Presse-toi à gauche !

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Va chez Papi !

5 novembre 2024, par Omar Haddadou — , ,
– Va chez Papi ! - Papi a besoin de répit. - Alors Mamie. - Mamie n'a pas bien dormi. – Oh ! Vous, pas gentils ! - C'est la vie ma fille. – Tant pis… ! - Tant (…)

Va chez Papi !
- Papi a besoin de répit.
- Alors Mamie.
- Mamie n'a pas bien dormi.
– Oh ! Vous, pas gentils !
- C'est la vie ma fille.
– Tant pis… !
- Tant pis, tant pis, t'as pas subi c'qu'on a subi.
– Voyons ! C'est votre bout d‘choux, Camille.
( Mamie n'a pas sa langue dans sa poche. Elle sentencie : )
- A mon âge, je ne vais pas gâter le « dernier solde » qui m'est imparti.

– Allons Mamie, juste aujourd'hui.
- Chaque week-end, tu nous fais l'coup, toi et ton mari ! s'écrie Papi.

Regardez cette frimousse, ces yeux de biche qui réclament, « Mamie ! » « Papi ! » jour et nuit.

– Et toi, regarde ces vieilles épaves qui ont élevé 3 générations ! Alors, ça suffit !
- Ouh là, conflit générationnel bien nourri.
( Papi, s'interpose pour calmer le jeu )
- Admettons que l'on vous dise oui ! Vous allez faire quoi, cette après-midi ?

Voir un film avec des amis (es).
– C'est bien le cinoche, ça change les idées et chasse l'ennui. (Ironise, Mamie)

- Même les Psychologues le conseillent à tout prix !

A tout prix ? (fait Papi, brocardeur)
- Si, si !
- T'as entendu, Mamie ?
- J'ai entendu et bien compris.
– Alors, c'est bon pour cette après-midi ?
- Vas-y ! Tu embrasses Dany ! consent Papi.
– Aah, Papiii, Mamiiie ! Ici-bas, vous êtes notre Paradis !

( Le jeune couple se paie du bon temps, abuse de la gentillesse des retraités, et remet ça 3 week-ends d'affilée. Excédés, Papi et Mamie décident de mettre un terme définitif à cette outrance, quand leur fille décrétait : )
- Camille, tu restes sage, avec Papi et Mamie !
- Objection ! Il y a un mouvement de grève, aujourd'hui ! (dit Mamie).

– Où ça ? A Paris ?
- Non, non ! Ici !
- Tu plaisantes, Mamie ?
- C'est toi qui l'dis ! On est de sortie.
– C'est vrai, Papi ?
– Oui, ma fille.
- Ah, non ! On a réservé au Resto « Le Bon appétit ! ».

- Et nous, on a nos billets, tarif réduits.
- Et c'est quoi le titre du film qui vous a séduits ?
- « Profite de l'instant présent, demain tu ne seras plus là, l'Ami (e) ! »

Texte et dessin : O. HADDADOU (Paris, 2024)

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Guerre d’Israël contre le Liban : de l’importance des récits médiatiques

5 novembre 2024, par Clothilde Facon-Salelles — , , , ,
Depuis octobre 2023, les frappes israéliennes sur le Liban ont tué plus de 2.700 personnes – dont 1.600 au cours des cinq dernières semaines –, blessé 13.000 et déplacé 1.3 (…)

Depuis octobre 2023, les frappes israéliennes sur le Liban ont tué plus de 2.700 personnes – dont 1.600 au cours des cinq dernières semaines –, blessé 13.000 et déplacé 1.3 million, soit le cinquième d'une population dont 82% vit sous le seuil de pauvreté : pour décrire l'ampleur de cette violence et ces atrocités, les mots comptent.

Tiré du blogue de l'autrice.

Les mots servent à désigner, et ultimement, à délégitimer la violence, alors il est important de les dire : nous assistons à des crimes de guerre (et non à une escalade), des bombardements indiscriminés (et non ciblés), une guerre contre le Liban (et non uniquement contre le Hezbollah). Or, au sein des récits médiatiques, les mots ont été galvaudés, employés de façon trompeuse ou réductrice.

Le Liban bénéficie d'une importante couverture médiatique en France, à la faveur de liens politiques et culturels très forts entre les deux pays, et de nombreux journalistes et observateurs libanais, mais aussi syriens et palestiniens sont à même de témoigner dans les médias de l'Hexagone, de livrer des analyses pertinentes et variées.

Pourtant, le débat a été dominé par une grille de lecture : celle de la lutte opposant Israël au Hezbollah, du fleuve de la rhétorique de la défense d'Israël face à une organisation terroriste. Comme on l'a observé avec Gaza, le traitement médiatique a péché par un défaut de contextualisation, par l'emploi de poncifs qui tendent à invisibiliser et à déshumaniser les populations civiles.

Cette grille de lecture s'est imposée comme un narratif hégémonique dès l'explosion des bipeurs et des talkies-walkies les 17 et 18 septembre. Des journaux français ont adopté une rhétorique similaire à celle de leurs homologues anglo-saxons qui ont loué une « prouesse technologique » : « Liban, 15h30 : l'opération bipeurs est déclenchée » titre un quotidien national, tandis qu'un autre reprend les paroles d'un ancien cadre de la DGSE qui admire un « coup de maître ». Alors même que, ces engins étant utilisés par des employés des institutions et structures d'aide du Hezbollah, des civils ont perdu la vie et des milliers d'autres ont été mutilés, notamment des aides-soignants et les proches des personnes ciblées dont leurs enfants. Alors même que ces explosions sont venues semer la terreur au plus profond de l'intimité des foyers, ravivant le traumatisme de l'explosion du port et insinuant une paranoïa à l'égard de tout objet électronique (dont les équipements médicaux et humanitaires importés de l'étranger). Alors même que Leon Panetta, ancien directeur de la CIA, a lui-même concédé qu'il s'agissait d'une « forme de terrorisme ».

Depuis, l'armée israélienne a pilonné une grande partie du pays, avec des frappes dans le Sud, la Beqaa, Dahieh, le quartier mixte de Basta et Cola dans la capitale, Jounieh, Baalbeck, Tyre, le Chouf, des villages chrétiens du Nord… Elle a ciblé les services de la ville de Nabatiyé, les abords d'hôpitaux et la mission des Casques bleus. Malgré le caractère indiscriminé des attaques – assumé par les autorités, le ministre israélien de l'Éducation affirmant que « le Liban sera annihilé » –, le récit médiatique s'est focalisé sur le carcan du conflit opposant Israël au Hezbollah, et également sur l'allégeance ou le rejet par la population libanaise du « parti de Dieu ». Il est bien légitime d'informer le public sur la nature complexe de ce dernier, à la fois parti politique, organisation militaire, pourvoyeuse d'institutions sociales et caritatives, ainsi que sur son ancrage social. Mais prioriser cet angle au détriment d'autres tend à valider le narratif israélien : on parle d' « opérations ciblées contre le Hezbollah » alors qu'on assiste à une guerre menée contre le Liban et en premier lieu sa communauté chiite. Il est problématique de parler de « fiefs du Hezbollah » sans commencer par dire qu'il s'agit de quartiers densément peuplés. De se focaliser sur les assassinats de cadres du parti ou du Hamas sans mettre les victimes civiles au cœur du récit, considérées comme des « conséquences collatérales ». « ‘Guerre contre le Hezbollah' : une expression qui engloutit les civils », écrit la journaliste Soulayma Mardam Bey dans l'Orient-Le Jour.

Les réseaux sociaux se sont montrés redoutablement efficaces pour déconstruire les narratifs hégémoniques des médias traditionnels, et notamment ce qu'ils peuvent révéler de « deux poids, deux mesures ». Sur la toile, les images déferlent, la bataille des récits fait s'affronter des visions du monde : on dénonce une guerre coloniale, impérialiste. Dans la mesure où le caractère vertical de l'information est remis en cause, où les médias dominants ne sont plus la seule instance de légitimation du monde, il est d'autant plus crucial de recadrer le débat, de ne pas occulter les enjeux essentiels de ce qui se joue au Liban.

Le cœur du débat devrait porter sur la désignation des crimes de guerre d'Israël, sur le fait que Tsahal a franchi toutes les lignes rouges du droit international humanitaire : violation des principes de proportionnalité, de distinction et de précaution, usage avéré de phosphore blanc, déplacements forcés... Des crimes à resituer dans l'historicité des deux décennies d'occupation et des offensives israéliennes au pays du cèdre, en 1978, 1982 (avant la fondation du Hezbollah) et 2006.

Le débat devrait porter sur l'impunité incommensurable dont bénéficie l'État israélien, sur la faillite du droit pénal international. Ne pas faire de cette impunité le thème central, c'est délégitimer le droit international, c'est acter notre renoncement à un ordre mondial fondé sur la justice.

Le glissement ultranationaliste de l'État d'Israël devrait aussi être mis en exergue, évolution portée par l'extrême-droitisation d'une mouvance suprémaciste et messianique, qui essaime dans les plus hautes sphères du pouvoir. L'absence de mobilisation de la société israélienne, qui soutient en grande partie les bombardements au Liban comme à Gaza, doit nous interroger. Il s'agit de comprendre la nature même du projet colonial et expansionniste, auquel s'arrime une culture politique qui cautionne le meurtre de masse de populations arabes, et qui nous renvoie par bien des aspects à notre propre histoire.

Ce qui devrait surtout être documenté et débattu, c'est le soutien continu de nos gouvernements, leur inaction complice qui se contente de condamnations du bout des lèvres tout en donnant un blanc-seing à Israël, lui fournissant des armes – États-Unis et Allemagne en tête, tandis que la France vend des composants. Les dirigeants politiques et économiques disposent pourtant de leviers similaires à ceux mobilisés dans la lutte contre l'apartheid de l'Afrique du Sud : rappeler les ambassadeurs, mettre fin à la coopération militaire et aux relations économiques privilégiées (BNP Paribas continue d'investir des milliards d'euros dans les fournisseurs d'armes à Israël), sanctions... Mais ils choisissent de ne pas en faire usage.

Et c'est là l'écueil d'un narratif exclusivement centré sur le conflit entre Israël et le Hezbollah : il élude la question de notre responsabilité collective, celle des acteurs politiques, mais aussi de l'opinion publique. À l'heure où des images de quartiers dévastés circulent sur nos écrans, où la France comme la plupart des pays occidentaux se contente d'une réponse humanitaire, cette question de la mobilisation et de la pression morale que nous pourrions exercer sur nos dirigeants n'a jamais été aussi brûlante.

