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En Roumanie, pas d’exploitation minière sur un site classé par l’Unesco

19 mars 2024, par Latifa Madani — , ,
La société Gabriel Resources réclamait 6,1 milliards d'euros de dommages et intérêts au gouvernement roumain pour avoir suspendu son projet de développement minier dans les (…)

La société Gabriel Resources réclamait 6,1 milliards d'euros de dommages et intérêts au gouvernement roumain pour avoir suspendu son projet de développement minier dans les Carpates.

Tiré de L'Humanité

* L'affaire remonte à 1999. La firme canadienne avait obtenu une licence d'exploitation de mines d'or dans la région, près du village de Rosia Montana, mais son projet avait été suspendu en 2013, après des manifestations géantes pour protester notamment contre l'utilisation de cyanure pour extraire l'or.

Gabriel Resources avait l'intention d'extraire des tonnes d'or et d'argent, endommageant au passage quatre massifs, l'essentiel des vestiges romains compris. En 2016, la Roumanie avait déclaré le site comme étant d'intérêt historique, évitant ainsi son exploitation. En 2021, l'Unesco le classe au patrimoine mondial. Il abrite, en effet, d'anciennes mines d'or romaines et des galeries minières vieilles de deux mille ans.

Au bout d'une longue bataille judiciaire, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements ( Cirdi ) – un groupe d'arbitrage de la Banque mondiale – a rejeté les demandes d'indemnisation de la société canadienne.

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Accroitre la participation syndicale des femmes : un pari réussi ?

19 mars 2024, par Audrey Parenteau, Julie Pinel — , ,
En 1974-1975, 66 % des membres de la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ) sont des femmes, mais leur taux de participation aux instances n'est que de 16 %. Si le (…)

En 1974-1975, 66 % des membres de la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ) sont des femmes, mais leur taux de participation aux instances n'est que de 16 %. Si le pourcentage de représentation des femmes s'est amélioré au fil des décennies au sein de l'organisation – devenue depuis la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) – des défis persistent.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

La sous-représentation des femmes pousse la CEQ à créer, en 1974, une équipe-conseil constituée de 9 femmes pour soutenir la négociation du secteur public. Cette équipe a le mandat de recenser les situations de discrimination et d'exploitation vécues par les travailleuses du secteur de l'enseignement, et de sensibiliser les membres à la condition des femmes dans le cadre de la négociation.

Puis, en 1976, afin de mieux comprendre ce qui freine les femmes à participer aux instances de la Centrale, le comité Laure-Gaudreault (ancêtre du comité d'action féministe de la CSQ), en collaboration avec l'Université du Québec à Montréal et l'Université de Montréal, lance une vaste enquête auprès des membres féminines des syndicats affiliés, recueillant un peu plus de 8 000 témoignages.

Pour expliquer leur non-participation aux instances, les répondantes évoquent plusieurs raisons, dont la double tâche d'épouse et de mère, la priorité donnée au travail ou encore l'absence de conviction syndicale. Fait intéressant, l'analyse des réponses permet de cerner l a principale entrave à la participation des femmes : la prise de parole en public.

Non, « les absentes n'ont pas tous les torts »

Le comité Laure-Gaudreault publie les résultats de cette enquête sur le militantisme féminin dans le document Les absentes n'ont pas tous les torts… On y apprend que les exigences de la vie syndicale sont peu compatibles avec la réalité des femmes et qu'il existe d'autres obstacles à leur participation, dont la culture de confrontation.

Pour le comité, il apparait important que les personnes syndiquées, la Centrale ainsi que ses instances fassent tout en leur pouvoir pour augmenter la participation des travailleuses à tous les niveaux. Les constats tirés de cette enquête serviront d'assise pour la poursuite des travaux sur le sujet.

Le célibat, une condition favorable ?

Au cours des années 1980, la CEQ mène une autre enquête afin de brosser, cette fois, le portrait type de la militante et du militant. On constate que le célibat semble être une condition favorable aux activités militantes des femmes, qui disposent par conséquent de plus de temps. Des écarts salariaux importants sont aussi mis en lumière : 74,7 % des militants gagnent un revenu de 30 000 $ par année, alors que seulement 46 % des militantes atteignent un tel salaire.

Des facteurs sociaux généraux – comme le manque de conscientisation face aux oppressions que les femmes subissent, la socialisation qui ne les prépare guère à un rôle ni à un engagement politique et social et la division genrée du travail – enrayent la participation syndicale des femmes. L'enquête révèle cependant un autre obstacle : la structure de la CEQ et de ses syndicats affiliés reproduit le schéma « patriarcal » à l'intérieur même de l'organisation, notamment par la planification inadéquate des horaires et la charge de travail considérable que représente l'implication syndicale.

La prise de parole en public demeure également, comme lors de l'enquête précédente, la limite que les femmes peinent à surmonter dans leur implication syndicale.

Cette enquête donne lieu à l'adoption, au Congrès de la CEQ de 1984, à de nombreuses recommandations qui, au cours de la décennie suivante, feront l'objet de mesures intégrées au Programme d'accès à l'égalité syndicale (PAES).

La gouvernance démocratique au cœur des réflexions féministes

C'est donc en 1990 que le Congrès adopte une résolution en faveur du PAES. Le comité Laure-Gaudreault amorce une enquête statistique, indispensable à l'instauration d'un tel programme. Ce portrait des effectifs, intitulé La CEQ, c'est mon genre, est présenté au Congrès de 1992 et la déception est palpable : après des années de militantisme, les objectifs ne sont toujours pas atteints.

Le taux de représentation des femmes n'excède en aucun cas 50 % dans les instances de la CSQ. Elles ne détiennent que 40 % des postes au conseil exécutif et 41 % au conseil général.

Un recentrage s'impose

En se basant sur la discrimination systémique, le Congrès de 1994 adopte le premier plan d'action pour l'égalité syndicale. Il compte 60 mesures pour contrer les barrières à la participation des femmes.

Le PAES a été bonifié au fil du temps. Depuis 2006, par exemple, la composition des comités repose sur la présence féminine. En 2018, le comité offre aux syndicats des outils pour faciliter l'implantation d'un PAES dans leur milieu. Des actions continuent d'être posées pour sensibiliser et aider les syndicats à parvenir à une représentation proportionnelle des femmes dans nos instances syndicales.

Accroitre la participation des femmes, un pari réussi ?

Plusieurs ont décrit le PAES comme une inaccessible étoile, car l'objectif de représentation n'est pas encore atteint, et l'opposition aux postes réservés aux femmes ou aux mesures encourageant leur primauté demeure. Malgré ces critiques, les statistiques démontrent que les femmes prennent davantage leur place au sein de la Centrale.

En 1988, Lorraine Pagé est élue à la tête de la CEQ, devenant ainsi la première femme présidente d'une centrale syndicale au Québec. Depuis, trois autres femmes ont été élues : Monique Richard (2000 à 2006), Louise Chabot (2012 à 2018) et Sonia Ethier (2018 à 2021).

La règle accordant la préséance aux femmes dans les comités, introduite en 2006, a eu un effet positif : la représentation féminine s'est maintenue ou améliorée dans la presque totalité des comités, passant de 47,5 % en 2006 à 57,5 % en 2018.

Devant les défis qui persistent, le travail se poursuit pour démystifier les freins à la participation des femmes. Des outils continuent d'être élaborés et des mesures implantées pour accroitre leur présence dans les instances de la Centrale.

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Action féministe : La naissance d’un comité, la reconnaissance d’une lutte

19 mars 2024, par Julie Pinel — , ,
En amont des célébrations du 50e anniversaire du comité d'action féministe de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui auront lieu le 21 mars prochain, Ma CSQ cette (…)

En amont des célébrations du 50e anniversaire du comité d'action féministe de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui auront lieu le 21 mars prochain, Ma CSQ cette semaine, vous fait découvrir un pan de l'histoire du mouvement féministe au sein de la Centrale. Découvrez comment est né ce comité de femmes.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Lors du 22e Congrès de la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ), devenue depuis la CSQ, de nombreuses discussions, entourant les enjeux d'oppression vécus par les femmes donnent naissance à un mouvement féministe au sein de la Centrale. L'année suivante, un groupe de militantes de la région de Montréal se forme et poursuit les réflexions. Lors du 23e Congrès, en 1973, de nombreuses recommandations sont adoptées, reconnaissant la nécessité de mener cette lutte spécifique et de doter la CEQ d'un comité de la condition des femmes.

Un départ effervescent

C'est lors d'une rencontre du bureau national de la CEQ, en novembre 1973, qu'a lieu l'élection du premier comité Laure-Gaudreault (CLG). Composé initialement de cinq femmes, il tire son mandat des recommandations adoptées au Congrès de la CEQ et de son plan d'action.

Dès sa création, le comité travaille à la mise sur pied d'équipes locales de la condition des femmes et à la constitution d'un réseau de responsables. À la fin de la première année de son mandat, il compte 40 équipes locales, chacune constituée en majeure partie d'enseignantes, mais également, pour certaines d'entre elles, de ménagères, de secrétaires, d'infirmières ainsi que de travailleuses d'autres types d'emploi.

Tout est à faire pour joindre le plus grand nombre de personnes afin de les sensibiliser à la lutte pour la libération des femmes. Le maintien du réseau et l'atteinte d'une représentation de l'ensemble des groupes de la CEQ demandent des efforts constants de la part du CLG. Au bilan déposé au Congrès de 1980, le réseau compte une cinquantaine de comités locaux de partout au Québec.

Des demandes trop revendicatrices ?

Des bilans du CLG sont déposés au conseil général ainsi qu'à chacun des congrès de la CEQ. Ces rapports contiennent presque inévitablement des demandes de la part du comité. De plus, à chaque congrès, celui-ci doit prendre la décision de renouveler ou non le mandat du CLG.

En 1976, les comités d'action politique élaborent, lors d'une session nationale, une série de considérants s'opposant aux propositions faites par le CLG. Ce que l'on comprend de ces considérants, c'est que la spécificité que l'on reconnaît à la lutte des femmes dérange. Il ne s'agit pas là d'un enjeu propre à la CEQ, mais bien d'une lutte que de nombreuses féministes de l'époque doivent mener afin de faire reconnaître que la lutte des femmes est un combat spécifique et particulier.

Une équipe-conseil des femmes à la négociation

Le 4 octobre 1974, une équipe-conseil des femmes à la négociation est mise sur pied afin de donner suite à la recommandation adoptée au 24e Congrès CEQ.

Cette équipe-conseil est composée de neuf femmes qui assurent la représentation de l'ensemble des composantes de la CEQ ainsi que des membres du CLG. Elle a comme mandat de participer activement à la négociation, afin de mettre en lumière les discrimination et d'exploitation spécifiques aux femmes travailleuses de l'enseignement et de sensibiliser l'ensemble des syndiqués sur la condition féminine, qui est devenue l'une des quatre grandes priorités de cette négociation.

Solidaires

Si un élément ressort des luttes des femmes de l'époque, et encore de celles d'aujourd'hui, c'est cette volonté de tisser des liens entre elles afin de porter haut et fort leurs revendications communes. Bien qu'elle soit présente avec divers groupes de femmes sur des enjeux spécifiques, cette solidarité s'impose presque d'elle-même avec les comités traitant de la condition des femmes des deux autres centrales syndicales, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

En 1977, de nombreuses rencontres informelles ont déjà eu lieu entre les comités de la condition des femmes de la CEQ, celui de la CSN et celui de la FTQ. Cependant, le CLG croit qu'il est nécessaire de formaliser cette solidarité et d'inviter les centrales à explorer la mise sur pied d'un comité permanent intercentrales de la condition des femmes. La CEQ lance cette invitation à laquelle la CSN et la FTQ répondent positivement. C'est ainsi que le Comité Inter-Centrales (CIC), connu aujourd'hui comme l'Intersyndicale des femmes, est officiellement né, en 1977. La FTQ ne demeure que 2 ans au sein du CIC, mais d'autres syndicats se joignent au groupe dès 1979.

Un comité durable et un nom à son image

C'est au Congrès de 1980 que le comité Laure-Gaudreault propose de réviser son nom afin de mieux refléter le travail accompli par les militantes. Dorénavant, le CLG s'appelle le comité de la condition des femmes (CCF).

En 1982, le CCF s'établit durablement grâce à une résolution importante adoptée par le conseil général : « Que les statuts prévoient dans les pouvoirs du conseil général l'obligation de créer et de maintenir un comité de la condition des femmes. »

En 2023, le conseil général adopte le nouveau nom du comité, soit le comité d'action féministe de la CSQ.

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Présentation du mémoire de la FTQ-Construction sur le projet de loi 51

19 mars 2024, par FTQ-Construction — , ,
Ce mardi 12 mars, Éric Boisjoly (directeur général), Arnold Guérin (président) et Me Claude Tardif (procureur), étaient présents à la commission parlementaire afin de présenter (…)

Ce mardi 12 mars, Éric Boisjoly (directeur général), Arnold Guérin (président) et Me Claude Tardif (procureur), étaient présents à la commission parlementaire afin de présenter notre mémoire sur le projet de loi 51, qui vise la modernisation de la Loi R-20, régissant l'industrie de la construction.

« Où le ministre adresse-t-il la rétention de la main-d'œuvre ? Il n'y a rien dans ce projet de loi pour s'assurer de la rétention de la main-d'œuvre. Où sont les mesures pour l'employabilité des femmes ? […] Les statistiques de la Commission de la construction du Québec le prouvent ; les gens qui rentrent dans l'industrie sans formation quittent l'industrie dans les cinq ans à venir. Dans le fond, on a créé un panier plein de trous, on rentre des gens, mais on ne les retient pas dans notre industrie. La modernisation de la Loi R-20 passait aussi par la planification des travaux. Où, dans le projet de loi, parle-t-on de planification des travaux ? […] On a un problème d'attraction, de rétention et de qualification, ce sont toutes des choses qui ne sont pas adressées dans le projet de loi. Pour nous, c'est inacceptable » - Éric Boisjoly.

Audio de la présentation du mémoire de la FTQ-Construction sur le projet de loi 51
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La présidente Bruske du CTC à tous les ordres de gouvernement : montrez votre soutien aux travailleurs et mettez en œuvre la loi anti-briseurs de grève immédiatement

19 mars 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Pour protéger les travailleurs et rétablir l'équité à la table de négociation, nous avons besoin d'une loi anti-briseurs de grève rigoureuse dans chaque province ou territoire. (…)

Pour protéger les travailleurs et rétablir l'équité à la table de négociation, nous avons besoin d'une loi anti-briseurs de grève rigoureuse dans chaque province ou territoire.

Le 27 février, alors que les parlementaires de tous les partis votaient à l'unanimité en faveur du projet de loi C-58, qui interdirait les travailleurs de remplacement, 239 membres d'Unifor en Nouvelle-Écosse ont déclenché une grève. Le jour même, en fin de journée, l'employeur, le CN, a fait appel à des briseurs de grève. Bien qu'il s'agisse d'un milieu de travail régi par la loi provinciale, ce dossier devrait faire l'objet d'une attention de la part de tous les politiciens.

« J'ai déjà entendu que des travailleurs sont parfois en situation de conflit direct lors d'une grève, ce qui menace leur sécurité et leurs moyens de subsistance. L'horrible événement qui s'est produit dans le Nord de l'Ontario il y a moins de deux semaines en est un exemple terrifiant. Cela ne devrait jamais arriver », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.

On fait appel aux briseurs de grève, parfois appelés travailleurs ou travailleuses « de remplacement », pendant un lock-out ou une grève pour qu'ils occupent les emplois des membres habituels du personnel. Le recours par les employeurs à des briseurs de grève—qui oppose des travailleurs ou travailleuses désespérés les uns aux autres—porte atteinte au droit de grève des travailleurs, aggrave les conflits de travail et intensifie l'hostilité sur les lignes de piquetage – menaçant la sécurité de ces travailleurs et de leurs communautés.

Le Québec dispose d'une loi anti-briseurs de grève depuis plus de 45 ans et la Colombie-Britannique depuis 30 ans. Ces lois, et le projet de loi fédéral anti-briseurs de grève, non seulement raccourcissent les arrêts de travail, mais réduisent les effets dommageables de l'utilisation des briseurs de grève qui attise les conflits et rétablissent l'équité à la table de négociation.

De plus en plus de travailleurs des secteurs privé et public se tournent vers leurs syndicats pour qu'ils les défendent et exigent mieux. Des employeurs et des gouvernements.

« Les travailleuses et travailleurs savent qu'il n'est pas facile de faire du piquetage. Et que la présence de briseurs de grève dans certains endroits est très réelle. Cela augmente le stress des travailleurs lorsqu'ils doivent prendre des décisions pour eux-mêmes, leur famille et leur communauté. C'est pourquoi il est essentiel d'en venir à une loi anti-briseurs de grève au niveau fédéral », ajoute madame Bruske.

Les travailleuses et travailleurs de la Nouvelle-Écosse, comme ceux de toutes les provinces et de tous les territoires, ont le droit de s'attendre à ce que leurs droits constitutionnels à la négociation collective et à faire la grève soient protégés, sans la menace toujours présente du recours à des briseurs de grève qui prolongent les arrêts de travail et suscitent de longs conflits désespérés et destructeurs.

Tout comme les travailleurs non syndiqués, les travailleurs syndiqués ont vu chuter leurs salaires en raison de la crise actuelle de l'abordabilité.

Les travailleuses et travailleurs ont vu leur pouvoir d'achat fondre, car leurs salaires ne suivent pas l'inflation tandis que les riches PDG annoncent d'énormes profits. Pendant ce temps, les membres de leur personnel sont obligés de faire appel à des banques alimentaires parce qu'ils n'ont pas les moyens de faire leur épicerie au magasin où ils travaillent.

« J'ai rencontré des travailleuses et travailleurs qui m'ont dit qu'avant de penser à faire du piquetage, ils doivent calculer leurs finances. Et en ces temps économiques incertains et difficiles, ce n'est pas une décision à prendre à la légère », ajoute madame Bruske. « Ce sont des discussions à prendre en famille à savoir s'ils peuvent se permettre d'accepter l'offre insignifiante de l'employeur ou s'ils sont prêts à aller en grève. Et soyons honnêtes, parfois c'est l'employeur qui prend la décision pour eux et les met en lock-out. »

Pendant ce temps, des politiciens comme Pierre Poilievre prétendent être un ami des travailleurs. Depuis des mois, il est totalement muet sur sa position quant à l'interdiction des briseurs de grève tout en continuant à faire des remarques vides de sens et à scander des slogans insignifiants.

« Si Pierre a vraiment changé d'avis et tient véritablement à appuyer les droits des travailleurs, peut-être devrait-il envoyer une note de service à ses homologues provinciaux de la Nouvelle-Écosse et de l'Ontario dès que possible », indique madame Bruske.

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Projets de maisons d’hébergement à l’arrêt : Le silence du gouvernement caquiste précipite les services vers un point de rupture

19 mars 2024, par Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, Fédération des maisons d'hébergement pour femme (FMHF), Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
Une semaine après avoir interpellé le Premier Ministre suite à l'abandon de projets de développement de maisons, les associations de maisons d'hébergement demeurent sans (…)

Une semaine après avoir interpellé le Premier Ministre suite à l'abandon de projets de développement de maisons, les associations de maisons d'hébergement demeurent sans réponse, abandonnées par un gouvernement qui s'était pourtant engagé en 2021 à ouvrir ces nouvelles places. Face à ce silence indigne, les partis d'opposition ont pris la parole ce matin en point de presse pour soutenir les trois associations et réclamer avec elles la création d'un programme de financement spécifique qui tienne compte des réalités et besoins des victimes de violence.

« En tirant la plug sur les projets annoncés, le gouvernement démontre son désintérêt pour la violence conjugale. Le Québec compte déjà quatre féminicides depuis le début de l'année. Faudra-t-il qu'une autre femme soit tuée aux mains de son partenaire pour que le dossier remonte dans la pile des priorités ? » se désole Maud Pontel, coordonnatrice de L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape.

Dans une déclaration expéditive, la ministre de l'Habitation, Madame Duranceau, laisse entendre que les projets coûtent trop cher et que l'on doit respecter la “capacité de payer” de l'État. « Qu'en est-il de la capacité du gouvernement de François Legault à respecter ses engagements ? » ajoute Maud Pontel.

Des services proches du point de rupture

Depuis la pandémie, les demandes de service dans les maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence ne cessent de croître. L'une des solutions convenues avec le gouvernement était l'ouverture de nouvelles places en maisons d'aide et d'hébergement et de nouvelles unités en maisons de deuxième étape.

« Or au moment où les maisons d'aide et d'hébergement affichent un taux d'occupation de plus de 100% dans la dernière année et où les maisons d'hébergement de 2e étape doivent refuser 58% des demandes faute de places, la Société d'habitation du Québec bloque des projets priorisés en 2021. La main droite ne semble pas savoir ce que fait la main gauche » s'insurge Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques en Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

La ligne d'urgence SOS Violence conjugale nous informait cette semaine que, faute de disponibilité dans les ressources, elle n'avait pas pu référer les demandes d'hébergement dans 45% des cas. Cela représente 17 demandes par jour auxquelles les travailleuses ne peuvent « Le continuum de services en violence conjugale est proche du point de rupture. Est-ce que le gouvernement sera responsable de son effondrement ? » renchérit Louise Riendeau.

Régler l'incohérence des programmes pour permettre la mise en sécurité

Il est essentiel de rappeler que les fonds alloués à ces projets étaient destinés à la construction et aux services. Trois ans plus tard, il est légitime de se questionner : où est passé l'argent que le gouvernement s'était engagé à investir pour protéger des vies ? Au 11 mars 2024, 2 648 femmes ont contacté SOS violence conjugale, dont 1 187 n'ont pas pu être orientées vers un hébergement. Ces femmes, avec ou sans enfants, ont courageusement demandé de l'aide. En raison du manque de cohérence gouvernementale, ces femmes et leurs enfants restent dans une situation de vulnérabilité inacceptable.

Nous avons des pistes de solutions et nous devons collectivement agir rapidement. Nous demandons qu'un mandat clair soit donné dans les plus brefs délais afin de débloquer les projets actuellement à l'arrêt, mais aussi afin que des actions concrètes et réalistes soient mises en place pour que les femmes et les enfants victimes de violence aient réellement droit à la sécurité.

Les député.e.s de l'opposition réagissent

« Encore une promesse caquiste brisée. Les besoins sont immenses et des milliers de femmes se font toujours refuser de l'hébergement, faute de places. Elles se voient alors forcées de retourner dans des situations extrêmement précaires. Lorsqu'une victime demande de l'aide, celle-ci doit être disponible immédiatement. On parle de vies de femmes et de leurs enfants. La ministre de l'Habitation, elle, parle de capacité de payer. Pour elle, combien vaut la vie d'une femme ? »
– Brigitte Garceau, députée libérale de Robert-Baldwin et porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine

« Il est inacceptable que des projets de maisons d'hébergement soient mis en danger, alors qu'il y a eu plus de 50 féminicides depuis 2020. Deux projets en Abitibi-Témiscamingue risquent de tomber à l'eau, alors que les organismes ont travaillé d'arrache-pied pour qu'ils voient le jour. On ne peut pas se permettre que d'autres femmes tombent sous les coups de leurs conjoints faute de places dans les maisons d'hébergement. La ministre a le pouvoir de changer les choses pour que ces maisons sortent de terre. Elle doit agir rapidement ! »
– Ruba Ghazal, députée de Mercier et responsable solidaire en matière de condition féminine

« Le gouvernement a fait des annonces en grandes pompes, il a dit vouloir agir en réponse à la hausse de la violence et du nombre de féminicides et a promis que l'argent serait disponible, notamment pour les maisons d'hébergement de 2e étape. Le milieu communautaire s'est mobilisé pour agir en conséquence et a développé des projets. Plusieurs organismes se retrouvent maintenant face à un blocage. Le gouvernement doit respecter ses engagements. Les investissements doivent être faits de sorte que les ressources d'hébergement soient construites pour mieux protéger les femmes et les enfants victimes de violence. »
– Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti Québécois en matière d'Habitation

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Lettre ouverte | Justin Trudeau, féministe ? Pas pour des milliers de travailleuses

19 mars 2024, par Collectif, Jérémie Dhavernas — , ,
En 2024, le programme d'assurance-emploi canadien ne protège toujours pas les travailleuses qui perdent leur emploi durant ou après leur congé de maternité. Ce refus d'accorder (…)

En 2024, le programme d'assurance-emploi canadien ne protège toujours pas les travailleuses qui perdent leur emploi durant ou après leur congé de maternité. Ce refus d'accorder une protection en cas de chômage aux nouvelles mères perpétue les iniquités vécues par les femmes sur le marché du travail. Déjà frappées par une perte d'emploi, ces femmes s'appauvrissent encore davantage en étant privées d'assurance-emploi, du seul fait qu'encore aujourd'hui, elles assument les responsabilités familiales de façon disproportionnée.

Une injustice reconnue par le politique

Dès 2009, le Parti libéral du Canada, alors dans l'opposition, demandait au gouvernement Harper de corriger cette aberration. Rien ne fut fait. Ni par les conservateurs, ni par les libéraux depuis leur retour au pouvoir en 2015. Las d'attendre une réponse politique à ce problème criant, le Mouvement Action-Chômage de Montréal a entrepris en 2018 un recours en justice afin de faire déclarer inconstitutionnelles les dispositions de la Loi sur l'assurance-emploi responsables de cette discrimination.

