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Monique Chemillier-Gendreau : L’échec du droit international à devenir universel et ses raisons.

5 novembre 2024, par Monique Chemillier-Gendreau — ,
Union des fédéralistes européens. Colloque du 12 octobre 2024 Le monde d'aujourd'hui, devenu un village par la puissance des communications et du commerce, ne dispose (…)

Union des fédéralistes européens. Colloque du 12 octobre 2024

Le monde d'aujourd'hui, devenu un village par la puissance des communications et du commerce, ne dispose pourtant pas d'un droit commun à l'application effective. Le droit international élaboré au XXème siècle et les institutions alors mises en place, doivent aujourd'hui être considérées comme un échec.

28 octobre 2024 | tire du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/28/monique-chemillier-gendreau-lechec-du-droit-international-a-devenir-universel-et-ses-raisons/

Ni le droit de la paix découlant de la Charte des Nations Unies, ni le droit humanitaire en cas de conflit armé résultant des Conventions de Genève de 1949 et de bien d'autres textes complémentaires réglementant les moyens de la guerre, ne sont respectés. De même la Déclaration universelle, les Pactes internationaux et les conventions contre le génocide, contre la torture ou contre l'apartheid, sont bafouées dans une contestation de plus en plus ouverte de l'universalisme.

Je vais ici analyser cette désaffection pour le droit international en distinguant les différentes formes qu'elle prend, puis je montrerai comment cette désaffection a son origine dans une contradiction interne au système international. Enfin, nous nous interrogerons sur les possibilités d'en sortir et je rejoindrai alors la pensée fédéraliste, objet de cette rencontre.

1- La désaffection pour le droit international est aujourd'hui générale.

Mais il y a la désaffection revendiquée et celle qui s'opère clandestinement.

La désaffection revendiquée vient de cette partie du monde qui n'a pas contribué à l'élaboration des normes aujourd'hui contestées. Je renvoie à ce propos aux travaux de Laurence Burgorgue-Larsen, notamment à sa conférence de 2023 à Aix-en-Provence où elle analyse comment l'universalisme des droits de l'homme est aujourd'hui rejeté dans un nombre grandissant de sociétés.

Il s'agit principalement des sociétés asiatiques qui développent des valeurs communautaires autour d'une profonde déférence à l'autorité, et cela au mépris de la liberté individuelle. Dans d'autres sociétés, notamment les sociétés musulmanes, les droits et libertés sont dictés par les préceptes de la religion. Enfin, l'Église orthodoxe a fait adopter en 2006, une Déclaration des droits et de la dignité de l'homme qui se pose en alternative à la Déclaration universelle.

Mais il y a aussi une contestation de l'universalisme du droit international de la part de groupes ou de mouvements situés en Occident. C'est le cas notamment des populations d'origine musulmane venues par les flux migratoires post coloniaux. Profondément religieuses, ces populations rejettent la sécularisation des sociétés où elles se trouvent. Il y a aussi des régimes européens, notamment d'Europe de l'Est qui contestent les systèmes démocratiques et les contrôles judiciaires constitutifs de l'État de droit. Ils agitent leur appartenance à la chrétienté pour justifier leurs dérives autoritaires et revendiquent une identité de chrétiens blancs.

Et puis il y a la désaffection clandestine, celle des gouvernements occidentaux eux-mêmes qui sont pourtant à l'origine de ce droit et se targuent de le promouvoir. Le discours officiel prétend à un strict respect de ce droit ce que les pratiques démentent. Donnons quelques exemples.

Les textes fondateurs du droit international, la Charte des Nations unies en 1945 et la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948 ont été créés par ls États occidentaux. L'Afrique sous domination coloniale n'avait alors pas de voix, ainsi qu'une grande partie de l'Asie et de l'Océanie. Les rédacteurs de ces textes avaient alors une volonté d'universalisme et de liberté au profit de tous, mais c'était à partir d'une certaine conception de la liberté, la leur.

Ils avaient proclamé le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais restèrent des colonisateurs s'opposant par des guerres sanglantes à la volonté des peuples de bénéficier de ce droit. La France mena ainsi la guerre d'Indochine, celle d'Algérie, la répression sanglante à Madagascar avec des violations massives des normes du droit humanitaire, comme l'usage du napalm ou de la torture. Les Pays-Bas, le Portugal ou le Royaume Uni pratiquèrent aussi des exactions contraires aux principes auxquels ils avaient solennellement souscrit par ailleurs. Les États-Unis se livrèrent de 1955 à 1975 contre le Vietnam à une guerre d'agression avec l'usage de l'agent orange, dont les effets meurtriers se font encore sentir cinq décennies plus tard. Les deux guerres menées contre l'Irak le furent en violation flagrante du droit international, y compris de l'interdiction de la torture, laquelle fut pratiquée notamment dans la tristement célèbre prison d'Abou Graïb.

Quant à Israël, ce pays, adossé étroitement au groupe des pays occidentaux, bafoue le droit international par son refus de reconnaître le droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, par le mépris de l'interdiction du recours à la force, des traités sur les droits de l'homme et sur la non-discrimination, de l'interdiction de l'apartheid et de tout le droit humanitaire en cas de conflit armé. Ses alliés, notamment les États-Unis, sont complices par leur coopération militaire et financière. La paralysie du Conseil de sécurité est due à cette complicité. L'Union européenne pourrait activer l'article 2 de l'accord passé avec Israël et considérer que les violations des droits de l'homme commises par cet État justifient la suspension de l'accord de coopération, mais elle n'en fait rien. Les deux avis consultatifs rendus par la Cour internationale de justice en 2004 et récemment en février 2024, condamnent en termes clairs les politiques d'Israël, sont restés lettre morte.

Ajoutons encore que les États-Unis et la France ne reconnaissent pas la juridiction de la Cour internationale de justice et se dérobent ainsi à l'application du droit international et que la France n'a pas adhéré à la Convention des Nations unies sur le droit des traités. Son argument est qu'elle n'accepte pas la catégorie dite du jus cogens ou droit impératif général. Pourtant considérer qu'il y a des principes intangibles, ceux précisément de droit impératif général, auxquels on ne peut déroger même par traités, va dans le sens d'une consolidation du droit international.

Et les États-Unis n'ont adhéré ni à la Convention sur le droit de la mer (1982), ni à celle sur les droits de l'enfant (1989), ni au Traité d'interdiction des mines anti-personnels (1997), ni au Statut de Rome relatif à la Cour pénale internationale (1998) et ce ne sont là que quelques exemples. Les mêmes États-Unis ont refusé de s'incliner devant la décision de la Cour internationale de justice les condamnant contre le Nicaragua en 1986, ou devant celle par laquelle en 2004 la Cour Internationale de Justice (CIJ) leur imposait de ne plus exécuter les ressortissants étrangers n'ayant pas bénéficié de leurs droits consulaires. Malgré cette injonction, les exécutions ont continué au mépris du droit international.

Les États qui ont été des colonisateurs et ont été obligés par les peuples sous leur domination à leur rendre la liberté dans le grand mouvement déclenché dans les années 60, ont cependant tenté piteusement de maintenir une domination coloniale sur certains territoires. C'est ainsi que le Royaume Uni a, lors de la décolonisation de l'Ile Maurice en 1968, détaché de ce territoire certaines îles, les Chagos, qui en étaient la dépendance. Il a fallu un avis consultatif de la Cour internationale de justice en 2019 pour que cela soit dénoncé. Et aujourd'hui, cinq ans après que cet avis ait été rendu, le Royaume Uni accepte enfin d'en appliquer les dispositions, pas entièrement cependant, puisque l'un des îlots, Diego Garcia, reste soumis à un bail au profit des États Unis qui en ont fait leur principale base militaire dans l'Océan Indien. Et aujourd'hui, la France est engagée dans une répression très dure contre le peuple Kanak de Nouvelle-Calédonie et elle refuse à celui-ci des conditions de réalisation de son droit à disposer de lui-même conformes au droit international.

2 – Ces violations du droit international sont rendues possibles par une contradiction inhérente à ce droit lui-même.

La situation que je viens de décrire rapidement, est extrêmement inquiétante. En effet, une société dans laquelle le droit peut être manipulé ou contesté et où sa réalisation n'est pas contrôlée par un juge, est une société livrée au rapport de forces ce qui encourage la domination des plus forts. Mais il est vain de dénoncer cette situation, si on ne pousse pas plus loin l'analyse. En effet, elle n'a pu se développer que parce qu'il y avait un élément destructeur du droit international qui a permis aux États d'échapper aux normes qu'ils promouvaient en apparence. Aujourd'hui, cette situation se retourne contre eux, mais aux dépens de tout le système qui est ébranlé dans ses fondements.

De quoi s'agit-il ? Du fait que la Charte des Nations Unies affichait une volonté très inédite d'imposer aux États des règles de vie commune, notamment l'interdiction du recours à la force, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et tout le droit international dont la Charte encourage le développement. Mais parallèlement, la même Charte garantissait aux États le respect de leur souveraineté. Or, la souveraineté est un pouvoir originaire, au-dessus duquel il n'y a rien. Le souverain ne reconnaît de règles que celles auxquelles il accepte de souscrire et non pas celles qui lui seraient imposées malgré lui. Garantir les souverainetés, c'était admettre que les États souverains puissent se soustraire à l'application du droit international.

Le projet d'un droit international efficace, appliqué, et éventuellement sanctionné, n'est pas réalisable sans une mise en cause des souverainetés. Dès la création de la Société des Nations en 1918, Georges Scelle, professeur de droit international, a consacré tout son travail à mettre en lumière cette contradiction. Et aujourd'hui, je m'inscris dans cette tradition, mais dans le même isolement [1]. Suivre l'évolution de cette contradiction peut nous éclairer sur les raisons de cette situation.

Les États occidentaux, auteurs de la Charte, étaient soucieux qu'il n'y ait plus entre eux, parmi le cercle que formaient ces pays dits avancés, de possibilité de domination. Cette préoccupation était ancienne car elle avait déjà été l'objet des Traités de Westphalie qui avaient mis fin à la Guerre de Trente ans en 1648, puis du Congrès de Vienne après les guerres napoléoniennes en 1815. Les prétentions hégémoniques de l'Allemagne au XIXème et au XXème siècle avaient montré qu'un engagement politique n'était pas suffisant et qu'il fallait des mécanismes juridiques adaptés. Ce fut l'interdiction du recours à la force, principe cardinal de la Charte des Nations unies.

Mais les États qui eurent l'initiative de cette avancée dans l'édification d'un monde soumis au droit, n'ont pas été sincères. Ils ont utilisé leur souveraineté pour consolider des positions de domination. La preuve en est que le colonialisme ne fut pas banni par la Charte des Nations unies. Il ne le fut que plus tard sous l'effet des luttes de libération nationale des peuples dominés. Et durant la guerre d'Algérie, la France s'opposa à ce que les Nations Unies mettent cette guerre en débat en s'abritant derrière le fait, qu'à ses yeux, il s'agissait là d'une question relevant exclusivement de la compétence nationale.

Les peuples asservis s'emparèrent alors de la Charte comme d'une arme de libération et à partir du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ils en appelèrent au droit international pour se libérer. Mais la contradiction entre ce droit international et la souveraineté des États n'était pas dépassée pour autant. En effet, le seul débouché du droit des peuples à leurs yeux était de devenir des États souverains comme l'étaient les colonisateurs. Allant plus loin, ils revendiquèrent la plénitude de la souveraineté en exigeant une souveraineté économique, base à leurs yeux d'un nouvel ordre économique international. Mais celui-ci s'enlisa dans quelques discours à l'Assemblée générale des Nations unies.

À partir de là, les pays nouveaux venus dans la communauté des États, jouèrent le jeu du marché mondial et se retranchèrent derrière la souveraineté pour exercer une domination sur leurs propres peuples et s'engager dans une course à la domination dans l'espace international, comme la politique de la Chine en est l'exemple. Les peuples de ces pays ont été libérés du colonialisme, mais soumis à des régimes autoritaires, parfois sanglants.

Dans la phase actuelle, ces sociétés poussent leurs économies dans la voie d'un productivisme accéléré, particulièrement en Asie. Mais alors, le droit international est un obstacle. Il prétend imposer des règles en matière politique, sociale, environnementale, technique, qui sont autant de freins à la domination de ceux qui sont au pouvoir.

Il leur est facile de s'engouffrer dans la voie ouverte par ceux-là mêmes qui avaient fondé le droit international, mais s'était réservé de ne pas l'appliquer, pour en faire autant. Mais la différence essentielle, est que ce refus du droit international n'est plus clandestin, il est théorisé. Et le droit international est discrédité dans ses fondements mêmes. L'idée d'universalisme est contestée. L'Occident se trouve de ce fait dans une position très dégradée. Fortement concurrencé sur le plan technologique, industriel et commercial, il est déconsidéré dans ses valeurs pour les avoir lui-même trahies si souvent.

3 – Quelles sont les voies qui permettraient de revenir vers un droit commun à la société mondiale dans son universalité ?

Pour tenter de répondre à cette question difficile, Il faut d'abord se demander sur quelles valeurs communes, ce droit pourrait être édifié. Il est possible ensuite d'examiner à quelles conditions, institutionnelles et sociales, ce projet pourrait être mis en œuvre.

Sans entrer ici en détails sur la question des valeurs qui pourraient être communes à l'humanité dans son ensemble, je me bornerai à souligner que les valeurs véhiculées par l'Occident pour promouvoir un droit international universel ne sont pas à rejeter en elles-mêmes. En apparence, elles étaient porteuses de ce à quoi tous les humains aspirent, à savoir ne pas tomber sous la domination soit de puissances étrangères, soit de régimes internes qui asservissent leurs populations. Et les régimes qui les contestent, notamment la Chine, au nom d'un respect de l'autorité qui interdirait de critiquer les politiques d'État, ou les régimes théocratiques, comme le régime iranien ou celui d'Arabie Saoudite, qui veulent imposer à l'ensemble de la société des normes d'origine religieuse, connaissent des oppositions internes, plus ou moins muselées, mais qui témoignent des aspirations à la liberté de leurs peuples.

