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« No borders, no nations, no deportations »

14 mai 2024, par Terry Conway — , ,
Lors d'une grande manifestation de solidarité à l'occasion du 1er mai, plusieurs centaines de manifestant·es à Peckham, dans le sud de Londres, ont réussi à bloquer le (…)

Lors d'une grande manifestation de solidarité à l'occasion du 1er mai, plusieurs centaines de manifestant·es à Peckham, dans le sud de Londres, ont réussi à bloquer le transfert d'un autocar de demandeurs d'asile vers le Bibby Stockholm, une péniche pénitentiaire. Cette péniche, où un Albanais s'est donné la mort en décembre dernier et où l'on pense également que des victimes de tortures sont détenues, devrait servir d'étape vers le Rwanda, même si l'on sait que les avions ne sont pas encore prêts à décoller.

Tiré de Inprecor 720 - mai 2024
6 mai 2024

Par Terry Conway

Ce raid a eu lieu moins d'une semaine après que la tristement célèbre loi des conservateurs sur le Rwanda a finalement reçu la sanction royale le 25 avril, après que les tentatives de la Chambre des Lords d'édulcorer le projet de loi se soient finalement essoufflées. Fait peut-être plus révélateur encore, elle est intervenue la veille de nombreuses élections locales et municipales en Angleterre (il n'y a pas eu d'élections en Écosse le 2 mai et, au Pays de Galles, seulement des élections pour les commissaires de police et les commissaires aux crimes). Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak était vent debout pour tenter d'endiguer l'érosion du soutien à son gouvernement, en s'arc-boutant sur une position anti-immigration déterminée.

Le dimanche 27 avril, le gouvernement a annoncé que le ministère de l'intérieur lancerait « une opération majeure de détention de demandeurs d'asile dans tout le Royaume-Uni en vue de leur expulsion vers le Rwanda », quelques semaines avant qu'il ne soit prévu de passer à l'action. Bien que les raids d'immigration fassent partie intégrante de l'« environnement hostile » de l'État britannique bien avant l'adoption de la législation sur le Rwanda, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'une escalade et d'une opération menée avec le calendrier électoral à l'esprit. Les militants ont également été informés que certains demandeurs d'asile recevaient des avis mentionnant un possible renvoi au Rwanda.

Les militant·es ont réagi rapidement en s'appuyant sur les réseaux existants, principalement construits dans le sillage du mouvement Black Lives Matter et de la lutte contre le projet de loi répressif sur la police. Des stands ont été organisés à proximité des centres de réception des demandes d'immigration afin d'atteindre le plus grand nombre possible de demandeurs d'asile et de les informer, dans différentes langues, qu'en dépit des récents changements juridiques, ils ont toujours certains droits. Parallèlement, des messages ont été largement diffusés sur les réseaux sociaux afin d'alerter un plus grand nombre de personnes sur le fait qu'elles pourraient être appelées à court terme pour bloquer une expulsion.

Pendant sept heures, les manifestants ont bloqué la route devant l'hôtel où les demandeurs d'asile sont actuellement logés, et des appels à la mobilisation ont été lancés tout au long de la journée. À 15h, le car est finalement parti, vide. Quarante-cinq militant·es ont été arrêtés. Entre-temps, les militant·es de Portland Dorset, où la péniche est amarrée, surveillent de près l'arrivée d'autres demandeurs d'asile.

Si le 1er Mai a été une victoire pour la solidarité internationale, le vendredi 3 mai, au moins deux autres rafles ont eu lieu dans différentes parties de Londres, à Hounslowet à Croydon. Dans le premier cas, les militants ont retardé l'autocar pendant un certain temps, mais ils n'ont pas pu empêcher que des personnes soient finalement emmenées. On ne sait pas exactement ce qui s'est passé à Croydon depuis l'appel initial, mais il ne fait aucun doute que les appels à l'action dans les rues se multiplieront dans les semaines à venir.

C'est cela la solidarité, alors que ceux qui fuient la destruction de leurs foyers par le capitalisme sont soumis à de nouveaux traitements inhumains.

Pour plus d'informations, voirle site web de Migrants Organise.

5 mai 2024, publié par International Viewpoint.

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600,000 enfants à Rafah ne peuvent « évacuer »

La représentante de l'UNICEF Mme Tess Ingram déclare après son retour de Gaza, « La réalité dans laquelle vivent les enfants ici, est honnêtement choquante. Les gens vivent (…)

La représentante de l'UNICEF Mme Tess Ingram déclare après son retour de Gaza, « La réalité dans laquelle vivent les enfants ici, est honnêtement choquante. Les gens vivent vraiment dans des conditions sordides ».

Jeremy Scahill, The Intercept, 8 mai 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Avec leurs tanks, les militaires israéliens sont entrés dans Rafah et se sont vite dirigé vers le poste frontière avec l'Égypte pour en prendre le contrôle. Cette prise en mains bloque le seul corridor dont disposaient les Gazaouis vers un territoire hors contrôle des Israéliens. À titre de salutation, un tank bulldozeur israélien a démoli un monument où on pouvait lire « I love Gaza » en entrant dans le territoire venant d'Égypte.

L'assaut, et la menace israélienne pendante d'une invasion complète de la zone, malgré les objections importantes de la Maison blanche, laissent les civils.es palestiniens.es avec le poids d'attaques incessantes dont ils et elles doivent supporter le choc permanent. Très vite Israël a fermé la frontière à Rafah et provoquer ainsi l'arrêt des entrées d'aides dans le sud de l'enclave, si maigres étaient-elles.

« Ils sont épuisés.es, traumatisés.es, malades, affamés.es, et leurs capacités pour entreprendre une évacuation sécuritaire sont limitées ».

Les résidents.es de Gaza sont une fois de plus forcés.es de s'introduire dans un scénario inimaginable où il leur faut batailler pour comprendre les cartes déterminées par Israël qui leur indiquent les endroits où se diriger pour avoir moins de risques de mourir. Sur les réseaux sociaux, la porte-parole de langue arabe de l'armée israélienne leur dit de se rendre à Khan Younes, un territoire en ruine après les attaques aériennes et terrestres (de la part de cette armée).

L'UNICEF demande au gouvernement israélien et à ses supporters d'accepter un cessez-le feu et de revenir sur ses plans d'invasion de Rafah.

Sa représentante, Mme Tess Ingram, insiste : « À Rafah, il y a 600,000 enfants qui y cherchent refuge. Beaucoup d'entre eux et elles ont déjà été déplacés.es de multiples fois, sont épuisés.es, traumatisés.es, malades, affamés.es et leurs capacités à évacuer en sécurité sont limitées. L'endroit où on leur dit d'aller n'est pas sécuritaire. Il n'y a aucun service de base pour leur assurer l'eau, les sanitaires et un abri. Et ça n'est pas sécuritaire aussi parce que nous savons que cette zone a été l'objet d'attaques même si elle est qualifiée de sûre. L'impact d'une offensive terrestre dans une région du monde la plus peuplée, nous préoccupe aussi ».

Avant le début de la guerre à Gaza, Rafah comptait environ 250,000 habitants.es. Avec l'arrivée des Gazaouis fuyant les combats cette population. a fini par atteindre le million et quart.

Mme Ingram ajoute : « Honnêtement la réalité dans laquelle vivent ces enfants est choquante. Les gens vivent dans des conditions sordides. C'est un territoire incroyablement surpeuplé. Partout où vous marchez, vous êtes côte à côte avec quelqu'un. Les abris de fortune s'étendent depuis les immeubles jusque sur les trottoirs et dans les rues. Les gens vivent là où ils peuvent trouver un espace, sous des toiles ou des couvertures. Et ça s'étend aussi loin que porte la vue ».

Elle n'a pas pu avoir d'aide humanitaire ou d'essence à Gaza depuis dimanche : « Vraiment, nous grattons les fonds de barils pour trouver ce qu'il nous reste de pétrole. Nous n'avons pas réussi à en faire entrer plus. Pourtant c'est vital pour l'aide humanitaire et les opérations à Gaza. Sans cela, nos plus importants systèmes, les usines de dessalement de l'eau de mer, les hôpitaux, la livraison de la nourriture par camions, vont devoir s'arrêter ».

Ces propos ont été confirmés par le porte-parole de Département d'État, Mark Miller, lors d'un point de presse mercredi dernier. Il a confirmé qu'aucun pétrole n'était entré dans Gaza que ce soit par les poste de Rafah ou Karem Shalom malgré les pressions américaines. Il a ajouté que les États-Unis ont averti Israël qu'en prenant le contrôle du poste frontière, il a maintenant la responsabilité de l'ouvrir au plus vite. Et même si les camions d'aide entraient à Gaza ils ne pourraient assurer leurs livraisons sans essence.

Israël ne reculera pas

Les conditions épouvantables ont encore empiré avec les bombardements incessants des forces israéliennes sur Rafah et dans les environs. Elles ont stratégiquement saisi des territoires comme le poste frontière et massé des troupes en préparation d'une invasion de grande ampleur.

Depuis les sept mois d'attaques ininterrompues contre la population civile de la Bande qui ont fait plus de 35,000 morts, les hauts-fonctionnaires et les porte-paroles israéliens.nes, ont répété au monde entier que leur gouvernement n'avait pas l'intention d'occuper Gaza. L'actuelle main mise sur Rafah est un puissant rappel qu'on nous a servi un mensonge.

