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Les 49 fois où les États-Unis ont utilisé leur pouvoir de veto contre des résolutions de l’ONU concernant Israël

Rien que pour cette dernière année, Washington a mis son veto à quatre résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza.
Tiré d'Agence médias Palestine.
Les États-Unis ont mis mercredi dernier leur veto face à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Cette décision marque la 49e utilisation des États-Unis de leur pouvoir de veto à l'encontre de projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies concernant Israël.
Le projet de résolution a été présenté par les dix membres élus du Conseil de sécurité et tous les membres, à l'exception des États-Unis, ont voté en sa faveur.
Ce veto marque plus d'un an de soutien diplomatique des États-Unis à Israël dans sa guerre contre Gaza, qui s'est poursuivie le mois dernier par l'invasion du Liban par Israël.
Toutefois, ce soutien diplomatique de Washington à Israël n'est pas nouveau et se poursuit sur une base bipartisane depuis des décennies.
Outre l'aide militaire d'un montant d'environ 3 milliards de dollars qu'ils lui accordent chaque année, les États-Unis sont également le principal allié d'Israël au sein des institutions internationales et ont souvent utilisé leur pouvoir de veto au Conseil de sécurité pour bloquer les mesures diplomatiques visant Israël en raison de leur traitement des Palestiniens.
Premier veto
Selon la Jewish Virtual Library, les États-Unis ont déjà utilisé leur pouvoir de veto 48 fois contre des projets de résolution du Conseil de sécurité concernant Israël depuis qu'ils ont commencé à l'utiliser en 1970.
La première, la résolution S/10784, exprimait une profonde inquiétude « face à la détérioration de la situation au Moyen-Orient » et visait l'agression israélienne à la frontière libanaise.
Rédigée par la Guinée, l'ancien pays de la Yougoslavie et la Somalie, les États-Unis ont été les seuls à s'opposer à la résolution. Le Panama s'est abstenu.
Plusieurs résolutions similaires ont également fait l'objet d'un veto américain au cours des années suivantes. En 1975, année où la guerre civile a éclaté au Liban, la résolution S/11898 demandait à « Israël de renoncer immédiatement à toute attaque militaire contre le Liban ». Là encore, les États-Unis ont été les seuls à voter contre.
En 1982, année qui a vu certaines des plus féroces attaques israéliennes contre le Liban, l'Espagne a présenté un projet de résolution exigeant qu'Israël « retire toutes ses forces militaires immédiatement et sans condition jusqu'aux frontières internationalement reconnues du Liban » dans un délai de six heures. Les États-Unis y ont posé leur veto.
Les États-Unis se sont opposés à des résolutions similaires en 1985, 1986 et 1988. La guerre civile libanaise a pris fin en 1990, mais Israël ne s'est pas retiré du sud du pays avant l'an 2000.
Jerusalem
La question du statut définitif de Jérusalem, dont les accords d'Oslo stipulaient qu'elle ne serait discutée qu'à la fin d'un éventuel accord de paix entre Israël et la Palestine, est depuis longtemps la cible du veto américain à l'ONU.
Le projet de résolution S/12022, présenté en 1976, appelait Israël à protéger les « Lieux saints qui sont sous son occupation ».
La résolution se déclare « profondément préoccupée par les mesures prises par les autorités israéliennes qui ont conduit à la grave situation actuelle, y compris les mesures visant à modifier le caractère physique, culturel, démographique et religieux des territoires occupés ».
Les États-Unis ont été le seul pays à voter contre le projet de texte.
En 1982, le Maroc, l'Iran, la Jordanie et l'Ouganda ont présenté un projet de résolution après qu'un soldat israélien ait tiré sur des croyants, tuant au moins deux d'entre eux, dans le complexe de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.
Ce projet demandait à « la puissance occupante (Israël) d'observer et d'appliquer scrupuleusement les termes de la quatrième Convention de Genève et les principes du droit international concernant l'occupation militaire, et de s'abstenir de toute entrave à l'accomplissement des fonctions établies du Conseil supérieur islamique à Jérusalem ».
Se référant au complexe de la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem, le texte qualifie le site de « l'un des lieux les plus saints de l'humanité ».
Le texte a également décrit le « statut unique de Jérusalem et, en particulier, la nécessité de protéger et de préserver la dimension spirituelle et religieuse des lieux saints de la ville ».
Un autre projet de texte appelant Israël à respecter les lieux saints musulmans a fait l'objet d'un veto américain en 1986.
Palestine
En 1976, les États-Unis se sont opposés à une résolution appelant Israël à se retirer de tous les territoires palestiniens – dans ce cas, le Royaume-Uni, la Suède et l'Italie se sont abstenus.
Le projet de texte présenté par la Tunisie en 1980 soulignait les « droits inaliénables du peuple palestinien ». Les États-Unis ont voté contre et le Royaume-Uni, la France, la Norvège et le Portugal se sont abstenus.
Les résolutions condamnant les colonies israéliennes (considérées comme illégales selon le droit international), n'ont été bloquées en 1983, 1997 et 2011 qu'uniquement par les États-Unis.
En 2004 et 2006, les États-Unis ont refusé d'appeler Israël à mettre fin aux guerres contre Gaza, qui ont tué des centaines de personnes.
Le dernier combat d'Obama
Fin 2016, après l'élection de Donald Trump mais avant qu'il ne prenne ses fonctions, l'administration américaine de l'ancien président Barack Obama s'est abstenue lors d'un vote sur les colonies israéliennes.
C'était la première fois en quarante ans qu'une résolution de l'ONU condamnant Israël était adoptée.
Les États-Unis avaient pourtant utilisé leur pouvoir de veto contre un vote similaire en 2011, et c'était la seule fois que l'administration Obama avait exercé ce pourvoir lors de sa présidence.
Évoquant l'absence de progrès visible dans le processus de paix, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, a déclaré : « On ne peut pas à la fois défendre l'expansion des colonies israéliennes et défendre une solution viable à deux États qui mettrait fin au conflit. Un choix s'impose entre les colonies et la séparation ».
Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que cette décision était « honteuse » de la part des États-Unis.
Trump attaque l'ONU
La précédente administration Trump a inauguré une nouvelle ère de diplomatie pro-israélienne à l'ONU.
En juin 2018, les États-Unis se sont retirés du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, l'accusant d'avoir un « parti pris chronique » contre Israël.
L'administration Trump a également posé son veto à plusieurs résolutions de l'ONU concernant Israël.
Le 19 décembre 2017, les États-Unis se sont opposés à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui rejetait la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.
Plusieurs mois plus tard, en juin 2018, les États-Unis ont posé leur veto face à une mesure rédigée par le Koweït qui condamnait l'usage de la force par Israël envers les Palestiniens. Les forces israéliennes avaient tué des dizaines de manifestants non violents à Gaza lors des manifestations de la Marche du retour.
Comme dans de nombreux autres cas, les États-Unis ont été les seuls à s'opposer à la résolution.
La guerre d'Israël contre Gaza
Le 7 octobre 2023, le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens de Gaza ont lancé une attaque surprise contre le sud d'Israël, tuant environ 1,140 personnes et en prenant 240 autres en otage.
Israël a répondu en guerre totale et a lancé une violente offensive de bombardements aériens, suivie d'une invasion terrestre de Gaza. À ce jour, les forces israéliennes ont tué plus de 44,000 Palestiniens, selon le bilan officiel communiqué par le ministère palestinien de la santé.
Toutefois, d'autres estimations prudentes estiment que le nombre de morts est beaucoup plus élevé. Une étude publiée dans la revue Lancet estime que le nombre de morts pourrait dépasser les 186,000 personnes.
Depuis le début de la guerre, les membres du Conseil de sécurité ont tenté d'introduire des résolutions appelant à un cessez-le-feu et à la fin des combats à Gaza.
Cependant, ces efforts ont été bloqués à de nombreuses reprises par les États-Unis. Depuis le début de la guerre, Washington a bloqué quatre résolutions différentes appelant au cessez-le-feu.
En outre, les États-Unis ont bloqué une résolution visant à reconnaître la Palestine comme membre à part entière des Nations unies.
De nombreux dirigeants mondiaux ont dénoncé les efforts déployés par les États-Unis pour bloquer un appel au cessez-le-feu au sein de l'administration internationale, et les alliés occidentaux de Washington ont également exprimé leur regret face à la non-adoption de ces mesures.
Source : The Middle East Eye
Traduction : SP pour l'Agence Média Palestine
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L’UNRWA déclare que seuls 6 % des besoins alimentaires de Gaza sont satisfaits

L'Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a confirmé que les denrées alimentaires qui entrent dans la bande de Gaza ne couvrent que 6% des besoins de la population, a rapporté hier le Centre d'information palestinien.
Tiré de France Palestine Solidarité. Photo : La famine sévère se répand au sud de Gaza en raison des attaques et du blocus intensifié d'Israël, empêchant l'entrée des denrées alimentaires essentielles, 23 octobre 2024 © Quds News Network
L'UNRWA a déclaré que l'armée israélienne autorise des quantités limitées de farine et de nourriture à travers les points de passage, qui ne couvrent que 6% des besoins. L'agence a souligné que cette situation a entraîné une grave crise à Gaza, notamment en ce qui concerne l'accès au pain, ce qui a contraint la plupart des boulangeries du sud de l'enclave à fermer leurs portes.
L'agence a ajouté que plus de deux millions de personnes déplacées à Gaza souffrent de la faim, de la soif, de la maladie et de la peur. Les familles sont dans l'impossibilité de se procurer des repas, car les conditions dans les camps de déplacés et les abris restent désastreuses en raison de la faim, du froid et de l'incapacité des organisations internationales à fournir une aide humanitaire adéquate dans un contexte de graves pénuries alimentaires. Elle a appelé à la réouverture totale des points de passage pour permettre l'acheminement des fournitures essentielles afin d'éviter une famine généralisée, la malnutrition et les maladies étant déjà présentes.
Le nord de Gaza subit des conditions particulièrement difficiles, a déclaré l'UNRWA, avec une pénurie critique d'eau potable, de médicaments et de nourriture. La poursuite du blocus de l'aide humanitaire, associée aux frappes aériennes, aux tirs d'artillerie, au nivellement des terres et aux démolitions, a aggravé la crise humanitaire.
L'armée d'occupation israélienne poursuit sa guerre agressive contre Gaza depuis 415 jours consécutifs. Au moins 44 000 Palestiniens ont été tués et 105 000 blessés, principalement des femmes et des enfants. On estime à 11 000 le nombre de personnes disparues, présumées mortes sous les décombres de leurs maisons et autres infrastructures civiles détruites par les forces d'occupation.
Traduction : AFPS
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Comptes rendus de lecture du mardi 3 décembre 2024


Le mage du Kremlin
Giuliano da Empoli
Ce roman, qui s'est mérité il y a deux ans le Grand prix du roman de l'Académie française et qui aurait dû à coup sûr se mériter le prix Goncourt, est un roman captivant qui nous éclaire avec une lucidité surprenante en cette ère manichéenne sur l'accession au pouvoir du président russe Vladimir Poutine. Il a été achevé en 2021, avant que n'éclate la guerre en Ukraine. Vadim Baranov, personnage fictif parmi de nombreux personnages réels, l'éminence grise du président, nous y confie son histoire jusqu'à ce qu'il se retire de la politique. Une vision un peu exotique et stéréotypée de la vraie Russie peut-être par endroit, selon le chercheur Antoine Nicolle, l'un de ses rares détracteurs, mais un livre éclairant sur les réalités du pouvoir, en Russie et ailleurs, et sur les tractations et véritables intérêts de la politique internationale.
Extrait :
Il faudrait toujours regarder l'origine des choses. Toutes les technologies qui ont fait irruption dans nos vies ces dernières années ont une origine militaire. Les ordinateurs ont été développés pendant la Deuxième guerre mondiale pour déchiffrer les codes ennemis. Internet comme moyen de communication en cas de guerre nucléaire, le GPS pour localiser les unités de combat, et ainsi de suite. Ce sont toutes des technologies de contrôle conçues pour asservir, pas pour rendre libre.