On peut en conclure que les aspirations au respect des personnes, de leur dignité et aux libertés de conscience, de pensée ou d'association sont partagées par tous les humains. Cela doit permettre de construire un socle commun de normes protégeant ces aspirations. Et tous les peuples, comme tous les individus, lorsqu'ils ont confrontés à un différend sur la réalisation de leurs droits, souhaitent disposer d'une instance judiciaire capable de trancher ce différend avec objectivité.

Mais pour retrouver une nouvelle force, et une nouvelle portée universelle, les valeurs contenues dans les grands textes du droit international doivent être remises en jeu, débattues et adoptées de nouveau dans des forums adaptés. Malheureusement, aujourd'hui, la chose semble bien lointaine. Il y faut en effet deux conditions absentes pour le moment : un groupe impulseur disposé à ne pas représenter des intérêts particuliers et venant nécessairement d'ailleurs que du sein des organisations internationales existantes et une opinion publique mondiale allant dans ce sens.

Ce renouveau d'un droit universel ne pourra pas venir de l'intérieur du système actuel par une simple réforme, car le système n'a plus de légitimité internationale. Le principe de domination validé par la Charte avec le régime exorbitant accordé à cinq États-membres est garanti perpétuellement. En effet, toute réforme du système ne peut se faire, selon les articles 108 et 109 de la Charte qu'avec l'accord des cinq membres permanents. Or ce sont eux les principaux responsables de la perte de crédibilité du droit international, par les incessantes violations auxquelles ils se sont livrés.

Aussi faut-il affronter la difficulté et pour tenter de construire autre chose, il faut nécessairement se situer en dehors du système actuel, lequel est inamendable. Il faut pour cela que des mouvements de la société civile du monde entier, organisent des groupes de travail pour réfléchir en commun à la manière de doter le monde d'un droit et d'institutions internationales permettant de contrer les dominations. Or pour contrer les dominations, il faut imaginer la société internationale fondée sur un principe non-hiérarchique.

Et la recherche d'une société non-hiérarchique est au cœur de la pensée fédéraliste. Il faut donc élargir la pensée fédéraliste afin que non seulement les sociétés nationales soient considérées comme des associations d'hommes libres, mais que la société mondiale soit organisée et garantie comme une association de peuples libres. Et les institutions dont cette société mondiale aura à se doter devront être imaginées de manière à entraver toute tentative par l'un de ces peuples ou un groupe d'entre eux, tendant à confisquer la place de l'universel au profit d'intérêts particuliers.

Cela suppose et c'est sans doute le plus difficile, une opinion publique mondiale convaincue de la nécessité d'un nouveau projet politique anti-hégémonique aussi bien comme nouvelle conception de la démocratie que comme base d'un nouvel universalisme. Parler de cela dans le contexte actuel apparaît comme très décalé par rapport aux réalités tant les opinions publiques sont fragmentées, préoccupées d'abord d'intérêts particuliers. Il est déjà difficile de construire des objectifs d'intérêt national, alors pourrons-nous élaborer des mouvements d'idées prenant en charge le principe même d'une société mondiale soumise au droit ? Cela semble aujourd'hui utopique. Mais l'utopie n'est pas ce dont on rêve comme étant inaccessible. L'utopie est la pensée de ce monde d'ailleurs qui n'est pas encore advenu. Il tient à nous de le rendre réalisable. Et cela suppose d'abord de l'évoquer.

Les évènements serviront d'accélérateur. Les guerres en cours sans perspective de paix et sans procédures pour y conduire, la multiplication des dérèglements humains, violences, trafics illicites, exploitation des plus faibles, les changements climatiques et leurs conséquences dramatiques par sécheresse, cyclones, canicules, inondations, sont devant nous. Allons-nous laisser tout cela se développer au sein d'un système mondial à bout de souffle ? Ou saurons nous convaincre qu'il faut se mettre à l'ouvrage pour préparer une alternative, véritablement universelle à ce qui a été essayé et a échoué ? Ne pas le faire, ce serait laisser advenir la catastrophe dans l'indifférence.

[1] Voir Monique Chemillier-Gendreau, « En finir avec la souveraineté », Dalloz, Tiré à part, Paris, 2024.

Monique Chemillier-Gendreau

De l'autrice :
Plaidoirie de Monique Chemillier-Gendreau à la CIJ
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/22/lelephant-dans-la-piece-publie-le-4-8-2023-plaidoirie-de-monique-chemillier-gendreau-a-la-cij/
Monique Chemillier-Gendreau : Contrer la domination et ouvrir la perspective d'un autre monde
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/03/27/monique-chemillier-gendreau-contrer-la-domination-et-ouvrir-la-perspective-dun-autre-monde/
Pour un Conseil mondial de la Résistance
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/07/02/sarracher-au-cours-homogene-de-lhistoire/
Régression de la démocratie et déchainement de la violence. Conversation avec Regis Meyran,
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/01/07/la-resistance-a-loppression-est-le-droit-a-avoir-des-droits/
Préface de Monique Chemillier-Gendreau au livre de Stéphanie Bossard : Accueillir les migrants. Rien n'est facile mais tout est possible
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/12/09/preface-de-monique-chemillier-gendreau-au-livre-de-stephanie-bossard-accueillir-les-migrants-rien-nest-facile-mais-tout-est-possible/

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Les BRICS, l’Asie et l’enjeu du dollar

5 novembre 2024, par Hubert Testard — , , , , , ,
Le sommet des BRICS qui vient de se dérouler à Kazan marque un tournant. L'organisation est en phase rapide d'élargissement et prétend désormais traiter toutes les grandes (…)

Le sommet des BRICS qui vient de se dérouler à Kazan marque un tournant. L'organisation est en phase rapide d'élargissement et prétend désormais traiter toutes les grandes questions internationales. Les pays asiatiques jouent un rôle majeur pour l'avenir des BRICS. Aucun des projets structurants – notamment la dédollarisation – ne peut se faire autrement que sous la direction de la Chine, et progressivement de l'Inde.

Tiré d'Asialyst. Légende de la photo : Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine lors du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, le 22 octobre 2024. (Source : HGT)

Le 16ème sommet des BRICS s'est déroulé à Kazan du 22 au 24 Octobre derniers. Il a réuni les cinq membres fondateurs de l'organisation (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), les cinq nouveaux membres qui les ont rejoints depuis le 1er janvier 2024 (Iran, Égypte, Arabie Saoudite, Éthiopie, Émirats Arabes Unis), et vingt-cinq autres pays ainsi que plusieurs représentants d'organisations internationales, avec la participation remarquée du secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres.

L'Asie au cœur de l'expansion des BRICS

Au-delà des dix membres actuels, treize pays, dont six États asiatiques, ont acquis le statut de « partenaires » : Algérie, Biélorussie, Bolivie, Cuba, Indonésie, Kazakhstan, Malaisie, Nigeria, Ouganda, Ouzbékistan, Thaïlande, Turquie et Vietnam. Dans ce groupe des pays partenaires, l'Asean pèse lourd avec quatre de ses principaux membres, et l'Asie centrale fait également son apparition.

Le statut de partenaire permet d'associer les pays concernés à certaines des activités de l'organisation et surtout constitue une étape préalable à une adhésion. Cette adhésion n'est pas garantie car elle suppose un consensus parmi les membres actuels, mais elle semble probable à plus ou moins brève échéance pour la quasi-totalité des pays partenaires. Les candidatures sont rejetées avant d'atteindre le statut de pays partenaire, comme cela a été le cas pour le Vénézuela, bloqué par le Brésil. Une dizaine de pays non-partenaires ont par ailleurs signalé leur intérêt pour rejoindre l'organisation.
À relativement brève échéance, les BRICS pourraient donc dépasser le G20 en nombre, avec une répartition par continent assez équilibrée : huit pays asiatiques, trois pays du Proche et Moyen-Orient, trois Européens (si l'on inclut la Turquie), six Africains et trois pays d'Amérique Latine ou Centrale.

L'Asie n'est pas majoritaire en nombre dans le groupe des 10 membres et 13 partenaires, mais elle représente à la fois les trois quarts de la population et les trois quarts du PIB du groupe BRICS + partenaires.

Les BRICS commencent à traiter toutes les grandes questions internationales

La déclaration de Kazan est un long document de 134 paragraphes couvrant tous les sujets d'actualité internationaux avec trois grands piliers : politique et sécurité internationale, questions économiques et financières, culture et coopération entre les peuples. Au-delà des prises de position purement diplomatiques – qui incluent des engagements dithyrambiques sur la résolution pacifique des conflits, la protection des droits de l'homme ou la lutte contre la dissémination des fake news – ce document énumère une série d'initiatives d'importance variable.

On y trouve entre autres la protection des félins dans le monde (initiative de l'Inde), la facilitation des transactions et des financements internationaux en monnaies locales, la création d'une plateforme d'échanges de matières premières agricoles (à l'initiative de la Russie), la création d'un partenariat pour une nouvelle révolution industrielle, la mise en place d'un groupe d'études conjoint sur l'intelligence artificielle, le développement d'une coopération sur l'identification des ressources géologiques en métaux critiques, la création d'un groupe de travail sur la médecine nucléaire, la coopération fiscale, le développement de programmes conjoints de recherche scientifique.

L'élargissement rapide des BRICS ne va pas faciliter la cohésion du Groupe, et la coexistence de l'Organisation avec une multitude d'autres instances multilatérales ou régionales couvrant les mêmes sujets ne garantit pas le succès des multiples initiatives citées dans la déclaration de Kazan.

Le Groupe a cependant, en plus de son poids économique, des points forts sur lesquels il va tenter de capitaliser. En matière d'énergie, les dix membres actuels de l'organisation représentent déjà 36 % des exportations de pétrole brut et 34 % des exportations de pétrole raffiné dans le monde. Ils occupent également une place majeure dans le commerce international du soja (51 %) ou du riz (44 %) ainsi que de différents métaux critiques (terres rares, magnésium, graphite).

Les treize pays partenaires comportent également de grands exportateurs de produits énergétiques (Algérie, Indonésie, Malaisie, Kazakhstan, Nigéria), de produits agricoles (Thaïlande), et de métaux critiques (Bolivie, Indonésie). Collectivement le groupe BRICS + partenaires a donc les moyens de peser sur l'évolution des échanges d'énergie, de matières premières et de métaux critiques dans le monde, avec sans doute un axe de travail majeur ne faisant pas double emploi avec ce qui existe déjà, qui est celui de la fin de l'hégémonie du dollar.

La question du dollar

La Russie est particulièrement motivée pour trouver des modes de financement alternatifs au dollar depuis qu'elle est soumise à une vaste gamme de sanctions occidentales couvrant notamment la participation des banques russes au système SWIFT ou les avoirs de sa Banque Centrale. La Chine l'est également pour imposer progressivement le yuan comme monnaie internationale concurrente du dollar. L'Inde a tiré parti des difficultés de la Russie pour utiliser la roupie indienne dans ses achats de produits pétroliers russes. Les autres membres du groupe BRICS+ ont des motivations moins fortes pour éviter les règlements en dollar, et Vladimir Poutine est resté prudent dans ses commentaires sur les perspectives de dédollarisation lors de la conférence de presse de clôture du sommet de Kazan.

L'idée d'une monnaie commune aux BRICS reste manifestement un outil de communication plus qu'un projet, et ses chances de concrétisation sont nulles. Restent cinq axes de travail complémentaires que sont la diversification des réserves de change, les transactions bilatérales en monnaies locales, les actifs internationaux en monnaies locales, la dédollarisation progressive des marchés d'énergie et de matières premières et l'internationalisation du yuan.

S'agissant des réserves de change, la Russie, la Chine, l'Inde et la Turquie sont les quatre pays dont les réserves en or ont le plus fortement progressé depuis dix ans, avec une sensible accélération depuis le début de la guerre en Ukraine. Cet attrait de l'or va de pair avec une érosion progressive de la part du dollar dans les réserves de change de l'ensemble des banques centrales du monde, qui est passée de 71 % en l'an 2000 à 58 % en 2024. Mais les autres grandes monnaies internationales – euro, yen et livre sterling – ont conservé une part stable autour de 30 %, et parmi les monnaies « alternatives », le yuan reste à la peine avec une part limitée à 2,1 % fin juin 2024, en recul sur l'année 2023.

Sur les transactions bilatérales les progrès sont inégaux. Les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie libellés en yuans ou en roubles représenteraient de 90 à 95 % du total des échanges bilatéraux, selon les sources russes et chinoises. Les échanges en monnaies locales avec l'Inde sont beaucoup moins avancés.

La Russie a trois problèmes avec l'Inde : elle est exportatrice nette pour des montants importants, et elle accumule des roupies indiennes qui restent en Inde et sont investies en obligations à faible rendement, les transactions entre les deux monnaies passent par des monnaies tierces en raison de la non-convertibilité de la roupie indienne, ce qui coûte cher (un accord est en vue pour régler ce problème), et l'argent russe ne peut pas ressortir facilement d'Inde en raison d'un contrôle des changes sourcilleux de la Banque Centrale indienne. L'une des solutions trouvées par les opérateurs russes a été d'échanger les roupies indiennes contre des cryptomonnaies (les stable coins), qui peuvent être à nouveau échangées contre d'autres monnaies aux Émirats arabes unis.

Les échanges bilatéraux en monnaies locales sont relativement simples avec la Chine dont la monnaie est déjà internationale et qui a mis en place les solutions techniques pour les transactions en yuans à travers la création d'un système concurrent de SWIFT qui est le CPIS. Ce n'est pas le cas pour la plupart des autres monnaies des BRICS+.

