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TES Canada : ses partisans sortent de l’ombre

3 septembre 2024, par Gaston Rivard — , ,
Il semblerait que TES Canada trouve enfin des partisans. Au dernier conseil de maires de Mékinac, le mercredi 21 juillet, pas moins de quatre ou cinq personnes sont intervenues (…)

Il semblerait que TES Canada trouve enfin des partisans. Au dernier conseil de maires de Mékinac, le mercredi 21 juillet, pas moins de quatre ou cinq personnes sont intervenues avec fougue et détermination pour nous chanter les louanges de TES Canada et la chance inouïe que nous avions, nous à Mékinac, de bénéficier de sa magnanimité.

De l'argent, de l'argent et encore de l'argent, même si pour cela, il faut perdre certaines choses, non définies par nos chantres du progrès, mais sûrement trop importantes pour qu'ils osent les mentionner. « On ne fait pas des omelettes sans casser des œufs », prétend un de ces intervenants. J'aimerais bien savoir quelle est la nature de ces œufs. Il est fort probable qu'elle corresponde à ce que nous demandons, nous, les opposants à ce projet, c'est-à-dire : la conservation de notre bien-être ; la beauté du paysage intimement associé au respect de l'environnement ; la garantie de ne pas le détruire ni l'altérer ; la certitude de ne pas transformer un milieu champêtre en zone industrielle ; non pas la promesse, mais la garantie que tous les citoyens seront équitablement traités au sein du territoire respectif de chacune des municipalités ; que personne ne sera sacrifié par cette mutation en profondeur d'un territoire couvrant 12 municipalités.

Le « progrès » ! Au nom du « progrès », et des « jobs », et de « l'argent » ! C'est presque à l'unisson que ces voix se sont fait entendre. Manifestement, il y a eu concertation de leur part, mais cela va de soi. Les opposants se concertent également. Ils étudient, s'échangent de l'information, analysent le projet sous tous les angles, et sur ces fondements soulèvent des objections, pointent du doigt ce qui leur apparaît être des défaillances, des nuisances, proposent même parfois des solutions. Il est une chose cependant qu'ils ne font pas, c'est d'être obnubilés par l'argent et les jobs au point de vouloir tout sacrifier pour ces deux idoles qui sont probablement pour une grande part les responsables de la crise climatique.

Au cours des deux derniers siècles, ce sont les concessions à ces fantomatiques promesses, la précipitation à y obéir les yeux fermés qui nous a conduits au dérèglement climatique. Deux siècles d'engouement pour une industrialisation avide, et aveugle parce qu'avide, ont suffi pour conduire l'humanité au bord d'un gouffre qu'on nomme « dérèglement climatique ». Et tout à coup, il faudrait croire que cette mentalité s'est amendée et que tout ce qu'elle nous promet, une transition sans nuisances et sans victimes, sera bien réelle et de surcroît avantageuse pour nous. Il y a de quoi douter. Ce n'est pas nécessairement la science et la technologie qui sont fautives, mais leur utilisation désordonnée, la vue à court terme et souvent intéressée de ceux qui exploitent leur potentiel.

Curieusement, le discours commun de nos partisans ressemble au discours promotionnel de TES Canada, une apologie sans nuances, car aucune critique ne l'accompagne. La décarbonation annoncée par TES Canada est parole d'évangile. Certes, ils savent, du moins je l'espère, que plusieurs experts la contestent, mais ce sont sûrement à leurs yeux de faux apôtres, des dissidents de la transition énergétique qui ne comprennent pas la mission de TES Canada. À leurs yeux, la critique est nécessairement négative, car le projet de TES Canada avoisine la perfection. Le promoteur joue sa partition, il vend. Et nous, les « opposants », qui sommes-nous pour ne pas vouloir l'acheter ?

Il semblerait également que « les gens qui sont contre le projet » ont la mauvaise habitude de prétendre parler au nom de la majorité. S'ils ne parlent pas au nom de la majorité, on peut cependant assurer qu'ils parlent au nom d'un très grand nombre de personnes. Car ces gens qui sont contre ont justement fait l'effort de consulter la population, et à l'aide d'une pétition, faire connaître leur « parole ». C'est un travail ardu et ceux qui s'y sont déjà attelés savent sûrement de quoi on parle. Vérifier s'ils parlent effectivement au nom de la majorité est simple, il suffit de faire un référendum sur le sujet. Nous serons alors fixés.

Des sept municipalités pour lesquelles cet exercice fut fait, on obtient approximativement 50 % de gens contre le projet de TES Canada. Si on conteste ces chiffres et doute de leur pertinence, nous le répétons, la solution est simple : le référendum.

Mais le référendum, aux yeux de ceux qui font l'éloge du projet, ne semble pas une alternative susceptible d'être probante. Pourtant, le référendum n'est-il pas l'outil par excellence d'une démocratie lorsqu'il s'agit de connaître le pouls de la population sur une décision cruciale et lourde de conséquences pour elle ?

« Au niveau des élections municipales, on est à 25 ou 30 % qui viennent voter. Un référendum, ça va être, disons 35 %. Admettons que ça passe, il y en a qui vont dire qu'il y a seulement 35 % qui ont voté  ». Nous devons avouer une véritable difficulté à saisir cet argument d'un intervenant. Il accepte d'être dirigé par des élus ayant un suffrage de 25 % ou 30 %, mais refuse un référendum sur un suffrage de 35 %. Qu'on me comprenne bien, mon propos n'est pas ici de discréditer les élus, mais de montrer la faiblesse de ce raisonnement.

Parmi ces partisans du pour, il en est un qui a le courage de parler en son « nom seulement », car il n'a pas « cette prétention-là » de parler pour la majorité. Mais curieusement, tout à coup, il parle au nom des « jeunes, ils l'ont le sentiment d'appartenance. Ils veulent revenir ». Assistons-nous à un dédoublement de personnalité ? Il parle pour lui, puis soudain pour les jeunes, puis enfin pour les entrepreneurs, car il en fut également question. Magie de la psychologie humaine, que de surprises nous réserves-tu ?

Enfin, il est un autre point abordé à cette séance du conseil qui mérite qu'on s'y attarde un peu. Il s'agit du projet de règlement qui propose de créer « un corridor de protection panoramique de 3 km pour la rivière Saint-Maurice [...] afin d'interdire les éoliennes de moyennes et grandes envergures (12 m et plus) à moins de 3 km de la rivière Saint-Maurice ». On peut comprendre, comme il nous fut révélé, que la réflexion sur cette mesure a débuté en 2015, mais il n'en demeure pas moins que l'avis de motion fut déposé le 6 mai 2024, et je n'ose croire que lorsqu'on dépose un avis de motion, on ait oublié que le principal objet de ce règlement est une distance de 3 km. Naturellement, la détermination de cette distance ne soulève aucun problème. Au contraire, elle ne peut être que soulignée, car elle montre la clairvoyance du conseil municipal de Grandes-Piles face à l'enjeu de la production tous azimuts de l'énergie. On comprend qu'ici le « principe de précaution », tant demandé par nous, fut appliqué. Ce que l'on comprend moins, c'est pourquoi il ne le fut pas lors de l'élaboration du règlement de contrôle intérimaire (RCI) adopté le 10 juillet par le Conseil des maires. Pourquoi la rivière Batiscan, joyau qui traverse cinq des municipalités visées par le projet de TES Canada, n'aurait-elle pas droit aux mêmes égards ?

Et si l'on finissait par ce coup de gueule et ce cri du cœur de Yann Queffelec au sujet des éoliennes : «  La laideur, outre le critère esthétique, c'est l'usurpation d'un paysage immémorial, propriété exclusive et non bornée des nuages, des oiseaux et des esprits errants... C'est un coup de couteau dans l'œil du créateur qui nous a légué l'Univers, c'est le viol du mystère invisible des choses, frère de l'essentiel.  »

Gaston Rivard
Saint-Adelphe

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Sur le quinzième congrès de la COCAL*

3 septembre 2024, par Kaveh Boveiri — , ,
Le quinzième congrès de la COCAL a eu lieu à Gatineau du 7 au 9 août 2024. Ce texte donne un rapport de cet événement trilingue (français, espagnol et anglais). Pendant ces (…)

Le quinzième congrès de la COCAL a eu lieu à Gatineau du 7 au 9 août 2024. Ce texte donne un rapport de cet événement trilingue (français, espagnol et anglais).

Pendant ces jours-là, environ 200 participants de 34 villes du Mexique, du Canada (anglophone et francophone) et des États-Unis se sont rassemblés à l'Université du Québec à Outaouais pour le quinzième congrès biennal de La Coalition du personnel enseignant à statut précaire en enseignement supérieur (Coalition of Contingent Academic Labour — COCAL).

À la première vue, ce qui est impressionnant est la diversité de participantes. À côté des membres de la COCAL internationale du Mexique et des États-Unis, nous témoignons la présence des membres du comité exécutif de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), dont la vice-présidente Christine Gautier est également un membre organisateur, les membres du comité exécutif de La Confédération des syndicats nationaux (CSN), ainsi que les membres de la La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et Canadian Union of Public Employees — CUPE, et la liste ne s'arrête pas là. Vinny Tirelli, le fondateur de la COCAL internationale, a participé au congrès à travers une projection.

En ce qui concerne le contenu du congrès, un ensemble de thèmes abstraits et concrets sont discutés, débattus et élaborés. On peut peut-être les classifier schématiquement sous les rubriques suivantes avec cette double précision : premièrement, ces thèmes se chevauchent, et deuxièmement, cette liste ne représente pas tous les enjeux.
Les enjeux étroitement liés au travail de la personne enseignante composent le contenu de la première rubrique. Ici, entre autres, la précarité de leur vie, l'intensification de la charge de travail, le salaire, l'enseignement à distance, les ambitions et les potentialités de recherche, l'intelligence artificielle et le ChatGPT sont discutés.

Sous une deuxième rubrique se trouvent les enjeux sociopolitiques comme la tendance aggravante de la marchandisation de l'éducation, la liberté académique, la manière de dépassement du statut défensif de la lutte à un statut offensif, l'autogestion, et la représentation garantissant dans les instances décisionnelles.

Le volet international du congrès, le contenu de ce qui peut être considéré comme la troisième rubrique, est vu dans deux moments. D'une part, par l'effort de voir les deux rubriques précédentes dans un cadre international ; et d'autre part, en s'adressant aux enjeux liés aux collègues loin de l'immédiateté de la vie de personnes qui ont participé au congrès, notamment à l'état actuel de membres du personnel enseignant à Gaza où, selon un article publié par The Guardian le 8 juin 2024, en effectuant la scholasticide l'Israël a détruit80 % des écoles à Gaza un nombre qui a sans doute augmenté depuis la date de la publication de cet article.

Nous voyons comment une combinaison des visions, des tactiques et des stratégies sont incontournables pour traiter adéquatement ces enjeux. Le traitement de cette combinaison est réalisé à travers les débats et les discussions théoriques, les ateliers et même la performance artistique.

La richesse de ce congrès vient ainsi de la diversité de ses participants : malgré leur hétérogénéité, l'ensemble des personnes participantes ont un dénominateur commun : être les chargés de cours. Une continuation de cette approche exige, sans doute, la rédaction d'un manifeste — c'est exactement le dernier élément dans le programme du congrès.
Tout cela peut nous donner la perspective pour une internationale ouvrière, démocratique, progressiste, anticapitaliste et radicale. Certes, nous sommes encore très loin d'un tel état. Mais la COCAL reste, sans doute, un composant incontournable d'une telle internationale.

*Ce texte ne représente ni la position de la COCAL ni les personnes participantes au congrès.

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Une proposition insuffisante ! La CAQ ne nous laisse pas le choix

3 septembre 2024, par Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) — , , ,
Après plusieurs semaines dans l'impasse, les représentants du gouvernement nous ont finalement fait un retour dans la négociation. Lors d'une rencontre tenue le 29 août, ils (…)

Après plusieurs semaines dans l'impasse, les représentants du gouvernement nous ont finalement fait un retour dans la négociation. Lors d'une rencontre tenue le 29 août, ils nous ont présenté une nouvelle proposition… qui s'est avérée n'être que de la poudre aux yeux.

Il n'y a rien dans ce qui a été mis sur la table qui reconnaisse l'expertise des professionnelles en soins, ni n'empêche l'employeur de déplacer les professionnelles en soins où bon lui semble. Loin de constituer une avancée dans la négociation, cette nouvelle proposition marque au contraire un recul par rapport à l'entente déjà rejetée en avril dernier. N'hésitez pas à contacter votre équipe locale pour plus d'explication.

Devant ce manque de sérieux et de respect, nous n'avons d'autre choix que d'accentuer nos moyens de pression. À compter du 19 septembre, vous êtes invitées à refuser l'offre de temps supplémentaire. Votre participation sera essentielle pour que ce moyen de pression lourd soit efficace. Les prochaines semaines nous permettront de bien nous y préparer, et d'ici là, nous devons nous assurer que la pression demeure sur les épaules de l'employeur.

Dans les jours qui s'en viennent, les professionnelles en soins de partout à travers le Québec vont se faire entendre. Ce gouvernement doit cesser de faire des promesses creuses, et enfin proposer aux infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques des solutions sérieuses aux enjeux cruciaux de la mobilité et du respect de l'expertise.

Restez à l'affût des actions de visibilité à venir, et n'oubliez pas que votre mobilisation est essentielle pour soutenir la négociation.

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À l’occasion de la fête du Travail, les syndicats du Canada lancent une campagne nationale pour réclamer de meilleures conditions pour tous les travailleurs et travailleuses

3 septembre 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
En cette fête du Travail, les syndicats du Canada lancent « Travaillons ensemble : pour améliorer nos conditions », une initiative menée par les travailleurs et travailleuses (…)

En cette fête du Travail, les syndicats du Canada lancent « Travaillons ensemble : pour améliorer nos conditions », une initiative menée par les travailleurs et travailleuses pour lutter contre la cupidité des entreprises, rendre la vie plus abordable et tenir les politiciens anti-travailleurs imputables de leurs actions. Le Congrès du travail du Canada (CTC) ouvre la voie pour les travailleurs et travailleuses de tout le pays. Joignez-vous à nous à noustravaillonsensemble.ca pour agir et faire entendre notre voix.

« La classe ouvrière canadienne est poussée à bout. Les familles font tout ce qu'il faut pour avancer dans la vie, mais les prix de l'épicerie, du logement et d'autres produits essentiels deviennent de plus en plus inabordables. Les travailleuses et travailleurs méritent de meilleures conditions – et les syndicats constituent la clé pour y parvenir », déclare Bea Bruske, présidente du CTC. « La campagne Travaillons ensemble a été conçue par les travailleurs et les travailleuses, pour les travailleurs et les travailleuses. Avec le soutien des syndicats, elle permet d'amplifier la voix des travailleurs pour obtenir un avenir meilleur. »

Grâce à cette campagne nationale, les syndicats du Canada collaborent avec leurs membres et des travailleuses et travailleurs de partout au pays pour faire avancer les dossiers pressants auxquels sont confrontées les familles travailleuses.

Les taux de pauvreté augmentent, et ce sont les aînés, les communautés autochtones et racialisées et les personnes en situation de handicap qui sont touchés de façon disproportionnée. La hausse des coûts du logement a poussé les ménages à leurs limites.

Fait alarmant, seulement deux travailleurs sur cinq ont accès à l'assurance-emploi lorsqu'ils en ont besoin, et les pensions de retraite en milieu de travail sont devenues de plus en plus rares, laissant de nombreux Canadiens sans filet de sécurité financier. Ces défis sont accentués par la crise dans le système des soins. Par ailleurs, l'inégalité de la richesse continue de s'aggraver, alors que les Canadiens les plus riches et les grandes entreprises accumulent des profits records.

« Cette disparité croissante est inacceptable », prévient madame Bruske. « Nous sommes devant un système qui favorise les plus riches tout en laissant pour compte les Canadiens qui travaillent dur. Les travailleuses et travailleurs en ont assez. »

Les syndicats du Canada préconisent des programmes et des services qui amélioreront la vie de tous les travailleurs et travailleuses, tels que le logement abordable, l'amélioration du système de santé public, l'élargissement du régime d'assurance-médicaments, la réforme de l'assurance-emploi et des investissements dans le transport en commun et une économie durable.

Madame Bruske ajoute : « la campagne Travaillons ensemble, ce sont des travailleurs et travailleuses qui s'unissent pour assurer que nous avons des voix favorables aux travailleurs au gouvernement afin de rendre les grandes entreprises imputables de leurs actions. Les politiciens comme Poilievre parlent beaucoup et votent ensuite contre les intérêts des travailleurs quand cela compte. Il est temps de démasquer ces politiciens anti-travailleurs et d'exiger un réel soutien pour les travailleurs. »

« Du lieu de travail, à la caisse, au Parlement : les travailleuses et travailleurs ont droit au respect, pas seulement le jour de la fête du Travail, mais tous les jours », ajoute madame Bruske.

Pour de plus amples renseignements, visitez https://noustravaillonsensemble.ca.

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​​La FTQ commente la décision du Conseil canadien des relations industrielles dans le dossier du secteur ferroviaire

3 septembre 2024, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , ,
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) estime que la décision récente du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d'ordonner la reprise du (…)

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) estime que la décision récente du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d'ordonner la reprise du travail dans le secteur ferroviaire en imposant un arbitrage obligatoire est un dangereux précédent qui brise le rapport de force entre employeur et travailleurs et travailleuses. La FTQ rappelle que la grève est un droit fondamental reconnu par la constitution canadienne et que la liberté d'association est garantie en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.​

« La stratégie patronale dans ce dossier n'étonne personne ; provoquer un arrêt de travail de façon à forcer l'intervention du gouvernement. La décision du CCRI est préoccupante, car elle encourage les grandes entreprises à interrompre leurs opérations pour forcer l'intervention gouvernementale, au détriment des droits des travailleurs et travailleuses », déclare la présidente de la FTQ Magali Picard.

« Ajoutons à cela, que la stratégie patronale dans ce secteur d'activité comme dans d'autres secteurs d'ailleurs, comme chez les débardeurs des ports canadiens ou dans l'industrie de la construction, est de s'asseoir sur leurs deux mains de façon à provoquer un conflit de travail en espérant que les gouvernements iront de l'avant avec des mesures répressives comme l'adoption de Lois spéciales. Au lieu de vouloir sous-traiter un règlement forcé, le patronat aurait intérêt à négocier de bonne foi », ajoute le secrétaire général Denis Bolduc.

« C'est aux tables de négociations que doivent se régler les négociations des conventions collectives de travail. D'ailleurs, il est curieux de ne pas entendre le patronat se plaindre et réclamer l'intervention d'Ottawa pour mettre fin au lock-out imposé aux débardeurs du port de Québec qui dure depuis 23 mois. Où est le patronat pour s'inquiéter du sort de ces travailleurs et travailleuses, pour s'inquiéter de l'économie de la région de Québec ? Poser la question c'est y répondre », conclut la présidente de la FTQ.

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La littérature autochtone francophone fait désormais partie du paysage culturel, au Québec et dans le monde

3 septembre 2024, par Christophe Premat — , ,
L'auteur a enregistré un entretien avec l'auteur Michel Jean et avec Paul Kawczak, écrivain et éditeur chez La Peuplade. Cet entretien a été publié dans la revue Nordique des (…)

L'auteur a enregistré un entretien avec l'auteur Michel Jean et avec Paul Kawczak, écrivain et éditeur chez La Peuplade. Cet entretien a été publié dans la revue Nordique des Études Francophones, dont il est le co-rédacteur en chef, https://franorfon.org/articles/10.16993/rnef.68. Christophe Premat est Associate Professor in French Studies (cultural studies), head of the Centre for Canadian Studies, Stockholm University

8 aout 2024 | tiré de The Conversation | Photo : Le journaliste et écrivain Michel Jean lors d'une séance de dédicace au Festival America, à Vincennes, près de Paris, en 2022. L'auteur d'origine innu a vendu près d'un demi-million de livres, dont les protagonistes sont des autochtones. (Chicoutai Productions)
https://theconversation.com/la-litterature-autochtone-francophone-fait-desormais-partie-du-paysage-culturel-au-quebec-et-dans-le-monde-236014

La Journée internationale des populations autochtones est célébrée le 9 août et donne l'occasion de revenir sur l'affirmation de la littérature autochtone au Québec.

Cette littérature a émergé en 1976 avec la publication du livre autobiographique d'An Antane Kapesh(1926-2004), Je suis une maudite sauvagesse. Une nouvelle phase est désormais atteinte depuis quelques années alors que la multiplication des conférences et des festivals attestent d'un fort ancrage éditorial.

Certaines maisons d'édition, telles que Mémoire d'encrier ou La Peuplade, ont contribué à la découverte et à la valorisation de ce patrimoine au Québec. Plusieurs titres se classent désormais dans les meilleures ventes au Québec, comme Kukum, de l'écrivain et journaliste aux racines innues Michel Jean. Paru en 2019, il est l'un des plus grands succès littéraires québécois des dernières années, avec plus de 200 000 livres vendus. Le récit fera l'objet d'une adaptation théâtrale présentée au TNM cet automne.

Directeur du centre d'études canadiennes de l'Université de Stockholm, je travaille particulièrement sur la littérature autochtone canadienne. Mon plus récent article, « Penser une ontologie décoloniale », à partir du Manifeste Assi, de Natasha Kanapé Fontaine, a obtenu le prix 2023 du meilleur article du British Journal of Canadian Studies.

La littérature, une réaction à la barbarie

Le succès de cette littérature va de pair avec une reconnaissance progressive de l'identité des Premières Nations au Canada, même s'il reste beaucoup de chemin à faire. Ce travail institutionnel est ainsi illustré par les conclusions de la Commission de vérité et réconciliation (2007-2015) qui a révélé la maltraitance de générations d'enfants autochtones dans ce qu'on a appelé les « pensionnats indiens ».

De nombreux témoignages ont été déposés et analysés pour comprendre les raisons de cette acculturation dont l'objectif était bien de « tuer l'Indien » et de séparer les enfants de leurs familles pour en faire de vrais citoyens canadiens et leur donner une éducation chrétienne. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996 au Québec, mais le traumatisme continue de toucher des générations autochtones qui ont perdu leurs racines.

La littérature autochtone francophone est d'abord une réaction à cette barbarie. Elle cherche à donner une autre image des Premières Nations. Que ce soit dans Atuk de Michel Jean ou dans Kuei, je te salue de l'écrivaine et artiste multidisciplinaire innue Natasha Kanapé Fontaine (en dialogue avec le journaliste et écrivain Deni Ellis Béchard), la question des écoles résidentielles est abordée comme l'un des pires symboles de la pensée coloniale.

Sur le plan politique, d'autres crises ont révélé des formes de racisme systémique, à l'instar de la crise d'Oka en 1990, et le projet de construction immobilière sur un cimetière Mohawk. Cette crise avait mis en évidence un fort moment de tension avec l'intervention de l'armée fédérale.

Récemment encore, l'affaire Joyce Echaquan, en 2020, a choqué l'opinion publique. Cette femme autochtone est décédée après un manque de soins de la part du personnel de l'hôpital Saint-Charles-Borromée, dans la région de Joliette, au Québec.

Lire plus : Le principe de Joyce : pour une approche de soins sécuritaire et libre de discrimination

La redécouverte de la poésie et du roman

Les écrivains francophones prennent régulièrement position sur ces crises, comme la poétesse, écrivaine et activiste innue Rita Mestokosho l'a fait en 2009 sur le projet d'installation d'une centrale électrique sur le fleuve La Romaine.

La littérature autochtone se manifeste d'abord comme un cri politique contre l'invisibilisation de ces communautés. Ce cri rappelle d'une certaine manière celui de la négritude de l'écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire, comme l'a rappelé Natasha Kanapé Fontaine dans son Manifeste Assi publié en 2014.

