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PL 89 – Un bouleversement aux lourdes conséquences pour le Québec

3 juin, par Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Fédération autonome de l'enseignement (FAE), Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Le projet de loi 89, adopté aujourd'hui, aura de lourdes conséquences pour l'ensemble de la main-d'œuvre du Québec. « Le premier ministre et son ministre du Travail n'ont (…)

Le projet de loi 89, adopté aujourd'hui, aura de lourdes conséquences pour l'ensemble de la main-d'œuvre du Québec. « Le premier ministre et son ministre du Travail n'ont vraisemblablement pas saisi l'ampleur des dégâts qu'occasionnera cette nouvelle législation. Il s'agit d'une journée sombre pour les travailleuses et les travailleurs », dénoncent les porte-paroles Robert Comeau de l'APTS, Luc Vachon de la CSD, Caroline Senneville de la CSN, Éric Gingras de la CSQ, Mélanie Hubert de la FAE, Julie Bouchard de la FIQ, Magali Picard de la FTQ, Christian Daigle du SFPQ et Guillaume Bouvrette du SPGQ.

29 mai 2025

Tiré de L'Infolettre de la CSN En mouvement

Des conséquences pour toutes les personnes salariées du Québec

Il ne fait aucun doute pour les organisations syndicales que les impacts du projet de loi se feront sentir bien au-delà des personnes syndiquées. « Nous le répétons, les gains obtenus par la négociation exercent une pression positive sur les milieux non syndiqués, obligeant les employeurs à s'ajuster pour demeurer compétitifs. C'est à l'ensemble de la main-d'œuvre québécoise que le gouvernement s'attaque en limitant la capacité des travailleuses et des travailleurs à défendre et à améliorer leurs conditions de travail », déplorent les porte-paroles.

Une menace à la paix industrielle

Les règles entourant le recours et l'exercice de la grève permettaient jusqu'ici de maintenir l'équilibre fragile, mais essentiel entre les travailleuses, les travailleurs et les patrons. Les organisations syndicales ne s'expliquent pas pourquoi Jean Boulet a voulu tout bouleverser, si ce n'est pour assujettir l'ensemble des personnes salariées au bon vouloir des employeurs et pour faire plaisir au patronat ainsi qu'à un conseil des ministres aux tendances antisyndicales. « L'encadrement entourant l'exercice du droit de grève, qui était somme toute limitatif, offrait aux travailleuses et aux travailleurs la possibilité d'améliorer leurs conditions à l'intérieur de balises claires. Le ministre semble s'être trouvé des prétextes pour bafouer leurs droits et, de ce fait, il menace la paix industrielle », évoquent les représentants syndicaux. « Il nous semble clair que les limitations au droit de grève contenues dans cette législation ne passeront pas le test des tribunaux. Les constitutions, tant canadienne que québécoise, ainsi que l'arrêt Saskatchewan sont sans équivoque à ce propos. Les droits syndicaux sont aussi des droits humains. »

Des gains obtenus grâce aux luttes

Au fil des décennies, de nombreuses avancées sociales bénéficiant à l'ensemble de la société ont été obtenues grâce aux luttes menées par les travailleuses et les travailleurs syndiqués. L'équité salariale, l'implantation du réseau des CPE, le salaire minimum, les congés parentaux sont quelques-uns des gains obtenus grâce à la mobilisation syndicale. « Ce sont nos moyens de pression et nos grèves qui ont permis à des millions de Québécoises et de Québécois de bénéficier de ces droits. Priver les travailleuses et les travailleurs de leur capacité à lutter, c'est freiner les progrès de toute la société québécoise », insistent les porte-paroles.

« Le lien de confiance est rompu »

Dès l'évocation par Jean Boulet de ses intentions, à la fin 2024, les organisations syndicales ont invité le ministre du Travail à la prudence. « Nous avons rapidement saisi que le ministre ne serait pas ouvert à la discussion afin de trouver des solutions satisfaisantes pour tous. D'ailleurs, nous nous expliquons mal cette volte-face complète de la part du ministre du Travail, qui a drastiquement changé de ton à partir de ce moment : il a choisi de rompre le dialogue avec les travailleuses et les travailleurs du Québec. Le lien de confiance est rompu », concluent les porte-paroles.

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Financement des arts : Il ne restera pas toujours la culture

3 juin, par Eve-Marie Lacasse — , ,
22 mars 2025 : des milliers de personnes marchent partout au Québec, répondant à l'appel de la Grande mobilisation pour les arts au Québec (GMAQ). Ce mouvement, qui rassemble (…)

22 mars 2025 : des milliers de personnes marchent partout au Québec, répondant à l'appel de la Grande mobilisation pour les arts au Québec (GMAQ). Ce mouvement, qui rassemble artistes, travailleuses et travailleurs de la culture – théâtre, danse, cirque, musique, arts visuels, littérature et plus encore – exige une meilleure reconnaissance des arts et une hausse des budgets gouvernementaux dédiés à la culture. Quatre jours plus tard, le ministre des Finances du Québec présente son budget. Le financement du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) est rehaussé de façon importante, répondant en partie aux demandes de la GMAQ.

Tiré du Point syndical.

« Les victoires sont rares. Nous célébrons cette hausse de financement du CALQ. Mais nous demeurons réalistes : on sauve tout juste les meubles, le ministre de la Culture nous a avisés que pour les années à venir, l'investissement ne sera pas indexé. Le problème de fond demeurera. Parce que la précarité dans le milieu des arts et de la culture, c'est beaucoup plus large », observe Valérie Lefebvre-Faucher, autrice, rédactrice en chef de la revue Liberté et représentante de la GMAQ.

Sans filet

Les travailleuses et travailleurs culturels, souvent autonomes ou indépendants, vivent dans une grande précarité. « Une majorité d'entre nous cumule les emplois pour arriver. Quand nous réussissons à obtenir du financement, c'est bien souvent le projet qui est financé, pas notre temps de création », continue Mme Lefebvre-Faucher.

La Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) appuie la GMAQ dans ses revendications. La fédération explore l'idée d'un filet social pour les artistes. « Il y a un travail de fond à faire afin que socialement, on réalise que la création, ce n'est pas un passe-temps. C'est un travail et des droits devraient venir avec ça », martèle Jean-Philippe Bergeron, écrivain et président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Copibec–CSN.

