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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

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La grève illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) de novembre-décembre 2023 (Partie I)

https://www.pressegauche.org/IMG/pdf/greves-fae-partie-1.pdf?48475/3d1b50d011ca03ec342fc4f23b131fd820bb46a14236712ff07fe96cc012b7a55 novembre 2024, par Martin Gallié, Elsa Galerand — , ,
Cette chronique est consacrée à la grève des 65 500 enseignantes (du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l'enseignement en milieu carcéral, de la formation (…)

Cette chronique est consacrée à la grève des 65 500 enseignantes (du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l'enseignement en milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes) syndiquées à la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) qui a été déclenchée le 23 novembre 2023 avec un mandat de grève illimitée et qui a pris fin après cinq semaines.

En guise d'introduction, cette chronique revient d'abord sur le contexte de cette grève, la dynamique syndicale dans laquelle elle s'inscrit ainsi que sur les revendications (partie 1). Elle présente ensuite une chronologie détaillée des évènements qui veut rendre compte des paradoxes du conflit et de quelques-uns des enjeux qu'il soulève (partie 2). En conclusion, elle propose quelques pistes de réflexion (partie 3). L'ensemble a été exclusivement rédigé à partir des articles de presse, communiqués syndicaux, chroniques, synthèses ou commentaires repérés sur les pages Facebook (de la FAE, des syndicats membres de la FAE et du Front commun) qui ont été publiés, et ce jusqu'à trois mois après la signature de l'entente mettant fin à la grève (pièce jointe).

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Le lock-out des débardeurs du port de Québec (2022 – 2024)

5 novembre 2024, par Martin Gallié, Yanick Noiseux — , ,
Le 15 septembre 2022, la Société des arrimeurs de Québec (SAQ) déclenche un lock out à l'encontre des 81 débardeurs du Port de Québec. En septembre 2024, deux ans plus (…)

Le 15 septembre 2022, la Société des arrimeurs de Québec (SAQ) déclenche un lock out à l'encontre des 81 débardeurs du Port de Québec.

En septembre 2024, deux ans plus tard, le lock out est toujours en vigueur et les activités du Port de Québec semblent fonctionner « normalement ». Elles seraient même en légère hausse. Il faut dire que dans la mesure où les ports relèvent de la compétence fédérale, la SAQ peut légalement recourir à des briseurs de grève.

C'est ce conflit - toujours en cours - que cette chronique souhaite commencer à documenter.

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Déclaration de la Campagne de solidarité socialiste avec l’Ukraine (Ukraine Socialist Solidarity Campaign – USSC ) sur les élections américaines de 2024

5 novembre 2024, par Ukraine Socialist Solidarity Campaign - USSC — , ,
Des millions d'électeurs cherchent un moyen d'empêcher Trump et sa horde de partisans du mouvement MAGA d'accéder à la Maison Blanche. Ils veulent mettre un terme au Projet (…)

Des millions d'électeurs cherchent un moyen d'empêcher Trump et sa horde de partisans du mouvement MAGA d'accéder à la Maison Blanche. Ils veulent mettre un terme au Projet 2025, à la suprématie masculine, à la suprématie blanche, à l'homophobie, à la transphobie, à l'ethno-nationalisme, au déni de la science, à l'apologie de Poutine et aux idées conspirationnistes ridicules qui sont à la base du mouvement MAGA. Tous les socialistes devraient s'en réjouir. Il n'y a qu'une seule candidate qui puisse empêcher Trump d'accéder à la Maison Blanche cette année : Kamala Harris.

9 octobre 2024 | tiré du site aplutsoc
https://aplutsoc.org/2024/10/29/declaration-de-la-campagne-de-solidarite-socialiste-avec-lukraine-ukraine-socialist-solidarity-campaign-ussc-sur-les-elections-americaines-de-2024/

La Campagne de solidarité socialiste avec l'Ukraine (USSC) soutient les points suivants :

1. Le Parti républicain d'aujourd'hui est fondamentalement différent de ce qu'il était dans le passé. Il travaille ouvertement à transformer les États-Unis d'une démocratie bourgeoise multipartite en un régime autoritaire à parti unique. Cela rend le GOP qualitativement différent du Parti démocrate d'aujourd'hui, qui ne prône pas un régime autoritaire à parti unique mais plutôt le maintien du statu quo, aussi imparfait, génocidaire et injuste soit-il.

2. Les Républicains visent ouvertement et intensifient considérablement la répression, la neutralisation et la mise à mort de toute une série de groupes opprimés d'une manière bien plus dangereuse que l'un ou l'autre parti ne l'a fait dans le passé.

3. L'équipe Trump/Vance est politiquement connectée et théoriquement alignée avec de nombreux autoritaires d'extrême droite dans le monde.

4. Les socialistes et la gauche en général doivent par principe défendre tous les acquis politiques historiques de la gauche représentés par les droits démocratiques, y compris la liberté d'expression, la liberté de réunion et le droit de vote.

5. Les socialistes doivent jouer un rôle central dans la construction d'un mouvement visant à stopper le GOP, le MAGA et la Nouvelle Droite.

Derrière la base MAGA se trouvent des stratèges comme Mike Flynn et Stephen Bannon, et derrière eux se trouvent les idéologues milliardaires fascistes, en premier lieu Peter Thiel et Curtis Yarvin (qui sont les sponsors de JD Vance). Ils prônent ouvertement l'homme fort et même le régime fasciste. Dans leur monde, quiconque ne « contribue » pas est tout simplement éliminé, et le gouvernement est sous le contrôle total d'une seule personne autoritaire. Ils prônent même l'eugénisme.

Trump et son parti ne cachent pas leur intention de voler cette élection. Cela revient à renverser un droit démocratique fondamental – le droit même de voter aux élections publiques. C'est une contradiction insurmontable de commencer par minimiser les différences entre les Démocrates d'aujourd'hui et les Républicains MAGA, puis de faire volte-face et d'appeler à s'organiser pour résister à MAGA. C'est pourquoi l'extrême gauche ne fait rien de sérieux pour construire une résistance.

En plus de la prise de pouvoir du régime Trump, la base MAGA prône ouvertement la violence et les représailles si leur candidat n'est pas « élu ». Personne ne sait ce qui se passera lors des élections dans les bureaux de vote avec un électorat BIPOC (Black, Indigenous, People of Color) en novembre et après (*).

Harris et les Démocrates n'en parlent pas beaucoup, à part les réformes trop peu nombreuses et trop tardives proposées par Biden à la Cour suprême, mais ils savent que la campagne MAGA a l'intention, par sa manipulation des électeurs des États, de manipuler les résultats électoraux vers la Cour suprême, qui ainsi nommera Trump comme chef suprême.

Nous le répétons : la seule candidate qui peut empêcher Trump d'accéder à la Maison Blanche est Kamala Harris. Cependant, nous ne devons pas nous faire d'illusions sur Harris et les Démocrates :

1. Harris, comme le reste de son parti, s'est engagée à armer et à soutenir Israël. Cela signifie participer aux crimes génocidaires d'Israël contre l'humanité. Tout soutien à Harris, s'il s'agit sérieusement de la libération, doit en même temps s'opposer au soutien qu'elle et son parti apportent à Israël. En même temps, nous devons noter que Trump serait bien pire pour la cause palestinienne.

2. L'administration Biden/Harris a été extrêmement hésitante à armer l'Ukraine. Ce pays aurait dû obtenir et devrait maintenant obtenir toutes les armes dont il a besoin, quand il en a besoin, et sans aucune condition. Nous devons insister pour que Harris rejette l'approche injustifiablement prudente et lente de Biden pour soutenir l'Ukraine. Arrêtez d'envoyer des armes à Israël, envoyez-les plutôt en Ukraine !

3. Au sein du mouvement syndical, de nombreux dirigeants syndicaux soutiennent que nous ne devons pas faire grève pendant une élection car cela porterait préjudice aux Démocrates. Nous rejetons cette idée, surtout maintenant. Toute lutte ouvrière accroît la conscience de classe des travailleurs, tend à les rassembler et met tous les politiciens capitalistes, démocrates comme républicains, sur la défensive.

4. L'élection des Démocrates en 2024 ralentira mais n'arrêtera pas le mouvement MAGA. Ce mouvement est né des contradictions du capitalisme lui-même. Ce qu'il faut, c'est un mouvement indépendant de la classe ouvrière, un mouvement qui mobilise les travailleurs et les opprimés dans les rues, sur les lieux de travail et même dans les syndicats pour s'opposer au mouvement MAGA, en commençant par les menaces du MAGA de renverser les élections de cette année. Un tel mouvement de la classe ouvrière pourrait et devrait finalement conduire au développement d'un parti ouvrier de masse.

Conclusion : La Campagne de solidarité socialiste avec l'Ukraine (USSC) a été le premier groupe de solidarité avec l'Ukraine au monde à soutenir la Palestine. Nous sommes le seul groupe de solidarité avec l'Ukraine qui prône ouvertement l'union de toutes les luttes contre l'oppression et l'autoritarisme d'extrême droite. Cela inclut même le cas lorsque la défaite de l'autoritarisme signifie mettre ou maintenir au pouvoir un politicien capitaliste, comme Aung San Suu Kyi en Birmanie/Myanmar, malgré le fait qu'elle ait participé à la répression meurtrière du peuple Rohingya. Notre soutien comprend également l'arrêt de l'invasion de l'Ukraine par Poutine, malgré le fait que le gouvernement ukrainien actuel soit dirigé par le néo-libéral Zelensky. De telles luttes ne devraient pas s'arrêter aux frontières des États-Unis.

Les socialistes devraient soutenir et rejoindre tout mouvement visant à arrêter MAGA pendant et après les élections de 2024. Cela ne se limite pas à empêcher Trump d'entrer à la Maison Blanche en 2024, mais inclut également cette mesure. Les seuls candidats qui peuvent empêcher les Républicains MAGA d'accéder au pouvoir sont les Démocrates, et la Campagne de solidarité socialiste avec l'Ukraine (USSC) préconise de voter pour eux. D'autant plus que les deux seuls candidats de « gauche » (Jill Stein et Cornel West) s'excusent auprès de Poutine et prônent la création des conditions qui conduiront à la victoire de l'invasion russe de l'Ukraine. Une telle victoire encouragerait une vague de réaction et d'autoritarisme dans le monde, y compris aux États-Unis. Il sera plus facile pour la classe ouvrière de construire son propre mouvement dans une démocratie capitaliste que sous l'autoritarisme de droite que Trump instaurerait.

Pour un argument plus approfondi, voir cette présentation de Cheryl Zuur, coprésidente de la Campagne de solidarité socialiste avec l'Ukraine.

Notes

(*) référence aux agissements de la droite depuis de nombreuses années pour retirer le droit de vote à des couches noires, hispaniques, indigènes de la population au travers de nombreux procédés administratifs régressifs, y compris le sabotage des points de vote ou leur mise en place d'une façon qui les rendent inaccessible à l'électeur lambda, surtout quand celui-ci est démuni de moyen de locomotion.

Source : https://oaklandsocialist.com/2024/10/28/ukraine-socialist-solidarity-campaign-statement-on-u-s-elections/

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Discrim-migrations : une lutte sans merci entre le PQ et la CAQ

5 novembre 2024, par Carmen Duplain — ,
Il n'est qu'à se promener dans la ville pour saisir le sens du mot. Pour saisir la direction globale, la tangente politique sur laquelle surfent sans scrupule nos gouvernements (…)

Il n'est qu'à se promener dans la ville pour saisir le sens du mot. Pour saisir la direction globale, la tangente politique sur laquelle surfent sans scrupule nos gouvernements depuis déjà trop longtemps. Il s'agit de voir qui ramasse les poubelles, qui lave les planchers, qui conduit les taxis, qui s'occupe des personnes âgées dans des résidences, qui nettoie, qui garde les enfants dans les CPE mais aussi dans les milieux scolaires, qui travaille dans les commerces où on offre les plus bas salaires, qui habite les quartiers les plus défavorisés, qui travaille dans les champs, qui… Il n'est qu'à se promener dans la ville, la mienne ou la vôtre, pour saisir le sens du mot « discrimination ».

Pourtant, tous ces gens dont on abuse, qu'on criminalise, qu'on traite comme on fait les compte en utilisant des chiffres farfelus, qu'on accuse de mettre en péril « la nation », qu'on déshumanise, qu'on exploite, qu'on prive de leur dignité, qu'on rend corvéables à merci, tous ces gens ont le dos large et encore plus lorsqu'ils n'ont pas des droits équivalents aux autres, en particulier l'ultime, le droit de vote, ce qui les garde en plus dans l'incapacité de protester, de se rebeller. Malheureusement pour elleux, le droit de vote est bel et bien le nerf de la guerre. Nous parlons ici bien sûr des personnes immigrantes mais de façon plus spécifique, nous parlerons des travailleurs et travailleuses immigrantes temporaires, qui représentent le plus gros contingent, et de loin, de la population immigrante au Québec. Assorti-es d'une date d'expiration de par leur statut, les membres de ce contigent se voient obligé-es de vivre dans une situation de précarité prolongée, souvent sous la coupe d'un seul employeur (ce qui les rend extrêmement vulnérables aux abus). La raison de la préférence accordée à cette catégorie d'immigrant-es, tant par le fédéral que par le provincial, est qu'elle est arrimée essentiellement aux « besoins » des entreprises depuis son extension en 2006 sous le gouvernement Harper.

Selon François Crépeau, professeur de droit international public et ancien rapporteur spécial des Nations-Unies pour les droits des migrants, cité dans [1], « Toutes les sociétés sont capables d'absorber une immigration, sans avoir besoin de la chiffrer ou de la quantifier. Le chiffre, c'est la composante d'un discours politique absolument populiste, qui se donne des allures de science mais qui contribue surtout à diviser, à distordre la réalité. »

À ce chapitre, la CAQ comme le PQ se livrent actuellement une lutte sans merci qui prend les airs d'un concours de qui mystifiera le plus la population pour démontrer son nationalisme, qu'ils semblent considérer tous les deux comme la valeur numéro un de leurs chartes personnelles. Avec des démonstrations bidon et extrêmement tendancieuses, ils essaient de nous expliquer en quoi les immigrant-es sont responsables de la crise du logement. François Legault sortira de son chapeau des données qu'il associera entre elles, en bon prestidigitateur, pour nous convaincre que 100 % des immigrant-es temporaires sont responsables du problème de logement, qu'iels sont aussi responsables du tiers de la pénurie de personnel en santé et de la moitié du manque de personnel qualifié en enseignement. Talam ! Rien de moins. De son côté, Paul St-Pierre Plamondon, tout aussi odieusement et graphiques à l'appui, nous expliquera que l'immigration est non seulement responsable de la crise du logement mais également de la baisse de la natalité au Québec, ce qui est bien évidemment faux, comme nous l'explique l'ISIS dans un texte de [2].

Nous avons au Québec un système d'immigration à plusieurs vitesses. Après avoir brandi la possibilité de faire déménager dans d'autres coins du Canada 80 000 personnes réfugiées, Legault s'est rétracté. (Il faut dire qu'il n'affiche pas une excellente compréhension de ce que veut dire droit humain, lui qui a déjà nié subtilement que le droit à un logement constitue un droit fondamental.) Il a fini par jeter son dévolu sur d'autres catégories d'immigrant-es, comprenant peut-être qu'en ces temps de guerres et de catastrophes climatiques, il n'est pas bien vu d'enfoncer la tête de la personne qui se noie. Il s'est donc contenté de planifier le gel des catégories correspondant aux demandeurs et demandeuses d'asile et de la recomposition familiale. PSPP planifie aussi de geler la catégorie des demandeurs et demandeuses d'asile mais souhaite réduire de moitié la catégorie de la recomposition familiale.

S'il a été question de réduire l'accueil et la présence de travailleurs et de travailleuses temporaires, le Patronat s'est empressé de convoquer les médias, [3] et de signifier qu'il avait besoin d'un révision à la hausse du seuil maximal d'effectifs étrangers pour les postes à bas salaire (pour passer de 10 à 20%), faute de quoi, malheureusement, « on ne pourrait plus garder nos entreprises en sol canadien ». C'est un argument auquel la CAQ est extrêmement sensible, elle dont le Conseil des Ministres en 2022 était composé à 29% de représentant-es du milieu des affaires, du jamais vu depuis le milieu du 20e siècle, toujours selon l'IRIS.

Ce modèle d'immigration et ces discours liberticides ont assez duré. Il faut leur opposer une résistance radicale parce que c'est toute notre humanité et la valeur qu'on s'accorde les un-es aux autres qui s'y voit dépréciée.

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[1] Des seuils d'immigration pour justifier la peur de l'autre, Fabien Deglise, Le Devoir, 11 novembre 2023

[2] Philippe Hurteau publié le 31 octobre, Logement, immigration et natalité : le monde imaginaire de PSPP

[3] Les entreprises ne sont pas dopées à l'immigration, selon le patronat, Frédéric Lacroix Couture, La Presse, 31 octobre 2024

Négociation dans les secteurs public et parapublic (SPP) 2022-2024 : Notes et remarques critiques…

5 novembre 2024, par Yvan Perrier — ,
Avec la proposition d'entente du conciliateur adoptée à 66% par les membres votants[1] de la FIQ, il est maintenant permis de dire que la ronde de négociation dans les secteurs (…)

Avec la proposition d'entente du conciliateur adoptée à 66% par les membres votants[1] de la FIQ, il est maintenant permis de dire que la ronde de négociation dans les secteurs public et parapublic (SPP) qui s'est amorcée en automne 2022 et qui s'est étirée, pour certain.e.s syndiqué.e.s, jusqu'au mois d'octobre 2024, est maintenant complétée.

On nous a annoncé, cinquante-ans après le premier Front commun de 1971-1972, que cette vingtième ronde de négociation entre l'État et les salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP serait « historique ». En raison de la nature du règlement salarial, il est toujours trop tôt, selon nous, pour dresser le bilan de la négociation et nous expliquerons plus loin pourquoi il en est ainsi. Dans les lignes qui suivent, nous ne nous attarderons pas sur les concessions ou les compromis qu'ont eus à faire chacune des parties. Nous n'examinerons pas non plus les propositions du conciliateur qui est intervenu dans la négociation entre le Conseil du trésor et la FIQ. Nous laissons ce genre d'exercice aux parties directement concernées. Nous passerons également sous silence, faute de place, plusieurs aspects que nous avons l'habitude de traiter à la fin d'une ronde de négociation (voir à ce sujet l'annexe I au présent texte). Nous entendons plutôt nous limiter à un certain nombre de remarques critiques autour de l'entente de principe, de la FAE, du néolibéralisme, de la notion de l'histoire et sur d'autres sujets à la portée d'un observateur extérieur… Mais avant, quelques remarques sur le contenu de ce règlement.

1.0 Le règlement dans ses grandes lignes

Les grandes lignes du règlement sont maintenant connues. La convention collective sera d'une durée de cinq ans et les augmentations salariales minimales obtenues par les salarié.e.s syndiqué.e.s seront de l'ordre de 17,4% pour la période allant du 1er avril 2023 au 30 mars 2028. Une protection partielle contre l'inflation (comme cela a été le cas en 1986)[2], à la hauteur de 1% par année, pourra s'appliquer à certaines conditions pour chacune des trois dernières années du contrat de travail. Diverses primes salariales ou avancement accéléré dans les échelons ont été accordés par le gouvernement du Québec à certaines catégories de salarié.e.s syndiqué.e.s. Des ressources additionnelles auxquelles le gouvernement tenait tant ( comme l'aide à la classe) et des mesures dites de « flexibilité » (comme la mobilité de certain.e.s salarié.e.s en santé) s'appliqueront.

Outre l'aspect salarial, certains gains ont été obtenus au niveau monétaire comme : l'acquisition du droit à la cinquième semaine de vacances après 15 ans d'ancienneté (plutôt que 17 ans) et l'atteinte de la pleine cinquième semaine de vacances à compter de 19 ans d'ancienneté (plutôt que 25 ans) ; des améliorations au régime de retraite permettant la participation au régime jusqu'à 71 ans (au lieu de 69 ans comme c'est le cas actuellement) et la possibilité de prolonger l'entente sur la retraite progressive de cinq ans à sept ans (dispositions qui n'entreront pas en vigueur avant 2025 [pourquoi un tel délai ?]) ; des contributions de l'employeur au régime d'assurance maladie sont maintenant un peu plus généreuses tandis que du côté des ouvriers spécialisés, la prime d'attraction et de rétention sera bonifiée et les psychologues profiteront d'une majoration salariale à la hauteur de 10% ; enfin, pour ce qui est du régime des droits parentaux, il y a dans cette entente l'ajout d'une journée à la banque de congés spéciaux pour suivi de grossesse. Aussi, les disparités régionales restent inchangées, à une exception près (en faveur de la localité d'Oujé-Bougoumou en santé et services sociaux)[3].

Est-il nécessaire de rappeler que cette augmentation salariale de 17,4% sur cinq ans (accompagnée d'une protection partielle contre l'inflation) est à plusieurs lieues des revendications des huit organisations syndicales (APTS-CSN-CSQ-FAE-FIQ-FTQ-SFPQ et SPGQ) qui, soulignons-le, demandaient un contrat de travail d'une durée de trois ans[4] et une plus forte protection contre l'inflation. Il ne saurait faire de doute qu'une négociation portant sur les conditions de travail et de rémunération donne lieu, en règle générale, à des compromis. Il est vrai qu'il s'agit ici d'une augmentation salariale qui contraste avec les augmentations rachitiques et maigrichonnes qui se situaient entre 0% et 2,5% par année et qui ont eu pour effet d'appauvrir les salarié.e.s syndiqué.e.s du début des années quatre-vingt jusqu'à tout récemment. Ce ne sera par contre qu'en 2028 qu'il sera possible de constater si la rémunération de la prestation de travail a été supérieure ou inférieure à l'Indice des prix à la consommation (IPC). Tant et aussi longtemps que cette donnée demeure inconnue, il nous semble plus prudent de contenir les manifestations débordantes d'enthousiasme face à ce règlement.

Or, il est par contre vrai d'affirmer que le compromis négocié au sommet entre les porte-parole du Front commun intersyndical APTS-CSN-CSQ-FTQ et la présidente du Conseil du trésor, est supérieur aux pourcentages accordés aux salarié.e.s syndiqué.e.s depuis 1979. Mais ce pourcentage est très en deçà de ce qui a été donné aux député.e.s de l'Assemblée nationale (30% à la première année plus les paramètres applicables dans les secteurs public et parapublic) ainsi qu'aux policières et aux policiers de la Sûreté du Québec (entre 26% et 32,9% sur six ans). Il l'est également inférieur de 10% à ce qui vient d'être attribué aux cadres de Santé-Québec qui occupaient jadis des postes syndiqués.

Ce résultat de 17,4% minimum sur cinq ans doit être évalué, selon nous, en comparant ce qui est ou ce qui sera accordé à l'ensemble des personnes qui sont rémunérées par le gouvernement du Québec (environ 800 000 personnes). Il faut également mentionner que ce pourcentage de 17,4% sur cinq ans est inférieur à ce qui a été conclu dans certaines entreprises privées (voir à ce sujet certains règlements convenus dans les secteurs de l'hôtellerie, de l'aviation, etc.). De sorte qu'il est exagéré de poser l'entente conclue dans les SPP comme pouvant être une bougie d'allumage ou une source d'inspiration pour les salarié.e.s syndiqué.e.s dans d'autres secteurs. Les négociations syndicales autour du renouvellement des conventions collectives reposent, pour l'essentiel, sur le rapport des forces en présence lors d'une négociation. Il n'y a aucun déterminisme automatique à l'effet que les gains obtenus par certain.e.s salarié.e.s syndiqué.e.s d'un secteur donné seront automatiquement obtenus par d'autres. De plus, il y a belle lurette que les augmentations salariales négociées dans les SPP ne servent plus d'objectif à atteindre pour d'autres salarié.e.s syndiqué.e.s. Le rapport de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) est là pour nous rappeler amèrement et annuellement cette quasi-vérité d'évidence. L'époque de la locomotive des salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP est derrière nous depuis le début des années quatre-vingt du siècle dernier. Plus précisément, de triste mémoire, depuis la ronde des décrets de 1982-1983.

2.0 Front commun et organisations solitaires

On retiendra de cette ronde de négociation qui s'est échelonnée sur deux années, soit de 2022 à 2024, que nous étions en présence d'un Front commun intersyndical regroupant quatre organisations (CSN-CSQ-FTQ-APTS) et de quatre autres qui négociaient en solo (FAE, FIQ, SFPQ et SPGQ). Sur le côté syndical, il y avait par conséquent cinq stratégies, alors que du côté de l'employeur, voire le gouvernement du Québec, il n'y en avait qu'une seule pouvant donner lieu à des ajustements ponctuels. Le gouvernement était donc encore une fois en position pour régner et régler en divisant les troupes syndicales. Et c'est ce qu'il a fait.

Le gouvernement Legault a laissé la FAE conduire sa grève générale illimitée seule et sans fonds de défense pour ses membres. Il savait fort bien qu'il viendrait, tôt ou tard, à bout de cette résistance. Pour sa part, le Front commun intersyndical y est allé d'un certain nombre de journées de grève, sans véritablement paralyser d'une manière ininterrompue les services, tandis que la FIQ a choisi des arrêts de travail, mais dans le respect des services essentiels et quand est venu le temps d'un affrontement qui aurait pu être décisif, cette organisation s'est retrouvée seule, isolée et ses membres se sont vus interdire, par le Tribunal administratif du travail (TAT)[5], le droit de refuser le temps supplémentaire. Dès lors, les carottes étaient cuites pour cette organisation qui regroupe 80 000 membres dans le secteur de la santé, membres impatientes et impatients de mettre un terme à cet exercice long de plus de deux ans. Le temps était venu de passer à autre chose. L'attente d'une rétroactivité salariale, le versement de nouvelles primes et les nouvelles échéances en lien avec la réforme découlant du projet de loi 15 ont possiblement contribué à l'acceptation, par une faible majorité, de la proposition du conciliateur.

3.0 Un haut fait d'armes incontestable et un mystère persistant sur l'origine du compromis négocié…

Il y a un haut fait d'armes qui mérite d'être signalé ici. L'arrêt de travail des membres de six organisations syndicales suivantes : CSN-CSQ-FTQ-APTS, FAE et FIQ. À un certain moment en novembre 2023 (le 23 novembre plus précisément), plus d'un demi-million de syndiqué.e.s étaient en grève (570 000 environ). Il s'agissait d'un précédent dans l'histoire syndicale au Québec. Ce moyen de pression a probablement forcé l'équipe de négociation du gouvernement caquiste d'y aller d'un effort supplémentaire en vue de conclure un règlement négocié. Nous disons « probablement », car nous ne savons pas comment ce compromis négocié en face à face a été ultimement ficelé entre les parties. Il y a eu « probablement » une divergence de vues entre Sonia Lebel (Présidente du Conseil du trésor) et Éric Girard (ministre des Finances) sur la hauteur du prix à payer. Divergence de vues qui a pu être arbitrée par le premier ministre François Legault. Mais tout ceci n'est que pure conjecture et spéculation. Ce sont les porte-parole du Front commun et les membres du triumvirat gouvernemental qui peuvent lever le voile sur ce qui s'est réellement passé entre la mise à jour économique de novembre et le règlement de la fin décembre 2023. Qui est la personne (ou les personnes) qui est (ou sont) l'autrice ou l'auteur de ce règlement ? Nous ne le savons toujours pas.

Quoi qu'il en soit, la grève n'aura pas été vaine pour les salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP. Le Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS est parvenu à faire quasiment doubler l'offre initiale du gouvernement caquiste. Dans les faits, certain.e.s salarié.e.s syndiqué.e.s ont maintenant franchi la barre symbolique des 100 000$ par année, et ce depuis avril 2024, comme les enseignant.e.s et les infirmièr.e.s bachelières au sommet de l'échelle. Par contre, d'autres salarié.e.s syndiqué.e.s se retrouvent toujours sous la barre des 50 000$ par année. Il y a du « monde ordinaire »[6] qui a été négligé ou oublié ici.

4.0 De « (l')Entente de principe » à la signature de la « Conventions collectives » au versement de la rétroactivité salariale

De « (l')Entente de principe », à la signature de la « Convention collective »… au versement de la rétroactivité salariale, les délais d'attente peuvent être longs. La mise en application de nouvelles dispositions de la convention collective peut alors se faire attendre durant plusieurs mois. Ici, la partie patronale, lire le gouvernement, est tristement en position de force pour disposer de ses obligations contractuelles. C'est ce qu'ont appris les 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s dont environ 75% sont des femmes. Au gouvernement, à l'État-patron, la définition et l'imposition du calendrier du versement de la rétroactivité, des augmentations salariales, des primes, du recrutement des nouveaux effectifs, alouette… le tout devant s'insérer dans la machine toujours archaïque agissant au bouton à pressoir.

5.0 Du règlement au déficit au retour de l'ère de l'austérité

Aussitôt adoptée par certains groupes de salarié.e.s syndiqué.e.s, le premier ministre a imputé à l'entente négociée entre son gouvernement et les salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP l'explosion du déficit de la province, maintenant établi à 11 milliards de dollars. C'est un peu court comme raisonnement, mais c'est ainsi que François Legault réfléchit. Il oublie volontairement que c'est lui, son ministre des Finances et les membres de son Conseil des ministres qui ont décidé en haut lieu de priver l'État de sources de revenus en accordant, entre autres choses, de généreuses baisses d'impôt à certains particuliers pas vraiment dans le besoin (pour être poli).

Au Québec, qui dit déficit dans les finances publiques dit également compressions budgétaires, gel des effectifs, dégradation des services, mesures d'austérité, rigueur budgétaire, etc… et c'est ce qui semble bel et bien en cours au moment où nous écrivons ces lignes dans l'administration publique, en éducation, en santé et dans certains organismes publics. De fait, des directives rigoureuses et rigides se mettent en place depuis quelques mois - et quelques jours - en santé et en éducation, le tout en vue de réduire dès la présente année le déficit. Plusieurs investissements dans les fournitures, les équipements sont reportés et un mot d'ordre de gel du recrutement externe est unilatéralement imposé dans certains établissements publics et parapublics par nul autre que la présidente du Conseil du trésor. Travailler pour la fonction publique, œuvrer dans les secteurs de la santé et de l'éducation, jusqu'à nouvel ordre, continuera à rimer pour certaines salarié.e.s syndiqué.e.s avec conditions de travail pénible et même pour certain.e.s avec une rémunération qui est inférieure à ce qui est versé pour de mêmes titres d'emploi dans les autres secteurs publics (gouvernement fédéral, municipalité, université) ou certaines entreprises privées. Les personnes qui s'imaginaient que le déficit annoncé serait absorbé par la marge de manœuvre annuelle du gouvernement se retrouvent aujourd'hui confondues ou en perte d‘équilibre. L'ère du néolibéralisme est toujours bien présente parmi nous. Ce néolibéralisme qui a donné lieu à de fortes manifestations d'indignation parmi les salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP, inspire plus que jamais certains choix politiques au sommet de l'État. Où sont les surplus de l'inflation post-pandémie ? Est-ce dans la venue des Kings de Los Angeles à Québec, dans les études sur le troisième lien également dans la région de Québec, dans Northvolt ?

6.0 Réflexions critiques en marge de cette négociation

De cette ronde de négociation 2022-2024 il est permis de mentionner que le néolibéralisme, dans sa forme la plus primaire, ne passe plus maintenant aussi facilement au sein d'une frange importante de la population. Comprenons-nous bien. Cette idéologie a suscité des années quatre-vingt, du siècle dernier, jusqu'à aujourd'hui, de grandes manifestations d'opposition hélas pas trop souvent victorieuses pour le plus grand nombre. Nous constatons que la possibilité pour la classe dirigeante d'imposer les solutions qui relèvent de cette idéologie antisociale s'est érodée jusqu'à un certain point qui reste à préciser. Il y a une limite aux écarts de richesse qui ne cessent d'aller en s'accroissant. Des individus, de la classe économique dominante, s'arrogent en moins de deux jours l'équivalent du salaire industriel moyen, ce qui laisse aux autres, la majorité, une part de revenus qui n'est pas à la hauteur de leur prestation de travail ou de la valeur de leurs qualifications. Les personnes qui participent directement ou indirectement à la création de cette richesse collective ont droit à un revenu décent et à une stabilité à l'emploi. Il est trop, beaucoup trop élevé, le nombre de personnes qui ont un statut précaire dans les SPP et plus particulièrement dans le monde de l'enseignement (tous niveaux confondus). Et qui dit statut précaire dit également difficultés économiques. C'est principalement sinon uniquement lors du renouvellement des conventions collectives qu'il est possible pour les salarié.e.s syndiqué.e.s d'améliorer leurs conditions de travail et de rémunération. Qu'un groupe d'enseignant.e.s soit resté dans la rue plus de cinq semaines, cela dépasse l'entendement des personnes de bonne volonté. Comment en sommes-nous arrivés là ? Probablement à cause de blocages découlant d'un aveuglement idéologique de la part du gouvernement. Il y a cinquante ans les 210 000 salarié.e.s syndiqué.e.s du Front commun intersyndical CEQ-CSN-FTQ étaient dans la rue. Il s'agissait d'un combat du type « les travailleurs (sic) contre l'État ». Cette fois-ci, ce à quoi nous avons assisté relève plutôt d'une logique en vertu de laquelle c'est l'État-patron qui voulait poursuivre sur sa lancée contre ses salarié.e.s syndiqué.e.s. Cette fois-ci, il a heurté un mur de résistance qui s'est solidifié avec le temps, mais ce mur de résistance n'a pas conduit les troupes syndicales sur une victoire historique.

6.1 La FAE

Il y a des syndiqué.e.s affilié.e.s à la FAE qui ont réalisé à l'occasion de la ronde de négociation 2022-2023 que le syndicalisme professionnel auquel elles et ils adhèrent et s'identifient doit lui aussi recourir, à l'occasion, à des moyens d'action un peu plus bruyants et un peu plus dérangeants pour faire entendre leur voix et faire valoir leurs revendications auprès de l'État-patron. Ce n'est pas en effectuant principalement du piquetage devant les seuls lieux de travail que les grévistes ont obtenu dans l'histoire de grands changements sociétaux. La lutte en appui aux revendications pour l'amélioration des conditions de travail et de rémunération d'une main-d'œuvre hautement qualifiée suppose, elle aussi (et surtout en raison du gouvernement caquiste qui fait de l'économie un dogme inébranlable et incontournable), un plan d'action qui s'appuie sur des manifestations qui ont pour effet de perturber la circulation des marchandises et de ralentir la circulation routière et éventuellement, qui sait, la réalisation d'autres coups d'éclat ou des gestes plus spectaculaires.

