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Le point sur les frappes ukrainiennes sur sol russe.

3 décembre 2024, par Antoine Rabadan — , ,
On parle beaucoup, à juste titre, des frappes de missiles Atacms ou de Storm Shadows, fournis respectivement par les Américains et les Britanniques et qui font mal à la (…)

On parle beaucoup, à juste titre, des frappes de missiles Atacms ou de Storm Shadows, fournis respectivement par les Américains et les Britanniques et qui font mal à la logistique russe du côté de Koursk et alentour. Les cibles visées : des aérodromes, des dépôts de munitions mais aussi des centres de commandements. Mais on sait moins que les Ukrainiens, ayant acquis une autonomie certaine en matière de frappes aériennes, utilisent avec succès leurs drones kamikazes, toujours plus performants, pouvant aller jusqu'à 2000 km dans la profondeur russe.

28 novembre 2024 |

La vidéo ci-jointe (https://www.youtube.com/watch?v=8YtRaUd-Aak&t=287s) récapitule les diverses attaques ukrainiennes de ce type menées ces derniers jours combinant drones et missiles : de toute évidence elles affaiblissent les opérations menées par les Russes pour récupérer le territoire occupé dans l'oblast de Koursk et, à ce titre, elles neutralisent, au moins pour partie, l'avantage qu'escomptait Poutine de l'arrivée de troupes nord-coréennes dans ce secteur. Lesquelles troupes ont particulièrement été visées par ces attaques avant même qu'elles aient pu monter au front. Façon d'envoyer le message au dictateur nord-coréen du coût humain mais aussi politique de la mesure insensée dans laquelle il engage son pays. D'une gifle militaire à plusieurs portées, deux magistraux coups politiques ont été assénés au prestige espéré, par ces deux satrapes meurtriers, de l'accroissement de leurs folies meurtrières. La suite de la mise en oeuvre de cette boîte à gifle ne devrait pas, malgré les menaces irresponsables du néofasciste du Kremlin, se faire attendre !

Drones et missiles constituent désormais par leur combinaison inédite un atout important pour les Ukrainiens, chacun permettant de jouer de ses avantages (les drones portent plus loin, 2000 km pour ceux qui ont été utilisés ces derniers jours, les missiles ne pouvant, pour l'heure, dépasser les 300 km) et de compenser les désavantages de l'autre (les drones ont une charge explosive bien moindre que celle des missiles : dans ce cas 75 kg contre 227 kg).

Quant à la situation sur le front, la note aujourd'hui du Ministère français des Armées constate que "les Forces Armées de la Fédération de Russie (FAFR) ont nettement diminué le rythme de leur progression et semblent se réarticuler sur tous les fronts en vue de relancer leurs efforts. Les avancées FAFR les plus notables s'observent sur le front Sud.

Les Forces Armées Ukrainiennes (FAU) maintiennent leurs dispositifs de défense ferme et tentent des contre-attaques localisées."

Le point le plus chaud, ce 28 novembre, se situe du côté de Koupiansk (oblast de Kharkiv, ville de 27 000 habitants réduite à 3500 aujourd'hui) où les Russes auraient réussi à franchir la rivière Oskil, jusqu'ici un obstacle infranchissable (1). A suivre mais, ces temps-ci, les contre-attaques ukrainiennes, souvent soutenues par des drones, se font plus nombreuses et reprennent du terrain à plusieurs endroits en continuant à infliger des pertes énormes à l'ennemi. Exemple du côté de la petite commune de l'oblast de Donetsk Velyka Novosilka (300 habitants avant la guerre), un verrou ukrainien important, que l'on nous annonçait, l'avant-veille, sur le point de tomber : https://www.youtube.com/watch?v=4dHm1EqsO38

(1) On lit dans le Grand Continent : "Dimanche 24 novembre, l'armée russe — après avoir essuyé des échecs suite à des tentatives d'assaut en direction de Koupiansk — a réussi à établir une tête de pont sur la rive ouest de la rivière Oskil au niveau de Novomlynsk, un village situé à environ 5km au nord-est de Dvorichna.

Les forces russes revendiquent désormais le contrôle d'une zone d'environ 6km2 sur cette rive. Faute de pouvoir installer des pontons afin d'y acheminer des véhicules blindés, la poche russe est composée uniquement d'infanterie.

• Malgré la saturation de la ligne de front par des drones FPV et autres moyens de reconnaissance, la traversée par bateau a été rendue possible par la faible largeur de l'Oskil à cet endroit (environ 40 mètres) et l'absence de fortifications ukrainiennes.

• Longtemps considérée comme constituant une « frontière naturelle » séparant les deux forces depuis la contre-offensive ukrainienne de l'automne 2022, contre les forces russes.

Le principal objectif de Moscou sur ce secteur du front est d'établir une tête de pont stable avant de progresser en direction de Koupiansk. Selon Yuriy Fedorenko, le commandant du bataillon ukrainien Achille appartenant à la 92e brigade mécanisée séparée, cette précondition n'est pas encore remplie. Les forces ukrainiennes sont toujours en mesure de localiser et détruire avec des tirs d'artillerie ou des frappes de drones les pontons que l'armée russe tente d'utiliser pour faire traverser des véhicules et du matériel.

Le secteur de Koupiansk illustre la persistance de l'asymétrie des ressources humaines disponibles pour les deux armées. Selon un officier ukrainien chargé de la défense du front dans cette zone, seulement 10 à 20 % des combattants russes tentant de traverser l'Oskil survivent. Ce taux est légèrement plus élevé lorsque ces derniers peuvent utiliser des véhicules .

• L'armée russe subit des pertes colossales sur toute la longueur du front. Celles-ci se sont davantage alourdies ces dernières semaines : l'État-major ukrainien estime que 1 950 combattants russes ont été blessés ou tués au cours de la journée du 12 novembre.

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Appel à désarmer l’empire Bolloré !

3 décembre 2024, par Désarmer Bolloré — , ,
Alors que l'Arcom étudie ce lundi 15 juillet la réattribution des fréquences TNT pour la chaîne Cnews, une centaine d'organisations syndicales, antiracistes, féministes et (…)

Alors que l'Arcom étudie ce lundi 15 juillet la réattribution des fréquences TNT pour la chaîne Cnews, une centaine d'organisations syndicales, antiracistes, féministes et écologistes lancent une campagne d'action contre le groupe Bolloré. Si l'on peut se réjouir provisoirement que le Rassemblement National n'ait finalement pas réussi à l'emporter lors de ces élections, celui-ci compte bien poursuivre sa conquête des territoires et des imaginaires. Nous devons, sans attendre de prochaines échéances électorales, unir nos force contre les vecteurs de fascisation de la société.

Tiré de Désarmer Bolloré.

Nous appelons en ce sens à mener partout bataille contre Bolloré : parce que c'est un acteur du ravage écologique, de l'exploitation néo-coloniale mais aussi parce qu'il est devenu en quelques années un levier majeur de la conquête du pouvoir par l'extrême droite.

Bolloré, directeur de la propagande

Bolloré met un ensemble toujours plus grand de médias de masse à disposition d'une politique ouvertement raciste. Sur des chaînes, les Éric Zemmour, Pascal Praud et autres commentateurs radicalisés disent qu'ils œuvrent pour une mission « civilisationnelle ». Leur projet est clair : nourrir le fantasme d'une nation pure en organisant la grande remigration. Ce projet glaçant suit un plan précis dont Bolloré est devenu l'aiguille et le fil à coudre. Qui Éric Ciotti va-t-il voir avant d'appeler à l'alliance du RN et de LR ? Qui met Cnews, Europe 1 et Hanouna au service de cette « union des droites » ? Vincent Bolloré 1 . C'est une question d'habitude pour le milliardaire déjà mis en cause pour la manipulation de plusieurs scrutins présidentiels en Afrique 2. Au-delà du déluge xénophobe,la bollosphère fait chaque jour la promotion de discours sexistes et homophobes légitimant les violences contre les femmes et les personnes LGBTQI+. Elle alimente la négation de la crise climatique et oeuvre sans relâche à ce qu'il ne soit pas fait obstacle à ceux qui tirent profit de la dévastation écologique. Bolloré est en guerre pour l'hégémonie culturelle, la conquête des imaginaires et la fabrique du consentement au pire. Si le RN est passé tout prêt de gagner les élections et prendre le pouvoir, c'est en partie son œuvre 3. Il est la cheville ouvrière de l'union des droites, de l'alliance objective entre le bloc libéral et le bloc néo-fasciste. Cette alliance colle parfaitement à ses intérêts de classe et à ses convictions politiques.

Bolloré, un empire industriel climaticide, néo-colonial et sécuritaire

Pour tirer les ficelles, il faut s'en donner les moyens. Avant de se révéler propagandiste en chef, Bolloré est bien un capitaine d'industrie. Il dirige un groupe international aux multiples filières dont les activités se divisent en plusieurs branches.

La plus connue est la branche « communication » avec Vivendi et Universal. En 20 ans, Bolloré a patiemment construit sa machine à communiquer et façonner les esprits. Journaux gratuits, institut de sondage, groupes publicitaires, puis chaînes de télévisions, radios, magazines et maisons d'édition. Avec la brutale prise de contrôle de Canal + et Europe 1, les licenciements massifs à I-Télé et la montée de CNews, ce puissant appareil s'est mis de plus en plus ouvertement mis au service des idées les plus réactionnaires. Les sanctions financières de l'ARCOM, (instance de régulation de l'espace audiovisuel), suite aux appels à la haine, aux visées monopolistiques, et à la partialité des médias du groupe se multiplient, mais n'ont fait jusqu'alors ni chaud ni froid à Bolloré 4. Mais en ce moment même, les autorisations de diffusion sur la TNT de CNEWS et C8 (et d'autres chaines) sont examinées 5. On peut imaginer que des mobilisation populaires fassent pression pour que chaines soient rayés de la TNT. Il possédera aussi bientôt l'édition de la moitié des livres de poche et plus de 70% des livres scolaires du pays. L'impact possible sur ce secteur en cas de ministre de l'éducation d'extrême droite est tout simplement alarmant.

La branche historique est la branche industrielle, qui se concentre autours de Bolloré Energy, qui détient plusieurs dépôts pétroliers, vend du fuel domestique, et de Blue qui rassemble des activités liées aux flux de déplacements et de données. Il est sans surprise un acteur majeur de diverses entreprises qui ont pour point commun le développement et l'automatisation des moyens de surveillance en tous genres : automatisation du contrôle d'accès et de la gestion des flux (Automatic Systems), sécurisation de l'espace public (Indestat), puces RFID et tracking (Track & Trace), conseil en numérique au service de la ville connectée (Polyconseil)...

Sa branche logistique en a fait un des poids lourd du fret aérien, maritime et routier mondial, organisant le transport de marchandises aux dépends des productions locales, des conditions de travail comme du climat. La vente récente de ce pôle à CMA CGM patrons pour leur part de BFM-TV et RMC, a offert à Bollore les moyens d'influencer considérablement la politique française.

Enfin, une grande partie des profits de Bolloré se fait depuis sa branche « agricole ». Il a bâti sa fortune sur la culture et la vente de tabac en Afrique. Outre ses domaines viticoles de prestige en France, il est le second actionnaire de la holding luxembourgeoise Socfin qui contrôle environ 390 000 ha de concessions de palmiers à huile et d'hévéa en Afrique et en Asie. Déforestation, spoliation des terres, mauvais traitement des populations riveraines, conditions de travail inhumaines, etc. Malgré la procédure judiciaire en cours pour ces violations répétées des droits humains sur ses plantations6, malgré la reconnaissance formelle de ces violations par diverses institutions financières 7, malgré des missions d'évaluation commanditées par Socfin auprès de la Earthworm Foundation pour "réfuter ces accusations" mais qui n'ont pu que constater et prendre acte de la réalité de ces violations, Socfin n'en continue pas moins de prospérer en toute impunité.

