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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

Derniers articles

La diaspora haïtienne à Montréal dit non à l’ingérence sur l’avenir du pays

18 mars 2024, par Rébecca Decejour
Devant le bureau du premier ministre Trudeau à Montréal ce dimanche 17 mars, plusieurs membres de la communauté haïtienne se sont réuni.es pour demander au gouvernement (…)

Devant le bureau du premier ministre Trudeau à Montréal ce dimanche 17 mars, plusieurs membres de la communauté haïtienne se sont réuni.es pour demander au gouvernement canadien de ne plus prendre part aux prises de décision concernant Haïti. La manifestation profite de lancer un message aux (...)

Qu’avaient à dire les manifestantes ce 8 mars ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/03/femmes2024-1024x684.jpg18 mars 2024, par L'Étoile du Nord
Cette année, la Journée internationale des femmes travailleuses a vu des dizaines de milliers de personnes descendre dans la rue à travers le Canada, ainsi que des millions (…)

Cette année, la Journée internationale des femmes travailleuses a vu des dizaines de milliers de personnes descendre dans la rue à travers le Canada, ainsi que des millions dans le monde entier, à l'occasion d'une journée que Sydney Kondruss, membre de l'International Alliance of Theatrical (...)

Éducation et écologie

17 mars 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Lors de la Semaine rimouskoise de l’environnement, une activité organisée par le comité Mobilisation forêt (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Lors de la Semaine rimouskoise de l’environnement, une activité organisée par le comité Mobilisation forêt Pointe-au-Père invitait la population à découvrir la biodiversité du site de la forêt de Pointe-au-Père. Le but premier de cette (...)

Report de la conférence internationale antifasciste au Brésil

15 mars 2024, par Rédaction-coordination JdA-PA
Les sections de la région brésilienne du Rio Grande do Sul du Partido dos Trabalhadores (PT) et du Partido Socialismo E Liberdade (PSOL) ont annoncé le report de la première (…)

Les sections de la région brésilienne du Rio Grande do Sul du Partido dos Trabalhadores (PT) et du Partido Socialismo E Liberdade (PSOL) ont annoncé le report de la première conférence internationale antifasciste à Porto Alegre prévue du du 17 au 19 mai 2024. Les inondations dans l’État de rio (…)

Vieillissement et spiritualité

15 mars 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Selon les prévisions de l’Institut de la statistique, dans une vingtaine d’années, la société québécoise deviendra une (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Selon les prévisions de l’Institut de la statistique, dans une vingtaine d’années, la société québécoise deviendra une des plus vieilles de l’Occident : une personne sur quatre sera âgée de 65 ans ou plus en 2031. Par exemple, la région (...)

Célébration du 8 mars à Istanbul : des milliers de femmes défient le pouvoir turc

Manifestation féministe à Istanbul : les femmes turques revendiquent avec détermination leurs droits et s'opposent vigoureusement à l'orientation conservatrice adoptée par (…)

Manifestation féministe à Istanbul : les femmes turques revendiquent avec détermination leurs droits et s'opposent vigoureusement à l'orientation conservatrice adoptée par Erdogan.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/14/celebration-du-8-mars-a-istanbul-des-milliers-de-femmes-defient-le-pouvoir-turc/

En cette soirée du 8 mars 2024, quelques milliers de femmes bravent la pluie et les collines d'Istanbul pour se rassembler aux portes de la place Taksim, lieu historique de protestation politique, scrupuleusement gardée par les forces de l'ordre. Les stations de métro desservant la place sont fermées depuis 14 heures.

« Je suis ici pour défendre les droits des femmes, depuis quelques années cet événement est important . Les femmes se rassemblent sans la présence des hommes pour discuter de leurs droits. En Turquie, chaque jour des femmes connaissent une fin tragique, la question de la violence contre les femmes est cruciale. »

Après quelques minutes d'attente, des groupes de femmes parviennent à se frayer un chemin à travers les ruelles de Taksim, entre des policiers effectuant des fouilles de sacs et interrogeant les manifestantes. Elles finissent par se retrouver rue Siraselviler et forment un cortège enthousiaste, prêt à faire valoir ses droits.

« Avec Erdogan, nous sommes en danger »

« L'akp promeut un islam radical, je suis musulmane mais Erdogan se montre parfois plus extrême que l'Arabie saoudite. Avec lui nous sommes en danger », m'affirme une étudiante de 21 ans.

Point de vue partagé par cette médecin généraliste de 65 ans, militante féministe de la première heure, elle explique : « Je pense qu'en Turquie nous sommes confrontés au fascisme islamique. Ils [le pouvoir] sont sous la pression de leurs propres électeurs et tentent de remodeler le mode de vie de la Turquie selon un modèle islamique. Ils se sont retirés de la Convention d'Istanbul et poussent de plus en plus les femmes à retourner à des rôles traditionnels au sein du foyer, plutôt que de les encourager à participer à la vie sociale. »

La convention d'Istanbul, un traité international adopté par la Turquie en 2011 visait à protéger les femmes et les individus LGBT contre toute forme de violence. L'AKP a jugé que cette convention menaçait les valeurs traditionnelles de la famille turque. Fahrettin Altun, le chef de la communication du palais présidentiel, avait alors affirmé que ce texte de loi tentait de « normaliser l'homosexualité (…) » incompatible avec les valeurs sociales et familiales de la Turquie, le gouvernement d'Erdogan avait annoncé le retrait de la Turquie de la convention d'Istanbul en mars 2021.

Mais ce soir la foule est dense et enjouée, les visages sont presque exclusivement ceux de femmes, pour la plupart très jeunes. Leurs corps s'animent au rythme des tambours, des youyous, et des slogans qui résonnent en turc ou en kurde : « La rébellion contre tout ! La liberté contre tout ! » Certains, plus graves, préviennent : « Nous ne nous suicidons pas, nous ne nous taisons pas, nous n'avons pas peur ».

« Je suis fière qu'on me qualifie de terroriste, cela signifie que je les terrorise. »

Les manifestantes sont déterminées à défendre leurs droits qui ne cessent d'être remis en question par un gouvernement qui courtise toujours plus activement les partis les plus conservateurs et nationalistes de la société. Après la convention d'Istanbul, c'est la loi n°6284, également connue sous le nom de « Loi sur la protection des membres de la famille contre la violence » qui est remise en cause.

« Les manifestations sont criminalisées, c'est la manière la plus facile d'étouffer tout mouvement, pas seulement les féministes » déclare la militante.

« Il a peur des femmes, car nous avons un pouvoir considérable. Il y a actuellement beaucoup de policiers que nous n'avions pas vus lors du tremblement de terre. » déplore une jeune femme qui vient tout juste de rentrer dans la vie active. C'est aussi l'avis de l'une des rares présences masculines sur place : « En Turquie, la plupart des hommes ont peur d'aller manifester, ça n'est pas le cas des féministes et cela inquiète le gouvernement ».

En moins de deux heures, nous croisons deux femmes ayants eut des problèmes judiciaires, l'une est journaliste, elle a passé un an en prison ; la seconde vient juste de finir ses études, elle confie : « J'ai des problèmes avec le gouvernement. J'ai été devant le tribunal, je ne peux pas participer à des manifestations ni m'engager dans des activités considérées comme illégales. Je dois conserver un casier judiciaire propre pendant cinq ans, sinon je risque une peine de prison de huit mois. » Ces intimidations la préoccupent, mais ne l'empêchent pas de revendiquer haut et fort des droits pour les femmes. Elle ajoute : « Ils disent que je suis terroriste et j'en suis fière (…) car cela signifie que je les terrorise. »

Pareillement, la journaliste de 54 ans parait résolue à lutter, elle n'a pas peur d'aller manifester « J'ai déjà passé un an en prison pour mon implication dans une autre organisation de jeunesse, donc je suis habituée. Il y a beaucoup de jeunes femmes ici, et elles sont très fortes. »

Dans un pays où les mouvements contestataires se terminent souvent dans le sang, c'est avec admiration pour certains et perplexité pour d'autres que les passants observent le cortège qui se met en marche. Au-dessus de cette foule compacte parsemée de violet, symbole du combat féministe, flottent des drapeaux arc-en-ciel, tandis que des pancartes pailletées sont brandies. Sur l'une d'entre elle on peut lire : « Tu devrais avoir peur car cette foule brûle les hommes et les palais. »

Au même moment, la première dame de Turquie, Emine Erdogan, déclarait au « Sommet du travail des femmes dans l'agriculture » où le gouvernement l'avait mandatée en s'adressant à son auditoire féminin : « D'une part, vous maternez notre nation en nourrissant votre patrie, et d'autre part, vous protégez les droits de nos enfants à naître. » Une autre façon de célébrer le 8 mars…

La foule s'est dispersée à Cihangir presque sans heurts aux alentours de 22 heures. Les forces de l'ordre ont continué à patrouiller pendant plusieurs heures et ont escorté les femmes quittant la manifestation, empêchant ainsi la formation de nouveaux cortèges.

Elsa Galland
https://blogs.mediapart.fr/elsagn999/blog/090324/celebration-du-8-mars-istanbul-des-milliers-de-femmes-defient-le-pouvoir-turc

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Mythes et faillites du privé en santé au Canada

15 mars 2024, par Anne Plourde, Éditions Écosociété — , ,
En pleine mise en oeuvre de la réforme Dubé, qui ouvre la porte au privé, Écosociété est fière d'annoncer la parution d'un essai coup de poing : Santé inc. - Mythes et (…)

En pleine mise en oeuvre de la réforme Dubé, qui ouvre la porte au privé, Écosociété est fière d'annoncer la parution d'un essai coup de poing : Santé inc. - Mythes et faillites du privé en santé, de la chercheuse Anne Plourde. Partout, depuis des dizaines d'années, on nous dit que le privé en santé est bénéfique et complémentaire au système public. Mais est-ce que ça fonctionne vraiment ? Pas du tout, selon l'autrice. Un livre qui promet de remettre les pendules à l'heure. Voir plus bas pour les détails.

Notre système de santé est en état de crise permanent. Depuis des décennies, nos gouvernements présentent le privé comme une solution. Il serait plus efficace, moins cher, nouveau, bénéfique pour le système public et de qualité. La réforme Dubé va d'ailleurs dans ce sens. Mais au-delà des considérations idéologiques, qu'on soit a priori pour ou contre, est-ce que ça fonctionne, le privé en santé ?

Se basant sur une abondance de données provenant du Québec et d'ailleurs, la chercheuse Anne Plourde a soumis à l'épreuve des faits cinq soi-disant vertus du privé en santé. Son constat est implacable : non, ça ne fonctionne pas. Pas du tout. Le privé en santé fait moins avec plus, ce qui est l'exact contraire de l'effet recherché.

Mais ce n'est pas une fatalité. À rebours des discours officiels, la chercheuse propose une solution pragmatique aux problèmes constatés : choisir l'efficacité et le meilleur rapport qualité-prix en déprivatisant complètement notre système de santé.

Un livre à déposer dans toutes les salles d'attentes !

Mythes et faillites du privé en santé au Canada (en librairie le 19 mars)

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« Guerres » | L’antimilitarisme et les anarchistes en 2024

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/03/wri_logo_en_high_res_white_on_black_1x0.75.png https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/03/wri_logo_en_high_res_white_on_black_1x0.75.png?w=102414 mars 2024, par liberteouvriere
Il y a en Ukraine des anarchistes conséquent.es qui sont opposés la guerre ; qui résistent en s’entre-aidant ; en s’organisant pour la défense des conditions de travail ; en (…)

Il y a en Ukraine des anarchistes conséquent.es qui sont opposés la guerre ; qui résistent en s’entre-aidant ; en s’organisant pour la défense des conditions de travail ; en essayent d’aider les déserteurs, etc.

« La jeunesse népalaise peut avoir un impact profond sur la société » – Yogesh Kaphle

14 mars 2024, par Collectif québécois En route pour le FSM 2024 au Népal
Entrevue avec Yogesh Kaphle, secrétaire général de Youth Initiative, par Kira Cuerrier, membre de la délégation québécoise au FSM 2024. Yogesh Kaphle est un jeune népalais qui (…)

Entrevue avec Yogesh Kaphle, secrétaire général de Youth Initiative, par Kira Cuerrier, membre de la délégation québécoise au FSM 2024. Yogesh Kaphle est un jeune népalais qui poursuit ses études en travail social. Il est actuellement secrétaire général de l’organisation jeunesse népalaise, (...)

La désignation de service essentiel utilisée comme tactique d’intimidation par les patrons

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/03/IMG_6805-edited-1024x576.jpg13 mars 2024, par West Coast Committee
La récente grève des travailleurs des transports publics du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) 4500, qui s’est terminée par la ratification d’un nouveau contrat (…)

La récente grève des travailleurs des transports publics du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) 4500, qui s’est terminée par la ratification d’un nouveau contrat le 5 février, s’inscrit dans une tendance émergente d’actions syndicales qui prennent fin après avoir été menacées (...)

Gaza, un moment de vérité

Après des mois de bombardements, la guerre vengeresse menée par Israël à Gaza s'est installée dans la durée. Les assauts dévastateurs de l'armée israélienne, les politiques (…)

Après des mois de bombardements, la guerre vengeresse menée par Israël à Gaza s'est installée dans la durée. Les assauts dévastateurs de l'armée israélienne, les politiques génocidaires du gouvernement de Benjamin Netanyahu et l'appui des puissances occidentales représentent un moment de vérité pour le monde.

Dans ces instants critiques, les faux semblants de nos gouvernements et de plusieurs de nos médias perdent toute efficacité et sonnent creux. Le décalage entre les belles paroles humanitaires et l'indifférence réelle devant le massacre crève les yeux pour quiconque prête minimalement attention.

De fait, la position des gouvernements canadien et québécois couvrira nos sociétés de honte pour les années, voire les décennies à venir. Si Justin Trudeau a (timidement) appuyé un cessez-le-feu après des semaines de mobilisations citoyennes, il a engagé le Canada dans des opérations militaires en mer Rouge en appui à Israël et a balayé du revers de la main la décision de la Cour internationale de Justice. Celle-ci s'est rangée derrière le plaidoyer de l'Afrique du Sud à l'effet qu'il y a bien des risques de génocide à Gaza. Pendant ce temps, le Canada a décidé de suspendre son financement à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugié·es de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), un geste qualifié par plusieurs expert·es de punition collective. Rappelons que comme signataire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le Canada a l'obligation de prendre des mesures pour prévenir de telles atrocités.

Du côté québécois, François Legault a simplement rejeté l'appel à un cessez-le-feu, tournant le dos à une longue tradition d'appui à la libération de la Palestine au sein de la société civile, y compris dans les milieux nationalistes.

Sur le plan médiatique, le quasi-silence de journalistes canadien·nes, québécois·es et de plusieurs sociétés occidentales est consternant. Le contraste avec les prises de position suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie est frappant et révélateur : en février 2022, trois jours seulement après le début de l'invasion russe, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec tenait « à souligner son immense respect pour les journalistes ukrainiens qui font leur travail et contribuent ainsi à soutenir la démocratie contre l'invasion russe ». À Gaza, les assassinats de plus d'une centaine de journalistes ne semblent susciter que des haussements d'épaules. On a là, d'une part, une forte démonstration de l'existence de racisme systémique au sein des médias d'information au Québec et ailleurs : clairement, les vies palestiniennes comptent moins que d'autres. D'autre part, la partialité des médias se targuant d'être « neutres » est plus claire que jamais : invisibiliser à la fois la violence coloniale, la complicité du Canada et les contestations citoyennes participe au maintien du statu quo d'un État colonial.

Malgré les obstacles rencontrés (comme la censure de prises de position en appui à la Palestine sur les médias sociaux, sur les campus, dans les arts et dans plusieurs milieux de travail, ou encore les accusations automatiques d'antisémitisme pour quiconque critique Israël), la mobilisation de la population s'est traduite notamment par des manifestations hebdomadaires dans toutes les grandes villes canadiennes, ainsi que par la mise sur pied de canaux d'entraides sur le Web et de chaînes d'appels aux élus. Cette mobilisation doit être saluée et soutenue avec plus de vigueur par les divers secteurs de la gauche d'ici.

En ce moment de vérité, il est vital de dénoncer sans relâche cette situation et d'entretenir nos solidarités. Il faut également pousser nos dirigeant·es à prendre action et à rendre des comptes dans la lutte contre le génocide palestinien. Par tous les canaux, à toutes les occasions, sur tous les réseaux, il nous faut crier haut et fort notre appui à la libération palestinienne.

Prendre soin des forêts

13 mars 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Au niveau du bout du boulevard Arthur-Buies à Rimouski, la municipalité a déjà amorcé la découpe d’arbres. Ces (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Au niveau du bout du boulevard Arthur-Buies à Rimouski, la municipalité a déjà amorcé la découpe d’arbres. Ces derniers comportent plusieurs essences caractéristiques des milieux humides. En effet, cette coupe se situe à proximité d’un (...)

Sommaire du numéro 99

13 mars 2024 —
Sortie des cales Solidarité féministe avec la Palestine / Jade Almeida et les Féministes Racisé·es Uni·es et Solidaires Mémoire des luttes Une vie entre sociologie et (…)

Sortie des cales

Solidarité féministe avec la Palestine / Jade Almeida et les Féministes Racisé·es Uni·es et Solidaires

Mémoire des luttes

Une vie entre sociologie et syndicalisme / Entretien avec Mona-Josée Gagnon. Propos recueillis par Thomas Collombat

Cuba, ou comment faire la révolution en Amérique / Alexis Lafleur-Paiement

Mouvements

André Querry, photographe des luttes / Propos recueillis par Isabelle Larrivée et Claire Ross-Couture

Sciences

Six décennies de science et de luttes / Entretien avec Dr Donna Mergler. Propos recueillis par Jennifer Laura Lee

Regards féministes

Les idoles (il)légitimes / Kharoll-Ann Souffrant

Mobilité

Les angles morts des pistes cyclables / Vincent Savary

Climat

Peut-on encore prendre l'avion ? / Claude Vaillancourt

Éducation

Forums citoyens sur l'éducation : Il faut travailler à changer le rapport de force / Entretien avec Suzanne-G. Chartrand. Propos recueillis par Wilfried Cordeau

Société

L'innovation au service des locaux communautaires / Gessica Gropp et Audrée T. Lafontaine

Mini-Dossier : Pour l'autogestion au travail !

Coordonné par Valérie Beauchamp, Isabelle Bouchard et Samuel Raymond

Autogestion démocratique pour tous… et toutes / Carole Yerochewski

Milieu communautaire : Pas besoin de patron ! / Entretiens réalisés par Valérie Beauchamp

Propositions pour une autogestion viable / Paolo Miriello

« Entreprise libérée » : Expérimentations et apprentissages / Entrevue avec Vincent Roy. Propos recueillis par Isabelle Bouchard et Samuel Raymond

Dossier : Pauvreté, un enjeu collectif

Coordonné par Yannick Delbecque, Nathalie Garceau et Audrée T. Lafontaine. Illustrations par Anne Archet

Changer de cadre pour détruire la grande pauvreté / Léo Berenger Benteux et Daniel Marineau

L'aide alimentaire, un garrot pour les plus vulnérables / Camille Dupuis

L'individualisation de l'itinérance : « Si tu veux, tu peux ! » / Catherine Marcoux

La pauvreté, cause et conséquence de violations de droits humains / Marie Carpentier

Le droit comme outil de contrôle des corps / Clara Landry pour l'Association des juristes progressistes

Travailler au rabais / Marie-Pierre Boucher, Laurence Hamel Roy et Yanick Noiseux

Repères de pauvreté, repères de société / Vivian Labrie

Une personne sur dix / Entrevue avec Virginie Larivière. Propos recueillis par Yannick Delbecque

Le capitalisme coupable / Collectif Emma Goldmann, Comité intersyndical Montréal métropolitain, Mouvement action-chômage

International

Le sahel face au péril militariste / A. T. Moussa Tchangari

Guatemala : Victoire pour la démocratie / Laurence Ouellet-Boivin

Israël – Palestine : La fabrique du consentement occidental / Anne Latendresse

Coup d'œil

Québec-Palestine. Plus de 50 ans de solidarité / André Querry

Culture

Conteurs à gages. Des récits pour se réconcilier avec la/notre nature / Entretien avec Étienne Laforge et Félix Morissette. Propos recueillis par Samuel Raymond

Récit de vie : Auprès de la mort / Geneviève Manceaux

Il n'y a pas de mémoire révolutionnaire sans illustrations /Entretien avec Rémo. Propos recueillis par Élisabeth Doyon

Recensions

À tout prendre ! / Ramon Vitesse

Couverture : Anne Archet

Palestine : le récit d’un siècle de dépossession par Rachad Antonius

13 mars 2024, par Rozana Ryan
Rozana Ryan, correspondante Quelle est la source historique du conflit au Moyen-Orient? Pourquoi les nombreuses tentatives de paix n’ont jamais abouti? Que peut-on faire? Ce (…)

Rozana Ryan, correspondante Quelle est la source historique du conflit au Moyen-Orient? Pourquoi les nombreuses tentatives de paix n’ont jamais abouti? Que peut-on faire? Ce sont là parmi les questions que Rachad Antonius a tenté de répondre lors de la première activité de la série sur la (...)