Jadis occupation qui comptait sur la vocation et surtout qui était très faiblement rémunérée, le métier d'enseignante et d'enseignant s'est au fil des ans professionnalisé. C'est surtout durant la période couverte entre les années soixante et surtout durant la décennie des années soixante-dix que les enseignant.e.s ont vu leurs émoluments croître et gagner en importance. La crise du début des années quatre-vingt a eu un effet dévastateur pour l'ensemble des salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP et en particulier celles et ceux de l'éducation. C'est à partir de ce moment que l'école publique va se voir mise à mal par les gouvernements qui se sont succédé à Québec. La masse salariale sera surveillée de près et mise sous pression. En règle générale, de la fin des années soixante-dix à aujourd'hui, les augmentations salariales ne dépasseront pas le taux d'inflation. De plus, d'une ronde de négociation à l'autre, l'État-patron va exiger d'inclure dans les conventions collectives (négociées ou décrétées) des mesures de flexibilité et de souplesse. C'est d'ailleurs exactement ce que le premier ministre François Legault a réclamé de la part des enseignant.e.s, toujours plus de « souplesse » et toujours plus de « flexibilité ». Comme si, par magie ou par enchantement, ces deux mots avaient le pouvoir de tout redresser ce qui s'est dégradé et détérioré par négligence délibérée ou par choix politiques de la part du gouvernement. Mentionnons que ces mesures dites de « souplesse » et de « flexibilité » ont parfois été imposées unilatéralement (pensons ici aux décrets-lois de 1982-1983 ou de 2005) ou elles ont été négociées dans un cadre où l'État-patron s'est donné un cadre législatif avantageux (réforme du régime de négociation en 1985, projet de loi 102 en 1993, réduction des coûts de main-d'œuvre en 1996-1997, projet de loi 100 en 2010, cadre budgétaire qualifié « (d')immuable » par certains politiciens ou de « rigide » ou « d'austère » par les syndicalistes). Ces nouvelles dispositions de « souplesse » et de « flexibilité » apparaissaient en fin de négociation et étaient posées comme des mesures à inclure dans une supposément « Entente de principe » négociée par les parties, alors qu'il s'agissait de mesures imposées par l'État à un moment où la partie syndicale se retrouvait en fin de parcours, souvent le dos au mur.

En ce moment, il y a une pénurie d'enseignantes et d'enseignants en raison du fait que cette profession a été largement dévalorisée au cours des 40 dernières années. Voilà pourquoi ce milieu professionnel a été au fil du temps déserté. La pénurie de main-d'œuvre qu'on y retrouve s'explique également en partie par le fait qu'il s'agit d'une profession où les conditions d'exercice du métier sont particulièrement difficiles et où la permanence vient après de trop nombreuses années d'attente impatiente. Voilà un peu pourquoi il existe des difficultés réelles de recrutement dans ce lieu qui se spécialise dans l'instruction des connaissances de base, la transmission du savoir et la formation professionnelle. Pas étonnant que la rétention du personnel soit en chute libre dans ce secteur de l'activité sociale et culturelle qui doit apparaître en tout temps comme prioritaire pour un gouvernement[7]. Nous devons nous dire que ce n'est pas avec des mots creux, hérités du néolibéralisme (« flexibilité », « souplesse »), qu'il sera possible de juguler l'hémorragie qu'on observe chez les enseignant.e.s. Leur charge de travail doit être revue à la baisse. La composition de la classe doit faciliter les conditions d'exercice du métier de pédagogue et la précarité dans les statuts d'emploi doit être éradiquée. Il y a une limite à vouloir disposer d'une main-d'œuvre flexible, mobile, qui de surcroît n'a aucune véritable sécurité d'emploi et garantie de revenu. A-t-on oublié en haut lieu que les personnes qui veulent devenir enseignant.e.s s'endettent parfois énormément durant leur formation collégiale et universitaire ?

6.2 Sur la manière de négocier du premier ministre Legault

Nous avons été en mesure de constater qu'il existe une manière de négocier à la François Legault. Il prétend que la solution aux problèmes mène à peu de mots-clés, comme « souplesse » et « flexibilité ». Tout au long du processus de négociation, il accuse les syndicats d'être à l'origine de tous les maux et de manquer d'ouverture. Il ajoute que les choses sont difficiles parce que les services publics sont administrés par les syndicats et non par les administrateurs et les administratrices. Et même en cours de négociation, il promet de nouveaux dépôts qui n'en sont pas vraiment par rapport au précédent. Bref, il s'organise pour gagner du temps. En cas d'arrêt de travail, il laisse pourrir la situation. Il fait des déclarations, durant le processus de négociation, qui lui sont dictées par ses conseillères et ses conseillers en communication, que cela soit vrai ou non. Tout au long du processus de négociation, il crée des illusions. Cette fois-ci, par contre, il a proposé un contrat de travail accompagné d'une hausse salariale qui dépassait le cadre du 2% par année fortement recommandé par la Banque du Canada depuis le début des années quatre-vingt-dix. Ce qui a eu pour effet d'en appâter plusieurs du côté syndical. Mais n'oublions pas qu'à terme, inévitablement, la voie privilégiée par le chef caquiste est celle du désenchantement et pour le moment le désenchantement est apparu, comme nous l'avons vu ci-haut, très vite, à très « court terme » même. Dans la joute politique, François Legault fait beaucoup dans la théâtralité non pas comique, mais plutôt sombre et dramatique.

6.3 Les clauses remorques

Nous maintenons que les salarié.e.s syndiqué.e.s des SPP ne sont plus à l'avant-garde de la lutte syndicale depuis la fin des années soixante-dix. Indépendamment de ce fait, il y a par contre certaines conventions collectives, dans les universités en particulier, qui sont accompagnées d'une clause remorque à ce qui sera conclu sur le plan salarial entre l'État employeur et les organisations syndicales des SPP (la « Politique salariale du gouvernement » [PSG pour les intimes]). Il serait de bon ton que les syndicats qui jouissent d'une telle clause, sans avoir à livrer bataille, versent une partie de leurs cotisations syndicales en don de solidarité à celles et ceux qui se mettent en grève sans avoir les moyens de se constituer un Fonds local de défense professionnelle digne de ce nom. Nous pensons plus particulièrement aux employé.E.s de soutien syndiqué.e.s dont les revenus sont encore inférieurs à 50 000$ par année. Ces syndiqué.e.s méritent d'être concrètement soutenu.e.s financièrement par-delà des messages écrits de solidarité, surtout quand elles et ils se mettent en grève pour elles-mêmes et eux-mêmes et par ricochet, pour d'autres.

6.4 Avant de conclure, un mot sur la grève en tant que moyen de pression et sur la durée des conventions collectives dans les secteurs public et parapublic

Lors de cette ronde de négociation, le droit de grève, qui jouit pourtant d'une reconnaissance constitutionnelle au Canada depuis 2015, a été remis en question, surtout en éducation. D'un côté, des voix se sont élevées en vue de restreindre l'exercice de ce moyen de pression dans « l'intérêt des enfants » et de l'autre côté, un ex-porte-parole syndical y est allé d'une prédiction délirante à l'effet que ce moyen de pression était « brûlé pour les trente prochaines années ». De deux choses, l'une, nous vivons dans une société libre au sein de laquelle le travail est libre. Qui dit liberté ici, dit également le droit de refuser d'effectuer sa prestation de travail, surtout lors du renouvellement de la convention collective dont la durée s'étend maintenant sur une période de cinq ans. Ensuite, à l'opposé, le travail est obligatoire et doit être effectué d'une manière continue et ininterrompue ; ce qui correspond à une forme nouvelle d'assujettissement ou de captivité. À une époque, pas trop lointaine, le gouvernement du Québec soutenait que ce qui nous distinguait des régimes totalitaires résidait dans la reconnaissance et l'exercice du droit de grève. Autre temps, autres mœurs.

Lors de l'imposition en 2005 des décrets dans les secteurs public et parapublic, le premier ministre de l'époque, Jean Charest, se vantait d'avoir modifié la durée des conventions collectives les faisant passer de trois à cinq ans. Depuis, les organisations syndicales réclament toujours en début de négociation un contrat de travail de trois ans. Avec l'entrée en vigueur de cette norme quinquennale, il n'y a eu qu'un seul contrat de travail de trois ans, soit celui de 2019 à 2022. Il faut croire que les deux parties ici, gouvernement et syndicats, trouvent leur compte dans une convention collective de cinq ans. Cela peut permettre autant du côté gouvernemental que syndical de la prévisibilité sur le plan budgétaire. Mais pour les salarié.e.s syndiqué.e.s, cela peut correspondre à un étirement dans le temps d'un mauvais traitement salarial.

6.5 Au sujet du RREGOP

Avec le temps des modifications qui ciblent des groupes particuliers ont été apportées au RREGOP. Ce régime comporte des dispositions de plus en plus spécifiques pour des personnes retraitées qui effectuent un retour au travail dans les SPP et des salarié.e.s sur la liste de rappel (à temps partiel), de plus de 69 ans. De plus, les personnes qui restent au travail après 69 ans ou 71 ans ne voient pas leur rente bonifiée, comme c'est le cas avec le Régime des rentes du Québec (8% par année, jusqu'à un maximum de 40%) ou le régime de la Sécurité de la vieillesse du Canada (6% par année, jusqu'à un maximum de 30%). Il s'agit là d'une situation qui s'apparente à un fromage emmenthal. Les trous ici s'avèrent par contre complètement indigestes, donc insoutenables et indéfendables.

6.6 Sur l'avenir du Front commun

Nous n'avons pas la possibilité de prédire l'avenir. Y aura-t-il d'autres fronts communs dans les SPP ? Front commun partiel ou unitaire ? Nul ne le sait, une chose par contre semble exclue : un Front commun à la base. Ce projet nous semble lointain en raison du fait que le syndicalisme qui se pratique aujourd'hui en est un qui est centralisé et bureaucratisé. Les appareils des organisations syndicales sont disponibles pour une certaine unité d'action et de revendications communes, mais pas trop intéressés à céder le contrôle de la négociation et de l'action à leurs membres à la base. Phénomène qui a pour non la « Loi d'airain de l'oligarchie ». N'oublions pas que c'est une élite oligarchique qui dirige les organisations syndicales.

7.0 Pour conclure…

Nous maintenons qu'il est toujours trop tôt pour effectuer un bilan final de la ronde de négociation 2022-2024 dans les SPP. Ce n'est qu'au terme de la nouvelle convention collective qu'il sera possible d'effectuer un tel exercice et de constater si le pouvoir d'achat a été pleinement protégé et si les écarts avec les salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs privés et autres secteurs publics ont été réduits, éliminés ou accrus.

Les « promesses » ministérielles de l'époque de la réforme du régime de négociation dans les secteurs public et parapublic de 1984-1985 se sont avérées correspondre à un miroir aux alouettes. Il n'y a jamais eu de « Nouvel équilibre » entre les parties qui négocie. Les dés ici sont pipés à l'avantage de l'État-patron qui préfère ajouter, année après année, aux effectifs plutôt que de rémunérer adéquatement la totalité de ses salarié.e.s syndiqué.e.s.

Il s'agit probablement ici d'un de nos derniers écrits sur les négociations dans ces secteurs de notre conflictualité sociale. Secteurs où la négociation collective est d'apparition récente (les années soixante du siècle dernier). Ce qui nous amène à un certain nombre d'observations à portée un peu plus abstraite.

7.1 Sur l'histoire…

L'histoire est une discipline tiraillée par différents courants d'analyses diamétralement opposés allant du déterminisme le plus rigide à la contingence la plus floue. L'histoire a donné lieu jusqu'à maintenant à de solides mouvements progressistes d'opposition victorieux, comme au triomphe de la réaction. Les réformes en faveur du plus grand nombre sont parfois suivies de retournements et de contre-réformes où les privilèges de la minorité possédante, dominante et dirigeante, se retrouvent rétablis. Bref, l'histoire se fait à travers des mouvements contradictoires et surtout de convulsions inévitables. Il arrive souvent que la personne qui se pose en historienne ou historien des événements ne soit qu'une observatrice ou un observateur externe de ces endroits où se dénouent les tensions. Dans ces circonstances, en tant qu'observatrice ou observateur de ces événements pour lesquels elle et il a nécessairement un parti-pris, ses possibilités d'errance et de divagation sont nombreuses. Les personnes qui proposent des analyses des négociations dans les SPP (et nous en sommes) ne maîtrisent pas toujours, hélas, la totalité des éléments qui font cette histoire. Il est donc possible ici d'en échapper plusieurs faits ou événements importants. Voilà un peu pourquoi il n'est possible que de dessiner un tableau partiel et partial de ces négociations, sans vraiment atteindre une vue d'ensemble des résultats significatifs. Qui, à partir de l'extérieur, peut prétendre être assuré d'un contact adéquat avec la réalité ? Pas l'auteur des présentes lignes en tout cas.

7.2 Sur le triangle dramatique…

Il est souvent arrivé dans l'histoire des négociations dans les SPP qu'on observe deux moments complètement opposés : celui de la présentation aux membres d'une « Entente de principe » et celui de l'élaboration du « Cahier des demandes ». Voilà deux moments qui contrastent entre un moment quasi jubilatoire et un moment déprimant à souhait ; un moment qui s'accompagne d'une invitation à adopter un supposément alléchant contrat de travail et un autre qui donne lieu à une dénonciation en règle de l'entente négociée par les porte-parole syndicaux et adoptée par les membres, car elle aurait contribué à l'appauvrissement des salarié.e.s syndiqué.e.s. Un phénomène qui a été conceptualisé en psychologie sous la notion de « Triangle dramatique » (victime, bourreau et sauveur). L'histoire des négociations dans les SPP nous illustre à merveille, jusqu'à maintenant, qu'il n'y a pas eu de « Sauveur suprême » ou de « Victoire finale » dans le camp syndical. Comment en effet supposer une telle tournure quand la solidarité n'y est plus, à part quelques slogans et l'action des personnes les plus impliquées, quand la mobilisation repose sur une poussée émotive éphémère et non sur des convictions ou des principes, quand l'autre est vu comme une compétitrice ou un compétiteur du monde du travail et non une alliée ou un allié, quand le monde syndical lui-même est divisé et non uni ?

L'histoire est possiblement un inépuisable mouvement de convulsions interminables, dont la finalité et la totalité de ce qui la compose nous échappent encore… Nous laissons maintenant à d'autres le soin de suivre, de commenter et de vaticiner, sur une base régulière ou périodique, cet aspect majeur de notre vie collective.

Yvan Perrier

3 novembre 2024

2h50 AM

yvan_perrier@hotmail.com

Annexe I

Certaines questions à prendre en considération en vue de la production d'un bilan critique des négociations dans les secteurs public et parapublic[8]

Nous laissons dorénavant à d'autres le soin de couvrir les grands aspects des négociations dans les secteurs public et parapublic. Nous entendons ici tout ce qui s'est produit durant la période allant de « La Reine ne négocie pas avec ses sujets » à aujourd'hui et qui est en lien avec ce qui est énuméré ou mentionné dans les prochains paragraphes.

Le secteur public et parapublic au Québec est un lieu au sein duquel se pratique un syndicalisme incontestablement féministe, mais inévitablement, également, corporatiste puisque ce syndicalisme porte des revendications en lien avec le salaire et le monétaire. Il s'agit donc d'un lieu où se posera nécessairement la question de l'équité salariale et également de la relativité salariale. Il y est également question d'enjeux en lien avec la Question des femmes.

Dans cette histoire des négociations dans les secteurs public et parapublic il y a eu, au départ, la réforme du régime de négociation en 1964-1965 et les six premières rondes de négociation (époque qui a vu surgir la notion de « Psychodrame social triennal »). Ensuite, l'adhésion des membres de la classe dirigeante au néolibéralisme et la ronde dramatique de la non-négociation de 1982-1983. La réforme du régime de négociation en 1984-1985 et les 14 rondes qui ont suivi ont été fortement marquées par la lutte prioritaire du gouvernement à l'inflation, la crise des finances publiques et la lutte au déficit budgétaire. Il y a eu, depuis les années quatre-vingt-dix, l'imposition d'un maximum d'accroissement de 2% par année de la masse salariale (alignement fortement suggéré par la Banque du Canada en vue de contenir l'inflation dans une fourchette cible [entre 1 et 3% par année]).

Qu'en est-il de la question des alliances intersyndicales (Front commun ou non) lors des négociations ? Des moyens d'action du côté syndical ? Des déclarations ministérielles qui ont pour effet de discréditer les revendications syndicales (« les Gras durs », « nos Anges gardiens », « les Bons à rien ») ?

Qu'en est-il de la position des acteurs suivants : les partis d'opposition durant ces négociations ; les éditorialistes ; la couverture médiatique des années 1970 à aujourd'hui (une couverture de plus en plus diluée et superficielle spécialement à l'ère des médias sociaux et des plates-formes de diffusion électronique ; les liens entre les organisations syndicales et les organisations de la société civile ; les sondages d'opinion publique) ?

Qu'en est-il des aspects suivants lors de ces rondes de négociation : les dossiers syndicaux de préparation de la négociation et des demandes ? Les moyens de pression (la grève / la menace au recours à une loi spéciale) ? L'Entente de principe ? La présentation du résultat de la négociation en lien avec les gains / les pertes ; comment apprécier les gains de la présente ronde de négociation ? L'adhésion ou non des membres aux ententes de principe ? La poursuite de la négociation avec les syndicats qui ont rejeté l'Entente de principe ? Les résultats : la valeur de la force de travail ; la protection du pouvoir d'achat ; la durée du contrat de travail (3 ans, 5 ans ou plus ?) ; la précarité (en croissance ou en régression ?) ; la privatisation ou non des services ? Qui a gagné (l'État-patron ou la partie syndicale ?) ; qu'en sera-t-il de la qualité et de la quantité des services à la population ? Qu'en sera-t-il des conditions d'exercice et de pratique dans les secteurs public et parapublic ? Qu'adviendra-t-il des problèmes de pénurie ? D'attraction, de recrutement et de rétention du personnel ? Qu'en sera-t-il également de la concurrence en provenance des agences de placement dans le réseau de la santé ?

Que dire au sujet de la lenteur des négociations avec les syndicats du Nord-du-Québec ?

Une fois la négociation terminée, comment l'État-patron applique-t-il les dispositions du contrat de travail ? Avec diligence et célérité ou en se traînant les pieds et en prenant tout son temps ?

Etc.

Manifestement, tout se meut, rien n'est jamais acquis une bonne fois pour toutes surtout dans le champ des relations de travail et des rapports collectifs de travail…

Annexe II

Sur deux citations à méditer dans le cadre d'une démarche critique

La première :

« […] beaucoup de nos citoyens qui n'acceptent pas de voir le gouvernement négocier des conventions collectives puisqu'il devrait, au nom de l'intérêt public, décréter quelles devraient être les conditions de travail de ses employés. Mais nous ne souscrivons pas à cette opinion, d'abord parce que, en s'astreignant à négocier des conventions collectives, le gouvernement a ainsi permis à ses employés de faire entendre leurs voix, car il est toujours tentant pour un gouvernement d'annoncer de nouveaux programmes, d'annoncer de nouvelles activités et de nouvelles subventions et même d'en arriver peut-être à oublier de rémunérer correctement ses employés, et c'est ce qu'on a connu pendant des années où les employés du secteur public étaient les plus mal payés de la société. Ils devaient consacrer leur vie à l'éducation, à soigner la population et, néanmoins, nos gouvernements, dans le passé, ne respectaient pas leur dévouement à notre service et ne les payaient pas un salaire décent. »

4307

Yves Bérubé

Québec (province). Assemblée nationale : Journal des débats. Troisième session – 32e Législature, Vol. 26 No 68. 7 juin 1982.

La deuxième :

« [65]

[…]

Dans Re British Columbia Railway Co. and General Truck Drivers and Helpers Union, Local No. 31 (non publiée, le 1er juin 1976), le président Owen Shime a exposé ce que l'on considère maintenant comme les six critères pour évaluer l'équité des règlements salariaux des employés du secteur public régis par des conventions collectives. La liste des considérations qu'il a dressée, résumée dans Workplace Health, Safety and Compensation Commission (Re), [2005] N.B.L.E.B.D. No. 60 (QL), comprenait les critères suivants qui sont particulièrement pertinents en l'espèce :

[traduction] [l]es employés du secteur public ne devraient pas être tenus de subventionner la collectivité ou le secteur d'activité dans lequel ils travaillent en acceptant des salaires et des conditions de travail médiocres. [. . .] [t]out compte fait, si la collectivité a besoin d'un service public et l'exige, ses membres doivent assumer ce qu'il en coûte nécessairement pour offrir des salaires justes et équitables et ne pas s'attendre à ce que les employés subventionnent le service en acceptant des salaires médiocres. S'il est nécessaire d'économiser pour atténuer le fardeau fiscal, il faudrait le faire en réduisant certains éléments du service offert, plutôt qu'en réduisant les salaires et les conditions de travail.

[. . .]

. . . Il faut prendre en compte les taux de rémunération des travailleurs qui accomplissent les tâches similaires dans d'autres domaines d'activité, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Quelles comparaisons peuvent être faites avec ce qui existe dans d'autres secteurs de l'économie ? [. . .] [q]uelles tendances peut‑on observer dans des emplois semblables dans les entreprises du secteur privé ? [par. 26]

[…]

[67] La Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations de l'Organisation internationale du travail (OIT) peut également nous éclairer sur cette question. Selon la Commission, même en pleine crise financière, il y a des limites aux restrictions que les gouvernements peuvent imposer aux salaires du secteur public qui font l'objet de conventions collectives (Bureau international du Travail, La négociation collective dans la fonction publique : Un chemin à suivre (Conférence internationale du Travail, 102e session, 2013), p. 132‑133). Fait important également, l'OIT a reconnu un principe général selon lequel « les limitations à la négociation collective de la part des autorités publiques devraient être précédées de consultations avec les organisations de travailleurs et d'employeurs en vue de rechercher l'accord des parties » (La liberté syndicale : Recueil de décisions et de principes du Comité de la liberté syndicale du Conseil d'administration du BIT (5e éd. (rév.) 2006, par. 999).

La juge Abella

Robert Meredith et Brian Roach c. Procureur général du Canada. [2015] 1 R.C.S., p. 65 et 67.

[1] Le taux de participation à ce vote s'élevait à environ 75%.

[2] https://www.pressegauche.org/La-7e-ronde-de-negociation-de-1985-1986-Texte-11?var_mode=calcul ; https://www.pressegauche.org/Regime-de-negociation-factice-et-services-essentiels-de-1985-1986-a-1999. Consulté le 2 novembre 2024.

[3] https://secteurpublic.quebec/version-complete-des-details-sur-lentente-de-principe/. Consulté le 2 novembre 2024.

[4] Les demandes syndicales peuvent être consultées sur les sites suivants : https://www.frontcommun.org/communique-font-commun-depose-revendications/ ;

https://www.lafae.qc.ca/public/file/communique-FAE-depot-demandes-syndicales.pdf ;

http://affilies.fiqsante.qc.ca/cantons-de-lest/dossier/negociation-nationale/ ;https://www.sfpq.qc.ca/nouvelles/2023-03-28-les-fonctionnaires-deposent-leurs-demandes-syndicales/ et https://spgq.qc.ca/wp-content/uploads/2024/04/ARQ_Nego2024_Cahier-de-demandes_2024-02-21.pdf.

[5] https://www.tat.gouv.qc.ca/uploads/tat_registres/1382156.pdf. Consulté le 2 novembre 2024.

[6] Allusion au slogan « Nous le monde ordinaire » du premier Front commun de la ronde de négociation de 1971-1972.

[7] Remarque en marge ici : que vaut l'éducation aux yeux de nos gouvernements actuels ? Si l'intention est de créer seulement des travailleur.euse.s, pourquoi ne pas modifier en conséquence l'orientation même de l'enseignement de façon à fournir en série la main-d'oeuvre désirée par les entreprises. Pourquoi ne pas compartimenter dès le primaire les groupes d'élèves en les orientant vers leur travail de demain, ce qui éliminerait les décrochages et les mèneraient plus rapidement sur le marché du travail, au grand plaisir de certaines personnes incapables d'avoir une vision pertinente de l'instruction et de l'éducation. Mais est-ce vraiment cette vision réductrice et utilitariste qui doit être privilégiée pour l'avenir ? Est-ce que l'État s'est détourné de sa voie d'être, étant à ce point obnubilé par l'économie ? Ne veut-il plus de citoyen.ne.s instruit.e.s et complet.ète.s ? En tuant la vocation d'enseignant.e, il n'est plus question d'intégrer les jeunes dans la vie sociale, collective et politique, mais simplement de les faire entrer dans le marché, dans le monde du travail. Si cela est véritablement l'intention désirée, alors faisons seulement de la population des travailleur.euse.s ignares du monde et de sa complexité ! Des êtres qui se foutent de la politique (c'est déjà bien commencé), qui ne voient aucun intérêt à leur rôle d'électeur.trice.s ! Mais, pour notre part, ce n'est surtout pas ce que nous souhaitons ou voulons.

[8] Voir également les deux textes suivants : https://www.pressegauche.org/Vingt-questions-aux-porte-parole-du-Front-commun-intersyndical-CSN-CSQ-FTQ-APTS. ; https://www.pressegauche.org/Premiers-elements-en-vue-d-un-bilan-sous-la-forme-d-une-entrevue-avec-L-Etoile. Consulté le 3 novembre 2024.

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COP16 : un échec cuisant sur le financement

5 novembre 2024, par Sarah Krakovitch — , ,
Après d'intenses négociations, la COP16 s'est achevée avec l'obtention de textes inédits notamment sur les peuples autochtones, mais aucun accord financier n'a été trouvé. (…)

Après d'intenses négociations, la COP16 s'est achevée avec l'obtention de textes inédits notamment sur les peuples autochtones, mais aucun accord financier n'a été trouvé.

4 novembre 2024 | tiré de reporterre.net | Photo : La présidente de la COP16 et ministre de l'Environnement colombienne Susana Muhamad (au centre) assiste à la dernière séance plénière de la COP16 à Cali, en Colombie, le 2 novembre 2024. - © AFP / Joaquin Sarmiento
https://reporterre.net/COP16-biodiversite-les-Etats-echouent-a-trouver-un-accord-sur-le-financement

Combien de fois a-t-on entendu depuis l'ouverture de la COP16, le 21 octobre, qu'il ne restait que six ans pour appliquer les 23 objectifs de l'accord de Kunming-Montréal, adopté en 2022 ? Combien de scientifiques, représentants d'ONG, de peuples autochtones et de la société civile se sont époumonés pour rappeler l'urgence ? À Cali, en Colombie, tout le monde semblait prévenu de l'état alarmant de la biodiversité, et prêt à en découdre. Mais il aura fallu attendre les tout derniers instants de la COP16 pour que certaines des questions les plus épineuses soient tranchées.

Il faisait déjà nuit noire depuis bien longtemps le 1er novembre lorsque l'assemblée réunie en plénière a finalement mis les pieds dans le plat, après des heures passées à disserter sur les crochets d'une dizaine de textes annexes. Sur les coups de 5 heures du matin, le partage « équitable et juste » des bénéfices tirés des ressources génétiques numériques (DSI en anglais) a finalement été adopté, après plusieurs objections de l'Inde ou du Japon, sous une pluie d'applaudissements, réveillant ceux qui commençaient à piquer du nez.

Prélevées par les industries pharmaceutiques, agricoles, cosmétiques et biotechnologiques, elles sont souvent récoltées dans les pays en développement mais bénéficient aux pays développés. Le texte adopté stipule que les entreprises qui utilisent ces ressources devront verser 0,1 % de leur revenu ou 1 % de leurs bénéfices dérivés des données génétiques de la nature au nouveau « Fonds Cali », sur la base de contributions volontaires. Des délégations comme le Canada et le Chili ont salué un accord historique, tandis que le représentant du Brésil a rappelé le bras de fer habituel sur cette question, pointant les pays du Nord qui « pillent les richesses des pays en développement ».

Un nouveau statut pour les peuples autochtones

« C'est une avancée majeure, nous étions inquiets de voir des pays comme la France défendre des entreprises qui piochent dans la nature depuis des décennies sans jamais rétribuer les populations autochtones qui en prennent soin », commente Arnaud Gilles, responsable diplomatie verte du WWF France. Rapport au fait que ce fonds, sous la garde de l'Organisation des Nations unies (ONU), répartira ensuite l'argent entre les pays en développement et les peuples autochtones.

Ces derniers se sont réjouis de cette décision, quelques heures après avoir célébré dans la salle bondée de la séance plénière le premier accord majeur de la soirée : la création d'un organe permanent de la Convention sur la diversité biologique (CDB) représentant les peuples autochtones et les communautés locales. Hautement plébiscité par ces derniers, cet organe leur permettra d'avoir un statut renforcé dans les futures négociations. Joseph Itongwa, coordinateur d'un Réseau mondial des populations autochtones et locales, rappelle qu'il y a « un lien entre les peuples autochtones, l'utilisation des ressources et la pérennité de la biodiversité. Et que créer cet organe permet de le renforcer ».

Lire aussi : COP16 : « Il y a des peuples indigènes, mais c'est surtout une foire commerciale »

L'émotion était immense pour les peuples autochtones, venus en grand nombre assister à ce moment qui « marquera l'histoire de la COP », certifie Camila Paz Romero, leur porte-parole dans la salle. « Ce nouvel organe subsidiaire est une référence pour le reste du monde, il montre que les partis reconnaissent la nécessité constante de notre participation. » La présidente de la COP16 et ministre de l'Environnement colombienne Susana Muhamad n'a pas non plus caché sa joie depuis l'estrade, brandissant un bâton traditionnel autochtone. En tant que ministre, cette décision représente pour elle une victoire nationale, une promesse politique tenue. Et un épilogue heureux pour cette COP16 surnommée « Paix avec la nature ».

Cinq minutes plus tard, l'assemblée a adopté l'autre promesse faite par la présidence colombienne, dans une salle tout aussi émue : la reconnaissance des communautés d'ascendance africaine dans le texte de la CDB. Le consensus ne semblait pourtant pas évident sur ce sujet mis sur la table par la Colombie et le Brésil durant la première semaine de la COP16, auquel une partie du groupe Afrique s'était opposé, arguant que cette question n'avait « rien à faire » au sein de cet article.

Pas de décision sur le financement de la nature

Les 196 délégations repartent en revanche sans avoir tranché sur un point essentiel des négociations de la COP16 : la stratégie financière, soit les milliards nécessaires à la préservation de la biodiversité. Des besoins qui s'élèvent à au moins 20 milliards de dollars (18 milliards d'euros) de transferts des pays développés vers les pays en développement par an d'ici 2025, et au moins 30 milliards d'ici 2030, d'après le cadre de Kunming-Montréal.

Le texte associé, qui devait être examiné par l'assemblée, n'a été remis aux parties qu'à 3 heures du matin, pendant les discussions. Au point que certains observateurs s'interrogeaient sur la bonne volonté de la présidence de vouloir trancher cette question. Ce texte ouvrait notamment la voie à la création d'un nouveau fonds, réclamé par les pays du Sud et notamment le groupe Afrique, qui considèrent que le fonds actuel est difficile d'accès et pas favorable à leurs intérêts. Ce fonds est d'ailleurs aujourd'hui « davantage attribué aux pays émergents comme le Brésil ou la Chine », rappelle Juliette Landry, spécialiste de la gouvernance et des négociations internationales sur la biodiversité à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Lire aussi : Biodiversité : les pays riches rechignent à réparer les dégâts

Safiya Sawney, ambassadrice envoyée pour le climat de l'île caribéenne Grenade, rappelle que le problème réside aussi dans la considération qu'ont les pays du Nord pour des pays vulnérables comme le sien. « Les pays développés ont une responsabilité. Et si ces problèmes d'accès ne sont pas réglés, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs mondiaux. » Les pays développés, hostiles à la multiplication des fonds, estiment pour leur part que le mécanisme actuel, hébergé par le Fonds mondial pour l'environnement, fonctionne déjà bien.

Finalement, c'est le représentant du Panama qui a mis un terme aux dix longues heures de séance et provoqué le coup de marteau final, en faisant remarquer que le nombre de délégués encore dans la salle était désormais insuffisant pour constituer le quorum et continuer de débattre sur cette importante question. David Ainsworth, le porte-parole de la CDB, a annoncé que la clôture formelle des travaux de la COP16 serait donc reportée à une date ultérieure.

Interdépendance climat-biodiversité

Cette soirée aura aussi été marquée par l'adoption d'un texte essentiel qui place la biodiversité au même niveau que la décarbonisation et le changement climatique. Un symbole important pour donner le flambeau à un autre pays d'Amérique latine, le Brésil, qui accueillera la COP30 sur le climat à Belém l'an prochain. Alors que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) affirme dans ses travaux que le changement climatique est une des causes majeures directes du déclin de la biodiversité, cette décision devra permettre de créer des synergies pour résoudre ces crises.

Parmi les autres avancées notables, on retiendra aussi le texte sur les zones marines d'importance écologique ou biologique, fruit d'un processus de négociations de huit ans, pour l'identification et la cartographie des aires marines à protéger. « C'est important, au moment où le traité sur la haute mer entre en vigueur, car nous cherchons à protéger des zones océaniques situées au-delà de la juridiction nationale », précise Pepe Clarke du WWF. À l'heure actuelle, seulement 8,4 % des zones marines et côtières font l'objet d'une forme de protection, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Alors que seuls 44 des 196 pays ont établi un plan national pour enrayer la perte de biodiversité, et que 119 ont soumis des engagements sur tout ou partie des objectifs, la délégation française regrette qu'un cadre de suivi « clair » permettant de suivre les progrès des États. De leur côté, les ONG placent de grands espoirs sur la prochaine édition, qui devra faire un bilan sur les avancées. Rendez-vous donc à Erevan en Arménie, désignée pour accueillir la COP17 en 2026 face à son ennemi historique l'Azerbaïdjan. Une preuve de plus, s'il en fallait, que ces conférences onusiennes sont éminemment politiques.

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La résistance est un combat juste : sur la lutte palestinienne pour la liberté et sa persistance depuis des décennies

La lutte pour la libération des Palestiniens, qui dure depuis des décennies, est l'un des combats les plus justes du monde d'aujourd'hui. Les moyens utilisés par certains (…)

La lutte pour la libération des Palestiniens, qui dure depuis des décennies, est l'un des combats les plus justes du monde d'aujourd'hui. Les moyens utilisés par certains d'entre eux sont parmi les plus abominables.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière. Publié à l'origine dans Haaretz.

Les moyens qu'Israël emploie contre eux sont tout aussi abominables, et parfois même plus encore, en tout cas d'un point de vue quantitatif.