La société de provocation
Dahlia Namian
Je vous recommande vivement la lecture de cet essai sur l'obscénité des riches. L'auteure y fustige leur exhibitionnisme, leur démesure, leur luxe ostentatoire, leur aveuglement et leur parfait égoïsme, attitudes qui contribuent à priver de plus en plus les populations des moyens de satisfaire leurs besoins souvent fondamentaux et à détruire notre environnement commun. L'essai, qui foisonne d'exemples, nous incite assurément à rompre avec cette société de provocation.
Extrait :
Le consumérisme, pur produit exportable de l'American way of life, prône un modèle hédoniste de capitalisme où l'atteinte du bonheur se définit non seulement par la capacité d'accumuler des biens matériels, mais également de fermer les yeux devant l'exploitation des êtres et des ressources qui rendent possible cette consommation effrénée.

Propaganda
Edward Bernays
Traduit de l'anglais
C'est un ami qui m'a ramené ce livre à l'esprit il y a quelques temps. « Propaganda » d'Edward Bernays est un livre essentiel pour bien comprendre la politique et la manipulation. Véritable petit guide pratique écrit en 1928 par Edward Bernays, neveu américain de Sigmund Freud, il expose sans détours les grands principes de la manipulation mentale de masse utilisée depuis et que l'auteur appelait déjà en son temps la fabrique du consentement. Ce document fort instructif nous apprend que la propagande politique moderne n'est pas née dans les régimes totalitaires, mais au cœur même de ce que l'on considère trompeusement la « démocratie américaine » Je me répète, mais « Propagande » est une œuvre essentielle, surtout en cette époque ou tout devient une affaire de perception.
Extrait de la préface de Normand Baillargeon :
Il est crucial de rappeler combien ce qui est proposé ici contredit l'idéal démocratique moderne, celui que les Lumières nous ont légué, de rappeler à quel point Bernays, comme l'industrie qu'il a façonnée, doit faire preuve d'une étonnante aptitude à la duplicité mentale pour simultanément proclamer son souci de la vérité et de la libre discussion et accepter que la vérité sera énoncée par un client au début d'une campagne, laquelle devra mettre tout en oeuvre - y compris, s'il le faut absolument, la vérité elle-même - pour susciter une adhésion à une thèse ou des comportement chez des gens dont on a postulé par avance qu'ils sont incapables de comprendre réellement ce qui est en jeu et auxquels on ne sent donc en droit de servir ce que Platon appelait de « pieux mensonges ».

La dictature du bonheur
Marie-Claude Élie-Morin
J'ai pris connaissance de cet essai sur la dictature du bonheur dans l'un des feuilletons théoriques d'Alain Deneault sur l'économie. J'ai par la suite été agréablement surpris par l'analyse éclairée que l'auteure y fait de cette société du « bonheur » à tout prix que l'on nous vend sous forme de livres, de formations, de « coachs de vie » et de toute une ribambelle de moyens et de principes ou théories, souvent simplistes, souvent fumeuses et non fondées, non confirmées ou même démenties par des études scientifiques. Marie-Claude Élie-Morin nous y expose aussi les vicissitudes de cette manière de penser qui fait que beaucoup d'entre nous en arrivent à se blâmer d'être malades, malheureux, seuls ou pauvres. Une œuvre fouillée dont je vous recommande la lecture.
Extrait :
La peur aiguise nos sens, nous rend plus alertes et nous aide à trouver des solutions. Sans elle, notre jugement est altéré et nous prenons des risques exagérés, comme conduire ivre, financer des prêts hypothécaires douteux qui mèneront à une crise économique, ou ignorer les changements climatiques… Les émotions dites « négatives » sont essentielles dans nos vies, même si elles n'ont pas bonne réputation et nous font parfois passer un mauvais quart d'heure.
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« Le livre noir de Gaza », un acte de résistance contre l’indifférence

Un an après l'attaque terroriste du Hamas contre Israël et la riposte implacable de Tsahal, un ouvrage collectif, coordonné par Agnès Levallois – vice-présidente de l'Institut de Recherche et Études Méditerranée Moyen-Orient –, se dresse comme un monument de papier contre l'oubli. Le Livre noir de Gaza – titre évocateur d'un genre littéraire né des cendres de la Shoah, et utilisé ensuite pour documenter les génocides au Cambodge et au Rwanda – se veut le gardien d'une mémoire fragile : celle du peuple palestinien dont les dirigeants de l'État d'Israël souhaitent effacer, non seulement les souffrances, mais l'existence même.
Tiré de MondAfrique.
Ce Livre noir est un ouvrage exigeant, dur, parfois accablant. En nous mettant face à notre propre responsabilité, à notre humanité devant l'inacceptable et à l'injustice, il doit être pas seulement lu, mais aussi entendu et compris. Cet ouvrage nous lance ce défi : et si l'indifférence était le pire des génocides ; l'oubli la plus grande victoire de l'oppresseur ? Les génocidaires ont déjà perdu la bataille contre l'oubli. Notre résistance mémorielle sera la plus forte.
Documenter l'indicible
Face à l'immonde barbarie subie le 7 octobre 2023, crime abominable qui ne peut être ni excusé, ni oublié, l'État d'Israël avait le devoir de se défendre face aux attaques du Hamas : « Pourtant comme l'a sobrement résumé Jean‑Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement français, « la violence du Hamas est sans excuse, mais pas sans cause ». Remarque de bon sens, bien souvent ignorée, voire criminalisée en tant que justification du terrorisme. » Nonobstant, ce droit est en principe encadré par le droit international, qui impose des limites à l'usage de la force. Les crimes de guerre commis à Gaza, et désormais au Liban (bien que les conflits soient très différents), ne sont pas seulement une tragédie humaine : ils constituent une violation flagrante de ce droit international, dont les dirigeants de l'État israélien devront rendre compte selon l'ordonnance rendue le 26 janvier 2024. Mais c'est déjà peine perdue : les États-Unis, la Chine, l'Arabie saoudite n'ont jamais ratifié le Statut de Rome ; la Russie a retiré sa signature en 2016. Tous ces pays ont violé – ou violent encore – de manière manifeste ce droit international, sans être le moins du monde inquiétés par la Cour pénale. Et nous ne parlerons même pas de la trentaine de résolutions de l'ONU qu'Israël a violé ! La vengeance aveugle et la destruction massive n'ont jamais été légitimes. Elles ne font qu'alimenter la spirale de la violence et de la haine, rendant la paix encore plus inaccessible. Mais qu'importe ! Machiavel avait déjà fixé les règles : « Dès l'instant que le salut de l'État est en jeu, aucune considération de justice ou d'injustice, d'humanité ou de cruauté, de gloire ou d'ignominie, ne doit plus intervenir. Tout moyen est bon qui sauve l'État et maintient sa liberté. » Ou, mieux encore, comme le disait Henry Kissinger : « l'illégal, nous le faisons immédiatement ; l'inconstitutionnel, nous y réfléchissons. »

Le brouillard de la guerre
Dès les premières pages, nous sommes frappés par l'ampleur du projet de d'Agnès Levallois : rendre compte d'un événement d'une telle brutalité, survenu dans un territoire étroitement contrôlé et hermétiquement fermé à la presse internationale, relève d'un véritable tour de force. En organisant cet ouvrage, la spécialiste du Moyen-Orient se positionne en archiviste d'un massacre, en gardienne d'une mémoire collective qu'elle refuse de laisser sombrer dans l'oubli, ou d'être déformée par les récits simplificateurs d'une géopolitique manichéenne. Et c'est là toute la force de ce livre collectif : il nous contraint à regarder la réalité de Gaza en face, à la fois dans sa quotidienneté insupportable, et dans l'immensité de ses souffrances.
Au cœur d'un conflit marqué par une propagande intense et la manipulation de l'information, Le Livre noir de Gaza s'impose donc comme un contrepoint nécessaire, une quête de vérité au milieu du brouillard de la guerre. L'ouvrage se propose de documenter méthodiquement les violences infligées à la population civile palestinienne, en s'appuyant sur des sources incontestables : rapports d'ONG telles qu'Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins Sans Frontières et Reporters Sans Frontières, enquêtes d'experts indépendants et témoignages de journalistes qui risquent leur vie pour rendre compte de l'horreur quotidienne. L'ouvrage se démarque donc des récits manichéens, des simplifications médiatiques et du sentimentalisme facile. Le choix est fait d'une objectivité chirurgicale : la violence est exposée sans fard ni complaisance, à travers la froideur des chiffres, la précision des rapports et la puissance brute des témoignages, laissant au lecteur la liberté de juger et de se forger sa propre opinion.
Le Livre noir souligne également l'importance de documenter les crimes commis dans l'ombre du silence, non seulement pour rendre justice aux victimes, mais aussi pour empêcher que l'impunité ne devienne la norme, et que l'oubli ne s'abatte sur la conscience collective. Il s'agit d'un acte de résistance contre l'effacement, celui des victimes, celui de la mémoire, et celui de la légitime identité palestinienne.

