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Manifestations - Journée Internationale des Femmes à Montréal et Québec

5 mars 2024, par Collectif —
À Montréal DATE : 8 Mars 2024 - 17h30 ORGANISÉ PAR : Femmes de Diverses Origines Femmes de diverses origines et nos groupes membres et allié.es vous invitent à prendre la (…)

À Montréal
DATE :
8 Mars 2024 - 17h30
ORGANISÉ PAR : Femmes de Diverses Origines

Femmes de diverses origines et nos groupes membres et allié.es vous invitent à prendre la rue ! Unissons-nous, de Tiohtià:ke/Montréal à la Palestine occupée, pour commémorer la Journée internationale des droits des femmes !

Cette année, notre cri de ralliement résonne plus fort que jamais : LES FEMMES RÉSISTENT À LA GUERRE, AU COLONIALISME ET AU CAPITALISME ! Nous sommes unies et exigeons une PAIX JUSTE, l'ÉGALITÉ et la LIBÉRATION ! MAINTENANT !

17h30 - Rassemblement au Square Dorchester.
18h00 - Manif : Nous descendrons dans les rues avec unité, marchant du Square Dorchester au cœur de Tiohtià:ke/Montréal.

COORDONNÉES :
Square Dorchester
1001, Square Dorchester
Montréal, QC H3B 1N1
Canada
******
À Québec
organisé par le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale (Portneuf-Québec-Charlevoix) RGF-CN

En route vers le 8 mars !

C'est sur le thème Ça gronde : solidaire pour nos droits – ici comme ailleurs les femmes se lèvent face aux crises ! que le comité organisateur du 8 mars vous convie les 7 et 8 mars prochain.

Programme du 7 mars

De 13h à 16h Ateliers créatifs à la Maison de la Coopération au 155 blvd Charest Est à Québec.

Activité en non-mixité inclusive. Bienvenue aux enfants !*

Inscription demandée : https://forms.gle/w3pCMon83ATSidF36

Vous trouverez le détail des ateliers sur la pièce jointe : compléments d'infos 7 et 8 mars.

De 17h à 20h le comité organisateur vous propose un rallye nocturne qui ciblera des symboles des crises qui sont partout : militaire-humanitaire ; économique-politique ; climatique. Habillez-vous chaudement et amenez vos sifflets ou casseroles. Cette action est en non-mixité inclusive. Inscriptions par ici : https://forms.gle/LG2cwQDUuLAk4Q2E8

Événement du 7 mars : https://www.facebook.com/events/371012795681784/?ref=newsfeed

Programme du 8 mars

De 10h30 à 12h00 : Animation sur les luttes des femmes avec Emilia Castro, suivie d'une soupe

À la Maison de la Coopération de 10h30 à 12h (155 Boulevard Charest E, Québec). Accessible aux personnes à mobilité réduite. Gratuit. Interprètes LSQ sur place. Pour toutes et tous.

De 12h00 à 13h00 : Marche colorée. Départ au Parc de l'Université du Québec. Arrivée à la Maison de la Coopération. Bienvenue à toutes et tous !

Nous vous invitons à porter du rouge, orange et jaune pour incarner les couleurs du feu !

De 13h00 à 14h00 : Pause chocolat chaud et échanges

À la Maison de la coopération au 155, Boulevard Charest E, Québec.

Lien vers l'évènement du 8 mars : https://www.facebook.com/events/929833708851109/

Appel à de courtes vidéos sur le thème ça gronde !

Vous êtes invitées dès maintenant à enregistrer et diffuser une courte capsule vidéo sur ce qui vous met en colère, ce qui attise votre feu, ce qui gronde en vous, comme l'évoque le thème de cette année : Ça gronde !

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Brian Mulroney a fait plus de mal que de bien

5 mars 2024, par Judy Rebick — ,
L'héritage de Brian Mulroney ne se limite pas à son opposition à l'apartheid et à la lutte contre les pluies acides. Ses positions politiques représentaient souvent une attaque (…)

L'héritage de Brian Mulroney ne se limite pas à son opposition à l'apartheid et à la lutte contre les pluies acides. Ses positions politiques représentaient souvent une attaque contre les droits des femmes.

1 mars 2024 | tiré de rabble.ca
https://rabble.ca/columnists/brian-mulroney-did-more-harm-than-good/

Quand quelqu'un meurt, tout le monde a des éloges pour lui. Il ne fait aucun doute que Brian Mulroney a eu un impact majeur sur le Canada, mais dans presque tous les cas, c'était pour le pire. J'étais présidente du Comité national d'action (CNA) sur la condition féminine lorsque Brian Mulroney était premier ministre. J'aime à penser que nous étions son ennemi juré. Nous l'avons combattu sur le libre-échange, l'avortement, les changements constitutionnels et les droits des Autochtones, entre autres questions.

Ce qu'aucun des hommages ne mentionne, c'est que Mulroney a tenté de recriminaliser l'avortement. Après une lutte de plusieurs décennies, nous avons réussi à obtenir le droit à l'avortement en 1988 lorsque la Cour suprême a invalidé la loi sur l'avortement. Après la décision, Mulroney a tenté de criminaliser à nouveau l'avortement avec une loi qui rendrait l'avortement illégal à moins que la santé ou la vie de la femme ne soit en jeu. Cette loi était encore plus stricte que la loi sur l'avortement de 1969 qui a été invalidée. Le projet de loi a été adopté par la Chambre des communes, où les conservateurs étaient majoritaires, mais a été rejeté au Sénat par une marge d'une unité. Celle-ci, c'était Pat Carney, son bras droit dans la lutte pour le libre-échange, mais une féministe pro-choix convaincue. Il l'a congédiée du cabinet, mais elle a tenu bon. Il s'agit peut-être de la seule initiative gouvernementale d'envergure jamais rejetée par le Sénat. Le mouvement pro-choix avait bâti une majorité si puissante en faveur de la liberté de choix en matière d'avortement que même un gouvernement conservateur majoritaire n'a pas pu faire adopter un projet de loi.

Mais la contribution la plus importante de Mulroney a été la négociation de l'accord de libre-échange entre les États-Unis et le Canada. Les idées de néolibéralisme, de libre-échange, de coupes dans les services sociaux, de réductions d'impôts et de privatisation avaient pris racine en Grande-Bretagne avec Margaret Thatcher et aux États-Unis avec Ronald Regan. Une vaste coalition de groupes appelée le Réseau pro-canadien a combattu le libre-échange, comme nous appelions le néolibéralisme à l'époque, et a réussi à le retarder pendant plusieurs années. C'est la commission de l'emploi de la NAC, en particulier l'économiste Marjorie Cohen, qui a souligné que le libre-échange avec les États-Unis saperait nos programmes sociaux.

Mais l'impact majeur de la NAC sur le règne de Mulroney s'est produit lors des débats constitutionnels. Mulroney était obsédé par l'idée que le Québec signe la constitution, ce qu'il a refusé de faire lorsque Pierre Elliott Trudeau a rapatrié la constitution. Aujourd'hui, tout ce dont nous entendons parler, c'est de l'Accord du lac Meech, qui a été rejeté au moment où j'ai été élu président du CNA. Mon premier discours a eu lieu lors d'un rassemblement en l'honneur d'Elijah Harper, le député autochtone de l'Assemblée législative du Manitoba qui s'est tenu debout avec une plume d'aigle pour refuser la tenue d'un vote sur l'Accord. Le consentement unanime des provinces était nécessaire.

Mulroney n'a pas baissé les bras. Il a procédé à la préparation d'une nouvelle tentative d'amendement de la Constitution. Ce processus a été à peu près le plus démocratique que nous ayons jamais vu au Canada, du moins au début. Se rendant compte qu'il n'avait que très peu de soutien public pour les changements, il a demandé à des organisations politiques indépendantes d'organiser des conférences constitutionnelles populaires dans cinq villes, chacune sur un sujet différent. Un tiers des invitations étaient ouvertes à des citoyens ordinaires choisis par tirage au sort, un tiers à des groupes comme le CNA et les syndicats et un tiers à des politiciens. Le CNA a décidé de s'adresser à chacun d'entre eux et d'intervenir activement. Nos plus grandes préoccupations étaient le transfert de pouvoirs aux provinces pour répondre à la demande du Québec pour plus de pouvoir. Nous avons convenu que le Québec était une société distincte et qu'il devrait avoir des pouvoirs spéciaux alors que le reste d'entre nous avait un gouvernement fédéral fort. À leur grande surprise, nous avons gagné la conférence d'Halifax et rejeté leur proposition. À chaque conférence, le CNA, le Congrès du travail du Canada (CTC) et l'Assemblée des Premières Nations (APN) ont réussi à faire échouer ou à modifier fondamentalement les propositions du gouvernement. Lors de la dernière conférence à Vancouver, ils ont tenté de renverser les décisions des autres conférences, mais ont échoué.

Il a ensuite rencontré les premiers ministres provinciaux et les dirigeants autochtones masculins à huis clos à Charlottetown et a rejeté presque toutes les recommandations des conférences, revenant à ses propositions initiales. Ils ont décidé de tenir un référendum sur un projet de loi qui s'appelait l'Accord de Charlottetown. Le CNA a décidé de dire non. Les trois partis politiques, tous les premiers ministres provinciaux, l'APN et même le CTC étaient du côté du « oui ». Le CNA a décidé de dire non parce que les femmes autochtones s'y opposaient, une clause canadienne qui, selon les avocats, menacerait les droits des femmes et la dévolution du pouvoir aux provinces qui menaçait les programmes sociaux, en particulier un programme national de garde d'enfants, que nous n'avions pas encore gagné. Partout, les gros titres disaient : « Le CNA dit non. » Les seules personnalités importantes du camp du « non » étaient Preston Manning, alors chef du Parti réformiste, et moi-même. Il va sans dire que nous nous sommes opposés aux amendements pour différentes raisons.

Les sondages ont montré qu'après que le CNA ait dit non, l'appui au « non » a considérablement augmenté et, bien sûr, l'Accord de Charlottetown a été rejeté. J'ai beaucoup appris sur le pouvoir à cette époque. L'Accord a été rejeté, mais ils ont quand même mis en œuvre presque tout ce qu'ils voulaient faire par voie législative. Maintenant, même s'il s'agissait du processus le plus démocratique de l'histoire du Canada, ou peut-être parce qu'il l'était, personne n'en parle jamais.

Oui, Brian Mulroney a combattu l'apartheid. Oui. Il a contribué à mettre fin aux pluies acides. Mais il a aussi introduit le capitalisme sauvage au Canada sous la forme du libre-échange avec les États-Unis. Je ne le connaissais pas personnellement. J'ai travaillé avec ses sbires, Joe Clark, Michael Wilson et Kim Campbell. La seule fois où je l'ai rencontré, c'était l'année précédant mon entrée en fonction du CNA. En tant que représentante de la Société canadienne de l'ouïe, j'ai été coprésidente d'une coalition de personnes handicapées sur l'équité en matière d'emploi avec Beryl Potter, une triple amputée. Je me suis arrangé pour qu'un groupe d'entre nous le croise dans les couloirs du Parlement. Son personnel lui avait probablement dit qu'un petit groupe de touristes handicapés se trouvait dans le hall et que cela ferait une bonne séance de photos. Il marchait dans le couloir avec son allure arrogante habituelle avec un grand sourire sur le visage. Puis il a vu Beryl, qu'il connaissait, puis il m'a vu, moi que tout le monde connaissait de la lutte pro-choix. L'expression paniquée sur son visage à ce moment-là a été l'un des moments forts de ma carrière politique. Beryl l'a attrapé d'un bras et ne l'a pas lâché jusqu'à ce qu'il promette de renforcer le projet de loi sur l'équité en matière d'emploi.
Il ne l'a pas fait, mais j'ai convaincue Beryl de lâcher prise.

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Au-delà du non aux hydrocarbures, l’exigence d’un BAPE pour Northvolt dénonce le tout-électrique et questionne l’auto solo

5 mars 2024, par Marc Bonhomme — ,
Environ 200 personnes amenées par Mères au front et le Comité Action CitoyenneProjet Northvolt ont organisé un sit-in (voir album de photos) le 3 mars devant les bureaux du (…)

Environ 200 personnes amenées par Mères au front et le Comité Action CitoyenneProjet Northvolt ont organisé un sit-in (voir album de photos) le 3 mars devant les bureaux du Premier ministre Legault à Montréal pour réclamer un BAPE pour la méga-usine Northvolt dont la construction a déjà commencé grâce à la complaisance des tribunaux qui ne se sont pas formalisés de la contradiction.

Grâce à une bonne couverture médiatique critique, le grand public a appris que le navire amiral de la filière batterie, nouveau projet du siècle, avait bénéficié d'une modification réglementaire de dernière minute pour échapper au BAPE alors que peu auparavant un projet de construction domiciliaire au même endroit avait été rejeté pour protéger ce milieu naturel exceptionnel, un très rare refus, à tel point que le ministère de l'Environnement a dû supprimer maintes références scientifiques pour faire cette pirouette. La complaisance gouvernementale va jusqu'à des subventions gargantuesques qui ne seront pas rentabilisés avant 2037 sans compter une absence de réciprocité en termes de contenu québécois. Cerise sur le gâteau, selon une responsable de Mères au front, en Suède même, Northvolt est loin d'être écologiquement exemplaire en violant maints règlements environnementaux.

Après le rejet de la production de gaz, le tout-électrique fonce droit devant

Depuis que le nouvel extractivisme tout-électrique commence à se saisir et à polluer les vastes espaces, il suscite une résistance de celles et ceux qui les occupent, peuples autochtones, paysannat mais aussi villégiateurs, villageoises et même banlieusards. On le constate dans les luttes anti-mines à ciel ouvert dans les pays dépendants, souvent contre des entreprises canadiennes, mais aussi dans les pays anciennement industrialisés en mal de renouvellement industriel, surtout si elles peuvent offrir un complément minier. Tels sont le Canada et davantage le Québec libre de toute exploitation d'hydrocarbure… mais grand consommateur de ceux-ci et grand émetteur de GES. Cette conjoncture particulière québécoise, une fois passé le danger de l'exploration gazière et du transit du gaz de l'Ouest canadien vers l'Atlantique, a laissé le champ libre à la lutte contre diverses facettes de la filière batterie, le grand projet de développement économique des gouvernements canadien et québécois. Ce fut d'abord la levée de boucliers du peuple anichinabé contre les projets de mines de lithium puis celle de résistants du peuple attikamek et de villégiateurs riverains contre l'importante mine de graphique Nouveau Monde malgré l'attrait des emplois pour plusieurs villageois. Reste que ces luttes sont demeurées marginales à l'échelle de l'actualité québécoise et ont peu mobilisé du moins pas dans la durée.

Tel n'est pas le cas de la construction de la méga-usine de cellules à batteries de la modeste transnationale suédoise Northvolt dans la banlieue sud de Montréal, phare québécois de la filière batterie, que les gouvernements subventionnent à l'équivalent — compétition oblige — de l'Inflation Reduction Act étatsunien, et surtout en escamotant le normalement incontournable, minutieux et populaire examen environnementale BAPE même s'il n'a qu'un pouvoir de recommandation. Cet intérêt tant populaire que journalistique est-il dû à la frustration due au pétard mouillé que fut la mobilisation du Front commun du secteur public et consort Il est certainement dû au choix stratégique de la filière batterie qui structurerait l'économie québécoise pour des dizaines d'années sans compter son impact climatique. Toujours est-il que le mouvement écologique et la citoyenneté directement concernée soutenus par la gent journalistique, malgré une capacité de mobilisation qui reste faible mais pleins de détermination, ciblent le fer de lance de la filière batterie. L'opinion publique en est déjà ébranlée. Les deux tiers de la population québécoise sont d'avis qu'il faut un BAPE. Un peu plus de la moitié de la population du Québec reste cependant favorable à la construction de Northvolt. Mais près d'un tiers est défavorable.

La réfutation de la fausse alternative extractiviste tout-électrique vient de débuter

Ce dernier point est crucial pour la suite des choses. Le Devoir en éditorial questionne « le mirage de l'électrification » qui ne contre pas « l'augmentation du parc automobile et de la superficie résidentielle, commerciale et industrielle [qui] a entraîné une surenchère dans la consommation énergétique… ». Dans un billet récent, l'IRIS questionne « le mythe de la voiture électrique verte » tout en soulignant que « les subventions à l'achat de voitures électriques […] grimpent à 12 000 $ en comptant la part du palier fédéral », ce qui explique que « [l]'Agence internationale de l'énergie prévoit qu'en 2030, 90 % des batteries produites dans le monde alimenteront des automobiles individuelles et seulement 3,5 % propulseront des autobus. » Les conférencières du bar des sciences sur la place de la voiture de l'émission « Les années-lumière » de Radio-Canada faisaient le constat que la voiture gruge le budget des ménages, multiplie les accidents, détruit la nature et est dévoreuse d'espace et de ressources.

Ce questionnement commence à titiller les organisations environnementales les plus en pointe. L'Action boréale, en entrevue à Radio-Canada, critique les mines à ciel ouvert de lithium qui détruisent les puits de carbone et prône une production de batteries suffisante essentiellement pour le transport en commun tout en réduisant drastiquement les autos solo. Le chanteur-compositeur Richard Desjardins s'y interroge à propos des grandes organisations environnementales que ne mobilisent pas pour la tenue d'un BAPE sur Northvolt. Dans son premier bulletin de 2024, GMob clame qu'« [i]l faut cesser de développer, [qu']il faut RÉDUIRE ! » tout en publiant un graphique très parlant (en exergue de cet article). Disons-le tout de go. Le débat grand public sur la filière batterie est enfin lancé, cette émanation concrète et réellement existante du capitalisme vert dont l'auto solo électrique grassement subventionnée, de plus en plus en format VUS, et génératrice d'étalement urbain est l'exutoire incontournable. Reste à Québec solidaire à entrer dans la danse de ce débat, lui qui, honteux, appuie en catimini les subventions à l'auto solo et la filière batterie qui en est la matrice… avec un BAPE !

Marc Bonhomme,
4 mars 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Des personnalités politiques de 12 pays s’unissent pour demander l’interdiction des armes à destination d’Israël

5 mars 2024, par Patrick Wintour — , ,
Plus de 200 députés de 12 pays se sont engagés à essayer de persuader leurs gouvernements d'imposer une interdiction sur les ventes d'armes à Israël, arguant qu'ils ne seront (…)

Plus de 200 députés de 12 pays se sont engagés à essayer de persuader leurs gouvernements d'imposer une interdiction sur les ventes d'armes à Israël, arguant qu'ils ne seront pas complices de "la grave violation du droit international par Israël" dans son assaut sur Gaza.

Tiré de Association France-Palestine Solidarité. L'article fut publié en anglais par le quotidien The Guardian. Légende de la photo : Conférence internationale de l'innovation opérationnelle, septembre 2022 © Armée israélienne.

Pour lire la lettre.