Les Palestiniens recourent à un terrorisme odieux comme moyen de parvenir à une fin juste et, dans le cas du Hezbollah et du Hamas, également à des fins manifestement injustes, celles du fondamentalisme religieux. Le terrorisme est l'arme des faibles et des désespéré.e.s, ce qui ne lui confère pas nécessairement une légitimité.

Israël utilise sa formidable puissance militaire pour éliminer leurs droits et leur résistance. Le fait qu'il le fasse en utilisant une armée, et non une organisation terroriste, ne rend pas ses actions légitimes. La plupart des actions qu'il a menées l'année dernière n'étaient pas légitimes.

Les propos récents du rédacteur en chef de Haaretz, Amos Schocken, se sont inscrits dans ce contexte - qui, à mon avis, est parfaitement clair et n'a rien de problématique - et ils ont déclenché une tempête. La clarification qu'il a apportée par la suite, en déclarant que le Hamas n'appartenait pas à la catégorie des combattants de la liberté, aurait dû apaiser la tempête. Mais certains cherchent à l'amplifier.

Il y a ceux qui saisissent l'occasion de s'en prendre à Haaretz et qui veulent le voir disparaître. Le dernier organe de presse bien établi à avoir rapporté la vérité dans son intégralité, en particulier au cours de l'année écoulée, en irrite plus d'un, et ils ont maintenant l'occasion de se venger.

Mais la critique de la prise de position de Schocken a traversé les lignes de partage idéologiques. À droite, là où on voudrait voir un État avec une seule chaîne de télévision et un seul journal sous étroite surveillance, mais il y a eu aussi beaucoup de gens dans le camp opposé qui ont été choqués par les termes « combattants de la liberté palestiniens ». C'est là que devrait se situer le débat.

Ravit Hecht a écrit qu'il n'y a pas que l'Israël de Benjamin Netanyahou pour qualifier de terroristes ceux qui commettent des crimes contre l'humanité. « Nous, qui sommes des adversaires du kahanisme et de ce gouvernement qui prône la suprématie juive, nous les qualifions de la même façon. Parce que c'est ce qu'ils sont ».

Mais des crimes contre l'humanité sont aujourd'hui commis des deux côtés. Au vu de ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie, personne ne peut plus le nier. Israël est-il un État terroriste ? Ces actes commis par Israël ne lui retirent pas le droit de se défendre.

Il a ce droit, mais il n'a pas le droit d'utiliser les moyens qu'il emploie. Les Palestiniens ont le droit de lutter pour leurs droits et leur liberté, et ils ne doivent pas commettre de crimes contre l'humanité. La définition que donne Hecht de son camp, à savoir « les opposants au kahanisme et au gouvernement de la suprématie juive », altère également la vérité et enjolive le centre-gauche israélien. Israël n'a jamais eu de gouvernement qui ne soit pas un gouvernement de suprématie juive, parce qu'il n'a jamais eu de gouvernement qui ne soit pas sioniste.

Hecht et le camp qui est d'accord avec elle se trompent fondamentalement dans leur positionnement à l'égard de l'occupation et du sionisme. Voici comment Hecht décrit la situation : « Oui, les forces de sécurité israéliennes ont persécuté des Palestiniens innocents ... y compris des mineurs ... cela fait partie de la réalité tragique que constitue le fait de tenir un autre peuple sous son contrôle. »

Ce sont les forces de sécurité qui pratiquent le harcèlement, et non l'État d'Israël tout entier ; « souvent » au lieu de « toujours ». C'est là la substance même de l'écœurant « comme nous sommes beaux » du centre-gauche. Ce sont les « forces de sécurité » qui harcèlent, comme si elles étaient une entité séparée, indépendante, et non pas les héros et les « vaches sacrées » de tous les Israéliens, et en particulier du centre gauche.

La vérité est que nous sommes tous coupables, jusqu'à la dernière personne qui se réclame de la gauche, car ce ne sont pas les forces de sécurité qui harcèlent, mais bien l'État d'Israël ; et pas « souvent », mais toujours, en conformité avec ce qui constitue la définition même de l'occupation. Hecht et ses semblables croient encore en une occupation éclairée.

Si seulement les forces de sécurité pouvaient se livrer à des exactions un peu moins fréquentes, tout irait pour le mieux. Mais il n'y a pas d'occupation sans harcèlement. Le harcèlement est l'essence même de l'occupation. Une telle occupation provoque la résistance. Il n'y a jamais eu d'occupation qui n'ait pas provoqué de résistance. Cette résistance porte le nom de lutte pour la liberté, et il n'y a pas de lutte plus juste. Elle n'a pas d'autre nom.

Gideon Levy

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« Trump et le trumpisme »

5 novembre 2024, par Paul Le Blanc — ,
La politique de Trump a été qualifiée par certains de trumpisme. Avant d'examiner le trumpisme, faisons une pause pour considérer la médiocrité dont ce « isme » porte le nom. (…)

La politique de Trump a été qualifiée par certains de trumpisme. Avant d'examiner le trumpisme, faisons une pause pour considérer la médiocrité dont ce « isme » porte le nom.

30 octobre 2024 | tiré du site alencontre.org
http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/dossier-etats-unis-trump-et-le-trumpisme.html

L'ABC des qualités de Trump comprend certainement l'arrogance, ainsi que les trois B : bigot, bully, and braggart (bigot, tyran et vantard). La vantardise prend de nombreuses tournures : un « battant » qui s'autopromotionne et qui met compulsivement en avant ses réalisations, mais qui prétend aussi être allé plus loin et avoir obtenu plus que ce n'est le cas en réalité ; un ignorant qui glorifie son ignorance avec l'affirmation agressive « Je ne lis pas de livres ! », tout en prétendant en savoir bien plus qu'il n'en sait ; quelqu'un qui exagère l'estime que les gens lui portent et qui s'attribue les mérites d'accomplissements qui ne sont pas les siens. Son statut de milliardaire ajoute de la brillance, des ressources et de l'autorité à tout ce qui est lié à l'auto-construction narcissique de la personne qu'est Trump. Il est par nature, et avec beaucoup de fierté, un capitaliste, et ses trente-quatre condamnations pour crime font que beaucoup le qualifient d'escroc.

En avançant dans l'alphabet, certains critiques insistent sur le fait que Trump est un fasciste. D'autres se demandent s'il est suffisamment cohérent pour jouer le rôle d'un Benito Mussolini ou d'un Adolf Hitler. Le terme « fasciste » est certainement devenu une insulte librement utilisée pour qualifier des idées, des pratiques et des personnes que nous détestons. Trump lui-même l'utilise (en le mélangeant avec des termes tels que « marxistes », « communistes », « terroristes » et « personnes très nuisibles ») pour dénoncer les ennemis qui se cachent dans la salle du tribunal, dans les médias grand public, dans le gouvernement et dans le Parti démocrate.

A quel point Trump est-il discipliné et déterminé en tant que leader politique ? Il peut difficilement être comparé à un Winston Churchill ou à un Ronald Reagan, et encore moins à un Mussolini ou à un Hitler. « Au printemps 2020 », selon Maggie Haberman, chroniqueuse au New York Times, « il était devenu clair pour nombre de ses principaux conseillers que l'impulsion de Trump à miner les systèmes existants et à tordre les institutions pour les adapter à ses objectifs s'accompagnait d'un comportement fantasque et de niveaux de colère qui obligeaient les autres à essayer de le maintenir sur la bonne trajectoire presque à chaque heure de la journée ». [1]

Il est instructif d'examiner l'expérience de Steve Bannon, l'un des idéologues d'extrême droite les plus déterminés qui a servi de conseiller central dans la phase initiale de l'administration Trump en 2016. Michael Wolff [journaliste et écrivain qui traite de la politique états-unienne] a rapporté ce qui suit :

« Une partie de l'autorité de Bannon dans la nouvelle Maison Blanche consistait à être le gardien des promesses de Trump, méticuleusement consignées sur le tableau blanc de son bureau. Certaines de ces promesses, Trump se souvenait avec enthousiasme de les avoir faites, d'autres, dont il ne s'en souvenait guère, mais il était heureux de reconnaître qu'il les avait dites. Bannon a joué le rôle de disciple et a promu Trump au rang de gourou – ou de Dieu impénétrable. » [2]

Bannon a fini par être exaspéré et désabusé, réalisant que les détails du programme « populiste » de droite qu'il envisageait « étaient entièrement tributaires de l'inattention et des sautes d'humeur de Trump ». Bannon avait appris il y a longtemps que Trump « se fichait éperdument du programme – il ne savait pas ce qu'était le programme » [3]. [Sorti de prison ce mardi 29 octobre, après quatre mois d'emprisonnement, Steve Bannon a immédiatement fait campagne pour Donald Trump et mis en cause le processus électoral, à une semaine de la présidentielle américaine du 5 novembre – réd.]

Mais ce que l'on peut appeler le trumpisme transcende le dysfonctionnement de cet individu qui prend de l'âge. Plusieurs éléments essentiels contribuent à définir ce que nous appelons le trumpisme.

L'un de ces éléments a trait au caractère armé et dangereux des forces qui se sont rassemblées pour prendre d'assaut le Capitole le 6 janvier 2021, à savoir les Proud Boys, les Oath Keepers, des éléments militants du mouvement Tea Party, des partisans de l'ancienne Confédération du Sud et divers groupes nazis et suprémacistes blancs. Le général Mark Milley, alors chef de l'état-major interarmées, dans son carnet de notes de janvier 2021, a dressé la liste de ces groupes avec le commentaire suivant : « Grande menace : le terrorisme intérieur ». Selon Bob Woodward et Robert Costa du Washington Post : « Certains étaient les nouvelles Chemises brunes, une version états-unienne, conclut Milley, de l'aile paramilitaire du parti nazi qui soutenait Hitler. Il s'agissait d'une révolution programmée. La vision de Steve Bannon prend alors corps. Il faut tout abattre, tout faire exploser, tout brûler, et en ressortir avec le pouvoir. » [4] Ces éléments autrefois marginalisés étaient entrés dans le paysage politique et s'étaient considérablement développés, avec l'encouragement actif de Trump et d'autres personnes de son entourage. Mais cet individu rusé, avare et profondément borné, ainsi que ses acolytes n'étaient guère capables de les contrôler. En effet, dans son ensemble, l'énorme et hétérogène mouvement « Make America Great Again » ne peut être considéré comme étant sous sa coupe.[5]

Le « nationalisme chrétien » – qui rejette les idéaux de démocratie radicale inscrits dans la Déclaration d'indépendance et affirme que les Etats-Unis ont été fondés (comme l'a dit un télévangéliste) « par des chrétiens qui voulaient construire une nation chrétienne sur la base de la volonté de Dieu », selon la définition des fondamentalistes de droite qui considèrent la notion de démocratie fondée sur l'égalité des droits comme une hérésie incompatible avec le christianisme – se mêle à certains segments de ce groupe d'électeurs pro-Trump. Le néo-conservateur Robert Kagan [cofondateur avec William Kristol du think tank Project for the New American Century] a fait remarquer avec anxiété que « ce que les nationalistes chrétiens appellent le “totalitarisme libéral”, les signataires de la Déclaration d'indépendance l'appelaient la “liberté de conscience” ». Avec ou sans ce vernis religieux particulier, souligne Robert Kagan, une telle souche profonde d'intolérance antidémocratique fondamentale a été présente tout au long de l'histoire des Etats-Unis parmi des segments significatifs du peuple américain – reflétant des attitudes sectaires sur la race, l'appartenance ethnique, le genre et la religion.[6]

Un autre élément essentiel du trumpisme se trouve dans un groupe très différent d'entités et d'individus conservateurs, réunis dans le Projet 2025 de transition présidentielle de la Heritage Foundation. Fondée dans les années 1970, la Heritage Foundation sert de plaque tournante aux universitaires, intellectuels et responsables politiques conservateurs depuis la présidence Reagan. Sa dernière initiative en date est un ouvrage de 900 pages intitulé Mandate for Leadership : The Conservative Promise qui doit servir de manuel d'élaboration des politiques pour une deuxième administration Trump. D'après son auto-description : « Ce livre est le fruit du travail de plus de 400 universitaires et experts politiques issus du mouvement conservateur et de partout dans le pays. Parmi les contributeurs figurent d'anciens élus, des économistes de renommée mondiale et des membres de quatre administrations présidentielles. Il s'agit d'un programme préparé par et pour les conservateurs qui seront prêts, dès le premier jour de la prochaine administration, à sauver notre pays du gouffre du désastre. » Il convient de noter que Trump n'est en aucun cas la pièce maîtresse de ce document ; il est plutôt fait référence au « prochain président conservateur ». Trump est mentionné fréquemment et très respectueusement, mais la Heritage Foundation, ses collaborateurs et son programme sont présentés comme des éléments qui transcendent cet individu. La ligne de fond de ce manifeste conservateur est une défense du capitalisme sauvage. L'objectif premier du président, nous dit-on, devrait être de libérer « le génie dynamique de la libre entreprise ». Cela va de pair avec des propositions visant à imposer un régime autoritaire centralisé pour mettre en œuvre un large éventail de politiques de droite [7].

Soucieux de séduire les électeurs modérés, Donald Trump a pris ses distances avec le Project 2025. Mais ses partisans restent solidement installés dans le camp trumpiste, y compris des fidèles qui ont servi dans sa première administration présidentielle. Des plans secrets ont été élaborés pour mettre en œuvre le programme Project 2025 dès qu'un président de droite entrera en fonction. La chercheuse Gillian Kane note que le Project 2025 ne dépend pas d'une victoire présidentielle de Trump, soulignant que « même si Trump perd en novembre, de nombreux aspects fondamentaux de ce plan nationaliste chrétien seront mis en œuvre ; en effet, certaines recommandations sont déjà en marche » [8]. Même lorsque Trump ne sera plus sur la scène, le programme associé au trumpisme – le déchaînement du capitalisme sauvage tout en réprimant systématiquement les droits de l'homme et les libertés démocratiques – continuera à nous affronter.

Le Parti républicain actuel est un élément essentiel du trumpisme. Les figures de proue et les collaborateurs de ce parti – comme c'était le cas pour le courant conservateur dans son ensemble – n'ont pas commencé par être des partisans de Trump. Un responsable républicain bien informé, Tim Miller, décrit de la manière suivante ce qui s'est passé :

« Lorsque les Trump Troubles [ensemble des ennuis judiciaires] ont commencé, personne dans nos rangs n'aurait jamais dit qu'il était de son côté. Nous le trouvions gauche, repoussant et en dessous de la qualité de la fonction publique que nous lui avions attribuée avec une grande fierté. Nous ne le prenions pas au sérieux […] Et vous ne nous auriez pas surpris avec une de ces casquettes de base-ball rouge criard.

»Mais, progressivement d'abord, puis soudainement, nous avons presque tous décidé de l'accompagner. Les mêmes personnes qui, en privé, qualifiaient Donald Trump de danger par incompétence ont ressorti ses balivernes rances en public lorsque cela les arrangeait. Ils ont continué à le faire même après que la foule qu'il avait convoquée [le 6 janvier 2021] eut sali le parti, nos idéaux et les couloirs du Capitole avec leur saloperie. » [9]

Tim Miller offre un point de vue d'initié sur le cynisme toxique qui imprègne les dirigeants du Parti républicain et qui a contribué au triomphe de Trump dans ses rangs. Considérant l'arène politique comme « un grand jeu » par lequel, en gagnant, ils « s'attribuaient un statut de serviteur public, la classe dirigeante républicaine a ignoré la détresse de ceux qu'elle manipulait, se sentant de plus en plus à l'aise dans l'utilisation de tactiques qui les enflammaient, les retournant contre leurs semblables ». Tim Miller et d'autres responsables « ont avancé des arguments auxquels aucun d'entre nous ne croyait » et « ont fait en sorte que les gens se sentent offensés par des problèmes que nous n'avions ni l'intention ni la capacité de résoudre ». Il avoue qu'un racisme discret et inavoué a souvent été utilisé. « Ces tactiques n'ont pas seulement été incontrôlées, elles ont été renforcées par un écosystème médiatique de droite avec lequel nous étions en relation et qui avait ses propres motivations néfastes, attirant les clics [sur les réseaux sociaux] et les vues par le truchement d'une course à la rage sans aucune intention de fournir quelque chose qui pourrait apporter de la valeur à la vie des gens ordinaires. »

Tim Miller conclut :

« Faut-il s'étonner qu'un charlatan qui a passé des décennies à duper les gens pour qu'elles adhèrent à ses systèmes de ventes pyramidales et achètent ses produits de merde ait pu exceller dans un tel environnement ? Quelqu'un qui disposait de sa propre plateforme médiatique et d'un instinct reptilien pour la manipulation ? Quelqu'un qui n'hésite pas à dire tout haut ce qu'il ne faut pas dire ? » [10]

Un autre ancien cadre républicain, Stuart Stevens, insiste sur le fait qu'il est erroné de considérer que Trump a « détourné » le Parti républicain. Au contraire, Trump « est la conclusion logique de ce que le Parti républicain est devenu au cours des cinquante dernières années environ, un produit naturel des semences de racisme, d'auto-illusion et de colère qui sont devenues l'essence du Parti républicain ». [11]

Liz Cheney [fille de Dick Cheney, vice-président de 2001 à 2009 et secrétaire à la Défense de 1989 à 1993], républicaine conservatrice de toujours et ancienne élue du Wyoming, qui a résisté avec plus d'acharnement que la plupart des autres aux efforts de Trump pour amener le Parti républicain à le soutenir, a fini par se lamenter : « Nous avons maintenant appris que la plupart des républicains actuellement membres du Congrès feront ce que Donald Trump demande, peu importe ce que c'est. […] Je suis très triste de dire que l'Amérique ne peut plus compter sur un ensemble de républicains élus pour protéger notre République. » Selon Liz Cheney : « L'amour du pouvoir est si fort que des hommes et des femmes qui semblaient autrefois raisonnables et responsables sont soudain prêts à violer leur serment envers la Constitution par opportunisme politique et par loyauté envers Donald Trump. » [12]

Bien entendu, le Parti républicain a une histoire longue et complexe. Tout comme pour les autres éléments essentiels du trumpisme, il n'a pas commencé avec Trump et ne se terminera pas avec lui. « Quoi qu'il arrive à Trump », écrit le journaliste Joe Conason, « le destin du conservatisme états-unien et du Parti républicain… semble déjà fixé », destiné à « continuer sans vergogne, avec ou sans lui », en propageant une idéologie bien rodée, selon les termes de Conaso, de « mensonge et de fraude ». [13] Les opérations d'information et d'opinion très influentes et pompeuses de Fox News, du Breitbart News Network [à la Steve Bannon] et d'innombrables radios étaient déjà bien établies avant la présidence de Trump. [14] Quoi qu'il advienne de Trump, le phénomène plus large du trumpisme sera encore présent pendant un certain temps. « Trump n'est pas la maladie, il en est le symptôme », a déclaré Chris Hedges. « Trump s'est vraiment appuyé sur un sentiment de malaise qui était déjà largement répandu aux Etats-Unis. » [15]

Nous devons également préciser qu'il s'agit d'un phénomène mondial, comme l'ont noté de nombreux observateurs différents, impliquant des mouvements puissants et, parfois, des gouvernements dans un large éventail de pays : Argentine, Brésil, France, Grèce, Hongrie, Inde, Italie, Russie, Turquie, Etats-Unis, etc. Une combinaison de notions est utilisée pour décrire ce qui se passe : populisme de droite, ultranationalisme xénophobe autoritaire, etc. Le mot « fascisme » est parfois utilisé, mais le terme « quasi-fascisme » semble plus approprié. Le préfixe quasi- signifie « ressembler » et « avoir certaines caractéristiques, mais pas toutes ». Le terme quasi-fascisme, dans le moment présent, peut être compris comme un « fascisme en devenir ».

Quelques aspects de la réalité des Etats-Unis

Les conservateurs de la Heritage Foundation, entre autres, amalgament le Parti démocrate légèrement libéral avec des dénonciations rhétoriques le qualifiant de « gauche » et l'accusant de « socialisme » [accusations répétées tous les jours par Trump]. Il y a là quelque chose de foufoque, mais d'un certain point de vue, c'est logique. Il vaut la peine de prendre quelques minutes pour se pencher sur l'histoire de la gauche aux Etats-Unis et comprendre pourquoi cela a du sens.

Au cours du siècle dernier, la gauche organisée a eu un impact puissant, influençant la politique, les lois, la conscience et la culture aux Etats-Unis. Le mouvement ouvrier, les vagues de féminisme, les mouvements antiracistes et pour les droits civiques, les luttes contre la guerre du Vietnam, les divers mouvements étudiants, etc. ont tous contribué à apporter des changements profonds sur la scène politique pendant de nombreuses décennies. Ces changements n'auraient pas été aussi efficaces (et n'auraient peut-être pas vu le jour) sans les efforts indispensables d'organisation consentis par des militants de gauche.

Cette évolution s'est toutefois accompagnée d'un autre développement. Bien qu'une partie importante des militants de gauche ait insisté sur la nécessité d'une indépendance politique vis-à-vis des partis pro-capitalistes [démocrates et républicains], un large secteur a été largement absorbé par une profonde tendance adaptationniste. Au cours de la « décennie rouge » des années 1930, la convergence entre les forces d'inspiration socialiste et un social-libéralisme quelque peu étendu s'est particulièrement accélérée : le Parti démocrate de Franklin D. Roosevelt (FDR) ayant « volé » de nombreux éléments de réforme du programme socialiste. Cela a été fait, comme l'a souligné FDR, pour sauver le capitalisme pendant les années de dépression, mais aussi pour assurer la popularité et l'élection de FDR et de ceux qui l'entouraient. Plus encore, l'essentiel de la gauche organisée a été absorbé par la coalition du New Deal. [16]

En l'espace d'un demi-siècle, six étapes décisives ont rendu l'absorption de la gauche organisée par le Parti démocrate presque complète : 1° le mouvement syndical des années 1930, en particulier le nouveau Congrès des organisations industrielles (CIO-Congress of Industrial Organizations), dynamique et orienté à gauche, a formé une alliance solide avec les démocrates du New Deal de FDR ; 2° la décision prise en 1935 par l'Internationale Communiste, sous la direction de Joseph Staline, de former une alliance du « Front populaire » avec des capitalistes libéraux tels que FDR a fait entrer des forces dynamiques du PC des Etats-Unis dans les rangs de la coalition du Parti démocrate ; 3° au début de la guerre froide, la majeure partie du mouvement syndical organisé (ainsi que la plupart des socialistes modérés) a adhéré au programme anticommuniste et pro-capitaliste libéral du Parti démocrate, ce qui a conduit à un vaste « pacte social » entre les firmes, les syndicats et le gouvernement à partir de la fin des années 1940 et tout au long des années 1950 ; 4° la coalition pour les droits civiques du début des années 1960 s'est intimement liée au parti de John F. Kennedy [1961-novembre 1963] et de Lyndon B. Johnson [1963-janvier 1969] ; 5° dans les années 1970 et 1980, une grande partie de la « nouvelle gauche » des années 1960 s'est engagée dans l'aile réformatrice du Parti démocrate ; et 6° au début du XXIe siècle, de nouvelles vagues de jeunes militants se sont jointes à des couches plus anciennes, dans un contexte de promesses radicales et d'espoirs grandissants, pour porter Barack Obama à la Maison Blanche [janvier 2019-janvier 2017]. [17]

Depuis le début du XXe siècle, la gauche organisée a été une force dynamique d'une importance considérable aux Etats-Unis. Parmi les travailleurs et travailleuses ainsi que les opprimé·e·s, elle a mené des luttes efficaces qui ont permis de remporter de véritables victoires. Elle a suscité l'espoir d'autres luttes fructueuses qui feraient progresser les droits de l'homme, amélioreraient la vie de la majorité de la classe laborieuse et donneraient naissance à un monde meilleur. Par contre, chez les riches et les puissants, elle inspirait la peur et la rage. [18]

A la fin du XXe siècle, selon le processus que nous avons retracé, la gauche organisée s'était largement évaporée. Une partie de sa rhétorique, une grande partie de ses valeurs et une grande partie de son programme de réformes (souvent sous une forme diluée) se retrouvaient dans le Parti démocrate. Mais un engagement sincère et pratique pour remplacer la dictature économique du capitalisme par la démocratie économique du socialisme n'était plus à l'ordre du jour. Néanmoins, parmi les riches et les puissants, il y avait ceux qui ressentaient encore de la peur et de la rage, mais aussi une profonde détermination à regagner le terrain perdu, en particulier dans le contexte de la désintégration et de la décomposition de l'économie capitaliste.

C'est pourquoi les républicains anti-Trump tels que Liz Cheney, ainsi que les démocrates tels que Joe Biden et Kamala Harris – empêtrés comme ils le sont dans la désintégration et la décomposition de l'économie capitaliste et n'ayant aucune solution réelle à offrir – sont incapables de fournir une alternative durable au trumpisme.

Notant que 30 millions de travailleurs et travailleuse ont perdu leur emploi depuis 1996, Chris Hedges souligne que cela a généré « un profond désespoir et même de la rage parmi les gens qui ont été trahis en grande partie par le Parti démocrate… qui a fait passer l'ALENA [l'Accord de libre-échange nord-américain] » et « qui a désindustrialisé le pays », rendant ainsi de larges pans de ce qui avait été la base ouvrière du Parti démocrate accessibles aux appels démagogiques du trumpisme [19].

Tout porte à croire que le vote de la classe laborieuse blanche a été divisé. Lors de l'élection de 2020, Joe Biden a obtenu 41% du vote blanc, tandis que Trump en a obtenu 58% – dans chaque cas, une majorité de ces votes provenait d'électeurs de la classe laborieuse. (Dans le même ordre d'idées, 56% des ménages syndiqués ont voté pour Biden et 40% pour Trump.) Les politologues Noam Lupu et Nicholas Carnes montrent que le soutien de la classe laborieuse blanche à Trump a souvent été surestimé. Seuls 30% de ses partisans en 2016 appartenaient à cette catégorie prolétaire, bien qu'ils ajoutent que 60% des électeurs et électrices de la classe ouvrière blanche ont voté pour Trump cette année-là. Certaines études indiquent un déclin de ce soutien [20].

Pourtant, Kamala Harris exprime constamment son soutien au capitalisme, se considérant comme « une capitaliste pro-croissance qui veut une “économie tournée vers l'avenir qui aide tout le monde” ». [21] Le problème, c'est que les profits capitalistes ne sont souvent pas compatibles avec le fait « d'aider tout le monde ». Lorsque les choses se gâteront, on peut s'attendre à ce qu'elle sacrifie les intérêts de la classe laborieuse (comme l'a fait le Parti démocrate dans son entier) pour aider à maintenir la rentabilité capitaliste, causant des ravages dans la base de la classe laborieuse, comme cela a été le cas au cours des dernières décennies. Au cours des deux dernières années, nous avons vu les politiciens démocrates s'aligner sur les élites riches et puissantes pour refuser le droit de grève aux cheminots exploités, permettre aux industries des combustibles fossiles d'agresser l'environnement et autoriser le massacre par Israël de dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants innocents à Gaza. [22]

Dans un rapport de la London Review of Books sur la récente convention nationale du Parti démocrate, Christian Lorentzen a noté « l'alliance forgée sous Joe Biden entre l'establishment centriste du parti et son aile gauche anciennement rebelle », concluant dès lors « que la tente démocrate est assez grande pour les agitateurs qui dénoncent les milliardaires ainsi que la catégorie appropriée de milliardaires », qui soutiennent, financent et aident à diriger le Parti démocrate. Même un socialiste modéré comme Bernie Sanders – aussi bon soit-il à certains égards – est gravement compromis dans la mesure où il appelle systématiquement ses partisans à rester dans le giron du Parti démocrate, résolument pro-capitaliste. Sanders termine son dernier livre par une exhortation : « Il est temps, enfin, que les démocrates reconnaissent qu'une bonne politique est une bonne politique. C'est bon pour le parti. C'est bon pour le pays. C'est bon pour le monde. Faisons-le ! » [23] (Ce texte est constitué d'amples extraits d'un essai par Paul Le Blanc qui doit être développé le 6 novembre 2024 pour le Marx Memorial Library ; traduction rédaction A l'Encontre)

Paul Le Blanc est un historien qui a consacré de nombreux ouvrages à l'histoire du mouvement ouvrier, à la gauche organisée, aux différents courants politiques se réclamant du marxisme. Il a été membre de l'International Socialist Organization. Il a publié entre autres A Short History of the U.S. Working Class : From Colonial Times to the Twenty-First Century, Haymarket Books, 2016 ; The American Exceptionalism of Jay Lovestone and His Comrades, 1929-1940, Haymarket Books, 2018.

Notes

[1] Maggie Haberman, Confidence Man : The Making of Donald Trump and the Breaking of America (New York : Penguin Books, 2022), p. 429. Also see Editorial Board, “The Dangers of Donald Trump From Those Who Know Him,” New York Times, September 26, 2024, https://www.nytimes.com/interactive/2024/09/26/opinion/donald-trump-personality-history.html.

[2] Michael Wolff, Fire and Fury : Inside the Trump White House (New York : Henry Holt and Co., 2018), pp. 115-116.

[3] Michael Wolff, Siege : Trump Under Fire (New York : Henry Holt and Co., 2019), p. 29.

[4] Bob Woodward and Robert Costa, Peril (New York : Simon and Schuster, 2021), pp. 273-274 ; Matt Prince, “What is President Trump's Relationship with Far-Right and White Supremacist Groups ?,” Los Angeles Times, Sept. 30, 2020, https://www.latimes.com/politics/story/2020-09-30/la-na-pol-2020-trump-white-supremacy ; Aram Roston, “The Proud Boys Are Back : How the Far-Right is Rebuilding to Rally Behind Trump,” Reuters, June 3, 2024, https://www.reuters.com/investigates/special-report/usa-election-proudboys/.

[5] Ezra Klein, “The MAGA Movement Has Become a Problem for Trump,” New York Times, Sept. 22, 2024, https://www.nytimes.com/2024/09/22/opinion/project-2025-trump-election.html.

[6] Robert Kagan, Rebellion : How Antiliberalism is Tearing America Apart – Again (New York : Alfred A, Knopf, 2024), pp. 171, 176. Also see Robert P. Jones, “The Roots of Christian Nationalism Go Back Further Than You Think,” Time, August 31, 2023, and Robert P. Jones, “Trump's Christian Nationalist Vision for America,” Time, September 10, 2024. Also see Sruthi Darbhamulla, “An Unsteady Alliance : Donald Trump and the Religious Right,” The Hindu, September 10, 2024, https://www.thehindu.com/news/international/an-unsteady-alliance-trump-and-the-religious-right/article68382345.ece. Quite different versions of Christianity exist. See, for example, Paul Le Blanc, Marx, Lenin, and the Revolutionary Experience : Studies of Communism and Radicalism in the Age of Globalization (New York : Routledge, 2006), pp. 49-77, 222-27, and Walter Rauschenbusch, Christianity and the Social Crisis in the 21st Century : The Classic That Woke Up the Church (New York : Harper One, 2007). The revolutionary-democratic qualities of the founding document of the US are indicated in Pauline Maier, American Scripture : Making the Declaration of Independence (New York : Vintage Books, 1998).

[7] Spencer Chretien, “Project 2025,” The Heritage Foundation, Jan. 31, 2023, https://www.heritage.org/conservatism/commentary/project-2025 ; Project 2025 – The Presidential Transition Project : Policy Agenda, including the text of Paul Dans and Steven Groves, ed., Mandate for Leadership : The Conservative Promise, https://www.project2025.org/policy/. For critical evaluations, see : E. Fletcher McClellan, “A Primer on the Chilling Far-Right Project 2025 Plan for 2nd Trump Presidency,” Lancasteronline, June 3, 2024, https://lancasteronline.com/opinion/columnists/a-primer-on-the-chilling-far-right-project-2025-plan-for-2nd-trump-presidency-column/article_ef88858e-1e9b-11ef-9e81-bf8485299455.html ; Global Project Against Hate and Extremism, “Project 2025 : The Far-Right Playbook for American Extremism,” https://globalextremism.org/project-2025-the-far-right-playbook-for-american-authoritarianism/. The quotation describing who composed the Project 2025 document is in Mandate for Leadership : The Conservative Promise, pp. 2-3.

[8] Centre for Climate Reporting, “Undercover in Project 2025,” climate-reporting.org ; Curt Devine, Casey Tolan, Audrey Ash, Kyung Lah, “Hidden-camera video shows Project 2025 co-author discussing his secret work preparing for a second Trump term,” CNN, August 15, 2024, https://www.cnn.com/2024/08/15/politics/russ-vought-projeco0authct-2025-trump-secret-recording-invs/index.html ; Amy Goodman and Lawrence Carter, “Project 2025 Co-author Lays Out ‘Radical Agenda' for Next Trump Term in Undercover Video,” Democracy Now !, August 16, 2024,https://www.youtube.com/watch?v=UQjdwsZhE_Q ; Gillian Kane, “Project 2025 is Already Here,” In These Times, June 2024, p. 8.

[9] Tim Miller, Why We Did It : A Travelogue from the Republican Road to Hell (New York : Harper, 2022), p. xii.

[10] Miller, p. xx.

[11] Stuart Stevens, It Was All a Lie : How the Republican Party Became Donald Trump (New York : Vintage Books, 2021), pp. xiii, 4.

[12] Liz Cheney, Oath and Honor : A Memoir and a Warning (New York : Little Brown and Co., 2023), pp. 2, 366. It should be noted that the Constitution — defining stabilising structures and rules for the US government — is hardly a democratic document. See Robert A. Dahl, How Democratic Is the American Constitution ? (New Haven, CT : Yale University Press, 2003), and Robert Ovetz, We the Elites : Why the US Constitution Serves the Few (London : Pluto Press, 2022).

[13] Joe Conason, The Longest Con : How Grifters, Swindlers, and Frauds Hijacked American Conservatism (New York : St. Martin's Press, 2024), pp. 271-272. Also see Heather Cox Richardson, To Make Men Free : A History of the Republican Party (New York : Basic Books, 2014).

[14] Pew Research Center, “Five Facts About Fox News,” https://www.pewresearch.org/short-reads/2020/04/08/five-facts-about-fox-news ; Yochai Benkler, Robert Faris, Hal Roberts, and Ethan Zuckerman,“Study : Breitbart-led Right-Wing Media Ecosystem Altered Broader Media Agenda,” Columbia Journalism Review, March 3, 2017, https://www.cjr.org/analysis/breitbart-media-trump-harvard-study.php ; “The Divided Dial” series (November 15 – December 21, 2022), On the Media, https://www.wnycstudios.org/podcasts/otm/divided-dial.