La polyphonie des voix
Le Livre noir de Gaza se nourrit de la richesse et de la complexité des points de vue recueillis. Ce n'est pas seulement le récit des ONG occidentales qui nourrissent ces pages, mais aussi les voix des ONG palestiniennes et israéliennes, des analystes et des experts issus de divers horizons géopolitiques, offrant une palette de perspectives aussi instructives que nécessaires. Dans Le Livre noir de Gaza, chaque contributeur apporte une perspective unique et essentielle à la compréhension du conflit, enrichissant l'ouvrage par la diversité de ses angles d'analyse.
Par exemple, les contributions sur les droits des enfants mettent en lumière l'impact dévastateur du blocus et des bombardements sur les plus vulnérables, détaillant la souffrance psychologique et physique des jeunes Gazaouis. D'autres textes se concentrent sur l'impact humanitaire, soulignant la difficulté pour les ONG d'accéder à une population coupée du monde et documentant les violations flagrantes du droit international humanitaire. Enfin, l'analyse géopolitique replace la situation de Gaza dans un cadre plus large, expliquant comment ce conflit s'articule avec les dynamiques de pouvoir au Moyen-Orient, les intérêts stratégiques internationaux, et les jeux d'alliances qui perpétuent ce cycle de violence. Ces voix plurielles permettent de dresser un tableau complet et nuancé de la réalité sur le terrain, et leur juxtaposition crée un récit polyphonique qui refuse toute simplification réductrice. Mais ne nous méprenons pas : ce n'est pas le Hamas qui parle ici, ni les dirigeants politiques ou les militants armés, mais les civils ordinaires : des mères de famille, des enseignants, des étudiants qui décrivent comment, jour après jour, ils tentent de préserver un semblant de normalité au milieu de l'horreur. Ils parlent de la difficulté d'envoyer les enfants à l'école lorsque chaque bâtiment peut s'effondrer à tout instant, de l'impossibilité de trouver un emploi lorsque le blocus asphyxie l'économie, de la douleur d'enterrer ses proches sans espoir de justice.
« Gaza, une prison à ciel ouvert. » Cette expression, tant de fois répétée, semble avoir perdu de son sens tant elle est devenue un cliché ; au-dessus de Gaza s'étend le regard impitoyable des drones israéliens, les frappes soudaines et meurtrières de l'aviation, et cette chape de terreur ne laisse aucun répit aux habitants de ce territoire minuscule, compressé entre la mer et la barrière de sécurité. Le livre ne se contente pas de présenter une accumulation de faits. Il s'interroge sur les causes profondes de la violence, et ouvre la réflexion sur les obstacles à une paix juste et durable : le manque de confiance mutuelle, la radicalisation croissante des deux côtés, et l'inaction complice de la communauté internationale, notamment des pays occidentaux, soutiens inconditionnels d'Israël. Le texte se veut également une réflexion sur les modalités de l'information en temps de guerre. L'usage des réseaux sociaux est analysé : ils jouent un rôle ambigu dans ce conflit en permettant à la fois la diffusion d'informations censurées, et la propagation rapide de la propagande et des fausses nouvelles.
L'œil de celui qui a vu, Rony Brauman
La préface d'un ouvrage est comme un seuil ; elle nous invite à franchir une porte, à nous engager sur un chemin parfois ardu, et nous prépare à ce que nous allons découvrir. Dans Le Livre noir de Gaza, c'est Rony Brauman, ancien Président de Médecins Sans Frontières et figure incontournable de l'humanitaire, qui se charge de cet accueil du lecteur. Son regard, forgé par des années d'engagement auprès des victimes de conflits et de crises humanitaires partout dans le monde, est empreint d'une lucidité acérée et d'une profonde humanité. Rony Brauman n'est pas un observateur distant et froid ; c'est un homme qui a vu de ses propres yeux l'horreur, la souffrance, la violence. Et cette expérience l'autorise à parler avec une autorité morale qui ne souffre aucune contestation.
Dès les premières lignes, Rony Brauman déconstruit le récit dominant sur la guerre à Gaza. Il pointe du doigt la tendance médiatique à occulter la réalité quotidienne de l'occupation israélienne et à passer sous silence les violences et les crimes commis contre les Palestiniens « en temps de paix ».
Ce qui est souvent décrit comme une « période calme » en Israël-Palestine – caractérisée par l'absence de morts israéliens – est en réalité une période de violences insidieuses et quotidiennes, que subit la population palestinienne sans pouvoir se défendre : harcèlement des paysans par les colons, destructions de récoltes et d'habitations, expulsions, assassinats arbitraires et arrestations sans procès.
Rony Brauman nous interpelle : comment le monde peut accepter de fermer les yeux sur cette injustice, au nom d'une « stabilité » illusoire et précaire ?
Face à la déshumanisation des Palestiniens, Rony Brauman plaide pour une approche basée sur l'empathie et la reconnaissance de leur souffrance. Il nous rappelle que la victime, avant d'être Palestinienne ou Israélienne, est d'abord humaine. Il dénonce la tendance à juger les Gazaouis à travers le prisme du terrorisme et de l'islam, à oublier que l'histoire et la géopolitique jouent un rôle déterminant dans le cycle de la violence. Il invite à replacer l'attaque du 7 octobre 2023 dans le contexte de l'occupation, du déni des droits des Palestiniens et de l'humiliation qu'ils subissent au quotidien, soulignant ainsi les frustrations et les désespoirs qui conduisent à la radicalisation et à la violence. Cette préface de Rony Brauman n'est pas seulement un plaidoyer pour les victimes, c'est aussi un appel à la conscience. Il interpelle directement le lecteur et le met face à ses propres responsabilités. Sommes-nous prêts à accepter que notre silence et notre inaction nourrissent l'impunité et la barbarie ? Il dénonce l'hypocrisie des gouvernements occidentaux qui se contentent de déplorer les victimes, tout en continuant de livrer des armes à Israël, et en fermant les yeux sur les violations du droit international.
Rony Brauman souligne l'urgence d'un changement radical de l'approche internationale face au conflit. Le soutien aveugle à l'un des belligérants et la minimisation systématique de la souffrance de l'autre sont contre productifs et contribuent à enkyster le conflit dans un cycle sans fin de vengeance et de haine.

L'architecture d'un réquisitoire
Le Livre noir de Gaza ne se veut pas seulement un ouvrage d'information, mais aussi un outil de compréhension, une invitation à la réflexion critique et un appel à la mobilisation contre l'injustice. Sa structure est donc délibérément conçue pour créer un impact sur le lecteur et l'inciter à agir. N'imaginons pas que nous sommes impuissants : La responsabilité cosmopolite, concept philosophique puissant, affirme que chaque individu, en tant que citoyen du monde, possède le devoir moral et la capacité d'agir concrètement contre les injustices internationales, transcendant ainsi les frontières et l'impuissance apparente face aux défis globaux.
Le recueil est donc divisé en sept chapitres thématiques qui détaillent les différentes facettes du drame vécu par les Gazaouis : l'asphyxie progressive d'un territoire en état de siège ; l'effondrement du système de santé et la mort programmée des civils ; la manipulation de l'information et l'éradication du journalisme (ce que la municipalité RN de Perpignan ne s'est pas gênée de faire en refusant de remettre un Prix à un photoreporter palestinien sous un motif fallacieux) ; le ciblage délibéré de la population civile ; la violence démesurée des armes employées et l'invisibilisation calculée des victimes ; la destruction systématique de l'environnement et les perspectives, hélas, sombres pour l'avenir.
Cette architecture savante permet de confronter les analyses, de donner la parole à des voix diverses et de montrer la complexité de la réalité. Le livre se déroule comme une partition musicale, où les notes graves des chiffres et des rapports s'entrelacent avec la mélodie plaintive des témoignages individuels et la puissance percutante de certaines analyses géopolitiques, créant ainsi un réquisitoire implacable contre la violence étatique et l'indifférence du monde. L'ouvrage ne cherche surtout pas à minimiser les violences commises par le Hamas — elle les documente au contraire avec une rigueur impitoyable, mettant en lumière les exactions du mouvement islamiste, ses attaques aveugles et souvent suicidaires contre Israël. Mais ce qui transparaît ici, c'est avant tout l'immense disproportion entre les forces en présence. D'un côté, une milice armée, certes puissante localement, mais dépourvue de moyens militaires sophistiqués ; de l'autre, une armée régulière suréquipée, bénéficiant d'un soutien logistique et diplomatique massif de la part des États-Unis et de l'Europe.
Cette asymétrie, l'ouvrage la décortique en s'appuyant sur des chiffres édifiants : le nombre de victimes civiles, les infrastructures détruites, les écoles et les hôpitaux réduits en cendres sous le prétexte de « frappes ciblées ». La lecture de ces chapitres est accablante : elle dévoile une machine de guerre implacable, guidée par une stratégie qui ne laisse aucune place à la modération ou à la proportionnalité. On s'interroge face à cette logique du « moindre mal » revendiquée par l'armée israélienne, qui prétend minimiser les pertes civiles, tout en infligeant des destructions massives.
Le Livre noir de Gaza s'intéresse aussi à la dimension psychologique de cette guerre. Elle cite les propos glaçants de Yoav Gallant, ministre de la Défense israélien, qui qualifie les Gazaouis d'« animaux humains ». Ce type de déshumanisation n'est pas nouveau, mais dans le contexte actuel, et au regard de l'histoire du peuple juif, il résonne avec une intensité particulière. Le discours officiel israélien, loin de simplement viser le Hamas, s'attaque à l'existence même de Gaza en tant que communauté humaine. La population civile devient un dommage collatéral acceptable dans la « guerre contre la terreur ». Et cette rhétorique trouve un écho dans certaines déclarations de responsables occidentaux, prêts à justifier l'injustifiable au nom de la lutte contre l'extrémisme. Combien Gilles Kepel a été inspiré d'écrire par ailleurs que : « les génocidés sont devenus les génocidaires »…

No pasarán de la mémoire
Le Livre noir de Gaza dépasse le cadre strict du conflit israélo-palestinien pour nous interroger sur des questions d'une portée universelle, telles que : le respect des droits humains dans les zones de conflit ; la légitimité de la force dans les relations internationales ; le rôle et la responsabilité de la communauté internationale face aux crimes de guerre et aux violations du droit international humanitaire ; et enfin les fondements mêmes d'une éthique de la guerre dans un monde gouverné par la loi du plus fort et les intérêts géostratégiques. Car vivre à Gaza, c'est ne pas vivre. C'est survivre dans une condition de vulnérabilité extrême, où la mort est omniprésente, où chaque espace, chaque recoin, peut devenir une cible potentielle. Le Livre noir de Gaza est un cri de résistance qui, face aux forces implacables de l'oubli et de la déshumanisation, résonne comme le « No pasarán » de La Pasionaria : une barrière de mots dressée contre l'avancée inexorable du silence, affirmant haut et fort que, malgré le siège de la mémoire, ceux qui tentent d'effacer l'histoire ne passeront pas.

Bouleversante Ahou Daryaei et toutes les autres aussi !

