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Israël commet un génocide contre les Palestiniens et Palestiniennes à Gaza - Amnistie international

10 décembre 2024, par Amnesty International — , , , ,
Les recherches d'Amnesty International ont permis de rassembler suffisamment d'éléments pour conclure qu'Israël a commis et continue de commettre un génocide contre les (…)

Les recherches d'Amnesty International ont permis de rassembler suffisamment d'éléments pour conclure qu'Israël a commis et continue de commettre un génocide contre les Palestiniens et Palestiniennes dans la bande de Gaza occupée, a déclaré l'organisation dans un nouveau rapport appelé à faire date paru jeudi 5 décembre 2024.

Tiré du site d'Amnistie international.

Ce rapport, intitulé « On a l'impression d'être des sous-humains ». Le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Gaza, établit que, dans le cadre de l'offensive militaire qu'il a lancée à la suite des attaques meurtrières du Hamas dans le sud de son territoire le 7 octobre 2023, Israël a fait impudemment subir aux Palestinien·ne·s de Gaza un déchaînement de violence et de destruction permanent, en toute impunité.

« Le rapport d'Amnesty International montre qu'Israël a commis des actes interdits par la Convention sur le génocide, dans l'intention spécifique de détruire la population palestinienne de Gaza. Ce pays s'est notamment rendu coupable de meurtres, d'atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale des personnes, et de soumission délibérée des Palestiniens et Palestiniennes de Gaza à des conditions de vie destinées à entraîner leur destruction physique. Mois après mois, Israël a traité la population palestinienne de Gaza comme un groupe sous-humain ne méritant pas le respect de ses droits fondamentaux ni de sa dignité, et a démontré son intention de la détruire physiquement », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.

« Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d'alarme pour la communauté internationale : il s'agit d'un génocide, qui doit cesser immédiatement.

« Les États qui continuent à l'heure actuelle de transférer des armes à Israël doivent savoir qu'ils violent leur obligation d'empêcher le crime de génocide et qu'ils risquent de devenir complices de ce crime. Tous les États ayant une influence sur Israël, en particulier les principaux fournisseurs d'armes comme les États-Unis et l'Allemagne, mais aussi certains autres États membres de l'Union européenne, le Royaume-Uni et d'autres pays, doivent agir sans délai pour mettre immédiatement un terme aux atrocités commises par Israël contre les Palestiniens et Palestiniennes de Gaza. »

Ces deux derniers mois, la crise est devenue particulièrement dramatique dans le nord de la bande de Gaza, où la population assiégée est confrontée à la famine, au déplacement et à l'anéantissement sur fond de bombardements incessants et de restrictions asphyxiantes de l'aide humanitaire vitale.

« Nos recherches révèlent que, pendant des mois, Israël a persisté à commettre des actes génocidaires, en ayant pleinement conscience des préjudices irréparables qu'il infligeait aux Palestinien·ne·s de Gaza. Il a continué de le faire malgré les innombrables alertes sur la situation humanitaire catastrophique et en dépit des décisions juridiquement contraignantes de la Cour internationale de justice (CIJ) lui ordonnant de prendre des mesures immédiates pour permettre la livraison d'aide humanitaire à la population civile de Gaza », a déclaré Agnès Callamard.

« Israël a affirmé à maintes reprises que ses actions à Gaza étaient légales et pouvaient être justifiées par son objectif militaire d'éradiquer le Hamas, mais l'intention génocidaire peut coexister aux côtés des objectifs militaires et n'a pas besoin d'être sa seule et unique intention. »

Amnesty International a examiné les actes israéliens à Gaza avec soin et dans leur totalité, prenant en compte leur récurrence et leur simultanéité, ainsi que leurs effets immédiats et leurs conséquences cumulées et se renforçant mutuellement. L'organisation a tenu compte de l'ampleur et de la gravité du bilan humain et des destructions au fil du temps. Elle a aussi analysé les déclarations publiques des autorités, ce qui l'a amenée à conclure que les actes interdits avaient souvent été annoncés ou réclamés en premier lieu par des responsables haut placés en charge de l'effort de guerre.

« Compte tenu du contexte préexistant de spoliation, d'apartheid et d'occupation militaire illégale dans lequel ces actes ont été commis, une seule conclusion raisonnable est possible : ce que vise Israël est la destruction physique des Palestinien·ne·s de Gaza, que ce soit parallèlement à son objectif militaire d'élimination du Hamas ou comme moyen d'y parvenir », a déclaré Agnès Callamard.

« Les atrocités criminelles commises le 7 octobre 2023 par le Hamas et d'autres groupes armés contre des Israélien·ne·s et des victimes d'autres nationalités, telles que les massacres et les prises d'otages, ne sauraient en aucun cas justifier le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Gaza. »

La jurisprudence internationale reconnaît qu'il n'est pas nécessaire que le responsable parvienne à détruire le groupe protégé, en tout ou en partie, pour que le crime de génocide soit établi. Le seul fait de commettre des actes interdits dans l'intention de parvenir à cette destruction est en soi suffisant.

Le rapport d'Amnesty International se penche en détail sur les violations commises par Israël à Gaza durant les neuf mois allant du 7 octobre 2023 à début juillet 2024. L'organisation a interrogé 212 personnes, parmi lesquelles des victimes et des témoins palestiniens, des membres des autorités locales gazaouies et des professionel·le·s de la santé, a mené un travail sur le terrain et a analysé un vaste éventail de preuves visuelles et numériques, dont des images satellite. Elle a aussi examiné les déclarations des autorités gouvernementales et militaires israéliennes et des organes officiels israéliens. Elle a communiqué à maintes reprises ses conclusions aux autorités israéliennes mais, à l'heure de la publication de son rapport, elle n'avait reçu aucune réponse de fond.

Une échelle et une ampleur sans précédent

Les actions d'Israël après les attaques meurtrières du Hamas du 7 octobre 2023 ont conduit la population de Gaza au bord de l'effondrement. Au 7 octobre 2024, la violente offensive militaire israélienne avait fait plus de 42 000 morts parmi la population palestinienne, dont plus de 13 300 enfants, et plus de 97 000 blessés. Beaucoup ont été touchés par des attaques directes ou menées délibérément sans discrimination, qui ont souvent décimé des familles entières, toutes générations confondues. Cette offensive a provoqué des destructions sans précédent qui, selon les expert·e·s, ont atteint un niveau et une vitesse jamais vus dans aucun autre conflit du 21e siècle, rasant des villes entières et détruisant des infrastructures essentielles, des terres agricoles et des sites culturels et religieux. Elle a rendu inhabitables de vastes zones de la bande de Gaza.

Mohammed, qui a fui avec sa famille de la ville de Gaza à Rafah en mars 2024 et a été déplacé de nouveau en mai 2024, a décrit leur lutte pour survivre dans des conditions effroyables :

« Ici, à Deir al Balah, c'est comme si c'était la fin du monde. […] On doit protéger nos enfants des insectes, de la chaleur, et il n'y a pas d'eau propre, pas de toilettes, et pendant ce temps, les bombardements incessants se poursuivent. On a l'impression d'être des sous-humains. »

Israël a imposé à Gaza des conditions de vie donnant lieu à un mélange mortel de malnutrition, de famine et de maladies, et exposé la population palestinienne à une mort lente et calculée. Il a aussi soumis des centaines de Palestinien·ne·s de Gaza à la détention au secret, à la torture et à d'autres mauvais traitements.

Pris isolément, certains des actes sur lesquels Amnesty International a enquêté constituent de graves violations du droit international humanitaire ou du droit international relatif aux droits humains. Mais si l'on s'intéresse à la campagne militaire israélienne dans son ensemble et aux effets cumulés des politiques et des actions d'Israël, l'intention génocidaire est la seule conclusion raisonnable.

L'intention de détruire

Afin d'établir, en tant que telle, l'intention spécifique d'Israël de détruire physiquement la population palestinienne à Gaza, Amnesty International a analysé l'ensemble des comportements de ce pays à Gaza, étudié les déclarations déshumanisantes et génocidaires des responsables gouvernementaux et militaires israéliens, en particulier aux plus hauts niveaux, et pris en compte le contexte du système d'apartheid imposé par Israël, de son blocus inhumain de la bande de Gaza et de son occupation militaire illégale du territoire palestinien depuis 57 ans.

Avant de parvenir à sa conclusion, Amnesty International a examiné les déclarations d'Israël affirmant que ses forces armées avaient visé le Hamas et d'autres groupes armés à travers Gaza en toute légalité et que les destructions sans précédent et la privation d'aide humanitaire résultaient de comportements illégaux du Hamas et d'autres groupes armés, comme le positionnement de combattants au sein de la population civile ou le détournement de l'aide humanitaire. L'organisation a conclu que ces affirmations n'étaient pas crédibles. La présence de combattants du Hamas à proximité ou au sein de zones densément peuplées ne dispense pas Israël de son obligation de prendre toutes les précautions possibles pour épargner les civil·e·s et éviter les attaques aveugles ou disproportionnées. Les recherches d'Amnesty International ont montré qu'Israël avait à maintes reprises omis de prendre de telles précautions et avait commis de nombreux crimes de droit international qui ne sauraient être justifiés par les actions du Hamas. Par ailleurs, l'organisation n'a trouvé aucune preuve à l'appui du fait que les restrictions extrêmes et délibérées de l'aide humanitaire vitale imposées par Israël pourraient être expliquées par le détournement de l'aide.

Dans son analyse, Amnesty International a aussi examiné d'autres arguments comme ceux selon lesquels Israël agissait simplement avec imprudence ou voulait seulement détruire le Hamas, peu importe s'il fallait pour cela détruire les Palestinien·ne·s, auquel cas il ferait preuve d'un mépris cynique pour les vies humaines mais pas d'une intention génocidaire.

  • Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d'alarme pour la communauté internationale : il s'agit d'un génocide, qui doit cesser immédiatement.
  • - Agnès Callamard, Amnesty International

Cependant, qu'Israël considère la destruction de la population palestinienne comme nécessaire pour détruire le Hamas ou comme une conséquence acceptable de cet objectif, le fait qu'il voie les Palestiniens et Palestiniennes comme une population sacrifiable ne méritant aucune considération est en soi une preuve de son intention génocidaire.

Nombre des actes illégaux constatés par Amnesty International ont été précédés par des déclarations des autorités appelant à leur perpétration. L'organisation a examiné 102 déclarations rendues publiques par les autorités gouvernementales et militaires israéliennes ou par d'autres responsables entre le 7 octobre 2023 et le 30 juin 2024 qui déshumanisaient les Palestiniens et Palestiniennes, appelaient à des actes génocidaires ou à d'autres crimes contre cette population ou bien les justifiaient.

Parmi ces déclarations, Amnesty International en a identifié 22 qui avaient été faites par de hauts responsables chargés de gérer l'offensive et qui semblaient demander ou justifier des actes génocidaires, ce qui est une preuve directe de l'intention de commettre un génocide. Les propos en ce sens ont souvent été repris, y compris par des soldats israéliens sur le terrain, comme le montrent des vidéos vérifiées par Amnesty International dans lesquelles on voit des soldats lancer des appels à « anéantir » la bande de Gaza ou à la rendre inhabitable, et célébrer la destruction de maisons, de mosquées, d'écoles et d'universités palestiniennes.

Meurtres et atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale

Pour établir l'existence d'actes génocidaires de meurtres et d'atteintes graves à l'intégrité physique et mentale contre la population palestinienne de Gaza, Amnesty International a réexaminé les conclusions des enquêtes qu'elle avait menées sur 15 frappes aériennes survenues entre le 7 octobre 2023 et le 20 avril 2024, qui avaient tué au moins 334 civil·e·s, dont 141 enfants, et en avait blessé des centaines d'autres. L'organisation n'a pas trouvé d'éléments prouvant que ces frappes visaient un objectif militaire.

