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France. « La crise des finances publiques est d’abord l’échec de la politique de l’offre menée depuis sept ans » par Bruno Le Maire

Bruno Le Maire [ministre démissionnaire des Finances] entrera dans l'histoire, c'est une certitude. D'abord parce qu'il aura été le plus long titulaire du ministère des Finances depuis plus de deux siècles. Mais, en politique, record ne signifie pas succès et entrer dans l'histoire ne signifie pas y laisser une marque positive. Avec ces sept ans et quelques mois à Bercy [site du ministère de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique], notre recordman ne peut pas échapper aux conséquences de ses actes.
10 septembre 2024 | tiré du site alencontre.org
http://alencontre.org/europe/france-la-crise-des-finances-publiques-est-dabord-lechec-de-la-politique-de-loffre-menee-depuis-sept-ans-par-bruno-le-maire.html
Se revendiquant écrivain de talent, Bruno Le Maire [auteur, entre autres, de La Fugue américaine, de L'Ange et la bête…] a tenté de forger un récit qui a longtemps tourné dans la sphère médiatique : celui du « bon bilan économique ». Ce récit est bancal dès le départ et n'a jamais convaincu qu'une sphère restreinte et non la masse des Français et Françaises qui, à plusieurs reprises, ont sanctionné le gouvernement pour son bilan économique. La réindustrialisation est une chimère, l'attractivité un miroir aux alouettes et la croissance économique s'est affaiblie.
Mais, depuis quelques mois, notre conteur est rattrapé par la réalité. La dégradation des comptes publics n'est, en effet, pas l'effet d'une orgie de dépenses du système social ou d'un prétendu financement de la paresse des travailleurs français comme le discours austéritaire le prétend déjà. Sa source est d'abord et avant tout l'échec monumental et complet de la politique même de Bruno Le Maire.
Le ministre est, reconnaissons-lui ce caractère, un homme de conviction. Rien ne le fera dévier de ses certitudes : l'impôt sur les plus riches est un mal absolu, la fiscalité sur les entreprises doit être abaissée et le capital, toujours et partout, doit être aidé. La seule « politique raisonnable » pour lui est la politique de l'offre [1].
Il en a, au reste, reçu l'hommage appuyé et émouvant du Mouvement des entreprises de France (Medef) lors de leur dernière université d'été, fin août 2024. Patrick Martin, le patron des patrons, l'a félicité, tutoiement à la clé, comme on félicite un employé zélé : « Tu as été un artisan déterminant et déterminé de la politique pro-entreprise. » Et c'est d'ailleurs la seule explication plausible de sa longévité à Bercy, car il est, sur ce point, en accord parfait avec Emmanuel Macron, qui a bien fait comprendre à chacun cet été que la démocratie ne pouvait remettre en cause cette orientation.
Une politique qui ne profite qu'aux détenteurs de capital
L'ennui, c'est que ce sont ces convictions mêmes qui ont conduit à la dégradation du déficit public. Les chiffres sont sans appel : ce ne sont pas les dépenses qui sont responsables de l'état des finances, ce sont bel et bien les recettes. Ces dernières sont, depuis deux ans, en chute libre par rapport aux prévisions, ou plutôt devrait-on dire, aux promesses du gouvernement. Or ce fait est un désaveu de toute la politique de l'offre, c'est-à-dire de la politique dite du « ruissellement ».
Rappelons brièvement la logique de cette politique. Elle repose sur l'idée que la croissance est entravée par des « blocages » qui empêchent les entreprises d'investir. Ces blocages, pour aller vite, c'est tout ce qui réduit la rentabilité des entreprises. On y trouve donc les salaires, et c'est l'objet des réformes du marché du travail, mais aussi la fiscalité.
En baissant les impôts sur le capital au sens large, c'est-à-dire tant sur les entreprises que sur les propriétaires des entreprises, on permettrait une augmentation du potentiel de croissance. Et comme la croissance augmente, les recettes doivent suivre et, en conséquence, venir réduire le déficit public. Telle est la promesse des politiques menées par Bruno Le Maire.
Or cette belle mécanique ne fonctionne pas. Le soutien au taux de profit ne se traduit pas par une accélération de la croissance parce que, précisément, la rentabilité ne progresse que grâce au soutien public et à la modération salariale. L'affaiblissement des gains de productivité et la tertiarisation de l'économie rendent de plus en plus difficile de dégager de la plus-value. Il est donc peu attrayant d'investir, alors même que les structures productives demandent de plus en plus de moyens (on le voit notamment avec les dépenses d'informatique qui ont absorbé l'essentiel de l'investissement comptable ces dernières années).
En parallèle, la financiarisation de l'économie permet de placer ces profits accumulés de façon attrayante, d'autant que la réforme de 2018 en France a abaissé l'impôt sur les revenus du capital. En d'autres termes : cette politique ne profite qu'aux détenteurs de capital qui, pour maintenir leur rythme d'accumulation, doivent toujours faire pression sur les salarié·e·s, les consommateurs et l'Etat. Il n'y en a jamais assez puisque la croissance n'est pas suffisante pour maintenir « naturellement » l'accumulation. Il faut donc toujours réduire les impôts en voyant toujours les déficits se creuser.
Persévérer dans l'erreur
L'histoire du passage à Bercy de Bruno Le Maire [en fonction depuis mai 2017] pourrait ainsi se résumer à une suite de propositions de nouvelles baisses d'impôts à laquelle s'est ajoutée une suite de subventions toujours croissante au secteur privé. Le tout pour une croissance déclinante. En résumé, le capital coûte de plus en plus cher et rapporte de moins en moins à l'Etat. Qui peut alors s'étonner que le déficit reste abyssal ?
Les chiffres pour prouver ce piège où la politique de l'offre a plongé les finances publiques ne manquent pas. On en citera un. En termes nominaux, le PIB français a augmenté de 101 milliards d'euros environ entre 2018 et 2023. Les dépenses de l'Etat ont progressé de 100 milliards d'euros, soit une évolution proche de celui du PIB. Mais les recettes de l'Etat, elles, ont progressé de seulement 10,8 milliards d'euros, soit dix fois moins. C'est que tout est absorbé par les compensations d'exonérations, donc par le financement des baisses de cotisations et d'impôts.
C'est la preuve que le capital coûte plus cher que ce que son aide ne rapporte. Et c'est ainsi que l'on se retrouve avec ce que beaucoup estiment être un « paradoxe » mais qui n'en est un qu'en apparence : la France affiche à la fois un déficit considérable et des services publics qui se dégradent. C'est simplement parce que le déficit n'est pas lié aux dépenses liées au service public, mais à un Moloch, la politique de l'offre, qui engloutit les milliards et appauvrit tout le monde, sauf les plus fortunés.
Face à ce désastre, Bruno Le Maire n'a pas bougé d'un iota ses convictions. Tout écrivain qu'il est, le ministre est enkysté dans ce qu'il faut bien appeler une idéologie, c'est-à-dire une conviction qui ne saurait être modifiée par le réel. Aussi, lorsque l'échec de sa politique est devenu impossible à dissimuler, il a décidé de lancer un nouveau récit, fort classique au demeurant, celui de l'austérité et de la destruction de l'Etat social. On a ainsi vu le bourreau des finances publiques se mettre à son chevet et réclamer qu'on prenne au plus tôt des mesures de « redressement » fondées inévitablement sur des économies massives.
Notre ministre-écrivain s'est alors livré à une véritable bouffonnerie. Dès février, il a annoncé en grande pompe un coup de rabot de 10 milliards d'euros sur le budget qu'il avait entièrement conçu et fait passer par le levier de l'article 49-3. Depuis, Bruno Le Maire passe son temps à en réclamer plus et à se draper dans les habits neufs de combattant du déficit.
