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Quatre journalistes assassinés dans un hôpital à Gaza

Une nouvelle attaque israélienne ciblant des journalistes palestiniens a fait quatre victimes, portant à 224 le nombre de journalistes assassiné-es par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2025.
Tiré d'Agence médias Palestine.
Un drone israélien, au matin du jeudi 5 juin 2025, a visé une tente de journalistes qui se trouvait dans la cour de l'hôpital Al Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, dans la ville de Gaza. Au moins sept personnes ont été assassinées dans cette frappe, y compris des personnes qui accompagnaient des patient-es de l'hôpital, et de nombreuses autres ont été blessées dont des membres du personnel soignant.
Le syndicat des journalistes palestiniens (PJS) confirme que cette attaque a causé la mort de Suleiman Hajjaj, correspondant de Palestine Today, Ismail Badah, caméraman de Palestine Today, et Samir Al-Rifai, de l'agence de presse Shams. Le journaliste Ahmed Qaljah, caméraman indépendant pour Al-Arabiya, a été grièvement blessé lors de cette attaque, et a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. L'attaque a blessé trois autres journalistes.
Cette attaque porte à 224 le nombre de journalistes tués par les forces israéliennes depuis le 7 octobre 2023, selon le Bureau des médias du gouvernement de Gaza. Parmi elles et eux, on compte 14 femmes journalistes et, selon Reporters sans frontières, 42 journalistes qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. En outre, des dizaines de journalistes ont été tués lors d'attaques ciblées contre leurs domiciles. Le Syndicat des journalistes palestiniens a documenté le bombardement de 152 maisons qui a tué 665 membres de la famille et proches de journalistes. D'autres journalistes ont été tués lors de bombardements aveugles tout au long du génocide en cours. 415 journalistes ont été blessés dans diverses circonstances. De plus, un grand nombre de militants des réseaux sociaux ont été pris pour cible, l'armée israélienne incitant systématiquement à la haine et les menaçant de mort s'ils ne se taisent pas.
Le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) a dénoncé fermement cette attaque et toutes les précédentes, affirmant que le ciblage de la presse vise à empêcher la documentation des actes génocidaires commis par Israël contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza. « Le PCHR estime que les attaques et les assassinats continus et croissants de journalistes au cours des 20 derniers mois prouvent sans équivoque qu'il s'agit d'assassinats délibérés et intentionnels, visant à intimider, terroriser et empêcher les journalistes de révéler la vérité au monde. Ces attaques ciblées font partie du crime de génocide commis par Israël dans la bande de Gaza. »
Le jour-même de cette attaque, 130 organisations mondiales de presse et de défense de la liberté de la presse, dont la BBC, l'AFP, Al Jazeera ou encore Le Monde, ont appelé à ce que les médias internationaux aient immédiatement accès à Gaza et à ce que les journalistes palestiniens bénéficient d'une protection totale. Dans une lettre coordonnée par Reporter Sans Frontières et le Comité de protection des journalistes, ces médias dénoncent « une attaque directe contre la liberté de la presse et le droit à l'information. »
« Les journalistes locaux, les mieux placés pour dire la vérité, sont confrontés au déplacement et à la famine. À ce jour, près de 200 journalistes ont été tués par l'armée israélienne. Beaucoup d'autres ont été blessés et voient leur vie constamment menacée parce qu'ils font leur travail : témoigner. »
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Cinq ans après l’assassinat de George Floyd

George Floyd a été assassiné le 25 mai 2020 lorsqu'un policier blanc de Minneapolis a appuyé son genou sur le cou de Floyd pendant 9 minutes et demie alors que ce dernier était menotté et implorait qu'on le laisse respirer.
Tiré de Inprecor
5 juin 2025
Par Malik Miah
La mort de Floyd a été filmée par une jeune personne, alors que d'autres personnes noires criaient à la police de relâcher Floyd.
Son meurtre a donné lieu à des manifestations nationales et internationales et à un réexamen du racisme sociétal et institutionnel, y compris le maintien de l'ordre. Cinq ans plus tard, quel est l'héritage de la mort de Floyd et du mouvement pour la justice et la responsabilisation de la police ?
De BLM à la contre-révolution
Pour faire simple : l'essor du mouvement Black Lives Matters (BLM), qui a obtenu quelques modestes avancées et un changement de conscience pour des millions de personnes, se trouve aujourd'hui dans le collimateur de la contre-révolution MAGA de Donald Trump.
Trump est un raciste de toujours qui affirme que la diversité, l'équité et l'inclusion sont des « discriminations de réversion » et un « génocide blanc ». Pourtant, c'est au cours de son premier mandat que Floyd a été assassiné. Il a soutenu les brutalités policières excessives, y compris contre les manifestants de BLM.
Le président Joe Biden et les démocrates, qui dépendaient du vote des Noirs, ont promu des réformes limitées de la police tout en vantant les mérites des flics qui « font leur travail ». Parmi ces changements modestes, le ministère de la Justice de Joe Biden a imposé un décret de consentement au département de police de Minneapolis.
Le policier qui a assassiné Floyd, Derek Chauvin, a été condamné à la fois dans un procès d'État et dans un procès fédéral. Cette décision est importante, car le président Trump ne peut pas accorder de grâce pour la condamnation prononcée dans le Minnesota.
Le nouveau ministère de la Justice de Trump a récemment mis fin aux décrets de consentement à Minneapolis et dans d'autres villes et avance des mensonges anti-Noirs en qualifiant de « raciste » l'enseignement de la vérité sur le racisme.
Cinq ans plus tard, une grande partie des progrès obtenus grâce aux manifestations de masse dans les rues ont été réduits à néant ou sont menacés. Les suprémacistes blancs dirigent ouvertement la Maison Blanche et le Congrès.
Une longue histoire de déni
Peu après son retour à la présidence, Donald Trump a contraint la municipalité de Washington à supprimer la place George Floyd.
Mais la volonté actuelle de défendre les privilèges des Blancs contre les droits des Noirs n'est pas une nouveauté, mais un retour à ce qui a existé pendant la plus grande partie de l'histoire des États-Unis. En 400 ans, les Noirs américains n'ont eu l'espoir d'être acceptés en tant que citoyens à part entière que pendant deux périodes : les 20 années qui ont suivi la guerre de Sécession et les 50 années qui ont suivi la révolution des droits civiques.
La communauté noire s'accorde largement sur les violences racistes commises par la police et sur la nécessité d'une véritable réforme, ce qui n'a guère été le cas au cours des cinq dernières années. Les démocrates et les libéraux se sont contentés de soutenir la réforme du bout des lèvres, sachant qu'elle n'aboutirait jamais.
Dans les années 1960, Malcolm X et Martin Luther King Jr. ont tous deux souligné que les ségrégationnistes blancs étaient au moins ouverts sur leur racisme, alors que la plupart des libéraux blancs faisaient la leçon aux dirigeants noirs pour qu'ils « ralentissent » la lutte en faveur d'un changement fondamental.
Minneapolis aujourd'hui
Le site de Minneapolis où Floyd a été assassiné fait l'objet d'un débat tendu sur la meilleure façon d'honorer son héritage, selon Melissa Hellmann du Guardian, qui s'est jointe à de nombreux journalistes étrangers le jour de l'anniversaire, le 25 mai.
Une fresque murale se trouve à l'angle de la 38e rue et de l'avenue Chicago à Minneapolis, dans la zone appelée George Floyd Square.
« En mai dernier, Roger Floyd et Thomas McLaurin ont parcouru la 38e rue et l'avenue Chicago à Minneapolis, passant devant un rond-point avec un jardin et une station-service inoccupée sur laquelle on pouvait lire : Where there's people there's power » (« Là où il y a des gens, il y a du pouvoir »).
« Aujourd'hui, cinq ans après le meurtre de George Floyd, l'avenir de la place où il est mort reste incertain, alors que le conseil municipal délibère sur des plans d'aménagement.
« McLaurin et Roger Floyd souhaitent que la place soit commémorée comme un site historique qui a lancé un mouvement mondial en faveur de la justice raciale et qui a servi d'appel au ralliement pour la responsabilisation de la police ».
