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De Biden à Trump, la fin à l’aide militaire à Israël n’est pas à l’ordre du jour

La semaine dernière, le sénateur Bernie Sanders a présenté au Sénat trois résolutions visant à mettre un terme aux transferts d'armes américaines vers Israël. Ces résolutions visant à mettre fin au soutien des États-Unis à la guerre génocidaire menée par Israël contre les PalestinienNEs de Gaza ont toutes reçu entre 18 et 19 voix de la part des démocrates et aucune des républicains.
Hebdo L'Anticapitaliste - 731 (28/11/2024)
Par Dan La Botz
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DR
Bien que ce vote n'engage pas même 20 % des 100 sénateurs, il reflète une division croissante au sein du parti démocrate et démontre une opposition significative au président Joe Biden et à la majorité des démocrates qui soutiennent fermement l'État juif. Selon les sondages, les deux tiers des démocrates souhaiteraient arrêter complètement l'aide militaire à Israël ou la conditionner à un cessez-le-feu.
Les démocrates autour de Biden inébranlables
Le Parti démocrate ayant échoué à ce test politique et moral, la CPI (Cour pénale internationale) a lancé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, comprenant la famine comme méthode de guerre, les attaques intentionnelles contre des civils, « le meurtre, la persécution et d'autres actes inhumains ».La CPI a également délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du commandant du Hamas, Ibrahim al-Masri.
Biden a condamné les actions de la CPI en déclarant : « La délivrance par la CPI de mandats d'arrêt à l'encontre de dirigeants israéliens est scandaleuse. Permettez-moi d'être clair une fois de plus : quoique la CPI puisse laisser entendre, il n'y a aucune équivalence – aucune – entre Israël et le Hamas. Nous nous tiendrons toujours aux côtés d'Israël contre les menaces qui pèsent sur sa sécurité ».
Au même moment, au Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis ont été les seuls à voter contre une proposition appelant à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, opposant ainsi leur veto à la résolution par 14 voix contre 1. « Nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permettait pas de libérer les otages », a déclaré Robert A. Wood, ambassadeur américain aux Nations unies. C'est la quatrième fois que les États-Unis bloquent une résolution de cessez-le-feu au Conseil de sécurité.
La semaine précédente, le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a condamné le massacre de civilEs lors de la guerre à Gaza, affirmant que 70 % des victimes étaient des femmes et des enfants. Il a indiqué que 43 300 personnes avaient été tuées, mais que de nombreux autres morts étaient enterrés sous les bâtiments bombardés. Volker Türk, chef des droits de l'homme des Nations unies, a déclaré que « ce niveau sans précédent de meurtres et de blessures de civilEs est une conséquence directe du non-respect des principes fondamentaux du droit humanitaire international ».
Soutien à Israël et répression accrue sous Trump
Alors que le soutien de M. Biden à Israël est resté inébranlable, l'administration de Trump sera encore pire. Lors du débat présidentiel qui a précédé l'abandon de Biden à l'élection présidentielle, Trump a demandé à Netanyahou de « finir le travail à Gaza ». Au cours de son premier mandat présidentiel (2016-2020), Trump a soutenu le gouvernement de Netanyahou, en faisant déplacer l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, appuyant les revendications israéliennes sur le plateau du Golan et en Cisjordanie, en réduisant l'aide aux PalestinienNEs. Le nouvel ambassadeur de Trump en Israël, Mike Huckabee, est un sioniste chrétien qui ne reconnaît pas l'existence du peuple palestinien.
Les manifestations contre le soutien des États-Unis à Israël et contre la guerre d'Israël contre la Palestine se sont poursuivies. Bien que le mouvement sur le campus ait été réprimé conduisant à la suspension, l'expulsion ou l'emprisonnement d'étudiantEs, en dehors du campus, les activités se poursuivent. À la base aérienne de Travis, dans le nord de la Californie, une cinquantaine de manifestantEs ont bloqué l'entrée de la base et 28 personnes ont été arrêtées. Un militant a posté sur X : « Les Américains veulent la paix ! ARRÊTEZ DE TUER LES ENFANTS ! Embargo du peuple ! Arrêtez de financer Israël et les crimes de guerre ».
Sous Trump, les manifestantEs feront l'objet d'une surveillance accrue, d'enquêtes, d'accusations fallacieuses d'être des agents étrangers ou des terroristes, avec la menace de la déportation pour les immigréEs. Les antisionistes seront accusés d'antisémitisme et pourront être inculpés d'incitation à la haine. La résistance à Trump va nécessiter une nouvelle stratégie de la part de la gauche.
Dan La Botz, traduit par la rédaction
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Rowshon Nipa : « Les films sont les choses les plus puissantes pour un travail révolutionnaire »

La militante pour les droits des personnes migrantes aux États-Unis parle du pouvoir de la culture dans la lutte politique.
L'élection de la semaine dernière aux États-Unis a été dominée par un discours raciste et xénophobe anti-immigration. Indépendamment des théories du complot créées et encouragées par Trump pendant sa campagne, et qui sont à la base de son projet d'extrême droite, la vérité est que les personnes migrantes dans le pays représentent une partie importante de la classe ouvrière qui soutient la vie et l'économie avec un travail dur et souvent précaire. Capire a parlé avec Rowshon Nipa pour comprendre la lutte des personnes migrantes aux États-Unis et comment cette lutte est liée aux arts et à la culture. Elle est une activiste communautaire chez Desisse lèvent et bougent [Desis Rising Up and Moving – DRUM], une organisation dirigée par des membres travaillant pour la justice des personnes migrantes, la justice de genre, la justice climatique, la justice raciale, la justice éducative et la justice en matière de logement.
« Desissont les peuples de l'Asie du Sud et de l'indo-Caraïbe. Nous travaillons avec ces immigrants, avec des jeunes et des gens de la classe ouvrière ici à New York. Nous militons et renforçons le leadership dans notre communauté », explique-t-elle. La militante pour les droits des personnes migrantes est née à Sirajganj, au Bangladesh, et exprime l'identité de sa communauté à travers des films. Depuis son enfance, Rowshon a été inspirée par son père pour aimer et travailler avec le cinéma et le théâtre : « j'ai un grand intérêt pour le théâtre et j'ai travaillé avec lui en tant qu'artiste de théâtre. À l'université, j'étais assez active dans le théâtre et aussi dans la politique de gauche ».
En 2000, Rowshon a obtenu une bourse de la BBC pour la formation des producteurs et a commencé à travailler avec des documentaires, des films et à la télévision. Pour ses films, Rowshon a reçu le prix UNICEF (2004), ce qui a facilité son voyage aux États-Unis lorsqu'elle a dû émigrer en raison de problèmes économiques et politiques en 2017. Son dernier film, Toute seule [All Alone – 2024], a été nominée pour le Prix du Meilleur Projet d'Autonomisation des Femmes au Festival International de cinéma de Roshani et a reçu le prix du Meilleur Scénario de Court Métrage au Festival du Film Indépendant de Berlin. Outre les prix qu'elle a reçus, elle a mené une carrière de résistante et d'artiste engagée, liée à la lutte politique et à la lutte contre la violence à l'égard des femmes.
Comment avez-vous commencé à travailler avec DRUM ?
Après l'Emmy, je n'ai jamais arrêté, mais j'ai dû me battre très fort pour être une femme. Les gens ont toujours voulu me dominer. J'ai été attaquée par des groupes suprémacistes au Bangladesh. J'étais inquiète pour ma sécurité et ils ont également menacé ma fille. J'ai donc décidé de venir aux États-Unis. En octobre 2017, je suis venue ici et j'ai soumis des documents à l'immigration. Ils m'ont offert la catégorie EB1 pour avoir remporté un Emmy.
Quand je suis arrivée ici, il y avait aussi beaucoup d'incertitude. J'ai commencé à travailler dur dans les supermarchés, les boutiques de cadeaux. Entre-temps, je suis allée à une télévision communautaire où j'ai rencontré une personne de l'équipe de travail de DRUM et elle parlait de problèmes de justice sociale. J'étais impressionnée. Je suis allée à leur bureau et j'ai vu qu'ils avaient une photo de Che Guevara sur leur ordinateur. Ça alors ! Je veux dire, aux États-Unis, c'est une chose nouvelle. Alors je me suis connectée et je suis restée bénévole avec eux.
