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Le monde a changé

Ce qui suit est la mise en texte d'une présentation faite le 28 janvier 2025, soit une semaine après l'assermentation du président Trump. L'auteur répondait à une demande de la TROVEP Montérégie. Quelques mises à jour ont été faites, principalement dans les hyperliens de référence.
Dernière mise à jour : 15 février 2025
Tiré de Pressmob 16 février 2025
https://www.groupmobilisation.com/
Jacques Benoit, GMob (GroupMobilisation)
AVANT-PROPOS
L'élection de Donald Trump le 5 novembre dernier à la présidence des États-Unis n'a pas tardé à susciter des craintes et commentaires à propos du Projet 2025 qui constitue la base de son programme, mais dont il avait tenté de se distancier en campagne électorale. Les plus optimistes, sans être de ses partisans, ont répété qu'il fallait faire confiance aux contrepouvoirs existants aux États-Unis, qui l'empêcheraient de faire n'importe quoi et que, dans deux ans, aux élections de mi-mandat, les choses pourraient bien changer totalement.
Cet optimisme, tout comme les illusions sur les conséquences d'une nouvelle présidence Trump, a commencé à fondre à mesure qu'on se rapprochait de son assermentation, et elles sont parties en vrille dès la fin de sa prestation de serment. Voyons cela ensemble.
Et puisqu'une image vaut mille mots (et mille maux), attardons-nous d'abord au portrait officiel de sa présidence.
Depuis Lyndon B. Johnson, devenu président américain après l'assassinat de John F. Kennedy en 1963, tous les présidents américains ont présenté un sourire sur leur portrait officiel, pour ainsi dégager de la bienveillance et de l'espoir quant à leur présidence à venir.
Cette année, Donald Trump a brisé cette tradition sur une photo à l'éclairage cru et dramatique qui n'inspire pas la bienveillance. Cette image « de gars dur » présente une ressemblance frappante avec sa célèbre photo d'identité judiciaire. Si c'était l'effet recherché, alors sa photo nous rappelle (et rappellera aux générations futures) que quelques mois avant d'être élu, le président Trump a été reconnu coupable par un jury de 34 chefs d'accusation au criminel, qu'il est un criminel, et qu'il risque fort de se comporter comme un criminel pendant tout son mandat !
1- RECUL DE LA DÉMOCRATIE ET DES DROITS
Construire prend du temps ; détruire, un instant ! La démocratie a besoin de temps.
« La grande blague de la démocratie, c'est qu'elle donne à ses ennemis mortels les moyens de sa propre
destruction. » - Joseph Goebbels
N'ayons pas peur des mots : Donald J. Trump veut la destruction, le chaos ! Dans le chaos, pas de droit, pas de démocratie, la loi du plus fort fait loi ! Il veut détruire les institutions de l'État de droit, l'égalité de droit pour tous, tout ce qui établit des normes, notamment : santé, environnement, droits du travail, immigration, fiscalité, etc. Il veut dérèglementer tout ce qui entrave le marché, ce qui nuit aux affaires, à l'exploitation capitaliste, à l'accaparement du bien commun public, etc.
2- ACCÉLÉRATION DE LA CATASTROPHE CLIMATIQUE
Le 10 janvier dernier, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) confirmait que 2024 fut l'année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température supérieure d'environ 1,55 °C aux valeurs préindustrielles, en avance de 5 à 10 ans sur les prévisions du GIEC qui prévoyait la chose aux environs de 2030-2035.
Dix jours plus tard avait lieu l'assermentation de Trump. Et l'un de ses premiers décrets concernait la sortie des États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat.
3- DES IMPACTS BIEN AU-DELÀ DES ÉTATS-UNIS
Les États-Unis sont le pays le plus puissant au monde. Tout ce qui s'y passe depuis le 20 janvier a des impacts au niveau mondial, au niveau du Canada, et ici au Québec.
Nous en tenons pour preuve : l'annonce des tarifs de + 25 % sur les exportations canadiennes aux É.-U., qui ne cesse de faire courir tous nos élu.e.s et nos capitalistes d'un océan à l'autre, et les fera courir jusqu'à ce que Trump change d'idée…ou pas. Il en est de même avec tous les pays qui commercent avec les États-Unis, dont ses alliés européens. Évidemment que ce genre de mesures risque d'avoir des impacts importants sur notre économie. Mais cette annonce n'est qu'un élément parmi tout ce qui se met en place au sud de notre frontière, une pièce du puzzle Trump / Projet 2025.
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4- LA GOUVERNANCE AMÉRICAINE
LE TRIDENT DU POUVOIR
Le système politique américain est complexe. Il est possible de résumer les institutions du pouvoir fédéral à trois branches principales :
D'abord, le pouvoir exécutif, qui met en oeuvre les lois. C'est la Maison-Blanche composée de la présidence, du gouvernement et des agences. Le président émet des décrets, qui sont des déclarations officielles sur la manière dont les agences fédérales américaines doivent utiliser leurs ressources, dans le cadre des paramètres fixés par le Congrès et la Constitution. Le président a également un droit de veto sur des lois. De plus, il nomme les chefs d'agences gouvernementales et les juges à la Cour suprême. Et en tant que commandant en chef, le président peut aussi signer des décrets visant l'armée.
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5- LA GOUVERNANCE TRUMP
(AXE 1 DE 4) LES DÉCRETS
Le décret est l'instrument de choix des nouveaux présidents pour lancer leur administration. Les décrets – le type le plus formel des « actions exécutives » présidentielles, conférées par l'article II de la Constitution américaine – ne nécessitent pas l'approbation du Congrès et ne peuvent pas être directement annulés par lui. Toutefois, le Congrès, même aux mains des républicains, dont plusieurs MAGA, peut les bloquer en retenant des fonds ou en adoptant des mesures qui en compliquent l'exécution.
Rappelons-le encore : la démocratie prend du temps. Trump le sait, et c'est pourquoiil va fonctionner par décrets.
6- ALORS : QUE FAIRE ?
Cette question, tous les progressistes et démocrates du monde se la posent, mais les réponses ne fusent pas, étant tous et toutes autant que nous sommes sous l'effet de la stratégie d' « inondation de la zone ».
Pourtant, une réponse s'impose : RÉSISTER !
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Pour un soulèvement planétaire !

Alors où tout doit s'arrêter maintenant, les émissions de gaz à effet de serre, la production de plastique, la production d'armes, alors ou tout doit s'arrêter maintenant, le consumérisme débridé, la course au profit et à plus de compétitivité, tout continue, tout s'accélère. La crise de soutenabilité et la crise de la sensibilité sont héritières des contradictions du capitalisme qui met la planète à feu et à sang. L'effondrement de la biodiversité se fait en silence. Les oiseaux disparaissent du ciel et l'on perd une partie de nous avec l'effondrement de la vie sur terre. Cette crise profonde de sensibilité par rapport au vivant est exposée par le philosophe Baptiste Morizot qui fait référence à “l'appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre et tisser à l'égard du vivant. Une réduction de la gamme d'affects, de percepts, de concepts et de pratiques nous reliant à lui.”1
Notre sensibilité s'érode car le Capital règne en maître. Il n'a d'autre limite que lui-même et on dépasse les nôtres pour le servir ; la planète dépasse les siennes pour le servir, et ensemble on se desserre en se rapprochant du point de rupture. La charge capitaliste est trop forte. Tout ce qui va à l'accumulation n'est pas mis sur le compte des travailleurs et alors que la croissance économique augmente, c'est une part de plus qui est volée à la biodiversité. Ce que les capitalistes gagnent d'un côté, on le perd de l'autre car la production industrielle, c'est aussi une destruction à grande échelle. Destruction souvent irréversible et malheureusement vaine car les fruits du travail salarié, de l'exploitation donc, de la destruction de la nature, ne profitent pas à tous. Il y a une partie de l'énergie humaine, manuelle et intellectuelle, qui part en fumée. C'est la même, celle souterraine des énergies fossiles qui part en fumée. Les deux sont captées et consumées pour le profit. Un rituel moderne qui tourne au sacré, et donc à la défense exclusive de la propriété privée et de ceux qui la détiennent. Cette crémation à un effet sur la planète et sur nos vies. Au bureau, à l'entrepôt, dans la salle des machines, partout où le capital est investi ou placé, il extrait de l'énergie et de la valeur. Bien qu'on n'arrive pas à le distinguer de notre salaire, le surtravail effectué ne nous revient pas, ni en temps ni en argent. On vole notre temps et au même titre qu'on vole de l'énergie humaine on vole de l'énergie planétaire accumulée sur des millions d'années. La crémation pour le profit tourne à plein régime : c'est aussi le profit pour l'incendie.
L'économie capitaliste incendiaire n'a donc aucun sens car même si les profits augmentent par rapport aux années précédentes il faut brûler encore, brûler toujours. Une démesure qui gonfle d'un côté, sur une montagne de cendre.
Dans beaucoup de pays et depuis plusieurs décennies on a un déséquilibre entre la part qui revient au salaire et celle qui revient au profit.2 Michel Husson fait partie des économistes qui ont travaillé sur ce sujet de la répartition de la valeur. Bien que décédé, son travail reste toujours d'actualité et les graphiques ci-dessous sont issus de ses travaux :

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Autre paramètre : ce qu'on observe ensuite jusqu'à des périodes très récentes c'est une évolution dans la répartition des profits. La part des bénéfices reversés aux détenteurs des titres, pour les principales sociétés, augmente de plus en plus. Autrement dit, les propriétaires du capital captent de plus en plus la richesse produite par ceux et celles qui travaillent. On a donc une double captation, par le profit et par les dividendes.
En France par exemple, en vingt ans, les dividendes distribués aux actionnaires des entreprises françaises du CAC 40 ont augmenté de 269 %. Autant d'argent qui ne va pas au salaire ni à l'outil productif pour le rendre moins polluant ou pour opérer, avec cet excédent, une bifurcation écosocialiste qui peut se traduire par l'arrêt, la réduction ou la transformation d'une production existante et de son procès.
Déjà, entre 2009 et 2016, 67,4 % des bénéfices réalisés par les entreprises du CAC 40 ont été distribués en dividendes aux actionnaires. Sur le tiers restant, seulement 27,3 % ont été réinvestis dans l'entreprise, et 5,3 % ont été reversés aux salariés.3
En 2022, encore, on a une part très importante des profits qui se transforme en dividendes. Les grandes entreprises françaises cotées en bourse enregistrent 142 milliards d'euros de bénéfice, tandis que la part qui revient aux actionnaires est de l'ordre de 80 milliards d'euros. Ce qui représentait à l'époque une hausse de 15,5 % par rapport à l'année précédente. Selon la lettre financière Vernimmen, les entreprises du CAC 40 ont versé en 2024 près de 100 milliards d'euros à leurs actionnaires, sous forme de rachats d'actions et de dividendes (les bénéfices s'élevaient quant à eux à 145 milliards d'euros). Etrangement, le nombre de salariés en France dans les entreprises du CAC 40 baisse de 12%4
La richesse nous échappe et paradoxalement on se voit souvent contraint de travailler davantage dans des conditions qui se dégradent. Plus la valeur augmente, moins elle tire à notre avantage. Cette augmentation continue de la richesse est nocive car elle implique une dégradation écologique et un appauvrissement pour des millions de personnes.
Nouvelle phase du capitalisme et nouveaux dangers pour les travailleurs, la démocratie et la planète
Si le mode capitaliste évolue, se transforme, on peine toujours à savoir au début si les évolutions technologiques nous rapprochent d'une société libre, démocratique, même si avec le temps la naïveté s'estompe. Il est difficile de retourner les outils numériques en leur contraire. Dans la société capitaliste, ils servent aux flicages et accompagnent les politiques austéritaires et la réduction du nombre de fonctionnaires. Par ailleurs, la numérisation de la société est une aubaine pour les investisseurs car elle permet l'accélération de la rotation du capital tout en sabrant dans les postes inutiles et ils sont de plus en plus nombreux à être sur la sellette. Avec la numérisation et l'automatisation du processus de production et de la société dans son ensemble, on a le fantasme de la marchandise en un clic et du profit en quelques clics. On peut rêver de devenir millionnaire sans dépendre trop des autres. Ce n'est qu'un rêve.
L'algorithme, qui semble être le nouveau régime d'accumulation, structure les rapports humains. Quand on parle de régime algorithmique comme régime d'accumulation actuel on renvoie à l'ubérisation de la société ou au capitalisme de plateforme qui passe outre les corps intermédiaires et souvent, le contrat de travail. Ces expressions sont relativement synonymes.
Avec d'autres, on considère que “les technologies algorithmiques sont principalement ou surtout développées en tant qu'outils d'accumulation du capital, tout en étant aussi utilisées dans une variété de sphères de la vie sociale avec des conséquences qui débordent largement cette finalité économique. Sans être réductibles à leur fonction lucrative, les données massives et les algorithmes sont appropriés, façonnés et déployés selon une logique qui répond aux impératifs du mode de production capitaliste et contribuent à modifier ce système en retour.”5
Nous vivons dans ce régime algorithmique, dans cette société, ou le capital a un temps d'avance et la démocratie un temps de retard. Plus les outils numériques censés nous rapprocher apparaissent, plus on semble s'éloigner les uns des autres ; et avec cet éloignement, l'espoir de fonder une communauté humaine transnationale pour vivre à l'aune d'un nouveau monde, débarrassé du nationalisme et du capitalisme. On est là malgré tout, après coup, sur la toile, à essayer de se défendre, de militer, avec un comportement un peu schizophrénique car à la fois on veut s'échapper de la surveillance, couper les liens, de l'autre on aspire à un web réellement communautaire qui puisse servir à la libération des êtres humains. La machine évolue, se complexifie. La dépendance aux énergies fossiles est de plus en plus marquée avec les nouvelles plateformes - comme Tik Tok ou Netflix - qui parfois font coup double : captation de notre attention et ponction sur nos salaires.
