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Contrer la banalisation et l’instrumentalisation des droits humains
Éditorial
Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2023 / hiver 2024
Alexandra Pierre, Présidente de la Ligue des droits et libertés Le 10 décembre 2023, la Déclaration universelle des droits de l’homme (sic) (DUDH) célèbre ses 75 ans. Ce document majeur, référence incontournable quand il s’agit de droits humains, affirme la dignité intrinsèque de chaque être humain et l’égalité en droits de tous et toutes. Dans les divers instruments relatifs aux droits humains, on souligne le fait que d’énoncer formellement ces droits n’est certainement pas suffisant. Il est nécessaire que les États honorent leurs obligations de les respecter, les protéger et de les mettre en oeuvre. En bref, que les États soient non seulement imputables, mais responsables des droits humains. [caption id="attachment_18681" align="alignright" width="448"]
[1] Ligue des droits et libertés, Déclaration, La Ligue des droits et libertés préoccupée par la montée de la transphobie, 21 septembre 2023. En ligne : https://liguedesdroits.ca/la-ligue-des-droits-et-libertes-preoccupee-par-la-montee-de-la-transphobie/
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L’inclusion sociale, c’est aussi pouvoir prendre l’autobus

L'automne a été marqué par une crise du financement des transports collectifs au Québec. Les maires et mairesses des grandes villes, aux prises avec les déficits importants de leurs Sociétés de transport en commun, ont réclamé une aide financière conséquente au gouvernement du Québec. Et pour cause ! Faute d'investissements suffisants,
des coupes et des bris de services sont à craindre.
* Par le comité sur l'accès au transport collectif du Collectif pour un Québec sans pauvreté
Les problèmes de financement frappent aussi les plus petits milieux. Dans certaines municipalités et MRC, des trajets ont disparu ou ont vu la fréquence de leurs départs diminuer. Dans d'autres, les services ont été carrément démantelés (par exemple à Memphrémagog, dans la Matawinie et Les Etchemins).
À cela s'ajoutent des réductions drastiques et des bris de service dans le transport adapté, en milieu rural comme bain. Et pour couronner le tout, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) révélait récemment qu'il y a aujourd'hui sept fois moins de départs hebdomadaires d'autocars interurbains au Québec qu'il y a quarante ans !
Le comité sur l'accès au transport collectif
Lors de la tournée de consultation [R]ASSEMBLONS menée par le Collectif, l'importance du transport collectif pour l'inclusion sociale et la sortie de pauvreté est ressortie à plusieurs reprises. L'hiver passé, le Collectif a formé un comité pour travailler sur la question. Ce comité est composé de personnes en situation de pauvreté et de salarié.es de regroupements régionaux et nationaux. À la suite d'une première analyse collective, le comité a conclu qu'un problème important du transport collectif est le manque d'engagement financier de l'État. Le comité a alors effectué des recherches pour mieux comprendre le financement des services, qu'il a ensuite décortiqué pour identifier ce qui cloche. Voici donc un résumé des recherches du comité.
Un besoin essentiel
Le transport est l'un des besoins essentiels que retient Statistique Canada pour son calcul de la Mesure du panier de consommation. La difficulté à se déplacer complique l'accès aux biens et services de la vie courante. C'est un obstacle majeur à la réalisation de plusieurs droits, comme le droit à la santé, le droit à l'éducation et le droit au travail. Combien de personnes en situation de pauvreté manquent un rendez-vous important ou s'empêchent de réaliser un projet faute de transport ? Beaucoup ! Le manque de transport limite aussi les rencontres avec la famille et les ami.es de même que l'implication sociale.
Pour les personnes en situation de pauvreté, les options de déplacement sont souvent plus limitées et compliquées. L'accès à du transport collectif qui répond à leurs besoins est donc un élément important de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Désengagement du gouvernement
Puisque le transport est un besoin essentiel, on pourrait s'attendre à ce que l'État assume la responsabilité de financer les services de transport en commun. Pourtant, le gouvernement du Québec se décharge de cette responsabilité sur les municipalités ! Résultat : les services varient au gré des choix politiques des municipalités et leur financement repose, souvent, sur des tarifs très élevés.
Cette situation crée des inégalités importantes à travers le Québec. En ville, les secteurs plus pauvres et plus excentrés sont souvent moins bien desservis. Dans les petits milieux, l'offre de services (quand elle existe !) est généralement insuffisante et mal connectée. Il est alors difficile de se déplacer d'une municipalité à l'autre pour prendre part à des activités ou pour avoir accès à des services.
Dans le contexte actuel de forte inflation, l'augmentation des coûts (entretien, essence, ressources humaines, etc.) est difficile à absorber pour les municipalités. Ce qui entraîne une diminution généralisée des services (élimination de trajets, réduction des horaires, etc.), souvent accompagnée par des hausses de tarifs.
Alors que, d'un côté, le gouvernement se dédouane de sa responsabilité en matière de transport collectif, de l'autre, il continue de financer le développement des autoroutes. Les municipalités ont par conséquent tendance à s'étendre autour des grandes routes (qu'elles n'ont pas à payer !) et à maintenir leurs services de transport en commun dans un état de sous-développement.
Ce qui fait en sorte que, à l'heure de la crise climatique, le nombre de véhicules sur les routes continue d'augmenter, ainsi que les émissions des gaz à effet de serre et la pollution de l'air.
Responsabiliser l'État
Ce qui se dégage à travers la crise des transports collectifs, c'est le refus du gouvernement du Québec de s'engager à long terme dans ce qu'il s'entête à présenter comme une responsabilité municipale.
Le temps presse pour sauver les services existants, ainsi que pour assurer le développement continu du transport collectif.
Dans le contexte actuel de crise climatique, d'augmentation du coût de la vie et d'accroissement des inégalités, les services de transport collectif constituent un moyen incontournable pour lutter à la fois contre la pauvreté et contre la dégradation environnementale. C'est pourquoi le Collectif vient d'adopter une revendication visant la reconnaissance de l'accès au transport collectif comme un droit, ce qui obligerait l'État à financer des services publics de transport collectif à travers le Québec.
* Les membres du comité sur l'accès au transport collectif sont :
Michel Bellemare (RDDS Shawinigan)
Chantal Bisson (Table nationale des CDC)
Michel Dubé (Action Populaire Rimouski-Neigette)
Rosalie Dupont (TACAE)
Émilie Frémont-Cloutier (TRAAQ)
Ghislain Hudon (CLAP-03)
Jessica Lambert (MÉPAL)
Marise Proulx (GRAP Chaudière-Appalaches)
Simon Pouliot et Laurence Simard (équipe de travail du Collectif)
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Résister au fascisme qui vient

Tout récemment, plusieurs politiciens du Rassemblement National ont parlé de victoire idéologique pour leur propre camp. Ils observent qu'il y a aujourd'hui un alignement sur le programme de Marine Le Pen.
La présidente du RN à l'Assemblée Nationale prend également acte de la situation, et bien entendu s'en réjouit. L'ostracisme du second tour de la présidentielle était de forme ; sur le fond, on les rejoint, on les approuve. Comme un miroir, le Rassemblement National s'observe dans la loi Asile Immigration reconnaissant dans les mesures, ses propres phobies.
Cette cogestion avec l'extrême droite est là depuis longtemps. Ils ont mis leur énergie et leur vote pour que la politique austéritaire du gouvernement voit le jour.
A la rescousse de la minorité présidentielle à l'Assemblée Nationale, le RN a systématiquement voté contre le rétablissement de l'ISF, la taxe sur les supers profits, l'augmentation du SMIC, l'indexation des salaires sur l'inflation, le gel des loyers, la garanti d'autonomie pour les jeunes, la revalorisation des minima sociaux, la revalorisation du salaire des fonctionnaires. Même chose pour le projet de loi visant à renforcer l'accès des femmes aux responsabilités publiques. Autant dire que le féminisme, le partage des richesses, ce n'est pas leur truc. D'ailleurs, l'écologie et la défense de la biodiversité, ce n'est pas leur truc non plus. Tout récemment, Le RN s'est allié à la droite et à la droite macroniste pour faire adopter des amendements de suppression de l'article unique de la proposition de loi de la France Insoumise. Cette stratégie leur a permis de rejeter un moratoire sur les mégas bassines. Voilà qui aurait été utile : on met sur pause et on réfléchit encore un peu. Ce fut rejeté. L'Agrobusiness a encore de beaux jours devant lui.
Aujourd'hui, un autre cap est franchi. Alors qu'il y avait divergence sur l'intensité de la sanction, l'extrême droite voulant toujours être plus dur et plus sévère à l'égard des étranger.ères, il y avait au moins consensus sur la philosophie. Oui, il faut une loi, et oui il faut rajouter des obstacles à la régularisation des sans papiers, au regroupement familial, et faciliter les expulsions. Alors que la première version de la loi a subi une motion de rejet de la part de la majorité des députés, les 14 membres de la commission mixte paritaire étaient chargés de réécrire un texte afin de sortir de l'impasse. Parce que la nouvelle version est plus violente, l'extrême droite est satisfaite car on recycle encore son programme. Encore une fois, on porte atteinte à un droit qu'on croyait universel, celui de la liberté de circulation. On s'attaque aux étranger.ères, à l'humain, à nous. En revanche, on ne légifère pas sur la libre circulation du Capital qui fait des ravages sur la planète, mettant en péril la survie même de l'espèce humaine. On laisse faire. Les macronistes ont mis le doigt dans l'engrenage et certains s'étonnent que le bras parte avec. Cécile Rilhac, député du camp présidentiel à tweeté : “le texte reprend clairement les idées du RN et je n'ai pas été élu sur mon territoire pour voter des mesures d'extrêmes droites.”
Les mensonges de l'extrême droite se sont largement répandus dans l'espace médiatique et politique. Nous sommes pris dans ce filet. Contraint d'avoir un avis mais ne sachant rien. Les préjugés prennent le dessus et les peurs commandent. En se refilant le discours, les personnalités politiques et médiatiques se transforment en Rhinocéros, comme dans l'œuvre de Ionesco qui traite par métaphore de la grégarisation et de la conversion au fascisme. Dans l'espace médiatique télévisuel on reprend les termes, on parle “d'appel d'air”, de vague migratoire, on laisse courir les amalgames, on entretient les mensonges, les peurs. Bref, on est pas vigilant, pas rigoureux, pas scientifique. On survole, et par là, on met la vie d'autrui en danger. Cela explique en partie que “le débat public français sur l'immigrarion soit en décalage complet par rapport aux réalités de bases”, comme le souligne François Héran, professeur au Collège de France. Le mensonge s'installe, les équations se gravent dans les têtes (immigration-délinquance) et la grande cabale se prépare contre les migrant(es), les étranger.ères, jusqu'à ce que le cercle se restreigne et qu'on soit tous inclus dans ce cercle ; dans cette spirale basée sur la suspicion, la surveillance et l'enfermement. En reprenant la phrase du Talmud « Quiconque sauve une vie sauve l'Univers tout entier » on peut dire : “quiconque menace une vie, les menace toutes.” Par conséquent, il est temps de se solidariser avec son prochain, avec ou sans papiers, et d'engager un rapport de force contre l'Etat et le Capital.
Un sondage récent (réalisé par Viavoice) nous apprend que 59 % des français(e)s se disent mal informé(e)s sur l'immigration. Pourtant, plus la connaissance est faible nous dit Paloma Moritz, journaliste à Blast, et plus l'avis rendu est en défaveur de l'immigration. Rappelons cependant qu'en 2021 la population étrangère dans son ensemble s'élevait à 7,7 % de la population totale française (source : INSEE), un chiffre en-deçà de la moyenne européenne. Par ailleurs, les sans papiers en France représente environ 0,89 à 1,19% de la population totale. De la même manière, à l'échelle européenne, en 2021, un peu moins de 200 000 personnes sans papiers auraient rejoint l'Europe, ce qui représente 0,04 % de la population européenne.
Il faut le dire, encore, encore, rien ne justifie qu'on fasse la guerre aux étrangers. Rien ne justifie de bailloner et d'attacher des sans papiers pour assurer leur expulsion. Rien ne justifie de porter atteinte à l'unité familiale à travers des mesures hostiles au regroupement familial. Rien ne justifie les discriminations, les intimidations et les enfermements systématiques dont les étranger.ères sont victimes. On n'est pas égaux face à la prison et face à la violence de l'Etat. Il est temps de s'organiser par le bas et de défendre l'héritage de nos aînés résistant(e)s et anticolonialistes ; il est temps de construire une riposte unitaire et révolutionnaire pour désarmer l'État Policier, et le mettre hors d'état de nuire.
Maxime Motard, membre de la Cimade et militant écosocialiste
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COP28 : utile pour les générations futures ?
Encensée par les pays producteurs de pétrole, mais décriée par les environnementalistes, la COP28 pourrait avoir comme utilité d'être un témoin pour les générations futures de ce qu'ont fait leurs ancêtres pour tenter de combattre la plus grande crise climatique planétaire qu'ils avaient à gérer. Avec quelque 110 000 participants accrédités, dont près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles, la COP28 a été la plus importante jamais organisée.
Une réussite pour certains
Cette COP28 est considérée comme un succès par de nombreux pays en raison de l'opérationnalisation du fonds sur les pertes et préjudices. Les pays participants s'y sont aussi engagés à tripler les capacités d'énergies renouvelables dans le monde d'ici à 2030. De plus, le 28e paragraphe du texte final appelle à sortir des énergies fossiles d'une manière équitable, juste et ordonnée pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L'accord présenté à la fin de la conférence a été considéré comme « historique » par plusieurs pays et organismes, dont de nombreux producteurs de pétrole.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) y voit d'ailleurs des résultats consensuels et positifs. TotalEnergies estime pour sa part que le compromis conforte sa stratégie. Un acteur important des hydrocarbures, l'italien ENI, trouve le texte final comme ayant « beaucoup de pragmatisme » et exprime la nécessité d'équilibrer l'accès à l'énergie, le développement compétitif, les objectifs d'émission et la sécurité énergétique.
Pour le président et fondateur de la Fondation Solar Impulse, Bertrand Piccard, la COP28 a eu le plus grand succès possible dans le « monde réel. »
Un échec pour d'autres
De très nombreux groupes de la société civile considèrent que la nomination du Sultan al-Jaber est un exemple de mainmise des entreprises sur le sommet. « On n'est pas du tout dans une transition », affirme le coordonnateur en France du Global Carbon Project, le physicien Philippe Ciais. Ce sont les énergies fossiles qui gagnent disent aussi plusieurs climatologues.
Pour ceux qui le dénoncent, cet accord ne contient aucune clause contraignante pour une sortie des énergies fossiles et n'est qu'un appel à la sensibilisation sans engagement, reconnaissant implicitement le gaz comme un des carburants de transition pour assurer une sécurité énergétique.
Le climatologue spécialiste de l'analyse du rôle du changement climatique sur certains phénomènes météorologiques extrêmes, Friederike Otto, considère que les intérêts financiers à court terme de quelques-uns l'ont à nouveau emporté sur la santé, la vie et les moyens de subsistance de la plupart des habitants de cette planète. « Avec tous ces verbes vagues, ces promesses vides dans le texte final, des millions de personnes de plus se retrouveront en première ligne du changement climatique. »
Pour le professeur Kevin Anderson, qui enseigne le changement climatique à l'Université de Manchester, le compromis de la COP28 « sonne le glas » de l'objectif +1,5 °C, de l'accord de Paris à la COP21. Greta Thunberg, considère pour sa part cette entente comme un coup de poignard dans le dos des plus vulnérables comme les habitants d'îles qui commencent déjà à être submergées par la hausse du niveau de la mer.
Et pour le futur ?
Madeleine Diouf Sarr, présidente du groupe des pays les moins avancés, considère que le texte final de la COP28 ne fixe pas d'agenda précis, si ce n'est de parvenir à zéro émission nette en 2050. La directrice du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen affirme donc que le monde n'est pas sur la bonne voie, puisque la planète s'est déjà réchauffée de 1,2 degré depuis l'ère industrielle, qu'il y a déjà des inondations catastrophiques, de la chaleur extrême, de grandes sécheresses, des incendies et que si rien ne change, la Terre se dirige vers un réchauffement allant de 2,5 à 2,9 °C d'ici 2100.
Les actions de l'industrie pétrolière semblent lui donner raison. Selon l'OPEP, le pétrole et le gaz représentent 55 % du marché énergétique et devraient conserver une part majoritaire pendant les décennies à venir. L'organisme ne prévoit pas réduire sa production et considère que la demande mondiale de pétrole devrait même connaître une croissance de 2,2 millions de barils par jour en 2024. Il n'est donc pas du tout certain que la COP28 ait réussi à réduire substantiellement les émissions de CO2 sur le long terme.
Mais comme elle a occupé les premières pages de plusieurs grands journaux et médias de la planète pendant une dizaine de jours, elle a cependant eu l'avantage de fixer dans l'Histoire les paroles et promesses des personnes qui y ont participé. Elle a donc le potentiel de permettre aux historiens des générations futures de départager parmi leurs ancêtres ceux qui ont aidé ou nuit à régler ce qui a toutes les chances d'être le plus important problème planétaire qu'eux et leurs enfants devront continuer à affronter.
Michel Gourd
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Négociation dans les secteurs public et parapublic
Ajout
24 décembre
Minuit 30
Le gouvernement Legault et le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS semblent se diriger vers la finalisation de nombreuses propositions de " règlements " ou " d'ententes " portant sur les conditions de travail avec une majorité des 420 000 salarié.e.s syndiqué.e.s. Des négociations intensives sont toujours en cours entre le Secrétariat du Conseil du trésor et le front commun à la table centrale au sujet des augmentations salariales, de la retraite, des assurances, etc..
23 décembre
23h30
L'Alliance des syndicats de professeures et professeurs de cégep (ASPPC) a annoncé ce soir à 22h30 être parvenue à un projet de règlement global avec le Comité patronal de négociation des collèges (CPNC) sur les matières sectorielles touchant les conditions de travail du personnel enseignant du réseau collégial public.
21h40
D'autres hypothèses ou propositions de règlement ou d'entente selon Vincent Larin, Tommy Chouinard et Léa Carrier du quotidien La Presse.
Je cite un extrait de l'article :
« Après plusieurs jours d'intensification des pourparlers à sa table sectorielle, la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ), qui regroupe 12 400 membres, est arrivée samedi à une proposition de règlement global avec l'employeur. Idem pour la FPPC-CSQ, qui regroupe la majorité du personnel professionnel des cégeps. »
« Le comité de négociation du Secteur scolaire de la FEESP-CSN, qui représente 35 000 employés de soutien scolaire dans toute la province, vient aussi de s'entendre sur une hypothèse d'entente de principe. »
Source : Vincent Larin, Tommy Chouinard et Léa Carrier. « Entente avec le plus important syndicat de la santé, d'autres en éducation. » La Presse, 23 décembre 2023.
18h55
Les choses commencent à débouler.
Hypothèse d'entente de principe dans le secteur de la santé entre le Secrétariat du Conseil du trésor et la FSSS-CSN .
Dans un communiqué émis par le Secrétariat du Conseil du trésor il est écrit ceci : « les mesures convenues dans l'hypothèse d'entente permettront une meilleure conciliation du travail et de la vie personnelle, d'améliorer l'offre de service pendant les quarts de travail défavorables avec de meilleures conditions de travail et d'assurer une organisation du travail plus souple. »
16h30
« Projet de règlement » versus « Entente de principe »
Le conseil fédéral de la FSE-CSQ a convenu que le « Projet de règlement sectoriel » conservera cette appellation jusqu'à ce que les membres se soient prononcés pour ou contre. C'est uniquement dans l'éventualité d'une acceptation majoritaire par les membres qu'il sera possible de parler d'une « Entente de principe ». D'ici là, nous sommes devant un « Projet de règlement sectoriel » et non une « Entente de principe.
Il s'agit ici d'une nouvelle façon de dire qu'il appartient aux membres - et à eux et à elles seule - de décider si la négociation est terminée ou non.
FAE : Intensification des négociations entre le Secrétariat du Conseil du trésor et la FAE.
20h50
Nous venons d'apprendre que le Conseil fédéral de la FSE-CSQ et l'APEQ ont entériné la proposition de règlement sectoriel. La proposition sera soumise aux membres des deux organisations. Selon les porte-parole de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini, et de l'APEQ, Steven Le Sueur, la proposition de règlement comporte des éléments qui s'accompagnent des gains en lien avec les trois priorités syndicales suivantes : « la composition de la classe, l'allègement de la tâche et la rémunération ».
Il reste pour ces deux organisations syndicales à régler les enjeux de la table centrale (le salaire, la retraite, les assurances, etc.).
17h15
Le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT) confirme « avoir convenu d'une proposition de règlement sectorielle avec la FSE-CSQ/APEQ ».
Sans dévoiler quoi que ce soit sur la teneur de cette proposition de règlement, le communiqué émis par le SCT précise ceci :
« Les diverses mesures dans la proposition permettront d'offrir de meilleurs services aux élèves et de favoriser leur réussite scolaire ; notamment avec des améliorations à l'organisation du travail, la charge de travail, la composition de la classe, l'autonomie professionnelle et l'échelle salariale. »
À suivre.
15h
La FAE annonce que le Conseil fédératif de négociation accepte à l'unanimité d'entrer en blitz de négociation avec le Secrétariat du Conseil du trésor.
9h50
Nous venons d'apprendre qu'il y a un blitz de négociation du côté de la table sectorielle des cégeps et que les pourparlers avancent en santé.
22 décembre
9h35
La FSE-CSQ va présenter en début d'après-midi à son Conseil fédéral " une proposition de règlement sectoriel convenue avec le gouvernement". Le salaire et les clauses en lien, entre autres choses, avec les assurances et le régime de retraite sont toujours en négociation à la table centrale du Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS.
4h10
Un blitz de négociation serait en cours entre le Secrétariat du Conseil du trésor et la FSE-CSQ. Les pourparlers se sont intensifiés entre l'État-patron et la FAE. Ce changement de rythme se produit au moment où une rencontre au sommet se serait apparemment déroulée entre le premier ministre François Legault, la présidente du Conseil du trésor Sonia Lebel et le ministre de l'Éducation Bernard Drainville.
Se pose une question : cette fois sera-t-elle la bonne ou l'État-patron va-t-il se traîner les pieds jusqu'au 8 janvier ?
Ajout
21 décembre 2023
9h45
Manifestement, la FAE a décidé, après plus de onze moins de négociation infructueuse avec le Conseil du trésor, d'intensifier ses moyens de pression. Des enseignant.e.s syndiqué.e.s, en grève générale illimitée depuis vingt et un jours, ont bloqué ce matin l'accès aux ports de Québec et de Montréal dans l'espoir que ces deux cibles économiques essentielles à la circulation des marchandises aient pour effet de sortir de son immobilisme le gouvernement Legault qui fait la sourde oreille aux revendications syndicales. L'objectif est d'amener le premier ministre à « prendre ses responsabilités et d'agir en chef d'État soucieux d'en arriver à une entente de principe satisfaisante, qui répondra aux besoins criants des profs, mais aussi de leurs élèves, jeunes et adultes ». (Extrait du communiqué de presse émis par la FAE).
Devant ce sursaut de combativité et cette nouvelle orientation dans la lutte d'opposition et de résistance des membres de la FAE, la présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, a décidé de se réfugier dans le silence et de ne pas commenter le rejet de sa plus récente proposition d'offre soumise mardi dernier à la FAE et à la FSE-CSQ.
Madame Lebel doit sûrement se demander, à ce moment-ci, comment elle va parvenir à conclure une entente satisfaisante avec au moins une des deux organisations syndicales de l'enseignement élémentaire et secondaire. De deux choses l'une, la présidente du Conseil du trésor va défendre jusqu'au bout les choix préalables du gouvernement dans la présente négociation ou l'autre, elle multiplie les démarches auprès de certains de ses collègues en vue de dégager une nouvelle marge de manœuvre susceptible de déboucher sur un compromis négocié avec une organisation syndicale.
Des enseignant.e.s syndiqué.e.s découvrent que la lutte qu'elles et qu'ils mènent en ce moment s'inscrit dans un processus qui porte sur le traitement réservé aux enseignant.e.s précaires et qui concerne également l'organisation d'un service public qui doit répondre aux besoins de la population.
Ajout
Mercredi 20 décembre 2023
16 h.
Du côté du Front commun
Les porte-parole du Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS ont tenu un point de presse ce matin. Événement médiatique durant lequel il a été annoncé ce qui suit :
un règlement est possible dans les secteurs public et parapublic d'ici la fin de l'année 2023 ;
les négociatrices et les négociateurs syndicaux sont disponibles pour négocier d'ici là ;
à défaut d'une entente négociée, il y aura le déclenchement d'une grève générale illimitée (GGI) de la part des 420 000 salarié.e.s syndiqué.e.s du Front commun en janvier 2024 ;
la date du déclenchement de la GGI n'a pas été annoncée.
Du côté de la FAE
La FAE a réuni son les délégué.e.s de son instance fédérative qui accompagne le comité de négociation de l'organisation syndicale indépendante. À l'ordre du jour : l'étude de la plus récente offre du gouvernement qui a été sur le champ rejetée par la FSE-CSQ.
Du côté de la FSE-CSQ
La FSE-CSQ a annoncé avoir déposé une contre-proposition ce matin même (mercredi 20 décembre 2023). L'objectif poursuivi est d'arriver à une entente avec le gouvernement avant les fêtes. Cette contre-proposition se veut fidèle aux discussions entre les parties et conforme aux priorités des enseignant.e.s en regard de la composition de la classe et de l'allègement de la tâche. »
Dans les échanges avec certaines organisations syndicales, il semble que le gouvernement ne tient pas compte ni des demandes syndicales ni des discussions entre les parties.
Il semble y avoir du côté gouvernemental de la distorsion entre ce qui est convenu aux tables entre les parties et les nouvelles versions des offres gouvernementales.
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/804146/front-commun-reitere-menace-greve-generale-illimitee-debut-2024?. Consulté le 20 décembre 2023.
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/804151/fse-csq-depose-contre-offre-quebec-fae-reunie-instance?. Consulté le 20 décembre 2023.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2036332/negociation-impasse-front-commun-legault. Consulté le 20 décembre 2023.
Questions ou réflexion en marge des développements récents :
Pourquoi les différents comités de négociation de la partie patronale soumettent-ils à la partie syndicale des textes non conformes au contenu des discussions ou des avancées dans la négociation ? Il y a sûrement du côté du Conseil du trésor une personne ou un comité qui coordonne la négociation et qui dicte les conduites à suivre.
Y aurait-il des tensions au sommet de l'État en ce moment entre la présidente du Conseil du trésor, le ministre des Finances et le premier ministre au sujet des propositions finales à présenter aux organisations syndicales ?
Selon Magalie Picard (présidente de la FTQ) et François Enault (1er vice-président de la CSN) la négociation peut se conclure dans les 24 à 72 prochaines heures. Ce qui est fort possible. Mais pourquoi y a-t-il de la résistance, du côté du gouvernement, à conclure une entente négociée à court terme ?
La présente ronde de négociation aurait dû être la négociation du secteur de la santé (voir à ce sujet les priorités du gouvernement dans la présente ronde de négociation aux paragraphes consacrés à l'Équipe soins et l'Équipe santé mentale). La grève générale illimitée de la FAE a peut-être pris de court les stratèges gouvernementaux. Le processus de consultation des instances de la FAE y est peut-être pour quelque chose dans le mouvement de yo-yo que le gouvernement impose à la table centrale et aux tables sectorielles. Il s'agit ici de réflexions ad lib qui ont uniquement une valeur hypothétique.
Le premier ministre Legault s'est réfugié dans un mutisme et il n'accorderait pas, apparemment, d'entrevues bilans de son année politique. S'agit-il là d'un précédent ?
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, dit vraiment n'importe quoi. Il est à se demander s'il prend connaissance des documents que les négociateurs gouvernementaux soumettent à la partie syndicale ?
La ministre de l'Enseignement supérieur est particulièrement silencieuse dans le cadre de la présente ronde de négociation. Étrange ?
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, considère que l'adoption du projet de loi 15 a eu pour effet d'améliorer la qualité des soins au Québec. Quelques jours plus tard, devant le débordement dans les urgences, il a été obligé de remettre sur pied la cellule de crise de son ministère. Plus ça change…
17h.
La FAE rejette la nouvelle offre gouvernementale. Dans le communiqué de la fédération syndicale qui regroupe 66 000 enseigna.e.s il est précisé que cette nouvelle offre, contrairement aux affirmations de la présidente du conseil du trésor, Sonia LeBel, et du ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, contient "des reculs".
Mardi 19 décembre 2023. Il ya du mouvement du côté des négociations dans les secteurs public et parapublic. La situation n'est plus stationnaire. Voici une liste des principaux événements qui se sont produits aujourd'hui :
10h15 : le SFPQ (section personnel Ouvrier) se dit « prêt pour la grève ». La date du déclenchement des arrêts de travail n'est pas précisée dans le communiqué.
11h57 : le SPGQ annonce qu'il vient de soumettre une contre-offre au Secrétariat du Conseil du trésor. Le communiqué ne précise pas le contenu de cette contre-offre. Le paragraphe suivant est probablement le plus significatif quant aux objectifs poursuivis à ce moment-ci par le SPGQ dans le cadre de la présente ronde de négociation :
« Sa volonté est de parvenir à un règlement satisfaisant, reflétant les aspirations et les besoins de ses membres. Malgré les défis actuels, le SPGQ reste optimiste quant à la possibilité de trouver des solutions équitables et constructives pour toutes les parties impliquées. »
14h : après plus de 75 séances de négociation avec le Conseil du trésor, la FIQ demande l'intervention d'un conciliateur. Le ministre du travail, monsieur Boulet, donne rapidement suite à la demande de la FIQ et procède à la nomination d'un conciliateur en vue de « faciliter l'atteinte d'une entente le plus rapidement possible ».
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2036113/offre-syndicats-enseignants-greve-quebec . Consulté le 19 décembre 2023.
Milieu de l'après-midi : annonce surprise. Le Secrétariat du Conseil du trésor vient d'annoncer qu'il présentera au cours des prochaines heures une offre sectorielle à la FAE et à la FSE-CSQ en vue de mettre fin à la grève en cours dans certaines écoles du Québec.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2036113/offre-syndicats-enseignants-greve-quebec . Consulté le 19 décembre 2023.
https://www.ledevoir.com/societe/education/804090/front-commun-analyse-situation-instance ?. Consulté le 19 décembre 2023.
Fin de l'après-midi : le Secrétariat du Conseil du trésor a présenté une nouvelle offre aux enseignantes et aux enseignants de la FAE et de la FSE-CSQ.
https://www.ledevoir.com/societe/education/804090/front-commun-analyse-situation-instance ?. Consulté le 19 décembre 2023.
19 décembre 2023 : les organisations membres du Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS sont réunies séparément à Québec. Elles doivent faire le point sur leur cadre stratégique le mercredi 20 décembre.
Yvan Perrier
19 décembre 2023
17h30
Ajout 18h30
18h30 : Communiqué émis par le Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS
À défaut d'une entente satisfaisante, le front commun annonce qu'il déclenchera la grève générale illimitée « au moment opportun » en début d'année 2024.
Voici un extrait significatif du communiqué :
« Plusieurs messages contradictoires ont circulé dans les médias. À cet effet, nous tenons à préciser que nous avons signalé à la partie patronale que nous étions ouverts à discuter d'une convention collective pouvant aller jusqu'à une durée de cinq ans, pour autant que celle-ci réponde à nos demandes d'enrichissement et de rattrapage. Par ailleurs, nous n'avons pas chiffré ces demandes, nous avons plutôt indiqué au gouvernement que notre ouverture était liée à deux conditions, soit :
1- Qu'elle garantisse la protection du pouvoir d'achat ;
2- Qu'elle amène un enrichissement. Celui-ci n'a pas été chiffré afin de laisser un espace de négociation à la table. »
Ajout
19h45
Réaction de la FSE-CSQ et APEQ au dépôt patronal du 19 décembre
Intervention sur les réseaux sociaux de la présidente de la FSE-CSQ, madame Josée Scalabrini au sujet de la nouvelle proposition formelle du Secrétariat du conseil du trésor présentée plus tôt en fin d'après-midi à la FAE et à la FSE-CSQ :
« Malgré le show de boucane du gouvernement dans les médias aujourd'hui, la nouvelle proposition « formelle » du gouvernement représente un recul dans les pourparlers par rapport aux séances de négociation de la fin de semaine. On se retrousse les manches et on continue. »
Il n'y a aucune proposition gouvernementale en lien avec la composition de la classe et l'allègement de la tâche.
Ajout
20h30
Commentaire de fin de journée
Tout se passe comme si, le gouvernement Legault, en avançant et en reculant cherche uniquement à gagner du temps en feignant la négociation. Il attend son moment opportun pour dévoiler son offre finale possiblement déjà rédigée.
Ajout
20h45
Je me permets de porter à votre connaissance un fait digne de mention : la prise de position publique de la mairesse de Montréal, madame Valérie Plante, en faveur des femmes salariées syndiqués en santé et en éducation.
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Chili. Rejet de la Constitution d’extrême droite, mais maintien de celle de Pinochet