J'ai commencé à faire de l'interprétation et beaucoup de traductions. Ils m'ont demandé si je voulais travailler dans l'organisation construisant la base du Bronx. En 2019, j'ai commencé à faire partie de l'équipe de DRUM en tant qu'activiste communautaire. De là jusqu'ici dans le Bronx on a construit une base de plus de 700 personnes, dont environ 30 dirigeants.
Quels sont les défis auxquels les personnes migrantes sud-asiatiques, en particulier les femmes, sont désormais confrontées dans les grands centres urbains comme New York ?
Les immigrants ont des problèmes spécifiques avec leur emploi, leur survie et leur logement, mais je tiens à dire que pour les femmes, le plus gros problème est la violence domestique. La plupart des femmes d'âge moyen n'ont aucun contrôle sur leur vie. Elles gagnent de l'argent parce que la famille en a besoin, mais elles n'ont aucun contrôle sur leurs économies. Elles doivent travailler et remplir leurs tâches domestiques. Ce n'est qu'alors qu'elles sont autorisées à partir. Mais où qu'elles aillent, elles sont surveillées par des applications. Elles n'ont pas de vie ou d'identité personnelle.
En 2021, nous avons eu une grande manifestation sur le fonds d'aide au personnel sans papiers, lorsque nous avons reçu le stimulus. Les sans-papiers n'avaient aucun soutien du gouvernement et souffraient énormément. Il y avait des centaines de personnes à la manifestation à Manhattan. C'était la première fois que Moshe, l'une de nos membres, participait à une manifestation. Quand elle est sortie du métro et a vu tant de gens scander des slogans, elle a dit « Wow, c'est la première fois que je me sens comme un être humain. J'ai de quoi élever la voix ». C'est de ça que je parle.
Dès le début, j'ai subi beaucoup d'oppression dans ma vie. D'être noire, d'être une femme, d'être pauvre et de parler. J'ai quitté mon pays parce que je suis bavarde. Je peux pas céder. J'exhorte toujours les gens à être eux-mêmes.
Les femmes bangladaises d'âge moyen ne pensent jamais qu'elles sont des êtres humains complets. Dans l'enfance, les parents les contrôlent. Quand elles grandissent, elles se marient et leurs maris les contrôlent. Dans certains endroits, il est impossible de sortir sans une personne de confiance. Même si votre frère a 10 ans, vous devez l'emmener avec vous pour pouvoir sortir. Nous avons besoin de beaucoup pour nous en sortir et être des personnes entières.
Vous parliez de la façon dont, avec le temps et l'organisation, les femmes apprennent qu'elles sont des êtres complets avec des voix puissantes. C'est le thème de votre dernier film, n'est-ce pas ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
L'idée de ce film m'est venue à l'esprit en 2015. J'étais au Bangladesh et de nombreux cas de viol se produisaient. J'ai écrit un article dans un journal bangladais disant que les femmes devraient protester. C'était comme ça pour moi. Même dans le bus, s'ils essayaient de toucher mon corps, je réagissais. Et si les gens me demandaient pourquoi j'ai frappé ces gars, je leur répondais « Pourquoi vous le demandez à moi ? ». C'est ainsi que j'ai pensé à l'histoire du film. La fille s'est vengée. Dans la tête des gens, les victimes de viol sont toujours faibles et honteuses. Alors j'ai pensé que je voulais faire quelque chose où les femmes sont puissantes.
Après l'idée, je suis venue dans ce pays et j'ai dû me battre. J'étais loin de mes films. Quand le covid-19 est arrivé, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose et que je reprenne ma passion. Mais comment pourrais-je faire ça ? Je n'avais pas d'argent. J'ai donc demandé à certains de mes amis de se porter volontaires. Ma fille est le personnage principal, Amrita. D'une certaine manière, nous avons réussi cette année, lorsque nous avons fait la production finale.
Pourquoi pensez-vous qu'il est important de raconter des histoires de femmes immigrées ?
En tant que militante, j'ai vu que la formation politique est la partie la plus difficile pour une communauté, en particulier pour les personnes à la base. Mais quand elles voient quelque chose, elles l'embrassent. J'ai toujours cru que le changement social devrait s'accompagner de divertissement. Ce n'est pas le genre de connaissance que vous recevez seulement, mais que vous ne pouvez pas digérer. Ceux autres vous ne faites qu'oublier.
Notre communauté a toujours aimé les choses de Bollywood, les chansons de Bollywood, les robes, les films, mais cette histoire n'a jamais été racontée. Personne ne connaît les histoires des immigrants et de la classe ouvrière. J'essaie de faire ces films depuis cinq ans. J'ai frappé à toutes les portes, mais ils m'ont demandé « pourquoi la protagoniste est-elle noire ? Elle devrait être blanche ». Mais c'est la représentation des faits. À notre base, nous organisons chaque mois une projection de film sur les personnes LGBTQ+ et d'autres choses. C'est ainsi que nous faisons de la formation politique. J'ai l'impression que les films sont les choses les plus puissantes – ou le théâtre, ou le travail artistique et culturel. Cela peut être puissant pour un travail révolutionnaire, pour unir tous les peuples.
Interview réalisée par Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : anglais
https://capiremov.org/fr/entrevue/rowshon-nipa-les-films-sont-les-choses-les-plus-puissantes-pour-un-travail-revolutionnaire/
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« Décourageant » Les États-Unis reviennent sur leur engagement envers le traité mondial contre la pollution plastique

Presque 70 pays soutiennent l'idée d'un plafond (de production de plastique). Les environnementalistes ont été amenés.es à croire que l'administration Biden le faisait aussi.
Joseph Winters, Mother Jones, 20 novembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr
N.B. Cet article a d'abord été publié par GRIST. Il est reproduit ici comme partie de la collaboration Climate Desk.
L'administration Biden est revenue sur son soutien à l'établissement d'un plafond de production du plastique tel que présenté dans la proposition de traité mondial contre la production de plastique par les Nations Unies.
Les représentants.es de cinq organisations environnementales nous informent que le personnel de la Maison blanche leur a expliqué lors d'une réunion à huis clos la semaine dernière, qu'ils ne voyaient plus l'installation d'un plafond déterminé de production comme « une proposition viable » pour ce INC-5, le nom de cette dernière ronde de négociations du traité en question prochainement à Busan en Corée du Sud. Ils ont au contraire, annoncé que les délégués.es américains.es à ces négociations allaient prôner une approche plus « flexible » qui permettrait à chaque pays d'établir ses propres cibles de réduction de la production du plastique.
C'est un virage complet par rapport à ce que ce même groupe c'était fait dire à une réunion semblable en août dernier. Les représentants.es de l'administration Biden avaient soulevé des espoirs que le pays se joindrait à d'autres comme la Norvège, le Pérou et le Royaume Uni pour défendre l'application d'une limite à la production du plastique.
Après la réunion d'août, l'agence Reuthers avait rapporté que les États-Unis : « allaient soutenir un traité mondial qui imposerait une réduction de la quantité de plastique pouvant être produite chaque année ». L'administration Biden avait confirmé que l'article de Reuthers était « correct ».
Après la plus récente réunion, un.e porte-parole du Council on Environmental Quality de la Maison blanche, a déclaré à GRIST que les négociateurs.trices américains.nes avaient accepté l'idée de « l'aspiration à un objectif global » de réduction de la production de plastique mais que « cela ne passe pas nécessairement par un plafond de production et que donc, ils et elles ne soutiennent pas une telle solution. Nous croyons qu'il y a plusieurs façons possibles d'arriver à cette réduction de production et de consommation (du plastique). Nous allons être flexibles, lors des négociations, sur la manière d'y arriver et nous demeurons optimistes que nous pourrons réussir avec un moyen solide qui fera comprendre aux marchés qu'il faut changer ».
Jo Banner, co-fondatrice et co-directrice de The Descendants Project, une organisation citoyenne qui défend les communautés de « l'allée des cancers » en Louisiane a déclaré que cette annonce était l'équivalent d'un « un coup de poing » : « Je pensais que nous étions sur la même longueur d'onde pour ce qui est de plafonner le plastique et réduire sa production. Visiblement ce n'était pas le cas ».
Frankie Orona, directeur exécutif de la Society of Native Nations, qui lutte pour la justice environnementale et la préservation des cultures autochtones, parle d'une nouvelle « absolument décourageante. Deux heures de cette réunion m'ont semblé me prendre deux jours de ma vie ».
