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L’inuu-aitun en classe de français

17 janvier 2024, par Camille Robidoux-Daigneault — , , ,
La posture de l'enseignant·e de français langue seconde est susceptible de reconduire des rapports de domination chargés. Quelle place est-il possible d'octroyer à la culture (…)

La posture de l'enseignant·e de français langue seconde est susceptible de reconduire des rapports de domination chargés. Quelle place est-il possible d'octroyer à la culture des apprenant·es innu·es dans ce contexte afin d'éviter de reproduire des pratiques hiérarchiques [1] entre la langue maternelle et la langue d'enseignement ?

À l'hiver 2022, le Cégep de Baie-Comeau a accueilli sa première cohorte d'apprenant·es au cheminement Tremplin DEC – Premières Nations. Celui-ci a émergé au terme d'une série de consultations avec le Centre régional en éducation des adultes (CRÉA) de Pessamit et d'étudiant·es innu·es afin de créer une grille adaptée aux besoins de la communauté. Parmi les éléments ciblés, notons l'amélioration des compétences en lecture et en écriture en français, l'accompagnement dans la découverte de l'univers numérique propre au collégial, les compétences organisationnelles et même… la gestion des finances personnelles ! C'est donc avec ce mandat bien précis en tête que s'est développée la grille du cheminement, un cursus qui permet aux étudiant·es de terminer leurs études secondaires à Pessamit tout en découvrant les études collégiales à Baie-Comeau.

Des adaptations pour favoriser la réussite

Il allait de soi pour moi qu'une mise en valeur soutenue de l'innu-aitun (la culture innue) serait au centre de mon cours de Stratégies de lecture et d'écriture [2] afin de favoriser la sécurisation culturelle [3] des apprenant·es. J'ai donc privilégié l'enseignement d'œuvres écrites par des Innuat, soit Michel Jean et Marie-Andrée Gill. Les étudiant·es ont donc été à même de s'identifier à la fois aux personnages et aux auteur·trices, ce qui leur était rarement arrivé, selon leurs témoignages (une évaluation qualitative du cours a été menée auprès des étudiant·es à la fin de la session).

Ils et elles ont d'ailleurs non seulement eu l'opportunité de rencontrer ces deux modèles littéraires, mais également de se familiariser avec les rouages de l'organisation et de l'animation de tables rondes littéraires. Ainsi, la classe s'est approprié les manifestations thématiques de Tio'tia:ke (roman de Michel Jean, Libre Expression, 2021) et de Frayer (recueil de poésie de Marie-Andrée Gill, La Peuplade, 2015) dans un format convivial, tout en consolidant ses compétences numériques et communicationnelles. Les étudiant·es ont participé à tous les aspects de

l'organisation des événements culturels : infographie des affiches promotionnelles, rédaction d'invitations officielles à la communauté du cégep de Baie-Comeau, planification et animation des tables rondes.

À titre d'enseignante, j'ai pu relayer la parole d'auteurs et d'autrices qui problématisent un rapport parfois difficile à l'identité culturelle et proposent des pistes de solution pour s'adapter aux réalités contemporaines tout en préservant un savoir traditionnel. Toujours selon les témoignages recueillis, la présence continuelle de leur culture dans les contenus et la pédagogie employée favorisait la motivation et le sentiment de compétence des étudiant·es. Cette présence faisait contrepoids à une absence systémique au sein de leurs cours de français antérieurs.

L'apprentissage au service de… l'apprentissage

Je me suis sentie privilégiée de côtoyer des étudiant·es animé·es par une vive curiosité à l'égard des arts, de l'histoire et de la politique. En ce sens, la sécurisation culturelle est rapidement devenue un tremplin vers d'autres horizons. La légitimation de notre identité culturelle favoriserait-elle l'empathie et l'ouverture à l'altérité plutôt qu'un repli sur soi ? C'est ce que mon expérience m'invite à penser.

Afin de sortir d'une approche centrée sur une interprétation figée des œuvres, où l'enseignant·e est l'expert·e – ce que je ne saurais prétendre être dans un tel contexte culturel –, j'ai privilégié l'apprentissage coopératif et expérientiel. Je me suis également montrée vulnérable en questionnant les étudiant·es sur la prononciation de quelques mots d'innu-aimun, une langue dont j'amorce l'apprentissage grâce à Yvette Mollen (Université de Montréal) et Monique Verreault (Pekuakamiulnuatsh Takuhikan) [4]. Cela permettait aux étudiant·es de percevoir leur identité culturelle comme un objet riche et résolument actuel. Christopher Moreau, un étudiant de mon cours, l'a d'ailleurs bien thématisé dans un poème rédigé à la suite de la lecture du recueil de Marie-Andrée Gill :

[…] pour sauver ce qu'il reste d'un passé,

il se tourne vers le futur

les braises d'un tipi dans sa poitrine, cendres chaudes

une vie vacillante, sa volonté aussi, arbres sous le vent […]

« Des rivières d'eaux claires et des sentiers de terres » (extrait)

Un lien au-delà des murs de la classe

Outre les stratégies déployées dans les cours du cheminement, l'équipe du Tremplin DEC – Premières Nations souhaite s'affranchir du cadre traditionnel de l'enseignement collégial, notamment en prenant part à des activités pour soutenir la persévérance et l'engagement des étudiant·es. Nous irons d'ailleurs faire une initiation au kayak de mer avec les étudiant·es pour bien clore cette première session et se rappeler que l'apprentissage hors texte est tout aussi riche que celui que l'on fait en classe.

* * *

DES PISTES DE SÉCURISATION CULTURELLE DANS LA CLASSE DE FRANÇAIS

Reconnaître les traumatismes vécus par les étudiant·es, leur famille et leur communauté ;

Être conscient·es des obstacles à la poursuite d'études supérieures des apprenant·es ;

Étudier les particularités linguistiques de la langue maternelle des apprenants afin de favoriser l'efficacité de l'enseignement de la grammaire et de la littérature ;

Reconnaître l'expertise culturelle des apprenant·es ;

Légitimiser la langue maternelle des apprenant·es, ici l'innu-aimun ;

S'autoriser à sortir du cadre rigide de l'enseignement supérieur lorsque possible.


[1] On appelle « diglossie » un bilinguisme où les langues parlées sont soumises à une hiérarchie. Les langues autochtones du Québec, qui ont un statut minoritaire, n'ont que peu de place dans l'espace public, contrairement au français ou à l'anglais, qui elles ont droit de cité ; il s'agit d'une diglossie.

[2] Le cours vise à soutenir la transition entre les études secondaires et les premiers cours de formation générale (Écriture et littérature et Philosophie et rationalité).

[3] Le concept de sécurisation culturelle, apparu dans le système de santé néo-zélandais dans les années 1980, désigne avant tout une « responsabilité » institutionnelle et individuelle et non une « adaptation » de contenus ou de pratiques. Le concept s'impose depuis plusieurs années dans l'enseignement. Je le trouve particulièrement crucial dans un contexte de français langue seconde pour éviter de hiérarchiser des langues qui seront nécessairement amenées à se côtoyer au sein de la classe.

[4] Monique Verreault enseigne des ateliers de nehlueun ouverts à tous et toutes sur Zoom de façon hebdomadaire.

Camille Robidoux-Daigneault est enseignante de littérature au Cégep de Baie-Comeau.

Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent

Protéger et transmettre l’innu-aimun

17 janvier 2024, par Myriam Boivin-Comtois, Isabelle Bouchard, Adèle Clapperton-Richard, Yvette Mollen — , , , , , ,
Yvette Mollen est née dans la communauté innue d'Ekuanitshit. Elle consacre sa carrière à la sauvegarde et la transmission de la langue innue, l'innu-aimun. À bâbord ! a (…)

Yvette Mollen est née dans la communauté innue d'Ekuanitshit. Elle consacre sa carrière à la sauvegarde et la transmission de la langue innue, l'innu-aimun. À bâbord ! a échangé avec elle à propos des enjeux entourant la protection de cette langue et, par le fait même, de la culture innue. Propos recueillis par Adèle Clapperton-Richard, Isabelle Bouchard et Myriam Boivin-Comtois.

À bâbord ! : Quel portrait tracer de l'état actuel de l'innu-aimun sur la Côte-Nord ? Êtes-vous optimiste ?

Yvette Mollen : Je n'ai pas de données vérifiées et récentes pour le nombre de locuteur·trices de la langue innue sur la Côte-Nord. Ce serait le rôle de l'Institut Tshakapesh d'effectuer ce travail d'évaluation de l'état de la langue. Comme cet organisme a un accès direct aux communautés et aux écoles innues, ce serait facile d'engager des personnes qui iraient sur le terrain et évalueraient la situation de la langue : l'utilisation, la transmission, etc.

Ce que je peux vous dire c'est que la situation a évolué depuis la colonisation. Beaucoup d'Innu·es d'une certaine génération et de certaines régions, comme en Minganie ou en Basse-Côte-Nord, n'utilisent que l'innu-aimun pour communiquer. Mais le commerce, les pensionnats et bien sûr les écoles telles qu'on les connaît maintenant ont contribué au bilinguisme des Innu·es. Aujourd'hui, presque tous·tes les Innu·es de moins de 60 ans sont bilingues.

Ensuite, pour expliquer certaines choses, ça me vient en innu d'abord…

Eshpish mishkutshipanit eshinniunanut anite innu-assit, mishta-mishkutshipanu ashit innu-aimun. Ne ua issishueian : ueshkat innu inniuipan anite nutshimit, kushpipan eshku eka shitshimakanit tshetshi apit anite innu-assit. Mishapani aimuna,

mitshenupani kie, tanite innu-aitun an takuanipan eshakumitshishikua, nataunanipan, kussenanipan kie takuanipani aimuna anite nutshimit iapashtakaniti. Anutshish eshpish apinanut anite innu-assit, mishkutshipanua aimuna, passe tutakanipani, passe auiashunanipani anite mishtikushiu-aimunit kie ma akaneshau-aimunit.

Ekue takuak katshishkutamatsheutshuap, ekue takuak mishtikushiu-aimun. Passe innu-auassat ekue eka tshishkutamuakaniht aimuna : nutshimiu-aimuna ushkat kie nenua kutaka aimuna iapatanniti tshetshi nishtuapatahk : pishimuat, atushkan-tshishikua, atshitashuna, atishauiana, eshinikuashuniti aueshisha, namesha…. Anu uetshiuat tshetshi mishtikushiu-uitahk. Apishish anite katshishkutamatsheutshuapit uauitamuakanuat muku apu ishpannit nenu. Tshika ui itutakanuat anite nutshimit, tshika ui nishtutatishuat nenua nutshimiu-aimuna kie tshika ui eshku tapishimakanuat anite innu-aitunit.

(Avec le changement de vie dans les communautés, un changement s'est fait au niveau de la langue. Avant qu'on ne leur impose la sédentarisation, les Innu·es vivaient à l'intérieur des terres et fréquentaient le territoire. Plusieurs mots étaient utilisés aussi parce que la culture était plus vivante tous les jours : on chassait, on pêchait et les mots de l'intérieur des terres étaient utilisés. Depuis que les réserves existent, les mots changent, certains néologismes ont été faits, certains mots sont empruntés au français ou encore à l'anglais.

Et puis, il y a eu l'école. Certains enfants n'ont pas appris les mots de l'intérieur des terres ainsi que ceux utiles dans la vie de tous les jours : les mois de l'année, les jours de la semaine, les chiffres, les couleurs, le nom des animaux, des poissons… Ils ont plus de facilité à les prononcer en français. On leur en parle à l'école, mais ce n'est pas suffisant. Il faudrait les amener à l'intérieur des terres, il faudrait qu'ils et elles comprennent ces mots pour les connecter à la culture innue.)

Malgré tout, je reste optimiste, car de plus en plus de personnes sont conscientes du danger et tentent d'inverser la tendance à la baisse. Un travail immense est à faire, là devant nous, et si tous et toutes s'y mettent, ce sera plus facile de voir des résultats encourageants.

ÀB ! : Dans quelles sphères d'activité les défis de la conservation et du développement de la langue sont-ils les plus grands ?

Y. M. : À Ekuanitshit, la majorité de la communauté parle innu. Mais dans toutes les communautés, le défi est à la maison. À l'école, les enfants reçoivent l'enseignement en français et, avec les nouvelles technologies, ils et elles découvrent aussi d'autres langues : les parents doivent donc prendre le relais et continuer en innu après la journée de classe, pour pallier les manques.

Lorsqu'on entend les parents parler innu à leurs enfants et qu'on entend les enfants qui se parlent innu entre eux et elles, c'est très positif, car on sait que la transmission est assurée. Aussi, la pratique de la culture facilite l'apprentissage de la langue. La génération des grands-parents et celle des parents parlent très bien l'innu. Les grands-parents ont connu ce qu'était le nomadisme, car la communauté d'Ekuanitshit est devenue une « terre réservée » en avril 1963.

ÀB ! : Avec la migration de plusieurs Innu·es vers les villes, quelles sont les stratégies gagnantes pour assurer la pérennité de l'innu-aimun sur le territoire ? Lesquelles sont les mieux adaptées pour les communautés sur la Côte-Nord ?

Y. M. : La majorité des Innu·es habitent encore les communautés et beaucoup de ceux et celles qui s'exilent vont revenir un jour ou l'autre. Cependant, ceux et celles qui sont maintenant à l'extérieur n'ont parfois plus l'innu comme langue maternelle. Il sera difficile de reparler l'innu s'ils ou elles ne l'ont jamais parlé, mais avec de la volonté, on peut s'approprier notre langue sans problème.

La première stratégie est donc la transmission directe des parents à son enfant : parler innu tous les jours à son enfant. Ensuite, s'assurer de pratiquer des activités culturelles, car c'est là que les mots de l'intérieur des terres sont utilisés. Si l'activité est faite avec les enfants à répétition, ce sera facile de continuer à communiquer, à transmettre en innu. Sur la Côte-Nord, il y a la nature, le plein air, les grands espaces. Toutes les activités culturelles sont donc faisables comme nos arrière-grands-parents les faisaient. On peut chasser les gibiers d'eau, aller à la pêche, faire un séjour à l'intérieur des terres, aller camper, manger les produits de la chasse et la pêche.

ÀB ! : Vous enseignez l'innu-aimun à l'Université de Montréal depuis 2017 et êtes professeure invitée de la Faculté des arts et des sciences depuis 2021. Quelles sont les difficultés d'enseigner l'innu-aimun à des étudiant·es non innu·es, et la plupart du temps non autochtones ? Est-ce une langue difficile à enseigner ?

Y. M. : Le plus grand défi a été d'adapter l'enseignement langue maternelle à l'enseignement langue seconde. Les Innu·es qui parlent la langue innue ont ce que les étudiant·es non locuteur·trices n'ont pas, soit « l'instinct ». Les locuteurs·trices connaissent « d'instinct » des éléments puisque ceux et celles-ci ont été exposé·es dès la naissance à la langue. Cependant, une difficulté demeure la même dans les deux cas, puisque les Innu·es n'ont pas eu de cours sur la grammaire de la langue.

C'est difficile pour les étudiant·es qui apprennent. C'est difficile parfois de bien expliquer des choses abstraites qui n'existent pas dans la langue de l'apprenant·e. Il faut leur dire alors qu'ils et elles doivent apprendre par cœur jusqu'à ce que la notion soit intégrée complètement.

ÀB ! : À quel autre endroit aimeriez-vous enseigner l'innu-aimun ?

Y. M. : J'aimerais enseigner dans les communautés innues, à l'intérieur des terres, à des enfants du préscolaire et primaire en même temps qu'à leurs parents avec l'aide d'aîné·es. Ce serait la meilleure école qui unirait la langue et la culture innues. Mais maintenant, j'enseigne l'innu à l'Université de Montréal en ligne. J'aime cet enseignement, cela me permet d'expérimenter cette façon de faire.

ÀB ! : En innu-aimun, y a-t-il des mots ou des concepts qui ont malheureusement dû être inventés pour nommer des phénomènes blancs ?

Y. M. : Je ne dirais pas « malheureusement ». Toutes les langues inventent de nouveaux mots face aux nouvelles réalités. Par exemple, depuis la pandémie et le confinement, les contacts par vidéoconférence ont augmenté : nous avons eu Zoom et des expressions sont apparues, « zoomer » par exemple. Dans notre monde actuel, il faut inventer les mots qui n'existent pas pour ne pas perdre la langue, c'est l'évolution de la langue. Et tant que la langue évolue, elle est en vie.

La façon dont les mots sont créés en innu-aimun tient de l'observation, de la vision de l'objet ou du concept. Beaucoup de nouveaux mots sont créés selon leur utilité chez les Innu·es. Beaucoup d'autres ne sont pas créés parce qu'ils ne sont pas utiles. Quand certains concepts en français n'existent pas en innu, il faut expliquer le concept et traduire la définition.

ÀB ! : La langue innue est-elle genrée ? Quels sont les genres en innu-aimun ?

Y. M. : Le genre, en innu, c'est l'animé et l'inanimé. Cela n'a rien à voir avec ce qui est vivant et non vivant, ce qui bouge ou ce qui ne bouge pas.

C'est une façon de classer les mots qui n'est pas non plus reliée au masculin ou au féminin. Mais nous pouvons différencier un homme d'une femme, d'un mâle ou d'une femelle chez les animaux. Tous·tes seront animé·es : les hommes et les femmes, sans oublier toutes les catégories d'êtres humains. On dira pour l'orignal mâle « nape-mush » (du morphème nape, « mâle ») et pour la femelle « ishkue-mush » (du morphème ishkue, « femelle »).

ÀB ! : Pourriez-vous parler un peu du débat entourant la nécessité ou non de transposer à l'écrit l'innu-aimun ? Et des enjeux de la standardisation de la langue ?

Y. M. : Quand on pense au français, dont l'écriture est standardisée partout dans le monde où la langue est utilisée, la question ne se pose pas. Apprendre le français pour le parler, on appelle ça un moyen de communication. Quand quelqu'un l'écrit ou le lit, là, on appelle ça l'éducation. On protège la langue par des lois, on manifeste pour celle-ci, on brandit le poing quand un directeur d'une quelconque compagnie fait une entrevue dans une autre langue que la langue prescrite par le peuple qui la veut en vie encore longtemps.

Alors, je ne parle pas de débat pour l'innu. Il en faudrait un pourtant, un débat véritable pour la conservation de l'innu par l'écriture standardisée. Les personnes qui ne sont pas en faveur de cette standardisation ne savent souvent pas la lire ni l'écrire. Elles ne connaissent pas encore la richesse de leur langue maternelle.

La première chose que les Innu·es doivent faire pour l'enjeu entourant la langue, c'est de la transmettre oralement à la génération suivante. Il ne faut pas laisser gagner les langues dominantes dans la conversation. Je m'explique : quand mon enfant me répond en français ou en anglais, je continue à parler innu, je réponds en innu. L'important est d'abord de parler la langue. L'écrire viendra ensuite, après avoir eu un bon apprentissage.

Utiliser la bonne orthographe est bon pour les enfants qui apprennent la langue sur les bancs d'école. Il faut qu'ils et elles voient une bonne orthographe exempte de fautes. Ce sera plus facile de lire, de comprendre pour la suite de l'apprentissage. Si nous lisions quelque chose écrit ainsi : « keskia, pourkoi ske t'me parl d'même ? » dans les livres qu'apportent nos enfants de l'école, nous appellerions probablement la direction d'école pour nous plaindre. Nous aurions une discussion quant au sérieux de l'enseignement. La confiance en l'école serait ébranlée.

Dans le cas de l'innu, certains parents n'ont pas eu la chance de connaître l'écriture standardisée. Les enfants l'apprennent à l'école, mais pas encore suffisamment. Si le parent s'intéresse à cette écriture, il ou elle pourra apprendre en même temps que son enfant.

ÀB ! : Est-ce que la toponymie de la Côte-Nord reflète bien la présence de l'innu-aimun ?

Y. M. : Les Innu·es ont toujours nommé les rivières, les lacs, les portages qu'ils et elles fréquentaient depuis des millénaires. Les villages voisins des communautés innues sont nommés en innu, même que les noms de certains d'entre eux sont francisés de l'innu. Par exemple Tshekashkau, qui veut dire « endroit rocheux, sans banc de sable », s'appelle en français Kegaska. Avec la colonisation, certains lacs, rivières ou montagnes ont été renommés. Mais l'Innu·e gardera le nom de l'endroit tel qu'il ou elle l'a appris.

ÀB ! : Quelles seraient les conséquences directes de la disparition de la langue ? Pourquoi son maintien et son développement sont-ils cruciaux ?

Y. M. : La culture est très liée à la langue, les deux sont inséparables. La culture des gens nomades disparaît tranquillement et s'en va vers l'oubli dans certaines communautés. Les jeunes et les enfants ne vivent plus comme leurs ancêtres, n'ont pas la moitié du vocabulaire que ces dernier·ères connaissaient et utilisaient. C'est la sédentarisation et l'éducation obligatoire qui a fragilisé la langue. Si la langue disparaît, la culture aussi disparaît, tout comme notre identité. Les Innu·es auraient de la difficulté à s'identifier réellement, à vivre pleinement, à pratiquer les activités culturelles comme cela se faisait au temps de leurs grands-parents. Ils et elles pourraient pratiquer les activités d'une autre façon, peut-être sans la moindre conviction. Si cela arrive un jour, les Innu·es vont tenter de « baragouiner » une langue lointaine, sans trop savoir ce qu'ils et elles disent et sans comprendre toute l'immensité des subtilités de la langue.