Mensonge, irresponsabilité, incompétence, déni ? Ces hypothèses ne peuvent être écartées, bien sûr. Bruno Le Maire, malgré le record de longévité dont il est si fier, s'efforce depuis des mois de reporter la faute de la situation actuelle sur les autres, des syndicats à l'administration en passant par les oppositions. Mais il faut aussi rappeler que ces deux discours, politique de l'offre et austérité, quoique, en apparence, contradictoires, se complètent parfaitement.
Vers l'austérité
L'austérité sert à la fois à ne pas remettre en cause le problème de la politique de l'offre en concentrant le blâme du déficit sur les dépenses, et à détruire l'Etat social, ce qui, directement et indirectement, contribue à faire avancer la marchandisation de la société et ouvre de nouveaux marchés pour le capital. En réalité, l'austérité est aussi une politique de l'offre qui vise à ramener la demande au niveau de l'offre en maintenant le soutien au capital.
Notre ministre démissionnaire n'a donc aucune raison de prendre aucune responsabilité ni de devoir faire face à ses contradictions. Il est, à sa façon, logique. Pour lui, la société est au service du capital et elle doit payer le prix de cette subordination. Si le capital financier réclame des gages et que le capital industriel veut conserver son flux d'argent public, ce sera au pays de s'ajuster.
Il y a donc moins de l'aveuglement qu'une constance remarquable dans une politique de classe dont Bruno Le Maire n'a jamais dévié et que le nouveau premier ministre ne semble pas vouloir remettre en cause. Michel Barnier, « l'Européen » [désigné à la fonction de Premier ministre par Emmanuel Macron, le 5 septembre 2024], ne reviendra sans doute pas sur les nouvelles règles budgétaires européennes, aussi absurdes fussent-elles.
Ce week-end [7-8 septembre], en visite à l'hôpital Necker de Paris, le nouveau premier ministre a repris la vieille chanson selon laquelle les maux du système de santé tenaient moins aux moyens qu'à son organisation. Un discours qui a toujours accompagné la réduction des moyens pour l'assurance-maladie. Quant à ses promesses de « justice fiscale », avancées vendredi 6 septembre dans sa première intervention télévisée en tant que chef du gouvernement, elles sont d'autant plus douteuses qu'Emmanuel Macron a refusé tous les candidats à Matignon qui entendaient aller dans ce sens.
La France se dirige donc vers une cure d'austérité qui s'annonce particulièrement douloureuse. Le dernier point de conjoncture de l'Insee souligne ainsi que la demande intérieure est au plus faible et que les ménages, inquiets, renforcent leur épargne. Désormais, les entreprises signalant des problèmes de demande sont plus nombreuses que celles signalant des problèmes d'offres.
Se lancer dans ces conditions dans une politique de contraction de la dépense publique, un des derniers piliers de la croissance française, pour maintenir une politique d'offre inefficace, ne peut que provoquer un choc négatif sur l'économie nationale, alors même que la situation politique et sociale est tendue.
Mais le « bloc central » et ses soutiens médiatiques semblent avancer vers l'abîme en chantant, assurant qu'il n'y a pas d'autres options que la réduction des dépenses. On se croirait revenu en 2009, au moment des discours sur « l'austérité expansive ». Bruno Le Maire, qui mène la procession, voulait rester dans « les mémoires » comme un Chateaubriand moderne, mais son nom pourrait ne venir s'ajouter qu'à la liste déjà longue des idéologues inconscients dont les folies conduisent au désastre. (Article publié par Mediapart le 9 septembre 2024)
[1] Le 2 mai 2021, Romaric Godin, à l'occasion d'un entretien avec l'économiste Gilles Raveaud, économiste à l'Université Paris VII et auteur de Economie : on n'a pas tout essayé ! (Ed. du Seuil 2018), présentait ainsi les lignes de force de la politique de l'offre : « Depuis des décennies, le néolibéralisme s'est emparé des « politiques de l'offre » pour projeter sa propre vision de la production. S'appuyant sur l'idée que l'offre devait être guidée par les demandes du marché, ces politiques ont eu pour ambition première de favoriser l'adaptation des entreprises au marché et d'attirer les investissements par la perspective de rendements plus élevés. D'où les « réformes structurelles », la demande de « flexibilité », les partenariats public-privé et la baisse continue des impôts pour les entreprises et les plus riches. » (Réd.)
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Les « Mavkas en colère », ces femmes en première ligne de la résistance ukrainienne

Diffuser de la littérature pro-ukrainienne, taguer des graffitis, vandaliser des symboles russes ou signaler les mouvements des troupes de Moscou à l'armée ukrainienne : telles sont les actions que mène le mouvement de résistance féminin ZlaMavka dans les zones occupées de l'Ukraine.
Tiré de Entre les lignes et les mots
En mars 2023, trois femmes, fondatrices du collectif « ZlaMavka » [« Mavkas en colère », ndlr.], se sont mobilisées pour faire comprendre aux soldats russes qu'ils n'étaient pas les bienvenus dans la ville, même un an après leur arrivée. En réponse à une campagne de propagande de l'armée russe – une distribution de fleurs aux retraités locaux – l'une d'entre elles, peintre de profession, a dessiné une affiche devenue depuis populaire dans toute la ville. « Je ne veux pas de vos fleurs, je veux mon Ukraine », pouvait-on lire sur celle-ci.
Depuis – d'après uneinterview anonyme donnée par l'une des trois militantes au média allemand Deutsche Welle (DW)– des centaines de femmes se sont identifiées au mouvement des mavkas et résistent quotidiennement. Comme beaucoup d'autres groupes partisans ukrainiens, ZlaMavkaa commencé à agir sur les réseaux sociaux et la plateforme de messagerieTelegram. Les affiches de l'artiste peuvent d'ailleurs être téléchargées au format PDF, ce qui les rend d'autant plus faciles à diffuser.
La mavka, un emblème de la culture ukrainienne
En Ukraine, la mavka est une figure folklorique, une variante locale de la « Rusalka », un personnage de la mythologie slave. C'est une femme évoquant l'amazone et associée aux cours d'eau. Dans certaines croyances populaires ukrainiennes, les mavkas sont des femmes mortes noyées ; dans d'autres, ce sont celles qui n'ont jamais été baptisées. Elles sont mentionnées pour la première fois dans l'Eneïda, une parodie de l'œuvre de Virgile imaginée par Ivan Kotliarevsky, un des pères de la littérature moderne ukrainienne à la fin du XVIIIe siècle.
Sous sa plume, les sirènes virgiliennes deviennent des mavkas des Carpates. La variation linguistique adoptée par le poète dans son œuvre – empruntée au dialecte ukrainien parlé dans la ville de Poltava – a permis de poser certaines règles grammaticales de la langue ukrainienne.
C'est à l'autrice et poétesse ukrainienne Lessia Oukraïnka que l'on doit l'importance de la mavka dans la littérature ukrainienne. Cette militante féministe et progressiste – une des figures de proue du mouvement pour l'indépendance de l'Ukraine pendant la période tsariste dite de la « prison des peuples » – a également participé à la fondation du Parti social-démocrate ukrainien. Quelques mois avant sa mort en 1911, elle consacrait à ces figures mythologiques aux cheveux verts un poème dramatique en trois actes.
Au printemps 2023 sortait d'ailleurs un film d'animation ukrainien inspiré de l'œuvre de Lessia Oukraïnka. Dans Le Royaume de Naya, le personnage principal est une jeune femme aux cheveux verts, semblable aux descriptions des mavkas présentes dans la littérature ukrainienne et dans les légendes populaires. Curieusement, son image s'est même répandue auprès des cinéphiles occidentaux au moment même où les trois résistantes de Melitopol ont commencé à l'utiliser comme symbole contre l'occupation russe.