Le « non » l'a emporté lors du plébiscite organisé au Chili, au cours duquel les citoyens et citoyennes devaient exprimer leur accord ou leur désaccord avec le nouveau projet de constitution élaboré par le Conseil constitutionnel [élu le 7 mai 2023 et composé de 50 membres], un organe composé principalement de représentants de la droite et du Parti républicain d'extrême droite, un secteur dirigé par l'ancien candidat à l'élection présidentielle José Antonio Kast.
Tiré d'À l'encontre.
Selon les données fournies par le Service électoral chilien (Servel), après dépouillement de plus de 99,86% des bureaux de vote, le « non » a obtenu 55,76% des voix [6'890'826] contre 44,24% [5'457'264] pour le « oui ».
Ainsi, comme cela s'était produit en septembre 2022 [le « non » avait réuni 61,89% des votes, le « oui » 38,11%] – alors que, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, le projet de nouvelle constitution avait été élaboré par une Convention constitutionnelle majoritairement de gauche –, la majorité des Chiliens et Chiliennes s'est prononcée contre la modification de la Magna Carta. Il en découle que la Constitution rédigée en 1980, sous la dictature d'Augusto Pinochet, continue d'être en vigueur [1].
Une fois les résultats connus, l'ultra-droitier José Antonio Kast, l'un des principaux promoteurs de l'acceptation, a émis un message dans lequel il critique l'ensemble du processus entamé après la flambée sociale de 2019, qu'il a qualifiée de « flambée criminelle ». Il continue ainsi selon Radio Bio Bio : « Nous sommes peut-être tristes, mais nous sommes heureux, parce que nous avons fait le job, parce que nous avons été cohérents, parce que nous pouvons regarder n'importe qui dans les yeux et dire que nous avons fait ce qu'il fallait, et c'est quelque chose qui nous remplit de fierté. Nous, les Républicains, sommes différents. Quand nous gagnons, nous gagnons, et quand nous perdons, nous perdons. Et ce soir, une grande majorité de Chiliens a rejeté le projet de Constitution que nous avons soutenu au Conseil constitutionnel. Nous reconnaissons cette défaite avec une grande clarté, mais aussi avec beaucoup d'humilité. »
José Antonio Kast a déclaré que les Républicains avaient échoué « dans leur tentative de convaincre les Chiliens qu'il s'agissait d'une meilleure Constitution que l'actuelle et du dispositif le plus sûr pour mettre fin à une situation d'incertitude politique, économique et sociale ».
Il a également déclaré qu'il n'y avait pas lieu de se féliciter. « Ni pour la gauche, ni pour le gouvernement, ni pour la droite, parce qu'au cours de ces quatre dernières années le pays a subi des dégâts considérables qu'il faudra des décennies pour réparer. Mon espoir est qu'aujourd'hui marque la fin d'une triste étape de notre histoire, qui a commencé par une flambée de criminalité […] et qui se termine ce soir par une manifestation démocratique massive qui clôt ce cycle de débat constitutionnel. »
***
Plus tard, c'est le président chilien, Gabriel Boric [en fonction depuis le 11 mars 2022], qui a pris la parole depuis le Palais de la Moneda, indiquant clairement que le cycle de tentatives d'élaboration d'une nouvelle constitution ne se poursuivrait pas sous son gouvernement. « Pendant notre mandat, le processus constitutionnel sera interrompu, les urgences sont autres. Le processus a suscité de la déception et même de la lassitude », a déploré le président de gauche âgé de 37 ans. Il a reconnu que, suite aux deux processus constitutionnels infructueux, « le pays s'est polarisé et divisé, et malgré ce résultat marquant [le « non » du dimanche 17 décembre] les deux processus n'ont pas réussi à concrétiser les espoirs d'avoir une nouvelle constitution rédigée pour tous », ce qui a eu pour conséquence de « laisser la politique en situation de dette à l'égard du peuple chilien ».
Selon le quotidien El Mercurio, Gabriel Boric a déclaré que ces référendums devraient servir de leçon pour l'ensemble de la société. « Nous ne pouvons pas commettre la même erreur que lors des référendums précédents, le pays est fait par nous tous, et ceux qui triomphent lors d'une votation ne peuvent pas ignorer ceux qui sont conjoncturellement défaits. »
Faisant référence aux deux projets constitutionnels, le chef de l'Etat a souligné que « ni l'une ni l'autre n'ont réussi à représenter ou à unir le Chili dans sa belle diversité ». Gabriel Boric a déclaré qu'à ce stade, après les résultats, il n'y avait de place « ni pour la célébration ni pour l'arrogance. Le ballon doit être remis au centre, il faut de l'humilité et du travail, beaucoup de travail », a-t-il déclaré. (Article publié dans le quotidien uruguayen La Diaria, le 18 décembre 2023 ; traduction rédaction A l'Encontre)
[1] Les forces politiques se prononçant en faveur du « oui » le 17 décembre étaient : le Parti républicain, le Renouveau national (RN), l'Union démocratique indépendante (UDI) et Evópoli (créé par Andrés Molina en fin 2012, lors du deuxième tour des présidentielles de 2021 le parti a appuyé José Antonio Kast). Le « non » était soutenu par le parti au pouvoir, Convergence sociale, et une coalition composée par le Parti socialiste, Parti pour la démocratie, le Parti radical et le Parti libéral, le Frente Amplio qui réunit Convergence sociale, Révolution démocratique et Communes, ainsi que le Parti communiste. (Réd.)

