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Salvador : les mouvements sociaux au front contre les attaques de Bukele

28 octobre, par Claire Comeliau — , ,
Alors que le régime de Nayib Bukele intensifie la répression contre les mouvements sociaux, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) a organisé, le 29 septembre (…)

Alors que le régime de Nayib Bukele intensifie la répression contre les mouvements sociaux, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) a organisé, le 29 septembre dernier, une rencontre pour alerter sur la situation alarmante des droits humains au Salvador. Un système autoritaire comme réponse à des souffrances n'est pas une solution durable.

20 octobre 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/10/20/salvador-les-mouvements-sociaux-au-front-contre-les-attaques-de-bukele/

Au Salvador, le travail des syndicats est fortement entravé par la politique de Bukele qui multiplie les attaques contre l'État de droit et les mouvements sociaux. Cette répression politique entraîne un exode massif de journalistes et de membres de la société civile vers d'autres pays ainsi que l'exil d'organisations et la fermeture d'ONG… Celles et ceux qui n'ont pas eu l'occasion de fuir terminent souvent derrière les barreaux : près de 1,7% de la population salvadorienne s'y trouve, plaçant le pays au premier rang mondial en matière de taux d'incarcération.

Souvent emprisonnées sans raison et dans des conditions calamiteuses, de nombreuses personnes innocentes — dont des directions syndicales — sont victimes de ce régime d'exception. Il enferme celles et ceux qui osent exprimer leur désaccord avec la politique gouvernementale. Face à l'intensification de mesures misanthropes, une résistance se constitue et la lutte populaire se consolide.

Militarisation et régime d'exception

Depuis trois ans, dans un contexte de militarisation, un régime d'exception s'est mis en place et les violations des droits humains s'intensifient. Le 31 juillet dernier, le dirigeant salvadorien a modifié la Constitution et aboli la limite du nombre de mandats présidentiels, ce qui lui permet ainsi de se représenter indéfiniment. Il a également supprimé le second tour de scrutin et prolongé le temps de mandat de 5 à 6 ans : en bref, tout d'un despote.

Le décomplexé Nayib Bukele, qui se revendique lui-même comme « le dictateur le plus cool du monde », a transformé le Salvador en un véritable laboratoire d'externalisation de l'immigration illégale pour Trump. La somme reçue pour chaque emprisonnement provenant des États-Unis, transforme la capacité carcérale du pays en ressource économique. Le commerce de la détention prend forme et le Salvador tire avantage de ses établissements pénitentiaires.

Des coupes budgétaires à discrétion

L'économie stagnante du pays s'explique par un faible niveau d'investissement public. La dette du pays et sa notation de crédit en catégorie C, dite « triple risque », font baisser les investissements étrangers sur lesquels s'appuyait le gouvernement. De multiples secteurs subissent des coupes budgétaires aux conséquences sociales considérables.

Dans le secteur agricole, ces réductions entraînent une baisse de la production alimentaire et, par conséquent, une augmentation des importations de denrées, provoquant une forte inflation du coût de la vie. Marisela Ramirez, responsable des relations internationales pour le Bloc de Résistance et de Rébellion populaire, explique que les revenus de la population, déjà très faibles, ne suivent pas.

Ainsi, on observe en 2025 une hausse de 8% du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté par rapport à l'année dernière. Le salaire minimum s'élève à 3 000 SVC (470$US) par mois lorsque le coût de la vie dépasse les 3 700 SVC (600$US). Dans le même temps, les coûts du logement et de leur construction explosent, rendant les chances d'accès à une habitation digne quasi chimériques.

La crise se fait aussi sentir dans le domaine de l'éducation : on observe une baisse significative du nombre d'enfants inscrits à l'école. L'accès à une éducation publique, gratuite et de qualité se raréfie.

Concernant la santé, les fermetures d'hôpitaux et des licenciements massifs rendent la situation tout aussi déplorable. En conséquence, la mortalité maternelle augmente et les droits sexuels et reproductifs reculent.

Le mirage sécuritaire salvadorien

Les prochaines élections auront lieu en 2027 et Bukele reste très populaire dans l'opinion publique. Il fut élu en février 2024 avec 85 % des suffrages, chiffres confirmés par l'Institut CID-Gallup. Cela s'explique par la guerre qu'il mène contre les gangs armés dans le pays. Lorsqu'il est arrivé au pouvoir en 2019, le Salvador était l'un des pays les plus violents au monde et les maras (les gangs) contrôlaient des quartiers entiers. Selon la Banque Mondiale, on y enregistrait près de 103 homicides pour 100 000 personnes en 2015, soit un record mondial. Depuis 2022, le taux est tombé à moins de 2 pour 100 000 personnes.

Traumatisée par la violence, la population salvadorienne affirme vivre sans peur pour la première fois depuis des décennies. Peu importe si cela s'accompagne d'arrestations arbitraires ou de violations des droits humains : pour une majorité, le sentiment d'ordre et de sécurité prime. Mais en s'habituant à vivre sans droits tant qu'elle est en sécurité, la population salvadorienne subit une aliénation morale et juridique et intériorise cette répression.

Solidarité internationale

Personne ne devrait avoir à choisir entre sécurité et droits fondamentaux. Intérioriser un modèle autoritaire comme solution à des souffrances n'est pas une issue durable. C'est pourquoi les rencontres comme celle organisée par le Centre international de solidarité ouvrière doivent renforcer les solidarités internationales au nom des libertés fondamentales. Elles visent aussi à redonner de l'espoir au peuple salvadorien, qui ne doit pas accepter ces violations des droits humains ni cette politique arbitraire.

Quant aux blocs de résistance et aux syndicats, ils continuent légitimement la lutte pour les droits du peuple contre un dirigeant populiste, assoiffé de pouvoir, qui exploite la détresse de sa population pour consolider son autorité. La population salvadorienne mérite notre soutien inébranlable.

Claire Comeliau, correspondante en stage
https://alter.quebec/salvador-les-mouvements-sociaux-au-front-contre-les-attaques-de-bukele/

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Haïti : Pour en finir avec cette sempiternelle transition de la honte

28 octobre, par Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCDH) — , ,
Bien que la moitié de la population haïtienne soit au bord de la famine, contrainte de vivre dans la misère, le chômage massif et la violence des gangs, des membres du Conseil (…)

Bien que la moitié de la population haïtienne soit au bord de la famine, contrainte de vivre dans la misère, le chômage massif et la violence des gangs, des membres du Conseil présidentiel de transition et du gouvernement d'Alix Didier Fils-Aimé organisent des voyages officiels dispendieux pour aller parader dans les tribunes internationales. Ces voyages constituent l'un des moyens de pillage des fonds publics.

En 2024, lors de la 79eme session ordinaire de l'assemblée de l'ONU, une double délégation composée de plusieurs dizaines de personnes dirigée par le Premier ministre Gary Conille et le conseiller présidentiel Camille le Blanc a représenté le pays à New York.