La lettre, organisée par l'Internationale Progressiste, un réseau de députés et d'activistes socialistes axés sur la justice internationale, est considérée comme la meilleure mesure pratique possible pour susciter la colère du public face aux 30 000 morts de Palestiniens à Gaza au cœur des parlements, où les appels à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel sont jusqu'à présent tombés dans l'oreille d'un sourd ou ont été rejetés par les gouvernements nationaux.

Les organisateurs estiment que les gouvernements qui fournissent des armes s'exposent à des poursuites judiciaires en raison de l'ampleur de la dévastation à Gaza qui, selon eux, dépasse toute définition de la légitime défense ou de la proportionnalité.

Les signataires sont tous des députés de parlements dont les gouvernements autorisent les ventes d'armes à Israël. Neuf sont des dirigeants actuels ou passés de partis politiques, dont l'ancien dirigeant du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn ; la dirigeante du parti vert au sénat australien, Larissa Waters ; le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard ; le secrétaire national du Parti des travailleurs de Belgique, Peter Mertens ; la députée canadienne et membre du conseil de l'Internationale progressiste, Niki Ashton ; le député fédéral brésilien Nilto Tatto ; l'ancien dirigeant de Die Linke, Bernd Riexinger ; la dirigeante du parti espagnol Podemos, Ione Belarra ; le dirigeant du parti socialiste néerlandais, Jimmy Dijk ; le teachta dála (député) irlandais Thomas Pringle ; et l'ancien coprésident du Parti démocratique des peuples en Turquie, Sezai Temelli. La seule signataire américaine est Rashida Tlaib, membre du Congrès du Michigan.

L'action des parlementaires est soutenue par le fondateur de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le ministre espagnol Pablo Bustinduy et l'éminent homme politique indien Jignesh Mevani.

Au Royaume-Uni, 39 parlementaires ont signé la lettre, dont des députés travaillistes, du parti national écossais, indépendants et du parti social-démocrate et travailliste (SDLP).

Dans leur lettre, les personnalités politiques affirment qu'après que la Cour internationale de justice a ordonné à Israël de veiller à ce que son armée ne commette pas d'actes de génocide à Gaza, "un embargo sur les armes a dépassé le stade de la nécessité morale pour devenir une exigence juridique". Cette semaine, des experts de l'ONU ont fait une déclaration similaire, affirmant que "tout transfert d'armes ou de munitions à Israël qui seraient utilisées à Gaza est susceptible de violer le droit humanitaire international et doit cesser immédiatement".

La lettre stipule ce qui suit : "Nous savons que des armes meurtrières et leurs pièces, fabriquées ou expédiées par nos pays, contribuent actuellement à l'assaut israélien contre la Palestine, qui a fait plus de 30 000 victimes à Gaza et en Cisjordanie.

"Nous ne pouvons pas attendre. À la suite de la décision provisoire de la Cour internationale de justice (CIJ) dans l'affaire de la convention sur le génocide contre l'État d'Israël, l'embargo sur les armes n'est plus une nécessité morale, mais une obligation légale."

La CIJ étudie encore une lettre privée envoyée lundi par le gouvernement israélien, qui explique comment le gouvernement cherche à se conformer aux ordonnances de la CIJ concernant l'acheminement de l'aide humanitaire et la fin des incitations au génocide. L'Afrique du Sud, en tant que gouvernement qui a porté l'affaire devant la CIJ en alléguant un génocide plausible, a le droit de contester la validité des assurances israéliennes.

La CIJ n'a aucun pouvoir d'exécution et les États-Unis bloquent un projet de résolution à l'ONU qui viserait à transposer l'arrêt de la CIJ sous la forme d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les États-Unis bloquent également une tentative distincte de condamner les actions israéliennes à un point de distribution de nourriture dans le nord de Gaza, qui se sont soldées par la mort d'une centaine de Palestiniens jeudi, au motif que l'on ne sait pas exactement ce qui s'est passé.

Des rapports de la mission palestinienne à l'ONU ont suggéré que le Royaume-Uni était prêt à voter en faveur de la résolution, plutôt que de s'abstenir, ce qui est la position qu'il a précédemment adoptée sur les résolutions relatives à Gaza auxquelles les États-Unis se sont opposés.

Le Royaume-Uni n'a rien dit officiellement sur les dernières tueries à Gaza et a participé à des largages aériens dans le cadre de ses derniers efforts pour aider à acheminer de l'aide à Gaza.

Le président français, Emmanuel Macron, a publié une déclaration sur X en disant : "Profonde indignation face aux images qui nous parviennent de Gaza où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens. J'exprime ma plus ferme réprobation envers ces tirs et demande la vérité, la justice et le respect du droit international."

Sous la pression des sénateurs démocrates, la Maison Blanche a donné un mois au gouvernement israélien pour signer un document stipulant que toute arme ne sera utilisée que dans le respect du droit humanitaire international. Tous les importateurs d'armes américains sont invités à signer cette lettre. Israël est extrêmement dépendant des armes américaines et le processus de signature de la lettre donne au moins à ceux qui, en Israël, critiquent le comportement du gouvernement un moyen de pression pour demander à l'administration d'expliquer comment les livraisons d'armes peuvent être justifiées.

Le Royaume-Uni affirme que toutes les licences d'exportation d'armes font l'objet d'un examen, mais refuse de divulguer les avis juridiques donnés au gouvernement sur la question de savoir si les actions d'Israël sont conformes aux exigences du droit international. Les critères britanniques existants en matière d'exportation d'armes stipulent que s'il existe un "risque clair" qu'une arme soit utilisée dans le cadre d'une violation grave du droit humanitaire international, alors l'exportation d'armes ne doit pas faire l'objet d'une licence.

Le 20 février, la Haute Cour britannique a rejeté le recours en révision judiciaire introduit par deux ONG, estimant qu'il était très difficile pour les requérants de prouver que la décision du gouvernement britannique de maintenir les licences d'exportation d'armes était irrationnelle. La Haute Cour s'est prononcée tant sur le processus décisionnel du gouvernement que sur la décision elle-même.

La décision laisse aux députés la possibilité d'exiger de voir les conseils juridiques que reçoivent les ministres.

Le ministre des affaires étrangères aux Communes, Andrew Mitchell, a cité un podcast juridique présenté par les députés travaillistes Charlie Falconer et Helena Kennedy et diffusé le 3 février comme preuve qu'il n'était pas possible de savoir si Israël violait le droit humanitaire international.

Traduction : AFPS

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Lutte contre le racisme, l’heure est au bilan

5 mars 2024, par Collectif — , ,
Québec, 4 mars 2023. Une dizaine de groupes communautaires dont les enjeux touchent le racisme de près ou de loin se questionnent sur les actions mises en place par les (…)

Québec, 4 mars 2023. Une dizaine de groupes communautaires dont les enjeux touchent le racisme de près ou de loin se questionnent sur les actions mises en place par les différents paliers de gouvernement (municipal, provincial et fédéral) pour lutter contre le racisme. Ces groupes invitent les gouvernements à rendre des comptes sur leur propre bilan d'ici la semaine d'action contre le racisme qui a lieu du 21 au 31 mars.

Un gouvernement municipal qui se ferme les yeux

Alors que l'ancien maire de Québec, Régis Labeaume, a reconnu l'existence du racisme systémique en 2020 dans la foulée de l'affaire George Floyd, l'administration Marchand n'a jusqu'à maintenant pas parvenue à développer et à appliquer une approche cohérente et efficace en termes de lutte au racisme. Il faut dire que, déjà, l'approche antiracisme de Labeaume avait commencé à atteindre ses limites. En effet, « l'experte » qu'il avait embauchée, Iréna Florence Harris, brille par son absence dans l'espace public et sur le terrain depuis son arrivée. Sans compter que la consultation lancée en 2021, par Régis Labeaume, avait refusé de traiter de la question du profilage racial et du racisme systémique.

L'administration Marchand a toutefois accentué la transformation de l'élan antiraciste en une insignifiante politique de vivre-ensemble. En effet, lorsqu'elle fût confronté à un scandale policier à l'automne 2021 révélant encore une fois la présence de profilage racial, la Ville de Québec a tourné le dos à la possibilité de mener une enquête statistique sur l'ethnicité des personnes interpellées pour privilégier le déploiement d'un Plan de développement pour de meilleures pratiques policières fondé sur l'amélioration des « compétences culturelles ». Bref, la Ville de Québec tente de régler par la culture ce qui ne peut être réglé que par le traitement égal de chaque citoyen.ne par les institutions.

Un gouvernement provincial qui ajoute de l'huile sur le feu

En 2020, le ministre responsable de la lutte contre le racisme s'était donné 5 ans pour appliquer l'ensemble des actions déposées par le Groupe d'action contre le racisme. Force est de constater que le gouvernement a lamentablement échoué. Que ce soit par l'absence de règlement exigeant la fin des interpellations sans motif dans l'espace publique, le refus de reconnaître l'existence du racisme systémique et d'adopter le Principe de Joyce ou lutter contre les discriminations dans l'accès au logement, les groupes de défense collectives des droits ne constatent aucun engagement ferme. Pire encore, alors que le gouvernement avait annoncé qu'il serait exemplaire dans sa lutte contre le racisme, il se retrouve à alimenter les pires préjugés notamment en répétant dans les médias que l'identité québécoise est menacée par l'immigration. C'est pourtant ce gouvernement qui est une réelle menace à la fierté québécoise en discriminant les enfants de demandeurs-ses d'asile d'avoir accès à nos garderies subventionnées ou en accusant les personnes immigrantes d'aggraver la crise du logement. Bref, le gouvernement failli à son engagement de lutter contre le racisme. Vous avez un doute ? Je vous met au défi de nommer le ministre responsable de la Lutte contre le racisme.

Un gouvernement fédéral loin de l'image qu'il projette

Les milieux syndicaux et communautaires critiquent depuis des années le programme des travailleurs étrangers temporaires pour les abus qu'il engendre. Cet automne, la pression est montée d'un cran alors qu'un rapport des Nations Unies dénoncait un danger d'esclavage moderne : les critiques sont maintenant au niveau de la communauté internationale. Alors que les histoires d'abus ne cessent d'apparaître sporadiquement dans les journaux, le gouvernement libéral ne peut garder le statu quo. Alors qu'il a été élu sur la base d'un programme nominalement pro-immigrant, les faits pointent dans une autre direction.

En plus des abus de travailleurs étrangers temporaires, le mandat libéral aura été marqué aussi par un faible bilan humanitaire : la fermeture du chemin Roxham pousse maintenant les demandeurs d'asile vers des voies plus dangereuses, et l'accueil de réfugiés Palestiniens est entravé par des processus bureaucratiques insurmontables.

Les groupes communautaires organisent une marche populaire pour faire état du bilan des différents paliers gouvernementaux le 23 mars prochain à 12h30 et demander des actions pour lutter contre le racisme.

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Une campagne mal à propos pour apaiser l’insécurité alimentaire

5 mars 2024, par Collectif pour un Québec sans pauvreté — ,
Le gouvernement du Québec vient de lancer la campagne « La solidarité, le cœur de nos communautés », qui consiste essentiellement à inviter la population et les entreprises à « (…)

Le gouvernement du Québec vient de lancer la campagne « La solidarité, le cœur de nos communautés », qui consiste essentiellement à inviter la population et les entreprises à « s'impliquer pour aider les gens à se nourrir », à « organiser des levées de fonds ou des collectes d'aliments non périssables », à « donner des denrées aux banques alimentaires ou cuisiner des plats pour les déposer dans les frigos communautaires ». Dans le contexte actuel, le Collectif pour un Québec sans pauvreté trouve cette campagne publicitaire particulièrement mal à propos.

« La pauvreté est le dénominateur commun de plusieurs crises qui secouent le Québec depuis plusieurs mois : logement, itinérance, insécurité alimentaire, rappelle la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. L'insuffisance de revenus force des ménages à vivre dans des logements trop chers, à passer à la banque alimentaire et parfois même – de plus en plus – à vivre dans la rue ou dans leur voiture. Pas une journée ne passe sans que les conséquences dramatiques et très concrètes de la pauvreté ne soient relayées dans les médias.

« Le manque de volonté du gouvernement à s'attaquer au problème de l'insécurité alimentaire est aussi affligeant que gênant ! Sa "campagne" se déroule alors même que le ministre des Finances peaufine le prochain budget du Québec, déjà annoncé pour en être un de "rigueur" ! En invitant la population à acheter des boîtes de conserve ou à cuisiner pour aider les personnes qui ont faim, ce que nous dit le gouvernement, c'est qu'il ne se sent pas concerné par cet enjeu, qu'il s'en lave littéralement les mains ! »

Toujours selon Virginie Larivière, « faire appel à la générosité individuelle pour apaiser un des symptômes les plus visibles de la pauvreté est non seulement insuffisant, mais cela représente aussi un moyen pour le gouvernement de se soustraire aux obligations qui lui incombent en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne. Faut-il rappeler que celle-ci stipule que "toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d'assistance financière et à des mesures sociales […] susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent" ?

« Oui, il y a urgence de soutenir les gens qui en ont besoin et le travail des banques alimentaires demeure nécessaire. Mais c'est par des mesures structurantes qu'on peut espérer éliminer la pauvreté. Dans son mémoire prébudgétaire, le Collectif suggérait différentes pistes d'action au ministre des Finances. De toute urgence, le gouvernement doit notamment rehausser les protections publiques de façon à assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la Mesure du panier de consommation, soit environ 24 200 $ en 2023. Il s'agit d'un minimum à atteindre rapidement, un premier pas vers la sortie de la pauvreté. »

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Le gouvernement doit se donner les moyens d’éliminer la pauvreté !

5 mars 2024, par Collectif pour un Québec sans pauvreté — ,
Québec, le 20 février 2024. – Le gouvernement du Québec s'emploie à réduire les attentes en vue du prochain budget parce qu'un déficit plus élevé qu'anticipé lui imposerait une (…)

Québec, le 20 février 2024. – Le gouvernement du Québec s'emploie à réduire les attentes en vue du prochain budget parce qu'un déficit plus élevé qu'anticipé lui imposerait une plus grande parcimonie. Pourtant, avec les différentes crises qui frappent le Québec, des mesures structurantes de lutte contre la pauvreté sont plus nécessaires que jamais, selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté. Le gouvernement ne peut plus laisser la situation se dégrader : il doit agir et, pour commencer, s'en donner les moyens.

Des crises qui s'aggravent

« Le gouvernement doit cesser de faire l'autruche : par son refus d'agir en amont, il est en bonne partie responsable de l'augmentation du nombre de personnes en situation d'itinérance, qui dépassent présentement le cap des 10 000 au Québec, souligne la co-porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. Même chose pour l'augmentation du nombre de personnes qui sont dorénavant obligées de recourir aux services des banques alimentaires : elles étaient près de 900 000 en 2023. Cela représente une augmentation de 73 % par rapport à 2019, et la tendance ne semble pas près de s'inverser.

« Et c'est sans compter qu'avec une hausse de 28 % du loyer mensuel moyen entre 2019 et 2023, un nombre croissant de personnes voient le loyer engloutir la majeure partie de leurs revenus. Déjà, en 2021, 173 000 ménages locataires avaient des besoins impérieux de logement au Québec.

« Bien que le gouvernement commence enfin à reconnaître l'existence de ces crises – souvent du bout des lèvres –, il ne semble pas prêt à s'y attaquer, se contentant de mesures palliatives ou, comme dans le cas du logement social, nettement insuffisantes. »

Un meilleur soutien au revenu

« Personne au Québec ne devrait être forcé de vivre dans la rue, d'avoir recours à une banque alimentaire, d'habiter dans un logement inabordable, etc., poursuit Virginie Larivière. La Charte des droits et libertés de la personne stipule que "toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d'assistance financière et à des mesures sociales […] susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent" (art. 45).

« Pourtant, environ une personne sur dix n'arrive pas à couvrir ses besoins de base tels que définis par la Mesure du panier de consommation (MPC), un indicateur calculé par Statistique Canada qui correspondrait à "un niveau de vie modeste". Au Québec, le seuil de la MPC est actuellement estimé à 24 200 $ pour une personne seule. »

La principale recommandation du Collectif en vue du prochain budget du Québec va donc comme suit : que le gouvernement rehausse les protections publiques de façon à assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la MPC.

Différents moyens sont à la portée du gouvernement pour augmenter les revenus des gens qui en ont besoin. Par exemple, le Collectif s'est allié à quelque 200 universitaires et 350 organisations l'an dernier pour revendiquer l'élargissement du programme de Revenu de base à l'ensemble des personnes assistées sociales. (Voir d'autres moyens dans le mémoire prébudgétaire du Collectif.)


Une meilleure redistribution de la richesse

« Le gouvernement a la responsabilité d'assurer la redistribution de la richesse au sein de la société et de s'assurer que les plus riches paient leur juste part afin de financer, notamment, les services publics et les programmes sociaux, rappelle le co-porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Ainsi, il devrait contribuer à réduire les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Malheureusement, depuis le début de son mandat, le gouvernement actuel a pris certaines décisions qui ont eu l'effet inverse. La baisse d'impôt qui est entrée en vigueur en 2023 est particulièrement révélatrice à cet égard.

« En plus de favoriser les personnes les mieux nanties de la société québécoise, cette mesure prive le Québec de milliards de dollars alors même que le ministre des Finances laisse planer l'ombre de compressions budgétaires et que l'accès à des services publics de qualité se trouve de plus en plus compromis. »

Une autre recommandation du Collectif en vue du prochain budget du Québec est que le gouvernement annule sa baisse d'impôt et réinvestisse les sommes ainsi récupérées dans le filet social. Par ailleurs, il devrait réformer la fiscalité pour la rendre véritablement progressive et ainsi accroître la contribution des personnes mieux nanties.


Un 4e plan de lutte contre la pauvreté ambitieux

« La ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire doit déposer le 4e plan d'action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale ce printemps, poursuit Serge Petitclerc. Si tel est le cas, les sommes allouées à sa mise en œuvre devraient se retrouver dans le budget 2024-2025. Ce budget revêt ainsi une importance considérable pour le Collectif, vu qu'il devrait nous donner une idée des principales mesures que le gouvernement entend mettre en œuvre pour lutter contre la pauvreté au cours des prochaines années.

« D'une part, la dégradation marquée des conditions de vie d'un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans les dernières années devrait inciter le gouvernement à déposer un prochain plan de lutte contre la pauvreté particulièrement ambitieux, doté de moyens conséquents. D'autre part, il devrait garder en mémoire que la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale lui enjoint d'agir pour "combattre la pauvreté […] et tendre vers un Québec sans pauvreté". »

Pour consulter le mémoire prébudgétaire 2024-2025 du Collectif : « Donnons-nous les moyens d'éliminer la pauvreté ! »

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Santé et sécurité : les droits d’une majorité de salarié·e·s mal protégés au Québec

5 mars 2024, par Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) — , ,
Selon notre enquête publiée aujourd'hui, le régime québécois de santé et de sécurité du travail (SST) perpétue la vulnérabilité des personnes non-syndiquées, qui (…)

Selon notre enquête publiée aujourd'hui, le régime québécois de santé et de sécurité du travail (SST) perpétue la vulnérabilité des personnes non-syndiquées, qui représentent la majorité des travailleurs et des travailleuses au Québec.