En Pologne, la fronde des camionneurs menace d’asphyxier l’Ukraine

11 décembre 2023 | tiré d'Europe solidaire sans frontières
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69009
Les routiers polonais bloquent depuis un mois plusieurs passages à la frontière ukrainienne, dénonçant la « concurrence déloyale » des chauffeurs ukrainiens. Le mouvement s'est étendu à la Slovaquie et à la Hongrie, pendant qu'en Ukraine le spectre d'une pénurie plane jusqu'au front.
Korczowa (Pologne), Kyiv (Ukraine) – Dossard réfléchissant sur le dos, Kamil Gorzkowski lève le cordon qui empêche les camions de quitter la Pologne pour l'Ukraine, au passage frontalier de Korczowa, dans le sud-est de la Pologne, jeudi 7 décembre. Encadrés par la police, sept véhicules immatriculés en Ukraine défilent les uns après les autres.
« Vous avez vu ce que j'ai vu ?, interpelle le routier polonais de 37 ans, le conducteur m'a fait ça. » Et le routier de faire le geste de se trancher la gorge avec le pouce. « On ne laisse passer que sept camions de l'heure, et on est sans cesse menacés par les chauffeurs ukrainiens, qui nous traitent d'hommes de Poutine. »
À la tête d'une compagnie de transport polonaise, ce patron a rejoint le mouvement de protestation du Comité de défense des transporteurs et des employeurs du secteur du transport (Kopipt), un collectif formé en septembre 2023. À tour de rôle, Kamil Gorzkowski et ses collègues bloquent nuit et jour quatre des huit passages frontaliers routiers polonais où transitent les marchandises en provenance et en direction de l'Ukraine. Soit ceux de Korczowa, Hrebrenne, Dorohusk depuis le 6 novembre, mais également celui de Medyka depuis le 27 novembre, avec l'aide d'agriculteurs polonais s'estimant lésés par l'afflux de céréales ukrainiennes en Pologne.
Le blocus, qui vise à dénoncer une « concurrence déloyale » des camionneurs ukrainiens, ne concerne toutefois pas l'aide humanitaire, militaire, ni les vivres périssables, assurent les routiers frondeurs. Selon les gardes-frontières ukrainiens, au 10 décembre, 3 500 véhicules étaient bloqués à la frontière polonaise, dont 1 200 attendraient au passage de Shehyni, en Ukraine, en face de Medyka, en Pologne.
La gronde a déjà fait tache d'huile en Slovaquie, où l'Union des transporteurs routiers de Slovaquie (Unas) a obstrué à plusieurs reprises le passage frontalier de Vyšné Nemecké, face à Oujhorod en Ukraine, et reprendra son blocus lundi après-midi, protestant contre le « diktat de l'UE ». La contestation s'étend désormais aussi à la Hongrie, où des files d'attente de plusieurs kilomètres de poids lourds s'étaient déjà formées début décembre.
De surcroît, l'association des transporteurs hongrois (MKFE) s'apprête à bloquer lundi le passage des camions au poste frontalier de Záhony, face à Čop en Ukraine, où deux camions par heure franchiront la frontière dans chacun des deux sens.
Bonnet au logo Ferrari sur les oreilles et cigarette à la main, Kamil Gorzkowski a déjà dû congédier dix de ses treize employés ces derniers mois. « Je n'avais pas le choix : qu'un camion roule ou pas, il me coûte 450 euros par mois avec les assurances et le reste », confie le trentenaire dont l'entreprise se dédiait au transport à l'est de l'Europe, de la Pologne à Vladivostok (Russie), en passant par le Bélarus ou l'Ukraine. Soit autant de marchés secoués par la guerre en Ukraine et les sanctions imposées à ses deux voisins agresseurs.
À l'intérieur d'un conteneur qui fait office de QG aux protestataires polonais de Korczowa, son collègue Andrzej* sera bientôt dans le rouge : « J'ai épuisé la réserve que je gardais pour les accidents ou autres imprévus. Et encore, je n'ai pas de leasing sur les quatre camions que je possède... » Ce routier aux traits juvéniles accuse une rentabilité en berne de 20 %. Kamil Gorzkowski affirme, lui, que sa boîte n'aura procédé qu'à 250 transports en 2023, contre 1 000 annuellement avant la guerre en Ukraine.
« Nous exigeons le retour du système de permis que l'Union européenne accordait aux transporteurs ukrainiens avant la guerre, argumente ce chauffeur polonais, bien déterminé à rester jusqu'en janvier, voire au-delà s'il le faut. Avant la guerre, nous étions à égalité avec les Ukrainiens sur le marché du transport polono-ukrainien. Ils disposaient de 160 000 permis à l'année pour des transports vers l'UE, et nous de 160 000 permis vers l'Ukraine. Sauf que cette année, ils en sont déjà à 880 000 permis vers l'UE. Et puis, nous devons respecter le paquet de mobilité [soit la réglementation européenne en matière de transport ou de repos des routiers – ndlr], eux en sont dispensés. Pour nous, c'est une énorme concurrence. »
Les transporteurs polonais pointent aussi du doigt les salaires, impôts et charges bien moins élevés en Ukraine qu'en Pologne, conférant aux Ukrainiens un avantage comparatif démesuré sur leurs homologues polonais.
Dans la foulée de la guerre en Ukraine, l'Union européenne a effectivement mis en place des corridors de solidarité avec le pays envahi par l'armée russe, pour permettre à ses marchandises de transiter sans restriction sur le territoire européen. Dès juin 2022, la Commission européenne abolit les « permis » qu'elle exigeait jusque-là des chauffeurs ukrainiens. Cet accord avec l'Ukraine, reconduit en mars 2023, devrait être en place jusqu'en juin 2024.
« À l'époque, l'Union européenne a dû réagir rapidement : il est donc possible que la Commission européenne ait fait quelques erreurs, qu'elle pourrait corriger avec toutes les parties, mais je doute qu'elle revienne sur l'accord conclu avec l'Ukraine », estime Mateusz Fornowski, analyste spécialisé dans le transport au sein du think tank Polityka Insight.
Il faut dire que les négociations entre l'Ukraine, la Pologne et l'Union européenne restent dans l'impasse. Adina-Ioana Vălean, commissaire européenne au transport, a estimé que le blocus polonais était « inacceptable » et que l'« Ukraine ne [pouvait] pas être tenue en otage ». Après être resté longtemps passif, le premier ministre Mateusz Morawiecki – dont le nouveau gouvernement devrait tomber lundi en faveur du libéral et pro-européen Donald Tusk – a exigé le retour des permis, une demande que la Commission ne souhaite pas honorer.
Seule maigre avancée, Polonais et Ukrainiens sont parvenus à ouvrir le 4 décembre une file réservée aux camions vides entre Uhryniv en Ukraine et Dołhobyczów en Pologne. Le système de queue électronique ukrainien, très décrié par les chauffeurs polonais, ne s'y applique pas. Le ministre des transports ukrainien, Serhiy Derkach, s'est dit disposé à ouvrir davantage de dispositifs de la sorte.
Un gouvernement volontiers passif en Pologne
« Ni le premier ministre [sortant] ni le président n'ont eu l'envie de s'impliquer dans ce différend, pour mieux le laisser au prochain gouvernement, étant donné que le problème est compliqué et ne sera pas réglé en un jour », regrette Jan Buczek, président de la plus grande association de représentants des transporteurs en Pologne, l'Association des transporteurs internationaux (ZMPD).
Kamil Gorzkowski est à la tête d'une petite entreprise de transport basée dans l'est de la Pologne. Il souligne la difficulté des transporteurs polonais spécialisés dans les transports à l'est. « Quand les Polonais se sont rabattus sur les transports en Ukraine, à la suite des difficultés connues sur les transports plus à l'est, l'État ukrainien s'est mis à introduire un système de file d'attente électronique qui bloque les Polonais au retour pour plus de deux semaines, et c'est surtout ça qui a généré la protestation des chauffeurs polonais, car rien n'a été fait côté ukrainien pour améliorer le système. »
À l'image de Kamil Gorzkowski et de ses acolytes en colère, nombre des protestataires sont implantés à l'est de la Pologne. « Ce sont surtout les petites et moyennes entreprises de l'est et du sud de la Pologne, impliquées dans le transport en Ukraine et en ex-URSS, qui ont pâti de l'assouplissement du système des permis européen », signale Mateusz Fornowski.
« Leurs coûts d'exploitation sont assez élevés, car il faut payer pour la flotte et la maintenir. Mais ce secteur ne représente que quelques pourcents de l'industrie de la logistique et du transport en Pologne, surtout orientée vers l'ouest de l'Europe, du fait d'un avantage comparatif polonais », ajoute l'expert, pour qui « la baisse de revenus des entreprises polonaises concernées est aussi la résultante du ralentissement de l'économie européenne en général ».
Accusations de « cabotage »
Les protestataires dont fait partie Kamil Gorzkowski dénoncent aussi l'implantation « massive » sur le sol polonais d'entreprises de transport « issues des capitaux de l'Est dont on ignore tout ». Ils avancent également des camions estampillés humanitaires livrant du transport commercial, une information difficilement vérifiable. Les autorités chargée du transport routier en Pologne ont communiqué qu'un cinquième des contrôles effectués se sont achevés par une amende. Le ministre des transports slovaque, Jozef Ráž, a quant à lui déclaré que « deux tiers des transporteurs ukrainiens inspectés [le 1er décembre] effectuaient des transports publics non autorisés ».
« Sous prétexte d'humanitaire et de guerre, les Ukrainiens se font de l'argent, s'emporte Adam Izbeski, à la tête d'une entreprise polonaise de transport, également rencontré à Korczowa. Depuis que l'UE a levé les permis, les Ukrainiens se sont mis à faire du cabotage, du transport aux quatre coins de l'Europe. Ce n'est pas légal. » Son collègue Marcin, au bonnet noir, abonde : « Quand la guerre a éclaté, on a transporté du matériel humanitaire bénévolement, on a hébergé des Ukrainiens chez nous, et depuis, sans aucune reconnaissance, ils nous ont évincés du marché. »
Des arguments irrecevables pour les chauffeurs ukrainiens coincés à Korczowa, sur des parkings, qui doivent patienter dans leurs cabines des jours durant. « On ne s'amuse aucunement à prendre des chargements en route, on se rend juste du point A au point B », rétorque Andreï, dont la cargaison de poissons surgelés en direction de Jytomyr attend depuis sept jours à Korczowa. « Qui va acheter nos mandarines et nos bananes après des jours d'attente ici ? », s'inquiète Pavel, qui se rend à Lviv avec son chargement.
Les Polonais affirment pourtant que les vivres périssables franchissent la frontière sans entrave. « Et tout ce carburant que vous voyez là, ils en ont besoin au front », s'insurge cet Ukrainien, qui lance : « Quand les chauffeurs polonais sont arrivés dans l'Union européenne, les routiers allemands et français ne se pas sont mis à bloquer les routes pour autant ! »
En Ukraine, alors que les marchandises transitant par la Pologne représentent environ 50 % des exportations routières de l'Ukraine, les conséquences du blocage commencent à se faire sentir sur l'économie. « Les importations ont déjà été réduites d'un cinquième en novembre, ce qui pourrait coûter un point de PIB à Kyiv », a déclaré à Reuters Taras Kachka, vice-ministre de l'économie.
La baisse des approvisionnements due à l'enlisement des marchandises à la frontière a fait grimper les prix de certains produits importés, notamment le gaz de pétrole liquéfié (GPL) – utilisé par environ un million d'automobilistes ukrainien·nes –, qui a augmenté de 30 %.
La frontière occidentale de l'Ukraine constitue une bouée de sauvetage majeure pour les entreprises ukrainiennes dans le contexte de l'invasion russe et du blocus quasi total des ports ukrainiens de la mer Noire. Et les entreprises préviennent que si la situation persiste, le blocage pourrait causer des pénuries et une augmentation des prix pour les consommateurs et consommatrices.
Le transport de vivres périssables et d'aide humanitaire entravé
Les organisations caritatives et non gouvernementales qui fournissent une aide militaire aux forces armées ukrainiennes sont confrontées à plusieurs semaines de retard dans leurs livraisons critiques de drones, d'appareils électroniques et de voitures en raison du blocus. Le gouvernement polonais rejette toutefois ces accusations. Et si les chauffeurs polonais garantissent que l'aide humanitaire transite sans restriction, il semble que ce ne soit pas toujours le cas des biens à double usage destinés à soutenir l'effort de guerre.
« Notre bataillon a plusieurs camions d'aide humanitaire bloqués à la frontière, dont on a besoin ici et maintenant. Ce sont des réchauffeurs de sang et de perfusions, des garrots et d'autres matériels médicaux. Pour les fournitures classiques, nous avons des réserves, mais pour les réchauffeurs, c'est du matériel très cher, dont nous ne disposons pas », déplore Kateryna Haloushka, bénévole au bataillon médical Hospitaliery, une fondation de bénévoles extérieure à l'armée ukrainienne.
Helene Bienvenu
Clara Marchaud

Presse-toi à gauche prend une pause

Presse-toi à gauche prend une pause de quelques jours, question de reprendre des forces et relever le défi de vous tenir informé.e.s au début de la prochaine année. La lutte du Front commun et des autres syndicats du secteur public, les suites de la COP 28 et la nécessaire lutte contre les changements climatiques ainsi que la poursuite de la construction d'une alternative politique indépendantiste et féministe à gauche sera de nouveau à l'ordre du jour.
De même, la bataille pour le développement d'une presse alternative au Québec et au Canada franchit une nouvelle étape avec la mise en place d'un carrefour des médias de gauche. Autant de mandats que Presse-toi à gauche souhaite relever au cours des prochains mois. Nous vous invitons à renouveler votre appui à PTAG, que ce soit par une lecture assidue, un appui financier, collaborer avec l'équipe de production ou une contribution.
Seule la section des communiqués sera mise à jour régulièrement. Nous serons de retour le 16 janvier 2024. D'ici là, nous vous souhaitons un repos bien mérité, une indignation renouvelée contre cette société des inégalités et de la régression sociale et écologique ainsi qu'une mobilisation à la hauteur des défis que nous lance le gouvernement caquiste et ses sbires.
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Services essentiels et « la boule de cristal » de François Legault

Dans le présent conflit de travail dans les secteurs public et parapublic la question des services essentiels a indiscutablement refait surface dans l'actualité. Il y a eu également la célèbre déclaration de François Legault annonçant le retour en classe pour lundi le 18 décembre 2023. Effectuons un retour sur ces deux moments particuliers de la dernière semaine.
1.0 Services essentiels et éducation
Certaines personnes semblent rêver d'une société bien ordonnée, exempte de conflictualité sociale. Hélas, une telle société n'existe pas chez les humains.
Dans les sociétés qui reconnaissent le conflit comme étant à la source de la vie sociale, le droit - c'est-à-dire le système de justice - a pour rôle de réguler les moments où la discorde entre acteurs sociaux surgit au grand jour. Nous vivons au Québec dans une société dite de droits. Que cela nous plaise ou non, la Charte canadienne des droits et libertés et la Charte des droits et libertés de la personne (Québec) stipulent à l'alinéa 2 d) pour la première et à l'article 3 pour la deuxième que chaque personne est titulaire de « la liberté d'association ». Qu'est-ce à dire ? Cela signifie, selon un certain nombre de décisions rendues par les tribunaux, qu'en matière de travail, le droit de former un syndicat, le droit de négociation et le droit de grève jouissent, depuis un certain nombre d'années au Canada et au Québec, d'une protection constitutionnelle. Il peut être intéressant de parler de « services essentiels » dans les services publics, mais il ne faut pas perdre de vue que tout ce qui semble apparenté aux « services publics » ne tombe pas sous le couvert des « services essentiels ». Cette mise au point étant faite, poursuivons au sujet des espoirs provoqués - et le désenchantement qui a suivi – par la déclaration faite la semaine dernière par le premier ministre du Québec, monsieur François Legault. Mais avant, un petit retour sur le mouvement gréviste actuel.
2.0 La grève dans le secteur parapublic (éducation et santé)
Il y a présentement au Québec une situation dans le secteur parapublic qui a pour effet de déranger. Les 66 000 enseignant.e.s de la FAE sont toujours en grève générale illimitée depuis le 23 novembre 2023. Cela fait donc plus de quatre semaines que certaines écoles du Québec sont désertes. Les écoles primaires et secondaires, où nous retrouvons des enseignan.e.s syndiqué.e.s à la FSE-CSQ ont été en grève du 8 au 14 décembre. Idem pour les journées d'interruption de service dans les cégeps et pour l'ensemble des syndiqué.e.s qui adhèrent au front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS. Il s'agissait du côté des 420 000 membres du Front commun d'une troisième séquence d'interruption de services. Les professionnel.le.s des cégeps, affilié.e.s au SPGQ, ont été en grève les 23 et 24 novembre ainsi que le 14 décembre. Le personnel de la santé, affilié à la FIQ (environ 80 000 membres), a été en arrêt de travail les 8, 9, 23, 24 novembre et du 11 au 14 décembre. Les grèves de la FIQ et du Front commun ont été effectuées dans le respect des services essentiels.
Manifestement, il y a des problèmes majeurs au Québec en éducation et en santé. Le premier ministre du Québec, François Légault, réclame de la part du personnel syndiqué de ces deux secteurs importants de notre qualité de vie en société encore et toujours plus de « souplesse » et de « flexibilité ». De plus, il joue à celui qui peut prédire l'avenir. Il se permet d'annoncer, durant la semaine de la troisième séquence de l'arrêt de travail du Front commun et en pleine troisième semaine de grève générale illimitée de la FAE, la réouverture des écoles pour lundi le 18 décembre 2023. De plus, il n'entrevoit pas la fin de la négociation en santé avant le mois de janvier 2024. Au moment d'écrire les présentes lignes, il n'y a toujours pas de reprise du travail dans les écoles élémentaires et secondaires où le personnel enseignant est affilié à la FAE.
3.0 Néolibéralisme, flexibilité et souplesse dans les secteurs public et parapublic
Les salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic ont été particulièrement malmené.e.s depuis que le néolibéralisme triomphant et arrogant est devenu, à la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt du siècle dernier, le principe idéologique de référence de la classe politique dirigeante québécoise qui a suivi la classe dirigeante canadienne et celle des autres démocraties dites libérales. Cette idéologie se caractérise par quatre grands principes régulateurs de la vie économique, politique et sociale :
1) La libre circulation des capitaux et des marchandises à l'échelle internationale via la multiplication des traités de libre-échange ;
2) La lutte prioritaire à l'inflation au détriment du chômage ;
3) La réduction des programmes à caractère sociaux de l'État ;
4) L'affaiblissement du mouvement syndical.
C'est dans ce contexte où les organisations syndicales se sont retrouvées sur la défensive qu'ont été tantôt négociées ou tantôt décrétées les conditions de travail et de rémunération des salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic du début des années quatre-vingt à aujourd'hui. Avec pour résultat que la rémunération et les conditions de travail dans ces deux secteurs n'ont cessé de se détériorer et de se dégrader.
Les secteurs public et parapublic comptent une main-d'œuvre majoritairement féminine à environ 75%. Une main-d'œuvre qui travaille sous pression et dont la lourdeur de la tâche n'est plus à démontrer. Une main-d'œuvre à qui les négociateurs gouvernementaux et les administrateurs locaux n'ont cessé de réclamer depuis plus de quatre décennies de la souplesse et de la flexibilité. Devant ces exigences nous pouvons minimalement nous poser les questions suivantes : qu'en est-il de la reconnaissance du travail des femmes qui se dévouent dans les secteurs public et parapublic ? N'y a-t-il que les députées féminines de l'Assemblée nationale et les femmes qui oeuvrent dans les emplois fortement rémunérés de la haute fonction publique ou de la magistrature qui ont droit à un traitement égal ou équitable avec leurs collègues masculins ?
4.0 La notion de « temps » chez François Legault et sur les effets dramatiques de la stratégie gouvernementale
Nous ignorons combien de temps le présent conflit en lien avec le renouvellement des conventions collectives dans les secteurs public et parapublic durera. Après nous avoir dit, en duo avec la présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, que cela se réglerait lundi le 18 décembre ou d'ici les fêtes, ensuite d'ici la fin de l'année… le premier ministre parle maintenant du mois de janvier dans le cas des infirmières de la FIQ. Le premier ministre se mouille. Il joue au « Liseur de bonne aventure » et, à l'instar de son personnage, il nous illusionne et il nous trompe. Il nous charrie d'une date à l'autre et compte probablement sur l'épuisement des personnes qui lui résistent pour voir la fin des arrêts de travail en éducation et ailleurs. Il espère peut-être une longue grève avec la FAE qui aurait pour effet de mettre en péril l'année scolaire. Ce qui pourrait lui servir de prétexte pour justifier le recours à une loi spéciale. Qui sait même si Sonia Lebel partage ou non le même cadre stratégique que le premier ministre…
Par ses déclarations et ses fausses promesses que la fin du conflit en milieu scolaire est proche, le premier ministre joue sur les nerfs des grévistes, des parents et des enfants qui n'ont pas accès à leurs cours. Il joue également sur les nerfs des personnes en attente d'une chirurgie ou d'un rendez-vous majeur dans le réseau de la santé et des services sociaux. Pour le moment, le premier ministre se dit peut-être qu'il ne sera pas jugé sur les moyens qu'il a utilisés pour venir à bout du présent conflit, mais sur la fin qui sera tôt ou tard atteinte. Quoi qu'il en soit, en laissant perdurer le conflit de travail dans les secteurs public et parapublic, le nombre d'électrices et d'électeurs favorables à sa formation politique ne peut qu'aller en diminuant. Il en est ainsi en raison du fait que des personnes vont inévitablement finir par se dire : « Il nous prive de notre gagne-pain. » « Il nous prive de l'accès à l'école ou au cégep. » « Il nous prive de l'accès aux services de santé ou des services sociaux. » « Cet homme et sa formation politique ne méritent plus notre appui ». En agissant comme il le fait, le premier ministre va également provoquer des démissions chez certaines et certains salarié.e.s syndiqué.e.s en santé et en éducation toutes catégories confondues.
5.0 Sur la nature du présent conflit
La lutte actuelle, conduite par les dirigeant.e.s des huit organisations syndicales, n'est pas un simple conflit syndical de portée corporatiste. Il s'agit de la définition même qui sera accordée aux conditions de travail et de rémunération de plus de 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s, dont 75% sont des femmes, qui ont été ballottées et dont les conditions de travail et le salaire se sont dégradés au cours des quarante dernières années. Il y a présentement en jeu la rémunération bien entendu, mais aussi les conditions de travail et l'accès aux soins et aux services, les statuts à l'emploi, le nombre d'années à attendre l'obtention d'un poste menant à la permanence, le respect de l'autonomie professionnelle, etc..
6.0 Conclusion
La semaine se termine donc sur deux constats : dans un premier temps la demande de considérer l'école comme un service essentiel et ce au mépris des conventions internationales auxquelles le Canada et les provinces souscrivent et au mépris également de la jurisprudence des tribunaux du Canada et, dans un deuxième temps, celui des faux espoirs suscités par la déclaration de François Legault annonçant précocement ou mensongèrement le retour en classe des élèves dès lundi le 18 décembre.
À défaut de conclure une entente avec les organisations syndicales en négociation avec son gouvernement, il reste au premier ministre du Québec encore deux semaines au calendrier de l'année 2023 pour trouver ou inventer de nouveaux subterfuges visant à accuser la partie syndicale d'être à l'origine de la présente impasse. Celles et ceux qui pratiquent la négociation savent que la plupart du temps c'est la partie patronale qui a le contrôle du calendrier de négociation et non la partie syndicale. Cette dernière reste en tout temps une partie subordonnée qui peut disposer, selon la conjoncture, d'un rapport de force ou d'opinion tantôt favorable ou tantôt défavorable.
Le temps des fêtes sera donc celui où on parlera dans les chaumières du présent conflit de travail en santé et en éducation.
Joyeuses fêtes quand même !
Yvan Perrier
18 décembre 2023
15h45
yvan_perrier@hotmail.com
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Politiques d’immigration à deux vitesses : les petites phrases réactivant les frontières qui divisent