Globalement, on constate tout de même une nette progression de la part de ces monnaies dans les transactions enregistrées dans SWIFT (6,4 % en 2024, dont une bonne moitié concerne le yuan) et sur les marchés des dérivés de change (6,8 %).

S'agissant des actifs internationaux en monnaies locales, une étude de la Banque ING portant sur les dix membres actuels des BRICS montre que les avoirs ou dettes des BRICS en monnaies alternatives progressent, sans pour autant détrôner le dollar.

La dédollarisation des marchés de l'énergie ou des matières premières agricoles est encore à un stade préliminaire. La Chine a passé des accords bilatéraux avec l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Iran pour développer les achats de pétrole dans les monnaies des pays partenaires et elle va probablement faire de même avec d'autres pays comme l'Algérie. Les difficultés des règlements en monnaie locale restent toutefois les mêmes. Renoncer au dollar comporte des risques de change accrus (le système de garanties de change en dollar est sans équivalent), les échanges bilatéraux sont rarement équilibrés et l'un des deux partenaires se retrouve avec des avoirs dans la monnaie du pays partenaire qui ne sont pas faciles à placer ou à recycler. Hormis les pays soumis à un régime de sanctions comme la Russie ou l'Iran, les autres ont une motivation plus diplomatique que pratique, et les BRICS en tant que groupe ne peuvent pas réellement mettre en place un système de compensation multilatérale en monnaies alternatives au dollar.

L'avenir de la dédollarisation repose donc sur l'essor international de monnaies alternatives comme le yuan. Or la période récente, marquée par une faiblesse de la monnaie chinoise face au dollar et par un durcissement du contrôle des changes chinois pour éviter d'éventuelles fuites de capitaux, n'est pas une période faste pour l'internationalisation du yuan. Les marqueurs classiques (poids dans les réserves de change, les échanges commerciaux, les transactions du système SWIFT, les actifs financiers) stagnent ou ne progressent que marginalement. On observe quand même un début de transactions commerciales en yuans entre pays tiers. La Russie par exemple réalise 5 % de ses échanges commerciaux en yuans avec d'autres pays que la Chine.

Du côté de l'Inde, les difficultés avec la Russie ont incité le gouvernement à lancer un plan d'internationalisation de la roupie qui en est encore à ses balbutiements. La dédollarisation des relations entre les BRICS reste globalement un objectif de long terme qui sera lié au succès de l'internationalisation du yuan aujourd'hui et de la roupie indienne d'ici quelques décennies.

Par Hubert Testard

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Un sommet des BRICS en Russie qui n’offre pas d’alternative

5 novembre 2024, par Éric Toussaint — , ,
Le 16e sommet des BRICS a abouti, le 23 octobre 2024, à une déclaration finale en 134 points, qui indique clairement que ce bloc ne constitue pas une alternative favorable aux (…)

Le 16e sommet des BRICS a abouti, le 23 octobre 2024, à une déclaration finale en 134 points, qui indique clairement que ce bloc ne constitue pas une alternative favorable aux intérêts des peuples.

29 octobre 2024 | tiré du site d'Inprecor | Photo : Kazan a accueilli la première session plénière du 16e sommet des BRICS en format « Outreach/BRICS+ ». © President.az, CC BY 4.0
https://inprecor.fr/node/4393

Il n'y a aucun doute qu'il faut combattre la politique des grandes puissances impérialistes traditionnelles : les États-Unis et ses partenaires européens ainsi que le Japon. Il n'y a pas de doute que les pays impérialistes les plus agressifs sont de loin les États-Unis et Israël, dans le sillage desquels se placent l'Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, l'Australie, le Canada… qui acceptent tout ce qu'accomplit le gouvernement fasciste israélien.

Il y a un tel dégoût pour la politique de ces puissances impérialistes traditionnelles qu'une partie de la gauche considère que la politique des BRICS constitue une alternative encourageante même si beaucoup sont contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie, tout en considérant que l'OTAN et Washington ont leur part de responsabilité.

C'est important d'analyser le contenu de la déclaration finale des BRICS adoptée à Kazan le 23 octobre 2024 afin de vérifier si ce bloc met en avant une alternative au modèle et aux politiques qui sont imposées par les puissances impérialistes traditionnelles (regroupée dans le G7 : États-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada, Japon, Italie et Union européenne). De toute manière, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'émerge une alternative favorable aux peuples d'un conglomérat de pays tous dominés par une logique capitaliste (même si c'est à des degrés divers) et parmi lesquels les gouvernements qui répriment leur peuples sont majoritaires. Le résultat de la lecture de la déclaration finale dans son intégralité est sans appel : même au niveau des mots, on ne trouve pas de véritable différence avec les discours, les déclarations des principales puissances impérialistes traditionnelles et des institutions qu'elles dominent. Si, en plus, on prend la peine d'analyser la politique concrète des BRICS, on ne peut que conclure que pour promouvoir une alternative favorable à l'émancipation des peuples, pour renforcer la lutte contre les différentes formes d'oppression et pour affronter la crise écologique, il ne faut pas compter sur l'aide et l'action des BRICS.

Pour passer en revue les points les plus importants de la déclaration finale du sommet des BRICS, tenu en Russie, je suivrai, sauf à un endroit, l'ordre dans lequel les différents points se succèdent. Ceux et celles qui veulent lire l'ensemble de la déclaration, la trouverontsur le site du gouvernement russe et sur d'autres sites officiels.

Pas de remise en cause du FMI et de la Banque mondiale :

Dans le point 11, les BRICS réaffirment le rôle central que doit jouer le Fonds monétaire international (FMI) :

11. « Nous réaffirmons notre volonté de maintenir un filet de sécurité financier mondial solide et efficace, avec en son centre un FMI »

Les BRICS se félicitent des discussions en cours au FMI sur l'évolution des droits de vote en son sein :

« Nous nous félicitons des travaux en cours du Conseil d'administration du FMI visant à élaborer, d'ici juin 2025, des approches possibles pour guider la poursuite du réalignement des quotes-parts ». « Il s'agit également de féliciter le FMI pour son intention de permettre aux pays d'Afrique subsaharienne, scandaleusement sous-représentés dans la direction du FMI, d'obtenir en son sein un siège supplémentaire. »

Les BRICS n'émettent aucune critique à l'égard des politiques néolibérales imposées par le FMI aux pays qui font appel à ses crédits.

Les BRICS n'exigent aucun changement de la part de la Banque mondiale et se contentent de dire à son propos : « Nous attendons avec intérêt l'examen de la participation de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) à l'horizon 2025. »

On ne trouve dans la déclaration aucune demande et aucun engagement pour l'annulation des dettes.

Suit, au point 12, une déclaration purement abstraite et sans intérêt sur la nécessaire amélioration du système monétaire et financier international.

Satisfecit pour les COP qui pourtant n'apportent aucune solution probante et soutien au marché du carbone

Au point 16, concernant les initiatives pour faire face à la crise écologique et au changement climatique, la déclaration ne fait aucune allusion à la profonde crise écologique et se félicite des avancées que représentent les derniers sommets COP sur le climat :

« Nous félicitons l'Égypte d'avoir accueilli la COP27 à Sharm El-Sheikh en 2022, où le Fonds de réponse aux pertes et dommages a été créé, et les Émirats arabes unis d'avoir accueilli la COP28 à Dubaï en 2023, où le Fonds a été rendu opérationnel. Nous nous félicitons du consensus obtenu par les Émirats arabes unis lors de la COP28, notamment de la décision intitulée « Résultats du premier bilan mondial », et du Cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale. Nous nous engageons à ce que la COP29 en Azerbaïdjan soit couronnée de succès… Nous soutenons le leadership du Brésil qui accueillera la COP30 en 2025 et saluons la candidature de l'Inde qui accueillera la COP33 en 2028. »

Alors que les COP n'aboutissent sur aucun résultat probant et que les derniers ont été des caricatures, les BRICS se retrouvent de fait très proches des grandes puissances industrielles impérialistes traditionnelles en refusant de reconnaître que jusqu'ici les politiques adoptées ne permettent pas de fournir des réponses à la hauteur des enjeux. Malgré leurs désaccords et les tensions qui marquent leurs relations, les deux blocs s'entendent en pratique lors des COP pour ne pas adopter de mesures contraignantes suffisamment fortes pour faire face à la crise écologique. Chaque bloc défend les intérêts des industries polluantes. C'est frappant de constater que les BRICS ne dénoncent pas la politique irresponsable des anciennes puissances impérialistes et des grandes entreprises qui vivent des énergies fossiles.

De plus au point 85, les BRICS déclarent leur soutien au marché des permis d'émission de carbone

« Nous reconnaissons le rôle important que jouent les marchés du carbone en tant que l'un des moteurs de l'action en faveur du climat, et nous encourageons le renforcement de la coopération et l'échange d'expériences dans ce domaine. » (pour plus loin).

Le marché du carbone est au cœur du capitalisme vert, du greenwashing et de la poursuite de politiques prédatrices à l'égard de la nature.

Pour en savoir plus sur le marché du carbone, lire : Adam Hanieh, « Blanchissement de carbone — La « nouvelle ruée vers l'Afrique » du Golfe », publié le 14 août 2024

Condamnation d'Israël sans employer le mot génocide

Le point 30 aborde la situation en Israël-Palestine sans utiliser une seule fois le mot génocide pour désigner l'action criminelle du gouvernement israélien.

Nous réitérons notre grave préoccupation face à la détérioration de la situation et à la crise humanitaire dans le territoire palestinien occupé, en particulier l'escalade sans précédent de la violence dans la bande de Gaza et en Cisjordanie à la suite de l'offensive militaire israélienne, qui a entraîné des massacres et des blessures de civils, des déplacements forcés et la destruction généralisée d'infrastructures civiles. Nous soulignons la nécessité urgente d'un cessez-le-feu immédiat, global et permanent dans la bande de Gaza, de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et détenus des deux camps qui sont illégalement retenus en captivité, de l'acheminement durable et sans entrave de l'aide humanitaire à grande échelle dans la bande de Gaza et de la cessation de toutes les actions agressives. Nous dénonçons les attaques israéliennes contre les opérations humanitaires, les installations, le personnel et les points de distribution. (…) nous saluons les efforts continus de la République arabe d'Égypte, de l'État du Qatar et d'autres efforts régionaux et internationaux en vue de parvenir à un cessez-le-feu immédiat, d'accélérer l'acheminement de l'aide humanitaire et le retrait d'Israël de la bande de Gaza.

Les BRICS ne décrètent pas une rupture ou une suspension des relations commerciales et des traités de coopération avec Israël. Pire, comme Patrick Bond et d'autres auteurs l'ont montré, les BRICS continuent à fournir à Israël du pétrole, du gaz, du charbon, indispensables à ce pays pour continuer son effort de guerre. Cela est également vrai de la part du gouvernement d'Afrique du Sud qui bien qu'ayant déposé à juste titre une plainte contre Israël devant la Cour de justice internationale, continue de lui fournir du charbon.

Pour en savoir plus sur la poursuite des relations commerciales entre les BRICS et Israël pendant le génocide, lire en anglais ou en espagnol : Patrick Bond, ‘The Blessing' for genocide publié le 1 octobre 2024, - En Espagnol : La “bendición” para el genocidio

Certes ils condamnent au point 31. , « la perte de vies civiles et les immenses dégâts causés aux infrastructures civiles par les attaques menées par Israël contre des zones résidentielles au Liban et nous demandons la cessation immédiate des actes militaires » mais ils s'en tiennent à cela.

Au point 32, ils condamnent, sans désigner comme responsable le gouvernement d'Israël, « l'acte terroriste prémédité consistant à faire exploser des appareils de communication portatifs à Beyrouth, le 17 septembre 2024, qui a fait des dizaines de morts et de blessés parmi les civils » .

Condamnation sans les mentionner explicitement des actions Houthis qui tentent d'entraver les relations commerciales avec Israël

Au point 33, ils condamnent, sans les nommer, les actions des Houthis qui s'attaquent aux bateaux qui commercent avec Israël. Les BRICS affirment

« qu'il importe de garantir l'exercice des droits et libertés de navigation des navires de tous les États en mer Rouge et dans le détroit de Bab Al-Mandab ».

Absence de condamnation de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et absence de critique explicite à l'égard de l'OTAN

Au point 36, les BRICS ne condamnent pas l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ils écrivent :

« Nous rappelons les positions nationales concernant la situation en Ukraine et dans les environs, telles qu'elles ont été exprimées dans les enceintes appropriées, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies et l'Assemblée générale des Nations unies. (…). Nous prenons note avec satisfaction des propositions pertinentes de médiation et de bons offices, visant à un règlement pacifique du conflit par le dialogue et la diplomatie. ».

Le fait qu'on ne trouve pas de critique de l'OTAN est vraisemblablement dû au fait que la Turquie était invitée au sommet.

Soutien aux partenariatx public-privé qui en réalité favorisent les grandes entreprises privées aux détriments des biens publics

À partir du point 61, les BRICS reviennent sur les questions financières. Ils se prononcent pour les partenariats public-privé en déclarant :

« Nous reconnaissons que le recours au financement mixte est un moyen efficace de mobiliser des capitaux privés pour financer des projets d'infrastructure. »

Ils ajoutent : « nous saluons les travaux du groupe de travail des BRICS sur les partenariats public-privé et les infrastructures ».