Résister, une vie semée d'embûches
Dans le sud de l'Ukraine, l'armée russe et ses services administratifs tentent de légitimer leur présence, ou du moins de pousser la population locale à l'accepter sans résistance. L'espoir illusoire que ses soldats caressaient aux premiers jours de l'invasion, imaginant que les Ukrainiens accueilleraient l'armée de Poutine avec des fleurs et des larmes de joie, semble avoir disparu depuis longtemps.
Seule une minorité d'habitants vit encore dans la région, par choix ou par contrainte. De petites villes comme Vouhledar comptentparfois moins d'un trentième de leur population en 2021. Pour les journalistes occidentaux et locaux, ces irréductibles restent une énigme. Difficile de comprendre leurs opinions et leur mode de vie tout en évitant la propagande du Kremlin (qui est omniprésente, mais pas absolue), notamment parce que tout journaliste qui n'est pas accrédité auprès des autorités russes se voit refuser l'accès à la région.
Dans les territoires occupés par Moscou depuis le 24 février 2022, la majorité des survivants sont des personnes âgées. Elles ne sont pas en mesure de se réfugier ailleurs ou ne veulent simplement pas quitter leur maison, même si celle-ci a été endommagée lors des combats. L'intransigeance de ces habitants a beau être d'une humanité désarmante, ça n'empêche pas les Russes d'essayer de transformer leur épuisement et leur indifférence en loyauté.
Marianna Soronevitch, une militante italo-ukrainienne, raconteque de nombreux habitants de Melitopol ne rechignent pas à encaisser l'allocation retraite offerte par Moscou (tout en continuant de recevoir celle distribuée par le gouvernement ukrainien) ou à profiter des aides humanitaires russes. Tant que la Russie peut distribuer ces aides, cela suffit à apaiser une partie de la population qui ne cherche qu'à survivre. Ce genre de manœuvres peut en partie expliquer pourquoi il n'y a pas encore eu de grande rébellion dans les zones de l'Ukraine illégalement occupées par la Russie.
Néanmoins, rien de tout ça n'a empêché la naissance d'un mouvement de résistance clandestin au sein de la population plus jeune et plus motivée qui a décidé de rester à Berdiansk, Marioupol, Melitopol et Volnovakha.
Même en Crimée – d'où la plupart des Ukrainiens et des Tatars opposés à Moscou ont été contraints de fuir en 2014 – un groupe d'environ sept mille partisans tatars, ukrainiens et russes ethniques continue ses actions. Connu sous le nom d'Atech, il agit depuis un an dans d'autres zones occupées et même sur le territoire russe. Au début du mois de mai, Atech a revendiqué une tentative d'assasinat de l'écrivain nationaliste Zakhar Prilepine. Depuis 2014, ce dernier – partisan du leadeur national-bolchévique Edouard Limonov – amplifie ses attaques vis-à-vis de l'Ukraine, s'en prenant même aux artistes russes opposés à l'invasion, comme Oleg Kulik.
Prix à payer
Certains mouvements de résistance sont connectés les uns aux autres, notamment grâce à des groupes Telegram. L'un des plus importants est probablement le mouvement de résistance civile « Yellow Ribbon » (« Ruban jaune », ndlr.), créé à Kherson pendant l'occupation de la ville en mars 2022, et devenu entre-temps de plus en plus actif dans d'autres régions, y compris en Crimée et dans le Donbass.
Moscou est persuadée de pouvoir maîtriser les pires révoltes grâce à ses méthodes habituelles : la peur et la répression. Mais dans un contexte où même des enfantssont tués pour des tentatives de sabotage (comme cela a été le cas pour Tigran Ohannisyan et Nikita Khanganov à Berdiansk), et où une publication sur Facebook peut vous envoyer sept ans en prison, chaque geste, aussi petit soit-il – comme celui des mavkas – prend une importance extraordinaire.
Oleksandra Matviïtchouk, fondatrice du Centre pour les libertés civiles – une ONG ukrainienne lauréate du prix Nobel de la paix 2022, aux côtés de l'activiste biélorusse Alès Bialiatski et de l'ONG russe Memorial – soutient les mavkas. « Les Ukrainiennes sont en première ligne contre l'occupant et apportent une énorme contribution, aussi bien au front dans les territoires occupés qu'à l'arrière. Ne mettez pas les Ukrainiennes en colère ! Le courage n'a pas de genre »souligne-t-elle dans un appel.
Refuser un passeport ou une allocation russe, taguer un mur en jaune et bleu, peindre un trident ukrainien sur une clôture, ou simplement refuser de coopérer avec les occupants peuvent paraître des actes de protestation bien anodinscomparés à la violence extrême observée partout ailleurs pendant cette guerre. À Melitopol – à l'époque où le mouvement des mavkasémergeait – un groupe inconnu avait par exemple fait exploser la voiture dans laquelle se trouvait le maire placé par les Russes.
Mais ce serait oublier les risques liés aux gestes publics d'opposition au régime russe et l'importance de ces actions coordonnées et réfléchies.
Dans une interview, le fondateur de Yellow Ribbon souligneque de nombreux citoyens des zones occupées se méfient des formes de protestation, même symboliques, et craignent que les services secrets ou les autorités russes surveillent et poursuivent les Ukrainiens « politiquement dangereux ».
Les risques sont d'autant plus grands pour les femmes, notamment celles qui vivent seules ou dans des endroits isolés des zones occupées. Sur les chaînes prorusses qui tournent dans les foyers de Melitopol, une véritable « chasse aux femmes » est mise en œuvre, et les mavkas y sont dénoncées comme des saboteuses.
Les soldats russes sont connus pour leur brutalité ; à l'égard des femmes, elle prend la forme de violences sexuelles. De nombreux témoignages émergent des zones nouvellement libérées par les forces ukrainiennes, suivis par de nombreuses enquêtes et investigations.
Dans un tel climat, toute forme de résistance a de la valeur. Les Ukrainiens habitant dans les zones occupées ont adopté une stratégie de survie passive. Cependant, des mouvements comme celui des mavkas suivent une autre approche : celle de ne pas renoncer, même si le prochain acte de résistance pourrait, malheureusement, être le dernier.
Source : Andrea BRASCHAYKO in Valigia Blu, traduit par Gabriella GRUSZKA
https://solidarity-ukraine-belgium.com/les-mavkas-en-colere-ces-femmes-en-premiere-ligne-de-la-resistance-ukrainienne/
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Journée internationale de la démocratie - Mouvement Démocratie Nouvelle
15 septembre 2024 | lettre
Bonjour Bernard,
En cette Journée internationale de la démocratie, qui a lieu le 15 septembre de chaque année, permettez-nous de souligner l'historique du Mouvement Démocratie Nouvelle, de faire état de la situation de la démocratie représentative, en particulier au Québec, et de présenter les objectifs du mouvement pour les prochaines années.
Le Mouvement Démocratie Nouvelle a été fondé en 1999, suite à la distorsion qui avait permis au Parti Québécois de Lucien Bouchard, l'année précédente, de former le gouvernement avec moins de votes que le Parti libéral ; la même distorsion s'était produite en 1966 quand les libéraux avaient perdu le pouvoir aux mains de l'Union nationale, alors qu'ils avaient récolté 150,000 voix de plus que l'UN ; Ce genre de distorsion s'est produit cinq fois depuis 1792.