La réflexion sur le fait de récupérer ou briser la machine moderne est toujours ouverte. La machine algorithmique est à la fois l'outil magique et l'ouvrage final. Une dimension sacrée la recouvre, comme la promesse d'une accumulation jamais espérée auparavant. Des sommes énormes sont mobilisées. Trump envisage un investissement de 500 milliards de dollars dans l'intelligence artificielle. Malgré la dépossession déjà en cours, les puissances économiques répondent à l'appel pour accomplir le rituel à coup de milliards ; multiplier la puissance et la rapidité. Un monde se lève et nous exclut, il est déjà là, et c'est depuis ce monde de course sans fin, de culte et de profit, que les sommes sont mobilisées. La croyance dans la puissance est vide finalement : aller plus vite, plus loin dans le calcul, mais pour aller où ?
Courir d'abord et réfléchir après, car une innovation en chasse une autre et le fanatisme est toujours plus grand. Aujourd'hui on veut savoir si la dernière invention en date, l'intelligence artificielle, peut apporter les miracles escomptés ; mais toute question philosophique est évacuée ; le désir de puissance l'emporte. La ligne d'horizon recule sans cesse. On ne sait plus où l'on va, où il va, car ce n'est pas réellement nous. Nous n'avons pas vraiment la main ; on subit ces changements : on est exclu du processus de décision et davantage du processus de production. L'argent est investi, la course est lancée, et dans son sillage, malgré nous, le capital amène toute la société.
Or, c'est souvent aller dans le mur si on ne réfléchit pas au préalable aux fins qu'on se donne et si on ne réfléchit pas non plus au régime de propriété et au fonctionnement des nouvelles innovations ; intelligence artificielle, ou autre. Rappelons que pendant qu'on fantasme sur les innovations et sur ce qu'elles peuvent apporter, des millions de travailleurs sont pris dans la toile, soumis à la surveillance et à la notification, payés à la mission, évoluant dans un environnement de plus en plus abstrait qui vient buter sur les limites du réel. L'évolution technologique est parfois inversement proportionnelle aux avantages sociaux. Autrement dit, si l'outil de travail évolue (certains diront s'améliore), - smartphone, ordinateur, - le droit du travail quant à lui régresse ou disparaît.
Autre point, le profit augmente au même rythme qu'il sape les conditions de vie sur terre et c'est nous qui payons la facture des contradictions du système. On paie avec notre vie. L'accumulation d'un côté crée du vide de l'autre, du chômage, de la misère et de la désolation.
Cette course, c'est aussi celle qui nous mène à l'abîme : parmi les neuf paramètres de la soutenabilité de l'espèce humaine sur cette planète, (le cycle du carbone - le climat -, la biodiversité, l'eau douce, les changements d'affectation des sols, l'acidification des océans, la pollution chimique, la pollution atmosphérique aux particules, la couche d'ozone stratosphérique, et les cycles de l'azote ainsi que du phosphore) six ou sept seuils sont déjà dépassés. D'après le dernier rapport du GIEC, près de 3,5 milliards d'individus sur Terre subissent déjà gravement les impacts du changement climatique. La continuité capitaliste est donc une folie.
Enfin, relevons que la nouvelle transformation du mode de production avec l'algorithme parachève le démantèlement de tous les obstacles qui pouvaient nuire à la libre circulation du capital sur la planète. Le régime algorithmique accélère donc la phase néolibérale du capitalisme marquée par le refus de la stabilité et du compromis, et on mesure aujourd'hui la régression sociale et écologique sans précédent, due aux choix passés. Hélas la régression ne s'arrête pas là. Lorsqu'on commence à démanteler, à déréguler, on ne s'est jamais où ça finit. Avec la simplification des règles pour les investisseurs encore à l'ordre du jour, on observe que le développement du capital ne vient pas seulement buter sur le code du travail ou les limites planétaires, et ça serait déjà assez, il vient buter sur la démocratie elle-même. Comme si finalement la complexité n'était pas seulement d'ordre technique, fiscal, juridique, ou environnementale. La démocratie apparaît maintenant comme un obstacle pour les affaires. Quinn Slobodian, historien, spécialiste du néolibéralisme, professeur à l'université de Boston et auteur notamment de Le Capitalisme de l'apocalypse. Ou le rêve d'un monde sans démocratie, a travaillé sur ce sujet. Interrogeons-nous avec lui : et si la démocratie et les aléas du suffrage universel commençaient à devenir trop gênants pour les profits et le pouvoir des milliardaires ? L'auteur nous invite à nous défaire d'un préjugé qui a atteint le summum dans les années 1990 et qui est toujours vivace, ou l'on considère que capitalisme et démocratie font forcément bon ménage, et que, par conséquent, la fin de l'URSS et l'expansion de la mondialisation capitaliste allaient immanquablement renforcer les régimes démocratiques. Au journal Le Monde, il précise : “Il faut oublier cette idée reçue selon laquelle le capitalisme et la démocratie se renforcent mutuellement” (20/01/2025). C'est un coup dur pour ceux qui pensaient bien naïvement - ou malhonnêtement - que défendre son business, son intérêt personnel, serait forcément une bonne chose pour la liberté et la démocratie dans le monde. Pour une poignée de capitalistes, les milliards sont là, et l'Etat a contribué à l'accomplissement de leur intérêt égoïste, mais depuis l'autre rive, on attend toujours les effets positifs en ricochet pour la liberté et la démocratie.
Ce qui est démontré par le professeur se vérifie souvent : moins il y a de démocratie, et notamment de démocratie sociale, et plus les investisseurs sont intéressés pour faire des affaires. En cela, la Chine reste un bon élève. En 2020, l'Australian Strategic Policy Institute (ASPI), une ONG australienne, avait montré les liens entre le monde concentrationnaire et le milieu industriel, toutes entreprises confondues (textile, électronique, etc). Dans les dernières années 83 grandes marques, (de Sony à Nike en passant par Adidas, Lacoste, Apple, Microsoft, Samsung, H&M, ou encore BMW, Jaguar, Mercedes-Benz, etc) n'ont eu aucun scrupule à utiliser le travail de 80 000 ouïghours emprisonnés dans 27 usines entre 2017 et 2019. L'esclavage moderne continue. Une main d'œuvre soumise, enfermée dans des camps de concentrations, ça ne pose aucun problème aux investisseurs.
Quinn Slobodian insère une citation dans son livre qui résume bien son propos : « Le capitalisme est bien plus important que la démocratie. Je ne suis moi-même pas un fervent adepte de la démocratie. » L'auteur de cette phrase est Stephen Moore, conseiller économique de Donald Trump lors de son premier mandat. Voilà le mantra. Il est avoué aujourd'hui mais il n'est pas si nouveau.
Pour le business des plus riches on a dû vendre des acquis sociaux, remettre en cause des réglementations environnementales ou fiscales qui pouvaient freiner le commerce, doit-on maintenant vendre intégralement la démocratie et ce qu'il reste de contre-pouvoir pour que leurs vœux soient exaucés ? Voilà où mène le fanatisme de la Croissance et de la Compétitivité. Il est temps de mettre un coup d'arrêt à la sacralisation des affaires et de la propriété privée. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ne peut pas être déchirée sous prétexte que ça nous coûterait un point de croissance de la conserver. Nos vies et la démocratie valent plus que les profits. Malgré les milliards en face, notre parole doit compter, l'habitabilité de la planète et le droit à l'existence doivent passer d'abord ; avant toute considération pécuniaire.
En définitive, la réflexion de l'auteur nous encourage à nous interroger sur la démocratie et à politiser son contenu et sa défense. La lutte anticapitaliste, en cela, est à la fois une lutte écologiste, une lutte pour l'humanité et le droit à l'existence, mais également, une lutte pour la défense et l'extension de la démocratie. Ce n'est pas seulement qu'elle disparaît à la porte de l'entreprise ; il en est ainsi depuis l'apparition de la propriété privée, c'est qu'elle disparaît sur des milliers de territoires. Quinn Slobodian explique qu'il existe une constellation de près de 5 400 « zones », des petits territoires assez différents les uns des autres (paradis fiscaux, ports francs, zones économiques spéciales, villes à charte, gated communities, duty free, plateformes pétrolières, etc.), dont le point commun est d'offrir un refuge au capital et de réduire la démocratie à son plus simple appareil, voire à tout simplement l'abolir.
Au Vénézuela, pour ne prendre que cet exemple, on a bien une symétrie entre la fin de la démocratie et la multiplication des zones économiques spéciales à partir de 2014 ou la constitution bolivarienne n'est plus du tout opérante.
Analyser et comprendre cette nouvelle phase du capitalisme est important. Attaqué sur tous les fronts, il faut défendre les conquis féministes sociaux pour défendre la démocratie, défendre les droits et l'habitabilité de la planète pour ne pas se faire écraser par le capital qui revendique notre asservissement et une souveraineté sans limite, en dépit des limites planétaires et des règles qu'on pourrait lui imposer.
Résister à l'aliénation : le cerveau, le dernier bastion
L'organisation algorithmique de la société touche à des choses matérielles sur l'organisation du travail et aussi à des choses immatérielles comme l'hégémonie culturelle et le contrôle des postulats. Comment on s'envisage et comment on se raconte.
Le point de convergence pour résister aux effets multiples de ce régime est la lutte anticapitaliste qui passe également par une lutte intellectuelle et culturelle collective pour dégager de l'espace, penser ensemble et affiner notre compréhension du réel. On a besoin de s'écouter, de s'éduquer, d'apprendre les uns des autres pour bâtir par le dialogue et la réflexion notre propre réalité. Ce qui est vécu par notre corps n'est pas forcément représenté. La réalité médiatique dominante est souvent le reflet de la lecture du monde telle qu'elle est faite par la classe dominante. On représente mal ce qui est vécu par des milliards de personnes. Nos vies et nos pensées sont sous emprise. L'emprise touche à comment on regarde, comment on parle, comment on pense, comment on rêve.
Après l'écrasement des populations et du vivant, c'est la mémoire qu'on cherche à détruire par une réécriture perpétuelle de l'histoire pour empêcher toute fuite intellectuelle dans un passé révolutionnaire ou précapitaliste qui pourrait éclairer sous un nouveau jour, ou fissurer, l'ordre existant. Dans son livre Erasing History, Jason Stanley, professeur de philosophie à l'université de Yale évoque le processus idéologique, la réécriture du passé pour mieux contrôler le futur. Cette réécriture on peut la comprendre comme une stratégie politique : la dernière bataille. Le cerveau est le territoire à conquérir car la pensée critique peut être le dernier bastion de la résistance. Alors ou le néolibéralisme a eu raison du compromis social de l'après-guerre entre le Capital et le Travail, il veut parachever sa victoire économique par une victoire idéologique en revisitant le passé pour effacer toute trace de fierté et d'inspiration dans celui-ci. Faire comme si la lutte internationale des travailleurs n'avait jamais eu lieu. Faire comme si la liberté du millionnaire serait la liberté de tous, comme s'il n'y avait pas eu de violence impérialiste, colonialiste, et laisser croire enfin que tout se vaut, que la violence des opprimés serait identique à la violence des oppresseurs. Pourtant, il n'y a pas d'équivalence malgré la symétrie des mots. Le black power pour ne prendre que cet exemple se battait pour l'émancipation, la fin de la violence raciste, quand le white power veut contrecarrer la résistance des africains américains pour qu'ils restent à leur place. La brutalité de la réaction témoigne d'une peur pas encore évacuée. Conscient de l'instabilité du système, la révolution est le cauchemar de la classe dirigeante. Tandis qu'il y a un recul révolutionnaire par rapport aux décennies précédentes, la guerre est déclarée contre les mouvements d'émancipation et pour une prise d'assaut de nos cerveaux et de nos regards. Cette guerre s'illustre sur l'espace médiatique et numérique.
Lieu d'accumulation et de consumérisme sans retenue, les plateformes servent également de canaux idéologiques pour la bourgeoisie conservatrice qui en plus de ses privilèges veut jouir d'un contrôle idéologique sur la population. C'est pour cette raison que, effrayés par la liberté, des millionnaires financent des réseaux comme le réseau Atlas afin d'éviter que les barricades ne se montent dans les têtes avant de se monter dans la rue. L'Atlas Network est une alliance de puissants think tanks diffusant des idées néolibérales, climatosceptiques et d'extrême droite. Fondé en 1981, le réseau Atlas veut cadrer le débat en recouvrant le monde de think tanks équivalents. En 2023, elle coordonne 589 laboratoires d'idées dans 103 pays, grâce à un budget de 28 millions de dollars, essentiellement issus de dons d'entreprises et de milliardaires. Parmi ses membres les plus influents figurent des associations comme le Cato Institute, financé par la famille Koch, des magnats pétroliers, ainsi que la Heritage Foundation, connue pour son rôle dans le projet 2025, au cœur des politiques de Trump malgré ses dénégations publiques. L'artillerie lourde est déployée pour que leur argumentation soit reprise.
