Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Le ministère de la Santé et des Services sociaux ne reconnait pas le travail des centres de femmes en violence

Le printemps dernier, un appel de projets a été lancé pour mieux répondre aux besoins des victimes et des auteurs de violence sexuelle et conjugale. L'occasion aurait été excellente pour soutenir le travail des centres de femmes en violence. Pourtant, sur l'ensemble des projets déposés, tous ceux des centres de femmes ont été refusés !
Une gestion budgétaire déficiente et excluant les centres de femmes
Les annonces des refus soulignaient que, si tous les projets déposés avaient été acceptés par l'ensemble des organismes œuvrant ou non en violence, une dépense de 104 M$ aurait été nécessaire, or il n'y avait que 18 M$ de disponible. Bien que le site annonce une dépense de 13 635 667 $ pour l'ensemble des projets retenus. Qu'en est-il du 4 364 333 M$ restant ?
L'apport des centres de femmes du Québec en violence
Les centres de femmes œuvrent en violence depuis plus de 40 ans, voire 50 ans pour certains d'entre eux. Ils sont parmi les ressources que les femmes fréquentent lorsqu'elles se sentent prises par des évènements de leur vie, afin de l'améliorer. Dont les violences faites aux femmes.
La beauté de ces ressources, c'est que personne ne peut savoir pourquoi une femme va dans un centre de femmes. Elle peut y aller pour boire un café, avoir du soutien pour ses démarches d'emploi, parler de ses petits-enfants, de ses parents vieillissants. Elle peut y aller aussi pour partager ses idées pour changer le monde et s'impliquer dans une action collective pour défendre ses droits.
Les femmes fréquentent leur centre de femmes aussi parce que parfois, elles vivent des violences
Si la violence qu'une femme vit est conjugale et qu'il n'est pas dans ses choix de quitter son domicile, le centre de femmes peut la soutenir. Elle y trouvera d'autres femmes pour en parler, des ateliers pour améliorer son estime de soi, des intervenantes pour faire un plan avec elle et pour assurer sa sécurité si la violence s'exacerbe. Notre intervention est féministe et intersectionnelle ; on s'adapte aux réalités des femmes.
Masculinistes et féminicides en expansion au Québec
À l'heure où les féminicides se multiplient et où les discours haineux des masculinistes prennent de plus en plus de place dans l'espace public, il semble inapproprié de faire de telles coupures sur la base d'une méconnaissance du travail des centres de femmes en violence. Ce sont les femmes qui en paieront le prix !
Les 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes
En ces 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, L'R des centres de femmes du Québec veut porter à l'attention du ministre responsable des Services sociaux, M. Carmant, et de la ministre responsable de la Condition féminine, Mme Biron, que les centres de femmes, dans leur mission de redonner du pouvoir à celles-ci, travaillent nécessairement en violence. Une reconnaissance financière en ce sens est attendue !
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Pierre Poilievre, l’ami des travailleuses et des travailleurs ? L’épreuve des faits

Ce texte est tiré du Monde ouvrier, journal de la FTQ, dont le dossier du numéro d'hiver 2025 porte sur les élections fédérales à venir. Il s'agit d'une étude de l'IRIS portant sur les rapports du parti de Pierre Polièvre au mouvement ouvrier et à la classe elle-même.
Tiré du Monde ouvrier numéro 149 hiver 2025.
Pierre Poilièvre se présente régulièrement comme le défenseur de la classe ouvrière face à des élites libérales déconnectées – un classique du programme populiste, stratégiquement mobilisé à droite.
Le Congrès du travail du Canada (CTC), auquel est affiliée la FTQ, a de son côté dénoncé la « fraude » aux travailleuses et travailleurs que constitue Pierre Poilievre. Ses pratiques politiques parlent pour lui.
Le chef conservateur défend-il vraiment les intérêts des travailleuses et travailleurs ? Une analyse de la plateforme politique du Parti conservateur du Canada (PCC), adoptée en septembre 2023, illustre les risques réels que celle-ci pose pour les intérêts socioéconomiques des travailleuses et travailleurs canadiens et pour la liberté syndicale.
La compétence est partagée entre Québec et Ottawa en matière de droit du travail. Le Parlement du Canada légifère sur les relations de travail dans les secteurs d'activité qui relèvent de sa compétence, soit les banques, les entreprises de transport maritime et aérien, les entreprises de radiodiffusion et de télédiffusion comme Radio-Canada, mais aussi la plupart des sociétés d'État fédérales ainsi que les ministères et autres organismes du gouvernement fédéral.
Le PCC face aux droits du travail
La plateforme politique du PCC insiste sur la protection des libertés individuelles avant tout ; cela fait craindre que les droits et libertés collectives en ressortent érodés.
Les conservateurs proposent de rendre l'adhésion syndicale facultative, remettant ainsi en question la formule Rand, qui garantit le paiement obligatoire des cotisations syndicales pour toutes les personnes salariées d'une unité de négociation. Cette mesure pourrait affaiblir les syndicats, limitant leur capacité à défendre efficacement les membres et menant potentiellement à des conditions de travail défavorables.