Même sans les tanks positionnés à la frontière, Israël exerce son autorité sur les entrées sur le territoire. Il a déjà installé un système d'inspections de sécurité du côté égyptien qui a imposé des délais de livraison à l'aide humanitaire depuis l'an dernier. Les tanks du côté de Gaza ne font que donner publiquement un sens militaire à cette réalité.

Depuis des semaines, l'administration Biden insiste pour dire que Rafah est sa ligne rouge. Mais, quand le Président Biden a discuté avec le Premier ministre Nétanyahou avant le début de l'opération, un fonctionnaire de haut-niveau soulignait : « J. Biden n'a pas mis le frein sur la saisie du poste frontière de Rafah ».

La Maison blanche a émis des préoccupations modérées à propos de la saisie (du poste frontière) après l'arrivée des tanks. Mais, le porte-parole du Conseil national de sécurité, M. John Kirby, a défendu l'action israélienne en disant que l'administration avait reçu des garanties d'Israël que ce ne serait pas « une opération terrestre de grande ampleur ».

Pendant que symboliquement les États-Unis reportent la livraison d'un lot d'armement, les représentants.es officiels.les du gouvernement ont clairement dit que l'appui en armes à Israël continuera qui a minimisé la signification de ce délai de livraison d'armes et assuré qu'en coulisses, les alliés travaillent sur les enjeux en cause.

Certaines des tensions dans ces coulisses ont surgit publiquement cette semaine lorsqu'un membre officiel du Likoud et député à la Knesset, M. Tali Gottlieb, a lancé une menace envers les États-Unis de porter plainte pour crimes de guerre en réponse à ce délai de livraison : « Bon. J'ai reçu les nouvelles des États-Unis. Nous possédons des missiles imprécis. Je vais les utiliser. Je vais tout simplement écraser dix édifices. Dix édifices. C'est ce que je vais faire ».

The Intercept a questionné M. Miller du Département d'État, à propos de cette déclaration. Il l'a dénoncée : « Ces commentaires sont absolument choquants ; les membres les plus importants du gouvernement israélien devraient s'en abstenir ».

Mercredi, le Président Biden est allé plus loin. Répondant à Erin Burnett (sur CNN) il a déclaré que si Israël envahissait Rafah, son gouvernement couperait les aides en obus d'artillerie, de bombes et d'autres armes offensives.

Le gouvernement israélien a servi un paquet de raisons pour justifier son invasion de Rafah : défaire les bataillons du Hamas, démanteler les couloirs de contrebande, faire pression sur le Hamas pour qu'il accepte une entente de libération des otages. Pour leur part, les familles des otages manifestent massivement exigeant du gouvernement Nétanyahou qu'il arrive immédiatement à une entente avec le Hamas sur la libération de leurs proches détenus.es.

Cette demande était d'actualité lorsqu'Israël s'est saisi du poste frontière (à Rafah) mais les représentants officiels du gouvernement ont insisté sur la nécessité de conquérir Rafah avec ou sans une telle entente.

L'Unicef estime que les habitants.e de Rafah ont accès en ce moment à environ 3 litres d'eau pure par jour. Cette quantité doit servir d'eau potable, à la cuisine, à la lessive et à l'hygiène. L'agence souligne qu'un minimum de 15 litres par jour est recommandé pour les populations en situation d'urgence. Il y a une seule toilette pour 850 personnes. La diarrhée est rampante, les femmes et les filles n'ont pas un accès continue aux produits sanitaires nécessaires et le couches pour bébés manquent : « Les gens peuvent attendre des heures pour utiliser une salle de toilette ou encore ils ne se trouvent pas en sécurité pour le faire. Donc d'autres méthodes sont utilisées comme faire ses besoins en plein air. Quand vous marché dans Rafah très souvent vous sentez les égouts qui suintent. Le système d'évacuation ne fonctionne pas correctement mais il n'y a pas d'autres option ».

Si Israël étend ses opérations à Rafah, les endroits où la population devra se rendre sont encore moins bien pourvus de ces fragiles et inadéquates infrastructures. Mme Ingram ajoute : « Il est difficile d'imaginer qu'une situation si mauvaise puisse empirer. Mais ça se passera quand les gens seront forcés de se rendre dans un endroit non sécurisé qui ne possède pas les services de base dont ils ont besoin pour survivre. Même Rafah manque de cela. Les enfants vulnérables dont on parle ont déjà survécu à sept mois de guerre et en portent toutes les marques physiquement ou psychologiquement. Leurs capacités à se déplacer vers la zone désignée sont diminuées par les traumatismes. Ils ont besoin de plus d'aide pas de moins ».

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Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, condamné à huit ans de prison

14 mai 2024, par Pierre Barbancey — ,
Le réalisateur dont le dernier film, « La graine de la figue sacrée », doit être projeté à Cannes en sélection officielle doit aussi subir la flagellation. Ses œuvres dénoncent (…)

Le réalisateur dont le dernier film, « La graine de la figue sacrée », doit être projeté à Cannes en sélection officielle doit aussi subir la flagellation. Ses œuvres dénoncent régulièrement la corruption du pouvoir iranien et la répression menée contre les voix dissidentes.

Tiré de l'Humanité
www.humanite.fr/culture-et-savoir/cinema/le-cineaste-iranien-mohammad-rasoulof-condamne-a-huit-ans-de-prison <http://www.humanite.fr/culture-et-s...>

Par Pierre Barbancey <https://www.humanite.fr/auteurs/pie...> , L'Humanité, France. Mis à jour le 10 mai 2024 à 13h42

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof ne montera pas les marches du palais et n'assistera pas à la projection de son dernier film « The Seed of the Sacred Fig » ( /La graine de la figue sacrée /) sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes qui démarre le 14 mai. L'histoire d'un juge d'instruction du tribunal de Téhéran qui devient paranoïaque, perdant même son arme, alors que le pays est en proie à des manifestations politiques.

Il a été « condamné à huit ans d'emprisonnement ( cinq ans applicables ), à la flagellation, à une amende et à la confiscation des biens selon le verdict rendu par la 29e chambre du tribunal de la Révolution islamique. Ce jugement a été confirmé par la 36e chambre de la cour d'appel d'Aina et maintenant l'affaire a été renvoyée à l'exécution des jugements », a fait savoir son avocat, Babak Paknia, sur le réseau X.

Dans un courriel reproduit par "The Guardian", Paknia ajoute : « Il est accusé d'avoir fait [ "La graine de la figue sacrée" ] sans obtenir une licence des autorités concernées, en plus des accusations selon lesquelles les actrices n'appliquaient pas le hijab correctement et ont été filmées sans hijab. Tous les membres clés du film sont interdits de quitter le pays et ont fait l'objet d'une enquête par les forces de sécurité du ministère du Renseignement. »


*La sentence la plus sévère jamais infligée au réalisateur*

En 2010, il est condamné à six ans de prison, puis à un an, après une accusation de tournage sans le permis correct ( sic ). En 2011 il avait réussi à faire sortir illégalement d'Iran son film « Au Revoir », présenté à la Section Un Certain Regard, à Cannes où il avait remporté le Prix du meilleur réalisateur. En 2017, il lui a été interdit de quitter le pays après la confiscation de son passeport à son retour en Iran. Deux ans plus tard, le tribunal révolutionnaire islamique le condamnait à nouveau à un an de prison et à deux ans d'interdiction de quitter le pays et de toute participation à des activités sociales ou politiques. Les autorités entendaient ainsi le punir pour son film réalisé en 2017, « Un homme intègre », un drame sur la corruption endémique en Iran, qui avait remporté le Prix Un Certain Regard à Cannes.

En 2020, il a été condamné à un an de prison supplémentaire et à deux ans d'interdiction de tournage pour « propagande contre le système ». De ce fait, il n'a pas pu se rendre au festival du film de Berlin en février 2020, où son film « Le Diable n'existe pas » – un drame sur la peine de mort en Iran – avait remporté l'Ours d'or. Une autre incarcération a suivi en juillet 2022, après que Rasoulof a apporté son soutien aux Iraniens durement réprimés qui manifestaient contre l'effondrement d'un bâtiment dans la ville d'Abadan, au sud-ouest du pays. Il sort en février 2023 mais se voit interdit d'assister au festival de Cannes, où il devait faire partie du jury d'Un Certain Regard.

Les cinéastes sont particulièrement visés en Iran. Jafar Panahi a ainsi été détenu à plusieurs reprises. En juillet 2022, il avait été arrêté alors qu'il était venu manifester son soutien à Rasoulof devant le tribunal de Téhéran et libéré en février 2023 après une grève de la faim. Peu de temps après, il a quitté l'Iran pour la première fois en 14 ans.

Après les manifestations « Femme, vie, liberté » qui ont suivi la mort de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, le pouvoir iranien a intensifié sa répression contre toutes les formes d'expression dénonçant le système et sa corruption. Que Mohammad Rasoulof soit dans le viseur des juges islamiques n'est malheureusement pas étonnant. (...)

Le cinéaste a été « condamné à huit ans d'emprisonnement, à la flagellation,

à une amende et à la confiscation des biens selon le verdict rendu par la 29

chambre du tribunal de la Révolution islamique.

Photo : LOIC VENANCE | Crédits : AFP

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Dérive antisémite sur les campus ou malaise sioniste face à la solidarité ?