Pauvreté, un enjeu collectif

« Nous nous appauvrissons ! » Ce constat actuel et généralisé occupe de plus en plus d'espace médiatique, bien plus qu'au moment où le collectif de notre revue a envisagé pour (…)

« Nous nous appauvrissons ! » Ce constat actuel et généralisé occupe de plus en plus d'espace médiatique, bien plus qu'au moment où le collectif de notre revue a envisagé pour la première fois de consacrer un dossier à la question de la pauvreté. La multiplication du nombre d'articles et de reportages traitant d'une manière ou d'une autre de cette question nous a réjoui·es – enfin on commence à dénoncer que certaines personnes vivent dans des situations inexcusables de pauvreté ! Cette couverture élargie nous a aussi inquiété·es : si les réalités de la pauvreté sont grandement exposées, les racines du problème semblent trop souvent écartées.

Dans ce dossier, nous avons donc donné la parole à différents groupes afin d'approfondir ce constat général d'appauvrissement collectif. Pourquoi y a-t-il de la pauvreté ? Comment s'y prendre pour y mettre collectivement fin ?

La pauvreté est une forme de violence collective très pernicieuse. On tente de nous convaincre qu'elle est l'effet d'une conjoncture plus ou moins mystérieuse face à laquelle nous serions impuissantes. Pire encore : certaines personnes tentent de nous rendre individuellement responsables de la pauvreté – il suffirait de travailler plus, d'investir son argent ou de mieux le gérer.

La question de la pauvreté est présente dans l'ensemble des luttes chères à toutes les tendances de la gauche, que l'on parle de racisme, de féminisme, de travail, de logement, de santé, d'éducation, d'âgisme, d'égalité ou de droits fondamentaux, par exemple. La pauvreté des personnes est la conséquence concrète des inégalités sociales et économiques. Elle les fait entrer dans une spirale insoutenable en amplifiant les effets des inégalités sociales et politiques, qui, en retour, amplifient les inégalités économiques et la pauvreté.

Un même constat traverse les textes de ce dossier : la pauvreté est la conséquence de multiples choix politiques et nous pouvons la combattre ou l'éradiquer par l'action politique collective. La concentration des richesses due au capitalisme peut être combattue. Il faut s'allier aux diverses luttes sociales systémiques et refuser l'exclusion, la déshumanisation et l'exploitation. Ensemble, nous ne sommes pas impuissant·es !

Dossier coordonné par Yannick Delbecque, Nathalie Garceau et Audrée T. Lafontaine

Illustrations par Anne Archet

Avec des contributions de Léo Berenger Benteux, Marie-Pierre Boucher, Marie Carpentier, Collectif Emma Goldmann, Comité intersyndical Montréal métropolitain, Camille Dupuis, Laurence Hamel Roy, Vivian Labrie, Clara Landry, Virginie Larivière, Catherine Marcoux, Daniel Marineau, Mouvement action-chômage et Yanick Noiseux.

Illustration : Anne Archet

Évacuation de familles québécoises de Gaza : la CAQ bloque un motion de QS pour faire pression sur Ottawa

13 mars 2024, par Rédaction-coordination JdA-PA
La CAQ a bloqué ce matin une motion du député solidaire de Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, qui visait à demander de lever le plafond de 1000 places et (…)

La CAQ a bloqué ce matin une motion du député solidaire de Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, qui visait à demander de lever le plafond de 1000 places et d’accélérer le processus d’émissions des visas pour les familles des Québécois et des Québécoises pris à Gaza. Le (...)

L’imposition de visas aux Mexicain.nes : une violation des droits humains – CTI et CDHAL

13 mars 2024, par Ronald Cameron
Déclaration concernant l’imposition d’un visa canadien aux Mexicaines et aux Mexicains Suite à l’augmentation du nombre de citoyen.nes mexicain.es qui demande l’asile au (…)

Déclaration concernant l’imposition d’un visa canadien aux Mexicaines et aux Mexicains Suite à l’augmentation du nombre de citoyen.nes mexicain.es qui demande l’asile au Canada, le Gouvernement canadien a réimposé l’obligation de visa d’entrée depuis le 29 février sous la pression des (...)

Mexique : 30 ans plus tard, qu’est devenu le mouvement zapatiste ?

13 mars 2024, par Nanihi Laroche
Le mouvement zapatiste vient de fêter ses 30 ans cette année ! Ces communautés, principalement autochtones, qui prospèrent de manière autonome et indépendante dans l’État du (…)

Le mouvement zapatiste vient de fêter ses 30 ans cette année ! Ces communautés, principalement autochtones, qui prospèrent de manière autonome et indépendante dans l’État du Chiapas, sont pourtant caractérisées de déclinantes dans les médias traditionnels. Mais ce déclin est-il bien réel ? La (...)

Urgence Palestine – soutenons la mobilisation du 23 mars

13 mars 2024, par Collectif Échec à la guerre
La Coalition du Québec URGENCE Palestine, dont le Collectif Échec à la guerre fait partie, organise une grande manifestation à Montréal/Tio’tia:ke samedi le 23 mars prochain, à (…)

La Coalition du Québec URGENCE Palestine, dont le Collectif Échec à la guerre fait partie, organise une grande manifestation à Montréal/Tio’tia:ke samedi le 23 mars prochain, à 14 h, au Square Dochester (métro Peel). Nous appelons tous les membres et sympathisant.e.s du Collectif à s’impliquer (...)

JdA-PA met en place un Fonds jeunesse en soutien au développement d’un journalisme engagé

13 mars 2024, par Ronald Cameron
Vous souhaitez lire plus de contenus produits par de jeunes sur des questions internationales et de solidarité? Vous les croyez capables d’un tel contenu journalistique (…)

Vous souhaitez lire plus de contenus produits par de jeunes sur des questions internationales et de solidarité? Vous les croyez capables d’un tel contenu journalistique rigoureux et qui n’est pas neutre! Nous sommes aussi de cet avis. C’est pourquoi nous annonçons la mise sur pied d’un Fonds (...)

Budget du Québec 2024 ; les réactions syndicales et populaires

12 mars 2024, par Presse-toi à gauche — , ,
Voici la revue de presse des réactions au dépôt du budget Girard. Vous trouverez les communiqués émis par les organisations syndicales et populaires ainsi que par Québec (…)

Voici la revue de presse des réactions au dépôt du budget Girard. Vous trouverez les communiqués émis par les organisations syndicales et populaires ainsi que par Québec solidaire. Ils seront mis en ligne au fur et à mesure de leur parution.

#Le Groupe des treize - #Québec solidaire - #FRAPPRU - #Auberges du cœur du Québec - #Réseau des conseils régionaux de... - #SFPQ - #FSSS-CSN - #FADOQ - #RQ-ACA - # CSQ - #FIQ - #FECQ - #APTS - #Banques alimentaires du Québec - #FTQ - #SPGQ - #CSD - #IRIS - #CSN - #Haroun Bouazzi - #Collectif pour un Québec sans pau... -


Quelques faits saillants du budget 2024-2025 - Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix)
15 mars 2024 | tiré de Facebook du RGF

Hier, le ministre des finances déposait un budget « exigeant et responsable », un budget décevant qui ne permet pas d'améliorer la qualité de vie de la population, d'améliorer nos services publics et nos programmes sociaux et de surmonter la crise écologique.

Rappelons le refus du gouvernement d'annuler sa baisse d'impôts du dernier budget provincial qui prive l'État de 1,7 milliard$ par année et de réinvestir cet argent dans le filet social. Les allègements fiscaux consentis par la CAQ depuis son arrivée au pouvoir privent le gouvernement de 2,7 milliards de dollars annuellement. Ces choix politiques ont des conséquences ! Nous sommes précipitées vers une nouvelle période d'austérité alors que les solutions, elles existent et elles sont multiples : instauration d'un impôt sur le patrimoine du 1% des plus riches, réinstauration de la taxe sur le capital pour les banques, augmentation du nombre de paliers d'imposition, imposition plus grande des dividendes et des gains en capital, augmentation des impôts des grandes entreprises, fin de l'évitement et de l'évasion fiscale.

Quelques points saillants du budget :

Absence d'analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) du budget 2024-2025.
Pour la lutte à la pauvreté : annonce d'un insuffisant 784 M$ pour les cinq prochaines années afin de « réduire la pauvreté et favoriser l'inclusion sociale » (investissement pour le transport pour les personnes à mobilité réduite, financement d'actions dans les communautés, soutien à l'aide alimentaire, conservation d'un maigre 10 % des gains de travail nets pour les personnes assistées sociales).
Pour la régie des rentes : Fin de la disparité de traitement pour les personnes invalides de plus de 65 ans qui voyaient leurs revenus diminuer considérablement lorsque leurs prestations d'invalidité s'arrêtaient.
Pour le logement : pas de financement pour de nouveaux logements sociaux. Nouvel investissement pour soutenir l'exploitation et la rénovation de HLM, poursuite de la bonification du programme Allocation-logement.
Pour le transport en commun : Bonification d'un maigre 0,29% des infrastructures de transport en commun, alors que les sommes allouées au réseau routier augmentent de 10%.
Violence conjugale : Investissement de 140 millions de dollars sur 5 ans pour déployer le Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle. Aucun budget dédié à la construction de maisons d'hébergement.
Pour les organismes en santé et services sociaux : Ajout d'un maigre 39M$ pour les organismes communautaires en santé et services sociaux sans garantie que ce montant aille à la mission globale.
Pour l'éducation : Les dépenses dans le système d'éducation augmenteront de 7,6% (à titre comparatif, les dépenses doivent augmenter d'au moins 7 % pour suivre la croissance des coûts en éducation, donc très peu de nouvel argent).
Pour la santé : 4,2 % de croissance en 2024-2025 (une baisse comparativement à l'année dernière où la croissance du budget 2023-2024 de la santé était de 7,7 %). Poursuite de la privatisation des services de santé (chirurgies, mini-hôpitaux privés), augmentation des sommes pour les soins à domicile.
Pour l'environnement : Les annonces se limitent à un maigre 20,8 M$ et sont toutes affectées à l'adaptation aux changements climatiques.
Pour la transition écologique : 1,86 G$ par année sont prévus dans le Plan pour une économie verte, ce qui représente à peine 1% des dépenses totales de l'État québécois.
Pour les services de garde : aucune somme supplémentaire.


Budget du Québec : la CAQ brise sa promesse de compléter le réseau des CPE - Québec solidaire

QUÉBEC, le 14 mars 2024 - Suite au dévoilement du budget 2024-2025, Québec solidaire et Ma place au travail dénoncent la promesse brisée de la CAQ de compléter le réseau de CPE et le manque de mesures pour les familles québécoises.

« Le Grand chantier des familles se retrouve désormais lui aussi au cimetière des promesses brisées du gouvernement caquiste alors que les sommes nécessaires à la complétion du réseau des CPE avant mars 2025 ne sont pas au rendez-vous dans le budget. Alors que des milliers de parents, principalement des femmes, comptaient sur la ministre de la Famille pour regagner leurs emplois, ces derniers se butent à un autre engagement rompu. La CAQ a décidé que la petite-enfance ne faisait plus partie de ses priorités et c'est inacceptable ! » souligne Guillaume Cliche-Rivard, responsable solidaire pour le dossier Famille.

« Le gouvernement nous a toujours assuré que le Grand chantier pour les familles réglerait la pénurie et que, d'ici 2025, le réseau des garderies serait complété. Mais suite aux annonces du plus récent budget, force est de constater que cela n'arrivera tout simplement pas. Disons-le carrément : le Grand chantier pour les familles est un échec. » a ajouté Marilou Fuller, directrice générale de Ma place au travail.


Budget 2024-2025 : la CAQ maintient le cap droit dans le mur (Le Groupe des treize)

Montréal, le 13 mars 2024 — Le Groupe des Treize (G13), coalisant vingt-trois organisations féministes nationales engagées dans la défense des droits des femmes au Québec, accueille avec perplexité le budget 2024-2025 du gouvernement caquiste. Le G13 s'inquiète de l'absence de solutions structurantes aux crises auxquelles la société québécoise fait face et de la tactique employée pour justifier la mise en place, dès l'année prochaine, de mesures d'austérité.

Le gouvernement caquiste a annoncé, hier, son budget centré sur la santé et l'éducation. Tandis que les médias répétaient avec insistance le déficit historique de 11 milliards, notre perplexité à l'égard du budget et du discours médiatique grandissait : « Tout se passe comme si le gouvernement ne prenait pas acte des nombreuses crises qui sévissent au Québec, actuellement : la crise environnementale, la crise du logement, la crise de nos services publics, l'aggravation de la pauvreté et l'accroissement des inégalités ! », s'exclame Sara Arsenault, de la Fédération des femmes du Québec.

Les membres du G13 regroupent des organismes communautaires qui travaillent au quotidien avec, par et pour les personnes les plus affectées par ces crises. « Qu'y a-t-il dans ce budget, M. Legault, pour les femmes et les personnes les plus marginalisées ? », demande Marie-Eve Blanchard du Regroupement Naissances Respectées (RNR). Rien de nouveau pour faire face à la crise du logement, rien pour permettre aux personnes assistées sociales de vivre dignement, et ce, dans un contexte où une réforme en santé, pourtant vertement critiquée et passée sous bâillon, donne une large part au privé ; où une stratégie en égalité se poursuit sans ministère pour la coordonner ; où un silence assourdissant en matière d'environnement pèse lourd.

Pour nous, expertes en matière d'égalité, l'absence chronique d'analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) du budget gouvernemental est le problème numéro 1. Si le gouvernement respectait ses engagements en matière d'égalité, il utiliserait l'ADS+ afin de questionner les impacts des décisions budgétaires sur les femmes et les personnes à la croisée des oppressions. En conséquence, nous aurions des décisions éclairées en matière de politiques publiques et des résultats efficaces pour réduire les inégalités, respecter les droits humains et construire la société égalitaire que méritent les Québécoises et les Québécois.

À la place, la CAQ nous sert un budget qui maintient le cap droit vers le mur. Nous entrevoyons qu'elle va brandir sous peu l'épouvantail de la dette pour apeurer la population dans le but de faire passer des mesures d'austérité et de sabrer dans ce qu'il nous reste de filet social. « La dette ne nous empêche pas de dormir la nuit… mais les personnes qui se retrouvent à la rue, celles qui ont faim, celles dont l'électricité est coupée, celles qui n'ont pas accès aux soins de santé et celles dont l'avenir est fragilisé à cause de l'inaction climatique, ça, ça nous empêche de dormir la nuit », laisse tomber Annie-Pierre Bélanger, de Relais-femmes.

Ce gouvernement est capable d'investir pour le hockey, pour les « top guns _du privé », ou pour défendre en cour ses lois discriminatoires. Pourquoi manque-t-il tant de courage pour soigner ses institutions et ses services, et exercer sa fonction publique ?

Le Groupe des Treize


Budget Girard : aucun nouvel investissement pour le logement social malgré la sévère crise du logement (FRAPPRU)

QUÉBEC, le 13 mars 2024 - Le Front d'action populaire en réaménagement urbain ? (FRAPRU) est extrêmement déçu du budget présenté aujourd'hui par le ministre des Finances Éric Girard. Alors que la crise du logement sévit durement à travers le Québec, le budget ne prévoit pas de financement pour de nouveaux logements sociaux. « Monsieur Girard table sur les 8000 logements sociaux et abordables annoncés lors de la mise à jour économique suite à une entente avec Ottawa et dont la moitié a déjà fait l'objet d'annonces gouvernementales : ça laisse trop peu d'unités pour de nouveaux projets au moment où il faudrait accélérer la cadence », déplore Véronique Laflamme. Celle-ci se désole aussi que le ministre des Finances refuse toujours d'offrir davantage de prévisibilité aux villes et aux organismes développant des logements sociaux, en fixant un objectif de développement sur plusieurs années. « Les besoins criants sont pourtant connus et les sommes actuellement prévues sont clairement insuffisantes pour y répondre », insiste-t-elle.

Le plan budgétaire souligne que les investissements prévus dans le cadre des précédents budgets et mises à jour économiques, incluant ceux dont le financement avait été annoncé avant 2018, permettront de contribuer à la réalisation de plus de 23 000 nouveaux logements d'ici 2028-2029 et semble s'en satisfaire. Pour le FRAPRU, qui note au passage que la part de logements sociaux hors marché privé n'est pas connue, le gouvernement caquiste se cantonne strictement à sa promesse électorale, faite avant que le gouvernement ne reconnaisse la crise du logement, sans tenir compte de la situation qui se détériore partout au Québec.

« Après 5 budgets où l'on a annoncé au compte-goutte le financement de nouveaux logements sociaux, c'était le moment de donner un grand coup », commente Véronique Laflamme. Le FRAPRU espérait le lancement d'un chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans pour répondre à l'urgence de la situation et à la diversité des besoins des locataires du Québec, que ce soit les locataires aînés, les familles à modestes revenus, les personnes seules ne réussissant plus à joindre les deux bouts avec les prix exorbitants des logements disponibles, les femmes victimes de violence conjugale, etc. Un tel chantier permettrait non seulement d'accélérer la construction neuve, mais également l'acquisition de bâtiments résidentiels locatifs encore abordables pour les sortir du marché spéculatif, tout en protégeant les locataires en place.

Le plan d'action en habitation promis relégué aux oubliettes

Selon le FRAPRU, il semble clair que le gouvernement caquiste abandonne en douce le plan d'action gouvernemental en habitation promis depuis plusieurs mois par les ministres qui se sont succédé à l'Habitation ou que celui-ci sera vide de toute substance. L'adoption d'un objectif ambitieux de développement de logements sociaux et son financement pluriannuel devait être selon plusieurs, dont le FRAPRU, la colonne vertébrale de ce plan.

Selon le regroupement de défense du droit au logement, pour sortir de la crise, il faut à moyen terme se doter de la perspective d'augmenter substantiellement la part de logements hors marché privé en doublant le parc de logements sociaux. « On espérait une vision claire d'où le gouvernement s'en va, mais elle n'est pas là » se désole Véronique Laflamme. Le FRAPRU, comme plus de 500 organisations sociales à travers le Québec, demande depuis plusieurs mois une politique globale en habitation. Celle-ci semble dorénavant incontournable selon Véronique Laflamme.

Le budget confirme par ailleurs que le gouvernement semble avoir décidé d'abandonner les quelques milliers de logements sociaux budgétés avant son arrivée dont il avait promis la construction dans son premier mandat et qui ne sont toujours pas livrés, dont 800 à Montréal. Aucun investissement n'est prévu pour permettre à ces projets de boucler leurs budgets. Selon le regroupement, ce sont des projets qui risquent d'être abandonnés ou forcés de changer de programme et autant d'unités promises plusieurs fois qui sont menacées d'être perdues.

Quelques mesures accueillies positivement

Au rang des bonnes nouvelles, le FRAPRU se réjouit des investissements de 66 millions $ pour soutenir l'exploitation des HLM dont l'entente d'exploitation avec Ottawa est échue. Il souligne aussi les 153 millions $ prévus cette année pour la rénovation des HLM qu'Ottawa doublera en vertu de l'Entente Québec-Canada sur le logement de 2020 qui prévoyait 2,2 milliards pour ces rénovations. En outre selon le FRAPRU et la Fédération des locataires de HLM du Québec, il serait judicieux de profiter de ces travaux pour densifier certains immeubles d'habitations à loyer modique en prévoyant des sommes supplémentaires pour un nouveau programme de logements publics, ce que le budget ne prévoit pas.

Le FRAPRU apprécie également les investissements nécessaires à la poursuite de l'allocation-logement, bonifiée en 2022 à la suite d'une autre entente avec Ottawa. Or, selon lui, miser sur les aides financières individuelles ne réglera pas la crise du logement vécue durement par les ménages à faibles et modestes revenus. Malgré le récent rehaussement des prestations, dans le contexte actuel, de telles aides financières individuelles absorbent à peine, voire pas du tout, le choc de la hausse des loyers. Dans les faits, au regard de la cherté actuelle des loyers, de leur croissance rapide et du taux d'effort des ménages locataires concernés, l'allocation-logement gonfle surtout les poches des propriétaires, selon le regroupement. Pour que cette aide, même imparfaite, puisse aider davantage de locataires, il faudrait enfin mettre fin à la discrimination exercée contre les personnes seules ou en couple et âgées de moins de 50 ans. Il faudrait également instaurer un contrôle obligatoire et universel des loyers, afin d'éviter des hausses injustifiées qui dissipent la faible prestation obtenue, souligne le FRAPRU.