[15] Chris Hedges, “Harris vs Trump : The End of American Dominance ?” Interview with Mohamed Hashem, Real Talk : Middle East Eye, 5 August 2024.

[16] Le Blanc, Marx, Lenin, and the Revolutionary Experience, pp. 153-98 ; David Milton, The Politics of US Labor, From the Great Depression to the New Deal (New York : Monthly Review Press, 1982).

[17] This is explored in Paul Le Blanc, Left Americana : The Radical Heart of US History (Chicago : Haymarket Books, 2017), as well as Paul Le Blanc and Michael D. Yates, A Freedom Budget for All Americans : Recapturing the Promise of the Civil Rights Movement in the Struggle for Economic Justice Today (New York : Monthly Review Press, 2013). Also see : Manning Marable, “Jackson and the Rise of the Rainbow Coalition,” New Left Review, January-February, 1985 ; Sheila D. Collins, The Rainbow Challenge : The Jackson Campaign and the Future of US Politics (New York : Monthly Review Press, 1986) ; Steve Cobble, “Jesse Jackson's Rainbow Coalition Created Today's Democratic Politics,” The Nation, October 2, 2018 ; Michael Kazin, What It Took to Win : A History of the Democratic Party (New York : Farrar, Straus and Giroux, 2022).

[18] See for example Elizabeth Fones-Wolf, Selling Free Enterprise : The Business Assault on Labor and Liberalism, 1945-60 (Urbana, IL : University of Illinois Press, 1994).

[19] Hedges, “Harris vs Trump : The End of American Dominance ?”

[20] Roper Center, “How Groups Voted in 2020,” https://ropercenter.cornell.edu/how-groups-voted-2020 ; Kathryn Royster, “New Political Science Research Debunks Myths About White Working-Class Support for Trump,” Vanderbilt University, July 29, 2020, https://as.vanderbilt.edu/news/2020/07/29/political-science-research-debunks-myths-about-white-working-class-support-for-trump/ ; Martha McHardy, “Donald Trump's Support Among White Working Class Has ‘Shrunk Significantly,'” Newsweek, August 14, 2024, https://www.newsweek.com/donald-trump-white-working-class-voters-poll-1938946.

How to define the term “working class” is highly contested. Some assert that having a college education places a person outside of the working class (which consigns many small business owners to the working class, while teachers and many nurses are consigned to the so-called “middle class”). This contrasts with the Marxist definition of working class : those who sell their ability to work for a paycheck, regardless of educational level. Michael Zweig, in his Class, Race, and Gender : Challenging the Injuries and Divisions of Capitalism (Oakland, CA : PM Press, 2023, p. 96) presents 61.9% of the US labour force as working class, and 38.1% as “middle class”. But as Harry Braverman and others have indicated, some in this latter category are in occupations that have been proletarianised — see R. Jamil Jonna and John Bellamy, “Beyond the Degradation of Labor : Braverman and the Structure of the U.S. Working Class,” Monthly Review, Vol. 66, No. 5 : October 2014.

It should be added that when one factors in African American, Hispanic, and Asian American workers, a clear majority of the US working class is not behind Trump.

[21] On Harris's pro-capitalist orientation, see : “Who is Kamala Harris' father Donald Harris who Trump accused of being a Marxist in the debate,” The Economic Times, https://economictimes.indiatimes.com/news/international/us/who-is-kamala-harris-father-donald-harris-who-trump-accused-of-being-a-marxist-in-the-debate/articleshow/113263386.cms ; Amanda Gordon, “Doug Emhoff Pitches Harris' Economic Vision as ‘Pro-Capitalism' and ‘Helps Everyone,'” Time, August 27, 2024, https://time.com/7015029/doug-emhoff-kamala-harris-pro-capitalism-economic-agenda/ ; Nicholas Nehamas and Reid J. Epstein, “Harris Casts Herself as a Pro-Business Pragmatist in a Broad Economic Pitch,” New York Times, September 25, 2024, https://www.nytimes.com/2024/09/25/us/politics/harris-economic-speech-pro-business.html.

[22] David Shepardson and Nandita Bose, “Biden Signs Bill to Block US Railroad Strike,” Reuters, December 2, 2022, https://www.reuters.com/world/us/biden-signs-bill-block-us-railroad-strike-2022-12-02/ ; Brian Dabbs, “Harris Embraces US Fossil Fuels in Showdown with Trump,” E & E News by Politico, September 11, 2024, https://www.eenews.net/articles/harris-embraces-us-fossil-fuels-in-showdown-with-trump/ ; Ilan Pappé, “The Genocide in Palestine,” The Palestine Chronicle, September 17, 2024, https://www.palestinechronicle.com/the-genocide-in-palestine-how-to-prevent-the-next-stage-from-happening-ilan-pappe/.

[23] Christian Lorentzen, “Not a Tough Crowd,” London Review of Books, 12 September, 2024, p. 31 ; Bernie Sanders, It's OK to Be Angry About Capitalism (New York : Crown, 2023), p. 293.

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Une première au Québec : deux militants écologistes emprisonnés pour promouvoir la lutte mondiale contre les énergies fossiles

5 novembre 2024, par Nina Morin — , ,
Deux ans après la signature du Traité international de non-prolifération des énergies fossiles par la ville de Montréal, deux activistes climatiques québécois ont été (…)

Deux ans après la signature du Traité international de non-prolifération des énergies fossiles par la ville de Montréal, deux activistes climatiques québécois ont été emprisonnés le 23 octobre, après avoir escaladé le pont Jacques-Cartier à Montréal la veille. Olivier Huard et Jacob Pirro ont été arrêtés et incarcérés, une première au Québec. Ils demandent notamment au gouvernement fédéral d'adhérer au traité et d'accélérer ses efforts pour la transition écologique. Nous publions la vidéo que Santiago Bertolino a réalisée avec les porte-paroles des collectifs à l'initiative de l'action.

Tiré du Journal des alternatives.

Olivier Huard et Jacob Pirro, des collectifs Antigone et Last Generation Canada ont pris leur courage à deux mains mardi matin, le 22 octobre vers 5 h du matin pour escalader le pont Jacques-Cartier afin de dénoncer l'inaction des gouvernements québécois et canadien face aux changements climatiques. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Olivier Huard rappelle que l'on observe déjà de nombreuses conséquences du dérèglement climatique, telles que les incendies, les tornades, les inondations et l'alerte sur l'urgence que représente chaque jour un peu plus la crise climatique. Arrivés au sommet du pont, ils ont brandi une banderole où l'on pouvait lire « Le pétrole nous tue ».

Alors qu'en 2019 deux autres activistes avaient fait la même démarche de protestation pour demander aux autorités davantage d'actions concrètes, cinq ans plus tard, rien n'a changé. Olivier Huard dénonce cette situation et explique leur démarche de répéter l'action pour accentuer la pression sur les gouvernements pour protéger la population tandis que la situation écologique s'est largement empirée.

Les demandes des activistes

Concrètement, les deux militants demandent aux autorités de se désengager des énergies fossiles, notamment en adhérant au Traité de non-prolifération des énergies fossiles. Ils demandent la fermeture du pipeline 9B, qui permet l'acheminement de Montréal vers l'Ontario, de pétrole importé du Moyen-Orient, de l'Afrique et de la mer du Nord. Ils militent aussi pour la création d'une « Agence nationale de gestion des urgences » pour de répondre aux catastrophes causées par les changements climatiques telles que les incendies ou les inondations. Enfin, ils plaident pour un soutien financier à d'autres pays, afin de contribuer à une transition écologique rapide, équitable et juste, et ce au plan mondial.

Le Traité de non-prolifération des énergies fossiles

En avril 2021, plus de 100 lauréats du prix Nobel, le Dalaï-Lama et d'autres universitaires avaient signé une lettre demandant aux États de « prendre des mesures concrètes pour s'éloigner progressivement des combustibles fossiles afin d'éviter un changement climatique catastrophique ».

L'idée d'un « traité » limitant la progression de l'utilisation des énergies fossiles avait été évoquée pour la première fois en 2016 par 14 nations du Pacifique, pour la plupart déjà particulièrement touchée par les conséquences du changement climatique tel que la montée des eaux. Puis, l'initiative a été soutenue par plusieurs centaines de spécialistes, dont Peter Newell et Andrew Simms, qui rappellent la menace du changement climatique, avait été mentionnée comme la deuxième plus grande menace pour l'humanité, après la guerre nucléaire, lors de la Conférence de Toronto sur le changement de l'atmosphère en 1988.

Depuis, les nations de Vanuatu et de Tuvalu ont été les premières à soutenir le traité pour la non-prolifération des énergies fossiles en 2022, suivies par les Palaos, la Colombie et Samoa en 2023. Aujourd'hui plus de 100 villes et gouvernements infranationaux ont supporté le traité, dont la ville de Montréal, le Parlement européen et l'Organisation mondiale de la santé.

Le besoin de poursuivre la mobilisation

Malgré cette initiative et comme il n'a pas de force contraignante, il n'a pas été signé par assez de gouvernements pour avoir un réel impact. Nous observons aujourd'hui encore de nombreux nouveaux projets impliquant à profit les énergies fossiles, telles que la mise en service de nouveaux sites d'extraction de gaz en Iran, ou la construction de nouveaux de pipelines, en Alaska, en Afrique de l'Est et au Canada.

C'est pourquoi il est nécessaire de continuer à demander et alerter sur le besoin urgent de mesures concrètes de la part des gouvernements, comme l'ont fait les militants d'Antigone et de Last Generation. À la place d'être écoutés, les autorités ont recours à la répression contre ces militants écologistes qui ne souhaitant que protéger la population.

Les autorités ont refusé leurs demandes de sortie en liberté sous caution. Si Jacob Pirro a été libéré le 29 octobre, après près d'une semaine de détention dans des conditions plus que déplorables, Olivier Huard attend toujours son audience, qui aura lieu le 31 octobre à 9 h, et depuis a engagé une grève de la faim.

Pour en savoir plus.

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Le droit à l’alimentation pour contrer l’insécurité alimentaire

5 novembre 2024, par Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) — , ,
_Montréal, le 31 octobre 2024_ - L'insécurité alimentaire ne cesse de prendre du terrain au Québec, il est grand temps d'y faire face et de renverser la vapeur. Statistique (…)

_Montréal, le 31 octobre 2024_ - L'insécurité alimentaire ne cesse de prendre du terrain au Québec, il est grand temps d'y faire face et de renverser la vapeur.

Statistique Canada nous apprenait récemment que le niveau d'insécurité alimentaire a considérablement augmenté dans les dernières années. De 9,6 % des ménages canadiens qui vivaient une forme d'insécurité alimentaire en 2017, nous sommes passés en 2022 au taux de 15.6 %. Les données qui émanent du Bilan Faim publié en début de semaine par
Moisson Montréal sont, elles aussi, plus qu'alarmantes alors qu'on recense plus d'un million de demandes d'aide alimentaires mensuelles seulement dans la métropole.

Ces chiffres consternants nous poussent à constater que les réponses actuelles à l'insécurité alimentaire ne suffisent plus à limiter les dégâts. Plutôt que de miser sur les réponses caritatives habituelles, notre société a besoin de mesures plus globales qui permettent de s'attaquer au cœur du problème de l'insécurité alimentaire ainsi qu'aux
nombreux dysfonctionnements de notre système alimentaire qui crée et perpétue des inégalités, nuisant au bien-être de notre société et de la planète.

Devant ce constat, la reconnaissance du droit à l'alimentation par le gouvernement québécois apparait comme une réponse adéquate et pérenne.

Reconnu dans plusieurs textes internationaux tels que la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), le droit à l'alimentation vise à garantir à toute personne, sans discrimination et dans le respect de sa dignité humaine, un accès physique et économique
stable à une alimentation adéquate et respectueuse de la biodiversité.

Le Canada et le Québec ont reconnu ce droit en 1976 en signant le PIDESC. Pourtant, il est clair que ce droit est loin d'être garanti, en témoignent notamment les hauts taux d'insécurité alimentaire, le piètre état de nos territoires nourriciers, la souffrance des producteurs et productrices agroalimentaires et la faible résilience de notre système
alimentaire mondialisé face aux crises climatique et géopolitique.

Que pourrait apporter le droit à l'alimentation comme réponse à la crise actuelle ?

Le droit à l'alimentation est un droit humain qui impose un cadre juridique clair au sein duquel les mesures favorisant la sécurité alimentaire doivent être réfléchies et mises en œuvre. Ce cadre se déploie à travers une vision qui se transpose dans quatre composantes : disponibilité et stabilité des approvisionnements alimentaires, accessibilité physique et économique des aliments, durabilité des systèmes alimentaires et adéquation des aliments.

En somme, il impose de prendre en compte simultanément toutes ces facettes de nos systèmes alimentaires et à surpasser les silos qui font qu'on tourne actuellement
en rond.

Ce droit fondamental instaure également des responsabilités bien définies pour les gouvernements qui ont l'obligation d'agir conformément à leurs engagements internationaux en faveur du droit à l'alimentation.

Ils doivent ainsi le respecter (ne pas porter eux-mêmes atteinte au droit), le protéger (empêcher les tiers de brimer le droit) et le mettre en œuvre (prendre des mesures concrètes pour garantir le droit). Ils doivent donc, pour ce faire, adopter les lois, les politiques et les programmes nécessaires à sa reconnaissance et sa réalisation, et ce,
dans tous les secteurs : alimentation, environnement, santé, économie, etc.

Le droit à l'alimentation exige finalement le respect de principes clés qui découlent de sa nature de droit humain. Le gouvernement doit donc s'assurer de respecter, dans toutes les modalités de réalisation du droit à l'alimentation, les principes de participation, responsabilité, non-discrimination, transparence, dignité humaine, empowerment et État de droit.

Comment garantir le droit à l'alimentation au Québec ?

Pour garantir le droit à l'alimentation et faire en sorte que les composantes, responsabilités et principes qui en découlent deviennent une réalité dans nos collectivités, il faut l'intégrer dans notre système juridique.

Le moyen idéal pour y parvenir, qui est la voie promue par nulle autre que l'Organisation des Nations Unies (ONU), est l'adoption d'une loi-cadre sur le droit à l'alimentation. Une telle loi-cadre, par sa nature de « super loi », viendrait encadrer légalement l'ensemble des nombreux enjeux qui touchent, de près ou de loin, au droit à l'alimentation : l'agriculture
et l'alimentation, la santé, l'environnement, le commerce, l'éducation, les conditions de travail, la sécurité sociale, l'aménagement du territoire, etc. Elle obligerait ainsi l'ensemble des ministères gouvernementaux à s'assurer que leurs lois, règlements et politiques se
conforment aux exigences du droit à l'alimentation.

La loi-cadre permettrait donc d'assurer un traitement systémique et rigoureux des enjeux juridiques, politiques, sociaux, économiques et environnementaux du droit à l'alimentation et imposerait aux décideurs publics une action multisectorielle et concertée pour garantir ce droit.

Elle donnerait aussi une assise légale à ce droit, rendant possible la saisie des tribunaux pour le faire respecter. En l'absence de reconnaissance de ce droit dans nos chartes de droits fondamentaux, il nous est actuellement impossible de le faire, contrairement aux autres droits qui bénéficient de cette protection.

Outre les fondements de ce droit, s'y retrouve également des explications sur les démarches entreprises par le RCCQ en vue de sa reconnaissance, notamment à travers son plaidoyer en faveur de l'adoption d'une loi-cadre sur le droit à l'alimentation par le gouvernement du Québec.

Pour en savoir plus sur ce droit, consultez le site internet développé par le Regroupement des cuisines collectives (RCCQ), dédié entièrement au droit à l'alimentation : www.droitalimentation.org [1]

À propos du RCCQ

Le Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) favorise l'émergence, la consolidation et la concertation des cuisines collectives sur l'ensemble du territoire québécois, tout en militant pour la reconnaissance du droit à l'alimentation. Les valeurs fondamentales du RCCQ sont la dignité, la solidarité, l'autonomie, la démocratie, ainsi
que l'équité et la justice sociale.

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La francisation

5 novembre 2024, par Pierre Jasmin — , ,
L'épais dossier de la francisation, obscurci par des propagandes subventionnées par de riches anglophones - Université McGill, bilinguisme fédéral, The Gazette... - est mieux (…)

L'épais dossier de la francisation, obscurci par des propagandes subventionnées par de riches anglophones - Université McGill, bilinguisme fédéral, The Gazette... - est mieux compris en remontant à 1966, ce à quoi s'attelle avec une maîtrise inégalable le documentariste Félix Rose. Je lui avais exprimé en personne mon admiration pour son film historique les Rose - Iris prix du public au Gala Québec Cinéma 2021 - grâce auquel on s'évite désormais le piège pacifiste de caricaturer toutes les actions du FLQ et de son père Paul.

Par Pierre Jasmin, musicien médaillé d'or du ministre de l'Éducation - McGill 1970
Photo : Vincent Vachon à Sherbrooke avec Cindy Sarmiento, une étudiante d'origine colombienne

Problèmes actuels

Protestant avec des pancartes sans fautes d'orthographe (ça soulage des manifs de droite reconnaissables par des slogans haineux défigurés par l'ignorance de la langue), différents professeurs en francisation sont actuellement dans les rues de Granby et de Québec, notamment, à s'opposer aux coupures inadmissibles effectuées par le gouvernement Legault. Même s'il a mis en ondes une publicité remarquable fondée sur la fierté québécoise de « l'accueil de l'autre », le Premier ministre dépasse les bornes en bégayant, comme Pierre Poilievre, à blâmer Trudeau pour ses manques de fonds, logements, transferts sociaux, alouette, et pour les immigrants trop nombreux, ce que personne ne nie mais l'insistance caquiste devient trop trumpiste. Comment le ministre Roberge, qu'on félicite de consacrer $2,5 millions dans une publicité qui invite les Québécois à exiger le français, tant au travail que dans les commerces et au cinéma, laisse-t-il Bernard Drainville tirer ainsi dans le pied du travail accompli du gouvernement influencé par l'opposition non seulement de Québec Solidaire, du PQ mais aussi de la députée libérale Marwah Rizky ?
Radio-Canada Estrie (Yannick Cournoyer) nous informait le 21 octobre que le ministre de l'Éducation amputait le Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke d'une trentaine d'enseignants, en réduisant le nombre de classes de francisation de 28 à 5, qui ne pourront desservir à partir du 1er novembre que 85 de ses quatre cents étudiantEs. Parmi la trentaine d'enseignants mis à pied, Vincent Vachon aime tellement l'ardeur de ses élèves à apprendre le français, qu'il se déclare prêt à leur enseigner sans rémunération : « Ça fait dix ans que je leur enseigne en francisation. Je suis tellement reconnaissant d'être ici ; mais du jour au lendemain ce que l'on apprend, c'est que le gouvernement fait des coupures. Ça va les empêcher d'obtenir éventuellement la résidence permanente et de s'intégrer pleinement dans notre société. On les abandonne. On leur dit de retourner à la maison. »

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Gaza devant l’histoire, le livre dissonant d’Enzo Traverso

Gaza devant l'histoire, le nouveau livre de l'historien Enzo Traverso, opère comme une dissonance, comme un « contrepoint » au discours dominant de l'Occident. Un court essai (…)

Gaza devant l'histoire, le nouveau livre de l'historien Enzo Traverso, opère comme une dissonance, comme un « contrepoint » au discours dominant de l'Occident. Un court essai saisissant qui apporte une profondeur historique à une guerre atroce justifiée à coup de hasbara, de propagande, de désinformation et d'idéologie d'extrême droite.

Tiré du blogue de l'auteur.

Le texte s'ouvre avec le poème Silence pour Gaza de Mahmoud Darwich et le premier chapitre commence par une histoire allemande, « J'ai l'impression qu'aujourd'hui la grande majorité de nos chroniqueurs et commentateurs sont devenus « heideggeriens », enclins à interchanger les agresseurs et les victimes, à la différence près que les agresseurs actuels ne sont plus les vaincus mais les vainqueurs. »

Gaza devant l'histoire est un court essai, 136 pages saisissantes où Enzo Traverso, spécialiste de la modernité politique européenne et du judaïsme, convoque l'Histoire, la mémoire, l'origine des mots, les analogies historiques, les références géopolitiques pour contre-enquêter sur les attaques du Hamas, le 7 octobre 2023, et la guerre à Gaza.

Un livre qui apporte une profondeur historique à une guerre atroce justifiée à coup de hasbara, de propagande, de désinformation et d'idéologie d'extrême droite.

Qualifier les attaques meurtrières du 7 octobre de « pogrom », et les inscrire dans les persécutions subies par les juif·ves depuis des siècles, jusqu'à la Shoah, c'est dénier la colonisation et l'oppression des Palestinien·nes depuis 1948. Un autre déni amplement diffusé : Israël, pays né de la Shoah, ne peut pas commettre un génocide.

« Tout est planifié : la destruction des routes, des bâtiments, des écoles, des hôpitaux, des universités, des musées, des monuments et même des cimetières, rasés par les bulldozers ; l'interruption de l'approvisionnement en eau, en électricité, en gaz, en carburant, et d'internet ; le déni d'accès à la nourriture et aux médicaments ; l'évacuation de plus de 1,8 million des 2,3 millions de Gazaouis vers le sud de la bande, où ils sont à nouveau bombardés ; les maladies, les épidémies et maintenant la famine. Incapable d'éradiquer le Hamas, Tsahal a entrepris l'élimination de l'intelligentsia palestinienne : universitaires, médecins, techniciens, journalistes, artistes, intellectuels et poètes. »

Les solidarités avec la Palestine s'étendent du Sud global à l'Occident où de nombreux juif·ves clament « not in our name », « pas en notre nom ». La cause palestinienne est désormais l'emblème d'une grande partie de l'opinion publique, surtout des jeunes aux États-Unis et en Europe.

« Les États-Unis n'avaient pas connu des mobilisations d'ampleur similaire depuis la guerre du Vietnam. (…) À l'instar de leurs ancêtres, les étudiants d'aujourd'hui ont compris que leur action est cruciale pour arrêter le massacre, que leurs manifestations ne sont pas de simples gestes de solidarité, mais un soulèvement organiquement lié à la résistance palestinienne. »

Gaza devant l'histoire d'Enzo Traverso est un livre en situation, comme il dit ; écrit selon le précepte de Sartre, en situation dans son époque, et en réaction urgente aux fausses vérités et à la partialité des jugements.

Visionner l'entrevue sur vidéo.

EXTRAITS DE GAZA DEVANT L'HISTOIRE D'ENZO TRAVERSO

EXÉCUTEURS ET VICTIMES

(…) Les souffrances infligées aux civils allemands pendant et après la Seconde Guerre mondiale, quand ils furent expulsés par millions d'Europe centrale, sont incontestables, mais lorsque Martin Heidegger les évoqua pour renverser les rôles et présenter l'Allemagne comme ayant été victime d'une agression extérieure, Herbert Marcuse mit un terme à leur correspondance. En adoptant ces positions, écrivit-il, Heidegger se plaçait « hors du logos », hors de « la dimension dans laquelle un dialogue entre êtres humains est encore possible ».

Ce n'est qu'à la fin des années 1990, une fois que l'Allemagne réunifiée eut pleinement intégré la mémoire des crimes nazis dans sa conscience historique, que ses propres souffrances pendant la Seconde Guerre mondiale purent être non seulement étudiées, mais reconnues et débattues dans l'espace public sans susciter de malentendus, sans apparaître comme des excuses ou des tentatives d'auto-absolution. En ce sens, j'ai l'impression qu'aujourd'hui la grande majorité de nos chroniqueurs et commentateurs sont devenus « heideggeriens », enclins à interchanger les agresseurs et les victimes, à la différence près que les agresseurs actuels ne sont plus les vaincus mais les vainqueurs.

La guerre à Gaza n'est pas la Seconde Guerre mondiale, cela est bien évident, mais les analogies historiques – qui ne sont jamais des homologies –peuvent nous orienter, même si elles mettent en scène des acteurs très différents et des événements qui n'ont pas la même échelle. C'est dans cet esprit que, en 1994, Jean-Pierre Chrétien évoqua un « nazisme tropical » à l'œuvre lors du génocide des Tutsis au Rwanda et que le mot « génocide » refit son apparition en Europe pendant la guerre en ex-Yougoslavie, notamment après le massacre de Srebrenica. Lors d'un génocide, aussi complexe en soit le contexte historique, il y a toujours des exécuteurs et des victimes. Or, l'écrivain qui racontera demain la guerre à Gaza devra faire un autre constat que celui de Sebald, car aujourd'hui les rôles sont inversés. Alors qu'Israël détruit Gaza sous une pluie de bombes, Israël est présenté comme la victime du « plus grand pogrom de l'histoire après l'Holocauste ».

La scène est paradoxale, comme un procès de Nuremberg où, au lieu de juger les atrocités commises par les nazis, on jugeait celles commises par les Alliés. Symbole de la justice des vainqueurs, le procès de Nuremberg était pétri de contradictions, mais personne ne pouvait sérieusement contester la culpabilité des accusés. Depuis le 7 octobre 2023, en revanche, Israël pose en victime. (…)

Le discours dominant autour du 7 octobre fait de cette date une sorte d'épiphanie négative, une apparition soudaine du mal d'où jaillit une guerre réparatrice. Le compteur est reparti à zéro, ce jour-là, comme s'il s'agissait de la seule origine de cette tragédie. Le 7 octobre aurait déchiré le voile sur le Hamas et Israël, assignant à chacun son rôle, l'auteur et la victime. La bande de Gaza, territoire habité par 2,4 millions de personnes soumises à une ségrégation totale depuis douze ans, est donc devenue le berceau du mal, où des assassins sans scrupules agissent en toute impunité, transformant les civils en « boucliers humains ». La réalité, c'est que la destruction de Gaza est l'aboutissement d'un long processus d'oppression et de déracinement. Il y a vingt-deux ans, en août 2002, Edward Said décrivait en ces termes la violence israélienne lors de la seconde Intifada :

« Gaza est entouré sur trois côtés d'une barrière électrifiée. Parqués comme des bêtes, les Gazéens ne peuvent plus se déplacer, travailler, vendre leurs fruits et légumes, aller à l'école. Ils sont exposés aux frappes aériennes des avions et hélicoptères israéliens, et aux tirs terrestres des tanks et des mitrailleuses qui les fauchent. Appauvri, affamé, Gaza est un cauchemar humain où chaque petit incident […] se solde par la participation de milliers de soldats dans l'humiliation, la punition, l'affaiblissement intolérable de chaque Palestinien sans distinction d'âge, de sexe ou d'état de santé. On retient les fournitures médicales à la frontière, on tire sur les ambulances ou on les arrête, des centaines de maisons sont démolies et des centaines de milliers d'arbres et de terres agricoles sont détruits dans des actes systématiques de châtiment collectif contre des civils qui, pour la plupart, sont déjà des réfugiés de la destruction par Israël de leur société en 1948. »

ORIENTALISME

(…) La différence entre l'époque où Said écrivait L'orientalisme et aujourd'hui tient au fait qu'au XXe siècle, l'Occident conquérant prétendait répandre ses lumières, tandis qu'aujourd'hui il se considère comme une forteresse assiégée. Ainsi, blessée par l'attaque « barbare » du Hamas, « la seule démocratie du Moyen-Orient » a, affirme-t-on, le droit de se défendre : tous nos chefs d'État se sont rendus en pèlerinage à Tel-Aviv pour assurer Netanyahou de leur soutien. Soutien qui demeure inébranlable, même après la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour un cessez-le-feu à Gaza – laquelle restera un vœu pieux tant que personne n'agira pour en imposer l'application – et même après que sa CIJ a reconnu qu'il y a un risque de génocide.

À côté des déclarations rituelles sur le droit d'Israël à se défendre, personne n'évoque jamais le droit des Palestiniens à résister contre une agression qui dure depuis des décennies, parce que personne ne reconnaît que les Palestiniens ont une histoire. Le trope de la confrontation entre civilisation et barbarie, aujourd'hui explicitement reformulé comme un duel entre démocratie occidentale et terrorisme islamique, a trouvé son expression la plus cynique dans les propos des porte-parole de Tsahal cités par les médias israéliens +972 et Local Call.

Les barbares du Hamas, disent-ils, tuent des civils et tirent des roquettes à l'aveuglette sur les villes israéliennes dans l'espoir que quelques-unes ne soient pas interceptées et fassent des dégâts. Tsahal, au contraire, incarne le progrès technologique : ses bombes ne sont pas aveugles, mais choisissent leurs cibles à l'aide de l'IA. Selon un ex-officier du renseignement, l'armée israélienne a développé un programme appelé « Habsora » (Évangile) qui sélectionne automatiquement ses cibles et fonctionne comme une « usine d'assassinats de masse ». Comme l'explique un autre officier de Tsahal, « rien n'arrive par hasard. Quand une fillette de trois ans est tuée dans une maison à Gaza, c'est parce que quelqu'un dans l'armée a décidé qu'il n'était pas grave qu'elle meure, que c'était le prix à payer pour atteindre [une autre] cible. Nous ne sommes pas le Hamas. Il ne s'agit pas de roquettes tirées au hasard. Tout est intentionnel. Nous savons exactement combien de dommages collatéraux il y a dans chaque maison ». (…)

Israël vit le jour en 1948, quand le monde entrait dans l'ère de la décolonisation, et le monde arabe, en Palestine comme ailleurs, avait développé une conscience nationale. Son projet consistant à bâtir une société nationale juive sans Arabes, le sionisme se tint toujours en équilibre entre une composante séculière et une composante religieuse. La première était exposée en permanence aux excès du nationalisme colonial et hiérarchique ; la seconde – pendant longtemps minoritaire au sein du judaïsme – revendiquait la terre au nom du mythe biblique : si les Juifs sont les habitants premiers et légitimes de la Palestine, les Palestiniens n'en sont que les occupants abusifs. La colonisation n'est qu'un « retour », dont la condition nécessaire est l'expulsion des intrus.

Ces deux formes de colonialisme, l'une séculière et l'autre religieuse, ont toujours été inextricablement liées au sein du sionisme. Gordon, un des théoriciens du sionisme travailliste, nationaliste juif ukrainien qui s'installa dans la Palestine ottomane en 1904, réunissait dans ses écrits les arguments classiques du colonialisme (la supériorité raciale des Européens sur les Arabes) et ceux de la théologie. En 1921, il se demandait : « Et qu'ont donc créé les Arabes tout au long de leur séjour ici ? De telles créations, ne serait-ce que celle de l'Ancien Testament, confèrent un droit indéfectible au peuple juif qui les a créées sur la terre où il les a créées, surtout si le peuple venu après lui n'y a rien créé de semblable ou n'y a rien créé du tout. » Soulignant que ces idées avaient « l'assentiment complet de tous les pères fondateurs », Sternhell conclut que, « de fait, la Bible a été l'argument suprême du sionisme ».

Aujourd'hui, ces deux tendances, séculière et religieuse, se sont coalisées dans un projet théologico-politique qui prend un caractère radical, rédempteur. Dans ce cadre, le sionisme socialiste des origines a proprement disparu.

(…) Israël viole le droit international depuis des décennies et aujourd'hui, son armée détruit Gaza avec un arsenal fourni principalement par les États-Unis, l'Allemagne, l'Italie et la France. Les États-Unis pourraient faire cesser la guerre en quelques jours, mais ils ne veulent pas retirer leur soutien à un gouvernement corrompu d'extrême droite, composé de fondamentalistes, racistes et criminels de guerre. Ils en sont incapables parce que ce gouvernement fait partie intégrante de leur dispositif géopolitique et parce qu'ils éprouvent à l'égard des Israéliens une compassion narcissique qu'ils ne sauraient étendre aux Arabes.

RAISON D'ÉTAT

(…) La mémoire de l'Holocauste est rituellement honorée, dans les pays de l'Union européenne, comme une religion civile de la démocratie et des droits de l'homme. Aujourd'hui, elle tend à perdre sa vocation initiale pour être de plus en plus assignée à la défense d'Israël et à la lutte contre l'antisionisme, considéré comme une forme d'antisémitisme.

Angela Merkel et Olaf Scholz ont tous deux affirmé à plusieurs reprises que le soutien inconditionnel à Israël a la force d'une « raison d'État » (Staats-raison) pour la République fédérale d'Allemagne (RFA).

(…) De Machiavel et Friedrich Meinecke, ses théoriciens, jusqu'à ses moins nobles exécuteurs tel Paul Wolfowitz, tous conviennent que la raison d'État désigne un pouvoir politique qui enfreint ses propres principes éthiques au nom d'un intérêt supérieur, généralement un intérêt de puissance.

(…) Le 27 juin 2024 est entrée en vigueur la nouvelle loi sur la naturalisation qui fait de la reconnaissance de l'État d'Israël une condition pour devenir citoyen de la RFA. Omer Bartov a bien montré que, par son interprétation du caractère unique de l'Holocauste, l'Allemagne s'est « placée dans une position moralement très douteuse » qui consiste à la fois à banaliser ses propres crimes coloniaux et à « nier la culpabilité d'Israël dans la destruction actuelle de Gaza, y compris dans le fait d'assassiner et de faire mourir de faim des dizaines de milliers de civils palestiniens ».

FAUSSES NOUVELLES SUR LA GUERRE

(…) Bloch écrit : « L'erreur ne se propage, ne s'amplifie, ne vit enfin qu'à une condition : trouver dans la société où elle se répand un bouillon de culture favorable. En elle, inconsciemment, les hommes expriment leurs préjugés, leurs haines, leurs craintes, toutes leurs émotions fortes. »

(…) De nombreux historiens de l'Inquisition et de l'antisémitisme ont étudié la mythologie du « meurtre rituel » du Moyen Âge jusqu'à la Russie des tsars, démontrant entre autres que la rumeur selon laquelle les juifs tuaient des enfants chrétiens pour utiliser leur sang à des fins rituelles se répandait régulièrement avant l'éclatement d'un pogrom.

De façon analogue, après le 7 octobre, la plupart des médias occidentaux, y compris de nombreux journaux réputés sérieux, ont publié de fausses histoires de femmes enceintes éventrées, de dizaines d'enfants décapités et de bébés jetés dans des fours par les combattants du Hamas. Les journalistes des chaînes télévisées annonçaient d'un air grave et indigné qu'ils détenaient des images terribles d'atrocités qu'ils ne diffuseraient pas pour ne pas perturber les téléspectateurs.

Ces inventions diffusées par l'armée israélienne ont été immédiatement acceptées comme des preuves – Joe Biden, Antony Blinken et des ministres des gouvernements européens les ont reprises dans leurs discours – pour être démenties du bout des lèvres quelques semaines plus tard.