Le soutien à la Palestine s'intensifie sur les campus US et européens. Ces mobilisations, violemment réprimées, sont accusées de contribuer à une « dérive antisémite ». Mais (…)

Le soutien à la Palestine s'intensifie sur les campus US et européens. Ces mobilisations, violemment réprimées, sont accusées de contribuer à une « dérive antisémite ». Mais qu'en est-il réellement ?

Tiré de Tsedek !.

Insécurité ou malaise ?

Lors d'une projection du film Israelism organisée par Tsedek ! le 1er avril, les réalisateurs du documentaire sur les mouvements juifs américains contre l'apartheid et l'occupation israélienne expliquent : “être mal à l'aise, ce n'est pas la même chose que de ressentir de l'insécurité”. C'est leur réponse aux Juif·ves américain·es qui perçoivent dans le mouvement de solidarité avec la Palestine une violence intrinsèque contre les Juifs et les Juives, et qui appellent à la répression de ces mobilisations, notamment sur les campus. Une répression présentée comme nécessaire pour assurer la sécurité des étudiant·es juif·ves. Pourtant, pour les réalisateurs Erin Axelman et Sam Eilertsen, les Juif·ves ne sont pas réellement en danger sur les campus – en revanche, s'iels mettent en avant des opinions pro-Israël, ils et elles risquent effectivement d'être mal à l'aise.

Dans un épisode de podcast du média juif américain Jewish Currents sur les accusations d'antisémitisme sur les campus américains (datant du 11 avril), les intervenant·es[1] développent un propos similaire : “Lorsqu'on parle de “l'insécurité des Juif·ves” sur les campus, on parle en réalité d'un malaise politique pour les Juif·ves sionistes – et non d'insécurité”.

L'enchevêtrement du judaïsme et du sionisme étant au cœur de nombreux espaces communautaires juifs, il n'est pas surprenant que, pour de nombreuses personnes juives, Israël constitue une partie intégrante de leur identité. Pour les étudiant·es Juif·ves sionistes, Israël incarne la figure du Juif ; par conséquent, les critiques d'Israël et les positions antisionistes sont perçues comme des menaces contre les Juif·ves. Et parce qu'ils et elles auraient peur, le mouvement de solidarité avec la Palestine serait forcément antisémite.

Alors que la sécurité des Juifs et des Juives est utilisée comme prétexte pour écraser ce mouvement que rejoignent de plus en plus d'universités (avec des violences policières contre les étudiant·es aux États-Unis, en France, et en Allemagne), ces analyses provenant des milieux juifs de gauche américains nous offrent un rappel important : être mal à l'aise, ce n'est pas être en danger.

Étudiant·es juifs et juives mobilisé·es pour la Palestine

Il ne s'agit pas ici de nier l'existence de ce malaise juif vis-à-vis de l'antisionisme ou de la critique d'Israël, mais de le décortiquer et de questionner sa centralité dans la répression univoque menée à l'encontre les étudiant·es mobilisé·es contre le génocide, notamment dans les universités françaises. Ce que nous observons dans les universités n'est pas une vague de violence dirigée contre les Juifs et les Juives en tant que Juif·ves, mais un rejet croissant des points de vue pro-israéliens ainsi que de la complicité active des pays occidentaux, dans le contexte du génocide à Gaza et compte tenu de la colonisation continue de la Palestine.

La représentation médiatique d'une supposée dérive antisémite sur les campus américains ou dans les universités françaises reproduit en boucle l'idée fallacieuse que les universités seraient des lieux dangereux pour tous·tes les étudiant·es juif·ves à cause des mobilisations pour la Palestine. Mais c'est ignorer sciemment la présence d'étudiant·es juif·ves au sein de ces mobilisations, particulièrement forte aux États-Unis, où l'organisation juive antisioniste Jewish Voice for Peace se tient aux côtés de l'organisation étudiante Students for Justice in Palestine. Les médias mainstream préfèrent dépeindre deux camps opposés : l'intégralité des étudiant·es juif·ves d'un côté, et le mouvement pro-Palestinien de l'autre. Ce discours est non seulement factuellement incorrect, mais il alimente aussi l'illusion d'une rupture profonde entre les Juif·ves et les mouvements anticoloniaux et antiracistes.

La présence d'étudiant·es juif·ves dans ces mobilisations devrait être regardée en face. Sont-ils et elles vraiment des “faux Juif·ves”, des “mauvais·es Juif·ves”, des traîtres, des antisémites ? Qui peut, en bonne conscience, reproduire ces accusations alors que les étudiant·es juif·ves sont présent·es par centaines sur chaque campus américain, qu'ils et elles prennent la parole publiquement (notamment à Sciences Po) malgré le risque de représailles, que le mouvement de Juif·ves antisionistes, dans lequel Tsedek ! s'inscrit, ne fait que prendre de l'ampleur et devient une réelle force politique en France et à l'international ?

Un appareil médiatique au service de la réaction

Le débat public étant déjà saturé d'amalgames et de confusions (antisionisme = antisémitisme, critique de l'apartheid israélien = mort aux Juif·ves, etc.), les représentations médiatiques dominantes des mobilisations étudiantes ne font que reproduire aveuglément ces narratifs. Nous sommes donc nombreux·ses à se tourner vers les réseaux sociaux et les médias alternatifs, où d'autres perspectives peuvent être exprimées et entendues. Il suffit de prendre l'exemple de la polémique à Sciences Po du mois de mars et d'observer la façon dont cet incident a été relayé dans les médias, provoquant une panique nationale dépourvue d'analyse critique – “antisémitisme à Sciences Po !” –, pour mesurer l'absence d'un travail journalistique de fond auprès des étudiant·es se trouvant des deux côtés du débat. Les étudiant·es présent·es sur place avaient pourtant expliqué que la personne exclue de la conférence pro-Palestinienne l'avait été pour des raisons de harcèlement et de doxxing des étudiant·es mobilisés pour la Palestine – non pas parce qu'elle était juive. Ces voix n'ont été néanmoins entendues qu'après que la polémique ait explosé dans les médias et au sein du gouvernement, et ont été largement marginalisées dans le récit officiel de l'incident.

Grimer une colère légitime, abîmer la lutte contre l'antisémitisme

Mettre l'accent politique et médiatique sur l'inconfort de certain·es étudiant·es juif·ves face à ces mobilisations détourne l'attention du massacre en question, et contribue à effacer les revendications au cœur de ce mouvement : leur appel à mettre fin au génocide à Gaza et leur dénonciation de la complicité des institutions françaises dans celui-ci. Pourquoi les étudiant·es se mobilisent-ils et elles ? Oui, iels accusent Israël de commettre un génocide à Gaza. Oui, iels s'opposent à la colonisation et à l'apartheid. Oui, iels appellent à une Palestine libre, une terre où Palestinien·nes et Israélien·nes puissent vivre en sécurité et dans l'égalité, libéré·es du régime suprémaciste actuellement en place.

Mais allons plus loin – pourquoi sont ils et elles en colère ? Pourquoi risquent-ils et elles la suspension, l'arrestation par les forces de l'ordre, la violence des contre-manifestant·es ? Est-ce vraiment l'antisémitisme qui motive ces étudiant·es ou le rejet des étudiant·es juif·ves qui les poussent à se mettre en danger face à une répression de plus en plus brutale ? Le récit dominant témoigne à la fois d'une pauvreté intellectuelle – le reflet finalement de la pauvreté du débat public sur ces questions – mais il est aussi plus généralement une expression de la colonialité de l'Etat français, qui criminalise la colère de ses populations marginalisées.

Les appels à la décolonisation de la Palestine se heurtent à l'écosystème d'une France qui peine à reconnaître sa propre colonialité, comme nous le rappelle Elie Duprey, militant Tsedek !, dans un article pour Contretemps. La colère qui se manifeste sur les campus témoigne du rejet des structures coloniales et impérialistes qui ont permis le génocide à Gaza. La grimer en expression antisémite est non seulement une grave insulte à sa légitimité, mais cela salit également la lutte contre l'antisémitisme en le détournant de ses manifestations réelles.

Construction d'une “dérive antisémite” pour museler les soulèvements anti-coloniaux

Face au soulèvement populaire anti-colonial et anti-impérialiste qui émerge en réaction au génocide à Gaza, l'État français tremble. Il sait qu'il est visé. En prétendant vouloir assurer la sécurité des étudiant·es juif·ves, il cherche en réalité à préserver la légitimité de son soutien à l'État d'Israël tout comme son masque humaniste, un masque qui couvre son refus de regarder en face sa propre colonialité. Une fois de plus, il se sert des Juif·ves pour criminaliser le mouvement contestataire ; la “dérive antisémite” est ainsi devenue le symbole d'une France attaquée par celles et ceux qui ne s'inscriraient pas dans le nouvel arc Républicain de cette nation “judéo-chrétienne”, notamment la gauche et les populations issues de l'immigration post-coloniale.

Les universités, elles aussi, font le choix de la répression. Ce faisant, elles mettent physiquement en danger les étudiant·es participant aux mobilisations de solidarité avec la Palestine. Face au malaise, elles répondent par l'insécurité.

Deborah Leter

[1] La rédactrice en chef de Jewish Currents, Arielle Angel, le journaliste Peter Beinart, la rédactrice en chef adjointe Mari Cohen et l'éditeur Daniel May.