Par exemple, le 20 avril 2024, une frappe aérienne israélienne a détruit la maison de la famille Abdelal dans le quartier d'al Jneinah, dans l'est de Rafah, tuant trois générations de Palestinien·ne·s, dont 16 enfants, dans leur sommeil.

Même si les frappes étudiées ne représentent qu'une fraction des attaques aériennes israéliennes, elles mettent en évidence une pratique généralisée d'attaques directes contre la population civile et les biens de caractère civil ou d'attaques délibérément aveugles. Ces attaques ont aussi été menées d'une manière conçue pour faire un grand nombre de mort·e·s et de blessé·e·s parmi la population civile.

Imposition de conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique

Le rapport d'Amnesty International montre qu'Israël a délibérément imposé à la population palestinienne de Gaza des conditions de vie destinées à entraîner, à terme, sa destruction. Ces conditions ont été instaurées par trois pratiques simultanées dont les effets dévastateurs se renforcent perpétuellement les uns les autres : la dégradation et la destruction d'infrastructures vitales et d'autres biens indispensables à la survie de la population civile ; l'utilisation répétée d'ordres d'« évacuation » massive draconiens, arbitraires et trompeurs pour déplacer de force la quasi-totalité de la population de Gaza ; et l'interdiction ou l'obstruction de l'acheminement de services essentiels, d'aide humanitaire et d'autres produits vitaux vers la bande de Gaza et au sein de celle-ci.

Après le 7 octobre 2023, Israël a imposé un siège total à Gaza, coupant l'approvisionnement en électricité, en eau et en carburant. Durant les neuf mois étudiés pour ce rapport, Israël a maintenu un blocus asphyxiant et illégal, a sévèrement contrôlé l'accès aux sources d'énergie, n'a rien fait pour faciliter un accès humanitaire digne de ce nom au sein de la bande de Gaza, et a empêché l'importation et la livraison de biens vitaux et d'aide humanitaire, en particulier dans les zones situées au nord du Wadi Gaza. Ce faisant, il a exacerbé la crise humanitaire préexistante. Associées aux destructions massives de logements, d'hôpitaux, de systèmes d'adduction d'eau, d'infrastructures sanitaires et de terres agricoles, ainsi qu'aux déplacements forcés de masse, ces mesures ont provoqué des niveaux catastrophiques de famine et entraîné la propagation de maladies à un taux alarmant. Les effets ont été particulièrement terribles pour les jeunes enfants et les femmes enceintes ou allaitantes, et risquent d'avoir des conséquences à long terme sur leur santé.

  • L'incapacité cataclysmique et honteuse de la communauté internationale, depuis plus d'un an, à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses atrocités à Gaza, d'abord en retardant les appels à un cessez-le-feu puis en poursuivant les transferts d'armes, est et restera une tache dans notre conscience collective.
  • - Agnès Callamard, Amnesty International

À maintes reprises, Israël a eu la possibilité d'améliorer la situation humanitaire à Gaza. Or, pendant un an, il a refusé de façon répétée de prendre des mesures qui étaient de toute évidence en son pouvoir, comme l'ouverture de suffisamment de points d'accès à Gaza ou encore la levée des restrictions strictes sur les denrées pouvant entrer dans la bande de Gaza ou de ses mesures d'obstruction de l'acheminement de l'aide humanitaire au sein de ce territoire alors que la situation empirait progressivement.

Avec ses ordres d'« évacuation » à répétition, Israël a déplacé près de 1,9 million de Palestiniens et Palestiniennes, soit 90 % de la population de Gaza, dans des poches de territoire toujours plus réduites et peu sûres, et dans des conditions inhumaines. Certaines personnes ont été déplacées jusqu'à 10 fois. Ces vagues successives de déplacements forcés ont laissé beaucoup de gens sans travail et profondément traumatisés, en particulier du fait que 70 % des habitant·e·s de la bande de Gaza sont des réfugié·e·s ou des descendant·e·s de personnes réfugiées dont les villes et villages ont fait l'objet d'un nettoyage ethnique par Israël pendant la Nakba de 1948.

Bien que les conditions soient vite devenues impropres à la vie humaine, les autorités israéliennes ont refusé d'envisager des mesures qui auraient permis de protéger les civil·e·s déplacés et de répondre à leurs besoins essentiels, ce qui montre qu'elles ont agi de façon délibérée.

Elles n'ont pas autorisé les personnes déplacées à retourner chez elles dans le nord de Gaza ni à se réinstaller temporairement dans d'autres parties du territoire palestinien occupé ou en Israël, tout en continuant de priver de nombreux Palestinien·ne·s de leur droit au retour, en vertu du droit international, dans les zones d'où ils avaient été déplacés en 1948. Elles ont agi ainsi en sachant pertinemment que la population palestinienne n'avait aucun endroit sûr où se réfugier dans la bande de Gaza.

L'obligation de rendre des comptes pour le génocide

« L'incapacité cataclysmique et honteuse de la communauté internationale, depuis plus d'un an, à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses atrocités à Gaza, d'abord en retardant les appels à un cessez-le-feu puis en poursuivant les transferts d'armes, est et restera une tache dans notre conscience collective », a déclaré Agnès Callamard.

« Les gouvernements doivent cesser de prétendre qu'ils sont impuissants pour arrêter ce génocide, qui a été rendu possible par des décennies d'impunité pour les violations du droit international commises par Israël. Les États ne doivent pas se contenter d'exprimer leurs regrets ou leur consternation mais doivent agir fermement et durablement sur le plan international, aussi inconfortable que puisse être le constat d'un génocide pour certains des alliés d'Israël.

« Les mandats d'arrêt décernés en novembre par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et l'ancien ministre de la défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité offrent aux victimes un véritable espoir de justice qui n'a que trop tardé. Les États doivent témoigner leur respect à l'égard de cette décision de la Cour et des principes universels du droit international en arrêtant les personnes recherchées par la CPI et en les lui remettant.

« Nous appelons le Bureau du procureur de la CPI à envisager de toute urgence de rajouter le génocide à la liste des crimes sur lesquels il enquête et demandons à tous les États d'utiliser toutes les voies juridiques disponibles pour traduire les responsables en justice. Nul ne devrait être autorisé à commettre un génocide sans avoir à répondre de ses actes. »

Amnesty International demande aussi que tous les otages civils soient libérés sans condition et que le Hamas et les autres groupes armés palestiniens responsables des crimes du 7 octobre soient amenés à rendre des comptes.

L'organisation appelle par ailleurs le Conseil de sécurité des Nations unies à imposer des sanctions ciblées aux responsables israéliens et du Hamas les plus impliqués dans des crimes de droit international.

Complément d'information

Le 7 octobre 2023, le Hamas et d'autres groupes armés ont procédé à des tirs de roquettes aveugles sur le sud d'Israël et s'y sont rendus coupables de massacre et de prise d'otages. Ils ont tué 1 200 personnes, dont plus de 800 civil·e·s, enlevé 223 personnes civiles et fait prisonniers 27 militaires. Les crimes commis par le Hamas et d'autres groupes armés pendant cette attaque feront l'objet d'un prochain rapport d'Amnesty International.

Depuis octobre 2023, Amnesty International a mené des enquêtes approfondies sur les multiples violations et crimes de droit international commis par les forces israéliennes, notamment des attaques directes contre la population civile ou des biens de caractère civil et des attaques menées délibérément sans discrimination qui ont tué des centaines de civil·e·s, ainsi que d'autres attaques illégales et des sanctions collectives contre la population civile. L'organisation a appelé le Bureau du procureur de la CPI à accélérer son enquête sur la situation dans l'État de Palestine et fait campagne en faveur d'un cessez-le-feu immédiat.

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La menace fasciste se précise d’autant que Milei appelle à la création de l’Internationale Brune !

10 décembre 2024, par Yorgos Mitralias — ,
"Il est de notre devoir moral de défendre l'héritage de notre civilisation occidentale. L'Occident est en danger...Nous ne devons pas laisser le socialisme avancer. Nous devons (…)

"Il est de notre devoir moral de défendre l'héritage de notre civilisation occidentale. L'Occident est en danger...Nous ne devons pas laisser le socialisme avancer. Nous devons s'unir et établir des canaux de coopération à travers le monde. Nous pourrions nous considérer comme une Internationale de droite, un réseau d'entraide composé de tous ceux qui souhaitent diffuser les idées de liberté dans le monde".

Cet appel en faveur de la fondation d'une Internationale de l'extrême droite doit être pris très très au sérieux. D'abord, parce que celui qui a prononcé ces paroles n'est pas n'importe qui, c'est le président d'Argentine et le coqueluche des fascistes et autres extrémistes de droite de par le monde Javier Milei. Ensuite, parce que parmi ceux qui les ont applaudi ont été l'ex-président du Brésil Jair Bolsonaro,le chef de Vox et des Franquistes espagnols Santiago Abascal, le stratège du néofascisme international Steve Bannon, et surtout la co-présidente du Republican National Committee et belle-fille de Donald Trump Lara Trump. Et aussi, parce que cet appel a été lancé au cours de la récente rencontre à Buenos Aires, de la Conférence d'action politique conservatrice (CPAC), la très puissante et incontournable organisation des réactionnaires américains, laquelle devient de plus en plus internationale et radicale d'extrême droite. Et enfin, parce que des éminences de l'extrême droite mondiale, comme la méta-fasciste première ministre italienne Giorgia Meloni ou le premier ministre hongrois Victor Orban se sont déjà prononcé en faveur de la création d'une telle Internationale.

Mais, ce n'est pas tout. Ce qui rend cet appel encore plus crédible et donc encore plus alarmant, c'est que le grand capital international se montre désormais de plus en plus intéressé, sinon favorable à Milei et à ses idées, considérées il y encore peu farfelues et extrémistes. Comme par exemple le britannique The Economist, le bateau amiral de la presse financière bien-pensante internationale, qui n'a pas hésité il y a quelques jours, à faire pratiquement l'éloge de Milei et de ses "exploits" économiques. A tel point que le même Economist est allé jusqu'à conseiller Trump d'oublier son protectionnisme, de suivre l'exemple de Milei et d'appliquer durant sa nouvelle présidence, les...thérapies de choc du très libertarien président d'Argentine. Et pour tout dire, ces éloges de Economist semblent faire école, car, victoire de Trump aidant, le pestiféré qu'était Milei jusqu'à récemment, est en train d'avoir actuellement les faveurs de la presse de droite des pays européens…

Cependant, il est à supposer que ce soudain virage des grands médias européens en faveur des politiques de Milei n'est pas dû seulement à des affinités idéologiques. Manifestement, il est aussi dû au fait qu'en bon libertarien, Milei prône la totale liberté de commerce, c'est-à- dire une politique diamétralement opposée au protectionnisme agressif prêché par Trump. Un protectionnisme qui, évidemment, fait peur aux bourgeoisies européennes, d'autant plus que Trump multiplie les menaces d'imposer des tarifs douaniers exorbitants sur leurs produits.

D'ailleurs, c'est exactement ces politiques protectionnistes de Trump qui devraient diviser l'extrême droite internationale, interdisant qu'elle puisse regrouper toutes ses forces dans une unique Internationale. Par exemple, on voit mal comment pourraient coexister durablement dans une même Internationale l'Amérique de Trump et la Russie de Poutine, quand Trump menace d'imposer les tarifs douaniers de 100 % sur les produits des pays membres de BRICS, si ces pays, dont la Russie, adoptent des politiques qui « dédolarisent » l'économie mondiale et sapent la suprématie du dollar. De l'autre côté, Milei qui est contraire à tout protectionnisme, et devrait donc s'aligner sur les positions des Brics, a déjà exclu catégoriquement que son Argentine adhère aux Brics, lesquels ne partagent pas du tout ses politiques libertariennes.