À l'époque, plusieurs millions de gourdes ont été utilisées pour couvrir les frais de déplacements des officiels, et de leurs petits amis dans un contexte où plusieurs millions de personnes sont exposées non seulement à la violence des gangs mais également à la famine au quotidien.

Le samedi 20 septembre 2025, le Conseil-présidentiel a récidivé lorsqu'il a laissé le pays avec une délégation de près de 24 personnes dirigée par Laurent Saint Cyr. Inutile de souligner que la nation est en proie à une crise humanitaire qui va en s'aggravant, frôlant une dimension qui rappelle, toute proportion gardée, celle du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Au moins 1,3 million de personnes sont contraintes actuellement de survivre dans des camps de réfugiés insalubres après avoir perdu leurs maisons suite à l'assaut des hordes de malfrats criminels.

Sous les effets conjugués de la Coalition Viv Ansanm, les gangs Kokorat San ras et Gran Grif, les départements de l'Ouest, du Plateau Central et l'Artibonite sont presqu'en ruine.

Le système hospitalier est sur le point de disparaitre alors que l'on compte quotidiennement des dizaines de blessés par balles. Cela sous-entend que plusieurs personnes meurent dans des centres hospitaliers de fortune par faute d'intrants médicaux de base.

Le pouvoir ne s'intéresse donc pas à résoudre les problèmes extrêmement graves auxquels la nation fait face : la profonde crise dans le système de l'éducation, la sécurité, la famine, l'insalubrité, etc. Le cas le plus emblématique est celui de l'éducation dans la mesure où le ministre Antoine Augustin a déclaré sans ambages que « l'école haïtienne est détruite ». Il a fait cette déclaration après avoir ignoré la grève des enseignants et des enseignantes des écoles publiques qui exigeaient de meilleures conditions de travail.

Aujourd'hui, la faillite des instances de transition n'est plus à démontrer. Elle est apparente sur tous les plans. Si bien que pour les membres du CPT ainsi que pour le gouvernement du Premier ministre le seul recours semble, encore une fois, de faire appel à une force étrangère pour soi-disant venir mettre de l'ordre dans le pays

Encore le même cercle vicieux, encore l'image pathétique de dirigeants incapables, incompétents et corrompus, qui observent, dans une indifférence criminelle, l'effondrement de toute une nation

Il est temps que cette sempiternelle phase transitoire de la honte prenne fin. Mettons sur pied un pouvoir capable de répondre aux revendications de la population et de prendre en main la souveraineté ainsi que le destin de la nation.

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Argentine : un dimanche en violet

Milei et Trump sortent renforcés des élections législatives de ce dimanche 26 octobre. Milei a remporté une victoire importante. Le parti du président argentin, LLA (La Liberté (…)

Milei et Trump sortent renforcés des élections législatives de ce dimanche 26 octobre. Milei a remporté une victoire importante. Le parti du président argentin, LLA (La Liberté avance), a obtenu 40,7 % des voix, un démenti des sondages les plus optimistes.

27 octobre 2025 | tiré d'Inprecor.fra
https://inprecor.fr/argentine-un-dimanche-en-violet

L'euphorie a changé de camp. Il y a un mois, les péronistes célébraient leur victoire régionale dans la plus grande circonscription électorale, la province de Buenos Aires, mais aujourd'hui, Milei annonce que « la nouvelle Argentine commence ». La carte électorale s'est teintée de violet, la couleur du LLA, changeant ainsi le climat politique, jusqu'alors marqué par une crise constante et le désespoir du gouvernement.

Milei a remporté la victoire en élisant 56 nouveaux parlementaires. Le péronisme a été battu, avec 34,9 % des voix. La troisième force, Provincias Unidas, organisée par des gouverneurs dissidents, est loin du résultat escompté, avec 7,4 % des voix. La Frente de Izquierda Unidad a atteint 4 % au niveau national, élisant trois nouveaux parlementaires.

Milei a remporté la province de Buenos Aires. Ce fut l'une des grandes surprises du résultat électoral. Un nouveau scandale de corruption a conduit le candidat de Milei, Espert, à se retirer de la course, en raison de ses liens avérés avec le trafic de drogue. L'euphorie de la victoire du péronisme

La grande question de l'élection était le chantage exercé par Trump, qui avait déclaré qu'en cas de défaite de Milei, le « soutien économique » serait retiré. Contrairement à d'autres pays, où les déclarations de Trump ont suscité l'indignation, incitant les électeurs à protester par leur vote, en Argentine, la victoire électorale de Milei finit par légitimer la position trumpiste.

La situation n'est pas simple, car sur le plan économique, les conditions restent tendues. Et Milei se prépare à « accélérer » la tronçonneuse, en appliquant un ajustement encore plus sévère. Une réforme du travail qui vise à détruire les droits ; une réforme fiscale et budgétaire qui supprimera davantage de financement public ; un ajustement dur.

La victoire de Milei est une victoire directe de Trump. C'est un moment décisif. Les États-Unis travaillent intensément sur l'Amérique latine. Trump a encerclé la mer des Caraïbes, visant le Venezuela et la Colombie, et a entamé des négociations avec Lula. Milei apparaît comme le fer de lance politique, Trump l'a félicité pour son « travail merveilleux ».

Milei et Trump sortent plus forts du « dimanche violet ». Les problèmes politiques persistent en Argentine et sur le continent. Milei gagne du temps, du soutien et du souffle pour sortir de la crise économique grâce à un choc plus important contre le mouvement ouvrier. La tendance est que les secteurs hésitants, comme les gouverneurs dissidents, s'orientent vers une ligne de plus grande conciliation avec Milei.

À gauche, il reste à continuer de défendre la ligne de confrontation avec l'extrême droite et l'impérialisme comme priorité absolue.

Publié le 27 octobre par la revue Movimento

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Madagascar : la volonté d’une rupture radicale

28 octobre, par Paul Martial — , ,
Alors que les pressions internationales se multiplient pour exiger le rétablissement de l'ordre constitutionnel, les jeunes de la GenZ et les salarié·es esquissent ce que (…)

Alors que les pressions internationales se multiplient pour exiger le rétablissement de l'ordre constitutionnel, les jeunes de la GenZ et les salarié·es esquissent ce que pourrait être le Madagascar de demain.

Tiré du blogue de l'auteur.

Alors que les pressions internationales se multiplient pour exiger le rétablissement de l'ordre constitutionnel, les jeunes de la GenZ et les salariéEs esquissent ce que pourrait être le Madagascar de demain.

Un nouveau pouvoir s'est installé à Madagascar, en la personne du colonel Michel Randrianirina, dirigeant du CAPSAT (Corps d'administration et des services techniques des armées), en charge de la logistique de l'armée. Cette unité, au terme de deux semaines de luttes exemplaires de la jeunesse malgache, baptisée GenZ, s'était rangée du côté des manifestant·es.