Photographie tirée du compte Instagram d'Urgence Palestine, @urgencepalestine.

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Etats-Unis-Palestine-Israël. Quand l’histoire et le sens de l’expression « From the River to the Sea » sont subvertis pour la charger d’antisémitisme

La vague de manifestations pro-palestiniennes qui a déferlé sur les campus des Etats-Unis a été déclenchée par l'ordre donné par la présidente de l'Université de Columbia (…)

La vague de manifestations pro-palestiniennes qui a déferlé sur les campus des Etats-Unis a été déclenchée par l'ordre donné par la présidente de l'Université de Columbia [depuis juillet 2023, elle a occupé antérieurement le poste de vice-présidente à la Banque mondiale et de dirigeante au FMI], Minouche Shafik, de faire évacuer par la force un campement pacifique le 18 avril. Cette décision est le résultat direct de son audition la veille devant une commission de la Chambre des représentants à Washington enquêtant sur l'antisémitisme présumé sur les campus américains. Lors de cette audition, elle s'est engagée à prendre des mesures contre les manifestant·e·s.

Tiré d'À l'encontre.

L'un des principaux thèmes abordés lors de l'audition était le slogan, populaire parmi les manifestants pro-palestiniens : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ».

***

La députée Elise Stefanik (républicaine, New York – durant le mandat de Donald Trump elle s'est rapprochée de ses positions et défend l'idée que l'élection présidentielle de 2020 a été truquée), se référant à une résolution adoptée par la Chambre des représentants trois jours plus tôt, a pressé Minouche Shafik de prendre acte du fait que « 377 membres du Congrès sur 435 condamnent “comme antisémite” le slogan “du fleuve à la mer” ». Minouche Shafik a répondu qu'elle était d'accord avec cette déclaration, qu'elle avait clairement indiqué que le slogan était inacceptable et que « nous menons actuellement des procédures disciplinaires concernant ce type de propos ».

***

Au cours des dernières semaines, pour discréditer les manifestations nationales, principalement axées sur les demandes de désinvestissement des universités dans les entreprises qui soutiennent l'occupation israélienne et le génocide à Gaza, usage a été fait d'une critique de ce slogan. Des membres du Congrès ont insisté sur le fait que les étudiant·e·s qui emploient ce slogan expriment leur soutien au massacre des Juifs [entre autres le 7 octobre]. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott [républicain en fonction depuis le 20 janvier 2015], a publié un décret déclarant que ce slogan est intrinsèquement et évidemment antisémite. Il a pris que les étudiant·e·s qui l'utilisent feront l'objet de mesures disciplinaires.

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La résolution de la Chambre des représentants, adoptée le 16 avril, à laquelle il est fait référence dans l'audition de Minouche Shafik, affirme que la phrase est « antisémite », qu'elle « perpétue la haine » à l'égard des Juifs et qu'elle constitue un appel « à l'expulsion du peuple juif de sa patrie ancestrale ».

Cependant, pour la grande majorité des Américains qui utilisent ce slogan, « d'un fleuve à l'autre » a une signification très différente.

A l'origine, cette expression a été lancée par des nationalistes palestiniens laïques dans les années 1960, qui réclamaient un Etat démocratique laïque dans les limites de ce qui était le mandat britannique pour la Palestine, englobant Israël, la Cisjordanie alors contrôlée par la Jordanie et la bande de Gaza alors administrée par l'Egypte, autrement dit les terres situées entre le Jourdain et la mer Méditerranée. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) l'a adoptée peu après la conquête par Israël des parties restantes de la Palestine en 1967, bien qu'elle ait par la suite reconnu le contrôle israélien sur 78% du territoire.

Rien n'indique que sauf une infime minorité utilisant le slogan soutient le « meurtre » ou le « nettoyage ethnique » des Juifs résidant dans ce qui est aujourd'hui Israël. La Déclaration de Jérusalem sur l'antisémitisme [1], signée par des centaines de spécialistes de l'antisémitisme et largement reconnue comme l'une des définitions définitives de l'antisémitisme, en particulier en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, stipule explicitement que la formule n'est pas antisémite.

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Etant donné que tant de Juifs des Etats-Unis ont été amenés à penser que les appels à une Palestine libre du fleuve à la mer étaient en réalité des appels au génocide, certains militants pro-palestiniens ont exhorté le mouvement plus large pour la libération de la Palestine à envisager des modifications du slogan pour aider à lutter contre la désinformation rampante dont il fait l'objet. Il est vrai qu'un slogan du type « de la rivière à la mer, nous voulons l'égalité totale » pourrait être plus difficile à dénaturer pour la droite que « de la rivière à la mer, la Palestine sera libre ». Mais compte tenu des profondes racines historiques du slogan, il est peu probable que l'ensemble du mouvement de solidarité avec la Palestine décide soudainement de l'abandonner afin d'éviter les campagnes de distorsion, de désinformation de la droite.

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Les principaux sponsors de la résolution de la Chambre des représentants du 16 avril et les intervenants les plus sévères lors des auditions de la commission étaient des républicains dont l'objectif apparent est de creuser un fossé entre des éléments de la communauté juive et les progressistes, et de détourner l'attention du véritable antisémitisme émanant de l'aile Trump du parti. Ces chrétiens conservateurs blancs [évangélistes dont l'importance est soulignée dans l'ouvrage de Jean-Pierre Filiu Comment la Palestine fut perdue, Le Seuil, février 2024] tentent d'effrayer les Juifs en leur faisant croire que les personnes qui expriment leur solidarité avec la Palestine ne demandent pas l'égalité, mais essaient au contraire de les tuer. Ils essaient essentiellement de convaincre les Juifs, dont beaucoup ont été à l'avant-garde des mouvements pour l'égalité pendant des siècles, que les demandes d'égalité sont en quelque sorte une menace [voir à ce propos l'article d'Enzo Traverso publié sur ce site le 19 avril 2024 et son entretien inclus dans l'article].

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Ces efforts hypocrites et trompeurs visant à assimiler le plaidoyer en faveur d'un système démocratique « une personne, un vote » dans toute la Palestine à un plaidoyer en faveur du meurtre des Juifs rappellent les affirmations tout aussi fallacieuses faites dans les années 1980 par les partisans de l'apartheid sud-africain qui insistaient sur le fait que les demandes similaires « une personne, un vote » formulées par le mouvement anti-apartheid étaient en fait un appel au meurtre des Sud-Africains blancs. Dans les deux cas, ces critiques s'opposent en fait au concept d'égalité. Les promoteurs républicains de l'actuelle résolution sur l'« antisémitisme » sont des fanatiques anti-arabes bien connus [aux Etats-Unis] qui manipulent cyniquement les craintes des Juifs pour les besoins de leur programme de droite.

Malheureusement, la grande majorité des démocrates de la Chambre des représentants semblent également participer à cet effort – seuls 44 des 213 membres démocrates de la Chambre ont voté contre.

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En outre, la formulation de la résolution de la Chambre montre clairement que son intention n'était pas de défendre les Juifs contre un slogan prétendument antisémite, mais de promouvoir un récit de droite sur Israël et la Palestine. Cette résolution contient une série de paragraphes qui n'ont rien à voir avec le slogan, y compris l'affirmation réfutée [par exemple par la chaîne I24 après l'avoir diffusée] que le Hamas « a décapité des dizaines de bébés », ainsi que la fausse accusation selon laquelle le Hamas a intentionnellement situé « ses dépôts d'armes militaires et ses avant-postes de renseignement directement sous » l'hôpital Al-Shifa.

Le principal auteur de la résolution, le député Anthony D'Esposito (républicain, New York – élu en janvier 2023), a qualifié de « pro-Hamas » les démocrates qui soutiennent le conditionnement de l'aide militaire à Netanyahou. Le fait que 162 des 213 démocrates de la Chambre des représentants soient prêts à croire sa parole sur ce qui s'est passé en Israël et à Gaza plutôt que des enquêtes indépendantes et à croire son interprétation de ce que veulent dire les manifestants pro-palestiniens plutôt que ce qu'ils disent eux-mêmes – la majorité d'entre eux votant vraisemblablement pour le Parti démocrate – montre à quel point le Parti démocrate s'est déplacé à droite sous l'impulsion de Biden.

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En novembre, la Chambre des représentants a adopté une motion exceptionnelle de censure visant la députée Rashida Tlaib (démocrate, Michigan, d'origine palestinienne) pour avoir utilisé ce slogan. Rédigée par Rich McCormick, républicain de Géorgie, cette motion affirmait que l'expression « du fleuve à la mer » était « un appel génocidaire à la violence pour détruire l'Etat d'Israël et son peuple ». La motion condamnait ce qu'elle qualifiait de « fausse interprétation de la formule “du fleuve à la mer” comme “un appel à la liberté, aux droits de l'homme et à la coexistence pacifique”, alors qu'elle implique clairement la destruction d'Israël ». Il semble qu'au Congrès, comme partout ailleurs, les hommes blancs plus âgés soient prompts à croire que les jeunes femmes de couleur ne savent pas vraiment ce qu'elles disent, et que c'est donc à eux d'expliquer au monde ce que les jeunes femmes de couleur veulent vraiment dire.