L'objectif, partout dans le monde, est de "changer le climat des idées", légitimer le business et s'attaquer à des causes comme l'action climatique, la promotion des droits des femmes et des minorités, la justice fiscale ou encore les services publics. Asséné des milliers de fois, la propagande des millionnaires peut finir par rentrer : on peut devenir, sans s'en rendre compte, porte-parole du business, comme la chose la plus naturelle et la plus bénéfique qui soit alors qu'on ne dispose d'aucun capital. On peut finir par minimiser la situation écologique sur la planète alors que des milliards de personnes sont concernés par le réchauffement climatique. Dans une conférence, André Noël, journaliste québécois, a mis en lumière les influences du réseau Atlas au Canada et au Québec.6
Selon lui, il est important de rester vigilant dans les années à venir face à la multiplication des interventions de prétendus « experts » dans les médias ou lors de consultations, car ces gens interviennent sur des enjeux publics majeurs tels que l'énergie, l'éducation, la santé, le climat, l'environnement et les impôts, tout en dissimulant leurs affiliations. Ce qui est dit par le journaliste est valable au Canada, en France, comme ailleurs. La diffusion est d'autant plus importante qu'avec les outils actuels, comme l'intelligence artificielle, la multiplication automatique de faux comptes et de fausses informations est possible. Cela se fait grâce à l'IA générative, ce qui donne une dimension exponentielle à la guerre culturelle. Mensonges, préjugés, guerre contre les idées et les personnes : tous les coups sont permis pour empêcher la pensée critique et l'émancipation.
Nos vies et nos cerveaux sont pris d'assaut, ce qui tend temporairement à détourner les colères et à stabiliser un système de plus en plus tiraillé par ses contradictions.
On a là un croisement clair entre l'efficacité capitalistique et le contrôle idéologique de la population. Le régime algorithmique joint les deux. Il est à la fois un mode de gouvernance qui assure un maillage de propagande et un outil qui accélère la production de profit. Dans la toile, dans la société, notre vision s'amenuise tandis que les endroits ou regarder s'amplifient. Le regard est figé, capturé par les images, c'est pourquoi l'on doit changer de regard.
Changer de regard
Alors que le capitalisme nous fait passer respectivement pour un problème démographique, migratoire, un coût, sachons nous envisager plutôt que de nous craindre en résistant à cette lecture comptable et anti-humaniste. Contrairement à ce qui peut être véhiculé par le réseau Atlas ou autre laboratoire d'idées de la bourgeoisie, l'humanité n'est pas un problème et le déplacement libre des populations sur la planète n'est pas un problème non plus. En revanche, la réduction de l'humanité à une main d'œuvre seulement née pour être de la chair à patron est un vrai drame car on passe du statut de sujet à objet. Nous ne sommes, dans ces discours, dans ce monde, rien de plus que des pièces interchangeables pour la machine capitaliste. Ce traitement de l'autre comme une chose réduit notre humanité et crée une sorte d'équivalence entre la matière brute et l'humanité. Ce processus de chosification qu'on appelle aussi réification impact le regard sur soi et sur les autres ; il coupe les liens sociaux et les liens historiques qui nous ont fait et qui nous font.
La question des postulats est essentielle. Si l'homme égoïste et maximisateur est une invention sur laquelle le libéralisme repose - un choix bien pratique - nous avons aujourd'hui des postulats assez anti-humaniste qui commencent à gagner les esprits et qui renforcent l'idéologie sécuritaire et concentrationnaire. Lorsqu'on ne regarde pas le monde depuis la compassion, lorsqu'on dévalorise la réflexion et l'histoire, alors on juge depuis des catégories anti-historique, anti-matérialiste, souvent avec des critères qui tournent autour du bien et du mal. La condamnation chasse la réflexion. On confond excuser un évènement et le comprendre. Et il serait assez indécent de dire que Hannah Arendt ou Enzo Traverso, pour ne prendre que ces deux exemples, ont excusé le nazisme parce qu'ils ont essayé de le comprendre en allant au-delà des jugements moraux définitifs. Aujourd'hui encore, il ne s'agit pas d'excuser mais de comprendre les phénomènes sociaux. Lorsqu'on refuse de se voir comme des êtres humains et de comprendre l'enlacement des situations et des parcours de vie, alors on décharge la responsabilité entière sur l'individu, laissant de côté des facteurs déterminants comme les contrôles policiers, la pluralité des discriminations, les oppressions, l'exploitation. Selon les calculs du sociologue de l'université Harvard Bruce Western, pour les hommes noirs sans diplôme, la probabilité d'être incarcéré au cours de leur existence a été évaluée à 60 %. Ce taux va jusqu'à 70 % pour les cohortes nées entre 1975 et 1979.
Pour celles-ci, la prison représente à peu près la même chose que le service militaire pour les cohortes arrivées à l'âge adulte au début des années 1940 : un passage obligé du parcours de vie. La prison sert de punition parfois définitive pour les personnes et laisse un faux semblant de justice alors que la révolution c'est tout l'inverse. Ce n'est pas enfermé, c'est libéré. Pas même enfermé les exploiteurs - même si parfois ça peut être nécessaire - mais c'est se libérer de l'exploitation. Le choix de la surveillance et de la punition gagne du terrain et donc l'espoir de la révolution recule pour le moment. Malgré la violence sans précédent du système carcéral, les politiciens adeptes de cette idéologie ont une popularité assez grande, comme c'est le cas pour Bukele, dirigeant du Salvador. Ce qui est assez inquiétant. Aujourd'hui, avec 1764 détenus pour 100 000 habitants, le Salvador connaît le plus fort taux de détention au monde. Un salvadorien sur 57 est derrière les barreaux ! Plutôt que de faire la guerre à la misère, à l'exploitation et à la corruption, Bukele fait la guerre à la population.
Dans un rapport, Amnesty International précise : “Plus de 73 000 placements en détention ont été dénombrés entre le 27 mars 2022, début de l'état d'urgence, et la fin de l'année 2023. La plupart des personnes détenues étaient accusées d'« association illicite », une infraction liée aux activités des bandes armées et à l'appartenance à celles-ci. Dans la majorité des cas, les détentions relevant de l'état d'urgence étaient arbitraires dans la mesure où les garanties de procédure régulières n'étaient pas respectées. Souvent, les incarcérations n'étaient pas clairement justifiées par une décision de justice, les détentions administratives étaient prolongées, les autorités n'informaient pas la famille du lieu précis où leur proche était enfermé ou l'identité des juges saisis des affaires était maintenue secrète. L'état d'urgence pesait particulièrement sur les populations les plus pauvres et marginalisées, rendant leur situation encore plus précaire.”7
Malgré les réserves, les critiques émises par Amnesty International et d'autres, toutes les droites sud-américaines citent Bukele en exemple en matière de délinquance. Cadenassé les contre-pouvoirs, instaurer un état d'urgence permanent, menacer les journalistes, criminaliser les opposants, cela plaît énormément aux milliardaires réactionnaires comme Elon Musk, qui se félicite de sa politique carcérale. Il la considère comme “la voie à suivre”.
Cependant, c'est tirer à côté de la cible. Tant qu'il y aura de la misère et des impérialismes, la criminalisation et les extorsions continueront car elles sont le résultat des inégalités et pour cette région, des ingérences américaines. Au Salvador, la mafia ne vient pas de nulle part et si l'on n'interroge pas le contexte et les conditions de sa création - pour les Maras - on ne se donne pas la possibilité de la combattre vraiment. L'impérialisme américain a déstabilisé des régions entières en soutenant des régimes militaires ; dans un contexte de guerre froide, ça semblait légitime, et c'était la garantie de faire des affaires et d'empêcher une avancée de la révolution. Le risque d'un meilleur partage des richesses et d'une réforme agraire était écarté.
Le Salvador va alors tomber dans la guerre civile sous prétexte de lutter contre des factions marxistes (FMLN), provoquant ainsi l'exil d'une part importante de la population tant le conflit s'avère meurtrier. Selon les rapports rendus par la commission de vérité de l'ONU, les escadrons de la mort pro-gouvernementaux et la police et l'armée salvadorienne seraient responsables de 85 % des actes de violences perpétrés durant la guerre civile. Les Etats-Unis ont soutenu l'Etat sur le plan militaire, financier et diplomatique pour empêcher toute avancée sociale et démocratique. Comme on le sait, c'est loin d'être un cas isolé. La peur de la révolution, et ce dans bien des pays, à déclencher une tornade de violence avec le soutien direct ou indirect des Etats-Unis, privant la population d'exercer ses droits démocratiques (comme au Guatemala en 1954 ou au Chili en 1973, pour ne prendre que ces deux exemples) ; brisant les reins des organisations sociales, communautaires ou révolutionnaire. Le résultat sera un exil massif, parmi eux, bon nombre de jeunes salvadoriens et une partie d'entre eux va se former à la dure réalité des Etats-Unis et à la criminalité.
“À leur arrivée les conditions de vie s'avérèrent précaires : marginalisés, menacés, résidant illégalement sur le territoire américain et disposant de peu de ressources, une partie de la communauté décide alors de se regrouper entre amis, entre maras.“8
Quelques années plus tard, les immigrés salvadoriens ayant fui la guerre ont pu rentrer au pays en emportant avec eux la criminalité apprise aux États-Unis. Sous-couvert de lutter contre les Maras, l'État salvadorien s'attaque encore à la population avec la répression et la prison. Cette guerre antigang sert de caution à la guerre réelle contre la société civile ; guerre faite contre les pauvres et ceux et celles qui s'engagent pour un changement révolutionnaire. En juillet 2024, Cristosal, organisation salvadorienne de défense des droits humains, a publié un rapport faisant état de 79211 prisonniers et 265 décès en détention depuis l'instauration de l'état d'urgence, en mars 2022. L'ONG Socorro dit défendre 1500 détenus qui ne font pas partie des maras mais ont été arrêtés sur ce motif. Les disparitions sont aussi nombreuses.
Née au Etats-Unis, l'idéologie pénitentiaire fait, comme on le voit, au Salvador comme ailleurs, des émules partout sur la planète. Cette idéologie accompagne le règne du Capital. L'augmentation des lieux d'enfermements a été étudiée par le sociologue Loïc Wacquant dans son livre de référence Les prisons de la misère. Il invite à prendre la mesure du tournant qui s'opère avec la création de nouvelles prisons (comme en Californie). Ces créations nouvelles signent le passage d'un régime à un autre. La multiplication des prisons n'est ni un hasard ni un choix isolé, ça correspond au passage du Welfare state au Workfare state.
En français Loïc Wacquant parle du passage de l'État-providence à l'État-pénitence. Son analyse permet de changer notre regard. Si dans le premier régime le droit à l'existence est théoriquement garanti, car on accepte que tout le monde ait le droit à l'intégration, à l'inclusion, à la vie décente, dans le second schéma le postulat est totalement différent. Le droit à la vie au sens large, à la santé, aux aides sociales, etc, est conditionné à notre comportement. Rien n'est garanti. La vie n'est pas donnée. Les bons méritent une aide, toujours dosée, revue, conditionnée, quand les “mauvais”, ceux qui subissent une exclusion, sont considérés comme responsables de leur situation.9
On considère dans cette seconde lecture que la punition est le meilleur moyen pour gouverner la population et pour l'inciter au travail. Pas besoin d'améliorer le salaire et les conditions de travail - ce qui peut nuire à la compétitivité - ; il faut punir. Rendre les chômeurs responsables de la misère subie. La responsabilisation individuelle (et la déresponsabilisation étatique et patronale) est une méthode nouvelle qui vise à gérer par la force la misère et les instabilités que les inégalités produisent. La multiplication des prisons et de l'incarcération va donc de paire avec ce nouveau regard et ce nouveau régime.
En Europe, la défense des institutions policières et pénitentiaires pour juguler les désordres engendrés par le chômage de masse sera défendu puis mis en place par Tony Blair avant de se généraliser dans plusieurs pays européens. “Depuis l'arrivée au pouvoir des néo-travaillistes, la population pénitentiaire de l'Angleterre a cru au rythme de mille personnes - soit dix fois plus vite que sous Margaret Thatcher - pour atteindre le chiffre record de 66 800 détenus au printemps 1998 et, dès l'installation du gouvernement Blair, le budget des prisons a été augmenté de 110 millions de livres alors que les dépenses sociales stagnaient.”10 Au Pays-Bas, les effectifs carcéraux ont triplé en quinze ans. En France, le nouveau record est tout récent : au 1er juillet 2024, le nombre de détenus incarcérés dans les prisons françaises a atteint 78 509. À cette date, le nombre de places opérationnelles dans les établissements pénitentiaires de l'Hexagone était de 61 869, et leur taux d'occupation était de 127 %.11
Il faut prendre la mesure de cette situation. Le développement de l'extrême droite dans le monde n'est pas seulement une rupture mais sur bien des points, hélas, une continuité et une accélération dans un monde de plus en plus capitaliste et aussi, de plus en plus carcéral. La gestion sociale-libérale des années précédentes dans bien des pays, tant dans sa relation avec l'immigration que son rapport au capitalisme, a pavé la voie à une extrême droite qui assume elle aussi son amour du profit, des millionnaires et de l'incarcération de masse. Elle est à l'aise avec la nouvelle configuration qui suppose des assouplissements pour le Capital, plus de dérégulation pour le marché du travail, et de l'autre, un appareil pénal fort et une surveillance généralisée de la population perçue comme une menace. Si on a raison de s'inquiéter de l'incarcération et de la déportation de masse des étrangers aux Etats-Unis,12 on ne doit pas oublier que ceux et celles de chez nous ne sont pas toujours mieux traités. Par ailleurs, dans de nombreux pays, en Allemagne comme en France par exemple, l'heure est à la surenchère du côté de l'extrême droite. Au niveau des institutions, on continue de dire que l'immigration et les immigrés, ou descendants d'immigrés, sont au mieux un problème, au pire une menace. Cette suspicion laisse croire que la frontière nationale a du sens et peut potentiellement nous protéger. Comme-ci le crime, le viol, la fraude, l'émeute, viendraient forcément de l'autre côté de la frontière et seraient corrélés à une culture et au flux des entrées. Il n'y a rien de plus faux et rien de plus raciste.