Pressions et menaces

Cette prise de pouvoir a été aussitôt dénoncée par Andry Rajoelina, désormais ancien président, considérant qu'il s'agit d'un coup d'État. Rappelons que lui-même était arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires. Il déclarait alors : « Le pouvoir appartient à la population, c'est la population qui donne le pouvoir et qui reprend le pouvoir. »

Le « respect de l'ordre constitutionnel » est désormais entonné par tous les tenants de l'ordre établi. Macron n'est pas en reste : il met en garde contre les interférences étrangères dans la Grande Île, lui qui a organisé l'exfiltration de Rajoelina pour le soustraire à une éventuelle comparution devant la justice de son pays.

L'Union africaine (UA) tient un discours identique sur le respect de la Constitution. Elle offre à Rajoelina des marges de manœuvre en ouvrant la voie à une pression économique sur les nouvelles autorités du pays. La menace plane d'une suspension de l'aide, estimée à environ 700 millions de dollars par an, tant que l'ordre constitutionnel ne serait pas rétabli. Une UA qui passe pourtant son temps à entériner les mascarades électorales qui se déroulent sur le continent.

Construire l'après

Autre défi de taille : le risque d'une confiscation de la révolution. Lors du rassemblement sur la place du 13-Mai à Antananarivo, la capitale, organisé pour rendre hommage aux victimes de la répression et fêter la victoire, les officiers de l'armée, les politicien·nes et les prêtres ont tenté, en vain, de reléguer les jeunes à l'arrière-plan.

Cependant, la volonté largement partagée d'une rupture radicale avec l'ancien ordre politique reste vivace. Déjà, un « Manifeste citoyen pour une nouvelle gouvernance équilibrée à Madagascar » a vu le jour, et des réunions sont prévues pour discuter « d'un changement de système ».

Cette effervescence s'observe également du côté des travailleurEs. À la compagnie aérienne Madagascar Airlines, par exemple, le syndicat a lancé un ultimatum exigeant le départ du directeur général, un ancien cadre d'Air France, ainsi que de tous les consultants étrangers. En cas de refus, le syndicat appelle à ne plus obéir aux ordres de la direction et à constituer une instance collégiale chargée de la gestion de la compagnie.

Si la situation reste difficile, les jeunes et les travailleurEs, conscients des expériences du passé, notamment celle de 2009, s'efforcent de construire collectivement un Madagascar nouveau, libéré du néocolonialisme et de la dépendance.

Paul Martial

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Madagascar : Continuer la lutte pour un vrai changement

28 octobre, par Paul Martial — , ,
Comme le craignaient les animateurs de la Gen Z, qui par leur mobilisation ont renversé le pouvoir de Rajoelina, les caciques du pays tentent de maintenir le système ancien en (…)

Comme le craignaient les animateurs de la Gen Z, qui par leur mobilisation ont renversé le pouvoir de Rajoelina, les caciques du pays tentent de maintenir le système ancien en l'état.
Il y a eu un rapide rétropédalage de la part de Michäel Randrianirina, le colonel qui a pris le pouvoir suite aux manifestations massives de la population et particulièrement de la jeunesse sous le vocable de la Gen Z. Il annonçait la dissolution des principales institutions du régime à l'exception de l'Assemblée Nationale.

Un jour plus tard Randrianirina était revenu sur cette déclaration, d'abord parce que la Haute Cour Constitutionnelle censée être dissoute, constatant la vacance du pouvoir avait confié officiellement les rênes du pays au colonel, mais surtout cette prise de pouvoir devait au maximum respecter la légalité.

L'hypocrisie de l'Union Africaine

L'enjeu est de taille pour la nouvelle autorité. Elle nie tout putsch dans le but d'éviter les sanctions financières qui seraient un coup dur pour le pays. Déjà, l'Union Africaine (UA) a suspendu la participation de Madagascar.

Cette Union Africaine, dont la plupart des dirigeants ont été élus à la suite de mascarades électorales, avalise tous les tripatouillages de constitution permettant aux satrapes du Continent de perpétuer leur pouvoir.

Comme le relève un appel d'intellectuels et d'artistes de la Grande Île : « Quelle ironie : lorsque les institutions sont corrompues, leur préservation perpétue l'injustice. Cette diplomatie du statu quo — qui privilégie la stabilité de façade à la justice réelle — alimente la colère d'une génération ».

Le danger est que les institutions financières internationales se calent sur la position de l'UA pour suspendre ses aides économiques qu'elles prodiguaient sans contrôle à l'ancien dictateur Rajoelina. Ainsi, c'est près d'un milliard de dollars qui a été consenti pour construire 260 km d'autoroute avec des accusations de corruption. Alors qu'une telle somme aurait permis de rénover l'entièreté du réseau ferroviaire.

Tentative de reprise en main

Le Colonel Michäel Randrianirina s'était engagé à consulter la Gen Z pour la nomination d'un Premier ministre. Il n'en a rien été. Herintsalama Rajaonarivelo a été choisi dans une totale opacité. Banquier, homme d'affaires, Rajaonarivelo est un notable de l'ancien régime. Pendant une décennie il a été à la tête du patronat malgache. Il est surtout accusé d'être un proche de Maminiaina Ravatomanga qui a mis Madagascar en coupe réglée. Réfugié à Maurice, un mandat d'arrêt international a d'ailleurs été émis à son encontre.

Beaucoup ont noté lors de l'intronisation tant du Colonel à la présidence que de Rajaonarivelo à la primature, l'absence les jeunes de la Gen Z. En revanche, étaient présents les politiciens qui ont tous, à un moment donné, exercé le pouvoir menant le pays à sa perte. En effet le bilan est sans appel, selon la Banque Mondiale, le PIB par habitant s'élevait à 812 dollars en 1960 pour chuter à 456 dollars en 2024.

Un projet de rupture

Cette nomination est donc bien loin des exigences de la Gen Z qui, dans son document « proposition de feuille de route pour une transition souveraine et populaire » insiste sur la nécessité d'une rupture et non d'un simple changement d'équipe. L'idée de ce texte est d'approfondir la révolution avec une transition courte pour aller vers « La mise en place de bases d'un nouveau système politique fondé sur la participation directe du peuple Malagasy, l'équité territoriale et le contrôle collectif des ressources ». Ce processus serait accompagné notamment du contrôle et de la révocabilité des représentants et l'instauration de « comités populaire locaux ».

Parallèlement, la Gen Z a repris sa totale autonomie vis-à-vis des autres organisations de la société civile lui laissant ainsi une plus grande marge de manœuvre, bien nécessaire pour continuer la lutte à la fois contre les pressions des dirigeants africains corrompus de l'UA - qui viennent de perdre un des leurs - et du personnel politique malgache au service des oligarques prédateurs.