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Les plans états-uniens pour remodeler le Liban

5 novembre 2024, par Hicham Safieddine — , ,
Alors que l'invasion terrestre du Liban par Israël s'enlise, malgré la poursuite de bombardements meurtriers, une guerre par d'autres moyens se déroule derrière les lignes de (…)

Alors que l'invasion terrestre du Liban par Israël s'enlise, malgré la poursuite de bombardements meurtriers, une guerre par d'autres moyens se déroule derrière les lignes de front. Les acteurs diplomatiques, politiques et médiatiques se mobilisent pour remodeler les équilibres politiques du Liban dans le but d'affaiblir le soutien à la résistance palestinienne et ramener le pays dans l'orbite occidentale et israélienne.

Tiré de la revue Contretemps
31 octobre 2024

Hicham Safieddine

Selon des informations publiés par le quotidien beyrouthin Al Akhbar, l'ambassadrice américaine au Liban, Lisa Johnson, aurait tenu, le 11 octobre une série de réunions avec des hommes politiques libanais, y compris des membres « indépendants » du parlement. Elle leur aurait demandé de se préparer à une nouvelle « ère post-Hezbollah », dans laquelle le contrôle présumé du parti sur l'État et les postes-frontières ne tiendrait plus.

L'envoyé spécial de Washington, Amos Hochstein, ancien militaire et lobbyiste israélien, apparait publiquement sur les principales chaînes libanaises et diffuse la même version, mais dans un langage diplomatique. Le Premier ministre libanais Najib Mikati et le Conseil des ministres ont également affirmé leur attachement à la résolution 1701du Conseil de sécurité des Nations unies, qui vise officiellement à mettre fin aux hostilités entre le Hezbollah et Israël. De son côté, Israël n'a pas encore annoncé son approbation.

Les responsables américains, enhardis par les attentatsisraéliens sur les bipeurs et l'assassinat de hauts responsables du Hezbollah, dont son secrétaire général Hassan Nasrallah, misent sur deux chevaux de Troie pour renverser la situation du Hezbollah de l'intérieur.

Le premier est de précipiter l'élection d'un nouveau président dont le programme serait conforme aux politiques américaines et israéliennes. Le chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, est un candidat probable. Le choix d'Aoun est lié au deuxième cheval de Troie de la campagne américaine contre la résistance : une version remaniée de la résolution 1701.

L'intégrité territoriale du Liban

La version actuelle de la résolution a été publiée au lendemain de la guerre israélienne de 2006 contre le Liban. Elle a servi de point de référence pour le désengagement du conflit. Elle affirmait « l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance politique du Liban » comme moyen de saper la résistance armée menée par le Hezbollah en trois étapes.

La première consiste à interdire toute présence armée du Hezbollah au sud du fleuve Litani et soutient l'appel au désarmement du groupe conformément à la résolution 1559des Nations unies, adoptée deux ans plus tôt. En revanche, aucune restriction de ce type n'a été imposée à Israël. La deuxième consiste à déployer l'armée libanaise dans tout le sud et la troisième à augmenter la présence des troupes de l'ONU à 15 000 hommes, tout en cherchant à les utiliser comme les yeux et les oreilles des puissances occidentales plutôt que comme des protecteurs de la population du sud.

Le Hezbollah a réussi à contourner ces nouvelles restrictions en adoptant une double approche : éviter toute présence armée visible au sud du Litani et se coordonner avec les factions loyales de l'armée libanaise afin d'être rapidement alerté des tentatives des troupes de l'ONU de mettre au jour toute cachette ou activité.

À en juger par la guerre actuelle, la stratégie du Hezbollah a été relativement efficace. C'est pourquoi Washington mise actuellement sur une version remaniée de la loi 1701 et sur des mécanismes d'application plus stricts qui évitent les échecs du passé. Les plans états-uniens sont favorisés par plusieurs développements survenus depuis 2004.

Une armée faible et des Nations unies impuissantes

Sur le plan militaire, les États-Unis ont conclu un partenariat stratégique avec l'armée libanaise à la suite de la guerre de 2006. Ce partenariat comprend une aide financière d'un montant de 3 milliards de dollars. Les ambassadeurs américains rencontrent régulièrement le chef de l'armée, Joseph Aoun, et organisent des formations conjointes ou des cérémonies avec des officiers de haut rang.

Cette politique visait à créer une armée idéologiquement docile. Mais du fait de l'engagement inébranlable de Washington en faveur de la supériorité militaire d'Israël, aucune partie de cette aide n'a été consacrée à l'achat d'armes offensives ou à la formation à la défense contre les agressions étrangères plutôt que contre la répression interne.

La stratégie de Washington consistant à aider Israël en priorité signifie que l'armée libanaise est incapable de défendre le Sud-Liban contre des menaces israéliennes crédibles. Au cours de cette guerre, Israël a attaqué et tué des soldats de l'armée libanaise sans susciter de réaction. Le déploiement des forces armées libanaises dans le sud contribuera à sécuriser Israël, et non le Liban. Une conséquence inattendue est l'incapacité de l'armée à maîtriser le Hezbollah, contrairement aux attentes de Washington.

Les troupes de l'ONU au Liban, connues sous le nom de Finul, sont tout aussi impuissantes face à l'agression israélienne. Depuis leur déploiement après l‘invasion israélienne de 1978, ces troupes n'ont pas réussi à arrêter une seule attaque israélienne. En 1996, Israël a bombardé un complexe de l'ONUdans le sud du Liban abritant des Libanais déplacés, tuant plus de 100 personnes et en blessant des centaines d'autres.

Depuis 2006, la neutralité relative de la Finul semble avoir été remplacée par un parti pris manifeste en faveur d'Israël, malgré le comportement agressif de ce dernier. Au début du mois d'octobre, Israël a attaqué les troupes de l'ONU sous prétexte qu'elles n'appliquaient pas la résolution 1701 et a demandé leur redéploiement à quelques kilomètres au nord de la frontière.

Le 17 octobre, un navire de guerre allemand opérant sous le drapeau de la Finul a abattu un dronequi se dirigeait du Liban vers la Palestine occupée. Cela préfigure la demande de l'envoyé étatsunien Hochstein d'autoriser les troupes de l'ONU à agir en tant que mandataires d'Israël pour traquer et attaquer les forces de la résistance.

Siège économique et social

Sur le plan économique, Washington et ses alliés du Golfe ont renforcé les sanctions financières et économiques à l'encontre du Liban, lui ont refusé toute aide après l'effondrement financier de 2019et ont fait la chasse aux ressources des communautés chiites expatriées en Afrique de l'Ouest et en Amérique latine afin de tarir tout financement communautaire présumé du Hezbollah. Ces mesures avaient pour but d'alimenter les conflits sectaires et d'inciter la base sociale à s'opposer au Hezbollah.

Parallèlement, Washington a favorisé le renforcement des liens avec les ONG émergentes et les députés nouvellement élus afin de créer une élite politique apparemment indépendante, dissociée de la réputation endommagée des forces traditionnelles tout en soutenant des positions opposées à celles de la résistance. Les machinations états-uniennes ont eu un certain impact, notamment sur l'opinion publique. La domination des médias pro-occidentaux au Liban y a certainement contribué. Mais le Hezbollah et son principal allié, le mouvement Amal, ont renforcé leur base sociale lors des dernières élections législatives, qui se sont tenues en 2022.

Malgré la médiocrité des résultats obtenus par les États-Unis, Washington espère maintenant que le désastre social qui résulte du fait qu'Israël a tué, blessé et déplacé des centaines de milliers de personnes créera des conditions suffisantes pour paralyser le Hezbollah. Mais il est clair que sans une victoire militaire décisive – et jusqu'à présent hors de portée – contre le Hezbollah, tous ces efforts ont peu de chances de porter leurs fruits. Essayer d'éliminer brutalement la base sociale du Hezbollah en massacrant des civils ne fonctionnera pas non plus. La multiplication des attaques contre l'ensemble de la communauté ne fera que renforcer sa détermination à soutenir les forces de résistance qui la défendent.

*

Hicham Safieddine est professeur d'histoire à l'université de la Colombie Britannique (Canada). Il est l'auteur de Banking on the State : The Financial Foundations of Lebanon (2019) et l'éditeur d'une sélection d'écrits du marxiste libanais Mahdi Amel : Arab Marxism and National Liberation : Selected Writings of Mahdi Amel (2021).

Cet article a été publié le 23 octobre 2024 dans Middle East Eye. Traduction Contretemps.

Illustration : patrouille de la Finul le long de la ligne bleue au Liban, Foto EMAD.

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Prix Ivoire 2024

5 novembre 2024, par Smith Prinvil — , ,
Le romancier Gary Victor finaliste du Prix Ivoire 2024 pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone L'écrivain haïtien Gary Victor avec son roman « Le violon (…)

Le romancier Gary Victor finaliste du Prix Ivoire 2024 pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone

L'écrivain haïtien Gary Victor avec son roman « Le violon d'Adrien », est l'un des 5 finalistes en lice pour le Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone.

L'association Akwaba Culture a l'honneur de porter à la connaissance des professionnels du livre et du public que le jury chargé de la sélection des ouvrages finalistes du Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone 2024 a achevé ses travaux.

Après une sélection sur mesure par un jury d'experts, cinq romans se démarquent : Les Femmes de Bidibidi de Charline Effah ; Malentendues d'Azza Filali ; Zakoa de Hary Rabary ; Âmes tembée de Marie-George Thébia et Le Violon d'Adrien de Gary Victor.

Soixante-seize ouvrages provenant de seize pays ont été soumis. Le lauréat sera dévoilé le 18 octobre 2024, et la cérémonie de remise du Prix, doté de 3.000 euros, se déroulera à Abidjan le 23 novembre 2024.

Né à Port au Prince en 1958, Gary Victor est aujourd'hui l'un des romanciers les plus lus en Haïti. Il est scénariste pour la radio, le cinéma et la télévision. Il a reçu en 2001 la médaille de l'Ordre de chevalier du mérite de la République française pour la valeur de son oeuvre publiée en français en Haïti.

Créé en 2008 par Akwaba Culture, association de droit ivoirien, le Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d'Expression Francophone est placé sous le parrainage du Ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d'Ivoire, de l'ambassade de France à Abidjan, de la Fondation Orange Côte d'Ivoire.

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Guerre au Liban : silence sur les violations israéliennes du droit international

« Le Moyen-Orient est le tombeau du droit international », écrivait le juriste Serge Sur. Ce billet identifie dans le récit médiatique français les omissions et les manoeuvres (…)

« Le Moyen-Orient est le tombeau du droit international », écrivait le juriste Serge Sur. Ce billet identifie dans le récit médiatique français les omissions et les manoeuvres de contournement permettant de parler de la guerre au Liban sans évoquer les violations israéliennes du droit international, à l'heure où la guerre a tué plus de 2900 personnes au Liban.

Tiré du blogue de l'autrice.