Le filet de sécurité conçu pour les salarié-es censé soutenir le revenu des individus lorsqu'ils sont confrontés aux aléas de la vie est souvent inexistant pour les artistes. Ce filet serait destiné à compenser les périodes de transition ou de précarité financière entre deux projets et à éviter que les artistes aient à occuper deux, parfois trois emplois pour avoir les moyens de créer. « Nous sommes en défrichage sur ces questions. On pourrait s'inspirer des travailleurs des pêches et de leur accès à l'assurance-emploi : c'est un exemple parmi d'autres. Mais des solutions peuvent être mises en place », termine M. Bergeron.

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Bravo les artistes !

Alors que le génocide ordonné par les sionistes, suprémacistes et néofascistes de Tel-Aviv contre la population de Ghaza se poursuit, des voix s'élèvent en Occident pour (…)

Alors que le génocide ordonné par les sionistes, suprémacistes et néofascistes de Tel-Aviv contre la population de Ghaza se poursuit, des voix s'élèvent en Occident pour dénoncer ce qui se précise chaque jour davantage comme un nettoyage ethnique. Une déportation planifiée des Palestiniens, aussi bien des 2,3 millions de personnes qui vivent dans l'enclave que ceux des territoires occupés de Cisjordanie, pourchassés par l'armée israélienne et les colons juifs qui les poussent à quitter leurs terres et à abandonner leurs villages.

Tiré d'El Watan.

L'annonce d'un plan pour l'implantation de 22 nouvelles colonies dans les territoires occupés depuis 1967 ne signifie rien d'autre qu'une annexion de fait par l'expansion des colonies juives en Cisjordanie. Un plan auquel les suprémacistes sionistes et néofascistes de Tel-Aviv tiennent plus que tout, d'Itamar Ben-Gvir au ministre de la Défense sioniste Israël Katz en passant par Benyamin Netanyahu. Tous ont insisté pour que le Premier ministre de l'entité sioniste ordonne une vaste offensive sur Ghaza, en vue de son annexion à Israël.

Quant au ministre de la Défense israélien, il ne s'est pas privé de répondre au président français qui a « osé » dire à Singapour : « Si nous abandonnons Ghaza et laissons faire Israël, nous perdrons toute crédibilité. » Le ministre sioniste a précisé : « Macron et ses amis reconnaîtront un Etat sur le papier, et nous construirons un Etat juif ici sur le terrain », en d'autres termes à Ghaza et en Cisjordanie. Au passage, son homologue des Affaires étrangères a accusé le président français de mener une croisade contre les juifs.

La messe est dite pour Emmanuel Macron, dont le pays présidera conjointement avec l'Arabie Saoudite une conférence internationale sur la Palestine, à partir de la seconde quinzaine du mois de juin à New York. On voit bien que pour les suprémacistes néofascistes de Tel-Aviv, la solution à deux Etats au Moyen-Orient a vécu. Pour eux, il ne pourrait y avoir qu'un seul Etat, l'Etat juif d'Israël, comprenant la Cisjordanie et la bande Ghaza annexées.

Jusqu'à quand les pays occidentaux se contenteront-ils de condamnations verbales, d'incantations adressées à l'entité sioniste qui continue d'agir en toute impunité dans la région, en se comportant comme le gendarme du Moyen-Orient, s'en prenant tour à tour au Liban, à la Syrie, à l'Irak et même au lointain Yémen ? Des actes donc ! Les dirigeants des pays occidentaux ne semblent pas compris cela. Sur ce point, ils sont en retard sur leurs sociétés civiles, comme viennent de le prouver jeudi dernier 300 personnalités du monde des arts et de la culture du Royaume-Uni.

Ces artistes, dont la popstar Dua Lipa ou encore l'acteur Benedict Cumberbatch, ont publié une lettre, dans laquelle ils demandent au Premier ministre britannique Keir Starmer de suspendre les livraisons d'armes à Israël et à agir pour l'obtention d'un cessez-le-feu à Ghaza. Les termes de cette tribune diffusée largement au Royaume-Uni sont on ne peut plus clair en direction du locataire du 10 Downing Street. « Nous vous exhortons à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la complicité du Royaume-Uni dans les horreurs à Ghaza.

Nous vous demandons de suspendre immédiatement toutes les ventes d'armes et licences d'exportation britanniques vers Israël. » Tout comme ils demandent au Premier ministre britannique d'utiliser tous les moyens disponibles pour garantir un plein accès de l'aide humanitaire à Ghaza, par le biais d'organisations expérimentées et sans ingérence militaire.

Tout comme ils lui demandent de « prendre un engagement envers les enfants de Ghaza de négocier un cessez-le feu permanent et de mettre fin à la famine ». Quarante-huit heures auparavant, 380 écrivains d'Angleterre, d'Ecosse, du pays de Galles, d'Irlande du Nord et de la République d'Irlande ont, dans un appel largement diffusé, demandé à leurs nations et aux nations du monde de se joindre à eux pour mettre fin au silence et à l'inaction collective face à l'horreur.

L'utilisation du termes « génocide » ou actes de génocide pour décrire ce qui se passe à Ghaza n'est plus contestée, ont-ils écrit. Ils réclament eux aussi la distribution de l'aide par l'ONU ainsi qu'un cessez-le feu. Faute de quoi, des sanctions devraient être prises.

Quelques jours auparavant, plus de 300 écrivains francophones, dont deux prix Nobel de littérature, ont publié une tribune dans le quotidien français Libération, dans laquelle ils déclarent : « Nous pouvons plus nous contenter du mot horreur, il faut aujourd'hui nommer le génocide à Ghaza. » Ils exigent eux aussi des sanctions contre Israël.

Plusieurs questions reviennent dès lors avec insistance : Est-ce que ces représentants du monde des arts seront-ils entendus par les dirigeants politiques de leurs pays respectifs ? Et surtout est-ce qu'ils seront suivis par leurs homologues des autres pays occidentaux ? De quoi créer un climat d'opinion favorable pour qu'enfin des actes soient pris pour faire cesser cet odieux génocide.

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Lancement de la 5e édition de la campagne En juin, je lis autochtone : « Place aux littératures autochtones ! »

3 juin, par Je lis autochtone ! — , ,
Wendake, le 2 juin 2025 - Du 1er au 30 juin, l'organisme à but non lucratif Je lis autochtone ! invite les gens à découvrir les littératures autochtones dans le cadre du Mois (…)

Wendake, le 2 juin 2025 - Du 1er au 30 juin, l'organisme à but non lucratif Je lis autochtone ! invite les gens à découvrir les littératures autochtones dans le cadre du Mois national de l'histoire autochtone.