Après la propagande, les calomnies, la mise à mort avec les mots, viennent les descentes de police. A boire les mensonges de Trump on oublie que ce qu'il dit et met en place a des conséquences ultra-violentes pour les gens. Le show est terminé. La déportation des brésiliens aux Etats-Unis témoigne de la violence de l'acte. Les déportés ont été soumis à la brutalité policière et c'est traité en tant que criminel qu'ils ont été conduits dans l'avion. Après des années à criminaliser les étrangers dans le discours, on ne voit que des numéros, ou un mal nécessaire dans ce qu'il se passe aujourd'hui. Pourtant la déshumanisation et le traitement dégradant n'ont aucun sens. Ce ne sont ni des numéros ni des criminels : ce sont des êtres humains et la décision de la déportation est irresponsable de tout point de vue.
En France, en 2023, selon plusieurs associations plus de 45 000 personnes ont été enfermées dans des centres de rétentions. Le nombre de personnes incarcérées est forcément beaucoup plus important car le chiffre des personnes passées par les locaux de rétention administrative n'est pas communiqué par l'administration. Toujours illégitime, car contraire aux Droits Humains qui assurent la liberté de circulation et d'installation, l'enfermement et les expulsions sont souvent illégales. Ce qu'on observe dans les dernières années c'est que l'incarcération devient une fin en soi. Au lieu d'être expulsés beaucoup seront libérés puis incarcérés de nouveau.
C'est une mesure punitive et dissuasive. Il s'agit de leur faire la vie dure pour leur faire payer le prix de leur venue ici. Parce que l'Etat refuse de régulariser, l'incarcération devient une menace de tous les jours. L'Etat préfère punir, humilier, soumettre, que de tout simplement régulariser et laisser les personnes vivre en toute légalité et donc avec beaucoup plus de sécurité. Par ailleurs, lorsqu'il y a expulsion, dans de nombreux cas, elle a lieu alors que le juge administratif n'a pas encore rendu sa décision, la demande d'asile est encore en cours, ou la Cour européenne des droits de l'homme a déjà suspendu l'expulsion. L'Etat passe outre la vie des personnes sans papiers mais aussi outre la justice. C'est notamment ce qui est pointé dans le rapport 2023, centres et locaux de rétentions administratives, auquel La Cimade a participé :
“Plus d'une personne sur deux a été libérée par un juge en 2023 ; ce chiffre illustre l'ampleur du non-respect par l'administration des garanties procédurales, des placements injustifiés et des mesures d'éloignement illégales, qui se mesurent au nombre de personnes libérées par les juges dans l'hexagone. Près de 93 % d'entre elles l'ont été par les juges judiciaires sanctionnant des vices de procédures, des défauts de diligence ou des manquements à la prise en compte de la vulnérabilité des personnes. En outre-mer, le régime dérogatoire applicable, qui prévoit l'absence de recours suspensif de l'éloignement et qui permet des procédures expéditives, cause de multiples et graves atteintes aux droits des personnes. Près de 30 000 personnes ont été enfermées cette année dans les CRA ultramarins, soit une augmentation de près de 9 % par rapport à l'année précédente.”
Alors que la France a déjà renvoyé des étrangers malgré la menace de mort qui pèse sur eux ou les risques pour leur sécurité, avec des expulsions vers l'Afghanistan, le Soudan, et plus récemment une expulsion de kurdes vers la Turquie, on imagine que ça ne va poser aucun problème à Trump qui veut “nettoyer” d'abord et réfléchir après. Il va plus loin, c'est sûr, mais en suivant une logique déjà installée et déjà à l'œuvre, sous une autre dimension, dans la majorité des pays riches.
Dans cette histoire, le racisme se joint aux affaires. La prison fait tout à la fois, elle gère la misère, évite l'émeute et punit ceux et celles qui réclament des droits et des papiers. Dans le même temps, l'enfermement massif est la promesse pour les entreprises spécialisées dans l'enfermement des sans-papiers d'accroitre davantage leur marge. L'enfermement est source de profit. Si c'est une tragédie pour des milliers de personnes sans papiers qui travaillent aux Etats-Unis, c'est une aubaine pour les groupes privés comme GEO qui font de la rétention d'immigré leur fond de commerce. En 2016 déjà, boosté par Trump et ses promesses de plus d'enfermement, le cours boursier des entreprises du secteur a bondi. Plus récemment, encore une fois, l'entreprise GEO cotée à New York a vu son cours bondir de 42% après les résultats de l'élection américaine. “CoreCivic et l'entreprise de prisons privées GEO Group, qui soutiennent depuis longtemps Trump, ont vu le cours de leurs actions grimper immédiatement après la victoire de Trump aux élections de novembre” écrivait ABC News.13
Selon ce journal, “l'entreprise de prisons privées CoreCivic a indiqué dans une déclaration de lobbying qu'elle avait fait don de 500 000 dollars au comité d'investiture Trump-Vance en décembre, soulignant la relation étroite entre le président Donald Trump et le secteur des prisons privées.” Tout récemment, le président américain Donald Trump a ordonné la construction d'un centre de détention de migrants à Guantanamo, qui, selon lui, pourrait accueillir jusqu'à 30 000 personnes. Comme le révélait la BBC, Guantanamo dispose déjà d'une petite installation séparée, utilisée depuis des décennies pour détenir des migrants. “Connu sous le nom de Guantanamo Migrant Operations Center (GMOC), il a été utilisé par plusieurs administrations, tant républicaines que démocrates.”14
Le contrôle et le business fonctionnent ensemble. Ce n'est pas pour rien que l'association américaine pour les libertés civiles (ACLU) indiquait en 2011 que la recherche du profit à travers la prison était une des principales causes de l'inflation carcérale.
Passer à l'insurrection : écosocialisme ou barbarie ?
Les histoires semblent éloignées mais c'est le même monde : répression, prison, contrôle social, exploitation, aliénation, ubérisation de l'exploitation et numérisation des fakes news. C'est le même monde qui cogne, c'est pourquoi on doit se reconnaître dans nos parcours de vie ; victime du culte du profit, de l'incarcération, des expulsions. Ces éléments fonctionnent ensemble. La politique carcérale accompagne la privatisation du monde et l'expansion de la sphère marchande sur nos vies et la planète. En 1915, Rosa Luxemburg écrivit en prison une brochure tirant les premières leçons de l'effondrement de la social-démocratie. Le titre, “Socialisme ou Barbarie”, résonne encore aujourd'hui : “Le prolétariat doit jeter résolument dans la balance le glaive de son combat révolutionnaire : l'avenir de la civilisation et de l'humanité en dépendent. Au cours de cette guerre, l'impérialisme a remporté la victoire. En faisant peser de tout son poids le glaive sanglant de l'assassinat des peuples, il a fait pencher la balance du côté de l'abime, de la désolation et de la honte. Tout ce fardeau de honte et de désolation ne sera contrebalancé que si, au milieu de la guerre, nous savons retirer de la guerre la leçon qu'elle contient, si le prolétariat parvient à se ressaisir et s'il cesse de jouer le rôle d'un esclave manipulé par les classes dirigeantes pour devenir le maître de son propre destin.” Si la force numérique du prolétariat est beaucoup plus grande aujourd'hui, la conscience de classe en revanche semble beaucoup plus faible alors que la guerre continue et qu'elle appelle encore à un sursaut collectif de notre part pour y mettre fin. La guerre est là, contre les peuples, contre la biodiversité, contre les travailleurs. Les moyens de s'auto-détruire sont beaucoup plus puissants qu'à l'époque ou Rosa Luxemburg écrivit cette brochure.
Si les incarcérations actuelles utilisent des technologies modernes, elles n'en sont pas moins inquiétantes, tout au contraire. La barbarie s'est modernisée. Les innovations sont mises au service de la déshumanisation des personnes, du mensonge, de leur contrôle et de leur enfermement. Pour ne pas revivre le cauchemar du fascisme, il faut reprendre les dynamiques révolutionnaires ouvertes hier, restées inabouties, irrégulières, puis dérobées dans le passé sous le poids de la guerre et du fascisme. Eclairons nos vies et nos doutes avec les pensées révolutionnaires égrenées au fil de l'histoire qui sont devenues actions, mouvement, et qui comme des éclairs ont brisé pour quelques instant la continuité mortifère. Plaçons-nous sur le temps long ; il ne s'agit pas seulement de survivre dans le présent mais de porter le combat au nom des générations vaincues et pour les générations futures. Se soulever ou périr : l'écosocialisme ou la barbarie.
Le soulèvement depuis cette réalité, des étrangers qu'on enferme et qu'on maltraite. Se soulever face à l'exploitation capitaliste, face aux guerres financées par de nombreux pays impérialistes à commencer par les Etats-Unis. Se soulever est une nécessité si on veut conserver une planète habitable, ici et maintenant et pour demain. La victoire d'un impérialisme néofasciste aux Etats-Unis est une nouvelle catastrophique car s'il y a un pays qui doit contrebalancer les désastres mondiaux qu'il a produit, c'est bien les Etats-Unis, tant ils sont grands. Le pays a une responsabilité historique dans le réchauffement climatique. Le projet 2025 de Trump c'est d'accélérer l'écocide. Sauf s'il parvient à être bloqué, les conséquences risquent d'être funestes pour des millions de personnes. On sait que l'exposition à la pollution de l'air extérieur est à l'origine de près de 10 millions de décès par an dû à des maladies cardiaques ou respiratoires. Continuer dans cette voie, combustion, pollution, accumulation, c'est tout bonnement criminel. Arrêter de brûler les énergies fossiles serait une mesure urgente non seulement pour réduire le réchauffement climatique, mais aussi pour améliorer la qualité de l'air, ici et maintenant, pour épargner des millions de vies soumises à la maladie et à la mort. Arrêter la combustion démesurée aurait des effets bénéfiques quasi immédiats sur la qualité de l'air : “Rien qu'aux Etats-Unis, la réduction des émissions mondiales au cours des cinquante prochaines années pour atteindre l'objectif de l'accord de Paris de maintenir les émissions en dessous de 2°C pourrait éviter environ 4.5 millions de décès prématurés, 1.4 million d'hospitalisation et de passage aux urgences, et 1.7 million de cas de démence. Si seuls les Etats-Unis réduisaient leurs émissions conformément à l'accord de Paris, 60 à 65% de ces avantages se concrétiseraient tout de même.”15
Au regard de la situation sociale et écologique mondiale, on ne peut que confirmer la pertinence de la voie révolutionnaire. Il est temps de sortir de la tiédeur et du renoncement. Le choix qui s'offre à nous est assez restreint : ou bien l'on change radicalement de mode de production et de consommation, et plus largement de société, soit on accélère dans un monde dystopique et invivable. Le choix le plus conséquent serait donc de ne plus accompagner le Capital qui nous mène à la chute ; de ne plus se soumettre à ses règles du jeu, mais de défendre un projet de rupture face à l'ordre du monde en mettant la priorité sur la redistribution avant toute fuite en avant productiviste (autrement dit, avant toute recherche de croissance). Seule une insurrection internationaliste est à même de mettre un coup d'arrêt à la destruction du monde, ce qui suppose l'expropriation de nombreuses entreprises et plus largement, de la bourgeoisie. On a les noms, on a les adresses. Vingt multinationales sont responsables d'un tiers des émissions de CO2 et elles s'en lavent les mains en mettant la responsabilité sur le compte de “la demande”. Ce qui n'est ni précis ni sérieux. Les quatre premières au classement sont Saudi Aramco, Chevron, Gazprom, et ExxonMobil. Sans expropriation, sans mise en commun, sans socialisation des entreprises bancaires et énergétiques notamment, il sera impossible de mettre en place une bifurcation écosocialiste. Il faut remettre en cause le sacro-saint droit de propriété privé et installer de la démocratie partout. La socialisation, c'est-à-dire, la mise sous contrôle des salariés et de la population des secteurs stratégiques pour l'économie et la planète peut permettre de passer d'une logique à une autre ; celle d'une production illimité sans autre finalité que le profit, toujours recommencé, à l'autre logique, anticapitaliste, qui refuse cet emballement productiviste de l'accumulation pour l'accumulation et lui substitue une planification démocratique écosocialiste basée sur les besoins de la population, démocratiquement établis.
Bien que ce ne soit pas une mince affaire, c'est la seule voie sérieuse si on veut garantir les besoins de base à chaque être humain, maintenir une planète habitable et créer une harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. C'est seulement en expropriant la bourgeoisie du levier de commande qu'il peut être possible de respirer en appliquant un programme d'urgence écologique et social qui peut inclure les 8 R de la décroissance : redistribuer, réduire, réévaluer, reconceptualiser, restructurer, relocaliser, réutiliser, recycler.
