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Écologie, luttes sociales et révolution, de Daniel Tanuro

C'est un livre d'entretiens dont le propos gagne en fluidité, propre aux échanges vivants, alors même que notre camarade Daniel Tanuro y aborde des questions parfois complexes sur deux aspects, aussi indispensables l'un que l'autre : penser les catastrophes et réfléchir à ce qu'on peut faire.
Hebdo L'Anticapitaliste - 703 (11/04/2024)
Par Christine Poupin
Éditions La Dispute, 2024, 184 pages, 15 euros.
Le temps des catastrophes
Penser les catastrophes, c'est d'abord en prendre la mesure. Aucun doute possible, notre temps est celui des catastrophes qui s'aggravent mutuellement et qui peuvent faire basculer le système-Terre dans le cataclysme. Il est dès lors impératif d'agir dans deux directions complémentaires : s'en prendre résolument aux causes et mettre en œuvre une adaptation démocratique, sociale et écologique. Scientifique lui-même, Daniel Tanuro nous invite à prendre au sérieux les travaux des chercheurEs, en particulier celleux du GIEC et à débusquer les pressions politiques du capitalisme fossile qui se traduisent par l'objectif de réduction des émissions nettes et non de l'élimination de l'usage des combustibles fossiles.
Face à ce tour de passe-passe, qui ne sert qu'à s'affranchir de la nécessité de rompre avec la croissance capitaliste, des voix critiques se lèvent. Elles rendent possibles des alliances, des métissages entre savoirs scientifiques et savoirs populaires, qu'ils soient ouvriers ou indigènes, indispensables à la construction d'une écologie populaire de masse.
L'écologie inachevée de Marx
Avec le même esprit critique, Daniel Tanuro aborde sans concession les rapports entre le marxisme et l'écologie. Tout en pointant le productivisme de la majorité des auteurs marxistes du 20e siècle, y compris Trotski, il défend la critique marxienne de l'économie politique comme la plus pertinente pour comprendre la catastrophe écologique et fournir une explication matérialiste de la nature « croissanciste » du capitalisme. Il nous invite à parcourir le chemin effectué par Marx lui-même et souligne en particulier l'actualité de son analyse du « hiatus irrémédiable » dans le « métabolisme » entre l'humanité et la nature. Cependant, il refuse les lectures apologétiques qui repeignent Marx en vert et préfère interpréter le caractère inachevé de l'écologie de Marx comme une invitation à aborder d'autres champs. C'est ainsi qu'il plaide pour une compréhension féministe matérialiste de la domination patriarcale sur les femmes dans le capitalisme et partant de leur place dans les luttes écosociales.
Que faire ? Répondre à cette interrogation impose de mesurer combien le capitalisme est incapable, ne serait-ce que de freiner la catastrophe. C'est ce que fait Daniel Tanuro en montrant comment les renouvelables dans le cadre d'un greenwashing systémique ne visent pas à réduire les énergies fossiles mais à satisfaire la boulimie croissante du productivisme capitaliste, associant néo-industrialisme, extractivisme et pillage accru des pays dominés, ainsi que l'exacerbation de la concurrence entre puissances impérialistes.
Élaborer un programme social et environnemental
Face aux difficultés immenses de l'alternative et parce que les solutions sont politiques, l'auteur invite à se concentrer sur l'élaboration d'un programme social et environnemental, sur l'invention d'une stratégie et sur la mise au point de tactiques de lutte. Parce que l'arrêt de la catastrophe n'est possible qu'à la condition de sortir du capitalisme pour produire des valeurs d'usage plutôt que des marchandises, la participation active des exploitéEs est indispensable à cette transformation révolutionnaire de la société. Cette participation ne se décrète pas, elle nécessite une stratégie d'alliance pour « bousculer » le cadre productiviste dans lequel les salariéEs posent spontanément leurs revendications socio-économiques immédiates. S'il ne dissimule pas la gravité des menaces qui pèsent sur l'humanité, Daniel Tanuro conclut sur ces mots : « on ne peut que s'accrocher à l'espérance pour y puiser l'énergie nécessaire à la lutte ».
Enfin, ne faites surtout pas l'impasse sur la préface de Timothée Parrique, véritable plaidoyer pour une réconciliation fructueuse entre écosocialisme et décroissance.
Christine Poupin
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Réveiller le gouvernement et la ministre

Des actions ont eu lieu la semaine passée dans dif-férentes régions pour passer ce message au gouvernement : « Un plan d'action pour éliminer la pauvreté, ça presse ! ».
Tiré de la Soupe aux cailloux no 465 du 11 avril 2024
Des membres du Collectif ont profité du fait que les député·es faisaient du travail de circonscription pour aller interpeller directement à leur bureau le premier ministre Legault, les ministres ChantalRouleau, France-Élaine Duranceau et Pierre Fitzgibbon ainsi que les député·es Catherine Blouin et Yannick Gagnon. Des actions de visibilité ont aussi eu lieu à différents endroits et sur les réseaux sociaux.
Des photos de ces actions se trouvent sur la page Facebook du Collectif :
tinyurl.com/semaine-action.
Si la ministre Rouleau souhaite améliorer concrètement et durablement les conditions de vie des moins nanti·es, elle doit faire beaucoup mieux, et vite. Car ce n'est pas avec la prolongation de mesures ayant déjà montré leur insuffisance et de belles paroles qu'elle risque d'y arriver. Ni d'ailleurs avec de l'aide alimentaire supplémentaire (qui, bien que nécessaire dans le contexte actuel, ne constitue pas une mesure de lutte contre la pauvreté à proprement parler).
Et que la ministre ne vienne pas dire qu'elle voudrait en faire davantage mais que l'argent manque – c'est le gouvernement dont elle fait partie qui a décidé d'accorder des baisses d'impôt insensées et d'ainsipriver le Québec de milliards de dollars !
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Un Jour de la Terre encore plus utile ?

Bien qu'il montre déjà que la population mondiale est prête à poser des actions pour améliorer la planète, le Jour de la Terre pourrait engendrer plus d'actions positives pour diminuer la dette environnementale et l'utilisation des énergies fossiles, l'angle mort de la COP29.
Au niveau mondial, le 22 avril marque le Jour de la Terre. Tenu pour la première fois en 1970, il est devenu le symbole de la prise de conscience des défis environnementaux que notre planète doit confronter à l'échelle mondiale. Il s'agit d'un puissant moyen d'action pour l'environnement. Environ un milliard de personnes de 190 pays y participent cette année sous le thème de la mobilité durable et des déplacements écologiquement responsable. Ces gestes de citoyens responsables qui posent des actions locales peuvent aussi être vus avec l'urgence de protéger la Terre qu'avait plaidé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en juillet 2023, « L'ère du réchauffement climatique est terminée, place à l'ère de l'ébullition globale » avait-il dit alors.
Jour du dépassement
Chacun de nous fait partie d'un collectif qui consomme un peu plus chaque année que ce que la Terre peut produire. Le jour du dépassement des ressources renouvelables que produit notre planète calculée par « Global Footprint Network » à partir de trois millions de données statistiques collectées auprès de 200 pays était le 31 décembre en 1986, le 9 octobre en 2006, le 3 août en 2016 et le 2 août en 2023. Cette date varie grandement d'un pays à l'autre. Si elle arrive aussitôt que le 11 février pour le Qatar en 2024, elle est le 24 novembre en Équateur et en Indonésie, mais ne dépasse pas le 3 juin pour les pays occidentaux. Nous consommons actuellement plus de 1,7 fois les ressources renouvelables disponibles, et donc, le capital environnemental qui manquera aux prochaines générations. Le jour du dépassement est un des meilleurs symboles de la surconsommation humaine et de l'obligation de la diminuer pour protéger les écosystèmes de la Terre. Celle-ci ne peut plus soutenir durablement nos modes de production et de consommation. Il faut donc avoir collectivement l'intelligence de diminuer notre train de vie pour l'adapter au budget maximal que nous donne notre planète.
La COP29 et la Terre
C'est la finance climatique qui sera au cœur de la COP29 à Bakou en Azerbaïdjan. Son président, Mukhtar Babayev, qui est le ministre des Ressources naturelles du pays hôte, répond peu jusqu'à maintenant aux préoccupations des protecteurs de la Terre. Il enligne plutôt depuis le début de l'année les rendez-vous avec les banques, pays et outils d'investissement pour sécuriser le côté financier de l'événement. Son pays a d'ailleurs officiellement annoncé qu'il allait augmenter de 35 % sa production de gaz naturel d'ici 2034. Il délaisse ainsi, comme l'ont fait les dirigeants de la COP28, une recommandation majeure du GIEC, soit que toutes les nouvelles découvertes d'énergies fossiles ne devraient pas être développées. L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée sur la planète. Le désintérêt pour limiter l'usage des énergies fossiles depuis 40 ans, produit déjà des vagues de chaleur extrême entraînant des maladies comme le choléra, la malnutrition, la destruction d'habitat, la dégradation des conditions de vie, des inégalités sociales, des migrations forcées et des guerres. Toute implication citoyenne pour diminuer l'utilisation des énergies fossiles ne peut être que positive.
Un Jour de la Terre qui dure toute l'année ?
Selon le dernier rapport annuel sur le climat United in Science 2021 réalisé par des scientifiques de l'ONU, le changement climatique et ses conséquences ne cessent de s'aggraver. Antonio Guterres affirme à ce sujet « Nous n'avons vraiment plus de temps à perdre ». Face à l'inertie intéressée de plusieurs grandes entreprises et de gouvernements, l'action citoyenne concrète promue par le Jour de la Terre pourrait être une voix d'action. Les citoyens voulant agir pour protéger la planète peuvent poser des millions de petites actions concrètes qui répondent à leurs besoins quotidiens et à leurs aspirations en respectant à long terme leur environnement qu'il soit économique, social ou physique.
Penser avant d'acheter ou de détruire l'environnement devient de plus en plus important. La diminution de consommation est d'ailleurs compatible avec le bonheur. Selon l'analyste en réduction à la source chez Équiterre, Amélie Côté, réduire les heures de travail n'est pas nécessairement une privation puisque cela permet d'avoir plus de temps avec sa famille, ses amis et ne demande souvent que d'être plus sobre dans ses choix de consommation. « Le temps c'est une denrée vraiment très précieuse. » Passer du temps à travailler pour acheter des objets qui ne génèrent pas plus de bonheur n'est pas une manière optimale de conduire sa vie. Avoir un mode de vie plus responsable pour l'environnement, comme le fait le Jour de la Terre, demande de respecter les ressources et les limites de notre planète.
Michel Gourd
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Plus d’un millier de personnes dans les rues de Québec pour la Journée de la Terre

Plus d'un millier de personnes, membres de syndicats, d'associations étudiantes, de groupes communautaires, de groupes écologistes, d'associations féministes ont manifesté dimanche 21 avril à Québec, pour dénoncer « l'inaction politique » des gouvernements en matière de justice climatique et sociale, à la veille du Jour de la Terre et ont demandé aux gouvernementx d'agir en tenant compte de l'urgence climatique.
L'événement a été organisé par la Coalition régionale justice climatique et sociale qui mettait de l'avant trois principales revendications :
• l'accélération de la lutte contre les crises climatiques,
• un réinvestissement massif, notamment dans les programmes sociaux en taxant davantage la richesse,
• et une transition juste et inclusive pour les communautés et les travailleurs.
Presse-toi à gauche présente ci-dessous les interventions qui ont ouvert cette manifestation.
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Ambigüe réponse indépendantiste au faux progressisme fédéral

Le gouvernement Libéral canadien, soutenu par le NPD qui fait semblant de ne pas les appuyer, s'en tire avec un budget 2024-25 d'apparence progressiste « pour les jeunes » si on ignore l'importante hausse des dépenses militaires, le soutien aux entreprises par le biais de l'intelligence artificielle sans compter les remises fiscales pour les PME… de 500 employés et moins, les subventions implicites aux grands épargnants par le biais de la hausse de 20G$ des frais d'intérêts depuis deux ans même si c'est pas mal moins qu'il y a 20 ans, l'abolition de 5 000 postes de fonctionnaires et des coupes de 10G$, la baisse du soutien à la lutte climatique comme si la taxe carbone allait tout régler et, last but not least, l'incarcération des migrants dans ses pénitenciers fédéraux. On repassera pour le progressisme. Pas étonnant que le Canada soit le champion des bas déficits et de la moindre dette nette (voir graphiques), et de loin, parmi les pays du G7 n'en déplaise aux éternelles complaintes des Conservateurs et économistes patentés sur le sujet au nom des saintes productivité et compétitivité néolibérales.

Ce ne sont pas le « programme national d'alimentation scolaire » et le « régime national d'assurance médicaments » à fonds minimalistes qui vont changer la donne. Par une habile politique de communication rompant avec la tradition du secret budgétaire, les Libéraux fédéraux auront donné l'impression d'un virage à gauche conclu par la hausse de l'imposition des gains en capital pour le 0.13% des plus riches contribuables ce qui « n'a rien de révolutionnaire, rappellent les experts, puisque la proportion taxée du gain en capital était la même, voire supérieure (75 %), de 1988 à 2000 » sans compter que « le Canada demeure tout de même le pays du G7 ayant le plus faible taux d'imposition effectif des entreprises, ce dont le gouvernement se vante par ailleurs. » Le FRAPRU a beau se réjouir des annonces en trombes sur le logement, de loin celles les plus mises en lumière, il doit admettre « que les ménages locataires à faibles et modestes revenus qui sont pourtant les premières victimes de cette crise [du logement] sont ceux qui seront les moins bien servis par les annonces budgétaires. » En effet, « il n'y a aucun objectif de logements sociaux » mais plusieurs mesures de soutien aux investisseurs privés et aux futurs propriétaires y compris pour les infrastructures afférentes à leurs projets.
La nouvelle tactique communicationnelle des Libéraux fédéraux, dont le coup de grâce était le déficit sous contrôle à l'encontre de l'avis des experts à cause principalement d'une meilleures conjoncture, avait certes pour but immédiat de redorer leur blason bien terni vis-à-vis les Conservateurs fédéraux très en avance dans les sondages. On ne peut toutefois exclure une motivation plus stratégique de centralisation des pouvoirs en termes de politique sociale vis-à-vis les provinces quoiqu'en dise la Constitution canadienne. La conjoncture est d'autant plus propice que les provinces les plus récalcitrantes, Alberta, Saskatchewan, Ontario, Québec et Nouveau-Brunswick, sont sous gouvernance carrément droitiste passablement chiches en termes de politique sociale ce qui met en évidence l'apparente générosité fédérale. La cerise sur le gâteau, ou la plus forte tape dans la face, était réservée au Québec nationaliste qui blâme l'immigration pour excuser une pingre politique du logement.
Le clash de deux stratégies avec porte de sortie mais discours dans le mille
Côté du gouvernement de la CAQ, on a eu droit aux éternelles et impuissantes jérémiades sur l'ingérence fédérale (progressiste) dans les affaires québécoises (conservatrices). Comme retour au duplessisme, on ne fait pas mieux. C'est du côté du Partie québécois (PQ), en tête des sondages, où l'affaire se corse. En réaction au budget Libéral esquissant le programme de la probable élection canadienne de 2025, le PQ a clamé sa stratégie en vue de la probable élection québécoise de 2026. Ce serait rien de moins que la dernière élection provinciale ouvrant la voie au (troisième) référendum de la dernière chance. Ce sera, selon le PQ, vivre ou périr (à petit feu) — « un État de plus en plus unitaire dans le cadre duquel notre poids politique sera moins du cinquième des voix. On est cuits. » — comme nation dont la langue commune est le français. « ‘'Le fait français n'a pas d'avenir dans cette fédération canadienne'', a lancé M. St-Pierre Plamondon ».
Le chef péquiste a compris que le repli « étapiste » n'était plus une option programmatique… à moins que le résultat électoral ne l'impose de facto faute de vote majoritaire peu probable sauf une vague irrésistible. Le PQ pourra alors commodément blâmer la CAQ, les Conservateurs, Québec solidaire et même les Libéraux québécois auxquels il tend la main car « [n]otre adversaire réel, c'est le régime politique fédéral ». N'empêche, le discours est radical et pertinent. Il y est question de « triste histoire des francophones et des peuples autochtones dans ce régime d'origine coloniale ». Passer outre à l'ingérence budgétaire fédérale, « la ‘'plus grande séquence d'empiètements'' de l'histoire sur les champs de compétence du Québec », « [c]'est vraiment oublier l'histoire récente, comme le rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne sans le Québec, d'oublier l'œuvre de Pierre Elliott Trudeau, d'oublier ce que les francophones ont vécu dans les déportations, les exécutions, l'interdiction d'avoir de l'éducation en français », at-il dit. »
Comme le Parti socialiste des années 1960, Québec solidaire rate la coche
Les Libéraux, québécois comme fédéraux, ont immédiatement soit saisi leur chance de polarisation du discours politique soit compris le danger étant donné le caractère roulette russe de cette stratégie qui joue « le tout pour le tout » sur fond de « polycrise ». Les premiers se contentent de traiter ce « discours de ‘'déconnecté'', d'''exagéré'' et de ‘'radical'' ». Le lieutenant québécois du parti fédéral n'y est pas allé avec le dos de la cuillère en parlant de propos « profondément décevant et même inquiétant » utilisant « des termes de violence ». Eh oui, M. Rodriguez, le nettoyage ethnique acadien et la répression de la révolte des Patriotes tout comme celui du soulèvement Métis et des luttes contre la conscription, l'occupation du Québec par l'armée en 1970, événements davantage suggérés qu'explicitement mentionnés par le chef du PQ, furent violents.
De son côté, Québec solidaire a raison d'appeler l'immigration « en renfort » dans l'industrie de la construction pour résorber la crise du logement à l'encontre de la CAQ et du PQ identitaires. Ce dernier accuse Ottawa d'« abuse[r] de ses pouvoirs en immigration » pour « déstabiliser le Québec ». Mais il a tort de comprendre le discours du chef péquiste comme étant « conservateur » et « empreint de ressentiment », de « catastrophisme ». Encore une fois, l'économiste et tacticien Québec solidaire, adepte des projets de loi Françoise David, passe complètement à côté de la substantifique moelle historique de la question nationale. Le parti paraît imperméable à la liaison stratégique de la libération nationale à l'émancipation socio-écologique. C'est seulement libéré du Canada financier-pétrolier, écrasant, par son refus de reconnaître constitutionnellement la nation québécoise, et humiliant, par son Quebec bashing, que le Québec populaire aurait la liberté d'esprit et l'élan politique nécessaire pour faire le pari de la sobriété énergétique sans étalement urbain et sans agro-industrie.
Le chef du PQ a lancé un ballon que Québec solidaire, au lieu de le rattraper au bond, a botté en touche. Rien de surprenant que le PQ dame le pion à Québec solidaire après que ce dernier l'eut un moment surpassé. Ce dépassement, le Parti socialiste du Québec(PSQ), présidé par le jeune Michel Chartrand, n'avait pas su l'accomplir par refus de s'approprier l'indépendantisme— « [Le PSQ] hésite devant la thèse de l'Indépendance du Québec et se réfugie dans celle de l'État associé » — qui surgissait sur la scène politique au début des années soixante. Mais voilà que Québec solidaire, dans un relent d'atavisme politique, donne l'impression de vouloir imiter à sa manière le PSQ qui avait raté la coche au profit du Rassemblement pour l'indépendance national (RIN). Plus tard, le RIN a laissé la place au PQ qui a ruiné la cause de l'indépendance en la néolibéralisant.
Marc Bonhomme, 19 avril 2024 www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Des membres de la coalition Sortons le gaz ! déplorent le feu vert du BAPE au projet de gazoduc d’Énergir à Sainte-Sophie et exigent de la cohérence du gouvernement en temps de crise climatique