Le MDN s'est donné pour objectif de faire la promotion du mode de scrutin à finalité proportionnelle, afin de mieux refléter la volonté populaire, viser une représentation égale des femmes et des hommes, incarner la diversité québécoise, permettre le pluralisme politique, et enfin assurer l'importance des régions dans la réalité québécoise.
Ce mode de scrutin proportionnel mixte, s'il était mis en place comme le proposaient le projet de loi 39 déposé par la CAQ et le projet de loi 499 de Québec Solidaire, réduirait les distorsions qui se sont produites lors de l'élection générale d'octobre 2022, au cours de laquelle la CAQ a formé le gouvernement avec un peu moins de 40% du vote et 90 députés sur 125, alors que le PQ, le PLQ et QS ont chacun recueilli à peu près 14% des voix ; mais à cause de la concentration de leur vote à Montréal, le PLQ a fait élire 21 députés, QS 11 députés, tandis que le PQ, dont le vote était réparti sur l'ensemble du territoire québécois, n'a récolté que 3 députés. Le Parti conservateur, de son côté, s'est vu attribuer environ 13% du vote, mais aucun député.
Le MDN fait donc la promotion du mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire, où la moitié des députés seraient élus avec le système actuel, tandis que l'autre moitié serait élue en fonction de l'appui accordé par les électeurs aux partis politiques. Le terme « compensatoire » signifie que l'appui des électeurs aux partis politiques compense les distorsions dont nous avons parlé plus haut. Cette méthode existe en Allemagne, en Écosse et en Nouvelle-Zélande et y est généralement très appréciée ; les partis y sont obligés de former des coalitions durables ce qui fait qu'il n'y a pas là-bas davantage d'élections que nous n'en connaissons au Québec et que les gouvernements y sont stables. Dans un tel système, les citoyens ont véritablement l'impression que leur voix compte et que leur point de vue est pris en considération.
Contrairement à ce que les opposants à la proportionnelle mettent de l'avant, il n'y aurait pas deux classes de députés (locaux et régionaux). En Écosse, par exemple, les députés locaux et régionaux ont la même obligation de défendre les citoyens et leurs intérêts ; avec ce mode de scrutin, la représentation régionale serait plus forte, plurielle et arc-en-ciel.
Au Québec, notre système électoral n'a jamais réellement conduit à une démocratie vraiment représentative, à cause de ses constantes distorsions. Quand Robert Bourassa, en 1973, avait recueilli environ 50% du vote exprimé, le résultat avait été l'élection de 102 députés libéraux sur 110. L'objectif démocratique poursuivi par le MDN serait, en regard de cette distorsion, que, lorsqu'un parti politique reçoit 50% du vote, il fasse élire, plus ou moins, 50% des députés.
Le MDN : souhaite que les politiciens (CAQ, PQ, QS, Parti vert) respectent leur parole donnée solennellement en 2018 (le PLQ n'avait pas voulu signer). Que tous les partis, même le PLQ, confiné depuis 2022 dans le West Island, se rendent compte que seule la proportionnelle mixte compensatoire peut leur permettre une représentation dans toutes les régions du Québec.
Mouvement pour la Suite du Monde
Nous désirons de plus vous rappeler que le Mouvement pour la Suite du Monde, auquel s'est joint le MDN, organisera de grandes marches à Montréal, Québec et dans d'autres villes, marches pour lesquelles nous sollicitons votre participation, le 27 septembre prochain. Voici à ce sujet le communiqué de presse du mouvement, publié le 29 août dernier. Vous trouverez également sur Facebook les détails sur ces différentes marches et manifestations. Au plaisir de vous y voir !
Le Mouvement pour la Suite du Monde revendique que cesse la prise de nombreuses décisions en déni de toute démocratie et qu'un véritable engagement soit pris par nos gouvernements pour faire face à la transition sociale et environnementale. Le site web est https://pourlasuitedumonde.ca/
Appuyez le Mouvement Démocratie Nouvelle !
Devenez membre du MDN et/ou contribuez en vue d'une plus juste démocratie !

La presse algérienne dénonce le score « soviétique » du Président Tebboune

Le miracle s'est produit en ce jour de pluie et d'inondations sur la terre d'Algérie. Le président algérien sortant, Abdelmadjid Tebboune, a été réélu pour un deuxième mandat avec près de 95% des voix, a annoncé dimanche le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Sur un total de 5.630 millions de « votes enregistrés, 5.320 millions ont voté pour le candidat indépendant » Tebboune, « soit 94,65% des voix », a déclaré Mohamed Charfi. Le président de l'Anie n'a pas fourni de nouveaux chiffres sur le taux de participation, après avoir annoncé dans la nuit « un taux moyen de 48% à la fermeture des bureaux », samedi à 20h00 (19h00 GMT).
Tiré de MondAfrique.
Le score du Président sortant est contesté par de nombreux observateurs. Abdelmadjid Tebboune aurait été gratifié d'une « réélection » avec un taux à la soviétique, d'après un éditorial de Yacine K. dans Le Matin d'Algérie
N'en jetez pas plus. Tebboune (79 ans) voulait être réélu avec un score qui ferait pâlir Kim Jong-un, le voilà bien servi ! Donc, l'Algérie est repartie pour 5 ans avec un chef d'Etat jamais avare de grandes déclarations… sans lendemains.
En revanche, ses faiseurs de roi n'ont eu aucune pitié pour ses deux lièvres,Youcef Aouchiche (2,16%) et Abdelaali Hassani Cherif (3,17 %). Ils les ont pourvus de taux particulièrement ridicules. Ils auraient pu leur renvoyer l'ascenseur pour services rendus. Même pas… Comme quoi, il n'y a absolument rien à attendre de ce régime.

Tout indiquait que cette élection n'en serait jamais une. Avec un ministre de l'Intérieur, comme directeur de campagne du chef de l'Etat, fallait-il attendre autre chose ? Le régime a tout balisé depuis des mois. Répression tous azimuts, musellement des voix dissidentes, association des médias lourds et journaux dans une entreprise de manipulation à grande échelle pour faire avaler les potions les plus imbuvables que pouvaient imaginer les crânes d'oeuf de Tebboune.
Ensuite, il y a eu l'épisode des annonces des taux de participation hier par Mohamed Charfi. Le taux de participation a commencé modestement le matin avant de bondir dans l'après midi. Puis à 17h, les chiffres s'affolent dans la bouche de l'auguste président de l'ANIE. Ils passent sans coup férir de 26,45% à 48,03%. Et 19,57% pour la communauté nationale établie à l'étranger. Ces taux restent provisoires ce soir.
Et comme les réjouissances ne sont pas finies, demain, le taux de participation au niveau national franchira allègrement les 50%. Voilà qui confortera l'oncle Tebboune qui s'estimait mal élu en décembre 2019. Ainsi, il pourra poursuivra, sans retenue, son oeuvre d'immobilisme mortifère du pays.
Quant à ses deux lièvres, finis les plateaux télé, les sorties publiques… ils se feront oubliés dès demain pour leur formidable participation à cette parodie.
*Source : Le Matin d'Algérie
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Stoppons le financement du Fonds National Juif
Le 5 septembre dernier, Journée internationale de la charité instaurée par l'ONU dans le but de sensibiliser et mobiliser les acteurs de la société civile au besoin de lutter contre les inégalités dans le monde, a été retenu par le Mouvement pour une Paix juste, l'Institut canadien de politique étrangère et Voix juives indépendantes, afin d'exiger la fin du financement au Canada au Fonds national juif (FNJ) et aux organismes similaires qui soutiennent le génocide du peuple palestinien qui a cours.
