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Justice en Syrie : quand les paroles deviennent des actes

25 mars, par Romain Ruiz — , ,
Au lendemain des massacres commis contre la communauté alaouite le 9 mars 2025, rares sont ceux qui ont cru Ahmed al-Chaara lorsqu'il annonçait la création d'une commission (…)

Au lendemain des massacres commis contre la communauté alaouite le 9 mars 2025, rares sont ceux qui ont cru Ahmed al-Chaara lorsqu'il annonçait la création d'une commission d'enquête indépendante et promettait la fin de l'impunité après 54 ans de dictature. Des paroles aux actes, il n'y a pourtant qu'un pas.

Tiré du blogue de l'auteur.

« Au nom de la liberté, ce mot-mélodie, ce Saint-Esprit, je déclare qu'arrêter une personne dont l'arme est le mot et non le fusil est au sens moral une pure pratique criminelle, et qu'un pays où le mot est considéré comme un crime pour lequel on peut être condamné est un pays qui ne mérite pas de vivre ni même d'être enterré » [1].

Dans son plaidoyer devant la Cour suprême de l'Etat, le poète Faraj Bayrakdar dénonçait en 1993 la vision de la « justice » qu'avait le régime d'Hafez al-Assad et ce sentiment, diffus, qui étreignait déjà le peuple syrien, pour qui la justice n'existait pas autrement que par le fouet, la mort et la corruption.

Pendant le demi-siècle qu'aura duré le régime criminel du clan Assad, la justice n'était pas seulement un vain mot, ce n'était plus un mot, tout court.

L'idée selon laquelle le régime pouvait être jugé, ou même traduit devant une quelconque juridiction nationale ou internationale s'était ainsi évaporée, pour n'être plus qu'un songe, pas même un rêve, encore moins un horizon.

Lorsqu'au lendemain des massacres commis contre la communauté alaouite le 9 mars 2025 Ahmed al-Chaara a annoncé la création d'une commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur les exactions commises par plusieurs factions liées à sa nouvelle coalition de défense nationale, peu de syriens ont donc cru à ces promesses.

Du nord au sud, de l'est à l'ouest et par delà les frontières, les observateurs nationaux et internationaux pariaient en coeur sur une répression armée, l'étouffement des massacres ou encore sur le fait que le nouveau régime fermerait comme l'ancien les yeux sur les crimes commis à l'encontre d'une communauté dont étaient issus les Assad.

Cette réaction par le droit a pris le monde à rebours.

Il s'agissait pourtant d'un signe politique simple, basique, mais au combien irréel pour un peuple qui avait depuis longtemps fait le deuil de la responsabilité de ses dirigeants.

Là où Ahmed al-Chaara espérait offrir aux syriens un moyen de « préserver l'unité nationale et la paix civile autant que possible »[2] beaucoup voyaient dans ce geste un pur engagement politicien, une nouvelle parole, sans actes.

Le 11 mars dernier, lors d'une conférence de presse à Damas, Yasser al-Farhane, membre de la commission annoncée par Charaa s'est pourtant exprimé pour annoncer que « la nouvelle Syrie est déterminée à garantir la justice, à faire prévaloir l'État de droit, à protéger les droits et libertés de ses citoyens, à empêcher toutes représailles extrajudiciaires et à garantir l'absence d'impunité »[3].

Par trois décrets du 19 mars 2025, le Ministère de la Justice syrien vient ensuite d'annoncer la révocation de plusieurs magistrats historiquement affiliés au régime Assad, la nomination de nouveaux procureurs généraux, de nouveaux juges d'instruction et de nouveaux juges civils à Deraa, à Tartous, ainsi que la création de nouveaux tribunaux.

Ces annonces vont elles-aussi dans le sens des engagements d'Ahmed al-Charaa et sonnent comme une preuve, cette fois-ci concrète, de l'engagement du nouveau régime visant à offrir au peuple syrien les moyens d'une justice transitionnelle qu'il attend depuis 54 ans et la prise de pouvoir d'Hafez al-Assad.

Le 13 février dernier, quelques jours avant que nous ne rendions à Damas avec Raphaël Kempf, le ministère de la Justice avait déjà entamé cette transition en transférant de 87 magistrats ayant exercé des fonctions au sein du « Tribunal antiterroriste » d'Assad (procureurs généraux, chargés d'investigations, membres de la Cour pénale de cassation) au département de l'inspection judiciaire afin d'enquêter sur ce qu'ils ont pu faire dans le cadre de cette juridiction où, toujours selon Faraj Bayrakdar, « même les lois d'exception étaient violées »[4].

Ce que nous avons par la suite vu en Syrie, c'est avant tout une soif infinie de justice, éprouvée par tous, du chauffeur de taxi au maitre d'hôtel, de la serveuse d'un restaurant branché de Bab Touma au vendeur de chaussettes à l'effigie de Bachar à deux pas de la mosquée des Omeyyades. C'est aussi le spectacle émouvant de centaines de syriens qui se pressent chaque jour aux abords des enceintes judiciaires, autour et à l'intérieur du palais de justice de Damas, que nous avons vu assailli par des proches de disparus, de déplacés, de manquants. Ce sont enfin ces affichettes, qui constellent les rues des visages de centaines de prisonniers de Sednaya ou d'ailleurs, collées partout par leurs familles dans l'espoir que quelqu'un ait un jour vu ce frère, ce père, cette soeur que l'on cherche depuis 10, 15 ou 20 ans.

Ancien magistrat en exil devenu juge au Tribunal de Jarablus, Abdulhay al-Tavil déclarait déjà au lendemain de la révolution du 8 décembre 2024 : « mon objectif actuel en tant que juge syrien est de rendre justice à mon peuple, de poursuivre les criminels qui ont nui à la Syrie et de garantir que les victimes de ce régime et de ses éléments criminels obtiennent leurs droits ».

Peut-être plus encore que le travail, l'indépendance ou la sureté, c'est aujourd'hui la justice que réclame un peuple qui en a été privé dans des proportions peut-être jamais connues à l'échelle de l'humanité.

Le peuple syrien n'a toutefois pas seulement besoin de justice, il a besoin de pouvoir la rendre lui-même.

Fréquemment confrontées à des périodes transitoires telle que celle qui se joue actuellement en Syrie, les nations unies ont théorisé depuis la fin des années 80 le concept de « justice transitionnelle », qui a notamment permis aux peuples argentins et chiliens de se reconstruire après la destitution de régimes militaires, ou encore les peuples sud africains et soviétiques après après la fin de l'apartheid ou la chute de l'URSS.

Or ce processus n'est pas seulement important pour l'avenir d'un peuple, il est aussi primordial pour qu'il prenne un chemin démocratique.

L'impératif de justice qui nait forcément après un traumatisme aussi important que celui subi par les syriens doit donc non seulement être mis en œuvre rapidement, mais il doit aussi l'être selon une approche locale et impliquante pour la population, sans tomber dans l'usage trop lointain des mécanismes de justice internationale tels que la CPI (à laquelle la Syrie n'est toujours pas partie), les Tribunaux spéciaux ou la traduction en justice de responsables par une ou plusieurs puissance(s) étrangère(s)).