Le PCC insiste aussi sur « l'obligation des syndicats de […] ne pas sanctionner les travailleurs qui ne participeraient pas ». Pourtant, légalement, les travailleuses et les travailleurs sont déjà libres de participer ou non aux activités licites de leur syndicat. Cette formule mystérieuse reviendrait-elle, par exemple, à reconnaître à des travailleuses et travailleurs le droit de ne pas participer aux grèves votées ? Ou cela signifie t-il que le PCC pourrait bloquer ou réviser la très récente loi contre les briseurs de grève ? C'est à suivre.
Sans surprise, en matière d'emploi, le PCC souhaite faciliter le cumul emploi-retraite pour les plus de 65 ans par la mise en place d'incitatifs fiscaux. Au Québec, une idée similaire a la faveur de la CAQ. Or, selon toute vraisemblance économique, cette liberté nouvelle devrait contribuer à l'appauvrissement des aînés comme cela se produit dans l'Union européenne (UE), où des législations similaires ont été adoptées. Le taux de pauvreté des personnes retraitées y est en constante hausse (de 12 % en 2014 à plus de 16 % en 2022, pour toute l'UE).
La liberté économique contre la protection sociale
Les autres propositions de Poilièvre se résument à une défense classique de la liberté économique individuelle, à un soutien au secteur privé et à la libre compétition économique, et plus généralement à une réduction drastique des services publics. Le PCC s'en dit « convaincu » : « un dollar dans la main d'un citoyen canadien vaut mieux qu'un dollar dans la main d'une bureaucratie gouvernementale. […] la réduction des impôts et de l'ingérence de l'État dans l'économie se traduira par une augmentation du pouvoir d'achat des Canadiens […] ».
Les prochaines élections fédérales peuvent avoir lieu à tout moment, au plus tard en octobre 2025. « Si la tendance se maintient », Pierre Poilièvre pourrait former un gouvernement majoritaire en 2025. Au regard des enjeux profonds qui traversent le monde du travail – crise environnementale, crise de sens du travail et pénuries de maind'oeuvre –, il s'agit d'un programme au mieux limité, au pire inquiétant, aligné sur la politique antisyndicale de son prédécesseur, Stephen Harper.
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Santé Québec : un chaos annoncé

Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d'un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n'ayant jamais amélioré son état !
À quelques jours du 1er décembre, date à laquelle Santé Québec deviendra l'employeur unique des salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) constate que la naissance de l'agence de gestion s'accompagne d'un nuage d'incertitude, d'improvisation… et de coupes budgétaires imposées par le gouvernement.
« Il n'y a personne, que ce soit parmi le personnel, les organismes communautaires, les chercheurs ou les représentants des patients, qui croit vraiment que cette réforme-là va améliorer les services ou le réseau », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Les Québécoises et les Québécois non plus ne le pensent pas, en grande majorité. Cette réforme, comme celles qui l'ont précédée, c'est plus de centralisation et plus de privatisation. La CAQ ne fait que répéter les erreurs du passé. »
De plus, le tout se déroule alors que le gouvernement impose une cure d'austérité aux soins de santé et aux services sociaux. Sans aucune transparence, des objectifs de coupes totalisant au moins 1,5 milliard $ ont déjà été identifiés.
Comme les autres réformes hyper centralisatrices imposées ces 20 dernières années, celle-ci s'accompagne d'une ronde de compressions budgétaires, avec pour conséquence assurée un secteur public encore plus mal en point. Par le fait même, le privé poursuivra son essor pour occuper l'espace laissé vacant par le secteur public.
Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d'un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n'ayant jamais amélioré son état !
Des choix politiques de la CAQ
Dès lundi, Santé Québec devra jongler avec les nombreux cadeaux empoisonnés que lui lègue le gouvernement. Des commandes d'austérité aux retards de paiements de l'équité salariale en passant par le gel d'embauche, c'est bien le gouvernement de la CAQ qui a fait tous ces choix politiques. Pour la CSN, agence ou pas, le gouvernement devra répondre de ses choix.
« Depuis que le ministre a annoncé sa réforme centralisatrice, nous avons soulevé les problèmes qui nous attendent et nous avons des pistes de solutions. Or, le ministre fonce sans nous écouter et sans nous parler, déplore le président de la Fédération de la santé et des services sociaux, Réjean Leclerc. Présentement, Santé Québec nage dans l'improvisation complète et l'employeur n'a pas de réponse à nos questions. Il y a 350 000 personnes qui se demandent ce qui va changer ou pas pour elles à compter de lundi et elles n'ont aucune réponse. Leurs gestionnaires eux-mêmes n'en savent souvent rien. C'est inadmissible. »
Responsabilité gouvernementale
« Le gouvernement joue un jeu dangereux », renchérit la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Jessica Goldschleger. « Notre réseau public de la santé et des services sociaux n'est pas un jouet qu'on peut s'amuser à démolir et à rebâtir. Les conséquences de cette improvisation peuvent être désastreuses, non seulement sur le plan financier, mais également sur le plan humain. Le gouvernement aura beau tenter de refiler la responsabilité de cet échec aux dirigeants de Santé Québec, le personnel du réseau et la population québécoise ne sont pas dupes. Nous savons très bien que c'est lui qui en est véritablement responsable. »
Pour un réseau vraiment public
Rappelons que la CSN propose un plan d'urgence pour stopper l'hémorragie vers le privé :
– en mettant fin à l'exode des médecins vers le secteur privé ;
– en cessant d'octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;
– en décrétant un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.