Le coup d'éclat de Paul St-Pierre Plamondon, déclarant le 5 novembre dernier qu'une « crise sociale sans précédent » menace le Québec à cause du nombre d'immigrants, a fait long feu. Cependant, de petites phrases en petites phrases, les dirigeants politiques sur le spectre de droite construisent lentement mais sûrement une figure du bouc-émissaire en la personne de « l'immigrant ». Ainsi, la déclaration de St-Pierre Plamondon surenchérissait sur celle du ministre Jean Boulet qui avait lancé une fake news à l'automne 2022, en disant que « 80% des immigrants ne travaillent pas, ne parlent pas français, ou n'adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ». Il avait dû se rétracter, mais il est resté ministre, passant de l'Immigration au Travail. Après tout, lui-même ne faisait que s'inscrire dans les pas de son Premier ministre, François Legault, qui avait déclaré au printemps 2022 que l'on se dirigeait vers une « louisianisation » du Québec à cause des immigrants allophones.
Par Carole Yerochewski et Cheolki Yoon, membres du Centre des travailleuses et travailleurs immigrants (CTTI), respectivement sociologue et professeur adjoint à l'Université St-Paul
Cette politique du bouc-émissaire que ne dément pas le gouvernement Trudeau – celui-ci a aussi rendu l'immigration responsable de la pression sur les capacités d'accueil et la crise du logement –, n'est peut-être pas destinée à fermer les portes du Canada comme les États-Unis l'avaient fait en 1921, plongeant dans le désespoir les européens et notamment les Allemands étranglés par leurs dettes de guerre. C'est à présent l'attitude de l'Union européenne, qui laisse périr en Méditerranée des milliers et milliers de migrants, aggravant dans les pays du Sud global les crises sociales et humanitaires qui résultent d'économies défaillantes et de la multiplication des conflits – des conflits qui sont souvent alimentés par les puissances occidentales. Mais le Canada peut-il se passer de l'immigration ?
Cependant, on ne peut pas ne pas s'inquiéter de voir se multiplier les petites phrases. Non qu'il faille croire que le « peuple » va se laisser berner et venir gonfler l'extrême-droite : il n'est pas si ignorant des ressorts de la pénurie de logements sociaux ou de celle de l'inflation ou des raisons du déclin du français, délaissé par de jeunes francophones abonnés aux diffuseurs d'images, de musiques et de jeux plus souvent anglophones. Il n'est en outre pas prouvé que la montée de l'extrême-droite en Europe repose sur les classes populaires ; celles-ci ont plutôt tendance à s'abstenir massivement faute de se sentir représentées.
En revanche, les classes aisées et dirigeantes, qui vont chercher des appuis partout, ne rechignent pas à passer des compromis avec ces personnages politiques peu ragoutants que sont les Giorgia Meloni, Rikka Purra, Geert Wilders conduisant des gouvernements ou y siégeant en Italie, Finlande, Pays-Bas, ou à accepter comme le ministre Darmanin en France des amendements d'extrême-droite dans un énième projet de loi sur l'immigration (trente en trente ans !). Car ni les unes ni les autres ne sont prêtes à perdre la main sur les politiques d'immigration : le contrôle des flux de main d'œuvre est au cœur du capitalisme, au risque sinon de déstabiliser les rapports de force entre les travailleurs et travailleuses et le Capital, comme Marx l'avait déjà bien souligné, en parlant de surpopulation et d'armée de réserve industrielle parmi un prolétariat n'ayant plus d'autre possibilité pour survivre que de vendre sa force de travail.
Ce que Marx n'avait pu anticiper, c'est que, compte tenu du colonialisme et des rapports de domination entre le Nord et le Sud, qui se sont approfondis au cours du 20ème siècle, l'armée industrielle de réserve s'est surtout concentrée dans ces pays du Sud global. Si bien que sa circulation de plus en plus importante vers les pays du Nord, en particulier vers le Canada, bouscule les fondements des politiques d'immigration construites au cours du 20ème siècle.
Grosso modo, au Canada, ces politiques reposent d'un côté sur une voie d'accès vers la résidence permanente et donc une forme de citoyenneté, surtout utilisée jusqu'il y a trente à quarante ans par des européens ou des francophones recherchés par le Québec (comme le montrent les données des recensements de Statistiques Canada) et, d'un autre côté, sur des programmes de permis temporaires qui se divisent en deux principaux volets : le Programme de mobilité internationale qui inclut différents cas de figure dont le déplacement de salariés entre filiales, les jeunes de certains pays signataires d'accords avec le Canada ou des situations spécifiques qui sont utilisées, dans bien des cas, pour des emplois considérés hautement qualifiés et principalement pourvus par des travailleurs du Nord ; le programme des travailleurs étrangers temporaires (TET) incluant les programmes restrictifs de permis temporaires qui s'adressent essentiellement aux populations du Sud global, car dépendants d'accords bilatéraux entre le Canada et certains pays comme les Philippines, le Mexique et le Guatemala. Les permis sont particulièrement restrictifs, ou dits « fermés », parce qu'ils sont émis pour un employeur unique, qui a le pouvoir de le rompre unilatéralement et donc de faire perdre le statut migratoire, ce qui mène en conséquence au renvoi dans leur pays des travailleuses et travailleurs qui demandent le respect de leurs droits. Jusqu'en 2002, ces programmes restrictifs de travail temporaire étaient principalement destinés à apporter de la main d'œuvre saisonnière dans l'agriculture, ou à fournir des aides familiales ; celles-ci, car il s'agit majoritairement de femmes, étaient les seules à avoir accès à la résidence permanente, mais devaient cependant attendre avant de pouvoir faire la demande et se faisaient (se font) entretemps durement exploiter (et d'autant plus que jusqu'en 2014, elles étaient obligées de vivre chez le particulier employeur qui abusait fréquemment de la situation).
Ce système de migration peut être qualifié d'héritage colonial. Il s'est perpétué au Canada avec notamment la création en 1966 d'un programme pilote destiné à faire venir de la main-d'œuvre jamaïcaine de Porto Rico en Ontario, pour répondre aux besoins des fermiers, tout en s'assurant que ces personnes ne resteraient pas au pays. Il n'est pas spécifique au Canada. D'autres pays du Nord recourent à la main d'œuvre du Sud selon le même schéma. Ces programmes bilatéraux ont été dénoncés à maintes reprises à l'issue de travaux de recherche pour leur sexisme et racisme car ils servent à mettre à la disposition des employeurs une force de travail (physique, émotionnel, etc.) choisie selon son sexe et sa nationalité, ces critères servant à attribuer des « compétences » auxquelles la main d'œuvre doit se conformer. Au Canada, cette forme d'exploitation genrée et racisée a connu un essor particulièrement important à partir de 2002, lorsqu'a été élargi aux emplois dits peu spécialisés le volet programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) d'abord réservé aux emplois qualifiés ou à certains emplois marqués par la rareté de la main-d'œuvre. En 2008, en incluant les étudiants étrangers qui sont aussi de plus en plus nombreux à venir des pays du Sud global, mais qui appartiennent dès lors à des classes sociales ayant les moyens de payer les frais d'inscription, le nombre d'entrées au Canada de personnes migrantes ayant un statut temporaire a dépassé le nombre d'entrées par la résidence permanente.
Depuis, la croissance des entrées de travailleuses et travailleurs temporaires ne s'est pas démentie, et ce malgré différentes interventions dont celle au Québec de la Commission des Droits de la Personne et des Droits de la Jeunesse, qui a clairement exprimé dès 2012 que ces programmes entretiennent la discrimination systémique à l'égard des populations migrantes en raison de leur sexe, de leur langue, de leur condition sociale, de leur origine et de leur « race » – la majorité des personnes occupant des emplois dits peu spécialisés proviennent du Guatemala, du Mexique et des Philippines. Même, le recours à ces programmes destinés à exploiter mais aussi à contrôler les flux de main-d'œuvre venant des pays du Sud global, a encore été facilité depuis le gouvernement Harper, en simplifiant les démarches des employeurs pour obtenir des autorisations à procéder à de tels recrutement ou en les en dispensant dans certaines conditions. Parallèlement, alors que les personnes issues des pays du Sud global constituent depuis plusieurs décennies la majorité des candidats empruntant la voie de la résidence permanente, les raisons d'être de cette politique ont a été en quelque sorte dénaturées à la fin des années 2010, tant par le gouvernement Trudeau que celui du Québec, puisque l'accès n'est plus ouvert à toutes et tous citoyens, mais a été restreint aux personnes dont l'intérêt pour travailler au Canada correspond aux besoins prioritaires de secteurs d'activité dans l'année où s'effectue la demande.
Ainsi, que l'on considère l'une ou l'autre des voies d'accès au Canada, on ne peut que constater qu'elles réduisent les personnes migrantes à leur utilité économique, qui est le plus souvent de combler à moindre coût les postes délaissés pour leur salaire insuffisant et leurs difficiles conditions de travail. A ainsi été franchie la ligne qui sépare les personnes considérées comme des êtres humains et comme des citoyen-ne-s à part entière, des autres, dont la vie compte moins.
Nombre d'organisations communautaires et syndicales ne s'y trompent pas, qui réclament à présent l'abolition de ce système d'immigration à deux vitesses, source d'abus, de sous-salaires et d'heures supplémentaires non payées, de violences et harcèlements psychologiques et sexuels, et d'accidents du travail. Un rapporteur spécial de l'ONU, Tomoya Obokata, venu au Canada en septembre dernier pour enquêter à ce sujet a clairement conclu que le « permis fermé » ouvrait la porte à des formes d'« esclavage moderne ». Et pour cause : le statut migratoire dégradé agit auprès des employeurs, qu'on le veuille ou pas, comme un signal stigmatisant celles et ceux qui les occupent, les épinglant comme des sous-citoyennes et sous-citoyens.
Depuis la visite du rapporteur de l'ONU, le Comité permanent sur la Citoyenneté et l'Immigration de la Chambre des Communes s'est saisi de ce sujet ainsi que de celui des personnes sans papier, très nombreuses au Canada (estimé entre 500 000 et 600 000) en raison de ces politiques. Car ce système d'immigration produit à grande échelle des pertes de statut. Si la vie des employeurs a été simplifiée, celle des détenteurs de permis temporaires fermés ne l'a été en aucun cas, malgré l'ouverture, formellement, de l'accès à la résidence permanente. En pratique, les obstacles sont nombreux, si bien que très peu de personnes titulaires du permis fermé arrivent à obtenir le statut de résident permanent (1 sur 14 entre 2015 et 2022). Cette proportion n'est qu'une moyenne : au Québec, les personnes occupant des emplois peu spécialisés continuent à quelques exceptions de se voir interdire l'accès à la résidence permanente – même les aides familiales ont vu la porte se refermer de ce fait – et se heurtent à l'insuffisance des moyens disponibles pour la francisation et à la difficulté des tests de français, ce que le gouvernement québécois a fini par reconnaître. Par ailleurs, nombre de personnes fuyant des employeurs abusifs ne réussissent pas à obtenir ce « permis ouvert pour personnes vulnérables » prévu par Ottawa dans les cas d'abus, car les démarches sont extrêmement lourdes, ou elles n'arrivent pas à obtenir de nouveau un permis « fermé » à l'issue de la durée d'un an accordé avec ce permis ouvert.
Outre la perte de statut, en raison de la nature même des politiques d'immigration qui institutionnalisent la précarité comme moyen de gérer les flux de main d'œuvre en provenance du Sud global, on peut aussi se retrouver sans-papiers, quoique dans une moindre mesure malgré ce que laisse croire la large couverture médiatique du « chemin Roxham », à cause de l'ineffectivité ou de l'insuffisance des politiques humanitaires, qui accordent trop souvent au compte-goutte la résidence permanente et la refusent pour des raisons aberrantes (voir le documentaire l'Audience, où le juge refuse le statut de réfugié à un couple avec enfants considérant qu'il « magasine » le pays dans lequel il veut vivre !). Et c'est sans compter les restrictions apportées à des programmes comme le parrainage collectif, victime de son engouement auprès d'une population prête à accompagner financièrement pendant un an des demandeurs d'asile une fois arrivés au Canada. Il faut aussi rajouter au tableau les quotas annuels imposés par Québec, qui restreint même les entrées par regroupement familial, retardant du coup la réunion des familles des années durant – des conséquences guère différentes de celles résultant de la politique « tolérance zéro » édictée par Trump envers les réfugiés provenant du Mexique et qui avait abouti à séparer près de 4 000 enfants de leurs parents.
Les annonces début novembre des gouvernements fédéral et québécois sur la planification de l'immigration n'ont pas montré de volonté de corriger ces politiques perpétuant la domination des travailleuses et travailleurs du Sud global. Les seuils d'entrées de résidents permanents sont comme « gelés » pour des raisons évoquées par les « petites phrases » mentionnées au début de cet article, soit le fait que l'immigration serait responsable des tensions sur les capacités d'accueil, de la crise du logement et, au Québec, du déclin du français. Dans le débat public, le seuil d'entrée avec le statut de résident permanent fait cependant fonction de l'arbre qui cache la forêt des personnes au statut temporaire, qui habitent ici et se débrouillent pour parler l'anglais ou le français afin de s'intégrer – rêve de toutes et tous les immigrants. Or, les annonces ont été totalement muettes sur cet enjeu majeur que constitue le devenir des personnes sans-papiers et de celles ayant un statut temporaire.
Pourtant, ces dernières représentent aujourd'hui près de 1,8 millions de personnes au Canada, dont environ 470 000 au Québec seulement, car la croissance des entrées de travailleuses et travailleurs temporaires est de loin la plus importante par rapport au reste du Canada, grâce aux encouragements du gouvernement qui en a facilité le recours. D'ailleurs la ministre de l'Immigration n'a pu éviter de parler de ces travailleurs temporaires dont l'ampleur avait été révélée par des médias quelques semaines avant l'annonce de la planification. Elle a ainsi indiqué vouloir mettre une condition de maîtrise minimale du français à l'oral pour obtenir un renouvellement au bout de trois ans d'un permis temporaire, ce qui a paru totalement indécent aux yeux des organisations syndicales et communautaires œuvrant avec les personnes migrantes, ou pour faire respecter leurs droits humains, puisqu'on ne leur donne même pas la possibilité de s'installer au Québec avec un statut permanent ! Cela semble aussi ingérable par les employeurs, qui devraient assurer des heures de français sur le temps de présence au travail alors que bon nombre d'entre eux ne respectent même pas les droits du travail.
Il est vrai que le 14 décembre dernier, Marc Miller a donné une interview au Globe and Mail rappelant la promesse faite par Trudeau, il y a déjà deux ans, concernant l'adoption d'un programme de régularisation de grande ampleur. Cependant, l'interview montre que les objectifs sont restreints là encore aux secteurs d'activité pour lesquels les immigrants sont économiquement utiles, comme la construction et la santé, où ils sont jugés « indispensables », et le processus serait très long (s'étirant jusqu'en 2026) pour des raisons explicitées dans l'interview, qui se réfèrent à la montée d'un sentiment anti-immigrant parmi la population – un sentiment que les dirigeants politiques sont en réalité en train d'amplifier. Tout se passe donc comme si cette annonce visait surtout à rassurer des employeurs confrontés à des pénuries de main-d'œuvre en raison des mauvaises conditions de travail qu'ils offrent et qui ont besoin de conserver une main-d'œuvre qu'ils auront formée. Car les organisations communautaires ou syndicales qui se mobilisent pour obtenir la régularisation des personnes sans papier demandent de leur côté un programme véritablement inclusif.
Longtemps, face aux politiques discriminatoires d'immigration et à leurs conséquences parfois lourdes sur l'état physique et mental des personnes, des organismes tels que le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants et le Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec, ont œuvré de façon assez isolée dans leurs premières années, ne recevant un soutien que de la part d'autres organismes communautaires, puis, petit à petit, d'organisations syndicales. Mais avec la pandémie, qui a jeté une lumière crue sur toutes ces personnes migrantes, précaires ou sans-papier, qui ont dû continuer à travailler en s'exposant à l'épidémie, perdant parfois la vie, ces organisations de travailleuses et travailleurs migrants ont acquis une visibilité ou une reconnaissance indéniable, tandis que le sort de ces personnes alors qualifiées d'essentielles n'a pu rester dans l'ombre, et ce d'autant moins qu'elles ont été les premières à se mobiliser pour faire reconnaître leurs droits.
À présent, au Québec en particulier, les organisations syndicales sont impliquées dans la campagne pour la régularisation des personnes sans-papier, qui rassemble une trentaine d'organismes communautaires d'envergure provinciale et même internationale (voir comme exemple la lettre ouverte parue dans La Presse du 18 décembre 2023). En outre, le contenu de la campagne a commencé à s'élargir pour prendre en compte la situation des travailleuses et travailleurs temporaires et réclamer l'abolition du permis fermé au profit d'un permis ouvert et d'un statut permanent. Les organisations syndicales, qui ont décidé de se coordonner sur ces sujets, ont publié un communiqué après la présentation de la planification des seuils d'entrée de résidents permanents par Québec, dénonçant clairement l'absence de ces mesures et le silence radio sur ces personnes migrantes.
Un bras de fer s'est véritablement engagé entre ceux et celles – personnes migrantes, organismes qu'elles ont créés ou œuvrant à leurs côtés, organisations syndicales - qui réclament la fin de ce système d'immigration discriminatoire et raciste, et les classes dirigeantes qui cherchent sans pudeur à travers les responsables politiques des appuis ou des voix jusqu'à l'extrême-droite. Bien sûr, une partie du patronat qui est en panne de main d'œuvre est aussi prête à soutenir l'accord d'un statut permanent aux personnes migrantes. Certains, dans les petites et moyennes entreprises, ont tout de même des valeurs humanistes. Mais en tant que classe, ils n'ont aucun intérêt à ce que les travailleurs et leurs organisations gagnent ce bras de fer qui remet en cause leur contrôle des flux de main-d'œuvre provenant des pays du Sud global. Car c'est tout un modèle économique qu'il s'agit de préserver et qui repose sur une main-d'œuvre flexible et à bas salaires, permettant de vendre les fruits et légumes cultivés au Québec moins chers, de faire de la province un espace d'entreprises logistiques à moindre coût, entre autres exemples.
Aussi, on peut faire l'hypothèse que toutes ces « petites phrases » qui se multiplient depuis la fin de la pandémie sont une réponse à la montée des contestations de ces politiques d'immigration qui reposent sur la colonialité du pouvoir et qui entretient le racisme systémique. Ce n'est pas un hasard si, pour gagner ce bras de fer, les élus politiques n'hésitent pas à faire implicitement référence aux représentations racistes latentes en faisant de « l'immigrant » la figure du bouc-émissaire face aux différents défis que traversent le Canada et tant d'autres pays occidentaux qui ont tant et si bien joué ce jeu dangereux que certains se retrouvent avec des partis d'extrême-droite au gouvernement. En tout cas, si tant le gouvernement fédéral que celui du Québec se défendaient de poursuivre des objectifs racistes ou inconsidérés, il n'en reste pas moins que transformer les personnes migrantes en bouc-émissaire est un moyen de tenter de les isoler, de leur faire perdre un pouvoir de négociation qu'elles ont durement acquis ces dernières années.
L'issue du bras de fer dépendra des mobilisations en cours et donc aussi de l'engagement des syndicats, notamment au Québec (mais pas seulement). Feront-ils de ces enjeux une campagne prioritaire, en formant leurs conseillers et leurs syndicats locaux à connaître et faire valoir les droits des travailleuses et travailleurs migrants, en en expliquant les enjeux et en les appelant à se mobiliser sur ces sujets ? Car les syndicats côtoient de plus en plus souvent ces travailleuses et travailleurs temporaires, telle cette préposée aux bénéficiaires dans une résidence privée syndiquée où pourtant elle ne touche que le salaire minimum et non celui de la convention collective…
De tels exemples prolifèrent. Aussi, on aurait tort de considérer anodines ces « petites phrases » qui échappent des interventions médiatiques des responsables politiques. Elles parsèment le paysage d'appels au resserrement « des citoyens de souche » contre « l'autre ». Elles jouent sur le racisme systémique qui nourrit des représentations sociales par définition inconscientes, non intentionnelles, qui ne conduisent pas nécessairement à voter consciemment pour l'extrême-droite, mais peuvent aboutir à faire passer le respect des droits des « immigrants » au second plan. C'est cela qui ne doit pas se produire.
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Pourquoi Québec solidaire devrait immédiatement arrêter d’acheter de la publicité à Meta

