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Comprendre la crise au Venezuela de Maduro

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Pour tenter de comprendre ce qui se joue en 2024 au Venezuela de Nicolas Maduro, et pour en juger en toute connaissance de cause, il ne suffit pas de s'arrêter aux résultats (…)

Pour tenter de comprendre ce qui se joue en 2024 au Venezuela de Nicolas Maduro, et pour en juger en toute connaissance de cause, il ne suffit pas de s'arrêter aux résultats des dernières élections de juillet et à la façon dont ils ont été, selon bien des probabilités, maquillés. [1] Il ne suffit pas non plus de prendre en compte la seule hostilité agressive des USA vis-à-vis de la révolution bolivarienne initiée par Hugo Chavez, ou encore de rappeler la saignée migratoire que le Venezuela a connue dans le sillage de difficultés économiques grandissantes. [2] Il ne suffit pas aussi d'évoquer l'apparente dérive autoritaire qu'il a parrainée depuis 2015 tout comme les manœuvres frauduleuses qu'il aurait entérinées pour coûte que coûte se maintenir au pouvoir.

Certes, tous ces éléments sont à prendre en compte, notamment pour dégager de possibles voies de sortie de crise au sein d'un pays déchiré par des rhétoriques de droite et de gauche fortement exacerbées. Mais ils ne sont pas suffisants. Pour parvenir à mettre les choses en perspective, il faut en même temps resituer le cas Maduro dans l'histoire et le prolongement de cette révolution bolivarienne dont il continue à se prétendre l'héritier.

Ne l'oublions pas : vouloir constituer des sociétés égalitaires dont les acteurs premiers sont les classes populaires et les mouvements sociaux en lutte, c'est là un objectif de gauche tout à la fois noble et exigeant, à fortiori dans le Sud global où les rapports de domination sont plus marqués et où le rôle de l'impérialisme américain ne trompe personne.

Or c'est précisément depuis cette perspective de gauche qu'Hugo Chavez a voulu se faire connaître, quand il a été élu en 1998 comme président du Venezuela. C'est la raison pour laquelle, au début des années 2000, la révolution bolivarienne au Venezuela a résonné —en Amérique latine, mais pas seulement !— comme étant l'expression d'un renouveau, d'une espérance, la possibilité pour la gauche latino-américaine de commencer à sortir de son attentisme, de s'extraire d'attitudes purement défensives ; repliée qu'elle avait été jusqu'à présent —dans le sillage de périodes dictatoriales ou de guerres de basse intensité particulièrement traumatisantes— sur la défense des libertés individuelles et de garanties démocratiques élémentaires.

Avec sa nouvelle constitution, ses « missions », son idée d'un socialisme du 21ième siècle, ses projets de conseils communaux, ses liens sud/sud plus égalitaires établis à travers l'Alba, [3] elle a pu enthousiasmer et faire rêver d'autant plus qu'elle paraissait appartenir à un mouvement plus vaste qu'elle-même. Car elle faisait écho au renouveau impulsé par le zapatisme mexicain du sous-commandant Marcos, ou encore paraissait se combiner au développement du mouvement altermondialiste (notamment lors des grands forums sociaux de Porto Alegre), et même un peu plus tard à l'arrivée en Équateur du gouvernement « citoyen » de Rafaël Correa comme à celle en Bolivie du gouvernement « indigène » d'Évo Morales. Une vague qui rappelait à tous et toutes, à l'encontre du néolibéralisme conquérant, qu'« un autre monde est possible »

Aussi est-ce depuis l'ensemble de cette dynamique historique que l'on peut —quand on se réclame des idéaux de la gauche— tout à la fois apprécier l'ampleur des dérives entérinées par Maduro, et découvrir les manières les plus efficaces de s'y opposer et de les dépasser. À l'instar de tout autre régime politique, celui que dirige Nicolas Maduro est le fruit d'un processus façonné par des choix d'ordre politique qui, au fil des bifurcations et alternatives qu'ils font apparaître, ne cessent de faire évoluer et transformer les rapports de force en vigueur.

Mais pour en découvrir les moments décisifs, encore faut-il pouvoir revenir à l'histoire !

1) Flash-back sur la « révolution bolivarienne »

La révolution bolivarienne [4] va commencer à se faire connaître comme telle au Venezuela, à travers l'élection d'une assemblée constituante donnant naissance dès la fin 1999 à une nouvelle constitution plus démocratique et participative que la précédente. Mais surtout, elle va se faire connaître à travers la reprise de contrôle par le gouvernement des ressources pétrolières de la PDVSA ; entreprise nationale qui fonctionnait en toute opacité et sans rendre aucun compte à son ministère de tutelle, le ministère de l'énergie et des mines. C'est ce qui provoque la première crise ouverte avec le gouvernement d'Hugo Chavez et qui débouche sur le coup d'État raté de 2002 puis sur la grève pétrolière de 2002-2003. Si la droite, le patronat et la principale centrale syndicale de travailleurs du Venezuela –appuyés en sous-main par les USA— tentent à ce moment-là de renverser Chavez, c'est avant tout en raison de la mise en application de la loi organique sur les hydrocarbures qui cherchait à tarir la source principale de corruption et d'enrichissement des élites économiques politiques et syndicales du pays. En cela, la rupture du chavisme avec le patronat et les élites du Venezuela consacre avant tout une remise en cause du fameux pacte de Punto Fijo qui existait depuis 1958 et permettait aux forces et partis qui se partageaient le pouvoir de se répartir les fruits de la rente pétrolière par le biais de la corruption et d'une association tout à fait opaque entre le monde des affaires, des personnalités politiques, des hauts fonctionnaires et des dirigeants syndicaux.

Mais malgré cette alliance anti-Chávez, le coup d'État échoue grâce, autant au soutien de certains secteurs des forces armées que de la réaction massive et rapide de larges pans des classes populaires. Les putschistes sont chassés, et Chávez comprenant que son pouvoir ne tient que grâce à cet appui populaire, lance les missions, vastes et dynamiques programmes de lutte contre la pauvreté, ancrés dans les quartiers et se substituant aux services publics défaillants, notamment dans la santé, l'éducation, le logement et la culture. Ainsi, malgré la crise économique consécutive au coup d'État et à la grève pétrolière, malgré la hausse vertigineuse du chômage et de la pauvreté qu'elle engendre, Chávez gagne le référendum révocatoire de 2004 initié par l'opposition puis est réélu triomphalement en 2006 avec 62,8% des voix.

Il y a sans doute une autre raison qui, outre les alliances anti-impérialistes qu'il ravive autour de la création de l'Alba, peut expliquer la crispation des relations qui se sont développées entre le chavisme et les élites vénézuéliennes. Il s'agit de la nature même du néolibéralisme, mode de régulation devenu si dominant en Amérique latine au tournant du millénaire, qu'il a fini par prendre un tour particulièrement dogmatique, ne tolérant aucune violation à ses règles économiques qu'il présente comme « naturelles » et indépassables, faisant dès lors du keynésianisme un ennemi à abattre coûte que coûte. Ainsi peut-on dire que ce n'est pas tant le degré de radicalité du programme de Chávez qui provoque la colère étasunienne et celle des élites économiques mondiales, que le fait même de rendre possible un horizon différent de celui qui est imposé par le « totalitarisme néolibéral ». Dès lors, la simple redistribution des richesses, comme au Venezuela via la rente pétrolière, devient un véritable... casus beli.

2) Des avancées mais aussi des inflexions

Il reste que rapidement le pouvoir chaviste va se trouver confronter à deux épreuves de taille qui vont provoquer une inflexion à la dynamique populaire qui s'était jusqu'à présent constituée dans son sillage. La première tient au fait qu'il va perdre, en 2007 et pour la première fois un vote par référendum ; celui-ci touchant à des réformes constitutionnelles visant à lui permettre de se représenter aux élections présidentielles suivantes. Mais au lieu de prendre en compte les insatisfactions qu'un tel rejet supposait –y compris dans son propre camp—, il va accentuer le mouvement de concentration du pouvoir qui commençait à se développer autour de lui, notamment à l'occasion de la création du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) lorsqu'il en a fait un parti gouvernemental strictement aux ordres. Il va aussi s'employer à instrumentaliser plus directement les mouvements sociaux d'origine populaire, en particulier à l'occasion de la scission opérée par les chavistes au sein du mouvement syndical pour créer une nouvelle centrale totalement inféodée au pouvoir, la centrale socialiste bolivarienne des travailleurs de la ville, de la terre et de la mer (CSBT).

La deuxième inflexion qui va avoir lieu tient aux suites de la crise économique mondiale de 2008. Sous le coup de la crise financière, plusieurs banques vénézuéliennes font faillite. Au sein du gouvernement et parmi les économistes pro-chavistes, de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer la nationalisation du secteur bancaire et la création d'un pôle financier public. Mais le gouvernement Chavez s'y refuse, se contentant de sauver les banques en faillite. Plus grave, pour tenter de réguler cette crise qui affecte aussi la monnaie nationale, le gouvernement va réintroduire un système de parités multiples entre le bolivar et le dollar ; système qui avait déjà été utilisé au Venezuela dans les années 1980 et 1990 et était considéré comme une des causes de l'accélération de la corruption. L'entérinement de tels choix très politiques va néanmoins entrainer, dans le contexte d'alors, des conséquences majeures.

La principale est le renforcement progressif d'une « bolibourgeoisie », terme regroupant tous ceux qui ont « fait fortune » en s'adossant au pouvoir politique et en profitant d'une rente de situation, qu'ils soient entrepreneurs, militaires ou membres des administrations ou du parti au pouvoir. Cette couche sociale va s'enrichir très rapidement notamment grâce à la spéculation sur le dollar permise par la nouvelle organisation du système monétaire. Cet argent accumulé sera investi dans des entreprises diverses, d'abord commerciales et de transport, puis dans des entreprises productives, notamment liées à l'exploitation du sous-sol. Cette couche sociale nouvellement enrichie entre en concurrence avec la « bourgeoisie historique » qui, n'ayant plus le monopole de la redistribution de la rente pétrolière, se trouve désormais moins bien placée pour tirer profit de pratiques spéculatives. En même temps, elle va s'opposer aussi aux revendications populaires en voyant d'un très mauvais œil les revendications d'autogestion portées par les travailleurs, ou les velléités de contrôle des comptes des entreprises publiques exigés par les syndicats.

Cette concentration du pouvoir gouvernemental autour de la personne d'Hugo Chavez ainsi que cette naissance d'une « bolibourgeoisie » sont les deux éléments qui vont affaiblir l'élan populaire des premières années, tout comme vider de leur contenu les réformes touchant à la mise en place des conseils communaux, renforçant au passage toutes les contradictions qui taraudaient le cours de la révolution bolivarienne. Au point de conduire à une étrange schizophrénie qui deviendra d'ailleurs la marque par excellence de Nicolas Maduro quand en 2013 il succédera à Chavez atteint alors d'un grave cancer ; une schizophrénie grandissante entre la proclamation de volontés radicales, anti-impérialistes et socialistes, et la mise en application de choix économiques et politiques en tous points inverses, néolibéraux et propres au capitalisme extractiviste.

À la veille de sa mort, en 2012, Chávez lui-même dresse un bilan sévère et lucide de l'évolution du pays dans son texte El Golpe de Timón. Il propose un cours nouveau et appelle à lutter contre la corruption et la bureaucratisation tout en relançant le développement de conseils communaux, l'autogestion dans les entreprises et le développement du coopérativisme.

Il reste que toutes ces recommandations ne seront pas suivies par Nicolas Maduro. Au contraire les ministres de Chávez qui avaient travaillé sur ces réflexions critiques, sont rapidement exclus de son gouvernement puis, pour certains, du PSUV. Et, on va le voir, il s'enferrera de plus en plus dans cette schizophrénie perverse et sans issue.

3) Avec Nicolas Maduro : des politiques économiques pro-business

On s'est donc avec Nicolas Maduro, de plus en plus éloigné des idéaux et élans premiers de la révolution bolivarienne. Et pour en comprendre la portée, il n'y a rien de mieux que de passer en revue, quelques-unes des politiques qu'il a mises en place à partir de son arrivée à la présidence en 2013, en n'omettant pas de rappeler néanmoins le cadre préexistant dans lequel elles se sont déployées.

En effet, comme le fait remarquer l'économiste de gauche Manuel Sutherland, « On observe que la politique économique bolivarienne n'a rien à voir avec un changement révolutionnaire anticapitaliste ni avec aucune métamorphose des relations sociales de production. Le processus bolivarien a été plutôt une variante des politiques économiques qui dérivent de ce que l'on appelle le « rentisme pétrolier » [5].

Il ne faut pas oublier que le rentisme pétrolier a été le moteur du changement social au Venezuela, mais avec toutes les limites qu'un tel système emporte avec lui. Car si la rente des hydrocarbures a pu financer les missions sociales, la lutte contre la pauvreté, la création des universités bolivariennes, le développement de liens diplomatiques fructueux à travers l'Alba, etc., il n'y a pas eu parallèlement d'investissements substantiels permettant au Venezuela de développer sa propre production et ainsi de desserrer ses liens de dépendance avec les puissances étrangères, alors que les importations de produits manufacturés et alimentaires se sont maintenues à un rythme soutenu pour répondre à la demande intérieure grandissante. Rien d'étonnant dans cette situation à ce que les effets économiques et sociaux du blocus décrété par les USA en 2019 aient pu être à ce point catastrophiques pour la population. Et qui plus est, dans un contexte où la chute des prix du pétrole amorcée depuis 2014 avait déjà sapé les fondements d'une économie s'appuyant quasi exclusivement sur les avantages procurés par la rente pétrolière.

Ces facteurs ont d'autant plus joué que depuis 2014, le gouvernement maduriste a accéléré la politique rentiste et extractiviste ainsi que l'ouverture accrue aux capitaux privés, nationaux et étrangers. On peut penser à ce propos à la loi de novembre 2014 portant sur la création des Zones Économiques Spéciales (ZES) qui permettent d'exploiter les ressources du sous-sol ou forestières en abrogeant des droits sociaux des travailleurs mais aussi les droits liés à la préservation de la nature et des peuples indigènes. La plus emblématique est celle de l'Arc Minier de l'Orénoque dont la surface équivaut à celle du Portugal. Or, toutes ces zones, sortes de concessions livrées aux entreprises, connaissent une hausse vertigineuse des trafics, une montée en puissance des groupes armés et une dégradation des conditions de vie des populations locales.

On peut penser aussi à la loi du 28 décembre 2017 touchant à la protection des investissements étrangers qui fera dire à nombre de soutiens du chavisme qu'elle exprime la victoire du lobby néolibéral au sein du pouvoir [6]. Pour preuve les articles de loi qui permettent aux investisseurs de rapatrier leurs profits sans délai, d'être exonérés d'impôts, de voir sécuriser leurs investissements, etc.

On peut penser enfin à la loi anti blocus publiée en octobre 2020. Avec elle, ce sont désormais les entreprises publiques qui sont ciblées en permettant l'entrée de capitaux privés dans des sphères qui leur étaient réservés. Elle permet aussi de déroger aux normes légales, y compris constitutionnelles et instaure le secret total dans les décisions concernant le secteur public. Est-ce un hasard si seules les organisations et personnalités de gauche indépendante du PSUV ont critiqué et manifesté contre cette loi, provoquant même des remous au sein de la coalition gouvernementale en contraignant le Parti communiste vénézuélien (PCV) et Patrie pour tous (PPT) à prendre leurs distances avec Maduro ? [7]

Mais il y a plus symptomatique encore avec cette loi anti-blocus : depuis 2020, la restitution d'entreprises et de terres autrefois confisquées sous Chávez est devenue possible. A preuve l'emblématique centre commercial Sambil La Candeleria à Caracas qui a été restitué en 2022 aux premiers propriétaires après 14 ans d'expropriation !

Dans les campagnes, la loi anti-blocus a permis aussi à Maduro de privatiser de nombreuses terres, remises à des investisseurs venant d'Amérique latine ou des pays du Golfe. En 2022 c'est un millions d'hectares qui ont ainsi été louées à l'Iran pour développer des cultures intensives d'exportation. Des projets similaires sont en cours avec la Chine, l'Inde, l'Arabie Saoudite, etc, en sachant que ce type de projet exige l'expulsion des paysans qui s'y trouvent, et que dans la plupart des cas il y a des oppositions de la part de ces derniers qui s'affrontent aux forces de sécurité, comme dans les Etats de Barinas, Mérida, Guárico, etc.

Cette évolution « pro-business » du madurisme va se trouver confirmer lors du vote de la nouvelle loi du 30 juin 2022 sur le Zones Economiques Spéciales (ZES)... adoptée –soit dit en passant— avec le soutien de la droite, puisqu'elle « favorisera l'émergence de nouveaux entrepreneurs », comme l'a exprimé Luis Eduardo Martínez, député du parti d'opposition Action Démocratique.

En somme dès sa première élection, Maduro va accélérer le virage pro-business de la révolution bolivarienne. Plus encore, pour sceller plus solidement ses rapports avec l'armée, il va peu à peu pousser les officiers supérieurs à créer des entreprises et à prendre la direction de nombreuses entreprises dans tous les domaines. Surtout il va les encourager à créer la Compañia Anónima Militar de Industrias Minera, Petrolífera y de Gas, la CAMIMPEG, entreprise d'exploitation minière crée en 2016 et dont les profits comme l'orientation reste entièrement sous leur seul contrôle.

4) Avec Nicolas Maduro : des politiques antisociales

Il faut rappeler cependant que derrière ces choix économiques se vivent de véritables drames sociaux et humains. La crise économique qui a facilité la victoire de la droite en 2015 aux élections législatives [8], s'est répercutée jusque dans les secteurs qui pouvaient être favorables au madurisme. Trop souvent les adeptes de Maduro, notamment à l'étranger, oublient que les secteurs populaires se sont souvent mobilisés contre le régime pour réclamer des augmentations de salaire ou le simple respect des conventions collectives.

Le premier soulèvement indépendant à l'encontre du régime Maduro a eu lieu le 30 juillet 2017 dans le quartier 23 de Enero, bastion historique du chavisme, où la population est descendue dans les rues pour contester l'élection à l'Assemblée Nationale Constituante du candidat officiel alors que les votes s'étaient majoritairement portés sur un candidat de gauche dissident.

Depuis dix ans la répression accrue des mouvements sociaux, notamment durant les grèves, aurait dû alerter les secteurs de gauche qui cherchent à défendre Maduro. Au Venezuela, on ne compte plus les militants arrêtés, emprisonnés, les grèves jugées illégales dans les entreprises privées et publiques et les restrictions des droits.

Il faut d'ailleurs mettre en parallèle les lois protégeant et favorisant l'enrichissement des investisseurs (y compris étrangers), aux lois antisociales qui ont été parallèlement mises en œuvre par le gouvernement Maduro. C'est un réel choix de classe. Outre la législation sur les Zones Économiques Spéciales (ZES), il y a eu cette mesure phare contenue dans la circulaire 2792 du 11 octobre 2018 publiée par le Ministère du Pouvoir Populaire pour le Processus Social. Elle interdit la discussion autour des conventions collectives et demande de réviser les conquêtes salariales établies dans le secteur public et nationalisé. Avec la directive d'Onapre (Oficina Nacional de Presupuesto – Office National du Budget) de mars 2022 qui élargit ce dispositif, on réalise qu'il s'agit d'un véritable retour en arrière notamment en violant l'article 89 de la Constitution de 1999 qui stipule que « Aucune loi ne pourra établir des dispositions qui altèrent, l'intangibilité et la progressivité des droits et acquis des travailleurs ».

D'ailleurs les réactions populaires ont été massives avec des dizaines de milliers de travailleurs qui, en 2022, sont descendus dans les rues des différentes villes du pays, malgré l'absence remarquée de la CBST (centrale syndicale majoritaire, liée au pouvoir). Selon les travailleurs eux-mêmes, les salaires peuvent être amputés jusqu'à 70% de leur montant, annulant du coup toutes les conquêtes sociales antérieures ! Rien d'étonnant à ce que le nombre de conflits sociaux ait explosé avec 3 942 conflits recensés durant le premier semestre 2022 dont 1642 autour de la seule question des droits des salariés.

Mais outre la question de la restriction des droits sociaux, les conséquences induites par ces directives du pouvoir ont des conséquences graves sur les salaires déjà rongés par l'inflation. C'est ce qui explique le maintien d'un haut niveau de conflictualité sociale. Par exemple, en janvier 2023 ont éclaté de nombreuses grèves dans tout le pays autour de la question salariale. L'entreprise publique de métallurgie la Sidor a fait grève en juin et juillet 2023, et ses travailleurs ont été rejoints par d'autres secteurs. A Caracas et dans tout le pays, ce sont les enseignants qui ont mobilisé autour du slogan « nous ne voulons pas des bons, nous voulons des salaires dignes » avec des travailleurs de la santé et de l'administration, et le 23 janvier 2023 des milliers de manifestants ont parcouru les rues de Caracas, et cela sans aucun soutien de la droite. Seul le PCV et les organisations de la gauche non chavistes ont soutenu ce mouvement, autre preuve que le mécontentement de la population ne se réduit pas à un complot de la droite fomenté avec les USA.

L'Observatoire de la Conflictualité Sociale rapporte que la plupart des conflits sociaux portent principalement sur les augmentations de salaire, le respect des conventions collectives et le droit au logement. Ce n'est pas un hasard non plus si le plus grand nombre de conflits (294 sur 2 383) ont lieu dans l'État de Bolivar, État où se situe la plus grosse partie de la Zone Économique Spéciale (ZES) de l'Arc Minier de l'Orénoque, dénoncée à de multiples reprises comme une zone de non-droit pour ses travailleurs et ses habitants.

C'est cette attaque frontale contre les travailleurs qui a permis, malgré la répression très présente, l'émergence d'une plateforme de lutte appelée « l'Autre Campagne », regroupant une bonne vingtaine d'organisations politiques, syndicales et de droits humains, ainsi que des dizaines de militants et intellectuels. À l'instar de nombreux autres collectifs de travailleurs et de quartier, elle s'est créée comme un mouvement de défense des droits des travailleurs, appelant à la lutte sociale et cela quel, quel que soit le vainqueur de l'élection présidentielle du 28 juillet.

Mais si on peut noter que, loin des déclarations officielles du discours chaviste, la question sociale n'est pas mieux traitée au Venezuela que dans d'autres pays capitalistes, une caractéristique de ce régime est néanmoins d'adopter un point de vue non progressiste, voire réactionnaire sur les questions des droits des femmes ou des personnes LGBTQ+.

En ce qui concerne ces dernières, la Constitution interdit toute discrimination à leur égard (article 21) et plusieurs lois mentionnent le principe de la non-discrimination pour orientation sexuelle comme par exemple dans l'article 4 de la Loi Organique du Pouvoir Populaire de 2010, mais néanmoins sans que les moyens d'éviter ces discriminations soient mis en place et cela, malgré les recommandations de 2015 de la Commission Interaméricaine des droits de l'Homme. Dans ce contexte, il n'y a rien d'étonnant à ce que, ostracisés dans le pays et non protégés, deux dirigeants de cette communauté aient pu être tout récemment (le 10 août 2024), agressés par des forces de répression. Ces vives réactions à l'encontre de la communauté LGBTQ+ sont à mettre en parallèle avec la lenteur des évolutions légales ayant cours au Venezuela concernant le mariage pour tous ou l'autorisation de l'adoption pour des couples homosexuels. En effet, depuis 2008, si la Cour Suprême de Justice a établi l'égalité des droits pour les couples homosexuels, ce principe n'a pas encore été validé par l'Assemblée nationale.

Quant aux droits des femmes, le code pénal de 2000 (donc publié sous Chávez) interdit et punit l'avortement sauf en cas de risque de décès pour la femme. Cette législation est la plus rétrograde d'Amérique du Sud avec celle du Paraguay. Pourtant de nombreuses associations féministes et de LGBTQI ont poussé pendant des années le gouvernement à faire évoluer la législation, comme en 2018 où elles ont manifesté en ce sens devant l'Assemblée nationale constituante (ANC), mais en vain.

Quant aux moyens de contraception ils ont quasiment disparu du pays, et autant comme conséquence du blocus que du caractère frileux des autorités concernant les droits des femmes [9]. Il faudra enfin attendre 2007 puis le 14 août 2014 (remplacée par la loi du 16 décembre 2021) pour que soit publiée une loi organique rappelant « le droit des femmes à une vie sans violence » mais toujours... sans les moyens nécessaires à son application.

Aussi si l'on peut dire qu'il y a eu au Venezuela certaines avancées sur les droits des femmes et des personnes LGBTQ+, il faut noter qu'elles ont été bien moindre que celles obtenues dans d'autres pays dans le sillage des mobilisations sociales ayant secoué l'Amérique latine depuis une vingtaine d'années.

5) Avec Nicolas Maduro : toujours moins de droits démocratiques

Devant cette fronde sociale qui secoue sa propre base électorale, le gouvernement va utiliser deux outils majeurs pour tenter de la mater.

Le premier outil renvoie à la « loi sur la haine », votée le 8 novembre 2017. Suffisamment vague pour que toutes les interprétations soient possibles les peines encourues sous son égide peuvent aller jusqu'à 20 ans de prison. Les médias en sont la cible première, de même que les organisations de droits humains. Mais cette loi est aussi appliquée contre des grévistes, avec bien souvent la complicité des patrons des entreprises concernées. Récemment en août 2024, à la PDVSA il y a eu des dizaines de licenciements de travailleurs qui avaient osé afficher publiquement leur soutien à l'opposition, à la télévision ou dans le métro de Caracas. Les syndicats ont alerté de cette situation et condamné ces licenciements.

Le deuxième outil renvoie à la « loi contre le fascisme, le néofascisme et les expressions similaires », votée en première lecture le 2 avril 2024, et permettant la légalisation de la répression de toute contestation. Avec des articles où le fascisme est assimilé au dénigrement de la démocratie, de ses institutions et des valeurs républicaines, il est désormais question dans l'article 12 d'interdire réunions et manifestations, partis et organisations sociales qui promeuvent le fascisme. La suppression des droits et garanties constitutionnelles vise les organisations mais son article 28 prévoit aussi la fermeture de médias visés par cette loi. Dans un pays où le président nomme fascisme toute contestation, en particulier depuis les élections présidentielles du 28 juillet, cette loi permet dans les faits de museler toute opposition. [10]

Il est intéressant à ce propos de regarder comment la gauche politique a été une des cibles privilégiées des politiques répressives du régime maduriste. On le sait : afin d'empêcher les partis d'opposition de présenter des candidatures alternatives et de leur interdire d'exister comme partis critiques, le Tribunal Suprême de Justice a contesté, par des jugements successifs, particulièrement en 2020, les directions élues des partis politiques d'opposition vénézuéliens. Cela a concerné la plupart des partis, notamment à gauche le Mouvement Électoral Populaire (MEP), Patrie pour tous (PPT) et Tupamaro. Puis ce fut au tour du PCV (Parti Communiste du Venezuela) de connaître le même sort en 2023. La suite logique de ces jugements ce sont les scissions qu'ont connues ces partis d'opposition, entraînés à se configurer en deux groupes opposés : celui décidé par les militants et celui imposé par le Tribunal Suprême de Justice (TSJ.). Ce qui a permis à une partie de « l'opposition » « réformée par le TSJ » de participer aux processus électoraux, notamment lors des dernières élections législatives de 2020 et régionales de 2021. Pour les élections présidentielles de 2024, les secteurs des partis politiques de droite ad-hoc se sont répartis derrière plusieurs candidats, divisant plus encore les forces de l'opposition. Quant au PCV historique, interdit de candidature, il a choisi de participer à la campagne électorale en s'alignant derrière le candidat officiel, Enrique Marquez.

6) Quelles interrogations à gauche ?

L'expérience de la révolution bolivarienne ne peut qu'interroger la gauche, toutes tendances confondues. Car elle renvoie à une tentative politique de transformation sociale de gauche qui, à son heure, a soulevé d'immenses espoirs, et surtout se situait dans le sillage de toutes ces volontés d'émancipation sociales et politiques qui ne cessent de hanter l'Amérique latine depuis des décennies. On doit donc pouvoir s'y attarder avec attention, pour en tirer toutes les leçons possibles.