Selon les derniers travaux du rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition de l'ONU Bernard Duhaime : « la justice transitionnelle ne prend toujours pas suffisamment en considération l'influence du colonialisme, les torts qu'il a causés et les conséquences de l'exercice du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes »[5].

Dans un article publié en 2016, Matiangai Sirleaf, professeure de droit à l'université de Pittsburgh, a par ailleurs démontré l'impérieuse nécessité de laisser aux tribunaux nationaux le droit de juger eux-mêmes des crimes commis sur leur territoire[6]. Ce que démontre par ailleurs Adam Baczko dans son ouvrage consacré à l'énigmatique succès de la justice talibane, qui fait le constat de ce que « le problème empirique que nous posent les guerres civiles contemporaines n'est pas l'effondrement ou l'absence de droit mais bien la multiplication de systèmes juridiques concurrents »[7].

Toutes les études modernes démontrent d'ailleurs que la mise en œuvre d'enquêtes et le rétablissement rapide d'un pouvoir judiciaire local sont des conditions absolument décisives pour permettre la reconstruction puisqu'il s'agit pour la population d'envisager à nouveau un Etat fonctionnel et d'investir enfin des mécanismes de justice qu'elle n'a, jusqu'alors, pas connu[8].

Le sentiment d'unité nationale, la nécessité de réparation et la recherche d'un nouveau destin commun passent ainsi nécessairement par des gestes politiques forts tels que ceux récemment recensés en Syrie.

Dans ce moment historique, et alors que la légitimité du nouveau régime est contestée sur le plan international, l'investissement du nouveau pouvoir de Damas dans une justice fonctionnelle, transparente et vidée des affidés d'Assad ne peut donc qu'être salué.

Des paroles aux actes, il n'y a qu'un petit pas pour l'homme, mais un grand pour l'humanité.

Notes

[1] "Syrie le pays Brûlé - Le livre noir des Assad", p.182

[2] https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/syrie-le-president-al-charaa-sous-pression-apres-le-massacre-de-civils-alaouites-2153021

[3] https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250311-violences-dans-l-ouest-de-la-syrie-la-commission-d-enqu%C3%AAte-d%C3%A9termin%C3%A9e-%C3%A0-garantir-la-justice

[4] https://sana.sy/fr/?p=331267

[5] Rapport du Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition du 18 juillet 2024, p.18

[6] Legal Studies Research Paper Series Working Paper No. 2017-01 January 2016 “The African Justice Cascade and the Malabo Protocol” Matiangai V. S. Sirleaf

[7] Adam Baczko, « La Guerre par le droit », CNRS-Éditions, mai 2024

[8] www.europarl.europa.eu/meetdocs/2004_2009/documents/fd/droi20060828_definition_/droi20060828_definition_en.pdf

[6] Aya Mjazoub, directrice régionale d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

[7] https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/12/syria-preserve-evidence-of-mass-atrocities/

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Les attaques d’Israël contre la santé reproductive à Gaza sont « génocidaires » selon une enquête de l’ONU

25 mars, par Association France Palestine Solidarité — , , , ,
Les experts de l'ONU affirment qu'Israël a « intentionnellement attaqué et détruit » le principal centre de fertilité du territoire palestinien. Tiré de Association France (…)

Les experts de l'ONU affirment qu'Israël a « intentionnellement attaqué et détruit » le principal centre de fertilité du territoire palestinien.

Tiré de Association France Palestine Solidarité
14 mars 2025

Photo : Des femmes gazaouies effondrées par les massacres commis par l'armée israélienne, février 2024 © Volker Türk, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme

Israël a commis des « actes génocidaires » à l'encontre des Palestiniens en détruisant systématiquement les installations de soins de santé pour les femmes pendant sa guerre contre Gaza et en utilisant la violence sexuelle comme stratégie de guerre, ont déclaré des experts des Nations unies.

Jeudi, la Commission d'enquête internationale indépendante, basée à Genève, a déclaré dans un nouveau rapport qu'Israël avait « intentionnellement attaqué et détruit » le principal centre de fertilité de Gaza, tout en empêchant les médicaments destinés aux grossesses, aux accouchements et aux soins néonatals d'entrer dans l'enclave.

Dans son rapport, la commission a constaté que les autorités israéliennes « ont détruit [...] la capacité de reproduction des Palestiniens de Gaza en tant que groupe par la destruction systématique des soins de santé sexuelle et reproductive », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Elle a ajouté que cela représentait « deux catégories d'actes génocidaires » au cours de l'offensive israélienne à Gaza, lancée après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Pour sa part, « Israël rejette catégoriquement les allégations infondées », a déclaré sa mission à Genève dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a quant à lui condamné l'enquête de l'ONU pour « fausses accusations, y compris des affirmations absurdes ».

« Le cirque anti-israélien connu sous le nom de Conseil des droits de l'homme de l'ONU est depuis longtemps considéré comme un organe antisémite, corrompu, soutenant le terrorisme et non pertinent », a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué publié par son bureau jeudi.

Crime de guerre par homicide volontaire

Le rapport indique que les maternités et les services ont été systématiquement détruits à Gaza, de même que le centre de fécondation in vitro Al-Basma, la principale clinique de fertilité in vitro du territoire.

Il indique qu'Al-Basma a été bombardé intentionnellement en décembre 2023, détruisant environ 4 000 embryons dans une clinique qui accueillait entre 2 000 et 3 000 patients par mois.

La commission n'a trouvé aucune preuve crédible que le bâtiment était utilisé à des fins militaires.

Elle a déclaré que la destruction « était une mesure destinée à empêcher les naissances parmi les Palestiniens de Gaza, ce qui est un acte génocidaire ».

L'ancien coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, a déclaré à Al Jazeera : « Il est bon que l'ONU parle maintenant de génocide, car jusqu'à présent, elle était très prudente avec ce mot ».

S'il a déclaré que les preuves du génocide étaient « incontestables » et que les conclusions étaient « attendues depuis longtemps », il s'est gardé de dire que la Cour internationale de justice (CIJ) ou la Cour pénale internationale (CPI) traduiraient les responsables en justice.

« S'agira-t-il d'une demande juridiquement exécutoire ? Je ne le pense pas », a-t-il déclaré à propos des conclusions du rapport.

Le rapport a été publié après que la commission a organisé des auditions publiques à Genève mardi et mercredi, au cours desquelles elle a entendu des victimes et des témoins de violences sexuelles.

Elle a conclu qu'Israël avait pris directement pour cible des femmes et des jeunes filles civiles, « actes qui constituent le crime contre l'humanité de meurtre et le crime de guerre d'homicide volontaire ».

La commission a ajouté que le déshabillage et la nudité forcés en public, le harcèlement sexuel, y compris les menaces de viol, ainsi que les agressions sexuelles, font partie des « procédures opérationnelles standard » des forces israéliennes à l'égard des Palestiniens.