Soutien aux activités de la Nouvelle banque de développement créée par les BRICS en 2015 en parlant des crédits en monnaie locale alors que l'essentiel du financement passe toujours par le dollar des États-Unis

Au point 62, ils soulignent « le rôle clé de la Nouvelle banque de développement (NDB) (voir encadré sur la NDB) dans la promotion des infrastructures et du développement durable de ses pays membres. » Ils promettent une amélioration de sa gestion : « Nous soutenons la poursuite du développement de la NDB et l'amélioration de la gouvernance d'entreprise et de l'efficacité opérationnelle en vue de la réalisation de la stratégie générale de la NDB pour 2022-2026 ». Pour comprendre la référence à l'amélioration de la gouvernance de la NDB, il faut certainement prendre en compte l'avis du brésilien, Paulo Nogueira Batista qui a représenté de 2007 à 2015 le Brésil au FMI sous la présidence de Lula, et qui a été ensuite vice-président de la Nouvelle banque de développement (créée par les BRICS) de 2015 à 2017. Bien qu'il exprime un soutien enthousiaste aux BRICS, il n'a pas manqué de critiquer la mauvaise gestion de la direction de la NDB :

« La Banque a accompli beaucoup de choses mais n'a pas encore fait la différence. L'une des raisons est, franchement, le type de personnes que nous avons envoyées à Shanghai depuis 2015 en tant que président·es et vice-président·es de l'institution. Le Brésil, par exemple, sous l'administration Bolsonaro, a envoyé une personne faible pour devenir président de la mi-2020 au début 2023 - techniquement faible, orientée vers l'Occident, sans leadership et sans la moindre idée de la manière de mener une initiative géopolitique. La Russie ne fait malheureusement pas exception à la règle : le vice-président russe de la NDB est remarquablement inapte à ce poste. La faiblesse de la gestion a souvent conduit à un mauvais recrutement du personnel. »1

Ceux-ci annoncent qu'ils soutiennent la NDB dans l'expansion continue des financements en monnaie locale, ce qui est positif mais ils omettent de dire que l'essentiel du financement de la NDB se fait en dollars par l'émission de titres sur les marchés financiers.

La Nouvelle banque de développement (NDB)

La NDB a été créée officiellement le 15 juillet 2014 à l'occasion du 6e sommet des BRICS qui s'est tenu à Fortaleza au Brésil. La NDB a octroyé ses premiers crédits à partir de fin 2016. Les cinq pays fondateurs ont chacun une part égale du capital de la Banque et aucun n'a le droit de veto. La NDB, outre les 5 pays fondateurs, compte comme membres le Bangladesh, les Émirats Arabes Unis et l'Égypte. L'Uruguay est en train de rendre effective sa participation. La NBD est dotée d'un capital de 50 milliards de dollars qui devrait être porté dans le futur à 100 milliards de dollars. Il y a rotation pour l'exercice du poste de président·e de la NDB. A tour de rôle pour un mandat de cinq ans, chaque pays a droit à exercer la présidence. Dilma Rousseff, la présidente actuelle, est brésilienne, le prochain ou la prochaine présidente sera russe et sera désignée en 2025 par Vladimir Poutine qui vient d'être réélu à la présidence de la Fédération de Russie jusque 2030. La Nouvelle Banque de Développement annonce qu'elle se concentre principalement sur le financement de projet d'infrastructures y compris des systèmes de distribution d'eau et des systèmes de production d'énergie renouvelables. Elle insiste sur le caractère « vert » des projets qu'elle finance, bien que cela soit très discutable.

Certains passages concernant la NDB donnent à entendre qu'il y a véritablement des tensions entre les pays membres des BRICS :

« Nous demandons instamment à la Banque de s'acquitter de sa mission et de ses fonctions, conformément aux statuts de la nouvelle banque de développement, de manière équitable et non discriminatoire. »

C'est probablement lié au fait que la NDB n'a octroyé aucun crédit en Russie depuis que les puissances occidentales ont pris des sanctions contre Moscou après l'invasion de l'Ukraine en février 2022. En effet la NDB qui se finance sur les marchés financiers a craint de subir une dégradation de sa note triple AAA au cas où elle aurait poursuivi les prêts à la Russie. Elle a donc refusé de financer des projets en Russie.

Ceci peut être vérifié sur le site de la NDB : où l'on constate que depuis début 2022, la NDB a approuvé le financement de plus de 50 projets différents dont aucun en Russie. Concernant les crédits vers la Russie, si on clique ici on peut constater que le dernier projet soutenu financièrement par la NBD en Russie remonte à septembre 2021.

Soulignons de nouveau le jugement négatif émis en mars 2024 par Paulo Nogueira, pourtant chaud partisan des BRICS, à propos de la NDB dont il a été vice-directeur en 2014-2015 :

"Pourquoi peut-on dire que la NDB a été une déception jusqu'à présent ? Voici quelques-unes des raisons. Les décaissements ont été étonnamment lents, les projets sont approuvés mais ne sont pas transformés en contrats. Lorsque les contrats sont signés, la mise en œuvre effective des projets est lente. Les résultats sur le terrain sont maigres. Les opérations - financements et prêts - se font principalement en dollars américains, monnaie qui sert également d'unité de compte à la Banque.

Comment pouvons-nous, en tant que BRICS, parler de manière crédible de dédollarisation si notre principale initiative financière reste majoritairement dollarisée ?

Ne me dites pas qu'il n'est pas possible d'effectuer des opérations en monnaie nationale dans nos pays. La Banque interaméricaine de développement, la BID, par exemple, possède depuis de nombreuses années une expérience considérable en matière d'opérations en monnaie brésilienne. Je ne comprends pas pourquoi la NDB n'a pas profité de cette expérience. »2

Les BRICS ne parlent plus du lancement d'une monnaie commune

En réalité en ce qui concerne les outils financiers dont se sont dotés les BRICS les résultats sont négligeables et aucune avancée sérieuse n'est annoncée dans la déclaration finale.

Rappelons que Lula, président du Brésil, lors du sommet précédent tenu en Afrique du Sud en août 2023 avait déclaré que les BRICS avaient

« approuvé la création d'un groupe de travail chargé d'étudier l'adoption d'une monnaie de référence pour les BRICS. Cela augmentera nos options de paiement et réduira nos vulnérabilités. »3

Peu après, Paulo Nogueira Batista, déjà cité, avait déclaré dans une rencontre en Russie :

« Nous avons la chance que la Russie préside les BRICS en 2024 et le Brésil en 2025 - précisément les deux pays qui semblent les plus intéressés par la création d'une monnaie commune ou de référence. Si tout se passe bien, les BRICS pourraient prendre la décision de créer une monnaie lors du sommet en Russie l'année prochaine »4 .

Rien de tel ne s'est produit. Dans la déclaration finale du 16e sommet des BRICS rendue publique le 23 octobre 2024, il n'y a aucune référence à la création d'une monnaie commune. Il s'agit donc d'un important pas en arrière. Or beaucoup de partisans des BRICS avaient annoncé en 2023 après que la rencontre des BRICS en Afrique du Sud qu'on était à la veille de la création de cette monnaie. La montagne a accouché d'une souri et le court point 67 en donne la mesure :

« 67. Nous chargeons nos ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales, selon le cas, de poursuivre l'examen de la question des monnaies locales, des instruments de paiement et des plateformes et de nous faire rapport d'ici la prochaine présidence. »

Pas un mot sur une monnaie commune.

Le Fonds monétaire des BRICS est au point mort

Sur un autre point, le bilan est carrément négatif, il s'agit du fonds de réserve en devises que les BRICS avaient décidé de créer en 2015, il y a près de 10 ans. L'acronyme de ce fonds est le CRA (Contingent Reserve Arrangement ). Il devait permettre à des pays membres des BRICS confrontés à un problème de manque de devises pour assurer leurs paiements internationaux de pouvoir puiser dans ce fonds (emprunter à ce fonds) les devises qui leur manquait. Cet instrument est important en particulier pour l'Afrique du Sud, le pays le plus faible des BRICS car celui-ci a fait face ces dernières années à un manque de devises. Ce problème concerne aussi une quantité importante de pays qui ont adhéré aux BRICS ou sont candidats pour en faire partie. On peut citer comme exemples l'Éthiopie, l'Égypte, l'Iran.

Or depuis que le Fonds a été créé sur papier en 2015 rien n'a avancé. Aucun crédit n'a été octroyé.

Ce Fonds devait remplir la fonction que joue le FMI quand un de ses membres fait face à un manque de réserves de change pour effectuer des paiements. Cela devait permettre aux pays membres des BRICS d'échapper aux conditionnalités imposées par le FMI.

Or, ce fonds bien que créé sur papier, n'est pas entré en activité et le sommet des BRICS qui vient de se conclure accouche d'une déclaration on ne peut plus timide :

68. Nous reconnaissons que l'accord sur les réserves contingentes (càd le fonds de réserve appelé CRA, note d'Éric Toussaint) des BRICS est un mécanisme important pour prévenir les pressions à court terme sur la balance des paiements et renforcer la stabilité financière. Nous exprimons notre soutien résolu à l'amélioration du mécanisme du CRA en envisageant d'autres monnaies éligibles et nous nous félicitons de la finalisation des modifications apportées aux documents relatifs au CRA. Nous saluons l'achèvement réussi du 7e test du CRA et la cinquième édition du Bulletin économique des BRICS sous le titre « BRICS Economies in a Higher-rate Environment » (Les économies des BRICS dans un environnement de taux plus élevés).

Se féliciter de l'édition d'un bulletin d'analyse et de la réalisation d'un 7e test, c'est reconnaître qu'après 9 ans le fonds de réserve (CRA) n'existe qu'à l'état de projet et n'a effectué aucune opération.

Paulo Nogueira déclarait à propos du CRA en octobre 2023 :

« Les deux mécanismes de financement existants des BRICS ont été créés à la mi-2015, il y a plus de huit ans. Permettez-moi de vous assurer que lorsque nous avons commencé avec le CRA et la Nouvelle banque de développement, il existait une inquiétude considérable quant à ce que les BRICS faisaient dans ce domaine à Washington, au FMI et à la Banque mondiale. Je peux en témoigner car j'y ai vécu à l'époque, en tant qu'administrateur pour le Brésil et d'autres pays au sein du conseil d'administration du FMI.

Au fil du temps, cependant, les gens à Washington se sont détendus, sentant peut-être que nous n'allions nulle part avec le CRA (= le Fonds monétaire commun des BRICS) et la Nouvelle Banque de Développement. » (même source que les citations précédentes)

Pour en savoir plus sur les BRICS : Éric Toussaint, Les BRICS et leur Nouvelle banque de développement offrent-ils des alternatives à la Banque mondiale, au FMI et aux politiques promues par les puissances impérialistes traditionnelles ?, publié le 18 avril 2024,

Selon les BRICS, le libre-échange est le leitmotiv de l'activité agricole. Pas un mot sur la souveraineté alimentaire, sur l'agriculture biologique

73. Nous convenons que la résilience des chaînes d'approvisionnement et le libre-échange dans l'agriculture, parallèlement à la production intérieure, sont essentiels pour garantir la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, en particulier pour les agriculteurs à faible revenu ou disposant de ressources limitées, ainsi que pour les pays en développement importateurs nets de denrées alimentaires. »

L'expérience a montré que le libre échange est une arme des grandes puissances et des grandes entreprises privées de l'agro business contre les paysans.

Les BRICS font la promotion des Zones économiques spéciales, paradis des entreprises capitalistes et souvent un espace de non droit pour les travailleurs-ses

« 74. Nous reconnaissons l'efficacité des zones économiques spéciales (ZES) des pays du BRICS en tant que mécanisme bien établi pour la coopération commerciale et industrielle et la facilitation de la fabrication (…) Nous nous félicitons de la création d'un forum de coopération sur les zones économiques spéciales des pays du BRICS. »

Rejet des mesures protectionnistes pour protéger l'environnement

« 83. Nous rejetons les mesures protectionnistes unilatérales, punitives et discriminatoires, qui ne sont pas conformes au droit international, sous prétexte de préoccupations environnementales, telles que les mécanismes unilatéraux et discriminatoires d'ajustement carbone aux frontières, les exigences de diligence raisonnable, les taxes et autres mesures, et nous réaffirmons notre soutien total à l'appel lancé lors de la COP28 pour éviter les mesures commerciales unilatérales fondées sur le climat ou l'environnement. Nous nous opposons également aux mesures protectionnistes unilatérales qui perturbent délibérément les chaînes d'approvisionnement et de production mondiales et faussent la concurrence. »

Il est vrai que des grandes puissances traditionnelles en perte de vitesse comme l'UE et les USA prennent prétexte de motivations environnementales pour cacher leur volonté de protéger les intérêts des grands actionnaires des entreprises en perte de vitesse mais cela ne signifie pas que nous devons être contre toutes les mesures protectionnistes qui défendraient réellement l'environnement et permettrait la promotion des droits des travailleurs tant au Sud qu'au Nord de la planète.

Les BRICS ont un discours sur les femmes tout à fait compatible avec celui adopté par les puissances impérialistes traditionnelles, par la Banque mondiale, par la presse dominante et le monde des affaires

« 130. Nous reconnaissons le rôle essentiel des femmes dans le développement politique, social et économique. Nous soulignons l'importance de l'autonomisation des femmes et de leur pleine participation, sur la base de l'égalité, à toutes les sphères de la société, y compris leur participation active aux processus de prise de décision, y compris aux postes à responsabilité, qui sont fondamentales pour la réalisation de l'égalité, du développement et de la paix. Nous reconnaissons que l'entrepreneuriat inclusif et l'accès des femmes au financement faciliteraient leur participation aux entreprises, à l'innovation et à l'économie numérique. À cet égard, nous nous félicitons des résultats de la réunion ministérielle sur les affaires féminines et du forum des femmes des BRICS qui se sont tenus en septembre à Saint-Pétersbourg sur le thème « Les femmes, la gouvernance et le leadership » et nous reconnaissons la précieuse contribution de ces réunions annuelles au développement et à la consolidation de l'autonomisation des femmes dans les trois piliers de la coopération des BRICS.