Cette situation est le reflet d'un conflit qui a surgit lors de discussions à propos du traité où les Nations Unies ont accepté de négocier il y a deux ans en vue de « mettre fin à la pollution par le plastique ». Le différent portait sur les objectifs du traité : se concentrer sur la gestion des déchets plastiques en nettoyant les océans ou en augmentant le recyclage et plafonner l'augmentation de la production.
Presque 70 pays, avec les scientifiques et les environnementalistes, soutiennent le plafond. Ils plaident qu'il est inutile de gérer les déchets pendant que la production augmente toujours. Mais un grand groupe de pays producteurs de pétrole, très actifs, font pression pour un traité moins ambitieux basé sur le consensus quant aux normes. Ainsi ils ralentissent les négociations. En plus de renoncer aux limites de production, ces pays veulent un traité qui permettent des cibles nationales volontaires plutôt que des obligations mondiales.
Comment les États-Unis vont ils se positionner ? Rien n'est moins clair. Le-la porte-parole de la Maison blanche expliquait à GRIST qu'ils veulent que le traité porte sur « les provisions de polymères dans la fabrication du plastique ». Cela peut vouloir dire tout un lot de choses dont une taxe sur la production ou la fin des produits de plastique à usage uniques. Ces soit disant instruments des marchés pourraient pousser la demande de plastique à la hausse mais avec beaucoup moins de certitude qu'une limite quantitative de production.
Le directeur exécutif de l'ONG International Polluants Elimination Network, Bjorn Beeler, notre que les États-Unis pourraient agir sur les stocks de plastiques en réduisant les taux d'augmentation de production prévus par l'industrie même si cela permettrait encore une augmentation annuelle de la production. Il ajoute : « Les États-Unis ont été très vagues. Ils n'ont pas été le leader qui pouvait faire avancer les discussions vers un traité qui ait du sens ».
Puisque l'annonce de la Maison blanche n'était qu'une clarification, comme l'ont souligné les fonctionnaires, Jo Banner pense que l'administration Biden aurait dû rendre sa déclaration plus précise il y a plusieurs mois, immédiatement après la rencontre du mois d'août : « En août, nous disions clairement plafond. S'il y a eu un malentendu, il aurait dû nous être signalé il y a longtemps ».
Il semble aussi que les États-Unis aient opéré un autre changement dans leur stratégie, cette fois à propos des produits chimiques utilisés pour la production du plastique. En août dernier, la Maison blanche a confirmé via l'agence Reuthers, qu'ils soutenaient l'établissement d'une liste des produits chimiques liés aux plastiques en vue de leur bannissement ou de leur restriction. Actuellement, les négociateurs.trices vont voter en faveur de listes qui traitent des produits de plastique contenant ces produits chimiques. Les groupes environnementaux trouvent que cette approche est moins efficace. Il y a tant de sorte de produits de plastique et les manufacturiers ne déclarent pas toujours toutes les informations au sujet des produits chimiques utilisés par leurs fournisseurs.
F. Orona est d'avis que de se centrer sur les produits ferait reculer les discussions loin des raffineries prétrochimiques et des usines de production du plastique qui polluent de façon démesurée les communautés pauvres des gens de couleur. Il souligne : « C'est tellement arrogant, irrespectueux. Ça ne vous donne que l'envie de vous cacher dans votre oreiller et de pleurer en pensant à votre communauté ».
Lors de la prochaine ronde de négociations, (qui a lieu en ce moment. N.d.t.), les groupes environnementaux ont déclaré à GRIST qu'ils s'attendent à ce que les États-Unis fassent un pas de côté. Étant donné qu'il est fort probable que la prochaine administration Trump ne se soumette pas au traité et comme les Républicains.nes en plus, contrôlent le Sénat, le traité ne sera pas ratifié. Certains.es intervenants.es dans le débat voudraient que les pays soient moins centrés sur le fait de vaincre les États-Unis et plus de surtout s'assurer que la version la plus ambitieuse atteignable du traité (soit adoptée). Un.e porte-parole de l'ONG Break Free From Plastic, exprime son espoir que le reste du monde va aller de l'avant, c'est-à-dire, l'Union européenne, les petits États insulaires en développement et la coalition des pays africains entre autres.
La directrice du programme santé et justice de l'ONG Alaska Community Action on Toxics, Viola Waghiyi, est une autochtone qui vit dans le village amérindien de Savoonga sur l'ile de Sivuqaq sur la côte ouest de cet État. Elle fait directement le lien entre un traité faible et les impacts auxquels les communautés sur son ile font déjà face : soit, les changements climatiques auxquels la production de plastique contribue, la pollution par les micros plastiques dans l'Océan arctique qui affecte la vie marine et les dynamiques atmosphériques, qui poussent des produits chimiques liés aux plastiques dans le grand nord de l'hémisphère.
Elle ajoute : « Les États-Unis devraient s'assurer que des mesures soient en place pour protéger les plus vulnérable, les peuples indigènes, les travailleurs.euses, les éboueurs.euses et les générations futures. À titre de grand-mère autochtone elle soulève ses préoccupations à propos des perturbateurs endocriniens : « Comment pourrons-nous transmettre notre langue, nos histoires de la création, nos chansons et nos danses, nos traditions et nos cultures si nos enfants sont incapables d'apprendre » ?
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Israël a assassiné 10% des journalistes de Gaza

Depuis plus d'un an à Gaza, l'armée israélienne assassine des journalistes à Gaza et détruit leurs infrastructures. Aux frontières de l'enclave palestinienne, Israël interdit l'entrée aux journalistes internationaux qui demandent à couvrir l'actualité gazaouie, arrête massivement les journalistes palestiniens en Cisjordanie et dans les territoires de 48, et interdit des médias internationaux comme Al-Jazeera, qui couvre en continu les attaques israéliennes.
Tiré de Agence média palestine
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/11/26/israel-a-assassine-10-des-journalistes-de-gaza/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=israel_a_assassine_10_des_journalistes_de_gaza&utm_term=2024-11-28
Suggestion de lesture d'André Clutier
Par l'Agence Média Palestine, le 26 novembre 2024
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), qui cite des données du Syndicat des journalistes (PJS) palestiniens, près de 10 % des journalistes opérant à Gaza ont été tués depuis le début des hostilités. Contactée par l'Agence Média Palestine, la porte-parole du PJS Suruq As'ad confirme que le nombre de journalistes palestinien-nes tué-es à Gaza s'élève à 182, auxquels s'ajoutent 164 blessé-es. 136 journalistes ont été arrêté-es à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023, dont 58 sont toujours en détention. 88 établissements de presse palestiniens ont été détruits, dont 73 dans la bande de Gaza.
Dans son allocution au séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui s'est tenu le 1er novembre à Genève, le secrétaire général des Nations unies a fait remarquer que « le nombre de journalistes tués à Gaza a atteint un niveau sans précédent dans les conflits modernes ». Il a qualifié d'« inacceptable » l'interdiction faite aux journalistes internationaux d'entrer dans la bande de Gaza, soulignant que « les voix des journalistes doivent être protégées et la liberté de la presse défendue ».
Le 16 novembre, le journaliste Mohammed Saleh Al-Sharif a été assassiné par un drone israélien, qui lui a tiré dessus près de l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, rapportent le syndicat des journalistes palestiniens (PJS).
Al-Sharif avait récemment été contraint d'évacuer sa maison dans le quartier de Tal Al-Zaatar, à l'est de Jabalia, en raison des bombardements israéliens en cours, et s'était réfugié chez un parent à Beit Lahia. Les médias locaux indiquent que le journaliste et son cousin rentraient chez eux pour évaluer les dégâts lorsqu'un drone israélien les a pris pour cible. Al-Sharif a saigné pendant deux heures avant de succomber à ses blessures, tandis que son cousin a été tué sur le coup.
Le 19 novembre, l'agence WAFA annonçait la mort violente dans un bombardement israélien d'une enfant et du journaliste Ahmed Abu Sharia, à proximité de la mosquée Al-Iman dans le sud de la ville de Gaza.
Le 23 novembre, le bureau des médias de Gaza a déclaré dans un communiqué de presse la mort du journaliste Wael Ibrahim Abu Quffa, professeur au département du journalisme et des médias de l'Université islamique, qui travaillait également comme journaliste pour la radio éducative du Coran – la Voix de l'Université islamique.
