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« Massacre des affamés » : les forces israéliennes tuent 31 Palestiniens dans un centre de distribution d’aide humanitaire

10 juin, par Tareq S. Hajjaj — , ,
Un centre d'aide humanitaire géré par les États-Unis a été le théâtre d'un nouveau massacre dans le sud de Gaza après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des (…)

Un centre d'aide humanitaire géré par les États-Unis a été le théâtre d'un nouveau massacre dans le sud de Gaza après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des civils. « Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège pour nous attirer ici et nous tuer », a déclaré un témoin oculaire à Mondoweiss.

Tiré de Agence Médias Palestine
2 juin 2025

Par Tareq S. Hajjaj

Point de distribution d'aide humanitaire géré par la Fondation humanitaire de Gaza à al-Bureij, dans le centre de Gaza, le 29 mai 2025. (Photo : Moiz Salhi/APA Images)

Dimanche matin à l'aube, des Palestiniens du sud de Gaza se sont rendus au point de distribution d'aide humanitaire de Rafah géré par le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF), l'organisme américain chargé de fournir l'aide aux Palestiniens à la place de l'ONU. Selon des témoins oculaires qui se sont entretenus avec Mondoweiss, lorsque des milliers de personnes en quête d'aide sont arrivées dans le quartier d'al-Alam, dans le quartier de Tal al-Sultan à Rafah, l'armée israélienne a ouvert le feu sur la foule.

Alors que de nombreuses personnes patientaient devant le site d'aide humanitaire tôt le matin, attendant les instructions des employés américains, des témoins oculaires rapportent qu'un drone israélien survolait la zone et leur ordonnait via haut-parleur d'entrer dans le périmètre clôturé à 6 heures du matin.

Après que des centaines de personnes aient pénétré dans l'enceinte, les soldats ont ouvert le feu sur la foule, tuant 31 personnes et en blessant 200 autres avec des balles réelles, a déclaré dimanche le ministère de la Santé de Gaza dans un communiqué.

« Tous les martyrs arrivés à l'hôpital n'avaient qu'une seule blessure par balle à la tête ou à la poitrine », indique le ministère de la Santé. « Cela confirme l'intention de l'occupant de tuer des civils. »

Le directeur des hôpitaux de Gaza, Muhammad Zaqout, a déclaré lors d'une conférence de presse devant l'hôpital Nasser de Khan Younis que les blessés étaient arrivés au centre médical dans des charrettes tirées par des animaux ou portés sur les épaules des gens, l'armée israélienne ayant empêché les ambulances d'atteindre le site d'aide.

L'armée israélienne nie que des soldats aient tiré sur des civils dans le centre, qualifiant ces allégations de « fausses informations ». Le GHF a également niéces informations, les qualifiant de « complètement fausses et fabriquées », et a publié des images de vidéosurveillance de la distribution d'aide à Rafah comme preuve apparente que la journée s'était déroulée « sans incident ».

La semaine dernière, trois personnes ont été tuéesau centre de distribution d'aide géré par le GHF à al-Bureij, au nord de l'axe Netzarim, et sept autres ont été portées disparues à la suite des troubles qui ont éclaté la semaine dernière dans le site sud du GHF à Rafah. Aujourd'hui, 2 juin, l'armée israélienne a tué trois autres personnes sur le site du GHF à al-Bureij.

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un piège »

Ahmed Abu Libdeh, 28 ans, est arrivé au centre de distribution d'aide à Rafah à 5 heures du matin en provenance de l'est de Khan Younis. Au lieu de recevoir de la nourriture, il a été témoin de ce qu'il décrit comme « l'un des massacres les plus horribles perpétrés par l'armée [israélienne] » à Rafah.

« Nous étions debout à l'extérieur du centre de distribution », a déclaré Abu Libdeh à Mondoweiss. « Vers 6 heures du matin, un quadricoptère a survolé le site et a annoncé par haut-parleur que l'endroit était sûr et que nous pouvions entrer pour récupérer la nourriture. »

« Le haut-parleur du quadricoptère disait : « Marchez, vous êtes en sécurité. Nous vous distribuerons l'aide dans quelques instants » », a ajouté Abu Libdeh, précisant qu'après l'arrivée de l'aide, « ils ont commencé à nous bombarder et à nous tuer ».

« Dès que nous sommes entrés dans le centre de distribution et avons commencé à transporter les vivres, l'armée israélienne a ouvert le feu », a-t-il expliqué. « La scène était horrible. Nous ne voyions rien à cause de la poussière, des bombardements et des tirs nourris dirigés contre nous. Des dizaines de personnes ont été tuées. »

Abu Libdeh précise que la première frappe a eu lieu vers 6 h 15, lorsqu'un premier bombardement a visé une voiture remplie de personnes qui avaient reçu de la nourriture et quittaient la zone. « Après le bombardement de la voiture, les chars ont ouvert le feu sur nous », a-t-il décrit.

Ahmad décrit les premières minutes comme « un choc pour tout le monde », rappellant qu'ils étaient entrés sur le site de distribution conformément aux instructions de l'armée israélienne. « Nous ne savions pas d'où venaient les bombardements ni qui les lançait. La poussière envahissait la zone et les gens couraient sans savoir ce qui se passait. Des gens tombaient dans la bousculade et j'ai vu des dizaines de personnes gisant sur le sol, en sang. Ils sont tous morts parce que personne ne pouvait les sauver. »

« Les Américains et les Israéliens nous ont tendu un énorme piège en nous attirant ici pour nous tuer par dizaines », a conclu Abu Libdeh. « Nous ne voulons pas de l'aide des États-Unis. Nous voulons que la guerre cesse et la fin de la famine. »

Le massacre de dimanche a conduit de nombreux Palestiniens de Gaza à conclure que l'objectif du GHF n'est pas de distribuer de la nourriture à la population, mais d'aider et de soutenir l'armée israélienne dans son objectif d'« exterminer » les Palestiniens.

Arafat, 49 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, apparaît assis à l'hôpital Nasser avec un petit enfant sur les genoux dans un témoignage vidéo pour Mondoweiss. Tous deux pleurent, tandis qu'Arafat sanglote pour son frère, qui, selon lui, a été tué par l'armée israélienne à Rafah alors qu'il cherchait de la nourriture pour sa famille.

« Pourquoi nous disent-ils d'aller chercher de la nourriture pour nous tuer une fois sur place ? », demande Arafat. « Ce sont des menteurs. Ils nous mentent et mentent au monde entier. Les Américains conspirent avec les Israéliens pour nous tuer. Ils ont tué mon frère parce qu'il était parti chercher de la nourriture pour sa famille. » Arafat explique que l'enfant assis sur ses genoux est son neveu.

« Ils ont créé un endroit où nous pouvons être tués de sang froid », a poursuivi Arafat. « Ils ne devraient pas dire que c'est une zone humanitaire. C'est un piège et un massacre des affamés. »

Arafat note que certaines personnes faisaient la queue près du point de distribution depuis 23 heures la veille. « Le résultat, c'est que nous recevons la mort au lieu de nourriture », dit-il. « Nous ne voulons pas de l'aide de l'Amérique. Nous ne voulons pas de la nourriture de l'Amérique. Si l'Amérique veut nous aider, comme elle le prétend, qu'elle arrête la guerre. Nous ne voulons rien d'autre d'elle. »

Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss

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Gaza. Ceux qui ont épaulé le génocide

10 juin, par Jean Michel Morel — , ,
Dans son dernier ouvrage, Pascal Boniface, fondateur et directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), démontre combien l'impuissance du droit (…)

Dans son dernier ouvrage, Pascal Boniface, fondateur et directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), démontre combien l'impuissance du droit international à arrêter la guerre contre Gaza tient à la complicité des pays et des politiques occidentaux et à la complaisance des médias mainstream, notamment en France.

Tiré de orientxxi
5 juin 2025

Par Jean-Michel Morel

Droit international Gaza 2023-2025 Bande de Gaza France Génocide Israël Liberté d'expression Médias Palestine

Des corps enveloppés de bleu sont placés dans une fosse, entourés de personnes en deuil.
Khan Younès, le 22 novembre 2023. Des Palestiniens enterrent des corps dans une fosse commune du cimetière de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Les dépouilles, qui ne portaient que des numéros, provenaient de l'hôpital indonésien et de l'hôpital Al-Shifa, dans le nord de la bande de Gaza, selon les membres du comité présents sur le lieu de l'enterrement.
Mahmud HAMS / AFP

Couverture de livre avec fond coloré et titre en gras sur le conflit à Gaza.

Permis de tuer Gaza : Génocide, négationnisme et Hasbara
Pascal Boniface
Éditions Max Milo, 2025
283 pages
21,90 euros

Premier rappel salutaire dans le livre de Pascal Boniface, Permis de tuer, le fait que tout n'a pas commencé le 7 octobre 2023. Depuis 1967, « la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est est illégale. L'annexion de Jérusalem-Est est illégale. Le blocus de Gaza est illégal ». La guerre à Gaza est le dernier exemple en date de cette violation par Israël du droit international au prétexte récurrent que son existence est en jeu.

Même si la décision de la chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d'arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, son ex-ministre de la Défense, a pu donner l'impression que la justice internationale s'emparait du dossier, depuis rien n'a changé. Les crimes de guerre comme les crimes contre l'humanité se sont poursuivis et intensifiés ; un génocide est en cours.

Cette incapacité à agir efficacement pour mettre un terme aux massacres se reflète à l'ONU où, avertit Boniface, « les choses sont simples. Dans la grande majorité des cas, les résolutions obligatoires qui exigent quelque chose d'Israël sont bloquées par un veto des États-Unis. »

« Amnesty International, Human Rights Watch… Quand l'humanitaire fait le jeu du Hamas »

Aux côtés des juridictions internationales, des ONG humanitaires se sont employées à dénoncer « un piège mortel » pour les Palestiniens (1). Un constat qui, très rapidement, après le déclenchement de la guerre par Israël, est devenu une évidence dès lors que les morts et blessés se sont accumulés et que, progressivement, la famine s'est installée. Une réalité que les médias ont mis des mois à accepter, et encore de manière timide et sans jamais remettre en cause le récit qu'ils avaient propagédepuis le 7 octobre 2023. Mais il y a encore Franc-Tireur qui, dans son édition du 24 janvier 2024, a débusqué les vrais coupables : « ONG au service du pire : Amnesty International, Human Rights Watch… Quand l'humanitaire fait le jeu du Hamas. »

Titre en haut, image d'une bougie sur fond noir, message sur ONG et humanitaire.

Cette partialité dans la prise en compte de la « destruction directe de la population palestinienne » (Amnesty International) s'examine au trébuchet de ce que pèse la guerre russo-ukrainienne dans les discours de la plupart des politiciens et des médias où l'agresseur est, à juste titre, vilipendé. A contrario, les massacres perpétrés par l'armée israélienne sont le plus souvent minorés ou justifiés en recourant à l'argument qui voudrait que dans chaque hôpital rasé, dans chaque école bombardée, dans chaque maison détruite, se sont réfugiés des « terroristes » du Hamas. Ce que, le 18 janvier 2024, s'est évertué à justifier Isaac Herzog, le président d'Israël, au Forum de Davos : « Sous chaque matelas de n'importe quelle maison à Gaza, il y a une roquette. »

Cette approche du conflit repose sur ce que Pascal Boniface appelle « un biais médiatique occidentaliste ». Il est illustré par le positionnement d'Israël, membre revendiqué de l'Occident depuis sa fondation en 1948, choix confirmé par les assertions sans ambiguïté de son actuel premier ministre : « Nous faisons partie de la culture européenne… L'Europe se termine en Israël (2) », ou bien encore, en décembre 2024, lors de ses vœux aux communautés chrétiennes en Israël : « Israël mène le monde dans le combat contre les forces du mal et de la tyrannie… ».

Un occidentalo-centrisme guerrier

Une phraséologie qui, en Occident, nourrit inévitablement l'islamophobie et le fameux « concept » d'islamo-gauchisme. Une façon, nous dit Pascal Boniface, d'assimiler l'islam à une menace terroriste, interdisant de critiquer Israël « comme un pays qui occupe une terre qui n'est pas la sienne et réprime dans le sang un peuple qui ne veut pas se soumettre, mais devient la pointe avancée de la guerre contre le terrorisme ».

Le 6 octobre 2024, Pascal Praud, le présentateur vedette de CNews, propriété du milliardaire catholique intégriste Vincent Bolloré, ce laboratoire de la désinformation, a relayé cette logique dans le JDD (propriété du même milliardaire) : « Le 7 octobre a changé ma vie. Je devinais depuis quelque temps : le monde arabo-musulman a déclaré la guerre à l'Occident. Israël est un rempart. » Un occidentalo-centrisme guerrier qui s'accompagne de l'inévitable rappel à l'Holocauste convoqué pour culpabiliser les opposants au conflit et clore toute discussion sur les agissements meurtriers d'Israël.