Paul Martial
Madagascar : Continuer la lutte pour un vrai changement
Comme le craignaient les animateurs de la Gen Z, qui par leur mobilisation ont renversé le pouvoir de Rajoelina, les caciques du pays tentent de maintenir le système ancien en l'état.
Il y a eu un rapide rétropédalage de la part de Michäel Randrianirina, le colonel qui a pris le pouvoir suite aux manifestations massives de la population et particulièrement de la jeunesse sous le vocable de la Gen Z. Il annonçait la dissolution des principales institutions du régime à l'exception de l'Assemblée Nationale.
Un jour plus tard Randrianirina était revenu sur cette déclaration, d'abord parce que la Haute Cour Constitutionnelle censée être dissoute, constatant la vacance du pouvoir avait confié officiellement les rênes du pays au colonel, mais surtout cette prise de pouvoir devait au maximum respecter la légalité.
L'hypocrisie de l'Union Africaine
L'enjeu est de taille pour la nouvelle autorité. Elle nie tout putsch dans le but d'éviter les sanctions financières qui seraient un coup dur pour le pays. Déjà, l'Union Africaine (UA) a suspendu la participation de Madagascar.
Cette Union Africaine, dont la plupart des dirigeants ont été élus à la suite de mascarades électorales, avalise tous les tripatouillages de constitution permettant aux satrapes du Continent de perpétuer leur pouvoir.
Comme le relève un appel d'intellectuels et d'artistes de la Grande Île : « Quelle ironie : lorsque les institutions sont corrompues, leur préservation perpétue l'injustice. Cette diplomatie du statu quo — qui privilégie la stabilité de façade à la justice réelle — alimente la colère d'une génération ».
Le danger est que les institutions financières internationales se calent sur la position de l'UA pour suspendre ses aides économiques qu'elles prodiguaient sans contrôle à l'ancien dictateur Rajoelina. Ainsi, c'est près d'un milliard de dollars qui a été consenti pour construire 260 km d'autoroute avec des accusations de corruption. Alors qu'une telle somme aurait permis de rénover l'entièreté du réseau ferroviaire.
Tentative de reprise en main
Le Colonel Michäel Randrianirina s'était engagé à consulter la Gen Z pour la nomination d'un Premier ministre. Il n'en a rien été. Herintsalama Rajaonarivelo a été choisi dans une totale opacité. Banquier, homme d'affaires, Rajaonarivelo est un notable de l'ancien régime. Pendant une décennie il a été à la tête du patronat malgache. Il est surtout accusé d'être un proche de Maminiaina Ravatomanga qui a mis Madagascar en coupe réglée. Réfugié à Maurice, un mandat d'arrêt international a d'ailleurs été émis à son encontre.
Beaucoup ont noté lors de l'intronisation tant du Colonel à la présidence que de Rajaonarivelo à la primature, l'absence les jeunes de la Gen Z. En revanche, étaient présents les politiciens qui ont tous, à un moment donné, exercé le pouvoir menant le pays à sa perte. En effet le bilan est sans appel, selon la Banque Mondiale, le PIB par habitant s'élevait à 812 dollars en 1960 pour chuter à 456 dollars en 2024.
Un projet de rupture
Cette nomination est donc bien loin des exigences de la Gen Z qui, dans son document « proposition de feuille de route pour une transition souveraine et populaire » insiste sur la nécessité d'une rupture et non d'un simple changement d'équipe. L'idée de ce texte est d'approfondir la révolution avec une transition courte pour aller vers « La mise en place de bases d'un nouveau système politique fondé sur la participation directe du peuple Malagasy, l'équité territoriale et le contrôle collectif des ressources ». Ce processus serait accompagné notamment du contrôle et de la révocabilité des représentants et l'instauration de « comités populaire locaux ».

Parallèlement, la Gen Z a repris sa totale autonomie vis-à-vis des autres organisations de la société civile lui laissant ainsi une plus grande marge de manœuvre, bien nécessaire pour continuer la lutte à la fois contre les pressions des dirigeants africains corrompus de l'UA - qui viennent de perdre un des leurs - et du personnel politique malgache au service des oligarques prédateurs.

Paul Martial

La GenZ du Maroc et le volcan régional

28 octobre, par Gilbert Achcar — , ,
Le mouvement de la jeunesse marocaine n'est que la manifestation la plus récente de la crise régionale révélée par le « printemps arabe » de 2011. Tiré de Inprecor 22 (…)

Le mouvement de la jeunesse marocaine n'est que la manifestation la plus récente de la crise régionale révélée par le « printemps arabe » de 2011.

Tiré de Inprecor
22 octobre 2025

Par Gilbert Achcar

Toutes les quelques années des événements réaffirment la thèse selon laquelle ce qui a commencé en Tunisie le 17 décembre 2010 et a culminé l'année suivante dans une vague massive de soulèvements populaires qui s'est étendue à six pays de la région et a inclus diverses formes de mobilisation de masse dans d'autres pays – vague connue sous le nom de « printemps arabe » – n'était pas un événement isolé ou accidentel. Au contraire, ce fut le début de ce que j'ai décrit comme un « processus révolutionnaire à long terme » (dans Le Peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, 2013).

Ce diagnostic se fondait sur une analyse selon laquelle l'explosion sociopolitique dans l'espace arabophone était la manifestation d'une crise structurelle profondément enracinée. Cette crise a résulté du démantèlement des politiques économiques développementales et leur remplacement par des politiques néolibérales au cours du dernier quart du siècle dernier dans le contexte d'un système d'États régionaux qui étaient fondamentalement en contradiction avec les exigences de l'idéal du capitalisme de marché sur lequel se fonde le dogme néolibéral.

En conséquence, la région a souffert d'une croissance économique particulièrement faible par rapport à d'autres parties du Sud mondial, faiblesse marquée par un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes. Les taux de chômage des jeunes ont, en effet, atteint dans la région des niveaux records, en particulier chez les diplômés universitaires. Ces réalités sociales ont alimenté les révoltes régionales, qui, bien que variées dans leurs causes politiques locales, partageaient un fondement socioéconomique commun. L'implication de cette analyse était claire : tant que la crise structurelle ne serait pas résolue, les troubles sociopolitiques se poursuivraient, et d'autres soulèvements et mouvements populaires s'ensuivraient inévitablement.

Effectivement, malgré la défaite de l'onde de choc révolutionnaire de 2011 – en raison de la répression menée par les monarchies du Golfe à Bahreïn, du coup d'État militaire en Égypte et de la descente de la Syrie, de la Libye et du Yémen dans la guerre civile – une deuxième vague de soulèvements commença le 19 décembre 2018 au Soudan, s'étendant à l'Algérie, à l'Irak et au Liban l'année suivante. Cette deuxième vague a finalement été étouffée par une combinaison de répression et de pandémie de COVID-19. Cependant, elle a persisté au Soudan même après le coup d'État militaire du 25 octobre 2021, jusqu'à ce que le pays sombre à son tour dans la guerre civile le 15 avril 2023, à la suite d'un conflit entre deux factions des forces armées.