Crimes de guerre
Le comité de protection des journaliste (CPJ) affirmait au début du mois enquêter sur plus de 130 cas de journalistes tué·es par Israël à Gaza, dont la mort semble avoir été délibérée et directement liée à leur profession, ce qui constitue un crime de guerre. Le CPJ ajoute que ces enquêtes sontextrêmement difficiles à réaliser en raison des conditions du terrain.
Une enquête du Guardian révélait hier qu'Israël avait utilisé une munition américaine pour cibler et tuer trois journalistes et en blesser trois autres lors d'une attaque menée le 25 octobre dans le sud du Liban, que des experts juridiques ont qualifiée de crime de guerre potentiel.
Tous trois ont été tués dans leur sommeil lors de l'attaque, qui a également blessé trois autres journalistes de différents médias qui se trouvaient à proximité. L'enquête précise qu'il n'y a pas eu de combats dans la zone avant ou au moment de l'attaque.
« Tout indique qu'il s'agissait d'un ciblage délibéré de journalistes : un crime de guerre. Il était clairement indiqué qu'il s'agissait d'un lieu où séjournaient des journalistes », a déclaré Nadim Houry, avocat spécialisé dans les droits de l'homme et directeur exécutif de Arab Reform Initiative.
Janina Dill, codirectrice de l'Oxford Institute for Ethics, Law and Armed Conflict (Institut d'Oxford pour l'éthique, le droit et les conflits armés), a déclaré : « Il s'agit d'une tendance dangereuse déjà observée à Gaza : des journalistes sont associé·es à des opérations militaires en raison de leur affiliation supposée ou de leurs tendances politiques, puis semblent devenir la cible d'attaques. Cela n'est pas compatible avec le droit international. »
Cette enquête, qui n'aurait pas pu être réalisée à Gaza en raison des bombardements constants et de l'interdiction faite aux journalistes internationaux de pénétrer dans l'enclave, démontre la dangerosité, l'illégalité des pratiques d'Israël ainsi que la complicité des États-Unis.
Irene Khan, rapporteure spéciale des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a déclaré : « Le récit du Guardian sur ce qui s'est passé au Sud-Liban correspond au schéma des meurtres et des attaques des forces israéliennes contre les journalistes à Gaza. Les assassinats ciblés, l'excuse selon laquelle les attaques étaient dirigées contre des groupes armés sans fournir aucune preuve à l'appui, l'absence d'enquêtes approfondies, tout cela semble faire partie d'une stratégie délibérée de l'armée israélienne pour réduire au silence les reportages critiques sur la guerre et faire obstacle à la documentation d'éventuels crimes de guerre internationaux »
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Cessez-le-feu au Liban : Quand la guerre asymétrique redéfinit les conflits modernes !

Le mercredi 26 novembre 2024 un cessez-le-feu a été annoncé et entré en vigueur par médiation américaine et française, entre l'armée israélienne et le groupe armé militant Hezbollah « parti du dieu », situé principalement au sud du Liban. Région hostile et théâtre de conflits armés historiques de « guérilla urbaine » entre les deux camps.
Photo Serge d'Ignazio
Cette zone géographique qui s'étend sur les frontières nord de l'Israël est depuis deux mois un champ de bataille ouvert, lors de l'invasion terrestre le 23 septembre 2024 sous le nom « flèches du nord », Dans le contexte de l'intensification de guerre au bande du gaza qui s'été déclenché le 7 octobre 2023, et les tentions amplifiés entre L'Iran et l'état hébreu, qui considère le hezbollah comme un bras armé de l'Iran à la région et sur ses frontières nordiques. Deux puissances régionales antagoniques risquent à mener toute la région du moyen orient dans une guerre sanglante et une situation chaotique à long terme notamment avec les derniers affrontements militaires directe entre Téhéran et Tel-Aviv.
Cet accord aborde un cessez-le-feu de 60 jours durant laquelle le mouvement rébellion doit se retirer des frontières sud vers le nord de la rivière « Litani » à la faveur de l'armée libanaise qui s'y déploie et l'armée israélienne quitte le territoire libanais, un accord sous la surveillance des États Unis.
En effet près 3800 morts selon les chiffres de ministère libanais de la santé depuis le 7 octobre 2023, la majorité depuis fin septembre.
Un défi asymétrique insurmontable ?
L'asymétrie c'est l'opposition de deux adversaires disposant des moyens totalement différents et déséquilibrés où le faible surprend le fort, c'est généralement considérée comme un effort du faible afin d'obtenir une capacité de nuisance supérieure à moindre frais, se positionnant ainsi comme l'égal du puissant. Cas de l'échec israélien durant la guerre du 2006 contre le mouvement rébellion hezbollah également appelé la guerre du Liban. Une redéfinition du conflit, laquelle dans sa version moderne les guerres asymétriques ont bien modifié la perception de la puissance des Etats. La nature de la victoire a elle aussi été modifiée. L'histoire se répète, un mouvement de quelques milliers de soldats peu armés, peu développé technologiquement, mais qui porte une doctrine d'un mouvement insurrectionnelle ayant pour objectif la résistance, avec sa mobilité, connaissance du terrain, soutien local réussit à maintenir en place pour la deuxième fois malgré l'assistanat de ses principaux leaders « Hassan Nasrallah » et « Hachem Safieddine » le 27 octobre 2024 par des bombardements aériens à la banlieue sud de Bierut.
L'armée d'Israël selon les règles de la guérilla est face à un problème de détermination du combattant. Pour elle, tout civil est un insurgé potentiel, ce qui limite sa capacité d'action, la densité du peuple sur les zones de guerre a mis la situation à une grande complexité sans atteindre les objectifs ultimes de son opération militaire qui est la destruction totale des infrastructures militaires du hezbollah, l'élimination de tous ces membres et sécuriser la frontière nord. créant de pertes humains et matérielles ainsi que des critiques de la communauté internationale et la majorité des états membres de l'Organisation des Nations Unies tout en accusant l'Israël par la violation du droit international et de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, notamment avec le gouvernement d'extrême droite de « Benjamin Netanyahou » condamné pour les mêmes accusations par la cour pénale internationale.
Conséquences lourdes :
Selon les chiffres officiels de l'office international des Nations Unies à Genève et Amnesty international plus 3300 personnes ont été tués lors de ce conflit dont 203 enfants et 644 femmes ont perdu la vie, Le déplacement forcé est un enjeu majeur engendrant une crise migratoire en plus de crise humanitaire.
Près de 880 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Liban, tandis que plus de 510 000 ont fui vers la Syrie, aggravant une crise humanitaire régionale déjà critique.
Le respect du droit international humanitaire suscite vivement des inquiétudes en raison des violations des droits humains et des frappes disproportionnées dans des zones densément peuplées.
Malgré la multiplication des appels à un cessez-le-feu et à la protection des civils, la situation sur le terrain demeure tragique, alimentant une crise humanitaire qui pourrait se prolonger dans les semaines à venir.
Des défis de reconstruction de Liban et de maintenir une paix durable émergent maintenant pour la communauté internationale, mais quelle sera la capacité de ce système peut être obsolète à pacifier la région et apaiser les tensions géopolitiques ?...
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La révolution syrienne est de retour et elle défie l’ordre macabre des Trump, des Poutine et des Netanyahou !

Jeudi 28 était signé, sous l'égide des États-Unis, un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, célébré de part et d'autre comme une victoire, en fait une trêve jusqu'à l'investiture de Trump. C'est sans doute le moment qui fut choisi, le Hezbollah ébranlé tentant de reconstituer son emprise sur le Liban que rejette la plus grande partie de la population, par le HTS, Hayat Tahir al-Cham, pour tenter une percée sur les casernes du régime située à l'ouest d'Alep.