29 février 2024 | tiré de la lettre de l'IRIS | Photo : ↳ Photo : Adrian Sulyok (Unsplash)

« Des rapports d'inspection de la CNESST et des témoignages de salarié·e·s révèlent que les personnes non-syndiquées sont moins bien protégées contre les accidents de travail et les maladies professionnelles au Québec. »
— Mathieu Charbonneau,
chercheur associé à l'IRIS et auteur de l'étude

Les études montrent que la participation des travailleurs et des travailleuses à la prévention des risques en SST permet de mieux les protéger contre les lésions professionnelles. L'implication des salarié·e·s à la prévention en santé et sécurité est par ailleurs un droit depuis 1979.

« Les salarié·e·s non-syndiqué·e·s peinent toujours à faire entendre leurs préoccupations quant aux effets de leur travail sur leur santé. Ce décalage entre la loi et la réalité se justifie difficilement puisque les travailleur·se·s sont les mieux placé·e·s pour identifier les dangers dans leur milieu de travail. »
— Mathieu Charbonneau

Les salarié·e·s précaires ont six à sept fois plus de risques de craindre que le signalement des dangers pour la santé et la sécurité ait des conséquences néfastes sur leur emploi. Dans ce contexte, le droit de participation à la prévention, garanti par la Loi, ne devient effectif que si la ou le salarié peut compter sur une ressource externe et ainsi éviter toute forme de représailles.

« La réforme actuelle sera un coup d'épée dans l'eau si elle ne s'accompagne de la création d'une structure indépendante de l'employeur chargée de soutenir les salarié·e·s non-syndiqué·e·s, comme cela se fait ailleurs au Canada »
— Mathieu Charbonneau

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Requalification de l’Îlot Saint-Vincent-de-Paul : un projet sérieux est à l’étude

5 mars 2024, par Comité populaire Saint-Jean-Baptiste — ,
Québec, le 26 février 2024 – La Ville de Québec annonce avoir reçu un projet d'habitation sérieux visant à requalifier les îlots Lépine (ancien garage Jojo) et (…)

Québec, le 26 février 2024 – La Ville de Québec annonce avoir reçu un projet d'habitation sérieux visant à requalifier les îlots Lépine (ancien garage Jojo) et Saint-Vincent-de-Paul. Conformément à la volonté de la Ville, ce dernier permettrait de faire de ce site vacant un milieu de vie complet, incluant notamment de l'habitation, des services et des espaces verts. Le regroupement derrière le projet est représenté par Action-Habitation, la Fédération des coopératives d'habitation de Québec Chaudière-Appalaches, La Bouée, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste et la firme
d'architecture Lafond Côté.

« Je suis fier d'annoncer qu'un projet sérieux et de grande qualité est actuellement à l'étude afin de requalifier les îlots Saint-Vincent-de-Paul et Lépine, a déclaré le maire de Québec, M. Bruno Marchand. Ce dernier met en lumière toute l'importance stratégique de cet emplacement pour le quartier Saint-Jean-Baptiste, pour l'ensemble du site
patrimonial du Vieux-Québec, pour notre ville, mais surtout pour les citoyens. Grâce à sa vocation résidentielle, il jouera un rôle crucial dans la lutte contre la crise du logement et contribuera à la réalisation des objectifs fixés par le Plan de mise en œuvre accélérée de la Vision de l'habitation.
»

« Les maquettes présentées mettent de l'avant un projet à échelle humaine qui répond en tout point aux objectifs de la Ville en matière d'habitation, de développement durable et de mobilité active en plus d'être conforme aux orientations du Plan particulier d'urbanisme pour la colline Parlementaire, a ajouté la responsable de l'urbanisme et de l'amélioration de la qualité de vie dans le Vieux-Québec, M Mélissa Coulombe-Leduc. Seulement une année s'est écoulée depuis l'acquisition des deux terrains par la Ville. Bien qu'il y ait encore du pain sur la planche, je suis fière
de tout le travail accompli par les équipes et les organismes partenaires qui sont derrière ce projet.
»

L'offre qui est présentement sur la table considère également les préoccupations des citoyens qui se sont exprimés lors d'un atelier d'échanges portant sur la requalification des deux îlots le 5 octobre 2023, notamment en mettant de l'avant :

Une offre variée de logements adaptés, répondant tant aux besoins des familles, des étudiants, que des clientèles aînées ;
Des logements abordables ;
Des services de proximité recherchés par la population dont, entre autres, un CPE ;
Des espaces verts, comme une cour aménagée, un jardin communautaire, et des
toitures végétalisées ;

Et plus encore.

« Précisons que les orientations de la Ville sont en parfaite adéquation avec les préoccupations et besoins de nos concitoyens, a ajouté le maire de Québec. La population accorde une importance toute particulière à ce site, et nous sommes déterminés à en faire un milieu de vie exemplaire. »

À propos des Îlots Lépine et Saint-Vincent-de-Paul

Le site laissé vacant depuis plusieurs années présente un fort potentiel pour un projet structurant puisqu'il jouit d'une position unique et névralgique au cœur du centre-ville de Québec, au sommet de la côte d'Abraham.
Rappelons que la Ville a acquis le site constitué des îlots Lépine et Saint-Vincent-de-Paul en décembre 2022 grâce à une entente hors cour avec l'ancie

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Dites aux ministres canadiens : Arrêtez le génocide ou démissionnez !

5 mars 2024, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , , ,
Hier, CJPMO et plusieurs autres organisations ont tenu une conférence de presseannonçant une lettre ouverte signéepar près de 100 organisations demandant la démission des (…)

Hier, CJPMO et plusieurs autres organisations ont tenu une conférence de presseannonçant une lettre ouverte signéepar près de 100 organisations demandant la démission des ministres Joly, Hussen et Miller pour leur extrême mauvaise gestion de leurs portefeuilles ministériels. Pouvez-vous vous joindre à nous ? Non seulement chaque ministre n'est pas intervenu dans le génocide en cours à Gaza, mais il a même aggravé la situation :

La ministre des affaires étrangères, Mélanie Joly, a résisté aux appels au cessez-le-feu, a refusé de condamner la violence d'Israël contre les Palestiniens et a ignoré la conclusion de la Cour mondiale selon laquelle il existe un génocide « plausible » à Gaza ;

Le ministre du développement international, Ahmed Hussen, a réduit le financement de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) le jour même où la Cour mondiale a appelé à garantir l'aide aux Palestiniens ;
Le ministre de l'immigration Marc Miller a retardé un programme de visas temporaires pour les parents de Canadiens vivant à Gaza, et a finalement mis en place un programme raciste avec des places limitées et des exigences de demande déraisonnables pour les personnes se trouvant dans une zone de guerre.

Nous ne pouvons accepter que cela soit l'héritage du Canada au milieu du génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza. Si ces ministres ne peuvent pas intervenir en ce moment de crise extrême et réparer ces erreurs, ils doivent se retirer.

Cliquez ici pour exiger que chacun de ces ministres prenne des mesures immédiates pour mettre fin au génocide à Gaza, ou qu'il démissionne. Votre courriel sera envoyé aux trois ministres et à leurs équipes associées.

Malgré l'urgence du génocide en cours à Gaza, les ministres Joly, Hussen et Miller ont chacun annoncé des décisions qui reflètent peu de considération pour la vie des Palestiniens ou le droit international, et ont montré très peu de conscience de la situation concernant l'impact de leurs décisions. En 1) transférant des armes dans un contexte de génocide et 2) en retirant sciemment leur soutien à l'infrastructure humanitaire de Gaza, les actions des ministres Joly et Hussen violent directement les ordres de la CIJ visant à prévenir le génocide. Pendant ce temps, le ministre Miller a mis en place des barrières inutiles qui compliquent la capacité des proches des Canadiens à fuir un contexte de violence génocidaire.

Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères - L'absence de réaction de la ministre Joly à la décision initiale de la CIJ sur la plausibilité d'un génocide à Gaza montre que le Canada ne prend pas au sérieux la menace catastrophique qui pèse sur la vie humaine. Avant la décision, Mme Joly a exprimé son soutien à la Cour elle-même, mais a refusé de prendre une position claire sur la requête de l'Afrique du Sud, et a même semblé rejeter ses « prémisses ». Lorsqu'on lui a demandé de clarifier sa position, Mme Joly a répondu aux questions avec désinvolture, comme si elle et le gouvernement voulaient délibérément manquer de clarté. Lorsque la CIJ a émis des mesures provisoires ordonnant à Israël de prendre des mesures pour prévenir le génocide, la déclarationde Mme Joly n'a pas exprimé son soutien aux mesures ni appelé Israël à se conformer à la décision. Plutôt que de reconnaître la gravité de la décision provisoire de la CIJ, sa réponse laissait entendre qu'avant d'agir, le Canada devait attendre la décision « finale » de la CIJ sur le génocide - ce qui pourrait prendre des années. Cette réponse témoigne d'une indifférence suffisante face aux massacres de Palestiniens à grande échelle.

En fin de compte, le silence de Mme Joly sur les ordonnances de la CIJ suggère que le Canada a abandonné son engagement envers le droit international, ainsi que nos obligations en vertu de la Convention sur le génocide à l'égard des Palestiniens. Pire encore, le gouvernement a admis avoir approuvé des permis d'exportation d'armes vers Israël depuis le 7 octobre. Ainsi, dans son rôle de ministre, Joly a choisi de ne pas exercer sa prérogative de refuser des permis d'exportation d'armes à Israël pendant une campagne plausiblement génocidaire, permettant ainsi le transfert de biens militairesà Israël malgré le risque évident qu'ils soient utilisés contre des civils palestiniens. Dans une lettre adressée à Mme Joly, plus de 30 organisations de la société civile ont averti que « le Canada ne peut pas à la fois manifester son soutien à la CIJ [...] tout en continuant à armer ceux qui, selon la CIJ, sont plausiblement accusés de génocide ».

Ahmed Hussen, ministre du développement international - Le jour même où la CIJ a statué qu'Israël devait accroître l'accès humanitaire à Gaza pour empêcher un génocide, le ministre Hussen a annoncé la suspension pour une durée indéterminée de l'aide humanitaire à l'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Cette décision irréfléchie était une réaction impulsive à des allégations israéliennes non prouvées concernant quelques employés de l'agence, punissant collectivement les 2 millions de personnes à Gaza (et les 4 millions d'autres réfugiés palestiniens) qui dépendent de l'agence comme d'une bouée de sauvetage. Depuis l'annonce du Canada,l'UNRWA prévient que ses opérations s'effondreront si son financement n'est pas rétabli, et les organes de l'ONU et lesagences d'aide humanitaire mettent en garde contre une catastrophe due à cette décision. Bien que le ministre Hussen ait par la suite augmenté l'aide humanitaire à d'autres agences, cette réorientation des fonds ne tient pas compte du fait que l'UNRWA est la seule organisation actuellement en mesure de fournir une aide à Gaza à grande échelle. Les Palestiniens de Gaza sont confrontés à la famine et à l'émergence d'épidémies de maladies transmissibles. Toute atteinte aux infrastructures humanitaires restantes risque d'entraîner des décès massifs, même après l'obtention d'un cessez-le-feu.

En fin de compte, en l'absence de toute allégation de mauvaise gestion de la part de l'UNRWA, le ministre Hussen a retiré le financement humanitaire à l'agence qui supervisait l'aide à une population confrontée à un génocide. L'hypothèse apparente selon laquelle d'autres agences peuvent en quelques jours 1) recréer la présence de l'UNRWA sur le terrain à Gaza pendant un génocide et une guerre, et 2) reproduire les opérations de l'UNRWA dans l'ensemble du Moyen-Orient, est totalement déconnectée de la réalité. Par les décisions de M. Hussen, le Canada défie les nombreux avertissements selon lesquels la réduction du financement de l'UNRWA nuira gravement à une population déjà confrontée à la famine, à la maladie et au génocide.

Ministre de l'Immigration Marc Miller - Malgré le nombre massif de civils palestiniens tués, il a fallu plus de trois mois au ministre Miller pour lancer un programme de visas temporaires afin d'aider les familles canado-palestiniennes à retrouver leurs proches dans la bande de Gaza. Une fois ouvert aux demandes, le programme s'est avéré présenter d'énormes barrières et restrictions inutiles qui limitent son potentiel humanitaire. Le programme de visas pour Gaza serait l'un des plus restrictifs du genre, avec un plafond arbitraire de 1 000 personnes qui provoque la panique et la concurrence parmi les Canadiens d'origine palestinienne qui tentent de faire sortir leurs proches. En outre, le processus de demande exige des niveaux sans précédentd'informations personnelles, imposant un fardeau énorme et déraisonnable aux personnes déplacées dans une zone de guerre. Pour ne rien arranger, les remarques offensantes du ministre Miller et de ses collègues indiquent que ces restrictions sont motivées par l'idée que les proches des Canadiens d'origine palestinienne constituent une menace inhérente pour la sécurité.

En fin de compte, le programme de visa de Miller ne fournit pas l'aide et les protections nécessaires à une population confrontée à un génocide et qui a des parents au Canada. Les limites de ce programme et l'attitude de M. Miller et de ses collègues ont abouti à un programme qui est totalement déconnecté des réalités d'un génocide, qui cause des difficultés inutiles et qui reflète clairement une politique de deux poids deux mesures par rapport à des programmes similaires destinés à d'autres populations.

Si ces ministres ne sont pas en mesure d'intervenir en ce moment de crise extrême et de corriger ces erreurs, ils devraient se retirer.

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13 syndicats québécois demandent à Trudeau d’annuler la suspension du financement à l’UNRWA

5 mars 2024, par Communications CISO — , , ,
Encore une fois, nous demandons au gouvernement du Canada d'infirmer la décision de suspendre le financement à l'UNRWA jusqu'à ce que l'ONU ait terminé son enquête, afin que la (…)

Encore une fois, nous demandons au gouvernement du Canada d'infirmer la décision de suspendre le financement à l'UNRWA jusqu'à ce que l'ONU ait terminé son enquête, afin que la population palestinienne puisse continuer à recevoir l'aide dont elle a cruellement besoin, afin d'éviter la famine et les épidémies, de soigner les blessés et les malades, de survivre.

Tiré de Journal des Alternatives

Par Communications CISO -24 février 2024
crédit photo UNRWA

Le très honorable Justin Trudeau
Premier ministre du Canada
justin.trudeau@parl.gc.ca

Objet : Annulation de la suspension du financement à l'UNRWA

Monsieur le Premier Ministre,

Au nom du Centre international de solidarité ouvrière et de ses membres, plus de soixante-cinq syndicats représentant plus de 1,6 million de personnes travailleuses et travailleurs au Québec, nous tenons à vous faire part de nos grandes inquiétudes quant à l'annonce récente du gouvernement du Canada de suspendre le financement à l'OƯice de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). L'OƯice étant le premier organisme humanitaire pour les réfugiés de Gaza et d'ailleurs dans cette région, nous vous demandons, afin d'assurer la sécurité de millions de Palestiniennes et de Palestiniens, de renverser votre décision.

L'UNRWA est un organisme d'aide irremplaçable dont dépendent des millions de personnes depuis plus de sept décennies. En tant que l'un des plus grands pays donateurs, il serait particulièrement cruel pour le Canada de couper les vivres à cette organisation essentielle, surtout en pleine crise humanitaire causée par le bombardement incessant des forces israéliennes à Gaza. Bien que votre gouvernement ait annoncé le financement d'autres organismes humanitaires dans l'intérim, il ne s'agit là que d'une demi-mesure qui n'atténuera en rien les eƯets dévastateurs de la suspension du financement du travail qu'accomplit l'UNRWA.

L'UNRWA demeure la seule organisation étant en mesure de couvrir les besoins sociaux et humanitaires à grande échelle sur l'ensemble de ce territoire. Quant au motif même de la suspension, soit les allégations selon lesquelles des membres du personnel auraient été impliqués dans les attaques du 7 octobre, il est important de souligner que l'UNRWA a enquêté avec célérité. De plus, comme on parle ici d'une douzaine de personnes sur un eƯectif de 30 000, la réaction du Canada nous semble démesurée, d'autant plus qu'elle a été prise en toute hâte, sans aucune preuve des allégations d'Israël et avant que l'enquête en cours n'ait abouti.

Qui plus est, des organismes humanitaires ont émis une mise en garde contre la suspension du financement à l'OƯice. Selon elles, une telle mesure ne ferait qu'aggraver la situation à Gaza, compte tenu de son travail indispensable dans la région. En eƯet, dans une déclaration signée par une vingtaine d'ONG internationales, ces dernières se disent « choquées par la décision imprudente de couper une bouée de sauvetage à une population entière par certains des mêmes pays qui avaient demandé à ce que l'acheminement de l'aide à Gaza soit renforcé et que les humanitaires soient protégés dans l'exercice de leur travail ».

Soulignons que plus de cent cinquante (150) travailleuses et travailleurs humanitaires de l'UNRWA ont péri dans les attaques des forces israéliennes. Nous voulons également attirer votre attention sur les conséquences plus vastes de votre décision, dans le contexte où Israël est sous examen devant la Cour internationale de justice de l'ONU, qui a conclu à des risques plausibles de génocide, en vertu d'une convention que le Canada a lui-même ratifiée et qu'il a la responsabilité de faire respecter en droit international. L'organisme Médecins sans frontière a ainsi déclaré que « les conséquences sur place de ces coupes budgétaires vont à l'encontre des mesures provisoires émises le vendredi 26 janvier par la Cour internationale de justice. Celles-ci comprennent notamment des mesures immédiates pour garantir l'acheminement d'une assistance humanitaire suffisante dans la bande de Gaza ».

Faute de fonds, l'Office devra fort probablement cesser toutes ses activités d'ici la fin du mois. C'est pourquoi nous vous exhortons à travailler de concert avec les autres grands pays donateurs, afin de remédier à la situation dans les plus brefs délais. Encore une fois, nous demandons au gouvernement du Canada d'infirmer la décision de suspendre le financement à l'UNRWA jusqu'à ce que l'ONU ait terminé son enquête, afin que la population palestinienne puisse continuer à recevoir l'aide dont elle a cruellement besoin, afin d'éviter la famine et les épidémies, de soigner les blessés et les malades, de survivre.

En espérant que vous donnerez rapidement suite à notre demande, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Premier Ministre, nos plus sincères salutations.

Luc Allaire, président du Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
Magali Picard, présidente, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Caroline Senneville, présidente, Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Françoise Ramel, vice-présidente responsable du secteur sociopolitique et solidarité,
Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)
Youri Blanchet, président, Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ)
Frédéric Brisson, vice-président régional Québec, Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)
Daniel Cloutier, directeur québécois, Unifor
Dominique Daigneault, présidente, Conseil central Montréal métropolitain — CSN
Christian Guillemette, 1er vice-président, SCCCUQAR, FNEEQ-CSN
Alfonso Ibarra Ramirez, président, Conseil central des syndicats nationaux de l'Outaouais (CCSNO-CSN)
Vincent Leclair, secrétaire général, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
Dominic Lemieux, directeur québécois, Syndicat des Métallos
Caroline Quesnel, présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
c. c.