Toutefois, ces -bien réelles- difficultés que rencontre la construction de l'Internationale Brune de nos temps, ne devraient pas nous inciter à considérer que sa création est condamnée d'avance à l'échec. Car, même divisés, les néofascistes et autres extrémistes de droite ont toujours le vent en poupe, se coordonnent, passent à l'attaque et menacent comme jamais depuis 80 ans, nos droits, nos libertés et nos vies. D'ailleurs, comme nous l'écrivions déjà il y a plus de deux ans, en août 2022, « depuis la fin de la dernière guerre mondiale, jamais autant qu'aujourd'hui ne s'est fait sentir la menace représentée par une extrême droite revigorée, agressive et qui monte presque partout en flèche. Pourquoi ? Mais, parce qu'à l'opposée de ce qui se passait durant les dernières 6-7 décennies, maintenant cette menace ne provient plus de quelques groupuscules ou même petits partis de nostalgiques de l'entre deux-guerres, mais d'une nouvelle droite décomplexée qui gouverne ou s'apprête à gouverner même des pays catalogués parmi les plus grandes puissances de ce monde ! ».(1)

Cependant, l'heure n'est ni à la résignation ni au défaitisme au moment où se succèdent les bonnes nouvelles qui montrent que rien n'est encore perdu, que ceux d'en bas continuent à se battre, et parfois avec succès. Comme par exemple la gauche radicale française qui contrecarre les plans antidémocratiques de Macron en faisant tomber le gouvernement Barnier. Ou et surtout le peuple sud-coréen et sa mobilisation exemplaire qui non seulement fait avorter le coup d'état du président réactionnaire et va-t-en guerre, mais passe aussi à la contre-attaque. Et plus que tout autre, le peuple (en armes) syrien qui fait tomber le boucher Assad fils et son régime, un des plus barbares, sanguinaires et réactionnaires de ce dernier demi siècle.

Il y a plus de deux ans, nous écrivions déjà que « la perspective, tout à fait réelle, que Poutine pourrait faire la jonction avec un Trump II ré-installé à la Maison Blanche dans deux ans, devrait être prise très au sérieux par les antifascistes et les démocrates de par le monde qui doivent préparer leur riposte au plus vite. Avec ou sans Internationale Brune, l'extrême droite représente désormais une menace existentielle pour nous tous ». Malheureusement, bien que cette prévision, qualifiée à l'époque de « catastrophiste » par certains, s'est vérifié, la gauche internationale continue de sous-estimer le danger et se montre aussi inapte à se mobiliser pour affronter la menace néofasciste que la gauche (communiste et social-démocrate) des années ‘30.

Pourtant, l'appel de Milei, qui constitue un pas décisif vers la création de l'Internationale Brune, devrait nous rappeler que le temps presse comme jamais dans les derniers 80 ans. Alors, allons-nous voir l'histoire se répéter et que la barbarie fasciste triomphe sans que nous réagissions avant qu'il ne soit trop tard ?

Note

1. Vers l'Internationale Brune de l'extrême droite européenne et mondiale ? : https://www.cadtm.org/Vers-l-Internationale-Brune-de-l-extreme-droite-europeenne-et-mondiale

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Aide humanitaire : dans un monde « à feu et à sang », l’ONU réclame 47 milliards de dollars

10 décembre 2024, par El-Watan — ,
Les Nations Unies ont déclaré avoir besoin de cette somme pour aider 190 millions de personnes l'an prochain. Ils invoquent un monde malmené par les conflits et le changement (…)

Les Nations Unies ont déclaré avoir besoin de cette somme pour aider 190 millions de personnes l'an prochain. Ils invoquent un monde malmené par les conflits et le changement climatique.

4 décembre 2024 | El Watan

Ce mercredi, l'ONU a lancé un appel humanitaire à hauteur de 47,4 milliards de dollars pour aider 190 millions de personnes l'an prochain dans un monde malmené par les conflits et le changement climatique. « Le monde est à feu et à sang », a déclaré le chef des affaires humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher, lors de la présentation de l'appel à Genève, expliquant que « la combinaison des conflits, de la crise du climat et des inégalités a créé un parfait désastre ». « Nous sommes confrontés à une crise multiple à l'échelle mondiale et ce sont les personnes les plus vulnérables qui en paient le prix », a-t-il relevé.

L'ONU a pu aider l'an dernier 116 millions de personnes dans le monde. Elle estime que quelque 305 millions de personnes auront besoin d'aide humanitaire l'an prochain, mais les 47,4 milliards de dollars demandés visent à fournir une assistance à seulement 190 millions d'entre elles.

Tom Fletcher a affirmé qu'il lui aurait été plus facile de demander un montant record comme ces dernières années. Mais il a expliqué l'importance d'« établir des priorités face au manque de financements » même s'il s'agit de « choix difficiles ». Si « nous bénéficions d'une année de financement exceptionnelle, nous irons au-delà des 190 millions, mais je dois être cynique et réaliste quant aux perspectives d'y parvenir », a-t-il relevé.

En novembre, l'ONU n'avait reçu que 43 % des près de 50 milliards de dollars demandés pour 2024. « Nous devons absolument nous attacher à atteindre ceux qui en ont le plus besoin et être vraiment impitoyables en ce qui concerne l'affectation des fonds et les domaines dans lesquels nous pouvons avoir le plus d'impact », a-t-il insisté.

Les conséquences du sous-financement des appels humanitaires sont sévères, se désole l'organisation : en 2024, l'aide alimentaire a été réduite de 80 % en Syrie, tandis que l'aide en matière d'eau et d'assainissement a dû être diminuée au Yémen alors que le pays est touché par le choléra. « Le système humanitaire est aujourd'hui débordé, sous-financé et littéralement attaqué », a déploré Tom Fletcher. « Nous avons besoin d'un élan de solidarité mondiale » face à la lassitude des donateurs, a-t-il dit.

Alors que de nombreux observateurs craignent que le président américain élu Donald Trump réduise son soutien financier aux organisations internationales, Tom Fletcher a expliqué qu'il se rendrait à Washington au cours des prochains mois pour « dialoguer avec la nouvelle administration ». Mais la fatigue des donateurs ne concerne pas que les États-Unis, a-t-il dit, assurant qu'il irait aussi dans d'autres capitales pour « enfoncer des portes » afin de convaincre les donateurs traditionnels et de trouver de nouveaux alliés. Mais l'obstacle le plus important à l'assistance et à la protection des personnes dans les conflits armés est la violation généralisée du droit international humanitaire, prévient l'ONU. Alors qu'il reste encore quelques semaines avant qu'elle ne se termine, 2024 est déjà considérée comme l'année la plus meurtrière pour les travailleurs humanitaires, avec un bilan dépassant les 280 morts de 2023.

Selon Tom Fletcher, 2024 a aussi été catastrophique pour les populations que l'ONU soutient. Gaza, Ukraine, Soudan, Liban, Syrie... 2024 a été l'une des années les plus brutales de l'histoire récente pour les civils pris dans les conflits selon l'ONU, et si aucune mesure urgente n'est prise, l'année 2025 pourrait être pire encore.

À la mi-2024, près de 123 millions de personnes avaient été déplacées de force par les conflits et la violence, soit la douzième hausse annuelle consécutive. En parallèle, des catastrophes d'origine climatique ravagent des régions, provoquant des déplacements massifs de population.

En ce qui concerne les conflits, ce n'est pas seulement le fait qu'il y ait tant de conflits en même temps qui posent problème, mais le fait qu'ils durent plus longtemps, dix ans en moyenne désormais, a souligné Tom Fletcher. Plus les crises durent, plus les perspectives sont sombres : l'espérance de vie diminue, les taux de vaccination s'effondrent, l'éducation est en souffrance, la mortalité maternelle monte en flèche et le spectre de la famine grandit, relève-t-il.

Pour voir la vidéo de l'intervention, cliquez sur ce lien.

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Les murs

10 décembre 2024, par Nicole Muchnik — ,
Il y en a pour tous les goûts. En béton, en barre, avec ou sans fil de fer barbelé, de simple fil de fer barbelé, de sable, avec ou sans radar, zone tampon ou « no man's land » (…)

Il y en a pour tous les goûts. En béton, en barre, avec ou sans fil de fer barbelé, de simple fil de fer barbelé, de sable, avec ou sans radar, zone tampon ou « no man's land » ; et même virtuels, la dernière tendance qui semble aller de pair avec la mondialisation. Ces murs seraient-ils le paradigme parfait de ce dont l'humanité ne veut même pas entendre débattre, à savoir de l'égalité ?

8 novembre 2024 | Billet de blog de Mediapart.fr
https://blogs.mediapart.fr/nicole-muchnik/blog/081124/les-murs

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Il y en a pour tous les goûts. En béton, en barre, avec ou sans fil de fer barbelé, de simple fil de fer barbelé, de sable, avec ou sans radar, zone tampon ou "no man's land" ; et même virtuels, la dernière tendance qui semble aller de pair avec la mondialisation. Ce sont les murs, érigés pour diviser, pour empêcher les migrations, contre ceux qui sont perçus comme différents, pour protéger ceux qui ont quelque chose à protéger.

Murs entre les pays, à l'intérieur d'un même pays, traversant les villes pour isoler des quartiers entiers, des communautés ; murs dans le désert, ou murs infranchissables et barrières autour d'habitations privilégiées comme aux Etats-Unis, en Israël, peut être déjà en Europe. Pour Elisabeth Vallet, politologue canadienne de l'université du Québec à Montréal (UQAM),« On compte aujourd'hui soixante-dix à soixante-quinze murs construits ou annoncés dans le monde, les murs existants s'étalant sur environ 40 000 kilomètres », soit autant que la circonférence de la Terre.

Après 1989 et la chute du mur de Berlin, on aurait pu dire qu'il n'y en aurait plus jamais et qu'on pouvait oublier ceux qui existaient encore. Pourtant, « Jamais depuis le Moyen-Âge il n'y a eu autant de demande de murs », écrit le Guardian, évoquant les anciens ghettos et autres fantasmes.Tandis que le mur de Berlin était destiné à empêcher la sortie, les murs construits aujourd'hui protègent surtout les nations contre l'entrée d'étrangers.

Très récemment, en 2015, pour couper la « route des Balkans » et ses flots humains venus du Moyen Orient, Viktor Orban fit construire 151km de mur le long de la frontière avec la Serbie, complété de barbelés à lames coupantes, et doublé en 2017. À Belfast, ce sont au moins 88 murs « de la paix », des murs de 16 mètres de haut surmontés d'un grillage pour arrêter les cocktails Molotov, que ni les catholiques ni les protestants ne veulent abattre car la peur demeure.

Tous les présidents américains des dernières décennies ont construit ou amélioré des portions de barrières le long de la frontière, dont 128 miles construits sous l'administration Obama. Long de 1300 km, le mur entre les États-Unis et le Mexique contre l'immigration clandestine est la plus longue barrière du monde, après celle de 3 326 km construite par l'Inde face au Bangladesh. Sa construction a commencé en 2006, avec la signature par George W. Bush du Secure Fence Act.

Composée de cylindres d'acier de 8 mètres de haut, de grillages et de béton, elle est équipée de nombreuses caméras et détecteurs de mouvements, sans compter ses 1800 tours de contrôle, 150 tunnels sous la frontière et les 18.000 hommes de la Border Patrol. Selon le chercheur canadien Julian Saada, « l'Agence nationale de sécurité américaine estimait à 178 milliards de dollars le coût de la sécurisation des frontières en 2015 ». Une somme vraiment importante si l'on considère que les immigrés continuent d'immigrer, et les trafiquants de contourner murs et barrières, par mer avec des sous-marins, ou par air avec des drones.