Pascal Boniface cite un expert de cette rhétorique en la personne d'Alain Finkielkraut, qui, le 24 octobre 2024, dans l'émission Le Club Idée du FigaroTV, lance :

Quoi qu'on pense de la riposte israélienne, le mot génocide est fou, ignoble. Il permet de nazifier les Juifs, de leur faire perdre leur crédit victimaire et ainsi de les faire basculer dans le camp des bourreaux.

Pas sûr que les 6 millions de juifs assassinés lors de la Seconde guerre mondiale envisageaient leur martyre sous forme de « crédit victimaire » dont pourrait se réclamer Israël.

Dans un chapitre bienvenu, l'essayiste s'attarde sur le rôle néfaste du lobby pro-israélien. Il dénonce son implication dans la politique intérieure française :

Le lobby pro-israélien s'est montré hyper efficace pour affaiblir le soutien diplomatique de la France à la cause palestinienne, influencer la classe politique française en faveur du gouvernement israélien, créer une solidarité entre des personnes ayant les mêmes appréciations du conflit, et limiter au maximum la capacité d'expression de ceux qui ne pensent pas comme eux.

Institution agissante du lobby, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) mène le combat de l'assimilation entre antisionisme et antisémitisme. Il trouve des alliés dans la droite, parfois à gauche et dans la macronie à l'exemple d'Aurore Bergé, actuelle ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, qui, le 13 février 2025, lors des Assises contre l'antisémitisme a déclaré : « L'antisionisme, la haine décomplexée d'Israël sont les nouveaux visages de l'antisémitisme. »

Un maccarthysme rampant

Boniface donne à comprendre ce combat comme étant d'abord celui de Nétanyahou qui « a réussi à imposer ce slogan creux dans le débat français, qui sert d'arme de dissuasion massive à toute critique de la politique israélienne à l'égard des Palestiniens et des territoires occupés ».

Chercheur, il fait aussi état de ce maccarthysme rampant qui sévit dans les médias refusant de l'inviter ou de ces campagnes de dénigrement dont il est l'objet ou bien encore de son éviction de la manifestation — qu'il a créée — « Les Géopolitiques de Nantes » par la maire socialiste, Johanna Rolland. « La ville de Nantes, écrit-il, est l'une des rares grandes métropoles à n'avoir toujours pas entamé en 2024 d'action de coopération décentralisée avec une collectivité palestinienne. » Ceci expliquant sans doute cela.

L'auteur veut espérer que « l'histoire sera sévère pour ceux qui sont restés muets face à l'indicible ». Lui ne fait pas partie des adeptes de la cécité volontaire, ni des repentis de la 25e heure, ceux qui s'aperçoivent avec retard que leur « soutien inconditionnel à Israël » les a précipités dans un abîme d'insalubrité morale.

Note

1. Le 1er juin 2025, le chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarin, a indiqué sur X que la distribution d'aide humanitaire à Gaza était devenue un « piège mortel »

2. Pascal Boniface citant Sophie Bessis dans La civilisation judéo-chrétienne, anatomie d'une imposture, Les Liens qui libèrent, 2025.

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Gaza, jour 606 : 102 Palestiniens assassinés dans les « pièges mortels » des nouveaux centres humanitaires

10 juin, par Agence Média Palestine — , ,
Point sur la situation à Gaza, où Israël assassine les Palestinien-nes jusque dans les centres de distributions alimentaires, tout en poursuivant ses opérations de déplacement (…)

Point sur la situation à Gaza, où Israël assassine les Palestinien-nes jusque dans les centres de distributions alimentaires, tout en poursuivant ses opérations de déplacement forcé de la population.

Tiré de Agence Médias Palestine
3 juin 2025

Par l'Agence Média Palestine

Depuis une semaine, le Fonds Humanitaire pour Gaza (GHF), soutenu par les État-Unis, est mandaté par Israël pour contrôler les distributions d'aide alimentaire à la place des organisations locales et internationales (dont l'ONU) en place jusqu'ici, après plus de deux mois de blocage total des livraisons de ces dernières et la destruction systématique depuis 18 mois des infrastructures qui permettaient une forme d'autonomie alimentaire aux Gazaoui-es, assiégé-es depuis 17 ans par Israël.

Ces nouvelles« distributions alimentaires » sont le théâtre de scènes de chaos, de massacres et d'enlèvements. Selon un communiqué du bureau des médias de Gaza publié ce mardi 3 juin au matin, au moins 102 Palestinien-nes ont été assassiné-es dans ou à proximité de ces centres en une semaine, et plus de 500 autres ont été blessé-es. Le ministère dénonce ces centres qu'il décrit comme des « pièges » dans lesquels Israël attire les Gazaoui-es qu'il a précédemment affamé-espour les tuer.

« Ces soi-disant centres d'aide sont situés dans des zones exposées et à haut risque contrôlées par les forces d'occupation », a déclaré le bureau. « Ils sont devenus des pièges mortels. Les civils affamés sont attirés par la faim et le siège, puis froidement pris pour cible et abattus. » Qualifiant les tirs de calculés et s'inscrivant dans un plan plus large, le bureau a déclaré que ces scènes reflétaient « la cruauté derrière cette opération et révélaient ses véritables intentions ».

« Hunger Games dans la vie réelle »

« Un nouveau massacre commis par l'occupation israélienne, visant des points de distribution d'aide supervisés par les États-Unis à Gaza, faisant des martyrs et des dizaines de civils blessés #WitkoffMassacre », écrivait dimanche Ramy Abdul, responsable de l'organisation de surveillance des droits humains Euro-Med, dans un message publié sur X.

Des témoins oculaires interrogés par Euro-Med ont rapporté que des quadricoptères et des chars israéliens ont ouvert le feu sur les personnes qui attendaient de recevoir de la nourriture sur le site de Rafah vers 6 heures du matin dimanche. « Les forces d'occupation ont commencé à bombarder la zone sans discernement, transformant la scène en un horrible massacre. Au même moment, les forces de sécurité américaines ont tiré des gaz lacrymogènes sur les personnes à l'arrière pour les disperser et les tenir à distance », ont déclaré les survivant-es. Plus de 32 personnes ont été tuées dans ce massacre dimanche.

« Ces Hunger Games de la vie réelle doivent cesser, un nouveau cessez-le-feu doit être déclaré et Israël doit autoriser l'accès à tous les points de passage au système humanitaire mondial normal », a réagit Jan Egeland, directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés, sur son compte X.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exigé qu'une enquête soit ouverte. Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, a qualifié le détournement par Israël du système d'aide à Gaza d'« effroyable, indéfendable et criminel ». « Le gouvernement israélien utilise l'aide comme une arme et toutes les personnes impliquées dans le GHF se rendent complices de crimes de guerre », a-t-il écrit sur X. « Mettons fin à cela. »

Nettoyage ethnique

L'ONU et les organisations humanitaires affirment que le GHF ne respecte pas les principes humanitaires, l'accusant d'utiliser l'aide à des fins militaires et avertissant que cela pourrait servir à dépeupler le nord de Gaza, comme le prévoit l'armée israélienne. Car outre les atrocités qui s'y déroulent, les centres de distribution du GHF sont aussi stratégiquement situées afin de participer au déplacement des milliers de Palestinien-nes du Nord de Gaza.

Trois des sites de distribution du GHF se trouvent à Rafah, dans des zones où l'armée israélienne a émis des avertissements d'évacuation. Le quatrième site est situé dans la ville de Gaza, près de la frontière avec Deir el-Balah, où des centaines de milliers de Palestiniens déplacés ont trouvé refuge. Aucun des points de distribution n'est situé au nord du corridor de Netzarim. Tous sont situés dans des zones qui ont été entièrement rasées par l'armée israélienne au cours des 18 derniers mois.

Les Palestinien-nes, affamé-es depuis plus de trois mois par le blocus israélien, doivent parcourir à pied ou sur des chariots tirés par des animaux les distances conséquentes pour se rendre dans les centres, alors qu'il n'y a plus de carburant. L'emplacement des centres vise donc à servir d'incitatif au déplacement vers le sud.

Depuis la rupture par Israël du cessez-le-feu le 18 mars dernier, l'armée israélienne a émis des ordres d'évacuation et/ou placé sous contrôle militaire 81% de l'enclave palestinienne, selon le dernier relevé de l'OCHA. 2,3 millions d'habitants de Gaza sont entassés sur une bande de terre de plus en plus réduite dans le sud de Gaza, près de la frontière égyptienne.

Israël cache peu son objectif de déplacer définitivement la population de Gaza, les responsables promouvant ouvertement des plans de « migration volontaire ». Une enquête du Financial Times rapporte que les zones vers lesquelles les Palestiniens sont poussés ressemblent à un « désert aride, sans eau courante, sans électricité et sans hôpitaux ».

Des images satellites montrent les forces israéliennes en train de déblayer des terrains et d'installer des infrastructures militaires dans les zones évacuées. Examinant des dizaines d'ordres d'évacuation forcée récents, l'analyste politique Xavier Abu Eid déclare : « Le gouvernement israélien a été très clair quant à son plan pour Gaza. Il s'agit d'un nettoyage ethnique. »

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Les 30 ans de la marche _Du pain et des roses _célébrés à Québec : un appel à continuer la lutte

10 juin, par Collectif — , ,
Québec, le 8 juin 2025 – Près de 2000 personnes se sont rassemblées hier dans les rues de Québec pour souligner les luttes féministes, 30 ans après la marche Du pain et des (…)

Québec, le 8 juin 2025 – Près de 2000 personnes se sont rassemblées hier dans les rues de Québec pour souligner les luttes féministes, 30 ans après la marche Du pain et des roses.

Du Musée des Beaux-Arts du Québec, jusqu'à l'Assemblée nationale, à l'image de la marche s'y étant conclue le 4 juin 1995, les marcheuses et les marcheurs se sont ensuite dirigés à la Place George V. Sous le thème Marchons pour _Du pain et des roses, _encore et plus que jamais, les chants, les slogans et les diverses prises de paroles ont rappelé les revendications de 1995 et leur actualisation dans le contexte de 2025, permettant de faire le point sur les luttes féministes pour combattre la pauvreté [1] dont les femmes sont les premières victimes.

L'événement du 7 juin [2] concluait une série de marches locales débutées le 26 mai, [3] réalisées dans 12 régions du Québec, par 25 organismes du mouvement féministe, communautaire et syndical, avec la collaboration d'une trentaine d'autres organisations de leurs réseaux. Environ 1200 personnes ont participé à ces marches parcourant 5550 km au total, en hommage au trajet de 1995.

« Les actions organisées autour du 30e anniversaire de la marche « Du pain et des roses », et surtout, la ferveur avec laquelle les revendications féministes ont été porté aujourd'hui, sont de bon augure pour la suite du mouvement » souligne Sylvie St-Amand, présidente de la Fédération des femmes du Québec et co-porte-parole des actions de Marchons pour _Du pain et des roses, _encore et plus que jamais.

« La marche de 95 nous a appris que même, et peut être surtout dans des moments difficiles, il ne faut pas baisser les bras. C'est justement le moment de se mobiliser quelle que soit la manière ! » lance Françoise David, porte-parole de l'événement et présidente de la Fédération des femmes du Québec en 1995.

Un rosier symbolique a été remis à la présidente de l'Assemblée nationale, madame Nathalie Roy, laquelle a indiqué souhaiter le mettre en terre à proximité du monument soulignant la lutte des suffragettes, sur le terrain de l'Assemblée nationale. Mesdames Ariane Émond, Michèle Rouleau, Marie-José Turcotte et Marjorie Villefranche, marraines [4] de la marche en 1995, étaient présentes, en compagnie de mesdames Arcelle Appolon, Florence-Agathe Dubé-Moreau, Melissa Mollen-Dupuis et Adina Ungureanu, co-marraines [4]pour les actions de 2025.

La marche s'est conclue par une invitation à un grand rassemblement organisé par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes [5], à Québec le 18 octobre prochain, dans le cadre de la 6e édition de cette marche internationale, issue de celle de 1995.

