquer la dette, augmenter les salaires de 400 euros, de l'argent pour les services publics, revenir à la retraite à 60 ans, interdire les licenciements, rétablir les droits des chômeur.euses, accorder la liberté de circulation et d'installation et l'égalité aux étranger·es, arrêter les politiques guerrières et en particulier la complicité avec le génocide en Palestine.
La troisième est de répondre à la question du pouvoir. Il ne suffit pas de se débarrasser de Bayrou et Lecornu, c'est Macron qu'il faut dégager. Ceci ne saurait intervenir dans la cadre des institutions actuelles, qui sont antidémocratiques et qui ont failli. Il faut un gouvernement de rupture, un gouvernement des travailleur·ses, de leurs organisations, les syndicats et les partis de gauche, pour engager une politique de rupture radicale avec l'ordre existant.
Voilà ce que les militant·es anticapitalistes peuvent défendre dans ce mouvement. Par leurs journaux, par leurs tracts et leurs interventions dans les assemblées. Les militant·es doivent défendre l'unité du mouvement – donc de toute la gauche sociale et politique, de la base au sommet –, sa construction sur des objectifs concrets, tant sur la plan des revendications que sur la construction démocratique et militante (assemblées générales, piquets de grève, diffusions…) et une orientation qui permette de construire l'affrontement avec une classe dominante qui ne reculera devant rien d'autre qu'une mobilisation massive inscrite dans la durée. Certains milieux bourgeois voient déjà l'extrême droite et la répression comme un recours face au mouvement social, il faut gagner pour éviter une radicalisation des attaques antisociales, racistes et guerrières, et pour engager une rupture avec le capitalisme néolibéral.
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Criminalité chez les jeunes : quand PSPP déforme la réalité
Au cœur de l'été, le Journal de Montréal/Québec rapportait que près du tiers des homicides survenus au Québec impliquait un jeune de moins de 21 ans. Il n'en fallait pas plus pour que le chef du Parti québécois fasse un lien entre ce phénomène inquiétant et l'immigration.
20 août 2025 |tiré de la lettre de l'IRIS
En entrevue à LCN, Paul St-Pierre Plamondon affirme que « la transformation des groupes criminalisés et de leur modus operandi est quand même assez subite. » Il poursuit : « J'ai pas l'expertise pour vous dire dans quel ordre ça a eu lieu, mais clairement, on vise des jeunes sur une base ethnoculturelle. » Il suggère que les actes criminels perpétrés à Montréal suivent « des méthodes qui viennent d'ailleurs, c'est-à-dire qu'on n'est pas dans ce qu'on a connu il y a 20-30 ans comme espèce d'équilibre. […] Là, c'est une agressivité qu'on n'a pas vue et pour laquelle je trouve qu'on est mal adapté. » Le député péquiste s'inquiète enfin de voir Montréal « [se transformer] du tout au tout [et devenir] une ville où on n'est pas en sécurité ». Suivant ces constats, il réclame l'embauche de « 800 policiers supplémentaires et 100 nouveaux travailleurs de rue » ainsi qu'une « révision des “peines bonbon” imposées aux mineurs. »
Il est pour le moins surréel d'entendre le chef péquiste parler de l'époque, « il y a 20-30 ans », où le crime organisé avait soi-disant des méthodes plus douces, considérant que sévissait au Québec au début des années 1990 une guerre des motards qui a fait de nombreuses victimes, dont certaines parfaitement innocentes. Au-delà de cette première impression, il importe d'aller voir ce que disent les données et la recherche au sujet de la criminalité et des jeunes. On constatera alors que la situation est très différente de l'interprétation qu'en propose M. St-Pierre Plamondon.
Tendances de la criminalité au Québec
Le taux de crimes fondés sur l'affaire, qui renvoie au « nombre d'événements distincts dans lesquels une (ou plusieurs) infractions criminelles ont eu lieu pour 100 000 habitants » a connu une baisse de 38% au Québec entre 1998 et 2024 (1998 étant la donnée la plus ancienne disponible). C'est le cas aussi à Montréal, où la baisse a été de 46%. On constate aussi une baisse du taux de jeunes inculpés pour 100 000 jeunes de 12 à 17 ans, et ce tant au Québec qu'à Montréal.
Si on observe effectivement une hausse de ces indices depuis 2020 qui touche particulièrement les plus jeunes, il est encore trop tôt pour parler d'une tendance lourde. Cette hausse pourrait s'expliquer par la pandémie de COVID-19. On a par exemple vu une augmentation de la violence conjugale durant cette période. Avec la fin de la pandémie, il ne serait pas étonnant de voir cette tendance à la hausse se renverser dans les prochaines années. Et quoi qu'il en soit, le taux de crimes fondés sur l'affaire demeure pour l'instant bien en deçà du niveau qu'il atteignait à la fin des années 1990.
L'indice de gravité de la criminalité, qui est fondé sur un classement du niveau de gravité des crimes au Canada, est lui aussi en diminution au Québec depuis 1998. Là encore, on remarque une légère hausse depuis 2020. Chez les jeunes, cette hausse est attribuable à une augmentation de l'indice des crimes avec violence, qui a débuté en 2007.
Malgré cette tendance, le nombre et le taux d'homicides pour 100 000 habitants ont connu une importante baisse au Québec depuis un sommet observé en 1975. Notons que le « taux d'homicides pour lesquels l'homicide est lié ou soupçonné être lié au crime organisé ou à un gang de rue » suit lui aussi une tendance à la baisse depuis 1999. Enfin, à Montréal, on observe aussi une diminution du nombre d'homicides depuis 1996, ce qui se traduit par un taux d'homicides pour 100 000 habitants environ trois fois moins élevé en 2024 (1,18) qu'en 1996 (3,10)[1].
En somme, la criminalité a globalement diminué au Québec, ainsi que la gravité des crimes commis, durant une période où le pourcentage de la population issue de l'immigration a pour sa part eu tendance à croître, passant de 9% à 15% entre 1996 et 2021 (donnée la plus récente). C'est le cas aussi à Montréal, qui accueille la proportion la plus élevée de personnes immigrantes au Québec.
Notons cela dit que même si on avait observé une hausse de la criminalité dans les dernières décennies, ou si à l'inverse on avait observé une baisse de la criminalité concomitante à une baisse de l'immigration, il aurait été hasardeux d'en conclure que les deux phénomènes sont liés et que l'un est en cause dans la variation de l'autre. En faisant malgré tout ce rapprochement, Paul St-Pierre Plamondon reprend à son compte un discours aux relents xénophobes sur la jeunesse racisée et sur les personnes immigrantes qui n'est malheureusement pas nouveau.
Stigmatiser une jeunesse vulnérable
En déformant la réalité de l'évolution de la criminalité à Montréal, le chef du PQ emprunte une vieille stratégie rhétorique qui lui donne les moyens de justifier des solutions répressives dont l'efficacité a pourtant maintes fois été démentie. Depuis les années 1980, on dépeint les jeunes issus de l'immigration (ou perçus comme tel) comme représentant une menace pour la sécurité des autres citoyen·ne·s. Ce discours a permis de légitimer des mesures qui ont accentué la criminalisation de ces jeunes, et ce faisant, leur marginalisation. Ce cercle vicieux, qui est encore à l'œuvre aujourd'hui, explique en partie les tendances que l'on observe depuis quelques années en matière de criminalité juvénile.
L'expérience des intervenant·e·s sur le terrain et les travaux de plusieurs chercheurs et chercheuses ont bien montré que ce n'est pas à cause de leur origine ethnique ou de leur statut d'immigration que certains jeunes commettent des crimes, mais plutôt à cause de facteurs psychologiques et sociaux sur lesquels il importe d'intervenir. La précarité économique et le manque d'opportunités, l'insécurité liée au profilage et à la répression qui sévit dans les quartiers où résident ces jeunes ainsi que le besoin d'appartenance et de valorisation comptent parmi les facteurs en cause.
Du reste, plusieurs observateurs de la scène criminelle expliquent la recrudescence de certains actes violents au Québec par l'existence d'une guerre ouverte opposant vieilles et nouvelles factions du crime organisé. C'est en agissant sur les facteurs qui font des jeunes des cibles de ces groupes criminalisés que l'on peut espérer leur venir en aide. La recherche montre à cet égard que les programmes communautaires de prévention de la violence sont beaucoup plus efficaces que les approches répressives. En ce sens, Paul St-Pierre Plamondon fait fausse route en exigeant une augmentation des effectifs policiers.
La panique morale sur laquelle mise le chef du PQ peut contribuer à mousser sa popularité auprès d'une certaine frange de l'électorat ; elle ne sera cependant d'aucune utilité pour contrer la criminalité ou améliorer les conditions de vie des jeunes au Québec et de leur famille.
[1] Calculs de l'autrice à partir des données contenues dans les rapports annuels du SPVM et des données de la ville de Montréal sur la population de l'agglomération

Lettre ouverte | Il est temps de mettre un terme aux déficits démocratiques
À l'occasion de la Journée internationale de la démocratie et à un an des prochaines élections générales québécoises, la réforme du mode de scrutin doit devenir l'un des principaux enjeux de la campagne électorale qui se conclura le 5 octobre 2026.
Pour nous, dirigeants et dirigeantes de plusieurs organisations majeures de la société civile regroupées au sein de la Coalition pour une réforme électorale, il est impératif que tous les partis politiques fassent connaître les solutions qu'ils proposeront aux Québécois afin de mettre un terme aux déficits démocratiques causés par le modèle britannique de scrutin uninominal à un tour. Manifestement, ce vieux système électoral est dépassé, car il ne répond plus aux réalités politiques du Québec contemporain.
Les résultats des dernières élections de 2022 ont démontré de manière éclatante les vicissitudes du modèle électoral actuel, qui est caractérisé par la fabrication de graves distorsions de représentativité dans la répartition des sièges qu'il induit à l'Assemblée nationale.
Mais il y a pire. En déformant grossièrement l'image projetée par la volonté du peuple québécois, ce système défaillant crée des majorités parlementaires artificiellement gonflées qui, bénéficiant des larges pouvoirs législatifs, peuvent amener un gouvernement à commettre de graves erreurs ou des excès de pouvoir, comme l'actualité et l'Histoire le démontrent, et ce particulièrement lorsque ce phénomène se combine avec ce qui semble inhérent à l'usure de l'exercice d'un pouvoir sans partage.
Au lieu de créer une prétendue stabilité politique, le système actuel entraîne plutôt une certaine instabilité dans des politiques publiques adoptées par des majorités parlementaires qui ne correspondent pas à la réalité. Les gouvernements qui contrôlent ces majorités parlementaires introduisent ainsi des réformes souvent imposées par bâillon, lesquelles défont les précédentes qui avaient elles aussi été adoptées sans les appuis nécessaires pour en assurer la pérennité.
Les grandes réformes erratiques à répétition des structures du réseau public de la santé et des services sociaux en sont sans doute chez nous l'exemple le plus choquant. Les violents retournements politiques sur les questions environnementales en sont un autre exemple éloquent aux États-Unis ou à des degrés divers les reculs observés en Ontario, en Alberta et, plus récemment, à Ottawa !
Pour instaurer de nouveaux modes de gouvernance qui répondent mieux aux défis de notre temps, il faut donc moderniser le processus qui conduit aux choix de nos élus. Ainsi, en améliorant les dispositions du projet de loi 39 déposé en 2019 et retiré en décembre 2021 malgré les promesses du gouvernement Legault, le projet de loi 499 déposé à l'Assemblée nationale en octobre 2023 par Québec solidaire, et dont les principes ont été appuyés par le Parti québécois et le Parti conservateur, propose un nouveau mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire avec listes régionales qui aurait pour effet que la représentation des principaux partis politiques refléterait bien davantage la volonté populaire que le système actuel.
Le Québec, à l'instar de plusieurs autres démocraties dans le monde, a vu ces dernières années son paysage politique se fracturer en plusieurs formations principales. Nous sommes dorénavant bien loin du vieux bipartisme qui caractérisait notre vie politique. Reste que le mode de scrutin doit y être adapté. Une récente projection de l'agrégateur de sondages Qc125 a même évoqué la possibilité de voir se former un gouvernement majoritaire avec seulement 31 % des voix. Le statu quo en la matière n'est démocratiquement plus viable.
Les fausses majorités parlementaires causées par le mode de scrutin actuel ne parviennent plus à offrir des solutions durables aux graves problèmes de société qui ne cessent de s'accumuler. L'ampleur et la complexité grandissante des défis auxquels une société moderne comme la nôtre est confrontée exigent dorénavant que les majorités parlementaires qui construisent les politiques publiques tiennent compte d'une gamme de points de vue beaucoup plus large que celle qui est représentée au sein d'une seule formation politique.
La nécessité de recourir à des coalitions, comme le font déjà un grand nombre de démocraties en Occident, fera en sorte que les partis politiques devront trouver des moyens pour instaurer des pratiques favorisant le plus de consensus possible, favorisant ainsi l'élaboration de politiques plus durables et mieux adaptées à la recherche toujours plus complexe de solutions à tous ces nouveaux enjeux auxquels le Québec doit faire face.
Mais tout cela commence par l'instauration d'un nouveau mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire avec listes régionales, tel que celui qui est proposé par le projet de loi 499, pour qu'enfin l'Assemblée nationale reflète les réalités politiques du Québec.
Lettre de Jean-Pierre Charbonneau (L'auteur est président du Mouvement Démocratie Nouvelle (MDN). Il cosigne cette lettre avec les leaders de la Coalition pour une réforme électorale au Québec.*)
*Ont aussi cosigné ce texte : Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ; Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ; Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ; Pascal Côté, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ; Émilie Charbonneau, vice-présidente de L'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ; Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ; Laure Waridel, co-instigatrice et coordonnatrice de Mère au Front Rive-Sud ; Sylvie Cantin, co-instigatrice et coordonnatrice de Mère au Front Rive-Sud ; Patrick Bydal, vice-président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) ; Marie-Anne Alepin, présidente de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) ; Guillaume Bouvrette, président du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) ; Fred-William Mireault, président de Force Jeunesse ; Chloé Bell, vice-présidente de Force Jeunesse ; Gisèle Dallaire, porte-parole du Réseau des tables régionales des groupes de femmes du Québec ; Franck Di Scala, vice-président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) ; Gabrielle Dessureault, coordonnatrice Les AmiEs de la terre de Québec ; Flora Dommanget, présidente aux affaires sociopolitiques de l'Union étudiante du Québec (UEQ) ; Loïc Goyette, coordonnateur aux affaires sociopolitiques de l'UEQ.
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Accès au fleuve - Rétablissement de la gratuité à la baie de Beauport
Québec, le 11 septembre 2025 - Des membres de la Table citoyenne Littoral Est et d'Accès Saint-Laurent Beauport ainsi que des cyclistes du quartier ont exprimé publiquement aux candidat.es aux élections municipales de la ville de Québec leurs revendications en lien avec les thèmes de l'accès au fleuve et du réaménagement du Littoral Est. Toutes et tous souhaitent que les candidat.es
et leurs partis politiques s'entendent avec l'Administration portuaire de Québec pour rétablir l'accès gratuit à la plage de la baie de Beauport et pour aménager une piste cyclable sécuritaire sur le boulevard Henri-Bourassa afin de s'y rendre.
Nous constatons que dans nos quartiers, malgré la proximité géographique du fleuve, l'accès y demeure un mirage pour les résident.es puisque le territoire est enclavé entre les axes autoroutiers et les infrastructures industrielles. « Le seul accès de qualité, soit le secteur de la plage de la baie de Beauport, est devenu un site payant au fil du temps », dénonce Azélie Rocray, porte-parole de la Table citoyenne. « Il faut mettre fin à cette iniquité envers les résident.es de nos quartiers », ajoute-t-elle.
La plage de la baie de Beauport est un legs du gouvernement fédéral à l'occasion du 400e anniversaire de Québec. « La volonté était alors de créer un accès public au fleuve accessible et gratuit pour toutes et tous », rappelle Patrick Albert, co porte-parole. Or, malgré le fait que la ville de Québec contribue financièrement pour animer les lieux, le gestionnaire du site charge deux dollars par piéton ou cycliste pour y accéder, en plus des frais de stationnement pour les voitures. « Nous le répétons : cette plage devrait être accessible gratuitement, à l'image des autres accès publics de la région ; à Cap-Rouge, Sainte-Foy, Sillery, Vieux-Port ; tout est gratuit sur leurs rives , mais pas ici », dénonce-t-il.
En plus de figurer parmi les quartiers les plus défavorisés de Québec et de subir les contrecoups d'un lourd héritage industriel, c'est dans nos quartiers que l'accès aux espaces naturels et au fleuve Saint-Laurent est le plus limité. Il est temps que ça change ; on ne peut plus attendre pour corriger ces iniquités. Les candidat.e.s aux élections doivent s'y engager dès maintenant.
Par ailleurs, pour rendre la plage de la baie de Beauport véritablement accessible, l'aménagement d'une piste cyclable sécuritaire sur le segment sud du boulevard Henri-Bourassa est essentiel. Actuellement, les cyclistes souhaitant s'y rendre doivent faire un long détour pour contourner la cour
de triage du CN ou, pour les plus téméraires, emprunter le boulevard Henri-Bourassa à leurs risques et périls. L'absence de piste cyclable sécurisée sur ce tronçon, jumelée à un important transit de camions, rend en effet cette randonnée très hasardeuse et dangereuse.
Enfin, les quartiers de la Canardière sont largement déficitaires en matière de canopée. Pour améliorer la santé et la qualité de vie des résident.e.s de nos quartiers, il faudrait augmenter l'indice de canopée à 40% sur notre territoire. La Ville doit donc décupler ses efforts pour renaturaliser le secteur, en y ajoutant des corridors de biodiversité et en transformant en forêt urbaine le vaste terrain vague de l'ancien dépôt à neige d'Estimauville.
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Le 13 novembre 2025 - Une date à inscrire à votre agenda pour se mobiliser contre la pauvreté
L'adoption par l'Assemblée nationale en 2002 de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale devait marquer l'élévation de la lutte contre la pauvreté au rang « d'impératif national ».
Bonjour à vous, allié-e-s pour l'élimination de la pauvreté,
Les gouvernements qui se sont succédé ont toutefois répondu à cet impératif sans réelle conviction. Des mesures structurantes ont été instaurées, certes, mais au compte-goutte. Et chaque fois elles ont été accompagnées de mesures qui affaiblissaient toujours un peu plus le filet de sécurité sociale.
L'inertie gouvernementale a d'ailleurs atteint un nouveau seuil dans la dernière année avec le dépôt du quatrième plan d'action pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Non seulement celui-ci ne contient aucune mesure structurante, mais en plus la réforme de l'assistance sociale qui en découle ne vise en rien l'amélioration des revenus des personnes. Sans parler des attaques
Les prochaines élections québécoises auront lieu en octobre 2026. À chaque élection, les partis politiques ressortent les mêmes idées censées améliorer le niveau de vie collectif, comme accorder des baisses d'impôts, faire une plus grande place au privé ou favoriser la croissance économique. Avec sa nouvelle campagne, le Collectif pour une Québec sans pauvreté veut s'opposer à ces idées rabâchées sur la place publique depuis des années. En plus de remettre de l'avant que la lutte contre la pauvreté est une question de respect des droits et que, par conséquent, cette lutte doit devenir une priorité de l'action gouvernementale.
Le discours doit changer, parlons de pauvreté !
Le Collectif de Lutte et d'Action contre la Pauvreté de la région de Québec (CLAP-03) vous invite à une journée de mobilisation afin d'actualiser la campagne du Collectif pour un Québec sans Pauvreté. Cette journée aura lieu le 13 novembre 2025 à la Maison de la Coopération (155 Boulevard Charest E) et aura les objectifs suivants :
– Mettre en valeur les solidarités régionales déjà existantes, les consolider au besoin et élargir autant que possible nos réseaux de mobilisation.
– Développer un discours commun autour de la lutte contre la pauvreté, basé sur les droits humains.
– S'outiller pour prendre la parole publiquement (pendant un débat électoral, dans une lettre ouverte, lors d'une entrevue avec un∙e journaliste, etc.).
– Intervenir dans le discours ambiant pour y faire entendre un autre son de cloche, notamment par l'entremise des médias locaux.
– Organiser et amplifier la mobilisation en vue des élections québécoises Le programme détaillé de la journée se trouve en pièce jointe. Pour participer, veuillez remplir ce formulaire d'inscription afin de nous aider à planifier la journée. Un diner sera servi ainsi que des collations.
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSchCbgie0FMVsRVQnRYyKZ9J28fmWPF3Lm7BL2lAUlR5cZBoA/viewform
Au plaisir de vous compter parmi nous !
Le Collectif de lutte et d'action contre la pauvreté région de Québec
CLAP-03
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Le droit de manifester menacé par une présence policière accrue
La fin de l'été marque non seulement le retour des classes et des routines, mais aussi celui des mobilisations citoyennes.
Dans un contexte où le climat social se tend au sud de la frontière, les signes d'un durcissement se font sentir au Québec aussi. Depuis quelques années, les manifestations se déroulent sous une surveillance policière de plus en plus lourde. Laissez-nous vous parler de la manifestation du 12 juin dernier, un exemple parmi tant d'autres.
Nous participions à un rassemblement devant le métro Lionel-Groulx. Le but : dénoncer la nouvelle hausse du transport collectif, le tarif mensuel annoncé à Montréal qui allait passer de 100 $ à 104,50 $ au 1er juillet, soit une hausse de 4,5 %.
L'accès au transport collectif pour les personnes à moyens ou à faibles revenus est de plus en plus prohibitif. Non seulement le prix du billet individuel a connu une hausse l'an dernier à 3,75 $ pour un aller simple, mais la carte mensuelle est rendue hors de prix. À chaque année, au moment de la hausse des tarifs, une manifestation est organisée pour lever un drapeau rouge.
La manifestation du 12 juin comptait une soixantaine de manifestants. Elle s'est tenue sans aucun débordement, comme à chaque année. Pourtant, l'escorte policière avait tout prévu pour limiter la casse comme s'il y avait un danger imminent. L'antiémeute, les paniers à salade, des voitures, des motos, des vélos et même la cavalerie du SPVM se tenaient à l'affût. C'était nettement démesuré, sans parler des coûts exorbitants engendrés par ce déploiement spectaculaire inutile.
Depuis quelque temps, on s'aperçoit d'un phénomène assez troublant. Moins il y a de manifestants, plus la proportion des effectifs policiers semble être en augmentation. Ce qui fait craindre à certains leurs prochaines participations à ces contestations tout à fait légitimes. C'est carrément intimidant.
Le prétexte invoqué est d'assurer la sécurité des participants. Mais, lorsque les forces policières armées sont ainsi déployées, elles provoquent de l'insécurité ou simplement de la peur. On vous a à l'œil, pourrait-on dire.
Les autorités, les premiers ministres du Québec et du Canada, la mairesse de Montréal, tout ce beau monde nous assurent régulièrement que le droit de manifester doit être préservé. Mais lorsqu'il y a plus de policiers présents que de manifestants lors des rassemblements, nous sentons-nous réellement libres d'exercer notre désaccord avec les choix politiques de nos élus ? Poser la question, c'est y répondre. Il faut refuser cette tendance qui crée un climat social oppressant et malsain. La démocratie, si chère à notre état de droit, doit créer des conditions favorables à l'exercice de notre droit de manifester. Là, c'est plutôt le contraire qui se passe et c'est inquiétant.
Au niveau du SPVM, il devrait y avoir des critères pour évaluer les risques réels de débordements et non ceux fantasmés. Montréal, loin de là, n'est pas Washington où l'intimidation de la garde nationale est devenue quotidienne et où l'on tente, par tous les moyens possibles, de limiter la participation citoyenne à toute contestation. Il ne serait pas souhaitable que cette tendance fasse des petits de notre côté de la frontière.
Isabelle Mailloux-Béique et Dominique Gagnon pour le collectif les Assoiffé.es de justice de l'ACEF du Nord de Montréal
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Assassinat de Kirk : ceci n’est pas de la « violence politique »
L'assassinat de Charlie Kirk n'était pas un acte de « violence politique », malgré ce qu'on répète dans plusieurs chroniques. On est aussi très loin de voir naître aux États-Unis une époque telle que le « Trouble » irlandais ou les années de plomb en Italie.
Sociologiquement, on pourrait qualifier de « violence politique » une violence qui est : organisée et structurée par un groupe ; revendiquée et exécutée pour obtenir le pouvoir sur les masses, en vue d'un projet de société explicite ; et présentée par le groupe organisé qui l'exécute comme étant légitime et nécessaire.
Rien dans l'assassinat de Kirk n'y correspond.
Toutes les personnes impliquées dans la politique américaine ont condamné l'acte, celles de gauche comme celles de droite. Ce n'est pas « la gauche » qui a assassiné : c'est un tireur solitaire, comme d'habitude. On a affaire ici à un énième Étatsunien qui a utilisé une arme pour sublimer sa frustration et son vécu d'impuissance.
Aussi, et malgré ce qu'on sous-entend souvent, les internautes qui « aiment » des publications et qui laissent des commentaires plus ou moins anonymes sur les réseaux sociaux ne constituent pas une force politique. Ce sont des individus isolés qui ne font pas la différence entre l'information et le divertissement.
Ce qui est cependant nouveau et inquiétant, c'est la politisation qu'on fait d'un évènement de ce type, qui est pourtant tragiquement commun dans ce pays. C'est qu'on a fait de cet homme polémiste un « martyr de la vérité ». On désigne du même coup un coupable abstrait : « la gauche », les « wokes », les « socialistes » … On profite d'un assassinat pour désigner un ennemi vague qui serait interne à la nation, et qui servira de prétexte pour faire peser encore plus lourdement cette violence politique qui écrase la société américaine de manière grossière depuis quelques mois.