A quelques kilomètres de San Diego, à cheval sur la frontière américano-mexicaine, se trouvait le Friendship Park, avec ses tables de pique-nique, quelques chênes et une vue imprenable sur le Pacifique et où les émigrés mexicains pouvaient retrouver leurs familles. Symbole de paix et de fraternité entre les peuples, le parc fut inauguré en 1972 par Pat Nixon. Aujourd'hui, le parc de l'amitié est fermé et sillonné de trois murs parallèles de cinq mètres de haut. Seuls quelques manifestants et quelques familles viennent "converser silencieusement" à l'aide de pancartes avec des groupes de l'autre côté.

Un mur sépare aujourd'hui Israël et la Palestine. La section en Cisjordanie truffée de technologies coûterait à elle seule plus d'un million de dollars par kilomètre au gouvernement israélien. La barrière Gaza-Israël (parfois appelée mur de fer) est aujourd'hui fortifiée par des murs de béton de 8 mètres, avec des tours de contrôle tous les 300 mètres. Elle est bordée de fossés de 2 mètres de profondeur, de barbelés et de routes. Destiné à empêcher les non Israéliens de revenir sur leurs territoires, ce « Mur de la honte » condamné par la Cour internationale de justice court sur les collines de Cisjordanie en dehors de la frontière officielle et a en fait permis l'annexion de terres palestiniennes. Il révèle la volonté israélienne d'imposer une nouvelle carte politique des deux pays.

La clôture entre le Maroc et la ville espagnole de Melilla construite en 2005 pour endiguer le flux de migrants d'Afrique vers l'Europe, a été doublée, portée à six mètres et complétée par des fils de fer barbelés entre les deux murs. Là aussi, on ne sait quel esprit malade a eu l'idée de placer les fameuses « concertinas » sur la clôture intérieure- soit des lames coupantes qui causent de terribles blessures- heureusement retirées en 2007. En 2022, plus de 2000 migrants ont tenté de forcer la frontière sans succès, sauf pour une centaine, et deux dizaines de morts.

Curieusement, l'un des murs les plus chers est fait de sable. Il s'agit de la « Grande Muraille » du Maroc, érigée en 1980 dans le désert pour prévenir les incursions du Front Polisario qui revendique une partie du territoire. Deux rangées de murs de sable sur 2 720 km, renforcées par des postes de contrôle militaires, des mines et des fils barbelés. Environ 120 000 soldats sont censés garder cette barrière de sable, dont l'entretien coûte deux millions de dollars par an.

En Afrique toujours, le Botswana a installé une barrière électrifiée sur sa frontière avec le Zimbabwe afin d'empêcher le passage de bétail atteint de fièvre aphteuse, mais encore et surtout des milliers de migrants qui tentent de passer dans un pays plus riche. Pour se protéger contre les migrants sub-Sahariens, l'Algérie est presque entièrement entourée d'un mur de sable d'environ 6700 km et de quelques 5m de hauteur. Toujours en Afrique, le Kenya a entrepris en 2015 la construction de 700 km de muraille, dont quelques 30 km avaient été commencés en 2020.

On peut s'étonner que l'un des royaumes les plus riches du monde soit confiné dans ses propres murs. Craignant les terroristes venus du Yémen au sud et de l'Irak au nord, l'Arabie saoudite construit depuis 2007 la barrière la plus moderne le long de sa frontière avec l'Irak. Equipée d'un système de surveillance radar sophistiqué sur 5 000 kms de long, elle pourra se protéger tant de la mer comme du ciel et coûtera environ 10 milliards de dollars.

Et puis Chypre, depuis que le général Young traça un jour au crayon vert sur la carte sa fameuse « ligne verte », un mur traverse l'île et sépare même en sections vieille ville de Nicosie. Patrouillée par des « casques bleus », cette ligne de 180 km est infranchissable et empêche toute relation normale entre Chypriotes turcs et Chypriotes grecs depuis près d'un demi-siècle. Mais là aussi, comme en Israël, on parle encore et avec enthousiasme de négociations.

Dans la catégorie des murs intérieurs traversant les villes, il y a celui de Bagdad, érigé par l'armée américaine pour diviser les communautés chiites et sunnites ; ou celui de la ville de Padoue, en Italie, bâti pour isoler un quartier d'immigrés africains. A Rio de Janeiro, certains sont prévus autour de quelque favelas. On pense bien sûr à ces milliers de familles divisées. ou simplement empêchées d'avoir des relations humaines normales avec leurs voisins, mais qu'en est-il des familles « ghettoïsées » volontairement par peur des voleurs, des terroristes, des jeunes, bref, des habitants de la planète ? C'est le cas de milliers de riches, retraités ou non, dans les « Gated Communities » aux Etats-Unis ou ailleurs, conçues pour préserver leur mode de vie face à celui des habitants des quartiers les plus problématiques qui les entourent. Il y en a plus d'une centaine autour de Los Angeles, sous surveillance 24 heures sur 24.

D'ailleurs, le marché des murs est en plein essor, convoité par les plus grands fabricants d'armes du monde. Les contrats se chiffrent en milliards et font appel aux techniques les plus raffinées. C'est, aux Etats Unis, les 740km de mur entre le Mexique et l'Arizona, fortifiés et complétés en 2022 par une « barrière virtuelle » de 45 km construite par Boeing. Avec ses capteurs thermiques, détecteurs de mouvement et radars de surveillance basés sur l'intelligence artificielle, il ne s'agit pas d'un mur physique.

Au total, cette barrière que Donald Trump vantait d'être « infranchissable » ne semble pas décourager l'afflux de milliers de migrants mais semble en revanche dramatiquement efficace contre la faune. Et les 4096 km de murs entrepris en 2007 par l'Inde pour la protéger du Bangladesh sont a peu près terminés. Plus récemment encore, la Finlande a commencé en 2023 la construction d'une barrière de 200 km pour la séparer de la Russie.

Ces murs seraient-ils le paradigme parfait de ce dont l'humanité ne veut même pas entendre débattre, à savoir de l'égalité ? Bien des philosophes s'y sont frottés. Depuis Platon se cassant les dents pour parvenir à glisser le concept d'égalité dans la jeune démocratie, ou Aristote défendant la « nature unique » de l'être humain, en dépit de Voltaire, Rousseau, Hobbes et tant d'autres, il est toujours aussi difficile de convaincre les peuples qu'il n'y a jamais eu sur terre qu'une seule race humaine et que les individus qui la composent sont égaux.

Mais tandis que l'on a peu prés accepté que, au contraire des animaux, l'humanité n'est pas divisée en races et qu'il n'y qu'une nature humaine, à l'intérieur d'une même communauté les inégalités demeurent. Inégalité de sexe, mais aussi d'argent, de soins, du risque, de la liberté de pensée et d'action. Protéger ceux qui « ont plus » contre ceux qui « ont moins ».

« Les hommes élèvent trop souvent des murs et ne construisent pas assez de ponts ». Antoine de St Exupéry.

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Les Etats-Unis de Donald Trump : quels possibles contours sur le plan international ?

10 décembre 2024, par Tom Stevenson — , ,
Le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ne peut rivaliser avec le choc de son accession en 2016. Toutefois, il oblige à opérer un véritable changement de (…)

Le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ne peut rivaliser avec le choc de son accession en 2016. Toutefois, il oblige à opérer un véritable changement de perspective historique. En 2020, la victoire de Joe Biden a été considérée par les adversaires nationaux et internationaux de Trump comme une libération d'une crise de démence. Or, en 2024, c'est le mandat unique de Biden qui ressemble à une interruption de l'ère Trump provoquée par le Covid. En matière de politique étrangère, Trump a toujours suscité la confusion.

Tiré de A l'Encontre
3 décembre 2024

Par Tom Stevenson

Fut-il, lors de son premier mandat, une menace pour l'ordre mondial dirigé par les Etats-Unis ou une sorte de révélateur du véritable visage de cet ordre mondial ? Et qu'aurait fait exactement Trump si ses toquades n'avaient pas été si souvent contrecarrées par la bureaucratie de la sécurité nationale [politique de la défense nationale et des relations extérieures] et par sa propre incompétence ?

Ecrire sur Trump, c'est souvent sombrer dans la psychopathologie, ce qui est très bien dans la mesure où cela va de soi. Trump à Mar-a-Lago serait peut-être plus facile à supporter s'il ressemblait davantage à Tibère à Capri [allusion à l'empereur romain lors de son séjour de perverti à Capri au début de notre ère]. Mais loin d'être un libertin débauché, Trump est un abstinent forcené qui ne s'intéresse à rien d'autre qu'au pouvoir et à la célébrité. Cette prédilection pour le pouvoir conduit à évoquer le fascisme et l'Europe des années 1930, ou un despotisme oriental transposé. Il a toujours été facile d'essayer de voir Trump comme faisant partie d'un ensemble international de dirigeants autocratiques (Modi, Erdogan, Orbán, Duterte), chacun d'entre eux étant, en fait, davantage défini par des conditions nationales spécifiques que par une quelconque tendance générale.

En réalité, Trump est une figure extrême de l'Americana [ce qui a trait à l'histoire, la géographie, le folklore et la culture des Etats-Unis]. Il fait appel à une forme typiquement états-unienne de nationalisme mercantile assorti d'une certaine dose d'escroquerie. Ses contemporains analogues les plus proches – et ils ne sont pas si proches – se trouvent au Brésil et en Argentine. Mais il a toujours eu plus en commun avec ses adversaires états-uniens qu'ils ne veulent bien l'admettre.

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Que signifiera un second mandat de Trump pour le monde au-delà des Etats-Unis ? Il est difficile de faire des prévisions étant donné la nature fantasque de Trump et les récentes transformations du système politique des Etats-Unis. Ni les Républicains ni les Démocrates ne sont vraiment des partis politiques au sens du XXe siècle : ils ressemblent davantage à des regroupements mouvants d'entrepreneurs performants. La monnaie de la cour de Mar-a-Lago – avec ses comparses, ses sbires, ses acolytes, ses clans et ses lumpen milliardaires –, c'est la loyauté. La future directrice de cabinet de Trump, Susie Wiles, qui a dirigé sa campagne électorale et qui est à la tête de la faction de la « mafia de Floride » [comme la qualifie aussi The Economist du 26 octobre 2024], aura son mot à dire sur les personnes qui obtiendront l'oreille de Trump. Mais la pensée de ce dernier est une concoction instable. Trump est un guerrier passionné du deal qui se laisse parfois aller à une rhétorique anti-guerre. Son discours anti-empire peut être aussi peu sincère que la « politique étrangère pour la classe moyenne » de Jake Sullivan [telle que présentée en février 2021], le conseiller installé par Biden en matière de sécurité nationale. Tous deux font un clin d'œil à des sentiments qu'ils ne peuvent pas assumer. Après tout, une position anti-guerre impliquerait moins de pouvoir, ou moins d'utilisation du pouvoir. Or, s'il est favorable à quelque chose, Trump l'est pour le maximum de pouvoir.

Comme Biden avant lui, Trump donne le ton à la cour plus qu'il ne gère les affaires pratiques du gouvernement. Dans ces conditions, les nominations au sein du cabinet prennent une importance accrue. Certaines de ses nominations sont assez conventionnelles. Son choix pour le poste de conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, est un soldat de Floride qui n'aurait pas été dépaysé dans l'équipe de George W. Bush [2001-2009]. Mike Waltz a passé une grande partie de ces dernières années à s'insurger contre le retrait des forces américaines d'Afghanistan [décidé par Trump en février 2020 avec un délai de 14 mois et mis en œuvre par Biden], qui, selon lui, allait conduire à un « Al-Qaida 3.0 ». En ce qui concerne la Russie et la guerre en Ukraine, il s'est insurgé non pas contre le coût financier pour les Etats-Unis, mais contre la stratégie « trop peu, trop tard » de Biden.