131. Nous apprécions les efforts déployés par l'Alliance des femmes d'affaires des BRICS pour promouvoir l'entrepreneuriat féminin, notamment le lancement de la plateforme numérique commune de l'Alliance des femmes d'affaires des BRICS, la tenue du premier forum des femmes d'affaires des BRICS à Moscou les 3 et 4 juin 2024 et le premier concours de startups féminines des BRICS. Nous sommes favorables à la poursuite du renforcement de la coopération entre la BRICS Women's Business Alliance et les femmes entrepreneurs du Sud, y compris la mise en place de bureaux régionaux, le cas échéant.

Pour en savoir plus sur la question du genre : Camille Bruneau : La farce de la « prise en compte du genre » : une grille de lecture féministe des politiques de la Banque mondiale, publié le 25 septembre 2024,

Les BRICS ne sont pas une alternative pour les peuples face aux puissances impérialistes traditionnelles. Les positions des BRICS s'inscrivent à merveille dans le système capitaliste néolibéral global, ils ne font rien ou presque pour s'en détacher et souscrivent aux fausses solutions du capitalisme vert. Malgré leur dénonciation des crimes commis par Israël contre les peuples palestiniens et libanais, ils ne daignent pas rompre leurs liens commerciaux avec la puissance sioniste.

Publié par le CADTM le 26 octobre 2024

1. Paulo Nogueira Batista , “BRICS Financial and Monetary Initiatives – the New Development Bank, the Contingent Reserve Arrangement, and a Possible New Currency”, 3 October 2023, valdaiclub.com/a/highlights/brics-financial-and-monetary-initiatives/ consulté le 25 octobre 2024.

2. Paulo Nogueira Batista , “BRICS Financial and Monetary Initiatives – the New Development Bank, the Contingent Reserve Arrangement, and a Possible New Currency”, 3 October 2023, valdaiclub.com/a/highlights/brics-financial-and-monetary-initiatives/ consulté le 25 octobre 2024.

3. Lula “aprovado a criação de um grupo de trabalho para estudar a adoção de uma moeda de referência dos Brics. Isso aumentará nossas opções de pagamento e reduzirá nossas vulnerabilidades » Folha de Paulo, « Moeda do Brics ; tema ganha tratamento tímido em cúpula » - 25/08/2023 - www1.folha.uol.com.br/mercado/2023/08/india-resiste-a-moeda-do-brics-e-tema-ganha-tratamento-timido-em-cupula.shtml. CNN, « Brics criam grupo de trabalho para avaliar moeda comum » www.youtube.com/watch?v=keUdkW-s5M4

4. Paulo Nogueira Batista , “BRICS Financial and Monetary Initiatives – the New Development Bank, the Contingent Reserve Arrangement, and a Possible New Currency”, 3 October 2023, valdaiclub.com/a/highlights/brics-financial-and-monetary-initiatives/ consulté le 25 octobre 2024.

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La crise des Etats-Unis, centre de la multipolarité impérialiste.

5 novembre 2024, par Vincent Présumey — ,
Commentant l'alignement géopolitique qui semble vouloir s'affirmer au moment présent, que le sommet des « BRICS+ » à Kazan (en Russie) a, depuis, confirmé, et le tableau de (…)

Commentant l'alignement géopolitique qui semble vouloir s'affirmer au moment présent, que le sommet des « BRICS+ » à Kazan (en Russie) a, depuis, confirmé, et le tableau de guerre mondiale dont il dessine le spectre, entre un bloc de tyrannies eurasiatiques et les vieilles démocraties capitalistes vermoulues, j'écrivais, le 18 octobre dernier :

« Le facteur conjoncturel, mais capital, qui attise les faits guerriers immédiats, ce sont les présidentielles nord-américaines. Cette relation est réciproque : les tensions en mer de Chine et en Corée, les reculs ukrainiens dans le Donbass, et la guerre engagée au Liban par le gouvernement et l'armée israéliens, sont autant de facteurs qui jouent en faveur de Trump. »

29 octobre 2024 | tiré du site d'aplutsoc | Photo illustrant cet article : image du film Civil War, de Alex Garland, avril 2024.

Géopolitique mondiale et géopolitique américaine.

Or, il y a aussi une « géopolitique » électorale étatsunienne. Beaucoup de médias parlent maintenant ouvertement du spectre de la guerre civile aux Etats-Unis. Le scrutin présidentiel s'y joue dans 7 Etats, les swing states – Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Caroline du Nord, Géorgie, Nevada, Arizona. La constitution américaine veut que le résultat ne provienne pas du total national des bulletins, mais du nombre de grands électeurs par Etats. Les jeux sont faits un peu partout, sauf dans ces 7 Etats qui forment une sorte de ligne de front, lignes qui, parfois, les découpent eux-mêmes entre comtés.

Hors de ces 7 Etats qui totalisent 93 grands électeurs, Trump peut tabler sur 219 de ceux-ci et Harris sur 226. En simplifiant, on peut les grouper en 3 catégories.

Le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie, au Nord-Est, sont des contrées industrielles sinistrées, dans lesquelles le charcutage électoral (au Wisconsin notamment) favorise les Républicains, ce qui ne joue plus pour les présidentielles, sauf dans la mesure où les pouvoirs locaux font pression contre le vote des couches les plus pauvres et les moins blanches de la population. La mobilisation de la nouvelle direction syndicale de l'United Automobile Workers, contre Trump et pour Harris, peut peser dans ces régions, ainsi que la candidature à la vice-présidence du gouverneur du Minnesota Tim Walz, présenté comme « ami des syndicats ».

La Caroline du Nord et la Géorgie sont des Etats « sudistes » dans lesquels la polarisation est violente entre les campagnes évangélistes et racistes et les centres urbains.

Le Nevada et l'Arizona voient une confrontation politique entre « ruraux » blancs et groupes tournés vers la Californie démocrate et libérale, avec les latinos « intégrés » partagés, face aux immigrants illégaux et discriminés.

Trois lignes de front, donc : celle de la « vieille » classe ouvrière au Nord, de la frange Nord des confédérés de la guerre de Sécession au Sud, du far West capitaliste sauvage à la fois vivifié et perturbé par le flux migratoire latinos (hispanophone mais en même temps, il ne faut pas l'oublier, amérindien), à l'Ouest.

En dehors des Etats de la ligne de front – appelons-les ainsi, ce sera plus parlant que swing states – le reste du pays forme maintenant de vastes ensembles hostiles qui auront le sentiment de s'être fait voler l'élection dans ces zones disputées. Mais le sentiment va différer entre la base trumpiste et la base sociale qui, par adhésion mais surtout par réflexe de défense, va voter Harris.

Pour cette base sociale là ce sera un sentiment démocratique. En effet, il est fort probable que, comme déjà en 2016, Trump ne sera pas en tête en nombre de voix, mais en nombre de grands électeurs. En soi, ce fait ne choque pas, pour des raisons historiques, aux Etats-Unis, république fédérale. Mais là, il risque d'énerver, traduisant le fait que la constitution américaine, ce chef-d'œuvre de déséquilibre dynamique fait pour gouverner un Etat en expansion permanente, arrive aujourd'hui à bout de souffle. Une autre revendication démocratique vise la Cour suprême, dont les juges nommés à vie sont aujourd'hui une brochette de parfaits obscurantistes. Elire le président sur la base du vote populaire de base, et limiter à quelques années le mandat des juges de la Cour suprême : ces deux revendications démocratiques ont l'air de pas grand-chose, mais leur montée progressive dans les consciences ouvre la voie à la remise en cause de tout l'ordre établi.

Pour la base trumpiste, il est entendu que c'est par trucage que Trump a perdu en 2020 et que ce ne peut être que par trucage, falsification ou « vote des étrangers », qu'il pourrait ne pas gagner. Au demeurant, il est aussi entendu de plus en plus ouvertement qu'il devrait être président même s'il perdait, car peu importe : il est le Sauveur et le camp d'en face est celui du Mal, contre lequel tout est permis. Le sentiment protestataire de la base trumpiste n'est pas démocratique, même s'il peut véhiculer des frustrations provenant des limites de cette « démocratie » capitaliste, médiatique et oligarchique.

Guerres, révolutions, guerres-révolutions.

Réfléchir sur les pires potentialités ne veut pas dire les prédire. Oui, la dernière période a vu un alignement stratégique dessiner clairement des coalitions possibles en cas de guerre, et nul doute que les états-majors militaires planchent sur les scenarii qui en découlent. Notons que dans ces alignements, on a des éléments instables, comme l'Inde, BRICS alliés des Etats-Unis et de la Russie et hostile à la Chine.

Surtout, les révolutions, insurrections et luttes sociales sont le facteur clef, déterminant en dernière analyse, que les géopoliticiens sont fonctionnellement incapables d'incorporer à leurs analyses. Cela dit, attention : quand je dis que ce facteur, la lutte des classes et les aspirations des exploités et opprimés, est déterminant en dernière instance, cela ne veut pas dire qu'il peut forcément empêcher les guerres globales, auxquelles conduisent les contradictions du capitalisme. Il aurait pu l'empêcher en 1914 et ne l'a pas fait, ce qui fut une grande défaite. Dès fin 1936 il ne pouvait plus empêcher la seconde guerre mondiale.

Mais l'ouverture des guerres ne met pas fin à ce facteur, bien au contraire. Il se mêle à la guerre. Lénine parlait de transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, Trotsky de politique militaire du prolétariat, et, à contretemps, un trotskyste en dérive, Pablo, de guerres-révolutions et de révolutions-guerres : même si, dans ce dernier cas, la perspective était dangereuse car campiste, l'idée correspondait à notre époque, car c'est toujours et plus encore notre époque, à condition de faire du prolétariat, l'immense majorité, le sujet social de la révolution, et donc de la guerre-révolution.

C'est ce que nous voyons en Ukraine, à échelle de masse depuis 2022 (mais cela y avait commencé avant). En Palestine, la confiscation de la résistance nationale palestinienne par des appareils ultra-réactionnaires bloque cette possibilité, pour l'instant : ce sont en fait les formes d'organisation populaire à Irbid en Jordanie, en 1971, il y a déjà longtemps, et lors de la participation de secteurs palestiniens à la révolution syrienne, plus récemment, qui ont marqué ce dont la nation palestinienne elle aussi est capable.

Expliciter l'impensé.

Tout cela précisé, nous pouvons tenter d'envisager la manière dont les deux spectres de la guerre, celui de la guerre mondiale et celui de la guerre civile américaine, se combinent aujourd'hui. C'est là penser ce qui est généralement impensé, sinon dans des fictions (le film Civil War), mais il est nécessaire de le faire, non pour des prédictions à la Cassandre, mais pour saisir les tendances profondes et agir sur elles, voire contre elles.

Le point déterminant à comprendre, c'est qu'on ne doit pas séparer, surtout s'agissant de la première puissance impérialiste, les contradictions nationales des contradictions internationales. Ceci aide aussi à ne pas entrer dans une vision de cauchemar répétant simplement les césures de la guerre de Sécession : oui, c'est bien elle qui n'a pas été digérée, mais notre rapide parcours des Etats de la ligne de front a aussi montré que la géographie de la menace américaine interne aujourd'hui n'est pas exactement la même que celle de 1861.

Donc, si nous combinons la réflexion hypothétique sur le danger mondial et la réflexion hypothétique sur le danger américain intérieur, il apparaît que les contradictions mondiales de la multipolarité impérialiste se concentrent aux Etats-Unis. La « suprématie » américaine se manifeste aujourd'hui de cette manière-là.

L'image du premier violon et ses limites.

Et non pas comme la simple domination unilatérale d'un unique impérialisme plus puissant que tous les autres : cette unilatéralité-là a tenté de dessiner le monde, d'abord dans les années 1990, puis surtout dans les années 2001-2008, les années de Bush junior, de la seconde guerre du golfe, et de la combustion effrénée des hydrocarbures – des années catastrophiques pour l'humanité, ouvertes par les attentats d'al-Qaïda. Et ce fut un échec pour l'impérialisme américain.

J'ai, plusieurs fois, usé d'une métaphore consistant à dire qu'il n'est plus chef d'orchestre, mais premier violon. Il est passé du rang de chef d'orchestre à celui de premier violon par les paliers de la crise des subprimes, de la renonciation d'Obama à intervenir en Syrie suivie de son désistement contre-révolutionnaire en faveur de l'Iran, du premier mandat de Trump, du retrait d'Afghanistan, et y compris du feu vert donné en fait par Biden à l'invasion généralisée de l'Ukraine de février 2022, combiné à un plan de containment et d'isolement de la Russie, qui est en train d'échouer du fait, non de la Russie, mais de la Chine.

Tout cela est vrai, mais la métaphore du premier violon a une faiblesse, c'est qu'elle n'exprime pas, ou mal, la place toujours centrale des Etats-Unis, quoique n'étant plus ni le chef d'orchestre, ni même le premier gendarme mondial, mais alors qu'en même temps ils sont toujours, voire plus que jamais, le premier budget militaire (la première puissance militaire ? C'est une autre question, qui demanderait à être mise à l'épreuve …), ainsi que le centre des flux financiers, bien que le volume principal de survaleur capitaliste produite le soit en Chine et en Asie.

Le campisme se nourrit de la répétition, mais 2024 justement n'est pas 2003.