À propos

À compter du 26 mai 2025, des marches locales et divers événements ont été réalisés par 25 organisations du mouvement féministe, communautaire et syndical ; environ 1200 personnes ont parcouru un total de 5550 km : Centrale des syndicats du Québec, [10] à Saint-Sauveur, le 28 mai ; Centre de femmes l'Essentielle [11] à Beloeil, le 3 juin ; Centre de femmes les Elles du Nord [12] à Chibougamau, le 5 juin ; Centre des femmes Centr'Elles [13] à Carleton, du 26 mai au 4 juin ; Centre des femmes de Longueuil [14], les 27 et 28 mai et les 3 et 4 juin ; Centre des femmes de Memphrémagog [15], le 29 mai ; Centre d'organisation mauricien de services et d'éducation populaire ( [16]COMSEP), le 26 mai ; Coalition montréalaise
de la Marche mondiale des femmes [17] (CMMMF) et ses groupes membres, le 29 mai ; Collective citoyenne Pas Une de Plus [18], le 4 juin ; Comité Action Féministe d'Unifor Québec [19], 7 juin – vers le rassemblement ; Comité régional Saguenay-Lac-Saint-Jean de la Marche mondiale des femmes [20] et ses groupes membres, le 5 juin ; Conseil central du Montréal métropolitain - CSN, [21] le 29 mai ; Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec [22] (FTQ), le 3 juin ; Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec [23] (FIQ), les 3 et 5 juin ; Groupes locataires de Maison pour la santé durable [24], du 26 mai au 4 juin ; L'R des centres de femmes du Québec [25] et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin ;
Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale [26] (RGF-CN) et ses groupes membres, organisation du rassemblement du 7 juin. ; Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du Québec [27] (RAFIQ), le 5 juin ; Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec [28] (RTRGFQ) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin ; ROSE du Nord, [29] le 4 juin ; Syndicat des cols bleus Montréal [30] (SCFP301), du 26 au 30 mai ; Table de concertation de Laval en condition féminine [31] (TCLCF) et ses groupes membres, le 4 juin ; Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière [32] (TCGFL) et ses groupes membres, le 4 juin ; Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) [33] et ses groupes membres, du 26 au 4 juin ; Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie [34] (TCMFM) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin.

Personnes ayant pris la parole le 7 juin 2025 (ordre d'apparition)[1] : Françoise David, présidente de la FFQ en 1995 ; Chantal Locat, marcheuse en 1995 ; Michèle Rouleau, militante pour les droits des Premières Nations et marraine de 1995 ; Melissa Mollen-Dupuis, militante Innu et co-marraine des actions de 2025 ; Lise Fournier, marcheuse en 1995 et comité d'organisation de l'événement en 2025 ; Nathalie Roy, présidente de l'Assemblée nationales ; Diane Matte, coordonnatrice de la marche en
1995 ; Marjorie Villefranche, marraine de 1995, Maison d'Haïti ; Adina Ungureanu, Collectif des femmes immigrantes du Québec et co-marraine des actions de 2025 ; Marie Eve Brunet et Johanne Gagnon, Collectif pour un Québec sans pauvreté ; Sylvie St-Amand, présidente de la FFQ ; Mercédez Roberge, travailleuse pour la marche en 1995 et comité d'organisation de
l'événement en 2025 ; Émilia Castro, Pénélope Guay et Julie Antoine, porte-paroles de la Coordination du Québec pour la marche mondiale des femmes.

Des marraines et des co-marraines engagées : En prélude aux activités, une lettre ouverte est parue dans La Presse [35], sous la signature des marraines de la marche de 1995 et de courtes capsules vidéos [36], réunissant ces dernières et des co-marraines des événements de 2025, ont été diffusées par les médias sociaux [37].

Marraines de 1995, de nouveau présentes en 2025 : Aoura Bizzarri, fondatrice du Collectif des femmes immigrantes du Québec ; France Castel, chanteuse et comédienne ; Ariane Émond, journaliste indépendante et animatrice ; Ranee Lee, chanteuse, musicienne et professeure de jazz à l'Université McGill ; l'honorable Chantal Petitclerc, sénatrice,
médaillée paralympienne, Michèle Rouleau, militante pour les droits des Premières Nations ; Marie-Claire Séguin, autrice, compositrice, interprète, coach vocal et artiste peintre ; Marie-José Turcotte, communicatrice et guide de randonnée, ex journaliste-animatrice et cheffe d'antenne à Radio-Canada ; Marjorie Villefranche, ex directrice générale
de la Maison d'Haïti.

Leurs co-marraines pour les actions de 2025 : Arcelle Appolon, directrice de la Maison d'Haïti ; France Beaudoin, animatrice et productrice, Léa Clermont-Dion, autrice et réalisatrice, récipiendaire du prix Hélène Pedneault ; Marion Cousineau autrice, compositrice et interprète ; Florence-Agathe Dubé-Moreau, commissaire indépendante en art contemporain, autrice de « Hors jeu » et récipiendaire du prix littéraire de la Gouverneure-Générale ; Melissa Mollen-Dupuis, militante Innu ; Adina Ungureanu, directrice du Collectif des femmes immigrantes du Québec ; et Ariane Vaillancourt autrice compositrice et interprète.

« Marchons pour [38]_Du pain et des roses, encor [38]_e et plus que jamais » [38] est organisé par la Fédération des femmes du Québec [39], en collaboration avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes [5]. Les marches locales du 26 mai au 4 juin 2025 sont réalisées par des organisations autonomes et celle du 7 juin à Québec est organisée grâce à la contribution du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale [26].

La Marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » [40] a eu lieu du 26 mai au 4 juin 1995, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, avec la collaboration d'un grand nombre d'organisations. Plus de 850 femmes ont marché pendant 10 jours en direction de l'Assemblée nationale. Plus de 18 000 personnes les y attendaient, pour entendre le gouvernement de l'époque répondre à leurs revendications contre la pauvreté.

Liens


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[31] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsyzGO6yAQgOHTQIc1A4OBgiJNrhFhZojRc14S8O75V1lt-_36OdtYCVYtGQMll1bnSO_ZUyQvuAFuPhKK97wlAiYOLrWadM9rJF823xK7BDfkgCtEDCGBR1QEs7P862_zKP2QMc0at5p8jJzMPg7flk_QR97P8zWVuyh7VfZ61qO25V2XWpS96odwL2bIIWWK6Zx_4fYHyl0QkHDVIw_hUs_-_K8IXkPmlHv5qrssz3HX8xwij8_vJRHbEEyphQ3F2kxk2wxsEBGInE2gv7P9CQAA__93AVPa
[32] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszE2SwiAQxfHThB1W8xFoFizceA2rQzeGmkQdiHP-KWfc_l69P2eLxUNQkk30yaXgnFdrts6jrYvDIiAAATk6a8knpIAVSbUc0M-0zDWxS3A1HE0ANDEmmI2ZPIzG8tW-9U5tkz50wKWkGZGTXvs219N7UFtej-M5Jnee7GWylyr7LmOjO724SZfTo9_ULtxId9mEhujG-Q-uH5jc2YDxJqieuzCVoz3uk4dnlzHkRq-y_mfG0UX293-W5NnGqKkQa4-lamRbNSyABrx3NoH6yfY3AAD__zn5V0c
[33] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsyzuOwyAQgOHTQIfFY3gVFGlyjQiYcYxixwk46-uvstr2-_Vj0qGCdJyS8hBNdMYAX5Imst5DkIZCDUGhButBqVhNLRkdb8kFsLnYOaKJ8qbQKyeD8j5KqxQDORrSo73FlttKfQgXSo02BIxi6audp2_ga1qO4zWYuTB9Zfp6nuc050pl3x9T3Temr0cuK820bTSmSs-j0_tDhSrfCFsWnVbKg0TD9Ae3f2DmoqQC5XhPnTDXo-1PBvLVaQy6509daNr7nY-jE23f31IE1N6LXDMKCHUWAfUsZJFBSQCjo-Q_Sf8GAAD__-vdX70
[34] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsyz2O6yAUQOHVQIcFl8tfQZEm24gwXGIU85wHnvH2RxlN-x2dEsFnlJZTVA6DDlZr5FtcJWqfLVjw1dBqXDCUsnUKAaoBw1u0Hk1aTQ1FB_lQxSkrvXIuSKMUQzlboVf7L3pqO40prF9zMN6XILaxm7p8At_jdp7vyfSNwZ3B_bqupaZM63G8lnx0Bvcz99p5p9KSGLRTmiRaib_w-AOmb0oqVJaPOKikfLbjH0P5HjQnPdNX3mg5xpPPcxD1z28oYAHnRMqpCPS5Cl-gCrlKrySihiD5d4SfAAAA__84tVf6
[35] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszkvS2yAQBODTwG5UMAIBCxbe6BquEYwsEr0MUnz9lJN_-3V3VeeIPhk1SI7amdCHoe-NXCIaR4Zxdi7pwVD2E2tSaQ40WcXayhIHbyxNdg65D-qps9OD8tq5oKzWwqhWMv8ub9iorFwbDH5KwXqfAyx1tXP3DeQal-s6m-gfAkeB4-fz6VY6K7fGXSKBYy60Hq-bBY7HWfZy7E3giAotKAuI38oNJ5Ud-ILMDerRuMG53g3eN8Mv2qi07lxOuXEuBJVXpsZQcvwHzx8Q_UMrbfQga6ycKV3l2IVR_9-86E4Ld0d9yXZV5u27txxMRueAEmUwPs3gM86gJuW1MqbHoOSfiH8DAAD__2PZb90
[36] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsyz2vmzAUxvFPY29GfjkGn8FDpIouVdU7dUTGPlxMIRCbJMq3r9Le6ZF-j_7JaxdBtpy86gANtsYAn31HjuwUk0VIiGDBjBimkaLUE8YWePatAxtGO2EyKAeVOtVKp7oOpVWKgaw50Z98E1vIK5UqWjdGtM4lFHNZ7dS8D776-TyPysyF6Z7p_vl8Nq_9ft5HauK-Md0fa3ituZ7M9P_n268feBvK8rFcd_P4-fp96I9Qx8vyPTnKA27LwTdKOYhCK4VKIif_D4YvYOaipALV8uILpRDPvF8ZyKNQrfQZ7nGmZi-fvJ6FaHv3lhCS7joRYkgCXJyES3oScpROSQCjUfKH138DAAD__3_VaWY
[37] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsjc3O2yAURJ8Gdlj8w12wiBT5NaJruMQodp2C26hvXzn6dqMzczQl6Zit9JySChYMeGMsXxMuzmpf1YIZnM9knCek4LEihVKJt-Sjdbi4CsWAfKgSlJdRhQDSKcWsHK3Qq_0WO7aN-hA-LhlcjAXE2jdXp6vgW1rP8z2YuTE9Mz1_Pp-pYqblOF5TPnam551KQ6bnQee1Md9g7jgBQFBOGZDWGjBM-_Pfm5i5G_51RKeNcJBoJX3B4wcwc1NSWeV5T50K5rMdv5iV705j0BP_5JWmoz_5ODvRfvmOwBYdgsCMRdiYq4hFVyEXGdX1r0Hyv0n_DwAA__-U_mVl
[38] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsy01uwyAQQOHTwA6Lf4YFi0iVrxENMI5R7DgFp7l-larb7-nVpKFY6TklFWw00Rtj-ZrQOMjeRkQNuUBGG1wGJE1OgsuVt-TBOsxuidVEeVU1KC9BhRClU4pZOVqle_sWO7aN-hAecokOoEax9s0t0yfwLa3n-RzMXJiemZ7f7_e0YKF8HPepHDvT89frie1BZ6XRj0FDxeiYnvlOtaHotBEOEq2mP7j-AzMXJZVVnvfUqWI52_FgVj47jUE3fJWVpqPf-Dg70f75HUVbdQgCC1ZhoSwCql6EzBKUtNboKPlP0r8BAAD__7KkXuI
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[40] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsjc1uwyAQhJ8GbkTLn4EDh0iVb30Ga82uYxQnccFpX79y1eN8M6OPsonFwSA56-CSTYO1Tq45BotAc5x1MgXnBAb94kuKbINnp2XNQ3QeZ78ksgkmTUEPEHUICbzWwkGvxPf6pR5YN25dDXEuycdISa1t88vlLOSW1-PYu7BXYUZhxqVdfuq97kwVL692E2Y8szDjJ7ay8vTxnnasz4mPibhP7dW5y8c5V403xs6qUv4D0z8Q9qpBOz3IlhsTlqO-nsLB3rh3vuG7rHy6ZD8a8-P8e06OTAgKC5JysSwqklkUzBA1OGdNAvmdzW8AAAD__yyWY4Q
[41] https://us.cisionone.cision.com/c/eJx8zruOHCEQheGnoTNGQBUUFXSw0qhfY8Sl2Eaem6Fnn98a28kmG_86Ol9dXSxowiKrJWTgAIDLvrZCQAQozUu2jYkrmpiJiTI2l5a-hog-Zd-4ApuLrWSDiZaIjbdWoZm9yq_-W99Sv8qYOsRc2MdYWe_j6tvpHZbruh_Hcyr4UG5TbkvPfip99sf99LiLctuXVW67Se3pMuQqacpUbnvd5yvPMnoWBd_zpVcFZ2ss2qBckPeNgvOQmsrRH3eF5jlkTvlMr7LL6TE-lQt7mruCM4JkIUQSSrUFR4BkGFkgM-QapJRcGhmPIXgOyDFjE59iDi1415a_FP2fontdv9kUfPyDLWP9CbTMY4jc3nsvjNUR6VRS1RhL07G6pk020RpEcGyWr9X9CQAA__8dZ40c

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D’Haïfa à Tel-Aviv, reportage auprès de ces Israéliens qui veulent l’arrêt de la guerre à Gaza

Ces dernières semaines, les Israéliens ont défilé par milliers dans les rues du pays. Pas un jour ne passe sans manifestations contre la politique de Netanyahou, pour demander (…)

Ces dernières semaines, les Israéliens ont défilé par milliers dans les rues du pays. Pas un jour ne passe sans manifestations contre la politique de Netanyahou, pour demander le retour des otages, pour un arrêt de la guerre à Gaza et plus récemment pour s'indigner de la souffrance des Gazaouis.

Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/monde/guerre-israel-hamas/dhaifa-a-tel-aviv-reportage-aupres-de-ces-israeliens-qui-veulent-larret-de-la-guerre-a-gaza
Léonor Varda

On les a d'abord aperçus à l'université d'Haïfa, devant l'école des beaux-arts Bezalel de Jérusalem ou encore sur le campus Ben Gourion de Beer-Sheva, au sud d'Israël. Puis ces drapeaux noirs ont pris place, épars, parmi les symboles brandis par les manifestants, aux côtés du ruban jaune de la campagne pour les otages encore détenus à Gaza, intitulée « Ramenez-les à la maison », et de banderoles anti-Netanyahou.

Le mouvement du black flag (« drapeau noir » en anglais) est né il y a tout juste deux semaines àl'initiative de groupes d'universitaires de Tel-Avivdésireux de délivrer un message : la guerre à Gaza doit prendre fin, et avec elle la dévastation qui frappe les civils gazaouis et leurs enfants – dont 1 309 ont été tués par Israëlaprès sa rupture unilatérale du cessez-le-feu le 18 mars, selon l'Unicef.

« Nous pensons qu'un drapeau noir flotte aujourd'hui sur la conduite du gouvernement et que les soldats et les pilotes qui bombardent Gaza sont complices d'actes criminels », assène Dana Olmert, chercheuse en littérature à l'université de Tel-Aviv et membre du conseil d'administration de l'ONG israélienne anti-occupation Breaking the silence. L'enseignante, par ailleurs fille de l'ancien premier ministre Ehud Olmert issu de la droite et proche d'Ariel Sharon, est l'une des figures actuelles d'un monde universitaire de gauche refusant de rester muet plus longtemps face aux décisions de son gouvernement.

« L'Israélien moyen ne connaît pas les images de Gaza »

« Il existe en Israël une gauche radicale, petite mais engagée, qui résiste à l'occupation depuis des décennies, expose Dana Olmert. Ces derniers mois, de plus en plus de voix se sont jointes à cet appel, exigeant la fin de la guerre et des dommages causés aux civils innocents à Gaza. » L'apparition dans les cortèges de portraits de civils tués dans l'enclave palestinienne est cependant bien récente en Israël. Elle existe aujourd'hui grâce à une prise de conscience tardive par la société israélienne des crimes perpétrés par son armée à Gaza, estime Liran Razinsky, un autre professeur issu de l'université de Bar-Ilan, à Ramat-Gan, dans la banlieue est de Tel-Aviv.

Les médias israéliens sont majoritairement responsables, selon lui, de ce retard : « L'Israélien moyen ne connaît pas les images de Gaza, car les médias locaux, surtout la télévision, ne les ont pas diffusées. Je pense que beaucoup de citoyens ont eu très mal moralement en les découvrant, juge-t-il. Les politiciens savent, les internationaux savent, mais ici tout le monde ne lit pas Haaretz. » Il serait pourtant hypocrite de résumer le problème à un manque d'information, ces universitaires en conviennent.

Comme nombre de citoyens, Liran Razinsky a vu lasociété se fracturer sur la question israélo-palestinienne. Parfois jusqu'à la rupture. « Au lendemain du 7 octobre 2023, un ami que je fréquentais depuis plus de trente ans m'a dit : « Il faut faire une deuxième Nakba » (exode des Palestiniens avant et pendant la guerre israélo-arabe et la proclamation de l'État d'Israël en 1948 – NDLR) », se souvient-il. « J'ai répondu qu'il s'agissait d'un crime contre l'humanité, et il m'a accusé d'être du côté de Staline, de Pol Pot, parce que je ne condamnais pas assez le Hamas. Puis il a refusé tout contact avec moi. »

Le bloc uni des colons

Cette polarisation de la société israélienne s'exprime dans la rue, foulée ces dernières semaines par des manifestants aux aspirations adverses. Les altercations entre ces groupes ne sont pas rares, alors que l'extrême droite au pouvoir répète sur les plateaux télévisés et lors de marches nationalistes qu'« il n'y a pas de civils innocents à Gaza ».

Le 7 octobre aura eu pour conséquence l'élargissement du fossé entre deux blocs distincts, selon Dana Olmert : « D'un côté, une partie croissante de l'opinion publique recherche une solution politique globale avec les Palestiniens, soutient un cessez-le-feu immédiat, la fin de la famine à Gaza et le renversement du gouvernement actuel. Pour ce groupe, ramener les otages chez eux le plus rapidement possible est la priorité absolue. De l'autre côté, on trouve un public de plus en plus influencé par des idéologies racistes et juives suprémacistes, qui appelle à la vengeance et à l'expansion des colonies dans les territoires occupés. » Les figures de proue de ce combat messianique et anti-Arabes ne sont autres que les influents ministres d'extrême droite Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances), alliés de Benyamin Netanyahou depuis 2022 au sein de la coalition gouvernementale.

Ceux-là contribuent au défoulement d'un discours sioniste extrémiste : Bezalel Smotrich annonçait encore ce jeudi 29 mai la création de 22 nouvelles implantations juives enCisjordanie occupée, au mépris du droit international. De son côté, Itamar Ben Gvir s'affichait lundi dernier à Jérusalem aux côtés des colons les plus nationalistes et racistes du pays lors de la Marche des drapeaux, qui célèbre chaque année l'occupation et l'annexion par Israël de la partie orientale de la ville. Une preuve supplémentaire de la prise en otage du pouvoir par une frange nationaliste radicale, qui a poussé des dizaines de milliers d'Israéliens à manifester contre une dérive autocratique et pour le maintien d'un contre-pouvoir institutionnel en avril et mars.

Contestation bâillonnée

« Ce n'est pas que les gens n'ont pas envie de manifester, mais vous allez voir comment la police encadre les manifestations ces temps-ci… Des policiers par centaines, chaque mouvement est scruté et ils peuvent être agressifs. » Ce dimanche 1er juin, Nisreen Mourkus est stressée. Du coffre de sa voiture, elle sort pêle-mêle des affiches en hébreu et en arabe, des portraits d'enfants tués à Gaza et des autocollants et flyers portant le logo du Mouvement démocratique des femmes en Israël, un groupe de femmes juives et arabes créé en 1949 afin de militer pour la solution à deux États.

« D'habitude, je vais faire imprimer tout ça à Acre. Mais mon imprimeur refuse depuis quelque temps, il a peur que la police ne ferme son commerce… Donc j'ai dû en trouver un autre à Nazareth. Lui a accepté ! » raconte-t-elle, en route vers la manifestation prévue ce jour-là sur les hauteurs d'Haïfa, au nord d'Israël, pour l'arrêt des violences à Gaza. Cette Arabe d'Israël, Palestinienne dont la famille est restée sur place lors de la création d'Israël en 1948, ne touche pas terre ces derniers jours.

Elle se trouve prise entre l'organisation de marches contestataires dans le nord du pays, la rédaction de lettres à l'adresse de diplomates internationaux pour les inciterà faire pression sur Israël, et plusieurs visites dans les camps de réfugiés palestiniens de Cisjordanie, où l'armée entreprend des destructions massives depuis le mois de février. « Je milite avec plusieurs collectifs pour les droits humains, les droits des femmes et des enfants, les droits sociaux… Tout est connecté, en particulier en ces temps de guerre », souligne cette militante communiste, avant d'ajouter : « J'espère qu'un jour, les Israéliens comprendront qu'il n'est pas tenable de vivre ici en se préparant constamment à la prochaine guerre contre un de ses voisins. »

Ce jour-là, la manifestation est déplacée sur le mont Carmel. En contrebas, on aperçoit le port d'Haïfa. « Nous sommes bien moins visibles des habitants du centre-ville que lors des défilés précédents », souffle Nisreen Mourkus, ployant sous le poids de ses pancartes. Habituellement, les manifestants empruntent Allenby Street, l'artère fréquentée du centre. Sans cette concession sur le parcours, la manifestation aurait été interdite par le ministère de la Sécurité d'Itamar Ben Gvir, disent ses organisateurs.

C'est donc encadré par un imposant dispositif policier que le cortège s'élance à 17 heures. Des pancartes sur lesquelles on peut lire « Arrêtez la guerre », des slogans écrits en hébreu, en arabe et en anglais, sont brandies. Autour de la bannière de l'Action antifasciste flottent plusieurs drapeaux noirs.

Pour une information libre sur la Palestine

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Pitié pour le peuple de Gaza ! Une discussion de la stratégie du Hamas et des options auxquelles il est confronté

Ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours dans les négociations entre le Hamas et l'État sioniste sous patronage américain et arabe, à la suite du rejet par le mouvement (…)

Ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours dans les négociations entre le Hamas et l'État sioniste sous patronage américain et arabe, à la suite du rejet par le mouvement islamique de la trêve de soixante-dix jours, accompagnée de libérations mutuelles de prisonniers et de l'entrée de l'aide humanitaire, proposée par l'envoyé américain Steve Witkoff et acceptée par Benyamin Netanyahou, est en fait une répétition de ce à quoi nous assistons depuis le début de l'année dernière.

4 juin 2025

Gilbert Achcar
Professeur émérite, SOAS, Université de Londres
Tiré de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/gilbert-achcar/blog/040625/pitie-pour-le-peuple-de-gaza
Ce blog est personnel, la rédaction n'est pas à l'origine de ses contenus.

Photo Serge d'Ignazio

Après la propagation de la nouvelle d'un accord imminent, le Hamas a annoncé son rejet du plan parce qu'il ne stipule pas le retrait de l'armée israélienne de la bande de Gaza et la cessation permanente de la guerre. Ce sont les mêmes conditions que le Hamas a annoncé avoir obtenues au printemps de l'année dernière. Les habitants de Gaza avaient alors célébré la bonne nouvelle jusqu'à ce qu'il devienne clair qu'il s'agissait d'un fruit de l'imagination. J'ai commenté ce que le mouvement avait annoncé à l'époque, il y a plus d'un an, sous le titre « Poker menteur entre le Hamas et Netanyahou ».

Je dois m'excuser auprès des lecteurs et lectrices pour la longueur des deux extraits qui suivent, mais le but en est assez clair. Ils illustrent le fait que la situation est restée la même depuis le début de l'année dernière, avec cependant une différence importante : le nombre de victimes de l'assaut génocidaire contre le peuple de Gaza continue d'augmenter inexorablement, et la destruction sioniste de la bande de Gaza et son dépeuplement (« nettoyage ethnique ») se poursuivent à un rythme extrêmement dangereux, et ce dans le but de créer une situation irréversible. Le long extrait suivant de l'article mentionné ci-dessus se lit aujourd'hui comme s'il s'agissait d'un commentaire sur la situation actuelle, en remplaçant Joe Biden par Donald Trump et Anthony Blinken par Steve Witkoff :

« La déclaration de Khalil al-Hayya, le chef adjoint du Hamas à Gaza, expliquant ce que le mouvement avait accepté, n'a laissé aucune place à l'espoir qu'un accord serait trouvé, sauf en prenant ses désirs pour la réalité. Si l'État sioniste avait accepté l'interprétation officielle du mouvement, cela aurait simplement été un aveu de défaite écrasante. La proposition acceptée par le Hamas prévoyait trois étapes, qui, selon al-Hayya, comprenaient non seulement un cessez-le-feu temporaire et un échange de prisonniers entre les deux parties, mais aussi une cessation permanente des hostilités, un retrait complet de l'armée israélienne de la bande de Gaza, et même la fin du blocus imposé à l'enclave [...] Il est évident que l'État sioniste ne pourrait jamais accepter de telles conditions, et le Hamas n'est certainement pas naïf ou enclin à la pensée magique au point de croire que sa position déclarée conduirait à une trêve.

Cela suggère que l'annonce avait en fait deux objectifs : un objectif secondaire, qui était de soustraire le Hamas au reproche des habitants de Gaza, qui ont désespérément besoin d'une trêve accompagnée d'une accélération de l'entrée de l'aide afin qu'ils puissent reprendre leur souffle, se réunir, enterrer leurs morts et guérir leurs blessures. Ainsi, après une longue attente, le mouvement leur dit qu'il a accepté la trêve, mais que c'est Israël qui la rejette. L'autre objectif, principal, de l'annonce concerne le jeu de poker menteur en cours entre le Hamas et Benyamin Netanyahou.

