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Luc Trouche : « L’École chinoise ou les contradictions d’un système très centralisé »
		Depuis 12 ans, Luc Trouche est engagé dans une collaboration de recherche avec la Chine, dans le fil d'une coopération ENS de Lyon - East China Normal University à Shanghai. 
La Chine, qui a décidé d'un nouveau curriculum en 2022, publiera de nouveaux manuels scolaires liés à ce curriculum. Le professeur émérite en didactique des mathématiques à l'ENS de Lyon, de retour d'un séjour scientifique de deux mois à la Beijing Normal University (Pékin) revient sur ce nouveau curriculum et la façon dont la conception des manuels est étroitement encadrée par le ministère de l'Éducation dans ce pays. Il évoque aussi la relation élève-enseignant – alors qu'un débat sur l'autorité traverse l'École en France, et la place du numérique dans cette société connue pour son hyper surveillance vidéo. Il répond aux questions du Café pédagogique.
Tiré de Café pédagogique
www.cafepedagogique.net/2024/05/14/luc-trouche-lecole-chinoise-ou-les-contradictions-dun-systeme-tres-centralise/ <http://www.cafepedagogique.net/2024...>
Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda, Le Café pédagogique, Paris, 14 mai 2024
*Quelles sont, selon vous, les questions majeures qui se posent au système d'enseignement chinois ?*
Je retiens deux éléments, qui sont revenus le plus souvent dans mes interactions avec des responsables du système : d'abord une question démographique – la chute de la natalité touche aujourd'hui les écoles primaires : par exemple plus de quarante d'entre elles devront fermer à la rentrée prochaine à Shanghai. Ensuite, une question de santé mentale des élèves.
*La santé mentale, et pour quelles raisons ?*
Il faut être prudent dans nos réponses : les raisons de la santé mentale des jeunes sont à chercher dans l'état général d'une société. De plus, il faut préciser qu'on ne dispose pas des résultats des évaluations nationales, qui sont considérés comme des données sensibles du système et, en général, inaccessibles aux chercheurs étrangers. Une hypothèse raisonnable est de considérer la démarche d'enseignement du « teach to test », et la culture générale de compétition qui en résulte, comme des conditions générant un stress général susceptible de toucher la santé mentale des élèves.
*Quel bilan peut-on faire de cette démarche de « concentrer l'enseignement pour préparer les évaluations » ?*
Elle a bien sûr une efficacité certaine pour tout ce qui est apprentissage de techniques. L'organisation des cours est parfaitement régulée, depuis la présentation d'un problème à traiter ( par exemple la résolution d'une équation ) jusqu'à la technique adéquate, son application dans une variété de contexte et sa mémorisation. Mais toute démarche exploratoire, toute spéculation sont souvent écartées comme perte de temps. C'est certainement une faiblesse de la formation mathématique actuelle des élèves chinois, et c'est la raison pour laquelle la réforme en cours préconise « le mode d'apprentissage par la démarche d'investigation qui, en s'appuyant sur les programmes, consiste à comprendre les situations, construire des modèles, trouver des solutions, faire des applications et susciter la réflexion et la généralisation » (article de Binyan Xu paru en 2023 <https://journals.openedition.org/ri...> ).
*Quelle est l'incidence de cet enseignement sur les relations enseignants-élèves ?*
Le respect des élèves, en Chine, pour les enseignants, ferait sans doute rêver beaucoup d'enseignants français. Je ne pense pas qu'il soit lié uniquement à la culture de l'évaluation, ni au contrôle social généralisé en Chine. Plus profondément, on peut le relier à la culture confucéenne qui imprègne la culture chinoise, et est caractérisée par le respect de l'élève pour le maître. J'ai assisté à la présentation d'un projet universitaire d'étude des interactions dans la classe de mathématiques. Le chercheur, pour analyser les vidéos de classe, distinguait 3 types d'interaction : prof-élève, prof-élève-prof – qui conclut l'interaction, et prof-élève-prof – qui relance l'interaction. Je l'interroge sur l'absence d'interaction dans le sens élève-prof, ou élève-élève. Selon mon interlocuteur, de telles interactions, dans les classes chinoises, n'existent que très peu. Le professeur a toujours l'initiative, et toute interaction est médiée par lui. Cette conception est parfaitement cohérente avec un enseignement centré sur l'apprentissage de techniques. Elle ne favorise, ni la réflexion, ni l'esprit critique – et donc devrait évoluer dans le cadre du nouveau curriculum.
La philosophie confucéenne a cependant un avantage si on l'étend aux relations à autrui. Ma première étudiante chinoise me répétait souvent ce précepte confucéen : « Quand tu marches avec deux personnes, pense toujours que tu marches peut-être avec deux maîtres », autrement dit, on a toujours à apprendre d'autrui. J'en ai vu souvent une illustration dans des séances de résolution de problèmes où, quand une démarche était proposée par un élève, l'attention de toute la classe, avant de proposer une démarche alternative, était tournée vers la compréhension de la première démarche proposée.
*On dit que la technologie est partout dans la société chinoise et nulle part dans les classes, c'est vrai, et, si oui, avec quelles conséquences ?*
Oui, c'est vrai ! Que la technologie soit partout présente dans la société – et dans l'école hors la classe, c'est un fait qui apparaît immédiatement, sous au moins deux formes :la vidéosurveillance – reconnaissance faciale à l'entrée des établissements scolaires et des bâtiments d'enseignement, caméras vidéo dans les classes, les couloirs, et les salles de réunion, et la plateforme WeChat, présente sur tous les smartphones, sorte de mélange de Whatsapp et Amazon. Les étudiants utilisent intensivement WeChat pour interagir avec leurs pairs, pour faire leurs commandes et payer en ligne… mais pas dans la classe. Que la technologie ne soit présente en classe que sous des formes très frustres apparaît aussi à tout observateur. Il y a certes dans les salles de classe des écrans, mais ils servent essentiellement à projeter les diaporamas du professeur. Dans le cours de mathématiques, l'utilisation de logiciels existe – ma dernière doctorante en a fait le sujet de sa thèse, mais reste marginale. L'article déjà cité le reconnaît : « En Chine, cette intégration des technologies intelligentes dans les classes de mathématiques en est à ses balbutiements. Elle soulève d'importants défis pour l'enseignement des mathématiques à l'école et appelle une évolution des pratiques et de la recherche ».
Il faut souligner aussi l'utilisation d'Internet très contrôlée, qui bride les démarches de recherche. Google est interdit – Bing, de Microsoft, est, quant à lui, accessible, au profit d'un moteur développé par la Chine, Baidu. Baidu, au dire de tous les utilisateurs que j'ai rencontrés, est très peu efficace, envahi par la publicité. Une plaisanterie circule : « Si tu consultes Baidu pour un problème de santé, il te diagnostiquera un cancer à un stade ultime d'évolution, et t'orientera vers une clinique privée pour une chirurgie immédiate qui te coûtera très cher ». Je l'ai testé avec mes étudiants, en posant la question à Bing et à Baidu : « Comment peut-on prouver le théorème de Pythagore ? ». Bing a proposé une variété de démonstrations, et Baidu a donné une seule démonstration, et une variété de notices historiques autour de Pythagore.
Un dernier exemple caractéristique de la non-utilisation de la technologie, ce sont les manuels scolaires, dont la version en ligne se résume à des fichiers PDF téléchargeables.
*Justement, les manuels scolaires. À l'heure où chez nous il est question de labélisation, qu'en est il en Chine ?*
On ne saura qu'en septembre la réalité des manuels scolaires produits dans le cadre du nouveau curriculum. Les manuels sont en effet proposés par des équipes – localisées dans une région donnée – composées de mathématiciens, de formateurs et de chercheurs dans le domaine de l'enseignement des mathématiques. Une commission ministérielle suit les différentes étapes de leur conception, dans une certaine opacité – ce que fait une équipe est ignorée par l'autre. Il peut exister des nuances entre les différentes versions d'un manuel donné. On peut craindre une certaine fermeture : pour trois disciplines sensibles – le chinois, l'histoire et l'instruction civique – il n'y aura qu'un manuel au niveau national. Et, en 2022, le ministère de l'éducation avait conduit « une évaluation complète de tous les manuels utilisés dans les écoles primaires et secondaires du pays, notamment en ce qui concerne leur contenu et leurs illustrations. L'évaluation [ visait ] à s'assurer qu'ils adhèrent à la bonne orientation politique et aux bonnes valeurs, qu'ils promeuvent la culture traditionnelle chinoise et qu'ils sont conformes aux goûts esthétiques du public, et tout problème constaté sera corrigé immédiatement », selon le communiqué. Labellisation et obligation de conformité politique vont ici de pair.
On peut se demander comment des enseignants peuvent « faire leurs cours » dans le cadre de consignes si strictes. Il faut garder en tête deux caractéristiques du système chinois d'enseignement des mathématiques.
La première, l'enseignement par la variation – des énoncés, des solutions. Le professeur doit savoir adapter les exercices à ses objectifs pédagogiques – il y a, en général, moins d'exercices dans les manuels scolaires chinois que dans les manuels français pour cette raison, sujet de la thèse de ma deuxième doctorante.
Et surtout, deuxièmement, le travail collectif des enseignants est très développé – sujet de la thèse de ma première doctorante : du temps leur est reconnu pour cela, des locaux aussi. Ils disposent d'une vaste salle, avec un bureau pour chacun d'entre eux. Des « groupes de préparation des leçons » se réunissent chaque semaine. Chaque établissement scolaire dispose ainsi d'un capital de ressources produit de l'expérience commune. La matière de l'enseignement est ainsi une combinaison des ressources locales et des ressources nationales – en particulier le manuel scolaire. C'est ce qui donne à ce système une capacité forte de faire face à des évènements imprévus (voir l'exemple de la pandémie, Trouche 2020 <https://www.cafepedagogique.net/202...> ).
Toutes ces questions que nous avons abordées sont largement discutées dans les équipes de recherche en éducation que j'ai pu rencontrer à Pékin, Shanghai ou encore Guangzhou (Canton).
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L’ombre de la Cour pénale internationale plane sur les dirigeants israéliens
		Mise à jour. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a émis lundi 20 mai des demandes de mandat d'arrêt international contre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et son ministre de la défense Yoav Gallant pour responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'émission de mandats d'arrêts contre les dirigeants israéliens par la CPI aurait des conséquences importantes, tant symboliques que pratiques. Mais la nouvelle relative à ces mandats, émanant de sources israéliennes, pourrait aussi bien participer d'une stratégie visant à remobiliser les alliés d'un État ayant perdu, au moins partiellement, la « bataille de l'opinion », voire d'une stratégie visant à intimider la juridiction pénale internationale
Tiré d'Orient XXI.
Interdit d'entrée en France alors qu'il devait participer à un colloque organisé le 4 mai par la sénatrice Raymonde Poncet Monge, le docteur Ghassan Abu Sittah a affirmé que les autorités allemandes, à l'origine de cette interdiction (1), cherchaient à l'empêcher de témoigner devant la Cour pénale internationale (CPI). Sa rétention à l'aéroport Charles de Gaulle intervenait alors que nous parvenait la nouvelle du décès, possiblement sous la torture, d'un autre médecin palestinien, Adnan Albursh, arrêté à Gaza par les forces israéliennes puis détenu en Israël. Par ailleurs, après le retrait des forces israéliennes de l'hôpital Al-Shifa et de l'hôpital Nasser, plusieurs charniers ont été découverts, témoignant apparemment d'exécutions sommaires en masse de patients et de soignants par les forces israéliennes. Cette découverte a suscité de vives réactions et, peut-être, accéléré une enquête de la CPI. Ces exécutions sommaires, ne sont toutefois qu'un aspect de la guerre au soin conduite par Israël à Gaza. Et, au-delà des mandats qui viseraient le premier ministre Benjamin Nétanyahou, le ministre de la défense Yoav Galant et le chef d'état-major Herzi Halevi, les enquêteurs de la cour semblent bien travailler sur la situation des hôpitaux de Gaza.
Guerre au soin et génocide
Dans le dernier rapport de la rapporteuse spéciale de l'ONU Francesca Albanese, il est rappelé que les hôpitaux et autres lieux de soins font l'objet d'une protection spéciale dans le droit des conflits armés. Attaquer un hôpital constitue un crime de guerre, et ceci dans tout type de conflit. A fortiori, le saccage et la destruction de ces infrastructures essentielles relève aussi de ce type de prohibition. L'assassinat ou les mauvais traitements infligés à des soignants ou à des personnes blessées, qu'elles soient civiles ou militaires, est également un crime de guerre.
Mais l'attaque contre les hôpitaux ou les personnes s'y trouvant peut aussi relever du crime contre l'humanité. La jurisprudence internationale fournit un précédent à cet égard : celui de l'affaire dite de l'hôpital de Vukovar, dans laquelle les forces serbes avaient, à l'issue du siège de la ville en novembre 1991, arrêté à l'hôpital puis exécuté en dehors de celui-ci près de deux cents combattants croates. Dans cette affaire jugée par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie en 2009, la qualification de crime contre l'humanité avait été discutée dès lors que l'exécution de ces combattants s'inscrivait dans une attaque plus large contre la population civile (2). À Gaza, l'attaque contre les hôpitaux peut être considérée comme systématique et doit être mise en lien avec le siège interdisant la délivrance de médicaments et de matériels essentiels. Il a par exemple été souvent rapporté que les médecins devaient pratiquer des amputations sans anesthésie, y compris sur des enfants.