En revanche, aucune motion de censure n'a été déposée contre le représentant Andy Ogles (républicain, Tennessee) qui, en réponse aux préoccupations d'un militant concernant l'assassinat d'enfants palestiniens par Israël, a répondu : « Je pense que nous devrions tous les tuer », ou contre le représentant Brian Mast (républicain, Floride) qui a déclaré qu'« il y a très peu de civils palestiniens innocents », ou encore contre le sénateur Lindsey Graham (républicain, Floride) qui a appelé Israël à « raser l'endroit » lorsqu'il a commencé sa campagne de bombardements sur Gaza. Ou encore le représentant Tim Walberg (républicain, Michigan) qui a affirmé, à propos de Gaza : « Ce devrait être comme Hiroshima et Nagasaki. Qu'on en finisse vite. » Pour le Congrès, ces appels au génocide ne sont pas aussi problématiques que l'appel à un Etat binational démocratique.

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Paradoxalement, c'est Israël – et non l'OLP, l'Autorité palestinienne ou la majorité des militants états-uniens engagés dans la solidarité – qui appelle à la suprématie d'un peuple sur l'autre, du fleuve à la mer. Le programme du Likoud, le parti du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le plus grand parti de la coalition au pouvoir, déclare explicitement qu'« entre la mer et le Jourdain, il n'y aura que la souveraineté israélienne ». Le 18 janvier 2024, Netanyahou a réaffirmé qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien : « C'est pourquoi je précise que dans tout autre accord, à l'avenir, l'Etat d'Israël devra contrôler toute la zone allant du fleuve à la mer. »

Lors de son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, Netanyahou a brandi une carte montrant qu'Israël contrôlait toutes les terres situées entre le Jourdain et la Méditerranée.

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L'écrasante majorité des co-auteurs de la résolution de la Chambre des représentants sont d'accord avec le gouvernement israélien pour dire qu'il devrait y avoir un Etat juif israélien dans toute la Palestine historique et ont exprimé leur opposition même à un mini-Etat palestinien en Cisjordanie. Ainsi, dans une tentative orwellienne de dissimuler leur propre sectarisme, ils prétendent que ceux qui veulent l'égalité des droits du fleuve à la mer sont en fait les sectaires.

Effectivement, aucune résolution du Congrès n'a condamné les appels à la suprématie juive israélienne « du fleuve à la mer », mais seulement la condamnation de l'expression dans le contexte de l'égalité des droits pour tous et toutes.

Le soutien à un Etat démocratique et laïque dans toute la Palestine n'est pas une position radicale. Un récent sondage a montré qu'environ trois quarts des Etats-Unies, dont 80% des démocrates et 64% des républicains, soutiendraient un Etat démocratique pour tous les peuples si une solution à deux Etats s'avérait impossible (ce qui semble de plus en plus probable).

Dans ce monde, les extrémistes antisémites qui veulent tuer ou expulser les Juifs existent bien sûr. En effet, certaines des forces antisémites les plus puissantes au monde sont des sionistes chrétiens qui veulent activement que les Juifs continuent à coloniser la Palestine, dans le but de provoquer un Armageddon auquel ni les Juifs ni les musulmans ne survivraient.

Toutefois, les efforts visant à criminaliser l'expression « de la rivière à la mer » ne découlent pas d'une préoccupation sincère à l'égard de ces cas d'antisémitisme réel dans le monde entier, mais d'une tentative de discréditer les protestations légitimes. C'est pourquoi il est essentiel de s'opposer à cet alarmisme hypocrite. (Article publié par Truthout le 5 mai 2024, traduction-édition rédaction A l'Encontre)

Stephen Zunes, professeur de politique à l'université de San Francisco, est actuellement professeur invité de recherche Torgny Segerstedt à l'université de Göteborg en Suède.


[1] Voici ici la « Déclaration de Jérusalem sur l'antisémitisme » datant de 2020. Aux points 11, 12 et 13 du chapitre C, il est écrit : « 11. Soutenir l'exigence de justice du peuple palestinien et sa recherche de l'obtention de l'intégralité de ses droits politiques, nationaux, civiques et humains, en conformité avec le droit international.

Critiquer le sionisme ou s'y opposer, en tant que forme de nationalisme, ou plaider pour la mise en place de différents types de solutions constitutionnelles, pour les juifs et pour les Palestiniens, dans la région située entre le Jourdain et la Méditerranée. Il n'est pas antisémite de se prononcer en faveur de modalités politiques accordant une égalité pleine et entière à tous les habitants de cette région, qu'il s'agisse de prôner une solution à deux États, la création d'un État binational, d'un État unitaire démocratique ou d'un État fédéral, ou la mise en place de tout autre système politique, quelle qu'en soit la forme.

Critiquer Israël en tant qu'État, en s'appuyant sur des faits ; cette critique peut notamment porter sur les institutions nationales de ce pays et sur ses principes fondateurs. Elle peut également inclure la remise en cause des politiques et des pratiques d'Israël, à l'échelon national et international ; il peut, en particulier, s'agir de critiquer son comportement en Cisjordanie et à Gaza, son rôle dans la région ou toute autre manière dont cet État exerce, en tant que tel, une influence sur les événements dans le monde. Il n'est pas antisémite de mettre en exergue une discrimination raciale systématique en Israël. D'une manière générale, le débat sur la situation en Israël et en Palestine doit être soumis à des normes identiques à celles qui prévalent dans le cas d'autres États et d'autres conflits d'autodétermination nationale. Ainsi, même s'il s'agit d'une position controversée, il n'est pas antisémite, en soi, d'établir des parallèles entre la situation d'aujourd'hui en Israël et d'autres contextes historiques, y compris de colonisation de peuplement ou d'apartheid. »
La version anglaise permet de prendre connaissance des signataires : https://jerusalemdeclaration.org/

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L'excellente publication de gauche, juive, aux Etats-Unis Forward, le 3 décembre 2018, situait historiquement ce mot d'ordre : « Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, qui vivaient respectivement sous le régime jordanien et égyptien, ont été confrontés à des mesures de répression autoritaires qui les ont empêchés d'exprimer pleinement leurs opinions politiques.

En d'autres termes, après 1948, les Palestiniens n'ont pu vivre en toute liberté et dignité nulle part dans leur patrie.

C'est ainsi que l'appel à une Palestine libre “du fleuve à la mer” a pris de l'ampleur dans les années 1960. Il s'inscrivait dans le cadre d'un appel plus large en faveur de l'établissement d'un État démocratique laïque dans l'ensemble de la Palestine historique. Les Palestiniens espéraient que leur État serait libéré de toutes sortes d'oppressions, de la part des régimes israéliens comme des régimes arabes.

Certes, beaucoup de Palestiniens pensaient que dans un Etat démocratique unique, de nombreux Israéliens juifs partiraient volontairement, comme l'ont fait les colons français en Algérie lorsque ce pays a obtenu son indépendance des Français. Cette conviction s'inscrivait dans le contexte anticolonial dans lequel le mouvement de libération palestinien a vu le jour.

C'est pourquoi, malgré la rhétorique parfois exagérée de certains dirigeants, il n'y a pas eu de position palestinienne officielle appelant au départ forcé des Juifs de Palestine. Cette position s'est maintenue malgré la campagne médiatique israélienne qui, après la guerre de 1967, a affirmé que les Palestiniens souhaitaient “jeter les Juifs à la mer”. »

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Voir de même sur le site alencontre la déclaration signée par Mateo Alaluf, Vincent Engel, Fenya Fischler, Henri Goldman, Heinz Hurwitz, Simone Süsskind, intitulée « Antisémitisme : combattre le feu avec les pyromanes ? » et publiée le 16 mars 2023.

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Un mouvement étudiant mondial contre le capital pro-Israël

Les campus universitaires à travers le monde sont devenus des champs de bataille pour la justice et l'éthique dans les investissements, sous l'impulsion des mouvements (…)

Les campus universitaires à travers le monde sont devenus des champs de bataille pour la justice et l'éthique dans les investissements, sous l'impulsion des mouvements étudiants pro-palestiniens. Depuis le déclenchement en octobre de la guerre génocidaire sur Gaza, les étudiant.es ont été au premier rang pour réagir et sortir du déni mondial.

Tiré du Journal des alternatives.

La communauté étudiante dénonce l'invisibilité de ce génocide à travers différents moyens pacifiques (manifestations, sit-in ou encore campements). Certain.es ont même été hospitalisées suite au manque de réponse des universités aux grèves de la faim.

Un phénomène mondial de résistance étudiante

Ces mouvements, centrés sur les campagnes de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël, posent des questions cruciales sur la responsabilité des institutions d'enseignement supérieur dans les conflits internationaux. La Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d'Israël (PACBI), en place depuis 2004, plaide pour un boycott des institutions universitaires et culturelles en raison de leur complicité profonde et persistante dans le déni par Israël des droits des Palestinien.nes stipulés dans le droit international.

Le mouvement a commencé le 17 avril dans l'Université de Columbia et s'est rapidement propagé à d'autres prestigieux établissements américains comme New York University (NYU), Yale, Harvard et University of California Los Angeles (UCLA), avant de gagner différentes universités de la planète.

À Paris, avec des occupations des bâtiments de la Sorbonne et de Sciences Po, puis à Montréal, avec le campement sur le campus McGill, principalement d'étudiant.e.s des universités anglophones.

Lundi, l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) à Vancouver s'est jointe au mouvement, suivi par l'Université d'Ottawa mardi. Des tentes ont aussi émergé à l'Université de Victoria, l'Université Western de London et l'Université de Toronto.