Bolloré est de tous les ravages. C'est un groupe fondé sur un système colonial qui perpétue sciemment des pratiques esclavagistes. C'est un industriel qui fait son profit des logiques extractivistes les plus dévastatrices. C'est un expropriateur de terres. Un patron menant pour ses employé·es de violentes politiques de casse sociale et de terreur managériale. Son empire est tentaculaire. Mais pour celleux qui estiment qu'il est temps d'y mettre fin, cela signifie une chose. Il est possible de nous rassembler en un large front à la fois syndical, social, écologiste, féministe, décolonial, antifasciste et international.

Désarmer le groupe Bolloré

Ses dernières années, sur le terrain des luttes écologiques, des campagnes d'actions internationales contre des industriels comme Lafarge-Hocim ou Total ont vu le jour. Des collectifs antifascistes, présents dans de nombreuses villes, quartiers populaires et territoires ruraux, mènent une résistance de terrain. Les derniers mouvements sociaux ont démontré qu'un syndicalisme combatif existe toujours. De larges mobilisations féministes et LGBTQI+ prennent les rues.Des mouvements dévalidistes nous appellent à substituer une culture du soin au culte de la force. De mouvements antiracistes et décoloniaux luttent au quotidien dans les quartiers populaires. Des réseaux de solidarité œuvrent à maintenir des territoires d'accueil pour les personnes exilées. Bolloré est une menace pour nous tous.tes. Mais ensemble, nous sommes fort.es d'une immense expérience de lutte. Nous appelons donc à une campagne commune - dans les prochaines, semaines, mois et années - pour démanteler l'empire Bolloré. Alors qu'il baillonne la critique de ses activités dans ses propres médias 8, nous appelons à enquêter minutieusement sur son empire, à regrouper des témoignages, à ce que des infos fuitent en son sein et à les regrouper, à afficher partout ses crimes, dans les rues, sur les réseaux et dans ses entreprises. Son agenda politique s'attaque aux vies de millions de personnes. Nous y répondrons dorénavant par des mobilisations, de masse ou décentralisées, qui pointent le groupe et l'impactent concrètement. Bolloré ne s'incruste pas seulement dans nos cerveaux, il est souvent présent matériellement - avec ses bureaux et entrepôts - à côté de chez nous. De multiples actions sont possibles si nous les menons ensemble. Bloquons ses plateaux télés, occupons ses dépôts pétroliers, soutenons les luttes syndicales à l'intérieur de ses entreprises et médias, vendangeons ses vignes, redistribuons son fuel domestique à celleux qui galèrent à se chauffer, traquons le traceur, tissons des alliances internationales, organisons des boycotts, virons ses chaînes de la TNT et soutenons la création et l'assise de contre-pouvoirs médiatiques puissants !

L'extrême droite croît sous perfusion de Bolloré, ensemble coupons-lui les vivres !

Premières organisation signataires

Action Justice Climat
Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21)
Action antifasciste paris - banlieue
Alternatiba
Association Handi-Social
Association L'Offensive
Attac France
Avis de Tempête
BLOOM
Collectif Vietnam Dioxine
Contre-attaque
Decolonial Film Festival
Extinction Rebellion France
fédération SUD-Rail
Front de la jeunesse en lutte
Ingénieurs Sans Frontières France
Le Printemps du CARE
Les Soulèvements de la terre
Makery.info
Média Solidaires
Palestine Action France
PEPS (pour une écologie populaire et sociale)
ReAct Transnational
Riposte Alimentaire
Scientifiques en rébellion
SNJ-CGT
Sud Culture
Survie
Terres de luttes
Tsedek !
Union Syndicale Solidaires
Urgence Palestine
Vous N'êtes Pas Seuls (VNPS)

Organisations, groupes ou collectifs locaux

Action Antifasciste Deux Sevres
Action Antifasciste La Roche-Banlieue et Bastyon de Résistance
Action Antifasciste Tolosa
Alerte Pesticides Haute Gironde
Assemblée Populaire d'Auxerre
ATTAC 17 (Association locale de Charente Maritime )
Attac 33
Attac 85 et GP2ï (Grands Projets Irresponsables et Imposés)
Bibliothèque Fahrenheit 451
CNT 34 ESS
CNT-STAF29
CNT66
Collectif Alsace des luttes paysannes et citoyennes
Collectif Bassines Non Merci 79
Collectif transitions périgord noir
Cristal
Émancipation 17
Exctinction Rebellion Poitiers
Extinction Rebellion Foix et alentours
Groupe la sociale fédération anarchiste de rennes
Je dis en scène !
L'Antivol
La Carmagnole (Montpellier)
La Gang de La Boisselière
Mort aux rats !
Nous Toutes 35 Rennes
Sainté Debout
Section Antifasciste Montreuil Bagnolet & Alentours (SAMBA 93)
Stop Fessenheim
SUD Education 17
UNION LOCALE CGT NANTES
UNION syndicale Solidaires 44
Université Populaire Pour La Terre Tours
Vie Pays Environnement

Comités locaux des Soulèvements de la terre

Comité SDT 89
Comité SDT An Oriant
Comité SDT Annecy (74)
Comité SDT Bruxelles
Comité SDT Chalon sur Saône &+ (71)
Comité SDT Corrèze
Comité SDT Corrèze
Comité SDT Creusois 23
Comité SDT de l'Allier (03) - l'Allier se soulève
Comité SDT Doué-Montreuil Bellay
Comité SDT du Layon
Comité SDT du Pays de Redon
Comité SDT Forez
Comité SDT Gers
Comité SDT Grenoblois
Comité SDT IDF
Comité SDT Indre 44
Comité SDT Irwazh
Comité SDT Kerne Quimper
Comité SDT Lillois
Comité SDT Limoges
Comité SDT Local alsacien
Comité SDT Loire 49
Comité SDT Mayenne
Comité SDT Montpellier
Comité SDT Nantes
Comité SDT Nevers (58)
Comité SDT Paris Sud
Comité SDT Pontarlier
Comité SDT Quimperlé-Concarneau
Comité SDT Rennais
Comité SDT Rochelais
Comité SDT Romans
Comité SDT Saint Nazaire. Estuaire
Comité SDT Saumur
Comité SDT St Cere
Comité SDT Sud 77
Comité SDT Sud Vilaine
Comité SDT Sud-Grésivaudan-Royans-Vercors
Comité SDT Tours

Groupe locaux d'Extinction Rebellion

Extinction Rebellion Angers
Extinction Rebellion Aude
Extinction Rebellion Auxerre
Extinction Rebellion Chambery
Extinction Rebellion Foix et alentours
Extinction Rebellion Grenoble
Extinction Rebellion Mont Blanc
Extinction Rebellion Montagne Noire
Extinction Rebellion Poitiers
Extinction Rebellion Quimper
Extinction Rebellion Strasbourg

Notes

1- Comment Eric Ciotti a orchestré avec Vincent Bolloré l'annonce de son ralliement au RN, Le Monde, 13 juin 2024

2- https://www.arretsurimages.net/articles/sur-cnews-pascal-praud-milite-avec-ferveur-pour-lunion-des-droites

3- https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/16/legislatives-2024-comment-les-medias-de-vincent-bollore-orchestrent-l-alliance-du-rn-et-de-la-droite_6240508_823448.html

4- https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/05/24/retrouvez-toutes-les-sanctions-de-l-arcom-contre-c8-et-cnews_6223105_4355771.html
et
https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives/legislatives-2024-l-arcom-met-en-demeure-europe-1-pour-manque-de-mesure-et-d-honnetete-dans-l-emission-de-cyril-hanouna_6629991.html

5- le mardi 9 juillet pour C8 et le 15 juillet pour CNEWS. Article sur le site de l'ARCOM

6- https://www.asso-sherpa.org/bollore-victoire-associations-huiledepalme-camerounaise

7- https://www.farmlandgrab.org/post/31767-en-suisse-les-grands-fonds-de-pensions-publics-placent-bollore-sur-liste-noire

8- https://www.asso-sherpa.org/wp-content/uploads/2018/01/CP-poursuites-baillons_mis-en-page-PDF-24-janvier-2018.pdf

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Appel à des journées d’actions contre l’empire Bolloré du 29 janvier au 2 février 2025

3 décembre 2024, par Désarmer Bolloré — , ,
Au lendemain des élections législatives, une centaine d'organisations ont lancé un appel à désarmer l'empire Bolloré. Elles y pointaient la menace grave que représente une (…)

Au lendemain des élections législatives, une centaine d'organisations ont lancé un appel à désarmer l'empire Bolloré. Elles y pointaient la menace grave que représente une telle omnipotence financière et médiatique. Alors qu'un gouvernement très provisoire s'aligne déjà sur les vœux du Rassemblement National, des collectifs s'organisent pour pirater les visées de Bolloré. Du 29 janvier au 2 février 2025, une première grande vague d'actions est annoncée !

Tiré du blogue de l'auteur.

Au lendemain des élections législatives, une centaine d'organisations ont lancé un appel à désarmer l'empire Bolloré. Elles y pointaient la menace grave que représente une telle omnipotence - financière et médiatique - mise au service de la fascisation des esprits. Elles appelaient à agir contre un ensemble de dispositifs dédiés à la conquête du pouvoir par l'extrême droite.

Depuis, de l'autre côté de l'océan, E. Musk, un autre milliardaire, a su peser de tout son poids - fortune de Tesla et contrôle haineux des algorithmes de X - pour redonner les rênes de la première puissance mondiale à Donald Trump.

Ici, alors qu'un gouvernement très provisoire s'aligne déjà sur les vœux du Rassemblement National, des collectifs s'organisent pour pirater les visées de Bolloré.

Tandis qu'il publie le livre de Jordan Bardella, après avoir mis brutalement la main sur Fayard et placé à sa tête l'éditrice de Zemmour, les syndicats de cheminots refusent de voir sa propagande affichée dans les gares et forcent au respect des règles concernant l'espace publicitaire.

Une centaine de librairies se relient pour appeler à escamoter les éditions Bolloré/Hachette des rayons. Une opération d'insertion massive de marque-pages s'engage pour les fêtes afin d'inviter au boycott et à soutenir les éditions indépendantes.

Le 9 décembre, des collectifs franciliens se donnent rendez-vous pour perturber l'assemblée générale qui doit acter, manœuvre boursière, la scission en quatre entités de Bolloré/Vivendi, aux Folies Bergères en plein cœur de Paris3.

Et du 29 janvier au 2 février 2025, une première grande vague d'actions coordonnées contre l'empire Bolloré est annoncée !

Ce que l'on nomme empire Bolloré est l'expression d'un projet industriel, financier et politique aussi glaçant qu'absolument cohérent. Il se déploie sous diverses formes et firmes qui se nourrissent d'un renforcement autoritaire de l'ordre économique mondial autant qu'elles l'appuient :

De la poursuite de l'entreprise coloniale de pillage des autres continents via le pouvoir logistique (historiquement Bollore Logistics) ou les énergies fossiles Bollore Energy) à la fabrication d'outils de contrôle des accès et de renforcement des frontières (EASIER, IER).