Traduction : AFPS

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« Que doivent faire les Palestiniens ? Mourir en silence ? »

Israël a repris la guerre contre la bande de Gaza mardi 18 mars, tuant dans ses bombardements des centaines de personnes. Mediapart s'est entretenu avec Raji Sourani, avocat (…)

Israël a repris la guerre contre la bande de Gaza mardi 18 mars, tuant dans ses bombardements des centaines de personnes. Mediapart s'est entretenu avec Raji Sourani, avocat gazaoui, fondateur du Centre palestinien pour les droits humains, de passage à Paris.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
19 mars 2025

Par Gwenaëlle Lenoir, Raji Sourani

Une fois de plus, des enfants, des femmes, des hommes massacrés par dizaines, des structures de santé déjà en miettes débordées, des blessé·es et des survivant·es couvert·es de cette poussière grise du béton fracassé par les bombes israéliennes. Une fois de plus des familles à pied, le corps ployant sous les quelques biens qu'elles peuvent emporter, fuyant après en avoir reçu l'ordre de l'armée israélienne. Une fois de plus, la bande de Gaza en territoire martyr.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a donc décidé, dans la nuit de lundi 17 mars à mardi 18 mars, de lancer l'aviation israélienne contre une population, à Gaza, qui tentait tant bien que mal, au milieu des privations imposées, des deuils sans fin, de célébrer le mois de ramadan, propice aux longues veillées et au rassemblements familiaux.

Mercredi soir, Nétanyahou a pleinement assumé. Ces nouvelles frappes ne sont « que le début », a averti le premier ministre israélien. Le Hamas « a déjà ressenti notre force ces dernières vingt-quatre heures. Et je veux vous assurer, à vous et à eux : ce n'est que le début », a affirmé Benyamin Nétanyahou dans une allocution télévisée.

Du nord au sud, l'enclave a été écrasée sous les bombes mardi. Un des correspondants de la chaîne qatarie Al Jazeera en anglais sur place, Tareq Abou Azzoum, a déclaré à son média : « La plupart des bombardements aériens ont visé des quartiers densément peuplés, des écoles de fortune et des immeubles résidentiels où les gens se sont réfugiés. »
En fin de matinée mardi, le ministère de la santé à Gaza annonçait 404 morts en quelques heures, ajoutant que de nombreuses victimes se trouvaient toujours sous les décombres. Ces nouvelles tueries interviennent après près de deux mois de trêve, durant lesquels le niveau de violence infligé à la population de Gaza avait considérablement baissé.

Un communiqué du gouvernement israélien indique que ces bombardements « font suite au refus répété du Hamas de libérer [les] otages ainsi qu'à son rejet de toutes les propositions qu'il a reçues de l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs ».

C'est pourtant bien Benyamin Nétanyahou qui, le premier, a rompu l'accord de cessez-le-feu signé avec le Hamas le 15 janvier, grâce aux médiations qatarie et égyptienne et sous forte pression des émissaires de Donald Trump, qui avait promis un arrêt de la guerre pour son investiture le 20 janvier.

L'accord, contraignant, prévoyait trois phases. La première, du 19 janvier au 1er mars, prévoyait un arrêt des hostilités, la libération des otages israélien·nes les plus fragiles encore retenu·es dans Gaza et celle de dizaines de prisonnières et prisonniers palestiniens, le retrait des soldats de l'État hébreu de la plupart des zones du territoire palestinien et le retour possible dans le nord de l'enclave de la population qui en avait été chassée.

Seule cette phase a été respectée.

La deuxième comprenait la libération du reste des captifs et captives, le retrait total de l'armée israélienne de la bande de Gaza et l'arrêt définitif des hostilités, avant le début de la reconstruction, durant la troisième phase.

Condamnations

Plusieurs jours avant le 1er mars, au lieu de négociations sur la mise en œuvre de la deuxième étape du cessez-le-feu, Benyamin Nétanyahou l'a remise en cause, exigeant la prolongation de la première phase et la libération, en une fois, de tou·tes les otages. Il a été appuyé par l'envoyé spécial américain Steve Witkoff.

Devant le refus du Hamas de céder à ces nouvelles exigences, le gouvernement israélien a, en violation du cessez-le-feu et du droit international, décidé d'interrompre toute entrée d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne, puis a coupé l'approvisionnement en électricité qui permettait le fonctionnement de la plus grande centrale de dessalement d'eau de Gaza.

Au moins cent personnes ont également été tuées par l'armée israélienne pendant la trêve. À chaque fois, Tel-Aviv a affirmé qu'il s'agissait de militants armés, ce que des témoins, sur place, ont, dans une partie des cas, démenti.

De nombreuses fois, le gouvernement israélien a brandi la menace d'une reprise de la guerre, alors que les familles des otages exigeaient, elles, une application de la deuxième phase pour obtenir la libération des captives et captifs vivants et le retour des dépouilles de celles et ceux qui sont morts à Gaza.

Le premier ministre a donc mis cette menace à exécution, en soulignant que les États-Unis avaient été prévenus et avaient approuvé les bombardements. Mardi dans l'après-midi, l'ambassadrice états-unienne aux Nations unies par intérim a, devant le Conseil de sécurité, rejeté l'entière responsabilité de la reprise de la guerre sur le Hamas.

Nombre d'autres États, dans le monde entier, les ONG, l'ONU ont condamné l'action israélienne ou s'en sont inquiétés.

Sur le plan intérieur israélien, sans surprise, les formations d'extrême droite se sont félicitées de la reprise des bombardements. Le parti d'Itamar Ben-Gvir, qui a quitté le gouvernement en janvier pour protester contre le cessez-le-feu, a annoncé son retour au sein du cabinet.

Les familles des otages, déjà en colère à l'annonce, dimanche, du limogeage du chef du Shin Bet, ont appelé à manifester à proximité de la résidence du premier ministre à Jérusalem, alors que plusieurs captifs récemment libérés critiquaient la décision de bombarder à nouveau Gaza, et accusaient le gouvernement d'avoir « condamné à mort » celles et ceux qui sont encore détenus dans le territoire palestinien.

Les opposants au premier ministre soulignent que ce nouvel épisode belliqueux lui évitede comparaître à son procès au pénal pour corruption, Benyamin Nétanyahou arguant de réunions urgentes de sécurité alors même que sa demande de report avait été retoquée par le parquet il y a deux jours.

Mediapart a rencontré à Paris Raji Sourani, avocat, fondateur et directeur du Centre palestinien pour les droits de l'homme (PCHR), principale organisation de défense des droits humains de la bande de Gaza. Il est quelques jours en France pour une série de rencontres qu'il mène avec Yuli Novak, présidente de l'organisation israélienne B'Tselem, et Shawan Jabarin, directeur de l'organisation Al-Haq, de Ramallah.

Mediapart : Êtes-vous surpris par la reprise des bombardements israéliens sur la bande de Gaza et le massacre perpétré la nuit dernière ?

Raji Sourani : Absolument pas. Le génocide est en cours depuis dix-huit mois et quelques. Même le cessez-le-feu du 19 janvier n'y a pas mis fin, il a simplement fait baisser le niveau des tueries. Maintenant les Israéliens les reprennent à plein régime. Et cela est possible parce que personne ne demande de comptes à Israël. Personne ne critique le génocide en cours. Personne ne veut mettre fin au génocide. Israël juge donc qu'il a le droit de tuer et de faire ce qu'il veut.

Vous avez travaillé avec l'Afrique du Sud pour la constitution et la présentation de la plainte pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ). Pour l'instant, les décisions de cette instance et celles de la Cour pénale internationale (CPI), les mandats d'arrêts émis contre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, n'ont aucun résultat concret. La justice internationale est-elle mise en échec ?