Alors qu'un vaste mouvement d'acteurs de la société civile et d'organisations médiatiques appelle au boycott de Meta suite à la décision de l'entreprise de bloquer les articles des médias canadiens et québécois en réaction à la loi-C18, Québec solidaire s'entête à garder ses publicités sur Facebook et Instagram.
Le parti justifie cette pratique à partir d'arguments faibles et incohérents qui ne résistent pas à l'examen critique et à l'épreuve des faits, comme en témoigne les piètres résultats obtenus lors de l'élection partielle dans Jean-Talon.
Cette position de QS est intenable d'un point de vue éthique et politique, car elle contrevient aux valeurs solidaires ; et elle s'avère inefficace voire contreproductive d'un point de vue stratégique, car elle ne permet pas d'atteindre les gains escomptés.
Commençons par identifier les arguments fallacieux de la direction du parti, afin de mieux les déconstruire.
Premièrement, la campagne de boycott de Meta serait purement symbolique et donc inutile. Le porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois a affirmé le 12 septembre dernier : « Je pense que, dans ce cas-là en particulier, on voit les limites de ce boycott-là. Vous avez vu les chiffres de trafic sur ces plateformes-là qui n'ont pas diminué, on voit les limites de ces gestes symboliques là. Nous, on pense qu'il faut du vrai courage politique pour remettre ce monde-là [Meta] à leur place. »
Or, en quoi une campagne de boycott serait-elle incompatible avec un « vrai courage politique » pour réguler les plateformes ? Cet argument ressemble étrangement à un faux dilemme : soit on boycotte Meta (avec une efficacité discutable), soit on décide d'encadrer les géants du numérique (avec une efficacité encore discutable, comme en témoigne le gouvernement canadien et sa loi C-18). Or, ne peut-pas pas marcher et mâcher de la gomme en même temps ?
Bien sûr, la campagne de boycott ne fera pas changer d'idée à Meta du jour au lendemain. Mais cela contribue à augmenter la pression sur l'entreprise, tout en incarnant des gestes de solidarité avec les acteurs concernés. Rappelons d'ailleurs que la loi C-18, malgré ses imperfections, a commencé à porter fruit, avec Google qui a accepté de verser 100 millions de dollars aux médias canadiens. QS semble croire que la décision unilatérale de Meta de bloquer les contenus médiatiques au Canada serait inéluctable, et là pour rester pour « des mois, voire des années ». Or, il s'agit d'abord du chantage d'une firme multinationale qui veut éviter de payer trop de redevances et d'empêcher la multiplication de législations contraignantes ailleurs dans le monde.
QS accepte donc ce chantage au lieu de se tenir droit et de trouver d'autres moyens de rejoindre son public. Si le trafic sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram est toujours aussi important dans les derniers mois, le fait de désinvestir d'une plateforme numérique hostile à l'écosystème médiatique d'ici représente un geste courageux qui indique la direction à suivre pour le reste de la société, au lieu de se mettre à la remorque d'un géant capitaliste.
Deuxièmement, dans un courriel officiel du parti, il est indiqué que : « 90% de la population québécoise est présente sur les réseaux sociaux. Cette proportion est encore plus grande chez les jeunes, notre public et base de soutien principale. Comme parti politique, nous avons à la fois la responsabilité de rejoindre l'électorat, mais aussi le besoin de le faire, pour la bonne santé de notre organisation. Lorsque l'on décide de ne pas faire de publicité sur Meta, on accepte de ne pas aller à la rencontre de nombreuses personnes. Or, le travail d'un parti, c'est d'aller à la rencontre des électeurs et des électrices, en période électorale ou non. »
Le parti fait donc appel à la « responsabilité » de rejoindre les électeurs, notamment les « jeunes », en affirmant que cela fait partie de la fonction centrale d'un parti politique. Or, l'idée présupposée ici est que sans publicité sur Meta, on ne pourra plus rejoindre les jeunes et l'électorat visé, nous condamnant ainsi à l'invisibilité médiatique. Cela est étrange, notamment parce que les jeunes désertent de plus en plus Facebook et Instagram (pour se tourner vers TikTok notamment), et l'électorat peut toujours être rejoint par d'autres canaux de communication : télévision, radio, porte-à-porte, d'autres outils et plateformes numériques. Tout se passe comme si QS était absolument obligé de passer par Meta pour rejoindre sa base électorale, comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort pour l'organisation, alors que ce n'est pas le cas.
Troisièmement, il y a l'argument de la santé organisationnelle et financière, qui découle de la visibilité médiatique attribuable à la publicité sur les médias sociaux. Dans le courriel du parti aux membres en date du 16 septembre, on prétend que : « faire de la publicité sur Meta nous permet d'entrer en contact avec de nouvelles personnes, de recruter de nouveaux membres et de faire du financement populaire. Nous le faisons depuis des années. Ces trois actions sont fondamentales à la santé organisationnelle de Québec solidaire, et c'est dans cette vision à moyen et à long terme que nous avons fait ce choix. Depuis plusieurs années, nous utilisons également la publicité pour faire de la mobilisation politique.
Sans cette publicité, il serait vraiment ardu de rejoindre des gens que nous n'avons jamais contactés. »
Bref, la santé organisationnelle et financière de QS serait structurellement dépendante de la publicité achetée sur Meta, sans quoi les finances du parti seraient durement touchées. On voit ici un grave problème de dépendance du parti envers les GAFAM et les technologies addictives du capitalisme algorithmique : sans elles, nous ne pouvons être visibles, notre existence politique est menacée, nous ne pouvons être entendus, et nous sommes donc menacés de disparition. On voit là le sophisme de la pente glissante.
Quatrièmement, il y a l'argument du « nous ne sommes pas les seuls » à commettre une action problématique (ne pas boycotter dans ce cas-ci). Le courriel du 16 novembre souligne que : « de nombreux partis politiques fédéraux, toutes familles politiques confondues, ont maintenu leurs placements. Même certains médias québécois continuent de faire de la publicité sur Meta, comme Le Devoir, Noovo, Le Soleil ou la Montreal Gazette. Québec solidaire ne fait donc pas cavalier seul ; nous sommes toutes et tous dépendants de ces plateformes pour exister dans l'espace public et rejoindre les gens. »
Pour reprendre une analogie formulée par Catherine Dorion à l'égard du troisième lien, on voit ici l'argument de la « ligne de coke » : regardez, je ne suis pas la seule organisation accro aux algorithmes de Facebook ; il y a aussi tel individu, tel groupe et telle personne qui consomment tout autant que moi. Bref, nous sommes tous également addicts à ce système, donc je vais continuer à consommer et à garder le même comportement. Seul un vrai changement à grande échelle fera une différence, soit quand tout le monde décidera d'arrêter de consommer en même temps, ou quand on interdira la coke par la loi. Vous voyez l'analogie.
Malheureusement, ce piteux argumentaire ne tient pas la route d'un point de vue factuel, et la dure défaite de QS dans Jean-Talon devrait nous servir de leçon. Alors que QS avait récolté 8117 votes (23,76%) en 2022, il est passé à 4380 votes (17,42%) lors de la partielle de 2023 dans Jean-Talon. Qui plus est, le vote des jeunes n'est pas sorti lors de cette élection, ce segment de l'électorat semblant pour ainsi dire démobilisé. Le tout avec de la bonne publicité achetée sur Meta.
Pendant ce temps, bien que la CAQ ait perdu cette circonscription (passant de 32,5% à 21,5%), le PQ est passé de 18,7% à 44% de 2022 à 2023. Or, ces deux partis sont parvenus à ces scores sans faire de publicité sur Meta, alors que QS et le PLQ faisaient bande à part, témoignant de leur faiblesse politique. Tandis que la CAQ et le PQ étaient « solidaires » des médias québécois avec le boycott de Meta, QS et le PLQ apparaissaient comme de piètres joueurs, en difficulté sur la glace, ayant absolument besoin de la publicité achetée sur une plateforme numérique pour mobiliser leurs bases. Et les résultats montrent que ce « choix stratégique » n'a pas payé dans les urnes.
Qui plus est, un autre argument pragmatique en faveur de l'abandon des publicités sur Facebook et Instagram est le problème du « caillou dans le soulier » qu'une telle proposition représente sur le plan médiatique. Alors que QS devait déjà se justifier devant les médias (et auprès de ses membres mécontents) en septembre dernier face à cette décision discutable, le récent passage des porte-paroles à l'émission Tout le monde en parle du 3 décembre montre que cette décision embarrassante continue encore de miner la crédibilité du parti, en dévoilant son incohérence idéologique. Comme l'a bien rappelé Guy A. Lepage, cette position est difficile à défendre d'un point de vue de gauche.Gabriel Nadeau-Dubois a tenté de peine et de misère
de réitérer l'argument de la responsabilité et du « on est tous dépendants de ces plateformes, les autres le sont aussi comme nous », mais il continue encore ces rationalisations et verbiages de politicien pour défendre une position intenable. Et ça paraît, avec Émilise qui avait l'air inconfortable à côté de Gabriel sur le plateau de télé.
Bref, le soutien de QS à Meta est carrément devenu gênant, tant pour les membres que pour le parti dans l'espace médiatique. Et la même ritournelle risque de se poursuivre, tant que le parti n'aura pas changé sa position. Au lieu de faire des gains et passer à l'offensive en imposant ses idées, QS reste sur la défensive et donne une impression de faiblesse, de dépendance, de soumission face à l'ordre dominant.
Or, pourquoi le parti s'entête-t-il dans cette voie ?
Je fais l'hypothèse que des employé·e·s et responsables des communications du parti dépendent fortement de cette plateforme à cause des « indicateurs de performance » et des « métriques » que Meta permet en termes d'identification de nombre des vues, de profilage des individus et des électeurs, pour savoir qui sont les personnes qui sont « atteintes » par les messages et publicités du parti. Cela est fort utile certes d'un point de vue communicationnel, de recrutement et de financement, mais cela représente aussi des coûts importants pour le parti, notamment au niveau du temps, de l'énergie et des ressources financières investies dans Meta pour « rejoindre » les électeurs du parti.
Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, il est probable que les employé·e·s des communications fassent pression sur le comité de coordination nationale pour maintenir cette ligne pro-Meta, car abandonner la publicité sur cette plateforme les rendrait potentiellement « myopes » dans leurs fonctions.
Cela témoigne de deux choses : 1) les communications du parti sont devenues fortement dépendantes des fonctionnalités et du monopole radical des plateformes du capital algorithmique ; 2) le parti n'envisage actuellement pas d'autres alternatives en termes de moyens de communication pour rejoindre ses électeurs, comme la publicité dans les médias locaux et régionaux, l'utilisation d'autres outils numériques, l'embauche de personnel pour le travail de terrain, les appels téléphoniques, les assemblées de cuisine, le porte-à-porte, etc. Il s'agit là bien sûr d'activités plus chronophages que des dizaines milliers de dollars balancés dans la pub dans la méga-machine de Meta ; mais ces activités sont beaucoup stimulantes, concrètes et mobilisantes que du contenu sponsorié sur son fil d'actualité le matin.
Enfin, cette position est symptomatique de la faiblesse actuelle de QS par rapport à ses principaux rivaux politiques : si la CAQ commence à tomber en raison de ces décisions politiques nuisibles aux classes moyennes et populaires, aux services publics et à l'environnement, elle ne baisse pas en raison d'un retrait de publicités sur Meta. De son côté, le PQ bénéficie d'une image « d'intégrité politique » qui était celle de QS jadis, alors que QS apparaît maitenant comme un parti « opportuniste », bien intégré au système dominant, préférant respecter le cadre établi plutôt que de confronter les règles du jeu.
Cette inversion de rôles entre le pari de la « respectabilité » et celui du « risque » s'est joué notamment lors de la question du Serment au roi de l'Assemblée nationale à l'automne 2022. Ce geste « symbolique » a été particulièrement payant pour le PQ et son porte-parole Paul St-Pierre Plamondon, alors que QS faisait figure de deuxième joueur, préférant ne pas « boycotter » mais appuyer timidement cette mesure, au lieu de se tenir debout.
Résultat : le PQ, qui avait presque disparu de la carte électorale en 2022 est maintenant premier dans les intentions de vote des derniers sondages, devant la CAQ, et ce sans publicité achetée sur Meta. Seul le PLQ se retrouve dans la même position inconfortable que QS, avec la supposée nécessité de rester coûte que coûte sur Meta afin de ne pas trop reculer dans les sondages. Bref, on voit bien que la situation de dépendance aux publicités de Meta représente une position de perdant.
Rappelons que QS est un parti de gauche, qui prétend à la redistribution de la richesse, au dépassement du capitalisme, au financement adéquat des services publics, à la lutte contre les inégalités sociales, à la démocratisation des institutions politiques et de l'économie. Toutes ces positions sont en contradiction avec le soutien actif et financier à Meta, qui participe à la concentration de la richesse, à l'apothéose du capitalisme algorithmique, au sous-financement des médias publics et privés, à l'amplification des inégalités sociales, à l'effritement de la démocratie, etc.
Si l'argument « on n'a pas le choix » tenait la route, on pourrait comprendre. Malheureusement, d'autres partis ont décidé de boycotter Meta avec de bons résultats, et témoignent donc que cette posture fataliste n'est pas la seule option possible. Soutenir Meta dans ce contexte est un choix, un piètre choix, tant d'un point de vue moral que d'un point de vue stratégique. Cela nuit à l'image publique de QS, à l'intégrité du parti, et nous entête dans une dépendance malsaine à l'égard des plateformes capitalistes au lieu de nous pousser à explorer de nouvelles voies. En termes plus simples, on y voit là un signe d'acharnement, qui affaiblit le parti au lieu de lui donner des forces. L'argument de la « responsabilité » de rejoindre les électeurs sert de cache-sexe à un manque de courage politique, et représente donc, au final, un brin de lâcheté.
Pourquoi ne pas prendre l'argent dépensé dans la publicité sur Meta pour l'investir davantage dans les médias régionaux du Québec, en embauchant des responsables à la mobilisation locale, en soutenant les réseaux militants, ou encore en misant sur de nouvelles stratégies de communication qui outrepassent les algorithmes de Meta ?
QS manque actuellement d'imagination politique, et la dépendance à Meta amplifie ce problème. Un autre monde médiatique est possible, et cela commence par avoir le courage de ses convictions. Débarrassons-nous de ce caillou dans le soulier, et passons aux choses sérieuses. Trouvons de nouveaux canaux de communication, afin de respecter l'intelligence de nos membres, de nos militant·e·s et de l'électorat.
Comme le dit le dicton autogestionnaire : « le patron a besoin de toi, tu n'as pas besoin de lui ». Idem pour Meta dans ce cas-ci : la compagnie a besoin de nous pour valoriser notre attention et générer des profits, mais nous n'avons pas besoin de Meta pour exister politiquement.
Ce texte a d'abord été publié sur la plateforme En commun, via mes Carnets politiques de réflexions stratégiques sur la gauche qui prendra le relais de mon blogue Ekopolitica. En commun est une plateforme numérique libre, développée par l'OBNL Projet collectif.
https://praxis.encommun.io/n/GMJ8N351elGW68EhmkLECtIT9Uo/?fbclid=IwAR1XLZy4j8aBkZ56qOHDiJ3igU3DNuC3jUDmGaJuzFXfGeK01ZBNpaKGooQ
Jonathan Durand Folco
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COP28. « Ahmed al-Jaber inscrit son nom dans l’histoire de l’enfumage capitaliste »

Fumée blanche à la COP28 : les deux semaines de négociations climatiques ont débouché sur un accord unanime. Tout sourire sous les applaudissements, le président émirati du sommet a estimé que le texte élaboré sous sa houlette était « historique ». Beaucoup de grands médias ont relayé ce message, avec l'appui de certains scientifiques très impliqués dans les travaux du GIEC. (C'est le cas dans le monde francophone de Jean-Pascal van Ypersele et de François Gemenne, respectivement ex-vice-président et « lead author » du 6e rapport d'évaluation du GIEC. Voir leurs déclarations dans « Déclic » RTBF-Radio Télévision Belge de la Communauté française, 12.12.2023.) Or, en réalité, rien, ou presque, ne justifie cet enthousiasme.
15 décembre 2023 | tiré du site alencontre.org | Photo : Ahmed al-Jaber. (KEYSTONE/XINHUA/Wang Dongzhen)
https://alencontre.org/ecologie/cop28-ahmed-al-jaber-inscrit-son-nom-dans-lhistoire-de-lenfumage-capitaliste.html
« Historique »
Ce qui est « historique », c'est qu'un sommet des Nations Unies sur le climat ait été mis entre les mains du président de la compagnie nationale des pétroles du septième pays producteur d'hydrocarbures. Ce qui est « historique » également, c'est que plus de trente années de négociations visant à juguler le changement climatique ont pu se dérouler sans mentionner une seule fois la responsabilité écrasante et évidente des combustibles fossiles dans le réchauffement global.
On peut donc considérer comme « historique » que les deux petits mots « fossil fuels » (combustibles fossiles) figurent pour la première fois dans le document adopté par la COP28. Mais il est « historique » aussi qu'ils apparaissent précisément à cette 28e conférence des Parties organisée par une dictature capitaliste et patriarcale féroce, dans une ville connue comme la Mecque du blanchiment de tous les trafics. D'autant plus « historique » que la réunion, plus que jamais couplée à une foire commerciale, a battu tous les records d'infiltration par les plus grands pollueurs de la planète – représentants de l'industrie fossile et de l'agrobusiness en tête…
Dans son rapport fameux publié en 2006, l'ex-économiste en chef de la Banque mondiale, le très néolibéral Nicholas Stern, décrivait néanmoins le changement climatique comme « l'échec le plus grave de l'économie de marché ». Avec le sommet de Dubaï, on mesure le chemin idéologique parcouru. Toute velléité d'autocritique, toute trace de scrupule ont disparu. Voilà le message « historique » délivré implicitement par la COP28 : il n'y a pas d'espoir en dehors du marché ; le capitalisme, sa croissance, ses fossiles et ses technologies sont la solution, quels que soient les régimes politiques. Foin donc de politique ! Laissons faire les hommes d'affaires et les gouvernants à leur service. Ecartons ces questions secondaires que sont les droits sociaux, les droits démocratiques, les droits des femmes…
Prestidigitation
Sultan Ahmed al-Jaber a toutes les raisons d'être fier de lui. Prince de l'enfumage, il a atteint son but : concéder une mention des combustibles fossiles dans le texte central adopté à la COP, tout en ne donnant pas la moindre prise à l'idée qu'il faudrait cesser d'extraire et de brûler du charbon, du pétrole et du gaz.
L'exercice était périlleux. Il a été réussi grâce à une formule de prestidigitateur : les Parties sont « appelées à contribuer aux efforts globaux », notamment en « s'éloignant des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l'action au cours de cette décennie critique, de manière à atteindre le zéro net en 2050 conformément à la science ». Bel exemple de novlangue.
Le texte original en anglais utilise l'expression « transitioning away from fossil fuels ». Elle pose tellement de problèmes d'interprétation et de traduction que certains ont voulu la croire synonyme du « phasing out of Fossil fuels » (sortie des combustibles fossiles). Leurs souhaits relèvent d'une illusion. Il ne s'agit absolument pas de sortir des fossiles. Il s'agit, le texte le dit, « d'accélérer l'action visant au zéro net en 2050 ».
Accélération ?
Accélérer l'action ? Quelle action ? En trente ans de soi-disant « transition énergétique », la part des fossiles dans le mix énergétique global a à peine baissé (de 83% à 80% environ). La déclaration de Dubaï ne pose aucun « objectif » en la matière, elle demande seulement des « efforts globaux ». L'accélération de ceux-ci ne sera pas trop difficile à réaliser… Inutile d'attacher les ceintures. D'ailleurs, chaque Etat concevra « l'accélération » à sa manière, souveraineté nationale oblige.
Idem pour les compagnies pétrolières et gazières. Elles ont fait la bagatelle de 4000 milliards de dollars de bénéfices annuels en 2021-22, selon l'AIE. https://www.reuters.com/business/energy/oil-gas-industry-earned-4-trillion-last-year-says-iea-chief-2023-02-14/ . Toutes planifient l'augmentation de leur production fossile à court et moyen terme… en promettant le « zéro net » en 2050 (elles ne s'engagent à rien pour 2030). L'an dernier, elles n'investissaient que 2,5% de leurs profits dans les renouvelables (Financial Times, 22.11.2023). Ici aussi « l'accélération » ne posera guère de problèmes… Et chaque compagnie aussi la concevra à sa manière, libre entreprise oblige.
On se réjouit dans certains milieux des « appels aux Parties » à « contribuer aux efforts globaux » pour « tripler globalement les capacités de l'énergie renouvelable et multiplier le taux annuel moyen d'augmentation de l'efficacité énergétique, d'ici 2030 ». Les « efforts » dans ce sens sont certes louables mais ne remplacent pas les objectifs contraignants. De plus, la preuve est faite depuis trente ans que les renouvelables peuvent augmenter, voire exploser, sans que les fossiles reculent significativement.
Sans surprise, le texte approfondit l'amalgame entre « énergies renouvelables », « énergies sans carbone » (nucléaire) et « énergies décarbonées » (capture du CO2, balayé sous le tapis).
Manœuvre OPEP de dramatisation
Le diktat du grand Capital a été respecté : aucun calendrier, aucune contrainte, aucune quantification, aucune déclaration, même de principe, en faveur de la sortie des combustibles fossiles. Même pas pour le plus polluant de tous, le charbon : le texte adopté à Dubaï préconise seulement « d'accélérer les efforts vers la diminution de l'usage du charbon sans abattement » (sur le concept d'abattement, voir mon article « OPA fossile sur les COP »).
On a beaucoup glosé sur la lettre de l'OPEP enjoignant à ses membres à la COP de n'accepter aucune formulation « ciblant » les combustibles fossiles. (Coïncidence ? Cette lettre est sortie peu de temps après la visite éclair de Poutine aux Emirats et en Arabie saoudite…) Elle a provoqué un tollé et des réactions indignées des adeptes du « capitalisme vert ». Il est probable qu'il s'agissait d'une manœuvre de dramatisation afin de faciliter la tâche d'al-Jaber et le consensus autour de ses conclusions « historiques ». Words, words, words.
La carotte du financement
Outre la mention ou non des fossiles, l'autre grande question de cette COP devait être celle du financement. Il s'agissait notamment de mettre la pression pour que les pays développés honorent la promesse de verser 100 milliards de dollars/an au Fonds vert pour le Climat, d'une part, et de concrétiser l'accord de principe de la COP27 sur la création d'un fonds spécial pour les « pertes et préjudices » infligés aux pays les plus exposés aux catastrophes (qui sont aussi les moins responsables de celles-ci).
Aucun progrès significatif n'a été franchi sur ces questions. Les 100 milliards/an ne sont toujours pas sur la table. L'accord sur le fonds « pertes et préjudices », annoncé à grand renfort de trompettes au début du sommet de Dubaï, ne règle rien… hormis la satisfaction donnée aux Etats-Unis : ce fonds sera géré par la Banque Mondiale. Quelques centaines de millions ont été promis, alors que les besoins estimés tournent autour de 1000 milliards… Chers amis, chères amies des pays menacés par la montée des océans, revenez à la COP29.
Les promesses de financement, c'est la carotte pour faire avancer l'âne. Comme la plupart des financements sont ou seront sous forme de prêts, la carotte se transformera rapidement en bâton, sous la forme de dettes accrues.
Nous n'irons pas à Bakou
On se félicite du fait que le processus multilatéral lancé par la Convention cadre des Nations unies (Rio 1992) continue. Il continue en effet… comme le feu allumé sous la casserole où flotte la grenouille qui ne voit pas venir sa fin prochaine. Encore quelques COP « historiques » comme celle-là, et il sera définitivement impossible de rester sous 1,5°, et même sous 2°C de réchauffement… de sorte que le capitalisme mondial sera enfin débarrassé des « contraintes » de l'accord de Paris… (humour noir).
A la COP29, l'œuvre des EAU sera prolongée par l'Azerbaïdjan. Un autre Etat pétrolier, une autre dictature prendra le relais de l'enfumage. L'inspiration sera KGB plutôt que CIA ; mais, pour les peuples, cela ne fait aucune différence. Pour le climat non plus… La catastrophe ne sera pas arrêtée par ces COP, mais par les luttes, les convergences des luttes et leur coordination internationale. (Article écrit pour la Gauche anticapitaliste, Belgique)
En mars 2024, l'ouvrage Ecologie, luttes sociales et révolution de Daniel Tanuro, sera publié aux Editions La Dispute.
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À vous M. Legault alias Grinch,

Vous vous présentez comme un père de famille compréhensif du peuple ordinaire alors que vous n'en faites pas partie. Vous êtes en train de voler Noël non seulement de vos employés de la fonction publique, mais également à toutes leurs familles comme vous l'avez fait à votre départ d'Air Transat. Vos anges gardiens sont en train de déserter vos réseaux et vous pensez qu'à coup de bâillon et d'omission de BAPE vous aurez notre compréhension et notre sympathie ?
Votre caucus, je m'excuse vous, parce que c'est seulement vous la CAQ ne peut être unanime sur vos décisions. Il est plus qu'évident que votre Parti a comme valeur et fondement la recherche de Pouvoir et que c'est pour cela que vous couvez un ministre s'étant parjuré ou encore étant le fou du roi des plaintes éthiques. Cela suffit de nous prendre pour des personnes qui vont encore avaler vos stratégies de communication : C'est la faute des anciens gouvernements, de la pandémie, des syndicats, de Trudeau… ou encore de l'immigration comme mentionnée lors de vos rassemblements caquistes.
Je vous demande une seule chose M. Grinch, pouvez-vous enfin continuer de faire ce que vous faites actuellement ?
C'est-à-dire montrer votre seul et vrai côté affairistes. Vous êtes comptable et adoré plus vos chiffres que vos citoyens. Parce que vous croyiez réussir en privatisant ou ignorant tous les mécanismes de défense sociétaux que nous avons créés, mais en réalité vous ne montrez que la réelle nécessiter et l'avancement que nous avons fait de les mettre en place. Le peuple aime leurs services publics et aime que l'on se soucie de nos voisins et d'un meilleur partage de la richesse. Arrêter de vous comparer à l'Ontario pour que l'on évite de vous évaluer singulièrement et assumer pleinement votre supposé nationalisme.
Par-dessus tout, je vous demande de respecter votre dernier slogan, continuer ! Parce que nous, peuple québécois, avons trop souvent besoin d'être confrontés en pleine face des choses pour qu'enfin que nous réagissions. Ça l'aura fallu presque deux décennies libérales et votre Changement-Continuation pour nous faire réaliser qu'on ne veut plus être gouverné comme vous le faites. Je ne me considère pas comme un intellectuel qui ne jase pas assez dans les autobus, mais s'il vous plait, vous avez encore la chance de quitter pour que l'on se souvienne d'une bonne chose que vous ayez fait. Je ne parle pas de votre gouvernance sous McKinsey ou encore le maintien de l'État d'urgence durant la pandémie en évitant l'Assemblée nationale. Je vous demande tout simplement d'agir en bon paternaliste que vous êtes et de tenir votre première promesse. Je ne parle pas d'embrasser votre sœur quand vous avez gagné les élections, mais bien d'effectuer la réforme du mode de scrutin électoral.
Parce que nous savons vous et moi, que vous faites de votre mieux et que demain d'autres tenteront de le faire et le problème n'est pas ça, mais il est que vous le faites en pensant pour nous et en tentant de nous convaincre de ce qui est bien, alors que nous tentons continuellement d'informer nos politiciens des solutions concrètes. Il est temps de remettre les cadeaux sous les sapins M. Legault, continuez de détruire nos solidarités sociales si vous le souhaitez, continuer d'économiser en maintenant nos familles, amis et collègues en grève, mais SURTOUT ne laisser pas une autre personne après 2026 de le faire au nom du peuple alors que nous tentons d'assumer pleinement notre démocratie et non la monarchie que vous semblez tout à coup aimer. Réformez le mode de scrutin !!
David Jutras
Un faux intellectuel, beau-père, époux d'une gréviste
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Un Bureau du Québec en Israël : pour y faire quoi, au juste ?