De la mise sous tutelle de la recherche publique pour des desseins privés (Universités de Nantes, Grenoble, Collège de France, La Sorbonne…) au maintien à tout prix des profits capitalistes via une "transition énergétique" basée sur un extractivisme dévastateur (batteries au lithium de Blue Solutions)

De l'accaparement des vignobles et oliveraies par des puissances financières spoliant les travailleur.euses de la terre aux déforestations climaticides sur des surfaces immenses pour les plantations d'huile de palme (Socfin) en Afrique et en Asie

De la quête d'appropriation hégémonique des moyens médiatiques et culturels de diffusion de la pensée (Hachette, Canal, Europe 1, ses radios, journaux et télés en France mais aussi en Afrique avec Multichoice) au perfectionnement des technologies de surveillance et de répression (Automatic systems, IER, Indestat).

Des pratiques esclavagistes, viols et passages à tabac sur les employé.es de ses plantations au Cameroun ou au Liberia (Socfin – Socapalm) à la répression syndicale brutale et aux purges à Canal ou Itélé5.

De l'orchestration de la campagne de désinformation contre Reporters Sans Frontières (via Progressif media)6 à la récente reprise de l'École Supérieure de Journalisme de Paris avec un conglomérat d'autres milliardaires réactionnaires.

De la multiplication de ses agences de conseil, de pub' (Havas, Havas creative et toutes leurs filiales) et instituts de sondage (CSA) à la mise au pouvoir de gouvernements suffisamment autoritaires et discriminants pour répondre aux besoins dévorants des plus riches, dans un monde où les ressources ne cessent de se raréfier (via des processus de corruption au Togo et en Guinée...et bientôt en France ?)

Il se trouve que l'une ou l'autre des ramifications de ce royaume tentaculaire est probablement implantée non loin de chez vous. Bien au-delà d'une figure toxique et d'un dessein personnel, la bollosphère est avant tout un système, avec ses agents zélés, ses dispositifs clés, ses maillons, ses points faibles. Il est d'intérêt public de faire obstacle à son développement. Nous devons pour cela nous rassembler en un large front à la fois social, syndical, écologiste, antiraciste, féministe, décolonial et international.

Nous pouvons nous allier localement

pour nouer des solidarités avec les employé.es, journalistes, technicien.nes qu'il entend contrôler, pour les aider à retourner la peur contre leur patron et à reprendre le contrôle de leur outil de travail.

pour faire des apéros-palettes au pied de ses entrepôts, des bals populaires dans ses bureaux et sur ses plateaux.

pour redistribuer les biens qu'il nous a spoliés, le fuel de ses dépôts à ceux qui n'ont pas de quoi se chauffer, pour remettre ses boites au service des biens communs.

pour zbeuler les AG de ses actionnaires, leur faire payer les mesures d'austérité et le dérèglement bio-climatique.

pour faire avec Zaho des « fucks mais vraiment gros gros fucks » à Bolloré dans ses salles de concerts, ses disques, ses livres, etc.

pour qu'il se tape l'affiche sur les murs des quartiers qu'il voudrait mettre au pas, et qu'il sente bien ce qu'il inspire de dégoût sur les terres où il se croit chez lui.

pour qu'il reste avec ses semblables dans sa villa fortifiée en plein Paris et nous lâche la grappe.

pour couler ses yachts, lui reprendre à la voile l'accès à son île finistérienne, réserve à néo-nazis, et pouvoir retourner y observer les oiseaux.

pour leaker toutes les crapuleries qu'il veut tellement planquer et donner la parole à celles et ceux qu'il croit pouvoir bâillonner.

pour aller redécorer, bloquer, occuper, désarmer ses infrastructures les plus toxiques ... jusqu'à la chute de l'empire Bolloré.

Des collectifs partout dans le pays appellent à organiser des soirées d'information et des mobilisations en ce sens.

Sur le site desarmerbollore.net, vous trouverez :

une carte collaborative des différentes implantations de l'empire Bolloré au plus près de chez vous

une carte détaillée de ses maisons d'éditions, médias, réseaux sociaux, points de diffusion

des fiches de synthèse sur ses différentes activités auxquelles contribuer par des enquêtes de terrain et envois d'infos.

un espace de relais des actions, mobilisations, tribunes, appels, affiches, marque-pages...

Pour tous contacts, envois d'annonces et de récits des mobilisations en lien avec la campagne Bolloré : desarmerbollore@riseup.net

Ici l'appel initial à désarmer l'empire Bolloré publié en juillet et signé par une centaine d'organisations syndicales, antifascistes, féministes et écologistes : https://desarmerbollore.net/appel)

Rendez-vous du 29 janvier au 2 février ! Et par la suite !

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Nicaragua : de plus en plus affaibli, le régime Ortega-Murillo modifie la constitution pour assurer une succession dynastique

L'Assemblée nationale au Nicaragua vient d'approuver une réforme constitutionnelle dont l'objectif évident est de permettre au régime Ortega-Murillo de s'assurer une succession (…)

L'Assemblée nationale au Nicaragua vient d'approuver une réforme constitutionnelle dont l'objectif évident est de permettre au régime Ortega-Murillo de s'assurer une succession dynastique.

Ovide Bastien
Ex-coordonnateur des Études Nord-Sud du Collège Dawson, qui a séjourné chaque année au Nicaragua de 1995 à 2018, et auteur de Nicaragua 2018 : Racines de la crise (2018)

Étant de plus en plus affaibli et rejeté, non seulement par la population mais aussi par un nombre croissant de ses plus proches collaborateurs, le régime doit accentuer son caractère répressif et dictatorial en l'institutionnalisant.
Avant de préciser quelques éléments de cette réforme, voici un rappel historique qui en facilitera la compréhension.

Rappel historique

C'est le 3 janvier 2012. Je me trouve à El Espino, petite communauté paysanne dans le nord montagneux du Nicaragua, assis dehors avec mon ami nicaraguayen devant la résidence de ses parents. Il est venu rendre visite à ces derniers, nous prenons tranquillement une bière tout en contemplant le très beau paysage montagneux qui nous entoure, et cela fait presque deux heures que nous jasons.
« Tu sais qui a ordonné le limogeage, hier, de Manuel Calderón, notre maire bien apprécié de León ? » me confie-t-il soudain, de toute évidence, profondément troublé par ce qui vient d'arriver à un ex-leader fort réputé de la révolution sandiniste.

« C'est Rosario Murillo.
« La constitution actuelle ne permet pas à Daniel Ortega de se présenter à nouveau à la présidence, et Rosario avait l'intention de se présenter à ce poste. Comme plusieurs hauts placés du parti sandiniste la détestent et trouvent que cela serait une grave erreur, ils ont développé une stratégie pour que Daniel puisse se représenter à la présidence, bien que cela soit en théorie inconstitutionnel. C'est Calderón qui a élaboré et mis en œuvre cette stratégie.
»

Ce commentaire de mon ami ne m'étonne guère.

Lorsque je lisais La revolución perdida (2004) d'Ernesto Cardenal, j'avais noté à quel point ce prêtre catholique, poète renommé et ministre de la Culture durant la révolution sandiniste des années 80, déteste Murillo. À maintes fois dans son livre, il souligne l'arrogance et l'ambition qu'il a vues chez cette femme lorsqu'il collaborait avec elle durant la révolution.

Aussi et surtout, je savais par quel chemin tortueux et peu reluisant Murillo avait réussi à se tailler une place d'honneur avec son conjoint à la direction du Nicaragua.
En 1998, Zoilamérica Narváez, âgée de 30 ans, fait la une dans tous les médias du Nicaragua. Cette fille de Rosario Murillo, issue d'une relation antérieure et adoptée à l'adolescence par son beau-père Daniel Ortega, annonce que ce dernier l'a abusé sexuellement depuis l'âge de 11 ans, et présente un témoignage dévastateur de 48 pages contenant les détails de cet abus.

« Il me disait qu'il avait besoin de cela pour réduire l'énorme tension qu'il vivait à diriger la révolution, » explique Zoilamérica.

Au lieu d'appuyer sa fille, qui vient de poser un geste pénible qui demande un courage énorme, Murillo se range immédiatement du côté de son conjoint.

« Zoilamérica ne fait que mentir, » déclare-t-elle.

Ce désaveu éhonté et scandaleux de Murillo permet à Ortega de sauver sa carrière politique, qui, autrement, se serait sans doute effondrée comme un château de cartes. Cependant, elle rend aussi Ortega fort dépendant de Murillo, ce dernier devenant dorénavant comme un chien attaché avec une puissante laisse psychologique.
Ortega pour sa part nie carrément les accusations.

Et, dans les mois qui suivent, il conclut un pacte astucieux, mais on ne peut plus crasse, avec son grand ennemi politique conservateur Arnoldo Alemán.

Comme Ortega, ce dernier, qui préside le Nicaragua depuis 1996, se trouve dans une situation fort embarrassante. À la suite de l'Ouragan Mitch qui, à l'automne 98, causait d'immenses dégâts au Nicaragua, Alemán empochait une partie substantielle de l'aide financière internationale qu'on acheminait d'urgence à son pays. Comme la preuve de cela vient de sortir au grand jour, Alemán se trouve formellement accusé et sera bientôt condamné à 20 ans de prison.

Le pacte avantage les deux, car il leur assure un siège à l'Assemblée nationale pour les deux prochains mandats, ce qui leur confère automatiquement l'immunité parlementaire et leur permet d'échapper aux poursuites judiciaires.

Ortega reçoit aussi éventuellement un coup de pouce d'un juge sandiniste qui classe définitivement l'affaire Zoilamérica, déclarant que le délai de prescription a expiré.
Le mouvement des femmes, qui est devenu beaucoup plus fort et autonome au Nicaragua qu'ailleurs en Amérique latine à cause de la révolution sandiniste, est profondément outré par cette tournure des évènements. Partout où Ortega se rend pour des évènements, on voit toujours de nombreuses femmes en train de manifester, tout en brandissant des pancartes. On dénonce haut et fort le fait qu'un abuseur sexuel d'une mineure, grâce à son énorme pouvoir, puisse échapper à la justice.

Lorsque Daniel Ortega est reconduit à la présidence lors des élections de 2006, Sofía Montenegro, une grande féministe qui a joué un rôle important dans le renversement de la dictature de Somoza, continue à exprimer ouvertement et sans relâche son soutien à Zoilamérica et sa colère et indignation par rapport à l'injustice flagrante dont celle-ci souffre. Elle dénonce aussi avec force l'opportunisme politique crasse utilisé par Ortega durant la campagne électorale.

Afin de neutraliser l'opposition traditionnelle de l'Église catholique au FSLN et accroitre ses chances d'être élu, Ortega soutient, dans l'Assemblée nationale, la motion présentée par le parti au pouvoir, une motion qui rend tout avortement, même thérapeutique, illégal et criminel.

Un tel geste opportuniste, d'un parti qui se dit progressiste et même révolutionnaire, enragent Montenegro et tout le mouvement des femmes. Jusqu'à 2006, l'avortement thérapeutique avait toujours été légal et donc permis au Nicaragua. Même sous la longue dictature de la famille Somoza, il était permis !

De même que Rosario Murillo était venue au secours de son conjoint en déclarant menteuse sa propre fille, elle lui vient à nouveau au secours, et toujours d'une façon peu digne et honorable.

Sofía Montenegro, écrit Murillo dans la revue qu'elle dirige, est une agente de la CIA. Elle et le mouvement des femmes qu'elle dirige reçoivent leur financement des ONGs situées dans les pays capitalistes et impérialistes.