Le capitalisme fossile a ouvert de nombreuses boucles de rétroactions négatives c'est pourquoi il faut rompre avec lui. L'une d'elle fait réfléchir. Des chercheurs nous ont appris récemment comment l'augmentation de la température peut avoir un effet sur la violence dans la société. “Pendant des décennies, des chercheurs en psychologie ont démontré à travers des expériences de laboratoire que lorsqu'on monte la température de la pièce où ils se trouvent, les gens sont plus irritables et peuvent être poussés à des comportements plus agressifs. Cette réponse physiologique est également évidente dans la vraie vie : des études réalisées dans divers pays du monde ont mis en évidence l'influence de la chaleur sur l'agressivité au volant, la violence dans les sports professionnels, et l'incidence accrue des crimes violents - des violences domestiques aux meurtres, en passant par les voies de fait graves. Il est également avéré que des températures plus élevées et des variations extrêmes de précipitations accroissent la probabilité de conflits de groupes, qu'il s'agisse de violence de gangs, d'émeute populaire ou de guerre civile. De fait, au Mexique, la hausse des températures attise la violence des gangs ; en Afrique, la sécheresse et les fortes chaleurs enveniment les conflits civils ; et les épisodes El Niño provoquent une recrudescence des conflits civils dans le monde.”16
Malgré tout, malgré ça, tout continue : l'extraction des énergies fossiles tout comme la production débridé pour le profit. On n'a pas attendu Trump pour la fuite en avant. TotalEnergies annonçait le 24 février 2022 une "découverte significative d'huile légère et de gaz associé" dans sa concession sur le bassin offshore d'Orange, au large de la Namibie. Cette annonce fait suite à celle de Shell en janvier 2022 qui annonçait également une découverte importante sur le même champ pétrolier.17
Selon l'agence Reuters, il y aurait un potentiel d'un milliard de barils sur le forage répondant au nom de Venus-1X. “Cette découverte au large de la Namibie et les premiers résultats très prometteurs prouvent le potentiel du bassin d'Orange, sur lequel TotalEnergies occupe une position importante à la fois en Namibie et en Afrique du Sud", a déclaré Kevin McLachlan, directeur de l'exploration de TotalEnergies. On a là un exemple concret : sans ingérence publique, sans expropriation de l'entreprise par les travailleurs, Total continuera de collaborer au carnage planétaire et de tirer profit de la mise à mort de la planète et de millions d'êtres humains.
Conclusion
Avant les élections aux Etats-Unis, Daniel Tanuro, agronome et militant écosocialiste rappelait très justement la chose suivante : “Les patrons de la grande industrie allemande ont opté pour Hitler dans les années trente, pour que Hitler les débarrasse des syndicats. De même, aujourd'hui aux États-Unis, des patrons de la grande industrie fossile et des industries connexes sont prêts à mettre au pouvoir un néofasciste pour qu'il les débarrasse de toute limitation à leurs profits.”18
Avec l'alliance entre milliardaires et milieux néofascistes, le ciel s'assombrit. Le peu d'espace libre que nous ayons, un peu de démocratie, un peu de contre-pouvoir, un peu de redistribution et de sécurité sociale, on veut nous le reprendre. Il faut une stratégie et de la force pour ne pas capituler. Garder le cap. il reste une fenêtre de tir : il faut tenir la compassion, tenir la pensée critique. Ne pas se transformer en objet et ne pas disparaître avec l'Histoire. Repousser la crise de la sensibilité, laisser son cœur battre avec les autres, penser et sentir avec les autres : celles et ceux qu'on colonise, ceux et celles qu'on bombardent, ceux et celles qu'on exploite ou qui subissent les tornades, les cyclones, les incendies, car il est aujourd'hui certain que la multiplication de ces désastres est de source anthropiques, et plus précisément, le fruit de décennies dans le capitalisme fossile. Alors que la chosification du monde amène à une lecture fixiste de celui-ci, il faut défendre la pensée critique au même titre que la sensibilité pour rester connecter au genre humain et éclairer les logiques d'ensemble, en essayant de relier ce que la classe dominante s'acharne à ne pas connecter. Conserver la sensibilité, conserver la dialectique pour ne pas se faire totalement avaler par le règne de la Marchandise. Soutenir les autres, et pas seulement symboliquement, ceux et celles qui subissent l'oppression capitaliste et ces conséquences écologiques. Se penser ensemble et se soutenir mutuellement au-delà des frontières. Ne pas baisser les armes de la critique, ne pas renoncer, ne pas se laisser divertir et dépolitiser par l'industrie du spectacle et du divertissement des millionnaires. Il faut tenir, aimer toujours.
Être du côté de la science, de la réflexion et de la recherche scientifique. Nonobstant, pour la défense de la vie, de la dignité, de l'amour, ne pas avoir peur de rêver. Sortir du tableau Excel, aller contre tous les pronostics et se battre pour l'impossible. C'est seulement en se battant pour l'impossible que d'autres mondes nécessaires et possibles peuvent éclore. Comme disait Che Guevara, il faut être réaliste et exiger l'impossible. L'heure n'est pas au compromis, mais à l'organisation intime, collective, communautaire, pour prendre le ciel d'assaut. Pas d'autre voie que l'amour et la confiance ; la lutte toujours. Elle est à la fois un choix et une obligation. On est condamné à se croire et à s'aimer si on veut une salvation collective car il n'existe aucune échappatoire individuelle. Il faut faire le pari de la révolution. Faire ce pari dans nos vies. Parier sur l'amour, sur la confiance. Il faut qu'on croie en nous et en notre force collective plus fortement encore que les capitalistes croient en leur argent et à sa reproduction par leur seul talent ou par la force du saint esprit. Croire, aimer, se soulever, c'est une même vague à faire déborder dans les rues et dans les cœurs.
Maxime Motard, membre de la Cimade et militant écosocialiste
Notes
1. Frédéric Joignot, « NOUS VIVONS UNE CRISE DE SENSIBILITÉ MAJEURE. NOTRE RELATION AU VIVANT EST APPAUVRIE ET DESSÉCHÉE ». UN ESSAI ÉCLAIRANT DU PHILOSOPHE BAPTISTE MORIZOT, 1 février 2020. https://www.lemonde.fr/blog/fredericjoignot/2020/02/01/nous-vivons-une-crise-de-sensibilite-majeure-notr e-relation-au-vivant-est-appauvrie-et-dessechee-un-nouvel-opus-du-philosophe-baptiste-morizot/
2. L'essor du crédit aux Etats-Unis vise justement à atténuer la contraction de la demande. On ne peut pas comprendre l'essor du crédit aux Etats-Unis sans comprendre au préalable le déséquilibre dans la répartition de la valeur entre le Capital et le Travail qui s'est accentué avec l'institutionnalisation du néolibéralisme sous Reagan. On ne peut pas comprendre non plus l'endettement des ménages aux Etats-Unis sans évoquer le coût de l'éducation, du logement et de la santé, entre autres. Ce déséquilibre dans le partage de la valeur est un élément important dans la crise du capitalisme de 2008. Elle est liée à la financiarisation de l'économie, la “titrisation” des créances, mais aussi, comme on l'a dit, à un problème de répartition de la valeur, un temps résorbé par le crédit. En plus de la difficulté pour des millions de personnes c'est une contradiction du système qui peut se traduire par une crise systémique comme celle de 2008 dont les effets peuvent se faire sentir encore longtemps après. C'est le cas pour la Grande Bretagne par exemple. Nick Ridpath, “Why isn't Britain getting richer anymore ?”, 29 octobre 2024. https://ifs.org.uk/articles/why-isnt-britain-getting-richer-anymore-0
3. Ce taux de rémunération fait de la France le leader mondial des dividendes pour les entreprises cotées en Bourse sur la période 2005-2015, devant l'Australie (67 %), le Royaume-Uni (60 %) et le Japon (57 %). Et très loin du Canada (52 %) ou des États-Unis (48 %). C'est deux fois plus que dans les années 2000, où « ce taux ne dépassait pas les 30 % » pour les entreprises du CAC 40. Sur ce sujet, voir le rapport de l'oxfam : https://www.oxfamfrance.org/app/uploads/2018/05/file_attachments_vfrapport_oxfam_cac40_des_profits_ sans_partage.pdf
4. Baptiste Burckel, “Bourse de Paris. Les groupes du CAC 40 ont versé un montant record à leurs actionnaires en 2024”, 14 janvier 2025. https://www.liberation.fr/economie/les-groupes-du-cac-40-ont-verse-un-montant-record-a-leurs-actionnair es-en-2024-20250114_JUVBQ2JIK5GD5EA2E3EO7QEH44/
5. Jonathan Durand Folco, Jonathan Martineau, “Vers une théorie globale du capitalisme algorithmique”, n°31, hiver 2024. https://www.cahiersdusocialisme.org/vers-une-theorie-globale-du-capitalisme-algorithmique/
6. Au Canada, ce réseau entretient des liens avec des institutions comme le Canada Strong and Free (anciennement Manning Center, proche aujourd'hui de Poilievre), le Fraser Institute et l'Institut économique de Montréal (IEDM). Pour la France, on renvoie à la vidéo d'Usul et Lumi pour Blast : INSTITUTS BIDONS, INFLUENCEURS FORMATÉS : DERRIÈRE L'EXTRÊME DROITE, LE RÉSEAU ATLAS. https://www.youtube.com/watch?v=C48PbGgqyDo&t=21s
7. Voir le rapport d'Amnesty International sur le Salvador. https://www.amnesty.fr/pays/salvador
8. Mathieu Sauvajot, “Les maras, maîtres de l'Amérique centrale ?”, 18 novembre 2019, revue Conflits (géopolitique) https://www.revueconflits.com/maras-amerique-centrale-el-salvador-trafic-de-drogue-homicides/
9. “Alors que les employés sont invités à faire preuve de leur force, les services sociaux attendent des demandeurs d'emploi qu'ils démontrent leurs faiblesses, qu'ils prouvent encore et encore qu'une maladie est suffisamment débilitante, qu'une dépression est suffisamment noire et que les chances d'être engagé sont suffisamment minces. Faute de quoi, l'aide est suspendue. Formulaires, entretiens, chèques, appels, évaluations, consultations et encore des formulaires - chaque demande d'aide a son protocole avilissant et dispendieux. “Cela piétine la vie privée et l'estime de soi à un point inconcevable pour quiconque se trouve hors du système des aides” explique une assistante sociale britannique. “Cela crée un brouillard toxique de soupçon”” Rutger Bregman, Utopies réalistes, Seuil, p. 98. Deborah Padfield, “Through the Eyes of a Benefits Adviser : A plea for a Basic Income”, opendemocracy.net, 5 octobre 2011. Sur le même sujet, on renvoie au film très émouvant de Ken Loach : “I, Daniel Blake” (2016).
10. Loïc Wacquant, Les prisons de la misère, Raison d'agir, p. 123.
11. Valentine Fourreau, “Les prisons françaises sont sur

L’Équateur organise le scrutin présidentiel le...

Le 9 février, près de 11 des 13 millions d'Équatoriens (83%) se sont rendus aux urnes pour le premier tour des élections présidentielles et pour élire les 151 membres de l'Assemblée nationale monocamérale. Les derniers décomptes du Conseil National Electoral (CNE) font état d'une égalité technique entre le président sortant de droite Daniel Noboa, d'Acción Democrática Nacional (ADN) avec 44,16%, et la candidate progressiste de Revolución Ciudadana (RC), Luisa González, qui a obtenu 43,95%. Une victoire du parti progressiste Correista sera-t-elle possible lors du second tour du 13 avril ?
12 février 2025
Aucun candidat n'a obtenu la majorité requise par le code de la démocratie électorale équatorienne : la moitié plus un des votes valides, ou au moins 40 % et un avantage d'au moins 10 points de pourcentage sur le second candidat. Par conséquent, le 13 avril, Daniel Noboa et Luisa González mesureront leur soutien et ce n'est qu'à ce moment-là que l'on saura si les Équatoriens choisissent la continuité néolibérale ou le changement progressiste.
Quant aux élections à l'Assemblée nationale, bien que les résultats ne soient pas encore connus, l'Assemblée nationale servira de contrepoids car aucun parti, ni ADN ni RC, n'a obtenu les 76 sièges nécessaires à la majorité. Les résultats ont surpris. La presse, les sondages et même le sondage de sortie des urnes publié une heure après la fermeture des bureaux de vote avaient prédit une victoire du président sortant au premier tour. La suspension de toutes les célébrations prévues par Daniel Noboa le soir de l'élection reflétait sa déception face à ces résultats défavorables.
Bien que pratiquement inconnu, Noboa a remporté le second tour contre Luisa González en octobre 2023, après une campagne ciblée dans laquelle il a incarné la lutte contre la criminalité et la corruption. Noboa a été élu pour terminer le mandat présidentiel avorté de Guillermo Lasso, qui avait décrété ce qu'on a appelé une « croix de la mort » pour éviter une condamnation pour corruption. La droite équatorienne s'est ralliée à l'outsider Daniel Noboa, héritier de l'empire bananier, pour empêcher la victoire du Corréisme.
La popularité de Noboa, qui a atteint 82 % après avoir décrété l'état de guerre interne, s'est effondrée en 15 mois, malgré d'énormes dépenses dans les médias sociaux. Son principal défaut est l'équilibre mitigé de la lutte contre la violence et la corruption. Malgré la déclaration de l'état de guerre interne, soutenue par un référendum en avril 2024, et un populisme pénal proche de celui du président salvadorien Nayib Bukele. En effet, les 750 morts violentes de janvier 2025 ont dépassé les chiffres des dernières années. De plus, la torture et l'assassinat par les militaires de quatre jeunes hommes de Guayaquil le 8 décembre 2024 ont révélé les dérives de la guerre interne.
À cela s'ajoute une grave récession économique avec une baisse du PIB de 1,5 % et une contraction économique de 0,4 %, selon le Fonds monétaire international (FMI). Les mesures économiques adoptées par Noboa, telles que l'augmentation de la TVA et d'autres mesures, ont entraîné une contraction de la consommation. Sous Noboa, le taux d'emploi dit adéquat a chuté, le chômage et le travail informel ont augmenté, tandis que le taux de pauvreté a atteint 28%, le plus élevé depuis juin 2021, en pleine pandémie de Covid-19. Des coupures d'électricité récurrentes pouvant durer jusqu'à 14 heures, produit de la négligence des investissements sous les gouvernements néolibéraux depuis Lenin Moreno, ont produit une crise énergétique impopulaire.