On sait que ce dernier est pris entre deux feux dans la politique intérieure israélienne : ceux qui appellent à donner la priorité à la libération des Israéliens détenus à Gaza, les familles des détenus naturellement en premier lieu, et ceux qui rejettent toute trêve et insistent pour continuer la guerre sans interruption, menés par les ministres les plus extrémistes de l'extrême droite sioniste. Cependant, la plus grande pression sur Netanyahou vient de Washington, qui s'aligne sur les souhaits des familles des détenus israéliens dans sa poursuite d'une trêve “humanitaire” de quelques semaines, permettant à l'administration Biden de se dire avide de paix et préoccupée par le sort des civils, après avoir été et tout en restant un partenaire pleinement responsable de la guerre génocidaire d'Israël, une guerre qu'Israël n'aurait pas été en mesure de mener sans le soutien militaire des États-Unis.

Netanyahou a décidé d'échapper à l'embarras en acceptant tactiquement un cessez-le-feu de quelques semaines et les conditions d'un échange de prisonniers que Washington, selon les mots de son secrétaire d'État, a jugé “extrêmement généreuses”. C'était il y a quelques jours, et Antony Blinken a ajouté que la balle était maintenant dans le camp du Hamas et que celui-ci porterait seul la responsabilité de la poursuite de la guerre s'il rejetait la proposition. C'était embarrassant pour le mouvement islamique, à la fois aux yeux de la population de Gaza et aux yeux de l'opinion publique internationale, car il sait pertinemment que le gouvernement sioniste est déterminé à achever son occupation militaire de la bande de Gaza.

Ainsi, le Hamas a répondu à Netanyahou par une contre-manœuvre, annonçant en grande pompe médiatique son acceptation d'un cessez-le-feu basé sur une proposition très différente de celle que Netanyahou avait acceptée, renvoyant ainsi la balle dans son camp, sachant qu'il rejetterait sa proposition. Cependant, ce jeu est dangereux, car il n'a pas vraiment embarrassé Netanyahou, du fait que toutes les fractions de l'élite du pouvoir sioniste partagent son rejet d'une telle proposition. Au contraire, cela a renforcé le consensus sioniste pour achever l'occupation de Gaza... (Fin de la citation tirée de « Poker menteur entre le Hamas et Netanyahou », Al-Quds al-Arabi, 7 mai 2024 – en arabe.)

Mais la similitude entre la situation d'il y a un an et la situation actuelle ne cache pas le fait que les choses se sont sérieusement détériorées, ce que j'ai souligné il y a deux mois comme suit :

« La victoire de Donald Trump pour un second mandat présidentiel a permis à Netanyahou d'obtenir ce qu'il espérait, mais qu'il n'aurait pas pu faire sans le feu vert des États-Unis […] Avec le soutien de Trump, Netanyahou a maintenant changé la direction de la pression : au lieu que le Hamas utilise ses otages comme levier pour obtenir des concessions d'Israël en échange de leur libération graduelle, Netanyahou a réoccupé la bande de Gaza, prenant tous ses habitants en otages. Il menace maintenant le Hamas de continuer à tuer des milliers de Gazaouis et à déplacer la plupart d'entre eux si le mouvement ne se rend pas, ne libère pas tous ses captifs et ne quitte pas la bande de Gaza, de surcroît.

Le peuple de Gaza est maintenant confronté à deux possibilités, sans qu'une troisième ne se profile à l'horizon : soit le régime sioniste poursuit son projet d'achever la Nakba de 1948 en perpétrant un nouveau “nettoyage ethnique” accompagné de l'annexion de la bande de Gaza, comme le préconisent les alliés de Netanyahou à l'extrême droite sioniste ; ou l'accord négocié par les États arabes est conclu, qui stipule le départ des dirigeants et des combattants du Hamas et de leurs alliés de Gaza, à l'instar du départ des dirigeants et des combattants de l'OLP de Beyrouth en 1982, pour être remplacés par l'Autorité palestinienne de Ramallah, soutenue par des forces arabes. Le Hamas n'a pas son mot à dire dans le premier scénario, celui du nettoyage ethnique, bien entendu, mais il peut négocier le second et fixer ses propres conditions.

Au-delà de cela, quelle autre option le Hamas a-t-il à offrir ? La seule stratégie alternative que nous ayons entendue de la part du mouvement est celle articulée par l'un de ses porte-parole, Sami Abu Zouhri […] Il a appelé à faire face au projet de déplacement de la population de la manière suivante : “Face à ce plan diabolique qui combine massacres et famine, tous ceux qui peuvent porter des armes n'importe où dans le monde doivent agir. Faites usage de tout engin explosif, balle, couteau ou pierre. Que tout le monde brise son silence. Nous sommes tous des pécheurs si les intérêts de l'Amérique et de l'occupation sioniste restent en sécurité alors que Gaza est massacrée et affamée.” Cette vision de la bataille est une réitération de l'appel lancé par Mohammed Deif le matin de l'opération Déluge d'Al-Aqsa : “Aujourd'hui, aujourd'hui, tous ceux qui ont un fusil doivent le sortir, car c'est son heure. Et celui qui n'a pas de fusil doit sortir avec sa machette, sa hache ou son cocktail Molotov, avec son camion, son bulldozer ou sa voiture […] Voici venu le jour de la grande révolte qui mettra fin à la dernière occupation et au dernier système d'apartheid dans le monde.”

Il est rapidement devenu évident que parier sur un tel appel était un pur fantasme, car rien de notable ne s'est produit, même en Cisjordanie occupée, sans parler des territoires de 1948 et du monde arabe. Alors, quelles sont les chances de succès du même appel aujourd'hui, après tout le génocide et la dévastation que le peuple de Gaza a endurés ? Quant à ceux qui soutiennent cet appel depuis l'extérieur de la bande de Gaza et ne le mettent pas en œuvre avec tout « engin explosif, balle, couteau ou pierre » sur lesquels ils peuvent mettre la main, selon la recommandation d'Abou Zouhri, ils ne sont que des hypocrites qui incitent verbalement de loin à se battre jusqu'au dernier Gazaoui. La vérité est que le Hamas est aujourd'hui confronté à un choix entre renoncer à son contrôle de Gaza – dont il peut négocier les termes pour assurer la sécurité et la survie du peuple de la bande de Gaza – et poursuivre la stratégie de libération par les armes et les illusions. De ces dernières, c'est-à-dire des illusions, le mouvement islamique a certainement beaucoup plus que des premières. Il semble toutefois qu'un débat soit en cours parmi les dirigeants du mouvement quant à l'approche à suivre face au dilemme décrit ici. (Fin de la citation tirée de « Gaza et la sagesse de Salomon », Al-Quds al-Arabi, 1er avril 2025 – en arabe.)

Traduit de ma chronique hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 3 juin. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

PS1 : Abou Zouhri (basé au Qatar) s'est plus récemment illustré en suscitant une vaste réprobation – à Gaza en premier lieu – pour avoir déclaré lors d'un entretien télévisé à la mi-mai : « Aujourd'hui, nous sommes plus certains de la justesse de la bataille après que nous et notre peuple ayons réussi à tenir pendant quinze mois », en expliquant que « les maisons qui ont été détruites seront reconstruites et les ventres de nos femmes donneront naissance à beaucoup plus d'enfants que ceux qui sont morts en martyrs ».

PS2 : Pour une discussion approfondie du génocide en cours et de la stratégie du Hamas, voir mon tout dernier ouvrage : Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l'histoire mondiale.

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Lancement - discussion : Extrême-droitisation du monde des médias et de l’édition

10 juin, par Editions de la rue Dorion, Les Éditions Écosociété, M Éditeur — , ,
Joignez-vous à nous mercredi prochain pour le lancement de l'ouvrage Déborder Bolloré, une collaboration exceptionnelle entre trois éditeurs québécois et 125 éditeurs français (…)

Joignez-vous à nous mercredi prochain pour le lancement de l'ouvrage Déborder Bolloré, une collaboration exceptionnelle entre trois éditeurs québécois et 125 éditeurs français pour contrer les empires médiatiques et les idées d'extrême-droite qu'ils propagent.

La discussion portera sur la concentration et l'extrême-droitisation des médias et du monde de l'édition. Elle réunira l'essayiste Philippe de Grosbois, la rédactrice en chef (Pivot) Claire Ross, la journaliste Gabrielle Brassard-Lecours, ainsi que l'éditeur Claude Rioux.

À propos

L'empire du milliardaire Vincent Bolloré est devenu en quelques années un levier majeur de la conquête du pouvoir par l'extrême-droite en France. Au-delà du déluge xénophobe, la « bollosphère » fait chaque jour la promotion de discours sexistes et homophobes légitimant les violences contre les femmes et les personnes LGBTQIA2S+, en plus de promouvoir l'avènement d'une société inégalitaire.

Au Québec, l'empire de Pierre-Karl Péladeau peut faire penser à celui de Bolloré. Entretenant une panoplie de chroniqueurs aussi xénophobes que transphobes – dont un faisant la navette entre ses plateformes et celles de Bolloré (CNews) –, PKP possède les chaînes LCN et TVA et, via Québecor, des journaux, magazines et hebdomadaires parmi les plus lus de la province, en plus du « premier groupe d'édition, de diffusion et de distribution de langue française au Québec et au Canada », le Groupe Livres Québecor Média inc.

Ce recueil, édité collectivement par des éditeurices indépendant·es, alimente la réflexion générale sur la nécessité de s'opposer à l'empire Bolloré et par extension aux empires médiatiques. Chercheureuses, imprimeureuses, éditeurices et libraires y analysent ainsi les dynamiques de concentration et d'extrême-droitisation du marché. Chacun·e tente de formuler, depuis sa position respective, des réponses à cette question urgente : comment faire face au libéralisme autoritaire dans le monde du livre ?

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Gaza. Influenceurs par temps de génocide

La guerre contre Gaza est le premier génocide retransmis en direct sur les petits écrans de nos téléphones. Malgré l'absence d'électricité, l'accès difficile à Internet et la (…)

La guerre contre Gaza est le premier génocide retransmis en direct sur les petits écrans de nos téléphones. Malgré l'absence d'électricité, l'accès difficile à Internet et la famine, les Palestiniens de Gaza continuent à documenter sans relâche leur calvaire. Certains sont devenus des icônes suivies en ligne par des millions de personnes. Une présence en ligne, notamment en anglais, qui s'est construite depuis les mobilisations sur tout le territoire de la Palestine historique en 2021.

Tiré d'Orient XXI.

Il faut commencer par dire que la présence en ligne palestinienne s'était déjà construite bien avant 2023. Depuis quelques années déjà, on a pu remarquer une évolution notable du paysage des réseaux sociaux palestiniens. Ces derniers ont commencé à acquérir une plus grande visibilité au niveau mondial et une force de frappe digitale, avec les comptes de jeunes Palestiniens à l'anglais parfait et qui sont capables de mener des campagnes aux hashtags viraux.

C'est le cas de #SaveSheikhJarrah en 2021 sous l'impulsion notamment des jumeaux El Kurd (Muna @muna.elkurd15 et Mohammed @mohammedelkurd, respectivement 1,5 million et un million d'abonnés). Ce hashtag a été créé en référence au quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupé sous la menace d'expulsions massives d'habitants au profit de colons juifs. À ce jour, ce hashtag a été utilisé plus d'un million de fois en anglais sur Instagram sous ses différentes formes et plus de 970 000 fois en arabe.

De la même façon, le soulèvement palestinien de grande ampleur qui a éclaté en mai 2021 a été largement relayé sur les réseaux sociaux et sur les groupes WhatsApp et Telegram, par exemple lors de l'appel à la grève générale du 18 mai pendant les bombardements israéliens sur Gaza, sous des hashtags comme #GazaUnderAttack (#GazaSousAttaque) ou #the_strike_of_dignity (la_grève_de_la_dignité). Cela a contribué à connecter les Palestiniens entre eux (éclatés dans différents espaces géographiques, coupés par des checkpoints, le mur de séparation et le blocus de Gaza), et de rallier les Palestiniens d'Israël (qui se sont joints à un soulèvement de ce type pour la première fois depuis 1948) et, au-delà, de toucher une audience étrangère qui s'est sensibilisée à la cause palestinienne.

Une maîtrise des codes et de l'anglais

Cette visibilité en ligne a sans aucun doute aidé à amorcer un changement de perception de la part de l'opinion mondiale vis-à-vis des Palestiniens. Ceux-ci ne sont en effet plus seulement perçus à travers les images lointaines des médias traditionnels. Ils peuvent à présent être vus comme de jeunes influenceurs capables de prendre la parole, de s'adresser à un public international, de construire une audience, de peser dans le « game » des réseaux sociaux et d'en jouer le jeu, et à qui surtout on peut s'identifier. Cela a pu jouer un rôle dans l'infléchissement de l'opinion internationale en faveur de la cause palestinienne, en particulier auprès d'une jeunesse dite woke aux États-Unis et ailleurs, et en général sur les campus occidentaux.