Et que voit-on apparaître par la suite, et ce pendant des mois, sur la page d'accueil du site Web du bureau du président Ortega ? Le titre ‘Un agent nommé Montenegro' dont l'hyperlien renvoie à l'article rédigé par Murillo !

Peu étonnamment, Rosario Murillo prend une place de plus en plus prépondérante dans le gouvernement Ortega inauguré officiellement en janvier 2007. Bien que non élue, elle agit, à toutes fins pratiques, comme porte-parole officiel du gouvernement.

Chaque midi, du lundi au vendredi, elle prend la parole dans les médias - radio et télévision - pour commenter l'actualité, vanter les projets mis de l'avant par le gouvernement, annoncer les fêtes, etc. Elle fait disparaître complètement la distinction entre FSLN et gouvernement, associe constamment Ortega aux forces divines et à Jésus, et elle-même à la Sainte vierge Marie. Et elle s'acharne à discréditer, à la Trump, toute personne qui ose critiquer le gouvernement « chrétien, socialiste, et solidaire ».

Les médias dans lesquels elle s'adresse tous les midis à la nation deviennent d'ailleurs, et ce, de plus en plus, la propriété de sa propre famille. Cela est possible grâce au $500, 000 d'aide, sous forme de pétrole, provenant du Venezuela chaque année. Une aide qui ne va pas au gouvernement du Nicaragua comme tel, comme ce serait normalement le cas, mais plutôt directement au FSLN. Étant donné que Daniel Ortega a graduellement transformé, au cours des années, le FSLN de parti politique à simple outil de dynastie familiale, il est relativement facile pour la famille Ortega-Murillo d'acheter la plupart des médias au Nicaragua.

Le pouvoir de Rosario Murillo ne se limite pas, cependant, à la seule propagande. Il s'étend aussi aux municipalités où des groupes de Sandinistes, dont de nombreux jeunes, sont mis sur pied, agissant, sous la direction de Murillo, comme une espèce de pouvoir parallèle aux élus municipaux.

De plus, Murillo préside toutes les réunions à Managua auxquelles sont convoqués, tous les deux lundis, les maires du pays.

J'apprenais ce dernier détail en janvier 2008. Je devais me rendre de Las Pozas, où j'accompagnais des stagiaires étudiants du programme Études Nord-Sud du Collège Dawson, jusqu'à Managua, afin de régler des affaires financières de notre stage. Comme le maire de la municipalité de Santo Tomas del Norte, qui se trouve à quelques kilomètres de Las Pozas, se rendait à Managua pour assister à une réunion de maires, il m'offre de voyager avec lui. Je connais bien ce maire de cette zone rurale montagneuse du nord du Nicaragua, car notre programme a souvent financé des petits projets dans sa municipalité – bourses aux étudiants et étudiantes du secondaire provenant de familles extrêmement pauvres, eau potable, ordinateurs pour écoles, etc.

« C'est Rosario Murillo qui préside toutes nos réunions, » m'expliquait-il, alors que nous nous dirigions vers Managua.

En 2016, lors du congrès du FSLN, Ortega annonce que sa conjointe, Murillo, sera sa candidate à la vice-présidence pour les élections de cette année-là. Et même si, normalement, la constitution ne lui permet pas de se présenter à nouveau à la présidence, il a recours à son pouvoir sur les tribunaux pour contourner les limites des mandats constitutionnels. De plus, il ne se gêne pas pour se servir de ces mêmes tribunaux afin d'empêcher ses rivaux les plus populaires de se présenter. Peu étonnamment, Ortega-Murillo gagnent facilement les élections. Et peu étonnamment, aussi, plusieurs enfants de la famille Ortega-Murillo se voient assignés des postes clés au gouvernement.

Extrait de mon journal au Nicaragua le 31 janvier 2017

Le chauffeur de taxi qui nous a emmenés au Bufé Laprado aujourd'hui pour notre dîner était fort intéressant.
« Je me suis battu avec les sandinistes pour renverser Somoza. Pourquoi nous sommes-nous battus ? Parce que Somoza utilisait la fraude pour gagner des élections. Parce qu'il possédait une partie considérable des terres et de nombreuses grandes entreprises au Nicaragua. Parce qu'il contrôlait la garde nationale et se situait au-dessus de toutes les lois. Parce qu'il utilisait la force pour écraser toute opposition.
« Et qu'avons-nous présentement ? Le leader avec lequel nous nous sommes battus pour libérer le Nicaragua de la dictature de Somoza – une guerre qui a fait quelque 40 000 morts – fait maintenant la même chose que Somoza. Il utilise de la fraude massive pour gagner les élections. Il est propriétaire de nombreuses grandes entreprises au Nicaragua, notamment de la plupart des stations de télévision et de radio. Il contrôle la Cour suprême et le Conseil électoral suprême. Il utilise la force pour écraser toute opposition. Si un ami de Daniel Ortega décide qu'il veut ta maison, tu vas avoir des problèmes. Il y a peu de choses que tu peux faire pour empêcher ça. Ce n'est pas la règle de droit dans le Nicaragua actuel.

Soulèvement populaire d'avril 2018

Le soulèvement populaire qui, sous l'initiative d'étudiants universitaires, éclate en avril 2018 au Nicaragua, devient rapidement massif et tout à fait historique. Non seulement s'étend-il rapidement au pays entier, mais il dure pendant des mois.
Comme elles le faisaient lorsqu'elles se soulevaient contre la dictature de Somoza dans les années 70s, les foules inondent les rues du pays, érigeant dans celles-ci des barricades afin de se protéger de la répression policière. Et, comme au moment de la révolution sandiniste, ce qu'elles veulent, ce n'est pas seulement que cessent répression, favoritisme et corruption dans les plus hautes sphères du gouvernement. Ce qu'elles veulent - et cela devient de plus en plus clair au fur et à mesure que s'intensifient les manifestations, c'est que le gouvernement Ortega-Murillo démissionne, et que soient organisées le plus rapidement possible de nouvelles élections. Des élections, cette fois, transparentes et véritablement démocratiques, et non pas frauduleuses.

En 1989, le FSLN, après avoir dirigé une révolution pendant dix ans, initialement fructueuse mais éventuellement de plus en plus problématique, surtout à cause de la longue guerre lancée par la Contra avec l'appui de Washington, perd les élections.
Cette fois, cependant, le régime Ortega-Murillo, même contesté par un soulèvement populaire historique, est déterminé que cela ne se produira plus jamais.

Pendant les premiers jours du soulèvement, le président Daniel Ortega ne souffle mot, Rosario Murillo, cependant, se met immédiatement à l'œuvre. Elle envoie un courriel à ses subordonnés politiques, les convoquent pour une réunion d'urgence, et lors de celle-ci, leur ordonne :

¡Vamos con todo ! No vamos a dejar que nos roben la revolución.i
« Fonçons avec toute notre force. Nous n'allons pas les laisser voler notre révolution, » affirme-t-elle.

On sait ce qui est arrivé par la suite. Des paramilitaires cagoulés, recrutés d'urgence d'un peu partout au pays, qui se promènent en camionnettes, tirant sur les foules, souvent avec des fusils de guerre, agissant, de toute évidence, avec la complicité de la police. Plus de 320 morts, de milliers de blessés, de centaines de milliers de Nicaraguayens et Nicaraguayennes, surtout des jeunes, qui s'expatrient.

Les quelques médias indépendants que compte encore le Nicaragua, comme Confidencial et 100% Noticias, font leur possible pour raconter le plus fidèlement possible les évènements historiques qui se déroulent. Et leur cote d'écoute monte en flèche alors que celles des médias devenus quasi-monopoles de la famille Ortega-Murillo chute.

Assez rapidement, cependant, le régime ferme un après l'autre tous les médias indépendants, sous le prétexte que leurs reportages violent le droit du pays à paix et stabilité, et qu'ils constituent des traîtres de l'État. Plus de 278 journalistes se voient obligés de s'expatrier afin de poursuivre, généralement sur Internet, leurs reportages sur leur pays.

Les prisons se remplissent de prisonniers politiques, et plusieurs sont soumis à maltraitance, et parfois, torture.

Le régime expulse du Nicaragua plus de 450 politiciens, hommes d'affaires, journalistes, intellectuels, militants des droits de l'homme et membres du clergé, dont certains évêques. La plupart sont également déchus de leur nationalité.

Qualifiés de traitres de la patrie et complices d'une tentative de coup d'État en avril 2018 – c'est ainsi que le régime Ortega-Murillo qualifie le soulèvement historique contre lui – plusieurs de ces expatriés voient le régime confisquer tous leurs biens et possessions au Nicaragua.

Identifiant les ONGs à puissances capitalistes et impérialisme étatsunien, le gouvernement ferme aussi la plupart des ONGs qui œuvraient jusqu'alors au Nicaragua, inventant milles prétextes pour le faire : mauvaise gestion de la comptabilité, lavage d'argent, et quoi encore. ONGs œuvrant pour femmes, enfants handicapés, pour aider financièrement les pauvres à fréquenter l'école, etc. La très réputée université fondée par les Jésuites, UNAM, une université progressiste qui appuyait la révolution sandiniste, est nationalisée, nombre de professeurs prestigieux perdant leur emploi ou démissionnant tout simplement.
On estime présentement que depuis avril 2018, plus de 5 000 ONGs, dont des groupes religieux, auraient été fermées Nicaragua.

Les qualificatifs qu'utilisait Rosario Murillo, dans ses discours quotidiens à la télévision et la radio, pour dépeindre les personnes qui assumaient le leadership du soulèvement historique d'avril 2018, dépassent en couleur et agressivité, et de beaucoup, ceux qu'utilisait Donald Trump pour dépeindre les démocrates lors de la récente campagne électoral étatsunienne : putschistes, terroristes, criminels, pyromanes, pilleurs, tortionnaires, violeurs, forces sataniques, empoisonnés, et j'en passe.

Quelques éléments de la réforme constitutionnelle

En gros, la réforme adoptée ne fera qu'inclure dans la constitution, et donc institutionnaliser, le comportement adopté depuis plusieurs années, mais surtout depuis le soulèvement populaire d'avril 2018, par le régime Ortega-Murillo.

Le rappel historique ci-haut illustre de façon assez éloquente comment Rosario Murillo a pu se hisser au sommet de la direction du Nicaragua. Or la réforme la fait grimper encore plus : de vice-présidente, elle devient co-présidente.

Au lieu d'organiser des élections tous les cinq ans, on ne le fera dorénavant que tous les six ans.

Les événements décrits plus haut montrent que le régime Ortega-Murillo contrôle non seulement le parti, devenu simple outil de la dynastie familiale, mais aussi le pouvoir législatif, judiciaire et électoral. La main très forte et contrôlante de Rosario Murillo, comme illustré plus haut, est partout présente non seulement dans toutes les réunions des maires mais aussi dans toutes les affaires municipales. Or la réforme ne fait que miroiter et institutionnaliser tout cela. Des institutions qui, selon la constitution actuelle, doivent être indépendantes du gouvernement, par exemple le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, le pouvoir électoral, et le pouvoir municipal, deviennent, dans la constitution réformée, de simples organes que coordonnent directement le couple présidentiel Ortega-Murillo.
La constitution actuelle défend formellement toute torture. Cette clause disparaît de la nouvelle réforme. On peut difficilement voir d'un bon œil une telle disparition, même si, en incluant le respect de la Charte universelle des droits de l'homme, la réforme semble reconnaître, au moins par ce biais, la défense de la torture.