Un jour, en allant dans une communauté innue, nous cherchions notre chemin. Nous nous sommes donc arrêté·es proche d'une maison. Un aîné était assis sur la galerie, sur sa chaise berçante, il me faisait penser à mon père. Un homme basané qui a pris beaucoup de soleil, quelques rides sur le front, les cheveux noirs. Je me suis approchée de lui et lui ai demandé le chemin en innu. Il m'a répondu en français en me disant qu'il ne me comprenait pas. J'ai donc redemandé en français et il m'a indiqué le chemin. J'ai été déboussolée de voir qu'il ne parlait pas innu et qu'il était un Innu.

Je pense à ces nations qui ont vu leur langue s'endormir. Elles tentent de la réveiller, mais ce n'est plus comme avant, elles ne peuvent plus décrire, plus dire. Tout ne résonne plus comme avant. Elles empruntent à d'autres langues, mais ce n'est plus pareil. Que dire des activités traditionnelles ? Nous irions à l'intérieur des terres en nommant tout en français ou en anglais, en ne mangeant pas les produits de la chasse. C'est donc crucial de maintenir la langue, c'est notre identité.

ÀB ! : Tshimishta-nashkumitinan ! (Nous te remercions beaucoup !)

Yvette Mollen est professeure invitée à la Faculté des arts et des sciences, département de littérature et langues du monde à l'Université de Montréal. Les réponses à l'entrevue ont été données à l'écrit.

Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent

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Retour à la table des matières Revue Droits et libertés, printemps / été 2023

Lutter pour le droit à l'égalité effective

Martine Éloy, militante à la LDL et membre du CA de 2002 à 2022

Les années 1963 à 2000

Victoire majeure de la Ligue des droits et libertés (LDL) : en 1975, après une dizaine d’années de pressions et de revendications, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec a finalement été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Pour une première fois au Québec, les droits fondamentaux étaient enchâssés dans un document juridique ! Au cours des premières décennies de son existence, l’intervention de la LDL sur la question du racisme a pris la forme de dénonciations des discriminations et d’appuis à des luttes menées par des groupes victimes de discrimination, notamment celle des chauffeur-euse-s de taxi haïtien-ne-s, et celles de réfugié-e-s et sans-statut, dont Victor Regalado et Mohamed Cherfi. La LDL a aussi été très active en appui aux Autochtones engagé-e-s dans la lutte pour leurs droits, comme dans la guerre du saumon. Dès les années 1980, tout en poursuivant son travail terrain de dénonciations des discriminations, la LDL s’est penchée sur la montée des mouvements d’extrême-droite néonazis et des violences racistes au Québec1, jetant ainsi les bases d’une analyse systémique du racisme.

Les années 2000 et la guerre au terrorisme

Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné lieu dans les pays occidentaux à une déferlante d’islamophobie. L’horreur de l’attentat a été instrumentalisée pour réactiver les stéréotypes associés aux mondes musulman et arabe, omniprésents dans la culture occidentale, et les répandre allègrement dans l’espace public. Les manifestations de gestes racistes ne se sont pas fait attendre, avec des conséquences directes, inquiétantes et bouleversantes pour les populations concernées : discrimination en matière d’emploi et de logement, agressions verbales et physiques envers les femmes portant le voile, profilage racial dans l’application des mesures antiterroristes dont les listes d’interdiction de vol et les certificats de sécurité, et de nombreuses autres. La LDL a alors initié un projet d’observatoire pour documenter et dénoncer ce néo-racisme ou racisme culturel. En effet, l’attribution à un groupe, présenté comme homogène, d’une identité culturelle stéréotypée, considérée inférieure et irréconciliable avec la culture dominante, constitue une forme de racisme.

2007 et après : Charte des valeurs et laïcité de l’État

Le climat de peur savamment entretenu par les gouvernements après le 11 septembre a favorisé la montée d’un racisme décomplexé dans le discours public. Cette période du discours du EUX contre NOUS a ouvert grande la porte au discours identitaire construit autour des soi-disant valeurs québécoises aux dépens des personnes musulmanes ou perçues comme telles. Il y a d’abord eu tout le débat public autour des accommodements raisonnables qui a donné lieu à la Commission Bouchard-Taylor en 2007. À cette occasion, la LDL a déposé un mémoire et témoigné aux audiences, rappelant que les mesures d’accommodement ont comme objectif de lutter contre l’exclusion en favorisant l’intégration d’un individu ayant un besoin spécifique (mobilité, santé, religion). La LDL a alors réitéré que tous les droits sont interdépendants et ne peuvent donc pas être hiérarchisés. Les conclusions du rapport Bouchard-Taylor ont été ignorées et, à la suite de ce rapport, nous avons plutôt eu droit à une série de projets de loi discriminatoires visant les minorités religieuses et particulièrement les femmes musulmanes : PL 942, PL 60 (Charte des valeurs)3, PL 624 et le PL 215. Pendant cette période, la LDL a émis nombre de communiqués, lettres ouvertes et mémoires, arguant que la majorité ne peut priver une minorité de droits garantis par les chartes des droits au nom des soi-disant valeurs de la majorité. En fait, le discours sur les valeurs communes est un discours d’exclusion. La LDL a aussi publié Laïcité, un fascicule qui a été réimprimé à quatre reprises entre 2010 et 2019. L’objectif était d’arriver à une compréhension commune du concept de laïcité, qui a été développé pour protéger les groupes de croyances minoritaires et non pour imposer une non-croyance. Tous les projets de loi ci-dessus ont échoué à être adoptés, sauf le PL 216, promulguée par la Coalition avenir Québec (CAQ) sous le bâillon en 2019.

Fredy Villanueva et la lutte contre le profilage racial

L’usage abusif de la force, notamment envers des jeunes racisés, et le profilage qui le sous-tend ont toujours été dans la mire de la LDL. Le 9 août 2008, Fredy Villanueva, un jeune de 18 ans, a été abattu par un policier alors qu’il était avec un groupe de jeunes qui jouaient aux dés dans un parc à Montréal-Nord. Lors de l’intervention policière qui dura moins d’une minute, deux autres jeunes ont aussi été blessés par les tirs du policier. Le sentiment d’injustice ressenti face à cet incident d’une violence inouïe a engendré une importante mobilisation contre les violences policières dont sont particulièrement victimes les personnes racisées. La LDL a participé activement à une coalition qui réclamait une enquête publique pour faire la lumière, non seulement sur les causes et circonstances de cette mort, mais aussi sur l’impunité policière et le traitement que la police réserve aux personnes racisées et marginalisées. Cet évènement a relancé la mobilisation pour dénoncer le profilage racial et les abus policiers.

2016 : Le racisme est systémique

En 2016, à l’initiative de groupes racisés, une vaste coalition s’est constituée pour demander que le gouvernement tienne une consultation publique sur le racisme systémique. Dans ce contexte, les membres de la LDL, réuni-e-s en AGA, ont décidé, sur recommandation du comité Racisme, laïcité et exclusion sociale, de faire de la lutte au racisme une priorité et ont endossé l’approche systémique du racisme.
Au-delà des comportements individuels, des propos vexatoires et des gestes discriminatoires, il y a des facteurs et des pratiques organisationnelles, institutionnelles et sociétales qui ont des effets discriminatoires pérennes pour les personnes racisées.
Pour la LDL, à la suite du constat que le droit formel n’est pas suffisant pour combattre un système, il est devenu apparent qu’il est important de s’attaquer aux causes structurelles du racisme. C’est dans cet esprit que la LDL a déposé un mémoire en 20197 et participé aux audiences de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) sur le racisme et la discrimination systémiques. Certaines des recommandations de la LDL figurent d’ailleurs dans le rapport final de la Ville de Montréal. La LDL a appuyé l’appel à la création d’une commission sur le racisme systémique au Québec et a produit une brochure en 2016, Le racisme systémique… parlons-en!, permettant de mieux comprendre ce terme souvent galvaudé et mal interprété, y compris par le premier ministre lui-même. Depuis, la LDL a multiplié les occasions pour faire connaître le concept du racisme systémique auprès de publics francophones et anglophones d’abord par la publication d’une brochure qui a circulé à plus de 10 000 exemplaires ; d’un numéro de la revue Droits et libertés ; d’ateliers publics et privés ; de webinaires ; de capsules vidéo en animation ; des carnets des militant-e-s et, en 2022, d’une 2e édition révisée de la brochure.

2020 à 2023 : La pandémie révélatrice des iniquités

La pandémie de COVID-19 a mis en lumière ce qu’on on savait déjà : nous ne sommes pas tous et toutes égales, même face à la maladie. Pour les personnes racisées notamment dans les quartiers du nord-est de Montréal, l’éloignement des services médicaux, les conditions d’emplois précaires dans des secteurs jugés essentiels, le caractère exigu des logements qui ne permettent pas la distanciation et l’impossibilité de s’absenter pour se faire vacciner sont tous des facteurs qui expliquent un taux de décès supérieur à ceux de la plupart des autres quartiers de Montréal. C’est un exemple éloquent de l’interdépendance des droits : lorsque le droit à l’égalité est bafoué, cela porte à atteinte à d’autres droits, tel le droit à la santé et à la vie. Le traitement subi par Joyce Echaquan au Centre hospitalier De Lanaudière est malheureusement un autre exemple de l’existence du racisme sociétal au Québec et plus largement au Canada. Il est urgent de reconnaître l’existence du racisme systémique, car on ne peut espérer vaincre un problème dont on nie l’existence. Le droit à l’égalité est au cœur de notre mission et la LDL s’engage à poursuivre son intervention dans la poursuite de la lutte pour une société où le droit à l’égalité de tous et toutes sera une réalité.
  1. Ces travaux ont mené à la publication du livre Les Skins Heads et l’extrême droite, VLB Éditeur, 1991.
  2. Gouvernement du Québec, Projet de loi no 94, Loi établissant les balises encadrant les demandes d’accommodement, 2010.
  3. Gouvernement du Québec, Projet de loi no 60, Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État, 2013.
  4. Gouvernement du Québec, Projet de loi no 62, Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements pour un motif religieux dans certains organismes, 2017.
  5. Gouvernement du Québec, Projet de loi no 21, Loi sur la laïcité de l’État, 2019.
  6. LDL, Le projet de loi 21 : un projet de loi discriminatoire et contraire aux principes fondamentaux d’un État de droit, mai 2019.
  7. Ligue des droits et libertés, Opinion écrite déposée à l’Office de consultation publique de Montréal, 31 octobre 2019, https ://liguedesdroits.ca/la-ville-de-montreal-possede-les-outils-necessaires-pour-contrer-le-racisme-systemique/
 

L’article Lutter pour le droit à l’égalité effective est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.

Déclaration d’écrivain.e.s francophones : « Nous ne pouvons pas nous taire » - Pour Gaza

« Nous ne pouvons pas nous taire et avons l'obligation morale de dénoncer les massacres en cours contre le peuple palestinien, avec le soutien actif ou la complicité de la (…)

« Nous ne pouvons pas nous taire et avons l'obligation morale de dénoncer les massacres en cours contre le peuple palestinien, avec le soutien actif ou la complicité de la plupart des États occidentaux. » Un ensemble d'écrivaines francophones, en joignant leurs voix à celles des femmes palestiniennes et israéliennes qui œuvrent pour la paix, dénoncent la situation à Gaza et demandent un cessez-le-feu immédiat.

Tiré du blogue des signataires.

« Si vous n'êtes pas atterré.e.s par ce qui se passe à Gaza

Si vous n'êtes pas bouleversé.e.s jusqu'au plus profond de votre être

Alors il y a quelque chose qui ne va pas dans votre humanité »

Révérend Mundher Isaac, pasteur assistant à l'église luthérienne de Bethléem, sermon de Noël, décembre 2023.

Trois mois après les crimes contre l'humanité commis par le Hamas le 7 octobre 2023 lors de son attaque contre le territoire israélien, que nous condamnons sans réserve aucune, la riposte d'Israël s'est avérée être un carnage révélant des buts de guerre allant bien au-delà de « l'élimination du Hamas ».

Le bilan en pertes civiles palestiniennes dans la bande de Gaza s'élève à plus de 30 000 morts, majoritairement des femmes et des mineurs (70%) selon le rapport établi par Euro-Mediterranean Human Rights Monitor (Euro-Med) pour la Cour Pénale Internationale et pour les Nations Unies, daté du 27 décembre 2023, qui tient compte dans ce chiffre d'une estimation du nombre de victimes ensevelies sous les décombres.

Les habitants de Gaza sont soumis, non seulement aux bombardements incessants de l'aviation israélienne et de son armée de terre qui a envahi l'enclave, mais aussi à la privation d'eau, de nourriture et de soins. Le bombardement des hôpitaux et l'implacable blocus qui empêche la quasi-totalité de l'aide de parvenir à sa population, ainsi que le déplacement forcé de plus de 85% des Gazaouis vers le Sud de l'enclave également pilonné sans relâche fait dire à tous les observateurs internationaux qu'un nettoyage ethnique de la bande de Gaza est en cours, accompagné de pratiques relevant clairement d'une intention génocidaire[1].

La gravité extrême de cette situation ainsi que les déclarations de membres du gouvernement Netanyahou préconisant la poursuite de la guerre et un déplacement massif de la population gazaouie hors de son territoire, ont conduit le 29 décembre 2023 l'Afrique du Sud à déposer une plainte devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), accusant l'État d'Israël de violer la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide.

Pretoria invoque « les droits et les obligations de l'Afrique du Sud » de prévenir le génocide et « de protéger les Palestiniens de Gaza de la destruction ». La plainte de l'Afrique du Sud ne sera toutefois prise en compte qu'au terme d'une longue procédure. Or pour Gaza chaque jour sans cessez-le-feu, sans eau, sans nourriture, sans aide humanitaire, est une journée de vies perdues, brisées, de souffrance, d'horreur.

Nous ne pouvons pas nous taire et avons l'obligation morale de dénoncer les massacres en cours contre le peuple palestinien, avec le soutien actif ou la complicité de la plupart des États occidentaux. À l'instar de toutes les organisations mondiales de défense des droits humains et en joignant nos voix à celles des femmes palestiniennes et israéliennes qui œuvrent pour la paix, nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et sans conditions et l'arrivée de toute urgence d'une aide humanitaire massive à la hauteur des besoins.

Signataires

Abomo-Maurin Marie-Rose (Cameroun)

Achour Amina (Maroc)

Alie Marijosé (Martinique)

Anselmo Marielle (France)

Ba Dicko Safiatou (Mali)

Bel Haj Yahia Emna (Tunisie)

Bessis Sophie (Tunisie)

Bourrel Anne (France)

Bouvet de la Maisonneuve Fatma (Tunisie)

Cadier Florence (France)

Carpenter-Latiri Dora (Tunisie)

Cusset Catherine (France)

Desautels Denise (Canada)

Devi Sort Ananda (Maurice)

Diallo Ba Fatimata (Sénégal)

Dupré Louise (Canada)

El-Masri Maram (Syrie)

Essalmi Nadia (Maroc)

Feki Hella (Tunisie)

Fournier Danielle (Canada)

Fréchette Carole (Canada)

Jacquot Martine (France/Canada)

Gauvin Lise (Canada)

Granjon Elisabeth (France)

Lazlo Viktor (Martinique)

Makhlouf Georgia (Liban)

Catherine Marceline (Martinique)

Masset Marie-Christine (France)

Monette Madeleine (Canada)

Octavia Gael (Martinique)

Oumhani Cécile (France)

Rakotoson Michèle (Madagascar)

Régimbald Diane (Canada)

Serraj Loubna (Maroc)

Tadjo Véronique (Côte d'Ivoire)

Tauil Leila (Maroc)

Wihelmy Audrée (Canada)

Zouari Fawzia (Tunisie)

[1] Les termes de « crime contre l'humanité » et de « génocide » sont définis par la Cour Pénale Internationale (en français : Elements-des-crimes.pdf (icc-cpi.int))

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L’impunité israélienne fait monter les tensions régionales

Depuis le début de la guerre d'Israël contre la bande de Gaza à la suite de l'action armée du Hamas le 7 octobre, les tensions régionales n'ont cessé de s'intensifier sans se (…)

Depuis le début de la guerre d'Israël contre la bande de Gaza à la suite de l'action armée du Hamas le 7 octobre, les tensions régionales n'ont cessé de s'intensifier sans se transformer (encore) en guerre ouverte et directe. Face à la violence de l'armée d'occupation israélienne soutenue par ses alliés impérialistes occidentaux, les risques d'embrasements régionaux beaucoup plus meurtriers ne cessent de croître.

Hebdo L'Anticapitaliste - 689 (04/01/2024)

Par Joseph Daher

Crédit Photo
Tasnim News Agency - Saleh al-Arouri

L'État israélien a notamment intensifié ses bombardements et attaques contre le Liban et en Syrie ces dernières semaines. Le 25 décembre 2023, au sud de Damas, des missiles israéliens ont assassiné le général de brigade Razi Moussavi, un important commandant de la Force Qods, branche des opérations étrangères et unité d'élite des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran. Les dirigeants iraniens ont promis une réponse à cet assassinat.

Des risques d'embrasement du côté du Liban

Néanmoins, les risques les plus importants sont au Liban et en particulier après l'assassinat par l'armée d'occupation israélienne, dans une attaque dans la banlieue sud de Beyrouth le 2 janvier 2024, de Saleh al-Arouri, le numéro 2 du bureau politique du Hamas et l'un des commandants de sa branche militaire, les Brigades al-Qassam. Deux autres responsables du Hamas, Samir Fandi et Azzam al-Akraa, ainsi que quatre autres affiliés au mouvement mais aussi à la Jamaa Islamiya libanaise, ont également été tués dans cette attaque.

Le dirigeant du Hamas Arouri était installé au Liban depuis 2018. Emprisonné à deux reprises, il a passé une douzaine d'années dans les geôles israéliennes avant d'être libéré en avril 2010. Il était l'un des interlocuteurs privilégiés du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Jusqu'à maintenant, le Hezbollah, de même que son soutien iranien, ne souhaitait pas un engagement militaire trop important et coûteux contre Israël. L'organisation libanaise s'est limitée à être un « front de pression » contre Tel-Aviv, comme exprimé à plusieurs reprises par Hassan Nasrallah.

Les attaques israéliennes ont néanmoins déjà causé la mort de 140 membres du Hezbollah entre le 8 octobre 2023 et début janvier 2024. Les frappes aériennes et de drones de l'armée d'occupation israélienne sur les villages du Sud-Liban ont également poussé plus de de 64 000 personnes à se déplacer vers des régions plus « sûres » et endommagé de vastes étendues de terres agricoles, ainsi que des habitations. Cependant cet assassinat du dirigeant palestinien Arouri dans la banlieue sud de Beyrouth risque d'accroître encore davantage de manière dangereuse les tensions entre le Liban et Israël, avec une réaction très probable du Hezbollah dans les prochains jours.

En mer Rouge, les houthis contre les forces armées des États-Unis

De même, du côté du Yémen, les tensions augmentent entre le mouvement politique et armé yéménite des houthis et les forces armées des États-Unis. Depuis le 7 octobre, les houthis ont en effet multiplié les attaques en mer Rouge contre des navires qu'ils estiment « liés à Israël », en solidarité avec les PalestinienNEs. Face à cette situation, au début du mois de décembre, une force navale multinationale a été mis en place par les États-Unis afin de protéger les navires de la mer Rouge, par laquelle transite 12 % du commerce mondial. Le 31 décembre 2023, dix militants houthis ont été tués en mer Rouge après que l'armée américaine a affirmé avoir coulé trois de leurs navires en réponse à des attaques contre un porte-conteneurs d'un transporteur danois. Il s'agit de la première frappe meurtrière contre les houthis depuis que les États-Unis ont annoncé la mise en place de la force navale multinationale. En plus de ces mesures, Washington a imposé des sanctions visant les circuits de financement des houthis, ciblant plusieurs personnes et entités au Yémen et en Turquie qu'ils jugent impliquées dans ces financements.

Tandis que la guerre génocidaire contre la bande de Gaza ne cesse pas, tandis que les dirigeants du gouvernement israélien ont annoncé que la guerre contre la bande de Gaza allait se poursuivre « tout au long » de l'année 2024, l'impunité israélienne est une menace permanente pour les classes populaires régionales et ne cesse d'accroître les dangers d'une guerre régionale.

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Pour le rejet des ententes entre la CAQ et les bureaucraties syndicales

16 janvier 2024, par Marc Bonhomme — ,
Il faut écouter l'entrevue du Midi-Info (15/01/24, 12h43) avec une enseignante du quartier Saint-Michel à Montréal pour comprendre pourquoi elle-même et, selon ses dires, ses (…)

Il faut écouter l'entrevue du Midi-Info (15/01/24, 12h43) avec une enseignante du quartier Saint-Michel à Montréal pour comprendre pourquoi elle-même et, selon ses dires, ses collègues de son école, suite à une réunion tâtant le pouls de chacune et chacun, penchent pour le rejet de l'entente de principe de la FAE à moins de l'accepter « par désespoir » comme elle le dit. Le salaire négocié n'est pas à la hauteur de leur formation universitaire et de leur responsabilité ajoute-elle. Elle aurait pu préciser que s'il compensera peut-être pour l'inflation — la formule compensatrice des trois dernières années est bloquée à seulement 1% de plus — dont celle de 2022 à retardement, il n'y aura rien pour le rattrapage. L'accentuation de la crise climatique et sans doute des guerres n'augurent rien de bon au sujet du contrôle de l'inflation. Et on est encore très loin d'égaler la rémunération globale des personnes salariées des autres secteurs publics qui au départ était supérieure de près de 23%.

