Presse-toi à gauche !
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Bruxelles - Lesbophobie au BIFFF et ailleurs : riposte radicale et unitaire

Ce samedi 13 avril, le film lesbien “Love Lies Bleeding” était diffusé au BIFF Festival à Bruxelles. Ce film n'étant quasiment pas diffusé en Europe, cette projection était pour de nombreuses lesbiennes l'une des seules occasions de voir ce film sur grand écran. Malheureusement la séance a vite tourné en un épisode violent de lesbophobie avec la complicité des organisateur·ices.
Tiré de Gauche anticapitaliste
16 avril 2024
Par Commission LGBTI de la Gauche anticapitaliste
Sous-couvert d'une tradition « bon enfant » et humoristique qui permettrait au public de réagir en direct aux films, c'est sous une déferlante de commentaires et de gestes injurieux, violents et dégradants que des dizaines de lesbiennes sont sorties de la salle.
Face à des propos lesbophobes, les réactions des organisateur·rices ont été consternantes : discours condescendant, entrave à la vidéo, menaces physiques et venue de la police pour “éviter tout débordement” de la part des lesbiennes qui se sont ensuite regroupé.es devant la salle. Nous affirmons notre soutien aux lesbiennes qui étaient sur place et qui se sont révoltées.
Ce qu'il s'est passé samedi est inacceptable. Mais il est pour nous important de montrer que la lesbophobie ne s'arrête pas aux portes de cette salle de cinéma. Cet événement est illustratif des discriminations et des violences LGBTIphobes qui sont présentes dans nos vies au quotidien et qui sont structurelles. Si ces personnes se sont permises de tels commentaires et remarques durant cette séance, c'est bien parce que la misogynie et la lesbophobie ambiantes banalisent ces propos et pire, les légitiment. Cela s'ajoute à la souffrance quotidienne des lesbiennes et des LGBTI de manière plus générale, qui subissent en première ligne la précarité et les difficultés économiques inhérentes au capitalisme. Tous ces éléments poussent à la marginalisation des personnes LGBTI, et favorisent la multiplication des violences à leur égard.
Pour lutter contre les violences LGBTIphobes, contre la lesbophobie, nous avons besoin d'un plan d'action contre ces violences faites aux femmes et aux personnes LGBTI, élaboré démocratiquement et appuyé sur un financement massif ! Cette lutte doit se fonder sur la prévention et la prise en charge plutôt que sur la répression. Nous avons urgemment besoin de sortir de la précarité pour relever la tête, et ça passe par des mesures telles que l'individualisation des droits sociaux et de la suppression du statut de cohabitant.e sans perte de revenu pour enfin acquérir une autonomie économique.
Pour réellement améliorer nos conditions de vie, nous pensons que le seul mouvement efficace sera massif, unitaire et révolutionnaire. Nous pensons pour cela que nous devons nous organiser collectivement, lutter ensemble pour porter des revendications radicales contre nos oppressions et notre exploitation et les systèmes idéologiques qui les permettent : le patriarcat, la lesbophobie et le capitalisme. Il faut que nous construisions, ensemble, un mouvement LGBTI fort et combatif. C'est pourquoi nous vous invitons à lutter à nos cotés, ceux de la Gauche Anticapitaliste et de sa commission LGBTI, pour politiser la Pride du 18 mai prochain, et, bien sûr, porter ces revendications tout le reste de l'année.
Photo : Deux manifestantes avec leur pancarte. Marche lesbienne pour la PMA pour toutes, Paris, 25 avril 2021. Photothèque Rouge du NPA / Copyright : Martin Noda / Hans Lucas.
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Blogue de la présidente de la FIQ : La lutte continue

La semaine dernière, la FIQ a vécu un moment décisif. Vous avez été 60 000 à vous prononcer lors d'un vote référendaire et la majorité a dit NON à l'entente de principe qui vous a été proposée. De tout temps, les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfusionnistes cliniques ont dû se battre pour être considérées, respectées et pour obtenir des conditions de travail dignes et force est de constater qu'il faut encore le faire aujourd'hui. Le taux de participation au vote nous montre votre combativité et votre motivation à rompre avec des années de dévalorisation de l'expertise des professionnelles en soins.
Votre message est clair : ce n'est pas assez. Ce n'est pas assez, parce que vous avez trop souvent vécu des abus de vos employeurs, notamment à coup d'arrêtés ministériels pendant la pandémie. Ce n'est pas assez, parce qu'il y a trop d'incertitudes dans ce qui va arriver avec l'implantation de Santé Québec, une énième réforme qui ne tient pas compte des réalités des infirmières, des infirmières auxiliaires, des inhalothérapeutes et des perfusionnistes cliniques. Ce n'est pas assez, parce que les professionnelles en soins ont porté le système de santé sur leur dos trop longtemps.
