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Suspension des visas : Trump continue son offensive contre les universités et les soutiens à la Palestine
Alors que les visas étudiants étaient déjà menacés à Harvard, Trump tente de passer en force en interdisant aux ambassades et consulats des États-Unis de recevoir l'ensemble des demandeurs de visas étudiants, avançant dans son offensive xénophobe à l'égard des universités.
28 mai 2025 | tiré de Révolution permanente
https://www.revolutionpermanente.fr/Suspension-des-visas-Trump-continue-son-offensive-contre-les-universites-et-les-soutiens-a-la
Ce mardi 27 mai, le secrétaire d'État étasunien, Marco Rubio, a annoncé la suspension du traitement de tous les visas des étudiants étrangers, en attendant une analyse approfondie de leurs profils sur les réseaux sociaux. Ce sont des milliers de personnes en attente d'être reçues par les différents services de l'immigration qui vont voir leur rendez-vous annulé, leur demande de visa refusée, en attente de nouvelles directives du gouvernement. La suspension des traitements des visas étudiants est justifiée par un besoin de prendre « très au sérieux le processus d'examen de tous ceux qui entrent dans le pays », d'après le porte-parole du secrétariat d'État américain, Tammy Bruce.
Cette mesure liberticide vise à surveiller les opinions politiques des étudiants étrangers, en s'assurant qu'ils ne soient pas critiques du gouvernement. C'est la mise en place d'un profilage et d'un tri idéologique aux frontières accru qui est progressivement mis en place, alors que les étudiants étrangers étaient déjà une cible de l'administration Trump. À Harvard, le programme d'inscription des étudiants étrangers a été suspendu la semaine dernière alors que l'Université s'était opposée au fichage des étudiants et à l'envoi des vidéos des manifestations en soutien à la Palestine du campus.
Face à la résistance de la présidence de l'Université, le Département de la Sécurité Intérieure a annoncé la suppression du programme, et désormais Trump entend s'attaquer à l'ensemble des étudiants étrangers et de la communauté universitaire. Le profilage des étudiants et la répression du mouvement Palestine sont les deux faces d'une même pièce : la volonté féroce de Trump de façonner les universités à son programme réactionnaire, raciste et anti-woke.
Ces deux mesures s'inscrivent dans la continuité de l'offensive que Trump mène depuis son retour à la tête des États Unis. En effet, le président mène une lutte acharnée contre les mobilisations dénonçant le génocide en Palestine et la complicité des États Unis, comme l'a montré la répression violente contre des figures du mouvement comme Mahmoud Khalil, menacé de déportation, ou les attaques contre les universités, en particulier d'élite, qui ont été le foyer des mobilisations. Trump avait notamment privé Columbia de 400 millions de dollars de financement fédéraux : après ça, l'université avait plié face aux demandes du gouvernement.
Trump cherche à abattre toute contestation de ses politiques en visant particulièrement les universités, affichant comme objectif un contrôle idéologique fort et la décapitation du mouvement de solidarité avec la Palestine. Seul un mouvement d'ensemble, formé d'étudiants et de travailleurs, affirmant que Trump n'a pas de mandat pour son programme réactionnaire, exigeant la relaxe de tous les réprimés et l'inscription de l'ensemble des étudiants étrangers demandeurs de visas sera capable de faire reculer le président américain et son monde.
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États-Unis. Obsédé par l’anniversaire de 1776, Trump impose son roman national américain
Le président des États-Unis prend des mesures drastiques pour remodeler l'histoire américaine, explique “The New York Times”. Il ambitionne de grandioses célébrations pour les 250 ans de l'indépendance, et veut créer un “Jardin des héros”.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : "Ça va être énooorme !" Dessin de Taylor Jones., Etats-Unis, Cagle cartoons. Article publié à l'origine dans le New York Times.
Le président Trump n'est pas connu pour sa passion pour l'histoire. Il n'a pas invité d'historiens à dîner à la Maison-Blanche pour débattre en toute liberté, comme Barack Obama, pas plus qu'il ne s'est vanté de dévorer de copieuses biographies, comme George W. Bush quand il se lançait dans des concours de lecture avec son conseiller Karl Rove.
Pendant sa première campagne, une plaque, apposée dans un de ses parcours de golf et qui commémore une bataille de la guerre de Sécession qui n'a jamais eu lieu, lui a valu des railleries. Il a beau régulièrement en appeler à la grandeur de l'Amérique, il ne se réclame que rarement des Pères fondateurs, et a un jour prétendu que si George Washington et Abraham Lincoln s'étaient présentés contre lui sur une même liste, il les aurait écrasés.
Reste qu'il est parfaitement conscient de la puissance de l'histoire. Et depuis qu'il est revenu dans le Bureau ovale, il a pris des mesures radicales pour promouvoir la vision qu'il en a – et bouleverser les institutions culturelles américaines qui influent sur le roman national américain.
En mars, dans un décret intitulé “Rétablir la vérité et la raison dans l'histoire américaine”, il s'en est pris à ce qu'il considère comme un dangereux “mouvement révisionniste” qui tenterait de saper les “accomplissements remarquables des États-Unis” et leur “contribution sans équivalent à la défense de la liberté, des droits individuels et du bonheur de l'humanité”.
Mainmise sur les préparatifs
Au-delà de la rhétorique, le président a décidé de remettre en question ou de prendre le contrôle d'institutions culturelles fédérales associées au domaine de l'histoire, dont la Smithsonian, le Service des parcs nationaux [qui gère les parcs naturels, mais aussi les monuments et propriétés historiques à l'échelle fédérale] et la Fondation nationale pour les sciences humaines.
Il souhaite également s'assurer la mainmise sur les préparatifs du 250e anniversaire de l'indépendance des États-Unis, qui doit avoir lieu l'an prochain, et a relancé son idée d'un Jardin national des héros américains, un parc orné de statues dédiées à des personnalités du passé.
Aux yeux de nombre de spécialistes, les décisions de Trump constituent une attaque contre la discipline qu'est l'histoire, dans l'espoir d'en écarter toute réflexion critique et ainsi purger le passé de faits gênants. “Il ne s'agit pas d'un retour à la raison, a rétorqué il y a peu l'Organisation des historiens américains dans une réponse au décret de Trump. Mais plutôt d'une tentative de rationaliser la destruction de la vérité.”
Contre les supposés défaitistes
Selon des sondages récents, les Américains, dans leur grande majorité et quelle que soit leur couleur politique, ne sont pas hostiles à une histoire complexe qui montre aussi bien les bonnes que les mauvaises choses. Pourtant, à en croire certains observateurs, par ses agissements, Trump s'efforce de plus en plus d'utiliser l'histoire comme un moyen de séparer les “vrais” Américains des défaitistes qui menaceraient le corps politique.
Pour Johann Neem, historien à la Western Washington University, Trump ne cherche pas à vanter un passé mythique uniquement blanc, comme l'affirment plusieurs de ses détracteurs. L'objectif est de s'en prendre à des ennemis actuels soupçonnés de déshonorer la grandeur de l'Amérique.
- “De son point de vue, le problème, ce n'est pas que l'on célèbre Harriet Tubman. Ce sont les gens qui, aujourd'hui, pensent que les héros, ça n'existe pas.”
La succession de déclarations de Trump au sujet de l'histoire américaine coïncide avec les célébrations autour du 250e anniversaire de la Déclaration d'indépendance, qui ont démarré [le 20 avril] avec la commémoration de la chevauchée de Paul Revere et le célèbre “coup de feu qui a résonné dans le monde entier”, autrement dit, les batailles de Lexington et de Concord.
La Maison-Blanche a mis en ligne un compte à rebours qui annonce “toute une année de festivités” censée débuter pour le Memorial Day [le 26 mai]. La page affiche les premières vidéos d'une série historique ambitieuse, The Story of America, créée en partenariat avec le Hillsdale College, l'établissement conservateur qui a joué un rôle clé dans la rédaction et la promotion du Rapport 1776 sur l'éducation patriotique, publié à la fin du premier mandat de Trump [une réponse au Projet 1619 du New York Times Magazine, qui mettait en avant le rôle fondateur des esclaves dans l'histoire du pays].
Un grandiose “semi-cinq-centenaire”
Trump parle du “semi-cinq-centenaire”, nom officiel de l'anniversaire, depuis qu'il a été élu pour la première fois. “Ce sera un des événements marquants de l'histoire du monde”, avait-il affirmé dans son premier discours au Congrès, en février 2017. Il l'a de nouveau évoqué dans un discours combatif lors de la conférence impromptue sur l'histoire américaine organisée à la Maison-Blanche en septembre 2020, durant laquelle il s'était emporté contre les “émeutiers gauchistes” qui avaient abattu des statues et “profané” des monuments.
En 2023, dans une vidéo de campagne, il a proposé de marquer cet anniversaire par une “grande foire-exposition américaine” et des “jeux patriotiques” pour les athlètes du secondaire. Et en novembre dernier, une semaine à peine après avoir été réélu, il a proclamé que les économies réalisées – d'ici le 4 juillet 2026 – par son nouveau “département de l'efficacité gouvernementale” (Doge) représenteraient un “cadeau parfait” pour le 250e anniversaire de l'Amérique.
En janvier, peu après avoir pris ses fonctions, Trump a annoncé la création d'une Task Force 250, chargée de travailler à la préparation de “célébrations grandioses”. Elle a été placée sous la supervision de Vince Haley, conseiller de longue date et auteur des discours du président, aujourd'hui directeur de son cabinet de politique intérieure.
Glorifier les héros
La plupart des événements liés au 250e anniversaire sont pris en charge aux niveaux local et des États, et la Maison-Blanche et l'État fédéral n'y jouent aucun rôle direct. Mais les décisions du gouvernement Trump suscitent de graves inquiétudes chez certains organisateurs.