En France le Hezbollah est discrédité d'office, à juste titre, comme une organisation qui enfreint le droit international, commet des actes terroristes, tire des roquettes sur le territoire israélien qui ont tué 39 civils et 61 soldats et entraîné le déplacement de plus de 63 000 personnes depuis le 8 octobre 2023. Il faut ajouter que le Hezbollah a soutenu militairement un régime sanguinaire en Syrie à la suite du mouvement de protestation populaire en 2011. Au Liban, il paralyse le fonctionnement des institutions, contribuant de tout son pouvoir à empêcher l'instauration d'un Etat de droit et à ruiner l'économie libanaise. Il a assassiné des résistants communistes à l'occupation israélienne dans les années 1980 dans le but de diriger sans partage le mouvement de la résistance, puis il a organisé des attentats contre le premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005, contre l'ancien ministre Mohammed Chattah, assassiné en 2013, contre l'intellectuel Lokman Slim - assassiné en 2021 pour avoir dénoncé l'emprise du parti de Dieu sur le pays.

Israël, qui enfreint le droit international depuis des décennies, et qui depuis le 8 octobre 2023 a tué plus de 43 000 Palestiniens - en majorité des civils -, qui affame les rescapés, empêche l'aide humanitaire de leur parvenir, tue le personnel médical, décime les élites culturelles gazaouies, assassine les journalistes, détruit le patrimoine historique palestinien, et soumet Gaza, selon l'expression de la Cour internationale de justice, à "un risque plausible de génocide", Israël qui refuse de reconnaître le droit au retour des réfugiés palestiniens, s'oppose à l'existence d'un Etat palestinien, conduit une politique coloniale et instaure un régime d'apartheid - toujours selon la CIJ -, Israël qui a occupé le sud du Liban pendant 22 ans, annexé Jérusalem-Est et le Golan syrien, mené plusieurs guerres meurtrières, et qui a tué au Liban au cours de l'année écoulée plus de 2900 personnes - en majorité des civils -, Israël est un partenaire économique, politique et militaire de la France.

Omissions

L'ONU publie en ligne le 4 octobre 2024 un texte au titre explicite : « Liban : des experts de l'ONU déplorent le mépris croissant d'Israël pour le droit international ». Israël a un long passé de violations du droit international au Liban analysées dans des études académiques (1). Mais depuis le début de la guerre menée par Israël au Liban en 2023, on cherche souvent en vain dans les médias français des références aux violations actuelles du droit international perpétrées par l'Etat hébreu.

Un tel évitement est manifeste dans le traitement des frappes israéliennes visant le secteur médical. Human Rights Watch parle de crimes de guerre pour le ciblage des professionnels de santé au Liban. Aucun média français ne relaie cette qualification gênante pour Israël ni n'apporte quelque éclairage juridique que ce soit. 163 secouristes ont été tués, 20% des hôpitaux du Liban ont été endommagés dans des frappes. Des centres médicaux ont été bombardés au motif qu'il appartiennent à des organisations affiliées au Hezbollah, et leur personnel tué, alors qu'ils sont protégés par le droit international au même titre que n'importe quels autres établissements de santé.

Même indifférence au droit dans le compte rendu de l'assassinat prétendument ciblé de Hassan Nasrallah, dans une frappe qui devait tuer, selon une estimation préalable israélienne, 300 personnes - estimation basse par conséquent. Israël largue dans une zone densément peuplée des bombes de 900 kg de fabrication américaine qui détruisent six immeubles ; personne ne s'interroge sur le sacrifice de centaines de civils qu'implique cette exécution extra-judiciaire. Il faut attendre le 19 octobre, soit deux semaines après l'événement, pour que le site d'information irlandais The Journal invite une juriste, Heidi Matthews, à livrer une analyse du massacre. H. Matthews note que depuis le début des années 2000 le nombre acceptable de victimes civiles dans des attaques contre un commandant ennemi a été multiplié par dix - évolution attribuable selon elle aux Etats-Unis et à leur allié israélien qui allèguent les nécessités de la "guerre contre le terrorisme".

Même black out concernant la qualification des bombardements indiscriminés d'infrastructures civiles, à l'heure où un quart des bâtiments dans le sud du Liban ont été détruits par Israël. Un expert de l'ONU, Ben Saul, de même que Amnesty international, Human Rights Watch, des médias anglophones (Washington Post, The Canary). rappellent que même les bâtiments d'une banque qui finance les activités militaires du Hezbollah, comme Qard al-Hassan, visés par des bombardements massifs le 21 octobre 2024, sont protégés au même titre que les autres bâtiments civils. Exception faite de France 24, les autres médias français se bornent à exposer les activités de Qard al-Hassan sans plus de commentaires.

Des quartiers entiers ont fait l'objet d'ordres d'évacuation avant d'être intégralement rasés par l'armée israélienne au sud du Liban. Les soldats israéliens ont posé des tonnes d'explosifs dans le village de Mhaibib et déclenché à distance, le 16 octobre 2024, leur explosion simultanée, transformant le village entier en champ de ruines. Seul Le Monde relaie dans une vidéo ces informations, sans un mot concernant la possible illégalité de ces destructions généralisées. Le New York Times apporte l'éclairage le 30 octobre 2024 d'un juriste selon lequel le droit international n'autorise pas à détruire des zones entières sans distinguer les structures civiles et militaires ; la question n'éveille pas l'intérêt des médias français.

Les experts de l'ONU écrivent : « Israël ne peut pas utiliser les crimes des groupes armés non étatiques pour justifier ses propres atrocités au Liban, notamment les actes de violence destinés à répandre la terreur parmi les civils et la guerre sans discrimination. Agir ainsi équivaudrait à une punition collective, une autre grave violation du droit international ». Propos demeuré sans écho dans la presse française.

Discours dominant

Voici quelques types de discours sur la guerre au Liban diffusés dans les journaux français réputés sérieux - si l'on évite ceux, à droite et à l'extrême droite, dont le parti pris pro-israélien est considéré comme notoire :

1.Les médias déroulent un récit compassionnel montrant des victimes libanaises plongées dans le malheur. Les médias savent bien, pourtant, que la compassion humanitaire fait partie du service après-vente des massacres occidentaux : on voit les Etats-Unis vendre à Israël les armes qui tuent les Gazaouis et former simultanément un pont humanitaire pour venir en aide aux survivants. La compassion n'a jamais fait vaciller un tant soit peu la suprématie occidentale. On pourrait dire que tout au contraire, elle la conforte : elle est intégrée dans le marketing militaire. Les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Palestine ont eu droit à des traitements médiatiques similaires qui ont fait leurs preuves : les journaux ont augmenté leurs ventes sans rien changer à l'ordre mondial établi.

2.Les médias adoptent une approche pragmatique calée sur les conséquences supposées des agressions israéliennes. Ils mettent en garde, par exemple, contre les risques d'une "escalade". Ce discours froid contredit frontalement le récit compassionnel : il suppose qu'une agression militaire est acceptable si elle ne provoque pas d'escalade. L'invasion israélienne du Liban, nous a-t-on répété, "risque de provoquer en embrasement régional". Mais si l'embrasement régional n'a pas lieu, l'ennemi étant trop affaibli pour riposter - ou pour le dire autrement, si Israël réussit son coup -, alors, il n'y a plus d'objection à la violation de l'intégrité territoriale d'un pays, quand même des victimes civiles au Liban ont perdu la vie et leurs habitations ont été rasées.

3.Les médias relaient sans commentaire les déclarations d'hommes politiques israéliens et libanais. Un ministre libanais accuse Israël de crimes de guerre, apprend-on en lisant le journal ; le ministre libanais étant juge et partie, ses propos n'éclairent en rien les violations israéliennes du droit, à la différence de sources indépendantes que les journaux français se gardent de relayer, tant que le scandale n'a pas pris une ampleur "suffisante", tant qu'il est possible de le laisser sous le boisseau. Les Israéliens affirment viser les infrastructures militaires du Hezbollah ; même chose ; on n'a jamais vu un pays en guerre déclarer qu'il vise délibérément les civils. Relayer de tels propos sans fournir le moindre travail d'analyse critique et de vérification relève du degré zéro du journalisme.

Le droit international est très imparfait, il a été conçu pour protéger les intérêts des Etats les plus puissants. Les sanctions de violations du droit international sont bloquées par les Etats les plus puissants siégeant au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais les médias français évacuent même le droit international et même les Nations unies.

Ah oui, une exception : les attaques israéliennes contre les soldats de la FINUL, qui ont blessé 13 Casques bleus ; les médias ont bien parlé, alors, de droit international ; la France fournit à la FINUL un contingent de 700 soldats.

Non application du droit international au Moyen-Orient

"Le Moyen-Orient est le tombeau du droit international", écrivait le juriste Serge Sur, interrogé sur la guerre à Gaza, alors que l'ONU alertait depuis plusieurs semaines sur un risque de génocide.

La question se pose de savoir qui participe à l'enterrement du droit international.

Une autre question est de savoir à qui profite cet effacement du droit. Qui a le plus à y gagner ? Le Hezbollah est déjà déshonoré aux yeux de l'opinion publique française, dire qu'il commet des crimes de guerre est peut-être plus exact que de parler d'"organisation terroriste", mais n'aggrave pas les charges qui pèsent contre lui - ce serait plutôt le contraire, dans la mesure où l'on utilise pour lui la même terminologie juridique que pour des Etats reconnus. En l'absence de droit prévaut le triomphe de la force, et il n'est pas difficile de déterminer qui a intérêt à imposer une loi unique, celle du plus fort.

Note

(1) Voir par exemple Rafael Bustos (2007) "Les violations du droit international humanitaire dans le conflit de l'été 2006", dans Franck Mermier et Elisabeth Picard (dir.), Liban, une guerre de 33 jours. ( p. 219 -226 ). La Découverte. https://doi.org/10.3917/dec.picar.2007.01.0219.

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Guerre contre le Liban : Evacuations forcées, frappes aériennes et crise humanitaire sans précédent

Dans un contexte de chaos et de frappes brutales et intenses, l'armée d'occupation israélienne a lancé hier un nouvel appel à la population libanaise pour évacuer certaines (…)

Dans un contexte de chaos et de frappes brutales et intenses, l'armée d'occupation israélienne a lancé hier un nouvel appel à la population libanaise pour évacuer certaines zones de Baalbeck, région à l'est du Liban.

Tiré d'El Watan.

Ce territoire devient à nouveau le théâtre d'une violence accrue, rappelant les pires jours de la guerre de 2006, mais à une échelle bien plus sévère et avec des conséquences dramatiques pour les libanais.

Le porte-parole de l'armée d'occupation israélienne, Avichay Adraee, a fait mine d'avertir hier les résidants de la région de Douris, dans la vallée de la Bekaa, par des messages diffusés sur les réseaux sociaux. « Vous êtes situés près d'installations et d'intérêts du Hezbollah contre lesquels l'armée israélienne opérera prochainement », a déclaré Adraee, en ajoutant que les familles devaient évacuer d'urgence, s'éloignant de leurs habitations d'au moins 500 mètres dans les quatre heures. Des menaces lourdes pour des habitants déjà épuisés par les attaques israéliennes discontinues au cours des derniers jours.