Le journaliste du Guardian a ajouté : « Minneapolis abritait le plus ancien journal appartenant à des Noirs et géré par des Noirs, ainsi que plus de 20 entreprises appartenant à des Noirs entre les années 1930 et 1970. »
Michael McQuarrie, directeur du Centre pour le travail et la démocratie de l'université d'État de l'Arizona, qui a mené des recherches sur la place de Minneapolis lors des manifestations de 2020, a déclaré que la ville était divisée sur la manière de faire évoluer la zone au cours des cinq dernières années.
Il considère que la fermeture de la rue de 2020 à 2021 sera un facteur de transformation pour la communauté. Mais certains membres de la communauté, des membres du conseil municipal et des membres de la famille de Floyd affirment qu'il n'est pas possible de précipiter la guérison.
Jason Chavez, membre du conseil municipal du quartier 9, où se trouve une partie de la place, a déclaré qu'il fallait reconnaître qu'il s'agissait d'un « élément historique de l'histoire de notre ville qui ne sera jamais oublié ».
« Nous ne pouvons pas aseptiser ce qui s'est passé ici durant l'été 2020 », a déclaré M. Chavez.
Une remise en question fondamentale s'impose
Le 19 juin 2020 sur la place George Floyd. Fibonacci Blue CC by Sea
Keka Araujo, de Black Enterprisemagazine, a expliqué les sentiments de nombreux Afro-Américains :
« Cinq ans après le meurtre tragique et évitable de George Floyd, la lutte pour une responsabilité authentique et une justice équitable est loin d'être terminée ; en fait, à bien des égards, on a l'impression qu'elle reprend, avec des exigences plus pressantes que jamais...
« Le 25 mai 2020 reste une inscription brutale dans notre histoire commune honteuse, qui a déclenché une insurrection mondiale contre l'inégalité raciale et les méfaits des forces de l'ordre, que seule une remise en question fondamentale pourrait réparer.
« Pourtant, à l'approche de ce sombre anniversaire, la ferveur initiale de l'indignation et les appels urgents à une réforme systémique ont principalement cédé la place à une immobilité troublante, une marée de régression rampante qui laisse beaucoup se demander si les conditions mêmes qui ont conduit à la mort de Floyd ne sont pas tacitement autorisées à réapparaître. »
Araujo nous le rappelle avec éloquence :
« Comme l'histoire nous le rappelle constamment, le chemin vers la justice est rarement linéaire. L'élan naissant pour une réforme globale de la police au niveau fédéral s'est largement enlisé, les efforts législatifs n'ayant pas réussi à obtenir une adhésion bipartisane… et ayant rencontré une opposition persistante, un refoulement perceptible contre la compréhension même de l'existence du racisme systémique et les exigences de responsabilité ».
Ce que lui et beaucoup d'autres ne parviennent pas à identifier, c'est la racine du racisme, de la violence policière et de la suprématie blanche pratiquée par l'État : le système capitaliste. Il ne pourra jamais y avoir de fin au racisme, y compris à la violence policière, tant que ce système ne sera pas renversé.
Jusqu'à ce que ce système soit remis en cause, nous devons continuer à nous battre et à résister, et nous devons le faire les yeux grands ouverts. C'est la principale leçon à tirer de l'héritage du 25 mai 2020 à aujourd'hui. La communauté noire le sait mieux que toute autre population opprimée.
Publié par
Against The Current
le 5 juin 2025
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Lettre ouverte au premier ministre canadien, Mark Carney : Palestine, l’urgence absolue

Partout à travers le monde se multiplient les appels pour faire cesser les massacres à Gaza, pour un régime de sanctions effectif contre Israël, pour la reconnaissance de l'État de Palestine. Dernier en date, celui émanant de personnalités du Canada.
Tiré d'Orient XXI.
Ce matin du 29 mai 2025, au lever, nous apprenons que plus de 50 personnes ont déjà été tuées à Gaza et le jour n'est pas terminé. À quel niveau d'horreur faudra-t-il arriver pour que nos gouvernements bougent pour empêcher la poursuite de ce carnage ?
- La protection du peuple palestinien est devenue une urgence absolue. À Gaza, après quelques semaines de suspension, les massacres de masse ont repris, accompagnés d'un siège total, d'une famine généralisée et de déplacements forcés de populations.
C'est le constat dramatique que faisait « l'appel de Paris pour la protection du peuple de Palestine » le 25 mai 2025 : « plus de 53 000 Palestiniens ont été tués suite aux opérations militaires israéliennes. La bande de Gaza dévastée est devenue inhabitable et en ruines. »
Le jugement que l'Histoire portera sur notre silence
Au Québec, une pétition de plus de 800 personnes, endossée par de grands noms de notre histoire, exprime la même indignation et demande au premier ministre du Canada, Mark Carney, de « hausser le ton ». Ils disent : « Nous refusons d'être maintenus dans l'impuissance et la passivité. Nous refusons le jugement que l'Histoire portera sur notre silence (1). »
Il n'y a pas que les gens qui meurent à Gaza : moins de 5 % des terres agricoles sont aujourd'hui utilisables, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO. Comment appelle-t-on une telle destruction ?
Gaza, c'est grand comme l'île de Montréal. Imaginez si tous nos hôpitaux étaient bombardés à répétition, détruits ou gravement endommagés. Et si notre centre-ville et nos quartiers résidentiels étaient réduits en poussière.
Nous avons vu, pratiquement en direct, des enfants brûler vifs à Gaza. Ils tendaient les bras. On voyait leurs petits corps bouger, mais on n'entendait pas leurs cris dans l'école bombardée où ces enfants vivaient avec leurs parents. L'ambassadrice américaine (sous la présidence Biden) a raconté la scène, comme nous le faisons ici, mais ça n'a pas empêché la diplomate d'opposer son veto, ce jour-là, à une résolution de cessez-le-feu, au conseil de sécurité de l'ONU.
Après Gaza, la Cisjordanie
Le 26 mai, on a encore vu des enfants palestiniens brûler vifs, dans une école de Gaza : 36 morts. À Gaza, des enfants sont amputés d'un bras, d'une jambe ou les deux, sans anesthésie ! Parce que les réserves des hôpitaux sont bombardées ou épuisées. Les enfants dont on parle sont si petits qu'ils demandent parfois si leur bras ou leur jambe coupée va « repousser ». Et plusieurs sont orphelins, à cause de la guerre.
Après Gaza, la Cisjordanie aussi devient un champ de bataille : en 18 mois, on y a compté plus de 1 500 attaques de l'armée israélienne. Les colons ont fait plus de 900 morts et plus de 7 000 blessés palestiniens, sans compter ceux qui ont été déplacés, par milliers. Les colons s'accaparent des terres, brûlent des oliveraies et des maisons !
Le 26 mai 2025, 800 juristes britanniques, dont deux anciens juges de la Cour suprême du Royaume-Uni, ont même affirmé que l'action des autorités israéliennes dans les territoires occupés pouvait constituer un génocide, en écho aux conclusions de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 (2).
Non moins importante que la protection de la population d'Israël face à toute agression, la protection du peuple palestinien et de ses enfants est devenue une urgence absolue. C'est notre devoir ! À tous.
« Tout être humain dont la vie est en danger a droit au secours » (article deux de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec). On retrouve le même esprit dans le droit international humanitaire. C'est ce droit qu'il faut absolument préserver.
Notre combat contre l'apartheid
Dans son histoire, le Canada a su relever des défis similaires. Qui a regretté notre combat contre l'apartheid en Afrique du Sud ? Et notre campagne courageuse contre les mines antipersonnel, avec le soutien inoubliable de Lady Di ? En 1956, on a dit non à la guerre de Suez et l'on a inventé les casques bleus, ce qui a valu au Canada un prix Nobel de la paix. Le Canada a plus que milité pour la création de la Cour pénale internationale : il en a été un architecte essentiel. La « responsabilité de protéger » porte aussi notre signature.
Avons-nous appris des leçons de notre histoire ?
Le 19 juillet 2024, la Cour internationale de justice de La Haye a confirmé que Gaza et la Cisjordanie sont des territoires « occupés ». La Cour a dit qu'Israël doit mettre fin à cette occupation de près de 60 ans et retirer ses colons de Cisjordanie. Pas dans dix ans ! Maintenant.