Dans le rappel historique, je soulignais que le couple Ortega-Murillo persiste à propager le mensonge évident que le soulèvement populaire d'avril 2018 n'était qu'une tentative de coup d'État, appuyé par des manifestants « traitres de l'État », et dont plusieurs furent pour cette raison expulsés du pays et déchus de leur nationalité. Or l'article 134 de la réforme constitutionnelle stipule que sont inéligibles à la présidence de la République ceux qui financent un coup d'État, ceux qui ont acquis une autre nationalité, les fonctionnaires en activité et ceux qui « violent ou ont violé les principes fondamentaux prévus par la Constitution ». En d'autres termes, ceux qui, selon le gouvernement, commettent des infractions contre la « paix et la sécurité ».

Dans ce même rappel historique, j'ai mentionné que les biens et possessions de centaines de personnes, qualifiées par le régime de « traitres de l'État », furent confisqués par le gouvernement. Or, à l'article 46 de la réforme sur l'interdiction de la confiscation des biens, la clause stipulant que « les fonctionnaires qui enfreignent cette disposition auront toujours à répondre des dommages subis, et ce à partir de leurs propres biens » a été supprimée.
De même, au dixième alinéa de l'article 24 de la réforme, il est établi que « les Nicaraguayens ont le droit de circuler et d'établir leur résidence dans n'importe quelle partie du territoire national ». Cependant, la liberté des Nicaraguayens « d'entrer et de sortir librement du pays », qui est pourtant inscrite à l'article 31 de la Constitution actuelle, est supprimée.

Pour réprimer les médias indépendants au Nicaragua, le régime Ortega-Murillo a eu recours à l'argument selon lequel ces médias, par leurs reportages sur les manifestations, violent le droit de la communauté à la sécurité, la paix, et le bien-être. Or la réforme adoptée modifie la clause de la constitution actuelle qui porte sur la liberté d'expression. Cette clause stipule que les Nicaraguayens ont le droit « d'exprimer librement leurs pensées en public ou en privé, individuellement ou collectivement, oralement, par écrit ou par tout autre moyen ». Cependant, la réforme rend le respect de cette clause conditionnel : à la condition, précise la réforme, « qu'elle ne viole pas le droit d'une autre personne, de la communauté, et les principes de sécurité, de paix et de bien-être ».

Note
1. Wilfredo Mirando Aburto, “Vamos con todo” : filtración desvela que Rosario Murillo ordenó aplastar las protestas en Nicaragua, Univisón noticias, le 21 novembre 2018. Consulté le 2 décembre 2024.
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Le Droit à la Santé en Haiti : Un droit ignoré et piétiné par les Dirigeants de l’État

3 décembre 2024, par Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH — ,
L'Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH exprime sa préoccupation face l'éradication des droits fondamentaux en Haiti. Ces droits sont violés au jour le (…)

L'Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH exprime sa préoccupation face l'éradication des droits fondamentaux en Haiti. Ces droits sont violés au jour le jour sous les yeux des autorités en place. Ce qui implique qu'Haiti est devenue un État de non droit. Ces droits constituent un ensemble de droits et libertés ayant un aspect important pour l'être humain. Mais, l'état de droit et la démocratie sont en fait les conditions indispensables pour une pleine et entière jouissance de ces droits.

Port au Prince, Haiti 1/12/2024

En effet, l'Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH constate que les droits fondamentaux en Haïti ne veulent rien dire, notamment le droit à la santé qui est gravement piétiné, galvaudé et ignoré par l'État dans ses différentes politiques publiques. C'est-à-dire, aucune priorité en termes de gouvernance politique n'est mise en place pour aborder la question de santé publique dans le pays. Dans un contexte complexe et compliqué que le pays est plongé le nombre de personnes touchées par balle ou blessées se sont multipliées et presque pas de centre hospitalier disponible pour apprécier la situation sans compter les cas existants laissés pour compte.

Or la charte des nations unies a proclamé leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'Egalité des hommes et des femmes (...). Cela étant dit, ces actions constituent le fondement même de la liberté, de la Justice et de la paix. C'est un idéal commun à atteindre. Par-là, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) en ses premiers articles stipule que " Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et
en droits (...). Elle poursuit à l'article 3 que " Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne " conformément à l'article 19 de la Constitution Haïtienne.

En outre, pratiquement à Port-au-Prince et ses zones périphériques 80 % des hôpitaux publics et/ou centres hospitaliers seraient fermés ou dysfonctionnels. Le seul Hôpital de la Paix qui essaie de répondre, mais dépassé par les affluences des personnes blessées et aussi d'autres cas. Il faut le rappeler, à l'hôpital de la paix des accouchements se font à même le sol sur les céramiques froides.

C'est extrêmement grave d'énoncer cela en plein 21ème siècle. Mais c'est un fait pour démontrer qu'aucune priorité n'est en aucun cas accordée au droit à la santé dans le pays. À cause de ces actes de violences, plus de 18 institutions sanitaires ne sont pas fonctionnelles dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Parmi elles, on peut citer « l'Hôpital de l'Université d'État d'Haïti, le Centre de santé Aurore du Bel-air, le Centre de santé Saint-Martin 2(rue Saint Martin), le Centre de santé Saint-Martin 1 (Delmas 18 et Delmas 3), l'hôpital Dash Delmas 18, la Maternité

ENSEMBLE DES CITOYENS COMPÉTENTS À LA RECHERCHE DE L'ÉGALITÉ DES DROITS DE L'HOMME EN HAITI (ECCREDHH).
Rue Théodate # 27 Tabarre, Haïti, W.I Tel : (509) 36203405 / 36513668 / 48364348
Email:eccredhh12@gmail.com
Adresse : Rue Theodate # 27 Tabarre - Tels : +50936203405 / 36513668 / 48364348. E-mail : Eccredhh12@gmail.com

Isaïe Jeanty de Chancerelles, l'hôpital Saint-François de Sales, le sanatorium (Carrefour-Feuilles), l'hôpital communautaire de Bon-Repos, l'hôpital communautaire de Beudet, le centre de santé de la Croix-des-Bouquets etc. »

Si la situation est si compliquée pour les hôpitaux de la capitale qu'en est-il pour ceux en région ? En fait, malgré l'existence des traités internationaux, des accords, des conventions signées et ratifiées par Haïti et les lois nationales relatives en la matière, le droit à la santé est piétiné par les dirigeants de l'État appelés à faire appliquer les lois de la République. Donc, il est inacceptable voire inconcevable qu'Haiti devienne une république dirigée par des nuls qui ne comprennent même pas le sens de l'État et de la gouvernance publique. Konbyen kretyen vivant Souf yo etenn akòz pa gen lopital osnon lopital fèmen ?

L'État est créé pour assister sa population et non pour assurer son assassinat. Soit ces dirigeants sont là pour servir l'État et sa population ou soit ils se font prendre par les pieds, car c'est révoltant. On peut même se demander pourquoi continuer à payer des inutiles qui ne garantissent aucun respect de nos droits ?

La population doit être plus exigeante envers ses décideurs parce qu'ils ont pleine et entière responsabilité pour garantir le respect des droits et les libertés. Ils ont cette obligation, donc nous devons les contraindre.

Vive la Démocratie !!!

Vive le Respect des Droits Humains !!!

Vive une société Juste !!!

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Une activité des Journées Québécoises de Solidarité Internationale témoigne de l’impact de l’extractivisme au Honduras au Guatemala et au Chiapas

3 décembre 2024, par Carolina Dominguez Restrepo — , ,
La présence des entreprises transnationales sur les territoires en Amérique centrale entraîne une détérioration des droits humains des communautés vivant dans les zones (…)

La présence des entreprises transnationales sur les territoires en Amérique centrale entraîne une détérioration des droits humains des communautés vivant dans les zones d'exploitation des ressources, en particulier au Honduras, au Guatemala et au Chiapas. Il existe toutefois une résistance issue de la population locale. Les interventions lors de l'assemblée « Mobilisation pour les droits et les territoires » du 19 novembre dernier en témoignaient.

26 novembre 2024 | tiré d'alterquébec
https://alter.quebec/une-activite-des-jqsi-temoigne-de-limpact-de-lextractivisme-au-honduras-au-guatemala-et-au-chiapas/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-11-27

Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et le Centre international de solidarité ouvrière (CISO), avec la collaboration de Déveloement et Paix et de Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM) ont pris l'initiative de tenir une rencontre à Montréal dans le cadre des Journées québécoises de la solidarité internationale (JQS).

Trois perspectives qui s'entrecroisent

L'activité réunissait Ervin Hernandez, un journaliste hondurien qui a exposé les injustices causées par l'extractivisme ; Leocadio Jucaran, un activiste guatémaltèque qui a travaillé pour la régularisation des personnes déplacées dans une perspective contre-hégémonique ;

et Libertad, une éducatrice populaire qui s'est consacrée à la dénonciation de la diplomatie criminelle et des liens paraétatiques qui favorisent l'investissement étranger au Chiapas. Au cours de la réunion, chaque personne a caractérisé le mode de fonctionnement de l'intervention étrangère et a décrit la résistance qui s'exerce à partir de la base sociale. Les trois perspectives s'entrecroisent : l'articulation du capital étranger, des réseaux de corruption de l'État et du crime organisé. Elles caractérisent les obstacles quotidiens qui oppriment les communautés et entravent la résistance.

Honduras

Dans le cas du Honduras, les investissements se concentrent sur deux types d'activités productives : l'exploitation des terres par l'extractivisme et les monocultures, ainsi que l'industrie de fabrication de tissus pour des entreprises canadiennes telles que GILDAN. Ces activités économiques et l'importance que leur accordent certaines entités étatiques entraînent le déplacement des populations qui habitent ces territoires, ainsi que la précarisation des travailleuses et des travailleurs de cette industrie.

Cependant, les actions collectives qui résistent à ces dynamiques d'exploitation font face à des défis, tels que la persécution politique des activistes qui luttent pour la souveraineté de leurs territoires, l'interventionnisme de l'État qui exerce une violence systémique à travers ses appareils, et la criminalisation de la mobilisation. Ce dernier défi représente une contrainte significative dans la lutte pour le territoire et sa diffusion, car la criminalisation provient non seulement des opérateurs légaux, mais aussi des médias et de l'opinion publique. Ceux-ci cherchent à polariser et à atomiser l'organisation afin de faire de la place aux intérêts étrangers, en plus de donner peu de visibilité à la situation.

Guatemala

Au Guatemala et au Honduras, la reconnaissance de l'autonomie territoriale et le droit de la population à être consultée au préalable de la réalisation d'un projet ont pris du retard. C'est au Guatemala qu'il a progressé et qui fut abordé sous l'angle de la nature ancestrale originelle des espaces territoriaux qui ont été appropriés par les communautés. L'autogestion exercée sur ces localités et menée par les organisations de base repose sur le principe de la solidarité globale Nord-Sud décolonisatrice. C'est pourquoi les plans d'action mis en œuvre encouragent la participation aux assemblées territoriales et prévoient une assistance juridique.

Chiapas, Mexique

Au Mexique, et plus précisément au Chiapas, on observe une intensification des effets négatifs de l'interventionnisme attribué à la présence de bandes armées, étant donné qu'il s'agit d'un lieu important sur les routes de la migration irrégulière. Ce facteur aggravant compromet non seulement les conditions de vie des communautés, mais démontre également que la configuration du territoire est au service du capital mondial et de la criminalité qui exerce un contrôle sur ces zones. L'État, ses entités et l'interlocution diplomatique entre le Nord et le Sud sont complices de cette situation.