Le gouvernement a un énorme travail à faire pour rebâtir la confiance des professionnelles en soins, parce que notre expérience nous montre que c'est loin d'être un employeur de choix. Il essaie de faire croire à la population que la FIQ exagère, qu'il demande juste un peu de souplesse aux professionnelles en soins, mais ce que vous avez fait la semaine dernière, c'est lui montrer une limite claire.
Nous allons maintenant discuter avec vos déléguées syndicales et réfléchir à la suite des choses, mais sachez que nous sommes plus que jamais motivées à négocier une convention collective et de meilleures conditions de travail pour nos membres. Merci d'avoir fait entendre votre voix, vous avez eu raison de vous mobiliser comme ça ! Je suis vraiment fière et privilégiée de porter votre voix et vos revendications. Dans les prochaines semaines, il va falloir se retrousser les manches et se faire entendre par ce gouvernement qui ne veut pas nous écouter. Ça ne sera pas facile, ça va impliquer des discussions difficiles et des actions concrètes, mais je suis convaincue qu'on y arrivera ensemble !
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Deux actions à poser pour le Jour de la Terre

Vous souhaitez vous impliquer pour le climat en ce Jour de la Terre mais vous ne savez pas par où commencer ? On vous aide ! La FAE est fière d'être partenaire du Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable et des 14 revendications qu'on y trouve.
Signez le Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable
En déclarant ses revendications entre autres pour une énergie publique sous contrôle démocratique, pour des mesures qui favorisent la réduction des demandes en énergie et pour une nouvelle politique énergétique, ou contre le principe du pollueur-payé, la privatisation totale ou partielle d'Hydro-Québec ou une augmentation des tarifs d'électricité, le Manifeste propose des pistes afin de travailler ensemble, sans relâche, pour défendre un avenir viable, basé sur des choix énergétiques cohérents et démocratiques.
Lisez et signez le manifeste ici sur le site de la fondation Rivières juste ici.
Interpellez votre personne députée
Une autre action que vous pouvez prendre, proposée par le Front étudiant d'action climatique, est de rejoindre votre personne députée afin de l'encourager à faire pression au sein du caucus de son parti politique, dans l'optique de faire en sorte que le futur règlement sur le « Plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier » soit le plus ambitieux possible afin de réellement s'attaquer à la crise climatique.
Le site web du FEDAC propose même un outil simple où vous n'avez qu'à entrer votre code postal pour qu'un courriel-type soit déjà préparé pour vous. Tout ça se fait en deux temps trois mouvements… Pas d'excuses !
Évidemment, nous vous invitons aussi à regarder autour de vous pour trouver d'autres initiatives intéressantes auxquelles vous pourriez participer.
Impliquez-vous !
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Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes : 𝐄𝐧 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟓 !!

Oyé oyé ! Les membres se sont réunies hier pour définir certains aspects de l'organisation de la prochaine marche mondiale des femmes au Québec dont le LIEU du prochain grand rassemblement !! Roulement de tambour !
Ce sera la région de la Capitale-Nationale qui aura l'honneur d'accueillir la 6e grande action mondiale ! Merci au Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale pour la candidature 🤩
À chaque 5 ans le mouvement de la Marche mondiale des femmes (MMF) se mobilise partout dans le monde, tenez-vous prêt·e·s pour un énorme rassemblement le 17 octobre 2025 !
Pour en savoir un peu plus sur l'histoire de la MMF 👇
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À propos des droits politiques dans l’armée ukrainienne - Vétérans français et soldat·es ukrainien·nes LGBTQIA+ solidaires

En avril 2024, d'anciens appelés du contingent de l'armée française ont signé une lettre en Soutien aux combattan·es ukrainien·es de la démocratie.
Les signataires constatent que les militaires ukrainien·enes « ne sont pas privés du droit de parole » et qu'il existe plusieurs collectifs militants au sein même de l'armée ukrainienne (syndicalistes, féministes, LGBTQIA+). Il s'agit d'une liberté dont ils étaient largement privés quand ils étaient sous les drapeaux français et ils tiennent à saluer "l'esprit démocratique qui anime ces militaires".