Vu l'augmentation des besoins à cet égard dans toutes les régions du Québec étant donnée la pénurie extrême de logements, le FRAPRU est soulagé que le gouvernement ait augmenté les fonds prévus pour l'aide d'urgence aux ménages locataires se trouvant sans-logis autour du 1er juillet. Il espère que tous les ménages en ayant besoin recevront une aide concrète en 2024, incluant de l'hébergement temporaire et que l'aide sera suffisante pour offrir des services à l'année là où les besoins se font sentir. « Des centaines de ménages se trouvent dorénavant mal pris souvent pendant plusieurs semaines, c'est une autre illustration de l'urgence de prévoir les mesures structurantes pour éviter ces situations en amont, ce que le gouvernement ne fait toujours pas », conclue Véronique Laflamme.

Un vrai programme de logement social : ça ne peut plus attendre

Alors que de nombreux écueils persistent dans le Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) et que ce dernier est mal adapté aux impératifs du logement social, le FRAPRU espère maintenant que le gouvernement mettra en place promptement un programme complet, durable et spécifiquement dédié au logement social afin de s'assurer que les projets qui seront financés dans les prochains mois lèvent de terre plus rapidement et de freiner la place grandissante accordée à des acteurs privés et aux choix politiques discrétionnaires dans la sélection des projets financés.


Réactions au budget provincial de 2024- Douche froide pour les Auberges du cœur du Québec

MONTRÉAL, le 13 mars 2024 - Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ) considère le dernier budget crève-cœur pour les maisons d'hébergement jeunesse communautaires et, plus largement, pour l'ensemble du milieu communautaire autonome du Québec. Cet exercice annuel est l'occasion pour le gouvernement d'indiquer à la population ses priorités. Manifestement, malgré les crises du logement, de l'itinérance, des enjeux de santé mentale et d'accessibilité à des soins de santé physique et psychologique, les populations marginalisées et les jeunes vulnérables ne représentent pas l'électorat caquiste.

Le RACQ revendique pour ses membres un rehaussement significatif de leur financement à la mission depuis de nombreuses années. Pourtant, après plusieurs rencontres avec le personnel des ministres des Services Sociaux et de l'Action communautaire, plusieurs participations à des comités et des consultations, force est de constater que la stratégie politique est de faire semblant d'écouter les enjeux urgents et pressants des milieux d'hébergement jeunesse. Nos doléances se trouveront balayées du revers de la main une fois le temps de poser un véritable geste pour améliorer le sort des jeunes vulnérables du Québec.

En termes de financement à la mission, les Auberges du cœur restent à la traîne des ressources d'hébergements dont la mission est similaire, soit celle d'offrir des services 24/7, 365 jours par année. Ensemble, elles cumulent un retard de 27M$ de plus annuellement pour répondre à leurs besoins.

« Certaines des maisons membres du Regroupement peinent à boucler leur budget annuel. Non seulement les Auberges ne reçoivent pas plus, mais tout ce qui touche la transition à la vie adulte des jeunes non plus. Pas plus de logement abordable pour les jeunes. Pas de mesure en prévention de l'itinérance des jeunes. Pas plus d'accès à des soins de santé mentale pour les jeunes. Ces mêmes jeunes-là sont dans nos ressources et on doit en refuser plein par manque de financement. C'est vraiment choquant. », affirme Paule Dalphond, directrice générale du Regroupement des Auberges du cœur du Québec.

Le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) vecteur d'appauvrissement des Auberges du coeur

L'ajout de 39M$ dans le PSOC, un des programmes phares dont s'est doté notre société pour soutenir l'action communautaire et le filet social québécois, contribue à maintenir les organismes dans la précarité en ne donnant pas accès aux ressources financières nécessaires pour mener à bien leur mission. Ce faisant, les maisons d'hébergement jeunesse peinent à maintenir des services et en développer de nouveaux pour répondre aux besoins de plus en plus importants des jeunes vulnérabilisées.

Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre ainsi que du récent renouvellement des conventions collectives du secteur public, le fossé s'est dramatiquement élargi en ce qui a trait aux conditions salariales, freinant notre capacité d'agir. Aux prises avec de hauts taux de roulement, dans des processus d'embauches et de formations à recommencer constamment, ce sont les jeunes fréquentant ces organisations qui en paient la note. Ainsi, ils ne peuvent recevoir pleinement le soutien dont ils ont besoin pour se sortir de la pauvreté, de l'isolement, développer davantage leur autonomie et espérer améliorer leurs conditions de vie.

Une prophétie autoréalisée

En consentant des baisses d'impôts, que personne ne réclamait vraiment, tout en sachant que l'État devrait renégocier les conventions collectives de centaines de milliers de travailleuses et travailleurs, le gouvernement a réalisé sa prophétie : les finances ne sont pas assez bonnes pour soutenir les demandes du milieu de l'hébergement jeunesse communautaire. Il concrétise aussi une gestion néolibérale de l'État québécois avec les effets déshumanisants de son idéologie marchande qu'il impose à notre secteur dont les relations humaines, l'éthique et l'équité sociale sont les pierres d'assises. Les décisions prises au fil des derniers mois (subventions aux Kings de Los Angeles et Northvolt, pour ne nommer que celles-ci) illustrent bien une collectivisation des coûts par la population du Québec pour une privatisation des profits.

Tandis que nous mettons en garde le gouvernement de points de rupture dans les services offerts depuis des années, ce dernier s'entête à regarder le filet de sécurité et les services aux jeunes vulnérables s'effriter. En conséquence, ces mêmes jeunes qui peinent déjà à se nourrir et se loger convenablement ne verront aucune amélioration de leur situation. Pire, ils seront de plus en plus nombreux à se tourner vers nos ressources qui peinent déjà à répondre à la demande.


Budget du Québec 2024-2025 - Des investissements culturels loin des attentes

TROIS-RIVIÈRES, QC, le 13 mars 2024 - Le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec (RCRCQ) était présent, mardi 12 mars, au huis clos du Budget du Québec 2024-2025 pour analyser les mesures qui concernent le milieu culturel. Dans un contexte de rigueur budgétaire annoncé par la Coalition Avenir Québec (CAQ) et de pression inflationniste, le RCRCQ constate que les nouvelles mesures annoncées dans le nouveau budget ne parviennent pas à maintenir les investissements du gouvernement du Québec en culture faits en 2023-2024.

Faits saillants du budget en culture

Le gouvernement du Québec a annoncé pour 44,6 M$ de nouvelles mesures en culture pour 2024-2025 dont 21,1 M$ pour mettre en valeur la culture et le patrimoine québécois, ce qui permettra d'appuyer les organismes culturels (4,8 M $), de bonifier le Fonds du patrimoine culturel québécois (13,3 M$) et de poursuivre la mise en place du passeport culturel pour les jeunes (3 M$).

Le gouvernement compte aussi investir 19,2 M$ en appui aux médias et à la diffusion de la culture québécoise, ce qui permettra de poursuivre la Stratégie d'aide aux médias, de bonifier la programmation de Télé-Québec et d'adapter le financement du secteur audiovisuel. Enfin, le gouvernement ajoute 8,2 M$ pour soutenir la promotion et la valorisation de la langue française.

Des investissements culturels en baisse

On constate toutefois que les crédits de transfert du ministère de la Culture et des Communications passent de 837,2 M$ à 814,5 M$ (une diminution de 22,7 M$) et que le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) passe de 193,5 M$ à 171,8 M$ (une diminution de 21,7 M$) malgré l'annonce d'une nouvelle mesure de 4,8 M $. Pour la SODEC, on constate que le budget de dépenses 2024-2025 diminue également, passant de 194,2 M$ à 170,7 M$ (une diminution de 23 M$) malgré l'annonce d'une nouvelle mesure de 21 M$ d'ici 2028-2029.

Ces investissements sont inférieurs aux besoins exprimés par le milieu culturel qui évolue dans un contexte difficile. Le Réseau avait d'ailleurs fait des recommandations pour maintenir le niveau des investissements en culture notamment en soutenant le milieu de manière importante par le biais du CALQ et de la SODEC.

Des investissements pour la production audiovisuelle et les expositions des musées

Dans le cadre des consultations prébudgétaires 2024-2025, le RCRCQ a présenté 10 recommandations pour assurer la vitalité des territoires du Québec. Le RCRCQ est ravi de constater que le gouvernement a accueilli favorablement sa recommandation en lien avec le secteur de l'audiovisuel en bonifiant le Crédit d'impôt pour la production cinématographique et télévisuelle québécoise, en haussant le plafond de dépenses de main-d'œuvre admissibles de 50 % à 65 % des frais de production et en majorant le taux de base du de 20 % à 25 %, pour favoriser l'attraction de tournages étrangers au Québec.

Le RCRCQ se réjouit également de la bonification du fonds du patrimoine culturel qui permettra notamment de soutenir les expositions permanentes des musées.

Julie Martineau, présidente du Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec précise : « Fondamental pour la société et l'identité québécoise, le milieu culturel vit présentement une série de grandes perturbations. L'inflation, la pénurie de main-d'œuvre, l'explosion des coûts relatifs à la production, à l'immobilisation et à la diffusion, la domination des géants du web, l'effritement des médias locaux et régionaux ainsi que la diminution du « portefeuille culture » des citoyens ont de lourdes conséquences. Des investissements importants auraient été nécessaires pour consolider un secteur toujours fragile. »

Soutenir la vitalité culturelle de toutes les régions du Québec

En tant qu'organismes de conseils et d'expertises bien ancrés dans chaque région, les Conseils régionaux de la culture disposent d'une offre de services adaptés aux réalités du milieu et jouent un rôle essentiel et stratégique pour l'ensemble des secteurs culturels et artistiques. Le RCRCQ a présenté au ministère de la Culture et des Communications une demande pour bonifier et actualiser leur capacité d'action et celle de leur réseau, articulée dans une vision globale pour assurer la vitalité culturelle partout sur le territoire.

Éric Lord, directeur général du RCRCQ mentionne : « À l'analyse, nous remarquons que cette demande est absente du budget, mais nous souhaitons que l'étude des crédits nous permettra de constater que notre vision sera appuyée par le gouvernement du Québec pour soutenir la culture dans toutes les régions et pour concrétiser la politique culturelle Partout la culture ».


Budget 2024-2025 - L'austérité pour le personnel des ministères et organismes, les services à la population souffriront, constate le SFPQ

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - L'absence d'investissements suffisants dans les ministères et organismes, combinée au manque de personnel découlant des conditions de travail non compétitives, affectera grandement les services à la population, déplore le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ). Dans son budget déposé aujourd'hui, le gouvernement de la CAQ limitera la croissance des dépenses à seulement 4,4 % cette année et à 2,9 % en moyenne dans les prochaines années, laissant entrevoir un retour aux années d'austérité malgré ce qu'en disait le premier ministre, il y a quelque temps. Le SFPQ constate que la fonction publique et les services offerts par ses membres ne font toujours pas partie des priorités gouvernementales, contrairement aux réseaux de la santé et de l'éducation.

« La CAQ ne se soucie guère des inspections, des contrôles, de la vérification, de la justice, de la sécurité de la population, de l'octroi d'aide financière sous toutes formes et de l'entretien du réseau routier, tous des services offerts par le personnel de la fonction publique. Le gouvernement Legault a plutôt choisi, depuis son arrivée au pouvoir, de baisser les impôts, se privant ainsi de milliards de dollars chaque année. Si aujourd'hui les coffres sont vides, c'est en raison de cette stratégie électoraliste et non pas en raison des négociations du secteur public qui ne sont d'ailleurs toujours pas terminées avec nous », rappelle Christian Daigle, président général du SFPQ.

Visiblement, le gouvernement de la CAQ n'a pas l'intention de mettre de l'argent neuf sur la table pour obtenir un règlement des conventions collectives pour des milliers de travailleuses et travailleurs de la fonction publique, constate le SFPQ. « Ce gouvernement refuse obstinément de faire une nouvelle offre à la hauteur des ententes conclues avec le reste du secteur public. Il doit reconnaître que son personnel des ministères et organismes mérite d'être mieux valorisé et respecté pour le travail accompli. Le gouvernement devra en tenir compte s'il veut éviter un conflit de travail de plus en plus imminent avec les 4000 ouvrières et ouvriers dans les prochaines semaines, ainsi qu'une grogne qui s'amplifie du côté des fonctionnaires », avertit monsieur Daigle.

Au chapitre des effectifs, le gouvernement de la CAQ n'augmente que de 900 personnes à temps complet les effectifs de la fonction publique. Dans un contexte où la CAQ déclare avoir supprimé 5000 postes administratifs, et où les services aux citoyennes et aux citoyens sont au point de rupture dans la plupart des ministères, il est irresponsable de limiter à ce point la croissance des effectifs. La CAQ se tire donc elle-même dans le pied, car elle devra recourir à la sous-traitance pour offrir les services, ce qui coûtera plus cher à l'ensemble des citoyennes et citoyens du Québec. Avec les gels de personnel imposés par les gouvernements précédents, la CAQ continue le travail de sape de sa propre fonction publique que le SFPQ a toujours dénoncé. Sans ressources suffisantes, le gouvernement continuera de gérer le risque et demeurera en mode réaction plutôt qu'en mode prévention.


Budget du Québec - Par manque de vision de la CAQ, les graves crises en santé et services sociaux vont se poursuivre, déplore la FSSS-CSN

MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - Le ministre des Finances de la Coalition avenir Québec (CAQ), Eric Girard, a déposé un budget austère dans lequel, par manque de vision, il refuse d'imposer le traitement choc nécessaire pour mettre fin aux crises qui secouent durement le réseau public de la santé et des services sociaux. Le filet social continuera de s'effriter, déplore la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la plus grande organisation syndicale en santé et services sociaux.

« Austère, la CAQ limite la hausse du financement du réseau public de la santé et des services sociaux en deçà de ce qui est nécessaire pour maintenir les services à la population québécoise », fait remarquer Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN. « En plus, il passe à côté des solutions connues et efficaces afin de requinquer le réseau public bien amoché. »

« Réseau de la santé mal en point, logement, aide aux femmes et enfants victimes de violence conjugale, itinérance, insécurité alimentaire, soutien aux jeunes en difficulté, santé mentale, manque de places dans les CPE, hébergement des aînés, soins à domicile, secteur ambulancier… La liste des crises qui font régulièrement la manchette est longue », observe Réjean Leclerc.

Austérité ?

La FSSS-CSN en appelle à une large réflexion nationale sur les revenus de l'État, la fiscalité des grandes entreprises, les subventions aux riches corporations, l'évitement fiscal, une taxe sur le patrimoine des 1% les plus fortunés. Voilà certaines mesures parmi les nombreuses qui permettraient d'accroître les revenus de l'État et d'offrir les services auxquels les citoyennes et les citoyens sont en droit de s'attendre. Tout en favorisant le filet social, qui fait la fierté de la population québécoise.

« Le ministre des Finances annonce plutôt une révision des dépenses, ce qui pourrait ouvrir la porte à une nouvelle ère d'austérité libérale à la sauce caquiste », critique Réjean Leclerc.

Privatisation

Le gouvernement aurait pu dégager des sommes importantes en déprivatisant le réseau de la santé et des services sociaux. La première ligne est contrôlée par les médecins entrepreneurs, la marchandisation des soins aux personnes en perte d'autonomie est dispendieuse, les cliniques privées lucratives reçoivent de l'argent public pour dégager des profits, etc. Il y a place aux économies.

De grands besoins

Les besoins sont nombreux en santé et services sociaux. Parmi ceux identifiés par la FSSS-CSN :

Accroissement du budget des établissements publics au-delà des « coûts de système » ;

Réinvestir dans les soins à domicile publics et les soins de santé communautaires, une priorité pour la population ;

Augmenter les investissements dans la prévention de la maladie ;

Hausse du financement des organismes communautaires autonomes qui bouchent tant bien que mal les trous dans le filet social ;

Accroître les budgets dédiés au secteur préhospitalier afin d'augmenter le nombre de paramédics sur la route, en phase avec l'idée de désengorger les urgences et la première ligne. Également, accroître leur autonomie afin de rendre la profession attractive ;

Financer adéquatement le réseau public pour l'hébergement digne des personnes âgées qui ne peuvent demeurer à la maison ;

Accélérer le développement du réseau des CPE ;

Soutenir les familles d'accueil qui reçoivent des jeunes de la DPJ ou des adultes vivant avec une déficience intellectuelle et physique.

Conditions de travail dans le réseau

Judith Huot, première vice-présidente de la FSSS-CSN, désapprouve particulièrement que la CAQ fasse porter son déficit record de 11 milliards $ en bonne partie sur les épaules des travailleuses et travailleurs, sur la hausse de leur rémunération. « Le ministre Girard a-t-il déjà oublié que les conditions d'emploi peu attractives dans le réseau public, composé à très grande majorité de femmes, ont engendré une difficile pénurie de main-d'œuvre au cours des dernières années ? »

Hébergement pour femmes et enfants victimes de violence

Lucie Longchamp, aussi vice-présidente FSSS-CSN, est déçue du peu d'investissement dans les secteurs qu'elle représente : préhospitalier, services de garde éducatifs, RPA, hébergement pour jeunes et adultes... Particulièrement par le sous-financement des organismes pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, dont les difficultés ont fait la manchette récemment.

« C'est un non-sens, avec la hausse des féminicides, qu'on ne finance pas correctement et de manière pérenne ces ressources essentielles », lance Lucie Longchamp. « Qu'est-ce qu'on attend ? Pour la FSSS-CSN, il ne peut y en avoir une de plus. »



FADOQ : Un budget satisfaisant malgré quelques angles morts

MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - Malgré un contexte budgétaire difficile, le Réseau FADOQ a été entendu.

Le budget du gouvernement du Québec a apporté une bonne nouvelle aux bénéficiaires de la rente d'invalidité. À compter du 1er janvier 2025, la réduction de la rente de retraite pour les personnes aînées de 65 ans et plus en situation d'invalidité sera abolie. Il s'agissait d'une de nos demandes de longue date puisque ces pénalités, imposées actuellement à 77 000 personnes, s'apparentaient pour nous à de la discrimination de la part de l'État.

« Le gouvernement du Québec pose le bon geste en mettant fin à ces pénalités, autant pour les personnes qui les subissent actuellement que pour les futurs bénéficiaires », a déclaré Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ.

La plus grande organisation de personnes de 50 ans et plus au Québec demandait également des investissements en santé pour accroître la main-d'œuvre et pour le virage vers les soins à domicile. Ce budget répond aux attentes en ce sens puisqu'il contient 3,7 milliards $ sur cinq ans pour le réseau de la santé.

Les investissements seront destinés à la main-d'œuvre, à l'ajout de lits et au rehaussement de l'efficacité de la prestation des soins, notamment avec la réduction de la paperasse. De plus, cet argent permettra l'augmentation de l'offre de soins et de services à domicile.

« Les personnes aînées souhaitent vivre à domicile le plus longtemps possible. Le Réseau FADOQ insistait sur le rehaussement des investissements en la matière puisque trop de gens sont en attente d'un premier service », a commenté Mme Tassé-Goodman.

Angles morts

Bien que le budget soit satisfaisant, le Réseau FADOQ tient à avoir des précisions sur deux points.

En premier lieu, le gouvernement a réitéré sa volonté de se retirer du Régime canadien de soins dentaires et d'obtenir une pleine compensation financière sans condition de la part du gouvernement fédéral. L'enthousiasme des personnes aînées envers ce régime de soins dentaires est évident. Il est donc nécessaire que le gouvernement du Québec envoie le signal qu'il réinvestira les sommes associées à son retrait dans des soins dentaires.

En deuxième lieu, le ministre des Finances, Éric Girard, a annoncé un examen des dépenses gouvernementales.

Le Réseau FADOQ est tout à fait conscient que le Québec fait face à une situation économique difficile et que certains postes de dépenses pourraient être révisés. Cependant, il est primordial que les personnes aînées ne fassent pas les frais de cet exercice, particulièrement celles qui sont parmi les plus vulnérables de notre société.

Autres mesures positives

Ce budget contient aussi 15 millions $ afin de renforcer les actions du Curateur public pour prévenir et détecter les abus sur les personnes faisant l'objet d'une tutelle privée d'ici 2029. Des abus ont été constatés au cours des dernières années. Le gouvernement en prend acte et déploie plus de ressources pour que le Curateur public mène à bien ses mandats.