Face à cette réalité, le Canada a une position marquée par l'absence de politiques qui limitent et contrôlent les dommages causés par les activités productives des transnationales canadiennes sur l'environnement. Celles-ci détériorent également les moyens de subsistance des communautés et des populations dans les territoires du Sud global. Dans ce contexte, la solidarité internationale prend tout son sens et devrait chercher à intégrer des piliers démocratiques dans les processus et les décisions qui affectent les communautés latino-américaines.

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Donald Trump et Elon Musk prônent un antihumanisme

3 décembre 2024, par Scandola Graziani — , ,
Donald Trump et Elon Musk prônent un antihumanisme décomplexé, géré par l'intelligence artificielle et « vidé de ses corps », explique le philosophe Éric Sadin. Une idéologie (…)

Donald Trump et Elon Musk prônent un antihumanisme décomplexé, géré par l'intelligence artificielle et « vidé de ses corps », explique le philosophe Éric Sadin. Une idéologie déjà à l'œuvre en France.

Éric Sadin est philosophe spécialiste de la critique du numérique et de son monde. Ses nombreux ouvrages, dont La Siliconisation du monde (2016), L'Ère de l'individu Tyran (2020) ou La Vie spectrale (2023), abordent les conséquences de l'avènement des nouvelles technologies, notamment de l'intelligence artificielle (IA), sur l'organisation de nos sociétés.

27 novembre 2024 | tiré de reporterre.net | Photo : Le président élu Donald Trump et Elon Musk assistent au lancement du sixième vol d'essai de la fusée Starship, de SpaceX, au Texas, le 19 novembre 2024. - © Brandon Bell / Getty Images North America / Getty Images via AFP
https://reporterre.net/Trump-et-Musk-nous-menent-vers-un-monde-glacial-domine-par-l-IA

Reporterre — Le milliardaire Elon Musk a été nommé par Donald Trump au ministère de « l'efficacité gouvernementale ». Que cela révèle-t-il ?

Éric Sadin — Elon Musk incarne le mythe de l'entrepreneur visionnaire qui a tout saisi de la vérité de l'époque. Sa figure fait penser à celle de John Galt, le héros de La Grève, le fameux roman d'Ayn Rand publié en 1957, devenu depuis la référence majeure du courant libertarien. John Galt est un ingénieur, caractérisé par sa puissance inventive, qui décide d'organiser une fronde de grands entrepreneurs contre l'inertie de l'État. Ensemble, ils brandissent la menace de cesser leur activité, affirmant que le pays finira alors exsangue. C'est exactement ce à quoi nous avons affaire avec Elon Musk : l'image d'un génie semblant dorénavant indispensable à la bonne santé économique de la nation. Donald Trump a récemment déclaré à son propos : « C'est un super génie, il faut qu'on les protège, nous n'en avons pas tant que ça. »

Quelle est l'idéologie derrière cette figure de « l'entrepreneur visionnaire » ?

Cette idéologie, à l'œuvre depuis une trentaine d'années dans la Silicon Valley, est fondée sur le postulat que Dieu n'a pas parachevé la création. Le monde est truffé de défauts et l'humain étant fondamentalement imparfait, il en est le premier vecteur. Toutefois, un miracle a lieu désormais : les technologies dites de « l'exponentiel », qui sont vouées à racheter toutes nos insuffisances. C'est là que l'intelligence artificielle donne corps à ce projet, en réalisant de façon infiniment plus rapide, prétendument plus fiable et à moindre coût, un nombre sans cesse extensif de tâches.

L'humain étant alors appelé à être évacué des affaires qui le regardent, pour n'être plus réduit qu'à une cible continuellement marchande, assaillie par des offres automatisées et hyperpersonnalisées. Voit-on l'antihumanisme radical à l'œuvre ? Celui cherchant à instaurer une société hygiéniste, délivrée de tout défaut, et une marchandisation intégrale de la vie.

Comment cette idéologie prônée par Elon Musk et la Silicon Valley trouve-t-elle un écho auprès de Donald Trump ?

Trump et Musk se rejoignent dans une sorte d'iconoclasme radical et décomplexé. Leur point commun est le refus des intermédiaires, des instances centrales, supposés être des facteurs d'inertie. C'est pour cela que Musk a vite été un adepte des cryptomonnaies, ambitionnant de se débarrasser de tous les maillons de régulation de la valeur. Du côté de Trump, les intermédiaires, ce sont l'État fédéral, Washington, les institutions, le prétendu « État profond », et les élites qu'il entend renverser, au profit d'un lien plus direct avec les Américains. C'est aussi le fantasme d'une parfaite transparence.

« Un monde glacial, vidé de ses corps »

On parle de possibles conflits d'intérêts, des contrats publics d'Elon Musk, de sa cotation en bourse qui a grimpé depuis l'élection de Trump… Ce n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est qu'ils trouvent dans cette alliance la certitude que leur vision du monde va s'appliquer sans aucune limite.

Concrètement, que compte faire Elon Musk à ce poste de « l'efficacité gouvernementale » ?

Je donnerais un autre nom à ce poste : celui de « l'automatisation des affaires publiques ». Il existe aujourd'hui des systèmes d'intelligence artificielle capables de gérer quantité de dossiers administratifs et publics, à un point que l'on n'aurait plus besoin d'autant d'humains dans ces domaines. Elon Musk risque d'y aller à la hache. Et celle-ci va s'appuyer sur un levier principal : l'automatisation par l'IA. Des systèmes se substitueront à l'humain.

Le paradoxe, c'est qu'en voulant éradiquer la bureaucratie, on en arrive à des effets d'hyper bureaucratie, semblables aux récits kafkaïens, où personne ne sait où se trouvent les interlocuteurs. On s'imagine que l'IA va fluidifier les choses, en réalité c'est l'opposé ! Ce sera le règne de la « technocratie algorithmique ». Un monde glacial, vidé de ses corps.

Dans un entretien accordé au Monde en 2020, vous déclariez : « Il est probable qu'un fascisme d'un nouveau genre émerge dans les années post-coronavirus. » Sommes-nous arrivés à cela ?

Les dictateurs entendent asseoir leur pouvoir en muselant et en contrôlant les populations. Ici, il ne s'agit pas de cela. Ce n'est pas « big brother » ou le « crédit social » chinois. En revanche, ce qui vient, c'est le bannissement de l'humain des affaires qui le regardent. C'est ce que j'avais appelé dans La Silicolonisation du monde le « soft-totalitarisme numérique », à savoir que les algorithmes prévalent sur l'humain dans l'organisation de la société. C'est la fin du politique.

D'ailleurs, en encourageant l'automatisation des affaires humaines, le monde politique scie la branche sur laquelle il est assis ! Les États-Unis sont avant-coureurs d'une situation appelée, à terme, à devenir globale.

Où en est-on en France ?

Cette automatisation est en vigueur depuis une dizaine d'années en France. Le fait que le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian ait salué la nomination d'Elon Musk n'est pas anodin. Le projet porté par Emmanuel Macron est exactement le même que celui de Musk et Trump, mais à la française, c'est-à-dire un cran en dessous. Il a twitté pour se réjouir de l'installation d'un bureau à Paris du géant de l'IA générative, OpenAI.

Macron est un adepte du technopositivisme, qui a pour ennemi l'inertie, et doit conduire vers un monde conçu comme une horloge parfaitement réglée. Lui aussi honnit les corps intermédiaires, qui empêchent supposément la rapidité et l'efficacité de l'action…

« Il suffit d'ouvrir le capot de ses Tesla pour voir que c'est de l'esbroufe totale »

Cette idéologie est déjà à l'œuvre dans la plupart des démocraties libérales, avec le distinguo qu'elle n'est pas encore radicale. Avec Trump et Musk, ce projet prendra forme de façon totalement décomplexée.

Quels effets cela aura-t-il sur l'environnement ?

Les technologies numériques, plus encore l'intelligence artificielle et les IA génératives, entraînent de gigantesques conséquences énergétiques. Le besoin en électricité est tel qu'Amazon et autres Big Tech entendent alimenter leurs serveurs avec de petits réacteurs nucléaires. Il y a une forme de dissonance cognitive troublante d'un côté, avec la question écologique de plus en plus présente et, de l'autre, l'usage sans cesse extensif par des milliards d'individus de systèmes numériques.

Elon Musk est-il aussi dans cette dissonance cognitive ?

Oui, comme tous les gourous du numérique. Prenez sa voiture électrique prétendument vertueuse pour le climat. Il suffit d'ouvrir le capot de ses Tesla pour voir que c'est de l'esbroufe totale ! En réalité, ses véhicules sont aux antipodes de l'écologie. Ils vont encourager les transports, et le recyclage des batteries n'est pas encore possible. Un pragmatisme écologique consisterait tout simplement à ne concevoir ni voiture ni fusée, mais d'œuvrer à d'autres formes d'organisation — réellement vertueuses et écologiques — en commun.

« Allons interroger les salariés dans les entrepôts d'Amazon »

Il y a quelques années, les grands patrons de la Silicon Valley se disaient préoccupés par la question climatique, et soutenaient plutôt le camp démocrate…

Nous sommes naïfs. Nous accordons beaucoup trop d'attention à ce que disent ces personnes. Regardez la place qu'ils ont dans la presse, ces entrepreneurs et ingénieurs du numérique : elle est outrageusement importante ! Ce ne sont pas leurs discours qu'il faut écouter, il faut observer les conséquences de leurs systèmes. Ce n'est pas eux qu'on devrait interroger dans les médias : mais ceux qui subissent les conséquences de ce qu'ils font.

Allons interroger les salariés dans les entrepôts d'Amazon, là où des systèmes d'IA instaurent des modes managériaux indignes, réduisant des humains à des robots de chair et de sang. Allons interroger les professeurs dans les écoles publiques qui subissent de plein fouet les effets de la numérisation à marche forcée. Allons voir dans l'hôpital public l'implantation des systèmes d'IA qui coûtent une fortune et ne servent à rien, alors qu'on s'est rendu compte pendant le Covid que ce n'était pas d'IA dont on avait besoin, mais de personnel et de matériel élémentaire, de respirateurs, etc. En faisant cela, nous aurions une tout autre compréhension des phénomènes, et la société serait davantage transparente à elle-même.

Aujourd'hui, le discours d'Elon Musk flirte avec le climatoscepticisme. Comment expliquer ce revirement ?

Selon lui, ceux qui travaillent sur les questions environnementales se perdent dans des négociations sans fin, pour déboucher sur des projets d'accord, tels ceux de la COP, qui ne feraient rien avancer. Tout ceci peut donner l'impression d'être laborieux et surtout élitiste. Pour Musk, c'est une manne ! Ça lui permet de dire : « Nous, on va faire de la véritable écologie. Des systèmes vont résoudre la crise climatique. » Autrement dit, la solution viendra de la technologie : fini les discussions, la contradiction, la pluralité de points de vue, tout cela n'étant que de la perte de temps et des dépenses inutiles.

Quelles alternatives à la vision d'Elon Musk pouvons-nous proposer ?

La solution, c'est d'être partie prenante des affaires qui nous regardent. C'est un projet de société : que tout le monde ait la chance de pouvoir vivre d'autres modalités d'existence plus vertueuses, s'il le souhaite. Avec des relations entre les êtres plus équitables, et l'usage de matériaux qui ne bafouent pas la biosphère.