Même si l'étudiante iranienne Ahou Daryaei a été « libérée » il y a peu, la scène émouvante et tragique où on la voit déambuler crânement en sous-vêtements parmi une foule en apparence indifférente, me bouleverse toujours autant à chaque visionnement. Mais pourquoi donc cette histoire vient-elle tant me chercher, n'ai-je cessé de me demander ? Surtout à notre époque d'instantanéité, où les myriades d'images qui traversent nos écrans fondent aussi vite que des flocons de neige au sol, pourquoi celle-là ?
Sont-ce mes valeurs de justicier social qui sont en cause ? Ma détestation de l'islamisme et toute autre doctrine religieuse intégriste ? Ma fibre d'homme solidaire devant le courage têtu et la détresse palpable de cette femme seule et maltraitée par les milices iraniennes (basij) ?
Chose certaine, et c'est probablement ça, le fait de se déshabiller devant ses assaillants m'est apparu comme un des plus authentiques gestes de révolte et de résistance qui soient. « Vous me voulez bande de salauds ? Eh bien prenez-moi et prenez donc en même temps ma rage et mon mépris ! »
Un geste extrême donc, une parade ultime, qui m'a profondément ému et rappelé (dans une autre vie) le même genre de furieux déshabillages d'amis-es en désintoxication ou en psychiatrie. « Vous me voulez ? Eh bien prenez-moi comme je suis ! » hurlaient ces personnes, chacune à son désespoir et à sa nudité.
Dans la foulée, et même si c'est à un degré beaucoup moindre, la scène d'Ahou m'a rappelé « Olga », une étudiante du temps de mon cégep qui avait été surnommée ainsi à cause de son panache et de ses allures de blonde walkyrie. Cette fille-là était l'une des très rares qui osaient intervenir en assemblée générale et, en dépit des sifflets et des moqueries, elle finissait toujours par amener quelque objection pertinente aux propositions de grève de notre petite clique de contestataires. À force, elle a fini par gagner le respect de tout le monde, et je n'ai jamais oublié ce cran et cette détermination dont elle faisait preuve dans ce monde de gars qu'était le nôtre, au Cégep, il y a plus de cinquante ans. Une brave !
Femmes d'espoir …
De fil en aiguille, c'est l'image d'Olympe de Gouges (Marie Gouze), guillotinée par la Terreur en 1793, qui s'est invitée. Olympe est cette femme politique et dramaturge française à qui on doit notamment la Déclaration universelle des droits de la femme et de la citoyenne (une critique de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen établie en 1789). Non, mais … Sans qu'elle ait nécessairement à se déshabiller devant ces messieurs de la Constituante, lui en fallait-il du courage pensez-vous à cette pionnière du féminisme pour intervenir comme elle en avait l'habitude dans des enceintes où pleuvaient si souvent les insultes et les railleries de toutes sortes ?
Un courage, on l'imagine, qui allait de pair avec son idéal de justice et d'humanisme, le même qui a fait émerger au cours de l'histoire récente les Simone Veil, Rosa Parks, Gisèle Halimi, Anna Politkovskaïa, Mahsa Amini, Malaya Yousafzai, Narges Mohammadi, Manahel al-Otaibi et toutes ces autres femmes qui n'ont jamais craint de déshabiller leur âme pour aller au bout de leurs principes de justice sociale. Des femmes qui sont comme une traînée lumineuse dans un monde obscurci par l'arbitraire et l'injustice et qui n'ont de cesse de nous montrer le chemin de l'espoir, quand sur tous les champs l'avenir s'annonce plus sombre que jamais.
Enfin, même si nous sommes en pleine période des douze jours d'action contre la violence faite aux femmes, le but de ce billet n'était pas de faire une démonstration de vertu ou de pureté morale, que non, mais bien, comme dans la légende du colibri, d'apporter ma goutte de solidarité à toutes ces femmes opprimées de par le vaste le monde. Et puisque que nous avons le « privilège » de vivre en démocratie, plutôt que le cynisme, la lâcheté ou l'indifférence, je nous souhaite simplement de demeurer le plus longtemps possible « bouleversables » face aux iniquités de ce monde.
Sensibles aux injustices, et solidaires de celles et ceux qui ont le courage de s'y opposer !
Gilles Simard, auteur et retraité.
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De la lutte antiraciste à la lutte étudiante
Le Devoir d'aujourd'hui met à la une de sa page web l'article « Une association étudiante réclame la « destitution » de Pauline Marois à l'UQAM ». L'article nous informe que « l'Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) de l'UQAM, qui a publié une lettre sur sa page Facebook mercredi soir pour faire état de son « désarroi » face à cette nomination… » De dire cette lettre :
Le gouvernement Marois, entre 2012 et 2014, a mis en place une politique xénophobe, austéritaire et antisociale […] Entre autres, le gouvernement Marois a ouvert la porte aux débats sur la « laïcité judéo-chrétienne » avec la mise en place de la « Charte des valeurs québécoise ». Ce morceau de législation hautement islamophobe et raciste aboutira, sous le gouvernement Legault, à l'adoption de la loi 21 bannissant les femmes et les personnes portant le hijab de la fonction publique et de l'éducation. L'AFESH, à l'époque, s'est opposée à l'adoption de cette charte [… et] à l'indexation des frais de scolarité…
La lettre ajoute que « [c]e lobbying politique n'a pas sa place à l'UQAM ni dans aucune institution d'éducation » et que ce poste symbolique devrait être aboli. En réaction à cette lettre, le porte-parole homme de Québec solidaire, sollicité par Le Devoir, a répondu que « les publications d'une association étudiante de l'UQAM. Ça ne m'intéresse pas beaucoup » en précisant qu'il y a des sujets plus importants comme la crise du logement et les centres de la petite enfance. De conclure que « si vous me demandez si Pauline Marois est xénophobe, la réponse est non ».
Pour l'ancien dirigeant étudiant du Printemps érable de 2012, la courageuse et pertinente dénonciation de la xénophobie du PQ et de la CAQ par une des associations étudiantes les plus militantes en 2012 et encore aujourd'hui — elle a fait grève et participé aux activités pro palestiniennes de la CRUES la fin de semaine dernière — est « circulez, il n'y a rien à voir ». Par rapport aux enjeux sociaux, pour le porte-parole Solidaire, la lutte contre le racisme et la xénophobie est de la petite bière. Un double reniement en si peu de mots est une performance politicienne à se souvenir.
Rien d'étonnant que le député Haroun Bouazzi soit sur la touche. La gauche critique du parti qui a consenti à voter avec la direction du parti lors du dernier congrès cette contre-vérité « que QS ne soutient pas et n'a jamais soutenu que l'Assemblée nationale et ses membres sont racistes » n'a pas à être fière d'elle-même.
Marc Bonhomme, 29 novembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

Gaza, Israël, USA : angle mort de l’acclamée lauréate du prix Pulitzer 2024 Anne Applebaum