Tout d'abord, je pense que l'Afrique du Sud s'est bien comportée et qu'elle est entrée dans l'histoire lorsqu'elle a présenté le cas à la CIJ au nom de la Palestine et des Palestiniens, et qu'elle a porté la notion d'État de droit à l'attention du monde entier. Je pense que cette leçon a été très dure pour les pays occidentaux coloniaux et racistes qui, non contents de regarder le génocide sans rien faire, l'ont soutenu en disant qu'Israël pratiquait l'autodéfense.

En janvier, février et avril 2024, trois mesures provisoires consécutives ont été prises, demandant l'entrée immédiate de l'aide humanitaire et de la nourriture dans la bande de Gaza. Mais Israël ne s'y est pas plié, et le monde, une fois de plus, n'a pas agi pour mettre en œuvre ces mesures. Ensuite, nous avons eu le mémoire déposé par l'Afrique du Sud en octobre 2024. Cela signifie que vous compilez les crimes d'une année. Après cela, nous devons attendre encore six mois pour la réponse israélienne à ce sujet.

Pendant ce temps, Israël a lancé une attaque criminelle contre le nord de Gaza, une attaque sans précédent, même pour Gaza. Ensuite, ils ont entamé la deuxième phase de la guerre génocidaire en Cisjordanie. Elle a commencé à partir du nord et au-delà. Troisièmement, le blocus de Gaza a repris. Et même avec l'accord qu'ils ont conclu [le cessez-le-feu du 15 janvier – ndlr], ils ont bloqué Gaza à nouveau. Même le peu de nourriture qui était censé entrer, ils l'ont bloqué. Cela fait vingt jours.

D'un point de vue juridique, quelque chose bouge. Mais la justice est lente dans ces tribunaux, et on ne s'attend pas à ce que les choses soient conclues en six mois ou un an.

© Photo Palestinian Centre for Human Rights

La justice n'est-elle pas impuissante ? Nous avons entendu plusieurs pays, dont la France, affirmer qu'ils n'arrêteraient pas Benyamin Nétanyahou si celui-ci venait sur leur territoire, malgré le mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale.

La CPI et la CIJ n'ont pas d'armée ni d'organe chargé de l'application de la loi. L'armée et l'organe chargé de l'application de la loi pour la CIJ et la CPI, ce sont les États. Donc si les démocraties occidentales éclairées ne respectent pas les décisions les plus importantes des tribunaux, qui va les appliquer ? Nous sommes au bord d'une situation sans précédent, où le droit international devient sélectif et politisé. Quelle serait la réaction si 17 000 enfants, des Israéliens, étaient tués, quelle serait la réaction si 14 000 femmes, des Israéliennes, étaient tuées ? C'est ce qui se passe à Gaza.

Avez-vous le sentiment que le peuple palestinien se voit dénier le droit au respect du droit international ?

Les Américains ont introduit la terminologie du droit à l'autodétermination, qui a ensuite été adoptée par l'ONU et est devenue partie intégrante du droit international. L'autodétermination signifie que tout peuple soumis à la répression, à l'oppression, au colonialisme a le droit de décider de son destin et de son avenir par tous les moyens. C'est exactement ce à quoi l'Ukraine a eu droit lorsqu'elle a été envahie et occupée par la Russie.

Que doivent faire les Palestiniens ? Être de bonnes victimes ? Mourir en silence ?

Devrions-nous alors être blâmés lorsque nous avons recours au droit, au droit international ? La CPI et la CIJ ne sont pas des inventions des Palestiniens, le droit international, le droit international humanitaire non plus. Ni la Convention pour la prévention du génocide. Nous y avons eu recours et nous l'avons utilisée efficacement. Mais il semble que nous vivions dans un monde où règne la loi de la jungle, et non l'État de droit.

Mais quelle est la différence entre des terroristes, des criminels et des gens civilisés ? C'est la loi. Si vous ne respectez pas la loi, si vous violez la loi, si vous commettez un crime, vous êtes le terroriste, vous êtes le criminel et c'est vous qui devriez être tenu responsable. Mais nous sommes dans Kafka : la pratique de l'occupation, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, la persécution, le génocide, tout cela est couvert.

Que doivent faire les Palestiniens ? Être de bonnes victimes ? Mourir en silence ?

Le droit international est-il mort à Gaza ?

Ils le veulent. Ils veulent que Gaza soit le cimetière du droit international.

Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les déclarations et positions du nouveau président états-unien fragilisent encore plus la loi internationale. Comment réagissez-vous à cela ?

Je ne pense pas que le monde doive agir en fonction de l'humeur de Son Excellence M. Trump. Trump a lancé une attaque sévère et sans précédent contre le système judiciaire mondial. Les deux tribunaux les plus importants de la planète, la CPI et la CIJ, sont l'objet de ses attaques. Déjà lors de son mandat précédent, il a menacé de poursuivre le procureur et les juges de la CPI. Il le refait aujourd'hui.

Aujourd'hui, les dirigeants français disent, en plein génocide, que si Nétanyahou venait en France, il serait le bienvenu et ne serait pas tenu responsable de ce que suggère la plus importante cour de justice au monde.

Nous ne voulons pas que le monde soit l'otage d'un pays, d'un président en particulier. Ils sont du mauvais côté de l'histoire. La communauté internationale, après les très dures leçons des deux guerres mondiales, a dit qu'il existait des crimes et que ceux qui les commettent doivent en répondre. Nous devons nous battre pour cela, et nous devons faire ce que nous avons à faire en tant que communauté internationale.

Vous avez reçu plusieurs récompenses honorifiques en France, de la main des présidents Jacques Chirac et Emmanuel Macron. Comment vous sentez-vous aujourd'hui vis-à-vis de ces honneurs ?

Mal, très mal. J'étais très fier d'avoir reçu ces prix dans le pays qui a diffusé mondialement la devise « liberté, égalité, fraternité ». Je pensais que c'était une reconnaissance non pas de ce que je fais personnellement, mais une reconnaissance des victimes que nous défendons, des droits que nous mettons en avant, du droit de faire respecter la justice et la dignité de l'homme dans cette partie du monde, et d'avoir notre droit à l'autodétermination. Nous avons appris de la France que la résistance, ce n'est pas seulement un droit, mais une obligation pour tout peuple libre.

Et aujourd'hui, les dirigeants français disent, en plein génocide, que si Nétanyahou venait en France, il serait le bienvenu et ne serait pas tenu responsable de ce que suggère la plus importante cour de justice au monde. Nous ne vous demandons pas d'envoyer des armes en Palestine. Nous ne vous demandons pas d'envoyer des volontaires pour prendre les armes et lutter à nos côtés. Nous ne vous demandons pas de nous soutenir légalement ou autrement, mais au moins de prendre une position de base, appropriée, contre ce qui se passe.

Il y a un génocide en cours, diffusé en direct, et le monde entier le regarde. Les Français le savent. L'Europe le sait et ils savent que c'est un crime contre l'humanité. Et ils ne font rien pour y mettre fin. C'est injuste.

Votre équipe réussit-elle à travailler dans la bande de Gaza ?