En 2022, la division générale du Tribunal de la sécurité sociale a donné raison aux six travailleuses à l'origine du recours en indiquant clairement que la loi discriminait les femmes : « [Si] une femme perd son emploi pendant son congé de maternité et parental, elle n'a plus de protection. Elle doit donc se fier à ses économies ou au revenu de son conjoint. Cela maintient les femmes dans la pauvreté et dans un lien de dépendance. C'est considérer les revenus des femmes comme un salaire d'appoint qui ne mérite pas la même protection [à l'assurance-emploi]. »

Malgré une reconnaissance unanime du problème, le gouvernement libéral a décidé de ne pas modifier la loi et a même porté en appel la décision. La saga judiciaire se poursuit encore aujourd'hui, et la Cour d'appel fédérale du Canada tranchera sur le dossier d'ici quelques mois.

Mettre fin à la partie de ping-pong

Rappelons qu'il y a à peine deux ans, la ministre chargée du dossier, Carla Qualtrough, déclarait publiquement ne pas encore savoir « comment on va l'aborder ou dans quel ordre on va régler tout cela ». « Mais j'y travaille. C'est ma principale préoccupation », avait-elle fait valoir. Questionné sur ce dossier en février dernier à la Chambre des communes, son successeur, Randy Boissonnault, a plutôt déclaré qu'il n'interviendrait pas tant que la question serait devant les tribunaux.

Le Mouvement Action-Chômage de Montréal et les signataires de cette lettre demandent au gouvernement Trudeau d'agir et de légiférer au lieu de laisser le dossier s'enliser dans une éternelle bataille judiciaire. Il est possible de régler ce problème rapidement en ne modifiant que quelques articles de la Loi sur l'assurance-emploi.

Le Parti libéral du Canada reconnaît cette injustice flagrante, tout comme le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique. Le gouvernement fédéral a donc les appuis nécessaires en Chambre pour faire adopter ces changements législatifs mineurs, qui soulageraient chaque année des milliers de travailleuses discriminées et appauvries.

À défaut, son inaction soulève une question fort légitime : son féminisme en est-il un de façade ?

Source : Jérémie Dhavernas

L'auteur est responsable des services juridiques au Mouvement Action-Chômage de Montréal. Il cosigne ce texte avec une trentaine d'organisations :
1. Pierre Laliberté, commissaire des travailleurs et travailleuses à la Commission de l'assurance-emploi du Canada ; 2. Fédération des femmes du Québec (FFQ) ; 3. Confédération des syndicats nationaux (CSN) ; 4. Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ; 5. Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ; 6. Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ; 7. Unifor Canada ; 8. Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ; 9. Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ; 10. Fédération autonome de l'enseignement (FAE) ; 11. Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) ; 12. Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) ; 13. Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) ; 14. Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ) ; 15. Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MEPACQ) ; 16. Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ; 17. Regroupement des organismes en défense collective de droits (RODCD) ; 18. Mouvement Action-Chômage de Trois-Rivières ; 19. Regroupement des sans-emploi de Victoriaville ; 20. Action-Chômage Côte-Nord ; 21. L.A.S.T.U.S.E. du Saguenay ; 22. Action-Chômage Kamouraska ; 23. Action populaire Rimouski-Neigette ; 24. Mouvement des chômeurs et chômeuses de l'Estrie ; 25. Regroupement de défense des droits sociaux de Drummond ; 26. Association de défense des droits sociaux (A.D.D.S) de la Rive-Sud ; 27. Comité chômage de l'est de Montréal ; 28. Action dignité Lanaudière ; 29. Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.

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Northvolt : Là, ça suffit !

19 mars 2024, par Convergence populaire — , ,
La Convergence populaire se joint à la mobilisation grandissante qui exige une évaluation sérieuse par le BAPE du projet Northvolt. Nous partageons l'indignation et la méfiance (…)

La Convergence populaire se joint à la mobilisation grandissante qui exige une évaluation sérieuse par le BAPE du projet Northvolt. Nous partageons l'indignation et la méfiance de la population dans le dossier des actions du gouvernement pour permettre l'arrivée de cette méga usine, et son lot de questions bien légitimes.

Montréal (Tiohtià:ke), 15 mars 2024
Un projet structurant de cette ampleur aura nécessairement des conséquences, tant sur le plan social que sur le plan environnemental, qu'il nous faut bien évaluer. La vie des gens et celle de toute la biodiversité qui habitent ce territoire qu'on nomme le Jardin du Québec en seront bouleversées. Les enjeux sont trop importants pour laisser la CAQ imposer une vision peu réjouissante de notre avenir, sans consultation.
GROS PROJET : BAPE COMPLET !
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Le gouvernement s'apprête à jouer à la roulette avec nos impôts et ce qui nous reste de milieux humides dans la Montérégie pour permettre le développement d'une nouvelle filière industrielle. L'investissement majeur qu'on se propose de faire et ses effets structurants pour la société de demain méritent en soi une analyse serrée, appuyée sur des données indépendantes. C'est ce que nous permet le BAPE

Ce qu'on apprend des agissements de François Legault et de ses sbires au sujet de Northvolt n'arrête pas de nous surprendre tant ils sont choquants. La mobilisation grandissante de la population est le reflet d'un besoin criant pour des institutions démocratiques solides, le BAPE offrant un modèle à suivre quand vient le temps de
prendre des décisions importantes qui nous concernent toustes.

Nous avons de bonnes raisons de nous inquiéter.

Le projet repose sur deux mythes tenaces : le premier aimerait nous faire croire que la croissance économique est bénéfique à la société. Les quarante dernières années de néo-libéralisme nous ont prouvé le contraire. L'écart entre les riches et les pauvres n'a cessé d'augmenter et la notion de bien commun peine à faire sa place au sein même
de nos gouvernements ; le second soutient que l'électrification de notre parc automobile suffira pour réduire assez de GES et éviter la catastrophe. Rien n'est moins sûr, surtout quand on se fait bassiner de publicités encourageant notre appétit insatiable pour des véhicules toujours plus gros. Nous aurons tôt fait de revenir à la case départ.

Nous nous apprêtons à poser des gestes qui vont à l'encontre de ce que les rapports environnementaux et les études scientifiques nous enjoignent de faire : destruction de milieux humides, et du coup, de refuges abritant des espèces menacées, pourtant protégées légalement ; procédés industriels polluants qui menacent nos sources d'eau
potable et l'air qu'on respire ; une chaîne de production qui se déploie à l'échelle internationale et où l'approvisionnement en matières premières se fait sur la base de l'extractivisme, une pratique colonialiste outrancière qui vise à extraire les ressources de manière intensive jusqu'à leur épuisement, laissant les communautés gérer les
problèmes sociaux et la dégradation de leurs milieux de vie dans son sillage.

Le gouvernement s'engage pourtant tête baissée dans ce méga-projet. Il est même prêt à laisser Northvolt, une entreprise privée au profil peu reluisant l'a-t-on appris, dicter nos choix de société pour ne pas manquer cette occasion d'affaires. On se croirait tout droit retourné.es à l'ère Duplessis. Ce n'est certainement pas en suivant les vieilles recettes de la vision affairiste de M. Legault, celles-là même qui nous ont mené.es au mur, que nous réussirons à changer la donne. L'évolution rapide des changements climatiques ne nous laisse pas le temps de tergiverser. Vivement la révolution, tranquille, ou non.

La meilleure voie à prendre sera celle de la cohérence de nos actions. Pour y arriver, il faudra convenir ensemble du monde que nous voulons et du chemin à prendre. La population québécoise s'est exprimée récemment : elle souhaite que les impacts sur l'environnement aient préséance dans nos décisions économiques. Avons-nous besoin
d'ajouter que les décisions économiques devraient nous aider à faire face aux crises sociales qui nous assaillent de toutes parts ?

La mobilité est certainement un enjeu prioritaire puisque c'est ce qui structure notre vie collective. Pour réduire son empreinte, la science nous incite à investir sans délai dans l'organisation des transports collectifs efficaces, qu'ils soient électriques ou non, et à réaménager nos villes pour favoriser des milieux où on favorise les circuits courts et où on prend nos décisions à l'échelle locale.

Nous aurons besoin d'une grande conversation publique pour cheminer non pas vers une transition illusoire mais vers une véritable transformation qui mènera à la sobriété énergétique et à la décroissance.

En 2024, nous ne pouvons accepter qu'un projet de développement puisse voir le jour sans évaluation du BAPE, d'autant quand il s'agit d'un ‘gros' projet comme on se plaît à qualifier celui de Northvolt.

Vivement, des états généraux sur notre avenir énergétique !

Pour la Convergence populaire, la base de la discussion est claire : La planète n'est pas à vendre !

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Qui doit changer d’attitude au Québec ?

19 mars 2024, par Jacques Benoit — , ,
Le premier ministre dit qu'il faut changer d'attitude au Québec. Pour une fois, je suis d'accord avec lui. Mais ce sont le gouvernement et les possédants qui doivent changer (…)

Le premier ministre dit qu'il faut changer d'attitude au Québec. Pour une fois, je suis d'accord avec lui. Mais ce sont le gouvernement et les possédants qui doivent changer d'attitude. Le réchauffement planétaire en cours qui cause les changements climatiques et les extrêmes météos ne seront pas résolus en continuant de faire du
développement économique comme nous l'avons toujours fait.

tiré de GMob-GroupMobilisation , le 2024-03-15 06:33
Illustration : Antonio Huerta
Jacques Benoit,
Co-rédacteur du Plan de la DUC
Membre de Gmob

Transition énergétique avec Northvolt, dites-vous ? Voici ce qui est une véritable transition…

C'est justement ce développement qui nous a conduits au bord du précipice où nous sommes.

Les crises climatiques ne sont pas des occasions d'affaires. Pour réduire nos émissions de GES, il faut réduire tout ce qui les cause, à savoir notre (sur)consommation de ressources en général, et d'énergie en particulier.

Il faut cesser de développer, il faut RÉDUIRE !

Mais pour notre gouvernement, réduire, c'est réduire les espaces démocratiques, comme le BAPE, réduire nos droits à comprendre et s'informer, pour libérer de toute entrave, de toute règle, le pouvoir du marché et des affaires. Des batteries d'auto produites avec de l'énergie verte, mais qui devront être rechargées par une électricité produite par des centrales au charbon, au gaz, au pétrole ou au nucléaire, comme c'est le cas dans la majorité des pays dans le monde, ne vont pas nous sortir des fossiles, ni de la catastrophe climatique dans laquelle nous nous enfonçons, bien au contraire.

Refuser que le projet Northvolt comme bien d'autres ne soit soumis à une évaluation du BAPE ne sert qu'à une chose : soutenir et développer au plus sacrant le marché, les affaires, y compris l'industrie fossile, au détriment du climat, de l'environnement et de la biodiversité. Et empêcher que la population ait l'information nécessaire pour prendre les difficiles, mais nécessaires décisions.Alors oui, M. Legault, il faut changer d'attitude au Québec. VOUS devez changer d'attitude, pour que nos enfants et nos petits-enfants aient une possibilité d'avenir.

Et peut-être les vôtres aussi…

Publié également le 9 février dans Le Soleil, le Nouvelliste, le Quotidien, la Voix de l'Est et la Tribune.

Signez la pétitionpour la tenue d'une enquête du BAPE avant l'implantation de l'usine de batteries Northvol

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Jour du dépassement : cette année, c’est pour le 15 mars

19 mars 2024, par Coalition pour que le Québec ait meilleure mine ! — , ,
Aujourd'hui, le 15 mars, marque le Jour du dépassement du Canada. 🌎 Cela signifie que nous avons épuisé toutes les ressources que notre planète peut régénérer en une année, si (…)

Aujourd'hui, le 15 mars, marque le Jour du dépassement du Canada. 🌎 Cela signifie que nous avons épuisé toutes les ressources que notre planète peut régénérer en une année, si toutes les personnes habitant la Terre consommaient au même rythme que celles du Canada. Il faudrait 5.1 Terres pour soutenir ce mode de vie à l'échelle mondiale.

Cette année, le Jour du dépassement Canadien survient près de quatre mois avant la date prévue du Jour du dépassement mondial. ⌛

Le Jour du dépassement, créé par l'ONG Global Footprint Network=AZXrXUYDvwaiOMZIgnCii9qSE1TMaG7nB5xj_LPhP-6N7T-T6SaoqSubBXAivvwQcNfQu__X4e47yJUBCVvONINrk30TRJwKkCB7J0nATXCo91MGlwdw49k28oZ3AUpRVsZe1hol8IDn5IrEhyxYcU_Kzzgna8EO_d1hXMMrnuEiMieHuzYSmtjcRbXoXce9aKHu3RU6gcBGDB2ladbUsf7M&__tn__=-]K-y-R], nous offre une occasion de réfléchir à l'impact de notre consommation en termes de "journées perdues". Cette réflexion nous encourage à trouver des solutions pour "gagner" des jours, comme le prône le mouvement #MoveTheDate=AZXrXUYDvwaiOMZIgnCii9qSE1TMaG7nB5xj_LPhP-6N7T-T6SaoqSubBXAivvwQcNfQu__X4e47yJUBCVvONINrk30TRJwKkCB7J0nATXCo91MGlwdw49k28oZ3AUpRVsZe1hol8IDn5IrEhyxYcU_Kzzgna8EO_d1hXMMrnuEiMieHuzYSmtjcRbXoXce9aKHu3RU6gcBGDB2ladbUsf7M&__tn__=*NK-y-R]. ♻️🗓️

"Même si notre planète est limitée, les possibilités humaines ne le sont pas."

Le pouvoir des possibilités des solutions climatiques déjà existantes s'oppose au Dépassement : elles sont disponibles et ont la capacité de passer à l'échelle. ✍️ Global Footprint Network identifie cinq domaines de transformation à long terme, reposant sur l'action collective et individuelle : la planète, les villes, l'énergie, l'alimentation et la population. 🌱✨

Nous vous invitons à explorer leur site qui regorge de ressources très bien conçues 🧑‍💻📚
👉 Pour calculer votre empreinte écologique (en français) : https://ow.ly/YUZT50QTtJ2

👉 Pour explorer la carte des empreintes carbone et des capacités biologiques (en anglais) : https://ow.ly/xigH50QTtJ3

👉 Pour découvrir des solutions (en anglais) : https://ow.ly/INJV50QTtIZ

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Des artistes demandent un cessez-le-feu à Gaza à la 96ème Cérémonie des Oscars

19 mars 2024, par Agence Média Palestine — , ,
Lors de la Cérémonie des Oscars 2024, la demande pour un cessez-le-feu à Gaza a fait l'objet de plusieurs prises de parole et de position. Le 10 mars 2024 se déroulait la 96ème (…)

Lors de la Cérémonie des Oscars 2024, la demande pour un cessez-le-feu à Gaza a fait l'objet de plusieurs prises de parole et de position. Le 10 mars 2024 se déroulait la 96ème Cérémonie des Oscars, à Los Angeles. Dans la rue et du côté des lauréats, la demande pour un cessez-le-feu à Gaza a été au coeur des prises de parole et de position.

Par l'Agence Média Palestine, le 14 mars 2024

photo Manifestation sur Sunset Boulevard à Los Angeles, le soir des Oscars 2024.

Des centaines de manifestants, coordonnés notamment par ‘Workers For Palestine' et ‘SAG-AFTRA for a ceasefire', ont bloqué une grande partie d'Hollywood pendant la cérémonie de tapis rouge des Oscars. À quelques minutes du début de la cérémonie, la salle de bal est inhabituellement vide alors que les invités d'honneur se voient forcés d'accéder à pied à la cérémonie, se retrouvant ainsi en retard et nez-à-nez avec les manifestants.

Les manifestants ont fermé le Sunset Boulevard entre Vine Street et La Brea Avenue. Ils ont défilé dans la rue avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pas de récompense pour le génocide » et ont conduit des bus scolaires couverts de drapeaux palestiniens.

Le prix du meilleur film étranger a été décerné à « La zone d'intérêt », de Jonathan Glazer, un film plongé dans l'Holocauste qui suit le quotidien du commandant du camp d'Auschwitz Rudolf Höss, et de sa famille dans leur maison situé en bordure du camp de concentration où plus d'un million de personnes sont mortes durant la Seconde Guerre Mondiale. Le film de Glazer, élaboré en collaboration avec le Mémorial et Musée d'Auschwitz-Birkenau, s'intéresse aux manières dont on peut lutter contre la déshumanisation, tant à l'époque qu'aujourd'hui. Lors de son discours, le réalisateur a adressé ce message concernant la situation à Gaza :

« Les choix de ce film ont été faits pour nous faire réfléchir et réagir dans le présent, pas pour qu'on se dise dans quelques années 'regardez ce qu'ils ont fait', mais pour qu'on se dise maintenant 'regardez ce qu'on fait'. Notre film montre là où a pu mener la déshumanisation la plus terrible. Et cela a forgé notre passé et notre présent. Aujourd'hui, nous nous tenons devant vous comme des hommes qui refusons que notre judéité et l'Holocauste soient instrumentalisés par une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d'innocents. Qu'il s'agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques incessantes qui se déroulent à Gaza, elles sont toutes des victimes de cette déshumanisation. »

Le film de Glazer avait d'ailleurs été programmé dans le cadre d'un ciné-club du collectif juif décolonial Tsedek, qui avaient ensuite été annulés suite à des pressions externes. Le réalisateur du film a tenu a adresser un message de soutien au collectif : « Au nom de la liberté de pensée et d'expression, nous soutenons le droit du collectif juif Tsedek ! de diffuser et discuter le film ‘La Zone d'intérêt'. Comme nous, ils condamnent les meurtres et l'oppression en cours des civil-es innocent-es à Gaza et dans les territoires occupés, comme celui des civil-es innocent-es tué-es et pris-es en otage le 7 octobre en Israël. Leur position n'est pas antisémite ». Une nouvelle programmation du film dans le cadre du ciné-club Tsedek sera bientôt prévue.

Sur le tapis rouge, plusieurs célébrités portaient également le pin's rouge d'« Artists for a Ceasefire », notamment les acteurs du film multi-nominé ‘Pauvres Créatures' Ramy Youssef et Mark Ruffalo, ou encore la chanteuse Billie Eilish. Le pin's symbolise un soutien au peuple palestinien et un appel au cessez-le-feu immédiat et permanent. Quand Ramy Youssef a été interviewé sur la raison pour laquelle il a choisi de porter ce pins lors de la cérémonie, il a répondu :

« Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza. Nous appelons à la paix et à une justice durable pour le peuple de Palestine. C'est un message universel : Arrêtons de tuer des enfants. Cessons de tuer des enfants. Ne participons pas à d'autres guerres. Personne n'a jamais regardé la guerre en arrière et pensé qu'une campagne de bombardements était une bonne idée. Le fait d'être entouré de tant d'artistes qui sont prêts à prêter leur voix, la liste ne cesse de s'allonger. Beaucoup de gens vont porter ces pin's ce soir. Il y a beaucoup de têtes parlantes dans les journaux télévisés, ici c'est un espace de cœurs parlants. Nous essayons d'envoyer un grand message à l'humanité. »

Les acteurs du film de Justine Triet primé à la catégorie du meilleur scénario ‘Anatomie d'une chute', Swann Arlaud et Milo Machado-Graner, ont eux porté un pin's arborant le drapeau palestinien.

Après près de 160 jours de bombardements israéliens sur la bande de Gaza, Israël a assassiné plus de 31 341 Palestiniens depuis le 7 octobre, dont au moins 12 300 enfants, et a blessé plus de 73 134 personnes.

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« Le domaine des artistes, c’est l’art, pas la politique ! »

19 mars 2024, par Aymeric Dlavo — , ,
Justine Triet a reçu l'Oscar du meilleur scénario original pour Anatomie d'une chute après de nombreuses péripéties, marquées par un discours mémorable à Cannes l'an dernier (…)

Justine Triet a reçu l'Oscar du meilleur scénario original pour Anatomie d'une chute après de nombreuses péripéties, marquées par un discours mémorable à Cannes l'an dernier contre la retraite à 64 ans. On lui reproche, comme à d'autres avant elle, d'être trop politique. Puisque ça ne semble pas évident pour tout le monde, retour sur quelques bases.

Tiré du blogue de l'auteur.

« Son discours n' avait rien à faire dans ce contexte de cinéma », « Qu'elle reste dans son rôle » ou « Qu'elle fasse de la politique alors, pas du cinéma ! » sont des commentaires récurrents de la prise de parole de Justine Triet l'an dernier lors du festival de Cannes. Et ce n'est ni la première ni la dernière fois que cela arrive.

Judith Godrèche a eu le même type de réactions aux Césars de cette année, souvenons-nous de celles à l'encontre du documentariste aujourd'hui député François Ruffin à ceux de 2017. C'est une rengaine : le cinéma et la politique seraient deux choses séparées.

Plus généralement, l'art et la politique seraient séparés. En tant qu'auteur, j'avoue avoir du mal à envisager par quel chemin on peut arriver à penser ainsi.

Créer, c'est militer

Quand on crée, on prend la parole. Par principe, cela signifie qu'on considère qu'elle vaut quelque chose. C'est politique. On refuse la position du sujet, de l'objet, on revendique au minimum celle de l'observateur. Parfois même celle de l'acteur.

Dans notre France actuelle, les hiérarchies sont bien présentes et de nombreuses personnes considèrent que leur parole est illégitime, inintéressante et inutile. Et quand ce n'est pas cela qui nous limite, ce sont directement des affirmations partagées massivement. Comme celles d'un Président de la République qui déclarait dans une gare qu'il y a ceux qui réussissent et « ceux qui ne sont rien ». Se mettre en avant, s'affirmer et s'exprimer, c'est donc déjà un acte militant.

Mais créer, c'est aussi agir dans un contexte de production. Dans l'émission Soft Power de Lex Tutor, on apprend chaque vendredi à quel point ce contexte est important pour la culture et ceux qui la font. Doit-on accepter ou refuser les subventions ? Et pour les publicités et les sponsors ? Quel rôle donne-t-on à celles et ceux qui travaillent avec nous ? Aux plateformes ? Aux intelligences artificielles ? Sur quel média s'exprime-t-on ? Sous quelle forme ? Si on choisit d'avoir une communauté, quel pouvoir doit-elle avoir sur notre travail ?

Chaque artiste doit se placer sur toutes ces questions dans l'intervalle confortable entre une rémunération suffisante et les valeurs et messages qu'il ou elle porte. Les compromis sont souvent nécessaires et aucune œuvre n'échappe au monde qui vit autour d'elle.

Cela signifie aussi que quand on devient créateur, on a une vie professionnelle de créateur. Des expériences, des aventures et des combats d'artistes. On aurait tort de s'en priver pour inspirer nos propres travaux. À ce degré là, on milite pour conserver ou changer notre environnement et nos conditions de travail. Notamment au sein de nos créations. Toute œuvre parle de l'art en général, de ce qu'il est au moment où il est décrit ou dénoncé, de comment il se fait ou ne se fait pas, de ses limites et de ses permissions.

J'irai même plus loin.

Créer, c'est répondre

J'ai commencé mon aventure d'auteur dans le monde de la fanfiction quand j'étais adolescent. J'ai lu des récits alternatifs des mondes d'Harry Potter, de Star Wars, de Digimon ou de Death Note et me suis parfois risqué à écrire dedans moi-même.

La première question que je me pose alors est : qu'est-ce que je souhaite écrire ? La première réponse, la plus simple, est d'essayer de reproduire et de développer une partie de ces univers qui me plaisent. De faire dans ce style. Dans cet esprit.

Le choix de l'œuvre de départ est déjà politique. Les grandes sagas sont privilégiées dans mon esprit car elles ne dévoilent qu'une partie assez minime de leur univers, laissant ainsi un champ libre à mon imagination. Mais dans ma jeunesse, il y avait aussi Matrix, Le Seigneur des Anneaux ou le Monde de Narnia. J'ai eu beau lire, regarder et aimer ces sagas, jamais je ne m'y suis aventuré dans mes écrits. Le champ des possibles m'y paraissait plus restreint, moins accueillant aussi. Question d'affinités. Parce que la création, même dans ces cadres de dérivés de fiction, doit permettre de se déployer soi et ses problématiques.

Le développement de l'univers que je choisis est donc une réponse. Une réponse à l'œuvre, à ses manques, à ses oublis, à ses aveuglements. Ce qui signifie en fait une relecture de cette œuvre par mes obsessions, qui ne sont pas celles de l'autrice ou de l'auteur originel. Ces oublis, ce sont des oublis selon moi. Des manques dans ce qui, moi, m'intéresse. C'est donc infiniment personnel. Et partager le travail qui en résulte s'en retrouve infiniment politique.

Depuis, j'écris de la fiction en général et tout un tas d'autres choses. Pourtant, j'ai tendance à me dire que tous mes travaux sont des fanfictions : les codes choisis sont bien plus larges, les inspirations plus nombreuses, mais tout ce que j'écris est une réponse. Créer est une critique, une réponse à d'autres créations et au monde.

Quand j'écris une romance pour le recueil de nouvelles Qui Sème l'Été, je réponds à toutes les romances que j'ai pu lire et à certains présupposés qui ne me conviennent pas. Quand j'écris Mauvais Élève qui raconte mon parcours dans l'éducation nationale, je décris évidemment l'application de certaines politiques, mais j'y raconte mes émotions en réponse à un militantisme que je trouve trop méfiant envers celles-ci. Quand j'écris une vidéo sur l'état déplorable des logements en France, je réponds à un silence médiatique tout en rendant hommage au travail de la fondation Abbé Pierre.

Et je ne suis pas le seul. Star Wars est une réponse à la guerre du Vietnam. Digimon remplace les créatures animales et végétales de Pokémon par des programmes dans un monde virtuel. Harry Potter à l'école des sorciers propose une manière de briser la barrière entre les genres fantasy et fantastique. Toutes ces œuvres sont des réponses à des créations préexistantes dans lesquelles on déploie ensuite ses propres obsessions.