Entre-temps, le système démocratique tunisien, dernier acquis des soulèvements de 2011, a été démantelé par un coup d'État mené par le président Kaïs Saïed, qui, avec le soutien des services de sécurité, a suspendu la constitution le 25 juillet 2021. Avec l'éclatement de la guerre entre les factions militaires au Soudan, ainsi que, six mois plus tard, la guerre sioniste génocidaire à Gaza qui a refroidi davantage les espoirs régionaux, il semblait que l'éruption sociale des soulèvements arabes s'était éteinte.

Cependant, de telles impressions ne sont pas fiables lorsqu'il s'agit d'évaluer l'état réel des tensions sociales dans une région. Pour cela, il faut s'appuyer sur des données sociales et économiques concrètes, notamment le chômage des jeunes, un indicateur clé. Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont toujours le taux de chômage des jeunes le plus élevé au monde, avec près d'un quart de la population jeune (âgée de 15 à 24 ans) sans emploi.

Le mouvement massif des jeunes qui a commencé au Maroc le 27 septembre, et qui n'est pas encore terminé malgré une pause récente, confirme que le volcan social régional reste actif. Compte tenu des chiffres alarmants du chômage dans le pays, il n'est pas surprenant que la jeunesse marocaine soit descendue dans la rue. Selon le Haut-Commissariat marocain au Plan, le taux de chômage des 15-24 ans (groupe auquel appartient la majorité de la génération Z) a atteint près de 36 % cette année, avec près de la moitié de cette tranche d'âge (47 %) au chômage dans les zones urbaines. Chez les 25-34 ans, le taux s'élève à 22 %, et à 27,5 % en milieu urbain. Ce sont des taux très élevés, qui se combinent avec le chômage des diplômés, affectant près de 20 % de tous les diplômés. En outre, près d'un cinquième des femmes actives sont au chômage. Ces chiffres expliquent en partie la forte participation des étudiantes et des jeunes femmes au mouvement GenZ au Maroc.

Cette nouvelle génération d'activistes inaugure également de nouvelles formes d'organisation, notamment grâce à l'évolution de la technologie des médias sociaux. Les jeunes éduqués, habiles à naviguer sur les plateformes numériques, sont devenus essentiels à ces mouvements. Alors que les deux premières vagues de soulèvements régionaux reposaient fortement sur Facebook, le mouvement GenZ marocain a adopté Discord, une plate-forme qui permet une prise de décision démocratique plus rapide et plus décentralisée. Plus de 200 000 utilisateurs de Discord ont voté pour décider s'il fallait poursuivre les manifestations, ce qui reflète un niveau plus avancé d'organisation populaire, même par rapport aux « Comités de résistance » soudanais qui représentaient un pas en avant significatif dans l'auto-organisation démocratique du mouvement révolutionnaire de la jeunesse.

Cependant, ce qui manque à toutes ces expériences, c'est un mouvement politique radical, à l'échelle du pays, capable d'unir ses forces avec le mouvement démocratique de la jeunesse populaire pour offrir une alternative crédible au statu quo. Ce mouvement devrait incarner les aspirations à la liberté, à la démocratie et à la justice sociale, et posséder la capacité politique de remplacer les régimes existants. Sans l'émergence d'une telle alternative, le succès de tout soulèvement futur dans la région restera incertain. Alors que le processus révolutionnaire régional est appelé à se poursuivre, l'absence d'une alternative viable pourrait conduire à de nouvelles impasses dangereuses – où les régimes existants s'accrochent au pouvoir par la force brute, tandis que d'autres s'effondrent dans le chaos de la guerre civile.

Traduit de ma chronique hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 21 octobre. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Sud-Soudan, virer les dirigeants pour stopper la guerre

28 octobre, par Paul Martial — , ,
Par leur corruption et leur politique ethniciste, les élites du pays plongent le Sud-Soudan dans un nouvel abîme de violence. Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières 4 (…)

Par leur corruption et leur politique ethniciste, les élites du pays plongent le Sud-Soudan dans un nouvel abîme de violence.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
4 octobre 2025

Par Paul Martial

Depuis sa séparation avec le Soudan en juillet 2011, le pays n'a connu que des guerres civiles, d'intensité plus ou moins forte. Depuis huit mois, Riek Machar, vice-président, comparaît devant un tribunal sous plusieurs chefs d'inculpation tels que crimes contre l'humanité, rébellion et trahison.

Une guerre permanente

Il est accusé notamment d'avoir incité l'armée « blanche », une milice réputée proche de son organisation, le Sudan People's Liberation Movement-in Opposition (SPLM-IO), à attaquer la caserne de Nasir, une ville de l'État du Nil Supérieur, causant ainsi la mort de plus de 250 militaires. Les opérations de représailles lancées par le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, ont pris pour cible les civils et provoqué la fuite de dizaines de milliers de personnes. Les accords de paix de 2018, censés mettre fin à la guerre civile, n'ont jamais été réellement appliqués. Les affrontements n'ont eu de cesse de se poursuivre des deux côtés.

Le procès contre Riek Machar ainsi que plusieurs dirigeants du SPLM-IO est considéré comme une rupture de cet accord de paix, d'autant qu'il s'accompagne de violents bombardements aériens contre les centres de cantonnement des troupes de cette organisation, qui devaient être intégrées. Ces combattants se sont dispersés à travers le pays et n'ont désormais d'autre choix que de reprendre la guérilla. Cette situation est préoccupante, car une alliance s'est créée entre le SPLM-IO et une autre milice, la National Salvation Front (NSF) de Thomas Cirilo, qui risque de faire basculer le pays à nouveau dans une guerre civile généralisée.

Ethnicisme et corruption

Pour Salva Kiir, le but est de se débarrasser de l'opposition. Il a réussi à débaucher quelques dirigeants du SPLM-IO pour maintenir la façade d'un gouvernement d'union nationale. Sa préoccupation est d'assurer sa succession et de transmettre le pouvoir à Benjamin Bol Mel, homme d'affaires intime du clan familial de Salva Kiir, déjà nommé vice-président. Une telle politique ne fait qu'enferrer le pays dans une situation conflictuelle.

Depuis sa création, les élites à la tête du jeune État n'ont eu de cesse d'instrumentaliser les divisions ethniques en utilisant leur communauté d'appartenance : Riek Machar pour les Nuer, Thomas Cirilo pour les Bari et Salva Kiir pour les Dinka. Dans le même temps, la situation économique est désastreuse. Les exportations de pétrole du Sud-Soudan sont bloquées à cause de la guerre au Soudan et surtout les fonds du pays sont détournés à grande échelle.