S'agissant de Gaza, la qualification de génocide peut également être sérieusement envisagée au regard, notamment, de la systématicité des attaques, de leur sens, et de leur inscription dans une offensive plus large contre la population civile. Pendant ces longs mois, les morts civiles liées aux bombardements de zones d'habitations se sont accompagnées d'atteintes corporelles très lourdes. Le choix, inédit, de cibler particulièrement les hôpitaux, par-delà le fait qu'ils représentent des lieux organisés de la vie civile palestinienne et des lieux de refuge depuis le début de l'offensive israélienne, témoigne d'une volonté d'interdire le soin. Cette interdiction face à des blessures lourdes, condamne les blessés à la mort ou à un handicap permanent. Il pourrait donc s'agir de soumettre une partie du peuple palestinien à « des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou de lui infliger des « atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale » (article II de la Convention sur le génocide) dans l'intention de la détruire.
L'impact de mandats d'arrêts visant les dirigeants israéliens
Cette guerre au soin semble donc être sous enquête devant la CPI. Celle-ci pourrait sans difficulté conduire à l'arrestation des dirigeants israéliens ayant ordonné les attaques contre les hôpitaux, les soignants, les patients, les familles réfugiées dans leur enceinte. C'est l'hypothèse la plus probable étant donné le niveau d'organisation de l'armée israélienne, qui se trouve sous le contrôle du pouvoir politique. L'arrestation de soignants, dont le docteur Adnan Albursh, et leur détention en Israël en est aussi un signe clair. Ce ne sont pas des éléments indisciplinés ou des bataillons agissant spontanément qui conduisent cette guerre au soin : il s'agit d'une politique délibérée. La responsabilité pénale des dirigeants pourrait encore être engagée sur la base de leur position de commandement, ce commandement pouvant être militaire ou civil. Le défaut de prévention ou de punition des crimes est alors suffisant pour retenir leur responsabilité.
Au regard de la réticence de la CPI à enquêter sur le comportement d'Israël depuis 2009, l'annonce de mandats visant d'importants responsables israéliens a été accueillie avec scepticisme par les observateurs (3). Elle a été clairement mise en scène par le premier ministre Nétanyahou, puis accompagnée de menaces contre la CPI et l'Autorité palestinienne de la part d'Israël. Les États-Unis ont suivi ce mouvement. Ils ont d'abord affirmé l'incompétence de la cour, un discours juridiquement bien peu convaincant dès lors qu'ils acceptent cette compétence s'agissant de la Russie, un État qui n'est pas plus partie au Statut de Rome instituant la CPI que l'État d'Israël. Puis, certains élus états-uniens ont menacé de faire adopter des sanctions contre la CPI. Les précédentes, adoptées sous l'administration de Donald Trump, réagissaient à l'enquête sur le comportement de l'armée américaine en Afghanistan mais aussi au regard porté par la cour sur la Palestine. Ces sanctions avaient été levées sous la présidence de Joe Biden, tandis que Washington commençait à apporter son concours à l'enquête sur la Russie, sans devenir partie au Statut de Rome.
Cette intense agitation autour de potentiels mandats a donné lieu, le 3 mai 2024, à une déclaration du bureau du procureur dénonçant les menaces et intimidations pesant sur la cour et son personnel. Plusieurs rapporteurs spéciaux du conseil des droits de l'Homme de l'ONU ont également exprimé leur « consternation » face aux déclarations des responsables israéliens et états-uniens (4). Il demeure néanmoins difficile de savoir si nous sommes en présence d'une rumeur construite ou si la cour est véritablement en train d'enquêter sur les dirigeants israéliens. La cour peut, il est vrai, maintenir secret des mandats d'arrêts ; en 2023, elle avait toutefois décidé de rendre publics ceux qui visaient de hauts responsables russes, « dans l'intérêt de la justice », afin de « prévenir de nouveaux crimes » (5). Mais, par ailleurs, le Statut de Rome permet à l'État dont les agents sont visés par une enquête d'entrer en relation avec le bureau du procureur. En effet, le principe dit de « complémentarité » reconnu par le Statut de Rome permet à tout État, même non partie au Statut, d'éviter la juridiction de la cour dès lors que cet État entend enquêter et connaître lui-même des crimes identifiés. Si l'on considère l'existence de ces probables échanges entre Israël et le procureur de la cour, ainsi que la passivité antérieure de la cour concernant les agissements d'Israël, on peut penser que l'émission de mandats contre les dirigeants israéliens demeure très incertaine.
Dès lors que la cour émettrait ces mandats, ils auraient un impact juridique et symbolique important. D'une part, tous les États parties au Statut de Rome, parmi lesquels de nombreux États européens soutenant Israël, seraient tenus d'arrêter les personnes visées présentes sur leur territoire. S'agissant du cas particulier du premier ministre israélien, qui jouit en droit international d'une inviolabilité rendant complexe son arrestation, les États parties au Statut de la cour pourraient se trouver en conflit d'obligations, l'obligation d'arrêter selon le mandat entrant en conflit avec la règle internationale d'inviolabilité. Le risque d'arrestation existerait néanmoins. D'autre part, l'identification des responsables israéliens comme suspects de crimes internationaux aurait un effet politique majeur.
Propagande israélienne et censure occidentale
Mais la rumeur relative aux mandats pourrait également s'inscrire dans la propagande israélienne , qui vise les juridictions internationales (6). L'importante ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ) du 26 janvier 2024, exigeant d'Israël l'adoption de mesures conservatoires au vu du risque de génocide à Gaza, a ainsi été décrite comme émanant d'un « tribunal antisémite » par le ministre israélien Itamar Ben Gvir (7). L'ordonnance a aussi été immédiatement invisibilisée par les accusations spectaculaires portées par Israël contre l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Une fois ces fausses informations démenties –- et alors que l'accusation se retournait puisque l'UNRWA révélait que ses personnels avaient été détenus et soumis à la torture par Israël - la portée de l'ordonnance de la CIJ a resurgi.
C'est à ce moment qu'un élément inédit a été avancé en faveur d'Israël : une interview de l'ancienne présidente de la Cour internationale de justice, Joan Donoghue, affirmant que la juridiction n'aurait pas reconnu une affaire plausible de génocide (a « plausible case of genocide »). Rappelons ici que, dans son ordonnance du 26 janvier 2024, la cour affirme que le droit des Palestiniens d'être protégés contre les actes de génocide est plausible (§§ 36, 54), et qu'il existe une urgence, c'est à dire un « risque réel et imminent » de préjudice irréparable causé aux droits revendiqués (§ 61, 74). Il s'agit bien d'un risque de génocide, même si la cour n'emploie pas la formule « affaire plausible de génocide ». Les médias se sont précipités sur les propos ambigus de Joan Donoghue pour minimiser le sens de l'ordonnance et réfuter l'emploi du terme génocide.
Cet incident renvoie au désaveu public, en 2011, de l'important rapport de la mission d'enquête sur Gaza par son propre président, le juriste Richard Goldstone (8). Les positions publiques de Joan Donoghue, tout comme celles de Richard Goldstone, suggèrent l'existence de fortes pressions exercées par Israël et ses alliés.
Plus largement, des formes d'intimidation et de censure relatives à l'analyse juridique sont perceptibles dans les pays occidentaux. Ainsi, en France, employer le mot de génocide serait un « cri de ralliement pour stigmatiser les juifs » (9) ce qui renvoie à l'infraction « d'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination ». Analyser la notion de terrorisme, de légitime défense, présenter le droit international des conflits armés qui traite de la condition des mouvements de libération nationale, s'interroger sur le statut des combattants palestiniens, est aussi susceptible de relever des tribunaux sous la qualification « d'apologie du terrorisme » si l'on en croit la circulaire du ministre français de la Justice du 10 octobre 2023. Dès le 9 octobre 2023, la ministre de l'Enseignement supérieur, donnant une lecture politique des événements, se référait d'ailleurs à ces infractions en invitant les présidents d'Université à réagir à toute « action ou propos » relevant de « l'apologie du terrorisme, de l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination », par le moyen de procédures disciplinaires ou de signalements au procureur de la République.
La compréhension de la situation à Gaza s'est tout de même imposée, mais accompagnée d'une répression des étudiants protestant contre la politique de leurs États ou de leurs universités, aux États-Unis comme en Europe. C'est pourquoi la rapporteuse spéciale du Conseil de droits de l'homme de l'ONU, Irène Khan, a récemment estimé que la situation à Gaza donnait lieu à une crise globale de la liberté d'expression. Signalant un biais médiatique contre les manifestants pro-palestiniens, elle rappelait aussi qu'au regard du droit international relatif à la liberté d'expression, la critique des politiques conduites par Israël est parfaitement légitime (10)
Rafaëlle Maison, Agrégée des facultés de droit ; professeur des universités.
Notes
1- Une juridiction allemande a infirmé, le 14 mai, la décision des autorités.
2- Hervé Ascensio et Rafaëlle Maison, avec la collaboration de Chloé Bertrand, « L'activité des juridictions pénales internationales (2008-2009) », Annuaire français de droit international, 2009, pp. 377-379.
3- Voir par exemple l'analyse de Richard Falk, « War on Gaza : The ICC must seize this moment to hold Israel accountable », Middle East Eye, 6 mai 2024.
4- « Israël/Gaza : les menaces contre la CPI favorisent une culture de l'impunité, fustigent des experts de l'ONU », ONU info, 10 mai 2024.
5- Communiqué de presse du 17 mars 2023
6- Pour une analyse de la communication israélienne sur la longue durée, voir John Quigley, The international Diplomacy of Israel's Founders, Deception at the United Nations in the Quest for Palestine, Cambridge University Press, 2016. Sur la position israélienne aux États-Unis, voir John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2009.
7- Sam Sokol, « Un ‘déshonneur' pour la CIJ : réactions israéliennes suite au verdict de La Haye », The Times of Israël, 26 janvier 2024.
8- Sur cet épisode, lire Norman G. Finkelstein, Gaza, An Inquest into its Martyrdom, University of California Press, 2018, pp. 117-132.
9- Déclaration du président du CRIF, 6 mai 2024.
10- « Criticizing Israel is perfectly legitimate under international law », et « there is a bias against pro-palestinian support ».
Sur ce point, voir aussi la résolution du Conseil des droits de l'homme du 5 avril 2024 selon laquelle « il faut se garder de faire l'amalgame entre critique de la violation par Israël du droit international et antisémitisme » (point 24)

76 ans après la Nakba, construisons un mouvement international pour la Palestine !
		L'attaque contre Rafah constitue un nouveau saut dans le processus génocidaire mis en œuvre par Israël. 1,5 million de Palestinien·nes, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, ont été déplacé·es depuis octobre dernier, des dizaines de milliers sont mort·es, la famine et les maladies tuent chaque jour. Le gouvernement d'extrême droite au pouvoir en Israël se fixe clairement comme objectif d'éradiquer la population palestinienne de Gazah. C'est un projet qui s'inscrit dans la perspective plus globale du Grand Israël voulu par l'extrême droite israélienne, à l'idéologie fasciste et suprémaciste, fondée sur le sionisme, qui nie tout droit à la terre et à la souveraineté du peuple palestinien, qui nie son existence même en tant que peuple.
Tiré de Quatrième internationale
15 mai 2024
Par le Bureau exécutif de la Quatrième internationale
Une solidarité historique se développe par rapport à cette horreur. Les occupations d'universités sont devenues l'expression la plus visible de ce mouvement qui, dès le départ, a mobilisé massivement les jeunes, notamment les jeunes racisé·es des quartiers populaires, et même une partie des communautés juives refusant d'être assimilées aux politiques racistes et criminelles de l'extrême droite israélienne. Partie d'un mouvement de solidarité humaine, humanitaire, contre le génocide, les destructions, les images de carnages, la solidarité est devenue un mouvement politique dont l'envergure peut maintenant être comparée aux mouvements contre la guerre du Vietnam et contre la guerre en Irak. Ce mouvement se radicalise, dans le sens où il dévoile la complicité, voire le soutien actif, des grandes puissances impérialistes, avec le génocide, où il dénonce les mécanismes d'oppression à l'œuvre dans le capitalisme. Israël est, au Moyen-Orient, le bras armé des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et bien d'autres au Moyen-Orient, Netanyahou est la pointe avancée des politiques autoritaires, racistes et belliqueuses avancées notamment par l'extrême droite dans divers pays du monde.
Une répression féroce s'abat sur le mouvement de solidarité : dans certains pays il s'agit d'une interdiction pure et simple des actions de solidarité, dans d'autres d'arrestations et de violences policières, de mises en examens ou d'interdiction de tenir des conférences ou même des concerts ! Il s'agit de faire taire la solidarité, dans un nouveau maccarthysme, où les classes dominantes et les États meurtriers accusent le mouvement de solidarité, un mouvement profondément humaniste et antiraciste, d'apologie du terrorisme ou d'antisémitisme.
La IVe Internationale met toutes ses forces dans la construction du mouvement de solidarité avec la Palestine, avec la résistance du peuple palestinien, contre le génocide en cours. Cette mobilisation est un mouvement des classes populaires du monde entier, contre le racisme, contre l'impérialisme, pour la justice. Nous voulons contraindre les grandes puissances à arrêter de soutenir politiquement, financièrement et militairement Israël. Le mouvement actuel a mis en grande difficulté Biden et Macron, deux des fers de lance de la complicité. Demain, il montrera la complicité des gouvernements des pays arabes avec Israël : des mobilisations commencent à y voir le jour, malgré la répression des manifestations et des réunions, les régimes arabes craignant, et ils ont raison, que la solidarité avec la Palestine ne relance les révolutions arabes.