La lettre a été communiquée à Військові ЛГБТ, le Syndicat des LGBTQIA+ ukrainiens en uniforme. Son président, Viktor Pylypenko, un militaire engagé dans les forces armées ukrainiennes s'est récemment vu retirer une médaille militaire après que les autorités religieuses ukrainiennes ont découvert son homosexualité. Le combat est donc loin d'être gagné, y compris dans l'armée ukrainienne.
Mais Viktor Pylypenko a pris le temps de répondre aux "vétérans français".
Nous publions ci-dessous la lettre de soutien et la réponse du président du syndicat ukrainien.
Soutien aux combattant·es ukrainien·nes de la démocratie
Hasard du calendrier, cette déclaration paraît presque jour pour jour pour le 50e anniversaire d'un appel paru en France à l'occasion de l'élection présidentielle de 1974 et signé par cent appelés du contingent qui exigeait, entre autres choses, le respect des libertés démocratiques au sein de l'armée française. La déclaration que nous publions aujourd'hui, alors que le peuple ukrainien et son armée résistent à l'invasion russe, est une occasion de montrer qu'il n'y a aucune incompatibilité entre l'exercice des libertés fondamentales et la conduite de la guerre. Tout dépend, évidemment, des objectifs de la guerre et de l'organisation des forces armées.
PATRICK LE TRÉHONDAT ET PATRICK SILBERSTEIN
Nous soussignés, anciens appelés du contingent dans l'armée, apportons notre soutien au peuple ukrainien en lutte contre l'agression impérialiste de la Fédération de Russie et particulièrement à celles et ceux qui résistent les armes à la main aux troupes russes. Dans des conditions très difficiles ils et elles luttent pour le droit à l'existence et à la souveraineté de leur pays et la sauvegarde de la démocratie.
En France, nous avons autrefois lutté pour que les militaires ne soient pas exclus de l'exercice des droits démocratiques car nous estimions qu'une armée qui ne cultive pas en son sein les droits humains fondamentaux ne peut prétendre défendre un pays démocratique.
Dans la guerre que mène l'Ukraine pour résister à l'impérialisme russe, nous constatons que les militaires ukrainien·nes participent librement aux débats démocratiques qui traversent la société et qu'il·elles ne sont pas privé·es de parole.
Nous constatons qu'il existe au sein des forces années ukrainiennes une association de femmes militaires, Veteranka, qui se fixe pour but « la défense et la protection des droits des femmes vétérans et du personnel militaire [féminin] actif ».
Nous constatons qu'il existe Військові ЛГБТ, le syndicat des LGBTQIA+ en uniforme qui se fixe pour objectif « de faire respecter leurs droits, [et] l'édification d'une société inclusive et égalitaire, incluant les minorités ».
Nous constatons que certains soldats ukrainiens portent sur leurs uniformes les insignes de leur organisation syndicale.
Nous constatons que les organisations de la société civile, notamment les syndicats, apportent un moral, politique et matériel à leurs membres sous les drapeaux.
Anciens appelés du contingent attachés à la démocratie et aux droits démocratiques d'expression et d'association aux armées, nous saluons l'esprit démocratique qui anime l'ensemble de ces militaires, hommes et femmes.
Les signataires
Aberdam, Serge, Base aérienne 117 (Balard)
Baron, Alain, 1er groupe de chasseurs (Reims)
Bourbon, Patrick, 16e régiment de chasseurs mécanisés (Saarburg, Forces françaises en Allemagne)
Brinon, Jean-Paul, 3e régiment d'infanterie (Radolfzell, Forces françaises en Allemagne)
Brody, Patrick, 51e régiment d'artillerie (Bitburg, Forces françaises en Allemagne)
Cochet, Jean-Pierre, 159e régiment d'infanterie alpine (Briançon)
Delmonte, Yves, Compagnie de montagne (La Valbonne)
Duffaud, Didier, 7e régiment de génie (Avignon)
Epsztajn, Didier, 730e compagnie de munitions (Forces françaises en Allemagne)
Fontaine, Didier, 32e régiment d'artillerie, Oberhoffen-sur-Moder
Galin, Bernard, 46e régiment d'infanterie (Berlin)
Gérardin, Dominique, 403e régiment d'artillerie anti-aérienne (Chaumont)
Godet, Jean-Luc, 8e régiment de hussards (Altkirch)
Gueniffey, Gérard, 3e régiment parachutiste d'infanterie de marine (Carcassonne)
Guerrier, Daniel, Centre d'instruction navale (Brest)
Hardy, Jean-Pierre, 4ee régiment de hussards (Besançon)
Himel, Arnold, 1er régiment du train (Paris-Mortier)
Hollinger, Yves, 24e GCM (Tubingen, Forces françaises en Allemagne)