30 novembre 2024 | tiré d'aplutsoc | Photo : Liesse populaire après la libération d'Alep
https://aplutsoc.org/2024/11/30/la-revolution-syrienne-est-de-retour-et-elle-defie-lordre-macabre-des-trump-des-poutine-et-des-netanyahou/
Le HTS est principalement issu d'al-Nosra, armée islamiste apparue postérieurement à l'éclatement de la révolution lorsque celle-ci était privée d'armes. Il était alors liée à al-Qaida et aux monarchies du golfe, qui a alors tenté soit de prendre à revers, soit de contrôler, la révolution – et échouèrent en fait. Par la suite, Daesh, mouvement ennemi du HTS structuré par les anciennes polices politiques formées par le FSB notamment en Irak, a pris le relais de ce rôle contre-révolutionnaire direct, et le HTS, formé en 2017, a à la fois assuré la protection de zones insurgées, tenté de les encadrer tout en reculant sur l'essentiel de l'application de la charia, et servi de relais à l'influence de la Turquie d'Erdogan. Le HTS est puissant dans l'enclave d'Idlib peuplée par les réfugiés mais y est aussi très contesté.
L'opération initiée au matin du 28 a très rapidement connu un succès gigantesque et imprévu. La raison principale en est le degré avancé de décomposition d'un État et d'une armée qui ne paient pas ses hommes, tous conduits à trafiquer et à piller, qui ont immédiatement déserté ou décampé. Des stocks d'armes, y compris russes, ont été saisis tout de suite et ont rendu l'offensive militairement puissante. Et des dizaines de milliers d'hommes, habitants d'Alep qui avaient fui en 2016, dont ceux qui ont à plusieurs reprises manifesté contre le HTS, sont alors arrivés en se réclamant, eux, de l'ASL, Armée Syrienne Libre, le vieux sigle né dans la révolution lorsqu'elle cherchait à s'armer, en 2011. Ce sont eux qui ont investi Alep et ont libéré le centre-ville dans la nuit du 28 au 29.
Ouverture d'une prison pour femmes à Alep : des centaines de femmes détenues retrouvent la liberté.
La libération des prisons a commencé par une prison de centaines de femmes. La foule en liesse, femmes comprises, a rempli les rues, avant que le HTS ne décrète un couvre-feu, accepté en raison des bombardements russes qui ont fait au moins 18 morts, et motivé par le risque d'affrontements avec les FDS – Forces Démocratiques Syriennes, coalition armée formée sous l'égide des États-Unis autour du parti kurde PYD, lié au PKK de Turquie, et à ses milices YPG. FDS qui, au Nord d'Alep, sont imbriquées avec des troupes russes, qui ont effectivement tenté de prendre l'aéroport mais ont renoncé.
Dans la journée du vendredi 29 novembre, l'onde de choc de la libération d'Alep a littéralement fait s'effondrer un peu partout l'armée du régime. En fin d'après-midi, l'Armée syrienne libre était à Hama, et des manifestations insurrectionnelles éclataient dans les régions de Homs et de Deraa. Bachar el Assad s'est rendu à Moscou dès le 28 et y a placé sa famille à l'abri. Des rumeurs contradictoires parlent de son retour, d'affrontements entre garde prétorienne et secteurs de l'armée à Damas, ceci non confirmé à cette heure.
Tels sont, succinctement et pour s'y retrouver, les faits à cette heure.
Maintenant, leur signification : elle est énorme. L'effondrement du régime tortionnaire et cleptomane syrien n'était prévu ni par Téhéran, ni par Tel-Aviv, ni par Washington, ni, surtout, par Moscou. Les Ukrainiens protègent de fait les Syriens d'une intervention russe plus massive, et les Syriens apportent aux Ukrainiens la plus grande aide qu'ils aient en réalité reçue, le jour même où la renonciation à la libération du Donbass dans la guerre actuelle est ouvertement endossée par Volodomyr Zelenski … mais où un Maïdan s'amorce à Tbilissi en Géorgie !
Autant dire que la révolution syrienne contredit tout ce qui se passe, de Gaza au Donbass ! Car Alep, le martyr d'Alep, avait en fait été le départ de ceux de Marioupol puis de Gaza. C'est cette unité de la lutte des classes que le campisme et la « géopolitique » veulent interdire de comprendre.
Les chaînes télé et la grande presse françaises en sont au maximum de la désinformation contre la Syrie. Relent colonial du temps où ils parlaient des fellagas en Algérie, peur de la révolution, inertie de l'appareil d'État français qui aimait les régimes « nationalistes arabes » après 1962, désinformation poutinienne profonde et prolongée, et pure et simple bêtise se rejoignent pour raconter partout qu'Alep a été prise par Daesh ou par un équivalent !
Ce mensonge est du même niveau que celui sur les « nazis ukrainiens » et nous allons le retrouver dans la « gauche » campiste qui, rappelons-le, a applaudi au martyre d'Alep en 2015.
Mais ce niveau de mensonge interroge tout de même. La révolution syrienne qui refait irruption, et avec une telle force, un tel panache, est quelque chose d'insupportable à tous les impérialistes – seul Erdogan tentera, avec des contradictions qui se retourneront contre lui, de se renforcer dans le cadre nouveau qu'elle annonce pour toute la région, y compris pour la lutte démocratique et nationale du peuple palestinien. Poutine, Trump, et tous les autres, ne peuvent accepter ce peuple trouble-fête, ce peuple admirable.
Nous devons donc conclure par un avertissement solennel. Si les grands de ce monde, avec l'aide de fait des campistes jusqu'aux anarchistes hypnotisés par « le Rojava » compris, préparent un crime de masse, une intervention armée, un bombardement à la Poutine, ils devront trouver sur leur chemin tous les partisans de la démocratie et de l'émancipation :
BAS LES PATTES DEVANT LA RÉVOLUTION SYRIENNE !
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Israël renforce le régime d’apartheid : Les colons juifs bénéficient de l’immunité de détention sans procès

Renforçant le régime d'apartheid israélien, le ministre de la défense, Israël Katz, a annoncé que les colons juifs de la Cisjordanie illégalement occupée ne seraient plus soumis à la détention administrative, un système d'emprisonnement sans procès qui continue d'être largement utilisé contre les Palestiniens.
Tiré d'Israël Palestine Solidarité. Photo : Les colons israéliens mènent des raids à Masafer Yatta © Mohammad Hureini
Cette décision, condamnée par les organisations de défense des droits humains, met en évidence la disparité flagrante entre le traitement réservé par Israël aux Juifs et aux non-Juifs dans les territoires palestiniens occupés. Depuis le 7 octobre 2023, Israël a émis 9 500 ordres de détention administrative à l'encontre de Palestiniens. En revanche, seuls huit colons illégaux ont été détenus en novembre dans le cadre du système d'apartheid israélien.
Selon Haaretz, en juillet, la Knesset a approuvé lors d'un vote préliminaire un projet de loi qui interdirait effectivement la détention administrative, ou la détention sans procès, pour les Juifs, mais autoriserait son utilisation contre les Palestiniens.
La Paix Maintenant, un organisme israélien de surveillance des colonies, a averti que la suppression de cet outil juridique éliminerait effectivement l'un des rares mécanismes disponibles pour freiner la violence des colons. « L'annulation des ordres de détention administrative pour les seuls colons est une mesure cynique qui blanchit et normalise l'escalade du terrorisme juif sous le couvert de la guerre », a déclaré l'organisation, faisant référence à la recrudescence des attaques de colons pendant le conflit entre Israël et le Hamas.
Le ministre de la défense, M. Katz, a justifié cette décision en affirmant qu'il était « inapproprié » de recourir à la détention administrative contre des colons. Cette décision intervient alors que les gouvernements occidentaux, y compris les États-Unis, ont imposé des sanctions aux colons israéliens et aux organisations de colonisation en raison des violences commises à l'encontre des Palestiniens.
Yonatan Mizrahi, directeur de la surveillance des colonies pour Peace Now, a déclaré à l'AFP que si la détention administrative était principalement utilisée contre les Palestiniens, elle constituait l'un des rares outils efficaces pour éloigner temporairement les colons violents des communautés palestiniennes.
Cette décision a été critiquée parce qu'elle renforce le système juridique d'apartheid d'Israël en Cisjordanie occupée, où 3 millions de Palestiniens vivent sous le régime de la loi militaire tandis qu'environ 700 000 colons israéliens bénéficient de la protection de la loi civile israélienne - une situation que les experts juridiques internationaux et les principaux groupes de défense des droits humains qualifient depuis longtemps d'apartheid.
Cette décision intervient alors que la violence des colons fait l'objet d'une attention accrue de la part de la communauté internationale. Le Trésor américain a récemment sanctionné Amana, une importante organisation de développement des colonies, la décrivant comme « un élément clé du mouvement extrémiste israélien de colonisation » ayant des liens avec des acteurs violents en Cisjordanie.