La Cour internationale dit aussi qu'Israël doit indemniser les Palestiniens pour les dommages découlant de cette colonisation. Plusieurs des juges dénoncent aussi l'existence d'un système d'apartheid en Cisjordanie, comme l'avait déjà observé Nelson Mandela, citoyen honoraire du Canada.
Le 17 septembre 2024, suivant l'avis de la Cour internationale, l'Assemblée générale de l'ONU a voté massivement « pour un démantèlement des colonies israéliennes avant le 18 septembre 2025 ». Le 18 septembre, c'est dans moins de quatre mois ! Le Canada s'est abstenu lors de ce vote. Nous lui demandons de reconsidérer sa position et de se ranger, comme la France, du côté de la grande majorité de l'Assemblée générale.
Le 29 mai 2025, Israël annonce la construction de 22 nouvelles colonies en Cisjordanie. Devant une telle provocation, le Canada peut-il continuer d'ignorer l'avis de la Cour et poursuivre comme si de rien n'était son commerce en libre-échange avec Israël, un libre-échange qui inclut les produits de Cisjordanie ?
On ne peut ignorer l'avis de la Cour internationale de justice
L'avis de la Cour internationale de justice est clair comme de l'eau de roche. La Cour dit le droit ! Le Canada ne peut ignorer cette décision. En partenariat avec un nombre croissant de pays européens — récemment l'Allemagne et la Norvège —, le Canada doit exiger le respect de la justice internationale, réclamer la paix, et annoncer une solide stratégie de pressions sur les autorités israéliennes, comprenant un régime de sanctions et la reconnaissance de l'État palestinien. Cette reconnaissance est présentée le 30 mai 2025 par le président Emmanuel Macron comme « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique (3) ».
Le Canada accueillera les pays du G7 à Kananaskis le 15 juin. Du 17 au 20 juin, se tiendra à New York une session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU, présidée par la France et l'Arabie saoudite, pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. La semaine suivante aura lieu un sommet de l'OTAN à La Haye. Le Canada devrait profiter de ces tribunes pour exercer du leadership et défendre les droits d'un peuple en péril !
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Liste des signataires
François Crépeau, professeur de droit international, université McGill, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l'homme des migrants
Aline Gobeil, ancienne journaliste à Radio-Canada
Avec le soutien de
Hon. Lloyd Axworthy, président du Conseil mondial pour les réfugiés et les migrations
Hon. René Dussault, ancien coprésident de la commission royale sur les peuples autochtones
Peter Leuprecht, ancien doyen de la faculté de droit de l'université McGill, ancien directeur des droits de l'homme et secrétaire général adjoint du Conseil de l'Europe
William A. Schabas, professeur de droit international, université du Middlesex, Londres, Royaume-Uni
Mark Antaki, université McGill
Rachad Antonius, professeur associé, université du Québec à Montréal (UQAM)
Robert Armstrong, consultant en télécommunications
Idil Atak, professeure, université métropolitaine de Toronto
Suzanne Aubry, écrivaine
Stéphane Beaulac, PhD (Cantab), professeur de droit international, université de Montréal
Gilles Bibeau, professeur émérite, université de Montréal
Megan Bradley, professeur et William Dawson Scholar, sciences politiques et développement international, université McGill
Bonnie Campbell, professeure émérite, UQAM
Christopher Campbell-Duruflé, professeur adjoint, faculté de droit, université métropolitaine de Toronto
Sonia Cancian, psychanalyste, historienne, centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises, université McGill
Janet Cleveland, chercheuse, institut universitaire Sherpa
Ellen Corin, professeure émérite, université McGill
Geneviève Dufour, professeure, université d'Ottawa
Gilles Duruflé, consultant en finance internationale
Samaa Elibyari, présidente du Conseil canadien des femmes musulmanes-Québec
Evan Fox-Decent, professeur de droit et président de la chaire en droit et justice cosmopolite, université McGill
Katsi'tsakwas Ellen Gabriel, artiste, documentariste, activiste autochtone en droits de la personne et en environnement, Kanehsatà:ke, Canada
Alain-G. Gagnon, professeur titulaire, département de science politique, UQAM
Ana Gómez-Carrillo, MD, psychiatre, hôpital pour enfants de Montréal, Centre médical de l'université McGill
Gaëtane Gascon, retraitée d'Oxfam Canada
Jill Hanley, professeure titulaire, école de travail social, université McGill
Simon Harel, professeur titulaire, département de littératures et de langues du monde, université de Montréal
Ghayda Hassan, UQAM
Denise Helly, institut national de la recherche scientifique, Montréal
Janique Johnson-Lafleur, institut universitaire Sherpa et université McGill
Niky Kamran, université McGill
Dr Laurence J. Kirmayer, professeur distingué James McGill, directeur, division de psychiatrie sociale et transculturelle, Université McGill
Myrna Lashley, université McGill
Isabelle Lasvergnas, psychanalyste
Karine Mac Allister, PhD
Abdelwahed Mekki-Berrada, professeur titulaire, université Laval
Donna Mergler, professeure émérite, UQAM
Lucie Nadeau, MD, professeure agrégée, divisions de psychiatrie sociale et culturelle et de pédopsychiatrie, université McGill
Vrinda Narain, professeure associée, faculté de droit, université McGill
Ndeye Dieynaba Ndiaye, professeure agrégée, département des sciences juridiques, UQAM
Alex Neve, chercheur principal, école supérieure d'affaires publiques et internationales de l'université d'Ottawa, ancien secrétaire général d'Amnesty International Canada
John Packer, centre d'études sur les droits humains et l'éducation, faculté de droit, université d'Ottawa
Michel Peterson, psychanalyste, école lacanienne de Montréal, Corpo Freudiano, Alfapsy
Johanne Poirier, professeure, faculté de droit, université McGill
Maryse Potvin, professeure titulaire, UQAM
Cécile Rousseau, professeure, Université McGill
Claude Savoie, avocate
Marina Sharpe, professeure associée, collège miliaire de Saint-Jean
Oussama Sidhom, université McGill
Louise Vandelac, professeure titulaire, sociologie, UQAM
Marie-Joëlle Zahar, directrice du réseau de recherche sur les opérations de paix, université de Montréal
Notes
1- « Des centaines de personnalités québécoises demandent à Mark Carney de lever le ton face à Israël », Le Devoir, 28 mai 2025.
2- « UK must impose sanctions on Israel to meet legal obligations, say more than 800 lawyers », The Guardian, 27 mai 2025.
3- Le Monde, 30 mai 2025.
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Taxes de 50 % sur l’acier et l’aluminium : escalade dans la guerre commerciale ou nouveau bluff ?

Ce mercredi est entrée en vigueur une nouvelle hausse des droits de douane des États-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium, de 25 % à 50 %. Une hausse considérable, qui, si elle se pérennise, provoquera de graves secousses dans un secteur déjà sous tension. Mais ce choix pourrait être un nouveau coup de la part de Trump destiné à le renforcer dans les négociations.
4 juin 2025 | tiré de Révolution permanente | Crédits photo : Flickr The White House
https://www.revolutionpermanente.fr/Taxes-de-50-sur-l-acier-et-l-aluminium-escalade-dans-la-guerre-commerciale-ou-nouveau-bluff
Ce mercredi 4 juin, Trump a de nouveau eu recours à l'un de ses leviers politiques préférés : les droits de douane. En augmentant de 25 % à 50 % les taxes sur l'acier et l'aluminium, Trump poursuit sa lancée protectionniste. Mais, depuis son investiture, le monde a assisté à un tel nombre de revirements dans sa politique commerciale que cette nouvelle annonce ne semble plus émouvoir grand monde : s'agit-il d'un simple nouveau coup de bluff, que Trump se hâtera de suspendre dans les prochains jours, ou avons-nous là affaire à une augmentation durable des droits de douane ?
La guerre commerciale ne s'est jamais interrompue
Le 2 avril, à l'occasion du « Liberation Day », Trump avait déclenché une panique mondiale en annonçant une offensive commerciale tous azimuts, avec des taxes ciblant l'ensemble des produits importés depuis l'ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis. Cette offensive s'était suivie d'une escalade avec la Chine atteignant jusqu'à 145 % de droits de douane. Mais, face à la pression des marchés et des risques réels de récession et d'inflation, le président américain s'était vu contraint d'interrompre sa folle course, en accordant d'abord le 9 avril une pause de 90 joursà l'ensemble des pays, exceptée la Chine, et en parvenant par la suite à un accord décrétant une pause similaire avec la Chine le 14 mai.
