Presse-toi à gauche !

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Contre Amazon et Trump, nous étions 2 000

18 février, par Marc Bonhomme — ,
Nous portions la colère de millions. Reste à trouver la voie de la mobilisation pour gagner. Nous étions environ 2 000 à manifester ce samedi le 15 février à Montréal contre la (…)

Nous portions la colère de millions. Reste à trouver la voie de la mobilisation pour gagner. Nous étions environ 2 000 à manifester ce samedi le 15 février à Montréal contre la fermeture sauvage des sept entrepôts et centres de distribution d'Amazon au Québec, causant environ 4 700 pertes d'emplois directes et indirectes. La grande majorité était des personnes syndiquées à la CSN.

16 février 2025 | Photo : André Frappier

Les contingents des autres syndicats étaient entre le mince et le symbolique. Signalons les quelques dizaines du contingent Québec solidaire. Le but non avoué parce qu'illégal de cette manifestation était de punir le peuple-travailleur québécois d'avoir oser former le seul syndicat Amazon au Canada dans un de ses sept lieux de travail au moment où la législation québécoise, contrairement aux ÉU, allait imposer une convention collective à une compagnie qui refusait de négocier.

L'entreprise du ploutocrate Jeff Bezos employant 1.5 million de personnes sur les cinq continents mais surtout aux ÉU-Canada et en Europe est au cœur du GAFAM. Elle fait partie du noyau oligarchique trumpien et avec les mêmes rapports économiquement et politiquement brutaux tant vis-à-vis le prolétariat que les peuples dominés. Cette entreprise est aussi une matrice de la consommation de masse qu'elle envenime par ses pratiques, de la congestion du système de transport par l'encombrement du système routier et du gaspillage de l'énergie par ses fermes de serveurs qui servent de plus en plus à l'intelligence artificielle.

Comme le dit le président du syndicat concerné : « Les multinationales américaines se sentent toutes permises et je pense que l'élection de Trump avec l'histoire des tarifs renforce les ambitions impérialistes américaines et le pouvoir qu'ont ces multinationales » (Journal de Montréal). Plusieurs revendications sont sur la table. Les syndiqués demandent un an de compensation et non 14 semaines. La CSN, la centrale syndicale dont le syndicat d'Amazon est membre, appelle au boycott tant par les gouvernements — la Ville de Montréal a promis de le faire — que par le grand public. La colère populaire est grande, du moins au Québec, et elle s'imbrique avec celle contre les ÉU de Trump qui, en plus de sa guerre tarifaire, veut faire du Canada son 51e état.

Ce coup de Jarnac d'Amazon, se combinant avec ceux de Trump, invite le peupletravailleur à se mobiliser pour faire de la lutte contre Amazon le fer de lance d'une lutte contre le trumpisme y compris son parti-pris pour les hydrocarbures et contre les solutions pro-climat même modérées. Le peuple-travailleur de tout le Canada est aussi concerné tant contre Amazon — En Colombie britannique, des travailleurs luttent pour former un syndicat Amazon — que contre le trumpisme. Ne pourrait-on pas exiger que ce soit Poste-Canada, en quasi-faillite mais doté d'un syndicat parmi les plus politisés et combatifs au Canada, privé de son droit de négociation par un ordre gouvernemental tenant lieu de loi spéciale, qui ait le monopole, comme jadis, du tri et de la livraison des colis ?

Et pourquoi le prolétariat des ÉU ne se joindrait-il pas à cette lutte sur ses propres bases puisqu'il à sa manière exploité et opprimé par ce même couple diabolique Trump-Amazon ? Ce coup fourré d'Amazon, en plus d'aussi s'en prendre au trumpisme est une occasion en or de faire la difficile combinaison entre lutte ouvrière et lutte climatique. Bien sûr, étant donné l'état de faiblesse chronique tant syndicale que de la gauche dans tout l'Amérique au nord du Rio Bravo/Grande, il y a loin de la coupe aux lèvres. Est-ce que cette manifestation n'est qu'un baroud d'honneur, un coup d'épée dans l'eau pour sauver la face avant de s'enliser dans de longues procédures judiciaires ? Ce samedi, il aurait fallu être 10 000, que dis-je des centaines de milliers comme lors de la grande manifestation avec Greta Thunberg en 2019. Mais c'est un début, continuons le combat.

Marc Bonhomme, 16 février 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Chronique du vivant : le capitalisme tue...

18 février, par Guillaume Manningham — ,
Le technofascisme dans lequel nous sommes plongés est une intensité mortifère du capitalisme qui ne repose que sur l'appropriation privée et la dépossession des collectifs et (…)

Le technofascisme dans lequel nous sommes plongés est une intensité mortifère du capitalisme qui ne repose que sur l'appropriation privée et la dépossession des collectifs et communs. Déshumanisant nos rapports sociaux, il marchandise et exploite toute innovation, le travail humain, les valorisations du vivant et celle des matières terrestres. Il fait éclater les droits humains sur la glaciale réalité du capital et de ses exigences.

Crédit image : Guillaume Manningham

Tiré du Journal Entrée libre février 2025

Les exigences pour militariser la vie et approvisionner le génocide et les crimes de guerre en Palestine, à Gaza en particulier ; c'était déjà aussi dans la machine avant le régime arrivé le 20 janvier dernier. Exiger 2% du PIB canadien en armes et dans le militaire maintenant de 5%. Cette « contribution » pour que le Canada « assume son rôle » avec en particulier l'OTAN et pour protéger les intérêts des bourgeoisies dans l'Arctique. En congédiant comme acte de terreur récemment, Amazon continue de posséder 32% de l'infonuagique en support numérique mondial. Ces GAFAM etc. sont les nouvelles puissances de ce système mortifère et exploiteur. Sans oublier leur attachement au biberon fossile. La production de pétrole intérieur a ainsi connu un record dans l'histoire de ces États-Unis d'Amérique, rien de moins qu'appelés comme les continents au complet dans l'esprit de la doctrine Monroe de 1823. Ainsi, en 2023, une production record avec 13,2 millions de barils de pétrole produit par jour et l'on vise 13,6 millions de barils par jour en 2026.

2024 aura été déjà celle avec le plus de déportations sous la présidence Biden avec plus de 270 000 personnes. Les frontières tuent et rendent encore plus périlleux et cher le droit et le vécu du trajet pour améliorer sa vie, pour fuir. La majorité des personnes sont arrivées par la frontière coloniale traversant le Rio Grande, le fleuve avec le Mexique. Au milieu du 19e siècle, par la force, le Texas et la Haute-Californie (mexicaine jusqu'en 1850) sont devenus les bases de ces états É.-U. actuels. Ce sont ces personnes qui cultivent et récoltent, construisent et soignent.

Le capitalisme tue par sa totalité à ne pas encourager la santé de tous et de milieux, de nos habitats. Les portes tournantes entre l'industrie pharmaceutique, agricole (industrie des semences, engrais et pesticides) et la santé publique comme Santé Canada est ainsi le summum de la contradiction entre droit au profit privé et droit à la santé. C'est une contamination qui fait partie de ce système et l'on peut suivre les actions et les études de Vigilance OGM sur ces conflits d'intérêts. Il y a ainsi plusieurs industries du tabac, comme les antidouleurs opioïdes, la pollution minière et industrielle et la spéculation immobilière qui nous mine la santé et la vie.

Dernier point, le réchauffement climatique et les protections environnementales. Les politiques canadiennes et québécoises s'annoncent en retrait. Déjà minimes et inefficaces pour effectuer un changement rapide et complet du rapport à l'énergie et nos modes de production, de vie, ces mesures et lois existantes devraient être « ajustées » dans les circonstances. Comme les impôts pour les corporations et le 1%. On parle de nouveau de gaz de schiste, de pétrole en mer dans les Maritimes, de nouvelles mines ici et Énergie Est, GNL, pourquoi pas Goldboro ! Idem dans les territoires gouvernés par des provinces néodémocrates que sont le Manitoba et la Colombie-Britannique où la croissance extractiviste est favorisée. D'ailleurs, en Colombie-Britannique, sont relancés et financés des nouveaux gazoducs pour exporter du gaz liquéfié vers l'Asie, entre autres. Des communautés des Premiers Peuples et des écologistes et gens des coins concernés s'y opposent et mettent déjà en place des mesures de protection et de défense de ces territoires.