La vague d'occupations d'étudiant.es s'est dispersée dans les autres continents dans la dernière semaine. Un camp a vu le jour devant l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) et d'autres au Japon, à l'Université Waseda et à l'Université de Tokyo.

Grève de la faim : une action pacifique

Une douzaine d'étudiant.es ont choisi de faire une grève de la faim en février suite à l'inaction de l'université McGill vis-à-vis leurs manifestations pacifiques des derniers mois. Rania Amine, une étudiante au premier cycle, s'est fait hospitaliser après 34 jours sans nourriture. Ils commenceront lundi prochain leur 78e jour de grève de la faim, à cause du refus constant de l'administration d'entendre leurs demandes. (@mcgillhungerstrike)

L'université anglophone aurait environ 20 millions d'investissements dans des compagnies qui financent directement ou indirectement le génocide palestinien.

La grève de la faim s'est rendue en France, où des étudiant.es de Sciences PoParis ont commencé cette action le jeudi 2 mai. (@comitepalestinescpo)

Cette action pacifique est aussi présente sur les campus américains comme l'Université de Brown avec la participation de plus de 20 étudiant.es depuis le 2 février. Un groupe à Princeton a commencé leur jeûne ce vendredi. (@princetondivestnow)

Ils utilisent la grève de la faim pour aussi dénoncer la famine imposée sur les millions de Palestinien.nes par le gouvernement israélien. (@gaza.starving)

Répression et liberté d'expression : une balance précaire

Les répercussions sur la liberté d'expression sont palpables. Les étudiant.es, souvent masquées et parlant sous couvert d'anonymat, expriment une peur réelle de répercussions académiques ou professionnelles. Plusieurs étudiant.es ont été expulsés de leurs établissements pour avoir dénoncé le génocide actuel, dont quatre étudiant.es de Columbia qui ont aussi été expulsés de leur logement universitaire à la suite de l'événement « Résistance 101 ».

En France, la conférence sur « l'actualité de la Palestine » de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan du 18 avril à l'Université de Lille est annulée par l'administration universitaire.

Aux États-Unis et au Canada, les actions des étudiant.es propalestiniens ont souvent été rencontrées avec une forte résistance administrative et policière. Plusieurs étudiant.es attendent pour voir s'ils font face à des charges criminelles suite à des arrestations violentes à l'université Columbia, Yale ou encore Brown. Plus de 2 000 manifestant.es sur différents campus ont été arrêté.es aux États-Unis.

L'action pacifique choisie par les collectifs militants est régulièrement testée par la présence de contre-manifestants et d'interventions policières. Notamment à UCLA où le campement a été violemment démantelé début mai suite à un « appel à l'ordre » du président Joe Biden face à cette mobilisation étudiante.

En demandant aux policiers (SPVM) de démanteler le campement propalestinien de McGill en plein centre-ville, François Legault participe à une montée d'actions répressives des gouvernements qui font détourner l'attention des revendications légitimes des étudiant.es.

Quels impacts auront ces mobilisations ?

Historiquement, que ça soit pour le mouvement dénonçant l'apartheid en Afrique du Sud ou la guerre au Vietnam, les mouvements étudiants ont été un élément clé pour faire pression sur les gouvernements. La mobilisation étudiante en 1968 fut un accélérateur de changements en France, mais aussi ailleurs dans le monde. On peut aussi penser au Printemps érable et au mouvement des carrés rouges au Québec en 2012.

Les appels au désinvestissement ont connu des succès plutôt mitigés.

Certaines victoires se sont fait voir dans les dernières semaines. Quatre universités norvégiennes (Oslo Met, l'Université du sud-est, Bergen et l'école d'architecture de Bergen) ont suspendu leurs liens avec les universités israéliennes. Le Pitzer College en Californie a mis fin à son programme d'études à l'étranger avec l'Université de Haïfa, après des années de campagne. L'administration de l'Université Brown (Rhodes Island) s'est engagée à voter sur le désinvestissement des entreprises affiliées à Israël, grâce au campement étudiant. Mais concrètement, aucune université américaine n'a entrepris de vraies démarches de désinvestissement.

Solidarité étudiante

Les demandes des étudiant.es vont au-delà du désinvestissement des fonds d'investissement qui soutiennent l'armement israélien. Elles appellent à un examen de conscience collective sur le rôle de l'éducation et des institutions académiques dans le conflit. Les trois universités israéliennes, soit l'Université ben Gourion du Néguev, l'Université hébraïque de Jérusalem et l'Université de Tel-Aviv, sont encore affichées dans la liste des partenaires de l'Université de Montréal pour les ententes internationales.

Cette montée en puissance de la solidarité étudiante, qui se répand rapidement d'un campus à l'autre à travers le monde, montre non seulement leur capacité à mobiliser autour de causes importantes, mais aussi leur volonté de faire entendre leur voix dans des débats mondiaux cruciaux. Ces événements confirment la capacité de la jeunesse d'aujourd'hui à être une force puissante de solidarité internationaliste et de changement dans les années à venir.

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Guerre contre Ghaza : Revers successifs sur fond de génocide pour Netanyahu et Israël

Tout au long de ces 7 mois d'agression contre les populations civiles palestiniennes, on a pu se rendre compte à quel point le degré d'inhumanité a été chaque jour dépassé par (…)

Tout au long de ces 7 mois d'agression contre les populations civiles palestiniennes, on a pu se rendre compte à quel point le degré d'inhumanité a été chaque jour dépassé par les ordonnateurs du génocide et de l'épuration ethnique qui n'épargnent ni femmes ni enfants.

Tiré d'El Watan.

Une débâcle sur tous les fronts, c'est le moins que l'on puisse dire après la série d'échecs que vient d'essuyer l'entité sioniste. Non seulement sur le plan militaire, 7 mois après le début de l'agression contre Ghaza, Netanyahu n'a toujours pas réussi à réduire au silence la résistance palestinienne ni réussi à libérer les otages israéliens enlevés le 7 octobre 2023.

Mais aussi sur le plan diplomatique, notamment au siège des Nations unies où l'Assemblée générale a adopté, à l'écrasante majorité des deux tiers, une résolution recommandant d'accorder à la Palestine le statut de membre à part entière de l'organisation. Bien plus que symbolique, en dépit du veto américain qui lui a été opposé au Conseil de sécurité, ce texte qui a recueilli l'adhésion de 143 Etats membres de l'ONU, n'en n'est pas moins un succès à mettre à l'actif de la Palestine dont la population est en train de subir un véritable génocide ordonné par Netanyahu et les ministres suprémacistes de son gouvernement.

Un succès puisque, avec le vote de cette résolution, 143 pays ont estimé que la Palestine a le droit d'exister en tant qu'Etat. Ils étaient 137 avant ce vote de l'Assemblée générale de l'ONU à l'avoir fait de manière bilatérale. D'autres pays européens ont annoncé leur intention de reconnaître l'Etat de Palestine dans les jours qui viennent, à l'instar de l'Espagne de la Slovénie et de l'Irlande qui le feront de manière conjointe.

Loin d'avoir réussi à libérer les otages comme il l'avait promis face à l'opinion de son pays, Netanyahu est aujourd'hui responsable de la mort d'un certain nombre d'entre eux sous les bombardements et les pilonnages des territoires ghazaouis par l'armée sioniste d'occupation. Tout comme il expose la vie des autres survivants menacés par les bombes israéliennes ou par le désespoir allant jusqu'à entraîner au suicide pour en finir avec les mois de souffrance qu'ils ont endurés, comme vient de le révéler les brigades Al Qassam après la tentative de l'un d'entre eux d'attenter à sa vie.

Tout au long de ces 7 mois d'agression contre les populations civiles palestiniennes, on a pu se rendre compte à quel point le degré d'inhumanité a été chaque jour dépassé par les ordonnateurs du génocide et de l'épuration ethnique qui n'épargnent ni femmes ni enfants.

Une inhumanité qui ne recule devant rien, ni devant la condamnation des instances onusiennes, de la Cour internationale de justice ou de la plupart des pays qui viennent de voter la résolution des Nations unies en faveur de la Palestine, ni même encore moins devant la colère des familles des otages et de l'opinion publique en Israël. Elles savent en effet que des instructions ont été données aux unités sionistes d'intervention de ne pas reculer dans toute offensive sur le terrain y compris lorsque des vies israéliennes sont exposées à une mort certaine.

Celles-ci, au nom de la fameuse directive Hannibal, ne doivent en aucun cas servir de monnaie d'échange entre les mains des Palestiniens dans d'éventuelles négociations. Comme on peut le constater, Netanyahu et ses militaires génocidaires sont prêts à aller jusqu'au bout dans leur sinistre entreprise d'extermination des Palestiniens, y compris en sacrifiant la vie de leurs concitoyens.

Quid alors de cette profession de foi qui a fait dire à tous les dirigeants sionistes qui se sont succédé depuis 1948 qu'Israël serait le seul endroit où tous les juifs seraient en sécurité ! Difficile d'être en sécurité dans un pays où l'Etat serait prêt à sacrifier la vie de citoyens sur l'autel de préceptes doctrinaires suprémacistes et racistes. C'est aussi en cela que l'entité sioniste a été qualifiée d'Etat de l'apartheid par Amnesty International en 2020 et d'autres Organisations internationales de défense des droits humains.