Au début du mois d'avril, à la suite de plusieurs visites du Doge, la Fondation nationale pour les sciences humaines a licencié une grande partie de son personnel et annulé la plupart de ses financements en cours dans tout le pays, dont beaucoup de ceux qui étaient attribués à des projets en relation avec le 250e anniversaire. Sans soutien fédéral, préviennent les défenseurs des sciences humaines, on pourrait tout simplement assister à la disparition de quelques-unes des associations actives dans ce secteur aux niveaux local et des États.
Les financements annulés pourraient aider à financer le Jardin national des héros américains cher à Donald Trump, une éventualité qui en exaspère plus d'un. Pour beaucoup d'observateurs, la passion du président pour ce jardin de sculptures, qui honorera 250 héros dans différents domaines et aux origines diverses, a quelque chose de kitsch, voire pire. Mais il a toujours été convaincu qu'il ne fallait pas descendre les héros de leurs piédestaux, au propre comme au figuré.
“Une campagne pour effacer notre histoire”
En 2016, alors que les débats publics portaient sur le retrait d'Andrew Jackson des billets de 20 dollars pour le remplacer par l'abolitionniste Harriet Tubman, il avait salué la personnalité “fantastique” de Tubman, tout en appelant à faire preuve de sympathie envers Jackson [élu en 1828, ce président controversé a imposé des déplacements massifs d'Amérindiens]. “Je pense que c'est très dur quand on retire quelqu'un d'un billet de banque”, avait-il déclaré.
En 2020, pendant les manifestations en faveur de la justice raciale, alors que des statues étaient vandalisées dans tout le pays, dont certaines qui représentaient des soldats et des dirigeants nordistes, il avait durci ses propos, dans un discours au mont Rushmore.
- “Notre nation est témoin d'une campagne impitoyable qui vise à effacer notre histoire, diffamer nos héros, balayer nos valeurs et endoctriner nos enfants.”
Le choix des personnalités envisagées pour le jardin de sculptures de Trump paraît confus et laisse les observateurs perplexes, puisque l'on y trouve aussi bien l'activiste anti-lynchage Ida B. Wells, la philosophe antifasciste Hannah Arendt et d'autres qui ne sont généralement pas idolâtrés par la droite, que des figures emblématiques traditionnelles du patriotisme, comme George Washington, Betsy Ross [qui aurait confectionné le premier drapeau américain en 1776] et les frères Wright.
Laisser les querelles de côté
Certains universitaires rappellent néanmoins que la gauche n'est pas la seule à se soucier de l'inclusion, pas plus qu'il ne lui appartient de décider du sens de cette notion. Wilfred McClay, un historien du Hillsdale College, souligne qu'aucun groupe ou individu – qu'il s'agisse d'“historiens professionnels certifiés” ou du président – n'est propriétaire de l'histoire de l'Amérique. Et les historiens conservateurs, ajoute-t-il, ont tout autant le droit de contester les interprétations académiques prédominantes que leurs collègues de gauche l'ont fait avant eux.
McClay, membre de la Commission du semi-cinq-centenaire des États-Unis, qui regroupe les deux partis et a été autorisée par le Congrès en 2016, estime que le 250e anniversaire devrait être l'occasion de rassembler tous les Américains, y compris ceux “qui ne sont pas d'accord entre eux et peut-être même se détestent”. “Ce n'est pas le moment d'obliger tout le monde à être du même avis, ou de revenir sur toutes les vieilles querelles, recommande-t-il. C'est le moment de laisser tout ça de côté.”
La Maison-Blanche s'est abstenue de tout commentaire et il ne nous a pas été possible d'interviewer les membres de la Task Force 250. Mais il semblerait que cette dernière ait l'intention d'influencer d'autres organisateurs d'événements. Brittany Baldwin, qui en fait partie, a adressé des courriels à des planificateurs dans les États pour leur demander des informations sur leurs “trois à cinq” principaux projets, et s'est dite prête à soutenir les “initiatives appropriées”. Et en mars, à Mount Vernon, Vince Haley et d'autres représentants du gouvernement ont assisté à une réunion de la Commission du semi-cinq-centenaire.
Changement de partenaires
Peu après, les programmateurs au niveau des États ont appris que la commission avait mis fin à ses liens avec Precision Strategies, une agence de marketing fondée par des anciens du gouvernement Obama. Et la commission vient de faire appel aux services d'Event Strategies Inc., une société qui entretient des liens étroits avec les cercles proches de Trump et qui a attiré l'attention pour avoir aidé à organiser le rassemblement du 6 janvier 2021 à Washington.
Rosie Rios, la présidente de la commission, qui a occupé les fonctions de trésorière des États-Unis sous la présidence d'Obama, se dit emballée par le soutien vigoureux du gouvernement. Et elle ne croit pas que le 250e anniversaire en lui-même soit politisé. “Ce sont des partenaires formidables”, dit-elle de la Maison-Blanche.
- “Je pense que nous voulons tous créer les plus grandes célébrations dans l'histoire de notre pays, et les plus enthousiasmantes.”
Johann Neem, l'historien, se montre plus sceptique quant à la vision qu'a Trump du 250e anniversaire, et face à ce qu'il considère comme son offensive plus générale contre toutes les formes d'expertise et de savoir. Mais il reconnaît que dans leur approche de l'histoire, les spécialistes n'accordent pas toujours de place à des choses comme l'héroïsme des Minutemen [nom donné aux miliciens américains au début de la guerre d'indépendance] qui se sont battus à Lexington il y a deux cent cinquante ans.
Pour beaucoup d'Américains, toutes tendances politiques confondues, cet héroïsme est bien réel, explique Neem, et le fait de l'ignorer peut donner l'impression de violer quelque chose de “sacré”. “Si nous passons à côté de ça, nous passons à côté de l'essentiel”, convient-il.
Un an de festivités
Pour l'anniversaire des 250 ans de la déclaration d'indépendance, promulguée à Philadelphie le 4 juillet 1776, et par laquelle les treize colonies américaines ont déclaré leur souveraineté à la Couronne britannique pour former les États-Unis d'Amérique, la Maison-Blanche a vu les choses en grand. Et préparé des festivités qui vont durer plus d'une année. Elles vont débuter le 26 mai, jour du Memorial Day, pour se conclure en apothéose le 4 juillet 2026. Parmi les premiers événements marquants, un grand défilé militaire va être organisé à Washington le 14 juin pour célébrer, dans le même élan, les 250 ans de la création de l'armée américaine et le 79e anniversaire de Donald Trump. De nombreuses autres cérémonies vont être organisées tout au long de l'année dans un grand nombre de villes et d'États américains.
Jennifer Schuessler
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Gaza. « Le pire depuis le début de la guerre »
Le 30 mai, l'OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU) « avertit que la situation catastrophique à Gaza est la pire depuis le début de la guerre ». Il souligne que « les frappes se sont poursuivies dans toute la bande de Gaza, en particulier dans le nord, où le dernier hôpital encore partiellement opérationnel, Al Awda, a été contraint d'évacuer ses patients hier soir après avoir été frappé à plusieurs reprises ces derniers jours.
Tiré d'À l'encontre.
Les attaques se sont également poursuivies plus au sud, à Deir al-Balah, dans les camps d'Al-Bureij et d'An-Nuseirat. […] Les déplacements se sont poursuivis dans toute la bande de Gaza, avec près de 200 000 personnes déplacées au cours des deux dernières semaines seulement. Hier, les autorités israéliennes ont émis un nouvel ordre de déplacement couvrant environ 30% du territoire total de Gaza, dans le nord de Gaza, l'est de la ville de Gaza et Deir al-Balah. »
En tant que « puissance occupante » – selon le droit international – le gouvernement israélien aurait l'obligation, comme l'affirme l'OCHA, d'assurer « l'entrée de quantités beaucoup plus importantes de fournitures essentielles par plusieurs points de passage et itinéraires ». Or, le gouvernement israélien privatise et militarise une prétendue aide humanitaire, prenant appui sur la structure fantoche Gaza Humanitarian Foundation qui fait appel à des mercenaires et est appuyée par l'armée israélienne.
A ce propos, Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a publié sur les réseaux sociaux, le 1er juin, que cette opération israélo-états-unienne « est devenue un piège mortel… Ce système humiliant a contraint des milliers de personnes affamées et désespérées à marcher pendant des dizaines de kilomètres pour se rendre dans une zone pratiquement détruite par les bombardements intensifs de l'armée israélienne. » Philippe Lazzarini ajoute que « l'acheminement et la distribution de l'aide doivent être à grande échelle et sûrs. A Gaza, cela ne peut se faire que par l'intermédiaire des Nations unies, y compris l'UNRWA. » Et il appelle Israël « à lever le blocus de l'aide humanitaire, en place depuis trois mois, et à permettre un accès sûr et sans entrave, car c'est le seul moyen d'éviter une famine massive, notamment parmi un million d'enfants ». Dans un entretien donné à Middle East Eye le 2 juin, Philippe Lazzarini déclare : « Si Gaza n'est plus désormais un territoire pour les Palestiniens, ils considéreront qu'il s'agit de leur deuxième Nakba. » (Réd. A l'Encontre)
*****
« Comme si ces centres de distribution d'aide distribuaient la mort, à la place »
Par Maha Hussaini et Mohammed al-Hajjar (Gaza) et Ahmed Aziz à Khan Younis (Palestine occupée)
Les forces israéliennes ont commis un nouveau massacre le 1er juin visant des Palestiniens qui cherchaient de l'aide dans la bande de Gaza, tuant au moins 32 personnes et en blessant des dizaines d'autres, a déclaré dimanche le ministère palestinien de la Santé.