Des membres de la coalition Sortons le gaz !* souhaitent exprimer leur profonde préoccupation suite à l'avis favorable du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) pour le projet de raccordement du complexe de valorisation des biogaz de Waste Management par Énergir, et ce, malgré ses nombreuses et importantes réserves sur le projet. Les groupes environnementaux somment le gouvernement Legault de rejeter ce projet qui, s'il va de l'avant, constituerait un recul dans la lutte climatique et pourrait mener à la perte de centaines d'emplois à l'usine Papiers Rolland, qui fabrique du papier à partir de matières recyclées.
Dans un premier temps, les groupes dénoncent l'impact négligeable du projet sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec et déplorent qu'Énergir ait produit une estimation totalement déficiente des émissions en lien avec son projet. Plus précisément, ils soulignent que le rapport du BAPE révèle une surestimation significative par Énergir des réductions d'émissions de GES, estimant que les émissions réelles évitées pourraient n'être que de 32% des chiffres avancés par l'entreprise, soit environ 1 034 000 tonnes d'équivalent de CO2. Cette différence provient entre autres de la non-prise en charge, dans les calculs d'Énergir, du retrait de l'approvisionnement du biogaz consommé actuellement par Papiers Rolland, qui devrait dorénavant consommer… du gaz fossile.
Les groupes insistent aussi sur le fait que la commission d'enquête du BAPE indique qu'elle :
est d'avis que, face à l'urgence climatique, il est essentiel [les groupes soulignent] que le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs exige des initiateurs qui justifient leur projet par une réduction des émissions de gaz à effet de serre, qu'ils en fassent la démonstration de manière rigoureuse. Dans le contexte où chaque réduction revêt une grande importance, il est impératif que les autorités connaissent la réelle contribution des projets aux objectifs québécois pour prendre les décisions les concernant de manière éclairée. (p.42)
De plus, les groupes dénoncent fermement l'écoblanchiment d'Énergir, remarqué aussi par la commission d'enquête, selon laquelle Énergir « […] n'a pas fourni une estimation détaillée et complète des réductions des émissions de GES liées à son projet et qu'elle ne dispose pas d'un portrait complet de l'impact réel du projet sur ces émissions – et ce, même s'il s'agit de l'une des principales justifications de son projet » (idem). C'est pourquoi le BAPE « considère qu'il est essentiel qu'Énergir calcule les émissions de GES évitées par son projet à partir d'une méthode reconnue » (idem).
Dans un second temps, les groupes relèvent que le rapport du BAPE suggère également une réévaluation critique de l'utilisation finale du gaz naturel renouvelable (GNR) dans le mix énergétique québécois. Ils considèrent ainsi que toute nouvelle production et utilisation de GNR doit être rigoureusement évaluée pour garantir qu'elle contribue à une réduction nette des GES, et non à une augmentation du recours aux énergies fossiles aux dépens de l'électrification. En effet, le caractère renouvelable du GNR dilué dans le gaz fossile ne résout pas le problème de la dépendance aux énergies fossiles. Les groupes réclament de longue date un débat public et politique sur l'avenir énergétique du Québec.
Les groupes somment également le gouvernement de respecter l'avis du BAPE qui prône la tenue d'un véritable débat public sur l'énergie au Québec, comme en témoigne cet extrait de son rapport :
En accord avec le principe de développement durable qui prône la participation et l'engagement, encourageant l'implication de la société civile dans la définition d'une vision concertée du développement, la commission d'enquête tient à souligner l'importance d'une délibération publique. Tout en reconnaissant les démarches de consultation publique du gouvernement du Québec sur les actions à considérer dans le cadre de la transition énergétique, la commission demeure convaincue que les choix en cette matière devraient résulter d'un débat ouvert visant à garantir une compréhension collective des enjeux et à assurer une prise de décision éclairée et équitable. (p.43)
Enfin, les groupes rappellent que des études récentes ont mis en question l'illusion du GNR au Québec, en mettant en lumière sa non-carboneutralité, son coût élevé, sa rareté ainsi que les défis écologiques et environnementaux liés à sa production. L'encadrement strict de son utilisation est donc crucial et devrait privilégier des cas spécifiques surtout dans les secteurs difficiles à électrifier.
Les groupes réclament donc instamment une stratégie énergétique qui intègre une approche globale, en tenant compte des impacts environnementaux, sociaux et économiques, et ils insistent sur l'importance de la participation de la population québécoise à ces débats cruciaux.
En conclusion, les groupes déplorent l'avis favorable du BAPE, même s'il comporte d'importants bémols, et martèlent que le gouvernement ne peut pas accepter un tel projet. Il est nécessaire que l'utilisation du GNR soit rigoureusement évaluée et qu'Énergir calcule adéquatement les émissions de GES évitées par son projet à partir d'une méthode reconnue. Il en va de la valeur environnementale de ce projet, et, en fin de compte, de son acceptabilité sociale.
Citations
Jacques Rousseau, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec :
« Injecter une petite portion de gaz renouvelable dans les conduites de gaz fossile d'Énergir ne peut qu'entretenir l'illusion que le gaz fait partie de la solution pour lutter contre les changements climatiques. Dans le cas du LET de Sainte-Sophie, Papiers Rolland devrait pouvoir continuer d'être approvisionné avec le biogaz issu des matières organiques qui y sont enfouies. À l'avenir, il faut cesser d'enfouir les matières organiques et en faire du compost afin de préserver la vitalité de nos sols. »
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada :
« Le BAPE soulève plusieurs enjeux majeurs et démontre qu'Énergir a encore une fois tenté de faire de l'écoblanchiment, cette fois, en présentant une estimation totalement bâclée des émissions de GES de son projet. Le gouvernement Legault ne doit pas approuver ce projet, tant qu'il n'aura pas démontré qu'il cadre avec les objectifs de réduction des GES du Québec et tant qu'il n'aura pas tenu un véritable débat public et adopté une politique énergétique cohérente et à la hauteur de la crise climatique. »
Jean-Pierre Finet, analyste et porte-parole du Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ) :
« Approuver ce projet tel que soumis, considérant le peu de bénéfices environnementaux et le risque très probable de pertes d'emplois, serait très mal avisé. En espérant que le ministre Charrette renvoie Énergir et Waste Management à la table à dessin et adopte une stratégie claire sur l'utilisation prioritaire du GNR aux usages industriels difficiles à électrifier. »
*Groupes signataires de ce communiqué : Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME), Greenpeace Canada, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ), Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), Nature Québec, Travailleurs et travailleuses pour la justice climatique (TJC).
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Demande d’un BAPE sur l’implantation d’éoliennes en territoire agricole

L'information que les promoteurs d'éoliennes présentent aux agriculteurs ne reflète pas ce que sera la réalité sur le terrain une fois que l'industrie éolienne sera implantée dans le milieu.
Les promoteurs ne parlent que des redevances de 40 000 $ et de l'emplacement possible de l'éolienne sur le terrain. On ne parle pas des 1 145 mètres cubes de béton, nécessaires pour construire une seule base d'éolienne, requérant le passage de 100 bétonnières. Le sol détruit par le passage des 100 bétonnières est l'équivalent de 2 hectares de terrain, perdus à jamais pour chaque éolienne construite, en majorité pour les chemins d'accès.
On ne dit pas non plus que le projet amènera l'installation future d'un champ de batteries pour l'entreposage d'électricité et, fort probablement, d'un poste de transformateurs de courant. On peut se demander si le fait de passer sous silence ce que sera la vraie réalité future, de la part des promoteurs, relève de la fausse représentation ou de l'oubli, peut-être volontaire.
Le travail du promoteur d'éoliennes auprès de certains agriculteurs se fait en catimini, en prenant bien soin de ne pas divulguer le projet. De 50 à 70 % des citoyens de la municipalité ne sont même pas informés d'un projet d'éoliennes dans leur paroisse. Le manque de respect de la part du promoteur envers les citoyens détruit la confiance. On peut se questionner sur ce qui pousse certains élus municipaux à liquider une partie de nos terres agricoles, qui nourrissent les Québécois, au profit des compagnies d'éoliennes.
Depuis la fondation de nos paroisses, les personnes qui nous ont précédées, malgré leur travail intense, ont su garder le sol agricole tel que nous le cultivons aujourd'hui. De quel droit, « au nom des générations futures », allons-nous aujourd'hui liquider en partie le sol agricole qui sert toujours à nourrir ses occupants ? Un maigre 2 % du territoire québécois est cultivable. En comparaison, c'est 54 % du territoire qui est cultivable en France et 46 % aux États-Unis. En Amérique du Nord, c'est le Québec qui a la plus petite superficie cultivable par habitant, et l'on veut encore diminuer cette faible superficie pour l'installation des éoliennes ? Nous, la population, réclamons un BAPE générique, afin d'étudier en profondeur comment le développement des éoliennes doit être mis en œuvre avec le minimum d'impact sur les terres nourricières du Québec. Un moratoire devrait être appliqué d'ici la fin de l'étude du BAPE.
Nous avons le devoir de transférer aux générations qui nous suivront notre sol agricole à sa pleine valeur agronomique et sa pleine superficie. Nous devons transmettre à ces générations l'héritage de l'autonomie alimentaire, malgré la diminution des rendements à l'hectare due aux changements climatiques. Le sol ne doit être ni morcelé ni liquidé par des gens qui font une mauvaise analyse de la valeur du sol cultivable parce qu'ils sont trop obnubilés par la recherche de profits. Un débat approfondi et impartial, tenant compte de tout le territoire québécois, est nécessaire pour toutes les municipalités du Québec.
Durant la pandémie, remarquant les tablettes vides dans nos supermarchés, des groupes de citoyens ont demandé des circuits courts, des marchés de proximité approvisionnés par des produits québécois. Pour y parvenir, nous avons besoin de sol arable pour cultiver ces produits !
Les éoliennes prévues sur le secteur agricole devraient plutôt être placées sur des terrains publics inhabités. Le choix de terrains publics permettrait de diminuer les redevances annuelles à verser aux propriétaires des terrains, selon le modèle actuel. En plaçant les éoliennes sur des terrains publics, cette économie pourrait servir à financer la construction d'une ligne de transport (peut-être souterraine) d'énergie produite plus loin des milieux habités et protéger ainsi notre 2 % de terres cultivables.
Serge Giard, agriculteur retraité
Saint-Hugues
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Quand toutes les rivières seront harnachées, que restera-t-il de nous ?

Dans les dernières semaines, on a plongé au cœur de la mission de la Fondation Rivières : la protection des rivières à leur état naturel.
TIré de Infolettre Fondation Rivières
https://fondationrivieres.org/nos-actions/energie-barrages-hydroelectriques/25-rivieres-sauvages
Photo Rivière du Petit Mécatina, 2016, crédit photo : Christian Hudon
On a fait un exercice périlleux et nécessaire, nous avons dressé laliste des 25 dernières grandes rivières sauvagesmenacées par l'hydroélectricité. Avec toute l'équipe, on a travaillé très fort pour vous préparer ce dossier vital, dont on lance aujourd'hui la campagne : Quand toutes les rivières seront harnachées, que restera-t-il de nous ?. On vous a même préparé une lettre à envoyer au gouvernement pour signaler votre inquiétude.
Devant le refus d'accès à l'information d'Hydro-Québec, on a colligé l'information publique accessible afin de dresser la liste de grandes rivières menacées. Dans le dossier, vous pourrez découvrir comment nous y sommes arrivés. Vous trouverez une carte afin de situer les zones où se trouvent ces rivières : la Baie-James, la Côte-Nord et le Nunavik, et les enjeux critiques qui touchent les rivières de ces territoires. Les rivières de la Côte-Nord sont particulièrement vulnérables avec la rivière du Petit Mécatina.
Pour consulter le dossier complet sur les 25 rivières sauvages
On compte sur vous pour partager cette campagne pour protéger les 25 dernières grandes rivières sauvages, et encourager les gens à signer la lettre au gouvernement que nous avons préparée.
Merci d'être à nos côtés !
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Mobilisation et manifestation pour revendiquer un financement provincial viable des arts

L'attribution des budgets provinciaux a été votée le 12 mars dernier et ce qui a été accordé à la Culture est catastrophique. Ce vote acte un renoncement du gouvernement à considérer l'importance de la Culture dans un projet de société. Le milieu des arts confirme que ce budget plonge l'écosystème artistique québécois – institutions, compagnies et artistes – dans une urgence absolue.
Plusieurs organisations du milieu des arts ont sonné l'alarme devant cette situation insoutenable : le Conseil québécois du théâtre (CQT), l'Association des compagnies de théâtre (ACT), l'Association professionnelle des diffuseurs de spectacles - RIDEAU, Théâtre associés (TAI), le Regroupement québécois de la danse (RQD), En Piste - Regroupement national des arts du cirque, le Regroupement des centres d'artistes autogérés du Québec (RCAAQ) et plus d'une douzaine d'organisations canadiennes d'écrivain·e·s et d'éditeur·trice·s dont l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

Le plus important conseil des arts provincial du pays dispose de 160,46 millions de dollars pour 2024-2025. Au dernier exercice, avant l'inflation, le CALQ avait reçu 161,18 millions. C'est moins d'argent et ce, en pleine période d'explosion des coûts. Surtout, c'est 100 millions de moins que ce que le milieu évalue comme un seuil minimal viable (Le Devoir, 18 mars 2024).
Rappelons que, dans le milieu des arts vivants, en 2023-2024, de nombreux.euses compagnies et artistes ont dû produire leur spectacle sans financement ou l'annuler. Une étude de Hill Strategies pour le Conseil des Arts du Canada statuait en 2016 que le revenu d'emploi de l'artiste typique était de 17 300 $, un montant inférieur de 56 % au revenu d'emploi médian de la population active (39 000 $).
La stagnation des salaires et la hausse des coûts (matériaux, transport, assurances, loyer, etc.) qui ne sont pas amorties par une augmentation conséquente du financement résultent en une détérioration intolérable des conditions de travail. « Investir dans la culture du Québec, c'est contribuer à assurer sa vigueur et sa pérennité en tant que miroir de notre société et de notre identité propre. » Si l'on veut continuer à jouer ce rôle, il devient indispensable de rémunérer les travailleur.euse.s des arts non seulement à la hauteur de leurs compétences, mais aussi au coût réel de la vie, leur permettant une vie digne et sans pauvreté.
Le 18 avril, nous proposons à tou.te.s les artistes de s'habiller en noir et de rendre hommage à leurs projets non-subventionnés en déposant des photos ou des objets sur l'autel qui sera mis en place à l'extérieur.
C'est au tour des artistes d'unir leurs voix pour dénoncer ce coup fatal. Sortons dans la rue pour faire entendre notre refus d'accepter cette situation insoutenable pour des milliers de travailleuses et travailleurs.
NOUS RÉCLAMONS UNE HAUSSE SIGNIFICATIVE DES DÉPENSES DES PROGRAMMES DU GOUVERNEMENT EN CULTURE
*visuel de Guillaume Bougie Riopel. Photo David Wong.
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LIttérature en Haïti est debout

Après la proclamation de l'indépendance d'Haïti,La littérature fut présente, debout dans la société. L'urgence de construire l'idéal haïtien et de sauvegarder l'indépendance déambule sur les écrits de la plupart de
nos écrivains.
D'ailleurs la première période de la littérature haïtienne en témoignait, on parlait même d'une littérature de combat. Ansi baptisa-t-elle. On peut donc constater une panoplie des textes des écrivains après la guerre
pouvant en témoigner. " le système colonial dévoilé de Baron de Vastey, Nheri l'anagramme d'Henri célébrant la victoire des Haïtiens sur les troupes de Leclerc de Juste Chanlatte, Hymne à la liberté de Dupré.
L'engagement était fort et déjà présent chez nos écrivains. Le critique Leon- François Hoffman a pu déclarer que :" les premiers écrits haïtiens sont pour la plupart des textes politiques..." la plume est ici une
auxilliaire de l'épée. La première revue d'Haïti : "l'Abeille Haytienne",fondée en 1817 semble lui
donner raison puisque la devise de ladite revue était : " l'épée et les talents doivent n'avoir qu'un but".
Que ce soit pour défendre la race noire, exalter la patrie et la femme haïtienne et défendre le pays, la littérature est là et debout. Nous nous souvenons tous du poème de Durant " ces allemands" la réponse la
plus symbolique après l'affaire de Luders,situation la plus humiliante qu'a connue le pays vu lacheté de nos dirigeants...
malgré tout,il y a toujours les écrivains pour prendre et reprendre la parole.
LITTÉRATURE MIROIR FIDÈLE DE LA SOCIÉTÉ
Notre littérature est la seule qui définit mieux notre société. Tantôt elle est une caméra zoom sur les dérives politiques, tantôt qu'elle représente en gros plans divers clichés sur le mal vivre des Haïtiens. Une
littérature cinématographique qui est toujours en quête de repenser l'État haïtien et de construire et reconstruire l'être haïtien.
UNE LITTÉRATURE D'UNIFICATION ET DE RECONCILIATION
Après le 14 Août 1791, cette révolution noire de l'histoire la plus symbolique et réussie vu l'union des esclaves.
Tout juste après,le pays est tiraillé,trahisonet désunion totale. À tel point que le père fondateur de la patrie fut assassiné aussi tôt de l'histoire.
Après ,ce moment douloureux de l'histoire, vient les écrivains de l'école indigéniste avec Jean Price Mars qui dans cette fameuse phrase :" soyons-nous mêmes le plus complètement possible", phrase pour plus d'un
considérait comme une évangile qui traverse des siècles et qui nous interpelle d'un retour à la source.
Ce n'est pas une littérature de l'oublie, mais celle qui ouvre sur le monde.
Feguerson Fegg
THERMIDOR
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Dis-leur caddie...!