Troisièmement, notons le style arrogant de Daniel Noboa et ses nombreuses erreurs. La dernière d'entre elles a été d'essayer d'imiter son idole Trump en imposant des droits de douane de 27% au Mexique. Une mesure ridiculisée aussi bien en Équateur qu'à l'étranger. Cela nous rappelle qu'il a violé le droit d'asile international lorsqu'il a ordonné l'invasion de l'ambassade mexicaine pour capturer l'ex-vice-président Jorge Glas, ce qui lui a valu une condamnation internationale. Noboa incarne le retour de la ploutocratie arrogante qui gouverne sans médiation politique, comme au 19ème siècle.
Les résultats du second tour de la présidentielle du 13 avril sont ouverts. Pour l'instant, Noboa et González doivent commencer par obtenir le soutien public des 14 autres candidats à la présidence. Pour sa part, Noboa a pu compter sur les 2,6 % obtenus par le candidat populiste de droite Andrea González, candidat de Construye, après l'assassinat de Fernando Villavicencio en 2023. Aucun des 12 autres candidats à la présidence n'a obtenu plus de 1 % des voix, reflétant la crise des partis traditionnels en Équateur.
Pour Luisa González, c'est Leónidas Iza, du parti indigène Pachakutik, lié à la Confédération nationale des nations indigènes de l'Équateur (CONAIE), qui détient les clés du palais Carondelet. Il a obtenu 5,3 % aux élections présidentielles et 9 sièges à l'Assemblée nationale. Leónidas Iza condamne ouvertement le modèle néolibéral de Daniel Noboa car il menace les peuples et les territoires de l'Equateur. Dans le contexte actuel, le soutien conditionnel de Pachakutik au Corréisme est possible, ce qui s'est produit sous le gouvernement de Rafael Correa.
Le 9 février, c'était le meilleur résultat du corréisme à un premier tour d'élections depuis 2017. Ce jour-là, Luisa González a déclaré : « Noboa représente la peur, nous représentons l'espoir ». Face à une crise sécuritaire, économique, énergétique et politique persistante, la plateforme progressiste anti-néolibérale du RC, « Relançons l'Équateur », pourrait ouvrir un nouveau cycle progressiste. Dans le contexte d'un retour impérialiste des États-Unis, ce serait une première réaction des peuples d'Amérique du Sud à une mise à jour de la Doctrine Monroe dans la région.
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Trump recule d’un pas mais la menace perdure

Un jour avant l'entrée en vigueur de l'imposition de droits de douane de 25 % sur les exportations du Mexique et du Canada vers les États-Unis, et alors que les marchés financiers anticipaient une chute brutale du peso et des bourses, un appel de dernière minute a eu lieu entre la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, et le président des États-Unis, Donald Trump, au cours duquel ils se sont mis d'accord pour suspendre leur application pour une durée d'un mois.
Tiré de Inprecor
11 février 2025
Par Movimiento Socialista del Poder Popular - IVe Internationale
Cette « pause » reposait sur trois prémisses : le Mexique enverrait 10 000 éléments de la Garde nationale à sa frontière nord pour contenir le flux de drogues, d'armes et de travailleurs migrants ; les États-Unis prendraient des mesures pour empêcher le trafic d'armes vers les groupes criminels ; et un groupe de travail serait créé pour vérifier le respect des accords.
Cet engagement a été étendu au Canada, mais pas à la Chine, qui reste sous la menace d'un droit de douane de 10 % sur ses exportations vers les États-Unis à partir du lundi 10 février. La Chine a répliqué en adoptant une mesure similaire et en poursuivant les États-Unis, pour violation des accords commerciaux, devant l'Organisation mondiale du commerce. Pendant ce temps, la fanfaronnade interventionniste et expansionniste de Donald Tump s'est intensifiée contre des pays européens, l'Amérique latine et les Caraïbes et maintenant, de façon encore plus scandaleuse, en menaçant d'envahir la bande de Gaza et d'expulser le peuple palestinien de son propre territoire.
Jusqu'à présent, aucune des autres grandes puissances impérialistes n'a osé contester la folie de Donald Trump, elles ont timidement annoncé leur volonté de négocier, de diversifier leurs relations commerciales et de se distancier de la menace qui pèse sur la Palestine. Ce n'est pas anodin, nous vivons un fragile équilibre de forces qui peut se rompre à tout moment avec des conséquences imprévisibles.
Dans ce contexte, il convient de saluer la fermeté des présidents colombien Gustavo Petro et mexicaine Claudia Sheinbaum, qui ont tenu tête à Trump, bien qu'avec des nuances différentes. Claudia Sheinbaum a dénoncé avec fermeté et dignité l'hypocrisie de Donald Trump sur la question de la drogue, de la vente d'armes aux groupes criminels et de l'application de tarifs douaniers, mais elle a dû céder du terrain sur la question migratoire. Les migrations sont un produit du pillage des pays du Sud par les pays impérialistes, y compris les États-Unis, et aussi un produit de divers types de violence. Pour notre part, nous continuons à exiger qu'aucun être humain ne soit illégal et que la Garde nationale ne devienne pas l'agence d'immigration des États-Unis.
Le recul de Donald Trump sur l'application des droits de douane n'est pas seulement dû à l'habileté diplomatique de Claudia Sheinbaum, il y a d'autres raisons : les graves conséquences inflationnistes et financières ; l'émergence d'un processus d'auto-organisation des peuples du Canada et du Mexique qui ont lancé une intense campagne sur les réseaux sociaux pour boycotter les produits fabriqués aux États-Unis ; et la mobilisation de dizaines de milliers de travailleurs migrants dans différentes villes américaines.
Il est clair que Donald Trump, comme nous l'avions annoncé dans notre précédente déclaration, insistera pour profiter de cette période d'attente pour imposer une renégociation avantageuse de l'Accord de libre-échange entre les trois pays nord-américains. Claudia Sheinbaum doit non seulement défendre fermement les trois points essentiels de son « Plan Mexique » – augmentation du contenu national et régional des produits fabriqués au Mexique, substitution des importations, reprise du programme Made in Mexico – mais aussi exiger un plus grand transfert de technologie, une participation du gouvernement mexicain au capital social des entreprises qui investissent dans notre pays, une rémunération pour l'utilisation des infrastructures des nouveaux pôles de développement et des salaires décents pour leurs travailleurs.
Ces objectifs ne pourront être atteints sans un changement dans les rapports de forces au niveau mondial. C'est pourquoi nous insistons sur la nécessité de créer un front de pays progressistes en Amérique latine et dans les Caraïbes qui, avec une proposition alternative de développement régional et de sa relation avec les États-Unis, fera face au provocateur. Et que dans le même temps, nous impulsions des mobilisations populaires massives, sous l'égide d'une large coalition de forces antifascistes et anti-impérialistes.
Le temps presse.
L'offensive du fascisme et de l'ultra-droite ne sera vaincue que par une mobilisation populaire internationale !
Mexico, 6 février 2025
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Deux ans après le 8 janvier : les enquêtes révèlent les crimes de Bolsonaro et le complot du coup d’État

Le coup d'État du 8 janvier 2023 a marqué l'un des moments les plus critiques de l'histoire démocratique récente du Brésil. Des milliers de personnes ont envahi et détruit les sièges du Congrès national, du Tribunal suprême fédéral (STF) et du Palais du Planalto (respectivement, les sièges des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif), motivées par leur rejet de la victoire du président Luiz Inácio Lula da Silva (PT) aux élections de 2022. Depuis lors, les enquêtes et les poursuites judiciaires se poursuivent pour élucider le complot qui a précédé la tentative de coup d'État.
08 janvier 2025
Au 26 décembre 2024, le Tribunal suprême fédéral (STF) avait condamné 310 personnes pour leur participation aux attentats. Parmi les infractions reprochées aux putschistes figurent l'association de malfaiteurs, l'abolition violente de l'État de droit démocratique et les dommages à la propriété publique. La plupart des personnes condamnées ont été arrêtées sur les lieux des attentats ou dans des camps, qui ont duré des semaines, devant les casernes et avec le consentement des forces armées, comme l'a révélé l'enquête rapportée par le ministre de la plus haute juridiction du pays (le Suprême Tribunal Fédéral), Alexandre de Moraes.
Toujours en septembre 2023, Aécio Lúcio Costa Pereira est la première personne reconnue coupable du complot du coup d'État et est condamné à 17 ans de prison. Les preuves comprenaient des vidéos réalisées par lui-même et montrant sa participation active aux actes de déprédation. D'autres condamnations ont suivi la même rigueur, renforçant le message que les attaques contre la démocratie ne seront pas tolérées par certaines institutions du pays, y compris la Cour suprême.
En même temps, le bureau du procureur général (PGR) a signé des accords de non-poursuite avec 71 accusés. Ces accords prévoient des mesures alternatives, telles que des travaux d'intérêt général et des cours sur la démocratie, pour les personnes considérées comme moins impliquées dans les événements. Au cours de l'année, certains critiques des peines légères ont mis en garde contre le risque d'impunité, tandis que les défenseurs ont mis l'accent sur la possibilité d'une éducation politique.
Connexions politiques et financières
Les financeurs des actes sont également surveillés de près. Des hommes d'affaires ont été dénoncés pour avoir financé les déplacements et l'hébergement des manifestants. Dans la sphère politique, d'anciens alliés de l'ex-président Jair Bolsonaro (PL), qui serait le principal bénéficiaire des actes de coup d'État, sont accusés d'avoir fomenté les manifestations.
Les enquêtes indiquent que des discours et des messages incendiaires sur les réseaux sociaux ont servi de catalyseurs. Bolsonaro est poursuivi devant la Cour suprême, notamment pour incitation au coup d'État, et reste inéligible à toute fonction élective dans le pays.
Deux militaires devant le tribunal
Le fait marquant des enquêtes sur les crimes commis le 8 janvier 2023 a été l'arrestation de deux des principaux noms liés au coup d'État : l'aide de camp de l'ancien président Jair Bolsonaro, le lieutenant-colonel Mauro Cid, et le général Walter Braga Netto. Ces arrestations ont permis d'accomplir des progrès significatifs dans l'élucidation des événements et dans l'établissement des responsabilités de leurs organisateurs.
Mauro Cid a été arrêté en mars 2024 pour avoir coordonné le financement et la logistique du coup d'État. Le lieutenant-colonel a été identifié comme un intermédiaire entre les financiers privés et les organisateurs des manifestations.
Le témoignage de Cid a permis des avancées cruciales. Il a mis en évidence un réseau comprenant des hommes politiques de différents États, des militaires d'active et de réserve, ainsi que des hommes d'affaires. Il a également remis des messages et des documents montrant que des actions avaient été organisées à l'avance pour empêcher l'investiture de Lula.
L'arrestation de Braga Netto, le 14 décembre 2024, a marqué un tournant dans l'enquête. Ancien ministre de la Défense et l'un des plus proches amis de Bolsonaro, ce militaire est accusé d'avoir apporté un soutien stratégique au coup d'État. Selon les enquêtes, il a participé à des réunions au cours desquelles ont été discutés des plans visant à mettre en péril la transition démocratique.
La fuite à travers le continent
La situation des fugitifs est un autre élément important. Les putschistes impliqués dans les actes antidémocratiques ont cherché refuge dans d'autres pays, en particulier en Argentine, où au moins 61 Brésiliens condamnés pour les actes du 8 janvier ont été identifiés. En novembre 2024, les tribunaux argentins ont émis des mandats d'arrêt à l'encontre de ces personnes.
Outre l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay ont signalé la présence de Brésiliens liés au coup d'État. En décembre 2024, le Pérou a signalé l'entrée de quatre suspects, qui ont peut-être fui l'Argentine après l'émission des mandats d'arrêt.
La procédure d'extradition peut être longue, surtout si l'accusé demande l'asile politique. Invoquant des persécutions politiques, certains putschistes affirment qu'ils ne peuvent pas retourner au Brésil. Toutefois, les experts soulignent que les preuves accablantes rendent difficile le soutien de tels arguments.
Parmi les personnes faisant l'objet d'une enquête figurent des chefs religieux qui ont utilisé des sermons pour inciter à participer aux actes. Le CPI (Commission Parlementaire d'Enquête) des actes de coup d'État, créé en 2023, a révélé des vidéos de pasteurs encourageant les fidèles à piller les biens publics sous une justification divine.
Un autre aspect significatif est le rôle des réseaux sociaux. Des entreprises telles que Twitter, Facebook et Telegram ont été sommées de fournir des éclaircissements sur la diffusion de contenus frauduleux. Bien que certaines aient collaboré, les critiques soutiennent que les mesures ont été prises trop tard.
Les développements juridiques comprennent également l'enquête sur le personnel militaire impliqué. Des images montrent des membres des forces armées autorisant des manifestants à accéder à des zones d'accès restreint. Le ministère de la défense collabore avec la Cour suprême pour identifier les responsables.
La grâce de Noël 2024 accordée par Lula a constitué une étape importante de ce processus. Il a explicitement exclu les personnes condamnées pour les actes du coup d'État, envoyant ainsi le message que ces crimes ne seraient pas tolérés. Cette mesure a été largement saluée.
Recouvrement
Les dommages matériels causés par ces actes sont estimés à des centaines de millions de reais. Des œuvres d'art, des meubles historiques et des documents ont été détruits. Le gouvernement brésilien a investi dans la restauration, tandis que des poursuites civiles ont été engagées pour demander des comptes aux responsables des dommages financiers.
Deux ans après le 8 janvier, le Brésil doit encore faire face aux conséquences de ces actes et le processus de responsabilisation est complexe, mais fondamental pour garantir que des événements similaires ne se répètent pas.