Pour expliquer cette idée d'une « gauche » devenue violente et incontrôlable, on évoque souvent l'assassinat de Brian Thompson, perpétré par Luigi Mangione en décembre 2024. Or, Mangione n'avait pas non plus de projet de société alternatif « de gauche ». Il était frustré du système d'assurance parce qu'un de ses proches s'était fait refuser une réclamation. Il se sentait impuissant, il avait une arme à feu à portée de main, et quelques synapses mal organisées. Ce n'était pas une « violence politique de gauche » ; c'était un autre américain impuissant qui a pris une arme pour sublimer sa souffrance. Mangione était apolitique, même s'il propageait des prises de position plutôt « de droite » dans ses réseaux…
On ne connaît pas encore les motifs ou la couleur des opinions de l'assassin de Kirk. L'histoire nous montre cependant que ce n'est pas parce que la victime se situe à l'extrémité du champ politique que son assassin est nécessairement dans l'autre. Et même s'il s'avérait que le meurtrier de Kirk a une vision du monde antagonique à celle de sa victime, son acte odieux n'en deviendrait pas pour autant une pièce maîtresse d'un projet politique. Ce qui serait d'autant plus surprenant, c'est que cet assassinat non revendiqué ait été élaboré et exécuté par une organisation sociopolitique dans le but d'imposer par la force un projet de société.
Je pense ainsi qu'il faudrait distinguer la « violence politique » de la violence qui atteint les personnes disposant d'un certain pouvoir politique. La deuxième forme, contrairement à la première, n'est pas structurée, ni légitimée, ni prétendante au pouvoir. En confondant la violence civile exacerbée et la violence politique, on rend toutes les deux plus insaisissables, et on n'est donc pas en mesure de bien diagnostiquer les maux de la société voisine. On ne peut donc pas apprendre de sa pénible condition. Dans le contexte actuel, cette confusion risquerait en outre de nous rendre complices, au moins tacitement, d'une oppression grandissante de l'État envers tous ceux et celles qui pourraient être considérés, à un moment ou un autre, comme étant « de gauche ».
Je suis donc d'avis qu'il faut arrêter d'avaler le discours de cette présidence autoritaire (et des autres opportunistes qui profitent de la division sociale) qui affirme que « la gauche tue », qu'une « violence politique de gauche » a émergé et se repend aujourd'hui. Puisque c'est inexact, et parce que cette rhétorique ne sert qu'à inoculer l'idée qu'« ils » (les gens « de gauche », whomever they are) sont des ennemis de la nation qu'on se doit de combattre (voire d'éliminer).
Accepter et répéter ce type de discours, même dans ses formes les plus douces et subtiles, c'est tomber dans le panneau. C'est adhérer à leur projet totalitaire. C'est s'écarter du chemin pour donner la voie à encore plus de répression arbitraire.
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L’équipe Israël-Premier Tech au Grand prix cycliste de Québec
Québec, le 9 septembre 2025
Monsieur Bruno Marchand
Maire de la Ville de Québec
Hôtel de Ville
2, rue des Jardins
Québec, QC G1R 4S9
Objet : l'équipe Israël-Premier Tech au Grand prix cycliste de Québec
Monsieur le Maire,
À quelques jours du Grand Prix Cycliste de Québec, nous vous écrivons pour exprimer notre désaccord face à la présence de l'équipe Israel-Premier Tech (IPT), financée et dirigée par Sylvan Adams, milliardaire québécois qui s'autoproclame « ambassadeur d'Israël » et qui soutient les actions militaires à Gaza sans réserve. Alors que la destruction massive de Gaza était patente, Sylvan Adams a exprimé auprès de plusieurs médias vouloir améliorer l'image d'Israël et, en janvier 2025, il a déclaré que l'armée israélienne devra « terminer le travail à Gaza » même après la libération des otages1. Dans une lettre ouverte en réponse au chanteur Roger Waters, Sylvan Adams nie les actes de génocide et les violations des Droits Humains des Palestinien-nes en général. Dans ces communications publiques, il n'est pas question de la destruction de Gaza ni des souffrances extrêmes inimaginables subies par les gens ordinaires.
Loin d'être une équipe neutre, IPT est un outil de propagande utilisé pour blanchir l'image d'un État accusé de Crimes de guerre, de Crimes contre l'Humanité dont des actes de génocide. Des organismes tels que les Nations Unies, Amnistie internationale, Human Rights Watch, B'Tselem et l'Association internationale des experts en génocide confirment que les actions israéliennes à Gaza - bombardements de civils, famines organisées, déplacements forcés, etc. - répondent à la définition légale du génocide selon la Convention de 1948.
Nous comprenons que les athlètes de cette équipe sont des sportifs avant tout, mais le problème réside dans l'instrumentalisation du sport comme vecteur de propagande politique. Les cyclistes comme Hugo Houle et Michael Woods, même après deux années d'actes génocidaires et de Crimes de guerre pourtant visibles, ont choisi sciemment de représenter malgré tout Israël et sous un propriétaire qui effectue une propagande indifférente au sort de la population civile de Gaza. Par ce choix, ils incarnent une position politique claire, celle de soutenir un État en train de commettre des Crimes contre l'Humanité. Ce soutien n'est pas anodin. Il sert à blanchir l'image de l'État israélien et à normaliser des actions militaires qui affectent chaque jour la vie de millions de Palestinien-nes. M. Adams ayant lui-même déclaré que les cyclistes de son équipe sont des « ambassadeurs d'Israël ».
Alors que l'Union cycliste internationale a suspendu les équipes russes pour l'invasion de l'Ukraine (certains cyclistes peuvent participer sous une autre bannière), comment expliquer qu'elle accepte une bannière israélienne en 2025, alors même que plusieurs des dirigeants israéliens font l'objet de mandats de la Cour pénale internationale ?
Monsieur le Maire, en déclarant que vous ne voulez pas « pénaliser un gars de chez nous », vous réduisez la gravité des crimes documentés à un attachement personnel. Cette position du maire minimise de manière irresponsable le fait pour un cycliste adulte de choisir sciemment de représenter un État qui commet des crimes atroces et flagrants contre une population civile depuis près de deux années et sous un propriétaire qui encourage publiquement l'armée responsable à continuer.
Nous comprenons que la Ville de Québec n'a pas l'autorité ni le droit de bloquer une équipe une fois qu'elle a accepté d'accueillir une activité. Ce que nous souhaitons est que la Ville se dissocie publiquement d'Israël-Premier Tech et demande son retrait auprès de l'UCI et des organisateurs du Grand Prix du Grand Prix Cycliste de Québec. Nous espérons une réponse à la hauteur des valeurs de justice, de paix et de dignité humaine que devrait incarner notre ville.
Veuillez recevoir, Monsieur le Maire, l'expression de nos salutations respectueuses.
• Leila Hamidouche
pour le Collectif de Québec pour la paix
Note
1.Philanthropist Sylvan Adams : ‘We have friends all over the world', Jewish News Syndicate (JNS), Jan. 21, 2025 : https://www.jns.org/philanthropist-sylvan-adams-we-have-friends-all-over-the-world/
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Grand prix cycliste de Québec : le maire Marchand accueille Sylvan Adams, apologiste du génocide, pour ne pas « pénaliser un gars de chez-nous »
Québec, le 10 septembre 2025. – La participation de l'équipe Israël-Premier Tech (IPT) au Grand Prix Cycliste de
Québec et de Montréal le 12 et le 14 septembre soulève une vive opposition citoyenne.
En Europe, la présence de l'équipe aux compétitions a été fortement dénoncée. Le copropriétaire de l'équipe, Sylvan Adams, illiardaire québécois proche du premier ministre Netanyahu, s'est installé en Israël en 2015 et « consacre depuis son temps et ses ressources à élever l'image d'Israël sur la scène internationale ». Il a mentionné sur les médias israéliens avoir procuré de l'équipement à l'armée et a appelé à « terminer le travail » et « nettoyer Gaza ». La plateforme médiatique donnée à Sylvan Adams permet de légitimer autant son projet politique avoué que son discours génocidaire, alors que la Cour internationale de justice a qualifié le régime sioniste d'apartheid et l'occupation par Israël des territoires palestiniens depuis 1967 « illégale », exigeant qu'il s'en retire inconditionnellement « le plus rapidement possible ».
La tenue du Grand Prix Cycliste coïncide avec le lancement de la campagne électorale municipale à Québec. Le
3 septembre dernier, tout en exprimant sa tristesse devant la situation à Gaza, le maire Marchand a affirmé que
« la ville n'a pas de rôle à jouer ». Or, en se gardant de dénoncer la présence de Sylvan Adams et de son équipe
à la compétition, le maire Marchand fait bel et bien jouer un rôle à la ville de Québec, celui de normaliser les
actions d'Israël. Il pourrait en être autrement : plusieurs municipalités dans le monde ont officiellement mis fin
à toute collaboration avec Israël, devenant ainsi des villes sans apartheid. Alors que les organisateurs ne peuvent décider du retrait d'une équipe, contrairement à l'Union cycliste internationale (UCI), le maire peut dénoncer sa présence. Interrogé là-dessus, le maire a expliqué : « Je ne peux pas pénaliser un gars de chez nous », « c'est juste ça ». L'UCI fait, d'ailleurs, l'objet de pressions même de la part d'anciens coureurs d'IPT comme Alessandro De Marchi, qui déclarait en juillet 2025 : « Nous devons montrer que, dans le monde du cyclisme, on se soucie des droits humains et des violations du droit international. ».
Faire abstraction du génocide et de ses obligations juridiques pour protéger « un gars de chez nous », qu'il
s'agisse d'un sportif ou d'un investisseur, revient à se positionner comme une ville qui privilégie des intérêts
privés plutôt que les droits humains. Au Québec, syndicats, groupes communautaires, universités et hôpitaux
ont dénoncé l'apartheid israélien et ont exigé le désinvestissement de la CDPQ d'entreprises impliquées dans
l'occupation et le génocide bien avant que la Rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les Territoires
palestiniens occupés, Francesca Albanese, n'expose le rôle de la Caisse dans son dernier rapport du 16 juin 2025.
C'est seulement dans une ville qui refuse l'apartheid et la normalisation du génocide qu'on pourra véritablement
dire : Québec, forte et fière, est une ville de vivre-ensemble.
En tant que regroupement de citoyens et citoyennes de la Ville de Québec, la Coalition pour une Palestine Libre
souhaite une municipalité :
● qui se positionne clairement contre une équipe comme IPT au Grand Prix Cycliste de Québec, refusant
ainsi tout soutien symbolique à l'État d'Israël ;
● qui s'engage à appliquer une politique de boycottage, de sanctions et de désinvestissement pour tout
partenariat politique, économique et culturel avec l'État, les institutions et les entreprises d'Israël ou
toute institution ou entreprise qui profite au régime d'apartheid, à l'occupation et à la violation des
droits humains par Israël en Palestine, y compris les entreprises de Sylvan Adams.
Pour renseignements : Coalition de Québec pour une Palestine libre, coalition4palestine@proton.me
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Le mémoire de MQRP dans le cadre des consultations particulières du PL 106
Le conseil d'administration de Médecins québécois pour le régime public vous invite à consulter le mémoire qu'il a rédigé dans le cadre des consultations particulières du projet de loi 106, intitulé Construire plutôt que déstabiliser : propositions alternatives pour une réforme de la première ligne.
Commentaires sur le projet de loi N° 106
La position de MQRP en bref
Encore une fois, le diagnostic est juste, mais le plan de traitement a été élaboré de manière précipitée, sans tenir compte de toutes les dimensions du problème. MQRP s'inquiète des répercussions cliniques et systémiques de l'adoption et la mise en œuvre hâtive d'une réforme partielle, fondée sur des indicateurs quantitatifs non validés. Une telle approche est susceptible d'entraîner une sélection de la patientèle et un désengagement des soignant·es.
MQRP n'est pas opposé à une réforme de la première ligne et de la rémunération médicale. Au contraire : nous la jugeons nécessaire, à condition qu'elle soit réfléchie, équitable et structurée, fondée sur la concertation, la transparence et les données probantes. Dans sa forme actuelle, le projet de loi n° 106 (PL 106) risque d'affaiblir durablement l'accès aux soins pour la population québécoise et de réduire l'offre de services dans le système public.
1. Une réforme précipitée, sans fondement empirique ni concertation
Le PL 106 suscite de sérieuses préoccupations quant à sa pertinence, sa faisabilité et ses impacts. Il semble avoir été élaboré dans l'urgence, sans s'appuyer sur un fondement empirique rigoureux, ni faire l'objet d'une consultation adéquate des expert·es du système de santé ni des professionnel·les du terrain. Le rapport sur la première ligne commandé par le MSSS semble lui-même ne pas avoir été pris en compte.
Bien que MQRP salue la mention dans le projet de loi d'une obligation de consultation des différents groupes (organismes représentant les médecins et les personnes assurées) dans l'élaboration des objectifs, celle-ci nous apparaît insuffisante. En effet, la prise de décision demeure largement centralisée entre les mains du ministre.
Le PL 106 introduit une série de mesures (capitation, bonis collectifs, exigences de prise en charge) qui alourdissent la pression sur les médecins de première ligne et génèrent une lourde bureaucratie fondée sur une collecte massive de données nécessaires à la réalisation de calculs complexes. Les indicateurs de performance proposés négligent en grande partie les soins réellement dispensés, les particularités locales ainsi que la diversité et la complexité des besoins des populations, en plus d'encourager une « médecine de volume » au détriment de la qualité, de la continuité et de la pertinence des soins.
L'expérience passée, notamment avec la loi 20, a déjà mis en lumière les effets pervers des mécanismes de bonification ou de pénalités : adaptation stratégique des pratiques pour répondre aux indicateurs (« gaming »), perte de motivation professionnelle, démobilisation, priorisation des cas simples au détriment des patients plus vulnérables et érosion du lien de confiance entre les soignant·es et le système de santé. Selon MQRP, une telle approche compromet les fondements mêmes d'une médecine de première ligne qui se veut universelle et accessible.
2. Un problème d'accès systémique qui appelle des solutions globales
Le PL 106 impose aux médecins la responsabilité de résoudre les enjeux d'inscription et d'accès, sans proposer de mesures pour remédier aux obstacles structurels qui limitent actuellement l'accessibilité. Ces enjeux résultent entre autre d'un manque de ressources humaines et structurelles, d'une organisation inefficace, d'une sous-représentation des professionnel·les non-médecins au sein du système public, d'une coordination insuffisante des soins au sein du réseau, ainsi que d'une privatisation croissante touchant tous les aspects des soins de première ligne. Le gouvernement ne peut pas se déresponsabiliser de ses propres devoirs quant au fonctionnement et au financement du système dans son ensemble sous le couvert de la « responsabilité collective » et de l'« imputabilité » des médecins.
Bien que le nouveau modèle proposé par le PL 106 semble permettre une rémunération des médecins pour des soins confiés à d'autres professionnel·les, aucun changement n'y est prévu concernant l'offre de soins non médicaux. Comme nous l'avons exprimé dans plusieurs publications, une solution durable doit passer par une approche interprofessionnelle, incluant des soins prodigués par divers professionnels couverts par l'assurance maladie, une planification territoriale adaptée, ainsi qu'une utilisation optimale des ressources existantes.
Les études démontrent que les approches intégrées, centrées sur la collaboration entre les professionnel·les en médecine, soins infirmiers, pharmacie, travail social et autres domaines de la santé sont plus efficaces pour améliorer l'accès de façon réelle, durable et équitable que les approches seulement centrées sur l'offre de soin par les médecins. (Campbell et al., 2000).
3. Une réforme susceptible d'aggraver les inégalités
Le PL 106, en augmentant le paiement par capitation et en introduisant des cibles de performance uniformes de groupes, comporte des risques particulièrement préoccupants pour l'équité, et ce, tant pour les patient·es que pour les professionnel·les de la santé.
Les modèles de rémunération soumis créent une incitation à privilégier les patient·es en meilleure santé, au détriment de ceux et celles qui présentent des besoins plus complexes, souvent liés à des déterminants sociaux tels que la pauvreté, l'isolement ou l'immigration récente. Ces facteurs, absents des critères de modulation proposés par le projet de loi, sont pourtant centraux pour évaluer la charge réelle de soins. Sans l'intégration d'indicateurs sociaux validés, le modèle de paiement par capitation risque de renforcer les inégalités d'accès et de nuire à la qualité des soins.
Les milieux qui desservent des clientèles plus vulnérables requièrent davantage de coordination interprofessionnelle et de temps clinique, lesquels sont invisibilisés par les indicateurs de performance inscrits dans le PL 106. En ne tenant pas compte de ces réalités, la réforme pénalise et décourage les pratiques axées sur les soins aux personnes plus vulnérables.
Cette réforme risque également d'affecter de manière disproportionnée les femmes médecins, qui assument fréquemment des charges professionnelles invisibles — coordination, supervision, soutien aux équipes — et qui sont plus susceptibles d'être considérées comme travaillant à temps partiel en raison des congés de maternité ou des responsabilités familiales et de proche aidance qu'elles assument. En invisibilisant ces formes d'engagement professionnel, la réforme perpétue des biais genrés et envoie un signal dissuasif aux nouvelles générations de médecins.
4. Pour des indicateurs de qualité, au-delà de la logique comptable
MQRP appelle à une réforme axée davantage sur la qualité des soins plutôt que sur des objectifs purement quantitatifs. Les indicateurs retenus doivent être validés scientifiquement, sensibles aux contextes cliniques variés, élaborés avec les professionnel·les du terrain et arrimés aux besoins réels de la population.
L'amélioration des soins passe par la valorisation de la relation thérapeutique, ainsi que sur la continuité et la pertinence des soins — autant d'éléments que le PL 106 néglige au profit d'une logique de performance comptable : nombre de patients affiliés, rapidité d'accès, fréquence des actes facturables, performance de groupe (plutôt qu'individuelle). Cette vision technocratique du travail médical fait abstraction d'une part essentielle de la pratique : les activités cliniques invisibles non codifiables, mais essentielles à la qualité et à la durabilité des soins, par exemple la coordination interdisciplinaire, les communications cliniques, l'engagement dans l'amélioration continue des soins, l'enseignement, la supervision, la formation des pairs et la participation aux activités académiques. Une véritable réforme de la première ligne devrait valoriser ces contributions fondamentales, qui prennent du temps et ne peuvent être évaluées à l'aune des indicateurs proposés.
Il faut souligner que la formation des futures générations de médecins repose sur un engagement significatif des clinicien·nes, exigeant du temps, de la préparation et une présence active auprès des apprenant·es. Le PL 106 risque de nuire à l'attractivité de ces tâches, de fragiliser la qualité de l'enseignement, de décourager les milieux de soins à mission universitaire et de compromettre ainsi la relève médicale.
5. Une responsabilité collective à géométrie variable : la privatisation comme angle mort de la réforme
La réforme proposée vise à confier aux médecins une responsabilité collective pour la prise en charge de l'ensemble de la population québécoise. Or, cette ambition repose sur une incohérence majeure : aucune mesure n'est prévue pour rapatrier les médecins qui exercent actuellement dans le secteur privé, ni pour les intégrer à cet effort collectif. Une part non négligeable du corps médical échappe ainsi à cette responsabilité.
Au début de l'année 2025, on comptait déjà 502 médecins omnipraticien·nes exerçant exclusivement dans le secteur privé, soit environ 5 % de l'effectif total. Ce nombre est appelé à croître rapidement, notamment sous l'effet de l'accélération du recrutement par les entreprises privées et du climat d'incertitude créé par le dépôt du projet de loi n° 106, perçu par plusieurs comme contraignant.
Il est essentiel de rappeler que le retour de ces quelque 500 omnipraticien·nes dans le système public permettrait potentiellement d'assurer la prise en charge de 500 000 à 1 000 000 patient·es actuellement sur des listes d'attente. Dans le contexte de pénurie d'accès à un·e médecin de famille, il s'agit d'une capacité significative qui ne peut être ignorée.
Toute réforme sérieuse visant une responsabilité collective doit inclure des mécanismes concrets pour s'attaquer à cette échappatoire structurelle. Cela pourrait notamment impliquer l'abolition du statut de médecin non participant à la RAMQ, ainsi que le recours à l'article 30.1 de la Loi sur l'assurance maladie, qui permet au gouvernement d'obliger le retour des médecins au régime public.
Conclusion
MQRP soutient une réforme de la première ligne et une refonte du mode et du montant de rémunération, à condition qu'elles favorisent réellement une meilleure prise en charge, par le bon professionnel, au bon moment, pour le bon patient. Cependant, le projet de loi 106 rate une occasion précieuse d'améliorer durablement l'accès aux soins de première ligne en privilégiant une approche technocratique et descendante, plutôt qu'un changement constructif fondé sur la science, l'écoute et la collaboration.
Une réforme d'une telle envergure ne peut pas être improvisée ni dictée par des négociations entre le gouvernement et les fédérations médicales. Elle doit s'appuyer sur une analyse rigoureuse des risques, ainsi qu'une concertation avec les milieux cliniques et les expert·es du terrain. C'est dans cet esprit que MQRP formule ses recommandations : non pas pour s'opposer à la réforme, mais pour l'ancrer dans une vision responsable, équitable et durable du système public de santé, garantissant un accès universel et de qualité ; faute de quoi, les effets secondaires de cette réforme pourraient être plus dommageables que les problèmes qu'elle tente de corriger.
Les recommandations de MQRP
Compte tenu des préoccupations exprimées, MQRP recommande de :
● Suspendre l'étude du projet de loi n° 106 pour permettre une révision complète de ses fondements et de ses impacts ;
● Mettre en oeuvre les recommandations du comité d'experts sur l'accès aux soins de première ligne (Boulanger, Groulx et Breton) ;
● Réformer la rémunération à la lumière des recommandations d'un comité d'expert·es indépendant·es, avec la participation de médecins, d'autres professionnel·les de la santé, d'universitaires et de représentant·es du public ;
● Adopter des indicateurs de qualité validés et sensibles à la complexité clinique et contextuelle ;
● Mettre en place les mesures de manière intégrée, graduelle et évaluable, afin d'éviter de déstabiliser un système déjà fragilisé ;
● Protéger et valoriser l'offre publique de soins de première ligne, contribuant à renforcer le contrat social qui lie les médecins à la population et leur engagement à soigner les patient·es au sein d'un système de santé universel, gratuit et public ;
● Réaffirmer le rôle du gouvernement comme gardien du système de santé public, notamment en assurant des conditions de travail justes aux diverses professions de la santé ;
● Assurer la couverture des soins de première ligne offerts par d'autres professions (psychologie, physiothérapie, orthophonie, ergothérapie, etc.) par leur intégration rapide dans l'offre de soins publique ;
● Assurer un financement récurrent, prévisible, suffisant et à la mission des organismes communautaires œuvrant en première ligne ;
● Recourir à l'article 30.1 de la Loi sur l'assurance maladie pour freiner la désaffiliation de médecins, abolir le statut de médecin non-participant à la RAMQ (indépendamment du nombre d'années de pratique), et interdire la mixité de pratique en télémédecine ainsi que les pratiques d'affiliation et désaffiliation répétées.
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Québec Solidaire : sur la voie de sortie ?
C'est la question qu'on peut se poser non sans inquiétude ni déception quand on compare les résultats du scrutin d'octobre 2022 avec ceux des sondages subséquents.
Qu'on en juge par les chiffres suivants :
SCRUTIN D'OCTOBRE 2022
COALITION AVENIR QUÉBEC (CAQ) : 40.9% 90 DÉPUTÉS
PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC (PLQ) : 14,3% 21 DÉPUTÉS
QUÉBEC SOLIDAIRE (QS) : 15.4% 11 DÉPUTÉS
PARTI QUÉBÉCOIS ((PQ) : 14% 3 DÉPUTÉS
PARTI CONSEVATEUR DU QUÉBEC (PCQ) 12.9% 0 DÉPUTÉ
En ce qui concerne QS, on note une baisse marquée du vote en sa faveur depuis, révélée par les sondages les plus récents, alors que le PQ lui, caracole un peu en bas de 40% des intentions de vote. Examinons cela de plus près.
Selon le sondage Pallas Data du 6 septembre dernier :
CAQ : 11%
PLQ : 27%
QS : 8%
PQ : 38%
PCQ : 15%
Le coup de sonde Léger, effectué le 17 août, affiche des résultats voisins :
CAQ ; 17%
PLQ : 26%
PQ : 35%
QS : 9%
PCQ : 10%
On voit que Québec solidaire traîne en queue de liste. Depuis le scrutin de 2022, les mesures d'intention de vote prouvent que le parti de gauche perd beaucoup de terrain. Ce n'est pas se complaire dans une sorte de morosité masochiste que de le dire. De 15% des voix obtenues en 2022, Québec solidaire a reculé à un pauvre 8 ou 9% aujourd'hui. De quelle manière remédier à ce recul et au moins regagner le terrain perdu ?