Des rassemblements ont été tenus dans 20 villes canadiennes devant les bureaux de l'Agence de revenu du Canada (ARC). Le statut d'organisme de charité a été révoqué au FNJ le 10 août dernier après plus d'une dizaine d'année de lutte. Toutefois le FNJ est en appel de cette décision et c'est pourquoi cette mobilisation pancanadienne s'est tenue.
À Montréal, une militante rappelait que le JNF Canada a depuis longtemps violé la loi fiscale canadienne et s'est soustrait aux réglementations gouvernementales. La révocation du statut d'organisme de charité au FNJ indique que cette victoire est le prélude à la poursuite de la lutte contre les nombreux organismes de bienfaisance au Canada qui continuent de soutenir les poussées expansionnistes israéliennes tant à Gaza, qu'en Cisjordanie et à Jérusalem Est grâce à leur statut d'organisme de charité qui leur est toujours octroyé.

Northvolt, développement durable ou pas endurable ?

À la lumière des dernières informations recueillies dans Le Devoir, la situation avec l'usine Northvolt s'annonce périlleuse dans tous les sens du terme pour tout le monde. (1)
Rappelons-nous les paroles même du Ministre de l'environnement, Benoit Charrette, qui disait : « on ne fait pas de BAPE, car ça n'aurait pas passé… », ou « si on avait fait un BAPE la compagnie serait allée aller ailleurs… ». En fait, si la compagnie était allée à New-York, nous aurions économisé 7 milliards de dollars et nous pourrions tout de même acheter leurs batteries.
Le BAPE n'aurait pas passé ; devrions-nous interpréter cela comme le projet n'a pas d'allure ou n'est pas assez bon ? En fait le gouvernement a changé la Loi afin de permettre à Northvolt d'échapper au BAPE. C'est alors qu'on nous a laissé entendre que la fenêtre requise pour l'implantation et la mise en production de l'usine Northvolt était étroite ; ils avaient un carnet de commandes et il n'y avait pas de temps à perdre dans cette course contre la montre pour aller vers le bon développement vert et « durable ». Cherchez l'erreur… maintenant lorsque la compagnie nous dit qu'elle doit revoir ses plans et se mettre sur pause momentanément afin de résoudre certains problèmes… ! Mais lesquels ?
La police suédoise enquête au sujet d'employés qui ont été victimes d'accidents. La presse anglophone relate quatre morts. La compagnie a dû ralentir. Leur carnet de commande est en train de se vider et d'autres compagnies optent pour les modèles de voitures hybrides.
Lors des séances tenues avec les citoyens de McMasterville et de St-Basile, les représentants du gouvernement ont maintes fois mentionné qu'ils n'avaient pas les réponses à nos questions et qu'il n'y a pas de normes pour ce genre d'industrie au Québec. Pas de normes ! Doit-on comprendre cela comme : ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent ! ? Ce serait un vœu pieux de penser que le bon gouvernement établira de bonnes normes, lorsqu'on sait qu'ils ont rehaussé les normes pour le nickel dans l'air près du port de Québec et pour plaire ou faciliter les choses à la Fonderie Horne. Cette fonderie est l'exemple criant que le Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatique ne se tient pas debout.
Selon Northvolt qui a besoin de 9 milliards de litre d'eau annuellement, l'eau rejetée dans la rivière après avoir été utilisée dans son complexe industriel ne représentera pas de risque pour l'environnement, puisqu'elle sera « traitée par une usine de traitement sur le site ». Elle promet de se conformer aux « normes de rejet qui seront établies pour le projet de Northvolt Six selon la qualité de la rivière Richelieu à l'état actuel… Nous attendons patiemment de connaître ces normes… Et selon le directeur de la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP), M Branchaud, les informations que nous avons ne sont pas rassurantes. Le principe de précaution devrait s'appliquer pour le chevalier cuivré et il faudra faire beaucoup de tests avant de déterminer les rejets adéquats pour la faune (1) et j'ajouterais pour le citoyen qui boit l'eau de la rivière Richelieu. Fait à noter, le gouvernement Legault s'est opposé à la Loi de protection du chevalier cuivré en 2021, pour des raisons économiques. (2)
Le gouvernement nous a présenté Northvolt comme une compagnie exemplaire, mais elle accumule les calamités financières : on voit des gains privés et des pertes socialisées et c'est nous qui payons toutes les factures en bout de ligne.
« Aux larmes citoyens » n'est pas une option envisageable. Nous ne les laisserons pas saccager notre eau et notre environnement. Les armes que nous avons sont multiples : des plumes bien aiguisées, des langues bien pendues qui transmettent toute l'information et la vérité aux voisins et aux élus, en formulant toutes nos réticences et inquiétudes qui jusqu'à maintenant n'ont pas été prises en considérations : BAPE écarté, normes inexistantes ou rehaussement des niveaux pour divers contaminants dont le nickel. C'est inquiétant pour les abeilles qui y sont très sensibles et pour nos pommiculteurs dans la région qui ont besoin de ces pollinisateurs.
Nous avons sauvé les baleines avec l'invention du kérosène autour des années 1850. Ça ne veut pas dire que les baleines vont très bien. Et nous pourrions avoir à sauver les humains prochainement si nous ne pensons pas à nous développer de façon véritablement durable. Le nombre de claims miniers a bondi de 83,000 au cours de la dernière année, ce qui représente 10% du territoire. (3) Il est question de claims pour extraire le lithium, le cobalt, le nickel, le graphite et j'en passe.
Et encore une fois, si c'est nous qui devrons payer pour la décontamination de ces sites miniers, on est du bon monde ! Ecologie ou escrologie ! On a qu'à penser aux sous que Fitzgibbon donne à Nemaska Lithium. (4)
Il y a plusieurs années, Pierre Béland, écotoxicologue, ramassait des carcasses de bélugas le long du Fleuve St-Laurent et à quelques reprises il en a fait acheminer vers l'Institut Vétérinaire de St-Hyacinthe. Nous apprenions qu'un de ces bélugas était tellement contaminé, que le transporter aurait pu être illégal. C'est connu, les toxines s'accumulent dans nos tissus graisseux. Des études en témoignent. (5) Si Northvolt s'installe dans notre région, il n'y aura pas que les bélugas qui vont souffrir, mais toute la faune et les citoyens de la région. Pensez-y.
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Québec solidaire, l’indépendance et la lutte dans l’État canadien

Dans un communiqué envoyé récemment, la direction de Québec solidaire exprimait sa position concernant les élections fédérales à venir. Elle rappelait que les instances du parti n'appuyaient aucun parti ou candidature et que ce devoir d'impartialité s'appliquait à toutes les personnes élues et porte-paroles des instances locales et régionales.
Cette position n'est pas complètement différente de ce qui a été décidé par le passé, le CCN s'est toujours abstenu d'appuyer un parti politique lors des élections fédérales.
Lors du Conseil national de mars 2019 les membres avaient adopté la position suivante :
Il est proposé qu'en prévision des prochaines élections partielles fédérales et des
élections générales qui se tiendront à l'automne :
a) Les instances de Québec solidaire (Comité de coordination national, comités de
coordination régionaux et locaux, Aile parlementaire, etc.) n'appuient directement
ou indirectement aucun parti ou candidature ;
b) Que ce devoir d'impartialité s'applique également aux personnes élues des
instances nationales de Québec solidaire ainsi qu'aux porte-parole des instances
locales et régionales ;
c) Qu'aucune ressource humaine, logistique, informationnelle ou financière de
Québec solidaire et de ses instances ne soit mise à la disposition d'un parti
politique fédéral ;
d) Que les autres membres de Québec solidaire, sur une base individuelle, soient
invités à soutenir le parti qui représente le mieux leurs valeurs en s'engageant à y
défendre les principes et le projet de société de Québec solidaire.