Pour l'occasion, près80 librairies et plus de 200 bibliothèques partout au Québec se pareront des couleurs de la campagne et mettront de l'avant les livres écrits par des auteur·ice·s membres de Premiers Peuples dans une section dédiée. Plusieurs auteur·ice·s autochtones animeront, par le fait même, des dizaines d'activités dans les établissements participants afin de permettre aux lecteur·ice·s d'échanger avec les artistes, d'en apprendre davantage sur leur parcours et leurs œuvres. Le but : mettre en vedette la diversité des œuvres que les Premières Nations, les Métis et les Inuit ont à offrir et permettre des rencontres interculturelles des plus enrichissantes.

Une 5e édition sous le signe du théâtre

Sous le thème « Place aux littératures autochtones », c'est le théâtre qui sera la star de cette édition. « Sur scène, les mots s'animent et prennent vie. », affirme l'auteurice Moira-Uashteskun Bacon, Pekuakamiulnu de Mashteuiatsh et porte-parole de cette édition. « C'est une façon pour nous de montrer toute la diversité qu'offrent les littératures autochtones. Elles prennent toutes sortes de formes et il y en a pour tous les goûts. », d'ajouter Elizabeth Dubé, coordonnatrice de l'OBNL.
Une littérature foisonnante

Bien que les littératures autochtones aient longtemps été discrètes sur les tablettes, elles connaissent un bel essor et c'est plus d'une soixantaine de titres qui ont été publiés en français au Québec dans la dernière année. Le public les trouvera dans le carnet annuel qui sera disponible gratuitement dans toutes les succursales participantes ainsi que sur le Web. Il pourra également en profiter pour y lire un texte inédit ainsi que des suggestions littéraires et théâtrales.

Pour tout connaître sur la campagne et voir la programmation, visitez le jelisautochtone.caainsi que les pagesFacebook et Instagram de l'organisme.

Cette campagne est rendue possible grâce à la participation du Conseil des arts du Canada, du Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit et le Réseau Les Libraires ainsi que celle de plusieurs maisons d'éditions telles que les Éditions Boréal, les Éditions Hannenorak, les Éditions Alire et les Éditions Prise de Parole.

À propos de Je lis autochtone ! :

Je lis autochtone ! est un organisme à but non lucratif qui a pour objectifs de promouvoir les littératures autochtones au grand public ; offrir un meilleur accès aux livres des Premiers Peuples aux communautés autochtones et accroître la littératie au sein des Premières Nations, Métis et des Inuit. Je lis autochtone ! souhaite ainsi favoriser la rencontre interculturelle grâce à la littérature et faire rayonner le talent des auteur·trice·s des Premières Nations, des Inuit et des Métis publié·e·s en français au Canada.

À propos de Moira-Uashteskun Bacon :

Pekuakamiulnu de Mashteuiatsh, Moira-Uashteskun Bacon s'inspire de sa propre jeunesse, en communauté et en milieu urbain, pour écrire. Lorsque sa tête n'est pas hantée par les personnages de ses histoires, Moira partage sa passion en animant des ateliers d'écriture pour les enfants à Montréal. En 2023, son premier roman, Envole-toi, Mikun, paru aux éditions Hannenorak, lui a valu d'être finaliste à plusieurs prix littéraires, dont celui du Gouverneur général. L'amie de mon père est son deuxième roman.

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Le 47ème Festival International de Films de Femmes de Créteil

3 juin, par Ghaïss Jasser — , ,
Depuis la fondation du Festival International de Films de Femmes (FIFF) à Sceaux en 1979 par Jackie Buet et Elisabeth Thréard, nous étions quelques féministes cinéphiles et (…)

Depuis la fondation du Festival International de Films de Femmes (FIFF) à Sceaux en 1979 par Jackie Buet et Elisabeth Thréard, nous étions quelques féministes cinéphiles et universalistes à l'avoir régulièrement suivi.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Nous étions toutes convaincues qu'à l'instar d'un grand nombre de romancières ou de poétesses, des réalisatrices méconnues existaient et qu'il fallait seulement avoir la passion, le courage et la persévérance de les découvrir et de les faire connaître en exhumant les unes, comme Alice Guy, en honorant les confirmées, comme Margareth Von Trotta, et en invitant et encourageant celles qui viennent de faire leurs premiers pas dans la réalisation.

Nous n'étions guère étonnées par l'envergure internationale que le FIFF a rapidement gagnée grâce à son caractère unique et singulier. Mais nous étions souvent frustrées de le voir timidement accueilli sur le plan national et parfois même occulté.

Enfin, c'est grâce à sa dimension internationale et universelle qu'il a réussi à réaliser 560 leçons de cinéma avec des réalisatrices de cinq continents, leçons numérisées par l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), partenaire fidèle et indispensable.

Nous fûmes cette année enthousiastes et agréablement surprises par le grand nombre de films reflétant l'actualité internationale, politique et sociale.

Flowers of Ukraines, d'Adelina Borets (2024) : Natalia, femme de 67 ans, vit à Kiev sur un terrain fleuri qu'elle protège contre vents et marées. Elle refuse avec humour et liberté toutes les propositions matériellement alléchantes des promoteurs qui veulent la déloger. Sa lutte devient plus poignante lorsque l'Ukraine commence à être bombardée et envahie par la Russie. Natalia refuse de quitter son petit paradis pour se réfugier dans un abri, même lorsque les bombes pleuvent sur Kiev. Elle se cache avec ses quelques poules dans un minuscule abri construit par ses soins. Elle incarne à elle seule un symbole d'espoir et de résistance. Ce long documentaire a récolté trois prix, celui du meilleur long métrage documentaire par le grand jury, le prix du public et celui du jury « graines de cinéphage ».

Par ailleurs, Arte et le FIFF ont choisi trois documentaires de femmes issus de la collection « génération ukrainienne » :

« Intercepté » (2024) d'Oksana Karpowych : un film qui met à nu l'impérialisme de la Russie et la déshumanisation engendrée par la guerre.

« Marioupol, trois femmes et une guerre » (2024) de Svitlana Lishchynska : portrait sensible de trois générations de femmes vivant à Marioupol tournées culturellement vers la Russie, mais que la guerre fait subir à leur identité un déchirement insoutenable.

« Ukraine : la guerre ordinaire » (2024), d'Olha Zhurba : entamé dès les premiers jours de l'attaque russe, ce documentaire saisissant dresse un « portrait collectif de l'Ukraine en guerre au travers d'une population en état de choc, qu'elle ait fui les affres de la guerre ou soit restée pour vivre sous la menace et les bombardements constants » (catalogue du FIFF p. 35).