Ce budget a permis une consolidation des investissements, notamment de l'allocation-logement et du transport adapté, des mesures essentielles pour les plus vulnérables.


Budget du Québec 2024-2025 : le mouvement d'action communautaire autonome négligé (RQ-ACA)

TIOHTIÁ:KE/MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - Le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) déplore la quasi-absence de mesures de bonification significative pour le financement des organismes d'action communautaire autonome (ACA) au budget 2024-2025.

L'espoir suscité à la sortie du Plan d'action gouvernemental en matière d'action communautaire 2022-2027 n'a pas fait long feu. Alors que le RQ-ACA estime que les investissements supplémentaires nécessaires pour l'ensemble des 4500 organismes se calculent dorénavant en milliards$, les quelques 82 millions$ identifiés pour 2024-2025 dans des mesures bien précises sont loin du compte : banques alimentaires 30 M$ ; intégration des personnes immigrantes 10 M$ ; haltes-garderies 1,3 M ; organismes en difficulté dans le domaine de la santé et des services sociaux (santé mentale, déficience, dépendance, etc.) 39 M$ dont seulement 10 M$ qui seront déployés dans le programme général.

"L'écart entre les besoins des organismes d'ACA et le financement gouvernemental accordé pour soutenir leurs missions ne cesse de croître", constate Hugo Valiquette, président du RQ-ACA. Encore pire, faute d'indexation du financement à la mission, un grand pan du mouvement voit son financement décroitre chaque année.

Dans le contexte social et économique actuel où la population a plus que jamais recours aux services et activités des organismes communautaires, le financement insuffisant se traduit par une surcharge de travail sans espoir de nouvelles embauches et d'amélioration des conditions de travail pour les travailleuses et travailleurs. Il en résulte un exode vers d'autres secteurs d'emploi, augmentant ainsi la charge de travail des équipes en place qui se voient happées dans une spirale sans fin d'épuisement professionnel. Les constats de l'Observatoire de l'ACA sont sans équivoque : 74% des organismes d'ACA font face à des difficultés de rétention du personnel et 80% à des problèmes de recrutement. Que faire alors pour éviter l'hécatombe, si ce n'est d'offrir un meilleur soutien financier à la mission des organismes ?

Avec son budget 2024-2025, le gouvernement a malheureusement raté une occasion de corriger la situation, mais nous ne baissons pas les bras. L'augmentation substantielle et l'indexation du financement à la mission, ainsi que les enjeux d'autonomie demeureront au cœur de nos revendications tout comme la consolidation de l'action communautaire autonome par une loi ou un autre levier.

Rappelons que le gouvernement Legault a amputé les finances publiques d'environ 1,8 milliard$ par année en raison de la diminution de 1% des taux des 2 premiers paliers d'imposition et qu'il prévoit les réduire d'un autre 1,5% d'ici 2032. Indigné par l'accentuation des inégalités sociales et par la détérioration du filet social, le RQ-ACA invite le gouvernement du Québec à plutôt s'appuyer sur une meilleure redistribution de la richesse pour réinvestir dans les services publics et les programmes sociaux ainsi que dans la mission des groupes d'action communautaire autonome.


Réaction de la CSQ au budget 2024-2025
« Un budget qui évite le pire… pour l'instant »

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et son président, Éric Gingras, réagissent à chaud au budget du Québec 2024-2025 : « Le gouvernement accepte de repousser à plus tard son objectif de retour à l'équilibre budgétaire. Il évite ainsi, pour l'instant, de replonger le Québec dans le cercle vicieux de l'austérité. Avec un déficit réel de 7,2 G$ (11 G$ après la provision pour éventualité et le versement au Fonds des générations), le gouvernement subit les impacts du ralentissement économique, des baisses d'impôt tout en assurant le maintien des missions de la santé et de l'éducation », déclare Éric Gingras.

« Bien qu'il n'y ait pas d'investissements qui auraient permis de poursuivre l'impulsion donnée à nos réseaux publics par les négociations, on ne peut pas parler d'austérité cette année pour ces deux missions essentielles. Dans un contexte où la réduction de la dette est sous contrôle et que l'atteinte de l'équilibre budgétaire réel est prévue pour 2027-2028, c'était le bon choix à faire », souligne le président de la CSQ.

Ne pas rejouer dans le film de l'austérité

« Si le pire est évité à court terme, il faudra être vigilant au prochain budget lors de la publication du plan de retour à l'équilibre budgétaire. Il faut craindre un retour à l'austérité alors que le gouvernement voudra alors freiner la croissance de ses dépenses. Rappelons que le gouvernement vit maintenant les conséquences des importantes et récurrentes baisses d'impôt consenties l'année dernière », ajoute M. Gingras.

En éducation et en enseignement supérieur

« Avec l'augmentation de 6,7 % du budget de l'éducation et de 3,5 % en enseignement supérieur, le gouvernement ne se permet de financer que le maintien des services tout en recyclant quelques annonces précédentes », affirme Éric Gingras. De fait, la part du lion des 293 M$ supplémentaires annoncés pour cette année sert à financer le plan de retour en classe qui avait déjà été annoncé à la suite de la grève et à prolonger de 2 ans des mesures d'attraction et de rétention déjà en place dans le réseau scolaire.

Rien pour la formation professionnelle et l'éducation aux adultes

Malheureusement, alors que la pénurie de main-d'œuvre continue de sévir, rien n'est prévu pour donner enfin accès à la formation professionnelle à temps partiel. De même, à la formation générale des adultes, le financement par enveloppe fermée continuera de restreindre les effectifs. « Or, l'accès à l'éducation et à la formation représente la première clé dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités », avance M. Gingras.

Un déficit d'entretien toujours important

Le budget prévoit 15,5 millions de plus par année pour accélérer l'entretien des écoles et majore de 450 M$ sur 10 ans son plan d'investissement dans le réseau scolaire. « Ces annonces sont les bienvenues, mais apparaissent nettement insuffisantes face au 8,5 G$ de déficit d'entretien des infrastructures d'éducation reconnu par le gouvernement », souligne le président de la CSQ.

Pour une vaste réflexion en éducation

« Si l'éducation est véritablement une priorité pour le gouvernement Legault, il faut éviter les mesures à la pièce et jeter rapidement les bases d'une réflexion collective sur l'avenir de notre système d'éducation », plaide M. Gingras.

Enseignement supérieur

Le gouvernement Legault poursuit le surplace en enseignement supérieur. « Encore une fois, le secteur de l'enseignement supérieur ne fait l'objet d'aucun investissement additionnel. Les seules sommes prévues dans le budget sont en prévision de la révision de la politique québécoise de financement des universités dont nous connaîtrons les impacts plus tard », déplore Éric Gingras.

En santé et services sociaux

Avec une croissance moyenne de 4,4 % du budget du système de santé et services sociaux sur 3 ans, le gouvernement s'appuie trop fortement sur les changements de structure pour bonifier les services de santé. Des sommes considérables sont consacrées au virage numérique (180 M$), aux soins à domicile (91 M$), au Guichet d'accès (23 M$) et à l'élargissement du financement axé sur le patient. « On peut douter que ces réformes de structure viennent compenser pour les besoins importants de notre système. Du bon côté, dans le contexte démographique actuel, les investissements supplémentaires (243,5 M$) pour soutenir le maintien à domicile et l'hébergement des personnes aînées sont les bienvenus », souligne M. Gingras.

Déception en petite enfance

Le budget prévoit, pour 2024-2025, un financement pour la conversion de 1000 places non subventionnées en places subventionnées. C'est 1000 places de plus que les 8603 places déjà prévues, mais contrairement à nos demandes, le gouvernement n'offre toujours pas d'incitatifs pour qu'elles soient intégrées au réseau des centres de la petite enfance (CPE). On peut se demander si, à terme, le réseau québécois de CPE sera remplacé par un réseau de garderies privées subventionnées », affirme M. Gingras.

Logement, environnement et culture

Malgré la crise du logement qui perdure, les sommes prévues pour favoriser l'accès au logement sont nettement insuffisantes et non adaptées aux besoins criants. Il aurait fallu un plan costaud et pluriannuel de création de logements sociaux afin de combler le retard accumulé au Québec depuis plusieurs années.

De même, ce n'est pas avec ce budget que la CAQ va améliorer son bilan environnemental. Le Plan québécois des infrastructures (PQI) consacre encore la majorité des sommes au développement du réseau routier (57 %). « Le développement d'un réseau efficace et accessible de transport collectif si essentiel à la transition juste et pour réduire les dépenses des ménages devra attendre », affirme Éric Gingras.

Finalement, la CSQ salue les nouveaux investissements pour promouvoir la culture, la langue française et les médias, notamment le soutien accru à Télé-Québec.

Condition des aînés

Enfin, la CSQ tient à saluer l'élimination de la réduction de la rente pour les aînés en situation d'invalidité qui atteignent l'âge de 65 ans. Cela représente une bonification pouvant atteindre 3930 $ par année, soit une hausse d'environ 32 % de la rente de retraite.

La CSQ est cependant préoccupée par le silence du gouvernement quant à sa volonté de contribuer à parts égales à la surindexation du RREGOP que permettent les plus récents résultats financiers. Les retraités actuels ont eu droit à une majoration de 0,8 % de la part autofinancée de leur rente. « Le gouvernement a jusqu'au 1er juillet pour annoncer qu'il ajustera la sienne. Nous sommes déçus que le budget ne le confirme pas encore », déplore le président de la CSQ.

Prendre les devants - Le balado de la CSQ

Pour aller plus loin dans l'analyse détaillée du budget, le président Éric Gingras animera en direct, ce soir, dès 19 h, le quatrième épisode du balado de la CSQ, « Prendre les devants », au cours duquel est notamment prévue une discussion avec deux économistes de la Centrale sur les enjeux qui touchent directement les membres de la CSQ.


Budget 2024-2025 en santé et services sociaux - Un pied dans l'austérité : une croissance des dépenses incohérente avec les défis qui attendent le réseau public de santé (FIQ)

MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ s'inquiète des impacts de la baisse drastique de la croissance des dépenses en santé et services sociaux prévue au budget provincial présenté aujourd'hui. Alors que dans les dernières années, le réseau a pu compter sur une augmentation annuelle moyenne de 7,3 %, le budget 2024-2025 limite la croissance des dépenses à 4,2 %, variation qui diminuera encore davantage l'année prochaine. Toutes les prémisses sont mises en place pour dérouler le tapis rouge à l'austérité dès l'année prochaine, au détriment des services de santé et de services sociaux.

« C'est insensé de diminuer les dépenses alors qu'une réforme gigantesque du réseau est sur un point de voir le jour » affirme la présidente de la FIQ, Julie Bouchard. Dans son mémoire prébudgétaire, la FIQ avait, au contraire, exhorté le gouvernement à prévoir un poste budgétaire supplémentaire distinct pour soutenir financièrement la gestion du changement devant mener à la création de Santé Québec. « Les dernières réformes en santé n'ont jamais été soutenues par des moyens financiers conséquents, avec les contrecoups dévastateurs que l'on connaît aujourd'hui : désertion des professionnelles en soins, attentes en chirurgie, difficile accès aux soins de première ligne et j'en passe. On ne peut plus rejouer dans ce film-là ».

La Fédération s'indigne également du fait qu'aucune distinction ne soit réalisée entre les investissements faits dans les établissements publics de santé et les dépenses octroyées aux prestataires privés de soins de santé. De plus, aucune balise ou limite de dépenses n'est imposée en ce qui concerne le détournement de l'argent public vers les investisseurs privés. « Nous savons très bien que les chiffres sont astronomiques, nous l'avons constaté avec le coût des chirurgies au privé. Le ministère des Finances a une part de responsabilité dans le contrôle des dépenses attribuables à cette dérive », souligne la présidente de la FIQ.

La FIQ tient toutefois à saluer :

• L'annulation de la réduction de la rente de retraite pour les aîné-e-s de 65 ans et plus en situation d'invalidité ;

• L'augmentation de la proportion des soins dédiée aux soins à domicile (581 millions / 5 ans) ;

• L'investissement de 140 millions de dollars sur 5 ans pour déployer le Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle ;

• Le financement des 16 CHSLD privés restants à conventionner à hauteur de 182 M$.

Dans le contexte actuel, il est responsable de la part du gouvernement de reporter l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Toutefois, notons que la CAQ est le maître d'œuvre de cette décision budgétaire difficile par ses décisions passées. Pour terminer, nous partageons des objectifs communs avec le Plan santé, notamment l'attribution d'un groupe de médecine familiale à plus de 900 000 Québécoises et Québécois ; la bonification des soins et services d'aide à domicile ; et la mise en place du Guichet d'accès à la première ligne (GAP), dans l'ensemble du Québec, pour les personnes qui n'ont pas accès à un médecin de famille. Mais les sommes demeurent insuffisantes pour réaliser ces objectifs.


Budget du Québec 2024-2025 : Quand un ministre des Finances « féministe » abandonne ses étudiantes stagiaires (FECQ)

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - Bien que le budget du Québec 2024-2025 se targue de prioriser la santé et l'éducation, les associations étudiantes québécoises réunies au sein du Front pour la rémunération s'indignent de l'absence totale d'investissement visant la rémunération des stages. Alors que la société québécoise constate un déclin drastique de ses services publics et que la population étudiante québécoise est tout particulièrement frappée par la hausse du coût de la vie, on ne daigne toujours pas accorder une juste rémunération aux stagiaires du Québec. Ces stagiaires, principalement des étudiantes, effectuent un travail essentiel au sein des réseaux de la santé et de l'éducation. Ces femmes seront pour, une énième année, forcées de choisir entre la poursuite de leurs études et leur sécurité financière.

Au cours de la dernière année, l'Institut de recherche et d'information socioéconomique (IRIS) a sorti les chiffres suivants : 84% des stages sont non rémunérés, 74% sont effectués par des femmes et 64% sont effectués au sein du réseau public. Afin de résoudre cette injustice historique qui favorise clairement l'étudiant en génie à l'étudiante en soins infirmiers, la Fédération étudiante collégiale du Québec et l'Union étudiante du Québec ont été claires : dans le budget 2024-2025, il devait absolument y avoir des investissements permettant de rémunérer toutes les personnes effectuant des stages de mise en pratique au Québec, investissements se chiffrant à 545,6 M$ par année.

Au fil des derniers mois, deux motions soulignant l'importance de la rémunération des stages présentées à l'Assemblée nationale ont été adoptées à l'unanimité tandis que la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a affirmé que l'enjeu faisait partie de ses priorités. Dans un tel contexte, l'absence complète de crédits budgétaires pour la rémunération des stages est une véritable insulte pour l'entièreté du mouvement étudiant. Les associations étudiantes collégiales et universitaires tiennent à rappeler que le réseau de l'enseignement supérieur est indispensable afin de combattre la pénurie de main-d'œuvre qui sévit au sein des réseaux de l'éducation, de la santé et des services sociaux.

Alors que le ministre Girard a affirmé à de nombreuses reprises en conférence de presse être un ministre des Finances féministe, il abandonne une fois de plus les milliers d'étudiantes stagiaires indispensables à nos réseaux. Ces étudiantes abandonnées sont des mères de famille, des immigrantes ou des étudiantes en situation de handicap qui veulent toutes avoir les moyens de réussir leurs stages de manière à obtenir leur diplôme pour éduquer ou soigner tout en payant leur loyer. Aujourd'hui, le gouvernement clame haut et fort que ce seront elles qui devront payer, pour une année de plus, le prix de son inaction.

Citations :

« En matière de revendications étudiantes, la non-rémunération des stages est l'éléphant dans la pièce d'un budget qui laisse les stagiaires sur leur faim. Après un automne de mobilisation et une volonté affichée d'agir de la part de la ministre, la FECQ se voit amèrement déçue de l'absence totale d'investissements à cet égard. »
Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec

« L'UEQ craint que les efforts que le Québec a faits cette année pour améliorer les conditions de travail, notamment celles des personnes enseignantes et infirmières, soient peine perdue si nous ne réglons pas le problème criant des stages non rémunérés. Si nous voulons régler les problèmes de pénurie d'emplois, il nous apparaît incontournable que nous nous devons de rémunérer nos stagiaires pour leur travail ! »
Catherine Bibeau-Lorrain, présidente de l'Union étudiante du Québec


Budget du Québec 2024-2025 - Le gouvernement Legault met la table pour un retour à l'austérité, prévient l'APTS

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - « À peine un an après avoir consenti des milliards en baisses d'impôts mal avisées, le gouvernement annonce être dans une situation financière difficile et devoir amorcer une révision des dépenses. La table est mise pour un retour aux compressions et aux mesures d'austérité, à faire toujours plus avec toujours moins. Une chose est sûre, on est loin de pouvoir qualifier ce budget de responsable ». C'est en ces mots qu'a réagi le président de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Robert Comeau, à la présentation du budget du Québec 2024-2025.

Pour l'APTS, deux ingrédients se révéleront essentiels pour assurer la pérennité des services à la population ainsi que le contrôle de leurs coûts : un engagement ferme envers la déprivatisation du réseau de la santé et des services sociaux et un plan sérieux pour le sevrer de sa dépendance à la main-d'œuvre indépendante. Autrement, l'exercice à venir de révision des dépenses ne peut que se traduire par des mesures d'austérité, des compressions dans des services cruciaux pour les Québécois•es et une place encore plus grande pour les entreprises privées dans l'offre de services.

« Il faut faire passer la santé avant les profits. On doit cesser d'entretenir la place du privé dans la santé et les services sociaux. Le choix des services publics sera toujours le choix le plus responsable. Nous exigeons un engagement clair du gouvernement en ce sens », poursuit Robert Comeau.

Les plateaux techniques, incontournables pour assurer la fluidité dans le réseau hospitalier

Parmi les priorités de ce budget figure un engagement du gouvernement « d'améliorer l'accès aux soins et aux services et accroître la fluidité hospitalière ». Or, le secteur névralgique des plateaux techniques — laboratoires, imagerie médicale, médecine nucléaire, électrophysiologie médicale et radio-oncologie — est essentiel pour y parvenir mais reste encore une fois dans l'angle mort du gouvernement.

« Sans investissements importants pour valoriser les professions et moderniser les équipements dans les laboratoires ainsi que dans le grand secteur de l'imagerie médicale, il va continuer d'être très difficile d'effectuer les analyses et examens nécessaires aux diagnostics et traitements requis pour la population. Le gouvernement doit envoyer un signal fort, démontrant qu'il en fera une priorité afin d'assurer la fluidité dans le réseau hospitalier », ajoute Robert Comeau.

Des solutions responsables, qui demandent du courage

Des alternatives étaient cependant à la portée du gouvernement pour mieux financer les services publics, à condition d'avoir le courage politique de faire des choix véritablement responsables, notamment une marche arrière sur les milliards dont s'est privé le gouvernement avec les baisses d'impôts du budget 2023-2024, et la suspension immédiate des versements au Fonds des générations. À elles seules, ces deux mesures permettraient d'injecter entre 3 et 4 milliards de dollars supplémentaires dans les services publics.

Il faut arrêter de mettre à mal les services publics et éviter tout nouveau cycle d'austérité. Pour ce faire, l'APTS enjoint le gouvernement à se mettre à l'écoute des propositions innovantes promues par la Coalition main rouge - dont est membre l'APTS - regroupant des organisations syndicales, du milieu communautaire et des groupes de la société civile.


Budget 2024-2025 : réaction des Banques alimentaires du Québec - Les Banques alimentaires du Québec se réjouissent de l'aide annoncée pour assurer un approvisionnement en denrées permettant de répondre à la demande historique

LONGUEUIL, QC, le 12 mars 2024 - Le réseau des Banques alimentaires du Québec (BAQ) app

La démarche d’accès à l’indépendance

12 mars 2024, par André Frappier — , ,
J'ai participé à un panel concernant à l'invitation du Mouvement Québec Indépendant (MQI). J'y ai défendu la position de QS concernant l'assemblée constituante et exposé mes (…)

J'ai participé à un panel concernant à l'invitation du Mouvement Québec Indépendant (MQI). J'y ai défendu la position de QS concernant l'assemblée constituante et exposé mes positions concernant l'indépendance qui se doit nécessairement d'être inclusive, citoyenne et comme le dit si bien Émilise Lessard-Therrien : On ne fera pas un pays pour les patrons des multinationales, mais pour qu'il appartienne au peuple.

Description des panélistes

ANDRÉ FRAPPIER
D'abord militant syndical au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ainsi qu'à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), il s'est impliqué en politique avec Québec solidaire, lors de la fondation du parti, en 2006. Il a été candidat de ce parti aux élections de 2007, de 2008, 2012 et 2014. En 2012, il a succédé à Amir Khadir comme président co-porte-parole de QS et il a participé au États généraux de la souveraineté. Co-auteur du Printemps des carrés rouges publié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et de Canadian Dimension.