C'est presque mission impossible. Mais l'équipe accomplit un travail héroïque à Gaza en documentant tous les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, les persécutions et le génocide qui s'y déroulent. Et en portant cela devant les plus importantes instances juridiques au monde, à savoir la CPI et la CIJ.

Vous avez des rendez-vous avec des responsables français. Qu'allez-vous leur dire ?

Arrêtez le génocide. C'est votre devoir. Nous devons choisir le monde que nous voulons. Un monde régi par l'état de droit ou par la loi de la jungle. Si vous choisissez la loi de la jungle, tout le monde en paiera le prix.

Gwenaelle Lenoir

P.-S.

• Mediapart. 19 mars 2025 à 07h39 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/040325/alors-que-la-treve-vacille-les-etats-arabes-presentent-leur-plan-pour-gaza

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Entre Nétanyahou et la procureure générale d’Israël, la “défiance” règne

“Défiance”, titre en première page le quotidien israélien Yediot Aharonot dans son édition du 24 mars avec, dos à dos, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et la (…)

“Défiance”, titre en première page le quotidien israélien Yediot Aharonot dans son édition du 24 mars avec, dos à dos, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et la procureure générale, Gali Baharav-Miara. Le gouvernement israélien a voté dimanche 23 mars, à l'unanimité, une motion de défiance contre la juriste, qui officie également comme conseillère juridique du gouvernement, en vue d'une destitution qui serait inédite.

Tiré de Courrier international.

“Anticonstitutionnel, ce limogeage risque de faire basculer tout le système démocratique israélien dans une autre dimension”, tonne Sever Plocker, corédacteur en chef du journal, classé à droite mais assez critique du cabinet.

Elle est également “accusée à demi-mot de ‘collusion antipatriotique' avec Ronen Bar”, le chef du Shin Bet, les services du renseignement intérieur, que le cabinet israélien a décidé de limoger deux jours plus tôt, poursuit Yediot Aharonot.

Pour Sever Plocker, derrière ces attaques du pouvoir exécutif contre le pouvoir judiciaire se cache une volonté du Premier ministre de se soustraire à plusieurs procès pour corruption ainsi qu'à une commission d'enquête d'État sur la débâcle des attaques du 7 octobre 2023, en s'appuyant sur les partis extrémistes de son gouvernement.

Le titre remarque d'ailleurs l'adoption imminente d'un budget 2025 qui devrait une fois de plus faire “la part belle aux partis religieux ultraorthodoxes”. Il prévoit l'octroi de fonds “sans précédent” aux extrémistes nationalistes religieux dans leurs projets de colonisation de peuplement en Cisjordanie. Le nombre de colons israéliens pourrait “passer de 500 000 à 700 000”, une entreprise “politiquement incendiaire et budgétairement suicidaire”.

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Israël : le gouvernement limoge le chef du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure

Ronen Bar, dont l'annonce du renvoi a provoqué des manifestations, a assuré qu'il se défendrait devant les « instances appropriées », ce qui laisse présager une bataille (…)

Ronen Bar, dont l'annonce du renvoi a provoqué des manifestations, a assuré qu'il se défendrait devant les « instances appropriées », ce qui laisse présager une bataille judiciaire avec l'exécutif.

Tiré d'El Watan.

Le gouvernement israélien a décidé de limoger Ronen Bar, chef du Shin Bet, l'agence de sécurité intérieure, en raison d'une perte de confiance du premier ministre Benyamin Netanyahou. L'annonce a été faite le 21 mars, précisant que Ronen Bar quittera son poste dès la nomination de son successeur ou au plus tard le 10 avril.

Dans une lettre adressée aux membres du gouvernement, Netanyahou évoque une rupture de confiance professionnelle et personnelle persistante avec le directeur du Shin Bet, compromettant la capacité du gouvernement à exercer efficacement ses fonctions. Cette défiance, renforcée durant la guerre, dépasse l'échec du 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a attaqué le sud d'Israël, déclenchant la guerre à Gaza.

Nommé en octobre 2021 pour un mandat de cinq ans, Ronen Bar a déclaré qu'il défendrait sa position devant les instances compétentes. Il a affirmé que son éviction visait à empêcher des enquêtes sur les événements ayant conduit au 7 octobre ainsi que sur d'autres affaires sensibles actuellement examinées par le Shin Bet.

L'annonce de sa révocation a provoqué de vives réactions de l'opposition et des manifestations dénonçant une menace pour la démocratie. Des milliers de personnes ont protesté devant la résidence de Netanyahou et la Knesset, sous une météo défavorable.

Une enquête interne du Shin Bet, publiée le 4 mars, a révélé des failles dans la collecte de renseignements qui auraient pu permettre d'anticiper l'attaque du Hamas. Elle a également critiqué l'exécutif, soulignant que la politique d'apaisement envers le mouvement islamiste palestinien avait contribué à renforcer les capacités militaires du Hamas.

Ronen Bar a rejeté les justifications avancées par Netanyahou, estimant qu'elles masquaient les véritables motivations de son limogeage. Il a évoqué une enquête particulièrement sensible impliquant des proches du premier ministre, suspectés d'avoir reçu des fonds du Qatar, une affaire surnommée « Qatargate » par la presse.

Cette décision intervient alors qu'Israël a repris les bombardements intensifs sur Ghaza après une période de trêve. Netanyahou a assumé la responsabilité de ces frappes, affirmant qu'elles visaient à exercer une pression sur le Hamas pour obtenir la libération des otages encore détenus. Le président israélien Isaac Herzog a exprimé son inquiétude face à cette escalade, soulignant qu'elle risquait de fragiliser la cohésion nationale.

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À côté de la plaque

24 mars, par Sébastien Barraud — , ,
Les vies privées des parlementaires sur les réseaux sociaux, on s'en crisse. Vraiment. Ce qui intéresse le « peuple de gauche », c'est la lutte contre la glissade sur la pente (…)

Les vies privées des parlementaires sur les réseaux sociaux, on s'en crisse. Vraiment. Ce qui intéresse le « peuple de gauche », c'est la lutte contre la glissade sur la pente réactionnaire, écocidaire et militaro-industrielle qui s'accélère.

Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir prévenu. Quand on commence à toucher à un droit fondamental, c'est tous les autres qui y passent par la suite. Sauf ceux que la majorité dominante qualifie de « collectifs ». Et quand on s'en prend aux droits de la personne, il n'y a plus de place pour les droits de la Planète. Comble du cynisme, c'est Macron qui conceptualise la nouvelle bête immonde : l'internationale réactionnaire.

Celle-ci forme un continnum des extrêmes-droites les plus nauséabondes aux droites extrêmes les plus nationalistes. On reconnait leurs membres par une trumpisation du discours, une utilisation normalisée des fausses-nouvelles, une instrumentalisation des paniques morales, un repli identitaire basée sur une insécurité culturelle largement fabriquée et complotiste (Grand Remplacement). Partout elles sont en train de fusionner ou de se vampiriser.

En effet, pour les fachos, les majorités nationales – jamais vraiment définies, toujours autoproclamées, souvent mythifiées – craignent de se dissoudre dans la pluralité, paniquées par les effets interculturels de la mondialisation, de la numérisation et des migrations. Le Québec n'y échappe pas. Au contraire, il s'enfonce.