En ce sens, une bonne partie de la gauche pro Maduro oublie que les régimes peuvent évoluer, se transformer, comme l'histoire nous l'a montré depuis la révolution russe de 1917. Les afficionados du madurisme ne font aucune lecture dynamique du Venezuela. Ils appuient Maduro en se fondant sur une fausse identification entre le régime actuel et l'engouement populaire provoqué par la mise en place des missions, notamment entre 2003 et 2006. C'est ne pas comprendre que le régime a changé, et que les choix politiques d'hier comme ceux d'aujourd'hui, ont modifié et continuent à modifier en profondeur la nature même de ce processus.

Cette cécité est facilitée par la réduction de la crise actuelle à un simple conflit géopolitique, oubliant les transformations profondes des rapports de classe au sein du Venezuela. On oublie ainsi que –dans les faits— l'actuel bloc social au pouvoir sous l'égide de Nicolas Maduro représente d'abord les intérêts de la bolibourgeoisie, avec son lot de corruption et d'autoritarisme. C'est passer aussi sous silence que la gauche chaviste a été largement exclue des arcanes du pouvoir politique depuis plus de dix ans.

Autrement, comment s'étonner que dès le soir des élections et juste après les déclarations officielles proclamant la victoire de Maduro, les premières manifestations qui ont eu lieu, ont été celles lancées dans les quartiers populaires, notamment à Catia, bastion chaviste situé dans l'est de Caracas et cela, avant même la déclaration du candidat de droite dénonçant la fraude électorale ?

On ne doit pas oublier aussi que la gauche non maduriste a été frappée par la répression, dans les entreprises mais aussi sur le terrain directement politique. S'il n'est pas étonnant que les médias occidentaux défendent exclusivement la droite vénézuélienne, il est malheureux que la gauche pro-Maduro ait la mémoire sélective et adopte cette vision tronquée des choses, réduisant l'opposition à Maduro, à celle qui promeut des valeurs de droite. Si on ne peut nier que les États-Unis et l'Union-Européenne ont choisi de soutenir l'opposition de droite à l'encontre de Maduro, on ne peut pas nier non plus que Maduro a choisi l'appareil d'État, ses tribunaux, son armée et ses forces de répression, contre la gauche et les revendications populaires dont elle cherche à se faire l'écho.

La question qu'il reste donc à se poser, c'est de savoir pourquoi une partie de la gauche internationale ne se positionne qu'en fonction des déclarations officielles des dirigeants, sans tenir compte de la réalité sociale et politique « en bas » ?

La raison fondamentale tient à l'absence de réflexion approfondie menée par une grande partie de la gauche « progressiste » sur la différence essentielle existant entre d'une part gagner des élections et accéder au pouvoir gouvernemental, et d'autre part mettre en place les bases d'un réel pouvoir populaire, d'un pouvoir participatif et démocratique issu du peuple. C'est oublier que les institutions politiques, y compris l'institution parlementaire, restent dans leur forme même –parce que conçues sur le mode d'une expertise et d'un professionnalisme rétifs à toute perspective sociale— des outils tendant à exclure les classes populaires de l'exercice de la politique. C'est cette réflexion qui devrait animer les analystes de gauche et les conduire à se demander pourquoi le pouvoir chaviste puis maduriste n'a-t-il pas remis en cause le pouvoir des classes bourgeoises au pouvoir ?

Or le régime bolivarien, malgré quelques avancées dans la constitution de 1999, a repris le gros des codes institutionnels de la démocratie bourgeoise. Il y a eu quelques tentatives de les dépasser en créant les conseils communaux. Mais cela ne résultait pas d'une réflexion stratégique sur la création d'un nouveau pouvoir véritablement alternatif, ces conseils ne disposant pas du pouvoir de légiférer et ne décidant pas du budget qui leur revenait. Cette création découlait avant tout d'une volonté de l'exécutif de contourner les conseils municipaux de droite et de maintenir un tissu militant au plus près du terrain.

Il faut le rappeler aussi : le régime chaviste n'a jamais remis en cause les règles de propriété et le pouvoir économique de la bourgeoisie vénézuélienne. Il suffit de se rappeler qu'à la mort de Chavez en 2013, le secteur privé avait conservé le même poids majoritaire qu'avant son accession au pouvoir en 1998. Quant au nouveau Code du Travail édicté en 2012, il a maintenu l'essentiel des règles du pouvoir au sein des entreprises ce qui a permis, le moment venu, au pouvoir patronal de violer allègrement les conventions collectives, obligeant les travailleurs à lutter, à se mettre en grève pour obtenir parfois le simple respect de la loi.

7) Qu'en est-il des élections présidentielles ?

Depuis 1998 et jusqu'en 2015, les observateurs internationaux, en particulier la Fondation Carter, ont considéré qu'il n'y avait pas eu d'irrégularités dans les processus électoraux au Venezuela. L'organisation des élections avec une double comptabilisation, dans les bureaux de vote et à l'échelle nationale, partagée entre les différents candidats permettait de relever les anomalies éventuelles. Ce système a été jugé comme un des plus fiables au monde.

Depuis le 30 juillet 2017, lors de l'élection à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), de nombreuses irrégularités ont été détectées, y compris par la fondation Carter mais rarement au point d'inverser les résultats en jeu, en partie en raison de la politique de boycott menée par la droite pendant de nombreuses élections après 2015. [11]

Après les élections législatives de 2015, on peut dire cependant qu'il y a une rupture avec la période précédente en ce qui concerne le respect des droits démocratiques. Le pouvoir a contourné la nouvelle Assemblée Nationale en créant en 2017 et de toute pièce une Assemblée Nationale Constituante qui n'a eu de constituante que le nom, puisque son travail a consisté dans les faits à voter des lois proposées par l'exécutif. Cette manœuvre a mis en évidence que pour Nicolas Maduro il était hors de question à cette occasion de respecter la volonté populaire et qu'il était prêt à prendre toutes les mesures possibles pour conserver l'entièreté du pouvoir.

Quand tout est fait pour empêcher les oppositions de s'exprimer et de présenter les candidats de leur choix, il n'est pas étonnant qu'au minimum s'impose un soupçon sur la loyauté du processus électoral. On comprendra donc aisément qu'aux élections de juillet 2024 toutes les oppositions, de droite comme de gauche, aient pu réclamer la transparence et la publication des résultats ainsi que la loi l'y oblige.

Dans ce climat de répression comme de crise économique fortement accentuée par le blocus, la droite a surfé sur le mécontentement réel de la population qui a vu s'effondrer les salaires réels, flamber les prix, chuter l'offre de logements, etc. Bien qu'ultralibérale, la véritable dirigeante de l'opposition Maria Corina Machado, a été prudente dans son programme électoral, reprenant même quelques revendications sociales qui –il est vrai— étaient masquées par sa dénonciation de « la dictature maduriste » et de la corruption ainsi que par la nouvelle orientation économique qu'elle prônait.

Pourtant la droite vénézuélienne n'a pas de légitimité particulière en matière de promotion des droits démocratiques. N'est-ce pas elle qui a été derrière le coup d'État raté de 2002, les boycotts d'élections, les tentatives de coup d'État et de déstabilisation orchestrées par Juan Guaido en 2019, l'instrumentalisation de groupes paramilitaires colombiens agissant au Venezuela ? Ce ne sont donc pas ces coups d'éclat qui expliquent les votes qu'elle a engrangés. C'est avant tout la dérive autoritaire du régime maduriste qui pousse ceux et celles aspirant à un régime plus démocratique, vers le soutien direct ou indirect à l'opposition majoritairement de droite. Avec en toile de fond, le fait que l'opposition de gauche a été laminée par Maduro et ne bénéficie pas des soutiens matériels qui font à l'inverse toute la force de la droite. On retrouve malheureusement ces ralliements autour de la droite, dans des ONG qui défendent les droits humains, chez de nombreux intellectuels, voire même chez d'anciens ministres de Chávez.

C'est pour cela que la création d'un pôle regroupant les forces de gauche, indépendant du pouvoir et de la droite est indispensable. Un premier pas a été réalisé avec la création du FREDEPO (Front Démocratique Populaire) début août 2024. Une course de vitesse est désormais lancée entre la nécessaire recomposition politique à gauche au Venezuela et la dérive autoritaire du pouvoir qui s'accélère pour contester à la droite la légitimité de représenter le peuple vénézuélien.

En conclusion

Ces quelques éléments de mise en perspective visent essentiellement à participer à la discussion sur la portée de la révolution bolivarienne, en tentant d'aller au-delà des faux-semblants et des débats superficiels, en tentant aussi de replacer l'ensemble de ces questions dans une perspective historique, dans cette longue marche de la gauche latino-américaine pour parvenir à faire naître des sociétés plus égalitaires et émancipées de toutes les tutelles économiques, politiques, culturelles qui pèsent sur elles.

En ce sens ce texte se permet de remettre en cause de manière privilégiée les approches campistes de gauche qui traditionnellement sont très présentes en Amérique latine et dont l'influence provient pour une bonne part du rôle géopolitique de premier plan que joue l'impérialisme américain dans ce sous-continent. Il questionne cependant aussi les courants de gauche qui, tout en mettant en évidence avec raison l'importance des luttes féministes, antiracistes et décoloniales, tendent à oublier que ces dernières ne peuvent s'approfondir qu'en reprenant à leur compte une stratégie politique globalisante questionnant en même temps la toute-puissance du capitalisme néolibéral contemporain. C'est sur cette dimension que nous avons voulu mettre l'accent dans ce texte.

Derrière la question des caractéristiques et de l'avenir du régime de Nicolas Maduro, il n'y a pas seulement celle de son autoritarisme, ou encore celle de ses manœuvres excluantes et anti-démocratiques, ou même celle du rôle déstabilisateur des USA qui l'aurait conduit –peu ou prou— à agir ainsi. Il y a beaucoup plus. Il y a la question de la portée et de l'avenir des projets socio-politiques égalitaires portés par la gauche en ce premier quart du 21ème siècle.

C'est là une raison de plus pour s'attarder avec attention sur leurs avancées, mais aussi sur leur inflexions et dérives, en ne craignant pas d'essayer de montrer là où le bât blesse, là où il aurait été possible de prendre une autre direction, là où l'on a erré, là où les rêves d'émancipation ont même fini par prendre la forme de caricatures autoritaires et cauchemardesques. N'est-ce pas ainsi qu'on pourra redonner sa force et sa dignité aux projets d'émancipation égalitaire de la gauche ? En Amérique latine bien sûr, mais pas seulement, partout au monde !

Patrick Guillaudat
Pierre Mouterde

Auteurs de : Hugo Chavez et la révolution bolivarienne, Promesses et défis d'un processus de changement social, Montréal, M éditeurs, 2012 ; Les couleurs de la révolution, la gauche à l'épreuve du pouvoir : Venezuela, Équateur, Bolivie, Un bilan à travers l'histoire, Paris, Syllepse, 2022.

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[1] Voir pour plus de détails, le sous-chapitre 7 de cet article où l'on s'arrête sur les caractéristiques du système électoral vénézuélien. En ce qui concerne les élections présidentielles du 28 juillet 2024, il y a tout lieu de penser —vu la traditionnelle fiabilité de ce système s'appuyant sur deux modes de re-comptage et le refus du gouvernement Maduro d'en fournir toutes les données à sa disposition— que les assertions de l'opposition concernant l'existence d'une fraude manifeste soient justifiées.

[2] Initiée en 2012, la phase critique de cet exode migratoire se situe en 2015. En 2019, l'on compte déjà plus de 4,5 millions de réfugiés. En 2024, le chiffre avancé le plus courant est de 7 millions.

[3] Alba : Alternativa Bolivariana para America, ou l'Alternative bolivarienne pour l'Amérique (Alba) est le non donné à série d'accords économiques, culturels et politiques passés, à l'instigation du Venezuela bolivarien, entre pays latino-américains sur une base plus égalitaire et cherchant à contrecarrer la zone le libre-échange des Amériques proposée par les USA et organisée selon les principes excluant du néolibéralisme.

[4] Terme choisi pour désigner le processus engagé suite à l'élection de Chávez à la présidence en 1998. Il renvoie bien sûr au personnage historique de Bolivar, symbolisant à sa manière les volontés révolutionnaires de luttes et d'indépendance d'une Amérique latine enfin unie.

[5] Manuel Sutherland, « La ruina de Venezuela no se debe al “socialismo” ni a la “revolución” », Nueva Sociedad, n° 274, mars-avril 2018.

[6] Luis Britto Garcia, « (…) dans le secret le plus absolu, un lobby néolibéral prépare dans la Constituante une loi Terminator de promotion et de protection des investissements, ou d'investissement étranger direct, pour octroyer à des entreprises particulières d'autres pays plus de privilèges qu'aux Vénézuélien•nes et nous ruiner » Voir sa tribune publiée par le quotidien Ultimas Noticias du 19 novembre 2017

[7] L'ancien ministre de Chávez, Victor Alvarez dans une interview du 25 octobre 2020 à la revue Tal Cual compare cette loi aux décisions prises par Boris Eltsine en Russie pour liquider et vendre les entreprises et biens publics de l'ex-URSS.

[8] Le 6 décembre 2015, la MUD (Table d'Unité Démocratique, opposition de droite) gagne les élections législatives avec 65,27% des voix et 109 députés, le PSUV (Parti Socialiste Uni du Venezuela, gouvernemental) ne recueille que 32,93% des voix et 55 députés sur les 167 que compte l'Assemblée Nationale. Pour contourner cette défaite, Maduro va créer de toute pièce une Assemblée Nationale Constituante, dont l'élection en 2017 est boycottée par la droite.

[9] Voire l'affaire Vanessa Rosales, militante pour la défense des droits sexuels à Merida, qui a été poursuivie et incarcérée le 12 octobre 2020 pour avoir fourni conseils et médicaments à une adolescente et qui voulait avorter, victime d'un viol. Malgré la mobilisation de nombreuses associations, Vanessa Rosales a été assignée à résidence en 2021.A la même époque, le violeur, pourtant sous mandat d'arrêt était toujours en liberté.

[10] Déjà, avant l'adoption de cette loi, la vice-présidente Delcy Rodriguez annonçait le 25 mars 2024 que la loi visera en priorité les personnes impliquées dans les manifestations de 2014, 2015 et 2017, les secteurs liés à l'Assemblée Nationale de 2015, ainsi que les secteurs liés au gouvernement des USA. Citation reprise dans une publication de l'ONG PROVEA du 4 avril 2024 Venezuela frente al espejo del fascismo : perspectivas de derechos humanos sobre el proyecto “Ley contra el fascismo, neofascismo y expresiones similares”. Elle confirmera cette position devant l'Assemblée Nationale le 2 avril 2024 en présentant le projet de loi.

[11] L'entreprise Smartmatic qui était chargée des machines à voter et du décompte électronique a stoppé son contrat avec le gouvernement vénézuélien après avoir découvert que le CNE avait ajouté un millions de voix au décompte réel de participation lors de cette élection à l'ANC le 30 juillet 2017. Depuis, cette entreprise a été remplacée par Ex-Clé - dont le dirigeant est lié à Delcy Rodriguez - entreprise spécialisée dans la numérisation des données d'état civil des vénézuélien.nes, les services de migration, et dont plusieurs dirigeants ont été … membres du CNE.

Immigration : Un programme restreint, une large colère

27 août 2024, par Carole Yerochewski — ,
Dans une entrevue à CBC et Reuters, Marc Miller a annoncé en plein milieu de l'été, lorsqu'il est difficile de mobiliser largement pour protester, une nouvelle affligeante ? : (…)

Dans une entrevue à CBC et Reuters, Marc Miller a annoncé en plein milieu de l'été, lorsqu'il est difficile de mobiliser largement pour protester, une nouvelle affligeante ? : le gouvernement libéral recule devant la montée des discours anti-immigrants et devrait examiner un programme de régularisation a minima, qui ne concernera que les travailleurs et travailleuses des secteurs de la santé et de la construction.

8 août 2024 | tiré du site du Centre des travavailleurs et travailleuses immigrants (IWC-CTI)

Encore faut-il attendre le projet qui sera déposé par Marc Miller au Conseil des ministres pour connaître comment sont définis ces secteurs d'activité, si, par exemple, le travail de soin aux domiciles des particuliers est inclus – ce qui est le cas quand on travaille pour le secteur parapublic de la Santé et des services sociaux et que l'on se rend à domicile. On verra aussi comment sont délimités les travailleurs et travailleuses éligibles ? : par exemple, faudra-t-il amener des preuves délivrées par un employeur ? Ou une auto-attestation suffira-t-elle ?

Bien des choses restent dans l'inconnu. Il serait quand même question que ces travailleuses et travailleurs aient accès à la résidence permanente – il est vrai que les pénuries de main d'œuvre dans ces secteurs sont là pour durer et que c'est l'un des principaux motifs pour y lancer un programme de régularisation, hélas, au lieu de s'engager dans la voie du respect des droits fondamentaux des personnes vivant au Canada, comme ce pays en a le devoir en regard des lois et conventions internationales.

Dans une lettre ouverte adressée à Justin Trudeau et à son ministre de l'Immigration Marc Miller, et publiée dans Le Devoir et les sept quotidiens régionaux de la Coop de l'info le 8 mai 2024, la Campagne québécoise pour la régularisation des personnes sans statut migratoire rappelait que l'objectif d'un programme de régularisation « ?ne peut se réduire à combler à court-terme des pénuries de main-d'œuvre. Il s'agit de mettre sans délai un terme aux conditions de misère, de harcèlement et de surexploitation dans lesquelles se débattent nombre de personnes sans papiers. Le programme doit assurer une vie décente à ces centaines de milliers de personnes qui sont intégrées à la société et qui aspirent à y contribuer pleinement à titre de citoyennes et de citoyens libres d'exercer leurs droits ? ».

Et lors de la conférence de presse qui s'est tenue le 25 mai 2024, quelques jours avant ce désastreux Conseil des ministres fédéraux qui a vu une partie d'entre eux refuser un programme de régularisation complet et inclusif, Imene, du comité des femmes du CTTI, soulignait ? : « ? Ne pas régulariser ces personnes qui ont perdu leur statut le plus souvent à cause des failles des politiques d'immigration, ou trier parmi elles celles qui seront régularisées, ne fera que les enfoncer encore plus profondément dans la peur et les abus. Nous ne pouvons le tolérer ? ».

Même s'il n'est pas envisageable de refuser purement et simplement le programme restreint qui risque d'être proposé, il est clair que notre mobilisation va continuer, avec tous les nombreux alliés que cette campagne pour les droits des personnes migrantes et immigrantes continue de rassembler très largement. C'est d'autant plus nécessaire qu'il s'agit aussi de s'opposer à la montée du racisme et de la xénophobie et des discours faisant des demandeuses et demandeurs d'asile et des travailleurs et travailleuses temporaires les boucs-émissaires de la crise de l'accès au logement social et abordable, et à des services publics de qualité. À peine deux ans après la fin de la pandémie, les personnes migrantes et immigrantes sont montrées du doigt alors que loin d'être les facteurs d'une crise quelconque, elles font partie des principales victimes et sont toujours aussi « ?essentielles ? » pour faire tourner ces services et nombre de secteurs d'activité. Nous avons raison d'être en colère !

Prochain rendez-vous le 14 septembre lors du week-end de mobilisation organisé par le FRAPRU pour dénoncer la confusion faite entre crise du logement et immigration. Tout au long de l'automne, nous mènerons une large campagne de sensibilisation et de mobilisation pour élargir le projet de programme de régularisation qui devrait être annoncé et pour combattre le racisme et la xénophobie sous toutes leurs formes. Et surtout, pour faire valoir que les droits des personnes migrantes et immigrantes ne sont pas négociables dans une société de justice sociale ?!

Restez à l'affût, d'autres initiatives seront prises et communiquées.

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Diriger par sondage est un exercice contreproductif

27 août 2024, par André Frappier — ,
Le 18 août dernier, Québec solidaire procédait à un sondage adressé aux membres et aux personnes sympathisantes. Un exercice qui va à l'inverse du débat politique et d'une (…)

Le 18 août dernier, Québec solidaire procédait à un sondage adressé aux membres et aux personnes sympathisantes. Un exercice qui va à l'inverse du débat politique et d'une solidarité militante.

27 août 2024

À priori on se demande ce qui justifie la production d'un sondage identique qui s'adresse aux membres et aux sympathisantEs. On convient que même si les moyens de communication sont différents avec les personnes sympathisantes, on doit toujours prioriser les rencontres collectives. Demander aux associations de contacter les personnes sympathisantes pour discuter de l'avenir de QS est beaucoup plus positif parce que cela favorise la construction des associations locales, essentielles pour la vie et la croissance de QS.

En ce qui concerne les membres, nous avons déjà des structures de participation décisionnelles que sont les associations locales et régionales, les commissions thématiques, les réseaux militants, les collectifs. Autant de structures qui permettent de discuter collectivement et d'enrichir la politisation par le partage d'idées.

Dans cette optique ce type de sondage adressé aux membres va à contre sens du débat démocratique parce qu'il fonctionne avec une méthode de morcellement des militants et militantes, et va à l'inverse du débat politique commun et d'une solidarité militante. Particulièrement pour les progressistes, le rassemblement dans les débats est essentiel. Nous sommes inondés de propagande médiatique de plus en plus à droite et conservatrice ; pour contrer ce discours dominant, il faut se rassembler et discuter collectivement.

Le sondage de la direction de QS produit l'effet contraire et ressemble beaucoup plus à une consultation dirigée qui nous éloigne de la démocratie militante dont nous avons besoin, particulièrement pour faire face au discours de droite qui prend de plus en plus de place dans la société. Pour y faire face nous avons besoin de solidarité militante, certainement pas de morcellement.

Dans un article publié dans CAIRN INFO en 2003, sous le titre « Les sondages orientent plus qu'ils ne consultent » l'auteur expliquait que les sondages jouent un rôle politique : loin de cerner « l'opinion » des individus, ils contribuent à l'orienter. Les sondages donnent une mesure de « l'opinion » biaisée dans un sens conforme aux désirs de leurs commanditaires, d'abord parce qu'ils ne posent que certaines questions, ensuite parce que la formulation de ces dernières influe sur les réponses. La question, par exemple, peut être tronquée. Une autre technique consiste à multiplier les questions pour marginaliser celles qui sont essentielles. [1]

C'est ce qu'on peut constater dans le sondage qui nous a été soumis. On met côte à côte les revendications de justice sociale, économiques, féministes et humanitaires avec l'indépendance du Québec.

Le sondage de QS pose la question avec choix multiples. Quel enjeu politique est le plus important pour vous en ce moment ?

L'Éducation, l'égalité des genres, l'environnement et la lutte aux changements climatiques, le logement, la hausse du coût de la vie et l'économie, l'inclusion et la lutte au racisme, l'indépendance du Québec, la santé et les services sociaux, l'immigration et l'intégration des nouveaux arrivants, la langue française et la culture. Je préfère ne pas répondre.

Est-ce une volonté de neutraliser le combat pour un changement de société ? La méthodologie du sondage, en plaçant l'indépendance comme un élément parmi d'autres, le suggère, comme l'explique l'article de CAIRN INFO. L'indépendance, essentielle pour réaliser le changement social que nous revendiquons, ne peut être un élément parmi d'autres, elle est centrale dans le combat que nous menons, comme l'indique notre programme :

"En ayant la pleine maîtrise de toutes ses politiques économiques, c'est-à-dire les politiques budgétaires, fiscales, commerciales, monétaires et douanières, un Québec souverain disposera des pouvoirs requis pour mettre en œuvre un projet de société égalitaire, féministe, écologiste et solidaire. Il pourra refuser la domination économique et le pillage des ressources naturelles."

Pour bien ancrer le clou, le sondage pose les mêmes questions sous trois autres angles différents.
* Comment appréciez vous le travail du gouvernement dans la gestion des enjeux suivants ?
* Sur lequel des enjeux suivants aimeriez vous que Québec solidaire soit plus actif ?
* Parmi les enjeux suivants, lequel vous motiverait le plus à vous mobiliser ( ex. participer à une manifestation, prendre la parole sur les médias sociaux) ?

On nous demande enfin si on a une bonne, plutôt une mauvaise opinion ou si on ne connait pas…
Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire, Christine Labrie, Manon Massé. Dans ce cas la réponse est obligatoire. La même question est posée pour Paul St-Pierre Plamondon, François Legault, Pierre Poilievre et Justin Trudeau. On nous demande enfin pour quel parti on a voté en 2022, pour lequel on voterait maintenant, et si on est membre de QS.

Un parti politique de gauche, qui vise à changer cette société mercantile et injuste doit absolument se baser sur la mobilisation et les actions collectives. Cet exercice de sondage va à l'inverse en centralisant le pouvoir.

Le récent Conseil national à Saguenay a démontré le dérapage démocratique de la direction qui a transformé un rapport de la tournée des régions en déclaration programmatique. Nous devons nous reprendre en main, la démocratie étant essentielle pour des débats sains et surtout pour construire un rapport de force face aux discours de droite.

André Frappier

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[1] CAIRN INFO Le rôle politique des sondages, Retour sur la réforme des retraites de 2003, par Antoine Rémond - Comment les sondages fabriquent l'opinion ?

Le climat justifie une politique industrielle contre le peuple travailleur

27 août 2024, par Marc Bonhomme — ,
La filière batterie entraînant le « Plan d'action 2035 » d'Hydro-Québec et encadrée par la loi 69 « pour moderniser les lois entourant l'énergie » est de facto non seulement le (…)

La filière batterie entraînant le « Plan d'action 2035 » d'Hydro-Québec et encadrée par la loi 69 « pour moderniser les lois entourant l'énergie » est de facto non seulement le cœur de la politique industrielle du Québec mais l'épine dorsale de sa politique de développement économique pour la première moitié du XXIe siècle. Comble de l'absurdité, Québec n'associe aucun objectif global ou sectoriel ni échéancier de diminution des gaz à effet de serre (GES) au développement de la filière batterie malgré un investissement à terme de 30 milliards $ !

Cette filière intègre plus que jamais le Québec, tout comme le Canada qui combine la même stratégie avec la croissance de la production du gaz et du pétrole, dans le plan de mach des ÉU. L'objectif primordial étatsunien, loin de la lutte climatique, est de damer le pion à la Chine pour le contrôle du marché mondial dont la dominante génératrice de plus-value extra devient l'extractivisme vert. Non pas que cet extractivisme se substituera à celui des hydrocarbures mais qu'il s'y superposera comme au XXe siècle le pétrole s'est mondialement superposé au charbon. D'ailleurs les ÉU ne sont-ils pas devenus les premiers producteurs de pétrole
et de gaz avec le Canada qui court derrière eux ? Raison de plus pour la gauche de donner toute son importance au développement de la filière batterie et de ses suites, le plan d'action 2035 d'Hydro-Québec et le projet de loi 69 qui sera au menu de l'Assemblée nationale cet automne.