En ce mois de février, on souligne paradoxalement les cinq ans du mouvement « Shut Down Canada ! » en solidarité avec les membres de la nation Wet'suwet'en et leurs allié·es contre un gazoduc de CGL qui traverse leur territoire jamais cédé de 22 000 km2, le Yintah. Sous ce nom, vous pouvez trouver ce récit documentaire vidéo en film et encore mieux, aller voir et soutenir au www.yintahaccess.com, un site d'information et de dons pour la défense juridique. La police a mené des raids sur le territoire des Wet'suwet'en avec des armes semi-automatiques arrêtant depuis 2019 plus de 75 défenseur·es des terres. Le 18 février prochain sera la condamnation de Sleydo', Shaylynn Sampson et Corey Jayochee Jocko, reconnu·es coupables d'« outrage criminel » pour avoir désobéi à l'ordonnance de mesure injonctive, malgré le fait de défendre pacifiquement le territoire des Wet'suwet'en.

Pour suivre actualités politiques, socioéconomiques et activités, la page du collectif Solidarité sans frontières de cette ville appelée par le nom d'un gouverneur, administrateur colonial britannique n'ayant pas de lien avec ce territoire : Sherbrooke, en abénaki Nikitotegwak. Il est possible de souligner nos existences, nos récits populaires, nos solidarités, nos communautés ancrées dans nos villes, nos quartiers et villages et champs, bois, montagnes et lacs.

Affirmer que le vivant a ses racines, comme nos luttes. Semées au fil des ans.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Un budget axé sur le bien-être collectif, mémoire d’Attac Québec

18 février, par Attac Québec — ,
Presse Toi à Gauche vous invite à lire des extraits du mémoire d'Attac Québec dans le cadre des consultations pré-budgétaires du gouvernement du Québec. Mémoire présenté à (…)

Presse Toi à Gauche vous invite à lire des extraits du mémoire d'Attac Québec dans le cadre des consultations pré-budgétaires du gouvernement du Québec.

Mémoire présenté à M. Éric Girard, Ministre des Finances du gouvernement provincial, dans le cadre des consultations pré-budgétaires 2024-2025

En réponse à l'appel de la Coalition Main rouge, dont Attac Québec est membre, l'association citoyenne vient d'envoyer son mémoire au ministre provincial des Finances, Éric Girard, dans le cadre des consultations prébudgétaires.

Ce document de 14 pages, intitulé « un budget axé sur le bien-être collectif », se divise en deux parties.

Dans la première, alors que le discours du gouvernement tend vers les coupures budgétaires et le retour à l'austérité, Attac Québec dépeint l'état de la situation et propose plusieurs recommandations afin de renforcer le filet social québécois.

Dans un second temps, l'action citoyenne pour la justice fiscale, sociale et écologique explique différentes mesures propres à augmenter les revenus de l'État, comme l'augmentation du nombre de paliers d'imposition et de l'effort des grandes entreprises, la taxation sur la richesse et certaines activités financières, la réduction de crédits d'impôts et la lutte à l'évitement fiscal.

En résumé : « pour faire face aux inégalités grandissantes au Québec : la redistribution de la richesse, un filet social fort et une plus grande justice fiscale doivent être une priorité de ce nouveau budget ».

Les plans budgétaires du gouvernement provincial sont annoncés pour le 12 mars prochain.
Voici ci-dessous le mémoire d'Attac Québec “Un budget axé sur le bien-être collectif” :

Pour lire lemémoire cliquez ici

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Prendre la mesure de ce que signifie le discours conflictuel du vice-president US JD Vance lors de l’ouverture de la conférence de Munich sur la sécurité

18 février, par Daniel Tanuro — ,
Dans un discours très conflictuel prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité, ouverte le 14 février, le vice-président américain JD Vance a déclaré que la « (…)

Dans un discours très conflictuel prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité, ouverte le 14 février, le vice-président américain JD Vance a déclaré que la « menace intérieure » pesant sur l'Europe était plus grave que celle posée par la Russie et la Chine. Il a critiqué l'annulation d'une récente élection en Roumanie, les poursuites engagées contre un manifestant anti-avortement au Royaume-Uni et l'exclusion de politiciens allemands d'extrême droite et d'extrême gauche de l'événement lui-même...

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
14 février 2025

Par Daniel Tanuro

Le discours du vice-president US JD Vance à Munich, Allemagne, est d'une clarté et d'une brutalité extrêmes. Pour Vance, « la plus grande menace qui plane sur l'Europe ne vient pas de la Chine ou de la Russie ». Elle vient du fait que l'Europe a annulé les élections truquées par l'extrême droite pro-Poutine en Roumanie, que la Grande-Bretagne poursuit un activiste d'extrême droite anti-avortement et que l'UE refuse (jusqu'à présent...) d'autoriser la « libre expression » totale des discours de haine racistes, fascistes, machistes sur les réseaux sociaux, ainsi que les manipulations électorales (comme en Roumanie précisement !). Poutine se frotte les mains, et l'Alternative fur Deutschland (AfD) applaudit ouvertement JD Vance...

Aucun doute n'est permis : il y a entre Trump et Poutine un accord stratégique visant à partager les zones d'influence en Europe et à y établir des régimes autoritaires d'extrême droite dans leurs zones respectives. Cet accord implique à l'Est de briser la résistance du peuple ukrainien et, à l'Ouest, d'appuyer l'extrême droite qui domine déjà en Hongrie et en Italie, ou participe au pouvoir dans plusieurs autres pays, et risque d'y accéder en Allemagne et en France. Trump et Poutine collaborent clairement dans ce but, comme le montrent les déclarations récentes de Trump en faveur du dépeçage de l'Ukraine et d'un changement de régime à Kyiv.

C'est un tournant majeur. Il apparaît brutalement en pleine lumière aujourd'hui, mais ne tombe pas du ciel. Il exprime la nécessité pour le capital, dans un contexte de concurrence exacerbée, de mettre en place des régimes autoritaires, afin de continuer a détruire la société et la nature pour le profit. En liquidant les droits démocratiques et sociaux, et en niant les avertissements scientifiques sur la gravité de la crise écologique-climatique.

Ainsi, on voit se dessiner nettement le projet d'un monde multipolaire domine par la triade Trump-Poutine-Xi Jiping. Au sein de cette triade, la lutte pour l'hégémonie entre les USA et la Chine donnera un rôle de pivot à la Russie. Les cadeaux de Trump à Poutine ont précisément pour but d'éloigner celui-ci de Xi. (Dans ce cadre, NB, les élucubrations de Trump sur la défense de la foi chrétienne ont aussi un certain sens...). En même temps, tout cela est motivé non seulement par la crainte mais aussi par l'admiration de Trump et du Grand Capital US pour la remarquable « efficacité » du despotisme high-tech chinois qui, en quelques décennies à peine, a construit une économie capitaliste capable de menacer la pole position mondiale de l'empire US... tout en maintenant les masses sous contrôle. D'ou le ralliement des Zuckerberg, Bezos, etc., à la croisade de Musk, le lumpen-capitaliste qui fait le salut fasciste.

Face à ce projet, certains croiront devoir se mobiliser pour la défense de l'UE comme incarnation des « valeurs démocratiques ». C'est oublier que l'UE est une structure profondement despotique qui ne se définit pas par ces « valeurs » mais comme « une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ». En tant que telle, elle participe activement à l'extrême droitisation du monde, à la fois par ses politiques anti-sociales (austérité, chasse aux migrants, etc.) et par le détricotage de ses très insuffisantes (et très injustes !) politiques soi-disant « écologiques ».

La seule issue, pour une gauche digne de ce nom, est de lutter pour les droits démocratiques et sociaux, et contre la destruction écologique, tout en s'attelant à reconstruire un internationalisme par en-bas. Cela implique de rompre avec le poison campiste de ceux qui se sont réjouis de la perspective d'un monde multipolaire, en s'imaginant que ce monde favoriserait « la paix » et l'émancipation des peuples. Il favorise au contraire la guerre et l'oppression.

Daniel Tanuro

P.-S.