ANTISIONISME ET ANTISÉMITISME

(…) La réalité est que l'antisémitisme est devenu une arme de combat (a été weaponized, comme on dit aux États-Unis). Non pas l'antisémitisme d'autrefois, qui était dirigé contre les Juifs, mais un nouvel antisémitisme imaginaire qui sert à criminaliser la critique d'Israël. Le mouvement antiguerre est très large et présente une grande diversité, aux États-Unis comme en Europe. Dans cette vaste constellation, trois sensibilités principales se détachent assez nettement. La première est celle des jeunes d'origine postcoloniale, qui sont nés en Europe ou dans les Amériques au sein de familles issues d'Afrique et d'Asie. Pour ces jeunes, la cause palestinienne est une nouvelle étape de la lutte contre le colonialisme. Il y a ensuite les Africains- Américains, qui associent la libération de la Palestine à un combat global contre le racisme et les inégalités. Comme celles des Noirs, les vies des Palestiniens « comptent » (Black Lives Matter) ; Israël a instauré à l'égard des Palestiniens un système d'apartheid comparable à celui qui existait autrefois en Afrique du Sud.

Il y a enfin les jeunes qui réactualisent une tradition universaliste et internationaliste spécifiquement juive, une tradition qui s'est toujours manifestée à l'écart, sinon contre le sionisme. Beaucoup d'entre eux sont des « Juifs non juifs » au sens d'Isaac Deutscher : des « hérétiques » qui participent d'une tradition juive en transcendant le judaïsme. D'autres sont des « dreyfusards » au sens de Pierre Vidal-Naquet, des Juifs qui ne tolèrent pas qu'on discrimine, opprime et tue en leur nom, comme les Français qui soutenaient la cause algérienne au nom d'un certain idéal républicain d'égalité et de justice. Au XXe siècle, cette tradition avait placé les Juifs à l'avant-garde de tous les mouvements émancipateurs. Visiblement, elle reste très vivante et on doit s'en réjouir. La campagne médiatique qui dénonce le prétendu antisémitisme des étudiants mobilisés pour la Palestine s'attaque directement à ces trois courants.

Assimiler l'antisionisme à l'antisémitisme permet de faire d'une pierre trois coups, en frappant à la fois l'anticolonialisme, l'antiracisme et l'anticonformisme juif. (…)

La droite conservatrice et même l'extrême droite sont devenues d'ardentes défenseuses du sionisme, considérant que les immigrés arabes et musulmans font de bien meilleurs boucs émissaires que les Juifs. Les antisémites d'hier sont aujourd'hui à l'avant-garde dans la lutte contre l'antisionisme, dénoncé comme une forme d'antisémitisme. (…) Aujourd'hui, une campagne médiatique persistante dépeint les étudiants propalestiniens comme des antisémites. Dans certaines universités américaines, ils sont blacklistés ou menacés de sanctions en raison de leur participation aux manifestations contre le génocide à Gaza. Le principe sacré du free speech apparaît soudainement intolérable lorsqu'il dérange les puissants donateurs des grandes universités, qui se révèlent ainsi être des corporations avant d'être des espaces de liberté. L'association antisioniste Jewish Voice for Peace est interdite sur plusieurs campus américains. (…)

À New York, des fourgonnettes circulent autour de l'université Columbia en arborant des photos d'étudiants propalestiniens avec leurs noms et le stigmate « antisémite », triste parodie de l'Allemagne nazie de 1935, à l'époque des lois de Nuremberg, lorsque les Juifs étaient exhibés dans les rues avec un panneau autour du cou où on pouvait lire : Jude.

VIOLENCE, TERRORISME, RÉSISTANCE

(…) Certains ont vu dans les atrocités du 7 octobre « le pire pogrom de l'histoire après la Shoah », d'autres le produit d'une longue séquence de violences israéliennes. Bien évidemment, ceci ne justifie pas cela : des décennies d'occupation n'atténuent en rien l'horreur du massacre d'enfants israéliens et, de la même façon, l'histoire de l'antisémitisme ne peut pas être invoquée pour cautionner un génocide à Gaza.

Ces violences, cependant, sont nées dans un contexte explosif. Perpétrer un carnage lors d'une rave-party constitue sans aucun doute un crime abominable qui doit être sanctionné, mais une rave-party protégée par un mur électronique à côté d'une prison à ciel ouvert n'est pas aussi anodine qu'un concert dans une salle parisienne. Dans les années 1980, dans Berlin divisé, on organisait des concerts rock près du mur pour que, de l'autre côté, les gens puissent entendre. Le message était simple : nous voudrions être avec vous et ce concert est une protestation contre ce mur qui nous sépare. Mais la rave-party du Néguev se déroulait dans la plus totale indifférence de ce qui se passait au-delà du mur électronique. Gaza n'existait pas. Tôt ou tard, la cocotte allait éclater.

L'attaque du 7 octobre est une atrocité. Soigneusement planifiée, elle a été bien plus meurtrière que le massacre de Deir Yassin ou d'autres tueries similaires commises par l'Irgoun en 1948. Elle visait à répandre la terreur et, cela va de soi, rien ne la justifie, mais elle doit être analysée et pas seulement déplorée. Le débat sur le rapport entre la fin et les moyens ne date pas d'aujourd'hui. La dialectique qui les unit fait que tous les moyens ne sont pas admis pour atteindre un but ; au contraire, chaque fin exige des moyens appropriés : la liberté ne peut pas être conquise en tuant consciemment des innocents. En l'occurrence, ces moyens inappropriés et répréhensibles ont été utilisés dans le cadre d'une lutte légitime contre une occupation illégale, inhumaine et inacceptable.

Comme l'a souligné António Guterres, le secrétaire général de l'ONU, le 7 octobre n'est pas surgi du néant. Il est une conséquence extrême de décennies d'occupation, de colonisation, d'oppression et d'humiliation. Toutes les formes de protestation pacifique ont été réprimées dans le sang, Israël a saboté les accords d'Oslo dès le début, et l'Autorité palestinienne, totalement impuissante, est devenue en Cisjordanie une sorte de police auxiliaire de Tsahal. En octobre 2023, Israël était en train de « négocier la paix » avec ses voisins arabes sur le dos des Palestiniens et poursuivait l'objectif, qu'il reconnaît ouvertement aujourd'hui, d'étendre des colonies en Cisjordanie. (…)

Le terrorisme du Hamas n'est que la doublure dialectique du terrorisme d'État israélien. Le terrorisme n'est jamais beau ou réjouissant, mais celui des opprimés est engendré par celui de leurs oppresseurs. Les terroristes qui tuent des enfants dans un kibboutz sont détestables ; les snipers qui tuent des enfants dans une rue ou font exploser un convoi humanitaire le sont tout autant ; les deux doivent être condamnés. Mais on ne peut pas pour autant mettre un trait d'égalité entre la violence d'un mouvement de libération nationale et celle d'une armée d'occupation, car leur légitimité n'est pas la même.

Les crimes du premier tiennent à l'usage de moyens illégitimes ; ceux de la seconde tiennent à sa propre finalité, dont ils découlent. Le concept de terrorisme est controversé et difficile à définir. La seule différence normative qui distingue les combattants d'un groupe ou d'une organisation terroriste des soldats d'une armée régulière est d'ordre juridique : les premiers ne possèdent pas le statut légal que confère l'appartenance à un État. Cette différence se manifeste souvent dans la tenue vestimentaire. Les idéologies, les valeurs, la morale et les méthodes d'action peuvent varier considérablement aussi bien chez les mouvements terroristes que chez les armées, mais ces dernières disposent généralement de moyens de destruction beaucoup plus puissants. La supposée supériorité éthique des armées sur les groupes terroristes a été réfutée à d'innombrables reprises dans l'histoire. (…)

Frantz Fanon souligne le caractère libérateur de la violence exercée par les dominés : « L'homme colonisé se libère dans et par la violence. » Jean-Paul Sartre, dans la préface, va encore plus loin en approuvant sans réserve la violence anticoloniale. (…)

Le 7 octobre marque le retour spectaculaire de la violence palestinienne après l'échec des accords de paix d'Oslo. Cela ne signifie certes pas que cette intervention sera efficace ou inéluctable, mais il serait difficile de nier qu'elle est une conséquence de cet échec, de ce naufrage voulu par Netanyahou et consciemment perpétué par tous les gouvernements israéliens depuis trente ans.

Il serait stupide de se réjouir de ce retour de la violence, mais la portée de ce tournant historique ne peut être sous-estimée. L'expliquer par le fanatisme islamique, la barbarie du Hamas ou l'antisémitisme atavique serait une piètre échappatoire, une façon de se cacher la face derrière des préjugés. Dans la terrible compétition entre la violence israélienne et celle des Palestiniens, c'est incontestablement la première qui gagne. Mais le Vietnam et, plus récemment, l'Afghanistan nous ont enseigné que dans une guerre, les rapports de force ne se mesurent pas seulement sur le plan militaire, et la résistance armée peut faire plier un adversaire bien plus puissant, lorsque sa domination est devenue à tel point illégitime qu'elle se révèle coûteuse, inefficace et contreproductive. Les leaders israéliens et leurs alliés n'ont pas l'air d'avoir compris la leçon.

MÉMOIRES CROISÉES

(…) Désormais intégré au sein du monde occidental, Israël emprunte son langage et ses vieux préjugés racistes pour les transposer sur les Palestiniens. (…) En 1983, Rafael Eitan, chef d'état-major de l'armée, avait déjà qualifié les Palestiniens de « cafards [...] dans une bouteille ». Ceux qui connaissent un peu l'histoire de l'antisémitisme, de Édouard Drumont à Hitler, n'auront aucun mal à retracer la généalogie de cette rhétorique. Par ricochet, l'arsenal très riche en stéréotypes antisémites créé en Europe à la fin du XIXe siècle s'est déplacé aujourd'hui au Proche-Orient, où il prospère, y compris sous ses formes les plus grotesques comme celle des Protocoles des sages de Sion, facilement accessibles sur internet et dans les librairies des capitales arabes.

Cette greffe moyen-orientale de l'antisémitisme européen vient conforter le récit sioniste selon lequel ce ne sont pas les décennies d'oppression et de déni des droits des Palestiniens qui sont derrière l'attentat du 7 octobre, mais plutôt l'antisémitisme ancestral, la haine éternelle et inguérissable des Juifs.

L'attentat est devenu un « pogrom », comme si c'était le Hamas qui détenait le pouvoir, et que les Israéliens n'étaient qu'une minorité opprimée comme les Juifs à l'époque des tsars. Une réécriture de l'histoire à laquelle Benjamin Netanyahou s'est essayé plusieurs fois, notamment en prétendant que l'inspirateur d'Hitler avait été le grand mufti de Jérusalem et que le Hamas – comme jadis Yasser Arafat – ne serait que la réincarnation du nazisme.

Il n'y a là rien d'inédit.

Exaspérés par la prolifération de ces récits mythologiques et par la violence qu'ils alimentent, certains intellectuels ont tenté d'en retracer les origines. À la fin des années 1980, le journaliste israélien Yehuda Elkana, qui avait assisté à plusieurs atrocités pendant la guerre du Liban en 1982, a suggéré que cette propension découlait d'une « profonde peur existentielle [...] tendant à faire du peuple juif l'éternelle victime d'un monde hostile ». Cette croyance, qui n'a visiblement pas disparu quarante ans plus tard, constituait à ses yeux, « paradoxalement, la tragique victoire de Hitler ». Constatant que le nazisme n'avait pas cessé d'affecter les esprits, il proposait d'explorer les vertus de l'oubli. Il écrivait : « Le joug de la mémoire historique doit être extirpé de nos vies. »

Il y a une vingtaine d'années déjà, l'historien anglo-américain Tony Judt constatait avec désespoir qu'après la guerre de 1967, et plus encore après la première Intifada, Israël avait subi une sombre transformation :

« Aujourd'hui [l'image d'Israël] est effroyable : un endroit où des jeunes de dix-huit ans armés de M16 rudoient en ricanant des vieillards impuissants (« mesures de sécurité ») ; où des bulldozers aplatissent régulièrement des bâtiments entiers (« châtiment collectif ») ; où des hélicoptères tirent des roquettes dans les rues de quartiers d'habitation (« assassinat ciblé ») ; où des colons subventionnés s'ébattent dans des piscines entourées de pelouse en oubliant que, quelques mètres plus loin, des enfants arabes croupissent dans les pires taudis de la planète ; et où des généraux en retraite et des ministres en exercice parlent ouvertement […] de débarrasser le territoire de son cancer arabe. »

FROM THE RIVER TO THE SEA

(…) Après l'annexion de Jérusalem Est, où ont déménagé 220 000 colons, l'installation de 500 000 colons en Cisjordanie et la destruction de Gaza, le scénario des deux États est devenu objectivement impossible. Qui plus est, le gouvernement d'Israël ne veut pas de deux États ; il veut annexer la Cisjordanie et procéder au nettoyage ethnique de Gaza.

(…) Alors que peut-on espérer ? Il y a vingt ans, Edward W. Said affirmait qu'un État binational laïque – une république démocratique capable de garantir une totale égalité des droits à ses citoyens juifs comme palestiniens – était la seule voie possible vers la paix. C'est d'ailleurs le sens du slogan From the river to the sea, Palestine will be free – avec ses variantes From the river to the sea, we demand equality et From the river to the sea, everyone must be free – que la plupart des médias s'obstinent à qualifier d'antisémite, reprenant une accusation qui remonte aux années de la guerre de Kippour, lorsque l'Anti-Defamation League du B'nai B'rith s'est mise à dénoncer un nouvel antisémitisme à gauche de l'échiquier politique. (…)

En 1950, au lendemain de la première guerre israélo-arabe, Arendt écrivait que la principale tragédie provoquée par ce conflit était « la création d'une nouvelle catégorie d'apatrides, les réfugiés arabes ». Loin d'assurer sa sécurité, la victoire d'Israël avait jeté les prémisses d'une crise permanente.

Arendt : « Et même si les Juifs devaient gagner la guerre, la fin du conflit verrait la destruction des possibilités uniques et des succès uniques du sionisme en Palestine. Le pays qui naîtrait alors serait quelque chose de tout à fait différent du rêve des Juifs du monde entier, sionistes et non sionistes. Les Juifs « victorieux » vivraient environnés par une population arabe entièrement hostile, enfermés entre des frontières constamment menacées, occupés à leur autodéfense physique au point d'y perdre tous leurs autres intérêts et toutes leurs autres activités. Le développement d'une culture juive cesserait d'être le souci du peuple entier ; l'expérimentation sociale serait écartée comme un luxe inutile ; la pensée politique serait centrée sur la stratégie militaire ; le développement économique serait exclusivement déterminé par les besoins de la guerre. Et tout cela serait le destin d'une nation qui – quel que soit le nombre d'immigrants qu'elle absorberait et si loin qu'elle étendrait ses frontières (la revendication absurde des révisionnistes inclut l'ensemble de la Palestine et la Transjordanie) – resterait néanmoins un tout petit peuple, largement supplanté en nombre par des voisins hostiles. »

Cette perspective, que Arendt envisageait comme un cauchemar, est aujourd'hui sous nos yeux.

Gaza devant l'histoire, Enzo Traverso, Lux Éditeur, Québec, 2024

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Les élections en Colombie-Britannique : un fiasco pour le NPD

5 novembre 2024, par David J. Climenhaga — , ,
Le plus grand perdant du fiasco de samedi est sans contredit le premier ministre David Eby, dont le parti jouissait d'une avance de plus de 20 % dans les sondages l'automne (…)

Le plus grand perdant du fiasco de samedi est sans contredit le premier ministre David Eby, dont le parti jouissait d'une avance de plus de 20 % dans les sondages l'automne dernier mais qui s'est retrouvé au bord du gouffre de la défaite le jour du vote.
Aucun parti politique ne peut arracher la défaite des mâchoires de la victoire comme le NPD !

Tiré de Rabble Lundi 21 octobre 2024 / DE : David J. Climenhaga. Traduction Johan Wallegren.

Et, comme nous avons été horrifiés de le voir dans la soirée de samedi, aucun autre parti néo-démocrate au pays ne peut prétendre tirer son épingle du jeu avec autant de flegme que le NPD de la Colombie-Britannique.

Il faudra attendre une semaine avant de savoir qui a réellement remporté la majorité à l'Assemblée législative de Victoria – mais pas à cause des histoires à dormir debout que Rob Anderson, le prochain chef de cabinet de la première ministre de l'Alberta Danielle Smith, a racontées concernant les machines à voter pour asticoter la base du Parti conservateur unifié (PCU) de notre province.

Non, en Colombie-Britannique, ce sont de simples bulletins de vote en papier qui sont utilisés, tout comme chez nous. Le problème, c'est qu'avec le NPD et le Parti conservateur de la Colombie-Britannique à égalité dans plusieurs circonscriptions, il va falloir recompter les voix, ce qui prendra un temps certain.

Cependant, quelles que soient vos opinions politiques, et quel que soit le candidat de la province la plus à l'ouest du Canada que vous souhaitez voir couronné, vous devez admettre que le plus grand perdant du fiasco de samedi est sans contredit le premier ministre David Eby, dont le parti jouissait d'une avance de plus de 20 % dans les sondages l'automne dernier mais qui s'est retrouvé au bord du gouffre de la défaite le jour du vote.

Des éléments crédibles peuvent être avancés pour affirmer que le grand gagnant a été John Rustad, le leader du Parti conservateur de la Colombie-Britannique, un négateur du changement climatique, sceptique à l'égard des vaccins qui, curieusement drapé dans les oripeaux du Crédit social de la Colombie-Britannique, semble vouloir rivaliser de débilité pure avec le PCU.

Certes, c'est la deuxième fois que le NPD de la Colombie-Britannique dilapide une avance de 20 % dans les sondages !

Adrian Dix en avait fait de même dans les semaines qui ont précédé l'élection de 2013 alors qu'il était chef du parti – de manière encore plus spectaculaire qu'Eby, en ne mettant que quelques mois (comparativement à une année entière) pour gâcher l'avance apparemment insurmontable de son parti et perdre contre les libéraux de la Colombie-Britannique, qui, de manière déroutante, étaient en fait de véritables conservateurs.
C'est quoi ce cirque, est-on porté à vouloir demander.

Eh bien, les néo-démocrates de quasiment partout au pays sont affligés d'un besoin maladif de se comporter comme les boy scouts de la politique, se tirant dans les deux pieds avec leur sincère esprit sportif.

Revenons à Adrian Dix en 2013 : il s'agissait alors de ne tolérer aucune négativité face au tsunami de quolibets des libéraux de Colombie-Britannique, appelés ainsi pour des raisons mystérieuses puisqu'il s'agissait essentiellement du Crédit social 2.0. Résultat : un quatrième mandat pour les libéraux.

Tournons-nous vers Rachel Notley en 2023 : La principale erreur non corrigée de la campagne 2023 du NPD en Alberta a été la naïve décision de dire la vérité sur une augmentation d'impôt de 3 % applicable aux plus grandes entreprises. Résultat : un second mandat pour le PCU, à présent dirigé par l'exécrable Danielle Smith.
Venons-en à David Eby et à ce samedi : Pourquoi diable n'a-t-il pas déclenché des élections à l'automne 2023, alors qu'il avait une avance écrasante dans les sondages et que les libéraux de la Colombie-Britannique n'avaient pas encore fait leur hara-kiri politique de manière à laisser la place aux Conservateurs de la province, le Crédit social 3.0, vendu au méga-MAGA ? Nous ne le saurons probablement jamais avec certitude, mais je parierais qu'il faut encore blâmer une attitude pusillanime conditionnée par le mantra « Oh, ça ne se fait pas ! ». Il y aura sûrement quelqu'un pour nous rappeler que nous avons une date d'élection fixe en Colombie-Britannique, ce qui signifie qu'on sera fixé bientôt.

Ce qui n'aide pas est que dans presque toutes les élections récentes, à l'exception peut-être de la victoire de Wab Kinew en 2023 au Manitoba, les partis néo-démocrates ont eu tendance à s'éloigner de leur base et faire campagne pour gagner le cœur des électeurs conservateurs indécis… qui n'existent peut-être même pas.

Le leader fédéral Thomas « déficit zéro » Mulcair a suivi une telle stratégie en 2015, et s'est vu débordé sur la gauche par Justin Trudeau.

On peut lire sous la plume de l'historien Alvin Finkel que Rachel Notley s'est détournée d'une flopée de politiques progressistes qui auraient permis au NPD albertain de gagner des voix. Semble-t-il que celles-ci auraient été trop radicales pour les électeurs conservateurs indécis, si j'ai bien compris.

David Eby a cédé à l'hystérie anti-taxes/impôts [« Axe the Tax »] des conservateurs fédéraux et a cabré devant l'obstacle lorsqu'il s'est agi d'implanter une taxe carbone qui aurait fait de sa province une pionnière. Cela a-t-il poussé des milliers d'électeurs britanno-colombiens soucieux de l'environnement dans les bras des Verts et divisé le vote progressiste dans plusieurs circonscriptions ? Rien n'est plus sûr !

Le fait que le NPD ait forcé l'énorme banlieue de Surrey, dans la région de Vancouver, à abandonner la GRC au profit d'une force locale, une décision impopulaire qui a fait basculer de nombreux votes néo-démocrates du côté des Conservateurs, n'a certainement pas aidé (ce qui devrait donner matière à réflexion au PCU ici en Alberta). La météo de samedi a certes été désastreuse, mais il y avait lieu de parier sur la faculté du NPD de survivre à de telles petites calamités.

Et vous vous demandez peut-être où était passé John Horgan, le néo-démocrate à l'ancienne qui est devenu chef du parti en 2014 alors que personne d'autre ne semblait vouloir le poste – et premier ministre de la Colombie-Britannique en 2017 après qu'un résultat électoral similaire a conduit à un accord de confiance et de soutien avec les Verts ? Après tout, il a remporté la majorité en 2020 et a probablement été en grande partie responsable des bons résultats obtenus par David Eby dans les sondages l'an dernier.
Hélas, celui-ci a annoncé qu'il quitterait la vie politique en 2022, après une récidive de cancer, déclarant qu'il ne pouvait pas continuer à être chef et premier ministre du fait des retombées de son traitement. Il a démissionné en février 2023 et, un mois plus tard, le Premier ministre Justin Trudeau l'a nommé ambassadeur du Canada en Allemagne.
En juin, John a reçu un troisième diagnostic de cancer et, le soir des élections, il était soigné dans un hôpital de Berlin.

Bien entendu, le résultat électoral d'hier n'aura pas d'importance pour un grand nombre de néo-démocrates purs et durs. Certains se sentiront même soulagés si, une fois la poussière des recomptages retombée, le parti en sort perdant.

Après tout, qu'y a-t-il de plus doux qu'une victoire morale sans complications ?
Mais comme les conservateurs canadiens adoptent l'extrémisme du mouvement MAGA qui sévit au sud de la frontière et intensifient leurs attaques contre les soins de santé publics, les droits humains et l'environnement, je ne suis pas sûr que nous puissions encore nous permettre d'avoir un NPD qui préfère les victoires morales aux vraies victoires.

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Le « manuel IHRA » de Trudeau favorisera la persécution de l’activisme palestinien et doit être retiré : CJPMO

5 novembre 2024, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , ,
Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) prévient que le « manuel IHRA » pro-censure publié aujourd'hui par Patrimoine canadien aura un effet paralysant sur (…)

Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) prévient que le « manuel IHRA » pro-censure publié aujourd'hui par Patrimoine canadien aura un effet paralysant sur le discours et l'activisme pro-palestinien et demande qu'il soit retiré immédiatement.

Source

La société civile, les groupes de défense des droits de l'homme et les associations de professeurs s'opposent largement à la définition de travail de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (connue sous le nom de « IHRA ») parce qu'elle confond délibérément la critique de la politique israélienne avec l'antisémitisme et qu'elle est fréquemment utilisée par les partisans d'Israël pour empêcher injustement les Palestiniens d'exprimer leur point de vue. CJPMO prévient que ce manuel apparemment inoffensif aura pour conséquence que les institutions publiques persécuteront les personnes qui critiquent le racisme systémique au sein d'Israël, plutôt que de lutter contre la discrimination.

« Après plus d'un an de protestation des Canadiens contre le génocide israélien à Gaza, Trudeau a l'audace de publier un guide sur la façon de réprimer les discours pro-palestiniens », a déclaré Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. « Ce manuel anti-palestinien et pro-censure constitue une menace directe pour les libertés civiles et vise les critiques des atrocités commises par Israël, en particulier les Palestiniens. Nous demandons instamment aux institutions canadiennes de rejeter l'utilisation de ce manuel », a ajouté M. Bueckert. Plus de 11 000 Canadiensont envoyé un courrier électronique au Premier ministre pour lui demander de suspendre l'utilisation de ce manuel.

Sur la base d'une analyse préliminaire du manuel IHRA de Trudeau, CJPMO a identifié plusieurs façons importantes de qualifier malicieusement et faussement d'antisémites les discours et les actions pro-palestiniens. Par exemple :

Le manuel affirme qu'il est antisémite de s'opposer à l'idéologie du sionisme, qui est définie uniquement comme un soutien à l'autodétermination des Juifs dans leur patrie ancestrale (en ignorant le rôle du sionisme dans la dépossession et l'oppression des Palestiniens) (29). Parmi les études de cas d'incidents antisémites, on peut citer un message sur les médias sociaux affirmant que « vous ne pouvez pas être antiraciste et sioniste » et que « le sionisme est un projet raciste et violent de colonisation » (29), ainsi qu'un message sur les médias sociaux affirmant qu' « Israël n'a pas le droit d'exister » (30). CJPMO prévient que cela sera utilisé pour réduire au silence les expériences palestiniennes du sionisme, y compris la Nakba.

Le manuel affirme qu'il y a antisémitisme lorsqu'Israël est « soumis à un double standard », présenté sous un « jour particulièrement négatif » ou lorsque son « droit à l'existence » est « remis en question » (30, 47). CJPMO note qu'il s'agitd'arguments entièrement subjectifs qui sont régulièrement déployés par les partisans d'Israël contre toutes les formes de critiques et de protestations qu'ils jugent excessives ou injustes.

D'autres exemples d'antisémitisme supposé dans le manuel incluent la désinvitation d'une conférencière d'un événement parce qu'elle avait servi dans l'armée israélienne (31) ; un post Instagram qui disait que « le génocide sioniste est le plus grand acte d'agression. C'est la cause première de la violence » et ne reconnaissait pas le « droit d'Israël à se défendre en temps de guerre » (31) ; la suggestion que les Israéliens sont des « colonisateurs » (31) ; l'accusation des Israéliens d'être des « assassins d'enfants » (31) ; l'utilisation du terme « sioniste », qui, selon le manuel, devrait être traité comme un substitut de « juif » (32) ; et la comparaison de la guerre génocidaire d'Israël à Gaza avec l'Holocauste (34).

Le manuel a été produit sous la direction de Deborah Lyons, l'envoyée spéciale du Canada pour la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme. Au début de l'année, CJPMO a publié un rapport intitulé « Defaming the Pro-Palestine Movement » (Diffamer le mouvement pro-palestinien)qui révélait comment Mme Lyons diffusait constamment des affirmations fausses et malveillantes sur les militants pro-palestiniens - en présentant les manifestations, les slogans et les positions pro-palestiniennes comme antisémites - et préconisait régulièrement la suppression de presque tous les types de manifestations pro-palestiniennes. Le rapport conclut que le comportement de l'envoyé spécial Lyons témoigne d'une tendance au racisme anti-palestinien et d'une collaboration inappropriée avec les responsables israéliens.

« Trudeau a choisi Lyons, l'ancien ambassadeur en Israël, pour produire un guide sur la façon de supprimer les Palestiniens qui s'expriment contre les pratiques racistes d'Israël. À la demande de M. Trudeau, M. Lyons a travaillé avec des responsables israéliens et des groupes pro-israéliens pour concevoir un document destiné à protéger Israël contre toute critique, même la plus légère, de ses politiques. Avec ce manuel, Trudeau choisit de protéger l'idéologie du sionisme plutôt que les droits des Canadiens garantis par la Charte », a déclaré Alex Paterson, directeur principal des affaires parlementaires de CJPMO.

CJPMO réaffirme que l'IHRA est conçue pour supprimer les perspectives palestiniennes, y compris les études critiques sur des concepts juridiques fondamentaux tels que l'apartheid et le génocide, et devrait donc être considérée comme une forme de racisme anti-palestinien parrainé par l'État. L'année dernière, CJPMO s'est jointe à plusde 100 organisations de la société civile, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ainsi que des groupes de défense des droits de l'homme palestiniens et israéliens, pour mettre en garde les Nations unies contre l'adoption de l'IHRA. Au Canada, les groupes qui s'opposent à l'IHRAcomprennent Independent Jewish Voices Canada, la BC Civil Liberties Association, le Congrès du travail du Canada, l'Association canadienne des professeurs d'université, la Fédération canadienne des étudiants, l'Union of BC Indian Chiefs, la Confédération des syndicats nationaux et plus de 40 associations de professeurs et syndicats universitaires. Au lieu d'adopter l'IHRA, CJPMO préconise d'autres définitions de l'antisémitisme qui ne reproduisent pas ces préjudices, comme la Déclaration de Jérusalem sur l'antisémitisme.

À propos de CJPMO - Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) est une organisation laïque à but non lucratif qui rassemble des hommes et des femmes de tous horizons désireux de voir la justice et la paix s'enraciner à nouveau au Moyen-Orient. Sa mission est de permettre aux décideurs de considérer toutes les parties avec équité et de promouvoir le développement équitable et durable de la région.

Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient www.cjpme.org

L'ensemble ou des parties de ce communiqué de presse peuvent être reproduits sans autorisation.

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Des groupes communautaires sud-asiatiques et leurs alliés demandent l’inscription du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) et de ses affiliés au Canada sur la liste des groupes haineux et des entités d’extrême droite.*

5 novembre 2024, par CERAS (Centre sur l'asie du sud), SADAC/CADSA (South Asian Diaspora Action Collective/Collectif d'action de la diaspora sud-asiatique) — , , ,
Montréal. 30 octobre 2024. Vingt-cinq (25) groupes communautaires sud-asiatiques et leurs alliés écrivent une lettre ouverte au premier ministre Trudeau pour demander (…)

Montréal. 30 octobre 2024. Vingt-cinq (25) groupes communautaires sud-asiatiques et leurs alliés écrivent une lettre ouverte au premier ministre Trudeau pour demander l'inscription du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) et de ses affiliés au Canada sur la liste des groupes haineux et des entités d'extrême droite.

La récente annonce de la GRC (Gendarmerie royale du Canada) a révélé « l'implication d'agents du gouvernement indien dans des activités criminelles graves au Canada » et, que la GRC et d'autres organismes d'application de la loi au Canada ont enquêté et inculpé un « nombre important d'individus pour leur implication directe dans des homicides, des
extorsions et d'autres actes criminels de violence.

L'assassinat l'année dernière d'un dirigeant sikh canadien, Hardeep Singh Nijjar, et sa prétendue implication avec le gouvernement nationaliste hindou de l'Inde, semblent n'être que la pointe de l'iceberg.

Le Guardian [1] rapporte que « les allégations d'une campagne indienne de violence et de harcèlement transnationaux ont émergé non seulement au Canada mais aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Pakistan, où d'éminents militants sikhs affirment avoir reçu des menaces de mort ».

Un rapport détaillé [2] publié en mars 2023, entre autres rapports, a lié la violence anti-sikhe au Canada à des groupes extrémistes comme le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) et leur famille d' organisations ‘Sangh Parivar'. « La présence du Sangh Parivar et des groupes liés au RSS pèse malheureusement, mais de manière prévisible, sur divers incidents de discours et d'actions suprémacistes hindous au Canada », indique le
rapport.

Rappelons que le BJP (Bharatiya Janata Party) au pouvoir en Inde est le bras politique du RSS – les nationalistes hindous ou Hindutva, qui est une organisation paramilitaire inspirée du fascisme européen. Les fondateurs du RSS ont explicitement épousé le fascisme européen. Les fondateurs du RSS ont explicitement épousé l'idéologie fasciste [3]. Au cours des dix années de règne du BJP en Inde, nous avons vu des exemples flagrants de cette idéologie, alors que le gouvernement mène l'Inde vers son objectif de faire
du pays un État ethno-nationaliste hindou, dans lequel les 200 millions de musulmans et d'autres populations minoritaires telles que les Sikhs, les Dalits, les Adivasi (peuples indigènes) et les Chrétiens sont considérés comme des citoyens de seconde zone.

Le gouvernement nationaliste hindou a permis des atrocités envers ces minorités en toute impunité en Inde. Les preuves contenues dans des rapports récents confirment qu'un réseau de ces groupes extrémistes cible les Sikhs et d'autres communautés minoritaires et leurs militants au Canada et aux États-Unis. Le vaste réseau de nationalistes hindous et leurs affiliés (a) au Canada et dans le monde entier [4] est bien connu et nous
savons maintenant que ce réseau au Canada est impliqué dans un modèle inquiétant de coercition, de crime organisé et de violence meurtrière (b).

Ils demandent au gouvernement canadien de :

1. Étendre la protection aux communautés sud-asiatiques et autres minorités à risque.
2. Enquêter sur les violations des droits de la personne et sur l'influence de RSS et de ses sociétés affiliées au Canada.
3. Inscrire le RSS et ses affiliés au Canada sur la liste des groupes haineux et des entités d'extrême droite. Ces mesures permettraient de mieux protéger les minorités canadiennes.

La lettre est également envoyée aux ministres concernés et à tous les dirigeants des partis fédéraux. (i)

(a) HSS-Canada [5], VHP-Canada [6], Coalition of Hindus of North America
(CoHNA)-Canada [7] et Canadian Organization for Hindu Heritage Education
(COHHE) [8], SEWA International [9].
(b) Ces groupes détournent souvent les critiques en invoquant l'«
hindouphobie »[10], qui a été largement démentie [11, 12].