Le problème majeur cependant, est que cette position évacue tout le débat politique concernant notre stratégie dans l'État canadien.
Par le passé, la direction de QS considérait important de se préoccuper de la solidarité avec les travailleurs et travailleuses et les mouvements sociaux du Reste du Canada, même si la consigne de vote est demeurée complexe au niveau fédéral.
Lors des élections de 2015 le CCN (dont je faisais partie) avait décidé ce qui suit : « Que dans le cadre de l'élection fédérale, QS intervienne publiquement sur les enjeux qu'il jugera prioritaire pour mettre de l'avant sa propre vision solidaire. Que QS continue à s'impliquer dans la solidarité des peuples dans l'État canadien sur des questions comme l'austérité et les changements climatiques et qu'il fasse la promotion du droit à l'autodétermination du Québec. On convient de la nécessité de faire le bilan de notre position de neutralité après la tenue des élections. »
Le CCN avait mis sur pied un sous-comité de réflexion qui avait produit le document suivant :
Texte du sous-comité de réflexion : A : Élections fédérales
« Quelle que soit notre position, les élections fédérales nous interpellent. D'une part parce que la politique fédérale nous concerne. Le débat engendré au Québec par les politiques conservatrices et le désir de chasser Harper le démontre. D'autre part il y a un lien politique et organisationnel évident entre le BQ et le PQ. La gouvernance fédéraliste vient compléter la gouvernance souverainiste. Il y a ici une confusion des genres. Le Bloc est une extension du PQ qui vient couvrir leur angle mort sur la scène fédérale, ce faisant il s'adresse en bonne partie à nos militants et militantes et à notre clientèle électorale. Pour ces raisons nous serons toujours la cible des bloquistes même si nous ne prenons pas position, ou plutôt parce-que nous ne prenons pas position pour eux. Il sera donc nécessaire de nous démarquer afin de sortir de notre position défensive. Il n'y a pas beaucoup d'issue, tenant compte de notre position d'abstention. Cependant si nous avons une position de neutralité quant à l'élection, nous ne sommes pas neutres en ce qui concerne les enjeux.
Nous pouvons mettre l'accent sur les enjeux énergétiques en démystifiant les positions des partis concernant le pétrole et Énergie Est.
Notre travail de solidarité avec les progressistes du reste du Canada et les peuples autochtones met en lumière notre vision différente de la souveraineté ; construire une solidarité des peuples contre l'austérité mais aussi solidaires de la lutte sociale pour la souveraineté au Québec. »
Le CCN avait ensuite adopté en décembre 2016 une résolution visant à formaliser le travail pancanadien :
« André Frappier présente le document déjà envoyé et les objectifs poursuivis. Cela fait deux ans qu'il a entamé ces travaux avec d'autres progressistes canadiens. Il fait également état des activités et conférences organisées régulièrement. L'expérience de Québec solidaire a su inspirer plusieurs groupes progressistes du reste du Canada. Ce serait bien que ce travail soit un peu plus formalisé et que ce dossier soit reconnu au sein du comité de coordination national. Ainsi, ce pourrait être d'autres personnes du CCN qui participe à ces activités et, si nécessaire, un soutien financier pourrait être accordé. »
« Que ce travail avec les progressistes canadiens soit formalisé en confiant cette responsabilité aux porte-parole (qui pourront déléguer au besoin) et qu'un budget soit accordé lorsqu'il y a représentation formelle au nom de QS. Qu'on informe autant que possible nos membres sur la gauche canadienne. »
Durant cette période plusieurs militants et militantes de QS, dont Amir Khadir, Benoit Renaud, Jessica Squires, Roger Rashi, Andrea Levy et moi-même, ont participé ou initié des conférences dans le Reste du Canada et travaillé à créer un réseau militant qui a duré quelques années.
Bien que cette résolution soit toujours valide, cette perspective a été mise de côté. Depuis 2018 la direction de QS n'a effectué aucun travail dans ce sens.
Quelles perspectives ?
Le changement de société que nous revendiquons ne peut se réaliser dans le cadre de l'État canadien, qui a démontré son rôle antidémocratique à plus d'une reprise envers les décisions du Québec. Le Canada est un État impérialiste où les partis bourgeois sont les accessoires, les portes tournantes entre les fonctions ministérielles et celles des chefs d'entreprise en font foi.
Plus de 75% des sociétés mondiales d'exploration ou d'exploitation minière ont leur siège social au Canada et près de 60% de celles cotées en Bourse s'enregistrent à Toronto à cause des avantages juridictionnels et réglementaires réservés par le Canada à ce secteur d'activité. L'ex premier ministre Brian Mulroney et l'investisseur Paul Desmarais ont fait partie du Conseil international de Barrick Gold, une des pétrolières présentes au Nigéria TG World Energy Corp. de Calgary était représentée par l'ancien premier ministre Jean Chrétien et Joe Clark a représenté les intérêts de First Quantum Mining en Afrique. [1]
Par son historique politique et culturel et d'oppression nationale, le Québec constitue le maillon faible où il est possible de réaliser un projet de société au moyen de l'indépendance. Mais ce projet ne se fera pas sans riposte. Le scandale du programme des commandites (1996 à 2004) dont les malversations avaient été révélées par la commission Gomery en 2004 n'est qu'un pâle exemple des capacités dont l'État canadien peut utiliser pour conserver le statu quo fédéral. Le love-in d'octobre 1995 à Montréal au moment du référendum du PQ, où des milliers de citoyens et citoyennes de Reste du Canada sont venus influencer le vote référendaire le démontre également. Parmi les milliers de personnes qui investissent le centre-ville de Montréal, on trouve des Néo-Brunswickois venus dans des autocars nolisés par la pétrolière Irving, des étudiants venus d'aussi loin que Vancouver grâce à un rabais de 90 % d'Air Canada, des employés de la municipalité d'Ottawa-Carleton qui ont obtenu un congé payé, etc. [2]
Pour contrer ces offensives, l'indépendance du Québec ne pourra se réaliser que par une mobilisation large de la population du Québec dans un projet de société démocratique, inclusif et égalitaire. Mais ce projet doit dès maintenant interpeller les progressistes de Reste du Canada au fait qu'ils ont intérêt à appuyer la lutte d'émancipation sociale au Québec et qu'il en va également de leur avenir. Dans ce combat, soutenir la bourgeoisie canadienne irait contre leurs propres intérêts.
Si les options soumises lors des élections fédérales ne sont pas appropriées et que le choix pour la direction de QS s'avère la neutralité, il demeure à tout le moins essentiel de construire un réseau de solidarité avec les progressistes du Reste du Canada et en lien avec les peuples autochtones. Il faut trouver des pistes alternatives, on ne peut pas seulement demeurer neutre et attendre que le train de droite nous passe dessus.
Nos camarades catalans de la CUP ont innové lors des deux dernières élections espagnoles et ont décidé de présenter leurs propres candidatures (en Catalogne). Au printemps dernier, j'ai tenté d'organiser une rencontre virtuelle avec ces camarades et des membres de la direction de QS afin de discuter avec eux des conclusions de leurs expériences. Le processus a finalement échoué par manque de disponibilité.
Il faut persévérer dans cette réflexion, s'inspirer des expériences internationales et trouver nos propres solutions alternatives. Chose certaine, avec la montée de l'extrême droite nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de demeurer les bras croisés.
André Frappier
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Les Soulèvements du fleuve : ces cousins québécois des luttes françaises

Au Québec, le fleuve Saint-Laurent et ses berges sont artificialisés. Les collectifs de défense se regroupent au sein des Soulèvements du fleuve, inspirés des Soulèvements français.