Car à la plus grande surprise des « experts » médiatiques et des « stratèges » politiques, la prime électorale à la xénophobie, doublée d'une gouvernance caquiste médiocre, profite aux séparatistes identitaires péquistes, qui ont enfin assumés de rejoindre la fachosphère, jusqu'à en adopter la posture populiste « anti-woke », anti-migration et illibérale.

On comprend ce qu'il y a derrière : le remplacement des « de souches » blancs catho-laïques francophones par les québécois « de papiers » aux cultures problématiques par essence. L'immonde lynchage politique et médiatique d'Haroun Bouazzi – les bêtes faisaient même partie de ses « camarades » – en dit long sur la dérive de l'entre-soi médiatico-politique, qui continue de qualifier le PQ de centre-gauche (sic.). La honte.

Euphémisation bien de chez nous

Et oui, ici, c'est aussi comme ça qu'on vit : on relativise le salut nazi du savant fou, les attaques contre la « théorie du genre », les saillies racistes des faiseurs de morale, etc. Et sur les questions identitaires, minoritaires, ou migratoires, Legault, St-Pierre-Plamondon comme Le Pen (exception catho-laïque en moins), partagent un même imaginaire et une même rhétorique avec Poilievre, Trump, Poutine, Modi, Meloni, Orban etc. Chavirant.

Mais parler d'extrême-droite au Québec est un véritable blasphème. Une insulte au « Peuple N Blanc d'Amérique ». Non, le Québec n'est PAS raciste. L'extrême-droite n'y existe pas, il n'existe qu'une droite (et une « gauche ») dites « identitaire ». Terminologie bien commode pour atténuer le réel et la direction devenue dominante qu'a prise le nationalisme québécois.
Désormais, la question nationale québécoise n'est plus seulement une problématique canadienne stricto sensu. Elle est aussi une problématique internationale (migration pas intégrable et qui risque de saper les « valeurs québécoises ») et interne (ennemi·e·s de l'intérieur mal intégré·e·s qui sapent les « valeurs québécoises »).

Dans ces conditions, comment QS va-t-il convaincre ?

La gauche c'est comme l'Amour, les paroles c'est bien…

Car le bilan n'est pas glorieux. Face à l'extrême-droitisation de la société québécoise, on a l'impression que les « élites » de gauche ne veulent ni le croire ni le voir. Comme un aveuglement volontaire sur le racisme, la transphobie ou le fémonationalisme de leurs adversaires. Alors même que QS ne rate pas une occasion de se joindre au concert d'instrumentalisation du Québec bashing. Double standard. Pour rassembler la gauche, c'est pas très winner.

Vous me trouvez dur ? OK. Mais quand même : à propos des paniques morales laïque, linguistique, wokiste et migratoire ; de la remise en cause des droits trans/non-binaires ; du travail du sexe ; du syndicalisme agricole ; du probable génocide du Peuple palestinien et de la criminalisation de sa dénonciation ; du « gouvernement des juges » ; du boycott des médias sociaux ; de la désobéissance civile…

C'était au mieux, le strict minimum, au pire, consternant. Le plus souvent : incompréhensible et toujours en réaction. Moi en tout cas, je ne suis pas satisfait. On va me rétorquer à juste titre que j'ai des griefs personnels et politiques envers le seul parti de gauche québécois crédible. J'en conviens parfaitement, je suis biaisé. Mais tout de même, pensons seulement au déshonneur à propos des problèmes internes et étouffés de féminisme ! (#NadinePoirier = Double honte).

Les actes c'est mieux…

Les nationalistes civiques nous jurent que leur approche n'est pas ethniciste. Mais les faits politiques, les silences gênés, prouvent le contraire selon moi. Chez QS, certains droits fondamentaux méritent une lutte, d'autres moins, et d'autres pas du tout. Les identités ne se valent pas toutes semble-t-il.

C'est sûr que ça me donne plutôt le gout de chanter Ô Canada.

Donc j'anticipe avec appréhension et honte les habituelles contorsions solidaires sur de l'état de droit auquel nous allons avoir droit quant aux projets de loi contre le droit de grève, ou celui pour limiter les signes religieux musulmans dans l'espace public : pour les droits syndicaux ce n'est pas bien, mais sur les signes religieux musulmans c'est autre chose, et la langue ça dépend laquelle. Aïe aïe aïe !

Le fait est que le grand rabougrissement des solidaires montre inlassablement ses effets contre-productifs : les sondages sont en chute libre, le PQ grignote des voix dans certains châteaux forts solidaires. Pour preuve, l'Assemblée générale annuelle de l'association solidaire de chez nous (Hochelaga-Maisonneuve) a pu compter 15 personnes il y a quelques jours. Une asso historique en termes politique et numéraire. Je serai à leur place, je serai inquiet.

Gauche usée ?

Au nom du Pays, à cause du Pays, on nous parle encore et toujours des mêmes stratégies soit radicales, soit réformatrices, mais toujours polies et nationalistes, qui ont déjà démontré leurs inefficacités : comme si les Femmes avaient obtenu leurs droits sans casser.

Et on s'acharne : « on ne parle pas assez du Pays, c'est ça le problème de la gauche québécoise : Le Pays, Pays, Pays ». Really ? En 2025 ?

Ben oui. Notre gauche parlementaire nous raconte ses histoires d'amour et de cabanes à sucre, se fait désirer à la mairie de Montréal, nous écœure avec ses enfants exemplaires de la loi 101 et ses député∙e∙s proche des Régions, du Monde et soi-disant pas d'un boys club. S'interroger sur le nationalisme et la colonialité qui légitiment et renforcent l'identitarisme, et donc l'extrême-droite ?

Non, cette gauche-là a démissionné, au sens propre comme au figuré. Elle nage à contre-courant de l'Histoire, et se retrouve – « au nom du Pays » – l'alliée objective de la contre-révolution néoconservatrice en cours. En tout cas, je n'ai définitivement plus confiance en elle pour défendre tous nos foyers et tous nos droits, ici ou ailleurs.

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Réseau militant intersyndical de QS/Résolutions pour le Conseil national du 5-6 avril 2025

18 mars, par Réseau militant intersyndical de QS — , ,
Voici trois résolutions adoptées en AG par le RMI en vue du Conseil national de Québec solidaire le 5 et 6 avril prochain. La première propose de mettre à l'OJ le lancement (…)

Voici trois résolutions adoptées en AG par le RMI en vue du Conseil national de Québec solidaire le 5 et 6 avril prochain.

  1. La première propose de mettre à l'OJ le lancement d'une campagne politique pour un front uni contre la droite.
  2. La deuxième est une résolution d'urgence pour accentuer l'appui aux licenciés d'Amazon.
  3. La troisième est une résolution d'urgence en appui aux mobilisations contre le PL 89 brimant le droit de grève.