Ce sont les États-Unisdu président démocrate Joe Biden qui ont lancé la course aux plus offrants avec des centaines de milliards en subventions et des règles d'achat local afin, entre autres, de développer l'énergie verte et de promouvoir le secteur technologique américain tout en bloquant la Chine. Convaincus par cette approche, ou ne voulant simplement pas voir leurs propres entreprises désavantagées ou incitées à déménager aux États-Unis, plusieurs gouvernements, y compris au Canada, ont déployé à leur tour des politiques similaires.
Le gouvernement du Québec a emprunté la même voie pour aider à la mise en place de sa nouvelle filière batterie. Son ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, a qualifié, le mois dernier, de « naïfs » ceux qui pensent que des projets d'usines de batteries, comme ceux de Ford et de GM-Posco dans la nouvelle « Vallée de la transition énergétique », ou de cellules de batteries, comme celui de Northvolt en Montérégie, pouvaient se réaliser sans un accompagnement politique et financier des pouvoirs publics. « S'il n'y avait aucune subvention du gouvernement, il y aurait zéro dans la filière batterie au Canada. Ça serait aux États-Unis. »

L'analyste économique principal de Radio-Canada chante les louanges de la filière batterie :

Bien plus structurant qu'une cimenterie ou qu'un projet d'exploration pétrolière à l'île d'Anticosti, le projet que Northvolt vient d'annoncer sur la Rive-Sud de Montréal place le Québec parmi les grands développeurs de la filière batterie du monde. L'investissement public, souvent critiqué, est absolument nécessaire. Si on veut être un acteur de premier plan dans ce secteur, il faut impérativement et rapidement injecter des milliards de dollars.
Mais, comme l'expliquait Paolo Cerruti [PDG de Northvolt], c'est très difficile d'aller à zéro. Aujourd'hui, une batterie moyenne produite en Asie nécessite à peu près 100 kilogrammes de CO2 en émissions de la mine jusqu'au produit fini pour chaque kilowattheure de batterie produite. […] Ce que l'on fait chez Northvolt en Suède, et qu'on a l'intention de répliquer ici au Canada, c'est 50 kilogrammes de CO2 grâce à notre travail sur la chaîne d'approvisionnement et sur l'énergie, à la décarbonation de nos processus de production. Donc, on est déjà à la moitié. D'ici 2030, l'objectif est de descendre à 10 kilogrammes pour chaque kilowattheure de batterie produite.
Donc, choisir le Québec est en complète harmonie avec la vision de Northvolt. Le lithium est produit au Québec, par Nemaska et Sayona notamment, et non pas à l'autre bout du monde, où le respect des travailleurs et de l'environnement soulève généralement de grandes préoccupations.
De plus, la cathode, composante importante dans la chaîne de production vers la cellule de batterie, est aussi fabriquée ici, avec des investissements annoncés récemment chez Ford,GM et BASF au Québec. Encore une fois, Northvolt peut compter sur une production locale et éviter de dépendre des fournisseurs asiatiques.
L'entreprise compte aussi sur le recyclage des composantes et des métaux. En fait, grâce à une filière intégrée de la batterie au Québec, développée par les gouvernements du Canada et du Québec, Northvolt trouve exactement le modèle d'affaires qu'elle recherche.
En misant sur une filière batterie de premier plan, le gouvernement Legault pourrait mettre en place une grande industrie québécoise, avec une expertise québécoise, pour électrifier ses transports et ses procédés industriels, à partir d'énergies renouvelables.
En écoutant les critiques qui s'émeuvent des milliards injectés par l'État dans cette filière, le Québec serait condamné à dépendre du reste du monde pour espérer améliorer son bilan énergétique. Le choix qui est fait aujourd'hui, avec Northvolt et d'autres entreprises dans la filière batterie, est un investissement qui pourrait être névralgique pour le Québec, comme l'a été la nationalisation de l'hydroélectricité dans les années 60.

Le principal analyste politique de la Chaîne de l'État canadien y voit un grand dessein s'articulant en trois volets économico-politiques :

Se prémunir contre les futurs Trump
L'avenir de l'industrie automobile étant électrique, toutes les composantes qui traverseront la frontière chaque jour de part et d'autre seront autant d'arguments pour garder ce robinet économique ouvert. Parce que les usines de batteries de GM, Ford, Stellantis et autres Northvolt vont également alimenter les sites de fabrication aux États-Unis. Si le gouvernement américain ne souhaite plus que ses entreprises achètent les feuilles de cuivre de Solus Advanced Materials, à Granby, pour construire leurs batteries, l'autre usine la plus proche est en Chine !
La révolution à la maison
La petite révolution de la bagnole électrique sera graduellement rattrapée par celle de la maison de plus en plus autonome sur le plan énergétique. Le solaire et l'éolien sont de belles sources d'énergies renouvelables, mais elles sont intermittentes et pas toujours disponibles au moment où les consommateurs en ont besoin. Dans quoi sera stockée cette énergie en attendant le bon moment ? Dans de puissantes batteries.
Des emplois de cols bleus SVP !
Le troisième aspect sous-estimé de la naissance de la filière batterie est son apport au retour en force du secteur manufacturier en Amérique du Nord. La game a changé quand Joe Biden a décidé de reconstruire le secteur manufacturier américain, a affirmé le ministre François-Philippe Champagne. Or, sur le plan politique, les dernières années ont montré que les électeurs de la classe ouvrière sont les plus en colère, désabusés et sceptiques par rapport à leur place dans la société. Cette classe ouvrière a contribué à la progression du phénomène Donald Trump aux États-Unis, à la poussée du Brexit au Royaume-Uni, et même au convoi de la liberté à Ottawa en février 2022.

Un conjoncture en panne dépendante d'une petite transnationale européenne

On constate qu'à moins que la gauche veuille avaler cette amère pilule enrobée d'une dose dopante de sucre, elle doit se lever tôt d'autant plus que la filière batterie semble faire saliver les syndicats de cols bleus comme Unifor. La conjoncture économique se présente comme son premier allié objectif. Northvolt, le bateau-amiral de la filière, est une très petite transnationale suédoise centrée d'abord sur l'Europe au financement très fragile dans une conjoncture certes à terme prometteuse mais la réalité du moment présent est un ralentissement de la croissance des ventes de véhicules électriques. Il est bien possible que ce ralentissement soit plus que conjoncturel. Faut-il se surprendre que Northvolt ait freiné son développement sans compter que son usine québécoise n'est pas sa priorité ?

Alain Dubuc, professeur associé à HEC Montréal et membre de l'Institut du Québec, a affirmé à l'émission Le 15-18 diffusée sur ICI Première que ce revirement est une douche froide en soulignant que l'annonce de Northvolt suscite une certaine crainte du fait qu'elle montre une hiérarchie de ses usines. Selon lui, après l'usine de Suède, celle d'Allemagne est classée en deuxième position en raison de sa proximité géographique. Par conséquent, l'usine québécoise se place de toute évidence en troisième position.
Dans ce dossier, le professeur Dubuc retient le fait que le gouvernement de François Legault a un peu passé sous silence les risques liés à une entreprise balbutiante, qualifiant la présentation du projet d'enflure verbale. Pour lui, c'est très mauvais pour l'image du gouvernement qui a misé sur ce projet. Le groupe suédois réfute par ailleurs avoir voulu se développer trop vite, au détriment de la sécurité. La police suédoise enquête sur un éventuel lien entre trois décès de personnes qui étaient employées sur le premier site du fabricant de batteries.

En plus de la mauvaise conjoncture et un financement difficile, elle « perd un contrat de près de 3G$ de BMW » faute de livraison à temps car son usine suédoise, la seule en production, tarde à produire à plein rendement. On peut penser que Northvolt ne se risquera pas de s'inscrire en bourse de sitôt, elle qui voulait le faire en 2024.

Projets « mis sur pause » et annulés dans la « Vallée de la transition énergétique »

Du côté des transnationales s'installant dans la « Vallée de la transition énergétique », essentiellement dans le parc industriel de Bécancour, si la construction de l'usine de cathodes de GM avec la sud-coréenne Posco semble aller bon train, il n'en va pas de même pour celle de Ford avec la sud-coréenne EcoPro-BM qui s'est mise en pause technique pour une deuxième fois au début août. Cette « pause » pourrait être plus longue quand on sait que « [l]e constructeur américain Ford a annoncé jeudi le décalage de deux ans du lancement de ses nouveaux modèles de VUS électriques devant être fabriqués au Canada, arguant vouloir profiter des dernières avancées en matière de batteries. Ces véhicules devaient arriver sur le marché en 2025, mais le groupe a décidé, selon un communiqué, de « reprogrammer » leur lancement à 2027. »

Si en amont, la transnationale brésilienne Valle a débuté la construction de son usine de traitement de nickel pour approvisionner GM-Posco, la transnationale allemande BASF a abandonné son projet d'usine de cathodes tout comme la sudcoréenne Volta Energy a interrompu en juillet la construction de son usine de feuilles de cuivre pour batteries à Granby. Pour tout dire, « [à] la Société du parc industriel de Bécancour, on observe qu'un bon nombre de grands constructeurs automobiles sont venus faire leur tour sans décider de s'implanter, à l'exception de Ford et de GM-POSCO… » Malgré que la japonaise Honda ait décidé de construire en Ontario son usine de fabrication de batteries à côté de son usine d'assemblage de véhicules, Québec ne désespère pas que l'entreprise construise à Bécancour son usine de cathodes quitte à lui céder son investissement dans la minière Nemaska Lithium.

Même la moyenne entreprise québécoise Lion électrique qui transforme des camions et autobus scolaires à l'énergie électrique doit congédier des centaines de ses employés apparemment faute de subvention fédérale qui n'est pas au rendezvous malgré le soutien de Québec à ce rare fleuron national au sein de la filière batterie. D'autres projets plus fantaisistes, comme celui de TES Canada, ne sont sans doute pas viables.

Des mines de lithium au nord et de graphite au sud fleurtant avec la banqueroute

Si la mauvaise conjoncture ébranle la petite transnationale suédoise et compromet les projets des transnationales étatsuniennes et de leurs partenaires sudcoréennes, elle met en cause l'existence même des minières du lithium et du graphite. « L'exploration minière visant des gisements de graphite, de lithium et de terres rares a atteint un sommet au Québec en 2022, selon un rapport de l'Institut de la statistique du Québec » quoique que l'or y demeure la reine de l'exploitation minière. Le lithium domine dont les gisements en Abitibi mais surtout ceux en territoire crie (L'Eeyou Istchee). « Il y a actuellement près de 400 projets d'exploration minière dans la région de l'Eeyou Istchee, le territoire traditionnel des Cris de la Baie-James, où vivent environ 20 000 Cris répartis dans neuf communautés. Chisasibi est la plus grande. »

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2014095/mines-metaux-lithium-winsome-valdor

N'empêche que la nouvelle conjoncture a passé par là. « Les prix de plusieurs minéraux critiques et stratégiques — notamment produits au Québec — affichent des reculs importants sur les marchés depuis le début de 2023, dont le lithium, le nickel et le graphite. » « Les mineurs occidentaux font pression pour que les prix des métaux augmentent afin d'écarter les rivaux chinois » qui produisent la majorité de ces métaux.

Sayona

La mine North American Lithium près de Val-d'Or, au Québec (anciennement la mine Québec Lithium), a atteint la production commerciale au début de 2018 et expédiait du concentré de spodumène à des raffineries en Chine pour le transformer en carbonate de lithium. Face à la brusque chute des prix des produits à base de lithium et du concentré de spodumène plus tard dans l'année, North American Lithium a suspendu sa production en 2019 et s'est placée sous la protection de la loi sur les faillites. Elle a été rachetée par Sayona Québec dans le cadre d'une coentreprise de Sayona Mining (Australie) et Piedmont Lithium (ÉtatsUnis) en 2021. La mine a commencé une production limitée de concentré de lithium en mars 2023, visant une production commerciale complète au troisième trimestre de 2023. Les nouveaux propriétaires prévoient également de construire une raffinerie d'hydroxyde de lithium ou de carbonate de lithium.
L'action de Sayona Mining, une compagnie australienne derrière plusieurs projets de mines de lithium au Québec, a perdu près de 30 % de sa valeur jeudi. Cette chute survient après que le principal actionnaire de la compagnie, Piedmont Lithium, a mis en vente la totalité de ses actions dans l'entreprise. Elle se départit ainsi d'actions d'une valeur d'environ 52 millions de dollars canadiens. Par voie de communiqué, Piedmont Lithium a indiqué prendre cette décision pour « maintenir un bilan prudent ».
Depuis un an, la valeur de l'action de Sayona Mining s'est effondrée de 78 %. La filiale québécoise de Sayona Mining avait annoncé une restructuration un mois auparavant, dans le cadre d'une baisse mondiale du prix du lithium. Quinze employés ont été mis à la porte. Piedmont Lithium avait également annoncé au début février une réduction de 27 % de son personnel afin de contrôler ses dépenses. […]
Sayona détient aussi 60 % du projet Moblan et 100 % du projet de Lac-Albert, sur le territoire d'Eeyou Istchee Baie-James. La Coalition Québec meilleure mine, qui s'oppose au projet Authier puisqu'il est situé à proximité d'un esker en AbitibiTémiscamingue, a tenu à réagir par écrit aux événements boursiers de jeudi. « Cette méchante débarque prouve une fois de plus qu'il n'y a aucun risque à prendre avec une compagnie aussi fragile et volatile financièrement », a commenté le regroupement citoyen.

Cours boursier de Sayona le 15/08/24 : https://money.tmx.com/fr/quote/SYAXF:US

Nemaska

Le projet de Nemaska Lithium était prometteur. D'abord sauvé de la faillite sur le dos des petits investisseurs par Investissement Québec, il comptait sur Ford pour acheter sa production :

Après plusieurs années d'exploration et de construction, Nemaska Lithium a produit son premier concentré de spodumène à la mine de Whabouchi, au Québec, au début de 2017. L'entreprise a suspendu sa production en 2019, et la mine a été mise en état d'entretien et de maintenance. Après avoir demandé la protection de la loi sur les faillites, Nemaska a été rachetée par le groupe Pallinghurst [ enregistrée dans le paradis fiscal de l'île de Guernesey] en partenariat avec le gouvernement du Québec et s'est libérée de la protection contre les créanciers en 2020. L'entreprise prévoit redémarrer la mine et construire une raffinerie d'hydroxyde de lithium à Bécancour (Québec). Avant le démarrage de la production d'hydroxyde de lithium à l'usine Nemaska de Bécancour, au Québec, la société fournira à Ford du concentré de spodumène provenant de sa mine Whabouchi. Les travaux de construction de l'usine de conversion d'hydroxyde de lithium sont prévus pour 2023.
[L'entreprise] s'est placée sous la protection de la loi de la faillite avant d'être en partie rachetée par Investissement Québec au terme d'une aventure qui aura fait perdre des économies importantes à des dizaines de milliers de petits investisseurs. Mais Nemaska, c'est avant tout une communauté crie qui s'est construit un village isolé au cœur de la forêt boréale, à plus de 1500 kilomètres de Montréal,
Une mine de lithium dans laquelle le gouvernement du Québec a investi des sommes colossales doit entrer en production dans une communauté crie de la région Eeyou Istchee Baie-James, au nord du Québec, en 2025. Mais à Nemaska, où les installations de la mine sont en chantier, le projet divise la communauté et, selon deux anciens chefs, il n'a jamais reçu l'approbation de la population.

Nouveau Monde Graphite (NMG)

Si on se fie au cours boursier, ce n'est pas plus reluisant du côté de Nouveau Monde Graphite, le seul projet en développement côté graphite, même les ententes une fois signées, une partie du financement assurée… et un tarif préférentiel pour l'électricité sans compter la collaboration involontaire de la Chine :

La Municipalité de Saint-Michel-des-Saints et Nouveau Monde Graphite inc. (« Nouveau Monde » ou « NMG ») (TSXV ; OTCQX : NMGRF ; Francfort : NM9) cristallisent leur partenariat de développement social, économique et environnemental en signant une entente de collaboration et de partage des bénéfices dans le cadre du projet minier Matawinie.
À travers cette nouvelle entente, qui couvrira toute la durée d'exploitation commerciale de la mine, Nouveau Monde versera jusqu'à 2 % de ses flux monétaires nets après impôts à la Municipalité afin de rehausser les bénéfices et réinvestissements dans la communauté. Un versement anticipé de 400 000 $ par année précédant la période d'exploitation de la mine permettra à la Municipalité de préparer et mettre à niveau, au besoin, ses infrastructures.
Nouveau Monde versera également 1 % de ses flux monétaires nets après impôts au Fonds communauté d'avenir qui servira de catalyseur pour des projets structurants à portée sociale, économique et environnementale en HauteMatawinie.
NMG a conclu une entente cadre avec le Conseil des Attikamek de Manawan et le Conseil de la nation Attikamek en 2018 et une entente de pré-développement en 2019. Des discussions actives sont en cours pour finaliser une entente sur les répercussions et avantages.
General Motors et de Panasonic s'engagent à investir 275 millions supplémentaires, soit 125 millions pour GM et 159 millions pour Panasonic, a fait savoir Nouveau Monde Graphite. Les deux ententes d'approvisionnement représentent 85 % de la production de matériau d'anode prévue à Bécancour. La production est destinée aux usines de General Motors et de Panasonic aux États-Unis, a précisé Eric Desaulniers.
Les premières livraisons de la future usine sont prévues au début de 2027. Nouveau Monde Graphite espère pouvoir finaliser le financement de son projet d'ici la fin de l'année et commencer les travaux de construction en 2025. Nouveau Monde Graphite traitera à Bécancour le graphite extrait de sa mine de Saint-Michel-desSaints pour le transformer en matériau d'anode pour les batteries lithium-ion. L'entreprise a l'ambition d'électrifier complètement ses activités. Elle a obtenu du gouvernement du Québec un tarif d'électricité inférieur au tarif industriel ordinaire d'Hydro-Québec pour 77 mégawatts. La Chine a donné un coup de pouce à Nouveau Monde Graphite en limitant ses exportations de graphite, dont la demande est en augmentation dans le monde.

Le cours de NMG le 15/08/24 : https://www.zonebourse.com/cours/action/NOUVEAU-MONDE-GRAPHITE-IN-34837526/

Ça n'empêche pas NMG de rêver en grand :

Les projets miniers liés à la production de batteries attirent de plus en plus les investisseurs sur la Côte-Nord. Du côté de l'entreprise Nouveau Monde Graphite, la production ciblée au gisement du lac Guéret est maintenant d'environ 500 000 tonnes de concentré de graphite par an. Quant à la société Northern Graphite, elle étudie des sites pour la construction d'une usine de matériaux d'anodes pour batteries à Baie-Comeau. L'entreprise Nouveau Monde Graphite veut multiplier par presque dix fois la production annuelle de graphite avec le projet Uatnan, dont le gisement est situé au lac Guéret, à 285 kilomètres au nord de Baie-Comeau.
En 2017, les Innus de Pessamit avaient conclu une entente de coopération avec Mason Graphite puisque la mine se trouve sur le territoire ancestral de cette Première Nation. À nos yeux, il faut recommencer cette entente. Avec la communauté innue [de Pessamit], c'est un peu une page blanche. Ce n'est pas du tout le même projet. On parle d'un projet d'une ampleur dix fois plus grande, ajoute Éric Desaulniers [PDG de NMG]. Mardi, le Conseil des Innus de Pessamit n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de Radio-Canada à ce sujet.

Et puis viendraient les mines de terres rares qui « se trouvent en très faible densité dans la roche. Pour cette raison, la production tend à produire beaucoup de déchets comparativement à l'exploitation d'autres minéraux à teneur plus élevée, selon l'analyste minier d'Eau Secours, Émile Cloutier-Brassard. »

Une filière basée sur les transnationales d'ailleurs aux dépens des PME d'ici

Cette conjoncture défavorable donnerait-elle raison à la critique de la Banque Nationale, la banque des PME, vis-à-vis la Banque de Montréal (BMO), celle des transnationales ?

Le Québec doit saisir les occasions économiques que lui procure son électricité avant d'être rattrapé, soutient le président de la BMO au Québec, Grégoire Baillargeon. Contrairement au grand patron de la Banque Nationale, le banquier voit d'un œil beaucoup plus favorable les milliards de dollars de soutien gouvernemental à la filière batterie.
En septembre 2023, Laurent Ferreira, PDG de la Banque Nationale, a vivement critiqué les milliards de dollars de subventions accordées à la filière batterie au Canada, déplorant l'attrait des entreprises étrangères au détriment du soutien aux entreprises nationales. Il a souligné que ces subventions principalement profitent aux actionnaires étrangers, ne contribuant pas suffisamment à l'économie canadienne.

De commenter le professeur Laurin de l'UQTR :

Le professeur d'économie à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) Frédéric Laurin croit quant à lui que le projet va bel et bien se réaliser. Il croit toutefois que la filière batterie n'est pas nécessairement la meilleure option économique pour la région. On performe très bien économiquement actuellement et tout ça repose sur des entreprises locales qui se sont vraiment bien défendues ces dernières années et qui ont des expertises dans toutes sortes de domaines, dit-il. Selon lui, le danger c'est de mettre tous les œufs dans le même panier et de laisser de côté la diversité économique.
Ça va tuer notre base entrepreneuriale québécoise formée de PME et en particulier ici dans la région en Mauricie, au Centre-du-Québec, on est, les deux régions qui se sont le plus améliorées économiquement dans les cinq dernières années. Et ça, ce sont les PME qui ont porté cette croissance-là et donc on va tirer de l'emploi dans nos PME qui ont fait bonne figure ces dernières années… Maintenant, on est sorti de la dévitalisation économique pour revenir dans un vieux modèle de développement économique basé sur de grandes entreprises.

Les PME seraient d'autant plus lésées que « [l]e gouvernement n'a pas imposé de contenu québécois à la filière batterie. Rien n'oblige Northvolt, GM ou Ford à s'approvisionner au Québec en matières premières et en services. »

De traitement de faveur à la pollution garantie de l'eau et de l'air… sans norme

Si la conjoncture est mauvaise, le bilan environnemental de la filière batterie est désastreux. Le navire-amiral, Northvolt, a eu droit a un traitement de faveur :

L'entreprise suédoise assure qu'elle y fabriquera des batteries électriques dont l'empreinte carbone sera pratiquement nulle. Quelque 3000 emplois seront créés. Et la province se positionne comme un meneur de la filière batterie. L'ombre au tableau : le projet, dont le site, grand comme 318 terrains de football, se situera entre Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, ne coche pas les critères pour être automatiquement soumis au processus d'évaluation du BAPE. Le règlement qui établit si la méga-usine devrait être assujettie au processus a été modifié quelques mois avant l'annonce. Le seuil déterminant de la fabrication de cathodes est passé de 50 000 à 60 000 tonnes, alors que le projet de Northvolt en prévoit 56 000.
Québec a éclipsé la recommandation des fonctionnaires. Le ministre Benoit Charette n'a pas écouté son ministère qui souhaitait un BAPE pour l'usine d'assemblage. Northvolt : Québec a retiré des arguments scientifiques de son analyse L'an dernier, le ministère de l'Environnement justifiait par la science le refus d'un projet sur le même site.

Pourtant les potentiels dégâts environnementaux se sont pas banals :

Des documents publiés en Suède détaillent les impacts environnementaux de la giga-usine de batteries suédoise qui est semblable à celle construite au Québec. Northvolt promet que les rejets dans l'air et dans l'eau seront limités, sous les normes en vigueur. Mais certaines normes n'existent pas encore chez nous.
Dans l'air, l'usine suédoise émet notamment du nickel, du cobalt, du lithium et de l'ammonium. Ce seront effectivement les mêmes produits au Québec, confirme Northvolt […] Dans l'eau, l'usine suédoise rejette du nickel, du cobalt et du lithium, entre autres. Au Québec, il n'existe actuellement aucune norme qui encadre le niveau acceptable de ces substances dans l'eau potable.
Le lithium, c'est psychoactif, ça a un effet sur le cerveau, les gens bipolaires prennent du lithium, rappelle Maryse Bouchard, spécialiste de l'exposition aux contaminants de l'environnement, à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). Le lithium a des effets sur la santé mentale à des concentrations assez faibles, ajoute Benoit Barbeau, professeur spécialisé en traitement de l'eau potable à Polytechnique Montréal.
Northvolt compte demander au premier trimestre 2025 l'autorisation pour les prélèvements et les rejets d'eau auprès du ministère de l'Environnement du Québec et de Pêches et Océans Canada. C'est seulement à ce moment-là que l'on connaîtra avec précision les quantités de contaminants qui seront rejetées dans l'air et dans l'eau de la rivière Richelieu. L'analyse du projet étape par étape plutôt que de façon globale, par le BAPE, agace Patrick Bonin, de Greenpeace Canada, qui rappelle que les gouvernements investissent des milliards dans Northvolt avant même que ce projet soit évalué.
Pour sa part, le président de l'Ordre des chimistes du Québec, Michel Alsayegh, s'est déclaré préoccupé par le manque de transparence et d'encadrement du projet, évoquant notamment le pompage et le rejet d'eau dans la rivière Richelieu ainsi que la gestion des matières dangereuses inhérentes aux activités de fabrication des batteries lithium-ion.

Une dissidence posant des objections de fond mais qui ne mobilise pas en masse

La critique virulente des Kanien'kehá:ka(Mohawks), dans le cadre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, vise particulièrement dans le mille :

Projet Northvolt : « Ils vendent l'environnement », dénonce un élu de Kahnawà:ke « Ils vendent l'environnement, ils vendent les zones humides ». L'affirmation de Ross Kakwirakeron Montour, tasénhaienhs (chef) à Kahnawà:ke, est aussi forte que l'opposition du conseil de bande de la communauté au projet Northvolt. À tour de rôle, Équiterre, Nature Québec et le Comité d'action citoyenne Projet Northvolt ont de nouveau fait part de leur méfiance quant à cet imposant projet en Montérégie.
Il y a une tendance du gouvernement à soustraire des projets à une évaluation environnementale et à affaiblir le BAPE […]. Cela mine la confiance du public et ne respecte pas les droits des peuples autochtones, a souligné Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec, lors d'un point de presse à Montréal, lundi. La société Northvolt est venue nous voir et s'est adressée au conseil de manière plutôt informelle. Ils ont simplement dit : "nous sommes là", a-t-il rapporté.
C'est entre autres ce qui a motivé l'administration de la communauté à lancer une poursuite contre le géant suédois en janvier. M. Montour a rappelé que le Canada s'est pourtant engagé à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones qui met justement l'accent sur le consentement libre et éclairé des Autochtones.
L'élu de Kahnawà:ke a aussi souligné que le gouvernement de François Legault refuse toujours d'implanter ces principes au Québec et qu'il refuse de nous reconnaître notre droit à l'autodétermination. L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion en 2019 visant à reconnaître les principes et à s'engager à négocier la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Or, une telle motion n'est pas contraignante et le premier ministre avait déclaré l'année suivante que son gouvernement refuserait de mettre en œuvre intégralement la Déclaration en invoquant l'intégrité du territoire québécois et l'économie de la province.
Pour expliquer pourquoi les Kanien'kehá:ka (Mohawks) se sentent concernés par un projet qui devrait se faire à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, à environ 50 km de Kahnawà:ke, M. Montour a rappelé la responsabilité qui incombe à sa nation. Nous faisons partie de cet environnement et nous devons prendre en compte l'impact de nos décisions. C'est ma responsabilité, ma responsabilité de gardien de l'environnement, et c'est mon plus grand droit.

Le bulldozage de la CAQ pour imposer Northvolt à l'encontre d'une opposition encore incapable d'une mobilisation de masse malgré maintes pétitions et rassemblements a incité une minorité (anarchiste) à lui substituer du sabotage comme des tapis à clousposés sur le chantier de l'usine ou des « objets incendiaires » tout en remettant en question le bien-fondé de l'usine :

Des internautes anonymes qui affirment être à l'origine des cinq « objets incendiaires » déposés le 5 mai sur le site de la future usine de Northvolt en Montérégie ont expliqué leurs gestes dans une publication non signée sur une page web anarchiste. Ils disent avoir mené cette action […] dans le but d'endommager les machines et de réduire la capacité du projet à se poursuivre, car ils estiment que l'entreprise suédoise, qui se présente comme un acteur de la transition verte, en est plutôt la pierre tombale.
Selon les auteurs, l'électrification des transports et le virage vers les véhicules électriques qui bénéficieront des batteries produites sur le site sont de fausses solutions, alors que le véritable problème réside dans l'expansion du parc automobile et l'appétit insatiable du Canada pour les ressources naturelles. Une exploitation des ressources, comme le lithium, qui se fait sur des territoires autochtones non cédés et qui empoisonne les écosystèmes entiers…

Une opposition politique officielle menée en bateau ou qui tergiverse

Quant aux édiles locaux, ils ont approuvé sans savoir :

Les maires de McMasterville et de Saint-Basile-le-Grand ont appuyé et défendu le projet de Northvolt, alors qu'ils ignoraient les impacts environnementaux, selon une lettre obtenue par Radio-Canada grâce à la Loi sur l'accès aux documents. « Nous sommes consternés par votre absence et votre mutisme », ont-ils écrit au ministre de l'Environnement, Benoit Charette, en quête d'informations pour rassurer leurs citoyens. […]
Pendant que les maires cherchaient des réponses et que le ministère ne les donnait pas, les médias démontraient les impacts du projetsur les milieux humides, les boisés, les espèces fauniques ainsi que la rivière Richelieu.