Pour le poste de secrétaire d'Etat, Trump a nommé Marco Rubio [sénateur de Floride depuis 2011], un autre membre de la faction néoconservatrice orthodoxe qui a un jour coécrit un article avec John McCain [sénateur de 1987 à 2018 de l'Arizona, qui a succédé à Barry Goldwater] dans le Wall Street Journal, affirmant que le renversement de Kadhafi conduirait à « une Libye démocratique et pro-américaine ». Marco Rubio [d'une famille d'immigrés cubains] est obsédé par des projets visant à déstabiliser Cuba, le Venezuela et l'Iran. En 2022 encore, il critiquait les louanges « malheureuses » de Trump à l'égard des services de renseignement de Poutine. Un dossier interne de sélection des Républicains (très certainement obtenu et divulgué par des pirates iraniens) note que « Rubio semble s'être généralement présenté comme un néoconservateur et un interventionniste ».

Si Trump a nommé à des postes importants des membres de second rang de l'establishment, c'est en partie parce que beaucoup de professionnels les plus compétents avaient migré vers les démocrates. Kamala Harris a été soutenue par la plupart des membres de l'équipe de sécurité nationale de George W. Bush, notamment Michael Hayden [militaire, directeur de la CIA de 2006 à 2009, directeur de la National Security Agency-NSA de 1999 à 2005], James Clapper [directeur du renseignement national de 2010 à 2017], Robert Blackwill [diplomate, membre du think tank important Council of Foreign Relations] et Richard Haass [assistant de George H. Bush et président du Council of Foreign Relations de 2003 à 2023] – un véritable « who's who » de l'establishment de la politique étrangère.

Cela a conduit les républicains à faire un peu de ménage dans leurs rangs. Pour le poste de directeur de la CIA, Trump a choisi John Ratcliffe [élu de l'Illinois 2015-2020], son dernier directeur du renseignement national [de mai 2020 à janvier 2021] au cours de son premier mandat. Il a été sélectionné pour sa loyauté politique plutôt que pour toute autre qualité. Pete Hegseth offre la perspective d'un secrétaire à la Défense qui croit que les guerres d'Israël sont un accomplissement de la prophétie biblique et que les soldats états-uniens ne devraient pas être punis pour avoir commis des « soi-disant crimes de guerre ». Hegseth est un représentant du contingent de Fox News qui a la bouche écumante. Il nous rappelle également que nombre de ces personnes ont peu de chances de durer, si tant est qu'elles parviennent à être confirmées dans leurs fonctions [par le Sénat]. Le choix de Tulsi Gabbard [membre de la Chambre des représentants de 2013 à 2021] comme directrice du renseignement national irrite les commentateurs centristes et les politiciens européens en raison de ses opinions trop peu critiques à l'égard de la Russie de Poutine. Elle est également un prétexte pour que des démocrates prétendent que le retour de Trump est le résultat d'une ruse russe plutôt qu'un événement pour lequel l'establishment démocrate pourrait avoir une part de responsabilité. Dans l'ensemble, les nominations de Trump ne démontrent aucune désapprobation de l'establishment de la sécurité nationale. La logique des choix semble suivre une loyauté de tribu plus qu'autre chose.

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Les républicains MAGA (Make America Great Again) aiment à se considérer comme différents des traditionnels fonctionnaires de Washington chargés de la sécurité nationale. Mais le sont-ils ? En juillet, Eliot Cohen, passionné de la guerre en Irak et cofondateur du Project for the New American Century [think tank néoconservateur créé entre autres par Dick Cheney, Robert Kagan, David Kristol, etc.], a décrit le programme politique de Trump comme étant « du réchauffé, et du réchauffé pas spécialement inquiétant d'ailleurs ». Selon Robert O'Brien, ancien conseiller de Trump en matière de sécurité nationale [de septembre 2019 à janvier 2021], il n'y a jamais eu de doctrine Trump, puisque ce dernier adhère « à ses propres instincts et aux principes états-uniens traditionnels qui sont plus profonds que les orthodoxies mondialistes de ces dernières décennies ». S'il y a eu un thème unificateur, Robert O'Brien insiste sur le fait qu'il a pris la forme d'une « réaction aux carences de l'internationalisme néolibéral ». Robert O'Brien, qui n'a pas reçu d'offre d'emploi dans la nouvelle administration, est à l'origine de la description de la philosophie de Trump comme étant « la paix par la force ». Il aime à dire que cette expression provient d'une citation un peu plus longue, qu'il attribue à tort à l'empereur Hadrien : « la paix par la force – ou, à défaut, la paix par la menace ». Cette phrase est en fait tirée d'un commentaire d'un historien moderne. Et comme beaucoup de choses chez Trump, « la paix par la force » est un héritage d'un ancien président des Etats-Unis : Ronald Reagan [janvier 1981-janvier 1989].

La politique étrangère de Trump présente des caractéristiques particulières, mais ce ne sont pas des aberrations. Les républicains MAGA sont prêts à peser de tout leur poids sur l'Amérique latine. Comme les démocrates, les alliés de Trump pensent que les Etats-Unis sont au cœur d'une deuxième guerre froide avec la Chine. La principale exception à la continuité entre Trump et Biden pourrait être l'Ukraine. Certaines personnalités proches de Trump, mais pas toutes, ont critiqué le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine, principalement en raison de son coût élevé. La question de savoir si Trump mettra fin à ce soutien est probablement la plus importante sur le plan stratégique. Sous Joe Biden et Jake Sullivan, les Etats-Unis ont traité la guerre en Ukraine comme une possibilité d'affaiblir la Russie, et se sont peu souciés du fait que le prix pour cela soit payé en morts ukrainiens. Trump a affirmé qu'il mettrait fin à la guerre « avant même d'arriver dans le bureau ovale ». Mais la forme qu'il envisage pour cet objectif, si tant est qu'il l'ait imaginée, n'est pas claire. Il est probable qu'il aborde l'OTAN de la même manière qu'en 2018, avec de l'esbroufe et des menaces, mais sans conclusion. Les menaces risquent d'être un outil diplomatique très utilisé, quelle que soit leur efficacité.

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En ce qui concerne le Moyen-Orient, un membre de l'équipe de transition a déclaré que Trump était « déterminé à rétablir une stratégie de pression maximale pour mettre l'Iran en faillite dès que possible », même s'il convient de préciser que Biden n'a jamais tenté d'améliorer les relations avec l'Iran. Trump, comme Biden, est partisan d'Israël en tant qu'atout ou même expression de la puissance des Etats-Unis dans le monde. Les atrocités de la terre brûlée à Gaza sont le meilleur témoignage des conséquences horribles du consensus politique américain sur Israël. Pour une grande partie du monde, la destruction de Gaza sera le souvenir le plus marquant de la présidence de Joe Biden. Mais sous Trump, cela n'aurait pas été différent. Le problème, lorsqu'on présente Trump comme le signe avant-coureur de la fin d'un ordre international « éclairé », c'est qu'il pousse à s'interroger sur ce qu'est réellement cet ordre. Au Liban, on dénombre 3500 morts [1], qui s'ajoutent aux dizaines de milliers de morts à Gaza. Les Etats-Unis ont soutenu Israël, qui avait sommé les forces de maintien de la paix de l'ONU (FINUL) de quitter le Liban et avait même attaqué leurs bases. Après l'élection présidentielle, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer [Likoud, ex-ambassadeur aux Etats-Unis de 2013 à 2021], a rendu visite à Antony Blinken, secrétaire d'Etat de Biden, à Washington, et à Trump à Mar-a-Lago afin de discuter des opérations israéliennes au Liban. Le 15 novembre, le président du parlement libanais, Nabih Berry, a confirmé que des responsables à Beyrouth étudiaient un dit plan de cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis. Le même jour, une frappe aérienne israélienne sur Tayouné, dans la banlieue sud de Beyrouth, a détruit un immeuble résidentiel de 11 étages. Au Liban, comme à Gaza, les Etats-Unis se sont posés en médiateurs distants tout en soutenant en pratique une agression brutale.

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Les héritiers néoconservateurs de Reagan, qui dirigent de nombreuses d'institutions, critiquent parfois la politique étrangère de Trump, non pas parce qu'il s'agit d'un désengagement du monde, mais parce qu'il s'agit d'un abandon de l'idéologie justificatrice de la puissance états-unienne. Lorsque vous renoncez à la profession trompeuse du respect des normes, des règles et de l'ordre international, vous renoncez également au jeu lui-même. La question de savoir si les Etats-Unis se sont jamais réellement soumis à des règles, quelles qu'elles soient, est abordée au mieux comme une question académique. La réalité à Gaza et au Liban est plus facilement ignorée que défendue. A cet égard, Trump est attaqué pour avoir rétabli la norme historique des Etats-Unis. Comme le dit Hal Brands – Henry Kissinger Distinguished Professor of Global Affairs à l'université Johns Hopkins [et intervenant à l'American Enterprise Institute] : sous Trump les Etats-Unis agissent « de la même manière étroitement intéressée et fréquemment exploiteuse que de nombreuses grandes puissances tout au long de l'histoire ». Trump n'est pas un isolationniste, pour autant que ce terme ait un sens utile, et ne propose pas de se retirer comme puissance mondiale. Au contraire, écrit Hal Brands, sur certaines questions, son administration « pourrait être plus agressive qu'auparavant ».

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Plus que tout autre homme politique états-unien, Trump a été associé au recentrage de l'attention impériale états-unienne en direction de la Chine. Mais dire que sa deuxième administration sera pleine de faucons visant la Chine ne rend pas compte de l'ampleur de la transformation qui s'est opérée à Washington depuis 2016. En ce qui concerne la Chine, l'administration Biden a repris tous les éléments du discours de Trump et en a ajouté quelques-uns. En juin 2024, le Council on Foreign Relations a organisé sa China Strategy Initiative pour discuter de l'avenir des relations entre les Etats-Unis et la Chine. La plupart des responsables de la politique étrangère qui s'intéressent à la Chine étaient présents. Dans son allocution d'ouverture, Kurt Campbell, haut responsable de la politique en direction de la Chine dans les administrations Obama et Biden, a souligné que « les caractéristiques essentielles de la stratégie états-unienne dans l'Indo-Pacifique font l'objet d'un accord largement bipartisan ». La preuve de l'efficacité de cette stratégie, a-t-il ajouté, est que la Chine et la Russie « considèrent nos partenariats transcontinentaux avec une inquiétude croissante ». Il est probable que Trump aborde la Chine de la même manière que Jake Sullivan, mais plus encore, de la mauvaise manière, mais plus rapidement.

S'il y a une question de politique étrangère sur laquelle Trump a été cohérent, c'est bien celle des droits de douane face aux exportations de la Chine et du protectionnisme en général. Cela fait très longtemps qu'il fait des déclarations, mal fondées, sur le déficit commercial des Etats-Unis. Son projet prévoit des droits de douane de 60% sur les importations chinoises et de 10 à 20% sur toutes les autres [y compris 25% pour le Mexique et le Canada, membres de l'Alena, au lieu de zéro sur la plupart des importations]. Les Etats-Unis sont une économie à dimension continentale et sont beaucoup moins orientés vers le commerce international que des pays comme le Royaume-Uni, l'Allemagne ou la Chine. Ils peuvent envisager des mesures drastiques que d'autres ne peuvent pas prendre. Mais les droits de douane imposés à un seul Etat sont souvent difficiles à appliquer, car les chaînes d'approvisionnement transnationales peuvent être modifiées pour les contourner. Des économistes compétents et agressifs tels que Robert Blackwill, qui a servi sous George W. Bush et rédigé une étude importante sur la « géoéconomie », ont pour la plupart soutenu Kamala Harris et ne sont pas actuellement disponibles pour aider Trump. Peut-être que certains reviendront du froid lorsque les courtisans loyalistes auront inévitablement tout gâché. Robert Lighthizer, le représentant américain au commerce pendant le premier mandat de Trump, pourrait bien reprendre son rôle [le Financial Times annonçait le 8 novembre qu'il avait été approché par Trump].