Ironiquement, commenter, c'est déjà créer

Je ne connais pas d'étape dans la création qui ne soit pas le résultat d'un choix, et qui n'ait donc pas d'implication politique.

À mon avis, qui est plutôt un doigt mouillé qu'un baromètre, ce discours de séparation absolue entre cérémonie artistique et discours politique est d'abord dû à une société qui met des barrières partout : entre les scientifiques et les littéraires, entre les jeux d'enfants et les loisirs adultes, entre le spectacle et le monde (qu'il décrit ou dénonce pourtant). Nous gagnerions tous à davantage de transversalité et à moins d'exclusions automatiques.

Mais l'inconcevabilité d'un art apolitique me rend tout de même très perplexe. Est-ce possible de voir, de lire, d'écouter sans rien déceler qui gratte un peu ? Est-ce possible même de vouloir créer quelque chose qui ne suscite aucune discussion ?

Face à cet embarras, j'ai trouvé une réponse. Une histoire insuffisante mais confortable. Je crois que ces commentaires ne sont pas sincères.

Je pense et je me convainc de plus en plus que les personnes qui prétendent vouloir séparer l'art de la politique sont en réalité très imbus de leur pouvoir sur les réseaux sociaux. Un pouvoir précisément très politique.

Elles sont d'ailleurs contredites par toutes celles et tous ceux qui commentent sous les mêmes vidéos des « Bravo ! », « une prise de parole courageuse ! » ou des « enfin du bon sens ! ».

Tout se passe comme si on ne souhaitait séparer de la politique que l'art qui nous déplaît ou les prises de parole en désaccord avec nos engagements. Les deux positions antagonistes coexistent dans une forme de lutte pour un surcroît d'approbations, pour être repris ailleurs, pour engager une polémique qui va dépasser les seuls espaces d'expression libre. Finalement, en disant ne pas vouloir faire de politique, ces gens en font quotidiennement. Et je peine à croire qu'ils ne s'en aperçoivent pas.

La spécialité du « deux poids, deux mesures » que le monde politique pratique en permanence semble maintenant reprise par des internautes anonymes sinon conscients de leur positionnement politique, du moins bien au courant de leur potentiel pouvoir de nuisance.

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Aya Nakamura et les JO : quand la France exporte son racisme

19 mars 2024, par Mélissa Deh — , ,
Aya Nakamura est l'artiste française la plus connue à l'étranger. Ces tubes viraux on pu faire le tour du monde notamment « Djadja », « Copine »... Ce choix n'est pas le fruit (…)

Aya Nakamura est l'artiste française la plus connue à l'étranger. Ces tubes viraux on pu faire le tour du monde notamment « Djadja », « Copine »... Ce choix n'est pas le fruit du hasard, cette artiste connaît un succès à l'international et fait le show. C'est ce que l'on attend lors d'un événement de cette envergure.

Tiré du blogue de l'autrice.

Aya Nakamura aux JO : un choix questionné

Les internautes sont conscients du choix stratégique fait pour “redorer” le blason de la France après les nombreuses polémiques racistes et islamophobes. Une femme noire pour l'ouverture des JO en France, quel pays progressiste ! Mais rapidement cette nouvelle ouvrira un spectacle raciste et misogyne. Pour illustrer cette annonce, un média a utilisé une photo de… Naomi Campbell au côté de Brigitte Macron ou des internautes français utilisent une photo de Megan Thee Stallion, artiste américain, pour dénoncer le manque de classe de la chanteuse française.

Confondre deux personnes racisés n'est pas une simple erreur : les personnes racisées ici les femmes noires n'ont pas le droit à leur individualité. Cela est aussi constaté par la psychologue Racky KA-SY :

  • “Refuser de reconnaître l'autre comme un être unique et distinct des autres [...], nier son identité et ne pas le considérer comme l'humain qu'il est, c'est de la déshumanisation.”

Nous parlons également de l'homogéneisation exo-groupe c'est-à-dire que nous voyons les groupes différents de nous comme homogène d'où le fait de les confondre, ce regard reste fondé sur des idées reçues et stéréotypes. À contrario, l'hétérogéneisation endo-groupe permet de distinguer les personnes du groupe auquel nous appartenons. Il y a tout de même un certain rapport de domination qui s'instaure à travers ce regard porté sur l'autre.

Ce choix est remis en cause car il est considéré que la chanteuse n'est pas légitime pour représenter la France. Femme noire, issue d'un quartier populaire avec un style entre la pop, le R&B, le hip-hop et l'afrobeat… Au final un style très en vogue, un mélange et un renouvellement qui enflamment les pistes du monde entier. Certain.e.s se questionnent, peut-on ne pas aimer ce choix et ne pas être raciste ?

L'identité française : le mépris de classe et le racisme ?

Pour ses réfractaires, Aya Nakamura ne représente pas la France, ses chansons, son image ne collent pas. Nous avons pu avoir des propositions comme Michel Sardou, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman ou encore Véronique Sanson… Si ce sont des grands noms de la chanson française, est ce qu'en 2024 ils ont la visibilité d'Aya Nakamura ? Et surtout est-ce vraiment pertinent dans le cadre des JO ? Il y a tout de même une volonté à parler au monde entier donc mettre une artiste internationale reste un choix cohérent. Le problème reste le racisme qui découle de cette annonce.

“ Y a pas moyen Aya, ici c'est Paris pas le marché de Bamako” voici ce que l'on peut lire sur la bannière d'un crépuscule d'extrême droite pour contester cette décision. À partir de là, est-ce que les débats parallèles comme ses tenues ou ses paroles ont de l'importance ?

La chanteuse subit de la misogynoir depuis le début de sa carrière. La misogynoir est un concept de la chercheuse Moya Bailey voulant mettre en lumière l'expérience particulière du racisme et de la misogynie que vivent les femmes noires. Comme le fait d'être les comparer à des hommes noirs quand leur physique ne répond à certaines injonctions (comme le fait de ne pas porter de maquillage ou d'avoir un corps musclé), les considérer comme des femmes colériques et agressives. À cela s'ajoute du mépris de classe car elle joue une musique qui n'est pas légitime si nous reprenons les théories bourdieusiennes du champ musical.

Les commentaires revenant assez souvent sont : “elle ne représente pas la France”, “elle est vulgaire”, “des textes qui ne sont pas écrit en français”... La musique peut avoir plusieurs formes. Nous avons des musiques à textes avec un message profond comme nous avons des musiques plus légères qui conviennent aux espaces festifs. Chanter du Edith Piaf n'est en rien un sacrilège, nombreux sont les artistes reprenons des titres de la variété française dans des genres tout à fait différents, c'est aussi ça la magie de l'art.

Racisme, misogynie, mépris de classe, les éditorialistes français se surpassent afin de contester ce choix qui n'a pas été acté. D'autres se voit surpris du manque de réaction du président qui n'avait pas hésité à prendre la parole pour défendre Gérard Depardieu. Même reproche à Rachida Dati qui avait pu promouvoir la musique dite urbaine argumentant sur le mépris de classe et la dimension artistique et politique du rap

“Mais je vous dois quoi en vrai ? Que dalle !”

La réponse de l'artiste a pu faire parler. Afin de répondre à la banderole raciste la chanteuse a pu tweeter :

  • “Vous pouvez être racistes mais pas sourds. C'est ça qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d'État numéro 1 [..] mais je vous dois quoi en vrai ? Que dalle !”

Forcément nous avons eu le droit à la fameuse gratitude que nous devons avoir surtout en tant que personne racisées, j'ai pu aborder cette question suite à la polémique autour d'Omar SY l'an dernier. Par son travail et son parcours, la chanteuse a pu se faire une place avec un succès international tout en subissant tous les jours des attaques sur son physique, sa couleur de peau, sa vie privée…. mais comme j'avais pu le préciser les personnes racisées devraient être plus reconnaissantes que le reste de la population. "Grâce à la France vous avez pu avoir du succès", il y a clairement une dimension raciste derrière cela et pour illustrer cette vision nous pouvons reprendre des propos tenus sur Sud Radio au sujet de la journaliste Rokhaya Diallo :

« Sans la France madame Diallo serait en Afrique avec 30kgs de plus, 15 gosses, en train de piller le mil par terre et d'attendre que Monsieur lui donne son tour entre les 4 autres épouses.

Des propos violents au niveau de la banderole de l'extrême droite. Pouvons-nous commencer à questionner l'aisance avec laquelle il est permis de tenir des propos d'une telle violence sous prétexte de la liberté d'expression ?

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Appel pour la VIème Rencontre écosocialiste internationale

Les 9, 10 et 11 mai 2024, la VIème Rencontre écosocialiste internationale et la Ière Rencontre écosocialiste Latino-Américaine et Caribéenne se tiendront à Buenos Aires. (…)

Les 9, 10 et 11 mai 2024, la VIème Rencontre écosocialiste internationale et la Ière Rencontre écosocialiste Latino-Américaine et Caribéenne se tiendront à Buenos Aires.

Tiré de Gauche anticapitaliste
13 mars 2024

Par Collectif

Appel pour la VIème Rencontre écosocialiste internationale

La VIème Rencontre écosocialiste est la première à se tenir en Amérique Latine et dans les Caraïbes (Abya Yala), et s'inscrit dans la lignée des précédentes Rencontres organisées en Europe. Elle cherche à alimenter les débats sur la base de l'accumulation des constructions antérieures. L'objectif est de passer des dénonciations et des luttes défensives à la construction d'une stratégie globale pour affronter les causes structurelles générées par la marchandisation et la déprédation capitaliste et pour avancer vers un modèle de société qui n'est pas gouverné par les profits des entreprises et d'autres groupes d'intérêt, mais plutôt en termes de besoins sociaux en équilibre avec la nature et dans une perspective éco-féministe et anti-raciste.

La réunion comprendra des panels, des ateliers, des plénières et des espaces d'échange entre les collectifs, les activistes et les organisations en lutte afin d'avancer collectivement vers un agenda et un programme de lutte pour l'écosocialisme. Afin d'arriver à la réunion avec des contributions et des lignes de travail définies, nous organisons des activités en ligne qui peuvent être suivies via notre chaîneYouTube.

Nous comprenons que la diversité qui nous caractérise en tant qu'organisations de défense des biens communs et de lutte pour un monde sans exploitation est notre plus grande force, c'est pourquoi nous invitons tout le monde à participer aux groupes de travail et surtout à la construction de notre programme, qui sera l'axe organisateur des débats que nous voulons avoir dans ce moment historique. La construction est ouverte aux collaborations et nous vous encourageons à participer organiquement à cette instance afin d'avancer dans les discussions qui nous semblent indispensables.

La Rencontre aura une instance hybride, au moins pour les débats principaux, afin de faciliter la participation de celleux qui ne peuvent pas être présent·e·s en présentiel. Toutes les informations seront diffusées par le biais de nos réseaux et de notre liste de diffusion, et toute personne intéressée peut demander l'accès à la liste en cliquant sur le lien suivant :https://groups.google.com/g/6encuen...

Afin d'encourager et de donner de l'espace à tous les points de vue intéressés par la construction d'un horizon écosocialiste, nous recevons des contributions telles que des textes et/ou d'autres matériaux qui seraient intéressants pour socialiser avec le collectif qui participera à la Rencontre. Vous pouvez envoyer votre contribution par email : 6encuentroecosocialista@gmail.com ou par les réseaux de messagerie au numéro +541135648839.

Nous commençons à élaborer le programme de la Rencontre. Nous souhaitons que ce programme reflète les propositions des différents collectifs qui seront présents. Nous vous invitons à nous envoyer vos propositions et à participer aux réunions du groupe de travail programmeà travers ce lien. Nous avons déjà plusieurs axes thématiques, tels que l'écoféminisme, le militarisme, le syndicalisme, l'extractivisme et la stratégie et la construction écosocialiste.

L'objectif de la 1ère Rencontre Ecosociale d'Amérique Latine et des Caraïbes est de donner une continuité aux débats écosociaux à partir des territoires et des enjeux de la région, et il est proposé de poursuivre avec une seconde Rencontre qui se tiendra à l'occasion de la COP 30, qui aura lieu au Brésil l'année prochaine. Afin de construire le processus de la 2ème Rencontre, le Réseau Brésilien des Ecosocialistes a proposé de faciliter et de promouvoir les échanges nécessaires à la formation d'une coordination large et diversifiée de collectifs et d'activistes en vue de l'organisation de la 2ème Rencontre à Bethléem.

Dans cet Appel pour les VIèmes Rencontres, nous aimerions compter sur la signature d'organisations et/ou d'individus qui souhaitent contribuer à la diffusion et à la construction de l'initiative, pour lesquelles nous partageons notre Appel. Nous sommes en train d'organiser la logistique pour recevoir tout le monde de la meilleure façon possible, nous demandons donc à celleux qui souhaitent participer aux activités de remplir notre formulaire d'inscription.

Le contexte dans lequel nous devons organiser cet événement depuis l'Argentine est celui de l'avancée d'une extrême droite qui vise à détruire les droits gagnés par les syndicats, les féminismes et les organisations qui ont lutté – et continuent de lutter – pour plus de démocratie et une meilleure démocratie, en affrontant les dictatures et les projets néolibéraux.

Cependant, tout ce scénario nous appelle également à construire des horizons possibles à partir des luttes sociopolitiques et écologiques d'en bas et de gauche. Aujourd'hui, plus que jamais, l'Argentine et l'Amérique latine ont besoin du soutien et de la solidarité internationalistes. C'est pourquoi nous comptons sur la présence de nombreux·euses camarades pour un débat fraternel.

Afin de rendre la Rencontre possible, nous demandons aux organisations, collectifs et individus qui peuvent et/ou veulent collaborer financièrement de le faire à travers le compte suivant. Nous pourrons ainsi commencer à préparer les espaces et garantir le transport, l'hébergement et la nourriture des camarades, ainsi que l'équipement nécessaire pour les transmissions en ligne.

IBAN ES25 1491 0001 2221 7799 8321
BIC TRIOESMMXXX

Titre : ASOCIACIÓN ANTICAPITALISTAS MOVIMIENTO POR EL PODER POPULAR (ASSOCIATION ANTICAPITALISTE POUR LE POUVOIR POPULAIRE)
Concept : Contribution VI Rencontres écosocialistes

Nous vous attendons à Buenos Aires !

Toutes les infos sur le site alterecosoc.org
Premières signatures

Anticapitalist Resistance / Anticapitalistas – España / Articulação Nacional das Mulheres Indígenas Guerreiras da Ancestralidade – Brasil / ATTAC Argentina / CADTM – AYNA/ Centelhas (PSOL) – Brasil / CLATE – Argentina / Climaximo – Portugal / Corriente Política de Izquierda (CPI) – Argentina / EcosBrasil / Ekologistak Martxan – País Vasco / ESK sindikatua- País Vasco / Extinction Rebellion South Africa / Gauche anticapitaliste – Belgique / Groupe écosocialiste de solidaritéS – Suiza / Grupo Iniciativa Ecosocialista en Chile / Gune Ekosozialista – País Vasco / Heñói – Paraguay / Huerquen Comunicación – Argentina / Insurgência (PSOL) – Brasil / Internacional de Servicios Públicos (ISP) / Jauzi Ekosoziala – País Vasco / La Cultural de la Costa – Argentina / LAB – País Vasco / Marabunta – Argentina / Marcha Plurinacional de los Barbijos – Argentina / Movimento Pela Soberania Popular na Mineração (MAM) – Brasil / Multisectorial Paren de Fumigarnos – Santa Fe – Argentina / Museo del Hambre – Argentina / Nouveau Parti Anticapitaliste – Francia / Nuestramérica – Argentina / Observatorio Petrolero Sur – Argentina / Plataforma América Latina y el Caribe Mejor Sin TLC / Poder Popular – Argentina / Propuesta Sur – Argentina / Rebelião Ecossocialista – Brasil / Rede Brasileira de Ecossocialistas – Brasil / Setorial ecossocialista del PSOL – Brasil / SolidaritéS – Suiza / Steilas sindikatua – País Vasco / Subversión – Argentina / Subverta (PSOL) – Brasil / Transnational Institute (TNI) / Yasunidxs – Ecuador

Adrian Ruiz / Alejandro Horowicz / Alfonso Caño Reyero / Andoni Louzao Bustamente / Andrea Leonett / Arlindo Rodrigues / Aude Martenot / Beatriz Rajland / Cecília Feitosa / Cecilia Piérola / Christine Poupin / David Fajardo / Eduardo Giesen / Endika Perez Gomez / Evelyn Vallejos / Fernando E. Tecuatl / Fernando Gonzaléz Cantero / Flavio Serafine / Francisca Fernández Droguett / Gabriel Casnati / Gabriel E. Videla / Hugo Milito / Iñaki Bárcena / Iñaki Uribarri / Iñigo Antepara / Iratxe Álvarez Reoyo / Iratxe Delgado Arribas / Ivan Moraes / Janilce Magalhães / Javier Aguayo / Javier Echaide / Jeanne Planche / Joana Bregolat / João Camargo / Joaquin Vega Padial / José Manuel Gutiérrez Bastida / José Seoane / José Seoane / Juan Tortosa / Julio Gambina / Licia Garcia / Listado de personas / Luciana Ghiotto / Lucien Durand / Manuel Gari / Marcos Filardi / María Elena Saludas / Mariana Souza / Marije Etxebarria Ezpeleta / Mario Bortolotto / Marisa Castro Delgado / Martin Lallana / Martín Mosquera / Mauricio Cornaglia / Mauricio Laxe / Michel Loẅy / Moira Millan / Natalia Chaves / Nathalie Delbrouck / Ollivier de Marcellus / Professor Túlio / Renan Dias Oliveira / Renato Roseno / Ritxi Hernández Abaitua / Rodrigo Andrade / Sabrina Fernandes / Sara Ibáñez Ortega / Sébastien Beltrand / Sébastien Brulez / Sergio Abraham Esparza / Sergio Esparza / Steven Tamburin / Talíria Petrone / Tamara Perelmuter / Tárzia Medeiros / Teo Frei / Tom Kucharz / Tomi Etxeandia Egidazu / Vanessa Dourado / Yayo Herrero

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Leila Alaoui, made in India

19 mars 2024, par Mustapha Saha — , ,
Paris. Quartier du Marais. Jeudi, 7 mars 2024. La Galeria Continua expose une série d'oeuvres inédites de Leila Alaoui. L'artiste, en résidence à Chennai, ancienne Madras, en (…)

Paris. Quartier du Marais. Jeudi, 7 mars 2024. La Galeria Continua expose une série d'oeuvres inédites de Leila Alaoui. L'artiste, en résidence à Chennai, ancienne Madras, en Inde, témoigne de la condition ouvrière dans les usines de textile.

PAR MUSTAPHA SAHA.

Elle installe durant l'été 2014 un studio mobile avec projecteurs, déflecteurs, toile de fond noire Le cadre se décontextualise. Les trois cents travailleuses, revêtues de saris magnifiques, défilent devant son objectif. Aucune sélection préalable. Se nouent spontanément des liens d'empathie. Chaque séance est un moment d'amitié. Les gestes, les postures, les allures se ritualisent. Des silhouettes fines, droites, impassibles. Des peaux hâlées par le soleil et le vent. Des regards profonds. Un immense panneau décline trente gros plans de mains, des mains indélébilement marquées par le dur labeur, striées de cicatrices, rugueuses, noueuses. Des mains parfois effilées de jeunes filles. Des mains quelquefois veineuses, trahissant un âge avancé. Des mains nues découvrant leur innocence. La communauté féminine d'une obscure région tamoule acquiert, par la magie de l'art, une impressionnante visibilité.

En cette année 2014 où Leila Alaoui réalise son reportage photographique, une étude du Centre de recherche sur les entreprises multinationales (SOMO) et du Comité néerlandais pour l'Inde (ICN) souligne les conditions inhumaines de travail dans les filatures du Tamil Nadu. Des employées de tous âges travaillent six jours par semaine, du matin au soir, pour des salaires dérisoires. Les femmes sont incitées à quitter leur village par des promesses alléchantes. Elles se retrouvent esclavagisées. Les cadences infernales ne laissent aucun répit. Beaucoup des travailleuses sont hébergées dans des résidences misérables appartenant aux entreprises. Les gérants et les superviseurs, exclusivement des hommes, intimident, menacent, apeurent, profèrent des insultes et des injures. Les contrôles systématiques, les pressions permanentes, les chantages au licenciement au moindre retard entraînent une lourde pathologie professionnelle, maladies respiratoires, affections vésicales et rénales, problèmes cardiaques, lombalgies, fatigues chroniques, crises d'angoisse, dépressions.

Les usines d'habillement sous-traitent au profit des marques occidentales. La mondialisation est synonyme de délocalisation. Les enseignes de confection ne se soucient guère du fonctionnement interne de leurs fournisseurs, des violations des droits humains. Les carences de sécurité sont partout criantes. Les drames se succèdent. Les fabriques sont des cimetières de la mode jetable, du surconsumérisme effréné. Les vêtements et les chaussures usagés s'évacuent dans les pays du sud. Les marques d'ultra fast fashion rabaissent sans limites les petits prix. Les produits bon marché s'acculement dans des décharges monstrueuses. Selon le rapport 2020 de Climate Chance, l'industrie du textile est responsable d'un tiers des rejets de microplastiques dans l‘océan.

L'exposition est aussi une invitation à découvrir la culture tamoule. Les grands formats de Leila Alaoui suggèrent les architectures domestiques où certaines ouvrières évoluent au quotidien, les vérandas sur la rue avec des tuiles sur poteaux de bois, les cours intérieures, les arrière-cours, les thalvarams surnommés « les rues qui parlent ». Les façades offrent des extensions publiques, des passages toiturés au service des piétons, des bancs maçonnés pour les visiteurs et les pèlerins. La rue s'homogénéise avec juxtaposition d'appentis, de corniches, de pilastres, de colonnes ornées, de parapets sculptés. Une atmosphère retrouvée dans la scénographie de l'exposition, salles désenclavées, vétustés esthétiquement exploitées.

Les Tamouls, vivant majoritairement dans l'Etat du Tamil Nadu, principalement des indous, comptent également des minorités chrétiennes et musulmanes. Une culture millénaire, diversitaire. Une langue ancienne, riche d'un formidable patrimoine littéraire. Une musique antique, dite carnatique, codifiée quatre siècles avant l'ère chrétienne, essentiellement basée sur l'improvisation. Les architectures dravidiennes, les temples rocheux, les grottes sacrées, les stupas, les mosquées, les palais, les bas-reliefs, les arches monumentales, toranas. La vallée de l'Indus est la plus immémoriale des civilisations urbaines, avec la Mésopotamie et l'Egypte pharaonique. Les styles accompagnent l'évolution du bouddhisme. Révolution iconographique il y a deux mille ans, le Bouddha est représenté, pour la première fois au Gandhara, sous forme humaine. Les techniques de construction se perfectionnent avec les royaumes hindouistes du sud à partir du huitième siècle. Les temples en pierre se substituent aux édifices excavés. Plus tard, les architectures indo-musulmanes et mogholes.

Les dynasties tamoules antiques, protectrices des lettres et des arts, archivistes, édificatrices d'architectures somptueuses, entretiennent des relations diplomatiques avec Athènes et Rome. Une relation grecque anonyme du premier siècle, Periplus Maris Erytraei, Le Périple de la mer Erythrée, énumère les exportations indiennes, poivre, cannelle, nard, perles, ivoire, soie, diamants, saphirs, écaille de tortue. Au sixième siècle, les Pallava érigent le premier empire. La construction de vastes temples, fastueusement décorés, s'accélère. Des sages tamouls fondent le mouvement bhakti, composante essentielle de l'indouisme, préconisant l'amour pur et l'oubli de soi. Cinq voies balisent sa pratique, le jnâna yoga, yoga de la connaissance, le karma yoga, voie de l'action consacrée, le raja yoga, exercices physiques et spirituels, le tantra yoga, rites magiques et la discipline personnelle. Les Chola renversent les Pallava au neuvième siècle. Les invasions musulmanes prennent la relève à partir du quinzième siècle. Deux siècles plus tard, les puissances européennes établissent des colonies. Français, britanniques, portugais, néerlandais introduisent des styles européens, des dômes gothiques, des tours d'horloge victoriens. New Delhi s'enorgueillit de ses monuments Art déco. La Grande-Bretagne domine tout le sous-continent jusqu'à l'indépendance de 1947.

L'art tamoul est surtout un art religieux. La peinture de Tanjore apparaît au neuvième siècle. Le support est une pièce d'étoffe recouverte d'oxyde de zinc. L'image est polychrome. Elle peut être ornée de pierres semi-précieuses, brodée de fils d'or et d'argent. Le style d'origine est repris avec des techniques adaptées dans les fresques religieuses. Les sculptures de pierre et les icônes de bronze, de l'époque Chola notamment, sont des contributions majeures au patrimoine de l'humanité. Cet art se caractérise par des lignes douces et fluides, des détails traités avec une infinie minutie. Ni préoccupation d'exactitude ni souci de réalisme dans l'éxécution des portraits. Un art archétypal.
Flotte dans l'air de l'exposition une empreinte d'indigo, couleur apaisante, relaxante, envoûtante. Chromatique de la méditation, de l'intuition, de l'inspiration, de la création, de la conscience profonde. La haute résolution accentue l'effet hypnotique. L'indigo, pigment végétal issu des feuilles et des tiges de l'indigotier, était, dans les temps anciens, un produit de luxe. Les grecs et les romains l'appelaient l'or bleu. L'indigo, réintroduit dans les pays occidentaux au quinzième siècle par des marchands arabes, est prisé par les hippies pacificistes et la contre-culture californienne. Il imprègne de sa légende jusqu'aux Bleu jeans. Nous baignons toute l'après-midi dans un espace hors-temps, une ambiance hiératique peuplée de déesses.