Penguin Random House, juillet 2024
Je viens de terminer la lecture de ce livre récent fort intéressant et bien documenté.
Plus j'avançais dans ma lecture de ce bestseller, cependant, plus je sentais que l'analyse de l'autrice, si impressionnante soit-elle, souffrait d'une lacune.
Ovide Bastien
Et non pas une lacune quelconque. Une immense lacune, qui, dans le contexte du génocide présentement perpétré par Israël à Gaza, et ce, avec l'appui indéfectible de son grand allié étatsunien, invalide, à toutes fins pratiques, une bonne partie de la thèse principale de son livre.
La thèse principale du livre Autocracy, Inc.
De nos jours, affirme Applebaum, les autocraties sont dirigées par des réseaux sophistiqués s'appuyant sur des structures financières kleptocratiques, un ensemble de services de sécurité - militaires, paramilitaires, policiers - et des experts technologiques qui assurent la surveillance, la propagande et la désinformation.
Et quelles sont, selon elle, ces autocraties ? Parmi elles, on trouve des régimes qui ont des racines historiques et objectifs fort différents. Le communisme chinois et le nationalisme russe, par exemple, diffèrent non seulement l'un de l'autre mais aussi du socialisme bolivarien du Venezuela, du Juche de la Corée du Nord ou du radicalisme chiite de la République islamique d'Iran. Et ces derniers diffèrent tous des monarchies arabes et autres autocraties - Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Vietnam - qui, pour la plupart, ne cherchent pas à saper le monde démocratique. Ils se distinguent également des autocraties plus douces et des démocraties hybrides - Turquie, Singapour, Inde, Philippines, Hongrie - qui tantôt s'alignent sur le monde démocratique et tantôt non.
Ce groupe d'autocraties, poursuit Applebaum, ne fonctionne pas comme un bloc mais plutôt comme une agglomération d'entreprises, liées non pas par une idéologie mais plutôt par la ferme et unique détermination de préserver richesse personnelle et pouvoir.
Les membres de ces réseaux sont connectés non seulement entre eux au sein d'une autocratie donnée, mais aussi avec des réseaux d'autres pays autocratiques, et parfois aussi avec certaines démocraties. Entreprises corrompues que contrôle l'État d'une dictature font affaire avec entreprises corrompues que contrôle l'État d'une autre dictature. La police d'un pays arme, équipe et forme la police d'un autre pays. Le propagandiste d'un dictateur partage ses ressources, fermes à trolls et réseaux médiatiques avec un autre dictateur. Et même le message à propager est partagé : les autocraties représenteraient ordre et stabilité, alors que les démocraties ne représenteraient que dégénérescence et instabilité, et Washington le mal incarné.
Au lieu d'idées, les hommes forts qui dirigent la Russie, la Chine, l'Iran, la Corée du Nord, le Venezuela, le Nicaragua, l'Angola, le Myanmar, Cuba, la Syrie, l'Azerbaïdjan et peut-être trois douzaines d'autres pays, ont en commun la volonté de priver leurs citoyens de toute influence réelle ou de toute voix publique, affirme Applebaum. Ils s'opposent à toute forme de transparence ou de responsabilité et répriment toute personne, dans leur pays ou à l'étranger, qui ose les défier.
Ces autocrates partagent également une approche brutalement pragmatique par rapport à la richesse. Contrairement aux dirigeants fascistes et communistes du passé, qui étaient soutenus par les machines du parti et ne faisaient pas étalage de leur cupidité, ces autocrates structurent ouvertement une partie importante de leur collaboration comme entreprises à but lucratif et ne montrent souvent aucune gêne à vivre dans des résidences opulentes. Ce sont des accords ou ‘deals', et non pas des idées, qui cimentent les liens entre eux et avec leurs amis du monde démocratique. Des accords visant à atténuer les sanctions, à échanger des technologies de surveillance, et à s'entraider pour s'enrichir.
Les autocrates collaborent aussi pour se maintenir au pouvoir, poursuit Applebaum. On sait que depuis 2008, les États-Unis, le Canada et l'Union européenne renforcent les sanctions contre le Venezuela en réponse à la brutalité du régime et ses liens avec le trafic de drogue et le crime organisé international. Cependant, les amis autocrates du régime Maduro lui viennent au secours, neutralisant l'impact de ces sanctions. La Russie lui accorde des prêts et investit, comme l'Iran d'ailleurs, dans l'industrie pétrolière vénézuélienne. Une entreprise biélorusse assemble des tracteurs au Venezuela. La Turquie facilite le commerce illicite de l'or vénézuélien. Cuba fournit, et ce depuis longtemps, des conseillers en sécurité et des technologies de sécurité à ses homologues de Caracas. La Chine fournit à Maduro canons à eau, bombes lacrymogènes et boucliers qui seront utilisés pour écraser les manifestants de rue à Caracas en 2014, et à nouveau en 2017. La Chine fournit aussi au Venezuela la technologie de surveillance nécessaire pour surveiller la population. Pendant ce temps, les hauts placés du régime Maduro, grâce au trafic international de stupéfiants, continuent d'être bien approvisionnés en Versace et en Channel.
Cette étroite collaboration internationale fait en sorte que même si des autocrates comme Alexandre Loukachenko en Biélorussie, ou Nicolas Maduro au Venezuela, sont largement méprisés dans leurs pays respectifs ; même si tous deux seraient perdants face à des élections libres, si jamais de telles élections avaient lieu ; et même si tous deux font face à de puissants mouvements d'opposition qui pourraient normalement les renverser, ils demeurent néanmoins solidement ancrés au pouvoir.
Car ces mouvements d'opposition ne luttent pas seulement contre les autocrates de leur propre pays, poursuit Applebaum. Ils luttent contre les autocrates du monde entier qui contrôlent des entreprises publiques qui peuvent venir à l'aide de leurs amis autocrates en procédant à des investissements à coup de milliards de dollars ; en leur vendant caméras de sécurité et robots de fabrication chinoise. Aussi et surtout, ils combattent des autocrates qui ont appris, et ce depuis longtemps, à se foutre éperdument des sentiments et opinions de leurs compatriotes, ainsi que des sentiments et opinions du monde entier. Le groupe de pays autocratiques offre à ses membres non seulement argent et sécurité ; il lui offre aussi quelque chose de moins tangible mais sans doute encore plus important : l'impunité.
Autrefois, poursuit Applebaum, les autocraties s'inquiétaient beaucoup de la façon qu'elles étaient perçues sur le plan international. C'était le cas, par exemple, de l'Union soviétique, l'autocratie la plus puissante de la seconde moitié du XXe siècle. Aujourd'hui cependant, ce n'est plus le cas. Les autocrates actuels les plus radicaux se foutent éperdument de l'opinion des autres nations. Ils croient que l'opinion internationale n'a aucune importance et qu'aucun tribunal de l'opinion publique ne les jugera jamais. Les dirigeants de l'Iran ignorent avec assurance les opinions des infidèles occidentaux ; ceux de Cuba et du Venezuela considèrent les critiques de l'étranger comme la preuve d'un vaste complot impérial organisé contre eux. Et ceux de la Chine et de la Russie ont passé une décennie à contester le langage des droits de l'homme utilisé par les institutions internationales, réussissant à convaincre de nombreuses personnes dans le monde que les traités et les conventions sur la guerre et le génocide - et des concepts tels que « libertés civiles » et « État de droit » - incarnent des idées occidentales qui ne s'appliquent pas à eux, affirme Applebaum.
Arguments du livre qui semblent valides
On peut difficilement nier la validité de plusieurs aspects de la thèse présentée dans Autocracy, Inc. Cela explique sans doute pourquoi il est rapidement devenu un best-seller.
En voici quelques-uns.
Depuis le soulèvement populaire massif d'avril 2018 contre le régime Ortega-Murillo au Nicaragua, je suis devenu de plus en plus critique d'une certaine gauche radicale qui persiste à qualifier ce gouvernement de progressiste, socialiste et révolutionnaire. Et qui fait sienne le narratif du régime selon lequel la droite nicaraguayenne, financée et orchestrée par le méchant impérialisme étatsunien, aurait orchestré une tentative de coup d'État contre lui.
Ayant séjourné pendant plus de 18 ans consécutifs au Nicaragua, la plupart du temps accompagnant un groupe d'étudiants du Collège Dawson lors de leur stage d'un mois ; ayant donné chaque année aux futures stagiaires un cours de 45 heures sur le Nicaragua, je connais fort bien ce pays.
Voir la répression brutale utilisée par le régime Ortega-Murillo pour écraser les immenses manifestations qui secouaient pendant des mois le pays entier, une répression qui faisait plus de 320 morts et de milliers de blessés ; voir comment le régime éliminait systématiquement toute presse indépendante, emprisonnait, et soumettait à la maltraitance et souvent à la torture tous les dissidents, même d'anciens héros sandinistes avec lesquels Daniel Ortega avait collaboré étroitement pour vaincre la dictature de Somoza ; voir comment Cuba, le Venezuela, la Russie, la Chine, et l'Iran offraient immédiatement leur appui à Ortega-Murillo : tout cela me secouait et m'ébranlait profondément, me plongeant dans une crise émotionnelle.
Une crise émotionnelle qui, pour moi, était d'autant plus déchirante que la plupart des Nicaraguayens et Nicaraguayennes avec lesquelles j'avais collaboré pendant ces 18 ans – campesinos, enseignants, maires, médecins, membres d'ONGs, etc. - étaient des adeptes du gouvernement Ortega-Murillo, et que j'avais développé avec eux une profonde amitié.
Afin de voir plus clair, afin de me retrouver dans tout cela, j'ai donc entamé une recherche dans laquelle je tentais de présenter, le plus objectivement possible, le point de vue des masses nicaraguayennes qui se soulevaient contre le régime Ortega-Murillo, et celui de ce dernier, qu'appuyait fermement une partie la gauche internationale, surtout en Amérique latine.
À l'automne 2018, je publiais le résultat de cette recherche dans Racines de la crise : Nicaragua 2018.
La crise nicaraguayenne, et ma démarche pour la décortiquer, m'amenaient à affirmer l'urgence, pour une certaine gauche plus radicale, de sortir de son aveuglement. Comment peut-on continuer à qualifier de progressiste et révolutionnaire un gouvernement, qui, pour se maintenir au pouvoir, n'hésite pas à écraser impitoyablement le peuple ? Comment peut-on présenter comme anti-impérialiste et espoir pour les marginalisés de la planète, un gouvernement qui penche de plus en plus vers l'autocratie, voire la dictature, et qui est dirigé par un homme et sa conjointe, lesquels octroient à leurs nombreux enfants les postes clés du gouvernement et deviennent rapidement la famille la plus riche du pays ?
Lorsque la Russie envahissait l'Ukraine le 24 février 2022, je vivais un autre questionnement difficile. Plusieurs de mes amis dans la gauche, surtout des Latino-américains, avaient tendance à placer le gros du blâme, non pas sur l'esprit impérialiste et colonialiste de Poutine, mais carrément sur l'expansion de plus en plus menaçante de l'OTAN, une expansion propulsée surtout par Washington. Même si ce point de vue me paraissait avoir un certain fondement, je trouvais qu'on exagérait carrément le pouvoir de Washington dans tout cela, et qu'on ignorait, à toutes fins pratiques, la volonté à maintes fois exprimée par la population des pays qui s'étaient graduellement joints à l'OTAN. Le fait qu'une partie de l'extrême droite, surtout chez les Républicains aux Etats-Unis, adoptait le même point de vue que cette gauche qui focalisait sur l'OTAN, ne faisait qu'accroitre mes doutes à cet égard.
En décembre 2022, je n'étais pas du tout étonné de voir que, sur 195 pays membres, le régime Ortega-Murillo, la Syrie, la Corée du nord, et la Biélorussie étaient les seuls à voter contre la motion de l'Assemblée générale de l'ONU condamnant l'annexion par la Russie des quatre territoires qu'elle venait d'envahir en Ukraine.
Applebaum dénonce le caractère autocratique, répressif, et corrompu du régime Maduro au Venezuela. La fraude monumentale que nous avons tous vu dans les dernières élections vénézuéliennes, une fraude qui est même reconnue par de nombreux pays latinoaméricains progressistes, semble lui donne raison.
Applebaum dénonce la répression brutale par la Chine des Ouighours. Elle dénonce l'Iran pour son oppression des femmes, pour sa répression brutale des dissidents, pour ses actions terroristes, en particulier ses assassinats de dissidents.
Ce n'est qu'un petit échantillon d'une abondance de faits troublants que documente fort bien Autocracy, Inc.
L'angle-mort de la lauréate du prix Pulitzer 2024
Tout cela étant reconnu, j'en viens maintenant à ce qui m'amenait, plus j'avançais dans ma lecture, à douter de plus en plus de la validité de la thèse principale du livre. À percevoir que celle-ci souffrait d'un angle-mort. Non seulement d'une lacune quelconque, mais d'une lacune qui, en quelque sort, remettait en question sa validité.
En lisant Autocracy, Inc., il devient vite évident que, selon Applebaum, les puissances occidentales, et bien sûr les États-Unis, représentent État de droit, libertés civiles, ordre international fondé sur les règles, respect des droits humains, respect des Nations unies, respect des traités et conventions sur la guerre et le génocide, etc.
Par ailleurs, Applebaum ne cesse de nous rappeler tout au long du livre que les pays qu'elle qualifie d'autocraties ne reconnaissent pas ces mêmes valeurs. Qu'ils les rejettent même, les qualifiant d'idées purement occidentales.
Le 20 novembre 2024, le Conseil de sécurité des Nations unies tenait une autre réunion sur Gaza. Celle-ci fut convoquée, à la demande, cette fois, des onze membres élus de ce conseil. Une motion de cessez-le-feu, élaborée pendant des semaines, et adoucie pour plaire aux Etats-Unis, fut proposée. Il était question d'imposer des sanctions à Israël si elle n'acquiesçait pas au cessez-le-feu. Par esprit de compromission, on accepte d'enlever cette clause que rejetait Washington.
La motion demande à la fois un cessez-le-feu inconditionnel et permanent à Gaza et la libération par le Hamas de tous les otages israéliens.
Aucun des 15 membres s'abstient, et tous, sauf le grand allié indéfectible d'Israël, les États-Unis, votent en faveur.
Depuis l'invasion israélienne de Gaza, qui en est maintenant à son 412ième jour, c'est la quatrième fois que Washington utilise son véto pour empêcher l'adoption d'une motion de cessez-le-feu !
Au moment où Applebaum publiait Autocracy, Inc. en juillet dernier, certains experts en santé publique estimaient que si on tient compte des effets indirects d'une guerre – épidémies, absence de soins médicaux, destruction de l'infrastructure permettant la production, etc. - l'assaut israélien de Gaza qui débutait en octobre 2023 finirait par tuer, même si cette guerre se terminait immédiatement en juillet, au moins 180 000 Palestiniens et Palestiniennes.i
Environ 70 % des victimes – au 24 novembre il y en a plus de 44 000 – sont, selon le ministère de Santé du Hamas, des enfants et femmes, dont plus de 700 bébés. Ce que semble confirmer le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) dans le rapport qu'il publiait le 8 novembre, après avoir vérifié 8 119 des plus de 34 500 personnes qui auraient été tuées au cours des six premiers mois de la guerre. Dans l'ensemble, affirme ce rapport, 44 % des victimes étaient des enfants, la catégorie la plus importante étant celle des 5 à 9 ans, suivie de celle des 10 à 14 ans, puis de celle des 4 ans et moins. Ce qui se passe à Gaza, poursuit le rapport, revêt toutes les caractéristiques d'un génocide.ii
Le nombre de blessés à Gaza dépasse présentement 104 000. Les bombardements sans relâche d'Israël ont obligé l'immense majorité des 2 millions de survivants de se déplacer à plusieurs reprises dans une bande de Gaza devenu inhabitable, et où on n'observe un peu partout que décombres et ordures. Depuis plus de 40 jours, Israël se sert de plus en plus de la faim comme arme de guerre, surtout dans le nord de Gaza. Une stratégie militaire que dénonce de façon répétée les Nations unies, ainsi que toutes les ONGs. En janvier, la Cour internationale de justice estimait plausible qu'un génocide avait lieu à Gaza et entamait une enquête.
Dans une situation aussi apocalyptique, où, chaque jour sur nos écrans on voit en direct des scènes déchirantes, où on voit le peuple palestinien s'enfoncer de plus en plus dans un enfer qui dépasse l'entendement, le représentant étatsunien au Conseil de sécurité de l'ONU, Robert Wood, prend la parole pour expliquer pourquoi son pays rejette, pour la quatrième fois consécutive, la motion de cessez-le-feu.
« Selon nous, affirme Wood, la motion est inacceptable. Il aurait fallu que le cessez-le-feu soit conditionnel à la libération des otages israéliens. »
Une astuce sémantique digne d'un monstre impérialiste qui veut que le carnage se poursuive ! Même les familles des otages réclament depuis des mois un cessez-le-feu ! C'est pourquoi ils manifestant massivement dans les rues de Tel Aviv.
Quelques jours plus tôt, Washington avait recours à une autre astuce sémantique afin de permettre à Israël de poursuivre sa campagne de destruction et de tuerie.
On sait que la Maison Blanche écrivait une lettre étonnante à Israël le 13 octobre dernier. Sans doute pour donner un petit coup de pouce à Kamala Harris, qui risquait de perdre le vote du secteur plus progressiste, et surtout arabe, du parti démocrate, on permettait que cette lettre, grâce à une fuite, devienne publique. Dans cette lettre, Washington exprime une profonde inquiétude au sujet de la situation humanitaire de plus en plus catastrophique à Gaza ; elle dénonce l'absence d'aide humanitaire et accorde à Israël 30 jours (comme par hasard, exactement quelques jours après la tenue des élections étatsunienne !) pour remédier à la situation, précisant même une série de mesures qu'Israël doit prendre pour augmenter substantiellement l'aide humanitaire, la plus spectaculaire de celles-ci étant un minimum de 350 camions d'aide entrant à Gaza chaque jour ; enfin, Washington menace de couper de façon substantielle son soutien militaire à Israël si elle n'accomplit pas ce qui est demandé.
Grande surprise, un mois plus tard, le 13 novembre... Même si Israël, dans le délai qui lui a été accordé, n'a permis que 57 camions d'aide en moyenne entrent à Gaza quotidiennement ; même si tous les ONGs ainsi que les Nations Unies voient bien qu'Israël n'a pas du tout augmenté de façon substantielle l'aide humanitaire à Gaza et nous avertissent que la plupart des Gazaouis, surtout dans le nord, font face à une famine imminente...
Que fait l'administration Biden ?
Elle a recours à une astuce sémantique pour justifier la poursuite de son soutien militaire à Israël.
« Nous constatons que toutes les mesures exigées n'ont pas été parfaitement respecté » affirme-elle. « Cependant, nous sommes satisfaits du progrès réalisé dans l'accroissement de l'aide humanitaire ! »
Autrement dit, le président Biden accorde encore une fois le feu vert à son allié...
Que se poursuive la campagne de carnage et destruction !
Au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, soit le 21 novembre, la Cour pénale internationale émet un mandat d'arrêt contre le premier ministre d'Israël, Benjamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant (aussi contre un leader du Hamas qu'Israël aurait supposément déjà assassiné). Les deux sont accusés de crimes contre l'humanité, notamment de l'utilisation de la famine comme arme de guerre, de meurtre, et d'autres actes inhumains. La cour estime aussi qu'il existe des motifs raisonnables de penser que le siège israélien de Gaza « a créé des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d'une partie de la population civile ».
Cela veut dire que si ces deux leaders israéliens se rendent dans un des 124 pays qui reconnaissent la Cour pénale internationale, ils risquent d'être immédiatement détenus et soumis à un procès devant cette cour.
La réaction du Premier ministre Nétanyahou à ces mandats d'arrêt : mensonges éhontés, pur antisémitisme !
La réaction de Washington va dans le même sens :
« Ces mandats d'arrêt sont révoltants, » déclare le Président Joe Biden. « Quoi que la CPI puisse laisser entendre, il n'y a absolument pas d'équivalence entre Israël et le Hamas. Nous défendrons toujours Israël contre les menaces qui pèsent sur sa sécurité ».
J'en reviens maintenant à ce que je qualifie d'énorme angle-mort dans le livre Autocracy, Inc. Un angle-mort à mon sens impardonnable.
Dans son livre, Applebaum mentionne l'attaque brutale d'Israël par le Hamas le 7 octobre 2023, se réfère souvent à l'Iran et aux proxys de ce dernier : le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, et les Houthis au Yémen. Tous, selon elle, seraient horriblement terroristes, et tous seraient étroitement liés à l'ensemble des autocraties.
À la page 155 de son livre, Applebaum écrit :
« Les autocraties suivent les défaites et les victoires des uns et des autres, programmant leurs propres actions pour créer un maximum de chaos. À l'automne 2023, l'Union européenne et le Congrès américain se sont trouvés dans l'incapacité d'envoyer de l'aide à l'Ukraine parce que des minorités ayant des liens profonds avec la Russie, dirigées respectivement par Victor Orban en Hongrie et par une poignée de Républicains Maga au Congrès, agissant sous les instructions de Donald Trump, ont bloqué la majorité et retardé l'aide. Un récit promouvant la « fatigue de l'Ukraine » s'est répandu sur Internet, poussé par des mandataires russes et des médias chinois en plusieurs langues. C'est à ce moment précis que les militants du Hamas, soutenus par l'Iran, ont lancé une attaque brutale contre Israël. Dans les semaines qui ont suivi, les militants houthis soutenus par l'Iran ont commencé à tirer sur des pétroliers et des cargos en mer Rouge, perturbant le commerce mondial et détournant l'attention des États-Unis et de l'Europe de la guerre en Ukraine. »
Tout semble donc se passer, selon Applebaum, comme si l'attaque d'Israël par le Hamas était une chose orchestrée. « C'est à ce moment précis, » dit-elle. Idem pour les attaques par les militants houthis de pétroliers et cargos en mer Rouge. Orchestrée par une bonne partie des autocraties, y inclus « une poignée de Républicains Maga au Congrès », qui veulent détourner l'attention de la guerre en Ukraine.
Tout semble se passer comme si Israël, partie intégrale des pays démocratiques occidentaux, devenait soudainement la cible des méchantes autocraties à tendance terroriste. Rien de plus.
J'avais remarqué que si Applebaum se permettait, à un moment donné, de lancer une flèche contre le gouvernement archi-conservateur de Nétanyahou, laissant entendre que ce dernier ignorait parfois les droits humains, elle faisait cependant sienne le narratif sioniste selon lequel Israël, dans son développement historique, se comportait de façon tout à fait démocratique. Les troubles, elle laissait entendre, avaient commencé avec l'attaque brutale du Hamas, mouvement religieux fanatique et fondamentalement terroriste, qui agissait de concert avec les autocraties.
Je n'ai pas vu un seul mot dans son livre au sujet de la guerre génocidaire qui se déroule à Gaza. Je n'ai pas entendu un seul mot non plus au sujet de cette guerre dans les conférences qu'elle donnait sur son livre dans les semaines suivant sa publication en juillet dernier. Du moins pas celles que j'ai moi-même écoutées sur YouTube.
Il n'y a pas un seul mot dans son livre sur l'oppression coloniale et on ne peut plus brutale dont souffre le peuple palestinien depuis des décennies, oppression qui a donné naissance au PLO, au Hamas, au Hezbollah, et qui explique pourquoi les militants houthis tiraient sur des pétroliers et cargos en mer Rouge. Pas un seul. Et ce, malgré le fait qu'Applebaum est une historienne, journaliste et écrivaine à la fois fort réputée et admirée.
Ignorant complètement le fait que l'attaque d'Israël par le Hamas le 7 octobre avait lieu dans un contexte où de nombreux pays arabes concluaient des accords de normalisation avec Israël qui laissait complètement tomber la cause palestinienne, le prochain sur le point de le faire étant l'Arabie Saoudite ; ignorant le fait qu'Israël imposait depuis plus de 16 ans un siège illégal et inhumain à Gaza, qualifié par plusieurs observateurs de plus grande prison ouverte du monde entier, soumettant les Gazaouis à pauvreté, malnutrition, marginalisation et absence de future, dans un des territoires le plus densément peuplé du monde entier, où la moitié de la population a moins de 18 ans ; ignorant le fait que de milliers de Palestiniens sévissaient dans des prisons israéliennes depuis des années, souvent après avoir été détenu sans accusation et possibilité de procès...
Ignorant complètement tout cela, Applebaum interprète l'attaque d'Israël par le Hamas non pas pour ce qu'elle est – une action brutale issue d'années de frustration croissante, de souffrances inimaginables sous une occupation brutale et illégale, un cri de désespoir visant à secouer le monde arabe et à vrai dire aussi le monde entier, visant à les faire sortir de leur apathie et indifférence – mais plutôt selon ce qui fait son affaire. Plus précisément, elle lui accorde le sens qui correspond à la thèse principale qu'elle défend dans son livre.
Les autocraties, affirme Applebaum, programment « leurs propres actions pour créer un maximum de chaos ». D'abord, la Hongrie sous Victor Orban et les Républicains Maga sous Trump bloquent l'aide à l'Ukraine. Ensuite, les Russes et les Chinois répandent sur Internet le récit de la « fatigue de l'Ukraine ». Après, c'est « à ce moment précis que les militants du Hamas, soutenus par l'Iran, » lancent « une attaque brutale contre Israël », poursuit Applebaum. Enfin, les militants houthis jouent leur rôle dans cette grande programmation autocratique. Dans les semaines qui suivent, affirme-t-elle, « les militants houthis soutenus par l'Iran » commencent « à tirer sur des pétroliers et des cargos en mer Rouge, perturbant le commerce mondial et détournant l'attention des États-Unis et de l'Europe de la guerre en Ukraine. »
La preuve est faite. L'attaque d'Israël par le Hamas fait partie d'une série d'actions coordonnées par les autocraties !
Rien de plus normal, dès lors qu'Israël, pays démocrate, entre en action pour se défendre contre ce terrorisme qu'appuient les autocraties !
Chose étrange, si la lauréate du Prix Pulitzer 2024 ne semble pas du tout consciente de l'épouvantable drame dont souffre depuis des décennies le peuple palestinien, presque tous les pays du monde le sont. Refusant de réduire l'attaque du Hamas à du simple terrorisme, ils dénoncent sans relâche les barbaries qu'Israël est en train de commettre présentement.
Depuis l'éclatement de la guerre à Gaza, j'ai passé d'innombrables heures à écouter les discours des représentants de nombreux pays lors des séances de l'Assemblée générale de l'ONU et du Conseil de sécurité de l'ONU. Des pays d'Afrique, des pays du Moyen-Orient, des pays de l'Amérique latine.
Les propos qu'ils tenaient au sujet de Gaza et du conflit Israël-Palestine m'étonnaient. M'émouvaient profondément, même... Au point que qu'il m'arrivait parfois d'en avoir des larmes aux yeux.
La plupart de ces pays étaient d'anciennes colonies des grandes puissances, et plusieurs figurent dans la liste de ce qu'Applebaum qualifie d'autocraties. Ils ont souffert de ce dont souffre présentement le peuple palestinien. Ils savent, en chair et en os, ce que veut dire souffrir de l'oppression d'un empire.
Et lorsque j'écoutais les propos de la Chine, de l'Iran, et de la Russie au sujet de ce qui se passe à Gaza, j'étais encore agréablement étonné de voir leur degré de compréhension de la situation. Même si je sais parfaitement bien que ces pays soient loin d'être des saints au niveau des droits humains, leurs propos m'étonnaient néanmoins, car ils étaient fort similaires à ceux de la grande majorité des pays. Comme ces derniers, ils semblaient comprendre en profondeur la souffrance du peuple palestinien et l'injustice historique qu'il subit.
Je ne pouvais pas en dire autant, par ailleurs, des propos tenus par plusieurs puissances occidentales. Surtout pas des propos du Royaume Unie et des États-Unis.
À la page 139 de son livre, Applebaum souligne le fait que les autocraties assassinent souvent leurs dissidents, en particulier les journalistes. Et je sais qu'elle a parfaitement raison d'affirmer cela. Cependant, elle ne mentionne pas une seule fois dans son livre les assassinats par Israël de leaders palestiniens, même si on sait que le nombre de ces assassinats est inouï. Elle ne mentionne pas une seule fois non plus les journalistes tués par Israël à Gaza depuis octobre 2023. Pourtant, leur nombre est ahurissant et historiquement sans précédent. De plus, les militaires israéliens les ciblent souvent directement. Silence total aussi par rapport aux innombrables hôpitaux, écoles, universités, mosquées, édifices de l'ONU, résidences, etc., bombardés, et souvent complètement pulvérisés par Israël à Gaza.
Les pays autocratiques offrent à leurs membres non seulement argent et sécurité, affirme Applebaum. Aussi et surtout, ils leurs offrent une chose moins tangible mais sans doute plus importante : l'impunité.
Après avoir vu les États-Unis utiliser leur véto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer une motion de cessez-le-feu à Gaza, et cela pour la quatrième fois depuis l'invasion israélienne de Gaza en octobre 2023, cette dernière affirmation d'Applebaum m'a frappée comme un coup de masse.
Pourquoi la plus grande puissance militaire au monde, qui se prétend la leader internationale de la démocratie, qui affirme défendre un ordre international fondé sur les règles, etc., accorde-t-elle à son grand allié israélien cette impunité totale ? Pourquoi offre-t-elle à Israël argent, soutien militaire à coup de dizaines de milliards de dollars, et sécurité ? Pourquoi rejette-t-elle le jugement de la Cour internationale de la justice qui estime plausible un génocide à Gaza et entame une enquête ? Pourquoi rejette-t-elle catégoriquement l'action de la Cour pénale internationale qui vient d'émettre un mandat d'arrêt contre le Premier ministre d'Israël Benjamin Nétanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes contre l'humanité ?
L'argument d'Applebaum selon lequel seules les autocraties ne respectent pas l'ordre international fondé sur des règles et les traités et convention sur le génocide tient-il vraiment la route ?
Notes
1.Counting the dead in Gaza : difficult but essential, The Lancet, le 10 juillet 2024. Consulté le 23 novembre 2024.
2.Nearly 70 percent of deaths in Gaza are women and children : UN, Al Jazeera, le 8 novembre 2024. Consulté le 23 novembre 2024.
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Visa le pouvoir, tua le pays