L'honorable M. Joly, ministre des AƯaires étrangères
L'honorable A. Hussen, ministre du Développement international
Monsieur F. Legault, premier ministre du Québec
Madame Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie
Monsieur J. Singh, chef du NPD
Madame H. McPherson, députée et porte-parole du NPD, Affaires étrangères
Monsieur Y. — F. Blanchette, chef du Bloc québécois
Monsieur S. Bergeron, porte-parole du Bloc québécois, Affaires étrangères et Développement international
Madame Elisabeth May, cheffe du Parti vert
Monsieur J. Pedneault, chef adjoint et porte-parole Parti vert, Affaires étrangères
Monsieur B. Rae, ambassadeur et représentant permanent auprès des Nations unies à New York

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Le parachutage de l’aide canadienne à Gaza n’est rien d’autre qu’une opération photo !

5 mars 2024, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , ,
En début de semaine, après avoir réduit le financement de l'UNRWA, l'agence d'aide des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, le Canada a annoncé qu'il allait tenter de (…)

En début de semaine, après avoir réduit le financement de l'UNRWA, l'agence d'aide des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, le Canada a annoncé qu'il allait tenter de parachuter de l'aide à Gaza. Si, à première vue, cela semble sympathique, cela masque le fait que cette approche est totalement absurde et que la majeure partie de la réponse du Canada au génocide israélien à Gaza a été totalement contre-productive.

29 février 2024

Vous trouverez ci-dessous la déclaration de CJPMO en réponse :

Montréal, 29 février 2024 — Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) prévient que le projet du Canada de larguer de l'aide par avion à Gaza est une réponse totalement inadaptée à l'ampleur de la catastrophe humanitaire, et affirme qu'il ne s'agit guère plus que d'une séance de photos pour détourner l'attention de la suspension du financement de l'UNRWA par le Canada. CJPMO exhorte le gouvernement Trudeau à rétablir immédiatement le financement de l'UNRWA et à tenir les responsables israéliens responsables de l'obstruction délibérée de l'aide à une population confrontée à la famine et au génocide.

« C'est comique de suggérer que le parachutage de quelques fournitures puisse compenser de quelque manière que ce soit le mal que le Canada cause par son incapacité à financer l'UNRWA », a déclaré Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. CJPMO souligne que l'ampleur de l'aide qui peut être larguée par avion ne représente qu'une fraction de ce qu'il est possible de faire par camion, et ce à un coût beaucoup plus élevé. « Au lieu de demander des comptes à Israël pour ses mensonges sur l'UNRWA et pour l'affamement délibéré de la population palestinienne, un acte de génocide, le Canada se tourne vers des séances de photos coûteuses qui ne peuvent tout simplement pas résoudre le problème », a ajouté M. Bueckert.

Hier, le bureau du ministre du développement international, Ahmed Hussen, a déclaré à la presse que le Canada avait l'intention de travailler avec d'autres pays pour larguer de l'aide à Gaza dans les jours à venir. Cependant, les largages ne se feront pas par des avions canadiens, et des responsables américains ont déclaré à Axios qu'un avion militaire « ne peut larguer qu'une quantité de fournitures équivalente à celle transportée par un ou deux camions ». Cela soulève des inquiétudes quant aux limites sérieuses du volume potentiel des contributions proposées par le Canada. Des largages récents effectués par d'autres pays sont tombés dans la mer, tandis qu'Israël ouvre régulièrement le feu sur des personnes affamées qui attendent une aide alimentaire.

CJPMO se demande pourquoi, au lieu de proposer des largages aériens, le Canada ne fait pas pression sur Israël pour qu'il assume ses responsabilités en vertu du droit international et permette la libre circulation de l'aide à la population civile de Gaza. « Si le problème de l'acheminement de l'aide à Gaza n'était qu'une question de logistique, les largages aériens seraient déjà une approche vouée à l'échec. Ils ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan. Mais le vrai problème est politique : Israël fait délibérément obstruction à l'aide et attaque les convois dans le cadre d'une campagne visant à affamer délibérément la population palestinienne. Le Canada ne propose pas de solutions sérieuses à ce génocide. L'approche politique de M. Hussen serait risible si ce n'était l'ampleur du mal infligé aux Palestiniens de Gaza. C'est pourquoi nous lui avons demandé de démissionner », a déclaré M. Bueckert.

L'annonce du ministre Hussen intervient un mois après qu'il a suspendu le financement de l'UNRWA sur la base d'allégations israéliennes non fondées et peu convaincantes, et sans avoir vu la moindre preuve à l'appui de ces affirmations. L'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, est la principale organisation d'aide à Gaza et la seule à disposer de la capacité et de l'infrastructure nécessaires pour gérer l'aide à grande échelle. L'ONU a prévenu que la suppression du financement de l'UNRWA risquait de provoquer l'effondrement du système humanitaire, et CJPMO a prévenu que la suppression du financement de l'UNRWA par le Canada pourrait violer directement les ordres de la Cour internationale de justice d'augmenter l'aide humanitaire et de prévenir les génocides. La semaine dernière, plus de 100 organisations palestiniennes et de la société civile canadienne ont adressé une lettre ouverte au ministre Hussen, l'exhortant à rétablir immédiatement et sans condition l'aide humanitaire à l'UNRWA ou à démissionner de son poste.

« Si le Canada faisait tout ce qui est en son pouvoir pour forcer Israël à autoriser une aide suffisante à Gaza, des largages aériens supplémentaires pourraient être considérés comme une forme d'assistance supplémentaire utile. Mais étant donné que M. Hussen a supprimé le financement de l'UNRWA et qu'il refuse de tenir Israël pour responsable de ses obstructions et de ses attaques contre les convois d'aide, cela ressemble davantage à une tentative de détourner l'attention de sa complicité dans le génocide israélien », a déclaré M. Bueckert.


Envoyé par Marc Bonhomme

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Saint Brian

5 mars 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada est mort jeudi le 29 février dernier, ce qui a donné lieu à un concert d'éloges funèbres. En particulier, le Journal de (…)

Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada est mort jeudi le 29 février dernier, ce qui a donné lieu à un concert d'éloges funèbres. En particulier, le Journal de Montréal lui a consacré sa une du lendemain. On a vanté ses efforts pour faire aboutir les Accords du Lac Meech et de Charlottetown qui visaient à "réintégrer" le Québec dans la fédération canadienne, et ce en dépit de l'échec final de ces tentatives et du caractère plutôt symbolique de ces ententes.

Mulroney les évoquait comme devant permettre au Québec de se réconcilier avec le Canada "dans l'honneur et l'enthousiasme", des trémolos dans la voix. Bref, encore une fois, on célébrait l'aspect nationaliste de l'action d'un dirigeant politique décédé et ce en dépit de l'échec final de ces manoeuvres constitutionnelles.

Mais on ne se penche guère sur la dimension sociale de la politique conservatrice sous sa houlette. Il a géré le Canada alors que le courant idéologique rétrolibéral devenait la norme et qu'il a beaucoup contribué à façonner les politiques publiques, en particulier les mesures redistributives de la richesse produite. C'est sans état d'âme par exemple que le cabinet Mulroney a charcuté le régime d'assurance-chômage, rebaptisé en 1996 assurance-emploi, résultat d'une opération de maquignonnage linguistique.

Tout d'abord, comparons ce qu'il était après l'adoption de la loi de 1971 par le gouvernement Trudeau première manière à ce que Mulroney en a fait.

Au début de la décennie 1970, on était encore en pleine période keynésienne, axée sur la redistribution étendue de la richesse produite afin de sauvegarder le pouvoir d'achat des travailleurs et travailleuses et de contribuer à assurer ainsi un taux de profit satisfaisant aux entreprises. Par conséquent, la protection des sans emplois fut très étendue au point de devenir presque universelle, à quelques exceptions près comme les travailleurs indépendants, ceux et celles qu'on qualifierait aujourd'hui de travailleurs autonomes. Ils étaient peu nombreux en ce temps-là, l'emploi permanent et à temps plein représentant alors la norme.

Par exemple, la loi de 1971 stipulait qu'il suffisait d'avoir travaillé de 10 à 14 semaines pour se qualifier au régime, y compris les personnes âgées de 70 ans et plus. Le taux de remplacement du revenu était fixé à 75% pour les prestataires avec enfants et à 66 2/3% pour les autres.

C'était trop beau pour durer. À partir du milieu et de la fin des années 1970, on note certains reculs dans les critères d'admissibilité. Le 1er janvier 1976, le taux de remplacement du revenu est ramené pour tous les prestataires aux deux tiers de leur ancien salaire et on exclut du régime les gens âgés de 65 ans et plus. Le 7 janvier 1979, le pourcentage de remplacement du salaire est abaissé à 60% Mais le pire restait à venir.

Les conservateurs dirigés par Brian Mulroney se hissent au pouvoir lors du scrutin fédéral de 1984. Le contexte financier, politique et idéologique a brutalement changé depuis le début de la décennie 1980. Le rétrolibéralisme a détrôné le keynésianisme dans une bonne mesure. On observe alors l'abandon relatif de l'approche keynésienne au profit de ce qu'on devait appeler le néolibéralisme, ou encore le rétrolibéralisme. Ces termes désignent l'idéologie devenue dominante qui, pour l'essentiel rejette le collectivisme et met l'accent sur la liberté de production et d'échange, affirme sa foi en la libre concurrence et au fonctionnement sans entraves du mécanisme des prix ainsi qu'à la stabilité monétaire. Ses adeptes prônent une réduction du rôle régulateur de l'État (sauf pour soutenir les entreprises bien sûr) et affichent de la méfiance, sinon de l'hostilité à l'endroit des programmes sociaux, vus comme une "rigidité" qui nuit à la "disponibilité" de la main d'oeuvre. Dans cette optique, il faut "assouplir" le marché de l'emploi, par sa précarisation aussi poussée que possible.

Ainsi en 1989, dans le cadre d'un plan d'économie de 1,3 milliards de dollars, le ministre des Finances conservateur Michael Wilson met sur pied une réforme du régime. Celui-ci se traduit par l'adoption des mesures suivantes :

La période de durée des prestations se réduit comme peau de chagrin, de 6 à 7 semaines selon les cas ;

Le 27 avril 1989, Ottawa se désengage du financement du régime d'assurance-chômage, retrait qui deviendra effectif à partir du 1er janvier 1990. Désormais, il sera entièrement financé par les salariés et les employeurs, incluant cependant le gouvernement fédéral quand il agit à titre de patron. Toutefois, en novembre 1990, les personnes âgées de 65 ans et plus se trouvent réintégrées dans le régime.

Vu le déficit croissant de ce dernier en raison de la récession qui sévissait, le gouvernement Mulroney par l'intermédiaire du nouveau ministre des Finances Don Mazankovsky qui a avait succédé à Michael Wilson devenu trop impopulaire annonce en décembre 1992 que le taux de prestations des nouveaux demandeurs est abaissé de 60% à 57%, une décision qui s'appliquera à partir du 4 avril 1993.

Malgré l'important déficit du système d'assurance-chômage en 1992-1993, le taux de cotisation est maintenu à 37% en 1993 alors que la rémunération maximale assurable est fixée à 745$.

Pour résumer, le cabinet Mulroney a charcuté le régime d'indemnisation du chômage sans grand état d'âme. Il a donné la priorité à l'équilibre budgétaire au détriment du bien-être des travailleurs et travailleuses sans emploi, en bon conservateur qu'il était. Il n'a guère tenu compte des critiques pertinentes et justifiées syndicales et communautaires envers l'orientation restrictive qu'il imprimait à la protection du pouvoir d'achat et du niveau de vie de la population, lourdement affectée par la récession de 1990 à 1993.

Tout ceci sans même parler de la privatisation de 23 des 61 sociétés d'État, dont Pétro-Canada et air Canada. En 1991, il a remplacé la taxe sur les ventes manufacturières par la fameuse taxe sur les produits et services (la TPS) qui frappait plus directement les travailleurs et travailleuses.

Nul doute que si les libéraux avaient conservé le pouvoir en 1984, ils auraient emprunté plus ou moins une chemin similaire.

En rout cas, les politiques restrictives du gouvernement Mulroney devraient conduire ses laudateurs et laudatrices à mettre un sérieux bémol sur leurs louanges à l'endroit du cher disparu. Cela devrait leur donner une petite gêne...

Jean-François Delisle

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Soutenir les ONG pour brasser la cage du gouvernement fédéral qui cautionne la guerre génocidaire sioniste

5 mars 2024, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , ,
Hier, CJPMO et plusieurs autres organisations ont

Hier, CJPMO et plusieurs autres organisations ont tenu une conférence de presse annonçant une lettre ouverte signée par près de 100 organisations demandant la démission des ministres Joly, Hussen et Miller pour leur extrême mauvaise gestion de leurs portefeuilles ministériels. Pouvez-vous vous joindre à nous ?

Non seulement chaque ministre n'est pas intervenu dans le génocide en cours à Gaza, mais il a même aggravé la situation :

  • La ministre des affaires étrangères, Mélanie Joly, a résisté aux appels au cessez-le-feu, a refusé de condamner la violence d'Israël contre les Palestiniens et a ignoré la conclusion de la Cour mondiale selon laquelle il existe un génocide « plausible » à Gaza ;
  • Le ministre du développement international, Ahmed Hussen, a réduit le financement de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) le jour même où la Cour mondiale a appelé à garantir l'aide aux Palestiniens ;
  • Le ministre de l'immigration Marc Miller a retardé un programme de visas temporaires pour les parents de Canadiens vivant à Gaza, et a finalement mis en place un programme raciste avec des places limitées et des exigences de demande déraisonnables pour les personnes se trouvant dans une zone de guerre.

Nous ne pouvons accepter que cela soit l'héritage du Canada au milieu du génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza. Si ces ministres ne peuvent pas intervenir en ce moment de crise extrême et réparer ces erreurs, ils doivent se retirer.

Cliquez ici pour exiger que chacun de ces ministres prenne des mesures immédiates pour mettre fin au génocide à Gaza, ou qu'il démissionne. Votre courriel sera envoyé aux trois ministres et à leurs équipes associées.

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Plus d'informations

Malgré l'urgence du génocide en cours à Gaza, les ministres Joly, Hussen et Miller ont chacun annoncé des décisions qui reflètent peu de considération pour la vie des Palestiniens ou le droit international, et ont montré très peu de conscience de la situation concernant l'impact de leurs décisions. En 1) transférant des armes dans un contexte de génocide et 2) en retirant sciemment leur soutien à l'infrastructure humanitaire de Gaza, les actions des ministres Joly et Hussen violent directement les ordres de la CIJ visant à prévenir le génocide. Pendant ce temps, le ministre Miller a mis en place des barrières inutiles qui compliquent la capacité des proches des Canadiens à fuir un contexte de violence génocidaire.

Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères - L'absence de réaction de la ministre Joly à la décision initiale de la CIJ sur la plausibilité d'un génocide à Gaza montre que le Canada ne prend pas au sérieux la menace catastrophique qui pèse sur la vie humaine. Avant la décision, Mme Joly a exprimé son soutien à la Cour elle-même, mais a refusé de prendre une position claire sur la requête de l'Afrique du Sud, et a même semblé rejeter ses « prémisses ». Lorsqu'on lui a demandé de clarifier sa position, Mme Joly a répondu aux questions avec désinvolture, comme si elle et le gouvernement voulaient délibérément manquer de clarté. Lorsque la CIJ a émis des mesures provisoires ordonnant à Israël de prendre des mesures pour prévenir le génocide, la déclaration de Mme Joly n'a pas exprimé son soutien aux mesures ni appelé Israël à se conformer à la décision. Plutôt que de reconnaître la gravité de la décision provisoire de la CIJ, sa réponse laissait entendre qu'avant d'agir, le Canada devait attendre la décision « finale » de la CIJ sur le génocide - ce qui pourrait prendre des années. Cette réponse témoigne d'une indifférence suffisante face aux massacres de Palestiniens à grande échelle.

En fin de compte, le silence de Mme Joly sur les ordonnances de la CIJ suggère que le Canada a abandonné son engagement envers le droit international, ainsi que nos obligations en vertu de la Convention sur le génocide à l'égard des Palestiniens. Pire encore, le gouvernement a admis avoir approuvé des permis d'exportation d'armes vers Israël depuis le 7 octobre. Ainsi, dans son rôle de ministre, Joly a choisi de ne pas exercer sa prérogative de refuser des permis d'exportation d'armes à Israël pendant une campagne plausiblement génocidaire, permettant ainsi le transfert de biens militaires à Israël malgré le risque évident qu'ils soient utilisés contre des civils palestiniens. Dans une lettre adressée à Mme Joly, plus de 30 organisations de la société civile ont averti que « le Canada ne peut pas à la fois manifester son soutien à la CIJ [...] tout en continuant à armer ceux qui, selon la CIJ, sont plausiblement accusés de génocide ».

Ahmed Hussen, ministre du développement international - Le jour même où la CIJ a statué qu'Israël devait accroître l'accès humanitaire à Gaza pour empêcher un génocide, le ministre Hussen a annoncé la suspension pour une durée indéterminée de l'aide humanitaire à l'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Cette décision irréfléchie était une réaction impulsive à des allégations israéliennes non prouvées concernant quelques employés de l'agence, punissant collectivement les 2 millions de personnes à Gaza (et les 4 millions d'autres réfugiés palestiniens) qui dépendent de l'agence comme d'une bouée de sauvetage. Depuis l'annonce du Canada, l'UNRWA prévient que ses opérations s'effondreront si son financement n'est pas rétabli, et les organes de l'ONU et les agences d'aide humanitaire mettent en garde contre une catastrophe due à cette décision. Bien que le ministre Hussen ait par la suite augmenté l'aide humanitaire à d'autres agences, cette réorientation des fonds ne tient pas compte du fait que l'UNRWA est la seule organisation actuellement en mesure de fournir une aide à Gaza à grande échelle. Les Palestiniens de Gaza sont confrontés à la famine et à l'émergence d'épidémies de maladies transmissibles. Toute atteinte aux infrastructures humanitaires restantes risque d'entraîner des décès massifs, même après l'obtention d'un cessez-le-feu.

En fin de compte, en l'absence de toute allégation de mauvaise gestion de la part de l'UNRWA, le ministre Hussen a retiré le financement humanitaire à l'agence qui supervisait l'aide à une population confrontée à un génocide. L'hypothèse apparente selon laquelle d'autres agences peuvent en quelques jours 1) recréer la présence de l'UNRWA sur le terrain à Gaza pendant un génocide et une guerre, et 2) reproduire les opérations de l'UNRWA dans l'ensemble du Moyen-Orient, est totalement déconnectée de la réalité. Par les décisions de M. Hussen, le Canada défie les nombreux avertissements selon lesquels la réduction du financement de l'UNRWA nuira gravement à une population déjà confrontée à la famine, à la maladie et au génocide.