Selon l'enseignante, là où le bât blesse ce sont pour les améliorations sectorielles pour lesquelles la FAE attendait beaucoup. Il ne faut pas oublier que dans le Grand Montréal syndiquée à la FAE, les conditions d'enseignement sont généralement plus difficiles qu'ailleurs pour cause de milieux plus pauvres, d'immigration plus importante nécessitant l'apprentissage du français et, last but not least, d'un écrémage plus important qu'ailleurs par les écoles privées. Premièrement, les personnes aidantes dans les classes ne seront pas les spécialistes requises pour lesquelles il n'y a pas d'engagement même au bout de la longue convention collective de cinq ans, pas plus que pour la création de nouvelles classes allégeant le fardeau de celles existantes. Affirmer qu'il est impossible maintenant d'y remédier n'excuse pas le fait de ne pas s'engager concrètement pour les années suivantes et n'est pas effacer par un bonus compensatoire qui ne règle rien de conclure l'enseignante. Sans compter, ajoute l'enseignante, que l'aide escomptée même déficiente nécessite un pointage complexe difficilement atteignable.

Côté santé, c'est moins clair. Mais les négociations avec la FIQ traînent en longueur parce qu'en plus de l'offre salariale inadéquate elle ne veut rien savoir de la « flexibilité » exigée par la CAQ dans la cadre de la prise en mains du secteur santé par les « top guns ». Ce qui laisse entendre que le Front commun a avalé la pilule en retour de compensations monétaires additionnelles pour les quarts difficiles et les types d'emploi où l'écart avec le marché était criant. Faut-il aussi comprendre que côté éducation le Front commun ait aussi fait preuve de flexibilité ce qui serait moins problématique pour la CSQ syndiquant hors les plus difficiles grands centres urbains ? Il faut donc comprendre que la CAQ a su non pas jouer les syndicats hors Front commun contre celui-ci mais l'inverse allant jusqu'à instaurer une politique de retour en classe acceptable pour mieux faire passer l'amère pilule. Réalisant la manœuvre, si elles le réalisent, les syndiquées du Front commun sauront-elles faire preuve de solidarité en rejetant le corporatisme de leurs directions syndicales ? Prendre cinq semaines pour voter l'entente sent à plein nez la volonté manipulatoire de la bureaucratie syndicale qui veut bien encadrer toutes ces assemblées.

Si cette entente de principe passe, cette pseudo victoire féministe, dixit Le Devoir, laissera le même goût amer de statuquo amélioré que la soi-disant victoire du printemps érable de 2012. Le fond de l'air dégagera la même odeur nauséabonde d'occasion ratée sans aucun autre relais qui pointe à l'horizon. Cette défaite stratégique, car c'est bien de cela qu'il s'agit, laissera le peuple québécois, et encore plus son prolétariat, face au grand vide existentiel de la prolifération des guerres sur fond d'un emballement de la crise climatique que se hâtera de combler la montée de l'extrême-droite fascisante qui menace cette année aux États-Unis et peu après au Canada. Plus que jamais, s'impose un nouveau 1972,

Marc Bonhomme, 15 janvier 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Ne sautons pas trop vite aux conclusions…

16 janvier 2024, par Yvan Perrier — ,
Au moment où nous écrivons les lignes qui suivent, les membres des syndicats affiliés aux quatre organisations syndicales qui forment le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS ainsi que (…)

Au moment où nous écrivons les lignes qui suivent, les membres des syndicats affiliés aux quatre organisations syndicales qui forment le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS ainsi que les membres de la FAE amorcent en assemblée générale, à partir du 15 janvier, l'étude des ententes de principe survenues aux tables sectorielles et à la table centrale.

Ce processus s'échelonnera jusqu'au 25 janvier à la FAE et au 19 février 2024 pour le Front commun. Les salarié.e.s syndiqué.e.s qui sont représenté.e.s par la FIQ, le SPGQ et le SFPQ n'ont, de leur côté, rien de concret à présenter à leurs membres. Ce n'est donc pas avant quelques semaines encore qu'il sera possible d'entreprendre un véritable bilan de la présente ronde de négociation et d'identifier qui a réussi à obtenir les concessions souhaitées ou à négocier les compromis recherchés.

Tant et aussi longtemps que la négociation n'est pas terminée, avec la totalité des 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic, il est un peu trop tôt pour parler de « victoire » d'une des deux parties négociantes sur l'autre. Ceci étant dit, il est quand même possible d'identifier un certain nombre d'aspects qui caractérisent l'entente de principe survenue le 28 décembre 2023 à la table centrale du Front commun, principalement sur les enjeux intersectoriels (c'est-à-dire le monétaire et le salarial).

Sur certains aspects de l'entente du 28 décembre 2023

Il y a belle lurette qu'une proposition de contrat de travail comportant minimalement une augmentation salariale de 17,4% sur 5 ans n'a pas été convenue entre le gouvernement du Québec et la grande majorité des salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic. Depuis la ronde des décrets de 1982, ce qui a été imposé unilatéralement par l'État-patron ou négocié entre le gouvernement du Québec et les organisations syndicales dans les secteurs public et parapublic n'a pas servi de modèle dans le secteur privé. L'époque où le secteur public pouvait revendiquer être une locomotive pour le secteur privé s'est interrompue en 1979. À partir de ce moment, les employeurs privés et l'État employeur ont décidé de remettre en question brutalement certains acquis syndicaux. Avec pour résultat que les augmentations salariales obtenues dans les secteurs public et parapublic du Québec, au cours des quarante dernières années, ont, la plupart du temps, été inférieures à l'inflation. Des années 2003 à aujourd'hui, les augmentations paramétriques ont oscillé entre 0 à 2% par année. Il faut donc rappeler ici que le 17,4% d'augmentation salariale minimale pour la période couverte d'avril 2023 à mars 2028 est encore, pour plusieurs personnes, en deçà du 21% (1) d'augmentation offerte aux policières et aux policiers de la SQ et très loin du 30% d'augmentation que les député.e.s se sont accordé.e.s pour l'année 2023 seulement. Pour ce qui est de la clause de protection du pouvoir d'achat, soit 1% pour chacune des trois dernières années d'application de la convention, personne ne peut affirmer quoi que ce soit à son sujet. Qui peut prédire avec exactitude le taux d'inflation en 2026, en 2027 et en 2028 ? Ni vous ni moi. Elle est, par contre, plus généreuse que ce qui était prévu face à l'inflation dans l'entente de principe de 2010. Point à la ligne.

Il est par contre exact d'affirmer qu'il y a, dans l'entente de principe du 28 décembre 2023, des employé.e.s syndiqué.e.s qui auront droit à des augmentations salariales supérieures à 17,4%. Certain.e.s obtiendront des primes allant jusqu'à 15% de plus. D'autres se voient offrir un pourcentage d'augmentation supplémentaire. Pourquoi un tel traitement différencié ? Il faut en effet attirer et recruter de nouvelles et de nouveaux employé.e.s dans les secteurs public et parapublic, mais qu'en est-il de la rétention du personnel expérimenté ? Qui paye pour ces augmentations différenciées ?

L'entente de principe qui circulera dans les assemblées générales au cours des prochaines semaines prévoit également des améliorations au RREGOP, l'obtention d'une 5ième semaine de vacances après 19 années d'ancienneté (plutôt que 25), une bonification des contributions de l'employeur aux assurances. Les ouvriers spécialisés et les psychologues auront droit à une prime de 10 à 15% pour les premiers et une majoration de salaire de 10% pour les seconds. Ce qui est bien, mais il y en a combien qui ne toucheront qu'entre 17,4% ou un maximum de 20,4% sur 5 ans si l'inflation ne parvient pas à être jugulée ?

Ce que les membres auront probablement en tête quand elles et ils participeront à leur assemblée générale

Bref, devant une telle entente de principe en provenance de la table centrale ce sera à tout un.e. et chacun.e. de décider si cela répond à ses attentes et à ses intérêts. Il en ira de même devant le contenu des ententes sectorielles dont les détails de plusieurs n'ont pas encore été dévoilés. La question qui habitera les 420 000 membres du Front commun et les 66 500 membres de la FAE se résume minimalement à ceci : les dispositions des ententes sectorielles et de la table centrale permettent-elles ou non d'améliorer les conditions de travail et de rémunération dans les services publics ?


Conclusion

Il appartient aux salarié.e.s syndiqué.e.s concerné.e.s par ces ententes de décider si celles-ci vont enfin contribuer à améliorer l'état des services publics et si elles vont favoriser le recrutement de nouvelles et de nouveaux salarié.e.s et encourager la rétention du personnel expérimenté. De plus, il appartient à ces personnes de décider si à leurs yeux l'entente de principe va permettre ou non de les protéger adéquatement face à l'inflation et si elle autorise d'envisager un véritable début de rattrapage salarial avec les autres services publics ?

La présente ronde de négociation était une occasion d'amorcer un coup de barre en faveur d'un redressement des services publics. Il est trop tôt pour juger de la portée véritable de ce qui sera soumis aux salarié.e.s syndiqué.e.s. Ce ne sera qu'à terme, c'est-à-dire le 31 mars 2028, qu'il sera possible de dégager l'ensemble des gains ou des pertes qui accompagnent la présente entente de principe. D'ici là, évitons de sauter trop vite aux conclusions.

(1) Selon La Presse et Radio-Canada, l'entente de principe de 21% négociée entre le gouvernement du Québec et l'Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ) prévoyait des hausses salariales totales de 5 % en 2022, 3 % en 2023, 7 % en 2024, puis 3 % en 2025 et 2026. Cette entente a été rejetée à un peu moins de 60%.
Ces pourcentages se décortiquaient de la manière suivante :
Pour 2022 : 3% en rattrapage et 2% en augmentation du salaire de base ;
Pour 2023 : 1% en rattrapage et 2% en augmentation du salaire de base ;
Pour 2024 : une prime nationale de l'ordre de 3% plus 2% en rattrapage et 2% en augmentation du salaire de base
Pour 2025 : une prime nationale de l'ordre de 1% plus 2% en augmentation du salaire de base
Pour 2026 : une prime nationale de l'ordre de 1% plus 2% en augmentation du salaire de base

https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2023-09-06/quebec-casse-sa-tirelire-pour-ses-policiers.php.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2008554/surete-quebec-sq-augmentations-salariales?fbclid=IwAR26oh-76ZYpR0fP4iA-ThCVP1nxJ6tiL3B-YdiZburWpau1GTdAXGz3Pis. Consulté le 16 janvier 2024.

Yvan Perrier

15 janvier 2024

14h40

yvan_perrier@hotmail.com

Aparté : Psychodrame social et droit de grève

Il y a dans l'actualité des personnes qui qualifient la ronde de négociation que nous vivons en ce moment de « psychodrame social » et qui demandent une révision du régime de négociation en ce qui a trait au volet portant particulièrement sur le droit de grève. Pour ces personnes, le nombre de participant.e.s au vote doit être plus élevé. Mieux le vote devrait se tenir électroniquement. Ces pourfendeurs des droits démocratiques des syndiqué.e.s observent, par contre, un silence complice devant le mode de scrutin qui permet au gouvernement présentement en place à Québec d'obtenir une députation majoritaire à l'Assemblée nationale à partir d'une minorité des suffrages. Est-il nécessaire de rappeler que le gouvernement Legault n'a obtenu, le 3 octobre 2022, que 1 685 573 votes sur un nombre d'électeurs et d'électrices inscrit.e.s qui s'élevait à 6 302 789, soit à peine un peu plus qu'un électeur ou électrice sur 4 (26,7%). Avec un tel score, François Legault est parvenu à faire élire 90 député.e.s sur 125 (72%). À quand une véritable réforme du mode de scrutin ?

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Le gouvernement Legault, un modèle d’affaires qui n’a rien à voir avec la lutte aux changements climatiques

16 janvier 2024, par Bernard Rioux — ,
Davantage d'extraction minière, davantage de production d'énergie électrique, éolienne ou solaire, davantage d'investissements industriels gourmands en ressources minières et (…)

Davantage d'extraction minière, davantage de production d'énergie électrique, éolienne ou solaire, davantage d'investissements industriels gourmands en ressources minières et énergétiques dans une filière vouée à la transformation du parc automobile, le tout sous le contrôle de multinationales étrangères. Voilà, en somme, le modèle économique que cherche à imposer le gouvernement Legault. Ce modèle n'a rien à voir avec les objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) et de réduction des dépenses en ressources et en énergie, nécessaires pour faire face à la crise climatique. Le projet de loi promis par le ministre Pierre Fitzgibbon cherchera sans doute à ouvrir la voie aux entreprises privées non seulement pour la production d'électricité, mais aussi pour donner la possibilité à ces entreprises de vendre leur production à des clients commerciaux et industriels. C'est là un modèle économique écocidaire contre lequel nous devons nous mobiliser.

Avec le développement de la filière batteries, le boom minier risque de conduire à la destruction de territoires

Dans le domaine minier au Québec, l'intervention de l'État a été marquée au coin du laisser-faire économique. Les différents gouvernements se sont donné comme tâche de favoriser et de protéger les entreprises privées d'exploitation minière sans se préoccuper des citoyen.nes et de leur environnement. L'exploitation minière au Québec se distingue par une triple dépossession. La première est une dépossession matérielle des ressources par les entreprises privées. La seconde est une dépossession politico-écologique par la privation d'un pouvoir de décision citoyen et étatique sur le contrôle et les modalités de l'exploitation des ressources minières. La troisième est une dépossession économique par la spoliation des bénéfices fiscaux, les redevances des minières étant restées très petites par rapport aux revenus que ces entreprises ont pu tirer de leurs activités. [1].

Le Québec dispose de minéraux stratégiques (cobalt, coltan, cuivre, graphite, lithium, zinc, nickel) et de terres rares. Depuis quelques mois, on a assisté à la prolifération de demandes de claims miniers sur le territoire du Québec, facilitée par la Loi des mines qui donne tous les droits aux minières et aux spéculateurs. On compte désormais (en 2022) plus de 20 000 titres miniers dans sept régions du sud du Québec, dont 7 674 titres miniers dans trois régions du sud-est du Québec en date de novembre 2022 : Estrie (1 739), Bas-Saint-Laurent (1 242) et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (4 693). [2].

Les projets d'exploitation minière grugent les terres agricoles et cela ne fait que commencer à cause de la recherche des minerais stratégiques particulièrement le graphite dans le sud du Québec. [3]. La Commission pour la protection des terres agricoles du Québec a accordé 100 % des demandes d'exploration des minières en milieu agricole, 97 % des projets d'infrastructures liés au transport et à la production d'électricité et 99 % des demandes d'implantation des parcs éoliens sur les territoires agricoles. [4]

La multiplication des claims par les minières en territoires citoyens montre que les droits des minières ont préséance sur les plans d'aménagement des territoires des villes et des Municipalités Régionales de Comté (MRC). Le développement des mines et des entreprises par les multinationales risque de se faire aux dépens du contrôle citoyen sur leur territoire. "Laisser libre cours aux principes dévastateurs du free ming fait couler le risque immense de voir se multiplier les cas de contamination des réserves d'eau potable qui en dépendent. Il nous faut écouter davantage la volonté des populations locales et développer de meilleurs mécanismes de protection de nos milieux humides et hydriques avant, ou en dépit de l'émission de titres miniers." (Rébecca Pétrin, directrice générale d'Eau secours. [5] Le cas de Northvolt est exemplaire à cet égard. Alors que cette entreprise a été arrosée par des milliards en argent public, le premier ministre Legault a affirmé que cette compagnie n'aurait pas à passer par une procédure environnementale impliquant un examen du BAPE. [6] Le gouvernement refusait par là d'évaluer les effets d'ordre climatique, l'incidence sur la santé publique et les conséquences sur les milieux naturels et la biodiversité.

Cette montée d'un extractivisme sans balise vise à répondre aux besoins des entreprises multinationales que le gouvernement Legault cherche à attirer par des subventions qui se comptent maintenant en milliards de dollars. Il n'est donc pas question pour ce gouvernement de réduire les demandes en énergie en priorisant l'efficacité énergétique. Dans une démarche de prophétie autoréalisatrice, il crée la perspective d'une pénurie d'énergie électrique, suite à des projets de croissance à tout prix laissés aux mains des multinationales.

Contre la privatisation d'Hydro-Québec

Malgré les dénégations du ministre Fitzgibbon, la perspective d'une privatisation totale ou partielle d'Hydro-Québec est dans les plans du ministre de l'Économie et de l'énergie et du PDG d'Hydro-Québec. Cette privatisation ne prendra sans doute pas la forme de la vente d'une partie d'Hydro-Québec aux entreprises privées, mais le secteur privé est appelée à occuper une place de plus en plus importante dans la production de l'électricité. Déjà la production des énergies renouvelables (éoliennes et solaires) qui est appelée à se développer rapidement se fait par des entreprises privées multinationales. On pouvait lire dans le Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable publié en novembre dernier, cet avertissement : « Nous nous opposons fermement à toute tentative de privatisation d'Hydro-Québec ou de ses actifs. Hydro-Québec est un patrimoine stratégique et doit rester sous contrôle public. Nous rejetons toute forme d'érosion de cette institution, cruciale pour le bien-être collectif, au profit du privé. »

Les syndicats d'Hydro-Québec affiliés au SCFP ont d'ailleurs lancé une campagne publique pour mettre en garde contre toute volonté de privatisation de la société d'État. Le développement de la filière-batteries soutenu par les gouvernements fédéral et provincial exigera beaucoup d'électricité et le ministre Fitzgibbon, a ouvert la perspective d'autoproduction d'électricité par les entreprises privées dont les surplus pourraient être revendus à Hydro-Québec. La porte est grande ouverte aux projets privés de production et de transports d'électricité, comme celui de TEX, en Mauricie. [7]

Le gouvernement du Québec et les entreprises sont engagés dans une véritable course au développement de la filière batteries et du développement de l'extraction de nouvelles richesses minières. Ils sont prêts à procéder et à exclure toute consultation véritable et surtout à refuser de donner un quelconque pouvoir aux citoyennes et citoyens des régions qui sont impactés par leurs décisions et particulièrement aux peuples autochtones. La prétention à décarboner le système énergétique n'est qu'une couverture sur une exploitation encore plus irresponsable des ressources et sur le refus de toute stratégie de sobriété énergétique.

L'augmentation de la production électrique, argumentent les François Legault, Pierre Fitzgibon ou Michel Sabia, est essentielle au nouvel essor de la croissance. Le plan Sabia, ce nouveau plan d'Hydro-Québec prévoit la construction de grands barrages hydro-électriques et l'accélération du développement des industries éoliennes et solaires par les multinationales. Le développement de petites centrales nucléaires est même envisagé par le PDG d'Hydro-Québec.

Le mépris gouvernemental de la consultation et du pouvoir citoyen

Que ce soit pour la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, pour l'aluminerie d'Arvida, pour le Port de Québec ou enfin pour l'usine de Northvolt, le gouvernement Legault est plus que conciliant sur les dépassements des normes environnementales par les entreprises. C'est plus de 89 entreprises polluantes que le gouvernement autorise à déroger à la loi. [8] Il se heurte ainsi, comme l'a montré un sondage Léger d'août 2022, à la population du Québec dont le consentement est exigé à hauteur de 78 % pour toute nouvelle exploitation minière. 75% de la population voudrait interdire tout projet minier dans les zones touristiques et 89% souhaiterait interdire tout rejet des déchets miniers dans les lacs, rivières et milieux écologiques sensibles. La Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine a demandé au gouvernement d'interdire cette pratique, mais le gouvernement est jusqu'ici resté sourd à ces demandes. Le gouvernement de la CAQ va jusqu'à autoriser des mégas projets en dépit des études du BAPE qui leur identifient des lacunes et va même jusqu'à se passer des études du BAPE.

Le gouvernement du Québec se moque du nécessaire consentement des populations locales qui seront impactées tant par l'exploitation minière que par de grands projets industriels. Il prétend tenir compte des droits des peuples autochtones, mais ce ne sera que notre mobilisation et notre solidarité qui permettront la reconnaissance de ces droits.

Le gouvernement de la CAQ dit avoir l'oreille des pouvoirs et de la finance et avoir une vision d'hommes d'affaires. C'est pourquoi, il refuse de réformer la loi sur les mines, d'écouter les doléances des Nations autochtones et des municipalités et de donner la priorité concernant l'aménagement du territoire au pouvoir citoyen. Appeler à la collaboration avec un tel gouvernement ne peut que déboucher sur un vain attentisme. Ce sont ses intentions écocidaires qu'il faut remettre en cause non seulement en parole, mais dans les luttes concrètes qui seront nécessaires pour bloquer ce gouvernement irresponsable et les profiteurs qu'il soutient. La mobilisation unitaire contre le projet de loi que doit présenter le ministre Pierre Fitzgibbon sera essentielle pour défendre la majorité populaire contre les intentions prédatrices du capital d'ici et d'ailleurs.