Après la défaite du référendum de 1995, Jacques Parizeau allait dans son discours faire porter la responsabilité de la défaite indépendantiste sur « L'argent, puis des votes ethniques ». En six mots, il avait réussi à aliéner à la cause de l'indépendance une bonne partie des québécois issus de l'immigration.
Par Sébastien Robert, Syndicaliste, conseiller municipal et ex-candidat de Québec solidaire
Dans les années qui ont suivi, l'austérité péquiste menée par Lucien Bouchard a mené à l'aliénation au PQ des Québécois progressistes, issus des classes populaires et des jeunes. Avec beaucoup d'autres de ma génération, c'est me faire gazer pendant une fin de semaine complète au Sommet des Amériques, sous le gouvernement de Bernard Landry, qui m'a convaincu que le PQ travaillait contre mes idées et moi.
J'ai néanmoins toujours été pour que le Québec devienne un pays. Avec d'autres, j'ai participé à fonder l'UFP, puis Québec solidaire. Dans les 25 dernières années, j'ai rencontré beaucoup de personnes qui étaient devenues énormément réticentes à l'indépendance parce que l'idée était associée au PQ, un parti qui les avait trahis ou maltraité énormément dans le passé.
Avec énormément d'effort, on a réussi à construire des ponts et rebâtir la confiance avec ces Québécois et on a réussi à leur montrer qu'ils avaient une place dans le mouvement indépendantiste. Certaines de ces personnes, comme Ruba Ghazal, Andres Fontecilla, Haroun Bouazzi et Alejandra Zaga-Mendez, sont maintenant députés indépendantistes à l'Assemblée nationale.
Cette semaine, après avoir vu le PQ mener la charge contre Haroun Bouazzi et Québec solidaire, beaucoup de ces personnes vont conclure qu'ils n'auraient pas leur place dans un pays du Québec. On peut difficilement leur reprocher quand c'est un message qui leur est régulièrement transmis par le PQ depuis bientôt 30 ans.
La stratégie de Paul St-Pierre-Plamondon est de devenir premier ministre du Québec en 2026 et d'appeler le Québec à un référendum sur l'indépendance en 2027 ou 2028. Cette semaine, je me suis surpris à me demander ce que j'allais faire si la stratégie du PQ se concrétisait. Est-ce que j'allais donner le mandat d'écrire la Constitution de mon pays à ceux qui disent que je suis un « woke antidémocratique » ?
J'ai encore le temps de réfléchir à la question et, dans ma situation, je crains peu pour ma sécurité et celle de ma famille dans un pays du PQ. Je ne peux pas en dire autant pour tous les québécois issus de l'immigration, qui vive de la précarité ou qui font partie de groupes régulièrement discriminés. Pour eux, c'est réellement inquiétant de donner les clés du pays à un parti qui les prend régulièrement comme boucs-émissaires et qui les présente comme des menaces à la nation québécoise. Vous pensez que le Oui obtiendra la majorité des votes si le pays du Québec qui en résulte fait peur à la majorité des Québécois ?
Blâmer les immigrants et les wokes pour tous les maux de la société, c'est le discours que Trump a utilisé pour prendre le pouvoir. En adoptant le même discours dans le but de prendre le pouvoir à la CAQ, le PQ est en train de tuer les chances que le Québec devienne un jour un pays. Paul St-Pierre-Plamondon et les péquistes n'auront qu'eux-mêmes à blâmer si les résultats d'un éventuel référendum en 2027-2028 sont similaires à ceux des référendums de 1980 ou 1995. Les personnes que le discours actuel du PQ aura poussé vers le fédéralisme n'auront alors que protégé leur sécurité et celle de leur famille. Peut-on vraiment les en blâmer ?
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TES Canada : la nouvelle idole