Les influenceurs de Gaza sont encore plus impressionnants dans leur maîtrise des codes et de la langue dominante des réseaux sociaux. Pour la plupart ils n'ont jamais voyagé ni étudié à l'étranger en raison du blocus imposé sur l'enclave depuis 2007 (contrairement à un influenceur de Jérusalem comme Mohammed El Kurd qui a étudié aux États-Unis). De très jeunes journalistes se sont fait remarquer et sont devenus des figures publiques et populaires grâce à leurs comptes sur les réseaux sociaux, comme Motaz Azaïza (@motaz_azaiza, 16,9 millions d'abonnés), Bisan Owda (@wizard_bisan1, 4,8 millions d'abonnés), Plestia AlAqad (@plestia.alaqad, 4,2 millions d'abonnés), et bien d'autres.

Motaz Azaïza n'a que 26 ans, mais déjà quelques cheveux blancs et la maturité d'un trentenaire. Passionné de photographie, il avait acquis une petite popularité sur Instagram avant la guerre en cours en postant des portraits, des couchers de soleil et des scènes de plage à Gaza. Il rêvait de voyager et surtout de visiter le reste de la Palestine, mais, comme il le dit, ses photos voyageaient plus que lui. Il est devenu photojournaliste dès mai 2021 quand Israël a bombardé Gaza pendant 11 jours. Mais c'est après le 7 octobre 2023 que son compte a bondi de 25 000 abonnés à un million en, seulement, une dizaine de jours, et à 9 millions dès la fin du mois d'octobre 2023. Il a atteint ensuite un pic à 17,4 millions (avant de retomber à 16,9), ce qui fait de lui l'un des journalistes les plus suivis sur les réseaux sociaux au niveau mondial.

Il a su créer un lien direct et personnel avec le public via son compte Instagram en leur parlant directement en anglais et en arabe. Il a exposé non seulement son travail de journaliste, mais aussi l'humain derrière la caméra qui est pris dans la fureur des bombardements, ses états d'âme sans filtre, les amis qu'il a perdus, quelques rares moments de joie aussi, jusqu'à son départ de Gaza début 2024. Son compte a couvert la guerre de façon incarnée et c'est cela qui fonctionne sur les réseaux sociaux, même si son physique de gendre idéal a aussi possiblement joué un rôle. L'une de ses photos a été classée par Time Magazine dans le Top 10 des photos de l'année 2023 et vu sa notoriété en ligne, ce même magazine l'a sélectionné en 2024 parmi les 100 personnalités les plus influentes dans le monde.

  1. « Hi everyone, it's Bisan from Gaza and I'm still alive »

Sa consœur Bisan Owda, 27 ans, a, elle, été classée parmi les 25 femmes les plus influentes de 2024 par le Financial Times (aux côtés de Taylor Swift ou de Kamala Harris). Elle a reçu un certain nombre de prix de journalisme et de droits humains, dont un Emmy Award pour sa série documentaire AJ+ « It's Bisan from Gaza and I'm Still Alive » diffusée par la chaîne Al Jazeera, malgré des campagnes de lobbying pour contester sa nomination. Ses 4,8 millions d'abonnés sur Instagram connaissent bien son gimmick de début de vidéos « Hi everyone, it's Bisan from Gaza and I'm still alive » (« Bonjour tout le monde, c'est Bisan de Gaza et je suis toujours en vie. »). Une façon de souligner que non, ce n'est pas une évidence d'être toujours en vie quand on est dans la bande de Gaza sous les bombes et encore moins quand on est journaliste. Et en effet, on attend ses vidéos pour s'assurer qu'elle vit toujours, ce qui n'est plus le cas de tous les Instagrammeurs cités ici.

Bisan garde une approche journalistique, relayant les informations qu'elle peut collecter sur la situation en différents endroits de l'enclave et en documentant ce qui se passe dans les lieux de refuge où elle a pu se trouver, comme à l'hôpital Al-Shifa au début de la guerre, à Rafah, ou dans la zone d'Al-Mawasi. Mais elle n'hésite pas à partager aussi ses moments de désespoir, ses déplacements d'un refuge à l'autre, ses maladies de peau liées au manque d'hygiène, ses rencontres avec des enfants, sa joie de pouvoir croquer dans une carotte après en avoir été privé pendant des mois à Gaza…

C'est qu'elle reste une « conteuse », du nom du programme de vidéos Hakawatiya (Raconteur d'histoires) qu'elle produisait avant la guerre avec la chaîne de télévision Roya Palestine. Et de fait, à chaque publication, on écoute ce que Bisan a à nous dire. La plupart de ses posts sont des vidéos brutes face caméra, mais adressées directement au monde extérieur. Son visage, ses traits plus ou moins tirés et les mots qu'elle ne mâche pas, sont une source d'informations précieuse pour qui veut suivre ce que subissent les Gazaouis, et témoigner de leurs conditions de vie, leur santé mentale, leur survie.

Ce que l'on n'a pas pu montrer ni à Grozny ni dans le ghetto de Varsovie

Outre les journalistes, il y a toute une gamme de créateurs de contenus qui n'appartiennent pas à l'univers des médias, mais qui ont repris les codes des influenceurs du monde entier. À la différence que, dans leurs cas, le contexte est celui d'une guerre. Ils montrent la vie dans Gaza entièrement dévastée et la réalité de la guerre d'une façon jamais vue auparavant. C'est comme s'il y avait eu des Instagrammeurs dans le ghetto de Varsovie ou dans Grozny en train d'être rasée, montrant en direct tous les aspects de la survie.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a actuellement à Gaza des « influenceurs » cuisine, fitness, jardinage, lifestyle, etc. Bien sûr, ils ne peuvent pas bloguer comme partout ailleurs dans le monde, mais chacun apporte un angle de vue direct et précieux sur ce qui se passe à Gaza, avec toutes les difficultés quotidiennes, la dévastation, les aspects insoutenables, mais aussi des petits moments de bonheur et des touches d'humour. Bien souvent, le bourdonnement incessant des drones de surveillance israéliens accompagne leurs courtes vidéos. Une réalité inévitable de la bande de Gaza, avant même le 7 octobre 2023. Ils utilisent aussi toutes les astuces des réseaux, notamment les multi-publications d'un même contenu sur plusieurs comptes afin d'accroître leur portée et leur visibilité.

Ainsi Hamada Shaqoura (@hamadashoo, 582k abonnés), blogueur culinaire avant la guerre et qui est maintenant derrière les fourneaux d'une sorte de soupe populaire appelée Watermelon Relief (Secours Pastèque (1)), qui distribue de la nourriture aux enfants. Il nous montre en détail comment, sous un hangar en tôles et dans d'énormes marmites, il prépare de grandes quantités de riz au lait, de hamburgers ou d'autres délices prisés par les enfants.

Et pendant toute la durée de sa recette, au lieu de regarder ce qu'il fait quand il verse un ingrédient ou remue sa mixture, il fixe l'objectif avec un regard perçant. Il nous scrute, nous les spectateurs, au fond des yeux. C'est un style chez certains créateurs de contenus qui cultivent un degré de provocation et de détachement. Mais dans son cas, il semble plutôt nous mettre devant nos responsabilités chaque seconde de sa vidéo : « Voilà ce que je suis obligé de faire et dans quelles conditions ».

Et dans les faits, on ne peut pas détourner les yeux, car il est fascinant de voir comment il réalise des petits miracles, des plats et des friandises que les enfants adorent et qui ont l'air réellement appétissants. Et tout cela non pas avec des ingrédients raffinés, mais avec des produits de qualité aléatoire comme d'énormes boîtes de conserve bon marché issus de l'aide alimentaire. Le meilleur moment : la distribution à la fin aux enfants qui se bousculent, se délectent avec gourmandise et ne se font pas prier pour dire que c'est délicieux devant la caméra. On est là pour ces quelques sourires au milieu du désastre.

Des recettes pour se régaler, pour survivre

L'adorable petite Renad (@renadfromgaza), elle, cuisine devant un petit réchaud derrière la tente familiale. C'est son jeu préféré, une dînette « pour de vrai » et son moyen d'évasion d'un quotidien bouleversé. Elle a 11 ans et 1,2 million d'abonnés, et a posté depuis un an une soixantaine de recettes variées, toujours « à la façon gazaouie ». Les vidéos sont filmées et sous-titrées en anglais avec l'aide de sa grande sœur (@dr.nourhanattallah) qui est consciente de préserver ainsi la santé mentale de sa cadette.

  1. Renad, comme les pros des réseaux, ponctue toutes ses vidéos avec certains gimmicks qui sont devenus sa patte : « Yallah nbalesh » (« allez on commence ») et à la fin « wallah tejaaaanen » (« je vous jure ça déchiiire »).

Le plus réussi, c'est qu'elle arrive vraiment à nous intéresser à des recettes typiques de Gaza (avec l'indispensable piment qui les accompagne) qu'on peut reproduire chez soi. Mais l'on est surtout fasciné par la façon avec laquelle les Gazaouis parviennent à les préparer et à entretenir et sauvegarder leur patrimoine culinaire en utilisant des produits très limités en raison de l'entrée restreinte des denrées alimentaires et de la pénurie de produits frais, et tout cela cuisiné de façon rudimentaire derrière une tente…

Renad, comme les pros des réseaux, ponctue toutes ses vidéos avec certains gimmicks qui sont devenus sa patte : « Yallah nbalesh » (« allez on commence ») et à la fin « wallah tejaaaanen » (« je vous jure ça déchiiire »). Et l'on s'en régale à l'avance parce que finalement, au-delà de la recette, nous partageons l'enthousiasme brut et joyeux d'une enfant qui joue à l'influenceuse « cuisine » et a réussi à se créer sa propre échappatoire.

Dans un autre style, Basma Abu Shahla (@basma_shahla, 635k abonnés), créatrice d'une marque de vêtements à Gaza avant la guerre, est retournée vivre dans son logement partiellement détruit en avril 2024. Elle a alors commencé à poster des vidéos très lifestyle et cocooning (2), dans l'esprit d'une tendance actuelle des réseaux présentant de belles images de pâtisseries faites maison et de goûters réconfortants. Mais dans son cas, ce n'est pas un jardin riant ni une décoration cosy dans l'air du temps en arrière-plan, mais un champ de ruines.

Le côté soigné, doux et esthétisant de ses petites mises en scène tranche avec le décor alentour, créant alors une esthétique à part entière, incongrue, mais extrêmement puissante. Le 17 octobre 2024, elle a posté une vidéo déchirante, dans son style habituel de préparation, mais dans lequel toutes les casseroles étaient vides puisque l'aide humanitaire n'était pas rentrée depuis plusieurs semaines et que le nord de Gaza était soumis à une famine aiguë. Comme ces dernières semaines.

Bricolage et jardinage, envers et contre tout

Au rayon influenceurs « DIY et bricolage », on trouve Ibrahim Abu Karsh (@ibrahimkarsh), qui a « seulement » 40,2k abonnés, mais qui montre des astuces incroyables qu'il appelle camping tricks. On a vu depuis le début de la guerre les Gazaouis construire des fours à bois à base de terre séchée ou des réchauds improvisés dans des boîtes de conserve en l'absence d'électricité et de gaz, mais Ibrahim élève l'art de la récupération à un niveau de débrouillardise supérieur. Le voir prélever de la boue du sol et en extraire une eau presque pure à l'aide de filtres rudimentaires est bluffant. Il utilise du coton et de la gaze absorbante, qui retiennent l'eau avant de la faire passer goutte à goutte, un peu plus propre, d'un bocal à l'autre. Dans d'autres vidéos, il construit un petit chauffage d'appoint avec des boîtes de conserve vides, récupère le sel de l'eau de mer ou encore fabrique une bougie anti-moustiques. Ses vidéos sont sans paroles, mais il n'y en a pas besoin, ses DIY (Do it yourself, bricolage ou travail manuel amateur) sont simples et efficaces.

Aussi remarquable que les influenceurs « cuisine », l'influenceur fitness existe à Gaza. Un Tibo InShape (3) local est Mohamed Hatem du compte @gym_rat_in_gaza (221k abonnés). Il peut vous apprendre à faire de la musculation dans n'importe quel contexte, en utilisant un encadrement de porte, un bidon d'eau ou une bouteille de gaz. Sa motivation sans faille, sa routine parfaite et son humeur inaltérable en toute occasion sont le meilleur moyen de vous culpabiliser de ne pas être davantage en forme dans votre environnement privilégié et de ne pas faire plus d'exercice.

Élément perturbant, dans une pièce de sa maison à moitié détruite dans laquelle il présente des exercices entre deux fauteuils, une étoile de David et des inscriptions ont été taguées, dont le mot « revanche » en hébreu, et un « Allez l'OM » en français dans le texte. Des membres de l'armée israélienne ont en effet occupé sa maison quelque temps avant de se retirer en début d'année 2025.