C'est ce qu'indique un rapport de la commission des droits de l'homme de l'ONU, qui se départit de son langage diplomatique pour dénoncer une « prédation éhontée ». Le rapport cite Bol Mel, le dauphin de Salva Kiir, coupable d'un détournement de deux milliards de dollars destinés aux infrastructures routières. Autre exemple : le ministère de la Santé n'a touché que 19 % de son budget, soit 29 millions de dollars, tandis que celui des affaires présidentielles dépasse sa dotation de 584 %, soit 557 millions.

La seule solution pour la paix est que les populations, toutes communautés confondues, se débarrassent de ces fauteurs de guerre.

Paul Martial

P.-S.

• Hebdo L'Anticapitaliste - 769 (02/10/2025). Publié le Samedi 4 octobre 2025 à 09h00 :
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/sud-soudan-virer-les-dirigeants-pour-stopper-la-guerre

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Retraites, budget, démocratie : face à l’enfumage, reprendre la rue !

28 octobre, par William Daunora — ,
Ce que le PS présente comme sa grande victoire — une suspension —, personne n'en parle mieux que Macron lorsqu'il déclare : « Le Premier ministre a fait un choix, pour apaiser (…)

Ce que le PS présente comme sa grande victoire — une suspension —, personne n'en parle mieux que Macron lorsqu'il déclare : « Le Premier ministre a fait un choix, pour apaiser le débat actuel, qui a consisté à proposer le décalage d'une échéance — ce n'est ni l'abrogation ni la suspension, c'est le décalage d'une échéance. »

Cette sortie est, pour un président et un gouvernement plus isolés que jamais (malgré le soutien du PS, le gouvernement n'échappe à la censure que d'une dizaine de voix), une tentative de reprendre la main.

Hebdo L'Anticapitaliste - 772 (23/10/2025)
https://lanticapitaliste.org/actualite/politique/retraites-budget-democratie-face-lenfumage-reprendre-la-rue

Macron essaie de reprendre la main

Macron vise autant à décourager la mobilisation qu'à rassurer la bourgeoisie et son propre camp politique ; on voit mal comment Macron pourrait lâcher le totem de son second quinquennat. L'inscription de la suspension de la réforme dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) ne change rien au tour de passe-passe. Par contre pas de suspension des « accords » de Bougival qui écrasent les droits du peuple kanak ni des mesures phares du budget Bayrou. Et aggravation des attaques sur nos droits sociaux dans le PLFSS. Les raisons de se mobiliser restent entières et il est urgent de reprendre le chemin des luttes, de la rue, de la grève pour gagner. Et la période, très instable, est pleine de possibles qui doivent nous regonfler.

La mobilisation compte

D'abord l'affaire de la « suspension/décalage » montre que la lutte paie ! Des millions de manifestantEs en 2023, des grèves, trois journées de mobilisation en cette rentrée, des blocages. Tout ça pour… ça ? Oui, avec, en prime, une crise politique et une usure d'un pouvoir qui peine à gouverner. C'est peu mais ce n'est pas rien, tant matériellement que symboliquement : même ce pouvoir ne peut ignorer la rue. Mais oui, avec la crise économique, la bourgeoisie est aux abois et ne lâchera rien de fondamental. À nous d'élever encore le rapport de forces.

La crise politique est toujours là

Ensuite, le déplacement sur le terrain institutionnel ne signe pas l'arrêt de la mobilisation. Comme en 2023, nous vivons une séquence où des moments de lutte — avec manifs, grèves et blocages — alternent avec des moments plus institutionnels. Mais la crise est toujours là et, comme en 2023 au moment de l'usage du 49-3 et du vote de confiance remporté à 9 voix près, cette phase institutionnelle pourrait bien permettre des démonstrations.

Vers le « super 49-3 » des ordonnances

Car l'abandon annoncé du recours au 49-3 va nous faire découvrir d'autres joyeusetés que la 5e République offre au pouvoir pour faire barrage à nos aspirations émancipatrices et démocratiques. En effet, en l'absence de compromis et de vote sur les textes du PLFSS et du budget à l'issue du délai constitutionnel requis (cinquante jours pour le PLFSS et soixante-dix jours pour le budget de l'État), la Constitution permet au chef de l'État de mettre en œuvre ces textes par simple signature en conseil des ministres (ordonnances)... Une manière de faire revenir par la fenêtre un « super 49-3 », puisqu'il s'agit d'un 49-3 sans même un vote de confiance au Parlement. Un nouvel aspect de l'autoritarisme que permet la 5e République serait ainsi mis au jour. Il ne fait donc pas de doute que les aspirations démocratiques nourriront les futures mobilisations.

La clé est dans l'auto-organisation

Alors, repartir ça veut dire continuer à reconstruire nos forces et des habitudes militantes. Et s'il peut y avoir des accélérations dans la crise politique et les mobilisations, il n'y a pas de raccourci vers la victoire. Nous avons besoin de davantage d'auto-organisation, d'AG, qui permettent à la fois des discussions sur la stratégie pour gagner et la mise en œuvre de la grève et d'actions communes à l'échelle des boîtes, des bahuts, des quartiers, des villages, etc. Dans cet objectif, la contribution du mouvement Bloquons tout ! est notable : il a permis la création de nouveaux liens militants tissant de la confiance à travers des AG, des groupes d'action et des comités de quartier qui se réunissent, agissent et discutent.

Mais nous avons aussi besoin d'un horizon politique porteur d'espoir. Car nos revendications, à commencer par l'abrogation totale de la réforme des retraites, sont majoritaires. Quelle gauche pour porter ce projet et faire barrage à l'extrême droite ? Une gauche de rupture, comme le dessinait le programme du Nouveau Front populaire, et pas une gauche d'accompagnement, que dessine le PS dans son accord avec Lecornu et Macron. Une gauche résolument unie contre l'extrême droite. Et une gauche qui s'ancre dans les luttes. Car une gauche de rupture ne tirera sa force que de la mobilisation : elle rencontrera sur sa route l'intransigeance du capital et le présidentialisme de la 5e. C'est bien à ce régime que nos mobilisations vont devoir s'attaquer. Nous voulons une autre société — et c'est d'une autre Constitution que celle qui est au service de Macron et de son monde, dont nous avons ­impérativement besoin.

William Daunora

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Un soutien indéfectible à l’Ukraine

Alors que Trump n'intervient en Ukraine que pour défendre les intérêts étatsuniens, les Ukrainien·nes ne peuvent faire confiance qu'à elleux-mêmes pour face à l'invasion russe (…)

Alors que Trump n'intervient en Ukraine que pour défendre les intérêts étatsuniens, les Ukrainien·nes ne peuvent faire confiance qu'à elleux-mêmes pour face à l'invasion russe comme à leur gouvernement libéral.