• Facebook, le14 février 2025.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Contre le trumpisme et ses avatars, passer à l’offensive

18 février, par Romaric Godin — ,
Le combat contre l'extrême droite en voie de trumpisation ne peut pas s'enfermer dans une simple logique défensive. Comme il y a 80 ans, la résistance au nouvel autoritarisme (…)

Le combat contre l'extrême droite en voie de trumpisation ne peut pas s'enfermer dans une simple logique défensive. Comme il y a 80 ans, la résistance au nouvel autoritarisme doit réfléchir aux causes du désastre pour proposer les conditions d'une société démocratique renouvelée.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
13 février 2025

Le choc est évidemment terrible. Les États-Unis, jusqu'à peu présentés comme l'exemple absolu du lien indéfectible entre démocratie et capitalisme, basculent en ce début d'année 2025 dans un autre monde. Les premiers actes de l'administration Trump trahissent un coup d'État de facto visant à rendre caduque la Constitution des États-Unis.

L'irruption d'un régime à caractère néofasciste dans la principale puissance militaire et économique du monde cause une sidération naturelle et entraîne un réflexe bien compréhensible : celui de tenter de sauvegarder « le monde d'avant » qui, naturellement, paraît plus clément que celui promis par Donald Trump et Elon Musk. On s'efforce donc là-bas de sauvegarder les cadres de l'État de droit et ici, en Europe, de sauvegarder ce même État de droit des griffes des thuriféraires et des fondés de pouvoir du nouveau régime états-unien.

Tout cela est évidemment hautement nécessaire et urgent. Mais ce mouvement de résistance ne doit pas se contenter d'une simple posture défensive ou nostalgique. Il ne doit pas viser le retour à une forme de statu quo ante idéalisé. Pour vaincre le retour de l'hydre autoritaire de façon efficace et durable, il faut analyser les conditions de sa réémergence et proposer une alternative démocratique crédible, c'est-à-dire capable d'éviter la répétition du pire.

La référence ici doit ainsi être la Résistance qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en menant la lutte, partout, contre les fascismes allemand, italien et japonais, a mené la réflexion pour construire un monde libéré des conditions d'émergence du fascisme. Et une fois celui-ci vaincu, le combat s'est poursuivi pour construire une société nouvelle.

En France, le Conseil national de la résistance (CNR) a pris acte que la source du péril fasciste était l'abandon des populations face aux crises capitalistes. La lutte antifasciste a donc débouché sur la mise en place d'un État social qui a profondément modifié la société.

On peine aujourd'hui à en prendre conscience, mais la France d'après 1945 est en rupture totale avec celle de l'avant-guerre, qui avait un filet de sécurité sociale parmi les plus réduits d'Occident. Ce changement a été le produit d'une lutte contre les racines de la guerre et du fascisme autant que contre le fascisme lui-même. Et c'est cette démarche qui doit désormais hanter celles et ceux qui entendent s'élever contre la puissance du capitalisme autoritaire contemporain.

Les racines économiques du trumpisme

Pour y parvenir, il faut donc commencer par identifier les racines du coup d'État actuel. Elles se trouvent dans les besoins des secteurs rentiersde l'économie états-unienne et, au premier chef, de celui de la technologie.

C'est, rappelons-le, le produit d'une histoire plus longue, celle d'un ralentissement de l'économie mondiale après la crise de 2008, qu'aucune mesure n'a été capable de conjurer et qui a donné lieu à des méthodes prédatrices dont la conclusion naturelle est la prise de contrôle de l'État états-unien. Incapable de produire de la valeur par les moyens habituels, le capital s'est réfugié dans les secteurs rentiers, où l'on capte la valeur sans passer par les marchés. Mais ces secteurs, pour poursuivre leur accumulation, ont besoin de contrôler la société dans son ensemble, de la soumettre à la pseudo-réalité de leurs algorithmes.

C'est ici que la violence antidémocratique et impériale trumpiste prend sa source.

Les observateurs mainstream qui, jusqu'ici, se complaisaient dans l'apologie d'un capitalisme qu'ils croyaient source de liberté et de démocratie se retrouvent stupéfiés face à l'émergence, pour eux soudaine, d'une « oligarchie », comme l'écrit Serge July dans Libération. Mais il est important de noter combien cette stupeur même est le produit d'une erreur. La position apologétique du capitalisme, validée par le rejet de tout « économicisme », a conduit à un aveuglement sur les forces à l'œuvre depuis un demi-siècle.

Le premier écueil est de croire que le capitalisme néolibéral serait l'antidote à la bascule fascisante d'un Trump.

Ceux qui ont défendu la contre-révolution néolibérale qui, précisément, a cherché à mettre à bas les effets de la lutte antifasciste de l'après-guerre, s'étonnent aujourd'hui de la « contre-révolution » trumpiste, comme le titrait Le Monde du 11 février.

Mais cette rupture est la conséquence logique de la précédente. Puisque le rêve néolibéral d'un marché encadré parfait et efficace a débouché sur le désastre de 2008 et s'est révélé incapable de redresser la productivité et la croissance, les gagnants de ce marché ont pris les choses en main et tentent de construire un monde soumis à leurs intérêts.

Le premier écueil de l'époque est donc de croire que le capitalisme néolibéral serait l'antidote à la bascule fascisante d'un Trump. La tentation peut être réelle d'idéaliser le régime précédent, non seulement parce qu'il était démocratique et moins violent, mais aussi parce qu'on pourrait penser que pour lutter contre les oligarques de la tech, la concurrence et le marché seraient une réponse adaptée. On relancerait donc là le mythe du « capitalisme démocratique », où le fonctionnement d'une économie de marché encadrée serait le socle de la démocratie libérale.

L'ennui, c'est que c'est bel et bien ce « capitalisme démocratique » qui a enfanté de la monstruosité trumpo-muskienne. La sacro-sainte « économie de marché » qui, depuis quarante ans, est parée de toutes les vertus par les intellectuels à la mode est en réalité dans une crise permanente qui ne pouvait déboucher que sur une conclusion autoritaire et monopolistique.

Les marchés « disciplinés »

La concurrence, présentée comme une solution à tous les maux de la société par les néolibéraux, n'est jamais qu'une solution temporaire. Elle débouche inévitablement sur des concentrations, par le jeu même des marchés, et les grands groupes issus de ce phénomène n'ont alors qu'une obsession : préserver leurs positions. Lorsque la croissance est de plus en plus faible, comme aujourd'hui, ils le font par la prise du pouvoir politique et la mise au pas de la société. Lutter contre le trumpisme en réactivant les illusions néolibérales serait dès lors la plus funeste des erreurs.

Ce serait oublier que les populations se sont tournées vers l'extrême droite en grande partie parce que les néolibéraux ont échoué, parce qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses d'amélioration des conditions de vie et n'ont pas hésité, lorsque le besoin s'en est fait sentir, à recourir à des méthodes musclées.

La dégradation de la démocratie libérale et sa réduction croissante à une formalité électorale ne sont pas une nouveauté trumpiste.

L'échec néolibéral est le berceau même de la xénophobie et du racisme de l'extrême droite.

Depuis les années 1980, les néolibéraux s'acharnent à réduire le rôle des syndicats, à réduire le rôle du collectif dans le travail, à marchandiser les rapports sociaux, à coloniser les imaginaires à coups d'héroïsation des « entrepreneurs ». Le but de ce mouvement est évidemment de contrôler les votes pour éviter toute remise en cause de l'ordre social.

Et si cela ne suffisait pas, les néolibéraux n'ont pas hésité à verrouiller la démocratie en inscrivant dans le droit constitutionnel ou dans les traités internationaux les fondements de leur doctrine. En cas de besoin, la « discipline de marché » venait frapper les sociétés, à l'image de ce qui s'est produit en Grèce depuis 2010. Et, pour finir, le régime néolibéral n'hésitait pas à avoir recours à la répression. Des mineurs britanniques aux « gilets jaunes », la matraque a souvent eu le dernier mot face à la contestation.

Cette politique, par ailleurs inefficace, a pavé la voie à l'horreur trumpiste comme précédemment à la dictature de Vladimir Poutine en Russie, et comme elle a affaibli les démocraties européennes face aux extrêmes droites. Elle a préparé les esprits à la violence, au déni de démocratie, aux situations d'exception, en un mot à la soumission de la société aux intérêts du capital. Logiquement, lorsque l'extrême droite propose une politique sur mesure pour les ploutocrates, une grande partie de la population ne s'en émeut guère.