DANIEL MICHELIN
Formé en criminologie et en administration publique, il a été attaché politique au cabinet de Véronique Hivon puis au bureau de comté de la député de Joliette de 2012 à 2017. Il a aussi occupé la même fonction auprès de l'ex-députée de Marguerite-D'Youville, Monique Richard. En 2018 et 2022, il a été candidat du Parti québécois dans la circonscription de Montarville. Actuellement, il coordonne les instances du Parti québécois dans six circonscriptions de la Montérégie.

MARTINE OUELLET
Ingénieure de formation, Martine Ouellet a fait carrière à HydroQuébec. Avant son entrée en polique, elle milite dans le mouvement écologique Eau Secours. De 2010 à 2019, elle est députée de Vachon pour le Parti québécois et ministre des Ressources naturelles dans le Gouvernment Marois. Elle est par la suite candidate à la direction du PQ à deux reprises. En 2017-2018 elle est cheffe du Bloc québécois. En mai 2021, elle crée son propre parti écologiste et indépendantiste, Climat Québec.

André Frappier

J'ai passé une bonne partie de ma vie au sein d'un syndicat canadien, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. Cela m'a permis de tisser des liens avec les progressistes du ROC et de lier la question de l'indépendance à la solidarité avec les travailleurs et travailleuses du Reste du Canada et vice versa. L'establishment canadien ne laissera pas une population prendre sa destinée en main en faisant l'indépendance sans réagir. Les liens de solidarité seront importants.

Le constat, où va-t-on quelles sont les embuches ?

En ce moment environ 35% de la population serait en faveur de l'indépendance. Mais là encore on ne sait pas exactement quel projet cela signifie dans la tête des gens. Même au sein des partis souverainistes il y a un taux significatif de personnes qui ne sont pas favorable à l'indépendance. Le taux le plus élevé favorable (43%) se situe dans les 65ans et plus, on manque visiblement de relève. Même au sein du PQ et de QS une certaine proportion n'est pas indépendantiste. Elle est plus forte à QS pour des raisons spécifiques. Plusieurs adhèrent au projet de changement social et à l'aspect progressiste avant tout.

Nous devons réfléchir à la façon d'aller chercher ceux et celles qui n'adhèrent pas à l'indépendance et se poser la question pourquoi. On ne peut pas réduire notre stratégie pour l'indépendance à une élection ou un éventuel référendum. Il faut travailler dès maintenant à gagner une majorité de personnes à la nécessité de rupture avec l'État canadien.

Comment y arriver

Ce n'est certainement pas en refusant aux enfants de personnes immigrantes sans statut le droit aux garderies comme le fait le gouvernement Legault qu'on envoie un message d'un Québec inclusif.

L'immigration. La crise environnementale planétaire causée par l'industrialisations et l'exploitation effrénée des ressources naturelles, par les multinationales, combinée à l'exploitation économique dont profite les sociétés nordiques, va obliger de plus en plus les populations du sud global à migrer vers le nord. On doit à la fois se préparer à les accueillir, on doit lutter contre le capitalisme global et développer notre solidarité internationale avec ceux et celles qui luttent dans le même sens. L'indépendance doit être un moyen de prendre le contrôle de nos ressources naturelles et de gérer notre environnement.

L'indépendance c'est un peu comme une révolution, c'est un changement de société. Les citoyens et citoyennes ne vont pas poser un geste aussi important si ça ne change pas leur vie. L'indépendance c'est reprendre en main notre économie, nos institutions. C'est enlever le contrôle de notre territoire aux multinationales, c'est développer l'exercice démocratique populaire.

À ce chapitre la filière batterie du gouvernement de la CAQ va complètement dans le sens opposé. Penser remplacer le parc automobile à essence par des batteries est lourd de conséquences en termes d'exploitations des minerais. Cela va décupler l'extraction minière déjà nocive et sous le contrôle des multinationales. Sans compter le nom respect des normes environnementales et les subventions gouvernementales éhontées. C'est un combat qu'on peut et doit mener maintenant.

Le plan de transport élaboré par QS lors de la dernière campagne électorale liait à la fois l'efficacité et la décroissance énergétique, mais bien sûr pour y arriver il faut aussi avoir le contrôle des voie ferrées.

Maintenant comment QS pense-t-il réaliser l'indépendance, par quel processus y arriver ? Un gouvernement solidaire mettra sur pied une assemblée constituante dès son élection. Cette assemblée procédera d'en processus électif qui permettra la parité homme femme.

L'assemblée constituante, c'est un projet d'exercice démocratique et rassembleur. La liberté d'un peuple dépend notamment de sa capacité de contrôler, d'exploiter et de transformer ses propres ressources. Sans maîtrise des outils économiques, la souveraineté politique n'est qu'une illusion. Québec solidaire s'engage à enclencher, dès son arrivée au pouvoir, une démarche d'Assemblée constituante :

Sera élue au suffrage universel et sera composée d'un nombre égal de femmes et d'hommes. Le mode de scrutin assurera la proportionnelle des tendances et des différents milieux socio-économiques présents au sein de la société québécoise.

Les membres de l'Assemblée nationale ne pourront pas se faire élire à l'Assemblée constituante, celle-ci aura la responsabilité et les moyens de mener un vaste processus de démocratie participative visant à consulter la population du Québec sur son avenir politique et constitutionnel.

En fonction des résultats de la démarche cette dernière élaborera un projet de constitution. Le projet de constitution sera soumis à la population par référendum, ce qui marquera la fin du processus

On peut avoir des désaccords sur la mécanique du processus constituant, mais le débat principal n'est pas là. Il faut regarder aujourd'hui, comment on fait pour arriver là ? Comment gagner une majorité à la lutte pour l'indépendance, on est très loin du compte en ce moment. Selon les sondages ce sont les 65 ans + qui sont majoritairement indépendantistes. Les plus jeunes le sont moins, ils sont plus souvent altermondialistes, ce qui dénote une importante conscience politique.

Il y a des questions fondamentales qui ont divisé les partis qui se réclament de la souveraineté, qu'on ne peut éviter de soulever. Les populations racisées et les populations immigrantes semblent exclues de ce débat. En fait comment convaincre ces populations que notre projet de changement les inclue ? Ce n'est certainement pas avec les positions prises concernant le port du voile qui exclue une partie de la population du droit de travailler à certains emplois sous prétexte que nous serions un État laïque. (Ce qui est faux en pratique, la liste est longue, les noms de ville, les jours fériés, les subventions aux écoles religieuses et aux congrégations religieuses catholiques…)

Tant qu'on n'agit pas de façon à démontrer que tout le monde jouit de droits égaux dans la société que nous voulons bâtir, tant que des gens vont se sentir exclus, tant qu'on fait des différences et qu'on porte des jugements, si on ne construit pas un Québec inclusif où tout le monde a sa place, on est très mal pris.

Le nombre de personnes immigrantes que nous pouvons accueillir n'est pas une question de chiffres ou de quotas mais relève d'un problème planétaire. Les populations du Sud Global exploitées par les multinationales, dont les compagnies minières ayant leur siège social à Toronto, subissent plus fortement les conséquences du réchauffement climatique, sont confrontées à la nécessité de migrer vers le nord pour des raisons de survie. Ces populations n'ont pas le choix, elles ne viennent pas ici en touristes.

Alors la vraie question est d'abord comment se préparer à les accueillir. Ensuite, comment agir pour qu'ils ne soient plus dans la déchéance économique, comment exprimer notre solidarité internationale avec ceux et celles qui se battent pour leur survie.

La question de la laïcité a beaucoup divisé les souverainistes. Les positions véhiculées par la loi 21 et 96 ont stigmatisé une partie de la population, qui ne peut se voir comme inclue dans le projet d'indépendance.

Défendre l'indépendance c'est proposer un projet où on reprend en main notre économie, où on nationalise les compagnies minières et forestières. Où on crée un engouement pour une nouvelle société égalitaire. C'est maintenant que nous devons mener ces luttes qui vont stimuler les gens à agir et à se mobiliser.

Daniel Michelin

Il faut chercher des voies de passage. On a fait le bilan de la campagne électorale de 2018, il faut effacer le tableau noir et recommencer. On a fait un bilan lucide et rigoureux avec nos sympathisants. Il faut que le projet national du PQ soit recentré sur l'indépendance. On doit s'adresser à l'intelligence et toujours dire ce qu'on va faire.

En 2022 c'est ce qu'on a fait, Paul St-Pierre Plamondon a promis qu'il refuserait de prêter serment à la couronne britannique et a tenu parole. Quand on se tient debout avec nos convictions, on brise le statu quo.

C'est un projet qui va demander effort, courage, confiance et détermination. Il faut élever ce débat, on est sur une trajectoire avec nos alliés et on ne va pas dévier. Comment y arriver ? À l'élection de 2026 on va mettre de l'avant le projet de pays avec le Livre Bleu qui va tracer les contours du Québec souverain. Les Québécois vont savoir qu'ils vont voter pour un parti qui enclenche le processus de l'indépendance, pour un Québec libre de ses choix avec le Budget de l'an 1.

Pour PSPP les conditions gagnantes pour gagner un référendum c'est fini, la gouvernance souverainiste c'est fini. Nous ne voulons pas gouverner une province, nous voulons gouverner une province qui est en train de devenir un pays. À partir des élections de 2026 avec une pluralité de sièges, on lance le processus.

Au PQ nous allons être des démocrates intraitables. Tous les outils démocratiques ont leur place. Si la tendance se maintient et qu'on est élus avec une pluralité de sièges, 32% des votes signifie que beaucoup n'ont pas voté pour nous. Le système uninominal à un tour entraine des distorsions importantes. Martine voudrait qu'on déclare l'indépendance avec un système avec autant de distorsions que celui-là, je suis ahuri.

Tous les outils démocratiques ont leur importance, c'est comme une symphonie. En démocratie on a l'élection, on a les référendums. Je ne savais pas que c'était une invention des anglais parce-que ça se parle à travers le monde. C'est la partie 4 de la symphonie. La partie 1 c'est la démocratie représentative, la 2 les commissions parlementaires la 3 l'assemblée constituante.
QS nous parle de l'exemple extraordinaire de la Bolivie qui durant le processus a été obligé loger les constituants dans une caserne militaire parce que ça se tirait dessus dans les rues. Ce n'est pas la panacée.

On ne mettra pas les Québécois dans un piège. On va lancer une grande délibérante nationale, c'est un défi énorme, inclusivement tous les Québécois vont être conviés à cette prise de décision.
Un référendum s'il est instrumentalisé c'est mauvais. Au Chili il a été paqueté à gauche et rejeté à 62%. Ensuite orienté à droite et encore rejeté. Pour nous il n'y aura pas de trappe à souris.

Je respecte le projet de QS qui veut lier le projet d'indépendance à un projet social bien défini. Mais nous ce n'est pas notre position, sinon on n'y arrivera jamais. Faisons l'indépendance et après on se chicanera où on met le rideau et les stores. L'indépendance ça ouvre tous les possibles, c'est une valeur en soi. Ce qui s'en vient dans les prochaines années c'est la bataille de notre vie, il faut s'élever pour rencontrer cet objectif, il faut s'élever au-dessus de nos contingences.

Martine Ouellet

La démarche d'accession à l'indépendance, depuis 1990 ça fait 30 ans au PQ qu'on n'a jamais eu l'occasion de discuter de la démarche. La réponse qu'on entend c'est le référendum. Ce n'est à peu près pas discutable, on a été brainwashé par ça.

QS a adopté cette approche qui n'était pas celle d'ON. Pré indépendance.

Il y a très peu de pays qui ont fait un référendum pour déclarer leur indépendance. La plupart ont fait un référendum après leur déclaration d'indépendance pour adopter leur constitution permanente. Le Canada ne s'est jamais formé par un référendum mais par un simple vote au parlement, basé sur la démocratie parlementaire.

Le livre de Gilbert Paquette mentionne qu'avant 1976 il n'était pas question de référendum. Cette idée est venue de Claude Morin, payé par la GRC. Cela a été suggéré en 1969 par trois personnes, le ministre des finances, Marc Lalonde et un sous-ministre. Pour contrer l'indépendance et gagner du temps, Claude Morin a reçu l'équivalent de $100,000 d'aujourd'hui. C'est une idée des fédéralistes, ils sont brillants. Il ne faut jamais sous-estimer ses adversaires.

On se fait élire pour gouverner une province et on se dit qu'on va faire un référendum plus tard. Tout le temps entre notre élection et le référendum, c'est le temps de tous les pièges. Ne pas penser que pendant tout ce temps-là nos adversaire vont nous faire du sabotage. On l'a vécu en 1980, en 1995 on a eu de bonnes claques dans la face, on devrait se réveiller.

Jamais le Canada ne va rester les bras croisés. Les forces au gouvernement sont occupées avec des crises comme Mégantic, les feux de forêt, donc il faut gérer la province sous contrôle canadien en même temps qu'on veut préparer l'indépendance. C'est beaucoup, donc division des forces. Les fédéralistes eux n'ont pas besoin de diviser leurs forces, ils s'enlignent pour contrer l'indépendance.

En jouant le jeu d'agir comme un gouvernement provincial, on joue contre nous-même. Parce que si on réussit à faire des avancées (comme le refus du serment au roi) cela démontre qu'on peut faire des choses à l'intérieur du Canada, qu'on peut être utiles. Si on ne réussit pas, on se fait de ennemis et on se fait reprocher de ne pas avoir réussi. C'est perdant-perdant.

On s'expose à accumuler des échecs ou des demi succès. On est incapables d'agir, on n'a pas tous les pouvoirs. Regardez Legault avec l'immigration, il ne va rien se passer, il n'a pas de rapport de force.

Climat Québec compte sortir de l'approche référendaire. (Inspiré de PQ RIN 70-73). On met au jeux la constitution initiale de transition avant l'élection. Un vote pour climat Québec c'est l'indépendance du Québec. Une fois au pouvoir avec une majorité de députés indépendantistes, peu importe les partis, on vote la constitution de transition (grand consensus). On enlève le multiculturalisme, le bilinguisme, on met la laïcité, la langue française, on prend la charte des droits et libertés du Québec et on enlève celle du Canada. Ensuite les lois canadiennes s'appliquent jusqu'à ce qu'on les remplace par des lois québécoises.

Il y aura des débats à faire mais on les fera comme pays indépendant et non comme province avec des fédéralistes qui vont venir saboter ces débats-là. On vote la constitution, on aura la constitution indépendantiste à discuter, nous on le fait après avoir fait l'indépendance. QS le fait avant, ce qui est un peu bizarre.

Est-ce qu'on veut un système proportionnel ? Je pense que oui, est-ce qu'on veut un système présidentiel ou un système britannique ? La grande question c'est le pouvoir, on va délimiter des régions administratives, quels seront les pouvoirs délimités dans les grandes régions, ce sera des grands débats. Avec un référendum à la fin pour adopter la constitution permanente.

Mais la grande différence c'est que nous on sera déjà indépendants. Alors si les gens disent que la constitution n'est pas exactement comme ils le voulaient alors ils vont voter contre. Alors on restera indépendants sous la constitution provisoire – initiale- contrairement à Québec solidaire. S'ils se font voter non à leur constitution, ça va être compliqué. Manon Massé s'était déjà fait poser la question et ne savait pas quoi répondre. Alors c'est comme si on restait dans le Canada en posant des gestes de rupture, mais ne pensez pas que le Canada ne va pas réagir, c'est comme un peu ambigu.

C'est pour ça que nous on préfère la clarté, et se détacher du Canada pour ne pas être pris avec le carcan de la constitution canadienne. Parce que les gestes qu'on voudra poser après une élection pour le Québec dans la constitution canadienne, on ne veut plus ça. Si on met les choses claires on sera de très bons voisins. On n'aura plus les problèmes de dire « les conditions gagnantes » parce que le PQ c'est encore dans votre programme, un référendum gagnant, les conditions gagnantes. On n'aura plus cette contrainte, on n'aura pas besoin de référendum.

On est tellement brainwashé par les fédéralistes qu'on les utilise contre nous-même d'avoir appuyé la clause nonobstant sur la laïcité. La mécanique nécessaire c'est de converger vers une démarche commune.

L'ensemble du programme du PQ est provincialiste, même Ruba Ghasal a dit qu'on ne peut se permettre de perdre le prochain référendum. La meilleure façon de ne pas le perdre c'est de ne pas le faire. Entrer dans cette logique c'est culpabiliser le peuple.

Extrait d'une vidéo réalisée par le Mouvement Québec Indépendant

Commentaires émis sur le site du MQI

Gilbert Paquette

Ce débat a démontré que la notion de convergence des forces indépendantistes rencontre la volonté très assumée de la grande majorité des participants de réunir les forces dès maintenant en vue de l'établissement d'une stratégie entre les partis en vue des élections de 2026.

André Frappier

Je remercie le Mouvement Québec Indépendant de m'avoir invité. Pour ma part j'ai mentionné que l'indépendance doit être liée à un projet de société égalitaire et plus démocratique ce qui implique un Québec inclusif. Et non pas une stratégie entre les partis en vue des élections de 2026. C'est maintenant qu'il faut s'attaquer à ces questions et se mobiliser contre l'injustice. Il y a des différences fondamentales entre le PQ et QS. Entre autres en ce qui concerne l'accueil des personnes immigrantes et la façon dont on considère les personnes racisées. Retirer des droits civiques au moyens de la loi 21 est à l'opposé d'un Québec rassembleur et égalitaire. Le projet d'indépendance doit commencer par des luttes communes pour le contrôle de notre économie et contre l'évasion fiscale, pour le contrôle de nos ressources naturelles et pour la démocratie. C'est de cette façon qu'on inspirera la population à l'idée de l'indépendance et non par des tractations électorales.

Gilbert Paquette

Je dois manifester mon désaccord amical et celui de notre mouvement avec André Frappier sur deux points précis. Je crois que le PQ, tout comme Climat Québec et Québec solidaire ont des projets de société égalitaires, plus démocratiques et inclusifs. Cela fait honneur aux indépendantistes. Prétendre le contraire nuit à l'accession à l'indépendance en alimentant des luttes qui ne mènent nulle part. La loi 21, malgré sa faiblesse ne retire aucun droit fondamental et préserve la liberté de conscience face au fondamentalisme religieux dans la dispensation de certains services de l'État, et ce, quelle que soit la religion. La séparation des églises et de l'État est au contraire rassembleuse et égalitaire, contrairement à la constitution canadienne qui repose sur le multiculturalisme qui sépare les Québécois de diverses origines.

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Ponds-moi une loi !

12 mars 2024, par Omar Haddadou — ,
– Ponds-moi une Loi ! - Au fil des mois. – Dans l'hémicycle somnolente ou en émoi. - Pardon ! Je te tutoie. – Toi qui sièges au Bourbon paré de dorure et de soie. – (…)

Ponds-moi une Loi !
- Au fil des mois.

Dans l'hémicycle somnolente ou en émoi.
- Pardon ! Je te tutoie.

Toi qui sièges au Bourbon paré de dorure et de soie.

Ponds-moi une Loi !
- En mon absence, c'est toi qui vois.
- Ponds-moi une Loi !
- Elu (e), à chaque fois.
- Donnant matière à tes séances meublées de vacuité sans joie.

- Ponds-moi une Loi.
– A débattre à l'Assemblée, ça va de soi.

- Alambiquant ma vie et ma foi.

Ponds-moi une Loi

Je compte jusqu'à trois.

A corseter ma Liberté aux abois. -

Ponds-moi une Loi !

Je ne vois pas ce que tu vois.

Mon âme se noie.

Ponds-moi une Loi !

A me taxer mort(e) ou vif (ve), t'en as le droit.

Ponds-moi une Loi !

Sur tout et n'importe quoi.

Ô Député (e) qui a pris du poids.

Ponds-moi une Loi !

Pour mes enfants en proie.

A tes intrications rétribuées avec joie.

Ponds-moi une Loi !

A accoucher d'une autre Loi !

Texte et illustration : Omar HADDADOU Paris 2024

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Hussardes noires : des enseignantes à l’avant-garde des luttes »

12 mars 2024, par Lilia Ben Hamouda, Mélanie Fabre — , ,
En cette journée internationale des droits des femmes, Mélanie Fabre revient sur l'histoire des Hussardes noires. Son livre, « Hussardes noires, des enseignantes à (…)

En cette journée internationale des droits des femmes, Mélanie Fabre revient sur l'histoire des Hussardes noires. Son livre, « Hussardes noires, des enseignantes à l'avant-garde des luttes » paru le 16 février participe à relever un défi, celui de « se pencher sur la manière dont une communauté enseignante au féminin a activement participé à la laïcisation de l'école, justement dans le domaine où ce processus était le plus contesté, celui de l'éducation des filles ». Elle répond aux questions du Café pédagogique.