– Dis - leur je t'en supplie !
- A toutes ces panses bien remplies.
– Quelle a été la trame de ta vie.
- Géhenne ! Sous la canicule, la neige et la pluie.
- Dis-leur Caddie !
- Quand tu n'en pouvais plus.
- Mais qu'il fallût y aller.
- Dis-leur tes réveils matinaux !
- Quand elles roupillaient au chaud.
– De couleur noire, bleue ou vermeil.
- Toi le porteur de victuailles.
- Dis-leur Caddie !
– En toute Honnêteté.
- Le jour où la roue s'est déboitée.
- Déclenchant une discopathie.
- Dis-leur Caddie !
- La teneur de ton VAE*
– Digne d'un être valeureux.
– Crache le morceau ! N'aie - pas peur !
- Le calvaire des pannes d'ascenseur.
- Dis-leur Caddie !
- Ta résilience méritoire.
- Dissoute dans le dérisoire.
- Prends ton courage à deux mains.
- Mais dis-leur… enfin !
- Après tant d'années à ahaner.
- Tes forces vont bientôt t'abandonner !
Texte et dessin : Omar HADDADOU Paris, avril 2024
* VAE : Validation des Acquis de l'Expérience
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Bruxelles - Lesbophobie au BIFFF et ailleurs : riposte radicale et unitaire

Ce samedi 13 avril, le film lesbien “Love Lies Bleeding” était diffusé au BIFF Festival à Bruxelles. Ce film n'étant quasiment pas diffusé en Europe, cette projection était pour de nombreuses lesbiennes l'une des seules occasions de voir ce film sur grand écran. Malheureusement la séance a vite tourné en un épisode violent de lesbophobie avec la complicité des organisateur·ices.
Tiré de Gauche anticapitaliste
16 avril 2024
Par Commission LGBTI de la Gauche anticapitaliste
Sous-couvert d'une tradition « bon enfant » et humoristique qui permettrait au public de réagir en direct aux films, c'est sous une déferlante de commentaires et de gestes injurieux, violents et dégradants que des dizaines de lesbiennes sont sorties de la salle.
Face à des propos lesbophobes, les réactions des organisateur·rices ont été consternantes : discours condescendant, entrave à la vidéo, menaces physiques et venue de la police pour “éviter tout débordement” de la part des lesbiennes qui se sont ensuite regroupé.es devant la salle. Nous affirmons notre soutien aux lesbiennes qui étaient sur place et qui se sont révoltées.
Ce qu'il s'est passé samedi est inacceptable. Mais il est pour nous important de montrer que la lesbophobie ne s'arrête pas aux portes de cette salle de cinéma. Cet événement est illustratif des discriminations et des violences LGBTIphobes qui sont présentes dans nos vies au quotidien et qui sont structurelles. Si ces personnes se sont permises de tels commentaires et remarques durant cette séance, c'est bien parce que la misogynie et la lesbophobie ambiantes banalisent ces propos et pire, les légitiment. Cela s'ajoute à la souffrance quotidienne des lesbiennes et des LGBTI de manière plus générale, qui subissent en première ligne la précarité et les difficultés économiques inhérentes au capitalisme. Tous ces éléments poussent à la marginalisation des personnes LGBTI, et favorisent la multiplication des violences à leur égard.
Pour lutter contre les violences LGBTIphobes, contre la lesbophobie, nous avons besoin d'un plan d'action contre ces violences faites aux femmes et aux personnes LGBTI, élaboré démocratiquement et appuyé sur un financement massif ! Cette lutte doit se fonder sur la prévention et la prise en charge plutôt que sur la répression. Nous avons urgemment besoin de sortir de la précarité pour relever la tête, et ça passe par des mesures telles que l'individualisation des droits sociaux et de la suppression du statut de cohabitant.e sans perte de revenu pour enfin acquérir une autonomie économique.
Pour réellement améliorer nos conditions de vie, nous pensons que le seul mouvement efficace sera massif, unitaire et révolutionnaire. Nous pensons pour cela que nous devons nous organiser collectivement, lutter ensemble pour porter des revendications radicales contre nos oppressions et notre exploitation et les systèmes idéologiques qui les permettent : le patriarcat, la lesbophobie et le capitalisme. Il faut que nous construisions, ensemble, un mouvement LGBTI fort et combatif. C'est pourquoi nous vous invitons à lutter à nos cotés, ceux de la Gauche Anticapitaliste et de sa commission LGBTI, pour politiser la Pride du 18 mai prochain, et, bien sûr, porter ces revendications tout le reste de l'année.
Photo : Deux manifestantes avec leur pancarte. Marche lesbienne pour la PMA pour toutes, Paris, 25 avril 2021. Photothèque Rouge du NPA / Copyright : Martin Noda / Hans Lucas.
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Blogue de la présidente de la FIQ : La lutte continue

La semaine dernière, la FIQ a vécu un moment décisif. Vous avez été 60 000 à vous prononcer lors d'un vote référendaire et la majorité a dit NON à l'entente de principe qui vous a été proposée. De tout temps, les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfusionnistes cliniques ont dû se battre pour être considérées, respectées et pour obtenir des conditions de travail dignes et force est de constater qu'il faut encore le faire aujourd'hui. Le taux de participation au vote nous montre votre combativité et votre motivation à rompre avec des années de dévalorisation de l'expertise des professionnelles en soins.
Votre message est clair : ce n'est pas assez. Ce n'est pas assez, parce que vous avez trop souvent vécu des abus de vos employeurs, notamment à coup d'arrêtés ministériels pendant la pandémie. Ce n'est pas assez, parce qu'il y a trop d'incertitudes dans ce qui va arriver avec l'implantation de Santé Québec, une énième réforme qui ne tient pas compte des réalités des infirmières, des infirmières auxiliaires, des inhalothérapeutes et des perfusionnistes cliniques. Ce n'est pas assez, parce que les professionnelles en soins ont porté le système de santé sur leur dos trop longtemps.
Le gouvernement a un énorme travail à faire pour rebâtir la confiance des professionnelles en soins, parce que notre expérience nous montre que c'est loin d'être un employeur de choix. Il essaie de faire croire à la population que la FIQ exagère, qu'il demande juste un peu de souplesse aux professionnelles en soins, mais ce que vous avez fait la semaine dernière, c'est lui montrer une limite claire.
Nous allons maintenant discuter avec vos déléguées syndicales et réfléchir à la suite des choses, mais sachez que nous sommes plus que jamais motivées à négocier une convention collective et de meilleures conditions de travail pour nos membres. Merci d'avoir fait entendre votre voix, vous avez eu raison de vous mobiliser comme ça ! Je suis vraiment fière et privilégiée de porter votre voix et vos revendications. Dans les prochaines semaines, il va falloir se retrousser les manches et se faire entendre par ce gouvernement qui ne veut pas nous écouter. Ça ne sera pas facile, ça va impliquer des discussions difficiles et des actions concrètes, mais je suis convaincue qu'on y arrivera ensemble !
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Deux actions à poser pour le Jour de la Terre

Vous souhaitez vous impliquer pour le climat en ce Jour de la Terre mais vous ne savez pas par où commencer ? On vous aide ! La FAE est fière d'être partenaire du Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable et des 14 revendications qu'on y trouve.
Signez le Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable
En déclarant ses revendications entre autres pour une énergie publique sous contrôle démocratique, pour des mesures qui favorisent la réduction des demandes en énergie et pour une nouvelle politique énergétique, ou contre le principe du pollueur-payé, la privatisation totale ou partielle d'Hydro-Québec ou une augmentation des tarifs d'électricité, le Manifeste propose des pistes afin de travailler ensemble, sans relâche, pour défendre un avenir viable, basé sur des choix énergétiques cohérents et démocratiques.
Lisez et signez le manifeste ici sur le site de la fondation Rivières juste ici.
Interpellez votre personne députée
Une autre action que vous pouvez prendre, proposée par le Front étudiant d'action climatique, est de rejoindre votre personne députée afin de l'encourager à faire pression au sein du caucus de son parti politique, dans l'optique de faire en sorte que le futur règlement sur le « Plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier » soit le plus ambitieux possible afin de réellement s'attaquer à la crise climatique.
Le site web du FEDAC propose même un outil simple où vous n'avez qu'à entrer votre code postal pour qu'un courriel-type soit déjà préparé pour vous. Tout ça se fait en deux temps trois mouvements… Pas d'excuses !
Évidemment, nous vous invitons aussi à regarder autour de vous pour trouver d'autres initiatives intéressantes auxquelles vous pourriez participer.
Impliquez-vous !
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Les travailleurs d’un musée « maltraités et sous-payés »

Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes : 𝐄𝐧 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟓 !!

Oyé oyé ! Les membres se sont réunies hier pour définir certains aspects de l'organisation de la prochaine marche mondiale des femmes au Québec dont le LIEU du prochain grand rassemblement !! Roulement de tambour !
Ce sera la région de la Capitale-Nationale qui aura l'honneur d'accueillir la 6e grande action mondiale ! Merci au Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale pour la candidature 🤩
À chaque 5 ans le mouvement de la Marche mondiale des femmes (MMF) se mobilise partout dans le monde, tenez-vous prêt·e·s pour un énorme rassemblement le 17 octobre 2025 !
Pour en savoir un peu plus sur l'histoire de la MMF 👇
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À propos des droits politiques dans l’armée ukrainienne - Vétérans français et soldat·es ukrainien·nes LGBTQIA+ solidaires

En avril 2024, d'anciens appelés du contingent de l'armée française ont signé une lettre en Soutien aux combattan·es ukrainien·es de la démocratie.
Les signataires constatent que les militaires ukrainien·enes « ne sont pas privés du droit de parole » et qu'il existe plusieurs collectifs militants au sein même de l'armée ukrainienne (syndicalistes, féministes, LGBTQIA+). Il s'agit d'une liberté dont ils étaient largement privés quand ils étaient sous les drapeaux français et ils tiennent à saluer "l'esprit démocratique qui anime ces militaires".
La lettre a été communiquée à Військові ЛГБТ, le Syndicat des LGBTQIA+ ukrainiens en uniforme. Son président, Viktor Pylypenko, un militaire engagé dans les forces armées ukrainiennes s'est récemment vu retirer une médaille militaire après que les autorités religieuses ukrainiennes ont découvert son homosexualité. Le combat est donc loin d'être gagné, y compris dans l'armée ukrainienne.
Mais Viktor Pylypenko a pris le temps de répondre aux "vétérans français".
Nous publions ci-dessous la lettre de soutien et la réponse du président du syndicat ukrainien.
Soutien aux combattant·es ukrainien·nes de la démocratie
Hasard du calendrier, cette déclaration paraît presque jour pour jour pour le 50e anniversaire d'un appel paru en France à l'occasion de l'élection présidentielle de 1974 et signé par cent appelés du contingent qui exigeait, entre autres choses, le respect des libertés démocratiques au sein de l'armée française. La déclaration que nous publions aujourd'hui, alors que le peuple ukrainien et son armée résistent à l'invasion russe, est une occasion de montrer qu'il n'y a aucune incompatibilité entre l'exercice des libertés fondamentales et la conduite de la guerre. Tout dépend, évidemment, des objectifs de la guerre et de l'organisation des forces armées.
PATRICK LE TRÉHONDAT ET PATRICK SILBERSTEIN
Nous soussignés, anciens appelés du contingent dans l'armée, apportons notre soutien au peuple ukrainien en lutte contre l'agression impérialiste de la Fédération de Russie et particulièrement à celles et ceux qui résistent les armes à la main aux troupes russes. Dans des conditions très difficiles ils et elles luttent pour le droit à l'existence et à la souveraineté de leur pays et la sauvegarde de la démocratie.
En France, nous avons autrefois lutté pour que les militaires ne soient pas exclus de l'exercice des droits démocratiques car nous estimions qu'une armée qui ne cultive pas en son sein les droits humains fondamentaux ne peut prétendre défendre un pays démocratique.
Dans la guerre que mène l'Ukraine pour résister à l'impérialisme russe, nous constatons que les militaires ukrainien·nes participent librement aux débats démocratiques qui traversent la société et qu'il·elles ne sont pas privé·es de parole.
Nous constatons qu'il existe au sein des forces années ukrainiennes une association de femmes militaires, Veteranka, qui se fixe pour but « la défense et la protection des droits des femmes vétérans et du personnel militaire [féminin] actif ».
Nous constatons qu'il existe Військові ЛГБТ, le syndicat des LGBTQIA+ en uniforme qui se fixe pour objectif « de faire respecter leurs droits, [et] l'édification d'une société inclusive et égalitaire, incluant les minorités ».
Nous constatons que certains soldats ukrainiens portent sur leurs uniformes les insignes de leur organisation syndicale.
Nous constatons que les organisations de la société civile, notamment les syndicats, apportent un moral, politique et matériel à leurs membres sous les drapeaux.
Anciens appelés du contingent attachés à la démocratie et aux droits démocratiques d'expression et d'association aux armées, nous saluons l'esprit démocratique qui anime l'ensemble de ces militaires, hommes et femmes.
Les signataires
Aberdam, Serge, Base aérienne 117 (Balard)
Baron, Alain, 1er groupe de chasseurs (Reims)
Bourbon, Patrick, 16e régiment de chasseurs mécanisés (Saarburg, Forces françaises en Allemagne)
Brinon, Jean-Paul, 3e régiment d'infanterie (Radolfzell, Forces françaises en Allemagne)
Brody, Patrick, 51e régiment d'artillerie (Bitburg, Forces françaises en Allemagne)
Cochet, Jean-Pierre, 159e régiment d'infanterie alpine (Briançon)
Delmonte, Yves, Compagnie de montagne (La Valbonne)
Duffaud, Didier, 7e régiment de génie (Avignon)
Epsztajn, Didier, 730e compagnie de munitions (Forces françaises en Allemagne)
Fontaine, Didier, 32e régiment d'artillerie, Oberhoffen-sur-Moder
Galin, Bernard, 46e régiment d'infanterie (Berlin)
Gérardin, Dominique, 403e régiment d'artillerie anti-aérienne (Chaumont)
Godet, Jean-Luc, 8e régiment de hussards (Altkirch)
Gueniffey, Gérard, 3e régiment parachutiste d'infanterie de marine (Carcassonne)
Guerrier, Daniel, Centre d'instruction navale (Brest)
Hardy, Jean-Pierre, 4ee régiment de hussards (Besançon)
Himel, Arnold, 1er régiment du train (Paris-Mortier)
Hollinger, Yves, 24e GCM (Tubingen, Forces françaises en Allemagne)
Inizan, Christophe, Base navale (Brest)
Jean, Rémy, 3e régiment d'Infanterie (Radolfzell, Forces françaises en Allemagne)
Jeanne, Pierre, 3e régiment d'artillerie de marine (Vernon)
Laurenceau, Patrick, 1er régiment d'artillerie de marine (Melun)
Le Moal, Patrick, 8e régiment de hussards (Altkirch)
Le Pichon, Olivier, 6e régiment de cuirassiers (Olivet)
Le Tréhondat, Patrick, Base navale (Brest)
Lebrun, Philippe, 9e régiment d'artillerie de marine (Saarburg, Forces françaises en Allemagne)
Lecoin, Laurent, 1er régiment de spahis (Spire, Forces françaises en Allemagne)
Lerichomme, Jacques, Régiment du matériel (Rastatt, Forces françaises en Allemagne)
Lévy, Paul, 57e régiment d'infanterie (Souge)
Mahieux, Christian, Objecteur de conscience insoumis au service national
Malamoud, Antoine, Base aérienne 272 (Saint-Cyr-l'École)
Marx, Denis, 1er régiment du génie (Strasbourg-Neuhof)
Matheron, Yves, 405e régiment d'artillerie (Hyères)
Maurice, Charles, 159e régiment d'infanterie alpine (Briançon)
Morel, Philippe, École d'application du train (Tours)
Nauroy, Marc, 6e bataillon de chasseurs alpins (Grenoble)
Negroni, Bruno, 5e régiment de génie (Versailles)
Pasquet, Jacques, Caserne Foch (Rennes)
Percebois, Bruno, Base aérienne 112 (Reims)
Perret, Patrice, 81e régiment de soutien (Trèves, Forces françaises en Allemagne)
Petiteau, Jean-Jacques, 43e régiment d'infanterie de marine (Offenburg, Forces françaises en Allemagne)
Pigaillem, Jacques, 57e régiment de transmissions (Mulhouse)
Quintal, Yves, 9e régiment de hussards (Provins)
Rangot, Jean-Pierre, 43e régiment d'infanterie de marine (Offenburg)
Richard, François, 76e régiment d'infanterie (Vincennes)
Rosevègue, André, 51e régiment d'infanterie (Amiens)
Roussel, Michel, Camp de Canjuers (Var)
Sandelion, Jean-Paul, 3e régiment du génie (Charleville-Mézières)
Silberstein, Patrick, 2e régiment de hussards (Orléans), École d'application du train (Tours)
Valette, Jean-Paul, 53e régiment du train (Karlsruhe, Forces françaises en Allemagne)
Verrières, Jacques, 1er régiment d'artillerie de marine (Melun)
Vey, Daniel, Quartier général Frère (Lyon)
Courriel reçu le 17 avril 2024
Un message de Військові ЛГБТ : le syndicat des LGBTQIA+ ukrainiens en uniforme suite à la publication de la déclaration des anciens soldats français
Cher Patrick !
C'est un grand honneur d'accepter une telle lettre avec autant de signatures de dignes guerriers de France !
Nous avons déjà transmis cette lettre à tous nos hommes et femmes (400 personnes) - nous communiquons dans les chats de notre Confrérie d'Achille et de notre Fraternité, afin que tous ceux qui sont dans leurs unités et en première ligne puissent lire ces messages.
Nous aimerions également vous demander si nous pouvons publier votre lettre avec des signatures sur nos pages de réseaux sociaux ouvertes ?
Merci encore une fois pour votre soutien dans cette heure si terrible,
Sincèrement,
Viktor Pylypenko / Віктор Пилипенко
Chef de l'ONG Militaire ukrainienne LGBT+ pour l'égalité des droits

Turquie – Procès Pinar Selek – Le 28 juin, nous serons de nouveau à Istanbul

Le 28 juin 2024, se tiendra à Istanbul une énième audience de l'inique procès entamé il y a 26 ans contre Pınar Selek, écrivaine et sociologue franco-turque, accusée fallacieusement de terrorisme et acquittée déjà 4 fois.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Car toutes les fois qu'une Cour de justice a examiné le fond du dossier, elle a conclu qu'il était vide de preuves. Pourtant, début 2023, Pınar Selek est de nouveau mise en accusation sans qu'aucune nouvelle pièce n'ait été versée à son dossier. Deux auditions -l e 31 mars et le 29 septembre- n'ont abouti à rien, sinon au renvoi à une nouvelle audience à laquelle Pinar Selek est à nouveau priée de se rendre en personne. Chose impossible et impensable, puisqu'un mandat d'arrêt, avec emprisonnement immédiat, est lancé à son encontre depuis janvier 2023. Plus encore, début 2024, la Turquie a adressé à la France une demande d'extradition en confirmant le mandat d'arrêt international. Enfermer Pınar Selek à perpétuité pour ses travaux de recherches, ses œuvres littéraires et ses prises de position en faveur des minorités kurdes et arméniennes, des mouvements féministes, des minorités LGBTQIA+ reste visiblement toujours l'obsession d'un certain pouvoir turc.
Nous, citoyen·nes européen·nes, militant·es pacifistes et féministes, élu·es français, scientifiques, professionnelles du droit, éditrices, artistes, nous tiendrons une fois encore aux côtés de Pınar Selek, en Turquie, en Europe et dans le monde, contestant cette inqualifiable torture judiciaire. Une nouvelle fois nous demandons au gouvernement français de réaffirmer son soutien à cette universitaire et citoyenne française, comme de refuser bien sûr la scandaleuse demande d'extradition. Nous nous adressons aussi aux élu·es européen·nes : il en va de la défense de la liberté académique et de la liberté d'expression, droits fondamentaux sans lesquels aucune démocratie ne peut exister.
Collecte de dons en vue de l'audience du 28 juin 2024 :
• via Internet : https://www.helloasso.com/associations/karinca/formulaires/1
• Ou par chèques : à Revue Silence – 9 rue Dumenge – 69004 Lyon, en notant ‘'Pinar Selek'' au dos.
Courrier N°430 de la Marche Mondiale des Femmes
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Marche pour la Palestine et contre le racisme.