Tout d'abord, il faut noter que le but des membres fondateurs du parti, (issu de la fusion de l'Union des forces progressistes et d'Option citoyenne en 2006) était de ressusciter sur le plan électoral l'axe gauche-droite pour battre en brèche les politiques brutales de compressions budgétaires imposées à la population depuis le début de la décennie 1980 par les partis dominants, péquiste et libéral, lesquels sur cette question se rejoignaient. Les fondateurs et fondatrices de Québec solidaire tenaient à dépasser le clivage souveraineté-fédéralisme qui reléguait au second plan le problème aigu des inégalités sociales croissantes, bien que plusieurs d'entre eux et d'entre elles étaient indépendantistes. Comme il n'est pas possible de mettre sur pied un parti majeur au Québec sans se prononcer sur ce qu'on appelle « la question nationale », Québec solidaire a du choisir son camp. Il a donc opté pour la souveraineté-association, mais celle-ci nettement social-démocrate.
Les premiers élus de Québec solidaire possédaient une personnalité assez charismatique : Françoise David et Amir Khadir, ce qui a contribué aux succès électoraux de la formation. Par la suite, Gabriel Nadeau-Dubois, ancien leader contestataire de 2012 doté d'une personnalité rassembleuse leur a succédé en 2018 avec Manon Massé comme co porte-parole du parti. Il avait l'étoffe nécessaire pour augmenter l'audience électorale du parti, alors que Manon Massé se situait plus à gauche et pouvait galvaniser les militants et militantes. Ils semblaient se compléter l'un l'autre. Mais en mai 2025, monsieur Dubois a annoncé son départ comme chef parlementaire du parti à la suite de débats internes acrimonieux. Il fut remplacé par madame Ruba Ghazal. Le processus de succession de monsieur Dubois va mener bientôt à l'élection d'un autre co porte-parole.
Toutes ces dissentions affaiblissent bien sûr le parti, mais elles résultent aussi d'une étape inévitable dans l'existence de toute formation de gauche. C'est le problème central et récurrent de l'élargissement de son audience électorale. En effet, si le parti veut sortir de son ghetto électoral, il doit rejoindre une plus vaste portion de l'électorat (progressiste mais pas nécessairement très à gauche) et pour cela, consentir à des compromis sur les aspects les plus à gauche de son programme, ce qui déplaît fortement à l'aile la plus militante de la formation. Il doit adopter des positions plus centristes sur certains points, ce que les membres les plus à gauche considèrent souvent comme de la trahison ; d'où des dissentions internes qui mettent le parti en péril de marginalisation. Ce sont ces difficultés qui expliquent le départ de monsieur Dubois. Ces tiraillements internes nuisent à la cohésion de Québec solidaire et diminuent sa crédibilité auprès des électeurs et électrices, y compris les siens.
Par ailleurs, il est révélateur que les partisans péquistes, qui avaient rallié les rangs de la CAQ et soutenu le parti de François Legault pendant plusieurs années sont retournés au Parti québécois sans se laisser tenter par « l'option Québec solidaire », ce qui explique la remontée fulgurante dans les intentions de vote du parti de Paul Saint-Pierre Plamondon après le scrutin de 2022. On peut même se demander si les défections au sein de l'électorat solidaire ne résultent pas d'une « désertion » de certains de ses membres au profit du Parti québécois. En tout cas, le rejet par les militants et militantes de tout projet de convergence avec le Parti québécois lors du congrès de mai 2017 fut sans doute, quand on analyse les faits après coup, une grave erreur stratégique. Il faut toutefois convenir qu'à cette époque, le Parti québécois n'en menait pas large et semblait même en voie de disparition.
Ces deux problèmes, les débats et querelles sur l'assouplissement relatif du programme ébranlent souvent l'unité des partis de gauche et ébrèchent leur crédibilité auprès de l'électorat. surtout le plus centriste, dont l'appui est crucial pour acquérir une importance politique décisive. C'est un écueil auquel a été confronté le Parti québécois au début de son histoire sur la question de l'accession du Québec à la souveraineté.
Il y a un équilibre difficile à trouver entre la fidélité à ses principes fondateurs d'une part, et d'autre part le nécessaire pragmatisme pour toute formation de gauche qui se veut rassembleuse au point d'accéder au pouvoir, ou du moins de faire élire assez de députés pour exercer une influence incontournable à l'Assemblée nationale.
Si Québec solidaire veut éviter une inexorable marginalisation, prélude probable à sa disparition, il n'a pas d'autre choix que d'aborder ce problème franchement, sans faux-fuyants.
Enfin, même si c'est difficile à démontrer, il se peut que le parti souffre en plus du discrédit qui frappe en ce moment les formations de gauche dans le monde occidental.
Jean-François Delisle
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Haro sur la religion !
À lire des articles comme celui de Marie-Claude Girard sur le site Web de l'Aut'journal (« Laïcité 2.0 et droit des femmes à l'égalité », 2025/09/05), on se croirait en présence d'un plaidoyer dénonçant les inégalités homme/femme dans une société traversée de part en part par des pratiques et des valeurs religieuses avec, à sa tête, un gouvernement de clercs ayant imposé au pays une Constitution faisant du Québec une République islamique !
Ce « grand écart » entre les « réelles » menaces du fait religieux pour l'égalité homme/femme et les aboiements de certaines féministes qui mélangent pêle-mêle laïcisation/sécularisation nous amène à constater que bien des baby-boomers (ou leur directs descendants) n'ont pas fini de régler leur compte avec leur passé trouble concernant la religion catholique qui eut, à une certaine époque, un véritable ascendant sur l'ensemble du corps social québécois à tous les niveaux (politique, culturel, intellectuel, idéologique, socio-économique, etc.) En d'autres termes, et sans vouloir faire de rapprochement inique, on pourrait dire que nous sommes en face d'une forme singulière de « stress post-traumatique » qui donne lieu à des obsessions et des idées envahissantes pour celui (ou celle) qui en est atteint.
Au delà de ce « biais » idéologique qui, dans le contexte québécois contemporain, s'explique aisément par les réminiscences d'un passé pas si lointain qui habite encore l'inconscient collectif sous forme de « trauma », il y aussi l'impact de cette « pseudo-ignorance » du fait religieux comme phénomène universel dont on ne peut faire l'économie pour saisir adéquatement l'essence de toutes les grandes civilisations, les aspirations les plus hautes de l'Humanité depuis qu'elle s'est détachée du règne animal, bref la nature humaine dans son insondable complexité. Réduire la Religion au caractère « sexiste » de certaines conceptions des rapports homme/femme présentes dans les trois grands Monothéismes relève d'une malhonnêteté « intellectuelle » particulièrement navrante de la part d'« intellectuel-le-s » prétendument « progressistes », donc opposées, en principe, à toute forme d'obscurantisme, même celui qui se revendiquerait des Lumières de la Raison.
À suivre cette logique réductionniste, il faudrait rejeter tous les acquis de la Révolution française sous prétexte que, malgré les promesses faites aux femmes par les leaders (jacobins ou autres) dans l'élan insurrectionnel entourant la prise de la Bastille, elles furent finalement reléguées à leur rôle traditionnel de « bonniches » une fois la ferveur révolutionnaire retombée ; ou encore à sous-estimer, après coup, l'apport philosophique considérable du Siècle des Lumières depuis les révélations faites à partir de recherches historiques plus approfondies qui nous dévoilent un aspect moins « lumineux » de la pensée des grands noms de cette époque (Voltaire, Rousseau, Kant, Hume, etc.) : à quelques exceptions près, parallèlement à l'avant-gardisme de leur prise de position socio-politique, au progressisme de leur vision du monde en rupture avec les idées et attitudes réactionnaires des élites aristocratiques de l'époque, ils ont tous donné leur aval aux pratiques esclavagistes, colonialistes, racistes et … « sexistes » de leurs contemporains, accordant même une vertu « civilisatrice » prototypique au fait de contraindre les barbares, les sauvages, les « primitifs » d'entrer en contact avec le monde plus avancé, développé, évolué et intelligent de l'Europe.
Qu'à cela ne tienne ! Les beaux grands principes politiques, philosophiques, juridiques auxquels se réfèrent nos promoteurs d'une laïcité radicale ont une source imminemment religieuse : la Charte des droits de l'Homme de l'ONU, supposée garantir l'égalité entre « tous » les Hommes, donc entre « tous » les hommes et « toutes » les femmes, est inspirée des dix commandements (« Tu ne tueras point », « Tu ne porteras pas de faux témoignage », etc.) gravés sur la pierre par Moïse après lui avoir été transmis, au contact du Buisson ardent, par Dieu le Père lui-même. En conséquence, le féminisme antireligieux de Marie-Claude Girard, partagé par la « clique » petite-bourgeoise du Collectif PDF qui s'acoquine en toute insouciance avec un gouvernement néo-conservateur, xénophobe, qui fraye avec le nationalisme identitaire, puise sa légitimité dans l'expérience la plus « patriarcale » qui soit des relations entre l'Homme et Celui qui l'a conçu à son image et à sa ressemblance…
Un peu plus et on pourrait soupçonner cette fixation sur le voile islamique d'avoir des connivences avec une forme « larvée » d'islamophobie. En témoigne cette récupération du principe de la Laïcité de l'État à des fins « idéologiques », d'obédience « féministe » le cas échéant. À prime abord, la Laïcité n'a rien à voir avec le sexisme que subiraient les femmes soumises aux diktats religieux. La séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État est un geste « politique » qu'on doit resituer dans son contexte « historique » pour en saisir correctement la signification. Ce contexte, c'est celui de la montée de la bourgeoisie en Europe à partir de la Renaissance, qui a trouvé son air d'aller au dix-huitième siècle et son aboutissement au dix-neuvième. Les progrès philosophiques, scientifiques, techniques, à la fois comme causes et conséquences des nouvelles libertés intellectuelles arrachées au Clergé et à la classe oisive des aristocrates, des nouveaux modes de production et d'économie « capitalistes », des nouvelles terres « découvertes », arpentées et conquises à l'autre bout du monde débordaient des cadres institutionnels de type « féodal » hérités du Moyen-âge.
Les nouvelles élites dirigeantes devaient donc s'affranchir des codes religieux, politiques, économiques tombés en désuétude pour asseoir leur domination, en solidifier les fondements et en assurer la pérennité. À cet égard, la séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État, qu'on associe aujourd'hui aux principes « républicains » de la laïcité, est à considérer comme un « transfert » de ce pouvoir de l'une à l'autre, rendu possible d'abord par un rapport de force favorable à la nouvelle classe de décideurs supplantant l'ancienne, ensuite par les prérogatives d'une nouvelle « morale », plus démocratique et égalitaire, se substituant à celle des privilèges, de l'absolutisme, de la Monarchie de droit divin.
L'Avènement de la « République » dans l'Histoire moderne n'est ainsi pas exempte d'ambiguïtés et de contradictions, rendant hasardeux le fait d'y voir uniquement un progrès de la « conscience » qui, de proche en proche, s'est étendu à l'ensemble du corps social jusqu'à l'époque contemporaine et dont le « féminisme » représenterait un de ses ultimes aboutissements. L'État de droit sur lequel s'appuient, non seulement les mouvements féministes mais aussi les minorités sexuelles, ethniques, linguistiques, religieuses, les syndicats de travailleurs, les comités de citoyens, les groupes environnementaux, les Peuples autochtones est un produit « historique » qui aurait pu ne pas advenir et qui peut, à tout moment, disparaître de l'horizon du champ politique occidental comme cela semble avoir déjà commencé dans le pays le plus emblématique de cette démocratie libérale, les États-Unis d'Amérique ! Le cas échéant, il est à peu près certain que le continent européen, qui a donné naissance à cette expérience que d'aucuns considèrent comme originale, particulière, « singulière », voire « exceptionnelle », ne résistera pas à la vague populiste d'extrême-droite à l'œuvre outre-Atlantique qui va vraisemblablement déboucher sur une nouvelle forme de fascisme.
De par son caractère « contingent », l'État de droit draine avec lui cette possible auto-destruction, cette possibilité de sabotage, de déviation de son cours naturel, de trahison de sa mission d'origine et d'instrumentalisation à des fins politiques, idéologiques, pour servir des intérêts privés, corporatistes, des intérêts de classe, pour établir de façon arbitraire et maintenir en place une hiérarchie, instaurer des privilèges, etc. À cet égard, la Laïcité, considérée comme étant con-substantielle à l'instauration de l'État de droit, peut faire l'objet d'une même instrumentalisation, d'autant plus que cette parenté institutionnelle lui assure une plus grande respectabilité. Une fois ce cadre défini, il devient donc possible en toute légitimité (et même en toute « légalité ») de rappeler « […] que même si les femmes qui portent ce vêtement [niqab, burqa, hidjab] disent le porter volontairement, elles ne peuvent renoncer à leur droit à l'égalité et à leur doit à la dignité. [Sinon] l'État […] légitime [ainsi] l'atteinte à leur dignité humaine. » — Marie-Claude Girard, op. cit. C'est moi qui souligne.
En d'autres termes, les femmes qui assument ouvertement (donc « librement ») leur appartenance à une tradition ethno-religieuse contreviennent à une liberté qui leur est supérieure, la liberté « républicaine » qui a la prérogative, non seulement de définir pour Autrui les critères du Bien, du Bon et du Juste mais aussi celle de pouvoir les lui imposer nonobstant sa volonté, sa propre conception de ce qu'est la dignité, au-delà du « libre-arbitre » (donc de la liberté de conscience défendue par Girard comme justificatif à la Loi 21) qui est pourtant à la source même des notions juridiques de droit universel inaliénable inscrites dans les Chartes à l'échelle internationale, assises des revendications féministes pour l'égalité homme/femme.
Faut-il en conclure qu'un certain « féminisme », défendu par des groupes de pression comme “Pour le Droit des Femmes” (PDF), des journaux comme L'Aut'journal, Le Journal de Montréal/de Québec, Le Devoir, des Partis politiques comme la CAQ, le PQ, des journalistes comme Marie-Claude Girard, J.-F. Lisée, des Intellectuels comme Normand Baillargeon n'ont d'autres outils que la « sophistique » pour nous convaincre du bien fondé de leur position favorable à l'égard de la Loi 21 sur la Laïcité de l'État ? Le (ou la1) sophiste est passé maître dans l'art de rendre « vraisemblable » ce qui est « invraisemblable », « crédible » ce qui devrait plutôt faire l'objet d'un doute méthodique, « légitime » ce qui relève au contraire d'un chauvinisme des plus « obtus ».
Stigmatiser ainsi des Québécoises nouvellement arrivées, désirant s'intégrer à la majorité canadienne-française de confession « catholique » tout en s'affirmant comme partie prenante d'une culture étrangère mais non « hostile » pour autant aux valeurs de la société d'accueil, nous ramène à une autre époque où l'« étrange », le différent, l'« Autre » constituaient une menace à la cohésion interne du groupe, d'où le refus de les intégrer en misant sur l'apport qu'ils peuvent apporter à la société et leur bonne foi quant aux efforts inévitables d'adaptation auxquels ils devront consentir. La différence, c'est qu'aujourd'hui la société québécoise, à l'image de plusieurs sociétés occidentales, dispose de moyens, de procédés, de « procédures » beaucoup plus sophistiqués que par le passé pour faire comprendre aux immigrants qu'on leur fait une faveur en les acceptant et qu'ils doivent en être reconnaissants, même si, pour cela, ils doivent renoncer à ce qui, à leurs yeux, leur est le plus cher, c'est-à-dire tout ce qui les relie encore à la culture de leur pays d'origine avec lequel ils on dû rompre, de gré ou de force, ce qui, dans un cas comme dans l'autre, ne peut être vécu que douloureusement.
Le rejet est moins brutal mais d'autant plus insidieux qu'il se pare de vertus « républicaines », « démocratiques », « progressistes » avec, comme devise, écrite en grosses lettres sur le fronton des Institutions parlementaires, le slogan : « Égalité homme/femme » devenu propagande d'État à laquelle tous et toutes doivent se plier sans poser de questions sur la signification exacte de cette « égalité », le contexte dans lequel elle s'applique, la liberté d'interprétation qu'elle permet selon les cultures, les convictions, les visions du monde…
Note
1. Soyons inclusif !
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Souveraineté alimentaire
Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque webinaire a été consacré à un thème spécifique et à une région du monde nous permettant de partager nos expériences et surtout de mieux comprendre comment s'organisent les résistances féminises.
tiré de la page web de la CQMMF
https://cqmmf.org/tour-du-monde-de-resistances-feministes.html?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=Infolettre-large--fevrier-2025#MENA
Afrique
Le deuxième webinaire a eu lieu le 21 février 2024 avec des représentantes de l'Afrique, de la Côte d'Ivoire et du Kenya, webinaire ayant comme thème la souveraineté alimentaire (avec l'interprétation français-anglais et de la langue des signes du Québec (LSQ)).
Solange Sanogo Kone de la Côte d'Ivoire est une militante de la société civile et de la Marche mondiale des femmes. Elle est très impliquée dans les luttes citoyennes sur l'accès à l'eau, à la terre et aux semences. Elle est aussi très active dans la lutte pour l'annulation des dettes illégitimes (CADTM) en Belgique.
Sophie D. Ogutu, du Kenya, est une artiste féministe qui fait de l'éducation populaire et de l'art pour la transformation sociale. Elle est une militante de la Marche mondiale des femmes depuis de nombreuses années. L'accès à la nourriture et à l'eau est une clé importante pour assurer la souveraineté alimentaire aux femmes et aux familles.
Qu'Est-ce que la souveraineté alimentaire ?
Pour introduire la thématique, l'animatrice a présenté brièvement les importants défis à relever concernant l'agriculture au Québec : les terres agricoles représentent 2% des sols au Québec d'où l'importance de les préserver ; il y a actuellement un danger d'accaparement des terres agricoles avec le développement de parcs éoliens dans plusieurs régions du Québec ; l'exploitation industrielle des terres diminuent l'accès aux terres à la relève agricole ; l'urbanisation des régions au dépend des terres agricoles ; etc.
Somme toute, au Québec, il n'y a pas de plan d'ensemble pour convenir des prochains développements, et ce, dans une perspective de transition écologique durable.
Lors des actions en 2020, la CQMMF a d'ailleurs revendiqué l'importance de développer tous les prochains développements au Québec avec un plan de transition écologique conséquent, avec des mesures pour donner l'accès à l'eau, à l'alimentation et pour une agriculture de proximité basée sur l'agroécologie et l'économie circulaire.
Après avoir présenté brièvement la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) et les deux conférencières invitées, nous avons diffusé une brève vidéo pour expliquer ce qu'on entend par la souveraineté alimentaire (vidéo produite par l'Association québécoise des organisations de coopération internationale -AQOCI).
luttes et résistances
Solange et Sophie ont présenté les grands défis et problématiques sur lesquels elles travaillent pour « faire changer les choses ».
Solange provient de l'Afrique de l'ouest, d'un pays agricole qui produisait traditionnellement la production de céréales et de riz. Mais le gouvernement a décidé d'imposer la culture du café et du cacao. Cette situation a provoqué des tensions sur la production traditionnelle avec l'arrivée de produits importés de l'Asie et de l'Ukraine et avec l'accaparement des terres agricoles par les plus riches (qui ont des pratiques causant l'épuisement des sols !).
La lutte pour que les femmes aient accès à la propriété des terres est très importante. En effet, les femmes n'ont pas le droit d'hériter des terres même si elles y travaillent depuis fort longtemps. Bref, ce sont les hommes qui touchent les bénéfices du travail des femmes. Un groupe a été créé pour revendiquer le droit et l'accès aux revenus et à la justice pour les femmes ivoiriennes.
Et, Sophie a expliqué le rôle des femmes du Kenya. Le sujet « femme » est invisible malheureusement, c'est une question très politisée, et ce, en lien avec la crise climatique et économique qui touche spécifiquement la production agricole. D'ailleurs, le manque de pluie provoque d'importants problèmes auxquels les femmes doivent faire face.
Cette situation empêche le travail des femmes tout en créant de la famine.
Les alternatives à développer
Mais les femmes s'organisent, elles sont en alliance le groupe Via Campesina, groupe qui défend le « droit de produire leur propre nourriture sur leur propre territoire » en préservant l'environnement et les valeurs culturelles des peuples. Elles luttent pour développer l'agroécologie, pour protéger les petits producteurs agricoles, pour préserver les semences ancestrales de même que pour le développement d'alternatives, que soit par le déploiement de la formation politique, la mise en place de coopératives, etc.
Nous précisons que la « souveraineté alimentaire » n'a pas la même signification que la « sécurité alimentaire » tel que définie par l'ONU car les femmes ne veulent pas de solutions fragmentaires. Tout en faisant face aux entreprises transnationales qui exercent une forte concurrence à la production locale, elles développent des alternatives, dans le respect de la « terre » et des façons de faire traditionnelles.
Bref, elles mettent de l'avant une approche féministe en s'inspirant des avancées développées dans les Amériques et en Afrique. Elles créent des alliances pour développer le « projet politique » de l'accès à la terre. C'est pourquoi la formation politique est centrale pour partager les savoirs tout en s'appuyant sur les expériences des femmes qui sont responsables du soutien et de la protection des familles.
Elles s'organisent pour produire des aliment sains (lutte contre les pesticides) et pour faire reconnaître les femmes agricultrices.
Pour conclure ce webinaire, nous avons présenté une synthèse de ces échanges fort pertinents où ressortent les défis suivants :
– l'importance de la production de la nourriture saine et de l'accès à la propriété des terres par les femmes et les petits producteurs ;
– l'importance de développer l'agroécologie (dont la défense des cultures et semences ancestrales) ;
– l'importance de développer des alliances pour renforcer le rapport de force face aux décideurs politiques ;
– l'importance de prendre en compte l'expérience et la prise de parole des femmes qui résistent et développent des initiatives nouvelles ;
– l'importance d'offrir de la formation politique pour mieux outiller les femmes dans la défense de leurs droits et pour faciliter la mise en place d'initiatives et d'alternatives économiques.
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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

La combinatoire straight
Où on cause avec Jules Falquet ! Pour revenir sur ce déjà classique du féminisme qu'est le livre La combinatoire straight. Colonialisme, violences sexuelles et Bâtard·es du capital de Jules Falquet (Amsterdam, 2025). On revient sur le fonctionnement de cette combinatoire et du monde complexe qu'elle permet d'expliquer pour comprendre ce qui se joue autour de la création d'enfants, des alliances et des antialliances, de colonialité, de race, de genre et de classe.
Tiré de You tube
Le livre chez son éditeur : https://www.editionsamsterdam.fr/la-c...
On cite notamment :
Combahee River Collective, "Déclaration du Combahee River Collective", traduit par Jules Falquet, Les Cahiers du CEDREF, 14, 2006. URL : https://doi.org/10.4000/cedref.415
Falquet Jules, "La combinatoire straight. Race, classe, sexe et économie politique : analyses matérialistes et décoloniales, Cahiers du Genre, 2016, HS n° 4, p. 73-96. URL : https://doi.org/10.3917/cdge.hs04.0073
Lugones Maria, La colonialité du genre, traduit par Javiera Coussieu-Reyes et Jules Falquet, Les Cahiers du CEDREF, 23, 2019. URL : https://doi.org/10.4000/cedref.1196
Un entretien de Jules Falquet avec Hélène Hernandez à propos de La Combinatoire Straight. Colonialisme, violences sexuelles et Bâtard-e-s du capital, sur Femmes Libres, Radio Libertaire (2 avril 2025) : https://www.youtube.com/redirect?even...
Un autre, encore plus pédagogique, La p'tite Blan, Du poil sous les bras, radio Saint-Ferréol, 02/06/25 : https://www.youtube.com/redirect?even...
Le site de Jules Falquet : https://julesfalquet.com/
Pour suivre Jules sur instagram (tout nouveau profil) : / juliosorro
La vidéo où je cause de La combinatoire straight : • Un classique du féminisme ! La combinatoir...

Violence conjugale et féminicide : Une lettre de mandat proposée à Monsieur Legault
En prévision du remaniement ministériel prévu demain, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale suggère une lettre de mandat de la part de Monsieur Legault aux nouveaux ministres responsables des Services sociaux et de la Condition féminine.
Lettre de mandat aux nouveaux ministres responsables des Services sociaux et de la Condition féminine
Remaniement ministériel du gouvernement du Québec
Le 10 septembre 2025
Chers et chères ministres,
Je vous remercie d'avoir accepté de servir les Québécoises et les Québécois en accueillant ces nouvelles responsabilités ministérielles.
Il y a quatre ans, j'avais été extrêmement préoccupé par la crise de féminicides qui touchait le Québec à ce moment-là.
Sensible aux revendications des associations de maisons d'aide et d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, j'avais demandé à plusieurs de mes ministres de mettre en place des mesures prioritaires dans le but de prévenir la violence conjugale et les féminicides ainsi que pour assurer de manière concrète et efficace la sécurité des victimes. Au fil des ans, j'ai également autorisé un financement d'urgence de 55 M$ pour permettre à ces ressources de mieux protéger les femmes.
Force est de constater que les maisons pour femmes accomplissent aujourd'hui des miracles alors que la demande ne cesse d'augmenter. Les sommes octroyées dans nos budgets de 2020 à 2022 ont permis un rattrapage après une décennie de sous-financement. Mais je constate que ces investissements ne sont pas suffisants.
– La capacité des maisons pour femmes est largement dépassée.
– Une demande d'hébergement sur deux est refusée, faute de place.
– Il y a environ huit semaines d'attente pour avoir de l'aide sans hébergement.
– Je constate également que plusieurs chantiers de maisons d'hébergement ont pris du retard en raison de blocages administratifs. Tout ça alors que sept féminicides, et presqu'autant de tentatives (6) en contexte conjugal ont secoué le Québec au cours des six derniers mois.