Solidairement,
Roger Rashi
Pour le comité de coordination du Réseau militant intersyndical

1. Face à la montée de l'extrême droite, de l'austérité et de l'antisyndicalisme Lançons une riposte unitaire et populaire

Considérant que le projet de loi 89, dit « Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out », proposé par le gouvernement caquiste, brime le droit de grève, constitue l'une des pires attaques contre le mouvement syndical québécois depuis plus de 40 ans et vise à affaiblir la riposte ouvrière et populaire aux attaques patronales et gouvernementales,

Considérant que la fermeture par AMAZON de ses sept entrepôts au Québec afin d'empêcher la syndicalisation de ses employé-es démontre tout le mépris de cette multinationale américaine, dont le patron Jeff Bezos est un proche allié de Donald Trump, envers la classe ouvrière québécoise et nos lois du travail,

Considérant que le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral vont profiter de la guerre commerciale déclenchée par l'administration Trump pour accroitre les mesures d'austérité, renforcer leurs politiques d'appui aux grandes entreprises et accentuer les reculs au niveau environnemental,

Considérant que lors du 8 mars dernier, un mouvement de groupes sociaux et communautaires, tel que Mères au front, s'est mis en marche pour protester contre la montée de l'extrême droite et de la misogynie, et qu'au courant de l'année qui vient des actions de la Marche mondiale des femmes s'organiseront à travers le monde,

Considérant que les politiques agressives, chauvines, racistes et intolérantes de l'administration Trump favorisent la montée de l'extrême droite -ici et dans le monde- ; briment les droits des femmes, des minorités, et des peuples ; aggravent les tensions géopolitiques et multiplient le danger de guerre,

Nous proposons
que Québec solidaire appuie résolument par une campagne publique, tant au parlement que dans la rue, les mobilisations sociales en cours et favorise leur convergence dans un front uni des luttes contre l'antisyndicalisme, notamment du projet de loi 89, l'austérité et l'extrême droite.

que le lancement d'une telle campagne publique contre le vent de droite est la meilleure façon de mobiliser nos membres, d'activer nos structures régionales et locales et d'accroitre notre appui populaire.

que cette proposition de lancer une campagne publique pour une riposte unitaire et populaire soit mise à l'ordre du jour et discutée lors du Conseil national du 5 et 6 avril prochain.
(Résolution adoptée comme ajout au Cahier de propositions du CN 5-6 avril 2025)

2. Résolution d'urgence en appui aux licenciés d'Amazon

Il est proposé que Québec solidaire :
Appuie énergiquement la campagne de boycottage publique et institutionnelle d'Amazon,

Appuie la revendication des travailleurs-euses licenciés exigeant un an d'indemnités de la part d'Amazon,

Exige le remboursement par Amazon de toutes les subventions accordées par le gouvernement,

Exige que, dans l'éventualité d'un jugement du tribunal administratif du travail contre Amazon, la compagnie délinquante soit interdite d'opérer sur le territoire québécois.

3. Résolution d'urgence en appui aux mobilisations contre le projet de loi 89 brimant le droit de grève

Il est proposé que Québec solidaire :

Continue de dénoncer sans arrêt le projet de loi 89 et toutes les formes de recul que tente d'imposer la CAQ au droit de grève et aux droits des travailleurs et travailleuses,

Appuie les mobilisations qui seraient lancer dans le cadre d'une campagne contre ce projet de loi profondément anti-démocratique et antisyndicale

Critique percutante de Donald Trump et Elon Musk

Critique percutante de Donald Trump et Elon Musk par le représentant du Connecticut John Larsen. Le 14 mars 2025. Traduction et sous-titres, Ovide Bastien. Note : John Barry (…)

Critique percutante de Donald Trump et Elon Musk par le représentant du Connecticut John Larsen. Le 14 mars 2025. Traduction et sous-titres, Ovide Bastien.

Note : John Barry Larson (né le 22 juillet 1948) est un homme politique et homme d'affaires américain. Il est représentant des États-Unis pour le 1ᵉʳ district congressionnel du Connecticut depuis 1999. Ce district est centré sur la capitale de l'État, Hartford. Membre du Parti démocrate, Larson a présidé le caucus démocrate de la Chambre des représentants lors des 111ᵉ et 112ᵉ congrès des États-Unis.
Il y a 5 jours, le représentant John Larson (D-CT) a critiqué Elon Musk et a houspillé ses collègues républicains après que le témoignage de Musk a été bloqué avant une audition du Comité des voies et moyens de la Chambre des représentants le 12 mars 2025.
Auteur de cette note : Henry Zeris

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Quand la barbarie s’attaque à la liberté : L’incendie criminel de Radio Télévision Caraïbes

18 mars, par Smith Prinvil — ,
Dans la nuit du 12 au 13 mars 2025, un acte d'une brutalité révoltante a frappé Haïti en plein cœur. Radio Télévision Caraïbes (RTVC), l'un des plus grands bastions de la (…)

Dans la nuit du 12 au 13 mars 2025, un acte d'une brutalité révoltante a frappé Haïti en plein cœur. Radio Télévision Caraïbes (RTVC), l'un des plus grands bastions de la presse haïtienne, a été réduit en cendres par des criminels armés. Un crime de plus dans un pays plongé dans le chaos ? Non. Une attaque méthodique contre un symbole. Car toucher à la presse, c'est frapper au visage de la démocratie, c'est signifier à une nation que la vérité n'a plus sa place et que le silence doit régner.

Cet incendie n'est pas un simple fait divers ; c'est une déclaration de guerre contre la liberté d'informer. Il s'inscrit dans une longue série de tentatives visant à bâillonner la presse haïtienne, à instaurer un climat de terreur où les journalistes ne sont plus que des cibles à abattre. Que signifie encore l'État de droit si les médias, censés être son quatrième pouvoir, sont traqués et détruits sans que personne ne réponde de ces actes ?

Quand le silence devient complice

Face à cette attaque d'une violence inqualifiable, une question demeure : où est l'État ? Où sont les forces de l'ordre censées protéger les institutions essentielles au bon fonctionnement de la démocratie ? Depuis des années, Haïti s'enfonce dans une insécurité galopante, où les gangs imposent leur loi pendant que les autorités se contentent de discours creux et d'appels au calme.
L'inaction des pouvoirs publics face à l'escalade de la violence n'est plus une simple défaillance. Elle est devenue une forme de complicité passive. En laissant des bandes armées incendier des médias, assassiner des journalistes, kidnapper des citoyens et terroriser la population, l'État haïtien abdique. Il prouve qu'il n'a plus ni l'autorité ni la volonté de garantir la sécurité de ses propres institutions.

Ce drame dépasse largement les murs de Radio Télévision Caraïbes. Il pose une question fondamentale : peut-on encore parler d'un État haïtien, ou ne sommes-nous plus qu'un territoire livré à la loi des plus forts ?

RTVC : un symbole que l'on ne peut réduire en cendres

Depuis des décennies, Radio Télévision Caraïbes est bien plus qu'une station de radio et de télévision. Elle est un espace de débat, de vérité, de résistance. Elle a été le témoin des heures sombres du pays, des soubresauts politiques, des révoltes et des espoirs d'une nation qui refuse de sombrer.

Réduire ses locaux en cendres, c'est tenter de réduire au silence cette voix qui dérange, qui interroge, qui informe. Mais l'histoire nous l'a appris : les flammes ne suffisent pas à éteindre la vérité. Le feu qui a ravagé RTVC ne pourra jamais consumer l'engagement de ses journalistes, ni la mission qu'ils incarnent. Car un média n'est pas seulement un bâtiment, c'est une idée, un engagement, une lutte. Et tant qu'il y aura des Haïtiens prêts à défendre la liberté de la presse, RTVC renaîtra.