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Le PT, le PSol et le MST demandent la fin du projet de loi d’amnistie après que Hugo Motta ait nié avoir tenté un coup d’État le 8 janvier

Une semaine après avoir pris la présidence de la Chambre des députés, le député fédéral Hugo Motta (Républicains-PB) a minimisé les attentats du 8 janvier 2023. Dans une interview accordée à la station de radio Arapuan FM à João Pessoa (PB) vendredi dernier (7), M. Motta a déclaré qu'il y avait eu une « agression inimaginable » contre les institutions, mais il a nié l'intention du coup d'État derrière les actes de terrorisme.
08 février 2025
« Un coup d'État doit avoir un leader, il doit être encouragé par quelqu'un, soutenu par d'autres institutions intéressées, telles que les forces armées, et il n'y a rien eu de tel », a déclaré le dirigeant centriste. « Il s'agissait de vandales, d'émeutiers qui voulaient manifester leur colère contre le résultat des élections », a-t-il ajouté.
M. Motta a été élu successeur d'Arthur Lira* avec 464 voix, ayant pour alliés des parlementaires allant de la gauche à l'extrême droite. La déclaration du député a toutefois suscité une réaction négative parmi les politiciens du camp progressiste, en particulier le PT et le PSol, et parmi les mouvements populaires, tels que le Mouvement des travailleurs sans terre (MST).
Gilmar Mauro, dirigeant national du MST, a qualifié cette déclaration d'« absurde » et a déclaré que la classe ouvrière s'engageait à lutter contre de telles initiatives : « Pour notre part, nous lutterons en permanence contre ce type de tentative de coup d'État de la part de l'extrême droite », a-t-il déclaré à Brasil de Fato.
M. Mauro a également indiqué que, s'ils avaient une vision stratégique, le député et certains secteurs des classes dirigeantes seraient du côté de la démocratie. « S'il a, avec des secteurs des classes dirigeantes brésiliennes, la vocation de créer des vautours qui demain mangeront ses yeux et les leurs, nous n'avons aucun doute que les secteurs derrière le coup d'État au Brésil sont des secteurs de milices extrêmement rétrogrades et qu'ils exigeront un prix immense d'un point de vue économique et politique à l'avenir ».
Réaction des parlementaires
Selon la députée Fernanda Melchionna (Psol-RS), les remarques de Motta sont « extrêmement graves » car elles ignorent l'enquête de la police fédérale sur le complot du coup d'État pour maintenir Bolsonaro au pouvoir et cachent son intérêt pour l'amnistie des responsables.
« C'est une nouvelle démonstration grave et inquiétante de ce mariage de raison entre l'extrême droite et le parti centriste, qui cherche, dans ce cas, à minimiser le 8 janvier. Mais nous savons que ce qui est dans le collimateur de l'extrême droite, c'est d'essayer de faire passer le projet de loi d'amnistie et une modification de la Ficha Limpa (casier vierge) pour garantir l'éligibilité pour moins de huit ans, en unissant les corrompus et les putschistes », a-t-il déclaré au Brasil de Fato
Sans citer directement la déclaration de M. Motta, le député fédéral et président national du Parti des travailleurs (PT), Gleisi Hoffmann, s'est exprimé sur les médias sociaux.
« Il est tout simplement déraisonnable de voter sur cette question dans l'hémicycle. Il ne s'agit pas d'atteindre les objectifs politiques de tel ou tel parti, mais de défendre la démocratie, de respecter et de se conformer à la décision du tribunal sur les attaques contre les Trois Pouvoirs. Pas d'amnistie », a déclaré M. Hoffmann vendredi (7).
Le député fédéral Lindbergh Farias (PT-RJ) a souligné que « le 8 janvier était une tentative de coup d'Etat ». Dans une vidéo publiée sur les médias sociaux, le député a déclaré que la destruction du siège des trois branches du gouvernement n'était pas un événement isolé et qu'elle était liée au projet de coup d'État et aux réunions de Jair Bolsonaro avec des dirigeants militaires.
« Il y avait un plan pour assassiner Alexandre de Moraes, Lula et Alckmin. Il s'agissait d'une tentative de coup d'État. Le 8 janvier était leur dernière tentative », a-t-il déclaré. « Les commandants de l'armée de terre et de l'armée de l'air n'étaient pas d'accord, mais la marine l'était », a ajouté M. Farias.
La sénatrice Eliziane Gama (PSD-MA), rapporteur du CPMI du 8 janvier, a également critiqué la position de M. Motta.
« Je peux l'affirmer catégoriquement : après cinq mois d'enquête, après avoir reçu des centaines de documents et entendu des dizaines de témoins, il y a eu une tentative de coup d'État et le responsable de ces attaques a un nom et un prénom. Il s'agit de Jair Messias Bolsonaro », a-t-il déclaré.
Bolsonaro révère la position d'Hugo Motta
La déclaration de M. Motta, qui nie le contenu du coup d'État des actes du 8 janvier, contredit la position qu'il avait adoptée peu après son arrivée à la tête de la Chambre, lorsqu'il avait déclaré que le projet de loi d'amnistie serait traité « de la manière la plus impartiale possible », car c'est le projet de loi qui « divise le plus » la Chambre.
Après cette déclaration, Jair Bolsonaro (PL) s'est dit fier de la décision du maire de discuter du projet de loi. L'ancien chef de l'exécutif a déclaré dans un communiqué que M. Motta avait pris la barre à un « bon moment » et l'avait traité de « salope ».
« Cet agenda humanitaire nous réjouit. J'ai discuté avec des parlementaires d'autres partis et ils partagent tous le même sentiment. Je suis également fier du jeune Hugo Motta, une salope de la peste, qui a pris la présidence de notre Chambre des députés au bon moment », a déclaré M. Bolsonaro.
Le député fédéral Ivan Valente (Psol-SP) s'est moqué de la déclaration de l'ancien président en qualifiant l'amnistie d'« agenda humanitaire ». « Qui voulez-vous tromper en jouant les victimes ? Pendant la pandémie, son 'action humanitaire' a consisté à refuser les vaccinations et à conduire des milliers de personnes à la mort. Ensuite, il a volé des bijoux et tenté un coup d'État. Il va aller en prison ! » a déclaré Valente.
*NDLR : Arthur Lira a été le président de la Chambre des députés qui a probablement le plus "marchandé" les votes de la chambre : il a créé un système de "budget secret" par lequel il "convainquait" (avec des enveloppes non-identifiées), des députés de voter dans le sens souhaité par le plus offrant (par exemple, Bolsonaro qui a créé un trou d'au moins 38 milliards de reals dans les services sociaux afin de payer des amendements municipaux).
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La lutte des indigènes du Para est un exemple tout le Brésil

Une lutte indigène exemplaire se déroule actuellement (31 janvier 2025) à Belém dans l'état du Pará, au nord du Brésil. L'occupation du siège du Secrétariat à l'éducation du Pará (SEDUC) par les indigènes appartenant à plus de 14 groupes ethniques dure depuis deux semaines. Les indigènes se battent pour défendre l'éducation scolaire indigène – menacée par la loi 10.820/2024 – et contre les plans néolibéraux du Secrétaire à l'éducation Rossieli Soares et du Gouverneur de l'état du Para Helder Barbalho.
1 février 2025| tiré d'Europe solidaires sans frontières | Photo : L'occupation du secrétariat à l'éducation du Pará s'oppose au gouvernement en défense de l'éducation indigène
Au moment où Trump se pose en leader d'une extrême droite mondiale consolidée et plus agressive, avec des mesures d'impact dès les premiers jours de son mandat comme les déportations massives, l'amnistie pour les putschistes du Capitole et les attaques contre le canal de Panama, la lutte indigène au Pará montre à la gauche brésilienne la voie de la radicalité, de l'indépendance et de l'organisation populaire. Le rôle de la gauche est d'appuyer e d'impulser la lutte du mouvement indigène, et d'en faire une inspiration pour les luttes qui nous attendent contre l'extrême droite.
Une lutte qui va de l'avant et fait avancer
Adoptée fin 2024, lors d'un vote à huis clos et sous haute surveillance de la police militaire, la loi 10.820/24 abroge tout le cadre réglementaire de l'éducation scolaire indigène et met fin à l'enseignement présentiel dans les communautés indigènes. Les changements apportés au système d'éducation modulaire (SOME), qui inclut celui des communautés traditionnelles (SOMEI), a provoqué une réponse radicale et exemplaire du mouvement indigène.
L'occupation du bâtiment du SEDUC-PA par le mouvement indigène a créé une dynamique de large unité d'action, en particulier avec les travailleurs de l'éducation publique du SINTEPP (le Syndicat des travailleuses et travailleurs de l'éducation publique du Pará). Les dirigeants de Quilombola, les mouvements populaires et les parlementaires de gauche se sont également joints à l'action, parmi lesquels il convient de souligner le travail de Vivi Reis (PSOL), récemment élue conseillère municipale de Belém, qui a fait la preuve de son unité et de sa solidarité active.
L'occupation du bâtiment du SEDUC-PA par le mouvement indigène a créé une dynamique de large unité d'action, en particulier avec les travailleurs de l'éducation publique du SINTEPP (le Syndicat des travailleuses et travailleurs de l'éducation publique du Pará). Les dirigeants de Quilombolas, des leaders des mouvements populaires et des parlementaires de gauche se sont également joints à l'action. Mentionnons en particulier l'intervention de Vivi Reis (PSOL), récemment élue conseillère municipale de Belém, qui a fait la preuve d'unité et de sa solidarité active.
Hier, après deux semaines de lutte et en comptant sur leurs propres forces, 40 dirigeants de l'occupation se sont, pour la première fois, réunis avec Helder Barbalho et Rossieli Soares. Outre l'abrogation de la loi 10.820/24, le mouvement exige la révocation de Rossieli Soares. Les antécédents de Rossieli sont bien connus des travailleurs de l'éducation : il a été Secrétaire à l'éducation de Doria [au gouvernement de São Paulo] et ministre de l'Éducation lors du gouvernement de Michel Temer, c'est-à-dire qu'il a un long passé de persécution politique et de recettes néolibérales.
Préparer la COP-30 à Belem en novembre
« La COP 30 a déjà commencé », affichait l'une des banderoles du mouvement indigène sur la BR163 à Itaituba (commune amazonienne entre Manaus et Belém, PA). La COP-30 se tiendra à Belém en novembre 2025, la première année du nouveau mandat de Trump. Elle sera donc un théâtre important de luttes et d'affrontements avec ce gouvernement d'extrême droite dont le programme environnemental est celui d'une destruction socio-environnementale complète. Cela est démontré sans équivoque par la première mesure de Trump visant à sortir les États-Unis de l'Accord de Paris – déjà limité – ainsi que par l'ordre de procéder à une exploration pétrolière sans précédent. L'ordre de Trump est de « forer, forer et forer ».
Dans ce contexte, les yeux du monde, inquiets des projets destructeurs de l'extrême droite, seront braqués sur la COP-30 à Belém. L'occupation indigène doit donc être interprétée comme une répétition générale de la COP-30, dont la gauche et les mouvements sociaux doivent tirer des leçons importantes : un engagement déterminé dans la mobilisation, l'unité d'action dans la défense des droits et l'indépendance comme la clé pour affronter et vaincre les gouvernements néolibéraux et d'extrême-droite.
La COP-30 de Belém verra s'opposer des projets contrastés et pourrait réunir – dans les circonstances actuelles – un contre-sommet composé d'activistes, de mouvements sociaux et d'organisations politiques du monde entier autour d'une lutte commune contre l'extrême-droite. Il y a une opportunité d'avancer dans cette direction et, dès à présent, l'occupation indigène de Belém est un événement préparatoire d'une centralité absolue vers lequel nous devons tourner nos forces.
Le rôle de la gauche
Outre la lutte des indigènes et celle des travailleurs de l'éducation à Belém, d'autres luttes sont en cours dans tout le Brésil, comme celle des travailleurs de l'IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistique). La lutte de ces travailleurs, organisée par leur syndicat ASSIBGE-SN, a fait échouer la proposition de création d'un IBGE+, qui aurait fonctionné dans la pratique comme une entité privée. Le gouvernement fédéral a renoncé à sa proposition privatiste après une lutte et une mobilisation considérable des travailleurs de l'institut qui, malgré les tentatives de les délégitimer, sont allés jusqu'au bout et ont obtenu gain de cause.
Ces exemples de luttes renforcent l'orientation d'une localisation politique indépendante, qui s'appuie sur la mobilisation des travailleurs dans leurs luttes particulières et générales. C'est ce que nous avons fait à Belém, où Vivi Reis s'est engagée dans le soutient à l'occupation indigène, tout comme d'autres dirigeants du PSOL et des syndicats. Le triomphe de la lutte indigène à Belém, en soutient de laquelle nous n'économiserons pas nos efforts concrets, est une avancée fondamentale parce qu'elle constitue un exemple de la manière de combattre l'extrême droite par la mobilisation, dans l'unité d'action et l'indépendance.
Israel Dutra
P.-S.
• Revista Movimento. 1 fev 2025, 15:10 :
https://movimentorevista.com.br/2025/02/la-lutte-des-indigenes-du-para-est-un-exemple-tout-le-bresil/
• Israel Dutra est sociologue, secrétaire aux mouvements sociaux du PSOL, membre de la direction nationale du parti et du Mouvement de la gauche socialiste (MES/PSOL).
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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ouvre une enquête sur les atrocités commises dans l’est de la RD Congo

Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a décidé aujourd'hui par consensus d'ouvrir une mission urgente d'établissement des faits et une commission d'enquête sur les atrocités commises par toutes les parties au conflit armé dans l'est de la République démocratique du Congo. Le Conseil est parvenu à cette décision lors d'une session spéciale sur la crise, organisée à la demande de la RD Congo avec le soutien de 48 pays du monde entier.