Pour atteindre vos objectifs, je vous demande d'obtenir des résultats concrets pour les femmes québécoises victimes de violence conjugale en vous acquittant des engagements suivants :
1- Augmenter le financement de 57 M$ afin de retrouver le niveau de services de 2009 ;
2- Augmenter l'offre de postes en services externes, en prévention et en soutien technique ;
3- Offrir des conditions de travail attractives pour régler les problèmes de recrutement et de rétention de l'expertise spécialisée dans les maisons pour femmes.
Chers et chères collègues, les maisons pour femmes victimes de violence conjugale sauvent des vies. Je vous demande d'œuvrer à ce que votre ministère les soutienne à la hauteur de leur rôle crucial dans la protection et la dignité des femmes.
Votre premier ministre,
François Legault
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Rodéo sanglant et opportunité pour le ministre des Finances canadien
Vous trouverez une communication à l'attention de mon député et ministre fédéral des Finances, M. François-Philippe Champagne.
Photo Serge D'Ignazio
Shawinigan, 11 septembre 2025
À l'attention de : M. François-Philippe Champagne
En ce moment se déroule l'un des plus importants festivals western du pays, celui de Saint-Tite, dans la circonscription de mon député et ministre fédéral des Finances, M. François Philippe Champagne. Événement haut en couleurs qui rassemble des milliers de citoyens canadiens. Vous êtes venus pour y serrer des mains et exposer votre gentillesse. Au même moment se déroule l'une des plus horribles histoires de notre pays, celle du génocide d'un peuple et la complicité de notre gouvernement. Vous y brillez par l'absence de vos actions ; évitez les mains rachitiques ou ensanglantées, sans exposer de solidarité.
En fait, vous n'êtes pas absent du conflit palestinien puisque notre gouvernement entretient des liens avec des compagnies impliquées de près ou de loin avec les massacres en cours et le nettoyage ethnique de la région. Le Canada tire même profit de la situation. À mots couverts par des intérêts pécuniaires et régionalistes, vous chuchotez gentiment votre désapprobation.
À titre d'individu et dans votre travail, vous portez de lourdes responsabilités et effectuez avec docilité, les tâches demandées. Vous financez une nouvelle course à l'armement sans y joindre de forts gestes politiques et économiques en faveur de la paix et du dialogue (sauf exception de l'Ukraine). En ne faisant que la tâche qui vous incombe vous semblez oublier la complexité sociale et les impacts de vos actions. Sans le savoir ou en ne cherchant pas à le savoir, vous menacez notre sécurité locale et globale. Votre inaction radicale à l'égard du génocide alimente le conflit et légitime les régimes autoritaires de ce monde, dont certains sont déjà à nos portes. Cela m'apparaît davantage préoccupant que des tarifs douaniers. Avez-vous sombré dans le piège de la banalité du mal ? Un état d'esprit qui suspend la pensée critique.
M. Champagne, je vous implore de prendre un instant, afin de « ressentir » : regardez, écoutez, respirez et touchez à l'horreur du génocide actuel. Je souhaite que votre carapace sociale, votre statut social, s'effrite un peu pour laisser passer le soleil et éclairer votre humanité. Je fais appel au retour de votre Être politique afin d'incarner un réel citoyen responsable, connecté aux Autres. En tant que ministre des finances et proche du Premier ministre Carney, vous avez un rôle de premier plan dans ce conflit et une opportunité en or pour dynamiser la paix. Vous avez même une obligation légale de tout mettre en œuvre pour qu'il n'y ait « Jamais plus » de génocides comme l'ont répété tour à tour des survivants juifs, rwandais, bosniaques, guatémaltèques…
Lors du prochain Festival western de Saint-Tite, j'ose espérer ne pas seulement rencontrer un gentil politicien, mais un digne citoyen en selle pour nous défendre et promouvoir nos intérêts et nos valeurs de Vivre-ensemble.
Humainement vôtre.
Sébastien Bois, Citoyen de Saint-Maurice / Champlain
P.S. Je remercie la philosophe juive Hannah Arendt qui m'a inspiré ce texte à votre attention.
C.C.
Premier ministre du Canada, Mark Carney
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Le Canada a une occasion et une responsabilité d’être un artisan de la paix
Le Congrès du travail du Canada exhorte le premier ministre Carney à réitérer sa déclaration du 30 juin reconnaissant le statut d'État de la Palestine lors de 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies ce mois-ci.
« Le Canada a une occasion et une responsabilité d'être un artisan de la paix. En temps de conflit, notre engagement à l'égard de la diplomatie, du droit international et des droits de la personne doit orienter nos actions en vue d'un règlement juste et durable », a déclaré Bea Bruske, présidente du CTC, dans une lettre adressée au premier ministre en juin, qui appelait également à la cessation de toutes les opérations militaires dans la bande de Gaza et à la facilitation immédiate de l'acheminement de l'aide humanitaire.
Le groupement Global Unions appelle à la reconnaissance de la Palestine
À la veille de l'Assemblée générale des Nations Unies, plusieurs fédérations syndicales internationales appellent tous les gouvernements à reconnaître l'État de Palestine.
La Confédération syndicale internationale (CSI) demande également que des mesures soient prises d'urgence pour protéger les civils, notamment une force internationale de maintien de la paix à Gaza.
Le groupement Global Unions, représentant plus de 200 millions de travailleurs et de travailleuses dans le monde par le biais de la CSI, de neuf fédérations syndicales internationales (FSI) et de la Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE (TUAC), soutient pleinement, dans sa déclaration, l'engagement croissant des gouvernements à reconnaître la Palestine. D'ores et déjà, 147 des 193 États membres de l'Organisation des Nations Unies ont reconnu l'État de Palestine.
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Nous soutenons les moyens pacifiques et diplomatiques pour concrétiser la solution des deux États – un État d'Israël sûr et un État de Palestine souverain vivant côte à côte dans une paix juste et durable. Cela suppose la reconnaissance de la Palestine et, surtout, la fin de l'occupation. Dans cet esprit, la proposition d'établir une force internationale de maintien de la paix à Gaza constitue un pas dans la bonne direction. Cette mesure concrète vise à protéger les civils, à stabiliser la situation sur le terrain et à frayer la voie à un processus politique crédible. »
« Cet appel est fondé sur l'engagement du mouvement syndical en faveur de la démocratie, des droits humains et de l'État de droit. La reconnaissance de la Palestine ne doit pas être retardée ni considérée comme une récompense à l'issue des négociations ; elle constitue un élément essentiel d'une paix juste et une étape nécessaire en vue du rétablissement de la parité d'estime et de pouvoir à la table des négociations. »
« Les travailleurs et les travailleuses du monde entier ont le droit de vivre dans la liberté, la dignité et la sécurité. Le peuple palestinien ne mérite rien de moins. La reconnaissance de la Palestine et l'adoption de mesures concrètes visant à protéger les civils et à mettre fin à l'occupation sont les moyens dont dispose la communauté internationale pour contribuer à traduire les déclarations de principe en actions en faveur de la paix et de la justice ».
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Qui inspire vraiment François Legault en matière de droits syndicaux ?
Face à tout gouvernement et à ses remaniements, il est toujours possible d'opiner à un côté aigre ou amer, tout en essayant aussi de virevolter en découvrant un autre côté plus facile à avaler, parce que meilleur au goût et donc plus sucré. Allons-y dans la succession, en nous intéressant particulièrement ici aux propos tenus lors du récent remaniement ministériel du gouvernement de la CAQ en ce qui concerne les syndicats.
Le difficile à avaler
Lors de la séance de dévoilement de son nouveau Conseil des ministres, le premier ministre, monsieur François Legault, y est allé d'une déclaration de guerre à l'endroit des syndicats. Il a confié au ministre du Travail, monsieur Jean Boulet, le mandat suivant : « moderniser le régime syndical ». Cela fait plusieurs années que monsieur Legault rêve de moderniser – en dépeçant — les droits des salariéEs syndiquéEs. Il faut lire à ce sujet l'article de Maude Messier paru dans « L'Aut'journal », le 12 mars 2012 (il y a plus de 13 ans), intitulé : « Legault et les politiques antisyndicales conservatrices ». Déjà, à cette époque, il annonçait vouloir restreindre le champ d'action et d'intervention des organisations syndicales à la seule négociation de la convention collective. Autrement dit, fini l'action politique syndicale. Dans son annonce, toujours à cette époque, s'ajoutaient le vote secret obligatoire et le dévoilement des états financiers.
Monsieur Legault sait qu'il n'est plus au pouvoir pour très longtemps. L'avenir de sa coalition politique se présente dans un horizon — très — limité dans le temps. Il est même question, à ce moment-ci, sur la base des sondages d'opinion, à une disparition de la scène parlementaire de la CAQ.
Mais pour ce dernier droit avant l'élection générale d'octobre 2026, monsieur Legault semble déterminé à mener ses derniers combats réactionnaires et conservateurs. Son discours de présentation de ses ministres relevait d'une rhétorique partisane pouvant être jugée déplacée : « mettre nos culottes », « traitement choc », « couper profondément dans la bureaucratie », « faire le ménage », etc.. Voilà des formules indiquant « un virage à droite », pour un gouvernement qui n'a jamais campé ni à gauche ni au centre… Bref, rien de nouveau sous le soleil de ce côté « amer ».
Manifestement, l'homme d'affaires François Legault, devenu par la suite politicien, ne semble jamais avoir compris le rôle véritable des syndicats dans notre société. Le syndicalisme, dans une société capitaliste, correspond à un contrepoids indispensable pour améliorer les conditions de vie et d'existence des salariéEs. Il s'agit de la seule véritable organisation qui appartient en propre aux salariéEs pour résister à l'arbitraire patronal et étatique. L'action syndicale ne peut en aucun cas se limiter à la seule entreprise. Il s'agit d'une institution qui doit intervenir sur le terrain politique en vue de réformer le système économico-social. Vouloir restreindre le champ d'action des syndicats à la seule entreprise et à une simple question de négociation d'une convention collective montre que la pensée sociale de monsieur Legault s'inscrit dans une logique corporatiste pouvant même remonter aux années trente du siècle dernier. Se pose dès lors la question suivante : monsieur Legault a-t-il comme modèle d'inspiration, en apportant les nuances qui méritent d'être appliquées, deux hommes politiques honnis de cette époque, dont les initiales sont B.M. et A.H. ? En passant, l'un dominait en Italie, l'autre en Allemagne.
D'accord, la dernière allusion s'avère forte, mais tient compte d'une volonté à enrégimenter les travailleurEUSEs en vue de cette guerre économique destinée à engraisser un trésor, dont quelques-unEs en profiteront plus que les autres. Nous sommes alors loin d'une éthique politique selon laquelle le tiers-État doit agir en responsabilité de TOUTES et tous, parce que l'autre doit passer avant soi. À ce titre, le syndicalisme représente un garde-fou contre les dérives dictatoriales de tout gouvernement, surtout celui croyant, comme dans le cadre actuel, détourner la responsabilité publique vers une culpabilité individuelle, advenant des difficultés subies par le régime. Cela veut donc dire une déresponsabilisation accrue de l'État envers ses citoyenNEs, afin de se concentrer sur les attentes des entreprises, à savoir des personnes morales qui devraient un jour voter aux élections, si on se fait prophète d'un tournant historique plausible en raison de l'idéologie capitaliste qui domine et peut-être même à l'approche de son apogée.
Après cette montée émotive, comment maintenant entrevoir le côté sucré ? Voilà une tâche ardue, mais non impossible.
Ce qui s'avale mieux
Bien que l'État ne soit pas une entreprise et doit accepter la présence des syndicats dans le paysage, il n'y a pourtant rien de surprenant à voir monsieur Legault s'en prendre à eux, dans la mesure où, aux yeux de certaines personnes critiques, ils n'ont pas fait leur travail depuis quelques décennies. Autrement dit, malgré des parutions dans les médias, les récentes grèves et des revendications au nom de milliers de travailleurEUSEs syndiquéEs, l'impression générale a été de constater une certaine « bonne entente » avec le patronat, qui a pu pousser davantage la note sans rencontrer trop d'obstacles. Les grandes centrales ont alors engraissé leur propre trésor, et ce sur le dos de leurs membres, sans chercher à se renouveler et à s'adapter aux nouvelles réalités du marché du travail. Par conséquent, ce traitement choc que désire réaliser le premier ministre Legault servirait peut-être aussi d'électrochoc à un renouvellement souhaitable de domaine syndical.
Par ailleurs, l'État québécois possède ses limites, surtout sur le plan budgétaire. Dans une société où les individus en demandent toujours plus, il faut savoir un jour cibler l'horizon de la capacité de payer, afin de garantir un avenir. Tant et aussi longtemps que nous évoluerons dans un régime capitaliste et néolibéral, le facteur croissance laisse croire en une assurance de pouvoir répondre aux besoins communs. Mais il faut être ingénieux, afin de faire face aux difficultés économiques. Augmenter la taille de l'État signifie de détourner des fonds vers des structures au lieu de répondre directement sur le terrain ; autrement dit, on ne peut demander à un éléphant de courir comme le léopard. Et l'embonpoint gouvernemental accentue les échelons hiérarchiques et les risques de perte de contrôle. Voilà aussi ce qui peut expliquer certaines bévues dans la gestion des grands projets, alors que l'information peut se perdre entre les échelons et démontrer ainsi l'inefficacité des organes de l'État et de ses avatars. Ce travail d'assainissement exige donc un « tour de force » nécessaire, alors que les syndicats doivent mettre l'épaule à la roue. Dans ce contexte, leur tâche consiste à garantir le meilleur milieu de travail, avec des conditions d'emploi dignes d'un gouvernement innovateur. Toutes les travailleuses et tous les travailleurs des secteurs public et parapublic de la province jouiraient des meilleurs environnements de travail, si l'État était optimisé tant dans sa taille que dans son mode de fonctionnement. Ainsi, il faudrait orienter le « traitement choc » vers une réforme de l'administration gouvernementale au sens large, non dans une visée consistant seulement à « sabrer » dans la masse salariale et donc dans la masse des travailleurEUSEs. Le gouvernement doit accepter, encourager et reconnaître le rôle des personnes dans la fonction publique qui décident d'agir en tant que lanceurs d'alerte. Sabrer dans le nombre de fonctionnaires est une simple et bête opération comptable, qui n'assure aucun résultat sur le plan de l'efficacité gouvernementale.
Étiqueter cette démarche énoncée par le premier ministre lors de son remaniement ministériel comme étant un tournant vers la droite serait réducteur et facile à dire. Il faudrait peut-être profiter de l'occasion, afin d'effectuer un tournant vers le haut — en pelletant quelques nuages —, dans le sens d'une transformation idéologique plus profonde, là où le régime capitaliste serait enterré pour y faire pousser la graine d'une orientation nouvelle valorisant un bien-être collectif — et non totalisé — plutôt qu'un bien-être constamment recherché, parce que la croissance et l'accumulation ne nous rassasient jamais. À ce titre, le syndicalisme actuel doit se responsabiliser non seulement envers leurs membres, mais envers toute la population, et ce dans l'avancement de notre société par un marché du travail ouvert à la réalisation d'un bien-être différent.
Que monsieur Legault aspire ou non à remporter un autre mandat, il doit non pas se faire ennemi des syndicats, mais travailler avec eux à ce tournant nécessaire du régime sociétal que le Québec a besoin. Ainsi, les changements qu'il propose seront meilleurs au goût.
Conclusion
Il n'est jamais vendeur de se lancer dans une élocution en disant vouloir « contrôler les autres », « couper profondément dans les emplois » ou y aller de « traitement choc ». Minimiser le rôle important des contre-pouvoirs ou oser même envisager de les museler, s'avère totalement opposé à ce pourquoi nous évoluons en démocratie. Les syndicats ne sont pas parfaits, comme tout gouvernement ne l'est pas non plus. Dans l'adversité, il faut savoir s'allier, communiquer, coopérer, au lieu d'imposer des idées, de ramener même au jour des façons de faire rétrogrades qui rappellent en plus de mauvais souvenirs. Automatiquement, un goût amer nous vient. Et ce côté nous pousse vers des émotions vives, susceptibles d'animer des diatribes qui peuvent être justifiées jusqu'à un certain point. Mieux vaut ouvrir les yeux, porter le regard sur ce qui ne fonctionne pas, au-delà des seuls besoins pécuniaires, afin d'accepter les lacunes du régime actuel. Déjà là, le goût s'améliore quelque peu. De nouvelles habitudes peuvent être prises, en reconnaissant la valeur à la fois des syndicats et du patronat, parce que chacun participe à faire du Québec un environnement meilleur. Viser le sucré suppose d'édulcorer certaines prises de position, d'un côté comme de l'autre. Comme dirait un vieux sage : « Mieux vaut le sucré du raisin sec que de boire le contenu de la bouteille devant soi, dont la plus petite gorgée soit-elle révèle son vinaigre ».
Guylain Bernier
Yvan Perrier
Dimanche, 14 septembre 2025
20h
Référence
Messier, Maude (2012). Legault et les politiques antisyndicales conservatrices. L'Aut'Journal. 12 mars. Repéré à https://www.lautjournal.info/20140312/legault-et-les-politiques-antisyndicales-conservatrices. Consulté le 14 septembre 2025.
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La FIQ lance son nouveau magazine La Résonance !
La FIQ dévoile aujourd'hui la toute première édition de La Résonance, un magazine pensé pour ses membres et consacré aux grands enjeux de société qui traversent le réseau de la santé.
Les membres recevront la version papier dans leur boîte aux lettres au cours des prochains jours et peuvent dès maintenant le découvrir en ligne en suivant ce lien.
Pour cette première édition, la réforme Dubé s'impose comme thème central. Pourquoi le ministre tente-t-il une nouvelle refonte du réseau de la santé alors que les précédentes réformes n'ont pas donné les résultats attendus ? Pourquoi choisir de modifier les structures plutôt que d'investir dans les employé-e-s et, par le fait même, dans les services à la population ? Autant de questions auxquelles ce numéro propose des pistes de réflexion.
La Résonance a été créée pour offrir aux membres des textes clairs et stimulants, afin de mieux comprendre les grands dossiers menés par la Fédération. Ce projet vise à rejoindre les membres partout au Québec, à transmettre de l'information pertinente et à mettre en lumière les luttes syndicales et féministes qui nous animent.
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Moratoire de quatre générations
ENFIN, après deux décennies de luttes citoyennes, le projet de loi 21 exige de fermer définitivement les puits de gaz de schiste fracturés de la province.[1] On doit se rappeler qu'après avoir acheté notre sous-sol à vil prix entre 2004 et 2010, les gazière proclamaient victorieusement la révolution des gaz de schiste par une série de trois soirées dites « d'information » tenues durant le mois de septembre 2010. Mal leur en prit car ces conquistadors ont eu la désagréable surprise de constater qu'ils n'étaient pas les bienvenus.
L'opinion publique québécoise, indignée par leurs méthodes douteuses, a tordu le bras au gouvernement de M. Charest pour exiger d'être véritablement consultée au cours d'audiences du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE). Malgré un mandat très restreint, ce BAPE a marqué un temps d'arrêt ; cette pause nous a permis de nous mobiliser tout en comblant un grave déficit démocratique. Il a fallu un courage exemplaire d'une multitude de personnes qui ont oeuvré avec un sens du bien commun extraordinaire pour arrêter le rouleau compresseur de l'industrie gazière.
Lors d'une audience de ce BAPE, la vice-présidente de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a lancé : « Je m'appelle Kim Cornelissen et je demande un moratoire d'une génération ! ». Plusieurs autres jeunes ont défilé les uns à la suite des autres avec la même phrase faite au nom de la jeunesse car ce sont eux qui auront à vivre avec les conséquences à long terme de ce projet de 20 000 puits fracturés au Québec. Heureusement, le commissaire du BAPE ne s'est pas formalisé de cette mise en scène qui flouait la règle de fonctionnement quasi-judiciaire du BAPE où il est interdit de manifester son approbation ou son désaccord.
Cette idée d'un moratoire a germé. Des pancartes rouges arborant le slogan « Non aux gaz de schiste ; un moratoire dès maintenant » se sont multipliées de façon exponentielle. Au printemps 2011, un groupe de jeunes ont décidé de faire un pèlerinage de Rimouski jusqu'à Montréal pour réclamer ce moratoire et en faire la promotion.[2] Le 18 juin, une grande manifestation devait les accueillir à leur arrivée dans la métropole.[3]
J'étais responsable d'un autobus qui se rendrait à Montréal pour appuyer les manifestants.[4] C'est avec stupeur que je vois arriver un groupe familial qui avait participé activement à notre manif du 28 mai devant le « puits qui fuit » de La Présentation.[5] Ce qui me sidère, c'est que Marie-Soleil, qui a accouché voilà seulement 4 jours, arrive avec son nouveau-né dans une poussette ; elle est accompagnée par sa mère, son père et sa grand-mère !
Je sais que pour une jeune femme en pleine forme dans la vingtaine, accoucher est un processus naturel. Aujourd'hui, le trajet en autobus prendra environ une heure dans chaque sens, avec en plus une grosse manifestation bruyante ponctuée par de nombreux discours. Mille scénarios catastrophes se bousculent dans ma tête ! Ça implique qu'une fois en route, on ne pourra pas revenir à cause des autres participants. D'une voix la plus neutre possible, je leur demande ; « Êtes-vous certains de vouloir y aller avec le bébé ? » On me répond : « C'EST POUR LE BÉBÉ QU'ON LE FAIT ! »
Cette réplique me frappe avec la force d'un train lancé à toute vapeur ; le but premier de la lutte contre les hydrocarbures, c'est de protéger la génération naissante ! Dilemme ! Que faire ??? Je connais l'implication sociale de cette famille. Le bébé, Étienne, est accompagné de 4 adultes responsables et bien équipés. C'est avec la gorge nouée par le poids de cette décision que je les invite à monter à bord ! Je me sens responsable de ce poupon. Tout au long de la manifestation, j'étais comme une ourse méfiante qui est à l'affût de tout indice de danger qui pourrait menacer son petit ; un contremanifestant qui aurait voulu faire du grabuge aurait reçu un coup de griffe de l'ourse protectrice !
Dans mon coeur, cette journée du 18 juin ne fut pas simplement le moratoire d'une génération, mais celui de quatre générations qui unissaient leurs forces pour empêcher le saccage de la vallée du Saint-Laurent par la politique du « Drill, baby, drill ». L'action de cette famille rejoint le discours de la jeune Greta Thunberg qui disait au siège de l'ONU le 23 septembre 2019 : « Vous avez volé nos rêves avec vos paroles creuses...Des écosystèmes entiers s'effondrent et tout ce dont vous nous parlez, c'est d'argent et de contes de fées de croissance économique éternelle ! Comment osez-vous ! [6]
Ainsi va la vie ! Les aînés doivent assurer l'avenir des jeunes. Aujourd'hui, le bébé Étienne est devenu un adolescent de 14 ans alors que son arrière grand-mère, Denise, est malade. La fermeture définitive des puits, exigée par la loi, se veut un moratoire permanent. Au Québec, cette solidarité exemplaire a empêché la fracturation hydraulique à grande échelle de notre sous-sol. Espérons que cette même solidarité saura voir le jour dans d'autres terres saccagées comme la Pennsylvanie, le Texas ou l'Alberta….
PENSER GLOBALEMENT, AGIR LOCALEMENT !
Gérard Montpetit
Comité Non Schiste La Présentation
le 10 septembre 2025
2] https://www.journaldequebec.com/2011/05/16/une-marche-de-rimouski-a-montreal
5] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/517572/manif-schiste-presentation
6] Greta Thunberg par Maëlla Brun, 2020, Édition de l'archipel, 237 pages. Citation à la page 122
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Les infrastructures de Stablex prises d’assaut par une mobilisation populaire à Blainville
Blainville, 13 septembre 2025 - Samedi dernier, plusieurs centaines d'habitants de Blainville et des municipalités environnantes ainsi que des alliés venus de diverses régions du Québec ont pris pour cible le principal site de la compagnie de gestion de déchets toxiques Stablex, à Blainville.
Sous le signe du Grand Héron et au rythme d'une fanfare, les manifestants ont contourné le dispositif de sécurité et sont introduits sur le site pour le redécorer gaiement aux couleurs de la résistance populaire et pour perturber l'activité économique de la compagnie. « Séance de désintox » peut-on maintenant lire sur l'un
des bâtiments de la compagnie. Une dizaine de véhicules de service de la compagnie ont aussi été mis hors d'état de nuire. La pesée, passage obligatoire des camions chargés de boue toxique, a aussi été visée. Les manifestants ont détruit sa façade et endomagé le matériel électronique. Cette action de résistance est une
réponse à l'appel des Soulèvements du fleuve à bloquer, désarmer et à démanteler l'expansion industrielle prédatrice qui ravage les territoires.
Une mobilisation de longue date
Cette manifestation s'inscrit dans une longue mobilisation locale et écologiste contre l'entreprise Stablex, filiale de la multinationale américaine Republic Services. Les habitants de Blainville et leurs alliés ont mené de nombreuses actions durant les dernières années afin d'exiger que cesse l'importation de déchets dangereux près de leurs foyers : rencontres citoyennes, manifestations, dépôts de mémoires, échantillonnage citoyen, coups d'éclat, formations en résistance citoyenne, blocages... Une coalition de groupes (Action Environnement Basses-Laurentides, Coalition Alerte à l'enfouissement Rivière-du-Nord, Eau Secours, Mères au front Rivière-Des-Mille-Îles, Mouvement d'action régionale en environnement, Société pour vaincre la pollution) ainsi qu'une coalition citoyenne ont été formées afin de résister à la compagnie toxique.