Selon des témoins oculaires et des responsables locaux, les forces israéliennes ont ouvert le feu directement sur des civils rassemblés à deux points de distribution de nourriture américano-israéliens à Rafah et dans le centre de Gaza.
Au moins 31 personnes ont été tuées à Rafah et une dans le centre de Gaza, tandis que plus de 200 ont été blessées, dont beaucoup gravement.
Le ministère de la Santé [de Gaza] a accusé Israël d'utiliser le nouveau mécanisme d'aide comme un « piège pour commettre des massacres » et un outil pour « le déplacement forcé de la population de Gaza ».
Il a ajouté que les personnes tuées dans le « massacre » présentaient des blessures par balle à la tête ou à la poitrine, ce qui indique une intention claire de tuer.
A Rafah, des milliers de personnes ont reçu l'ordre de faire la queue à environ 500 mètres du point de distribution de la Gaza Humanitarian Foundation situé au rond-point Al-Alam, a déclaré le journaliste local Mohammed Ghareeb à Middle East Eye.
Alors que la foule approchait de la zone, les forces israéliennes ont ouvert le feu dans toutes les directions, ont déclaré des témoins oculaires.
« Je me tenais parmi la foule, mais lorsque les gens ont commencé à se précipiter vers le point de distribution, je n'ai pas pu les suivre car des centaines de personnes poussaient pour avancer », a déclaré Marwa al-Naouq.
« Puis un quadricoptère [drone] est apparu et a commencé à tirer sur eux. Après cela, l'armée israélienne a ouvert le feu directement sur la foule, et les « forces de sécurité » américaines appuyant la GHF ont tiré des grenades lacrymogènes. Des dizaines de personnes ont été tuées et blessées alors que les gens couraient dans toutes les directions pour tenter de s'échapper. »
Marwan al-Hems, directeur des hôpitaux de campagne à Gaza, a décrit la scène comme un « massacre et un carnage ». « L'occupation a pris pour cible des personnes affamées, comme si ces centres de distribution d'aide distribuaient la mort à la place. »
Les hôpitaux du sud de Gaza ont été submergés, les patients s'entassant dans les couloirs et gisant sur le sol faute de lits et de fournitures médicales, a déclaré Marwan al-Hems. « Nous avons essayé de sauver autant de personnes que possible, mais nous en avons perdu certaines en raison d'une pénurie de sang », a-t-il ajouté.
Le Hamas a accusé Israël d'utiliser l'aide humanitaire comme une arme, affirmant que le système de distribution de nourriture s'inscrivait dans le cadre d'une campagne plus large de génocide.
L'armée israélienne a affirmé « ne pas avoir connaissance de blessés causés par les troupes [de l'armée israélienne] ».
Embuscade
A Rafah et dans le centre de Gaza, des témoins oculaires ont décrit les incidents comme des « embuscades » menées par les forces israéliennes. En coordination avec le « personnel de sécurité » américain travaillant pour la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), des civils affamés ont reçu l'ordre, aux premières heures du jour, de se rendre à un point de rassemblement près du pont de Wadi Gaza, officiellement pour recevoir de l'aide.
Au lieu de cela, ils ont été accueillis par des tirs directs, selon le Bureau des médias du gouvernement basé à Gaza. Beaucoup restent « pris au piège sous des tirs continus à proximité du centre d'aide », a rapporté le bureau.
Une scène similaire s'est déroulée à Rafah, où des milliers de personnes s'étaient rassemblées pendant la nuit pour recevoir de la nourriture. « Ils nous ont dit d'aller dans cette zone humanitaire pour recevoir de la nourriture, puis ils nous ont tués », a déclaré Arafat Siyam, un survivant, à MEE. Le frère de Siyam a été tué.
Les deux hommes étaient arrivés sur le site d'aide vendredi 30 mai à 23 heures, dans l'espoir de ramener de la nourriture à leurs enfants affamés. « Les Américains nous mentent. Depuis quand se soucient-ils de l'aide humanitaire ? Ils appellent ça un poste humanitaire, puis ils nous tuent là-bas. »
Selon le bureau des médias, les forces israéliennes ont tué au moins 49 Palestiniens et blessé 305 autres dans les centres de distribution gérés par la GHF depuis le début de l'opération, le 27 mai.
La GHF, une organisation américaine en proie à des controverses soutenue par Israël, a été créé pour contourner l'infrastructure humanitaire de l'ONU à Gaza.
De hauts responsables humanitaires ont condamné ce projet, affirmant qu'Israël devait cesser de bloquer le système mis en place par l'ONU et permettre à l'aide d'arriver sans obstruction.
Au total, les forces israéliennes ont tué plus de 54 000 Palestiniens dans la bande de Gaza depuis octobre 2023, dont au moins 16 500 enfants. En outre, plus de 10 000 personnes sont portées disparues et présumées mortes, tandis que près de 120 000 autres ont été blessées. (Article publié par Middle East Eye, le 1er juin 2025 ; traduction rédaction A l'Encontre)
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« Le déploiement militaire de denrées alimentaires comme moyen de déplacer une population »
Par Mera Aladam
Les forces israéliennes ont abattu lundi 2 juin trois affamés dans un centre de distribution de l'aide humanitaire américano-israélien (GHF) dans le sud de Gaza, portant à plus de 75 le nombre de personnes tuées en moins de six jours alors qu'elles tentaient de se procurer de la nourriture.
Le ministère de la Santé de Gaza a rapporté que trois Palestiniens ont été tués et au moins 35 blessés lorsque les forces israéliennes ont ouvert le feu près d'un site de distribution d'aide humanitaire à Rafah géré par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël.
Le ministère a indiqué que, selon son propre décompte, au moins 75 Palestiniens ont été tués et plus de 400 blessés alors qu'ils faisaient la queue pour obtenir de la nourriture depuis que la GHF a lancé ses opérations à Gaza le 27 mai.
Les meurtres de lundi ont eu lieu quelques heures après que les forces israéliennes ont abattu au moins 35 Palestiniens à deux points de distribution de nourriture américano-israéliens à Rafah et dans le centre de Gaza. […]
Depuis le lancement de ses opérations mardi dernier, la GHF affirme, sans fournir aucune preuve, avoir distribué des dizaines de milliers de colis alimentaires aux Palestiniens dans le besoin, soit une fraction de ce qui, selon les agences humanitaires, est nécessaire pour faire face à la famine qui sévit dans la bande de Gaza.
Le nouveau système d'aide, qui limite la distribution de nourriture à un petit nombre de centres gardés [quatre] par des agents de sécurité américains, vise à soustraire la distribution aux organisations humanitaires dirigées par les Nations unies.
L'ONU et d'autres grandes organisations humanitaires ont critiqué à plusieurs reprises ce mécanisme, et Médecins Sans Frontières (MSF) a averti que « l'utilisation de l'aide comme une arme pourrait constituer un crime contre l'humanité ».
« Les événements d'aujourd'hui ont montré une fois de plus que ce nouveau système d'acheminement de l'aide est déshumanisant, dangereux et totalement inefficace », a déclaré dimanche Claire Manera, coordinatrice d'urgence de MSF. « Il a entraîné la mort et des blessures de civils qui auraient pu être évitées. L'aide humanitaire doit être fournie uniquement par des organisations humanitaires qui ont la compétence et la détermination nécessaires pour le faire de manière sûre et efficace. »
« Un système hideux »
Rob Williams, directeur général de l'organisation de défense des droits humains War Child Alliance, a également critiqué le mécanisme d'aide soutenu par les Etats-Unis et Israël, affirmant que les scènes à Rafah sont « une condamnation accablante d'un modèle qui n'aurait jamais dû exister ». « Enfermer des familles désespérées derrière des barrières et placer l'aide sous bonne garde armée viole non seulement les principes humanitaires, mais aussi les règles élémentaires de décence. La véritable monstruosité de ce système hideux réside dans le fait de déguiser en action “humanitaire” le déploiement militaire de denrées alimentaires comme moyen de déplacer une population. »
Depuis le 2 mars, Israël interdit toute entrée de marchandises à Gaza, y compris la nourriture, l'eau et les médicaments, afin de contraindre le Hamas à renégocier l'accord de cessez-le-feu conclu en janvier.
Israël veut que le mouvement palestinien libère les derniers otages israéliens détenus à Gaza en échange d'une aide humanitaire, d'une trêve prolongée et de la libération d'autres prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Mais le Hamas insiste pour qu'Israël s'engage à un cessez-le-feu permanent, affirmant que tout « accord partiel » permettra à Israël de reprendre les massacres à Gaza.
Depuis la violation de l'accord de cessez-le-feu, les forces israéliennes ont tué au moins 4000 personnes lors d'attaques visant des tentes, des hôpitaux et des écoles transformées en abris.
Selon les autorités sanitaires et gouvernementales palestiniennes, au moins 54 000 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis octobre 2023, dont plus de 28 000 femmes et fillettes.
Ce chiffre comprend également au moins 1400 professionnels de la santé, 280 travailleurs humanitaires de l'ONU – le plus grand nombre de morts parmi le personnel de l'ONU depuis sa création – et au moins 180 journalistes, le plus grand nombre de professionnels des médias tués dans un conflit depuis que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a commencé à enregistrer ces données en 1992.
En janvier 2025, la revue médicale The Lancet a rapporté que le nombre de morts était probablement sous-estimé de 41%. L'étude estime que 59,1% des personnes tuées étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées de plus de 65 ans. Elle ne fournit pas d'estimation du nombre de combattants palestiniens parmi les morts.
Ce bilan représente 2,9% de la population de Gaza avant la guerre, « soit environ un habitant sur 35 », selon l'étude.