Sur le plan militaire, l'armée d'occupation fait face à d'audacieuses actions militaires de la part des groupes de la résistance ghazouie subissant ainsi de graves pertes humaines et de lourds dégâts matériels qui viennent démentir le mythe de son invincibilité face aux armées arabes depuis 1949.

Après 7 mois de destructions et de ravages de la bande Ghaza dans sa presque totalité, le minuscule réduit de Rafah, aujourd'hui presque totalement encerclé mais qui subit, néanmoins, quotidiennement des attaques sionistes suivies de crimes de guerre, vit sous la menace d'une agression d'une ampleur meurtrière inégalée et dévastatrice eu égard au nombre élevé de civils qui s'y trouvent.

Malgré cela, la résistance ghazaouie parvient à mener des attaques contre des cibles de l'armée d'occupation non seulement dans la bande de Ghaza, mais également bien au-delà, dans les territoires occupés et jusqu'au nord d'Israël. Face à ces échecs successifs, Netanyahu essaie, avec la complaisance américaine, celle de certains pays occidentaux et avec la duplicité de certains régimes arabes, de gagner du temps par des manœuvres dilatoires dans les négociations avec le Mouvement Hamas.

Le temps de poursuivre et achever son entreprise d'extermination des populations civiles palestiniennes de Ghaza dans un premier temps, et celles de Cisjordanie, plus tard. Pour l'heure, il s'acharne sur les habitants de Rafah, les forçant à quitter la localité frontalière avec l'Egypte afin de pouvoir réduire ces lieux en cendres et en charniers humains.

D'ores et déjà, plus de 100 000 personnes selon l'UNRWA, l'agence onusienne, ont fui la ville et ses environs pour se réfugier plus au Nord. En tout, plus de 300 000 Ghazaouis seraient forcés de refluer vers d'autres cités, déjà totalement rasées… Le génocide se poursuit ainsi, en toute impunité, avec la complaisance des Américains, des Occidentaux et de certains pays arabes ceux-là mêmes qui ont accepté de normaliser leurs relations avec l'entité sioniste.

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Théories et pratiques antispécistes

14 mai 2024, par Christiane Bailey, Alexia Renard

De la suprématie humaine aux droits des animaux

14 mai 2024, par Christiane Bailey
Cet article présente trois cadres éthiques pour penser la justice de nos relations aux autres animaux. La vieille éthique anti-cruauté, héritée d’une théorie morale dans (…)

Cet article présente trois cadres éthiques pour penser la justice de nos relations aux autres animaux. La vieille éthique anti-cruauté, héritée d’une théorie morale dans laquelle les animaux ne comptent pas pour eux-mêmes et ne sont protégés qu’en raison des bénéfices que cela apporte aux humain·es. L’éthique du bien-être animal, qui admet que la sensibilité des animaux nous oblige à ne pas les faire souffrir « sans nécessité », mais ne reconnaît pas le fait de les exploiter, de les tuer et de les priver de leur liberté comme un tort pourvu qu’on réduise leurs souffrances. Enfin, les théories des droits des animaux qui accordent une valeur à la vie et à la liberté des autres animaux en leur reconnaissant des droits fondamentaux en tant qu’êtres sentients et des droits sociaux et politiques en tant que membres de communautés. Réformistes et abolitionnistes devraient néanmoins s’entendre pour normaliser l’aide aux animaux - et non seulement le devoir d’éviter de leur faire du mal.

Noyer le poisson pour mieux le manger

14 mai 2024, par Victor Duran-Le Peuch
L’exploitation des poissons pose un défi tout particulier aux luttes antispécistes. Leur monde est très différent de celui des humains ; ils font partie des individus les plus (…)

L’exploitation des poissons pose un défi tout particulier aux luttes antispécistes. Leur monde est très différent de celui des humains ; ils font partie des individus les plus altérisés, dont on sous-estime le plus les capacités mentales et dont la sentience est encore remise en doute ; leur mort n’est jamais considérée comme un drame digne d’être pleuré alors même que les animaux aquatiques sont les plus nombreuses victimes du spécisme. La responsabilité est d’autant plus forte de ne pas les négliger dans la construction d’un monde inter-espèces plus juste, en sachant construire une solidarité politique qui demande plus d’efforts conscients.

Les vaches font-elles l’amour ? Fisting, stripping, et autres bestialités agricoles

14 mai 2024, par Sarah Fravica
Quand nous parlons de sexualité animale, on peut à tout le moins dire qu’il y a un angle-mort à l’égard des animaux domestiqués. Nous nous intéressons moins à leurs (…)

Quand nous parlons de sexualité animale, on peut à tout le moins dire qu’il y a un angle-mort à l’égard des animaux domestiqués. Nous nous intéressons moins à leurs comportements et intentions sexuels qu’aux moyens par lesquels nous pouvons les reproduire le plus efficacement possible ou, à l’inverse, à la façon de limiter leur reproduction. Il ne s’agit pas de leur sexualité, mais bien de notre maîtrise de leur pouvoir reproductif. C’est nous, qui leur faisons des bébés. Pour les vendre, pour les manger. Pour cette raison, je ne sais pas si les vaches font l’amour. Ma question est plutôt ironique, car je sais que cela ne nous préoccupe pas. En m’intéressant à l’infraction de bestialité ainsi qu’à nos mœurs au regard de ce crime, puis par le biais d’une réflexion sur le consentement animal, je problématise les procédures au cœur de l’élevage animalier qui exploitent le système reproductif des animaux domestiqués.

Les humains qui voulaient être prédateurs : méprise identitaire ou écologique ?

14 mai 2024, par Véronique Armstrong
Cet article se concentre sur le désir profond des humains de se voir au sommet de la chaîne alimentaire, tels des prédateurs, et aux impacts environnementaux de ce vertigo. Les (…)

Cet article se concentre sur le désir profond des humains de se voir au sommet de la chaîne alimentaire, tels des prédateurs, et aux impacts environnementaux de ce vertigo. Les motifs derrière cette perception seraient surtout de l’ordre des préférences alimentaires, et plutôt éloignés de ce que peut nous enseigner l’écologie. Or, on peut noter que plusieurs concepts avancés par des spécialistes en éthique environnementale contribuent à renforcer une image positive des humains en tant que prédateurs et à les conforter dans leur hiérarchie imaginaire. La notion de « lois naturelles » est mobilisée afin d’inscrire les réflexions dans un cadre écologique et de vérifier si la prédation que tiennent à pratiquer les humains respecte l’objectif fondamental d’une éthique écocentrée : revoir la place des humains dans leur propre hiérarchie du monde afin de permettre une cohabitation harmonieuse avec la nature.

De la protection des chevaux à la défense de tous les animaux : une brève histoire de la cause animale au Québec

14 mai 2024, par Virginie Simoneau-Gilbert
Mon texte offre un aperçu historique de la naissance de la cause animale au Québec et met en lumière les transformations majeures qui l’ont marquée. Dans un premier temps, nous (…)

Mon texte offre un aperçu historique de la naissance de la cause animale au Québec et met en lumière les transformations majeures qui l’ont marquée. Dans un premier temps, nous pourrons constater que la naissance de la cause animale au 19e siècle est tributaire de nouvelles inquiétudes liées à la manière dont sont traités les chevaux et les animaux de bétail par les membres de la classe ouvrière. Ces préoccupations ne sont pas étrangères aux valeurs bourgeoises portées par les dirigeants montréalais et à l’influence des lois britanniques sur les colonies de l’Amérique du Nord britannique. Dans un deuxième temps, nous verrons que le remplacement des chevaux par l’automobile et que l’implication des femmes au sein du mouvement sont à l’origine d’une redéfinition majeure de la cause animale et de ses priorités à l’aube du 20e siècle. À partir de 1914, la SPCA de Montréal se consacre presqu’entièrement à son refuge pour chiens et chats et ce, jusqu’aux années 1960. Enfin, en guise de conclusion, je retracerai brièvement la trajectoire prise par le mouvement animaliste québécois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en insistant sur la diversité de ses buts.

Pourquoi les féministes ne mangent pas les animaux

14 mai 2024, par Suzanne Zaccour
Peut-on être féministe et manger des animaux ? Si cette question parait saugrenue, c’est que nous n’avons pas l’habitude de voir l’élevage comme une industrie qui exploite le (…)

Peut-on être féministe et manger des animaux ? Si cette question parait saugrenue, c’est que nous n’avons pas l’habitude de voir l’élevage comme une industrie qui exploite le corps des individu·es, qui contrôle leur sexualité et leur reproduction, et qui passe outre leur consentement. En creusant un peu, on s’aperçoit que la consommation de viande est associée à la virilité et que les justifications à l’exploitation animale font écho à la culture du viol. Lorsqu’on exploite une vache sous prétexte qu’elle y consent, lorsqu’on sexualise les truies pour mieux se les approprier, lorsqu’on enferme les poules pour les prétendre « en liberté », on bafoue le consentement et l’intégrité corporelle qui sont si chèr·es au féminisme. De même, à prétendre que manger des animaux n’est qu’un choix personnel, on oublie que le privé est politique – le slogan le plus iconique de la pensée féministe. Et que dire de l’affirmation selon laquelle l’éleveur exploite « par amour », un refrain bien connu des victimes de violence conjugale ? Ce texte présente une critique féministe de l’exploitation animale. Il est composé d’extraits adaptés du livre que l’autrice fera bientôt paraitre. 