Nous devrions pouvoir expérimenter des modes d'organisation — via la mise en place de collectifs — dans le soin, l'éducation, l'artisanat, l'architecture… Pour l'instant, ces expériences sont marginales, presque héroïques. Il faudrait que la puissance publique soutienne ces projets, qu'ils puissent essaimer ! C'est ce que j'appelle le « printemps des collectifs ».

Je ne vois pas d'autre solution que de défendre le vivant. Celui des éléments, mais aussi celui qui est en nous et qui ne demande qu'à s'épanouir. Appelons cela un puissant et joyeux désir de vie ; contre la pulsion de mort qui, aujourd'hui, semble être devenue notre monnaie bien trop courante.

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De Biden à Trump, la fin à l’aide militaire à Israël n’est pas à l’ordre du jour

3 décembre 2024, par Dan La Botz — , ,
La semaine dernière, le sénateur Bernie Sanders a présenté au Sénat trois résolutions visant à mettre un terme aux transferts d'armes américaines vers Israël. Ces résolutions (…)

La semaine dernière, le sénateur Bernie Sanders a présenté au Sénat trois résolutions visant à mettre un terme aux transferts d'armes américaines vers Israël. Ces résolutions visant à mettre fin au soutien des États-Unis à la guerre génocidaire menée par Israël contre les PalestinienNEs de Gaza ont toutes reçu entre 18 et 19 voix de la part des démocrates et aucune des républicains.

Hebdo L'Anticapitaliste - 731 (28/11/2024)

Par Dan La Botz

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Bien que ce vote n'engage pas même 20 % des 100 sénateurs, il reflète une division croissante au sein du parti démocrate et démontre une opposition significative au président Joe Biden et à la majorité des démocrates qui soutiennent fermement l'État juif. Selon les sondages, les deux tiers des démocrates souhaiteraient arrêter complètement l'aide militaire à Israël ou la conditionner à un cessez-le-feu.

Les démocrates autour de Biden inébranlables

Le Parti démocrate ayant échoué à ce test politique et moral, la CPI (Cour pénale internationale) a lancé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, comprenant la famine comme méthode de guerre, les attaques intentionnelles contre des civils, « le meurtre, la persécution et d'autres actes inhumains ».La CPI a également délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du commandant du Hamas, Ibrahim al-Masri.

Biden a condamné les actions de la CPI en déclarant : « La délivrance par la CPI de mandats d'arrêt à l'encontre de dirigeants israéliens est scandaleuse. Permettez-moi d'être clair une fois de plus : quoique la CPI puisse laisser entendre, il n'y a aucune équivalence – aucune – entre Israël et le Hamas. Nous nous tiendrons toujours aux côtés d'Israël contre les menaces qui pèsent sur sa sécurité ».

Au même moment, au Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis ont été les seuls à voter contre une proposition appelant à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, opposant ainsi leur veto à la résolution par 14 voix contre 1. « Nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permettait pas de libérer les otages », a déclaré Robert A. Wood, ambassadeur américain aux Nations unies. C'est la quatrième fois que les États-Unis bloquent une résolution de cessez-le-feu au Conseil de sécurité.

La semaine précédente, le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a condamné le massacre de civilEs lors de la guerre à Gaza, affirmant que 70 % des victimes étaient des femmes et des enfants. Il a indiqué que 43 300 personnes avaient été tuées, mais que de nombreux autres morts étaient enterrés sous les bâtiments bombardés. Volker Türk, chef des droits de l'homme des Nations unies, a déclaré que « ce niveau sans précédent de meurtres et de blessures de civilEs est une conséquence directe du non-respect des principes fondamentaux du droit humanitaire international ».

Soutien à Israël et répression accrue sous Trump

Alors que le soutien de M. Biden à Israël est resté inébranlable, l'administration de Trump sera encore pire. Lors du débat présidentiel qui a précédé l'abandon de Biden à l'élection présidentielle, Trump a demandé à Netanyahou de « finir le travail à Gaza ». Au cours de son premier mandat présidentiel (2016-2020), Trump a soutenu le gouvernement de Netanyahou, en faisant déplacer l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, appuyant les revendications israéliennes sur le plateau du Golan et en Cisjordanie, en réduisant l'aide aux PalestinienNEs. Le nouvel ambassadeur de Trump en Israël, Mike Huckabee, est un sioniste chrétien qui ne reconnaît pas l'existence du peuple palestinien.

Les manifestations contre le soutien des États-Unis à Israël et contre la guerre d'Israël contre la Palestine se sont poursuivies. Bien que le mouvement sur le campus ait été réprimé conduisant à la suspension, l'expulsion ou l'emprisonnement d'étudiantEs, en dehors du campus, les activités se poursuivent. À la base aérienne de Travis, dans le nord de la Californie, une cinquantaine de manifestantEs ont bloqué l'entrée de la base et 28 personnes ont été arrêtées. Un militant a posté sur X : « Les Américains veulent la paix ! ARRÊTEZ DE TUER LES ENFANTS ! Embargo du peuple ! Arrêtez de financer Israël et les crimes de guerre ».

Sous Trump, les manifestantEs feront l'objet d'une surveillance accrue, d'enquêtes, d'accusations fallacieuses d'être des agents étrangers ou des terroristes, avec la menace de la déportation pour les immigréEs. Les antisionistes seront accusés d'antisémitisme et pourront être inculpés d'incitation à la haine. La résistance à Trump va nécessiter une nouvelle stratégie de la part de la gauche.

Dan La Botz, traduit par la rédaction

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Rowshon Nipa : « Les films sont les choses les plus puissantes pour un travail révolutionnaire »

3 décembre 2024, par Bianca Pessoa, Rowshon Nipa — , ,
La militante pour les droits des personnes migrantes aux États-Unis parle du pouvoir de la culture dans la lutte politique. L'élection de la semaine dernière aux États-Unis (…)

La militante pour les droits des personnes migrantes aux États-Unis parle du pouvoir de la culture dans la lutte politique.

L'élection de la semaine dernière aux États-Unis a été dominée par un discours raciste et xénophobe anti-immigration. Indépendamment des théories du complot créées et encouragées par Trump pendant sa campagne, et qui sont à la base de son projet d'extrême droite, la vérité est que les personnes migrantes dans le pays représentent une partie importante de la classe ouvrière qui soutient la vie et l'économie avec un travail dur et souvent précaire. Capire a parlé avec Rowshon Nipa pour comprendre la lutte des personnes migrantes aux États-Unis et comment cette lutte est liée aux arts et à la culture. Elle est une activiste communautaire chez Desisse lèvent et bougent [Desis Rising Up and Moving – DRUM], une organisation dirigée par des membres travaillant pour la justice des personnes migrantes, la justice de genre, la justice climatique, la justice raciale, la justice éducative et la justice en matière de logement.

« Desissont les peuples de l'Asie du Sud et de l'indo-Caraïbe. Nous travaillons avec ces immigrants, avec des jeunes et des gens de la classe ouvrière ici à New York. Nous militons et renforçons le leadership dans notre communauté », explique-t-elle. La militante pour les droits des personnes migrantes est née à Sirajganj, au Bangladesh, et exprime l'identité de sa communauté à travers des films. Depuis son enfance, Rowshon a été inspirée par son père pour aimer et travailler avec le cinéma et le théâtre : « j'ai un grand intérêt pour le théâtre et j'ai travaillé avec lui en tant qu'artiste de théâtre. À l'université, j'étais assez active dans le théâtre et aussi dans la politique de gauche ».

En 2000, Rowshon a obtenu une bourse de la BBC pour la formation des producteurs et a commencé à travailler avec des documentaires, des films et à la télévision. Pour ses films, Rowshon a reçu le prix UNICEF (2004), ce qui a facilité son voyage aux États-Unis lorsqu'elle a dû émigrer en raison de problèmes économiques et politiques en 2017. Son dernier film, Toute seule [All Alone – 2024], a été nominée pour le Prix du Meilleur Projet d'Autonomisation des Femmes au Festival International de cinéma de Roshani et a reçu le prix du Meilleur Scénario de Court Métrage au Festival du Film Indépendant de Berlin. Outre les prix qu'elle a reçus, elle a mené une carrière de résistante et d'artiste engagée, liée à la lutte politique et à la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Comment avez-vous commencé à travailler avec DRUM ?

Après l'Emmy, je n'ai jamais arrêté, mais j'ai dû me battre très fort pour être une femme. Les gens ont toujours voulu me dominer. J'ai été attaquée par des groupes suprémacistes au Bangladesh. J'étais inquiète pour ma sécurité et ils ont également menacé ma fille. J'ai donc décidé de venir aux États-Unis. En octobre 2017, je suis venue ici et j'ai soumis des documents à l'immigration. Ils m'ont offert la catégorie EB1 pour avoir remporté un Emmy.

Quand je suis arrivée ici, il y avait aussi beaucoup d'incertitude. J'ai commencé à travailler dur dans les supermarchés, les boutiques de cadeaux. Entre-temps, je suis allée à une télévision communautaire où j'ai rencontré une personne de l'équipe de travail de DRUM et elle parlait de problèmes de justice sociale. J'étais impressionnée. Je suis allée à leur bureau et j'ai vu qu'ils avaient une photo de Che Guevara sur leur ordinateur. Ça alors ! Je veux dire, aux États-Unis, c'est une chose nouvelle. Alors je me suis connectée et je suis restée bénévole avec eux.

J'ai commencé à faire de l'interprétation et beaucoup de traductions. Ils m'ont demandé si je voulais travailler dans l'organisation construisant la base du Bronx. En 2019, j'ai commencé à faire partie de l'équipe de DRUM en tant qu'activiste communautaire. De là jusqu'ici dans le Bronx on a construit une base de plus de 700 personnes, dont environ 30 dirigeants.

Quels sont les défis auxquels les personnes migrantes sud-asiatiques, en particulier les femmes, sont désormais confrontées dans les grands centres urbains comme New York ?

Les immigrants ont des problèmes spécifiques avec leur emploi, leur survie et leur logement, mais je tiens à dire que pour les femmes, le plus gros problème est la violence domestique. La plupart des femmes d'âge moyen n'ont aucun contrôle sur leur vie. Elles gagnent de l'argent parce que la famille en a besoin, mais elles n'ont aucun contrôle sur leurs économies. Elles doivent travailler et remplir leurs tâches domestiques. Ce n'est qu'alors qu'elles sont autorisées à partir. Mais où qu'elles aillent, elles sont surveillées par des applications. Elles n'ont pas de vie ou d'identité personnelle.

En 2021, nous avons eu une grande manifestation sur le fonds d'aide au personnel sans papiers, lorsque nous avons reçu le stimulus. Les sans-papiers n'avaient aucun soutien du gouvernement et souffraient énormément. Il y avait des centaines de personnes à la manifestation à Manhattan. C'était la première fois que Moshe, l'une de nos membres, participait à une manifestation. Quand elle est sortie du métro et a vu tant de gens scander des slogans, elle a dit « Wow, c'est la première fois que je me sens comme un être humain. J'ai de quoi élever la voix ». C'est de ça que je parle.

Dès le début, j'ai subi beaucoup d'oppression dans ma vie. D'être noire, d'être une femme, d'être pauvre et de parler. J'ai quitté mon pays parce que je suis bavarde. Je peux pas céder. J'exhorte toujours les gens à être eux-mêmes.

Les femmes bangladaises d'âge moyen ne pensent jamais qu'elles sont des êtres humains complets. Dans l'enfance, les parents les contrôlent. Quand elles grandissent, elles se marient et leurs maris les contrôlent. Dans certains endroits, il est impossible de sortir sans une personne de confiance. Même si votre frère a 10 ans, vous devez l'emmener avec vous pour pouvoir sortir. Nous avons besoin de beaucoup pour nous en sortir et être des personnes entières.