Article publié par Middle East Eye, le 2 juin 2025 ; traduction rédaction A l'Encontre.
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Les libéraux sauront-ils défendre les intérêts des femmes et l’égalité des genres ?
Ça y est, les élections fédérales sont derrière nous et le nouveau gouvernement est en place. Malgré l'impression d'avoir évité le pire en matière de recul des droits des femmes, cette campagne a mis en lumière une fragilisation préoccupante des engagements étatiques pour l'égalité de genre et les droits des femmes.
Dans ce contexte, il est donc essentiel de revenir sur les dynamiques de cette élection ainsi que sur la nouvelle composition ministérielle. Cela nous permettra de mieux cerner les perspectives politiques qui se dessinent au sujet des droits des femmes et des minorités de genre.
Une campagne électorale qui invisibilise les femmes
Sans grande surprise, les enjeux économiques ont occupé le devant de la scène tout au long de la campagne électorale : coût de la vie, guerre commerciale avec les États-Unis, crise du logement, entre autres. Si ces sujets sont indéniablement importants, leur prédominance a relégué d'autres enjeux essentiels au second plan.
Ainsi, les droits des femmes et l'égalité de genre ont été largement absents des échanges, en particulier lors du débat francophone, où ces questions n'ont été évoquées que de manière marginale. Aucun parti n'a pris d'engagement clair sur ces enjeux fondamentaux, et les candidats n'y ont consacré que quelques minutes – à peine – de leur temps de parole. Il aura fallu la question posée par l'une des journalistes dans les cinq dernières minutes du débat pour que les quatre chefs des principaux partis politiques finissent par y accorder de l'attention. Une invisibilisation préoccupante, alors que ces droits concernent plus de la moitié de la population mondiale.
Cette tendance à l'invisibilisation des femmes se confirme lorsqu'on analyse la représentation des femmes parmi les candidatures : un net recul a été observé, tous partis confondus. En 2021, les femmes représentaient 38 % des candidat·e·s. En 2025, ce chiffre est tombé à 32 %. Nous sommes donc loin de la parité.
Seul le NPD fait figure d'exception, avec une proportion de 51 % de femmes parmi ses candidat·e·s, dépassant ainsi légèrement la barre symbolique de l'équilibre.
Face à ce recul préoccupant, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) réitère sa position : rendre obligatoire la parité au sein des partis politiques afin d'assurer une représentation politique équitable et inclusive.
Un nouveau Parlement, mais toujours aucune réelle parité
Avec 18 femmes sur 38 parlementaires, le gouvernement Carney, assermenté le 13 mai dernier, s'approche de la parité statistique (47,4%). Si la parité est atteinte pour le conseil des ministres (14 femmes et 14 hommes), notons toutefois que seules 4 femmes sur 10 ont été nommées secrétaires d'État.
À la différence d'un secrétaire d'État, un ou une ministre siège à toutes les réunions du Cabinet et peut diriger un ministère à part entière. Le ou la secrétaire d'État, elle, n'intervient que sur les dossiers qui relèvent de son champ d'action. Son rôle est plus ciblé, avec des ressources et des moyens plus restreints.
Autre point important à souligner, le cabinet de Mark Carney tend vers la diversité. Pas moins de trois ministres autochtones sont entrés en poste : Mandy Gull-Masty, la nouvelle ministre des Services aux Autochtones – première femme autochtone à diriger un ministère chargé de fournir des services aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis au Canada – , Rebecca Chartrand qui s'occupera du ministère des Affaires du Nord et de l'Arctique, et Buckley Belanger qui devient secrétaire d'État pour le Développement rural. De plus, toutes les provinces et territoires sont représentés par au moins un ministre dans ce nouveau gouvernement et le quart de ces élus et élues sont Québécoises (Le Devoir, 2025).
Autre bon point : le gouvernement Carney s'appuie sur des femmes d'expérience. L'honorable Chrystia Freeland conserve son poste au ministère des Transports et du Commerce intérieur, tandis que l'honorable Mélanie Joly passe à l'Industrie. De nouveaux visages font par ailleurs leur apparition, tels que Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique, élue sous la bannière libérale dans Châteauguay–Les Jardins-de-Napierville.
Enfin, notons la nomination de l'honorable Rechie Valdez à la tête du ministère des Femmes et de l'Égalité des genres, lequel avait été dissous en mars dernier. Première femme d'origine philippine élue à la Chambre des communes, Valdez apporte une double expérience : celle du monde des affaires et de la sphère politique. Entrepreneure de formation, députée depuis 2021, elle est perçue comme une figure montante de la scène fédérale. Sa nomination pourrait marquer un engagement du gouvernement en faveur de la relance de ce ministère. La jeunesse de la nouvelle ministre, son parcours et ses origines multiculturelles en font une actrice attendue sur les enjeux d'équité, de représentation et de défense des droits des femmes.
Malgré ces signes encourageants, il n'en reste pas moins que la composition de la Chambre des communes laisse, quant à elle, à désirer. Seuls 30% des sièges, soit 104 sur 343, sont occupés par des femmes. Ce qui fait dégringoler le Parlement Canadien au 70ᵉ rang du classement mondial de l'Union interparlementaire en matière de parité. Ce recul s'observe également au Québec où 26 femmes sont élues (30%), comparativement à 28 à la précédente élection (La presse, 2025).
Le nouveau gouvernement prendra-t-il en compte les enjeux concrets des femmes ?
Dans le contexte actuel de guerre commerciale avec les États-Unis, le gouvernement se préoccupera-t-il des droits des femmes, plus que jamais menacés ? Rien n'est moins sûr lorsqu'on le voit se concentrer sur l'économie, la sécurité et la défense nationale.
Nous le savons, les femmes subissent plus durement les effets des crises économiques. Surreprésentées dans les emplois précaires, elles sont plus exposées à l'appauvrissement causé par la hausse du coût de la vie. Si les mesures nécessaires ne sont pas mises en place, les inégalités sociales et économiques risquent de s'intensifier. L'instauration de politiques d'austérité mènerait alors à des coupures de services publics, touchant particulièrement les femmes, principales utilisatrices et prestataires de ces services. Sans parler de la montée des droites qui menace chaque jour un peu plus les droits reproductifs et aggrave les violences faites aux femmes.
C'est pour toutes ces raisons que les droits des femmes et l'égalité des genres doivent être reconnus comme des priorités transversales, intégrées à l'ensemble des politiques publiques — qu'il s'agisse d'économie, de santé, de sécurité ou d'immigration.
L'approche intersectionnelle, qui tient compte des réalités croisées vécues par les femmes selon leur origine, leur statut social, leur orientation ou leur situation de handicap, ne peut être reléguée au second plan. Elle doit guider les choix stratégiques, les investissements et les évaluations d'impact du gouvernement.
Reste à voir comment les libéraux réagiront. La FFQ suivra de près l'évolution de ces différents enjeux qui pourraient défavoriser les femmes et les minorités. Nous appelons le gouvernement Carney à réaffirmer son engagement politique envers les femmes de façon claire et à l'inclure à tous les niveaux de décision.
Aujourd'hui, comme hier, nous restons mobilisées pour défendre les droits de toutes les femmes.
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Mères au front au FSMI : un exemple d’intersection
À l'intersection des luttes environnementales et féministes se dresse Mères au front, ce mouvement social fondé en 2020 par la sociologue Laure Waridel et la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette s'est construit autour d'une peur commune : l'avenir des prochaines générations.
28 mai 2025 | tiré du journal des alternatives | Photo : crédit : Mères au front, manifestation pour la fête des mères
Ce collectif décentralisé rassemble 33 groupes locaux à travers le Québec dans le but d'interpeller la société québécoise sur les différents systèmes d'oppression qui se rejoignent dans leurs luttes. La protection de la biodiversité et le droit à un environnement sain sont des enjeux au cœur de leurs préoccupations. Leurs membres contestent la construction de l'usine de Northvolt depuis deux ans, une menace envers la nature et les animaux de la région. Depuis 2022, elles portent une campagne nationale contre la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda et sa pollution des airs et du sol de la ville, dégradant la nature environnante, le territoire urbain et la qualité de vie de la population.
Face à l'inaction politique, mères, grands-mères et enfants se réunissent pour faire bousculer notre société et son rapport à la nature et aux autres. Ensemble, elles mobilisent leur amour pour leurs enfants comme « carburant » pour opérer des actions concrètes au sein de ce mouvement intergénérationnel qui se situe au carrefour de la militance écologiste, féministe, antifasciste et anticapitaliste. Mères au front feront leur début au Forum social mondial des intersections du 29 mai au 1er juin 2025 dans une volonté de mobiliser les femmes et faciliter leur participation dans l'espace militant autour de valeurs intersectionnelles communes.
Mères au front se distingue par l'aspect familial de leur mouvement, un caractère souvent oublié du monde militant. En alliant la maternité aux combats sociaux, elles veulent inclure les enfants dans l'espace de participation sociale afin d'effacer l'obstacle que pourrait représenter la charge familiale et encourager la participation des femmes. L'accent sur l'inclusion familiale dans les espaces militants vise aussi à porter la voix des enfants, qui voient leur futur perdu au profit d'entreprises privées et d'une classe politique endormie. Les mères au front s'emparent de ce combat pour préserver le futur des générations à venir et pousser les gouvernements à agir en considérant l'écologie en premier.