Dans la ville de Baalbeck elle-même, la situation vire à la catastrophe. Des bâtiments résidentiels, des zones publiques et même des lieux proches des aires de jeux pour enfants ont été la cible d'attaques aériennes. Les monuments romains, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, risquent de subir des dommages irréversibles, menaçant l'héritage millénaire de la région. La cité antique est désormais en grande partie abandonnée, les habitants ayant fui dans des conditions précaires pour échapper aux bombes.

Les autorités libanaises ont appelé l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) à protéger Baalbeck, ville millénaire contre les menaces de l'entité sioniste de la bombarder. Le ministre libanais de la Culture, Mohammed Wissam El Murtada, a annoncé sa demande officielle à la mission permanente du Liban auprès de l'Unesco à Paris pour « accélérer les actions de suivi » avec le directeur général de l'Unesco et les organismes internationaux concernés. « Toute trace de conscience dans le monde doit empêcher Israël de mettre à exécution ses menaces de bombarder la citadelle de Baalbek », a déclaré El Murtada, considérant que « ce patrimoine n'appartient pas seulement au Liban, mais à toute l'humanité ».

Dans les dernières 48 heures, plus de deux douzaines de villages dans la région nord-est du Liban ont été frappés par des raids israéliens. Les pertes humaines sont déjà élevées, avec des dizaines de morts et de blessés, et le bilan continue de s'alourdir. Bien que l'armée d'occupation israélienne prétende cibler ce qu'elle nomme des « sites militaires du Hezbollah », les habitants contestent ces allégations, affirmant que leurs maisons ont été réduites en ruines sans qu'aucune présence d'armement ne soit visible.

Les ordres d'évacuation et les frappes intensives ont provoqué un exode massif, déplaçant plus de 1,2 million de Libanais, selon les autorités libanaises, tandis que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dénombre au moins 842 648 déplacés internes. Cette crise se double d'un enjeu humanitaire majeur : les civils déplacés se retrouvent sans abri, sans accès à des soins de santé suffisants et dans des conditions de vie précaires, tandis que les écoles et autres centres d'accueil sont saturés.

Dans la vallée de la Bekaa, les nuits sont désormais synonymes d'angoisse. Farah Saifan, de l'ONG Islamic Relief, décrit des situations « littéralement cauchemardesques ». Les habitants, relate-t-elle, « ne savent pas ce qui se passe la nuit, ne sachant pas qui est attaqué ni où ». L'aide humanitaire peine à atteindre les zones les plus affectées, les routes étant soit détruites, soit rendues impraticables par l'intensité des bombardements israéliens.

Plus de 900 000 libanais déplacés

La crise touche également les travailleurs étrangers présents au Liban, parmi lesquels une grande majorité de Bangladais employés comme ouvriers ou travailleurs domestiques. Un travailleur bengalais est d'ailleurs mort hier sous les frappes israéliennes.

Les tensions entre Israël et le Liban ont, par ailleurs, été exacerbées par l'enlèvement d'un civil libanais. Identifié comme Imad Amhaz, un officier de la marine libanaise, il a été capturé par les forces d'occupation israéliennes à Batroun, selon l'agence nationale de presse libanaise (NNA).

D'après l'armée d'occupation israélienne, Amhaz serait un « responsable du Hezbollah », mais le gouvernement libanais conteste cette version et dénonce un acte de violation de souveraineté. Le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati, a exigé que cette affaire soit portée devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

Les observateurs internationaux notent que la situation actuelle dépasse en gravité celle de la guerre de la guerre de 2006, qui avait coûté la vie à 1191 Libanais et déplacé plus de 900 000 personnes. Cette fois, l'ONU estime que « la situation humanitaire au Liban a atteint des niveaux dépassant la gravité » de 2006. Le bilan des attaques israéliennes s'élève désormais à 2867 morts et plus de 13 000 blessés, des chiffres qui continuent de grimper.

« Les structures humanitaires sont également touchées », a déclaré Filippo Grandi, chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dans un message publié sur les réseaux sociaux. « Même fuir (et prendre soin de ceux qui fuient) devient difficile et dangereux à mesure que la guerre continue de se propager », a-t-il déclaré.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) indique que les frappes israéliennes ont entraîné la destruction de plusieurs infrastructures vitales, à commencer par les établissements sanitaires.

Depuis septembre, 36 attaques ont visé des établissements de santé, faisant au moins 85 morts parmi les personnels médicaux et des dizaines de blessés. Dans le sud du Liban, six premiers secours ont été tués lors de frappes sur Khiam, soulignant les risques élevés auxquels les travailleurs humanitaires sont confrontés.

Les femmes enceintes ont été gravement touchées par l'escalade de la violence, selon l'agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA). « L'intensification du conflit dans tout le pays a eu un impact sur plus de 11 000 femmes enceintes, et 1 300 d'entre elles devraient accoucher sous peu malgré des pertes massives en infrastructures et un système de santé à la limite de la vulnérabilité », selon l'UNFPA.

Amel Blidi

La Turquie demande un embargo sur les armes contre Israël

Signée par 52 pays et deux organisations, demandant l'arrêt de la fourniture et de la livraison d'armes à Israël, a annoncé hier le ministre turc des Affaires étrangères. « Nous avons écrit une lettre conjointe appelant tous les pays à cesser la vente d'armes et de munitions à Israël. Nous avons remis cette lettre, qui compte 54 signataires, à l'ONU le 1er novembre », a affirmé Hakan Fidan lors d'une conférence de presse à Djibouti, où il s'est rendu pour une réunion du Partenariat Turquie-Afrique. « Nous devons répéter à chaque occasion que vendre des armes à Israël signifie participer à son génocide », a ajouté M. Fidan, qui a précisé que la lettre est « une initiative lancée par la Turquie ».

La lettre a été signée par 52 pays, dont l'Arabie Saoudite, le Brésil, l'Algérie, la Chine, l'Iran et la Russie, et deux organisations, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique. Mi-octobre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait appelé les Nations unies à décréter un embargo sur les armes destinées à Israël, qui serait, selon lui, une « solution efficace » pour mettre fin au conflit dans la bande de Ghaza."

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Israël rêve d’un « nouveau Moyen-Orient », mais à quelle réalité se heurtera-t-il ?

5 novembre 2024, par Lina Kennouche — , , ,
En septembre dernier, l'engagement du premier ministre israélien dans un conflit militaire de haute intensité sur le terrain libanais prenait pour prétexte la volonté d'« (…)

En septembre dernier, l'engagement du premier ministre israélien dans un conflit militaire de haute intensité sur le terrain libanais prenait pour prétexte la volonté d'« isoler Gaza du Liban ». Or la poursuite de la guerre, de l'aveu même de Benyamin Nétanyahou, vise aujourd'hui à changer l'équilibre des forces régionales pour transformer la réalité stratégique du Moyen-Orient.

Tiré de The conversation. Légende de la photo : Benyamin Nétanyahou s'exprime devant une carte du Moyen-Orient lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 4 septembre 2024. Abir Sultan/Pool/AFP

Depuis le 23 septembre, la confrontation entre le Hezbollah et l'armée israélienne s'exacerbe. Le conflit a pris un tournant avec l'intensification des frappes dans le sud du Liban et la banlieue sud de Beyrouth après que Nétanyahou ait fermement rejeté l'option d'un cessez-le-feu. Les récents développements et la rhétorique officielle israélienne accréditent l'idée que Tel-Aviv ne cherche plus uniquement à mettre en œuvre une politique d'élimination du Hezbollah, mais bien à changer le statu quo régional.

Reprenant à son compte la rhétorique des néoconservateurs américains, le premier ministre israélien a dévoilé son ambitieux projet de « nouveau Moyen-Orient ». Comme le constate avec lucidité l'ancien ministre libanais et ex-diplomate de l'ONU Ghassan Salamé :

  • « L'appétit vient en mangeant. […] L'objectif peut avoir été au départ uniquement de dégrader autant que possible le stock d'armes du Hezbollah – notamment les 600 à 700 missiles de longue portée que les Israéliens pensaient en sa possession – et de pouvoir ramener chez eux les habitants de Haute Galilée. [Mais forts de leurs succès tactiques et de l'inexistence d'une pression internationale ou arabe], les Israéliens s'enhardissent ».

Volonté de reconfiguration des alliances stratégiques

En effet, il ne s'agit plus pour Israël de réduire drastiquement les capacités du Hezbollah avant de l'expulser du Sud-Liban, mais de démanteler le réseau d'alliances tissé par l'Iran pour bâtir un nouveau Moyen-Orient débarrassé de l'influence de Téhéran.

Dans cette perspective, Israël cherche également à imposer des conditions politiques qui compromettent tout projet d'État palestinien. Plusieurs ministres ont appelé à une recolonisation de Gaza, certains réclamant même l'expulsion des Palestiniens en dehors des frontières israéliennes.

Cette nouvelle configuration régionale, où Israël apparaîtrait comme une puissance dominante, requiert également la construction d'alliances régionales avec les pays arabes, en particulier les États du Golfe, y compris l'Arabie saoudite, dans une sorte de prolongement des accords d'Abraham (traités de reconnaissance mutuelle et de normalisation des relations signés en 2020 entre Israël et plusieurs États arabes notamment les Émirats arabes unis et le Bahreïn).

Enfin, comme le soulignent certains commentateurs, pour renforcer significativement sa posture de dissuasion, Israël pourrait envisager « le redécoupage des frontières ou leur sécurisation de manière à empêcher les menaces directes, qu'elles proviennent de Gaza, du Liban ou de la Syrie ».

Une ambition qui remettrait en cause le soutien des États-Unis ?
Pour concrétiser ce projet de « Nouveau Moyen-Orient », Tel-Aviv compte sur le soutien des États-Unis, qui ont jusqu'à présent maintenu un engagement significatif à ses côtés. En effet, durant des années, Washington a limité les moyens de défense de l'armée libanaise, obérant la capacité du pays du Cèdre à dissuader les atteintes directes à son intégrité territoriale.

De surcroît, les États-Unis ont apporté un appui militaire sans faille à Israël depuis le début de la guerre à Gaza, puis au Liban. La récente décision américaine de livrer un système antimissile avancé qui endiguerait la menace balistique iranienne – et d'envoyer sur le terrain une centaine de militaires chargés de le faire fonctionner – est un nouvel exemple probant de cet engagement. Pour autant, si à l'heure actuelle il n'existe pas de découplage stratégique entre les intérêts de Washington au Moyen-Orient et ceux d'Israël, soutenir Benyamin Nétanyahou dans sa volonté de remodeler la région peut être un pari hasardeux. Pour plusieurs raisons.