« À la CSN, nous continuerons de travailler sans relâche pour assurer des emplois et des services de qualité dans le secteur public », conclut Caroline Senneville. « Pour nous, c'est très clair : Pas de profit sur la maladie ! »
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Désespérances d’idéaux déchus

La Mère Courage du film étreignant son fils cadet, croyant lui épargner le sort de ses aînés Meryam Joobeur nous offre un long métrage de 118 minutes d'une très grande intensité dramatique dont on se remettra à grand peine, surtout dans cette ère trumpienne de génocide palestinien.
Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix
Nos idéaux battus en brèche par le capitalisme décadent triomphant dans les laideurs télévisuelles de héros violeurs nous font revivre une chute abrupte d'idéaux tellement forte qu'elle me ramène à un monde théâtral auquel j'avais collaboré à Vienne, un mois avant mon année à Moscou en 1978 : je contribuai alors à la pièce Grandeur et décadence de Mahagonny de Kurt Weil et Bertold Brecht, qui préfigurait à sa première en 1930 l'arrivée obscène du nazisme.
Grâce à l'art exigeant et poétique de la fabuleuse réalisatrice tunisienne établie à Montréal, Là d'où l'on vient raconte un retour d'idéal déchu, qu'on devine être le Djihad islamique entrepris par deux frères, dont le désespoir si noir ne saurait être accablé davantage par quelque jugement que ce soit : se dégage, en un enchaînement de dérapages, le rachat entrevu de leurs âmes pourtant alourdies de meurtres, cette fois à la manière de Robert Bresson.
Les images magnifiquement cadrées avec d'innombrables gros plans, dans des paysages de prairies et de bords de mer tunisiens hantés par des comédiens dévorés par leurs personnages, nous plongent dans le sujet éternel de la dévastation guerrière, rarement aussi magistralement exploitée, y compris par une musique lancinante, mais pas par des violences de champs de bataille. Madame Joobeur porte son regard aiguisé sur les hommes intérieurement déchirés.
La grande majorité de nos politiciens jugent les immigrants avec arrogance, morgue et insensibilité, les envisageant au mieux comme des contributeurs à la petite économie commerciale. Quant à leur passé, on préfère ignorer leurs parcours parsemés d'embûches, que le film Io, Capitano avait choisi d'illustrer d'une façon épique avec deux acteurs flamboyants. Tout le contraire dans ce film humble où les acteurs quoiqu'éteints réussissent inexplicablement à faire vivre ce nouvel exemple magique de l'art cinématographique féminin : on pense à Mariloup Wolfe dans Jouliks, à Barbeau-Lavalette dans Chien blanc, à Maryse Legagneur dans Le dernier repas ou au tandem Danielle Trottier-Fabienne Larouche dans Cœur battant pour leurs explorations implosives de l'intimité, ici le huis-clos implacable de réfugiés dans leur propre pays, prostrés dans la désillusion de retour d'un exil qu'on devine entrepris par l'illusion d'une croisade religieuse genre Daesh.
Mais la réalisatrice ne porte jamais de jugement, elle se contente de témoigner des douloureux ravages d'un milieu d'extrême-pauvreté rurale avec des bergers bien différents de celui volontaire sympathique du film de Deraspe. Ceux de Joobeur sont acculés à la dure, très dure tâche de survie élémentaire. Nous contemplons, proies médusées, les tensions intrafamiliales insoutenables qu'une femme que j'ai appelée Mère Courage dans un élan brechtien, tente de calmer, en cherchant fermement à réconcilier un mari aux rigides principes traditionnels avec ses trois fils encore en vie, le plus jeune encore dans les jupes de sa mère aimante.
Mais l'un d'entre eux a ramené de Syrie une femme non musulmane pourtant vêtue d'une burka pour échapper aux regards inquisiteurs qui veulent pour la plupart la juger, une trop infime minorité cherchant à comprendre et à aimer l'étrangère impie. On s'achemine alors, inexorablement, vers un dénouement qu'on pressent sacrificiel. Ainsi, l'œuvre de Meryam Joobeur fait office de miroir embarrassant et inversé pour notre société hypnotisée par le faux glamour américain.
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Le grand basculement
Le présent épisode de l'interminable conflit israélo-palestinien met en lumière un phénomène inédit ou du moins sa relative généralisation : une coupure croissante entre les opinions publiques occidentales sympathisantes envers les Palestiniens d'une part, et d'autre part les classes politiques d'autre part, celles-ci toujours fondamentalement sionistes. Malgré cela, elles se sentent désormais obligées de prendre une certaine distance vis-à-vis de leur protégé israélien, comme en témoigne la volonté que plusieurs (dont Ottawa) affichent d'appliquer le mandat d'arrêt lancé contre deux hauts responsables israéliens : Benyamin Netanyahou, premier ministre et l'ancien ministre de la défense, Yoav Gallant. En principe, ces derniers ne peuvent remettre les pieds dans ces pays sans être appréhendés et déférés devant la Cour pénale internationale. Le gouvernement américain, indéfectible allié de l'État hébreu est un des rares à s'y opposer.
À long terme, ce retournement actif d'une ampleur inédite d'une bonne partie des populations occidentales en faveur d'une paix juste et honorable entre les deux parties en conflit peut éroder l'appui que leurs gouvernements apportent à Israël. En effet, les populations occidentales s'impatientent sérieusement devant l'ampleur et la durée de la contre-offensive du cabinet Netanyahou à l'endroit du Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban-Sud.