Leur participation au FSMI est marquée par un désir de partager des luttes semblables avec d'autres organismes et se confronter à des perspectives différentes pour mieux comprendre l'aspect mondial de ces enjeux. Leur combat critique la classe politique mondiale actuelle et leur manque d'action contre le dérèglement climatique et l'érosion des droits des femmes et des minorités. Leur présence au forum espère éveiller les consciences, tisser des liens internationaux avec des mouvements venus du monde et mobiliser toujours plus de citoyen.nes autour des causes qu'iels défendent depuis maintenant 5 ans. Leurs actions unissent artistes, scientifiques, et citoyen.nes engagé.es pour léguer une planète saine à nos enfants.
https://www.google.com/search?client=safari&rls=en&q=meres+au+front&ie=UTF-8&oe=UTF-8
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François, y’a des féminicides partout
Sherbrooke, 26 mai 2025 - Depuis le début de l'année, déjà huit femmes ont été assassinées au Québec (possiblement neuf), la plupart dans un contexte de violence conjugale ou familiale. Quatre dans les 11 derniers jours. Deux en deux jours. Le quart des victimes étaient autochtones de Puvirnituq au Nunavik. D'ailleurs, les femmes autochtones représentent 36% des victimes de féminicides, mais seulement 5% de la population au Canada.
Connaissez-vous leurs noms ? Lisa Marie Rytar, Ginette Gosselin, Luuku Luukku, Denise Brouillette, Nellie Tullaugak-Wilson, Lyne Fournel, Simone Mahan, Patricia Lynda Thériault, Ginette Bélanger et Denise Wagner et possiblement Jeannine Durocher.
Relisez encore. Encore. ENCORE. Jusqu'à temps que leurs noms soient bien étampés sur votre rétine et que vous ne puissiez plus ignorer ces femmes assassinées dans la plus grande insensibilité. De simples faits divers. Le genre d'articles qu'on évite sur le web et dont on tourne rapidement les pages papier.
Nous sommes en colère
Les violences genrées et les féminicides sont possibles seulement dans une société patriarcale qui les banalise. On en est là collectivement. Même si on se vante de bien des avancements pour l'égalité entre les femmes et les hommes et entre les femmes elles-mêmes, on sait très bien que s'il y a eu de tels avancements, c'est parce que les femmes elles-mêmes ont défendu leurs droits et revendiqué leurs libertés. C'est la même chose pour nos camarades des communautés 2SLGBTQIA+ et tout autre groupe vivant à la croisée des oppressions.
Nous sommes en colère
Du cash, ça suffit pas François. Va falloir que tu comprennes que du logement social, du transport en commun gratuit et adapté, l'accès à des banques alimentaires, à de l'aide à la recherche d'emploi, à de l'aide au budget, les éducatrices à l'enfance, les profs, l'accessibilité à la santé au grand complet, plus de programmes pour adapter des domiciles et des maisons d'hébergement… tout ça sauve la vie des femmes.
On a toujours haï les gens qui se moquent de la justice sociale, de l'équité, de la solidarité. En ce moment, on fait le constat qu'on haït ben du monde. Parce que le monde est dégueulasse et violent. Dans le monde, une femme est tuée par un proche toutes les 10 minutes. Au Canada, une femme est assassinée tous les 48 heures.
Y'a des féminicides partout, François.
Quatre féminicides en 15 jours. Entre le 7 mai et le 22 mai 2025.
Trois féminicides en 9 jours entre le 7 mai et le 15 mai.
Deux féminicides en 2 jours. Les 14 et 15 mai.
Pas ailleurs : au Québec.
Nous, on appelle ça une crise
On est écoeuré-es. On exige que les vies des femmes et des personnes à la croisée des oppressions, notamment les personnes trans et non-binaires, qui se font d'ailleurs assassiné-es en silence et dans l'indifférence, soient une priorité !
Plus qu'un pipeline, plus qu'une game de hockey, plus qu'un troisième lien, plus qu'un énième projet de loi nuisible et raciste adopté en utilisant une clause dérogatoire de la Charte des droits et libertés, PLUS QUE TOUT ! ----
Catherine D.-Lévesque, Julie Blackburn, Julie Dionne,
Marie-Danielle Larocque, Marie-Eve Millette et Marie-Pier Audet
Collective PAS UNE de PLUS
https://linktr.ee/collective.s | sherbrooke.feministe@gmail.com
Depuis la rédaction et la publication de cette lettre, le féminicide présumé de Jeannine Durocher s'est confirmé et un 10e féminicide, un 5e pour le mois de mai seulement, s'est produit à Sherbrooke, celui de Mylène Masson-Bessette.
Appuyé de 165 citoyen-nes et des 7 organisations suivantes : le Collectif pour le libre choix, la Citad'Elle, le Centre Femmes de Portneuf , le Regroupement des femmes La Sentin'Elle, ECTO, la Fédération des femmes du Québec et le
Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale.
PAS UNE DE PLUS est une Collective citoyenne de Sherbrooke qui rassemble des féministes en action contre les violences envers les femmes et les personnes à la croisée des oppressions. Nous sommes une collective autogérée qui travaille avec une analyse féministe, intersectionnelle et transinclusive des luttes. Nos actions sont politiquement orientées vers la déconstruction des systèmes de domination, comme le patriarcat et le capitalisme.
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PL106 – Les médecins de famille du Québec travaillent-ils suffisamment ?
Un des éléments centraux du projet de loi 106 déposé récemment par le ministre de la Santé, Christian Dubé, est de lier une partie de la rémunération des médecins de famille à des indicateurs de performance. Selon le gouvernement, cette mesure est nécessaire parce qu'une trop grande proportion des omnipraticien·ne·s travaille à temps partiel et ne contribue pas suffisamment à résoudre les problèmes d'accès à la première ligne. Est-il vrai que les médecins de famille québécois·es ne travaillent pas assez ? La solution aux problèmes d'accès se trouve-t-elle vraiment dans l'imposition de mesures de performance ? Voici le deuxième d'une série d'articles visant à analyser différents enjeux liés à ce projet de loi.
30 mai 2025 | tiré de la lettre de l'IRIS
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/sante-et-services-sociaux/medecins-famille-quebec-2/?utm_source=Liste+de+diffusion&utm_campaign=e36437a65a-sous_la_loupe_20241114_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_831b3c6b78-e36437a65a-126405189
Dans ce dossier comme dans bien d'autres touchant les services publics, le gouvernement adopte une approche directement inspirée de la nouvelle gestion publique, qui prétend mesurer « l'efficacité » et la « performance » des services publics par des mesures essentiellement quantitatives. Dans les faits, les mesures du « volume » de services donnés par les médecins de famille du Québec tendent à donner raison au gouvernement et à suggérer qu'ils et elles ne sont pas très « productives ».
Cependant, comme c'est souvent le cas avec les approches purement quantitatives et managériales, les données sur lesquelles s'appuie le gouvernement pour affirmer qu'une proportion importante des médecins travaillent à temps partiel ont des angles morts qui ne permettent pas de rendre compte de certaines particularités de la pratique médicale au Québec. Au contraire, des données qui tiennent compte de la dimension qualitative des soins suggèrent que l'explication de la moins bonne « performance » quantitative des médecins se trouve peut-être ailleurs et que l'avenue choisie par le gouvernement pour résoudre les problèmes d'accès n'est probablement pas la meilleure.
Le Québec en queue de peloton pour la quantité de services des médecins de famille
Les résultats pour le Canada d'une enquête internationale menée auprès des médecins de famille en 2019 montraient que sur 10 provinces, le Québec était alors au dernier rang pour le nombre médian de patient·e·s vu·e·s au cours d'une semaine de travail typique, loin derrière la province à l'avant-dernier rang. Cependant, ces comparaisons ne tiennent pas compte du fait qu'une part importante des médecins de famille du Québec sont dans l'obligation de consacrer une partie de leur pratique à des « activités médicales particulières », notamment à l'hôpital et en CHSLD, ce qui réduit le temps qu'ils et elles peuvent passer en cabinet à recevoir des patient·e·s.
Néanmoins, lorsqu'on compare le Québec avec l'ensemble du Canada pour le nombre de services médicaux offerts par les médecins de famille en incluant ceux donnés en deuxième ligne ou à l'extérieur de leur cabinet, on constate que, de manière générale, les médecins de famille du Québec « performent » beaucoup moins bien que la moyenne canadienne (graphique 1). En fait, alors que les médecins de famille sont plus nombreuses au Québec que dans la majorité des provinces et territoires, le Québec se situe dans les derniers rangs pour le nombre de consultations et de visites, pour le nombre d'interventions et pour le nombre total de services par 100 000 habitant·e·s offerts par les médecins de famille.
Précisons que ces données n'incluent que les services qui sont rémunérés à l'acte et excluent ceux qui sont rémunérés par capitation et à salaire. Ceci a pour effet de gonfler le nombre de services offerts au Québec en comparaison du reste du Canada puisqu'il s'agit d'une des provinces où la rémunération à l'acte occupe la plus grande proportion de la rémunération totale des médecins de famille, soit 72,6 %.
Trop de médecins à temps partiel ?
Le gouvernement explique cette plus faible « productivité » quantitative des médecins de famille québécois par le fait qu'une plus grande proportion d'entre eux et elles travailleraient à temps partiel. Or, les données disponibles permettent difficilement de parvenir à une conclusion claire à ce sujet.
À titre indicatif, mentionnons d'abord que 18,5 % de l'ensemble des travailleuses et des travailleurs québécois·es occupent un emploi à temps partiel au Québec, c'est-à-dire un emploi pour lequel on travaille habituellement moins de 30 heures par semaine. Les médecins étant principalement rémunéré·e·s à l'acte plutôt qu'à l'heure, il est difficile de trouver des données comparables, d'autant plus que les données disponibles comportent toutes des angles morts importants.