Se réapproprier les Droits confisqués à travers la mobilisation. La cause palestinienne et la lutte contre le racisme occupent le devant de la scène en France. A Barbès, le cortège parisien a rassemblé, ce dimanche 21 avril, plus de 3.000 manifestants (es).
France.
De Paris, Omar HADDADOU
« A partir d'aujourd'hui, tout change à la Casbah ! (Ali la Pointe, le Révolutionnaire)
Une haine obsessionnellement « overdosée » ! Chroniqueurs et Analystes des médias français, de la trempe de Finkielkraut, biberonnés dans les nurseries nauséabondes de l'Extrême Droite, parlent impudemment du massacre inédit des Palestiniens (es) depuis le 7 octobre, « D'idiologie victimaire ». Le Philosophe s'est même indigné après que des étudiants ont occupé et baptisé « Gaza », l'amphithéâtre Emile Boutmy.
A Gaza, un enfant est tué ou blessé toutes les dix minutes, portant à 33 899 morts.
Je n'en dis pas plus ! Si ! Une info croustillante qui vient du front, relayée par l'Envoyé spécial de RFI au moment où les bombardements sur Gaza redoublent de férocité et d'animalité.
Le Journaliste avait pour mission de prendre la température de l'ambiance sur une plage à Tel Aviv, en ce samedi ensoleillé du 20 avril 2024. Un des Surfeurs exulte : « Le soleil est de retour, on a sorti les planches et la crème solaire. C'est un pur bonheur ! ».
Même ressenti de félicité chez les baigneurs (es), inquiets certes, qui ont pour vis-à-vis une un peuple immolé avec la bénédiction du Président sortant Biden - éligible à un second mandat - dont la stratégie consiste à éviter à ses troupes tout enlisement sur le terrain. En débloquant, à l'issue du vote au Congrès, aujourd'hui, les 61 Milliards de dollars pour l'Ukraine, 7 pour l'Etat hébreu, 8 pour Taïwan, le Président des Etats-Unis semble enclin à déroger à la tradition trop brutale, par le message implicite suivant : « Je préfère envoyer d'énormes sommes que des hommes ! ».
D'autant que les foyers de tension, dont le récent s'ébauche en Irak, reprennent de plus belle. Profitant de l'escalade multipolaire, l'unité ultra- orthodoxe israélienne, d'après la même source française se basant sur des vidéos, aurait pris d'assaut (visages masqués), un village palestinien, faisant des victimes dont un couple de jeunes mariés. D'où la déclaration ex-abrupto de Washington, ce lundi, « de sévir contre Netzah Yehuda ».
Dans ce contexte d'affrontements meurtriers et de rééquilibrage des rapports de force, ce que l'Amérique entreprend, l'Europe le sacralise obséquieusement !
Il faut rendre grâce à Netanyahou qui a forcé l'Histoire par le tragique pour que les peuples africains s'affranchissent de la domination et l'humiliation.
Il n'y aura pas de guerre nucléaire ni de collision majeure entre l'Iran et Israël, mais une réhabilitation d'un respect mutuel entre un Occident arrogant et le reste du monde.
C'est dans cette perspective d'équité que l'Algérie, par la voix de son représentant permanant auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a appelé les membres du Conseil de sécurité à accepter l'adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière auprès de l'ONU : « Il s'agit d'une étape essentielle pour rectifier une injustice de longue date ». Requête aussitôt torpillée par le Véto américain.
Il n'y aura pas de cause perdue. Et pour preuve le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, comme la rue parisienne, ne lâcherons pas la Palestine ni abdiqueront devant le racisme florissant que des milliers de personnes dénonçaient ce dimanche à Barbes dans le 18ème arrondissement.
Une forte mobilisation interdite par le Préfet de Police, puis autorisée par la Justice, grâce à la combativité d'un jeune avocat (d'origine algérienne) accueilli avec des yous yous ! Une deuxième victoire collective qui a galvanisé le cortège, conduit par les ténors de la France Insoumise (la Présidente Mathilde Panot, Eric Coquerel, Daniel Obono…) sous l'œil bien-aise de Mélenchon.
Progressant derrière une banderole frappée du slogan « Nos enfants sont en danger », les participants, en soutien à la Palestine, avaient répondu à l'appel d'une cinquantaine d'organisations dont le NPA, Attac et Solidaires. Une tribune dressée Place de la République abritait « les coups de gueule » des intervenants (es), dénonçant les carnages dans la bande de Gaza.
Celui de l'impétueuse Panot, était au final, bien incisif : « Nous n'acceptons pas, dans notre pays comme ailleurs, qu'il ait un racisme, notamment une Islamophobie depuis que la Guerre au Proche-Orient a pris des proportions encore plus grandes ».
A 96 jours des Jeux Olympiques, le Comité craint une exacerbation des mouvements sociaux, un impact de la tragédie à Gaza, et surtout les retards accumulés de livraison des chantiers, mettant les ouvriers à très rude épreuve ! Un monde disloqué, à force de cumuler les arbitraires !
O.H




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Premières secousses

Au fil des saisons, nous avons formé des cortèges bigarrés, muni·es de bêches, de mégaphones et de meuleuses, vêtu·es de bleus de travail et de combinaisons blanches, escorté·es par des oiseaux géants… Nous avons traversé les bocages et les plaines, arpenté les vallées industrielles et le bitume des usines – et même frôlé les cimes alpines.
Nous nous soulevons pour défendre les terres et leurs usages communs. Contre les méga-bassines, les carrières de sable, les coulées de béton et les spéculateurs fonciers, nous voulons propager les gestes de blocage, d'occupation et de désarmement, pour démanteler les filières toxiques. Nous nous soulevons parce que nous n'attendons rien de ceux qui gouvernent le désastre. Nous nous soulevons parce que nous croyons en notre capacité d'agir.
Depuis des siècles, du nord au sud, des mouvements populaires se battent pour défendre une idée simple : la terre et l'eau appartiennent à tou·tes, ou peut-être à personne. Les Soulèvements de la terre n'inventent rien ou si peu. Ils renouent avec une conviction dont jamais nous n'aurions dû nous départir.
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Une nouvelle revue sur l’Internationalisme et la démocr@tie : Adresses

En janvier 2024, un collectif d'anonymes a lancé une nouvelle revue, Adresses – Internationalisme et démocr@tie. Le titre est un « clin d'œil à l'Association internationale des travailleurs de Marx et de Bakounine et un appel à la mise en place d'un outil international et internationaliste de réflexion, de partage et d'échanges ».
Les objectifs des responsables sont clairs et ambitieux :
« faire renaître la capacité à discuter et à élaborer ensemble pour que s'ouvre – à la lumière de nos expériences multiples qui se sont souvent frottées les unes aux autres – une large discussion pour faire de la révolution une utopie concrète, pour permettre des synthèses ».
Les deux premiers numéros (23 janvier 2024 ; 15 mars 2024), contiennent de précieuses contributions sur des enjeux d'actualité, la guerre en Ukraine ou en Palestine/Israël, sur des questions davantage théoriques comme les divisions de la gauche internationale, le concept d'« impérialisme multipolaire » ou la « coopération antagoniste » entre la Chine et les États-Unis, ou d'anciens textes, mais toujours d'actualité, de militant.es socialistes.
Ils offrent également un regard « décalé » ou « décentré » comme par exemple de passionnantes études sur l'histoire des luttes féministes en Iran. Celles-ci ouvrent des riches perspectives d'analyses sur les effets systémiques de la marginalisation plus ou moins délibérée des contradictions de « classes de sexe » par la gauche anti-impéraliste, au nom de « l'ennemi principal ».
Ce regard « décentré » c'est également celui de militant·es russes qui produisent un manifeste pour un « Monde durable » dans lequel ils et elles détaillent assez précisément, ou du moins juridiquement, les conditions d'une paix durable avec l'Ukraine et le fonctionnement souhaité des institutions internationales comme l'ONU.
À l'heure où le fascisme, le sexisme, les impérialismes (« grands » ou « petits »), les multinationales sont « à l'offensive partout sur la planète » et où la gauche québécoise et canadienne, notamment, sont silencieuses ou profondément divisées sur la lecture des événements internationaux, cette nouvelle revue offre effectivement un riche matériau pour ouvrir une « large discussion » et tenter de dépasser certaines contradictions.
Reste que pour qu'une telle discussion puisse aujourd'hui avoir lieu, il faudra peut être « renouveler » nos habitudes et trouver « comment, dans l'action, concilier l'intransigeance de la conviction ferme avec la tolérance et le respect de « celui qui pense autrement » réclamé́ autrefois par Rosa Luxembourg ? », pour reprendre un extrait du texte de Victor Serge publié dans le dernier numéro d'Adresses.

"Les femmes du coin de la rue" : La vie en miettes

Nous voilà plongé·es dans un journal d'enquête de longue haleine. On ne le lit pas pour se donner un air curieux envers le 18e arrondissement, au nord de Paris, ou par un vague souci de la pauvreté qui ronge quelques trottoirs. On ne le lit pas plus pour se payer un voyage au pays des « brebis noires », histoire de clore ses lectures de fin de vacances et pour quelques conversations de salon. Car le lire, c'est se ramasser un coup dans le bas-ventre, se courber en montant un escalier, entendre crier une douleur dans l'enfer quotidien de ces femmes, toutes des damnées de la terre, et enfin écouter leurs voix nous susurrer quelques mots… jusqu'à nous.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Postface de Jean-François Laé au livre de Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité
Avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse
Ce journal est gros de narration, traversé d'un fort désir de voir, d'entendre et de savoir.
Pendant combien d'années Patricia Bouhnik a-t-elle bourlingué dans le triangle Stalingrad – porte de la Villette – porte de la Chapelle, à observer cette mise en marge contre le périphérique ? Dans cette zone hybride, les marqueurs de la grande pauvreté sont là : vieux, jeunes, migrant·es ou non, et ces vieilles femmes invisibles parce que vieilles.
Combien d'années lui aura-t-il fallu pour s'approcher de leurs lèvres, en s'interdisant délibérément tout sentimentalisme, restant des heures sans broncher et en toute sagesse pour s'avancer encore lentement vers leurs déambulations hésitantes ? Ce que Patricia Bouhnik tente de restituer avec une vaillance qui force le respect, c'est la réalité du monde de celles qui n'ont plus rien, dépossédées de chaque jour, mais qui parviennent à porter de l'énergie plus avant et composer quelques aires de repos. Les désaffiliées oubliées, dirait Robert Castel ; « l'être-frontière qui n'a pas de frontière », répondrait Georg Simmel ; une vie en reste, ajouterait Zygmunt Bauman1 !
La réussite de cette proximité affectueuse tient à son talent à « explorer de près » – depuis des décennies – ces expériences sombres, des vies cachées et blessées. Déjà en 1990, avec ces enfants atteints d'un cancer venus d'Algérie pour se faire soigner et auprès de qui elle était institutrice, son attention vivement grandie envers leurs appels était frappante ; suivie par son engagement d'enseignante à la cité de transit du Port, à Gennevilliers, avec tant de liens qui perdureront ; puis les usages de drogues dans les quartiers populaires du « 93 », les petits « usagers-revendeurs », devenant des hommes-frontières entre des milieux qui s'ignorent : consommateurs, vendeurs, proches, pairs et des parents morts de trouille ; puis par un saut de mur, cette fois au parloir d'une prison, où certains échouaient quand ils avaient rompu leurs derniers ancrages, pour décrypter leur réflexivité biographique.
Quel incroyable continuum dans ce puzzle en morceaux ! Car toutes ces enquêtes s'adossent les unes aux autres et se parlent entre elles.
Et que de temps consacré à se familiariser, à se glisser dans le bon endroit au bon moment, à faire signe d'une disponibilité, se créditer d'une proximité biographique, se dédoubler férocement pour ne pas créer d'embrouille, à braver les soupçons de subjectivité ou de position partisane !
Produire de la confiance est un immense travail de conviction. Ne pas céder, suivre celles et ceux qui ont rompu avec leurs derniers ancrages, faire signe d'amitié, gagner des morceaux de confidence, s'ajuster à leur tempo, sentir les frontières de respectabilité, mettre en jeu des affects pour atteindre l'autre rive, cette zone si fragile de survie : le métier d'enquêtrice se révèle. Il consiste à faire éprouver aux lecteur·trices la coprésence, l'attention réciproque, les détails des cheminements. Éprouver des situations pour délier des événements, les comprendre. Les comprendre avant d'expliquer, cette méthode compréhensive nous ouvre des vues étonnantes de précision.
À bout d'oubli, ces femmes
Les femmes – dans ce paysage – complètement oubliées ? Comment s'en étonner tant on leur a appris à souffrir en silence. Savoir s'effacer est un art. Disparaître, un formidable exploit. Se masquer, éteindre l'incendie, retenir et se réconcilier. Se couvrir, s'éclipser pour un rien, adoucir l'eau bouillante, bercer les enfants, refouler l'accusation, s'enfermer en cas de danger : la menace subie, le chantage, le trafic, l'argent si rare, les excès. Rien n'y fait. S'incliner est un apprentissage de genre ; se retirer sur la pointe de pied, le sacrifice ultime.
C'est de ça que nous parle cet ouvrage. Ces filles, ces femmes, ces mères, ces grands-mères répètent ce qu'on leur a dit de répéter. À bout d'oubli, d'endurance et de survie, invisible et monotone comme la prison ou la prostitution, ces femmes échangent avec Patricia Bouhnik comme nul·le autre pareil·le. Le miroir narratif tendu est coupant comme un rasoir.
Ces femmes expliquent comment faire profil bas, comment circuler pour rester invisibles. Il s'agit de marcher sur les frontières des zones de passage – chambres d'hôtel, compagnons de fortune –, des points de replis sur des recoins – embrasures, bancs, friches, stations de métro, gares –, ou de rejoindre des regroupements discrets en squats ou chambres proposées dans des foyers, hôtels sociaux, centres d'hébergement d'urgence ou associatifs, appartements vétustes ou précaires ; avec parfois un passage en prison ou aux urgences psychiatriques. La tournée de ces lieux éclaire les nuits de dépendance et de pénitence. Ne jamais s'arrêter de circuler. Passer de lieu en lieu en courant, c'est le prix à payer pour gagner une petite sécurité sans agression, en attendant un pli de rue, un recoin ou un bout de chambre pour se réfugier.
Imperceptibles, incapables, incompétents, indigents, indignes, infâmes, infirmes. La liste est longue de ces forces négatives, de ces dominations souterraines, de ces mots mi-juridiques mi-psychiatriques qui peuplent le langage institutionnel jusqu'à contaminer l'ordinaire de ces femmes. Cette série des « in- » marque les gestes, les actes moteurs autant que les actes mentaux. Dans ces interstices, le droit n'agit qu'en « négatif sur » les modes de repos, les circulations, les recoins, les manières de se laver, d'aimer même. Femme vieille, seule, sans attache, pauvre de surcroît, mal née et mal aimée, chaos humain comme autant de cicatrices, dans ce sous-sol strié de menace existentielle imminente, nous sommes bien au bord du féminicide. Et pourtant, elles résistent à tous ces vents contraires, « elles résistent tant qu'elles le peuvent pour éviter de se voir imprimer des marques d'infamie à même la peau ».
Jean-François Laé2
Rappel :
Préface de Coline Cardi : « Jusqu'à l'os » au livre de Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/29/preface-de-coline-cardi-jusqua-los/
1. Zygmunt Bauman, La vie en miettes : expérience postmoderne et moralité, Paris, Fayard, Pluriel, 2010.
2. Sociologue, professeur émérite à l'Université de Paris 8, chercheur au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Cresppa), il a notamment publié Une fille en correction op. cit et Parole donnée : entraide et solidarité en Seine-Saint-Denis en temps de pandémie, Paris, Syllepe, 2022.
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Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité
https://www.syllepse.net/les-femmes-du-coin-de-la-rue-_r_22_i_1067.html

Pour une politique écoféministe d’Ariel Salleh,...

Pour une politique écoféministe d'Ariel Salleh, on vous propose de découvrir la préfacière et la postfacière de l'oeuvre - respectivement Vandana Shiva et Jeanne Burgart Goutal - qui apportent chacune une mise en relief pertinente et actuelle de ce classique de la pensée écoféministe.
L'écoféminisme, mot apparu en 1974 sous la plume de Françoise d'Eaubonne en France, est un concept pluriel qui s'est coconstruit de manière simultanée à plusieurs endroits du globe : en Allemagne avec Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen, en Inde avec Vandana Shiva, aux États-Unis avec Rachel Carson et Carolyn Merchant ou encore au Kenya avec Wangari Muta Maathai. Cette diversité des approches en fait un mouvement riche, nourri de plusieurs vécus, et nous sommes fier·es de pouvoir offrir au lectorat français l'angle de l'australienne Ariel Salleh. Pour elle, l'écoféminisme est la préfiguration d'une synthèse politique regroupant 4 révolutions aux problématiques communes : écologie, féminisme, socialisme et post-colonialisme.
VANDANA SHIVA
« Ce livre rassemble d'indispensables éclairages pour passer du paradigme de la mondialisation patriarcale capitaliste à un monde de non-violence – dans nos esprits et dans nos vies. »
Née en 1952, Vandana Shiva est une physicienne, militante écologiste et écoféministe indienne d'influence mondiale. Elle dirige la Fondation de recherche pour la science, la technologie et l'écologie, et a fondé l'ONG Navdanya destinée au développement de l'agriculture biologique. Elle a écrit plus de 20 livres, dont Restons vivantes : femmes, écologie et lutte pour la survie (2022, Rue de l'échiquier), et Monocultures de l'esprit (Wildproject, 2022). En 1993, elle reçoit le prix Nobel alternatif « pour avoir placé les femmes et l'écologie au coeur du discours sur le développement moderne ».
JEANNE BURGART GOUTAL
Agrégée de philosophie et professeure de yoga, Jeanne Burgart Goutal mène depuis près de dix ans une recherche sur l'écoféminisme, mêlant approche théorique et vécue. Elle est notamment l'autrice du livre Être écoféministe. Théories et pratiques (L'Échappée, 2020, prix de la Fondation de l'écologie politique) et d'un roman graphique, Resisters (Tana, 2021).
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L’antagonisme fédéralisme indépendance : bientôt un nouveau rebond ?
On peut se poser la question au vu des événements des dernières semaines. Tout d'abord le chef du Parti québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP) a étoffé son discours et a remis la question du statut du Québec (en fait celle de la souveraineté) à l'ordre du jours au cours de son vigoureux discours d'il y a trois semaines. Il a même promis de tenir un troisième référendum sur la souveraineté si le parti qu'il dirige accédait au pouvoir. Mais surtout, ce qui inspire le plus les cadres et responsables, c'est qu'il connaît une remontée que même les observateurs les plus perspicaces et les indépendantistes les plus enthousiastes ne pouvaient prévoir voici à peine quelques années encore.
Par ailleurs, la tranquille assurance (que certains qualifieraient d'arrogance) des libéraux fédéraux commence à s'en trouver fissurée. On ne se rend pas toujours assez compte que depuis l'échec du référendum d'octobre 1995, le point du vue trudeauiste sur le Canada a triomphé. Même si Justin Trudeau n'a conquis le pouvoir qu'en 2015, il a consolidé encore davantage les vues de son défunt père dans la capitale fédérale. Pierre Élliott Trudeau (PET) a laissé un héritage intellectuel anti-nationaliste québécois qui a marqué à divers degrés l'ensemble de la classe politique à Ottawa, sauf le Bloc québécois bien entendu et ce, en dépit de la vaine et modeste tentative des conservateurs de Brian Mulroney (fin de la décennie 1980 et début de la suivante) de "réintégrer dans l'honneur et l'enthousiasme" le Québec au sein de ce qui est erronément nommé la "Constitution" canadienne, en vigueur depuis 1982.
Un exemple caricatural : le proclamation à tout vent de Justin Trudeau que le Canada est un "État post-national". Il rejoint et prolonge ainsi l'idéologie multiculturaliste de son père pour qui le Canada était pour l'essentiel formé d'un ensemble de minorités, dont la plus importante sur le plan numérique est celle des "Canadiens-français". Cette position intransigeante niait la théorie des deux nations sur laquelle s'appuyait le mouvement souverainiste.
Lors d'un débat durant les années 1970, à Trudeau qui défendait bec et ongles son opinion, le syndicaliste Michel Chartrand avait répondu, cinglant :
"Ici, c'est un pays, pas une aérogare".
Les premiers ministres québécois qui se sont succédé, depuis Lucien Bouchard (1996-2001) et Bernard Landry (2001-2003), ont tous adopté une attitude "low profile" sur la question des revendications constitutionnelles du Québec, sauf Pauline Marois (septembre 2012-avril 2014), mais son bref passage à la tête du gouvernement ne lui a guère permis de laisser une empreinte profonde sur cette dimension de notre existence collective. Paul Saint-Pierre Plamondon partait donc de loin et de creux lorsqu'il a pris la direction du PQ le 9 octobre 2020 avec un ferme discours souverainiste.. Au scrutin de 2022, bien des analystes politiques donnaient le parti fondé par René Lévesque pour moribond. Or, de 9% d'intentions de vote au déclenchement de la campagne électorale, le Parti québécois a presque rejoint Québec solidaire en terminant la course électorale à 14%. Au dernier sondage en date, il a grimpé à 34%, Québec solidaire devant se contenter de 18%.
Pour la première fois depuis belle lurette, le multiculturalisme "canadian" et sa version canadienne-française sont attaqués de front et on recommence à parler sans complexe de la nation québécoise et de son droit à l'autodétermination.
Pour les jeunes d'aujourd'hui qui n'étaient pas nés en 1995, il s'agit d'une découverte. Se rallieront-ils à l'indépendance comme ce fut le cas pour une bonne partie de leurs aînés ? Ça reste à voir, mais le mouvement indépendantiste paraît relancé.
Québec solidaire, lui, affiche sa souveraineté plus qu'avant afin de ne pas abandonner le terrain souverainiste au Parti québécois. Mais outre que les motifs initiaux de sa fondation en 2006 sont d'ordre socio-économiques (lutter contre le rétrolibéralisme) plus que nationalistes, en termes d'intentions de vote le Parti québécois devance nettement le parti de la gauche sociale depuis 2023. Il poursuit sa remontée. La formation de Paul Saint-Pierre Plamondon a pris du galon alors que son rival solidaire piétine et peine à élargir sa base électorale. Il partage aussi avec les libéraux quelques éléments du multiculturalisme. Son opposition à la loi 21 en constitue la plus éloquente démonstration.
Il faut souligner toutefois qu'indépendantisme ne rime pas avec xénophobie. Les membres de ce courant reconnaissent qu'il existe deux nations (trois avec les Amérindiens et Amérindiennes). Les nouveaux venus (les néo-Québécois) sont invités à s'intégrer à la nation québécoise, même s'ils peuvent conserver certaines de leurs moeurs et croyances, ce qui n'a rien de commun avec le multiculturalisme à la Trudeau. L'intégration complète à la société d'accueil se fait en général à la seconde génération dont les membres sont nés ici ou sont arrivés très jeunes chez nous.
Le "trudeauisme" est une imposture que la moindre étude sociologique réduit en miettes.
Parlera-t-on bientôt d'un "régime post-libéral" à Ottawa ?
Jean-François Delisle
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Comment les femmes au Pakistan luttent contre les disparitions forcées et les assassinats