Même si la majorité des classes politiques occidentales conservent encore une bonne marge de manoeuvre dans leurs relations avec Israël, elles ne pourront pas ignorer indéfiniment le sentiment de leurs administrés. Seul le gouvernement américain maintient un soutien sans failles à son allié du Proche-Orient. Avec l'installation de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain, ce soutien ne s'effritera sans doute pas, malgré sa volonté déclarée de mettre fin aux conflits qui déchirent le Proche-Orient. Il reste à connaître son plan pour régler le noyau dur de ces conflits, c'est-à-dire l'affrontement continuel entre Israël et la Palestine. Il présentera sans doute un plan tordu, mais que le réalisme le plus élémentaire obligerait le nouveau président à modifier quelque peu en faveur des Palestiniens. Au pire, la situation continuera à se dégrader et peut-être à aboutir à une embrasement régional. Au mieux, les Palestiniens y gagneront éventuellement un début de véritable autonomie sur la majeure partie de la Cisjordanie et sur Jérusalem-Est. La partie s'annonce rude.
Même les politiciens américains commencent à être divisés là-dessus. Par exemple le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders a présenté des résolutions pour restreindre la vente d'armes à Israël et contre une aide de 21 milliards de dollars à l'État hébreu. Lors du dernier débat là-dessus au Sénat le 19 novembre dernier, entre 17 et 19 membres du Parti démocrate l'ont suivi (sur 51 membres) Même si une majorité a voté pour la vente de ces armes, une minorité non négligeable menée par un tête d'affiche de la gauche s'y est donc opposée. Il est notoire que l'aile progressiste du Parti démocrate est mal à l'aise devant le conflit depuis au moins janvier. Ce n'est peut-être que le début d'un mouvement susceptible d'aller croissant, qui sait ?
Par ailleurs, rien ne permet de penser que la population américaine dans son ensemble se distingue des autres populations occidentales sur ce problème. Après tout, il s'est produit des manifestations d'envergure sur plusieurs campus au printemps dernier en soutien à la cause palestinienne. Elles reprendront peut-être si la guerre là-bas s'éternise et que continueront de s'accumuler les victimes palestiniennes et libanaises.
En tout état de cause, celle de la Palestine a beaucoup gagné en légitimité auprès des Occidentaux. Les organisateurs du Hamas à Gaza ont donc gagné leur pari improbable de remettre au premier plan sur la scène internationale la cause de leur peuple. À l'opposé, le cabinet Netanyahou a commis une grave erreur politique en lançant une contre-offensive vengeresse démesurée. Il s'est aliéné certains de ses soutiens internationaux qu'il croyait acquis. Le coût humain de sa guerre contre Gaza et son obstination à la poursuivre l'ont discrédité auprès d'une bonne partie des opinions publiques occidentales et par ricochet, de leurs gouvernements, du moins jusqu'à un certain point.
Ce n'est certes pas la première fois que des opérations militaires israéliennes font beaucoup de victimes parmi les Palestiniens, mais cette fois la coupe déborde. Il s'agit peut-être de l'erreur de trop commise par le gouvernement de ce pays... la suite des événements nous le dira.
Jean-François Delisle
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« Alliances terrestres », le film qui retrace la lutte contre l’A69

Dans son documentaire, Isabelle Haelvoët raconte l'histoire de la lutte contre l'autoroute A69, qui doit relier Toulouse à Castres. Militants, paysans et scientifiques parlent de leur combat pour sauver les terres menacées par l'autoroute.
Tiré de Reporterre
Photo : Alexandra, la dernière habitante sur le tracé de l'autoroute A69, a quitté son domicile de Verfeil le 16 septembre 2024, après de longues négociations. - © Antoine Berlioz / Hans Lucas / Reporterre
Des militants perchés dans les arbres, des recours juridiques, des zad, une commission d'enquête, des projets alternatifs… Depuis presque deux ans et le début des travaux de l'A69 , qui doit relier Toulouse à Castres, la lutte contre cette infrastructure bat son plein dans le Tarn et en Haute-Garonne.
Largement médiatisée à l'échelle nationale, notamment grâce aux trois grands rassemblements organisés près de Castres à l'appel des Soulèvements de la Terre, la lutte contre l'A69 revêt plusieurs formes, plusieurs modes d'action et rassemble de multiples collectifs ou associations. C'est justement cela qu'Isabelle Haelvoët, réalisatrice du documentaire Alliances terrestres, a voulu raconter dans ce film de 89 minutes.
Le titre du documentaire reflète une réalité essentielle : la création d'alliances entre des acteurs variés — militants, paysans, scientifiques et citoyens — unis par une même volonté de protéger ce territoire et ses ressources. La réalisatrice illustre avec sensibilité la solidarité qui se construit dans la résistance, malgré les tensions et les pressions exercées par les préfectures et les forces de l'État.
Le film célèbre ainsi l'intelligence collective et l'ingéniosité déployée pour faire face à des moyens disproportionnés mis en œuvre par l'État. Des militants plus radicaux dans les zad luttent ainsi aux côtés de citoyens, des grimpeurs et grimpeuses s'allient à des scientifiques… Le documentaire est une ode à la complémentarité des modes d'action.