Enfin, l'échec néolibéral est le berceau même de la xénophobie et du racisme de l'extrême droite. Pour deux raisons. D'abord, parce que, depuis 2008, en voulant se maintenir au pouvoir, les partis néolibéraux n'ont pas hésité à se saisir du thème de l'immigration et à l'instrumentaliser.

Le cas d'Emmanuel Macron qui, par ailleurs, aime à se présenter comme un « anti-Trump », est éloquent. Depuis 2017, le président français joue avec les thèmes de l'extrême droite, jusqu'à la fameuse loi immigration de fin 2023, avec pour seul résultat de faire de cette même extrême droite la première force du pays.

Ensuite, parce qu'en échouant à faire rebondir productivité et croissance, les néolibéraux ont construit une économie de « jeu à somme nulle » où les enjeux de redistribution sont désormais des enjeux de concurrence au sein même de la société. Pour obtenir plus, les groupes sociaux doivent prétendre « prendre » aux autres. Et comme les néolibéraux refusent toute redistribution du haut vers le bas et ont, pour ce faire, détruit tout sentiment de classe sociale, ce sont logiquement les appartenances ethniques ou raciales qui ont repris le dessus. Et ceux qui proposent une redistribution sur ces bases, ce sont les partis d'extrême droite.

On conçoit alors la folie que représenterait une résistance au trumpisme qui chercherait à préserver les conditions de l'émergence de cet autoritarisme ploutocratique. Sa seule ambition serait de gagner un peu de temps avant que l'inévitable bascule se produise à nouveau. C'est pourtant le cœur de la politique défensive qui est menée dans les pays occidentaux depuis des années : « faire barrage » à l'extrême droite sans chercher à s'attaquer aux sources de son succès, et attendre la prochaine échéance avec angoisse. Chacun semble se retrouver dans la peau de la du Barry réclamant, avant son exécution : « Encore un instant, monsieur le bourreau. » C'est de cette funeste logique qu'il faut sortir.

La démocratie comme antidote

Pour sortir de cette ornière, il faut prendre conscience que le cœur du problème est dans l'évolution récente du capitalisme. Progressivement, le capitalisme démocratique s'est vidé de son sens. La démocratie est devenue un obstacle à l'accumulation du capital. Et cela n'est pas seulement vrai pour les géants de la tech, mais aussi pour le reste du capitalisme, qui entend imposer des politiques qu'il juge nécessaires, quoi qu'il arrive.

Aucun secteur du capital ne viendra au secours de la démocratie. Ceux qui dépendent des aides publiques pour maintenir leur taux de profit entendent imposer une austérité sur les dépenses sociales et les salaires, sans se soucier d'aucune validation populaire. C'est ce que le débat budgétaire français a clairement montré récemment.

Dès lors, la tâche de la résistance est, comme voici quatre-vingts ans, de proposer les conditions nouvelles d'existence de la démocratie. En 1945, il était devenu évident que la démocratie ne pouvait pas subsister sans une forme d'État social agissant comme une protection pour les citoyens et citoyennes. L'enjeu aujourd'hui est de comprendre quelles sont les conditions sociales capables de soutenir une démocratie réelle.

Il est indispensable de redéfinir les besoins des individus au regard non plus des besoins de l'accumulation, mais des besoins sociaux et environnementaux.

Car ce que le trumpisme, comme le melonisme, nous apprend, c'est bien ceci : la forme démocratique réduite au vote n'est pas la démocratie réelle. Celle-ci doit pouvoir s'appuyer sur une société civile forte elle-même fondée sur la diversité, le respect des minorités, des débats de fond, une liberté individuelle consciente de ses limites sociales et environnementales. Autrement dit, les conditions sociales de production du vote sont plus importantes que le vote lui-même.

On peut continuer à croire que démocratie et capitalisme sont indissociables en s'appuyant sur un capitalisme régulé et encadré. Mais dans le capitalisme actuel, de telles régulations ressemblent à des leurres. La course à l'accumulation risque d'emporter ces barrières avec ce qu'il reste de démocratie.

Réduire la puissance des plus riches est une nécessité, mais est-elle suffisante pour freiner le désastre ? Rien n'est moins sûr, parce que les besoins du capital resteront centraux dans la société. Si le Conseil national de la Résistance (CNR) peut être un modèle de méthode, il faut toujours avoir à l'esprit que les conditions de réalisation de son projet régulateur ne sont pas celles d'aujourd'hui. Le moment historique actuel demande sans doute un pas plus ambitieux.

Si le capitalisme est la source du trumpisme et de ses avatars d'extrême droite, alors le combat de la résistance doit porter sur une redéfinition de la démocratie libérée de la logique d'accumulation.

Cela signifie que les conditions de création des opinions doivent être libérées des exigences du capital. Pour y parvenir, il est indispensable de redéfinir les besoins des individus au regard non plus des besoins de l'accumulation, mais des besoins sociaux et environnementaux. Et les conditions de cette redéfinition résident dans l'élargissement de la démocratie elle-même, notamment aux sphères de la production et de la consommation. Ce sont les conditions de l'émergence d'une conscience dont l'absence conduit le monde au désastre.

Face à la « liberté d'expression » brandie par l'extrême droite, qui n'est que la liberté de se soumettre aux ordres du capital et de leurs algorithmes, la résistance nouvelle doit proposer une liberté plus authentique, qui se réalise dans une solidarité renouvelée et une conscience des limites planétaires et sociales. C'est à cette condition que la démocratie pourra à nouveau avoir un sens.

Tout cela peut et doit faire l'objet de discussions. Le CNR est aussi le produit d'un débat intense dans la Résistance. Mais ce qu'il faut conserver à l'esprit, c'est que, s'il est normal et légitime, en cette période sombre, de chercher à sauver ce qui peut l'être, ce n'est qu'une partie de la tâche de la résistance nouvelle. Cette tâche défensive ne doit faire oublier l'autre, essentielle, celle de se projeter vers l'avenir. Pour passer, enfin, à l'offensive.

Romaric Godin

P.-S.

• Mediapart, 13 février 2025 à 12h14 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/130225/contre-le-trumpisme-et-ses-avatars-passer-l-offensive

Les articles de Romaric Godin sur Mediapart :
https://www.mediapart.fr/biographie/romaric-godin-0

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le Groupe de La Haye doit se transformer en initiative mondiale

18 février, par Francesca Albenese — , , ,
La formation du groupe de La Haye est une étape cruciale dans la sauvegarde de l'ordre juridique international. D'autres États doivent suivre pour mettre fin à l'impunité (…)

La formation du groupe de La Haye est une étape cruciale dans la sauvegarde de l'ordre juridique international. D'autres États doivent suivre pour mettre fin à l'impunité systémique.

Tiré de France Palestine solidarité. Photo : Francesca Albanese, conférence de presse sur la situation des droits humains sur le TPO depuis 1967, 30 octobre 2024 © ONU

En Palestine, les abus et les violations du droit international se sont normalisés, c'est un fait.

Que l'impunité ait été la règle, plutôt que l'exception, au cours des 76 années qui se sont écoulées depuis la création d'Israël est un autre fait. Et pourtant, après 15 mois d'assaut brutal et vengeur d'Israël contre Gaza et ses plus de 2 millions d'habitants pris au piège, la Palestine est à son apogée.

La destruction catastrophique de l'ensemble du paysage, la création de conditions de vie calculées pour conduire à la destruction de la vie, la tentative d'écrasement de la dignité humaine, ont inauguré une nouvelle ère : celle du génocide, télévisé et retransmis en direct pour que le monde entier puisse le voir.

Pourtant, ce que nous avons vu à Gaza, et ce que nous voyons maintenant de plus en plus en Cisjordanie, n'est pas seulement une attaque criminelle contre les Palestiniens en tant que peuple – c'est l'érosion de la fonction même de protection du droit international et une régression dangereuse du système multilatéral, créé pour prévenir les conflits et protéger la vie des civils.

C'est la création d'un monde sans civils, où tout et chacun est soit une cible, soit un dommage collatéral, et que l'on peut donc tuer ou détruire à volonté.

Ainsi, après le génocide de Gaza, le droit international se trouve au bord du gouffre : si les lois qui ont été écrites comme étant universelles, devant être appliquées de manière égale aux forts et aux faibles, sont systématiquement violées pour défendre des intérêts géopolitiques particuliers, alors l'ensemble du système juridique international, fondé sur l'égalité de toutes les nations, est menacé – pour tous les peuples.