L'heure de l'engagement national

Aujourd'hui, plus que jamais, il est temps d'agir. La communauté nationale et internationale ne peut pas rester spectatrice de la descente aux enfers d'Haïti. Il est impératif que des mesures immédiates soient prises pour protéger les journalistes, pour garantir leur sécurité et pour assurer que des attaques comme celle contre RTVC ne restent pas impunies.

Les citoyens haïtiens doivent aussi prendre conscience de l'enjeu. Défendre la presse, ce n'est pas seulement défendre des journalistes. C'est défendre le droit de savoir, le droit de comprendre, le droit de choisir son avenir. Accepter la destruction d'un média aujourd'hui, c'est accepter qu'un jour, ce soit au tour de la société tout entière d'être bâillonnée.

La presse vivra, la vérité triomphera

L'incendie de Radio Télévision Caraïbes est une blessure profonde pour Haïti, mais elle ne doit pas être un coup fatal. Elle doit être un signal d'alarme, un cri de révolte, un appel à la mobilisation. Car un pays sans presse libre est un pays sans avenir.

Les criminels ont incendié RTVC, mais ils n'ont pas éteint l'esprit de résistance qui anime ceux qui, chaque jour, risquent leur vie pour informer. L'histoire l'a prouvé maintes fois : la vérité finit toujours par triompher. Reste à savoir si nous aurons, collectivement, le courage de la défendre avant qu'il ne soit trop tard.

Smith PRINVIL

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Femmes et filles en Haïti, entre lutte pour la dignité et protection des droits

En Haïti, la situation des femmes et des filles est devenue une urgence humanitaire, marquée par une violence croissante des gangs armés, une insécurité généralisée et une (…)

En Haïti, la situation des femmes et des filles est devenue une urgence humanitaire, marquée par une violence croissante des gangs armés, une insécurité généralisée et une pauvreté de plus en plus aiguë. Elles sont souvent les principales victimes dans ce contexte de crise, subissant des violences physiques, sexuelles et psychologiques. La montée des kidnappings et des exactions perpétrées par des groupes armés aggrave encore leur vulnérabilité.

La question se pose alors : comment garantir leurs droits et leur dignité dans un environnement aussi difficile ?

Novia Augustin : « Les femmes haïtiennes, des héroïnes invisibles »

Dans une interview exclusive avec Marc Arthur Alexandre et Smith Prinvil, Novia Augustin, diplomate, avocate et militante engagée pour les droits des femmes, a livré un éclairage essentiel sur cette situation désastreuse, tout en formulant des recommandations concrètes.

La violence systémique contre les femmes et les filles

Pour Novia Augustin, Présidente de Refuge des Femmes d'Haïti (Ref-Haïti) également Présidente de la FEDOFEDH, la violence à l'égard des femmes haïtiennes n'est pas seulement une question de criminalité ordinaire, mais un phénomène systémique qui perdure malgré les appels à l'aide. Elle explique :

« Les femmes et les filles subissent une double oppression : celle des gangs et celle d'un système judiciaire qui reste défaillant. Les violences sexuelles, l'exploitation et les abus physiques sont monnaie courante. Beaucoup de femmes sont prises dans des situations d'esclavage moderne, utilisées comme monnaie d'échange dans les conflits entre gangs. »

Elle souligne que, malheureusement, ces violences restent largement impunies, car les victimes n'ont ni la possibilité ni la confiance de porter plainte, souvent par peur de représailles ou à cause du manque d'infrastructures adéquates pour les protéger.

La nécessité d'un changement radical

Lors de l'entretien, Novia Augustin a insisté sur la nécessité d'un changement radical dans la gestion de cette crise, à commencer par une réforme profonde du système judiciaire. Elle a exprimé son désaveu des mesures qui, selon elle, ne vont pas au cœur du problème :

« Il est impératif d'avoir une réponse collective, coordonnée et d'urgence. Les autorités doivent déployer un dispositif plus solide pour protéger les femmes et les filles. Il faut des lois sévères, des tribunaux spécialisés et des formations pour les forces de l'ordre sur les questions de genre et de violence. L'impunité doit cesser. »

Elle a également souligné la nécessité d'une coopération entre les ONG, la communauté internationale et les autorités haïtiennes pour aider les victimes à accéder à la justice et à des ressources de soutien.

Les femmes en première ligne de la résistance

Malgré la dureté de la situation, Novia Augustin a salué le courage et la détermination des femmes haïtiennes qui luttent quotidiennement pour survivre et garantir un avenir meilleur à leurs enfants. À l'occasion de la commémoration de la Journée Internationale des Droits de la Femme, elle a souligné leur rôle essentiel dans la résistance face à la violence :

« Les femmes haïtiennes sont des héroïnes invisibles. Elles sont au cœur de la résilience nationale. Malgré tout, elles continuent de se battre pour leurs familles, leurs communautés et pour leurs droits. Leur force est un moteur qui doit nous inspirer à agir pour leur sécurité et leur autonomie. »

Elle a également appelé à une plus grande reconnaissance de leur rôle dans la société haïtienne et a réaffirmé l'importance de leur donner plus de pouvoir et de ressources pour qu'elles puissent jouer un rôle plus visible dans le processus de reconstruction du pays.
Des recommandations concrètes

Novia Augustin a formulé plusieurs recommandations pour améliorer la situation des femmes en Haïti :

1. Renforcer les mécanismes de protection des femmes : Mise en place de refuges sécurisés et de lignes d'urgence accessibles.

2. Accroître les programmes de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et former les forces de l'ordre à la gestion de ces cas.

3. Promouvoir l'autonomisation économique des femmes : Créer des programmes d'accès au financement et à la formation professionnelle pour les femmes.

Conclusion : Une lutte qui doit se traduire en actions concrètes

Pour Novia Augustin, la situation des femmes haïtiennes n'est pas une fatalité. La clé réside dans un engagement collectif fort, tant au niveau national qu'international, pour mettre fin aux violences, garantir l'accès à la justice et offrir un avenir digne à ces femmes et filles qui, chaque jour, luttent pour leur survie et leur dignité.

Elle conclut sur un appel à l'action :

« Les femmes haïtiennes ne demandent pas la charité, elles demandent leur droit à vivre en paix et à réaliser leur potentiel. Il est temps de les soutenir dans cette lutte pour la justice et la dignité. »

En cette Journée Internationale des Droits de la Femme, Novia Augustin a su transmettre un message puissant : les femmes haïtiennes, malgré les obstacles immenses, sont des forces vives essentielles à la société haïtienne. Son appel à l'action, à la solidarité et à la justice résonne comme un impératif pour garantir un avenir où chaque femme, en Haïti et ailleurs, peut vivre dans la dignité, la sécurité et l'égalité des droits. La détermination des femmes haïtiennes, saluée par Mme Augustin, est plus que jamais un moteur de changement pour le pays et pour le monde

La militante des droits humains a également rendu hommage aux femmes de la diaspora haïtienne, qui jouent un rôle crucial dans la promotion des droits des femmes et dans la solidarité internationale. Elle a souligné l'importance d'une action collective à l'échelle mondiale pour soutenir les droits des femmes, en particulier dans les pays en développement comme Haïti, où les inégalités de genre sont exacerbées par la crise politique et sociale.

Smith PRINVIL

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