De leur côté, les partis politiques de l'opposition ont beau multiplié les critiques mais ne remettent pas en question le projet Northvolt :

Les partis politiques d'opposition remettent en question l'ampleur des subventions allouées, suggérant que l'argent devrait être consacré aux petites et moyennes entreprises locales. Certains leaders politiques, tels que Joël Arseneau du Parti québécois et Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire, doutent de la rentabilité du projet et mettent en avant les préoccupations liées à la pénurie de main-d'œuvre et à l'impact environnemental potentiel de l'usine.

Québec solidaire a eu beau promettre en janvier que « [l]'environnement sera une priorité parlementaire de Québec solidaire », il s'est satisfait de demander un droit d'initiative pour initier un BAPE sans exiger ni la démocratisation de sa direction et des commissions d'enquête ni l'obligation d'appliquer ses recommandations ni la tenue d'un BAPE générique sur « l'avenir énergétique du Québec » comme l'a demandé le Front commun pour la transition énergétique au début 2023… et même les Libéraux provinciaux sur la filière batterie en mars dernier. Avec le PQ et des représentants du mouvement environnemental, Québec solidaire s'est contenté de présenter en novembre 2023 un « Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable » vague à souhait, sans revendications précises, chiffrées au besoin, et sans échéancier, qui devrait donner lieu à un débat public à la formule non précisée. Comme il fallait s'y attendre, ce manifeste de beaux principes et de généralités est tombé dans l'oubli.

Concrètement, il semble que les Solidaires se satisfassent de demander la comparution de Northvolt devant un comité de l'Assemblée nationale et « de dévoiler [leurs] documents cachés ». Côté mines, Québec solidaire se réjouit que la CAQ désormais exige un BAPE« pour tout nouveau projet de mine au Québec » et mettent certaines limites au free mining sans l'interdire, ce qu'il déplore, et sans être plus exigeant en termes de redevances et d'encadrement des claims pour protéger l'environnement et les territoires municipalisés. Somme toute, « [l]e développement de la filière des batteries est important pour l'économie du Québec, mais il faut faire les choses dans le respect de l'environnement et des communautés locales ».

La catastrophe annoncée pour la forêt boréale de la « Grande Alliance »

Ces mines ont pourtant un potentiel écologique et social dévastateur :

Les forêts boréales canadiennes sont parmi les plus importants puits de carbone de la planète et, selon l'Institut climatique du Canada, elles séquestrent environ 28 milliards de tonnes de carbone, soit l'équivalent de 40 fois les émissions annuelles de gaz à effet de serre au pays. Une partie significative de la forêt boréale québécoise était jusqu'à présent épargnée par les activités industrielles, mais la situation pourrait changer, car ce territoire nordique contient d'importantes quantités de minéraux critiques et stratégiques, comme le lithium, qui suscitent la convoitise des industries minières.
« En milieu boréal, la forêt se décompose très lentement, plus lentement qu'en milieu tropical, et donc, on a une accumulation importante de carbone qui reste dans les sols formés de matière organique morte. Et comme la forêt boréale a une superficie immense, elle joue un rôle majeur à l'échelle mondiale dans la séquestration du carbone », résume Xavier Cavard, membre du Centre d'études de la forêt et titulaire de la Chaire de recherche UQAT-MFFP sur la gestion du carbone forestier.

L'hécatombe de la forêt boréal risque d'être facilité par la « Grande Alliance », accord du gouvernement québécois avec le Grand Conseil des Cris qui s'intègre comme un gant dans le Plan Nord initié par les Libéraux de Jean Charest et maintenu par la CAQ :

« La Grande Alliance », un protocole d'entente signé en 2020 entre le gouvernement du Québec et la nation crie, prévoit un réseau ferroviaire d'environ 700 kilomètres, la construction de centaines de kilomètres de nouvelles routes et de lignes électriques et la création d'un port en eau profonde, dans la forêt boréale, afin de permettre aux minières d'avoir accès aux minéraux critiques.
Le militant écologiste et président de l'Action boréale Henri Jacob demande aux promoteurs de La Grande Alliance, formée par des délégués de la nation crie et du gouvernement québécois, d'éviter de « faire les mêmes erreurs qu'en Abitibi », où l'industrie minière a exploité la forêt boréale « sans se soucier des prochaines générations » et pris « possession de 40 % du sol ».
« Ce qui s'est passé en Abitibi depuis le début des années 1930 », il faut « en tirer des leçons », car « ce qu'on voit aujourd'hui, c'est des parcs à résidus miniers, ce qu'on appelle la slam, le résidu qui va souvent dans les cours d'eau avec des métaux lourds et avec d'autres produits chimiques et d'autres matières. Cela fait en sorte que, souvent, l'environnement est vraiment dégradé de façon importante. Dans certains cas, c'est irréversible », dénonce l'écologiste, en ajoutant « qu'il faut faire du développement minier de façon plus intelligente ».
« L'exploitation des minéraux stratégiques pour faire des batteries, des véhicules électriques, en théorie ça paraît bien. Mais quand on vante les vertus d'une auto électrique qui se promène sans tuyau d'échappement, donc sans émettre de CO2, on oublie de dire que, pour la construire, il faudra exploiter des mines, que ce soit en Abitibi, ou plus au nord, des mines qui, elles, génèrent énormément de CO2 durant l'exploitation. Et après l'exploitation, il ne reste plus de biodiversité sur le site minier. »
Heureusement, « [u]n volet du protocole d'entente prévoit la création d'un système d'air protégée qui vise 30 % de leur territoire d'ici 2030. Les Cris vont donc déterminer ce qu'ils veulent protéger pour leur chasse et pour le patrimoine culturel. » Qu'adviendra-t-il du 70% restant ?

La résistance active d'Heather House…

« Depuis 1975, la Nation Crie a signé plus de 75 ententes et conventions entre les gouvernements provincial et fédéral et provincial [dont] 7 accords-clefs ». On ne peut que se réjouir que la Nation Crie se soit affirmée et consolidée en gouvernement Crie depuis le coup de tonnerre du jugement Malouf de 1973 qui a consacré son existence institutionnelle. Le revers de la médaille, cependant, en fut l'accentuation de sa division en classes sociales, à l'image atténuée de la société blanche, avec ses affairistes aux commandes. Heureusement, comme dans la société blanche, il faut compter sur la dissidence dont une grande partie des traditionnalistes mais pas seulement :

Alors qu'elle était enceinte, en novembre 2020, Heather House a entamé une grève de la faim, pour s'opposer à « La Grande Alliance », un protocole d'entente signé entre le gouvernement du Québec et le Grand Conseil des Cris.
« Comme beaucoup de gens de la communauté, j'ai appris l'existence de La Grande Alliance le jour de la signature du protocole » et « ensuite, ils ont promis un an de consultation, mais il ne s'est rien produit dans les mois suivant la signature. La COVID est arrivée et le confinement a débuté une semaine après l'annonce », proteste Heather House.
Elle a écrit une lettre ouverte sur les médias sociaux, adressée aux gouvernements cri et québécois, et amorcé une grève de la faim, qui aura duré deux semaines. « Aux jeunes, à notre peuple, souvenez-vous de nos grands-parents, de nos arrièregrands-parents et des ancêtres avant nous. Ils ont survécu, à peine. Nous sommes les produits de leur traumatisme, nous sommes leur voix quand ils ne pouvaient pas parler. C'est l'heure de dire non », peut-on lire dans la lettre qui a été partagée des centaines de fois.
Mais son geste d'éclat n'a pas été suffisant pour convaincre le Grand Chef de la nation crie de l'époque, Abel Bosum, de lui accorder une rencontre, comme elle le réclamait.
Les craintes d'Heather House sont partagées par le propriétaire du Retro Daze Cafe, Roger Orr, un ancien travailleur social. Les Cris « ne sont pas des mineurs ! » s'exclame l'homme d'une cinquantaine d'années au crâne tatoué et à la voix imposante à La Presse canadienne en expliquant que « nos ancêtres n'ont jamais creusé de trou pour faire des mines, ils ne détruisaient pas le territoire. Quand on détruit l'environnement, on se détruit soi-même ».
…pour Roger Orr et Heather House, les consultations publiques et les études de faisabilité auraient dû précéder la signature d'un protocole d'entente avec le gouvernement du Québec, et non l'inverse. […]

… et celle passive des maîtres de trappe

La camionnette de Freddy s'arrête au kilomètre 58 de la route EM1, sur le territoire de la communauté des Cris d'Eastmain, au nord de Nemaska. C'est à cet endroit que Corporation Éléments Critiques compte assécher et vider deux lacs après avoir fait don des poissons à la communauté [!!!], pour construire une mine de lithium et de tantale à ciel ouvert, qui permettrait de produire environ 4500 tonnes de minerai par jour pendant 17 ans.
La mine sera construite directement sur le territoire de chasse traditionnel du maître de trappe Ernie Moses. « Je suis triste, mais il n'y a pas grand-chose que je puisse faire contre ce projet », se désole-t-il lorsque La Presse canadienne le rencontre près de l'un des lacs qui seront asséchés.
L'Eeyou Istchee est divisé en 300 aires de trappe familiales, chacune d'elles est suffisamment grande pour subvenir aux besoins alimentaires d'une famille élargie et chacune de ces aires de trappe traditionnelle est sous la responsabilité d'un maître de trappe, appelé « tallyman », comme Ernie Moses.
Les projets d'exploration minière, tous métaux confondus, ont plus que doublé dans les quinze dernières années dans l'Eeyou Istchee, passant de 174 en 2004, à près de 400 en 2021.
Les projets de Corporation Éléments Critiques et de Nemaska Lithium ont reçu l'aval des autorités fédérales, provinciales et des conseils de bande cris de la région. À Eastmain, une communauté située à environ 20 heures de route au nord de Montréal, La Presse canadienne a rencontré le chef du conseil de bande, Kenneth Cheezo, qui appuie le développement minier. Le projet de Corporation Éléments Critiques est situé sur les terres traditionnelles de sa communauté.
« C'est nouveau pour nous, c'est la première fois qu'une mine ouvrira sur le territoire, explique le chef Cheezo. L'entreprise est venue dans la communauté, dans nos écoles, afin de parler aux jeunes des emplois qui seront créés, et on ne parle pas seulement de petits salariés, il y a des possibilités d'emplois dans l'ingénierie, les ressources humaines et plusieurs postes de cadres. »
Le chef de la Nation crie d'Eastmain, Kenneth Cheezo, se dit certain, en se basant sur les réunions avec les représentants de Corporation Éléments Critiques, que l'extraction se fera de façon à réduire les impacts sur l'environnement. Toutefois, il admet que de trouver le juste équilibre entre le mode de vie traditionnel, la protection de l'environnement et le développement économique est un exercice périlleux.
« C'est très difficile, parce que la terre est tellement sacrée pour nous, alors c'est pénible d'en donner un morceau, même si c'est juste un morceau de roche. »

Le combat des chefs et le danger pour les femmes

Le dilemme de la communauté d'Eastmain est aussi celui de la communauté de Nemaska :

Lorsque l'on fait remarquer à Thomas Jolly [chef de Nemaska de 2015 à 2019] que le gouvernement compte sur le lithium qui sera extrait des terres traditionnelles cries pour lutter contre les changements climatiques, après une longue hésitation, il réagit en posant ces deux questions : « Qui est responsable » de la crise climatique ? » et « Est-ce à nous [les Cris] de payer et souffrir pour ce qu'ils ont fait ? »
Selon M. Jolly, la mine de Nemaska Lithium qui s'apprête à ouvrir et dont Investissement Québec est l'actionnaire à 50 % n'a jamais reçu l'approbation de la population. La décision du conseil de bande d'accepter le projet de Nemaska Lithium a été prise « derrière des portes closes », selon sa version des faits. L'entente entre le promoteur et le conseil de bande pour construire une mine sur le territoire a été ratifiée en 2014.
Dans les mois qui ont suivi la ratification de l'entente avec Nemaska Lithium, tous les membres du conseil de bande ont perdu leurs élections, à l'exception de Thomas Jolly. « Était-ce une façon de les punir ? » demande La Presse canadienne. « Je suppose », répond Thomas Jolly.
En entrevue avec La Presse canadienne, [Laurence Gagnon, porte-parole du Conseil de bande] indique que la raison pour laquelle le conseil de bande de Nemaska a accepté ce projet, « c'est à 100 % pour les bénéfices économiques ». Elle précise qu'il est prévu que la communauté reçoive des redevances chaque année : « On parle de plusieurs millions de dollars sur trente ans pour la communauté. » Cette somme « retourne à nos citoyens pour [qu'ils aient] de meilleures infrastructures, de meilleurs services ».

Cerise sur le gâteau, « CLEC a aussi modifié son projet en y ajoutant la construction d'un camp de 500 travailleurs à 4 kilomètres du site, soit 250 chambres temporaires et 250 permanentes. » Si j'étais une femme crie résidant dans les parages, je m'inquiéterais. La voisinage d'hommes esseulés et de femmes pauvres et racisées aboutit habituellement à une situation de prostitution et de violence.

Les organisations environnentales québécoises

Appel juif international contre le génocide à Gaza

Depuis plus de dix mois, tous les jours à Gaza, des vieillards, des femmes, des enfants, des hommes sont sciemment visés et tués. Mentionné par Patrick Le Hyaric, (…)

Depuis plus de dix mois, tous les jours à Gaza, des vieillards, des femmes, des enfants, des hommes sont sciemment visés et tués.

Mentionné par Patrick Le Hyaric, "L'Humanité", France, le 24 août 2024

Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal (Québec).

*Appel juif international contre le génocide à Gaza* <http://r.lettre.patrick-le-hyaric.f...>

L'occupant attaque les écoles, les hôpitaux, les campements de réfugiés. Il s'acharne sur les médecins, les journalistes, les athlètes. Il organise la famine. L'occupant torture les prisonniers comme l'a démontré le rapport de B'Tselem.

Depuis des mois, des centaines de milliers de Gazaouis survivent sous la tente dans les pires conditions, avec une absence d'hygiène qui favorise les épidémies.

Le monde sait et les dirigeants se taisent. Certains se disent « préoccupés » mais, collectivement, ils laissent le gouvernement d'extrême droite au pouvoir en Israël détruire chaque jour un peu plus le droit international. Pire, ils continuent de fournir armes et munitions aux génocidaires. Les États-Unis viennent de renouveler leur financement de milliards de dollars à Israël pour des armes et de l'équipement militaire.
La décision qui s'impose, sanctionner fortement cet État qui commet les pires crimes en toute impunité, n'est toujours pas prise.

Nous, Juives et Juifs, parce que le crime se commet en notre nom, parce que nous refusons d'être complices de ce crime atroce, parce que nous refusons que l'antisémitisme (qui est notre histoire intime) soit utilisé pour justifier l'horreur,
Nous appelons à la solidarité concrète avec la population de Gaza martyrisée,
Nous appelons à exiger le cessez-le-feu et l'arrêt de cette tuerie,
Nous appelons tous les pays à sanctionner l'État d'Israël,
Nous appelons au jugement des criminels de guerre et de leurs complices.

Pour signer l'appel, lire le texte en anglais, cliquer ici. <http://r.lettre.patrick-le-hyaric.f...>
*Note.* Le texte est aussi en *langue française *sur https://framaforms.org/appel-juif-international-contre-le-genocide-a-gaza-1724141001#appel <https://framaforms.org/appel-juif-i...>

*Premiers signataires :*

Simon Assoun (Tsedek, France)
Ariella Azoulay (essayiste et photographe, États-Unis, Israël)
Etienne Balibar (philosophe, France)
Michel Benizri (comédien, France)
Manon Boltansky (NPA, France)
Rony Brauman (médecin, France)
Eitan Bronstein (De-colonizer, Belgique/Israël)
Éléonore Bronstein (De-colonizer, Belgique/Israël)
Judith Butler (philosophe, États-Unis)
Zohar Chamberlain Regev (Flottille de la liberté, Israël)
Shelley Cohen Fudge (JVP, États-Unis)
Laurent Cohen Medina (traducteur, Espagne)
Liliana Cordova-Kaczerginski (IJAN, Espagne)
Hilla Dayan (sociologue, Israël, Pays-Bas)
Sonia Fayman (UJFP, France)
Dror Feiler (EJJP, Suède)
Gabriel Hagaï (rabbin, France)
Shir Hever (économiste, Allemagne/Israël)
Carolyn Karcher (professeur, JVP, États-Unis)
Pierre Khalfa (syndicaliste, France)
Daniel Kupferstein (cinéaste, France)
Déborah Leter (Tsedek, France)
Jean-Marc Lévy-Leblond (physicien, France)
Gus Massiah (CRID, France)
Béatrice Orès (UJFP, France)
Ilan Pappé (historien, Israël)
Nurit Peled-Elhanan (professeur, Israël)
Donald Pelles (JVP, États Unis)
Fanny-Michaela Reisin (professeur, Allemagne)
Yakov Rabkin (professeur, Canada)
Catherine Samary (chercheure, France)
Jérôme Segal (maître de conférences, France)
Yonatan Shapira (ancien pilote, Israël)
Michèle Sibony (UJFP, France)
Eyal Sivan (cinéaste, essayiste, France/Israël)
Pierre Stambul (UJFP, France)
Michel Staszewski (professeur, Belgique)
Marcelo Svirsky (professeur, Argentine et Australie)
Lea Tsemel (avocate, Israël)
Dominique Vidal (journaliste, France)
Richard Wagman (UJFP, France)
Michel Warschawski (journaliste et militant, Israël)

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France : Qui va trancher le nœud ?

27 août 2024, par Argument pour la lutte sociale — ,
Vendredi 23 août Macron a donc reçu une délégation des 4 principaux partis du NFP menée par Lucie Castets. Ensuite il a diné avec Attal, Philippe et Bayrou, a reçu Wauquiez et (…)

Vendredi 23 août Macron a donc reçu une délégation des 4 principaux partis du NFP menée par Lucie Castets. Ensuite il a diné avec Attal, Philippe et Bayrou, a reçu Wauquiez et une délégation LR, le groupe LIOT, et même le PRG. Tous lui ont dit qu'un gouvernement Castets comprenant des ministres LFI serait l'abomination de la désolation, la fin du monde, la mort de la France et le suicide du petit cheval. Et nul ne doute que le RN, que Macron reçoit lundi, puis Mme Braun-Pivet et M. Larcher, lui diront la même chose.

25 août 2024 | tiré du site aplutsoc

La presse a donc titré vendredi soir : « Vers un refus de Macron à Castets pour Matignon » (Les Echos), « Comment la journée de consultation à l'Elysée a éloigné Lucie Castets de Matignon » (Le Monde).

Avant de poursuivre, constatons à nouveau l'effarant déni non seulement de la démocratie en général, mais des propres procédures rodées de fonctionnement des institutions de la V° République elle-même jusque-là, amplifiant leur caractère anti-démocratique à un niveau jamais atteint alors que jamais le président n'a été aussi isolé, discrédité, délégitimé : un gouvernement « démissionnaire » qui fait un budget d'austérité pour l'année prochaine et gouverne ad vitam aeternam, un président qui enjoint les groupes parlementaires de former une coalition pour laquelle personne n'a voté, et qui prend tout son temps après avoir précipité une campagne d'affolement ultra-rapide en dissolvant …

Le Canard Enchainé de mercredi dernier nous apprend même que Macron calcule, en cas de nomination d'une ou d'un nouveau premier ministre, de faire trainer la nomination des ministres eux-mêmes de façon à garder les « démissionnaires » le plus longtemps possible, au point que Bruno Lemaire en personne commence à se demander comment sortir de cette maison de fous !

Le front commun du RN à LIOT soi-disant contre un gouvernement avec des ministres LFI n'est d'ailleurs pas un front commun de soutien à Macron. Attal a déclaré qu'il allait bien falloir nommer un premier ministre venant « de l'opposition ». Mais laquelle, Wauquiez ayant répété que LR ne veut surtout pas y aller ?

Samedi 24 à 13h sur TF1, J.L. Mélenchon a lancé un excellent ballon d'essai : et si le gouvernement Castets ne comporte aucun ministre LFI, que feront les macroniens et la droite ?

La démonstration de la vérité, dont on ne doutait pas, a suivi rapidement : ces messieurs, de LR à Attal, ont commencé à dire qu'un gouvernement Castets sans LFI serait la même chose qu'un gouvernement Castets avec LFI, c'est-à-dire l'abomination de la désolation, la fin du monde, la mort de la France et le suicide du petit cheval !

Sur l'idée en elle-même d'un soutien sans participation de LFI, Lucie Castets a eu raison de déclarer que ce sont toutes les composantes du NFP qui ont « vocation à gouverner ». Nous avons suffisamment critiqué LFI pour pouvoir dire que sa présence dans un gouvernement unitaire est légitime. Le « coup de poker » de J.L. Mélenchon aide à lever les masques. Il s'inscrit par ailleurs dans une orientation politique pour laquelle le fait de battre Macron en le contraignant à nommer un gouvernement NFP n'est que l'accessoire, l'essentiel étant les présidentielles, en 2027 ou avant ; or, les présidentielles sont l'issue pour ce régime, elles servent à recharger les compteurs d'une V° République qui en a bien besoin. Et il est d'ailleurs opéré d'une manière toute bonapartiste, les militants LFI réunis étant tenus d'applaudir la surprise du chef (ce qu'ils font). Il est, d'ailleurs, ironique de voir droite et ci-devant macroniens dénoncer le programme du NFP comme étant soi-disant le « programme de LFI » alors que les propos de J.L. Mélenchon dans son long discours préalable, sur l'Ukraine dont il a dit que ses frontières en 2014 ont été « mises en question par les peuples eux-mêmes », sont contradictoires à ce programme.

Venons-en à l'essentiel. De quoi « LFI » est-il le faux nez pour ce bal des Tartuffes ?

Ce dont ils ont peur plus que de tout, c'est d'être acculés par une proposition de loi abrogeant la contre-réforme des retraites de Macron !

Ce dont ils ont peur plus que de tout, c'est d'être confrontés à des hausses des salaires !

Ce dont ils ont peur plus que de tout, c'est que la politique antijeune de casse de l'école publique commence à s'effondrer à la rentrée sous les coups que personnels, parents, élèves, vont porter au « choc des savoirs » de Macron-Attal, dont il ne faut pas oublier que l'aspirant ministre RN Chudeau disait que le RN l'avait inspiré !

Ces trois points : retraites, salaires, services publics, ces trois points n'ont pas dans le pays la majorité relative du vote NFP des 30 juin et 7 juillet, ils ont une ultra-majorité plus qu'absolue !

Voila pourquoi ils affichent leur vertu outragée à la simple possibilité, que les rapports de force tendent à imposer, d'un gouvernement Castets, et, au cas où, voila pourquoi ils préviennent qu'ils censureront tout de suite, « à cause des ministres LFI » et maintenant aussi s'il n'y en a pas, pour ne pas avoir à s'afficher en cas de vote sur la retraite à 64 ans !

Que dit l'article 49 de la constitution ? « Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu'à la majorité des membres composant l'assemblée ». Même si les quelques 220 voix (celles de Braun-Pivet au perchoir) des ci-devant macroniens et LR réunis, sont plus nombreuses que les 193 à 210 que peut totaliser le soutien à un gouvernement NFP, il leur faut le RN pour censurer.

Contre la hausse des salaires, l'abrogation de la loi retraites et le retrait du « choc des savoirs », c'est d'ores et déjà à un bloc avec le RN que l'on a affaire. Les gesticulations sur « LFI » servent à masquer cette alliance sous-jacente. L'afficher serait gênant, tant pour le RN que pour la « droite » et le « centre ». Mais elle est là et bien là.

La rentrée, scolaire et aussi « sociale », approche. Le nœud gordien antidémocratique formé au sommet de l'Etat signifie pour l'immense majorité la baisse des salaires réels, des droits à la retraite et à la santé, la casse des services publics et l'inaction climatique. Ce qui leur fait peur à tous, c'est l'accélération de la crise politique en crise sociale. Car toute crise sociale, grèves pour les salaires, mouvements de défense de l'école publique … peut et doit maintenant se développer en mouvement politique.

Tout de suite, il s'agira d'imposer à Macron le gouvernement NFP à même de hausser les salaires et d'abroger la loi retraites, puis d'imposer si nécessaire à ce gouvernement qu'il respecte son mandat.

La dynamique de cet affrontement sera de chasser Macron et d'abolir la présidence et l'Etat de la V° République, d'imposer une constituante par en bas, et pas de relancer le régime par des présidentielles anticipées ou non se prêtant bien aux espoirs de Mme Le Pen.

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Trump et Harris face au génocide palestinien

27 août 2024, par Roberto Montoya — , ,
Israël a le droit de se défendre et les États-Unis seront toujours à ses côtés. Le 25 juillet dernier, quelques jours seulement avant d'être officiellement nommée candidate à (…)

Israël a le droit de se défendre et les États-Unis seront toujours à ses côtés. Le 25 juillet dernier, quelques jours seulement avant d'être officiellement nommée candidate à la présidence des États-Unis pour la Convention nationale démocrate, le vice-président Kamala Harris a reçu Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche.

20 août 2024 | tiré de Viento sur | Photo : Kamala Harris, candidate démocrate à l'élection présidentielle de novembre
https://vientosur.info/trump-y-harris-ante-el-genocidio-palestino/

Lors d'une conférence de presse ultérieure et lors d'autres événements, Harris a affirmé avoir exhorté Netanyahou à faire tout son possible pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, et a fait part de sa vive préoccupation face au nombre élevé de victimes civiles palestiniennes. "J'ai exprimé au Premier ministre ma vive préoccupation face à l'ampleur des souffrances humaines à Gaza, y compris la mort de trop nombreux civils innocents", a-t-elle déclaré.

Ce n'est pas la première fois depuis le 7 octobre 2023 alors qu'Israël a répondu aux attaques du Hamas par un bombardement et une invasion dévastateurs de la bande de Gaza que la vice-présidente est allée plus loin que le président Biden dans ses déclarations sur les souffrances de la population palestinienne.

Les images d'enfants morts et de personnes désespérées et affamées parfois déplacées pour la deuxième, la troisième ou la quatrième fois, ne nous permettent pas de regarder ailleurs. Nous ne pouvons pas nous permettre de dormir face à la souffrance et je ne me tairai pas, je ne le ferai pas.

Les paroles de Harris, qui n'avait pas encore été nommée par son parti, ont de nouveau suscité une certaine inquiétude à la Maison Blanche, dans le puissant lobby juif américain et dans le gouvernement d'extrême droite de Benyamin Netanyahou.

Ces mots de la candidate officielle à la présidence manifestaient-ils une déclaration d'intention et un changement de cap dans la politique traditionnelle des États-Unis sur le Moyen-Orient ?

Les analystes du Washington Post, du New York Times et d'autres grands médias américains et européens ont émis l'hypothèse que oui, cela pourrait anticiper une sorte de changement de politique envers Israël si elle remportait l'élection le 5 novembre.

Dans les secteurs universitaires qui ont été mobilisés, depuis des mois, sur de nombreux campus pour exiger que les universités rompent leurs liens avec les fondations et les entreprises liées au gouvernement israélien et avec les colonies de peuplement juives sur les terres palestiniennes, leurs mots ont exprimé l'espoir qu'il pourrait y avoir un changement dans ce qui avait été jusqu'à présent la pratique politique de la vice-présidente.

Quelques mois plus tôt, Harris, comme Biden, a décrit les manifestations et les camps d'étudiants comme des « actes antisémites ». Même quelques heures avant sa rencontre avec Netanyahou, la vice-présidente a condamné dans une déclaration les manifestant-es à Washington contre la présence du Premier ministre israélien.

Kamala Harris les a qualifiés d'« anti-patriotes » et a décrit les manifestations comme méprisables et jouant le jeu avec le Hamas. Le mari de Harris, l'avocat Doug Emhoff, d'origine juive, a rassuré un groupe de Juifs au sein du Parti démocrate peu après qu'elle ait été nommée par le parti : elle a toujours été considérée comme une importante défenderesse d'Israël et vous pouvez être sûrs que si elle vient à la présidence, elle continuera de l'être, elle soutiendra toujours le droit d'Israël à se défendre.