À la lumière de ces développements, l'initiative tricontinentale lancée à La Haye par neuf États déterminés à demander des comptes à Israël pour son agression contre l'existence collective des Palestiniens ne pourrait être plus opportune.

Les engagements pris par le groupe dans le cadre de cet effort collectif – maintien des mécanismes juridiques nationaux à la suite des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale, refus portuaires et imposition d'un embargo sur les armes – font partie des obligations les plus fondamentales qui incombent à tous les États en vertu du droit international, compte tenu des crimes commis de longue date par Israël dans les territoires palestiniens occupés.

Ces mesures constituent un premier pas essentiel vers la résolution de la question de la Palestine, ou « conflit israélo-palestinien », dans le respect du droit international.

Pourtant, aucune solution ne sera possible tant que l'impunité persistante d'Israël n'aura pas pris fin. Malgré les efforts du peuple palestinien et de certains Israéliens engagés, la situation ne peut être changée de l'intérieur d'Israël. Une action internationale est nécessaire.

C'est la tâche à laquelle tous les États sont aujourd'hui confrontés. Les États ont des responsabilités juridiques contraignantes face à des violations prolongées du droit international, comme c'est le cas avec l'occupation illégale et l'annexion par Israël du territoire palestinien occupé, le régime d'apartheid qu'il a imposé aux Palestiniens et, plus récemment, le génocide à Gaza.

Compte tenu de la gravité des actions d'Israël, les États sont invités à mettre fin à toutes les relations économiques, à tous les accords commerciaux et à toutes les relations universitaires avec Israël. Ces relations constitueraient sinon une aide et une assistance à un acte internationalement illicite.

En vertu de la loi sur la responsabilité des États, les États sont tenus de coopérer pour mettre fin, par des moyens légaux, à la violation en question – en pratique, cela signifie que tous les États membres des Nations Unies doivent rompre toutes leurs relations avec Israël tant qu'il continue d'opprimer le peuple palestinien.

Cette obligation est d'autant plus urgente avec le sursis d'un cessez-le-feu fragilement négocié.

En ce moment crucial, le groupe de La Haye constitue un excellent exemple pour les autres États quant à la manière dont ils peuvent se conformer à leurs obligations en vertu du droit international.

Les États qui ont signé l'initiative – le Belize, la Bolivie, la Colombie, Cuba, le Honduras, la Malaisie, la Namibie, le Sénégal et l'Afrique du Sud – sont des États dont l'histoire témoigne d'un engagement constant et de principe en faveur de la question palestinienne.

Ce sont également des États qui portent les blessures d'un passé colonial douloureux et de la lutte pour les droits de l'homme qui s'en est suivie. Leur décision crée un puissant précédent, et j'applaudis personnellement ces pays pour leur courage.

Les États qui ont fondé le groupe de La Haye ouvrent la voie à ce qui doit devenir un mouvement mondial en faveur d'une action collective par le biais du droit international : pas d'armes pour le génocide, pas d'aide pour l'occupation et pas de tolérance pour l'apartheid.

J'espère que d'autres États rejoindront bientôt ce groupe. L'objectif du groupe de La Haye est de mettre fin à l'exceptionnalisme d'Israël et de veiller à ce que ce qu'Israël a fait au cours des 15 derniers mois ne devienne pas la nouvelle norme pour les États dans les années à venir.

De la même manière que les États du monde entier se sont unis pour mettre fin à l'apartheid en Afrique du Sud, la communauté internationale doit maintenant s'unir pour garantir la fin de l'un des régimes d'apartheid les plus brutaux dans l'Histoire.

Si nous voulons sauver l'ordre juridique international actuel et nous diriger vers un ordre dans lequel l'impérialisme et la colonisation ne continuent pas à dicter son fonctionnement, la communauté internationale, et surtout les Palestiniens, doivent voir cette initiative prendre de l'ampleur.

Traduction : Chronique de Palestine

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

À quoi sert un programme pour QS ?

18 février, par Ginette Lewis — , ,
Le 6 février dernier, Qs a fait parvenir à ses membres un courriel présentant une consultation sur l'actualisation du programme et un échéancier qui mènera au Congrès de (…)

Le 6 février dernier, Qs a fait parvenir à ses membres un courriel présentant une consultation sur l'actualisation du programme et un échéancier qui mènera au Congrès de novembre, portant sur le programme.

Dans les partis politiques traditionnels et électoralistes, le programme politique sert à étaler certains principes, certaines valeurs. Mais il est, en général, peu utilisé. Il demeure davantage sur les tablettes que dans les mains des personnes militantes. Ce qui est publicisé, c'est la plateforme électorale : les promesses faites durant la campagne électorale et vite oubliées au lendemain des élections. En fait, notre système parlementaire a comme coutume de voter davantage pour la personne ( pour ne pas dire pour l'homme) et pour sa personnalité. Davantage pour ce que cette personne dégage que pour tout le charabia politique.

Et pourtant...

Un programme devrait nous donner une image de la période politique. Les grandes tendances, les grands enjeux devraient y être expliqués pour nous permettre de comprendre les rapports de force en présence. Ce n'est donc pas un outil pour garnir la tablette mais un outil pour mieux comprendre la réalité. Le programme doit à la fois être concret en proposant des revendications essentielles pour la situation actuelle et poser des liens transitoires pour un monde nouveau. La plateforme électorale, à ce moment, résume le programme en ne reprenant que quelques points essentiels pour la période électorale à venir.

Par exemple, face au départ d'Amazon et au licenciement du personnel, le programme défend la nécessité pour le gouvernement de refuser une telle fermeture. Ceci concrétise et souligne les besoins essentiels de ces travailleuses et travailleurs. Ensuite, pour poser la transition, il faut demander des comptes à la compagnie, vérifier sa comptabilité et voir ce qu'elle a fait des subventions gouvernementales (ce que d'ailleurs le syndicat d'Amazone demande en ce moment). Finalement, il faut poser la nécessité d'une nationalisation de la livraison des colis un peu comme la livraison du courrier.

Le programme, dans la période actuelle, doit développer une vision internationale. Ceci est essentiel avec la guerre qui sévit en Ukraine et l'envahissement impérialiste de la Russie, avec le génocide en Palestine et avec les visées impériales de Donald Trump sur le Panama, le Groenland et le Canada. Le monde a besoin de réponses pour arrêter cette barbarie destructrice de l'environnement. Le programme doit servir à tracer ces signes d'espoir.

Que fait Qs dans tout ce contexte québécois et international ? Des interventions à l'Assemblée nationale. Pourrait-on penser développer davantage des revendications posant la mobilisation du mouvement ouvrier en solidarité avec Amazon ? Est-il important de prôner l'unité syndicale pour organiser la lutte ? De remettre de l'avant l'urgence de sauver la planète face aux guerres, aux génocides et au climato-scepticisme en développant la solidarité internationaliste ?

La consultation de QS

Le programme permet de sensibiliser les gens à la situation politique en offrant de nouveaux horizons, en ouvrant sur un monde nouveau.

La consultation entreprise par Qs pose deux problèmes majeurs : la base pour construire le programme et le processus démocratique.

La base du programme

Pour servir d'outil et non de décoration de tablette, le programme doit partir d'une analyse de la conjoncture politique. Quelles sont les forces en présence ? Comment les multinationales s'organisent-elles ? Comment les partis politiques réagissent-ils à ces pressions ? Comment les mouvements sociaux se mobilisent-ils et autour de quels enjeux ? Le texte de Françoise David, publié récemment dans Le Devoir (L'orage gronde, il faut résister à ce tsunami de droite ! | Le Devoir ), peut nous donner une première idée du genre d'analyse à produire.

Qs répond à la pièce, quand il répond, aux éléments de conjoncture. Et souvent, ces éléments ne sont pas les plus importants de l'heure. Qs ne propose pas de vue d'ensemble et ne peut présenter son projet d'avenir parce qu'il ne projette rien.

