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Appel à un contrat social sexotransformateur à Beijing+30

7 mars, 2025 . À l'approche de la 69ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW69/Beijing+30) qui se tiendra la semaine prochaine, les syndicats mondiaux appellent à un nouveau contrat social porteur de transformations en matière de genre en soulignant la nécessité d'agir d'urgence pour protéger l'égalité de genre et les droits des travailleurs partout dans le monde.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Cinq exigences des syndicats mondiaux pour la Déclaration de Beijing+30 :
Égalité de genre pour la justice sociale, la démocratie et la paix
La démocratie est de plus en plus menacée par des régimes autoritaires tandis que la discrimination, fondée sur le sexe, la violence et la xénophobie progressent sans cesse. La déclaration doit constituer un engagement à protéger les droits fondamentaux, dont la liberté syndicale et la négociation collective, l'égalité de rémunération et l'accès des femmes aux postes de direction. En outre, elle doit s'attaquer aux défis particuliers que rencontrent les femmes dans les zones de conflits et préconiser qu'elles soient associées aux négociations de paix.
Les droits au travail des femmes sont des droits humains
Tous les gouvernements doivent défendre les principes fondamentaux de l'OIT, notamment en éliminant le travail forcé, en assurant des conditions de travail sûres et en éradiquant la discrimination fondée sur le genre dans l'emploi. Il est essentiel d'instaurer des systèmes de protection sociale universels, un congé parental rémunéré et des politiques qui reconnaissent les activités de soins non rémunérées si l'on veut instaurer la justice économique pour les femmes.
Du travail décent pour les femmes
Pour concrétiser l'égalité de genre, il faut que les gouvernements investissent dans la création de 575 millions de nouveaux emplois décents d'ici 2030, en particulier dans le secteur des soins. Une approche propre à transformer la dynamique hommes-femmes dans l'emploi doit porter sur des salaires équitables, une formalisation du travail informel et fournir des protections au travail pour toutes les femmes. Il faut aussi réglementer la transition numérique pour empêcher que l'automation défavorise les femmes de manière disproportionnée.
Égalité de rémunération pour un travail de valeur égale
La persistance de l'écart salarial entre hommes et femmes est un facteur majeur de la féminisation de la pauvreté. Il faut des approches systémiques pour combler cet écart, notamment en mettant en application des lois sur l'équité de rémunération, en appliquant des politiques de transparence salariale et en appuyant la participation des femmes dans des domaines dominés par les hommes, comme la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STIM).
Un lieu de travail exempt de violence et de harcèlement fondés sur le genre
La ratification et la mise en application de la convention 190 de l'OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail est une priorité. Il faut des politiques du lieu de travail robustes qui viennent en aide aux victimes de la violence domestique et rendent les auteurs comptables de leurs actes. Investir dans les programmes de prévention, dans les protections légales et dans des services publics qui luttent contre la violence est tout aussi nécessaire.
«
Face à la montée des défis pour l'égalité de genre, nous insistons pour que la Déclaration de Beijing+30 comporte des engagements tangibles qui s'attaquent aux barrières structurelles et réaffirment les droits au travail des femmes. L'adoption d'un agenda porteur de transformations en matière de genre est pour les gouvernements l'occasion d'instaurer un monde du travail plus juste, inclusif et durable. La prochaine session de la CSW69 sera le moment crucial pour prendre des mesures décisives en vue d'un changement social et économique durable » a déclaré la secrétaire général adjointe d'IndustriALL Christine Olivier.
IndustriALL organisera parallèlement à la CSW une activité sur le thème des voies de recours qu'offrent aux travailleuses du textile et de l'habillement les accords contraignants. Pendant des décennies, les chaînes d'approvisionnement mondiales ont été la scène de violations systémiques des droits humains. Les régulations volontaires ont été incapables d'apporter un changement sérieux, laissant les travailleuses et les travailleurs sans recours. Une alternative robuste existe : des accords négociés entre entreprises et syndicats à l'échelon mondial. Ces accords, en particulier lorsqu'ils sont contraignants, garantissent la redevabilité, protègent les droits des travailleurs et promeuvent des solutions de nature à transformer la dynamique hommes-femmes.

https://www.industriall-union.org/fr/appel-a-un-contrat-social-sexotransformateur-a-beijing30
A call for a gender-transformative social contract at Beijing+30
https://www.industriall-union.org/a-call-for-a-gender-transformative-social-contract-at-beijing30
Por un contrato social transformador desde el punto de vista del género en Beijing +30
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Déclaration politique CSW 69 « Beijing +30 »
Dimanche 16 mars 2025
La 69ème session de la Commission sur le statut des femmes, en mars 2025 à l'ONU marque les 30 ans de la Conférence internationale de 1995 (« Beijing +30 »). Elle a adopté une Déclaration politique.
Ci-dessous le texte de la Déclaration en lecture en ligne et en pdf à la fin de l'article. (Les intertitres « exposé des motifs » et « recommandations » et caractères gras et liens sont un ajout d'Adéquations pour faciliter la lecture en ligne)
http://www.adequations.org/spip.php?article2724
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Contre les féminicides : un combat mondial

À travers la planète, des hommes tuent des femmes et des filles parce qu'elles sont femmes et filles. Le féminicide est un phénomène mondial. De la Colombie à la Grande Bretagne, des médias disent « ça suffit » et appellent les autorités à agir.
Photo et article tirés de NPA 29
L'édito international de Rachek Knaebel.
Le 8 mars, c'est la journée internationale des droits des femmes. Mais c'est tous les jours que des femmes et des filles sont victimes de féminicides. En France, en 2023, il y a eu 93 féminicides et 319 tentatives recensées. Et 135 féminicides en 2024. Mais le phénomène est, évidemment, mondial, et alerte les médias.
« Entre janvier et décembre 2024, 886 femmes ont été victimes de féminicides en Colombie, selon l'Observatoire colombien des féminicides. C'est l'année avec le plus grand nombre de cas depuis 2018 », lorsqu'un registre réalisé par la société civile a commencé, signale larevue féministe latino-américaine Volcánicas. « Les autorités colombiennes ont signalé que 44 de ces féminicides concernaient des filles », ajoute la média. Ce qui « nécessite des mesures institutionnelles urgentes pour garantir leur vie », pointe la revue.
Filles et adolescentes en danger en Colombie
« La nuit du 18 janvier, la Plaza de la Libertad de Chiquinquirá, Boyacá (un département de Colombie), était remplie de ballons et de bougies blanches. Des chants demandent que justice soit faite après la disparition d'une jeune fille », rapporte le site dans un reportage. Il s'agit en de Laura Valentina Páez Velandia, 9 ans.
Elle a disparu le 16 janvier, « au milieu d'une promenade de routine ». Son corps a été découverte cinq jours plus tard. Un homme a été mis en cause et arrêté.
Autonomie mise à mal
Certaines régions du pays sont plus touchées que d'autres par ces meurtres, qui ont des effets sur toute la société. « Ces cas de féminicides représentent également une violence symbolique à l'égard d'autres filles et adolescentes, qui voient leur autonomie mise à mal lorsque leurs amies, leurs voisines ou des filles et adolescentes du même âge qu'elles se font assassiner », dit Natalia Escobar, de l'Observatoire colombien pour l'égalité des femmes.
« La violence contre les filles, les adolescentes et les femmes continue d'augmenter et les mesures institutionnelles pour la prévenir font toujours défaut », accuse aussi Volcánicas. Le cas de l'Argentine donne raison à la revue. Là, le gouvernement du président Milei a annoncé « qu'il abrogerait le crime de féminicide du code pénal, ce qui constitue un revers majeur dans la lutte contre la violence fondée sur le genre », notait unechercheuse dans la revue The Conversation fin janvier.