Un procédé défaillant
Les citoyens de Blainville, le BAPE, ainsi que des commissions d'analyses externes sont formels : le procédé de Stablex n'est pas "stable et inerte", contrairement à ce qu'affirme la multinationale. Les cellules d'enfouissement requièrent une surveillance à perpétuité pour gérer le lixiviat toxique qui s'écoule de ceux-ci, et les effets du
temps, du gel et du dégel auront vite raison des matériaux d'isolation des bassins, qui ne pourront plus protéger les réserves d'eau de Blainville. Les conséquences sont déjà visibles : des niveaux de cadmium 320 supérieurs aux normes québécoises avec des concentrations alarmantes d'arsenic, de cuivre et de zinc sont déjà
observés. Ces résidus toxiques menacent toute la région, des champs agricoles aux cours d'eau qui se jettent dans le fleuve.
Tapis rouge pour l'Industrie asphyxiante
Et pourtant, nous augmentons encore et toujours nos capacités à polluer. Stablex continue de s'étendre pour importer et enfouir toujours plus de déchets issus des industries minière et phamarceutique, des États-Unis, de l'Ontario et du Québec.
Près de 65 hectares d'écosystèmes sensibles, de milieux humides comme la Grande Tourbière ainsi que de zones boisées seront saccagés pour enfouir des déchets toxiques générés par des filières indifférentes à la vie des populations et des prochaines générations habitant le territoire. Le tout effectué avec la complicité gouvernementale qui a fait passer sous bâillon l'expropriation du terrain de la Ville, contre la volonté locale et régionale. Ce projet montre encore que nous n'avons plus rien à espérer de nos institutions publiques et des entreprises privées, et que notre avenir repose sur nos capacités à résister.
Ni ici ni ailleurs : non à l'intoxication et l'exploitation
Ce qui se passe aujourd'hui à Blainville n'est pas différent de ce qui se passe à Rouyn-Noranda, à McMasterville, sur les rives de Contrecœur, sur le terrain vague d'Hochelaga, sur les deux tiers du territoire forestier public, en territoire non cédé. Il s'agit de la même logique : sacrifier le territoire et ses habitants au profit d'une
poignée d'exploitants.
Nous ne souhaitons pas déplacer le problème ailleurs. Nous souhaitons voir se multiplier les résistances locales. Que vous soyez face au Golfe, ou le long des rives du Saint-Laurent, dans les forêts de l'Abitibi et du Nitaskinan ou dans les cantons de l'Est, vous êtes conviés à vous joindre aux Soulèvements du fleuve et aux habitants
en lutte sur le territoire. Toutes ces résistances locales se rapportent à une seule riposte contre l'intoxication et l'exploitation des territoires à nos dépens. Accepter d'élargir nos capacités de stockage de déchets toxiques, c'est se permettre de produire et de polluer toujours plus. Il faut refuser d'augmenter encore et toujours
notre tolérance aux projets destructeurs qui ne répondent qu'à la loi du profit. Le triste devenir qui attend la tourbière est partout le même, si nous n'intervenons pas par tous les moyens possible.
Pour plus d'informations :
Mouvement Soulèvement du Fleuve :
soulevements_du_fleuve@riseup.net
Coalition des citoyens de Blainville contre STABLEX :
coalitioncitoyenscontrestablex@gmail.com
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1000 personnes rassemblées pour la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus
Au total, ce sont plus de 1000 personnes qui se sont rassemblées cette année à Montréal, Rouyn-Noranda, Jonquière et Québec, pour dénoncer les décisions des gouvernements du Québec et du Canada
8 septembre 2025, Montréal / Tiohtià:ke (Québec) - Depuis maintenant trois ans, les Mères au front et leurs allié·e·s se réunissent pour souligner la Journée internationale de l'air pur pour des ciels bleus [2], journée qui vise à rappeler que la pollution de l'air touche tout le monde et menace à la fois la santé mondiale en plus de contribuer à
accentuer la crise climatique.
Au total, ce sont plus de 1000 personnes qui se sont rassemblées cette année à Montréal, Rouyn-Noranda, Jonquière et Québec [3], pour dénoncer les décisions des gouvernements du Québec et du Canada qui permettent à des projets industriels tels que la Fonderie Horne, Northvolt, Stablex, le Port de Contrecoeur, de détruire des milieux naturels à haute valeur écologique, de fragiliser la biodiversité, en plus de contribuer à la perte de terres agricoles. Conséquemment, ces projets industriels menacent la santé des québécois·e·s et des canadien·e·s et l'avenir des générations futures. Les enjeux locaux pour lesquels les groupes citoyens militent sont variés, mais menacent
tous le droit de vivre dans un environnement sain, un droit reconnu en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) [4]. L'environnement est un bien commun, et essentiel pour la santé des
populations et l'adaptation face à la crise climatique.
Ce dimanche, 7 septembre, les groupes locaux Mères au front et autres groupes citoyens ont organisé des rassemblements créatifs et conviviaux, alliant l'art à leurs causes. Une grande marche a été organisée à Rouyn-Noranda, un sit-in, doublé d'un die-in, ont eu lieu à Montréal, en plus de rassemblements comprenant un die-in se sont tenus à Limoilou et à Jonquière. Plusieurs membres de groupes citoyens, de mouvements partageant les luttes ont pris la parole lors des rasemblements.
«
Nous sommes littéralement l'air que l'on respire, l'eau que l'on boit et la terre qui nous nourrit. Choisir de la détruire comme le font les politiques du gouvernement Legault, c'est choisir l'auto-destruction. »_ - Laure Waridel, écosociologue et co-fondatrice du mouvement Mères au front
« Nous demandons au gouvernement la révision voire l'abandon des projets de développement industriels comme Northvolt, Stablex, le Port de Contrecoeur et le projet de loi 97 sur le régime forestier qui contribuent à détruire le territoire et la biodiversité ce qui va à l'encontre du bien-être des communautés et de la population. Pas de futur, sans nature ! »_ - Isabelle Senécal, porte-parole pour Mères au front - Montréal
« Le gouvernement du Québec bafoue le droit à la santé et à un environnement sain de nos enfants et de toute la population de Rouyn-Noranda. Nous exigeons que le gouvernement fasse appliquer les mêmes normes pour la qualité de l'air partout sur le territoire »_ - Isabelle Fortin-Rondeau, chargée de mobilisation et de la campagne Rouyn-Noranda
« Tant qu'il y aura de la colonisation, aucun de nous ne pourra être libre. »_ - Karen Lajoie, du Front de Résistance Écologique et de Défense Autochtone (FREDA)
Source
Maude Desbois pour Mères au front
À propos de Mères au front | meresaufront.org [6]
Avec plus de 30 groupes locaux, situés principalement à travers le Québec, mais aussi au Canada et jusqu'en Belgique, Mères au front est un mouvement décentralisé qui regroupe des milliers de mères, grand-mères et allié·e·s de tous les horizons politiques, économiques, professionnels et culturels qui s'unissent pour protéger l'environnement dont dépend la santé, le bien-être et le futur de nos enfants. À travers leurs actions, elles demandent aux élu·e·s de mettre
en place des mesures fortes et immédiates qui s'imposent pour répondre à l'urgence environnementale et à la dégradation des écosystèmes.
Nous osons faire de l'amour, de la beauté, de l'art, et de la colère maternelle, un levier inébranlable de transformation sociale et écologique.
#Mèresaufront
meresaufront.org [6]
[7] [8] [9] [10] [11]
Links :
[1] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=trbe2dk2YmeMQoMAVUWBMub6AaPr2c5e4ppfOTT3PwJQUEx5vDgG8UUA_kV0rWMo-4FEdsa43GDUCWQG9OylSw-kAlFkHtimd4a3HF3fW9PUdkEmjx4ACZJ8M7-BeT53
[2] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=oo7-vD62prurrLAv1kOhXpkMH1oSkd37FfvBqRutHpXYpdPCZD4vudlF7QPSTNot-vxsGeEk2bZe6S-NLEk7U7pesmkh3q4WaEbmAmkdpIzf6LI96QL-5n1J83sYAe9z
[3] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=Ef8_z36kYPevpd2TlZSPzNSvkLM6Tjw-9eNiYRLlULtRDpIypP9MZKocnzVDf95dt6tx5n8Ecw1qrSpOpLnkBQx6A_ujDp3jE95QfKzU5n8lNTQACwoxXPPiV2v6FaLq
[4] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=S5gaq1slugjQCmWwRP6XalDLwPaYIbWfpee0QR3qkHEgYvnvCSDgniBTAksID8g5-OPzwd6oj51Aq3q-9pdY9fg8c92BSn-5IJP0YkFg9Gf_mE8WRqt46IDnWYdAs78t
[5] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=n5JFMsUbqUOieJITKYoszy83ErICmatAUbGDeQJcJ5lEMbxM3w7i_Ksscws8RRZEb7OaIU2mg8iYUpzFd3xlJ9ALL4iYDU-dlRNBPe4VW1u7AsIWm6ithl8p64zN4PlF
[6] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=f9_EdgvN_m4fO0oyTKOYzDLq-0DFnYeiW7ly5DuF3uj1H7xX_GoKgQegnmSQEALoV0j8tqicOjZNOTLjcvzkx2OA_hccrDN87B3yRnvgJPJ-5ZtDD2RB5ad-jrVAQgAO
[7] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=TNtZjS9XtNzn8qmtj4Y019YZQLxYnSqTrU71pbezcRmAPr9OIFBOCMtGTC9jwRUKoXPDCN6viGAcI_X8iiDoxqEsr_mXfmOuffqRUf6qUrZ-3zVq_27lh28eu0_zpAsk
[8] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=BUfoSrdZQwEKalwK30sISPNgTF81pEeJp9-QotBBtWKft-c9hUqrx1omWCqLMJfoH-aHWqnPI5mfW4nqKb72W0d6lKGW-O4_HE4PhmgsmU9tldIc-Y41EnOdt_GdGJty
[9] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=0IjWTS8eanLjneRcp6VUWO9nNLyBM8wOd66_Utuj0poAXMK6Kdg4wkjW_T73WtP9EdIYKNrmZppaMbmfEnmq2ajRDIUHI1XkLwbO--3vSQC8L4foi0VS5cx-kv6Nn87T
[10] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=kzXWpV4DXi-QOjG8BLH4EJ_G5fL5G5INkrYW1b86rFBExeSiLkA3QQVZPW_iI0DuYkg_xDyyCNU7KL8U66HDXpSjQddhB8R-nCTS6FohwfkI3mhDIxjj_KVRJm4Dv1Pc
[11] https://app.cyberimpact.com/redirect?ct=01LnffE4MRkVHx5aLsHnPnFKo4jTKCIHMZhMQQs3P1tns5z55fl775rjf2VEEI8lRu622Q1I9dYMCo6w4dSxkLCnGa3acvonUjR6SgJ9iuey9_cEg3kHW74esq_yIbkO
[12] https://app.cyberimpact.com/anti-spam-policy?l=fr_ca
[13] https://app.cyberimpact.com/report-an-abuse?ct=33aNu2jcfPH_l97vQx5WDkm7yBZOaoLi4qfvWZgQEPngeSU-Z3LojZu0rsnQ1YMu75xRmzpFcXJsm73XEUQWUY2FPw4kC8u-ojf8pYnPor4VVOHacmI42y7Gi2opWD2bR9Fx2FkWfYjZLptXPw8ePw~~
[14] https://app.cyberimpact.com/unsubscribe?ct=33aNu2jcfPH_l97vQx5WDkm7yBZOaoLi4qfvWZgQEPngeSU-Z3LojZu0rsnQ1YMu75xRmzpFcXJsm73XEUQWUY2FPw4kC8u-ojf8pYnPor4VVOHacmI42y7Gi2opWD2bR9Fx2FkWfYjZLptXPw8ePw~~
[15] https://www.cyberimpact.com?utm_source=cifooter&utm_medium=email&utm_campaign=footer_link
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Stop au Code minier : les océans ne sont pas à vendre
L'heure est grave pour les profondeurs océaniques : ne donnons pas le feu vert à la destruction des grands fonds marins.
L'entreprise minière canadienne The Metals Company tente d'exploiter les grands fonds marins, un territoire vierge et inexploré, par tous les moyens nécessaires. Elle s'est alliée à Trump afin de s'affranchir des négociations internationales et d'inaugurer une nouvelle ère d'extraction destructrice où le profit prime sur la nature et la coopération entre les pays du monde [1] [2].
Le gouvernement canadien doit intervenir sans attendre
Au cours de la dernière décennie, l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a travaillé à l'élaboration d'un ensemble de règles – connu sous le nom de Code minier – qui pourrait légaliser l'exploitation minière en eaux profondes et ouvrir de vastes zones de l'océan aux activités extractives [3].
Mais en avril dernier, Trump, par le biais d'une série de décrets, a unilatéralement accéléré l'octroi de permis d'exploitation minière en eaux profondes. Ce faisant, il a ouvert la voie aux projets miniers de Gerard Barron, aspirant tech bro et PDG de The Metals Company – et ce, malgré l'absence de règles en place [4]. Ce nouveau développement n'a rien d'une innovation : il avalise le pillage des fonds marins, et nous ne pouvons pas tolérer cela.
Jusqu'à présent, le gouvernement de Carney est resté dangereusement silencieux, mais il est temps pour le premier ministre et la ministre des Affaires étrangères Anand d'agir de manière résolue en faveur de la protection des océans.
Alors que la science met en garde contre les dommages irréversibles que causerait l'exploitation minière des fonds marins et que Trump et Barron persistent dans leur comportement irresponsable, il est désormais clair que cette industrie est incompatible avec le bien-être des océans et qu'elle ne devrait même pas voir le jour [5].
Nous demandons à Carney et à Anand de :
– Renforcer le soutien du Canada à un moratoire international sur l'exploitation minière en eaux profondes ;
– S'opposer à la mise en œuvre d'un Code minier bâclé qui légaliserait l'exploitation des fonds marins ;
– Faire obstacle à la cupidité de Trump et de The Metals Company.
Les grands fonds marins ne sont pas une ressource à piller pour le profit. Ajoutez votre nom pour exiger que le Canada empêche les industries extractives de s'en emparer.
Sources
[1] ‘Unleashing America's offshore critical minerals and resources' executive order, 24 avril 2025, Maison-Blanche (disponible en anglais seulement)
[2] World First : TMC USA Submits Application for Commercial Recovery of Deep-Sea Minerals in the High Seas Under U.S. Seabed Mining Code, 29 avril 2025, The Metals Company (disponible en anglais seulement)
[3] Le Code minier, Autorité internationale des fonds marins (disponible en français en sélectionnant l'onglet « French » en haut à droite)
[4] BC mining firm seeking U.S. approval to dig in international waters, 3 avril 2025, CBC News (disponible en anglais seulement)
[5] The impact of deep-sea mining on biodiversity, climate and human cultures, 1 mars 2024, National Committee of the Netherlands of the International Union for Conservation of Nature (disponible en anglais seulement)
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Du Canada à Gaza : « une histoire de génocide »
Depuis près de deux ans, Gaza est ravagée par les bombardements israéliens, qui ont fait plus de 60 000 morts. Dans un récent rapport, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens occupés, met en lumière le rôle moteur des multinationales dans le maintien du processus génocidaire en cours. Nidhi Srinivas, économiste et professeur de management à The New School, à New York aux États-Unis, explique en quoi ce rapport est important.
Tiré du Journal des alternatives.
Vous êtes signataire d'une lettre ouverte avec plusieurs autres économistes en soutien à Francesca Albanese, qui a publié un rapport sur les mécanismes économiques qui permettent le génocide en cours à Gaza. En quoi ce rapport est-il important ?
Il y a eu de nombreuses études sur l'économie en Palestine. Mais ce que fait Francesca Albanese avec ce rapport est de mettre à jour ces recherches et d'en faire un dialogue plus large. En général, quand on parle d'Israël dans la littérature économique, nous ne parlons pas de la Palestine, et nous ne parlons pas de la manière dont les entreprises sont complices des abus contre les droits humains… Nous évoquons rarement comment des entreprises comme Caterpillar ou Google font du profit avec les massacres de la population palestinienne. Ce rapport est, en ce sens, un rapport historique. J'aimerais croire que d'ici dix ans, il deviendra une référence.
Pourquoi avoir choisi de signer cette lettre et de lui apporter votre soutien ?
Dans le domaine de l'économie et de la gestion des entreprises, historiquement, nous avons considéré les sociétés comme accomplissant un bien public. Pour vous donner un exemple : au Canada, quand j'y ai grandi, la Compagnie de la Baie d'Hudson était perçue comme « the Bay ». J'allais souvent dans leurs magasins pour acheter des vêtements. La Compagnie de la Baie d'Hudson était comme la Compagnie des Indes orientales, une entreprise qui a tiré profit du colonialisme de peuplement. L'histoire du Canada est une histoire de génocide. On peut débattre pour savoir si c'était la même chose que l'histoire du colonialisme de peuplement aux États-Unis, mais personne ne peut nier le fait que les peuples autochtones ont été délibérément tués.
Aujourd'hui, quand on regarde la Compagnie de la Baie d'Hudson, personne ne se souvient qu'elle a en réalité contribué à la mort des peuples autochtones, qu'elle a contribué à l'arrachement et la destruction de la vie de personnes qui avaient vécu sur ces terres pendant des siècles. C'est pourquoi j'ai décidé de signer cette lettre de soutien : pour dire que dans notre domaine, économie et management des entreprises, on continue de voir les entreprises comme innocentes dans les génocides. Mais il est temps de reconnaître que nous regardons une économie de génocide…
Comment cette « économie du génocide » peut-elle être un outil analytique utile pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui, non seulement à Gaza, mais dans les conflits modernes en général ?
Tout d'abord, dans le champ du management, sans exception, il n'existe aucune école de commerce — en France, aux États-Unis, au Canada, en Inde, nulle part dans le monde — qui énonce ce fait pourtant évident : le management est né du colonialisme. Essentiellement, le management et tous ses principes trouvent leur origine dans l'exploitation des ressources matérielles au profit de sociétés étrangères. Ce qui incluait aussi l'exploitation des êtres humains, et je devrais dire, des esclaves. Maintenant, on peut débattre de la pertinence de ce constat. Par exemple, cela signifie-t-il qu'aujourd'hui le management considère son personnel comme des esclaves ? Je ne le pense pas. Mais si nous ne reconnaissons pas l'histoire du management, nous ne pouvons pas voir comment il façonne le présent. Par exemple, nous ne pouvons pas reconnaître que lorsque vous surmenez votre personnel et que vous le justifiez, c'est comme quand on justifiait historiquement le surmenage des esclaves.
Ensuite, la plupart des scientifiques de gauche reconnaissent que l'économie capitaliste dans laquelle nous vivons atteint un point de crise extrême. Nous vivons dans un monde où il n'y a tout simplement pas assez de gens capables d'acheter les produits qui sont mis sur le marché. Dans une telle situation, l'une des nombreuses choses que font les capitalistes, c'est passer d'une forme d'exploitation à une autre pour continuer à générer du profit. Pendant le coronavirus, les capitalistes ont littéralement commencé à faire de l'argent à partir de la mort. Ils ont commencé à gagner de l'argent en offrant, par exemple, des primes pour que des gens risquent leur vie afin de livrer de la nourriture, des produits. Parfois, ils ne donnaient même pas de primes parce qu'il n'y avait pas de syndicats pour négocier. En ce sens, l'« économie du génocide » dont parle Albanese dans son rapport est simplement une nouvelle manière pour le capitalisme de survivre. Le capitalisme est arrivé à un stade où la seule façon de survivre est de mettre réellement en danger ceux et celles qui consomment.
Vous avez grandi au Canada, vous y avez étudié et travaillé. Avez-vous un message à adresser à la population du Canada ?
Déjà, il faut demander au Canada de reconnaître la Palestine [NDLR Le Canada a annoncé qu'il allait reconnaître la Palestine en septembre depuis]. Il faut prendre une position forte : censurer l'État d'Israël, mais aussi implémenter ses propres protocoles des droits humains, pas seulement pour les Autochtones, mais pour la population palestinienne. Je ne peux pas accepter le fait que le Canada continue aujourd'hui d'être un complice du projet colonial central d'Israël. Je ne peux pas accepter que le Canada continue de, malgré l'agression des États-Unis, de soutenir ses positions par rapport à Israël.
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Pourquoi les marxistes s’opposent au terrorisme individuel
Nos ennemis de classe ont l'habitude de se plaindre de notre terrorisme. Ce qu'ils entendent par là n'est pas très clair. Ils aimeraient qualifier de terrorisme toutes les activités du prolétariat dirigées contre les intérêts de nos ennemis de classe. La grève, à leurs yeux, est la principale méthode de terrorisme. Une menace de grève, l'organisation de piquets de grève, le boycott d'un patron esclavagiste, le boycott moral d'un traître de nos propres rangs - ils appellent tout cela terrorisme et bien plus encore. Si on conçoit de cette façon le terrorisme comme toute action inspirant la crainte, ou faisant du mal à l'ennemi, alors, naturellement, la lutte de classe toute entière n'est pas autre chose que du terrorisme. Et la seule question restante est de savoir si les politiciens bourgeois ont le droit de déverser le flot de leur indignation morale à propos du terrorisme prolétarien, alors que leur appareil d'État tout entier avec ses lois, sa police et son armée ne sont rien d'autre qu'un appareil de terreur capitaliste !
Cependant, il faut dire que quand ils nous reprochent de faire du terrorisme, ils essaient, - bien que pas toujours sciemment - de donner à ce mot un sens plus étroit, plus indirect.
Dans ce sens strict du mot, la détérioration de machines par des travailleurs, par exemple, est du terrorisme. Le meurtre d'un employeur, la menace de mettre le feu à une usine ou une menace de mort à son propriétaire, une tentative d'assassinat, revolver en main, contre un ministre du gouvernement - toutes ces actions sont des actes terroristes au sens complet et authentique. Cependant, quiconque ayant une idée de la vraie nature de la social-démocratie internationale devrait savoir qu'elle s'est toujours opposée à cette sorte de terrorisme et le fait de la façon le plus intransigeante.
Pourquoi ? Faire du terrorisme par la menace d'une grève, ou mener de fait une grève, est quelque chose que seuls les travailleurs de l'industrie peuvent faire. La signification sociale d'une grève dépend directement de : premièrement, la taille de l'entreprise ou du secteur industriel qu'elle affecte, et, deuxièmement, du degré auquel les travailleurs y prenant part sont organisés, disciplinés, et prêts à l'action. Ceci est aussi vrai d'une grève politique que cela l'est pour une grève économique. Cela continue à être la méthode de lutte qui découle directement du rôle productif du prolétariat dans la société moderne.
La terreur individuelle déprécie le rôle des masses
Pour se développer, le système capitaliste a besoin d'un superstructure parlementaire. Mais comme il ne peut pas confiner le prolétariat moderne à un ghetto politique, il doit tôt ou tard permettre aux travailleurs de participer au parlement. Dans toutes les élections, le caractère de masse du prolétariat et son niveau de développement politique - quantités qui, une fois de plus, sont déterminées elles aussi par son rôle social, c'est-à-dire, par dessus tout, son rôle productif - trouvent leur expression.
Dans une grève, de même que dans des élections, la méthode, le but, et les résultats de la lutte dépendent toujours du rôle social et de la force du prolétariat en tant que classe. Seuls les travailleurs peuvent mener une grève. Les artisans ruinés par l'usine, les paysans dont l'eau est polluée par l'usine, ou les membres du lumpen proletariat, avides de saccage, peuvent briser les machines, mettre le feu à une usine ou assassiner son propriétaire. Seule la classe ouvrière, consciente et organisée, peut envoyer une foule en représentation au parlement pour veiller aux intérêts des prolétaires. Par contre, pour assassiner une personnage officiel en vue, on n'a pas besoin d'avoir derrière soi les masses organisées. La recette pour fabriquer des explosifs est accessible à tous, et on peut se procurer un Browning n'importe où. Dans le premier cas, il s'agit d'une lutte sociale, dont les méthodes et les moyens découlent nécessairement de la nature de l'ordre social dominant du moment, et, dans le second, d'une réaction purement mécanique, identique n'importe où - en Chine comme en France - , très frappante dans sa forme extérieure (meurtre, explosions, ainsi de suite… ) mais absolument inoffensive en ce qui concerne le système social.
Une grève, même d'importance modeste, a des conséquences sociales : renforcement de la confiance en soi des travailleurs, renforcement des syndicats et même, assez souvent, une amélioration de la technologie de production. Le meurtre du propriétaire d'usine ne produit que des effets de nature policière, ou un changement de propriétaire dénué de toute signification sociale. Qu'un attentat terroriste, même "réussi", jette la confusion dans la classe dirigeante, dépend des circonstances politiques concrètes. Dans tous les cas, cette confusion ne peut être que de courte durée ; l'État capitaliste ne se fonde pas sur les ministres du gouvernement et ne peut être éliminé avec eux. Les classes qu'il sert trouveront toujours des remplaçants ; la machine reste intacte et continue à fonctionner.
Mais le désordre introduit dans les rangs des masses ouvrières elles-mêmes par un attentat terroriste est plus profond. S'il suffit de s'armer d'un pistolet pour atteindre son but, à quoi bon les effets de la lutte de classe ?