L'ouverture éventuelle d'un Bureau du Québec en Israël vise-t-elle à y faire la promotion de notre sirop d'érable ou serait-ce plutôt celle de notre matériel militaire ?
La question se pose, notamment à la lecture d'un rapport se trouvant sur le site internet du Ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, lequel nous apprend que la plus grande part de nos exportations vers ce pays, et de beaucoup, provient du secteur économique désigné de l'appellation suivante : « avions, hélicoptères et autres véhicules aériens et spatiaux ». Or il serait étonnant qu'il s'agisse ici de matériel civil, Israël n'étant pas, à ce que je sache, une plaque tournante du tourisme international. Par contre, des centaines de ses avions et hélicoptères, équipés à la fine pointe de la technologie militaire, bombardent actuellement la population de Gaza. Se pourrait-il que ces engins proviennent d'ici, du moins en partie, et que ce soit leur commerce très lucratif qui motive notre classe politique et nos gens d'affaires à se faire ouvrir encore plus grandes les portes du marché israélien ? Se pourrait-il aussi que ces engins soient financés en grande partie par notre propre argent, celui que nous déposons dans nos fonds de pension ? Voyons l'exemple suivant pour le savoir.
Mars 2021, communiqué de la Caisse de dépôt et de placement du Québec : « La CDPQ annonce un investissement de 475 M$, dans le cadre d'un placement privé de reçus de souscription dans CAE, un chef de file mondial dans les solutions de formation et de soutien opérationnel dans les domaines de l'aviation civile, de la défense et sécurité, et des soins de santé. Cet investissement permettra à CAE de procéder à l'acquisition des activités de formation et de simulation en défense de la société américaine L3Harris Technologies ».
Que fait donc CAE dans la vie ? Son siège social est à Ville St-Laurent. Sa spécialité est la conception d'appareils de simulations de vols utilisés pour l'entraînement des pilotes d'avions et d'hélicoptères militaires. Un de ses clients est l'armée israélienne. Dans quelle mesure, impossible à dire évidemment, mais la compagnie ne se gêne pas pour afficher sur son site internet les commentaires élogieux du Ministère israélien de la Défense : « La technologie de CAE assurent une préparation à chaque mission, y compris pour assurer le ravitaillement en vol, les atterrissages en poussière, la collaboration avec les navires militaires, le levage de charges utiles et les vols à basse altitude ».
Et d'où vient donc cet argent qu'investit en notre nom la Caisse de dépôt ? Il vient essentiellement de nos cotisations à des fonds de pension, au premier chef au Régime de retraites du Québec (RRQ), puis à celui des employés de l'État, (le REGOP). En faisant le calcul sur 40 ans, soit durant toute leur carrière, et y ajoutant ce qu'elles verseront aux mêmes fins d'armement israélien par le biais de cet autre investisseur qu'en est le Régime de pension du Canada, j'en viens à la conclusion qu'une travailleuse ou un travailleur du secteur public québécois, actuellement sur des lignes de piquetage, auront placé entre 2 000 $ et 4 000$ de leur argent dans cet armement, sans le savoir le moindrement ni qu'on ne leur ait demandé leur avis sur cette utilisation.
Bien sûr, diront certains, le « retour sur cet investissement » sera bon, puisqu'il faudra bien renouveler ce matériel durant les années à venir pour continuer d'occuper la Palestine durant 70 années supplémentaires au moins. Ça fait rouler l'économie, dira notre premier ministre. Il nous faudra seulement oublier que cela détruit des vies humaines en passant…
Yves Rochon, Montréal
La référence du premier document mentionné est la suivante :
https://www.economie.gouv.qc.ca/bibliotheques/economie-et-commerce/notes-sur-leconomie-et-le-commerce/asie/note-sur-leconomie-et-le-commerce-disrael
Celle du deuxième, à savoir le site de la compagnie CAE qui reprend notamment le communiqué de la Caisse de dépôt, est la suivante :
https://www.cae.com/fr/defense-et-securite/
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Au Québec, on aime ça avoir mal aux dents !

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a annoncé lundi que les personnes âgées auront accès, en 2024, au régime fédéral d'assurance dentaire. Le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, s'est empressé de dénoncer cette annonce arguant que « le Québec a déjà un régime de soins dentaires qui fonctionne très bien ». Ah oui ?
Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l'ACEF du Nord de Montréal
La condition buccodentaire des Québécois et Québécoises est une des pires du Canada
Comment peut-il dire une telle chose alors qu'on sait que chaque année, des milliers de Québécois.e.s se privent de soins dentaires en raison du coût ? En effet, en 2016, plus du quart des Québécois.e.s se sont privés de soins dentaires faute de moyens financiers. Le Québec est d'ailleurs la province où les soins dentaires coûtent le plus cher.
Des études ont démontré que l'état de santé buccodentaire des Québécois et Québécoises, ainsi que leurs pratiques de consultation et d'adhésion à une protection via l'assurance sont moins favorables à une bonne santé buccodentaire que celles des personnes du reste du Canada. En effet, au Québec on retrouve
• plus de personnes édentées,
• plus de personnes portant des prothèses et des fausses dents,
• moins de personnes bénéficiant d'une assurance couvrant les frais dentaires,
• et moins de personnes ayant consulté sur une période de 12 mois (indépendamment du fait d'avoir ou pas une assurance).
Pourtant, une mauvaise santé buccodentaire a des impacts majeurs sur la santé globale. La bouche est la porte d'entrée vers tous les organes du corps humain. Une infection présente en bouche peut donc être transmise aux poumons, au cerveau, aux sinus, aux oreilles, à l'œsophage, à l'estomac, etc. Selon l'Ordre des dentistes du Québec, la carie et les maladies du parodonte sont au stade épidémique et constituent même une cause de mortalité chez les clientèles vulnérables.
Qu'attend le gouvernement pour agir ?
Chaque année, nous accompagnons des centaines de personnes avec leur budget. Parmi celles-ci, on retrouve un grand nombre de ménages à faible et moyen revenu pour qui l'accès aux soins dentaires est un enjeu majeur.
Dans les dernières années, les coûts des soins dentaires et les primes d'assurance ont augmenté plus vite que l'inflation. Rien n'indique qu'ils baisseront dans un avenir rapproché. Conséquence de cette situation ? Les adultes sont de plus en plus nombreux à se priver de soins dentaires. Sans surprise, les personnes à faible revenu sont les personnes qui souffrent le plus de problèmes buccodentaires et qui ont le moins accès aux soins de santé buccodentaire.
Le seul fait que des maladies systémiques puissent être causées ou reliées à des problèmes dentaires devrait forcer le gouvernement à considérer les coûts sociaux de la carie et de l'absence de mesures préventives. Quand les traitements ne sont pas effectués au moment nécessaire, les problèmes s'accentuent. C'est alors le système de santé qui devra en assumer la responsabilité.
Les intérêts du Québec ou les intérêts des Québécois.e.s ?
L'accès aux soins dentaires est le maillon faible du filet social en santé et ce, malgré qu'on sait que le manque de prévention et d'accessibilité engendre des coûts sociaux et médicaux importants. Si le gouvernement du Québec ne veut pas participer au régime fédéral, il doit de manière urgente ajouter les soins dentaires au panier de soins couverts par la RAMQ. Ce serait relativement économique si l'on tient compte de ce que ça coûte de soigner des maladies plus graves, comme les problèmes cardiaques, les ACV ou le diabète qui peuvent être causées par les maladies buccodentaires. Le mauvais état de santé buccodentaire est un problème de santé publique. Les maladies buccodentaires sont fréquentes, la morbidité est importante alors que des traitements préventifs et curatifs simples existent.
Non, le régime de soins dentaires ne fonctionne pas très bien. Suffit d'en parler aux milliers de Québécois.e.s qui ont mal aux dents pour le savoir. L'argument de la défense des champs de compétences semble n'être qu'un prétexte pour justifier l'inaction. Tous les individus devraient être égaux dans l'accès aux services de santé et ça inclut les soins buccodentaires. C'est une question de justice sociale.
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Une mauvaise décision pour la santé démocratique québécoise

Le 12 décembre 2023, Maria – La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) dénonce aujourd'hui l'adoption sous bâillon du projet de loi n° 15 visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace.
Ainsi,sans tenir compte des recommandations lancées par différents acteurs et actrices de la société civile au cours des derniers mois, dont le milieu communautaire autonome, la CAQ choisit d'imposer sa réforme en laissant dans l'angle mort de nombreux questionnements.
Ce déficit démocratique s'ajoute aux ratés entourant les audiences publiques sur le PL n° 15 alors qu'un grand nombre d'organisations telles la CTROC se sont vu refuser la présentation de leur mémoire sous prétexte du manque de plages horaires disponibles. Pourtant, la mission de la CTROC consiste, entre autres, à faire l'analyse de l'organisation du réseau public de la santé et des services sociaux, ainsi que de ses impacts sur les organismes communautaires autonomes et sur la population. En outre, elle possède une perspective unique du fait qu'elle est constituée de regroupements régionaux qui, eux, représentent les organismes communautaires auprès des établissements régionaux actuels. Il est difficilement compréhensible que le ministre Dubé ait fait le choix d'ignorer ces connaissances et ces expertises mises à sa disposition.
La CTROC se joint aux dizaines de voix qui s'élèvent pour dénoncer le manque de respect de la CAQ envers les processus démocratiques dont la société québécoise s'est dotée. Elle tient également à rappeler que la réforme imposée à la population comporte des dangers liés, entre autres, à la centralisation des pouvoirs, à la disparition des structures décisionnelles dans les régions, et à l'ouverture de plus en plus grande faite à la privatisation des services. Il est actuellement difficile de prévoir quels impacts cette réforme aura sur l'autonomie des organismes communautaires, mais certains indices laissent présager des tentatives de récupération de leurs actions pour pallier les lacunes du réseau public alors qu'ils répondent d'abord et avant tout aux besoins signifiés par leur milieu.
Durant la période de transition, la CTROC suivra de près le ministre Dubé pour connaître ses intentions quant aux organismes communautaires, à leur financement à la mission qui constitue le principal moyen de garantir la préservation de leur autonomie, et aux marges de manoeuvre régionales réelles qui resteront suite à l'adoption de la réforme en santé et services sociaux.
Pour terminer, le gouvernement est fortement invité à faire appel à la CTROC, au milieu communautaire autonome, et aux acteurs et actrices de la société civile pour régler les questions et enjeux laissés en suspens à la suite de l'adoption du PL n° 15.
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Mise en demeure pour être en demeure

L'incroyable augmentation de la précarité et le recul de nos droits fondamentaux, et ce dans l'ensemble de nos régions, est un bien triste legs de la Coalition avenir Québec. Dans un esprit de saine démocratie, d'équité et de paix sociale, nous sommes d'avis que nous avons tous intérêt à régler cette situation à l'amiable. Cependant, sachez que si la situation perdure, nous demanderons que vous soyez évincé, délogé du pouvoir, et ce sans autre avis ni délai afin de rénover notre filet social.
Par courrier recommandé
Sous toutes réserves
SANS RÉSERVE
7 décembre 2023
À l'attention de :
François Legault, premier ministre du Québec
831, boulevard de l'Ange-Gardien Nord, Bureau 208
L'Assomption (Québec) J5W 1P5
France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l'Habitation
197, rue Principale Est, Bureau 101
Sainte-Agathe-des-Monts (Québec) J8C 1K5
Mise en demeure pour être en demeure
Monsieur Legault et madame Duranceau,
La présente est pour vous mettre en demeure afin de vivre dans une demeure abordable et de qualité. Nous considérons que vous avez failli à vos responsabilités. Plusieurs citoyenNEs vivent une détresse sociale et économique sans précédent dans l'histoire récente de notre province. Avec l'explosion des demandes d'aide pour des besoins de bases et la difficulté de nombreux ménages à boucler leur fin de mois, nous sommes dans une situation se rapprochant des grandes crises économiques vécues par le passé.
Face à la crise du logement, force est de constater :
• La précarisation de l'habitation chez une pluralité de QuébécoisEs ;
• Une augmentation de 50 % de personnes en situation d'itinérance depuis 2018, au Centre-du-Québec et en Mauricie ;
• Un logement respectant notre budget, diminue l'insécurité alimentaire ;
• La santé physique et mentale des gens est affectée par la situation ;
• Les femmes sont affectées de manière importante due à une plus grande précarité
économique ;
• Les ressources pour personnes âgées ferment en grand nombre ;
• Des propriétaires abusent de leurs droits en discriminants, en augmentant indument les loyers ou en expulsant les locataires ;
• La « Vallée de la transition » exacerbant la crise du logement était prévisible. L'argent
octroyé est nettement insuffisant ;
• Les organismes communautaires manquent de ressources pour répondre à la grande
détresse sociale.
Nous exigeons des solutions durables telles que :
• Donner les moyens à l'ensemble des organismes communautaires autonomes afin
d'augmenter leur capacité d'agir. Ils offrent une approche globale et structurante afin defavoriser le maintien et la dignité des locataires ;
• Investir massivement dans l'aide au logement, dont la construction de 55 000 logements sociaux ;
• Remettre en place le programme Accès-logis et le bonifier (tel que promis par votre
gouvernement) ;
• Élargir les critères d'admissibilités de l'allocation au logement et le bonifier ;
• Établir un programme complet, pérenne et dédié uniquement au logement social ;
• Interdire les hausses de loyers abusives ;
• Empêcher les évictions pour agrandissement ou subdivision pendant la crise et instaurer une loi pour restreindre les rénovictions ;
• Mettre en place un registre des loyers obligatoires ;
• Abolir le projet de loi 31 et consulter les groupes en défense de droits afin de faire
progresser les droits et non le contraire ;
• Intervenir face aux fermetures de résidences pour personnes âgées afin de les maintenir en fonction ;
• Cesser les mesures d'austérité et les demi-mesures face à la crise sociale.
L'incroyable augmentation de la précarité et le recul de nos droits fondamentaux, et ce dans l'ensemble de nos régions, est un bien triste legs de la Coalition avenir Québec. Dans un esprit de saine démocratie, d'équité et de paix sociale, nous sommes d'avis que nous avons tous intérêt à régler cette situation à l'amiable. Cependant, sachez que si la situation perdure, nous demanderons que vous soyez évincé, délogé du pouvoir, et ce sans autre avis ni délai afin de rénover notre filet social.
VEUILLEZ VOUS GOUVERNER EN CONSÉQUENCE.
Sébastien Bois,
Porte-parole du comité régional « Engagez-vous pour le communautaire »
(Centre-du-Québec, Mauricie)
1060 Rue St François Xavier, Trois-Rivières, QC
CC Députés de la Mauricie et du Centre-du-Québec : Simon Allaire, Jean Boulet, André Lamontagne, Sonia Lebel, Éric Lefebvre, Donald Martel, Sébastien Schneeberger, Marie-Louise Tardif
À propos de la campagne nationale « Engagez-vous pour le communautaire » :
« Engagez-vous pour le communautaire » est une grande campagne nationale de
mobilisation qui unit les différents secteurs de l'action communautaire autonome de partout au Québec. Près de 4000 groupes y prennent part. Nous réclamons au gouvernement qu'il soutienne adéquatement l'action communautaire autonome (ACA) par l'augmentation de son financement et le respect de son autonomie, tout en réalisant la justice sociale, notamment en réinvestissant massivement dans les services publics et les programmes sociaux. https://engagezvousaca.org/
À propos de la campagne régionale d'Engagez-vous au Centre-du-Québec et en Mauricie :
Composé de 19 regroupements régionaux du territoire et de CDC, il vise l'adaptation,
l'organisation, la coordination et la participation des organismes communautaires de la
région aux activités liées à la campagne. Le Comité de coordination régional d' « Engagez-vous pour le communautaire » soutient la TROCCQM (Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux, Centre-du-Québec, Mauricie) dans son mandat d'antenne régionale de la campagne nationale. Envoie par courrier recommandé et réception aux bureaux du premier ministre et de la ministre de l'Habitation
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« Le Premier ministre et la ministre de l’Habitation mis en demeure par le milieu communautaire »

Centre-du-Québec/Mauricie, 15 décembre 2023 – Les organismes communautaires du Centre-du-Québec et de la Mauricie mettent en demeure le premier ministre François Legault et la ministre de l'Habitation France-Élaine Duranceau. Le comité régional d'Engagez-vous pour le communautaire dénonce le laxisme du gouvernement face à la crise du logement et le manque d'appui aux organismes.
« La crise du logement menace carrément la santé physique et mentale d'une partie de la population de plus en plus nombreuse au Centre-du-Québec, en Mauricie et dans l'ensemble de la province », s'inquiète Madame Émilie Bélanger-Gagné, co-directrice à l'Association des groupes d'éducation populaire autonome au Centre-du-Québec et partenaire d'Engagez-vous.
« Pour vivre dignement chez soi, c'est plus qu'avoir un toit sur la tête. Cela implique un ensemble de facteurs structurants, dont le soutien offert par les organismes communautaires. L'augmentation des besoins sur le terrain impacte les groupes qui subissent une pression supplémentaire tant sur le plan humain que financier » constate Madame Amélie Dubuc, directrice générale de la Corporation de développement communautaire de Trois-Rivières et partenaire d'Engagez-vous.
« L'actuel gouvernement semble totalement décroché de la réalité des Québécois et des Québécoises. L'incroyable augmentation de la précarité des jeunes aux aînés, et le recul de nos droits fondamentaux, dont le droit au logement, est un bien triste legs que nous préparela Coalition avenir Québec », renchérit Monsieur Philippe Kubisiac, représentant des Maisons de jeunes au Centre-Du-Québec et partenaire d'Engagez-vous.
« Notre gouvernement doit cesser son discours d'austérité et les demi-mesures face à la crise sociale présente. Il est responsable de défendre nos droits et d'assurer à l'ensemble de la population un minimum pour vivre dignement. En ce sens, nous exigeons des actions rapides et structurantes de sa part », conclut Monsieur Sébastien Bois, porte-parole de la campagne régionale Engagez-vous pour le communautaire, au Centre-du-Québec et en Mauricie.
À propos d' « Engagez-vous pour le communautaire »
« Engagez-vous pour le communautaire » est une grande campagne nationale de
mobilisation qui unit les différents secteurs de l'action communautaire autonome de partout au Québec. Près de 4000 groupes y prennent part. Nous réclamons au gouvernement qu'il soutienne adéquatement l'action communautaire autonome (ACA) par l'augmentation de son financement et le respect de son autonomie. Nous réclamons davantage de justice sociale, notamment par des investissements massifs dans les services publics et les programmes sociaux. https://engagezvousaca.org/
À propos du comité régional au Centre-du-Québec et en Mauricie
Le Comité de coordination régional d' « Engagez-vous pour le communautaire » soutient la TROCCQM (Table des regroupements des organismes communautaires en santé et services sociaux, Centre-du-Québec, Mauricie) dans son mandat d'antenne régionale de la campagne nationale.
Composé de 19 regroupements régionaux du territoire et de CDC, il vise l'adaptation,
l'organisation, la coordination et la participation des organismes communautaires de la
région aux atteintes des objectifs de financement, de respect de notre autonomie et de
justice sociale.
Les partenaires régionaux sont :
Association des groupes d'éducation populaire autonome Centre-du-Québec
Corporation de développement communautaire Bécancour
Corporation de développement communautaire Bois-Francs
Corporation de développement communautaire Des Chenaux
Corporation de développement communautaire Drummond
Corporation de développement communautaire de l'Érable
Corporation de développement communautaire Haut St-Maurice
Corporation de développement communautaire Maskinongé
Corporation de développement communautaire Mékinac
Corporation de développement communautaire Nicolet-Yamaska
Corporation de développement communautaire Shawinigan
Centre de formation communautaire de la Mauricie
Regroupement des Maisons des jeunes Centre-du-Québec
Regroupement des Maisons des jeunes Mauricie
Regroupement des organismes d'éducation populaire autonome Mauricie
Regroupement d'organismes de personnes handicapées Centre-du-Québec
Regroupement d'organismes de promotion pour personnes handicapées Mauricie
Table de concertation du mouvement des femmes Mauricie
Table des regroupements des organismes communautaires en santé et services sociaux Centre-du-Québec
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Lancement de la Plateforme gauche media