Des autorités qui prennent ces morts au sérieux devraient déjà enquêter précisément sur le phénomène. Et pendant des années, les données ont manqué. Le quotidien britannique The Guardianrévèle ainsi cette semainequ'au Royaume Uni, près d'une femme sur dix décédée aux mains d'un homme au cours des 15 dernières années « était une mère tuée par son fils ».
Des mères tuées par leurs fils
C'est ce que montre un rapport publié début mars par une organisation de la société civile : « Les données analysant la mort de 2000 femmes tuées par des hommes depuis 2009 ont donné un aperçu sans précédent du fléau caché qu'est le matricide, avec plus de 170 mères tuées par leurs fils. »
Le rapport conclut que la mauvaise santé mentale a joué un rôle dans 58% des cas de matricide. Selon Karen Ingala Smith, cofondatrice du groupe Femicide Census, les femmes sont souvent amenées à « payer le prix » des échecs de l'État, les fils en souffrance psychique n'ayant pas été pris en charge par le système de santé et social.
« La violence masculine à l'encontre des mères est une réalité largement méconnue mais brutale, dit elle. Ce que nous voyons dans ces chiffres n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il s'agit des femmes qui ont été tuées, mais il y a bien d'autres victimes cachées qui vivent leur vie dans la détresse la plus totale. »
Les gouvernements doivent agir
Les chiffres analysés par l'organisation britannique montrent par ailleurs que sur l'ensemble des 2000 cas de féminicides étudiés, « 90 % des meurtriers sont des membres de la famille, des partenaires ou des connaissances de la victime, tandis que 61 % des femmes ont été tuées par un partenaire actuel ou ancien. Environ 80 % des meurtres ont été commis au domicile de la victime ou de l'auteur. 61% des femmes ont été tuées par un partenaire actuel ou ancien, 9% des femmes ont été tuées par leur fils, 6% par d'autres membres de la famille, 15% par d'autres hommes qu'elles connaissaient et 10% par quelqu'un qu'elles ne connaissaient pas. »
Les nouvelles statistiques sur les cas de mères tués par leurs fils « ont conduit à des appels au gouvernement pour qu'il prenne des mesures spécifiques afin de lutter contre le matricide, et d'apporter un soutien aux victimes », écrit The Guardian. Le gouvernement du Royaume-Uni, et les autres à travers le monde, entendront-ils enfin ces appels ?
7 mars 2025 Rachel Knaebel
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Être femme en Afghanistan, ou quand chanter en public devient un crime

Alors que l'ONU a célébré en fanfare, la semaine dernière, la Journée internationale des femmes, l'envoyée de l'organisation en Afghanistan a mis l'accent, lundi, sur un jalon bien plus sombre, l'approche du quatrième anniversaire d'une loi interdisant l'accès des femmes afghanes à l'éducation.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en Afghanistan, Roza Otunbayeva a souligné l'ampleur des restrictions imposées aux femmes du pays, après trois ans et demi de régime taliban.
La Représentante spéciale du Secrétaire général a notamment cité l'interdiction d'accès à l'éducation qui frappe les filles afghanes depuis bientôt quatre ans, une interdiction selon elle « sans aucun fondement » dans la religion islamique.
Elle a également signalé que, le décembre dernier, les autorités sanitaires talibanes avaient ordonné la fermeture des instituts médicaux pour filles, jusqu'ici l'une des dernières voies permettant à ces dernières d'accéder à une formation professionnelle.
Selon l'envoyée spéciale, cette nouvelle interdiction entrave la capacité du pays à protéger non seulement la santé des femmes, mais également celle de tous les Afghans. Elle a ajouté que cette décision ne ferait qu'aggraver la mortalité maternelle et infantile dans le pays, d'ores et déjà l'une des plus élevées au monde.
La prévention du vice
Mme Otunbayeva, qui est également la cheffe de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a indiqué que la mission suivait de très près l'application par les talibans de leur loi pour « la prévention du vice et la promotion de la vertu ».
Promulguée en août 2024, cette dernière renforce les restrictions dont font l'objet les femmes du pays, leur interdisant notamment de chanter, de réciter de la poésie et même de lire à voix haute en public.
Constatant ses effets négatifs en matière économique et de respect des droits humains, l'envoyée de l'ONU a estimé que cette loi était un obstacle majeur à la réintégration de l'Afghanistan au sein de la communauté internationale.
Le « mensonge » taliban
Venue témoigner devant le Conseil, Azadah Raz Mohammad, une avocate afghane, a rappelé qu'au moment de leur prise de pouvoir, en 2021, les talibans s'étaient faits passer pour un groupe réformé, désormais respectueux des droits des femmes – « un mensonge », selon elle, « que la communauté internationale s'est empressée de croire ».
À l'époque, Mme Mohammad et ses compatriotes savaient que les nouvelles autorités s'acharneraient à détruire tous les acquis pour lesquels elles s'étaient battues depuis le premier règne taliban, entre 1996 et 2001.
« Au cours des trois dernières années et demie, nos craintes sont devenues réalité », a-t-elle constaté.
Un « apartheid de genre »
En pas moins de 126 décrets, « appliqués avec violence », les talibans ont selon elle privé les femmes afghanes de leurs droits les plus élémentaires à l'éducation, à l'emploi, à la libre circulation, à la liberté de réunion, à la libre parole et à vivre sans violence.
« Les talibans ont tellement effacé les femmes afghanes que même entendre leur voix ou voir leur visage en public est désormais un crime », a-t-elle ajouté. « Elles étouffent chez elles, sans même avoir le droit de regarder par la fenêtre ».
Un tel degré d'oppression « systématique et institutionnalisée » équivaut à ce que Mme Mohammad a qualifié, à l'instar de nombreux experts internationaux, « d'apartheid de genre ».
À ce titre, elle a salué les mandats d'arrêt requis, en janvier, par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)contre deux hauts dirigeants du régime taliban, accusés de crime contre l'humanité pour violation systématique des droits fondamentaux des filles et femmes du pays.
« C'est une lueur d'espoir pour le peuple afghan », a déclaré l'avocate, également cofondatrice de la campagne Ham Diley, qui milite pour que les responsables de crimes commis en Afghanistan soient traduits en justice.
Baisse des fonds humanitaires
Par ailleurs, l'envoyée de l'ONU en Afghanistan, Mme Otunbayeva, a indiqué que plus de la moitié de la population afghane, soit environ 23 millions de personnes, avait besoin d'une aide humanitaire en 2025.
« Mais cette aide diminue rapidement », a-t-elle constaté.
Au cours du mois dernier, elle a signalé que plus de 200 établissements de santé avaient fermé en Afghanistan, privant de soins 1,8 million de personnes. Les services essentiels de malnutrition pour les enfants ont également été réduits à la baisse, a-t-elle ajouté.
« Si cette aide cesse, les progrès fragiles des trois dernières années s'effondreront et de nombreux Afghans auront à nouveau recours à des mécanismes d'adaptation tels que l'émigration », a mis en garde Mme Otunbayeva.
https://news.un.org/fr/story/2025/03/1153816
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Argentine : « Sans terre ni eau entre nos mains, la faim progresse »

Le travail des femmes rurales, leur rôle dans la construction de la souveraineté alimentaire et leur engagement quotidien sur le territoire sont quelques-uns des aspects abordés par Carolina Llorens, du Mouvement National Paysan Indigène (MNCI-ST). À l'approche d'une nouvelle journée du 8 mars, elle met en lumière les spécificités des luttes rurales et lance un appel : « Les féminismes doivent devenir paysans. »
« Semeuses de vie et de résistance » est un livret recueillant les témoignages de femmes ayant participé à la première édition de l'École féministe organisée par l'Alliance pour la souveraineté alimentaire des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes. Il explore l'économie féministe, l'agroécologie et la lutte contre les violences de genre et le racisme, à travers les expériences de celles et ceux qui produisent une alimentation saine.