Nous avons eu droit mercredi dernier, à la Cité de l'énergie, à la première célébration de la dernière idole des GENS D'AFFAIRES.
En plus des officiants, quelques fidèles étaient présents. Tous participaient au culte du jour, tous communiaient avec la même ferveur à la table des redevances de TES Canada, l'hostie ostentatoire capable d'apaiser les pires tourments de l'âme et de faire taire les pires remords engendrés par la culpabilité de céder à l'intérêt personnel.
Certes, le prochain n'est pas totalement oublié par ces gens d'affaires malgré la ferveur qui les transporte. Seuls les citoyens égarés, qui tournent le dos à leur idole, ne trouvent pas place dans leur cœur. Mais ils sont peu nombreux selon leurs dires. Un groupuscule d'opposants ! Malheureusement, ils menaceraient la majorité des fidèles, pacifique, silencieuse et invisible qui aimerait manifester sa foi ouvertement.
Ils seraient dangereux, ces opposants. Vindicatifs, aux dires des fidèles interrogés, ils seraient prompts à lancer des pierres aux apôtres du nouveau culte. Voilà la raison pour laquelle ces derniers ont tant attendu avant d'affirmer leur foi vacillante. Mais voilà, c'est chose du passé. Leur courage a crû parce que les débordements des opposants seraient aujourd'hui moindres.
Mais qui sommes-nous, nous qui nous opposons au projet de TES Canada ?
Nous ne sommes pas contre les éoliennes, mais nous sommes contre les éoliennes en milieu habité.
Nous ne sommes pas contre la transition énergétique, mais contre le fait que l'urgence climatique puisse servir à excuser toutes manœuvres, plus intéressées par le profit que par des solutions réelles capables d'en enrayer la progression.
Le gouvernement actuel agit dans la précipitation, progresse « de risques calculés » en « risques calculés » et abuse de son pouvoir pour contourner les mesures élémentaires de prudence. On peut penser à l'abolition du BAPE dans le cas de Northvolt qui non seulement n'agit pas contre le dérèglement climatique, mais provoque celui du climat social.
D'autres solutions existent et sont proposées par plusieurs experts, mais le gouvernement semble vouloir poursuivre une mission pour laquelle il n'a pas obtenu le mandat lors de son élection. À qui obéit notre gouvernement et qui sert-il ?
La panique, à laquelle il semble obéir, le conduit à proposer un remède qui risque d'engendrer des maux pires que le mal qu'il veut guérir. Ces parcs éoliens ont des impacts et même TES Canada le reconnaît puisqu'il consent à indemniser les résidents demeurant à moins de 1000 mètres de ses éoliennes. Mais TES Canada ne reconnaît pas tous les impacts. Il a même le culot, si ce n'est le ridicule, d'en enjoliver certains ou d'en présenter d'autres comme des mythes. Selon ses dires, les éoliennes « ajoutent une touche de modernité au paysage ». TES Canada pense-t-il qu'en ridiculisant les faits et maquillant la réalité, il abolira le réel ? Un parc éolien n'améliore pas un paysage, il le dénature. La nuisance sonore et les risques indirects susceptibles d'affecter la santé sont bien réels, la dévaluation foncière est bien réelle, les impacts sur la faune et la biodiversité sont bien réels, sinon pourquoi TES Canada entend-il « minimiser » les impacts ?
Ces parcs éoliens en milieu habité, construits sous le prétexte de sauver la planète, de nous sauver, font de nous de nouvelles victimes de ce dérèglement climatique. Ils ajoutent des victimes aux victimes.
Il faut cesser de nous présenter les GENS D'AFFAIRES et les PROMOTEURS comme des philanthropes magnanimes et généreux. Il s'en trouve sûrement, mais c'est l'exception, non la règle. Ils pensent avant tout à leur propre intérêt : « faire des AFFAIRES ». S'ils sont utiles à la bonne marche de l'économie, ils ne sont qu'un rouage d'une politique qui doit trouver ailleurs ses lumières. On oublie trop facilement qu'une politique dominée par l'argent accouche toujours d'un monstre.
M. Angers, maire de Shawinigan, par un grossier subterfuge, substitue la « pertinence sociale » à « l'acceptabilité sociale ». Il biffe ainsi cette notion capitale sur laquelle insistent tous les documents officiels du gouvernement. Cette condition préalable et indispensable à tout projet de société, supprimée par M. Angers, est un bel exemple de l'humanisme de certains GENS D'AFFAIRES.
Il n'y a pas que les gens d'affaires qui font passer leur intérêt avant le bien-être de leur voisinage et de leur environnement.
Le témoignage poignant d'une propriétaire terrienne, qui accepta de signer une entente pour accueillir une éolienne, est apporté pour illustrer la mansuétude dont peut faire preuve TES Canada. Eh oui, TES accepta de modifier l'emplacement choisi pour son éolienne parce que la dame ne la voulait pas à cet endroit sur sa terre. Elle devait craindre la trop grande proximité de l'éolienne par rapport à sa résidence, le bruit ou la détérioration du paysage, bref des raisons légitimes de demander cette modification. Tous les voisins de tous ces propriétaires ayant signé des ententes avec TES Canada n'auront pas cette chance de se faire entendre.
Gaston Rivard
Citoyen de Saint-Adelphe
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Contre l’OTAN, contre le militarisme et pour la libération des peuples

Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, a soutenu dans son plus récent rapport que l'on assiste actuellement au « premier génocide colonial diffusé en direct »
. Depuis octobre 2023, Israël bombarde la bande de Gaza de manière indiscriminée et la population est privée de toutes ressources essentielles. Parallèlement, l'indifférence de la communauté internationale et la complicité de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), dont le soit-disant Canada fait partie, est consternante.
Israël a le statut d'allié majeur non-membre de l'OTAN, qui lui offre un accès prioritaire et quasi illimité aux technologies militaires les plus avancées des États-Unis et de l'Europe. Le génocide en cours est donc loin d'être un événement soudain, mais s'inscrit dans une stratégie d'effacement du peuple palestinien qui perdure depuis des décennies grâce à l'appui occidental inconditionnel offert à l'État sioniste, notamment via des outils de contrôle et de surveillance à la fine pointe de la technologie militaire primée par l'OTAN. Gaza est connue depuis longtemps comme la plus grande prison à ciel ouvert de la planète grâce à un sytème complexe de murs-frontières composés de grillages de métal, de béton armé, de caméras de surveillance, de drones et de tourelles où opère la milice sioniste. À ces barrières physiques s'ajoutent la cybersurveillance, la reconnaissance faciale et l'espionnage constant. La Palestine est donc un laboratoire pour l'industrie militaire et technologique israélienne, soutenue logistiquement et financièrement par les membres de l'OTAN.
Les pays membres de l'alliance se servent ensuite de ces expérimentations pour mieux réprimer leurs propres citoyen-nes. Par exemple, en 2012, les balles de plastique de la Sûreté du Québec (SQ) qui ont crevé les yeux et défiguré les militant·es étudiant·es avaient d'abord été testées par les forces sionistes.
Nous devrions aussi nous inquiéter de la volonté de l'OTAN à renforcer son appui indéfectible à Israël par des interventions militaires directes. Le think tank NATO Watch a publié un briefing faisant la promotion d'une intervention de l'OTAN pour « stabiliser la région » en s'appuyant notamment sur le « succès » des missions de stabilisation en ex-Yougslavie à la fin des années 1990. Pourtant, si l'on pose un regard critique sur les missions passées de l'OTAN au Kosovo, en Afghanistan ou en Libye, on comprend très bien ce que « stabilisation » ou « maintien de la paix » veut dire : détruire tout sur son passage, y compris des lieux de refuges des populations civiles puis quitter après avoir semer l'instabilité politique et le chaos.
Militarisme et capitalisme : un duo destructeur
Au moment d'écrire ce texte, nous sommes encore à digérer l'élection de Donald Trump. Largement soutenu par les puissants lobbys du complexe militaro-industriel, ses politiques autoritaires et bellicistes posent de réels dangers pour la paix mondiale. Qu'on nous comprenne bien, on n'aurait pas applaudi l'élection de son adversaire ! À une ère de multiplication de conflits armés d'une violence inédite, nous devons nous préoccuper de la montée de l'extrême-droite aux États-Unis, pilier central de l'OTAN.
Les politiques capitalistes de nos gouvernements maintiennent des pans complets de la population dans la précarité et la vulnérabilité. Maintenus à l'écart de toute possibilité de mobilité sociale, ces groupes deviennent un bassin de recrutement inépuisable pour les armées occidentales. Ce sont donc les corps de notre jeunesse qui se feront mutiler physiquement et psychologiquement pour aller massacrer des peuples entiers afin de préserver les intérêts coloniaux et impérialistes des élites économiques et politiques, le tout sous couvert de sauvetage et de sécurité mondiale.
La situation ne s'améliorera pas avec le gouvernement canadien qui cède à des années de pression des États-Unis pour augmenter son budget militaire à hauteur de 2% de son PIB, ce qui devrait représenter 82 milliards de dollars en 2032-2033.
Alors que les budgets militaires ne cessent de croître, on nous dit que des programmes sociaux essentiels comme le transport collectif et le logement social ne sont pas rentables.
Appel à se mobiliser contre l'OTAN
Pour s'engager activement pour la paix, il est crucial de contester le rôle de l'OTAN dans la militarisation du monde et son soutien à des politiques autoritaires et colonialistes. Alors que Tiohtià:ke/ Montréal accueillera la prochaine assemblée parlementaire de l'OTAN du 22 au 25 novembre, il est temps de faire entendre nos voix. Nous appelons la population à manifester le 22 novembre à 17h30, Place des Arts. Montrons notre rejet du militarisme aveugle et de la domination exercée par l'OTAN. Construisons une solidarité active entre tous les peuples et refusons que la mémoire des victimes des guerres serve à légitimer d'autres conflits. Unissons-nous pour une paix durable, libérée de toute forme de colonialisme, d'impérialisme et de militarisme !
Lettre de Désinvestir pour la Palestine
Co-signée par :
Actions contre les armes / Actions against arms
Collectif UdeM pour la Palestine
Convergence des luttes anticapitalistes
Femmes de diverses origines / Women of diverse origins
Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec
Organisation révolutionnaire anarchiste
Palestiniens et Juifs Unis (PAJU)
Syndicat Industriel des Travailleuses et Travailleurs — Industrial Workers of the World (SITT – IWW)
*********************
Manifestation du 22 novembre
*Le Collectif Désinvestir pour la Palestine dénonce les violences policières et la complicité de l'OTAN dans le génocide colonial en Palestine*
*Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, le 24 novembre 2024 *— Le collectif Désinvestir pour la Palestine dénonce fermement les tentatives malhonnêtes des politicien-nes de détourner le message politique porté par la manifestation du 22 novembre contre l'OTAN et le génocide colonial en Palestine. Nos gouvernements, qui offrent un soutien indéfectible et honteux à Israël depuis des décennies, se sont empressés de détourner les messages anti-militaristes, anti-impérialistes et anticolonialistes portés par les manifestant-es en lançant de fausses accusations d'antisémitisme.
Il s'agit d'accusations mensongères qui visent à délégitimer le mouvement de solidarité avec la libération de la Palestine et qui nuisent à la lutte contre l'antisémitisme. Soyons clairs : incendier une poupée à l'effigie d'un chef d'État visé par deux mandats d'arrestation de la Cour pénale internationale (CPI) n'a rien d'un acte d'antisémitisme. Cela relève de l'expression légitime d'une colère collective face à l'indifférence politique au coeur d'un génocide colonial.
De plus, le Collectif dénonce fermement les violences policières contre la foule qui manifestait contre la complicité des membres de l'OTAN dans les guerres impérialistes et le génocide du peuple palestinien. Les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont fait un usage excessif de gaz lacrymogène et ont asséné des coups de matraques et de boucliers aux manifestant·es lors de manœuvres de dispersion dangereuses.
Au moins quatre personnes ont dû être évacuées d'urgence par ambulance afin d'être hospitalisées. Parmi les blessé·es, une personne matraquée à la tête a subi des lésions sérieuses. En attente de l'ambulance, la personne blessée a été assistée par des secouristes qui ont été violemment agressé-es par des policiers <https://we.tl/t-aBizBSmaWJ> . Parmi les personnes hospitalisées, un photographe a été blessé après avoir été atteint à l'œil par un projectile lancé par la police, puis aspergé de poivre de cayenne. Une autre personne a subi une fracture au bras suite à des coups de matraque, sans compter les malaises chez plusieurs manifestant-es suivant une surexposition dangereuse aux irritants chimiques.
Le Collectif est atterré : la répression brutale envers des manifestant-es est non seulement tolérée, mais applaudie par les mêmes politicien-nes qui appuient la campagne génocidaire d'Israël contre le peuple palestinien. Le Collectif dénonce l'hypocrisie de ces représentant-es qui disent défendre la loi, tout en soutenant des violations graves, répétées et documentées du droit international en Palestine depuis des décennies.
Le message du Collectif à l'OTAN et aux gouvernements complices de l'oppression des peuples à travers le monde reste le même : on ne construit pas la paix par les armes et la répression. On la construit par la solidarité entre les peuples et la résistance à l'oppression et la colonisation sous toutes ses formes.
*Citation *
« La manifestation du 22 novembre nous a montré une fois de plus le vrai visage de nos institutions. Plutôt que de mettre fin à leur complicité avec le génocide colonial en Palestine, leur réponse est celle de la répression. Cependant, la solidarité ne se brise pas à coups de matraque. Ce que nous avons vu lors de la manifestation, c'est que la violence policière n'a fait que renforcer la détermination du mouvement à lutter jusqu'à la libération de la Palestine et de tous les peuples opprimés et colonisés » déclare Benoît Allard, porte-parole du collectif Désinvestir pour la Palestine.
*Collectif Désinvestir pour la Palestine*
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