Alors que des centaines de personnes ont investi les rues de Karachi, la plus grande ville du Pakistan, le 12 janvier, une marée de manifestant·es, majoritairement des femmes, a continué à scander « le Balochistan demande justice », même face à une forte présence policière.
tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/17/comment-les-femmes-au-pakistan-luttent-contre-les-disparitions-forcees-et-les-assassinats/
Pendant ce temps, dans la province agitée mais magnifique du Baloutchistan, au sud-ouest du pays, des milliers d'autres personnes ont envahi les rues. Leur manifestation contre les disparitions forcées et lesexécutions extrajudiciaires dans leur province n'est que la dernière mobilisation d'un mouvement qui a connu une croissance exponentielle au cours du mois dernier.
Suite à l'assassinat de Balaach Mola Baksh, 22 ans, en novembre, des centaines de femmes – accompagnées de certains de leurs enfants – ont entamé une marche d'environ 1 600 kilomètres depuis sa ville natale de Turbat à Islamabad le 6 décembre. Arrivées dans la capitale du Pakistan, elles ont installé un camp devant le Club National de la Presse.
Depuis près d'un mois, ces manifestantes – issues de près de 300 familles dont les proches sont victimes de disparitions forcées et d'assassinats – vivent dans des tentes en tissu et en bâche, alors même que les températures approchent du gel. Avec l'apparition de nouvelles manifestations dans tout le pays et l'intérêt croissant des défenseur·ses des droits humainsdu monde entier, ce mouvement dirigé par des femmes montre sa force face à la répression gouvernementale inflexible.
« Ils l'ont tué »
« Quand je suis allée voir son corps, les agents m'ont dit de l'enterrer, mais j'ai répondu « Non, je veux justice » », a expliqué Najma Baloch par téléphone depuis le sit-in d'Islamabad. « Ce n'est pas seulement mon frère, c'est le frère de tout le peuple baloutche. »
Balaach a été enlevé par des hommes en civil chez lui à Turbat à 1h du matin le 30 octobre. La famille pense que ces hommes – arrivés dans un convoi de huit voitures – faisaient partie du Département de lutte Contre le Terrorisme du Pakistan (CTD).
« Quand il est rentré du travail ce soir-là, on n'aurait jamais pu imaginer le perdre quelques heures plus tard », a déclaré Najma à propos de son frère, qui travaillait comme brodeur dans un magasin d'artisanat.
« Ma mère a dit que les tyrans l'avaient pris », a poursuivi Najma. Mais lorsqu'ils ont contacté la police, on leur a dit que Balaach n'était pas sous leur garde. « J'ai dit « Alors où est-il ? La terre l'a-t-elle englouti, ou le ciel l'a-t-il avalé ? » »
Ce n'est que près d'un mois plus tard, le 21 novembre, que Balaach est apparu au tribunal, où il a été placé en détention provisoire du CTD pendant 10 jours.
« Quand on l'a vu au tribunal, ma mère et moi l'avons serré dans nos bras », a déclaré Najma. « Nous étions tellement heureux pour ma mère, c'était comme s'il renaissait. Deux jours plus tard, ils l'ont tué. »
Le 24 novembre, le CTD a publié une déclaration affirmant que Balaach avait avoué être impliqué dans une « opération terroriste », leur fournissant des informations qui ont conduit le CTD à la cachette de ses associés. Arrivés sur place, selon le communiqué, un « échange de tirs » a eu lieu et quatre corps sans vie ont été retrouvés, dont celui de Balaach.
« Ils ont dit qu'il était mort dans une embuscade, mais on l'a vu au tribunal – alors comment aurait-il pu mourir dans une rencontre ? C'était une fausse rencontre… ils l'ont tué », a déclaré Najma. « Je suis complètement dévastée. »
Najma a décrit Balaach comme un frère et un fils aimant. « Il a toujours pris soin de notre mère. Il était encore si jeune, et il n'était pas impliqué dans ce qu'ils racontent. Il n'a jamais été impliqué avec quelqu'un de mauvais, il était complètement innocent. »
Alors que le CTD nie les accusations d'enlèvement et de meurtre, il insiste également sur le fait que Balaach n'a été arrêté que le 20 novembre – la veille de sa présentation au tribunal – et non le 29 octobre, lorsqu'il a été enlevé de son domicile. Pour les militant·es, ce n'est qu'une preuve supplémentaire que Balaach est devenu l'un des milliers de personnes au Baloutchistan à avoir subi une disparition forcée et une exécution extrajudiciaire.
Un mouvement est né
Lorsque la famille de Najma a reçu le corps sans vie de Balaach, elle a refusé de l'enterrer pendant sept jours, s'asseyant en signe de protestation devant leur maison avec son corps. Les habitant·es de Turbat ont rejoint la manifestation, et c'est ainsi qu'a commencé la vague de protestations dont le Pakistan est aujourd'hui témoin.
Des centaines de femmes comme Najma se mobilisent pour exiger le retour de leurs proches disparus de force depuis des années, parfois depuis plus d'une décennie, et enlevés de leurs maisons de la même manière que Balaach. Ces femmes ont continué à protester malgré l'opposition farouche des forces de police.
Lors du rassemblement du 12 janvier à Karachi, la police a publié un rapport d'incident accusant les manifestant·es d'émeute, de trouble à l'ordre public, de rassemblement illégal et d'incitation à la discorde. Si les manifestant·es sont reconnu·es coupables de ces infractions, ils et elles risquent une peine de prison pouvant aller jusqu'à deux ans, une amende, ou les deux.
Malgré l'intimidation, les manifestant·es sont resté·es jusqu'à la tombée de la nuit, allumant les torches de leurs téléphones tout en scandant « Nous soutenons Mahrang Baloch » – en référence à l'une des leaders du mouvement contre les disparitions forcées. Elle n'avait que 10 ans lorsque son père a été enlevé pour la première fois par les forces de sécurité en2006. Il a été libéré trois ans plus tard, pour être à nouveau enlevé sept mois après. Deux ans plus tard, son corps mutilé a été retrouvé.
Si son visage est devenu synonyme du mouvement, l'histoire de Mahrang n'est pas unique. L'association Voix des personnes baloutches disparues affirme avoir enregistré 8 000 cas de disparitions forcées depuis 2013, conformément à la méthode recommandée par l'ONU pour l'enregistrement de tels incidents.
« Les disparitions forcées sont utilisées comme un outil de terreur pour intimider les gens ordinaires », a déclaré Mahrang, « pour écraser leurs mouvements politiques, pour exploiter les ressources du Baloutchistan et pour soumettre le Baloutchistan au contrôle du Pakistan, à la manière d'un régime colonial ».
How Balochistan got here
En 1948, le Baloutchistan a été annexé par le Pakistan, offrant au pays l'une de ses plus importantes réserves de gaz naturel. Ces dernières années, son port de Gwadar, situé sur la mer d'Arabie, est devenu unmaillon crucialdu corridor économique Chine-Pakistan — permettant au Pakistan d'étendre ses corridors commerciaux et à la Chine de contourner le détroit de Malacca patrouillé par les États-Unis et d'accéder au Moyen-Orient.
Malgré l'importance du Baloutchistan pour le Pakistan, beaucoup d'habitant·es estiment que le territoire n'aurait jamais dû être annexé. Certains groupes séparatistes – l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA) et le Front de libération du Baloutchistan (BLF) – continuent de lutter pour cette cause.
Selon le journaliste et analyste politique baloutche chevronné Malik Siraj Akbar, le gouvernement pakistanais a toujours craint que le Baloutchistan ne devienne un autre Bangladesh, qui était autrefois le Pakistan Oriental et est devenu indépendant en 1971, après une guerre de libération sanglante. M. Akbar estime que c'est cette peur – le besoin de réprimer toute dissidence et de maintenir le contrôle des ressources naturelles du Baloutchistan – qui explique les politiques répressives de l'État.
« L'armée pakistanaise détient de facto le pouvoir », a-t-il déclaré. « Elle contrôle tout », surtout depuis le 11 septembre [2001], lorsque le Pakistan a reçu de nombreux fonds antiterroristes, ce qui a permis la modernisation de l'armée et le maintien du Baloutchistan « sous contrôle ».
En 2006, les forces de sécurité pakistanaises ont tué Akbar Bugti, ancien Premier Ministre et leader séparatiste populaire du Baloutchistan. Cet événement est décrit par Akbar comme le « 11 septembre » du Baloutchistan. « Tout a changé », a déclaré Akbar. « Lorsque Bugti est mort, les habitants du Baloutchistan ont commencé à se demander ce qui leur arriverait si quelqu'un comme Bugti, un ancien premier ministre, pouvait être tué ». Après sa mort, les groupes séparatistes du Baloutchistan ont répliqué en attaquant les infrastructures pakistanaises, et l'armée pakistanaise a répondu en procédant à de nouvelles disparitions forcées.
« Cela a marqué le début de la politique connue sous le nom de « tuer et jeter » » a expliqué Akbar, faisant référence au type de disparitions et d'assassinats que Balaach et des centaines d'autres ont subis. La position officielle du Pakistan, cependant, est qu'il s'agit simplement d'un élément de sa lutte contre les acteurs anti-étatiques. Même l'actuel Premier ministre par intérim, Anwaar-ul-Haq Kakar, originaire du Baloutchistan, s'est prononcé contre les récentes manifestations, qualifiant les femmes et leurs familles de « fausses héroïnes des droits humains » et leur demandant « d'aller rejoindre le BLF ou le BLA pour que l'État sache de quel côté elles sont ».
Au cours de la semaine dernière, le Baloutchistan s'est retrouvé au cœur des attaques aériennesentre l'Iran et le Pakistan. Au milieu de ces échanges, l'Iran a lancé ce qu'il a appelé une « action préventive » contre le groupe militant sunnite musulman Jaish al-Adl, tandis que le Pakistan a frappé des cachettes qu'il présumait utilisées par le BLF et le BLA. Les trois groupes visés sont d'origine ethnique baloutche, mais selon les manifestants, ce sont des civils, et non pas des terroristes, qui ont été tués lors des attaques.
Comme l'a fait remarquer Sammi Deen Baloch, leader du mouvement de protestation, « le peuple baloutche est toujours celui qui se retrouve pris en tenaille, ce sont ses vies qui sont perdues ».
Un combat qui dure depuis des générations
Comme Mahrang, Sammi Deen – la secrétaire générale de « Voix pour les personnes Baloutches disparues » – s'est également engagée dans le mouvement suite à l'enlèvement de son père. Elle marche pour le ramener à la maison depuis 2009, alors qu'elle n'avait que 10 ans.
« C'est le même mouvement qui se poursuit depuis des décennies », a expliqué Sammi Deen. « Il n'a pas éclaté soudainement ».
En 2010, elle s'est rendue pour la première fois dans la capitale, Islamabad, participant à une marche accompagnée de sept autres familles dont des proches avaient été victimes de disparition forcée. Elles sont revenues en 2011 avec quelques familles supplémentaires. Puis, en 2013, elles ont organisé une « longue marche » de la ville de Quetta au Baloutchistan jusqu'à Islamabad, voyageant à pied pendant trois mois et 18 jours.
Grâce à la constance des protestations au fil des ans, 300 familles, selon Sammi Deen, se sentent désormais légitimes pour parler au nom de leurs proches. « En 2013, peu de gens étaient au courant des disparitions forcées au Baloutchistan », a-t-elle expliqué. « Mais aujourd'hui, nous avons un outil important dans les médias sociaux, que nous pouvons utiliser pour faire entendre notre voix aux gens de tout le pays et du monde entier ».
Mahrang et Sammi Deen s'accordent à dire que les médias sociaux ont joué un rôle important dans leur activisme. De l'utilisation coordonnée de hashtags comme #MarchAgainstBalochGenocide et #IStandWithBalochMarch auxmises à jour quotidiennes du site de protestation, le partage de leurs voix en ligne est devenu un moyen crucial pour les manifestant·es de rassembler du soutien à travers le Pakistan.
« Les médias traditionnels ne couvrent pas ceci », a déclaré Mahrang, « donc les gens n'ont aucun moyen de savoir… mais aujourd'hui, les gens ordinaires au Pakistan sont obligés de regarder le rôle qu'ils jouent dans le génocide du peuple baloutche ».
Pour Mahrang et toutes les familles qui protestent, il s'agit bel et bien d'un génocide – une destruction ciblée du peuple baloutche et de son identité qui se déroule depuis des décennies. Cependant, lors d'une conférence de presse le 1er janvier, le Premier ministre par intérim Kakar a décrit « son combat » non pas contre une race ou une caste particulière, mais contre les diverses organisations anti-étatiques du Baloutchistan.
Les femmes aux commandes
Outre les réseaux sociaux, une autre caractéristique unique de ce mouvement contre les disparitions forcées est qu'il est dirigé par des femmes, comme Mahrang et Sammi Deen.
« Ce mouvement est l'aboutissement de deux décennies de souffrance des femmes, et ce sont elles qui le dirigent maintenant », a déclaré Mahrang. « Il y a des mères, des sœurs, des grand-mères, des demi-veuves… et cela montre aux gens que nous ne sommes pas des agents d'une quelconque organisation mais simplement des gens ordinaires du Baloutchistan qui exprimons notre douleur et notre oppression ».
Une autre raison pour laquelle les femmes ont pris la tête du mouvement, selon Sammi Deen, est de protéger leurs sympathisants et leurs membres de famille masculins. « Au Baloutchistan, les hommes ne sont pas en sécurité de quelque façon que ce soit, qu'il s'agisse d'activisme ou simplement d'aller au marché », a-t-elle déclaré. « Nous ne savons jamais s'ils rentreront sains et saufs ».
Cela étant dit, les femmes elles-mêmes ont été loin d'être en sécurité face aux interventions policières. Le soir du 20 décembre, lorsque la marche a atteint la périphérie d'Islamabad, leur entrée a été bloquée par les forces de police.
Une pétition déposée le 3 janvier par Sammi Deen auprès de la Haute Cour d'Islamabad décrit l'interaction, déclarant que « la police a chargé les manifestant·es à coups de matraque et a utilisé des canons à eau contre ces marcheur·ses et leurs partisan·es ». Pendant ce temps, lors de sa conférence de presse, Kakar a décrit l'utilisation de canons à eau comme une « pratique standard des forces de l'ordre dans le monde entier ».
Mahrang et 52 autres femmes et enfants manifestant·es ont été détenu·es pendant plus de 24 heures et n'ont été libéré·es qu'après l'ordre de la Haute Cour. 290 autres étudiant·es, femmes et enfants ont ensuite été détenu·es pendant cinq jours avant d'être libéré·es. Selon la pétition, « les femmes et les enfants baloutches ont été brutalisés par la police d'Islamabad », et une tentative a été faite de les forcer à monter dans des bus et de les renvoyer à Quetta, au Baloutchistan. La police d'Islamabad a rejeté ces accusations sur le réseau social X, affirmant qu'il n'y avait « aucun mauvais traitement envers les femmes ou les enfants ».
Une fois que les manifestant·es se sont installé·es au sit-in du Club national de la presse à Islamabad le 23 décembre, les familles des personnes disparues ont été menacées d'arrestation si elles ne quittaient pas le lieu de protestation, et la police a bloqué à plusieurs reprises l'arrivée de nourriture et de couvertures, essentiels dans l'hiver pakistanais. Elles ont également été ciblées par des hommes cagoulés en civil, qui leur ont volé leur haut-parleur tout en pointant des armes chargées – le tout en présence de la police et de multiples caméras de surveillance.
Avec des caméras de surveillance présentes presque partout autour du sit-in, la police – selon Mahrang – tente clairement d'intimider le groupe de manifestant·es, majoritairement féminin. Pour leur part, Mahrang a été accusée de sédition et Sammi Deen a été la cible d'une « campagne de propagande vile et sale » utilisant de fausses photos la représentant avec des groupes militants avec lesquels elle n'a aucun lien. Cet incident a contraint Sammi Deen à enlever son niqab (le couvre-visage porté par certaines femmes musulmanes) qu'elle portait auparavant lors des conférences de presse. Néanmoins, Sammi Deen promet de ne pas se laisser réduire au silence.
Changement de cap et des demandes qui ouvrent la voie
Cette Marche contre le Génocide Baloutche – comme les manifestant·es appellent souvent leur mouvement – a reçu un soutien sans précédent sous la forme de manifestations de solidarité dans diverses parties du Baloutchistan, d'autres provinces pakistanaises et même devant le 10 Downing Street à Londres, où les manifestants ont organisé un sit-in de cinq jours..
Selon Mahrang, cette réponse est due au fait que la protestation fait en sorte que les gens se sentent entendus pour la première fois depuis des décennies. « Il y a toujours eu une négativité répandue selon laquelle les gens ordinaires n'ont aucun pouvoir face à l'establishment pakistanais et doivent simplement les suivre aveuglément » a-t-elle déclaré.
Selon Akbar, l'analyste politique, c'est aussi parce que, pour la première fois, la confiance des gens dans l'armée a faibli. « Il y a une partie de la population qui a commencé à réaliser que l'armée n'est pas si propre », a-t-il dit. « Dans le passé, les gens ne croyaient peut-être pas à toutes ces allégations contre l'armée. Mais maintenant qu'ils et elles voient que l'ancien Premier ministre Imran Khan a été réduit au silence, au point de ne pouvoir même pas se présenter aux prochaines élections – malgré qu'il soit le leader le plus populaire du pays – les gens commencent à se poser des questions ». Akbar a également souligné le rôle que les médias sociaux ont joué en donnant aux gens de l'extérieur du Baloutchistan une fenêtre sur leurs souffrances.
Selon Sammi Deen, l'un des principaux objectifs du mouvement est de collecter des données. En moins d'un mois, alors qu'ils et elles marchaient du Baloutchistan à Islamabad, ses membres ont rassemblé des preuves sur environ 600 personnes disparues. « À Dieu ne plaise, si quelqu'un·e meurt demain dans une fausse rencontre, nous saurons au moins s'il ou elle était [déjà] porté·e disparu·e auparavant ».
En plus de collecter des données, le mouvement s'efforce également de traduire en justice les coupables des assassinats d'hommes comme Balaach. Le 9 décembre, après une résistance initiale, la police a enregistré une plainte contre quatre membres du CTD sur instruction d'un tribunal inférieur. Puis, deux jours plus tard, la Haute Cour a ordonné la suspension immédiate des quatre membres du CTD. Une commission d'enquête sur le décès a également été créée. Toutefois, aucune arrestation n'a encore été effectuée.
« Nous voulons que toutes les personnes disparues du Baloutchistan soient libérées et… nous voulons voir des progrès dans leurs affaires judiciaires », a déclaré Sammi Deen avant d'ajouter que le CTD et les « escadrons de la mort » (ou milices privées) parrainés par l'État, responsables de ces disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires, devraient être dissous.
Le 10 janvier, Mahrang et Sammi Deen ont pu s'entretenir avec la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les Défenseur·es des Droits Humains, Mary Lawler, au sujet de la nécessité d'une mission d'enquête des Nations Unies au Pakistan pour examiner les violations des droits humains et le génocide au Baloutchistan. Écrivant sur X, Lawler a déclaré : « Les informations faisant état de harcèlement policier sont très préoccupantes. Les plaintes pénales fallacieuses déposées contre des manifestant·es pacifiques devraient être abandonnées ».
Selon M. Akbar, s'il y a une « volonté réelle de la part de l'armée », il est possible que les personnes disparues soient ramenées chez elles, à condition qu'elles n'aient pas déjà été tuées. « L'armée est une institution très organisée, donc elle a certainement des rapports sur ces personnes disparues ». Akbar a également noté qu'un grand nombre de personnes disparues ont été libérées dans le passé lorsque le gouvernement voulait apaiser le peuple baloutche. Toutefois, Akbar ne croit pas que le Pakistan autorisera une mission d'enquête indépendante des Nations unies au Baloutchistan, car le Pakistan considère que c'est une question qui relève de sa propre souveraineté.
« C'est une punition collective, car lorsqu'un membre de la famille disparaît, tous ses proches en souffrent », a déclaré Sammi Deen. « C'est l'incertitude, l'attente continue, la douleur torturante qui est insupportable ».
Malgré tout cela, ou peut-être à cause de cela, Sammi Deen et Mahrang pensent que ce mouvement ne s'éteindra pas, mais qu'il continuera et développera son important travail.
« Nous sommes en train d'élargir ce mouvement dans tout le pays et dans le monde entier », a déclaré Mahrang. « À tous·tes celles et ceux qui sympathisent avec nous, nous leur demandons de protester en solidarité, d'envoyer des pétitions à l'ONU, d'écrire à vos parlements pour lancer des discussions. Ce n'est que le début, et nous continuerons pacifiquement ».
Esha Mitra, 19 janvier 2024
Lire l'article original en anglais sur Waging Non-Violence
Cet article a été publié le 19 janvier 2024 sur WagingNonViolence.org.
Il a été traduit vers le français grâce à notre équipe de traducteur·ices bénévoles.
https://www.ritimo.org/Comment-les-femmes-au-Pakistan-luttent-contre-les-disparitions-forcees-et-les
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Iran. Narges Mohammadi dénonce les actes barbares infligés aux femmes kurdes emprisonnées