L'École féministe s'est déroulée en plusieurs rencontres virtuelles, complétées par une session en présentiel en Colombie en 2023. Elle visait à encourager la participation des jeunes femmes. « Bien que les jeunes femmes construisent la souveraineté alimentaire au quotidien, leurs voix restent marginales dans les espaces de discussion internationaux. Nous voulions renforcer cette participation », explique Carolina Llorens, membre du MNCI-ST et l'une des coordinatrices de l'école.
De jeunes femmes rurales, agricultrices familiales, autochtones et pêcheuses artisanales d'Argentine, du Brésil et du Mexique, entre autres pays, ont pris part à cette expérience. « Chacune a pu partager les savoirs qu'elle construit sur son territoire. Pour nous, chaque lutte menée est une source d'espoir », souligne-t-elle.
Le livret « Semeuses de vie et de résistance » appelle à dépatriarcaliser les systèmes alimentaires en proposant des alternatives comme l'agroécologie, pour avancer vers la souveraineté alimentaire.
Que signifie dépatriarcaliser les systèmes alimentaires ?
— Il s'agit de reconnaître les oppressions présentes dans ces systèmes, de la production à la consommation, et de rendre visible les multiples tâches assumées par les femmes, comme le soin de la terre et des semences. Leur travail reste souvent non reconnu et elles sont exclues des secteurs les plus lucratifs, comme la commercialisation et la production industrielle. Or, c'est justement dans ces espaces que l'on fabrique des produits comestibles plutôt que de véritables aliments.
L'industrie agroalimentaire capitaliste produit des denrées pauvres en nutriments qui bénéficient aux monopoles plutôt qu'à la souveraineté alimentaire des populations.
Dépatriarcaliser ces systèmes implique de transformer ces oppressions et de construire des alternatives respectueuses des personnes et des écosystèmes. L'agroécologie et le commerce équitable sont des pas dans cette direction.
Comment ces relations de pouvoir affectent-elles les productrices ?
— Un exemple très parlant est celui de Córdoba, où je vis. L'élevage des chèvres est une activité majoritairement assumée par les femmes, les enfants et les jeunes, mais elle n'est pas reconnue comme productive. Elle est perçue comme une simple tâche domestique.
En conséquence, les femmes n'ont pas d'autonomie sur la vente de leur production, un rôle qui revient aux hommes. Le Mouvement Paysan de Córdoba (intégré au MNCI-ST) a mené un processus pour valoriser ce travail et renforcer l'autonomie économique des productrices, notamment en transformant le lait en fromage et en dulce de leche. Cette autonomie leur permet de prendre des décisions sur leur travail, leur corps et leur territoire.
En quoi l'agroécologie contribue-t-elle à dépatriarcaliser la production ?
— L'agroécologie repose sur la reconnaissance de l'interdépendance et de l'écodépendance. Elle préserve les écosystèmes et place le soin de la vie au centre de ses préoccupations.
Contrairement à la simple agriculture biologique, elle ne se limite pas à la production d'aliments sains, mais promeut aussi des relations sociales équilibrées et non dominées entre celles et ceux qui produisent.
Comment le féminisme paysan contribue-t-il à la lutte contre le fascisme et le racisme ?
— Depuis plus de 500 ans, les femmes paysannes, autochtones et afro-descendantes luttent pour le bien-être de leurs peuples et une vie digne. Le féminisme paysan, indigène et populaire révèle et valorise ces combats, ancrés dans la réalité quotidienne des territoires. Les féminismes urbains sont souvent déconnectés des enjeux ruraux et reproduisent parfois des oppressions en invisibilisant ces voix. Par exemple, les femmes rurales consacrent quatre à cinq heures de plus aux tâches de soin, mais cela n'est pas intégré aux politiques publiques. Les féminismes doivent se ruraliser, reconnaître les oppressions subies par les femmes rurales et autochtones et inclure la lutte pour la souveraineté alimentaire dans leurs revendications.
Quelles sont aujourd'hui les priorités politiques des féminismes paysans en Amérique latine ?
— Face à la montée du fascisme, qui exacerbe la violence contre les femmes, les communautés LGBTQ+ et nos territoires, nous devons renforcer nos alliances.
La priorité aujourd'hui est d'unir nos luttes – défendre nos droits et la souveraineté alimentaire aux côtés des féminismes populaires urbains et des mouvements pour la justice climatique. Il est essentiel de mettre en lumière le rôle central des femmes paysannes et autochtones dans le maintien de la vie.
Sans nos corps pour défendre les territoires et les biens communs, l'extractivisme et la crise climatique continueront de progresser. Sans la terre et l'eau entre nos mains pour produire une alimentation saine, la faim s'étendra.
La lutte pour la souveraineté alimentaire, l'agroécologie et une vie libre de violences est essentielle pour résister aux entreprises capitalistes, racistes et patriarcales qui nous menacent tou·tes.
Cette publication est également disponible enEnglish : liste des langues séparées par une virgule, Español : dernière langue.
https://viacampesina.org/fr/argentine-sans-terre-ni-eau-entre-nos-mains-la-faim-progresse/
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Haïti : Appel à la mobilisation pour la reconnaissance et la défense des droits des femmes haïtiennes.

Le 8 mars 2025, à l'occasion de la Journée internationale de lutte des femmes travailleuses, les organisations paysannes haïtiennes Mouvman Peyizan Papay (MPP) et Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen, toutes deux membres de CLOC-LVC, ont élevé la voix pour dénoncer la violence, la discrimination et les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes. Dans un contexte de crise politique et sociale aiguë, elles appellent à la mobilisation pour la reconnaissance et la défense des droits des femmes haïtiennes.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/20/haiti-appel-a-la-mobilisation-pour-la-reconnaissance-et-la-defense-des-droits-des-femmes-haitiennes/
La lutte des femmes du Mouvman Peyizan Papay (MPP)
Les femmes du MPP ont lancé un appel à la mobilisation pour mettre fin à toutes les formes de domination, de violence et de discrimination, tant à l'égard des femmes et des filles migrantes à l'étranger que dans la société haïtienne.
La domination masculine, la discrimination et l'exclusion sociale sont une prolongation du système colonial. Elles exigent une plus grande présence des femmes dans les espaces de décision pour lutter contre l'impunité, la complaisance des autorités face à la violence de genre incontrôlée, ainsi que contre les inégalités économiques et politiques qui affectent les femmes. En Haïti, les femmes continuent de mourir sous les coups de la violence sexiste.
Elles sont encore criminalisées pour avoir revendiqué le droit de contrôler leur propre corps et doivent faire face à des inégalités structurelles qui les condamnent à la précarité et à la marginalisation.
« Face à ces fléaux, nous devons continuer à lutter, à persévérer et à résister pour transformer le monde et garantir le respect des droits des femmes », ont-elles déclaré.
L'engagement de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen
Les femmes de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen se sont mobilisées pour revendiquer leurs droits et poursuivre la lutte initiée par celles qui ont œuvré pour la libération des masses populaires.
Le 8 mars 2025, l'organisation paysanne a organisé des activités dans plusieurs départements du pays pour commémorer la Journée internationale de lutte des femmes. Dans le contexte de la profonde crise politique traversant Haïti, les femmes paysannes, qui sont la force motrice du pays, subissent également les conséquences de cette instabilité croissante. Cela se reflète, entre autres, dans l'inaccessibilité des produits locaux, bloqués dans les zones rurales et empêchés d'atteindre les grandes villes. Historiquement, ce rôle de distribution a été joué par les femmes connues sous le nom de « Madan Sara », qui assurent la survie de leurs familles. Aujourd'hui, elles sont étouffées par le blocus économique orchestré par l'impérialisme nord-américain, un processus amorcé durant l'occupation américaine et qui est toujours en vigueur.
Malgré ces difficultés, elles refusent de rester inactives et continuent la lutte pour l'autonomie des femmes tout en faisant face à d'autres urgences liées à la situation actuelle, telles que la sécurité, la justice équitable et la violence planifiée par les gangs armés dans la capitale haïtienne, où les viols collectifs se multiplient.