Le caractère central des Etats-Unis demeure, non en ce qu'ils mèneraient la « guerre de l'OTAN » pour « encercler la Russie » en « faisant mourir jusqu'au dernier ukrainien », comme le fantasment les campistes réactionnaires qui, dans le meilleur des cas, ont arrêté les compteurs à l'année 2003, et pas non plus en ce que Genocide Joe serait la force motrice de la guerre menée par Israël contre la population palestinienne et aussi, depuis quelques semaines, au Liban : ce sont là les croyances campistes, que nous retrouvons, je le signale ici car il va falloir en tenir compte, à la toute première page du texte sur la situation internationale adopté par le Comité international de la IV° Internationale (le successeur du « Secrétariat Unifié »), où l'on peut lire ceci :

« Il ne s'agit pas d'une guerre entre Israël et le Hamas. Il ne s'agit pas non plus de la simple continuation de la guerre qui dure depuis 75 ans [ce second point est vrai] (…)

C'est la première fois depuis l'offensive contre l'Irak en 2003 que les Etats-Unis interviennent si directement. Leur soutien en armes et en millions de dollars à Israël est décisif pour produire un massacre historique de civils. »

Ce parallèle, qui nous susurre en somme que l'histoire se répète, est erroné. En Irak, les troupes américaines intervenaient directement en 2003 : ce fut la dernière intervention directe de ce type, et son échec historique de longue portée inaugure le changement de statut du premier impérialisme mondial. Les livraisons d'armes américaines à Israël sont décisives, oui, mais elles alimentent directement les pires contradictions politiques aux Etats-Unis, à tous les niveaux. Les Etats-Unis n'ont en rien été à l'initiative, ni, bien sûr, du 7 octobre lorsque se produit la provocation pogromiste du Hamas coaché par l'Iran avec l'aval russe, ni à partir du 8 octobre dans le processus de guerre à dynamique potentiellement génocidaire engagé par l'Etat israélien. Leur place est décisive en effet mais en tant que soutiens qui suivent, pas en tant que décideurs qui impulsent, ce qui est tout à fait différent. 2024 n'est pas 2003.

En abordant son analyse de la situation mondiale par cet amalgame entre 2024 et 2003, le Comité international de la IV° Internationale inaugure les débats de son prochain congrès mondial par une régression politique, qui est elle-même une conséquence de la grande provocation réactionnaire du 7 octobre. Cette régression tend à effacer les acquis politiques du rôle de cette organisation comme précieux support du RESU/ENSU, de l'internationalisme en solidarité avec l'Ukraine. Et elle bloque, au point de vue de l'analyse, avec toutes les conséquences politiques qui risquent d'en découler, la compréhension de la place exacte de l'impérialisme américain, non pas comme chef d'orchestre, mais à l'intérieur de la multipolarité impérialiste elle-même.

Pas chef d'orchestre, mais un peu plus que premier violon : en quoi ?

En ce que les contradictions globales de la multipolarité impérialiste se concentrent dans la situation intérieure des Etats-Unis à un degré qui jamais n'avait été atteint, lorsque déjà, bien sûr, les contradictions du rôle de première puissance économique et financière et de gendarme mondial opéraient aux Etats-Unis, par exemple dans le mouvement contre la guerre du Vietnam. Aujourd'hui, ce sont la classe capitaliste et les forces politiques capitalistes nord-américaines qui sont clivées, dissociées, à un degré jamais vu depuis la guerre de Sécession, en fonction de la situation mondiale et de la place des Etats-Unis dans le monde. Les Etats-Unis sont un peu plus qu'un premier violon en tant que réceptacle de toutes les contradictions.

La force de Trump, du point de vue de la classe dominante, se situe là. Ses forces propres – son argent, le soutien mafieux des organes russes, et même sa base sociale populaire – ne suffiraient pas par elles-mêmes à expliquer l'exploit qu'a été le fait qu'après sa défaite de 2020 il n'ait pas été collé en prison (où il a sa place, du propre point de vue « bourgeois »), et qu'il ait finalement pris le contrôle du Parti républicain d'une main de fer plus forte que jamais, les responsables républicains étant morts de trouille, physiquement, car ils craignent pour eux-mêmes et leurs familles, s'ils ne le suivent pas – les plus grands personnages de l'ancienne tradition républicaine impérialiste, réactionnaires, mais favorables à l'équilibre des pouvoirs appelé aux Etats-Unis cheks and balances, comme les Cheney, la fille et le père (ancien vice-président de Bush junior), ont migré en dehors des rangs républicains, et appellent à voter Harris.

Cet exploit s'explique par la crise fondamentale qui traverse la classe dominante de sa base à ses sommets. La politique étrangère prorusse, en principe antichinoise, et protectionniste, de Trump, n'exprime pas seulement les intérêts de la mafia immobilière de la côte Est sustentée aux capitaux russes (alliance dont Trump est l'homme depuis 1987), mais plus largement ceux de larges couches capitalistes et de secteurs politiques, qui, soit admettent un relatif déclassement des Etats-Unis, soit estiment que la seule et meilleure manière pour les Etats-Unis de réaffirmer leur puissance n'est plus, et ne peut plus être, la voie « classique » héritée de 1945 et réaffirmée par Bush père en 1991 et Bush fils en 2003, la voie de l'OTAN, et du « leadership du monde occidental ».

L'impérialisme américain peut, de leur point de vue, se préparer à la guerre non pas en étant le chef d'une coalition perdante, « occidentale », mais en rebattant tout le jeu de cartes instable, notamment par les alliances russe et indienne, et en écrasant éventuellement l'Iran, d'où la carte blanche laissée à Netanyahou, malgré la crise aigüe (pas chronique, aigüe) que cela produit dans l'administration démocrate en plein affrontement présidentiel sans précédent.

Quatre scenarii … et le nôtre.

Dans les scenarii de guerre mondiale, il s'ensuit que l'option Trump et celles des forces, diverses, qui se regroupent derrière lui, ne conduit pas à l'isolationnisme « neutre » ou non-intervenant (même si c'est une option, c'est la moins bonne de leur point de vue, car c'est la capitulation et la perte du rang mondial), mais à l'intervention, mais on ne sait pas avec qui ni contre qui !

Ces scenarii se recoupant avec celui de la violence politique montante aux Etats-Unis, ouvrent une quatrième possibilité. Les trois premières possibilités théoriques sont :

– n°1 : guerre mondiale des tyrannies eurasiatiques versus les « occidentaux » sous la direction américaine,

– n°2 : guerre mondiale avec « surprise du chef » de la part des Etats-Unis faisant alliance avec la Russie et l'Inde,

– n°3 (la moins conforme aux besoins du capitalisme US) : isolement pur et simple des Etats-Unis.

La possibilité n°4 est : guerre mondiale avec éclatement des Etats-Unis eux-mêmes, traversant les Etats-Unis, les « confédérés » trumpistes marchant avec l'impérialisme russe.

Remarquons que 3 sur 4 (les 2, 3 et 4) de ces possibilités théoriques passent aujourd'hui par Trump, qui, cela dit, n'est pas non plus le moins du monde une garantie contre la n°1 !

Encore une fois : ce ne sont pas là des pronostics, ni des prédictions. Il s'agit d'identifier des tendances pour agir sur elles et contre elles. Car bien entendu la possibilité autre, la notre, est celle qui passe par la défaite de Trump, dans la mesure où cette défaite ne sera pas le fait de Harris par elle-même, mais des forces sociales autonomes qui ont un besoin vital, elles, de démocratie et de liberté.

Fascisme.

Pour saisir les enjeux, il est conseillé de s'infliger de regarder, si l'on a le temps, le meeting historique – il restera dans l'histoire quelle que soit la suite – de Trump, au Madison Square Garden à New York ce dimanche 25 octobre.

Son impact et son contenu ont fait dire à la plupart des commentateurs ce qu'ils ne disaient pas ou pas si fort : le fascisme, contemporain certes, était là et bien là.

Contemporain, mais n'oubliant pas le passé : l'hymne sudiste, confédéré, Dixie, a marqué le rassemblement. Pour ce qui est du contemporain, on a eu Elon Musk, représentant du capital s'il en est, qui a lancé, à l'intérieur du trumpisme le mouvement Dark MAGA, aile futuriste-fasciste du trumpisme, nouvel avatar, si l'on veut, actualisé aux technologies de pointe, de QAnon. Et de dangereux pitres : le catcheur bodybuildé « Hulk » Hogan, Priape ridicule (Ithyphalliques et pioupiesques, aurait dit Rimbaud !), et, dans un style remarquablement proche de celui de Joseph Goebbels, l' « humoriste » Tony Hinchcliffe, crachant la haine contre les migrants et traitant les portoricains de tas d'ordures.

Depuis dimanche, Trump a précisé qu'il était « le contraire d'un nazi », n'est-ce pas, et s'est fait imposer les mains par des évangélistes de Caroline du Nord. L'arc ultra-réactionnaire est ainsi complet.

Un appel, salutaire, de Bernie Sanders, s'adressant à ceux qui ne voudraient pas voter Harris à cause de « Gaza », a suivi cette démonstration. Mais généralement, les militants de gauche, dans le meilleur des cas, sont terriblement routiniers : de même qu'ils confondent 2024 avec 2003, ils ne voient pas que le second Trump, car nous avons affaire au second Trump, menace réellement les droits démocratiques dans tous les Etats-Unis, se constitue une base milicienne, assez hétérogène mais bien réelle et qui vient de loin, et compte modifier, sinon la lettre, au moins l'esprit de la constitution, par un renforcement sans précédent des pouvoirs présidentiels (même si ses partisans, dans la tradition confédérée, s'imaginent défendre les droits des Etats).

Project 2025, plan de la Heritage Fondation, vieille structure néoconservatrice ralliée à Trump, prévoit, pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis, l'intégration des syndicats à des structures les associant institutionnellement au patronat dans le secteur privé, et leur interdiction ou quasi-interdiction dans la fonction publique.

Trump promet de déporter 10 millions de migrants. Promesse en l'air ? Regardons ailleurs ? Des mots ? Mais de tels mots, c'est déjà énorme.

Il ne suffit pas de dire que les droits des femmes et des minorités sont menacés, ce qui est déjà énorme : c'est bien une tentative de modification radicale des relations sociales aux Etats-Unis qui menace. Parler de fascisme n'est pas mettre un signe égal exact avec les années 1920-1930, c'est donner la mesure de ce qui se passe.

Si …

La suite immédiate de l'élection de Trump serait le désarmement de l'Ukraine et la percée du front dans le Donbass, par la Russie et les troupes nord-coréennes qui sont en train d'y être acheminées, d'une part, et la destruction totale de Gaza ainsi que l'achèvement de l'épuration ethnique en Cisjordanie, d'autre part.

Même si l'Ukraine acculée capitulait, ce qui est peu probable et nullement souhaitable, les campistes « partisans de la paix » ne pourraient pas faire croire longtemps que la paix aurait avancé, car les troupes ou les organes russes opéreraient en Géorgie et en Moldavie et les combats se prépareraient sur les frontières finlandaise, balte, polonaise, avec Orban donnant des coups de poignards dans le dos, sûr désormais du soutien non seulement de Moscou, mais de Washington.

Le rebattage des cartes du jeu des alliances produirait hésitations et incertitudes, mais nulle stabilité, bien au contraire.

En France, le gouvernement Barnier, nommé par Macron et soutenu par Le Pen, serait conforté dans ses attaques contre « les fonctionnaires » et contre « les immigrés », ainsi que le gouvernement Melloni en Italie. La préparation d'une alternance visant à rétablir une V° République de plein exercice, avec Le Pen à la présidence et une coalition la soutenant, serait accélérée. Bien entendu, le mouvement social garderait la force d'empêcher cela, mais dans des conditions internationales dégradées. Remarquons que le mépris manifesté par Macron pour les résultats électoraux, donc pour toute démocratie, aura rejoint celui des Trump et des Bolsonaro, leur préparant le terrain.

Et la victoire de Trump, ce serait la destruction de toute bataille pour limiter le réchauffement climatique et faire face de façon responsable et solidaire à ses effets.

L'entrée de plein pied des Etats-Unis dans l'ordre/désordre de la multipolarité impérialiste sera un pas vers la barbarie la plus moderne.

Le plébiscite brun mondial des gauchistes, campistes et sectaires.

Elément d'une importance fondamentale : une victoire de Trump, ou un affrontement portant sur les résultats électoraux et basculant en sa faveur, ne sont possibles que parce que des secteurs « de gauche » veulent avant tout « punir » Genocide Joe, poussant la stupidité criminelle jusqu'à jouer ainsi en faveur de Netanyahou et cela au nom du « peuple palestinien » !!!

Le fait que l'aveuglement politique majoritaire du mouvement propalestinien sur les campus puisse conduire à une telle conséquence, ainsi que les candidatures poutiniennes de « gauche radicale » ou écologiste de Jill Stein et Cornell West, a une très forte signification politique. La convergence entre la gauche poutinienne et certains discours trumpistes est ancienne. Tous, par exemple, détestent les « révolutions oranges » et les « révolutions arabes », calomnient le peuple syrien et le peuple ukrainien. Ces convergences ne sont pas fortuites, elles sont fondamentales. Disons-le : si Trump gagne, ce sera aussi à cause d'un « plébiscite brun » de portée mondiale.

Le « plébiscite brun » a vu, en 1931, les communistes allemands ajouter leurs voix, en disant qu'ainsi le plébiscite serait « rouge », à celles des nazis, pour dissoudre le parlement prussien à majorité social-démocrate (des social-démocrates bien droitiers qui avaient réprimé des grèves, bien sûr !). Cette convergence fut une étape importante de la montée d'Hitler vers le pouvoir.

Il y a diverses manières de faire « plébiscite brun » aux Etats-Unis, et mondialement en abordant la question des Etats-Unis. La plus efficace n'est pas l'appel direct à voter Trump. C'est la négation du danger, son euphémisation, et c'est le choix de vouloir avant tout battre les politiciens impérialistes américains « classiques » que sont les démocrates.

« La Palestine » et « Gaza » sont aujourd'hui les drapeaux du plébiscite brun des gauchistes, des campistes et des sectaires en faveur de Trump. Ils ne servent de rien aux Palestiniens, qui ne méritent vraiment pas, en plus de l'oppression et des crimes qu'ils subissent, cette utilisation.

Il faudra donc aussi tirer toutes les conséquences de ce fait terrible, mais fondamental : le plébiscite brun de l'extrême-gauche, au nom des Palestiniens, pour Trump.