Vous parliez de la façon dont, avec le temps et l'organisation, les femmes apprennent qu'elles sont des êtres complets avec des voix puissantes. C'est le thème de votre dernier film, n'est-ce pas ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

L'idée de ce film m'est venue à l'esprit en 2015. J'étais au Bangladesh et de nombreux cas de viol se produisaient. J'ai écrit un article dans un journal bangladais disant que les femmes devraient protester. C'était comme ça pour moi. Même dans le bus, s'ils essayaient de toucher mon corps, je réagissais. Et si les gens me demandaient pourquoi j'ai frappé ces gars, je leur répondais « Pourquoi vous le demandez à moi ? ». C'est ainsi que j'ai pensé à l'histoire du film. La fille s'est vengée. Dans la tête des gens, les victimes de viol sont toujours faibles et honteuses. Alors j'ai pensé que je voulais faire quelque chose où les femmes sont puissantes.

Après l'idée, je suis venue dans ce pays et j'ai dû me battre. J'étais loin de mes films. Quand le covid-19 est arrivé, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose et que je reprenne ma passion. Mais comment pourrais-je faire ça ? Je n'avais pas d'argent. J'ai donc demandé à certains de mes amis de se porter volontaires. Ma fille est le personnage principal, Amrita. D'une certaine manière, nous avons réussi cette année, lorsque nous avons fait la production finale.

Pourquoi pensez-vous qu'il est important de raconter des histoires de femmes immigrées ?

En tant que militante, j'ai vu que la formation politique est la partie la plus difficile pour une communauté, en particulier pour les personnes à la base. Mais quand elles voient quelque chose, elles l'embrassent. J'ai toujours cru que le changement social devrait s'accompagner de divertissement. Ce n'est pas le genre de connaissance que vous recevez seulement, mais que vous ne pouvez pas digérer. Ceux autres vous ne faites qu'oublier.

Notre communauté a toujours aimé les choses de Bollywood, les chansons de Bollywood, les robes, les films, mais cette histoire n'a jamais été racontée. Personne ne connaît les histoires des immigrants et de la classe ouvrière. J'essaie de faire ces films depuis cinq ans. J'ai frappé à toutes les portes, mais ils m'ont demandé « pourquoi la protagoniste est-elle noire ? Elle devrait être blanche ». Mais c'est la représentation des faits. À notre base, nous organisons chaque mois une projection de film sur les personnes LGBTQ+ et d'autres choses. C'est ainsi que nous faisons de la formation politique. J'ai l'impression que les films sont les choses les plus puissantes – ou le théâtre, ou le travail artistique et culturel. Cela peut être puissant pour un travail révolutionnaire, pour unir tous les peuples.

Interview réalisée par Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : anglais
https://capiremov.org/fr/entrevue/rowshon-nipa-les-films-sont-les-choses-les-plus-puissantes-pour-un-travail-revolutionnaire/

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« Décourageant » Les États-Unis reviennent sur leur engagement envers le traité mondial contre la pollution plastique

3 décembre 2024, par Joseph Winters, Mother Jones — , ,
Presque 70 pays soutiennent l'idée d'un plafond (de production de plastique). Les environnementalistes ont été amenés.es à croire que l'administration Biden le faisait aussi. (…)

Presque 70 pays soutiennent l'idée d'un plafond (de production de plastique). Les environnementalistes ont été amenés.es à croire que l'administration Biden le faisait aussi.

Joseph Winters, Mother Jones, 20 novembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr

N.B. Cet article a d'abord été publié par GRIST. Il est reproduit ici comme partie de la collaboration Climate Desk.

L'administration Biden est revenue sur son soutien à l'établissement d'un plafond de production du plastique tel que présenté dans la proposition de traité mondial contre la production de plastique par les Nations Unies.

Les représentants.es de cinq organisations environnementales nous informent que le personnel de la Maison blanche leur a expliqué lors d'une réunion à huis clos la semaine dernière, qu'ils ne voyaient plus l'installation d'un plafond déterminé de production comme « une proposition viable » pour ce INC-5, le nom de cette dernière ronde de négociations du traité en question prochainement à Busan en Corée du Sud. Ils ont au contraire, annoncé que les délégués.es américains.es à ces négociations allaient prôner une approche plus « flexible » qui permettrait à chaque pays d'établir ses propres cibles de réduction de la production du plastique.

C'est un virage complet par rapport à ce que ce même groupe c'était fait dire à une réunion semblable en août dernier. Les représentants.es de l'administration Biden avaient soulevé des espoirs que le pays se joindrait à d'autres comme la Norvège, le Pérou et le Royaume Uni pour défendre l'application d'une limite à la production du plastique.

Après la réunion d'août, l'agence Reuthers avait rapporté que les États-Unis : « allaient soutenir un traité mondial qui imposerait une réduction de la quantité de plastique pouvant être produite chaque année ». L'administration Biden avait confirmé que l'article de Reuthers était « correct ».

Après la plus récente réunion, un.e porte-parole du Council on Environmental Quality de la Maison blanche, a déclaré à GRIST que les négociateurs.trices américains.nes avaient accepté l'idée de « l'aspiration à un objectif global » de réduction de la production de plastique mais que « cela ne passe pas nécessairement par un plafond de production et que donc, ils et elles ne soutiennent pas une telle solution. Nous croyons qu'il y a plusieurs façons possibles d'arriver à cette réduction de production et de consommation (du plastique). Nous allons être flexibles, lors des négociations, sur la manière d'y arriver et nous demeurons optimistes que nous pourrons réussir avec un moyen solide qui fera comprendre aux marchés qu'il faut changer ».

Jo Banner, co-fondatrice et co-directrice de The Descendants Project, une organisation citoyenne qui défend les communautés de « l'allée des cancers » en Louisiane a déclaré que cette annonce était l'équivalent d'un « un coup de poing » : « Je pensais que nous étions sur la même longueur d'onde pour ce qui est de plafonner le plastique et réduire sa production. Visiblement ce n'était pas le cas ».

Frankie Orona, directeur exécutif de la Society of Native Nations, qui lutte pour la justice environnementale et la préservation des cultures autochtones, parle d'une nouvelle « absolument décourageante. Deux heures de cette réunion m'ont semblé me prendre deux jours de ma vie ».

Cette situation est le reflet d'un conflit qui a surgit lors de discussions à propos du traité où les Nations Unies ont accepté de négocier il y a deux ans en vue de « mettre fin à la pollution par le plastique ». Le différent portait sur les objectifs du traité : se concentrer sur la gestion des déchets plastiques en nettoyant les océans ou en augmentant le recyclage et plafonner l'augmentation de la production.

Presque 70 pays, avec les scientifiques et les environnementalistes, soutiennent le plafond. Ils plaident qu'il est inutile de gérer les déchets pendant que la production augmente toujours. Mais un grand groupe de pays producteurs de pétrole, très actifs, font pression pour un traité moins ambitieux basé sur le consensus quant aux normes. Ainsi ils ralentissent les négociations. En plus de renoncer aux limites de production, ces pays veulent un traité qui permettent des cibles nationales volontaires plutôt que des obligations mondiales.

Comment les États-Unis vont ils se positionner ? Rien n'est moins clair. Le-la porte-parole de la Maison blanche expliquait à GRIST qu'ils veulent que le traité porte sur « les provisions de polymères dans la fabrication du plastique ». Cela peut vouloir dire tout un lot de choses dont une taxe sur la production ou la fin des produits de plastique à usage uniques. Ces soit disant instruments des marchés pourraient pousser la demande de plastique à la hausse mais avec beaucoup moins de certitude qu'une limite quantitative de production.

Le directeur exécutif de l'ONG International Polluants Elimination Network, Bjorn Beeler, notre que les États-Unis pourraient agir sur les stocks de plastiques en réduisant les taux d'augmentation de production prévus par l'industrie même si cela permettrait encore une augmentation annuelle de la production. Il ajoute : « Les États-Unis ont été très vagues. Ils n'ont pas été le leader qui pouvait faire avancer les discussions vers un traité qui ait du sens ».

Puisque l'annonce de la Maison blanche n'était qu'une clarification, comme l'ont souligné les fonctionnaires, Jo Banner pense que l'administration Biden aurait dû rendre sa déclaration plus précise il y a plusieurs mois, immédiatement après la rencontre du mois d'août : « En août, nous disions clairement plafond. S'il y a eu un malentendu, il aurait dû nous être signalé il y a longtemps ».

Il semble aussi que les États-Unis aient opéré un autre changement dans leur stratégie, cette fois à propos des produits chimiques utilisés pour la production du plastique. En août dernier, la Maison blanche a confirmé via l'agence Reuthers, qu'ils soutenaient l'établissement d'une liste des produits chimiques liés aux plastiques en vue de leur bannissement ou de leur restriction. Actuellement, les négociateurs.trices vont voter en faveur de listes qui traitent des produits de plastique contenant ces produits chimiques. Les groupes environnementaux trouvent que cette approche est moins efficace. Il y a tant de sorte de produits de plastique et les manufacturiers ne déclarent pas toujours toutes les informations au sujet des produits chimiques utilisés par leurs fournisseurs.

F. Orona est d'avis que de se centrer sur les produits ferait reculer les discussions loin des raffineries prétrochimiques et des usines de production du plastique qui polluent de façon démesurée les communautés pauvres des gens de couleur. Il souligne : « C'est tellement arrogant, irrespectueux. Ça ne vous donne que l'envie de vous cacher dans votre oreiller et de pleurer en pensant à votre communauté ».

Lors de la prochaine ronde de négociations, (qui a lieu en ce moment. N.d.t.), les groupes environnementaux ont déclaré à GRIST qu'ils s'attendent à ce que les États-Unis fassent un pas de côté. Étant donné qu'il est fort probable que la prochaine administration Trump ne se soumette pas au traité et comme les Républicains.nes en plus, contrôlent le Sénat, le traité ne sera pas ratifié. Certains.es intervenants.es dans le débat voudraient que les pays soient moins centrés sur le fait de vaincre les États-Unis et plus de surtout s'assurer que la version la plus ambitieuse atteignable du traité (soit adoptée). Un.e porte-parole de l'ONG Break Free From Plastic, exprime son espoir que le reste du monde va aller de l'avant, c'est-à-dire, l'Union européenne, les petits États insulaires en développement et la coalition des pays africains entre autres.

La directrice du programme santé et justice de l'ONG Alaska Community Action on Toxics, Viola Waghiyi, est une autochtone qui vit dans le village amérindien de Savoonga sur l'ile de Sivuqaq sur la côte ouest de cet État. Elle fait directement le lien entre un traité faible et les impacts auxquels les communautés sur son ile font déjà face : soit, les changements climatiques auxquels la production de plastique contribue, la pollution par les micros plastiques dans l'Océan arctique qui affecte la vie marine et les dynamiques atmosphériques, qui poussent des produits chimiques liés aux plastiques dans le grand nord de l'hémisphère.

Elle ajoute : « Les États-Unis devraient s'assurer que des mesures soient en place pour protéger les plus vulnérable, les peuples indigènes, les travailleurs.euses, les éboueurs.euses et les générations futures. À titre de grand-mère autochtone elle soulève ses préoccupations à propos des perturbateurs endocriniens : « Comment pourrons-nous transmettre notre langue, nos histoires de la création, nos chansons et nos danses, nos traditions et nos cultures si nos enfants sont incapables d'apprendre » ?

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