Au rayon jardinage, un autre enfant des réseaux sociaux très à l'aise devant les caméras, Ahmed, 8 ans, a commencé à apparaître sur le compte Instagram de son père Aaed Abusweilem (@tasnemaaed, 1 million d'abonnés) et à planter un petit jardin en avril 2024. Du maïs et des oignons à côté de sa tente à Rafah. Il n'a pas manqué de transporter ses plants au cours des déplacements forcés de la famille. Il fait un tas d'autres choses sur son compte : principalement demander des dons via Paypal ou Gofundme, comme beaucoup d'autres Gazaouis en ligne, exposer sa vie quotidienne, ses joies, et aussi les moments sombres comme quand sa mère et ses sœurs ont été blessées par des éclats d'obus lors d'un bombardement près de leur tente en décembre 2024.

Mais ce sont ses vidéos de jardinage qui ont fait sa popularité, dont AJ+ a d'ailleurs fait un sujet. Sur ses vidéos il porte très souvent un chat dans ses bras, un capital sympathie assuré tant les félins sont populaires sur les réseaux sociaux. Son premier chaton, Suzy, est mort d'une hépatite, ce qui l'a beaucoup affecté. À présent, il est toujours avec celui qui ne le quitte plus, un beau matou noir du nom de Simba que son frère avait retrouvé tout petit sous les décombres. Le père d'Ahmed leur a récemment créé un compte dédié à leurs noms : @ahmed_and_simba.

  1. Il n'a pas pu aller au bout de son défi et sa « petite ferme », comme il l'appelait, est restée orpheline depuis qu'il a été tué le 26 août 2024 à l'âge de 19 ans

Un autre jardinier amateur des réseaux sociaux était Medo (@medo_halimy, 118k abonnés), un jeune homme attachant qui aimait se baigner et admirer le coucher du soleil pour oublier son quotidien. Il s'ennuyait dans cette vie de réfugié sous une tente et a eu l'idée de planter tous les jours jusqu'à la fin de la guerre. Ce jardinier amateur n'y connaissait absolument rien en jardinage. Il a appris les bases au fur et à mesure des conseils et commentaires des internautes. Il partageait en même temps au quotidien sa vie sous la tente, répondant régulièrement aux questions des abonnés sur la survie à Gaza : comment s'approvisionne-t-on en eau ou encore comment parvient-on à avoir du réseau internet. Il n'a pas pu aller au bout de son défi et sa « petite ferme », comme il l'appelait, est restée orpheline depuis qu'il a été tué le 26 août 2024 à l'âge de 19 ans par des éclats d'obus d'une frappe israélienne visant Khan Younès.

Un univers de débrouille

Medo était proche du duo Omar et Mohammed du compte @omarherzshow qui totalise 1,5 million d'abonnés. Il s'agit de deux amis qui avaient à peine commencé l'université à la rentrée 2023 quand leurs études ont été brutalement interrompues une semaine après, le 7 octobre. Dans le nom de leur compte Instagram il y a le mot « show » et c'est en effet un « show » fascinant : des vidéos rythmées, amusantes, avec les musiques et montages dans les tendances du moment. Ce sont deux jeunes amis qui mettent en scène leur vie sur les réseaux, font des vlogs comme il y en a plein en ligne, s'exprimant dans un anglais américanisé et reprenant les codes des influenceurs business et lifestyle. Sauf que leur vie n'a absolument rien de normal.

Ils ont commencé en créant un petit business : ils vendaient pour quelques dizaines de shekels des copies numériques d'applications, de jeux vidéo, de dessins animés ou de séries télé, qu'ils stockaient sur leurs disques durs, aux clients de passage dans un café. Un business de débrouille dans un univers où l'électricité, internet et les distractions sont devenus des denrées rares. Le fait qu'ils veuillent trouver de la joie dans la pire des situations et qu'ils documentent leur routine quotidienne de façon enjouée, sans toujours faire référence aux horreurs de la guerre, leur garantit d'être particulièrement visés par des commentaires pro-israéliens.

Mais c'est souvent leur communauté d'abonnés qui se charge de répondre de manière systématique, argumentée ou sarcastique. Par exemple, la vidéo du jour 52, où ils ont l'idée de se faire un chocolat chaud sur la plage, a déclenché des commentaires (en majorité effacés depuis) niant l'existence d'une famine à Gaza puisque le marché où ils se rendent est achalandé et qu'ils ont le « luxe » d'avoir du chocolat… Leurs abonnés ont répondu abondamment en rappelant les chiffres du génocide en cours et en arguant que le fait de se partager un petit sachet de chocolat en poudre et de chauffer son lait en brûlant du bois dans une vieille boîte de conserve n'avait précisément rien d'un luxe. Cela les blesse sans aucun doute, car plusieurs de leurs vidéos ont voulu se justifier de ce qui n'était pas montré directement dans leurs routines quotidiennes : les morts, les destructions et les difficultés pour trouver un logement temporaire ou simplement aller chercher de l'eau.

Et puis ils ne font pas toujours des vidéos. Ils disparaissent pendant plusieurs mois, ce qui en général sous-entend qu'ils n'ont alors pas la capacité de vloguer ; comme lors de déplacements forcés d'une « zone d'abri » à une autre ou encore à la mort de Medo. C'est de nouveau le cas depuis février 2025 et nous, derrière nos petits écrans, ne pouvons rien faire d'autre qu'espérer qu'ils sont sains et saufs.

Autres comptes à suivre

Journalistes

@plestia.alaqad (4,2 millions d'abonnés)

@hindkhoudary (1,1 million d'abonnés), journaliste d'Al Jazeera

@bayanpalestine (245k abonnés)

@nooh.xp (427k abonnés), photographe et secouriste

@aboodgaza (68,7k abonnés), photographe

Créateurs de contenus

@m7md_vo (2,4 millions d'abonnés) : Mohamed Al Khalidi souvent accompagné de son petit frère trisomique Kenan.

@ashraf_almajaida (1,1 million d'abonnés) : Ashraf et son petit frère Aboud

Les frères @reachabed (329k abonnés) et @reachyusuf (470k abonnés)

@ahmedmateer (35,1k abonnés) DIY, bricolage

@dr.mo5tar (68,5k abonnés), chef dans les camps de réfugiés

@mahashome (396k abonnés), cuisine, lifestyle

@nouur97 (342k abonnés), mode, lifestyle

@shamsabdn (146k abonnés), lifestyle, coaching, photographie

@aborjelaa (487k abonnés) de l'initiative de soutien humanitaire @shababgaza

@shorouqalazbaki (89,2k abonnés), lifestyle, promotion d'initiatives caritatives comme « 4 sisters »,

@shababgaza

Notes

1- NDLR. Les couleurs de la pastèque (rouge, vert, blanc, noir) rappellent celles du drapeau palestinien. Avec l'interdiction de brandir leur drapeau, les Palestiniens ont alors utilisé la pastèque comme un moyen détourné d'exprimer leur identité nationale et leur résistance. La pastèque est utilisée comme symbole de solidarité avec la Palestine à travers le monde.

2- NDLR. Le cocooning désigne le fait de rester chez soi dans un environnement chaleureux et protecteur, pour se détendre ou fuir le stress extérieur.

3- Influenceur fitness français, youtubeur francophone le plus suivi avec plus de 26 millions d'abonnés.

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Le trumpisme, stade suprême de l’anti-intellectualisme

10 juin, par Eric Fassin — , ,
« Misère de l'anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l'antisémitisme » est sorti le 2 octobre 2024. On était un an après le 7 octobre. Or en France il n'y a (…)

« Misère de l'anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l'antisémitisme » est sorti le 2 octobre 2024. On était un an après le 7 octobre. Or en France il n'y a eu aucune recension. Reste que l'élection de Donald Trump en a confirmé l'actualité. Après six mois, il était épuisé. L'avant-propos de la réédition, aujourd'hui en librairie, revient sur le paradoxe de cette (non-)réception.

5 juin 2025 | tiré du blog d'Éric Fassin sur mediapart.fr
https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/blog/050625/le-trumpisme-stade-supreme-de-l-anti-intellectualisme

La première édition de cet ouvrage est arrivée en librairie le 2 octobre 2024. Il était parti à l'imprimerie le 19 août, jour où s'ouvrait aux États-Unis la convention démocrate : Kamala Harris pouvait encore espérer la victoire. Du côté français, on savait seulement qu'Emmanuel Macron, au mépris des résultats d'élections législatives qu'il avait pourtant convoquées, refusait de choisir un Premier ministre dans les rangs de la gauche. Mon introduction annonçait un programme : « penser l'actualité ». Il ne s'agissait pas seulement de récapituler des développements récents, des deux côtés de l'Atlantique. Cet essai sociologique avait l'ambition de donner des clés pour comprendre ce qui prenait forme sous nos yeux. Pendant la fin de campagne, le candidat républicain accusait les migrants, dans l'Ohio, de manger chiens et chats. Contre ces alternative facts, que valait alors le fact checking ? C'était l'apothéose du bullshit politique – le grand n'importe quoi.

Or, cinq semaines après la parution du livre, Donald Trump remportait l'élection aux États-Unis. Force est de le constater : mon titre, Misère de l'anti-intellectualisme, a bien été validé par les cent premiers jours de ce second mandat. Dès son investiture, le 20 janvier, le président prenait un décret pour « défendre les femmes contre l'extrémisme de l'idéologie du genre et restaurer la vérité biologique dans l'État fédéral », et un autre pour « mettre fin au gâchis et à la radicalité de programmes de diversité et de politiques préférentielles dans l'administration fédérale ». L'anti-intellectualisme s'attaque en premier lieu aux politiques minoritaires, taxées de wokisme. Comme lors des attaques républicaines contre les présidentes d'universités auditionnées à la Chambre des Représentants depuis décembre 2023, il se drape dans la lutte contre l'antisémitisme. Les manifestations pro-palestiniennes servent de prétexte pour expulser des étudiants étrangers, écarter des professeurs, et sous la pression d'enquêtes annuler des financements fédéraux pour obtenir la capitulation d'universités d'Ivy League placées sous le contrôle du régime. Le nouveau vice-président, J.D. Vance, l'avait déclaré sans ambages en 2021 : « Les universités, voilà l'ennemi. »

En France, Patrick Hetzel, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche nommé en septembre 2024 par Michel Barnier, avait demandé quelques mois plus tôt à l'Assemblée nationale la création d'une commission d'enquête sur les « dérives islamo-gauchistes » dans l'enseignement supérieur. C'était reprendre le projet auquel l'ancienne ministre Frédérique Vidal avait dû renoncer. Quelques jours avant la date anniversaire du 7 octobre 2023, Patrick Hetzel inaugurait sa fonction nouvelle en condamnant « des manifestations et prises de position de nature politique, en lien avec le conflit au Proche-Orient », qui iraient, à l'en croire, « à l'encontre des principes de neutralité et de laïcité du service public de l'enseignement supérieur. » Les mobilisations ne parlent pourtant ni d'islam ni de judaïsme ; l'alibi républicain sert juste à neutraliser (au sens policier) le monde universitaire. C'est qu'à la différence des États-Unis, l'anti-intellectualisme avance souvent masqué. D'ailleurs, les mesures contre les universités s'y autorisent volontiers, non d'une idéologie, mais d'une rationalisation néolibérale : ce peut être au nom de l'évaluation des politiques publiques et de la rigueur budgétaire que sont visés, sans qu'il soit besoin de les nommer, les savoirs critiques.

Ainsi, début 2025, le Haut Conseil de l'Évaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur (HCERES) a rendu des avis défavorables sur de multiples licences et masters, surtout en philosophie et sciences sociales (y compris dans ma propre université). Or on apprenait bientôt que beaucoup de ces avis, susceptibles d'entraîner la fermeture de diplômes, contredisaient ceux des évaluateurs sollicités par cette instance. Démentant son indépendance supposée, le HCERES s'était ainsi permis, à l'insu de tous, de rayer d'un trait de plume, avec leurs conclusions, le principe même du jugement des pairs qui est un des piliers des libertés académiques. La révélation de ce contrôle politique entraînait un vote de l'Assemblée nationale, le 10 avril, pour la suppression de cette instance. Pourtant, le nouveau ministre, Philippe Baptiste, n'hésitait pas à protester… au nom de « l'autonomie » et de la « liberté académique ». Ce n'est sans doute pas un hasard si des soutiens intellectuels de l'offensive anti-intellectuelle contre un prétendu islamogauchisme, dès l'annonce en 2021 par Frédérique Vidal d'une enquête, avaient justement proposé de confier celle-ci au HCERES, « institution indépendante du ministère », pour lutter « contre la contamination du savoir par le militantisme ». On retrouve la convergence des logiques néolibérales et néofascistes : pour les premières, les savoirs critiques sont inutiles ; pour les secondes, ils sont dangereux.