Éradiquer le Hezbollah : un objectif voué à l'échec ?
Premièrement, si certains observateurs, comme Olivier Roy, soulignent « un effondrement des capacités militaires de la coalition anti-Israël », notamment celles du Hezbollah, en raison des succès tactiques israéliens qui auraient « brisé la chaîne de commandement du haut en bas, obérant la capacité de faire la guerre », l'âpreté des combats terrestres dans le sud indique qu'une telle analyse doit être largement nuancée.

Pour entamer les capacités militaires du Hezbollah, la campagne de frappes en profondeur s'est doublée d'actions terrestres. Or, à cet égard, il convient d'observer que, jusqu'à présent, l'armée israélienne n'a pas été en mesure de réaliser une véritable percée dans le sud du Liban. Les incursions visant à déloger des combattants préparés aux contraintes d'une guerre d'attrition prolongée restent limitées et sont souvent suivies d'un repli. Par ailleurs, le Hezbollah a récemment démontré que l'élimination d'une partie de sa direction n'a pas entamé sa capacité à tirer des missiles vers le nord d'Israël.

Pour Olivier Dujardin, chercheur associé au Centre français de Recherche sur le Renseignement et expert militaire :

« Si la direction unifiée du Hezbollah est affaiblie, la capacité tactique des cellules, elle, reste entière. »

Il souligne par ailleurs que les Israéliens sont confrontés à un problème majeur :

« Leurs troupes ne sont pas en nombre infini. Ils ont des forces mobilisées à Gaza et en Cisjordanie et avec les troupes restantes, ils mènent leur offensive au Liban : ils ont donc un problème de volume. Plus vous étendez le territoire conquis, plus vous diluez vos forces jusqu'au moment où la balance bascule. C'est-à-dire que la densité de forces devient insuffisante par rapport à l'adversaire. »

En outre, il rappelle que tout objectif d'éradication du Hezbollah est irréaliste.

« On ne détruit pas une organisation comme le Hezbollah. Même l'élimination de tous ses membres n'engendrerait pas sa disparition parce que la raison et les conditions qui président à son existence sont toujours d'actualité. Lorsque vous affrontez une organisation comme le Hezbollah, qui peut compter 50 000 ou 100 000 combattants selon les sources, et que vous décapitez des têtes, subitement vous avez affaire à une myriade de cellules qui vont mettre un certain temps à se réunifier, mais cela se produira en fin de compte […]. Les Israéliens achètent du temps pour quelques semaines ou quelques mois uniquement. »

Les risques d'un conflit ouvert avec l'Iran
Deuxièmement, l'hypothèse défendue par Olivier Roy selon laquelle le régime iranien est actuellement dans l'impasse car « il peut lancer une campagne terroriste à l'extérieur, mais cela ne fera que renforcer le soutien occidental à Israël [et que sa bombe nucléaire] heureusement, n'est pas opérationnelle » est remise en cause par d'autres, comme Arash Reisinezhad, qui estiment au contraire que les frappes de représailles lancées par l'Iran le 1ᵉʳ octobre inaugurent une nouvelle ère, dans la mesure où elles illustrent à la fois le développement et la modernisation des capacités balistiques iraniennes, et introduisent une équation de puissance aux conséquences stratégiques majeures.

Téhéran, en frappant directement le territoire israélien et en prenant pour cible un État doté de l'arme nucléaire, a affiché au grand jour sa politique de dissuasion. La riposte israélienne du 26 octobre a d'ailleurs été relativement modérée, sous la pression de Washington, ce qui pourrait indiquer que Tel-Aviv ne souhaite pas aller, au moins dans l'immédiat, jusqu'à une confrontation de grande envergure avec la République islamique.

En septembre dernier, l'engagement du premier ministre israélien dans un conflit militaire de haute intensité sur le terrain libanais prenait pour prétexte la volonté d'« isoler Gaza du Liban ». Or la poursuite de la guerre, de l'aveu même de Benyamin Nétanyahou, vise aujourd'hui à changer l'équilibre des forces régionales pour transformer la réalité stratégique du Moyen-Orient.

Reconfigurer le Moyen-Orient n'entre pas dans les intérêts directs de Washington
Ainsi en reprenant à son compte une rhétorique datant des années George W. Bush sur la reconfiguration du Moyen-Orient, Benyamin Nétanyahou s'inscrit dans l'approche des néoconservateurs américains qui avaient, un temps, caressé l'espoir de remodeler la région.

Le premier ministre israélien oublie que les États-Unis se trouvaient alors à l'apogée de leur puissance… et ont tout de même échoué dans cette entreprise. En outre, appuyer cette approche maximaliste ne ferait que détourner Washington de sa préoccupation stratégique majeure, à savoir la Chine.

Pour le colonel Olivier Passot, chercheur associé à l'Institut de Recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM), les États-Unis seraient plutôt frileux à l'idée de s'engager dans un tel projet :

« Donald Trump est certes un grand soutien de Nétanyahou mais, par principe, il n'est pas favorable aux interventions américaines à l'extérieur. Même Kamala Harris ne me semble pas adhérer à l'idée d'une réhabilitation du rôle des États-Unis comme gendarme du monde. Aujourd'hui, il y a certes une majorité américaine sensible à la cause israélienne qui souhaite que les États-Unis participent à cette défense. Mais je ne crois pas que pour eux, l'idée de remodeler le Moyen-Orient soit un leitmotiv. Après leur expérience désastreuse dans la région, ils ont bien compris que c'est une mauvaise idée d'essayer de changer les régimes. »

Pour résumer, le débordement de la guerre contre Gaza sur le terrain libanais, qui a débuté par une longue campagne de frappes aériennes, prend désormais une dimension régionale. En dépit d'une asymétrie conventionnelle et nucléaire, l'Iran a démontré, lors de l'attaque du 1ᵉʳ octobre, sa capacité à saturer la défense antiaérienne en n'utilisant qu'une partie minime de ses missiles. Et une éventuelle riposte israélienne plus intense que celle du 26 octobre pourrait, par ailleurs, accélérer le projet iranien de se doter d'une force de dissuasion nucléaire.

Ainsi, le risque d'exacerbation de la confrontation est bien réel. Les États-Unis, s'ils appuient le projet de remodelage de la région voulu par Benyamin Nétanyahou, s'engageraient dans un engrenage irréversible.

Lina Kennouche, Docteur en géopolitique, Université de Lorraine

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France Manifestation urgence Palestine-Liban article

5 novembre 2024, par Omar Haddadou — , ,
Le drame au Proche-Orient est entré dans sa phase apocalyptique. Le temps joue-t-il en faveur de l'extermination, menée tambour battant, par Netanyahou, l'assentiment de Biden (…)

Le drame au Proche-Orient est entré dans sa phase apocalyptique. Le temps joue-t-il en faveur de l'extermination, menée tambour battant, par Netanyahou, l'assentiment de Biden et des Occidentaux ? A Paris, ce dimanche 3 novembre, Palestiniens et Libanais (es) prenaient part au cortège de la mobilisation.

De Paris, Omar HADDADOU

Un slogan à marquer les esprits !

A Paris, retour en force des manifestants (es) ce dimanche pour la marche entre République et Place Clichy. Le premier fait marquant à retenir notre attention, est cette clameur de la foule :

« Et l'Algérie a vaincu, la Palestine vaincra ! » « Et le Vietnam a vaincu, le Liban vaincra ! » « Et l'Afrique du Sud a vaincu, l'Irak vaincra ! ». Sur les murs, des affichettes collées, dénoncent les génocides perpétrés dans les territoires occupés en Palestine, au Liban et autres pays du Proche-Orient. Mais aussi le mutisme et la complicité des Occidentaux, condamnés par un slogan frappant « Mort aux complices ! »

Puisant dans sa force vocale, la Représentante d'URGENCE Liban-Palestine, brosse un tableau funeste de la situation. Elle s'en prend virulemment à l'occupant : « L'entité ennemie ne se contente plus du génocide en cours à Gaza, au Liban en détruisant des maisons, des hôpitaux, incendiant des champs, tuant des enfants, déplaçant des familles, elle s'oriente désormais vers la destruction de la mémoire de nos peuples. Les peuples palestinien et libanais n'ont pas beaucoup d'options devant eux. C'est la reddition ou la Victoire ! Nous n'avons le choix que de résister ! Et nous allons certainement gagner ! »

Un activiste distribue des rapports chiffrés dont un fait état de « 120 000 tonnes d'armes européennes et américaines livrées ». De vive voix, il interpelle la foule : « Les études montrent que les Américains sont les architectes de ce génocide et tentent de nous mentir sur la volonté d'un cessez-le feu ».

Billal est palestinien. Lui parler en arabe, c'est le transposer dans son élément. Il répond aimablement à notre question : « Je suis de Gaza, mais vis en Belgique dans un foyer depuis quelques semaines, moi et mes deux frères dont le benjamin a 14 ans. Je suis écœuré par les Européens. On est entassés dans une pièce exiguë. On pensait obtenir une réponse favorable pour le statut de réfugiés ; il n'en est rien ! Ma famille est à Khan Younes et vit le cauchemar des bombardements. J'étais en contact avec elle par téléphone. C'est moi qui la prenais en charge financièrement. Mais je n'ai plus d'argent. J'ai peur des mauvaises nouvelles. Vous avez d'autres questions ? »

Le Gazaoui nous salue chaleureusement, arrange son keffieh et rejoint, d'un pas hardi, le cortège qui lutte pour la souveraineté de son pays la Palestine.

Karim et son épouse, un jeune couple libanais, vivent à Paris mais leur cœur est à Beyrouth où vit toute la famille. Le syndrome de la guerre a affecté des proches. Ils ne cachent pas leur hantise et leur souffrance. La femme décrit le calvaire en termes concis : « Nous vivons l'enfer. Pas de toit, pas de nourriture, pas d'eau. La mort ! La mort partout ! Incha Allah, nous vaincrons ! ».

Même éplorement chez Karim : « Une vie ténébreuse ! Des milliers de victimes, femmes, enfants, personnes âgées. La situation sanitaire catastrophique. Hôpitaux rasés…Le silence de la France est décevant ! »

Plus de 41 000 morts à Gaza depuis le 7 octobre 2023 et 3000 au Liban dont 127 enfants. L'élection américaine nous réserve-t-elle un monde désarticulé avec des belligérances dramatiques ?

Pour Macron, le ticket gagnant serait déjà acquis !

Pas pour les BRICS + qui le prennent en étau !