De nombreux dirigeant-es, professeur-es et étudiant-es qui ont participé aux manifestations sur le campus se sont donc montrés craintifs face à une vice-présidente qui a partagé avec Biden et le reste du gouvernement démocrate depuis octobre dernier la décision d'appuyer Netanyahou et de bloquer au Conseil de sécurité toute demande de résolution pour parvenir à un cessez-le-feu permanent.

Elle avait déjà fait quelque chose de similaire bien avant de devenir vice-présidente en 2017. Peu après son élection, la sénatrice Kamala Harris a prononcé un discours au congrès annuel de l'AIPAC (American-Israeli Public Affairs Committee), le plus puissant et le plus réactionnaire des lobbies juifs aux États-Unis.

Affichant le meilleur de ses sourires, son discours a été acclamé par les personnes présentes parce qu'elle avait voté contre un projet de résolution condamnant l'expansion des colonies juives sur les terres palestiniennes et en faveur de la vente d'armes.

"Être insistante avec quelqu'un que vous tirez dans la tête n'est pas vraiment louable", a déclaré Eman Abdelhadi, un sociologue de l'Université de Chicago dans une chronique du correspondant d'Al Jazeera à Washington, Ali Harb, à propos de l'inquiétude alléguée de Harris face à la mort de Palestinien-nes innocent=es.

"Nous n'avons pas besoin d'empathie de la part de ces gens, a-t-il ajouté. Nous avons besoin que vous arrêtiez de fournir les armes et l'argent alors que vous tuez des gens avec qui vous êtes censés faire preuve d'empathie."

L'équipe de campagne de Biden, jusqu'à son retrait de la course aux élections, et celle de Kamala Harris depuis qu'elle a été officiellement nommée par son parti le 6 août étaient préoccupées non seulement par le risque de perdre le vote des étudiant-es, principalement des démocrates, mais aussi de la communauté musulmane qui a aussi traditionnellement apporté son soutien au Parti démocrate.

Cependant, le gouvernement Biden-Harris n'a réussi à convaincre personne de sa position supposément équilibrée, équidistante et prodigieuse pour une solution digne au conflit, comme aucun président n'a pu le faire auparavant non plus.

Les mots de Biden demandant à Netanyahou de donner une réponse proportionnelle à l'attaque du Hamas du 7 octobre - comme beaucoup de dirigeant-es européen-nes l'ont fait, ne pouvaient tromper personne.

Israël n'est pas un allié mineur pour les États-Unis ; depuis 1948, il est son allié par excellence, un élément clé d'une importance stratégique majeure au Moyen-Orient, un petit État artificiel de seulement 10 millions d'habitant-es a été créé et imposé en Palestine historique, auquel il accorde un traitement privilégié aux niveaux économique, politique, technologique et militaire.

Entre la pression des étudiants et la communauté musulmane d'une part, et la pression d'Israel, le lobby juif américain et les intérêts géopolitiques en jeu, Biden et Harris n'ont jamais fait preuve de doutes quant à qui appuyer.

Kamala Harris a participé avec Joe Biden à la plupart des réunions avec Benyamin Netanyahou et il n'y a jamais eu de frictions avec le secrétaire du Département d'État, Anthony Blinken, de famille juive et clairement pro-israélienne - comme plusieurs des membres du gouvernement démocrate, qui a effectué de nombreuses visites en Israël et dans d'autres pays de la région au cours des neuf derniers mois.

Et au cas où il y aurait un doute, le 13 août, Blinken a informé le Congrès de la décision du gouvernement de vendre un nouvel ensemble d'armes d'une valeur de 20 milliards de dollars à Israël, y compris 50 avions de chasse F15, des missiles aériens à moyenne portée, des munitions pour des blindés de 120 mm et des véhicules tactiques.

La décision intervient précisément à un moment où l'on craint une prolongation de la guerre au niveau régional, et bien que la livraison de ce matériel soit prévue pour 2029, il s'agit certainement d'une déclaration d'intention.

Dans un message sur X (ex-Twitter), le Président israélien Isaac Herzog a immédiatement remercié le Gouvernement Biden-Harris pour cette décision : "Pendant qu'Israël et nos services de sécurité restent en état d'alerte maximale, je voudrais exprimer ma gratitude à nos alliés qui restent unis face aux menaces haineuses du régime iranien et de ses alliés terroristes."

Pour mener à bien sa politique de guerre au Moyen-Orient, l'administration démocrate actuelle a décidé le 12 août de lever l'interdiction d'envoyer des armes offensives en Arabie saoudite. La mesure a été adoptée en 2021 en raison de l'indignation dans des secteurs de la société américaine et dans le Parti démocrate lui-même à cause des milliers de morts civiles causées par la guerre dévastatrice menée par le régime de Mohammed ben Salmane au Yémen.

Peu de différences ont été en mesure d'être observées entre la politique du ticket Trump-Vance et celle du gouvernement Biden-Harris à l'égard d'Israël et du Moyen-Orient. En fin de compte, l'administration actuelle a suivi la politique esquissée par Donald Trump alors qu'il arrivait au pouvoir en 2017.

Déjà au cours de sa campagne électorale, en 2016, Trump était intervenu, bien sûr, devant l'AIPAC dans lequel il se présentait comme un partisan à vie et un véritable ami d'Israël. Les participants à cet événement l'ont applaudi lorsqu'il s'est engagé comme président à annuler l'accord nucléaire signé avec l'Iran sous le gouvernement de son prédécesseur, Barack Obama.

Trump, qui a eu comme meilleur conseiller son gendre au cours de son mandat, le Juif ultra-orthodoxe Jared Kushner, a tenu sa promesse. Il n'a pas seulement annulé le principal accord nucléaire conclu avec l'Iran, que Biden-Harris n'a pas réussi à renouveler au cours de son mandat.

Peu de temps après, dans une nouvelle provocation, Trump a ordonné que le général Qasem Soleimani, le commandant d'Al Qods, la force d'élite des Gardiens de la révolution iranienne, soit tué, par une frappe de drones à l'aéroport de Bagdad.

Le magnat républicain est allé encore plus loin, prenant une mesure d'importance historique en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il a décidé de déplacer l'ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, violant un accord international en place depuis des décennies visant à maintenir la neutralité de cette ville.

L'administration Trump a insisté et a également amené les Émirats arabes unis, Bahrein et le Soudan à signer les accords d'Abraham pour lesquels ils se sont engagés à reprendre les relations diplomatiques avec l'État hébreu sans les subordonner à l'évocation des territoires palestiniens occupés.

Peu de temps avant de quitter le pouvoir, l'administration Trump-Pence a annoncé une nouvelle provocation ayant des conséquences sur la scène internationale. Elle a reconnu le droit du Maroc au Sahara occidental, en échange du rétablissement des relations avec l'État hébreu. En 2021, l'administration Biden-Harris a entériné cette décision.

Il ne fait aucun doute que si Trump accédait à nouveau au pouvoir, il irait encore plus loin que Kamala Harris au niveau du soutien à l'État hébreu et à sa solution finale face au peuple palestinien, ainsi que dans l'agression contre l'Iran et le Liban. La région du Moyen-Orient déjà traversée par de nombreux conflits peut devenir le théâtre d'une confrontation violente encore plus grande.

20/08/2024

Roberto Montoya, journaliste et écrivain, fait partie du South Wind Advisory Council sur

https://www.elsaltodiario.com/el-side-hidden-de-la-news/trump-harris-genocidio-palestine

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Une stratégie gouvernementale en habitation insuffisante selon le FRAPRU

27 août 2024, par Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) — , ,
Montréal et Québec, le 22 août 2024 – Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qualifie de décevante et d'insuffisante la Stratégie québécoise en habitation (…)

Montréal et Québec, le 22 août 2024 – Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qualifie de décevante et d'insuffisante la Stratégie québécoise en habitation présentée aujourd'hui par la ministre responsable de l'habitation France-Élaine Duranceau. Le regroupement de défense du droit au logement est étonné qu'une stratégie sur laquelle le gouvernement travaille depuis 4 ans ne soit pas plus consistante et se dit d'autant plus inquiet pour la suite. « La montagne accouche d'une souris », déplore Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU, en constatant le peu de nouvelles mesures structurantes. « La plus grande lacune de la stratégie est l'absence de cibles précises pour augmenter l'offre de logements sociaux et communautaires, afin de diminuer le nombre de ménages ayant des besoins impérieux de logement », résume Véronique Laflamme.

22 août 2024 | communiqué du FRAPRU
https://www.frapru.qc.ca/strategie-gouvernementale/

Selon le FRAPRU la stratégie s'est concentrée principalement sur l'offre de logements, sans égard à leurs prix. « Pourtant, au-delà de la rareté, c'est bien à une crise d'inabordabilité à laquelle les locataires doivent faire face. La stratégie met l'accent sur l'augmentation de l'offre en établissant une cible de 560 000 nouveaux logements à mettre en chantier d'ici 10 ans, mais ne contient aucune cible de nouveaux logements sociaux sur la même période. Il s'agit d'une carence majeure, alors que de plus en plus d'organisations et d'élu·es conviennent de la nécessité de doubler le parc de logements sociaux et communautaires pour sortir durablement de la crise du logement au Québec », dénonce-t-elle. Selon le FRAPRU, afin de mettre à l'abri de la crise les ménages locataires dont les besoins sont les plus urgents, la part occupée par le logement sans but lucratif doit atteindre 20 % du parc locatif, or, elle n'en représente actuellement que 10,5 %. Afin d'atteindre cet objectif, le gouvernement du Québec doit prévoir la construction de 10 000 à 12 000 logements sociaux publics, coopératives d'habitation et logements sans but lucratif par année, durant cinq ans.

« Le gouvernement annonce qu'il va réfléchir à de nouveaux outils financiers pour le logement social et communautaire. Dans tous les cas, ça va prendre aussi des programmes gouvernementaux dédiés au logement social qui fonctionnent et qui se suffisent à eux-mêmes, ce qui fait toujours défaut », insiste Véronique Laflamme en rappelant que le retard accumulé dans la livraison de logements sociaux depuis plusieurs années repose principalement sur l'inadéquation et le sous-financement des programmes en place. « Ça fait des mois que des organisations de divers horizons et des municipalités demandent plus de prévisibilité pour favoriser le développement du logement social. Or, la stratégie gouvernementale n'en offre aucune », souligne madame Laflamme. Le FRAPRU constate que la seule cible en termes de logement social et abordable est celle de 23 000 logements qui seront réalisés sur 6 ans. En plus des unités prévues dans la mise à jour économique et dans les derniers budgets, ce chiffre inclut des logements déjà promis depuis plusieurs années, dont la moitié des 15 000 que la CAQ avait promis de réaliser dans son premier mandat et qui n'ont toujours pas été construits. Le FRAPRU espérait minimalement que la Stratégie prévoit de nouvelles annonces. Or, malgré la situation du logement qui se détériore et celle des locataires qui s'appauvrissent partout au Québec, la CAQ a le même objectif de développement que celui avancé lors de la dernière campagne électorale.

Même le projet-pilote de logements modulaires qui sera lancé incessamment est dans les cartons depuis plusieurs mois. « On a l'impression que la machine gouvernementale continue d'avancer à pas de tortue, alors que partout au Québec les communautés sont aux prises avec les conséquences dévastatrices de la crise du logement et que des centaines de locataires se retrouvent sans alternatives en raison de l'insuffisance de logements sociaux. C'est incompréhensible », commente la porte-parole du FRAPRU.

La seule nouvelle mesure est l'utilisation des terrains et bâtiments publics excédentaires à des fins de logement « social, abordable et étudiant ». « S'agissant d'une mesure que l'on demande depuis des années, c'est une bonne nouvelle. Cela dit, le gouvernement doit agir rapidement et ces terrains et bâtiments publics qui nous appartiennent collectivement doivent être réservés en priorité à des projets sans but lucratif, les seuls à demeurer abordables durablement », rappelle Véronique Laflamme.

Enfin, en plus de ne pas fixer de cibles claires de logements réellement abordables à construire, la Stratégie ne prévoit rien pour contrer l'explosion du coût des loyers, présentant les actions posées jusqu'ici comme si elles étaient suffisantes, alors que l'insécurité résidentielle se répand. Même si le regroupement se réjouit que le gouvernement planifie enfin une campagne d'information sur les droits des locataires, il déplore que ni un registre, ni un contrôle obligatoire des loyers, y compris dans les immeubles récemment construits, ne soient sur le radar gouvernemental.

Alors que la ministre responsable de l'habitation affirme que la Stratégie sera évolutive, le FRAPRU ne désespère pas de convaincre le gouvernement Legault de faire plus et mieux d'ici la mise à jour économique de l'automne. C'est d'ailleurs pour rappeler l'urgence des besoins et demander à Québec de prendre les moyens de doubler le nombre de logements sociaux et communautaires d'ici 15 ans qu'il tiendra un camp à Québec rassemblant près de 200 personnes à l'occasion de la rentrée parlementaire les 14 et 15 septembre. La population est invitée à participer notamment à la grande manifestation de clôture de ce camp.

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Les organisateurs et leurs alliés résistent à la tentative de perturbation d’un événement à Montréal, dénonçant le fascisme hindutva.

27 août 2024, par CERAS (Centre sur l'asie du sud), South Asian Diaspora Action Committee — , ,
Le Collectif d'action de la diaspora sud-asiatique (South Asian Diaspora Action Collective - SADAC) et le CERAS (Centre sur l'asie du sud) ont organisé un événement[1] intitulé (…)

Le Collectif d'action de la diaspora sud-asiatique (South Asian Diaspora Action Collective - SADAC) et le CERAS (Centre sur l'asie du sud) ont organisé un événement[1] intitulé « La lutte doit se poursuivre ! : Le fascisme hindutva en Inde et dans la diaspora, et ses impacts sur les minorités », le 15 août 2024, au Cinéma De Sève de l'Université Concordia à Montréal.

*

L'événement, qui a nécessité une longue préparation pendant des mois, visait à mieux comprendre les élections indiennes de juin dernier dans le contexte des violations rampantes des droits de la personne [2], à l'encontre des musulman.e.s et d'autres minorités, des peuples opprimés par le système de castes, des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme, tolérés et même soutenus par le gouvernement du BJP au pouvoir en Inde.

La description de l'événement explique la raison d'être :

« Après dix ans de gouvernement suprématiste hindou en Inde, le parti fasciste au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), a finalement perdu sa majorité absolue lorsque 640 millions de personnes se sont rendues aux urnes au début de l'année. Il a perdu un nombre impressionnant de 63 sièges, passant à 240 sur 543. Malgré ces résultats électoraux positifs, le BJP reste à la tête du pays et les horreurs infligées aux minorités
indiennes n'ont pas cessé et ne sont pas près de s'arrêter. Les analystes politiques dénoncent la rhétorique antimusulmane qui s'est profondément ancrée dans la société et les institutions indiennes au cours de la dernière décennie. »


Le raisonnement est davantage contextualisé dans la description :

« Il est moins connu que le parent idéologique du BJP est l'organisation
paramilitaire fasciste la plus importante et la plus durable au monde, le
Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) [3], qui a été fondé dans les années
1920.
»

* * *

Nous avons appris dans la soirée du mardi 13 août qu'il y avait eu une campagne de diffamation contre notre événement en utilisant des allégations trompeuses d'hindouphobie [4]. Un groupe, « Hindu on Campus », a exprimé à l'Université Concordia et sur les médias sociaux [5] qu'il était mécontent de notre événement. Des condamnations et des demandes d'annulation de l'événement par d'autres groupes suprémacistes hindous de droite [6], comme VHP-Canada, Coalition of Hindus of North America (CoHNA [7]) - Canada et Canadian Organization for Hindu Heritage Education (COHHE) [8] ont suivit.
Ces groupes se sont opposés à l'utilisation de l'expression « fascisme hindutva » dans notre matériel publicitaire. Entres autres fausses allégations : l'événement n'aurait pas mis en lumière les récentes attaques contre la minorité hindoue du Bangladesh.

La SADAC et le CERAS sont d'ardents défenseurs des droits des minorités et ont régulièrement organisé des événements consacrés aux minorités à travers l'Asie du Sud. L'objectif de l'événement était d'aborder la question du fascisme Hindutva et de la suprématie de la droite hindoue en Inde. Il ne s'agissait pas d'une attaque contre la religion hindoue ou les hindous croyants. En fait, ce soir-là, plusieurs orateurs ont condamné avec véhémence les violences infligées à la minorité hindoue du Bangladesh. Les accusations selon lesquelles notre événement était anti-hindou ou «
hindouphobe » [9] étaient donc sans fondement.

* * *

Le 14 août, le lendemain du jour où nous avons appris de la campagne de diffamation de l'extrème-droite hindou et moins de 24 heures avant l'événement, le cinéma De Seve de l'université Concordia nous a informés qu'il annulait notre réservation en invoquant une raison « administrative ». Nous nous sommes empressé de trouver un lieu alternatif pour
l'évènement.

Le 15 août 2024, juste avant le début de l'événement, une foule s'est rassemblée devant le lieu de l'événement, avec l'intention d'en perturber la tenue. La foule scandait des slogans revendiquant l'hindouphobie. Les perturbateurs se sont montrés agressifs et violents, exigeant que nous annulions notre événement et que nous leur cédions la place pour qu'ils
puissent mettre en œuvre leur programme discriminatoire. Ils ont tenu des propos misogynes et ont tenté d'intimider les organisateurs-rices et les participant-e-s à l'entrée, blessant gravement au moins une personne lorsqu'ils ont essayé d'entrer par la force. Ils ont tenté de bloquer l'entrée et d'encombrer le couloir, empêchant plusieurs de nos invité-e-s d'atteindre le lieu et d'entrer. Les organisateurs-rices ont pris de nombreuses mesures pour calmer la situation, en essayant de dialoguer tranquillement avec les agitateurs, en leur donnant de l'espace pour protester tant qu'ils n'obstruaient pas le couloir et n'intimidaient pas les participants, dont beaucoup étaient âgés et venaient de communautés qui ont été soumises à une violence constante et déshumanisante. Après un court délai, l'événement s'est poursuivi comme prévu. Plus tard, des membres de
la foule ont déclenché l'alarme incendie à trois reprises pour interrompre délibérément les orateur-e-s. Cela a forcé les pompiers à arriver et la sécurité du bâtiment à appeler la police, qui a ensuite escorté la foule à l'extérieur du bâtiment.

Bien que l'événement ait commencé en retard, les tentatives de la foule n'ont pas réussi à nous empêcher de créer l'espace nécessaire pour tenir les conversations importantes que nous avions prévues. Malgré les perturbations, l'événement a été suivi avec succès par un grand nombre de participant-e-s qui ont également été témoins en temps réel des dangers des idéologies Hindutva en pratique et ont démontré-e leur solidarité en ne se laissant pas intimider et en s'engageant avec les orateur-e-s.

Cette agression collective contre l'événement organisé par SADAC et CERAS nous rappelle que les fascistes suprématistes hindous s'organisent à Montréal pour faire taire les voix dissidentes. Ainsi, la lutte pour la justice et la dignité doit continuer contre l'idéologie de la haine.

Nous remercions tout le monde pour leur soutien continu - celleux qui ont appuyé l'événement, celleux qui se sont porté-e-s volontaires et celleux qui ont assisté-e-s à l'événement, ou qui ont essayé de le faire. Grâce au soutien de la communauté, l'événement a pu être maintenu et a permis de sensibiliser à la situation des minorités religieuses et des personnes marginalisées en Inde et dans nos communautés.

South Asian Diaspora Action Collective (SADAC) et CERAS (Centre sur
l'asie du sud)

1. https://www.facebook.com/events/834167702142790
2.
https://www.amnesty.org/en/location/asia-and-the-pacific/south-asia/india/report-india/
3.
https://www.npr.org/2019/05/03/706808616/the-powerful-group-shaping-the-rise-of-hindu-nationalism-in-india
4. https://drive.google.com/file/d/1d41KjHGfrnJlbM0fLLMJlGADOku4sOu_/view
5. https://x.com/hinduoncampus/status/1823241023977304564
6. https://www.nccm.ca/rss-in-canada/
7.
https://bridge.georgetown.edu/research/factsheet-coalition-of-hindus-of-north-america-cohna/
8.
https://local-news.ca/2024/04/26/weaponizing-hinduphobia-to-suppress-dalit-and-caste-oppressed-voices/
9.
https://www.thestar.com/opinion/contributors/we-must-oppose-indian-hindu-nationalist-forces-in-canada/article_f3911d19-3d62-53bc-8380-0709907718c4.html

Source :
South Asian Diaspora Action Collective (SADAC)
CERAS (Centre sur l'Asie du sud)

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Le Canada doit bloquer le transfert de 83,7 M$ d’explosifs à Israël : Groupes pour la paix

27 août 2024, par Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient — , , ,
Montréal, le 15 août, 2024 — Les organisations pour la paix condamnent le projet de transfert d'explosifs d'une valeur de 83,7 millions de dollars à l'armée israélienne, qui, (…)

Montréal, le 15 août, 2024 — Les organisations pour la paix condamnent le projet de transfert d'explosifs d'une valeur de 83,7 millions de dollars à l'armée israélienne, qui, selon elles, alimentera la violence génocidaire d'Israël à l'encontre des civils de la bande de Gaza.

Tiré du site web des Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient

Dans le cadre du programme d'armement de 20 milliards de dollars destiné à Israël, le Congrès américain a approuvécette semaine l'achat de 50 000 cartouches de mortier hautement explosif d'une valeur de 83,7 millions de dollars canadiens (61,1 millions de dollars américains) à General Dynamics Ordnance and Tactical Systems Inc. située au Québec. En réaction, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO), World Beyond War (WBW) et Voix juives indépendantes (VJI) demandent instamment au gouvernement canadien de bloquer cette exportation d'explosifs, de combler la lacune américaine dans le régime canadien d'exportation d'armes et d'imposer un véritable embargo bilatéral sur les armes à destination d'Israël.

En mars 2024, le Parlement canadien, y compris le parti libéral au pouvoir, a votépour mettre fin au transfert d'armes vers Israël. Cependant, bien qu'elle ait prétendu mettre en œuvre une « pause » sur les nouvelles approbations de permis, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a exclu les centaines de permis existants, ce qui signifie que 95 millions de dollars de biens militairespourraient encore être expédiés vers Israël d'ici la fin de 2025. En outre, des groupes de la société civile ont averti que le régime de contrôle des armes du Canada contient une faille intentionnelle importantequi permet aux armes de transiter par les États-Unis vers Israël sans être réglementées, non déclarées et sans évaluation des droits de la personne.

« Cette vente doit être annulée. Le Canada tente d'aider les États-Unis à acheminer 50 000 mortiers fabriqués au Canada vers un État qui commet activement un génocide », a déclaré Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. « La ministre Joly doit immédiatement faire marche arrière et empêcher l'utilisation d'explosifs canadiens dans le massacre illégal de civils à Gaza par Israël », a ajouté M. Bueckert.

« Il est scandaleux qu'au moment où le Premier ministre Trudeau déclare au public que 'nous avons mis fin aux exportations d'armes vers Israël', les États-Unis annoncent une vente importante de munitions/cartouches pour mortier à Israël, fabriquées au Canada », a déclaré Rachel Small, de World Beyond War. « Cette annonce détruit toute confiance que nous aurions pu avoir dans l'authenticité du gouvernement libéral sur cette question - soit ils mentent en disant qu'ils ont suspendu les approbations de permis d'exportation, soit cette suspension n'a pas de sens. C'est pourquoi nous demandons un embargo total sur les armes à destination d'Israël ».

« Le monde a regardé avec une horreur absolue la semaine dernière lorsque les forces israéliennes ont utilisé des bombes de 2 000 livres pour frapper l'école al-Tabin à trois reprises, tuant plus de 100 Palestiniens qui y cherchaient refuge. Bien que le gouvernement canadien ne semble pas avoir pris la mesure de ce qui se passe à Gaza, nous savons qu'il s'agit d'un génocide et nous avons l'impératif moral d'exercer une pression maximale pour mettre fin à la violence génocidaire d'Israël », a déclaré Niall Clapham Ricardo, coordinateur de projets spéciaux pour Voix juives indépendantes Canada (VJI). « Tant que le Canada maintiendra ouverte la faille qui permet aux armes fabriquées au Canada d'être acheminées vers Israël via les États-Unis, le Canada continuera d'être complice des actions génocidaires d'Israël à Gaza ».

En réponse aux mensonges incessants du gouvernement libéral sur le commerce des armes entre le Canada et Israël, et suite à l'une des périodes de violence les plus dévastatrices qu'Israël ait infligé aux Palestiniens de Gaza, des centaines d'organisations de la société civile à travers le pays ont appelé à une journée d'action sur l'embargo sur les armes le mardi 20 août. À ce jour, 44 députés se sont joints à plus de 300 associations, syndicats, institutions religieuses, organisations de défense des droits de l'homme et de l'environnement de tout le Canada pour signer la déclarationEmbargo sur les armes maintenant , qui appelle à un embargo total et immédiat sur les armes dans les deux sens, en utilisant la législation canadienne sur les sanctions, afin de mettre un terme à la circulation de toutes les armes et de tous les biens militaires à destination et en provenance d'Israël.

À propos de CJPMO

– Les Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient (CJPMO) est une organisation séculaire, sans but lucratif, regroupant des hommes et des femmes d'horizons divers qui oeuvrent pour que la paix et la justice renaissent au Moyen-Orient. Elle a pour vocation de responsabiliser les personnes d'influence à traiter les protagonistes avec équité et à favoriser l'essor durable et équilibré de la region.

Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orientwww.cjpme.org

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Canada. Une vidéo patriotique truffée d’images étrangères plonge les conservateurs dans l’embarras

27 août 2024, par Martin Gauthier — , ,
Une vidéo de campagne du Parti conservateur sur le portrait d'un Canada idéalisé par leur chef, Pierre Poilievre, a rapidement été supprimée : elle contenait de nombreuses (…)

Une vidéo de campagne du Parti conservateur sur le portrait d'un Canada idéalisé par leur chef, Pierre Poilievre, a rapidement été supprimée : elle contenait de nombreuses images tournées à l'étranger, dont une montrant des chasseurs russes. Mais les médias se délectent des copies de l'enregistrement, devenues virales.

22 août 2024 | tiré de courrier internatioal
https://www.courrierinternational.com/article/canada-une-video-patriotique-truffee-d-images-etrangeres-plonge-les-conservateurs-dans-l-embarras_221417

Les conservateurs canadiens ont publié une vidéo (supprimée depuis) censée glorifier le patrimoine du pays. Mais celle-ci multipliait les bévues, usant notamment d'images tournées à l'étranger. Les conservateurs canadiens ont publié une vidéo (supprimée depuis) censée glorifier le patrimoine du pays. Mais celle-ci multipliait les bévues, usant notamment d'images tournées à l'étranger.

Les conservateurs canadiens, qui jouissent d'une forte avance dans les sondages en vue des élections de 2025, ont commis une sacrée gaffe, constatent les médias canadiens. “Appliquons à cette vidéo le terme actuellement accolé aux républicains américains : […] la vidéo est bizarre. Très bizarre”, lance The Tyee. Le site d'information indépendant signale qu'elle met en vedette le chef du principal parti d'opposition canadien, Pierre Poilievre, coiffé d'un chapeau de cow-boy et faisant le récit de la vie quotidienne du pays “avec de curieux détails”.

Blé américain, maisons slovènes, école ukrainienne

Dans ce portrait de trois minutes d'un rêve patriotique éveillé, enchaîne La Presse, il présente “un Canada résolument fantasmagorique où les gens auraient le droit incroyable de chasser le gibier, de débattre à l'université et de déposer leurs enfants à l'école en pick-up, rien de moins”. Au terme d'une “merveilleuse journée typiquement canadienne”, ironise sa chroniqueuse Isabelle Hachey, de “bons Canadiens” scrutent le paysage. Ils voient du blé, des contreforts, les Rocheuses, un crépuscule, et concluent en se regardant dans les yeux : “Nous sommes à la maison.” Le problème, en l'occurrence, ajoute la journaliste, vite repéré par des internautes, c'est que “le blé qu'on nous montre […] est américain. Les contreforts sont indonésiens. Et les Rocheuses, plus grande fierté du Canada, sont celles de l'Utah.”