Toutefois, la France apparaît quelque peu en décalage, voire en retrait par comparaison avec la radicalisation trumpiste. Dans les recherches bénéficiant d'un financement fédéral, le président des États-Unis a établi une liste de centaines de mots suspects ; y figurent non seulement « diversité » ou « intersectionnalité », ou encore « antiracisme », « race et ethnicité », qui organisent pourtant le recensement, et certaines de ses catégories, comme « noir » ou « Native American » (mais pas « blanc ») ; non seulement « LGBT » ou « trans », et bien sûr « genre », ou encore « féminisme », et même « femmes » (mais pas « hommes »). La purge ne s'arrête plus au « wokisme ». Le soupçon pèse aussi sur « discrimination » et « privilège », « inégalité » et « injustice », ou encore « inclusion » et « exclusion », et même « handicap » ou « santé mentale ». Outre « Golfe du Mexique », c'est la « science du climat » qui passe à la trappe, sans oublier « biais » ou « à risque ». Bref, la cible est la vérité scientifique en tant que telle.

Quant à la justification de la répression anti-universitaire par la lutte contre l'antisémitisme, sa crédibilité est quelque peu entamée par le salut, pudiquement qualifié de « romain », affiché le jour de l'investiture du président par son favori, Elon Musk. Que Steve Bannon, son rival dans le camp trumpiste, l'imite un mois plus tard n'a fait qu'en confirmer la signification. L'hebdomadaire allemand Die Zeit a d'ailleurs tranché (en pastichant Gertrude Stein) : « un salut hitlérien est un salut hitlérien est un salut hitlérien ». Pourtant, le président de l'Anti-Defamation League, Jonathan Greenblatt, censé lutter contre l'antisémitisme, n'a voulu y voir qu'« un geste maladroit, dans un moment d'enthousiasme, pas un salut nazi. » Pourquoi s'en étonner ? Ce livre apporte un éclairage. D'un côté, Elon Musk a favorisé l'expression suprémaciste sur X, allant jusqu'à reprendre à son compte la version antisémite de la « théorie » du grand remplacement, et de l'autre, cela n'a pas empêché le même Jonathan Greenblatt d'applaudir son engagement après l'interdiction de slogans pro-palestiniens sur son réseau social. Bannir le mot « décolonisation » pour parler d'Israël est un gage d'antiwokisme qui dédouane des accusations d'antisémitisme. Au moment même où celles-ci pleuvent contre la gauche, le néofascisme qu'elles épargnent peut avancer à découvert.

La résonance de ce livre avec une actualité qu'il paraît anticiper explique probablement l'épuisement de son premier tirage, six mois seulement après sa sortie. Cet accueil d'un public désireux de mieux comprendre interroge d'autant plus sur le silence qui a prévalu jusqu'à présent dans les médias : une seule recension, dans Le Soir, en Belgique ; deux entretiens en vidéo, l'un pour Regards, revue de gauche, l'autre pour SQOOL TV, chaîne consacrée à l'éducation. Ni le premier anniversaire du 7 octobre, coïncidant avec sa sortie, ni le nouveau mandat de Donald Trump n'ont suffi à éveiller l'intérêt journalistique. Comment l'interpréter ? Les deux premières phrases du livre apportent une première réponse : « On ne peut plus rien dire » a cédé la place à : « Taisez-vous ! » Son annulation dans les médias privés ou publics qui vont de l'extrême droite au macronisme confirme donc l'argument de cet ouvrage. Face à des analyses qui invalident un discours dominant sur l'antisémitisme qui s'emploie à diaboliser la gauche pour mieux dédiaboliser l'extrême droite aux portes du pouvoir, la prudence journalistique le dispute à l'embarras.

On peut ajouter que ce silence est l'effet d'une logique médiatique qui amène à discuter surtout ce dont on parle déjà. Or, aujourd'hui, ce n'est plus la gauche qui donne le la : l'hégémonie idéologique est passée à droite. En conséquence, les pamphlets de droite accaparent l'attention, fût-ce pour les critiquer. De fait, la plupart des médias continuent de faire comme si l'on pouvait débattre de tout avec n'importe qui – y compris pour dire n'importe quoi. C'est croire que l'on vivrait encore dans un espace public libéral où les opinions pourraient s'affronter lors d'échanges argumentés. Mais s'il défend des valeurs, Misère de l'anti-intellectualisme n'est pas à proprement parler un livre d'opinion. C'est un travail sociologique qui mobilise des faits empiriques et des outils conceptuels pour appréhender la configuration politique renouvelée par le trumpisme. Sans doute un essai polémique eût-il été la cible d'attaques. Contrairement à mes craintes, ce n'a pas été le cas : ce livre n'a pas suscité d'écho médiatique, même négatif. Dans un contexte d'anti-intellectualisme, le savoir subit bien sûr des formes de silenciation. Le public rencontré par ce livre, malgré l'annulation par les médias, confirme néanmoins l'amoindrissement de leur pouvoir prescripteur, en particulier dans les jeunes générations qui sont au cœur de cet ouvrage. Reste à espérer que des médias suivent l'intérêt des lecteur∙ices, à défaut de le dicter.

Finalement, la non-réception médiatique du livre peut donc s'expliquer, non pas malgré son actualité, mais à cause d'elle. Le contexte nouveau, dans son incertitude, crée en effet un malaise dans l'antiwokisme. En France, le Rassemblement national, qui a tant œuvré pour gagner un certificat de dédiabolisation, peut-il emboîter le pas à la radicalisation trumpiste ? Certes, il n'est pas surprenant que Marion Maréchal, Sarah Knafo et Éric Zemmour aient bénéficié d'une invitation à Washington pour les cérémonies d'investiture présidentielle, et non Marine Le Pen. Encore la condamnation de celle-ci en justice pourrait-elle entraîner son revirement : Donald Trump ne lui a-t-il pas manifesté sa solidarité ? À l'entendre, « c'est le même scénario qui a été utilisé contre moi ». Le trumpisme triomphant pourrait-il donc enfoncer un coin, en France, entre la minorité au pouvoir et l'extrême droite dont le soutien tacite, depuis la parution de ce livre, a été la condition nécessaire de survie des gouvernements choisis par Emmanuel Macron ? Il est vrai qu'à l'instar de J.D. Vance, Washington ne cache pas son mépris pour l'Union européenne ; celle-ci ne menace-t-elle pas de sanctions des oligarques comme Mark Zuckerberg et Elon Musk lui-même ? Il serait pourtant prématuré d'en conclure que, face à la coalition d'autocrates qui se dessine entre Donald Trump, Vladimir Poutine, et tant d'autres, la France et l'Europe renoueront avec un modèle libéral mis à mal par le recul des libertés publiques et le durcissement des politiques xénophobes, mais aussi, sous de multiples formes, par la privatisation de la puissance publique.

En tout cas, face à l'antiwokisme de Trump, la France ne saurait sérieusement se prétendre woke. Lorsque l'ambassade américaine à Paris exige des entreprises françaises qu'elles renoncent à toute politique de diversité, beaucoup s'offusquent d'une telle ingérence. « Quel toupet ! ». Cela dit, comme le souligne un dessin de Colpacano (Le Monde, 6 avril 2025) : « on n'a jamais eu de politique inclusive ! » L'ironie redouble dans l'image : un technicien de surface noir et une secrétaire qui apporte le café aux patrons indignés encadrent silencieusement ces deux hommes blancs. Cependant, les pourfendeurs européens du « totalitarisme woke » sont actuellement confrontés à un dilemme : la haine de l'Europe professée par le trumpisme les condamne-t-elle à sacrifier l'antiwokisme ? Il en est pour le reconnaître, ce combat n'est plus une priorité ; et de préconiser la « nuance », plutôt qu'un antiwokisme primaire. Mais il leur serait coûteux de devoir renoncer aux séductions de la notoriété éditoriale et médiatique qui accompagne l'incessant ressassement de leurs opuscules et tribunes. Pour ne pas renoncer aux gratifications de cette prolifique polémique, ils n'hésitent pas à plaider que, si le wokisme sert de « repoussoir » commode au poutinisme et au trumpisme qui le répriment, les wokes seraient en même temps les « alliés objectifs » de Poutine et Trump, communiant dans la détestation de l'universalisme occidental. « Hitler a déshonoré l'antisémitisme », écrivait Georges Bernanos en 1944. Trump finira-t-il par discréditer l'antiwokisme, ou bien celui-ci sera-t-il sauvé, en Europe comme aux États-Unis, par le chantage à l'antisémitisme réservé à la gauche ?

Misère de l'anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l'antisémitisme, Textuel, 2e édition, 4 juin 2025

Ressources naturelles & extractivisme

10 juin, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — , ,
Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque (…)

Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque webinaire a été consacré à un thème spécifique et à une région du monde nous permettant de partager nos expériences et surtout de mieux comprendre comment s'organisent les résistances féminises.

Amériques

Le tour du monde des résistances féministes s'est poursuivi le 19 septembre sous le thème de l'extractivisme et les ressources naturelles. Les panélistes étaient Aurora Valentina du Pérou et Alejandra Laprea du Venezuela.

Qu'est-ce que l'extractivisme ?

Tout d'abord l'animatrice a rappelé que l'extractivisme est un mode d'accumulation de richesse qui implique d'extraire des ressources et de les vendre sur les marchés (souvent internationaux). L'extractivisme va jusqu'à avoir recours au pillage et à la dépossession des peuples.


les luttes et résistances

Pour Alejandra Laprea, les luttes menées sont ancrées dans la résistance aux grandes multinationales qui saccagent les terres et les territoires et qui tentent de contrôler les richesses du Venezuela. Le Venezuela est un pays avec une grande quantité d'or et de pétrole, de minéraux rares pour la technologie, avec une biodiversité incroyable et beaucoup d'eau douce. Les ressources de ce pays, qui est une porte d'accès à l'Amérique du Sud, sont convoitées. Le blocus subit depuis 10 ans a affecté l'économie du Venezuela, ce qui a mené selon Alejandra Laprea à un retard important dans le développement du pays et à une dépendance aux dollars américains. Le peuple vénézuélien réclame un commerce libre. Il y a quelques années, le peuple vénézuélien a décidé de mener sa propre révolution pour que les richesses naturelles soient au service du peuple. Le peuple doit résister constamment pour s'assurer que les ressources naturelles, tout comme les systèmes de santé et d'éducation, demeurent au service de la population.

Aurora Valentina nous a expliqué être très impliquée dans les luttes aux côtés de deux communautés autochtones qui sont menacées par une minière canadienne. Dans ce projet, pour lequel la population n'a jamais été consultée, les eaux sont à risque d'être contaminées. C'est déjà arrivé par le passé, de l'arsenic a été détecté. Les conséquences importantes sur la santé et sur la pénurie d'eau sont bien réelles. Des démarches sont faites pour sensibiliser les dirigeant-e-s des communautés et pour fortifier ce mouvement. Des jeunes soulignent l'importance des emplois fournis par cette minière qui est considérée comme « une vache à lait ». Malheureusement, ce lait est contaminé, et contamine les eaux. Il y a eu plusieurs marches pour empêcher la minière de déployer ses machines. On tente de faire taire le mouvement de mobilisation, notamment en accusant les communautés mobilisées d'avoir volé des équipements. La lutte se poursuivra !

Alejandra Laprea dénonce que l'embargo imposé au Venezuela vise à contrôler les ressources du pays et les mettre entre les mains des multinationales. Les conséquences sont importantes : rationnement de l'eau et de l'électricité, manque d'accès aux vaccins de la COVID, confiscation de traitements pour les diabètes. Les impacts de ces restrictions sur les femmes sont importants. Le système capitaliste est en crise, et cette crise se fait sur le dos des femmes. Leur charge de travail augmente, elles doivent régler les problèmes d'eau, combler les lacunes du système hospitalier et elles ont moins de possibilités économiques. Les femmes s'organisent et créent des propositions pour une économie nouvelle, telle qu'un projet de coopératives pour la gestion des résidus solides, pour le recyclage du plastique, du carton et du verre afin de les convertir en nouveaux objets. Aussi des centaines de femmes s'organisent autour des écoles afin de fournir du matériel et de la nourriture en élevant des animaux. Elles se forment sur l'économie féministe afin de faire avancer des circuits de production et de consommation.

Pour Aurora Valentina, la lutte contre les violences vécues par les femmes et l'accompagnement des organisations leur venant en aide sont centraux. Les entreprises minières ont amené beaucoup de violence au Pérou : abandon par les maris partis travailler à la mine, manque de protection des femmes, manque de nourriture pour les enfants, maltraitance. Un autre problème rencontré est la pénurie alimentaire. Les femmes ne savent plus comment nourrir leur famille, il n'a a pas assez de production agricole.Au Pérou, si on se bat pour défendre son territoire, on se fait persécuter, menacer, insulter par la police et par les minières. Le gouvernement et la police défendent les minières, donc une minière canadienne, qui détruisent les territoires autochtones. Des gens ont été condamnés et ont dû fuir pour éviter la prison et les persécutions. Dans toutes les régions, les femmes sont mobilisées et actives. Il y a des femmes qui font des activités artisanales leur permettant de gagner leur vie. Il faut chercher des stratégies, il faut continuer de se battre, pour faire reculer les entreprises minières.

https://youtu.be/zFFUy9DjN38

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