O.H

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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Sur fond génocidaire, l’enjeu de la fascisation de l’hégémonie mondiale

5 novembre 2024, par Marc Bonhomme — , ,
Dans une semaine le jour des élections étatsuniennes sera passé… et nous ne serons vraisemblablement pas qui sera le prochain président des ÉU à moins d'une heureuse surprise à (…)

Dans une semaine le jour des élections étatsuniennes sera passé… et nous ne serons vraisemblablement pas qui sera le prochain président des ÉU à moins d'une heureuse surprise à la Nouveau Brunswick où l'unilingue Premier ministre réactionnaire a été inespérément battu à plate couture. Ce sera plutôt au centuple une situation à la Colombie britannique où il a fallu attendre plus d'une semaine, et ce n'est pas encore tout à fait clair, pour savoir que le réactionnaire parti Conservateur à la Poilièvre avait raté de peu la majorité. Et encore là, ce parti a respecté les règles du jeu de la démocratie parlementaire.

30 octobre 2024

Ce ne sera pas le cas des Républicains de Trump qui promet de balancer pardessus bord cette démocratie bourgeoise qu'il a déjà tenté de renverser le 6 janvier 2021 heureusement en amateur… ce qu'il n'est plus ou du moins beaucoup moins. Comme l'affirme le militant et analyste marxiste Dan La Botz au sujet du « Projet 2025 », programme préparé par ses acolytes :

L'Union américaine pour les libertés civiles [ACLU], qui défend depuis longtemps nos droits, l'a qualifié [Projet 2025] de « feuille de route pour le remplacement de l'État de droit par des idéaux de droite ». La démocratie américaine n'est pas parfaite, loin s'en faut, mais s'il y a des abus, nous disposons toujours, dans l'ensemble, de droits démocratiques fondamentaux et de libertés civiles. Comme l'explique l'ACLU, le Projet 2025 propose de réorganiser le pouvoir exécutif et de l'utiliser pour limiter davantage l'avortement ; de cibler « les communautés d'immigrants par des déportations massives et des raids, en mettant fin à la citoyenneté de naissance, en séparant les familles et en démantelant le système d'asile de notre nation » ; d'accroître le pouvoir de la police et de réprimer les manifestations sociales ; de limiter l'accès au vote ; de censurer les discussions sur la race, le genre et l'oppression systématique dans les écoles et les universités, et de faire reculer les droits des personnes transgenres, entre autres choses. Le Projet 2025 éliminerait également des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux et les remplacerait par des personnes nommées pour des raisons politiques et fidèles au président. Il constitue la première étape du démantèlement de la démocratie américaine et de la création d'un gouvernement autoritaire. Il débutera avec l'élection de Trump ou sa prise de pouvoir par un coup d'État. (Dan La Botz, The Dangerous American Election, ESSF, 7/10/24)

Le journal « Liberal » étatsunien par excellence, le New York Times, va dans la même direction :

Donald Trump a fait preuve de plus d'hostilité envers la démocratie américaine que n'importe quel autre président dans l'histoire du pays. Il a tenté de renverser le résultat d'une élection. Il célèbre la violence politique. La liste est longue, et elle est désormais familière. Une question centrale concernant un second mandat de Trump est de savoir comment cette hostilité pourrait se manifester. Le système politique du pays a survécu à son premier mandat, après tout, et de nombreux Américains se demandent, à juste titre, dans quelle mesure un second mandat serait différent. Cela pourrait vraiment être différent. […] M. Trump est aujourd'hui bien mieux placé pour atteindre ses objectifs. Ses collaborateurs passent au crible la loyauté des candidats à un poste, en essayant d'exclure les républicains de l'establishment qui pourraient s'opposer à ses souhaits. Le Congrès et le pouvoir judiciaire lui seront probablement plus favorables qu'ils ne l'étaient il y a huit ans.

[Voici] les principaux moyens par lesquels Trump pourrait saper les traditions démocratiques : Il existe au moins six moyens majeurs par lesquels Trump pourrait affaiblir la démocratie américaine :

1. Poursuivre ses détracteurs. M. Trump a promis d'utiliser le ministère de la justice pour punir ses opposants politiques s'il redevient président, y compris avec des « peines de prison de longue durée », comme il l'a écrit en ligne. Traditionnellement, les présidents ne s'immiscent pas dans les affaires pénales. Mais c'est un choix ; un président a le pouvoir de donner des ordres au ministère de la justice. Au cours de son premier mandat, M. Trump a demandé l'ouverture d'enquêtes sur au moins dix personnes, parfois au détriment de leur vie, comme l'a montré mon collègue Michael Schmidt. M. Trump pourrait ordonner davantage d'enquêtes au cours de son second mandat, compte tenu de ses plans de recrutement. […]

2. Faire taire les critiques par d'autres moyens. Donald Trump pourrait également tenter d'utiliser ses pouvoirs réglementaires pour influencer le discours public. Il a suggéré que NBC, MSNBC et CBS méritent de perdre leur licence de diffusion en raison de leur couverture critique de sa personne. Il a parlé de punir Amazon parce que son fondateur, Jeff Bezos, est propriétaire du Washington Post. Ces commentaires font écho aux campagnes de réduction au silence menées par des dirigeants étrangers tels que Viktor Orban en Hongrie et Narendra Modi en Inde […].

3. Récompenser les alliés et les donateurs de la campagne. Trump, comme l'a rapporté le Times, « fait parfois des promesses explicites sur ce qu'il fera une fois qu'il sera au pouvoir, un niveau d'explicitation à l'égard des industries individuelles et d'une poignée de milliardaires qui a rarement été
vu dans la politique présidentielle moderne ». Les industries du pétrole et du vapotage - et peut-être Elon Musk - semblent susceptibles d'en bénéficier.

4. Remplacer les employés fédéraux par des loyalistes. À la fin de son premier mandat, M. Trump a publié un décret qui lui donnait le pouvoir de licencier et de remplacer des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux, notamment des économistes, des scientifiques et des experts en sécurité nationale. Ce décret aurait considérablement augmenté le nombre de personnes nommées pour des raisons politiques, qui s'élève aujourd'hui à environ 4 000. Le président Biden a annulé ce décret. Il est vrai que l'on peut faire valoir qu'un tel décret favorise la démocratie en faisant en sorte que la main-d'œuvre fédérale soit le reflet du président élu. Mais ces mesures risquent également de priver le gouvernement de l'expertise non partisane qui permet de relier la politique à la réalité. Si l'on ajoute à cela les nombreuses promesses antidémocratiques de M. Trump, le licenciement en bloc d'employés fédéraux pourrait lui permettre d'utiliser le gouvernement pour satisfaire ses caprices personnels.

5. Saper les politiques précédemment adoptées. Plutôt que d'essayer d'abroger les lois auxquelles il s'oppose, Donald Trump et ses alliés ont suggéré qu'il pourrait simplement « saisir » des fonds, c'est-à-dire ignorer les lois que le Congrès a précédemment adoptées. Un exemple : Il pourrait essayer de bloquer les fonds destinés aux énergies propres.

6. Refuser de transférer le pouvoir pacifiquement. Trump et son colistier, JD Vance, ne reconnaissent toujours pas que Biden a battu Trump en 2020. Trump promet même de gracier certains des émeutiers qui ont attaqué le Congrès lorsqu'il s'est réuni pour certifier les résultats le 6 janvier 2021. Cette combinaison suggère qu'un transfert de pouvoir a eu lieu en 2021 uniquement parce que suffisamment de Républicains ont tenu tête à Trump. Et il est possible qu'ils ne le fassent plus à l'avenir. […]

Je sais aussi que certains démocrates diront que la liste est trop courte et qu'elle devrait inclure les politiques potentielles de M. Trump en matière d'avortement, d'immigration, de changement climatique, etc. Mais il convient de faire la distinction entre les différends politiques et la démocratie elle-même. Il n'y a rien d'intrinsèquement anti-démocratique à réduire les réglementations environnementales, à autoriser les États à restreindre l'accès à l'avortement ou à expulser les personnes entrées illégalement dans le pays. Les Démocrates peuvent faire valoir que ces politiques sont mauvaises, et les électeurs peuvent décider qui a raison. Les électeurs peuvent également changer d'avis si ces politiques échouent. Les attaques contre la démocratie sont différentes. Si la démocratie s'effondre, le système politique peut perdre sa capacité d'autocorrection.

En savoir plus sur Trump –
• Une deuxième administration Trump élargirait probablement le pouvoir présidentiel et réduirait l'indépendance des agences fédérales, y compris la Réserve fédérale.
• Trump affirme qu'il utilisera l'armée pour faire respecter la loi au niveau national, notamment pour lutter contre la criminalité dans les villes dirigées par les Démocrates.
• Ses liens avec des gouvernements étrangers et des entreprises réglementées feraient probablement de lui le président le plus conflictuel de l'histoire des États-Unis.
• Trump a tenté de prendre ses distances avec le projet 2025, mais il a de nombreux liens avec lui. Ce projet pourrait donner un aperçu de la manière dont il gouvernerait.
• Selon une analyse du Times, M. Trump a fait la promotion de fausses conspirations concernant des complots contre lui ou le peuple américain à plus de 300 reprises.
(David Leonhardt. The Morning, New York Times, 30/10/24)

On pourrait s'en rendre compte dès le moment du dépouillement des bulletins électoraux soit le 5 novembre ou peu après. Les occasions ne manqueront pas, comme l'explique une journaliste du Globe and Mail, pour créer le chaos nécessaire d'autant plus que la Cour suprême biaisée saura ramasser les morceaux en faveur de Trump à moins qu'auparavant il n'y est un coup :

Mardi soir [prochain], la possibilité de connaître le vainqueur est pratiquement nulle. En 2020, l'Associated Press a désigné 26 États dès la fermeture des bureaux de vote, et 19 autres dans les 24 heures. Dans plusieurs étapes clés, cependant, des marges très faibles et des règles de dépouillement compliquées ont retardé les résultats de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines (souvenons-nous de la Géorgie). Joe Biden a été déclaré président le samedi suivant l'élection, ce qui a laissé le champ libre aux théories du complot, aux protestations et à la violence. […] La course à la présidence de 2024 s'annonçant tout aussi laborieuse, examinons quelques-uns de ces "swing states" pour voir ce qui pourrait retarder les appels.

Caroline du Nord (16 voix au collège électoral) Les habitants de la Caroline du Nord votent toujours tôt : Lors des élections de 2016 et de 2020, le vote par anticipation a été le moyen le plus populaire pour voter. L'intérêt est encore plus grand dans cette course - l'État a connu une participation record depuis l'ouverture des bureaux de vote il y a 12 jours. Jusqu'à présent, près de 2,7 millions de votes ont été exprimés en personne, soit plus d'un tiers des électeurs inscrits en Caroline du Nord, et les sites de vote anticipé resteront ouverts jusqu'à samedi prochain. Le hic, c'est que les bureaux de vote anticipé resteront ouverts jusqu'à samedi prochain : Les commissions électorales de Caroline du Nord pouvaient auparavant compter ces votes anticipés avant la fermeture des bureaux de vote le soir de l'élection, ce qui signifiait qu'elles pouvaient communiquer les résultats à 19 h 30. Mais une nouvelle loi oblige désormais les commissions électorales à attendre la fermeture des bureaux de vote pour commencer à dépouiller les bulletins. Dans le cadre d'une autre élection serrée - M. Trump a remporté la Caroline du Nord avec à peine 75 000 voix d'avance, soit sa plus petite marge de victoire dans un État - le résultat pourrait rester incertain pendant au moins une semaine.