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[1] Laura Handal Caravantes, L'histoire d'une triple dépossession, in Dépossession, Mines, L'histoire économique du Québec contemporain, Lux, 2015, pp-107-172

[3] Étienne Leblanc, Les limites d'une économie électrifiée, Radio-Canada, 30 septembre 2023

[4] Thomas Gerbet, La filière batteries menace le territoire agricole, Radio-Canada, 23 septembre 2023

[5] Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, 101 idées pour que le Québec ait meilleure mine : La population invitée à se prononcer, 4 juin 2019

[7] Communiqué du SCFP-FTQ, Campagne publique contre la privatisation d'Hydro-Québec, 8 janvier 2024

Plus de 1000 organisations exhortent les gouvernements de la planète à soutenir la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël

16 janvier 2024, par Coalition pour le soutien à la plainte pour génocide déposée par l'Afrique du Sud contre Israël — , , ,
États-Unis — 3 janvier 2024 — La toute nouvelle Coalition internationale pour mettre fin au génocide en Palestine (ICSGP) a publié une lettre de soutien, qui en moins d'une (…)

États-Unis — 3 janvier 2024 — La toute nouvelle Coalition internationale pour mettre fin au génocide en Palestine (ICSGP) a publié une lettre de soutien, qui en moins d'une semaine a été signée par plus de 800 organisations à travers le monde. On peut prendre connaissance et télécharger son contenu à la fin du communiqué.

Communiqué de la Coalition internationale pour mettre fin au génocide en Palestine (ICSGP)

Outre les organisations initiatrices mentionnées ici, les organisations signataires représentent de vastes mouvements sociaux, notamment la Marche mondiale des femmes et l'Assemblée internationale des peuples, des mouvements dirigés par des Palestiniens et des mouvements de solidarité avec la Palestine, tels que la Fédération générale palestinienne des syndicats et le Réseau des ONG palestiniennes, ainsi que des groupes de défense des droits de l'homme et des groupes juridiques, des syndicats et des organisations religieuses de toutes les confessions.

« Il est important pour La Via Campesina (LVC) de soutenir l'initiative sud-africaine. Ce qui se passe en Palestine est une atrocité. En particulier, l'utilisation de la famine comme arme de guerre fait partie d'une stratégie de génocide que nous devons dénoncer. L'expulsion des populations paysannes et l'accaparement des terres à Gaza et en Cisjordanie font également partie d'une stratégie de nettoyage ethnique », a déclaré Morgan Ody, de la Confédération paysanne (France) et coordinatrice générale de LVC International.

La lettre de la coalition exhorte toutes les organisations signataires à « faire pression sur leurs gouvernements pour qu'ils déposent immédiatement une déclaration d'intervention en soutien à la plainte déposée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice afin de faire cesser les massacres dans les territoires palestiniens occupés ».

Jusqu'à présent, la Malaisie et la Turquie, ainsi que l'Organisation de la coopération islamique, qui représente 57 pays membres sur quatre continents, ont soutenu publiquement la plainte de l'Afrique du Sud. La Jordanie signale qu'elle a l'intention de franchir une étape plus importante sur le plan juridique en soumettant une déclaration d'intervention. Les membres de l'ICGSP travaillent en étroite collaboration avec un certain nombre d'autres pays qui sont en train de faire de même.

« La plainte déposée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ) marque un tournant décisif qui met à l'épreuve la volonté mondiale de sauver les lois et les systèmes qui ont été conçus pour sauvegarder non seulement les droits de l'homme, mais aussi l'humanité elle-même » souligne l'avocate Américaine d'origine palestinienne Lamis Deek, cofondatrice de l'Alliance juridique mondiale pour la Palestine et de la Commission PAL sur les crimes de guerre.

Elle ajoute « Le génocide est le crime le plus élevé et aucun n'a été aussi publiquement documenté que le génocide israélien en Palestine. La sincérité de l'engagement des États à l'égard des principes des conventions de Genève et du génocide est désormais soumise à un examen approfondi. » Le moins que les États puissent faire est de soumettre des déclarations, afin de garantir à leur population — et à l'humanité — qu'ils n'ont pas perdu leur sens moral et qu'ils n'ont pas abdiqué leurs obligations en vertu du droit international.

Malgré les preuves évidentes des actes génocidaires commis quotidiennement par les forces israéliennes d'occupation, l'État d'Israël sollicite activement les pays pour qu'ils nient ses atrocités et dénoncent la plainte de l'Afrique du Sud. À l'heure actuelle, les États-Unis, l'un des principaux soutiens de l'État israélien qui a opposé son veto à trois résolutions appelant à un cessez-le-feu au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, sont les seuls à nier qu'Israël commet un génocide.

Edith Ballantyne, ancienne secrétaire générale et présidente internationale de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, met en garde : « J'écris sur la base de mon expérience personnelle de plus de dix décennies, au cours desquelles j'ai traversé deux guerres mondiales et survécu au fascisme, avec la conviction absolue que la base du conflit doit être résolue de manière légale, politique et non violente comme seul moyen de parvenir à une paix permanente dont les peuples du monde ont désespérément besoin et qui est nécessaire à la survie de notre planète ». Elle ajoute : « La guerre génocidaire que le gouvernement israélien mène dans les territoires palestiniens occupés contre le peuple palestinien doit être arrêtée. J'invite tous les citoyens à demander à leurs gouvernements de respecter les principes de la Charte des Nations unies et du droit international, y compris les droits de l'homme et le droit humanitaire. »

La Cour internationale de Justice entendra l'affaire de l'Afrique du Sud contre l'État israélien les 11 et 12 janvier 2024

Les audiences seront diffusées en direct et en différé (VOD), dans les deux langues officielles de la Cour, le français et l'anglais, sur le site Internet de la Cour, ainsi que sur UN Web TV. Des extraits vidéo haute résolution et des photographies réalisées par le Greffe pendant les audiences seront mis à disposition gratuitement et libres de droit pour un usage éditorial (hors usage commercial) sur le site Internet (téléchargement disponible dans la rubrique Multimédia) et le compte X (anciennement Twitter) de la Cour (@CIJ_ICJ).

L'ICSGP appelle les organisations qui soutiennent la lettre à se joindre à des actions de soutien à La Haye pendant l'audience et à organiser des rassemblements locaux et des veillées, y compris des expressions de gratitude et de solidarité aux ambassades d'Afrique du Sud, cette semaine.

De plus, elle invite toutes les organisations et les personnes à participer à une Intifada numérique mondiale sur les media sociaux X (Twitter), Instagram, Facebook, Tiktok et d'autres plateformes. Il faut partager des vidéos, des photos, des images et déclarations et d'autres formes de preuves et de témoignages qui prouvent qu'Israël a commis et continue de commettre le crime de génocide contre la population palestinienne de Gaza.

Pour nous assurer que le hashtag #EndIsraelsGenocide devient virale, nous devons publier en utilisant les mêmes hashtags à la même heure du jour. La campagne durera 2 heures et commencera en même temps que les audiences : Plaidoirie de l'Afrique du Sud : jeudi 11 janvier de 10h à 12h. Plaidoirie d'Israël : vendredi 12 janvier : de 10h à 12h. (Québec 04 h à 06 h).

Communiqué de la Cour internationale de Justice, 3 janvier 2024

Document de la Cour sur les procédures

Texte de la lettre et signatures

Nous, syndicats, mouvements et organisations signataires de cette lettre, félicitons l'Afrique du Sud d'avoir déposé une requête auprès de la Cour Internationale de Justice (CIJ) contre Israël invoquant la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Nous exhortons aux autres pays à renforcer cette demande énergique en déposant immédiatement des déclarations d'intervention à la CIJ.

De nombreux pays ont condamné fermement à Israël pour ses actes de génocide, ses crimes de guerre et ses crimes contre l'humanité contre les Palestinien.nes. Les forces israéliennes d'occupation ont bombardé des hôpitaux, des maisons, des centres de réfugié.es des Nations Unies, des écoles, des temples, des églises et des mosquées, ainsi que des voies d'évacuation, tuant plus de vingt mille Palestinien.nes depuis le 7 octobre 2023. Plus de la moitié des morts sont des femmes et des enfants.

Les dirigeants israéliens ont fait de nombreuses déclarations ouvertement génocidaires, montrant leur intention d'expulser définitivement le peuple palestinien de ses terres ancestrales. L'Afrique du Sud a raison d'affirmer qu'en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, les actions d'Israël « sont de caractère génocidaire, car elles sont commises avec l'intention requise et spécifique… de détruire les Palestinien.nes à Gaza dans le cadre du groupe racial, national et ethnique palestinien plus large ».

Les États parties à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ont l'obligation d'agir pour prévenir le génocide. Une action immédiate est donc nécessaire. La déposition d'une déclaration d'intervention de support au dossier de l'Afrique du Sud contre Israël est un mécanisme direct pour garantir la cessation des actes de génocide et pour établir la responsabilité des auteurs de ce génocide pour la perpétration de ces crimes.

Les meurtres, les blessés et le déplacement forcé de nombreux palestiniens par l'État d'Israël, ainsi que le refus d'accès à l'eau, à la nourriture, aux médicaments et aux carburants sont des actes que répondent aux critères que constituent le crime de génocide. Si la majorité des nations du monde appellent à un cessez-le-feu, mais n'exigent pas que Israël soit poursuivi par la justice, comment serait-il possible de mettre fin à l'extermination ethnique du peuple palestinien ?

En outre, comment serait-il possible de mettre fin à d'autres atrocités aussi vastes que celles qui puissent avoir lieu ailleurs ? C'est pour toutes ces raisons que nous demandons aux gouvernements du monde qu'ils déposent immédiatement des déclarations d'intervention en soutien aux arguments de l'Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ pour mettre fin au carnage dans les territoires palestiniens occupés.

Pour télécharger le texte de la lettre cliquez ici.

Pour accéder à la liste actualisée des signataires, cliquez ici.

À propos de la Coalition internationale pour mettre fin au génocide en Palestine (ICSGP)
Le 30 décembre, des personnes représentant d'un groupe d'organisations, y comprenant entre autres Black Alliance for Peace, l'Internationale progressiste, International Association of Democratic Lawyers, Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun, Ligue internationale des femmes pour la Paix et pour la Liberté (Section É.-U.), CODEPINK, la Coalition internationale Flottille de la liberté à Gaza, Popular Resistance (É.-U.), Veterans for Peace (É.-U.), l'Organisation mondiale contre la guerre, le militarisme et pour la paix (World Beyond War) et le Memorial Center Dr Martin Luther King Jr. (Cuba), nous sommes réunis avec l'urgence de soutenir les initiatives juridiques orientées à mettre fin au génocide perpétré par Israël à Gaza. Pour prendre contact avec la coalition :

Adrienne Pine, Popular Resistance, 1-202-652-5601, adrienne@quotha.net
Lamis Deek, Palestine Assembly for Liberation, 1-212-226-3999, Deek@DeekDictorAdi.com
Genie Silver, WILPF US, 1-610-283-1376, rhsilver@comcast.net

https://alter.quebec/plus-de-1000-organisations-exortent-les-gouvernements-de-la-planete-a-soutenir-la-plainte-pour-genocide-deposee-par-lafrique-du-sud-contre-israel/

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La Caq : un gouvernement indigne

16 janvier 2024, par Claire Charron — , , , ,
J'en ai le souffle coupé : la CAQ refuse de demander un cessez-le-feu à Gaza, comme le demande le fédéral et comme le demandent l'ONU ainsi que 152 autres pays. Cette (…)

J'en ai le souffle coupé : la CAQ refuse de demander un cessez-le-feu à Gaza, comme le demande le fédéral et comme le demandent l'ONU ainsi que 152 autres pays.

Cette guerre n'est PAS une guerre : il s'agit d'un crime d'apartheid, un crime contre l'humanité où Israël n'a jamais cessé, depuis 1967, de s'étendre avec force en territoire palestinien en violant impunément les droits humains[1] et cela, aux yeux de toute la planète. Les Palestinien.nes, ce n'est pas le Hamas ; ce sont des victimes civiles laissées en pâture au gouvernement israélien devenu complètement barbare. Je n'accuse pas la population civile, qu'elle soit d'Israël, de Gaza ou de n'importe où dans le monde, mais j'accuse certainement le gouvernement israélien, complètement fou, ainsi que tous les gouvernements qui les appuient, que ce soit financièrement, comme le font depuis toujours les États-Unis ou, moralement, comme le fait actuellement notre propre gouvernement au Québec ! Honte à la CAQ ! Vous ne représentez pas la majorité des Québécois.es et vous ne me représentez AUCUNEMENT. Je vous demande, par respect pour nos valeurs pacifistes au Québec, par respect pour la dignité humaine et par respect pour nous-mêmes, d'exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza.

Claire Charron
La Pêche, Québec

[1] Les trois instruments internationaux en matière de droits humains qui interdisent explicitement l'apartheid sont la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (adoptée par les Nations unies en 1965), la Convention internationale sur l'élimination et la répression du crime d'apartheid <https://amnestyfr.cdn.prismic.io/am...> (adoptée en 1973 et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale <https://www.amnesty.fr/focus/cour-p...> (adopté en 1998).

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Retour sur la Seconde République française (1848-1851) : un espoir démocratique

16 janvier 2024, par Coline Ferrant — ,
La Seconde République française (1848-1851) a été marquée par un espoir démocratique, avec l'institution du suffrage universel et l'abolition de l'esclavage et de la peine de (…)

La Seconde République française (1848-1851) a été marquée par un espoir démocratique, avec l'institution du suffrage universel et l'abolition de l'esclavage et de la peine de mort. Cependant, ces avancées ont été rapidement restreintes ou révoquées, et le régime a été éphémère, se terminant par le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.


Introduction

Les causes immédiates de la révolution française de 1848 sont l'interdiction du banquet du XIIe arrondissement de Paris prévu le 22 février 1848 ; les causes profondes sont l'autoritarisme du régime monarchique de Louis-Philippe. Le nouveau régime, la IIe République, fut proclamé le 24 février 1848 avec la constitution d'un gouvernement provisoire, et s'acheva le 2 décembre 1851 par le coup d'État du Président de la République Louis-Napoléon Bonaparte. La singularité de ce régime est son caractère éphémère – moins de quatre ans – et le fait qu'il ait laissé dans la mémoire collective française deux représentations contradictoires. Une première, positive, en retient l'institution d'une démocratie complète, politique (par le suffrage universel) et sociale (par le « droit au travail »), achevée par la réaction conservatrice. Une seconde, négative, y voit le triomphe de l'incapacité politique et de l'« illusion lyrique » d'une démocratie sociale. Dans les deux cas, le problème central est bien la démocratie, et spécifiquement l'espoir de la démocratie : une aspiration que l'on souhaite voir triompher et que l'on considère comme réalisable. Analysons dans quelle mesure, pour chaque dimension de la démocratie – politique, institutionnelle, économique et sociale, les structures institutionnelles de la IIe République et les évènements de la vie publique ont-ils réalisé un espoir démocratique.

Une démocratie politique

Le 2 mars 1848, le gouvernement provisoire annonça : « le suffrage sera universel et direct, sans la moindre condition de cens ». Tous les citoyens hommes de plus de 21 ans furent appelés à élire les membres de l'Assemblée constituante : le corps électoral passa de 250 000 à 9 millions d'électeurs. Le 4 mars, le gouvernement provisoire affirma les libertés de la presse et de réunion ; un décret disposa de l'abolition de l'esclavage dans les colonies et créa une commission « pour préparer dans les plus brefs délais l'acte d'émancipation immédiate de toutes les colonies ». Le 8 mars, l'ensemble des citoyens devinrent éligibles à la Garde nationale. Le 19 mars, la « contrainte par corps » (c'est-à-dire la prison pour dettes), la peine de mort et les châtiments corporels furent abolis.

Mais les modérés et les conservateurs du Parti de l'Ordre remportèrent les élections de l'Assemblée constituante. L'extrême-gauche, vaincue, appela à une manifestation le 15 mai ; celle-ci tourna à l'émeute. Ses dirigeants furent arrêtés et condamnés à la déportation. La suppression des Ateliers nationaux provoqua un violent soulèvement populaire les 24 et 26 juin 1848. Les insurgés furent déportés dans les colonies, notamment en Algérie. Le nouveau président du Conseil Louis Eugène Cavaignac restreignit les mesures d'égalité politique du début de l'année 1848, en disposant de la censure des journaux révolutionnaires et de la fermeture des clubs, et en dissolvant certaines légions de la Garde nationale recrutées dans les quartiers populaires de Paris.

Une démocratie institutionnelle

La Constitution entra en vigueur le 4 novembre 1848. Son préambule dispose des droits du citoyen, mais aussi de ses devoirs, dont l'amour de la patrie et l'obligation de servir la République. Le Président de la République est élu au suffrage universel pour quatre ans non renouvelables. Jules Grévy, visionnaire, mit en garde contre le fait que le Président puisse chercher à rester illégalement au pouvoir sous prétexte de la légitimité que lui confère son élection par le peuple. En effet, les pouvoirs du Président étaient considérables : initiative des lois, direction de la diplomatie et des armées, nomination et révocation des ministres et des hauts fonctionnaires. Le pouvoir législatif est exercé par une chambre unique, l'Assemblée législative, élue au suffrage universel. Il y a irrévocabilité mutuelle des pouvoirs. Ces deux facteurs – légitimité du Président acquise par l'élection au suffrage universel et irrévocabilité mutuelle des pouvoirs – font qu'en cas de conflit, une solution est le coup d'État par le Président, qui disposait de la force armée. Dans ces conditions, la personnalité et la pratique du Président étaient cruciales. Louis-Napoléon Bonaparte remporta l'élection du 10 décembre 1848 ; il nomma au gouvernement des membres du Parti de l'Ordre.

Ce nouveau gouvernement instrumenta un nouveau recul des avancées démocratiques du début de l'année 1848. À la suite de la manifestation du 13 juin 1849 contre l'invasion de la République romaine, l'Assemblée législative vota trois lois réactionnaires : suspension d'un an de la liberté d'association, restriction de la liberté de la presse, possibilité pour l'Assemblée et le gouvernement d'établir l'état de siège. Le 31 mai 1850, les condamnés politiques et les résidents depuis moins de trois ans dans un même canton furent exclus du suffrage universel : le corps électoral diminua de 9 à 6 millions d'électeurs. Comme l'avait prédit Jules Grévy, Louis-Napoléon Bonaparte préparait son coup d'État. Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, il publia un décret de dissolution de l'Assemblée législative et convoqua un plébiscite. Il adopta de nouvelles lois répressives. Environ 1500 personnes, dont l'écrivain Victor Hugo, furent déportées ou bannies. Le plébiscite fut accepté le 21 et 22 décembre. Il disposa de la prolongation pour dix ans des pouvoirs de Louis-Napoléon Bonaparte et de la rédaction d'une nouvelle Constitution par lui-même, ainsi achevant la IIe République.

Une démocratie économique et sociale

La Commission du gouvernement pour les travailleurs, chargée d'évaluer comment améliorer leur condition, fut créée le 28 février. Une nouvelle répartition de l'impôt en faveur des classes populaires, réduisant notamment l'impôt sur le sel, fut adoptée le 29 février. Les Ateliers nationaux, application du « droit au travail », furent créés le 26 février ; c'est l'exemple le plus significatif de la IIe République en tant que démocratie sociale, celui dont la mémoire collective française se souvient. Mais ils furent un échec. Ces Ateliers ne résolurent pas le problème du chômage : nombre de bénéficiaires étaient employés à ne rien faire. Le salaire – 2 francs par jour, supérieur aux aides des institutions de charité – attira de nombreux provinciaux à Paris. Pour l'État, ce fut un gouffre financier, moqué par les conservateurs sous le nom de « râteliers nationaux ». Leur suppression le 21 juin indiqua la fin de l'espoir d'une démocratie sociale.

Le préambule de la Constitution de novembre 1848 proclame la famille et la propriété comme fondements de la société et supprime la notion de droit au travail. Les slogans du programme de Louis-Napoléon Bonaparte étaient « ordre, autorité, religion, bien du peuple ». La loi Falloux du 15 mars 1850 autorisa les membres du clergé (même non diplômés) à ouvrir des établissements d'enseignement, leur attribua des places dans les instances régulant le système scolaire et créa des subventions pour l'enseignement privé. Les grèves furent interdites en novembre 1849.

Conclusion

La IIe République n'a, finalement, pas institué les conditions d'un État et d'une société démocratiques dans la mesure où les avancées démocratiques du début de l'année 1848 furent restreintes ou révoquées dès les premières difficultés du gouvernement provisoire. Ensuite, les gouvernements conservateurs instrumentèrent des politiques réactionnaires. De plus, les structures institutionnelles facilitèrent le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte. Pour la postérité, retenons toutefois que la IIe République vit la réalisation de politiques particulièrement progressistes pour l'époque : le suffrage universel et l'abolition de l'esclavage et de la peine de mort.

Coline Ferrant
Maîtresse de conférences en développement et politiques sociales (Assistant Professor in Social Development & Policy) à Habib University (Karachi, Pakistan).
coline.ferrant@ahss.habib.edu.pk

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2024 : un monde devenu malléable

16 janvier 2024, par Michel Gourd —
Après que les précédentes années aient fait souffrir l'humanité jusqu'à un niveau la rendant ouverte à accepter de nouvelles voies de développement, 2024 pourrait ouvrir la (…)

Après que les précédentes années aient fait souffrir l'humanité jusqu'à un niveau la rendant ouverte à accepter de nouvelles voies de développement, 2024 pourrait ouvrir la porte à la mise en place de processus de gestion internationale permettant de mieux adapter les pays de la planète au monde qui vient.