D'anciens responsables militaires israéliens ont également fait part de leur inquiétude, un ancien chef de l'armée israélienne qualifiant cette décision de « grave erreur » qui pourrait conforter les colons extrémistes qui ont intensifié leurs attaques contre les communautés palestiniennes depuis le mois d'octobre 2023.
Aidés par le gouvernement d'extrême droite, les violences et les pogroms perpétrés par les colons israéliens ont déclenché le « plus grand transfert forcé » de Palestiniens depuis le 7 octobre.
Traduction : AFPS
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Guerre contre Ghaza : Israël continue de semer la mort

De nouveaux bombardements israéliens ont tué au moins 15 personnes dans la bande de Ghaza, a rapporté, hier, l'agence de presse Reuters.
Tiré d'El Watan.
Une frappe sur une maison du camp de Nusseirat, dans le centre de l'enclave palestinienne, a fait 6 morts, et une autre en a fait 3 dans la ville de Ghaza, selon le personnel médical palestinien cité par l'agence de presse. Alors que 2 enfants ont été tués par un missile tiré sur un camp de tentes à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, 4 autres personnes sont mortes dans un bombardement à Rafah, près de la frontière avec l'Egypte.
D'après des habitants, l'armée israélienne a fait exploser des blocs de maisons dans les secteurs de Djabaliya, Beit Lahya et Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza, où l'armée mène, depuis début octobre, des bombardements intenses et ordonne des évacuations forcées, tout en privant la zone d'aide humanitaire.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des frappes israéliennes ont tué aussi au moins 32 personnes à Ghaza, selon l'agence Reuters citant des sources médicales. Le ministère de la Santé a annoncé, hier, un nouveau bilan de 44 429 morts dans le territoire palestinien depuis octobre 2023. Au moins 47 personnes ont été tuées au cours des dernières vingt-quatre heures, a-t-il indiqué dans un communiqué.
L'UNRWA suspend la livraison d'aide…
L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé, hier, suspendre la livraison d'aide dans la bande de Ghaza depuis un point de passage clé avec Israël, l'acheminement étant devenue « impossible ». « Nous suspendons l'acheminement de l'aide par Kerem Shalom, le principal point de passage de l'aide humanitaire à Ghaza. » « C'est une décision difficile (...) alors que la faim s'aggrave rapidement », a indiqué, sur X, le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini. La plupart des camions contenant de l'aide humanitaire entrent par le point de passage de Kerem Shalom à la frontière entre Israël et le sud de la bande de Ghaza. Or, « la route qui sort de ce point de passage n'est pas sûre depuis des mois.
Le 16 novembre, un important convoi de camions d'aide a été volé par des bandes armées », a ajouté Philippe Lazzarini. « Nous avons essayé d'acheminer quelques camions de nourritures sur cette même route. Ils ont tous été pris », a-t-il écrit. « L'opération humanitaire est devenue impossible », en cause notamment, selon Lazzarini, le « siège en cours, les obstacles posés par les autorités israéliennes » et le « manque de sécurité » sur les itinéraires. « La responsabilité de la protection des travailleurs humanitaires et du matériel incombe à l'Etat d'Israël en tant que puissance occupante.
Il doit veiller à ce que l'aide parvienne à Ghaza en toute sécurité et s'abstenir d'attaquer les travailleurs humanitaires », a estimé le chef de l'Unrwa, qui appelle à un cessez-le-feu. La bande de Ghaza a sombré dans l'anarchie, avec une hausse de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés, alors que l'ordre public s'est effondré, alertaient, vendredi dernier, des responsables onusiens. La plupart des camions entrent par Kerem Shalom avant d'être contrôlés pour des raisons de sécurité. Ces contrôles sont l'une des raisons de la lenteur des livraisons, selon des ONG, mais les autorités israéliennes évoquent l'incapacité de ces organisations à prendre en charge les quantités d'aide.
La pénurie de carburant pour les camions, le mauvais état des routes et les combats dans des zones très denses ajoutent à la complexité des opérations. L'arrêt temporaire des livraisons par l'Unrwa est donc de « très mauvais augure » et « dramatique dans un contexte qui l'était déjà » a réagi Jean-François Corty, président de Médecins du monde, selon lequel « les indicateurs de mortalité sont exponentiels et hallucinants », du fait notamment du manque de nourriture, de médicaments et d'accès à l'eau. Pour Claire Nicolet, chef de mission pour Médecins sans frontières, c'est « catastrophique ». Les livraisons « commerciales ont été arrêtées, il n'y a plus de boulangerie, et l'agence onusienne est la colonne vertébrale de l'aide pour l'approvisionnement en nourriture et matériel », et une partie du médical.
Efforts pour un cessez-le-feu
Sur le front diplomatique, les Etats-Unis « travaillent activement » à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Ghaza, mais « nous n'y sommes pas encore », a déclaré Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. « Il y aura d'autres discussions et consultations, et nous espérons pouvoir conclure un cessez-le-feu avec un accord sur les otages, mais nous n'y sommes pas encore », a déclaré ce conseiller du président américain Joe Biden, sur NBC, selon une retranscription de l'entretien publiée par la chaîne. « Nous travaillons activement pour que cela se produise. Nous sommes très impliqués auprès des acteurs clés dans la région, et il y a de l'activité même aujourd'hui », a-t-il encore déclaré.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a estimé qu'il y avait des « indications » que des progrès pourraient être faits vers un accord. « Ce que je peux dire, c'est qu'il y a des signes qu'on pourrait voir à un plus grand degré de flexibilité de la part du Hamas en raison des circonstances, dont l'accord au Liban, mais pas seulement », a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Le gouvernement israélien « a la volonté d'avancer à ce sujet », a ajouté le ministre.
De son côté, l'émir du Koweït a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza lors d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG). « Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat (à Ghaza), à fournir une protection internationale pour les civils innocents et à garantir l'ouverture de corridors sûrs et l'arrivée d'une aide humanitaire urgente » a déclaré l'émir du Koweït, Michal Al Ahmad Al Sabah, aux six membres du Conseil des Etats du Golfe réunis dans son pays. L'émir du Koweït a critiqué une politique de « deux poids, deux mesures dans l'application des lois, chartes et résolutions internationales » ayant « entraîné l'extension de l'occupation israélienne et la déstabilisation » de la région. Pour sa part, le Hamas est « prêt » à discuter « toute proposition » de trêve dans la bande de Ghaza, a assuré, avant-hier, un responsable du groupe palestinien, alors qu'une délégation se trouvait au Caire pour rencontrer des médiateurs égyptiens.
La Maison-Blanche a annoncé, mercredi dernier, un nouvel effort diplomatique des Etats-Unis, avec l'aide de la Turquie, du Qatar et de l'Égypte, en vue d'arracher un accord portant sur un cessez-le-feu à Ghaza et la libération des otages qui y sont retenus. Depuis le début de l'année, une médiation menée par Washington, Doha et Le Caire a multiplié les efforts en vue d'un nouvel accord de trêve et de libération d'otages, mais jusque-là en vain.
« Nettoyage ethnique »
Dans un rare témoignage, l'ancien ministre de la Défense israélien, Moshé Yaalon, a affirmé que l'armée israélienne menait un « nettoyage ethnique » dans la bande de Ghaza, provoquant un tollé au sein de la classe politique. « La route sur laquelle on est entraînés, c'est la conquête, l'annexion et le nettoyage ethnique », a déclaré Yaalon lors d'une interview sur la chaîne privée DemocratTV.
Relancée par la journaliste qui lui a demandé s'il pensait qu'Israël se dirigeait vers un « nettoyage ethnique », Yaalon a répondu : « Que se passe-t-il là-bas ? Il n'y a plus de Beit Lahia, plus de Beit Hanoun, l'armée intervient à Jabaliya et en réalité on nettoie le terrain des Arabes. »
Les réactions n'ont pas manqué de fuser, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qualifiant de « honte » le fait qu'Israël ait eu « un tel personnage comme chef de l'armée et ministre de la Défense ». Le Likoud, le parti du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a réagi dans un communiqué fustigeant Yaalon « dont les propos (…) mensongers sont un cadeau à la CPI et au camp des ennemis d'Israël ».