Octobre 2014. Je fais la connaissance de Leila Alaoui à l'occasion de l'événement Le Maroc contemporain à l'Institut du Monde Arabe où nous sommes tous les deux exposants. Je présente des peintures sur toile, des portraits de figures de proue de la littérature marocaine, Driss Chraïbi, Edmond Amran El Maleh, Mohamed Leftah. Leila Alaoui montre Cossings, Traversées, une installation vidéo immersive, en triptyque, sur des migrants subsahariens clandestins, plongés dans un environnement hostile, collectivement traumatisés. Le pseudo-paradis européen se révèle une utopie problématique. Elle évite judicieusement la corde sensible. Portraits statiques, paysages abstraits, voix-off. La démarche anthropologique rejoint mon travail sociologique en recherche-action. Nous avons quelques conversations philosophiques. Elle me pose des questions sur Mai 68, sur le cinéma de Jean Rouch, sur la théorie rhizomique de Gilles Deleuze et Félix Guattari, sur des événements historiques qu'elle aurait voulu avoir vécus, sur des intellectuels qu'elle aurait voulu avoir connus. Elle me paraît assurer une relève crédible. Elle élabore des méthodologies originales, des techniques novatrices. Elle me tient informé de ses projets artistiques, toujours motivés par des raisons solidaires. J'apprécie sa soif intellectuelle, son énergie créative. Je lui consacre une chronique, après sa disparition tragique en juin 2016, intitulée Leila Alaoui ou l'ombre de l'absente. Dans l'édifice prestigieux de la Maison Européenne de la photographie de Paris, une photographie en noir et blanc de Leila Alaoui en guise d'hommage. Terrible contraste avec le rayonnement de son sourire. Remonte des tréfonds de l'être l'insurmontable sentiment d'impuissance. Que dire face à la perte irremplaçable d'un joyau de la terre ?

Mustapha Saha
Sociologue, artiste peintre.

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« Aid state : elite panic, disaster capitalism, and the battle to control Haiti »

19 mars 2024, par Jake Johnston — , ,
L'État d'Haïti est au bord de l'effondrement : des groupes armés ont envahi le pays, de nombreux responsables gouvernementaux ont fui après l'assassinat du président Moïse en (…)

L'État d'Haïti est au bord de l'effondrement : des groupes armés ont envahi le pays, de nombreux responsables gouvernementaux ont fui après l'assassinat du président Moïse en 2021, des réfugiés ont désespérément embarqué sur des bateaux pour rejoindre les États-Unis et l'Amérique latine, et l'économie est sous le choc des séquelles, de catastrophes, tant d'origine humaine que naturelle, qui ont détruit une grande partie des infrastructures d'Haïti.

« Aid state : elite panic, disaster capitalism, and the battle to control Haiti » by Jake Johnston, St Martin's Press. Published 18/03/2024. 384 pages. ISBN/Ean 1250284678 / 9781250284679. £18.74 £24.99

Tiré de Browns Books.

Traduction Google+a.c.

Comment une nation fondée sur la libération - un peuple qui s'est révolté avec succès contre ses colonisateurs et ses esclavagistes - est-elle arrivée à un tel précipice ? Dans « Aid State », Jake Johnston, chercheur et écrivain au Center for Economic and Policy Research, révèle comment les objectifs des capitalistes américains et européens ont réasservi Haïti sous prétexte de l'aider.

Pour l'Occident, Haïti a toujours été un endroit où la main d'œuvre est bon marché, où les politiciens sont dociles et où les profits peuvent être réalisés.

Au cours de près de 100 ans, les États-Unis ont cherché à contrôler Haïti avec une police d'occupation, des militaires et des forces de maintien de la paix, ainsi qu'avec des dirigeants triés sur le volet, censés réprimer les soulèvements et protéger les intérêts des entreprises.

Les tremblements de terre et les ouragans n'ont fait que nuire davantage à un État déjà décimé par le complexe industriel "humanitaire". Basé sur des années de reportages sur le terrain en Haïti et d'entretiens avec des hommes politiques aux États-Unis et en Haïti, des responsables de l'ONU et des Haïtiens qui luttent pour leur vie, leur foyer et leur famille, « Aid State » est un livre de témoignage qui bouleverse les consciences.

Image for Aid state : elite panic, disaster capitalism, and the battle to control Haiti

Une suggestion de lecture de : André Cloutier, Montréal, Québec, 17 mars 2024*

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Adresse inaugur@le pour une revue

19 mars 2024, par Adresse la revue — , ,
Les tambours de guerre du FNL vietnamien annonçaient une incroyable nouvelle : les envahisseurs n'étaient pas invincibles. Partout, ou presque, les campus s'enflammaient, (…)

Les tambours de guerre du FNL vietnamien annonçaient une incroyable nouvelle : les envahisseurs n'étaient pas invincibles. Partout, ou presque, les campus s'enflammaient, l'insubordination ouvrière se répandait comme une traînée de poudre, le vieux monde était bousculé, Paris, Mexico, Berlin, Berkeley, Turin et Prague ne faisaient plus qu'un.

Tiré d'Entre les lignes entre les mots.

C'était il y a longtemps

La jeunesse, celle des facs et celle des usines, secouait la vieille société, les hiérarchies, les pouvoirs de droit divin, la propriété inaliénable, le patriarcat, les bureaucraties prédatrices et liberticides. Les murs prenaient la parole et les barricades ouvraient des voies insoupçonnées.

Désordre climatique dans le monde de Yalta, le cycle des saisons en fut perturbé. Le printemps fut tchécoslovaque et, en France, Mai dura jusqu'en juin. En Italie, Mai fut rampant et l'automne chaud. Dans les années qui suivirent, tout avait semblé possible à Santiago et à Lisbonne qui s'était couvert d'œillets.

Le fond de l'air était rouge et le souffle long de la révolution mit à mal la propriété privée des moyens de production, la morale établie, les rapports sociaux sexués, les divisions ethniques et les partis uniques. Il y eut de la contestation et de la subversion, des grèves et des conseils ouvriers, des expropriations et de l'autogestion, des livrets militaires brûlés, des batailles pour les droits civiques, des combats pour l'égalité et la libération des femmes, l'émergence nouvelle de l'écologie et, à une échelle inconnue jusque-là, d'un raz-de-marée féministe. Les libertés inabouties ou trahies étaient à portée de main et la chienlit éclaboussait les pères fouettards et les gardes-chiourmes.

Le monde pouvait changer de base : il apparaissait désormais possible de se réapproprier le contrôle des mécanismes de la vie en société. La démocratie pouvait être sans bornes et ne plus s'arrêter ni à la porte des entreprises ni aux frontières pas plus que dans les quartiers et les relations entre les peuples.

C'est aujourd'hui

Le monde a changé. Le printemps fut brisé à Prague et à Santiago, étouffé à Lisbonne. Un silence de mort est retombé sur la place Tienanmen. Mais le Mur de la prison « soviétique » s'est effondré libérant à la fois un espace pour la liberté et un continent entier aux prédateurs. L'emprise des multinationales sur le monde ne connaît plus guère de limites. Les impérialismes ont désormais de nombreux visages. De même que la barbarie. La planète brûle des prédations que la civilisation capitaliste lui inflige. Le monde est lourd du péril de la guerre de tous contre tous. Le fond de l'air est sombre, parfois même brun. Les fascismes du 21e siècle ne portent pas que des chemises noires.

Demain est pourtant déjà commencé

Cela fait plus d'un demi-siècle que d'aucuns avaient annoncé que la « civilisation était à un carrefour ». Il fallait choisir un itinéraire qui passait par des politiques démocratiques qui mettent au service du plus grand nombre ce que permettaient les progrès sociaux, culturels, scientifiques, technologiques et humains. Les chars russes, ceux qui pensaient que le bilan était « globalement positif », ceux qui se sont adaptés et accommodés et bien sûr ceux qui étaient partisans de la liberté du renard dans le poulailler en ont décidé autrement.

La civilisation est désormais au bord du gouffre : les forces du capital, celles des impérialismes et des sous-impérialismes, celles des barbaries et celles des fascismes sont à l'offensive sur la planète. Une planète qui brûle.

Quant aux forces émancipatrices, elles ont souvent fait, en partie, ce qu'elles ont pu mais elles se sont également souvent égarées dans diverses impasses dont les noms figurent sur les cartes comme autant d'obstacles à éviter : « campisme », « avant-gardisme », « substitutisme », « étatisme », « sectarisme » , « autoritarisme », « relativisme » et bien d'autres encore.

Alors oui, il faut en sortir. D'où l'idée d'une revue

Une de plus, direz-vous. C'est vrai. Cependant son titre se veut un clin d'œil à l'Association internationale des travailleurs de Marx et Bakounine et un appel à la mise en place d'un outil international et internationaliste de réflexion, de partage et d'échanges.

Le projet que vous avez sous les yeux paressait dans divers tiroirs. Il attendait un déclic. Celui-ci est venu d'outre-Atlantique avec le texte « Pour une gauche démocratique et internationaliste » rédigé par Ben Gidley, Daniel Mang et Daniel Randall, que nous avons été plusieurs à signer en répondant ainsi à leur appel et que nous publions en page 5 de ce numéro 00. C'est un texte qui met les pieds dans le plat et qui appelle au renouvellement des pratiques et des idées afin de rester fidèles à ce pour quoi nous combattons depuis des décennies : nous sommes attaché·es à une vision et à une pratique révolutionnaire où la démocratie, l'auto-organisation, l'autogouvernement – sous toutes leurs formes – sont au cœur du projet. Non la démocratie comme abstraction mais la démocratie comme objectif. Non l'internationalisme comme abstraction mais l'internationalisme comme pratique.

L'ambition est claire : faire renaître la capacité à discuter et à élaborer ensemble pour que s'ouvre – à la lumière de nos expériences multiples qui se sont souvent frottées les unes aux autres – une large discussion pour faire de la révolution une utopie concrète, pour permettre des synthèses, pour conserver et transmettre la mémoire des luttes, des expériences, des révolutions, pour contribuer à la socialisation des opprimé·es et des exploité·es.

Alors oui, une revue mondiale qui mette en place les conditions d'un échange mondial et qui donne accès « au plus grand nombre » à l'archipel des articles et des textes participant de cette recherche d'une issue à la crise du projet émancipateur.

Une revue pour explorer l'internationalisme et la démocratie

Sa « base politique » sera articulée autour des thématiques suivantes : émancipation du travail, autogouvernement, autodétermination, autogestion, auto-organisation, féminisme et genre, révolution, renversement/dépassement du capitalisme, alternatives, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, démocratie socialiste, reconversion industrielle pour une production socialement utile et écologiquement soutenable, refus du campisme et lutte contre tous les impérialismes et sous-impérialismes…

Une revue singulière composée de « cahiers » comportant des textes et articles piochés sur les sites et revues du monde, une sorte de plateforme, de hub où se croiseront les réflexions, selon un dispositif à construire et sans autres lignes directrices que de permettre l'échange et la lecture.

Une revue qui ne fera volontairement aucune concurrence aux publications papier ou internet existantes, bien au contraire, qui agira pour les mettre en synergie.

Une revue qui évitera les polémiques de seconde zone ou les textes étroitement politiciens.

Un projet ouvert en construction permanente.

Télécharger le n°0 au format PdF : Adresses inaugurales n°0

***

Vous trouverez ci-joint le numéro 00 de notre revue.

Nous écrivons dans l'éditorial : « L'ambition est claire, faire renaître la capacité à discuter et à élaborer ensemble pour que s'ouvre, à la lumière de nos expériences multiples qui se sont souvent frottées les unes aux autres, une large discussion pour faire de la révolution une utopie concrète, pour permettre des synthèses, pour conserver et transmettre la mémoire des luttes, des expériences, des révolutions, pour contribuer à̀ la socialisation des opprimé·es et des exploité·es. »

Certes, le projet formulé est ambitieux, mais il nous oblige. Nous pensons qu'il faut prendre des initiatives simples et rapides si nous ne voulons pas que l'« Appel pour une gauche démocratique et internationaliste » ne se transforme en une simple pétition.

Nous pourrions nous rencontrer pour faire connaissance, échanger sur les conditions d'un possible débat et jeter les bases d'une discussion organisée autour de nos objectifs communs.

Aussi, nous prenons l'initiative d'inviter les signataires qui le peuvent à se réunir à Paris courant mai. Un prochain courrier précisera le rendez-vous.

Bien sûr, cette réunion ne s'oppose pas aux réunions mondiales zoom envisagées autour de thèmes définis. Au contraire. Elle s'inscrit dans la perspective de faciliter les échanges entre nous.

Merci de faire parvenir à l'adresse de la revue vous remarques et votre avis concernant cette rencontre en mai à Paris.

Pour nous écrire : Adresses.la.revue@gmail.com

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Pourquoi la bifurcation écologique est incontournable

19 mars 2024, par Olivier Doubre — , ,
L'économiste Cédric Durand et le sociologue Razmig Keucheyan ont joint leurs réflexions pour imaginer les voies possibles vers une planification écologique afin d'arrêter la (…)

L'économiste Cédric Durand et le sociologue Razmig Keucheyan ont joint leurs réflexions pour imaginer les voies possibles vers une planification écologique afin d'arrêter la destruction des écosystèmes.

13 mars 2024 | tiré de politis.fr | Illustration : Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique, Cédric Durand et Razmig Keucheyan, La Découverte/Zones, 256 pages, 20,50 euros.
https://www.politis.fr/articles/2024/03/cedric-durand-ramzig-keuchian-comment-bifurquer-pourquoi-la-bifurcation-ecologique-est-incontournable/

Bien que toutes les personnes raisonnables sachent parfaitement que la crise environnementale menace et mène à la possible destruction de tous les êtres vivants, humains compris, les décisions prises par nos dirigeants politiques, industriels ou technocrates supposés travailler sur le sujet ne sont toujours pas à la hauteur de « l'impasse dans laquelle nous nous trouvons ». Et si la question environnementale est paradoxalement omniprésente dans le débat public, les indicateurs écologiques sont aujourd'hui tous au rouge.

Devant cette impuissance, ou plutôt cette non-volonté de changer de voie pour sauvegarder notre environnement, les deux auteurs de cet essai novateur, l'économiste Cédric Durand (université de Genève) et le sociologue Razmig Keucheyan (université Paris-Cité), se sont d'abord penchés sur les raisons de cette absence de réactions et de modifications du développement économique planétaire, en dépit de l'évidence des destructions en cours. Mais leur livre est surtout une analyse du chemin qu'il est impératif de suivre pour « bifurquer ».

« Limite fondamentale »

Bifurquer vers un autre monde s'impose en effet sans traîner, soulignent les deux chercheurs, puisqu'il est certain que « le monde du capitalisme industriel, productiviste et consumériste n'est pas compatible avec la préservation des écosystèmes vivables pour les humains ». Depuis 2008 et la dernière grande crise du système capitaliste, les États ont dû « dissiper cette illusion – pour ceux qui étaient encore sous son emprise – de la vertu régulatrice des marchés ». Et donc intervenir, les économies étant depuis largement sous perfusion publique.

La crise du covid-19 n'a fait que confirmer ce processus, celui d'une « 'étatisation' des mécanismes de marché », en phase avec un projet néolibéral qui, loin de réduire le pouvoir des États, s'emploie à s'en servir pour mieux protéger et développer les intérêts des marchés et des grandes entreprises productivistes, extractivistes, consuméristes, voire spéculatrices. Pourtant, « le cœur du problème actuel réside dans la crise environnementale » et « les solutions de marché à cette crise ne fonctionnent pas ».

Le capitalisme n'a d'autre boussole que le profit, et il n'investira que s'il en escompte un.


Cette crise, insiste les auteurs, se heurte à une « limite fondamentale », quand bien même le marché s'emploierait à « limiter » les destructions de l'écosystème : « Le capitalisme n'a d'autre boussole que le profit, et il n'investira que s'il en escompte un. » Et de souligner que « 'l'anarchie de la production' – la concurrence entre capitaux privés – empêche que les investissements nécessaires à la bifurcation écologique soient collectivement hiérarchisés et réalisés ».

Ce système, datant de plus de deux siècles, voire trois, n'a que trop duré, car on sait désormais qu'il nous mène à une impasse, empêchant la perpétuation même de nos existences. [1] « Nous n'avons pas le temps d'attendre. » Il y a urgence et « il nous faut un plan », s'exclament les auteurs. Leur livre se veut donc « une enquête sur les mondes possibles : ceux que l'on pourra conserver et ceux auxquels il faudra renoncer ».

Puisque le modèle de la croissance illimitée et de la centralité du PIB est clairement celui qui nous conduit à l'extinction prochaine de notre planète. Cette planification à laquelle appellent les auteurs est double : d'un côté, un « calcul écologique » inéluctable pour stopper les destructions des écosystèmes et assurer notre survie ; de l'autre, l'organisation d'un « espace démocratique » ou « processus de discussion » sur le devenir économique de nos sociétés, l'un et l'autre irrémédiablement liés.

L'importance de gagner le soutien des classes populaires.

Les difficultés politiques seront immenses, ne serait-ce qu'entre centralisation des impératifs écologiques et économiques et décentralisation politique capable de promouvoir une expérimentation institutionnelle de prise de décision au plus près des besoins humains et de la nature. Car « la planification écologique joue sur deux tableaux : côté pile, le calcul écologique ; côté face, la politique des besoins ».

Une planification indissociable de l'exigence d'un renouveau démocratique et donc de la constitution politique d'un « bloc social-écologique » soutenant un tel changement institutionnel et programmatique. Cela ne se fera pas sans mal puisque « travail et capital sont fracturés selon des lignes transclasses en fonction de l'intensité carbone des secteurs dans lesquels ils s'inscrivent ». Et de souligner l'importance de gagner le soutien des classes populaires à la planification écologique. Qui « sera sociale ou ne sera pas ».

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[1] On ne saurait trop recommander, sur cette question vitale, la lecture du magistral essai écoféministe de la philosophe Émilie Hache, De la génération. Enquête sur sa disparition et son remplacement par la production, La Découverte.

Trump : La voie/voix du hors-État

19 mars 2024, par Guylain Bernier — , ,
Il peut s'avérer surprenant de constater à quel point la justice étasunienne semble être hypnotisée par les cas de déviance de l'ex-président, monsieur Donald Trump, qui (…)

Il peut s'avérer surprenant de constater à quel point la justice étasunienne semble être hypnotisée par les cas de déviance de l'ex-président, monsieur Donald Trump, qui pourtant cumule les mises en accusation pour des méfaits dont la culpabilité entraînerait normalement une sanction, en songeant surtout à l'attaque contre la démocratie et son symbole par le biais de son influence1.

Cette situation troublante mérite certes une attention et impose une réflexion qui doit aller au-delà d'une critique voulant que la justice utilise la règle du deux poids, deux mesures en fonction de la personne à l'endroit de qui des accusations pèsent. Car, il faut l'avouer, la logique veut qu'une personne qui a commis une faute reçoive une punition conséquente, bien sûr à condition d'avoir démontré hors de tout doute la faute en cause, ce qui engage forcément plusieurs nuances. Attardons-nous alors à l'une d'entre elles.

La loi du plus fort

À un certain moment de l'humanité, la hiérarchie humaine au sein d'un groupe ignorait les préceptes de la morale afin de suivre une loi fort simple : celle du plus fort. Nous pouvons présumer que la force physique et la ruse (ou force de l'esprit) régnaient donc en roi et maître. Or, la conscience et divers désirs contribuèrent à des modifications, voire à moderniser cette loi originelle de façon à garantir une meilleure cohésion de groupe. En instaurant une morale, il est alors devenu possible d'établir des règles ou des lois du vivre ensemble, supposant à la rigueur des obligations et des interdits à respecter, mais aussi des privilèges en tant que droits et libertés en vue d'un certain équilibre.

Cependant, à ces règles – subalternes – s'impose toujours la loi du plus fort qui échappe à ce registre ou plutôt réaffirme son hégémonie dans la mesure où elle ne fait pas la distinction entre un défenseur des lois et un hors-la-loi. Lorsque deux groupes se rencontrent, les plus forts d'entre eux – en puissance, en richesse ou en capital social et symbolique, non plus obligatoirement en termes de force physique – s'offrent un respect mutuel avant de s'affronter, s'il y a lieu. Plus souvent qu'autrement, des ententes tacites ou formelles assurent la coexistence des groupes sur des terrains spécifiques, voire même communs, jusqu'au moment où un déséquilibre survient et exige à l'un des plus forts de s'imposer.

Dans un contexte de loi, tout en sachant que la loi du plus fort a préséance, la coexistence d'hommes et de femmes qui respectent les lois et d'autres dits et dites hors-la-loi est assurée dans une forme de conclusion binaire dépassant la seule idée de la dichotomie du fort et du faible, puisque, tout compte fait, la vraie moralité qui découle de la loi du plus fort provient du besoin de trêve ou de compromis entre les plus forts eux-mêmes dans le but d'éviter leur anéantissement.

Des hors-États

En songeant au monde dans lequel nous évoluons, la notion d'État apparaît dans une connotation politique, juridique, géographique/territoriale, économique et sociale (incluant les communautés, les cultures et les religions) à travers laquelle les lois participent au maintien de son équilibre et mode de fonctionnement ; autrement dit, à l'ordre aspiré. Si à l'intérieur de ses frontières cette dynamique s'exerce, force est de considérer également quelques règles venant régir les relations avec d'autres États. Ces lois internationales lorsque brisées entraînent des sanctions contre le ou les États fautifs, mais le tout peut dégénérer en guerre dans un retour inéluctable à la loi du plus fort avec toute la splendeur de la barbarie qu'elle peut occasionner.

En revanche, il existe un pendant, voire l'envers de la médaille, qui suggère la présence d'un hors-État, toujours actif avec ses adeptes, à savoir une sorte de monde à la fois parallèle et interdépendant à celui de l'État, et ce, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières nationales. Or, cette réalité binaire s'exprime dans des extrêmes dont la zone médiane s'élargit en de multiples nuances, dans la mesure où le citoyen ou la citoyenne ordinaire peut aussi bien fréquenter l'un que l'autre, consommant les produits des deux mondes qui n'en forment qu'un seul. Néanmoins, la personne qui respecte les lois et celle qui se veut hors-la-loi connaissent la ligne ou cette frontière à franchir pour passer d'un côté à l'autre, à savoir cette zone intermédiaire remplie de permissions sous-entendues. Cette forme de limite assure un équilibre des instances (ou un ordre pour éviter trop de désordre), toujours dans une certaine mesure. Imaginons un instant la possibilité d'une équivoque par laquelle une limite ou frontière différente serait établie avec des vérités alternatives davantage appréciées par la population d'ensemble, forçant ainsi la main des plus forts à redéfinir leur entente.

Pour un autre registre

Ces précédentes réflexions nous amènent vers le registre employé par l'ex-président étasunien, monsieur Donald Trump, qui a compris le pouvoir d'une idée capable de se transformer en une idéologie grâce à laquelle une vision inédite du sens de l'existence devient réalisable, ce qui signifie également une autre façon de désigner la vérité. Chose certaine, les insatisfactions de la population étasunienne, voire plutôt d'une frange visiblement réfractaire au respect des lois, servent de mobile à l'apparition d'une voie de sortie vers le hors-État qui stimule d'ailleurs l'imaginaire dans une recherche de la liberté maximale, une valeur étasunienne fondamentale. Par conséquent, les attaques contre monsieur Donald Trump par les lois accentuent automatiquement un plus grand appui envers lui par ce mouvement qui le supporte, alors que ce dernier incarne le nouvel État espéré : le hors-État.

Par un étrange paradoxe, les États-Unis, fiers de leur État, ont engendré des êtres profitant de leurs valeurs et de leurs richesses, mais provoquant en même temps leur déséquilibre graduel vers le hors-État, dont un représentant continue d'animer une volonté dont plusieurs personnes et groupes se sentent interpellés. Pour rétablir l'ordre dans le désordre, alors que les lois ne suffisent plus, la solution consiste à un éventuel combat entre les plus forts de la nation.

Conclusion

Même au sein de notre civilisation, la loi ancestrale du plus fort continue de dominer et aide à comprendre plusieurs incohérences à nos systèmes jugés moralement bons. La justice étasunienne tergiverse sur le cas de monsieur Donald Trump, parce qu'elle le reconnaît comme un fort et qu'il incarne une voie comptant de nombreux et nombreuses adeptes. Par contre, le hors-État ne signifie pas l'absence de lois, mais plutôt une façon différente de les considérer, sinon de nouvelles ou semblables avec d'autres nuances. N'oublions toutefois pas que pour résoudre un problème, comme le dirait monsieur Albert Einstein, il importe d'utiliser des idées différentes de celles qui l'ont créé.

Guylain Bernier

Note 1 : Par définition, l'influence équivaut à dire « A – intentionnellement ou non – “fait voir” à B son intérêt là où il ne l'aurait pas placé dans cette relation. De sorte que B va, de lui-même, adopter une attitude ou un comportement appropriés (sic), c'est-à-dire, négativement, sans obligation […] » (Braud, 1985, p. 352). Ainsi, l'influence aurait un pouvoir de séduction, de manière à ce que l'individu influencé perçoive un avantage à la subir. Dans le coffre à outils de l'influence se trouvent donc la persuasion, la manipulation et l'autorité.

Référence

Braud, P. (1985). Du pouvoir général au pouvoir politique. Dans M. Grawitz & J. Leca (Dir.), Traité de sciences politique. La science politique, science sociale. L'ordre politique (Tome I) (pp. 335-394). Paris, France : Presses Universitaires de France.