IRAN – Les femmes et les enfants kurdes détenus dans la tristement célèbre prison d'Evin sont particulièrement victimes d'abus, de violences sexuelles, d'isolement et de passages à tabac, selon Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix 2023, également détenue à Evin.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Narges Mohammadi, la militante des droits humains qui a reçu l'année dernière le prix Nobel de la paix alors qu'elle était détenue derrière les barreaux en Iran, a dénoncé les abus barbares, les passages à tabac et l'isolement infligés aux femmes et aux enfants kurdes détenus dans la tristement célèbre prison d'Evin.
Les révélations font référence à une brève rencontre en 2018 que la lauréate du prix Nobel a eue avec un groupe d'autres prisonnières à Evin, généralement détenues à l'écart des autres femmes. Des Kurdes et d'autres prisonnier·es politiques sont régulièrement détenues, torturées, privés de soins médicaux et exécutés dans ce centre de détention notoire. Dans une interview audio enregistrée secrètement et diffusée par la suite sur le site d'information Iran Wire, Mohammadi a rappelé comment les femmes kurdes et leurs enfants ont été soumis à un traitement particulièrement dur, n'ayant droit qu'à une heure d'exercice en plein air par semaine.
« Les conditions étaient désastreuses : pas de draps sur les lits, juste un matelas, un oreiller et une couverture », a-t-elle déclaré. « Ces enfants n'avaient rien, pas même des jouets. Nous leur avons proposé de leur acheter des jouets, mais les autorités pénitentiaires ont refusé. »
Néanmoins, d'autres prisonnières ont progressivement pu offrir soutien et solidarité aux femmes, ciblées par de nouveaux abus en raison de leur identité kurde. « Même si tout contact leur était refusé, les femmes kurdes ont progressivement établi une communication clandestine avec d'autres prisonnières », se souvient Mohammadi. « Ce lien s'étendait au partage de produits cosmétiques et au soutien de prisonnières politiques qui fournissaient de la nourriture, des jouets et des bonbons aux enfants kurdes. »
La militante des droits humains, arrêtée pour avoir dirigé une organisation protestant contre le recours à la peine de mort en Iran, a vu des femmes kurdes se faire battre devant leurs nouveau-nés. Elle dit :
« L'une d'elles a nommé son enfant Abdullah à sa naissance. Le premier était un garçon et la seconde, une fille nommée Jenan, est née en mars. Une nuit, j'ai encore entendu du bruit dans le couloir et je me suis précipitée. Je les ai vus emmener la mère de Jenan et la battre. Elle était lourdement chargée, incapable de marcher correctement, et je la regardais du haut des escaliers, les larmes coulant sur mon visage. Les autorités ont confisqué les affaires du bébé, généralement apportées par un proche (…). Ils ne lui ont pas permis de rester à l'hôpital. »
« La détention d'enfants aux côtés de leur mère est un sujet particulièrement préoccupant dans un pays où des enfants détenus dès l'âge de douze ans ont été soumis à « la flagellation, aux décharges électriques et à la violence sexuelle », selon Amnesty International .
« Quand ils sont arrivés ici, les enfants étaient émaciés… dépourvus de vitalité. Une enfant, Fatemeh, était particulièrement fragile et apathique », a déclaré Mohammadi. « Sa mère l'embrassait souvent… Dès que la mère s'éloignait, elle gémissait comme si elle était brûlée ou tombée de très haut. Elle ne supportait pas d'être séparée de leur mère, ne serait-ce qu'un instant, à cause des bombardements, de la fuite, de la misère, de la faim et de la perte de sa famille. Le père est mort et elle pleurait toujours. »
Mohammadi a en outre rappelé que les enfants plus âgés avaient été séparés de force de leur mère, laissant un vide qui « ne pouvait être comblé par rien », ainsi que les conditions particulières d'isolement pendant la pandémie de coronavirus. Plus généralement, les manifestantes et militantes détenues dans la prison d'Evin et dans d'autres établissements pénitentiaires souffrent de conditions extrêmement précaires, notamment d'un accès limité à l'eau potable, à l'air frais, d'une hygiène sordide et d'autres dégradations de leurs droits fondamentaux. Les prisons sont surpeuplées et ne peuvent fournir de l'eau aux douches que deux jours par semaine, ce qui entraîne une perte de cheveux et une crainte des poux, selon les rapports des militantes des droits humains.
L'administration pénitentiaire ne fournit pas de produits de nettoyage pour l'hygiène personnelle, les toilettes ne sont pas nettoyées et la plupart des détenus souffrent déjà d'infections. En guise de punition, les gardiens de prison refusent de laisser les détenus utiliser les toilettes, ce qui entraîne des problèmes rénaux. Pendant ce temps, une mauvaise ventilation entraîne une propagation rapide des maladies.
Mais la solidarité clandestine avec les prisonniers kurdes n'est pas la seule façon dont les femmes détenues dans le centre de détention ont résisté à leur traitement. L'année dernière, sept militantes détenues à Evin ont organisé un sit-in, annoncé par Mohammadi, à l'occasion de l'anniversaire des manifestations qui ont éclaté après la mort de Jina Mahsa Amini, 22 ans, sous la garde de la police des mœurs du pays.
Dans un communiqué à l'époque, les détenues ont déclaré : « Cela fait un an que Jina Amini a été tuée par des agents de la République islamique d'Iran. La profonde tristesse et la colère que nous ressentons face à la perte de nos concitoyens dans les rues et dans les prisons, la répression brutale des manifestations, les arrestations arbitraires, la torture et l'emprisonnement de ceux qui osent s'exprimer pèsent lourdement sur nos cœurs. Malgré ces défis, nous restons fermes dans notre détermination à poursuivre notre lutte jusqu'à la victoire. »
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Chayuda Boonrod : « { les barrages ne sont bons que pour les capitalistes} »

Chayuda Boonrod est membre de l'Assemblée des pauvres (AoP en anglais), une organisation populaire thaïlandaise luttant pour l'autodétermination et le droit aux ressources avec les communautés urbaines et rurales. Sa participation à la lutte vient de sa famille, impliquée dans la lutte pour la terre dans le pays.
05/04/2024 |
Tiré de : Capire
https://capiremov.org/fr/entrevue/chayudaboonrod-les-barrages-ne-sont-bons-que-pour-les-capitalistes/
Découvrez le contexte politique actuel en Thaïlande et la lutte contre la construction de barrages
Chayuda a partagé avec nous des aspects du contexte politique actuel de la Thaïlande et de la lutte de l'AoP contre les impacts des barrages dans le pays. L'Assemblée des pauvres est active dans la lutte contre les barrages depuis sa création le 10 septembre 1995. « Je suis née le 31, donc j'ai 21 jours de moins que l'organisation. En grandissant, j'ai vu ma famille, mes tantes et mes oncles, tous ceux que je connais, impliqué.e.s d'une manière ou d'une autre dans notre organisation et dans La Via Campesina », a déclaré Chayuda.
Cette interview a été réalisée lors de la 8ème Conférence Internationale de La Via Campesina (LVC), qui a eu lieu en décembre 2023 à Bogotá, en Colombie. Avec la Via Campesina, les membres de l'AoP participent à des activités dans leur pays et à l'étranger. Sur la relation entre les deux organisations, elle ajoute : « Nous avons beaucoup de gens de LVC qui viennent visiter et étudier les communautés ». En outre, AoP a la Réunion de la Jeunesse Asiatique de LVC, qui ont eu lieu en octobre 2022, à Surat Thani, en Thaïlande. Lisez l'interview complète ci-dessous :
Pourriez-vous nous parler du contexte politique de la Thaïlande ? Quels sont les principaux enjeux pour la classe ouvrière et les personnes paysannes ?
Les élections de 2023, renforcées par la Constitution, ont mis au pouvoir un nouveau premier ministre, mais ce n'est pas celui que nous avons choisi. Le parti qui a remporté le plus de voix aux élections n'a pas réussi à former un gouvernement parce qu'il était obstrué par les astuces cachées dans la Constitution actuelle, rédigée par le gouvernement militaire mis en place après le coup d'État de 2014. Parce que le parti politique avec le plus de voix ne peut pas établir un gouvernement, le deuxième plus grand parti a réussi à former un gouvernement de coalition avec le soutien des partis qui faisaient partie du précédent gouvernement militaire.
Les gens avaient le sentiment que rien n'avait changé en termes de réponses à leurs demandes ou de la question des droits humains. Ils se soucient de gagner de l'argent, ils ne se soucient pas des gens, en particulier des pauvres. En octobre, AoP a organisé une mobilisation de masse d'un mois pour rehausser le profil de ces aspects du gouvernement actuel et lutter pour nos droits.
Et quels sont les principaux problèmes avec les barrages en Thaïlande aujourd'hui ? Quel est le combat de l'AoP concernant la construction de barrages ?
La lutte contre la construction de barrages dans l'AoP est énorme. C'est une bataille que nous avons menée dans de nombreux endroits depuis la création de l'organisation. Il y a, par exemple, la lutte des peuples contre le barrage de Sirinthorn, qui est l'un des premiers cas dans l'histoire de la construction de barrages en Thaïlande, vers 1970, avant la création de l'AoP. À propos du barrage de Sirinthorn, les conséquences et les souffrances de la population étaient très évidentes, mais le gouvernement n'a jamais essayé de diminuer ses ambitions de le maintenir.
En parlant du contexte actuel, nous pouvons le diviser en deux types. La lutte contre les barrages qui ont déjà été construits et la lutte contre le projet de construction de nouveaux barrages. Sur le premier type de lutte, il y a cinq communautés confrontées à des barrages qui ont déjà été construits. La compensation qui, selon le gouvernement, serait accordée n'est pas appropriée. Pour nos frères et sœurs issus de ces communautés, leurs souffrances continueront sans réponse gouvernementale pour résoudre leurs problèmes.
Le gouvernement a une formule très simple pour calculer l'indemnisation. Par exemple, si dans une maison il y a cinq arbres, le gouvernement ne peut calculer que leur valeur à ce moment-là. Ils ne se demandent pas quand les cinq arbres auront une valeur à long terme pour la famille. Notre peuple estime qu'il serait préférable que le gouvernement échange des terres avec eux, trouve d'autres terres et les leur donne en compensation de celles qu'ils ont perdues. Mais le gouvernement peut faire quelque chose de simple, comme calculer le prix de la terre à ce moment-là, leur donner de l'argent et les laisser trouver de nouvelles terres, aller en acheter eux-mêmes.
Lorsque, à cause de la construction de barrages, les paysans perdent leurs terres, ils perdent leur identité de paysans. Ils n'ont plus de terres à produire. Pour les paysans, perdre des terres signifie que tout est fini. Ils n'ont rien, seulement leur corps et leur travail.
Beaucoup d'entre eux doivent migrer vers une grande ville. Dans ces grandes villes, les gens deviennent de la main-d'œuvre bon marché, des citadins pauvres, les femmes tombent dans la prostitution. De nombreux autres problèmes les accompagnent, tels que la séparation de la famille ou la toxicomanie. C'est très concret, mais les problèmes vont plus loin avec la perte des moyens de subsistance et de la biodiversité. Dans le cas du barrage de Rasi Salai, des études ont montré que près de la moitié des espèces de poissons de la rivière ont disparu. De nombreux chercheurs étudient l'impact des barrages, mais ils ne font que venir dans les communautés, parler aux gens et produire des articles. Ils n'aident pas activement. Et, parce que nous sommes ceux qui luttons contre ces problèmes depuis de nombreuses années, le public a commencé à nous considérer comme des méchants.
Le dernier cas, le barrage de Pong Khunpet, est un exemple de la façon dont, malgré l'achèvement de la construction du barrage, les gens refusent de déménager parce que le gouvernement ne leur a pas donné de nouvelles terres. Le barrage ne fonctionne pas complètement, mais ils ont un peu ouvert la vanne d'eau, ce qui provoque des inondations dans la communauté. Les gens doivent utiliser des bateaux pour se déplacer. Une telle eau apporte beaucoup de problèmes de santé et de maladies. Bien sûr, la réponse du gouvernement local est très lente. Notre peuple proteste pour faire pression pour une réponse plus rapide.
De nombreux barrages qui existent aujourd'hui ont été construits pendant les dictatures. Dans les périodes des gouvernements dictatoriaux, nous ne pouvions pas protester. Cela signifie que la question des barrages est également liée à la situation politique.
De nombreuses communautés AoP protestent contre les projets de construction de barrages parce qu'elles ont appris qu'ils ne produisent aucun bien pour elles. Mais dans la plupart des cas, ce qu'elles obtiennent n'est qu'une pause dans le projet. Il n'y a pas vraiment d'arrêt ou d'interruption du plan. Nous ne savons jamais quand on va simplement abandonner les accords et passer à autre chose. C'est une inquiétude perpétuelle.
Le gouvernement essaie de faire connaître le bon côté de la construction de barrages. Il essaie de convaincre les gens qu'ils peuvent simplement prendre l'argent et aller vivre ailleurs. Un autre discours que le gouvernement utilise pour convaincre les gens est sur le sacrifice, disant qu'il veut que les gens se sacrifient pour le plus grand bien. Mais en fait, il existe de nombreuses façons de gérer les ressources en eau, au-delà de la construction de barrages. Nous savons que les barrages ne sont bons que pour les capitalistes et l'industrie.
Comment se déroule la lutte de l'AoP pour créer de meilleures conditions de vie pour les paysans en Thaïlande, et quel est le rôle des femmes dans cette lutte ?
Tous les projets sont initiés par l'État, par le gouvernement, main dans la main avec les capitalistes. Ils n'apportent jamais rien de bon aux gens. Mais les luttes ont renforcé le mouvement et le peuple. Nous prenons conscience que chaque construction ou développement nous enlève notre mode de vie, qui est en fait véritablement basé sur la production agroécologique.
La lutte engendre de nombreuses initiatives, et de nombreux membres de notre mouvement se sont intéressés aux initiatives de l'école d'agroécologie ou du projet de semences. L'une des choses qui leur permet de continuer à se battre, c'est que beaucoup d'entre eux se souviennent encore de la signification du bien-vivre. C'est une sorte d'encouragement ou d'inspiration pour eux de continuer à se battre pour la récupérer.
Le gouvernement fait taire et décourage les gens en leur faisant croire que leurs luttes sont trop difficiles, qu'ils ne gagneront pas. Mais ce n'est pas comme ça pour nous. Pour nous, plus nous nous battons, plus nous devons surmonter tout ce que le gouvernement nous impose.
Les femmes dans l'Assemblée des pauvres sont une force féroce. Dans notre structure, nous garantissons un équilibre entre les sexes dans toutes les instances ou activités, telles que les mobilisations, les réunions ou les négociations. Les femmes représentent près de la moitié du mouvement et sont capables de se battre avec les mêmes capacités que les hommes.
En 2005, il y a eu une campagne internationale de 1000 femmes pour le prix Nobel de la paix. Habituellement, les lauréats du prix Nobel de la paix sont des hommes et des individus, mais les femmes se battent collectivement. À ce moment-là, notre dirigeante principale, Wanida Morsa, a été contactée par le projet pour donner son nom comme l'une des 1000 femmes. Elle a dit que nous, les femmes de l'Assemblée des pauvres, ne nous battons pas individuellement. Ainsi, au lieu d'avoir son nom parmi les 1000 femmes, nous avons enregistré un groupe de membres de l'AoP.
Les dirigeantes paysannes qui m'ont précédée sont mon inspiration. Lors de grandes mobilisations en octobre 2023, de nombreuses femmes leaders de notre mouvement qui y étaient présentes ont subi des affrontements avec la police. Ces mères, tantes et grands-mères se sont battues en première ligne avec une puissante force féministe. Plus la force est grande, plus il est facile de combattre le patriarcat présent dans le système. Lors de la confrontation, nos grands-mères ont réussi à faire face à la situation, empêchant la violence qui pourrait survenir si elles étaient des hommes en première ligne.
Interview réalisée par Natália Lobo
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : anglais
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La confrontation des féministes en particulier au racisme en général