Toxic, de Saulé Bliuvaité (Lituanie, 2024) présenté en séance de clôture du Festival au cinéma Saint André des Arts en présence de la réalisatrice. Celle-ci met en scène de jeunes adolescentes, Marija et Kristina, qui se rencontrent dans une école de mannequinat locale. Une concurrence ardue les pousse à brutaliser leur corps tout en ignorant « la cruelle réalité saisie par la cinéaste : celle d'un monde où les règles sont conçues pour qu'elles perdent » (catalogue du FIFF p. 10).
« Toxic est fait de fragments de vie (…) les corps y disent la solitude, l'enfance encore proche, la souffrance, l'espoir d'une reconnaissance. Un film à fleur de peau, fort comme un journal intime » Frédéric Strauss, Télérama.
Ce film a eu le grand prix du Festival de Locarno en 2024.
Nous avons surtout été impressionnées par la force de suggestion que reflètent certaines images : quelques photos d'adolescentes défigurées nous renvoient par exemple à cette société qui défigure ses propres enfants.

Soudan, souviens-toi, de Hind Meddeb, 2023, en avant première et en présence de la réalisatrice.
« Après 30 ans de dictature, le portrait d'une jeunesse soudanaise qui, par ses mots, poèmes et créations, défie la répression militaire et lutte pour ses rêves de démocratie. En croisant leurs itinéraires, Hind Meddeb articule les fragments d'une révolution impossible, de ses débuts prometteurs jusqu'à ce que la guerre détruise tout, mettant les Soudanais sur les routes de l'exil » (catalogue du FIFF, p. 39).

En effet, les débuts prometteurs de cette révolution nous avaient vraiment enthousiasmés, car les tueries contre une jeunesse joyeuse, décidée à braver tous les dangers n'avaient pas encore commencé, comme en Syrie.

Mais les militaires sont toujours là pour écraser toute aspiration à la liberté. Ils vont même engager des milices, dans le but d'être soutenus dans leur action répressive. Mais ces milices, comme il arrive souvent dans des cas similaires, une fois armées jusqu'aux dents, commencent à rêver du pouvoir. Les milices amies du pouvoir deviennent alors des ennemies et doivent leur durabilité grâce au financement de pays comme les Emirats Arabes Unis.

Enfin, le plus bouleversant dans le film de Hind Meddeb sont les poèmes en arabe classique ou dialectal, récités ou chantés par des jeunes qui promettent de ne jamais arrêter leur lutte.

Green Line, de Sylvie Balliot, France-Liban, 2024. « Fida a grandi à Beyrouth dans les années 80, pendant la guerre. La banalisation de la mort la fait douter de la valeur de la vie et du sens de cette interminable guerre. Avec l'aide de figurines et de maquettes miniatures, elle va à la rencontre de miliciens et confronte sa vision avec la leur » (catalogue du FIFF, p. 15).
Ce film qui a reçu plusieurs prix – au Festival de Locarno, celui d'Ismaïliya (Egypte) et au Festival de Marrakech – est à la fois très intéressant et frustrant, car il permet d'une part de découvrir plusieurs visages de certains miliciens repentis et d'autres convaincus d'avoir fait ce qu'il fallait. Mais il est dommage que ce film ne soit pas étoffé aussi par des analyses de journalistes et de politologues libanais et arabes qui ont réussi à jeter sur cette guerre absurde des éclairages rarement mentionnés dans les mass-média.

D'autres longs métrages documentaires ont été sélectionnés par ce FIFF, comme Larry (IEL), de Catherine Legault, (Canada, 2024). « Portrait de Laurence Philomène, jeune photographe, trans non-binaire, qui s'impose comme l'une des voix les plus originales de sa génération et une icône de la communauté LGBTQ+ » (catalogue du FIFF, p. 15).

Ce film a en effet l'avantage de nous propulser au cœur de la vie quotidienne de Laurence Philomène qui assume sa transsexualité avec autant de douleur que de sérénité. Néanmoins, ce film nous rappelle que le débat autour du genre est loin d'être terminé. Garantir la liberté de choix d'un sexe ou d'un genre voudrait-il dire que la porte est fermée à tout débat sur le sujet ? Tout comme le débat entre féministes essentialistes et anti-essentialistes qui reste toujours d'actualité, même s'il est en train de subir des mutations dans le discours LGBTQ+.

Après avoir cité les longs métrages documentaires qui nous ont marqué, faut-il oublier la sélection de plusieurs longs métrages fiction qui nous promènent de la République Dominicaine avec « Sugar Island » (2024) de Johanné Gomez Terrero qui a eu le prix du Grand Jury, au Portugal avec « Le vent qui siffle dans les grues » (2023) de Jeanne Wallz, à la Turquie avec « On the water surface », de Zeynep Köpratu (2024)…

Dans le cadre des réalisatrices pionnières, le Festival choisit cette année de passer plusieurs films de la réalisatrice tchèque Vera Chytilova, sans oublier de rappeler que cette cinéaste a fait partie des réalisatrices historiques du FIFF depuis 1987. « Que faut-il retenir de son cinéma, écrit Jackie Buet, une permanente innovation et lucidité sur l'entrelacs des destins humains et des intrigues partisanes. Un grand cinéma politique avec une fraicheur humaine revigorante. Un talent fou qui appuie sur les points névralgiques et les possibilités d'échappée : alternative entre la liberté ou la soumission, le personnel ou le collectif » (catalogue du FIFF, p. 30).

Le FIFF, ayant accompagné presque toutes les sorties de films de Margareth Von Trotta, a choisi de proposer à son public pour la soirée avec Arte et en avant-première, le film de cette grande réalisatrice allemande « Voyage dans le désert ». Elle y relate un épisode de vie de la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann. Celle-ci rencontre au sommet de sa carrière le célèbre dramaturge Max Frisch. La poétesse prend soudain la décision de voyager dans le désert égyptien, afin de se libérer de cette tumultueuse relation devenue parfois irrespirable.

N'oublions surtout pas ce court-métrage belge de Juliette Léonard « Rides du lion et pattes d'oie », « Vieillir quand on est femme est un drame. Comment me défaire de cette idée débile et profondément ancrée dans mon crâne et ma société » (catalogue du FIFF, p. 20). En effet, cette réalisatrice brise un tabou d'une manière à la fois hilarante et angoissante, car dès l'âge de 30 ans, beaucoup de femmes ne savent plus quoi faire de leur corps, sujet de toutes les projections dont elles demeurent prisonnières, car toujours invitées à corriger ce qui ne va pas et donc à acheter et à utiliser des gels et des crèmes qui remplissent les étagères de leur chambre et surtout de leur salle de bain. Ce court métrage eut le prix du Jury INA, aussi bien qu'une mention spéciale du Jury UPEC (Université Paris-Est Créteil).