La plateforme gauche media https://gauche.media a été officiellement lancée le 8 décembre dernier au Bar Brouhaha dans le quartier Rosemont.
photos et articles André Frappier
Une bonne trentaine de personnes représentantes y assistaient dont celles représentant les médias membres soit : Archives Révolutionnaires, Journal des Alternatives, Journal le Mouton Noir, L'Étoile du Nord – La perspective du peuple, Liberté Ouvrière, Nouveaux Cahiers du socialisme, Presse-toi à gauche !, Revue À bâbord !, Revue Caminando, Revue Droits et libertés, Revue Possibles, Revue Relations
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.
La création de cette plateforme est le fruit d'un travail qui a duré plus de deux ans sous l'initiative de plusieurs personnes dont notre regretté camarade Pierre Beaudet. Ce regroupement des médias de gauche arrive à point nommé dans une situation où on aura besoin d'analyses, de reportages et de débats dans la gauche afin de permettre de mieux comprendre la réalité politique et ainsi dresser des perspectives alternatives.
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COP 28 : fourberies à Dubai

« Que diable allait-il faire dans cette galère ? ». C'est cette réplique de Molière qui me vient à l'esprit en voyant le spectacle burlesque où la Première ministre de l'Alberta, Mme Danielle Smith, avec une importante délégation financée par les contribuables albertains, va à la COP 28 pour défendre agressivement la production du sale pétrole de sa province.[1]
Il en va de même pour une délégation de la Saskatchewan. Je dois être naïf. Je croyais qu'une COP était une réunion annuelle où toutes les nations et tous les intervenants tentaient de trouver une solution à notre surconsommation d'énergies fossiles, responsable des changements climatiques.
Avouons que cette 28e conférence est très controversée. Tenir une conférence, dont l'objectif est de réduire la consommation de pétrole, dans les Émirats Arabes Unis (EAU), un des grands producteurs de pétrole, sous la présidence du Sultan Al Jaber, est un tour de force qui donne le tournis. En effet, M. le Sultan est également le président de l'ADNOC, la 12e plus grande compagnie pétrolière au monde.[2] De plus, quelque 2 400 lobbyistes et représentants de l'industrie pétrolière sont présents dans les kiosques de cette conférence et tentent de minimiser tout projet qui oserait réduire l'utilisation du pétrole et du gaz.[3] Peut-on s'étonner que l'ex-cheffe de l'ONU climat, Mme Christina Figueres, fustige ces représentants qui, minimalement, donnent l'impression d'être en conflit d'intérêts ? [4]
De Dubai, notre ministre de l'environnement, M. Guilbeault, propose que le Canada réduise ses émissions de carbone.[5] L'industrie pétrolière canadienne fait une crise de nerfs enfantine. De Dubai, Mme Smith qualifie M. Guilbault « d'extrémiste et de menace qui refuse de collaborer avec sa province. »[6] Pour sa part, l'Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) se plaint amèrement que cette annonce n'est pas une limite aux émissions de carbone, mais plutôt « une limite de facto à la production » de pétrole.[7] Dans leur réaction épidermique à la mesure timide de M. Guilbeault, les richissimes producteurs pétroliers des sables bitumineux albertains négligent de dire que ces émissions sont calculées SEULEMENT sur la production en sol canadien et qu'en réalité les émissions de ce pétrole compteront dans le bilan du pays importateur lorsque celles-ci sortiront du tuyau d'échappement d'une voiture de ce pays ! En d'autres mots, ces enfants-rois hurlent leur indignation si le Canada ose imposer la moindre restriction à leurs privilèges de générer des profits illimités et à leur « droit » de polluer la planète.
Comme les conférences précédentes, la COP 28 est censée rechercher un modus-operandi pour réduire notre surconsommation d'énergies fossiles, responsable des dérèglements climatiques que nous avons subis de plein fouet cette année. Malgré ce noble objectif, cette conférence est présidée par un promoteur pétrolier de grande envergure ; à cela s'ajoutent près de 2 400 lobbyistes de l'industrie sans oublier les gouvernements provinciaux de l'Alberta et de la Saskatchewan qui surveillent étroitement leurs intérêts financiers et qui nient obstinément que leurs activités soient un prélude à la 6e grande extinction des espèces. Même s'il faut un consensus entre les pays, l'OPEC (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s'oppose à l'idée de mettre progressivement fin à l'exploitation du pétrole.[8] Même le Sultan Al Jaber fait l'objet d'allégations qu'il aurait profité de la COP pour conclure des ententes pétrolières.[9]
Par rapport aux constats du GIEC, est-ce-ce que la diplomatie internationale pourrait faire des avancées dans la bonne direction ? Il faudrait un miracle car cela ressemble à un théâtre dénaturé où tous les mauvais acteurs ont les premiers rôles. Avec toutes ces fourberies, cette COP 28 semble correspondre à la 2e définition du verbe prostituer : « avilir par intérêt » ?
Gérard Montpetit
membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain)
le 9 décembre 2023
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2] https://en.wikipedia.org/wiki/Abu_Dhabi_National_Oil_Company

Journée internationale des migrant-e-s : *Les sans papiers de Montréal se joignent aux actions partout au Canada et dans le monde*

Solidarité sans frontières et le Centre de travailleurs immigrants accueillent l'engagement du ministre Miller pour un programme de régularisation vaste et complet et réclament la fin des déportations et des détentions
*Rasemblement 'Speak-Out' des personnes sans papiers et avec un statut d'immigration précaire*
*lundi le 18 décembre 2023 à 10h30bureaux de Justin Trudeau au 1100, boul.
Crémazie est, Montréal*
Autres actions au Canada
<https://migrantrights.ca/migrant-ri...>
Autres pays
Des personnes sans papiers et avec un statut d'immigration précaire de Montréal remettront des lettres personnelles au Premier ministre Trudeau lors de la journée internationale des migrant·e·s, deux ans après la promesse initiale de programme de régularisation, et quelques jours après que le ministre d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Marc Miller, ait publiquement promis de proposer au Cabinet, au printemps 2024, un
programme de régularisation vaste et complet. Solidarité sans frontières et le Centre de travailleurs et travailleuses immigrants demandent la mise en oeuvre urgente d'un programme qui accorderait le statut de résident permanent à toutes les personnes sans-papiers au Canada, y compris les réfugié-e-s refusé-e-s, les étudiant·e·s étranger·ère·s, et les travailleur·euse·s , sans exclusion, et la fin immédiate des déportations et des détentions.
Au rassemblement de Montréal, les personnes sans papiers et avec un statut d'immigration précaire liront leurs lettres, attirant l'attention sur la pauvreté, la peur, l'exploitation et l'exclusion vécues par près de deux millions de migrant·e·s au pays à qui l'on a refusé le statut de résident permanent. Le rassemblement de Montréal est coordonné avec des actions à Fredericton, Toronto, St Catharines, Welland et Vancouver, ainsi que l'Argentine, l'Espagne, les États unis, la France, et l'Angleterre.
*Contexte*
Migrant Rights Network (qui inclut le Centre de travailleurs et travailleuses immigrants et Solidarité sans frontières) propose un programme exhaustif et sans plafond de régularisation - qui octroierait la résidence permanente sans exclusion
<https://drive.google.com/file/d/1pg...>
.
Plus de cinq cent organisations de la société civile, de travailleur·euse·s et environnementales - en collaboration avec des organisations dirigées par des migrant·e·s - militent pour un statut complet et permanent pour tous·toutes les migrant·e·s et la l'octroi du statut de résident permanent pour les arrivées futures. Près de 36 000 personnes ont envoyé des messages au Cabinet pour soutenir l'octroi d'un statut de résident permanent pour
tous et toutes : http://www.StatusforAll.ca.
Malgré ce soutien massif, le premier ministre a supervisé près de 21 000 déportations depuis son engagement vers la régularisation le 16 décembre 2021. Les déportations doivent cesser immédiatement pour assurer la cohérence avec l'annonce du ministre Miller qu'un programme de régularisation est à venir.
Des migrant·e·s prennent soin des aînés et des enfants, travaillent en usines, font fonctionner nos hôpitaux, cultivent notre nourriture et bâtissent nos maisons, mais ils·elles sont privé·e·s des mêmes droits que la plupart des gens au Canada tiennent pour acquis parce qu'on leur a refusé le statut de résident permanent.
La résidence permanente pour tous·toutes ajouterait des milliards de dollars aux fonds publics par années à travers la contribution d'employeurs qui ne paient pas d'impôts ni taxes lorsqu'ils engagent des personnes sans-papiers. Elle améliorerait les résultats en matière de santé pour des centaines de milliers de personnes qui pourraient accéder à des soins de
santé primaires et qui ne se retrouveraient pas dans les salles d'urgence.
Elle mettrait fin à la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail causée par l'exploitation de personnes migrantes par les employeurs. Elle permettrait aux migrant·e·s de s'enraciner, de participer pleinement à la société et de gagner de la mobilité au travail pour répondre aux besoins en matière d'emploi au sein d'industries et de
régions qui en ont besoin.
*Extraits des lettres des personnes sans papiers et avec un statut d'immigration précaire
<https://drive.google.com/file/d/1o1...>
demandant l'octroi du statut de résident permanent pour tous et toutes*
« Je serai plus heureux si mes parents avaient leur statut. C'est Noël : le
temps de donner. »
« Sans la carte de résident permanent, j'ai peur de tomber malade parce que
je n'ai pas d'assurance-maladie. »
« Notre vie a pris fin lorsque nous avons perdu notre statut, nous vous
demandons de nous écouter, de nous donner le statut pour que nous puissions
vivre comme tout le monde. »
« Tout le monde voyage pour les fêtes pour profiter du temps en famille et
avec leurs êtres chers, mais il y a plusieurs immigrants au Canada qui
n'ont pas le statut de résident permanent et qui manqueront ce temps avec
leurs familles. »
« C'est beaucoup de stress à endurer. La dépression est un sentiment
horrible à travers lequel les gens passent. Je suis ici depuis cinq ans,
j'ai quitté ma famille, mes enfants. J'essaie de rester positif. Passer à
travers est très difficile. »
*Source :*
Solidarité sans frontières <https://www.solidarityacrossborders...> et
le Centre de travailleurs et travailleuses immigrants
<https://iwc-cti.ca/fr/>
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Signes prometteurs de paix

Annoncés surtout par des femmes, des signes prometteurs de paix à l'international se dessinent, imperceptibles car soigneusement dissimulés par les médias qui à part le Monde Diplomatique et Pressenza se régalent des conflits et ne savent que faire des avancées de paix : pour eux, quelle platitude !
Par Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la Paix, 17 décembre
Quatre déclarations de la semaine écoulée les contredisent :
1- De retour de la COP28 à Dubai, Tamara Lorinczi universitaire, membre du collectif Voix des Femmesii, nous fait part des jeux de coulisses de cet événement salué avec raison par le ministre de l'Environnement Steven Guilbeault comme un tournant historique, dont il a remercié la présidence émiratie. Aspergé d'insultes par la Première ministre de l'Alberta Michelle Smith (premier prix fossile accordé par une COP à une entité autre qu'un pays), il a été félicité par l'ex-ministre Catherine McKenna, pourtant très critique du pétrole des sables bitumineux favorisé par le pipeline libéral ruineux.
200 pays participant à ce sommet des Nations unies sur le climat ont conclu l'accord final avec la nécessité pour les systèmes énergétiques de s'acheminer vers une transition loin des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz). Sa première version, omettant cette conclusion détestée par les centaines de lobbyistes pétroliers actifs à la COP28 dont de riches Canadiens et Saoudiens, a heureusement été déclarée inacceptable par un représentant des Nations insulaires du Pacifique, qui a fait pencher la balance, lorsqu'il a gémi : « ce n'est pas vrai que j'ai fait tout ce trajet vers Dubaï pour y signer notre arrêt de mort ! » Son cri a résonné dans le monde entier, comme celui d'Einstein-Russell à l'origine de Pugwash : « Souvenez-vous de votre humanité et oubliez tout le reste » (voir 4e partie).
Faisant part à Tamara de mon optimisme face à la COP30 du Brésil et de mon pessimisme face à la COP29 de l'Azerbaïdjan à l'économie très dépendante de ressources fossiles, qui plus est hostile à l'Arménie avec l'annexion militaire récente du Nagorno-Karabakh, elle m'a communiqué, selon ses sources de Dubaï, un revirement politique inattendu, favorisé par la Russie et la Turquie : le pays musulman s'apprêterait à partager avec l'Arménie l'accueil aux délégués 2029 ! Cette nouvelle nous console des annonces d'équipements militaires pour l'OTAN envoyés en Europe de l'Est par le balourd ministre de la Défense nationale, Bill Blair, vendredi le 15 décembre.
2- La déclaration saisissante de la ministre Mélanie Joly augure-t-elle un changement de cap majeur du Canada depuis Paul Martin, succédant en 2003 à un Jean Chrétien évincé pour n'avoir pas suivi Blair et Bush dans l'invasion meurtrière de l'Irak ? Elle a voté avec 153 pays pour un cessez-le-feu entre le Hamas et Nétanyahou, réclamé par le Secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres, bloqué au Conseil de Sécurité par le veto unique des États-Unis. Biden persiste avec 9 autres pays seulement à soutenir Nétanyahou, tenant toutefois à blâmer Tsahal (verbalement : les fournitures d'armes continuent !) pour ses massacres de populations civiles palestiniennes.
Nos éditorialistes sont déconcertés, après deux mois de nos déclarations censurées par les médias canadiens vu notre usage du mot cessez-le-feu, toujours verboten pour l'Ukraine. Au moins 268 organisations de la société civile canadienne avaient pourtant signé une déclaration commune appelant à un cessez-le-feu que la pétition parlementaire électronique d'Alexandre Boulerice avait endossé en recueillant près de 300 000 signatures, la plus populaire de l'histoire du Parlement (et après, les médias s'interrogent sur le pourquoi des faked news, quand ils persistent à crypter ces faits et vérités).
Les Artistes pour la Paix remercient la ministre Joly dont la demande de cessez-le-feu est soutenue par le Bloc Québécois, le NPD et le Parti Vert, pendant que le parti conservateur de Pierre Poilièvre se gratte encore la tête. Notre déception la plus grande provient de la CAQ, qui, comme nous l'apprend, en enterrant la nouvelle en page B6, Le Devoir du 17 décembre, n'appuie pas la demande de la ministre Joly, jugée prématurée par la Ministre des Relations internationales Martine Biron ; issue des médias (donc typiquement conservatrice et guerrière ?), la ministre caquiste insistait encore vendredi pour que les otages soient tous libérés AVANT tout cessez-le-feu : espérons qu'elle a changé d'idée depuis que Tsahal a massacré trois de ses concitoyens-otages, pourtant porteurs d'un drapeau blanc ! Heureusement, le Parti Québécois et Québec Solidaire ont sauvé l'honneur du Québec, la députée d'origine palestinienne Ruba Ghazal déclarant : « Je suis tellement choquée. La CAQ brise la tradition pacifiste du Québec qui historiquement a toujours été du côté de la paix. La majorité des Québécois sont pour un cessez-le-feu. »
3- Merci à Heidi Rathjen et Nathalie Provost, de Polysesouvient, pour l'adoption par le Sénat du projet de loi C-21. Les Artistes pour la Paix ont dès 1990 aidé le travail accompli par ces survivantes du féminicide de l'École Polytechnique, en particulier au Sénat en 1994-5 lorsque Jean-Louis Roux avait converti le sénateur leader progressiste-conservateur et juriste Gérald Beaudoin aux bienfaits d'une loi contrant l'influence néfaste de la National Rifle Association des États-Unis. Cette semaine, c'est avec vous que « nous célébrons l'adoption finale des mesures législatives suivantes :
1) Un gel de l'achat de nouvelles armes de poing.
2) L'obligation de présenter un permis de possession d'armes pour acheter des chargeurs.
3) Plusieurs mesures visant à lutter contre la contrebande et les armes fantômes.
4) La prohibition automatique de posséder des armes à feu pour toute personne qui fait l'objet d'une ordonnance de protection.
5) L'obligation pour un contrôleur des armes à feu (CAF) de révoquer le permis d'un individu dans les 24 heures lorsque le contrôleur a des motifs raisonnables de soupçonner que celui-ci a participé à un acte de violence familiale ou d'harcèlement criminel.
6) Une définition élargie de la « violence familiale » de manière à inclure violence conjugale et familiale, dont les formes non physiques comme le contrôle coercitif et les menaces de suicide...
Dans l'ensemble, il s'agit d'une victoire concrète et solide en matière de sécurité publique et d'une démonstration qu'il est possible de vaincre le lobby des armes. »
4- 69 États du monde, c'est-à-dire tous les membres ayant signé et ratifié à ce jour le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN - TPNW), qui font aussi tous partie du vieux Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), viennent de déclarer publiquement que les États-Unis, la Fédération de Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni manquent à leurs obligations juridiques en vertu du TNP. Ce consensus extraordinaire et sans précédent a été exprimé dans la déclaration de la deuxième réunion des États parties au TIAN, tenue aux Nations Unies à New York du 27 novembre au 1er décembre 2023. L'article VI du TNP définissant les obligations des États dotés d'armes nucléaires de poursuivre le désarmement de bonne foi, « le comportement des États armés de bombes nucléaires représente incontestablement un manquement à leurs obligations juridiquement contraignantes en vertu de cet article VI, car aucun des États dotés d'armes nucléaires n'a réalisé de progrès conformément à leur engagement sans équivoque de parvenir à l'élimination de leurs armes nucléaires ». Cette déclaration juridiquement fondée sur les documents historiques du TNP ne concerne hélas pas Israël, ni le Pakistan, ni l'Inde, ni la Corée du Nord, qui se sont autoexclus du TNP.
Cesar Jaramillo de Project Ploughshares et membre de Pugwash Canada qui nous a communiqué cette nouvelle, conclut : « Les experts juridiques, les décideurs politiques et les diplomates doivent s'engager dans des discussions approfondies pour façonner une architecture juridique plus efficace, mettre à jour les dispositions des traités, renforcer les mécanismes de conformité et s'adapter aux réalités géopolitiques en évolution. Il est désormais temps de s'engager dans une réflexion visionnaire pour développer des approches innovantes qui transcendent les obstacles historiques et ouvrent la voie à des progrès significatifs. Il est impératif que la communauté internationale réponde par une action décisive et concertée. La responsabilité partagée d'assurer un monde sans armes nucléaires repose sur les efforts collaboratifs des États, des organisations internationales et de la société civile pour tirer parti de cette situation et réaliser des progrès démontrables vers l'abolition complète du nucléaire. » www.ploughshares.ca
Un des plus grands obstacles à l'abolition des armes nucléaires est le jeu mortel de nos banques canadiennes qui continuera tant que le Canada n'endossera pas le TIAN. Le site de l'ONG PAX www.don'tbankonthebomb.com, animé par la tenace et toujours fiable Suzi Snyder, nous informe que sur deux ans, 748 milliards en U.S.$ accordés par 325 banques mondiales ont financé l'industrie principalement américaine des bombes nucléaires (chiffres de 2021). Nos banques canadiennes ont largement contribué : Power Corporation, Royal Bank, SCOTIA, Sunlife et Toronto Dominion, principalement.
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Enquête québécoise sur la violence commise par des partenaires intimes : un regards critique sur les résultats