Ministre de l'Immigration Marc Miller - Malgré le nombre massif de civils palestiniens tués, il a fallu plus de trois mois au ministre Miller pour lancer un programme de visas temporaires afin d'aider les familles canado-palestiniennes à retrouver leurs proches dans la bande de Gaza. Une fois ouvert aux demandes, le programme s'est avéré présenter d'énormes barrières et restrictions inutiles qui limitent son potentiel humanitaire. Le programme de visas pour Gaza serait l'un des plus restrictifs du genre, avec un plafond arbitraire de 1 000 personnes qui provoque la panique et la concurrence parmi les Canadiens d'origine palestinienne qui tentent de faire sortir leurs proches. En outre, le processus de demande exige des niveaux sans précédent d'informations personnelles, imposant un fardeau énorme et déraisonnable aux personnes déplacées dans une zone de guerre. Pour ne rien arranger, les remarques offensantes du ministre Miller et de ses collègues indiquent que ces restrictions sont motivées par l'idée que les proches des Canadiens d'origine palestinienne constituent une menace inhérente pour la sécurité.

En fin de compte, le programme de visa de Miller ne fournit pas l'aide et les protections nécessaires à une population confrontée à un génocide et qui a des parents au Canada. Les limites de ce programme et l'attitude de M. Miller et de ses collègues ont abouti à un programme qui est totalement déconnecté des réalités d'un génocide, qui cause des difficultés inutiles et qui reflète clairement une politique de deux poids deux mesures par rapport à des programmes similaires destinés à d'autres populations.

Si ces ministres ne sont pas en mesure d'intervenir en ce moment de crise extrême et de corriger ces erreurs, ils devraient se retirer.

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Les pressions d’AMLO en faveur de réformes environnementales irritent le secteur minier canadien

5 mars 2024, par Owen Schalk — , ,
Ottawa a souvent critiqué les mesures qui limiteraient la capacité des entreprises canadiennes à tirer profit de la richesse en ressources naturelles du Mexique 26 février (…)

Ottawa a souvent critiqué les mesures qui limiteraient la capacité des entreprises canadiennes à tirer profit de la richesse en ressources naturelles du Mexique

26 février 2024 | tiré de Canadian dimension | Photo : Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador agitant le drapeau du Mexique. Photo de Wikimedia Commons.
https://canadiandimension.com/articles/view/amlos-push-for-environmental-reforms-angers-canadian-mining-sector

Début février, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador (AMLO) a proposé un paquet de 20 réformes constitutionnelles. Bien qu'il soit peu probable que l'ensemble du paquet survive au rejet du Congrès – le parti MORENA d'AMLO n'a pas la majorité des deux tiers – les réformes proposées représentent la dernière tentative du gouvernement de réorienter l'économie mexicaine loin du néolibéralisme et vers un modèle social-démocrate qui met davantage l'accent sur la souveraineté nationale et les intérêts de la majorité.

Selon la loi mexicaine, les présidents ne peuvent exercer qu'un seul mandat de six ans, et AMLO est dans la dernière moitié de sa dernière année. Le paquet de réformes, qui comprend « des mesures de refonte du système judiciaire, de la loi électorale, des retraites et des réglementations environnementales », pourrait être le dernier effort d'AMLO pour réformer les institutions mexicaines sous la bannière de la « quatrième transformation » – bien que les sondages indiquent qu'il est probable que la candidate de MORENA, Claudia Sheinbaum, poursuive le processus de transformation après les élections de juin (selon AMLO, les trois premières transformations sont l'indépendance de 1810 ; la réforme de 1861, qui a réalisé la séparation de l'Église et de l'État ; et la révolution de 1910 qui a renversé le dictateur Porfirio Díaz).

Au cours des dernières années de sa présidence, AMLO a fait face à l'opposition du Canada et des États-Unis, résistant aux contestations judiciaires et aux pressions diplomatiques d'Ottawa et de Washington sur ses efforts pour accroître le rôle de l'État dans les secteurs de l'énergie et de l'agriculture de son pays. De même, le Canada s'est opposé avec véhémence aux mesures d'AMLO visant à renforcer la main de l'État mexicain dans l'extraction minière.

Les entreprises canadiennes détiennent des participations dans 70 % de toutes les exploitations minières au Mexique. À ce titre, Ottawa s'est activement opposé aux politiques progressistes d'AMLO en matière de ressources naturelles, qui accorderaient des droits de propriété sur les actifs énergétiques et miniers du pays à tous les citoyens mexicains. Les sociétés minières canadiennes ont régulièrement exprimé leur frustration à l'égard du dirigeant mexicain, tandis que la ministre canadienne du Commerce, Mary Ng, a fréquemment critiqué les mesures qui limiteraient la capacité des entreprises canadiennes à profiter des richesses en ressources naturelles du Mexique.

L'opposition du Canada aux réformes d'AMLO n'est pas surprenante, étant donné qu'Ottawa donne généralement la priorité à l'accès aux ressources latino-américaines par rapport à presque toutes les autres questions régionales, y compris la sécurité, comme le montre le cas récent de l'Équateur. Pourtant, les efforts juridiques et diplomatiques du Canada pour annuler les réformes d'AMLO représentent une tentative antidémocratique choquante d'empêcher le gouvernement mexicain très populaire de promulguer son mandat.

Alors que les différends commerciaux se sont estompés au cours des derniers mois, la nouvelle série de réformes d'AMLO attise déjà la colère du secteur minier canadien. Il faut s'attendre à ce que la ministre Ng commence bientôt à exprimer ses « préoccupations ».

Dans un article pour CounterPunch, le journaliste Kent Paterson décrit les principaux piliers du paquet de réformes d'AMLO :

  • Réaffirmer le droit de tous les Mexicains de 65 ans et plus à une pension assortie d'augmentations annuelles ;
  • Offrir des pensions qui versent 100 % du dernier salaire des retraités qui sont inscrits aux systèmes IMSS et ISSTE du gouvernement fédéral ;
  • Assurer un soutien économique aux personnes handicapées et des bourses d'études pour les étudiants à faible revenu ;
  • Garantir que l'augmentation du salaire minimum ne soit jamais inférieure au taux annuel d'inflation ;
  • Fournir des soins de santé gratuits à tous les Mexicains ;
  • Réduire le nombre de représentants et de sénateurs au Congrès ;
  • Instaurer des prix garantis pour les agriculteurs ;
  • Interdire le maïs OGM pour la consommation humaine ;
  • l'interdiction de la fracturation hydraulique ;
  • Réduire le mandat de la Cour suprême de 15 à 12 ans ; et
  • Élire les juges au suffrage universel.

Ces réformes visent à approfondir ce qui est peut-être le plus grand héritage d'AMLO au Mexique : « l'élargissement des retraites et d'autres programmes sociaux bénéficiant à la classe ouvrière », une réorientation économique qui émerge « non seulement comme un consensus national, mais aussi comme une réalité institutionnelle », selon les mots de Paterson.

Les réformes proposées comprennent également un volet environnemental, à savoir l'interdiction des concessions dans les zones où l'eau est rare et l'interdiction de nouvelles mines à ciel ouvert, ce qui est particulièrement pertinent pour l'exploitation minière canadienne.

L'industrie minière se plaint déjà que les mesures d'AMLO « généreront de l'incertitude et réduiront les investissements » – un code pour « nuire à notre capacité à faire des profits ».

La société vancouvéroise Fortuna Silver Mines Inc., propriétaire d'une mine d'argent et d'or à Oaxaca, s'est prononcée contre les réformes environnementales d'AMLO. « Ce n'est un secret pour personne que cette administration a été opposée à l'exploitation minière », a déclaré le président de la société, Jorge Ganoza. « Si cela devait continuer, nous verrions certainement le Mexique perdre du terrain par rapport à d'autres pays miniers. » Pendant ce temps, Riyaz Dattu, un avocat qui conseille les entreprises canadiennes en matière d'arbitrage, affirme que les réformes d'AMLO « feront fuir les investissements ».

L'année dernière, la ministre Ng a critiqué les réformes minières d'AMLO, appelant le Mexique à abandonner sa quête de souveraineté en matière de ressources et à « créer des opportunités pour les entreprises [canadiennes] ». M. Ng avait précédemment « exprimé des préoccupations concernant le traitement des sociétés minières canadiennes au Mexique » et affirmé, sans preuve, que les sociétés minières canadiennes sont « des chefs de file dans l'établissement de pratiques inclusives et durables en milieu de travail ».

S'il reste à voir si le paquet de réformes d'AMLO survivra à l'opposition du Congrès, ses propositions définissent déjà le débat autour de la prochaine élection présidentielle.

Si Sheinbaum succède à AMLO, elle aura un mandat précis pour mener à bien ces réformes.

Dans ce cas, il faut s'attendre à ce que le Canada poursuive ses efforts pour entraver la quatrième transformation et la voie du Mexique vers la souveraineté en matière de ressources.

Owen Schalk est un écrivain originaire d'une région rurale du Manitoba. Il est l'auteur de Canada in Afghanistan : A story of military, diplomatic, political and media failure, 2003-2023.

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Déclaration du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques en solidarité avec les femmes affectées par le projet de loi 21

5 mars 2024, par Centre communautaire des femmes sud-asiatiques — , ,
La décision de la Cour d'appel du Québec dans la contestation du projet de loi 21 va à l'encontre des droits à l'égalité pour toutes les femmes tels que garantis dans les (…)

La décision de la Cour d'appel du Québec dans la contestation du projet de loi 21 va à l'encontre des droits à l'égalité pour toutes les femmes tels que garantis dans les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés, documents qui inspirent notre éthique au SAWCC.

photo : L' Autre Journal

Montréal, le 29 fevrier 2024

L'adoption de la loi, les débats qui en ont découlé et le problème actuel ont alimenté l'islamophobie au Québec, qui a déjà la distinction douteuse d'être le premier endroit au Canada où des musulmans ont été massacrés
simplement parce qu'ils étaient musulmans.

Dans le cadre de notre travail au Centre, des utilisateurs et des membres nous font part d'agressions islamophobes - verbales et physiques - à leur encontre.

Nous sommes solidaires des femmes affectées par le projet de loi 21. Nous n'accepterons jamais que l'État ou la religion nous dicte comment nous habiller, ce qui limite notre capacité à participer à la société, à obtenir des services ou à trouver un emploi.

* Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques (CCFSA), basé à Montréal, est une organisation de services, de soutien et de défense des droits qui fournit des services et du soutien depuis quarante-trois ans.
Bien que l'accent soit mis sur les femmes sud-asiatiques et leurs familles, personne n'est rejeté. Afin de représenter au mieux les intérêts des communautés que nous servons, nous nous engageons également dans la défense
des droits.

Vrinda Narain, Président, SAWCC

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Plaidoyer pour un accès aux soins périnataux pour les femmes immigrantes sans RAMQ

5 mars 2024, par Collectif FEMSAM (femmes enceintes migrantes sans assurance maladie) — , ,
Québec, 29 février 2024 - Le Collectif FEMSAM (femmes enceintes migrantes sans assurance maladie) et ses alliées ont lancé aujourd'hui le livre Parcours de soins de femmes (…)

Québec, 29 février 2024 - Le Collectif FEMSAM (femmes enceintes migrantes sans assurance maladie) et ses alliées ont lancé aujourd'hui le livre Parcours de soins de femmes immigrantes sans accès au régime d‘assurance maladie du Québec, en livrant un plaidoyer pour un accès gratuit aux soins périnataux pour les femmes immigrantes sans RAMQ.

À Québec, près de 200 femmes ont donné naissance sans carte d'assurance-maladie dans la dernière année. L'équipe de la Clinique SPOT est alarmée par le manque d'accès aux soins périnataux pour ces femmes, qui vivent souvent dans une situation de grande précarité. “Nous anticipons pouvoir répondre à seulement 1 demande sur 10 en 2024” se désole Cathie Bordeleau, intervenante périnatale dans cet organisme qui offre des suivis de grossesse aux
femmes à statut précaire sans assurance santé, quelques heures par semaine.

Le livre Parcours de soins de femmes immigrantes sans accès au régime d‘assurance maladie du Québec est issu d'une recherche-action-participative pilotée par Accès Savoirs, en collaboration avec le milieu communautaire. Il relate le vécu de plusieurs de ces femmes et familles et est disponible gratuitement, au format électronique. À cause des coûts reliés aux soins périnataux, nombre d'entre elles ont dû faire des choix déchirants. Certaines ont dû s'automédicamenter ou renoncer aux soins en cas de douleur liée à la grossesse ou à l'accouchement. Une femme y témoigne : « quand je suis revenue après avec ma césarienne, j'avais ma plaie. À un moment donné, ma plaie était horrible. Ça chauffait terriblement, mais je n'osais pas aller à l'hôpital parce que je savais que juste pour les urgences c'est 700 $.
Donc j'ai supporté en espérant que ça va finir. Par la grâce de Dieu, c'est fini, mais il pouvait y avoir des complications. Je devais rester avec mes complications parce que j'ai peur des factures ».

Les femmes sans assurance maladie soutenues par les organismes sont principalement en attente d'une résidence permanente ou d'un renouvellement de leur statut. Certaines sont étudiantes étrangères avec une assurance privée obligatoire qui ne couvre pas les soins entourant la naissance.

Marielle M'Bangha, du Service de référence en périnatalité pour les femmes immigrantes de Québec, s'inquiète de la situation actuelle : « Nous sommes face à une situation extrêmement critique, alors que des futures mamans sont sans suivi de grossesse, prises au piège des particularités des politiques d'immigration et parce qu'elles n'ont tout simplement pas les sous pour payer. Plusieurs de ces familles font face à l'insécurité alimentaire et sont déjà en
situation d'itinérance cachée. Qu'attendons-nous ? De les voir dans la rue avec leur grossesse ? Ce n'est pas responsable, dans notre société, que des familles et femmes enceintes souffrent de la faim, qu'elles n'aient pas de suivi de grossesse et ne sachent plus à quelle porte cogner
. »

Le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale explique qu' « au Québec, les personnes sans accès à l'assurance maladie doivent payer 200% des frais liés à tout traitement, soin de santé ou hospitalisation, ce qui est un non-sens et une injustice ! Par solidarité avec elles et parce que cette situation constitue un grave problème de santé
publique ayant des effets sur l'ensemble de la société, nous implorons le gouvernement de corriger la situation. Nous faisons un appel à l'effort collectif pour prendre soin, urgemment, des mamans et des bébés qui vivent ici, au Québec
.”

Pour la santé des mères et des bébés à naître, la seule solution réelle est de donner accès à des soins de santé et services sociaux gratuits tout au long de la période périnatale à toutes les femmes, peu importe leur statut.

Lien pouraccéder gratuitement au livre : Parcours de soins de femmes immigrantes sans accès au régime d'assurance maladie du Québec – Un livre des Éditions science et bien commun (pressbooks.pub)

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Décarbonation ou propulsion industrielle ?

5 mars 2024, par Fondation Rivières — , ,
Ce printemps hâtif est un percutant rappel des changements climatiques dans notre quotidien et de l'importance de décarboner le Québec. De André, Fondation Rivières , le (…)

Ce printemps hâtif est un percutant rappel des changements climatiques dans notre quotidien et de l'importance de décarboner le Québec.

De André, Fondation Rivières , le 2024-03-04 14:49

Nous sommes très inquiets des décisions précipitées du gouvernement qui met en place une propulsion industrielle plutôt qu'une véritable décarbonation du Québec. Avec cette vente à rabais d'électricité qu'il faudra produire rapidement et à n'importe quel prix, le gouvernement prétend qu'on n'a pas le choix et qu'il faut construire de nouveaux barrages.

Ces arguments fallacieux étaient les mêmes il y a 50 ans, lorsque Hydro-Québec tentait de justifier son projet de détruirela vallée de la rivière Jacques-Cartier. Un biologiste a mobilisé les citoyens pour sauver la rivière. À
nous de faire de même pour sauver les dernières rivières naturelles du Québec.

Protéger la biodiversité par l'hybridation des barrages existants

Les centrales hydroélectriques actuelles sont sous-utilisées, alors qu'il suffirait d'installer des éoliennes dans les réservoirs et autour des réservoirs pour produire jusqu'à 900 TW d'énergie, soit neuf fois ce dont on a besoin.
C'est ce que détaille Louis-Gilles Francoeur dansun texte important dans Le Devoirsur le potentiel du couplage de l'énergie éolienne avec les réservoirs déjà existants. Un texte à lire.

Non à la production inutile d'hydrogène à partir de méga éoliennes

Le mégaprojet de production d'hydrogène TES en Mauriciequi pourrait mener à la construction de 150 éoliennes de plus de 150 mètres de hauteur dans un territoire agricole habité. Le but : alimenter le réseau d'Énergir en gaz naturel
« renouvelable » en couplant l'hydrogène produit par l'électricité avec du carbone. Les deux tiers de la production de TES sera faite de méthane dans le seul but d'aider Énergir à atteindre son objectif de distribuer 10% de gaz
naturel « vert » dans sonréseau d'ici 2030. Pendant ce temps, Hydro-Québec invite les Villes àretarder de nouveaux projets résidentielsdevant la crainte de manquer d'électricité.

Notre responsable mobilisation, énergie et climat, Normand Beaudet, s'est rendu en Mauricie et il a constaté que le projet suscite une vive inquiétude chez les citoyens, les élus et les groupes environnementaux qui exigent des réponses.
Nous ne sommes pas contre la production éolienne, mais il faut que ça se fasse correctement.

Pendant ce temps, nous sommes actifs autour de Northvolt Nous participons activement aux différentes coalitions et nous exigeons de la transparence et la tenue d'une consultation menée par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. En parallèle, on s'inquiète sérieusement des risques pour la rivière Richelieu.

Nous avons donc écrit à Paolo Cerruti, président de Northvolt en Amérique du Nord, afin de soulever les enjeux qui touchent la protection de la rivière Richelieu. Sylvain Lapointe, directeur général du COVABAR, participera au comité
de liaison avec la communauté mis en place par l'entreprise et il portera ces préoccupations auprès des dirigeants.

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Quand les hauts fonctionnaires défendent Northvolt

5 mars 2024, par Germain Dallaire — , ,
J'ai assisté hier (jeudi le 29) à la séance publique « d'information » sur le projet Northvolt à Saint Basile le Grand. Ce qui m'a frappé au départ, c'était la configuration de (…)

J'ai assisté hier (jeudi le 29) à la séance publique « d'information » sur le projet Northvolt à Saint Basile le Grand. Ce qui m'a frappé au départ, c'était la configuration de la salle.