Si un dé à coudre de poudre et un petit morceau de plomb sont suffisants pour traverser le cou de l'ennemi et le tuer, quel besoin y a-t-il d'une organisation de classe ? Si cela a un sens de terrifier des personnages hauts placés par le grondement des explosions, est-il besoin d'un parti ? Pourquoi les meetings, l'agitation de masse, et les élections, si on peut si facilement viser le banc des ministres de la galerie du parlement ?
À nos yeux, la terreur individuelle est inadmissible précisément parce qu'elle rabaisse le rôle des masses dans leur propre conscience, les faits se résigner à leur impuissance, et leur fait tourner les yeux vers un héros vengeur et libérateur qui, espèrent-ils, viendra un jour et accomplira sa mission. Les prophètes anarchistes de le "propagande de l'action" peuvent soutenir tout ce qu'ils veulent à propos de l'influence élévatrice et stimulante des actes terroristes sur les masses. Les considérations théoriques et l'expérience politique prouvent qu'il en est autrement. Plus "efficaces" sont les actes terroristes, plus grand est leur impact, plus il réduisent l'intérêt des masses pour l'auto-organisation et l'auto-éducation.
Mais les fumées de la confusion se dissipent, la panique disparaît, le successeur du ministre assassiné apparaît, la vie s'installe à nouveau dans l'ancienne ornière, la roue de l'exploitation capitaliste tourne comme auparavant ; seule la répression policière devient plus sauvage, plus sûre d'elle-même, plus impudente. Et, en conséquence, au lieu des espoirs qu'on avait fait naître, de l'excitation artificiellement soulevée, arrivent la désillusion et l'apathie.
Les efforts de la réaction pour mettre fin aux grèves et au mouvement de masse des ouvriers en général se sont toujours, et partout, soldés par un échec. La société capitalistes a besoin d'un prolétariat actif, mobile et intelligent ; elle ne peut, donc, maintenir le prolétariat pieds et poings liés pendant très longtemps. D'autre part, la propagande anarchiste de "l'action" a montré chaque fois que l'État est plus riche en moyen de destruction physique et de répression mécanique que ne le sont les groupes terroristes.
S'il en est ainsi, où cela laisse-t-il la révolution ? Est-elle rendue impossible par cet état de choses ? Pas du tout. Car la révolution n'est pas un simple agrégat de moyens mécaniques. La révolution ne peut naître que de l'accentuation de la lutte de classe, et elle ne peut trouver une garantie de victoire que dans les fonctions sociales du prolétariat. La grève politique de masse, l'insurrection armée, la conquête du pouvoir d'État - tout ceci est déterminé par le degré auquel la production s'est développée, l'alignement des forces de classes, le poids social du prolétariat, et enfin, par la composition sociale de l'armée, puisque les forces armées sont le facteur qui, en période de révolution, détermine le sort du pouvoir d'État.
La social-démocratie est assez réaliste pour ne pas essayer d'éviter la révolution qui se développe à partir des conditions historiques existantes ; au contraire, elle évolue pour affronter la révolution les yeux grands ouverts. Mais, contrairement aux anarchistes, et en opposition directe avec eux, la social-démocratie rejette toutes méthode et tous moyens ayant pour but de forcer artificiellement le développement de la société et de substituer des préparations chimiques à la force révolutionnaire insuffisante du prolétariat.
Avant d'être promu au rang de méthode de lutte politique, le terrorisme fait son apparition sous la forme d'actes de vengeance individuels. Ainsi en était-il en Russie, terre classique du terrorisme. Le fait qu'on eût donné le fouet à des prisonniers politiques poussa Véra Zassoulitch à exprimer le sentiment général d'indignation par une tentative d'assassinat du général Trepov. Son exemple fut imité dans les cercles de l'intelligentsia révolutionnaire qui manquait de tout support de masse. Ce qui avait commencé comme un acte de vengeance non réfléchi se développa pour devenir tout un système en 1879-1881. Les vagues d'assassinat commis par les anarchistes en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord viennent toujours après quelque atrocité commise par le gouvernement - le fait de tirer sur des grévistes ou l'exécution d'opposants politiques. La source psychologique du terrorisme la plus importante est toujours le sentiment de vengeance à la recherche d'un exutoire.
Il n'est pas besoin d'insister sur le point que la social-démocratie n'a rien de commun avec ces moralistes vénaux qui, en réponse à tout acte terroriste, font des déclarations à propos de la "valeur absolue" de la vie humaine. Ce sont les mêmes qui, en d'autres occasions, au nom d'autres valeurs absolues - par exemple l'honneur de la nation ou le prestige du monarque - sont prêts à pousser des millions de gens dans l'enfer de la guerre. Aujourd'hui, leur héros national est le ministre qui accorde le droit sacré de la propriété privée et, demain, quand la main désespérée des travailleurs au chômage se serre en un poing ou ramasse une arme, ils profèrent toutes sortes d'inepties à propos de l'inadmissibilité de la violence sous quelque forme que ce soit.
Quoi que puissent dire les eunuques et les pharisiens de la moralité, le sentiment de vengeance a ses droits. Il accorde à la classe ouvrière le plus grand crédit moral : le fait qu'elle ne regarde pas d'un œil indifférent, passivement, ce qui se passe dans ce meilleur des mondes. Ne pas éteindre le sentiment de vengeance inassouvi du prolétariat, mais au contraire l'attiser encore et encore, le rendre plus profond, et le diriger contre les causes réelles de toute l'injustice et de la bassesse humaine - c'est là la tâche de la social-démocratie.
Si nous nous opposons aux actes terroristes, c'est seulement que la vengeance individuelle ne nous satisfait pas. Le compte que nous avons à régler avec le système capitaliste est trop grand pour être présenté à un quelconque fonctionnaire appelé ministre. Apprendre à voir tous les crimes contre l'humanité, toutes les indignités auxquelles sont soumis le corps et l'esprit humain, comme les excroissances et les expressions déformées du système social existant, dans le but de diriger toutes nos énergies en une lutte contre ce système - voilà la direction dans laquelle le désir brûlant de vengeance doit trouver sa plus haute satisfaction morale.
Source : https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1911/110000.htm

Marxistes et religion, hier et aujourd’hui
Les marxistes ne sauraient chercher à récolter des votes à n'importe quel prix, tels des politiciens opportunistes prêts à tout pour être élus. Il est des soutiens, comme celui du cheikh Al-Haddad, qui sont des cadeaux empoisonnés. Il faut savoir désavouer ceux dont ils émanent : la bataille pour l'influence idéologique au sein des populations issues de l'immigration est d'une importance beaucoup plus fondamentale qu'un résultat électoral, aussi exaltant soit-il.
Tiré de Inprécor
1 septembre 2025 par Gilbert Achcar
1.L'attitude théorique (« philosophique ») du marxisme classique en matière de religion combine trois dimensions complémentaires, que l'on trouve déjà en germe dans l'Introduction à De la critique de la philosophie du droit de Hegel du jeune Marx (1843-1844) :
d'abord, une critique de la religion, en tant que facteur d' aliénation . L'être humain attribue à la divinité la responsabilité d'un sort qui ne lui doit rien (« L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. ») ; il s'astreint à respecter des obligations et interdits qui, souvent, entravent son épanouissement ; il se soumet volontairement à des autorités religieuses dont la légitimité se fonde soit sur le fantasme de leur rapport privilégié au divin, soit sur leur spécialisation dans la connaissance du corpus religieux.
ensuite, une critique des doctrines sociales et politiques des religions. Les religions sont des survivances idéologiques d'époques révolues depuis fort longtemps : la religion est « fausse conscience du monde » ; elle l'est d'autant plus que le monde change. Nées dans des sociétés précapitalistes, les religions ont pu connaître - à l'instar de la Réforme protestante dans l'histoire du christianisme - des aggiornamentos, qui restent forcément partiels et limitées dès lors qu'une religion vénère des « écritures saintes ».
mais aussi, une « compréhension » (au sens wébérien) du rôle psychologique que peut jouer la croyance religieuse pour les damné/es de la terre. « La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. »
Ces trois considérants débouchent, au regard du marxisme classique, sur une seule et même conclusion énoncée par le jeune Marx : « Le dépassement ( Aufhebung ) de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence de son véritable bonheur. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions sur sa condition, c'est exiger qu'il soit renoncé aune condition qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe , la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole . »
2. Pour autant, le marxisme classique n'a pas posé la suppression de la religion comme condition nécessaire et préalable de l'émancipation sociale (le propos du jeune Marx pourrait se lire : afin de pouvoir surmonter les illusions, il faut d'abord mettre fin à la « condition qui a besoin d'illusions »). En tout état de cause, tout comme pour l'État, pourrait-on dire, il ne s'agit pas d'abolir la religion, mais de créer les conditions de son extinction. Il n'est pas question de prohiber « l'opium du peuple », et encore moins d'en réprimer les consommateurs. Il s'agit seulement de mettre fin aux rapports privilégiés qu'entretiennent ceux qui en font commerce avec le pouvoir politique, afin de réduire son emprise sur les esprits.
Trois niveaux d'attitude sont ici à considérer :
• Le marxisme classique, celui des fondateurs, n'a pas requis l'inscription de l'athéisme au programme des mouvements sociaux. Au contraire, dans sa critique du programme des émigrés blanquistes de la Commune (1874), Engels a raillé leur prétention d'abolir la religion par décret. Sa perspicacité a été entièrement confirmée par les expériences du XXe siècle, comme lorsqu'il soutenait que « les persécutions sont le meilleur moyen d'affermir des convictions indésirables » et que « le seul service que l'on puisse rendre encore, de nos jours, à Dieu est de proclamer l'athéisme un symbole de foi coercitif ».
• La laïcité républicaine, c'est-à-dire la séparation de la religion et de l'État, est, en revanche, un objectif nécessaire et imprescriptible, qui faisait déjà partie du programme de la démocratie bourgeoise radicale. Mais là aussi, il importe de ne pas confondre séparation et prohibition, même en ce qui concerne l'enseignement. Dans ses commentaires critiques sur le programme d'Erfurt de la social-démocratie allemande (1891), Engels proposait la formulation suivante : « Séparation complète de l'Église et de l'État. Toutes les communautés religieuses sans exception seront traitées par l'État comme des sociétés privées. Elles perdent toute subvention provenant des deniers publics et toute influence sur les écoles publiques. » Puis il ajoutait entre parenthèses ce commentaire : « On ne peut tout de même pas leur défendre de fonder, par leurs propres moyens, des écoles, qui leur appartiennent en propre, et d'y enseigner leurs bêtises ! »
• Le parti ouvrier doit en même temps combattre idéologiquement l'influence de la religion. Dans le texte de 1873, Engels se félicitait du fait que la majorité des militants ouvriers socialistes allemands était gagnée à l'athéisme, et suggérait de diffuser la littérature matérialiste française du XVIIIe siècle afin d'en convaincre le plus grand nombre.
Dans sa critique du programme de Gotha du parti ouvrier allemand (1875), Marx expliquait que la liberté privée en matière de croyance et de culte doit être définie uniquement comme rejet de l'ingérence étatique. Il en énonçait ainsi le principe : « chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels, sans que la police y fourre le nez ». Il regrettait, en même temps, que le parti n'ait pas saisi « l'occasion d'exprimer sa conviction que la bourgeoise “liberté de conscience” n'est rien de plus que la tolérance de toutes les sortes possibles de liberté de conscience religieuse, tandis que lui [le parti] s'efforce de libérer les consciences de la fantasmagorie religieuse ».
3. Le marxisme classique n'envisageait la religion que sous l'angle du rapport des sociétés européennes à leurs propres religions traditionnelles. Il ne prenait pas en considération la persécution des minorités religieuses, ni surtout la persécution des religions de peuples opprimés par des États oppresseurs appartenant à une autre religion. À notre époque marquée par la survivance de l'héritage colonial et par sa transposition à l'intérieur même des métropoles impériales - sous la forme d'un « colonialisme intérieur », dont l'originalité est que ce sont les colonisés eux-mêmes qui sont expatriés, c'est-à-dire « immigrés » - cet aspect acquiert une importance majeure.
Dans un contexte dominé par le racisme, corollaire naturel de l'héritage colonial, les persécutions de la religion des opprimé/es, ex-colonisé/es, ne doivent pas être rejetées seulement parce qu'elles sont « le meilleur moyen d'affermir des convictions indésirables ». Elles doivent être rejetées, aussi et avant tout, parce qu'elles sont une dimension de l'oppression ethnique ou raciale, aussi intolérable que le sont les persécutions et discriminations politiques, juridiques et économiques.
Certes, les pratiques religieuses des populations colonisées peuvent apparaître comme éminemment rétrogrades aux yeux des populations métropolitaines, dont la supériorité matérielle et scientifique était inscrite dans le fait même de la colonisation. Mais ce n'est pas en imposant le mode de vie de ces dernières aux populations colonisées, contre leur gré, que sera servie la cause de leur émancipation. L'enfer de l'oppression raciste est pavé de bonnes intentions « civilisatrices », et l'on sait à quel point le mouvement ouvrier lui-même fut contaminé par la prétention bienfaitrice et l'illusion philanthropique à l'ère du colonialisme.
Engels avait pourtant bien mis en garde contre ce syndrome colonial. Dans une lettre à Kautsky, datée du 12 septembre 1882, il formula une politique émancipatrice du prolétariat au pouvoir, tout empreinte de la précaution indispensable afin de ne pas transformer la libération présumée en oppression déguisée.
« Les pays sous simple domination et peuplés d'indigènes, Inde, Algérie, les possessions hollandaises, portugaises et espagnoles, devront être pris en charge provisoirement par le prolétariat et conduits à l'indépendance, aussi rapidement que possible. Comment ce processus se développera, voilà qui est difficile à dire. L'Inde fera peut-être une révolution, c'est même très vraisemblable. Et comme le prolétariat se libérant ne peut mener aucune guerre coloniale, on serait obligé de laisser faire, ce qui, naturellement, n'irait pas sans des destructions de toutes sortes, mais de tels faits sont inséparables de toutes les révolutions. Le même processus pourrait se dérouler aussi ailleurs : par exemple en Algérie et en Égypte, et ce serait, pour nous certainement, la meilleure solution. Nous aurons assez à faire chez nous. Une fois que l'Europe et l'Amérique du Nord seront réorganisées, elles constitueront une force si colossale et un exemple tel que les peuples à demi civilisés viendront d'eux-mêmes dans leur sillage : les besoins économiques y pourvoiront déjà à eux seuls. Mais par quelles phases de développement social et politique ces pays devront passer par la suite pour parvenir eux aussi à une structure socialiste, là-dessus, je crois, nous ne pouvons aujourd'hui qu'échafauder des hypothèses assez oiseuses. Une seule chose est sûre : le prolétariat victorieux ne peut faire de force le bonheur d'aucun peuple étranger, sans par là miner sa propre victoire. »
Vérité élémentaire, et pourtant si souvent ignorée : tout « bonheur » imposé par la force équivaut à une oppression, et ne saurait être perçu autrement par ceux et celles qui le subissent.
4. La question du foulard islamique (hijab) condense l'ensemble des problèmes posés ci-dessus. Elle permet de décliner l'attitude marxiste sous tous ses aspects.
Dans la plupart des pays où l'islam est religion majoritaire, la religion est encore la forme principale de l'idéologie dominante. Des interprétations rétrogrades de l'islam, plus ou moins littéralistes, servent à maintenir des populations entières dans la soumission et l'arriération culturelle. Les femmes subissent le plus massivement et le plus intensivement une oppression séculaire, drapée de légitimation religieuse.
Dans un tel contexte, la lutte idéologique contre l'utilisation de la religion comme argument d'asservissement est une dimension prioritaire du combat émancipateur. La séparation de la religion et de l'État doit être une revendication prioritaire du mouvement pour le progrès social. Les démocrates et les progressistes doivent se battre pour la liberté de chacune et de chacun en matière d'incroyance, de croyance et de pratique religieuse. En même temps, le combat pour la libération des femmes reste le critère même de toute identité émancipatrice, la pierre de touche de toute prétention progressiste.
Un des aspects les plus élémentaires de la liberté des femmes est leur liberté individuelle de se vêtir comme elles l'entendent. Le foulard islamique et, à plus forte raison, les versions plus enveloppantes de ce type de revêtement, lorsqu'ils sont imposés aux femmes, sont une des nombreuses formes de l'oppression sexuelle au quotidien - une forme d'autant plus visible qu'elle sert à rendre les femmes invisibles. La lutte contre l'astreinte au port du foulard, ou autres voiles, est indissociable de la lutte contre les autres aspects de la servitude féminine.
Toutefois, la lutte émancipatrice serait gravement compromise si elle cherchait à « libérer » de force les femmes, en usant de la contrainte non à l'égard de leurs oppresseurs, mais à leur propre égard. Arracher par la force le revêtement religieux, porté volontairement -même si l'on juge que son port relève de la servitude volontaire - est un acte oppressif et non un acte d'émancipation réelle. C'est de surcroît une action vouée à l'échec, comme Engels l'avait prédit : de même que le sort de l'islam dans l'ex-Union soviétique, l'évolution de la Turquie illustre éloquemment l'inanité de toute tentative d'éradication de la religion ou des pratiques religieuses par la contrainte.
« Chacun - et chacune - doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels » - les femmes porter le hijab ou les hommes porter la barbe - « sans que la police y fourre le nez ».
Défendre cette liberté individuelle élémentaire est la condition indispensable pour mener un combat efficace contre les diktats religieux. La prohibition du hijab rend paradoxalement légitime le fait de l'imposer, aux yeux de ceux et celles qui le considèrent comme un article de foi. Seul le principe de la liberté de conscience et de pratique religieuse strictement individuelle, qu'elle soit vestimentaire ou autre, et le respect de ce principe par des gouvernements laïcs, permettent de s'opposer légitimement et avec succès à la contrainte religieuse. Le Coran lui-même proclame : « Pas de contrainte en religion » !
Par ailleurs, et pour peu que l'on ne remette pas en cause la liberté d'enseignement, prohiber le port du foulard islamique, ou autres signes religieux vestimentaires, à l'école publique, au nom de la laïcité, est une attitude éminemment antinomique, puisqu'elle aboutit à favoriser l'expansion des écoles religieuses.
5. Dans un pays comme la France, où l'islam fut pendant fort longtemps la religion majoritaire des « indigènes » des colonies et où il est depuis des décennies la religion de la grande majorité des immigrés, « colonisés » de l'intérieur, toute forme de persécution de la religion islamique - deuxième religion de France par le nombre et religion très inférieure aux autres par le statut - doit être combattue.
L'islam est, en France, une religion défavorisée par rapport aux religions présentes depuis des siècles sur le sol français. C'est une religion victime de discriminations criantes, tant en ce qui concerne ses lieux de culte que la tutelle pesante, empreinte de mentalité coloniale, que lui impose l'État français. L'islam est une religion décriée au quotidien dans les médias français, d'une manière qu'il n'est heureusement plus possible de pratiquer contre la précédente cible prioritaire du racisme, le judaïsme, après le génocide nazi et la complicité vichyste. Un confusionnisme mâtiné d'ignorance et de racisme entretient, par médias interposés, l'image d'une religion islamique intrinsèquement inapte à la modernité, ainsi que l'amalgame entre islam et terrorisme que facilite l'utilisation inappropriée du terme « islamisme » comme synonyme d'intégrisme islamique.
Certes, le discours officiel et dominant n'est pas ouvertement hostile ; il se fait même bienveillant, les yeux rivés sur les intérêts considérables du grand capital français - pétrole, armement, bâtiment, etc. - en terre d'Islam. Toutefois, la condescendance coloniale à l'égard des musulman/es et de leur religion est tout autant insupportable pour elles et eux que l'hostilité raciste ouvertement affichée. L'esprit colonial n'est pas l'apanage de la droite en France ; il est d'implantation fort ancienne dans la gauche française, constamment déchirée dans son histoire entre un colonialisme mêlé de condescendance d'essence raciste et d'expression paternaliste, et une tradition anticolonialiste militante.
Même aux premiers temps de la scission du mouvement ouvrier français entre sociaux-démocrates et communistes, une aile droite émergea parmi les communistes de la métropole eux-mêmes (sans parler des communistes français en Algérie), se distinguant notamment par son attitude sur la question coloniale. La droite communiste trahit son devoir anticolonialiste face à l'insurrection du Rif marocain sous la direction du chef tribal et religieux Abd-el-Krim, lorsque celle-ci affronta les troupes françaises en 1925.
L'explication de Jules Humbert-Droz à ce propos, devant le comité exécutif de l'IC, garde une certaine pertinence :
«
La droite a protesté contre le mot d'ordre de la fraternisation avec l'armée des Rifains, en invoquant le fait que les Rifains n'ont pas le même degré de civilisation que les armées françaises, et qu'on ne peut fraterniser avec des tribus à demi barbares. Elle est allée plus loin encore écrivant qu'Abd-el-Krim a des préjugés religieux et sociaux qu'il faut combattre. Sans doute il faut combattre le panislamisme et le féodalisme des peuples coloniaux, mais quand l'impérialisme français saisit à la gorge les peuples coloniaux, le rôle du P.C. n'est pas de combattre les préjugés des chefs coloniaux, mais de combattre sans défaillance la rapacité de l'impérialisme français.
»
6. Le devoir des marxistes en France est de combattre sans défaillance l'oppression raciste et religieuse menée par la bourgeoisie impériale française et son État, avant de combattre les préjugés religieux au sein des populations immigrées.
Lorsque l'État français s'occupe de réglementer la façon de s'habiller des jeunes musulmanes et d'interdire l'accès à l'école de celles qui s'obstinent à vouloir porter le foulard islamique ; lorsque ces dernières sont prises comme cibles d'une campagne médiatique et politique dont la démesure par rapport à l'ampleur du phénomène concerné atteste de son caractère oppressif, perçu comme islamophobe ou raciste, quelles que soient les intentions affichées ; lorsque le même État favorise l'expansion notoire de l'enseignement religieux communautaire par l'accroissement des subventions à l'enseignement privé, aggravant ainsi les divisions entre les couches exploitées de la population française - le devoir des marxistes, à la lumière de tout ce qui a été exposé ci-dessus, est de s'y opposer résolument.
Ce ne fut pas le cas pour une bonne partie de celles et ceux qui se réclament du marxisme en France. Sur la question du foulard islamique, la position de la Ligue de l'Enseignement, dont l'engagement laïque est au-dessus de tout soupçon, est bien plus en affinité avec celle du marxisme authentique que celle de nombre d'instances qui disent s'en inspirer. Ainsi peut-on lire dans la déclaration adoptée par la Ligue, lors de son assemblée générale de Troyes en juin 2003, ce qui suit :
« La Ligue de l'Enseignement, dont toute l'histoire est marquée par une action constante en faveur de la laïcité, considère que légiférer sur le port de signes d'appartenance religieuse est inopportun. Toute loi serait soit inutile soit impossible.
Le risque est évident. Quelles que soient les précautions prises, il ne fait aucun doute que l'effet obtenu sera un interdit stigmatisant en fait les musulmans. [...]
Pour ceux ou celles qui voudraient faire du port d'un signe religieux l'argument d'un combat politique, l'exclusion de l'école publique n'empêchera pas de se scolariser ailleurs, dans des institutions au sein desquelles ils ont toutes chances de se trouver justifiés et renforcés dans leur attitude. [...]
[L'] intégration de tous les citoyens, indépendamment de leurs origines et de leurs convictions, passe par la reconnaissance d'une diversité culturelle qui doit s'exprimer dans le cadre de l'égalité de traitement que la République doit assurer à chacun. À ce titre, les musulmans, comme les autres croyants, doivent bénéficier de la liberté du culte dans le respect des règles qu'impose une société laïque, pluraliste et profondément sécularisée. Le combat pour l'émancipation des jeunes filles, en particulier, passe prioritairement par leur scolarisation, le respect de leur liberté de conscience et de leur autonomie : n'en faisons pas les otages d'un débat idéologique, par ailleurs nécessaire. Pour lutter contre l'enfermement identitaire, une pédagogie de la laïcité, la lutte contre les discriminations, le combat pour la justice sociale et l'égalité sont plus efficaces que l'interdit. »
Dans son rapport du 4 novembre 2003, remis à la Commission sur l'application du principe de laïcité dans la République (dite Commission Stasi), la Ligue de l'Enseignement traite admirablement de l'islam et des représentations dont il fait l'objet en France, en des pages dont on ne citera ici que quelques extraits :
« Les résistances et les discriminations rencontrées par “les populations musulmanes” dans la société française ne tiennent pas essentiellement, comme on le dit trop souvent, au déficit d'intégration de ces populations mais bien à des représentations et à des attitudes majoritaires qui proviennent en grande partie d'un héritage historique ancien.
La première tient à la non-reconnaissance de l'apport de la civilisation arabo-musulmane à la culture mondiale et à notre propre culture occidentale. [...]