Moshé Yaalon a été le chef de l'armée israélienne entre 2002 et 2005, juste avant le retrait unilatéral d'Israël de la bande de Ghaza. Entré au Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, il a été ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avant de démissionner en 2016, à la suite de différends avec Netanyahu.
Israël n'a « aucune excuse » sur l'aide humanitaire, selon Berlin
Israël n'a « aucune excuse » pour empêcher l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Ghaza, a affirmé, hier, un haut représentant de la diplomatie allemande, à la veille d'une conférence sur le sujet au Caire. Israël doit « tenir enfin ses promesses de fluidifier l'aide humanitaire vers Ghaza et d'accorder un accès humanitaire suffisant à tout moment », a demandé Tobias Lindner, le ministre adjoint aux Affaires étrangères, dans un communiqué publié en amont de son déplacement en Egypte. « Il n'y a aucune excuse pour cela. Le droit d'Israël à la légitime défense trouve ses limites dans le droit international humanitaire », a-t-il souligné. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait tenu des propos similaires début novembre, reprochant à Israël d'échapper « constamment » à ses engagements. L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé, hier, suspendre la livraison d'aide dans la bande de Ghaza depuis un point de passage clé avec Israël, l'acheminement étant devenu « impossible ». R. I."
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Toute l’histoire des injustices du sionisme dans un village bédouin

La destruction d'Umm Al-Hiran illustre la vision sioniste des Palestiniens, considérés comme des pièces d'échecs mobiles dans un jeu d'ingénierie démographique.
Tiré d'Agence médias Palestine.
La semaine dernière, l'État d'Israël a accroché à sa ceinture le scalp d'une autre communauté palestinienne après avoir achevé la démolition d'Umm Al-Hiran. Le matin du 14 novembre, des centaines de policiers ont pris d'assaut le village bédouin – situé dans le désert du Néguev/Naqab, dans le sud d'Israël – accompagnés d'officiers des forces spéciales et d'hélicoptères. Les habitants, des citoyens israéliens qui craignaient depuis longtemps que ce jour arrive, avaient déjà démoli eux-mêmes la plupart des structures du village pour éviter d'avoir à payer de lourdes amendes. Il ne restait plus à la police qu'à détruire la mosquée.
C'est ainsi que deux décennies et demie de lutte juridique pour sauver le village ont pris fin et que les habitants se sont retrouvés sans abri. Si vous voulez comprendre toute l'histoire des injustices commises par le sionisme à l'encontre des Palestiniens – avec toute la discrimination, le racisme, la dépossession et la violence, fondés sur une vision de la suprématie juive et une obsession concomitante de l'ingénierie démographique – vous n'avez qu'à regarder Umm Al-Hiran.
Dans le discours israélo-juif, la destruction d'une communauté bédouine fait à peine sourciller, et encore moins la une des journaux. Après tout, il s'agissait d'un « village non reconnu » – un artifice linguistique qu'Israël déploie pour dépeindre les citoyens bédouins comme des envahisseurs sur leurs propres terres. Le public israélien perçoit la destruction systématique de ces communautés comme une simple mesure de répression à l'encontre de contrevenants. Or, non seulement les habitants d'Umm Al-Hiran n'étaient pas des envahisseurs, mais ils y ont été installés par l'État israélien lui-même.
Avant la création d'Israël, la communauté qui est devenue Umm Al-Hiran vivait dans le nord-ouest du Néguev. En 1952, le gouvernement militaire israélien les a déplacés de force plus à l'est afin de confisquer leurs terres pour la construction du kibboutz Shoval. Quatre ans plus tard, l'État a décidé de les déraciner à nouveau, les poussant vers une zone située juste à l'intérieur de la ligne verte, près de l'extrémité sud-ouest de la Cisjordanie, où ils sont restés jusqu'à la semaine dernière.
Pendant toutes ces décennies, l'État n'a pas pris la peine de réglementer le statut du village. Il n'a pas fourni aux habitants l'infrastructure ou les services de base tels que l'électricité, l'eau, l'éducation ou l'assainissement. C'est la sournoiserie du sionisme mise à nu : priver les habitants palestiniens du Néguev des conditions de vie les plus élémentaires pendant des générations, avant de les remplacer un jour par une communauté juive au nom de la « floraison du désert ».
Le Néguev constitue plus de la moitié du territoire de l'État d'Israël, et de vastes zones sont inhabitées. Pourtant, l'État s'obstine à détruire des villages arabes « non reconnus » pour en construire de nouveaux, juifs. Dans le cas d'Umm Al-Hiran, la nouvelle communauté devait à l'origine porter une version judaïsée du nom du village qu'elle remplaçait : Hiran. Quelqu'un a eu une meilleure idée et elle s'appellera désormais Dror – « liberté ».
Il ne s'agit bien sûr pas d'une nouveauté. Depuis sa création, Israël détruit des communautés palestiniennes et installe des Juifs à leur place. Il a dépeuplé des centaines de villes et de villages palestiniens rien que pendant la Nakba de 1948. Mais l'histoire d'Umm Al-Hiran contient une autre couche de l'attitude d'Israël envers les Palestiniens, qui est essentielle pour comprendre le modus operandi du sionisme : la perception de la présence des Palestiniens comme étant temporaire.
C'est l'une des expressions les plus violentes de la suprématie juive. Les Palestiniens sont considérés comme une poussière humaine qui peut être simplement balayée, ou comme des pièces d'échecs qui peuvent être déplacées d'une case à l'autre conformément au projet interminable d'ingénierie démographique d'Israël entre le fleuve et la mer. C'est un élément essentiel de la déshumanisation de ceux dont l'État lorgne les terres : la conviction profonde que ces personnes n'ont pas de racines et que, par conséquent, les déplacer d'un endroit à l'autre ne peut être considéré comme un déplacement.
De cette manière, il est possible de continuer à ignorer les demandes des habitants des villages d'Iqrit et de Bir'em en Galilée, plus d'un demi-siècle après que la Haute Cour a statué qu'ils devraient être autorisés à retourner sur leurs terres après avoir été expulsés pendant la Nakba ; il est possible de procéder à un nettoyage ethnique généralisé en Cisjordanie sous le prétexte de la sécurité et de l'État de droit ; et il est possible d'ordonner à des centaines de milliers d'habitants de Gaza d'évacuer encore et encore, les transformant en éternels nomades comme le voulait le sionisme – et, pour couronner le tout, de considérer qu'il s'agit d'un acte humanitaire.
L'ingénierie démographique du sionisme ne se limite pas aux Palestiniens. L'histoire de Givat Amal, un quartier mizrahi de Tel Aviv qui a été expulsé de force et démoli en 2021, présente de nombreux parallèles avec l'histoire d'Umm al-Hiran ; là aussi, l'État a contraint une communauté marginalisée à s'installer dans une zone frontalière, sans jamais réglementer son statut ou ses droits sur la terre, et dès que la valeur de cette terre a augmenté, il en a expulsé les résidents par cupidité. Pendant ce temps, des « comités d'admission » approuvés par l'État continuent de faire respecter l'apartheid dans des centaines de communautés juives à travers le Néguev et la Galilée, en veillant à ce que les « bonnes personnes » vivent aux bons endroits.
Mais ce sont les Palestiniens que le sionisme a transformés en un peuple temporaire à l'identité éphémère. C'est l'hypothèse qui est au cœur du plan d'échange de terres défendu il y a dix ans par Avigdor Liberman, qui verrait plusieurs communautés palestiniennes à l'intérieur d'Israël délocalisées en Cisjordanie tandis qu'Israël annexerait certaines colonies : aujourd'hui, les Palestiniens peuvent être citoyens d'Israël, mais demain, d'un simple geste du doigt, ils peuvent cesser de l'être. (Liberman, autrefois considéré comme étant à l'extrême droite de la politique israélienne, est récemment devenu une sorte de héros du centre gauche).
Cette détermination sioniste à arracher les Palestiniens à leur terre est peut-être sous-tendue par une peur intériorisée de leur attachement profond à la terre. C'est peut-être l'illusion que s'ils sont déracinés et jetés d'un endroit à l'autre suffisamment de fois – que ce soit par les marches de la mort à Gaza, le nettoyage ethnique en Cisjordanie, ou la destruction et l'expulsion dans le Néguev – ils finiront par abandonner et partir.