Le mouvement que nous voulons construire doit développer un rapport de forces, avec des manifestations de masse, des grèves dans la jeunesse, l'action massive de boycott, de désinvestissement et sanctions contre Israël et les entreprises qui collaborent avec.
Il y a 76 ans, la Nakba, l'expulsion des Palestinien·nes de leur terre, a conduit à la création d'Israël comme un État colonial de peuplement. Elle a constitué le début d'une offensive colonialiste, raciste, impérialiste qui se poursuit et se renforce aujourd'hui, sous l'impulsion de pouvoirs d'extrême droite et des politiques des classes dominantes. La IVe Internationale se bat contre l'impérialisme, d'où qu'il vienne, pour les droits des Palestinien·nes, la fin de l'occupation, le droit au retour des réfugié·es, pour mettre fin au colonialisme israélien et pour un État démocratique et laïc où toutes et tous les citoyen·nes jouissent des mêmes droits.
Que la mobilisation continue pour la victoire de notre résistance anti-impérialiste !
Bureau exécutif
Le 15 mai 2024
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226e jour de la guerre contre Ghaza : Nouveaux massacres à Jabaliya et Nousseirat
		Le directeur de l'hôpital Kamal Adwan, au nord de la bande de Ghaza, a indiqué à l'agence Wafa que son établissement a reçu 60 morts depuis samedi, des femmes et des enfants dans leur écrasante majorité, qui ont péri dans le bombardement d'une zone d'habitation surpeuplée à Jabaliya.
Tiré d'El Watan.
Un raid aérien mené par l'aviation israélienne, et qui ciblait le camp de Nousseirat, au centre de la bande de Ghaza, a fait au moins 31 morts, selon la Défense civile palestinienne citée par l'agence Wafa. « Les équipes de la Défense civile ont recensé 31 morts et 20 blessés dans une maison appartenant à la famille Hassan, visée par les forces d'occupation israélienne dans le camp de Nousseirat », a affirmé la Défense civile de Ghaza hier, ajoutant que « les recherches de disparus se poursuivent ». La frappe meurtrière a eu lieu au milieu de la nuit de samedi à dimanche.
Les équipes de la Défense civile ont également signalé que « l'occupant a détruit plus de 300 habitations à Jabaliya » ces derniers jours, précisant que les équipes de secouristes « ont récupéré les dépouilles de centaines de martyrs de Jabaliya ». La même source prévient que « des centaines de personnes, dont certaines sont vivantes, sont toujours ensevelies sous les décombres et il est difficile de les atteindre ».
La Défense civile a fait état en outre de violents tirs d'artillerie dans le périmètre de l'hôpital Al Awda, dans la région de Tal Al Zaatar, à Jabaliya. Le directeur de l'hôpital Kamal Adwan, cité par Wafa, a indiqué de son côté que son établissement « a reçu 60 martyrs depuis samedi, des femmes et des enfants dans leur écrasante majorité, qui ont péri dans le bombardement d'une zone d'habitation surpeuplée à Jabaliya ». Il a ajouté que « de nombreuses victimes ont succombé à leurs blessures faute des fournitures médicales nécessaires », soulignant que « les équipes médicales sont fortement diminuées et prodiguent des soins malgré les attaques continues de l'occupant ».
« 70 morts en 24 heures »
D'après l'agence d'information palestinienne, des avions de combat israéliens ont poursuivi leurs attaques hier dans le périmètre de l'hôpital Kamal Adwan, tandis que des unités d'artillerie « pilonnaient le quartier Cheikh Zayed, Tellate Qalibou ainsi que la ville de Beit Lahia ». Des raids ont également ciblé plusieurs secteurs de la ville de Ghaza. Selon Wafa, trois civils ont été tués et d'autres ont été blessés suite à une attaque qui a visé une école abritant des déplacés à Haï Daraj, à l'est de la ville de Ghaza. Les victimes ont été évacuées à l'hôpital baptiste de Ghaza.
Wafa fait état également d'une autre personne qui a été tuée à Deir El Balah dans un bombardement aérien. D'autres attaques ont été signalées également dans le camp d'Al Bureij, au centre de la bande de Ghaza. L'agence Wafa rapporte aussi que « des hélicoptères de combat ont ouvert le feu à l'est de la ville de Rafah simultanément à un raid au centre de la même ville ».
L'agence palestinienne mentionne également des « tirs de la marine de guerre israélienne en direction de la zone côtière de Rafah ». Toujours dans le sud de la bande de Ghaza, deux Palestiniens ont été fauchés par le bombardement d'une zone d'habitation dans la localité de Khouzaa, à l'est de la ville de Khan Younès, tandis que l'artillerie a pilonné des maisons à l'est de la ville de Rafah. Selon le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza, au moins 70 Palestiniens ont péri en 24 heures, entre samedi et dimanche, suite à des raids perpétrés par les forces sionistes.
Le bilan global général des victimes a ainsi grimpé à 35 456 morts et 79 476 blessés depuis octobre. D'après l'ONU, quelque 800 000 Palestiniens ont été forcés de fuir Rafah depuis le 6 mai, s'établissant autour de Khan Younès notamment. En raison du blocage du point de passage de Rafah, la situation humanitaire est extrêmement préoccupante dans la bande de Ghaza, d'autant que les négociations sont complètement rompues.
« L'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt depuis que l'armée israélienne a pris et fermé le 7 mai le passage de Rafah à la frontière égyptienne, entrée cruciale pour ces aides dont le carburant indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire. Les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez », note l'AFP. Vendredi, l'armée américaine a annoncé que la jetée temporaire construite à l'initiative des Etats-Unis à Ghaza est désormais opérationnelle.
De son côté, Chypre a fait savoir avant-hier qu'elle va assurer un flux continu d'aide humanitaire depuis le port de Larnaca vers Ghaza. C'est ce qu'a déclaré samedi Theodoros Gotsis, porte-parole du ministère chypriote des Affaires étrangères, rapporte l'APS.
« Les plans du projet Amalthea prévoient la livraison de 2000 tonnes d'aide humanitaire par semaine », a précisé M. Gotsis. « Amalthea » est le nom d'un corridor maritime humanitaire ouvert par Chypre en mars dernier pour acheminer de l'aide vers Ghaza. Un « Fonds Amalthea » a été créé pour financer le projet d'aide, a indiqué Theodoros Gotsis, en ajoutant que le projet Amalthea est ouvert à tous les pays qui souhaiteraient y contribuer.
L'ONU avertit contre des conséquences « apocalyptiques »
Le blocage de l'aide humanitaire dans la bande de Ghaza pourrait avoir des conséquences « apocalyptiques », a prévenu hier le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, en mettant en garde contre le risque de famine dans le territoire palestinien assiégé et dévasté par plus de sept mois d'agression sioniste. « Si le carburant vient à manquer, si l'aide ne parvient pas aux personnes qui en ont besoin, la famine, dont nous parlons depuis si longtemps et qui menace, ne sera plus une menace.
Elle sera présente », a-t-il déclaré à l'AFP, en marge d'une réunion avec des responsables qataris à Doha. « Notre préoccupation, en tant que citoyens de la communauté internationale, est que les conséquences seront très, très dures. Dures, difficiles et apocalyptiques », a ajouté le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'ONU.

Attaque d’un convoi humanitaire pour Gaza : l’autrice de la vidéo témoigne
		Au moins sept camions d'aide humanitaire destinés à la bande de Gaza ont été vandalisés par des colons israéliens lundi 13 mai, à la frontière entre Israël et la Cisjordanie. Quatre personnes ont été arrêtées. La police israélienne a ouvert une enquête.
Tiré de Courrier international.
Des dizaines de colons israéliens ont pris d'assaut sept camions d'aide humanitaire à destination de la bande de Gaza, ce lundi 13 mai. L'incident a eu lieu près du point de passage de Tarqumia, dans le sud-ouest de la Cisjordanie. Une vidéo filmée sur place, et diffusée sur le compte YouTube du Guardian, montre les assaillants vider et jeter au sol toutes les denrées alimentaires présentes dans le camion.
“Nous avons des otages à Gaza, aucune aide humanitaire ne devrait être acheminée avant que nos proches ne soient rentrés chez eux sains et saufs”, a justifié l'un d'entre eux auprès du Times of Israel.
Si la police israélienne ne semble pas être intervenue pour mettre fin au pillage, elle a annoncé l'ouverture d'une enquête, laquelle a déjà mené à l'arrestation de quatre personnes, dont un mineur, rapporte la BBC. Selon plusieurs médias israéliens, les militants pourraient être des membres de Tsav 9, un collectif qui a déjà bloqué à plusieurs reprises des convois d'aide humanitaire à destination de Gaza.
“Ce que vous faites est mal”
Qualifiées d'“épouvantables” au Royaume-Uni, ou encore d'“inacceptables” aux États-Unis, ces attaques ont été unanimement condamnées par la communauté internationale. En Israël, pourtant, elles semblent profondément diviser l'opinion, comme l'explique l'avocate israélienne Sapir Sluzker Amran au micro d'Al-Jazeera.
Présente sur place, c'est elle qui a filmé le pillage et diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux. Elle est depuis victime de nombreuses menaces de mort. “Ces gens ne représentent pas notre judaïsme. […] De nombreux Israéliens veulent la paix et œuvrent à la paix, pour nous, pour nos enfants et pour tous ceux qui vivent sur cette terre”, explique-t-elle au média qatari avant de conclure : “Nous avons le devoir moral de combattre, avec notre peuple, avec notre sang, et de leur dire ‘Ce que vous faites est mal'. Nous ne pouvons pas laisser ce carnage se poursuivre !”
Courrier international

Le peuple kanak a droit à l’auto-détermination !
		Couvre-feu entre 18 heures et 6 heures dans l'agglomération de Nouméa, interdiction de manifestations, dizaines d'arrestations, envoi en urgence d'escadrons de gendarmes, CRS, GIGN et RAID supplémentaires : Macron joue avec le feu en tentant de revenir par la force sur le droit du peuple kanak à l'autodétermination, que lui avaient assuré les accords signés en 1998 à Nouméa par le gouvernement français.
Hebdo L'Anticapitaliste - 708 (16/05/2024)
Crédit Photo
Photothèque rouge / Milo
Ce qui se passe sur tout le territoire de Kanaky, c'est le soulèvement d'un peuple. Depuis le 13 mai, les salariéEs du port, de l'aéroport et de l'hôtellerie sont en grève et des barrages sont organisés sur les routes par les jeunes pour contrôler la circulation. En faisant tirer par la police sur les jeunes, Macron, Darmanin et leur politique répressive ont provoqué l'embrasement dont les images tournent en boucle dans les médias.
Une revendication unifie cette mobilisation : non au dégel de la loi électorale, non à la recolonisation que le gouvernement a mis en place en décembre 2021, en organisant unilatéralement, en pleine crise du covid le troisième référendum prévu par les accords de 1998. C'est bien la volonté du gouvernement d'arrêter le processus de décolonisation, ouvert en 1988 par les accords de Matignon, qui a ouvert la crise actuelle !
Depuis deux ans, l'USTKE, le FLNKS et la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) construisent des mobilisations sur tout le territoire de la Kanaky pour faire entendre la voix des coloniséEs. La réponse du gouvernement a été la répression (avec même des interpellations pour port du drapeau kanak) et la volonté de faire voter la loi Darmanin qui met définitivement un terme au processus issu des accords de Matignon en 1988, en mettant concrètement fin à la possibilité de l'autodétermination du peuple kanak avec l'ouverture du corps électoral.
Le NPA l'Anticapitaliste soutient les revendications portées par le FLNKS, la CCAT et la population kanak mobilisée : retrait de la loi Darmanin, retrait des forces de répression, respect du droit à l'autodétermination du peuple kanak, ouverture de discussions pour un processus de décolonisation. En Kanaky comme dans tous les territoires colonisés : pas de justice, pas de paix !

Kanaky : NON au dégel du corps électoral ! NON à la recolonisation !
		Ce lundi 13 mai, veille du vote à l'assemblée nationale, les manifestations des indépendantistes contre le dégel du corps électorat se sont multipliées ; – routes bloquées ou barrages filtrants, grève très suivie au port et aéroport de Nouméa, fermeture de nombreuses administrations, feux allumés à différentes endroits, début de mutinerie dans la prison de Nouméa, heurts entre jeunes kanak et forces de l'ordre dans les quartiers populaires, nombreux blessés et arrestations en masse.
Tiré de Entre les lignes et les mots
C'est dans ce contexte insurrectionnel qu'aura lieu le vote à l'assemblée national ce 14 mai portant sur le dégel du corps électoral.
Pour tenter d'arrêter ce processus dangereux pour l'avenir du peuple kanak, les élus du congrès de Nouvelle Calédonie se sont réunis ce lundi 13 mai et sont parvenu à adopter, à la majorité, une résolution demandant le retrait de ce projet de loi sur le corps électoral. Les élus rappellent à l'Etat qu'ils sont majoritairement contre ce projet de loi.