Ainsi, l'enquête internationale citée ci-dessus nous apprend que c'est au Québec que se situe la plus grande proportion de médecins de famille qui disent passer moins de 35 heures par semaine dans leur cabinet (29 % contre une moyenne de 18 % pour le Canada). C'est aussi au Québec que se trouve la plus faible proportion de médecins qui affirment y passer plus de 45 heures par semaine (44 % contre une moyenne de 55 %).
Rappelons toutefois que ces données ne tiennent pas compte des activités médicales particulières (AMP) que doivent faire les médecins de famille du Québec à l'extérieur de leur cabinet. De plus, bien que la proportion de médecins passant plus de 45 heures en cabinet soit plus faible qu'ailleurs au pays, c'est tout de même près de la moitié des médecins de famille québécois·es qui disent travailler dans leur cabinet durant un nombre d'heures supérieur à la semaine normale de travail, définie à 40 heures au Québec.
En se basant sur la rémunération à l'acte, qui inclut les paiements faits à l'extérieur du cabinet, une étude récente calcule que 26 % des médecins de famille du Québec travaillent 3 jours ou moins par semaine et moins de 125 jours par année si on compte comme des journées de travail toutes celles durant lesquelles au moins une facture est émise. Encore une fois, cette mesure est imparfaite puisqu'elle exclut le travail rémunéré par d'autres modes de rémunération, tels que la capitation ou la rémunération horaire, qui représentent tout de même près de 30 % des paiements cliniques reçus par les médecins.
L'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) propose une autre mesure qui inclut tous ces modes de rémunération, mais qui ne tient compte que des « paiements cliniques », ce qui exclut les paiements pour des tâches non cliniques telles que les tâches administratives et la formation. Sur cette base, l'ICIS calcule qu'il y a l'équivalent de 7445,68 médecins de famille à temps plein au Québec, ce qui représente 71,7 % du total des médecins de famille.
Le graphique 2 montre qu'à cet égard, le Québec se situe sous la moyenne canadienne, mais qu'il est davantage en milieu qu'en queue de peloton parmi les provinces. Cependant, puisque ces données sont elles aussi incomplètes et qu'elles ne tiennent pas compte des tâches non cliniques, les différences entre provinces pourraient s'expliquer par des tâches administratives plus ou moins lourdes, et non seulement par des différences dans l'intensité du travail des médecins.
Bref, ce tour d'horizon des données disponibles sur le travail à temps partiel des médecins de famille du Québec ne nous permet pas de conclure s'ils et elles font mieux ou pire que les médecins du reste du Canada, ou que la population québécoise en général.
La rémunération liée à la performance est-elle vraiment une solution ?
Les données présentées dans la première section montrent que les médecins de famille québécois·es offrent un volume de services médicaux nettement inférieur à celui qu'on observe dans le reste du Canada. Quant aux données présentées dans la deuxième section, elles tendent à montrer que le Québec est plutôt en milieu de peloton des provinces pour le nombre de médecins de famille qui travaillent à temps partiel. Sur cette base, il est difficile de conclure que le volume de services médicaux inférieur constaté au Québec s'explique principalement par un nombre trop élevé de médecins ayant choisi de travailler à temps partiel. On remarque par exemple que certaines provinces ayant un taux d'ETP inférieur à celui du Québec offrent néanmoins un nombre de services par 100 000 habitant·e·s plus élevé.
En fait, des données qualitatives suggèrent que la moins bonne « performance » quantitative des médecins de famille du Québec s'explique au moins en partie par le fait qu'ils et elles consacrent plus de temps avec chaque patient·e, ce qui réduit évidemment leur capacité à offrir un grand volume de consultations. En effet, dans l'enquête internationale mentionnée plus haut, à peine 2 % des médecins de famille québécois·es ont déclaré consacrer en moyenne moins de 15 minutes à chaque visite de routine, contre une moyenne de 28 % pour l'ensemble du Canada. Le Québec est de loin la province où cette proportion est la plus faible. Inversement, c'est aussi la province où la proportion de médecins disant consacrer plus de 25 minutes aux visites de routine est la plus élevée, à 48 % contre une moyenne canadienne de 18 %.
Évidemment, on peut s'attendre à ce que des visites médicales plus longues favorisent des soins de meilleure qualité et une prise en charge plus globale des patient·e·s. Au contraire, si les nouveaux critères de performance que souhaite imposer le gouvernement aux médecins parvenaient à les inciter à produire un plus grand volume de services, cela pourrait se traduire par une réduction du temps passé avec chaque patient·e et une dégradation des services offerts. Autrement dit, on pourrait se retrouver à réduire la qualité pour augmenter la quantité.
L'efficacité de cette solution est d'autant plus douteuse que la rémunération des médecins est déjà étroitement liée à leur performance quantitative. En effet, la rémunération à l'acte, qui demeure le principal mode de rémunération des médecins de famille au Québec, récompense précisément les médecins qui produisent le plus grand volume de services : plus le nombre d'actes augmente, plus la rémunération est élevée. C'est d'ailleurs l'argument principal, voire le seul argument généralement invoqué pour défendre ce mode de rémunération, reconnu par ailleurs pour ses multiples effets pervers, notamment en termes de qualité et de pertinence des services.
Force est de constater que, jusqu'à maintenant, le choix de lier la rémunération des médecins à leur performance quantitative n'a pas permis d'améliorer l'accès aux services. En fait, une vaste étude a démontré en 2018 que, de manière générale, les multiples tentatives d'orienter la pratique des médecins par l'entremise d'incitatifs ou de pénalités de type financier n'ont donné aucun résultat significatif. Une mise à jour récente de cette étude conclut que les augmentations de rémunération consenties aux médecins québécois·es au cours des dix dernières années ne se sont pas traduites par une augmentation du volume moyen de services par médecin, qui est resté stable dans le cas des médecins de famille (et qui a même diminué dans le cas des médecins spécialistes).
Les solutions sont donc ailleurs. Mais pour les trouver, il faut d'abord identifier les vrais problèmes. C'est ce que nous proposons de faire dans la suite de cette série d'articles.
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Projet de loi no 101 : la mise en place d’un piège pour les victimes du travail
C'est ce matin à Québec que débutent les consultations sur le Projet de loi no 101 (PL101) à la Commission de l'économie et du travail.
Projet de loi no 101 : la mise en place d'un piège pour les victimes du travail
C'est ce matin à Québec que débutent les consultations sur le Projet de loi no 101 (PL101) à la Commission de l'économie et du travail. Malheureusement, les associations qui représentent les victimes d'accidents et de maladies du travail en sont exclues, bien que ce projet de loi risque de frapper de plein fouet les travailleuses et travailleurs victimes de lésions professionnelles.
La mise en place d'un « piège à droit » en révision administrative
Le PL101 prévoit instaurer une procédure de négociation à la suite d'une demande de révision. À la fois arbitre du processus et représentante des intérêts du Fonds de la CNÉSST, la personne chargée de mener la négociation invitera l'employeur et la victime de lésion professionnelle à négocier une entente pour mettre fin au litige. Il s'agit d'une procédure viciée et une joute à 2 contre 1 menée par une personne qui ne peut être impartiale puisqu'elle représente une partie, au détriment des victimes de lésions professionnelles et de la sauvegarde des droits prévus dans la Loi sur les accidents du travail et maladies professionnelles (LATMP).
Les consultations à la Commission de l'économie et du travail
Aucun organisme portant la voix des travailleuses et travailleurs non-syndiqués victimes de lésions professionnelles n'a été invité à se faire entendre concernant les enjeux spécifiques qui les concernent. Cela est particulièrement scandaleux puisque les non-syndiqués, qui représentent plus de 60% des travailleuses et travailleurs, risquent d'être les premières victimes du processus de négociation en révision que le projet de loi introduit.
L'uttam a malgré tout déposé son mémoire sur le PL101 à la Commission de l'économie et du travail et l'a partagé aux députés qui y siègent.
Les consultations se terminent le 2 juin, l'étude détaillée pourrait débuter dès la mi-août et le gouvernement risque de tenter de faire adopter le projet de loi dès septembre à l'Assemblée nationale.
Soyons prêtes et prêts à nous mobiliser pour nous faire entendre d'ici là !
Pour plus d'information
Pour consulter le mémoire de l'uttam
Pour consulter l'horaire des consultations
Pour suivre les présentations de mémoires par webdiffusion (sélectionnez la Commission de l'économie et du travail)
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UTTAM
2348 Rue Hochelaga, H2K1H8, MONTREAL

Adoption de la Loi sur l’intégration à la nation québécoise - la vigilance de la Table ne fait que commencer
Montréal, le 29 mai 2025. Le gouvernement a adopté hier la Loi sur l'intégration à la nation québécoise, finalisant ainsi le processus d'analyse du Projet de loi no 84, présenté par le ministre Jean-François Roberge, à titre de Ministre de la Langue française.
La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [1] est intervenue sur son contenu à compter du début d'avril, lorsqu'elle a constaté que la Politique pour l'intégration à la nation québécoise s'appliquerait aux organismes communautaires autonomes, alors qu'ils ne sont pas des établissements de l'État. Elle a de plus participé aux prises de paroles collectives, initiées par la Ligue des droits et libertés (LDL) et la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) dénonçant les problèmes démocratiques du projet de loi 84. La Table partage d'ailleurs l'analyse globale publiée par ces derniers par voie de communiqué [2].
« La Loi sur l'intégration à la nation québécoise est un exemple frappant de cas où des décisions gouvernementales s'appliquent à des groupes communautaires, sans que les conséquences sur eux soient prises en compte. Sans les interventions de la Table [3], tout groupe recevant une subvention du gouvernement du Québec et des municipalités aurait été
assujetti à la Politique qui découlera de la Loi, comme s'ils étaient des établissements gouvernementaux, ce qu'ils ne sont
évidemment pas. Nous apprécions que le ministre Roberge ait fait marche arrière à cet égard, mais nous dénonçons son choix de lier les programmes de financement par projet à l'application de la Politique pour l'intégration à la nation québécoise » souligne Stéphanie Vallée, présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles.