Donc, le processus de consultation avec des priorités prédéfinies et ciblées (a-t-on oublié la situation internationale ? Et les actions de la Marche Mondiale des Femmes ?) ne peut combler une analyse faisant des liens réels entre les projets de la bourgeoisie et les mobilisations ouvrières et sociales. Ce sont ces liens-là qui sont essentiels : comment organiser les mouvements sociaux face aux menaces de Trump ? Mais rien de cela n'est apparu dans la récente consultation.

Le processus démocratique

Une consultation individualise la personne membre et ne lui permet pas de bénéficier, dans sa réflexion, des échanges qui pourraient avoir lieu avec les autres membres. Ce n'est que dans la discussion que les idées peuvent évoluer, se préciser, s'enrichir. Et il faut du temps pour débattre. Certes, le congrès va ouvrir une période de débat mais il faut plus de trois semaines entre les cahiers de résolution pour organiser les rencontres par assos, par région. Il faut aussi ouvrir un organe interne de discussion pour débattre à la grandeur de la province avant de le faire en congrès.

Plusieurs militantes femmes et plusieurs militants et militantes des régions ont parlé des blocages, des processus et des attitudes bureaucratiques qui ont cours dans Qs. Pour résoudre ces problématiques, la discussion respectueuse en vue d'élaborer des solutions pour enrayer ces fonctionnements patriarcaux et non collectifs est nécessaire. La consultation renforce le repli sur soi et l'isolement : le contraire de ce qui permettrait de trouver de réelles solutions.

Et pourquoi ne pas penser à un modèle de discussion qui ouvrirait le débat avec les groupes sociaux : syndical, femmes, communautaires ? En mettant en place des forums de discussions et de partage, par exemple. Nous pourrions ainsi être à l'écoute de leurs luttes, mieux comprendre les réalités vécues et être en mesure de proposer de réelles propositions de changement.

Un parti de la rue se doit de partager ses réflexions avec l'ensemble des personnes militantes. Un parti des urnes, comme les partis traditionnels, cherche à séduire par des promesses.

Conclusion

L'actualisation du programme de QS risque d'être une opération de maquillage risquant de laisser le texte en tablette. Cela équivaudrait à revenir aux pratiques électoralistes des vieux partis et à élaborer une plateforme électorale qui plaira peut-être à la classe soi-disant moyenne mais en ne proposant pas des revendications de changements et un projet de société. C'est pourtant ce dont la population a le plus de besoin face aux différentes crises économiques, environnementales et sociales qu'elle vit.

Il y a tellement à dire et Qs pourrait porter un si beau projet de société, comme celui que la Marche Mondiale des femmes présente en 2025 : pour une justice sociale, contre la pauvreté, pour une égalité contre les violences et les guerres et pour le respect de l'environnement.

Qs doit donc changer de paradigme et les militants et militantes de gauche se regrouper pour mieux faire entendre leurs voix.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

CJPMO répond à la désinformation de Concordia sur le BDS

18 février, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , , , ,
Le 6 février 2025, CJPMO a envoyé une lettre au président de Concordia, M. Carr, en réponse à une déclaration qui avait répandu des informations erronées sur le boycott (…)

Le 6 février 2025, CJPMO a envoyé une lettre au président de Concordia, M. Carr, en réponse à une déclaration qui avait répandu des informations erronées sur le boycott d'Israël. La lettre de CJPMO défend les étudiants de Concordia qui ont voté massivement pour l'adoption de deux résolutions en faveur du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).

Monsieur le Président Carr,

Tiré de la page web https://fr-cjpme.nationbuilder.com/pr_2025_02_07_concordia_bds

Je vous écris au nom de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) pour vous faire part de mes vives inquiétudes concernant votre déclaration[1] du 30 janvier 2025 au sujet de l'adoption par l'Association étudiante de Concordia (AÉC) de deux motions en appui au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). La caractérisation par votre administration de ce processus démocratique mené par les étudiants comme une menace à la liberté académique est trompeuse, diffamatoire, et contribue à un double standard croissant dans la façon dont Concordia répond à l'expression politique concernant les droits des palestiniens.

La légitimité des boycotts académiques

Inspiré par les boycotts universitaires contre l'Afrique du Sud dans les années 1970-1980, le BDS est une invitation de la société civile palestinienne à exercer des pressions non violentes sur Israël pour le contraindre à respecter le droit international[2].Il s'agit d'un mouvement mondial qui exhorte les gouvernements, les entreprises et les institutions universitaires à se désinvestir des entreprises et des institutions complices des politiques d'apartheid d'Israël et de l'occupation illégale des territoires palestiniens, comme le montrent des organisations telles que Human Rights Watch, Amnesty International et le groupe israélien de défense des droits de B'Tselem. Le BDS n'est pas une attaque contre le peuple juif, mais une méthode pacifique et non violente pour obliger Israël à rendre compte du traitement injuste qu'il inflige aux Palestiniens.

Votre affirmation selon laquelle le BDS est « contraire à la valeur de la liberté académique » n'est pas partagée par des associations académiques notables telles que la Middle East Studies Association (MESA)[3], l'American Studies Association[4], le British Committee for the Universities of Palestine (BRICUP)[5], ou le Academic Advisory Council of Jewish Voice for Peace[6]. Au Canada, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université (ACPPU) a récemment déclaré qu'elle « soutient pleinement les 18 associations de professeurs qui ont adopté des motions appelant au boycott et/ou au désinvestissement et/ou aux sanctions contre l'État d'Israël »[7]

En outre, il est nécessaire d'examiner la question de la liberté académique dans un contexte d'apartheid et d'occupation illégale. Les universités israéliennes sont activement impliquées dans la recherche militaire et les systèmes d'armes utilisés par l'armée israélienne et sont complices de politiques discriminatoires qui restreignent sévèrement les libertés des universitaires et des étudiants palestiniens[8]. En outre, les universitaires, les experts de l'ONU et la communauté internationale des droits de la personne sont de plus en plus préoccupés par le fait qu'Israël lui-même commet un « scolasticide » - défini comme « l'anéantissement systémique de l'éducation par l'arrestation, la détention ou le meurtre d'enseignants, d'étudiants et de personnel, et la destruction de l'infrastructure éducative » - à Gaza [9].

Lorsque les universités, les étudiants et les organes académiques demandent à Israël de rendre compte de son rôle dans l'apartheid, il s'agit d'une affirmation des valeurs mêmes qui sous-tendent la liberté académique, et non d'une attaque contre celle-ci. Paradoxalement, la déclaration glaçante du bureau du président de Concordia est elle-même contraire à la valeur de la liberté académique, car elle crée une atmosphère de peur et d'intimidation à l'égard de la critique de l'État d'Israël.

La légitimité de la démocratie étudiante

Votre déclaration ne reconnaît pas l'Assemblée générale spéciale (AGS) de la CSU, organisée démocratiquement, ni la légitimité de son processus, qui était basé sur une pétition signée par plus de 250 étudiants de premier cycle. Les motions ont été adoptées à une écrasante majorité avec 885 voix pour et seulement 58 voix contre[10], un taux de participation extraordinaire qui représente plus du double du quorum requis pour valider la motion. Malgré le soutien massif du corps étudiant au BDS, votre déclaration fait vaguement référence au processus démocratique en parlant de « comportement lors d'une récente réunion d'étudiants », délégitimant injustement et jetant la suspicion sur les procédures.