Force de la lutte
Au cœur du documentaire, bien entendu, l'autoroute A69. Un projet qui symbolise l'affrontement entre deux visions du monde. D'un côté, celle d'un développement économique basé sur la bétonisation, la croissance et l'expansion routière ; de l'autre, une conception plus collective, respectueuse des écosystèmes et des modes de vie locaux.
Le documentaire met en avant les conséquences directes de ce projet : destruction de terres agricoles, fragmentation des habitats naturels et impacts écologiques durables. Les images des paysages menacés, entrecoupées de témoignages poignants, soulignent l'absurdité de ce projet au regard des défis climatiques actuels. Isabelle Haelvoët s'appuie sur ses propres images, mais également sur des archives ou des vidéos tournées par des militants.
Le documentaire ne se limite pas à la simple dénonciation d'un projet d'infrastructure controversé, mais propose une réflexion approfondie sur les enjeux environnementaux, sociaux et humains qui en découlent. À travers un récit poétique et documenté, il donne une voix à celles et ceux qui s'élèvent contre ce projet et, plus largement, contre une logique productiviste menaçant nos écosystèmes.
Alternant entre des plans larges des paysages menacés et des scènes plus intimes de rassemblements, la réalisation joue sur une dualité entre la fragilité de la nature et la force de la lutte. Aux scènes d'arbres abattus et de zones terrassées par d'énormes machines viennent s'opposer celles de liesse collective entre militants. Le film est ponctué par des lectures poétiques, presque méditatives, tirées du livre de l'économisteGeneviève Azam Lettre à la Terre — Et la Terre répond.
Hymne à la résistance
Ce documentaire dépasse également le cadre d'un simple combat local, pour s'inscrire dans une réflexion globale. On retrouve ainsi tout au long du film la sociologue Geneviève Pruvost, qui évoque la nécessité de « repolitiser notre quotidien » et revient sur les notions de subsistance et de liberté avec un éclairage écoféministe. Des ponts sont également établis avec d'autres luttes pour la préservation du vivant, notamment le mouvement Chipko, né en Inde dans les années 1970 et porté par l'écoféministe Vandana Shiva, ou plus récemment la défense de la forêt de Hambach, en Allemagne.
Le tournage du documentaire s'est poursuivi jusqu'à fin mars dernier, et la victoire provisoire des militants sur le site de la Crem'Arbre qui ont obtenu une trêve pour l'abattage des arbres. Quelques mois plus tard, la zone fut rasée, mais d'autres occupations se multipliaient partout le long des 53 km de tracé, entraînant une répression toujours plus intense à l'encontre des militants.
Le film d'Isabelle Haelvoët est finalement un hymne à la résistance, où se relaient des citoyens, scientifiques, militants aguerris, sociologues ou agriculteurs. La lutte est un moyen, comme ils le confient, de s'émanciper, de passer du désespoir à l'action collective, de se rassembler et d'espérer construire un monde plus respectueux des êtres humains et de la nature.
Le documentaire est régulièrement projeté partout en France, souvent accompagné d'une discussion à l'issue de la projection. Les projections sont à retrouver ici.
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Note aux PEUPLES Haitiens.
Ce dimanche 01 décembre 2024
La FEDOFEDH invite la population à se mobiliser pour leurs droits et la sécurité.
FEDOFEDH rappelle à chaque Haïtienne et Haïtien que le 10 décembre, Journée internationale des droits humains, est bien plus qu'un simple symbole. C'est un appel à l'action, un rappel que la paix, la justice et la sécurité ne peuvent exister sans notre mobilisation collective.
L'insécurité croissante menace nos familles, nos rêves, et notre avenir. Nos enfants ne peuvent apprendre dans la peur, nos pères de famille désespèrent de nourrir leurs proches, et nos femmes subissent des violences sans recours. Mais cette réalité peut changer si nous décidons d'agir.
Le bien-être de nos familles dépend de notre engagement. Organisons-nous pour exiger des solutions concrètes des autorités, travaillons ensemble pour créer des communautés solidaires où chacun est protégé. Chaque action compte : élevez votre voix, rejoignez des initiatives locales, et refusez de céder à la peur.
Au cours de cette semaine, en pleine campagne des 16 jours d'activismes, une femme nourrice a reçu une projectile au sein chez elle, au moins 5 femmes enceintes sont morts a cause des problèmes de médecins, des centaines de PVVIH dans les régions n'ont pas accès à leurs médicaments à cause de l'insécurité, des enfants ne peuvent plus se rendre à l'école car leurs écoles servent d'abri pour les déplacés. Fort de tout cela, nos dirigeants se battent pour plus de pouvoirs, ils renforcent leur sécurité et celle de leur famille avec le peu de policier qui nous reste. Les soldats étrangers, sont pour la plupart affectés à des VIP.
Le 10 décembre, ne soyons pas spectateurs. Soyons les acteurs d'un changement durable, pour nous et pour les générations à venir. La sécurité et la dignité sont des droits, mais elles ne deviendront réalité que si nous nous battons ensemble.
Personne ne viendra nous sauver, nos dirigeants et nous sommes deux lignes droites qui ne se rencontreront jamais si on ne les force pas se tourner vers nous.
Avril à Décembre 2024 : quel bilan pour un CPT de 9 conseillers presidents ?
Depuis 2016, presque 10 ans sans élection ? Dans quel pays dans le monde avons-nous déjà entendu ces bêtises ?L'impunité et la justice n'ont jamais été invitée à une même fête.