À cette occultation et à ce rejet s'est ajouté l'héritage colonial [...] porteur d'une tradition de violence, d'inégalité et de racisme, profonde et durable, que les difficultés de la décolonisation, puis les déchirements de la guerre d'Algérie ont amplifiée et renforcée. L'infériorisation ethnique, sociale, culturelle et religieuse des populations indigènes, musulmanes des colonies françaises a été une pratique constante, au point de retentir dans les limitations du droit. C'est ainsi qu'en ce qui concerne l'Islam, il a été considéré comme un élément du statut personnel et non comme une religion relevant de la loi de séparation de 1905. Durant tout le temps de la colonisation, le principe de laïcité ne s'est jamais appliqué aux populations indigènes et à leur culte à cause de l'opposition du lobby colonial et malgré la demande des oulémas qui avaient compris que le régime de laïcité leur rendrait la liberté du culte. Comment s'étonner dès lors que pendant très longtemps la laïcité, pour les musulmans, ait été synonyme d'une police coloniale des esprits ! Comment veut-on que cela ne laisse pas des traces profondes, tant du côté des anciens colonisés que du pays colonisateur ? Si de nombreux musulmans aujourd'hui encore considèrent que l'Islam doit régler les comportements civils, tant publics que privés, et, sans revendiquer de statut personnel, ont parfois tendance à en adopter le profil, c'est que la France et la République laïque leur ont intimé de le faire pendant plusieurs générations. Si de nombreux Français, parfois même parmi les plus instruits et qui exercent des responsabilités en vue, se permettent des appréciations péjoratives sur l'Islam dont l'ignorance le dispute à la stupidité, c'est qu'ils s'inscrivent, le plus souvent inconsciemment et en s'en défendant, dans cette tradition du mépris colonial.
Un troisième aspect vient faire obstacle à la considération de l'Islam sur un pied d'égalité : c'est que religion transplantée, il est aussi une religion de pauvres. À la différence des religions judéo-chrétiennes dont les pratiquants en France se répartissent sur l'ensemble de l'échiquier social, et à la différence en particulier du catholicisme historiquement intégré à la classe dominante, les musulmans, citoyens français ou immigrés vivant en France, se situent pour l'instant, pour une grande majorité, en bas de l'échelle sociale. Là encore, la tradition coloniale se poursuit, puisque à l'infériorisation culturelle des populations indigènes s'ajoutait l'exploitation économique, et que celle-ci a longtemps pesé aussi très fortement sur les premières générations immigrées, tandis qu'aujourd'hui leurs héritiers sont les premières victimes du chômage et de la relégation urbaine. Le mépris social et l'injustice qui frappent ces catégories sociales affectent tous les aspects de leur existence, y compris la dimension religieuse. On ne s'offusque pas des foulards sur la tête des femmes de ménage ou de service dans les bureaux : il ne devient objet de scandale que s'il est porté avec fierté par des filles engagées dans des études ou des femmes ayant le statut de cadres. »
L'incompréhension manifestée par les principales organisations de la gauche marxiste extraparlementaire en France à l'égard des problèmes identitaires et culturels des populations concernées est révélée par la composition de leurs listes électorales aux élections européennes : tant en 1999 qu'en 2004, les citoyen/nes originaires de populations naguère colonisées - du Maghreb ou d'Afrique noire, en particulier - ont brillé par leur absence dans le peloton de tête des listes LCR-LO, contrairement aux listes du PCF, parti tant de fois stigmatisé pour manquement à la lutte antiraciste par ces deux organisations. Ce faisant, elles se sont également privées d'un potentiel électoral parmi les couches les plus opprimées de France, un potentiel dont le score réalisé en 2004 par une liste improvisée comme Euro-Palestine a témoigné de façon éclatante.
7. En mentionnant « ceux ou celles qui voudraient faire du port d'un signe religieux l'argument d'un combat politique », la Ligue de l'Enseignement faisait allusion, bien entendu, à l'intégrisme islamique. L'expansion de ce phénomène politique dans les milieux issus de l'immigration musulmane en Occident, après sa forte expansion depuis trente ans en terre d'Islam, a été, en France, l'argument préféré des pourfendeurs/ses de foulard islamique.
L'argument est réel : à l'instar des intégrismes chrétiens, juif, hindouiste et autres, visant à imposer une interprétation rigoriste de la religion comme code de vie, sinon comme mode de gouvernement, l'intégrisme islamique est un véritable danger pour le progrès social et les luttes émancipatrices. En prenant soin d'établir une distinction claire et nette entre la religion en tant que telle et son interprétation intégriste, la plus réactionnaire de toutes, il est indispensable de combattre l'intégrisme islamique idéologiquement et politiquement, tant dans les pays d'Islam qu'au sein des minorités musulmanes en Occident ou ailleurs.
Cela ne saurait, cependant, constituer un argument en faveur d'une prohibition publique du foulard islamique : la Ligue de l'Enseignement a expliqué le contraire de façon convaincante. Plus généralement, l'islamophobie est le meilleur allié objectif de l'intégrisme islamique : leur croissance va de pair. Plus la gauche donnera l'impression de se rallier à l'islamophobie dominante, plus elle s'aliènera les populations musulmanes et plus elle facilitera la tâche des intégristes musulmans, qui apparaîtront comme seuls à même d'exprimer la protestation des populations concernées contre « la misère réelle ».
L'intégrisme islamique est, cependant, un phénomène très différencié et l'attitude tactique à son égard doit être modulée selon les situations concrètes. Lorsque ce type de programme social est manié par un pouvoir oppresseur et par ses alliés afin de légitimer l'oppression en vigueur, comme dans le cas des nombreux despotismes à visage islamique ; ou lorsqu'il devient l'arme politique d'une réaction luttant contre un pouvoir progressiste, comme ce fut le cas dans le monde arabe, dans la période 1950-1970, quand l'intégrisme islamique était le fer de lance de l'opposition réactionnaire au nassérisme égyptien et à ses émules - la seule attitude convenable est celle d'une hostilité implacable aux intégristes.
Il en va autrement lorsque l'intégrisme islamique se déploie en tant que vecteur politico-idéologique d'une lutte animée par une cause objectivement progressiste, vecteur difforme, certes, mais remplissant le vide laissé par la défaite ou la carence des mouvements de gauche. C'est le cas des situations où les intégristes musulmans combattent une occupation étrangère (Afghanistan, Liban, Palestine, Irak, etc.) ou une oppression ethnique ou raciale, comme de celles où ils incarnent une aversion populaire à l'égard d'un régime d'oppression politique réactionnaire. C'est aussi le cas de l'intégrisme islamique en Occident, où son essor est généralement l'expression d'une rébellion contre le sort réservé aux populations immigrées.
En effet, comme la religion en général, l'intégrisme islamique peut être « d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle », à la différence près qu'il s'agit dans son cas d'une protestation active : il n'est pas « l'opium » du peuple, mais plutôt « l'héroïne » d'une partie du peuple, dérivée de « l'opium » et qui substitue son effet extatique à l'effet narcotique de celui-ci.
Dans tous ces types de situations, il est nécessaire d'adapter une attitude tactique aux circonstances de la lutte contre l'oppresseur, ennemi commun. Tout en ne renonçant jamais au combat idéologique contre l'influence néfaste de l'intégrisme islamique, il peut être nécessaire, ou inévitable, de converger avec des intégristes musulmans dans des batailles communes - allant de simples manifestations de rue à la résistance armée, selon les cas.
8. Les intégristes islamiques peuvent être des alliés objectifs et circonstanciels dans un combat déterminé, mené par des marxistes. Il s'agit toutefois d'une alliance contre-nature, forcée par les circonstances. Les règles qui s'appliquent à des alliances beaucoup plus naturelles, comme celles qui furent pratiquées dans la lutte contre le tsarisme en Russie, sont ici à respecter à plus forte raison, et de façon plus stricte encore.
Ces règles ont été clairement définies par les marxistes russes au début du XXe siècle. Dans sa Préface de janvier 1905 à la brochure Avant le 9 janvier de Trotsky, Parvus les résumait ainsi :
« Pour faire simple, en cas de lutte commune avec des alliés d'occasion, on peut suivre les points suivants : 1) Ne pas mélanger les organisations. Marcher séparément, mais frapper ensemble. 2) Ne pas renoncer à ses propres revendications politiques. 3) Ne pas cacher les divergences d'intérêt. 4) Suivre son allié comme on file un ennemi. 5) Se soucier plus d'utiliser la situation créée par la lutte que de préserver un allié. »
« Parvus a mille fois raison » écrivit Lénine dans un article d'avril 1905, publié dans le journal Vperiod , en soulignant « la condition absolue (rappelée fort à propos) de ne pas confondre les organisations, de marcher séparément et de frapper ensemble, de ne pas dissimuler la diversité des intérêts, de surveiller son allié comme un ennemi, etc. ». Le dirigeant bolchevique énumérera maintes fois ces conditions au fil des ans.
Les mêmes principes furent défendus inlassablement par Trotsky. Dans L'Internationale communiste après Lénine (1928), polémiquant au sujet des alliances avec le Kuomintang chinois, il écrivit les phrases suivantes, particulièrement adaptées au sujet dont il est ici question :
« Depuis longtemps, on a dit que des ententes strictement pratiques, qui ne nous lient en aucune façon et ne nous créent aucune obligation politique, peuvent, si cela est avantageux au moment considéré, être conclues avec le diable même. Mais il serait absurde d'exiger en même temps qu'à cette occasion le diable se convertisse totalement au christianisme, et qu'il se serve de ses cornes [...] pour des œuvres pieuses. En posant de telles conditions, nous agirions déjà, au fond, comme les avocats du diable, et lui demanderions de devenir ses parrains. »
Nombre de trotskystes font exactement l'inverse de ce que préconisait Trotsky, dans leur rapport avec des organisations intégristes islamiques. Non pas en France, où les trotskystes, dans leur majorité, tordent plutôt le bâton dans l'autre sens, comme il a été déjà expliqué, mais de l'autre côté de la Manche, en Grande-Bretagne.
L'extrême gauche britannique a le mérite d'avoir fait preuve d'une bien plus grande ouverture aux populations musulmanes que l'extrême gauche française. Elle a mené, contre les guerres d'Afghanistan et d'Irak, auxquelles a participé le gouvernement de son pays, de formidables mobilisations avec la participation massive de personnes issues de l'immigration musulmane. Dans le mouvement antiguerre, elle est même allée jusqu'à s'allier à une organisation musulmane d'inspiration intégriste, la Muslim Association of Britain (MAB), émanation britannique du principal mouvement intégriste islamique « modéré » du Moyen-Orient, le Mouvement des Frères musulmans (représenté dans les parlements de certains pays).
Rien de répréhensible, en principe, à une telle alliance pour des objectifs bien délimités, à condition de respecter strictement les règles énoncées ci-dessus. Le problème commence cependant avec le traitement en allié privilégié de cette organisation particulière, qui est loin d'être représentative de la grande masse des musulmans de Grande-Bretagne. Plus généralement, les trotskystes britanniques ont eu tendance, à l'occasion de leur alliance avec la MAB dans le mouvement antiguerre, à faire l'opposé de ce qui est énoncé ci-dessus, c'est-à-dire : 1) mélanger les bannières et les pancartes, au propre comme au figuré ; 2) minimiser l'importance des éléments de leur identité politique susceptibles de gêner les alliés intégristes du jour ; et enfin 3) traiter ces alliés de circonstance comme s'il s'agissait d'alliés stratégiques, en rebaptisant « anti-impérialistes » ceux dont la vision du monde correspond beaucoup plus au choc des civilisations qu'à la lutte des classes.
9. Cette tendance s'est aggravée avec le passage d'une alliance dans le contexte d'une mobilisation antiguerre à une alliance électorale. La MAB n'a, certes, pas adhéré en tant que telle à la coalition électorale Respect, animée par les trotskystes britanniques, ses principes intégristes lui interdisant de souscrire à un programme de gauche. Mais l'alliance entre la MAB et Respect s'est traduite, par exemple, par la candidature sur les listes de Respect d'un dirigeant en vue de la MAB, l'ex-président et porte-parole de l'association.
Ce faisant, l'alliance passait à un niveau qualitativement supérieur, tout à fait répréhensible, lui, d'un point de vue marxiste : autant il peut être légitime, en effet, de nouer des « ententes strictement pratiques », sans « aucune obligation politique » autre que l'action pour les objectifs communs - en l'occurrence, exprimer l'opposition à la guerre menée par le gouvernement britannique conjointement avec les États-Unis et dénoncer le sort infligé au peuple palestinien - avec des groupes et/ou des individus qui adhérent, par ailleurs, à une conception foncièrement réactionnaire de la société, autant il est inacceptable pour des marxistes de conclure une alliance électorale - type d'alliance qui suppose une conception commune du changement politique et social - avec ce genre de partenaires.
Par la force des choses, prendre part à une même liste électorale avec un intégriste religieux, c'est donner l'impression trompeuse qu'il s'est converti au progressisme social et à la cause de l'émancipation des travailleurs... et des travailleuses ! La logique même de cette espèce d'alliance pousse celles et ceux qui y sont engagés, face aux critiques inévitables de leurs concurrents politiques, à défendre leurs alliés du jour et à minimiser, sinon cacher, les divergences profondes qui les opposent à eux. Ils en deviennent les avocat/es, voire les parrains et marraines auprès du mouvement social progressiste.
C'est ainsi que Lindsay German, dirigeante centrale du Socialist Workers Party britannique et de la coalition Respect, a signé dans The Guardian du 13 juillet 2004, un article qualifié de « merveilleux »(« wonderful ») sur le site web de la MAB. Sous le titre « Un insigne d'honneur » (« A badge of honour »), l'auteure défend énergiquement l'alliance électorale avec la MAB, en expliquant que c'est un honneur pour elle et ses camarades de voir les victimes de l'islamophobie se tourner vers eux, avec une justification surprenante de l'alliance avec la MAB. Résumons-en l'argumentaire : les intégristes musulmans ne sont pas les seuls à être anti-femmes et homophobes, les intégristes chrétiens le sont également. D'ailleurs, de plus en plus de femmes parlent pour la MAB dans les réunions antiguerres (comme dans les meetings organisés par les mollahs en Iran, pourrait-on ajouter). Les fascistes du BNP (British National Party) sont bien pires que la MAB.
« Certes, poursuit Lindsay German, certains musulmans - et non musulmans - ont, sur certaines questions sociales, des vues qui sont plus conservatrices que celles de la gauche socialiste et libérale. Mais cela ne devrait pas empêcher de collaborer sur des questions d'intérêt commun. Insisterait-on dans une campagne pour les droits des gays, par exemple, pour que toutes les personnes qui y participent partagent le même point de vue sur la guerre en Irak ? »
L'argument est tout à fait recevable s'il ne concerne que la campagne antiguerre. Mais s'il est utilisé pour justifier une alliance électorale comme Respect, au programme beaucoup plus global qu'une campagne pour les droits des gays et des lesbiennes, il devient tout à fait spécieux.
10. L'électoralisme est une politique à bien courte vue. En vue de réaliser une percée électorale, les trotskystes britanniques jouent, en l'occurrence, un jeu qui dessert les intérêts stratégiques de la construction d'une gauche radicale dans leur pays.
Ce qui les a déterminés, c'est d'abord et avant tout, un calcul électoral : tenter de capter les votes des masses considérables de personnes issues de l'immigration qui rejettent les guerres en cours menées par Londres et Washington (notons, en passant, que l'alliance avec la MAB s'est faite autour des guerres d'Afghanistan et d'Irak, et non autour de celle du Kosovo - et pour cause !). L'objectif, en soi, est légitime, s'il se traduit par le souci de recruter parmi les travailleurs et travailleuses d'origine immigrée, par une attention particulière prêtée à l'oppression spécifique qu'ils/elles subissent, et par la mise en avant, à cette fin, de militant/es de gauche appartenant à ces communautés, notamment en les plaçant en bonne position sur les listes électorales. Tout ce que n'a pas fait l'extrême gauche française, en somme.
Par contre, en choisissant de s'allier électoralement - même si ce n'est que de façon limitée - avec une organisation intégriste islamique comme la MAB, l'extrême gauche britannique sert de marchepied à celle-ci pour sa propre expansion dans les communautés issues de l'immigration, alors qu'elle devrait la considérer comme une rivale à combattre idéologiquement et à circonscrire du point de vue organisationnel. Tôt ou tard, cette alliance contre-nature se heurtera à une pierre d'achoppement, et volera en éclat. Les trotskystes devront alors affronter ceux-là mêmes dont ils auront facilité l'expansion pour le plat de lentilles d'un résultat électoral, dont il est loin d'être sûr, en outre, qu'il doit beaucoup aux partenaires intégristes.
Il n'est qu'à voir avec quels arguments les intégristes appellent à voter pour Respect (et pour d'autres, dont le maire de Londres, le labouriste de gauche Ken Livingstone, bien plus opportuniste encore que les trotskystes dans ses rapports avec l'association islamique). Lisons la fatwa du cheikh Haitham Al-Haddad, datée du 5 juin 2004 et publiée sur le site de la MAB.
Le vénérable cheikh explique qu'« il est obligatoire pour les musulmans qui vivent à l'ombre de la loi des hommes d'agir par tous les moyens nécessaires pour que la loi d'Allah, le Créateur, soit suprême et manifeste dans tous les aspects de la vie. S'ils ne sont pas en mesure de le faire, il devient alors obligatoire pour eux de s'efforcer de minimiser le mal et de maximiser le bien. » Le cheikh souligne ensuite la différence entre « voter pour un système parmi un nombre d'autres systèmes, et voter pour choisir le meilleur individu parmi un nombre de candidats dans un système déjà établi, imposé aux gens et qu'ils ne sont pas en mesure de changer dans l'avenir immédiat ».
« Il ne fait pas de doute, poursuit-il, que le premier type [de vote] est un acte de Kufr [impie], car Allah dit “Il n'appartient qu'à Allah de légiférer” », tandis que « voter pour un candidat ou un parti qui gouverne selon la loi des hommes n'implique pas d'approuver ou d'accepter sa méthode ». Il s'ensuit que « nous devons participer au vote, avec la conviction que nous tentons ainsi de minimiser le mal, tout en soutenant l'idée que le meilleur système est la Charia, qui est la loi d'Allah ».
Le vote étant licite, se pose alors la question de savoir pour qui voter. « La réponse à une telle question requiert une compréhension profonde et précise de l'arène politique. Par conséquent, je crois que les individus doivent éviter de s'impliquer dans ce processus et confier plutôt cette responsabilité aux organisations musulmanes éminentes [...]. Il incombe donc aux autres musulmans d'accepter et de suivre les décisions de ces organisations. »
En conclusion de quoi, le vénérable cheikh appelle les musulmans de Grande-Bretagne à suivre les consignes électorales de la MAB et termine par cette prière : « Nous demandons à Allah de nous guider sur le droit chemin et d'accorder la victoire à la loi de notre Seigneur, Allah, dans le Royaume-Uni et dans d'autres parties du monde. »
Cette fatwa se passe de commentaire. L'opposition profonde entre les desseins du cheikh sollicité par la MAB et la tâche que les marxistes se fixent, ou devraient se fixer, dans leur action auprès des populations musulmanes est flagrante. Les marxistes ne sauraient chercher à récolter des votes à n'importe quel prix, tels des politiciens opportunistes prêts à tout pour être élus. Il est des soutiens, comme celui du cheikh Al-Haddad, qui sont des cadeaux empoisonnés. Il faut savoir désavouer ceux dont ils émanent : la bataille pour l'influence idéologique au sein des populations issues de l'immigration est d'une importance beaucoup plus fondamentale qu'un résultat électoral, aussi exaltant soit-il.
La gauche radicale, de part et d'autre de la Manche, doit revenir à une attitude conforme au marxisme dont elle se revendique. Faute de quoi, l'emprise des intégristes sur les populations musulmanes risque d'atteindre un niveau dont il sera fort difficile de la faire reculer. Le fossé entre ces populations et le reste des travailleuses et des travailleurs en Europe s'en trouverait élargi, alors que la tâche de le combler est l'une des conditions indispensables pour substituer le combat commun contre le capitalisme au choc des barbaries.
Le 15 octobre 2004
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La laïcité victorieuse
L'été a été vraiment éprouvant, voire déprimant, aussi bien en ce qui concerne la situation nationale qu'internationale. Et la rentrée risque fort de ne pas être meilleure. Il faut tenter de se remonter le moral. Il faut tenter de se remonter le moral. Parmi les mille choses possibles, j'ose vous proposer la lecture de mon nouveau livre 1882-1905 ou la laïcité victorieuse (PUF) !
Tiré du blogue de l'auteur.
En effet, il tente de montrer comment des obstacles, en apparence rédhibitoires, ont été surmontés et comment les républicains de l'époque ont réussi, malgré leurs divisions et à travers beaucoup de difficultés, à instaurer une laïcité à la fois victorieuse et pacificatrice. En un certain sens, d'ailleurs, elle fut victorieuse parce que pacificatrice car la victoire implique de pouvoir faire la paix. Si connaitre la façon dont la laïcité s'est instaurée victorieusement (et efficacement) ne fournit aucune recette à appliquer mécaniquement aujourd'hui, cela constitue, néanmoins, un instrument pour affronter les défis actuels, pour pouvoir construire, et non subir, un avenir qui s'affranchisse des impasses du présent
Bien sûr, l'apaisement réalisé n'a nullement signifié un calme plat : le conflit frontal de ‘deux France' (la France traditionnelle, « fille aînée de l'Eglise » catholique, selon la formule consacrée, et la France moderne, issue de la Révolution de 1789) a été ramené aux tensions inhérentes à un régime démocratique, où le dissensus est le corolaire de la liberté. Mais la laïcité est devenue hégémonique à un point tel que le régime de Vichy n'a pas osé supprimer les deux lois qui la fondent (celle de 1882 laïcisant l'école publique ; celle de 1905 séparant les Eglises de l'Etat), même s'il a trahi leur esprit. Au sortir de la guerre, en 1946, la Constitution a affirmé : « La République est […] laïque » et l'établissement d'un « enseignement laïque » est un « devoir de l'Etat » (termes réitérés par la Constitution actuelle). Mieux : alors qu'au moment même de l'élaboration de la loi de 1905, des intellectuels des deux bords, dialoguant dans une association intitulée l'Union pour l'action morale (UAM), estimaient qu'il y aurait longtemps des troubles dans les églises et qu'il faudrait les faire garder par la force publique pendant plus de 20 ans, dès 1908 les messes se déroulent tranquillement. Le calme est revenu et la séparation fonctionne, malgré quatre refus successifs des lois françaises par le pape Pie X, cherchant à entrainer la République dans la voie de la « persécution » (= la fermeture des églises). Le pire n'est donc pas toujours sûr : cette ‘leçon' de l'Histoire doit nous donner de l'énergie par les temps qui courent !
Depuis bien quarante ans, je laboure (en bon petit-fils de paysan) le champ de l'histoire et du présent de la laïcité. Le moment est venu pour moi de m'atteler à un autre champ d'études et c'est ce que je fais actuellement. J'ai voulu, cependant, clore mon travail par un ouvrage de synthèse destiné à ce que l'on appelle le « grand public cultivé », notamment les enseignant.e.s, les militant.e.s associatifs et toutes celles et tous ceux qui se posent des questions sur la laïcité, son passé et son devenir. Je me suis rendu compte que si certains livres portaient sur la création de l'école laïque et quelques autres sur la loi de séparation, aucun d'eux ne liait ensemble ces deux événements[1], ne montrait leur cohérence profonde et, à fortiori, ne les situait dans la perspective des défis que la laïcité affronte aujourd'hui.
A mon sens, cette mise en perspective ne pouvait être faite, notamment parce que ces études minimisaient un aspect essentiel de chacune de ces deux lois : si leur cause était l'affrontement de deux France qui semblaient incapables de vivre ensemble – il faut qu'une France meurt pour que l'autre vive prétendait le quotidien La Croix lors du centenaire de la Révolution- leur fabrication s'est effectuée à travers un conflit interne aux républicains. Très schématiquement, pour faire court, deux laïcités se sont opposées, une batailleuse, voulant une laïcité dominatrice (elle se qualifiait elle-même de « laïcité intégrale ») et une autre plus conciliatrice, souhaitant une laïcité hégémonique mais non dominatrice, car conciliable avec diverses convictions, à partir du moment où ces dernières ne s'imposaient pas par la force. Certains laïques ont navigué de l'une à l'autre suivant les moments et les problèmes et chaque mouvance regroupait des personnes ayant des opinions pas forcément identiques.
1882 : la laïcisation de l'école publique au cas par cas
Deux conflits superposés donc. En mettant la focale sur le seul conflit de deux France, des événements importants se sont trouvés minimisés, ou même passés sous silence par certains historiens. C'est le cas pour la laïcisation de l'école. Un seul exemple : on a abordé la loi de 1882 sans analyser la circulaire d'application qui, pourtant, déclencha un beau tollé, en privilégiant le cas par cas dans l'enlèvement du crucifix des salles de classes : il ne faut pas « porter le trouble dans les familles ou dans les écoles » affirme ce texte, car la loi laïcisatrice « n'est pas une loi de combat », mais « une de ces grandes lois organiques destinées à vivre avec le pays, à entrer dans ses mœurs ». Certains protestent : « ce qui sera légal à Landerneau deviendra-t-il subversif à Brive ? », mais cela revient à créer « le régime de la légalité facultative » ! C'est, néanmoins, cette méthode, cette stratégie qui s'est révélée « efficace » (terme utilisé dans la circulaire) et a permis à l'école laïque de l'emporter.
Si la mémoire collective, les romans comme ceux de Marcel Pagnol, ont mis en scène l'opposition du curé et de l'instituteur, l'historien Yves Deloye, montre, à partir d'un très minutieux travail d'archives, que la « mobilisation » catholique a touché « un peu moins de 6% des communes » et n'a que « très rarement débouché sur des incidents violents ». Rapidement l'école publique laïque est devenue celle de la grande majorité des élèves ; elle est -effectivement- entrée dans les « mœurs » de la France métropolitaine.