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Le Nouveau Parti Démocratique du Québec : l’inconnu dans la maison

19 mars 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Dans le précédent numéro de Presse toi à gauche (édition du 12 au 18 mars), j'abordais sommairement et trop partiellement les raisons de l'insuccès persistant du parti au (…)

Dans le précédent numéro de Presse toi à gauche (édition du 12 au 18 mars), j'abordais sommairement et trop partiellement les raisons de l'insuccès persistant du parti au Québec. J'y confondais plus ou moins le NPD fédéral et son "petit frère" provincial. Il importe de bien les distinguer l'un de l'autre et de relater plus précisément l'évolution du parti au Québec.

Le Nouveau Parti démocratique du Québec a été fondé en 1963 par des syndicalistes, ceux de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et par des militants francophones du Parti social démocratique du Québec, une petite formation de gauche. Il formait donc à ses débuts la section québécoise du NPD fédéral et le demeurera jusqu'en 1988. À ce titre, il a participé aux scrutins fédéraux et provinciaux. À celui, fédéral de 1965 par exemple, il est allé chercher 12% des voix au Québec ; en 1968, 7%. Il exerçait ses activité exclusivement comme antenne du parti frère fédéral dans la "Belle province". Le Parti socialiste du Québec (PSQ) lui, proche du NPD, se chargeait de défendre la social-démocratie dans le cadre provincial, conformément à l'entente conclue avec le NPD d'Ottawa en 1963. Mais le PSQ "s'évapora" vers 1968.

Il faut dire qu'en cette époque farouchement nationaliste qui voyait la montée en puissance du mouvement souverainiste (fondation du Rassemblement pour l'indépendance nationale en 1960 et surtout celle du Parti québécois en 1968), la conjoncture n'était guère favorable pour un parti de centre-gauche fédéraliste.

Le Nouveau Parti démocratique du Québec consacra donc l'essentiel de ses énergies à la politique fédérale au cours des années 1970 et au début de la suivante. Il négligea la question nationale québécoise et insista plutôt sur une meilleure répartition de la richesse produite. Mais une bonne partie de la gauche se rallia au Parti québécois qui offrait le double avantage de promouvoir l'émancipation nationale du Québec et une forme de social-démocratie, du moins en théorie. La personnalité charismatique de René Lévesque y était pour quelque chose.

S'en rendant compte et pour ne pas abandonner tout le terrain de la politique provinciale "de gauche" au Parti québécois, le NPDQ y a fit quelques timides incursions, par exemple un petit nombre de candidats aux élections de 1970. Par la suite, il ne présenta plus de candidats aux scrutins provinciaux.

Les néodémocrates n'avaient rien d'inspirant pour l'électorat, en particulier les jeunes. Quelques chefs furent élus (comme Raymond Laliberté, ancien syndicaliste et président de la Corporation des enseignants du Québec de 1971 à 1973, Henri-François Gautrin de 1973 à 1979) mais non seulement leur personnalité était plutôt terne, mais ils ne comprenaient pas l'attrait de l'idéal souverainiste auprès d'une importante fraction de la jeunesse. Le parti tenta une nouvelle expérience électorale en 1976 mais subit un nouvel échec.

Toutefois, malgré tout influencée par l'ambiance très nationaliste de cette époque, le parti milita pour la reconnaissance du droit à l'autodétermination du Québec, ce qui influença à son tour une partie des membres du grand frère fédéral, mais que le congrès fédéral rejeta en 1977. Cependant. le congrès revint sur sa décision en 1983 et affirma le droit du Québec à l'autodétermination. Il devint ainsi le premier parti fédéral à affirmer cette reconnaissance.

Au milieu des années 1980, la direction du parti provincial jugea qu'il existait un vide au Québec. À l'époque, le gouvernement péquiste de René Lévesque se trouvait discrédité par l'échec du référendum de mai 1980 et surtout par les politiques budgétaires très restrictives imposées sans préavis par le cabinet Lévesque de 1981 à 1985. On estima donc au sein des cercles néodémocrates que le temps était peut-être propice pour détrôner le Parti québécois. Le NPDQ résolut donc de dédoubler sa mission : tout en demeurant une section provinciale du NPD fédéral, il s'investit sur la scène politique provinciale.

À partir de 1984, on procéda donc à une tentative de relance, non sans un certain succès : un nouveau chef, Jean-Paul Harney, ex député du NPD à la Chambre des Communes de 1972 à 1974 et surtout en 1985, la mise sur pied officielle de la nouvelle version du NPDQ qui occupa dès lors tout le champ politique, tant provincial que fédéral. Ce parti "relooké" présenta des candidats aux scrutins provinciaux de 1985, 1989, 1994 et 1998 avec divers succès mais dans tous les cas très modestes.

Au plan constitutionnel, pour se mettre en phase avec l'importante frange nationaliste et profiter de la mise en veilleuse de l'option souverainiste par le successeur de René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, il affirma aussi son rejet de la Loi constitutionnelle de 1982. Il défendit cette position lors du scrutin de 1985. Il bénéficia aussi de la croissance du nombre de ses membres, ce qui n'en n'a pas fait pour autant un parti de masse comme l'avait déjà été le Parti québécois dans les années 1970.

Lors des élections fédérales de 1988, il recueillit 14% des votes au Québec. Dans les sondages, il grapillait de 10% à 17% des intentions de vote en 1987-1988. Il connut même une pointe de 22% en octobre 1987 à égalité avec le Parti québécois, quelques semaines avant le décès de René Lévesque.

En avril 1989, lors d'un congrès d'orientation, il adopta le principe d'une rupture des liens structurels avec les NPD fédéral. Par la même occasion, le parti y réaffirma sa position de 1985 sur le droit à l'autodétermination du peuple québécois Assortie d'une nouvelle association politique avec le Canada. Il concentra donc désormais tous ses efforts sur la scène politique provinciale. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette rupture ne scandalisa pas la direction du parti à Ottawa, vu que les divergences de vues entre les deux ailes créaient souvent des frictions entre elles. L'année suivante, le retour au pouvoir de péquistes sous Jacques Parizeau diminua encore sa marge de manoeuvre.
"À quoi bon appuyer un petit parti indépendantiste alors qu'un grand parti souverainiste vient de conquérir une majorité parlementaire ?" durent se dire bon nombre d'électeurs et d'électrices péquistes. En tout cas, le NPDQ ne recueillit à cette occasion que 1% des votes.

En 1995, le NPDQ devint (ou redevint) le Parti de la démocratie socialiste ; retour en un sens à la période 1963-1968. Il appuya bien sûr le OUI à la souveraineté en octobre 1995, mais on peut douter de son influence sur le résultat de ce nouveau référendum.

Le 7 septembre 2002, il intégra la coalition de l'Union des forces progressistes (UFP) pour se fondre ensuite dans Option citoyenne en 2006. (Précisons qu'il ne se fonde pas dans Option citoyenne mais fusionne avec pour devenir QUébec Solidaire : Presse toi à gauche) Il n'exista plus de 2006 à 2014.

À la suite du succès inattendu du NPD en 2011, des militants et militantes envisagèrent de relancer de relancer le parti sur la scène politique provinciale, mais sans la souveraineté.

Il fut donc "refondé" le 30 janvier 2014 et son chef intérimaire était Pierre Ducasse, ancien bras droit de Jack Layton au Québec. À l'élection partielle de Louis-Hébert du 2 octobre 2017, il n'alla chercher que 1.3% des voix. Le 21 janvier 2018, Raphaël Fortin fut élu chef de la formation, poste qu'il conserve encore. Au scrutin de 2018, le parti présenta 59 candidats sur 125 comtés mais il ne recueillit que 0.5% des suffrages. En 2022, il n'aligna aucun candidat. Il est totalement absent de la scène publique.

Voilà dans les grandes lignes l'histoire du NPD au Québec. S'il a fait acte de présence depuis 1963, celle-ci ne se révéla guère significative. Il n'a jamais réussi à s'imposer. La conjoncture a souvent joué contre lui, mais même cet élément défavorable ne peut tout expliquer. Il n'a même pas su profiter des rares périodes positives qui se sont présentées à lui, comme ce fut le cas durant la décennie 1980. Au plan fédéral, il a du affronter la concurrence des libéraux fédéraux, et au provincial, celle du Parti québécois. Le retour au pouvoir du parti souverainiste en 1994 lui a porté un coup fatal. Même la tentative de relance de 2014 ne lui a pas permis de se relever.

L'explication fondamentale à tous ces échecs ne réside-t-elle pas en définitive dans l'incapacité persistante de ce parti à se brancher sur une idéologie nationale franchement québécoise ?

Jean-François Delisle

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La Question palestinienne et le marxisme

19 mars 2024, par Guillaume Matthey, Joseph Daher — , ,
Dans une brochure claire et concise, notre camarade Joseph Daher prolonge un exercice déjà entamé dans un long article publié dans Contretemps en 2021 : définir une stratégie (…)

Dans une brochure claire et concise, notre camarade Joseph Daher prolonge un exercice déjà entamé dans un long article publié dans Contretemps en 2021 : définir une stratégie politique réaliste pour l'émancipation du peuple palestinien, à partir d'une perspective révolutionnaire et ancrée dans les réalités de la région.

Tiré de NPA 29

La brochure permet de sortir la tête de la situation immédiate. Un apport salutaire face à la situation catastrophique à Gaza, qui paraît ne jamais avoir de fin. D'abord, parce qu'elle réinscrit la question de la résistance palestinienne et del'État colonial et d'apartheidqu'est Israël dans l'histoire longue et dans les processus politiques régionaux. Ensuite, parce qu'elle médite les erreurs et impasses stratégiques des luttes passées et actuelles. Enfin, parce qu'elle projette la réflexion dans le temps long et à l'échelle régionale.

La question palestinienne et le marxisme vise à renforcer la solidarité pour la lutte de libération et d'émancipation du peuple palestinien en s'appuyant sur quelques principes : le droit des peuples à la résistance face à un régime d'apartheid et de colonisation, y compris armée, sans le confondre avec le soutien aux perspectives politiques des différents partis politiques palestiniens.

Mais aussi la centralité de la défense des droits fondamentaux comme le droit au retour, le droit à l'autodétermination, la fin de l'apartheid, de l'occupation et de la colonisation, la complète égalité des droits entre Palestinien·nes et Israélien·nes. Et le soutien à la campagne internationale du mouvementBoycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Développement inégal et combiné

L'ouvrage permet d'identifier une ligne stratégique réaliste pour la cause palestinienne. Réaliste parce qu'elle s'appuie sur une lecture matérialiste et historique, mais aussi parce qu'elle pense les erreurs du passé et la situation actuelle. Une ligne qui ne se cache pas les difficultés : ainsi l'auteur n'élude pas l'analyse de la faiblesse de la classe travailleuse palestinienne et l'intérêt économique bien compris de la classe travailleuse israélienne, comme son soutien idéologique à son État.

Il en analyse les fondements : l'émergence d'une économie juive qui s'appuie sur les structures coloniales britanniques. Une économie dite « socialiste » mais en réalité à caractèrecolonial et ethno-racial, organisée dans l'alliance entre un syndicalisme juif et l'Organisation sioniste (OS) sous le slogan « terre juive, travail juif, produit juif ». Avec comme résultat un développement inégal et combiné entre l'économie palestinienne et israélienne ; la première étant maintenue dans un état de dépendance par rapport à la seconde, subissant une dynamique de « dé-développement ».

Daher invite donc à penser le problème non pas comme celui de la couleur politique des dirigeant·es israélien·nes, mais comme un « processus de colonisation continue » qui organise les rapports entre les deux populations.

Daher défait également toute attente envers les principales forces politiques palestiniennes : le Hamas affirme une politique réactionnaire d'islamisation de la société gazaouie et s'allie avec des régimes autoritaires comme l'Iran, le Qatar ou la Turquie. Simultanément, ce mouvement « ne considère pas les masses palestiniennes, les classes ouvrières régionales et les peuples opprimés comme des forces susceptibles d'obtenir leur libération » et défend une économie basée sur le capitalisme et le libre marché.

Joseph Daher rappelle à ce titre que la petite bourgeoisie est la « base sociale historique du fondamentalisme islamique », que ce « projet réactionnaire n'offre aucune solution aux sections de la paysannerie et des salarié·es » qu'il gagne et que pour lui « la lutte des classes est donc considérée comme une chose négative ». De son côté, l'Autorité Palestinienne est définitivement décrédibilisée par sa collaboration avec la puissance occupante.

Vers l'auto-organisation par en bas

Ce qui constitue le caractère paradoxal de sa proposition est qu'elle est aussi implacablement réaliste qu'elle semble lointaine, voire inatteignable. Mais c'est l'horizon stratégique que défend Joseph Daher : la seule stratégique réaliste de libération est une « stratégie révolutionnaire régionale (…) qui passe par l'établissement d'un État démocratique, socialiste et laïque dans la Palestine historique, avec des droits égaux pour les peuples palestinien et juif, au sein d'une fédération socialiste à l'échelle du MOAN. »

C'est-à-dire que les Palestinien·nes doivent construire une « nouvelle direction politique engagée dans l'auto-organisation par en bas » et des alliances avec les forces socialistes et émancipatrices de toute la région.

On regrettera toutefois que cette direction stratégique ne soit pas étayée de quelques propositions politiques de court et moyen terme. L'auteur peine à proposer des pistes où se concrétise la ligne stratégique défendue. Gageons que cela soit l'objet d'une seconde brochure !

vendredi 8 mars 2024, Guillaume Matthey solidaritéS

https://solidarites.ch/

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Ukraine. « La normalisation de la guerre à grande échelle a vu le retour de la confrontation politique »

19 mars 2024, par Federico Fuentes, Viktoriia Pihul — , , ,
Deux ans après l'invasion de l'Ukraine, l'incertitude règne toujours quant à l'avenir du pays. La guerre s'est étendue et sera la toile de fond des élections présidentielles (…)

Deux ans après l'invasion de l'Ukraine, l'incertitude règne toujours quant à l'avenir du pays. La guerre s'est étendue et sera la toile de fond des élections présidentielles russes, qui se tiendront du 15 au 17 mars. Comment les organisations socialistes ukrainiennes se positionnent-elles à l'heure actuelle ? Comment abordez-vous la lutte contre Vladimir Poutine et les forces de droite dans votre propre pays ?

14 mars 2024 | tiré d'u site entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/19/ukraine-la-normalisation-de-la-guerre-a-grande-echelle-a-vu-le-retour-de-la-confrontation-politique

Quels ont été les principaux impacts de ces deux années de guerre sur la société ukrainienne ?

L'impact le plus important a été la banalisation d'une guerre de grande échelle. En deux ans, les gens se sont habitués à la guerre et l'ont intégrée à leur vie quotidienne. La guerre est considérée comme l'un des problèmes sociaux les plus importants, mais aussi comme un problème parmi d'autres. En conséquence, les confrontations politiques sont de retour, tout comme les discussions sur des problèmes tels que la corruption, les inégalités, les problèmes économiques, etc.

Bien sûr, d'une manière ou d'une autre, la plupart des discussions sont encore menées à travers le prisme de la guerre et de la résistance à la Russie. Toutes les forces politiques cherchent à faire appel à l'armée et à la lutte contre la Russie, les décisions ou propositions étant généralement justifiées par le fait qu'elles sont « utiles au front et à la victoire ». Mais la société ukrainienne n'est pas épuisée de la guerre : le niveau de soutien à l'armée est stable depuis longtemps. Les gens se sont plutôt habitués à la guerre et se sont adaptés aux conditions actuelles, dont ils se rendent compte qu'elles ne changeront pas avant très longtemps. Dans un sens, la guerre est un moyen de dissuasion pour de nombreux conflits internes (de classe, politiques, idéologiques, etc.). Mais avec la banalisation, ces conflits reviendront de plus en plus à leur état d'avant-guerre, bien que la guerre soit désormais utilisée comme l'un des arguments, sinon l'argument décisif.

Comment le Mouvement social interprète-t-il le récent remplacement de l'ancien commandant en chef Valeri Zaloujny par le général Oleksandr Syrsky ?

Le principal problème de ce remplacement est son manque de transparence. La conception du président ukrainien Volodymyr Zelensky de la souveraineté du pouvoir présidentiel est vraiment douteuse. Même avant l'invasion massive, il n'a jamais expliqué ses nominations et ses révocations. La guerre à grande échelle n'a fait qu'exacerber ce problème. Par exemple, l'ami proche de Zelensky, Ivan Bakanov, qui était à la tête du service de sécurité ukrainien, a été démis de ses fonctions sans aucune explication – alors qu'il était évident que ses actions pouvaient être qualifiées a minima de négligentes. Nous n'avons reçu aucune explication claire justifiant le remplacement de Zaloujny. Au lieu de cela, il n'y a eu qu'une vague déclaration publique et une séance d'information à huis clos pour la presse. Le public n'a pas été informé de tout. C'est en partie compréhensible, car la guerre impose des limites à la transparence. Cependant, tout ce qui nous reste, ce sont des spéculations basées sur des informations d'initiés publiées dans divers médias.

La situation de Zaloujny est assez paradoxale. La société critique de plus en plus l'armée. L'armée ukrainienne a hérité de nombreux problèmes de l'armée soviétique. Ceux qui s'engagent ne sont pas satisfaits de la bureaucratie, des méthodes dépassées, de la corruption, etc. D'un autre côté, ces critiques n'ont pas affecté la popularité de Zaloujny, bien que celui-ci n'ait pas agi contre les dirigeants impopulaires de l'armée (par exemple, le chef du corps médical qui n'a pas approvisionné l'armée en médicaments tactiques, ou les chefs des centres de recrutement territoriaux impliqués dans des affaires de corruption). Il ne faut pas sous-estimer le rôle de Zaloujny dans la défense face à l'invasion russe : c'était un général brillant dont les actions non conventionnelles et courageuses ont sauvé notre pays. En conséquence, son autorité est devenue pratiquement inattaquable, dans l'armée et dans la société. Comme toute personne, il peut commettre des erreurs et a des faiblesses. Mais la légende qui s'est développée autour de lui empêche toute discussion sérieuse à ce sujet.

Dans le même temps, les difficultés de l'armée perturbent le soutien de Zelensky. Le mécontentement de Zelensky à l'égard de Zaloujny est dû à ses tentatives de s'exprimer de manière indépendante dans les médias. L'équipe de Zelensky accorde beaucoup d'attention au contrôle de la narration médiatique et n'aime pas qu'on perturbe ses plans. Ces faits, ainsi que le manque d'explications à cette décision, ont popularisé des explications simplistes – par exemple, que Zaloujny aurait été remplacé parce que trop pessimiste, alors que Zelensky exigerait de lui des rapports plus optimistes [1].

Il s'agit probablement d'une simplification excessive : nous n'avons pas constaté de divergences ou de conflits graves au sein de l'état-major ukrainien ou entre les dirigeants militaires et politiques pendant la contre-offensive de l'été. De nombreuses décisions aujourd'hui critiquées a posteriori (défense de Bakhmout et offensives simultanées sur plusieurs points) ne peuvent être attribuées à une seule personne. Bien que de nombreux problèmes de la campagne 2023 aient été causés par le manque et la lenteur du soutien militaire étranger, la décision de changer le commandant en chef a probablement été provoquée par ces mêmes problèmes. Il est évident qu'une nouvelle stratégie est recherchée pour contrer la Russie dans des conditions de plus en plus difficiles. Nous espérons que la nouvelle stratégie s'appuiera sur les points forts de l'Ukraine – comme cela s'est produit lors de la campagne navale de 2023, qui a été une victoire majeure pour l'Ukraine et a permis de rouvrir la mer Noire au commerce.

Notre impression, depuis l'extérieur, est que les critiques à l'encontre de Zelensky semblent s'intensifier de manière plus générale. Des protestations ont eu lieu sur différents sujets, de la nouvelle loi de mobilisation aux priorités budgétaires pour le gouvernement local, en passant par le projet de rationalisation de l'enseignement universitaire. Pouvez-vous nous donner une idée de l'ampleur de ces critiques et de ces protestations ? Y voyez-vous un affaiblissement de l'effort de guerre ?

Il s'agit simplement d'une conséquence de la banalisation de la guerre et du retour des questions politiques. Dans un monde idéal, la société serait totalement unie, comme au début de l'invasion. Mais c'est impossible. La raison principale en est que différents groupes sociaux sont prêts, à des degrés divers, à compromettre leurs intérêts pour gagner la guerre. Les secteurs les plus privilégiés, qui sont personnellement plus éloignés de la guerre, peuvent avoir beaucoup à perdre d'une défaite, mais ils savent qu'ils peuvent au moins partir facilement à l'étranger. Par contre, ceux de la classe ouvrière et des couches moyennes inférieures, pour la plupart, ne peuvent envisager un avenir sans l'Ukraine et sont donc prêts à faire de grands compromis au nom de la victoire.

Il est significatif que l'offensive contre les droits des travailleurs soit à l'origine de ce retour progressif de la politique. Les travailleurs et de nombreux autres groupes sont sur la défensive. Ce retour de la politique signifie que chaque problème, chaque critique, chaque mouvement de protestation sera utilisé par un groupe politique ou un autre. Cela conduira inévitablement à la surenchère, au ralentissement de la prise de décision, etc. Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine, mais d'un processus politique caractéristique de presque tous les pays d'Europe de l'Est. La seule différence est que nous menons une guerre à grande échelle contre un ennemi supérieur.

Tout cela a bien sûr un impact sur la guerre. Par exemple, le retard dans l'adoption de la loi sur la mobilisation a empêché la reconstitution rapide des troupes épuisées sur le front. Mais il est important de noter que la principale raison de ce retard et de la réticence de Zelensky à procéder à une nouvelle mobilisation à grande échelle est d'ordre financier. Les coûts de la mobilisation ne peuvent être couverts sans augmenter les impôts. C'est cela qui fait peur au gouvernement, et pas seulement le fait qu'il y ait moins de personnes prêtes à se battre. Le désir du gouvernement de protéger les groupes privilégiés du fardeau de la guerre entrera de plus en plus en conflit avec l'effort de guerre. Nous continuerons à le souligner afin de réduire les dommages qu'il cause à notre pays.

Dans une interview récente, Oksana Dutchak, membre de l'équipe éditoriale du magazine ukrainien de gauche, Спільне/Commons, a déclaré : « il y a un sentiment d'injustice par rapport au processus de mobilisation. Le niveau de revenus et/ou la corruption conduisent à mobiliser majoritairement (mais pas exclusivement) les classes populaires, ce qui va à l'encontre de l'image idéale de la “guerre populaire” à laquelle participe toute la société » [2]. Quelle est l'ampleur de cette tendance ?

La mobilisation pour repousser l'agression extérieure est nécessaire, mais elle est injuste dans les conditions actuelles. La société ukrainienne est divisée socialement. Dotées de pouvoir, les classes privilégiées tenteront à tout prix de réduire le nombre de victimes issues de leur classe. Les riches peuvent payer des pots-de-vin pour éviter le service militaire. En revanche, les travailleurs sont pratiquement sans voix et risquent bien plus de payer de leur vie. Le fardeau des travailleurs est donc disproportionnellement plus lourd. Le risque de sanctions en cas de désobéissance aux exigences de la mobilisation est beaucoup plus élevé pour les pauvres, car leur accès à des avocats est limité. Dans le même temps, des innovations sont introduites pour permettre aux riches d'acheter légalement leur liberté de mouvement ou de partir à l'étranger.

Les politiques néolibérales en matière d'emploi ont également considérablement affaibli les incitations pour les travailleurs à s'engager dans l'armée. Depuis juillet 2022, les travailleurs mobilisés ne reçoivent plus le salaire moyen de leur lieu de travail en plus de leur rémunération en tant que soldats, ce qui rend les travailleurs et leurs familles plus vulnérables. De plus, d'un point de vue administratif, il est beaucoup plus facile de distribuer des convocations en masse là où les travailleurs sont concentrés – dans les mines, les chemins de fer, les exploitations agricoles, etc.

Pour que la guerre devienne populaire, il est nécessaire d'établir l'égalité sociale – en commençant par la confiscation des richesses qui dépassent la norme nécessaire à une vie décente, une fiscalité progressive pour mieux soutenir financièrement les familles des travailleurs tués au front, et un moratoire complet sur les réformes qui augmentent la pauvreté. Je voudrais ajouter qu'il est difficile de répondre sans équivoque à la question de la prévalence d'une « mobilisation de classe », car l'État ne tient pas à tenir des statistiques sur l'appartenance sociale des personnes mobilisées.

Les camarades du Mouvement social ont analysé les défauts du nouveau Code du travail proposé, qui renforce la domination du patronat et affaiblit les syndicats. Comment le mouvement syndical peut-il lutter contre cela sous la loi martiale ?

Contrairement aux oligarques, les travailleurs essaient d'éviter de saper l'économie de leur pays pour leurs propres intérêts. Par conséquent, les principaux moyens dont nous disposons pour lutter contre les initiatives anti-travailleurs passent par la bataille médiatique à l'intérieur du pays et le lobbying contre ce type d'initiatives avec des partenaires étrangers. Ces deux moyens fonctionnent : les mesures anti-travailleurs sont très impopulaires et une couverture médiatique suffisante a entraîné d'importants retards dans leur mise en œuvre. La collaboration avec des partenaires étrangers a également permis de faire pression sur les autorités en augmentant le coût de l'introduction de ces mesures.

Idéalement, nous aimerions que les revendications sociales (qui ont leur raison d'être en temps de guerre totale) soient placées au même niveau que la lutte contre la corruption. Tout cela doit être pris en compte dans le cadre de la poursuite de l'intégration de l'Ukraine dans l'Union européenne, notamment parce que l'UE offre une meilleure protection juridique aux travailleurs que l'Ukraine. D'une manière ou d'une autre, l'Ukraine devra harmoniser sa législation avec celle de l'UE.