Le racisme anti-palestinien sur le campus

De plus, étant donné le climat croissant de racisme anti-palestinien au Canada[11], je suis préoccupé par le fait que votre déclaration dépeigne les étudiants comme des « individus lourdement masqués “ utilisant des ” tactiques d'intimidation » comme un signal d'alarme. Une telle rhétorique expose les étudiants palestiniens et leurs alliés à des risques accrus. Concordia devrait adopter la définition de l'APR proposée par l'Arab Canadian Lawyers Association (ACLA)[12] et créer des plans stratégiques pour protéger les étudiants palestiniens et leurs alliés. Des organisations comme Canary Mission, qui ciblent les étudiants et les universitaires pour tout soutien perçu aux droits des Palestiniens, représentent de sérieuses menaces pour la liberté académique et le bien-être des étudiants que Concordia choisit d'ignorer[13]

En fait, les étudiants pro-palestiniens de Concordia ont été confrontés à une répression importante, y compris battus et arrêtés par la police et les forces de sécurité[14] - non pas en réponse à la violence ou à des activités illégales, mais simplement pour s'être engagés dans des protestations pacifiques et des activités de plaidoyer. Concordia a permis à une firme de sécurité privée ayant des liens connus avec les Forces de défense israéliennes d'opérer sur son campus. L'agression d'un étudiant palestinien sur le campus en décembre 2024[15] a été confirmée comme une attaque à caractère raciste par le SPVM en raison de son keffieh[16]. Le fait que votre administration soit restée silencieuse sur ces actes flagrants de violence anti-palestinienne, alors qu'elle s'est empressée de condamner une motion BDS menée par des étudiants, révèle un profond parti pris institutionnel qui privilégie la protection des intérêts pro-israéliens au détriment de la sécurité, de la dignité et des droits des étudiants palestiniens et de leurs alliés.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples alarmants de répression des discours pro-palestiniens et de la vie étudiante que mon organisation a compilés :

En octobre 2023, un doyen des étudiants de Concordia a été accusé d'avoir fait un doigt d'honneur à des étudiants palestiniens lors d'une manifestation. Au lieu d'aborder cet incident, l'université a rejeté les préoccupations des étudiants.[17]
En novembre 2023, un étudiant est menacé de mort et diffamé en ligne après avoir été faussement accusé d'avoir utilisé une insulte antisémite dans une vidéo virale. Cependant, la séquence non éditée réfute cette allégation et montre un chahuteur pro-Israël déshumanisant l'étudiant en raison de son identité sexuelle. Concordia est restée silencieuse pendant que l'étudiante subissait un doxxing et une détresse psychologique évidente.[18]

En avril 2024, Savannah Craig, une journaliste de CUTV pour le groupe de médias indépendants du campus, a été arrêtée pour avoir fait un reportage sur une manifestation pro-palestinienne, un geste dénoncé par l'Association canadienne des journalistes et la Coalition pour les femmes en journalisme. L'université n'a fait aucune déclaration publique pour défendre la liberté de la presse de son étudiante.[19].

Le 9 janvier 2025, la démission du conseil consultatif de la Leonard & Bina Ellen Art Gallery en signe de protestation contre la censure et la répression de la programmation artistique pro-palestinienne par l'administration contredit directement votre affirmation selon laquelle Concordia défend la liberté académique. La lettre de démission du conseil indique explicitement que l'université a permis aux donateurs et aux pressions politiques de dicter l'expression artistique et académique.[20]
L'administration de Concordia n'a pas abordé ces nombreux cas documentés de discrimination anti-palestinienne. Cela met encore plus à mal votre fausse affirmation selon laquelle le BDS est la véritable menace pour la liberté d'expression, alors qu'en réalité, Concordia a activement étouffé les voix palestiniennes.

Recommandations

CJPMO croit que l'Université Concordia devrait réviser sa déclaration du 30 janvier et s'excuser pour sa caractérisation trompeuse et diffamatoire de la motion BDS de la CSU et de ses partisans étudiants. De plus, CJPMO croit que Concordia devrait se conformer aux demandes légitimes des étudiants en divulguant ses investissements et en reconsidérant ses partenariats institutionnels avec des universités israéliennes complices des politiques d'apartheid.

La réputation de Concordia en tant qu'institution progressiste et inclusive est sérieusement menacée si elle continue à ignorer la sécurité des étudiants palestiniens, la liberté académique et le droit à l'expression politique. Nous attendons de votre administration qu'elle prenne cette question au sérieux et qu'elle y réponde avec l'urgence et la responsabilité qu'elle mérite.

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées,

Michael Bueckert, PhD

Président par intérim

Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient

[2] Graham Carr, Statement from Concordia's President on recent events, January 30, 2025, https://www.concordia.ca/cunews/main/stories/2025/01/30/statement-from-the-president-on-recent-events.html

[2] “Palestinian Civil Society Call for BDS,” July 9, 2005, https://bdsmovement.net/call

[3] Middle East Studies Association, “Regarding BDS (2022),” https://mesana.org/about/resolutions.

[4] American Students Association, “Boycott of Israeli Academic Institutions,” December 4, 2013, https://www.theasa.net/about/advocacy/resolutions-actions/resolutions/boycott-israeli-academic-institutions.

[5] British Committee for the Universities of Palestine (BRICUP), “Why Boycott Israeli Universities ?” April 2007, https://d33hbjhijwmfsk.cloudfront.net/uploads/2022/12/BRICUP-booklet.pdf.

[6] Jewish Voice for Peace, “Stifling Dissent,” Fall 2015,%20https://www.jewishvoiceforpeace.org/wp-content/uploads/2015/09/JVP_Stifling_Dissent_Full_Report_Key_90745869.pdf.

[7] Agenda item 12-E, CAUT Council Meeting, November 29-30, 2024 https://x.com/CJPME/status/1864786868396605507/photo/2

[8] Right2Edu, “The academic boycott of Israel explained,” 2014, https://right2edu.birzeit.edu/israeli-academic-institutions-are-complicit-thats-why-we-should-boycott-them-2/.

[9] United Nations, “UN experts deeply concerned over ‘scholasticide' in Gaza,” April 18, 2024, https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/04/un-experts-deeply-concerned-over-scholasticide-gaza

[10] The Link, “Over 800 Concordia University students vote for BDS,” January 31, 2025, https://thelinknewspaper.ca/article/over-800-concordia-university-students-vote-for-bds ; The Concordian, “Students look back on historic vote and to the future of divestment at Concordia,” February 5, 2025, https://theconcordian.com/2025/02/students-look-back-on-historic-vote-and-to-the-future-of-divestment-at-concordia/

[11] CJPME Foundation, “Anti-Palestinian Racism in Canada : 2023 Annual Report,” December 2024, https://www.cjpmefoundation.org/apr_report_2023

[12] Arab Canadian Lawyers Association, “Anti-Palestinian Racism : Naming, Framing and Manifestations,” 2022, https://static1.squarespace.com/static/61db30d12e169a5c45950345/t/627dcf83fa17ad41ff217964/1652412292220/Anti-Palestinian+Racism-+Naming%2C+Framing+and+Manifestations.pdf

[13] The Link, “Canary Mission is an Online Blacklist for BDS Activists,” February 5, 2019, https://thelinknewspaper.ca/article/canary-mission-is-an-online-blacklist-for-bds-activists

[14] “Pro-Palestine activists detained by SPVM,” YouTube, September 26, 2024, https://www.youtube.com/watch?v=UGaV6UgUKT8&ab_channel=MatthewDaldalian

[15] Middle East Monitor, “US, Canadian universities hire Israeli firms to curb pro-Palestinian protests,” December 7, 2024, https://www.middleeastmonitor.com/20241207-us-canadian-universities-hire-israeli-firms-to-curb-pro-palestinian-protests/

[16] The Concordian, “Palestinian student assaulted in the Hall building,” January 14, 2025, https://theconcordian.com/2025/01/palestinian-student-assaulted-in-the-hall-building/

[17] https://www.instagram.com/reel/CygcuqHLMDk/?igsh=enU2cXlzdmt5MDJ4

[18] The Rover, “Death Threats, Boycotts and Backlash,” January 28, 2024, https://therover.ca/death-threats-boycotts-and-backlash/

[19] Savanna Craig, “In Canada, a pattern of police intimidation of journalists is emerging,” Al Jazeera, June 15, 2024, https://www.aljazeera.com/opinions/2024/6/15/in-canada-a-pattern-of-police-intimidation-of-journalists-is-emerging ; Christopher Curtis, “Montreal police pursue criminal charges against journalist for covering Gaza protest,” April 24, 2024, https://ricochet.media/labour/media-labour/montreal-police-pursue-criminal-charges-against-journalist-for-covering-gaza-protest/

[20] Instagram, January 23, 2025, https://www.instagram.com/p/DFLSlijxHC_/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA%3D%3D&img_index=7

BDS Concordia

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Littoral Est - Beauport Limoilou : Transformer une zone sacrifiée en secteur hautement valorisé !

18 février, par Accès Saint-Laurent Beauport, Table citoyenne du littoral Est — , ,
Québec, 12 février 2025 - Des membres de la Table citoyenne Littoral Est et d'Accès Saint-Laurent Beauport ont pris part à la consultation publique de la Communauté (…)

Québec, 12 février 2025 - Des membres de la Table citoyenne Littoral Est et d'Accès Saint-Laurent Beauport ont pris part à la consultation publique de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) ce 11 février en soirée. À cette occasion, nos organismes ont revendiqué que le plan d'aménagement et de développement de la CMQ permette de transformer la ZONE SACRIFIÉE du littoral Est, en un territoire plus propre, plus sain et plus durable. Celui-ci est actuellement caractérisée par trop d'activités industrielles, de la contamination, de la pollution de l'air et du camionnage à proximité d'une population vulnérable.