Germain Dallaire

À l'avant, 7 ou 8 hauts fonctionnaires des ministères (industrie, environnement, transports). Dans le coin gauche, l'animateur (employé de la firme National) debout devant un lutrin. À sa droite, tout le long de la salle jusqu'en arrière, une rangée de tables en long avec derrière une bonne quinzaine de représentants de la Ville (conseillers et employés). Au côté de l'animateur en tête de liste, le maire Yves Lessard à qui il ne manquait qu'une couronne et dont le passé syndical était décidément bien loin. Tous ces gens, tels des notables d'un rang supérieur, étaient installés dans des chaises basculantes confortables bien espacées qui contrastaient avec les chaises droites en rang d'oignon réservées à la centaine de spectateurs présents. On aurait dit des spectateurs VIP ou encore un juré assistant à un procès. Globalement donc, une trentaine « d'officiels » par rapport à une centaine de spectateurs. Le moins qu'on puisse dire était que l'encadrement et le protocole étaient bien assurés.

La rencontre s'est déroulée en deux temps : présentation du projet par les hauts fonctionnaires suivie des questions et interventions de la salle. Le ton a été donné dès le départ avec la formation d'une longue file derrière le micro. La rencontre s'est terminée vers 11 hres 30 soit 1 hre 30 de plus que prévu. Très, très majoritairement, les citoyen(ne)s ont exprimé inquiétudes et scepticisme. Sans surprise, les hauts fonctionnaires ont joué leur rôle de gardien de but. À les écouter, tout est sous contrôle et suit le cours normal des choses. Ce qui est supposément le plus important projet industriel du Québec est quasiment banal. Confortés dans leur statut d'experts, ils se sont même permis des faussetés. Le représentant du ministère de l'industrie à affirmé que Northvolt paierait le tarif L pour son électricité. Peut-être n'était-t-il pas au courant du programme de réduction de 20% qui a connu un engouement important à la fin de 2023… Celui de l'environnement a affirmé que Northvolt paierait les aménagements futurs compensant la perte de milieu humide. C'est oublier bien vite que cette compagnie bénéficie d'une subvention publique de 7 milliards$.

Les spectateurs présents n'étaient pas d'humeur à se laisser mettre en boîte. L'animateur de National a bien tenté d'encadrer les choses mais a dû rapidement baisser les bras. Au final donc, le spectacle lamentable d'une réunion de propagande où on a vu des hauts fonctionnaires et des cadres municipaux à la botte d'une firme étrangère vivant de notre argent. Au final, une population se posant de sérieuses questions tout en restant poli mais qui ne montre aucun signe d'apaisement. Le peuple québécois est bien bon et bien patient.

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Demandeurs d’asile et services éducatifs : la CSQ dénonce la décision du gouvernement

5 mars 2024, par Centrale des syndicats du Québec (CSQ) — , ,
La délégation du conseil général de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a adopté la semaine dernière une motion dénonçant la décision du gouvernement du Québec de (…)

La délégation du conseil général de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a adopté la semaine dernière une motion dénonçant la décision du gouvernement du Québec de contester en Cour suprême l'accès des enfants de familles demanderesses d'asile aux services de garde éducatifs à l'enfance régis et subventionnés.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Le 7 février dernier, la Cour d'appel du Québec avait rendu son jugement dans lequel elle concluait que refuser l'accès aux services éducatifs subventionnés à 9,20 $ par jour aux familles demanderesses d'asile est discriminatoire et constitue une atteinte au droit à l'égalité des femmes. Or, le gouvernement a décidé de demander à la Cour suprême de revoir cette récente décision.

Dans une lettre adressée aux directions des centres de la petite enfance, le ministère de la Famille indique que le gouvernement « a aussi déposé une demande de sursis d'exécution du jugement rendu par la Cour d'appel, jusqu'à ce que la Cour suprême du Canada ait rendu un jugement mettant fin au débat ».

La CSQ et la FIPEQ-CSQ appuient les familles

Rappelons que la CSQ et sa Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) militent en faveur d'un plus grand accès aux services publics pour les personnes demanderesses d'asile et leurs enfants. Depuis le début de cette saga judiciaire, la Centrale et sa fédération appuient les familles. Après avoir obtenu l'accès à l'éducation publique pour les enfants de parents ayant un statut migratoire précaire et l'accès à l'assurance maladie, l'annonce de l'accès aux services éducatifs pour ces enfants au début du mois de février avait été accueillie comme une excellente nouvelle par la Centrale et la FIPEQ-CSQ.

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Lettre ouverte - Assurance médicaments | Cessons de bloquer le progrès social

5 mars 2024, par Collectif — , ,
Plus de quatre ans après le dépôt du rapport Hoskins, le gouvernement fédéral a enfin déposé un projet de loi sur l'assurance médicaments. Les problèmes du système actuel sont (…)

Plus de quatre ans après le dépôt du rapport Hoskins, le gouvernement fédéral a enfin déposé un projet de loi sur l'assurance médicaments. Les problèmes du système actuel sont connus depuis des décennies. Le régime public-privé du Québec se caractérise par des coûts très élevés, un financement inéquitable et un accès restreint. Selon nous, les politiques publiques actuelles briment le droit à la santé des Québécois et des Québécoises. En effet, comment peut-on tolérer qu'une personne sur dix se prive de médicaments d'ordonnance, en raison d'enjeux financiers ? Le régime hybride québécois est donc loin d'être un exemple à suivre pour le Canada.

Bien que ce projet de loi soit perfectible, il s'agit d'un pas dans la bonne direction ainsi qu'une occasion de jeter les bases d'un véritable régime public et universel d'assurance médicaments. D'ici à ce que cela devienne réalité, nos organisations entrevoient plusieurs difficultés. D'abord, on peut s'attendre à ce que les lobbyistes de l'industrie pharmaceutique et des assureurs soient très actifs derrière les portes closes et dans l'espace public afin de torpiller toute initiative qui vise à réduire les coûts des médicaments et donc leurs profits. Collectivement, des efforts devront être déployés pour faire primer les intérêts collectifs sur ceux d'une minorité.

L'enjeu des coûts risque d'occuper une grande place dans les débats. Pour plusieurs, un régime public et universel est trop coûteux pour les finances publiques, et ce, surtout dans un contexte où l'état de l'économie se détériore. Selon nous, cet argument n'est pas recevable. Environ 10 milliards de dollars sont dépensés en médicaments d'ordonnance au Québec par année. Que l'on paie une prime à un régime privé d'assurances collectives ou au régime public n'y change rien. Il s'agit d'un bien essentiel dont on ne peut se passer et qu'il faudra payer d'une manière ou d'une autre. La question n'est donc pas de savoir si un régime public et universel d'assurance médicaments est trop coûteux, mais plutôt combien d'argent sommes-nous prêts à gaspiller collectivement pour maintenir en vie un système dysfonctionnel incapable de contrôler les coûts ?

Il existe également des craintes légitimes parmi la population, malgré un fort appui pour la mise sur pied d'un régime public et universel d'assurance médicaments. Plusieurs redoutent la perte de certaines protections avec un tel programme. Pourtant, tous les Québécois et Québécoises en sortiraient gagnants. Des efforts devront donc être déployés pour bien informer la population des bienfaits d'un régime public et universel.

Mais c'est le refus du gouvernement québécois qui demeure le principal obstacle au progrès social. Depuis plusieurs années, celui-ci a préféré dénoncer l'ingérence du fédéral plutôt que de régler lui-même les problèmes du système actuel. Le Québec aurait intérêt à négocier avec Ottawa pour financer un régime public et universel québécois, plutôt que de réclamer un droit de retrait avec pleine compensation dans l'unique but de maintenir un statu quo problématique. Le Québec doit profiter des convergences possibles et ainsi améliorer son pouvoir de négociation face à l'industrie pharmaceutique. D'ailleurs, il collabore déjà avec le fédéral et les autres provinces pour réduire les coûts de certains médicaments. Dans ce débat, le gouvernement du Québec devra s'expliquer. Veut-il collaborer de manière constructive avec le palier fédéral et prendre le parti des Québécois et des Québécoises qui doivent choisir entre se nourrir et se soigner ? Ou, au contraire, préfère-t-il continuer de se cacher derrière le paravent des champs de compétence pour favoriser une poignée d'intérêts privés au détriment du bien-être collectif ?

Signataires

Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Émilie Charbonneau, 2e vice-présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Maxime Dorais, codirecteur général d'Union des consommateurs

Geneviève Lamarche, coordonnatrice de la Coalition solidarité santé

Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Stéphanie Vallée, présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)

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Déclaration de Bea Bruske : Interdire les briseurs de grève, c’est protéger les droits des travailleurs

5 mars 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Le mouvement syndical peut célébrer une autre victoire aujourd'hui avec le vote sur le projet de loi C-58, qui vise à interdire le recours aux travailleurs et travailleuses de (…)

Le mouvement syndical peut célébrer une autre victoire aujourd'hui avec le vote sur le projet de loi C-58, qui vise à interdire le recours aux travailleurs et travailleuses de remplacement.

Les syndicats du Canada se réjouissent des progrès significatifs qui ont été accomplis pour interdire le recours aux travailleurs de remplacement, une pièce manquante cruciale de la législation du travail au Canada, depuis des décennies. Cette avancée a été rendue possible grâce à des milliers de militants syndicaux à travers le pays qui se sont levés et ont exigé du gouvernement qu'il fasse mieux.

Il s'agit d'une étape importante vers une véritable protection des travailleurs et de leur droit de grève. Cette législation doit s'appliquer à tout travail régulièrement effectué par des travailleurs appartenant à une unité de négociation et ne doit pas priver les travailleurs de leur droit de grève légal, en créant davantage d'obstacles à l'exercice de ce droit.

Depuis des années, les entreprises enregistrent des profits records, alors que les salaires des travailleurs continuent d'accumuler du retard. Les travailleurs exigent à juste titre des salaires plus équitables, de meilleures normes de sécurité et le respect de leurs employeurs.

En interdisant une fois pour toutes le recours aux briseurs de grève, nous ferons un grand pas en avant pour réduire les interruptions de travail et bâtir une économie plus équilibrée, tout en augmentant les avantages et le respect que les travailleurs méritent.

Il faut maintenant que tous les parlementaires travaillent ensemble et modifient le projet de loi pour assurer une entrée en vigueur dès qu'il recevra la sanction royale. Il s'agit d'un élément essentiel pour assurer une protection immédiate des droits des travailleurs et rétablir l'équité dans le processus de négociation collective. Nous avons attendu assez longtemps.

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Le Prisonnier du désert – sur Dune, deuxième partie de Denis Villeneuve

5 mars 2024, par Serge Kaganski — ,
Luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Dune, deuxième partie concasse et fond (…)

Luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Dune, deuxième partie concasse et fond ensemble tous les thèmes qui ont peuplé les grands mythes de l'humanité. Seulement esquissés dans le premier volet, ces enjeux dramaturgiques mijotent et cuisent à point dans ce nouvel opus de Denis Villeneuve nettement plus limpide scénaristiquement et visuellement.

28 février 2024 | tiré d'AOC media

Je n'avais pas vraiment aimé Dune, première partie : scénario filandreux, impression visuelle d'un perpétuel brouillard grisâtre, sentiment d'une très longue séquence d'exposition des personnages et des enjeux, le tout scandé par une bande-son (musique et bruitages) tonitruante qui faisait un peu mal à la tête.

Beaucoup de muscles, pas beaucoup de grâce. Je précise cela pour dire à quel point j'ai préféré ce deuxième volet, plus limpide scénaristiquement et visuellement, avec une colorimétrie globalement plus chaude et lumineuse. Après la géniale génération des Lucas, Spielberg ou Scorsese qui vieillit ou se retire (mais on guettera avec attention le Megalopolis de Francis Ford Coppola), Denis Villeneuve représente (avec Christopher Nolan) la classe actuelle et trop rare des auteurs de blockbusters, un genre qui s'est formaté et « marvelisé » ces dernières années, déversant à la chaine des produits bien fabriqués mais sans âme ni personnalité. Comme son remake de Bladerunner, ce Dune 2 est une belle réussite et donne presqu'envie de revoir le premier volet qui en serait peut-être bonifié à la lumière rétrospective du second.

Souvenez-vous : l'empereur Shaddam avait attribué aux Atréides la gouvernance de la planète Arrakis, aride, désertique, dangereuse, mais riche en « épice », le pétrole-charbon-lithium-métal rare-potion magique du monde de Dune. Ce cadeau spacio-politique était une ruse machiavélique de l'empereur, qui complotait avec les sombres Harkonnen pour récupérer Arrakis et éliminer les Atréides. À la fin du premier volet, on avait quitté Paul Atréides (Timothée Chalamet), le jeune héritier, accompagné de sa mère, Dame Jessica, errant dans le désert avec le peuple local, les Fremen, bien décidé à combattre les Harkonnen et à se venger de ceux qui ont trahi sa famille. Outre la lutte opposant les Fremen aux Harkonnen et à l'empire, ce deuxième volet suit deux pistes, celle du pouvoir et celle de l'amour. Paul est considéré par les Fremen comme le Mahdi, leur Messie, mais il renâcle : non seulement il sait qu'il n'est pas ce Mahdi, mais il n'a pas de goût particulier pour le pouvoir. D'autant qu'il tombe amoureux de Chani, une Fremen, et affronte le classique dilemme des héros mythologiques (et des grands hommes de l'Histoire ?) entre l'amour et… l'appel de la Destinée.

On le voit, Dune 2 compile, concasse et fond ensemble tous les thèmes qui ont peuplé les grands mythes de l'humanité (la Bible, la tragédie grecque, le Nouveau testament, le drame shakespearien ou racinien, le Coran…) : luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Seulement esquissés dans le premier volet, ces enjeux dramaturgiques mijotent et cuisent à point dans ce second épisode. La beauté de ces thématiques éternelles, c'est que l'on peut y projeter toutes les périodes historiques qui ont vu s'affronter des forces impérialistes et des peuples autochtones (guerre de Troie, conquêtes romaines, colonisation, nazisme…) en remontant bien sûr jusqu'au présent le plus brûlant : invasion de l'Ukraine par la Russie ou conflit israélo-palestinien. Prenons les Fremen : on pourrait les identifier aussi bien comme les Juifs pourchassés par Rome ou par le nazisme que comme les Palestiniens opprimés par Israël. Par contre, leur Mahdi est emprunté au chiisme. C'est toute l'intelligence universaliste (et commerciale) de Dune que de combiner ainsi divers éléments historiques et culturels, puis de les fondre ensemble en une sorte d'objet syncrétique afin de donner du grain identificatoire à tout le monde. Quant aux affreux Harkonnen, avec leurs crânes rasés, leurs mines patibulaires, leur uniformes noirs dignes d'un groupe de death metal, leur brutalité et leur cynisme, ils évoquent autant les nazis que le régime de Vladimir Poutine.

Dune 2 offre une vraie proposition esthétique pour un space opéra.

Dune 2, c'est aussi, et peut-être avant tout, une débauche de créativité à tous les postes : costumes, décors, objets, accessoires, photo, tout attrape l'œil. Ce n'est pas sans risque. S'il n'y avait la puissance des batailles et la tension des enjeux, le film pourrait parfois prendre les allures d'un exotisme chic, d'un défilé de mode et de design, voire si on était vraiment sévère, d'une pub luxueuse pour parfum. Malgré cette imagerie subliminale, Dune 2 offre quand même une vraie proposition esthétique pour un space opéra, toute une gamme chromatique d'ocres, de beiges et de grèges, les espaces somptueux du désert, un vol d'hélicoptères dans le soleil qui rappelle la chevauchée des Walkyries de Coppola, ou encore ces séquences où Villeneuve passe subitement des couleurs chaudes des Fremen au noir et blanc métallique des affreux Harkonnen. Le tout sans cesse rehaussé par la musique grandiose (frisant le grandiloquent) de Hans Zimmer. Si le scénario brasse tous les mythes, la fresque esthétique de Villeneuve amalgame toute l'histoire des films à grand spectacle du péplum au space opéra en passant par le western et le film de guerre, distillant ses réminiscences de Ben Hur, Lawrence d'Arabie, Gladiator, La Guerre des étoiles, Apocalypse now…

Puisque l'on évoque les grands films spectaculaires digérés par Villeneuve, on a envie de terminer en jouant Dune 2 face à un autre film du genre space opéra encore à l'affiche : L'Empire de Bruno Dumont, qui se passe aussi dans les dunes – celles plus modestes du Pas-de-Calais. On pourrait facilement pointer quelques ressemblances entre les deux films : un affrontement physique et métaphysique entre bien et mal, avec d'un côté Paul Atréides/Timothée Chalamet et Anna-Maria Vartolomei représentant les lumières, de l'autre les Harkonnen et Fabrice Luchini/Belzébuth champions des ténèbres. Il y a aussi des différences pas minces, qui sont celles entre le cinéma français et le cinéma hollywoodien : L'Empire a coûté 7 millions d'euros, Dune 2 190 millions de dollars. Cette différence de force de frappe est un symbole cruel au moment où les Etats-Unis sont en train de lâcher l'Ukraine et l'Europe. Le geste de Dumont est certainement plus original, plus audacieux, plus libre, plus foutraque, plus transgressif, celui de Villeneuve étant du côté de la puissance et du perfectionnisme à gros moyens. C'est un peu comme si l'on comparait d'un côté une bizarre voiture hybride assemblant une Mercédès et une 2CV avec de l'autre côté une Rolls luxueuse dans tous les détails. La Mercédès-2CV a plus de charme et de singularité mais le voyage en Rolls est un plaisir de cinéma premium qui ne se refuse pas.

Serge Kaganski

JOURNALISTE, CRITIQUE DE CINÉMA

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Shabjdeed et Al-Nather, les sultans du rap palestinien

Figures influentes de la scène palestinienne, le rappeur Shabjdeed et le producteur Al-Nather ont sorti leur second album, “Sultan”, le 29 février. Leur œuvre au son unique (…)

Figures influentes de la scène palestinienne, le rappeur Shabjdeed et le producteur Al-Nather ont sorti leur second album, “Sultan”, le 29 février. Leur œuvre au son unique reflète la réalité d'une jeunesse cisjordanienne étouffée, mais résiliente, sous l'occupation israélienne. Le site panarabe “The New Arab” retrace aussi l'histoire de BLTNM, le collectif auquel ils appartiennent.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le rappeur palestinien Shabjdeed (au centre) et son producteur Al-Nather (à droite) dans un extrait du clip de leur chanson "NKD GLG", sortie en 2019. Capture d'écran YouTube / @BLTNM

Shabjdeed et Al-Nather, figures majeures de la scène alternative palestinienne, sont de retour avec Sultan. Ce second disque du tandem, sorti le 29 février, reflète les réalités de la jeunesse de Cisjordanie, alors que l'occupation israélienne se durcit. Dithyrambique, la critique palestinienne Salma Moussa salue, dans le site panarabe The New Arab, “le courage de Shabjdeed pour cette exploration sensible, honnête, lucide, responsable et élégante en territoire dangereux”. Elle retrace aussi retrace la genèse du duo et leur implication dans le collectif BLTNM.

Ce nouvel album était très attendu depuis la sortie du premier morceau, Nasheed (“Hymne”, en arabe), en décembre 2023. “Sortie en toute discrétion et sans référence directe à cette période si tendue et particulière”, avec les massacres commis à Gaza, la chanson mêle mélancolie, résilience et espoir.