Enfin, et c'est peut-être le plus important, nous voyons comment la réalité économique commence à percuter le paradigme néolibéral. L'Ukraine commence à souffrir de pénuries de main-d'œuvre– plus de 90% des entreprises affirment y être confrontées. L'adoption de nouvelles lois anti-ouvrières ne fera qu'accentuer l'exode des travailleurs. Jusqu'à présent, les autorités ont cherché à résoudre ce problème par des mesures administratives plutôt naïves, telles que le lobbying pour annuler les prestations sociales des citoyen·es ukrainien·es déplacé·es en Europe. Cependant, il est évident que de telles mesures sont vouées à l'échec, car les pays européens veulent intégrer dans leurs économies les Ukrainien·es déplacé·es. Tôt ou tard, le gouvernement devra trouver des moyens de faire revenir celles et ceux qui sont parti·es et de garder celles et ceux qui sont resté·es. Nous continuerons à rendre compte de tout cela et à mettre en garde contre les conséquences de toute politique irréfléchie.
Alors que les gouvernements occidentaux se sont empressés de venir en aide à l'Ukraine dans les semaines qui ont suivi l'invasion, l'aide militaire fournie aujourd'hui est loin de répondre aux besoins.

Qu'est-ce que cela nous apprend sur la façon dont les gouvernements occidentaux perçoivent la guerre ? Et que peuvent faire les partisans de l'Ukraine dans d'autres pays pour contribuer à inverser cette situation et aider la gauche en Ukraine ?

Nous ressentons les effets directs du déclin du soutien occidental. De plus en plus de missiles russes ne sont pas abattus, ce qui se traduit par un plus grand nombre de morts parmi les civils. Et les troupes russes progressent plus rapidement à mesure que l'armée ukrainienne manque de munitions. Mais nous sommes loin de penser que l'Occident ne s'intéresse plus à l'Ukraine. Nous constatons plutôt un processus de banalisation de la guerre et un éloignement de la situation d'urgence des premiers mois de l'invasion. Tout cela a entraîné un ralentissement considérable de l'aide, en raison de la bureaucratie habituelle.

Cela a également permis à des groupes restreints mais influents, tels que l'extrême droite, l'agro-industrie, les négociants en pétrole et certains membres des cercles militaires, d'utiliser l'Ukraine comme moyen de chantage politique. Par exemple, Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, a réussi à soutirer dix milliards d'euros à l'UE en échange de son vote sur le programme d'aide à l'Ukraine. Les agriculteurs européens ont reçu davantage de subventions de l'UE en raison du blocus du commerce ukrainien. En outre, de nombreuses armées européennes ont procédé à des améliorations d'équipement assez lucratives, en utilisant l'aide à l'Ukraine comme excuse pour obtenir le soutien des États-Unis et de l'Allemagne. Quant au ministère australien de la défense, il a décidé, pour des raisons internes, de détruire des hélicoptères plutôt que de permettre à l'Ukraine de les utiliser pour évacuer des combattants blessés.

L'aide à l'Ukraine ne dépend pas tant du soutien de la majorité de la société occidentale à l'Ukraine que de l'ampleur des capacités de résistance de l'Occident au chantage de ces groupes restreints mais bien organisés. Pas seulement sur l'Ukraine, car ces groupes cherchent à influencer la société sur d'autres questions. C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de l'extrême droite. Presque partout, c'est l'extrême droite qui bloque le soutien à l'Ukraine. Après l'armée russe, elle est l'ennemi numéro 2 de l'État ukrainien. Même ceux qui ont soutenu l'Ukraine au début de l'invasion (comme le parti polonais Droit et Justice, PiS) utilisent aujourd'hui une rhétorique anti-ukrainienne pour plaire à leurs électeurs.

La meilleure façon de soutenir la gauche ukrainienne est de soutenir l'Ukraine et sa résistance. Ayant vu à plusieurs reprises des missiles anti-aériens occidentaux abattre des drones et des missiles russes depuis la fenêtre de ma maison, je peux affirmer avec certitude que l'aide militaire occidentale sauve des vies ukrainiennes. Les Ukrainien·es suivent activement la politique des pays occidentaux et, à bien des égards, les considèrent comme un modèle auquel aspirer. Les Ukrainien·es n'oublieront jamais qui, à l'Ouest, les a soutenu·es et qui s'est opposé à eux.

Étant donné que la plupart des mouvements de droite mènent des politiques anti-ukrainiennes, les militant∙es de gauche qui défendent l'Ukraine à l'étranger contribueront à rehausser l'écho de la gauche en Ukraine même. Si vous voulez nous soutenir, soutenez l'Ukraine. Participez à des actions, demandez à vos représentants de soutenir l'Ukraine, parlez de nous dans les médias. En outre, soutenir directement les organisations ukrainiennes de gauche, telles que les syndicats ukrainiens (par exemple la Confédération des syndicats libres d'Ukraine et la Fédération des syndicats d'Ukraine), les collectifs de solidarité, l'organisation féministe FemSolution, le Mouvement social et Спільне/Commons contribuera à nous faire apprécier à l'intérieur du pays.

Le gouvernement Zelensky s'est rangé du côté d'Israël dans son occupation de Gaza, tandis que le Mouvement social a récemment publié une déclaration intitulée « De l'Ukraine à la Palestine – L'occupation est un crime » [3]. Quelle est l'opinion en Ukraine sur ce conflit ? Est-elle en train de changer ?

Il n'est pas tout à fait exact que le gouvernement ukrainien soutient pleinement Israël. L'Ukraine a voté en faveur de pratiquement toutes les résolutions pro-palestiniennes aux Nations unies. Zelensky lui-même soutient publiquement la politique des deux États et l'indépendance palestinienne. Les paroles de soutien à Israël étaient largement opportunistes, malavisées et hors contexte. Elles ont été prononcées peu après le 7 octobre, qui a été un crime terrible, quelle que soit l'appréciation que l'on porte sur les actions ultérieures d'Israël. La politique étrangère ukrainienne souffre d'opportunisme mais, sur la question de la Palestine, l'Ukraine a une bien meilleure position que la plupart des pays développés.

La plupart des Ukrainien·es connaissent mal le Moyen-Orient et ses conflits. Mais la guerre à grande échelle a eu tendance à populariser une position pro-palestinienne. La plupart des Ukrainien·es ont une très mauvaise opinion des autorités israéliennes en raison de leur amitié avec les dirigeants russes. Aujourd'hui encore, alors que la Fédération de Russie fournit des armes aux groupes anti-israéliens, Israël refuse de lever son embargo sur les armes fabriquées avec la technologie israélienne depuis l'Europe vers l'Ukraine. Deuxièmement, de plus en plus d'Ukrainien·es commencent à se familiariser avec les connaissances post-coloniales et à établir des parallèles entre les actions d'Israël et de la Russie : attaques aveugles contre des zones résidentielles, implantation de colonies dans les territoires occupés, etc.

La principale différence entre nos conflits est que le peuple ukrainien dispose d'un État pleinement opérationnel, alors que le peuple palestinien en est privé. Il est certain que la Russie aimerait qu'il en soit de même pour l'Ukraine, car il lui serait plus facile de tuer les Ukrainiens si nous n'avions pas notre propre État. Nous l'avons vu lors de la guerre russo-itchkérienne [4]. À bien des égards, Netanyahou ne fait que répéter ce que la Russie a fait à l'Itchkérie. C'est pourquoi les Ukrainien·es doivent en savoir plus sur la Palestine, non seulement pour des raisons morales, mais aussi pour nous mettre en garde contre les objectifs de notre ennemi et les méthodes qu'il pourrait utiliser.

* Victoria Pigoul (Вікторія Пігуль), féministe ukrainienne, est membre du conseil de l'organisation socialiste démocratique ukrainienne Sotsialnyï Rukh (Mouvement social). Federico Fuentes est journaliste du magazine australien LINKS International Journal of Socialist Renewal. Cet entretien a d'abord été publié le 15 février 2024 en anglais par LINKS.
https://links.org.au/viktoriia-pihul-social-movement-ukraine-normalisation-full-scale-war-has-seen-return-political
Traduit par J.M.
Publié dans Inprecor n°718, mars 2024

Notes

[1] Un bon exemple de cette narration est l'article de Politico publié le 8 février sous le titre « Zaloujny sort, le “boucher” entre en jeu ».
[2] « Des tensions s'accumulent dans la société ukrainienne en raison des politiques néolibérales imposées par le gouvernement », 3 février 2024, Presse-toi à gauche !
https://inprecor.fr/node/3830
[3] « De l'Ukraine à la Palestine – L'occupation est un crime », 31 janvier 2024.
https://inprecor.fr/node/3839
[4] La Russie a répondu militairement à la déclaration de l'indépendance de la République tchétchène d'Itchkérie en 1991 par deux guerre sanglantes (1994-1996 et 1999-2009). Selon les données de différentes ONG, ces conflits auraient causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes et le déplacement de quelque 350 000 réfugié·es (la majorité étant revenue après la fin du conflit). Le clan Kadyrov, soutenant la Russie, a par cette guerre pris la tête de la Tchétchénie réintégrée au sein de la fédération de Russie.

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Féministes internationalistes en guerre

En ce mois de mars 2024, les féministes internationalistes s'organisent et s'activent sur le terrain militaire. C'est tout particulièrement le cas sur la question des armes (…)

En ce mois de mars 2024, les féministes internationalistes s'organisent et s'activent sur le terrain militaire.

C'est tout particulièrement le cas sur la question des armes et du soutien armé à l'Ukraine, cette « épine dans le pied de l'ensemble des organisations anticapitalistes, féministes et anti-impérialistes » pour reprendre la formule de Daria Saburova, une militante féministe ukrainienne francophone. Elles contribuent notamment à documenter cette réalité, apportent un soutien concret aux soldat.es et offrent ainsi, un « visage vivant de politique militaire féministe », pour reprendre la formule d'Aplutsoc.

Féministes dans l'armée

Au nombre des actions réalisées au mois de mars 2024, en français, on peut notamment renvoyer à un Webinaire organisé par le Réseau Européen de Solidarité avec l'Ukraine (ENSU/RESU) avec des militantes féministes ukrainiennes. Parmi les intervenantes, on insistera ici sur les interventions d'une soldate (1h02 et s. ; 1h37 et s. ; 2h28 et s.) qui, à la suite d'autres témoignages et documentaires, permettent d'illustrer concrètement cet engagement militaire féministe.

Cette soldate, âgée d'une vingtaine d'années, rappelle qu'elle est confrontée à la guerre depuis l'âge de 12 ans. Aujourd'hui, elle fait partie des 70 000 femmes engagées dans l'armée ukrainienne, au front comme à l'arrière, ce qui en fait une des armées les plus féminisées au monde. À titre d'exemple, dans les bataillons dans lesquels elle était engagée, les femmes représentaient plus de 10% des effectifs. Après avoir servi dans l'infanterie, elle a été nommée commandante d'un véhicule blindé, détruit depuis par l'armée Russe. Elle opère aujourd'hui dans une unité de reconnaissance et apprend le maniement des drones. Elle souhaite cependant réintégrer l'infanterie car, selon elle, c'est dans ces fonctions que l'on peut être le plus utile.
Elle insiste sur le fait c'est parce que les femmes se sont préalablement organisées, qu'elles avaient rejoint des bataillons d'auto-défense (voir notamment le Bataillon invisible)) qu'elles ont été finalement intégrées, par la suite, au sein d'une armée régulière qui leur fermait auparavant largement les portes. Elle souligne que ce sont les luttes menées par les femmes au sein de l'armée qui ont permis qu'aujourd'hui certaines d'entre elles occupent des postes jusque-là réservés aux hommes.
Reste que le combat contre le sexisme, la misogynie et le patriarcat est loin d'être gagné au sein d'une armée où les points de vue « très patriarcaux et rarement progressistes » prévalent ; c'est inquiétant quand on pense que « c'est l'armée d'aujourd'hui qui contribue à former la société ukrainienne de demain » insiste la soldate. Enfin, à la question « qu'attendez-vous de nous », la réponse est claire : des armes, des drones, des médicaments, une solidarité internationale active.

Féminisme et équipement militaire

La solidarité des féministes internationalistes ne se limite pas à documenter la situation militaire et l'engagement des femmes dans l'armée, elle est également très concrète, y compris sur le terrain des armes. À titre d'exemple, le RESU organise actuellement une collecte afin de répondre à la demande de l'Association des femmes vétéranes d'Ukraine. Celle-ci appelle à des dons pour acheter un véhicule blindé pour faciliter l'évacuation des blessées. Cette aide est particulièrement importante d'après un expert interrogé dans Médiapart car selon lui un ou une blessée si elle « n'est pas tué[e] sur le coup, a toutes les chances de survivre [si elle] se trouve dans un bloc opératoire moins heure et, mieux, vingt minutes après la blessure : de toute évidence, ce n'est pas le cas dans ce conflit ».

Enfin, parmi les récentes actions en français, on peut renvoyer à cette table ronde organisée par le Nouveau Partie Anticapitaliste (NPA), Femmes en guerre / Femmes en résistance, avec des militantes féministes Kurde, Palestinienne, Congolaise, Ukrainiennes. Si les priorités ne sont bien évidemment pas partout les mêmes, un point commun ressort de ces interventions : les femmes restent toujours, à de rares exceptions près (comme au Kurdistan semble-t-il), dépossédées des armes.

Féminismes internationalistes et pacifistes

Ces différentes activités s'inscrivent ainsi en plein dans la continuité des revendications du Manifeste féministe internationaliste des ukrainiennes qui réclament le « droit de résister », « le droit à l'autodéfense (y compris armée) » et qui appellent les féministes du monde entier à la solidarité pour lutter contre l'impérialisme, contre la division sexuelle du travail, pour la défense des droits reproductifs des femmes, le droit à la contraception, à l'avortement, la protection des droits des minorités notamment.

À noter cependant, que cette solidarité s'oppose à un autre féminisme, pacifiste, porté par les signataires du Manifeste Résistance féministe contre la guerre. Celles-ci s'opposent aux « décisions d'ajouter davantage d'armes au conflit », déclarent que « la guerre est irréconciliable avec les valeurs et les objectifs essentiels du mouvement féministe », affirment que les « armes perpétuent la guerre, perpétuent la barbarie et perpétuent la souffrance ». On soulignera qu'à notre connaissance, ce Manifeste n'a pas reçu le soutien d'aucune féministe ukrainienne.

Bref, on retrouve donc dans les organisations féministes les mêmes clivages que ceux qui divisent aujourd'hui plus largement la gauche concernant la définition même de l'internationalisme, de ce que l'on considère comme une lutte décoloniale et la question des livraisons d'armes à l'Ukraine.

Et sur ce débat, force est de constater qu'au Québec, jusqu'à présent, il n'existe pas de mouvement de solidarité avec les féministes ukrainiennes sur la question de la résistance armée. Peut-être que ce mouvement est en passe de s'organiser, mais pour le moment, il est à toutes fins pratiques invisible. La majeure partie des associations féministes Québécoises (FFQ, Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes etc.), les organismes de défense « des » droits (Ligue des droits et libertés ; AQOCI, CISO etc.) les syndicats (FTQ, CSN, CSQ etc.) ont choisi de se taire voire de combattre les revendications des féministes ukrainiennes en armes.

Illustration : Romana Ruban, https://www.supportukraine-pic.com/?pgid=j9zl8qi9-5ecc1040-fa57-4237-a089-bc6987e8a38e

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Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. Les pandémies seront plus fréquentes, se propageront plus rapidement et tueront plus de gens (I)

19 mars 2024, par Ian Angus — ,
[Ceci est le premier d'une série d'articles sur les causes et les implications de la descente du capitalisme mondial dans une ère où les maladies infectieuses sont de plus en (…)

[Ceci est le premier d'une série d'articles sur les causes et les implications de la descente du capitalisme mondial dans une ère où les maladies infectieuses sont de plus en plus courantes. Mes opinions font l'objet d'un débat permanent et d'une mise à l'épreuve dans la pratique. J'attends vos commentaires, critiques et corrections – I.A.]. Le premier cas de ce qui a ensuite été appelé Covid-19 a été diagnostiqué à Wuhan, en Chine, en décembre 2019. En l'espace de quelques mois, cette zoonose – c'est-à-dire une maladie d'origine animale – s'est propagée à une vitesse inégalée, touchant tous les pays, sinon toutes les personnes, de la planète.

12 mars 2024 | tiré du site alencontre.eorg
https://alencontre.org/ecologie/le-nouvel-age-des-fleaux-du-capitalisme-les-pandemies-seront-plus-frequentes-se-propageront-plus-rapidement-et-tueront-plus-de-gens-i.html

« Nous sommes entrés dans une ère de pandémies. » – Dr Anthony Fauci [1]

En mars 2024, les sources officielles estimaient que 703 millions de personnes dans le monde avaient contracté le Covid-19 et qu'un peu plus de 7 millions d'entre elles étaient décédées [2], mais la réalité est bien pire. The Economist calcule que la « surmortalité » pendant la pandémie est deux à quatre fois supérieure aux chiffres officiels [3], ce qui en fait la troisième pandémie la plus meurtrière des temps modernes, dépassée seulement par la grande grippe de 1918-1920 et le VIH/sida depuis 1980.

Outre ses effets directs sur la santé et la mortalité, la pandémie a déclenché ce que la Banque mondiale décrit comme « la plus grande crise économique mondiale depuis plus d'un siècle » [4] : le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue a augmenté d'au moins un demi-milliard, l'éducation de centaines de millions d'enfants et de jeunes adultes a été interrompue et d'innombrables emplois ont été supprimés. « L'activité économique s'est contractée en 2020 dans environ 90% des pays, dépassant le nombre de pays ayant connu un tel déclin pendant les deux guerres mondiales, la Grande Dépression des années 1930, les crises de la dette des économies émergentes des années 1980 et la crise financière mondiale de 2007-2009. » [5]

Contrairement aux pandémies précédentes, le Covid-19 fait partie d'une vague de nouvelles maladies infectieuses qui, selon les scientifiques, marque l'arrivée d'une période « qualitativement distincte » dans le domaine de la santé humaine [6], ce qui « annulera de nombreux progrès réalisés au XXe siècle dans la lutte contre les maladies infectieuses mortelles… [et] ramènera l'humanité à un régime de santé antérieur caractérisé par une forte mortalité due à des maladies infectieuses mortelles ». Contrairement aux prédictions optimistes du XXe siècle, les maladies infectieuses n'ont pas été vaincues. De nouvelles maladies prolifèrent et de nombreuses maladies que l'on croyait éradiquées sont réapparues et constituent une menace majeure pour la santé humaine.

La liste des nouvelles venues comprend le chikungunya, la fièvre Q [inhalation de poussières contaminées par des animaux infectés], la maladie de Chagas, les grippes multiples, la peste porcine, la maladie de Lyme, Zika, le SRAS, le MERS, Nipah [transmis par les boissons et aliments contaminés par des excréments de chauves-souris frugivores], Mpox [variole du singe], Ebola, et bien d'autres encore, en plus des ennemis résurgents comme le choléra, l'anthrax, la polio, la rougeole, la tuberculose, le paludisme et la fièvre jaune. Selon les Proceedings of the National Academy of Sciences, au rythme actuel, la probabilité annuelle d'épidémies extrêmes pourrait tripler au cours des prochaines décennies [8].

Comme l'écrit l'épidémiologiste marxiste Rob Wallace, l'émergence et la réémergence simultanées de multiples maladies contagieuses n'est pas une pure coïncidence.

« Ne vous y trompez pas, ces épidémies qui se succèdent sont liées. Et elles ne nous arrivent pas par hasard ; elles représentent les résultats involontaires de ce que nous entreprenons. Elles reflètent la convergence de deux formes de crises sur notre planète. La première crise est écologique, la seconde est médicale. Lorsque les deux se croisent, leurs conséquences communes apparaissent sous la forme d'un ensemble de nouvelles maladies bizarres et terribles, émergeant de sources inattendues. »[9]

A la mi-2020, alors que des politiciens scientifiquement analphabètes continuaient d'affirmer que le Covid-19 n'était pas pire que la grippe et qu'il disparaîtrait bientôt, la UN's Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) a convoqué un groupe multidisciplinaire d'experts scientifiques pour résumer l'état des connaissances scientifiques sur le Covid-19 et d'autres maladies qui se transmettent de l'animal à l'homme [10]. [Le rapport des experts – qui avait l'avantage singulier de ne pas être édulcoré ou modifié par des politiciens et des bureaucrates – offrait un compte rendu très différent des dangers posés par les maladies zoonotiques à notre époque. En voici quelques extraits :

« Les pandémies représentent une menace existentielle pour la santé et le bien-être des populations de notre planète. Les données scientifiques examinées dans le présent rapport montrent que les pandémies sont de plus en plus fréquentes, en raison de l'augmentation continue des maladies émergentes sous-jacentes qui les déclenchent. En l'absence de stratégies préventives, les pandémies apparaîtront plus souvent, se propageront plus rapidement, tueront plus de gens et affecteront l'économie mondiale avec un impact plus dévastateur que jamais auparavant. »

« Le risque de pandémie augmente rapidement, avec plus de cinq nouvelles maladies apparaissant chaque année chez l'homme, chacune d'entre elles ayant le potentiel de se propager et de devenir pandémique. Le risque de pandémie est lié à l'augmentation exponentielle des changements anthropiques. Il est donc erroné de rendre la faune sauvage responsable de l'émergence des maladies, car l'émergence est causée par les activités humaines et l'impact de ces activités sur l'environnement. »

« Les causes sous-jacentes des pandémies sont les mêmes changements environnementaux mondiaux que ceux qui sont à l'origine de la perte de biodiversité et du changement climatique. Il s'agit notamment du changement d'affectation des sols, de l'expansion et de l'intensification de l'agriculture, ainsi que du commerce et de la consommation d'espèces sauvages. »

En bref, la destruction écologique mondiale que les scientifiques du système terrestre ont baptisée « grande accélération » [Great Acceleration] fait entrer l'humanité dans une ère de « grande maladie » [Great Sickening]. A moins que des changements radicaux ne soient apportés, nous pouvons nous attendre à ce que Covid-19 ne soit pas la dernière pandémie mondiale – ni la plus meurtrière.

Un phénomène sans précédent dans l'histoire

Au début de la crise, l'historien Mike Davis [1946-2022] a décrit l'émergence du Covid-19 comme une « ouverture vers une ère de pestes » [11]. Cette nouvelle ère de calamités pose un défi majeur aux mouvements en faveur d'un développement humain durable, à la fois à court terme – quelles mesures devons-nous exiger pour atténuer les effets dévastateurs du Covid et de ses successeurs ? – et à long terme – comment la présence et l'émergence probable de nouvelles maladies mortelles affecteront-elles notre capacité à faire naître un monde nouveau des cendres de l'ancien ?

L'ère des pandémies confère une nouvelle urgence au slogan classique « socialisme ou barbarie » – et fait sans doute pencher davantage la balance des probabilités sociales vers ce qui, selon Marx et Engels, pourrait être « la ruine des diverses classes en lutte » [Manifeste communiste, Pléiade, Œuvres, Economie I, p. 162].

Il ne s'agit pas d'une crise comme les autres, et elle ne doit pas être traitée comme une énième étape de plus sur la longue liste des maux du capitalisme. Comme l'écrit Sean Creaven dans Contagion Capitalism, « il est tout à fait justifié de considérer la crise épidémiologique en cours de la société (et même de la nature) comme qualitativement différente de toutes celles qui l'ont précédée, c'est-à-dire comme historiquement sans précédent » [12].

Une crise sans précédent exige une réponse sans précédent. Pour relever le défi, la gauche ne doit pas se contenter de critiquer les échecs des gouvernements et d'accuser le capitalisme d'en être la cause. Nous ne pouvons pas aller de l'avant, ni sortir de l'ère des pandémies, si nous ne développons pas une analyse scientifique sérieuse (sociale et biologique) de la crise épidémiologique de l'Anthropocène. Le collectif révolutionnaire Chuang [13] le dit clairement dans son récit essentiel de la pandémie en Chine, Social Contagion :

« Ce n'est pas le moment de se livrer à un simple exercice marxiste de type “Scooby-Doo” [Scoubidou] consistant à retirer le masque du méchant pour révéler que, oui, en effet, c'est le capitalisme qui a causé le coronavirus depuis le début !… Bien sûr, le capitalisme est coupable – mais comment, exactement, la sphère socio-économique s'articule-t-elle avec la sphère biologique, et quelles leçons pouvons-nous tirer de toute cette expérience ? » [14]

Les articles à venir tenteront de répondre à ces questions. A suivre… (Article publié sur le site de Ian Angus Climate&Capitalism, le 5 mars 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

Notes

[1] David M. Morens and Anthony S. Fauci,“Emerging Pandemic Diseases : How We Got to COVID-19,” Cell 182, no. 5 (September 2020) : 1077. Anthony S. Fauci, immunologue, ex-conseiller médical en chef du président des Etats-Unis (janvier 2021-décembre 2022) et directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (1984-2022).

[2] “Coronavirus Tracker,” March 2, 2024.

[3] “Excess Mortality during the Coronavirus Pandemic (COVID-19),” Our World in Data (blog), February 29, 2024.

[4] World Bank, World Development Report 2022, (Washington, DC : World Bank, 2022).

[5] World Bank, 1.

[6] Ronald Barrett et al., “Emerging and Re-Emerging Infectious Diseases : The Third Epidemiologic Transition,” Annual Review of Anthropology27, no. 1 (October 1998) : 248.