Le projet de tarifs douaniers à hauteur de 60% est la dernière manifestation d'une stratégie états-unienne plus générale à l'égard de la Chine que les démocrates ont qualifiée de puissance concurrente du XXIe siècle. En Chine, on considère qu'il s'agit d'un endiguement (containment). Les idéologues de l'orbite de Trump sont généralement plus combatifs sur cette question que ceux qui sont plus proches des démocrates. Pourtant, dans l'esprit du consensus bipartisan de Kurt Campbell [en charge pour l'Asie de l'Est et le Pacifique sous Obama de juin 2009 à février 2013, une fonction prolongée sous Biden], ils ne sont pas fondamentalement en désaccord. Trump n'a pas encore choisi son équipe chinoise, mais son intention d'étendre la guerre froide économique est dangereuse. Robert O'Brien estime qu'un second mandat de Trump entraînera davantage de mesures de containment, y compris « une attention présidentielle accrue aux dissidents et aux forces politiques susceptibles de défier les adversaires des Etats-Unis ». Cela n'augurerait rien de bon pour l'avenir des relations sino-américaines, qui sont déjà médiocres. Au cours des années Biden, selon le rapport annuel du renseignement national sur l'évaluation des menaces, la Chine a commencé à réorienter son dispositif nucléaire vers une compétition stratégique avec les Etats-Unis, en partie parce qu'elle s'inquiétait de l'augmentation de la « probabilité d'une première frappe états-unienne ». La Chine ne possède pas encore de forces nucléaires capables d'égaler celles des Etats-Unis, mais cette situation pourrait ne pas durer. La gestion de ce problème est rendue encore plus délicate par le caractère instable de Trump.

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En Europe, le retour de Trump a été accueilli avec le même sentiment de panique perplexe que sa victoire en 2016. Le 6 novembre, Le Monde titrait « La fin d'un monde américain ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung a titré « Trumps Rache », soit « La revanche de Trump ». Les rumeurs d'un plan pour la guerre en Ukraine qui impliquerait de geler la ligne de front en échange de l'abandon par l'Ukraine de son adhésion à l'OTAN pour au moins vingt ans – édulcoré par une garantie compensatoire que les armes états-uniennes continueraient d'affluer – ne sont pas bien accueillies. Pourtant, personne ne croit que Trump démantèlera réellement la position militaire états-unienne en Europe. Elle a récemment été renforcée par une nouvelle base de défense antimissile en Pologne dont le personnel est composé de membres de la Marine des Etats-Unis. Il ne fait aucun doute que la Commission européenne s'efforce de trouver des moyens de protéger les économies européennes des répercussions des droits de douane voulus par Trump. Mais la réaction pavlovienne a été de profiter de l'occasion pour plaider en faveur d'une augmentation des dépenses militaires, ce qui ne contribue guère à l'investissement productif dont l'Union européenne a besoin.

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Un second mandat de Trump est clairement une catastrophe pour le peu d'efforts internationaux existants afin de coordonner la lutte contre le changement climatique. Sous Biden, les Etats-Unis ont pris la diplomatie climatique presque au sérieux. Dans la loi sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act, août 2022), les Etats-Unis ont adopté une législation sur le climat qui allait au-delà de celle de tous les gouvernements précédents. Il est facile d'exagérer ces réalisations, qui sont tellement insuffisantes qu'elles relèvent de la négligence. Mais la position de Trump – « drill, baby, drill » – est certainement différente. Il y a fort à parier qu'il publiera une série de décrets démantelant les mesures limitées de transition énergétique actuellement en place aux Etats-Unis. En mai 2024, Wood Mackenzie, l'une des principales sociétés de recherche et de conseil du secteur de l'énergie, a publié un document indiquant que sa réélection « éloignerait encore davantage les Etats-Unis d'une trajectoire d'émissions nettes zéro ». L'équipe états-unienne à la COP29 (le deuxième sommet climatique successif organisé dans un grand Etat d'hydrocarbures – l'Azerbaïdjan) est apparue découragée.

***

En Grande-Bretagne, on pourrait s'attendre à ce que le retour imminent de Trump provoque une remise en question de la portée des liens entre le pays et les Etats-Unis. Les tarifs douaniers sont évidemment préjudiciables aux intérêts commerciaux britanniques. Le 11 novembre, le président de la Commission des affaires et du commerce de la Chambre des communes, Liam Byrne (Labour), les a qualifiés de « scénario catastrophe ». La solution proposée par Liam Byrne était que la Grande-Bretagne négocie avec Trump une exemption des droits de douane en proposant de se rapprocher encore plus de la position états-unienne sur la Chine. Une réaction plus intéressante est venue de Martin Wolf dans le Financial Times. Il est d'accord avec Byrne pour dire que le gouvernement britannique devrait essayer de « persuader la nouvelle administration qu'en tant qu'allié proche et pays avec un déficit commercial structurel il devrait en être exempté ». L'offre proposée par Martin Wolf à Trump est une nouvelle augmentation des dépenses militaires. Cela pourrait ne pas fonctionner, mais « Trump apprécierait sûrement cette attitude soumise ».

Martin Wolf reconnaît que le retour de Trump implique des problèmes plus graves pour la Grande-Bretagne. Depuis la Seconde Guerre mondiale, affirme-t-il, le Royaume-Uni a cru que « les Etats-Unis resteraient le grand défenseur de la démocratie libérale et du multilatéralisme coopératif. Aujourd'hui, tout cela est plus qu'incertain. » Où était ce pilier de la démocratie au cours de la folie meurtrière internationale ininterrompue qui constitue le bilan des Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale ? Si les millions de morts au Vietnam, en Corée et en Irak n'ont pas remis en question l'alignement stratégique de la Grande-Bretagne sur les Etats-Unis, pourquoi la seconde élection de Donald Trump le ferait-elle ? Gaza est-elle la preuve du multilatéralisme coopératif que Martin Wolf a à l'esprit ? En fin de compte, cela n'a pas d'importance, car pour lui, « il n'y a pas de substitut à cette alliance de sécurité avec les Etats-Unis ». Aujourd'hui encore, même après Gaza, la réalité d'un monde façonné par la puissance états-unienne, souvent démocrate, se heurte à un tel déni. Le gouvernement britannique a refusé de mettre fin à l'utilisation des bases britanniques à Chypre pour soutenir les attaques israéliennes contre Gaza, ou de mettre fin à la vente de pièces détachées de F-35 à Israël. Selon le secrétaire à la Défense, John Healey, cela « saperait la confiance des Etats-Unis dans le Royaume-Uni ».

***

Le style potentat de Trump modifiera l'ambiance des sommets du G7 et du G20, où la façade de coopération respectueuse a survécu à la destruction de l'enclave de Gaza. La réaction à sa victoire rappelle la raison pour laquelle les diables et les démons étaient nommés d'après des divinités étrangères dans l'Antiquité : votre diable est le dieu de votre voisin. Trump est un démon commode. Mais sa victoire n'amènera pas beaucoup de pays à reconsidérer leurs relations avec les Etats-Unis. Les différences tactiques mises à part, les centres traditionnels des préoccupations états-uniennes resteront l'Europe de l'Est, l'Asie de l'Est et le Moyen-Orient. Le thème sous-jacent de la politique étrangère des Etats-Unis reste le consensus des dites élites. Dans son utilisation des mécanismes de l'empire états-unien et de l'idéologie de sa primauté perpétuelle, Trump partage beaucoup avec ses prédécesseurs. Puissance maximale, pression maximale – sans illusions rassurantes. (Article publié dans la London Review of Books, vol. 46, n° 23, décembre 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

Par Tom Stevenson est membre de la rédaction de la London Review of Books et auteur de Someone Else's Empire : British Illusions and American Hegemony, Verso Books, 2023.


[1] Un cessez-le-feu instable – déjà marqué par des bombardements israéliens – d'une durée de 60 jours est en cours depuis le 28 novembre. Déjà, selon L'Orient-Le Jour du 29 novembre, « des bombardements israéliens avaient ciblé les localités de Markaba, Taloussé et de Bani Hayan, dans le caza (district) de Marjeyoun, tandis que des bulldozers de l'armée israélienne ont pénétré dans d'autres villages frontaliers, également ciblés par des tirs d'artillerie israéliens ». Le 3 décembre, L'Orient-Le Jour titre : « Israël menace de ne plus “faire de différence entre le Hezbollah et l'Etat libanais” si la guerre reprend », ce qui traduit le projet politico-militaire israélien pour ce qui est de la « reconfiguration » du Liban. (Réd. A l'Encontre)

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Réponse aux camarades de l’Insurgé – Sur la situation US

10 décembre 2024, par Katya Gritseva — , ,
Les camarades de l'Insurgé ont publié, datée du 17 novembre dernier, leur analyse des élections américaines. Il nous arrive de reprendre certains de leurs articles car nous (…)

Les camarades de l'Insurgé ont publié, datée du 17 novembre dernier, leur analyse des élections américaines. Il nous arrive de reprendre certains de leurs articles car nous avons de larges zones d'accord sur des questions internationalistes décisives telles que la Syrie ou l'Ukraine. Si nous avons publié leur article sur les États-Unis, c'est au contraire comme exemplaire des désaccords de méthode que nous pouvons avoir non seulement avec eux, mais avec ce qu'il est convenu d'appeler « l'extrême-gauche » d'une façon générale. C'est précisément parce que ces camarades s'en distinguent par ailleurs sur des points décisifs qu'il est, pour ainsi dire, exemplaire de relever ce que cette analyse a de « bateau », de traditionnel et, si l'on veut, d' « orthodoxe », au mauvais sens du terme.

2 décembre 2024 | tiré d'Arguements pour la lutte sociale
https://aplutsoc.org/2024/12/02/reponse-aux-camarades-de-linsurge-sur-la-situation-us/

Dans son préambule, l'Insurgé estime que la présentation médiatique des deux principaux candidats était biaisée : Trump passait pour « fasciste », avec les guillemets, et ce biais semblait être entretenu par Trump lui-même puisque « certes, tous les discours de Trump confortaient cette image » ; et Harris passait pour « intelligente » et attachée à la liberté d'avortement, ce qui, si l'on comprend bien, était tout aussi « biaisé » que de faire passer Trump pour « fasciste » malgré l'impression que lui-même donnait.

Présentant les résultats comme un « retour au réel », nos camarades semblent entendre par ce « réel » que Trump n'est pas si fasciste et que Harris était une candidate capitaliste réactionnaire. C'est ce second point -la nature de Harris – qui semble les préoccuper le plus et qu'ils développent le plus dans le restant de leur déclaration, dont la méthode consiste à montrer, sur la base des programmes de l'une et de l'autre, que là où va Trump Harris allait aussi, même si c'était un peu moins vite.