L'historien, démographe et sociologue, Emmanuel Todd, qui avait annoncé en 1976 la chute de l'URSS en s'intéressant à son indice de mortalité infantile, considère que la défaite de l'Occident est en cours et que le monde est à la veille d'un basculement, la désintégration des valeurs de l'ancien ordre mondial entrainant guerres et violence. Il prédit la défaite de l'Occident dans le contexte du conflit en Ukraine.

C'est un peu la même vision qu'a l'ancien diplomate et universitaire, Gilles Andréani, qui considère aussi que le nouvel ordre mondial qui a commencé à s'installer après la chute du mur de Berlin s'est dissout dans les rivalités entre puissances dans les dernières années. En 2024, il voit une planète fracturée, chaotique avec un retour aux guerres interétatiques de haute intensité, les organisations internationales ne permettant plus de canaliser les tensions et étant ouvertement contestées par une partie croissante des États, victimes de forces nationalistes et populistes.

Le géopolitologue et directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, Bruno Tertrais, est un brin plus optimiste et considère que « 2024 sera une année d'épreuves pour les démocraties » qui devront résister à des vagues de désinformation. Selon lui, il y aurait actuellement une « guerre tiède » entre le monde, les autocraties et les démocraties, des blocs qui ne seraient pas homogènes et aux contours mouvants. Il est cependant sceptique vis-à-vis de l'idée de désoccidentalisation du monde, puisque toutes les grandes institutions créées après 1945 par les Occidentaux tels l'ONU, le FMI et la Banque mondiale restent essentielles pour les pays en développement. Il note de plus que les normes dites occidentales sont encore plus séduisantes pour une majorité des habitants de la planète que celles défendues par la Russie ou la Chine. Si les libertés individuelles ne plaisent pas aux gouvernements autocrates, elle continue de séduire leurs populations comme le montre la direction des flux migratoires.

Une note d'espoir

Selon l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf, pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, elle a les outils pour résoudre ses problèmes, mais doit se décider à modifier sa façon d'organiser le monde, les relations entre pays et entre individus pour que tous puissent affronter ensemble les défis. Avec les Nations unies à bout de souffle, un sursaut de l'Humanité, actuellement sans modèle, serait devenu vital.

La mise en place et l'acceptation de nouvelles manières de faire passe par trois phases, soit le dégel des processus à changer, faire les modifications désirées et finalement cristalliser les nouvelles techniques de gestion. La récente série de crises mondiales montre que les vieilles manières de faire ne sont plus assez efficaces pour les besoins actuels. Déjà critiqués pour la gestion de la pandémie de Covid en 2020, de l'invasion de l'Ukraine en 2022 et de celle de la guerre à Gaza en 2023, tout cela pendant que la Terre entre dans une phase destructrice des changements climatiques, les mécanismes de régulations internationaux sont actuellement affaiblis au point ou une nouvelle restructuration du monde semblant cohérente et capable d'être considéré favorablement par une partie de l'Humanité pourrait commencer à s'implanter en 2024.

Le fait que la moitié des habitants de cette planète seront appelés à participer à des élections cette année ouvre la porte à des changements concrets dans la manière dont sont gérées les relations entre peuples et avec la planète. À mesure que ces élections se tiendront, l'année perdra de sa malléabilité et le résultat des urnes pourrait amener des changements importants pour les générations futures. En 2024, peut-on trouver de nouveaux processus de gestion des relations internationales et des conflits mondiaux qui forceront autant Israël que la Russie à faire taire leurs armes à Gaza et en Ukraine ?

Michel Gourd

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La Vendetta

16 janvier 2024, par Kaveh Boveiri — , , ,
Assis au fond du bus dans le siège au milieu, La Vendetta de Balzac à la main, tu es immergé dans le monde de ce livre. Kaveh Boveiri Mais le regard fixe de cette petite (…)

Assis au fond du bus dans le siège au milieu, La Vendetta de Balzac à la main, tu es immergé dans le monde de ce livre.

Kaveh Boveiri

Mais le regard fixe de cette petite fille avec son visage foncé à ton livre te force à réagir avec un sourire malgré la tristesse générée par ce livre. « Qu'est-ce que ça veut dire la vendetta ? », tu la lis sur ces lèvres. Elle pose cette question à son amie à gauche. « Je ne sais pas », dit celle-ci. Elle se tourne la tête vers son autre amie à droite. Celle-là lève les mains, en indiquant qu'elle ne sait pas non plus.

Elles se sont habillées, toutes les trois, des chapeaux, des châles, des manteaux, des pantalons et des bottes de plusieurs couleurs : blanche, brune, rouge, rose, noire, et bleue.

C'est le Nouvel An.

Tu souris encore une fois et rentres dans le monde de La Vendetta.

Peu de temps après, avec leurs bruits, tu rentres encore une fois dans le bus. Cette fois, ces deux amies de ces deux côtés jouent au pierre-papier-ciseaux. La petite foncée est la juge. « Tu as gagné », elle répète toutes les quelques secondes. Elle a presque sept ans. Ces deux amies, onze ou douze ans.

Pour être joyeuse comme elles, tu n'as pas besoin de rien du tout. Tu dois simplement être un enfant. Comme des enfants, elles peuvent jouer « avec des riens, ces riens les ramenaient toujours à leur passion ».

Comme un enfant, tu peux jouer au pierre-papier-ciseaux même si tu as perdu une jambe dans un accident, ou dans un bombardement. C'est le cas pour Donia de Gaza. Le 27 octobre 2023, elle perd sa jambe dans un bombardement de l'armée israélienne de maison d'une proche de la famille de Donia à Khan Yunes au sud de Gaza. Elle n'a que douze ans, à-peu-près le même âge que ces deux amies de notre juge foncée. Malgré tous ces inconvénients, avec son espoir à l'avenir, elle peut même faire « parcourir à sa jeune imagination le vaste champ des conjectures ».

Dans une vidéo disponible au site web de Defence for Children International–Palestine, le 25 novembre, lors du cessez-le-feu qui ne dure que sept jours, Donia explique ce qui s'est passé et exprime son rêve auprès de l'avenir avec sa naïveté infantile :

« Quand ils nous ont lancé le deuxième missile, je me suis réveillée entourée de pierres et de débris. Je me suis vite rendu compte que j'avais perdu une jambe : il y avait du sang partout, j'essayais de la bouger, mais rien ne bougeait. Ma jambe n'y était plus. D'autres ont perdu la vie : ma mère, mon père, mon frère Mohammed, ma sœur Dalia… Je souhaite que quelqu'un me sorte d'ici, m'emmène à l'étranger, dans n'importe quel pays, où je pourrai m'installer une prothèse, afin que je puisse marcher comme tout le monde. Pour pouvoir bouger, monter, descendre, jouer avec mes frères et sœurs… J'aimerais devenir médecin, comme ceux qui nous soignent, comme ça je peux traiter d'autres enfants. Je ne veux qu'une seule chose : c'est que la guerre cesse ! »

Donia n'a trouvé personne qui pouvait l'amener à l'étranger pour réaliser son rêve. Le 7 décembre, l'armée israélienne bombarde la salle de maternité de l'hôpital Naser à Khan Younes, au sud de Gaza. C'est l'endroit vers lequel les résidents au nord de Gaza étaient forcés de se déplacer avec le promis d'être dans une zone sécuritaire.

Les yeux de Donia se ferment pour toujours lors de ce bombardement…

Dans le bus, tu ne voulais pas révéler le sens de mot « vendetta » à cette petite sœur foncée. Cela aurait ruiné leur joie. Mais tu peux le lui dire maintenant. Elle va peut-être lire ce texte quand elle est grandie.

La vendetta est une vengeance contre toute une communauté à la riposte d'un acte d'un membre ou quelques membres de cette communauté. Cela peut être aussi attribué au démocidepratiqué conjointement par le régime sioniste israélien et le régime de Joseph Robinette Biden, ce sioniste autoproclamé, contre les menaces de la sécurité régionale, même mondial — les menaces comme Donia.

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Le Hamas, cet importun

16 janvier 2024, par Jean-François Delisle — , , ,
La résurgence brutale du conflit israélo-palestinien survient au plus mauvais moment du point de vue des soutiens occidentaux de l'État hébreu, car elle a quelque peu relégué (…)

La résurgence brutale du conflit israélo-palestinien survient au plus mauvais moment du point de vue des soutiens occidentaux de l'État hébreu, car elle a quelque peu relégué dans l'ombre celui russo-ukrainien qui faisait les manchettes jusqu'au 7 octobre dernier. À contrecoeur, les classes politiques occidentales ont du détourner d'importantes ressources financières et militaires au profit d'Israël, leur protégé de toujours.

La Maison-Blanche surtout en veut au Hamas pour son offensive-surprise du 7 octobre qui braque une fois de plus l'attention des médias internationaux sur l''antagonisme israélo-palestinien qui perdure depuis des décennies et qui met crument en lumière son parti-pris sioniste fanatique. La disproportion entre le nombre de victimes civiles israéliennes (1,200 environ) et la démesure des représailles militaires de Tel-Aviv (23,300 aux dernières nouvelles) discrédite l'appui sans failles qu'elle apporte à son protégé.

On assiste à une inversion imprévue des rôles dans cette sinistre histoire ; une espèce de chassé-croisé en quelque sorte. En effet, jusqu'au 7 octobre 2023, les camps paraissaient bien définis : les bons démocrates occidentaux qui défendaient becs et ongles la cause de la liberté et de l'indépendance ukrainiennes contre la volonté expansionniste de l'affreux Kremlin et que la cause palestinienne, elle, semblait en voie de disparition, voilà que le Hamas a le mauvais goût d'intervenir avec vigueur au moment le plus inopportun, ce qui remet fâcheusement à l'avant-plan toute la question palestinienne. Son offensive sans précédent du 7 octobre contre l'État hébreu jette au visage des principales puissances occidentales leurs contradictions à ce sujet. En effet, comment leurs gouvernements peuvent-ils soutenir défendre la liberté et l'indépendance de l'Ukraine face à Moscou tout en niant, dans les faits, celles des Palestiniens et Palestiniennes vis-à-vis de Tel-Aviv ?
Ils tolèrent (plus ou moins bien), mais ils acceptent quand même, en dépit de leurs appels vertueux au gouvernement israélien à plus de "retenue" dans ses bombardements aériens la multiplication des victimes civiles à Gaza, alors qu'ils dénonçaient hier encore celles entraînées par l'aviation et l'artillerie russes en Ukraine.

La cause ukrainienne n'est pas nécessairement perdue, mais un "second front" international a été ouvert par le Hamas, lequel oblige les classes dominantes des pays hégémoniques à réduire leur soutien à Kiev."Pire" même de leur point de vue, pour la première fois, un pays (la république d'Afrique du Sud) traîne l'État hébreu devant la Cour internationale de justice pour génocide contre la population gazaouie. Ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que des responsables politiques et militaires israéliens soient à leur tour l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. C'est déjà le cas pour le président russe, Vladimir Poutine. Pourquoi pas aussi pour Benyamin Netanyahou et des membres de sa clique ?

Une évolution qui ne manquerait pas d'ironie : alors que les résistants palestiniens clandestins sont traditionnellement classés comme des "terroristes", le justice internationale viserait de vrais criminels même s'ils ont des titres gouvernementaux et militaires officiels.
Là où les arguments légitimes de droit à la résistance souvent invoqués par les Palestiniens étaient rejetés du revers de la main par les bien-pensants occidentaux, ceux utilisés portant sur le droit à l'autodéfense par les responsables israéliens risquent à leur tour d'être invalidés. Ils ne peuvent servir à justifier le massacre de civils à grande échelle.

On n'assiste peut-être en ce moment qu'au début d'un long processus judiciaire dont l'aboutissement est incertain mais dont la seule possibilité est déjà aussi encourageante que passionnante.

Jean-François Delisle

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Aux médecins de prendre parole pour notre système de santé public !

16 janvier 2024, par Médecins québécois pour le régime public (MQRP) — , , ,
Le 8 décembre dernier, le gouvernement du Québec a abruptement mis fin aux débats parlementaires sur le projet de loi 15 en imposant son adoption sous bâillon. La Loi visant à (…)

Le 8 décembre dernier, le gouvernement du Québec a abruptement mis fin aux débats parlementaires sur le projet de loi 15 en imposant son adoption sous bâillon. La Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace crée une entité centralisée de gestion du système de santé, Santé Québec, qui sera dirigée par des « top guns » du secteur privé (1).

Rappelons que depuis quelques années, nous assistons impuissants à l'immixtion du privé et d'initiatives à but lucratif dans notre système de santé. Par exemple, nous avons pu constater :

● La promotion des services privés (2) sur la plateforme Clic Santé ;

● Le financement public de salles d'opération privées prévoyant d'emblée jusqu'à 15% de marge de profits, alors que les salles du public ne sont pas utilisées à leur pleine capacité (3) ;

● Le recours accru aux agences privées de placement de personnel, suivie de leur interdiction abrupte (4) ; et

● La légalisation en catimini de la télémédecine privée pour des médecins facturant à
la RAMQ (5).

MQRP dénonce sans cesse les inévitables conséquences qui découlent d'une gestion
entrepreneuriale des soins de santé (voir nos rapports annuels). Il est impossible de nier l'effritement des conditions de travail du personnel soignant, et encore moins demeurer indifférents face à la dégradation de la qualité des soins offerts à la population québécoise, triste aboutissement de la vision néolibérale de la santé, laquelle est trop souvent préconisée par nos gouvernements comme une panacée qui viendrait pallier les faiblesses du réseau public, et ce, depuis une vingtaine d'années. Or, force est de constater que le secteur privé a profité de ces failles pour s'enrichir, plutôt que de contribuer à les réparer.

Aux médecins de prendre parole

À titre de médecins, nous bénéficions, certes, d'une autonomie professionnelle, laquelle fut historiquement négociée à la dure et qui demeure à ce jour un pilier de notre statut. Néanmoins, nous travaillons inhéremment en collaboration avec d'autres professionnels et intervenants de la santé, au sein d'un même système de soins. Ainsi, l'impact de l'appauvrissement des conditions de travail de nos collègues affecte directement notre capacité à offrir des soins médicaux de qualité. Il ne suffit que de visiter les unités de soins durant la grève des dernières semaines pour saisir leur apport indispensable.

Alors que nos collègues du réseau public sont dans les rues depuis des semaines pour réclamer des conditions de soins décentes et exiger une plus grande reconnaissance, le gouvernement fait fi de les entendre et a l'audace d'adopter simultanément un projet de loi mammouth qui viendra centraliser les pouvoirs entre les mains d'une agence unique. Les voix et responsabilités des professionnels de la santé au sein des instances décisionnelles se verront diminuées, notamment via la disparition des conseils d'administration et l'affaiblissement des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP). Ce transfert de pouvoir vers des gestionnaires réputés comme étant « efficaces » se fait inévitablement au détriment de l'expertise de celles et ceux qui ont fait de la santé des autres leur métier, qui croient en un système public capable de fournir des soins universels de qualité, accessible à tous.

Plaidoyer pour un régime public fort

En tant que médecins, résident.e.s et étudiant.e.s en médecine, nous sommes particulièrement inquiets face à cette lourde tendance à la privatisation de notre réseau de santé. Nous sommes aux premières loges de l'appauvrissement de la qualité des soins fournis aux patients, année après année, réforme après réforme. Nous constatons davantage de décisions prises en vue de maximiser le profit plutôt que le bien-être des patients. Nous n'acceptons pas d'être écartés des instances décisionnelles alors que des entités privées prospèrent au détriment de nos patients. Nous ne pouvons rester indifférents face à l'exode de divers professionnels vers le secteur privé, incluant nos confrères et consoeurs médecins.

Il est temps de nous exprimer publiquement, c'est pourquoi nous joignons nos voix pour exiger un régime public en santé. Nous croyons fermement que c'est en renforçant notre système public de santé que nous parviendrons à améliorer l'accès aux soins pour tous, non pas en le fragilisant.

Signez la pétition !

Notes

1- Tommy CHOUINARD, « Dube veut recruter des "top guns" du privé », La Presse, 20 mars 2023, en ligne : https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2023-03-20/sante-quebec/dube-veut-recruter-des-top-guns-du-prive.php.

2- Alice GIRARD-BOSSÉ, « La présence grandissante du privé sur Clic Santé dénoncée », La Presse, 30 septembre 2022, en ligne : https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2022-09-30/la-presence-grandissante-du-prive-sur-clic-sante-denoncee.php

3- MÉDECINS QUÉBÉCOIS POUR LE RÉGIME PUBLIC, « Au-delà des agences : Freiner le privé en santé », février 2023, en ligne : https://mqrp.qc.ca/2023/02/au-dela-des-agences-freiner-le prive-en-sante/.

4- MÉDECINS QUÉBÉCOIS POUR LE RÉGIME PUBLIC, « Les centres médicaux spécialisés (CMS) », mars 2023, en ligne : https://mqrp.qc.ca/2023/03/les-centres-medicaux-specialises-cms/.

5- Anne PLOURDE, « L'industrie des soins virtuels au Québec », Institut de recherche et d'informations socio-économiques, en ligne : https://iris-recherche.qc.ca/publications/soins virtuels/.

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Le Canada devrait appuyer l’autorité de la Cour internationale de justice sur le génocide israélien

16 janvier 2024, par Yves Engler — , ,
Le gouvernement Trudeau a refusé d'appuyer la plainte de l'Afrique du sud alors qu'il avait agi autrement dans les cas de la Russie, de l'Iran et du Myanmar. Yves Engler, (…)

Le gouvernement Trudeau a refusé d'appuyer la plainte de l'Afrique du sud alors qu'il avait agi autrement dans les cas de la Russie, de l'Iran et du Myanmar.

Yves Engler, Canadian Dimension, 8 janvier 2024
Traduction, Alexandra Cyr

La semaine dernière, l'Afrique du sud a demandé à la Cour internationale de justice de déclarer de toute urgence qu'Israël a failli à ses obligations quant à Convention sur la prévention et la perpétuation de génocide. Les Canadiens.nes devraient soutenir ce mouvement qui tente de réduire les crimes de guerre indéniables et bien documentés, de cet État d'apartheid à Gaza.

Le 11 janvier la Cour va commencer à entendre cet urgent appel de l'Afrique du sud soutenu par la Turquie, la Jordanie, les Maldives et l'Organisation islamique de Coopération. Son dossier de 84 pages soutient que les actes d'Israël sont de : « caractère génocidaire parce qu'ils sont conçus en vue de détruire une part substantielle » de la population palestinienne de Gaza.

Depuis 1948, Israël a adhéré à la Convention sur le génocide. Il a annoncé qu'il répondrait (aux arguments de la plainte). Il a mandaté l'éminent avocat britannique Malcolm Shaw pour prendre la direction de sa défense. Ce pourrait être la seule fois où Israël réagisse à un défi légal international. On s'attend à ce que la Cour émette une décision préliminaire avant la fin du mois. Haaretz rapporte qu'un expert légal israélien de haut niveau a mis en garde les chefs militaires : « il existe un réel danger que le tribunal décrète une injonction appelant Israël à cesser le feu ». De plus, une fuite d'un message du ministre des affaires étrangères israélien aux embassadeurs.drices dévoile que : « Un arrêt de la Cour pourrait avoir un potentiel d'implications non seulement au plan légal mais aussi avoir des ramifications bilatérales au plan pratique, économique et sécuritaire ».

La Cour internationale de justice est la plus haute cour dans le monde, elle a force de loi internationale. L'ambassadeur de France aux Nations Unies a déclaré que son pays allait appuyer ses décisions.

Malheureusement, le gouvernement Trudeau refuse de le faire même s'il l'a déjà fait dans les cas similaires de la Russie, de l'Iran et du Myanmar. Le ministère des affaires mondiales a refusé de répondre directement à la demande du Globe and Mail à ce sujet.

En août dernier, Ottawa a demandé à la CIJ de rejeter une résolution de l'assemblée générale des Nations Unies qui réclamait une opinion divergente à propos des conséquences légales auxquelles sont confrontés les États qui comme Israël occupent (des territoires étrangers). Les bureaucrates du ministère des affaires mondiales ont pondu une déclaration de six pages demandant au tribunal de ne pas émettre d'opinion légale pourtant réclamée par la vaste majorité de la communauté internationale.

Déjà, en 2020, Ottawa avait expédié une lettre à la Cour pénale internationale qui stipulait que ce tribunal n'avait pas le pouvoir d'enquêter sur les crimes de guerre commis par Israël en Palestine. Un représentant du ministère avait déclaré au Jerusalem Post : « Le Canada a une position connue depuis longtemps ; il ne reconnait pas d'État palestinien et donc ne reconnait pas le droit d'une telle entité aux traités internationaux incluant le Traité de Rome. En l'absence d'un État palestinien, le Canada croit que la Cour n'a pas juridiction en cette matière ».

Que le Canada reconnaisse ou non la Palestine, la majorité des membres des Nations Unies le font et la Palestine a intégré la Cour pénale internationale en 2015. Dans sa lettre le Canada suggère même qu'il pourrait cesser de participer au financement du tribunal s'il continue à enquêter sur Israël.