Inizan, Christophe, Base navale (Brest)
Jean, Rémy, 3e régiment d'Infanterie (Radolfzell, Forces françaises en Allemagne)
Jeanne, Pierre, 3e régiment d'artillerie de marine (Vernon)
Laurenceau, Patrick, 1er régiment d'artillerie de marine (Melun)
Le Moal, Patrick, 8e régiment de hussards (Altkirch)
Le Pichon, Olivier, 6e régiment de cuirassiers (Olivet)
Le Tréhondat, Patrick, Base navale (Brest)
Lebrun, Philippe, 9e régiment d'artillerie de marine (Saarburg, Forces françaises en Allemagne)
Lecoin, Laurent, 1er régiment de spahis (Spire, Forces françaises en Allemagne)
Lerichomme, Jacques, Régiment du matériel (Rastatt, Forces françaises en Allemagne)
Lévy, Paul, 57e régiment d'infanterie (Souge)
Mahieux, Christian, Objecteur de conscience insoumis au service national
Malamoud, Antoine, Base aérienne 272 (Saint-Cyr-l'École)
Marx, Denis, 1er régiment du génie (Strasbourg-Neuhof)
Matheron, Yves, 405e régiment d'artillerie (Hyères)
Maurice, Charles, 159e régiment d'infanterie alpine (Briançon)
Morel, Philippe, École d'application du train (Tours)
Nauroy, Marc, 6e bataillon de chasseurs alpins (Grenoble)
Negroni, Bruno, 5e régiment de génie (Versailles)
Pasquet, Jacques, Caserne Foch (Rennes)
Percebois, Bruno, Base aérienne 112 (Reims)
Perret, Patrice, 81e régiment de soutien (Trèves, Forces françaises en Allemagne)
Petiteau, Jean-Jacques, 43e régiment d'infanterie de marine (Offenburg, Forces françaises en Allemagne)
Pigaillem, Jacques, 57e régiment de transmissions (Mulhouse)
Quintal, Yves, 9e régiment de hussards (Provins)
Rangot, Jean-Pierre, 43e régiment d'infanterie de marine (Offenburg)
Richard, François, 76e régiment d'infanterie (Vincennes)
Rosevègue, André, 51e régiment d'infanterie (Amiens)
Roussel, Michel, Camp de Canjuers (Var)
Sandelion, Jean-Paul, 3e régiment du génie (Charleville-Mézières)
Silberstein, Patrick, 2e régiment de hussards (Orléans), École d'application du train (Tours)
Valette, Jean-Paul, 53e régiment du train (Karlsruhe, Forces françaises en Allemagne)
Verrières, Jacques, 1er régiment d'artillerie de marine (Melun)
Vey, Daniel, Quartier général Frère (Lyon)
Courriel reçu le 17 avril 2024
Un message de Військові ЛГБТ : le syndicat des LGBTQIA+ ukrainiens en uniforme suite à la publication de la déclaration des anciens soldats français
Cher Patrick !
C'est un grand honneur d'accepter une telle lettre avec autant de signatures de dignes guerriers de France !
Nous avons déjà transmis cette lettre à tous nos hommes et femmes (400 personnes) - nous communiquons dans les chats de notre Confrérie d'Achille et de notre Fraternité, afin que tous ceux qui sont dans leurs unités et en première ligne puissent lire ces messages.
Nous aimerions également vous demander si nous pouvons publier votre lettre avec des signatures sur nos pages de réseaux sociaux ouvertes ?
Merci encore une fois pour votre soutien dans cette heure si terrible,
Sincèrement,
Viktor Pylypenko / Віктор Пилипенко
Chef de l'ONG Militaire ukrainienne LGBT+ pour l'égalité des droits

Turquie – Procès Pinar Selek – Le 28 juin, nous serons de nouveau à Istanbul

Le 28 juin 2024, se tiendra à Istanbul une énième audience de l'inique procès entamé il y a 26 ans contre Pınar Selek, écrivaine et sociologue franco-turque, accusée fallacieusement de terrorisme et acquittée déjà 4 fois.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Car toutes les fois qu'une Cour de justice a examiné le fond du dossier, elle a conclu qu'il était vide de preuves. Pourtant, début 2023, Pınar Selek est de nouveau mise en accusation sans qu'aucune nouvelle pièce n'ait été versée à son dossier. Deux auditions -l e 31 mars et le 29 septembre- n'ont abouti à rien, sinon au renvoi à une nouvelle audience à laquelle Pinar Selek est à nouveau priée de se rendre en personne. Chose impossible et impensable, puisqu'un mandat d'arrêt, avec emprisonnement immédiat, est lancé à son encontre depuis janvier 2023. Plus encore, début 2024, la Turquie a adressé à la France une demande d'extradition en confirmant le mandat d'arrêt international. Enfermer Pınar Selek à perpétuité pour ses travaux de recherches, ses œuvres littéraires et ses prises de position en faveur des minorités kurdes et arméniennes, des mouvements féministes, des minorités LGBTQIA+ reste visiblement toujours l'obsession d'un certain pouvoir turc.