Face à l'incapacité du gouvernement à répondre à leurs demandes, les femmes de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen ont organisé des conférences et des débats suivis de marches revendicatives dans différentes régions du pays : dans le département de Grand'Anse, notamment à Roseaux ; dans le Nord-Est (Saint-Raphaël, Ranquitte, Dondon, Bahon et Pignon) ; et dans le Bas-Nord, en particulier à Plaisance.
Leurs messages s'inscrivent dans la lignée de leur organisation, qui est combative, vigilante et revendicatrice. Elles ont exigé le maintien de la Constitution de 1987, que certains acteurs tentent de modifier sans le consentement populaire. Elles ont également appelé à une véritable concertation nationale avant toute décision d'envergure.
Les femmes paysannes de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen s'opposent fermement à toute tentative illégale et arbitraire qui plongerait davantage le pays dans le chaos.
Une lutte commune pour la dignité des femmes haïtiennes
Les luttes du MPP et de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen convergent vers un objectif commun : la reconnaissance et la protection des droits des femmes haïtiennes. Que ce soit dans les zones rurales ou urbaines, qu'elles luttent contre la domination patriarcale ou l'exclusion économique, ensemble, elles exigent la fin de l'oppression et l'accès à une vie digne. Face aux multiples crises que traverse Haïti, leur résistance collective est plus que jamais nécessaire pour construire un avenir où les femmes jouent pleinement leur rôle dans la transformation sociale du pays.
Vive la lutte des femmes haïtiennes !
Vive la lutte paysanne !
Vive l'autonomie des femmes !
Cette publication est également disponible en Español.
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République dominicaine : « Persister, résister et transformer pour les droits des femmes »

Dans le cadre du 8 mars, la Journée internationale des luttes pour les droits des femmes, les organisations membres de la CLOC-Via Campesina en République dominicaine, aux côtés d'autres organisations des mouvements sociaux du pays, ont pris part à une marche dans les rues de Saint-Domingue.
Tiré de Entre les lignes et les mots
En République dominicaine, le 8 mars n'est pas seulement une journée de commémoration, mais un moment de lutte collective et de mémoire vivante. Dans un pays où Anacaona, María Trinidad Sánchez, les sœurs Mirabal et Mamá Tingó ont semé la rébellion, les organisations sont descendues dans la rue pour célébrer les victoires obtenues et revendiquer ce qui reste à conquérir : justice sociale, souveraineté sur les territoires et sur les corps, ainsi que des droits égaux pour toutes et tous. Dans un monde marqué par des crises politiques, sociales et environnementales, les femmes et les diversités demeurent à l'avant-garde de la résistance et de la transformation, réaffirmant : Nous ne nous arrêterons pas !
Manifeste de la marche :
« Persister, Résister, Transformer pour les droits des femmes »
Aujourd'hui, 8 mars, nous sommes ici pour faire entendre notre voix, exiger justice et rappeler à celles et ceux qui gouvernent ce pays que nous ne sommes pas des citoyennes de seconde catégorie. Le silence, la peur et l'angoisse qu'ils tentent de nous imposer par leur inaction systématique face à nos revendications ne seront jamais notre réponse. La dignité et la lutte resteront constantes jusqu'à l'obtention d'une égalité et d'une liberté pleines et entières.
Depuis des décennies, les femmes de République dominicaine revendiquent leur juste place dans la société, mais les avancées sont lentes et les dettes historiques persistent. Le gouvernement nous ignore, le Congrès nous trahit, les institutions nous abandonnent.
Pendant que le président Luis Abinader esquive nos revendications, les femmes continuent de mourir sous les coups de la violence machiste, d'être criminalisées pour vouloir disposer de leur propre corps et de subir une inégalité structurelle qui nous condamne à la précarité et à la marginalisation.
Mais nous sommes là. Nous n'avons pas peur et nous avons de la mémoire.
Nous nous rassemblons aujourd'hui, car nous savons que persister est notre seule option, résister est notre devoir et transformer est notre mission.
L'État nous abandonne, mais nous ne nous tairons pas.
Nous exigeons des réponses face à une réalité insoutenable
Violence machiste incontrôlée : Alors que le Congrès et le gouvernement refusent toujours d'adopter une loi intégrale contre les violences de genre, les femmes continuent d'être assassinées, agressées et réduites au silence.
Inégalités politiques et économiques : Nous constatons encore un gouvernement avec une représentation féminine quasi inexistante, ainsi qu'une faible présence des femmes dans les postes électifs. Pendant ce temps, nos droits restent peu garantis et l'écart salarial continue de nous pénaliser.
Criminalisation de l'avortement : Tandis que d'autres pays progressent, la République dominicaine maintient l'une des législations les plus restrictives au monde, interdisant l'avortement même en cas de viol, d'inceste ou de danger pour la vie de la personne enceinte.
Santé précaire et violences obstétricales : Les femmes continuent de mourir dans les hôpitaux faute de soins adaptés, tandis qu'un système impose les césariennes sans tenir compte de leurs risques.
L'éducation sexuelle intégrale détournée par la religion : Les églises continuent d'interférer dans les politiques publiques, privant les filles et adolescentes d'une information qui pourrait leur sauver la vie.
Extractivisme et destruction environnementale : Nous nous opposons à l'exploitation minière et au pillage de nos ressources naturelles, qui appauvrissent nos communautés et détruisent nos territoires.
Racisme et xénophobie institutionnalisés : Les femmes dominico-haïtiennes sont persécutées, arrêtées et expulsées sans garantie de leurs droits.
Nous ne nous arrêterons pas ! Ce gouvernement et cette société doivent comprendre que nous ne reculerons pas. Nous refusons que nos droits continuent d'être marchandés, ni que notre exploitation et notre oppression enrichissent quelques privilégiés.
Nous exigeons justice et des changements structurels immédiats :
Autonomie sur nos corps et nos vies : Légalisation de l'avortement dans les trois cas de figure, éducation sexuelle intégrale et accès universel à la santé sexuelle et reproductive.
Droit de vivre sans violence : Une loi intégrale contre les violences de genre, avec de véritables mesures de prévention et de sanction.
Droits du travail et économiques : Ratification de la Convention 190 de l'OIT contre les violences au travail, intégration de la perspective de genre dans le Code du travail et la Loi de la fonction publique, égalité salariale et mise en place d'un système national de soins qui reconnaît et répartit le travail domestique et de soin non rémunéré.
Justice environnementale et droit au territoire : Annulation des projets extractivistes et reconnaissance du droit humain à l'eau dans la Constitution.
Droits pleins et entiers pour toutes les personnes : Adoption d'une loi contre les discriminations fondées sur le genre et l'orientation sexuelle, protection sociale des femmes âgées, en situation de handicap et paysannes, et fin des violences étatiques contre les personnes racisées.
Toutes les femmes, tous les droits !
Aujourd'hui, nous le crions haut et fort : nos vies comptent, nos droits comptent, nos territoires nous appartiennent. Dignité, droits, égalité, liberté et justice. Car le présent et l'avenir sont féministes.
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8 mars, des manifs deux fois plus grosses qu’en 2024

C'est une performance ! 250 000 participantEs ont déclaréEs par l'interorga « grève féministe », et ce, pendant des vacances scolaires et dans le climat répressif actuel.
Crédit Photo
Manifestation à Gap le 8 mars 2025
Tiré de : Hebdo L'Anticapitaliste - 745 (13/03/2025)
https://lanticapitaliste.org/actualite/feminisme/8-mars-des-manifs-deux-fois-plus-grosses-quen-2024
Le dernier méfait de l'État est l'interdiction de la marche féministe nocturne parisienne. Cette initiative a été finalement autorisée au dernier moment, à la suite d'un recours devant le tribunal.