Dans l'espoir d'empêcher la répétition de ces positions, le Canadian Foreign Policy Institute et Just Peace Advocates ont lancé une campagne sur internet demandant au NPD de soutenir la démarche sud-africaine. Cinq mille personnes ont expédié des messages au chef du NPD et à la critique des affaires étrangères leur demandant que le Parti « exige du Canada qu'il ajoute sa voix à l'entreprise sud-africaine pour faire cesser les horreurs israéliennes à Gaza ».
La critique des affaires étrangères du NPD, Mme Heather McPherson, a répondu sur X : Le Canada s'est opposé aux investigations de la CIJ et de la CPI sur les crimes commis par le Hamas et par le gouvernement Netanyahu. L'Afrique du sud demande à la CIJ de déterminer si oui ou non Israël est responsable de génocide à Gaza. Est-ce que le Canada va soutenir la CIJ dans ses travaux » ?

La suggestion de Mme McPherson qu'Israël commet un « génocide » doit être étendue. Sauf les articles du correspondant pour l'Afrique du Globe and Mail, Geoffrey York, les médias semblent avoir ignoré la réaction du gouvernement Trudeau dans cette affaire. Seuls quelques journaux ont publié les articles de l'Associated Press à propos de la requête devant la CIJ.

Le gouvernement Trudeau va avoir un mal de chien à ignorer les conclusions de la CIJ contre Israël. Si un tribunal international accepte d'examiner la requête de l'Afrique du sud, il annule les capacités d'Ottawa de justifier le génocide israélien à Gaza.

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“Le problème est dans les lois d’immigration, pas les ‘passeurs’” : Veillée à la mémoire d’Ana Karen Vasquez-Floressl

16 janvier 2024, par Solidarité sans frontière — , ,
Montréal, 14 janvier 2024 - Des membres de la communauté montréalaise se sont rassemblés pour honorer la mémoire d'Ana Karen Vasquez-Flores, pour dénoncer les lois racistes du (…)

Montréal, 14 janvier 2024 - Des membres de la communauté montréalaise se sont rassemblés pour honorer la mémoire d'Ana Karen Vasquez-Flores, pour dénoncer les lois racistes du Canada en matière d'immigration et les politiques frontalières meurtrières, et pour exiger un statut pour tous et toutes. Le corps d'Ana Karen a été retrouvé près du chemin Roxham le 14 décembre, il y a un mois.

La veillée d'aujourd'hui a lieu alors que de plus en plus de personnes meurent en essayant de traverser la frontière coloniale entre le Canada et les États-Unis. "Il y a un an, nous organisions une veillée à la mémoire de Fritznel Richard, une autre victime d'un système d'apartheid mondial qui chasse des millions de personnes de leurs communautés tout en s'assurant qu'elles n'ont nulle part où aller de manière sécuritaire avec leur familles. Il y a eu José Leos Cervantes, la famille Chaudhari, la famille Iordache et beaucoup trop d'autres personnes qui ont perdu la vie en cherchant une vie meilleure", a déclaré Samira Jasmin, une des organisatrices et membre de Solidarité Sans Frontières.

"En organisant cette veillée, nous refusons que la vie d'Ana devienne invisible et nous témoignons notre solidarité à sa famille. En nous rassemblant dans le quartier de Parc-Extension, avec sa riche histoire de mobilisation et d'entraide, nous honorons la lutte des migrant-e-s qui se battent pour la justice", a-t-elle ajouté.

“Les lois d'immigration opèrent de manière à décourager les migrations en provenance du Sud global en rendant les frontières mortelles. Soyons clairs, ces décès sont prévisibles et évitables - et en ce sens, intentionnels. Tout comme les décès survenus à la frontière
américano-mexicaine, en Méditerranée et à d'autres frontières dans le monde, ces décès sont le résultat d'un système conçu pour mettre les gens en danger. Et nous ne pouvons pas les normaliser
", a déclaré Hady Anne, un autre organisateur de la veillée.

“Si l'on s'est beaucoup intéressé à un homme soupçonné d'avoir facilité l'entrée d'Ana Karen aux États-Unis
<https://www.ledevoir.com/societe/80...> ,
ce discours pseudo-humanitaire sur la "vulnérabilité" des migrants face aux trafiquants occulte le rôle joué par le Canada et les États-Unis dans la mise en danger de la vie des migrants. En fin de compte, ce sont les politiques frontalières qui rendent les migrants "vulnérables" et mettent leur vie en danger"
, a-t-il ajouté.

Née au Mexique, Ana Karen Vasquez-Flores avait trente-trois ans et était enceinte de cinq mois lorsqu'elle est décédée en traversant la frontière canado-américaine pour rejoindre ses proches. Sa famille décrit Ana comme une personne aimable et humble. Elle a choisi la route qui semblait la plus sécuritaire, en prenant l'avion pour Montréal afin d'éviter les
déserts mortels entre le Mexique et les États-Unis.

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Canada, état de droit ...assujetti au nucléaire

16 janvier 2024, par Artistes pour la paix — , ,
Les Artistes pour la Paix interpellent le 10 janvier les mairesses de Gatineau et de Montréal à propos de la décision d'hier par la Commission Canadienne de Sûreté Nucléaire (…)

Les Artistes pour la Paix interpellent le 10 janvier les mairesses de Gatineau et de Montréal à propos de la décision d'hier par la Commission Canadienne de Sûreté Nucléaire (CCSN) qualifiée de grande bêtise par Margaret Atwood, membre honoraire des AplP, mais simplement de « décevante » par la mairesse France Bélisle.

Les Artistes pour la Paix – 10 janvier 2024

État sommaire de la situation

Le premier jet de l'Étude d'impact environnemental (EIE) sur le projet d'un gigantesque dépotoir de déchets nucléaires sur le bord de la rivière des Outaouais a sonné l'alarme pour bien des groupes de citoyens, révélant que le dépotoir contiendra du plutonium et des dizaines d'autres déchets produits par les réacteurs nucléaires, dont plusieurs demeureront radioactifs pendant des centaines de milliers d'années. Le projet d'« installation de gestion des déchets près de la surface » (projet d'IGDPS ; en anglais : Near Surface Disposal Facility ou NSDF) sera aménagé sur le site de 34 hectares des Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC) de Chalk River, en Ontario, situé à environ 150 kilomètres au nord-ouest d'Ottawa, du côté ontarien de la rivière, en face de la municipalité de Sheenboro, Québec. Le dépotoir aura une configuration semblable à une décharge municipale afin de servir d'entreposage permanent d'environ un million de mètres cubes de déchets radioactifs à « faible » et « moyenne » intensité dans un monticule d'environ 25 mètres de hauteur.

Le scandale de la pétition e-4676 bafouée le 9 janvier 2024

Ole Hendrickson, président de la Fondation Sierra Club Canada, est l'auteur de la raisonnable pétitionii déposée le 11 décembre, appuyée par des milliers de signatures assemblées en vitesse pendant la période des Fêtes mais balayées de la main avant même la date de péremption de la pétition par la CCSN. Ann Pohl du Conseil des Canadiens s'indigne de cette décision, en se demandant si la clause Artemis divisait les rangs libéraux.

La plus vive et immédiate réaction est venue du chef Lance Haymond, de la Première Nation de Kebaowek située à proximité de Chalk River, qui a vertement condamné la CCSN (qualifiée à tort d'indépendante) et a demandé au gouvernement fédéral d'intervenir pour stopper ce projet hautement risqué pour l'environnement. La décision finale de la Commission n'est absolument pas fondée en concluant que le projet [...] n'aura pas d'effets environnementaux importants, a déclaré le chef de la nation. Pour lui, il est indéniable que la sécurité et la santé des personnes et de l'environnement seront profondément affectées pour les générations à venir par ce projet. Il cite notamment les risques de tremblements de terre, de feux de forêt, d'inondations et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes pour justifier son opposition au projet. Il rappelle aussi que plus de 140 villes du Québec et de l'Ontario ont manifesté leur opposition ou leur inquiétude par rapport au projet, parmi lesquelles on trouve Gatineau, Montréal et Ottawa.

La décision de la Commission est inacceptable et le gouvernement du Canada doit agir rapidement et affirmer sans attendre la suspension du projet, conclut M. Haymond, appuyé par la préfète de la MRC de Pontiac, Jane Toller, qui se dit« déçue et frustrée », notamment parce que la décision va à l'encontre de la protection environnementale et de la Déclaration des Nations unies des droits des peuples autochtones.

Au Québec, la grande militante écologiste Louise Vandelac, professeure titulaire en Sciences de l'Environnement à l'Université du Québec à Montréal, clame son opposition, de même que l'ancien journaliste de Radio-Canada, Gilles Provost, porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive (RCPR), dont Lucie Massé nous annonce une entrevue à Radio-Canada - Ottawa aujourd'hui dans le cadre de l'émission radio Sur le vif, animée par Philippe Marcoux.
Cerise sur le sundae : un scandale révélé le 8 janvier

La revue canadienne The Walrus vient de publier son enquête “Unearthing a Nuclear Scandal”, avec des révélations sur un des directeurs de la compagnie Eldorado Nuclear nationalisée en 1943-44 (avec ses ventes d'uranium à l'Union soviétique), Carl French, louangé comme héros de la guerre nucléaire en sa nécrologie d'avril 1984 du Toronto Star pour sa contribution au Manhattan Project dont il partagea le secret. Ses compagnies essaimant après 1945 à Chicago, New York, Toronto et Montréal ont fourni du radium et de l'uranium pour le matériel luminescent radioactif de divers cadrans, horloges et tableaux de bord. Les LNC dédramatisent de tels « déchets radioactifs historiques de faible activité, résultats de pratiques passées, inacceptables selon les normes actuelles, dont le gouvernement du Canada assume la responsabilité » : or, les LNC ne sont plus une organisation gouvernementale puisqu'ils appartiennent à deux sociétés texanes et à Atkins Realis, nouveau nom depuis septembre de SNC-Lavalin. Des déchets nucléaires provenant d'entreprises privées, y compris ceux de la propriété Stewart dont nous parlerons plus loin, seront expédiés vers la « nouvelle installation de stockage proposée à Chalk River », nous informe la revue. INEXACT, il s'agit plutôt d'un monticule géant où un million de mètres cubes de déchets nucléaires seront déversés au cours des cinquante prochaines années puis abandonnés, pour toujours, à côté de zones humides et d'un lac à un kilomètre de la rivière des Outaouais, source d'eau potable pour Gatineau, Ottawa et Montréal. Quelle logique y aurait-il à transporter de vieux déchets nucléaires d'une localité près de Toronto à Chalk River ? Dans la vieille grange Stewart, achetée par French dans les années 50 afin d'y procéder à ses recherches personnelles en produits radioactifs, située à une heure du centre de Toronto dans la campagne de Caledon East, deux chercheurs LNC armés d'équipements de détection de radiations trouvent des contaminants qu'ils marquent d'une vive peinture orange. Les poutres démantelées et le sol excavé à un mètre seront mis dans des containers destinés à Chalk River...

...À moins que la CCSN revienne sur sa décision précipitée et inacceptable contre une pétition signée en connaissance de cause, au succès improbable vu sa non-médiatisation.

Notes
1.
L'auteur de cet article a écrit une longue recension à propos de ce film consacré meilleur film de l'année 2023 : http://www.artistespourlapaix.org/oppenheimer-lexceptionnalisme-americain-ou-lheroisation-cinematographique-de-la-science/
2.Pétition adressée à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada e-4676
Attendu que :
• les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC), ancienne filiale d'Énergie atomique du
Canada limitée (EACL), ont lancé les tout premiers grands projets canadiens de stockage permanent des déchets radioactifs provenant de réacteurs nucléaires ;
• ces projets concernent les déchets « hérités » du gouvernement du Canada : l'élimi-
nation in situ de deux réacteurs d'EACL mis à l'arrêt, et l'Installation de gestion des déchets près de la surface des Laboratoires de Chalk River d'EACL, en Ontario, laquelle établit un précédent ;
• l'approbation de ces projets pourrait contrevenir à l'article 29 2. de la Déclaration
des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), selon lequel les États devraient veiller à ce qu'« aucune matière dangereuse ne soit stockée ou déchargée sur les terres ou territoires des peuples autochtones sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause » ;
• lors des audiences de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), des
experts en gestion des déchets radioactifs ont mis en doute la conformité de ces projets avec les normes de sécurité de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ;
• l'AIEA dispose d'un service d'examen « ARTEMIS », qui fournit des conseils indépendants
sur la gestion des déchets radioactifs et qui pourrait éclairer les décisions relatives à ces projets ;
• en mai 2018, un représentant de la CCSN a indiqué aux organismes de règlementation
internationaux qu'un examen ARTEMIS était prévu, mais qu'aucun n'a été réalisé ;
• le paragraphe 19 (1) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires accorde
au gouverneur en conseil le pouvoir de donner à la CCSN des instructions d'orientation générale sur sa mission.

Nous soussignés, citoyens du Canada, prions le gouvernement du Canada de donner instruction à la CCSN de ne prendre aucune décision concernant l'autorisation d'une installation de stockage de déchets radioactifs à moins que les obligations du Canada en lien avec la DNUDPA ne soient respectées, et demander que les principaux projets des LNC relatifs au stockage permanent des déchets radioactifs hérités du gouvernement fassent l'objet d'un examen ARTEMIS de l'AIEA

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La part de nous qui est restée à la frontière

16 janvier 2024, par Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes Immigrantes de Québec (SRPFIQ) — , ,
Le Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes Immigrantes de Québec (SRPFIQ) est fier de vous présenter son documentaire La part de nous qui est restée à la (…)

Le Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes Immigrantes de Québec (SRPFIQ) est fier de vous présenter son documentaire La part de nous qui est restée à la frontière. Quinze (15) femmes immigrantes de la Ville de Québec nous partagent en toute intimité la trajectoire d'immigration qui les a menés ici. Mieux comprendre le devenir immigrante et maman dans un autre pays !

En effet, les femmes qui immigrent au Québec sont souvent jeunes et susceptibles de donner naissance au contexte migratoire. Beaucoup de professionnels de la santé sont amenés à travailler avec ces femmes diversifiées dans un moment fondateur de leur nouvelle vie ici. Ces femmes se retrouvent souvent confrontées à des pratiques d'accouchement ou de maternage différentes de leur pays d'origine.

À cela s'ajoute parfois un contexte difficile lié à des conditions antérieures à l'immigration, des traumas.

La part de nous qui est restée à la frontière ce sont les bagages que ces femmes ont laissé, ce qui les habitent aujourd'hui dans le « Le corps est ici mais la tête et le cœur ».

Venez découvrir en primeur ces femmes, leurs récits saisissants, leurs luttes et leur espoir pour elles et leurs enfants.

Rappelons que le SRPFIQ est un organisme bien ancré dans sa communauté par et pour les femmes immigrantes qui existe depuis 2017 dont la mission est de favoriser un pont en créant un lien de confiance entre les dont la mission sera de créer un pont et favoriser un lien de confiance entre les femmes immigrantes et les ressources en périnatalité pendant la grossesse, l'accouchement et les services postpartum (0-2 ans)

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Solidarité avec le personnel enseignant : prise de parole 22 décembre

16 janvier 2024, par Anne-Valérie Lemieux-Breton — , ,
Le 22 décembre dernier, des parents ont organisé une manifestation de soutien aux professeur-e-s devant le parlement de Québec. Voici un des discours prononcé. Oui, je suis (…)

Le 22 décembre dernier, des parents ont organisé une manifestation de soutien aux professeur-e-s devant le parlement de Québec. Voici un des discours prononcé.

Oui, je suis fatiguée que mes 3 enfants soient à la maison, oui, j'appuie les moyens de pression décidés par les travailleuses de nos écoles. Des moyens de pression radicaux, face à un système d'éducation qui est à un point de rupture, face à un gouvernement des plus méprisant !

Savez-vous à combien les écoles privées sont financées par notre argent ?

Selon la FAE, en tenant compte de toutes les subventions et mesures fiscales applicables, les écoles privées sont financées jusqu'à 75 % par notre argent. Le Québec est l'un des États de l'OCDE qui financent le plus son système privé d'éducation.

Quand on ajoute à ça la concurrence entre les écoles où on offre des programmes contingentés à coups de milliers de dollars sur le dos des parents, on se retrouve face à un système qui crée de la ségrégation, qui accentue les inégalités sociales. Selon le Conseil supérieur de l'éducation, le système éducatif du Québec serait le plus inégalitaire au Canada.

Ce qui est en contradiction flagrante avec les principes d'égalité et d'accessibilité sur lesquels se fonde notre système public d'éducation.

Nous ne naissons pas toutes et tous égaux, malheureusement. Ce n'est pas pour rien qu'actuellement on s'inquiète de la baisse des signalements à la DPJ et de la hausse des demandes d'aide alimentaire. L'école est normalement là pour ces enfants.

L'école publique, lorsqu'elle est réellement accessible, gratuite, lorsqu'elle est assez financée pour offrir des ressources aux élèves et ainsi permettre aux enseignant-e-s d'enseigner, c'est un rempart contre les inégalités sociales, c'est un filet social qui, en tentant de n'échapper personne, met les bases d'une société plus juste et plus égalitaire pour toutes est tous.

Une école publique forte, ça passe pour l'amélioration des conditions de travail du personnel de soutien (éducatrices, orthophonistes, éducatrices spécialisées) et des enseignantes qui, rappelons-le, sont à plus de 70% des femmes. Est-ce que c'est parce que ce sont des jobs traditionnellement féminines que le gouvernement laisse notre système d'éducation (et de santé) s'écrouler ? Tant et aussi longtemps qu'on ne reconnaîtra pas la valeur du travail des femmes, les inégalités entre les femmes et les hommes vont persister. Mettre fin à « l'exploitation des femmes »- une expression interdite depuis quelques semaines à l'Assemblée nationale-, ça passe par une reconnaissance du travail de soin, du travail éducatif, du travail invisible des femmes. Et cette reconnaissance-là, ça passe par des conditions de travail décentes.

On s'est battu il y a quelques années pour que le régulier reste à l'école secondaire Cardinal-Roy qui voulait laisser toute la place aux programmes sport-étude. Et on a gagné. Et j'ai un garçon qui va au régulier à Cardi, et devinez quoi ? Il est heureux. Aujourd'hui, on se bat pour un réinvestissement massif dans nos écoles publiques et on va gagner !

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Action de visibilité : 1er féminicide de l’année

16 janvier 2024, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — , ,
Québec, 11 janvier 2024 - Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) a organisé une action de visibilité suite à l'annonce du premier (…)

Québec, 11 janvier 2024 - Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) a organisé une action de visibilité suite à l'annonce du premier féminicide de l'année 2024.

Chloé Lauzon-Rivard a été tuée par son conjoint le 5 janvier à Granby. L'action, qui a réuni plusieurs militantes au coin des rues Cartier et René-Lévesque sur l'heure du midi, visait à briser le silence, exprimer notre colère, visibiliser les féminicides et exiger du gouvernement de faire de la lutte aux violences faites aux femmes et aux enfants une priorité.

Les féminicides : des violences banalisées et normalisées

Les meurtres des femmes et des enfants par un proche comme, cette fois-ci, par un conjoint, font partie d'un continuum de violences conjugales normalisées et banalisées. Ces violences sont le fruit d'un rapport de domination des hommes sur les femmes que la société tolère et banalise.

Comme dans plusieurs cas de féminicides l'homme était déjà connu des policiers. Il a eu des
démêlés avec la justice dans le passé, et il y aurait plusieurs antécédents à son dossier. En 2021, il a par exemple été accusé de menaces de mort dans un contexte de violence conjugale. Il est déplorable qu'aucune évaluation psychojudiciaire ou psychosociale n'ait été faite pour évaluer les risques de récidive, notamment d'homicide.

Les femmes aux intersections de plusieurs systèmes d'oppression tels les femmes immigrantes, les femmes autochtones, celles en situation de handicap, les jeunes femmes, les femmes des communautés LGBTQIA, les femmes âgées, en situation d'itinérance, en situation de dépendance économique, et les femmes que la société racise sont parmi les plus à risque de subir une ou plusieurs formes de violences, elles sont surreprésentées dans les victimes de féminicides.

Pas une de plus

Il faut refuser de baisser les bras et d'accepter que d'autres femmes et enfants soient agressées, violentées, tuées. Des solutions pour mettre fin à la violence conjugale, il en existe ! Ça passe notamment par l'augmentation du financement en prévention, en accompagnement et en hébergement des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et genrées, par des formations obligatoires et continues sur la violence conjugale pour tous les acteurs et les qui interviennent auprès des femmes et des enfants, par des changements en profondeur de la culture de notre système de justice où les agresseurs peuvent récidiver en attente de leur procès, par une éducation à la sexualité axée sur des modèles de relations positifs basés sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Les solutions sont multiples et doivent dénoncer le caractère inacceptable et criminel de la violence envers les femmes et renforcer la confiance des victimes et du public dans l'administration de la justice.

Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l'égalité des femmes entre elles,
l'amélioration des conditions de vie

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La « main tendue » de Northvolt

16 janvier 2024, par Henri Jacob, Richard Desjardins — , ,
Un texte d'Henri Jacob et Richard Desjardins, respectivement président et vice-président de l'organisme Action boréale. Il s'agit d'une réponse à Paolo Cerruti, cofondateur de (…)

Un texte d'Henri Jacob et Richard Desjardins, respectivement président et vice-président de l'organisme Action boréale. Il s'agit d'une réponse à Paolo Cerruti, cofondateur de Northvolt et PDG de Northvolt, Amérique du Nord.