L'intérêt de cette littérature ne se limite pas uniquement à la dimension politique, certes inévitable, car il touche également au style. La plupart de ces écrivains font preuve d'un style concis avec notamment l'utilisation de poèmes courts et incisifs comme ceux de la poétesse et scénariste innue Joséphine Bacon dans Bâtons à message : Tshissinuatshitakana publié en 2009. Le roman lui-même est réinvesti à la manière de Kuessipan de la romancière et enseignante innue Naomi Fontaine, publié en 2011, dont les chapitres accumulent des phrases courtes avec une ponctuation laissant le temps au lecteur d'appréhender les non-dits.

Le dernier roman de l'écrivain et comédien d'origine cri, curateur au Musée de la civilisation, Bernard Assiniwi, La saga des Béothuks, publié en 1996, fait ici figure d'exception, car l'auteur réévalue le roman historique en adoptant le point de vue d'une communauté autochtone de Terre-Neuve qui a disparu au contact des colons, les Béothuks. Le roman puise dans la saga pour faire apparaître un contre-récit fascinant adossé à une chronologie rigoureuse.

Plus récemment, l'énorme succès de Michel Jean (près d'un demi-million de livres vendus) avec les parutions d'Amun et de Kukum en 2019, Elle et nous en 2021 et Wapke en 2023 témoigne d'un intérêt du lectorat francophone pour une présentation simple du mode de vie autochtone. Michel Jean n'adopte pas un ton militant, mais constate depuis une dizaine d'années une influence grandissante de cette littérature.

Entrevue de Michel Jean réalisée par Christophe Premat en octobre 2022, à l'Université de Stockholm.

Écrire quand on est autochtone

La littérature autochtone mérite une attention accrue, car elle redéfinit la notion d'auteur et d'autrice. Ces écrivains et écrivaines ne se consacrent pas uniquement à leurs textes, ils ont la plupart du temps d'autres activités parallèles (travailleurs sociaux, représentants politiques, journalistes). Ils se perçoivent davantage comme des médiateurs culturels soucieux de faire apparaître une autre manière de penser le monde où les humains sont insérés dans des chaînes de solidarité et de coopération, un peu à la manière de ce que décrivait l'écrivain martiniquais Édouard Glissant dans sa philosophie de la relation.

Cette littérature tient les raisons de son succès dans l'exploration de la pensée autochtone. Elle donne les clés d'une nouvelle compréhension de l'environnement à l'heure où les sociétés s'épuisent dans l'angoisse des effets de la prédation et du changement climatiqu. Elle peut aussi proposer des méthodes de communication non-violente entre les héritiers des colons et les populations autochtone, comme l'a montré le superbe dialogue entre Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard, Kuei, je te salue, conversation sur le racisme, qui a été complété dans sa réédition de 2021.

La littérature autochtone au Québec, en plein essor depuis 1976, réagit à l'effacement historique et témoigne des injustices subies par les Premières Nations. Soutenue par des maisons d'édition comme Mémoire d'encrier, elle se distingue par son style unique et redéfinit la notion d'auteur. Cette littérature enrichit notre compréhension de l'environnement et des relations sociales, offrant des clés pour une communication non-violente fondée sur l'empathie et une meilleure reconnaissance des identités autochtones.

Le fait nouveau est qu'elle n'est plus seulement liée au combat pour la survie des communautés autochtones. Elle s'intègre désormais pleinement aux littératures francophones, sortant ainsi des marges. En d'autres termes, elle a su dépasser le piège de l'exotisme pour s'affirmer comme une littérature à part entière.

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La justice vengeresse de Monte Cristo

3 septembre 2024, par Pierre Jasmin — , ,
Edmond Dantès/Pierre Niney semble constamment lutter afin de préserver son humanité dans ses confrontations avec la femme qu'il aime toujours et qui saura le préserver des (…)

Edmond Dantès/Pierre Niney semble constamment lutter afin de préserver son humanité dans ses confrontations avec la femme qu'il aime toujours et qui saura le préserver des aspects révoltants de la vengeance-machination qu'il a ourdie dans sa quête de justice.

Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix

Affiche macho révélant les noms des sept acteurs mais seulement de deux des actrices

Séparer la vengeance haineuse de la justice

Autre adaptation réussie d'Alexandre Dumas1 confiée à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte par le producteur Dimitri Rassam, le Comte de MonteCristo présente le fort dilemme du héros Edmond Dantès qui tente de toutes ses forces de séparer la vengeance haineuse de la justice. Quel thème explosif d'actualité à explorer, pendant qu'on déplore des massacres génocidaires à Gaza qui débordent aujourd'hui en Cisjordanie et au Liban par inaction honteuse des pays de l'OTAN : ils abandonnent l'UNRWA malgré les cris de détresse du Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, et en profitent en outre pour vendre honteusement leurs armes au « criminel de guerre » selon le Tribunal international de LaHaye, Nétanyahou, ivre de vengeance post 7 octobre, au point de frapper jusqu'en Iran et de risquer de provoquer une guerre mondiale ! Et ce pari sanguinaire le fait remonter dans les sondages en Israël et recevoir plus d'armes de Biden-Harris, la seule de leurs actions applaudie par Trump-Vance.

Le Devoir qualifie la vengeance de Dantès à la manière des réseaux sociaux
François Lévesque propose une interprétation du film inspirée par les réseaux sociaux fielleux en la sous-titrant « une vengeance épique » : « si Dantès complète sa vengeance, ce sera au prix de son humanité. Et il ne vaudra alors guère mieux que son ennemi. Quand on garde cela à l'esprit, la résolution douce-amère s'avère vraiment satisfaisante. »

Ce commentaire me semblerait mieux adapté au feuilleton télévisuel ayant aussi connu un immense succès il y a six ans, malgré son côté romanesque flamboyant en toc. Piloté par Josée Dayan qui n'avait que des bons mots pour son héros joué par Gérard Depardieu, il a néanmoins laissé un arrière-goût altéré par une accusation - mais pas encore condamnation - d'agression sexuelle.

Si le film suit certaines traces du feuilleton, par exemple en aménageant un subtil suspens par de nombreuses et plausibles infidélités au roman, il joue sur un tout autre registre, prenant le temps de combler certaines invraisemblances : par exemple en nous faisant rencontrer le codétenu du château d'If, qui va équiper le jeune marin naïf de ses immenses connaissances historiques, mathématiques et sociales (secret des solidarités amicales), qui, lorsqu'il gagnera audacieusement sa liberté, égaleront en valeur l'immense trésor des Templiers de l'île de Monte-Cristo dont il révèle l'emplacement secret.

Une jeune génération féminine

Je partage néanmoins l'appréciation très positive du film par le critique du Devoir qui nous régale de sa connaissance des hauts-faits d'armes du directeur photo québécois, Nicolas Bolduc. Mais pour ma part, Edmond Dantès/Pierre Niney semble constamment lutter afin de préserver son humanité dans ses confrontations avec la femme qu'il aime toujours et qui saura le préserver des aspects révoltants de la vengeance-machination qu'il a ourdie dans sa quête de justice. Elle reçoit l'aide providentielle des trois jeunes qui entourent le héros ayant chacun, chacune, pour deux d'entre elles, leur raison personnelle de suivre aveuglément le justicier, sauf un qui le dépassera en haine dans sa mission vengeresse.

Le Devoir la percevrait-elle dévastatrice, parce qu'elle l'est pour la société royale corrompue par trois scélérats de la finance, de la justice et de la politique (qui plus est, un ex-militaire) ? Le comte de Monte-Cristo va s'appuyer sur un Britannique pour démolir d'abord la fortune de l'armateur à l'aide de compagnons solidaires ; contre le deuxième salaud, il dévoilera un « infanticide », doublé du mensonge à la mère que son bébé était mort-né. Pour le troisième coupable, son humanité préservée lui fera d'abord renoncer à se venger de son fils parce qu'il l'a (ou quoiqu'il l'ait) procréé avec son ex, bien jouée dans ses deux âges de vingt et quarante ans par Anaïs Demoustier. Elle est crédible en mère qui l'implore d'épargner ce fils très beau, joué par Vassili Schneider, le quatrième de cette mythique dynastie d'acteurs québécois. Il est l'amoureux de celle que le Comte a sauvée des griffes du sultanat, un personnage ajouté par l'imagination fertile des deux scénaristes pour établir une équation égale, jeunes générations de 3 contre les 3 vieilles crapules. Ces trois combats ne se décideront pas sans perte, ce qui contribue intelligemment au suspens tout au long des trois heures du film, altéré par une musique pompeuse qui l'alourdit : à moins que ce fût un subterfuge pour nous faire apprécier le fragile trio choral accompagnant le mariage raté des deux amants innocents du début du film et les mélopées turques émouvantes de l'ex-captive ?

Note

1. Les trois mousquetaires – d'Artagnan et Les trois mousquetaires – Milady étaient 2 reconstitutions réussies d'une époque où, par exemple, se laver était une occupation occasionnelle et facultative.
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« La Belle Affaire » de Natja Brunckhorst*

3 septembre 2024, par Samra Bonvoisin — , ,
1990. Début de l'été. Comment des citoyens ordinaires de l'ex-RDA vivent-ils les répercussions dans leur existence d'un événement historique considérable, la chute du mur de (…)

1990. Début de l'été. Comment des citoyens ordinaires de l'ex-RDA vivent-ils les répercussions dans leur existence d'un événement historique considérable, la chute du mur de Berlin [ nuit du 8 au 9 novembre 1989 ] ? Pour répondre à pareille interrogation, peu abordée au cinéma, tout en s'appuyant sur des faits réels, Natja Brunckhorst, scénariste et réalisatrice allemande, née à Berlin en 1966, choisit une comédie enjouée au rythme trépidant en partant d'une intrigue à rebondissements, digne d'un thriller à la « Mélodie en sous-sol ».

Proposé par André Cloutier

Par Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, Paris, 28 août 2024
https://cafepedagogique.net/2024/08/28/le-film-de-la-semaine-la-belle-affaire-de-natja-brunckhorst/ <https://cafepedagogique.net/2024/08...>

Visionner la bande-annonce.

Ainsi donc, en pleine réunification des deux Allemagne, des locataires d'un même immeuble, ouvriers devenus chômeurs en un rien de temps, découvrent dans une galerie des milliers de billets de banque est-allemands et engagent une course contre la montre pour convertir leur colossal butin en Deutsche Mark avant la date fatidique du 6 juillet interdisant à la population de changer ses devises. Il reste trois jours à ce petit collectif de « voleurs » pour monter « La Belle Affaire ».

*Une fine équipe en quête d'utopie dans le chambardement de l'année 1990 *

Au cœur de cet été 90 où la RDA dans laquelle ils ont été élevés et vivent est en train de disparaître, Maren ( Sandra Hüller ), Robert ( Max Riemelt ), Volker ( Ronald Zehrfeld ), amis de toujours, s'embarquent sans coup férir dans une aventure inédite. À la faveur de la découverte des milliers de Ostmarks stockés sous terre, et bientôt obsolètes. Toute leur « éducation » formatée par le collectivisme imposé et le supposé partage égalitaire des ressources assuré par un État totalitaire, que vaut-elle désormais face aux attraits et à la loi du marché, à l'ivresse de la libre circulation des personnes et des biens, au parfum de liberté venu de l'Ouest ?

Notre trio ne se pose pas la question en ces termes mais envisage à toute allure les solutions les plus ingénieuses pour mettre en place, en y associant voisins et habitants du quartier, un système d'achats de marchandises et d'objets ( dont nous ne voyons, la plupart du temps, que les énormes emballages en cartons monumentaux transportés à toute blinde en camionnettes après bien des voies détournées ) afin de se débarrasser au plus vite de la masse de billets est-allemands, bientôt hors d'usage.

Rien n'est simple pour ceux qui font l'expérience originale de « l'argent facile » et des sentiments contradictoires qu'une telle possession engendre.

Al'heure où les repères habituels s'effondrent et que s'ouvrent des potentialités nouvelles, seront-ils capables, en dépit de retournements troublants, de surmonter la tentation du « chacun pour soi » et de préserver le sens du collectif, les bienfaits de l'amitié et le pouvoir de l'amour,tout ce qui a soudé cette folle entreprise ?

*Une fable solaire et malicieuse *

Visiblement, Natja Brunckhorst n'a pas le goût du malheur. Actrice principale à l'âge de 14 ans pour le film de Uli Edel, « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée » [1981], elle choisit un temps l'exil en Grande-Bretagne puis en France pour se protéger du scandale. Après un retour dans son pays à la fin des années 80 où elle poursuit sa carrière de comédienne, elle devient scénariste pour la télévision et le cinéma à la fin des années 90 avant de se tourner vers la réalisation avec « L'Ordre des choses » [2021], son premier long métrage.

Aujourd'hui, « La Belle Affaire », – comédierondement menée valorisant l'humanisme et l'idéalisme de quelques héros ordinaires pris dans le tourbillon incroyable et aventureux de ce moment-charnière dans l'Histoire du XXème siècle et dans celle de l'Allemagne –, portela trace du tempérament pugnace de la cinéaste. Et de sa volonté ( étayée par des témoignages et des recherches documentaires ) de restituer l'ambivalence d'une période chaotique, les derniers mois de la RDA, sous un angle positif. Outre la dimension absurde, Natja Brunckhorst souligne : « les anciennes règles n'étaient plus valables, les nouvelles n'étaient pas encore en place. Pendant un an, beaucoup de choses étaient possibles ; il y avait de l'espoir, puis plus, des peurs, mais aussi des opportunités. Bien des gens m'ont dit : ‘'C'était la meilleure période de ma vie !'' ».

Dans la lumière chaude cet été là, magnifiée par Martin Langer, le directeur de la photographie, le trio amoureux , cher au François Truffaut de « Jules et Jim » selon le vœu de la réalisatrice,audacieuse association formée par Maren ( Sandra Hüller, rayonnante d'énergie, dans un registre nouveau ), et ses deux compagnons en tendre affection ( Max Riemelt et Ronald Zehrfeld, excellents partenaires de jeu, chacun dans un style singulier ), sans oublier le fils Janeck, traversent avec panache et humour « La Belle Affaire », modulée dans sa légèreté et sa gravité par la composition musicale « country » de Hannah von Hübbenet. Courez voir l'épopée fabuleuse d'une petite communauté humaine,inscrite dans laGrande Histoire,saisie à un moment rare de « fortune » éphémère et jubilatoire.

Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, 2024-08-28

« La Belle Affaire », filmde Natja Brunckhorst - sortie le 28 août 2024 (en France)

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Agence Stock Photo - Une histoire du photojournalisme au Québec

3 septembre 2024, par Les éditions du Passage — ,
Montréal, le 28 août 2024 – Beau-livre incontournable de la rentrée, Agence Stock Photo. Une histoire du photojournalisme au Québec nous offre un condensé de l'histoire du (…)

Montréal, le 28 août 2024 – Beau-livre incontournable de la rentrée, Agence Stock Photo. Une histoire du photojournalisme au Québec nous offre un condensé de l'histoire du Québec de ces 40 dernières années par les plus grand.e.s photographes québécois.es !

En 1987, trois jeunes photographes décident de fonder une agence de photographies. À l'instar des grandes agences de presse telles Reuters ou AFP, Robert Fréchette, Jean-François LeBlanc et Martin Roy créent une structure indépendante et collective encore inédite au Québec. Pendant près de quarante ans, Stock va couvrir les évènements majeurs qui ont façonné la société québécoise. Du Référendum sur la souveraineté du Québec au Printemps Érable, en passant par la résistance de Kanehsatà:ke (ou crise d'Oka) et le Sommet des Amériques, ce collectif de photographes a su apporter une diversité de regards sur les grands enjeux sociaux, politiques et culturels qui ont marqué l'Histoire du Québec.

Leurs images ont paru dans les plus grands journaux francophones nationaux et internationaux contribuant à façonner notre regard et notre mémoire collective. Qu'il s'agisse des clichés de Robert Fréchette sur le Nunavik et la communauté inuite, des portraits de la culture rave et techno à Montréal fait par Caroline Hayeur (Prix Antoine-Desilets), des explorations photographiques de Benoit Aquin (prix Pictet) sur la chasse, ou des reportages d'actualité de Normand Blouin ou Horacio Paone, les 117 photographies en couleurs et noir et blanc qui composent cet ouvrage brossent un portrait sensible et précieux de la société québécoise.

Le livre comprend une introduction de l'auteure et photographe Sophie Bertrand, un essai de l'historien de la photographie Vincent Lavoie et deux grands entretiens avec les photographes inédits Jean-François LeBlanc et Caroline Hayeur.

Agence Stock Photo est une invitation à voir ou à revoir les images qui ont fait l'histoire du Québec et qui constituent, par leur richesse humaniste, un véritable hommage au Québec et aux Québécois.es !

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Nous n’en avons pas fini avec l’anti-impérialisme des imbéciles

3 septembre 2024, par Didier Epsztajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein — , ,
La formule de la militante syrienne Leïla Al-Shami, reprise par Pierre Madelin dans le n°2 d'Adresses ne cesse de s'imposer à nous dans l'actualité mondiale [1] : « Nous n'en (…)

La formule de la militante syrienne Leïla Al-Shami, reprise par Pierre Madelin dans le n°2 d'Adresses ne cesse de s'imposer à nous dans l'actualité mondiale [1] : « Nous n'en avons pas fini avec l'anti-impérialisme des imbéciles ! » Pas plus que nous en avons fini avec celles et ceux qui taisent, excusent souvent, certains crimes au nom de la lutte contre d'autres crimes et criminel·les.

29 août 2024 | tiré du site entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/29/nous-nen-avons-pas-fini-avec-lanti-imperialisme-des-imbeciles/

Nous avons abordé dans les précédents numéros d'Adresses, certains aspects du droit international, la prévention du risque de génocide, les crimes de guerres, les crimes contre l'humanité. Il faudrait développer, encore et encore, sur les spatiocides, les domicides, les écocides, les scolasticides, sans oublier les crimes les plus répandus et les plus « banals » : les féminicides et les crimes contre les enfants. Ce numéro comporte des analyses de certains de ces crimes contre les êtres humains et leurs organisations sociales. Les possibles criminels de guerre, les plausibles criminels contre l'humanité, qu'ils soient responsables d'États ou de bandes armées, doivent être jugés dans le respect du droit, dans des procédures contradictoire et publique.

Des soldats israéliens sont soupçonnés de torture et de viols contre des prisonniers palestiniens. L'extrême droite israélienne, des ministres – avec la complicité tacite du Premier ministre – proclament que ces soldats sont des héros. Voilà qui en dit long sur les effets de la colonisation sur les colonisateurs, sur la nature du pouvoir israélien.

L'usage et la justification d'actions criminelles ne sont pas seulement contraire au droit, elles détruisent notre part commune d'humanité, elles pèsent sur les luttes émancipatrices et les futurs possibles.

La fermeture des frontières, la construction de murs (en violation du droit international) pour empêcher les êtres humains de circuler entraînent chaque année des milliers de mort·es. Dans l'histoire du 20e siècle, la fermeture de certaines frontières et le refus d'accepter les exilé·es fut aussi le prélude à des massacres de masses, des génocides.

Il ne faut pas oublier le sinistre Mur de Berlin érigé pour empêcher la population de la RDA de fuir la dictature stalinienne que certain·es considèrent encore comme « socialiste ».

Les choix démocratiques, les souverainetés des communautés, dans le respect des autres groupes humains, les possibles émancipateurs impliquent des luttes résolues contre les exclusions, les inégalités, les stigmatisations, les haines des autres.

Certaines pratiques aujourd'hui éclairent d'une lumière rayonnante les possibles. Dans cette livraison, nous avons choisi d'aborder la question de l'eau. Nécessaire à toute vie, c'est un bien commun qui suppose donc une gestion commune. Nous pouvons pour ce faire regarder du côté de Valencia (État espagnol).

Loin des représentations déformées des médias, des espaces de solidarité sont en construction, parfois peu visibles, quelques fois davantage. Il convient d'en faire la publicité : un réseau international étudiant·es-travailleur·euses, La Via Campesina, la Marche mondiale des femmes, les soutiens aux réfugié·es et aux migrant·es et des milliers d'autres pratiques qui préfigurent aujourd'hui un autre avenir…

Qu'est-ce qu'une paix juste et durable ? Une chose est sûre cela ne peut être quelques arrangements secrets imposés par un impérialisme envahisseur, un colonisateur violant les droits des êtres humains ou un voisin étatique dominant.

Juste et durable, implique de ne pas détourner les yeux des questions nationales : en Palestine, au Kurdistan, au Sahara occidental, en Kanaky, à Mayotte…

Le cadre de la revue a été expliqué dans le numéro 0

Comment élargir à d'autres sujets ? À l'occasion des élections au Parlement européen et à l'Assemblée nationale de l'État français, nous proposons un cahier, un « Parti pris ». Des prises de position engagées mais non polémiques.

D'autres « Parti pris » pourront être envisagés, en numéros spéciaux séparés et toujours téléchargeables gratuitement. Cela permettrait de regrouper des textes sur un thème, un pays, etc. Éventuellement plus ouvert aux contradictions, aux discussions mais sans insultes ni délirantes fantaisies, faut-il toujours le préciser ? N'hésitez pas à faire des suggestions.

Le refus du campisme – l'ennemi de mon ennemi rebaptisé ami –, le refus d'opposer certaines luttes à d'autres ou de taire certaines contradictions –pour ne pas « désespérer Billancourt », comme il se disait hier –, le refus de la multipolarité positive cache-sexe des régimes « autoritaires » sont au cœur d'Adresses (Syrie, invasion russe en Ukraine, place réelle des Brics, mollarchie iranienne, suprémacisme hindou, néolibéralisme et impérialisme, colonialisme français, etc.). Des positionnements réactionnaires de nature purement pavlovienne circulent aujourd'hui à propos des élections au Venezuela.

Avant de discuter du rejet des candidatures par un pouvoir en place (comment ne pas penser à la Russie, à l'Iran, sans oublier les pays où les oppositions sont interdites), des fraudes électorales, de la contestation des résultats, des proclamations antidémocratiques comme celles de Donald Trump aux États-Unis, nous tenons à rappeler que nous avons applaudi lorsque le Front sandiniste de libération nationale, au Nicaragua, a reconnu sa défaite électorale en février 1990.

Une leçon foulée aujourd'hui aux pieds par ce même Daniel Ortega et par bien d'autres, toujours plus accrochés au pouvoir qu'aux vertus vitales de la démocratie.

[1] Pierre Madelin, « Des pensées décoloniales à l'épreuve de la guerre en Ukraine », Adresses, n°2, 1er mai 2024.

Didier Epsztajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein

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Le viol - Anatomie d’un crime, de Lucrèce à #MeToo

3 septembre 2024, par Éditions Écosociété, Mithu Sanyal — ,
Pour la première fois traduite en français, la journaliste et autrice allemande Mithu Sanyal renverse toutes les opinions reçues sur le viol et nous offre un essai appelé à (…)

Pour la première fois traduite en français, la journaliste et autrice allemande Mithu Sanyal renverse toutes les opinions reçues sur le viol et nous offre un essai appelé à devenir un classique du féminisme.

Notre façon de parler du viol et de le penser en dit long sur nos sociétés et sur les rapports de genre. De la figure de Lucrèce dans la Rome antique à la vague #MeToo, que révèle notre façon d'aborder le viol ? Au moyen d'une analyse historique, sociale, juridique et féministe, Mithu Sanyal montre que notre regard sur ce crime est teinté de stéréotypes de genre et de racisme. En effet, quand nous pensons aux violeurs, pourquoi pensons-nous aux étrangers dans les ruelles sombres, plutôt qu'aux oncles, aux maris, aux prêtres ou aux copains ? Et qu'entendons-nous par la culture du viol ?