“Rien d'extraordinaire, là encore, le quotidien des Palestiniens est ainsi, les mots comme ‘guerre' en font simplement partie, de la même manière qu'on les retrouve dans le répertoire du musicien depuis le début de sa carrière”, car la “guerre est une constante de la vie des Palestiniens”.

“Un jeune homme ordinaire”

Shabjdeed a émergé sur le devant de la scène musicale à Ramallah, en 2018, tandis qu'Al-Nather se faisait connaître comme le producteur le plus en vue de la scène alternative en Cisjordanie. Ils se sont retrouvés alliés au sein du collectif BLTNM, alors à l'affiche du premier Boiler Room palestinien − nouvelle déclinaison de ces soirées clubbing organisées à travers le monde et devenues une véritable institution.

L'une des raisons du succès du rappeur, c'est qu'il “parle d'une expérience plus largement partagée, du quotidien des habitants de Cisjordanie, de leur vie, de leurs clivages, et plus précisément du point de vue d'un jeune homme ordinaire”, analyse Salma Moussa.

Comme beaucoup de jeunes Palestiniens, la musique de Shabjdeed a accompagné les virées nocturnes, en voiture, de la journaliste à travers Ramallah, terrifiée par la peur d'être interpellée. “C'est ce qu'on appelle la paranoïa naturelle de Ramallah, c'est quelque chose qui vous vient naturellement quand vous vivez – ou essayez de vivre – dans ce qui est de facto votre pays. Aussi traumatique soit-elle, pour une Cisjordanienne comme moi, cette paranoïa est un sentiment tangible et familier, presque réconfortant, c'est quelque chose que tout le monde comprend” avec cette musique.

Des marginaux

En 2021, une chanson en particulier a trouvé un large écho auprès de la jeunesse palestinienne et arabe, rappelle la journaliste : Inn Ann, un duo entre Shabjdeed et le rappeur Daboor, accompagnés d'Al-Nather. Ils louaient le courage des jeunes de Jérusalem et faisaient référence à Cheikh Jarrah, quartier de Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël, où des colons israéliens attaquaient les maisons de Palestiniens et où des expulsions et démolitions des demeures palestiniennes étaient ordonnées.

Des collaborations de Shabjdeed et Al-Nather se dégagent beaucoup de solidarité, de courage et de mélancolie. “Tissée par les liens forts qui unissent ses artistes, la scène hip-hop a résisté à l'épreuve du temps et reste bien vivante dans les Territoires occupés”, selon Salma Moussa. À l'image du parcours de BLTNM, miroir d'une certaine résilience d'une jeunesse marginalisée.

“On qualifie [cette musique] d'‘underground', pour désigner ce sentiment d'invisibilité qui vous vient quand vous êtes un étranger parmi les étrangers, le marginal des marginaux, et pour parler de ce rejet absolu du monde et de ce qui vient avec.” D'où cette envie de protéger jalousement cette “vraie bonne musique”.

Courrier international

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« Taxons les riches » : Attac déploie une banderole géante sur l’hôtel de luxe de Bernard Arnault

5 mars 2024, par ATTAC France — , , ,
Samedi 24 février, nous avons déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel Vuitton, récemment acquis par Bernard Arnault sur les Champs-Élysées à Paris. Avec un (…)

Samedi 24 février, nous avons déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel Vuitton, récemment acquis par Bernard Arnault sur les Champs-Élysées à Paris. Avec un message : « Tax the Rich », en référence à l'enrichissement indécent des milliardaires avec la complicité du gouvernement.

Mobilisation 27 février 2024

Cette action lance une grande mobilisation pour la justice fiscale : « Superprofits, ultra-riches, méga-injustices ». Dans ce cadre, nous organiserons de nombreuses actions dans tout le territoire. Rejoignez-nous dans cette mobilisation !

Ce 24 février à 18h30, plus d'une centaine d'activistes d'Attac ont pris part au déploiement d'une immense banderole sur la façade du futur hôtel LVMH sur laquelle on pouvait lire « Tax the Rich ».

Un groupe s'est infiltré dans un échafaudage pour accéder au toit afin de déployer le message et déverser des faux-billets de 60 milliards, une somme qu'Attac propose de récupérer en imposant mieux les ultra-riches et les multinationales.

Un autre groupe a pris le temps d'expliquer les raisons de cette action et les revendications d'Attac aux passant·es et aux touristes par le biais de prises de paroles de partenaires associatifs et syndicaux et distribution de tracts.

Revoir l'action en images

Cette action, sans dégradation et sans violence, a fait l'objet d'une répression disproportionnée : le rassemblement devant l'hôtel Vuitton a été nassé par la police et trois activistes ont été interpelés. Leur garde à vue a été prolongée dimanche, portant ainsi à 48h la durée de leur détention pour une action pourtant symbolique.

Un des activistes a même été déféré le lundi 26 février au soir pour une comparution immédiate, et devrait être poursuivi pour « dégradation d'une chaîne appartenant à Louis Vuitton ». Outre l'inanité du motif, ces intimidations constituent une atteinte grave à la liberté d'expression et à la liberté de manifestation. Cette répression ne nous empêchera pas de continuer à dénoncer l'impunité des ultra-riches !

Pourquoi cette action ?

Le lieu ciblé par cette action, racheté par Bernard Arnault pour en faire un hôtel Vuitton de très haut standing, matérialise l'opulence et l'enrichissement indécent des ultra-riches. En déployant le message géant « Tax the Rich » sur la façade de ce futur hôtel, nous appelons à ce que les plus riches paient enfin leur juste part d'impôt ( voir notre article : « Pourquoi s'en prendre à Bernard Arnault ? » )

À l'opposé de la politique d'austérité injuste et injustifiée annoncée par le gouvernement, Attac a formulé des solutions pour financer les urgences écologiques et sociales en imposant mieux les ultra-riches. Ces 6 propositions permettraient de récupérer à minima 60 milliards d'euros. En réinstaurant un ISF rénové et en améliorant la taxation sur les héritages, ce sont 15 à 20 milliards qui pourraient être collectés chaque année.

Ces recettes supplémentaires permettraient de financer la rénovation énergétique des bâtiments, une vraie politique de logement social, des alternatives alimentaires face à l'inflation, la remise sur pied de l'hôpital public...

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Le G20 se penche sur les ultras-riches

5 mars 2024, par Michel Gourd — , ,
Les ministres des finances des vingt pays du G20, réunis à São Paulo, ont discuté de la taxation des ultras-riches ce qui pourrait aider les économies les plus défavorisées de (…)

Les ministres des finances des vingt pays du G20, réunis à São Paulo, ont discuté de la taxation des ultras-riches ce qui pourrait aider les économies les plus défavorisées de la planète.

Le G20, une version du G7 élargie aux grandes économies émergentes, représente plus de 80 % du PIB mondial et les deux tiers de la population de la planète. L'organisme tenait les 28 et 29 février la première réunion de l'année de ses ministres des Finances. Le Brésil avait choisi la taxation minimale des ultras-riches à l'échelle internationale comme un des sujets de discussion. L'impôt personnel effectif des milliardaires est souvent bien inférieur à celui que paient les autres contribuables. Selon les chiffres de l'Observatoire européen de la fiscalité, il ne dépasse pas, en moyenne, 0,5 % de leur fortune. L'organisme souligne leur niveau élevé d'optimisation qui serait souvent à la limite de la légalité. « C'est très facile quand on dispose de beaucoup de patrimoine de le structurer pour qu'il ne génère pas de revenu taxable », commente à ce sujet le porte-parole de l'Observatoire, Quentin Parrinello. Cela se ferait dans de nombreux pays, les techniques variant d'un à l'autre.

Dans les pas d'Oxfam

À ce sujet, le 15 janvier dernier, l'organisme onusien Oxfam affirmait que les fortunes des cinq hommes les plus riches du monde auraient augmenté de 114 % depuis 2020, passant de 405 à 869 milliards de dollars, soit 14 millions de dollars d'augmentation par heure. En comparaison, selon la progression actuelle, il faudra environ 230 ans pour mettre fin à la pauvreté dans le monde.

Au total, la fortune des milliardaires aurait augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, soit trois fois plus rapidement que l'inflation mondiale. Il y aurait un grand écart de distribution de ces milliardaires entre les pays. Ceux de l'hémisphère nord possèderaient près de 70 % des richesses mondiales. Environ 1 % de la population mondiale aurait 43 % de tous les actifs financiers de la planète.

Selon le directeur général par intérim d'Oxfam International, Amitabh Behar, des milliards de personnes subiraient les chocs économiques dus à la pandémie, à l'inflation et à la guerre, tandis que les milliardaires prospèreraient. Ces inégalités seraient dues, selon lui, au fait que les mieux nantis veilleraient à ce que les entreprises contribuent avant tout à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population. Dans une note récemment publiée par cette ONG, sur chaque dollar de recette fiscale généré dans les pays du G20, moins de 8 cents proviennent de l'impôt sur la fortune.

Le Brésil et la France montrent le chemin

La réunion s'est terminée sans communiqué conjoint, mais le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, a déclaré après qu'il voudrait que les ultras-riches paient leur juste part d'impôt avec un système de taxation minimale des milliardaires à l'échelle internationale. Il espère un accord sur une déclaration commune à ce sujet d'ici la prochaine réunion ministérielle du G20 en juillet.

Ce sujet a eu une résonnance particulière en France où 10 % des ménages possèdent 54 % des richesses, un pourcentage stable depuis 2019. Ceux-ci auraient un patrimoine d'au moins 716 000 euros d'actifs, tandis que les 10 % les plus pauvres auraient 163 fois moins, soit un maximum de 4 400 euros. En 2018, année de la précédente étude, l'écart était de 158 fois entre les deux catégories. Cette inégalité serait encore plus élevée dans plusieurs autres pays de la zone euro. Le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, a affirmé se battre pour une taxation mondiale plus simple, plus efficace et plus juste.

L'économiste français, qui s'intéresse beaucoup à l'évasion fiscale, Gabriel Zucman, avait été invité le 29 février à s'exprimer sur le sujet. Selon lui, il y a de plus en plus de preuves que les systèmes fiscaux actuels, au lieu d'être progressifs, tendent à être nettement régressifs au sommet de la distribution. L'explosion de l'extrême richesse serait l'une des principales caractéristiques de l'économie mondiale actuelle.

De l'argent pour aider les pays en difficultés

Selon Oxfam, un impôt annuel sur la fortune allant jusqu'à 5 % rapporterait près de 1 500 milliards de dollars par an. L'Observatoire européen de la fiscalité a indiqué dans une étude publiée au mois d'octobre que l'instauration d'un impôt minimum mondial sur les milliardaires pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. Cette somme, bien qu'imposante, ne représenterait que 2 % des 13 000 milliards de dollars de richesses qu'ont les milliardaires du monde entier.

Pour leur part, les pays en développement auraient besoin annuellement de 500 millions de dollars pour faire face aux défis du changement climatique. Ces pays sont confrontés à d'importantes pressions pour atteindre les objectifs de développement et de transition climatique.

Chose encourageante à ce sujet, un groupe appelé les « Millionnaires patriotes », regroupant des personnes fortunées à travers la planète, a plusieurs fois demandé une augmentation de leur niveau d'imposition. Ces grandes fortunes, telle l'héritière du géant allemand BASF, Marlene Engelhorn, ont affirmé lors de la rencontre à Davos cette année qu'ils seraient fiers de payer plus de taxe. Le président américain, Joe Biden, répète aussi régulièrement son souhait d'augmenter l'imposition des plus nantis.

Michel Gourd

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“Avec conviction, nous construisons la souveraineté alimentaire et luttons contre les crises et la violence”

5 mars 2024, par Vía Campesina — ,
Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre (…)

Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre notre8ème Conférence Internationalequi s'est tenue en Colombie en décembre 2023 avec des propositions claires basées sur la défense de la Souveraineté Alimentaire et la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans cette construction.

Photo et article tiré de NPA 29

Elles sont également engagées dans le renforcement du Féminisme Paysan et Populaire, dans la lutte contre le patriarcat et pour l'égalité, comprenant que la diversité est au cœur de la Souveraineté Alimentaire dans tous les territoires.Pendant ces 31 années, nous avons renforcé un mouvement d'unité en faveur de la transformation. Nous nous sommes organisées en approfondissant et en explorant des voies de lutte qui reflètent notre réalité, nos revendications, ainsi que les multiples situations qui impactent les femmes dans nos territoires paysans.

Aujourd'hui, le féminisme paysan et populaire représente notre stratégie en tant que femmes évoluant dans les champs, les eaux, les forêts, les déserts, les savanes, les landes, les marécages et les montagnes. C'est à travers cette approche que nous pouvons efficacement mener notre combat contre la violence et le patriarcat au sein de nos territoires, communautés, organisations et pays. Notre lutte s'articule autour de la compréhension de nos réalités en tant que femmes rurales, la valorisation de nos forces, et l'identification de nos ennemis communs

Dans le cadre de cette journée d'action, nous dénonçons vigoureusement tous les types de violence engendrés par le système capitaliste et patriarcal, qui exploite et opprime les femmes. Notre mobilisation vise à exprimer notre opposition aux féminicides, considérés comme la manifestation la plus brutale de la violence infligée aux femmes, aux enfants et aux diversités de genre. Chaque année, des dizaines de milliers de filles et de femmes, y compris des femmes trans, sont assassinées à travers le monde en raison de leur sexe. De plus, de nombreuses autres sont exposées au risque de perdre la vie en raison de violences de genre, résultant du manquement des États à leur devoir de protéger efficacement la vie des survivantes et d'assurer leur sécurité.

Face à la montée alarmante des discours de droite et conservateurs, aux reculs des droits, au fascisme, aux menaces néo-fascistes, aux guerres, aux occupations, aux déplacements, au pillage des campagnes par le capitalisme en Palestine, Haïti, Niger, Pérou, Équateur, et bien d'autres régions du monde, ainsi qu'à l'action criminelle des multinationales et de la justice qui s'approprient nos systèmes alimentaires à l'échelle mondiale, nous continuons à affirmer que la souveraineté alimentaire n'est possible qu'avec les paysan·nes. C'est nous qui refroidissons la planète, qui nourrissons les peuples, et qui construisons des sociétés de paix et de justice sociale !

Depuis que La Via Campesina a élaboré notre proposition politique et éthique de souveraineté alimentaire, qui affirme le droit des peuples à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, nous, les femmes rurales, avons joué un rôle essentiel dans la concrétisation de ce principe au sein de nos communautés et de nos territoires. Nous l'avons présenté comme une alternative tangible de la paysannerie, favorisant le commerce équitable et la solidarité face à la crise alimentaire, environnementale et sociale.

Cependant, nous persistons à faire entendre notre voix pour dénoncer et résister face à plusieurs problématiques :

-Les États qui utilisent l'alimentation comme une arme de guerre, accentuant la misère et la faim. On ne vise pas la sécurité alimentaire, on veut plutôt la souveraineté alimentaire !
Le modèle capitaliste agro-hydro-minier qui marchandise les aliments et la terre, exploitant le sous-sol par le biais de l'extraction minière. Cette pratique creuse des puits dans nos terres, entraînant la destruction de l'environnement et du tissu social.
Les vagues migratoires alarmantes à la recherche de travail et de dignité dans un monde exploitant la main-d'œuvre.
Les pratiques religieuses qui, au nom de la culture, menacent la vie et la liberté des femmes ainsi que la diversité de genre à l'échelle mondiale.
Le système judiciaire complice qui favorise l'impunité et revictimise les survivants de la violence.
Le racisme enraciné aujourd'hui, justifiant la supériorité raciale et rendant les femmes paysannes, noires et autochtones particulièrement vulnérables.
Le génocide de nos peuples et communautés ancestrales, de leurs valeurs, de leurs droits et de leurs formes d'organisation.
-Le viol, les mariages précoces et la violence envers les enfants – les petites filles ne sont pas destinées à être mères ! Nous revendiquons des droits sexuels et reproductifs ainsi qu'une éducation axée sur le genre.

En tant que mouvement paysan, nous persistons dans le renforcement de la nécessité d'égalité et d'alliances entre le milieu rural et urbain. Ces alliances, qui nous mettent au défi de construire de nouvelles relations de genre entre les êtres humains, nous encouragent également à prendre soin de la terre mère. Notre féminisme paysan et populaire accorde une valeur particulière à l'agriculture paysanne en tant que garante de la souveraineté alimentaire. Il remet en question les processus d'exploitation des personnes, l'accaparement des terres et de l'eau, ainsi que l'extractivisme colonisateur.

Pour nous, la terre et les territoires sont des espaces de vie où nous aspirons à construire des relations saines, exemptes d'agrotoxiques et de violence. Notre engagement demeure ferme, nous demeurons organisés et uni·es en tant que premier front de résistance contre l'extractivisme, le capitalisme et le patriarcat dans nos territoires. Cette lutte vise à préserver la biodiversité, les semences, nos biens communs et nos savoirs ancestraux.

Nous poursuivons la construction d'un mouvement, œuvrant à la révolution des cœurs et des consciences, tout en luttant pour la souveraineté populaire, la souveraineté alimentaire, la souveraineté de nos peuples et de nos communautés, ainsi que pour notre souveraineté en tant que femmes.

Nous affirmons notre Déclaration de la 6ème Assemblée des Femmes de La Via Campesinacomme un instrument politique rassemblant nos défis, nos revendications et guidant nos actions pour la période à venir.

Joignez-vous à notre journée d'action mondiale :

Téléchargez votre kit de communication et personnalisez notre affiche officielle dans les langues locales pour étendre notre plaidoyer dans toutes les régions du monde.
Partagez vos actions, déclarations, affiches, photos et vidéos sur communications@viacampesina.org Nous souhaitons créer un padlet https://padlet.com/lvcweb/8m2024-la-via-campesina-tpl9hrx7hcgd09lt d'actions du monde entier.
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22 février 2024

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8 mars : notre colère est sans limite et sans frontières !

Chaque année, nous avons encore plus de raisons d'être dans la rue pour hurler notre colère devant ce monde injuste et violent, en particulier pour les femmes. Photo et (…)

Chaque année, nous avons encore plus de raisons d'être dans la rue pour hurler notre colère devant ce monde injuste et violent, en particulier pour les femmes.

Photo et article tirés de NPA 29

Solidaires avec toutes les femmes en situation de guerre

Depuis des mois nous parviennent des images et des témoignages insupportables de la situation de Palestine. Les femmes en particulier tentent de survivre avec leurs enfants, accouchent dans des conditions horribles… En ce 8 mars 2024, la solidarité avec le peuple palestinien, et en particulier avec les femmes de Palestine, est au premier rang de nos revendications.

Au Soudan ou en République démocratique du Congo, ce sont des millions de femmes qui sont exposées aux violences sexistes et sexuelles dans des contextes de conflits armés, de déplacements massifs de population, de relégation dans des camps de refugié.es.

En Ukraine aussi des viols et des violences sexistes sont perpétrées par l'armée russe.