La démonstration est implacable : les Démocrates ont perdu à cause de ce que tous nous savions déjà depuis plus d'un siècle, à savoir qu'ils sont un parti bourgeois. Faisant ainsi gagner un autre parti bourgeois « fasciste » (avec ou sans guillemets ?), c'est ballot n'est-ce pas, mais ceci n'est guère abordé par nos camarades …

Il n'est pas nécessaire de rentrer dans le détail de la démonstration, portant de fait exclusivement sur Harris : tout ce qui est expliqué là est connu, archiconnu, compris et reconnu. Personne parmi les militants révolutionnaires qui ont préconisé de barrer la route à l'élection de Trump ne l'a nié, tous le savaient et l'ont dénoncé, sans éprouver le moindre besoin de peindre Harris ne serait-ce qu'en rose.

Faut-il en déduire, comme le font manifestement nos camarades, que Harris était tellement réactionnaire que le vote Trump de femmes qui souhaitaient en même temps le droit à l'avortement, et le vote Trump de noirs et de latinos, au fond, n'a pas été un vote si différent que s'ils avaient voté Harris, même si « la xénophobie et le racisme » ont sous-tendu la campagne de Trump beaucoup plus, somme toute, tout de même, que celle de Harris ?

Et même envers les syndicats, certains républicains sont tout autant « pro-Labor », on vous le dit, avec sans doute ni plus ni moins la même hypocrisie, que bien des démocrates ! Bref : dans la nuit du capital, tous les chats sont gris, il n'y pas grande différence. Business as usual !

A propos des syndicats, le soutien traditionnel des principaux appareils syndicaux à Harris n'a donc rien changé à la nature profonde de Harris et le faible poids des syndicats ne pouvait d'ailleurs infléchir les résultats.

Nulle mention des puissantes grèves menées depuis deux ans, notamment par la nouvelle direction de l'UAW, qui a appelé à voter Harris en prenant son temps, en mettant en avant le danger de Trump traité de scab.

Une mention, par contre, des Teamsters, dont la direction a refusé de choisir. Cela serait-il un pas vers l'indépendance envers les Démocrates, vers le fameux « parti ouvrier basé sur les syndicats » judicieusement conseillé par Léon Trotsky à ses camarades américains déjà en 1936 ? Les Teamsters auraient-ils été plus « avancés » que les autres par cette position « n'apportant de soutien à personne » ?

En fait, leurs dirigeants ont un peu plus soutenu, à leur façon … Trump, en participant à la convention républicaine de Milwaukee qui l'a investi ! Bonjour le pas en avant vers l'indépendance de classe !

Ces précisions, qui devraient être indispensables, manquent dans l'analyse de l'Insurgé, comme y manquent toute appréhension des processus concrets dans la lutte des classes aux États-Unis depuis deux ans, et de leur réfraction dans les organisations.

D'ailleurs, ajoutent-ils, le protectionnisme agressif affiché par Trump était plus fait pour séduire l'électorat ouvrier que le protectionnisme mollasson affiché par Harris …

Ils ne l'écrivent pas et peut-être ne l'explicitent pas complètement pour eux-mêmes, mais au fond, leur « analyse » conduit invariablement à une seule et même conclusion : il ne s'est rien passé aux États-Unis le 5 novembre 2024, c'est bonnet blanc et blanc bonnet !

La vertueuse conclusion de nos camarades est bien entendu, sur le papier, autre : tout cela a toujours été ainsi et sera toujours ainsi tant qu'il n'y aura pas un parti ouvrier aux États-Unis. Ni Harris, ni Trump (comme diraient les chefs des Teamsters !) il faut une alternative de classe ! Ah, mais !

Bon, mais comment avancer vers cela dans les conditions réelles du moment présent ? Dans ces conditions réelles, il y a non seulement tout ce qu'expliquent nos camarades, ainsi que tout ce qu'ils passent sous silence sur les grèves récentes et la position exacte des dirigeants des Teamsters, mais il y a surtout tout ce dont, dans le programme et les actes de Trump et des trumpistes, ils n'écrivent pas un mot alors que ces gens-là seront au pouvoir le 20 janvier prochain – pas un mot, sauf pour nous dire qu'il ne faut pas s'affoler, les républicains sérieux veillent au Sénat !

Si, pardon, il y a un mot sur le projet de « déporter » 20 millions de personnes et la remise en cause de l'IVG. Mais, somme toute, il semble que ceci fasse partie du business as usual. Trump avait une image « fasciste » : une image, et des guillemets …

Pas un mot sur Project 2025, le plan central de destruction de la place des organisations syndicales, et qui commence par l'interdiction des syndicats dans la Fonction publique fédérale, pas un mot sur qui Trump est en train de nommer, pas un mot sur l'offensive visant la constitution américaine, certes une constitution bourgeoise, une des plus exemplaires même, mais qui est menacée dans ses fondements et pas en bien …

Comment avancer vers l'indépendance de classe ? Mais en combattant réellement cela ! Pas en distillant de tels commentaires blasés et désabusés dont on ne peut que déduire que, par on ne sait quel miracle, tant qu'un « parti ouvrier » n'aura pas émergé, il n'y a qu'à commenter judicieusement en quoi les capitalistes d'antan attachés à la constitution américaine ne valent fondamentalement pas mieux, en dernière analyse, que la meute de barbares qui arrivent avec Trump et Musk coordonnés avec Poutine.

Parce qu'il ne faudrait pas que la discussion académique sur la justification de mettre ou pas des guillemets à « fasciste » pour Trump et pour savoir si c'est juste une image biaisée et que Harris, quand même, etc., ne puisse avoir lieu qu'entre vaincus aigris ressassant ce qu'ils ont toujours su et écrit, que « je te l'avais bien dit, mon gars, il aurait fallu un parti ouvrier, ouais ! », dans un petit camp de concentration …

N'est-ce pas ?

Le 02/12/2024.

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Assemblée des Jeunes Paysan·nes d’Asie du Sud-Est et de l’Est pour la Justice Agraire Dili, Timor-Leste – 22-24 octobre 2024

9 décembre 2024, par Vía Campesina — ,
L'Assemblée Régionale des jeunes pour la région de l'Asie du Sud-Est et de l'Est, organisée par La Via Campesina, s'est tenue à Dili, au Timor-Leste, rassemblant de jeunes (…)

L'Assemblée Régionale des jeunes pour la région de l'Asie du Sud-Est et de l'Est, organisée par La Via Campesina, s'est tenue à Dili, au Timor-Leste, rassemblant de jeunes paysan·nes pour aborder des luttes communes et renforcer la solidarité dans toute la région.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Des représentant·es de la jeunesse du Timor-Leste, des Philippines, de Thaïlande, de Corée du Sud, d'Indonésie, du Japon, du Cambodge, de Malaisie et d'Australie ont participé à cette assemblée de trois jours, tenue du 22 au 24 octobre, pour promouvoir la coopération régionale, partager des connaissances et militer pour la justice agraire et des systèmes alimentaires durables.

L'assemblée, accueillie par MOKATIL en collaboration avec le Secrétariat Régional Asiatique de La Via Campesina, visait à construire une approche unifiée pour faire face aux défis des communautés rurales d'Asie du Sud-Est et de l'Est. Ces rassemblements sont essentiels pour former des stratégies collectives, donner du pouvoir aux jeunes paysan·nes et renforcer les mouvements de base pour faire face aux problèmes critiques qui touchent les communautés agricoles, qu'il s'agisse des droits fonciers ou de la souveraineté alimentaire.

Le Secrétaire d'État aux Coopératives du Timor-Leste a ouvert l'événement en accueillant les délégué·es et en réaffirmant l'engagement du gouvernement à promouvoir les coopératives agricoles. Il a souligné l'importance des jeunes pour défendre les droits paysans et assurer la durabilité de l'agriculture pour les générations futures.

Les représentant·es de MOKATIL ont partagé leurs perspectives sur les luttes des familles paysannes du Timor-Leste, dues à l'expansion capitaliste et à des projets écologiquement destructeurs. Ils ont mis en avant le besoin urgent de l'engagement des jeunes pour protéger les droits agraires et maintenir des pratiques agricoles durables face à ces défis.

Pendant l'assemblée, les jeunes représentant·es de chaque organisation participante ont présenté les problématiques qui touchent les agriculteur·rices dans leurs pays :

– Philippines (Paragos) : Les paysan·nes philippin·es font face à de graves difficultés, car les entreprises, souvent soutenues par le gouvernement, accaparent les terres, poussant beaucoup dans la pauvreté et forçant les jeunes à abandonner l'école. Les membres de Paragos se sont engagé·es à résister à ces injustices, et les délégué·es de l'assemblée ont proposé de créer une vidéo de solidarité pour sensibiliser aux luttes des paysan·nes philippin·es.

– Timor-Leste (MOKATIL) : MOKATIL a présenté ses initiatives visant à soutenir la jeunesse timoraise dans la construction de systèmes agricoles durables, essentiels pour la reprise économique post-COVID. Malgré des obstacles comme des politiques défavorables, les impacts climatiques et un manque de compétences en adaptation, les jeunes de MOKATIL restent déterminé·es à promouvoir une réforme agraire.

– Corée du Sud (KWPA) : L'Association des Femmes Paysannes de Corée a exprimé ses préoccupations au sujet des importations de riz non taxées, qui compromettent les prix locaux et rendent la concurrence difficile pour les agriculteur·rices coréen·nes. La KWPA plaide aussi pour la préservation des semences traditionnelles, la promotion de l'agroécologie et l'amélioration de l'égalité des genres en milieu rural, en impliquant particulièrement la jeunesse dans ces efforts.

– Australie (AFSA) : L'Alliance pour la Souveraineté Alimentaire d'Australie a rapporté que plus de 70% des terres agricoles australiennes sont utilisées pour l'exportation, souvent avec une main-d'œuvre immigrée sous-payée. L'AFSA soutient des initiatives permettant aux jeunes australien·nes d'accéder aux terres agricoles, visant à promouvoir un secteur agricole agroécologique et localement dirigé.

– Thaïlande (AOP)
: L'Assemblée des Pauvres a souligné le déplacement des paysan·nes thaïlandais·es dû aux projets gouvernementaux comme la construction de barrages et la récupération des forêts, qui, bien que destinés à la conservation, nuisent souvent aux communautés agricoles locales.

– Cambodge (FNN) : Le Réseau des Agriculteur·rices et de la Nature a mobilisé les jeunes cambodgien·nes dans des coopératives agricoles, axées sur l'agroécologie et les pratiques d'agriculture biologique. Le FNN propose des formations en gestion d'entreprise pour les jeunes et les implique dans la défense de leurs droits au niveau communautaire et ministériel.

– Indonésie (SPI) : Le Syndicat des Paysan·nes Indonésien·nes a discuté de ses efforts pour promouvoir la réforme agraire, tout en notant que les jeunes sont contraint·s de s'éloigner de l'agriculture en raison de politiques défavorables, du contrôle des terres par les multinationales et de la monopolisation. Le SPI pousse pour un modèle de distribution des terres plus équitable au profit des communautés rurales.

Le troisième jour, les participant·es ont visité la municipalité d'Aileu, où ils·elles ont discuté avec des membres de MOKATIL de la gestion des adhésions et des processus de production. Au cours de la visite, les jeunes ont également réalisé une vidéo de solidarité pour leurs pairs aux Philippines et à Sumatra, en Indonésie, qui ont perdu leurs terres en raison des saisies par les entreprises. Le groupe a conclu la journée par une visite du secrétariat de MOKATIL et de l'Entrepôt National pour voir de près le travail de l'organisation.