La Table se sent particulièrement interpellée lorsqu'une décision porte atteinte à l'autonomie et aux pratiques des organismes du mouvement de l'action communautaire autonome. En effet, la très grande partie de ce mouvement est composée des 3 000 organismes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) qu'elle représente, face au ministère de la Santé et des Services sociaux et à Santé Québec, en tant qu'interlocutrice nationale.
« Le ministre semble oublier que les centaines d'OCASSS recevant des subventions pour des projets ponctuels sont, par nature, des organismes autonomes devant combiner plusieurs sources de financement pour pallier l'insuffisance de la subvention dédiée à leur fonctionnement général. L'autonomie d'un groupe doit donc être pleine et entière autant lorsqu'il soutient la population grâce aux fonds provenant d'un programme pour un projet particulier que pour sa mission globale, et ce, quelle qu'en soit la source » ajoute Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table.
Le communiqué du 28 mai du gouvernement [4] illustre bien l'incohérence de cette décision en mentionnant que la future Politique « comprendra des mesures pour que s'incarne ce nouveau modèle au sein de l'État québécois et de ses organismes » (notre soulignement), le dernier terme ne pouvant ici référer aux organismes communautaires puisqu'ils n'appartiennent pas à l'État, mais aux communautés les ayant créés.
Lors de leurs prochaines discussions avec les responsables des programmes de subventions, les interlocutrices nationales du mouvement de l'action communautaire autonome devront user d'une plus grande vigilance encore pour protéger l'autonomie des groupes. Prenant ce rôle très au sérieux, la Table surveillera de près le MSSS et Santé Québec afin que la Politique pour l'intégration à la nation québécoise n'entraîne pas l'imposition de nouvelles conditions aux groupes dont ils souhaitent soutenir les projets.
SOURCE :
La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB), Mercédez Roberge, coordonnatrice,
● Stéphanie Vallée est présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles. Elle est également co-coordonnatrice de L'R des centres de femmes du Québec [5].
● Mercédez Roberge est coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [6].
À propos
Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [7] (TRPOCB) est formée de 49 regroupements nationaux [8], rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé.
Ceux-ci représentent les ¾ des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives : femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.
La Table coordonne la campagne [9]_CA$$$H [9]_ (Communautaire autonome en santé et services sociaux – Haussez le financement [9]). Lancée le 17 octobre 2017, cette campagne vise l'amélioration substantielle du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), au bénéfice de plus de 3 000
organismes communautaires autonomes subventionnés par le MSSS. Depuis 2024, les revendications de la campagne _CA$$$H_ sont : L'ajout de 1,7 G$ à l'enveloppe annuelle du PSOC [10] (mission globale), l'indexation annuelle des subventions en fonction de l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC [11]) et l'atteinte de l'équité
de financement et de traitement partout au Québec [12].
Links :
[1] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszE1uwyAQxfHThB0RHzMwLFj0JBEw4xjVrlNwu8jpq0Td_p7en7OjBiYoyTYCIVjjQa1ZXLEMzWNanBAmz5bQGwMQpYoLqudAnpJgRbdEvllbnSU0XsIFzOwsn_1b76VvMqamAEiEMQb9XBmf19egtnyOx9Hq9Rh3tQv3oodsUqbozvkNt3-4-I8UMVk18hAu7ezH1wXMY8icci8_bZV3ZZ5DZH_dY22G_ZJ0cWI04OJ15VC1WFeIU0u-BvWb3V8AAAD__wK3Tq0
[2] https://us.cisionone.cision.com/c/eJw0zcuOpSAQxvGnwV0Z7uDCRW98jU4B5ZEZ1NOAY9JPP3Euu8qv8uWfZumj5nagWTjtjRZc6WGbLU8r8RSUn1DpEJRzyng_xWgCKrJDnq1XfiITjFxd-hQiSOENV2SZ5i0n-pm_YMdcqDbwVhvvjXMWvrdkvsfnMZR56_3dmPpgcmFyue97POhud640RmRyWSuTy0NQqRA2akwu5czQrgoF8tHpVbHn8wCEgnD8vb8uChTP3Aj6ef04r9ogHxgjvTuGQrBjeVWCQg1wpyPRTkdv4IXyQgknxq3vZdgpZfxfhpzmP_D5D5j6mJyZxFDnSgnjU2aavyu1Ri-84kbjWV9D65Vof-YuRJ7UOgFK4qDNqiAkG4CERJ-mOKlgh1-z_B0AAP__p5mDaQ
[3] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsjTGu6yAURFcDHRFcwEBBkcbbiC5wHaNvx_7AS5HVPzl61UhnNHNKBJ-NnDhF5Yy3Rklt-BotKFcMKpmDdQjOoVzAKsK0LDplw2ucvPaBbLKwuPJQKoHyVmqamJG9FvpX_4sd60atCz8Z6711bhKftdjP7Sr4Ftcxzs70ncHMYB7tPHK6He3JYN6OKupr0LPhqMdLvL6BG4mz0V6pkXjXPI7aiMHMdyoVRaONsJOoJX7B4w8wfQ_OBsVbbFQwX1fMyLNR7_TEn7zSpeV9NKL9mruUZdFLEAgkhbGLFqlMSZAC9CXkoNPE3xF-AwAA__899GWA
[4] https://us.cisionone.cision.com/c/eJxUjrtupTAURb_GdAeB3xQUafiNyI_NxTMGE5s7SPn60Z1kinRL6-gs7ThzG-SgO8yjkVbJcRCy2-ZgXRCBe1glovTcGI24Km_k6rTA0KVZW2EnKK_4auL7OHo-WjUIaCaHliJ-pw_aXcqojayWylpljKbPLarP_nXo8rxd19mYeGN8YXy577s_cLc7VfTBMb6slfHlpagiwzU0xpezll-4KIJySdSelTKl48KjuiuVgxxlR8cXfzzhEUpq-EZysZwXqJWDzlrOCtpLRAbFH5Gfya-ayyBrtdBm1FO_XXvudsTk_o-jFOd_4v1bMPE2GTWNXZ0roguvCJPDWdEaHu4ZNvSlPrp2VWB_vRsfhijWiRzHQFKtgnzUnjByZ-MUJuF192fmfwMAAP__9RyQ4Q
[5] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwsyztuAyEQgOHTQMdqeENB4cbXsGBm1ovi9QM2KXz6yFHa79dPxSR0ECQXHV3yToN1civACQGhrS0TQPMr1Wp1iBQT6upR9hKSTZl982aNdNG6GZ08WA7CwezEX_2l9tpvPKZKwfmUfIxBvTfy7-UT5K1sx_Gcwp6EOQtzHsj3Y_BcXrhgFeYsd6Ze1eAb18mqU_mDyz8Ie8rRZy1HGUwVj_64CwfPwXPytX7jxstjXOU8BvP-2WNDILtmVQ2Dcn61qlFoirWpiTJm24L8KeY3AAD__zaOVbU
[6] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszD1ywyAQxfHTQIeHb5aCwo2v4YHdlcXEjhRQUvj0GWXS_t68PxUL6HWUXEzyELzRzsu1LJiaN5Z0aAYQ2SzZINuMlSsiJNlLBAeZQwt2SXQ3plkDQTuOwuvZiT_6l3rV_uQxFUQfAEJKUb1XCu_LOchnWY9jn8Jdhb0JezvGvmG7bOMh7E2-mHpVg59cJ6tO5Q_u_yDcNaeQjRxlMFU8-vYpvN4Hz8mP-o0rnyE5j8H8Ou-poSa3ZFUta-XD4lSj2BQbW4EyZtei_Cn2NwAA__8PK1SY
[7] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszD1ywyAQxfHTQIeHjwWWgsKNr-EBdmUxsSMFlBQ-fUaZtL8370_ZYgMdJGcTAT0Y7UCu2TQPFDWA1dY7xhi5JnRLbQslDVX2HNBhYl-9XSLdjanWoNeOgwA9O_FH_1Kv0p88psIAHtHHGNR7Jf--nIN85vU4duGuwt6EvR1j31q9bOMh7E2-mHpRg59cJqtO-Q_u_yDcNUWfjBx5MJV29O1TgN4Hz8mP8t1WPkNyHoP5dd5jbZrcklSxrBX4xalKoSo2tiClllwN8ifb3wAAAP__pgRTEA
[8] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszDFywyAQheHTQIcHlgWWgsKNruEBsbKYSLEDJIVPn3Em7ffm_TUBrai95GQCkkOjLco9AYbiMqE3QNUEgybm4DfDmQGZvGzJk6XIrjjYQr0ZU8CQ05a9QD1a5Y_2pc7cDu5DkUdH5ELw6rVX97q8B3mkfc6nsFcBi4Bl9udjLZdHvwtYTj5L5yFgOdqYLGCRJ9eWVeeD82DVavqD2z8Ie43BRSN76lzzOtvjU6B-dh6D7_l73fmdlmN25vN9D2XV1W5RZWCt0G1WleqLYgOZalyjLV7-JPgNAAD__4tHWPY
[9] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszL2O6yAQxfGngY4Ihu-CIo1fIxqYcYxunPiCd4s8_SqrbX9H508FUnM6SC4muuSd0dbJrVgfjA5Mwa4Q2bFenQeHZGLERGxkLyHZlNlXD2ukmzEVTPLachBOz078r_9XO_YHj6lScD4lH2NQ7438-_IZ5KNs53kIexWwCFjOcbxavbzGXcDScD_w_uSGc85NwCJ3po5q8INxsupUfuH2B8Jec_TZyFEGE7azv57C6WPwnHzHr7bxpyznOZj3zz3WpsmuWSGwVs6vVlUKVbEBTJRbtjXI7wI_AQAA___BTVlo
[10] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszT1ywyAUBODTQIcHHv8FhRtdwwO8J4uJ9RNQXPj0GWXSfju7iwlCNdJxSsqbYI2S2vAleTLgo5FeOcoQrJPFkamIoG2h7HlLLugQyRYLs8eHUgVUsFKTY0aOhvTVvsWa24v6EMEZG4L13onPgvZzuwL-Sst5HoPpO4OJwXT2Y6_ltvcng6nTmzZsNZ9t38TctrzVRp1EzWOMhcHEV8KWRacX5UGiYfqDxz8wfY_eRsV76oS5XjvMyKPTGPTMP3Wh64qPsxOtV92XKlHPUWQgKYydtSjoiiAFOWCsURfH3wl-AwAA___mvWB8
[11] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszD1ywyAQxfHTQIeHjwWWgsKNruEBdmUxsWMFlBQ-fUaZtL8370_ZYgMdJGcTAT0Y7UBumQ0H9K1VgIbaIBRgIL0GBwErVtlzQIeJffV2jXQzplqDXjsOAvTsxB_9Sz1Lf_CYCgN4RB9jUO-N_PtyDvKRt-PYp3BXYRdhl2Psr1Yvr3EXdultbcIu8snUixr84DJZdcp_cPsH4a4p-mTkyIOptKO_PgXoffCcfC_fbeOzJ-cxmJ_nPdamya1JFctagV-dqhSqYmMLUmrJ1SB_sv0NAAD__4ecVeQ
[12] https://us.cisionone.cision.com/c/eJwszT1ywyAUBODTQIcHHj-CgsKNruHh58kwkSyFJ6fw6TPKpP12drdG8MVIxzGqyXhrlNSGt1gyWmeKMxYQJWTpQ8C6GJkAdAbPe3Re-4A2W1im-lAqg_JWanTMSOoVv_q32FJfcZDwzljv7TQ58WnVfm5XwNfYzvMgpu8MZgbzOY695Ns-ngxmwndfSRxrepV2bZS0Hen5QlESETUGM9-w9iQGrpgIRa_xDx7_wPQ9TDYoPuLAmsrZ9xcz8hhIhM_0Lg2vL07nQNyu-pSLrHoJIgFKYeyiRa4uC1SQfA0l6Oz4T4TfAAAA__9xsGDj