Des enjeux de taille
L'enjeu de manifs massives était de taille, pour poursuivre l'élan des mobilisations autour du procès des violeurs de Gisèle Pélicot, mais surtout vu l'objectif que s'était fixée Némésis, se promettant sur Instagram de « mettre la main sur le 8 mars » ! Ce groupe de femmes qui militent contre leurs droits et les sionistes de Nous vivrons n'ont réussi à manifester que quelques centaines de mètres à Paris, derrière des policiers qui leur ouvraient la voie, en matraquant des militantEs du service d'autoprotection mis en place par les organisatrices.
La stratégie coordonnée du mouvement féministe parisien pour repousser l'extrême droite dans la rue, discutée laborieusement depuis des semaines, s'est avérée victorieuse, puisque les militantes sont restées soudées, et l'extrême droite a été maintenue loin de l'essentiel de la manif. Et les fémonationalistes n'ont pas empêché que dans toutes les grandes villes, une foule déterminée et particulièrement jeune se fasse entendre contre le patriarcat et l'extrême droite ; avec beaucoup de slogans, de pancartes et de banderoles antifascistes.
Des manifs joyeuses et unitaires
Il est trop tôt pour pouvoir faire un point international et un bilan de la grève féministe, sachant qu'au niveau des lieux de travail, le calendrier ne nous a pas aidé en positionnant le 8 mars un samedi... et il nous manque une auto-organisation des femmes dans les quartiers, permettant une préparation collective de la grève des tâches à la maison. Mais les actions de rue ont été prometteuses pour la suite, avec des cortèges dynamiques, une présence syndicale en hausse, des slogans radicaux, une grande place donnée à la solidarité en dehors des frontières. Dans la plupart des villes, le NPA-l'Anticapitaliste était présent, avec nos autocollants tant appréciés et nos drapeaux ; en animant quand nous l'avons pu un cortège anticapitaliste, parfois avec d'autres groupes, comme l'Union communiste libertaire.
La manifestation du 8 mars 2025 à Strasbourg
Comme d'habitude dans les initiatives féministes, il y avait dans ces manifs du 8 mars beaucoup de chant et de danse, une joie communicative de prendre possession de l'espace public. Qu'elles nous servent de tremplin, car comme le dit un slogan particulièrement repris : « le 8 mars c'est pas assez, féminisme toute l'année » !
L'interorga « grève féministe », qui déclare que « nos droits sont directement visés par des pouvoirs autoritaires, ouvertement masculinistes, théocratiques ou militaro-nationalistes », appelle « l'ensemble du mouvement féministe à se saisir de la date du 22 mars pour la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, pour un autre projet de société, humaniste, solidaire et égalitaire. »
Commission nationale d'intervention féministe
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Entre regain de la mobilisation et recul de la grève féministe, comment s’organiser pour gagner ?

Cette année encore, la manifestation féministe du 8 mars à Bruxelles était une belle réussite. Si la presse n'a relayé que l'estimation de la police (10.000 personnes), la réalité devait s'approcher davantage de la participation à la manifestation syndicale du 13 janvier (30.000 personnes) puisque le parcours en boucle autour de la gare centrale était rapidement saturé. Le mouvement féministe belge démontre ainsi qu'il reste mobilisateur depuis sa remise en forme ces sept dernières années.
Tiré de la page web de la Gauche Anticapitaliste
https://www.gaucheanticapitaliste.org/8-mars-2025-comment-s-organiser-pour-gagner/?fbclid=IwY2xjawJMpGlleHRuA2FlbQIxMQABHTfo8oEFLql8E0GpU_mN30HDDmwdW7ji1ALGItd-WeMZ_8lHS8Hupq04mg_aem_iM4YBk9Ng1v7WMFJSvyh5g
Cependant, il peine toujours à concrétiser un saut qualitatif qui permette de dépasser les mobilisations qui, bien qu'impressionnantes et motivantes, restent ponctuelles et symboliques. Face aux lourds enjeux de la période actuelle, il est indispensable que la résistance sociale parvienne à passer à la vitesse supérieure pour obtenir, le plus vite possible, la chute de l'Arizona et arrêter ainsi la casse sociale et écologique. Et le mouvement féministe, en s'appuyant sur ses forces, a certainement un rôle important à jouer à cet égard.
Une légitimité conquise
Désormais, malgré un ralentissement pendant la période Covid, les 8 mars en Belgique sont systématiquement synonymes de « grève féministe ». La réussite des éditions successives a petit à petit poussé les directions syndicales à s'engager à couvrir les actions du 8 mars avec un préavis de grève, ce qui ne se faisait pas avant 2019. Mais cela s'entend dans une application toute mécanique de ce principe : en se bornant à déposer un préavis pour cette date symbolique uniquement (même si ça tombe un samedi ou un dimanche) et sans investir dans une mobilisation conséquente pour faire de cette grève une réussite. Aujourd'hui encore, les syndicats mobilisent essentiellement pour le 8 mars autour de leurs campagnes propres, décidées et menées en interne (sur l'écart salarial, les pensions, la conciliation vie privée-vie professionnelle, …) qui se clôturent généralement à travers une action symbolique le 8 mars, le plus souvent en articulation avec la Marche mondiale des femmes (MMF).
La grève féministe du 8 mars et la manifestation contre les violences du 25 novembre se sont aujourd'hui imposées comme des journées de mobilisation incontournables, rassemblant un nombre toujours croissant de personnes. Cependant, à ce jour, la grève féministe en Belgique n'est jamais parvenue à égaler l'ampleur des grèves féministes de l'Etat espagnol ou de la Suisse (où les féministes organisent cette grève le 14 juin avec jusque 300.000 personnes mobilisées dans tout le pays). La collaboration avec la MMF et ses composantes plus institutionnalisées, notamment les syndicats, reste compliquée. Mais la rivalité et le sentiment de compétition, qui se ressentaient très fortement les premières années, ont progressivement laissé davantage de place à une forme de complémentarité, la MMF conservant l'organisation logistique du village associatif et de la manifestation, le C8M poursuivant la mobilisation de jeunes féministes à travers des assemblées, ateliers « papotes », collages et tractages. En termes d'analyses et de revendications, les deux initiatives se rejoignent en grande partie, bien que le C8M soit davantage attentif à la construction d'un féminisme inclusif, en défense des droits des minorités de genre.
Une grève féministe 2025 qui rate le coche mais une manifestation encourageante
Tous les ans, à l'approche du 8 mars, des membres de collectifs locaux du C8M se retrouvent ponctuellement au sein du C8M national, mais sans mandat clair et à travers une coordination assez aléatoire. Cette année en particulier, le C8M national a adopté un mode de fonctionnement, des revendications et des ambitions fort similaires à ceux de la MMF, avec des réunions moins fréquentes et surtout destinées aux permanentes syndicales, avec peu d'efforts mis en oeuvre afin d'élargir l'invitation aux réunions aux autres actrices du mouvement féministe. Les revendications se sont faites davantage “mainstream”, évitant par exemple d'aborder l'ignominie des politiques migratoires ou le danger des politiques sécuritaires et répressives. Si le mot d'ordre est resté l'appel à la “grève féministe”, la volonté des organisations syndicales de limiter l'appel à la grève à la journée du 8 mars, en déposant une seule journée de préavis pour le samedi, n'a pas été remise en question. Le C8M national s'est contenté d'appeler à la manifestation et au village féministe du samedi, quitte à neutraliser fortement l'outil de la grève puisque de nombreuses salariées ne travaillent pas le weekend. Ces quelques éléments de critique ne sont pas exhaustifs et doivent s'inscrire dans une réflexion plus large sur la nécessité d'une démocratie la plus large au sein du mouvement féministe, un travail que nous fourniront ultérieurement.