La solidarité animale empêchée

14 mai 2024, par Axelle Playoust-Braure
L’engagement pro-animaux se heurte à de nombreux obstacles sociaux et culturels, notamment la pression et les moqueries suscitées par le végétarisme, ainsi que la répression (…)

L’engagement pro-animaux se heurte à de nombreux obstacles sociaux et culturels, notamment la pression et les moqueries suscitées par le végétarisme, ainsi que la répression politique du mouvement animaliste. Ce phénomène, appelé "végéphobie" depuis 2001 en France, peut être comparé à d’autres formes de pression sociale comme celles subies par les femmes ne souhaitant pas procréer. Le spécisme, ou la discrimination fondée sur l’espèce, prend ainsi la forme d’une norme sociale, imposant des sanctions à ceux et celles qui y dérogent. La végéphobie décourage l’expression d’une solidarité envers les animaux, poussant certaines personnes à adopter un comportement de compromis pour éviter le conflit, tandis que d’autres s’efforcent de dépolitiser leur engagement pour échapper aux critiques. Face à ces défis, il existe un besoin critique de construire un mouvement antispéciste fort et inclusif, capable de résister à la végéphobie et d’obtenir des gains politiques pour les animaux.

Vers des villes plus justes envers les animaux

14 mai 2024, par Amandine Sanvisens
Au cœur des villes, de nombreux animaux vivent. Pourtant, ils sont méprisés voire tués ou encore privés de liberté. Des animaux liminaires aux animaux sauvages captifs des (…)

Au cœur des villes, de nombreux animaux vivent. Pourtant, ils sont méprisés voire tués ou encore privés de liberté. Des animaux liminaires aux animaux sauvages captifs des zoos, notre rapport aux animaux en ville est d’abord et avant tout une relation de domination. Les initiatives militantes des associations de protection animale, d’une part, et politique, d’autre part, sont en train d’émerger. Parce que les animaux font partie intégrante des villes, il est temps de les y inclure pleinement dans les politiques de la ville et donc de faire reculer la souffrance animale.

Les actions directes pour les animaux : l’histoire comme manuel d’instruction

14 mai 2024, par Valérie Éthier
Cet article développe une analyse historique des actions directes dans le mouvement de défense des droits des animaux. Après un court passage s’intéressant à l’action directe, (…)

Cet article développe une analyse historique des actions directes dans le mouvement de défense des droits des animaux. Après un court passage s’intéressant à l’action directe, il retrace l’histoire des mouvements du Front de libération animale (ALF), de Stop Huntingdon Animal Cruelty (SHAC) ainsi que de l’Open Rescue et des récentes poursuites contre les activistes pour les animaux.

Plus fantastique qu’un scénario de Disney : l’anthropomorphisme nuit-il aux animaux ?

14 mai 2024, par Émilie-Lune Sauvé
Malgré le vaste consensus scientifique sur les capacités cognitives et émotionnelles des animaux, la prise en compte de leurs intérêts fondamentaux, de leur capacité de (…)

Malgré le vaste consensus scientifique sur les capacités cognitives et émotionnelles des animaux, la prise en compte de leurs intérêts fondamentaux, de leur capacité de souffrir, de leurs capacités émotionnelles et relationnelles, pourtant fondées sur la science la plus récente, est encore parfois confondue avec de la sensiblerie et de l’anthropomorphisme. Bien sûr, pour quiconque cherche à entamer une réflexion rigoureuse sur notre rapport aux animaux, la prudence est de mise.  Éviter l'anthropomorphisme, soit éviter de prêter des intentions ou des comportements humains à d’autres espèces animales, est une notion phare qui doit éclairer notre raisonnement.  Les limitations qu’imposent nos propres référents dans l’appréhension du rapport au monde des autres animaux sont évidentes dans les façons dont les protocoles scientifiques sont conçus, notamment le test du miroir (ou test de Gallup). Toutefois, plutôt que de nier leur vie subjective, une prudence renouvelée envers nos réflexes anthropocentriques devrait bénéficier aux animaux et favoriser des démarches rigoureuses et exhaustives pour comprendre leurs ressentis. Les animaux militent de façon muette pour être considérés à l’intérieur d’une société plus juste qui les inclurait aussi et prendrait leurs intérêts en compte. Quand nous envisageons ce monde, le faisons-nous avec une part d’anthropomorphisme ?  Ce terme est-il nécessairement péjoratif ?

Questions d’éthique intergalactique

14 mai 2024, par Vincent Duhamel
Ce texte propose une expérience de pensée qui questionne la légitimité et la rationalité du spécisme. Imaginons que des extraterrestres viennent nous visiter pour goûter à de (…)

Ce texte propose une expérience de pensée qui questionne la légitimité et la rationalité du spécisme. Imaginons que des extraterrestres viennent nous visiter pour goûter à de la chair humaine, comment pourrions-nous les en dissuader ? Leur dire qu’ils ne peuvent pas nous tuer parce que nous sommes des humains n’aurait évidemment pas de poids, mais nous pourrions peut-être les convaincre en faisant appel à leur sens moral. S’appuyant sur la thèse de Peter Singer selon laquelle la raison est comme un escalier mécanique qui mène à prendre une perspective de plus en plus impartiale, Vincent Duhamel considère que nous avons toutes les raisons de penser que des extraterrestres développés technologiquement seraient assez moralement avancés pour prendre en considération nos intérêts - peu importe que nous soyons moins intelligents ou moins cognitivement sophistiqués qu’eux.

Les algorithmes contre les animaux

14 mai 2024, par Martin Gibert
Les algorithmes ont déjà des conséquences - négatives - sur la vie des animaux. Ils peuvent commettre des erreurs dommageables mais aussi contribuer à leur exploitation comme (…)

Les algorithmes ont déjà des conséquences - négatives - sur la vie des animaux. Ils peuvent commettre des erreurs dommageables mais aussi contribuer à leur exploitation comme dans les robots de traite ou les systèmes de reconnaissance des cris des cochons. Ils sont aussi au cœur du marketing et de la promotion des produits d’origine animale (viande, laitages, cuir). De façon plus indirecte, les algorithmes de génération de textes - comme ChatGPT - ou d’images - comme Midjourney - reproduisent des stéréotypes spécistes et renforcent la croyance commune que les animaux ne méritent pas d’être considérés moralement, si bien que leur exploitation est justifiée. En somme, ils normalisent la violence à leur endroit. C’est ce qu’on peut appeler l’argument du dommage épistémique à l’encontre des animaux. Cet article, à la croisée de l’éthique animale et de l’éthique de l’intelligence artificielle, pose en fin de compte une question aussi fondamentale qu’inédite : voulons-nous vraiment transmettre aux machines nos biais humains défavorables aux animaux?

Des fois, ça marche. Entrevue sur une ferme véganique en Suisse

14 mai 2024, par Sarah Heiligtag; Lucas Krishnapillai
Les sanctuaires nous laissent déjà entrevoir une vie commune avec les animaux qui ne soit pas marquée par leur exploitation. En tenant compte de leurs préférences (par exemple, (…)

Les sanctuaires nous laissent déjà entrevoir une vie commune avec les animaux qui ne soit pas marquée par leur exploitation. En tenant compte de leurs préférences (par exemple, quelle proximité ielles souhaitent entretenir avec les humain.es ou encore la façon dont ils souhaitent organiser leur quotidien), l’étape qui suit leur libération est mise en actes. Toutefois, ces expériences sont souvent cantonnées à des espaces restreints et qui sont sur le fil financièrement. En Suisse Alémanique, à une heure de Zurich, se joue autre chose. Sarah Heilligtag, avec les projets Hof Narr et Transfarmation, vient proposer un changement d’échelle. Hof Narr est le nom de sa ferme véganique au sein de laquelle elle accueille des animaux dits de ferme. L’idée est de montrer qu’il est possible de produire du maraîchage pour assurer sa subsistance et d’offrir un accueil aux animaux qui en ont besoin. Elle fut contactée par des agriculteur.ices refusant de continuer à tuer ou à profiter de leurs animaux, curieux.ses de ses solutions. Émerge alors Transfarmation, un programme destiné à celles et ceux intéressé.es à effectuer une transition d’une agriculture classique vers une agriculture véganique. Cet entretien nous donne les détails de cette histoire.

Arcane des mâtines

14 mai 2024, par Florence Noël

Rouge sidéral

14 mai 2024, par Anatoly Orlovsky

antennes grattant le ciel (extraits)

14 mai 2024, par Thórunn Valdimarsdóttir; Vala Sigurlaug, Anatoly Orlovsky

Lignes tracées dans la neige

14 mai 2024, par Thórunn Valdimarsdóttir; Anatoly Orlovsky
Discours prononcé au symposium Sylvia Kekkonen en Finlande

Discours prononcé au symposium Sylvia Kekkonen en Finlande

Choix de poèmes

14 mai 2024, par Móheiður Hlíf Geirlaugsdóttir; Anatoly Orlovsky

La fille de l’opticien (extraits)

14 mai 2024, par Ásdís Ingólfsdóttir; Anatoly Orlovsky

URD EST LE NOM DE L’UNE D’ELLES

14 mai 2024, par Paul-Georges Leroux

Skógafoss

14 mai 2024, par Anatoly Orlovsky

Aurore boréale à Borgarnes

14 mai 2024, par Bérangère Maïa Natasha Parizeau

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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

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