Le féminisme, sous ce nom et comme mouvement contestataire collectif, est né en même temps — dans la première moitié du 19e siècle — que le mouve-ment (contestataire collectif) anti-esclavagiste. Non seulement en même temps mais entretenant avec lui des liens fondateurs, ceci en deux sens : en ce que certains de ses membres l'étaient également du mouvement contre l'esclavage et en ce que l'un des moments fondateurs du féminisme contemporain, la rencontre de Seneca Falls, est en partie issue d'un conflit au sein du mouvement anti-esclavagiste.
On peut d'ailleurs voir une photo prise lors d'un meeting de Frederick Douglass, ancien esclave, figure
déterminante du mouvement anti-esclavagiste, où l'assistance est composée de plus de
femmes que d'hommes. 1
Le rôle joué par Le Deuxième Sexe (1949) dans la renaissance féministe des années
soixante de notre siècle est évident, quelle que soit en cette occurrence la nature attri-buée à ce texte : celle d'être un mythe de référence ou celle d'initiateur ou de catalyseur du mouvement. L'introduction que Simone de Beauvoir a faite à son livre place d'emblée, dans une perspective sociale et historique, les femmes dans une situation
analogue (ce qui n'est pas dire semblable) à celle d'autres groupes infériorisés : « […]
qu'il s'agisse d'une race, d'une caste, d'une classe, d'un sexe réduits à une condition
inférieure, les processus de justification sont les mêmes ».
Les similitudes entre le féminisme et d'autres mouvements d'émancipation sont à
la fois pratiques et théoriques. Elles relèvent d'une expérience commune, celle d'une
situation comparable dans le système social et celle de la protestation contre cette
situation ; sur le plan théorique, elles impliquent une description parente des systèmes
d'oppression. Mais plus, c'est une constante que, parmi les minoritaires, les femmes
quelles qu'elles soient, comme les juifs en général, sont plus fréquemment engagées
dans les mouvements d'émancipation et de libération d'autres groupes que le leur ou
à visée universelle. Et que elles/ils le sont également, plus fréquemment, dans l'étude
des phénomènes de minorité et de domination touchant des groupes autres que le leur.
L'histoire des mouvements antiségrégationnistes aux États-Unis, anti-apartheid et
anticolonialistes en Afrique et en Europe, comme le développement, dans les pays
industrialisés, des recherches sur les discriminations et le racisme en témoignent.
Quelle que soit la façon de le voir, il ne peut pas échapper à l'observation qu'il existe
un lien entre les mouvements et préoccupations minoritaires et le féminisme, non
seulement, bien sûr, parce qu'il est l'un d'entre eux mais aussi à travers les femmes qui
sont leurs actrices, la conscience qu'elles ont de l'état de leur société et les projets
qu'elles ont sur ce que devrait être cette société.
Quel caractère spécifique présente le mouvement ou la mouvance féministe si on les
compare aux autres mouvements d'émancipation (ce terme est faible ou imprécis, mais
je ne vois que lui pour recouvrir des projets aussi divers et parfois porteurs de contradic-tions que sont la liberté des individus et leur autonomie, les droits civiques, les aspirations nationales, les libérations coloniales, etc.) aux mouvements antiracistes ou aux mouve-ments de défense des droits humains (dits en France « Droits de l'Homme »), etc.?
D'abord, bien sûr sa spécificité est d'être concerné par les femmes, mais il n'est pas
si évident de dire quelle est la nature de ce concernement. Proche des combats anti-discriminatoires et antiracistes, il est antisexiste par définition. L'antisexisme est le dénominateur commun de toutes ses formes. Mais ce dénominateur commun n'en-traîne pas de facto un projet de société et surtout il n'implique nullement une analyse
identique des formes que prend le sexisme, de leur mécanisme ou de leur cause. Et il
est bien vrai que l'émancipation recherchée est toute différente selon qu'il y a ou non
critique des formes sociales, selon qu'il y a projet de société ou bien absence de projet
de société. Et pour qu'il y ait projet de société, encore faut-il d'abord analyser la société
existante et être dans une position critique de cette société-là.
Or, il va sans dire, mais mieux vaut le rappeler, que la structure socio-sexuelle de
notre société n'est pas majoritairement mise en cause elle-même, elle semble en
quelque sorte normale (améliorable certainement, mais normale), à coup sûr, aux
mouvements féminins (qui se proposent de défendre les femmes et les intérêts des
La confrontation des féministes en particulier au racisme en général 157
femmes « en tant que femmes »), mais également à une partie du féminisme qui peut
réserver ses critiques de l'organisation sociale aux autres sociétés, réputées porteuses
d'un sexisme organique qui n'existerait pas (ou plus) ici. Et ceci précisément (qui n'est
pas caricatural, même s'il se présente peu sous une forme aussi extrême ou explicite)
est l'une des formes du racisme réel ou potentiel. C'est en tous cas l'une des raisons de
l'irritation de féministes d'autres sociétés envers certaines féministes des sociétés indus-trielles. Et c'est l'un des effets du refus d'analyser ce que sont les hommes et les femmes comme la relation qui les fait tels dans les sociétés que nous connaissons.
Avec une ironie toute relative, on pourrait sans doute aborder la diversité des
mouvements de femmes à travers leur mode d'intervention sociale selon qu'ils seraient
dans une optique « corporatiste », « syndicale » ou « politique ». Et cela a quelque rap-port avec la possibilité de poser la question du racisme dans les pratiques et dans les formations mentales. En fait, c'est la question de la définition elle-même du féminisme qui est sous-jacente, ce qui n'est pas une question académique, ni d'une façon générale,
ni en ce qui nous préoccupe. On pourrait penser que le féminisme étant un mouve-ment antisexiste et non pas un mouvement antiraciste ou anti-impérialiste, la question du racisme et de l'antisémitisme se poserait en fonction d'événements déterminés et qu'elle interviendrait ponctuellement à des moments précis, bref qu'elle tiendrait à des
occurrences extérieures.
Ce pourrait parfaitement être le cas dans une perspective qui ne voudrait — qui
ne veut — considérer que les intérêts des « femmes en tant que femmes », c'est-à-dire
explicitement et intrinsèquement en tant que piliers de leur communauté, définies par
les hommes de cette communauté à laquelle et auxquels elles appartiennent. C'est une
forme corporatiste en quelque sorte de défense et promotion des intérêts d'un groupe
professionnel, celui des épouses et mères, lequel étant recruté parmi les êtres humains
femelles en conclut que tous les êtres humains femelles sont obligatoirement épouses
et mères et seulement cela. Ce dont les hommes tombent d'accord si on le leur
demande. Ce corporatisme serait la défense des vraies femmes, lesquelles sont des
défenseures inconditionnelles (par définition) de leurs hommes dans le champ poli-tique des antagonismes nationaux, communautaires, de classe, etc. Elles n'ont a priori pas de raison particulière, si ce n'est celle de la pitié humaine, de considérer qui que ce soit d'autre comme digne d'intérêt, de droits, de liberté, et parfois de vie. Ce n'est pas
une forme rarissime de mouvement féminin et qui se conçoit bien, en effet, comme un
mouvement de défense des intérêts des femmes. Les associations de femmes des sys-tèmes nationalistes et communautaristes comme des systèmes totalitaires ou religieux, répondent en fait à cette conception des femmes comme éléments d'une communauté où elles doivent prendre leur place, toute leur place et seulement leur place. Le système politique de la communauté où elles sont nées est le leur, raciste ou antiraciste, c'est
selon (mais le plus souvent raciste).
La configuration est différente si on envisage les intérêts des femmes dans une
perspective « syndicale » qui pourrait se voir comme la défense des femmes certes, mais
également l'acquisition de droits meilleurs ou plus équitables, bref une conquête et une
recomposition de la distribution sociale, celle des rôles et celle des biens, de façon à ce
que hommes et femmes atteignent une sorte d'équilibre statutaire de partenaires, sans
d'ailleurs que le statut de « femme » et celui d'« homme » soient eux-mêmes interrogés.
La perspective diffère encore si on envisage le féminisme comme mouvement « poli-tique », c'est-à-dire comme un mouvement qui a un projet de société ou qui cherche à en produire un, dont la réflexion est orientée par force dans ce sens. Par force, dans la mesure où l'analyse et la critique de la structure socio-sexuelle ne peuvent pas ne pas
remettre en cause l'ensemble de l'organisation sociale. Ce qui fait du lesbianisme dans
le féminisme (je ne dis pas l'homosexualité, qui est autre chose) une position forcé-ment politique, qui oblige à penser autrement que par le biais du sexe. Le lesbianisme ne peut être ni corporatiste (être lesbienne n'est pas un métier) ni syndical (lesbienne n'est pas un statut de sexe). Ancienne question certes, mais nullement vieille dans le
mouvement féministe.
On a aperçu que la « défense du droit des femmes » et l'antisexisme ne sont pas
nécessairement liés à une préoccupation d'émancipation, parfois même au contraire
et que par conséquent une partie des « mouvements féminins » se place hors le projet
d'émancipation. Dans son principe, un mouvement d'émancipation, s'affrontant aux
formes de la domination, mais aussi de la contrainte et de l'exploitation, me semble-t-il, ne peut pas ne pas avoir une vision au moins, sinon un projet d'ensemble d'une société possible vers laquelle tendre et ne peut pas éviter ces questions sur le fond. Et s'il ne les pose pas, s'il ne se les pose pas, il pourra, à terme et parfois dans l'immédiat,
entreprendre des actions qui travailleront contre les femmes. Et en prônant la diffé-rence (par exemple), revenir là même d'où il tentait de sortir. Qu'est-ce, en effet, que « les intérêts des femmes » ? Parfois, on croit répondre en demandant : « les intérêts de quelles femmes ? », mais c'est une mauvaise question. Ce ne sont pas les femmes qui
sont différentes (quoique bien évidemment elles le soient dans leur existence quoti-dienne), ce sont leurs choix politiques qui le sont. Et ensuite, ce sont leurs possibilités matérielles qui le sont et ne permettent pas les mêmes décisions pratiques.
Probablement, il s'agit là de l'un des conflits majeurs au sein des mouvements de
femmes, si ce n'est le conflit majeur. C'est également dans ce clivage politique profond
que la possibilité de poser — ou non — la question d'une organisation sociale qui ne
soit pas raciste réside. Celle où nous vivons l'est. Où vivent les féministes, objets du
racisme et/ou productrices de racisme.
Les différentes formes de mouvements féminins et de féminisme sont engagées et
partie prenante de l'histoire politique de leurs sociétés. Ce que nous montre d'ailleurs,
en ce qui concerne le féminisme (« syndical » et « politique », en résumé le féminisme
de l'émancipation justement), les attaques qu'il rencontre. Telle, par exemple, la levée
de boucliers des « analystes » sociologiques ou politiques de la situation algérienne,
contre les féministes explicites, distinguées des femmes qui seraient, elles, des vraies
femmes et dont le courage « modeste » légitimerait une lutte « raisonnable ». Ce que
montre également la capacité étonnante de déni de l'action des féministes, déni si évi-dent dans la proposition que ce qu'elles obtiennent serait arrivé de toute façon, car La confrontation des féministes en particulier au racisme en général
conforme à « l'évolution de la société ». Les féministes sont des citoyens que la structure
sociale, l'organisation et le fonctionnement de leur société concernent qu'elles le
veuillent ou non, puisque, en effet, elles interviennent dans cette organisation. Dont
aujourd'hui le racisme, dont l'antisémitisme est l'une des formes, est un trait structurel.
En fait, une bonne part des analyses du racisme repose sur, ou implique, le pré-supposé qu'il serait un phénomène autonome, sorte d'excroissance ou de « corps étranger » dans la société où il se produit. Cependant l'antisémitisme et le racisme nazi, l'apartheid, la ligne de couleur aux États-Unis, en France l'antisémitisme, de l'affaire
Dreyfus aux lois antisémites de l'État français (1940-1944) et à sa continuité dans le
champ politique avec le Front National, le racisme contre les Maghrébins et les
Africains, ne sont pas des phénomènes « extérieurs » à leur société, ils lui sont intrinsè-quement liés. Ce ne sont pas d'incompréhensibles accidents. Ils sont inscrits dans les lois ou « institutionnels », ce qu'on nomme systémique dans les sciences sociales, ce qui suppose un processus de mise en œuvre d'une intention politique délibérée. Mais plus,
dans certaines formes sociales, à certains moments historiques, le racisme est le fonde-ment du projet social. Comme la soumission des femmes et leur appropriation, qui sont factuellement le socle des sociétés historiquement et actuellement connues, sont explicitement un constituant fondamental des formes nationalistes, communautaires
(là encore, ces termes sont imprécis mais acceptons-les provisoirement pour désigner
les projets de fermeture sur soi et d'exclusion comme d'exaltation du groupe).
Sans analyse des formes sociales, on traite racisme et sexisme comme des épiphéno-mènes ou des affaires conjoncturelles, bref des sortes de dysfonctionnement. On s'em-pêche ainsi, on s'interdit même, de voir comment les ségrégations, les inégalités matérielles, la dépendance, de situations de fait se transforment en pratiques institution-nelles, en règles et structures sociales, en lois. Et de factuelles deviennent intentionnelles
et organiques. Une illusion à laquelle il est tentant de succomber voudrait qu'un mou-vement d'émancipation, un mouvement minoritaire né de la persécution, de la connais-sance de l'oppression ou de la contrainte, devrait les reconnaître en toutes circonstances et dans tous les groupes qui en sont les cibles. Et surtout ne jamais les pratiquer, ni — c'est le moins — les relayer. Illusion, en effet. Et singulière expérience que de voir, parmi
les siennes, au plus proche de soi, le déni parfois, l'ignorance souvent. Et à certains
moments, brutalement, le relais et l'adoption du racisme de la société banale.
L'arrogance raciste a une série de conséquences, dont d'aveugler les femmes vis-à-vis les unes des autres. Cette arrogance est l'expression d'un rapport de force où certains groupes sont à la merci d'autres groupes. Et les femmes appartiennent à ces groupes, à tous et à chacun de ces groupes. Et quand on dit ici « appartiennent », c'est
aux deux sens du terme qu'il faut l'entendre : au sens propre et matériel d'appartenir
aux hommes de ce groupe (qui décident de la forme et des actions du groupe). Et au
sens figuré, qui est tout autant fondateur, d'appartenir à cette histoire, à cette culture,
à cette langue, à cette classe, à cette religion, etc., bref au sens de manière d'être au
monde et au sens de conscience. Or l'arrogance raciste s'exprime précisément dans le
déni du rapport de force lui- même et dans le déni des effets du rapport de force. Au
plus, elles les prétend imaginaires ou secondaires, attribuant alors une tournure d'es-prit « victimiste » à celles qui en sont l'objet. A ce propos, le reproche de « victimisa-tion », si souvent repris, dans une perspective de disqualification, à l'encontre du féminisme et plus souvent encore à l'intérieur du mouvement, est une constante du
discours raciste lui-même. Il intervient dans les circonstances politiques où un groupe
discriminé dit qu'il l'est, dit comment il l'est et dit que ce n'est pas admissible. On
appelle cela « se poser en victimes ». Comme s'ils décidaient, eux, d'être victimes,
comme s'il s'agissait dans leurs propos de pure incantation, sans fondement réel alors
même qu'ils parlent des moyens employés contre eux pour les maintenir dans la sujé-tion, la dépendance ou la fragilité, des moyens employés contre eux pour les tuer. C'est une opération de disqualification sans doute, mais c'est aussi une opération de déni.
C'est dénier d'abord la sujétion et la dépendance mais également les pratiques qui les
accompagnent, les bénéfices qui en sont tirés, les conséquences de cet assujettissement.
C'est dans le racisme d'abord que j'ai remarqué ce biais particulier du déni qu'est
l'accusation de victimisation et sans doute cela m'a-t-il aidé à comprendre ce qui se
passait à l'encontre du féminisme (et des femmes) et dans le mouvement lui-même.
Arrogance raciste, dont l'envers est une culpabilité affichée (un sentiment de culpabi-lité) tout théorique et formel, forme d'hommage du vice à la vertu et qui dispense tout autant de considérer les faits, qui ne fait que revêtir l'aveuglement du manteau de la respectabilité.
À quoi est-on aveugle ici ? Aux rapports de force impliqués. Doubles et toujours à
l'œuvre ensemble
• Ceux qui soumettent certains groupes aux autres ou soumettent les autres à eux
(car ce n'est pas une situation symétrique, l'un de ses caractères spécifiques étant,
justement, la dissymétrie). Quand on parle de groupe ici, on désigne les ensembles
sociaux maintenus par la reproduction, quel que soit par ailleurs leur caractère
particulier : classe, religion, nation, culture, « race », etc.
• Ceux qui mettent les femmes à la merci des hommes, de leur groupe précisément,
lesquels sont constitutifs des précédents et leur sont organiquement liés au sens
strict du terme.
Ce sont à ces derniers rapports que se confrontent les féministes. Explicitement. Et elles
sont obligatoirement confrontées aux premiers dans la mesure où les relations des
femmes aux hommes sont partie prenante des relations des hommes entre eux. Penser
aux femmes, penser les femmes, oblige à prendre en compte les deux termes. Appartenir
à certains groupes permet ou bien empêche d'être lesbienne (je ne dis pas homo-sexuelle). Appartenir à certains groupes confronte directement aux hommes auxquels on appartient, mais pas à tous les hommes. Appartenir à certains groupes signifie être tué pour être né dans ce groupe et tué avec le groupe dans son ensemble. Appartenir à
certains groupes signifie être ségrégué ou emprisonné ou chassé ou discriminé pour
appartenir à ce groupe, avec le groupe dans son ensemble. Appartenir à certains
groupes confronte directement aux hommes auxquels on appartient et confronte, de
La confrontation des féministes en particulier au racisme en général
surcroît et souvent d'abord, aux hommes qui tiennent à merci les hommes auxquels
on appartient. Appartenir à certains groupes vous met dans la position d'enjeu, de
proie ou de moyen dans la guerre que mènent ces groupes avec d'autres ou dans la
guerre qu'ils sont forcés de subir (etc., hélas !). Car, en effet, dans la mesure même où
les femmes sont sociologiquement fonction des hommes (dans la dépendance et « à la
merci » est la forme que prend cette fonction de type algébrique), les féministes,
comme les femmes, sont diverses. Et ce qui les met ensemble est en même temps très
simple — leur commune domination par les hommes et très complexe — les hommes
des différents groupes ne sont pas dans une relation neutre et symétrique où chaque
groupe n'existerait que par des caractéristiques aléatoires, idéalement équivalentes. Et
les femmes ne flottent pas au-dessus de la mêlée, mais sont bien de leur histoire, de leur
langue, de leur culture et plus, de la place que leur assigne leur groupe de naissance
dans l'ensemble des relations pas du tout neutres et égalitaires qu'entretiennent entre
eux ces divers groupes.
La tentative d'en sortir avec cette fameuse « différence » des femmes qui les ferait
toutes semblables en face des hommes, toutes semblables par nature, métaphysique-ment, revient précisément à éviter de connaître et d'affronter le rapport de force : en affirmant une spécificité d'essence féminine, on voile sûrement les rapports de force avec les hommes, mais on dénie également les rapports de force entre les hommes,
dont les femmes sont partie prenante malgré elles (mais aussi parfois très volontaire-ment). Ou bien, en faisant appel à la spécificité des appartenances, nommée diversité culturelle, où toutes les femmes sont différentes les unes des autres selon l'histoire et la place de leur groupe d'appartenance et ainsi résorbées dans leur groupe, déniées. Dans
les deux cas, la renonciation à la compréhension de ce qui fait les femmes est complète.
De ce qui construit les femmes et les hommes (qui n'existent pas l'un sans l'autre, cela
va sans dire, mais tant et si bien qu'on finit par n'y plus penser). De la relation de sexe
dans les groupes sociaux de reproduction. De l'usage et de l'instrumentalisation des
femmes, de leur assignation et de leur place d'objet et d'outil de la transmission et de
la reproduction. Ce contre quoi une part non négligeable d'entre elles se révolte et ce
de différentes façons selon les possi- bilités et les circonstances. (Mais toutes ne s'in-surgent pas.) Cette révolte n'est pas dirigée contre ce qui, du groupe, constitue l'indi-vidu, ce qui les fait elles- mêmes, nous fait nous-mêmes : langue, histoire, culture, dont nous sommes ; mais contre notre instrumentalisation et notre usage par les hommes.
Il est tout à fait erroné, il me semble, de dire « en tant que femme ET en tant que x, z
ou n ». Car ce sont les relations de pouvoir entre groupes qui imposent l'idée d'une telle
coupure. Un être humain est un, conscience et sujet pour lui-même. Il peut avoir à
faire face à des situations conflictuelles ou complexes, mais c'est autre chose qu'une
conscience multiple : lui-même est un sujet unique. L'idée de « la différence », celle
d'une spécificité métaphysique du « féminin » ou bien celle de femmes « différentes »
par immersion irréductible dans leur seule appartenance de groupe sont l'une et l'autre
l'effet d'un affrontement refusé à la structure sexuelle de nos sociétés, du renoncement
à la réflexion sur elle. Refus et renoncement dont les effets nous déchirent.
Pour terminer, mais certainement pas pour finir (ou le contraire, je ne sais),
quelques remarques de vocabulaire puisque les mots sont nos outils de travail. J'ai les
plus grandes réserves, qui ne font que croître, sur les termes « patriarcat » et « genre ».
Je leur préfère « domination des hommes » et « sexe ». En ce sens que « patriarcat »
désigne un mode particulier, une variante, historiquement et géographiquement déli-mitée, de la domination des hommes et que « genre » finit par masquer plus ou moins le fait que le sexe anatomique qui est le déterminant social du genre (ce que signifie bien le terme) l'est obligatoirement et impérativement. Ce n'est pas central à notre
préoccupation ici, encore que la dénomination soit dans l'analyse des rapports de sexe
un point crucial. Cette analyse de ce que sont nos sociétés et des liens qu'entretient le
racisme avec la division sexuelle, ses effets sur les femmes des différents groupes et leurs
relations entre elles est, elle,
Note
1.1. Ce texte a été initialement publié en 1998 par l'Association Nationale des Études Féministes
(ANEF). GUILLAUMIN, C. (1998), « La confrontation des féministes en particulier au racisme en général.
Remarques sur les relations du féminisme à ses sociétés », paru dans « Les féministes face à l'antisémitisme
et au racisme », Journée de l'ANEF du 14 Juin 1997, Supplément du Bulletin de l'Association Nationale des
Études Féministes, n° 26, p. 7-14
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Aide médicale d’État : les femmes précaires dans le collimateur du gouvernement ?