[7] Katherine Hirschfeld, “Microbial Insurgency : Theorizing Global Health in the Anthropocene,” The Anthropocene Review 7, no. 1 (April 2020) : 4,.

[8] Marco Marani et al., “Intensity and Frequency of Extreme Novel Epidemics,” Proceedings of the National Academy of Sciences 118, no. 35 (August 31, 2021) : 1.

[9] Rob Wallace, “The Virus and the Virus,” Counterpunch (blog), June 14, 2013.

[10] IPBES, “Workshop Report on Biodiversity and Pandemics of the Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES),” October 29, 2020.

[11] Mike Davis, “C'est La Lutte Finale,” Progressive International, April 30, 2020.

[12] Creaven, Sean, Contagion Capitalism : Pandemics in the Corporate Age (London : Routledge, 2024), 255.

[13] La version française a pour titre Contagion sociale. Guerre de classe et pandémie en Chine, Niet Editions, août 2022. L'éditeur précise : « Chuang est un collectif communiste international dont la plupart des membres vivent en Chine. Dans Contagion sociale, ils relatent l'histoire inédite de l'épidémie de Covid-19 à Wuhan et dans le reste du pays, et racontent les luttes quotidiennes de la population, prise entre le marteau d'un virus létal et l'enclume d'un Etat répressif. » (Réd.)

[14] Chuang, Social Contagion : And Other Material on Microbiological Class War in China (Chicago, IL : Charles H. Kerr Publishing Company, 2021), 10.

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Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. L’évolution constante crée des « ennemis résistants et dangereux » dans l’Anthropocène (II)

19 mars 2024, par Ian Angus — ,
[Deuxième contribution d'une étude en plusieurs parties – voir ici la première partie – sur les causes et les implications de l'entrée du capitalisme mondial dans une ère où (…)

[Deuxième contribution d'une étude en plusieurs parties – voir ici la première partie – sur les causes et les implications de l'entrée du capitalisme mondial dans une ère où les maladies infectieuses sont de plus en plus courantes. Mes opinions font l'objet d'un débat permanent et d'une mise à l'épreuve dans la pratique. Précisions et corrections sont les bienvenues – I.A.] La plupart des comptes rendus sur la pandémie de Covid-19 ne posent pas la question suivante : pourquoi maintenant ? Pourquoi un virus qui, pendant des siècles, a vécu paisiblement dans un animal sauvage de la Chine rurale a-t-il soudain attaqué des millions d'êtres humains dans le monde entier [1] ?

16 mars 2024 | tiré du site alencontre.org
https://alencontre.org/ecologie/le-nouvel-age-des-fleaux-du-capitalisme-levolution-constante-cree-des-ennemis-resistants-et-dangereux-dans-lanthropocene-ii.html

Pour qu'un virus potentiellement mortel provoque une maladie, il faut que les conditions soient réunies pour qu'il infecte une plante ou un animal et se multiplie. Et pour qu'une maladie devienne une épidémie ou une pandémie, les conditions doivent être réunies pour qu'elle se propage rapidement à d'autres personnes. Les épidémies et les pandémies sont à la fois micro-biologiques et macro-écologiques [2] – elles émergent et se propagent grâce à l'interaction et au conflit entre le changement biologique et le changement social.

Pour comprendre pourquoi les nouvelles maladies virales se multiplient aujourd'hui, nous nous concentrons d'abord sur l'évolution incessante des entités biologiques les plus petites et les plus nombreuses de la Terre.

***

Si vous demandez à la plupart des gens ce que sont les virus, ils vous répondront qu'il s'agit de microbes et de bactéries. En effet, jusqu'à récemment, c'est ainsi que la plupart des scientifiques les considéraient : en 1977, les célèbres biologistes Jean et Peter Medawar ont écrit qu'un virus est « simplement une mauvaise nouvelle enveloppée dans une protéine ». Personne ne pouvait voir un virus avant l'invention du microscope électronique dans les années 1930, et à moins qu'il ne soit à l'origine d'une maladie, les scientifiques ne savaient pas qu'il fallait le rechercher. Pendant des décennies, les virus ont été classés en fonction de leur apparence et de leur impact sur la santé humaine.

Ce n'est qu'au cours de ce siècle que l'analyse génétique automatisée a permis l'identification rapide d'un grand nombre de virus, provoquant une révolution dans le domaine de la virologie. Etude après étude, les scientifiques découvrent des milliers de virus inconnus jusqu'alors, si nombreux que les efforts pour les cataloguer ont du mal à suivre et que nous n'avons aucune idée de ce que font la plupart d'entre eux (si tant est qu'ils fassent quelque chose).

Les chiffres sont ahurissants. Peut-on vraiment comprendre des chiffres tels que les 1031 virus individuels estimés sur Terre, soit 10 millions de fois plus que le nombre estimé d'étoiles dans l'Univers ? Chaque litre d'eau de mer contient environ 100 milliards de virus, et la poussière transportée par le vent transporte chaque jour quelque 800 millions de virus sur chaque mètre carré de la surface terrestre. Il y a environ mille milliards de virus dans notre corps à tout moment – certains infectent nos cellules humaines, d'autres les millions de bactéries que tous nous hébergeons, et d'autres encore ne font que passer dans notre nourriture ou notre haleine.

Comme l'écrit le biologiste évolutionniste John Thompson, ils constituent, à bien des égards, « le mode de vie le plus réussi sur terre » [3].

« Les virus sont, de loin, les entités organiques les plus abondantes que nous connaissions ; en fait, ils sont probablement plus répandus que toutes les autres formes de vie réunies… Chaque niche écologique dans laquelle on peut trouver de la vie a été pénétrée par la virosphère. Plus de 100 millions de types de virus infectent toutes les espèces d'êtres vivants, y compris les animaux, les microbes et les plantes. » [4]

La plupart des virus sont des spécialistes qui ne peuvent infecter que des espèces particulières de micro-organismes, de plantes ou d'animaux – et généralement que des types spécifiques de cellules dans des espèces particulières. La rage, par exemple, infecte d'abord les cellules musculaires de certains mammifères, puis s'attaque à leurs cellules cérébrales. Les virus Ebola ciblent les cellules du foie et du système immunitaire de l'homme, ainsi que les parois de ses veines et de ses artères. Les coronavirus infectent les cellules des voies respiratoires humaines, certains provoquant de légers symptômes de rhume et d'autres le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) ou le Covid-19.

Les virus jouent un rôle majeur dans les cycles biogéochimiques* qui définissent et régissent l'ensemble du système terrestre. Certains virus tuent chaque jour des milliards d'organismes unicellulaires dans les océans, faisant couler (et finalement recyclant) des millions de tonnes de carbone organique. Environ un quart du carbone fixe passe par ces processus viraux, et cinq pour cent de l'oxygène que nous respirons provient de la photosynthèse stimulée par les virus dans les océans. De nombreux virus coexistent dans des relations symbiotiques permanentes à l'intérieur des cellules des plantes et des animaux, tuant les bactéries nuisibles, stimulant la production de substances chimiques essentielles, facilitant la digestion et bien d'autres choses encore. Environ 8% du génome humain est constitué d'ADN provenant de divers virus.

Mais dans cet article, je me concentre sur la petite minorité, une fraction d'un pour cent de toutes les espèces de virus, qui peut provoquer des maladies chez l'homme et d'autres animaux. Deux caractéristiques biologiques, communes à tous les virus, rendent ces agents pathogènes potentiels particulièrement dangereux.

1.- Les virus ne peuvent pas se reproduire seuls. Les virus ne ressemblent à aucune autre forme de vie – en fait, le débat se poursuit sur la question de savoir s'ils sont vivants ou non. Ils n'ont pas de système métabolique propre, pas de source d'énergie pour faire quoi que ce soit. Il s'agit d'une vie (si ce terme s'applique) réduite à une poignée d'instructions d'ARN (acide ribonucléique) ou d'ADN (acide désoxyribonucléique) pour faire des copies d'elle-même. Elle ne peut se reproduire qu'en pénétrant dans une cellule vivante et en détournant ses mécanismes de reproduction. Ce faisant, des centaines ou des milliers de copies peuvent être fabriquées et libérées dans l'environnement en quelques heures.

Ce processus de reproduction peut provoquer des maladies, soit en empêchant les cellules de remplir des fonctions essentielles pour l'organisme dans son ensemble, soit en provoquant une réaction excessive du système immunitaire de l'hôte, soit par une combinaison de ces deux moyens. Comme l'écrit la virologue Marilyn Roossinck :

« Si nous imaginons que les virus ont un but, c'est simplement de se multiplier. Ils ne sont pas poussés à provoquer des maladies ou à faire le bien ; ils veulent simplement produire plus de virus. Parfois, dans cette volonté de se reproduire, ils profitent à leurs hôtes, et dans ce cas, il peut y avoir une forte sélection pour maintenir la relation. D'autres fois, ils causent accidentellement du tort à leurs hôtes, surtout si eux et leur hôte ont une nouvelle relation qui doit encore être affinée par l'adaptation et l'évolution. En fin de compte, un virus s'adaptera à tout ce qui favorise sa reproduction. » [5]

Malgré le terme d'« objectifs », les virus ne recherchent en aucun cas de nouvelles cellules à infecter. Lorsqu'ils ne sont pas dans les cellules, les virus sont inertes, incapables de faire quoi que ce soit. Seul un contact accidentel avec des cellules appropriées leur permet de recommencer à se reproduire, mais comme ils sont des millions, il y a de fortes chances que certains d'entre eux infectent de nouvelles cellules et recommencent à se reproduire [6].

2.– Les virus évoluent constamment au fur et à mesure qu'ils se reproduisent. Contrairement aux cellules, les virus ne se reproduisent pas en se divisant. Ils obligent la cellule hôte à créer les protéines nécessaires, puis à les assembler en copies d'elle-même. Contrairement à l'ADN, avec sa célèbre structure en « double hélice », qui identifie et corrige les erreurs de copie lorsqu'une cellule se divise, le matériel génétique de la plupart des virus est l'ARN, qui n'a pas cette capacité de correction des erreurs. En moyenne, il y a une erreur, ou mutation, dans chaque copie d'un virus à ARN [7]. Si deux types de virus infectent la même cellule, ils peuvent mélanger leurs gènes, créant ainsi des hybrides. La plupart des mutations et des échanges de gènes affaiblissent ou désactivent le virus, mais ceux qui confèrent un avantage en termes de survie ont tendance à se répandre dans la population virale.

« Ce brassage de gènes crée des opportunités infinies pour que de nouveaux virus et particules virales évoluent et passent à travers diverses formes de vie. Ainsi, sur plusieurs milliards de générations, les anciens cousins créent des progénitures qui sont progressivement plus distinctes les unes des autres. » [8]

En substance, la combinaison des erreurs de copie et de la sélection naturelle darwinienne conduit à un grand nombre d'expériences simultanées d'évolution virale. Comme le biologiste Richard Levins l'a signalé il y a trente ans, les changements évolutifs constants donnent aux pathogènes microbiens un avantage significatif sur la science médicale.

« La composition génétique des populations pathogènes… change facilement, non seulement à long terme, mais aussi au cours d'une seule épidémie et au sein d'un seul hôte pendant un épisode de maladie. La biologie de l'agent pathogène est soumise à de fortes demandes opposées pour sélectionner l'accès aux nutriments, pour éviter les défenses de l'organisme et pour se diriger vers un nouvel hôte. Les variations de l'état nutritionnel de l'organisme, de son système immunitaire, la présence ou l'absence d'autres infections, l'accès au traitement, le régime de traitement et les conditions de transmission sont autant de facteurs qui poussent et tirent le patrimoine génétique des populations de pathogènes dans des directions différentes. Cela signifie que nous voyons constamment apparaître de nouvelles souches, qui diffèrent par leur résistance aux médicaments et aux antibiotiques, leur évolution clinique, leur virulence et leurs caractéristiques biochimiques. Certaines développent même une résistance à des traitements qui n'ont pas encore été utilisés si ceux-ci menacent la survie des agents pathogènes de la même manière que les anciens traitements. » [9]

Un virus qui tue son hôte s'éteint à moins qu'il ne puisse en infecter un autre avant la mort du premier hôte. En général, ce mouvement ne se produit qu'à l'intérieur d'une espèce, mais des infections zoonotiques peuvent se produire lorsqu'un virus passe de l'animal à l'homme. Dans ce cas, un virus inoffensif pour l'espèce d'origine peut provoquer une maladie grave, voire la mort, chez l'espèce suivante. Mais un virus ne peut pas infecter une nouvelle espèce si les conditions nécessaires au changement d'espèce ne sont pas réunies. L'écologiste Jaime García-Moreno explique que les obstacles physiques et biologiques au passage d'une espèce à l'autre ont rendu ces changements relativement rares.

« Les agents pathogènes sont souvent confinés à une espèce hôte (ou à un groupe d'espèces apparentées) et donc, bien que l'on soit continuellement exposé à de multiples agents pathogènes ayant d'autres espèces comme hôtes, la plupart d'entre eux ne peuvent pas infecter l'homme et ne l'infectent pas ; ceux qui y parviennent provoquent rarement des maladies chez l'homme et conduisent presque toujours à des chaînes d'infection brisée…

« Il est clair que la simple apparition d'un nouvel agent pathogène ne suffit pas à provoquer une nouvelle maladie, car de nombreux facteurs finissent par déterminer si un agent pathogène peut infecter un hôte potentiel et si l'infection peut se propager d'elle-même – distribution de l'hôte, libération de l'agent pathogène de l'hôte et survie, exposition de l'homme (ou d'un autre nouvel hôte) ou réponse immunitaire, pour n'en citer que quelques-uns. Nous sommes exposés quotidiennement à de nombreux virus, mais seuls quelques-uns d'entre eux ont développé les mécanismes nécessaires pour provoquer un cycle d'infection réussi chez l'homme. » [10]

Néanmoins, au fil des siècles, de nombreux virus ont réussi à faire le saut. Les premiers chasseurs ont sans aucun doute contracté des maladies mortelles à partir du sang des animaux qu'ils tuaient, dépeçaient et mangeaient, mais leurs sociétés étaient trop petites pour que les agents pathogènes puissent persister en tant que maladies humaines. La situation a changé avec la révolution néolithique, lorsque l'élevage a mis un grand nombre d'humains en contact direct et fréquent avec les animaux.

« L'élevage a créé une “manne pour nos microbes”. Lorsque nous avons domestiqué des animaux sociaux, tels que les vaches et les porcs, ils étaient déjà atteints de maladies épidémiques qui ne demandaient qu'à nous être transmises. » [11]

Mais le simple fait de passer à des hôtes humains ne garantissait pas un succès viral à long terme. Pour continuer à être pathogène pour l'homme, un virus doit être capable de passer à des humains non infectés avant que les personnes infectées ne meurent ou ne développent une immunité. Cette condition a été remplie par la formation de grandes colonies et de villes qui ont accompagné l'adoption de l'agriculture. Un grand nombre de personnes vivant à proximité les unes des autres constituait un environnement idéal pour que les agents pathogènes d'origine animale se propagent et s'adaptent à la biologie humaine.

Depuis le néolithique, des centaines de virus sont passés avec succès de l'animal à l'homme, infectant d'abord les communautés locales, puis se propageant dans le corps des soldats et des commerçants. Dans certains cas – l'invasion européenne des Amériques en est un exemple particulièrement horrible – cela a provoqué des pandémies qui ont tué des millions de personnes qui n'avaient pas développé d'immunité.

La plupart des maladies infectieuses qui touchent aujourd'hui l'homme – y compris les virus, les bactéries, les champignons et les parasites – sont apparues chez les animaux sauvages et domestiques. Selon un rapport publié en 2020, « dans le monde entier, les 13 zoonoses les plus courantes ont eu le plus d'impact sur les éleveurs pauvres des pays à revenu faible ou intermédiaire et ont causé, selon les estimations, 2,4 milliards de cas de maladie et 2,7 millions de décès chez l'homme par an » [12]. Ces chiffres ont été presque immédiatement rendus obsolètes par le Covid-19.

Le nombre d'agents pathogènes microscopiques auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés est sans précédent dans notre histoire, et d'autres sont à venir. Comme l'a déclaré un groupe d'experts scientifiques au gouvernement états-unien en 1993 :

« Il n'est pas réaliste d'espérer que l'humanité remporte une victoire complète sur la multitude de maladies microbiennes existantes ou sur celles qui apparaîtront à l'avenir… Les microbes comptent parmi les organismes les plus nombreux et les plus diversifiés de la planète ; les microbes pathogènes peuvent être des ennemis résistants et dangereux. Bien qu'il soit impossible de prédire leur émergence individuelle dans le temps et l'espace, nous pouvons être sûrs que de nouvelles maladies microbiennes apparaîtront…

« Bien qu'il y ait peu de chances qu'un organisme choisi au hasard devienne un pathogène humain efficace, la grande variété de micro-organismes dans la nature augmente ces chances… La coévolution des agents pathogènes et de leurs hôtes animaux et humains restera un défi pour la science médicale, car le changement, la nouveauté ou la »nouveauté« font partie intégrante de ces relations… » [13]

Des changements environnementaux radicaux, motivés par la volonté inexorable du capitalisme de croître à tout prix, ont affaibli les barrières naturelles contre l'émergence de nouveaux agents pathogènes et multiplié les occasions pour les virus agressifs d'infecter l'homme. En conséquence, nous assistons à l'émergence d'un plus grand nombre de maladies zoonotiques et nous pouvons nous attendre à ce que les pandémies mondiales caractérisent de plus en plus l'Anthropocène. (Article publié sur le site de Ian Angus, Climate&Capitalism, le 14 mars 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre – A suivre)

Notes

[1] Some readers have asked about claims that the virus came from a Chinese laboratory. Research into the exact origin is ongoing, but the evidence for animal origin is very strong, while the evidence for a lab link is virtually non-existent. See : https://www.msnbc.com/the-mehdi-hasan-show/the-mehdi-hasan-show/covid-origin-report-lab-leak-theory-manmade-debunked-rcna91500

[2] Chu ?ng, Social Contagion : And Other Material on Microbiological Class War in China (Chicago, IL : Charles H. Kerr Publishing Company, 2021), 24.

[3] John N. Thompson, Relentless Evolution (Chicago : Univ. of Chicago Press, 2013), 113.

[4] Anne Aronsson ; Fynn Holm, “Multispecies Entanglements in the Virosphere : Rethinking the Anthropocene in Light of the 2019 Coronavirus Outbreak,” The Anthropocene Review 9, no. 1 (2022) : 26.

[5] Marilyn J. Roossinck, Viruses : A Natural History (Princeton : Princeton University Press, 2023), 64.

[6] Dorothy Crawford, Viruses : The Invisible Enemy, 2nd ed. (Oxford : Oxford University Press, 2021), 14.

[7] Roossinck, Viruses, 138.

[8] Pranay G. Lal, Invisible Empire : The Natural History of Viruses (Gurugram, Haryana, India : Penguin/Viking, 2021), 41.

[9] Richard Levins, “When Science Fails Us,” International Socialism, September 1996.

[10] Jaime Garcia-Moreno, “Zoonoses in a Changing World,” Bioscience 73 (n.d.) : 712.

[11] Jared M. Diamond, Guns, Germs, and Steel : The Fates of Human Societies (New York : Norton, 1999), 205–6.

[12] Md. Tanvir Rahman et al., “Zoonotic Diseases : Etiology, Impact, and Control,” Microorganisms 8, no. 9 (September 12, 2020) : 1405.

[13] Institute of Medicine, Emerging Infections : Microbial Threats to Health in the United States, ed. Joshua Lederberg, Robert E. Shope, and Stanley C. Oaks, 3. (Washington, DC : National Acad. Press, 1993), 32, 44.

* Un cycle biogéochimique est le processus de transport et de transformation cyclique (recyclage) d'un élément ou composé chimique entre les grands réservoirs que sont la géosphère, l'atmosphère, l'hydrosphère, dans lesquels se retrouve la biosphère.

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Francophones : augmentation de six millions en un an, mais...

19 mars 2024, par Michel Gourd — ,
Si le nombre de francophones a augmenté de près de 2 % l'année dernière à la grandeur de la planète, d'importants défis doivent cependant être relevé par les organismes faisant (…)

Si le nombre de francophones a augmenté de près de 2 % l'année dernière à la grandeur de la planète, d'importants défis doivent cependant être relevé par les organismes faisant la promotion du français, ce qui obligerait à une certaine sobriété cette année dans l'interprétation des prévisions de croissance, qui devraient être mieux comprises.

Selon le bras statistique de l'Observatoire de la langue française de l'Organisation internationale de la Francophonie, soit l'Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone (ODSEF), il y aurait 327 millions de francophones en 2023, une augmentation de 6 millions en un an. Le sociologue à l'Université Laval et directeur de l'ODSEF, Richard Marcoux, considère que les données sont actuellement précises à 95 %. Il y aurait cependant une réelle incertitude pour celles récoltées en Amérique latine et en Asie, en raison du manque de données valides pour ces régions. Le sociologue a donc été au Vietnam en 2023, puis en Amérique latine cette année pour préciser les chiffres.

Richard Marcoux considère aussi que les prévisions sur le long terme sont mal présentées au public, l'Observatoire de la langue française donnant une fourchette allant de 350 à 700 millions de francophones sur 40 ans. La donnée supérieure serait cependant celle là plus souvent utilisée et l'autre oubliée. Comme il considère que la scolarisation de la jeunesse francophone stagne actuellement dans presque tous les pays africains, il voudrait donc passer un message demandant de la rigueur au niveau de l'interprétation cette année.

Les menaces identifiées

Richard Marcoux croit que la violence incluant le djihadisme au Mali, au Niger et au Burkina Faso, qui forcent la fermeture des écoles pendant de longues périodes, se ferait au détriment de la progression du français en Afrique.
Certains textes récemment publiés se questionnent même sur combien de temps l'Afrique parlera encore français, considérant qu'on pourrait y assister à un déclin, donnant comme exemple ce qui se passe en Algérie ou l'anglais remplace peu à peu le français depuis 2019 dans l'enseignement et l'administration. Des questions sur la place du français se poseraient aussi au Sénégal ou Boubacar Boris Diop, lors d'une récente conférence expliquait qu'il n'écrirait plus qu'en wolof, principale langue nationale du Sénégal.

Dans plusieurs secteurs universitaires, le français reculerait aussi au profit de l'anglais, « Le phénomène nous inquiète, mais il nous motive également », affirme à ce sujet Tanja Niemann, la directrice générale d'Érudit le consortium formé de l'UQAM, l'Université de Montréal et de l'Université Laval.

Encore un bon potentiel

La croissance de la francophonie n'en a pas moins été impressionnante dans certains pays d'Afrique comme le Mali ou le nombre de locuteurs du français a été multiplié par 33 en 60 ans alors que la population n'y a été augmentée que par quatre. Des pays comme la Côte d'Ivoire, le Togo et le Bénin, continuent aussi d'avoir une bonne progression du français. Certaines actions politiques des autorités du Mali, qui ont fait passer le français de langue officielle à langue de travail, pourraient ne pas être aussi nuisibles que certains le supposent puisque la dynamique linguistique pourrait être difficile à changer dans ce pays qui a du mal à financer ses écoles.

La francophonie est d'ailleurs encore identifiée comme un élément de la croissance africaine. En Côte d'Ivoire, la secrétaire générale de la Commission nationale de la Francophonie (CNF), Bernise N'Guessan, affirmait le 12 mars lors d'une conférence de presse que l'édition 2024 des journées de la Francophonie misait sur le fort potentiel, en termes de création d'emplois dans les domaines liés à l'entrepreneuriat, à l'innovation et a la créativité. Un des objectifs de cette journée est de faciliter l'appropriation de la langue française par la population locale, la considérant comme une valeur ajoutée. Cette édition vise aussi à mettre en lumière la diversité et la force de la Francophonie en vue d'en faire une dimension mondiale.

Promouvoir la francophonie économique et scientifique

Les missions commerciales et économiques qu'organise l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) peuvent aussi aider à soutenir la progression du nombre de francophones. La mission commerciale organisée cette année à Québec et à Montréal du 11 au 13 juin y attirera environ 110 participants internationaux de 80 entreprises, des institutions d'Europe, d'Afrique, d'Asie et des Caraïbes pour faire la promotion de l'augmentation du commerce entre toutes ces régions du monde.

Au niveau des sciences, cinq des six partenaires privilégiés de l'Université Laval sont des universités francophones dont trois sont françaises, une est suisse, une est belge et la dernière brésilienne. Elle a d'ailleurs envoyé une mission à l'Université Côte d'Azur les 14 et 15 mars pour renforcer son partenariat depuis 2017.

Finalement, la francophonie aurait encore une grande importance pour la France qui en est le ferment originel. Le secrétaire général de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, Jacques Krabal, affirme que le Sommet de la francophonie, qui se déroulera le 4 octobre à la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts et le 5 octobre à Paris, est l'un des deux événements majeurs qui se prépare en France en 2024, l'autre étant les Jeux olympiques de Paris. L'événement devrait, selon lui, donner de l'élan à la francophonie.

Michel Gourd

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Comment l’intelligence artificielle a déjà changé la guerre

19 mars 2024, par Maxime Sirvins — ,
L'intelligence artificielle est devenue une composante incontournable de l'innovation. Présentée comme un levier de croissance économique et une révolution industrielle, elle (…)

L'intelligence artificielle est devenue une composante incontournable de l'innovation. Présentée comme un levier de croissance économique et une révolution industrielle, elle suscite, en matière militaire, des critiques et des inquiétudes éthiques et stratégiques.