Nous, citoyen·nes européen·nes, militant·es pacifistes et féministes, élu·es français, scientifiques, professionnelles du droit, éditrices, artistes, nous tiendrons une fois encore aux côtés de Pınar Selek, en Turquie, en Europe et dans le monde, contestant cette inqualifiable torture judiciaire. Une nouvelle fois nous demandons au gouvernement français de réaffirmer son soutien à cette universitaire et citoyenne française, comme de refuser bien sûr la scandaleuse demande d'extradition. Nous nous adressons aussi aux élu·es européen·nes : il en va de la défense de la liberté académique et de la liberté d'expression, droits fondamentaux sans lesquels aucune démocratie ne peut exister.
Collecte de dons en vue de l'audience du 28 juin 2024 :
• via Internet : https://www.helloasso.com/associations/karinca/formulaires/1
• Ou par chèques : à Revue Silence – 9 rue Dumenge – 69004 Lyon, en notant ‘'Pinar Selek'' au dos.
Courrier N°430 de la Marche Mondiale des Femmes
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Marche pour la Palestine et contre le racisme.

Se réapproprier les Droits confisqués à travers la mobilisation. La cause palestinienne et la lutte contre le racisme occupent le devant de la scène en France. A Barbès, le cortège parisien a rassemblé, ce dimanche 21 avril, plus de 3.000 manifestants (es).
France.
De Paris, Omar HADDADOU
« A partir d'aujourd'hui, tout change à la Casbah ! (Ali la Pointe, le Révolutionnaire)
Une haine obsessionnellement « overdosée » ! Chroniqueurs et Analystes des médias français, de la trempe de Finkielkraut, biberonnés dans les nurseries nauséabondes de l'Extrême Droite, parlent impudemment du massacre inédit des Palestiniens (es) depuis le 7 octobre, « D'idiologie victimaire ». Le Philosophe s'est même indigné après que des étudiants ont occupé et baptisé « Gaza », l'amphithéâtre Emile Boutmy.
A Gaza, un enfant est tué ou blessé toutes les dix minutes, portant à 33 899 morts.
Je n'en dis pas plus ! Si ! Une info croustillante qui vient du front, relayée par l'Envoyé spécial de RFI au moment où les bombardements sur Gaza redoublent de férocité et d'animalité.
Le Journaliste avait pour mission de prendre la température de l'ambiance sur une plage à Tel Aviv, en ce samedi ensoleillé du 20 avril 2024. Un des Surfeurs exulte : « Le soleil est de retour, on a sorti les planches et la crème solaire. C'est un pur bonheur ! ».
Même ressenti de félicité chez les baigneurs (es), inquiets certes, qui ont pour vis-à-vis une un peuple immolé avec la bénédiction du Président sortant Biden - éligible à un second mandat - dont la stratégie consiste à éviter à ses troupes tout enlisement sur le terrain. En débloquant, à l'issue du vote au Congrès, aujourd'hui, les 61 Milliards de dollars pour l'Ukraine, 7 pour l'Etat hébreu, 8 pour Taïwan, le Président des Etats-Unis semble enclin à déroger à la tradition trop brutale, par le message implicite suivant : « Je préfère envoyer d'énormes sommes que des hommes ! ».
D'autant que les foyers de tension, dont le récent s'ébauche en Irak, reprennent de plus belle. Profitant de l'escalade multipolaire, l'unité ultra- orthodoxe israélienne, d'après la même source française se basant sur des vidéos, aurait pris d'assaut (visages masqués), un village palestinien, faisant des victimes dont un couple de jeunes mariés. D'où la déclaration ex-abrupto de Washington, ce lundi, « de sévir contre Netzah Yehuda ».
Dans ce contexte d'affrontements meurtriers et de rééquilibrage des rapports de force, ce que l'Amérique entreprend, l'Europe le sacralise obséquieusement !