30 ans après l'Accord de Nouméa, ainsi que du transfert des compétences et leur rééquilibrage, les inégalités restent très importantes, le non respect de la priorité à l'emploi local : dans beaucoup de secteurs, ce sont les métropolitains récemment arrivés en Nouvelle Calédonie, du fait de conditions attractives (niveau de salaire et indexation, avantages en terme de logement ou de soutien à l'installation), qui occupent des postes au détriment des travailleurs Kanak à compétences égales. Ainsi se perpétue une longue tradition de privilèges offerts aux Français partant travailler en Outre-mer.
Des conditions qui permettent de renforcer la colonie de peuplement qu'a toujours représenté pour l'État français ce territoire du Pacifique. Cela en violation totale du droit international. En effet, la Kanaky/Nouvelle-Calédonie reste un territoire non autonome au regard du droit international, à ce titre inscrit sur la liste des pays à décoloniser selon la résolution 15-14 des Nations Unies.
L'Accord de Nouméa est un accord de décolonisation. Il prévoyait 3 consultations référendaires d'autodétermination. Le deuxième référendum avait montré, en 2020, une poussée des voix indépendantistes à seulement 9000 voix près, le « Oui » à la pleine souveraineté de la Nouvelle Calédonie était majoritaire. Les conditions du troisième et dernier référendum, fin 2021, sont aujourd'hui toujours contestées par l'ensemble des courants indépendantistes, lesquels avaient demandé suite à l'épidémie du Covid et au confinement qui empêchait toute campagne, le report de la consultation et le respect tant de la promesse d'Edouard Philippe de le tenir en 2022 que de la période de deuil kanak. Ce 3ème référendum n'est pas reconnu par les indépendantistes qui n'ont pas participé au vote. Une plainte est prévue à ce sujet auprès de la Cour Internationale de Justice.
Aujourd'hui, le gouvernement français a décidé de passer en force. Il présente unilatéralement deux projets de lois sur l'avenir institutionnel de la Kanaky/Nouvelle-Calédonie qui mettent en jeu l'avenir du peuple Kanak, et la stabilité du pays. Ils visent une sortie dans des conditions très contestées et non consensuelles de l'Accord de Nouméa, avec pour conséquence une aggravation considérable des clivages.
Le premier projet de loi concernant le report des élections provinciales a été adopté en mars dernier, le second vise à modifier la constitution est central dans l'Accord de Nouméa, aucune modification ne devrait être faite par une décision unilatérale de l'État, sans un accord global entre les forces politiques locales.
Ces projets de lois renouent avec les pratiques éprouvées de mise en minorité du peuple Kanak dans son propre pays, au profit d'une droite locale qui voudrait par une modification des sièges au Congrès de Nouvelle-Calédonie y trouver une majorité en sa faveur. L'État s'engage dans une modification brutale de toute l'organisation de la vie démocratique de la Nouvelle-Calédonie. C'est une façon de favoriser la recolonisation du territoire et l'invisibilisation du peuple Kanak !
En réponse, en Kanaky/Nouvelle-Calédonie les mobilisations s'amplifient contre ces deux projets de lois. Plus de 80 000 personnes dans la rue le 13 avril dernier sur tout le territoire. Des mobilisations historiques qui sont impulsées par la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain,) qui regroupe l'ensemble des courants indépendantistes. Les objectifs sont clairs : la demande du retrait du projet de loi sur le dégel du corps électoral, la non reconnaissance du 3ème référendum, et la poursuite de la trajectoire de décolonisation.
Ce passage en force de l'État français rappelle de tristes souvenirs et favorise une dynamique de tensions extrêmement dangereuse. La mobilisation du 1er mai a été massive et cette année marquée politiquement par ce contexte politique. Aujourd'hui la moindre étincelle peut embraser la pays.
La semaine du 4 mai 2024 jusqu'au 13 mai 2024, a été une semaine de mobilisations et d'actions continues de la CCAT. Débutée le 4 mai 2024 – pour l'anniversaire de la mort de Jean-Marie Tjibaou le 4 mai 1989, et l'anniversaire du massacre des 19 de la grotte d'Ouvéa le 5 mai 1988 – jusqu'à la présentation du texte à l'Assemblée Nationale ce 13 mai 2024. Des rassemblements devant toutes les gendarmeries du pays le 5 mai 2024, des marches dans différentes villes tous les jours. De nombreuses mines sont déjà bloquées comme à Houailou, à Thio.
La mobilisation entre dans sa 3ème phase.
Ce 13 mai 2024 les deux fédérations USTKE, T.H.T (Transports aériens et terrestres, Hôtellerie) et Ports & Docks entrent en grève, suivie à 99%. Au port, sortie uniquement de marchandises de 1ère nécessité (denrées périssables et médicaments), toutes les sociétés du port ont décidé de fermer a 15H. Ralentissement de l'économie aujourd'hui. La chefferie de Wetr à Lifou a décidé la fermeture de l'aéroport de l'île.
A l'aéroport à Tontouta, les vols des avions ont pris énormément de retard du fait que les salariés ont quitté leurs postes donc perturbant le fonctionnement des services sur l'aéroport. Les mobilisations de la CCAT sur les accès routiers ont perturbé aussi le Pays. Le Pays, se mobilise partout, avec des barrages filtrants.
Un début de mutinerie à commencé à la prison du camps Est, trois gardiens ont été pris en otage, intervention du RAID. Des jeunes ont affronté la police, les gendarmes mobiles, car ceux la même ont tiré aux flash-ball sur les jeunes provocant leur colère.
Le pays vit une tension extrême dans l'attente du vote à l'assemblée nationale.
Par ailleurs, la répression est forte. Plusieurs personnes poursuivies depuis la manifestation du 21 février dernier sont passées en procès le 19 avril au Tribunal de Nouméa, subissant de très lourdes condamnations, deux manifestants sont enfermés au camps Est, cinq autres manifestants sont libres mais avec bracelets électroniques. Depuis, il y a eu de nombreuses arrestations, certaines personnes ont été libérées mais avec des poursuites, d'autres sont en détention provisoire, ou gardés à vue.
Ce sont des prisonniers politiques !
Lundi 13 mai 2024, 18 personnes devaient passer en comparution immédiate le procès a été reporté, pour certains au simple motif de port du drapeau de Kanaky ! Du jamais vu … !
Le collectif Solidarité Kanaky, créé e 2007, regroupe différentes organisations associatives, syndicales et politiques avec l'objectif d'organiser en France la solidarité avec le peuple Kanak dans sa trajectoire de décolonisation. Aux côtés des différents courants indépendantistes, nous réaffirmons notre solidarité aux luttes syndicales et politiques des indépendantistes Kanak indépendantistes et non kanak, contre la situation coloniale, raciste, capitaliste et répressive de l'État français en Kanaky.
Nous en appelons aux parlementaires qui à l'Assemblée nationale vont avoir la responsabilité de se prononcer sur la loi portant dégel du corps électoral de Nouvelle-Calédonie.
La Kanaky/Nouvelle Calédonie n'est pas un territoire français, mais au regard du droit international un « territoire non autonome ». Le projet de loi constitutionnelle proposé unilatéralement en vue du dégel du corps électoral , en violation du droit international, conduit les parlementaires à assumer la responsabilité de décider, à plus de 22000 kms de lui, de l'avenir de tout un peuple. Voire d'un possible embrasement en Kanaky/Nouvelle-Calédonie.
Ce projet de loi doit être retiré. Exigeons la libération et l'abandon des poursuites pour les inculpés des mobilisations en cours. Engageons des actions de solidarité ici en France contre les deux projets de loi et en solidarité au mouvement actuel en Kanaky.
Solidarité avec la CCAT et le peuple Kanak mobilisé !
Nous appelons à la participation AU RASSEMBLEMENT CE MARDI 14 MAI 2024 de 14H à 18H Place Salvador Allende (plus proche autorisé de l'Assemblée Nationale) CONTRE LE VOTE SUR LE DEGEL DU CORPS ELECTORAL ET POUR LE RETRAIT IMMEDIAT DU PROJET DE LOI.
Le Collectif Solidarité Kanaky :
MJKF (Mouvement des Jeunes Kanak en France), USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités (en France), Union syndicale Solidaires, CNT (Confédération Nationale du Travail), STC (Sindicatu di i Travagliadori Corsi), Association Survie, FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), FUIQP (Front Uni des Immigrations et des Quartiers populaires), Ni guerre ni État de Guerre, UP (Union Pacifiste), Ensemble !, NPA (Nouveau Parti Anticapitialiste), PCOF (Parti Communiste des Ouvriers de France), PEPS (Pour une Ecologie Populaire et Sociale), PIR (Parti des Indigènes de la République), UCL (Union Communiste Libertaire).
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Le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yahya Sinwar
		Lundi 20 mai, Kharim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale, a demandé que soient émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, son ministre de la Défense, le chef du Hamas à Gaza et deux autres responsables du mouvement palestinien. Un coup dur pour les dirigeants de l'État hébreu qui redoutaient cette décision et qui avaient tenté de s'y opposer, commente la presse internationale.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Gallant sur la base militaire de Kirya à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. Photo Abir Sultan Pool via Reuters.
Une décision historique. Lundi 20 mai, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a annoncé qu'il allait demander des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et contre le leader du Hamas, Yahya Sinwar, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, annonce le Washington Post.
Sont également concernés par ces poursuites le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, et deux autres hauts dirigeants du Hamas : Mohammed Deif, le chef des Brigades Al-Qassam, le bras armé du Hamas, et Ismaïl Haniyeh, le leader politique du mouvement palestinien, qui vit en exil à Doha, au Qatar.
“Sur la base des éléments de preuve recueillis et examinés par mon bureau, j'ai des motifs raisonnables de croire que Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre d'Israël, et Yoav Gallant, le ministre de la Défense d'Israël, portent la responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre humanité commis sur le territoire de l'État de Palestine (dans la bande de Gaza) à partir du 8 octobre 2023 au moins”, est-il écrit dans un communiqué de la CPI, qui siège à La Haye, précise le quotidien suisse le Temps dans le live qu'il consacre à la couverture de l'actualité à Gaza.
Même si cette demande doit encore être approuvée par les juges de la CPI, explique The New York Times, “elle constitue un coup dur pour le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et alimentera probablement les critiques internationales à l'égard de la stratégie d'Israël dans sa campagne de sept mois contre le Hamas et des conséquences de la guerre sur Gaza”.
Pressions israéliennes contre la CPI
Israël ne reconnaît pas la Cour pénale internationale – chargée de poursuivre les individus quand la Cour internationale de justice, elle, s'intéresse aux États – mais si ces mandats d'arrêt sont émis, chacun des 123 États membres de la CPI sera tenu d'arrêter les personnes visées qui pénétreraient sur son territoire et de les remettre à la Cour pour qu'elles soient jugées.
On comprend mieux l'inquiétude manifestée récemment par les dirigeants israéliens qui ont multiplié les pressions contre la CPI. Selon le site Axios, le Premier ministre israélien aurait ainsi exhorté le président Joe Biden à “intervenir” pour empêcher la Cour de La Haye d'émettre ces mandats, tout en menaçant de représailles contre l'Autorité palestinienne si la Cour pénale internationale allait de l'avant. “Cela fait plusieurs semaines que le ministère de la Justice [israélien] et les juristes de Tsahal se démènent pour empêcher que cela ne se produise” , expliquait récemment le quotidien Ha'Aretz dans un article traduit sur notre site.
Des manœuvres qui avaient provoqué une réaction rare du procureur Kharim Khan. Le 3 mai, dans un geste inédit, rappelait récemment Al-Jazeera, son bureau avait appelé à mettre fin à ce qu'il considérait comme une “intimidation” visant la CPI. Il sera allé finalement au bout de sa logique.
Lundi 20 mai, les familles des otages israéliens ont été parmi les premières à réagir, pour condamner fermement la décision du procureur de la CPI. “Nous rejetons l'assimilation des dirigeants israéliens aux terroristes du Hamas”, écrit le Forum des otages et familles de disparus, cité sur le live du quotidien Ha'Aretz. Même indignation du côté du chef de l'opposition Yair Lapid, qui qualifie de “désastre” cette annonce.
Courrier international
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LA CRÉATION DU FRONT DE LIBÉRATION DU QUÉBEC – Pour l’indépendance et le socialisme (1963)
Cet article se veut le premier d’une série portant sur l’expérience du Front de libération du Québec (FLQ, 1963-1972). Notre enquête vise à éclairer les sources, discours et pratiques de ce mouvement multiforme qui a marqué durablement l’imaginaire québécois. Bien qu’elle soit souvent réduite à la seule Crise d’Octobre, l’histoire du FLQ s’étend sur près de dix ans. Elle reste incontournable pour comprendre l’activisme des années 1960 et l’importance qu’a revêtue la question nationale dans l’histoire révolutionnaire de la province[1].



À droite : Secteur du Red Light, un des quartiers les plus pauvres de Montréal, 1957 (Archives de la Ville de Montréal). Au centre : Scènes de la vie montréalaise dans les années 1960. À gauche : manifestation à l’occasion de « L’Affaire Gordon » (BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Antoine Desilets).
Au début des années 1960, le Québec est en ébullition. La Révolution tranquille est en marche, alors qu’avec ses nationalisations, le Parti libéral de Jean Lesage proclame « l’ère du colonialisme économique[2] » révolue au Québec. Mais, pour plusieurs, ces réformes restent insuffisantes. Dans ce contexte, de jeunes radicaux fondent en 1963 le Front de libération du Québec (FLQ), « pour l’indépendance et le socialisme ». Ce moment séminal, moins connu que les coups d’éclat de la fin de la décennie, permet de comprendre les motivations de l’indépendantisme révolutionnaire au Québec et sa pérennité. Soixante ans plus tard, que reste-t-il du premier FLQ ?