Le Festival choisit presque tous les ans un thème autour duquel il organise un colloque ou une table-ronde. Cette année, trois femmes furent réunies et invitées à partager leur vision de l'humour. Nous eûmes à cette occasion la surprise de découvrir que l'une d'entre elles, Chantal Montellier, artiste pionnière de la bande-dessinée, a publié sous sa direction un livre « Je suis Razan, un visage pour la Palestine » aux éditions Arcane 17, dans lequel se sont exprimé une vingtaine de journalistes, de chercheur.ses, d'hommes et de femmes politiques, etc. sur la mort de la secouriste palestinienne Razan, sous les balles israéliennes à Gaza en 2018.

Ghaïss Jasser, 31 mai 2025.

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Une exposition présente des récits de courage et de résistance queer à Washington

3 juin, par Musée canadien pour les droits de la personne — , ,
Washington D.C., le 27 mai 2025 – Une exposition du Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) sur la purge LGBT au Canada ouvre aujourd'hui à la galerie d'art de (…)

Washington D.C., le 27 mai 2025 – Une exposition du Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) sur la purge LGBT au Canada ouvre aujourd'hui à la galerie d'art de l'ambassade du Canada à Washington, D.C. L'expo-kiosque est présentée dans le cadre de WorldPride, un événement annuel qui vise à promouvoir la visibilité et la sensibilisation aux questions 2ELGBTQI+ à l'échelle internationale.

Photo :L'expo-kiosque Amours cachés : La purge LGBT au Canada ouvre aujourd'hui à la galerie d'art de l'ambassade du Canada dans le cadre de WorldPride.

L'exposition Amours cachés :La purge LGBT au Canada relate le harcèlement et le congédiement des membres 2ELGBTQI+ des Forces armées canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada et de la fonction publique fédérale entre les années 1950 et 1990. Cet épisode historique bien documenté, mais peu connu, est devenu connu sous le nom de « purge LGBT ».

« Le Musée canadien pour les droits de la personne, ainsi que toutes nos expositions et tous nos programmes, reposent sur la conviction que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », a déclaré Isha Khan, directrice générale du MCDP. « Il est de notre responsabilité collective de veiller à ce que ces droits soient protégés et respectés pour tout le monde. »

L'expo-kiosque et une version complète ont été conçues dans le cadre d'un partenariat entre le Fonds Purge LGBT et le Musée canadien pour les droits de la personne. La puissante exposition présente ce chapitre douloureux de l'histoire du Canada tout en rendant hommage au courage et à la résilience des personnes qui se sont battues pour la justice et dont le militantisme a mené à des changements juridiques et sociaux durables.

« Cette exposition met en lumière la persécution tragique et injustifiée dont ont été victimes les personnes 2ELGBTQI+ qui voulaient servir leur pays », a déclaré Michelle Douglas, survivante et directrice générale du Fonds Purge LGBT. « Elle comporte des leçons importantes pour aujourd'hui et s'efforce de transmettre au public visiteur une idée de la résilience des personnes qui ont vécu la purge. Nous espérons également que cette exposition incitera les gens à réfléchir et empêchera l'histoire de se répéter. »

L'expo-kiosque d'environ 47 mètres carrés (500 pieds carrés) est l'un des volets du partenariat entre le MCDP et le Fonds Purge LGBT, qui comprend aussi une exposition complète actuellement présentée au MCDP à Winnipeg, au Manitoba. L'expo-kiosque et l'exposition complète continueront de circuler et de faire connaître ces histoires importantes.

La galerie d'art de l'ambassade du Canada, située au 501 Pennsylvania Avenue N.W. à Washington, est ouverte en semaine de 9 h à 17 h et l'entrée est gratuite.

À propos du Musée canadien pour les droits de la personne

Le Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) est le premier musée du monde exclusivement consacré à l'évolution des droits de la personne, à leur avenir et à leur célébration. Seul musée national du Canada dans l'Ouest canadien, le MCDP est situé sur le territoire visé par le Traité n° 1, à Winnipeg, au Manitoba, au cœur du continent. Son mandat est d'explorer les droits de la personne au Canada et ailleurs en vue d'accroître la compréhension du public à cet égard, de promouvoir le respect des autres et d'encourager la réflexion et le dialogue. Sa vision est de créer un monde où tout le monde valorise les droits de la personne et se fait le devoir de promouvoir le respect et la dignité de chaque personne.

Au sujet de la purge LGBT

Des années 1950 aux années 1990, le gouvernement du Canada a systématiquement enquêté sur des membres 2ELGBTQI+ des Forces armées canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale – plus de 9 000 personnes – puis les a harcelés et congédiés. Appelée aujourd'hui « la purge LGBT », cette politique officielle a détruit des milliers de carrières, causé des dommages psychologiques incalculables et ruiné des vies. Il s'agit de l'une des violations des droits de la personne en milieu de travail les plus vastes et les plus longues de l'histoire du Canada.

En 1992, un procès historique contre les politiques militaires discriminatoires à l'égard des membres LGBT a eu lieu et a finalement mis un terme à la purge. Un recours collectif intenté en 2018 a permis de rendre justice à des centaines de survivant·e·s de la purge, notamment grâce à un règlement de 145 millions de dollars et à des excuses officielles de la part du gouvernement canadien. Le règlement prévoyait des fonds pour des projets d'héritage, dont cette expo-kiosque, afin d'honorer les survivant·e·s ainsi que les personnes qui n'ont pas vécu assez longtemps pour recevoir une indemnisation

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L’Orchestre Symphonique de Montréal résiste aussi !

Dans son chant incantatoire en langues sotho du sud et en zulu, il entraîne non seulement les musiciens de l'OSM qui l'entonnent avec lui, mais aussi le public qu'il réussit à (…)

Dans son chant incantatoire en langues sotho du sud et en zulu, il entraîne non seulement les musiciens de l'OSM qui l'entonnent avec lui, mais aussi le public qu'il réussit à éduquer jusqu'à des pianissimi seyant aux nombreuses répétitions soupirées de ses motifs. Gagnée par la joie subversive de l'œuvre, la salle entière s'est levée d'un bond unanime pour l'ovationner.

Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix

Photo : Le violoncelliste sud-africain Abel Selaocoe et la cheffe chinoise Xian Zhang

Merci à Christophe Huss du DEVOIR pour ses compliments, que toute ma famille, aimerait partager car nous étions tous les quatre à la Maison symphonique de Montréal, tout en haut avec des billets à 30$, prix étudiants pour mes deux grands. « Il s'est passé comme un petit miracle avec la venue du violoncelliste et vocaliste sud-africain Abel Selaocoe aux côtés de l'OSM. L'expérience emmène le mélomane hors des sentiers battus pour un moment unique. Selaocoe est une vraie grande apparition d'une individualité artistique dans notre monde musical — la plus noble incarnation et expression de ce que peuvent apporter à l'humanité, à toutes les formes de civilisation et de cultures, certains artistes inattendus qui ont émergé récemment et ouvert nos oreilles à la découverte de répertoires ou de formes d'expressions [uniques]. (...) » Dans son chant incantatoire en langues sotho du sud et en zulu, il entraîne non seulement les musiciens de l'OSM qui l'entonnent avec lui, mais aussi le public qu'il réussit à éduquer jusqu'à des pianissimi seyant aux nombreuses répétitions soupirées de ses motifs. Gagnée par la joie subversive de l'œuvre, la salle entière s'est levée d'un bond unanime pour l'ovationner.

Xian Zhang, cheffe énigmatique chinoise quoique non inconnue du public montréalais, a maîtrisé cette œuvre complexe rythmiquement appelée Quatre Esprits, comme elle avait exploré la subtilité du Ravel de Ma mère l'Oye. Roméo et Juliette de Prokofiev concluait la soirée, la marche des Montague et Capulet, introduite par les dissonances en climax des cuivres, exploitées sans aucune retenue sonore pour bien montrer l'horreur et l'absurdité des guerres, des rivalités. L'émotion de se rappeler la pièce de Shakespeare provoque des larmes, avec sa conclusion pacifiste All are punished, si bien prononcée dans le film de Zeffirelli. Quant au compositeur, il avait a vu sa femme d'origine espagnole trop bavarde expédiée en Sibérie par le même Staline qui lui volera sa mort, puisque tous deux étant décédés à moins d'une heure d'intervalle, le parti communiste obligera la famille de Sergueï à attendre une semaine avant d'annoncer son décès pour ne pas voler le chagrin populaire dû au vainqueur des Nazis. Anecdote personnelle : ayant arrangé le voyage de ma femme chinoise pianiste au début des années 80 à Londres, une richissime Juive rescapée des camps de concentration à qui j'avais donné des leçons de piano à Vienne accepta de lui payer ses leçons auprès d'Alissa Kezeradze-Pogorelich parfois 3 fois par semaine ; Kuo-Yuan fit un soir la connaissance de la veuve de Prokofiev, admiratrice des enregistrements du pianiste Ivo de la sixième sonate pour piano de son mari, première des trois sonates de guerre enregistrée sur Deutsche Grammophon, avec mes notes musicologiques, dans leur première édition couplée avec Gaspard de la Nuit de Ravel.

Un immense merci au directeur artistique de l'OSM, le Vénézuélien élevé par el sistema, Rafael Payare, autre magicien de la musique, époux d'une violoncelliste qui l'a probablement influencé dans le recrutement d'Abel Selaocoe. Mais il est inconcevable que son génie ait pu prévoir la synchronicité de la venue de ce dernier sur le continent nord-américain avec celle, la veille, du président sud-africain Cyril Ramaphosa à la Maison Blanche, exposé à la fable raciste de Trump selon laquelle un nombre génocidaire (!!!) de fermiers blancs auraient été assassinés. Heureusement, cette fable fut vertement dénoncée par Radio-Canada grâce au témoignage concordant des journalistes Azeb Wolde-Georghis à Washington et Sophie Langlois de retour d'un voyage en Afrique du Sud, invitées à la même émission.

Ne ratez sous aucun prétexte l'un des trois concerts de mercredi à vendredi soirs, toujours à la Maison symphonique, qui mettra en scène en première partie deux courtes œuvres d'inspiration autochtone (avec entre autres Elizabeth St-Gelais que je vous avais vantée il y a un an) aux titres évocateurs : You can die properly Now d'Ana Sokolovic, dédiée aux enfants jamais revenus des pensionnats autochtones et Un cri s'élève en moi, aux paroles de Natasha Kanapé Fontaine sur une musique d'Ian Cusson. Ces deux œuvres seront suivies du chef d'œuvre absolu de la première moitié du XXième siècle occidental, l'ultime Chant de la terre de Gustav Mahler aux six parties d'autant plus bouleversantes qu'elles prophétisent les traumatismes causés à notre terre. Mais Mahler, hélas, est mort, tel Moïse, sans avoir jamais dirigé son chef d'œuvre basé sur des poèmes de la dynastie Tang pourtant écrits entre 618 et 907 : la fin, Der Abschied, erronément traduite par l'adieu, alors qu'on devrait la qualifier de déchirement ou séparation ultime plus laïcs, laisse résonner la répétition éthérée du mot ewig, éternel, le consolant sans doute de la mort cruelle de leur petite fille, à Alma et à lui. Réalité artistique de la souffrance, qui rapproche ces grands créateurs du commun des mortels en les éloignant des puissants qui se croient immortels dans leurs guerres.

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Boys club

3 juin, par Éditions du Remue-Ménage, Martine Delvaux — ,
Parution le 27 mai 2025 au Québec Parution le 22 août 2025 en Europe Parce que le moment contemporain rend nécessaire la mise à jour du Boys club, œuvre de Martine Delvaux (…)

Parution le 27 mai 2025 au Québec
Parution le 22 août 2025 en Europe

Parce que le moment contemporain rend nécessaire la mise à jour du Boys club,
œuvre de Martine Delvaux désormais incontournable.

« J'avais accompli une tâche, une sorte de service public. C'était un geste de résistance, à mon sens nécessaire. Si j'avais pris plaisir en rédigeant les différents chapitres du livre, parce que j'aime enquêter, analyser et écrire, je n'ai jamais cessé de regretter devoir le faire. Et je n'ai jamais cessé d'avoir peur. »

Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s'observent et s'écoutent. Ils s'échangent des idées, des armes, de l'argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d'une chorégraphie mortifère. Le boys club n'est pas une institution du passé, il est terriblement actuel et tentaculaire : État, Église, armée, université, fraternités, firmes... et la liste s'allonge.