3 septembre 2024 | tiré du site reporterre.net
Du haut de ce talus en plein cœur de Montréal, nous sommes en équilibre entre deux mondes. D'un côté, le quartier de Maisonneuve, avec des enfants qui jouent, des gens qui se baladent dans la forêt, ce poumon vert qui accueille des chauves-souris, et la migration du papillon monarque, une espèce protégée. De l'autre, du béton, du macadam et des centaines de conteneurs de toutes les couleurs empilés sur des dizaines de mètres de hauteur.
« Ici, c'étaient des bois auparavant. C'est là que nos enfants ont appris à marcher. On faisait des pique-niques tous les week-ends. Aujourd'hui, il n'y a plus rien, tout est asphalté », dit Anaïs Houde, militante de Mobilisation 6600, un regroupement citoyen qui s'oppose à la réindustrialisation des berges du fleuve Saint-Laurent.
Agrandissement de ports, nouvelles autoroutes ou zones industrielles... Dans la province du Québec, les projets portés par le lobby de la logistique fleurissent — tout en bétonnant et privatisant les berges du fleuve. Depuis l'été, tous les collectifs en lutte contre cette Silicon Valley québécoise ont décidé de se regrouper à travers Les Soulèvements du fleuve, un mouvement inspiré des Soulèvements de la Terre en France. L'idée ? « Montrer que nous ne sommes pas des luttes locales isolées, mais que l'on se bat pour un enjeu global. Et au passage, fournir un discours théorique et politique sur ce que ce monde-là nous prépare », explique Joris Maillochon, lui aussi membre de Mobilisation 6600.
D'ici, on ne voit même pas le fleuve Saint-Laurent, pourtant tout près, caché par d'immenses grues. « Oh, un renard qui se balade au milieu des conteneurs », s'amuse Joris Maillochon. C'est une partie du boisé Steinberg, au sud de Montréal, que la compagnie privée Ray-Mont Logistics veut raser pour y implanter la plus grande plateforme de transbordement d'Amérique du Nord. Cette installation permettrait à l'entreprise de multiplier son activité par quinze.
Balance ton mégaport
Plus au nord de Montréal, le port de Contrecœur devrait, lui, doubler sa capacité actuelle, dans le but d'accueillir 1 million de conteneurs par an. « Pour cela, ils vont couper 22 000 arbres, c'est énorme, explique Gilles Dubois, militant d'une vigie citoyenne qui s'oppose à ce mégaprojet. Sans compter les milliers de camions qui vont venir ici chaque jour pour décharger des marchandises. »
À Lévis, petite ville en face de Québec, le Collectif Sauvetage veut sauvegarder 272 hectares de terres agricoles, de forêts et d'érablières vouées à disparaître pour un « complexe industriel et portuaire ». « Nous sommes près de superbes falaises, où je me balade souvent en kayak. C'est une bordure sauvage, sans aucun habitant, avec beaucoup d'arbres, de fleurs et d'animaux rares. Ce sont les terres de mes grands-parents. Rien à faire, ils veulent détruire encore et encore », souffle Michel Bégin-Lamy, militant du collectif.

Alors, les militants s'organisent. Le 16 juin dernier, après le camp climat organisé au boisé Steinberg, Les Soulèvements du fleuve sont entrés par effraction sur le terrain de la plateforme Ray-Mont Logistics pour « désarmer » le lieu. Ils ont, entre autres, couvert des engins de peinture, crevé des pneus et ouvert des conteneurs à la meuleuse.
À travers Les Soulèvements du fleuve, ces militants masqués veulent ouvrir la porte à une radicalité plus assumée. « L'action directe, pourquoi pas, ça permet de rendre les contradictions plus visibles. Mais la lutte ne peut pas être totalitaire, elle ne doit pas oublier le reste », analyse Gilles Dubois. « D'un côté, on organise des manifestations familiales et pacifistes, des barbecues, des ateliers, une foire paysanne, des jeux pour les enfants... Et de l'autre, des personnes masquées construisent un mur de briques sur un boulevard ou taguent des machines. C'est le fun de travailler ensemble », sourit Anaïs Houde.
« Quand j'ai vu ce que Les Soulèvements de la Terre ont fait cet été en bloquant le port de La Rochelle, j'étais vraiment impressionné, dit Joris Maillochon. Les militants sont allés jusqu'au bout de la chaîne pour montrer jusqu'où vont les dangers de l'agro-industrie. C'est cohérent et ça permet de peser dans les médias. On a compris qu'il fallait que l'on sorte de notre quartier pour gagner !

Sur le talus du boisé Steinberg, la présence des militants n'est pas la bienvenue. Une compagnie de sécurité privée surveille l'endroit 7j/7. Ils redescendent. En contrebas, les habitants des résidences voisines ont installé des pancartes sur des grilles : « Le port nous envahit », « Canopée en phase terminale » ou encore « Résister et fleurir ». Si le projet de plateforme logistique voit le jour, des dizaines de rails ferroviaires vont être construits ici. Au-dessus de nos têtes, un échangeur d'autoroute sortira de terre pour « fluidifier » le trafic. Les riverains s'inquiètent de l'augmentation de la circulation qui affecterait grandement la qualité de l'air.
Dans le bas Saint-Laurent, des militants s'opposent au prolongement de l'autoroute 20 entre Rimouski et Trois-Pistoles, un projet directement lié à l'explosion de l'activité économique en bord de fleuve. « C'est une question de santé mentale, explique Sébastien Rioux, du collectif Non à la 20. L'autoroute va passer juste à côté du village, là où les gens se baignent tous les jours. Ils se vantent de vouloir construire le plus haut pont du Québec. Quelle fierté, waouh ! »
Le silence complice du gouvernement
« À chaque fois, ce sont les pouvoirs publics qui construisent avec notre argent des infrastructures qui servent uniquement aux intérêts des grandes compagnies privées », se désole Joris Maillochon.
Pour l'agrandissement du port de Contrecœur, les gouvernements du Canada et du Québec vont, par exemple, investir plus de 1,4 milliard de dollars dans le cadre du plan de stratégie maritime « Avantage Saint-Laurent ». « On investit des milliards pour seulement créer un millier d'emplois, ce n'est rien du tout », argue Gilles Dubois.

Au boisé Steinberg, ancienne friche industrielle, le ministère de l'Environnement a même soutenu que raser la forêt et mettre de l'asphalte était la meilleure solution pour sauvegarder la faune et la flore. « Évidemment, quand il n'y a plus de nature, tout est protégé », ironise Anaïs Houde. Contacté, le ministère des Transports et de la mobilité durable du Québec n'a toujours pas répondu à notre demande d'interview.
Ces projets de bétonisation des berges du fleuve datent tous de plusieurs décennies. « On croirait que nos politiques sont encore dans les années 1950, où l'on pensait que la croissance économique allait sortir les gens de la pauvreté. Avec les enjeux écologiques actuels, cette logique-là ne tient plus la route », poursuit Gilles Dubois. « On veut réussir ici ce qui se passe en France, bien que la situation soit différente du point de vue colonial et historique, conclut Joris Maillochon. Créer des cortèges comprenant un large spectre qui va des élus et familles aux groupes anarchistes autonomes. C'est vraiment inspirant. »
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De Fitzgibbon à Fréchette : l’objectif de privatisation de l’électricité reste le même

À l'aube de l'étude du fumeux PL 69 sur la dépossession de notre bien commun qu'est l'électricité, nous venons de vivre un réel séisme politique et ce n'est pas un hasard. Pierre Fitzgibbon, le père du projet de loi controversé, s'est fait montrer la porte qu'il avait lui-même entrouverte. Pour réussir à faire passer la couleuvre qu'est PL 69, le miel est de mise. La stratégie bulldozer du ministre aux propos provocateurs qui a permis à la CAQ d'opérer un siphonnage sans précédent de milliards et milliards de $ d'argent public vers des affairistes aux projets douteux a atteint ses limites.