LIRE AUSSI : Politique. Pierre Poilievre et son “populisme revanchard” à la tête des conservateurs canadiens

Ce ne sont pas les seules images trompeuses relevées sur X par des observateurs aux aguets : on voit dans la vidéo une séquence d'une classe filmée en Serbie, des maisons construites en Slovénie, des vaches broutant en Californie, des images de l'école polytechnique de Kiev. Et il y a pire, relève à son tour la CBC :

“Dans la vidéo, Poilievre parle d'avions de chasse effectuant une mission d'entraînement, se préparant à ‘défendre notre patrie et notre terre natale'. Mais les images utilisées montrent des avions de chasse de fabrication russe.”

Les conservateurs admettent une “erreur”

“Heureusement, réagit le blog AlbertaPolitics.ca, il n'y a aucun lien connu avec l'Alberta [un bastion conservateur] dans la vidéo embarrassante.” Les réactions après la diffusion de l'enregistrement ont fusé sur les réseaux sociaux.

Dans un communiqué, le Nouveau Parti démocratique (gauche) a demandé aux conservateurs de dénoncer l'utilisation d'un contenu numérique “bidon”. CTV News rapporte que la porte-parole du Parti conservateur, Sarah Fischer, a confirmé le 19 août le retrait de la vidéo, deux jours après sa publication : “Des erreurs se produisent, comme vous pouvez le voir ici.”

LIRE AUSSI : Canada. Justin Trudeau : une retraite pour mieux revenir ?

“Brisé, le Canada ?” – comme se plaisent à le répéter les conservateurs – ironise La Presse, qui conclut : “Pas autant, manifestement, que l'équipe des communications de Pierre Poilievre”.

Martin Gauthier

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Le programme de Poilievre est une menace pour les communautés de Montréal, affirment les organisateurs et militants de première ligne

27 août 2024, par Collectif — , ,
Les leaders communautaires et les militants qui travaillent directement avec les diverses communautés de Montréal se rassemblent pour avertir que le programme d'entreprise de (…)

Les leaders communautaires et les militants qui travaillent directement avec les diverses communautés de Montréal se rassemblent pour avertir que le programme d'entreprise de Pierre Poilievre et la coalition qu'il représente constituent une menace imminente pour les populations marginalisées – et en fin de compte pour tout le monde.

(*Événement
Facebook <https://www.facebook.com/events/378...> *)

« Nous construisons une coalition pour affronter le programme de Poilievre, et nous voulons voir cette conversation se dérouler partout », a déclaré l'activiste communautaire Stefan Christoff.

Parmi les intervenants, on compte :

Ehab Lotayef, militante communautaire et poète

Nakuset, du Foyer pour femmes autochtones de Montréal / Résilience Montréal

Anaïs Zeledon Montenegro, travailleuse communautaire à Action Santé
Travesti(e)s et Transexuel(le)s du Québec (ASTT(e)Q)

Sandra Wesley, directrice générale de Stella, l'amie de Maimie

Dolores Chew, membre fondatrice du Centre communautaire des femmes
sud-asiatiques (SAWCC)

Stefan Christoff (modérateur)

« Ce que nous voyons avec les conservateurs de Pierre Poilevre, c'est une alliance entre les grandes entreprises et les groupes qui cherchent à nous priver de nos droits », a déclaré l'activiste communautaire et poète Ehab Lotayef. « Les coupes radicales et les mesures d'exploitation que Poilievre est susceptible de mettre en œuvre ont un historique, et c'est une tragédie humaine évitable à grande échelle. »

Poilievre a préconisé des mesures extrêmes comme des coupes dans les programmes sociaux et des réductions d'impôts pour les élites financières les plus riches. En tant que député, il faisait partie d'un caucus semi-secret avec le parti conservateur qui s'est surnommé le « Khmer Bleu », ainsi nommé pour son adhésion à des positions extrémistes et son approche impitoyable.

« C'est un geste conservateur classique de promettre de petites réductions d'impôts à la classe ouvrière, mais de les utiliser comme écran de fumée pour un transfert massif de richesses vers les ultra-riches », a déclaré Dru Oja Jay, membre de la coalition Courage. « Le résultat sera des coupes dans les services qui nuiront à tout le monde, mais plus particulièrement aux communautés marginalisées. »

Les politiques conservatrices d'aujourd'hui, comme celles du passé, auront un impact particulièrement dévastateur sur les peuples autochtones.

« Nous avons vu que lorsqu'un gouvernement conservateur arrive au pouvoir, ce financement est soudainement réduit », a déclaré Na'kuset, directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal. « Les services essentiels dont dépendait la communauté ont disparu et cela a laissé un impact dévastateur – la communauté retient maintenant son souffle en prévision des difficultés et des pertes potentielles. »

Poilievre a sollicité le soutien d'une constellation de groupes racistes d'extrême droite, dont Diagolon, que le Réseau canadien anti-haine a qualifié de « milice néofasciste ».

« Il est clair pour nous que – après des années d'inaction du gouvernement actuel pour améliorer les droits de la personne – si Poilievre prend le pouvoir, une variété de racistes et de fanatiques vont jouer un rôle plus important dans l'élaboration des politiques publiques », a déclaré Sandra Wesley, directrice générale de Stella Montréal. « Il les considère comme des constituants légitimes de sa coalition politique. »

« Le fait que le principal candidat au poste de premier ministre rencontre ces groupes augmente déjà leur légitimité et leur marge de manœuvre – cela menace davantage la sécurité de millions de personnes au Canada, en particulier les travailleuses du sexe, et il n'a même pas encore pris le pouvoir. »

Le panel discutera également des solutions et d'une approche proactive pour atténuer les dommages causés par une administration dirigée par Poilievre.

À quoi ressemblerait une réponse communautaire unifiée et efficace au programme d'entreprise de Poilievre ? Comment les militants peuvent-ils susciter une action qui parle aux gens en dehors de la zone limitée de la politique partisane ?

Ce sont quelques-unes des questions que le panel tentera de traiter.

Pour ces groupes, permettre à un gouvernement aligné sur un programme aussi
nuisible de se mettre en place sans une mobilisation populaire n'est pas une option.

« Ceux d'entre nous qui sont attaqués par ce mouvement violent et régressif financé par les entreprises doivent commencer à planifier et à renforcer nos liens les uns avec les autres », a déclaré Dolores Chew, membre fondatrice du South Asian Women's Community Centre (SAWCC). Chew a suivi de près la montée de Modi et du BJP en Inde ainsi que les développements au Canada.

« La menace de l'accession au pouvoir des fascistes est réelle, et jusqu'à présent, nous n'avons pas vu de réponse collective qui prend cette menace au sérieux. »

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Pendant que les manipulateurs de l’opinion jappent, la FIQ maintient le cap !

27 août 2024, par Julie Bouchard — , , ,
Depuis le lundi 12 août, jour où nous avons marqué notre 500e jour sans contrat de travail en appelant le gouvernement à réagir, il semble que nous ayons suscité l'intérêt de (…)

Depuis le lundi 12 août, jour où nous avons marqué notre 500e jour sans contrat de travail en appelant le gouvernement à réagir, il semble que nous ayons suscité l'intérêt de divers charlatans de l'opinion ! Certaines déclarations ont provoqué une vive réaction de notre part, ainsi que de la vôtre. Les chroniques d'opinion ont leurs limites, surtout lorsqu'elles ne font qu'attiser un conflit déjà difficile. Il est grand temps que les paroles cèdent la place à des actions concrètes.

Chose certaine, nous ne nous laisserons pas ébranler par des discours cherchant à nous dépeindre comme intransigeantes ou capricieuses. Nos revendications sont légitimes, basées sur des faits concrets et une compréhension approfondie des enjeux actuels du réseau public, et non sur des opinions ou des interprétations biaisées.

D'ailleurs, affirmer que la FIQ n'est pas disponible pour négocier ou qu'elle entrave l'aide aux régions éloignées est non seulement complètement faux, mais également une manœuvre cynique de la part d'un gouvernement incapable de reconnaître ses propres échecs. La réalité, c'est que la FIQ est toujours prête à engager des discussions constructives avec le gouvernement, à tout moment, dans l'intérêt de ses membres et pour le bien du réseau de la santé publique. Il est grand temps que le gouvernement cesse de chercher des boucs émissaires et fasse preuve de responsabilité.

Cependant, si nous devons recourir à des moyens de pression cet automne pour nous faire entendre, nous n'hésiterons pas à le faire. Notre disponibilité à négocier ne signifie pas que nous accepterons des compromis qui mettraient en péril la qualité des soins, nos conditions de travail et notre expertise. Notre force repose sur notre unité et notre détermination. Gardons à l'esprit que notre combat se joue à la table de négociation, et c'est là que nous devons concentrer tous nos efforts.

Bientôt, les vents souffleront fort, très fort. Nous déploierons des moyens de pression qui perturberont et dérangeront pour soutenir nos revendications et faire avancer la négociation. Les provocations externes, aussi bruyantes soient-elles, ne doivent en aucun cas nous détourner de notre objectif.

Vous avez raison d'être indignées par des affirmations inexactes, injustes et dénigrantes envers nos professions. Je suis constamment préoccupée par la propagation d'informations ou de propos présentés comme des vérités absolues, souvent décontextualisés et incomplets. Bien que j'éprouve une forte envie de réagir et de corriger ces erreurs, je sais que ce n'est pas toujours la meilleure stratégie.

C'est pourquoi je tiens à clarifier, en tant que présidente de notre organisation, je choisis de ne pas m'engager dans une guerre de mots avec des intervenants extérieurs à notre négociation. Tout d'abord, il est essentiel de rappeler que notre priorité absolue reste et restera toujours la défense des conditions de travail des professionnelles en soins et, par extension, la qualité des soins offerts aux patient-e-s.

Je continuerai toujours à porter votre voix pour dénoncer ceux qui nous accusent d'être responsables de notre propre détresse. Nous faisons face à des conditions de travail extrêmement difficiles, aggravées par des années de décisions politiques qui ont compromis la sécurité des soins. Il est odieux de nous faire porter le chapeau pour une situation que nous n'avons pas créée.

Nous devons concentrer toute notre énergie sur cette négociation cruciale avec le gouvernement. Certaines batailles ne méritent même pas que nous y participions. Engager des conflits inutiles ne ferait qu'affaiblir notre réputation et compromettre nos négociations en cours, surtout lorsqu'il semble que la provocation soit l'objectif. Nous sommes au-dessus de ces petites manœuvres politiques. Notre priorité est d'obtenir un contrat de travail équitable, qui reflète la réalité et l'importance de notre expertise en tant qu'infirmière, infirmière auxiliaire, inhalothérapeute et perfusionniste clinique.

Chacune de nos interventions publiques est scrutée à la loupe, tant par le gouvernement que par des mercenaires du commentariat qui cherchent à affaiblir notre cause en exploitant leur tribune médiatique. Nous devons rester dignes et concentrées, car notre cause dépasse de loin leurs jeux électoralistes. Restons concentrées sur l'essentiel pour ne pas tomber dans le piège des débats stériles qui détournent l'attention des véritables problèmes à résoudre. Pendant que nous perdons du temps à réagir à ces distractions, le gouvernement, lui, s'offre un moment de répit. Ne leur offrons pas ce luxe. Maintenons la pression pour régler notre négociation.

Ce n'est pas en menant une guerre de mots dans les médias que nous atteindrons nos buts. Nos interventions médiatiques ont pour but de mettre en lumière nos revendications, de porter la voix de nos membres et d'informer la population, qui nous soutient, sur les raisons de notre lutte pour de meilleures conditions de travail et des soins de santé de qualité.

Je nous encourage donc à rester déterminées et à garder confiance en notre démarche. La force de notre cause repose sur la justesse de nos revendications et sur la solidarité de notre mouvement. Gardons ce cap !

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Le réseau de santé public sacrifié sur l’autel de l’indécision, juge la FIQ

27 août 2024, par Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) — , ,
Montréal, le 23 août 2024 — En repoussant à mars 2025 l'échéance pour abolir le recours à la main-d'œuvre indépendante dans les grands centres, la Fédération (…)

Montréal, le 23 août 2024 — En repoussant à mars 2025 l'échéance pour abolir le recours à la main-d'œuvre indépendante dans les grands centres, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ estime que le ministre de la Santé, Christian Dubé, vient de prouver, une fois de plus, son incapacité à livrer les réformes qu'il clame haut et fort.

23 août 2024 | communiqué de la FIQ
https://www.fiqsante.qc.ca/le-reseau-de-sante-public-sacrifie-sur-lautel-de-lindecision-juge-la-fiq/

« La FIQ ne peut rester silencieuse face à ce recul qui trahit les engagements pris par le gouvernement. Rappelons que la première échéance fixée au 20 octobre 2024 devait marquer un tournant décisif pour enrayer cette dépendance toxique aux agences de placement. Il a été incapable de créer les meilleures conditions pour offrir des soins de qualité à la population et des conditions pour attirer, notamment en région, des professionnelles en soins. Aujourd'hui, les agences de placement sortent malheureusement gagnantes », exprime Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

Depuis le début, la FIQ avertit que sans une amélioration des conditions de travail des professionnelles en soins fidèles au réseau public, celles qui travaillent pour les agences ne voudront pas revenir dans le réseau public. Le ministre Dubé a sous-estimé l'importance de mettre en place des moyens efficaces d'attraction, de rétention et de reconnaissance.

« Il est tout simplement honteux de faire porter l'odieux de ce report à la FIQ. Nous avons salué et soutenu l'objectif de se débarrasser de la MOI puisqu'elle représente une bataille que nous menons depuis des années. Il n'y a qu'une seule façon de ramener les professionnelles en soins des agences dans le réseau : améliorer les conditions de travail du réseau. Mais lorsque le gouvernement s'entête à ne pas vouloir mettre en place des solutions gagnantes pour y parvenir, les seules personnes responsables de cet échec sont celles qui prennent les décisions. », ajoute Julie Bouchard

Depuis trop longtemps, les professionnelles en soins alertent sur les effets néfastes de la main-d'œuvre indépendante : une rupture de la continuité des soins, une explosion des coûts et un épuisement exacerbé des équipes régulières qui gangrènent leur stabilité. Ce report n'est rien d'autre qu'un pansement sur une plaie béante, qui ne fera que prolonger l'hémorragie.

« Le report de cette échéance démontre l'incapacité du ministre Dubé à instaurer des conditions attractives et rétentives, surtout dans les régions éloignées, qui subissent les conséquences de ce recul. Bien que nous partagions le même objectif que le ministre — se libérer de la dépendance à la main-d'œuvre indépendante — il est aujourd'hui évident qu'il a échoué à créer les conditions nécessaires pour y parvenir. En repoussant cette échéance, le ministre Dubé révèle le manque de substance de ses ambitions. Si le gouvernement souhaite réellement améliorer les conditions de travail pour ramener le personnel des agences dans le réseau public, la FIQ sera prête à collaborer », conclut la présidente de la FIQ, Julie Bouchard.

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Programme des travailleurs étrangers temporaires : Le gouvernement Legault silencieux sur cette forme d’esclavage moderne

27 août 2024, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
François Legault annonçait ces derniers jours un gel de six mois pour l'octroi de permis de travail dans le cadre du volet à bas salaire du Programme des travailleurs étrangers (…)

François Legault annonçait ces derniers jours un gel de six mois pour l'octroi de permis de travail dans le cadre du volet à bas salaire du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) dans la région de Montréal. Disons les choses comme elles sont : cette annonce ne réglera rien.

François Legault annonçait ces derniers jours un gel de six mois pour l'octroi de permis de travail dans le cadre du volet à bas salaire du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) dans la région de Montréal. Disons les choses comme elles sont : cette annonce ne réglera rien.

Et peut-on vraiment tenir 3500 travailleuses et travailleurs œuvrant dans des conditions extrêmement précaires responsables de la crise de logement, du manque de personnel et de ressources dans les services publics et de la précarisation du français à Montréal, comme l'avance notre premier ministre ?

En effet, cette mesure ne vise que 3500 travailleurs temporaires puisque plusieurs secteurs, dont la santé, l'éducation et la construction, sont exemptés par ce gel. De plus, à la demande du Québec, depuis 2021, dans une majorité des professions qui ne seront pas touchées par ce gel, les employeurs du Québec n'ont aucune obligation de recruter localement ni aucun plafond de recrutement de travailleurs issus du PTET. Ainsi, un employeur pourrait recruter toute sa main-d'œuvre par le biais de ce programme !

Lors de son annonce, M. Legault n'a pas mentionné une seule fois les conditions de travail trop souvent déplorables auxquelles ces personnes font face.

Or, la situation actuelle est absolument intenable. Le nombre de travailleurs étrangers temporaires a explosé dans les dernières années. Il s'agit d'une main-d'œuvre vulnérable qui ne peut pratiquement pas faire valoir ses droits, des personnes vivant dans la menace constante de perdre leur permis de travail et d'être ainsi expulsé vers leur pays d'origine.

L'ONU sonne l'alarme
Le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d'esclavage, Tomoya Obokata, est récemment venu à la conclusion que le PTET « alimente les formes contemporaines d'esclavage, car il institutionnalise les asymétries de pouvoir qui favorisent les employeurs et empêchent les travailleurs d'exercer leurs droits ». Le Conseil du patronat (CPQ) tente de minimiser le problème en soutenant dans une lettre ouverte publiée ces dernières semaines que les « situations conflictuelles demeurent une minorité au sein de l'ensemble des employeurs qui recourent à de la main-d'œuvre étrangère ».

Pourtant, les problèmes documentés par l'envoyé de l'ONU sont nombreux : périodes de pause limitées ; activités sortant du cadre contractuel ; horaires de travail excessifs ; versement partiel et confiscation de salaires ; violences physiques, psychologiques et verbales (voire exploitation et violence sexuelle dans certains cas chez les femmes) ; absence d'équipements de protection individuelle, notamment dans des conditions dangereuses ; confiscation de documents ; réduction arbitraire des heures de travail ; fraude, etc.

En somme, je ne dis pas que tous les employeurs sont mauvais, mais plutôt que le problème est systémique. L'organisme Justice Pro Bono affirmait d'ailleurs il y a quelques mois être submergé d'appels. C'est la même chose à la CSN.
Nous recevons de plus en plus d'appels de nos syndicats affiliés qui cherchent à défendre ces travailleuses et ces travailleurs. Le nombre de migrants temporaires qui déposent une demande pour faire reconnaître un mauvais traitement et ainsi obtenir un « permis ouvert pour travailleur vulnérable » est tellement important que les délais de traitement ont explosé. Devant l'ampleur du problème, ajouter des inspecteurs du travail est certes utile, mais cela sera insuffisant pour résoudre le problème.

Oui, les besoins de main-d'œuvre des entreprises sont importants, mais ils sont prévisibles. Contrairement aux « solutions » caquistes et à ce qu'avance le CPQ dans ses diverses réactions, l'heure n'est pas à la défense de ce programme. L'heure est à mettre de l'avant un autre moyen d'accueillir des personnes qui veulent travailler au Québec, sans avoir recours au système des permis de travail fermés.

Devant le constat accablant dressé par le rapporteur de l'ONU, les gouvernements doivent cesser de tergiverser et mettre fin à cette pratique inacceptable en planifiant mieux notre immigration économique, avec une lentille plus humaine.

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Déclaration sur le Défilé de la Fierté et sur la Journée Communautaire du 10 août 2024 : Réfutation d’une fausse narrative et demande de démission de Simon Gamache

27 août 2024, par Collectif — , ,
Tio'tia:ke/Mooniyang/Montréal, le 19 août 2024 – Ce communiqué vise à corriger le récit propagé par Fierté Montréal, le SPVM et les médias grand public concernant les (…)

Tio'tia:ke/Mooniyang/Montréal, le 19 août 2024 – Ce communiqué vise à corriger le récit propagé par Fierté Montréal, le SPVM et les médias grand public concernant les événements précédant et durant la Journée Communautaire du 10 août 2024 et le défilé de la Fierté ayant eu lieu le 11 août, et demander la démission de la direction de Fierté Montréal.

Photo Raphael Alexandre

Il s'agit d'une déclaration conjointe de Helem Montréal, Mubaadarat, Voix Juives Indépendantes Montréal (VJI) et de la Faction Anti Génocidaire et Solidaire (F.A.G.S.), affirmant notre position en tant que Queers de Conscience. Nous rejetons l'influence des entités sionistes, impérialistes, colonialistes et corporatives qui ont tenté de s'approprier nos luttes par le pinkwashing, l'homonationalisme et la corporatisation. La parade
sioniste corporative de Fierté Montréal, allant à l'encontre du véritable esprit de la Pride comme protestation ne sera pas faite en notre nom. Nous nous opposons fermement au génocide en cours en Palestine et à l'instrumentalisation de nos identités queers pour le justifier. Pas en notre nom.

Clarification des faits ;

Événements précédant le « festival » de Fierté Montréal

Depuis plusieurs mois, Helem, VJI et Mubaadarat, soutenus par Sapphix sont engagés dans des discussions avec Fierté Montréal, tentant de les inciter à dénoncer et à couper leurs liens avec les commanditaires et participants sionistes du Festival. Fierté Montréal a reçu une liste de 4 revendications, accompagnée de documentation soutenant chaque demande.

Malgré leur refus des quatre demandes, Fierté a exprimé qu'ils « essayaient » de trouver des voies légales pour exclure les groupes sionistes de la marche puisque certain·e·s de leurs membres ont tenu des propos allant à l'encontre des règlements
<https://cms.fiertemontreal.com/uplo...> de Fierté Montréal concernant la politique anti-discrimination et harcèlement. Rétroactivement, il appert évident que cela était en fait une
tactique pour faire taire notre coalition. Ce discours comme quoi ils travaillaient « avec nous » a été maintenu jusqu'au début du « Festival ».

Les vraies et uniques préoccupations de Fierté étaient de protéger leur image et leurs commanditaires, et non d' « amplifier les voix des communautés 2SLGBTQIA+ pour assurer leur représentation, leur inclusion et la reconnaissance de leurs droits dans la société. » Bien que leur site Web présente une déclaration claire de « mission, vision et valeurs », Fierté a manqué l'occasion de montrer une réelle volonté de mettre ces valeurs à l'épreuve.

Journée communautaire du 10 août 2024

Fierté s'était engagée à assurer la sécurité de Helem Montréal et Mubaadarat pendant les activités du festival. Lors de la journée communautaire du 10 août, ces groupes ont malheureusement été confrontés à des provocations racistes et islamophobes. Plus que 10 incidents étaient observés, l'un d'eux devant l'un des responsables de Fierté Montréal. Des
membres de Helem Montréal et Mubaadarat ont dû se mobiliser pour fournir
sécurité et solidarité les un·e·s envers les autres.

Jour du défilé

Fierté Montréal a permis aux groupes et commanditaires sionistes de défiler avec des drapeaux israéliens dans la marche, trahissant la confiance de la communauté et mettant en danger les personnes marginalisées.

Deux (2) actions indépendantes avec un (1) objectif commun : dénoncer le génocide en cours

Helem et Mubaadarat ont décidé de participer au défilé, donnant de la visibilité à l'existence des communautés LGBTQ+ SWANA et arabes, tout en attirant l'attention des participant·e·s sur le génocide en cours. VJI a collaboré avec ces deux groupes pour dénoncer le pinkwashing et démontrer la solidarité qui existe entre les communautés juives et arabes. Cette coalition a décidé de profiter de la minute de silence propre au défilé
pour mettre en place un die-in. Celui-ci incluait en trame de fond des bruits d'avions militaires et des voix de civils en pleurs alors que certains marcheur·euse·s s'étaient recouverts de peinture rouge avant de se coucher sur le sol - imitant ainsi une scène du quotidien des Gazaouis.

La F.A.G.S. a quant à elle perturbé le défilé avec un message clair : pas de fierté dans le génocide. Le groupe visait à exposer la mauvaise foi de Fierté Montréal, pour faire taire les critiques et éviter les perturbations. La F.A.G.S. était solidaire des organisateur·ice·s du die-in et des groupes communautaires tels qu'AGIR et AfroPride, leur permettant de
marcher. L'action ciblait spécifiquement les contingents sionistes et
corporatifs au sein du défilé.

Le plus long blocus a duré près d'une heure, arrêtant le contingent de Fierté Montréal. Réaffirmant l'esprit de la Fierté comme un acte de protestation radical, les manifestant·e·s ont tenu bon face aux abus verbaux et physiques de la part à la fois des policier·ère·s et des spectateur·ice·s sionistes.

Ces actions conjointes soulignent l'interconnexion des différentes formes d'oppression et de mouvements. Nous croyons de tout cœur que la libération queer ne peut être atteinte qu'avec une Palestine libre. Aucun·e de nous n'est libre tant que nous ne le sommes pas tous·tes.

Alors que le contingent de Helem Montréal, Mubaadarat et VJI a fait face à du harcèlement, des tentatives d'arrêter leur action, et une sécurité présente pour protéger l'image de Fierté, le contingent de la F.A.G.S. a quant à lui été victime d'une brutalité policière sévère. Le SPVM a physiquement agressé les manifestant·e·s, détruit des bannières et proféré des menaces. En réponse à ces abus et solidairement, des membres autonomes de Helem Montréal, Mubaadarat et VJI ont rejoint la démonstration de la
F.A.G.S., solidifiant ainsi le lien entre les deux actions - tactiques différentes, objectif commun. Puisque personne ne nous protège, nous nous protégeons nous même.

La F.A.G.S. : Les prétendues négociations et la brutalité policière

Lors de l'interruption occasionnée par la F.A.G.S., deux (2) membres du conseil d'administration de Fierté Montréal sont venu·e·s rencontrer les manifestant·e·s, promettant qu'un·e représentant·e de Fierté Montréal viendrait parler au groupe rapidement. Après une longue attente, aucun·e représentant·e n'est arrivé·e. Pendant ce temps, la présence policière s'est intensifiée. Après des mois d'aveuglement volontaire, de manipulation et de déshumanisation, il est devenu plus clair que Fierté Montréal se
souciait davantage de son image que de ce que la Pride devrait réellement signifier : protéger les vies et la sécurité des communautés marginalisées et minorisées.

Alors que nous nous sentions de plus en plus en danger, nous avons réalisé que les « négociations » de Fierté Montréal n'étaient qu'une tactique de retardement pour déployer plus de violence contre nous alors qu'ils redirigeaient le défilé. Pour la sécurité des manifestant·e·s, nous avons dispersé nos efforts. La police nous a suivis dans les rues et dans le métro, bien après la fin de notre action, prouvant encore une fois que les
efforts de sécurité de Fierté étaient dirigés contre nous et non POUR nous protéger.

Les affirmations de Fierté et du SPVM concernant une résolution pacifique sont des mensonges flagrants. Leurs actions démontrent une priorité accordée aux intérêts corporatifs plutôt qu'à la sécurité et au bien-être des personnes queers.

Nos revendications conjointes mises à jour

1.

Nous demandons des excuses publiques de la part de Fierté Montréal pour
avoir déployé des policier·ère·s violent·e·s contre nous, pour avoir déshumanisé notre communauté et pour avoir mis en danger les manifestant·e·s ainsi que les participant·e·s du défilé.
2.

Nous demandons le retrait immédiat des déclarations faites par Simon
Gamache le dimanche 11 août, affirmant que Fierté Montréal avait réussi
à négocier avec les manifestant·e·s et que la situation avait pu être
résolue pacifiquement.
3.

Nous appelons Fierté Montréal à mettre en œuvre un plan BDS. Se
dissocier de l'apartheid sioniste est réalisable, comme le montrent
d'autres festivals, comme Fierté dans la Capitale (Ottawa).
4.

Nous demandons la démission de Simon Gamache et de tous·tes celleux qui
sont complices de la violence perpétrée contre les contingents de la
F.A.G.S. et de Helem Montréal, Mubaadarat et VJI.
5.