Plongeant dans certaines histoires médiatiquement célèbres (Weinstein, Polanski, Trump, etc.), elle déconstruit le traitement du viol dans l'espace public. Dans la lignée de Virginie Despentes et de bell hooks, Mithu Sanyal plaide pour l'autonomisation des femmes (et des hommes victimes d'agression) dans leur vécu, leurs limites et l'expression de leur consentement. Expérience émancipatrice, la lecture de ce livre, fort documenté, ne laissera personne indifférent. 

Née d'une mère polonaise et d'un père indien au début des années 1970, Mithu Sanyal est une docteure en études culturelles, autrice et journaliste allemande. Militante féministe, conférencière spécialiste des questions de genre et chargée de cours dans différentes universités, elle écrit notamment pour l'hebdomadaire indépendant Der Spiegel, The Guardian et Vice. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues, notamment en anglais et en espagnol.

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Les autonomes d’hier à aujourd’hui Chronologie, débats et analyse

3 septembre 2024, par Jacques Leclercq — ,
L'auteurr, chercheur indépendant spécialiste des ex-trêmes politiques, présente un document permettant de mieux appréhender la réalité d'une mouvance certes très minoritaire, (…)

L'auteurr, chercheur indépendant spécialiste des ex-trêmes politiques, présente un document permettant de mieux appréhender la réalité d'une mouvance certes très minoritaire, mais qui a résisté à l'érosion du temps depuis près d'un demi-siècle.
Outre des repères historiques actualisés, les débats au sein de l'Autonomie sont retranscrits à l'aide de nom-breux textes, abordant notamment les thèmes de la vio-lence, des cortèges de tête, du machisme ou des rapports avec les médias.

Le lecteur découvrira également que les violences exer-cées le 1er mai 2021 contre des syndicalistes de la CGT viennent de loin.

Un ouvrage indispensable pour cerner une galaxie complexe, qui a su diversifier ses interventions au-delà de ses pratiques émeutières. Elle est présente dans les
luttes écologistes, antifascistes, contre les grands projets « inutiles » et la précarité, défendant les mal-logés, migrants et sans-papiers, active dans le courant féministe
et homosexuel ainsi que dans les luttes sociales.

Jacques Leclercq, 67 ans, est un ancien formateur. Il a publié neuf ouvrages chez L'Harmattan.

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« Un jour meilleur viendra » : poésie des femmes Afghanes migrantes

3 septembre 2024, par Clarice Rangel Schreiner — , ,
Capire partage la poésie des femmes afghanes qui ont dû quitter leur patrie. L'une des premières politiques mises en œuvre par le Taliban a été l'interdiction de la poésie et (…)

Capire partage la poésie des femmes afghanes qui ont dû quitter leur patrie. L'une des premières politiques mises en œuvre par le Taliban a été l'interdiction de la poésie et des arts. La poétesse Somaia Ramish nous a parlé du paradoxe de migrer pour échapper à une guerre. Zuzanna Olszewska explique comment la poésie des personnes réfugiées des années 1980 a ouvert la voie à une poésie lyrique plus subjective.

En août 2021, le Taliban a envahi Kaboulet a repris le contrôle du gouvernement en Afghanistan. L'avancée du groupe était annoncée depuis 2015, lorsque les Talibans ont pris le contrôle de leur première province après leur défaite supposée en 2001. Actuellement, plus de 90% des Afghans souffrent d'insécurité alimentaire, de manque de liberté d'organisation et d'expression, de difficultés d'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau potable et au travail. Pendant ce temps, chaque jour, des personnes fuient leurs maisons et, en situation de danger, traversent les frontières vers des pays voisins pour tenter d'obtenir des visas humanitaires dans différentes parties du monde ou, encore, se rendre irrégulièrement en Iran, en Turquie et, éventuellement, en Europe.

Outre le démantèlement favorisé par la politique fondamentaliste des Talibans, le peuple Afghan a également été confronté récemment à de graves catastrophes naturelles dans 33 de ses 34 provinces. Depuis le 10 janvier 2024, plus de 166 mille personnes ont été touchées par des tremblements de terre, des inondations, des sécheresses, des glissements de terrain et des avalanches, tandis que trois décennies de guerre épuisent à la fois les communautés et la nature environnante.

Les guerres rendent impossible de continuer à vivre sur le territoire, en raison de la violence, de la contamination des sols, de la pauvreté, entre autres. Comme dernière alternative, les gens se déplacent à la recherche d'une vie dans la dignité. Les personnes fuyant des conflits violents sont considérées par les gouvernements d'autres pays comme des chiffres qui doivent temporairement vivre sur leur territoire sans droits, comme une main-d'œuvre bon marché, ou qui doivent être barrées aux frontières, parfois même assassinées en essayant de les franchir. Avec la militarisation des frontières et le manque d'intégration au sein des pays d'accueil, les personnes migrantes sont privées de leur propre autonomie.

L'une des premières politiques mises en œuvre par le Taliban a été l'interdiction de la poésie et des arts. Écrire de la poésie est interdit en Afghanistan depuis que les talibans ont pris le pouvoir. Pour les femmes, la situation est encore pire : la pratique est considérée comme honteuse et peut entraîner des coups et même la mort. Les femmes ne peuvent même pas marcher librement sous le régime Taliban ; elles doivent être accompagnées d'un mahram, un membre masculin de la famille. Ainsi, la poésie est un outil important pour la justice sociale, surtout à un moment où il est nécessaire d'imaginer de nouvelles possibilités d'intégration et de coexistence.

La poésie orale reflète les expériences de vie des communautés, s'adaptant aux dynamiques locales et régionales. Il existe une histoire riche et diversifiée de la poésie parmi les Tadjiks, les Hazaras, les Ouzbeks, les Aimaq, les Turkmènes, les Baloutches, les Nuristanis, les Sadates, les Kirghizes et les Arabes, avec leurs traditions. Dans la poésie populaire Afghane, les femmes sont des écrivaines et des créatrices actives. Les femmes Afghanes ont utilisé la poésie pour se rebeller, exprimer les inégalités et aussi comme outil de communication du mouvement féministe.

Dans La Perle du Dari : Poésie et personnalité chez les jeunes Afghanes en Iran [The Pearl of Dari : Poetry and Personhood among Young Afghans in Iran] (2015), Zuzanna Olszewska explique comment la poésie des personnes réfugiées des années 1980 a ouvert la voie à une poésie lyrique plus subjective, entraînant une prolifération de formes, de genres et de styles, avec expérimentation, critique, questionnement et découverte des identités. Il existe des collectifs et des plateformes virtuelles qui rassemblent des textes de femmes afghanes, tels que Femmes Écrivaines Libres [Free Women Writers], Projet d'écriture des femmes afghanes [Afghan Women'sWriting Project], Filles de Plaza [Plaza Girls], Poésie de la Chambre Rouge [Red RommPoetry] et la Maison BaamDaad de la poésie en exil [BaamDaad House of Poetry in Exile].

La poétesse Somaia Ramish nous a parlé du paradoxe de migrer pour échapper à une guerre : « Bien que nos corps soient en dehors de la géographie de la guerre, nos âmes restent marquées par la guerre ». Somaia souligne également l'importance de la poésie populaire pour sa mère lorsqu'elle avait le mal du pays : « Ces poèmes traditionnels ont été transmis de génération en génération. Cette poésie n'est pas écrite dans les livres, mais elle existe dans le cœur de nos mères et grands-mères ». Dans le poème ci-dessous, Somaia Ramish écrit sur la « géographie de la guerre » :

Porte des poèmes comme armes
Porte des poèmes comme armes – la géographie de la guerre vous appelle pour se munir.
L'ennemi ne donne aucune alerte,
contre-alerte,
couleurs
signes
symboles ! Porte des poèmes comme armes –
chaque instant est chargé
avec des bombes
balles
explosions
sons de mort –
mort et guerre
ils ne suivent pas les règles
tu peux transformer tes pages en drapeaux blancs
mille fois
mais ravale tes mots, ne dis rien d'autre.
Porte tes poèmes –
ton corps –
tes pensées –
comme des armes.
Les écoles de guerre se lèvent
à l'intérieur de toi.Peut-être que toi
tu seras la prochaine.

Pour Somaia, son pays fait partie de son existence, et « le désir de rentrer chez elle est enraciné dans son cœur ». Selon elle, la poésie peut créer de nouvelles réalités pour une maison qui a été détruite. L'espoir de voir à nouveau l'Afghanistan comme un lieu de liberté est présent dans la poésie de différentes manières. Un poème écrit par une autre auteure,Hosnia Mohseni, expose cela. Il rend hommage à l'écrivaine du 10ème siècle Rabia Bhalki, reliant passé et futur. Rabia était la première femme poète persane enregistrée, qui a été tuée par son frère pour être tombée amoureuse et pour avoir écrit de la poésie.

Un jour meilleur viendra
Sœur, Le jour viendra où toi et moi volerons
Sur les fières montagnes de notre terre.
Il viendra un jour où les portes ne seront plus verrouillées
Et tomber amoureuse ne sera pas un crime.

Toi et moi laisserons nos cheveux voler,
Nous porterons des robes rouges,
Et enivrerons les oiseaux
De nos vastes déserts
Avec nos rires.
Nous danserons parmi les tulipes rouges de Mazar
En mémoire de Rabia,
Ce jour n'est pas loin.
Il est peut-être au coin de la rue.
Il est peut-être dans notre poésie.

Clarice Rangel Schreiner, Brésilienne vivant en Turquie, est militante de la Marche Mondiale des Femmes.
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
https://capiremov.org/fr/culture-fr/un-jour-meilleur-viendra-poesie-des-femmes-afghanes-migrantes/

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Tesla sape les conditions de travail et brise les grèves : exemple en Suède

3 septembre 2024, par Emma Bougerol — , ,
L'entreprise d'Elon Musk refuse de dialoguer avec les syndicats en Suède. C'est pourtant d'usage dans le pays. Lorsque les salariés ont fait grève, Tesla y a envoyé des (…)

L'entreprise d'Elon Musk refuse de dialoguer avec les syndicats en Suède. C'est pourtant d'usage dans le pays. Lorsque les salariés ont fait grève, Tesla y a envoyé des employés étrangers. Cette pratique risque d'être reproduite ailleurs en Europe.

Photo et article tirés de NPA 29

Un jeune homme, assis sur le siège conducteur d'une voiture à l'arrêt, met ses mains sur le volant, le regard au loin. Puis il examine l'habitacle, touche le cuir, se penche vers le large écran de contrôle. Son ami fait le tour du véhicule bordeaux, l'observe sous chaque couture, puis revient vers le vendeur.

Les trois hommes continuent la discussion à deux pas de la Tesla Y. Ce jour-là, dans le « store », quatre conseillers sont à la disposition des curieux et futurs acheteurs. Le parking devant est rempli de voitures Tesla, et émanent de l'atelier des bruits de réparation.

Chez ce vendeur de Tesla, dans le sud de la Suède, en cette fin de mois de juin, il n'y a plus une trace du bras de fer qui oppose l'entreprise d'Elon Musk et les syndicats suédois. La banderole « conflit » accrochée aux grilles a disparu, tout comme les syndicalistes en gilets jaunes fluo du piquet de grève. Dans le magasin, on admet à demi-mot avoir eu « quelques soucis avec la réception des plaques d'immatriculation, au début ». Aucune mention explicite des grévistes, en lutte depuis le 27 octobre 2023.

Huit mois de grève

Depuis plus de huit mois, le syndicat suédois IF Metall se bat avec Tesla pour que l'entreprise états-unienne signe la convention collective du secteur. En Suède, les conventions collectives organisent le monde du travail. La loi suédoise ne prévoit pas de salaire minimum interprofessionnel. Ce sont les conventions collectives qui les définissent, par branche. Traditionnellement, chaque entreprise négocie avec les syndicats les conditions de travail et de rémunération.

« Tesla met en péril le cœur du système suédois »

Mais voilà : l'entreprise d'Elon Musk a refusé de négocier avec les représentants des salariés un accord pour ses près de 300 employés. « Le syndicat suédois IF Metall n'a eu d'autre choix que de faire grève : la position de Tesla met en péril le cœur du système suédois de négociation collective », explique l'universitaire suédois Christer Thörnqvist, spécialiste des grèves et du monde du travail.

« La principale raison pour laquelle IF Metall entreprend une action industrielle chez Tesla est de garantir à nos membres des conditions de travail décentes et sûres, lit-on sur le site du syndicat. Pendant une longue période, nous avons tenté de discuter avec Tesla de la signature d'une convention collective, mais sans succès. Aujourd'hui, nous ne voyons pas d'autre solution que de mener une action syndicale. »

  • Certains salariés sont encore en grève. « Je resterai en grève pendant des mois ou bien des années pour avoir cette convention collective », témoigne une travailleuse interrogée par Equal Times dans un reportage à la rencontre des salarié·es en lutte. « IF Metall dispose de fonds de grève très importants et pourrait ainsi poursuivre la grève pendant une longue période », précise Christer Thörnqvist.

Grèves de solidarité

De son côté, concernant la situation de ses travailleurs et travailleuses, « Tesla affirme que leur salaire de départ est bien supérieur au salaire minimum prévu dans la convention collective et que leurs conditions sont globalement comparables ou meilleures que celles de l'accord de l'industrie automobile », rapporte le média suédois Dagens Arbete. IF Metall répond que tout cela est faux.

Ces « soucis » avec les plaques auxquels le vendeur Tesla fait référence sont une des conséquences des grèves de solidarité organisées par d'autres syndicats. La poste suédoise a refusé d'acheminer les plaques d'immatriculation aux ateliers Tesla dans le pays, bloquant momentanément la vente de véhicules. Des électriciens ont refusé de réparer les bornes de recharge Tesla. Des salariés d'autres secteurs, comme les éboueurs, les dockers ou transporteurs, ont pris part à des grèves dites « de sympathie ».

Des syndicats des pays voisins – Danemark, Norvège et Finlande – se sont aussi joints à la lutte, empêchant les véhicules Tesla de transiter par leurs ports. « Le fait que nous nous appuyons sur des conventions collectives et que les syndicats se soutiennent mutuellement sont des éléments essentiels du modèle de marché du travail nordique », affirmait mi-juillet Ismo Kokko, président du syndicat finlandais AKT, à Reuters.

Briseurs de grèves, un problème européen

Si, au fil des mois, les chiffres de participation à la grève ont inévitablement baissé, cette lassitude ne suffit pas à expliquer la reprise quasi-intégrale de l'activité de Tesla en Suède. « L'une des principales raisons pour lesquelles la grève n'a pas eu l'impact escompté sur Tesla est sans aucun doute le recours aux briseurs de grèves », affirme le chercheur Christer Thörnqvist.

L'entreprise a eu recours à un subterfuge, permis par la législation européenne : elle a « détaché » des travailleurs d'autres pays européens pour remplacer les grévistes. Jonas Sjöstedt, ancien leader du Parti de gauche (Vänsterpartiet) suédois et désormais eurodéputé, l'a vu de ses propres yeux dans sa ville natale, Umeå.
« Nous avons vu des gens arriver en taxi. Ils venaient de l'aéroport et parlaient polonais, néerlandais, allemand »

« En tant qu'ancien membre du syndicat, j'ai demandé à être sur le piquet de grève à Umeå à plusieurs reprises, raconte l'ancien syndicaliste de chez Volvo. Une fois, alors que nous étions devant l'atelier Tesla, nous avons vu des gens arriver en taxi. Ils venaient de l'aéroport et parlaient polonais, néerlandais ou allemand. Ils étaient venus pour travailler. Il est devenu évident que Tesla utilise systématiquement des briseurs de grève. »

« Tesla, en faisant venir des briseurs de grève d'autres pays européens, viole une règle d'or acceptée par les acteurs du marché du travail suédois depuis plus de 80 ans, retrace le chercheur Christer Thörnqvist. L'accord dit de Saltsjöbaden, conclu en décembre 1938, constitue un point de repère pour le modèle suédois. Pour garantir la paix sur le marché du travail, les syndicats ont accepté de centraliser la décision de l'utilisation de la grève et, en retour, la confédération des employeurs a accepté de ne plus avoir recours à des briseurs de grève. »

Cette lutte dépasse les frontières suédoises, et va même au-delà des pays nordiques. « Si les syndicats suédois obtiennent gain de cause, les travailleurs du monde entier pourront négocier des accords collectifs avec Tesla. C'est pourquoi ce conflit est si important », affirme Jonas Sjöstedt.

Jusqu'ici, l'entreprise n'a pas cédé aux revendications de ses employés, où que ce soit dans le monde. « Même si cela n'est pas dit haut et fort, il est clair que Tesla craint qu'un accord avec les syndicats suédois ne sape l'autorité de l'entreprise dans d'autres pays européens », complète Christer Thörnqvist, maître de conférences à l'Université de Skövde.
Une lutte vitale

« Tesla est un cas particulier car elle appartient à Elon Musk, l'une des personnes les plus riches du monde et peut-être la personne la plus égocentrique du monde. Je pense qu'il déteste les syndicats », avance le politicien de gauche Jonas Sjöstedt. L'homme a donc décidé de faire du problème des briseurs de grève son combat de la campagne pour les européennes. Aujourd'hui élu au Parlement européen, il compte bien tenir ses promesses.

Avec ses alliés de gauche finlandais et danois, son parti à envoyé le 27 juin une lettre au commissaire européen en charge du travail, Nicolas Schmit. « Nous demandons à la Commission européenne de confirmer et de clarifier que les entreprises qui font l'objet d'une action syndicale en cours ne devraient pas être autorisées à recourir à des dispositifs transnationaux ou de sous-traitance impliquant le détachement de travailleurs d'un autre État membre sur le territoire de l'État membre où l'entreprise fait l'objet d'une action syndicale », écrivent-ils dans le courrier signé du logo rouge de chacun des trois partis.

Tesla est « un exemple de violations des droits de négociation collective dans plus de la moitié des pays européens », selon la Confédération européenne des syndicats. Mais aussi une menace pour la nature : l'agrandissement de sa « gigafactory » près de Berlin menace 50 hectares de forêt. Sur place, des activistes se battent contre la déforestation, en parallèle d'une lutte syndicale pour les conditions de travail dans l'usine.

« Elon Musk agit ici comme si c'était le Far West », témoignait pour Basta ! un élu régional du parti de gauche Die Linke. La lutte suédoise ressemble à celle de son voisin européen. « Il est vital que Tesla ne s'en tire pas si facilement, conclut l'ancien syndicaliste suédois Jonas Sjöstedt. Cette lutte pose une question plus large autour des emplois de la transition écologique. Seront-ils de bons emplois protégés et syndiqués, ou des jobs sans droits ? »

Emma Bougerol 25 juillet 2024

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Uber une nouvelle fois condamné, les droits des travailleurs reconnus !

3 septembre 2024, par LDH, Syndicat INV-FO — , ,
Le 22 juillet 2024, en coopération avec la Cnil, l'autorité néerlandaise de protection des données a prononcé une amende record de 290 millions d'euros à l'encontre des (…)

Le 22 juillet 2024, en coopération avec la Cnil, l'autorité néerlandaise de protection des données a prononcé une amende record de 290 millions d'euros à l'encontre des sociétés Uber B.V. et Uber Technologies INC. pour avoir transféré des données personnelles des chauffeurs VTC collaborant sur leur plateforme hors de l'Union européenne, et notamment vers les Etats-Unis, sans garanties suffisantes, sur le fondement de l'article 44 du RGPD.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Parmi les données qui ont été transférées illégalement, des données de localisation, des documents d'identité et des données de santé !

Les 170 chauffeurs à l'initiative de cette plainte, ainsi que Brahim Ben Ali du syndicat INV-FO et la LDH (Ligue des droits de l'Homme), qui l'ont portée, se réjouissent de cette condamnation qui, par son montant exceptionnel, témoigne de la gravité des faits sanctionnés.

Il s'agit de la seconde plainte engagée contre Uber, la première ayant abouti à la condamnation de la plateforme à 10 millions d'euros, en janvier 2024, pour ne pas avoir suffisamment informé les chauffeurs VTC du sort de leurs données personnelles, massivement collectées sur la plateforme et de leurs droits d'accès, sur le fondement des articles 12 et 13 du RGPD. Deux autres plaintes sont encore à l'instruction, concernant notamment la déconnexion automatique des chauffeurs, sans intervention humaine, également attentatoire au RGPD.

« La LDH se félicite de cette condamnation exemplaire, après celle de janvier 2024, qui reconnait le droit des travailleurs Uber, elle souhaite qu'elle serve de « moteur » à toutes les autres victimes des « Big Tech » prouvant ainsi que le droit peut protéger les citoyens ou résidents européens » a déclaré Nathalie Tehio sa présidente. Il faut cependant préciser qu'Uber a interjeté appel de ces deux décisions.

Brahim ben Ali déclare : « En plus de violer le droit des travailleurs, sans les salarier, Uber viole leurs données personnelles aux fins de maximiser ses profits et de nourrir l'algorithme ».

Jérôme Giusti, avocat de la LDH et des plaignants, précise : « Il s'agit d'une première mondiale. A ma connaissance, aucun autre Gafam n'a été condamné pour avoir transféré les données personnelles des Européens vers les Etats-Unis ou ailleurs dans le monde alors que tout le monde sait que c'est la règle ! ».

Le syndicat INV-FO et la LDH (Ligue des droits de l'Homme) envisagent d'engager une action de groupe contre Uber pour permettre aux 40 000 à 50 000 chauffeurs en France, tous victimes de ces mêmes infractions, d'être indemnisés au regard des préjudices subis.

Paris, le 26 août 2024

https://www.ldh-france.org/uber-une-nouvelle-fois-condamne-les-droits-des-travailleurs-reconnus/

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Alerte ! Aux employeurs du privé & du public

La sonnette d'alarme a été tirée sans relâche par l'USTKE depuis des années, mais par vous aussi camarades, de ces inégalités sociales criantes, de cette jeunesse marginalisée (…)

La sonnette d'alarme a été tirée sans relâche par l'USTKE depuis des années, mais par vous aussi camarades, de ces inégalités sociales criantes, de cette jeunesse marginalisée qui s'est exprimée aujourd'hui, et qui n'a pas trouvé un écho considérable, aux attentes d'une partie de la population vivant dans une grande précarité.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Mesdames, Messieurs,
Des salariés, adherents à l'USTKE, du secteur prive et public, nous signalent subir actuellement des agissements discriminatoires, et agressifs par leurs hiérarchies respectives, ou par des collègues de travail, dans ce contexte de crise sociale et économique que vit le PAYS.

L'USTKE tient à rappeler, qu'elle a également assisté avec impuissance à l'embrasement du tissu économique au soir du 13 mai 2024. Sans attendre, elle a émis un communiqué officiel le 17 mai, en soutien et en solidarité avec les salariés et les entreprises impactées. Comme, beaucoup de salariés, une majeure partie de nos adhérents ont perdu du jour au lendemain leurs emplois et bon nombre d'entre eux vivent très difficilement leur nouveau statut de chômeur, de salariés sans emploi et en chômage partiel. Et pour ceux et celles qui ont la chance de reprendre le chemin du travail, c'est encore plus déstabilisant et stressant d'être accueillis comme des pestiférés voire des terroristes parce qu'ils sont encartés adhérents à ‘USTKE, voir pire, le fait d'être simplement KANAK ! Voilà où nous en sommes rendus, quel gâchis !! Ce genre de réaction raciste est à bannir.

Certains de nos adhérents reçoivent des propos haineux, d'autres font l'objet de mesures disciplinaires car « ils se sont trop affichés » et sont sortis de leur devoir de réserve !!!

Mais à se demander, ce devoir de réserve s'applique à qui ?