Heureusement, le C8M de Bruxelles a mobilisé autour de revendications davantage à la hauteur des enjeux, établissant clairement les liens avec le programme de l'Arizona, l'extrême droitisation du paysage politique, la solidarité internationale et la nécessité d'articuler les revendications et actions féministes au plan d'action syndical à renforcer dans la perspective de faire tomber le gouvernement. Dans cet esprit, le C8M Bruxelles a tenté de convaincre les organisations syndicales de déposer une deuxième journée de préavis un jour de semaine, notamment à travers une pétition bilingue qui a rassemblé près d'un millier de signatures. Malheureusement, ces tentatives ont échoué. Les directions syndicales ont préféré conserver leur propre routine en vue du 8 mars, isolée des autres actions syndicales envisagées contre l'Arizona. Ces dernières s'élaboraient dans un flou certain, ce qui a compliqué la prise de position des centrales par rapport à un éventuel préavis de grève sectoriel le 7 mars. Les centrales y étaient déjà peu enclines sur le principe et, dans ce contexte, elles ont préféré concentrer leurs efforts sur les actions syndicales organisées contre l'Arizona.
Le vendredi 7, le C8M Bruxelles a néanmoins organisé un tour d'actions symboliques en « grévibus » et en vélo, avec le soutien de Commune Colère. Cette initiative, moins suivie que les autres années en l'absence de préavis syndical, a tout de même permis de mettre en lumière et de relier les luttes des étudiantes de l'ULB et de la Cambre, des travailleuses des plannings, maisons médicales et CPAS, des mamans solo ou des femmes sans papiers. C'était aussi l'occasion de marquer la solidarité internationaliste avec les femmes d'Iran, de Palestine ou du Congo. Mais il s'agit clairement d'une occasion manquée de renforcer le plan d'action syndical en s'appuyant sur une grève féministe interprofessionnelle qui aurait pu se concentrer sur les attaques des gouvernements de droite contre les droits des femmes à tous les niveaux (conditions de travail, revenus et allocations, IVG, violences, travail reproductif, …), et servir de moment de mobilisation assumé pour la grève générale du 31 mars.
Le vendredi 7 mars, les étudiant·es de l'ULB organisaient également une grève étudiante et une mobilisation sur leur campus. Comme les années précédentes, iels étaient présent·es dès la nuit pour bloquer le campus du Solbosch et sensibiliser les étudiant·es aux raisons de la grève. Malgré des difficultés, le blocage a tenu plusieurs heures, permettant l'organisation de prises de parole et de témoignages, dont celui d'un·e membre des Jeunes anticapitalistes, actif·ve·s sur le campus et dans l'organisation de cette mobilisation. Cependant, cette journée de lutte a aussi été marquée par plusieurs événements préoccupants. Dans la matinée, l'ULB a menacé·es de couper les chaînes, ce qui a finalement conduit à la levée du blocage des bâtiments, illustrant une fois de plus la manière dont l'institution tente de briser les mouvements étudiants et d'étouffer toute contestation. À cela s'ajoute un acte encore plus grave : deux de nos camarades ont été agressé·es physiquement et verbalement par un homme tenant des propos misogynes. Malgré ces obstacles, la mobilisation a montré la force de la solidarité étudiante : lors d'une descente d'auditoire, iels ont convaincu une classe entière, ainsi que son professeur, de rejoindre le piquet et d'y donner cours, permettant ainsi de socialiser la connaissance.
Le samedi 8 mars, en raison du préavis de grève déposé un jour où de nombreuses femmes ne travaillent pas et de l'absence d'une véritable mobilisation au sein de la plupart des centrales, ce sont essentiellement les travailleuses du commerce qui ont pu se mettre en grève pour organiser une action syndicale à Bruxelles le matin avec la Centrale nationale des employés, et le soutien du C8M Bruxelles et de Commune Colère. Grâce à cette action, quelques dizaines de personnes ont pu aller à la rencontre des travailleur·euses des commerces de la rue Neuve et du City 2 dans une ambiance conviviale et combative. Nous avons ainsi pu échanger sur la grève du 8 mars, mais aussi mobilisé pour la grève générale du 31 mars à venir. Ces échanges ont permis de renforcer les liens avec les travailleur·euses du secteur et d'échanger sur les menaces qui pèsent sur elleux en particulier face à l'Arizona. Le groupe de militant·es a ensuite formé un petit cortège de la place de la Monnaie à la place de l'Albertine pour rejoindre le village associatif.
Si, dans ces circonstances, la « grève féministe » en tant que telle a été décevante, la manifestation nationale du samedi 8 à Bruxelles était, par contre, une réelle réussite, au niveau de la participation en tout cas. Près de 30 000 personnes ont arpenté les rues de Bruxelles par un soleil flamboyant : toutes les associations du secteurs (Vie Féminine, la marche mondial de femmes, Furia, Greenpeace, Abortion Right, …), les syndicats (FGTB, CSC, CGSP, CNE, Metallos) des groupes de solidarité internationale (Femmes, Vie, Liberté, des militant·es en solidarité avec les la Palestine, ou le Congo, …), des organisations de gauche (PTB, PSL, Gauche anticapitaliste, …) constituaient un cortège dynamique, qui rappelait la force de la manifestation du 8 mars 2019. Cette combativité du cortège contrastait néanmoins fortement avec la faiblesse du contenu politique : les hégémoniques “Nous sommes fortes, fières, féministes, radicales et en colère”, naïvement déclamatoire alors que l'extrême droite progresse partout dans le monde, ou le “solidarité avec les femmes du monde entier”, essentiel mais manquant de substance, envahissaient un espace marqué par l'absence de prise de paroles contre l'Arizona, et d'appel à la grève du 31 mars. La manifestation donnait l'impression d'un étrange “business as usual”, alors que la conjoncture politique, en Belgique et ailleurs, est l'une des plus préoccupantes depuis plusieurs décennies à l'égard des femmes et des minorités de genre.
Notons également la présence décomplexée de plusieurs personnalités du MR avec des pancartes à la manifestation. Pointant du doigt leur hypocrisie et leur antiféminisme (notamment de par leur présence dans le gouvernement Arizona et l'extrême-droitisation du parti), plusieurs manifestant·es ont alors scandé des slogans afin de les marginaliser et les inviter à quitter la manifestation à laquelle elles n'étaient pas bienvenues. Loin d'être anodine, leur présence semble s'ancrer dans la même stratégie que l'extrême droite et notamment du collectif fémonationaliste Nemesis en France : venir en manifestation dans le but de susciter des réactions, et utiliser ces dernières pour créer la polémique. Comme de fait, le MR s'est emparé de cet événement pour se positionner en victime, alors même que les vidéos montrent des violences physiques de leur part à l'égard de jeunes manifestants, parfois mineurs. Notons enfin la faiblesse de la réponse des partis institutionnels vis-à-vis de cet évènement : si Sophie Rohonyi (DéFI) a reconnu que la présence du MR était une provocation, elle s'est empressée de “condamner la violence”, tandis que Marie Lecoq (Ecolo) n'a pas eu un mot pour dénoncer la présence des libéraux francophones, et que les autres formations politiques n'ont même pas réagi. Pour nous le message est pourtant clair : le MR n'a rien à faire dans une manifestation féministe !
Si la manifestation de Bruxelles était le point d'orgue de la mobilisation, d'autres actions ont aussi été organisées ailleurs dans le pays les 7 et 8 mars. A Liège, après un rassemblement avec prises de paroles organisé le vendredi par le cercle féministe de l'université, le secteur féministe associatif et syndical organisait cette année encore un village associatif et une cycloparade le samedi qui a rassemblé environ 500 personnes. Commune Colère, qui organisait un bloc dans la cycloparade, a poursuivi avec un rassemblement d'une cinquantaine de personnes devant les bureaux du MR pour dénoncer le programme anti droits des femmes de l'Arizona. A Namur, le Collecti.e.f 8 maars a aussi mobilisé environ 500 personnes le samedi dans un cortège assez jeune, notamment autour des enjeux de solidarité internationale (Palestine, Congo). A Mons, une manifestation rassemblant environ 250 personnes étaient organisée le 7 mars par le tissu féministe local. L'action était précédée d'un village associatif sur le campus de l'université de Mons. D'autres mobilisations importantes ont eu lieu dans les autres villes, notamment en Flandre avec 1.000 personnes à Anvers, 2.300 à Gand et 200 à Leuven, témoignant de la décentralisation du mouvement et de son potentiel de mobilisation au-delà de la capitale.