Le gouvernement s'oriente vers une réforme de l'Aide médicale d'État (AME) via une série de mesures techniques, sans information de l'opinion publique ni débat parlementaire et malgré les alertes de nos associations. Si le texte est adopté, il aura pour conséquence de priver de soins des dizaines de milliers de femmes étrangères en situation de précarité. Une stratégie qui interroge alors même que le gouvernement affirmait avoir hissé la défense des droits des femmes comme Grande cause nationale.
En décembre 2023, le gouvernement reconnaissait, par la voix de sa Première Ministre, que « l'AME est un dispositif sanitaire utile, globalement maîtrisé et qu'il ne constitue pas en tant que tel un facteur d'incitation à l'immigration irrégulière dans notre pays ». Il envisage pourtant aujourd'hui d'introduire une série de mesures d'apparence technique qui affecteraient tout particulièrement les femmes les plus précaires, qui étaient près de 193 000 à bénéficier de l'AME en 2023.
L'AME est réservée aux personnes gagnant moins de 847 euros par mois (pour une personne seule). Le gouvernement veut désormais prendre en compte les ressources du conjoint (français ou étranger en situation régulière), si celui-ci est affilié à la sécurité sociale. Dans un couple où seule une personne est sans-papiers, celle-ci pourrait alors être privée de l'AME si son conjoint dispose de ressources dépassant le seuil. S'ajouterait à cela un durcissement de la justification de l'identité, qui entraînerait des conséquences désastreuses pour nombre de femmes victimes de violences qui se voient confisquer, voire détruire, leur document d'identité ou font face à un chantage aux papiers.
Avec une telle réforme, promise par le gouvernement face aux pressions de la droite et de l'extrême-droite pendant les débats parlementaires sur la loi immigration et élaborée aujourd'hui à l'abri des regards, bon nombre de femmes étrangères risquent de ne plus pouvoir se soigner.
Ces femmes, nos organisations les connaissent : elles présentent des risques accrus de précarité économique et sociale par rapport aux hommes. La pauvreté s'aggrave en France et, on le sait, touche plus violemment les femmes, qui étaient 4,9 millions sous le seuil de pauvreté en 2019 (Insee).
Ces femmes menacées d'une exclusion des soins sont, par exemple, celles qui travaillent, à temps partiel, caissières de supermarché et aides à domicile, détentrices d'un contrat de travail pour un métier « essentiel », de manière déclarée avec paiement de cotisations sociales, sans qu'elles disposent d'un titre de séjour ou d'un justificatif d'identité en bonne et due forme. D'autres sont obligées de travailler sans être déclarées, ce qui les prive de l'assurance maladie.
Ce sont aussi des femmes mariées à une personne française ou en situation régulière, en attente de régularisation depuis des mois, voire plusieurs années, notamment du fait d'innombrables difficultés administratives (impossibilité de prendre rendez-vous, absence de délivrance de récépissés ou d'attestation de prolongation de l'instruction, etc.).
Ce sont également ces femmes victimes de violences sexistes : conjugales, intrafamiliales ou sexuelles, ou de chantages aux papiers, qui peinent à quitter leur conjoint disposant lui, d'un salaire, mais qui n'ont pas personnellement les moyens de financer un divorce, et qui restent de ce fait juridiquement liées à leur ex-conjoint. Nous savons que l'une des manifestations des violences conjugales est précisément la violence financière, l'auteur de violences maintenant sa partenaire sous sa domination, l'obligeant à lui demander de l'argent pour la moindre dépense, même personnelle.
Nos organisations refusent que des dizaines de milliers de femmes n'aient accès à aucune couverture maladie pour se soigner. Nous appelons le gouvernement à renoncer à cette réforme.
Communiqué du 17 avril 2024
Signataires :
Women for Women France
Réseau européen des femmes migrantes
Le Rajfire
Planning familial
Osez le féminisme
Maison des femmes de Paris
Maison des femmes de Montreuil
Maison des femmes d'Asnières sur Seine
Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie
Fédération Nationale des CIDFF
Fédération nationale Solidarité Femmes
Excisions parlons-en
Elles aussi
La CLEF
Amicale du Nid
La Cimade
Comede
Emmaüs France
Fondation Abbé Pierre
France Assos Santé
Fasti
Gisti
Ligue des droits de l'Homme
Samu social de Paris
Secours catholique – Caritas France
Uniopss
https://www.gisti.org/spip.php?article7218
https://blogs.mediapart.fr/association-gisti/blog/170424/aide-medicale-d-etat-les-femmes-precaires-dans-le-collimateur-du-gouvernement
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Déclaration sur le génocide à Gaza

Note : Depuis que nous avons écrit cette déclaration, un nouveau cycle de violence s'est ouvert au Moyen-Orient, déclenché par l'attaque israélienne contre le consulat iranien en Syrie et par l'attaque massive de drones et de missiles iraniens contre Israël, qui a été abattue avec l'aide des forces britanniques et américaines. Où cela se terminera-t-il ?
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/18/feminist-dissent-declaration-sur-le-genocide-a-gaza-et-autres-textes/
Feminist Dissent tient à remercier l'artiste palestinienne Malak Mattar de nous avoir autorisés à utiliser l'image de sa peinture Thawra/Révolution. Mattar est une artiste de 22 ans originaire de Gaza.
Le dimanche 7 avril 2024 a marqué exactement six mois depuis qu'Israël a déclenché sa guerre brutale contre le peuple palestinien à Gaza, une guerre qui ne semble pas près de s'arrêter.
À Feminist Dissent, nous avons du mal à trouver les mots pour décrire la douleur et la rage que nous ressentons face à la cruauté et à l'injustice qui se sont manifestées depuis le 7 octobre 2023. Ce jour-là, le Hamas et ses associés ont attaqué, torturé et assassiné de nombreux et nombreuses civils israéliens et ressortissant·es étranger·es, y compris des femmes et des enfants – 1200 personnes ont été tuées et 253 prises en otage, dont seulement 112 ont été libérées ou sauvées et 12 corps ont été retrouvés. Parmi les personnes agressées et tuées figuraient des militant·es pacifistes, dont certains·e étaient elleux-mêmes des survivant·es·de l'Holocauste, qui s'étaient engagé·es depuis longtemps à vivre au service de l'humanisme, de la compassion et de la réconciliation entre les deux peuples. Le Hamas ne faisait pas de distinction entre la population civile et l'État israélien.
Israël ne l'a pas fait non plus lorsqu'il a entamé sa campagne de vengeance – ostensiblement contre le Hamas – qui s'est avérée être une guerre brutale et totale contre la population de Gaza qui continue d'être diabolisée, déshumanisée, disloquée et tuée en masse. Au cours des six derniers mois, 33 494 Palestiniens·ne sont mort·es, dont plus de 13 000 enfants et 8 400 femmes. Huit mille autres personnes sont portées disparues. Ces chiffres ne tiennent pas compte des blessé·es et des mort·es en Cisjordanie.
Il est évident qu'il ne s'agit pas d'une guerre symétrique ou d'une guerre sans contexte. Si le Hamas et l'État israélien représentent tous deux des forces fondamentalistes et antidémocratiques de terreur et de répression qui se nourrissent l'une de l'autre, ils le font dans une dynamique profondément inégale dans laquelle Israël est la force dominante, en raison de sa puissance militaire et du soutien occidental. Depuis des années, Gaza est pratiquement une prison à ciel ouvert et Israël a longtemps cru que sa politique de division et de domination des différentes factions palestiniennes lui permettrait de continuer à dominer les Palestinien·nes sans être inquiété. Il aspire à une « normalisation » avec d'autres pays du Moyen-Orient tout en ignorant la question palestinienne. L'attaque du Hamas montre les limites de ces politiques, en particulier dans un Israël néolibéralisé et religieux qui a abandonné la plupart de ses citoyen·nes au profit d'intérêts économiques spécifiques et surtout d'intérêts religieux et nationalistes.
La relation entre Israélien·nes et Palestinien·nes doit être comprise à travers une histoire de colonialisme de peuplement, d'occupation et d'apartheid racialisé, alimentée par le projet sioniste de peuplement et, de plus en plus, par la politique juive de droite et fondamentaliste. La tragédie de cette guerre est que l'attaque du Hamas a renforcé l'angoisse existentielle des Israélien nes et ajouté la soif de vengeance à la déshumanisation croissante de « l'autre », qui s'est accrue dans les politiques d'occupation israéliennes. En conséquence, l'objectif de la guerre visant à « en finir avec le Hamas » – une organisation qu'Israël a cultivée pendant des années en tant que pouvoir politique intra-palestinien s'opposant à l'OLP laïque puis plus progressiste – est devenu dans la pratique une guerre visant à l'anéantissement total de la Palestine. En bloquant l'aide humanitaire et en détruisant l'infrastructure juridique, sociale, culturelle, religieuse et économique palestinienne nécessaire à la vie, Israël est passé du domicide à des politiques génocidaires permanentes qui utilisent la famine comme arme contre la population de Gaza. La campagne militaire d'Israël, pilotée par l'intelligence artificielle, lui a permis d'étendre la guerre dans toutes les directions pour englober toutes les parties de la société palestinienne, y compris les journalistes, les éducateurs et les éducatrices, les travailleurs et les travailleuses de la santé et de l'aide humanitaire, les personnes âgées et les malades. Les mort·es, les déplacements et la dévastation généralisés qui ont suivi ont conduit les Nations unies et de nombreuses agences humanitaires à mettre en garde contre le « danger imminent de famine », qui est en fait déjà une réalité pour un nombre croissant d'habitant·es de Gaza, en particulier dans le nord.
Les signes avant-coureurs d'un génocide imminent étaient là depuis le début. Suite au tollé international, en janvier 2024, l'Afrique du Sud a réussi à pousser la Cour internationale de justice à statuer provisoirement qu'Israël est engagé dans des actes plausibles de génocide et à appeler à un cessez-le-feu immédiat en conformité avec les obligations d'Israël en vertu de la Convention sur le génocide. Le rejet éhonté de la décision par Israël témoigne d'un stupéfiant sentiment d'impunité rendu possible par le soutien du Royaume-Uni et d'autres puissances occidentales. L'encouragement, le soutien militaire et financier d'Israël par les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni et d'autres pays constituent un nouveau fiasco dans notre ordre mondial d'après-guerre fondé sur des règles. Il s'agit d'une démonstration flagrante de complicité opportuniste et de la dégradation d'un leadership mondial qui a atteint des niveaux dangereux de faillite juridique, morale et politique. C'est précisément cette collusion qui a conduit d'anciens juges et avocat·es de la Cour suprême du Royaume-Uni à prendre la mesure sans précédent de publier une lettre avertissant que le Royaume-Uni risque lui-même d'enfreindre gravement le droit humanitaire international par le biais de politiques telles que son commerce d'armes avec Israël.
Les violences sexuelles et les viols commis par le Hamas à l'encontre des femmes israéliennes constituent une dimension supplémentaire de la guerre. En ce qui concerne le 7 octobre 2023, des preuves crédibles montrent qu'il s'agit d'une attaque calculée contre des femmes israéliennes dont les corps ont été violés, mutilés et utilisés comme armes de guerre. Nous dénonçons ces actes de brutalité et de dépravation dans les termes les plus forts possibles et soutenons les enquêtes indépendantes sur ces événements en tant que crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Bien que les violences sexuelles n'aient pas atteint l'ampleur des guerres de Bosnie ou du Rwanda, il est clair que le Hamas avait l'intention de se venger en humiliant et en dégradant les femmes israéliennes.
Mais les actes de viol et de mutilation du Hamas proviennent de la même source idéologique qui se manifeste sur le corps des femmes palestiniennes. À l'instar de tous les mouvements fondamentalistes religieux, le Hamas a fait reculer les droits des femmes à Gaza en imposant des normes et des lois discriminatoires de la charia qui considèrent les femmes comme inférieures et justifient les restrictions de leurs mouvements, leur oppression et d'autres formes de violence à leur encontre. Par exemple, le nombre de femmes palestiniennes agressées ou tuées, y compris dans des crimes dits d'honneur, par des hommes violents a augmenté d'année en année à Gaza et dans d'autres territoires palestiniens.
Ce n'est là qu'une des nombreuses raisons pour lesquelles le Hamas ne symbolise pas une lutte héroïque pour la libération de la Palestine, comme l'ont prétendu de nombreux membres de la gauche. Il s'agit d'un groupe islamiste militant qui a été créé à partir des Frères musulmans fondamentalistes par l'État israélien à Gaza pour semer la division et affaiblir la lutte des Palestinien·nes pour la liberté. Il ne se préoccupe pas plus des droits humains des femmes que l'État israélien, qui n'a pas hésité à instrumentaliser le viol et la violence sexuelle des femmes israéliennes pour justifier le massacre des Palestinien·nes. Nous ne devons pas oublier qu'Israël a lui aussi une longue et sordide histoire d'utilisation de la violence sexuelle contre les femmes, voire les hommes et les garçons palestiniens, comme arme de torture. Dans le même temps, il apaise également les forces fondamentalistes juives et ultra-orthodoxes qui exigent un plus grand contrôle patriarcal des femmes au sein de la société israélienne.
Le recours au viol et à la violence contre les femmes dans n'importe quel contexte doit être condamné, mais il en va de même pour l'assujettissement du peuple palestinien par Israël, qui dépend non seulement d'une violence et d'une surveillance aveugles, mais aussi d'un génocide en soi.
Il est difficile d'avoir de l'espoir en ces temps très sombres. Mais nous ferions bien de nous rappeler qu'en Israël, la résistance au mépris de Netanyahou pour la vie des otages et de leurs familles et à sa politique belliciste se développe, même si c'est pour des raisons politiques différentes. Si l'existence d'Israël en tant qu'État ethno-nationaliste et d'apartheid n'est pas encore sérieusement menacée, sa prétention douteuse à la démocratie et à la recherche de la paix s'effiloche rapidement.
Alors que la plupart des hommes politiques continuent d'excuser ou de défendre les actions d'Israël, en dehors d'Israël, la résistance de tous les secteurs de la société civile prend de l'ampleur. Guidés par les notions de liberté, d'État de droit et de justice sociale, de plus en plus de personnes réclament non seulement la fin de la guerre ou même de l'occupation post-1967, mais aussi la transformation de la Palestine/Israël en un État où tous les résident·es, quelle que soit leur origine ethnique, nationale, leur sexe ou leur classe sociale, peuvent jouir de droits humains et civils individuels et collectifs égaux. Pour celles d'entre nous qui se considèrent comme des féministes laïques, antiracistes, anti-fondamentalistes et socialistes, la lutte pour la survie de notre humanité et des valeurs fondamentales qui devraient la sous-tendre est devenue une lutte politique urgente.
https://feministdissent.org/blog-posts/statement-on-the-genocide-in-gaza/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
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