Il faut rendre grâce à Netanyahou qui a forcé l'Histoire par le tragique pour que les peuples africains s'affranchissent de la domination et l'humiliation.
Il n'y aura pas de guerre nucléaire ni de collision majeure entre l'Iran et Israël, mais une réhabilitation d'un respect mutuel entre un Occident arrogant et le reste du monde.
C'est dans cette perspective d'équité que l'Algérie, par la voix de son représentant permanant auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a appelé les membres du Conseil de sécurité à accepter l'adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière auprès de l'ONU : « Il s'agit d'une étape essentielle pour rectifier une injustice de longue date ». Requête aussitôt torpillée par le Véto américain.
Il n'y aura pas de cause perdue. Et pour preuve le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, comme la rue parisienne, ne lâcherons pas la Palestine ni abdiqueront devant le racisme florissant que des milliers de personnes dénonçaient ce dimanche à Barbes dans le 18ème arrondissement.
Une forte mobilisation interdite par le Préfet de Police, puis autorisée par la Justice, grâce à la combativité d'un jeune avocat (d'origine algérienne) accueilli avec des yous yous ! Une deuxième victoire collective qui a galvanisé le cortège, conduit par les ténors de la France Insoumise (la Présidente Mathilde Panot, Eric Coquerel, Daniel Obono…) sous l'œil bien-aise de Mélenchon.
Progressant derrière une banderole frappée du slogan « Nos enfants sont en danger », les participants, en soutien à la Palestine, avaient répondu à l'appel d'une cinquantaine d'organisations dont le NPA, Attac et Solidaires. Une tribune dressée Place de la République abritait « les coups de gueule » des intervenants (es), dénonçant les carnages dans la bande de Gaza.
Celui de l'impétueuse Panot, était au final, bien incisif : « Nous n'acceptons pas, dans notre pays comme ailleurs, qu'il ait un racisme, notamment une Islamophobie depuis que la Guerre au Proche-Orient a pris des proportions encore plus grandes ».
A 96 jours des Jeux Olympiques, le Comité craint une exacerbation des mouvements sociaux, un impact de la tragédie à Gaza, et surtout les retards accumulés de livraison des chantiers, mettant les ouvriers à très rude épreuve ! Un monde disloqué, à force de cumuler les arbitraires !
O.H




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Premières secousses

Au fil des saisons, nous avons formé des cortèges bigarrés, muni·es de bêches, de mégaphones et de meuleuses, vêtu·es de bleus de travail et de combinaisons blanches, escorté·es par des oiseaux géants… Nous avons traversé les bocages et les plaines, arpenté les vallées industrielles et le bitume des usines – et même frôlé les cimes alpines.
Nous nous soulevons pour défendre les terres et leurs usages communs. Contre les méga-bassines, les carrières de sable, les coulées de béton et les spéculateurs fonciers, nous voulons propager les gestes de blocage, d'occupation et de désarmement, pour démanteler les filières toxiques. Nous nous soulevons parce que nous n'attendons rien de ceux qui gouvernent le désastre. Nous nous soulevons parce que nous croyons en notre capacité d'agir.
Depuis des siècles, du nord au sud, des mouvements populaires se battent pour défendre une idée simple : la terre et l'eau appartiennent à tou·tes, ou peut-être à personne. Les Soulèvements de la terre n'inventent rien ou si peu. Ils renouent avec une conviction dont jamais nous n'aurions dû nous départir.
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Une nouvelle revue sur l’Internationalisme et la démocr@tie : Adresses

En janvier 2024, un collectif d'anonymes a lancé une nouvelle revue, Adresses – Internationalisme et démocr@tie. Le titre est un « clin d'œil à l'Association internationale des travailleurs de Marx et de Bakounine et un appel à la mise en place d'un outil international et internationaliste de réflexion, de partage et d'échanges ».
Les objectifs des responsables sont clairs et ambitieux :
« faire renaître la capacité à discuter et à élaborer ensemble pour que s'ouvre – à la lumière de nos expériences multiples qui se sont souvent frottées les unes aux autres – une large discussion pour faire de la révolution une utopie concrète, pour permettre des synthèses ».
Les deux premiers numéros (23 janvier 2024 ; 15 mars 2024), contiennent de précieuses contributions sur des enjeux d'actualité, la guerre en Ukraine ou en Palestine/Israël, sur des questions davantage théoriques comme les divisions de la gauche internationale, le concept d'« impérialisme multipolaire » ou la « coopération antagoniste » entre la Chine et les États-Unis, ou d'anciens textes, mais toujours d'actualité, de militant.es socialistes.