Source :
South Asian Diaspora Action Collective (SADAC)
CERAS (South Asia Forum)

SIGNATAIRES :
Academics for Palestine - Concordia
Association des Femmes Musulmanes de Québec
Canadian Council of Indian Muslims (CCIM)
Canadian Council of Muslim Women, Montreal
Canadian Forum for Human Rights and Democracy in India
Canadians Against Oppression and Persecution (CAOP)
Canadians for Indian Democracy (CID)
Canadians for Peace and Justice in Kashmir (CPJK)
Centre sur l'asie du sud (CERAS)
Critical Diasporic South Asian Feminisms
External Affairs - Students' Society of McGill University
Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins
Hindus for Human Rights
International Council of Indian Muslims (ICIM)
Just Peace Advocates/Mouvement Pour Une Paix Juste
Justice For All Canada
Palestinian and Jewish Unity (PAJU)
Quebec Public Interest Research Group - Concordia (QPIRG)
Rang Collective : Arts for Solidarity
Solidarité sans frontières
South Asian Dalit Adivasi Network-Canada (SADAN)
South Asian Diaspora Action Collective (SADAC)
South Asian Women's Community Centre (SAWCC)
Tadamon !
Teesri Duniya Theatre

(i)
L'honorable Bill Blair – Député
Ministre de la Défense nationale

L'honorable Mélanie Joly – Députée
Ministre des Affaires étrangères

L'honorable Arif Virani – Député
Ministre de la Justice et Procureur général du Canada

L'honorable Kamal Khera – Députée
Ministre de la Diversité, de l'Inclusion et des Personnes en situation de
handicap

L'honorable Jagmeet Singh
Chef du Nouveau Parti démocratique

L'honorable Pierre Poilievre
Chef de l'opposition et Chef du Parti conservateur du Canada

L'honorable Yves-François Blanchet
Chef du Bloc Québécois

Notes :
[1] Allegations Suggest India is Now Part of The Assassination Club, 20 Oct
2024,
https://www.theguardian.com/world/2024/Oct/20/Allegations-Suggest-India-Is-Now-Part-Of-The-Assassination-Club

[2] Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) Network in Canada, 2023,
https://www.nccm.ca/rss-in-canada/

[3] In The Shadow of The Swastika : The Relationships Between Indian Radical
Nationalism, Italian Fascism and Nazism, 2020,
https://www.routledge.com/In-the-Shadow-of-the-Swastika-The-Relationships-Between-Indian-Radical-Nationalism-Italian-Fascism-and-Nazism/Casolari/p/book/9780367508272

[4] How Far-Right Hindu Supremacy Went Global, October 26, 2022,
https://www.vice.com/en/article/how-far-right-hindu-supremacy-went-global/

[5] Factsheet : Hindu Swayamsewak Sangh (HSS), 04 Jan 2024,
https://bridge.georgetown.edu/research/factsheet-hindu-swayamsewak-sangh-hss/

[6] Factsheet : Vishwa Hindu Parishad of America (VHPA), 25 May 2023,
https://bridge.georgetown.edu/research/factsheet-vishwa-hindu-parishad-of-america-vhpa/

[7] Factsheet : Coalition Of Hindus of North America (COHNA), 27 Jul 2023,
https://bridge.georgetown.edu/research/factsheet-coalition-of-hindus-of-north-america-cohna/

[8] Weaponizing “Hinduphobia” To Suppress Dalit and Caste-Oppressed Voices,
April 26, 2024,
https://local-news.ca/2024/04/26/Weaponizing-Hinduphobia-To-Suppress-Dalit-And-Caste-Oppressed-Voices/

[9] Covid Relief Donations Are Supporting a Project To “Hinduize” India,
June 08, 2021,
https://slate.com/news-and-politics/2021/06/covid-india-charity-sewa-hindu-nationalism.html

[10] Petition : E-4507 (Civil and Human Rights), July 19, 2023,
https://www.ourcommons.ca/Petitions/En/Petition/Details?Petition=E-4507

[11] We Must Oppose Indian Hindu Nationalist Forces in Canada, October 5,
2023,
https://www.thestar.com/opinion/contributors/we-must-oppose-indian-hindu-nationalist-forces-in-canada/article_f3911d19-3d62-53bc-8380-0709907718c4.html

[12] Sadan : Opposition to Hinduphobia Petition In Canada, September 10,
2023, https://drive.google.com/file/d/1d41KjHGfrnJlbM0fLLMJlGADOku4sOu_/view

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Charte mondiale des femmes pour l’humanité

5 novembre 2024, par Marche mondiale des femmes — ,
Nous, les femmes, marchons depuis longtemps pour dénoncer et exiger la fin de l'oppression que nous vivons en tant que femmes, pour dire que la domination, l'exploitation, (…)

Nous, les femmes, marchons depuis longtemps pour dénoncer et exiger la fin de l'oppression que nous vivons en tant que femmes, pour dire que la domination, l'exploitation, l'égoïsme et la recherche effrénée du profit menant aux injustices, aux guerres, aux conquêtes et aux violences ont une fin.

Tiré dehttps://www.cqmmf.org/charte-des-femmes-pour-lhumanite.html

Préambule

De nos luttes féministes, de celles qu'ont menées nos aïeules sur tous les continents, sont nés de nouveaux espaces de liberté, pour nous-mêmes, pour nos filles, pour nos fils et pour toutes les petites filles et tous les petits garçons, qui, après nous, fouleront ce sol.

Nous bâtissons un monde où la diversité est un atout et où tant l'individualité que la collectivité sont sources de richesse, où les échanges fleurissent sans contraintes, où les paroles, les chants et les rêves bourgeonnent. Ce monde considère la personne humaine comme une des richesses les plus précieuses. Il y règne l'égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix. Ce monde, nous avons la force de le créer.

Nous formons plus de la moitié de l'humanité. Nous donnons la vie, travaillons, aimons, créons, militons, nous distrayons. Nous assurons actuellement la majorité des tâches essentielles à la vie et à la continuité de cette humanité. Pourtant, notre place dans la société reste sous-évaluée.

La Marche mondiale des femmes, dont nous faisons partie, identifie le patriarcat comme le système d'oppression des femmes et le capitalisme comme le système d'exploitation d'une immense majorité de femmes et d'hommes par une minorité.

Ces systèmes se renforcent mutuellement. Ils s'enracinent et se conguguent avec le racisme, le sexisme, la misogynie, la xénophobie, l'homophobie, le colonialisme, l'impérialisme, l'esclavagisme, le travail forcé. Ils font le lit des fondamentalismes et intégrismes qui empêchent les femmes et les hommes d'être libres. Ils génèrent la pauvreté, l'exclusion, violent les droits des êtres humains, particulièrement ceux des femmes, et mettent l'humanité et la planète en péril.

Nous rejetons ce monde !

Nous proposons de construire un autre monde où l'exploitation, l'oppression, l'intolérance et les exclusions n'existent plus, où l'intégrité, la diversité, les droits et libertés de toutes et de tous sont respectés.
Cette Charte se fonde sur les valeurs d'égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix.

ÉGALITÉ

Affirmation 1. Tous les êtres humains et tous les peuples sont égaux dans tous les domaines et dans toutes les sociétés. Ils ont un accès égal aux richesses, à la terre, à un emploi digne, aux moyens de production, à un logement salubre, à une éducation, de qualité à la formation professionnelle, à la justice, à une alimentation saine, nutritive et suffisante, aux services de santé physique et mentale, à la sécurité pendant la vieillesse, à un environnement sain, à la propriété, aux fonctions représentatives, politiques et décisionnelles, à l'énergie, à l'eau potable, à l'air pur, aux moyens de transport, aux techniques, à l'information, aux moyens de communication, aux loisirs, à la culture, au repos, à la technologie, aux retombées scientifiques.

Affirmation 2. Aucune condition humaine ou condition de vie ne peut justifier la discrimination.

Affirmation 3. Aucune coutume, tradition, religion, idéologie, aucun système économique, ni politique ne justifie l'infériorisation de quiconque et n'autorise des actes qui remettent en cause la dignité et l'intégrité physique et psychologique.

Affirmation 4. Les femmes sont des citoyennes à part entière avant d'être des conjointes, des compagnes, des épouses, des mères, des travailleuses.

Affirmation 5. L'ensemble des tâches non rémunérées, dites féminines, qui assurent la vie et la continuité de la société (travaux domestiques, éducation, soin aux enfants et aux proches) sont des activités économiques qui créent de la richesse et qui doivent être valorisées et partagées.

Affirmation 6. Les échanges commerciaux entre les pays sont équitables et ne portent pas préjudice au développement des peuples.

Affirmation 7. Chaque personne a accès à un travail justement rémunéré, effectué dans des conditions sécuritaires et salubres, permettant de vivre dignement.

LIBERTÉ

Affirmation 1. Tous les êtres humains vivent libres de toute violence. Aucun être humain n'appartient à un autre. Aucune personne ne peut être tenue en esclavage, forcée au mariage, subir le travail forcé, être objet de trafic, d'exploitation sexuelle.

Affirmation 2. Chaque personne jouit de libertés collectives et individuelles qui garantissent sa dignité notamment : liberté de pensée, de conscience, de croyance, de religion ; d'expression, d'opinion ; de vivre librement sa sexualité de façon responsable et de choisir la personne avec qui partager sa vie ; de voter, d'être élue, de participer à la vie politique ; de s'associer, se réunir, se syndiquer, manifester ; d'élire son lieu de vie, sa nationalité, de choisir son statut civil ; de suivre les études de son choix, de choisir sa profession et de l'exercer ; de se déplacer ; de disposer de sa personne et de ses biens ; d'utiliser la langue de communication de son choix dans le respect des langues minoritaires et des choix collectifs concernant la langue d'usage et de travail ; de s'informer, de se cultiver, d'échanger, d'accéder aux technologies de l'information.

Affirmation 3. Les libertés s'exercent dans la tolérance, le respect de l'opinion de chacune et de chacun et des cadres démocratiques et participatifs. Elles entraînent des responsabilités et des devoirs envers la communauté.

Affirmation 4. Les femmes prennent librement les décisions qui concernent leur corps, leur sexualité et leur fécondité. Elles choisissent d'avoir ou non des enfants.

Affirmation 5. La démocratie s'exerce s'il y a liberté et égalité.

SOLIDARITÉ

Affirmation 1. La solidarité internationale est promue entre les personnes et les peuples sans aucun type de manipulation ni influence.

Affirmation 2. Tous les êtres humains sont interdépendants. Ils partagent le devoir et la volonté de vivre ensemble, de construire une société généreuse, juste et égalitaire, basée sur les droits humains exempte d'oppression, d'exclusions, de discriminations, d'intolérance et de violences.

Affirmation 3. Les ressources naturelles, les biens et les services nécessaires à la vie de toutes et de tous sont des biens et des services publics de qualité auxquels chaque personne a accès de manière égalitaire et équitable.

Affirmation 4. Les ressources naturelles sont administrées par les peuples vivant dans les territoires où elles sont situées dans le respect de l'environnement et avec le souci de leur préservation et de leur durabilité.

Affirmation 5. L'économie d'une société est au service de celles et de ceux qui la composent. Elle est tournée vers la production et l'échange de richesses utiles socialement, qui sont réparties entre toutes et tous, qui assurent en priorité la satisfaction des besoins de la collectivité, qui éliminent la pauvreté et qui assurent un équilibre entre l'intérêt général et les intérêts individuels. Elle assure la souveraineté alimentaire. Elle s'oppose à la recherche exclusive du profit sans satisfaction sociale et à l'accumulation privée des moyens de production, des richesses, du capital, des terres, des prises de décision entre les mains de quelques groupes ou de quelques personnes.

Affirmation 6. La contribution de chacune et de chacun à la société est reconnue et entraîne l'ouverture de droits sociaux, quelle que soit la fonction qu'ils y occupent.

Affirmation 7. Les manipulations génétiques sont contrôlées. Il n'y a pas de brevet sur le vivant ni sur le génome humain. Le clonage humain est interdit.

JUSTICE

Affirmation 1. Tous les êtres humains, indépendamment de leur pays d'origine, de leur nationalité et de leur lieu de résidence, sont considérés comme des citoyennes et des citoyens à part entière jouissant de droits humains (droits sociaux, économiques, politiques, civils, culturels, sexuels, reproductifs, environnementaux) d'une manière égalitaire et équitable réellement démocratique.

Affirmation 2. La justice sociale est basée sur une redistribution équitable des richesses qui élimine la pauvreté, limite la richesse, et assure la satisfaction des besoins essentiels à la vie et qui vise l'amélioration du bien-être de toutes et de tous.

Affirmation 3. L'intégrité physique et morale de toutes et de tous est garantie. La torture, les traitements humiliants et dégradants sont interdits. Les agressions sexuelles, les viols, les mutilations génitales féminines, les violences spécifiques à l'égard des femmes et le trafic sexuel et la traite des êtres humains sont considérés comme des crimes contre la personne et contre l'humanité.

Affirmation 4. Un système judiciaire accessible, égalitaire, efficace et indépendant est instauré.

Affirmation 5. Chaque personne jouit d'une protection sociale qui lui garantit l'accès à l'alimentation, aux soins, au logement salubre, à l'éducation, à l'information, à la sécurité durant la vieillesse. Elle a accès à des revenus suffisants pour vivre dignement.

Affirmation 6. Les services de santé et sociaux sont publics, accessibles, de qualité, gratuits et ce, pour tous les traitement, toutes les pandémies, particulièrement pour le VIH.

PAIX

Affirmation 1. Tous les êtres humains vivent dans un monde de paix. La paix résulte notamment : de l'égalité entre les sexes, de l'égalité sociale, économique, politique, juridique et culturelle du respect des droits, de l'éradication de la pauvreté qui assurent à toutes et tous une vie digne, exempte de violence, où chacune et chacun disposent d'un travail et de ressources suffisantes pour se nourrir, se loger, se vêtir, s'instruire, être protégé pendant sa vieillesse, avoir accès aux soins

Affirmation 2. La tolérance, le dialogue, le respect de la diversité sont des garants de la paix.

Affirmation 3. Toutes les formes de domination, d'exploitation et d'exclusion de la part d'une personne sur une autre, d'un groupe sur un autre, d'une minorité sur une majorité, d'une majorité sur une minorité, d'une nation sur une autre sont exclues.

Affirmation 4. Tous les êtres humains ont le droit de vivre dans un monde sans guerre et sans conflit armé sans occupation étrangère ni base militaire. Nul n'a le droit de vie ou de mort sur les personnes et sur les peuples.

Affirmation 5. Aucune coutume, aucune tradition, aucune idéologie, aucune religion, aucun système économique ni politique, ne justifient les violences.

Affirmation 6. Les conflits armés ou non entre les pays, les communautés ou les peuples sont résolus par la négociation qui permet d'arriver à des solutions pacifiques, justes et équitables et ce, au niveau national, régional et international.

APPEL

Cette Charte mondiale des femmes pour l'humanité appelle les femmes et les hommes et tous les peuples et groupes opprimés du monde à proclamer individuellement et collectivement leur pouvoir à transformer le monde et à modifier radicalement les rapports qui les unissent pour développer des relations basées sur l'égalité, la paix, la liberté, la solidarité, la justice.

Elle appelle tous les mouvements sociaux et toutes les forces de la société à agir pour que les valeurs défendues dans cette Charte soient effectivement mises en œuvre et pour que les pouvoirs politiques prennent les mesures nécessaires à leur application.

Elle invite à l'action pour changer le monde. Il y a urgence !!!

Aucun élément de cette Charte ne peut être interprété ni utilisé pour énoncer des opinions ou pour mener des activités contraires à l'esprit de cette Charte. Les valeurs qui y sont défendues forment un tout. Elles sont égales en importance, interdépendantes, indivisibles ; la place qu'elles occupent dans la Charte est interchangeable.
Qu'est-ce que la Marche mondiale des femmes ?

La Marche mondiale des femmes est un mouvement composé de groupes de femmes de diverses origines ethniques, culturelles, religieuses, politiques, de classe, d'âge, d'orientation sexuelle. Au lieu de nous séparer, cette diversité nous unit dans une solidarité plus globale.

En 2000, nous avons, en tant que Marche mondiale des femmes, écrit une plate-forme politique contenant 17 revendications concrètes afin d'éliminer la pauvreté dans le monde, réaliser le partage des richesses, éradiquer la violence à l'égard des femmes et obtenir le respect de leur intégrité physique et morale. Nous avons transmis ces revendications aux responsables du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de l'ONU. Nous n'avons reçu aucune réponse concrète. Nous avons aussi transmis ces revendications aux élus et élues et, aux dirigeants et dirigeantes de nos pays.

Depuis lors, nous continuons à défendre nos revendications sans relâche. Nous proposons des alternatives pour construire un autre monde. Nous sommes actives au sein des mouvements sociaux du monde et de nos sociétés. Nous approfondissons la réflexion sur la place qu'occupent et que doivent occuper les femmes dans le monde.

Par cette charte mondiale des femmes pour l'humanité et par les actions à venir nous réaffirmons qu'un autre monde est possible, un monde rempli d'espoir, de vie, où il fait bon vivre et nous déclarons notre amour à ce monde, à sa diversité et à sa beauté.

Adopté à la 5ième Rencontre internationale de la
Marche mondiale des femmes au Rwanda
le 10 décembre 2004

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Projet de loi 71 : une réforme manquée pour l’équité et la dignité des personnes assistées sociales

5 novembre 2024, par Fédération des femmes du Québec — , ,
La FFQ s'est mobilisée pour demander une réforme en profondeur du régime d'assistance sociale qui tienne compte de la réalité des femmes assistées sociales et pour une (…)

La FFQ s'est mobilisée pour demander une réforme en profondeur du régime d'assistance sociale qui tienne compte de la réalité des femmes assistées sociales et pour une revalorisation de leurs droits fondamentaux, y compris leur autonomie financière et personnelle.

Tiré d'infolettre 2 nov 24

Le dépôt de notre mémoire le 8 octobre dernier s'est fait dans le cadre des consultations particulièresde la Commission de l'économie et du travail pour le projet de loi 71, loi visant à améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance sociale. Notre intervention s'inscrit dans un large mouvement porté par des organisations comme le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) et le Collectif pour un Québec sans pauvreté, qui œuvrent pour une transformation en profondeur de ce système. Ces groupes revendiquent activement un accès plus équitable aux prestations d'aide sociale, ainsi qu'une meilleure protection des droits et de la dignité des personnes assistées sociales. En cohérence avec notre position votée en 2024, nous nous sommes jointes à cette mobilisation pour appuyer les efforts collectifs et pour faire entendre les préoccupations spécifiques des femmes face aux impacts de cette réforme annoncée​.

Nous avons mis de l'avant dans notre mémoire que la réforme manque de soutien, par exemple, pour les femmes victimes de violence, aînées, en situation de handicap ou de proche-aidance et les cheffes de famille monoparentale ou ayant un enfant en bas âge. Nous avons porté une attention particulière aux nouvelles mesures relatives à la prestation pour contrainte à l'emploi (PCE). Également, nous avons dénoncé l'insuffisance des mesures concernant l'individualisation des prestations et de la révision de la notion de vie maritale. Nous avons soulevé certains enjeux relatifs à la pratique sage-femme et à l'accessibilité. Enfin, nous avons réitéré l'importance de l'obligation du gouvernement de réaliser une analyse différenciée selon les sexes du projet de loi 71 pour en évaluer les impacts spécifiques sur les genres, en tenant compte de divers facteurs identitaires. Cette approche intersectionnelle est essentielle pour prévenir les inégalités et garantir un processus législatif transparent et équitable, au bénéfice de toute la population.

La FFQ est fière d'avoir reçu le soutien de plusieurs organisations qui partagent notre vision d'un système d'aide sociale équitable. Parmi celles-ci figurent : la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes (FMHF) ; le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT), le Regroupement des femmes sans emploi du Nord de Québec (ROSE du Nord), L'R des centres de femmes du Québec, le Front Commun des Personnes Assistées Sociales du Québec (FCPASQ), le Regroupement québécois des Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS), l'Alliance des maisons d'hébergement de 2ᵉ étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), Action Femmes et handicap (AFH) et la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ).

Suite aux commentaires de la ministre Chantal Rouleau en commissions particulières lors du passage de nos collègues de la FMHM, nous nous inquiétons que certains acquis législatifs soient maintenant relayés à une adoption réglementaire. Une adoption réglementaire ne nécessite pas le même niveau de débat et de transparence que lors d'un processus législatif complet. Ainsi, en passant par des règlements plutôt que par des lois, le gouvernement peut modifier ou abolir des mesures de protection plus facilement, souvent sans consultation publique ou examen approfondi, ce qui risque de compromettre des protections acquises.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter le mémoire complet et à partager vos commentaires par courriel à representations@ffq.qc.ca.

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Contre le profit, exiger l’expropriation de Ray-Mont Logistiques

5 novembre 2024, par Marc Bonhomme — , ,
Pendant que l'entreprise Ray-Mont Logistiques s'est auto-délivrée un certificat de bonne conduite quant à la pollution par le bruit, tout en négligeant celle par la poussière (…)

Pendant que l'entreprise Ray-Mont Logistiques s'est auto-délivrée un certificat de bonne conduite quant à la pollution par le bruit, tout en négligeant celle par la poussière et comme îlot de chaleur, la Ville de Montréal s'auto-déclare impuissante suite à une décision judiciaire défavorable qui en plus lui a valu une poursuite couteuse pour cause de profits perdus par l'entreprise. Candidement, la Ville de Montréal avoue que « [c]e dossier ne contribue pas à l'atteinte des résultats de Montréal 2030, des engagements en changements climatiques et des engagements en inclusion, équité et accessibilité universelle ». (OCPM – Ville de Montréal, Site Ray-Mont Logistiques - Secteur Assomption Sud) Il ne vient pas à l'idée de la Ville que la catastrophe tant climatique que celle de la biodiversité exigent d'aller au-delà de cette défaite judiciaire.

4 novembre 2024

Qu'est-ce à dire pratiquement ? Quand il a fallu, il y a une cinquantaine d'années, construire ce réseau d'autoroutes urbaines si affligeant par son parti-pris pour l'envahissante auto solo qui pollue et structure la trame urbaine, les différents niveaux de gouvernement ne se sont pas gênés pour exproprier à la pelletée malgré une forte opposition citoyenne. Le quartier Hochelaga-Maisonneuve a connu l'expropriation massive du secteur de la rue Notre-Dame… pour rien, ce qu'il lui a valu le prix de consolation d'une piste cyclable arborée. Aujourd'hui, la préservation et la restauration de la nature ont besoin d'autre chose qu'un prix de consolation. Il faut leur accorder la priorité et exproprier pour ce faire la propriété privée tout en faisant justice aux personnes expropriées sans tomber dans le piège spéculatif.

Les catastrophes démontrent l'importance cruciale de la préservation de la nature

Il tombe sous le sens que la nature est devenue prioritaire alors qu'elle aurait toujours dû l'être. La nature terrestre et océanique absorbe normalement la moitié des émanations de gaz carbonique qui est le principal gaz à effet de serre (GES) causant le réchauffement climatique. Il est fort troublant qu'

« [e]n 2023, année la plus chaude jamais enregistrée, les résultats préliminaires d'une équipe internationale de chercheurs montrent que la quantité de carbone absorbée par les terres s'est temporairement effondrée. Au final, les forêts, les plantes et les sols n'ont pratiquement pas absorbé de carbone. Des signes d'alerte se manifestent également en mer. […] Seule une grande forêt tropicale humide - le bassin du Congo - reste un puits de carbone important qui absorbe plus de carbone qu'il n'en rejette dans l'atmosphère. […] Les forêts boréales, qui abritent environ un tiers du carbone terrestre et s'étendent sur la Russie, la Scandinavie, le Canada et l'Alaska, ont vu la quantité de carbone qu'elles absorbent chuter de plus d'un tiers en raison des épidémies de coléoptères liées à la crise climatique, des incendies et du défrichement pour l'exploitation du bois.

Patrick Greenfield, Trees and land absorbed almost no CO2 last year. Is nature's carbon sink failing ?, The Guardian, 14/10/24

Rappelons que « [l]es incendies qui ont ravagé les forêts boréales du Canada en 2023 ont produit plus d'émissions de carbone responsables du réchauffement de la planète que la combustion de combustibles fossiles dans tous les pays sauf trois. »
(Manuela Andreoni, Canada's Wildfires Were a Top Global Emitter Last Year, Study Says, New York Times, 24/08/24). Depuis 2001, les forêts canadiennes « sous gestion » émettent plus de carbone dans l'atmosphère qu'elles en absorbent et elles le font à un taux croissant (Bary Saxifrage, Our forests have reached a tipping point, Canada's National Observer, 21/08/23).

On en déduit l'importance cruciale de la préservation et de la restauration de la nature lesquelles sont les trois premières cibles sur vingt-trois du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal issu de la COP15 de Montréal en 2022. Ce cadre est considéré comme l'équivalent de l'accord de Paris de 2015 sur le climat qui définit ce que les pays doivent faire pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C en dessous des niveaux préindustriels. Quelles sont ces trois premières cibles ?

La cible 1 vise à limiter l'artificialisation des milieux naturels, soit « réduire la perte de zones de grande importance pour la biodiversité, y compris d'écosystèmes de grande intégrité écologique, à un niveau proche de zéro d'ici à 2030 ».

La cible 2 requiert la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés,

La cible 3 demande aux états d'établir des zones protégées pour 30 % des terres et des mers. Ce dernier objectif est ambitieux : actuellement, seules 17 % des terres et 8 % des zones marines sont sous protection. Et bien souvent, il ne s'agit que d'une protection toute relative.

Sandrine Maljean-Dubois, La COP16 de Cali peut-elle enrayer l'effondrement de la biodiversité ?, The Conversation, 23/10/24

Ni Ottawa, ni Québec, ni Montréal ne sont sur le point d'atteindre le « 30 X 30 »

Soulignons aussi la cible 12 soit « Accroître significativement les espaces « bleus » et « verts » dans les milieux urbains » ce qui met au défi la Ville de Montréal (Alexis Riopel, Découvrez les 23 cibles de l'accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité, Le Devoir, 21/12/22). Où en sont Ottawa et Québec vis-à-vis l'atteinte de la cible trois du Cadre de Kunming-Montréal pour laquelle la COP16 de Cali avait pour but de déterminer le plan d'action ? Pour être poli, disons qu'il y a un rattrapage à faire d'ici 2030. Le Canada, à la fin 2023, était rendu à « 13,7 % de ses terres et de ses eaux douces, dont 12,8 % dans des aires protégées [et]14,7 % de ses milieux marins, dont 9,1 % dans des aires protégées » (Valérie Boisclair, Après l'accord historique sur la biodiversité, que nous réserve la COP16 ?, Radio-Canada, 21/10/24). Côté Québec, « le gouvernement Legault n'entend pas revoir la priorité accordée aux permis d'exploration minière, toujours plus nombreux, plutôt qu'à la protection des milieux naturels sur les terres publiques » :

Milieux terrestres : la superficie totale de protection en milieu continental atteint 255 811 km2, soit 17,68 % du territoire québécois. « Cette superficie comprend les différentes annonces d'intention, dont l'engagement gouvernemental à protéger l'entièreté de l'île d'Anticosti », précise le ministère de l'Environnement du Québec

Milieux marins : la superficie totale de protection en milieu marin est de 16 140 km2, ce qui signifie que le réseau d'aires protégées couvre 10,39 % du milieu marin. « Depuis le 1er janvier 2023, aucune superficie n'a été ajoutée au Registre des aires protégées au Québec en milieu marin et côtier », précise le ministère. Québec travaille cependant avec Ottawa en vue d'agrandir le parc marin du Saguenay–SaintLaurent, et une annonce est prévue en 2025.
Alexandre Shields, L'exploration minière avant la protection du territoire, Le Devoir, 25/10/24

Pour le Grand Montréal, au printemps 2023 on en était à « 22,1 % de milieux naturels couverts par des mesures de protection ou de conservation, ce qui nous rapproche de notre cible de 30 % pour 2030 » avec cette réserve que « des territoires qui jouissent de mesures de conservation [ne sont pas] enregistrés comme aires protégées » alors que le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) « compte au total 32 % de milieux naturels (protégés ou non) sur son
territoire »
(Isabelle Delorme, Protéger la nature dans une région urbanisée, Le Devoir, 6/05/23).

Qu'en est-il de la Ville de Montréal ? « Ville hôte de la COP15 sur la biodiversité,
Montréal veut augmenter la superficie terrestre d'aires protégées sur son territoire à 10 %, en ajoutant l'équivalent de cinq fois le mont Royal. […] En 2021, la métropole avait pu réaliser un bond important grâce à la création d'un paysage humanisé sur une portion de l'île Bizard, faisant ainsi passer sa superficie d'aires terrestres protégées à 8 % » (Valérie Boisclair, Le défi de protéger la biodiversité à Montréal, Radio-Canada, 9/12/22) En 2019, pour étendre le « Grand Parc de l'Ouest » à partir de parcs existants, la Ville acquiert un terrain pour 73M $ dont une contribution du fédéral de 50M $ (Wikipédia, Grand Parc de l'Ouest).

Toujours à l'ouest de son territoire dans le technoparc lié à l'aéroport, la Ville, en octobre de cette année, « achète un terrain à 30 millions pour la protection des milieux naturels […] projet de conservation, selon la mairesse Plante, [qui] n'aurait pu se réaliser ‘‘sans le combat'' et ‘‘la ténacité'' d'un groupe de citoyens. » Notons que pour ce projet, « la Ville de Montréal recevra une aide financière [qui] ‘‘pouvant atteindre 4,4 millions de la part du gouvernement du Québec et de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)…'' » (Stéphane Blais - La Presse canadienne, Montréal achète un terrain à 30 millions pour la protection des milieux naturels, La Presse, 16/10/24).

À l'est prolétaire et francophone, rien de nouveau, c'est le règne de la marchandise

À l'Est, c'est plus lent. La raison en est-elle une industrialisation plus ancienne et extensive laquelle est en corrélation avec une population plus ouvrière, plus pauvre, plus francophone ? Toujours est-il que quatre ans après la création du Grand parc de l'Ouest, la Ville y va de la création du Grand parc de l'Est sur le même principe de la liaison d'espaces verts déjà existants à améliorer ou à aménager auxquels on adjoindra des terrains limitrophes au gré d'achats privés (Isabelle Ducas, Le projet de grand parc dans l'Est se précise, La Presse, 12/11/23). Contrairement au Grand parc de l'Ouest, cependant, la Ville n'a pas encore agrandi le Grand parc de l'Est par un achat privé bien qu'un soit en vue (Emmanuel Delacour, Montréal lorgne un terrain pour son Grand parc de l'Est, Est Média Montréal). Il n'est pas question non plus d'apport pécuniaire d'autres niveaux de gouvernement contrairement à l'Ouest. Pour l'Est ajoutons la transformation de l'ancienne carrière Miron devenue dépotoir en parc de type vaste prairie (Andréanne Chevalier,Le parc Frédéric-Back, ou la reconquête écologique d'un dépotoir, Le Devoir, 18/02/23).

On constate que si la Ville veut prendre au sérieux l'atteinte de son humble cible de 10% d'ici 2030 — la nouvelle loi sur l'expropriation, entre autres pour favoriser la protection de la nature, l'avantage (Éric-Pierre Champagne, Une nouvelle loi qui ne fait pas que des heureux, La Presse, 18/12/23) — elle n'y est pas encore, ni en termes de quantité ni de qualité. De plus, son cœur — est-ce par facilité ? — penche plus à l'Ouest qu'à l'Est. Pendant que le régional Grand parc de l'Est à la pointe de l'Île fait pendant, en retard, à celui de l'Ouest, au niveau des grands parcs de quartier du centre-est l'ajout de la friche L'Assomption dans Hochelaga-Maisonneuve complèterait le parc Frédéric-Back dans St-Michel, (le parc
Maisonneuve dans Rosemont-Mercier ouest et le parc-nature de l'Île de la Visitation dans Montréal-Nord).

Pour exproprier et aménager le parc-nature il faut presser le citron marchand

Pour que ce parc nature soit autre chose qu'un semblant de parc, dit « Coulée verte » par la Ville, il faut y ajouter la propriété de Ray-Mont Logistiques qui ne comprend encore aucun bâtiment. En plus de créer un grand parc de quartier manquant, la création du parc-nature l'Assomption, comme déjà souligné, viendrait corriger l'importante nuisance environnementale qu'est une plateforme logistique train-camion où circuleraient cent wagons par jour. Question coût, un acompte de 17M $ déjà accordé à Ray-Mont qui ne l'aurait pas été si la nouvelle loi sur les expropriations, en vigueur seulement depuis décembre dernier, avait pu être appliquée. En plus, une expropriation épargnerait à la Ville les coûts des mesures de mitigation en faveur de Ray-Mont.

Plus globalement, on pourrait penser que la négligence de la Ville à modifier le zonage à temps afin de couper court à la plateforme de Ray-Mont témoignait d'une aspiration à un retour de la vocation industrielle de ce site étant donné son lucratif rendement fiscal. D'autant plus que la construction de la plateforme était certainement un souhait du conseil d'administration du Port de Montréal, en étroite connivence avec Ray-Mont, sous juridiction du gouvernement fédéral et dont le conseil est composé de gens émanant de l'élite affairiste du Grand Montréal nommés par le gouvernement fédéral. Ne manque plus dans le portrait que le gouvernement québécois qui souhaite industrialiser la Vallée du St-Laurent, en particulier le Premier ministre avec son Projet Saint-Laurent qui a relancé sa carrière politique avec la CAQ (Robert Dutrisac, Legault rêve d'une « vallée de l'innovation », Le Devoir, 25/03/13).

Il ne faut pas craindre de mettre à contribution cette panoplie d'opposants davantage branchés sur la libre circulation des marchandises que sur la sauvegarde de la nature et tous imbus de la quasi-religion du sacro-saint droit de propriété en vue du profit. Il faut d'autant plus les faire payer tant pour le coût de l'expropriation et pour les frais d'aménagement du Parc-nature L'Assomption que ni le ministre de l'Environnement du Canada ni celui du Québec n'ont jugé bon de se déplacer pour la COP16 de Cali sur la biodiversité (Alexandre Shields, Steven Guilbeault et Benoit Charette n'iront pas à la COP16 sur la biodiversité, Le Devoir, 30/10/24) dont le mandat était de donner suite au Cadre mondial de la biodiversité de KunmingMontréal issu de la COP15. Cette COP16 s'est finalement terminée en queue de poisson parce que les avaricieux pays riches ont refusé de soutenir les pays pauvres — allô impérialisme — autrement que par des aumônes alors que l'essentiel de la biodiversité à protéger et à restaurer s'y trouve (Benjamin Legendre - Agence France-Presse et Mariette Le Roux - Agence France-Presse,La COP16 se termine sans parvenir à un accord sur le financement, Le Devoir, 2/11/24).

Marc Bonhomme, 4 novembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Mères au front encourage la population à se montrer solidaire

5 novembre 2024, par Mères au front — , ,
Mères au front encourage la population à se montrer solidaire envers des personnes qui se sont courageusement impliquées en faveur de la fermeture d'un pipeline vétuste : (…)

Mères au front encourage la population à se montrer solidaire envers des personnes qui se sont courageusement impliquées en faveur de la fermeture d'un pipeline vétuste :

L'eau potable compromise pour des centaines de milliers de Québécoises et Québécois

La ligne 9B est un oléoduc vétuste, un tuyau rouillé construit en 1976 sans évaluation environnementale préalable. Il achemine du bitume lourd de l'Alberta vers le terminal portuaire de Valero, bordant le St-Laurent, dans l'est de Montréal, en passant par les régions de Vaudreuil-Soulanges, des Basses-Laurentides, de Lanaudière et de Laval. Il serait interdit aujourd'hui de construire un tel pipeline car il est considéré dangereux par les experts, y incluant par Steven Guilbeault, lorsqu'il était porte-parole d'Équiterre. Depuis plus de 15 ans, des citoyennes et des citoyennes font des pressions pour tenter de le fermer, sans succès.