Cette publication est également disponible en English.

https://viacampesina.org/fr/assemblee-des-jeunes-paysan·nes-dasie-du-sud-est-et-de-lest-pour-la-justice-agraire/

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Corée du Sud : l’Assemblée nationale s’oppose au coup de force du président

9 décembre 2024, par La rédaction de Mediapart — , ,
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a proclamé mardi la loi martiale, invoquant la menace des « forces communistes nord-coréennes » et dénonçant l'obstruction de l'opposition (…)

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a proclamé mardi la loi martiale, invoquant la menace des « forces communistes nord-coréennes » et dénonçant l'obstruction de l'opposition au parlement. Mais, comme le permet la constitution, l'Assemblée nationale a voté une résolution réclamant sa levée.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
3 décembre 2024

Par La rédaction de Mediapart

Pour la première fois depuis 1979, la Corée du Sud est confrontée à l'autoritarisme de son dirigeant. Alors que l'opposition bataillait sur le projet de budget à l'Assemblée nationale, le président Yoon Suk-yeol a décidé de recourir à l'armée pour la museler, en proclamant la loi martiale, tout en s'abritant derrière la menace du frère ennemi nord-coréen.

Mais, quelques heures plus tard, l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire, a adopté une résolution réclamant sa levée. Selon la Constitution, dans ce cas, le chef de l'État doit se conformer à cette décision. Le président de l'Assemblée, Woo Won-sik, a ainsi estimé que « le président devrait immédiatement lever la loi martiale ». « La déclaration de la loi martiale n'est plus valide », a-t-il ajouté, cité par les médias sud-coréens.

Dans un discours télévisé surprise mardi soir, Yoon Suk-yeol, 63 ans, a affirmé que cette mesure était motivée par les « forces communistes nord-coréennes ». « Sans se soucier des moyens de subsistance du peuple, le parti d'opposition a paralysé le gouvernement, à des fins de destitutions, d'enquêtes spéciales et pour protéger son leader de poursuites judiciaires », a t-il ensuite lancé.

Cette intervention surprise intervient alors que le Parti du pouvoir au peuple de Yoon continue de batailler avec le principal parti d'opposition, le Parti démocrate, sur le projet de budget de l'année prochaine. Les députés de l'opposition ont approuvé la semaine dernière, à travers une commission, un programme budgétaire considérablement réduit.

« Notre Assemblée nationale est devenue un refuge de criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral », a déclaré M. Yoon. Il a accusé les élus de l'opposition de couper « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation qui sont la lutte contre les crimes liés à la drogue et le maintien de la sécurité publique […], transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique ».

Les activités politiques interdites

M. Yoon a poursuivi en qualifiant l'opposition, qui détient une majorité au Parlement, de « forces hostiles à l'État ayant l'intention de renverser le régime ». Il a assuré que sa décision était « inévitable ». « Je rétablirai la normalité dans le pays en me débarrassant de ces forces hostile à l'État dès que possible », a ajouté le président sud-coréen.

Ce dernier est cependant contesté même par son propre parti. Sur son compte Facebook, le chef de la formation du président, le Parti du pouvoir du peuple, Han Dong-hoon, a jugé que « la déclaration de loi martiale du président est une erreur » et qu'il « œuvrerait avec les citoyens pour l'arrêter ».

Lee Jae-myung, chef du Parti démocrate et qui avait perdu la présidentielle de 2022 face à Yoon, a lancé un appel au peuple pour qu'il vienne à l'Assemblée nationale et marque ainsi son opposition à une mesure qu'il a qualifiée d'« illégale ». Élu en 2022, le président Yoon Suk-yeol a été affaibli par des accusations de trafic d'influence l'impliquant lui et son épouse. Il a été accusé par l'opposition d'avoir étouffé les enquêtes.

Après le vote de l'Assemblée nationale sur la levée de la loi martiale, Han Dong-hoon et Lee Jae-myung se sont serré la main pour montrer leur unité face au risque de la dictature.

Selon des images des télévisions sud-coréennes, des policiers et des militaires ont été déployés devant l'Assemblée nationale, repoussant des manifestant·es qui voulaient y entrer. Le général Park An-soo, qui a été nommé commandant de la loi martiale, a interdit « toutes les activités politiques », y compris les rassemblements de citoyen·nes.

Les médias sont également placés sous la coupe des militaires, a déclaré le général dans un décret qui est entré en vigueur mardi soir. Les activités syndicales sont également proscrites. Les personnes qui enfreignent le décret peuvent être arrêtées sans mandat d'un tribunal.

C'est la première fois en quarante-cinq ans qu'un dirigeant sud-coréen déclare la loi martiale. Il faut remonter à octobre 1979, après un soulèvement prodémocratique qui avait été réprimé par l'armée, qui a dirigé le pays jusqu'en 1993. Au total, pendant la dictature militaire, la loi martiale a été adoptée à 12 reprises de 1948 à 1979.

Les États-Unis, grand allié de la Corée du Sud et soutien militaire avec plus de 28 000 soldats basés dans le pays, a indiqué « suivre la situation de près ». Au lendemain de la nouvelle victoire à la présidentielle de Donald Trump le 5 novembre, le président sud-coréen avait félicité le républicain, disant espérer travailler plus étroitement avec Washington à l'avenir. En rupture avec son prédécesseur Moon Jae-in, Yoon Suk Yeol a adopté une ligne plus dure avec la Corée du Nord, dotée de l'arme nucléaire.

La rédaction de Mediapart

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Pour une réelle inclusion sociale, améliorons dès maintenant les services de transport adapté !

3 décembre 2024, par Regroupement pour la concertation des personnes handicapées des Laurentides (RCPHL) — ,
Saint-Jérôme, le 3 décembre 2024 – Le Regroupement pour la concertation des personnes handicapées des Laurentides (RCPHL) tient à souligner la Journée internationale des (…)

Saint-Jérôme, le 3 décembre 2024 – Le Regroupement pour la concertation des personnes handicapées des Laurentides (RCPHL) tient à souligner la Journée internationale des personnes handicapées, qui a lieu le 3 décembre 2024 !

Regroupant plus de 40 organismes œuvrant auprès des personnes handicapées de la région des Laurentides et leurs proches, le RCPHL a comme mission la défense collective des droits des personnes vivant avec un handicap, depuis plus de 40 ans.

Cette année, le thème de cette journée « Un monde plus inclusif, j'embarque ! » nous rappelle l'importance de favoriser la participation sociale des personnes en situation de handicap.

Un des piliers favorisant cette inclusion sociale est le transport adapté, un service essentiel pour permettre l'accès aux services en santé, à l'emploi, et aux activités sociales des personnes handicapées. Rappelons que tous les individus ont le droit de se déplacer de façon sécuritaire pour participer activement à la société, se rendre à un rendez-vous médical, ou pour toutes autres activités. Pour les personnes handicapées, le transport adapté leur permet de « Vivre à part entière », un droit reconnu dans la Politique gouvernementale québécoise pour une véritable participation dans une société plus inclusive, solidaire et équitable.

Pourtant, les conditions liées aux services de transport adapté ne se sont pas améliorées au cours des dernières années. Des retards importants, un manque de prévisibilité et des problématiques récurrentes en lien avec la sécurité des usagers limitent leur autonomie, fragilisant leur participation à la vie sociale et professionnelle. Cette crise du transport adapté augmente l'anxiété et la détresse psychologique des personnes en situation de handicap et leur famille.

En cette journée importante, exigeons ensemble des engagements du gouvernement du Québec, des municipalités et des entreprises de transport afin de mettre fin aux inégalités et de garantir une réelle autonomie à toutes les personnes handicapées. L'amélioration des services de transport adapté et l'accessibilité des réseaux de transport réguliers sont les piliers fondamentaux de l'inclusion sociale.

Pour plus de renseignements relatifs à nos organismes membres et aux ressources disponibles pour les personnes handicapées et leurs proches, visitez le site handicaplaurentides.ca.

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Lettre ouverte | Que vaut la vie des femmes ?

3 décembre 2024, par Collectif — , ,
La violence conjugale continue de faire des ravages au Québec. Alors que l'année 2024 n'a pas encore touché à sa fin, ce sont déjà 20 femmes qui ont perdu la vie aux mains de (…)

La violence conjugale continue de faire des ravages au Québec. Alors que l'année 2024 n'a pas encore touché à sa fin, ce sont déjà 20 femmes qui ont perdu la vie aux mains de leurs conjoints ou ex-conjoints, comparativement à 15 en 2023.

Ce bilan alarmant est une sirène qui sonne pour la mise en place d'actions concrètes et efficaces, notamment pour protéger les victimes de la précarité salariale.

Leur octroyer jusqu'à 10 jours d'absence rémunérés constituerait un geste fort en ce sens, mais le gouvernement du Québec trouve encore des excuses pour maintenir le statu quo.

Insuffisant

Malgré les revendications de plusieurs acteurs sociaux et syndicaux appuyés par des partis d'opposition, la Loi sur les normes du travail au Québec n'accorde que deux jours de congé payé aux travailleurs pour différents motifs (maladie et responsabilité familiale), ce qui n'en laisse pas réellement pour une victime de violence conjugale. C'est à l'évidence insuffisant pour offrir aux victimes (et à leurs enfants !) le temps requis pour aller chercher l'aide nécessaire.

Le gouvernement fédéral, quant à lui, offre dix jours de congé rémunéré aux personnes salariées de la fonction publique victimes de violence familiale depuis 2019, tandis que plusieurs provinces canadiennes prévoient de trois à cinq jours de congé. Pourquoi le Québec, pourtant reconnu pour son avant-gardisme en matière de politiques sociales, tarde-t-il à emboîter le pas ?

En dépit des pétitions, manifestations et autres rencontres politiques avec le ministre du Travail, nous essuyons toujours un refus sous prétexte que le cadre législatif québécois protégerait déjà suffisamment les victimes, notamment grâce au régime d'indemnisation prévu à la Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement (LAPVIC).

Pourtant, cette dernière vise à indemniser la victime d'un acte criminel qui serait dans l'incapacité de travailler. Elle ne lui permet donc pas de demeurer à l'emploi tout en prenant des dispositions immédiates et concrètes pour fuir une situation de violence.

Coûts

Autre excuse ? Cette mesure serait trop coûteuse pour les employeurs du Québec. Cet argument, qui a notamment été utilisé plus tôt cette année pour rejeter un amendement visant à inclure ces congés rémunérés dans la Loi sur les normes du travail, a de quoi faire sourciller. Si, comme le prétendent les élus caquistes, l'écosystème législatif québécois protège si bien les victimes, il ne devrait pas y avoir lieu de s'inquiéter des coûts supplémentaires !

La réalité, comme l'indique le nombre de féminicides, de maisons d'hébergement au maximum de leur capacité et d'appels à l'aide, est hélas qu'il y a loin de la coupe aux lèvres pour contrer la violence conjugale au Québec. Notre gouvernement aurait-il alors l'odieux de faire passer des intérêts économiques avant la vie des femmes ?

De nombreuses avancées, comme la création des tribunaux spécialisés, ont indubitablement été faites ces dernières années au Québec pour contrer les violences genrées. Il serait cependant irresponsable de la part du gouvernement de se reposer sur ses lauriers. Nous l'exhortons donc à agir avec détermination pour créer les conditions propices pour permettre aux victimes de reconstruire leur vie en toute sécurité et entamer un processus de guérison. Pour ce faire, leur offrir, au même titre que d'autres juridictions au Canada, la stabilité financière nécessaire serait non seulement une avancée significative pour toutes les femmes du Québec, mais aussi une réponse juste et nécessaire à un fléau qui nous concerne toutes et tous.

Pour l'Intersyndicale des femmes

Françoise Ramel, vice-présidente, secteur sociopolitique, solidarité et co-responsable condition féminine, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Sandra Etienne, vice-présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Nadine Bédard-St-Pierre, première vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Sophie Ferguson, deuxième vice-présidente, Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

Johanie Dupras Renaud, responsable provinciale à la condition féminine, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle, Fédération autonome de l'enseignement (FAE)

Yannick Giroux, troisième vice-présidente, Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ)

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