Cher monsieur Cerruti, bienvenue au Québec. Dans votre lettre du 22 décembre publiée dans La Presse, vous nous exposez avec brio le grand projet Northvolt qui entend contribuer à décarboner l'économie en produisant annuellement un million de « batteries les plus vertes du monde » sur les rives du Richelieu.

À l'Action boréale, notre expertise en la matière demeure peut-être embryonnaire, mais elle ne nous permet pas de rivaliser avec votre enthousiasme. Tout juste nous permet-il de nous demander si les abatteuses multifonctionnelles à « batteries vertes » auront fait progresser un tant soit peu la protection de l'environnement, une fois la coupe à blanc réalisée, une fois un lieu de biodiversité anéanti.

Quitte à vous décevoir, transformer 1,4 milliard d'autos en substituant la source-pétrole par la source électrique contribuera à accélérer la destruction des écosystèmes encore naturels, ces puits de carbone qui constituent le moyen le plus efficace pour raréfier les gaz à effet de serre. Et que nous tentons de protéger, en Abitibi.

Une diminution drastique du transport individuel s'impose. De toute urgence, il nous faut utiliser nos ressources naturelles, financières et humaines pour le développement de réseaux efficaces de transport collectif et ferroviaire.

Vous souhaitez « travailler main dans la main avec les groupes qui ont aussi à coeur l'environnement ». Voyons à quel point. C'est avec un empressement hors du commun que notre gouvernement a facilité votre venue sur les rives du Richelieu.

Vu les dimensions du projet Northvolt, les lois du pays exigent qu'il soit soumis avant toute chose à une évaluation publique par le ministère responsable de l'environnement. Pour au moins voir à quel degré la nature sera affectée. (On peut facilement imaginer qu'il en va de même chez vous, en Suède démocratique).

Or :

En catimini, l'été dernier, le ministère tripatouillait ses propres normes, permettant ainsi à Northvolt d'échapper à une évaluation.

Il a finalement acquiescé à cette évaluation qui aura lieu toutefois après la construction de l'usine. Inouï !

Avez-vous participé à ce complot ? Tous les groupes qui ont à coeur l'environnement en sont restés abasourdis.

« Tendre la main ». Ce n'est pas la première fois que vous nous la tendez, votre main, M. Cerruti. Au mois d'octobre dernier, grâce aux petits sous de tout le monde, nous y avons déposé la promesse de vous refiler sept milliards de dollars. Comme marques de bonne volonté, c'est vraiment dur à battre, n'est-ce pas ?

M. Cerruti, en contrepartie de toutes ces générosités publiques et pour démontrer votre bonne foi, auriez-vous la bonté d'officialiser votre accord à la tenue d'audiences publiques aux conditions prévalant avant le dépôt de votre projet ? Mais tout d'abord, auriez-vous aussi l'amabilité de retirer vos huit lobbyistes de l'enceinte du Parlement de Québec et de ses ministères ?

Car, voyez-vous, notre actuel gouvernement est moralement trop fragile pour affronter cette pression. Son intégrité est contestée à tout bout de champ, à tout propos. Entre autres pour les enjeux environnementaux, dont le plus patent : celui de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda1.

Vous terminez ainsi votre proposition de collaboration : « Dans la lutte aux changements climatiques, nous faisons face à un choix : rester assis et ne rien faire, ou se lever et passer à l'action. Chez Northvolt, on se lève et on avance ».

Soyez assuré, M. Cerruti, que l'Action boréale souhaite également que les gens de la région et les groupes environnementaux du pays se lèvent et avancent sur votre terrain pour l'occuper jusqu'à ce que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) ait achevé le mandat qui lui aurait été normalement dévolu.

1- Fonderie Horne. Après que le premier ministre François Legault eut promis à la population de la ville de Rouyn-Noranda qu'elle déciderait elle-même de son consentement à subir une norme d'arsenic ambiant cinq fois supérieure à la norme québécoise, après que les gens eurent refusé la proposition à hauteur de 67%, Legault a décrété la déportation du quartier !

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Avancée historique : pour la première fois au Québec, le secret sur les prélèvements en eau est levé !

16 janvier 2024, par Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE), Eau Secours — , ,
Montréal, le 21 décembre 2023 - Après plusieurs années de mobilisation de nombreux acteurs de la société civile, les données sur les prélèvements d'eau par les entreprises au (…)

Montréal, le 21 décembre 2023 - Après plusieurs années de mobilisation de nombreux acteurs de la société civile, les données sur les prélèvements d'eau par les entreprises au Québec seront enfin dévoilées. Dès le 1er janvier 2024, ces données seront rendues facilement accessibles au public sur le site internet du ministère de l'Environnement.

Le Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) et Eau Secours saluent cette avancée historique qui constitue un premier pas vers une plus grande transparence. Les organismes souhaitent que ce nouveau cadre juridique permette d'obtenir rapidement un portrait plus clair des prélèvements en eau au Québec.

« La transparence est un élément crucial pour protéger l'eau qui fait partie de notre patrimoine commun. Un accès facilité aux données est essentiel à une participation citoyenne éclairée aux débats publics », affirme Me Merlin Voghel, avocat au CQDE.

Pour rappel, la Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions législatives (projet de loi 20) a été adoptée par l'Assemblée nationale le 9 juin 2023. Elle consacre le principe de la transparence pour toute information obtenue en vertu des règlements sur les redevances et sur la déclaration des prélèvements en eau. Ces deux règlements, édictés sous une forme finale le 6 décembre dernier, ont précisé cette obligation de transparence, en plus d'abaisser le seuil de prélèvement à compter duquel un préleveur doit déclarer ses prélèvements et payer une redevance.

Quelques limites à la transparence

S'il s'agit d'une belle victoire, les organismes soulignent qu'il convient de demeurer vigilant⋅es. Seules les données des plus gros préleveurs doivent obligatoirement être déclarées et rendues publiques, soit les données d'environ 1,5% des 21 000 entreprises exerçant des activités visées par les règlements. Pour obtenir un portrait global de la situation, le ministère devra donc déployer d'importants efforts pour obtenir les données
auprès des préleveurs n'ayant pas à lui transmettre de déclaration.

Il sera aussi important que le ministère veille à ce que l'obligation d'installer des compteurs d'eau pour toute nouvelle installation ou lors de toute modification d'installation soit appliquée. Bien que cette obligation existe depuis plus de dix ans, les données obtenues démontrent qu'elle n'a pas été respectée et qu'aucune sanction ou amende n'a été imposée.

« On constate un besoin criant d'accroître sans délai nos connaissances sur les prélèvements en eau par les entreprises au Québec. Nous encourageons le ministère à user de ses pouvoirs pour obtenir un portrait plus juste de la situation, sans se contenter des données des plus gros préleveurs », explique Me Merlin Voghel.

Rehaussement des redevances : vers une réduction de la consommation d'eau ?

La hausse des redevances constitue aussi une avancée majeure, bien qu'elle ne concerne que 2% des entreprises visées.

« Nous espérons que cette hausse aura l'effet escompté, c'est-à-dire un changement de comportement de la part des entreprises vers une réduction de la consommation d'eau. C'est notamment ce que nous surveillerons avec grande attention dans les prochaines années », explique Rébecca Pétrin, directrice générale d'Eau Secours.

Une autre nouveauté : la révision des règlements au cinq ans

Les deux organismes saluent également l'assujettissement des deux règlements à une révision tous les 5 ans, comme ils le recommandaient. Ces révisions seront l'occasion de prendre de nouvelles décisions au regard des informations collectées.

« Avec ces nouveaux éléments, les 5 prochaines années devraient nous permettre de dresser la situation de l'eau au Québec. Il est cependant important de rester attentif⋅ves à la révision réglementaire dans 5 ans. Ce n'est que le début. », conclut Rébecca Pétrin.

La réforme en chiffre :

1er janvier 2024 :

Première publication des données sur les prélèvements en eau par les entreprises au Québec.

Entrée en vigueur des nouveaux taux de redevances payables sur les prélèvements en eau, en fonction des activités exercées :

- L'embouteillage et le transport de l'eau : 500 $ par million de litre prélevés, en remplacement de 70 $

- La fabrication de boissons, de produits minéraux non-métalliques (ex : le béton), de pesticides, d'engrais, de produits chimiques agricoles ou inorganiques et l'extraction de pétrole et de gaz : 150 $ par million de litres prélevés, en remplacement de 70 $

- L'ensemble des autres activités visées : 35 $ par million de litres prélevés, en remplacement de 25 $

1er janvier 2025 :

Le seuil d'assujettissement à une déclaration obligatoire passe de 75 000L à 50 000L par jour. À compter du dépassement de ce seuil sur une journée de prélèvement, le préleveur est assujetti à une déclaration obligatoire de tous ses prélèvements en eau pour l'année en cours et pour toutes les années subséquentes, peu importe le volume.

1er janvier 2026 :

Le seuil d'assujettissement au paiement de redevances sur les prélèvements en eau passe de 75 000L à 50 000L par jour. À compter du dépassement de ce seuil sur une journée de prélèvement, le préleveur est assujetti au paiement de redevances sur tous ses prélèvements en eau pour l'année en cours et pour toutes les années subséquentes, peu importe le volume.

Historique et faits saillants à consulter au lien suivant
<https://www.cqde.org/fr/nos-actions...>

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Victoire de Marc Nantel face à la Fonderie Horne, les avocats du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) ont défendu avec succès le droit de l’accès à l’information du citoyen

16 janvier 2024, par Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) — , ,
Montréal, le 22 décembre 2023 - Les avocats du CQDE, dont Me Marc Bishai, annoncent avec plaisir que la Cour du Québec a donné raison au citoyen Marc Nantel dans l'appel par la (…)

Montréal, le 22 décembre 2023 - Les avocats du CQDE, dont Me Marc Bishai, annoncent avec plaisir que la Cour du Québec a donné raison au citoyen Marc Nantel dans l'appel par la Fonderie Horne d'une décision de la Commission d'accès à l'information.

Pour rappel, le litige découle de l'opposition de l'entreprise minière, une filiale de la multinationale Glencore, à ce que le ministère de l'Environnement (MELCC) communique à Marc Nantel un tableau concernant les intrants de la Fonderie Horne, en réponse à une demande d'accès à l'information déposée en juin 2020. Plus précisément, le tableau en litige porte sur les quantités et concentrations en arsenic, en bismuth, en antimoine, en plomb, en cadmium et en mercure des concentrés livrés à la Fonderie Horne provenant de chacun de ses fournisseurs. Dans cette décision, la Commission d'accès à l'information avait conclu en faveur du citoyen et avait établi que la Loi sur la qualité de l'environnement confère un droit d'accès direct et immédiat au document en question. Dans un jugement étoffé, le juge, l'honorable Serge Champoux, a balayé tous les arguments de la Fonderie Horne qui avançait que les renseignements devraient être tenus confidentiels, notamment en vertu du secret industriel.

Marc Nantel : « C'est une victoire pour la transparence ! La Fonderie Horne refusait toujours de rendre publique la teneur en éléments toxiques des intrants qu'elle traite en alléguant son droit au secret industriel. Bien que ces informations soient essentielles pour protéger l'environnement et la santé de la population, la Fonderie priorise ses intérêts économiques. Il est dommage qu'un citoyen comme moi soit forcé d'entreprendre d'aussi longues démarches juridiques simplement pour obtenir des informations que la loi déclare publiques. Je remercie les avocats qui m'ont épaulé. Sans eux, un simple citoyen fait difficilement le poids contre des firmes d'avocats spécialisées dans le domaine. L'accès à l'information est nécessaire pour que les citoyens puissent influencer les décisions concernant la Fonderie Horne et tenter de résoudre le problème des émissions toxiques dans l'air. »

Me Marc Bishai : « Nous sommes très heureux de ce dénouement qui, nous l'espérons, marque enfin l'aboutissement des démarches de Monsieur Nantel qui durent depuis juin 2020. Les intrants de la Fonderie pour l'année 2019 devraient enfin être rendus publics, comme le prévoit la Loi. C'est cet accès à l'information qui permet à des citoyen·nes comme Marc Nantel de participer collectivement aux décisions nécessaires pour protéger l'environnement et la santé publique. »

Quelques passages du jugement de la Cour du Québec

« [120] [...]. Le lien entre le matériel brut reçu de fournisseurs de la Fonderie et les rejets de contaminants paraît indiscutable. Le Ministre veut savoir ce qui est traité par la Fonderie pour comprendre ce qui en émane. »

« [8] Il paraît évident dans la mécanique envisagée par le législateur que les demandes d'accès devraient être traitées et tranchées avec diligence et qu'inversement, il soit compris que des informations ou des renseignements qui ne sont transmis qu'au terme d'interminables procédures, perdront soit leur pertinence, soit leur utilité. Autrement dit, dans ces domaines, bien souvent, le seul écoulement du temps équivaut à un déni d'accès. »

« [27] [...] [E]n trame de fond, il est clair que les deux lois en cause, la Loi sur la qualité de l'environnement et la Loi sur l'accès, sont deux ensembles législatifs majeurs dans l'organisation sociale et légale de la société québécoise. »

« [115] [...] [L]a Loi sur la qualité de l'environnement [...] favorise l'implication citoyenne dans le maintien et l'amélioration de la qualité de l'environnement.

[116] Ce choix qu'a fait le législateur semble celui de privilégier le droit des citoyens de connaître les risques environnementaux qui les concernent sur le droit des industriels à protéger certains secrets.

[117] Lue avec ces principes en tête, la décision de la CAI ne présente pas d'erreur de droit qui justifie qu'elle soit cassée. »

Source : Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE)

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Des chaires de recherche industrielle travaillant sur les combustibles fossiles ont reçu 300 fois plus de financement que les projets d’énergie alternative , selon un rapport de Greenpeace Canada

16 janvier 2024, par Philippa Duchastel de Montrouge — , ,
Montréal – Les compagnies pétrolières et gazières injectent des millions dans la recherche académique, influençant les priorités et la portée de domaines de recherche (…)

Montréal – Les compagnies pétrolières et gazières injectent des millions dans la recherche académique, influençant les priorités et la portée de domaines de recherche essentiels, selon un nouveau rapport de Greenpeace Canada, « Un mécénat qui interroge : Quand l'industrie des combustibles fossiles finance la recherche universitaire ». Au cours de la dernière décennie, elles ont égalé ou dépassé les 31 millions de dollars en financement fédéral accordé aux chaires de recherche industrielle universitaires travaillant sur des projets de combustibles fossiles, en plus de millions supplémentaires sous forme d'autres subventions de recherche et de dons. À titre de comparaison, les chaires de recherche industrielle pour les projets d'énergie alternative n'ont reçu que 100 000 dollars au cours des 10 dernières années.

9 janvier 2024 | tiré du site de Greenpeace Canada
https://lh3.googleusercontent.com/a/ACg8ocLfyIHS43S-w0Rvt6oFpzHO3m91zx30iu_kesTqHX455w=s96-c

« Il est terrifiant que les entreprises de combustibles fossiles influencent la recherche académique sur l'efficacité énergétique et l'atténuation des changements climatiques. Alors que la science nous dit que nous devons nous éloigner rapidement des combustibles fossiles, elles détournent les esprits les plus brillants vers la recherche sur les moyens d'augmenter l'extraction du pétrole et du gaz », a déclaré Nola Poirier, chercheuse principale et rédactrice chez Greenpeace Canada.

Le rapport explore l'investissement considérable de l'industrie des combustibles fossiles dans les universités canadiennes, en particulier dans les domaines de l'extraction pétrolière et gazière et des émissions, établissant un parallèle inquiétant avec le précédent historique des entreprises de tabac finançant la recherche médicale. Une autre préoccupation est que la proximité de l'argent des combustibles fossiles compromet la recherche essentielle sur le climat et l'énergie de ces départements et institutions. Le financement des combustibles fossiles peut influencer les sujets de recherche, les orientant vers des intérêts alignés avec l'industrie, tels que la recherche axée sur la capture et le stockage de carbone, soutenue par le secteur fossile et douteuse en tant que solution aux changements climatiques, au détriment des technologies d'énergie renouvelable plus prometteuses.

« La recherche académique doit être indépendante et fondée sur des données probantes. Mais les entreprises pétrolières et gazières ne sont pas neutres. Elles ont un intérêt financier direct dans l'énergie fossile, dans le maintien du statu quo, et il a été démontré qu'elles ont volontairement retardé et minimisé les actions contre les changements climatiques », a déclaré Poirier. « Lorsque l'industrie des combustibles fossiles finance la recherche académique et peut affecter des dons à des projets spécifiques qu'elle soutient, cela entre en concurrence avec la recherche cruciale pour accélérer la transition énergétique et contrer les pires impacts des changements climatiques. »

Ce problème n'est pas unique au Canada. En 2022, des universitaires, scientifiques, chercheur·se·s du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et bien d'autres ont signé une lettre ouverte appelant les universités aux États-Unis et au Royaume-Uni à interdire le financement des combustibles fossiles dans la recherche sur les changements climatiques, l'environnement et la politique énergétique. La lettre déclarait : « Nous croyons que ce financement représente un conflit d'intérêts inhérent, est contraire aux valeurs académiques et sociales fondamentales des universités, et soutient les tactiques d'écoblanchiment de l'industrie. »

Les compagnies pétrolières et gazières ont réalisé d'énormes profits ces dernières années, et leurs coffres bien remplis signifient qu'elles disposent des fonds nécessaires pour investir et influencer la recherche académique. « En plus de leur impact néfaste sur la recherche critique sur le climat et l'énergie, ces investissements massifs des combustibles fossiles dans la recherche académique servent à légitimer les entreprises pétrolières et gazières, les combustibles fossiles en général, et les soi-disant solutions climatiques soutenues par l'industrie », a déclaré Poirier. « En permettant à ces entreprises d'investir dans la recherche sur la politique énergétique et climatique, et en égalant leur financement dans de nombreux cas, le gouvernement subventionne l'industrie et sabote ses propres efforts pour atténuer les changements climatiques. »

En réponse à ces découvertes troublantes, Greenpeace Canada plaide pour une fin du financement de la recherche sur la politique énergétique et le climat par l'industrie des combustibles fossiles, et souligne également la nécessité d'aligner ces recherches avec les objectifs environnementaux mondiaux et de protéger l'intégrité de la recherche climatique solide provenant des institutions canadiennes.

FIN

Notes aux médias

[1] Le rapport en français se trouve ici. Erratum page 4. Correction : des projets liés au pétrole et au gaz ont reçu 31.5 millions de dollars (31 595 650.$) et non 31 595 650 millions de dollars.

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La mort d’Ed Broadbent afflige les syndicats du Canada

16 janvier 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Bruske : « Ed a fait du Canada un pays plus favorable aux travailleurs et travailleuses. Nous honorerons sa mémoire en continuant à bâtir un pays où les gens prennent mieux (…)

Bruske : « Ed a fait du Canada un pays plus favorable aux travailleurs et travailleuses. Nous honorerons sa mémoire en continuant à bâtir un pays où les gens prennent mieux soin les uns des autres. » Les syndicats du Canada déplorent la perte d'Ed Broadbent, qui a longtemps été chef du NPD et champion syndical.

« Ed Broadbent a été un géant parmi nous, un homme au cœur et à l'intégrité incomparables. Ed s'est fait le champion des causes des travailleurs et travailleuses et a toujours défendu les personnes les plus marginalisées. Il était un grand leader, mentor et ami pour un grand nombre d'entre nous, et il nous manquera plus que nous ne saurions le dire », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.

Parlementaire accompli, son militantisme au nom des travailleurs et travailleuses et son appui inébranlable aux syndicats ont fait d'Ed Broadbent un pilier du mouvement syndical canadien. En 2011, il a fondé l'Institut Broadbent qui a défendu la cause du changement progressiste grâce à de précieuses recherches et analyses, à l'éducation et au soutien d'une nouvelle génération de dirigeants.

« Nous nous engageons à honorer l'héritage d'Ed en continuant à défendre les droits des travailleurs et travailleuses, la justice sociale et la préservation de la démocratie au Canada et dans le monde entier », a dit madame Bruske.

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« Pour les exilés, la frontière est partout, toujours là, en eux »

16 janvier 2024, par Anne-Claire Defossez, Eric Fassin, Olivier Doubre — ,
Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheuse à l'Institute of Advanced Study de Princeton, près de New York. Didier Fassin est médecin, anthropologue et sociologue, il est (…)

Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheuse à l'Institute of Advanced Study de Princeton, près de New York. Didier Fassin est médecin, anthropologue et sociologue, il est enseignant-chercheur à Princeton, mais aussi directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et, depuis le printemps dernier, titulaire de la chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines » au Collège de France. Ils ont co-écrit L'exil, toujours recommencé. Chronique de la frontière.

11 janvier 2024 | tiré du site alencontre.org

Entre les accidents de montagne, la répression subie par les exilés, sans parler des naufrages en mer plus tôt dans leur périple, on voit bien l'inégalité entre les vies humaines. On ne ressort pas indemne de la lecture de votre recherche autour de la frontière franco-italienne près de Briançon. N'est-il pas un peu désespérant pour des chercheurs en sciences sociales de travailler sur un tel objet ?