FEDOFEDH – Ensemble, bâtissons une Haïti sûre et prospère.
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« Rabia » de Mareike Engelhardt

Que s'est-il passé dans la tête de Jessica et de Laïla, deux amies parties tout soudain de France pour gagner Raqqa en quittant sans prévenir leur travail et leur famille ? Rabia, premier long métrage, très documenté au réalisme halluciné, nous plonge dans le quotidien d'une ‘madafa', une maison regroupant exclusivement les femmes étrangères, célibataires ou veuves, destinées au mariage.
Tiré du site Le café pédagogique
27 novembre 2024
Lecture suggérée par André Cloutier
En choisissant de représenter au cinéma la ‘madafa' de sinistre mémoire (jamais photographiée ni filmée à l'époque), suggérant le huis clos d'un lieu d'enfermement, d'oppression et de conditionnement à la soumission des femmes, un espace étouffant dirigé d'une main de fer par une femme fanatique, la réalisatrice Mareike Engelhardt, tente de répondre à la question initiale et en soulève bien d'autres, intimes et universelles. Elle en formule la portée en ces termes : « Ce n'est pas un film sur l'islam, sur le djiadisme mais sur l'embrigadement de masse, les mécanismes de déshumanisation… ». D'où vient, en effet, que Jessica puisse choisir la voie des bourreaux ?
Aux origines de la fiction, contexte historique, témoignages, expertises
C'est à la suite de la prise de la ville de Raqqa en 2014 que l'Etat islamique impose la charia à tous les habitants et lance un appel à venir de toutes parts soutenir la création d'un ‘Califat'. Alors que Daech (autre appellation de l'organisation terroriste islamiste) conforte son emprise sur Raqqa dans la Syrie en guerre, des milliers de jeunes radicalisés (en quelques mois pour certains) venus du monde entier, issus de milieux divers, rejoignent ce ‘pays' idyllique dans l'illusion d'un engagement total et la promesse d'une nouvelle vie.
Des filles, parfois très jeunes, en perte de sens, partent en cachette de leurs parents vers une terre inconnue, aveuglées par l'absolutisme de leur croyance. Un imaginaire romanesque (allant jusqu'à désirer pour époux un combattant du Djiad) et un embrigadement idéologique tels que certaines n'en sont jamais sorties, même celles qui sont revenues dans leur pays d'origine.
Le caractère totalitaire de cette folle entreprise criminelle, et l'implication singulière des femmes en son sein, conduisent la cinéaste à une investigation approfondie devant ce qu'elle nomme ‘l'incompréhensible'. Rencontres avec des femmes ayant séjourné un certain temps à Raqqa auprès de l'Etat islamique et demeurant, après leur retour, remplies de haine de l'autre et d'esprit de vengeance, présence aux audiences des procès de e certaines filles au Tribunal de Paris, recoupements des informations concernant le statut et le mode de vie des femmes dans les ‘madafas', enquête sur la personnalité de la tristement célèbre Fathia Mejjaati (dite Oum Adam), dominatrice rigoriste et sadique, toujours en fuite aujourd'hui, laquelle a inspiré le personnage de Madame (magistralement interprétée par la grande Lubna Azabal), recours à l'expertise de deux spécialistes du djihadisme féminin, Céline Martelet et Edith Bouvier, lesquelles ont enrichi par leurs connaissances le travail des comédiennes durant la préparation. Sans oublier les confrontations encadrées avec d'anciennes ‘pensionnaires' de ces lieux d'enfermement et d'endoctrinement.
Du soleil radieux aux ténèbres, esthétique de la lumière, partis-pris
Dans l'avion qui les emporte vers Raqqa, Jessica (Megan Northam, comédienne impressionnante par sa présence et la puissance de son jeu) et Laïla (émouvante incarnation de Natacha Krief) contemplent au dessus des nuages blancs le soleil éclatant, avec des sourires radieux et des rires de petites filles, elles font des allusions au paradis qui les attend. Les nuages se fondent ensemble en une masse crémeuse envahissant tout notre champ de vision.
Puis, avant l'atterrissage, les nuages changent de couleur. Et nous entrons avec elles dans une maison en forme de forteresse et décelons vite les premiers signes d'un cadre d'asservissement, des signes que nos deux copines enthousiastes ne voient pas.
Ainsi suivons-nous les rituels imposés à l'intérieur de cet étrange gynécée : les femmes entre elles, sur ordre, sont peu à peu dépouillées de leur ancienne identité (et de leurs vêtements d'origine) pour être préparées à la fois psychologiquement à la soumission aux préceptes et aux interdits religieux édictés par l'état islamique ; et physiquement (changement de sous-vêtements pour une semi-nudité aguicheuse et maquillage, bientôt masqués sous un voile recouvrant corps et chevelure) pour devenir des objets sexuels à la merci des pulsions des guerriers et futurs époux ; des maris qu'on leur choisit pour une rencontre de quelques heures lors d'un retour du front.
Un premier contact qui peut se transformer, après quelques préliminaires (enlève ton voile ! Veux-tu des enfants ? Aimes-tu les abricots ?), en tentative de viol comme Jessica en fait la précoce expérience.