Certaines directions n'hésitent pas à dire à nos gens « c'est de votre faute tout ça, allez dire à la CCAT de vous retrouver du travail » car l'USTKE est à la ССАТ !!

A ce jour, l'USTKE n'a jamais appelé à « foutre le bordel » et encore moins à se retrouver à l'arrière d'une benne d'un 4×4 pour un safari humain …

En ces temps difficiles, l'USTKE en est bien consciente et affronte comme vous ce chaos politico-social et économique dans lequel le Pays se trouve, et se trouvait déjà.

Cependant, nous ne pouvons tolérer cette « chasse aux sorcières » du monde patronal, de ces directions, ou des collègues de travail à l'encontre de nos adhérents.

Pour certains, faire des raccourcis après notre journée de grève cadrée de 24 heures du 13 mai, en pointant l'USTKE comme être en partie responsable de ce contexte actuel, demeure un raisonnement primaire !

Aussi, c'est surtout nous méconnaître et nous dénigrer, ne pas reconnaître son sens de responsabilité, de discipline et du devoir que s'est toujours fixé notre structure syndicale, en témoigne d'ailleurs notre implication totale et sincère par notre retour au sein du dialogue social en 2012.

Par ailleurs, nous tenons à préciser que bon nombre de nos adhérents comme d'autres salariés au péril de leurs vies, se sont improvisés et mobilisés en équipe de gardiennage jour et nuit auprès des entreprises dans tout le pays et continuent aujourd'hui. Il ne faut surtout pas mésestimer la réalité dans laquelle vivent nos populations, dont tous, nous, forces vives de ce pays, politiques, et acteurs économiques avons un devoir et une responsabilité collective. La sonnette d'alarme a été tirée sans relâche par l'USTKE depuis des années, mais par vous aussi camarades, de ces inégalités sociales criantes, de cette jeunesse marginalisée qui s'est exprimée aujourd'hui, et qui n'a pas trouvé un écho considérable, aux attentes d'une partie de la population vivant dans une grande précarité.

Aujourd'hui, nous ne pouvons faire qu'ensemble et non les uns contre les autres. Ce pays et nous aussi, allons faire face et s'inscrire dans cette phase de reconstruction en ne reproduisant pas les mêmes déséquilibres, pour un avenir serein, pour une société plus juste, et pour nos générations futures.

Nous demandons que ces agissements à l'égard de nos adhérents et certainement les vôtres aussi, cessent, et nous faisons appel à une responsabilité commune, objective et bienveillante pour apaiser et désamorcer ces tensions, dont les entreprises et les établissements publics n'ont aucunement besoin en ce moment.

Nous serons très vigilants sur les relations collectives et individuelles que vivront nos adhérents et nous comptons sur tout le monde, l'ensemble des salariés, vous, employeurs et directions à plus d'indulgence.

« Préservons en priorité nos énergies pour affronter ensemble cette crise économique et sociale. »

« Inscrivons-nous dans ce pari de l'intelligence collective et humaine. »

A Nouméa, le 10 juillet 2024 Pour le Bureau Confédéral, La Présidente,

Mélanie Atapo

Source

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#ZéroExcuse

3 septembre 2024, par industriall-union.org — ,
En novembre 2023, le Comité exécutif d'IndustriALL a approuvé une nouvelle politique sur la violence et le harcèlement basés sur le genre (VHBG), la misogynie et le sexisme. (…)

En novembre 2023, le Comité exécutif d'IndustriALL a approuvé une nouvelle politique sur la violence et le harcèlement basés sur le genre (VHBG), la misogynie et le sexisme. Cette initiative reflète l'engagement, tel qu'énoncé lors du Congrès d'IndustriALL en 2021, de maintenir une position de tolérance zéro à l'égard de la VHBG et de toute violation des droits humains et des droits des femmes dans le cadre de ses opérations et des activités associées.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Cette politique vise à élaborer une culture de dignité et de respect au sein d'IndustriALL et de ses affiliés, en soulignant l'importance d'éradiquer la violence liée au sexe, la misogynie et le sexisme. Elle met l'accent sur l'éducation et la sensibilisation à ces questions, en s'alignant sur les dispositions de la Convention 190 de l'Organisation internationale du travail (OIT). Elle établit également des procédures claires pour traiter les plaintes liées au harcèlement sexuel, à la misogynie et au sexisme qui se produisent dans le cadre des activités d'IndustriALL.

« Ce 8 mars, Journée internationale de la femme, IndustriALL renforcera sa position selon laquelle la violence liée au sexe, la misogynie et le sexisme sont inacceptables. Notre campagne intitulée « ZÉRO EXCUSE » vise à promouvoir cette politique auprès de nos affiliés, en soulignant notre engagement en faveur de la sensibilisation et de la prévention » a déclaré Atle Høie, Secrétaire général d'IndustriALL.

IndustriALL élabore des lignes directrices et des modèles pour donner la priorité à la sensibilisation et pour soutenir les affiliés qui doivent encore adopter des politiques et des procédures en matière de violence à l'égard des femmes. Dans le cadre de cette politique, il a été élaboré une série de recommandations pour les affiliés leur permettant de prévenir la violence liée au sexe, la misogynie et le sexisme.

Comme l'indique la Convention 190 de l'OIT, seule une approche inclusive, intégrée et sensible au genre, qui s'attaque aux causes sous-jacentes et aux facteurs de risque, y compris les stéréotypes de genre, les formes multiples et croisées de discrimination et les relations de pouvoir inégales fondées sur le genre, nous permettra de mettre un terme à la violence liée au sexe dans le monde du travail.

Selon l'OIT, les écarts salariaux entre les hommes et les femmes persistent et même se creusent dans certaines professions. Malgré les progrès réalisés, des défis subsistent, tels que la discrimination persistante et les disparités salariales entre les hommes et les femmes dans divers secteurs, en particulier dans les professions exigeant des niveaux de compétences élevés et dans les domaines des STIM. IndustriALL a répondu à ces préoccupations en publiant des ressources sur l'équité salariale, la Boite à outils sur l'équité salariale, en anglais, français, espagnol et turc, et prévoit de publier une boîte à outils sur l'utilisation de la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme pour prévenir la violence à l'égard des femmes au sien des chaînes d'approvisionnement.

IndustriALL se concentre également sur le futur paysage du travail pour les femmes, y compris les effets potentiels de l'intelligence artificielle (IA) sur l'égalité des sexes et la nécessité pour les femmes d'acquérir des compétences numériques ainsi qu'en matière d'IA.

Selon l'OCDE, les femmes restent à la traîne des hommes en ce qui concerne le développement des compétences numériques et liées à l'IA. Dans les pays de l'OCDE, plus de deux fois plus de jeunes hommes que de jeunes femmes de 16 à 24 ans savent programmer, une compétence essentielle pour le développement de l'IA.

Compte tenu du climat géopolitique actuel, où les femmes sont affectées de manière disproportionnée par les conflits armés et la montée de l'extrémisme, IndustriALL souligne l'importance de se mobiliser pour l'égalité des sexes, en particulier le 8 mars. IndustriALL appelle ses affiliés à être proactifs dans la promotion de l'égalité, de la diversité et de l'inclusion, reconnaissant que ces valeurs sont cruciales pour l'avenir.

Cette lutte pour l'égalité doit continuer à être un combat quotidien pour notre organisation. Nous devons être des agents du changement en faveur de l'égalité, de la diversité et de l'inclusion. L'avenir de nos organisations en dépend.

Faites-nous savoir ce que votre syndicat fait le 8 mars. Vous pouvez également rejoindre notre groupe Facebook des femmes d'IndustriALL et rendre compte de vos actions, ou envoyer des photos à press@industriall-union.org.
Veuillez utiliser les hashtags #ZéroExcuse et #TouteslesFemmes.

https://www.industriall-union.org/fr/zeroexcuse

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Les femmes irakiennes sont confrontées à de nouvelles menaces juridiques alors que le Parlement s’apprête à rétablir les lois extrémistes de la charia

3 septembre 2024, par Coordination irakienne de la Marche mondiale des femmes — , ,
Le Parlement irakien a annoncé son intention de modifier les lois sur l'état civil sous la pression de groupes religieux extrémistes, ce qui constitue une évolution inquiétante (…)

Le Parlement irakien a annoncé son intention de modifier les lois sur l'état civil sous la pression de groupes religieux extrémistes, ce qui constitue une évolution inquiétante pour les droits des femmes en Irak.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/26/les-femmes-irakiennes-sont-confrontees-a-de-nouvelles-menaces-juridiques-alors-que-le-parlement-sapprete-a-retablir-les-lois-extremistes-de-la-charia/

Ces modifications, qui portent sur les lois relatives à la garde des enfants, au mariage et à l'héritage, menacent de réduire à néant des décennies de progrès en revenant des lois civiles à des interprétations extrémistes de la charia.

Les amendements proposés représentent une grave régression pour les droits des femmes, les poussant vers ce que les critiques appellent un retour à « l'âge des ténèbres ». Les principaux changements sont les suivants

Abaissement de l'âge légal du mariage : Les amendements proposés permettraient aux filles d'être mariées dès l'âge de neuf ans.

Restrictions en matière d'héritage : Les femmes ne pourraient pas acquérir de biens immobiliers par héritage, ce qui limiterait encore leur indépendance économique.

Droits de garde : Les mères perdraient le droit de garde de leurs enfants à l'âge de sept ans, ce qui les priverait de leurs droits maternels.

Restrictions de voyage : Les femmes seraient tenues d'obtenir le consentement d'un homme de leur famille pour voyager, ce qui limiterait considérablement leur liberté de mouvement.

En réponse à ces développements alarmants, l'Organisation de coordination irakienne a mis sur pied une coalition appelée « Alliance 188 », qui réunit divers groupes féministes pour s'opposer aux amendements. L'alliance organise des manifestations, des campagnes et des séminaires éducatifs pour sensibiliser et mobiliser l'opinion publique contre ces changements draconiens.

La coordination irakienne de la Marche mondiale des femmes a également appelé tous les défenseurs des droits de la femme dans le monde à se solidariser avec les femmes irakiennes, en les invitant à partager les nouvelles et à soutenir les campagnes. La situation reste fluide et les semaines à venir seront déterminantes pour le sort des droits des femmes en Irak.

https://marchemondiale.org/index.php/2024/08/22/les-femmes-irakiennes-sont-confrontees-a-de-nouvelles-menaces-juridiques-alors-que-le-parlement-sapprete-a-retablir-les-lois-extremistes-de-la-charia/?lang=fr
Iraqi Women Face New Legal Threats as Parliament Moves to Reinstate Extremist Sharia Laws
https://marchemondiale.org/index.php/2024/08/22/iraqi-women-face-new-legal-threats-as-parliament-moves-to-reinstate-extremist-sharia-laws/
Las mujeres iraquíes se enfrentan a nuevas amenazas legales : el Parlamento pretende reinstaurar la sharia extremista
https://marchemondiale.org/index.php/2024/08/22/las-mujeres-iraquies-se-enfrentan-a-nuevas-amenazas-legales-el-parlamento-pretende-reinstaurar-la-sharia-extremista/?lang=es

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« Les autorités de la région du Kurdistan ne répondent pas aux besoins des victimes de violences conjugales »

3 septembre 2024, par /kurdistan-au-feminin.fr — , ,
Un nouveau rapport d'Amnesty International révèle que, dans la pratique, les femmes et filles victimes de violences domestiques sont confrontées à des obstacles considérables (…)

Un nouveau rapport d'Amnesty International révèle que, dans la pratique, les femmes et filles victimes de violences domestiques sont confrontées à des obstacles considérables pour accéder à la protection et à la justice dans la région du Kurdistan irakien.

Les autorités de la région du Kurdistan irakien ne veillent pas à ce que les auteurs de violences domestiques, notamment de féminicides, de viols, de coups et d'immolations des femmes et des filles, soient traduits en justice, et elles imposent des restrictions arbitraires aux libertés des victimes qui cherchent protection dans les refuges, a déclaré Amnesty International dans un nouveau rapport publié ce 3 juillet.

Malgré quelques mesures législatives positives prises au Kurdistan irakien pour lutter contre la violence domestique, le rapport « Effrayant et terrible : l'impunité et le sous-financement des institutions compromettent la protection des femmes et des filles contre la violence domestique dans la région du Kurdistan irakien » révèle comment, dans la pratique, les survivantes sont confrontées à des obstacles importants pour accéder à la protection et à la justice au Kurdistan irakien. Il constate un manque de volonté politique de la part des autorités pour poursuivre les auteurs de violences domestiques ou pour offrir un soutien significatif aux femmes et aux filles qui se tournent vers l'État pour obtenir une protection.

Extraits du rapport de l'Amnesty International :
« Force est de constater que la loi de 2011 sur la violence domestique dans la région du Kurdistan irakien donne la priorité à la protection de « l'unité familiale » au détriment de la justice et de la protection des victimes, et prévoit des sanctions qui ne sont pas proportionnées à la gravité des crimes commis.

Fait révélateur, la loi exige la mise en œuvre d'une procédure de réconciliation entre la victime et son agresseur avant qu'un juge ne décide de renvoyer l'affaire devant un tribunal. Ces procédures obligatoires entrent en contradiction avec une approche centrée sur les victimes de violences domestiques et fondées sur le genre.

En vertu de la loi, les actes de violence familiale (y compris les lésions corporelles et le viol conjugal) sont considérés comme des délits et ne peuvent donc être passibles que d'une peine maximale de trois ans d'emprisonnement. Certes, la loi accorde aux juges le pouvoir discrétionnaire de prononcer des peines plus sévères précisées dans le Code pénal. Toutefois, en l'absence de directives claires et dans un contexte de stéréotypes sexistes bien ancrés, il est rare que les juges prononcent des peines proportionnées à la gravité du crime commis. Un avocat a expliqué :
« [Je me souviens] du cas d'une femme qui a été sévèrement battue par son mari et qui a porté plainte à trois reprises. À chaque fois, le juge infligeait au mari une amende symbolique. Elle est revenue devant le tribunal à trois reprises, présentant à chaque fois les mêmes ecchymoses ».

Par ailleurs, l'impunité pour les « crimes d'honneur » demeure répandue malgré un amendement de 2002 au Code pénal visant à supprimer l'« honneur » en tant que circonstance atténuante dans les cas de meurtre ou d'autres crimes graves contre les femmes.

https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/07/03/les-autorites-de-la-region-du-kurdistan-ne-repondent-pas-aux-besoins-des-victimes-de-violences-conjugales/

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Turquie. Les « Femmes pour la démocratie » vont défendre les municipalités populaires et les droits des femmes

3 septembre 2024, par Femmes pour la démocratie — , ,
TURQUIE – L'initiative « Femmes pour la démocratie » a été fondée pour lutter contre l'usurpation des municipalités kurdes par la nomination des administrateurs aux (…)

TURQUIE – L'initiative « Femmes pour la démocratie » a été fondée pour lutter contre l'usurpation des municipalités kurdes par la nomination des administrateurs aux municipalités kurdes qui détruisent tout d'abord les « réalisations des femmes. »

Tiré de Entre les lignes et les mots

Les organisations de femmes d'Adana ont lancé l'initiative « Femmes pour la démocratie » contre l'usurpation de la volonté populaire par les administrateurs nommés dans les municipalités de la région kurde et contre les droits des femmes.

L'initiative a fait une déclaration à la presse devant la municipalité métropolitaine d'Adana avec le slogan « Les femmes pour la démocratie s'unissent contre le régime tutélaire ».

Les femmes ont répondu au blocage policier avec le slogan « Jin jiyan azadî » [Femme, Vie, Liberté], des applaudissements et des chants.

Delal Özbey, qui a fait cette déclaration au nom de l'initiative, a déclaré qu'ils s'étaient unis contre l'usurpation des droits et de la volonté. Soulignant que 205 cas de féminicide ont été enregistrés au cours des six premiers mois de 2024 et que 117 femmes sont mortes dans des circonstances suspectes, Delal Özbey a déclaré : « Les auteurs de féminicides sont également ceux qui se sont retirés de la Convention d'Istanbul, veulent abolir la loi n°6284, adoptent la politique de l'impunité et veulent massacrer nos vies dans les rues sous le nom d'euthanasie. Nous ne renonçons pas à la loi n°6284 et à la loi n°5119 malgré le gouvernement qui est l'exécuteur de toutes ces attaques. La loi n°6284 et la loi n°5119 sont les nôtres malgré toutes leurs lacunes. Nous ne leur permettrons pas d'usurper nos droits (…). »

Özbey a déclaré : « Aujourd'hui, nous faisons cette déclaration devant la municipalité métropolitaine d'Adana en soutien à nos municipalités. Nous sommes ici pour que ceux qui ont nommé des administrateurs à la municipalité de Hakkari, qu'ils ont perdue aux élections, ne puissent pas nommer d'administrateurs à la municipalité métropolitaine d'Adana. »

Delal Özbey a déclaré que le régime des administrateurs constituait également un coup dur pour le système de coprésidence et a déclaré : « Nous n'acceptons pas l'administration des administrateurs et les politiques misogynes de l'administration des administrateurs, qui ne reconnaissent pas la volonté du peuple et le droit démocratique le plus fondamental d'élire et d'être élue, excluent les femmes de la vie sociale et politique et les condamnent à la violence économique, physique et psychologique. Le gouvernement, qui usurpe la volonté du peuple, doit abandonner sa politique de nomination d'administrateurs dans les municipalités qu'il n'a pas pu gagner par les élections. Nous lançons un appel au gouvernement et à ses partisans une fois de plus. Nous ne vous permettrons pas d'usurper notre volonté sous le nom d'administrateurs et de détruire les acquis des femmes. Nous appelons toutes les femmes à s'organiser et à lutter pour nos droits et nos vies. »

https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/07/23/turquie-les-femmes-pour-la-democratie-vont-defendre-les-municipalites-populaires-et-les-droits-des-femmes/

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Syrie. Les femmes de JINWAR construisent une vie commune

3 septembre 2024, par /kurdistan-au-feminin.fr — , ,
SYRIE / ROJAVA – Dans le village des femmes libres, fondé par les femmes kurdes, on travaille ensemble pour construire une vie commune. JINWAR est l'endroit idéal pour (…)

SYRIE / ROJAVA – Dans le village des femmes libres, fondé par les femmes kurdes, on travaille ensemble pour construire une vie commune. JINWAR est l'endroit idéal pour l'émancipation des femmes loin du poids du patriarcat.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Le village des femmes libres

JINWAR, le premier village de femmes du Kurdistan et du Moyen-Orient, se trouve à l'ouest de Dirbêsiyê (Dirbasiyah), dans le canton de Jazira, au nord et à l'est de la Syrie. Le projet du village a été élaboré fin 2016. Sa construction a débuté le 10 mars 2017 et s'est achevée en 2018. Le village a été inauguré le 25 novembre 2018, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le village, embelli par les femmes, est aussi un refuge où les femmes se sentent en sécurité.

L'éducation est une partie importante de la vie quotidienne

Dans le village, il y a 30 maisons, une école, un réfectoire communal, un magasin et une Şîfa Jin (clinique pour femmes) et les femmes apprennent à vivre de l'agriculture et de l'élevage. Les femmes vivant au village assurent également la sécurité du village. L'éducation occupe une place importante dans la vie quotidienne du village. Les femmes se réunissent à l'école pour apprendre à lire et à écrire ainsi que d'autres informations. Elles utilisent des panneaux solaires pour produire de l'électricité.

‘On travaille ensemble'

Une équipe de l'agence féminine kurde, NuJINHA, s'est rendue au village et y a passé une nuit. Voici l'article rédigé ensuite par la journaliste Bêrîvan Înatçî :

Alors que l'aube se lève, nous voyons des femmes assurer la sécurité du village. Delal Hecî Omer, une femme yézidie de Hassakê, nous a accueillis avec une tasse de café qu'elle a préparé sur un feu ouvert. Elle vit dans le village avec ses trois filles depuis cinq ans. « En tant que femmes du village, nous travaillons toujours ensemble. Je suis une femme yézidie vivant avec des femmes musulmanes. J'ai l'impression qu'elles sont mes proches. Toutes les femmes du village célèbrent les fêtes yézidies avec moi », nous a-t-elle dit.

Delal Hecî Omer a parlé de la vie communale du village. « Après avoir préparé le petit-déjeuner des enfants et les avoir envoyés à l'école, toutes les femmes du village commencent à faire le travail qui doit être fait ensemble. Parfois, nous avons des invités. Nous cuisinons et servons les repas aux invités ensemble ».

Elle s'est installée à Jinwar avec ses trois filles après son divorce

Lorsque Delal Hecî Omer a voulu vivre au village, sa famille ne le lui a pas permis. « Ma famille ne m'a pas permis de venir ici parce que je suis yézidie. On m'a dit : « Il y a un village yézidi, vas-y ». Ma famille n'acceptait pas qu'une femme yézidie vive avec des femmes de religions différentes. Mes conditions de vie se sont détériorées après mon divorce. J'ai trois filles mais ma famille ne m'a pas soutenu. J'ai dit à ma famille : « Vous n'avez pas aidé une femme yézidie » et j'ai décidé de venir au village de Jinwar. Mes filles aiment aussi le village. Elles se sentent heureuses ici ».

Appelant toutes les femmes yézidies à croire en elles sans crainte, Delal Hecî Omer a déclaré : « Les gens peuvent pratiquer leur foi où qu'ils soient. S'ils ne croient pas en eux-mêmes, ils ne deviendront jamais forts. Les femmes doivent croire en elles pour être fortes. La porte du village est ouverte à chaque femme ».

Elle a visité le village et décidé d'y vivre

Yasmîn Ehlam Ehmed est une femme d'Afrin, assurant la sécurité du village. Elle vit dans le village depuis environ trois ans. « Alors que je vivais à Alep, j'ai entendu dire qu'il y avait un village entièrement féminin à Dirbesiyê. Ensuite, je suis devenu curieux et j'ai voulu le voir. J'ai décidé de visiter le village et j'y suis resté deux mois. J'ai décidé de vivre ici pour toujours après avoir passé un mois ici. Le village est l'endroit dans lequel j'ai toujours rêvé de vivre. Cet endroit est meilleur pour mon développement et celui de ma fille ».

Elles planifient tout ensemble

Yasmîn Ehlam Ehmed a un fils et une fille. Son fils vit avec son père à Alep. « Le matin, nous envoyons nos enfants à l'école. Au village, nous planifions tout ensemble et travaillons ensemble. Nous faisons du pain ensemble à la boulangerie. Nous plantons des légumes et les récoltons ensemble. Nous faisons le ménage ensemble. Je suis chargée d'assurer la sécurité du village. Nous nous protégeons les uns les autres ».

La porte de Jinwar est ouverte à toutes les femmes

Les gens qui visitent le village sont très impressionnés par la vie communautaire bâtie par les femmes, nous a confié Yasmîn Ehlam Ehmed. « Je me sens heureuse chaque fois que je vois des femmes vivre ici avec leurs filles. Ici, je ressens plus de confiance en moi. La porte de Jinwar est ouverte à toutes les femmes. Le village est le lieu de toutes les femmes qui ne savent pas où aller et qui souhaitent se perfectionner et s'instruire ».

https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/06/30/syrie-les-femmes-de-jinwar-construisent-une-vie-commune/

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Rapport de juillet 2024 : La participation économique des femmes en Iran

3 septembre 2024, par women.ncr-iran.org — , ,
* Hausse du chômage et baisse de la participation économique des femmes en Iran * Les femmes : Principales victimes de la crise économique Tiré de Entre les lignes et les (…)

* Hausse du chômage et baisse de la participation économique des femmes en Iran
* Les femmes : Principales victimes de la crise économique

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/15/rapport-de-juillet-2024-la-participation-economique-des-femmes-en-iran/

La participation économique des femmes en Iran est la plus faible du Moyen-Orient, après l'Afghanistan et l'Irak. Selon les statistiques officielles du régime, en 2023, le taux de participation économique des femmes en Iran était de 14,4%, alors qu'en Arabie saoudite et à Oman, il était plus de 2 fois supérieur à celui de l'Iran.