Anne-Claire Defossez : Je ne dirais pas cela. Certes, les histoires que nous rapportons sont souvent très dures, très émouvantes. Mais jamais, après les avoir entendues, nous n'avons eu le sentiment que ces gens étaient des victimes passives de leur destin d'exilés. Car ils manifestent un courage, une ténacité, une solidarité entre eux absolument remarquables. Dans un contexte d'incertitude permanente et de contraintes immenses, ils trouvent la force morale de continuer. Ils ont dû quitter une situation qui était invivable, littéralement au sens où leur vie était menacée par les persécutions, les violences, la pauvreté. Ils rencontrent sur leur route, qui peut durer des années, des vicissitudes terribles, ils sont agressés par les polices et des bandes armées, ils sont enfermés dans des camps et dans des prisons, ils voient mourir des compagnons de voyage, ils sont parfois obligés de tenter à de nombreuses reprises de franchir une frontière. Et pourtant, ils continuent ! Ces expériences invitent plus à l'admiration qu'au désespoir.

En outre, je dirais aussi qu'à chacun de nos séjours – car pendant cinq ans nous avons passé en hiver et en été plusieurs semaines sur place – nous avons été impressionnés par l'engagement des personnes qui se dédient, certaines à plein temps, d'autres au gré de leur disponibilité, au secours et à l'accueil des exilés. Avec l'idée qu'on ne doit pas renoncer à exercer la solidarité que consacre le principe constitutionnel de fraternité et qu'on ne peut pas laisser mourir des personnes dans la montagne. À cet égard, il faut rappeler que la traversée des Alpes ne devrait pas exposer à la mort, comme c'est le cas de celle du Sahara ou de la Méditerranée où plus de 29 000 personnes se sont noyées au cours des dix dernières années. Au col de Montgenèvre, des milliers de touristes, de randonneurs, de transporteurs circulent sans même faire l'objet de contrôles. Mais les exilés, eux, pour éviter les forces de l'ordre, doivent emprunter des chemins dangereux, escarpés, où certains se perdent, se noient, font des chutes.

Vous faites un lien entre militarisation du territoire de Briançon et hausse des morts des exilés. Comment l'expliquez-vous ?

Didier Fassin : En 2018, à la suite de l'opération de blocage de la frontière par le groupuscule d'extrême droite Génération identitaire et de la manifestation citoyenne organisée en réponse, le ministre de l'Intérieur a envoyé un escadron de gendarmes mobiles pour contrôler la frontière. Dans le mois qui a suivi, trois morts sont survenues par noyade ou chute, dans certains cas à l'occasion de courses-poursuites par les forces de l'ordre. C'étaient les premières victimes de la violence politique de cette frontière. De même, cet automne, dans les semaines qui ont suivi l'envoi de la « border force » annoncée par la Première ministre, trois exilés ont perdu la vie dans la montagne. Il faut comprendre qu'on est passé en quelques années d'une soixantaine de policiers à la frontière à 250 policiers, gendarmes et autres militaires.

Cependant cette présence massive n'a quasiment pas d'effet sur les passages. Les policiers et gendarmes avec lesquels nous avons pu parler le savent bien. Les exilés qu'ils interpellent et renvoient en Italie retentent la traversée le lendemain ou le surlendemain. Et ce, jusqu'à réussir. Ce que nous confirmaient les conversations que nous avons eues, côté italien, avec les bénévoles qui aident les exilés : très peu renoncent. D'ailleurs, selon les statistiques que nous avons pu reconstituer, huit personnes sur dix passent sans avoir rencontré personne. Autrement dit, la répression mise en œuvre n'a d'autre conséquence que de faire prendre plus de risque aux exilés.

Vous soulignez en outre que cette militarisation de la frontière a un coût très important, estimé autour de 14 000 euros pour chaque refoulement ou non-admission…

Didier Fassin : En nous appuyant sur les données d'un rapport parlementaire fait pour le Calaisis, nous avons évalué le coût de chaque non-admission, en nous limitant au seul ajout de forces de l'ordre, donc sans compter la police aux frontières qui était déjà en place et sans intégrer les achats de matériel supplémentaire, drones, motoneige, véhicules tout-terrain. Nous parvenons ainsi à la somme exorbitante de 14 000 euros pour chaque non-admission, dont, tant au sein des forces de l'ordre que parmi les fonctionnaires de la préfecture, chacun sait qu'elle n'empêchera pas de nouvelles tentatives. Du reste, les chiffres de non-admissions publiés ne représentent rien des franchissements réels, puisque d'une part ils n'intègrent pas la grande majorité des personnes qui passent sans être arrêtées et d'autre part ils enregistrent plusieurs fois les mêmes exilés lorsqu'ils font l'objet de non-admissions répétées.

Au fond, la comptabilité des moins de 3 000 refoulements chaque année sert à deux choses. D'abord, en interne, elle fournit la base de calcul des primes des agents, d'autant plus élevées qu'il y a eu plus de non-admissions. La prime la plus importante revient au directeur de la police aux frontières, qui est donc incité à exercer une pression sur ses équipes pour « faire du chiffre », comme le disent les agents. Ensuite, vis-à-vis du public, y compris des maires conservateurs qui réclament toujours plus de moyens militaires, il faut montrer que l'État agit. On a affaire à une forme de spectacle de la souveraineté quand bien même la réalité montre que le souverain est nu, incapable d'empêcher les exilés de franchir la frontière. Cette situation est d'autant plus absurde quand on sait que ce sont en moyenne à peine 4 000 personnes qui passent chaque année. Ce chiffre est celui du Refuge solidaire où pratiquement tous les exilés font une halte allant de quelques heures à quelques jours pour reprendre des forces avant de se remettre en route.

Anne-Claire Defossez : Il montre bien le décalage considérable entre, d'un côté, les discours alarmistes au sujet d'une soi-disant « invasion migratoire » alimentant le fantasme du « grand remplacement » et, de l'autre, la réalité – documentée – sur le terrain : 4 000 personnes par an, sur l'un des deux lieux d'entrée en France depuis l'Italie, c'est peu à l'échelle d'une population française de plus de 67 millions d'habitants. Sachant en outre qu'une bonne partie d'entre elles ne va pas rester en France, mais gagner d'autres pays européens, notamment le Royaume-Uni et l'Allemagne, ou parfois plus au nord la Scandinavie.

Vous avez concentré vos travaux sur le territoire de Briançon. Est-ce un territoire emblématique de ces « désordres du monde » que vous décrivez ?

Didier Fassin : Briançon nous a d'emblée intéressés car s'y trouvaient rassemblés sur cette scène de la frontière trois protagonistes : les exilés, les acteurs de la solidarité et les forces de l'ordre. Les exilés arrivent soit par la route des Balkans, lorsqu'ils viennent du Moyen-Orient ou même d'Afrique du Nord, car les Maghrébins passent de plus en plus par la Turquie pour éviter la Méditerranée, soit par la route du Sahara pour les Maliens, Ivoiriens, Guinéens, Camerounais ou Soudanais. Les solidaires, comme ils s'autodésignent, ont été très tôt actifs, à la fois en faisant des maraudes dans la montagne pour mettre à l'abri des personnes rencontrant des difficultés, surtout en hiver dans le froid et la neige, et en organisant un hébergement transitoire dans la vallée. Cette action s'appuyait sur des personnes dont certaines avaient déjà des engagements associatifs, syndicaux, politiques, et d'autres n'avaient jamais eu aucune de ces expériences. Enfin, il y avait ces forces de l'ordre, toujours plus nombreuses, toujours mieux équipées. Cette scène, donc, nous a semblé constituer un microcosme de ce qui se joue sur une frontière.

Mais très vite nous nous sommes rendu compte que ce lieu que nous étudiions pouvait servir de prisme donnant à voir ce qu'était l'exil, ce qu'était l'histoire de ces gens qui avaient quitté leur pays dans des conditions souvent dramatiques, qui avaient vécu des épreuves particulièrement traumatisantes au long de leur périple. Chacun des récits que nous avons recueillis au cours des cinq années de notre enquête s'inscrivait dans une géopolitique globale, devenait une véritable fenêtre d'observation des désordres du monde. Ainsi, alors que les talibans en Afghanistan gagnaient du terrain, on voyait arriver des Afghans, mais avec un décalage dans le temps puisqu'il leur faut souvent plusieurs années pour parvenir jusqu'à la frontière française. Nombre d'entre eux ont travaillé en Turquie pour gagner un peu d'argent, espérant parfois y rester, mais s'en faisant expulser. Ils ont alors été enfermés dans un camp sur une île en Grèce, d'où ils ont fini par partir avant d'être retenus dans d'autres camps et d'être harcelés par d'autres polices.

Ils ont ensuite tenté, parfois dix ou quinze fois, d'entrer en Croatie, en étant souvent battus, déshabillés, humiliés par les forces de l'ordre de ce pays, qui les dépouillent de tout ce qu'ils possèdent, brûlent leurs sacs et leurs vêtements, brisent leurs téléphones, et les renvoient sans rien vers la Bosnie. Or ces deux pays, la Grèce et la Croatie, sont encouragés dans leurs pratiques violentes à l'encontre des exilés par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui les décrit comme les « remparts de l'Union européenne ». Les récits des exilés venant d'Afrique subsaharienne révélaient de même l'impact de la politique européenne d'externalisation des frontières de l'autre côté de la Méditerranée, en déléguant, contre aides financières, au Niger, au Maroc, à l'Algérie, à la Tunisie, à la Libye et à la Turquie la répression des exilés et en fermant les yeux sur les graves atteintes aux droits humains commises par ces pays.

À cet égard, le « moment ukrainien » a été un moment de vérité. L'accueil généreux qui a été fait aux femmes et aux hommes qui fuyaient leur pays envahi par les troupes russes a montré deux choses. D'abord, qu'il était possible de faire face en Europe à des déplacements massifs de populations, dont certaines s'installeraient probablement de manière définitive. Ensuite, que, par contraste, l'hostilité à l'encontre des autres exilés tenait en large part à leur double identification raciale ou religieuse, puisqu'il s'agissait principalement d'Africains et de musulmans

Anne-Claire Defossez : Nous concentrer sur cette région briançonnaise nous a permis de réinterroger ce qu'est une frontière et ce qu'elle a été au fil du temps, car nous avons consulté les archives municipales de Briançon. Bien sûr, elle est un lieu physique, mais elle se manifeste surtout par une alternance d'ouvertures et de fermetures, avec des gens désirables, comme des ouvriers piémontais dont on avait besoin tout au long du XIXe siècle et au-delà, et des indésirables, comme les vagabonds qui auraient impacté les budgets communaux ou, aujourd'hui, des ressortissants d'anciennes colonies françaises. En nous centrant sur cet espace, nous avons pu mettre mieux en lumière le fait que la frontière est d'abord un objet politique, dont la signification et les interdits varient au fil du temps, des contextes et au gré des évolutions idéologiques.

Vous parlez d'une « incorporation » de la frontière comme faisant partie de l'expérience des exilés. Il s'agit pour vous de « partir d'une situation pour saisir les relations sociales qui se tissent et se transforment en son sein ». Pourquoi parler d'incorporation ? Et vous-mêmes, en tant que passeurs de savoirs, avez-vous quelque part incorporé, vous aussi, cette frontière ?

Anne-Claire Defossez : L'incorporation de la frontière est une façon pour nous de dire que celle-ci n'est pas simplement une ligne dont, une fois dépassée, on s'est débarrassé. D'abord, c'est plutôt une bande de territoire, de vingt kilomètres de part et d'autre de cette ligne, où les contrôles douaniers ou policiers peuvent être menés sans restriction, tout comme autour des ports, gares, aéroports. Sans nécessité d'aucune justification précise pour les fonctionnaires qui y procèdent. C'est en fait sur l'apparence que ces contrôles s'opèrent. Il y a donc une démultiplication de la frontière en tant que territoire qui rend cette frontière toujours plus prégnante temporellement et géographiquement. Mais aussi, comme les exilés le rappellent, la simple vue d'un uniforme les met immédiatement dans un état d'inquiétude, de peur, de stress, compte tenu de la perspective du contrôle d'identité, de l'interpellation, de la rétention et, au bout du compte, du renvoi dans leur pays. Et ce d'autant qu'ils ont eu, tout au long des milliers de kilomètres de leur voyage, une expérience éprouvante, voire terrible, des forces de l'ordre qui les ont arrêtés, brutalisés, enfermés. Il y a donc une sorte d'inscription de la frontière dans leurs corps.

Didier Fassin : Il faut ajouter que la frontière est aussi, pour les solidaires, une réalité très concrète, car, lors des maraudes de mise à l'abri de personnes exilées, ils prennent garde de ne pas la franchir, sous peine d'être accusés d'aide à l'entrée irrégulière sur le territoire français, passible de cinq années d'emprisonnement. Relevons tout de même ce paradoxe qu'il s'agit d'une frontière censée avoir disparu avec la création dans les années 1990 de l'espace Schengen, aux obligations duquel la France est le pays qui a le plus souvent dérogé.

Vous avez également interrogé les fonctionnaires de police, de gendarmerie, de la douane, du ministère de la Justice. Comment vivent-ils leur mission ? En souffrent-ils aussi ? Ont-ils eux aussi incorporé la frontière ?

Anne-Claire Defossez : Il était important pour nous, par souci de rigueur méthodologique, de pouvoir rendre compte de l'ensemble des points de vue, y compris des autorités publiques et bien sûr des forces de l'ordre. Ces dernières sont du reste très diverses, certaines s'occupant du contrôle des frontières, d'autres œuvrant dans le secours en montagne.

Didier Fassin : Il n'a pas toujours été facile de les rencontrer. Il a fallu, dans certains cas, faire intervenir le cabinet du ministre de l'Intérieur, tandis que dans d'autres les circonstances de l'enquête nous ont permis d'entrer en relation avec des agents sur le terrain. Ce qui nous a frappés dans les échanges que nous avons eus, c'est la désillusion dont beaucoup nous ont fait part, et ce, indépendamment de leurs inclinations politiques. D'abord, nous disaient-ils, ils n'étaient pas entrés dans la police ou la gendarmerie pour courir après des exilés dans la montagne, interpeller et refouler des familles avec des nourrissons et des enfants. Ensuite, ils déclaraient se rendre compte de l'inutilité de leur action, puisque ceux qu'ils arrêtaient finissaient toujours par passer. Cela étant, certains se réjouissaient, sans aucun doute en lien avec leurs opinions, de pouvoir mettre en difficulté les exilés, n'hésitant pas à le leur faire savoir. Mais d'autres se disaient critiques de la politique qu'on leur faisait mettre en œuvre et se montraient sensibles à la situation de ces personnes qui avaient traversé de telles épreuves.

Anne-Claire Defossez : Néanmoins, on entendait souvent un discours d'inversion des rôles. Selon certains, notamment parmi les responsables, c'étaient les associations et leurs bénévoles qui mettaient en danger les exilés en les amenant à croire qu'ils les aideraient à traverser, et ils allaient même jusqu'à les désigner comme passeurs, alors que les policiers et les gendarmes allaient au contraire les chercher dans la montagne pour les protéger des dangers. Du reste, certains maraudeurs ont fait l'objet d'inculpation pour aide à l'entrée irrégulière, mais les tribunaux en ont jugé autrement en les relaxant. En réalité, ces accusations visent avant tout à intimider et à décourager les bénévoles qui mettent à l'abri les exilés.

La « loi Darmanin » a été votée en fin d'année dernière. À la lumière de vos travaux, comment comprenez-vous cette nouvelle loi sur l'immigration ?

Didier Fassin : La loi est en complet décalage avec la réalité telle que nous avons pu l'observer et telle que de nombreuses études permettent de la comprendre. Les migrations sont un phénomène mondial dont l'Europe ne prend qu'une part minime. La très grande majorité des gens qui fuient leur pays en raison de violences, de guerres ou de conditions socio-économiques souvent liées aux enjeux climatiques sont des déplacés internes ou des migrants vers les pays voisins. De plus, au sein de l'Europe, la France n'est plus un pays attractif pour les étrangers. Le nombre des exilés accueillis en proportion de la population nationale est l'un des plus faibles, les demandes d'asile y sont beaucoup moins souvent accordées qu'ailleurs puisque notre pays est l'un des derniers de l'Union. D'ailleurs, là où nous avons conduit notre enquête, ce sont des effectifs modestes de passages. Il n'y a donc pas d'afflux massif comme on l'entend souvent et le lieu commun de l'appel d'air ne correspond à aucune démonstration scientifique. Peut-on un instant imaginer que des personnes qui ont fui des persécutions et parcouru des milliers de kilomètres au péril de leur vie seraient simplement attirées par les bénéfices d'un État-providence toujours plus discriminant à leur égard ? On est dans le seul registre de l'idéologie.

De plus, il y a évidemment une certaine ironie à constater que le gouvernement et le Parlement se dotent d'un arsenal législatif en contradiction avec les valeurs républicaines dont ils se réclament, tandis que, sur le terrain, la police aux frontières ne respecte pas les lois qu'elle est censée faire appliquer en violant les droits des exilés inscrits dans la réglementation nationale. L'État français a d'ailleurs été condamné sur ce point à de nombreuses reprises, tant par les tribunaux administratifs que par la Commission nationale consultative des droits de l'homme et la Cour européenne des droits de l'homme. Dans le Briançonnais, l'association Tous migrants distribue même des fascicules aux forces de l'ordre pour leur rappeler la loi et leur signaler que la désobéissance s'impose lorsque les ordres que les agents reçoivent sont contraires à des principes supérieurs.

Anne-Claire Defossez : Au-delà du décalage de la loi votée par rapport à la réalité, il s'agit bien d'un déni assumé, car les autorités savent que les nouvelles mesures seront sans efficacité au regard de l'objectif affiché de contrôle des frontières, qu'elles vont contre l'intérêt national notamment sur le plan économique, comme le montre l'opposition du patronat, et qu'elles n'ont d'autres objectifs qu'électoralistes. Pourtant, les sondages montrent que les préoccupations des Français ne tournent pas autour de cette question puisque celui réalisé chaque année par l'Ifop indiquait en 2023 que le contrôle de l'immigration irrégulière n'arrivait qu'en onzième position dans ce qui souciait les personnes interrogées. Même parmi les sympathisants du Rassemblement national, d'autres questions, notamment concernant le niveau de vie, sont prioritaires.

Mais il est plus facile de désigner des boucs émissaires que de s'attaquer aux inégalités sociales, aux dysfonctionnements des services publics et plus généralement aux problèmes graves auxquels est confrontée notre société. Ce qui est certain, c'est que la loi qui vient d'être votée et qui reprend les propositions formulées de longue date par l'extrême droite, outre qu'elle ébranle les fondements de la République en matière d'égalité et de fraternité, va aggraver la stigmatisation et la précarité non seulement des personnes en situation irrégulière, dont beaucoup relèvent pourtant du droit d'asile, mais également des étrangers en situation régulière. C'est une blessure profonde au cœur de la société française. (Entretien publié dans l'hebdomadaire Politis, en date du 10 janvier 2024. Un hebdomadaire français utile à lire pour les lectrices et lecteurs de Suisse française)

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Pas aphones

16 janvier 2024, par Lenous Guillaume-Suprice — ,
Il te reste, Souveraine, terre-fille des extrêmes, dans une tirelire, assez de sous pour répandre quelques zestes d'une paix-grenadine, te mettre au parfum à nouveau d'une (…)

Il te reste, Souveraine, terre-fille des extrêmes, dans une tirelire, assez de sous pour répandre quelques zestes d'une paix-grenadine, te mettre au parfum à nouveau d'une vitalité et couvrir toutes les rues de chants s'ouvrant sur l'art, sur une heure bonne pour tout l'ensemble.

Au détour de chaque instant qui vrille, il y a un être qui vient, qui va, toujours sachant combien coûtent ces pas, ces accès à tes attentes en profondeur, nécessairement qui doivent déboucher, d'abord et avant tout, sur la réparation de ta tente d'antan, avec en plan les tillacs de la déraison à abattre pour que soient cendres devenues les horreurs.

Un grand feu, dans tes yeux, projette quelques sourires, aux pas aphones d'une interconnexion, sur les contours d'une voie de traverse invitant un bon nombre de promeneurs à l'enquête et aux découvertes pour demain, et dans la vérité, contre tout traquenard du passé sur ton appartenance.

À plusieurs reprises, quand tu hurles « Amériques ! », de folles fées se lèvent, clameurs de mers en furie dans les gestes, s'emparent de la peau-mémoire des ancêtres comme d'un chagrin, te toisent bien plus qu'un vilain truc, te bousculent à tout coup en te parlant de choses pas vraiment nécessaires, souvent sans visière ajoutée.

Dans l'art de la voyance et du flair, à mille nœuds fuyant vengeance, tu cherches une couleur à donner à tes vœux de cohabitation, dos à dos aux chapelles et aux corridors, pour qu'ils soient bien plus lisibles pour tes voisins de partout.

Avec de la suie du calumet de grand-mère, un onguent a été trouvé contre le dard d'un scorpion dans ton bras près du cœur, au lever du jour près des cataractes, dans la foulée d'une autre saison, en plein centre de ta guérison.

Et, le temps de te ressaisir, tu écriras trois chansons pour Joséphine la poète et autant pour Anacaona sa consoeur, en remontant les vents du Québec et du Xaragua, dans les mille parures d'un tableau de feuilles, offrandes d'esprits et d'ancêtres pour l'harmonie, dans la marche des territoires, des animaux, des ombres et des sources sans fin.

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