Et lorsqu'elles fuient les situations de guerre, les migrantes, en plus de toutes les autres violences, sont soumises aux viols, aux agressions sexuelles, à l'escalavage.

Nous nous battons pour les femmes du monde entier

Nous voulons une paix juste et durable partout dans le monde parce que c'est une condition indispensable pour l'émancipation des toutes les femmes et des personnes LGBTI. Pour cela, ici en France, nous devons combattre les puissances impérialistes. En tout premier lieu, nous combattons la politique du gouvernement Français qui soutient Israël, qui défend ses intérêts en soutenant des dictatures en Afrique depuis des dizaines d'années, qui asphyxie les pays pauvres par le mécanisme de la dette, qui laisse mourir les migrant.es aux frontières de l'Europe… Ce sont les intérêts des grands groupes capitalistes à travers le monde, les profits générés par les ventes d'armes, les politiques impérialistes des Etats à leur service qui sont à l'origine de ces bains de sang, de toutes ces violences contre l'humanité, contre les femmes en particulier.

Se battre ici comme ailleurs

Pour enrayer ces logiques mortifères, nous devons trouver les forces pour peser sur nos gouvernements, construire nos luttes pour qu'elles pèsent politiquement. Pour cela nous devons être extrêmement nombreuses à manifester, à dénoncer le capitalisme, le patriarcat et leurs conséquences. Pour manifester massivement le 8 mars, nous devons être en lutte et nous sortir de la contrainte du travail salarié et du travail domestique. Pour cela, il n'y a pas d'autre solution que d'être en grève.

Le 8 mars, nous devons être dans la rue, en grève, nombreuses, solidaires et déterminées, pour détruire ce système capitaliste et patriarcal qui détruit nos vies.

Nous sommes en grève…

Nous sommes en grève pour les femmes du monde entier, contre les guerres impérialistes, pour le droit des peuples à vivre en paix sur leur territoire.

Nous sommes en grève contre toutes les violences subies par les femmes et les minorisé.es de genre ici comme ailleurs. La nouvelle vague de libération de la parole des femmes contre les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français résonne avec celles de toutes les femmes, dans tous les milieux.

Nous sommes en grève pour l'accueil inconditionnel de tou.tes les migrant.es victimes de violences sexistes et sexuelles, de violences de genre, des guerres…

Nous sommes en grève contre la domination et la surexploitation que subissent les femmes et les minorisé.es de genre.

Par nos mobilisations, par la grève, nous nous attaquons à l'ordre capitaliste et patriarcal, et parce que nous sommes unies, fortes et solidaires, nous changerons la société !

Mardi 27 février 2024

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*8 mars : la grève féministe s’organise*

5 mars 2024, par Kareen Janselme — , ,
Une cinquantaine d'associations féministes et de syndicats, soutenus par des partis politiques, appellent à cesser le travail et les tâches domestiques afin d'être nombreux et (…)

Une cinquantaine d'associations féministes et de syndicats, soutenus par des partis politiques, appellent à cesser le travail et les tâches domestiques afin d'être nombreux et nombreuses à manifester pour les droits des femmes, le 8 mars.

Tiré de L'Humanité, France. Mise à jour le 28 février 2024 à 18h55
Par Kareen Janselme <https://www.humanite.fr/auteurs/kar...> ,

www.humanite.fr/feminisme/feminisme/8-mars-la-greve-feministe-sorganise <http://www.humanite.fr/feminisme/fe...>

Les Françaises seront-elles aussi nombreuses que leurs voisines suisses l'été dernier, où 300 000 personnes ont défilé dans les rues helvétiques à l'occasion de la grève féministe du 14 juin 2023 ? C'est l'enjeu de l'appel du Collectif du 8 mars pour la <https:/www.humanite.fr/social-et-e...>'>grève féministe .

« Face aux attaques du gouvernement, des droites et extrêmes droites, partout les femmes résistent ! » proclament une cinquantaine de signataires ( Collectif national pour les droits des femmes, Fédération nationale solidarité femmes, Osez le féminisme, Planning familial, NousToutes, Organisation de solidarité trans, Unef, CGT, Solidaires, FSU… ), soutenus par une vingtaine de partis politiques ( PCF, FI, les Écologistes… ).

*« L'extrême droite est toujours l'ennemie des femmes »*

« Le 8 mars est l'occasion de prendre la rue pour les premières de corvée, les femmes victimes de violence, les associations de terrain qui les soutiennent, les précaires, les mères isolées, les femmes migrantes attaquées par les dernières lois racistes de Gérald Darmanin », précise Anne Leclerc au nom du collectif.

Ce, dans un contexte particulier :vote au Sénat pour la https://www.humanite.fr/politique/a...>
,">constitutionnalisation de l'IVG<https:/www.humanite.fr/feminisme/m...>'>déclarations pro-Depardieu du président de la République malgré des accusations d'agressions sexuelles et de viols, banalisation des idées de l'extrême droite… Maryse rappelle d'ailleurs au nom deVisa ( Vigilance et initiatives syndicales antifascistes ) que « misogyne, réactionnaire, menteuse, l'extrême droite est toujours l'ennemie des femmes ». Et de décrire comment ce parti instrumentalise la cause au niveau européen pour mettre en avant des arguments racistes et xénophobes, ou essentialisant les femmes pour les renvoyer dans leur foyer.

Cette mobilisation sera aussi l'occasion, pour Ana Azaria, de Femmes Égalité, de dénoncer la loi immigration dont les nouvelles exigences de maîtrise du français pour obtenir une carte pluriannuelle sont particulièrement difficiles pour les femmes « qui travaillent sur des postes isolés ne leur permettant pas de parler le français régulièrement, avec des horaires hachés et des enfants à charge qui ne leur donnent pas du temps libre pour apprendre la langue ».

*Grève du travail domestique*

Myriam Lebkiri, de la CGT, rappelle les 80 % de temps partiels subis par des femmes, leur précarisation et le sexisme vécu au travail pour 80 % d'entre elles. « Pour la première fois, met en avant Murielle Guilbert de Solidaires, la CFDT et l'Unsa s'associent à la FSU, Solidaires et la CGT pour appeler à cette grève féministe. » Et celle-ci ne concernera pas exclusivement les travailleuses.

« Nous appelons aussi à la grève du travail domestique », insiste Soad Baba Aissa de Femmes solidaires, condamnant un inégal et sexué partage des tâches à la maison, entretenant la société patriarcale et capitaliste. « Ce n'est pas une question purement privée, mais un enjeu de politique publique alors qu'on comptabilise 16,4 milliards d'heures de travail domestique, soit 9 % du PIB mondial, aux trois quarts portés par des femmes. »

Concluant sur les tergiversations des sénateurs pour inscrire l'IVG dans la Constitution, Suzy Rojtman ( Avortement en Europe, les femmes décident a réclamé « 3 milliards pour lutter contre les violences et une loi-cadre », sous les applaudissements de toutes les associations.

Des femmes marchent derrière une banderole intitulée « Grève féministe » lors d'une manifestation
contre le projet de réforme des retraites, à l'occasion de la Journée internationale de la femme,

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La « marée verte » ou l’espoir féministe de démocratie en Amérique latine

La « marée verte » [1] qui traverse l'Amérique latine, dans la foulée des mobilisations pour la légalisation de l'avortement en Argentine, met au grand jour la lutte des (…)

La « marée verte » [1] qui traverse l'Amérique latine, dans la foulée des mobilisations pour la légalisation de l'avortement en Argentine, met au grand jour la lutte des femmes contre les inégalités. Et démontre qu'un féminisme actif est la condition sine qua non de l'avènement, de la revalorisation ou de l'intensification de la démocratie sur le continent. La participation des femmes est un frein social aux différentes formes d'autoritarisme et de violence.

Tiré de Entre les ligne et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/03/la-maree-verte-ou-lespoir-feministe-de-democratie-en-amerique-latine/
Avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse

La télévision va de catastrophe en catastrophe : guerres, incendies, sécheresses, vagues de chaleur, tempêtes, tremblements de terre, tsunamis, pandémies, naufrages, etc. Le monde ne présente plus seulement une scène désolante, mais désespérée. Bien souvent, il semble qu'il est désormais impossible de changer cette situation. Au-delà de la clé poétique, épique ou pittoresque, l'idée d'espoir est, en ces temps, un outil central qui contribue à nous épargner l'angoisse d'un monde en crise et à surmonter la déception causée par la croyance en l'impossibilité de toute transformation. Il concourt en outre à renforcer la rébellion contre la frivolité et l'entertainment informatif comme unique façon de tolérer la réalité. La « marée verte » qui parcourt l'Amérique latine participe de ce nouvel espoir.

Même s'il ne constitue pas la solution à tous les problèmes, le féminisme a généré un mode d'organisation et de résistance mettant en évidence le fait que la participation sociale et politique vaut la peine. Son slogan « la lucha sirve (la lutte sert) » rend compte d'un espoir qui traverse différentes latitudes et qui peut se transformer en une consigne pour le changement.

Le chemin actuel, initié avec le mouvement « Ni Una Menos » (né en 2015 en Argentine et qui s'est ensuite étendu à toute l'Amérique latine), a provoqué une vague de manifestations et de revendications qui s'est concrétisée, en 2017, avec la campagne #MeToo et la revendication argentine pour un avortement légal, sûr et gratuit en 2018. Même s'il ne s'agit pas d'une course pour savoir qui a commencé, il s'avère important de souligner qu'il existe différents narratifs au sujet de l'actualité du mouvement féministe. Bien que certain·es préfèrent d'abord regarder vers les États-Unis et d'autres pays dénommés « centraux », le rôle joué par l'Amérique latine dans le renouvellement et renforcement du féminisme est évident.

De temps à autre, les caméras ne rappellent que le chemin foulé du tapis rouge. Elles s'arrêtent sur Hollywood, démontrant que certains yeux ne voient que ce que l'on veut bien leur montre r ; l'espace prétendument unique où les choses se passent. Cependant, s'il s'agit d'éclairer le chemin menant à une construction politique singulière, la lumière verte doit se poser sur les multiples héroïnes qui unirent la résistance aux dictatures, en exigeant une démocratie participative de citoyennes responsables. Et ce regard se focalise principalement sur l'Amérique latine.

Marée verte

La lutte pour la légalisation de l'avortement en Argentine en 2018 a provoqué un tsunami dans la région. Le foulard vert – né en Argentine, en écho au foulard blanc des « Mères et Grands-mères de la place de Mai » qui luttaient et continuent à lutter pour leurs fils, filles et petits-enfants disparu·es – s'est converti en un symbole d'identité et d'autonomie, de revendication pour les droits sexuels et reproductifs, ainsi qu'en une complicité entre femmes et diversités sexuelles des différents coins de toute l'Amérique latine. Mais la « marée verte » ou l'espoir féministe de démocratie aujourd'hui, c'est encore beaucoup plus que cela. C'est une bannière – peut-être la dernière multinationale et la seule qui soit née et se soit répandue au 21e siècle – qui exprime la conception plurinationale des féminismes latino-américains.

Le foulard comme la couleur furent adoptés en 2003 dans le cadre de la campagne pour l'avortement légal, sécurisé et gratuit, lancée cette même année lors de la Rencontre internationale des femmes qui s'est tenue dans la ville de Rosario. « Le foulard, comme l'écrivit la chercheuse chilienne Sofia Calvo (2019), s'est converti en un élément qui marquait non seulement sa présence, exprimait un récit clair et direct, mais qui faisait aussi communauté et appelait à la sororité ». La différence entre la possibilité d'accéder à l'avortement légal ou être condamnée à la clandestinité est une question de vie ou de mort. C'est la différence entre le plaisir et la souffrance, entre l'enfermement et la liberté.

La principale caractéristique de la marée verte fut, cependant, de promouvoir une façon singulière de faire de la politique. Il ne s'agissait pas seulement d'obtenir un droit, d'imposer un agenda, d'obtenir un jugement ou la sanction d'une loi, mais d'imprimer un cachet distinct. Il s'agissait et il s'agit d'une forme de combat pour les droits politiques qui portent en leur sein un espoir actif. Une manière de faire du monde un espace plus habitable, un endroit pour lequel l'effort et le plaisir de la lutte valent la peine.

Telle est en définitive la différence essentielle : celle qui confirme le fait qu'une démocratie est davantage aboutie avec un féminisme actif. La participation populaire, la création de consensus sociaux et les luttes législatives (avec des dynamiques d'assemblées, des discussions horizontales et la volonté d'occuper les espaces) ouvrent une fenêtre dans un monde qui conduit à la dépression, au découragement, à l'autoritarisme et à la répression.

Ce n'est pas seulement que le plat servi à table est délicieux, c'est surtout que la façon de le préparer crée la possibilité de mieux cuisiner d'autres plats pour beaucoup d'autres personnes, qui, autrement, souffriraient de la faim, mangeraient compulsivement ou tomberaient de la table. Ce n'est pas seulement que des lois ou des jugements soient édictés (même si certain·es se sentent déçu·es ; de toute façon, ils et elles luttent), mais bien que se mettent en place des modes alternatifs pour faire émerger de nouveaux consensus. La lutte féministe génère des modalités alternatives, davantage par-icipatives, de discussion et de prise de décision, développant la démocratie et la citoyenneté active au-delà du vote (mais intégrant celui-ci).

Ayelén Mazzina est secrétaire d'État de la femme, de la diversité et de l'égalité à la province de San Luis en Argentine. Âgée de trente et un ans seulement, elle est lesbienne et a les cheveux rasés sur les côtés. Détonnant dans les réunions formelles du cabinet, elle affirme : « Nous sommes le changement d'époque et nous devons réussir, quand nous occupons les endroits où se prennent les décisions importantes, à démocratiser et à humaniser la politique. Il faut écouter la base, appuyer sa participation et voir quels sont ses besoins réels, et non ceux qui se dessinent quand les pouvoirs publics les planifient depuis un bureau ».

La participation des femmes est un frein social aux différentes formes d'autoritarisme et de violence (violence de genre, mais pas uniquement), dans la mesure où elle met en avant le slogan « sí te metas » (si tu t'en mêles) qui prend le contrepied de la consigne répétée durant la dictature militaire argentine – « no te metas » (ne t'en mêle pas) – par laquelle, par crainte de disparaître, la citoyenneté était intimidée et amenée à ne pas s'occuper de ce qui « ne la regardait pas ».

La société de celles qui s'occupent de ce qui ne les regarde pas – celle où les voisin·es sauvent une jeune femme qui se fait violer dans une voiture, celle où un·e enseignant·e alerte lorsqu'une fille est battue chez elle, celle où une inconnue aide une adolescente harcelée dans le train, celle où une femme ramène une jeune chez elle plutôt que de la laisser s'effondrer dans un bar sous les effets de l'alcool – ne se réduit pas à un ensemble de « gestes individuels ». Elle met en évidence les manières de faire réseau que le féminisme promeut et qui génère une citoyenneté plus engagée et davantage de liens sociaux.

Défis à venir

Face à un monde dont les principales préoccupations semblent n'avoir pu être prévues quelques années plus tôt que par une série apocalyptique comme Years and Years, les questions soulevées par le féminisme ne doivent pas être considérées comme mineures ou collatérales par rapport aux conflits armés, aux guerres, aux désastres environnementaux et aux pandémies. À la différence de ce qui s'est souvent passé au cours de l'histoire, les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes ne doivent pas être déplacées la « marée verte » ou l'espoir féministe de démocratie à un rang inférieur sur l'échelle des priorités, être considérées comme « moins importantes » ni oubliées en fonction d'urgences d'un autre ordre.

Les principaux conflits qui dévastent l'humanité ne se résoudront pas sans la participation des femmes. Au contraire, on aura besoin de femmes fortes, protégées et participatives. Et même si nous affirmons qu'on ne peut plus faire marche arrière, c'est exactement ce qui est en train de se passer : selon les rapports de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), depuis la pandémie de covid-19, l'insertion des femmes au sein du travail a reculé de dix ans dans notre région.

Les reculs des droits des femmes sont intolérables. Non seulement parce que négliger le travail féminin et sous-estimer l'importance d'éradiquer les féminicides, la violence de genre, le harcèlement et les abus sexuels s'avère insupportables, mais parce que les femmes vives, épanouies et autonomes sont indispensables face à la crise climatique, aux conflits armés et aux urgences sanitaires.

Cela n'est pas seulement imputable au fait qu'historiquement ce sont les femmes qui ont consacré leur temps à prendre soin des un·es et des autres et que ce monde a besoin qu'on en prenne soin, mais bien parce que les rôles traditionnellement féminisés s'avèrent indispensables et ne peuvent être écartés. Il ne s'agit pas de demander aux femmes qu'elles continuent de prendre soin des autres sans être reconnues, mais de reconnaître l'importance de ses soins (del cuidado).

On a besoin, de plus, d'une attention politique et de la création de stratégies novatrices. Et cela non seulement pour l'agenda du genre, mais comme moteur de confluences. La marée verte en Argentine constitue un exemple. Elle n'a pas seulement obtenu la dépénalisation de l'avortement ; elle a dynamisé la « prise de soin du vert ». Les liens créés au cours de la campagne pour demander la légalisation de l'avortement forment aujourd'hui de nouveaux réseaux pour réclamer une loi sur les marécages et zones humides et nourrissent la participation active au Congrès et sur les réseaux sociaux pour obtenir une loi d'étiquetage des aliments.

La combinaison entre cause et effet, marketing des réseaux et approfondissement des enjeux, unité et mobilisation, campagnes et plaidoyer législatif est le résultat d'une tradition née en Argentine dans la lutte contre la dictature et pour les droits humains, qui a abreuvé le féminisme et s'est transplantée dans le combat environnemental. C'est une tresse qui, loin de se terminer dans un petit foulard, tresse d'autres foulards pour sortir du puits d'une société en phase terminale qui ne voit pas d'issue. Celle-ci existe cependant, à condition d'arriver à collaborer pour voir à nouveau la lumière à travers la participation sociale.

Le slogan des foulards verts qui a circulé en Argentine était : « éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir ». Aujourd'hui, les foulards sont un gage pour une paix active. Ni blanche ni neutre ni soumise, mais active. Ne pas mourir, c'est savoir encore se battre pour un monde où vit le vert de l'espoir. « La lutte sert ».

[1] Depuis le début du siècle en Argentine, puis en Amérique latine, le vert est devenu la couleur symbolique du militantisme féministe pour la légalisation du droit à l'avortement (NDLR).

Luciana Peker
Journaliste, écrivaine et militante pour les droits des femmes en Argentine, membre du collectif « Ni Una Menos » contre les féminicides, chroniqueuse à Infobae et Pagina/12, autrice de plusieurs essais dont La Révolution des filles (traduit et publié en français en 2022).
Article paru dans Nueva Sociedad (www.nuso.org), 2022, sous le titre : « La esperanza de la democracia es verde ».
Traduction de l'espagnol : Pierre Loyen et Frédéric Thomas

Bibliographie
Calvo S. Bonilla A. (2019), La revolución de los cuerpos : moda, feminismo y diversidad, Santiago de Chile, RIL.

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