Selon des sources officielles iraniennes, le taux de chômage global et le taux de chômage des hommes ont diminué au printemps 2024 par rapport à l'année précédente, tandis que le taux de chômage des femmes a augmenté au cours de la même période. (Ecoiran.com – 21 juillet 2024)

Au printemps 2024, la population en âge de travailler en Iran était estimée à plus de 65 millions de personnes, réparties également entre hommes et femmes. Sur la population active, estimée à environ 27 millions de personnes, plus de 22 millions étaient des hommes, 3 millions des femmes et 2 millions des chômeurs. Parmi les 2 millions de chômeurs, près de 70% étaient des hommes et 30% des femmes.

Le taux d'activité des hommes était environ 5 fois supérieur à celui des femmes. Le taux de chômage des femmes était 2,5 fois plus élevé que celui des hommes, ce qui indique un profond fossé entre les sexes sur le marché du travail. L'Iran occupe le 143e rang mondial en matière d'écart entre les sexes, ce qui reflète les faibles niveaux de participation politique et économique des femmes dans le pays. Ces dernières années, cet écart s'est creusé en raison de structures juridiques et réglementaires qui rendent l'emploi des femmes plus coûteux pour les employeurs, ce qui a conduit ces derniers à se désintéresser des femmes et des jeunes filles en âge de travailler. (Site gouvernemental eghtesadnews.com – 24 juillet 2024)

Comprendre les termes économiques clés

Pour avoir une meilleure idée des taux de chômage et de la situation du marché du travail, il est essentiel de comprendre quelques définitions :

Population active : Le nombre total de personnes employées et de chômeurs dans une société.

Taux de participation économique : Le rapport entre la population active et la population en âge de travailler.

Chômeur : Les individus de la population active qui cherchent un emploi mais n'en ont pas trouvé.

Taux de chômage : Rapport entre le nombre de chômeurs et la population active.

Le chômage est un indicateur économique important. Un taux de chômage élevé indique une sous-utilisation des capacités du marché du travail du pays. Une réduction du taux de chômage peut avoir deux conséquences : une amélioration de la création d'emplois et des conditions du marché du travail, ce qui présente des perspectives économiques positives, ou un découragement de la main-d'œuvre qui l'amène à quitter la population active.

Outre le taux de chômage, il est essentiel de prendre en compte le taux de participation économique pour une meilleure analyse du marché du travail. Si le taux de chômage diminue et que le taux de participation augmente, cela indique une amélioration du marché du travail. En revanche, si le taux de chômage augmente et que le taux de participation diminue, cela indique un marché du travail en déclin.

Comparaison du marché du travail pour les femmes et les hommes sur 6 printemps
En 2019, le taux de participation économique a dépassé les 70%. Cependant, le taux de chômage global et, plus particulièrement, le taux de chômage des femmes étaient considérablement élevés. La simultanéité des taux de chômage et de participation économique des femmes indique que de nombreuses personnes sont à la recherche d'un emploi, mais que le marché du travail n'est pas en mesure d'absorber cet afflux de travailleurs.

La pandémie de COVID-19 au printemps 2020 a eu l'impact le plus grave sur les femmes. À la suite de l'épidémie, plus d'un million de femmes ont été mises à pied ou licenciées pendant la pandémie. Un grand nombre de petites entreprises et de magasins de détail, principalement tenus par des femmes, ont été fermés. Malgré une réduction du nombre total de chômeurs, la proportion de femmes au chômage a augmenté pour atteindre environ 32% du nombre total de chômeurs.

Dans le même temps, le nombre de femmes dans la population active a connu une baisse significative. Cette diminution est due à la fermeture de nombreuses structures de garde d'enfants et de soins aux personnes âgées, ce qui a contraint un grand nombre de femmes à quitter leur emploi ou à cesser de chercher du travail pour s'occuper des tâches ménagères et des membres malades de leur famille. Ces facteurs ont conduit de nombreuses femmes à quitter la population active et à sortir de la définition du chômage, ce qui a contribué à une baisse du taux de chômage des femmes alors même que leur part dans la population au chômage augmentait.

Au printemps 2021, le taux de chômage des femmes a augmenté alors que leur taux de participation économique a diminué, ce qui indique que le marché du travail est difficile pour les femmes. Les données suggèrent que même après la reprise de la COVID-19, le marché du travail n'a pas retrouvé son état d'avant la pandémie, ce qui a été particulièrement préjudiciable pour les femmes. Après la pandémie, le nombre de personnes instruites au chômage a diminué, mais le nombre de femmes instruites au chômage est resté largement inchangé, ce qui souligne l'incapacité du marché du travail à absorber les travailleuses instruites.

À partir du printemps 2022, les taux de participation économique des femmes et des hommes ont affiché une légère tendance à la hausse. Le taux de chômage des hommes et de l'ensemble de la population a diminué, tandis que le taux de chômage des femmes a d'abord baissé avant d'augmenter à nouveau. (Site d'État ecoinan.com – 21 juillet 2024)

En 2023, le pays comptait environ 2,15 millions de chômeurs, dont près de 40% étaient titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Plus de 53% de ces chômeurs instruits étaient des femmes. Des études montrent qu'un chômeur sur 3 est une femme, et que parmi les diplômés universitaires au chômage, une femme sur 2 est une femme (State-run http://www.panjere.news – 14 juillet 2024).

Au printemps 2024, le nombre total de personnes employées en Iran était de 24,75 millions, dont 3,96 millions de femmes, soit 16% de la main-d'œuvre (site d'État ecoinan.com – 25 juillet 2024). Comme on peut le constater, 84% de la population active en Iran sont des hommes, tandis que seulement 16% sont des femmes. Cette disparité indique un accès inégal aux opportunités d'emploi en Iran, les femmes occupant moins d'un quart des postes disponibles.

Bien que le taux de chômage global et le taux de chômage des hommes aient atteint leur niveau le plus bas au cours des 20 derniers printemps, le taux de participation économique reste inférieur à ce qu'il était avant la pandémie. L'analyse montre que le taux de participation économique des femmes représente environ 1/5 du taux des hommes, et que leur taux de chômage est 2,5 fois plus élevé que celui des hommes. Cela suggère qu'en dépit d'une représentation égale dans la population active, un profond fossé persiste entre les hommes et les femmes sur le marché du travail, et qu'il n'est pas prêt d'être comblé.

Augmentation de la part des femmes parmi les chômeurs diplômés

Comme indiqué précédemment, en 2023, environ 2,15 millions de personnes étaient au chômage dans le pays, dont près de 40% étaient des diplômés de l'enseignement supérieur. Parmi cette population de chômeurs instruits, plus de 53% étaient des femmes.

Cela indique une augmentation de la part des femmes parmi les chômeurs instruits au cours des dernières années. La proportion de femmes parmi l'ensemble des chômeurs a également connu une tendance à la hausse. (Site d'État ecoinan.com – 14 juillet 2024)

Des études révèlent qu'un chômeur sur 3 est une femme, et que parmi les diplômés universitaires au chômage, une femme sur deux est une femme. Cela suggère que la situation des chômeuses diplômées est pire que celle de leurs homologues non diplômées.

En 2018, environ 1,3 million de diplômés de l'enseignement supérieur étaient au chômage. Au cours de cette période, la part des femmes parmi les chômeurs diplômés a diminué, passant d'environ 55% en 2017 à 52,7%.

En 2020, environ 250 000 diplômés de l'enseignement supérieur quitteront la population des chômeurs, dont environ 150 000 femmes. La cause principale en est la pandémie de COVID-19, qui a conduit un nombre important d'individus, en particulier des femmes, à quitter le marché du travail. En d'autres termes, le taux de sortie des femmes du marché du travail a été plus élevé que celui des hommes, ce qui a contribué à réduire la part des femmes parmi les chômeurs.

En outre, la part des femmes instruites au chômage parmi l'ensemble des chômeurs instruits a diminué pour atteindre 49,6% en 2020.

Après la pandémie, alors que le nombre total de chômeurs instruits a diminué, le nombre de chômeuses instruites est resté relativement stable, ce qui a entraîné une augmentation de la proportion de femmes parmi les chômeurs instruits.

En 2023, sur les quelque 890 000 chômeurs instruits, environ 475 000 étaient des femmes. Les études montrent que le nombre de femmes diplômées au chômage est resté pratiquement constant au cours des quatre dernières années, alors que le nombre d'hommes diplômés au chômage a diminué au cours de la même période.

Cette stabilité du nombre de femmes diplômées au chômage pourrait être attribuée à deux facteurs. Premièrement, le marché du travail s'est peut-être amélioré après l'enfermement, ce qui a incité de nombreuses personnes à réintégrer le marché du travail. Deuxièmement, il est possible qu'un nombre important de femmes soient restées inactives après la pandémie et aient quitté la population active, échappant ainsi à la définition du « chômeur ». Étant donné les tendances des taux de participation économique, cette dernière explication est la plus probable.

Proportion de femmes au chômage

En 2017, les femmes représentaient environ 32% de la population au chômage. En 2018, leur part a diminué d'environ un point de pourcentage, en grande partie en raison d'une augmentation significative du nombre total de chômeurs, qui a atteint environ 3,3 millions de personnes.

En 2019, la part des femmes parmi les chômeurs a augmenté pour atteindre 31,7%.

En 2020, pendant la pandémie de COVID-19, la proportion de femmes parmi les chômeurs a diminué de plus de quatre points de pourcentage, comme indiqué précédemment.

Après la pandémie, la proportion de femmes parmi l'ensemble des chômeurs a de nouveau augmenté, atteignant environ 32%. Malgré cette augmentation, le nombre de femmes au chômage a considérablement diminué par rapport à la période prépandémique, ce qui indique que de nombreuses femmes sont devenues inactives, même si le marché du travail s'est amélioré par rapport au pic de la pandémie.

Bien que plus de la moitié des diplômés universitaires en Iran soient des femmes, plus de 50% des chômeurs instruits et un tiers de la population totale au chômage sont des femmes. Cela indique que le marché du travail iranien n'a pas la capacité d'utiliser pleinement sa main-d'œuvre éduquée et que les emplois exigeant les connaissances acquises dans les universités ne sont pas suffisamment disponibles.

Baisse du taux de chômage des femmes : Augmentation de l'emploi ou sortie du marché du travail ?

Au cours des deux dernières décennies, le taux de chômage des femmes a diminué, passant d'environ 17% en 2005 à 15% en 2023. Toutefois, cette baisse au cours des dernières années est largement attribuée au fait que les femmes quittent le marché du travail et sont désillusionnées par la recherche d'un emploi (site d'État Eghtesadnews.com – 29 décembre 2023).

Malgré les fluctuations, un aspect notable de cette tendance est l'écart important entre les taux de chômage des femmes et des hommes. En d'autres termes, le taux de chômage des femmes a été près de 2 fois supérieur à celui des hommes au cours des 20 dernières années.

En 2023, la population en âge de travailler (15 ans et plus) dans le pays était d'environ 64 millions, les femmes représentant la moitié de cette population. Toutefois, sur les 26 millions de travailleurs actifs, seuls 4,5 millions sont des femmes.

En 2010, le taux de chômage des femmes est passé de 16,8% en 2009 à 20,5% et a atteint 20,9% en 2010. De 2010 à 2016, le taux de chômage des femmes s'est maintenu entre 19% et 20%. Une tendance à la baisse s'est amorcée après 2016 et s'est poursuivie jusqu'en 2019, où le taux a atteint 15,6%.

En 2020, le taux de chômage des femmes a augmenté de 0,4 point de pourcentage, principalement en raison de la pandémie de COVID-19. Depuis lors, le taux est sur une trajectoire descendante.

L'analyse du seul taux de chômage peut être trompeuse. Le taux de participation économique des femmes était supérieur à 17% en 2018 et 2019, mais a chuté à environ 14% l'année suivante. En d'autres termes, de nombreuses femmes ont quitté le marché du travail après la pandémie et ne l'ont pas encore réintégré, ce qui a contribué à la récente baisse du taux de chômage.

Néanmoins, le taux de chômage des femmes reste environ 2 fois supérieur à celui des hommes. Cette disparité indique que les femmes ont moins accès aux opportunités d'emploi, ont des revenus plus faibles et moins de sécurité d'emploi que les hommes, ce qui les rend plus vulnérables aux chocs économiques.

Politiques discriminatoires et obstacles à l'emploi des femmes en Iran

Les politiques du régime, les lois discriminatoires et restrictives concernant l'emploi des femmes et l'instabilité économique sont les principaux facteurs contribuant au faible taux de participation économique des femmes en Iran. Et ce, malgré le nombre élevé de femmes éduquées dans le pays.

Le message culturel dominant, propagé par le régime et plus particulièrement par le guide suprême, insiste sur le fait que le rôle principal des femmes est de s'occuper du foyer et des enfants. En outre, la misogynie profondément ancrée dans le cadre juridique du régime crée de nombreux obstacles à la participation des femmes au marché du travail. L'un de ces obstacles juridiques est le droit du mari d'empêcher sa femme de travailler. Selon l'article 1117 du code civil, un mari peut interdire à sa femme d'exercer une profession ou une activité qu'il estime contraire aux intérêts de la famille ou à sa propre dignité ou à celle de sa femme.

Dans de nombreux pays, les gouvernements subventionnent une partie des coûts liés à l'emploi des femmes afin de soutenir les employeurs pendant le congé de maternité. Toutefois, en Iran, l'absence de législation adéquate signifie que, dans le secteur privé, les femmes enceintes sont souvent renvoyées de leur emploi, avec une préférence notable pour l'embauche d'hommes.

L'état de l'économie du pays joue également un rôle important dans le faible taux de participation économique des femmes. Par exemple, l'inflation élevée, l'incertitude économique et la baisse des salaires réels ont conduit de nombreuses femmes qui étaient auparavant économiquement actives à renoncer à l'emploi. En raison de l'inflation élevée et de la non-augmentation des salaires minimums en fonction de l'inflation, les salaires perçus sont insuffisants pour répondre aux besoins des travailleurs. En outre, l'augmentation des coûts des services de garde d'enfants et des crèches a contraint de nombreuses femmes iraniennes à choisir entre le travail et l'éducation des enfants. (Site gouvernemental Eghtesad24.com – 5 août 2024)

En outre, les récentes restrictions imposées à l'accès à l'internet et à certaines applications ont entraîné le déclin des petites entreprises dirigées par des femmes. Par conséquent, les femmes iraniennes doivent franchir divers obstacles culturels, juridiques et économiques pour entrer sur le marché du travail.

Les conclusions de ce rapport indiquent que le marché du travail iranien n'a pas la capacité d'absorber l'important volume de main-d'œuvre féminine et qu'il est généralement conçu pour les hommes. Malgré la parité hommes-femmes dans l'éducation et la formation en Iran, les femmes ne détiennent qu'une part minime du marché du travail. (Site gouvernemental Eghtesadnews.com – 29 décembre 2023)

https://women.ncr-iran.org/fr/2024/08/03/participation-economique-des-femmes/

Télécharger le document au format PdF : Monthly-July-2024_FR

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Épidémie de variole simienne mpox : quels enjeux ?

3 septembre 2024, par Armelle Pasquet-Cadre, Eric D'Ortenzio — , , ,
Le 14 août 2024, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré « une urgence de santé publique de portée internationale » concernant l'épidémie de (…)

Le 14 août 2024, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré « une urgence de santé publique de portée internationale » concernant l'épidémie de variole simienne mpox (anciennement appelée « variole du singe ») qui sévit en République démocratique du Congo (RDC).

Tiré de The conversation. Photo : Particules de virus mpox (en rose), dans une cellule infectée (en vert) cultivée en laboratoire, vues au microscope électronique à transmission, après coloration. NIAID, CC BY

Le 14 août 2024, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré « une urgence de santé publique de portée internationale » concernant l'épidémie de variole simienne mpox (anciennement appelée « variole du singe ») qui sévit en République démocratique du Congo (RDC).

Quelle stratégie vaccinale en France ? Quelle disponibilité du vaccin en Afrique ? Pourquoi la situation est préoccupante alors qu'il existe un vaccin efficace et de tests de diagnostics fiables ? On fait le point.

Pourquoi l'OMS a-t-elle lancé une alerte sanitaire mondiale au sujet du mpox ?

La flambée actuelle de mpox en RDC n'a pas débuté en août 2024… mais en novembre 2023. Et depuis le premier cas de mpox décrit chez l'être humain en 1970, la RDC a connu plusieurs flambées de mpox. Si le directeur général de l'OMS a déclaré que cette nouvelle flambée constitue « une urgence de santé de santé publique de portée internationale », c'est du fait de plusieurs évènements majeurs.

D'abord, sur place, en RDC, une équipe de recherche de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) a identifié un nouveau clade du virus ; un clade étant le terme scientifique approprié pour nommer deux « variants » d'un même virus, qui se distinguent par des mutations dans leurs génomes (c'est-à-dire dans leur patrimoine génétique).

Ce nouveau clade a été nommé clade 1b pour le distinguer de l'autre, le clade 1a, qui était le seul qui circulait jusqu'alors en RDC.

L'OMS s'inquiète de la propagation rapide de ce nouveau clade 1b en RDC ainsi que dans des pays voisins.

Dans l'état actuel des connaissances, que sait-on des spécificités du nouveau clade 1b ?

Il convient de rappeler que le mpox se manifeste généralement par des éruptions cutanées, parfois extrêmement douloureuses qui évoluent en pustules puis en croûtes. Le clade 1a, qui affecte majoritairement les enfants de moins de 15 ans, se transmet par contacts rapprochés cutanés via ces lésions.

En revanche, le clade 1b, nouvellement identifié, présente la particularité de toucher les personnes adultes et de se transmettre de manière privilégiée lors de contacts sexuels. Ce mode de contamination du nouveau clade 1b par contacts sexuels est un point de préoccupation pour l'OMS.

Autre différence : chez l'enfant contaminé par le clade 1a, les lésions peuvent apparaître sur l'ensemble du corps, parfois au niveau des muqueuses – ce qui peut gêner l'alimentation –, des yeux… Dans l'état actuel des connaissances, il semblerait que les lésions occasionnées par le nouveau clade 1b soient davantage localisées au niveau des organes génitaux.

Toutefois, il est important de souligner que le nouveau clade 1b est émergent donc les scientifiques manquent encore de recul pour le décrire.

Ainsi, nombre de questions restent à élucider sur le volet de la transmission : ce nouveau clade est-il plus transmissible que celui qui a circulé en 2022 ? Outre la contamination via des lésions au niveau des organes génitaux et du fait de contacts physiques étroits, le nouveau clade 1b est-il également transmissible par des fluides comme le lait, le sperme, les sécrétions vaginales ?

Enfin, des inquiétudes se font jour quant à la létalité de ce nouveau clade 1b, c'est-à-dire le pourcentage de décès qui surviennent parmi les personnes infectées par le mpox.

Depuis le début de l'année 2024, l'OMS a rapporté des taux de létalité élevés qui avoisinent les 4 % sur l'ensemble des cas suspectés de contamination par les virus mpox de clade 1a et 1b en RDC. Cela signifie que près de 4 personnes infectées sur 100 sont décédées. Mais les chiffres sont plus élevés chez les nourrissons et jeunes enfants.

Quelle différence entre l'épidémie actuelle et celle de 2022 ?

Actuellement, en RDC et dans les pays avoisinants, sévissent le clade 1a (qui se transmet essentiellement via les lésions sur la peau et qui est présent depuis des décennies dans le bassin du Congo) et le clade 1b (nouvellement identifié et qui se transmet par contacts sexuels).

Il existe également un autre clade de mpox, appelé clade 2. Originellement basé plutôt en Afrique de l'Ouest, il s'est propagé hors du continent africain. C'est ce clade 2, et plus précisément le clade 2b (issu du clade 2 initial après qu'il a subi des modifications génétiques) qui a été responsable de la flambée qui a sévi en 2022 en Europe, en Amérique et en Asie.

À l'occasion de cette épidémie mondiale, il a été observé que le clade 2b se transmettait par contacts sexuels, en particulier chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. C'était alors la première fois qu'une transmission de virus mpox par voies sexuelles était mise en évidence.

Pourquoi les clades se distinguent-ils par différents modes de transmission ?

L'évolution du virus, depuis qu'il a été décrit la première fois chez l'être humain en 1970, nous donne des éléments de compréhension des modes de transmission de ce virus, aussi du profil des personnes contaminées. À l'origine, le mpox se transmettait plutôt de l'animal à l'être humain, et touchait généralement les enfants, suite à des contacts avec les animaux.

À ce propos, soulignons que les animaux concernés étaient généralement des rongeurs, et non des singes, même si la dénomination « monkey pox » (expression anglaise signifiant « variole du singe ») a longtemps été utilisée.

Un vaccin est-il disponible contre cette nouvelle épidémie de mpox ?

Un vaccin est recommandé par les autorités de santé en France, comme à l'international, compte tenu de sa bonne tolérance et de son efficacité (estimée autour de 82 % après deux doses), selon la Haute autorité de santé (HAS) qui vient de mettre à jour ses recommandations vaccinales pour lutter contre la circulation du mpox en France.

Le vaccin recommandé est un vaccin contre la variole dit « de troisième génération » (vaccin MVA-BN pour Modified Ankara Vaccine, développé par Bavarian Nordic au Danemark). Comme le mpox et la variole font partie de la même famille des orthopoxvirus, cela permet au vaccin développé contre le virus de la variole d'être indiqué contre le mpox.

À noter que l'OMS préconise aussi le recours à deux autres vaccins (un autre vaccin antivariolique de troisième génération développé au Japon, voire un vaccin de deuxième génération si ceux de troisième génération ne sont pas disponibles).

Le vaccin de troisième génération recommandé en France est commercialisé sous les noms de marque Imvanex ou Jynneos. Sur son site Internet, le ministère de la santé français précise la stratégie vaccinale et, notamment, le nombre de doses recommandé (une ou deux) selon que l'on a été ou nom vacciné contre la variole dans l'enfance, avant 1980. Il fournit également toutes les informations pratiques sur la vaccination et, le cas échéant, la prise en charge d'éventuels cas de mpox sur le territoire.

Il y a deux ans, lors de l'épidémie provoquée par le clade 2b, en France, il avait été procédé à la vaccination de personnes à risque et de sujets qui avaient été en contact avec des malades. Mais concernant l'épidémie actuelle, certaines questions restent néanmoins en suspens en matière de stratégie vaccinale : faudra-t-il vacciner à nouveau les personnes qui ont été vaccinées en 2022 ? Deux ans plus tard, restent-elles protégées contre le clade 2b ? Enfin, les scientifiques se demandent si le vaccin sera tout aussi efficace contre le clade que l'on vient d'identifier.

Pourquoi la situation à l'échelle mondiale est-elle préoccupante malgré l'existence d'un vaccin ?

Pour lutter contre le mpox, il existe un vaccin qui a montré son efficacité lors de précédentes flambées et des outils de diagnostics biologiques fiables (tests basés sur la technique PCR, pour « polymerase chain reaction », ou « réaction en chaîne par polymérase », NDLR). Ces moyens sont accessibles dans des pays comme la France.

Concernant le vaccin, la question cruciale réside dans son manque d'accès en RDC. Ce pays connait des épidémies de mpox à répétition et, à ce jour, aucun vaccin n'est mis à disposition pour protéger sa population.