Les féministes aux prises avec le nouveau désordre mondial
Le 8 mars 2025 a lieu dans un contexte politique international alarmant, marqué par la montée des forces d'extrême droite dans de nombreux pays, y compris dans le centre capitaliste. Quand elle ne parviennent pas (encore) à prendre le pouvoir par les urnes, ces organisations incarnent souvent la principale force d'opposition face aux partis traditionnels, en perte croissante de légitimité en raison d'une interminable crise du néolibéralisme dont les effets néfastes se font particulièrement ressentir sur les classes populaires depuis la crise de 2008 ; une crise qu'aucune formation politique ne semble en mesure d'enrayer aujourd'hui avec les vieilles recettes austéritaire. Se présentant comme une solution pour sortir de ces turbulences, l'extrême droite est pourtant évidemment un danger mortel pour les femmes, les minorités de genre, et l'ensemble de notre camp social, et il est important que le mouvement féministe assume un rôle d'opposition majeur vis-à-vis de ces forces.
Face au mouvement féministe, l'extrême droite déploie deux types de stratégie : d'un côté, l'opposition franche et assumée, marquée par une dénonciation radicale du “wokisme” ou du “néoféminisme”. Ceux-ci déstabiliseraient les rôles traditionnels de genre et constitueraient un danger pour notre modèle social. Cette stratégie s'appuie souvent sur un discours masculiniste, qui exalte des valeurs masculines supposément en danger, et qu'on retrouve de façon presque chimiquement pure dans les discours de Trump, Musk, Javier Milei et leur cour. D'un autre côté, dans les pays où le mouvement féministe est parvenu à stabiliser une certaine assise insitutionnelle et à gagner une légitimité profonde dans le débat public, l'extrême droite emprunte des chemins de traverse, adoptant un discours volontiers fémonationaliste, qui postule une égalité déjà réalisée dans les société occidentales, et qui serait à défendre face à des populations immigrant d'autres régions du monde (souvent de “tradition musulmanes” ou assimilées telles), dans lequel le patriarcat existerait encore. Notons également, au sein d'une droite qui se radicalise, une autre tentative, complémentaire à la précédente, de récupération du féminisme, qui tente de fondre les luttes féministes dans un discours libéral et méritocrate : l'objectif du féminisme serait dès lors que les femmes deviennent des capitalistes comme les hommes (un discours qu'on entend fréquemment de la bouche des élues du MR, par exemple). Le mouvement féministe devrait aujourd'hui pouvoir se mobiliser, en lien avec toutes les franges de la société attaquées par ces forces politiques (les personnes racisées, les syndicats, …), pour constituer une force sociale capable de renvoyer l'extrême droite dans la poubelle de l'histoire.
Si la progression de l'extrême droite est l'un des phénomènes les plus marquants de la période, il n'est pas le seul. La crise d'accumulation structurelle du capitalisme est l'arrière-fond économique sur laquelle se déploie une instabilité (géo)politique profonde. Outre les désastres écologiques de plus en plus tangibles, la mise en place de régimes autoritaires qui s'en prennent aux droits démocratiques et sociaux, c'est bien sûr la question de la guerre qui surdétermine la conjoncture actuelle. La reconfiguration des rapports de force internationaux laisse place à un nouveau partage de sphères d'influences entre empires. Dans le cadre d'un essoufflement des taux de profits, propice à l'aiguisement des conflictualités entre grandes puissances, Etats-Unis, Russie et Chine adoptent une stratégie qui vise à vassaliser les pays avoisinants, avec pour objectif d'obtenir par la force des ressources nécessaires à la relance de l'accumulation, ainsi qu'une certaine grandeur militaire, qui renforcerait leur position internationale dans une époque marquée par la fin de la “mondialisation heureuse”. Dans cette perspective, la guerre est un moyen parmi d'autres d'assurer un expansionnisme impérialiste, au détriment des populations des pays voisins, et en particulier des femmes et des enfants, souvent les premières victimes des conflits armés.
Dans cette situation, il est crucial que le mouvement féministe puisse aujourd'hui porter sa voix en défense des peuples en lutte contre tous les impérialismes, et réaffirmer la nécessité d'une solidarité internationale concrète, qui ne passe pas seulement par une posture antimilitariste, mais par la mise en relation avec les organisations féministes sur le terrain, qui luttent contre les invasions militaires. Le féminisme anti-guerre que nous appelons de nos vœux ne doit pas fermer les yeux sur la nécessité de se donner les moyens matériels de se défendre face aux invasions impérialistes, tout en refusant de céder aux sirènes militaristes néolibérales qui n'offrent aucune perspective pour notre camp social. Les lignes directrices d'une politique indépendante sur la question militaire, véritablement anticapitaliste et internationaliste, doivent urgemment être discutées au sein du mouvement féministe aujourd'hui.
Prochaine étape : réussir et féminiser la grève interprofessionnelle du 31 mars
Le succès de la manifestation du 8 mars à Bruxelles démontre que le potentiel de mobilisation du mouvement féministe est intact. La motivation et la force sont toujours là. Mais les perspectives stratégiques et politiques du mouvement féministe en Belgique restent faibles. Les attaques de la droite et de l'extrême droite sont pourtant l'occasion de souligner une nouvelle fois que les droits des femmes et des minorités de genre sont menacés en première ligne et qu'une riposte féministe est nécessaire pour inverser la vapeur. Si ce sentiment semble être plutôt largement partagé dans les rangs féministes, les conclusions qui pourraient en découler, en faveur de la construction d'un message politique et d'une stratégie de rupture, peinent à se concrétiser. La chute de l'Arizona est pourtant la seule perspective viable pour défendre les droits des femmes* et stopper la casse sociale et écologique. Il est essentiel d'élaborer, dès aujourd'hui, un programme de rupture alimenté par toutes les composantes des mouvements sociaux et syndicaux qui puisse servir de base à la construction d'une alternative politique capable de battre la droite et l'extrême droite.
La grève interprofessionnelle du 31 mars est la prochaine étape pour construire la résistance et avancer dans ce sens. S'il est, à l'heure d'écrire ces lignes, difficile de présager l'ampleur de la mobilisation, il est certain que tous les secteurs seront touchés par des actions syndicales. Investir cette journée dans une approche féministe permettrait de ratrapper l'occasion manquée de ce 8 mars, en démontrant l'impact particulier des mesures des gouvernements de droite sur les droits des femmes*, au travail et au-delà, et en appuyant la nécessité d'investir dans les biens communs, les secteurs publics et non marchands, la prévention de toutes les formes de violences et la solidarité internationale. C'est dans cet esprit que le C8M Bruxelles envisage d'organiser un nouveau “grévibus” féministe pour rallier les piquets de différents secteurs féminisés ce 31 mars, une initiative que nous soutenons et que nous appelons à multiplier dans d'autres villes. Pour qu'elle porte ses fruits durablement, cette initiative doit s'articuler avec la construction de fronts de résistance et peser sur le mouvement syndical en faveur de la construction d'un plan d'action déterminé à faire tomber l'Arizona le plus vite possible. Pour opérer le saut qualitatif qui lui fait défaut, le mouvement féministe gagnerait certainement à investir un cadre unitaire comme le propose aujourd'hui Commune Colère. Et, pour battre la droite et l'extrême droite, la résistance à construire se renforcerait sérieusement de l'apport du mouvement féministe.