Une épreuve marquante qui la conduit à repousser brutalement l'agresseur et à s'échapper. Prélude cependant à un retournement majeur. Au lieu de sortir de son aveuglement, progressivement elle passe dans le camp de la dominatrice, adepte des châtiments corporels, des diktats humiliants et autres injonctions au respect de la supériorité masculine, violences conjugales comprises ; une maîtresse fanatique et manipulatrice qui la forme pour que celle-ci devienne à son tour une arme de dressage des nouvelles arrivantes.
Au fil du temps, dans une atmosphère de guerre dont le champ de bataille (et les morts) reste hors champ comme les violences physiques faites aux femmes à l'intérieur sont exclues du cadre même si nous en entendons les coups et les cris étouffés, le blanc du ciel au dessus de la forteresse et la blancheur ocre du lointain sans hommes en armes visibles disparaissent de plus en plus.
Dominent alors les lumières indirectes et voilées descendant des fenêtres et les lueurs tamisées des espaces intérieurs de la madafa jusqu'aux appartements de Madame un temps plus lumineux et spacieux. Avant que de clairs-obscurs en lumières biaisées au cœur de ce lieu dont il est interdit de sortir sous la clarté des étoiles, la forêt de voiles noirs, ceux des femmes opprimées, se fondent dans le noir des bombardements annonciateurs de la chute de Raqqa, jusqu'à l'entrée dans les ténèbres.
Espace mental de Rabia et questionnement universel
Avec Agnès Godard, la directrice de la photographie, et Daniel Bevan pour le décor, la cinéaste crée ainsi un espace mental favorable à la figuration de la ‘révolution' intime qui se produit chez Jessica, devenue Rabia à la faveur de ce basculement dans le camp des bourreaux. La réalisatrice tente par cette recherche formelle de nous donner accès, sans complaisance, à la trajectoire de Rabia et d'autres femmes qui lui ressemblent dans le rapport maîtres.ses/esclaves, dans la relation ambigüe à la domination.
Mareike Engelhardt revendique son origine allemande et son appartenance à ‘la dernière génération qui a connu ceux qui ont participé à l'un des pires crimes de l'humanité'.
Tout en refusant clairement les raccourcis entre le terrorisme islamiste et le nazisme, à partir d'une histoire imaginée avec le scénariste Samuel Doux, la fiction tranchante qui glace le sang nous contraint à une réflexion profondément dérangeante à laquelle la cinéaste nous incite ainsi : ‘Qu'est-ce qui fait qu'au cours d'une vie on bascule du mauvais côté ? Comment est-ce possible de se faire absorber par un système qui nous enlève notre humanité ? Et surtout, pourquoi les gens y restent-ils ?'.
La dernière scène du film voit Jessica/Rabia, un enfant dans les bras, se réduire à une silhouette lointaine et minuscule, sur le point de se confondre avec le sol aride d'une terre sans vie.
Samra Bonvoisin
« Rabia », film de Mareike Engelhardt-sortie le 27 novembre 2024
Festivals et Prix 2024 : FFA, Angoulême (Compétition), Deauville (Prix d'Ornano-Valenti), Valenciennes (Prix du Jury), War on screen (Prix du Public), Arte Mare (Prix du Public et Mention Spéciale Jury jeune), Effervescence de Mâcon (Prix du Public).
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Jour sombre pour le système public de santé et des services sociaux au Québec

Saint-Lin-Laurentides, le 1ᵉʳ décembre 2024 - La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) partage ses vives inquiétudes face à l'entrée en fonction officielle de la nouvelle société d'État, Santé Québec.
À compter du 1ᵉʳ décembre, cette instance devient responsable de gérer les activités du réseau public de la santé et des services sociaux sous l'égide de Mme Geneviève Biron alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en déterminera le orientations.
Rappelons que l'entrée en poste de Mme Biron en mai dernier a été vivement critiquée, notamment en raison de ses liens étroits avec l'industrie privée de la santé, de sa méconnaissance du réseau public et les enjeux qui en découlent, ainsi que de son manque d'expérience en matière de gestion d'une telle mégastructure.
La mise en place de Santé Québec entraîne la fusion d'une trentaine d'établissements du réseau public, qui devient ainsi le plus gros employeur du Canada avec ses 350 000 personnes salariées. Cette nouvelle structure engendrera inévitablement un changement de culture organisationnelle dont il est difficile à ce moment-ci d'en évaluer les impacts. Cependant, il va de soi que plus les structures sont imposantes et centralisées, plus l gestion est hiérarchisée et entraîne un risque de déshumanisation éloignée de la réalité du terrain.
De surcroît, la réforme Dubé ouvre grand la porte à la privatisation et à la marchandisation de la santé et des services sociaux. Le ministre de la Santé affirme que l'ouverture au privé est la solution aux problèmes d'accessibilité alors que l'on sait qu'il est en bonne partie à l'origine de ces difficultés. Le gouvernement Legault choisit consciemment d'orchestrer un système où l'État subventionne des compagnies privées pour qu'elles dispensent des soins alors que celles-ci coûtent plus cher, privent le réseau public de main-d'œuvre, contribuent à l'effritement des services publics et entravent l'accès gratuit et universel aux soins.