Il convient d'évoquer également le manque de disponibilité des tests de diagnostic biologique qui se pose de manière criante. La complexité de cette épidémie vient aussi du fait qu'en RDC, les moyens de diagnostics biologiques ne sont pas disponibles partout et font défaut notamment dans les territoires reculés.

La varicelle ou la rougeole font partie des maladies auxquelles on peut également penser face à un tableau clinique qui évoque le mpox (on parle de diagnostics différentiels), en particulier chez l'enfant. On comprend alors combien le comptage des cas et la surveillance sont rendus difficiles pour les agents de santé et soignants qui sont amenés à établir le diagnostic à partir des lésions, sans pouvoir le confirmer par des tests biologiques fiables.

L'alerte de l'OMS a été lancée du fait de la recrudescence des cas en RDC et dans les pays voisins, en raison de l'identification de ce nouveau clade et du fait de l'absence de vaccins. L'objectif est donc de mobiliser l'ensemble de la communauté internationale et les bailleurs afin de tenter de mettre en place une coordination globale pour déclencher une réponse adéquate.

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Les motifs ne manquent pas : Entre les tâches du moment et la Conférence antifasciste

3 septembre 2024, par Israel Dutra, Roberto Robaina — , ,
Cette semaine commence la campagne des élections municipales [qui se tiendrons en octobre], et pendant les cinquante prochains jours, les militants vont s'y consacrer. Mais (…)

Cette semaine commence la campagne des élections municipales [qui se tiendrons en octobre], et pendant les cinquante prochains jours, les militants vont s'y consacrer. Mais nous voulons également attirer l'attention sur une tâche importante pour les prochains mois, qui s'articule et se combine avec la lutte pour des conquêtes électorales.

23 août 2024 | tiré du site du CADTM | Photo : Passé le pic de la pandémie, Porto Alegre de nouveau dans la rue contre l'extreme -droite - Photo Revista Movimento
https://www.cadtm.org/Entre-les-taches-du-moment-et-la-Conference-antifasciste

L'effort pionnier de convoquer une conférence internationale pour combattre l'extrême droite a uni le PSOL et le PT à Porto Alegre, avant même la période électorale. L'idée avait déjà été débattue dans les espaces locaux et internationaux, parmi des intellectuels comme Eric Toussaint et d'autres, mais elle s'est concrétisée avec l'appel lancé par les présidents des deux partis de capitale du Rio Grande do Sul.

Après avoir enregistré l'adhésion de syndicats de poids, de centrales et du MST [Mouvement des Sans Terre], l'appel a fait le tour du monde et venus de 30 pays, des cinq continents, d'importantes organisations et personnalités ont confirmé leur participation. La suite de l'histoire est bien connue. Les catastrophes climatiques qui ont frappé le Rio Grande do Sul – et qui sont encore aujourd'hui au centre du débat politique – ont empêché la tenue de la conférence à la date proposée. Cependant, après la réunion du comité local,un nouvel appel, pour une nouvelle date, a été lancé.

Coordonner les réponses au niveau international

Ce ne sont pas les raisons qui manquent. Nous pouvons dire que 2024 verra le point culminant de la lutte que mène l'extrême droite pour renverser les acquis – bien que limités – de la démocratie libérale.

Le projet le plus avancé de l'extrême droite est de détruire Gaza, avec une « solution finale » fondée sur le terrorisme d'État d'Israël, guidé par le « suprémacisme blanc ». C'est un génocide qui bouleverse l'humanité.

Sur le plan électoral, la dispute la plus importante se déroule aux États-Unis, où Trump tente de reprendre le pouvoir. Les élections européennes ont tiré la sonnette d'alarme, compte tenu des résultats de l'extrême droite dans de nombreux pays, en France et en Allemagne, par exemple. La victoire électorale du nouveau Front populaire a été une bouffée d'espoir.

Les récents événements au Royaume-Uni ont mis à jour la forme des affrontements. Dans le cas de l'Angleterre, la lutte a dépassé l'arène électorale et a pris la force d'affrontements de masse contre les crimes que les néo-fascistes incitaient à commettre à l'encontre des immigrés.

L'enjeu est de coordonner une réponse plus générale qui défende un programme et mobilise contre ceux qui veulent détruire les libertés démocratiques.

CPAC, Brésil et élections

L'extrême droite, quant à elle, a choisi le Brésil pour tenir sa réunion à Camboriú en juillet. Une célébration de leurs idées, avec Milei en vedette, ainsi que le clan Bolsonaro. La CPAC (Conservative Political Action Conference) est née aux États-Unis en 1974. Elle connaît aujourd'hui un nouveau souffle avec la montée de l'extrême droite contemporaine.

Les apparitions de Bolsonaro indiquent d'emblée trois éléments : a) l'extrême droite est coordonnée dans la région et a Milei comme porte-étendard pour mettre en œuvre ses plans, l'Argentine étant un véritable laboratoire ; b) l'opération synchronisée implique Musk, un plan pour les réseaux et la dispute des élections á venir dans plusieurs pays ; c) les élections municipales sont dans le collimateur de l'extrême droite brésilienne comme prélude à 2026.

En d'autres termes, aucune élection municipale depuis la redémocratisation n'a été autant marquée par la lutte entre le projet autoritaire de l'extrême droite et les unités électorales basées sur des tâches démocratiques, dans le but de construire un « mur » contre de telles menaces.

L'une des caractéristiques de l'élection actuelle est la conversion « bolsonariste » de dirigeants pragmatiques de droite, comme Sebastião Melo à Porto Alegre et Ricardo Nunes à São Paulo.

Se battre et gagner, maintenant, en octobre et en mai

Au cours des cinquante prochains jours, nous combattrons les propositions réactionnaires, en présentant un programme concret, de confrontation, basé sur la mobilisation.

À Porto Alegre, les conditions de la lutte politique sont exceptionnelles : une alliance sur le modèle du « front populaire », le choix symbolique d'accueillir la lutte antifasciste et l'apprentissage des masses face à la catastrophe climatique.

Dans tout le Brésil, nous ne mesurerons pas nos efforts pour remporter les victoires électorales qui renforceront la lutte antifasciste, en vue des batailles à venir. Et la Conférence de 2025 sera une étape décisive. Se ne sont pas les raisons qui manquent.

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Lettre des femmes Kanakes, Autochtones et alliées de Kanaky sur le risque de génocide en Kanaky

3 septembre 2024, par Marche mondiale des femmes — , ,
Nous, femmes Kanak, Autochtones & alliées de Kanaky, nous en appelons à votre solidarité féministe internationale sur la situation violente et inquiétante que nous (…)

Nous, femmes Kanak, Autochtones & alliées de Kanaky, nous en appelons à votre solidarité féministe internationale sur la situation violente et inquiétante que nous traversons actuellement sur nos terres.

Marche mondiale des femmes – Kanaky

Résultat d'une colonisation depuis la prise de possession en 1853 suivie d'interventions dites civilisatrices successives de l'armée pour « pacifier » les Kanak (alors considéré·es comme sauvages) et d'une accélération de recolonisation de peuplement orchestrée par l'état français avec une reformulation néolibérale depuis 2020 à la nomination de Sébastien Lecornu sous Emmanuel Macron, nous subissons depuis le 13 mai 2024, une vaste opération de répression coloniale avec un déploiement massif des forces armées françaises sur un territoire déjà en processus de militarisation.

Nous vous alertons particulièrement sur :
– le risque génocidaire identifié à travers différents marqueurs
– la nécessité de procéder à la réouverture des aéroports et vols commerciaux de Nouméa pour le bien-vivre de toustes.

Ce dossier permet de développer nos préoccupations majeures, nos revendications & demandes d'actions conjointes et simultanées de chaque coordination nationale de la Marche Mondiale des Femmes et vos collectifs respectifs pour que cesse cette situation.

Télécharger le document :
https://marchemondiale.org/wp-content/uploads/2024/06/202405-KANAKY-MMF-VF-1.pdf

https://marchemondiale.org/index.php/2024/06/04/lettre-des-femmes-kanakes-autochtones-et-alliees-de-kanaky-sur-le-risque-de-genocide-en-kanaky/?lang=fr

Letter from Kanak, Indigenous & Allied Women of Kanaky about the risk of Genocide in Kanaky

https://marchemondiale.org/index.php/2024/06/04/letter-from-kanak-indigenous-allied-women-of-kanaky-about-the-risk-of-genocide-in-kanaky/

Carta de las Mujeres Kanak, Indígenas y Aliadas de Kanaky sobre el riesgo de Genocidio en Kanaky
https://marchemondiale.org/index.php/2024/06/04/carta-de-las-mujeres-kanak-indigenas-y-aliadas-de-kanaky-sobre-el-riesgo-de-genocidio-en-kanaky/?lang=es

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Soudan : la guerre de l’or

3 septembre 2024, par Mohamed Salah Aberrahmane — , ,
Dans cet article, le chercheur Mohamed Salah Abdelrahmane analyse le rôle central de l'économie de l'or dans la guerre au Soudan. La défaillance de l'État entraîne le (…)

Dans cet article, le chercheur Mohamed Salah Abdelrahmane analyse le rôle central de l'économie de l'or dans la guerre au Soudan. La défaillance de l'État entraîne le développement d'une économie parallèle qui permet aux factions armées de financer leur guerre, tout en satisfaisant les intérêts des puissances étrangères. Il propose également des pistes pour lutter contre les économies de guerre.

Tiré du blogue de l'auteur.

La guerre entre les Forces armées soudanaises (SAF) et l'armée parallèle connue sous le nom de Forces de soutien rapide (RSF) ravage le Soudan depuis avril 2023. (…) La situation est sombre. Le Soudan a plongé vers une véritable guerre civile et un effondrement total de l'État. Cet article analyse l'évolution de l'économie de l'or depuis le début de la guerre actuelle, et interroge les politiques qui ont contribué à créer cette économie de guerre.

La nature du conflit et des ressources

L'or est la ressource la plus précieuse du Soudan, son principal produit d'exportation et sa première source de devises étrangères. Le secteur de l'or mobilise une main-d'œuvre intensive. Pas moins de 2,8 millions de travailleurs sont engagés dans l'extraction minière, et environ cinq millions de travailleurs exercent des professions liées à la production ou le commerce de l'or.

Au cours de la dernière décennie, (…) les conflits au Soudan se sont concentrés autour de sites aurifères, tels que Jabal Amir. L'apparition des conflits coïncide avec une expansion des activités d'extraction d'or. Les bénéfices engendrés par l'économie de l'or contribuent ensuite à financer ces conflits.

(…) Tous les groupes armés ont des activités économiques dans le secteur aurifère. Ces acteurs ont commencé à se disputer férocement le secteur de l'or, surtout après le coup d'État d'octobre 2021 [réalisé par l'armée soudanaise], qui s'est terminé par, ou plutôt a culminé dans la guerre entre l'armée soudanaise (SAF) et la milice paramilitaire des Forces de Soutien Rapide (RSF) qui ravage actuellement le pays.

L'or et la guerre soudanaise

(…) Lorsque la guerre a éclaté à Khartoum aux premières heures du matin du 15 avril 2023, tous les yeux étaient rivés sur les affrontements qui se déroulaient dans les différents endroits stratégiques de la capitale. Simultanément, cependant, une autre guerre éclatait loin de Khartoum. Une guerre pour l'or. Dans l'État du Darfour-Nord, les RSF resserraient leur emprise sur les célèbres mines de Jabal Amir.

Cet assaut est intervenu dans un contexte précis. En 2020, la propriété des mines de Jabal Amir avait été transférée à l'Etat Soudanais d'une compensation financière versée par l'Etat à la société Al-Junaid, possédée par Abd al-Rahim Dagalo, le second commandant des RSF. Celui-ci a également reçu 33% des parts de Sudamin, une entreprise possédée par l'Etat, affiliée au ministère des Minerais. Cet accord avait été vivement critiqué par la société civile (…). De plus, le gouvernement a attribué aux RSF la mission de sécuriser les mines de Jabal Amir. Quand la guerre a éclaté le 15 avril 2023, les RSF ont pris totalement le contrôle de la région de Kabkabiya, au nord du Darfour, où Jabal Amir est localisée. (…)

Le 24 mai 2023, la principale raffinerie d'or du Soudan est à son tour tombée aux mains des RSF. La raffinerie a pour fonction de filtrer l'or pour le préparer à l'export. Selon les témoignages, 1,6 tonnes d'or (…) (dont 800 kilogrammes déjà raffinés), étaient stockés dans le bâtiment au moment où il a été pris d'assaut par les RSF. (…) Considérant le prix de l'or sur le marché mondial en avril 2023, la quantité d'or passé sous le contrôle des RSF dans cette opération est estimée à plus 150,5 millions de dollars. (…)

Au Soudan, les familles riches conservent leur épargne sous forme de bijoux en or et de devises étrangères, gardés dans des coffres privés gérés par des banques commerciales. Ces banques[1], qui se trouvent en majorité dans les zones contrôlées par les RSF à Khartoum, ont été systématiquement pillées depuis le début de la guerre. D'après les témoignages, les soldats des RSF utilisent des instruments de détection d'or lorsqu'ils pillent les maisons des habitants. Cela indique qu'ils disposent des connaissances et de la technologie nécessaire au pillage de l'or (…).

L'évolution du front militaire montre que les RSF cherchent à contrôler les réserves d'or et les sites de production minière, ce qui leur permet de financer leurs opérations militaires coûteuses. (…) Leur emprise s'étend sur de vastes zones dans le Sud Darfour, à Al Radom, Singo, Aghbash, Dharaba, et dans toutes les terres riches en or dispersées au sud de Buram près de la frontière Centrafricaine. Le 13 juin 2023, ils s'emparent d'Um Dafouk, une zone frontalière stratégique et une route logistique centrale pour l'exportation de l'or.

Or, l'armée soudanaise n'a pas mené d'opérations pour protéger ces sites. Aucun autre mouvement armé, y compris l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS-Nord) dirigée par Abdelaziz al Hilu, n'a non plus tenté d'interférer dans les opérations minières.

Les politiques de l'État depuis le début de la guerre

Depuis le début de la guerre, les failles sécuritaires, et la généralisation des vols et du braconnage (…) ont entraîné la faillite et la fermeture des principales entreprises d'extraction d'or[2]. La production illégale de l'or ne cesse de s'accroître. Des substances nocives pour l'environnement, telles que le cyanure et la thiourée, sont utilisées pour des projets d'extraction illégale. (…)

Le ministère des Finances a modifié les conditions d'exportation de l'or depuis Port-Soudan, la nouvelle capitale dirigée par l'armée soudanaise, en stipulant que les ventes d'or devraient être payées avant le début des opérations d'exports. Cette décision occasionne de grandes difficultés pour les exportateurs légaux et facilitent le développement des opérations de contrebande (…).

Aux frontières du Darfour-Nord, de l'État du Nord et de la Libye, les activités de pillage s'intensifient au fur et à mesure que les gangs (…) se multiplient. Les routes du trafic d'or convergent avec les trajectoires des trafics d'armes, de drogues, et d'êtres humains.

La communauté régionale et les impacts de la guerre sur le commerce de l'or

Les pays voisins qui entretiennent des liens historiques avec le Soudan sont eux aussi impliqués dans cette économie de guerre. L'Égypte, notamment, cherche à augmenter ses réserves d'or pour gérer sa crise économique interne et empêcher sa monnaie de s'effondrer (…). L'or représente 25% des réserves brutes totales du pays.

Le début de la guerre actuelle au Soudan a coïncidé avec un pic des prix de l'or en Egypte. Le 10 mai, le premier ministre égyptien Mostafa Madbouly a publié une décision favorisant l'importation d'or en l'exonérant des frais de douanes. Ces mesures ont permis de stabiliser les prix de l'or en Égypte (…) et d'introduire plus de 306 kilogrammes d'or raffiné en seulement un mois (le volume d'or brut importé en Egypte n'est pas connu). Depuis, les réserves d'or égyptiennes ont continué à augmenter.

(…) Dans de nombreux pays, comme la Syrie, le Yémen, la Libye, la Centrafrique, les liens économiques et politiques avec d'autres acteurs régionaux et internationaux contribuent à la persistance et à l'aggravation des conflits. Mais au Soudan, les intérêts enchevêtrés des différents acteurs rendent la situation peu lisible à ce stade. L'évolution des économies façonnées par la guerre nous permettra de clarifier, au fil du temps, les différents intérêts étrangers.

Recommandations

|La sortie du conflit armé au Soudan] requière discussion sérieuse sur la redéfinition du rôle des ressources dans la transition vers un gouvernement civil et démocratique, pour s'assurer que les ressources serviront à financer la reconstruction du Soudan.

Au gouvernement « de facto » [dirigé par l'armée soudanaise et issu du coup d'État de 2021] :

Adopter des lois de réforme du secteur minier pour lutter contre les opérations de contrebande en obligeant efficacement les producteurs à payer leurs taxes à l'État

Restructurer en profondeur le secteur de la production (et en particulier de l'or), en vue d'une plus grande transparence et en permettant la participation populaire dans la gestion de cette économie

A la communauté internationale :

Prendre en compte l'impact du secteur minier sur la perpétuation des conflits armés

Classifier de toute urgence l'or en provenance du Soudan comme de « l'or de guerre », en appliquant les règlements déjà en vigueur dans le droit européen et dans différentes législations nationales[3].

Placer sous embargo les entreprises qui utilisent de l'or produit par les acteurs de la guerre (gangs, milices, RSF, etc).

Aux entreprises travaillant dans le commerce de l'or ou utilisant ces produits :

Renforcer la transparence et les contrôles rigoureux de la chaîne d'approvisionnement

Promouvoir des pratiques responsables dans le secteur des minerais.

A la société civile soudanaise :

Surveiller et empêcher les abus liés aux interventions de l'armée dans les activités économiques

Mettre en place un observatoire des ressources naturelles et des abus liés à leur usage afin de mettre en lumière leur rôle dans le financement de la guerre au Soudan.

Auteur : Mohamed Salah Aberrahmane

Traduction : Équipe de Sudfa Media

Cet article est une traduction d'un rapport paru en juillet 2023 sous le titre : « Sudan's Other War : The Place of Gold. The Economic Impact of the War in Suda No. 2 » et publié par le site internet Sudan Transparency and Policy Tracker. Le rapport a été traduit en français mais aussi résumé pour être publié dans un format compatible avec celui des articles de Sudfa Media. Pour lire le rapport en entier, voir : rapport complet en anglais et rapport complet en arabe.

Notes

[1] Comme celle d'El-Nilein, la banque de Khartoum, la banque Faisal islamique, et la Banque Soudanaise Française

[2] Notamment l'entreprise russe Kush Alliance dans l'État de la mer Rouge (la plus grande entreprise de production d'or du Soudan) et la compagnie Meroe Gold dans l'Etat du Nil

[3] Pour la commission de l'Union Européenne et les états-membres de l'Union : Mettre en application le règlement européen sur l'approvisionnement responsable en étain, tungstène, tantale et or en provenance des zones à haut risques et zones de conflits. (…) Pour les États-Unis : Mettre en application du règlement Dodd-Frank Act, section 1502 voté par le congrès en 2010 en ce qui concerne l'or en provenance du Soudan, tout comme les minerais en provenance du Congo et des pays voisins. Ce règlement requiert que les entreprises enregistrées par la commission de la Sécurité et des Échanges (SEC) qui utilisent ces minerais doivent révéler s'ils proviennent de zones de conflits, et si elles financent des groupes armés dans ces zones.

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Soudan les 30 ans de rêgne d’Omar el Béchir

3 septembre 2024, par Olivier Vallée — , ,
Omar El Béchir renverse en 1989 Sadek el Mahdi, l'héritier d'une dynastie et met fin au bipartisme de fait qui régnait sur le Soudan. Ce coup d'État est appuyé par le Front (…)

Omar El Béchir renverse en 1989 Sadek el Mahdi, l'héritier d'une dynastie et met fin au bipartisme de fait qui régnait sur le Soudan. Ce coup d'État est appuyé par le Front islamique national (NIF) du très rigoriste Hassan al-Tourabi, décédé en 2016, trois ans avant que l'armée ne chasse le tyran.

Tiré de MondAfrique.

Omar El Béchir, élu deux fois à la présidence dans des scrutins boycottés par l'opposition avec 68,2 % des voix en 2010 et 94 % en 2015 comptait briguer un troisième mandat en 2020. En 1989, cet homme qi était venu de nulle part amorce une carrière politique exceptionnelle, en jouant aussi un rôle sur la scène mondiale. Le militaire qui s'installe au pouvoir avec l'appui du « »National Islamic Front » de l'islamiste radical Hassan Tourabi impose aux élites civiles une personnalité puissante et une vision neuve pour le Soudan.

Ce dictateur redoutable reste bien sûr le produit du système d'exploitation et de ségrégation mis en place à la période coloniale et parachevé après l'Indépendance. Omar El Béchir poursuit la politique de confiscation des richesses et des pouvoirs au profit des élites arabes de la capitale. Les massacres se poursuivent contre les populations non-arabes du Soudan du Sud, du Nil bleu et des monts Nouba.

Oussama Ben Laden hébergé

C'est Omar el Bachir qui héberge Oussama Ben Laden entre 1991 à 1996. Cela vaut au Soudan d'être placé par les Etats-Unis sur la liste des « États soutenant le terrorisme ». Dans un premier temps, le président soudanais n'en tient pas compte car Ben Laden injecte des fonds dans l'économie soudanaise. Omar El Béchir veut du pouvoir et de l'argent et s'affranchit peu à peu de l'armée nationale dans laquelle il n'a pas confiance et facilite la formation de groupes politico-militaires à son service. Telles les milices arabes janjawid dans l'Ouest impliquées dans la guerre sanglante qui éclate au Darfour en 2003. Présenté à la fois comme une lutte entre « Arabes et Africains » et « gouvernement contre rebelles », ce conflit entraîne la mort de plus de 300 000 personnes et le déplacement de plus de 2 millions d'habitants.

En 2009, la Cour pénale internationale (CPI) lance contre Omar El Béchir un mandat d'arrêt pour « crimes de guerre et contre l'humanité » au Darfour, avant d'ajouter le crime de génocide en 2010. Cependant Omar el Béchir a de puissants amis dont la Chine et il s'impose comme un leader islamique remplaçant les confréries originales du Soudan par des Frères musulmans d'humeur nationaliste. Erdogan n'a pas encore l'aura qu'il possède aujourd'hui chez les Frères musulmans, les fonds islamiques affluent à Khartoum.

En 1973, le Soudan s'engage contre Israel aux cotés des Égyptiens. Un libéralisme économique affiché en faveur des élites autorise le pays à contourner les leçons du FMI. Son maitre en Islam et en économie sera le tyran malaysien et Premier ministre Mahathir Mohamad à la tête d'un quasi-émirat riche en hydrocarbures. Mahatir s'opposera aux différentes agressions occidentales contre l'Irak et inaugure ce qui deviendra le bloc émergent des États qui veulent une position neutre du Global South. La condamnation de la CPI lui vaut le soutien de l'Afrique et lui permet de présenter comme celui qui défie l'Occident et sa justice des vainqueurs

La surprise venue du Sud

Absorbé par la protection des frontières avec le Tchad en particulier et confiant dans la collaboration secrète avec la CIA, Béchir n'a pas vu venir la surprise du Sud. Après deux interminables guerres (1955-1972 et 1983-2005) qui auront provoqué des dizaines de milliers de victimes, le régime d'Omar El Béchir prend acte, le 9 juillet 2011, de la création du Soudan du Sud. Soit la perte d'un quart du territoire et des trois quarts des ressources pétrolières.