Il a même réussi à avoir la réputation de ne pas avoir la « langue de bois », tant il s'amusait à mêler des vérités de la palisse et des faussetés. Un savant mélange qui ne faisait que détourner l'attention du public des véritables enjeux de privatisation du bien commun qui se jouent en coulisse.
Le choix de Christine Fréchette comme ministre remplaçante qui est aux antipodes de son prédécesseur démontre l'habileté des apparatchiks caquistes. Décrite comme studieuse et efficace, elle évite habilement de contredire le premier ministre. Elle a un ton plus posé et une attitude moins arrogante. Toutefois, cela ne devrait pas nous faire oublier que le changement de joueur vise principalement à faire baisser la pression de la mobilisation contre le PL 69 sans en changer les fondamentaux.
L'abandon du Pl 69 serait la meilleure solution
Marwah Rizqy du PLQ, QS ainsi que plusieurs groupes environnementaux, de consommateurs et syndicaux ont raison de demandé l'abandon pur et simple du pl 69 et la mise en place d'une vaste consultation publique sur l'énergie. Le PL 69 n'est tout simplement pas réformable. Malheureusement, la CAQ en choisissant de changer de porte-parole à la veille du début des audiences ne permet pas au mouvement de prendre l'ampleur nécessaire.
La seule alternative : filibuster le PL 69
Comme la CAQ est majoritaire, la seule chose que les oppositions contrôlent c'est le temps. Elles peuvent proposer amendement après amendement et utiliser tout le temps permis par député et ainsi aaaaallllllonger l'étude du projet de loi à ne plus finir. Il n'y a que le bâillon qui permettrait à la CAQ de couper court et de voter le PL 69. Or, cette procédure exceptionnelle ne peut être utilisée qu'une seule fois par session. C'est pourquoi il faudrait filibuster également un 2e projet de loi encore plus cher aux yeux de la CAQ, afin que le bâillon soit utilisé sur ce 2e projet de loi.
Comme ma demande de participer aux consultations du PL 69 a été refusée, j'offre mon aide à un ou des partis d'opposition qui voudrait filibuster le PL 69. J'ai acquis à l'Assemblée nationale une assez bonne expérience en ce domaine.
Martine Ouellet, ing., MBA
Cheffe de Climat Québec
Ancienne ministre des Ressources naturelles
SOURCES :
climat.quebec
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États-Unis - Harris, en quête d’une majorité, passe à droite

La vice-présidente Kamala Harris, qui est désormais la candidate démocrate d'un parti enthousiaste, a connu un succès initial phénoménal.
Hebdo L'Anticapitaliste - 719 (05/09/2024)
Par Dan La Botz
Depuis son entrée en lice le 21 juillet, elle et son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, ont levé 540 millions de dollars, organisé des appels Zoom impliquant des centaines de milliers de partisanEs et tenu des rassemblements de milliers de personnes. Les NoirEs, les Latinos, les femmes et les jeunes électeurEs sont à l'origine de sa montée en puissance. Son parti la soutenant fermement, elle s'est tournée vers la droite pour tenter de rallier les indépendants et peut-être même certains républicains.
Du centre à la droite
En tant que candidate à la présidence lors des primaires démocrates de 2020, Kamala Harris s'est d'abord présentée comme une progressiste. Mais lorsqu'elle a été critiquée, elle s'est rapprochée du centre libéral, puis a perdu des soutiens en raison de ses hésitations, et a finalement abandonné avant les élections primaires. Cette fois-ci, elle n'a pas l'intention de commettre une telle erreur. Elle est au centre et apprend à droite.
Dans son discours d'acceptation à la Convention nationale du parti démocrate (DNC), elle s'est montrée ardemment patriotique. L'Amérique, a-t-elle déclaré, « est la plus grande nation du monde » et « la plus grande démocratie de l'histoire du monde ». Elle a promis qu'« en tant que commandante en chef, je veillerai à ce que l'Amérique dispose toujours de la force de frappe la plus puissante et la plus meurtrière au monde. » Et elle a ajouté : « Je veillerai à ce que ce soit l'Amérique, et non la Chine, qui remporte la compétition du 21e siècle. Et que nous renforcions – et non abdiquions – notre leadership mondial ». Les organisateurs de la Convention ont veillé à ce que la salle soit remplie de milliers de drapeaux américains et à ce que les déléguéEs scandent « USA », deux caractéristiques généralement associées aux républicains.
Renoncements sociaux et écologiques
Kamala Harris a modéré ses positions antérieures sur plusieurs autres questions. Autrefois opposée à l'assurance maladie privée et partisane d'une assurance publique universelle, elle a abandonné cette position en 2020. Autrefois opposée à la fracturation hydraulique, elle l'accepte aujourd'hui car s'y opposer pourrait lui coûter l'État clé de Pennsylvanie, où cette activité est un élément important de l'économie et un pourvoyeur d'emplois. Elle a également soutenu la position selon laquelle toutes les voitures devraient avoir zéro émission d'ici à 2040, mais elle ne soutient plus l'idée d'une subvention pour les véhicules électriques. De même, après l'affaire Black Lives Matter, elle était favorable à la réduction des budgets de la police et à l'augmentation des fonds alloués aux services sociaux. Elle n'est plus favorable à la réduction des budgets de la police. Elle s'est d'abord opposée au mur frontalier de l'ancien président Donald Trump, puis, lorsque le président Joe Biden a accepté l'idée, elle a fait de même. Elle déclare aujourd'hui que si le projet de loi bipartisan prévoyant un mur frontalier est adopté par le Congrès, elle le signera. En 2020, elle a soutenu un programme de rachat obligatoire des armes d'assaut de type militaire (Lillis et Schnell, « 5 issues », The Hill, 29/08/24)
La question de la Palestine
À propos du Moyen-Orient, elle adhère au soutien de Biden à Israël tout en soutenant nominalement un cessez-le-feu. Elle a déclaré dans son discours d'acceptation : « Le président Biden et moi-même nous efforçons de mettre fin à cette guerre afin qu'Israël soit en sécurité, que les otages soient libérés, que les souffrances à Gaza cessent et que le peuple palestinien puisse exercer son droit à la dignité. À la Sécurité. À la liberté. Et à l'autodétermination ». Des mots nobles. Mais ils ne sont accompagnés d'aucune proposition concrète susceptible d'aboutir à un tel résultat, comme la réduction de l'aide militaire à Israël.
L'approche de Harris semble fonctionner. Le dernier sondage réalisé par USA Today et Suffolk University montre qu'elle devance Trump de 48 % à 43 %, et qu'elle a mis en balance quatre États qui penchaient auparavant en faveur de Trump : l'Arizona, la Géorgie, le Nevada et la Caroline du Nord. Tous ces États sont déterminants pour l'élection. Harris et Trump débattront le 10 septembre.
Avant l'entrée en lice de Harris, des centaines de milliers d'électeurEs du Parti démocrate opposéEs à la politique des États-Unis à l'égard de la Palestine ont voté sans s'engager lors des élections primaires. La question de savoir comment ils voteront lors de l'élection du mardi 5 novembre reste ouverte. Malgré toutes les positions problématiques de Harris, elle reste le seul moyen de vaincre Trump.
Dan La Botz, traduit par la rédaction
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