27 octobre 2025 | tiré deu site de La gauche anticapitaliste
https://www.gaucheanticapitaliste.org/un-soutien-indefectible-a-lukraine/

L'Ukraine continue de résister héroïquement à la guerre d'annexion impérialiste menée par la Russie. Des espoirs ont été suscités par le sommet réunissant Trump et Poutine en Alaska, dans l'optique d'un cessez-le-feu. Mais depuis les jours précédant le sommet, la Russie a intensifié ses attaques contre l'Ukraine. Elle utilise davantage de drones et de missiles pour cibler des habitations civiles et des infrastructures, mais ne réalise cependant que des progrès limités sur le terrain. La Russie a également envoyé des drones dans l'espace aérien de la Pologne et de la Roumanie.

L'escalade des attaques contre les civil·es menées en août a incité Trump à menacer la Russie de sanctions plus sévères si elle n'acceptait pas un cessez-le-feu et n'entamait pas des négociations. Le sommet en Alaska s'est avéré un grand succès pour Poutine. Il n'a fait aucune concession, tandis que Trump lui accordait une légitimité internationale, malgré les mandats d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide.

Trump manipulé par Poutine ?

Trump s'est retourné contre l'Ukraine en suggérant qu'elle échange des territoires avec la Russie contre un accord de paix, ce qui signifie que l'Ukraine accepterait l'annexion russe du Donbass et de la Crimée. Trump laisse en même temps aux pays européens le soin d'acheter des armes aux États-Unis pour soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine. Les droits de douane de 50 % imposés par les États-Unis à des pays comme l'Inde, qui achètent du pétrole russe, relèvent davantage du protectionnisme de Trump et de ses tentatives de diviser l'alliance pro-russe de pays comme la Chine que d'un soutien à l'Ukraine. N'ayant obtenu aucune concession de la part de Poutine, Trump se dit à présent en colère, et affirme avoir été « manipulé » par lui. Mais ces paroles n'ont pas effrayé Poutine.

Poutine a clairement indiqué que ses objectifs de guerre restaient inchangés : la reconnaissance par l'Ukraine des territoires occupés, la destitution de Zelensky, un veto sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et une réduction drastique des forces armées ukrainiennes. Poutine a rejeté tout cessez-le-feu comme condition préalable à des négociations de paix. En réalité, il ne souhaite pas de négociations, car il espère affaiblir progressivement la résistance ukrainienne. Il a même proposé que Zelensky se rende à Moscou pour négocier. Outre le fait que cela constituerait une menace considérable pour la sécurité de Zelensky, cela serait considéré comme une capitulation de l'Ukraine.

La Russie estime qu'elle peut gagner la guerre grâce à l'importance de ses ressources et elle sait que l'Occident rechigne à soutenir l'Ukraine. L'Occident est divisé entre les pays qui souhaitent une fin rapide de la guerre afin de normaliser leurs relations commerciales avec la Russie et ceux qui souhaitent une guerre plus longue dans le but de l'affaiblir. C'est pourquoi l'aide, notamment militaire, n'a pas été fournie à l'Ukraine suffisamment rapidement en quantité satisfaisante.

Les États-Unis sont probablement le pays le plus désireux de normaliser leurs relations avec la Russie, non seulement parce que Trump admire en Poutine le « leader fort » d'extrême droite auquel il s'identifie, mais aussi pour favoriser les intérêts du capital américain. En effet, l'envoyé spécial américain Keith Kellogg s'est récemment rendu en Biélorussie, un allié clé de la Russie, pour rencontrer son président autoritaire Alexandre Loukachenko. Le résultat est la libération de certains prisonniers politiques en échange de l'autorisation accordée par les États-Unis à Boeing de fournir des pièces détachées à la compagnie aérienne biélorusse.

Après plus de trois ans de guerre, il n'est pas surprenant que de nombreux·ses Ukrainien·nes souhaitent négocier un accord de paix, mais Poutine n'est pas intéressé. Les Ukrainien·nes n'ont d'autre choix que de continuer à résister à l'invasion russe. S'ils veulent la paix, ils ne veulent pas pour autant capituler devant la Russie. Après plus de trois ans de guerre, la Russie n'a pas été en mesure d'atteindre ses objectifs de guerre initiaux, qu'elle espérait atteindre en quelques semaines. Cela démontre que la population ukrainienne continue de soutenir l'effort de guerre.

Attaques néolibérales

Mais le peuple ukrainien ne résiste pas seulement à la guerre d'annexion menée par la Russie, il résiste également aux attaques néolibérales de Zelensky.

En mai, le parlement ukrainien, la Rada, a voté en faveur d'un accord avec les États-Unis pour l'extraction et la fourniture de minéraux rares. Cette décision donne aux États-Unis de nouveaux leviers d'influence sur la situation économique et politique de l'Ukraine. Le gouvernement Zelensky attire des capitaux étrangers peu fiables plutôt que de nationaliser les industries stratégiques, d'introduire un impôt progressif et de lutter contre le marché noir.

En juin, des manifestant·es ont protesté contre la saisie de la Maison des syndicats par la société privée KAMparitet et ont exigé qu'elle soit restituée à son propriétaire légitime, la Fédération des syndicats d'Ukraine.

En juillet, des manifestations de masse ont éclaté dans tout le pays contre le gouvernement Zelensky. Celui-ci a fait adopter à la hâte par la Rada une loi supprimant l'indépendance les unités anticorruption que sont le Bureau national anticorruption (NABU) et le Parquet spécialisé dans la lutte contre la corruption (SAPO). Les manifestations se sont poursuivies jusqu'à ce que Zelensky soit contraint de faire marche arrière en introduisant une nouvelle loi qui rétablissait l'indépendance du NABU et du SAPO.

Le 5 septembre, des centaines de manifestant·es se sont rassemblé·es sur la place de l'Indépendance, à Kiev, pour protester contre des projets de loi parlementaires qui imposeraient des sanctions pénales plus sévères aux soldats désobéissants. Cependant, l'expérience de ces dernières années montrent au contraire que les mesures punitives non seulement ne résolvent pas les problèmes, mais en créent de nouveaux. Une fois de plus, face aux mobilisations, le gouvernement a fait marche arrière et a supprimé certaines des mesures les plus sévères.

Les possibilités des masses ukrainiennes

Le fait que ces manifestations et protestations aient pu avoir lieu en Ukraine, alors que le pays est en guerre, montre à quel point la situation dans le pays est différente de celle de la Fédération de Russie. Là-bas, les manifestations contre le gouvernement ne sont pas tolérées.