Dans le cadre de cette réforme, les organismes communautaires autonomes sont aussi vus comme une partie prenante du réseau de la santé et des services sociaux alors qu'ils sont des entités autonomes. Leur sous-financement chronique et l'accroissement notoire des demandes d'aide auxquelles ils font face fragilisent déjà le mouvement communautaire depuis plusieurs années. Dans le contexte d'une société d'État, l'instrumentalisation des organismes communautaires risque de s'accroître et de se cristalliser, les rendant ainsi plus vulnérables aux velléités du gouvernement.
Alors que le salaire des gestionnaires de Santé Québec a récemment été augmenté de 10% dans un contexte d'équilibre budgétaire imposé, où le déficit à résorber en santé pourrait atteindre 1,5 milliard de dollars, la CTROC appréhende l'impact sur les services publics, les programmes sociaux et les organismes communautaires.
Rappelons que les besoins exprimés par plus de 3 000 organismes communautaires
intervenant en santé et services sociaux s'élèvent à 830 M$ en financement à la mission globale en 2024-2025.
Quels sont les engagements que l'État est prêt à prendre afin de préserver l'autonomie et les pratiques du mouvement communautaire autonome en santé et services sociaux ?
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La France dans la tourmente d’une crise institutionnelle et étrangère

La Gauche précipite la chute du Gouvernement en déposant avec le RN une motion de censure. Macron s'acquitte à merveille de la perche réclamée par Netanyahou, damant le pion à la bonne cause de Gaza pour mieux marcher sur le statut de Rome.
De Paris, Omar HADDADOU
Dans une sainte alliance avec les Puissants, Macron, protée patentée dont le pays traverse actuellement une crise institutionnelle gravissime et un effet récessif majeur sur le plan économique, a déclaré hier, à partir de l'Arabie Saoudite, que « La stabilité est entre les mains de l'Assemblée nationale ». Lui qui est à l'origine de sa dissolution, le 9 juin 2024. Cette manœuvre à la hussarde plongea le pays dans l'incertitude. La Gauche, victime d'un hold - up aux Législatives, savait que l'arbitraire ne ferait pas long feu et qu'elle reviendrait aux affaires.
Nommé Premier ministre, le 5 septembre 2024, Michel Barnier tombe dans le piège de la déshérence, tant la situation est explosive. La République sort de son axe orbital. C'est la Chienlit !
« Qui est à l'origine du chaos politique ? C'est bien le Président de la République en procédant à la dissolution de l'Assemblée nationale » s'insurge le Rapporteur Général du Budget, Charles de Courson.
Le bruit qui court ici, est que les Français ne sont jamais contents(es). Réponse des plus éclairés : « Il y a eu main basse sur le vote du Peuple ! »
L'actuelle faillite politico économique a acculé, ce 2 décembre, le locataire de l'Hôtel Matignon à activer le 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale. La France Insoumise ( LFI) et le Rassemblement national (RN) ont déposé chacun une motion de censure. Avec ce vote sous 24 heures (mercredi), la chute du Gouvernement deviendrait effective !
Conscient de l'issue ubuesque de sa sortie dans une « France décousue », livrée à tous les errements, Michel Barnier déclare : « Nous sommes dans un moment de vérité. Chacun doit prendre ses responsabilités et je prendrais la mienne ».
Aussitôt, le Parti socialiste a appelé à nommer un Premier ministre de la Gauche. Dans sa chaumière, le Peuple observe à quelle sauce il sera mariné, tendant l'oreille avec incrédulité. Le politique serait-il- le parfait bonimenteur à passer par les armes ? Le Nouveau Front populaire (NFP) a une revanche à tenir « Il faut que le Président démissionne ! » somme Jean-Luc Mélenchon. Et Mathilde Panot de tempêter « Il aura à la fois le déshonneur et la censure ! ». Partie prenante de la stratégie de la « mise à mort » du Gouvernement, Marine le Pen menace : « Nous déposerons et nous voterons une motion de censure »
Ce cataclysme politique n'a pas empêché Emmanuel Macron de surfer sur l'imbroglio juridique de l'article 98-1 du Statut de Rome pour valider une injustice, aux fins de sauver sa peau, celle de Nétanyahou et les zones d'influence de la France !
Pleutre ! Au crépuscule de son quinquennat, le Président français avilit les fondements de la République et ceux de la Gauche française par ses ondoiements versatiles à estomaquer l'Histoire.
Pis, il tourne le dos aux flammes qui lèchent la maison France et joue au Messie providentiel de Netanyahou.
Du coup, la géopolitique ne sait plus où donner de la tête. La Cour Pénale Internationale (CPI) se heurte aux injonctions des puissances occidentales dont l'Amérique et ses sommations à la planète de danser le Charleston sur des cadavres palestiniens et Africains !
Les Occidentaux peuvent se vanter d'avoir réduit en cendres, à coups de milliards de dollars, le Moyen-Orient et sa Civilisation qui les a sortis des limbes.
Alors que le bilan des victimes des attaques israéliennes s'élève à 44 000 personnes, la France de Macron a annoncé, mercredi 27 novembre, qu'elle ferait valoir un principe « Immunité diplomatique » pour ne pas appliquer le mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre Netanyahou pour crime de guerre, crime contre l'Humanité.
Des chefs d'accusation notifiés aussi à son ministre de la Défense et un responsable du Hamas.
Fort de son hégémonie, Donald Trump promet de châtier ipso facto le Hamas : « Le prix à payer sera terrible si les otages ne sont pas libérés (es) ! »
La CPI joue sa survie, comme Bibi !
O.H
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