Le scénario n'était pas écrit d'avance. John Garang, le leader historique sud soudanais, imaginait un pays dans lequel la dictature des tribus arabes du Nil serait remplacée par une fédération démocratique. Mais sa mort dans un accident d'hélicoptère en 2005 précipitera la marche vers l'indépendance du Sud, sans qu'Omar El Béchir ne cherche à l'enrayer. La perte de cet immense réservoir de pétrole qu'était le Sud pèse sur le budget de Khartoum, mais a permis au dictateur d'éviter toute contestation politique au nom du front commun contre les sécessionistes du Sud.

Quant au poids du Soudan dans le monde, il n'a pas diminué, bien au contraire. Le Soudan Sud, lui, a été négligé par la France comme par l'Europe qui n'y ont envoyé que des représentants médiocres.

La carte ci-dessus, dessinée en 2023, montre un Darfour à l'Ouest qui est un enjeu pour la Libye et le Tchad, les premiers acteurs de l'internationalisation du conflit. « Plusieurs États ont joué un rôle essentiel dans le maillage des conflits au Tchad et au Darfour, écrivait Roland Marchal. Certains l'ont fait consciemment ; pour d'autres, il s'agit plutôt d'effets non intentionnels de leurs politiques ; pour la France en particulier, il s'agit sans doute d'un aveuglement de plus ».

Les services français pro Bachir

Les barbouzes françaises apprécient le régime d'Omar El Béchir. Le francophone et très islamiste Hassan El Tourabi, diplômé de la Sorbonne, sert de courroie de transmission. C'est avec ce dernier que le ministre de l'Intérieur d'Edouard Balladur, Charles Pasqua, négocie l'extradition du terroriste Carlos. Sous l'autorité du général Pierre Rondot, les Services français parviennent à ramener l'ennemi public numéro un, après l'avoir passablement drogué. Lorsqye le gradé dans l'avion du retour et en pleine nuit prend son téléphone crypté pour joindre Pasqua et lui annoncer la bonne nouvelle, le dialogue est surréaliste. Le minitre d'État met un temps avant de comprendre.

Monsieur le ministre, je vous rapporte le colis

Le colis ?, demande Pasqua abasourdi, c'est quoi ?

Ce colis commence par un c et finit par un s,reprend le général Rondot

Mis enfin, je sais comment s'écrit colis, répond Pasqua mal réveillé

En 2018, le dictateur soudanais est encore fréquentable. C'est à l'École militaire française qu'est présentée la réforme des Forces Armées Soudanaises (SAF) qui prévoyait la création des fameuses « Rapid Support Forces » du général félon Mohamed Hamdan Daglo, dit “Hemetti qui sont, depuis, entrées en rébellion contre le pouvoir militaire en place..

Paris va commencer à se poser des questions quand les civils et les officiers chassent Omar El Béchir du pouvoir en 2019. Ce dernier a agi comme un maitre artificier jouant de la division du pays, d'une diplomatie des services secrets qui lui permettait de téléphoner au Mossad comme à la DGSE, de l'émergence d'armées non étatiques mais transnationales comme les Rapid Support Forces et de relations financières solides avec l'Islam militant.

Le tout a fini par exploser à la figure du tyran. Et le Soudan avec.

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Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed

3 septembre 2024, par Lilia Blaise — , ,
La liste officielle des candidats à l'élection présidentielle du 6 octobre ne compte que trois candidats, dont le chef d'État sortant Kaïs Saïed. La plupart de ses adversaires (…)

La liste officielle des candidats à l'élection présidentielle du 6 octobre ne compte que trois candidats, dont le chef d'État sortant Kaïs Saïed. La plupart de ses adversaires potentiels ont été évincés ou ont eux-mêmes jeté l'éponge face aux nombreux obstacles administratifs rencontrés pour se présenter. Beaucoup de Tunisiens observent de loin le glissement imperceptible du pays vers un régime de pouvoir personnel.

Tiré d'Orient XXI.

Dans l'ancien palais beylical de Ksar Saïd, à quelques mètres du parlement, Farouk Bouasker, président de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) donne, durant une conférence de presse organisée le samedi 10 août, les noms des candidats à la présidentielle du 6 octobre 2024. Lorsqu'il s'arrête au bout de trois noms – sur les 17 candidatures déposées —, dont celui de l'actuel président de la République Kaïs Saïed, l'étonnement est palpable parmi les journalistes.

La Tunisie n'a pas connu une telle situation depuis l'élection présidentielle de 1999, sous le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, lorsqu'une loi constitutionnelle a autorisé d'autres candidats à se présenter. Le président avait alors gagné avec 99,45 % des voix face à deux rivaux consentis pour la forme, mais qui n'avaient aucune chance dans un système dictatorial où les résultats étaient truqués et l'opposition muselée. Deux décennies plus tard, le scrutin du 6 octobre doit servir à conforter la dérive autoritaire vers laquelle s'oriente le pays.

Course d'obstacles

L'éventualité d'un second tour n'a même pas été mentionnée dans le calendrier électoral. « Tout a été fait pour dégoûter l'électeur d'aller voter, et décourager les candidats de se présenter. C'est un piège, car la faible participation, soit par boycott soit par désintérêt, facilitera la réélection de Kaïs Saïed », explique Kamel Jendoubi, militant des droits humains et premier président de l'Instance électorale de 2011 à 2014. Déjà en juillet 2023, les élections législatives avaient connu un taux de participation exceptionnellement faible de 11 %. Jendoubi fustige également le rôle ambigu et politique joué par l'ISIE dans l'enclenchement d'un processus électoral, dénoncé par la société civile et des partis politiques de gauche comme « anti-démocratique », dans un communiqué commun publié le 1er août.

Depuis le début de la date du dépôt des candidatures qui a commencé le 29 juillet, de nombreux candidats ont en effet dénoncé les obstacles administratifs insurmontables pour se présenter. Des prisonniers politiques, dont Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, membres des partis de centre gauche Al-Joumhoury et le Courant démocrate et qui n'ont toujours pas été jugés depuis plus d'un an, n'ont pas réussi à se procurer les formulaires nécessaires pour récolter les parrainages, malgré les procurations signées à leurs proches depuis le début de leur détention. Et pour cause : l'ISIE a exigé une autre procuration, spécifique aux élections, pour pouvoir présenter son dossier de canditature.

Pour le parrainage, 10 000 signatures d'électeurs répartis sur 10 circonscriptions sont requises, dont 500 au minimum par circonscription, « un démarchage déjà très compliqué selon le nouveau découpage électoral qui a créé 167 circonscriptions dont certaines, très petites », explique Kamel Jendoubi. L'autre alternative était de récolter 40 signatures d'élus des collectivités locales ou encore les parrainages de 10 députés, alors que les deux chambres parlementaires sont toutes les deux acquises au président sortant. Déjà avant le dépôt des candidatures, plusieurs personnes ont été arrêtées pour tentative de falsification et d'achat de parrainages. Certaines de ces tentatives sont avérées. « Nous avons voulu éviter les risques de fraudes par rapport à 2019 donc nous avons verrouillé le système », se défend un membre de l'ISIE en marge de la conférence, sans donner plus de détails sur le processus de vérification.

Dans le cas d'Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), ses avocats ont demandé à ce qu'un huissier de justice soit envoyé à la prison de la Manouba où elle est détenue depuis octobre 2023, poursuivie dans plusieurs affaires dont celle pour « attentat dans le but de changer la forme du gouvernement ». L'huissier devait attester et valider sa procuration pour déléguer son dépôt de candidature à ses avocats. Bien que sans réponse, ses avocats ont tenu à déposer un dossier incomplet, sans parrainages : « À l'impossible, nul n'est tenu. Nous allons faire un recours auprès du tribunal administratif pour "fait du prince", et dénoncer la façon dont l'administration bloque de façon arbitraire les démarches d'un citoyen », explique Nafaa Lâaribi, l'un des représentants d'Abir Moussi.

Exclusion méthodique

Les obstacles administratifs n'ont pas touché que les membres de l'opposition en prison. En plus de la question des parrainages, il y a celle de l'obtention du bulletin n°3 (B3), l'équivalent de l'extrait de casier judiciaire. Cette exigence pour constituer un dossier de candidature, contestée par l'opposition, avait pourtant été rejetée par le tribunal administratif pour la présidentielle de 2014. L'obtention du B3 a ainsi été un obstacle pour plusieurs candidats annoncés, dont Mondher Zenaïdi, plusieurs fois ministre sous Ben Ali et vivant en France depuis la révolution de 2011.

Safi Saïd, essayiste, ancien conseiller de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et ancien député de tendance nationaliste arabe, a décidé de jeter l'éponge quand l'ISIE l'a informé une première fois que son dossier était « incomplet », sans B3 et sans suffisamment de parrainages validés par l'Instance : « J'ai clairement vu que les chances n'étaient pas égales et que les règles et les critères du jeu n'étaient pas clairs », a-t-il déclaré dans un communiqué en date du 9 août, ajoutant qu'il risquait de participer à un « one man show de très mauvais goût » selon ses mots, en référence à la probable réélection du président Kaïs Saïed. De son côté, l'amiral Kamel Akrout, ancien conseiller du président défunt Béji Caïd Essebssi (2014 – 2019) a qualifié de « mascarade » la liste des candidats retenus le 10 août, ajoutant qu'il allait boycotter l'élection.

Autre moyen mobilisé contre les candidats : la justice. Ainsi, la veille de la date butoir du dépôt des candidatures, la présidente du PDL est condamnée à deux ans de prison dans le cadre d'une affaire l'opposant à l'ISIE qui avait porté plainte contre elle pour avoir critiqué le processus électoral législatif en 2023. La plainte de l'ISIE s'est basée sur le décret 54, ciblant la diffusion de rumeurs ou d'intox et utilisé majoritairement pour museler toute voix dissidente. Le même jour, l'ancien ministre de la santé et ex-membre du parti islamiste Ennahda Abdelatif Mekki a également été condamné pour achat de parrainages à huit mois de prison avec sursis, et une interdiction de se présenter aux élections. Il est depuis assigné à résidence.

La même sentence a frappé le candidat déclaré Lotfi Mraïhi, également condamné le 18 juillet à huit mois de prison et à l'inéligibilité « à vie », une première. D'autres candidats disent avoir découvert pendant leur démarche de dépôt de dossier des poursuites judiciaires à leur encontre, à l'image de Néji Jalloul, ancien ministre de l'éducation (2015 – 2017), découvrant avoir été condamné par contumace en mai 2024 à 6 mois de prison pour falsification de parrainages dans la présidentielle de 2019.

Un « coup de strike » pour éliminer les adversaires politiques, selon les mots du journal en ligne Business News, (1) et qui a touché une dizaine de candidats dont l'ex-candidate à la présidentielle de 2019, Leila Hammami, ou encore l'homme de médias, Nizar Chaari.

Dans ce contexte électoral, les médias sont également sous pression. La journaliste indépendante Khaoula Boukrim s'est vu retirer son accréditation par l'ISIE pour couvrir la présidentielle car elle n'aurait « pas assuré une couverture neutre et objective du processus électoral ». Le Syndicat des journalistes a dénoncé à plusieurs reprises les ingérences de l'ISIE dans le travail et le contenu journalistique. Malgré les résistances de certains journalistes, la couverture de la campagne présidentielle risque d'être timorée et muselée, la plupart des émissions de radio de grande écoute s'étant vidées de leurs présentateurs et chroniqueurs les plus aguerris dans le débat politique, sans compter les journalistes en prison tels que Borhen Bsaies, Mourad Zeghidi et la chroniqueuse et avocate Sonia Dahmani qui avaient l'habitude d'analyser la situation politique.

Human Rights Watch a publié un article le 20 août (2) pour dénoncer ce climat d'exclusion, appelant le gouvernement à « cesser ses ingérences politiques dans le processus électoral » et exhortant la communauté internationale « à ne plus garder le silence » face « à un processus électoral d'ores et déjà terni ». Pour Bassam Kawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'ONG :

  • Après avoir emprisonné des dizaines d'opposants et d'activistes de renom, les autorités tunisiennes ont écarté presque tous les concurrents sérieux de la course à la présidence, réduisant cette élection à une simple formalité.

Président ou candidat ?

Selon la liste préliminaire, ce sont Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du parti nationaliste arabe Le Mouvement du peuple qui a approuvé le coup de force du 25 juillet 2021, ainsi qu'Ayachi Zammel, ex-député Nidaa Tounes en 2019 et président du parti libéral Azimoun, qui disputeront la mandature suprême face à Kaïs Saïed. Le recours de sept candidats – parmi lesquels Mondher Zenaïdi, Abir Moussi et Imad Daïmi, ancien conseiller du président Moncef Marzouki — dont les dossiers ont été refusés, a été rejeté par le tribunal administratif le week-end du 18 août. Entre les possibilités d'appel et de pourvoi en cassation, la bataille va durer jusqu'au 4 septembre, date à laquelle l'ISIE donnera la liste finale des candidats.

Dans ce contexte, Kaïs Saïed, qui a déclaré avoir récolté 242 000 parrainages lors du dépôt de sa candidature, est bien parti pour faire cavalier seul le 6 octobre. La campagne électorale semble avoir déjà été enclenchée avant son démarrage officiel, le 14 septembre, malgré un désintérêt que l'on suppose dans la population pour le scrutin et ses enjeux politiques, étant donné le faible taux de participation aux législatives de 2023 et pour le référendum constitutionnel de 2022. Depuis l'annonce du rendez-vous du 6 octobre, le président de la République, qui a fait connaître sa candidature sur la page officielle de la présidence de la République, enchaîne les déclarations sur l'état du pays et sur de nombreux problèmes qu'on peut assimiler à ceux d'une campagne électorale.

Ainsi, Kaïs Saïed multiplie les visites officielles dans le pays pour dénoncer les coupures d'eau à répétition, fruit de « sabotages » selon ses mots — et non du stress hydrique ni de l'état du réseau de distribution — ; l'état des transports publics qui l'a amené à ordonner l'acquisition immédiate de 1 000 bus ou encore les tentatives « d'ingérence et d'infiltration visant à perturber la situation sociale » qui le poussent à faire le point régulièrement avec le ministre de l'intérieur. Il a limogé inopinément son premier ministre Ahmed Hachani mercredi 7 août pour le remplacer par le ministre des affaires sociales Kamel Madouri, une décision inexpliquée rendue publique sur la page Facebook officielle de la présidence de la République.

Face aux critiques et à ce qu'il appelle une « campagne enragée contre l'État tunisien et le peuple tunisien souverain » menée par « d'aucuns » qui feraient partie de « lobbies », le président affirme que ces « élections ne sont pas une guerre », ajoutant, lors d'une réunion avec le ministre de l'intérieur le 23 août au Palais de Carthage, que « toutes les tentatives visant à envenimer la situation sont des tentatives désespérées ».

À l'approche de la rentrée, Kaïs Saïed se saisit aussi du dossier des enseignants suppléants précaires ou encore des conditions de travail des femmes agricoles à l'occasion de la Journée nationale de la femme le 13 août. Une chercheuse tunisienne qui a souhaité garder l'anonymat observe :

  • Sa capacité à apporter des solutions est de plus en plus questionnée, que ce soit au niveau des commentaires, parfois critiques, sur la page Facebook de la Présidence, ou via certaines invectives d'habitants qui le prennent à parti.

Un mandat de dépôt a été émis contre un enseignant à la retraite pour une publication sur Facebook critique de la visite de Kaïs Saïed à Sidi Bouzid, berceau de la révolution, le 13 août.

La diminution des mouvements sociaux

Aux problèmes du manque d'eau qui faisaient encore l'objet des récriminations de certains habitants à Sidi Bouzid lors de la visite présidentielle s'ajoute un bilan en demi-teinte pour le chef de l'État selon l'ONG anti-corruption I-Watch. Dans un rapport publié le 27 juillet, celle-ci souligne que sur les 72 promesses émises par Kaïs Saïed depuis son arrivée au pouvoir en 2019, seulement 12 % ont été tenues, alors que l'homme dispose des pleins pouvoir depuis le 22 septembre 2022. Le document dénonce notamment le flou entourant toujours certains projets comme la Fondation Fidaa pour les blessés et martyrs de la révolution et les victimes de terrorisme – un des chevaux de bataille de Kaïs Saïed —, ou encore les entreprises communautaires, censées pouvoir résoudre le problème du chômage. Pour son travail, l'ONG a été visée par une plainte de l'ISIE mi-août, accusée d'avoir publié « des sondages en période électorale » dans son rapport des cinq ans de gouvernance du Président. I-Watch a dénoncé dans un communiqué cette plainte « visant à restreindre son action ».

La relative stabilité du pays peine à faire oublier l'inflation galopante, le taux de chômage et la croissance qui stagne à 1 %. « On observe qu'il y a eu beaucoup moins de mouvements sociaux en Tunisie [depuis 3 ans], mais cela ne reflète pas une baisse du mécontentement ou du désarroi social pour autant », selon la journaliste Rim Saoudi qui intervenait lors de la conférence de presse d'I-Watch. Elle explique :

  • La baisse des protestations est liée à deux facteurs, le fait d'être taxé de « non patriote » car en bloquant la production, beaucoup de manifestants sont perçus comme des perturbateurs. Mais ils craignent aussi la criminalisation de toute forme de dissidence ou de voix critique du régime.

La journaliste oppose à la baisse de protestation sociale les chiffres alarmants de la hausse de l'émigration irrégulière : depuis le début de l'année 2024, plus de 30 000 tentatives d'émigration ont été empêchées par les autorités, et plus de 52 000 personnes ont tenté de franchir les frontières maritimes vers l'Europe, dont une majorité de Subsahariens. Dernièrement, les gardiens de but d'un club de football de Tataouine dans le sud tunisien ont fait partie de ces arrivées clandestines à Lampedusa.

Malgré ce bilan, Kaïs Saïed bénéficie encore d'un capital confiance auprès d'une partie de la population, difficile à quantifier faute de sondages. Cette frange perçoit ses campagnes de limogeages de commis de l'État ou encore ses sermons publics devant des directeurs de sociétés publiques « comme une façon d'appliquer la loi et de remettre les choses dans l'ordre », selon Boubaker, pêcheur à Radès, dans la banlieue sud de Tunis.

Pour Kamel Jendoubi, malgré le crédit dont bénéficie encore Kaïs Saïed dans certains milieux, « il faut attendre septembre pour voir si, avec les dépenses de la rentrée scolaire, les Tunisiens vont prêter attention à l'enjeu électoral et à ce qui se passe politiquement, car ce scrutin reste un enjeu très important pour l'avenir du pays », conclut-il. Pour beaucoup, la tentation du boycott reste très présente, « à cause du manque de crédibilité du processus mais surtout de l'absence d'alternative viable », ajoute la chercheuse tunisienne citée plus haut, qui attribue ce problème à plusieurs facteurs : « Le manque de charisme ou de propositions de programmes cohérents des autres candidats et aussi le vide politique qui n'a toujours pas été résorbé depuis le 25 juillet 2021. »

Notes

1- Raouf Ben Hédi, « Un strike du pouvoir élimine d'un coup dix candidats à la présidentielle », Business News, 6 août 2024.

2- « Tunisie : Des candidats potentiels à la présidence empêchés de se présenter », 20 août 2024, site de Human Rights Watch.

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« Ça ne se réglera pas sans une nouvelle guerre »

3 septembre 2024, par Mehdi Labzaé — , ,
Durant dix-huit mois, le chercheur Mehdi Labzaé a parcouru les camps de déplacés du Tigray de l'Ouest, dans le nord de l'Éthiopie. Il a recueilli des centaines de témoignages (…)

Durant dix-huit mois, le chercheur Mehdi Labzaé a parcouru les camps de déplacés du Tigray de l'Ouest, dans le nord de l'Éthiopie. Il a recueilli des centaines de témoignages de survivants de la guerre que se livrent les nationalistes amharas et les Forces de défense du Tigray. Ce troisième et dernier volet explique comment un système d'apartheid a été mis en place et comment le retour des réfugié·es, malgré l'accord de paix, est encore incertain.

Tiré d'Afrique XXI.

Pour les réfugié·es, l'horreur n'a pas pris fin en traversant le Tekezé vers le Soudan ou le centre du Tigray. Les déplacé·es ont été exposé·es à l'intensité des combats qui se sont déroulés autour de la ville de Sheraro, occupée de novembre 2020 à juin 2021 par l'armée érythréenne (1). Les déplacé·es ont aussi été poursuivi·es par des Fanno (le nom donné aux miliciens nationalistes amharas) – parmi ces derniers, certains nourrissent bien le désir d'exterminer les Tigréen·nes et pas seulement de les expulser du Tigray de l'Ouest.

Un homme originaire de Dansha raconte avoir vu des Fanno du Wolqayt désigner des déplacé·es du Tigray de l'Ouest à exécuter, en janvier et février 2021, dans la ville de Dedebit. Cette petite ville, connue dans toute l'Éthiopie comme le lieu où le TPLF a lancé sa lutte armée en 1975, lors de la précédente guerre civile, a accueilli des milliers de réfugié·es du Tigray de l'Ouest.

Le 7 janvier 2022, un drone de l'armée fédérale éthiopienne a frappé l'école où vivaient des centaines de déplacé·es. Un vieil homme rescapé témoigne : « C'était le soir, beaucoup [de gens] dormaient. Dans l'enceinte de l'école, 52 personnes sont mortes. Les autres sont mortes sur la route alors qu'on les emmenait à l'hôpital de Shiré. À ce moment-là, il n'y avait aucun service de santé à Dedebit. » Un homme qui a participé en urgence à l'enterrement des victimes dans une ancienne carrière raconte : « Les corps étaient déchiquetés, mélangés, on ne pouvait pas les reconnaître. On a dû enterrer ensemble les chrétiens, les musulmans, les prêtres, les hommes, les femmes. Tous originaires de l'Ouest, Dansha, Humera, Adebay... partout. »

« Ils se sont approprié les maisons des gens »

Depuis l'annexion du Tigray de l'Ouest, les autorités amharas ont organisé l'afflux de nouveaux habitants. Si certain·es se sont spontanément présenté·es dans ces basses terres afin de sécuriser un accès pérenne à la terre, des milliers de colons ont été installés par les autorités. Des réfugié·es ayant traversé le Tekezé dans les derniers jours du mois de mai 2024 affirment qu'il « se sont approprié les maisons que les gens ont quittées. »

Ces témoins assurent que l'administration a distribué des armes aux nouveaux habitants peu de temps après leur arrivée : « Une fois arrivés, ils se sont armés, c'est [une fois au Tigray de l'Ouest occupé] qu'ils les ont eues ! » Une femme récemment arrivée explique avoir décidé de fuir le Tigray de l'Ouest à cause de l'arrivée des colons, en mars 2024 : « On a eu peur de ceux qui sont venus dans le cadre du programme d'installation, car ils sont armés. Sinon, on ne se serait pas laissé faire [mais] deux jours après leur arrivée, [l'administration] leur a donné des armes. » Des déplacé·es arrivé·es au Tigray début juin décrivent comment les terres ont été redistribuées aux nouveaux venus par des hommes en armes et comment les Tigréen·nes et les Tsellim Bét restants ont été forcé·es de travailler la terre pour au mieux un quart de la récolte, quand ils n'étaient pas tout simplement empêchés de travailler.

Pour empêcher les personnes identifiées comme Tigréennes de circuler et donc de travailler, l'administration leur refuse la délivrance de cartes d'identité, et celles qui en font la demande sont arrêtées, ce qui en dissuade beaucoup d'essayer. La carte d'identité est pourtant indispensable pour traverser les nombreux check-points que comptent les routes de la zone : toute personne qui n'en possède pas est sûre d'être arrêtée et emprisonnée.