* * *

La voie du combat prolétarien, révolutionnaire, démocratique, indépendant, passe tout de suite par le vote Harris. C'est seulement ainsi que se prépare l'affrontement de masse avec Trump, qu'il soit élu ou qu'il conteste les résultats pendant des semaines, ou que se prépare l'affrontement social avec Harris présidente. Le plus probable est une montée rapide des tensions autour des résultats contestés. Au mouvement ouvrier d'intervenir directement là-dedans, il le faudra !

Nous saluons nos camarades américains, engagés dans ce combat, qui, depuis les affrontements politiques français, comme depuis les tranchées ukrainiennes ou les camps palestiniens pilonnés et affamés, intéresse tous les combattants de l'émancipation, dans le monde entier.

Vincent Présumey, le 28 octobre 2024.

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Soudan : faim extrême et déplacements forcés en plus d’un an de guerre

5 novembre 2024, par Bianca Pessoa — , ,
Des militantes soudanaises analysent les impacts du conflit qui a déjà déplacé 10 millions de personnes Tiré de Entre les lignes et les mots (…)

Des militantes soudanaises analysent les impacts du conflit qui a déjà déplacé 10 millions de personnes

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/29/soudan-faim-extreme-et-deplacements-forces-en-plus-dun-an-de-guerre/

Depuis avril 2023, une violente guerre civile s'est emparée du Soudan dans un différend pour le pouvoir et les territoires entre les forces armées soudanaises et le groupe paramilitaire connu sous le nom de Forces de soutien rapide (RSF en anglais). Depuis le début de cette nouvelle phase du conflit, plus de 10 millions de personnes ont été déplacées et environ 70% de la population meurt de faim.

L'histoire des guerres civiles dans le pays n'est pas récente. Depuis les luttes pour l'indépendance, le Soudan a connu une série de conflits internes, alimentés par des différends et des ingérences extérieures. La première guerre civile, qui a duré entre 1955 et 1972, a marqué les différences entre le sud et le nord du pays, les sudistes réclamant plus d'autonomie régionale. Un autre conflit a éclaté en 2003 et s'étend jusqu'à nos jours dans la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, une région riche en ressources naturelles telles que l'or. La guerre actuelle a éclaté en raison d'un désaccord sur la période d'intégration des RSF dans les Forces armées, dans le cadre des revendications non résolues de la Révolution populaire soudanaise de 2018.

Cet article rassemble des analyses présentées lors des activités « La guerre au Soudan : perspectives de la gauche », organisées par l'Assemblée Internationale des Peuples (AIP), Peoples Dispatch et le magazine Madaar en juillet 2024 et « Tracer la route des conflits africains oubliés », organisé par la Marche Mondiale des Femmes (MMF) Afrique du Sud en septembre.

Dispute sur les territoires et les richesses naturelles

Pour Niamat Kuku, membre du Comité central du Parti communiste du Soudan et militante des droits humains, le contexte avant la guerre et pendant la période de transition était celui d'une lutte de classe intense. « Ceux qui s'opposaient à la révolution étaient contre toutes les femmes, les paysans et les paysannes et tous les autres segments sociaux à l'exception des politiciens islamiques », a déclaré Niamat. Cette opposition antipopulaire bénéficiait d'un fort soutien de forces extérieures : « nous avons été confrontés aux menaces de forces étrangères, d'ingérence et d'intervention au Soudan, y compris l'intervention de l'Égypte et des Émirats arabes unis, des pays qui ont un grand intérêt pour nos ressources ».

L'ingérence internationale est devenue de plus en plus intense à mesure que la révolution soudanaise a eu lieu, dans le cadre de la lutte pour la souveraineté nationale sur les ressources du pays. « La situation géographique du Soudan permet de se diriger vers la Méditerranée ou l'océan Atlantique. Nous avons une grande réserve d'eau douce, des terres fertiles pour l'agriculture, des minéraux, de l'uranium, de l'or, de l'argent, même la qualité de notre sable est excellente. Nous avons une population diversifiée et un grand patrimoine humanitaire et civilisationnel. Ce sont des éléments qui font que le Soudan intéresse de nombreuses forces régionales et internationales », explique Randa Mohammed, membre de l'Union des femmes soudanaises [Sudanese Women's Union].

Les organisations et les forces révolutionnaires ont commencé à dénoncer le coup d'État en cours depuis fin 2021. Les caractéristiques de la guerre sont devenues plus évidentes à mesure que de plus en plus d'armes ont été apportées de l'extérieur. « Ce n'est pas seulement une guerre économique entre deux généraux, et ce n'est pas non plus un conflit entre un général national et des puissances extérieures, mais c'est un conflit mené par des agendas extérieurs qui manipulent l'environnement social. Nous sommes entourés de pays et de gouvernements qui sont totalement opposés à un nouveau gouvernement démocratique au Soudan », conclut Niamat.

Attaques contre des établissements de santé, impacts sur la vie des gens

La docteure Ihisan Fagiri, également de l'Union des femmes soudanaises, a déclaré que la guerre violente d'aujourd'hui visait essentiellement le peuple soudanais qui a combattu lors de la révolution de décembre 2018. Depuis lors, les deux camps ont commis des crimes contre l'humanité, ce qui a eu de nombreux impacts, en particulier sur le système de santé déjà fragile du pays. « Notre secteur de la santé a été affaibli par le Fonds monétaire international, ce qui a entraîné l'épuisement des ressources hospitalières et la fermeture et privatisation de tous les services de santé », explique Ihisan.

Après le déclenchement de la guerre le 15 avril 2023, l'impact sur les établissements de santé a été très grave, puisque la plupart des hôpitaux ont été occupés par les milices ou détruits par l'armée. Selon le rapport préliminaire du Comité du Syndicat des médecins, présenté par Ihisan lors de l'activité de la Marche Mondiale des Femmes, au cours des deux premières semaines de la guerre dans la capitale Khartoum, plus de 70% des hôpitaux étaient hors service ou détruits. « Le premier hôpital occupé par la milice était la maternité d'Omdurman. Cela nous donne un indice sur leur mentalité envers les femmes et leur santé, et sur la façon dont les femmes paient la facture de cette guerre », explique Ihisan Fagiri.

La détérioration de la santé au Soudan a été exacerbée par un certain nombre d'autres facteurs, notamment les pénuries d'eau potable, l'assainissement inadéquat et le manque d'hygiène de base. La situation s'est aggravée lors de catastrophes amplifiées par la crise climatique, telles que les pluies et les inondations, qui ont détruit des maisons et laissé de nombreuses personnes sans abri dans les rues, augmentant la propagation de maladies telles que la diarrhée, le paludisme, la dysenterie et la typhoïde. De plus, la population du pays souffre de coupures d'électricité et du manque de traitement approprié des corps des victimes du conflit.

Omayma Elmardi, de la MMF au Soudan, a parlé des impacts de la guerre sur différents groupes ethniques, les femmes et les filles soudanaises. « La guerre a provoqué des déplacements massifs, des meurtres parmi les civils réfugiés, la destruction d'institutions publiques, de marchés, d'hôpitaux et de biens. Les femmes et les filles craignent pour leur sécurité personnelle dans les zones de conflit et sont soumises à toutes sortes de violences, au manque de services de santé, de nourriture, de sûreté et de sécurité ».

Migrations forcées

Les femmes et leurs familles ont été forcées de quitter leurs maisons pour fuir la violence. Ils ont eu un certain soutien des Comités de Résistance, qui sont composés de différentes entités et organisent, par exemple, la distribution de nourriture. « Mais l'aide humanitaire est très rare et limitée. Les Nations Unies disent qu'elles fournissent une aide humanitaire à cinq millions de personnes, mais au moins 15 millions ont encore besoin d'une aide humanitaire et maintenant 25 millions de la population totale du Soudan de 47 millions risquent de souffrir de la faim et de la malnutrition. Dans le camp de Zamzam, toutes les heures, deux enfants meurent », a déclaré Randa Mohammed.

Le déplacement interne de millions de personnes en raison de la violence a entraîné un afflux de réfugiés qui surpeuplent les quelques établissements de santé qui fonctionnent encore dans certaines régions, épuisant les ressources et entravant la capacité de répondre à cette importante demande de la population.

Les camps de réfugiés s'étendent au-delà des frontières du pays alors que les Soudanais demandent l'asile dans les pays voisins. En Égypte, qui abrite déjà des centaines de personnes en exil, le gouvernement a empêché les avocats d'assister les nouvelles demandes d'asile. En Éthiopie, l'augmentation de la migration soudanaise a amplifié la crise migratoire déjà présente dans le pays, qui abrite également des migrant.e.s d'autres conflits de la région.

La vie des femmes qui, à travers le monde, font face à des situations de guerre ou de dictatures a été un point de réflexion lors des deux activités. Les camarades du Soudan y ont exprimé une solidarité sans restriction avec les femmes qui résistent aux conflits et aux guerres qui se déroulent actuellement en Palestine et en République démocratique du Congo. Comme l'a rappelé Ihisan, « en général, lors de tout conflit, les épées sont pointées sur les femmes qui paient le prix de la guerre sous la forme de meurtres, d'expulsions et de viols ». Compte tenu de cela, le féminisme doit être positionné avec force dans la lutte contre les guerres, les génocides et les conflits armés motivés par la cupidité impérialiste et détruisant des vies et des communautés. Ihisan poursuit : « Nous devons mettre fin à cette guerre et obtenir des passages et des chemins sûrs et sécurisés pour la livraison de médicaments et de nourriture. L'union des femmes soudanaises préconise la participation des femmes à tous les processus de rétablissement de la paix. C'est l'étape la plus importante pour mettre fin à la guerre ».

Écrit par Bianca Pessoa
Édition et révision par Helena Zelic et Tica Moreno
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves

https://capiremov.org/fr/analyse/soudan-faim-extreme-et-deplacements-forces-en-plus-dun-an-de-guerre/

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France - Cancer du sein - Assemblée nationale française :« {Remboursement intégral des soins liés au cancer du sein. »}

5 novembre 2024, par Parti Communiste de France (PCF) — , ,
Après l'Assemblée Nationale, notre proposition de loi pour le remboursement intégral des soins liés au cancer du sein vient d'être adoptée au Sénat ! Le résultat d'un (…)

Après l'Assemblée Nationale, notre proposition de loi pour le remboursement intégral des soins liés au cancer du sein vient d'être adoptée au Sénat !

Le résultat d'un travail législatif de grande qualité.

Depuis plus d'un an, le PCF mène campagne et porte cette proposition de loi relative à la prise en charge par l'Assurance maladie des soins liés au traitement du cancer du sein depuis la rencontre marquante avec Marie-Noëlle Martin dans une réunion publique sur les droits des femmes à Aurillac...

Touchée par la maladie, Marie-Noëlle avait listé et dénoncé les restes à charge importants auxquels elle devait faire face notamment en matière de soins dits supports - très mal nommés "de confort" - pourtant indispensables pour tolérer les traitements et se reconstruire physiquement et psychologiquement.

ON S'ÉTAIT ALORS PROMIS D'ALLER JUSQU'AU BOUT !

Cette victoire est la conséquence d'un travail commun et de longue haleine.

Avec Shirley Wirden, responsable de la commission Féministe et Droits des femmes du PCF ;
Avec Yannick Monnet et Fabien Roussel, les co-auteurs de la loi à l'Assemblée nationale et nos député·es GDR ;
Avec Marie-Noëlle Martin, et toutes ces femmes qui trouvent la force de se battre pour plus de justice ;
Avec Anthony Goncalves, oncologue et membre du Conseil national du PCF ;
Avec Cathy Apourceau-Poly, rapporteure de la proposition au Sénat, et tou·tes nos sénateurs et sénatrices du groupe CRCE-K
et avec vous, signataires de notre pétition, membres du parti, sympathisant·es.
SOYONS FIER·ÈRES D'AVOIR GAGNÉ CETTE BATAILLE !

La suite...

C'est maintenant la dernière ligne droite avec un retour à l'Assemblée pour mettre fin à une inégalité face à cette maladie qui touche une femme sur huit, qui cause le plus grand nombre de décès chez la femme et dont le nombre annuel de nouveaux cas a presque doublé en 30 ans.

Une fois la loi adoptée, ces soins seront enfin considérés comme de première nécessité et les dépassements d'honoraires seront encadrés.

Activité physique adaptée, consultations de diététique, prothèses capillaires et mammaires... Alors que plus de 60.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, le cancer du sein place de nombreuses femmes dans une situation financière fragile, entre un reste à charge souvent élevé et de nombreuses dépenses relatives à des soins annexes - et non-remboursés - ou à l'achat d'accessoires (sous-vêtements adaptés, crèmes, vernis contre la chute des ongles...).

Et encore après ?

Après ? On continue avec les autres cancers, on se bat pour un véritable service public de la santé, contre les déserts médicaux, pour une prise en charge à 100% par la sécurité sociale de toutes les maladies !

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Deux milliards de femmes n’ont pas accès à la protection sociale

5 novembre 2024, par news.un.org — ,
Tiré de Entre les lignes et les mots https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/28/deux-milliards-de-femmes-nont-pas-acces-a-la-protection-sociale/ Des (…)

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/28/deux-milliards-de-femmes-nont-pas-acces-a-la-protection-sociale/

Des prestations en espèces aux soins de santé et aux pensions, les politiques ne s'étendent pas à un nombre suffisant de femmes et de filles, ce qui les rend plus vulnérables à la pauvreté dans le monde entier, avertit un nouveau rapport d'ONU Femmes.

L'écart entre les hommes et les femmes en matière de protection sociale s'accroit, souligne le rapport publié à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, célébrée le 17 octobre.

Le rapport révèle qu'un nombre alarmant de deux milliards de femmes et de filles n'ont accès à aucune forme de protection sociale.

Malgré quelques progrès depuis 2015, les disparités entre les sexes en matière de couverture sociale se sont creusées dans la plupart des régions en développement, ce qui suggère que les progrès récents ont profité de manière disproportionnée aux hommes. Cette situation met en péril les progrès accomplis dans la réalisation de l'objectif de développement durable n°5 (ODD 5)

Le poids croissant de la pauvreté liée au genre

Le rapport peint un tableau sombre de la pauvreté sexospécifique, montrant que les femmes et les filles sont surreprésentées parmi les pauvres à tous les stades de la vie, les disparités les plus importantes étant observées pendant les années de procréation.