Ils offrent également un regard « décalé » ou « décentré » comme par exemple de passionnantes études sur l'histoire des luttes féministes en Iran. Celles-ci ouvrent des riches perspectives d'analyses sur les effets systémiques de la marginalisation plus ou moins délibérée des contradictions de « classes de sexe » par la gauche anti-impéraliste, au nom de « l'ennemi principal ».
Ce regard « décentré » c'est également celui de militant·es russes qui produisent un manifeste pour un « Monde durable » dans lequel ils et elles détaillent assez précisément, ou du moins juridiquement, les conditions d'une paix durable avec l'Ukraine et le fonctionnement souhaité des institutions internationales comme l'ONU.
À l'heure où le fascisme, le sexisme, les impérialismes (« grands » ou « petits »), les multinationales sont « à l'offensive partout sur la planète » et où la gauche québécoise et canadienne, notamment, sont silencieuses ou profondément divisées sur la lecture des événements internationaux, cette nouvelle revue offre effectivement un riche matériau pour ouvrir une « large discussion » et tenter de dépasser certaines contradictions.
Reste que pour qu'une telle discussion puisse aujourd'hui avoir lieu, il faudra peut être « renouveler » nos habitudes et trouver « comment, dans l'action, concilier l'intransigeance de la conviction ferme avec la tolérance et le respect de « celui qui pense autrement » réclamé́ autrefois par Rosa Luxembourg ? », pour reprendre un extrait du texte de Victor Serge publié dans le dernier numéro d'Adresses.

"Les femmes du coin de la rue" : La vie en miettes

Nous voilà plongé·es dans un journal d'enquête de longue haleine. On ne le lit pas pour se donner un air curieux envers le 18e arrondissement, au nord de Paris, ou par un vague souci de la pauvreté qui ronge quelques trottoirs. On ne le lit pas plus pour se payer un voyage au pays des « brebis noires », histoire de clore ses lectures de fin de vacances et pour quelques conversations de salon. Car le lire, c'est se ramasser un coup dans le bas-ventre, se courber en montant un escalier, entendre crier une douleur dans l'enfer quotidien de ces femmes, toutes des damnées de la terre, et enfin écouter leurs voix nous susurrer quelques mots… jusqu'à nous.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Postface de Jean-François Laé au livre de Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité
Avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse
Ce journal est gros de narration, traversé d'un fort désir de voir, d'entendre et de savoir.
Pendant combien d'années Patricia Bouhnik a-t-elle bourlingué dans le triangle Stalingrad – porte de la Villette – porte de la Chapelle, à observer cette mise en marge contre le périphérique ? Dans cette zone hybride, les marqueurs de la grande pauvreté sont là : vieux, jeunes, migrant·es ou non, et ces vieilles femmes invisibles parce que vieilles.
Combien d'années lui aura-t-il fallu pour s'approcher de leurs lèvres, en s'interdisant délibérément tout sentimentalisme, restant des heures sans broncher et en toute sagesse pour s'avancer encore lentement vers leurs déambulations hésitantes ? Ce que Patricia Bouhnik tente de restituer avec une vaillance qui force le respect, c'est la réalité du monde de celles qui n'ont plus rien, dépossédées de chaque jour, mais qui parviennent à porter de l'énergie plus avant et composer quelques aires de repos. Les désaffiliées oubliées, dirait Robert Castel ; « l'être-frontière qui n'a pas de frontière », répondrait Georg Simmel ; une vie en reste, ajouterait Zygmunt Bauman1 !
La réussite de cette proximité affectueuse tient à son talent à « explorer de près » – depuis des décennies – ces expériences sombres, des vies cachées et blessées. Déjà en 1990, avec ces enfants atteints d'un cancer venus d'Algérie pour se faire soigner et auprès de qui elle était institutrice, son attention vivement grandie envers leurs appels était frappante ; suivie par son engagement d'enseignante à la cité de transit du Port, à Gennevilliers, avec tant de liens qui perdureront ; puis les usages de drogues dans les quartiers populaires du « 93 », les petits « usagers-revendeurs », devenant des hommes-frontières entre des milieux qui s'ignorent : consommateurs, vendeurs, proches, pairs et des parents morts de trouille ; puis par un saut de mur, cette fois au parloir d'une prison, où certains échouaient quand ils avaient rompu leurs derniers ancrages, pour décrypter leur réflexivité biographique.