En septembre 1960, le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) est créé. Il fait la promotion de l’indépendance du Québec, tout en adoptant un discours résolument à gauche, incarné par son charismatique leader Pierre Bourgault[3]. En marge du RIN, de petits groupes radicaux se forment, dont le Comité de libération nationale (CLN) et le Réseau de résistance (RR), qui envisagent une action clandestine en appui à l’action légale afin de parvenir à la souveraineté dans une perspective socialiste. De novembre 1962 à février 1963, le RR mène quelques attaques contre des symboles de la domination culturelle et économique anglo-saxonne, avant que trois de ses membres participent à la fondation d’une nouvelle organisation : le Front de libération du Québec (FLQ), dont le nom s’inspire directement du Front de libération nationale (FLN) algérien.

Manifestation indépendantiste (BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Antoine Desilets)
Un Québec à révolutionner
Le nouveau groupe considère que les Canadien·ne·s français·e·s sont colonisé·e·s « politiquement, socialement, économiquement », puisque le Québec est inféodé aux intérêts anglo-saxons (britanniques, américains et canadiens). La domination régalienne de Londres et d’Ottawa est bien réelle, ainsi que la dévalorisation du français dans de nombreux milieux de travail. Les conditions sociales des classes populaires francophones sont misérables, comme le démontrent les commissions Parent (1961-1966) ou Castonguay-Nepveu (1966-1971). En 1960, 36 % des anglophones au Québec effectuent une 11e année de scolarité, contre 13 % des francophones. Dans le même sens, 13 % des anglophones de 20 à 24 ans fréquentent l’université, contre 3 % des francophones du même âge. Enfin, l’économie est dominée par la bourgeoisie anglophone qui possède massivement les capitaux et les industries : elle détient 80 % des actifs à Montréal, alors que les francophones, comme les travailleur·euse·s immigrant·e·s, sont largement confiné·e·s à des emplois peu ou pas qualifiés, généralement mal payés et souvent dangereux. Le FLQ se veut une réponse à ces injustices.
Le FLQ n’est pas le premier groupe à envisager la situation québécoise sous le prisme de l’oppression coloniale. Depuis 1959, la Revue socialiste, animée par Raoul Roy, affirme que les Canadiens français forment un peuple « occupé économiquement par une grande bourgeoisie colonialiste de langue et de culture étrangères[4] ». Au milieu du XXe siècle, tout au bas de l’échelle des salaires et dévalorisés culturellement, les Canadiens français constituent, selon Raoul Roy, une « classe ethnique » au sein du Canada, une « nation prolétaire ». Il reproche à l’élite traditionnelle nationaliste de s’être solidarisée avec la bourgeoisie anglo-saxonne et d’avoir mobilisé le peuple « au service d’un conservatisme immobiliste et de ‘l’entreprise privée’ des étrangers[5] ». Son groupe, l’Action socialiste pour l’indépendance du Québec (ASIQ), lutte contre la domination économique anglo-américaine et le capitalisme canadien-français, promouvant « un socialisme québécois adapté aux conditions particulières de l’Amérique du Nord ». Sa conception politique influence les premiers felquistes et plusieurs jeunes activistes francophones, dont les rédacteurs de la revue Parti pris, fondée elle aussi en 1963.
Plus largement, l’époque est marquée par l’éveil politique de ce que l’on appelait le « Tiers-monde » depuis la conférence de Bandung en 1952. L’indépendance algérienne et la révolution cubaine marquent les esprits. Les travaux d’Aimé Césaire, Jacques Berque, Frantz Fanon et Albert Memmi circulent abondamment au Québec[6], sous l’impulsion d’indépendantistes de la trempe d’André d’Allemagne, auteur du Colonialisme au Québec (1966). La Revue socialiste, elle, fait abondamment usage de la pensée de Fanon et son réseau diffuse l’ouvrage Les damnés de la Terre, « le livre de la libération par excellence[7] ».
Le paradigme anticolonial adopté par les indépendantistes révolutionnaires marque un changement radical par rapport au nationalisme traditionnel, soutenu par l’élite cléricale et conservatrice canadienne-française depuis le XIXe siècle. Ce nationalisme conservateur voulait améliorer la condition des francophones en soulignant l’appartenance des Canadiens français à la « civilisation occidentale, judéo-chrétienne et d’origine européenne[8] », avec l’objectif d’obtenir une place équitable au sein de la Confédération canadienne. L’indépendantisme révolutionnaire renverse cette perspective en soulignant les similitudes entre l’oppression vécue par les Québécois·e·s, le colonialisme en Afrique et en Asie, et la situation des Afro-Américain·e·s, tout en envisageant la lutte des francophones comme une lutte de libération nationale.
Bien qu’il existe des « différences considérables […] entre le Québec et la colonie classique[9] » et malgré les angles morts de cette analyse qui oblitère les populations autochtones, le recours à l’analogie coloniale permet aux activistes d’exprimer en termes politiques la domination sociale, culturelle et économique que vivent les Canadien·ne·s français·e·s, puis de proposer un renversement concret des structures qui maintiennent ces oppressions. Le recours à l’imaginaire de la décolonisation explique les choix théoriques et stratégiques du premier FLQ, soit la lutte pour l’indépendance et le socialisme. Le FLQ désire attirer l’attention sur la condition des Québécois·e·s, au niveau national comme international. Il cherche à montrer qu’une action combative est possible ici même en Amérique du Nord, au cœur de « l’empire américain ». L’organisation souhaite aussi galvaniser les groupes indépendantistes et accompagner le développement d’un mouvement indépendantiste large. En somme, sa stratégie repose sur la propagande armée et l’agitation, communes aux groupes clandestins du même genre qui émergent en Occident à l’époque.


À gauche : les habitations Jeanne-Mance, 1961 (Photo par Yvon Bellemare, Archives de la ville de Montréal). À droite : désamorçage d’une bombe du FLQ, Westmount, 17 mai 1963.
Des paroles aux actes
À la fin du mois de février 1963, une demi-douzaine de personnes, notamment issues du Réseau de résistance, fonde officiellement le FLQ. Gabriel Hudon, Pierre Schneider, Georges Schoeters et Raymond Villeneuve sont au cœur de l’organisation. Ils passent une première fois à l’action dans la nuit du 7 au 8 mars 1963, ciblant trois casernes militaires de la région de Montréal avec des bombes incendiaires. Cette première action est accompagnée par la publication d’un court manifeste, Avis à la population de l’État du Québec, qui est diffusé par les médias. Le communiqué déclare que le FLQ est « un mouvement révolutionnaire composé de volontaires prêts à mourir pour la cause de l’indépendance politique et économique du Québec ». Il annonce que le groupe compte s’attaquer « aux symboles et aux institutions coloniales », y compris celles représentant les intérêts américains « allié naturel du colonialisme canadien-anglais ». Les usines qui imposent un régime discriminatoire pour les ouvriers francophones ne seront pas épargnées. L’indépendance, pour le FLQ, « n’est possible que par la révolution sociale[10] ».
Début avril, trois nouvelles bombes explosent, visant différents établissements fédéraux. La pression policière commence à se faire sentir, alors que plusieurs indépendantistes radicaux sont arrêtés et interrogés en lien avec ces attaques. Le 21 avril, un malheureux attentat du FLQ dans un centre de recrutement militaire de Montréal coûte la vie au veilleur de nuit de l’établissement. Le 3 mai, une bombe (non amorcée) est déposée au siège social de la Solbec Copper, en solidarité avec les travailleurs en grève de cette entreprise. Cette attaque, dirigée pour la première fois contre une entreprise détenue par la bourgeoisie canadienne-française, est menée à l’instigation de François Mario Bachand, un jeune peintre-décorateur et ancien militant des Jeunesses communistes ayant récemment adhéré au FLQ[11]. Au printemps, différentes attaques sont menées, à nouveau contre des établissements de l’armée, mais aussi de sociétés canadiennes, dont Golden Eagle (Ultramar), et des boîtes aux lettres de la ville bourgeoise de Westmount. Le 20 mai, une explosion spectaculaire touche une caserne militaire de la rue Saint-Grégoire à Montréal : il s’agit de « l’Opération Chénier », lancée par le FLQ à l’occasion de la fête de la Reine (le 20 mai), en l’honneur du patriote Jean-Olivier Chénier. En mai, le réseau felquiste comporte une trentaine de membres à travers la province et semble avoir le vent dans les voiles.
La progression est pourtant de courte durée. Au début du mois de juin 1963, une vingtaine de membres de ce premier réseau du FLQ sont arrêtés. Malgré une certaine sympathie populaire et l’appui qu’ils reçoivent du « Comité Chénier » (un groupe de défense des prisonniers politiques du FLQ), onze felquistes sont condamnés en octobre. Hudon et Villeneuve écopent de 12 ans de prison, et Schoeters de 10 ans. C’est ainsi que se termine l’aventure du premier réseau du FLQ. L’initiative, que le chef de la police de Montréal qualifiait de « petit groupe d’anarchistes[12] » sans importance, allait pourtant faire des petits : pas moins de cinq autres réseaux du FLQ se formeront entre 1963 et 1972, poursuivant la lutte armée clandestine pour l’indépendance et le socialisme. De sa première mouture, on peut retenir plusieurs éléments du FLQ, notamment sa théorie du Québec comme « nation colonisée », le lien organique qu’il établit entre l’indépendance et le socialisme, et la nécessité, dans le contexte des années 1960, de dynamiser le mouvement social par une action de propagande armée.



De gauche à droite, Raymond Villeneuve, Jeanne Pépin-Shoeters et Gabriel Hudon au cours de leur procès de 1963.
Soixante ans plus tard
Pourquoi, aujourd’hui, s’intéresser à la première vague du FLQ ? Il nous permet d’abord d’examiner la trajectoire de l’indépendantisme au Québec, qui en vient à s’arrimer à un projet révolutionnaire dans un contexte où les privilèges de classe s’arriment aux privilèges linguistiques. L’émergence de groupes comme le FLQ s’inscrit dans le passage du nationalisme traditionnel, fondé sur le catholicisme et l’idée de la « résistance culturelle », au néonationalisme québécois, laïque et progressiste, qui cherche à modifier en profondeur les structures sociales et politiques de la province. Ce changement est perceptible, entre autres, par le retour de la référence aux Patriotes (républicains et révolutionnaires) chez les felquistes, alors que ceux-ci étaient conspués par les élites cléricales et conservatrices.
S’intéresser à la première mouture du FLQ permet aussi de dissiper le mythe qui fait de ces militants de « simples » indépendantistes. Le Message du FLQ à la nation (16 avril 1963) affirmait déjà : « L’indépendance seule ne résoudrait rien, elle doit à tout prix être complétée par la révolution sociale ». Le caractère rudimentaire de l’organisation, formée de réseaux clandestins qui se font et se défont au gré des arrestations, explique le manque d’uniformité dans l’action et le discours du FLQ au cours de la décennie 1960. Le groupe oscille entre la centralisation et la fragmentation, l’action militaire et l’action de masse, la primauté de la question nationale ou celle de la question sociale. Même si les différentes vagues du FLQ infléchissent chacune à leur manière le discours et la pratique « felquistes », la présence des thèmes relatifs à l’exploitation, au colonialisme et au socialisme, ainsi qu’une valorisation de l’action violente comme outil de transformation sociale, restent une constante dans l’histoire de l’organisation.
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Pour en savoir plus sur le premier réseau du FLQ, on consultera les témoignages de deux de ses membres : La véritable histoire du FLQ (Claude Savoie, 1963) et Ce n’était qu’un début (Gabriel Hudon, 1977). Les manifestes et les écrits felquistes sont consignés dans l’ouvrage de Robert Comeau et al. FLQ : un projet révolutionnaire. Lettres et écrits felquistes 1963-1982 (VLB, 1990). Pour une vue d’ensemble sur cette période mouvementée au Québec, on consultera l’ouvrage de Sean Mills, The Empire Within : Postcolonial Thought and Political Activism in Sixties Montreal (McGill-Queens, 2010).



Notes
[1] Le présent article se base sur le texte La création du Front de libération du Québec : pour l’indépendance et le socialisme, paru dans le no 96 (été 2023) de la revue À Bâbord !
[2] Manifeste du Parti libéral du Québec (Québec, 1962).
[3] Il déclare le 3 mars 1963 : « L’indépendance en soi, ça ne veut rien dire. Il faut que l’indépendance s’accompagne de la révolution sociale. »
[4] « Propositions programmatiques de la Revue socialiste », La Revue socialiste, no 1 (printemps 1959), 13.
[5] « Le Québec est une colonie ! Sus au colonialisme ! », La Revue socialiste, no 6 (automne 1962), 8. Voir aussi Stéphanie Jodoin, « Socialisme et décolonisation dans le Québec de la Révolution tranquille à travers La Revue socialiste et Parti pris » dans Patrick Dramé, Pascal Scallon-Chouinard et Françoise Nozati(dir.) Décolonisation et construction nationale : Afrique, Asie et Québec (Sherbrooke : Les Éditions de l’université de Sherbrooke, 2016), 101-114.
[6] Sean Mills, The Empire Within. Postcolonial Thought and Political Activism in Sixties Montreal (Montréal, Kingston, London, Chicago : McGill-Queen’s University Press, 2010), 42.
[7] La Revue Socialiste, no 6 (automne 1962).