Si des éditions futures de Fierté Montréal ont lieu, nous exigeons
qu'elles mettent en œuvre les revendications précédemment soumises par
Helem Montréal, Mubaadarat et VJI.

Le site web de Fierté affirme que leur objectif est de « mett[re] de l'avant leurs [de la communauté] luttes et leurs réalités auprès du grand public et des institutions », en déclarant qu'ils entendent « bâti[r] des ponts durables avec les communautés et [adapter leurs] actions et approches afin de mieux porter leurs revendications et leurs aspirations [de la communauté]. » Nous les appelons à mettre ces paroles en action.

Conclusion

Les événements des dernières semaines ont clairement remis sur la table l'urgence de réaffirmer la véritable essence de la Fierté : une célébration enracinée dans la résistance, la solidarité et la justice. Les actions de Fierté Montréal ont non seulement trahi l'esprit de la Fierté, mais ont également mis en danger les communautés marginalisées en priorisant les intérêts corporatifs au détriment d'un véritable sentiment de sécurité.

Notre position collective, englobant Helem Montréal, Mubaadarat, Voix Juives Indépendants et la F.A.G.S. démontre notre engagement indéfectible envers la justice intersectionnelle et la libération de tous les peuples opprimés. Nous appelons la communauté et donc toute personne se sentant interpellée par nos revendications à soutenir nos efforts pour que Fierté Montréal prenne la responsabilité de ses échecs.

En tant que Queers de Conscience, nous restons uni·e·s dans notre résolution : De L'Île de la Tortue à la Palestine, pas de fierté dans le génocide et aucun compromis en ce qui a trait à la justice. Notre mouvement continuera à défier le pinkwashing et l'exploitation de nos identités à des fins politiques tant qu'il le faudra.

Resources

Photos et documents
<https://drive.google.com/drive/fold...>

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Mon p’tit jus de batterie

27 août 2024, par Gérard Montpetit — , ,
Dans l'actualité, je viens de voir que la méga-usine de batteries Northvolt a demandé l'autorisation de prélever de l'eau de la rivière Richelieu et de l'y rejeter après usage (…)

Dans l'actualité, je viens de voir que la méga-usine de batteries Northvolt a demandé l'autorisation de prélever de l'eau de la rivière Richelieu et de l'y rejeter après usage

M. Benoit Charette,
Ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Monsieur le Ministre,

Dans l'actualité, je viens de voir que la méga-usine de batteries Northvolt a demandé l'autorisation de prélever de l'eau de la rivière Richelieu et de l'y rejeter après usage. Cela me préoccupe car l'eau de mon robinet provient de l'aqueduc géré par la Régie de l'aqueduc intermunicipale du Bas-Richelieu (AIBR). La prise d'eau de mon aqueduc est située à Saint-Denis, soit une vingtaine de kilomètres en aval de Northvolt.[1] De plus, lorsque le vent soufflera du sud-ouest, je serai dans le panache pour respirer le bouquet des arômes d'air qui provient de cette usine. J'avoue être choyé par cette charmante attention de Northvolt !

Radio-Canada nous apprend qu'en Suède, l'usine-soeur de Northvolt rejette, entres autres « du nickel, du cobalt et du lithium ». J'apprends également qu'au Québec, il n'existe actuellement « aucune norme qui encadre le niveau acceptable de ces substances dans l'eau potable. ». Comme si ce n'était pas assez troublant, le professeur Benoit Barbeau ajoute que le « lithium a des effets sur la santé mentale à des concentrations assez faibles ».[2] Monsieur le Ministre, je vous demande de me rassurer ! Est-ce que les nouvelles normes que votre ministère va rédiger seront assez sévères pour préserver la santé physique et mentale des habitants de la vallée du Richelieu ?[3]

Est-ce que la santé financière de la grande industrie doit avoir la priorité sur la santé des riverains ? Nous nous sommes posé cette question lorsque votre ministère a modifié les règles pour que Northvolt échappe à l'obligation légale d'être soumis à un examen public du BAPE. En effet, ce BAPE aurait répondu à de nombreuses questions dont celles au sujet des nouvelles normes requises pour connaître les niveaux acceptables de nickel et de lithium dans l'eau. Mais la nécessité d'une décision rapide et la facilité administrative ont incité votre gouvernent à un contournement des règles, malgré les demandes citoyennes.

Ces nouvelles normes que votre ministère doit établir respecteront-elles le principe de précaution en ce qui a trait aux quantités de contaminants tolérables dans l'environnement ? Si on se fie au précédent de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda, votre gouvernement a haussé « la norme quotidienne de nickel de 14 ng/m3 à 70 ng/m3, et a adopté une norme annuelle de 20 ng/m3. » Ce changement de normes a suscité de vives critiques des 18 directions régionales de santé publique du Québec, du Collège des médecins du Québec et de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement qui se sont, complètement opposés à l'augmentation des normes.[4] Radio-Canada nous apprend aussi qu'en 2021, avec ces normes « relaxes », la fonderie Horne a rejeté dans l'air de Rouyn-Noranda plusieurs contaminants, dont 36.5 tonnes d'arsenic, 97,4 tonnes de nickel, 6,4 tonnes de chrome et 39,4 tonnes de zinc.[5]

Par définition, des batteries sont fabriquées à partir de matériaux qui réagissent entre eux pour stocker de l'électricité, puis la transmettre sur demande.[6] À Rouyn-Noranda, vous avez écouté les doléances de Glencore et de ses lobbyistes pour permettre des normes complaisantes pour la compagnie. Et pour Northvolt, les normes de votre ministère seront-elles dictées par vos conseillers scientifiques ? Ou seront-elles dictées par les lobbyistes de la compagnie ? Votre ministère saura-t-il résister au chant des sirènes de l'industrie. Voyez-vous, Monsieur le Ministre, lorsque j'ouvre mon robinet, je ne veux pas boire un cocktail dont l'ingrédient principal est composé d'un p'tit jus de batterie.

Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour ces normes qui sauront sauvegarder notre santé.

Gérard Montpetit
Citoyen de La Présentation qui boit l'eau de l'AIBR
le 24 août 2024

1] https://www.ledevoir.com/environnement/818174/northvolt-planifie-activement-pompage-rejet-eau-riviere-richelieu

2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2098192/northvolt-rejets-quebec-suede-nickel-lithium-riviere-richelieu

3] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2098604/northvolt-rejets-normes-environnement-quebec

4] https://plus.lapresse.ca/screens/04401fd9-ee9f-4d1f-b466-e552ab283084%7C_0.html

5] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1898316/fonderie-horne-contaminants-metaux-arsenic-nickel-plomb
6] https://pivot.quebec/2024/03/05/northvolt-assemblera-des-produits-chimiques-avec-un-impact-inconnu-sur-leau-du-richelieu/

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Plan d’adaptation aux changements climatiques

27 août 2024, par Aile parlementaire de Québec solidaire — , ,
QUÉBEC, le 22 août 2024 - Alors que le Québec vient de vivre un épisode d'inondations historiques, Québec solidaire exige le dépôt d'un Plan d'adaptation aux changements (…)

QUÉBEC, le 22 août 2024 - Alors que le Québec vient de vivre un épisode d'inondations historiques, Québec solidaire exige le dépôt d'un Plan d'adaptation aux changements climatiques d'ici la fin de l'année 2024. Ce plan devrait être financé par le rapatriement de la part du Québec des subventions fédérales envoyées aux pétrolières polluantes qui annulent les efforts des Québécois et des Québécoises.

« François Legault est sur le pilote automatique et ça m'inquiète. D'une catastrophe à l'autre, la CAQ n'apprend pas sa leçon. Nous ne sommes plus à l'étape des programmes à la pièce et de l'improvisation. Ça prend un véritable Plan d'adaptation aux changements climatiques pour préparer le Québec aux nouvelles réalités du climat », déclare Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire.

Selon l'Institut Climatique du Canada, chaque dollar investi en adaptation des changements climatiques permet jusqu'à 15$ d'économies sur le long terme : « Le Québec doit avoir un vrai Plan d'adaptation aux changements climatiques rapidement. Ça permettrait de financer des mesures de prévention et d'agir de façon coordonnée en adaptation au lieu de se contenter d'éteindre des feux en espérant que ça passe. L'adaptation aux changements climatiques va nous coûter moins cher que d'attendre que ça nous pète dans la face ! La Colombie-Britannique a une stratégie d'adaptation climatique, pourquoi pas nous ! », affirme Alejandra Zaga Mendez.

Rapatrier l'argent envoyé aux pétrolières

Chaque année, il y a 15 milliards de dollars qui sont envoyés en subventions dans le pétrole et le gaz sale du Canada. Environ 3 milliards de dollars proviennent des taxes et des impôts des Québécois et des Québécoises.

« S'il est vraiment nationaliste, François Legault doit dire à Ottawa de fermer le robinet des subventions au pétrole sale ; rapatrier cet argent-là ; puis, l'investir dans l'adaptation aux changements climatiques pour soutenir notre monde face à la chaleur écrasante, aux feux de forêt puis aux inondations. Les taxes et les impôts des Québécois et des Québécoises, on ne veut plus que ça finance le pétrole et le gaz sale de l'Alberta, ça bousille tous nos efforts », déclare Gabriel Nadeau-Dubois.

Rappel d'un appel à la collaboration

En juin 2023, Gabriel Nadeau-Dubois avait interpellé les chefs des différents partis politiques à collaborer en leur offrant un rendez-vous transpartisan au sujet de l'adaptation aux changements climatiques et l'avenir du Québec. Il leur avait alors écrit ceci :

Nos formations politiques ont des stratégies divergentes en matière d'environnement, et nos cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) ne sont pas les mêmes. Toutefois, quel que soit le parti porté au pouvoir en 2026, les émissions de GES des dernières décennies nous ont déjà engagés dans un processus de changement climatique. Dans ce contexte, nous avons une responsabilité commune envers les Québécois et les Québécoises : faire de l'adaptation aux changements climatiques une véritable priorité nationale, au-delà des frontières partisanes.

Cette lettre est malheureusement restée sans réponse.

SOURCE Aile parlementaire de Québec solidaire

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« Art contre le génocide culturel au Kurdistan »

27 août 2024, par /kurdistan-au-feminin.fr — , ,
TURQUIE / KURDISTAN – Lisa Çalan, réalisatrice et l'une des artistes kurdes ayant fondé l'Initiative « Art pour la Liberté » a déclaré « Nous nous opposons aux politiques du (…)

TURQUIE / KURDISTAN – Lisa Çalan, réalisatrice et l'une des artistes kurdes ayant fondé l'Initiative « Art pour la Liberté » a déclaré « Nous nous opposons aux politiques du gouvernement qui tentent constamment de discipliner l'art et les artistes ».

Tiré de Entre les ligne set les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/17/art-contre-le-genocide-culturel-au-kurdistan/

« Nous voulons créer un espace où les artistes peuvent s'exprimer »
Les artistes luttent contre l'effacement culturel et la discipline de l'art par le régime AKP-MHP en créant l'initiative « L'art pour la liberté ». L'une des fondatrices, Lisa Çalan, a déclaré qu'il s'agissait de briser le climat de peur.

Il y a quelques jours, la création de l'initiative « L'art pour la liberté » a été annoncée à Amed. De nombreux artistes du Kurdistan et de Turquie ont rejoint l'initiative. L'une des fondatrices est Lisa Çalan.

Dans une interview accordée à l'ANF, elle a expliqué que la politique d'interdiction de l'art par le régime d'Ankara devenait de plus en plus dramatique. Elle a déclaré : « La principale raison de cette initiative est de donner une voix à tous les problèmes sociaux et de créer un espace où les artistes peuvent s'exprimer. »

Çalan a poursuivi : « Il y a quelques mois, nous avons publié la déclaration « Devenez une voix de la paix ». Cette déclaration a ensuite été signée par près de 700 artistes. Ces signatures nous ont motivés, en tant qu'artistes, à aller un peu plus loin. Le fait que des artistes qui étaient restés silencieux et en retrait pendant longtemps aient fait une déclaration avec leur signature et aient fait entendre à nouveau leur voix nous a donné l'idée de fonder cette initiative. Après cela, nous nous sommes réunis et avons agi. Nous avons décidé d'aller plus loin avec des artistes qui s'engagent dans l'art, qui veulent changer et transformer la société avec leur production et qui ont une conscience sociale. »

« Le régime voit le pouvoir de l'art et tente de le détruire »

Çalan a souligné qu'il ne pouvait être question de démocratie en Turquie et a ajouté : « Il existe un environnement antidémocratique dans le pays. Les gens sont intimidés et vivent dans la peur. En tant qu'artistes, nous avons voulu agir ensemble pour briser ce cadre et nous avons fondé l'« Initiative Art pour la Liberté ». L'art ne peut avoir lieu que dans un environnement libre. C'est pourquoi ce nom était très important pour nous. Presque toute notre vie est imprégnée d'isolement. Les films sont censurés, ou les cinéastes s'autocensurent pendant la production ; il devient de plus en plus difficile de publier des livres. C'est une politique de guerre. Elle nous a déjà isolés, et l'art est devenu un champ de production non libre. L'objectif principal de cette initiative est de donner une voix à tous les problèmes sociaux. Il s'agit de créer un espace où les artistes peuvent s'exprimer contre cette politique de guerre et d'intimidation. Il est très important pour nous d'élever la voix contre les nombreuses violations des droits. Non seulement au Kurdistan, mais dans toute la société turque, un état d'isolement s'est installé au cours des dix dernières années. C'est particulièrement vrai pour l'art. « Les systèmes et les gouvernements connaissent très bien le pouvoir de l'art et ont essayé de le détruire dès le début. Ils ont constamment puni les artistes. Aujourd'hui, de nombreux artistes sont en prison. La politique d'un gouvernement qui considère l'art comme si dangereux ne peut être stoppée que par la voix des artistes. »


« Notre voix contre le génocide culturel »

Lisa Çalan a évoqué les restrictions imposées à l'art dans le monde entier. Mais la situation est particulièrement pire en Turquie, a-t-elle déclaré, ajoutant : « La société est dépossédée de sa mémoire. Les formes d'action sont adaptées à la structure des médias virtuels. Une action a lieu et disparaît en un jour. Il est nécessaire de garder la mémoire vivante. Depuis dix ans, il y a un régime qui imprègne toutes les parties de la société. Il y a un régime qui ne nous laisse même pas respirer, et encore moins faire entendre notre voix. Il y avait autrefois un réseau de production en Turquie et au Kurdistan, même partiel. Mais malheureusement, on n'en parle plus aujourd'hui. Le régime a toujours essayé de discipliner l'art et les artistes. Nous résistons à cela. Nous ferons entendre notre voix quoi qu'il arrive. Il est nécessaire d'être la conscience de la société. Nous voulons aborder tous les sujets que nous considérons comme importants. Malheureusement, il y a un génocide culturel en Turquie. Nous continuerons notre travail pour l'empêcher. »

https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/07/26/art-contre-le-genocide-culturel-au-kurdistan/

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Melenchon ostracisé, la France dans l’impasse !

27 août 2024, par Omar Haddadou — , ,
Grisée par les J.O, la France découvre la réalité de l'instant présent : Une crise politique profonde. Macron coupe court aux ambitions du Nouveau Front Populaire. De (…)

Grisée par les J.O, la France découvre la réalité de l'instant présent : Une crise politique profonde. Macron coupe court aux ambitions du Nouveau Front Populaire.

De Paris, Omar HADDADOU

Une crise à ne pas prendre par le bout des lorgnettes !Au Palais Bourbon on s'écharpe ad libitum.
Fort de son Pouvoir, Macron balaie l'option d'un gouvernement de gauche. Tollé et indignation au sein du Nouveau Front Populaire.

La curée au perchoir de l'Assemblée nationale, cadeau empoisonné ayant pris en otage le Premier ministre sortant Gabriel Attal pour la stabilité du pays, atomise la classe politique française.
Les masques tombent, dévoilant le jeu malsain des uns et la vassalité des autres. On en est aux compromissions et aux règlements de compte, au grand dam d'une Démocratie valétudinaire. En témoigne la semonce de Laurent Vaquiez (Les Républicains) à l'encontre de la France Insoumise de Mélenchon, l'accusant du « plus grand danger du pays ». Voilà pour l'ambiance !

Rappelons qu'en vertu de l'article 12 de la Constitution, Emmanuel Macron, garant du bon fonctionnement des institutions de la V République, avait osé la dissolution de ladite Assemblée le 9 juin 2024, motivée par la cristallisation du Rassemblement National (RN). Des élections législatives à deux tours sont alors convoquées en Juillet et aucun parti n'obtient la majorité absolue fixée à 289 sièges. Sièges de l'Assemblée nationale qui seront partagés entre le Nouveau Front Populaire (1ère force politique), le camp présidentiel et le Rassemblement national.

Depuis lors, la liquidation les affaires courantes est compromise par le choix du locataire de Matignon. Macron est désormais en proie à la quadrature du cercle ! Celle de former un gouvernement inclusif en conciliant et honorant les revendications des formations politiques (antagonistes) ayant apporté leur soutien pour déjouer la percée de l'Extrême droite. Mais en politique, la pulsion de prise du pouvoir ne recule devant aucune crapulerie ni scélératesse.

Le Parti de Bardella et Marine Le Pen (RN) a été reçu, hier, à l'Elysées par le chef de l'Etat dans le cadre des consultations qui se poursuivent dans la matinée de ce mardi 27 août (3 ème round) pour désigner un Premier ministre.

Toutefois, le coup de théâtre qui risque d'enfieller la situation, est la déclaration d'Emmanuel Macron (en guerre ouverte avec Mélenchon), hier, au nom de la « stabilité institutionnelle ». Ce dernier a écarté l'option d'un gouvernement du NFP, exhortant le PS, les Ecologistes et PCF à coopérer avec d'autres forces politiques.
Prenant acte du coup porté à La France Insoumise en tant que catalyseur du Nouveau Front Populaire, Mélenchon parle « d'une situation d'une exceptionnelle gravité » après la décision de l'exécutif d'évincer LFI du gouvernement.

Pour le Coordinateur national, Emmanuel Bompard, « c'est un coup anti-démocratique ». Quant à la Présidente de LFI, Mathilde Panot, elle promet une riposte d'envergure : « Si le Président s'entête dans son déni, nous engageons contre lui une procédure de destitution ! »

Victime d'une carence de vrais (es) poids lourds de la politique, la France reste chevillée dans la procrastination du choix idoine des dirigeants (es). Le risque du blocage du pays par les manifs à la veille de la rentrée sociale, reste prégnant !
O.H

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Après la défaite de l’extrême droite en France, nous avons plus que jamais besoin du féminisme

27 août 2024, par Glorieuses — , ,
Pour une fois, je me permets de commencer cette newsletter sur une note personnelle. Je tiens à remercier toutes les personnes en France qui ont voté contre l'extrême droite et (…)

Pour une fois, je me permets de commencer cette newsletter sur une note personnelle. Je tiens à remercier toutes les personnes en France qui ont voté contre l'extrême droite et son programme de haine, de peur et de division ce dimanche.

tiré de NPA 29

Comme beaucoup d'immigrant·es dans ce pays sans droit de vote, j'ai suivi ces dernières semaines de campagne en France avec un sentiment de terreur croissante : de la défaite de Macron aux élections européennes, à son pari risqué d'amener des élections législatives anticipées, au résultat dévastateur du premier tour où le Rassemblement National d'extrême droite a terminé en tête. J'ai fait ce que je pouvais : j'ai écrit, j'ai lu, j'ai manifesté,

j'ai tenté de tirer la sonnette d'alarme sur les risques d'un gouvernement d'extrême droite. Et hier soir, quand les premiers sondages ont été publiés à 20h et ont montré une victoire du Nouveau Front Populaire, j'ai ressenti de l'espoir pour la première fois. De l'espoir, du soulagement et de la gratitude envers mes voisin·es, mes ami·es, les personnes qui ne sont pas d'accord avec moi et celles qui le sont – envers toutes les personnes qui se sont mobilisées dans des proportions sans précédent pour dire non au racisme, à la xénophobie, à l'islamophobie, à l'antisémitisme, à l'homophobie, à la transphobie et à la misogynie du Rassemblement National.

Le combat est loin d'être terminé. Le Rassemblement National a fini troisième, mais il a gagné plus de 50 sièges de plus au parlement et recueilli les voix de plus de 8 millions de personnes. Le parti restera une force majeure en Europe, où il a de nombreux alliés d'extrême droite à travers le continent – des allié·es qui souhaitent interdire l'avortement et les transitions de genre, des allié·es qui ciblent les familles queer. Le racisme et la xénophobie décomplexés qui ont été déchaînés pendant cette campagne violente ici en France ne seront pas facilement oubliés.

Le front républicain français a une fois de plus triomphé, et j'en suis éternellement reconnaissante. Mais il reste encore du travail. L'extrême droite ne disparaîtra pas d'elle-même : la cheffe du Rassemblement National, Marine Le Pen, a déclaré que la victoire de son parti n'était “que différée”. Pour éviter une catastrophe à l'avenir, la France devra continuer à contrer l'extrême droite partout où elle se trouve. La lutte n'est pas encore terminée, et avec plus de femmes que jamais qui votent pour l'extrême droite, nous aurons besoin de réponses féministes dans les années à venir.

Heureusement, il y a des féministes partout dans le monde qui ont l'expérience de résister aux forces de l'extrémisme, et elles ont beaucoup à nous apprendre, où que nous soyons, et que nous puissions voter ou non. La semaine dernière, j'ai écrit à certain·es de ces activistes pour leur demander des conseils sur la manière de continuer à affronter l'extrême droite en France.

Debora Diniz connaît trop bien les dangers des forces d'extrême droite. Elle a reçu des menaces de mort pour avoir témoigné devant la Cour suprême du Brésil lors d'une audience sur la décriminalisation de l'avortement, et a été placée sous protection policière et finalement exilée à cause de son travail. Elle est considérée comme la première personne contrainte à l'exil sous le gouvernement de droite dure du Brésil, dirigé par Jair Bolsonaro, un politicien souvent comparé à Donald Trump.

Il y a deux leçons principales que je tire des moments difficiles de Jair Bolsonaro au pouvoir au Brésil. La première est la manière dont l'extrême droite fonctionne en répandant la peur, et comment cela peut paralyser le courage et la créativité féministes”, a-t-elle expliqué. Mais “nous ne pouvons pas changer des normes injustes par la peur.

La deuxième leçon est qu'il faut ignorer la fausse prophétie du retour de bâton contre les idées féministes”, a-t-elle ajouté. Les manifestations de masse au Brésil à la veille des élections sous le mot d'ordre ”Pas lui” rappellent la mobilisation féministe que nous avons vue dans les rues de France avant le premier tour des élections le mois dernier. “Le récit du retour de bâton est un récit qui tente de contrôler notre élan de mobilisation et de participation politique”, analyse la militante. Bolsonaro a perdu le pouvoir en 2022 face au candidat de gauche Lula da Silva.

La philosophe Marcia Tiburi a également quitté le Brésil en raison des menaces de mort de l'extrême droite, et a vécu en exil à Paris pendant les années Bolsonaro. “J'ai passé quatre ans en France à souffrir de la situation au Brésil et maintenant je suis au Brésil à souffrir de la situation en France,” déclare-t-elle. “Bolsonaro a laissé en héritage des horreurs et des personnages tout comme lui au sein du congrès national… Que la France ait réussi à stopper l'avancée de l'horreur hier est une chose à célébrer, mais nous devons rester vigilants.“

Nous aurons également besoin de construire des réseaux à travers l'Europe, d'après Zsofi Borsi, la cofondatrice de Lazy Women, un collectif né en Hongrie avec pour mission d'apporter des perspectives autres que celles d'Europe occidentale au discours féministe dominant. Dans son pays natal, le président d'extrême droite Viktor Orbán a fait passer des lois anti-LGBT et des restrictions sur les soins liés à l'avortement, tout en diabolisant les migrant·es. Son parti a rejoint un bloc d'extrême droite avec le Rassemblement National au parlement européen.

Que ce soit une ‘guerre' contre les immigré·es, George Soros, l'UE ou le genre, en Hongrie, la machine de propagande d'Orbán abreuve la population de différents ennemis, et détruit systématiquement la tolérance du public pour la diversité, et la société civile dans son ensemble”, raconte Zsofi Borsi. Avec les forces d'extrême droite s'unissant à travers l'Europe, elle dit que les féministes devront faire de même. “Construire des réseaux de solidarité entre les petites organisations féministes pour élever les voix des un·es et des autres localement et dans la région – où de nombreux pays voisins font face à des défis similaires – joue un rôle crucial.”

Depuis presque dix ans, les féministes d'Argentine sont des leaders mondiales qui ont réussi à transformer leur société pour le mieux. L'activiste Verónica Gago a été l'une des voix majeures du mouvement #NiUnaMenos qui a protesté contre les violences de genre à partir de 2015, et donné naissance à une nouvelle vague de discours féministes dans le monde, y inclus la “vague verte” qui a permis à de nombreux pays d'Amérique latine d'obtenir le droit à l'avortement. Mais l'élection récente en Argentine prouve que les victoires féministes ne peuvent jamais être prises pour acquises : en l'espace de quelques mois seulement, le président ultraconservateur Javier Milei a décimé nombre de ces droits durement acquis.

L'extrême droite au gouvernement, cela veut dire un recul absolu des conditions qui rendent possibles nos luttes”, a déclaré l'activiste et autrice argentine. “En tant que féministes, notre engagement est de lutter contre le fascisme de toute notre force. C'est ce que nous faisons ici. Il est aussi essentiel de renforcer les luttes transféministes. Nous devons continuer à nous organiser et, surtout, à construire et élargir nos alliances.

Ces dernières années, l'Inde a été témoin de la montée du nationalisme hindou et des idéologies d'extrême droite. Mais les dernières élections ont vu le parti nationaliste Bharatiya Janata du Premier ministre Narendra Modi perdre sa majorité parlementaire pour la première fois depuis 2014. Teesta Setalvad est une militante féministe, journaliste et fondatrice de Sabrang Trust et Citizens for Justice and Peace. Elle a longtemps milité pour les victimes des émeutes du Gujarat en 2002 et a été détenue pour son activisme par le gouvernement. “L'extrême droite dans différents pays, contextes et cultures présente une similarité étrange, voire effrayante”, a-t-elle remarqué. “Il est plus que temps de forger des alliances internationales.”

“L'Inde a vécu cela, l'a vu et en sort lentement (espérons-le), bien que marquée et blessée… Nous souhaitons bonne chance à nos sœurs en France alors que nous-mêmes luttons pour respirer un peu plus facilement tout en étant encore menacé·es par des nuages noirs en Inde.

Des millions de personnes en France, et celles qui nous regardent partout dans le monde, respirent un peu plus facilement aujourd'hui. Une fois de plus, l'extrême droite était aux portes du pouvoir. Une fois de plus, elle a été repoussée par une population qui a choisi l'espoir plutôt que la haine. Une fois de plus, les féministes ont montré la voie.

Dès aujourd'hui, la lutte continue, mais rappelons-nous : nous sommes plus nombreuses et nombreux qu'eux.

Megan Clement

https://lesglorieuses.fr/

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États-Unis - « La Convention du Parti démocrate ignore pour l’essentiel la question morale la plus pressante de notre époque : Gaza »

27 août 2024, par Natasha Lennard — , ,
Les prestations de la première nuit de la Convention nationale du Parti démocrate ont été impeccables. Les réactions aux discours tenus dans l'enceinte de la convention et (…)

Les prestations de la première nuit de la Convention nationale du Parti démocrate ont été impeccables. Les réactions aux discours tenus dans l'enceinte de la convention et aussi dans la fraction des réseaux sociaux libéraux [progressistes] ont été enthousiastes.

Tiré de A l'Encontre
23 août 2024

Par Natasha Lennard

Aux cris de « We love Joe », le président Joe Biden a accordé sa bénédiction d'homme d'Etat à sa future successeure, la candidate démocrate Kamala Harris. Hillary Clinton a parlé de briser le « plafond de verre ». Le sénateur Raphael Warnock (Géorgie), un pasteur baptiste, a prononcé un éloge vibrant selon lequel « un vote est une sorte de prière ». Et la représentante Alexandria Ocasia Cortez [New York, figure de la gauche démocrate et écartée de DSA pour son soutien à la politique de Biden face à Israël] a qualifié Donald Trump de « briseur de syndicats à deux balles » sous les acclamations de « AOC, AOC ».