Le 22 octobre dernier, des membres de Last génération Canada et du collectif Antigone ont escaladé le pont Jacques-Cartier pour appeler à la fermeture de la ligne 9b et à la signature du Traité de non-prolifération des énergies fossiles. Cette nouvelle action dénonçant l'exploitation pétrolière a eu lieu 5 ans après la première escalade du pontpar des activistes d'Extinction Rébellion (XR), mais aussi deux ans après l'occupation de 24h du terminal pétrolier de Valero par des activistes d'Antigone.
Les deux grimpeurs, Olivier Huard et Jacob Pirro, ainsi que Michèle Lavoie, ancienne coordinatrice en mobilisation de MAF, qui avait pour rôle le 22 octobre de faire la liaison avec la police afin d'assurer la sécurité, sont en prison depuis cette date jusqu'à leur audience prévue le 31 octobre. Comme vous le constaterez dans cette courte vidéo, c'est une tentative de criminalisation sans précédent au Québecet une atteinte aux droits de la personne à l'encontre d'activistes environnementalistes non-violent-e-s. Un événement de soutien sera organiséle 31 octobre à 9h AM devant le Palais de justice de Montréal pour leur prochain procès.

Comment démontrer notre solidarité envers ces personnes ?

Signez et partagez la pétition
Partager l'appel à la solidarité pour le 31 octobre
Partager la vidéo d'explication des activistes
Partager l'événement Facebook
Contribuez à la campagne de financement en faveur des activistes

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Une centaine de groupes demandent le report du PL-69 sur l’énergie

5 novembre 2024, par Front commun pour la transition énergétique — , ,
Montréal le 28 octobre 2024 - Plusieurs organisations ont analysé le projet de loi n° 69 (PL-69), Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et (…)

Montréal le 28 octobre 2024 - Plusieurs organisations ont analysé le projet de loi n° 69 (PL-69), Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, qui a fait l'objet de consultations particulières devant la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles jusqu'au 19 septembre dernier.

Compte tenu de la nature des propositions du projet de loi, qui touchent 15 lois et 7 règlements, ainsi que de leurs profonds impacts sur la société et l'environnement, les organisations signataires sont d'avis que cette réforme législative, dans sa forme actuelle, serait mal avisée. Conséquemment, 'est pourquoi elles demandent au gouvernement de suspendre les procédures menant à l'adoption du PL-69 et de retourner à la planche à dessin à la suite d'un réel débat public sur l'avenir énergétique du Québec. En outre :

Le PL-69 ne mène pas à la décarbonation puisqu'il ne contient aucune disposition assurant l'abandon des énergies fossiles
Le PL-69 favorise un développement industriel énergivore effréné
Le PL-69 reporte injustement le coût de ce développement industriel sur les tarifs d'électricité
Ce qui est une injustice sociale
Et une injustice environnementale
Le PL-69 aide le secteur privé à s'approprier notre patrimoine énergétique en ouvrant de nouvelles portes vers la privatisation d'Hydro-Québec ou d'une grande partie de ses actifs
Le PL-69 aurait des impacts catastrophiques sur le territoire
Le PL-69 ignore les mesures pourtant incontournables à prendre pour favoriser la sobriété collective :
Nécessaire pour une transition énergétique moins coûteuse.
Nécessaire pour respecter les limites des territoires.
Nécessaire pour éviter le nucléaire.
Le PL-69 repose sur des orientations qui n'ont jamais été présentées à la population et n'ont jamais été débattues ;
Nous croyons que l'ensemble de ces considérations justifient de lancer rapidement le débat de société qui devrait servir de socle au plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) que le gouvernement s'est engagé à élaborer, et de déposer un projet de loi sur l'énergie fondamentalement remanié, une fois cet exercice complété.

Pour lire la lettre

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Les syndicats et les livraisons d’armes à l’Ukraine (24 février 2022 - septembre 2024)

https://www.pressegauche.org/IMG/pdf/final.final.final_rapport_syndicat_armement_ukraine.pdf?48457/cf93401bc822972581acb05b1129fc807e8fa76c8ef33269acf2efc1128fe8c05 novembre 2024, par Martin Gallié — , ,
Dans un contexte où la gauche qui se réclame du mouvement ouvrier se fracture sur la question des livraisons d'armes à l'Ukraine, ce rapport souhaite documenter une question (…)

Dans un contexte où la gauche qui se réclame du mouvement ouvrier se fracture sur la question des livraisons d'armes à l'Ukraine, ce rapport souhaite documenter une question délaissée : les prises de positions et les actions des organisations syndicales sur le sujet. Il s'agit là d'un enjeu important, tant pour les travailleurs et les travailleuses directement concerné·es par les livraisons d'armes, que pour le mouvement ouvrier international. Le pacifisme et la solidarité armée sont par définition incompatibles. Ces prises de positions renvoient donc à des conceptions radicalement opposées de la solidarité ouvrière, de l'internationalisme.

En compilant et en présentant les principaux débats disponibles sur le sujet depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022 par l'armée Russe, ce sont notamment les contradictions et les pistes de réflexion qui ressortent au sein des organisations syndicales que ce rapport souhaite contribuer à identifier et documenter (pièce jointe).

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Appel international des auteurs en soutien aux Palestiniens

« La guerre actuelle est entrée dans nos maisons et a transpercé nos cœurs ». Des auteur·ices lancent un appel international au boycott massif des éditeurs israéliens complices (…)

« La guerre actuelle est entrée dans nos maisons et a transpercé nos cœurs ». Des auteur·ices lancent un appel international au boycott massif des éditeurs israéliens complices de la dépossession du peuple palestinien. Plus de 6000 auteurs, dont Naomi Klein, Jhumpa Lahiri, ou en France Annie Ernaux, Olivier Marboeuf, Karim Kattan, Faïza Guène, refusent de collaborer avec des éditeurs israéliens complices.

Tiré du blogue de l'auteur.

Nous, écrivains, éditeurs, animateurs de festivals littéraires et autres professionnels du livre, publions cette lettre alors que nous sommes confrontés à la crise morale, politique et culturelle la plus profonde du XXIe siècle. L'injustice écrasante à laquelle sont confrontés les Palestiniens ne peut être niée. La guerre actuelle est entrée dans nos maisons et a transpercé nos cœurs.

L'urgence est là : Israël a rendu Gaza invivable. Il est impossible de savoir exactement combien de Palestiniens Israël a tués depuis octobre, car Israël a détruit toutes les infrastructures, y compris la possibilité de compter et d'enterrer les morts. Nous savons cependant qu'Israël a tué, au minimum, 43 362 Palestiniens à Gaza depuis octobre et qu'il s'agit de la plus grande guerre contre les enfants de ce siècle.

Il s'agit d'un génocide, comme l'affirment depuis des mois des experts et des institutions de premier plan. Les responsables israéliens parlent clairement de leurs motivations : éliminer la population de Gaza, rendre impossible la création d'un État palestinien et s'emparer des terres palestiniennes. Cela fait suite à 75 ans de déplacement, de nettoyage ethnique et d'apartheid.

La culture a joué un rôle essentiel dans la normalisation de ces injustices. Les institutions culturelles israéliennes, qui travaillent souvent en collaboration directe avec l'État, ont joué un rôle crucial dans l'obscurcissement, le camouflage et la dissimulation artistique de la dépossession et de l'oppression de millions de Palestiniens pendant des décennies.

Nous avons un rôle à jouer. Nous ne pouvons pas, en toute conscience, nous engager auprès des institutions israéliennes sans nous interroger sur leur relation avec l'apartheid et les déplacements de population. C'est la position adoptée par d'innombrables auteurs contre l'Afrique du Sud ; c'est leur contribution à la lutte contre l'apartheid dans ce pays.

Par conséquent, nous ne travaillerons pas avec des institutions culturelles israéliennes qui sont complices ou qui sont restées des observateurs silencieux de l'oppression écrasante des Palestiniens. Nous ne coopérerons pas avec les institutions israéliennes, y compris les éditeurs, les festivals, les agences littéraires et les publications qui :

1- sont complices de la violation des droits des Palestiniens, notamment par le biais de politiques et de pratiques discriminatoires ou en blanchissant et en justifiant l'occupation, l'apartheid ou le génocide d'Israël, ou

2- n'ont jamais reconnu publiquement les droits inaliénables du peuple palestinien tels qu'ils sont inscrits dans le droit international.

Travailler avec ces institutions, c'est nuire aux Palestiniens, et nous appelons donc nos collègues écrivains, traducteurs, illustrateurs et travailleurs du livre à se joindre à nous dans cet engagement. Nous appelons nos éditeurs, rédacteurs en chef et agents à se joindre à nous pour prendre position, pour reconnaître notre propre implication, notre propre responsabilité morale et pour cesser de collaborer avec l'État israélien et avec les institutions israéliennes complices.

Premiers signataires

Fatin Abbas
Taiba Abbas
Nuzhat Abbas
Yassmin Abdel-Magied
Amy Abdelnoor
Sandy Abdelrahman
Idil Abdillahi
Mohamed Abdou
Hassan Abdulrazzak
Omar Abed
Jordan Abel
Aria Aber
Charlotte Abotsi
Alex Abraham
George Abraham
Susan Abulhawa
Maan Abutaleb
Samuel Ace
Tendayi Emily Achiume
Pip Adam
Brittany Adames
Juana Adcock
Amanda Addison
Nana Kwame Adjei-Brenyah
Nancy Agabian
Pragya Agarwal
Tolu Agbelusi
Zena Agha
Silvia Aguilera
Aamina Ahmad
Rukhsana Ahmad
Naylah Ahmed
Shahnaz Ahsan
Cina Aissa
Jim Aitken
Amna A. Akbar
Kaveh Akbar
Sascha Akhtar
Vasiliki Albedo
Ammiel Alcalay
Kathleen Alcott
Aleksander Aleksander
Michelle Alexander
Kristen Vida Alfaro
Farah Ali
Kazim Ali
Hassan Ali
Najwa Ali
Sabrina Ali
Salma Ali
Sarah Ghazal Ali
Yasmin Alibhai-Brown
Kip Alizadeh
San Alland
Ashleigh Allen
Esther Allen
Rachael Allen
Lulu Allison
Ekbal Alothaimeen
Yazan Al-Saadi
Yassin Alsalman
Hanan Al-Shaykh
Lilliam Eugenia Gómez Álvarez
Miguel Álvarez Sánchez
Raquel Alvarez Sanchez
Hatem Aly
Alia Alzougbi
Justice Ameer
Suad Amiry
Sarah Amsler
Tahmima Anam
Anthony Anaxagorou
Darran Anderson
Sophie Anserson
Abi Andrews
Chris Andrews
Noah Angell
Callum Angus
Aileen Angsutorn
Sinan Antoon
Raymond Antrobus
Marni Appleton
Gina Apostol
Laura Arau
Nilson Araujo de Souza
Farhaana Arefin
John Manuel Arias
Julia Armfield
Amy Arnold
Mirene Arsanios
Ayan Artan
Claire Askew
Marigold Atkey
Polly Atkin
Jennifer Atkins
Jacqueline Atta-Hayford
James Attlee
Matthew Austin
Makram Ayache
MiMi Aye
Sarah Aziza
Hajjar Baban
Indie Laras Bacas
Tareq Baconi
Danielle Badra
Valérie Bah
Bilal Baig
Priya Bains
Jennifer Baker
Jo Baker
Nikkitha Bakshani
Sita Balani
Emily Balistrieri
Ibtisam Barakat
Frank Barakat
J. Mae Barizo
Lana Barkaei
Tim Barker
Frankie Barnet
Cassandra Barnett
Damian Barr
Emily Barr
Ania Bas
Lana Bastasic
Liam Bates
Rim Battal
Alyssa Battistoni
Jumana Bayeh
Richard Beck
Sarona Bedwan
Hannah Beer
Henry Bell
Kobby Ben Ben
Ronan Bennett
Ariana Benson
Sophie Benson
Laura van den Berg
Franco Berardi Bifo
Bennet Bergman
David Bergen
Chase Berggrun
Jay Bernard
Susan Bernofsky
Sarah Bernstein
Omar Berrada
Marie-Helene Bertino
Rahul Bery
Deepa Bhasthi
Gargi Bhattacharyya
Fatima Bhutto
Rose Biggin
Joanna Biggs
Irene Bindi
Maya Binyam
Beverley Birch
Brandi Bird
Hera Lindsay Bird
Farid Bitar
Adelheid Bjornlie
Sin Blaché
Grace Blakeley
A K Blakemore
Nicholas Blincoe
Selina Boan
Lindsey Boldt
Yolanda Bonnell
Naomi Booth
Patricia Borlenghi
Houria Bouteldja
Felix Chau Bradley
Gracie Mae Bradley
Katie Bradshaw
Solomon Brager
Nathaniel Braia
Beth Brambling
Dionne Brand
James Bridle
Elizabeth Briggs
Octavia Bright
Victoria Brittain
Rula Jones Brock
Marianna Brooker
Jennifer Brough
Jericho Brown
Kerry Donovan Brown
Simone Browne
Natascha Bruce
Anca Bucur
Victoria Adukwei Bulley
Judith Butler
Alex Caan
Troy Cabida
Amina Cain
Danny Caine
Felicity Callard
Jen Calleja
Anje Monte Calvo
Marta Fernández Campa
Rosa Campbell
Olga Campofreda
Paul Cannon
Anthony V. Capildeo
Anna Carastathis
Peter Carey
Daragh Carville
Brad Casey
Maya Caspari
Joyoti Grech Cato
Fesal Chain
Jody Chan
Vajra Chandrasekera
Jade Chang
Hayan Charara
Jos Charles
Ruth Charnock
Amit Chaudhury
Cathy Linh Che
Alexander Chee
Melissa Chemam
Anelise Chen
Ching-In Chen
Lisa Hsiao Chen
Tim Tim Cheng
Heerahn Cheon
Selim-a Atallah Chettaoui
Eugene Yiu Nam Cheung
Anne Chisholm
Satinder Kaur Chohan
Mona Chollet
Cat Chong
Chrysanthemum
Bora Chung
Gina Chung
Tice Cin
Jo Blair Cipriano
Susannah Clapp
Eliza Clark
Caro Clarke
John Clifford
Dave Coates
Lucy Coats
Lindsey Collen
Bea Colley
Peter Collins
David Colmer
Joey Connolly
Rachel Connolly
Ingrid Rojas Contreras
Swithun Cooper
Hannah Copley
Jonah Corne
Jacqui Cornetta
Rio Cortez
Mary Costello
Glen Coulthard
Leah Cowan
Molly Crabapple
Raymond Craib
Mac Crane
Andy Croft
Paul Ian Cross
Tess Cullity
Harriet Cummings
Doreen Cunningham
Faye Cura
Grace Curtis
Lauren Aimee Curtis
Sarah Cypher
Selma Dabbagh
Sky Dair
Gabriel Dalpiaz
William Dalrymple
Alain Damasio
Jared Davidson
Danielle Davis
Jenny Fran Davis
Roisin Davis
Gloria Dawson
Aviah Sarah Day
Eccy de Jonge
Saraid de Silva
Ren Dean
Tricia Dearborn
Siddhartha Deb
Claire Dederer
Sharanya Deepak
Michael DeForge
Trynne Delaney
Lauren Delphe
Jemma Desai
Sharan Dhaliwal
Junot Díaz
Natalie Diaz
Susannah Dickey
Ellen Dillon
Brian Dillon
Nicola Dinan
Merima Dizdarević
Farzana Doctor
Kerri ní Dochartaigh
Ted Dodson
Anna Doherty
Michael Donkor
Sarah Dowling
Nicky Downes
Erin Doyle
Ian Dreiblatt
Sarah Driver
Sophie Drukman-Feldstein
OmiSoore H. Dryden
Sharon Duggal
Lisa Duggan
Cyrus Dunham
Natalie Dunn
Roisin Dunnett
Ben Durham
Carolina Ebeid
Caroline Eden
Martin Edmond
Chikè Frankie Edozien
Ben Ehrenreich
Deborah Eisenberg
Nidhi Zakaria Eipe
Eli Tareq El Bechelany-Lynch
Nadine El-Enany
Tala El-Fahmawi
Yara El-Ghadban
Walid El Hamamsy
Mirna El Helbawi
Mohammed El-Kurd
Mirna El Mahdy
Yasmin El-Rifae
Inua Ellams
Zetta Elliott
Maia Elsner
Lucie Elven
Soula Emmanuel
Jonathan Emmett
Shareefa Energy
Mercedes Eng
Annie Ernaux
Ninar Esber
Martín Espada
Nick Estes
Sarala Estruch
Diana Evans
Gareth Evans
Percival Everett
Eve L. Ewing
Keeyana Ezna (Kezna Dalz)
Allegra Le Fanu
David Farr
Shon Faye
Sonia Fayman
Melissa Febos
Silvia Federici
Elaine Feeney
Anita Felicelli
Camonghne Felix
Jordan Felkey
Megan Fernandes
Ferrao
Julie Finidori
Susan Finlay
Samuel Fisher
Emily Fitzell
Fernando A. Flores
Genessee Floressantos
Angela Flournoy
Omar Foda
Ashley Fortier
Sesshu Foster
Yara Rodrigues Fowler
Dan Fox
Lorna Scott Fox
Livia Franchini
Micha Frazer-Carroll
Indigo Freeman
Ru Freeman
Talia Freimanis
Sasha Frere-Jones
Connor Frew
Temim Fruchter
Diane Fujino
Oliver Fugler
Elizabeth Fullerton
Aja Gabel
Ellen Gabriel
Kay Gabriel
Mary Gaitskill
Harry Gallon
Shannon Galpin
Jay Gao
Angela Garbes
Marc Garcés
Suzanne Gardinier
Ed Garland
Camryn Garret
Florence Gauthier
Karl Geary
Joma Geneciran
Puloma Ghosh
Nadene Ghouri
Annie Gibson
Harry Josephine Giles
Cassia Gaden Gilmartin
Ruth Wilson Gilmore
Fausto Giudice
Nicholas Glastonbury
Carly Gledhill
Rory Gleeson
Sinéad Gleeson
Brannavan Gnanalingam
Katie Goh
Em Goldman
Martin Gollan
Noam Gonick
Gia Gonzales
Elisa Gonzalez
Avery Gordon
Sylvia Gorelick
Molly Gott
Rebecca Ruth Gould
Niven Govinden
Marlowe Granados
Greg Grandin
Charlotte Geater
Aoife Greenham
Madeleine Grive
Faïza Guène
Amba Guerguerian
Gioia Guerzoni
Guy Gunaratne
Anna Gunin
Abdulrazak Gurnah
Susila Gurusami
Kevin Guyan
Marilyn Hacker
Saleem Haddad
Swapna Haddow
Subhi Hadidi
Jessica Hagedorn
Simon Haines
Mashinka Firunts Hakopian
Robert Hamberger
Mohsin Hamid
Omar Robert Hamilton
Isabella Hammad
Mohammed Hanif
Kaoutar Harchi
Githa Hariharan
Matef Harmachis
Malcolm Harris
Will Harris
Alison B. Hart
Markus Harwood-Jones
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Sarvat Hasin
Tobi Haslett
Janet Hatherley
Owen Hatherley
Alice Hattrick
Naomi Head
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Juliano Zaffino
Abi Zakarian
Kate Zambreno
Javier Zamora
Haifa Zangana
Nazanin Zarepour
Hannah Zeavin
Ghassan Zeineddine
Alia Trabucco Zeran
Aisha Zia
Rasha Zidan
Issam Zineh
Alex Zucker
Jeffrey Zuckerman

Il est toujours possible de signer en cliquant ici.

Voir aussi cette version originale.

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L’art de Félix Rose

5 novembre 2024, par Pierre Jasmin — , ,
Avec l'exception éclatante de la politique menée par Camille Laurin et sa loi 101 (Charte de la langue française), parfois contre les réticences de René Lévesque, Félix Rose (…)

Avec l'exception éclatante de la politique menée par Camille Laurin et sa loi 101 (Charte de la langue française), parfois contre les réticences de René Lévesque, Félix Rose dans son nouveau film chez Picbois Productions encouragées par MAISON 4:3, nous ramène au cœur du problème de la francisation, à la rébellion menée par le courageux et méconnu Raymond Lemieux, au prix de sa vie familiale, perturbée par les accusations de « sédition » passibles d'emprisonnement à vie lancées contre lui.

Ayant vécu de près cette rébellion jusqu'à manifester à Québec en 1969 contre le bill 63 (le gouvernement de l'Union Nationale de Bertrand n'avait pas encore appris à traduire bill par projet de loi !), pourquoi ai-je dû attendre 55 ans pour revoir ces images où notre gauche sage manifestait pancartes à la main devant le Parlement, alors que mon frère Claude, devenu correspondant parlementaire du Montréal-Matin à 23 ans pour nourrir sa jeune famille, m'avait informé ultérieurement que le Parlement avait été bourré de policiers avec des fusils par le fasciste ministre de la Justice Rémi Paul prêt à « accueillir » un groupe radical soulevé par des agents-provocateurs, heureusement calmé et empêché d'entraîner la foule par nos dirigeants syndicaux plus réalistes (le film Z de Costa-Gravas de 1969 nous enseignait).

Pourquoi a-t-on tous attendu 55 ans pour voir résumée, sans dénigrement malsain par Drapeau et autres fédéralistes à tout crin, et illustrée par des images jamais montrées auparavant du voyage de Québec à Montréal du général De Gaulle, accompagné de marées de drapeaux tricolores et québécois ainsi que de pancartes artisanales du Rassemblement pour l'Indépendance Nationale ? Le fameux discours au balcon de l'Hôtel-de-Ville est réhabilité dans une bande sonore clarifiée et des images impeccablement synchronisées et ordonnées par l'équipe de Rose, avec une musique entraînante de Marc Gravel, sans flonflons cuivrés patriotiques. Rappelons que cette visite du général à l'Expo 67 allait déclencher son éviction du Canada vers la France et une sordide campagne anglophone mondiale (USA, Grande-Bretagne) contre la sénilité du général, mais aussi un chemin de Damas pour René Lévesque en route pour les élections du Parti Québécois en 1970. J'y participai comme organisateur en foxant mes cours de mars et d'avril à McGill (d'où ma surprise d'avoir reçu la médaille d'or, grâce à la ténacité des grandes pianistes-professeures juives Dorothy Morton et Rose Goldblatt et de compositeurs, jeunes professeurs américains venus fuir un service militaire asservi à guerroyer criminellement au Vietnam, sans compter Istvan Anhalt qui allait m'engager à l'Université Queen's en 1979).
Mais je radote et m'en voudrais de ne pas mentionner le courage, mis en valeur par le film, du chargé de cours marxiste de McGill, Stanley Grey, né dans un quartier pauvre de l'Est de Montréal, renvoyé par les administrateurs voulant juguler le mouvement démocratique appuyé par une grande part de leurs propres étudiants en faveur d'un McGill sinon français (mes draft dodgers américains auraient-ils pu ?), du moins plus accueillant pour les nouveaux Cégépiens francophones (le film aurait d'ailleurs dû féliciter Jean-Jacques Bertrand pour avoir agi pour le français en créant les Universités du Québec un an plus tôt).

« Courez voir le film » – Josée Legault

Il est étrange que Félix Rose ait choisi le titre « la bataille de Saint-Léonard » pour un film aussi lyrique mettant aux prises non pas un, mais deux héros ayant chacun foré le destin de leurs communautés. Le premier, qu'on voit à gauche sur l'affiche, est le grand bâtisseur de Saint-Léonard, l'immigrant italien Mario Barone dont on suit le prospère parcours de constructeur, depuis son exil d'Italie et son premier travail dans un dépotoir - parce qu'il ne parlait ni français ni anglais. Bravo à la solidarité de Rose envers ce pauvre père de famille qui après son travail, refusait de prendre l'autobus pour éviter les regards de passagers ou leurs échanges sur « le maudit macaroni puant » : il préférait marcher une heure dans la neige et le froid si pénible pour l'Italien élevé dans un meilleur climat. L'art de Félix Rose nous permet de comprendre la fierté de celui qui cherchait à élever ses enfants pour un meilleur avenir, en faisant de douteux choix réclamant la liberté de construire une école bilingue, ses orientations politiques étant dévoyées par Pierre-Elliott Trudeau qui le recevait volontiers, irrespectueux de la juridiction exclusive du Québec en éducation (nihil novi sub sole).

En s'y opposant, au prix d'une sanglante agression par une foule italienne de Saint-Léonard ameutée, « Raymond Lemieux pave la voie de la loi 1977 du PQ, faisant du français la langue de l'administration, du commerce, de l'affichage et du travail, mettant surtout fin au libre choix de la langue d'enseignement au primaire et au secondaire, un libre choix désastreux qui, avant 1977, avait permis à 85% des immigrants de faire éduquer leurs enfants en anglais », écrit l'admirable Josée Legault du Journal de Montréal.

Pourquoi ce journal permet-il, hélas, à Joseph Facal de déblatérer le 24 octobre sur nos « vies vides, futiles, sans but, faites de réseaux sociaux niaiseux et de divertissements stupides » [qui refusent d'admirer] Israël, un peuple debout, alors qu'eux sont couchés, avachis » ? Évidemment ce journal, comme Le Devoir a refusé les faits génocidaires relatés par nos articles tel
https://www.lautjournal.info/20241011/la-paix-vivra-par-un-appui-mondial-citoyen-lonu .

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Je ne haïrai point, un message censuré

La position des APLP aux côtés de la Cour Internationale de Justice de l'ONU est déclarée subversive dans notre Canada de fou. Que dire de toutes les images du docteur Izzeldin (…)

La position des APLP aux côtés de la Cour Internationale de Justice de l'ONU est déclarée subversive dans notre Canada de fou. Que dire de toutes les images du docteur Izzeldin Abuelaish et de sa nombreuse famille décimée d'abord en 2009 ?

Je ne haïrai point, un message censuré
Par Pierre Jasmin, Artistes pour la Paix


Le docteur Abuelaish contre Israël POUR la justice

Elles crient l'injustice que les Cours de Justice d'Israël, même la Suprême, ont refusé de reconnaître : « l'État ne peut être tenu responsable de la situation de guerre », et les témoignages des militaires fautifs ont usé des prétextes les plus absurdes pour nier leur responsabilité flagrante. Comme la notoriété du docteur et son amitié avec Shlomi Eldar lui permettaient de parler à la radio et à la télévision, il a exigé des excuses de l'État pour le meurtre de trois de ses filles et de son épouse dans son appartement bombardé par un tank israélien.

Des milliers d'Israéliens lui ont demandé PARDON et le Premier ministre Ehud Olmert brièvement au pouvoir, a refusé de s'excuser mais obtenu un fugace cessez-le-feu, aussitôt rompu par Nétanyahu revenu au pouvoir. À la suite du dernier procès perdu en 2021, les journalistes non censurés ont interrogé la fille du docteur : « Ressentez-vous de la haine ? » « Contre qui ? » a-t-elle doucement offert en non-réponse sur l'absurdité de décisions « de justice ! » refusant de reconnaître des coupables. Même Olmert s'exclame en dogme irréfutable « les Israéliens ne tuent pas d'enfants » : notre dernier article vous informe de leur nombre approximatif depuis plus d'un an (ii), appelé à augmenter avec la décision d'une cour israélienne de déclarer l'UNRWA illégale, alors qu'elle assure le ravitaillement des Gazaouis.

Son libre combat contre le Hamas

Ce qui est frappant de cet admirable pédiatre devenu intouchable à cause des souffrances endurées aux mains d'Israël, c'est qu'il tient tête au Hamas. Il l'avait déjà fait « à la régulière », s'étant présenté à Gaza en constatant la corruption du Fatah venant de perdre son leader Arrafat aux élections de 2006, comme indépendant, ayant recueilli 7000 votes, mais sans être élu : le Hamas majoritaire avait remporté les élections avec 74 élus sur 132 postes et 45,5% des votes. Le but politique très valable du docteur avait été d'empêcher la montée revancharde haineuse du Hamas, dont le chef Ismaël Haniyé (exécuté par Israël il a quelques mois à Gaza) allait imposer son pouvoir islamiste un an plus tard par un affrontement militaire violent et fratricide contre le Fatah, avec l'aide du financement de Nétanyahu voulant la division des Palestiniens.

Dr. Abuelaish : « on ne peut pas régler la violence par la violence. Ma maison était remplie d'amour et d'éducation. Reconnaissez que nous sommes des humains comme vous. La haine est une maladie contagieuse liée au colonialisme, au racisme, aux pouvoirs, à l'inégalité, à la pauvreté-cause du manque d'éducation » et à la confiance aveugle envers des leaders religieux irrationnels, sexistes et intolérants, nous permettra-t-on d'ajouter.

La réalisatrice Tal Barda s'exprime

« Je raconte une histoire complexe, axée sur les personnages, qui converge avec des récits plus larges : la bataille pour les droits du peuple palestinien, la culture de l'éducation à la guerre au Moyen-Orient qui alimente le cycle de la violence et de la vengeance, et les conflits identitaires internes auxquels les immigrants sont confrontés dans leur nouveau pays » dit la réalisatrice et productrice de documentaires franco-américaine, lauréate du programme Greenhouse et du SIMA (Global impact media awards), ainsi que du Tribeca film fund pour ses films projetés dans des festivals internationaux avec des prix remportés à Doc Edge Festival (Nouvelle-Zélande) et à Movies that Matter (Amsterdam).

Du camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza, à l'université de Toronto et à la Cour suprême d'Israël, Je ne haïrai point – un médecin de Gaza sur le chemin de la paix (I Shall Not Hate) suit le parcours inédit du Dr Izzeldin Abuelaish, le premier médecin palestinien à avoir travaillé dans un hôpital israélien pour des accouchements et dont l'éthique du pardon et de la réconciliation est mise à l'épreuve lorsqu'un char israélien bombarde sa maison. Contre toute attente, il transforme sa tragédie en une campagne mondiale visant à éradiquer la haine, délivrant son message en anglais, en arabe et en hébreu, cité par l'ancien président américain Barack Obama et en nomination deux fois pour le prix Nobel de la paix. Hanté par le chagrin, le Dr Abuelaish reste convaincu que pour honorer la mort de sa femme Nadia et de ses trois filles, il doit demander des comptes au gouvernement israélien pour l'attaque non provoquée qui a décimé sa famille. Après l'attaque du Hamas le 7 octobre et la guerre contre Gaza depuis lors, le message d'un homme profondément inspirant est plus urgent et impératif que jamais, afin d'imaginer un avenir pour les Palestiniens et les Israéliens.

Le film est produit par Paul Cadieux, Maryse Rouillard, Isabelle Gripon et Tal Barda, grâce au soutien financier du Fonds des médias du Canada (FMC), du Fonds de financement Rogers pour le cinéma documentaire, du crédit d'impôt provincial et du crédit d'impôt fédéral, en association avec Documentary Channel et avec la collaboration du Groupe TVA. Il est distribué au Canada et à l'international par Filmoption.
Dernier mot à la Fondation du docteur Abuelaish pour l'éducation des femmes au Moyen-Orient

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Va chez Papi !

5 novembre 2024, par Omar Haddadou — , ,
– Va chez Papi ! - Papi a besoin de répit. - Alors Mamie. - Mamie n'a pas bien dormi. – Oh ! Vous, pas gentils ! - C'est la vie ma fille. – Tant pis… ! - Tant (…)

Va chez Papi !
- Papi a besoin de répit.
- Alors Mamie.
- Mamie n'a pas bien dormi.
– Oh ! Vous, pas gentils !
- C'est la vie ma fille.
– Tant pis… !
- Tant pis, tant pis, t'as pas subi c'qu'on a subi.
– Voyons ! C'est votre bout d‘choux, Camille.
( Mamie n'a pas sa langue dans sa poche. Elle sentencie : )
- A mon âge, je ne vais pas gâter le « dernier solde » qui m'est imparti.

– Allons Mamie, juste aujourd'hui.
- Chaque week-end, tu nous fais l'coup, toi et ton mari ! s'écrie Papi.

Regardez cette frimousse, ces yeux de biche qui réclament, « Mamie ! » « Papi ! » jour et nuit.

– Et toi, regarde ces vieilles épaves qui ont élevé 3 générations ! Alors, ça suffit !
- Ouh là, conflit générationnel bien nourri.
( Papi, s'interpose pour calmer le jeu )
- Admettons que l'on vous dise oui ! Vous allez faire quoi, cette après-midi ?

Voir un film avec des amis (es).
– C'est bien le cinoche, ça change les idées et chasse l'ennui. (Ironise, Mamie)

- Même les Psychologues le conseillent à tout prix !

A tout prix ? (fait Papi, brocardeur)
- Si, si !
- T'as entendu, Mamie ?
- J'ai entendu et bien compris.
– Alors, c'est bon pour cette après-midi ?
- Vas-y ! Tu embrasses Dany ! consent Papi.
– Aah, Papiii, Mamiiie ! Ici-bas, vous êtes notre Paradis !

( Le jeune couple se paie du bon temps, abuse de la gentillesse des retraités, et remet ça 3 week-ends d'affilée. Excédés, Papi et Mamie décident de mettre un terme définitif à cette outrance, quand leur fille décrétait : )
- Camille, tu restes sage, avec Papi et Mamie !
- Objection ! Il y a un mouvement de grève, aujourd'hui ! (dit Mamie).

– Où ça ? A Paris ?
- Non, non ! Ici !
- Tu plaisantes, Mamie ?
- C'est toi qui l'dis ! On est de sortie.
– C'est vrai, Papi ?
– Oui, ma fille.
- Ah, non ! On a réservé au Resto « Le Bon appétit ! ».

- Et nous, on a nos billets, tarif réduits.
- Et c'est quoi le titre du film qui vous a séduits ?
- « Profite de l'instant présent, demain tu ne seras plus là, l'Ami (e) ! »

Texte et dessin : O. HADDADOU (Paris, 2024)

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Guerre d’Israël contre le Liban : de l’importance des récits médiatiques

5 novembre 2024, par Clothilde Facon-Salelles — , , , ,
Depuis octobre 2023, les frappes israéliennes sur le Liban ont tué plus de 2.700 personnes – dont 1.600 au cours des cinq dernières semaines –, blessé 13.000 et déplacé 1.3 (…)

Depuis octobre 2023, les frappes israéliennes sur le Liban ont tué plus de 2.700 personnes – dont 1.600 au cours des cinq dernières semaines –, blessé 13.000 et déplacé 1.3 million, soit le cinquième d'une population dont 82% vit sous le seuil de pauvreté : pour décrire l'ampleur de cette violence et ces atrocités, les mots comptent.