L'annonce de ce mercredi concernant les importations d'acier et d'aluminium vient nous rappeler que ces pauses n'ont jamais interrompu la politique douanière de Trump et constituent davantage des trêves fragiles que la fin de son offensive. En effet, les taxes sur l'acier et l'aluminium n'ont pas cessé d'être en vigueur, Trump avait lancé des attaques sur ces deux importations dès février, portant le niveau des droits de douane à 25 % début mars.
Mais cette nouvelle hausse est aussi un rappel de la fragilité de la trêve de 90 jours, accordée par les États-Unis aux pays du monde entier dans l'idée de leur accorder la possibilité de signer des accords bilatéraux. Ne restent plus que cinq semaines à la fin de ce moratoire, et seul un pays est parvenu à conclure à ce jour un accord surtout symbolique avec l'administration Trump : le Royaume Uni. L'accord annoncé par Trump et Starmer le 8 mai dernier a certes permis au Royaume Uni d'être le seul pays à échapper aux nouvelles taxes de 50 % sur l'acier et l'aluminium. Mais ce deal reste très fragile, car il s'agit d'un arrangement informel ne disposant aucun cadre juridique déterminé : il ne met aucunement le gouvernement de Starmer à l'abri d'un revirement inopiné de Trump. Ce risque est d'autant plus grand que le décret instituant les nouvelles taxes précise que Trump se réserve le droit de les appliquer au Royaume Uni s'il estime que Starmer ne remplit pas entièrement ses engagements pris dans l'accord du 8 mai.
Ces nouveaux tarifs interviennent par ailleurs en pleines négociations entre les États-Unis et Union européenne. Ce mercredi a eu lieu une rencontre entre Maroš Šefčovič, commissaire européen au commerce, et Jamieson Greer, représentant étasunien pour le commerce extérieur. Si les deux hommes ont décrit leur rencontre comme ayant été « constructive », la hausse de taxes annoncée aujourd'hui par Trump ne va pas faciliter les négociations. Venant frapper un secteur métallurgique en crise dans le monde entier, et en Europe tout particulièrement, ces nouvelles taxes pourraient bien devenir un nouvel atout de Trump dans les négociations. Mais il serait illusoire de réduire la politique commerciale de Trump à des coups de bluff destinés à renforcer sa capacité à obtenir des accords favorables aux États-Unis. Le projet du président étasunien reste un projet protectionniste qui vise à renforcer la production industrielle américaine. En tant que « barrière » de protection pour la sidérurgie étasunienne, telles que les a nommées Trump lui-même, ces nouvelles taxes douanières pourraient bien se pérenniser.
Une menace sérieuse pour le secteur métallurgique, en crise dans le monde entier
Les droits de douane sur l'acier et l'aluminium interviennent dans une période de crise profonde pour ces secteurs, dans un contexte de surcapacité industrielle mondiale. Pour prendre l'exemple de l'acier, cette crise est le fruit d'une explosion de la production mondiale, celle-ci étant passée de 1148 millions de tonnes en 2005 à 1892 en 2023. Un accroissement stimulé par la Chine, qui est devenu de très loin le premier producteur mondial d'acier, avec 1019 millions de tonnes produites en 2023. L'inondation du marché par un acier souvent plus abordable que l'acier produit dans les pays occidentaux a fortement mis à mal cette industrie. Le tout dans un contexte de très faible croissance de l'économie mondiale, exerçant une pression à la baisse sur la demande. Si Trump compte protéger l'industrie étasunienne grâce à ces droits de douane, cette stratégie va avoir des conséquences catastrophiques sur ses partenaires commerciaux, mais elle va également affecter par ricochet l'économie étasunienne.
Les premières victimes seront les premiers exportateurs d'acier et d'aluminium vers les États-Unis, au premier chef d'entre eux le Canada. Alors que les importations canadiennes représentent 23 % de l'acier et 40 % de l'aluminium importés aux États-Unis, les industriels canadiens ont tiré le signal d'alarme ce mercredi. Si des droits de douane de 25 % mettaient déjà à mal les exportations vers les États-Unis, le passage à 50 % les rend quasi impossibles. Alors que le premier ministre canadien Mike Carney avait promis une politique intransigeante face aux provocations de Trump, cette nouvelle attaque le met face à un défi bien difficile à résoudre.
Ces droits affecteront également les autres grands exportateurs vers les États-Unis à l'instar du Mexique et le Brésil, mais également l'UE. Si les pays européens ne sont pas les plus grands exportateurs vers les États-Unis, ces nouvelles barrières font planer la menace d'une inondation du marché européen par l'acier et l'aluminium qui ne pourront plus entrer sur le marché américain. Or, le secteur sidérurgique est en net recul depuis une décennie en Europe : la production a baissé de 20 % de 2014 à 2023, avec une baisse de 8 % des emplois directs sur la même période. Mis profondément à mal par la hausse des prix de l'énergie provoqués par la guerre en Ukraine, la stagnation économique et la crise de secteurs qui sont des grands consommateurs d'acier comme le secteur automobile ont aggravé sa rentabilité économique.
Le 19 mars dernier, en réaction aux droits de douane de 25 %, la Commission européenne avait déjà volé au secours de cette industrie avec des mesures de sauvegarde, telles que des quotas d'importation, mais aussi d'autres instruments de défense commerciale. Il semble probable que la nouvelle hausse pousse la Commission à intensifier ces mesures. Mais ces taxes spécifiques à l'acier et l'aluminium pourraient également faire l'objet d'un accord diplomatique entre UE et États-Unis. La pression exercée par Trump sur l'Europe est multiple : aux droits de douanes s'ajoutent les velléités de se désengager militairement d'Ukraine, pouvant aller jusqu'aux menaces de se désengager de l'OTAN. Sa stratégie transactionnelle le conduit à multiplier ces points de pression afin de faire plier ses partenaires, sans distinguer les questions commerciales, militaires ou sécuritaires. Les nouvelles taxes sur l'acier et l'aluminium pourraient alors jouer un rôle stratégique dans le cadre de ces négociations, dont l'issue est toutefois toujours très incertaine.
La stratégie de la classe ouvrière face à la guerre commerciale
Quelle que soit l'issue de cette guerre commerciale, et la pérennité ou non de ces mesures tarifaires, les victimes de cette politique agressive et erratique seront toujours les travailleurs. Malgré les prétentions de Trump de défendre le secteur industriel étasunien, ces mesures vont directement affecter les travailleurs américains. Ces taxes vont en effet produire de fortes tensions inflationnistes, et vont mettre à mal l'ensemble des secteurs manufacturiers dont la production reposait sur l'importation d'acier et d'aluminium. Ainsi, alors que l'économie mondiale est dans une longue phase de stagnation depuis la crise des subprimes, ces taxes vont accroître les risques de récession, qui vont en premier lieu toucher les travailleurs, en attaquant leur pouvoir d'achat et leurs emplois.
Si cela vaut pour les États-Unis, c'est a fortiori le cas pour le monde entier. La crise touchant le secteur sidérurgique permet aux patrons de multiplier les plans sociaux et licenciements, allant jusqu'aux fermetures d'usines. Arcelor Mittal, deuxième producteur mondial d'acier, a annoncé le 23 avril la suppression de 636 emplois sur sept sites dans le Nord. Cette annonce intervient dans le contexte d'une large vague de licenciements, et alors que le géant avait déjà confirmé la fermeture des sites de Reims et de Denain en février. Le groupe justifie ces suppressions par les difficultés économiques et la concurrence chinoise. Des justifications hypocrites, alors qu'il est lui-même un des acteurs de la production et de l'importation d'acier chinois en France.