La démonstration de l'unité du Parti démocrate était aussi parfaite qu'elle était sourde à ce qui est sans doute la question morale la plus urgente de notre époque.

Au-delà de clins d'œil, vous n'auriez pu saisir aucune mention effective de la guerre génocidaire qu'Israël, soutenu par les Etats-Unis, continue de mener contre les Palestiniens de la bande de Gaza.

Le fait que des dizaines de milliers de manifestant·e·s anti-guerre se soient rassemblés en solidarité avec les Palestiniens [devant la Convention réunie à Chicago], dès le matin du lundi 20 août, n'a pratiquement pas été mentionné à la convention lundi soir. Le silence a persisté alors que la campagne de Kamala Harris pourrait souffrir du prix de plus d'un demi-million de voix [1] dans des Etats clés, en particulier le Michigan, pour avoir refusé d'arrêter le flux d'armes à destination d'Israël.

Pendant que Biden parlait, un petit groupe de participants a déployé en silence une bannière sur laquelle on pouvait lire « Stop Arming Israel » (Arrêtez d'armer Israël). Prem Thakker, de Zeteo [organe de critique des médias dominants, animé entre autres par Mehdi Hasan], a rapporté depuis le United Center de Chicago que les chants « We Love Joe » des participants proches se sont alors renforcés. « Les lumières de la salle omnisports se sont alors éteintes et la bannière a été arrachée », a écrit Prem Thakker sur X.

Les quelques mentions fugaces ayant trait à la guerre, à Israël et à la Palestine dans les discours de lundi soir étaient insignifiantes et trompeuses, tout en dévalorisant les vies des Palestiniens par rapport à celles des Israéliens.

Alexandria Ocasio-Cortez a déclaré sous un tonnerre d'applaudissements : « Kamala travaille sans relâche pour un cessez-le-feu. » C'est peut-être vrai ou non, mais une telle approche trancherait avec le bilan de l'administration Biden-Harris. Depuis que Kamala Harris a accepté la candidature à la présidence, l'administration Biden-Harris a approuvé une vente d'armes à Israël pour un montant de 20 milliards de dollars, et cela sans aucune condition. Si c'est cela « travailler sans relâche » pour mettre fin aux combats, Kamala Harris n'est pas à la hauteur de la tâche proclamée.

Le fait que les appels au cessez-le-feu aient été chaleureusement accueillis dans le parterre de la convention pourrait être considéré comme un signe prometteur – une autre indication adressé à l'establishment démocrate qu'il existe un soutien populaire pour un cessez-le-feu permanent de la part du grand public. Mais c'est déjà le cas depuis longtemps. Il n'y a rien d'encourageant à applaudir un geste vide de sens en faveur de l'idée d'un cessez-le-feu, qui dissimule la complicité de l'administration dans la guerre.

Dans son discours, Joe Biden a fait un clin d'œil aux manifestations devant la Convention : « Ces manifestant·e·s dans la rue n'ont pas tort. Beaucoup d'innocents sont tués des deux côtés. » Pourtant, même ce clin d'œil a réussi à dénaturer les positions, établies de longue date, du mouvement de solidarité avec la population de Gaza.

Les manifestations contre la guerre de Gaza – qu'elles aient eu lieu au cours des dix derniers mois, cette semaine à Chicago ou par la présence de délégués « non engagés » (« uncommitted ») à la Convention – n'ont pas pour but de faire valoir que des innocents sont tués « des deux côtés ». Elles font partie d'une mobilisaton internationale contre le génocide et le nettoyage ethnique des Palestiniens par l'armée israélienne soutenue par les Etats-Unis.

Ce que veulent les manifestant·e·s

Plus tôt dans la journée de lundi, la DNC a accordé à la campagne « Uncommitted » un espace pour organiser une table ronde (forum) distincte consacrée à Gaza et aux droits de l'homme des Palestiniens. Selon les rapports, des centaines de personnes ont assisté et écouté les récits intolérables de médecins qui ont travaillé dans les hôpitaux dévastés de Gaza, où un grand nombre des patients qui arrivent sont des enfants mutilés.

La Dresse Tanya Haj-Hassan [membre de Médecins sans frontières], une chirurgienne américano-palestinienne qui a soigné des patients à Gaza, a raconté l'histoire d'un petit garçon qui avait perdu tous les membres de sa famille et qui a déclaré qu'il souhaitait mourir lui aussi parce que tous ceux qu'il aimait « sont maintenant au paradis ».

Tanya Haj-Hassan a expliqué que même les enfants qu'elle avait réussi à soigner et à faire sortir de l'hôpital risquaient de mourir à cause des bombardements, de la famine et de la déshydratation. Des « rapports alarmants » font état des premiers cas confirmés de poliomyélite infantile à Gaza.

Une autre participante, Hala Hijazi, s'est décrite comme une démocrate « de longue date » et « modérée », qui a travaillé comme collecteuse de fonds pour le parti, récoltant plus de 12 millions de dollars dans le passé. « Je suis ici parce que ma famille est morte », a-t-elle déclaré, expliquant qu'elle avait perdu plus de 100 membres de sa famille large au cours de l'offensive actuelle.

Hala Hijazi, qui siège au conseil d'administration du comité d'action politique pour les droits génésiques NARAL Pro-Choice California, a déclaré au public qu'elle se battait pour les libertés génésiques dans son pays, « mais que je ne pouvais pas aider les femmes de Gaza qui sont enceintes en ce moment ». Ces remarques étaient un rejet tacite des critiques selon lesquelles ceux qui poussent Kamala Harris à s'engager en faveur d'un embargo sur les armes sont des électeurs qui ne s'intéressent qu'à un seul sujet [la Palestine], négligeant d'autres domaines comme, par exemple, la menace qu'une deuxième administration Trump ferait peser sur les droits reproductifs aux Etats-Unis.

C'est pourquoi les organisateurs de la manifestation, les manifestant·e·s et les personnes concernées qui sont venus à Chicago ne se contenteront pas d'un forum mis à l'écart et d'un discours spécieux de la part des politiciens sur la scène principale. A l'heure actuelle, la plateforme de 92 pages du Parti démocrate ne mentionne pas un conditionnement des livraisons d'armes à Israël, et encore moins l'embargo sur les armes réclamé par les 30 délégués non engagés (uncommitted) et les plus de 200 groupes de la Coalition to March on the DNC (Coalition pour une marche sur la DNC).

Les spectacles de lundi soir n'ont pas donné l'impression que la campagne de Kamala Harris, certes rafraîchie et alimentée en émotions, changerait de cap sur la Palestine, se concentrant plutôt sur l'avortement, la menace autoritaire de Trump pour la démocratie et la protection des travailleurs et travailleuses. Dans un contexte de stricte politique interne, ce serait une bonne chose. Je pourrais moi aussi rire avec le réjouissant président des United Auto Workers (UAW), Shawn Fain, qui fait référence à une chanson du rappeur Nelly et traite Trump de briseur de grève [2]. Mais pas le même jour où, dans le même centre de la Convention, parmi d'autres horreurs, un chirurgien a décrit le traitement d'un enfant de Gaza dont le visage avait été arraché lors d'une frappe israélienne.

A l'heure d'une guerre génocidaire menée avec les armes, les dollars et le soutien diplomatique des Etats-Unis – une offensive militaire qu'un président américain pourrait sérieusement limiter –, la Convention nationale du Parti démocrate ne peut rester une sphère myope et fermée.

Alors que les débats se poursuivent jusqu'à jeudi soir, 22 août, les protestations [Coalition to March on the DNC] se multiplient et le désespoir s'intensifie. Si la campagne de Harris décide qu'elle peut gagner sans écouter, il n'y a pas lieu de s'en réjouir. (Article publié par The Intercept le 20 août 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)


[1] Selon Ben Samuels dans Haaretz du 22 août, « le Mouvement national non engagé [« uncommitted », qui refuse de voter démocrate à cause de la politique de l'administration Biden envers Netanyahou] représenté au sein de la DNC-Democratic National Convention par 30 délégués qui représentent eux-mêmes 700 000 votes de protestation contre la politique israélienne de l'administration Biden, était un enjeu d'importance au début de cette semaine ». (Réd.)
[2] Le président de l'United Automobile Workers, Shawn Fain, a pris la parole lors de la première nuit de la convention nationale du Parti démocrate 2024 à Chicago. Shawn Fain a cité le rappeur Nelly, disant « il commence à faire chaud ici », avant d'enlever sa veste pour montrer un t-shirt sur lequel était écrit « Trump est un briseur de grève ». (Réd.)

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Québec Solidaire : Le train de Gabriel Nadeau-Dubois déjà entré en gare

27 août 2024, par Yves Chartrand — ,
Comme membre de Québec Solidaire j'ai reçu cette semaine des informations préliminaires sur le congrès de novembre prochain qui sera EN MODE VIRTUEL si j'ai bien compris. Je (…)

Comme membre de Québec Solidaire j'ai reçu cette semaine des informations préliminaires sur le congrès de novembre prochain qui sera EN MODE VIRTUEL si j'ai bien compris. Je pensais déjà après le conseil national du printemps dernier que le train de Gabriel Nadeau-Dubois était sur le point d'entrer en gare et je me demandais s'il y avait moyen de le faire dérailler avant pour avoir une discussion franche et ouverte impliquant tous les membres sur l'avenir du parti avant l'étape de préparation du congrès, des pour ou contre les propositions qui y seraient présentées. Je me suis pour ma part essayé en demandant à la présidente de l'association locale de mon comté de tenir une assemblée générale spéciale en juin pour comprendre ce qui s'est passé au conseil national et se faire un idée sur le suite des choses avant la lancée de fin d'été vers le congrès. Sa réponse a été de m'inviter à prendre une bière avec d'autres membres…et alors que j'insistais en prenant cette bière elle m'a dit qu'elle en parlerait avec le comité de coordination, puis je n'ai plus eu de nouvelles depuis...

J'ai compris en recevant cette semaine les premières informations concernant le congrès de novembre qui portera sur les changements au statut que le train était déjà en gare, alors que ce congrès aurait pu être l'occasion de revenir sur le choix de notre co porte-parole masculin de plonger notre parti dans le pragmatisme électoraliste en jetant aux poubelles l'autre aspect de la mission de notre parti, soit sa présence dans la rue des villes et dans les rangs de campagnes. Du même coup c'est la victoire du cérébral avant tout masculin et la mise au rancart de la voie du coeur avant tout féminine incarnée par Catherine Dorion et plus récemment par Emilie Lessard-Therrien. Alors que pour moi le pragmatisme et le rêve, la folie et la fantaisie ne s'opposent par et ces deux composantes auraient pu continuer à se compléter représentées par deux co porte-paroles complémentaires, mais trop tard après le coup d'état de Gabriel Nadeau-Dubois et sa clique, et leur prise de contrôle du parti.

Je reviens sur le choix d'un congrès virtuel sans contact physique et affectif entre les délégués,es au congrès en l'absence de rencontres informelles et de délibérations en présence des humains en chair et en os. Il n'y a pas de plus merveilleuse façon de contrôler le déroulement d'un congrès chacun,e assis,e derrière un ordinateur à la merci des personnes qui ‘' dirigent ‘' le congrès vers un objectif déterminé d'avance.
Poutine ou Xi Jinping ne pourraient faire mieux.

Si je reviens à moi, comme notre parti devenu uniquement électoraliste tentant de ne fâcher personne et d'aller chercher le plus de votes en rêvant un jour de prendre le pouvoir, ne remettant plus en question le système capitaliste néolibéral mondial, il ne m'inspire plus et il ne me reste plus que de mettre ma carte du parti aux poubelles comme je l'ai fait avec celle de la SAQ qui ne m'inspirait plus... Comme je suis un fervent indépendantiste et ancien prisonnier de la Crise d'Octobre je vais peut-être retourner au Parti Québécois social-démocrate comme Québec Solidaire l'est devenu, pour rêver et peut-être réaliser l'indépendance du Québec, et dont le chef m'inspire plus que le nôtre. Je ne crois plus trop aux miracles, et vous ?

L’idée écologique et la philosophie - À la recherche d’un monde commun | À paraître le 3 septembre

27 août 2024, par Éditions Écosociété, Laurence Hansen-Løve — ,
Comment les philosophes ont-ils pensé la place de l'humain dans son environnement ? Des philosophes grecs aux écoféministes, un voyage captivant au cœur des fondements (…)

Comment les philosophes ont-ils pensé la place de l'humain dans son
environnement ? Des philosophes grecs aux écoféministes, un voyage captivant
au cœur des fondements philosophiques de l'écologie.

L'essai *L'idée écologique et la philosophie - À la recherche d'un monde
commun*, de la philosophe française Laurence Hansen-Løve, va paraître *en
librairie le 3 septembre.*

*En bref* : À l'heure du péril écologique, renouer avec la clairvoyance, la
prudence et l'esprit de responsabilité des plus grands philosophes, de
Aristote et Épicure à Hans Jonas et Günther Anders, est devenu notre
impératif et notre espérance.

Pour recevoir un exemplaire en service de presse, merci de me fournir
votre adresse postale en cas de télétravail.

*À propos du livre*

Pour de nombreux philosophes contemporains, la maîtrise de la nature est
devenue la source des multiples crises auxquelles nous sommes confrontés.
Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Ils sont même plusieurs à avoir
applaudi et encouragé cette maîtrise au fil du temps, en séparant
artificiellement « nature » et « culture ». Pourtant, dès ses origines, en
tant que recherche de la vérité et de la sagesse et par sa condamnation de
la démesure, la philosophie fut doublement concernée par l'idée écologique.

Dans ce captivant voyage, Laurence Hansen-Løve remonte aux fondements
philosophiques de l'écologie. Elle montre l'importance des pensées antiques
de la sagesse contre l'hubris et de la représentation critique de la nature
qu'ont formulée nombre de philosophes à travers les âges (Aristote,
Spinoza, Rousseau, Thoreau, etc.). Un périple qui nous conduit jusqu'à nos
jours, avec l'essor de pensées résolument écologistes comme l'écologie
politique (Ellul, Charbonneau, Gorz, Næss, etc.), l'écoféminisme
(d'Eaubonne, Starhawk, etc.) ou la communauté terrestre (Mbembe).

À l'heure du péril écologique, renouer avec la clairvoyance, la prudence et
l'esprit de responsabilité des plus grands philosophes, de Aristote et
Épicure à Hans Jonas et Günther Anders, est devenu notre impératif et notre
espérance. Grâce à l'apport des philosophies matérialistes mais aussi
animistes ou panthéistes inspirées de penseurs de tous les continents, la
philosophie écologique contemporaine a partiellement renoué avec la sagesse
des Anciens. Celle qui nous invite à envisager la nature avec affection,
considération et bienveillance.

*À propos de l'autrice*

Laurence Hansen-Løve est professeure agrégée de philosophie et autrice de
nombreux ouvrages, dont *Planète en ébullition* (Écosociété, 2022), *La
violence. Faut-il désespérer de l'humanité ?* (Du retour, 2020) et *Cours
particulier de Philosophie*. Questions pour le temps présent (Belin, 2006).
Elle a aussi codirigé, avec Laurence Devillairs, *Ce que la philosophie
doit aux femmes *(Robert Laffont, 2024).

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La menace de l’ ultra-droite en France

27 août 2024, par Jacques Leclercq — ,
Jacques Leclercq, chercheur indépendant spécialiste des extrêmes politiques, dresse un état des lieux précis et actualisé de la mouvance radicale de l'extrême-droite. Outre (…)

Jacques Leclercq, chercheur indépendant spécialiste des extrêmes politiques, dresse un
état des lieux précis et actualisé de la mouvance radicale de l'extrême-droite.
Outre des rappels historiques, de nombreuses thématiques sont traitées, dont les projets
d'attentats, l'infiltration dans la police et l'armée, le mercenariat et trafic d'armes, les
condamnations prononcées par la justice, les dissolutions de structures ou l'activisme sur le
net.
Une étude objective et factuelle permettant de mieux cerner la dangerosité de ce courant.

Jacques Leclercq, 67 ans, est un ancien formateur. Il a publié dix ouvrages chez
L'Harmattan.

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L’évasion fiscale, toute une histoire

27 août 2024, par Attac — , ,
Nouveau livre d'Attac : L'évasion fiscale, toute une histoire *A paraître* 30 aout 2024 *Le nouveau livre d'Attac et de la dessinatrice VAP*, */L'évasion fiscale, toute une (…)

Nouveau livre d'Attac : L'évasion fiscale, toute une histoire
*A paraître* 30 aout 2024

*Le nouveau livre d'Attac et de la dessinatrice VAP*, */L'évasion fiscale, toute une histoire/ <https://adherez.attac.org/civicrm/m...> *,*sort en librairie le *30 aout*. En texte et en bande dessinée, cet ouvrage raconte l'histoire de l'évasion fiscale, décortique ses mécanismes avec humour et pédagogie et avance des pistes pour en finir avec ce fléau.*

*Le livre est d'ores et déjà disponible à la commande* *sur le site d'Attac <https://adherez.attac.org/civicrm/m...> *.

Présentation du livre

*À première vue, l'évasion fiscale apparaît comme une question bien éloignée de notre quotidien : une affaire de riches et de grandes entreprises, de pratiques obscures et complexes dans des îles lointaines et paradisiaques.
Et pourtant, cette question nous concerne toutes et tous ! Car les sommes évadées sont autant d'argent soustrait aux budgets publics, autant de moyens en moins pour nos services essentiels (santé, éducation…), ou encore pour faire face à la crise climatique.*

*En texte et en BD, avec pédagogie et humour, cet ouvrage décortique les mécanismes de ces pratiques scandaleuses, raconte l'origine et l'histoire de l'évasion fiscale, jusqu'aux affaires les plus récentes (SwissLeaks, Pandora Papers...), et revient sur les combats et mesures qui permettent, petit à petit, de la faire reculer – grâce, notamment, aux lanceurs et lanceuses d'alerte.*

*Ce livre avance également des propositions pour poursuivre la lutte contre l'évasion fiscale, qui doit s'appuyer sur des mobilisations citoyennes, la mise en place de réglementations efficaces et la création d'organismes de contrôle nationaux et internationaux. Pour que toute cette histoire ait une fin !*

**Vous pouvez* consulter ici <https://adherez.attac.org/civicrm/m...> *un extrait du livre.**

*VAP* est illustratrice et autrice de BD pour plusieurs revues et associations.

*John Christensen*, co-fondateur de Tax Justice Network, signe la postface du livre.

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Pourquoi la classe compte. Capitalisme, genre et conscience de classe

27 août 2024, par Norbert Holcblat — ,
« Pourquoi la classe compte », autrement dit pourquoi la structure de classe a des conséquences sur, non seulement, les champs « macros » (évolutions et affrontements sociaux (…)

« Pourquoi la classe compte », autrement dit pourquoi la structure de classe a des conséquences sur, non seulement, les champs « macros » (évolutions et affrontements sociaux et politiques) mais sur la conscience des individus et des groupes jusqu'aux rapports interindividuels.

Tiré de Inprecor 722-223 juillet-août 2024

Par Norbert Holcblat

Erik Olin Wright, Pourquoi la classe compte. Capitalisme, genre et conscience de classe

Cet ouvrage (paru initialement en 2000) du sociologue américain Erik Olin Wright (1947-2019) apporte un éclairage original et important à l'étude des classe sociales. Edité en français en 2024, il a été traduit et postfacé par Ugo Palheta. « Le mot de classe ne sera jamais un mot neutre aussi longtemps qu'il y aura des classes  » a écrit Pierre Bourdieu (1) ; la formule est juste même s'il peut paraître paradoxal de citer Bourdieu (dont la sociologie, aux apports indéniables, se différenciait du marxisme) au début d'un article consacré au livre d'un auteur qui, pour sa part, s'est durant la plus grande partie de son itinéraire, référé au marxisme tout en étant soucieux de le confronter inlassablement à la réalité.

Dans cet ouvrage, la démarche d'Olin Wright se différencie donc largement de celles de la plupart des chercheurs marxistes. Ceux-ci, comme il le note dans ses conclusions, « se fondent traditionnellement plutôt sur des méthodes historiques et qualitatives dans leurs recherches empiriques ». Cela, on le sait, a donné lieu à des travaux qui ont fait progresser la connaissance (2) . Olin Wright, pour sa part, utilise ici les méthodes de l'analyse quantitative (enquêtes par questionnaires) pour faire apparaitre en quoi la classe « compte » ou ne compte pas.

Dépasser l'analyse schématique

Mais, en préalable, il construit une structure de classe qui ne dérive pas des catégories de la population active construites, en France par exemple, par la statistique officielle (les PCS de l'INSEE en France) mais est fondée sur le marxisme et la place fondamentale des rapports de propriété et de l'exploitation (il se démarque ainsi d'autres d'analyses des classes, telles celles de Max Weber et de Bourdieu). Cela le conduit à opérer une première distinction, fondé sur la propriété des moyens de production, entre ceux qui ne peuvent subsister qu'en vendant leur force de travail et ceux qui détiennent un capital, eux-mêmes subdivisés entre capitalistes (au moins dix salariés), petits employeurs (2 à 9), petite bourgeoisie (1 au maximum).

Mais Olin Wright entend aussi et surtout analyser le conglomérat majoritaire que constituent les salariés sans adopter la solution habituelle qui consiste à regrouper dans une « classe moyenne » (parfois qualifiée de petite bourgeoisie) à géométrie et à fondements variables ceux qui ne peuvent être classés ni parmi les prolétaires ni parmi les bourgeois. Il souligne que s'en tenir au critère de la propriété des moyens de production « amène à positionner 85 à 90 % de la force de travail des pays capitalistes les plus développés dans une seule classe (la classe travailleuse). En un certain sens, cela reflète une vérité profonde concernant le capitalisme à savoir qu'une large partie de la population est séparée des moyens de production et doit vendre sa force de travail sur le marché du travail pour survivre. » Néanmoins, c'est insuffisant, « si l'on souhaite notamment que la structure de classe nous aide à expliquer la conscience de classe, la formation de classe et le conflit de classe ». Dans le schéma d'Olin Wright, la condition de salarié·e ne suffit pas à caractériser une seule position de classe. La « classe moyenne » salariée correspond à « un ensemble de positions liées au processus d'exploitation et de domination de manière contradictoire ».

Distinguer les classes sociales

Pour analyser le salariat dans sa totalité, il introduit donc deux types de distinctions : la place dans la hiérarchie et l'autorité d'une part, les qualifications d'autre part. Ainsi parmi les travailleurs « de base » non-encadrants, Olin Wright distingue trois positions selon le niveau de qualification : non qualifiés, qualifiés, hautement qualifiés. Il procède de même pour les cadres supérieurs et le petit encadrement. Cela le conduit à distinguer neuf catégories parmi les salariés. Olin Wright remarque que le schéma ainsi construit n'inclut pas, par exemple, les « capitalistes qui ne sont pas techniquement des “employeurs” », c'est-à-dire ceux qui vivent essentiellement de revenus du capital sans être eux-mêmes des patrons. Mais son objectif est d'abord de construire un schéma théorique apte à être utilisé dans des enquêtes quantitatives produisant des résultats comparables dans divers pays, enquêtes qui confirmeront ou infirmeront la solidité de ses hypothèses.

Olin Wright met l'accent sur l'importance d'étudier les différences et les similitudes entre les salariés non prolétariens et les prolétaires au sens strict. Les premiers, donc, occupant des « positions contradictoires au sein des rapports de classe », à la fois exclus de la propriété des moyens mais en même temps distincts – dans une mesure plus ou moins grande – de la « classe travailleuse ». Les réponses aux questionnaires permettent d'en appréhender certaines dimensions, notamment pour ce qui est de la vision du conflit capital-travail : la « classe travailleuse », qualifiée ou non, est toujours la plus anticapitaliste et l'encadrement supérieur hautement qualifié se rattache à la coalition idéologique bourgeoise. Par ailleurs, si le degré de sentiment anticapitaliste varie selon les pays dans la « classe travailleuse » (et semble dépendre de l'importance d'organisations ouvrières indépendantes), la classe bourgeoise est partout clairement pro-capitaliste, ce qui d'une certaine façon rejoint les observations de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sur la bourgeoisie française comme classe consciente et mobilisée (3).

Penser la complexité

Il faut souligner qu'Olin Wright ne s'engage pas dans le modèle ternaire avancé par certains économistes ou sociologues comme Gérard Duménil et Dominique Lévy qui font de l'encadrement une classe sociale à part et n'excluent pas que « le capitalisme pourrait laisser la place à un nouveau mode de production post-capitalisme, dit “cadrisme”, dont la classe supérieure serait celle des cadres  » à moins que la lutte des classes populaires ne conduise à une alliance entre les cadres (ou certains membres de cette classe) et celles-ci (4). On peut penser que Olin Wright a eu raison de ne pas céder à ce type d'extrapolations, qui d'ailleurs n'est pas récent, tant parmi ceux qui ont pu se réclamer du marxisme comme James Burnham dans les années 1930 et 40 (5) que parmi des économistes ou sociologues non-marxistes comme d'une certaine façon John Kenneth Galbraith dans les années 1960 (6).

Dans sa postface, Ugo Palheta rappelle que certains attribuent souvent et hâtivement aux marxistes une forme de « réductionnisme de classe ». Ce travers a pu exister mais il n'est aujourd'hui en aucun cas général. En tout cas, il en innocente à raison Olin Wright. D'aucune matière, celui-ci ne soutient que la classe explique tout. S'il reconnait que le facteur racial n'est abordé que de manière sommaire dans son ouvrage (à propos des USA) et qu'il mériterait d'autres investigations, quatre chapitres du livre sont consacrés aux questions de genre.

On ne reprendra pas ici les débats actuels sur l'intersectionnalité qui mériteraient de longs développements. Sur ce point, on se bornera pour conclure à reprendre le titre de l'ouvrage : « la classe compte ». Et l'éluder conduit à des impasses, théoriques et politiques, comme le rappelle Jean-Marie Harribey dans un article récent de la revue du conseil scientifique d'ATTAC : « si l'exploitation du travail au sens du prélèvement de la plus-value par le capital ne résume pas la totalité des dominations dans la société, sans le concept d'exploitation d'une classe par une autre la société devient incompréhensible » (7).

Norbert Holcblat, le 10 mai 2024

Notes

1. Pierre Bourdieu, Questions de sociologie, éditions de Minuit, 1984-1982, qui poursuit assez justement « La question de l'existence ou de la non-existence des classes un enjeu de lutte entre les classes ».
2. Nous nous contenterons ici de deux références La formation de la classe ouvrière anglaise de E.P. Thompson (The Making of the English Working Class), Le Seuil, collection Points, 2012 (édition française la plus récente) et Les ouvriers dans la société française, 19e-20e siècle, de Gérard Noiriel, Paris, Le Seuil, collection Points, 2011 (édition la plus récente).
3. M. Pinçon & M. Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, Collection « Repères », La Découverte, souvent réédité.
4. Gérard Duménil et Dominique Lévy ont exposé cette thèse dans de nombreux textes, voir notamment une interview à Contretemps « A propos de « La grande bifurcation ». Entretien avec Gérard Duménil et Dominique Lévy »
5. les managers. Plus tard, il devint un idéologue de l'impérialisme américain.
6. Pour ce dernier, auteur du Nouvel État industriel (1967), i l y a une forme de divorce entre la détention du pouvoir juridique (celui des actionnaires) et l'exercice réel du pouvoir par les managers, la technostructure qui a pour objectif la croissance à long terme de l'entreprise. Le néolibéralisme a asséné un coup fatal à cette hypothèse.
7. « L'invisibilisation des classes populaires ». Dans cet article plutôt polémique et avec différentes cibles mais argumenté, J-M Harribey déplore le développement exagéré à gauche d'un « fond de référence identitaire plutôt que de classe pour caractériser individus et groupes sociaux ».

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