Montréal, le 14 décembre 2023 – Aujourd'hui, plusieurs associations provinciales et chercheures universitaires oeuvrant en matière de violences envers les femmes, émettent des réserves quant aux résultats de la première édition de l'Enquête québécoise sur la violence commise par des partenaires intimes menée en 2021-2022. Alors que l'importance de dresser un portrait en vue de mieux comprendre la violence conjugale (1) est indéniable, nous remettons en question la capacité de cette enquête à saisir pleinement sa complexité.
D'emblée, il nous est important de souligner que cette enquête n'est pas une étude sur la violence conjugale, qui constitue « un moyen choisi pour dominer l'autre personne et affirmer son pouvoir sur elle », telle que définie par le Gouvernement du Québec dès 1995 (2).
En effet, les résultats de l'étude ne distinguent pas la violence exercée dans le but de dominer l'autre (la violence conjugale) des autres types de violences en contexte de relations intimes, comme la violence situationnelle ou la résistance violente. Selon le rapport, le fait de subir deux actes de violence physique au cours de sa vie, sans considérer le contexte, qualifie une personne comme victime de violence entre partenaires intimes (VPI). En considérant des occurrences isolées d'actes de violence, sans évaluer les motivations, la dynamique de pouvoir et leurs conséquences, l'enquête ne parvient pas à saisir la véritable nature de la violence conjugale, sa complexité et ses subtilités. Le rapport indique d'ailleurs lui-même qu'il n'est tout simplement pas possible d'affirmer hors de tout doute qu'il s'agit de violence entre partenaires intimes dans ses résultats.
La façon dont a été intégrée la notion de contrôle coercitif dans l'enquête est également questionnée, car elle ne parvient pas à mettre en lumière un schéma de comportements, souvent invisible et insidieux, mais essentiel pour comprendre la privation de libertés, la microrégulation du quotidien et le climat de terreur permanent, au-delà des actes.
En comptabilisant des actes de violence situationnelle ou de résistance au même titre que des actes de violence conjugale, l'enquête crée une confusion et renforce la thèse de la symétrie de la violence entre les hommes et les femmes. Les gestes de l'agresseur et ceux d'une victime qui se défend dans un contexte de violence conjugale sont comptabilisés sans distinction. Nous exprimons nos inquiétudes quant à l'utilisation de ces statistiques, craignant qu'elles ne minimisent la réalité de la violence conjugale, qui appelle des interventions et des moyens adaptés pour la combattre. Une mauvaise utilisation de celles-ci pourrait mettre en danger la sécurité des femmes violentées et de leurs enfants.
En conclusion, le RMFVVC, la FMHF, l'Alliance MH2, L'R des centres de femmes ainsi que SAS-Femmes appellent le Secrétariat à la condition féminine à demander à l'ISQ des changements dans la méthodologie, pour les enquêtes ultérieures, afin de se doter d'instruments de mesure plus sensibles pour capter la violence conjugale dans sa complexité. Les signataires appellent également à une collaboration plus étroite avec les groupes experts pour garantir une compréhension exhaustive de la violence conjugale au Québec afin de dresser un portrait plus juste.
Notes
(1) Dans l'enquête, le concept de « violence entre partenaires intimes » est utilisé de façon équivalente à « violence conjugale ».
(2) Gouvernement du Québec (1995). Politique d'intervention en matière de violence conjugale : prévenir, dépister, contrer la violence conjugale, [En ligne], Québec, Gouvernement du Québec, 78 p. [https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2000/00-807/95-842.pdf]
Source
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC)
Fédération des maisons d'hébergement pour femmes (FMHF)
L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2)
L'R des centres de femmes du Québec
Marie-Marthe Cousineau, pour SAS-Femmes, Collectif de recherches et d'actions pour la sécurité, l'autonomie et la santé de toutes les femmes
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Entrevue avec des membres du personnel de l’École Louis-Joseph-Papineau

Cette entrevue a été réalisée avec des membres du personnel enseignant de l'École Louis-Joseph Papineau sur la ligne de piquetage un froid matin de décembre. Cet entretien permet de porter un éclairage sur les raisons qui les motivent à mener ce combat, qui somme toute visent l'amélioration des conditions d'enseignement et de soutien, mais aussi, fondamentalement, l'encadrement des élèves selon leurs besoins afin de leur assurer une chance de réussir et de trouver leur place dans la société.
Leurs témoignages dépassent de loin ce qu'on peut habituellement voir dans un conflit de travail. Selon leur témoignage, plusieurs enseignants et enseignantes d'écoles privées se demandent comment ceux qui œuvrent au public font pour persister à faire ce travail. D'ailleurs, les statistiques le démontrent : 50 % des nouvelles personnes enseignantes quittent la profession dans les cinq premières années.
La recomposition des classes compte sans nul doute parmi les plus importantes questions à régler dans les demandes syndicales. Cela signifie en fait mieux classer les élèves selon leur niveau et leurs aptitudes. Voici les commentaires que nous avons recueillis.
« Dans le feedback que le gouvernement donne, j'ai l'impression qu'il parle plus de soutien à la classe. Il ne parle pas de revoir forcément la composition des classes. Mais moi, je trouve qu'on fait pire parce que nos jeunes, ils n'ont pas trop de repères. Dans le fond, ils sont à l'école, mais ils ne fonctionnent pas dans les groupes où on les a mis. Ils vont réussir pareil, on ne les fait pas échouer. Un jeune qui échoue son secondaire I, puis je parle d'échouer vraiment dans plusieurs matières, il s'en va quand même en secondaire II. »
« La première chose c'est ça, il (l'élève) n'écoute pas en classe, il n'est pas capable de faire ses travaux puis il fournit peu d'efforts, mais quand tu creuses derrière ça bien tu te rends bien compte qu'il ne comprend pas, il est complètement dépassé par ce qui se passe et donc il n'a pas envie d'aller se mettre dans cette situation où il va se sentir complètement incompétent en classe. Par conséquent, il est systématiquement en retard, se promène dans l'école, fait toutes les autres choses qu'il peut faire plutôt que d'aller en classe, parce que pour lui il n'y a aucune raison d'y aller. Ça ne lui sert vraiment à rien, il n'est pas à la bonne place, mais on l'a mis là en disant, t'es capable, tu vas être avec tes amis. »
« Il faudrait remettre en place les classes de cheminement particulier, qui ont été coupées. Ils ont tout intégré ou réglé parce que le cheminement, il faut savoir que ça coûte plus cher que le régulier. Il y a moins d'élèves, nos jeunes avaient de l'encadrement, il y avait beaucoup plus d'intervenants par groupe d'élèves. Ça, c'était un bel avantage du cheminement, et on avait une équipe super solide. »
« C'est comme si on était davantage un service qu'on a à vendre plutôt qu'un service public. C'est une approche vraiment clientéliste. Moi, je me suis fait dire c'est terminé, le dénombrement flottant (suivis et ateliers en petits groupes d'élèves ciblés), il faut qu'il y ait du volume (il faut toucher plus d'élèves). Mais considérant la persistance des difficultés des jeunes, il faut beaucoup plus de temps, on le sait, mais ce n'est pas grave, il faut du volume. On a cinquante pour cent des jeunes en difficulté, ils ont des notes en bas de cinquante pour cent. On n'a aucun service à leur offrir. L'école publique ne peut pas offrir de services à cinquante pour cent des jeunes en difficulté, ils sont trop en difficulté. »
« Socialement, une telle situation c'est très sérieux, surtout que le gouvernement ne s'en préoccupe pas. Pour lui, c'est une affaire d'opinion publique, tous nos élèves doivent avoir un secondaire 5. C'est une vision qui n'est pas réaliste, ce n'est pas vrai que tous les élèves sont capables d'aller chercher un secondaire 5. Il y a quand même cette nouvelle vision de, on va faire une diplomation à tout le monde. Là, ils ont comme réalisé que le secondaire 5 n'était pas réalisable. Alors leur objectif, c'est que tous les élèves aient quelque forme de diplomation à la fin de leur parcours secondaire, que ce soit DEP ou autre chose. Mais encore là, on ne fait pas le travail de bien classer les élèves à la bonne place. Il y en a bien trop qui sont au régulier et qui auraient besoin d'autres options, d'autres cheminements. Alors bon courage aux enseignants et enseignantes qui sont là, qui enseignent et prennent soin d'élèves avec des grandes difficultés de comportement ».
Cela fait donc porter une grande pression sur le personnel enseignant ?
« Pour ma part, moi, cette annonce indiquait qu'on allait les classer par âge. Ça veut dire que je peux me retrouver avec des enfants qui avaient une troisième année dans ma classe de secondaire I, la direction a dit oui, mais vous allez faire de la différenciation (enseignement et activités différenciés, adaptés aux différents besoins et intérêts des élèves). On n'avait jamais entendu parler de ça, l'adaptation dans les évaluations. C'est comme du service à la carte pour chaque élève, tous les élèves de la classe ont un plan d'intervention, ce n'est pas possible. »
Un prof reprend l'analogie présentée dans un article de La Presse qui illustre bien cette réalité.
« Tu es prof de ski alpin, tu as dix élèves devant toi, t'en as un qui peut aller faire des bosses, l'autre qui fait des sauts dans le snowpark, un qui n'est pas capable de faire son chasse-neige, un autre qui n'est pas capable d'attacher ses bottes. Il y en a un qui tombe du chairlift quand il arrive en haut. Ça c'est ton groupe. Là il faut que tu fasses de l'enseignement différencié pour chacun d'entre eux, c'est un beau principe, mais ça ne fonctionne pas ».
Cela fait en sorte que l'école publique est dévalorisée et que les parents qui le peuvent vont favoriser l'école privée, comme l'explique un des grévistes.
« L'école publique a déjà perdu la course contre l'école privée. C'est vrai que l'encadrement est meilleur et que le jeune a beaucoup plus de chances d'avoir un cheminement scolaire réussi au privé qu'au public. Les parents en savent suffisamment pour choisir le privé s'ils le peuvent. »
Parce que dans le fond, il n'y a pas une intention du gouvernement d'améliorer l'école publique ?
« Il y a la loi de l'offre et de la demande. Ici les parents ont accès (au privé) parce qu'il y a beaucoup de subventions, tandis que partout ailleurs au Canada les subventions aux écoles privées sont minimes, c'est là qu'on voit la différence. Aujourd'hui, les maisons sont presque aussi chères au Québec qu'en Ontario. Si on regarde les prix, l'inflation fait que l'économie du Québec est rendue presque égale à celle de l'Ontario, mais les salaires y sont beaucoup plus élevés.
Le gouvernement ontarien peut mettre plus d'argent public parce qu'il n'a pas besoin d'en donner au privé. Au Québec, le gouvernement prétend qu'on n'a pas d'argent à mettre en éducation publique, mais il subventionne le privé à plus de 60 %. Tu envoies à l'école publique, mais tu payes des taxes au gouvernement afin de réduire les coûts des enfants qui fréquentent l'école privée, ça ne marche pas. Ça crée deux systèmes où le privé accapare les meilleures ressources.
La conséquence de cette situation est que ça devient plus intéressant d'aller travailler au privé qui offre de meilleures conditions, pendant que nous, on en cherche des techniciennes en éducation spécialisée et des surveillants d'élèves. Ils vont préférer aller là où les conditions et les relations avec les élèves sont plus intéressantes. Moi, je pense que c'est ça l'essentiel du problème, c'est la même chose en santé.
On a beaucoup de pression de garder les élèves en classe à tout prix, on se demande quel est le meilleur fonctionnement, est-ce qu'on doit donner des devoirs ? Est-ce qu'on doit compter les retards parce que ça devient une gestion impossible ? C'est fou, c'est trop compliqué. »
Une autre enseignante s'exprime dans le même sens
« Je peux dealer avec, ce n'est pas un problème. Ce qui me brise le cœur, c'est que je n'ai pas le temps de donner toute l'énergie, puis les efforts que je voudrais aux élèves qui sont inclus dans des classes régulières, car en réalité, il leur faut des classes spécialisées.
Il y a cinq ans, on nous parlait d'intégration, on va intégrer les élèves. On va fermer des classes d'adaptation scolaire, on va les intégrer au régulier. Les élèves du régulier vont les niveler vers le haut. On parlait d'inclusion, ils ont le droit d'être inclus. Ces jeunes-là, on ne veut pas les stigmatiser, mais l'intégration a juste été un prétexte pour moins financer les élèves en difficulté, parce que ça paraît bien au départ comme idée.
Mais c'est toujours sur les épaules du prof. C'est toujours le prof qui va adapter son enseignement, il va trouver des projets plus stimulants, des stratégies. C'est toujours plus de planification, plus d'adaptation. Je ne suis pas là depuis longtemps, mais on dirait que chaque changement qui survient dans le monde de l'éducation, ça rajoute toujours quelque chose à la tâche des profs.
Avec le projet de loi 23 qui vient dans un très mauvais timing d'être voté à l'Assemblée nationale, on vient en ajouter encore un peu plus sur le rôle des enseignants, la réussite des élèves dans un contexte où on est moins encadrés pour les aider, dans un contexte de démotivation scolaire. À un moment donné il y a une limite, je veux dire même moi en tant qu'adulte, si tu me forces à rester dans un endroit où je ne vis que des échecs, je vais être démotivée.
Ça va faire des jeunes qui vont arriver sur le marché du travail de deux façons, soit en se disant je suis totalement immunisé parce que peu importe les gestes que je fais, je vais gravir les échelons, ou ces jeunes n'oseront plus rien faire de peur de vivre constamment des échecs. »
Il ressort de ces entretiens qu'au-delà de la question salariale, de multiples autres enjeux doivent être abordés de front pour assurer la réussite des élèves. D'une part, oui il faut mieux classer les élèves et revaloriser le cheminement particulier. Ensuite, il faut aussi revaloriser la profession enseignante et toutes les autres professions si utiles au bon fonctionnement d'une école (technicienne en éducation spécialisée, orthopédagogue, psychologue, psychoéducateur, orthophonistes, surveillants d'élèves, technicien en loisir). Cela passe par le salaire, mais aussi par l'instauration de conditions de travail décentes. Si on voulait aller plus loin, on pourrait même envisager le définancement du réseau privé. Il est vrai que celui-ci est une aubaine pour le gouvernement, car le coût de la scolarisation des jeunes qui passent par là est moindre pour lui. Or, comme il a été dit, ces écoles bénéficient de plus de ressources, mais leurs élèves sélectionnés à coup de tests et d'entrevues, soutenus par leurs parents, sont aussi plus compétents, connaissants et motivés. Ces écoles sont donc des milieux où l'élève a beaucoup plus de chance de réussir, où il y a du nivellement vers le haut. Abolir les subventions au privé permettrait de rapatrier toutes ces ressources au public afin d'offrir plus équitablement des services dont les élèves en grande difficulté et les écoles publiques ont tant besoin. Là on pourrait penser offrir un vrai milieu fonctionnel pour tous.
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Les enseignant.es de la FAE, ces combattant.es au front

Les femmes qui font du piquetage jour après jour devant leur école ou au coin de la rue portent fièrement leur tuque FAE, pancartes à la main. Elles qui voulaient améliorer leurs conditions de travail deviennent, au fil de cette grève qui se prolonge maintenant depuis 18 jours, les porteuses du projet de l'école publique laïque du Québec.
Rencontrées sur les lignes de piquetage devant les écoles primaires du quartier Ahuntsic, elles savent ce qui est nécessaire pour que la tâche qui est la leur, se réalise :
. « J'ai 26 élèves et 19 d'entre eux ont des plans d'intervention. Les services auxquels les enfants ont droit pour réussir manquent. »
. « Je fais ce métier depuis 34 ans et chaque jour, je viens sur la ligne de piquetage pour signaler mon ras-le-bol de la situation. Pourquoi est-ce à nous de ternir l'école à bout de bras ? »
. « Je ne suis pas contre une aide à l'enseignement mais ça ne pourra jamais remplacer une professionnel.le en orthophonie, en psychologie ou une travailleuse sociale. »
. « Pourquoi le gouvernement ne veut-il pas entendre ce que nous avons à dire ? Pourquoi ne pas trouver de solutions concrètes aux problèmes du quotidien ? Je crains que les plus jeunes ne quittent le métier sans réelles solutions. »
Devant une école secondaire à Saint-Anne des Plaines, l'équipe enseignante se réchauffe autour d'un foyer portatif. Chaises, poêle au propane, table, ustensiles, ces enseignant.es, invisibles de la rue principale persévèrent et font du piquetage devant leur école jour après jour.
. « Je ne sais si ça va durer encore longtemps, mais nous on ne veut pas lâcher après tant de jours de grève »
. « C'est difficile financièrement mais on se serre la ceinture. Il faut que nos conditions de travail s'améliorent. Nous avons des groupes de 34 élèves dont bon nombre ont de grands retards, sans soutien spécifique de qui que ce soit. »
. « Parfois, je suis découragée. Rien ne semble bouger. Qu'est-ce que le gouvernement attend pour bouger ? »
Ces équipes enseignantes des grands centres urbains (Montréal, Laval, Québec, Gatineau) et de la ceinture nord de Montréal, de la Montérégie et de l'Estrie, font preuve d'un grand courage en poursuivant cette lutte des plus justes. Les dernières rondes de négociation (2010, 2015, 2020) n'ont pas permis que des solutions concrètes consolident les équipes enseignantes en poste, ni ne développent des équipes multidisciplinaires essentielles à la réussite de tous les jeunes.
Les syndicalistes qui les représentent ont le soutien de ces équipes école. Le mandat qui leur a été donné en assemblée, par vote secret, est lourd à porter et révocable par les enseignant.es en assemblée générale. Ce fonctionnement démocratique est rarement verbalisé alors qu'il n'en est pas de même pour nos élus. Ne serait-il pas souhaitable de les rendre imputables tant de leurs décisions que de leur absence de décisions ?
Ghislaine Raymond
18 décembre 2023
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La grève générale du secteur public prend un sens de « grève sociale »

La CAQ concentre son tir sur la FAE, en alternant le chaud et le froid, pour percer une brèche dans la digue de la résistance à la stratégie caquiste de démolition-privatisation des services publics. À l'inverse, elle fait poiroter le Front commun et la FIQ qu'elle diabolise. Sa tactique consiste à faire capituler la FAE afin de scissionner le Front commun pour ensuite en finir avec le secteur de la santé dont la grève, cadenassée par la loi des services essentiels, n'est à toute fin pratique que symbolique.
L'erreur de synchronisation relève-t-elle du ras-le-bol de la base de la FAE que sa direction n'a pas su ou voulu canaliser, ou plutôt du refus du Front commun de déclencher une grève générale avant les Fêtes ? Peu importe la « game » des bureaucraties syndicales, la résultante en est une grève générale d'environ seulement 10% des effectifs en négociations et sans fonds de grève.
Le parti-pris antisyndical de la CAQ n'est plus à prouver. « Le tribunal [administratif du travail] a ordonné au gouvernement du Québec, au ministre de la Santé Christian Dubé et au comité patronal de négociation en santé de verser la somme de 315 000 $, répartie entre sept syndicats dans la santé, parce qu'il a entravé leurs activités et négocié de mauvaise foi [et…] il leur ordonne aussi de cesser de le faire » (La Presse canadienne, 15/12/23). Voilà comment l'auteur ex-financier de l'infâme loi 15 adopté sous bâillon traite le droit syndical. Le même jour, on apprend que « le gouvernement du Québec n'appuie pas la demande d'Ottawa pour un ‘'cessez-le-feu humanitaire immédiat'' à Gaza car le Hamas, mouvement terroriste reconnu par plusieurs États dont le Canada, doit rendre les armes. De plus, les otages doivent être libérés pour que l'on puisse envisager un cessez-le-feu », estime le cabinet de la ministre des Relations internationales, Martine Biron » (Le Devoir, 15/12/23). Et vive la guerre génocidaire de l'État sioniste !
Toujours le même jour, « le gouvernement de François Legault refuse de laisser Ottawa contourner ses seuils d'immigration dans la catégorie du regroupement familial. […] La liste d'attente en réunification familiale a beau frôler les 40 000 personnes, la ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette, a récemment refusé une main tendue du fédéral pour traiter toutes ‘'les demandes de résidence permanente qui ont reçu un [Certificat de sélection du Québec]'' […] Québec a fixé ses cibles en regroupement familial à environ 10 000 nouveaux arrivants pour les deux prochaines années » (Le Devoir, 15/12/23). Encore une fois presque le même jour, cette fois de connivence avec Ottawa, « [l]e Procureur général du Québec et la Couronne contestent devant la Cour d'appel une décision qui ordonnait l'arrêt des procédures contre deux hommes de Kahnawà:ke dans une affaire d'importation de tabac. » Québec et Ottawa ne reconnaissent pas « la validité de la Covenant chain – ou Chaîne d'alliance –, une série de traités remontant au 17e siècle qui constituaient une entente entre la Couronne britannique et Confédération haudenosaunee, un regroupement de six nations iroquoises dont font partie les Mohawks. » Ce qui revient à ne pas reconnaître la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (Radio-Canada, 13/12/23)
Quelle hypocrisie que d'être « ‘'déçu'' du manque d'ambition de la COP28 » (Le Devoir, 13/12/23) pour faire mauvaise fortune d'être sans hydrocarbure bon cœur d'être gavé d'hydroélectricité vendue à rabais, sans compter les subventions gargantuesques, à toute transnationale venant. Il y a de quoi construire une escalade vers la grève sociale, c'est-à-dire une grève générale politique. Tous et toutes, mouvement syndical, organisations étudiantes et féministes, grand public ont intérêt à soutenir les grévistes en argent sonnant et en militance dans la rue.
Par les réseaux sociaux, le grand public s'y est mis illico. Plusieurs syndicats ont suivi par des dons non négligeables — Métallos, Unifor, Machinistes, AFPC (Le Devoir, 15/12/23). Reste à soutenir les lignes de piquetage et plus encore. Des groupes de parents ont aussi commencé à se mobiliser (Radio-Canada, 15/12/23). Ce branlement de combat commence à sentir la « grève sociale » comme ce fut le cas pour un bref moment lors du Printemps érable de 2012 quant les Libéraux sont passés en mode ouvertement répressif. L'on peut penser que cette leçon historique fait réfléchir la CAQ au cas où une résistance, inattendue par elle, induirait la grande tentation de la loi spéciale. Raison de plus pour le mouvement syndical et tous le peupletravailleur derrière lui, de tenir le coup et d'enfoncer le clou.
Marc Bonhomme, 16 décembre 2023
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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