Face à ces attaques, qui vont s'aggraver avec l'escalade commerciale de Trump, les bureaucraties syndicales, à l'instar de Sophie Binet, nous proposent de riposter aux côtés du gouvernement Macron avec des mesures protectionnistes de rétorsion. Cette réponse chauvine, en plus d'alimenter un discours nationaliste, ne fera qu'aggraver la situation de la classe travailleuse en accentuant les tendances à la récession et à l'inflation produites par la guerre commerciale. Face aux nouvelles attaques de Trump et aux attaques patronales qui vont suivre, une seule réponse est possible. Une réponse par en bas, des travailleurs auto-organisés qui par leurs méthodes de lutte exigent le maintien de leurs emplois, en brandissant notamment une revendication essentielle du mouvement ouvrier : la nationalisation sans indemnités des usines.
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Pour les universités, la répression de Trump, c’est « pire que le maccarthysme »

Les États-Unis ont déjà connu deux purges politiques de la gauche, la « Peur rouge » des années 1920 et le maccarthysme des années 1950, et nous sommes aujourd'hui en pleine purge Trump, qui est pire que les précédentes.
Hebdo L'Anticapitaliste - 757 (05/06/2025)
Par Dan La Botz
Crédit Photo
Wikimedia Commons
La « Peur rouge » des années 1920 a suivi la révolution russe d'octobre 1917. Elle a été immédiatement provoquée par des anarchistes autoproclamés qui ont envoyé des bombes au procureur général A. Mitchell Palmer et au juge de la Cour suprême Oliver Wendel Holmes. Le gouvernement américain a arrêté des milliers d'anarchistes, de socialistes et de communistes, dont plusieurs milliers d'immigrantEs originaires de Russie, d'Europe de l'Est et d'Europe du Sud qui ont été expulsés.
La guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique, qui a débuté à la fin des années 1940, a conduit à ce qu'on a appelé le maccarthysme. Le sénateur du Wisconsin Joseph McCarthy, président de la sous-commission d'enquête permanente du Sénat, a tenu des audiences sur la subversion communiste et ceux qu'il a appelés à témoigner ont souvent vu leur vie détruite par cela seul, perdant leur emploi et leur réputation. D'autres commissions législatives du Congrès et des États ont également tenu des audiences. En 1954, le Congrès a adopté et le président Dwight D. Eisenhower a signé la loi sur le contrôle des communistes, interdisant le Parti communiste. Au cours de cette période, des centaines de personnes ont été emprisonnées et des milliers ont perdu leur emploi.
Criminalisation de ses opposants
Aujourd'hui, Trump et les Républicains s'en prennent à ceux que Trump qualifie de « gauchistes lunatiques, socialistes et communistes » ou de « membres d'un réseau mondial de soutien au Hamas » ou encore d'« antisémites ». Des immigrantEs sont déclaréEs « criminels » sans procédure régulière, arrêtés et expulsés.
Trump expulse de plus en plus d'immigrantEs, parfois en invoquant la loi controversée de 1798 sur les ennemis étrangers (Enemy Aliens Act), parfois en violant le droit des immigrantEs à une procédure régulière. Les États-Unis ont notamment expulsé illégalement Kilmar Abrego García vers son pays d'origine, le Salvador, et ont refusé son retour malgré une décision de justice. Trump a mis fin au statut de protection temporaire de centaines de milliers de migrantEs vénézuéliens, cubains, haïtiens et nicaraguayens, et la Cour suprême a confirmé sa décision. Trump a également modifié le statut de plus de 1 800 étudiantEs internationaux et jeunes diplôméEs, les rendant plus vulnérables à l'expulsion.
On retrouve ici des échos de la guerre froide, aujourd'hui remplacée par une guerre froide avec la Chine communiste. L'administration Trump a déclaré qu'elle révoquerait « de manière agressive » les visas des étudiantEs chinois qui étudient aux États-Unis, soit 280 000 personnes. Sont menacés ceux qui ont des liens avec le Parti communiste chinois, qui étudient dans des domaines critiques tels que les sciences, l'ingénierie et la médecine ou qui « causent des problèmes », c'est-à-dire qui participent à des manifestations.
Une répression globale pour tout manifestant
Ellen Schrecker, historienne spécialiste du maccarthysme, affirme que « l'attaque actuelle contre l'université est infiniment pire que le maccarthysme ». Cette attaque est plus large, plus puissante et vise à discipliner et à contrôler l'ensemble de l'enseignement supérieur. En 2021, le vice-président J.D. Vance a prononcé un discours intitulé « Les universités sont l'ennemi », et sous Trump, c'est certainement devenu le cas. Dans le but de discipliner les universités, Trump a gelé environ 11 milliards de dollars de fonds destinés à la recherche.
Le maccarthysme ne menaçait que des professeurs individuellement, mais selon l'historienne Ellen Schrecker, la répression de Trump sur « les manifestations sur les campus contre la guerre d'Israël à Gaza et les menaces d'expulsion d'étudiants et de membres du corps enseignant, […] cela touche également les salles de classe, les laboratoires, les programmes d'études, les bibliothèques, les dortoirs, les programmes DEI, les bureaux d'admission, les décisions en matière de personnel, les sports, les agences d'accréditation ». Trump a même recomposé des institutions entières telles que le New College of Florida.
Contrairement à la période McCarthy, nous assistons à une résistance croissante. À l'université Columbia, qui a cédé aux exigences de Trump, les étudiantEs ont hué la présidente par intérim, Claire Shipman. Et au MIT, la présidente de la promotion 2025, Megha Vemuri, a prononcé un discours percutant attaquant les liens du MIT avec l'armée israélienne et la guerre génocidaire contre le peuple palestinien. Elle en a payé le prix en étant exclue de la cérémonie de remise des diplômes. Mais la lutte continue.
Dan La Botz, traduction Henri Wilno
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Marche mondiale vers Gaza ; plus de 80 organisations canadiennes se mobilisent au Canada

Montréal, Tiohtia ;ke, le 5 juin 2025 - La situation à Gaza a franchi le point de non-retour. Depuis le début de l'offensive israélienne, plus de 54 000 Palestiniens et Palestiniennes ont été tuées, dont plus de 16 000 enfants. Les bombardements incessants, le blocus et le siège total imposé à la population civile ne laissent aucun doute : il s'agit d'un génocide en cours.
Photo Serge d'Ignazio
Désormais la famine est utilisée comme une arme de guerre, une de plus dans l'arsenal de la stratégie israélienne visant à détruire la population de Gaza. Ce blocus mortifère, cette privation délibérée de nourriture, d'eau et de soins, s'ajoute aux bombardements incessants, plongeant près de 2 millions de personnes, soit 93 % de la population, dans une crise alimentaire extrême. Selon des organisations humanitaires, 470 000 personnes risquent de mourir des conséquences directes de cette famine provoquée. Malgré les pressions croissantes de la communauté internationale, Israël intensifie ses frappes, plongeant
les habitant·es de Gaza dans un cauchemar sans fin.
Face à cette réalité insoutenable et à l'inaction coupable des grandes institutions internationales et de nos gouvernements, un mouvement citoyen mondial sans précédent s'organise : la Marche Mondiale vers Gaza. Cette initiative appelle à une mobilisation pacifique et massive le 15 juin 2025, depuis l'Égypte, pour marcher vers Rafah en solidarité avec le peuple palestinien et exiger la fin immédiate des violences.
« La marche porte trois revendications claires et urgentes : la levée immédiate du blocus sur Gaza, l'ouverture des frontières et l'entrée massive de l'aide humanitaire, ainsi que la fin des complicités internationales qui rendent ce génocide possible. » souligne Baya El Hachemi, membre du collectif Palestine Vivra à l'origine de la mobilisation au Canada.
« Nous refusons de rester spectatrices et spectateurs. Nous marchons pour Gaza. » martèle-t-elle.
Une délégation canadienne rassemblant entre 75 et 120 personnes ; militant·e·s, syndicalistes, professionnel·les de la santé et membres de la société civile se joindra à cette marche historique aux côtés de milliers de citoyennes et citoyens du monde entier. Elle bénéficie d'un important soutien de la société civile au Canada, mobilisée autour de valeurs de justice, de dignité humaine et de solidarité internationale.