6 mars 2024 | tiré de politis.fr
https://www.politis.fr/articles/2024/03/comment-lintelligence-artificielle-a-deja-change-la-guerre/

Alors que le bilan humain ne cesse d'augmenter à Gaza, l'armée israélienne continue sans relâche son offensive. Pour « éliminer » le Hamas, Tsahal utilise des systèmes et des armes de pointe. Ce conflit a offert à l'armée israélienne une occasion sans précédent de déployer des technologies militaires basées sur l'intelligence artificielle (IA) dans un large spectre opérationnel.

« Usine d'assassinats de masse »

Durant les trente-cinq premiers jours de l'offensive, Israël affirme avoir attaqué « 15 000 cibles ». Comparé aux anciennes opérations de l'armée, le nombre de bombardements est colossal. Ces chiffres dépassent de loin ceux des quatre précédentes opérations majeures dans la bande de Gaza réunies. Par exemple, lors de l'opération « Guardian of the Walls » en 2021, Israël a attaqué 1 500 cibles en 11 jours. Pendant l'opération « Bordure protectrice » en 2014, qui a duré 51 jours, Israël a frappé entre 5 000 et 6 000 cibles. Bien loin des chiffres actuels. Pour en arriver à un tel volume de bombardement, Tsahal reçoit un coup de main.

Sur le même sujet :« On assiste au nettoyage ethnique de notre peuple »

Elle est appuyée par une importante plateforme d'IA : le Habsora (L'Évangile). En gérant d'énormes quantités de données, Habsora recommande les sites de bombardement en temps réel à un rythme effréné. D'après le média +972 qui a enquêté sur cette technologie, Habsora est décrite par un ancien officier du renseignement, comme une « usine d'assassinats de masse » dans laquelle « l'accent est mis sur la quantité et non sur la qualité ».

L'accent est mis sur la quantité et non sur la qualité.

Une fois les informations collectées et les cibles établies, c'est une autre IA qui prend la main. Appelée Fire Factory, elle est utilisée pour optimiser en temps réel les plans d'attaque des avions et des drones. Le système calcule la quantité de munitions requises, attribue les cibles aux différents avions et drones, et détermine l'ordre le plus efficace pour les attaques, comme l'explique Bloomberg. Dans la bande de Gaza, plus de 30 000 personnes, dont plus de 5 000 enfants, seraient morts depuis le 7 octobre.

Smart Shooter « fait de chaque soldat ordinaire un tireur d'élite »

Les troupes au sol sont, elles aussi, dopées à l'IA. Fixé sur l'arme, le viseur de l'entreprise israélienne Smart Shooter, « fait de chaque soldat ordinaire un tireur d'élite », explique Tsahal, l'armée israélienne. Son viseur SMASH 2000 a la capacité de détecter automatiquement les cibles et de les verrouiller, ce qui permet à l'arme de ne faire feu que lorsqu'elle a le plus de chances de toucher sa cible. Utilisé dans la lutte contre les drones, qui pullulent dans les conflits modernes, le système est aussi capable de détecter les êtres humains.

En Cisjordanie, Smart Shooter est justement utilisé par Israël dans cette optique. Au check-point d'Hébron, des tourelles sont équipées d'armes pouvant tirer des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes. L'intelligence artificielle permet à l'opérateur d'identifier une cible, de la suivre automatiquement et de s'assurer du tir.

Sur le même sujet : Barbarie ordinaire et impunité en Cisjordanie

En plus du ciel et du sol, l'intelligence artificielle est aussi utilisée dans les souterrains de Gaza. Le réseau de tunnels du Hamas, estimé à plus de 500 kilomètres, est une des priorités d'Israël. Pour les observer, l'armée utilise des petits drones boostés à l'IA, notamment ceux fabriqués par Robotican. Enveloppés dans une cage robotique, ils sont envoyés directement dans les tunnels et sont capables les cartographier et de détecter les humains. Le drone construit alors un modèle 3D de son environnement et y suit sa position sans avoir besoin d'un opérateur humain pour le guider.

L'Ukraine, un autre laboratoire

Si le massacre actuel est devenu un laboratoire d'IA pour Israël, les autres armées du monde ne restent pas les bras croisés face à ces technologies. Dans un conflit différent, en Ukraine, face à l'invasion russe, l'intelligence artificielle est mise à contribution. Pour Robin Louise Fontes, une générale à la retraite de l'armée américaine, qui a servi pour la dernière fois en tant que générale commandante adjointe du United States Cyber Command (USCYBERCOM), « l'IA est utilisée pour analyser des images satellites, mais aussi pour géolocaliser et analyser des données open source telles que des photos de réseaux sociaux ».

Produire des avantages stratégiques et tactiques

L'IA sert aussi, selon elle, au renseignement en combinant « des photos au niveau du sol, des séquences vidéo de drones et des images satellites » afin de « produire des avantages stratégiques et tactiques ». L'Ukraine auraitaussi développé, selon le Fonds monétaire international, « un logiciel de traduction et de reconnaissance vocale basé sur l'IA pour surveiller les conversations non cryptées de soldats et pilotes russes, puis en extraire des renseignements exploitables ».

Sur le même sujet : La communauté « Osint » : l'art de la guerre de l'info

La modernisation de l'armée française

En France aussi, l'armée travaille activement à intégrer ces technologies de pointe à son arsenal. Le ministère des Armées s'est vu attribuer dès 2019, via la loi de programmation militaire, un budget de 100 millions d'euros par an pour les études et la recherche sur l'IA. En janvier 2023, la start-up française NukkAI, en collaboration avec Thales, a développé une intelligence artificielle capable de fusionner des données provenant de sources totalement différentes. Cette technologie permet à un état-major composé de seulement 15
personnes d'accomplir le même travail qu'un état-major de 100 personnes, selon FranceInfo.

Lors du lancement récent de la coalition « artillerie pour l'Ukraine », le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a confirmé que le canon d'artillerie Caesar de nouvelle génération allait recevoir un peu d'IA dans son électronique. Le gouvernement vient d'en commander 109 pour 350 millions d'euros. La partie intelligence artificielle a été confiée à la société européenne Helsing. Pour l'instant, aucune information détaillée n'a été fournie sur son rôle spécifique. Mais, par exemple, l'IA pourrait permettre au Caesar d'analyser des images provenant de drones, indépendamment des signaux de géolocalisation par satellite, pour pointer sa cible.

Un contrôle à la traîne

Dès 2019, dans son livre blanc sur la défense nationale, la Chine a théorisé l'« intelligentisation » de la guerre, déclarant que l'intégration de l'intelligence artificielle est un pilier essentiel de la stratégie de modernisation. De son côté, le Pentagone utilise aussi des algorithmes pour aider à identifier les cibles des frappes aériennes, selon une enquête de Bloomberg. Tout récemment, ceux-ci ont été utilisés pour mener plus de 85 frappes aériennes dans le cadre d'une mission au Moyen-Orient.

Sur le même sujet : « Une intelligence artificielle de confiance doit être socialement acceptable »

Face à cette poussée de l'IA dans le monde militaire, l'éthique se retrouve au milieu des débats qui opposent ceux qui défendent l'autonomie de l'intelligence artificielle et ceux qui insistent sur la nécessité de la présence humaine à tous les niveaux. Le 22 décembre 2023, à l'ONU, 152 pays ont voté en faveur d'une résolution de l'Assemblée générale sur les dangers des systèmes d'armes autonomes. Quatre ont voté contre (Biélorussie, Inde, Mali et Russie) et onze se sont abstenus.
La résolution 78/241 reconnaît ainsi les « les enjeux de taille et les vives inquiétudes que soulève également, sur les plans humanitaire, juridique, sécuritaire, technologique et éthique, l'utilisation de nouvelles applications technologiques dans le domaine militaire, y compris celles liées à l'intelligence artificielle et à l'autonomie des systèmes d'armes ».

Les mutations technologiques rendent imminent un futur fait de meurtres.

M. Wareham

Elle enjoint le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à solliciter les avis des pays membres et observateurs « sur les systèmes d'armes létaux autonomes ». Ces notes devront être intégrées dans un rapport présenté à l'assemblée générale d'ici à septembre 2024. En octobre 2023, avec la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric, il demandait « aux dirigeants politiques d'imposer d'urgence de nouvelles règles internationales sur les systèmes d'armes autonomes, afin de protéger l'humanité ».

Et d'appeler à « des négociations sur un nouvel instrument juridiquement contraignant visant à établir des interdictions et des limitations claires concernant les systèmes d'armes autonomes et à les mener à terme d'ici à 2026 ». Pour Mary Wareham, directrice du plaidoyer auprès de la division Armes de Human Rights Watch, « les mutations technologiques rendent imminent un futur fait de meurtres automatisés qui doit être empêché ».

Chili : Femmes autochtones et paysannes engagées dans le processus de reconstruction depuis les incendies dévastateur

ANAMURI, en partenariat avec la communauté autochtone Lof Relmu Rayen Chod Lafken et le groupe environnemental Entre Cerros, tiendra un événement de solidarité le 9 mars au (…)

ANAMURI, en partenariat avec la communauté autochtone Lof Relmu Rayen Chod Lafken et le groupe environnemental Entre Cerros, tiendra un événement de solidarité le 9 mars au Cerro Achupallas, à Viña del Mar. Cet événement rend hommage aux femmes touchées par les incendies tragiques, commémore les victimes et soutient les familles affectées.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/15/chili-femmes-autochtones-et-paysannes-engagees-dans-le-processus-de-reconstruction-depuis-les-incendies-devastateur/

Voici l'appel lancé par ANAMURI à cet égard.

Avec la force des femmes, revoir la lutte et l'espoir
8 mars, journée internationale des femmes travailleuses

ANAMURI réitère l'appel de La Vía Campesina en ce 8 mars. « Nous continuerons à renforcer la lutte pour l'égalité, la paix et les alliances ville-campagne, qui nous met au défi de construire de nouvelles relations de genre entre les êtres humains, mais aussi de prendre soin de la Terre Mère, de rester organisé·es, uni·es face et résistant à l'extractivisme, au capitalisme et au patriarcat dans nos territoires, de défendre et préserver la biodiversité, les semences, nos biens communs et les connaissances ancestrales. Nous continuons à construire un mouvement, à révolutionner les cœurs et les esprits, tout en luttant pour la souveraineté populaire, la souveraineté alimentaire, la souveraineté de nos peuples et communautés, et la souveraineté des femmes. »

ANAMURI, en collaboration avec la communauté autochtone de Lof Relmu Rayen Chod Lafken et les jeunes du groupe environnemental Entre Cerros, vous invite à un événement public le samedi 9 mars au Cerro Achupallas à Viña del Mar. Partagez une rencontre solidaire, culturelle et résistante, en hommage au courage des femmes qui, avec force et détermination, ont affronté cette situation tragique et difficile. Un acte d'affection et de respect pour les 134 personnes qui ont perdu la vie, aux côtés des milliers de familles qui ont perdu leurs foyers dans l'horreur des flammes. Les terres brûlées, les forêts, la perte de cultures, d'animaux, d'oiseaux et d'animaux de compagnie sont les conséquences des maux causés par ce système capitaliste et patriarcal qui viole, opprime et exploite les femmes et la Mère Nature.

Aujourd'hui, notre force et nos voix se joignent aux organisations féministes, sociales et populaires de notre pays pour traduire en justice les responsables de tant de catastrophes, tout en demandant également : Combien de temps subirons-nous ce système infernal capitaliste, patriarcal et inhumain, responsable de tant de tragédies dans nos villages pour maintenir les grands intérêts du capital ?

Ce 9 mars, autour du feu, avec des chansons et des sopaipillas [1], nous transformerons la douleur et la colère en force et en engagement pour continuer à renforcer la solidarité. Le chemin sera long, il nécessite toutes les volontés et l'unité dans ce projet commun de reconstruction, de restauration de la vie et de la nature meurtrie, pour rendre à la Terre Mère sa capacité infinie à faire germer des graines, des arbres qui nous donnent de l'ombre et un abri, pour continuer la lutte pour la vie, assurant la nourriture des cuisines communautaires, donnant force et courage à toutes les femmes. Nous faisons également appel à votre solidarité pour cet événement.

Nous vous attendons ce samedi 9 mars de 16h à 20h, à la Plaza Las Amapolas, située au stop 3 ½ du Cerro La Achupallas à Viña del Mar.
Les femmes renaissent de la Terre Mère, avec conviction, force et espoir !

#8M2024 #ValparaísoSeRelève

[1] La sopaipilla est un type d'aliment frit fabriqué à partir d'une pâte de farine de blé frite dans de l'huile ou du saindoux. Les ingrédients de la recette ont de nombreuses variantes régionales. Le nom sopaipilla est utilisé au Chili.

https://viacampesina.org/fr/chili-femmes-autochtones-et-paysannes-engagees-dans-le-processus-de-reconstruction-depuis-les-incendies-devastateurs/
Chile : ANAMURI to hold #8M24 event with indigenous and peasant women who are rebuilding since the deadly fires
https://viacampesina.org/en/chile-anamuri-to-hold-8m24-event-with-indigenous-and-peasant-women-who-are-rebuilding-since-the-deadly-fires/
Chile : ANAMURI celebrará el evento #8M24 con mujeres indígenas y campesinas reconstruyendo, tras los devastadores incendios.
https://viacampesina.org/es/chile-anamuri-celebrara-el-evento-8m24-con-mujeres-indigenas-y-campesinas-reconstruyendo-tras-los-devastadores-incendios/

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Déclaration (Myanmar) : 8 mars 2024, Journée internationale des femmes

19 mars 2024, par Women's peace network — , ,
En cette Journée internationale des femmes, les femmes continuent de faire les frais de l'incapacité du monde à respecter les droits de chaque individu. En effet, on ne peut (…)

En cette Journée internationale des femmes, les femmes continuent de faire les frais de l'incapacité du monde à respecter les droits de chaque individu. En effet, on ne peut qu'être déçu par la lenteur, les carences, et même les pratiques discriminatoires qui caractérisent les efforts déployés par le monde pour mettre fin aux violences sexuelles et sexistes, à la torture, aux traitements inhumains ou dégradants, aux châtiments collectifs, à l'apartheid sexiste, aux fémicides et aux génocides commis à l'encontre des femmes de toutes origines.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/12/declaration-myanmar-8-mars-2024-journee-internationale-de-la-femme/

Au Myanmar, cette inaction qui dure depuis des décennies met encore plus en danger la vie des femmes. Plus de trois ans après sa tentative de coup d'État, l'armée birmane continue de commettre des atrocités pour tenter d'étendre et de renforcer son contrôle illégal sur le pays. L'armée continue d'utiliser des livraisons d'armes financées par l'étranger et des frappes aériennes pour tuer des civils et détruire des infrastructures civiles, ce qui a entraîné le meurtre d'au moins 822 femmes. L'armée a également anéanti l'État de droit limité qui existait dans le pays et a utilisé son système juridique factice pour arrêter arbitrairement 5 427 femmes, en condamner 52 à la prison à vie et 16 à la peine de mort ; elle a également utilisé ses politiques génocidaires contre les Rohingyas pour arrêter arbitrairement au moins 1 132 femmes appartenant à cette minorité. Au moins 3 909 prisonnières politiques internées dans des prisons sordides sont actuellement exposées aux violences sexuelles, à la torture, aux traitements cruels, inhumains ou dégradants de l'armée, au refus d'un accompagnement juridique approprié, au refus de soins médicaux, au refus de produits essentiels, y compris la nourriture et les serviettes hygiéniques, et à d'autres pratiques odieux encore.

En dehors des murs de la prison, les femmes sont également la cible de viols individuels ou collectifs, d'esclavage sexuel et d'autres formes de violence sexuelle alors qu'elles fuient les bombardements aériens de la junte et les opérations de destruction des terres et se retrouvent dans des conditions encore plus précaires.

Dans le contexte de la crise actuelle, la récente loi sur la conscription forcée adoptée par l'armée birmane constitue manifestement une nouvelle tentative d'infliger une punition collective à la population du pays. L'armée a déjà utilisé cette loi comme prétexte pour appréhender arbitrairement des civils, en particulier des jeunes femmes et des personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Ceux et celles qui se font enrôler seront probablement soumis à la torture, à la violence sexuelle et à d'autres abus, et seront utilisés par la junte comme chair à canon ou comme boucliers humains lorsqu'elle perpétuera des crimes atroces.

Alors que la crise du Myanmar contraint de nombreux civils à fuir, il est de la responsabilité des pays voisins et de la communauté régionale d'assurer leur sécurité, leur protection et de répondre à leurs besoins humanitaires. Cependant, cela ne s'est pas encore concrétisé pour les plus de 1,3 million de réfugiés du Myanmar, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants. Les femmes et les enfants représentaient également près des trois quarts des Rohingyas qui ont été contraints à des traversées maritimes meurtrières sur la mer d'Andaman et le golfe du Bengale en 2023, « l'année la plus meurtrière ». De la Thaïlande au Bangladesh, en passant par l'Indonésie et la Malaisie, ces femmes réfugiées n'ont toujours pas accès à la sécurité et à la protection, à l'asile ou à la réinstallation dans un pays tiers, à un toit, à la nourriture et à l'eau potable, aux vêtements, aux soins de santé de base et aux soins maternels, ni à aucun autre dispositif permettant d'assurer leur subsistance. Pour nombre d'entre elles, leur situation juridique hypothèque également leurs perspectives d'avenir dans leur pays d'accueil, les privant d'un emploi déclaré, de l'accès à l'éducation ou à d'autres possibilités d'acquisition de compétences, et même de l'accès aux hôpitaux. Les femmes qui osent s'exprimer sont confrontées à des représailles : des campagnes de surveillance et d'intimidation visent les défenseuses des droits de l'homme qui continuent de s'opposer à la tentative de coup d'État en exil, tandis que des enlèvements, des extorsions et autres agressions visent les femmes rohingyas qui transgressent les normes de leur communauté dans les camps de réfugiés du Bangladesh.

Bien que ces risques mettent leur vie en danger, ces femmes continuent de se voir refuser un soutien juridique étendu et d'autres moyens de se protéger. En conséquence, nombre d'entre elles risquent de rester en détention pour une durée indéterminée dans leur pays d'accueil, d'être expulsées de force vers le Myanmar et, pour les réfugiées rohingyas en particulier, de faire l'objet de discours haineux et de risquer de plus en plus de subir des exactions.

Pour « favoriser l'inclusion », nous devons activement construire un environnement qui y soit propice. Dans cette optique, les femmes appartenant à des minorités ethniques et religieuses s'efforcent depuis longtemps de mettre fin à l'impunité qui, pendant des décennies, a permis la perpétration de crimes atroces à leur encontre. Aujourd'hui, dans tout le pays, des gens accompagnent ces femmes dans leur lutte pour une démocratie fédérale véritablement inclusive. Le monde devrait lui aussi s'inspirer des femmes du Myanmar et se mobiliser immédiatement en leur faveur.

C'est pourquoi, en cette Journée internationale de la femme, nous lançons les appels suivants :

• Les gouvernements et les donateurs doivent fournir une assistance financière, matérielle et technique directe aux femmes défenseurs des droits de l'homme et aux organisations de la société civile et communautaires dirigées par des femmes, notamment par la mise en place de mécanismes de financement flexibles garantissant une souplesse maximale et un soutien optimal, afin d'accroître la participation des femmes à la vie politique et de leur assurer durablement un rôle dirigeant.

• Les pays d'Asie du Sud et du Sud-Est doivent garantir aux réfugiées du Myanmar un accès total et sûr à l'asile et à la protection, incluant des possibilités de réinstallation dans des pays tiers, la satisfaction des besoins humanitaires, des logements protégés et des hébergements, la nourriture, l'éducation, l'emploi et les soins de santé, ainsi que l'accès à la justice locale et à un soutien psychosocial et de santé mentale adapté à leurs besoins et à leur situation spécifiques. Les femmes réfugiées rohingyas, en particulier, doivent pouvoir être débarquées immédiatement et en toute sécurité après leur traversée périlleuse de la mer, des missions de recherche et de sauvetage doivent être déployées, et des mesures doivent être prises pour empêcher les discours de haine et la désinformation qui les visen particulièrement.

• Le Conseil de sécurité des Nations unies doit renforcer les mesures de responsabilisation concernant le Myanmar et réagir au non-respect par lajunte de la résolution 2669 (2022), notamment en adoptant une résolution forte et contraignante qui porte la situation du Myanmar devant la Cour pénale internationale et qui prévoie des sanctions économiques ciblées, ainsi qu'un embargo sur les armes et le carburant destiné à l'aviation, à l'encontre de l'armée birmane. Le Conseil devrait également tenir une réunion spéciale pour discuter du non-respect des mesures provisoires prises par la Gambie contre le Myanmar devant la Cour internationale de justice.

• Que la communauté internationale, lorsqu'elle aborde la crise au Myanmar pour obtenir justice et demander des comptes, consulte les femmes de tous horizons, y compris les défenseuses des droits de l'homme, les représentantes du mouvement démocratique birman, les femmes des minorités ethniques et religieuses, les minorités sexuelles, les jeunes femmes et les filles, ainsi que les victimes et les survivantes d'atrocités, et s 'engage à leurs côtés.

https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article70070
Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec DeepLpro.

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Communiqué du Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW), 8 mars 2024

19 mars 2024, par Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW) — , ,
Les femmes afghanes ont besoin de votre soutien ! Tiré de Entre les lignes et les mots https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/11/communique-du-mouvement-spon

Les femmes afghanes ont besoin de votre soutien !

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/11/communique-du-mouvement-spontane-des-femmes-afghanes-smaw-8-mars-2024/

Alors que les femmes afghanes brûlent dans l'enfer du régime taliban à partir d'août 2021, les grandes puissances et la communauté internationale se livrent à des concessions et à des accords ouverts et secrets avec les talibans. Alors que plus de 50 décrets anti-femmes ont été publiés et mis en œuvre par les Talibans afin de priver systématiquement les femmes de tous leurs droits humains et civils, la communauté internationale reste silencieuse. Alors que les manifestations civiles de femmes réclamant « du pain, du travail, de la liberté » sont brutalement réprimées à Kaboul et dans d'autres provinces et que les manifestantes sont arrêtées, torturées et tuées, la communauté internationale ne prend aucune mesure sérieuse pour mettre un terme aux atrocités commises par les talibans. Alors que des centaines de femmes manifestantes sont actuellement soumises à des tortures physiques et mentales dans des prisons privées et officielles des talibans, et que l'on ne dispose d'aucune information sur le sort de certaines d'entre elles, aucune instance locale ou internationale n'essaie de les libérer. Alors que des centaines de militantes afghanes sont menacées de mort par les talibans et souffrent de problèmes nutritionnels, sanitaires, éducatifs et psychologiques dans des lieux clandestins, les pays qui se réclament des droits des êtres humains ne prêtent pas attention à leur demande d'asile.

Les femmes afghanes, elles-mêmes victimes de plusieurs décennies de guerre, comprennent de tout leur cœur les douleurs et les problèmes des gens, en particulier des femmes de Gaza-Palestine et d'Ukraine, et expriment leur sincère sympathie à l'occasion de la Journée internationale de la femme. La catastrophe humanitaire actuelle à Gaza et la guerre en Ukraine, dont les civils, les femmes et les enfants sont les principales victimes, doivent cesser immédiatement.

A l'occasion du 8 mars, Journée internationale des femmes, le Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW) appelle une nouvelle fois les institutions des droits des êtres humains, les militantes des droits des femmes et toutes et tous les hommes et femmes philanthropes, contrairement à l'indifférence honteuse de leurs gouvernements face à la situation désastreuse en Afghanistan, à poursuivre leur solidarité active avec les femmes afghanes. En raison des menaces qui pèsent sur leur sécurité et du risque d'être tuées par les talibans, les militantes du Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW) célèbrent cette année le 8 mars dans la plupart des provinces d'Afghanistan, dans des maisons clandestines. Les femmes qui protestent, que ce soit dans les prisons talibanes ou dans des maisons secrètes, ne cèdent pas à l'oppression et à la pression des talibans, elles élèvent leur voix pour la liberté et la justice par tous les moyens possibles.

Le Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW) demande à tous ses ami·es dans le monde de se faire la voix des droits et de la liberté des femmes afghanes à l'occasion de la Journée internationale des femmes, de demander à leurs gouvernements et à leurs représentants dans les parlements de ne pas sacrifier les droits et les libertés des femmes afghanes à leur opportunisme politique. Demandez-leur de faire de la réouverture des écoles et des centres éducatifs pour femmes, du travail des femmes et des libertés civiles une condition préalable à toute négociation avec les talibans. Les talibans doivent cesser de réprimer, d'arrêter, de torturer et de tuer les femmes qui manifestent et libérer immédiatement toutes les femmes emprisonnées.

Vous seul·es, défenseurs et défenderesses des droits des êtres humains militantes des droits des femmes, femmes et hommes humanitaires, êtes l'espoir de vie et de liberté des femmes manifestantes assignées à résidence sous la menace des talibans, et vous devez donc plaider en faveur de leur asile immédiat. Prenez une part active à la campagne d'asile pour les femmes afghanes qui protestent et ne laissez pas des centaines de femmes pauvres perdre la vie sous la torture physique des talibans dans les prisons et des centaines d'autres dans les prisons d'origine à cause de la torture mentale. Les femmes afghanes ont besoin de votre aide et de votre soutien en ces temps difficiles.

Journée internationale des femmes, lutte unie pour la paix, l'égalité et la liberté !

Vive la solidarité entre les femmes d'Afghanistan et du monde entier !

Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW)

Kaboul, mars 2024
https://defendafghanwomen.org/2024/03/08/a-release-of-the-spontaneous-movement-of-afghan-women-smaw-8-march-2024/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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