Tiré du site de Human rights watch.
Au cours des combats récents dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, s'est emparé de la ville de Goma, précédemment contrôlée par l'armée congolaise et ses milices alliées. Les groupes de défense des droits humains, l'ONU et les médias ont fait état d'exécutions sommaires, de viols, y compris de viols collectifs, de pillages, de travail forcé illégal et de conscriptions forcées illégales. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a exprimé son inquiétude la semaine dernière du fait que « cette dernière escalade risque d'aggraver encore le risque de violences sexuelles liées au conflit », qui constituent « une caractéristique effroyable des conflits armés dans l'est de la République démocratique du Congo depuis des décennies ».
La commission d'enquête, demandée par 79 groupes de défense des droits congolais, régionaux et internationaux, enquêtera sur et documentera les violations du droit international humanitaire et des droits humains commises par les parties belligérantes, recueillera et conservera les preuves des crimes internationaux et identifiera les personnes responsables d'avoir commis des atrocités afin de soutenir les efforts visant à leur faire rendre comptes de leurs actes.
La création d'une commission d'enquête montre la reconnaissance croissante de la communauté internationale de la nécessité de lutter contre l'impunité concernant les violations commises dans le passé dans l'est de la RD Congo ; cette impunité alimente la commission d'exactions depuis des décennies. Le nouveau mécanisme sera un outil important dans les efforts visant à faire rendre des comptes aux auteurs de crimes graves, à mettre fin au cycle des abus et de l'impunité, et à soutenir le droit des victimes et des survivants à la vérité, à la justice et aux réparations.
Jusqu'à maintenant, il a été difficile de documenter les abus commis dans les zones contrôlées par le M23, car le groupe armé a l'habitude de cibler les activistes et de restreindre les libertés d'expression, de mouvement et d'association. Le principal organe de l'ONU chargé des droits humains envoie un message clair : les abus graves seront documentés et dénoncés.
Les gouvernements préoccupés devraient ajouter à cette étape importante vers la justice d'autres mesures immédiates visant à protéger les civils, y compris les nombreuses personnes déplacées, et fournir une assistance d'urgence aux personnes touchées, y compris aux survivantes de violences sexuelles. Ils devraient faire pression sur les forces rwandaises et le M23 pour qu'ils garantissent l'accès et facilitent l'acheminement de l'aide humanitaire à la population de Goma, et exhorter toutes les parties à mettre fin aux abus commis contre les civils.
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Projets pétroliers en Ouganda : graves atteintes aux droits humains et menaces croissantes

En Ouganda, les projets pétroliers Tilenga, Kingfisher et Eacop ont engendré de nouvelles atteintes aux droits humains. Parmi celles-ci, des violations des droits des travailleur·ses et une dégradation de l'environnement. Les atteintes déjà documentées, telles que l'impact sur les droits à la terre pour les communautés, se sont également poursuivies.
Tiré d'Afrique en lutte.
Le déploiement croissant de forces de sécurité autour des sites pétroliers, en particulier à Kingfisher, a donné lieu aux violations les plus graves, telles que des expulsions forcées, de l'extorsion et des violences sexuelles et basées sur le genre. Les souffrances et le climat de peur causés par ces violations ont été aggravées par les actions de la Cnooc sur le site et par le manque de contrôle de TotalEnergies, l'investisseur principal dans les projets.
Les femmes sont confrontées à l'exclusion économique et à une plus grande vulnérabilité aux violences sexuelles et basées sur le genre. Des cas d'exploitation sexuelle ont impliqué des membres des forces de sécurité et du personnel des compagnies.
Paris, Kampala, 12 décembre 2024. Un nouveau rapport révèle que l'accélération de la construction des projets pétroliers Eacop, Tilenga et Kingfisher en Ouganda a donné lieu à de nouvelles violations des droits humains, tout en aggravant celles existantes. Ces projets sont principalement détenus et exploités par TotalEnergies et la China National Offshore Oil Company (Cnooc), en coopération avec les gouvernements de l'Ouganda et de la Tanzanie.
S'inscrivant à la suite des efforts de documentation de 2020 et 2022, le rapport Pétrole, droits humains et communautés affectées en Ouganda : les projets avancent, les violations des droits humains aussi (Heated) a été rédigé par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Avocats sans frontières (ASF) et Civic Response on Environment and Development (Cred). Il a été rendu possible grâce au soutien d'Oxfam.
« Nous sommes profondément préoccupé·es par les dernières évolutions dans l'Albertine. Après avoir déplacé des milliers de personnes, l'exploitation pétrolière est en train de transformer de manière significative les réalités des communautés locales. Les travaux de construction, la forte inflation, la pression foncière, le déploiement des forces de sécurité et l'afflux de travailleur·ses ont un impact considérable et cumulé sur les droits humains. Les entreprises, le gouvernement, mais aussi les institutions financières, les assureurs et les actionnaires qui soutiennent les projets devraient tous évaluer leur implication et prendre des mesures urgentes pour s'assurer qu'ils et elles n'alimentent pas des violations des droits humains », a déclaré Sacha Feierabend, chercheur senior de la FIDH sur les entreprises et les droits humains.
Les communautés locales et les défenseur·es confronté·es à la peur et à la répression
Les atteintes les plus graves sont commises autour des sites pétroliers de Kingfisher, où l'armée ougandaise, la police et les compagnies privées de sécurité engagées par les entreprises pétrolières, ont été déployées pour « protéger les sites », selon les autorités. Plusieurs cas d'exploitation sexuelle ont été documentés à Kingfisher, où le personnel militaire a imposé aux femmes des rapports sexuels pour qu'elles puissent vendre leur poisson, le personnel de l'entreprise faisant de même à l'aide de promesses d'emploi.
L'armée aurait mené des arrestations répétées, commis des extorsions et des maltraitances flagrantes contre les communautés pour imposer les restrictions sur la pêche. Ces événements ont paralysé la principale source de revenus de la région et instillé la peur parmi les résident·es. Des témoignages font état d'expulsions forcées sous la menace d'armes par les forces de sécurité. Lors de la pandémie de Covid-19, 769 personnes ont été expulsées en même temps, et nombre d'entre elles n'ont jamais pu retourner dans leur village.
Cnooc, en tant qu'opérateur de Kingfisher, a une responsabilité particulière dans le rétrécissement de l'espace civique et ne prend aucune mesure adéquate pour remédier aux graves violations commises à sa porte. TotalEnergies, en tant que principal investisseur dans tous les projets, y compris Kingfisher, n'a pas respecté son devoir de vigilance en matière de droits humains.
Le rapport révèle également un environnement où les violences sexuelles et basées sur le genre se multiplient. Près de Kingfisher et Tilenga, la prostitution des femmes est décrite comme un phénomène à la hausse. Des mineures sont impliquées, ce qui constitue une forme d'exploitation sexuelle. Le rapport souligne aussi que les femmes subissent les conséquences les plus négatives des transformations économiques locales.
« Les nouvelles opportunités de travail liées au pétrole ont été principalement réservées aux jeunes hommes, alors que les restrictions imposées à la pêche ont eu raison d'une activité traditionnellement masculine. Les femmes et les jeunes filles subissent une forte pression pour subvenir aux besoins de leur famille tout en étant largement exclues des bénéfices du développement pétrolier », a déclaré Bashir Twesigye, Directeur exécutif de Cred.
Dans un contexte de rétrécissement général de l'espace civique, le droit de manifester et la liberté d'association sont de plus en plus restreints, les défenseur·es et les organisations faisant l'objet de surveillance, de campagnes de diffamation en ligne et de harcèlement administratif. Entre mai et début décembre 2024, au moins 96 militant·es opposé·es aux projets pétroliers ont été arrêté·es par les autorités ougandaises.
« Ce rapport révèle comment les risques signalés les années précédentes se transforment en véritables violations, en particulier à l'encontre des défenseur·es des droits. TotalEnergies se démarque des grandes compagnies pétrolières en engageant la société civile, en améliorant ses politiques en matière de droits humains et en répondant aux pressions exercées sur les défenseur·es. Néanmoins, des actions supplémentaires sont nécessaires sur tous les fronts. En tant que chef de file du projet, TotalEnergies devrait renforcer ses politiques, et surtout veiller à ce que ces politiques soient mieux appliquées par ses partenaires et sous-traitant·es. Quelles sont les lignes rouges que l'entreprise ne franchira pas lorsqu'il s'agit des risques encourus par les défenseur·es ? », a déclaré Andrew Bogrand, conseiller politique senior d'Oxfam.
Nouveaux abus et une aggravation des anciennes tendances
Le rapport explique en détail comment TotalEnergies et CNOOC n'ont pas pris de mesures efficaces pour prévenir et remédier aux nouvelles atteintes liées à la dernière phase de construction. De nombreuses violations des droits du travail ont été signalées parmi les sous-traitant·es des entreprises. Les membres de la communauté qui ont réussi à se faire embaucher - presque toujours pour des courtes périodes et sans contrat - ont été confrontés à des retards de plusieurs mois dans le paiement des salaires et à des normes de sécurité inadéquates. Ces dernières ont entraîné des blessures et des incidents mortels. Les entreprises et les régulateurs semblaient conscients de ces violations récurrentes.
De nouveaux impacts environnementaux sont survenus avec la progression des travaux de construction, en particulier pour les communautés habitant à proximité des sites pétroliers. L'augmentation de l'activité dans le parc national des chutes de Murchison aurait entraîné des incursions fréquentes et parfois mortelles d'animaux sauvages, créant un stress et des dommages supplémentaires pour les villageois·es. Par ailleurs, TotalEnergies a laissé sans réponse des centaines de demandes d'indemnisation, malgré les graves dégâts causés par les inondations liées à la construction de l'usine centrale de traitement à Tilenga.
Les mesures insuffisantes prises par les entreprises et les autorités ont également laissé de vieux problèmes en suspens. Le rapport montre que les problèmes précédemment documentés liés aux programmes de relocalisation à Tilenga, y compris les cas de compensations inadéquates, le manque d'information et les longs retards dans les compensations, se sont poursuivis le long de l'Eacop. Le gouvernement ougandais a également commencé à exproprier les ménages restants dans le cadre de procédures judiciaires expéditives.
« L'article 26 de la constitution ougandaise fournit un cadre juridique progressiste qui protège le droit à la propriété privée et limite le pouvoir de l'État d'acquérir et de prendre possession d'une propriété pour un usage public avant de verser une compensation au propriétaire. Le gouvernement a récemment tenté de modifier cette position, et des affaires judiciaires récentes ont permis aux autorités d'accéder à des propriétés contestées dès que l'indemnisation est déposée au tribunal. Cela a un impact direct sur le principe du consentement libre, préalable et éclairé ainsi que sur l'accès à la justice pour les communautés affectées », a déclaré Michael Musiime, Coordinateur pour la gouvernance des ressources naturelles pour Avocats sans frontières.
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La colère des jeunes continue dans la crise oubliée de l’Afrique en Eswatini

L'Eswatini est la dernière monarchie absolue d'Afrique, dirigée par le roi Mswati III, où plus de 70 % de la population vit dans une pauvreté abjecte. La résistance des masses s'est accrue et a atteint son apogée en juin 2021. La monarchie a réagi en assassinant plus de 100 manifestants non armés et en mutilant et en blessant plus de 300 autres.
Tiré d'Afrique en lutte.
Depuis lors, l'État a mené une série d'opérations pour « rétablir la paix et l'ordre ». Parmi ces efforts pour faire taire la dissidence, on peut citer l'arrestation de deux députés qui, dans un jugement rendu par le juge Mumcy (un proche du roi), ont été condamnés respectivement à 25 et 18 ans de prison. Dans une autre mesure répressive, le gouvernement a rejeté un recours contre la loi de 2008 sur la répression du terrorisme, qui contient un certain nombre de clauses antidémocratiques et permet de cibler les partis politiques. Cette loi a également interdit le Mouvement démocratique populaire uni (PUDEMO) et le Congrès de la jeunesse du Swaziland (SWAYOCO) et porté atteinte à la liberté d'association.
Plus récemment, le président du PUDEMO a été empoisonné et a survécu de justesse après avoir été admis aux soins intensifs.
De nombreux autres membres de divers partis politiques, en particulier des jeunes, sont en exil, quittant le pays par crainte pour leur vie, mais sont toujours traqués à l'étranger. D'autres croupissent en prison, en attente de leur procès, certains depuis 2021 – soit trois ans. Dans l'un des incidents les plus choquants, Bheka Magagula, un ancien agent des services correctionnels qui a fait défection du régime, a été retrouvé mort dans un fossé en République d'Afrique du Sud le 11 octobre 2024. Le gouvernement de l'Eswatini était connu pour rechercher Magagula depuis près de deux ans et avait même offert une récompense de 200 000 euros pour sa capture.
Tout cela se passe alors que le pays est confronté à une grave crise économique et sanitaire, avec des hôpitaux sans médicaments, sans moyens de transport, sans nourriture, sans matériel de travail et avec une grave pénurie de personnel. Le secteur de l'éducation souffre également et les écoles se plaignent du manque de matériel, de personnel et de nourriture.
Cette situation est particulièrement préjudiciable aux jeunes, qui réagissent en continuant d'organiser des manifestations et en menant des actions de plaidoyer. Les jeunes tentent également d'accroître la pression sur les partenaires internationaux et les gouvernements afin qu'ils imposent des sanctions contre le gouvernement de Mswati.
Ils continueront à se battre. La question est de savoir si quelqu'un à l'extérieur du pays les écoute.
Mlamuli Gumedze est un jeune militant et ancien président de l'Union nationale des étudiants du Swaziland.
Source : https://democracyinafrica.org
Traduction automatique de l'anglais
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