Les femmes âgées de 25 à 34 ans sont 25% plus susceptibles que les hommes de la même tranche d'âge de vivre dans l'extrême pauvreté.

Les conflits et le changement climatique continuent d'exacerber cette inégalité, les femmes vivant dans des environnements fragiles étant 7,7 fois plus susceptibles de vivre dans l'extrême pauvreté que celles vivant dans des régions stables.

En outre, les taux d'inflation élevés enregistrés depuis 2022 ont fait grimper les prix des denrées alimentaires et de l'énergie, ce qui touche les femmes de plein fouet.

Pourtant, sur près de 1 000 mesures de protection sociale adoptées par les gouvernements de 171 pays dans les mois qui ont suivi, seules 18% visaient la sécurité économique des femmes, signale le rapport.

Cela montre que les risques et les vulnérabilités propres à chaque sexe sont souvent négligés à la suite d'un choc.

L'état lamentable de la protection de la maternité

Plus de 63% des femmes accouchent encore sans avoir accès à des prestations de maternité, au niveau mondial. Ce chiffre atteint 94% en Afrique subsaharienne.

Le manque de soutien financier pendant le congé de maternité place non seulement les femmes dans une situation économique défavorable, mais compromet également leur santé et leur bien-être ainsi que ceux de leurs enfants, perpétuant ainsi la pauvreté d'une génération à l'autre.

Des exemples phares

Il existe néanmoins des exemples prometteurs de progrès.

En Mongolie, les prestations de congé de maternité ont été étendues aux travailleurs informels, tels que les éleveurs et les travailleurs indépendants. Le congé de paternité a également été renforcé pour soutenir l'égalité des sexes dans les responsabilités de soins.

Au Sénégal, le régime national d'assurance maladie a étendu ses services pour mieux répondre aux besoins des femmes rurales, avec le soutien d'ONU Femmes.

« Le potentiel de la protection sociale pour l'égalité des sexes, la résilience et la transformation est énorme. Pour l'exploiter, nous devons centrer la dignité, l'agence et l'autonomisation des femmes et des filles à chaque étape du processus – de la conception des politiques et des programmes à la fourniture et au financement », a souligné Sarah Hendriks, la Directrice de la Division des politiques, des programmes et des affaires intergouvernementales d'ONU Femmes.

https://news.un.org/fr/story/2024/10/1149776

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Ni les femmes, ni la terre ne sont des territoires de conquête – Déclaration commune des Articulations des femmes d’ARNA et d’ECVC

5 novembre 2024, par Coordination Européenne Via Campesina, — , ,
Nous, les femmes de la Région Arabe et Afrique du Nord de LVC et de la Coordination européenne Via Campesina, nous sommes rassemblées en Galice du 27 septembre au 1er octobre (…)

Nous, les femmes de la Région Arabe et Afrique du Nord de LVC et de la Coordination européenne Via Campesina, nous sommes rassemblées en Galice du 27 septembre au 1er octobre 2024, pour échanger sur nos conditions de vie et de travail en tant que femmes* paysannes* dans nos contextes respectifs, afin d'apprendre les unes les autres et d'identifier nos luttes communes.

Ensemble, nous nous opposons vigoureusement au système néolibéral et patriarcal, basé sur l'exploitation du travail des femmes : Les femmes effectuent une part importante du travail agricole mais ne possèdent souvent pas les moyens de production et les ressources. Elles produisent des denrées alimentaires destinées à l'exportation qu'elles ne peuvent s'offrir.

Les paysannes et les travailleuses rurales jouent un rôle majeur dans la société et ce rôle n'est pas reconnu. Les femmes assurent 70% de la production agricole ; elles s'occupent également de 80% des travaux domestiques, assumant ainsi une triple charge de travail.

Nous jouons un rôle fondamental dans l'accession de nos territoires à la souveraineté alimentaire ; nous prenons soin de nos champs et de nos familles, et protégeons la planète dans notre travail quotidien.

En temps de guerre et de crise, nous soutenons les luttes des femmes paysannes dans nos régions, défendons résolument la paix, et condamnons la militarisation croissante du monde. Ensemble, nous tenons à exprimer notre solidarité avec toutes les femmes qui souffrent de la violence et de la guerre dans le monde. Nous restons aussi unies avec les femmes palestiniennes, libanaises et soudanaises qui, en temps de guerre et d'occupation, poursuivent leur lutte pour l'autodétermination et la liberté. Nous condamnons et dénonçons la guerre continue qu'Israël mène à Gaza, de même que les attaques israéliennes contre le Liban. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat dans la région et à la fin du génocide qui, à ce jour, a tué des dizaines de milliers de personnes.

Nous réaffirmons la nécessité urgente de respecter le droit à la vie, à une vie digne, pour toutes les femmes du monde.

Ensemble, nous réitérons notre engagement à travailler main dans la main pour la souveraineté alimentaire, et pour mettre fin à toute forme de violence, d'exploitation sexuelle et de discrimination aux niveaux individuel et institutionnel à l'égard des femmes et des filles.

Dans le système existant, les femmes paysannes sont exclues à bien des égards en matière d'égalité d'accès aux ressources, aux services publics et professionnels, ainsi qu'en termes de participation égale à nos organisations locales et aux espaces publics et décisionnels.

Aujourd'hui, nous sommes unies et réaffirmons notre lutte commune :

pour l'égalité d'accès à la terre, à l'eau, aux semences et à toutes les autres ressources naturelles, qui garantira aux femmes l'égalité des droits à la propriété foncière et un statut juridique reconnu de paysannes ;

contre toutes les formes de discrimination et de violence qui frappent les femmes (intersectionnalité, race, identité de genre et orientation sexuelle) ;

pour le plein accès des paysannes et des travailleuses rurales aux services professionnels et à la sécurité sociale ;

pour un accès complet à l'information et aux formations ;

pour la participation pleine et entière des femmes paysannes dans leurs organisations, ainsi que dans les espaces de politique publique et de prise de décision ;

pour la pleine égalité des droits socio-économiques des travailleuses migrantes dans nos régions ;

pour des prix équitables pour les aliments produits par les paysans ;

pour un partage égal et coresponsable des soins basé sur un modèle de communauté publique ;

pour un accès sûr et égal à tous les services publics, y compris les transports, ainsi qu'une répartition équitable des subventions publiques.

Nous nous engageons à poursuivre activement le renforcement des alliances au sein de nos propres organisations et avec les organisations sociales et féministes.

Sans féminisme, il n'y a pas de souveraineté alimentaire ! Internationalisons la lutte, internationalisons l'espoir !

Cette publication est également disponible en English.

https://viacampesina.org/fr/ni-les-femmes-ni-la-terre-ne-sont-des-territoires-de-conquete-declaration-commune-des-articulations-des-femmes-darna-et-decvc/

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Ahou Daryaei, l’étudiante iranienne qui lève le voile a été arrêtée

5 novembre 2024, par Pierre Chaillan — , ,
Ahou Daryaei, l'étudiante iranienne de l'université Azad de Téhéran s'était dévêtue en signe de protestation contre le harcèlement de miliciens des gardiens de la révolution. (…)

Ahou Daryaei, l'étudiante iranienne de l'université Azad de Téhéran s'était dévêtue en signe de protestation contre le harcèlement de miliciens des gardiens de la révolution. Elle a été arrêtée, ont rapporté des groupes militants sur les réseaux sociaux le 2 novembre.

Par Pierre Chaillan,
Tiré de L'Humanité, France, le dimanche 3 novembre 2024

https://www.humanite.fr/en-debat/iran/ahou-daryaei-letudiante-iranienne-qui-leve-le-voile-a-ete-arretee

L'étudiante iranienne de l'université Azad de Téhéran qui s'était dévêtue en signe de protestation contrele harcèlement de miliciens <https:/www.humanite.fr/monde/ali-k...>'>des gardiens de la révolutiona été arrêtée, ont rapporté des groupes militants sur les réseaux sociaux le 2 novembre. Une vidéo de son geste de protestation circule largement depuis.

On y voit Ahou Daryaei, âgée de 30 ans et étudiante en français, en petite tenue alors qu'un gardien est en train d'intervenir. De nombreuses Iraniennes se sont solidarisées./« Une étudiante harcelée par la police des mœurs à cause de son hidjab ”inapproprié” n'a pas reculé. Elle a transformé son corps en manifestation »,/a réagi la journaliste Masih Alinejad sur son compte X.//Cette affaire survient un peu plus de deux ans après la mort de https://www.humanite.fr/monde/droit...>
,">Jina Mahsa Amini qui avait déclenchéle mouvementhttps://www.humanite.fr/monde/iran/...>
.">Femme, vie, liberté

Une vidéo de son geste de protestation circule largement. Ahou Daryaei, âgée de 30 ans, enlève ses vêtements, contre le harcèlement des gardiens de la révolution.

*Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal, 3 novembre 2024

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La conception de l’égalité des sexes sous le prisme japonais

5 novembre 2024, par Rose Moreira — , ,
A Nikko au Japon, le 25 juin dernier, la réunion ministérielle du G7 sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes a été dirigée par le Ministre de l'égalité (…)

A Nikko au Japon, le 25 juin dernier, la réunion ministérielle du G7 sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes a été dirigée par le Ministre de l'égalité des sexes japonais, Masanobu Ogura.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/01/la-conception-de-legalite-des-sexes-sous-le-prisme-japonais/
Rose Moreira – les-yeux-du-monde.fr

Ogura a été le seul homme présent parmi tous les autres représentants étatiques. La réunion devait souligner les réalisations des femmes au Japon. Néanmoins, cette présence masculine a semblé détourner l'attention, considérée comme un témoignage de la situation des japonaises au au sein du champ politique. La sous-représentation des femmes en politique japonaise s'analyse notamment par une compréhension de l'égalité des sexes sous le prisme japonais.

Le Japon, le bon dernier du G7 en matière de parité

Chaque année, le classement mondial des inégalités de genre du Forum économique mondial mesure la parité d'une multitude de pays. En 2023, le Japon se classe 125ème sur 146 nations étudiées en termes d'égalité des sexes. Ce nouveau rapport consolide la dernière place du Japon parmi tous les autres pays du G7 en matière de parité. Pour le Japon, cette position n'est pas nouvelle. Elle marque même un recul : en 2022, le Japon était classé 116ème sur 156.

Le classement du FEM considère des données propres à quatre domaines d'activité : la politique, l'économie, l'éducation et la santé. Bien que le Japon possède un haut indice dans l'éducation et dans la santé, ceux de l'économie et de la politique ont tendance à fléchir. Dans le cas japonais, avec un indice de 0,057 en politique en 2023, l'inégalité en matière de genre au sein du champ politique se présente comme l'une des causes majeures du classement japonais.

Les réformes mises en œuvre pour lutter contre la sous-représentation des femmes
Le champ politique japonais se caractérise par une forte sous-représentation des femmes. En effet, le gouvernement de Fumio Kishida ne compte que trois femmes pour vingt-et-un postes ministériels. Quant à la Chambre basse, l'organe exécutif le plus important de la politique japonaise, les politiciennes occupent 46 des 463 sièges disponibles. Pour un ratio de 9,94% de femmes à la Chambre basse, l'expression « monopole masculin » décrit bien la sous-représentation des femmes au sein de la politique japonaise.

La place des femmes dans la société japonaise constituait déjà un objet de la politique de Shinzô Abe. Des réformes ont vu le jour afin d'augmenter la participation des femmes à la vie politique, comme celle de la « loi sur la promotion de l'égalité des sexes dans le domaine politique » en 2018. Celle-ci préconise la promotion à la participation des femmes au sein des élections de la Chambre basse, de la Chambre haute et des assemblés locales. Sans imposer des quotas, la loi a introduit des objectifs quant au nombre de candidats masculins et féminins. Autrement dit, cette loi attend l'engagement des partis et du gouvernement pour promouvoir l'égalité des sexes dans le champ politique.

Sans qu'elle soit coercitive, cette loi porte le symbole des premiers pas japonais vers une parité en politique. Cette parité a été institutionnalisé sous une considération particulière de l'égalité, pensée sous le prisme japonais.

La question de l'égalité des sexes sous le prisme japonais : une conception japonaise de l'« égalité »

Cette loi envisage la conception d'une égalité qu'elle ne dit pas en usant de l'expression « danjo kyōdō ». Si « danjo » fait référence aux deux sexes, « kyōdō » indique une coopération ou participation commune. Ainsi, l'expression « danjo kyōdō » signifie littéralement une « participation et coopération des hommes et des femmes ». Si la Constitution japonaise, dans toutes ses ambiguîté et tous ses débats, convoque déjà deux termes pour dire égalité – taitō (対等) et byōdō (平等) –, « danjo » a été le nouveau terme inventé pour évoquer la question de l'égalité homme-femme.

Il est grammaticalement possible de dire en japonais « égalité entre les genres » (gender equality) par « danjo byōdō ». Le choix de parler de « danjo kyōdō » renvoie à une décision du Parti Libéral Démocrate (PLD) de 1999, dans le cadre d'une première loi en faveur de la promotion des femmes. Cette invention souligne cette conception spécifique de la notion d'« égalité entre les genres ». Si la conception occidentale reste plus axée sur l'égalité formelle et juridique, considérant tous les individus comme égaux devant la loi, indépendamment de leur statut social et de leur genre, au Japon, l'égalité est davantage liée à l'harmonie sociale et à la reconnaissance mutuelle des rôles et des positions dans la société. La question de l'égalité des sexes au Japon reste marquée par la croyance d'une répartition genrée des rôles.

Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté – N°436 – 15 octobre 2024

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