Quel incroyable continuum dans ce puzzle en morceaux ! Car toutes ces enquêtes s'adossent les unes aux autres et se parlent entre elles.
Et que de temps consacré à se familiariser, à se glisser dans le bon endroit au bon moment, à faire signe d'une disponibilité, se créditer d'une proximité biographique, se dédoubler férocement pour ne pas créer d'embrouille, à braver les soupçons de subjectivité ou de position partisane !
Produire de la confiance est un immense travail de conviction. Ne pas céder, suivre celles et ceux qui ont rompu avec leurs derniers ancrages, faire signe d'amitié, gagner des morceaux de confidence, s'ajuster à leur tempo, sentir les frontières de respectabilité, mettre en jeu des affects pour atteindre l'autre rive, cette zone si fragile de survie : le métier d'enquêtrice se révèle. Il consiste à faire éprouver aux lecteur·trices la coprésence, l'attention réciproque, les détails des cheminements. Éprouver des situations pour délier des événements, les comprendre. Les comprendre avant d'expliquer, cette méthode compréhensive nous ouvre des vues étonnantes de précision.
À bout d'oubli, ces femmes
Les femmes – dans ce paysage – complètement oubliées ? Comment s'en étonner tant on leur a appris à souffrir en silence. Savoir s'effacer est un art. Disparaître, un formidable exploit. Se masquer, éteindre l'incendie, retenir et se réconcilier. Se couvrir, s'éclipser pour un rien, adoucir l'eau bouillante, bercer les enfants, refouler l'accusation, s'enfermer en cas de danger : la menace subie, le chantage, le trafic, l'argent si rare, les excès. Rien n'y fait. S'incliner est un apprentissage de genre ; se retirer sur la pointe de pied, le sacrifice ultime.
C'est de ça que nous parle cet ouvrage. Ces filles, ces femmes, ces mères, ces grands-mères répètent ce qu'on leur a dit de répéter. À bout d'oubli, d'endurance et de survie, invisible et monotone comme la prison ou la prostitution, ces femmes échangent avec Patricia Bouhnik comme nul·le autre pareil·le. Le miroir narratif tendu est coupant comme un rasoir.
Ces femmes expliquent comment faire profil bas, comment circuler pour rester invisibles. Il s'agit de marcher sur les frontières des zones de passage – chambres d'hôtel, compagnons de fortune –, des points de replis sur des recoins – embrasures, bancs, friches, stations de métro, gares –, ou de rejoindre des regroupements discrets en squats ou chambres proposées dans des foyers, hôtels sociaux, centres d'hébergement d'urgence ou associatifs, appartements vétustes ou précaires ; avec parfois un passage en prison ou aux urgences psychiatriques. La tournée de ces lieux éclaire les nuits de dépendance et de pénitence. Ne jamais s'arrêter de circuler. Passer de lieu en lieu en courant, c'est le prix à payer pour gagner une petite sécurité sans agression, en attendant un pli de rue, un recoin ou un bout de chambre pour se réfugier.
Imperceptibles, incapables, incompétents, indigents, indignes, infâmes, infirmes. La liste est longue de ces forces négatives, de ces dominations souterraines, de ces mots mi-juridiques mi-psychiatriques qui peuplent le langage institutionnel jusqu'à contaminer l'ordinaire de ces femmes. Cette série des « in- » marque les gestes, les actes moteurs autant que les actes mentaux. Dans ces interstices, le droit n'agit qu'en « négatif sur » les modes de repos, les circulations, les recoins, les manières de se laver, d'aimer même. Femme vieille, seule, sans attache, pauvre de surcroît, mal née et mal aimée, chaos humain comme autant de cicatrices, dans ce sous-sol strié de menace existentielle imminente, nous sommes bien au bord du féminicide. Et pourtant, elles résistent à tous ces vents contraires, « elles résistent tant qu'elles le peuvent pour éviter de se voir imprimer des marques d'infamie à même la peau ».
Jean-François Laé2
Rappel :
Préface de Coline Cardi : « Jusqu'à l'os » au livre de Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/29/preface-de-coline-cardi-jusqua-los/
1. Zygmunt Bauman, La vie en miettes : expérience postmoderne et moralité, Paris, Fayard, Pluriel, 2010.
2. Sociologue, professeur émérite à l'Université de Paris 8, chercheur au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Cresppa), il a notamment publié Une fille en correction op. cit et Parole donnée : entraide et solidarité en Seine-Saint-Denis en temps de pandémie, Paris, Syllepe, 2022.
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Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité
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