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La visite royale perpétue la déférence envers un pouvoir sans droit de regard
La plupart des Canadiens acceptent sans mot dire la légitimité d'un pouvoir public-privé qui ne relève d'aucune autorité. Alors que les souvenirs de la fête de la Reine s'estompent, les monarchistes sont peut-être déjà en train de répéter leurs révérences pour la visitedu roi Charles et de la reine Camilla, les 26 et 27 mai.
Tiré de Canadian Dimension
Mardi 27 mai 2025 / DE : Morgan Duschesney
Traduction Johan Wallengren
Ce genre de visite m'incite à remettre en question tant la valeur que la raison d'être de la royauté. Je ne ressens aucune loyauté personnelle vis-à-vis de ces riches étrangers dont les aïeux sans scrupules ont cruellement opprimé les ancêtres de nombreux Canadiens, y compris les miens. Néanmoins, le gouvernement canadien et de nombreuses institutions restent épris de la monarchie, faisant fi des pans sombres de son histoire.
La visite de Charles me rappelle que la plupart des Canadiens acceptent sans mot dire la légitimité d'un pouvoir public-privé ne relevant d'aucune autorité. Cette déférence continue de faciliter la violence militaire perpétrée pour protéger et accroître la rentabilité de sociétés transnationales, tandis que d'innombrables vies, voire des cultures, sont détruites.
Pareille vénération contribue à expliquer la présence persistante de figures royales archaïques dont les rôles publics sont souvent défendus à tort comme étant simplement cérémoniels plutôt qu'idéologiques. À cet égard, il y a absolument lieu de faire ressortir certains faits concernant le roi actuel.
Le roi Charles et sa riche famille reçoivent encore de généreux subsides publics. Ce soutien financier, officiellement justifié par la popularité de la royauté en tant qu'attraction touristique lucrative, donne l'impression que la famille royale est devenue une entreprise commerciale ayant des liens étroits avec l'État. Or, cette entreprise touristique n'est que l'avatar le plus récent de la relation transactionnelle de la royauté britannique avec le gouvernement.
Il n'est pas vraiment plausible que la royauté britannique ait acquis ses richesses et possessions historiques en se pliant à des pratiques commerciales conventionnelles au lieu de recourir à la coercition économique et militaire. Pourquoi passer par des transactions légales lorsque votre pouvoir militaire réduit au silence ou écrase l'opposition faisant obstacle à vos desseins ?
Comme beaucoup d'hommes fortunés, Charles dévie une portion des revenus dont il a hérité vers des œuvres de bienfaisance, telles que des bourses d'études et des programmes pour la jeunesse. Cette modeste largesse n'est qu'une maigre réparation pour des siècles d'exploitation royale aux dépens de peuples sans chance de résistance à la domination britannique.
Sont dévolus à Charles, à titre de roi, la fortune privée de sa mère et les revenus annuels du duché de Lancaster. Son fils William héritera de sa fortune privée et de ses revenus annuels d'investissement de l'ordre de 30 millions de dollars provenant du duché de Cornouailles. Aucune tête couronnée n'est tenue d'utiliser ses fonds privés pour financer des activités publiques ; une subvention souveraine (Sovereign Grant) permet de voir à de telles dépenses.
Cette fameuse « subvention », qui permet de couvrir les dépenses royales, provient d'un « ensemble de propriétés et de fermes britanniques qui génèrent des centaines de millions de livres chaque année ». Le roi ou la reine « verse » les revenus en question au gouvernement britannique, qui en rétrocède un certain pourcentage aux fins de financement des fonctions royales. Comme cet apport ne suffit jamais à couvrir toutes les dépenses royales, le solde est payé par le contribuable britannique.
Contrairement à la perception du grand public, le roi Charles exerce un pouvoir politique important ayant une incidence sur la vie des Britanniques, des Canadiens et des autres citoyens du Commonwealth. Le monarque ou la monarquesse donne la sanction royale après l'adoption des projets de loi par le Parlement britannique – rôle qu'endosse le ou la gouverneur(e) général(e) au Canada, emblème du lien historique qui unit le Canada à la Grande-Bretagne.
Cependant, à cette prérogative d'assentiment royal dont bénéficie Charles s'ajoute le privilège du consentement royal, un processus par lequel le roi ou la reine « est informé(e) à l'avance des projets de loi et invité(e) à les approuver ». Le consentement royal s'applique aussi bien aux pouvoirs fondamentaux de l'État qu'aux lois « touchant les revenus, les biens ou les intérêts de la couronne ».
Bien que les origines exactes de cette pratique ne soient pas claires, elle donne l'impression que la royauté, qui ne relève d'aucune autorité, peut s'immiscer dans les affaires parlementaires pour servir ses propres intérêts. Il n'existe aucune justification démocratique à un tel accès privilégié, surtout au regard des vastes propriétés et portefeuilles d'investissement dont est dotée la famille royale.
Lors de sa visite au Canada, le roi prononcera le discours du Trône, intervention personnelle qui est censée conférer de l'autorité à une déclaration gouvernementale qui sonnerait mieux si un citoyen canadien en faisait la lecture. Outre cela, il est attendu de Charles qu'il assiste aux habituelles démonstrations militaires et fasse un tour en carrosse doré. Il prendra également le temps de planter quelques arbres et de rencontrer le premier ministre.
Le prestige du roi est allé en se ternissant, mais il pourrait regagner un certain lustre en rencontrant Donald Trump, un personnage peu sûr de lui accro aux flatteries. Compte tenu de la vénération de Trump pour le statut social et le pouvoir, Charles pourrait peut-être réussir à atténuer l'hostilité du président américain à l'égard du Canada en traitant avec celui-ci d'égal à égal.
Tant que le roi Charles ne fera pas preuve d'une véritable noblesse en défendant publiquement des causes impopulaires telles que l'arrêt du génocide israélien à Gaza, aucun traitement de faveur ne devrait lui être réservé. Au contraire, qu'on le mette au défi d'expliquer son penchant pour des platitudes insipides alors que les gouvernements occidentaux soutiennent militairement, financièrement et diplomatiquement des régimes aux mœurs brutales.
Le silence public de Charles sur les atrocités commises en ce monde offense de nombreux Canadiens qui se voient obligés de payer ses frais de voyage, de subir des fermetures de routes et d'endurer les obséquieux commentaires des flagorneurs officiels et des monarchistes du privé qui se disputent la couverture des médias grand public.
Comme les vampires qui attendent à la fenêtre, les membres de la famille royale ont besoin d'une invitation pour entrer. Leur présence sur le sol canadien peut donc facilement être contrecarrée : il suffit de les ignorer. Malheureusement, les officiels canadiens ne sont pas prêts à assumer le coût politique inhérent au fait de traiter le roi comme un courant d'air.
Morgan Duchesney est un écrivain canadien et un professeur de karaté dont les travaux ont été publiés dans Canadian Dimension, Humanist Perspectives, Adbusters, Briarpatch, Shintani Harmonizer, Victoria Standard, Hampton Institute et Ottawa Citizen. En plus de ses écrits politiques, il a publié des travaux sur les arts martiaux ainsi que des nouvelles.
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