Wisconsin (10 voix au collège électoral) Si les mots « vote dumps » vous évoquent quelque chose d'étrange, c'est parce que Trump a passé les quatre dernières années à s'insurger contre une vague de votes démocrates à Milwaukee - qui, selon lui, a permis à Biden de « voler » l'État. La vérité est moins ténébreuse : le Wisconsin est l'un des rares États à ne pas pouvoir traiter les bulletins de vote par correspondance avant le matin de l'élection. En 2020, la pandémie a provoqué une augmentation du nombre de ces bulletins, ce qui a retardé le dépouillement. Cette année, environ 450 000 bulletins ont déjà été renvoyés par la poste dans le Wisconsin. Un autre problème est que de nombreuses grandes villes de l'État, dont Milwaukee, bastion démocrate, doivent transporter leurs bulletins de vote par correspondance vers un lieu centralisé afin qu'ils soient dépouillés. Cela peut conduire à ce que des lots importants de votes soient rapportés d'un seul coup dans les premières heures qui suivent la fermeture des bureaux de vote, ce qui est précisément ce qui s'est passé en 2020. À la suite de ces théories du complot sur le « vote dump », l'assemblée législative du Wisconsin a envisagé un projet de loi autorisant les responsables locaux à traiter les bulletins de vote par correspondance la veille de l'élection, mais ce projet est mort au Sénat au début de l'année.

Pennsylvanie (19 voix au collège électoral) Comme le Wisconsin, la Pennsylvanie doit attendre le jour de l'élection pour commencer à compter ses bulletins de vote par correspondance. Ce n'était pas un problème majeur avant 2020, puisque seuls 4 % des votes de l'État avaient été envoyés par la poste. Mais en 2020, en raison des nouvelles règles et des craintes liées au COVID, ce chiffre est passé à 39 %. Il a fallu quatre jours entiers aux responsables pour passer au crible l'énorme arriéré de votes par correspondance avant de pouvoir déclarer M. Biden vainqueur de l'État (et, par conséquent, de l'élection). Cela n'a pas empêché les électeurs de Pennsylvanie de voter par correspondance : Jusqu'à présent, près de 1,3 million d'entre eux ont été envoyés pour la course de cette année. Mais combien d'entre eux compteront réellement le 5 novembre ? Cela dépend des décisions de 67 commissions électorales distinctes. Chaque conseil partisan établit ses propres règles concernant la notification aux électeurs des erreurs commises sur leurs bulletins de vote par correspondance - comme l'erreur de date ou le fait de ne pas l'avoir scellé dans une deuxième enveloppe - et la possibilité pour eux de bénéficier d'une seconde chance de voter. En 2020, les fonctionnaires électoraux de Pennsylvanie ont rejeté plus de 34 000 bulletins de vote par correspondance dans un État qui ne s'est démarqué que par 80 000 voix. La semaine prochaine, les experts prévoient encore plus de bulletins rejetés dans une course encore plus serrée, ce qui signifie que nous devrions tous nous préparer à une longue série de nuits d'angoisse.
Danielle Groen, Morning Update, Globe and Mail, 29/10/24

Cette semaine, la cavalcade Trump s'est payé un Madison Square Garden plein (20 000 personnes), en imitation d'une semblable assemblée nazie en 1939, où les vociférations anti-immigrants ont atteint un paroxysme jamais vu. Heureusement cette assemblée nauséabonde a été plus que neutralisée par un immense rassemblement (75 000 personnes) Démocrate à l'endroit même où Trump avait tenu son discours précédant l'assaut du Capitole. Ce succès est-il le reflet d'un retournement qu'annoncerait le sondage synthétique de ce jour, aux méthodes particulièrement sophistiquées, de The Economist. D'affirmer celui-ci : « La probabilité de victoire de Kamala Harris a augmenté de six points de pourcentage dans la mise à jour d'aujourd'hui, ce qui fait de la course une lutte acharnée » (The Economist, New polls reset the presidential race to a dead heat, 30/10/24).

Quelques anticapitaliste purs et durs auront quand même le réflexe orthodoxe de renvoyer dos à dos ces partis bourgeois, qui tous deux appuient la guerre génocidaire de l'État sioniste, au nom du rejet de la tactique du « moins pire » et en faveur du vote pour un parti de gauche afin de rester fidèle au principe de l'indépendance de classe. Dans le cas étatsunien, ces partis de gauche sont marginaux, sans compter qu'ils s'opposent au soutien armé de la lutte antiimpérialiste de libération nationale de l'Ukraine. Ce refus revient à faire le lit de l'impérialisme russe qui aussi se livre à une guerre génocidaire qui n'a pas l'ampleur de celle sioniste pour la simple raison que le peuple ukrainien et son gouvernement sont mieux en mesure de se défendre que le peuple palestinien. Paradoxalement, le parti Démocrate au moins demi-consent au soutien armé de l'Ukraine les deux pieds sur le frein. Alors, trêve de dogmatisme.

Marc Bonhomme, 30 octobre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Élections américaines : qui finance les campagnes Trump et Harris ?

5 novembre 2024, par Chris Maisano — , ,
Alors que l'élection américaine s'annonce extrêmement serrée, les Américains sont plongés dans une attente angoissante. Les grandes entreprises ont quant à elles déjà voté à (…)

Alors que l'élection américaine s'annonce extrêmement serrée, les Américains sont plongés dans une attente angoissante. Les grandes entreprises ont quant à elles déjà voté à coup de dizaines de millions de dollars, en soutenant Donald Trump ou Kamala Harris, voire parfois les deux. Un coup d'œil aux principaux soutiens financiers des deux candidats donne un aperçu des secteurs qui seraient les plus favorisés par les Démocrates et les Républicains. Les travailleurs américains restent eux toujours aussi mal représentés… [1]

tiré de NPA 29

D'un certain point de vue, le dicton « on en a pour son argent » ne s'applique pas aux élections américaines. Si, dans ce pays, les sommes investies dans les élections sont énormes, leur montant exorbitant est rarement un gage de qualité. Le coût global des élections fédérales a certes augmenté entre chaque cycle électoral, mais les élections de 2020 ont marqué un bond particulièrement prodigieux dans les investissements politiques. Cette année-là, le total des sommes réunies pour les élections fédérales (à la fois les campagnes présidentielles et législatives) a atteint le montant stupéfiant de 14,4 milliards de dollars, soit plus du double des élections de 2016, qui étaient déjà les plus coûteuses.

Toutefois, si l'on se met à la place d'un milliardaire – et non pas d'un électeur moyen ou d'un petit donateur –, le vieil adage a encore un sens. Au début de l'été, certains médias ont rapporté que le milliardaire du secteur technologique Elon Musk, dont la fortune est estimée à plus de 250 milliards de dollars, prévoyait de verser 45 millions par mois à une nouvelle organisation pro-Trump nommée America PAC (Musk et Trump ont tous deux démenti cette information). À la mi-juillet, ce comité de soutien avait déjà récolté plus de 8 milliards de dollars, en grande partie auprès de titans de la Silicon Valley. Son principal bailleur de fonds est Joe Lonsdale, cofondateur avec Peter Thiel de la société d'analyse de données Palantir, qui produit des logiciels d'espionnage utilisés notamment par le Pentagone.

Thiel – qui finance une grande partie de l'appareil politique et intellectuel de la galaxie MAGA (Make America Great Again, ndlr) – doit quant à lui être assez satisfait de ses retours sur investissements politiques. En 2015, il a recruté J. D. Vance – fraîchement diplômé de la faculté de droit de Yale et bientôt auteur de best-sellers – dans sa société d'investissement de la Silicon Valley, Mithril Capital. Après le succès de son roman Hillbilly Elegy, Vance est retourné dans son Ohio natal pour commencer à préparer le terrain en vue de sa carrière politique. Il a alors pu compter sur pas moins de quinze millions de dollars mis à disposition par Thiel, ce qui lui a permis de remporter un siège au Sénat en 2022. Moins de deux ans plus tard, Donald Trump choisit Vance pour être son colistier en vue des élections de 2024, couronnant l'ascension fulgurante de ce prétendu populiste représentant une Amérique délaissée jusqu'aux sommets du Parti républicain. En cas de victoire de Trump aux élections de cet automne, il deviendrait le troisième plus jeune vice-président de l'histoire des États-Unis, à seulement quarante ans.
Opposée aux régulations, une part de Silicon Valley bascule en faveur de Trump

L'un des principaux enjeux de cette édition de la course aux soutiens financiers est le passage d'acteurs incontournables du secteur des technologies dans le camp républicain. Certes, Thiel en a toujours fait partie. Plusieurs personnalités de la Silicon Valley, qui avaient vigoureusement déploré l'élection de Trump en 2016 le soutiennent désormais. Dans leur rang figurent plusieurs investisseurs de premier plan, tels que Marc Andreessen et Ben Horowitz, mais aussi Chamath Palihapitiya et David Sacks, fidèles à leur poste d'animateur du podcast All-In tech et devenus d'importants chroniqueurs de droite.

Toutefois, le portefeuille de l'industrie technologique reste largement acquis au parti démocrate. Selon l'association pro-transparence Open Secrets, environ 80 % des dons provenant de cette filière depuis le début de la campagne électorale vont vers des candidats démocrates. Ce chiffre est néanmoins en baisse par rapport aux 90 % de 2020, et si le vote Trump-Vance prévaut en novembre, il est possible que le glissement – pour l'instant en pente douce – de la Silicon Valley vers la droite, s'accélère.

Cette dynamique s'explique à la fois par l'idéologie et l'intérêt individuel, bien que la frontière entre ces deux champs ne soit pas toujours facile à distinguer. La rhétorique haineuse envers le mouvement « woke » remplit la part idéologique : Musk a récemment annoncé la migration, de la Californie vers le Texas, des sièges de X et de SpaceX en signe de protestation contre les lois fédérées qui assurent une protection aux élèves transgenres. On soupçonne néanmoins que cette délocalisation ait autant à voir avec des intérêts fiscaux qu'avec une véritable conviction.