Il y a huit ans, le leader de l'opposition israélienne Yair Lapid écrivait une ode au mouvement Hashomer Hachadash, dans laquelle il disait avec humour qu'« un homme qui plante un arbre ne va nulle part ». Il y a quelque chose de remarquable dans la manière dont le subconscient jaillit parfois du stylo, en dépit de la personne qui le tient. Après tout, l'État sait exactement qui a planté les oliviers que l'armée bombarde à Gaza et que les colons incendient en Cisjordanie. Mais même après des décennies de destruction, d'expulsion et de carnage, le sionisme refuse d'accepter qu'ils ne vont nulle part.
Orly Noy est rédactrice à Local Call, activiste politique et traductrice de poésie et de prose en farsi. Elle est présidente du conseil d'administration de B'Tselem et militante au sein du parti politique Balad. Ses écrits traitent des lignes qui se croisent et définissent son identité en tant que Mizrahi, femme de gauche, femme, migrante temporaire vivant à l'intérieur d'une immigrante perpétuelle, et du dialogue constant entre elles.
Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine
Source : +972
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L’ONU a failli à sa mission sur Gaza. Nous devons radicalement décoloniser et réformer cette organisation

Par décolonisation, j'entends un processus de transformation qui intègre les points de vue des communautés marginalisées et les plus touchées.
Tiré d'Agence médias Palestine.
Bien avant l'investiture du président américain élu Donald Trump en janvier 2025, l'ONU a vu son propre pouvoir, sa crédibilité et même sa pertinence s'atrophier. L'organisation internationale a été confrontée à de nombreux défis depuis sa création en 1945, dans le contexte du chapitre le plus horrible de notre histoire moderne. Pourtant, peu de chapitres de l'ONU ont été plus sombres que celui de son regard docile tandis qu'Israël diffuse en direct le génocide contre 2,3 millions de Palestiniens à Gaza en toute « impunité ».
Le fait que le génocide perpétré par Israël soit armé, financé et protégé de toute responsabilité par de puissants États occidentaux (avec les États-Unis en tête), a rendu cette impunité plus flagrante que jamais. L'hypocrisie occidentale qui consiste à infliger à la Russie un régime de sanctions des plus sévères après son invasion de l'Ukraine en 2022, tout en autorisant pleinement le génocide israélien, vieux de plusieurs décennies de colonialisme, d'apartheid et d'occupation militaire illégale, a également atteint des niveaux sans précédent, rendant dérisoire la prétention de l'Occident à se préoccuper des droits de l'Homme universels. Lors d'un récent débat à l'ONU sur Gaza, le ministre des affaires étrangères indonésien a appelé les États membres à ne pas « enterrer les principes de la Charte des Nations unies et du droit international sous les décombres du double standard, du déficit de confiance et du jeu à somme nulle ».
Le sociologue congolais-américain Pierre van den Berghe a inventé le terme de « démocratie herrenvolk », qui est « démocratique pour la race dominante mais tyrannique pour les groupes subordonnés ». Le principe dystopique que « la force fait le droit » planant sur les ruines et au sein des interminables cadavres palestiniens à Gaza, ainsi que la montée du fascisme aux États-Unis, en Europe et ailleurs, représentent une menace crédible d'un dérapage du monde vers une ère de législation internationale herrenvolk – exercée exclusivement par les puissants oppresseurs contre les dispensables et les opprimés qui osent résister à la soumission et cherchent à s'émanciper. Cette année, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a donné un premier aperçu d'une telle situation en déclarant : « Si vous n'êtes pas à la table du système international, vous serez sur le menu ».
Dans ce contexte, la délivrance de mandats d'arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre de Benjamin Netanyahou et de l'ancien ministre du cabinet de guerre Yoav Gallant, le 21 novembre, n'aurait pas pu arriver à un moment plus opportun. Bien qu'elle fasse suite à des dizaines de milliers de cadavres palestiniens, la décision de la CPI donne une lueur d'espoir que les Palestiniens puissent encore obtenir un semblant de justice de La Haye après des années de tergiversations et d'apathie mortelle. De plus, cette décision de la CPI, qui résiste à des années de menaces et d'intimidations de la part d'Israël et des États-Unis, pourrait également contribuer à restaurer, au moins partiellement, la discipline du droit international, alors que de nombreuses parties, en particulier dans le sud mondial, ont quasiment abandonné toute confiance en elle.
Mais il serait irréaliste, voire complètement illusoire, de considérer la décision tardive de la CPI comme le triomphe ultime de la justice sur la force brute. Cela nous transformerait également en témoins d'un spectacle d'inévitabilité déterministe dans lequel notre volonté ne joue aucun rôle. Parmi les nombreuses choses à régler dans ce monde pour mettre fin au génocide à Gaza et empêcher toute puissance de refaire « un Gaza » sur quelconque communauté vulnérable, la décolonisation de l'ONU est peut-être la priorité absolue. L'arrivée imminente d'un destructeur en chef à la Maison Blanche rend cette tâche des plus urgentes.
Par décolonisation de l'ONU, j'entends un processus de transformation qui intègre les perspectives des communautés et des nations marginalisées et les plus touchées, en particulier celles qui souffrent encore du poids de l'héritage colonial, qui se manifeste sous forme de dettes, de développement inégal et de pillage pur et simple des ressources naturelles. Ce processus radical mais progressif vise à réclamer l'ONU en tant qu'héritage de l'humanité au sens large et en tant que seule organisation capable d'incarner les principes de justice, de paix, de dignité humaine et de salut collectif.
Ce processus multi-facettes et exceptionnellement exigeant impliquerait d'aborder les questions d'une représentation véritablement démocratique et inclusive, de l'élimination du pouvoir de veto et de la réorganisation de la structure grossièrement démesurée de l'ONU, pour la rendre plus légère, plus agile, plus efficace et, par conséquent, moins corrompue et moins dépendante des largesses conditionnées de Washington et d'autres capitales occidentales. Après tout, les salaires et les avantages ridiculement élevés que touchent les hauts fonctionnaires de l'ONU, qui sont pour la plupart occidentaux, peuvent contribuer à réduire la pauvreté dans des petites nations.
Le transfert du siège de l'ONU du territoire qui sera bientôt gouverné par Trump vers un territoire plus démocratique et moins autoritaire comme l'Afrique du Sud pourrait être essentiel dans ce processus. Certes, l'Afrique du Sud n'est pas une utopie, mais elle symbolise la victoire de l'humanité et de la démocratie sur une ère impitoyable de colonialisme occidental et d'apartheid, malgré le long chemin qui reste à parcourir pour mettre fin à l'injustice économique et sociale.
En prévision de l'inévitable colère de l'empereur à Washington et de la réduction sévère attendue des contributions américaines à l'ONU, et dans un esprit de décolonisation et de démocratisation, je propose une taxe annuelle progressive de l'ONU qui serait prélevée sur chaque adulte dans le monde, calculée en fonction du PIB par habitant de chaque pays et payée par les États membres au nom de leurs citoyens.
Un citoyen de Singapour ou du Qatar, par exemple, devrait payer beaucoup plus qu'un citoyen du Sud-Soudan ou de l'Afghanistan, mais tout le monde contribue au gouvernement mondial. Cette contribution s'accompagne d'un droit à la parole sur la gouvernance et l'efficacité des Nations unies, afin de préserver leur indépendance et leur pertinence face aux défis les plus persistants de l'humanité, et de refléter véritablement l'aspiration de la majorité de l'humanité pour un monde plus propre, plus sûr, plus durable, moins militarisé, plus juste et plus en paix. Les multinationales seraient régies par des règles strictes qui privilégieraient les peuples et la planète avant la cupidité et les profits sanglants.
Tout cela peut sembler assez idéaliste, voire impossible, vu la dynamique de pouvoir qui règne au sein des Nations unies et dans le monde en général. Mais de nombreux changements dans l'histoire ont commencé par des idées originales, non orthodoxes, qui peuvent sembler impossibles jusqu'à ce qu'elles deviennent possibles. Nous, avec notre autonomie, pouvons les rendre possibles. Avant que la vague montante de fascisme et de folie impériale ne transforme l'ONU en un véritable organisme comateux, avant que davantage de nations ne se retrouvent sur le « menu », nous devons tous imaginer une réalité différente et nous efforcer avec tout notre pouvoir d'y parvenir. Nous n'avons qu'un seul monde.
Source : The guardian
Traduction : SP pour l'Agence Média Palestine
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