Contrairement à la Russie et malgré les conditions de guerre, il existe une société civile dynamique en Ukraine. Une auto-organisation fournit un soutien aux autres citoyen·nes lorsque l'État est défaillant. Des organisations socialistes, syndicales et féministes indépendantes offrent une alternative au néolibéralisme de Zelensky. Les syndicalistes et les jeunes défendent leurs salaires, leurs droits et leurs conditions de travail contre les réformes néolibérales, la corruption et les oligarques, tout en assurant la défense de leur pays, tant sur le front qu'à l'arrière. Les Ukrainien·nes ne sont pas les pions de l'impérialisme occidental, malgré l'intérêt cynique évident de ce dernier à soutenir l'Ukraine.

L'impérialisme occidental souhaite manifestement une reconstruction capitaliste néolibérale de l'Ukraine. C'est notamment pour cela qu'il n'annule pas la dette ukrainienne. La Grande-Bretagne et d'autres pays pourraient prendre des mesures concrètes pour soutenir l'Ukraine, telles que la saisie des avoirs russes gelés, l'annulation des coupes dans l'aide étrangère, l'imposition de sanctions plus sévères contre le régime russe, la sanction des entreprises, telles que Seapeak, basée au Royaume-Uni, qui contournent les sanctions existantes, la prolongation de la protection des réfugié·es ukrainien·nes au-delà de 2026 et l'octroi de l'asile aux militant·es antiguerre russes et biélorusses. Cette dernière mesure pourrait devenir encore plus importante si les opposant·es russes et biélorusses qui vivent actuellement aux États-Unis sont menacés d'expulsion.

L'Occident profite de la guerre en Ukraine pour faire passer une remilitarisation de l'Europe avec le programme ReArmEurope de l'UE et la révision de la défense britannique. Si l'Ukraine doit recevoir toutes les armes et l'aide nécessaires pour résister à la Russie, cela ne doit pas nécessairement entraîner une augmentation massive des budgets militaires. Les ventes d'armes à des pays tels que le régime brutal saoudien ou le gouvernement génocidaire israélien devraient être immédiatement arrêtées. S'opposer au militarisme et aux guerres impérialistes ne signifie pas être pacifiste, car les pays devraient avoir le droit de se défendre contre les occupation et les annexions, y compris par des moyens militaires.

L'ordre établi après la Seconde Guerre mondiale est en train de changer, alors que nous entrons dans un nouveau monde multipolaire où l'impérialisme américain affronte de plus en plus directement la Russie et la Chine. Certaines personnes – même à gauche – se réjouissent de cette évolution. Elles critiquent à juste titre l'histoire de l'impérialisme occidental, mais considèrent la montée en puissance économique et militaire de la Russie et de la Chine comme un progrès. Elles partent du principe erroné que « l'ennemi de mon ennemi est mon ami ». Au contraire, la gauche doit s'ancrer dans l'internationalisme et l'anti-impérialisme, en soutenant les luttes de la classe ouvrière et les luttes démocratiques à l'échelle mondiale. La priorité doit être de donner la primeur aux personnes plutôt que de réduire la politique à des manœuvres géopolitiques entre gouvernements. L'Ukraine doit recevoir tout ce dont elle a besoin pour obtenir une paix juste.

Publié par Anti*capitalist Resistance le 20 septembre 2025, traduit par Lalla F. Colvin. Repris du site d'Inprecor le 22 octobre

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Grèce : Le retour à l’esclavage ne passera pas !

28 octobre, par Andreas Sartzekis — , ,
Le 1er octobre, une grève générale était appelée par la GSEE (confédé unique du privé), l'ADEDY (fédé unique du public) et de nombreuses fédérations et syndicats. Très suivie, (…)

Le 1er octobre, une grève générale était appelée par la GSEE (confédé unique du privé), l'ADEDY (fédé unique du public) et de nombreuses fédérations et syndicats. Très suivie, elle était centrée sur le refus d'un projet de loi monstrueux : permettre une journée de travail de 13 heures pour le même employeur (on sait que de nombreux Grecs sont réduitEs depuis longtemps à avoir deux emplois).

9 octobre 2025 | tiré de Hebdo L'Anticapitaliste - 770 |Photo : Grèce - campement du gréviste de la faim Panos Routsi - photo NPA

Provocation du gouvernement ultralibéral « offrant » cette mesure, qui vaudrait pour 37 jours annuels, en promettant la liberté de choix pour l'employeur comme pour le salariéE ! Après la mesure de 2024 permettant des semaines de 6 jours de travail, la surexploitation des salariéEs prend des allures orwelliennes, et l'augmentation des accidents du travail, sur fond de bas salaires et de casse des services publics, en est l'illustration. Et c'est la même logique à l'œuvre dans le secteur public, où la moindre critique syndicale aux mesures de « rentabilisation » conduit à des sanctions, voire à des licenciements, notamment dans l'éducation.

Des manifs solidaires et en colère

Même si la manif athénienne manquait un peu de punch (autour de 15 000 personnes dans les différents cortèges), le pays a connu une bonne mobilisation dans la rue, et surtout, on assiste ici aussi à une convergence des colères qui s'accumulent. Colère contre l'étouffement des nombreux scandales — le dernier en date portant sur des subventions agricoles européennes versées par la droite pour clientélisme. Contre les cadeaux aux fascistes (le führer criminel d'Aube dorée vient d'être libéré pour raisons médicales…), avec le 18 septembre une grosse manif antifa pour l'hommage annuel à Pavlos Fyssas, assassiné par les tueurs nazis.

Soutien au peuple palestinien

Et, très fort dans la période, le soutien au peuple palestinien, avec de très nombreux drapeaux et slogans dans les cortèges, est indispensable face à la complicité de Mitsotakis avec Netanyahu. Cet été, des rassemblements (réprimés !) ont protesté contre les provocations de touristes mais aussi de soldats israélienNEs en croisière drapeaux au vent, se permettant d'arracher des affiches de soutien au peuple palestinien et d'insulter les habitantEs solidaires. Et bien sûr, le soutien à la flottille pour Gaza (avec une petite trentaine de Grecs) était très fort (les bateaux ont été attaqués mercredi soir), et la mobilisation continue. Par contre, faiblesse dramatique : toujours aucune forme de soutien à la résistance populaire ukrainienne…

Soutien aux victimes de la catastrophe ferroviaire de Tèmbi

Soutien aussi à Panos Routsi, père d'une des victimes de la tragédie (ou plutôt crime) ferroviaire de Tèmbi en 2023, qui réclame des examens sur le corps de son fils, avec le soupçon persistant du transport illégal par un des deux trains d'une substance explosive. En grève de la faim depuis le 15 septembre devant le Parlement, son combat est massivement soutenu, et les cortèges l'ont salué, montrant la très large volonté populaire de rendre justice aux 57 victimes.

Se pose dès maintenant la question de la suite, urgente !

Dernière minute : victoire pour Panos Routsi – et pour toutes les familles des 57 victimes – qui vient d'obtenir, le 7 octobre, satisfaction à ses demandes, soutenues par plus de 80 % de la population !

A. Sartzekis, Athènes, le 5 octobre 2025.

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