Tiré de Café pédagogique
www.cafepedagogique.net/2024/03/08/hussardes-noires-des-enseignantes-a-lavant-garde-des-luttes/ <http://www.cafepedagogique.net/2024...>

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda, Le Café pédagogique, Paris, 8 mars 2024

Vous venez de publier aux éditions Agone un ouvrage intitulé « Hussardes noires, des enseignantes à l'avant-garde des luttes. »

https://agone.org/livres/hussardes-noires-des-enseignantes-lavant-garde-des-luttes <https://agone.org/livres/hussardes-...>

D'où vient cette formule de « hussardes noires » ?*

C'est la féminisation de l'expression célèbre de Charles Péguy, utilisée dans son ouvrage L'Argent, publié en 1913. L'écrivain français s'y remémore son enfance, où il était scolarisé dans une école un peu particulière. En effet, il suivit sa scolarité dans l'école annexe d'une école normale où étaient alors formés les futurs instituteurs. Charles Péguy n'était donc pas instruit par un enseignant « titulaire », mais par les jeunes normaliens qui se relayaient pour venir faire classe dans l'école annexe, où étaient réunis des enfants comme lui, heureux cobayes de ces enseignants en devenir.

En parlant de hussards noirs, Péguy fait référence à leur costume, qui lui rappelle celui des soldats : « Cet uniforme civil était une sorte d'uniforme militaire encore plus sévère, encore plus militaire, étant un uniforme civique. […] Porté par ces gamins qui étaient vraiment les enfants de la République. Par ces jeunes hussards de la République. »

L'expression, qui désignait à l'origine exclusivement les élèves-maîtres des écoles normales, a progressivement revêtu un sens plus large pour désigner l'ensemble des instituteurs des écoles publiques de la Belle Époque, combattant avec leurs propres armes en faveur de la République et de la laïcité de l'instruction.

Pourquoi parler alors de « hussardes noires », au féminin ?

Beaucoup de travaux historiques consacrés à la construction de l'école laïque en France ont repris la formule de « hussards noirs », sous-entendant que la défense du régime républicain et de l'école laïque fut l'apanage d'une communauté professionnelle masculine, les femmes étant historiquement plus proches du pouvoir religieux. Cela n'est pas complètement faux : le dimorphisme sexuel dans la pratique religieuse à la fin du XIXe siècle est très net. Les femmes sont beaucoup plus pratiquantes que les hommes. À cela s'ajoute le fait que, lorsque les lois Ferry sont votées dans les années 1880, des écoles normales d'instituteurs, gérées par les pouvoirs publics, existent en nombre depuis la loi Guizot de 1833, alors que les écoles normales de filles sont très peu nombreuses. La proportion de religieuses dans les écoles primaires de filles est beaucoup plus importante que dans l'enseignement masculin, et ces dernières ne quittent véritablement les écoles publiques de filles qu'en 1904. De plus, jusque dans les années 1880, même les institutrices qui n'appartiennent pas à une congrégation ont, pour beaucoup d'entre elles, été formées par des religieuses. L'enseignement féminin est donc, à la fin du XIXe siècle, un bastion de l'Église catholique, beaucoup plus que les écoles de garçons. En toute logique, la sécularisation des écoles masculines est beaucoup plus facile et rapide que celle des écoles de filles, qui, de leur côté, cristallisent les luttes.

Dès lors, comme l'écrit l'historien François Jacquet-Francillon, célébrer « les hussards noirs de la République en oubliant que la laïcisation incomba plus encore aux institutrices, est une sorte de scandale historiographique ».

Mon livre participe à relever ce défi : se pencher sur la manière dont une communauté enseignante au féminin a activement participé à la laïcisation de l'école, justement dans le domaine où ce processus était le plus contesté, celui de l'éducation des filles.

Qui sont donc ces « hussardes noires » ?

Pour cet ouvrage, je n'ai pas mené d'étude sur une grande cohorte d'enseignantes de la Belle Époque. J'ai repéré celles qui avaient été les plus actives dans les débats autour de l'école, que ce soit par leurs textes publiés dans la presse, par leurs interventions dans divers congrès, ou parce qu'elles avaient été plébiscitées lors d'élections professionnelles.

Certaines d'entre elles sont de simples institutrices, comme Marguerite Bodin. Cette dernière est la fondatrice d'une association pacifiste qui cherche à réformer le système scolaire pour en faire un lieu où les enfants seraient socialisés dans un idéal de paix. Elle est aussi une militante féministe, qui, à la tête d'une école mixte (cas rare à la Belle Époque), fait voter filles et garçons lorsqu'il faut prendre des décisions collectives, éveillant les jeunes esprits au principe de l'égalité des sexes, comme elle l'explique dans son ouvrage Les Surprises de l'école mixte (1905).

Mais rares sont les institutrices à acquérir une visibilité publique équivalente à celle de Marguerite Bodin. La plupart des intellectuelles étudiées dans ce livre occupent des postes plus prestigieux dans la hiérarchie de l'Instruction publique : j'ai particulièrement porté mon attention sur une inspectrice générale (Pauline Kergomard), deux professeures d'écoles normales ( Marie Baertschi et Albertine Eidenschenk ), et sur une directrice de lycée de filles (Jeanne Desparmet-Ruello).

J'ai donc mobilisé la formule de « hussardes noires » dans un sens assez large pour caractériser une communauté d'enseignantes militant pour la laïcité de l'instruction. Toutes partagent les valeurs dont les « hussards noirs » de Péguy furent les porte-drapeaux : foi laïque, républicanisme, optimisme pédagogique, et surtout, sentiment d'être engagée dans une lutte capitale, à l'heure où l'affaire Dreyfus coalise les ennemis du régime et où se développent nationalisme, antiparlementaire et antisémitisme.

Vos « hussardes noires » ne sont donc pas uniquement engagées dans un combat pour la laïcité de l'instruction ?

Effectivement, si leur militantisme naît dans le monde scolaire et y reste étroitement attaché, elles s'engagent dans de nombreux combats. Pour beaucoup d'entre elles, c'est l'affaire Dreyfus qui apparaît comme l'occasion d'une remise en question de la manière dont fonctionne l'école. L'institution scolaire doit-elle être neutre entre ceux qui défendent les principes promus par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et ceux qui condamnent une partie de la population en raison de son appartenance religieuse ? L'école doit-elle ignorer les bruits de la rue et se murer dans un isolement salvateur et propice à l'étude ? L'Affaire sonne pour plusieurs « hussardes noires » l'heure de l'entrée en dissidence dans une institution frileuse, craignant de voir ses enseignantes sortir de leur devoir de réserve.

Le nouveau siècle apporte également son lot de luttes scolaires, politiques et sociales. Les intellectuelles dont la trajectoire est analysée dans ce livre montent par exemple à la tribune des nombreuses universités populaires qui naissent au tournant du XIXe et du XXe siècle. Elles questionnent aussi l'institution scolaire à l'aune de la vague féministe qui se manifeste en France à la Belle Époque. Elles participent en outre à un combat alors fédérateur chez les enseignantes : celui pour l'égalité des salaires entre instituteurs et institutrices, qui n'aboutit pourtant qu'en 1919.

Ces « hussardes noires » sont donc à l'avant-garde de luttes, qui, prises dans un sens large, découlent d'un engagement commun en faveur de l'école républicaine et laïque. À leurs yeux, l'école laïque doit incarner la devise républicaine : elle doit être un lieu d'apprentissage de la liberté par l'acquisition d'une pensée critique dans tous les domaines ; elle doit être le ferment de l'égalité par le traitement équitable de tous les enfants, quels que soient leur classe sociale, leur origine, leur sexe et leur religion, et ce, pour participer à la construction d'une société plus démocratique et plus fraternelle.

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda, 2024-03-08 Mélanie Fabre

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Les atrocités actuelles à Gaza : simple reflet de celles commises par les sionistes en 1947-8

12 mars 2024, par Ovide Bastien — , , ,
Voir en direct les forces militaires israéliennes tirer sur des Gazaouis qui sont tellement affamés qu'ils se lancent désespérément sur un camion d'aide humanitaire... (…)

Voir en direct les forces militaires israéliennes tirer sur des Gazaouis qui sont tellement affamés qu'ils se lancent désespérément sur un camion d'aide humanitaire...

Ovide Bastien, professeur retraité du Collège Dawson

Voir ces 117 morts et 750 blessés qui s'ajoutent à tant d'autres...

Voir Israël sortir de son chapeau l'allégation peu crédible que ses soldats ne tiraient sur la foule que parce qu'ils se sentaient menacer par des gens qui s'approchaient un peu trop de leurs chars d'assaut...

Voir tout cela est profondément bouleversant et révoltant.

Cette guerre, la plus meurtrière de l'histoire moderne pour enfants, femmes, journalistes, professionnels de la santé et personnel des Nations unies, a déjà fait, dans l'espace de cinq mois, 31 000 morts et 72 000 blessés.

« On veut délibérément faire mourir de faim les Palestiniens », affirme Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation. « Sinon, pourquoi bloquer systématiquement le passage de l'aide humanitaire à Gaza ? Depuis les mesures provisoires adoptées le 26 janvier par la Cour internationale de justice sommant Israël de débloquer l'aide humanitaire qui entre à Gaza, celle-ci, au lieu d'augmenter, a plutôt été coupé de moitié », poursuit Fakhri. « Pourquoi détruire délibérément bateaux de pêche artisanale, serres et vergers à Gaza, sinon pour empêcher les gens d'avoir accès à la nourriture ? N'est-ce pas carrément un crime de guerre, et même un génocide ? »

Mardi 5 mars, le Programme alimentaire mondial affirme qu'un convoi de 14 camions transportant de la nourriture destinée au nord de la bande de Gaza, après trois heures d'attente à un poste de contrôle à Wadi Gaza, vient d'être refoulé par les forces de défense israéliennes...

Ce qui se passe sous nos yeux arrache le cœur... Et illustre, de façon on ne peut plus claire, que lorsque le ministre israélien de la défense Yoav Gallant déclarait en octobre dernier, « Nous allons imposer un siège complet à Gaza ... pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de carburant - tout sera fermé », il pensait bel et bien ce qu'il disait.
Dans un tel contexte, comment douter du bien-fondé de l'accusation de génocide portée par l'Afrique du Sud contre Israël auprès de la Cour internationale de justice ? Comment croire Israël et Washington lorsqu'ils allèguent que cette accusation « est sans aucun fondement factuel » ?

Atrocités décrites dans le livre The Ethnic Cleansing of Palestine

Dans un article précédent, Gaza : comprendre aujourd'hui en regardant hier, (Presse-toi à gauche, le 5 décembre 2023), je rappelais quelques conclusions de l'enquête que menait les Nations unies à la suite de l'invasion de Gaza par Israël du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, 1 Des conclusions qui, à mon avis, détruisent, et de façon magistrale, l'allégation d'Israël selon laquelle, dans son invasion actuelle de Gaza, elle ne fait que se défendre tout en respectant scrupuleusement les lois humanitaires, et que le grand nombre de victimes palestiniennes ne provient que du Hamas qui n'hésite pas à utiliser femmes et enfants, et même écoles et hôpitaux, comme boucliers humains. Allégation que le président étatsunien Joe Biden semble avoir fait sienne jeudi soir, 7 mars, dans son discours à la nation, en affirmant que l'opération militaire israélienne est difficile « étant donné que les membres du Hamas se cachent, comme des lâches, parmi la population civile ».

Dans cet article, je vais décrire, à l'aide de nombreux extraits du livre The Ethnic Cleansing of Palestine (2006) de l'historien juif Ilan Pappé, les atrocités énormes commises en 1947-8 par les sionistes lors de la fondation de l'État juif en Palestine.

J'invite lectrices et lecteurs à évaluer si les atrocités commises aujourd'hui à Gaza ne font pas tout simplement refléter celles subies par Palestiniennes et Palestiniens en 1947-8.

Dans une lettre qu'il adressait à son bras droit Moshe Sharett le 13 décembre 1947, le grand leader sioniste David Ben-Gurion affirmait que les Juifs, pour atteindre leur rêve du grand Israël, pouvaient faire « tout ce qu'ils voulaient aux Palestiniens ».

Incluant, écrivait-il, « les faire mourir de faim » !2

Et le 10 mars 1948, il se réunissait avec dix autres leaders sionistes chevronnés et quelques jeunes officiers militaires juifs afin de peaufiner un plan de nettoyage ethnique de la Palestine.

Le soir même, on faisait parvenir des ordres aux unités de combat sur le terrain, précisant les villages précis que chaque unité devait attaquer, accompagnés d'une description détaillée des méthodes à employer :
• Intimidation à grande échelle.
• Siège et bombardement des villages et des villes.
• Expulsion des Palestiniens et incendie et démolition de leurs maisons, propriétés et biens.
• Pose de mines parmi les décombres afin d'empêcher tout retour des habitants expulsés.

Le plan fut exécuté de façon tellement efficace que, dans l'espace de quelques mois, les forces juives avaient déjà détruit la moitié des villages et villes palestiniennes, transformant en réfugiés 750 000 des 900 000 Palestiniens qui vivaient en Palestine.

Ce nettoyage ethnique, rappelle Pappé, prenait généralement la forme suivante : « entrer vers minuit dans un village sans défense, passer quelques heures à tirer sur tous ceux et celles qui osent sortir de leur maison, puis repartir. »
Et les troupes juives, précise-t-il, avaient déjà initié ce nettoyage bien avant la mise au point du grand plan final du 10 mars 1948.

Un premier exemple, Ayyub

En décembre 1947, le village Ayyub, qui a environ 500 habitants, se réunit le soir pour fêter l'ouverture d'une nouvelle école construite grâce aux dons des familles. Vers dix heures, explique Pappé, la joie des habitants est instantanément anéantie lorsqu'une « compagnie de vingt soldats juifs attaque le village - qui, comme tant d'autres villages en décembre 1947, ne dispose d'aucun mécanisme de défense - et commence à tirer au hasard sur plusieurs maisons ». Ayyub sera « par la suite attaqué à trois autres reprises avant d'être complètement évacué par la force et rasé en avril 1948 », poursuit Pappé.

Un deuxième exemple Khisas

Le 18 décembre 1947, des troupes juives attaquent le village Khisas, reconnu pour sa beauté extraordinaire et où vivaient paisiblement ensemble depuis fort longtemps plusieurs centaines de Musulmans et une centaine de Chrétiens. « En pleine nuit, elles font exploser des maisons au hasard alors que les occupants y dorment encore profondément. Quinze villageois, dont cinq enfants, sont tués lors de cette attaque », note Pappé.

Un troisième exemple Shaykh Izz al-Din al-Qassam

Le 31 décembre 1947, des troupes juives attaquent Shaykh Izz al-Din al-Qassam, le village où fut enterré l'un des leaders palestiniens les plus vénérés et les plus charismatiques des années 1930, tué par les Britanniques en 1935. Le commandant des troupes Haim Avinoam, qui a reçu de ses supérieurs l'ordre « d'encercler le village, tuer le plus grand nombre possible d'hommes, endommager les biens, mais sans attaquer femmes et enfants », réussit à tuer, dans une attaque de trois heures, plus de soixante Palestiniens. Cependant, précise Pappé, parmi les victimes « il n'y a pas seulement des hommes ». Plutôt de sévir contre le commandant qui n'a pas respecté au pied de la lettre la consigne, les membres du Conseil que dirige Ben Gurion décident, lors de leur réunion subséquente, que « la distinction hommes-femmes complique inutilement les choses ». Ils « laissent donc tomber cette distinction pour les opérations futures ».

Un quatrième exemple Sa'sa

La nuit du 14 février 1948, les troupes juives attaquent le village palestinien Sa'sa, qui est magnifiquement situé dans la seule partie toujours verte du pays, et qui est un de ces villages palestiniens qui apparaissent assez souvent dans les guides touristiques officiels israéliens. La résistance des habitants se manifeste lorsque les troupes entrent dans le village et commencent à fixer du TNT sur les maisons. « Nous sommes tombés sur un garde arabe, » racontera plus tard Kalman. « Le garde était tellement surpris qu'il n'a pas demandé "min hada ?", "qui est-ce ?", mais "eish hada ?", "qu'est-ce que c'est ?". L'un de nos soldats, qui connaissait l'arabe, a répondu avec humour [sic] "hada esh !" ("c'est [en arabe] du feu [en hébreu]") et l'a criblé de balles ». Les troupes de Kalman ont pris la rue principale du village et ont fait systématiquement sauter les maisons les unes après les autres, alors que les familles dormaient encore à l'intérieur. « À la fin, le ciel s'est ouvert », se souvient poétiquement Kalman, alors qu'un tiers du village se trouvait pulvérisé dans les airs. « Nous avons laissé derrière nous 35 maisons démolies et 60 à 80 cadavres (dont un grand nombre d'enfants). »

Un cinquième exemple Deir Yassin

« Le 9 avril 1948, les forces juives ont occupé le village de Deir Yassin. (...) En faisant irruption dans le village, les soldats juifs, relate Ilan Pappé, ont arrosé les maisons de tirs de mitrailleuses, tuant de nombreux villageois. Les autres villageois ont ensuite été rassemblés en un seul endroit et assassinés de sang-froid, (...) et un certain nombre de femmes ont été violées puis tuées. FahZaydan, qui avait douze ans à l'époque, se souvient de la façon dont il a vu sa famille être assassinée sous ses yeux : Ils nous ont fait sortir les uns après les autres ; ils ont tiré sur un vieil homme et lorsque l'une de ses filles a pleuré, elle a été abattue à son tour. Ils ont ensuite appelé mon frère Muhammad et l'ont abattu devant nous, et lorsque ma mère a crié, se penchant sur lui - portant ma petite sœur Hudra dans ses bras, l'allaitant encore - ils l'ont abattue aussi. »

Les forces juives considéraient tout village palestinien comme une base militaire ennemie, rappelle Ilan Pappé. « Était donc minime pour elles la distinction entre massacrer des gens et les tuer ‘en cours de combat'. Il suffit de savoir que trente bébés figuraient parmi les personnes massacrées à Deir Yassin... », poursuit-il.

Après le village Deir Yassin, les quatre villages palestiniens suivants à subir une attaque des troupes juives furent Qalunya, Saris, Beit Surik et Biddu, relate Pappé. « Passant environ une heure dans chaque village, les unités de la Hagana font sauter les maisons et expulsent les habitants. »

« Le 27 mai 1948, les Égyptiens ont surpris deux Juifs, David Horin et David Mizrachi, en train d'essayer d'injecter les virus de la typhoïde et de la dysenterie dans les puits de Gaza, affirme Ilan Pappé. Le général Yadin a rapporté l'incident à Ben-Gurion, alors Premier ministre d'Israël, qui l'a dûment consigné dans son journal, sans autre commentaire. »
« Entre le 30 mars et le 15 mai, 200 villages ont été occupés et leurs habitants expulsés, poursuit Ilan Pappé. C'est un fait qui doit être répété, car il met à mal le mythe israélien selon lequel les "Arabes" se sont enfuis une fois que l'invasion arabe a commencé. Près de la moitié des villages palestiniens avaient déjà été attaqués lorsque les gouvernements arabes ont finalement décidé, à contrecœur comme nous le savons, d'envoyer leurs troupes. Quatre-vingt-dix autres villages seront anéantis entre le 15 mai et le 11 juin 1948, date à laquelle la première des deux trêves entrera finalement en vigueur. »

« Ben-Gurion a suivi personnellement l'achat d'une arme particulièrement meurtrière - un lance-flammes - qui serait bientôt utilisée pour incendier les champs et les maisons des Palestiniens, » rappelle Ilan Pappé. « Un professeur de chimie anglo-juif, Sasha Goldberg, a dirigé le projet d'achat puis de fabrication de cette arme, d'abord dans un laboratoire à Londres, puis à Rehovot, au sud de Tel-Aviv, dans ce qui allait devenir l'Institut Weizmann dans les années 1950. »

« L'histoire orale de la Nakba regorge de témoignages sur les terribles effets de cette arme sur les personnes et les biens, » note Pappé.