Plus de 80 organisations à travers le Canada ont officiellement endossé cette initiative, soulignant l'urgence d'agir face à la situation alarmante en cours à Gaza. « Le silence tue. Il faut agir, au-delà des mots, pour mettre fin au génocide à Gaza », affirme Safa Chebbi, de Désinvestir pour la Palestine et membre de la coordination canadienne nationale de la Marche. Elle rappelle que notre solidarité ne peut se limiter à des prises de position symboliques : elle doit se traduire par des actions concrètes, coordonnées et déterminées pour briser l'isolement de Gaza et soutenir la lutte du peuple palestinien pour sa liberté et sa dignité.
À propos
La marche mondiale vers Gaza est une mobilisation internationale qui rassemble des délégations de plus de 60 pays.
Des centaines d'organisations à travers le monde ont déjà répondu à l'appel : syndicats, ONG, collectifs féministes, associations de quartier, groupes antiracistes...
Palestine Vivra est une organisation citoyenne non partisane née à Montréal en août 2024, en réponse aux mobilisations contre le génocide en cours à Gaza. Elle œuvre pour renforcer la solidarité avec la Palestine par des actions de sensibilisation au Québec et des projets de coopération internationale. Elle constitue également la structure juridique de la campagne québécoise de la Flottille de la Liberté.
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Il est minuit moins une pour le peuple palestinien : le Canada doit radicalement changer d’approche

Sous les bombes depuis bientôt 20 mois, la population de Gaza y est tuée, blessée, terrorisée, déplacés sans arrêt. Ses moyens de survie ont été anéantis
Le blocus l'a amenée au bord de la famine. C'est dans ce contexte, qu'Israël a lancé, le 18 mai, une invasion terrestre dont l'objectif avoué est de déplacer la population dans à peine 20 % du territoire et de compléter la destruction de ce qui reste d'infrastructure civile, de telle sorte que la population n'ait « nulle part où retourner ». Le 21 mai, Benjamin Netanyahou a
même inclus dans ses exigencesl'application du « plan Trump » : expulsion des Palestinien·nes et contrôle étasunien de la bande de Gaza.
Le Canada doit cesser d'être complice du génocide d'Israël
Le 19 mai, le Canada, dans une déclaration commune avec la France et le Royaume-Uni, haussait nettement le ton à l'endroit d'Israël et demandait l'entrée libre de l'aide humanitaire et la fin de la nouvelle offensive, en brandissant la menace « d'autres actions concrètes » ou de « sanctions ciblées ». Mais ce sont là des paroles, alors que c'est le temps d'agir... depuis très longtemps.
Au-delà de l'extrême urgence actuelle, l'enjeu à saisir n'est PAS qu'Israël laisse entrer l'aide en ce moment ni qu'il stoppe son offensive actuelle. Comme l'ont rappelé, le 8 mai dernier, près d'une quarantaine de rapporteurs spéciaux et experts de l'ONU, les États du monde sont confrontés au choix décisif suivant : « mettre un terme au génocide en cours ou le voir mettre fin à la vie à Gaza ».
Le Canada doit opter pour l'autodétermination palestinienne d'abord et avant tout
Depuis plus de 30 ans, le Canada a soutenu des « processus de paix » sous le couvert desquels Israël a, ouvertement et en toute impunité, accentué sa dépossession, sa violence et son humiliation à l'égard du peuple palestinien, jusqu'au génocide actuel à Gaza. Depuis octobre 2023, nous n'assistons pas à une « escalade tout à fait disproportionnée » en riposte aux attaques du Hamas, mais à la mise en œuvre, déjà très avancée, du plan d'Israël de saisir ce moment pour mettre un terme définitif à la possibilité même d'un État pour le peuple palestinien sur son territoire.
Le Canada, la France et le Royaume-Uni ont à nouveau professé leur « collaboration avec l'Autorité palestinienne, des partenaires régionaux, Israël et les États-Unis afin de parvenir à un consensus sur les dispositions à prendre concernant l'avenir de Gaza ». La poursuite dans cette voie est, en fait, une négation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination, parce qu'elle désigne unilatéralement ses représentants et subordonne l'exercice de ce droit à un consensus à trouver avec un État génocidaire et la superpuissance qui a soutenu et armé cet État génocidaire jusqu'à ce jour. À défaut de rompre avec cette vision et de mettre fin à toute forme de collaboration à ce projet ignoble, le Canada demeurera complice
de tous les crimes d'Israël.
Le Canada doit agir résolument
Le Canada doit prendre résolument le parti d'honorer ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et en vertu de l'avis du 19 juillet 2024 de la Cour internationale de justice selon lequel l'occupation et la colonisation israéliennes de Gaza et de la Cisjordanie sont illégales et doivent cesser « dans les plus brefs délais » (un délai que l'Assemblée générale des Nations Unies a fixé au 17 septembre 2025).
Seules des actions d'une grande force peuvent faire reculer Israël. S'il ne veut pas demeurer complice des crimes d'Israël, le Canada doit déployer IMMÉDIATEMENT TOUS LES MOYENS d'action politique et économique à sa disposition, en tant qu'État. Et ils sont nombreux : reconnaître immédiatement l'État de Palestine, appliquer un réel embargo bilatéral sur tout matériel militaire, se joindre à des actions devant les cours internationales, résilier des ententes économiques et militaires, imposer des sanctions, rompre les relations diplomatiques, pour n'en nommer que quelques-uns.
Le Canada doit aussi œuvrer à ce que tous ses alliés fassent de même et que cette pression internationale réelle soit maintenue jusqu'à ce que soient obtenus non seulement la levée immédiate et permanente du blocus israélien de même qu'un cessez-le-feu immédiat et permanent, mais aussi le respect intégral, non négociable, du droit international par Israël et l'exercice, rapide et sans condition, du droit à l'autodétermination du peuple palestinien.
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Faillite des politiques sur le logement : blâmons les immigrants ?

L'élite canadienne a fait des immigrants.es les boucs émissaires de ses échecs en matière de logement. Mais elle compte de plus en plus sur cette population pour construire ce qu'elle pense viendra à bout de la crise.
Jessie Stein et Sophie O'Manique
The Breach, 23 mai 2025
Traduction, Alexandra Cyr
Plus la crise du logement se creuse, plus l'élite politique canadienne a adopté une explication plus compliquée qu'il n'y parait : « Blâmons l'immigration ».
L'an dernier, Pierre Poilievre déclarait : « Le calcul est simple ; si plus de familles arrivent vous devez les loger, ça fait augmenter les prix du logement ». Le Premier ministre québécois, François Legault allait plus loin : « 100% du problème de logement provient de l'augmentation d'immigrants.es temporaires ».
Et l'automne dernier, le Premier ministre libéral, Justin Trudeau, faisait monter la pression en se servant de l'immigration pour : « stabiliser l'augmentation de la population » afin que le gouvernement puisse : « contrôler (le problème) du logement et des services ».
Ces discours cachent un fait fondamental : les immigrants.es ont été recrutés.es activement pour aider à régler le problème pour lequel ont les blâme. Ils participent à la construction des maisons que tous les politiciens,nes appellent de leur vœux.
Ces personnes représentent environ un cinquième des travailleurs.euses de la construction au Canada. Avec notre recherche nous avons découvert que le nombre de travailleurs.euse temporaires n'a cessé d'augmenter au cours de la dernière décennie dans ce secteur.
Le manque persistant de main-d'œuvre dans la construction résidentielle impose pratiquement le recours à ces travailleurs.euses pour atteindre les cibles de logements du gouvernement fédéral. Bien loin d'empirer la crise du logement, les immigrants.es sont au cœur des propositions gouvernementales pour la résoudre.
Mais il faut dire que plusieurs d'entre eux et elles sont vulnérables, dans des situations d'abus et d'exploitation pour lesquelles les politiques les visant ne sont pas à la hauteur. On en fait des boucs émissaires de la situation alors que leur situation de logement est des plus précaire au Canada.
Alors que tous les gouvernements du pays en remettent avec leur stratégie de construction qui privilégie le marché des logements et non celui qui répond aux besoins, les immigrants.es qui travaillent à les construire en sont exclus.es et le marché les accuse d'être de trop.
Combler le manque de logement
Il arrive souvent que l'on blâme le manque de main-d'œuvre dans le secteur de la construction pour la difficulté à intervenir dans la crise du logement au Canada.