Le fait que la CMQ perpétue dans ses orientations d'aménagement du Plan métropolitain d'aménagementet de développement (PMAD) révisé (pages 87 et 98) la poursuite du développement économique dans les espaces industriels d'intérêt métropolitain inquiètent plusieurs résident.es vivant près de la péninsule portuaire de Beauport et du parc industriel de la Canardière.

Comme plusieurs experts universitaires l'ont constaté, ce genre de zone sacrifiée qui permettent des activités industrielles lourdes souffrant d'une pollution excessive à proximité de populations vulnérables et marginalisées, crée de grandes injustices sociales et environnementales. Un mémoire détaillé a été déposé, lequel demande notamment aux autorités régionales et municipales de respecter notre droit à un environnement propre, sain et durable pour tous.

« Nous constatons tristement que nos quartiers constituent une véritable zone sacrifiée et que son développement industriel polluant doit cesser, » affirme Daniel Guay de la Table citoyenne. Le récent rapport de l'Organisation des Nations-Unies- ONU, produit par le chercheur canadien David Boyd en 2022 et intitulé : The right to a clean, healthy and sustainable environment - non-toxic environment, confirme nos constats.

« Nous dénonçons fortement cette funeste discrimination et cette injustice flagrante, » insiste monsieur Guay. En effet, aucun autre secteur de la ville de Québec ne compte autant d'entreprises industrielles à fort volume d'émissions atmosphériques et polluantes.

Dans son rapport, le professeur Boyd décrit les « zones sacrifiées » comme un phénomène qui entraîne l'empoisonnement chronique des personnes y résidant et qui provoque de graves injustices environnementales. Ces zones sont caractérisées par des niveaux extrêmes de contamination. Les populations présentes, souvent les plus vulnérables et marginalisées, subissent beaucoup plus que les autres les conséquences de l'exposition à la pollution sur leur santé, ce qui constitue une grave
violation de leurs droits.

« De plus, dans le cadre de l'évaluation environnementale du projet d'agrandissement portuaire Laurentia à Beauport en 2021, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada a constaté que ce projet de terminal de conteneurs aurait eu des effets négatifs importants, directs et cumulatifs sur la qualité de l'air et la santé humaine, en raison des émissions supplémentaires de particules et de contaminants issus de la combustion de produits fossiles, » rappelle Patrick Albert, d'Accès Saint-Laurent Beauport.

L'Agence a ainsi conclu qu'on ne pouvait ajouter plus de contaminants atmosphériques dans ce milieu préalablement saturé, là où des problèmes de santé liés à la qualité de l'air sont déjà connus et documentés. Le Directeur de la santé publique et le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques ont aussi constaté ce triste bilan et les risques pour la santé humaine.
« En conséquence, nous demandons à la CMQ et à la Ville de Québec de renoncer à tout développement de nouvelles activités industrialo-portuaires dans la zone sacrifiée de Beauport-Limoilou, » réclame monsieur Albert.

À contrario du développement industriel, nous proposons plutôt des aménagements conçus par et pour les citoyen.nes en vue d'améliorer leur qualité de vie et celle de leur environnement, aménagements qui auront des impacts positifs importants sur les plans social, environnemental et économique. La CMQ propose d'ailleurs, dans son Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) révisé, de « Cultiver ensemble des milieux de vie renouvelés et durables ».

Il est grand temps de passer de la parole aux actes dans Beauport-Limoilou. Car, on y trouve déjà le terminal de vrac solide de QSL, le terminal de vrac liquide de IMTT, le dépôt de nickel de Glencore, deux cours de triage du CN, l'incinérateur, l'usine de pâtes et papier, le ferrailleur AIM, le dépôt à neige, le garage municipal, etc. Assez, c'est assez ! Les résident.e.s de nos quartiers respirent déjà beaucoup plus que leur dose tolérable de pollution de l'air

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Un rapport d’Amnistie Internationale dénonce les abus systématiques contre les travailleuses et travailleurs migrant.es au Canada

18 février, par Isabel Cortés — , ,
Un rapport récent d'Amnistie Internationale intitulé « Le Canada m'a détruit » expose la dure réalité vécue par des milliers de personnes migrantes arrivant avec l'espoir d'un (…)

Un rapport récent d'Amnistie Internationale intitulé « Le Canada m'a détruit » expose la dure réalité vécue par des milliers de personnes migrantes arrivant avec l'espoir d'un avenir meilleur, mais se retrouvant confrontées à des conditions abusives et à la privation de droits fondamentaux. En écho, Aministie Internationale – Canada francophone a lancé une campagne dont une pétition pour demander que le Canada cesse les abus envers les travailleuses et travailleurs migrant.es !

Tiré du Journal des alternatives.

Le document révèle que de salarié.es migrant.es sont soumis.es à des journées de travail épuisantes, dans des environnements dangereux et avec des salaires insuffisants. De plus, la surveillance stricte de la part de leurs employeurs les limite à signaler tout abus. L'un des principaux facteurs facilitant ces conditions est l'utilisation de visas liés, qui empêchent les personnes migrantes salariées de changer d'emploi sans perdre leur statut migratoire dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (TFET).

Un autre aspect préoccupant du rapport est la discrimination raciale au sein du TFET. La majorité des personnes migrantes dans cette condition proviennent de pays comme le Mexique, le Guatemala, les Philippines et l'Inde. Elles se retrouvent confronté.es à une structure de travail où les personnes racialement discriminées sont reléguées à des emplois précaires avec moins de droits.

Les témoignages recueillis dans le rapport reflètent la peur et le désespoir de ces travailleuses et travailleurs. Beaucoup ont raconté que les soins médicaux sont inadéquats après avoir subi des blessures au travail. D'autres dénoncent des déductions salariales injustifiées qui les plongent dans une situation économique encore plus précaire. « On nous oblige à travailler plus de 12 heures par jour sans paiement supplémentaire. Si nous nous plaignons, on nous menace de nous expulser », raconte un travailleur migrant cité dans le rapport.

Les femmes migrantes sont confrontées à des défis supplémentaires, y compris des risques d'abus sexuels et de violence basée sur le genre. De plus, les logements fournis par leurs employeurs sont insalubres et dans des conditions qui violent leur dignité et leur vie privée. Bien que les lois canadiennes garantissent les mêmes droits que les citoyen.nes, cela n'est pas toujours respecté dans la pratique. Les mécanismes de dénonciation sont peu efficaces, car la peur des représailles, des licenciements ou de l'annulation des permis de travail empêche de nombreuses victimes de signaler les abus.

Amnistie Internationale alerte également sur le manque d'inspections adéquates dans des secteurs tels que l'agriculture et la fabrication d'aliments. Dans de nombreux cas, ces inspections sont annoncées à l'avance, permettant ainsi aux employeurs de camoufler la réalité des conditions de travail.

Appel à l'action

Face à cette situation, le rapport comprend une série de recommandations destinées au Gouvernement canadien. Parmi celles-ci, il est demandé de supprimer les visas liés et de les remplacer par des permis de travail ouverts, permettant aux personnes migrantes de changer d'emploi sans craindre de perdre leur statut légal. De son côté, Amnistie internationale – Canada francophone a lancé une campagne pour demander que le Canada cesse les abus envers les travailleuses et travailleurs migrant.es !

Il est également exigé une régulation accrue et une supervision du TFET, ainsi qu'un accès effectif à la justice pour celles et ceux qui ont été affecté.es par ces conditions abusives. Ces dénonciations remettent en question l'image du Canada en tant que défenseur des droits humains et mettent en évidence la nécessité urgente de réformer son système migratoire.

En attendant, des milliers de travailleuses et de travailleurs migrant.es continuent de souffrir en silence, pris au piège d'un système qui les exploite et les prive de protection.

Pour accder au rapport complet et aux témoignages en cliquant ici

Pour accéder à la page de lacampagne d'Amnistie Internationale – Canada francophone

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Membres