[8] Michel Bock. « De l’anti-impérialisme à la décolonisation : la transformation paradigmatique du nationalisme québécois et la valeur symbolique de la Confédération canadienne (1917-1967) », Histoire, économie & société, vol. 36, no 4, 2017, 28-53, 30.
[9] Ibid., 7.
[10] Manifeste du FLQ de 1963, cité dans Louis Fournier, FLQ. Histoire d’un mouvement clandestin (Montréal : Québec / Amérique, 1982), 14.
[11] Ibid., 45.
[12] Ibid., 49.
Pour en finir avec la complicité du Canada avec Israël

Québec Solidaire doit être le rassembleur des mouvements de lutte !
		Combiné au départ d'Émilise Lessard-Therrien, le recentrage du parti exprimé par les documents soumis pour le prochain Conseil National a provoqué une crise politique d'importance à QS, comme on n'en avait jamais vu auparavant, mais qui couvait depuis un moment et qui était à prévoir. 
Le défi de Québec solidaire a toujours été de résister à la pression du conformisme et à la voie électoraliste. Il n'y a pas de formule miracle, il faut mobiliser les forces qui se battent pour la justice sociale, les réunir derrière un projet politique qui ne peut que changer les fondements de cette société. C'est l'essence de notre programme et de notre projet d'assemblée constituante pour y arriver, ce qui n'est pas rien.
La déclaration de Saguenay combiné avec la proposition de réviser le programme a constitué un changement de cap inégalé dans l'histoire de Québec solidaire. La tournée des régions qui a eu lieu l'automne dernier ne peut suffire à justifier le contenu de la déclaration soumise au Conseil national. Il s'agissait d'une consultation et non d'un processus d'assemblées décisionnelles. Même si la direction de QS avait un mandat pour effectuer cette tournée, il est légitime de se demander s'il y avait une intention au départ qui a guidé ce processus et mené à cette finalité de changer le programme dans son esprit et dans sa lettre. Ce que fait la déclaration de Saguenay. Notons que les modifications au programme doivent être faits en congrès et non en conseil national. Le fait de modifier des principes qui sont dans le programme par la déclaration de Saguenay, comme le révèle entre autres les propositions concernant l'industrie forestière et la reconnaissance du monopole syndical en agriculture sont inquiétants et questionnables.
Pourquoi ce changement de cap maintenant ?
Le narratif conduisant à ces propositions est totalement absent, hormis la justification de la tournée des régions. Est-ce l'inquiétude provoquée par la montée du PQ et la nécessité de gagner un nouveau terrain pour contrer cette situation, ou est-ce l'urgence de combattre la crise économique accompagnée de la crise environnementale, qui motive ce processus ? Ces deux questions conduisent à des réponses bien différentes. Raison pour laquelle il est fondamental de situer dans quel contexte et quelle analyse fait-on de la situation politique, avant d'avancer des propositions sur la stratégie. Dans le premier cas on vise à édulcorer notre programme pour le rendre plus « conformiste » et dans l'autre on serait incitéEs à resserrer nos liens avec les forces militantes.
QS était dans une relative montée lors de l'élection de 2022, le plan de transport collectif permettait de mettre sur la table une proposition emballante pour tout le Québec qui permettait d'offrir une alternative à l'auto solo pour les déplacements interurbains et dans une certaine mesure pour les transports régionaux. La question du financement a cependant frappé un écueil. Au lieu de cibler les multinationales et leurs évasions fiscales, qui n'étaient pas mentionnées dans le plan de communication, la population a senti que ce serait elle et particulièrement les personnes qui ont une propriété et un fonds de retraite qui étaient ciblées. La montée de QS s'est arrêtée à ce moment.
La CAQ en est à son deuxième mandat, commence à battre de l'aile et le PQ est en montée. Rien d'étonnant, ce sont quelque part des vases communicants, on n'a qu'à regarder le personnel politique qui a navigué de l'un à l'autre. Paul St-Pierre Plamondon a réussi à redonner vie à son Parti qui est en montée.
Si on compare les résultats de la dernière élection en 2022 avec le dernier sondage QC 125 du 26 avril dernier, on constate que QS n'a pas substantiellement perdu de terrain, il est passé de 15,43% à 14%. Les libéraux font certains gains passant de 14,37% à 17%. Le changement majeur se situe entre le PQ et la CAQ, le PQ passant de 14,61% à 34% et la CAQ de 40,98% à 23%. À priori il ne devrait pas y avoir de vent de panique à QS, ce qui se produit était quelque part prévisible.
Québec solidaire doit être le rassembleur des mouvements de lutte
Notre but est de changer cette société d'injustice où la domination des corporations et du profit nous entraine dans une crise économique et sociale dont les conséquences environnementales s'accroissent à vitesse grand V.
Il est essentiel de mobiliser tous les secteurs de la population, d'entreprendre des grands chantiers qui vont amener à nous coaliser à nous politiser et à construire un rapport de force.
C'est ainsi que Québec solidaire s'est construit. Le programme a été développé sur plusieurs années avec des thèmes différents, justement pour permettre à tous les courants politiques progressistes d'y être représentés et de se sentir chez soi :
- 2009 l'enjeu 1 Pays démocratique et pluriel
 - 2010 l'enjeu 2 Solidaire et écologique
 - 2011 l'enjeu 3 Justice sociale – Éducation – Santé – Culture
 - 2014 l'enjeu 4 Pour une société solidaire et féministe Femmes – Familles – Diversité sexuelle et de genre
 - 2017 l'enjeu 5 Bâtir ensemble un Québec solidaire Justice – Territoire – Agriculture – Altermondialisme
 
Le préambule au programme de QS indique ce qui suit :
« Au Congrès de fondation, en février 2006, les membres de Québec solidaire ont adopté la Déclaration de principes qui décrit les valeurs du parti. À partir de ces valeurs, des centaines de citoyennes et citoyens, membres et non membres, ont participé à une démarche de démocratie participative entre 2008 et 2017. Ce programme est le résultat de leurs réflexions et de leurs échanges. Il s'agit d'un projet à long terme. Une plateforme électorale annonce ce que prévoit le parti pour les quatre années d'un mandat de gouvernement. Ce programme voit beaucoup plus loin. C'est un projet de société, la proposition de Québec solidaire pour transformer démocratiquement la société québécoise. Ce programme est vivant. Il est appelé à évoluer et à se renouveler selon la volonté des membres. »
Notre défi consiste beaucoup plus à regarder quels sont nos angles morts, quels sont les éléments qui pourraient couvrir les problématiques ou des situations nouvelles que nous n'avons pas adressées. Nos positions sont-elles suffisamment élaborées concernant les populations immigrantes qui fuient le sud global pour échapper à la catastrophe climatique et économique ? Si on ne veut laisser personne derrière on doit s'assurer que toute la population laborieuse se reconnaisse dans nos politiques. 
C'est de cette façon qu'on construira un rapport de force, qu'on rassemblera une population désireuse de prendre en main sa destinée. Nous aurons ainsi la force et la possibilité de lutter vraiment pour une société égalitaire et de prendre le pouvoir pour y arriver.

-La vie coûte trop cher !
		Aujourd'hui se tenait à Montréal, dans le quartier Villeray, un rassemblement citoyen pour clore l'enquête menée dans ce quartier concernant l'impact de l'augmentation du coût de la vie sur plusieurs types de ménages.
Les 14 organismes du quartier qui ont recueilli 190 témoignages brossent un portrait accablant qui a des impacts démesurés sur tant sur le logement que l'alimentation, la santé mentale et physique, le transport, la mobilité, l'habillement, le manque de revenus ou le chauffage.
L'aggravation du coût de la vie bouleverse plusieurs vies et accroit la pauvreté de ce quartier. Voici quelques témoignages recueillis :
Alimentation (99 témoignages) : Témoignage no 5
« C'est vraiment dur, surtout la dernière semaine du mois. Je ne sors pas beaucoup pour ne pas dépenser. Aussi, je fais des sacrifices pour mes repas. Je mange durant une semaine des toasts avec du beurre de peanuts et des soupes poulet et nouilles. »
Logement (61 témoignages) : Témoignage no 35
« Je suis une diplômée d'une technique au cégep. Je gagnais correctement ma vie même lorsque je me suis retrouvée monoparentale. Maintenant, je peine à joindre les deux bouts. J'ai un logement trop petit pour mon enfant et moi. Nous dormons dans la même chambre séparée par des meubles. Il n'y a donc pas de fenêtre dans un de ces espaces. Cette situation joue beaucoup sur nos relations et nous affecte psychologiquement. »
Revenu (44 témoignages) : Témoignage no 154
« Mon budget familial ne répond pas à mes besoins essentiels et j'arrive pas à tenir le mois-je suis obligée de découvrir les banques alimentaires et de suivre les circulaires chaque semaine. »
Santé mentale : Témoignage no 9
« Le fait de tout devoir calculer ses dépenses dans un mois devient un poids stressant qui cause l'anxiété. »
Les témoignages recueillis ne sont que la pointe de l'iceberg, indique le rapport. En effet, ce sont toutes les sphères de la vie quotidienne qui sont touchées lorsque nous subissons une insécurité financière due à cette augmentation sans fin du coût de la vie. Les 14 organismes regroupés au sein de la CDC Villeray (Association des locataires de Villeray, ACEF du Nord, Centre des femmes d'ici et d'ailleurs, Comité 0-5 ans, Espace famille Villeray, HAPOPEX, LUDIC, La Jarnigoine, La Maison de quartier Villeray, La Maison des grands-parents de Villeray, PACT de rue, Vers Vous, Villeray dans l'Est et Zoothérapir Québec), résument leurs revendications en ces termes :
. Vivre dans la dignité ;
. L'inclusion ;
. Un logement décent ;
. Des loisirs accessibles ;
. Une épicerie abordable ;
. Une redistribution des richesses ;
. Un accès aux transports
Il est temps d'agir !
Propos recueillis par Ghislaine Raymond
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Contre toutes les guerres… sauf les guerres « justes » ? | Une brochure anti-militariste anarchiste

Campements en solidarité avec la Palestine : des rectorats répondent aux étudiant·es. Que font les centrales syndicales ?
		Après des mois d'une importante mobilisation étudiante et du corps enseignant, après de nombreuses demandes formelles et de résolutions adoptées par des dizaines de composantes de l'Université, le jour même où des étudiant·es installent un campement au sein de l'Université du Québec à Montréal, la direction de l'UQAM a finalement communiqué de précieuses informations sur ses investissements et ses échanges avec l'État d'Israël :
« Communiqué du 12 mai 2024 :
(…)
Il importe d'indiquer que la Fondation de notre université n'a aucun investissement dans l'armement, ayant adopté une politique d'investissement responsable il y a de nombreuses années, et que l'Université n'a pas actuellement d'entente de mobilité ni d'entente-cadre avec des universités israéliennes ».
On dénoncera le délai pris par l'administration pour communiquer ces données. On condamnera l'absence de toute marque de solidarité ou d'empathie du communiqué, notamment avec les enseignant·es et les étudiant·es palestinien·es mort·es, blessé·es ou affamé·es. On aurait apprécié un engagement de l'Université à soutenir les universitaires et les étudiant·es palestinien·es qui en feraient la demande ou en faveur des enseignant·es et des étudiant·es israëlien·nes persécuté·es pour leur prise de position en faveur d'un cessez-le-feu. On regrettera enfin l'absence de prise de position collective des directions universitaires, comme vient de le faire le Conseil d'administration de la Conférences Recteurs et Rectrices des Universités Espagnoles (CRUE) en faveur du cessez-le-feu et contre l'antisémitisme et l'islamophobie notamment :
« * Revoir et, le cas échéant, suspendre les accords de coopération avec les universités et centres de recherche israéliens qui n'ont pas exprimé un engagement ferme à la paix et au respect du droit international humanitaire ;
* Intensifier la coopération avec le système scientifique et d'enseignement supérieur palestinien et amplifier nos programmes de coopération, le volontariat et l'attention à la population réfugiée.
* Veiller à ce que, dans l'exercice de la liberté d'expression, ne se produisent des conduites également répréhensibles d'antisémitisme ou d'islamophobie, ainsi que tout autre comportement de haine au sein des communautés universitaires.
Mais tout bien pesé, le communiqué de l'administration de l'UQAM, aussi bureaucratique et sans humanité soit-il, mis en rapport avec le refus de répondre de nombreuses universités ou avec le silence assourdissant des centrales syndicales sur les investissements de leurs fonds de pension (Fonds de solidarité-FTQ ou Fondaction-CSN en particulier), constitue une petite victoire du mouvement de solidarité québécois avec la Palestine et pour un cessez-le-feu.
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À propos des propositions et amendements du Cahier synthèse de Québec solidaire sur la déclaration de Saguenay et le programme
		L'article sur la Critique de la déclaration de Saguenay montrait que cette déclaration constituait, de fait une remise en question de plusieurs éléments importants de notre programme (contrôle public de nos ressources naturelles, défense de l'agroécologie, défense du pluralisme syndical en milieu agricole, nationalisation de l'énergie éolienne, centralité de la lutte contre la privatisation… ). Or, présenter une déclaration remettant en cause des éléments du programme de Québec solidaire dans un Conseil national n'est pas une démarche acceptable. Il est vrai qu'on peut amender cette déclaration, il reste que la discussion proposée n'est pas un cadre adéquat pour mener les débats essentiels qui sont devant nous tant pour faire face à la crise climatique qu'à l'offensive néolibérale que mène le gouvernement Legault.