Un récent article du Financial Times a relaté les propos du cadre de Palentir Alex Karp, un gros bonnet de la Silicon Valley qui soutien encore le camp démocrate, mais dont la loyauté vacille : « Le politiquement correct est, au sein du parti, un énorme problème. Les démocrates ne peuvent pas encore en prendre la mesure ». De même, Karp regrette que « les gens qui innovent désertent » l'industrie à cause de la réglementation en vigueur, qui étoufferait selon lui les start-ups avant même qu'elles ne puissent décoller. Gary Gensler, président de la Securities and Exchange Commission (SEC), a en effet été une épine dans le pied pour les investisseurs en crypto-monnaies. D'après un fin connaisseur de la sphère des crypto-monnaies cité par le Financial Times, les grands investisseurs dans ces produits spéculatifs « ont pour priorité de le virer. Ils dépenseront tout ce qu'il faut pour y parvenir. »

Si le soutien d'une part de la Silicon Valley à Donald Trump fait les gros titres, ses principaux soutiens appartiennent surtout aux secteurs de la finance, des assurances et de l'immobilier. Selon Open Secrets, « le secteur financier est de loin le plus grand contributeur des campagnes des candidats et des partis à l'échelle fédérale », républicains et démocrates confondus, et il est de loin le plus grand contributeur de la campagne 2024 de Trump. Les dons à sa campagne en provenance du secteur des valeurs mobilières et de l'investissement dépassent ainsi les 200 millions de dollars. Un donateur, l'investisseur héritier de la fortune bancaire de sa famille, Timothy Mellon, représente à lui-seule la somme ahurissante de 125 millions de dollars (il a aussi offert 25 millions de dollars pour la campagne indépendante de Robert F. Kennedy Jr). Le secteur du pétrole et du gaz est le suivant sur la liste, avec 20,4 millions de dollars.

Si le soutien d'une part de la Silicon Valley à Donald Trump fait les gros titres, ses principaux soutiens appartiennent surtout aux secteurs de la finance, des assurances et de l'immobilier.

Les autres plus gros soutiens de Donald Trump, d'après les catégories d'Open Secrets sont le secteur de la santé privée (101 millions de dollars), le transport aérien (91,3 millions de dollars), le secteur manufacturier et de la distribution (14,1 millions de dollars). Trump attire également d'énormes dons de la part de particuliers qui se présentent sur le plan professionnel comme « retraités » (129,5 millions de dollars) ou appartenant à toutes sortes d'organisations d'obédience idéologique républicaine ou conservatrice (82 millions de dollars). Ces chiffres coïncident avec ce que nous savons du parti républicain d'aujourd'hui : ses principaux soutiens sont les tenants de l'idéologie conservatrice, les électeurs âgés, les industries extractives et manufacturières et la tranche la plus haute des 1 % les plus riches. Près de la moitié, en dollars, des dons destinés à Donald Trump proviennent seulement de quatre États : le Texas (15,6%), le Nevada (14,8%), le Wyoming (14,6 %) et la Floride (11,9%).

De Biden à Harris, une continuité chez les grands donateurs démocrates

Concernant la campagne de la vice-présidente Kamala Harris, celle-ci a d'abord hérité de la base de donateurs de Joe Biden, lorsque celui-ci s'est retiré de la course à la Maison Blanche. Comme pour les républicains, les dons aux démocrates reflètent les intérêts des filières économiques majeures – dont ceux du secteur des valeurs mobilières et de l'investissement, qui ont historiquement tendance à soutenir les deux camps pour s'assurer de conserver des soutiens dans tout le champ politique. En revanche, contrairement à Trump et à d'autres candidats du parti républicain, les candidats démocrates reçoivent d'importantes contributions de la part des syndicats. Sean O'Brien, le président du syndicat des camionneurs américains (les Teamsters), s'est certes vu accorder un temps de parole au pic d'audience lors de la Convention Nationale Républicaine, mais les syndicats restent fermement ancrés dans le camp démocrate.

Contrairement à Trump et à d'autres candidats républicains, les candidats démocrates reçoivent d'importantes contributions de la part des syndicats.

Les sempiternels débats au sujet du retrait de Biden cet été ont mis en lumière le réseau des grands donateurs démocrates. Bon nombre des méga-donateurs qui ont fait le plus de tapage pour pousser Biden vers la sortie étaient issus d'Hollywood, du monde du spectacle et des médias. George Clooney a été la personnalité la plus en vue de l'industrie cinématographique à exiger un changement de tête de liste, mais beaucoup de personnalités riches et puissantes dont le nom n'est pas connu de tous ont aussi participé au mouvement de protestation des donateurs. Selon un article du New York Times, un célèbre agent d'Hollywood a déclaré à Martin Heinrich, sénateur du Nouveau-Mexique : “Si vous n'appelez pas publiquement Biden à se retirer, je ne vous donnerai pas un centime”.

A ce jour, le secteur des communications et de l'électronique, qui rassemble les firmes de la télévision, du cinéma, de la musique et des télécommunications, représente 31,9 millions de dollars de dons à la campagne démocrate. Le secteur financier et assurantiel reste en tête avec 88,2 millions de dollars, devant le monde de l'éducation (40,5 millions de dollars), les avocats et cabinets juridiques (36,5 millions de dollars) et les professionnels de la santé (24,2 millions de dollars). Les deux plus importantes sources de dons à la campagne de Biden en juillet étaient les organisations d'idéologie démocrate ou libérale (217 millions de dollars), puis les retraités (102 millions de dollars). Les syndicats ont quant à eux donné environ 18,5 millions de dollars, ce qui représente plus que certains secteurs d'activité mais reste bien en-dessous les principaux soutiens sectoriels et idéologiques.

En dépit des gros titres, le capital de la Silicon Valley reste largement en faveur des démocrates. Deux des trois plus généreux donateurs de la campagne Biden-Harris, Greylock Partners et Sequoia Capital, sont des sociétés d'investissement de la Silicon Valley. Reid Hoffman, associé chez Greylock et important donateur démocrate, n'a jamais caché son mépris pour la présidente de la Commission Fédérale du Commerce (FTC), Lina Khan, qui a commis l'erreur d'appliquer la législation antitrust. Hoffman a récemment déclaré sur CNN : “L'antitrust, c'est bien. Déclarer la guerre ne l'est pas”. Le sort de Khan sous une potentielle administration Harris reste encore incertain, étant donné qu'elle bénéficie d'un fort soutien de la part des démocrates qui saluent sa ligne anti-monopole très stricte.

Les querelles intra-démocrates pour influencer Harris dans le choix de son entourage, ainsi que le large éventail de secteurs et d'intérêts qui compose sa base de donateurs, coïncident avec ce que nous savons du parti démocrate d'aujourd'hui et de ses principaux soutiens : les tenant de l'idéologie libérale, le secteur des médias et de la tech, les professionnels du droit, de l'éducation et de la santé, et les syndicats. À l'instar de Trump et des Républicains, la base des donateurs démocrates est fortement concentrée dans quelques États qui reflètent la répartition géographique de leur coalition. Près de la moitié (en dollars) des dons adressés à Joe Biden, puis à Harris proviennent de seulement quatre États des deux côtes : la Californie (21,6 %), le district de Columbia (12,8 %), New York (10,2 %) et le Massachussets (4,2%).

Le règne de l'argent

Bien sûr, il faut également étudier où va tout cet argent dans les faits et quelle est son influence sur l'issue des élections. Le lecteur ne sera pas surpris d'apprendre que la part du lion revient aux médias et à la publicité. La campagne Biden-Harris a beaucoup investi dans la guerre de la publicité. En juillet, 60 % de ses dépenses totales, soit près de 65 millions de dollars, étaient consacrées aux médias et à la publicité. Malgré un raz-de-marée publicitaire, la position du président Biden dans les sondages s'est détériorée au point qu'il a été écarté de la course. De plus, ces dépenses ont temporairement gâché l'avantage qu'avait la campagne de Biden en matière de collecte de fonds par rapport à celle de Trump. L'enthousiasme suscité par le retrait de Biden et la nomination de Harris dans le camp démocrate a cependant délié les portefeuilles : en juillet, la campagne d‘Harris a récolté la somme faramineuse de 310 millions de dollars dépassant amplement les 138,7 millions de dollars récoltés par Trump.

Le coût total des quatre derniers cycles d'élections fédérales a dépassé les 40 milliards de dollars.

Jusqu'à présent, le budget de la campagne de Trump a été plus équilibré. Si, pour lui aussi, les médias représentent le principal axe d'investissement, ils ne comptent que pour un quart du coût total de la campagne. Un montant presque équivalent a été dépensé en frais administratifs, ce qui inclut les coûts liés à l'organisation des grands rassemblements de Trump. Une agence événementielle, Event Strategies, a ainsi reçu soixante-quatre paiements de la part de la campagne du candidat républicain, pour un montant total de 8,1 millions de dollars.

Les dépenses de campagnes politiques constituent une économie à part entière. Les entreprises partisanes fournissent toute une série de services très lucratifs aux candidats, en amont et en aval des élections. Le coût total des quatre derniers cycles d'élections fédérales a dépassé les 40 milliards de dollars. Et encore, ce chiffre n'inclut pas les milliers de campagnes qui ont lieu à l'échelle des États fédérés et des municipalités, ni des référendums. Comme les résultats des élections sont connus d'avance dans la plupart des États, une grande partie de l'investissement est concentré dans un nombre restreint de territoires indécis, afin de les faire basculer, même de manière minime. La victoire de Trump en 2016 s'est ainsi jouée à 80.000 votes dans le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin, tandis que celle de Biden en 2020 reposait sur une marge de 44.000 votes en Géorgie, en Arizona et dans le Wisconsin…

40 % de l'ensemble des dons politiques émanent d'un groupe extrêmement restreint : le top 1 pour cent du top 1 pour cent.

Dans son ouvrage devenu incontournable, The Semisovereign People, paru en 1960, le politologue Elmer Eric Schattschneider a mis le doigt sur une réalité fondamentale de la politique américaine : « Le défaut du paradis pluraliste est que le chœur céleste y chante avec l'accent prononcé des classes supérieures ». Nous avons tous le droit de soutenir des candidats et des campagnes électorales, mais seuls quelques-uns sont en capacité de le faire à un degré qui garantisse la représentation de leurs intérêts dans le système politique.

40 % de l'ensemble des dons politiques émanent d'un groupe extrêmement restreint : le top 1 pour cent du top 1 pour cent. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a aucune différence significative entre les deux partis. Il y en a évidemment, notamment sur l'avortement et le respect des institutions. Pour les travailleurs américains cherchant à être représentés dans leurs intérêts de classe, les dons des syndicats en faveur des démocrates indiquent que cette option reste la moins pire. Mais à en juger par l'état de la société américaine, il est clair que le système politique des Etats-Unis met en œuvre sa propre version de la règle d'or : qui possède l'or dicte les règles.

[1] Article de notre partenaire Jacobin, traduit par Manuel Trimaille et mis à jour par William Bouchardon.

Chris Maisano 28 octobre 2024

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