On prévoit que 22% de cette main-d'œuvre prendra sa retraite au cours de la prochaine décennie. Les programmes de formation étant peu actifs, les travailleurs.euses temporaires étrangers.ères sont appelés.es à combler ce manque. En 2023 ils et elles comptaient pour 22% du secteur au pays. Les résidents.es temporaires comptent maintenant aussi pour une bonne portion de cette main-d'œuvre à hauteur de 30,000 personnes en 2024 soit une augmentation de 443% depuis 2015.
Ces chiffres ne comprennent pas les immigrants.es sans papiers et les demandeurs d'asile qui travaillent aussi sur les chantiers. Le gouvernement fédéral en a en quelque sorte tenu compte en 2019 quand il a mis en place un projet pilote offrant la résidence permanente à 500 d'entre eux dans la région de Toronto. Plus tard, il a ouvert le programme à 1,365 travailleurs.euses de la construction de plus et il a créé des plans spécifiques pour régulariser plus de cette main-d'œuvre et lutter contre les manques.
Les immigrants.es occupent un large volet des emplois dans le secteur mais font aussi face à de l'exploitation en lien avec leur statut précaire. Des entrevues ont fait apparaître du racisme, des défauts de paiement des salaires et du harcèlement. Certains.es ont occupé des postes mieux payés mais n'ont pas été informés.es de leur droit à une défense syndicale.
Et la précarité ne s'arrête pas aux portes des chantiers. Elle conditionne aussi les vies de cette population et les lieux où elles se passent.
Hausse des prix et précarité
Malgré le rôle essentiel que ces travailleurs.euses de la construction jouent, le prix exorbitant rend ces logements est hors de leur portée. C'est un paradoxe auxquelles s'accrochent d'autres barrières qui touchent particulièrement les travailleurs.euses issus.es de l'immigration.
Les personnes sans statut permanent n'ont pas droit aux programmes de subventions au logement et sont surreprésentés.es dans les emplois à faible salaire. Beaucoup, poussés.es dans les pires coins du marché, s'entassent dans des loyers de très mauvaise qualité pourtant épouvantablement chers. L'itinérance sera le lot de plusieurs.
Les problèmes de logement pour cette population vulnérable peuvent facilement mener à leur détention ou leur expulsion. Une de ces personnes nous a dit : « Un seul mois de retard de paiement du loyer et le propriétaire vous menace d'appeler l'immigration. Et ils le font ».
Les travailleurs.euses temporaires qui logent chez leur employeur font face à des risques encore plus importants. Un organisateur du Centre pour les travailleurs immigrants de Montréal explique : « Il se peut que votre propriétaire soit aussi votre patron. Si un problème survient au travail, on expulse les personnes de leur logement ».
Un groupe d'immigrants.es travaillant dans la construction a tout perdu dans l'incendie de leur logement fourni par leur employeur. Plutôt que de leur offrir de l'aide, il les a relogés.es loin du chantier ajoutant ainsi des heures non payées au déjà longues journées.
Comme tous les autres dans la classe ouvrière, ces travailleurs.euses font face à la crise du logement mais avec une couche de plus de contrôle et d'exclusion. Attachés.es à leur employeur, surveillés.es par les agents.es de l'immigration, leur lieu de vie devient un autre outil de discipline et de dépossession.
S'accrocher à fond
L'emploi des immigrants.es pour construire des maisons n'est qu'un aspect d'un tableau plus large. Le gouvernement a miné les services publics depuis des décennies et compte maintenant sur cette population pour les maintenir. Les infrastructures sociales ont été affaiblies par les politiques d'austérité et le retrait du gouvernement de ces services. Il recrute donc de plus en plus de personnes de cette population pour combler les manques.
Cela va des soins de santé aux personnes âgées, des soins aux enfants et à l'éducation. Ces travailleurs.euses sont devenus.es les bouche-trous partout où l'État s'est retiré. La construction résidentielle ne fait pas exception.
Au cours des années 1990, le gouvernement fédéral a abandonné ses programmes de soutien à la construction de logements sociaux. Il a ainsi ralenti les nouvelles constructions et refilé les responsabilités aux provinces. Depuis cette époque, il n'y a presque pas eu de construction de ce type de logements au pays et une grande partie de ce qui l'avait été croule sous les besoins d'entretien et de rénovation après des années de négligence. Les provinces réduisent les protections dont bénéficient les locataires les laissant avec moins de sauvegarde alors que le coût des loyers augmente toujours.
Ces décisions de changement de politiques arrivent pendant un boom dans le secteur de la finance. L'immobilier est devenu attractif parce que les taux d'intérêt sont à la baisse et que la dérégulation est passée par là. Les rendements des pensions sont donc aussi à la baisse ce qui fait que plus de personnes choisissent d'investir dans l'immobilier pour financer leur retraite. Aujourd'hui, un Canadien sur six possède plusieurs maisons.
Selon la Banque de Montréal, malgré la préoccupation politique envers lesapprovisionnements, le rythme d'achat des premières propriétés a été plus intense que la formation des ménages depuis le début des années 2000. Cela met en lumière que ce qui se construit favorise les investisseurs.euses et pas les gens qui ont besoin de se loger.
Construire sur le dos des immigrants.es
Aucune solution d'offre ne viendra à bout de la crise du logement au Canada sans que des considérations fondamentales ne soient au programme : que construit-on ? Par qui est-ce construit ? Dans quelles conditions ? Et pour qui ?
La stratégie libérale du gouvernement fédéral, en donnant la priorité aux investisseurs.euses dans l'immobilier et aux acheteurs.euses à hauts revenus, s'est empêché de résoudre la crise du logement que subit la classe ouvrière. Elle repose aussi sur l'exploitation continue des travailleurs.euses issus.es de l'immigration.
L'an dernier, le Premier ministre d'alors, M. J. Trudeau, déclarait : « Il faut que l'immobilier conserve sa valeur. Les futurs.es retraités.es comptent sur cela pour leur avenir financier ».
Plus récemment lors d'une cérémonie d'investiture, le nouveau ministre du logement et des infrastructures (de Colombie-Britannique) et ancien maire de Vancouver, M. Gregor Robertson répondait par un « non » clair à la question d'un journaliste. Il demandait si la baisse des prix des logements était à l'ordre du jour. Cette logique de la rétention de la valeur (de l'immobilier) est aussi au cœur de la stratégie de logement proposée par le nouveau Premier ministre du Canada, M. Mark Carney.
Malgré les plans prétendus ambitieux pour doubler le rythme de la construction résidentielle grâce à une nouvelle agence fédérale, M. Carney soutien qu'avec des partenariats publics-privés, l'allègement des régulations, des incitations au financement et la mise à disposition pour la construction résidentielle privée de terrains publics, le financement privé sera au rendez-vous.
Aucun engagement sérieux n'a été annoncé en faveur du logement social et un semblant d'attention a été concédé à ceux et celles qui sont coincés.es dans la crise du logement. Pire encore, ce plan ne prend pas du tout en compte un élément structurel en ce moment : le manque de main-d'œuvre dans la construction. Les immigrants.es y sont essentiels.les mais si peu est fait pour les protéger.
Les plans du gouvernement fédéral en immigration prévoient des moyens d'accès à la résidence permanente mais pour les seules personnes à haut niveau d'éducation. Et le recrutement d'immigrants.es de la classe ouvrière se poursuit mais pour des postes précaires et temporaires.
On ne voit pas non plus de plan pour la régularisation de ceux et celles qui sont déjà là et pas de protection non plus pour les statuts précaires dans le futur. Au contraire, ce plan promet des retraits (de statut) plus rapides et plus d'infrastructures liées aux expulsions.
L'avenir du logement construit dans la solidarité
Pour la réalisation du plan d'extension de l'offre de logements de M. Carney, les immigrants.es sont essentiels.les malgré que les bénéfices qui s'y rattachent ne soient pas à leur portée et qu'en plus ont les blâment pour l'échec des politiques qui y sont liées.
Transformer les immigrants.es en boucs émissaires procure un écran de fumée devant les politiques en immigration qui en plus permettent l'exploitation. Cette tactique sert aussi quant aux politiques de logement qui ont failli.
Nous ne pouvons pas évacuer la crise du logement de notre pays, mais nous pouvons construire la solidarité.