Proposition 1 – La transition juste
Le Cahier synthèse accepte des ajouts suivants à la proposition initiale : les valeurs écoféministes ; le caractère public et abordable des alternatives de mobilité durable ; la dimension urbaine au développement du transport collectif, interrégional et interurbain ; et tout cela en cohérence avec les initiatives locales et régionales déjà existantes et une perspective intersectionnelle à l'évaluation des impacts de la transition.
Il remplace 
 • responsabiliser par rendre imputables et encadrer légalement les grands pollueurs
La formulation est floue à souhait, elle ne précise aucunement le sens des mots imputables et la nature de l'encadrement légal proposé. En fait les objectifs de cet encadrement auraient dû être précisés, soit l'adoption de mesures contraignantes vers la fin des émissions polluantes, la suspension de la possibilité d'achat de droits de polluer, de vendre de moins en moins des voitures thermiques et de mousser la surconsommation par une publicité omniprésente.
Il soumet au vote 
 • le soutien à la décroissance matérielle 
 • les caractérisations des alternatives de mobilité durable comme devant être publiques et gratuites.
Ces deux amendements sont particulièrement importants à adopter, car le premier écarte la construction d'un parc automobile électrique comme étant une solution réelle permettant la diminution des GES (Hochelaga-Maisonneuve) et le deuxième priorise clairement le transport public et sa gratuité (RMÉ) comme étant des revendications qui devraient être mises de l'avant par Québec solidaire. Ce sont là deux propositions qui nous semblent incontournables et importantes à soutenir.
La proposition visant à rayer la priorité donnée aux régions les moins bien desservies ne semble pas relever d'un souci d'une volonté d'un développement égal et, mais celle sur la transformation du BAPE mériterait d'être discutée.
Proposition 2 - Transition juste
Le comité synthèse propose d'accepter tel quel, les trois éléments de la proposition 2, soit :
 • le zéro perte d'emploi, 
 • la priorité donnée à la diversification des économies locales, aux investissements dans des secteurs peu polluants, et la requalification de la main-d'œuvre 
 • et l'implantation de comités paritaires
Il soumet au vote les amendements suivants
 • remplaçant les comités paritaires dans les milieux de travail par comités de transition de travailleurs et travailleuses (Viau et RMÉ)
 • des propositions soit éliminent les comités prioritaires sur la transition (Deux Montagnes, Rimouski), soit définissent différemment les lieux d'implantations des comités d'entreprises : grandes entreprises ( CP) ou moyennes ou grandes entreprises (Mauricie)
La nouvelle proposition (Viau et du Réseau Militant Écologiste) qui propose d'appliquer le principe de la participation démocratique des populations concernées dans la planification, l'exécution, le contrôle et l'évaluation de l'atteinte des objectifs de cette transition est la seule qui pose des objectifs démocratiques concrets à la démarche de transition… Et c'est là le centre de la question.
Proposition 3 - sur l'équité territoriale
Le cahier synthèse ajoute à la proposition initiale sur la défense de l'équité territoriale en termes de construction d'infrastructures, le développement de services publics. Et ajoute à régions rurales, celles de régions éloignées ou périurbaines. (Marie-Victorin) souligne l'importance de s'assurer que le transport collectif permette à l'ensemble de la population d‘accéder aux services publics. Une proposition importante.
Proposition 4 – Décentralisation de la santé et des services sociaux
À la décentralisation des pouvoirs décisionnels vers les régions, le Cahier synthèse ajoute et les ressources pour le faire.
Le Cahier synthèse n'intègre pas la proposition du RMI, de la CNF et de NDG soit un gouvernement de Québec solidaire mettra fin à la privatisation, ouverte ou cachée, du système des centres de services sociaux et en approfondissant leur caractère public. Ni l'idée d'une vaste consultation (NDG) afin d'envisager une alternative à Santé Québec, afin de combattre la centralisation des services de santé
Le Cahier synthèse écarte donc le rapport qu'il faut établir entre centralisation et la privatisation et cela constitue un angle mort. En fait, la dépossession du bien commun passe essentiellement par la privatisation qui touche la santé, l'éducation et même la fonction publique.
Ne pas faire de la lutte contre la privatisation, l'enjeu majeur de la lutte politique dans les années qui viennent, c'est passer à côté d'un combat essentiel très important de soutenir les amendements à la proposition 4
 • mettre fin à la privatisation ouvert ou cachée et des services sociaux en maintenant et en approfondissant leur caractère public (RMI, CNF, Notre-Dame-de-Grâce)
 • mettre fin au système scolaire actuel à trois vitesses en le rendant totalement public, universel, égalitaire, accessible et gratuit depuis la garderie jusqu'à la fin de l'université.
Limiter cette dépossession au seul enjeu de décentralisation, c'est passer à côté les fondements de cette dépossession, soit une privatisation rampante qui remet de pans entiers du bien commun de la majorité populaire dans toutes les régions du Québec dans les mains des intérêts privés.
Proposition 5 – Décentralisation du développement du logement
Le Cahier de synthèse ajoute a la proposition de décentralisation du développement du logement vers les régions, la fourniture l'expertise et des ressources économiques, et spécifie en ce qui concerne les projets de logements, notamment des logements sociaux et fournira des moyens financiers aux expertises déjà en place.
Il ne retient pas et soumet donc au vote le développement national de logements sociaux dans un objectif de planification et de contrôle démocratique de ces projets par les collectivités concernées (RMÉ et Bonaventure). Les autres amendements parlent de logements abordables et sociaux (Deux-Montagnes) ou publics et collectifs (Bonaventure) et (Viau) mettent de l'avant une réforme fondamentale des institutions concernées.
L'idée d'un programme national de logements sociaux dans un objectif de planifications et de contrôle démocratique est au centre des amendements soumis au vote et ils doivent être soutenus. Mais ces amendements ne questionnent pas l'ascendant des spéculateurs et promoteurs immobiliers sur les choix des investissements en matière de construction de logements.
Proposition 6 – conseils régionaux de développement et de transition
Cahier synthèse ajoute au fait de donner aux régions les moyens d'organiser leur développement et social, le soutien aux initiatives régionales existantes dans chacune des régions et le financement nécessaire pour remplir leur mission.
Le fait de confier aux CRDT, la planification de la transition énergétique, laisse complètement de côté la réalité des acteurs qui ont le plus de pouvoir économique sur les décisions structurantes de la vie économique des régions, soit les grandes et moyennes entreprises.
Proposition 7 – Ressources naturelles
Le Cahier de synthèse remplace exploitation par utilisation durable et responsable dans le respect des limites de la planète et des écosystèmes et de la santé des collectivités et dans le respect des droits inaliénables des peuples autochtones et qualifie la répartition des redevances comme devant être suffisante et équitable.
Le Cahier de synthèse soumet au vote la proposition qui avance qu'il faut équilibrer le rapport de force entre les municipalités et les grandes entreprises exploitant les ressources naturelles (Mercier). L'amendement fait un pas seulement dans la bonne direction.
Se contenter d'une meilleure répartition directe des redevances aux régions, et proposer le développement des coopératives sans poser la fin du pouvoir des multinationales sur nos richesses naturelles, c'est tout simplement se placer en position de faiblesse et empêcher que ces nouveaux modèles économiques publics, coopératifs et d'économie sociale puissent véritablement s'imposer. Parler d'équilibrer le rapport de force, c'est se payer de mots, sans déterminer les moyens de la reprise en main réelle de notre pouvoir sur les ressources naturelles.
QS ne pourra assurer l'exploitation ou l'utilisation durable et responsable de l'énergie, quelles qu'en soient les formes, sans indiquer sa volonté de maintenir (ou de rétablir) le monopole d'Hydro-Québec sur la production et la distribution de l'hydro-électricité, de l'énergie éolienne ou de l'énergie solaire. C'est là le seul moyen d'assurer le contrôle public et démocratique sur les sources d'énergie renouvelable. Ici, la non-reprise du programme qu'on veut d'ailleurs changer est problématique.
Proposition 8 – Industrie forestière
Le Cahier de synthèse remplace la reconnaissance du rôle central de l'industrie forestière par la forêt et de la foresterie dans l'épanouissement économique de plusieurs régions du Québec. Pour ce qui est de la stratégie d'adaptation des forêts aux changements climatiques, on propose que QS adopte une stratégie de gestion durable de la ressource et d'adaptation de la foresterie aux changements climatiques et la proposition précise que lorsqu'on parle de communautés touchées, on ajoute particulièrement les Premières Nations et les Inuit, l'industrie et ses travailleurs et travailleuses et qui reconnaît l'importance de la valeur intrinsèque de la forêt et des services écosystémiques qu'elle produit. 
La proposition reste en deçà de ce qui serait nécessaire pour la protection des forêts. C'est faire croire que la défense des populations des régions puisse faire fi de la remise en question de la domination des grandes multinationales forestières, minières et énergétiques sur nos ressources naturelles. Aucun amendement ne permet de préciser cette problématique.
Proposition 9 – Souveraineté alimentaire
Le Cahier de synthèse reprend l'essentiel de la proposition d'initiale sur la responsabilité confiée à la première ou au premier ministre, à la création d'un front d'urgence, à la réforme en profondeur de l'ensemble des programmes de soutien au secteur agricole, il se contente de préciser ses particularités régionales. Cette proposition souligne également la nécessité de renégocier les accords commerciaux afin de tendre vers la réciprocité des normes pour les produits importés.
Les amendements soumis essaient de réintroduire certaines dimensions d'une agriculture agrobiologique : soit en favorisant les productions végétales (Viau et RMÉ), soit la mise en place entres autres par une taxe sur la malbouffe (Hochelaga-Maisonneuve). Ils sont donc importants. 17 associations de QS et le RMÉ proposent de biffer conférer la responsabilité de l'agriculture à la première ministre ou au premier ministre. La centralisation des pouvoirs dans les mains du PM a bien peu à voir avec un mouvement avec la décentralisation des pouvoirs vers les régions.
Les propositions et les amendements du moins explicitement, ne questionnent pas l'exploitation de la main-d'œuvre immigrante en agriculture, la domination d'une agriculture agro-exportatrice où domine la production carnée, le poids du capital financier sur l'endettement des agriculteurs et des agricultrices, la distance qui reste à parcourir pour une réelle souveraineté alimentaire… Refuser de poser ces questions c'est s'empêcher d'identifier les défis auxquels font face les agriculteurs et agricultrices du Québec.
Proposition 10 – Syndicalisme agricole
Le Cahier synthèse reprend la proposition comme quoi Québec solidaire reconnaît le rôle de l'Union des producteurs agricoles (UPA) et renonce à réformer le syndicalisme agricole.
Les amendements proposent soit le dépôt (Berthier), soit la référence à la Commission politique 
(CP) soit des reformulations qui reprennent l'essentiel de la proposition (Labelle et Verchères)
Cette proposition ne doit pas être adoptée. Un proposition qui rompt avec notre programme doit pour le moins être déposée. Défendre la pluralité dans le syndicalisme agricole comme moyen de promotion de la démocratie c'est la simple reconnaissance de la diversité des agricultures au Québec et le refus de voir dans l'agro-industrie exportatrice comme la seule sorte d'agriculture possible au Québec.
Proposition 11 – Filière batterie
Le Cahier synthèse fait trois ajouts à la proposition 11 – à la relance de la filière batteries sur des bases démocratiques, durables et justes et la tenue d'un BAPE générique, il ajoute notamment pour confirmer un recyclage assuré des batteries et pour assurer que la santé des citoyen-ne- que soit pris en considération dans tout le processus afin de planifier des projets pour lesquels le BAPE émettra un avis favorable. Et ajoute à l'objectif de réduction de gaz à effet de serre l'adjectif contraignant.
Le Cahier synthèse soumet au vote la proposition de nationaliser les différents secteurs économiques concernés (Viau), en priorisant le développement du transport collectif (Hochelaga-Maisonneuve), ne soutiendra pas et ne financera pas des projets portés par des multinationales tel celui de Northvolt.(RMI).
La proposition d'Hochelaga-Maisonneuve va à l'essentiel. La proposition présentée par le Comité synthèse n'éclaire pas les liens avec le développement de l'extractivisme ; elle ne précise pas que dans le contexte actuel le projet de la filière batterie présenté par le gouvernement Legault vise d'abord et avant tout à l'électrification de la voiture individuelle. Elle ne dénonce pas le fait que cette filière est dans les mains tant au niveau minier qu'industriel, d'entreprises multinationales ayant leur propre agenda qui ne va nullement dans le sens d'une lutte aux changements climatiques.
La proposition sur la filière de l'hydrogène vert (Berthier) se fait sans véritable analyse et évaluation de cette filière.
Proposition 12 – Habitation
Le Cahier synthèse reprend les 4 éléments de la proposition de la déclaration initiale 
 • dont convoquer un sommet national afin de lancer une nouvelle Corvée habitation ; 
 • la construction de maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ; 
 • en dialogue continu avec les communautés autochtones, appuyer les efforts pour répondre aux défis particuliers en matière de logement, particulièrement dans le nord du Québec
 • accélérer la construction de logements adoptés pour les personnes les plus vulnérables
Les amendements veulent que les maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale permettent les animaux de compagnie (Rosemont) ; aider les RPA existantes, afin de les aider à s'adapter aux nouvelles normes et d'éviter leur fermeture (Mauricie) ; permettre aux propriétaires de résidences unifamiliales d'ajouter une unité d'habitation additionnelle détachée sur leur terrain pour location à long terme.(Mercier).