Dans cette nouvelle édition revue et augmentée, Martine Delvaux analyse la portée historique et politique du procès de Mazan, déplore le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la prise de pouvoir de la « broligarchie » et la montée des discours masculinistes dans l'espace public. À la manière d'une chasse à l'image, l'autrice traque aussi le boys club dans ses représentations au cinéma et à la télévision. Véritable plongée en eaux noires, ce livre nous invite à refuser coûte que coûte l'entre-soi au cœur de la domination masculine.

Écrivaine et militante féministe, MARTINE DELVAUX est professeure de littérature des femmes à l'Université du Québec à Montréal.

Le boys club fait partie de la liste des 25 nouveaux classiques de la littérature québécoise, selon La Presse.

« Avec Le boys club, Martine Delvaux, une des intellectuelles les plus influentes de ce premier quart de siècle, signait son œuvre maîtresse, celle qui contient la somme de tous ses engagements. En faisant la démonstration que même si les tavernes sont ouvertes aux dames, les lieux de pouvoir demeurent le fief des hommes, elle braquait une salutaire lumière sur une société qui préfère se gargariser du mot « égalité » que d'ouvrir les yeux sur toutes ces antichambres où elle peine à advenir. Elle offrait aussi à ses lectrices les mots pour nommer ce qu'elles avaient déjà sans doute toutes vécu dans leur chair. » — Dominic Tardif, La Presse

Près de 15 000 exemplaires vendus au Québec et en Europe. Publié en format poche chez Payot Rivages en 2021 et traduit en espagnol (Península / Planeta, 2023) et en anglais (Talonbooks, 2024)

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« Fatou Cissé » par Maurice Genevoix, préface...

3 juin, par Maurice Genevoix —
« Fatou Cissé » par Maurice Genevoix, préface de Fatou Diome, éditions Flammarion, collection "GF-Flammarion", Paris, 2025. EAN : 9782080470089. 240 pages. Prix : 10,50 euros. (…)

« Fatou Cissé » par Maurice Genevoix, préface de Fatou Diome, éditions Flammarion, collection "GF-Flammarion", Paris, 2025. EAN : 9782080470089. 240 pages. Prix : 10,50 euros. À paraître le 28 mai 2025. < https://editions.flammarion.com/fatou-cisse/9782080470089 >.

Information publiée le 22 mai 2025 par Marc Escola < escola[a]fabula.org > sur le site internet « Fabula : La Recherche en littérature » < www.fabula.org/actualites/127806/maurice-genevoix-fatou-cisse-pref-fatou-diome.html <http://www.fabula.org/actualites/12...> >.

*Chronologie de Mireille Sacotte*
*Préface de Fatou Diome*

Longtemps employée comme domestique dans une famille blanche, Cissé, jeune Sénégalaise, part vivre avec son mari sur une petite île de la côte guinéenne. Devenue mère, elle place en son fils Luc un espoir immense, attendant avec mélancolie le passage du bateau où il travaille comme matelot. Mais Luc n'est pas le fils parfait que Cissé s'imagine.

Avec un humanisme et une empathie rares pour son temps,/Fatou Cissé /(1954) dessine le portrait sensible d'un personnage sur qui pèsent autant le système colonial que sa condition de femme, et pose des questions qui résonnent encore aujourd'hui : comment vivre entre deux mondes ? Que valent les sentiments lorsqu'ils sont tributaires des statuts des uns et des autres ?

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Enseigner féministement la philosophie par Vanina Mozziconacci.

3 juin, par Djéhanne Gani, Vanina Mozziconacci — ,
* Tiré de : Le Café pédagogique, Paris, 26 mai 2025 https://cafepedagogique.net/2025/05/26/enseigner-feministement-la-philosophie-par-vanina-mozziconacci/ Propos (…)

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Tiré de : Le Café pédagogique, Paris, 26 mai 2025
https://cafepedagogique.net/2025/05/26/enseigner-feministement-la-philosophie-par-vanina-mozziconacci/

Propos recueillis par Djéhanne Gani

L'éducation à la sexualité, une pédagogie féministe pour « changer non seulement l'éducation des filles, mais aussi et surtout celle des garçons » ? À l'occasion de la sortie de son livre « Apprendre à philosopher en féministe » (1), le Café pédagogique s'entretient avec la philosophe Vanina Mozziconacci. Il est question de didactique et de pédagogie féministe : autant de résonances d'actualité et de réflexions qui traversent l'École en France, avec la libération de la parole des victimes de violences et la publication des programmes d'EVARS (2) .

*Pour commencer, pouvez-vous préciser la distinction que vous analysez entre pédagogie et didactique féministe ?*

La pédagogie, dans son sens strict, aborde directement les relations interpersonnelles dans un espace éducatif sans tenir compte de la spécificité des savoirs enseignés. La didactique, en revanche, entre dans la logique propre à une discipline : les connaissances qu'elle produit, la façon dont elle les produit et dont elle les évalue. C'est cette seconde approche qui m'intéresse pour aborder l'enseignement de la philosophie. En réalité, je distingue deux aspects qui sont souvent mêlés dans les textes que j'étudie. En effet, une partie importante de mon corpus sur les pédagogies féministes est anglophone ( bell hooks, Berenice Fisher, Kathleen Martindale, etc.). Or, la didactique, avec l'autonomie que nous lui attribuons en France, n'existe pas dans l'aire de recherche anglo-états-unienne ; c'est pourquoi ces travaux qui utilisent la catégorie de pédagogie mêlent indistinctement des considérations pédagogiques et des considérations qu'on peut qualifier de « didactiques », en intégrant ces dernières avec les réflexions sur les contenus des programmes, le curriculum.

*Vous vous intéressez à la didactique. Vous écrivez « en changeant la façon dont la philosophie se fait en s'enseignant, on change la philosophie tout court ». Pouvez-vous développer ce point ?*

Pierre Bourdieu et d'autres sociologues à sa suite ont montré à quel point le monde de la philosophie française a pour centre de gravité l'institution scolaire et l'enseignement de la philosophie. Louis Pinto avance ainsi que même si « les débats autour des méthodes et des programmes de la discipline pourraient sembler bien modestes, sinon ternes », en réalité, c'est en leur sein que se joue l'identité même de la discipline ; de là, dit-il une « continuité relative » entre le « grand intellectuel » et « le professeur inconnu de province ».