Un système d'apartheid

Dans certaines localités, l'administration locale a mis en place un système connu sous le nom de « papiers blancs ». Ces documents, qui ne sont pas des cartes d'identité à proprement parler, sont délivrés à la discrétion des administrateurs locaux et permettent de circuler au sein d'un district (wereda) pendant trois mois maximum. Fourni à toutes les forces de sécurité, ce permis de déplacement temporaire s'accompagne d'un avertissement : « Toute personne trouvée en possession de ce document en dehors de notre wereda ou de la ville de Humera sera poursuivie. »

De tels documents entretiennent et marquent l'institutionnalisation d'un système d'apartheid où les personnes identifiées comme Tigréennes n'ont pas les mêmes droits que celles identifiées comme Amharas. Empêché·es de circuler librement, les Tigréen·nes sont volontairement tenu·es à l'écart du marché du travail et sont constamment maintenu·es dans une forme d'illégalité.

Pour les Tigréen·nes demeuré·es à Wolqayt-Tegedé, l'emprisonnement est par ailleurs devenu commun. Toutes les personnes rencontrées qui ont traversé le Tekezé en 2024 ont été emprisonnées, la plupart plusieurs fois. La prison est un élément central de l'administration de la zone. Il en existe plusieurs types : des prisons officielles, des postes de police et des hangars agricoles transformés en lieux de détention.

Les prisonniers et les prisonnières sont exposé·es à de mauvais traitements. La nourriture est à la charge de la famille. À défaut, ils doivent compter sur ce qu'apportent les proches des autres détenu·es ou sur le pain et l'eau que leur donnent, au mieux une fois par jour, leurs geôliers. Les conditions de détention, sous des tôles ondulées surchauffées par le soleil des basses terres, sont extrêmement difficiles. Plusieurs témoins ont rapporté des morts en prison, ainsi que des assassinats et des disparitions.

Les « intellectuels » particulièrement visés

En octobre et novembre 2022, les Fanno et l'administration nationaliste ont fait disparaître des dizaines de détenu·es de la prison de Humera. Rencontrés à Sheraro, d'anciens prisonniers listent les noms de ces détenus disparus. Enseignants, fonctionnaires, employés de banques, représentants de commerce : tous avaient en commun d'avoir fait des études supérieures et d'être perçus localement comme des « intellectuels ».

Berhe (2), un jeune homme que l'armée fédérale a fait sortir d'une prison de Humera dans les premiers jours de juin 2024 pour l'amener à Sheraro, où je l'ai rencontré, a passé un mois en détention. C'était sa troisième incarcération. Il a été arrêté lors d'une des nombreuses rafles de Tigréen·nes à Humera et dans les alentours, puis a été retenu dans un hangar agricole, celui « de Kassahun », du nom de l'homme en arme qui le dirige. Il garde de ce dernier mois d'enfermement de mauvaises plaies au-dessus des coudes, recouvertes par des bandages suintants.

Il a été soumis une journée entière à la technique du « numéro 8 », qui consiste à attacher ensemble les bras et les jambes dans le dos. Ses tortionnaires l'accusaient d'avoir été membre des forces spéciales du Tigray – quand bien même il avait 16 ans au début de la guerre. Sa mère et sa sœur, restées dehors, ont payé les 20 000 birrs (325 euros) demandés par l'armée pour le faire sortir. Certains détenus ont été torturés via la technique du « numéro 8 » plusieurs jours durant, en plein soleil (au printemps, les températures de Humera tutoient les 45 °C à l'ombre).

Malgré l'accord de paix, l'incertitude des déplacés

Depuis mars 2024, des réunions se sont multipliées à différents échelons administratifs pour préparer le retour des déplacé·es. L'accord de Pretoria mettant fin aux hostilités, signé en novembre 2022, ne prévoyait pas explicitement le respect des frontières régionales ante bellum, mais un retour à l'ordre constitutionnel au Tigray, interprété comme incluant le retour de l'intégrité territoriale de la région. En théorie, il incombe au gouvernement fédéral d'assurer le retrait des forces amharas pour que les déplacé·es du Tigray puissent revenir.

Peu d'éléments ont filtré sur les négociations entre le gouvernement fédéral, les autorités de la région Amhara et le TPLF, mais la date du « 30 ginbot » (7 juin) a été retenue pour le retour des déplacé·es d'une partie du Tigray de l'Ouest, et celle du « 30 sené » (7 juillet) pour le retour de l'essentiel des réfugié·es. Dans les camps, des réunions préparatoires ont même été organisées. Mais la situation reste confuse : si les Forces de défense du Tigray et quelques centaines de déplacé·es ont amorcé un retour, on ignore quelle administration va gouverner ces espaces en cas de réelle réinstallation, plongeant dans l'incertitude des milliers de personnes.

Le gouvernement intérimaire du Tigray et le gouvernement fédéral auraient intérêt à voir ce retour se concrétiser : cela incarnerait une paix réelle, notamment aux yeux des bailleurs de fonds étrangers et des institutions financières internationales. Le gouvernement fédéral pourrait espérer une rallonge de l'aide internationale dont il a cruellement besoin alors que des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) sont en cours. Empêtré dans une nouvelle guerre en région Amhara, le Premier ministre, Abiy Ahmed, joue la montre et ne semble pas avoir arrêté une politique quant au futur statut de Wolqayt-Tegedé. En novembre 2022, il affirmait que les questions territoriales devaient être réglées « par des mécanismes légaux ». Un an plus tard, il prônait un référendum.

« On a la liste, s'ils reviennent on les tue tous ! »

Cette idée a fait réagir les États-Unis. Lors de débats sur la politique étrangère états-unienne dans la Corne de l'Afrique, un élu démocrate à la Chambre des représentants s'interrogeait : « Quoi de plus malvenu qu'un référendum après un nettoyage ethnique ? » Pour l'administration du Tigray, dirigée par le TPLF, un retour des réfugiés acterait tout de même au moins une réussite, alors que les divisions internes au TPLF et à l'administration s'étalent dans les médias régionaux et que la région a été marquée par une nouvelle famine en 2024.

Les réfugié·es s'apprêtant à passer une quatrième saison des pluies dans des conditions très précaires souhaitent rentrer. Mais après ce qu'ils ont vécu au Tigray de l'Ouest, occupé jusqu'à leur départ, ils savent que tout retour sans garantie de sécurité sera synonyme de nouveaux massacres. Un homme, arrivé d'Adebay en mars 2024 après de multiples séjours dans les prisons de l'administration nationaliste amhara, témoigne : « Il y a deux Fanno qui disent aux gens qu'ils ont des listes, qu'ils savent où sont les Tigréen·nes et ceux qui restent : “On a la liste, on sait qui est là, et s'ils reviennent, on les tue tous ! Les Tigréen·es resté·es ici sont entre nos mains.” »

Les autorités qui occupent la zone peuvent facilement mettre à jour leurs listes. En effet, elles arrêtent régulièrement des Tigréen·nes sans motif légal autre que l'absence de document d'identité et les gardent en prison jusqu'au paiement d'une rançon. Depuis mai 2024, certains Fanno ont même commencé à faire payer des rançons aux familles pour l'accès à la simple information du lieu d'emprisonnement de leurs proches. L'armée fédérale éthiopienne, présente dans la zone aux côtés des nationalistes amharas, est elle aussi impliquée dans ces affaires. Si Berhe a payé 20 000 birrs, d'autres anciens détenus parlent de sommes deux à trois fois supérieures.

Ainsi, le retour des réfugié·es laisse craindre de nouvelles violences. On ignore le nombre de Tigréen·nes toujours présent·es au Tigray de l'Ouest. Le fait que les catégories identitaires soient si malléables laisse penser que de nouvelles personnes peuvent toujours être identifiées comme telles et être réprimées. Désespéré·es, nombre de réfugié·es confient leurs craintes : « Ça ne se réglera pas sans une nouvelle guerre. »

Notes

1- Alliée au gouvernement fédéral éthiopien, l'Érythrée a occupé de larges portions du Tigray entre novembre 2020 et juin 2021. Des localités frontalières demeurent sous emprise à l'heure actuelle.

2- Tous les prénoms ont été changés.

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Élections présidentielles au Venezuela : Tentative de coup d’État ou fraude ?

3 septembre 2024, par Reinaldo Antonio Iturriza López — , ,
Écrivain, militant, sociologue et directeur du Centre d'études pour la démocratie socialiste, Reinaldo Antonio Iturriza López revient dans cet entretien réalisé par Federico (…)

Écrivain, militant, sociologue et directeur du Centre d'études pour la démocratie socialiste, Reinaldo Antonio Iturriza López revient dans cet entretien réalisé par Federico Fuentes pour LINKS International Journal of Socialist Renewal sur les récits concurrents – et insatisfaisants – qui entourent l'élection présidentielle du 28 juillet au Venezuela.

Tiré d'Inprecor
1 septembre 2024

Par Reinaldo Antonio Iturriza López

L'élection présidentielle du 28 juillet semble être une répétition des élections précédentes, l'opposition dénonçant à nouveau des fraudes et le gouvernement dénonçant une fois de plus une tentative de coup d'État. Quelle est votre analyse ?

Permettez-moi tout d'abord de rappeler les analyses typiques qui sont faites à chaque fois qu'une élection a lieu au Venezuela. En règle générale, le point de départ - étayé par des preuves factuelles - est que chaque campagne voit s'affronter deux camps antagonistes : l'ensemble des forces alignées sur le programme de la révolution bolivarienne contre l'ensemble des forces qui s'y opposent.

À partir de là, les interprétations varient quant aux raisons pour lesquelles le premier camp est au pouvoir depuis 25 ans. Une partie de la gauche a tendance à considérer les victoires successives du chavisme comme la preuve de l'énorme capacité de résistance de sa base et de l'incontestable capacité politique de sa direction à neutraliser les attaques de l'impérialisme et à empêcher les forces les plus réactionnaires de revenir au pouvoir. De son côté, la droite construit un récit selon lequel le maintien au pouvoir du chavisme ne peut s'expliquer que par son caractère autoritaire : toutes ses victoires électorales seraient forcément sujettes à caution ou dépourvues de légitimité et résulteraient de la manipulation des masses par le gouvernement, de l'utilisation abusive des ressources publiques lors des campagnes électorales et de la discrimination généralisée des leaders de l'opposition, ou encore de la fraude. Une autre partie de la gauche reprend à son compte certains de ces points de vue pour se dissocier du chavisme, qu'elle considère comme autoritaire, irrespectueux du principe de l'alternance démocratique, usant de manœuvres contre l'opposition, réprimant les manifestations publiques, restreignant les libertés, contrôlant les institutions et portant la responsabilité des dérives économiques.

En réponse, la partie de la gauche qui a une évaluation plus positive de la révolution bolivarienne a tendance à dénoncer le système de deux poids, deux mesures qui prévaut lorsqu'il s'agit du Venezuela. Elle souligne que ce qui est identifié comme des erreurs, des faiblesses ou des excès du chavisme au pouvoir est considéré comme normal dans n'importe quel autre pays démocratique - sans même parler du silence lorsqu'il s'agit de sociétés soumises à des régimes véritablement dictatoriaux ou face au génocide à Gaza, par exemple.

Tels sont les faits et les différentes interprétations de ces faits, exposés de manière très résumée. Périodiquement, des élections ont lieu au Venezuela où des courants différents s'affrontent. Ensuite, une fois les résultats connus, nous passons à la phase de débat sur ce qui s'est passé, sur la base d'évaluations fondées sur des convictions politiques préexistantes. C'est normal, c'est comme cela que ça s'est passé et, en principe, tout indique que ça va continuer comme ça. Il ne semble donc pas utile d'essayer d'expliquer ces différentes interprétations, car nous savons déjà qu'elles ne font que refléter des positions politiques préexistantes, etc.

Si l'on veut vraiment comprendre ce qui se passe au Venezuela, il faut plutôt partir de ce qui s'est réellement passé, c'est-à-dire des faits incontestables. Comme il s'agissait d'une élection présidentielle, nous devons non seulement nous intéresser aux forces politiques en présence - ce qui inclut, bien sûr, l'influence pernicieuse exercée par l'impérialisme américain - mais aussi et surtout au détenteur de la souveraineté populaire, c'est-à-dire aux citoyens.

Le premier fait à garder à l'esprit est que les Vénézuéliens qui ont voté le 28 juillet l'ont fait dans un contexte de profonde crise de la représentation politique. D'une manière générale, la classe politique est dans le pire état qu'elle ait connu au cours des 25 dernières années. D'une part, nous avons une classe politique anti-chaviste plombée par le poids accumulé des défaites successives, vilipendée par sa base sociale, en proie à ses propres contradictions, sans direction incontestée et fédératrice, avec peu de clairvoyance stratégique, sous la férule du gouvernement américain, et qui paie le prix de ses dérives anti-démocratiques qui ont dilapidé tout son capital politique. D'autre part, nous avons une classe dirigeante qui est également en proie à ses propres contradictions. Cela a généré un conflit interne dans lequel les tendances les plus conservatrices et pragmatiques l'ont emporté et ont imposé ce que le marxiste italien Antonio Gramsci a appelé l'anti-programme de la révolution passive. La classe ouvrière a alors cessé de constituer l'épine dorsale du bloc de forces au pouvoir.

Depuis la défaite de la classe dirigeante aux élections législatives de 2015 (un signe clair de la fracturation de ce bloc hégémonique national et populaire), mais surtout à partir de septembre 2018 (lorsqu'elle a commencé à mettre en œuvre un programme économique d'un monétarisme orthodoxe), cette classe a tenté de recomposer son bloc dirigeant par le haut avec des fractions de la classe capitaliste. Ce processus a créé les conditions d'une désintégration progressive de sa force politique qui lui venait d'en bas. Au cours de la dernière décennie, d'énormes contingents de ce qui était autrefois la base ouvrière du gouvernement se sont désaffiliés du chavisme. Une partie importante de la société vénézuélienne se trouve à nouveau dans une "situación de vaciamiento ideológico" (situation de vide idéologique), pour reprendre une expression du marxiste bolivien René Zavaleta Mercado. Ce phénomène avait disparu du pays depuis les années 1990 et, il faut le souligner, il s'agissait d'un problème politique de premier ordre que le chavisme a réussi à résoudre.

Quelles sont les implications de tout cela pour les élections présidentielles du 28 juillet ? Tout d'abord, il est évident que les deux forces se sont lancées dans la campagne avec des bases sociales profondément affaiblies. Deuxièmement, le changement stratégique opéré par la classe dirigeante implique la remise en question d'un fait autrefois considéré comme acquis, à savoir que les élections sont un affrontement entre deux projets historiques opposés. Le débat programmatique a été pratiquement absent tout au long de la campagne. Troisièmement, et en lien direct avec le point précédent, un important contingent de citoyens - ceux qui se trouvent dans une "situation de vide idéologique" - a exercé son droit de vote alors qu'il ne se sentait représenté par aucun candidat. Enfin, une part considérable du vote en faveur du candidat de l'opposition ne traduisait pas une identification avec l'anti-chavisme mais était fondamentalement un vote contre le gouvernement. L'inverse est également vrai : une partie du vote pour le candidat officiel n'était pas l'expression d'un soutien au gouvernement, mais plutôt d'un refus d'une victoire possible de l'ultra-droite.

Il est important de souligner que, dans une telle situation, il était crucial que l'arbitre électoral ne laisse aucune place au doute quant au résultat, en garantissant la réalisation des opérations de vérification requises et en publiant les résultats répartis par bureau de vote. Non seulement cela n'a pas eu lieu, mais les explications du Conseil national électoral (CNE) sur les raisons pour lesquelles il n'a pas été en mesure de remplir ses fonctions - à savoir un piratage du système de vote - ont été franchement insuffisantes, c'est le moins que l'on puisse dire.

Tout cela signifie que les interprétations habituelles sont totalement inadéquates pour évaluer ce qui s'est passé au Venezuela depuis le 28 juillet. Elles reposent, au mieux, sur des lectures superficielles et, au pire, sur une méconnaissance totale de ce qui s'est passé ces dernières années en termes d'équilibre des forces politiques. Il est également manifeste qu'au-delà des versions opposées des événements (fraude ou tentative de coup d'État), nous nous trouvons dans une situation où le doute raisonnable, et avec lui un véritable sentiment de malaise, s'est installé au cœur de la société vénézuélienne. Les manifestations populaires du 29 juillet en sont le résultat direct. Il ne fait aucun doute que les deux camps ont cherché à peser sur le cours des événements de ce jour-là : l'un en cherchant à capitaliser sur le mécontentement et à attiser la violence, l'autre en imposant l'ordre. Nous pouvons clairement affirmer qu'aujourd'hui, l'ordre règne au Venezuela, même si des doutes subsistent et qu'un sentiment de malaise demeure.

Selon vous, pourquoi le CNE et le gouvernement n'ont-ils pas encore publié les résultats du vote et les feuilles de décompte ? Que pensez-vous de l'arrêt de la Cour suprême (TSJ) ?

Il convient de rappeler les mots exacts du dirigeant du conseil électoral, Elvis Amoroso, lorsqu'il a communiqué le premier bulletin officiel aux premières heures du 29 juillet. Il a déclaré : "Les résultats bureau de vote par bureau de vote seront disponibles sur le site web du Conseil National Electoral dans les prochaines heures, comme cela a toujours été le cas, grâce au système de vote automatisé. De même, les résultats seront remis aux organisations politiques sur CD, conformément à la loi". Comme je l'ai déjà dit, non seulement cela n'a pas eu lieu, mais les explications ont été franchement insuffisantes.

J'ajouterai que la publication des résultats de manière détaillée et vérifiable n'est pas seulement une question technique, c'est une question de fond : nous parlons de quelque chose qui est à la fois une obligation de l'arbitre électoral et une chose à laquelle a droit le peuple vénézuélien, qui a le sentiment que ce droit lui a été volé. La situation n'a pas changé à la suite de la décision du TSJ, qui a validé les résultats du CNE tout en l'invitant à les publier conformément à la loi, c'est-à-dire dans les 30 jours suivant la nomination officielle du nouveau président de la République.

Comment voyez-vous le rôle qu'ont joué les gouvernements latino-américains ?

Je voudrais mettre l'accent sur le rôle joué par les gouvernements colombien, brésilien et mexicain. À mon avis, ils sont véritablement motivés par la volonté de jouer un rôle de médiateur entre les parties en présence, tout en accordant la priorité à la reconnaissance de la volonté du peuple. Leurs déclarations publiques ont été marquées, du moins jusqu'à présent, par le bon sens, ce qui me semble essentiel à l'heure actuelle. Je crois qu'il est juste de souligner la nécessité d'une "publication en toute transparence de résultats ventilés et vérifiables". Une telle position est conforme aux intérêts de la majorité de la classe ouvrière de notre pays.

Avec un peu de recul, comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Plus précisément, comment qualifieriez-vous la voie suivie par le gouvernement de Nicolas Maduro au cours des dernières années ?

J'ai fourni quelques éléments de contexte importants pour nous aider à comprendre comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle. Mais j'aimerais ajouter ce qui suit : Je comprends parfaitement pourquoi les impacts du blocus économique impérialiste sur le Venezuela sont si souvent invoqués pour expliquer l'agitation populaire. Qui plus est, je dirais que la raison en est évidente : en effet, ce blocus a multiplié de façon exponentielle les maux infligés à la population par la crise économique qui sévissait antérieurement, par exemple, à la mise en application des premières sanctions imposées à Petróleos de Venezuela en août 2017. Nous parlons de mesures punitives et illégales qui visaient à accélérer l'effondrement de l'économie nationale et, pour dire les choses crûment, à engendrer des souffrances humaines et des morts. Confrontée à ces conditions, à une situation aussi extrême, une société comme celle du Venezuela - qui a vécu des années de politisation intense - mettra naturellement en balance les dommages causés par ces attaques et les décisions prises par les dirigeants politiques pour les contrer. Si l'on peut dire que quelque chose est profondément ancré dans la culture politique du citoyen vénézuélien moyen, c'est la conviction que ses dirigeants politiques doivent assumer leurs responsabilités face à de tels défis - Hugo Chávez a joué un rôle fondamental à cet égard.

La façon dont la classe dirigeante a fait face à ces difficultés a été de construire un récit selon lequel il n'y avait pas d'alternative aux mesures qu'elle a finalement adoptées, par exemple dans le domaine de la politique économique. C'était le premier mauvais signal. En d'autres termes, aucun espace n'a été laissé aux délibérations publiques, aux débats contradictoires sur les différentes options, pour la simple raison qu'il n'y avait qu'une seule option. Et si la seule et unique option remettait en question les objectifs stratégiques de la révolution bolivarienne elle-même ? Manque de chance. Une fois cette logique installée au sein de la classe dirigeante, la seule solution pour contrôler l'hyperinflation, pour ne citer qu'un exemple, a été l'ensemble des mesures appliquées à partir de septembre 2018 : réduction drastique des dépenses publiques, dévaluation des salaires à un niveau historiquement bas, versement des rémunérations de la classe ouvrière sous forme de primes, etc.

Cette séquence d'événements qui ont entraîné un appauvrissement matériel (qui est toujours, en même temps, un appauvrissement spirituel et qui affecte radicalement les liens sociaux), combinée à un blocus impérialiste qui a amplifié de manière exponentielle l'appauvrissement matériel, et à l'appauvrissement politique résultant de l'exclusion de toute alternative pour faire face à la situation, le tout suivi d'un nouvel appauvrissement matériel, contribue à expliquer, au moins partiellement, le fait très grave qu'une partie importante des citoyens est allée jusqu'à considérer l'ultra-droite vénézuélienne comme une option politique valable.

Quelle(s) position(s) les forces politiques de la gauche radicale ont-elles adoptée(s) à l'égard des élections ? Quelles sont les possibilités de renforcer la gauche dans le contexte actuel ?

Je peux vous répondre en fonction de l'orientation de mes propres activités : il y a beaucoup de possibilités, et nous travaillons à les multiplier. Nous essayons de créer des espaces pour analyser la situation sur la base d'un minimum de rigueur intellectuelle et d'honnêteté. Dans ces espaces, nous essayons de sauver de l'oubli les aspects les plus précieux des traditions de la gauche révolutionnaire vénézuélienne, en cherchant à garantir leur transmission à la génération suivante, afin que ceux qui arrivent au militantisme ne considèrent pas qu'ils doient repartir de zéro. Il y a une énorme quantité de luttes et de connaissances qui peuvent nous éclairer sur ce que nous avons à faire aujourd'hui et à l'avenir. Nous traversons incontestablement une période particulièrement difficile, mais ce ne sera ni la première ni la dernière fois que nous serons confrontés à une telle situation. Nous n'établissons pas seulement des liens avec des activistes dans de nombreuses régions du pays (et en dehors du Venezuela), mais nous nous efforçons également de mettre en place une structuration politique plus efficace. En outre, nous sommes convaincus que, quelles que soient les circonstances, la gauche révolutionnaire ne peut en aucun cas se permettre de se concevoir comme un ghetto, comme une poignée d'activistes qui proposent des témoignages de luttes sacrificielles, et tout ce qui s'ensuit. Comme nous l'a enseigné [le révolutionnaire vénézuélien] Alfredo Maneiro, la solution aux problèmes fondamentaux du pays passe par la gauche, mais aussi au-delà d'elle. La gauche révolutionnaire doit pouvoir parler à la majorité de la classe ouvrière et se faire remarquer par sa vocation à exercer le pouvoir, comme l'a expliqué Chávez.

Face à une situation confuse qui ressemble à un labyrinthe politique sans issue apparente, je crois que l'heure est à la retenue et à la force de caractère. Les actions motivées uniquement par l'indignation morale conduiront invariablement à des faux pas. Je suis convaincu que de nouvelles situations se présenteront. Comme je l'ai dit, l'ordre règne au Venezuela et avec lui le calme, mais c'est un calme plein d'inquiétude. Le peuple vénézuélien aura le dernier mot

Publié par LINKS Revue internationale du renouveau socialiste le 28 août 2024.

Traduit pour ESSF pr Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepL

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