Crédit photo : Manifestation du 8 mars 2025 à Bruxelles. Crédit photo : Gauche anticapitaliste / CC BY-NC-SA 4.0
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Équateur : Qu’est-ce que le néolibéralisme nous a laissé ?

Lors du premier tour dimanche, le 9 février dernier, le président Daniel Noboa battait de justesse la candidate de gauche Luisa González, dont le score dépassait de beaucoupt les prévisions des instituts de sondage.
Le deuxième tour aura lieu le 13 avril prochain.
Ovide Bastien, traducteur
Article publié dans Pressenza 18.03.25
Après huit années de gouvernements néolibéraux et à quelques semaines des élections présidentielles, l'Équateur se trouve au cœur d'une crise sociale sans précédent, avec une économie en crise et l'abandon de l'éducation et de la santé publique.
Les décisions des derniers gouvernements, le pillage fiscal, les subventions aux plus riches et le piège de la dette ont conduit le pays à la récession, au chômage et à une augmentation alarmante de la pauvreté, explique l'ancien ministre de l'Économie, Carlos de la Torre (Palabra Suelta /Ecuador en Directo, 27/02/2025).
Rien qu'en 2018, sous le gouvernement de Lenin Moreno, des dettes de 4 milliards de dollars ont été annulées pour de grandes entreprises. Le modèle néolibéral, appliqué ces dernières années, a non seulement appauvri la majorité des Équatoriens et Équatoriennes, mais a également bénéficié à une élite économique, au détriment de la crise, puisqu'il s'agit d'un modèle d'appauvrissement structurel.
Alors que chaque jour, de plus en plus de familles tombent dans la pauvreté, que plus de 350 000 personnes sont au chômage et que les opportunités pour la grande majorité de la population sont réduites à néant, les plus riches continuent d'échapper à l'impôt, ce qui représente plus de 7 milliards de dollars d'évasion fiscale. C'est ce qu'a déclaré Leonidas Iza, candidat à la présidence au premier tour, dénonçant également 3 milliards de dollars par an de délits de corruption. Iza a affirmé que nous avons identifié le cercle de l'enrichissement qui génère l'endettement public et la dilapidation de notre patrimoine.
Dans son diagnostic, il souligne également que alors que la faim sévit, que les migrations sont nombreuses et que plus de 90 000 enfants sont en retard scolaire, au milieu des coupures d'électricité, plus de 200 000 hectares de terres arables restent entre les mains des monopoles et des oligopoles agro-industriels. C'est ainsi que notre richesse est transmise et que le devoir de prendre soin de notre mère la terre est éludé.
Nous devons faire passer la vie avant la dette, les ajustements fiscaux et toutes les politiques néolibérales, souligne l'économiste Pedro Páez, ancien maire chargé de contrôler le pouvoir du marché. Les récits s'effondrent à un rythme accéléré, par exemple, tout le discours péjoratif du pouvoir néolibéral contre le peuple équatorien sur le coût des "subventions" pour la santé et l'éducation, mais donnant la valeur de "dépenses fiscales" à l'annulation des dettes envers les riches (Palabra Suelta /Ecuador en Directo, 27/02/2025).
Dans une récente "Déclaration contre le néolibéralisme et la violence", professeurs d'université et intellectuels et intellectuelles des provinces de la Sierra centrale (Pichincha, Tungurahua, Chimborazo et Cotopaxi) ont dénoncé l'abandon de l'éducation publique comme l'une des expressions les plus graves de ce modèle : depuis 2024, la dette de l'État envers les universités équatoriennes s'élève à 712 millions de dollars, ce qui a empêché 248 000 jeunes d'accéder à l'enseignement supérieur. L'Équateur ne peut pas continuer sur la voie de la dépossession, de la précarité et de la violence institutionnalisée.
Face aux assauts de l'ultra-droite, représentée par l'actuel président-candidat Daniel Noboa, héritier de la plus grande fortune du pays, l'Équateur a besoin d'un changement de cap radical pour surmonter la violence sociale et personnelle, le chômage, le déracinement, la méfiance, la haine, la peur et l'effroi.
*Carlos Crespo Burgos est Équatorien, docteur en éducation, animateur du Réseau international des éducateurs humanistes, et chercheur dans le Centre mondial d'études humanistes.
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Haïti : dénonçons la répression sanglante du CPT contre les manifestants et manifestantes à Port-au-Prince

Après le premier cycle de manifestations populaires contre l'indifférence du gouvernement face à la montée en puissance des gangs au cours des mois de janvier et février 2025, les populations victimes et aux abois à Kenskoff, dans la Vallée de l'Artibonite et à Port-au-Prince ont repris le macadam pour exiger au gouvernement haïtien et au Conseil présidentiel de Transition (CPT) de prendre des mesures efficaces pour garantir la sécurité de la population et leur permettre de retourner dans leur quartier respectif livré aux gangs. En effet, le mercredi 19 mars 2025, plusieurs dizaines de milliers de manifestants et manifestantes brandissant des pancartes, des branches d'arbres, des bâtons et des machettes, ont marché à Port-au-Prince. Dans la Vallée de l'Artibonite, particulièrement à Petite-Rivière de l'Artibonite, le lendemain de la tuerie de cinq personnes, la population a manifesté son désarroi en apportant les cadavres au Commissariat de la commune. Ils ont dénoncé l'indifférence criminelle des autorités par rapport aux massacres à répétition perpétrés par la coalition des gangs et ont exigé des actions concrètes et non des mesures de saupoudrage.
Cette revendication minimale relevant des prérogatives de l'État n'a pas été une fois de plus entendue. Au contraire, à Port-au-Prince, le CPT et le gouvernement ont procédé à une répression sanglante des manifestants et manifestantes. Une pluie de gaz lacrymogènes toxiques et de balles réelles s'abattait sur les jeunes, les pères et mères de familles participant à la mobilisation à proximité des bureaux de la primature et du CPT. Le bilan provisoire a fait au moins une dizaine de blessés et un mort.
Nous dénonçons et condamnons avec véhémence le comportement répressif et sanguinaire du CPT et du gouvernement contre les manifestants réclamant le rétablissement de la sécurité publique. Soulignons qu'au moins un million de personnes sont contraintes à abandonner leur quartier sous la menace des hordes de gangs criminels depuis novembre 2024. Actuellement, plus de 500 à 600 personnes sont assassinées par les gangs chaque mois dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. De surcroit, Plus 80% de la région de Port-au-Prince se trouve sous le contrôle de la coalition des gangs Viv Ansanm. C'est dans ce contexte de chaos et de désespoir que le pouvoir en place, au lieu de répondre aux revendications minimales des manifestants, choisit de préférence la voie de la répression et d'augmenter le nombre de victimes et de cadavres au sein de la population.
Rappelons que le CPT et le gouvernement ne se limitent pas aux néoduvalieristes du PHTK, ils se composent, depuis un an, de représentants de la majorité des organisations de la société civile et des principaux partis politiques. C'est le cas par exemple de l'Accord Montana et ses organisations affiliées, les parti Fanmi Lavalas, Pitit Desalin, l'Organisation Alternative socialiste (ASO), l'organisation du peuple en lutte (OPL), Rasin Kanpèp, etc. Ces structures qui se réclament du secteur démocratique voire d'une certaine gauche sont confortable à diriger le pays avec la participation directe de représentants du secteur privé des affaires. L'indifférence criminelle caractérisant le fonctionnement de l'État par rapport aux revendications des classes populaires est ainsi soutenue par l'ensemble de ces organisations et partis politiques.
Le REHMONCO salue la mémoire du courageux manifestant Élibert Idovic, tombé sous les balles assassines de la police nationale alors qu'il revendiquait le rétablissement de la sécurité. En souhaitant un prompt rétablissement aux blessés, il lance un appel de solidarité aux différentes organisations régionales afin de soutenir les revendications des personnes déplacées à Port-au-Prince et dans la Vallée de l'Artibonite.
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