*L'enseignement de la philosophie ne serait pas féministe ? « La philosophie en féministe implique nécessairement de changer la façon d'enseigner la philosophie ». Qu'est ou serait un enseignement féministe de la philosophie ?*

On m'a déjà demandé plusieurs fois : « Pourquoi l'enseignement de la philosophie serait-il sexiste ? », ce à quoi je réponds : mais pourquoi ne le serait-il pas ? La philosophie n'existe pas en apesanteur sociale, à l'abri des dynamiques qui traversent nos sociétés… et ce, bien que cette revendication d'être « coupé du monde » soit omniprésente chez les philosophes (Bourdieu parle de « posture scolastique » pour qualifier ce positionnement ; scolastique vient de skholè, qui signifie « temps libre » et qui a donné le mot école : c'est le temps libéré des urgences du quotidien, avec un regard indifférent au contexte).

Bien sûr, la question qui se pose est celle des spécificités du sexisme tel qu'il se déploie dans le champ de la philosophie et de son enseignement. Pour prendre un exemple parmi d'autres : la figure de l'enseignant comme « maître à penser », qui peut aller jusqu'à une forme de mise sous tutelle de « ses » « disciples ». La philosophe Michèle Le Dœuff décrit bien la recherche d'une forme de dévotion que certains mandarins attendent de leurs étudiants et surtout de leurs étudiantes, et dans ces configurations, l'emprise, voire les violences sexuelles, ne sont jamais loin.

La complaisance qu'on peut avoir vis-à-vis de l'image du professeur de philosophie qui a une relation amoureuse et/ou sexuelle avec des étudiantes (voire avec des élèves) en témoigne ; pensons à tous les films qui vont jusqu'à romantiser ce genre de situations sans jamais problématiser l'abus de pouvoir qu'elles contiennent ("Noce blanche", "L'ennui", "L'homme irrationnel", "L'amant d'un jour"…).

Enseigner féministement la philosophie, cela commencerait déjà par déconstruire ces représentations, faire preuve de réflexivité et de vigilance critique vis-à-vis de ce type de relation qui, sous prétexte d'hériter de l'érotisme socratique, constitue en fait l'échec pédagogique par excellence, comme le montre très bien la philosophe Amia Srinivasan.

*Philosopher en féministe, une question de méthode, d'une manière de faire, quid des contenus ?*

Les pédagogues Margo Culley et Catherine Portuges écrivent, dans l'introduction d'un ouvrage sur l'enseignement féministe : « changer ce que nous enseignons implique de changer la façon dont nous enseignons ». En effet, on ne peut pas se contenter de rajouter au programme quelques femmes, quelques concepts féministes, quelques textes sur le genre, bien mélanger le tout, et considérer que cela suffit. Comme je le disais juste avant, la posture enseignante elle-même est en jeu, mais aussi la question des pratiques qu'on choisit de mettre en place pour apprendre à philosopher.

Par exemple, la philosophe Janice Moulton a montré la dimension genrée d'un philosopher réduit à un « duel », où l'on s'affronte à coups d'arguments jusqu'à la victoire. Plus fondamentalement, c'est aussi la définition de la discipline elle-même qui peut être questionnée, et en particulier son idéalisme ; la philosophe Kristie Dotson invite à repenser la place de la théorie à partir du moment où l'on se montre soucieuse du contexte, de la pluralité des expériences, de la praxis, etc.

*Enseignement féministe et neutralité de l'enseignant, est-ce compatible ?*

C'est une question fondamentale. Il faut commencer par se demander ce qu'on appelle neutralité. Est-ce le fait de s'abstenir de tout discours axiologique dans la salle de classe ? Si c'est bien cela, alors il sera compliqué de faire de la philosophie en cours, car c'est une discipline qui traite la question des valeurs, et même celle de la valeur des valeurs. Les perspectives évaluative et normative font partie intégrante de la discipline (il arrive qu'on considère que c'est ce qui la distingue des sciences humaines et sociales).

Si on prend acte de cela, alors la question à se poser, c'est plutôt : doit-on faire de la politique en classe (au sens de Jacques Rancière : contester un ordre établi au nom de l'égalité) ou doit-on faire la police (toujours au sens de Rancière : maintenir l'ordre établi) ? Il y a de grandes chances pour que, si l'on se considère « neutre » (ni pour, ni contre) vis-à-vis de cet ordre établi, en réalité, on le soutienne passivement, en ne le questionnant pas. Donc il ne faut pas se leurrer : si on critique l'ordre établi, il y a des valeurs en jeu ; si on le soutient, il y a des valeurs en jeu ; et si on se prétend neutre, il y a, encore et toujours, des valeurs en jeu. Nous sommes embarqué.e.s, comme dirait Pascal.

*L'EVARS pour éduquer au féminisme, en féministe ?*

Quand j'ai commencé mes recherches sur les éducations féministes, il y a plus de dix ans, j'avais pour hypothèse que l'éducation à la sexualité était probablement un point d'entrée privilégié pour aborder les questions de genre. Et quand j'ai étudié, dans ma thèse, les revendications des militantes féministes françaises de la première vague (aux alentours de 1900), j'ai constaté que la sexualité constituait l'un des rares sujets pour lesquels elles envisageaient qu'il fallait changer non seulement l'éducation des filles, mais aussi et surtout celle des garçons. L'éducation sexuelle était un cadre dans lequel elles parvenaient à penser que ce n'est pas seulement l'éducation des opprimées qui pose problème, mais également celle des oppresseurs. C'était donc un élément clef.

Toutefois, en se focalisant sur l'EVARS, le risque est de réduire les questions de genre à des questions de sexualité, comme le sens commun peut le faire, parfois en allant jusqu'à les confondre. On met alors de côté des enjeux sociaux massifs comme l'exploitation du travail domestique et du travail de /care/. La sociologue Christine Delphy le rappelle très bien : « Tout centrer sur la sexualité est une pente glissante, car on en arrive à céder facilement à l'idée que ce qui est central, c'est la sexualité et on en revient à une question individuelle, car le rapport sexuel est entre deux personnes [sic] ». Par ce biais, on est tenté.e.s de moraliser des individus, alors que le féminisme, c'est d'abord une politisation, comme le résume le fameux slogan « le personnel est politique ».

Propos recueillis par Djéhanne Gani, Le Café pédagogique, 2025-05-26.

(1) Vanina Mozziconacci, « Apprendre à philosopher en féministe ». Éditions La Dispute, avril 2025. ISBN : 9782843033476. Table des matières sur https://ladispute.fr/catalogue/apprendre-a-philosopher-en-feministe/

(2) EVARS : Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité < https://www.education.gouv.fr/un-programme-ambitieux-eduquer-la-vie-affective-et-relationnelle-et-la-sexualite-416296 >

*Vanina Mozziconacci*

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