Tiré du blogue de l'autrice.

Les mots servent à désigner, et ultimement, à délégitimer la violence, alors il est important de les dire : nous assistons à des crimes de guerre (et non à une escalade), des bombardements indiscriminés (et non ciblés), une guerre contre le Liban (et non uniquement contre le Hezbollah). Or, au sein des récits médiatiques, les mots ont été galvaudés, employés de façon trompeuse ou réductrice.

Le Liban bénéficie d'une importante couverture médiatique en France, à la faveur de liens politiques et culturels très forts entre les deux pays, et de nombreux journalistes et observateurs libanais, mais aussi syriens et palestiniens sont à même de témoigner dans les médias de l'Hexagone, de livrer des analyses pertinentes et variées.

Pourtant, le débat a été dominé par une grille de lecture : celle de la lutte opposant Israël au Hezbollah, du fleuve de la rhétorique de la défense d'Israël face à une organisation terroriste. Comme on l'a observé avec Gaza, le traitement médiatique a péché par un défaut de contextualisation, par l'emploi de poncifs qui tendent à invisibiliser et à déshumaniser les populations civiles.

Cette grille de lecture s'est imposée comme un narratif hégémonique dès l'explosion des bipeurs et des talkies-walkies les 17 et 18 septembre. Des journaux français ont adopté une rhétorique similaire à celle de leurs homologues anglo-saxons qui ont loué une « prouesse technologique » : « Liban, 15h30 : l'opération bipeurs est déclenchée » titre un quotidien national, tandis qu'un autre reprend les paroles d'un ancien cadre de la DGSE qui admire un « coup de maître ». Alors même que, ces engins étant utilisés par des employés des institutions et structures d'aide du Hezbollah, des civils ont perdu la vie et des milliers d'autres ont été mutilés, notamment des aides-soignants et les proches des personnes ciblées dont leurs enfants. Alors même que ces explosions sont venues semer la terreur au plus profond de l'intimité des foyers, ravivant le traumatisme de l'explosion du port et insinuant une paranoïa à l'égard de tout objet électronique (dont les équipements médicaux et humanitaires importés de l'étranger). Alors même que Leon Panetta, ancien directeur de la CIA, a lui-même concédé qu'il s'agissait d'une « forme de terrorisme ».

Depuis, l'armée israélienne a pilonné une grande partie du pays, avec des frappes dans le Sud, la Beqaa, Dahieh, le quartier mixte de Basta et Cola dans la capitale, Jounieh, Baalbeck, Tyre, le Chouf, des villages chrétiens du Nord… Elle a ciblé les services de la ville de Nabatiyé, les abords d'hôpitaux et la mission des Casques bleus. Malgré le caractère indiscriminé des attaques – assumé par les autorités, le ministre israélien de l'Éducation affirmant que « le Liban sera annihilé » –, le récit médiatique s'est focalisé sur le carcan du conflit opposant Israël au Hezbollah, et également sur l'allégeance ou le rejet par la population libanaise du « parti de Dieu ». Il est bien légitime d'informer le public sur la nature complexe de ce dernier, à la fois parti politique, organisation militaire, pourvoyeuse d'institutions sociales et caritatives, ainsi que sur son ancrage social. Mais prioriser cet angle au détriment d'autres tend à valider le narratif israélien : on parle d' « opérations ciblées contre le Hezbollah » alors qu'on assiste à une guerre menée contre le Liban et en premier lieu sa communauté chiite. Il est problématique de parler de « fiefs du Hezbollah » sans commencer par dire qu'il s'agit de quartiers densément peuplés. De se focaliser sur les assassinats de cadres du parti ou du Hamas sans mettre les victimes civiles au cœur du récit, considérées comme des « conséquences collatérales ». « ‘Guerre contre le Hezbollah' : une expression qui engloutit les civils », écrit la journaliste Soulayma Mardam Bey dans l'Orient-Le Jour.

Les réseaux sociaux se sont montrés redoutablement efficaces pour déconstruire les narratifs hégémoniques des médias traditionnels, et notamment ce qu'ils peuvent révéler de « deux poids, deux mesures ». Sur la toile, les images déferlent, la bataille des récits fait s'affronter des visions du monde : on dénonce une guerre coloniale, impérialiste. Dans la mesure où le caractère vertical de l'information est remis en cause, où les médias dominants ne sont plus la seule instance de légitimation du monde, il est d'autant plus crucial de recadrer le débat, de ne pas occulter les enjeux essentiels de ce qui se joue au Liban.

Le cœur du débat devrait porter sur la désignation des crimes de guerre d'Israël, sur le fait que Tsahal a franchi toutes les lignes rouges du droit international humanitaire : violation des principes de proportionnalité, de distinction et de précaution, usage avéré de phosphore blanc, déplacements forcés... Des crimes à resituer dans l'historicité des deux décennies d'occupation et des offensives israéliennes au pays du cèdre, en 1978, 1982 (avant la fondation du Hezbollah) et 2006.

Le débat devrait porter sur l'impunité incommensurable dont bénéficie l'État israélien, sur la faillite du droit pénal international. Ne pas faire de cette impunité le thème central, c'est délégitimer le droit international, c'est acter notre renoncement à un ordre mondial fondé sur la justice.

Le glissement ultranationaliste de l'État d'Israël devrait aussi être mis en exergue, évolution portée par l'extrême-droitisation d'une mouvance suprémaciste et messianique, qui essaime dans les plus hautes sphères du pouvoir. L'absence de mobilisation de la société israélienne, qui soutient en grande partie les bombardements au Liban comme à Gaza, doit nous interroger. Il s'agit de comprendre la nature même du projet colonial et expansionniste, auquel s'arrime une culture politique qui cautionne le meurtre de masse de populations arabes, et qui nous renvoie par bien des aspects à notre propre histoire.

Ce qui devrait surtout être documenté et débattu, c'est le soutien continu de nos gouvernements, leur inaction complice qui se contente de condamnations du bout des lèvres tout en donnant un blanc-seing à Israël, lui fournissant des armes – États-Unis et Allemagne en tête, tandis que la France vend des composants. Les dirigeants politiques et économiques disposent pourtant de leviers similaires à ceux mobilisés dans la lutte contre l'apartheid de l'Afrique du Sud : rappeler les ambassadeurs, mettre fin à la coopération militaire et aux relations économiques privilégiées (BNP Paribas continue d'investir des milliards d'euros dans les fournisseurs d'armes à Israël), sanctions... Mais ils choisissent de ne pas en faire usage.

Et c'est là l'écueil d'un narratif exclusivement centré sur le conflit entre Israël et le Hezbollah : il élude la question de notre responsabilité collective, celle des acteurs politiques, mais aussi de l'opinion publique. À l'heure où des images de quartiers dévastés circulent sur nos écrans, où la France comme la plupart des pays occidentaux se contente d'une réponse humanitaire, cette question de la mobilisation et de la pression morale que nous pourrions exercer sur nos dirigeants n'a jamais été aussi brûlante.

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Les plans états-uniens pour remodeler le Liban

5 novembre 2024, par Hicham Safieddine — , ,
Alors que l'invasion terrestre du Liban par Israël s'enlise, malgré la poursuite de bombardements meurtriers, une guerre par d'autres moyens se déroule derrière les lignes de (…)

Alors que l'invasion terrestre du Liban par Israël s'enlise, malgré la poursuite de bombardements meurtriers, une guerre par d'autres moyens se déroule derrière les lignes de front. Les acteurs diplomatiques, politiques et médiatiques se mobilisent pour remodeler les équilibres politiques du Liban dans le but d'affaiblir le soutien à la résistance palestinienne et ramener le pays dans l'orbite occidentale et israélienne.

Tiré de la revue Contretemps
31 octobre 2024

Hicham Safieddine

Selon des informations publiés par le quotidien beyrouthin Al Akhbar, l'ambassadrice américaine au Liban, Lisa Johnson, aurait tenu, le 11 octobre une série de réunions avec des hommes politiques libanais, y compris des membres « indépendants » du parlement. Elle leur aurait demandé de se préparer à une nouvelle « ère post-Hezbollah », dans laquelle le contrôle présumé du parti sur l'État et les postes-frontières ne tiendrait plus.

L'envoyé spécial de Washington, Amos Hochstein, ancien militaire et lobbyiste israélien, apparait publiquement sur les principales chaînes libanaises et diffuse la même version, mais dans un langage diplomatique. Le Premier ministre libanais Najib Mikati et le Conseil des ministres ont également affirmé leur attachement à la résolution 1701du Conseil de sécurité des Nations unies, qui vise officiellement à mettre fin aux hostilités entre le Hezbollah et Israël. De son côté, Israël n'a pas encore annoncé son approbation.

Les responsables américains, enhardis par les attentatsisraéliens sur les bipeurs et l'assassinat de hauts responsables du Hezbollah, dont son secrétaire général Hassan Nasrallah, misent sur deux chevaux de Troie pour renverser la situation du Hezbollah de l'intérieur.

Le premier est de précipiter l'élection d'un nouveau président dont le programme serait conforme aux politiques américaines et israéliennes. Le chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, est un candidat probable. Le choix d'Aoun est lié au deuxième cheval de Troie de la campagne américaine contre la résistance : une version remaniée de la résolution 1701.

L'intégrité territoriale du Liban

La version actuelle de la résolution a été publiée au lendemain de la guerre israélienne de 2006 contre le Liban. Elle a servi de point de référence pour le désengagement du conflit. Elle affirmait « l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance politique du Liban » comme moyen de saper la résistance armée menée par le Hezbollah en trois étapes.

La première consiste à interdire toute présence armée du Hezbollah au sud du fleuve Litani et soutient l'appel au désarmement du groupe conformément à la résolution 1559des Nations unies, adoptée deux ans plus tôt. En revanche, aucune restriction de ce type n'a été imposée à Israël. La deuxième consiste à déployer l'armée libanaise dans tout le sud et la troisième à augmenter la présence des troupes de l'ONU à 15 000 hommes, tout en cherchant à les utiliser comme les yeux et les oreilles des puissances occidentales plutôt que comme des protecteurs de la population du sud.

Le Hezbollah a réussi à contourner ces nouvelles restrictions en adoptant une double approche : éviter toute présence armée visible au sud du Litani et se coordonner avec les factions loyales de l'armée libanaise afin d'être rapidement alerté des tentatives des troupes de l'ONU de mettre au jour toute cachette ou activité.

À en juger par la guerre actuelle, la stratégie du Hezbollah a été relativement efficace. C'est pourquoi Washington mise actuellement sur une version remaniée de la loi 1701 et sur des mécanismes d'application plus stricts qui évitent les échecs du passé. Les plans états-uniens sont favorisés par plusieurs développements survenus depuis 2004.

Une armée faible et des Nations unies impuissantes

Sur le plan militaire, les États-Unis ont conclu un partenariat stratégique avec l'armée libanaise à la suite de la guerre de 2006. Ce partenariat comprend une aide financière d'un montant de 3 milliards de dollars. Les ambassadeurs américains rencontrent régulièrement le chef de l'armée, Joseph Aoun, et organisent des formations conjointes ou des cérémonies avec des officiers de haut rang.

Cette politique visait à créer une armée idéologiquement docile. Mais du fait de l'engagement inébranlable de Washington en faveur de la supériorité militaire d'Israël, aucune partie de cette aide n'a été consacrée à l'achat d'armes offensives ou à la formation à la défense contre les agressions étrangères plutôt que contre la répression interne.

La stratégie de Washington consistant à aider Israël en priorité signifie que l'armée libanaise est incapable de défendre le Sud-Liban contre des menaces israéliennes crédibles. Au cours de cette guerre, Israël a attaqué et tué des soldats de l'armée libanaise sans susciter de réaction. Le déploiement des forces armées libanaises dans le sud contribuera à sécuriser Israël, et non le Liban. Une conséquence inattendue est l'incapacité de l'armée à maîtriser le Hezbollah, contrairement aux attentes de Washington.

Les troupes de l'ONU au Liban, connues sous le nom de Finul, sont tout aussi impuissantes face à l'agression israélienne. Depuis leur déploiement après l‘invasion israélienne de 1978, ces troupes n'ont pas réussi à arrêter une seule attaque israélienne. En 1996, Israël a bombardé un complexe de l'ONUdans le sud du Liban abritant des Libanais déplacés, tuant plus de 100 personnes et en blessant des centaines d'autres.

Depuis 2006, la neutralité relative de la Finul semble avoir été remplacée par un parti pris manifeste en faveur d'Israël, malgré le comportement agressif de ce dernier. Au début du mois d'octobre, Israël a attaqué les troupes de l'ONU sous prétexte qu'elles n'appliquaient pas la résolution 1701 et a demandé leur redéploiement à quelques kilomètres au nord de la frontière.

Le 17 octobre, un navire de guerre allemand opérant sous le drapeau de la Finul a abattu un dronequi se dirigeait du Liban vers la Palestine occupée. Cela préfigure la demande de l'envoyé étatsunien Hochstein d'autoriser les troupes de l'ONU à agir en tant que mandataires d'Israël pour traquer et attaquer les forces de la résistance.

Siège économique et social

Sur le plan économique, Washington et ses alliés du Golfe ont renforcé les sanctions financières et économiques à l'encontre du Liban, lui ont refusé toute aide après l'effondrement financier de 2019et ont fait la chasse aux ressources des communautés chiites expatriées en Afrique de l'Ouest et en Amérique latine afin de tarir tout financement communautaire présumé du Hezbollah. Ces mesures avaient pour but d'alimenter les conflits sectaires et d'inciter la base sociale à s'opposer au Hezbollah.

Parallèlement, Washington a favorisé le renforcement des liens avec les ONG émergentes et les députés nouvellement élus afin de créer une élite politique apparemment indépendante, dissociée de la réputation endommagée des forces traditionnelles tout en soutenant des positions opposées à celles de la résistance. Les machinations états-uniennes ont eu un certain impact, notamment sur l'opinion publique. La domination des médias pro-occidentaux au Liban y a certainement contribué. Mais le Hezbollah et son principal allié, le mouvement Amal, ont renforcé leur base sociale lors des dernières élections législatives, qui se sont tenues en 2022.

Malgré la médiocrité des résultats obtenus par les États-Unis, Washington espère maintenant que le désastre social qui résulte du fait qu'Israël a tué, blessé et déplacé des centaines de milliers de personnes créera des conditions suffisantes pour paralyser le Hezbollah. Mais il est clair que sans une victoire militaire décisive – et jusqu'à présent hors de portée – contre le Hezbollah, tous ces efforts ont peu de chances de porter leurs fruits. Essayer d'éliminer brutalement la base sociale du Hezbollah en massacrant des civils ne fonctionnera pas non plus. La multiplication des attaques contre l'ensemble de la communauté ne fera que renforcer sa détermination à soutenir les forces de résistance qui la défendent.

*

Hicham Safieddine est professeur d'histoire à l'université de la Colombie Britannique (Canada). Il est l'auteur de Banking on the State : The Financial Foundations of Lebanon (2019) et l'éditeur d'une sélection d'écrits du marxiste libanais Mahdi Amel : Arab Marxism and National Liberation : Selected Writings of Mahdi Amel (2021).

Cet article a été publié le 23 octobre 2024 dans Middle East Eye. Traduction Contretemps.

Illustration : patrouille de la Finul le long de la ligne bleue au Liban, Foto EMAD.

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Prix Ivoire 2024

5 novembre 2024, par Smith Prinvil — , ,
Le romancier Gary Victor finaliste du Prix Ivoire 2024 pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone L'écrivain haïtien Gary Victor avec son roman « Le violon (…)

Le romancier Gary Victor finaliste du Prix Ivoire 2024 pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone

L'écrivain haïtien Gary Victor avec son roman « Le violon d'Adrien », est l'un des 5 finalistes en lice pour le Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone.

L'association Akwaba Culture a l'honneur de porter à la connaissance des professionnels du livre et du public que le jury chargé de la sélection des ouvrages finalistes du Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone 2024 a achevé ses travaux.

Après une sélection sur mesure par un jury d'experts, cinq romans se démarquent : Les Femmes de Bidibidi de Charline Effah ; Malentendues d'Azza Filali ; Zakoa de Hary Rabary ; Âmes tembée de Marie-George Thébia et Le Violon d'Adrien de Gary Victor.

Soixante-seize ouvrages provenant de seize pays ont été soumis. Le lauréat sera dévoilé le 18 octobre 2024, et la cérémonie de remise du Prix, doté de 3.000 euros, se déroulera à Abidjan le 23 novembre 2024.

Né à Port au Prince en 1958, Gary Victor est aujourd'hui l'un des romanciers les plus lus en Haïti. Il est scénariste pour la radio, le cinéma et la télévision. Il a reçu en 2001 la médaille de l'Ordre de chevalier du mérite de la République française pour la valeur de son oeuvre publiée en français en Haïti.

Créé en 2008 par Akwaba Culture, association de droit ivoirien, le Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone est placé sous le parrainage du Ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d'Ivoire, de l'ambassade de France à Abidjan, de la Fondation Orange Côte d'Ivoire.

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Guerre au Liban : silence sur les violations israéliennes du droit international

« Le Moyen-Orient est le tombeau du droit international », écrivait le juriste Serge Sur. Ce billet identifie dans le récit médiatique français les omissions et les manoeuvres (…)

« Le Moyen-Orient est le tombeau du droit international », écrivait le juriste Serge Sur. Ce billet identifie dans le récit médiatique français les omissions et les manoeuvres de contournement permettant de parler de la guerre au Liban sans évoquer les violations israéliennes du droit international, à l'heure où la guerre a tué plus de 2900 personnes au Liban.

Tiré du blogue de l'autrice.

En France le Hezbollah est discrédité d'office, à juste titre, comme une organisation qui enfreint le droit international, commet des actes terroristes, tire des roquettes sur le territoire israélien qui ont tué 39 civils et 61 soldats et entraîné le déplacement de plus de 63 000 personnes depuis le 8 octobre 2023. Il faut ajouter que le Hezbollah a soutenu militairement un régime sanguinaire en Syrie à la suite du mouvement de protestation populaire en 2011. Au Liban, il paralyse le fonctionnement des institutions, contribuant de tout son pouvoir à empêcher l'instauration d'un Etat de droit et à ruiner l'économie libanaise. Il a assassiné des résistants communistes à l'occupation israélienne dans les années 1980 dans le but de diriger sans partage le mouvement de la résistance, puis il a organisé des attentats contre le premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005, contre l'ancien ministre Mohammed Chattah, assassiné en 2013, contre l'intellectuel Lokman Slim - assassiné en 2021 pour avoir dénoncé l'emprise du parti de Dieu sur le pays.

Israël, qui enfreint le droit international depuis des décennies, et qui depuis le 8 octobre 2023 a tué plus de 43 000 Palestiniens - en majorité des civils -, qui affame les rescapés, empêche l'aide humanitaire de leur parvenir, tue le personnel médical, décime les élites culturelles gazaouies, assassine les journalistes, détruit le patrimoine historique palestinien, et soumet Gaza, selon l'expression de la Cour internationale de justice, à "un risque plausible de génocide", Israël qui refuse de reconnaître le droit au retour des réfugiés palestiniens, s'oppose à l'existence d'un Etat palestinien, conduit une politique coloniale et instaure un régime d'apartheid - toujours selon la CIJ -, Israël qui a occupé le sud du Liban pendant 22 ans, annexé Jérusalem-Est et le Golan syrien, mené plusieurs guerres meurtrières, et qui a tué au Liban au cours de l'année écoulée plus de 2900 personnes - en majorité des civils -, Israël est un partenaire économique, politique et militaire de la France.

Omissions

L'ONU publie en ligne le 4 octobre 2024 un texte au titre explicite : « Liban : des experts de l'ONU déplorent le mépris croissant d'Israël pour le droit international ». Israël a un long passé de violations du droit international au Liban analysées dans des études académiques (1). Mais depuis le début de la guerre menée par Israël au Liban en 2023, on cherche souvent en vain dans les médias français des références aux violations actuelles du droit international perpétrées par l'Etat hébreu.

Un tel évitement est manifeste dans le traitement des frappes israéliennes visant le secteur médical. Human Rights Watch parle de crimes de guerre pour le ciblage des professionnels de santé au Liban. Aucun média français ne relaie cette qualification gênante pour Israël ni n'apporte quelque éclairage juridique que ce soit. 163 secouristes ont été tués, 20% des hôpitaux du Liban ont été endommagés dans des frappes. Des centres médicaux ont été bombardés au motif qu'il appartiennent à des organisations affiliées au Hezbollah, et leur personnel tué, alors qu'ils sont protégés par le droit international au même titre que n'importe quels autres établissements de santé.

Même indifférence au droit dans le compte rendu de l'assassinat prétendument ciblé de Hassan Nasrallah, dans une frappe qui devait tuer, selon une estimation préalable israélienne, 300 personnes - estimation basse par conséquent. Israël largue dans une zone densément peuplée des bombes de 900 kg de fabrication américaine qui détruisent six immeubles ; personne ne s'interroge sur le sacrifice de centaines de civils qu'implique cette exécution extra-judiciaire. Il faut attendre le 19 octobre, soit deux semaines après l'événement, pour que le site d'information irlandais The Journal invite une juriste, Heidi Matthews, à livrer une analyse du massacre. H. Matthews note que depuis le début des années 2000 le nombre acceptable de victimes civiles dans des attaques contre un commandant ennemi a été multiplié par dix - évolution attribuable selon elle aux Etats-Unis et à leur allié israélien qui allèguent les nécessités de la "guerre contre le terrorisme".

Même black out concernant la qualification des bombardements indiscriminés d'infrastructures civiles, à l'heure où un quart des bâtiments dans le sud du Liban ont été détruits par Israël. Un expert de l'ONU, Ben Saul, de même que Amnesty international, Human Rights Watch, des médias anglophones (Washington Post, The Canary). rappellent que même les bâtiments d'une banque qui finance les activités militaires du Hezbollah, comme Qard al-Hassan, visés par des bombardements massifs le 21 octobre 2024, sont protégés au même titre que les autres bâtiments civils. Exception faite de France 24, les autres médias français se bornent à exposer les activités de Qard al-Hassan sans plus de commentaires.

Des quartiers entiers ont fait l'objet d'ordres d'évacuation avant d'être intégralement rasés par l'armée israélienne au sud du Liban. Les soldats israéliens ont posé des tonnes d'explosifs dans le village de Mhaibib et déclenché à distance, le 16 octobre 2024, leur explosion simultanée, transformant le village entier en champ de ruines. Seul Le Monde relaie dans une vidéo ces informations, sans un mot concernant la possible illégalité de ces destructions généralisées. Le New York Times apporte l'éclairage le 30 octobre 2024 d'un juriste selon lequel le droit international n'autorise pas à détruire des zones entières sans distinguer les structures civiles et militaires ; la question n'éveille pas l'intérêt des médias français.

Les experts de l'ONU écrivent : « Israël ne peut pas utiliser les crimes des groupes armés non étatiques pour justifier ses propres atrocités au Liban, notamment les actes de violence destinés à répandre la terreur parmi les civils et la guerre sans discrimination. Agir ainsi équivaudrait à une punition collective, une autre grave violation du droit international ». Propos demeuré sans écho dans la presse française.

Discours dominant

Voici quelques types de discours sur la guerre au Liban diffusés dans les journaux français réputés sérieux - si l'on évite ceux, à droite et à l'extrême droite, dont le parti pris pro-israélien est considéré comme notoire :

1.Les médias déroulent un récit compassionnel montrant des victimes libanaises plongées dans le malheur. Les médias savent bien, pourtant, que la compassion humanitaire fait partie du service après-vente des massacres occidentaux : on voit les Etats-Unis vendre à Israël les armes qui tuent les Gazaouis et former simultanément un pont humanitaire pour venir en aide aux survivants. La compassion n'a jamais fait vaciller un tant soit peu la suprématie occidentale. On pourrait dire que tout au contraire, elle la conforte : elle est intégrée dans le marketing militaire. Les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Palestine ont eu droit à des traitements médiatiques similaires qui ont fait leurs preuves : les journaux ont augmenté leurs ventes sans rien changer à l'ordre mondial établi.

2.Les médias adoptent une approche pragmatique calée sur les conséquences supposées des agressions israéliennes. Ils mettent en garde, par exemple, contre les risques d'une "escalade". Ce discours froid contredit frontalement le récit compassionnel : il suppose qu'une agression militaire est acceptable si elle ne provoque pas d'escalade. L'invasion israélienne du Liban, nous a-t-on répété, "risque de provoquer en embrasement régional". Mais si l'embrasement régional n'a pas lieu, l'ennemi étant trop affaibli pour riposter - ou pour le dire autrement, si Israël réussit son coup -, alors, il n'y a plus d'objection à la violation de l'intégrité territoriale d'un pays, quand même des victimes civiles au Liban ont perdu la vie et leurs habitations ont été rasées.

3.Les médias relaient sans commentaire les déclarations d'hommes politiques israéliens et libanais. Un ministre libanais accuse Israël de crimes de guerre, apprend-on en lisant le journal ; le ministre libanais étant juge et partie, ses propos n'éclairent en rien les violations israéliennes du droit, à la différence de sources indépendantes que les journaux français se gardent de relayer, tant que le scandale n'a pas pris une ampleur "suffisante", tant qu'il est possible de le laisser sous le boisseau. Les Israéliens affirment viser les infrastructures militaires du Hezbollah ; même chose ; on n'a jamais vu un pays en guerre déclarer qu'il vise délibérément les civils. Relayer de tels propos sans fournir le moindre travail d'analyse critique et de vérification relève du degré zéro du journalisme.

Le droit international est très imparfait, il a été conçu pour protéger les intérêts des Etats les plus puissants. Les sanctions de violations du droit international sont bloquées par les Etats les plus puissants siégeant au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais les médias français évacuent même le droit international et même les Nations unies.

Ah oui, une exception : les attaques israéliennes contre les soldats de la FINUL, qui ont blessé 13 Casques bleus ; les médias ont bien parlé, alors, de droit international ; la France fournit à la FINUL un contingent de 700 soldats.

Non application du droit international au Moyen-Orient

"Le Moyen-Orient est le tombeau du droit international", écrivait le juriste Serge Sur, interrogé sur la guerre à Gaza, alors que l'ONU alertait depuis plusieurs semaines sur un risque de génocide.

La question se pose de savoir qui participe à l'enterrement du droit international.

Une autre question est de savoir à qui profite cet effacement du droit. Qui a le plus à y gagner ? Le Hezbollah est déjà déshonoré aux yeux de l'opinion publique française, dire qu'il commet des crimes de guerre est peut-être plus exact que de parler d'"organisation terroriste", mais n'aggrave pas les charges qui pèsent contre lui - ce serait plutôt le contraire, dans la mesure où l'on utilise pour lui la même terminologie juridique que pour des Etats reconnus. En l'absence de droit prévaut le triomphe de la force, et il n'est pas difficile de déterminer qui a intérêt à imposer une loi unique, celle du plus fort.

Note

(1) Voir par exemple Rafael Bustos (2007) "Les violations du droit international humanitaire dans le conflit de l'été 2006", dans Franck Mermier et Elisabeth Picard (dir.), Liban, une guerre de 33 jours. ( p. 219 -226 ). La Découverte. https://doi.org/10.3917/dec.picar.2007.01.0219.

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Guerre contre le Liban : Evacuations forcées, frappes aériennes et crise humanitaire sans précédent

Dans un contexte de chaos et de frappes brutales et intenses, l'armée d'occupation israélienne a lancé hier un nouvel appel à la population libanaise pour évacuer certaines (…)

Dans un contexte de chaos et de frappes brutales et intenses, l'armée d'occupation israélienne a lancé hier un nouvel appel à la population libanaise pour évacuer certaines zones de Baalbeck, région à l'est du Liban.

Tiré d'El Watan.

Ce territoire devient à nouveau le théâtre d'une violence accrue, rappelant les pires jours de la guerre de 2006, mais à une échelle bien plus sévère et avec des conséquences dramatiques pour les libanais.

Le porte-parole de l'armée d'occupation israélienne, Avichay Adraee, a fait mine d'avertir hier les résidants de la région de Douris, dans la vallée de la Bekaa, par des messages diffusés sur les réseaux sociaux. « Vous êtes situés près d'installations et d'intérêts du Hezbollah contre lesquels l'armée israélienne opérera prochainement », a déclaré Adraee, en ajoutant que les familles devaient évacuer d'urgence, s'éloignant de leurs habitations d'au moins 500 mètres dans les quatre heures. Des menaces lourdes pour des habitants déjà épuisés par les attaques israéliennes discontinues au cours des derniers jours.

Dans la ville de Baalbeck elle-même, la situation vire à la catastrophe. Des bâtiments résidentiels, des zones publiques et même des lieux proches des aires de jeux pour enfants ont été la cible d'attaques aériennes. Les monuments romains, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, risquent de subir des dommages irréversibles, menaçant l'héritage millénaire de la région. La cité antique est désormais en grande partie abandonnée, les habitants ayant fui dans des conditions précaires pour échapper aux bombes.

Les autorités libanaises ont appelé l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) à protéger Baalbeck, ville millénaire contre les menaces de l'entité sioniste de la bombarder. Le ministre libanais de la Culture, Mohammed Wissam El Murtada, a annoncé sa demande officielle à la mission permanente du Liban auprès de l'Unesco à Paris pour « accélérer les actions de suivi » avec le directeur général de l'Unesco et les organismes internationaux concernés. « Toute trace de conscience dans le monde doit empêcher Israël de mettre à exécution ses menaces de bombarder la citadelle de Baalbek », a déclaré El Murtada, considérant que « ce patrimoine n'appartient pas seulement au Liban, mais à toute l'humanité ».

Dans les dernières 48 heures, plus de deux douzaines de villages dans la région nord-est du Liban ont été frappés par des raids israéliens. Les pertes humaines sont déjà élevées, avec des dizaines de morts et de blessés, et le bilan continue de s'alourdir. Bien que l'armée d'occupation israélienne prétende cibler ce qu'elle nomme des « sites militaires du Hezbollah », les habitants contestent ces allégations, affirmant que leurs maisons ont été réduites en ruines sans qu'aucune présence d'armement ne soit visible.

Les ordres d'évacuation et les frappes intensives ont provoqué un exode massif, déplaçant plus de 1,2 million de Libanais, selon les autorités libanaises, tandis que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dénombre au moins 842 648 déplacés internes. Cette crise se double d'un enjeu humanitaire majeur : les civils déplacés se retrouvent sans abri, sans accès à des soins de santé suffisants et dans des conditions de vie précaires, tandis que les écoles et autres centres d'accueil sont saturés.

Dans la vallée de la Bekaa, les nuits sont désormais synonymes d'angoisse. Farah Saifan, de l'ONG Islamic Relief, décrit des situations « littéralement cauchemardesques ». Les habitants, relate-t-elle, « ne savent pas ce qui se passe la nuit, ne sachant pas qui est attaqué ni où ». L'aide humanitaire peine à atteindre les zones les plus affectées, les routes étant soit détruites, soit rendues impraticables par l'intensité des bombardements israéliens.

Plus de 900 000 libanais déplacés

La crise touche également les travailleurs étrangers présents au Liban, parmi lesquels une grande majorité de Bangladais employés comme ouvriers ou travailleurs domestiques. Un travailleur bengalais est d'ailleurs mort hier sous les frappes israéliennes.

Les tensions entre Israël et le Liban ont, par ailleurs, été exacerbées par l'enlèvement d'un civil libanais. Identifié comme Imad Amhaz, un officier de la marine libanaise, il a été capturé par les forces d'occupation israéliennes à Batroun, selon l'agence nationale de presse libanaise (NNA).

D'après l'armée d'occupation israélienne, Amhaz serait un « responsable du Hezbollah », mais le gouvernement libanais conteste cette version et dénonce un acte de violation de souveraineté. Le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati, a exigé que cette affaire soit portée devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

Les observateurs internationaux notent que la situation actuelle dépasse en gravité celle de la guerre de la guerre de 2006, qui avait coûté la vie à 1191 Libanais et déplacé plus de 900 000 personnes. Cette fois, l'ONU estime que « la situation humanitaire au Liban a atteint des niveaux dépassant la gravité » de 2006. Le bilan des attaques israéliennes s'élève désormais à 2867 morts et plus de 13 000 blessés, des chiffres qui continuent de grimper.

« Les structures humanitaires sont également touchées », a déclaré Filippo Grandi, chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dans un message publié sur les réseaux sociaux. « Même fuir (et prendre soin de ceux qui fuient) devient difficile et dangereux à mesure que la guerre continue de se propager », a-t-il déclaré.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) indique que les frappes israéliennes ont entraîné la destruction de plusieurs infrastructures vitales, à commencer par les établissements sanitaires.

Depuis septembre, 36 attaques ont visé des établissements de santé, faisant au moins 85 morts parmi les personnels médicaux et des dizaines de blessés. Dans le sud du Liban, six premiers secours ont été tués lors de frappes sur Khiam, soulignant les risques élevés auxquels les travailleurs humanitaires sont confrontés.

Les femmes enceintes ont été gravement touchées par l'escalade de la violence, selon l'agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA). « L'intensification du conflit dans tout le pays a eu un impact sur plus de 11 000 femmes enceintes, et 1 300 d'entre elles devraient accoucher sous peu malgré des pertes massives en infrastructures et un système de santé à la limite de la vulnérabilité », selon l'UNFPA.

Amel Blidi

La Turquie demande un embargo sur les armes contre Israël

Signée par 52 pays et deux organisations, demandant l'arrêt de la fourniture et de la livraison d'armes à Israël, a annoncé hier le ministre turc des Affaires étrangères. « Nous avons écrit une lettre conjointe appelant tous les pays à cesser la vente d'armes et de munitions à Israël. Nous avons remis cette lettre, qui compte 54 signataires, à l'ONU le 1er novembre », a affirmé Hakan Fidan lors d'une conférence de presse à Djibouti, où il s'est rendu pour une réunion du Partenariat Turquie-Afrique. « Nous devons répéter à chaque occasion que vendre des armes à Israël signifie participer à son génocide », a ajouté M. Fidan, qui a précisé que la lettre est « une initiative lancée par la Turquie ».

La lettre a été signée par 52 pays, dont l'Arabie Saoudite, le Brésil, l'Algérie, la Chine, l'Iran et la Russie, et deux organisations, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique. Mi-octobre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait appelé les Nations unies à décréter un embargo sur les armes destinées à Israël, qui serait, selon lui, une « solution efficace » pour mettre fin au conflit dans la bande de Ghaza."

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