Se battre pour la justice dans le logement, c'est aussi se battre pour la justice envers les immigrants.es. Il faut aussi se battre pour un réinvestissement dans le logement social mis à mal par des décennies d'austérité. Cela veut dire rejeter la création des boucs émissaires et les logiques protectionnistes qui se manifestent plus clairement depuis que la guerre commerciale de D. Trump sévit et que le nationalisme s'élève comme réponse.
Nous pouvons et nous devons nous battre pour que le logement du futur soit lié à la justice pour ceux et celles qui vivent ici et les autres qui sont en chemin.
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Solidarité sans frontières et le Migrant Rights Network dénoncent les dispositions anti-réfugié-e-s et de déportation massive du projet de loi C-2

4 juin 2025, Montréal/Toronto — Solidarité sans frontières et le Migrants Rights Network (Réseau pour les droits des personnes migrantes) condamnent fermement le projet de loi C-2, qui sape profondément le système canadien
d'immigration et de protection des réfugié-e-s, en violation des obligations internationales et des droits humains fondamentaux
La Loi « concernant certaines mesures liées à la sécurité de la frontière entre le Canada et les États-Unis et d'autres mesures connexes liées à la sécurité » contient plusieurs dispositions alarmantes qui restreindront radicalement la protection des réfugié-e-s et permettront des déportations massives ainsi que l'exclusion de nombreuses personnes migrantes.
« Le premier ministre Carney s'est présenté comme l'antithèse de Donald Trump, mais son tout premier projet de loi constitue une capitulation honteuse face au racisme et à la xénophobie. Il tourne le dos aux obligations juridiques et morales du Canada envers les réfugié-e-s et les personnes migrantes. Ce que nous voyons, c'est la mise en place délibérée d'une machine à déportation de masse destinée à briser des familles et des communautés. Déjà, plus de 3 000 permis d'études et de travail expirent chaque jour en raison des coupes dans l'immigration décidées par Trudeau. Ce projet de loi ne fera qu'aggraver une catastrophe humanitaire. Il est immoral, illégal, et il sera combattu. » - Syed Hussan, porte-parole du Migrant Rights Network
Le projet de loi C-2 ne concerne pas la frontière canado-américaine ni les droits de douane
Interdiction de faire une demande d'asile après un an
Le projet de loi empêche toute personne migrante présente au Canada depuis plus d'un an de présenter une demande d'asile - avec une application rétroactive à toute personne arrivée après le 24 juin 2020. Cela signifie que des individus dont le pays d'origine plonge dans le conflit après leur arrivée au Canada n'auraient plus le droit de demander la protection du
statut de réfugié-e, uniquement à cause d'un critère temporel. C'est un abandon total du droit humanitaire international.
Expansion de l'Entente sur les tiers pays sûrs
Jusqu'à maintenant, les personnes qui entraient au Canada depuis les États-Unis entre deux postes frontaliers pouvaient demander l'asile après un délai de 14 jours. Le projet de loi C-2 supprime entièrement cette exception, forçant ainsi des personnes vulnérables à demeurer aux États-Unis, malgré les politiques migratoires très critiquées du président
Trump.
Pouvoirs ministériels accrus pour déportations massives
Le projet de loi accorde au ministre de l'Immigration des pouvoirs étendus pour annuler, suspendre ou modifier des documents d'immigration à l'échelle de groupes entiers, sans processus équitable. Il pourrait ainsi bloquer de nouvelles demandes, ou même annuler celles déjà soumises. Cela signifie que des personnes ayant déposé une demande de résidence permanente ou de statut de réfugié-e pourraient se voir retirer leur statut du jour au lendemain.
Affaiblissement des protections en matière de vie privée
Le projet de loi supprime des protections essentielles en matière de confidentialité, facilitant le partage d'informations sur les personnes migrantes entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Cela risque d'exposer davantage les personnes migrantes à des abus. Par exemple, des travailleurs et travailleuses sans statut pourraient être déporté-e-s pour avoir tenté de faire valoir leurs droits face à des employeurs abusifs, en raison de la transmission d'informations aux
services frontaliers.
Solidarité sans frontières et le Migrant Rights Network appellent tou-te-s les parlementaires à rejeter le projet de loi C-2 et à défendre plutôt l'égalité des droits et l'accès à la résidence permanente pour toutes et tous.
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Féminicides : aux grands maux, les grands moyens

Chaque femme tuée par un partenaire intime devrait être un signal d'alarme suffisant pour faire de la violence conjugale une priorité du gouvernement. À l'heure actuelle, le Québec dénombre 10 féminicides, 6 en contexte de violence conjugale, et 5 en moins d'un mois. Le seuil d'alerte est largement dépassé. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg. La crise qui sévit est bien plus profonde.
Ce matin, interrogé par les députées solidaires Ruba Ghazal et Christine Labrie, le premier ministre François Legault affirmait : « On s'occupe de chaque femme qui appelle ». Nous aimerions tellement que ce soit vrai. Mais la réalité est toute autre.
Une réalité accablante
– Dans la dernière année, SOS violence conjugale a reçu 19 306 demandes d'hébergement. Elles en ont dû refuser plus d'une demande sur deux.
– Dans le réseau de maisons d'aide et d'hébergement, 60 maisons ont des listes d'attente pour les services externes qui peuvent notamment leur offrir un accompagnement pour les aider à préparer une rupture de façon sécuritaire – du jamais vu pour des organismes qui se sont toujours refusées à faire attendre des femmes au moment où elles en ont le plus besoin.
– Au niveau de l'hébergement, les maisons d'aide et d'hébergement et les maisons de 2e étape, sont à pleine capacité. La durée de séjour s'allonge – notamment en raison de la crise du logement.
– Les trois derniers budgets du Québec ne comportaient aucun argent neuf pour les maisons d'aide et d'hébergement.
– Les travaux du comité mis sur pied par le ministère de la Santé et des services sociaux pour évaluer le manque de place et de services stagnent.
Certes, le gouvernement de Monsieur Legault a procédé à un rattrapage important depuis 2020. Mais les solutions amenées à ce moment-là sont déjà largement insuffisantes, face à l'explosion des demandes qui fait suite à la sensibilisation du grand public et à la mobilisation croissante de partenaires.
Les 4 nouvelles maisons d'aide et d'hébergement financées offriront un total de 57 places supplémentaires, permettant d'héberger annuellement quelques 350 femmes de plus. C'est un pas en avant significatif, mais c'est bien trop peu.
Les 190 unités prévues dans la trentaine de maisons de 2e étape, elles, permettront d'accueillir quelques 250 femmes par an en moyenne, après leur passage en maison d'aide et d'hébergement. Encore une fois, c'est une avancée notoire… mais insuffisante face à l'ampleur des besoins.
Pour répondre au débordement, le gouvernement a mis sur pied, malgré les réticences des associations de maisons, un mécanisme d'urgence pour héberger à l'hôtel les femmes qui ne trouvent pas de place en maison et qui sont face à un danger imminent. Cette solution n'est qu'un pansement sur une plaie béante, en plus d'être dangereuse, laissant les femmes isolées à l'hôtel dans un des moments où elles sont le plus fragiles.
Une cellule de crise réclamée
Nous avons su réagir rapidement en 2021, face à une vague de féminicides. Aujourd'hui, il faut faire plus.
Nous demandons la création immédiate d'une cellule de crise nationale pour répondre à l'urgence des besoins en violence conjugale, à l'image des cellules d'intervention rapide déployées autour des femmes en danger.
Tout comme il l'a fait en 2021, lorsque 9 femmes avaient été tuées par un partenaire intime en autant de semaines, nous demandons au Premier ministre François Legault de donner un mandat fort pour remettre la violence conjugale au coeur des priorités de son gouvernement.
Nous devons continuer de mieux informer la population pour que chacune et chacun puisse prendre action à son échelle. Mais en contrepartie, nous devons avoir les moyens de répondre aux demandes d'aide qui continueront d'affluer de plus belle.
Nous n'avons pas le luxe de s'asseoir sur des décisions prises en 2021, malheureusement déjà désuètes.
Nous n'avons pas le luxe d'attendre et de voir mourir nos soeurs.
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