Aucun de ces amendements ne tient véritablement compte des fondements de la crise du logement. Seule la proposition sur la nationalisation de l'industrie du logement (Montréal) aborde cette question, mais sans préciser ce que cela signifie réellement.
Ni la proposition initiale, ni les amendements ne s'attaquent aux fondements de la crise du logement, ce que ferait la construction de logements sociaux hors du marché privé afin d'augmenter le nombre d'habitations à bas prix misant sur le logement social et communautaire qui regroupe les habitations à loyer modique, les coopératives d'habitation et les organismes sans but lucratif.
Proposition 13 – La nécessité d'avancer ensemble
Le Cahier synthèse précise 
 • que le modèle interculturaliste des bâtisseurs du Québec moderne qui sera un jour souverain
 • Que QS solidaire s'engage à défendre les droits et libertés des Québécois-es et à combattre toutes les formes de discrimination, notamment le racisme systémique
 • QS affirme la primauté de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et ajoute notamment s'engage à promouvoir l'idée de l'inclusion de cette Charte dans la constitution d'un futur Québec indépendant durant les débats et les consultations de l'assemblée constituante
Les amendements soulignent l'importance de la culture (Marie-Victorin) et de l'éducation (Marie-Victorin). Seul (Montréal) ouvre un débat en demandant à Québec solidaire de s'engager à ne pas employer la clause dérogatoire afin de ne pas limiter les droits et libertés des Québécoises et des Québécois.
La défense de l'interculturalisme n'est qu'une partie de la solution. Au-delà de ce nécessaire interculturalisme, les combats contre la surexploitation de la population immigrée et contre les restrictions à leurs droits sociaux et politiques, et les luttes contre l'inégalité de genre, contre les discriminations à l'emploi et dans le logement, ainsi que les luttes antiracistes seront essentiels pour créer de nouveaux liens sociaux et jeter les bases d'une véritable inclusion et d'un métissage de la société québécoise qui seront à la base de la construction d'une véritable majorité indépendantiste.
Proposition 14 -Programme et plate-forme électorale
Le comité synthèse reprend la proposition qu'en prévision de la campagne électorale de 2026, le parti s'engage dans un processus de modernisation du programme, qui sera suivi par l'adoption de la plate-forme électorale… Le comité synthèse présente une série de balises dont la transformation sociale, et notre projet à renverser le statu quo politique au Québec. Ces balises précisent également qu'un éventuel programme ne se limite pas à définir les orientations d'un éventuel gouvernement solidaire, mais aussi les axes des transformations sociales et politiques.
Cette proposition semble corriger les déclarations sur un programme plus pragmatique qui ont circulé. Mais les amendements visant à remplacer moderniser par actualiser(RMI) etde biffer la balise c : Que le programme soit exempt d'engagements politiques spécifiques restent importants à soutenir.
Si une actualisation du programme doit être faite, elle ne doit pas viser un quelconque recentrage, mais elle doit préciser la vision transformatrice de Québec solidaire afin de lui permettre de répondre aux défis de notre époque.
Cette actualisation du programme devrait viser à définir a) les modalités de la rupture avec la croissance capitaliste afin d'éviter la destruction écologique et sociale où nous mène se ce système ; b) l'articulation de notre lutte pour l'indépendance et la nature de notre projet de société dans une véritable démarche de souveraineté populaire ; c) la centralité de la lutte contre la privatisation des services publics et l'extension des services énergétiques publics, d) les mesures permettant une véritable redistribution des richesses et enfin e) l'élargissement du pouvoir démocratique des citoyens et des citoyennes y compris sur le terrain économique.
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Ça brasse à McGill !
		L'Université McGill est en proie à une vague de syndicalisme et de militantisme jamais vue depuis plus de 50 ans. Grèves et actions des syndicats et groupes étudiants s'enchaînent à un rythme effréné sur le campus depuis quelques mois. Le campement pro-Palestine qui s'y est érigé le 27 avril 2024 en est la plus récente démonstration.
1 mai 2024 | tiré d'Alternative socialiste | Photo : Barricade autour du campement pro-Palestine sur le campus de l'Université McGill
Cela s'inscrit dans un contexte de lutte ouvrière renouvelée. La récente demande d'accréditation d'un syndicat chez Amazon à Laval, la grève à la SAQ et les actions syndicales reliées aux négociations du secteur public (au Front Commun et à la FAE, mais aussi à la FIQ et au SPGQ toujours en négociation) en sont quelques exemples. Au niveau international, les dernières années ont vu un regain d'actions des travailleurs et travailleuses, en particulier aux États-Unis.
La situation à McGill est intéressante, car cette université est la plus riche au Québec, la moins syndicalisée (du moins pour les professeur⋅es) et avec un bassin étudiant traditionnellement peu militant. Cependant, ces deux derniers aspects semblent appelés à changer.
Grèves d'employé⋅es à McGill
Jusqu'à récemment, l'université était en négociation de renouvellement de convention collective avec l'Association des étudiantes et étudiants diplômé-e-s employé-e-s de McGill (AÉÉDEM), représentant surtout les auxiliaires en enseignement, ainsi qu'avec le Syndicat des chargé-es de cours et instructeurs et instructrices de McGill (SCCIM). Leurs conventions collectives étaient échues depuis juillet 2023 et août 2022 respectivement. Ces deux négociations sont arrivées à terme en avril 2024, après une âpre lutte de l'AÉÉDEM.
L'université n'a pas hésité à utiliser des tactiques antisyndicales et la désinformation envers sa propre communauté à propos d'une décision de la cour. McGill a également fait pression sur les instructeurs pour être briseurs de grève (en faisant le travail des grévistes tel la correction). L'université a aussi fait pression pour changer le format des évaluations afin de réduire le besoin du travail des grévistes (une façon détournée de briser la grève).
McGill a évidemment elle-même obtenu une injonction pour limiter le nombre de grévistes sur le campus, après avoir voulu faire croire que le syndicat n'avait pas le droit de faire un piquet de grève sur place. La demande d'une présence policière constante sur le campus sans raison valable a aussi mis à mal les efforts de l'AÉÉDEM.
Au même moment, l'université fait face à l'accréditation de nouveaux syndicats qu'elle conteste bec et ongles. McGill a d'abord perdu sa contestation de l'accréditation de l'Association mcgillienne de professeur.e.s de droit (AMPD), puis fait traîner les négociations de leur première convention collective depuis plus d'un an et demi.
Ce printemps, l'AMPD a voté trois journées de grève, du jamais vu à McGill. Elle en a utilisé une pour accentuer la pression, connaissant les tactiques de l'université utilisées avec le SCCIM et l'AÉÉDEM. En effet, l'administration n'hésite pas à :
•	annuler ou raccourcir les rencontres de négociations ;
•	refuser un calendrier de rencontres accéléré ;
•	mal préparer leur équipe de négo qui procède ensuite à pas de tortue.
Finalement, devant le refus continuel de McGill de négocier de bonne foi, l'AMPD a décidé d'utiliser son rapport de force en déclarant une grève illimitée le 24 avril 2024.
Nouveaux efforts de syndicalisation
Pendant ce temps, les professeur⋅es de la faculté d'éducation entendent négocier leur première convention collective avec McGill grâce à leur tout nouveau syndicat. Ceux et celles de la faculté des arts ont d'ailleurs déposé leur demande d'accréditation syndicale en avril 2024. Avant ces initiatives relativement récentes, aucune personne dans un poste de professeur ou de maître d'enseignement (faculty lecturer) à McGill n'a jamais été syndiquée.
Il existe bien une association qui prétend représenter ces personnes devant l'employeur, l'Association des Professeur(e)s et Bibliothécaires de McGill (APBM). Cependant, il faut noter qu'un ancien président de cette association est aujourd'hui doyen de la faculté des sciences, et donc membre de l'administration de McGill. Un organisateur du syndicat des professeur⋅es en arts rappelle que l'administration semble faire l'effort d'écouter ses employé⋅es, mais finit toujours par faire à sa tête.
De son côté, l'AÉÉDEM s'efforce de syndiquer les nouvelles catégories d'emploi créées par l'université afin d'éviter que ces employé⋅es soient reconnu⋅es comme faisant partie d'un syndicat déjà existant. Ainsi, l'université peut moins les payer. Par exemple, les correctrices et correcteurs sont moins payé⋅es que les auxiliaires d'enseignement pour un travail similaire. Voici, en anglais, une liste non-exhaustive de titres d'emploi possiblement conçus pour une telle raison : marker, teaching assistant, graduate course assistant, undergraduate course assistant, tutor, mentor, invigilator, course lecturer, faculty lecturer, senior faculty lecturer.
Coupures à McGill
Tout cela se déroule dans le contexte de la hausse des frais de scolarité des étudiants et étudiantes anglophones hors Québec. Plusieurs associations étudiantes mcgilloises se sont battues contre cette hausse par l'entremise de manifestations et de votes de grèves (incluant quelques jours de grèves de la part de petites associations étudiantes). La réponse des administrations des universités anglophones a plutôt été de traîner le gouvernement en justice, après que leurs efforts pour discuter avec la CAQ n'aient pas porté fruit.
Bien que ces changements risquent d'affecter les finances de l'université, cette hausse sert d'excuse à l'administration McGill pour geler les embauches et les remplacements. Elle diminue aussi l'offre d'enseignement par des coupures dans les budgets d'embauche de chargé⋅es de cours déjà précarisé⋅es, forçant les professeur⋅es à enseigner les cours de base plutôt que des cours avancés. Finalement, l'offre de services aux étudiants et étudiantes est dépréciée par l'élimination des postes de responsables d'étages dans les résidences étudiantes.
Les attaques contre McGill pleuvent de toute part
L'université est aussi en brouille avec les Mères Mohawk à propos de la construction d'un nouveau bâtiment sur les lieux de l'ancien Hôpital Royal Victoria, site d'un ancien cimetière Mohawk et aussi d'expérimentations psychiatriques dans le cadre du programme MKUltra de la CIA américaine. Ce site a d'ailleurs été cédé à McGill par le gouvernement provincial avec une bourse pour le démarrage du projet, sans égard aux autres universités montréalaises.
Il faut aussi noter que les tensions sur le campus ont monté d'un cran suite aux attaques du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023, et à la violente répression d'Israël contre Gaza depuis. Il semblerait que l'université ne veuille pas s'aliéner ses quelques grands donateurs sionistes tel Sylvan Adams. L'administration de McGill se met ainsi à dos un bon nombre de sa communauté estudiantine et de ses employé-es.
McGill contre le soutien à la Palestine
L'automne passé, l'Association Étudiante de l'Université McGill (AÉUM) a soumis au vote référendaire une nouvelle Politique contre le génocide en Palestine. Cette politique a été entérinée à 78% avec une participation record de 35% du corps étudiant, malgré la menace de l'administration de couper ses liens (entre autres financiers) avec l'association étudiante.
L'administration a aussi mis de la pression pour que le corps professoral ne laisse pas les étudiants et étudiantes s'exprimer sur le sujet en classe. La politique de l'AÉUM est présentement bloquée par une ordonnance de sauvegarde de la Cour Supérieure du Québec, suite à une demande d'injonction de la part d'un étudiant anonyme de l'université. Celui-ci serait soutenu par l'organisation B'nai Brith Canada, qui vise à défendre l'État d'Israël, mais promouvoie l'islamophobie.
Depuis l'automne, le groupe étudiant Solidarité pour les droits humains palestiniens (Solidarity for Palestinian Human Rights) organise régulièrement des manifestations et walk-out auxquels la police a assisté au moins une fois à cheval et une autre fois en équipement anti-émeute.
Un organisateur du groupe aurait d'ailleurs été arrêté pour avoir utilisé de la peinture à craie sur le portail de l'université. Alors que la police était prête à le relâcher s'il enlevait toute trace de craie d'ici la fin de la journée, la sécurité de McGill a insisté pour que la police procède à son arrestation. McGill a ensuite porté le blâme sur l'AÉÉDEM, dont le piquet de grève avait lieu au même endroit.
Des étudiants et étudiantes de McGill ont également entamé ce printemps une grève de la faim pour forcer, sans succès, l'administration à désinvestir des compagnies qui participent à la violence génocidaire de l'État d'Israël envers la Palestine. Des professeur⋅es ont aussi organisé une « visite guidée » du campus, mettant en lumière comment McGill est complice de la violence de l'État d'Israël, par exemple à travers ses liens avec des compagnies de surveillance et d'armement militaire.
Un campement pro-Palestine sur le campus
Mais l'action sur le campus de McGill qui restera la plus gravée dans la mémoire sera sans doute l'érection d'un campement, à l'image de ceux dans plusieurs universités américaines, en support à la cause palestinienne. En quelques heures seulement, le campement s'est constitué d'une vingtaine de tentes, incluant un service de nourriture ainsi qu'une toilette. Il rassemble quelques centaines de personnes présentes pour participer, chanter les slogans et écouter les discours. Qui eut cru voir une occupation du terrain gazonné à l'entrée même du campus de l'Université McGill ?
Une chose est sûre : l'Université McGill ne peut plus se permettre le business as usual. Elle doit maintenant prendre garde aux divers syndicats et associations qui luttent contre l'exploitation et les oppressions. Alternative socialiste salue et soutient ces initiatives militantes des groupes d'employé⋅es, d'étudiants et d'étudiantes de McGill.
par Alternative socialiste
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