Autre aspect capital souvent oublié (qui a fait que, même si l'école laïque s'est imposée, une querelle scolaire a subsisté) : la volonté récurrente de certains d'un monopole de l'enseignement laïque c'est-à-dire la création d'une « école gratuite, laïque et obligatoire » (et, inversement, bien sûr, la volonté catholique de retrouver une forte influence sur l'école). La formule est souvent utilisée, or elle est fausse : l'enseignement public est laïque, l'instruction est obligatoire. Les arguments invoqués par les deux camps laïques dans ce conflit sur le « monopole » au début du XXe siècle sont très utiles à connaitre pour mieux comprendre les problèmes actuels de la laïcité scolaire.
1905 et « l'Eglise catholique légale malgré elle »
Ce qui est vrai de la loi de 1882, laïcisant l'école publique, s'avère encore plus exact concernant la loi de 1905, séparant les Eglises de l'Etat. Ainsi, à propos de l'article clef -l'article 4- , un virulent conflit oppose deux mouvances de gauche, pendant plus d'un mois (20 avril-27 mai), faisant craindre un échec final de la loi[2]. Pourtant, in fine, ‘l'éthique de responsabilité' prévalant sur ‘l'éthique de conviction', l'ensemble de la gauche vote le texte. Mais cette gauche n'est pas au bout de ses peines : un mythe (la « déchristianisation de 1793 recommence »), porté par toute une campagne de désinformation, incite, en effet, les catholiques à la violence et des affrontements se produisent autour des églises (où, inversement, avant la séparation, des messes étaient interrompues par des interpellations du « citoyen-prédicateur »). Comme je l'ai indiqué, ce n'est pas un (comme le prétend une histoire classique) mais quatre refus que le pape oppose à la séparation : il demande non seulement aux catholiques de ne pas se conformer à la loi de 1905, mais également de s'opposer aux solutions dites de « droit commun » concoctées par Briand. La réponse logique est alors la fermeture des églises. Pour l'éviter, il a fallu, et cela ne s'est pas réalisé sans tiraillements internes ni péripéties nombreuses, rendre « l'Eglise catholique légale malgré elle ».
Le chroniqueur du Figaro, Julien de Narfon, note le 30 décembre 1906 : « Qu'y a-t-il de plus drôle en soi que l'attitude respective des partis à l'égard de la fermeture éventuelle des églises, d'une part, un gouvernement areligieux que le souci de la paix publique autant que de sa propre sécurité obligent à entasser les circulaires sur les lois à la seule fin de pouvoir presque légalement laisser les églises ouvertes, dans quelque situation que se placent les catholiques vis-à-vis de ces circulaires et de ces lois ; d'autre part des gens qui se réclament de la religion et dont toute la politique tend à l'acculer à fermer ces mêmes églises, escomptant par avance à leur profit le mécontentement des populations. » Narfon ajoute : « Je regrette que ni ma foi religieuse ni mon patriotisme ne me permette d'assister en spectateur, intéressé uniquement à l'originalisé du spectacle, au drame qui se déroule sous nos yeux, et dont j'appréhende trop, hélas, comme catholique et comme Français, le dénouement, pour jouir pleinement de la force comique qu'en dégagent certaines scènes. » Propos très significatifs !
1882, 1905 face aux défis du XXIe siècle
Le « drame qui se déroule sous nos yeux » dont le « dénouement » va être tragique : celles et ceux qui prétendent que la laïcité de 1905, trouvant face à elle, le catholicisme, n'avait pas à affronter « des problèmes de la gravité de ceux d'aujourd'hui » se montrent naïfs et feraient bien de prendre connaissance de telles déclarations. Le contexte est, bien sûr, très différent (dans ma dernière partie, j'analyse sept dissemblances entre 1882-1905 et aujourd'hui). Il n'empêche : le piège dans lequel Pie X, et les catholiques intransigeants qui l'influençaient, voulait faire tomber la République de 1905 n'est pas sans analogie avec le piège que l'islamisme radical tend aujourd'hui à la République (en arriver à une laïcité discriminante face à l'islam, pour attirer des musulmans, notamment des jeunes, dans leur orbite). La Troisième République a su l'éviter ; je montre que, malgré les apparences, données actuellement par une laïcité dominante médiatique et politique (qui reprend bien des arguments des laïques intégralistes, vaincus en 1882 et en 1905-1908), la partie est loin d'être perdue pour autant.
La laïcité a été victorieuse grâce à des « accommodements » (le terme n'était pas péjoratif et le discours de Briand le plus louangé, significativement oublié aujourd'hui, a porté sur le refus de « victoires excessives » qui engendrent « des rancœurs et des haines »). Cependant, la nature, l'ampleur de ces accommodements ne présentait aucun caractère d'évidence. En effet, ils étaient consentis au profit de la pratique religieuse et ne comportaient guère d'équivalent pour les personnes sans religion. L'égalité dans la liberté de conscience allait-elle, alors, être réellement respectée ? Ne s'agissait-il pas de concessions à des adversaires de la laïcité qui les mettraient à profit pour lui nuire ? Ce genre de question s'est posé sous la Troisième République, tout comme elles se posent aujourd'hui. Mais le succès de la laïcité est advenu par le fait que le dissensus n'a pas entrainé une rupture entre républicains, que la plupart d'entre eux ont compris qu'un jusque-boutisme serait contre-productif en favorisant ceux qu'il fallait isoler (= rendre non-attractif) pour pouvoir être victorieux.
De même aujourd'hui, le plus insupportable est la prétention orthodoxe de réduire « la » laïcité à la conception que l'on en a. Le débat entre laïques est légitime et nécessaire, maintenant comme autrefois. Personne ne possède toute la ‘vérité'. C'est pourquoi j'ai tenté d'exposer les différentes pièces du dossier, sans cacher leur ambivalence. Ferry, Buisson, Briand, Jaurès, Clemenceau, …[3] : toutes ces figures ont eu leur part d'ombre et aucun d'eux n'a été un ‘saint laïque'. Chacun d'entre eux, pourtant, a apporté une pierre à l'édifice en prenant une relative distance avec les idées dominantes de l'époque. J'ai recherché à rendre compte de la véracité historique et à clarifier les enjeux actuels, pour décanter le débat et non pour le clore.
Notes
[1] Ainsi que sur la morale laïque de la Troisième République, à la laquelle je consacre un chapitre car, malgré ses failles, elle constitua une réelle instruction à une citoyenneté libre. Je publie d'ailleurs, en excursus, un étonnant (mais significatif et savoureux) devoir d'une écolière sur le sujet suivant : « Expliquez à un vieux paysan de vos voisins comment se fait une loi ».
[2] Chez certains auteurs ce conflit est l'objet d'un déni, d'autres le minimisent fortement (réduisant le camp vaincu à quelques socialistes-révolutionnaires ou racontant l'histoire uniquement du point-de-vue des vainqueurs). A mon humble avis, aucun d'eux ne lui restitue son ampleur et ce n'est pas un hasard.
[3] Tous des hommes : j'aborde le problème de la laïcité face aux femmes, hier et aujourd'hui.
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Les gauches et la question militaire
La première réunion que nous avons tenue sur le thème « Les gauches et la question militaire » a surtout permis de comprendre à quel point les questions de défense populaire et de conscription ont été absentes de la réflexion des gauches depuis plusieurs dizaines d'années. Questions balayées d'un revers de déclarations sur la paix, la guerre est un drame pour la population… Reprenant souvent des arguments des années 1950 sans même voir que l'URSS qui les distillait avait disparu en 1992.
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Point de mire Édito
Michel Lanson
La population ukrainienne est pour la paix ; elle voudrait travailler, s'aimer, se divertir, vivre en paix. Les Ukrainien·nes pensent, savent, ressentent dans leur chair que la guerre est un drame. Mais que faire lorsque votre pays est attaqué par l'impérialisme voisin ? Que faire d'autre que résister ? Résister pour défendre aussi les acquis du Maïdan.
Nous continuons de soutenir cette résistance et aussi d'étudier les formes d'organisations mises en place par la population elle-même pour se défendre.
Nous analyserons aussi les changements de stratégies, l'apparition d'une nouvelle forme de guerre (guerre des drones) imposés le plus souvent par l'infériorité numérique et le manque d'armement face à un envahisseur surarmé de façon classique et qui continue d'appliquer les théories de Joukov [1] de submersion par l'infanterie au mépris de la vie de ses propres soldats.
Les gauches nordiques et scandinaves, sans doute plus proches du conflit ou plus avancées poitiquement, abordent plusieurs points que nous de vons prendre en compte. Un point essentiel au moment de l'exacerbation des conflits dans le monde et de la montée des fascismes : il n'y a pas de politique progressiste et d'émancipation qui ne comprenne une politique de défense populaire. Comment prétendre changer la société sans penser à la défendre ?
Peut-on confier cette défense à une armée composée de mercenaires et commandée par une longue tradition d'extrême droite ? C'est une contradiction majeure ou, pire, un mensonge volontaire pour se glisser dans les institutions du monde existant.
La question de la défense populaire intégrée dans une politique sociale d'émancipation demande de revisiter bien des points. La défense ne peut être déléguée uniquement à une armée de métier. La question de la réserve ne peut être abordée indépendamment de celle de la conscription, bien sûr, repensée entièrement. Le modèle finlandais peut servir d'appui à la réflexion.
L'organisation du système de défense doit être démocratique ; l'exemple ukrainien est là encore intéressant, même si les avancées démocratiques ne sont pas généralisées. Organisation à la base des comités de défense, syndicats dans les unités, élections de certains officiers… Si bien sûr l'unicité du commandement ne peut être remise en cause pas souci d'efficacité (le commandement dépendant du pouvoir politique donc là encore la question sociale et politique ne peut être dissociée de la question militaire), des comités élus de soldats peuvent intervenir à tous les niveaux.
La question de l'armement et la domination ac tuelle des complexes militaro-industriels est aussi un point de blocage, une contradiction liée à la question du pouvoir. D'abord un aspect financier et technique, la production actuelle est principalement tournée vers l'exportation lucrative au point que le matériel manque dans l'armée nationale alors que les ventes enrichissent les sociétés d'armement. Or, l'Ukraine a montré que l'armement change en fonction de la stratégie. L'importance prise par l'IA et les drones est considérable. L'inventivité, la créativité, la maîtrise des nouvelles techniques prend le pas sur le savoir des ingénieurs spécialistes des chars et des porte avions. Une large partie du savoir tend à sortir de la seule industrie militaire. [2]
Souvent, à gauche, on se contente de formules cosmétiques pour aborder la démocratie appliquée au domaine militaire. Sur la question de l'armement, on ajoute « sous contrôle démocratique » et pour renforcer l'idée on parle de « nationalisation ». Mais là en core c'est bien la question du pouvoir qui est en jeu. Qui peut imposer un réel contrôle démocratique si ce n'est un pouvoir réellement démocratique ? Qui peut imposer la nationalisation des usines d'armement au complexe militaro-industriel si ce n'est un gouvernement réellement démocratique soutenu par le prolétariat. On discutera sans doute plus avant des questions de nationalisations qui, à ce stade, semblent des raccourcis qui masquent la question centrale : qui peut appliquer une politique militaire démocratique, une politique militaire industrielle adaptée, une politique sociale en s'appuyant sur des structures auto-organi sées et populaires ?
Surtout, lorsque la montée des politiques autoritaires se fait sentir, nous devons discuter du fond du problème. Il n'y a pas de raccourci dans l'histoire ni de formules magiques, en revanche le courage politique est essentiel.
Il faudra aussi aborder la question du niveau solide d'élaboration d'une telle politique. Bien souvent, il est évoqué surtout dans les sphères politiques et médiatiques du niveau européen (le plus souvent pour s'éloigner d'un contrôle populaire possible). Mais la « coordination des volontaires » vient de mettre le dernier clou dans le cercueil de la défense européenne. Si nous pensons qu'il faille une politique militaire démocratique et populaire, si nous ne voulons pas laisser la politique militaire à la bourgeoisie, il faut qu'elle soit élaborée et contrôlée au plus près du « peuple » c'est-à-dire sans doute le niveau national sans aucun doute articulé à celui des territoires.
Au lieu de se réfugier dans une rhétorique vide, la gauche doit façonner de manière proactive les solutions. La gauche doit s'unir pour promouvoir une stratégie de défense ou`la sécurité´ n'est pas financée par la réduction des programmes so ciaux mais par l'augmentation des impôts sur les ultra-riches [3]
Les questions sont multiples, les problèmes immenses et le temps compté pourtant nous de vons nous atteler à la tâche tout en affrontant les manœuvres opportunistes, les mensonges éhontés et les attaques des ennemis du « peuple souverain ». Je terminerai par cette citation d'Oleksandr Kyselov, militant de Sotsialnyi Rukh, dans son dis cours de Copenhague à l'invitation des « Rouges et verts » danois : « On ne peut pas combattre le fascisme avec des fleurs »
(Encore moins avec des fleurs de rhétorique).
[1] Gueorgui Joukov devient chef d'état-major de l'armée soviétique en 1941. Il est réputé pour sa stratégie qui consistait à envoyer en masse l'infanterie en vagues successives au mépris de la vie de ses soldats.
[2] En cherchant des réponses à cette infériorité, la société civile et la société militaire ukrainienne ont su entrer en synergie pour intégrer les nouvelles technologies dans leurs réalisations et pour les mettre industriellement en fabrication.
[3] Hanna Perekhoda, « L'isolationnisme de gauche : le chemin vers l'insignifiance politique dans le débat sur la défense européenne », Lignes de mire, n° 1. Voir également dans ce numéro, p. 52.

Gaza, le point de bascule ?
L'indignation internationale n'a pas eu raison du génocide infligé à la population gazaouie par Netanyahou, sous l'œil bienveillant et approbateur de Donald Trump. Au cours de ces dernières 24 heures, 34 Palestiniens sont tombés sous les balles de l'occupant, portant le nombre total des victimes à plus de 64 905. A Paris, euroPalestine dénonce une barbarie !
De Paris, Omar HADDADOU
De quelle encre s'écriront les mémoires des génocidaires ?
A question niaise, réponse laconique : Du sang de leurs victimes ! Le projet E1, cher à Netanyahou, porté par le promoteur de la colonisation, Ministre des Finances, B. Smotrich, approuvé le 20 août 2025, prévoit, en guise de point d'orgue le nettoyage ethnique, la construction de 34 000 logements dans la bande de Gaza et l'annexion de la Cisjordanie.
Une feuille de route actant l'inopérance des Instances internationales et l'hégémonie implacable étasunienne. Bibi, fidèle à son fantasme de Messie du grand Israël, fauchant les vies des enfants palestiniens comme on fauche du blé, tonitrue à ses extrémistes et à la face du monde, le 11septembre 2025 : « Nous allons tenir notre promesse : « Il n'y aura pas d'Etat palestinien ! Et cet endroit nous appartient ! ».
Un message tranchant adressé en premier lieu au Président français Emmanuel Macron, résolu à reconnaitre, le 22 septembre prochain, l'Etat palestinien, une sorte de baroud d'honneur avant la fin de son second mandat. Rappelons que l'Algérie est le premier pays parmi les 148 à avoir reconnu l'Etat de Palestine, le 15 novembre 1988 à Alger. Elle demeurera un fervent défenseur de sa souveraineté.
Présentement, seuls 5 pays sont passés à l'action par des mesures concrètes à savoir, l'Irlande, la Slovénie, la Turquie, la Belgique et dernièrement l'Espagne.
Mais les décisions en faveur de la Palestine dont le nombre de victimes est de 64 905 et 316 blessés, selon le Ministère de la Santé palestinien, restent entravées par le véto américain. Dans un document rendu public cette semaine, l'Etat hébreu aurait violé les 5 conditions énoncées dans la Convention des Nations Unies sur le génocide de 1948.
Le sauvetage des 2 millions de Palestiniens, livrées à l'horreur d'une l'extermination véloce assistée par l'IA, devient un cri d'alarme planétaire. Nombre d'observateurs insistent sur la nécessité pressante de l'ONU de recourir à la résolution 377, connue sous le nom « Uniting for Peace », Union pour le Maintien de la Paix. Un mécanisme qui éclaire sur un cas de figure où le Conseil de Sécurité se retrouve dans l'impasse. En effet, si ce cas venait à s'imposer, le pouvoir d'agir est transféré à l'Assemblée générale, et le droit de Véto devient caduc. Une Force de Protection prend alors les choses en main.
Indubitablement, nous sommes à un moment crucial de la destinée de Gaza et la diplomatie s'emballe au gré des rebondissements sur le terrain et les nouveaux positionnements des protagonistes.
A Doha, hier, le Qatar a rassemblé des dirigeants du monde musulman, après les tirs de missiles tirés par l'Etat hébreu, mardi 9 septembre, selon une source française, au moment où les médiateurs du Hamas se réunissaient dans leur bureau. L'Emir du Qatar a pointé du doigt Israël de « vouloir faire dérailler les négociations sur Gaza après ces frappes ». Sur un ton véhément, le Premier ministre, déclare : « Le temps est venu pour la Communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis ! »
Les liens entre les deux pays semblent compromis.
En visite à Jérusalem, le Secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a expressément affiché son soutien Benyamin Netanyahou, réaffirmant la relation américano israélienne face aux menaces régionales. Dans leur agenda figurent l'élimination du Hamas et la mise en échec de la menace iranienne.
L'appel, hier d'Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste afficher le drapeau palestinien sur les Mairies, le 22 septembre, jour où la France doit reconnaitre l'Etat palestinien !
Le leader du PS a trouvé la très bonne parade pour rebondir et effacer sa trahison et sa disgrâce. Comme disait toujours ma mère : « Après avoir prouté, elle a ramassé ses jambes ! »
Du doliprane, SVP, pour le NFP qui voit l'Histoire s'écrire à contre-poil !
Oui, la cause palestinienne est désormais planétaire. Il y a cette déferlante « Free Palestine » que nul ne peut contenir. Il y a la flottille SOUMOUD « Résistance » qui lève l'ancre, ameutant d'autres embarcations. Il y a surtout la rue qui s'égosille, comme celle de Paris, ce samedi à la Place d'Italie : « Génocide à Gaza, on ne se taira pas ! On est là, on est là ! Pour la Palestine et les enfants qu'on assassine ! »
Initiée par EuroPalestine, la mobilisation avait pour séquences poignantes, la marche funèbre rythmée par un roulement sourd de tambour, des scènes de cadavres bombardés, des slogans d'indignation et des discours de responsables de collectifs au vitriol contre les promoteurs de la mort collective.
Hier, 20 000 Gazaouis (es) ont été chassés de leurs foyers.
O.H

France - Valérie Masson-Delmotte : « Il y a un déni des risques climatiques, un déni de responsabilité »
Canicules, sécheresses et incendies. Après cet été brûlant, la climatologue Valérie Masson-Delmotte déplore que le gouvernement se cantonne à de la gestion de crise. « On n'a aucun cap au-delà de 2030 », résume-t-elle.
Tiré de Reporterre
6 septembre 2025
Par Jeanne Cassard
Il a démarré par une canicule exceptionnellement longue et précoce et s'est terminé par des cumuls inédits de pluie dans le sud-est du pays. Entre les deux, une seconde canicule, des incendies dévastateurs et un déficit de précipitations entraînant 45 départements en crise sécheresse.
Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, membre du Haut Conseil pour le climat et ancienne coprésidente du groupe 1 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), prévient : cet été nous donne un avant-goût de ce que sera le climat dans quelques décennies.
Reporterre — Quel regard portez-vous sur l'été que nous venons de vivre ?
Valérie Masson-Delmotte — Au-delà de la succession de canicules, sécheresses, incendies et pluies diluviennes, je retiens surtout une grande inquiétude. Lors de mes vacances en Lozère et en Bretagne, j'ai échangé avec des personnes au hasard, dont des éleveurs touchés par la sécheresse. Lorsque je leur disais que j'étais climatologue, ils me demandaient à quoi ressembleront nos étés dans vingt-cinq ans. Dans une France à +2,7 °C par rapport à l'ère préindustrielle, scénario vers lequel nous nous dirigeons en 2050, des records de chaleur jusqu'à 50 °C seront possibles, l'été que nous venons de vivre sera la norme. D'ici 2100 dans une France à +4 °C, le nombre de jours de vagues de chaleur serait multiplié par dix, entre mi-mai et fin septembre.
À chaque fois, je voyais la gravité dans les yeux de mes interlocuteurs et ils me posaient la même question : comment fera-t-on ? C'est là tout le problème, j'ai été frappée par le décalage entre cette grande inquiétude et l'absence de cap politique pour y répondre.
Les gouvernants ne sont pas à la hauteur de l'urgence...
L'été 2025 nous montre à quel point nous ne sommes pas prêts pour faire face au dérèglement climatique. On n'est pas assez dans l'adaptation : la publication de la programmation pluriannuelle de l'énergie a été encore repoussée, on ne sait pas quand sortira la stratégie nationale bas carbone et le plan national d'adaptation au changement climatique n'est pas accompagné de financements suffisants.
On reste dans la gestion de crise, sortant d'une crise avant de passer à la suivante avec des dégâts humains et matériels toujours plus importants. C'était pourtant l'un des messages clés du rapport du Haut Conseil pour le climat publié début juillet, il rappelait que le coût de l'inaction climatique est nettement supérieur aux investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone.
Parallèlement, le rythme de baisse des émissions a fortement ralenti depuis 2023. Les dernières estimations du Carbon Monitor suggèrent une hausse des émissions en France sur le premier semestre 2025 par rapport à la même période l'an dernier. C'est lamentable compte tenu de notre responsabilité historique, de notre niveau de richesse et donc de notre capacité à agir.
Entre l'instabilité politique avec la chute annoncée du gouvernement Bayrou et la rigueur budgétaire, le pilotage de la transition écologique ne semble pas être la priorité du moment…
C'est extrêmement préoccupant, un gouvernement sur la sellette ne peut pas proposer un cap clair sur le sujet. Depuis la dissolution, le manque de stabilité des différents gouvernements ne permet pas d'avoir une réponse politique à la hauteur des enjeux. On se retrouve avec des politiques publiques qui changent tous les trois mois, il y a sans cesse des tergiversations. L'instabilité des dispositifs comme MaPrimRénov' envoient un signal flou aux ménages qui ont besoin de lisibilité. Dix ans après l'Accord de Paris sur le climat, on n'a aucun cap au-delà de 2030. À cause de ce manque de constance, on se retrouve dans une situation budgétaire complexe qui n'arrange rien.
« Il y a un déni des risques climatiques, un déni de responsabilité »
Ces difficultés pour dégager un cap clair et financer les investissements nécessaires nourrissent un sentiment d'impuissance. Il y a un déni des risques climatiques, un déni de responsabilité, un déni de capacité à agir.
Comment sortir de ce déni ?
Je suis climatologue, pas spécialiste en sciences politiques, mais ce que je peux dire, c'est que la délibération est un levier essentiel. Je crois qu'il est encore possible d'obtenir des consensus sur des sujets d'intérêt général. Si le personnel politique n'arrive pas à se mettre d'accord, on a vu que cela pouvait fonctionner avec des citoyens.La Convention citoyenne pour le climat a montré que des citoyens d'horizons différents peuvent s'accorder sur des points d'intérêts communs. C'est essentiel d'avoir ce genre de délibérations pour avoir une adaptation juste socialement, en tenant compte des vulnérabilités de chacun, puisque les conséquences du dérèglement climatique ne touchent pas tout le monde de la même manière.
Les difficultés démocratiques que connaissent notre pays en ce moment et les difficultés à agir face au changement climatique sont évidemment liées.
Vous observez une montée du déni climatique ?
On n'est pas dans la même situation qu'aux États-Unis avec un déni climatique brutal et assumé, en France, c'est plus insidieux. On assiste tout de même à une montée en puissance de groupes qui font en sorte de saper toute action climatique. Cela passe d'abord par la désinformation, celle-ci ne s'exprime pas uniquement sur les réseaux sociaux ou des chaînes télévisées de groupes privés, on a vu des exemples lors de débats parlementaires.
En février, lors d'un débat sur la loi Duplomb [qui prévoyait notamment de réautoriser des pesticides interdits], des sénateurs avaient proposé de reconnaître dans la loi le besoin de mobiliser les compétences scientifiques pour réduire l'empreinte carbone du monde agricole, pas seulement pour l'adapter aux conséquences du dérèglement climatique. Cela a été rejeté sous prétexte que cela stigmatisait le monde agricole. C'est pourtant le deuxième secteur le plus émetteur derrière les transports. Ce refus illustre une forme de déni face au rôle de l'agriculture dans la crise climatique.
À côté de la désinformation, certains groupes font tout pour paralyser la vie démocratique en polarisant le débat : pour ou contre le nucléaire ? Pour ou contre la climatisation ? Pour ou contre les éoliennes ? Cette stratégie, en n'apportant que des réponses simplistes, empêche tout débat de fond.
Malgré le sombre tableau que vous venez de dresser, croyez-vous encore au sursaut ?
Oui, la situation est grave, tant sur le plan climatique que démocratique. La seule chose positive que je retiens de cet été est l'avis rendu par la Cour internationale de justice. Les juges ont estimé que le changement climatique est « une menace urgente et existentielle » et que tous les États ont l'obligation de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour garantir les droits fondamentaux, comme le droit à la santé, à l'eau et à l'alimentation. C'est historique, j'espère que cela va renforcer le cadre juridique de l'action pour le climat.
Pour ce qui est de la France, j'espère aussi que les élections municipales de mars 2026 seront l'occasion d'avoir de véritables échanges et réflexions sur les sujets d'adaptation. Qu'il s'agisse des bâtiments, des mobilités, de la gestion de l'eau... ces questions sont très importantes à l'échelle des villes.
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