Les Israéliens valorisent énormément l'histoire orale lorsque celle-ci sert à contrecarrer ceux et celles qui prétendent que l'Holocauste n'a jamais eu lieu, note Pappé. Cependant, lorsqu'on utilise cette même histoire orale pour documenter la Nakbah, c'est-à-dire la catastrophe que constitue le nettoyage ethnique de la Palestine, les Israéliens s'y opposent carrément. Cette réalité est tellement occultée en Israël que le ministère de l'Éducation, sous le gouvernement d'Ariel Sharon, supprimait systématiquement tout manuel ou programme scolaire où il était question, même de façon passagère, de la Nakbah. Le gouvernement Sharon a aussi fait parvenir des instructions aux autorités de la radiodiffusion publique, leur demandant d'occulter cette réalité.

« Le projet de lance-flammes, poursuit Pappé, faisait partie d'une unité plus large engagée dans le développement de la guerre biologique sous la direction d'un physico-chimiste appelé Ephraim Katzir (plus tard le président d'Israël qui, dans les années 1980, par un lapsus, a révélé au monde que l'État juif possédait des armes nucléaires). L'unité biologique qu'il dirigeait avec son frère Aharon a commencé à travailler sérieusement en février 1948. Son principal objectif était de créer une arme capable de rendre les gens aveugles. Katzir rapporte à Ben-Gurion : ‘Nous faisons des expériences sur des animaux. Nos chercheurs portaient des masques à gaz et des tenues adéquates. Les résultats sont bons. Les animaux ne sont pas morts (ils ont seulement été aveuglés). Nous pouvons produire 20 kilos par jour de ce produit'. En juin, Katzir a suggéré de l'utiliser sur des êtres humains. »

Pappé n'affirme pas, cependant, que le gaz mentionné plus haut a bel et bien été utilisé par les troupes juives.
« L'historiographie israélienne officielle décrit le mois suivant, avril 1948, comme un tournant, » poursuit Pappé. « Selon cette version, une communauté juive isolée et menacée en Palestine passait de la défense à l'offensive, après avoir frôlé la défaite. Cependant, la réalité ne pouvait guère être plus différente. Le rapport de force militaire, politique et économique entre les deux communautés était tel que non seulement la majorité des Juifs n'était pas du tout en danger, mais en plus, entre début décembre 1947 et fin mars 1948, leur armée avait pu achever la première étape du nettoyage ethnique de la Palestine, avant même que le plan d'ensemble ne soit mis en œuvre. S'il y a eu un tournant en avril, c'est tout simplement le passage des attaques et contre-attaques sporadiques contre la population civile palestinienne à la méga-opération systématique de nettoyage ethnique qui s'ensuivit, » poursuit Pappé.

« Pleurer à haute voix tout en assassinant et en expulsant des innocents est une tactique pour faire face aux implications morales du plan de nettoyage ethnique de la Palestine, » affirme Pappé. « L'autre tactique consiste à déshumaniser les Palestiniens. L'Agence juive avait promis à l'ONU que les Palestiniens allaient devenir des citoyens à part entière de l'État d'Israël. Au lieu de cela, on les a expulsés, emprisonnés ou assassinés. »

« Notre armée, » se vante Yossef Weitz, « avance et conquiert les villages palestiniens et leurs habitants s'enfuient comme des souris. »

Nouveaux nazis

Le 17 octobre 2023, Benjamin Nétanyahou, lors d'une conférence de presse tenue aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, qualifiait le Hamas de "nouveaux nazis".

Son prédécesseur Ben-Gurion, dès janvier 1948, appelait déjà « victimes d'un second Holocauste » les pertes que ses troupes subissaient, affirme Pappé. Les Palestiniens qui résistaient aux tentatives de celles-ci de les déloger des terres et maisons où ils habitaient depuis des centaines d'années, étaient déjà considérés, aussi étrange que cela puisse paraître, de "nouveaux nazis".

« La tentative de présenter les Palestiniens, et les Arabes en général, comme des nazis était un stratagème délibéré de relations publiques pour s'assurer que, trois ans après l'Holocauste, les soldats juifs ne perdraient pas courage lorsqu'ils recevraient l'ordre de nettoyer, de tuer et de détruire d'autres êtres humains », commente Pappé.

Cette continuité entre hier et aujourd'hui est étonnante ! Dans son discours à la nation du 7 mars, le président Joe Biden se réfère à l'attaque du Hamas du 7 octobre comme « le pire massacre de Juifs depuis l'Holocauste ». Encore ici l'association entre le Hamas et les nazis est claire. Et si Biden, dans ce discours, s'attarde avec force détails sur les atrocités commise par le Hamas, ce n'est qu'avec une évidente désinvolture qu'il reconnaît que 31 000 Palestiniens, la plupart femmes et enfants, ont été assassinés au cours des derniers cinq mois.

Afin qu'un cessez-le-feu puisse se réaliser, Biden invite le Hamas à déposer les armes et se rendre, et de libérer les 130 otages israéliens qu'il détient toujours. Et même si le gouvernement Nétanyahou refuse carrément la création d'un État palestinien, vient d'adopter au Knesset le 4 mars une résolution autorisant les colons juifs à construire 3,500 autres maisons en Cisjordanie - où, depuis le 7 octobre, il a détenu sans possibilité de procès plus de 8 000 Palestiniens, dont plusieurs adolescents -, Biden ne demande pas à ce gouvernement de déposer les armes.

Non. Il continue plutôt, comme si de rien n'était, de lui en fournir, comme le rapportait le 6 mars le Guardian !3
Quelle importance doit-on dès lors accorder aux propos de Biden lorsqu'il met de l'avant, dans son discours, la « solution à deux États » ? N'est-ce pas faire preuve d'une hypocrisie consommée que de recourir au transport aérien pour apporter quelques gouttes d'aide humanitaire à une population assiégée qui crève littéralement de faim ? N'est-ce pas faire preuve d'une hypocrisie consommée que d'annoncer, comme le fait Biden dans son discours à la nation, la création d'un port temporaire pour acheminer de l'aide à Gaza ? Un port qui va nécessiter des semaines à construire... Alors que de centaines de camions, chargés d'une immense quantité d'aide humanitaire, attendent, et ce depuis des semaines, à la frontière de Gaza et qu'Israël limite intentionnellement leur entrée ?

En 1947-8, les pertes du côté juif étaient carrément inférieures (400) à celles du côté palestinien (1 500), affirme Pappé dans son livre. Idem aujourd'hui. Les pertes totales du côté des Palestiniens sont de 31 000 à Gaza et 400 en Cisjordanie, et, du côté d'Israël, 1 332.

Ilan Pappé est détesté en Israël

Quoique la qualité académique d'Ilan Pappé est appréciée et reconnue sur le plan international, lectrices et lecteurs ne doivent pas trop s'étonner d'apprendre qu'en Israël, il est très détesté.

Le juif Benny Morris, un historien qui s'est temporairement éloigné de l'idéologie sioniste pour y revenir par la suite, produit une critique cinglante de l'œuvre d'Ilan Pappé. Son très long article s'intitule d'ailleurs « The Liar as Hero ».4 Pour Morris, son ancien collègue de l'Université de Haïfa, Ilan Pappé, ne serait qu'un « menteur devenu héros ».
Dans un prochain article, je vais décrire, m'inspirant du livre d'Ilan Pappé Out of the Frame : The Struggle for Academic Freedom in Israel (2010), l'évolution intellectuelle qui a conduit Pappé à remettre carrément en question le sionisme dans lequel il a grandi.

Notes
1. HUMAN RIGHTS IN PALESTINE AND OTHER OCCUPIED ARAB TERRITORIES : Report of the United Nations Fact Finding Mission on the Gaza Conflict, le 15 septembre 2009. Consulté le 2 décembre 2023. Vous pouvez télécharger le rapport au complet.
2.Voici le texte original anglais : ‘What do you mean by violent action ?' Ben-Gurion asked Moshe Sharatt. ‘Destroying the traffic (buses, lorries that carry agricultural products and private cars) … sinking their fishing boats in Jaffa, closing their shops and preventing raw materials from reaching their factories.' ‘How will they react ?' asked Ben-Gurion. ‘The initial reaction may be riots, but eventually they will understand the message.' The main goal was thus to assure that the population would be at the Zionists' mercy, so their fate could be sealed. Ben-Gurion seemed to like this suggestion, and wrote to Sharett three days later to explain the general idea : the Palestinian community in the Jewish area would be ‘at our mercy' and anything the Jews wanted could be done to them, including ‘starving them to death'. Israeli State Archives Publications, Political and Diplomatic Documents of the Zionist Central Archives and Israeli State Archives, December 1947-May1948, Jerusalem 1979 (Hebrew), Doc. 45, 14 December 47, p. 60. Cité dans Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine (p. 36). Oneworld Publications. Édition Kindle.
3.Julian Borger, US uses loophole to keep 100 arms sales to Israel under the radar amid Gaza war – report, The Guardiian, le 6 mars 2024. Consulté le même jour.
4.Benny Morris, The Liar as Hero, The New Republic, le 17 mars, 2011. Consulté le 4 mars 2024.

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Le Nouveau Parti Démocratique ou les infortunes de la vertu

12 mars 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) piétine comme toujours dans les intentions de vote au plan pancanadien. Qu'on en juge par les résultats Projet Qc 125 publiés le 3 mars (…)

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) piétine comme toujours dans les intentions de vote au plan pancanadien. Qu'on en juge par les résultats Projet Qc 125 publiés le 3 mars dernier :
Parti libéral : 25% Parti conservateur 41% NPD : 19% Bloc québécois : 7%

De plus, un sondage Léger indiquait le 3 février que décidément le Nouveau parti démocratique ne perce pas au Québec. En voici les données :
Parti libéral : 28% Bloc québécois : 29% Conservateurs : 24% NPD : 14%

Non seulement Jagmeet Singh, le chef du NPD depuis octobre 2017 manque de sens politique, mais il ne tire pas les leçons du passé, une faiblesse entraînant l'autre. Il a laissé son parti glisser au rang d'aile parlementaire du gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau, qui se maintient au pouvoir grâce à l'appui de son allié néodémocrate. Singh paraît avoir abandonné toute ambition de conquérir le Québec puisqu'il partage la même idéologie centralisatrice que son allié libéral. Seul le député de Rosemont La-Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, "garde le fort" néodémocrate dans la "Belle Province". L'exception qui confirme la règle... :

Le NPD est-il donc condamné à demeurer relativement marginal ici ? Pas nécessairement.

Jack Layton en son temps a rompu avec une longue tradition d'absentéisme néodémocrate au Québec (c'était un anglo-montréalais parlant très bien le français). Il a démontré qu'il n'existait pas de fatalité pesant sur sa formation politique au Québec. En 2011, après des années d'efforts, il a réussi à y faire élire 59 députés (du jamais vu !) pour former l'Opposition officielle à Ottawa. Les portes du pouvoir semblaient enfin entrouvertes pour le parti social-démocrate.
Mais Layton est décédé "opportunément" d'un cancer la même année, au grand soulagement des conservateurs de Stephen Harper (alors au pouvoir) et des libéraux dont il avait mis en danger l'hégémonie au Québec et même du Bloc.
Ses successeurs Thomas Mulcair (de service entre 2012 et 2017) et surtout Jagmeet Singh n'ont pas su maintenir la position du parti au Québec, qui s'est érodée, puis effondrée sous le règnede Singh. Ce dernier est peu sensible au nationalisme québécois. On le voit rarement au Québec et il appuie en général les mesures centralisatrices de Justin Trudeau. Il a l'habitude d'opposer le bien-être de la population au conservatisme du gouvernement québécois, surtout celui de la CAQ.

Il reprend ainsi la vieille rengaine d'une certaine gauche "canadian" à l'endroit du nationalisme québécois. Récemment, il s'est même permis de mettre sur le même plan le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé et le porte-parole de Québec solidaire sur le même sujet, Vincent Marissal, car tous les deux s'opposaient à l'établissement pancanadien, au mépris des compétences provinciales en la matière, d'un régime d'assurance-dentaire gratuit.

Au fond, cette attitude n'a rien de bien surprenant : les socialistes (au sens général du terme, incluant beaucoup de sociaux-démocrates et la plupart des marxistes ou marxisants) se sont toujours méfié du nationalisme. Ils y voient une manoeuvre de manipulation bourgeoise visant à diviser les travailleurs et les populations au profit de la classe dominante. C'est sans doute ce qui rend compte des insuccès répétés du parti au Québec, à l'exception (qui confirme la règle) de l'épisode Layton. Les brèves tentatives sans suite de certains néodémocrates au Québec durant les années 1970 n'ont rien donné, et pour cause. Les Québécois trouvent le NPD bien sympathique, mais de leur point de vue, il est avant tout le parti des autres (les 'Canadians").

Sans le dire explicitement, Singh a fait sienne la position suivante : ¨Chez nous c'est du patriotisme, chez les autres c'est du nationalisme". Pour le NPD, le Québec est une sorte de planète Mars, en dépit de son appartenance à la fédération canadienne.

Jagmeet Singh et sa garde rapprochée sont très attachés au canada, mais sans son nationalisme bien entendu...

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Jean-François Delisle

Ici comme ailleurs les femmes se lèvent face aux crises

12 mars 2024, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — ,
Québec, le 8 mars 2024, des centaines de militantes et familles ont répondu à l'appel du Regroupement des groupes de femmes (RGF-CN) et marché dans St Roch, pour souligner la (…)

Québec, le 8 mars 2024, des centaines de militantes et familles ont répondu à l'appel du Regroupement des groupes de femmes (RGF-CN) et marché dans St Roch, pour souligner la journée internationale des droits des femmes.

Les slogans scandés durant les activités du 7 mars 2024 à Québec

Cette marche colorée de rouge et orange a mis de l'avant les arts pour dénoncer les crises économique, sociale, climatique et humanitaire. Alliant théâtre de rue, chant, slam, percussions et langue des signes la marche se voulait une représentation de la thématique du 8 mars : « Ça gronde, ça bouillonne et ça fulmine. Ça explosera. »

Les crises actuelles sont exacerbées par la mise à mal de notre filet social. « Les grèves dans le secteur public dont le milieu de l'éducation et de la santé, des secteurs tenus à bout de bras par des femmes, ainsi que la loi 15 adoptée sous bâillon, qui mise sur la privatisation du système de santé, sont autant d'exemples d'un gouvernement de droite qui règle des crises profondes en distribuant des chèques et en misant sur des solutions à court terme, il y a de quoi être en colère ! » mentionne Nancy Beauseigle du RGF-CN.

La crise économique actuelle, avec notamment l'inflation et la crise du logement, touche particulièrement les femmes qui sont plus nombreuses à vivre en situation de pauvreté et d'autant plus celles qui vivent de multiples oppressions. Jessica Massé, de ROSE du Nord, dénonce quant à elle la notion de vie maritale à l'aide sociale. « Actuellement, le gouvernement nous « marie de force » en nous déclarant conjoints de fait dès qu'on se rend des services (épicerie, voiture, etc.). Ça fait qu'on se retrouve avec 1 chèque pour 2 personnes, et en plus, c'est un chèque coupé ! Les femmes perdent toute autonomie économique ! »

Des violences cachées, il y en a toutes sortes, dont celles liées à l'impact de la crise climatique, compte tenu que les femmes sont celles qui sont les plus pauvres et qui s'occupent encore majoritairement des soins et du bien-être de la famille en cas de crise. Les feux de forêt, les fortes chaleurs et les inondations au Québec en 2023 coïncident avec une augmentation des violences envers les femmes. À l'échelle mondiale, les femmes ont 14 fois plus de risque de mourir lors de catastrophes naturelles. « Dans certaines régions, elles doivent marcher de longues heures pour aller chercher de l'eau. Les fillettes sont souvent forcées de quitter l'école et de se marier pour subvenir aux besoins de leur famille qui n'arrivent plus à se procurer la nourriture de plus en plus rare. Elles paient le prix du manque d'audace des pays pollueurs qui préfèrent se fermer les yeux et se donner bonne conscience avec des projets de capitalisme vert » explique Marilou Dubois, militante féministe.

Le manque de solidarité et de vision des gouvernements sont vrais face à la crise économique, climatique, mais aussi face aux multiples guerres et crises humanitaires à l'international qui visent principalement des civils, donc des femmes et des enfants. En Palestine, plus de 7000 enfants sont morts et l'unique camp de réfugiés de Rafah est menacé d'être attaqué ; en Ukraine, une réfugiée sur quatre subit des violences sexuelles ou physiques après avoir fui le pays ; en Iran, des femmes se font torturer pour leur liberté. Les pays occidentaux doivent tendre la main à ces civils au lieu de restreindre l'accueil des réfugiés.

Il est évident que ça gronde, ici et partout sur la planète, et que fortes de nos solidarités et de notre indignation, le mouvement des femmes porte ce feu qui peut tout changer pour une société féministe, verte, juste, pacifiste et inclusive.

Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l'égalité des femmes entre elles, l'amélioration des conditions de vie.

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Le Québec doit annuler l’ouverture d’un bureau à Tel-Aviv et suspendre ses liens de coopération avec Israël

12 mars 2024, par Ligue des droits et libertés — ,
Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nous vous demandons d'entendre la voix de la société civile québécoise qui se mobilise depuis de nombreuses années pour la (…)

Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nous vous demandons d'entendre la voix de la société civile québécoise qui se mobilise depuis de nombreuses années pour la défense du droit international et des droits humains du peuple palestinien, incluant son droit à l'autodétermination. Nous vous exhortons à donner une suite favorable à notre demande et à celle des 12 000 Québécois-e-s qui ont signé une pétition demandant au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture d'un bureau à Tel-Aviv, laquelle a été déposée à l'Assemblée nationale le 15 février dernier.

Montréal, le 5 mars 2024

Monsieur François Legault
Premier ministre
Conseil exécutif
Édifice Honoré-Mercier
835, boulevard René-Lévesque Est, 3e étage
Québec (Québec) G1A 1B4
premierministre@quebec.ca

Madame Martine Biron
Ministre des Relations internationales et de la Francophonie
Édifice Hector-Fabre
525, boulevard René-Lévesque Est, 4e étage
Québec (Québec) G1R 5R9
ministre@mri.gouv.qc.ca

Monsieur le Premier ministre,
Madame la ministre,

La présente vous est transmise par 23 organisations de la société civile québécoise. Nous demandons au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture d'un bureau du Québec à Tel-Aviv et de suspendre ses liens de coopération avec Israël. De plus, nous sollicitons une rencontre avec vous pour discuter des liens que le Québec entretient avec l'État d'Israël.

Depuis octobre 2023, Israël mène une offensive militaire d'envergure dans la bande de Gaza et viole les droits humains de la population palestinienne. Au cours des dernières semaines, Israël a intensifié ses interventions militaires dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de Palestinien-ne-s ont été déplacées sous la contrainte, et a annoncé son intention d'y mener une offensive terrestre de grande ampleur et de forcer leur évacuation vers l'Égypte. Ces actions contreviennent aux obligations des États signataires des Conventions de Genève relatives à la protection des populations civiles. Elles vont également à l'encontre des principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

À ce jour, plus de 30 000 Palestinien-ne-s ont été tué-e-s et des dizaines de milliers ont été blessé-e-s dans la bande de Gaza. 1,5 million de personnes ont été déplacées sous la menace de bombardements incessants de l'armée israélienne. La population est confrontée à une famine, à des conditions sanitaires catastrophiques et à une absence de soins médicaux. La destruction massive des habitations, des hôpitaux, des écoles, des refuges et des lieux de culte dans la bande de Gaza rend ce territoire inhabitable et s'inscrit en continuité à la colonisation, l'occupation illégale et l'apartheid imposés au peuple palestinien depuis 1948.

Les actions militaires de l'État d'Israël dans la bande de Gaza ont amené la Cour internationale de Justice (CIJ) à déclarer, le 26 janvier 2024, qu'il existe « un risque réel et imminent d'un préjudice irréparable » pour le peuple palestinien. La CIJ a aussi édicté des mesures conservatoires en application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans le cadre de la plainte déposée par l'Afrique du Sud contre Israël.

Malgré la décision de la CIJ reconnaissant la plausibilité du crime de génocide dont est accusé Israël et les mesures conservatoires qu'elle a ordonnées, le gouvernement israélien poursuit ses bombardements sur la population palestinienne dans la bande de Gaza, en annonçant une offensive terrestre dans la ville de Rafah ainsi que l'évacuation forcée de la population civile ; en menant une campagne visant à ce que les États retirent leur financement à l'UNRWA sur la base d'allégations non démontrées ; et en empêchant le rétablissement des services de base et l'acheminement de l'aide humanitaire à la population palestinienne de Gaza, comme demandé par la CIJ.

En vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, il incombe aux États de prendre toutes les actions nécessaires pour prévenir un tel crime. Dans les circonstances, il est inconcevable que le Québec choisisse d'intensifier ses liens commerciaux avec Israël et en fasse une « porte d'entrée sur le Moyen-Orient ». La décision du Québec d'ouvrir un bureau à Tel-Aviv va à l'encontre de la responsabilité des États à prévenir le crime de génocide et à œuvrer pour la défense du droit international des droits humains. Rappelons que dans sa Politique internationale du Québec, le Québec s'est engagé à intensifier la promotion des droits et libertés de la personne.

Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nous vous demandons d'entendre la voix de la société civile québécoise qui se mobilise depuis de nombreuses années pour la défense du droit international et des droits humains du peuple palestinien, incluant son droit à l'autodétermination. Nous vous exhortons à donner une suite favorable à notre demande et à celle des 12 000 Québécois-e-s qui ont signé une pétition demandant au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture d'un bureau à Tel-Aviv, laquelle a été déposée à l'Assemblée nationale le 15 février dernier.

En ces moments tragiques, nous ne pouvons pas détourner le regard et dire que nous n'en savions rien : tous les jours des images atroces nous parviennent de Gaza, ceux et celles qui nous les envoient risquant leur vie pour que le monde ne puisse ignorer ce qui s'y passe.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nos cordiales salutations,

Laurence Guénette coordonnatrice
Ligue des droits et libertés

Thanasis Papazoglou, secrétaire
Association des travailleurs grecs du Québec

Michèle Asselin, directrice générale
Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)

Lise Chovino, coordonnatrice à la stratégie et au développement
Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF) – prochainement Co-Savoir

Mouloud Idir, coordonnateur du secteur Vivre ensemble
Centre justice et foi

Luc Allaire, président
Centre international de solidarité ouvrière (CISO)

Michaël Lessard, secrétaire
Collectif de Québec pour la paix

Patrick Morin, coordonnateur
Comité des travailleurs et travailleuses accidentés de l'Estrie (CTTAE)

Dominique Daigneault, présidente
Conseil central du Montréal-métropolitain (CCMM-CSN)

Marc-Édouard Joubert, président
Conseil régional FTQ Montréal-métropolitain

Marie-Hélène Fortier, coordonnatrice
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF)

Carl Hétu, directeur général
Développement et Paix – Caritas Canada

Youri Blanchet, président
Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ)

Caroline Quesnel, présidente
Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)

Stéphanie Vallée, co-coordonnatrice
L'R des centres de femmes du Québec

Cym Gomery, coordonnateur
Montréal pour un monde sans guerre/Montreal for a World BEYOND War

Gabrielle Renaud, coordonnatrice à la vie associative et à l'éducation populaire autonome
Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MEPACQ)

Bruce Katz, co-président
Palestiniens et Juifs unis (PAJU)

Sylvain Lafrenière, coordonnateur
Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD)

François Geoffroy, conseiller à l'information et à la mobilisation
Syndicat des Enseignantes et des Enseignants du Cégep Montmorency (SEECM)

Geneviève Tremblay-Racette, coordonnatrice
Table ronde des organismes volontaires en éducation populaire de l'Outaouais (TROVEPO)

Sarah Boivin
Voix Juives Indépendantes – Montréal

Jesse Greener
Voix Juives Indépendantes – Ville de Québec

C.C.

Marc Tanguay, chef de l'opposition officielle, député de LaFontaine

Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d'opposition, député de Gouin

Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d'opposition, député de Camille-Laurin

André Albert Morin, porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations internationales et de francophonie, député de l'Acadie

Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de relations internationales et de francophonie, député de Saint-Henri–Sainte-Anne

Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière de relations internationales et de francophonie, député de Jean-Talon

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Le lourd tribut payé par les Palestiniennes : 9000 femmes tuées à Ghaza

12 mars 2024, par Mustapha Benfodil — , , ,
Chaque jour, les forces d'occupation israéliennes « tuent en moyenne 63 femmes à Ghaza, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans (…)

Chaque jour, les forces d'occupation israéliennes « tuent en moyenne 63 femmes à Ghaza, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans protection », relève un rapport d'ONU-Femmes.

Tiré de El Watan-dz
9 mars 2024

Par Mustapha Benfodil

Photo : D. R.

C'est un chiffre qui donne froid dans le dos et qui résonne tristement alors que nous marquons la Journée internationale des droits des femmes : selon l'Unrwa, 9000 Palestiniennes ont été tuées depuis le début de la guerre contre Ghaza. « A l'occasion de la Journée internationale des femmes, les citoyennes de Ghaza continuent de subir les conséquences de cette guerre brutale.

Au moins 9000 femmes ont été tuées et bien d'autres encore sont sous les décombres », postait hier l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens sur le réseau X.

Un chiffre confirmé par un rapport d'ONU-Femmes publié à l'occasion du 8 Mars. « Chaque jour où la guerre se poursuit au rythme actuel à Ghaza, les forces d'occupation tuent en moyenne 63 femmes, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans protection », peut-on lire dans ce rapport.

Selon les autorités sanitaires à Ghaza citées par l'agence Wafa, il y a environ 60 000 femmes enceintes qui sont confrontées à des conditions apocalyptiques dans l'enclave assiégée, sans nourriture et sans soins. 15% de ces femmes sont exposées à des complications de leur grossesse et à un accouchement difficile, d'après la même source.

La plupart d'entre elles souffrent de malnutrition et de déshydratation, ainsi que d'infections gynécologiques. Les naissances prématurées ont augmenté d'un tiers en raison des traumatismes et du syndrome du stress post-traumatique liés à la guerre. De nombreuses parturientes ont fait des fausses couches à cause de ce climat de terreur qui a marqué leur grossesse.

Les fausses couches ont même augmenté de 300%, soutiennent les autorités sanitaires de Ghaza. Et les femmes qui réussissent à accoucher n'ont pas de lait pour allaiter leur bébé. Les nouveau-nés sont souvent chétifs, pèsent en dessous de la moyenne et sont extrêmement fragiles.

Mort-nés

En parlant des bébés qui ne survivent pas à l'accouchement dans la bande de Ghaza, l'ONG ActionAid International a fait état, dans un communiqué daté du 6 mars, d'une hausse inquiétante de mort-nés et de la mortalité d'enfants en bas âge à Ghaza.

Le docteur Mohammed Salha, directeur de l'hôpital Al Awda, dans la ville de Jabaliya, au nord, cité par l'ONG, témoigne : « De nombreux cas d'enfants décédés à cause de la malnutrition ont été enregistrés dans les hôpitaux publics.

Nous sommes un hôpital spécialisé dans les services aux femmes et à l'accouchement. De nombreuses opérations ont été pratiquées, comme les césariennes pour retirer les fœtus, qui mouraient à cause de la malnutrition chez les femmes. Plus de 95% des femmes qui viennent à l'hôpital et subissent les examens médicaux nécessaires souffrent d'anémie. »

Concernant les derniers développements, le ministère palestinien de la Santé à Ghaza a déclaré hier que 78 personnes ont été tuées en 24 heures, soit entre jeudi soir et hier matin, suite à des raids dans différents secteurs du territoire martyrisé.

Le nombre total des victimes palestiniennes recensées au 154e jour des massacres sionistes s'élève à 30 878 morts et 72 402 blessés.
Parmi les attaques contre les civils enregistrées hier, un raid aérien a fait 5 morts et 22 blessés dans la ville de Rafah.

D'après l'agence Wafa, les victimes ont péri suite à une frappe qui a ciblé deux habitations appartenant à la famille Abu Salmiya. Dans cette même ville frontalière avec l'Egypte, l'artillerie de l'occupant a pilonné un camp de déplacés à Al Mawassi, blessant 9 personnes.

Dans la ville de Ghaza, des bombardements ont touché deux maisons du quartier de Haï Al Zaytoun où les combats continuent de faire rage. Il y a aussi des raids contre une habitation du quartier de Tal Al Hawa et une autre à Al Sabra.

Ces attaques ont fait 4 morts et 15 blessés. Au centre de la bande de Ghaza, précisément à Deir Al Balah, des chars israéliens ont tiré des obus à proximité de l'hôpital Des Martyrs d'Al Aqsa, faisant 7 blessés.

Pont aérien et port temporaire

A Jabalia, des frappes aériennes contre deux maisons ont fait un mort et trois blessés. Jeudi soir, neuf civils ont été fauchés par des bombardements contre une zone résidentielle à Deir Al Balah, ciblant les domiciles des familles Al Khattab et Al Attar, dans le quartier d'Al Hakar.

Un autre habitant de l'enclave a été tué et plusieurs autres blessés, dont certains se trouvent dans un état grave, après avoir été visés par des frappes « alors qu'ils attendaient de l'aide aux ronds-points de Nabulsi et de Koweït, à l'ouest de la ville de Ghaza », informe l'agence Wafa.

Alors que les raids de l'oppresseur continuent de semer la mort à Ghaza, le président américain, Joe Biden, s'est montré, lors de son discours sur l'état de l'Union jeudi, plus favorable à un cessez-le-feu, prenant un peu plus ses distances avec Netanyahu. « Je travaille d'arrache-pied pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat d'au moins six semaines », a-t-il martelé, insistant sur le fait que l'aide au profit des civils palestiniens « ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d'échange ».

Dans le même discours, il a annoncé avoir ordonné à l'armée américaine la construction d'un port temporaire à Ghaza permettant « une augmentation massive » des denrées entrant sur le territoire palestinien. Ce terminal sera le point de chute d'un corridor maritime depuis le port de Larnaca, à Chypre.

Il sera en mesure d'accueillir des navires transportant « de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des abris temporaires », ont indiqué de hauts responsables américains à des journalistes, sous le sceau de l'anonymat, rapporte l'AFP. « L'élément principal sera une jetée temporaire », explique l'un d'eux, en assurant que ce nouveau quai recevra « l'équivalent de centaines de camions d'aide supplémentaire chaque jour ».

« Nous n'attendons pas les Israéliens. C'est le moment pour l'Amérique de prendre les devants », a proclamé un des responsables, en prenant tout de même le soin de préciser qu'ils « ont été informés », arguant du fait que « les Etats-Unis doivent travailler avec eux sur les questions de sécurité ».

Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric s'est félicité de cette annonce tout en mettant l'accent sur l'effort que doit encore fournir la communauté internationale pour acheminer plus d'aide « par voie terrestre ». Un effort d'autant plus indispensable que l'aménagement de ce port temporaire prendra « un certain nombre de semaines à planifier et exécuter », selon les responsables US.

De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a fait savoir hier depuis Chypre : « Nous sommes très proches de l'ouverture de ce corridor (maritime), avec un peu de chance, ce dimanche ».

Une première opération pilote devait même être lancée hier. « La situation humanitaire à Ghaza est désastreuse (...). C'est pourquoi la Commission européenne, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni et les Etats-Unis annoncent aujourd'hui (hier, ndlr) leur intention d'ouvrir un corridor maritime pour acheminer l'aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut », ont affirmé dans une déclaration commune relayée par l'AFP les représentants des pays participant à cette opération.

En attendant la mise en marche de ce couloir maritime, les largages aériens de colis alimentaires s'intensifient, dessinant un véritable pont aérien alors que le blocus meurtrier sur Ghaza est toujours aussi asphyxiant. Jeudi, des avions-cargos américains ont de nouveau largué des colis alimentaires.

« Des avions C-130 américains ont largué plus de 38 000 repas au nord de la bande de Ghaza », a en effet annoncé avant-hier sur la plateforme X le U. S. Central Command, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). Ce nouveau largage a été effectué comme les précédents, conjointement avec la Jordanie.

C'est la troisième opération du genre en une semaine. Outre les Etats-Unis et la Jordanie, la France, les Pays-Bas, la Belgique et l'Egypte ont également largué des produits alimentaires sur la bande de Ghaza. Mais cela ne suffit pas, tant les besoins sont incommensurables. « Nous avons besoin de quantités énormes d'aides (...).

Les largages aériens ne sont pas une option pour éviter la famine », a prévenu le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau. Outre le fait qu'ils sont insuffisants, ces largages humanitaires, bien qu'armés des meilleures intentions, font des dégâts et même tuent, se transformant ainsi en de drôle d'« obus humanitaires ».

Pas de trêve avant le Ramadhan ?

C'est l'autre raison pour laquelle ces parachutes caritatifs sont d'une efficacité limitée et disent en creux l'urgence de desserrer l'étau sur Ghaza, de libérer les flux d'aide humanitaire et de renforcer la flotte terrestre qui doit irriguer l'enclave affamée.

Des images d'Al Jazeera diffusées hier montraient des colis en chute libre après une panne de parachute qui fonçaient tels des obus sur des zones résidentielles. Selon la chaîne qatarie, des morts et des blessés ont été enregistrés après que ces personnes aient été percutées par ces gros colis, qui s'abattaient sur des zones denses à Cheikh Radwan, au nord de la ville de Ghaza.

Al Jazeera rapporte en outre que 5 Palestiniens ont trouvé la mort près de Abradj Fayrouz, à l'ouest de Ghaza, après avoir été heurtés par ces énormes ballots. Sur le plan diplomatique, les espoirs d'une trêve arrachée avant le Ramadhan ont été une nouvelle fois douchés à l'issue du dernier round des pourparlers qui se tiennent au Caire.

Les discussions avec les émissaires du Hamas ont été suspendues jusqu'à la semaine prochaine, rapporte l'AFP qui cite la chaîne Al Qahera News. Cependant, l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Jack Lew, a affirmé que malgré leur âpreté, les négociations « ne sont pas rompues », ajoutant avec un brin d'optimisme que « les divergences s'estompent ».

Le Hamas continue de réclamer un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes de la bande de Ghaza. La délégation palestinienne s'est retirée afin de consulter la direction du mouvement à Doha. « Nous attendons toujours la réponse officielle finale de l'ennemi », a déclaré un haut cadre du Hamas, précisant que « les réponses initiales ne répondent pas aux exigences minimales » formulées par la résistance palestinienne.

Un autre haut responsable du parti d'Ismaïl Hanniyeh a assuré que le Hamas ne se retirait pas pour autant des négociations. « Les médiateurs ont informé le Hamas que les efforts allaient se poursuivre en vue de parvenir à un accord », a-t-il dit.

Mahmoud Mardaoui, un autre membre dirigeant du mouvement, a laissé entendre pour sa part que « la décision est entre les mains de Washington » et que l'administration américaine doit décider si elle « veut vraiment mettre la pression sur Netanyahu et son gouvernement pour parvenir à un accord ». « Si Israël est sérieux et ne tergiverse pas, a-t-il affirmé, il est possible de parvenir à un accord de cessez-le-feu avant le début du Ramadan. »

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Québec solidaire et la loi 21 (prise 2)

12 mars 2024, par Wilbray Thiffault — , ,
Le 8 février dernier, Jean-François Roberge, ministre responsable de la laïcité, présente le *Projet de loi 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe (…)

Le 8 février dernier, Jean-François Roberge, ministre responsable de la laïcité, présente le *Projet de loi 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe de la souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État*. Le but est de renouveler la clause dérogatoire laquelle met la loi 21 à l'abri des articles 2 à 7 et 15 de la Charte des droits incluse dans la loi constitutionnelle de 1982 (Article 34 de la Loi 21). Notion que l'article 33 décrétant que la Loi 21 s'applique "malgré les articles 1 à 38 de la Charte des droits et libertés de la personne (chapitre C-12." et n'a pas besoin d'être renouvelé.

Le 15 février les co-portes paroles de QS, Gabriel Nadeau-Dubois (GND) et Émilise Lessard-Therrien (ELT), annoncent que la députation de QS ne supportera pas le PL 52.Elle le fera seulement si le ministre accepte le compromis suivant : la clause dérogatoire continue de s'appliquer contre la charte fédérale (art. 34) et l'article 33 est aboli. "Si la CAQ croit vraiment que sa loi 21 est conforme aux valeurs québécoises, [elle] ne devrait avoir aucune gêne et aucune crainte à ce qu'on soumette cette loi à l'examen de la Charte québécoise [des droits et libertés de la personne] (Hugo Pilon-Larose, Québec solidaire demande à Québec de permettre les contestations de sa loi, *La Presse*, 15 février 2024)

On peut se poser sérieusement la question suivante, GND et ELT savent-ils comment fonctionne le système judiciaire ? *Qui va juger ?*

GND et ELT sont corrects dans leurs affirmations que la Loi constitutionnelles de 1982 avec sa charte des droits est illégitime au Québec car aucun gouvernement n'y a donné son adhésion. Ils sont aussi corrects dans leurs affirmations que la Charte du Québec a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale et reflète les valeurs démocratiques du Québec. Voici le problème. Qui va juger la Loi 21 si on abolit l'article 33 de la Loi 21 ?

Allons à l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique (maintenant Loi constitutionnelle de 1867). L'article 96 stipule que c'est "le gouverneur-général", soit le gouvernement fédéral, qui nomme les juges des cours supérieurs et des cours d'appels des provinces. Or nous avons noté que les juges nommés par le gouvernement Trudeau sont contre la laïcité. Deux exemples : Azimuddin Hussein qui a comparé la Loi 21 aux lois de Nuremberg (1935), nommé à la Cour supérieurs du Québec et Mahmud Jamal qui a défendu un étudiant sikh qui voulait amener son couteau sacré à l"école à la Cour suprême du Canada. Il est très clair que pour le gouvernement fédéral, la laïcité est incompatible avec la diversité multiculturelle.

QS, GND et ELT ne peuvent ne pas savoir que 1) les juges fédéralistes et multiculturalistes interprètent la Charte québécoise à travers le prisme du multiculturalisme, et 2) ils se feront un plaisir de caviarder la Loi 21 comme ils l'ont fait avec la Loi 101. Notons que le juge Marc-André Blanchard de la Cour supérieure dans son jugement contre la Loi 21 n'a pas tenu compte de l'inclusion de la laïcité dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.

QS par l'abolition de l'article 33 de la Loi 21 espère-t-il que les juges fédéralistes et multiculturalistes nommés par Ottawa feront la sale job à sa place ?

*La Loi 21 discriminatoire ?*

QS affirme que la Loi 21 discrimine contre les minorités religieuses, surtout musulmane (hijab), sikh (turban) et juive (kippa). Que cette loi "constitue une rupture avec le principe de l'égalité des droits, sans précédent depuis l'adoption de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne en 1976." (Benoît Renaud, Solidaire contre la loi 21,* PTAG*, 13 février 2024

Si on prend la peine de lire la loi, on y verra qu'elle stipule que tous les signes religieux sont interdits pour les fonctionnaires en position d'autorité, le crucifix a été enlevé du Salon Bleu où siège l'assemblée nationale et le groupe qui a été rappelé à l'ordre en décembre 2022 a été les policiers catholiques du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ils ont dû retirer un écusson à l'image de Saint-Michel, patron des policiers qu'ils portaient sur leur uniforme..

Concernant la soi-disant obligation de porter des signes religieux voici ce que le juge Robert M Mainville a écrit sur la question.

[114]La grande majorité des principales religions pratiqués au Québec dont le christianisme, le judaïsme et l'islam ne semblent pas, à première vue, du moins, faire du port de signes religieux au travail une exigence absolue de la foi. [...] La loi ne vise donc pas à interdire l'accès à ces postes pour les chrétiens, les juifs, les musulmans ou les membres de la plupart des autres religions. (Cour d'appel, Jugement de la Cour refusant de suspendre les articles 6 et 8 de la Loi 21, 12 décembre 2019)

Posons nous les questions suivantes.

1)Prenons l'exemple des femmes musulmanes portant le hijab et des hommes sikhs portant le turban. Est-ce la Loi 21 qui les empêchent de travailler ou plutôt l'interprétation rigide de leur religion ? 2)À l'école quel droit est le plus important, la liberté de conscience des enfants ou l'exhibitionnisme religieux ? Même question pour les fonctionnaires servant le public ?

Déjà l'État interdit aux enseignants et aux fonctionnaires d'afficher leurs opinions politiques. La Loi 21 inclut l'obligation de ne pas afficher ses opinions religieuses aux fonctionnaires (les enseignants inclus) en position d'autorité. Notons que lorsque les islamistes et les fondamentalistes religieux ont contesté des lois semblables en Europe, la Cour de justice de l'Union européenne a décrété que c'est le droit de tout employeur et de l"État de dicter à ses employés des règles de tenue vestimentaire pour établir la neutralité religieuse de l'entreprise ou de l'État en question.

En conclusion, le fonctionnaire et l'enseignant a un devoir de réserve et ne doit pas être un panneau publicitaire politique ou/et religieux.

PS : *PTAG *reproduit à l'entête de l'article de Benoît Renaud du 13 février, une capture d'écran du Facebook de QS dans laquelle on voit les députés de QS voter contre la Loi 21 en tenant des drapeaux du Québec. Ils auraient dû plutôt déployer des drapeaux du Canada car ils défendaient le multiculturalisme canadien, lequel défend la religion dans l'État.

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