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La guerre, Yes Sir !

10 décembre 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Il s'agit là du titre d'un roman publié par Roch Carrier en 1970 ; c'est une fable à la fois réaliste et surréaliste dont l'action se situe dans le Québec rural au début des (…)

Il s'agit là du titre d'un roman publié par Roch Carrier en 1970 ; c'est une fable à la fois réaliste et surréaliste dont l'action se situe dans le Québec rural au début des des années 1940.

Dernièrement, le président Donald Trump a évoqué lors d'une rencontre à Mar-a-Lago en présence de Justin Trudeau la possibilité que le Canada devienne le cinquante-et-unième État américain dont le premier ministre serait nommé gouverneur. Tout ça si Ottawa s'avérait incapable de faire face aux tarifs douaniers de 25% que Trump menace d'imposer si Ottawa ne resserre pas la sécurité aux frontières. Tous eux n'ont évidemment pas pris au sérieux cette farce. Il semble que Trump, comme bon nombre de ses compatriotes considère les Canadiens comme des Américains du nord, vu l'étroite imbrication de leurs économies respectives. Comme on sait, les liens commerciaux sont intenses entre les deux pays. Il faut y ajouter la proximité culturelle, surtout entre le Canada anglais et son grand voisin du sud. Le Canada est donc un satellite des États-Unis, même s'il bénéficie d'une certaine autonomie vis-à-vis de son puissant voisin, surtout en politique étrangère. Vu le rapport de forces entre les deux pays, peut-il en être autrement ? L'alliance militaire canado-américaine cimente encore davantage les liens entre les deux États.

Mais peut-on pour autant en déduire que l'hypothétique annexion du Canada par Washington irait de soi et que l'opération si elle se produisait, se ferait sans douleur ? certainement pas.

Tout d'abord, aucun indice ne permet de penser que l'ensemble des Américains serait intéressé à "gober" le Canada, une ingestion qui se révélerait vite indigeste. L'intégration, même relative, des deux économies et les liens commerciaux entre les deux États satisfont la plupart des citoyens et citoyennes de la république du sud.

Une annexion ne pourrait que déstabiliser leurs économies respectives, ce qui compromettrait la stabilité politique nord-américaine. Le Mexique est beaucoup plus faible que le Canada mais pour autant Trump n'a jamais évoqué la possibilité de son annexion. Les institutions canadiennes viennent tout droit du parlementarisme britannique, celles des États-Unis sont républicaines. Le type de société et l'échelle des valeurs diffèrent donc beaucoup entre l'un et l'autre pays.

Il faut ensuite relever que le nationalisme "canadian" poserait un problème épineux à Washington en cas d'annexion. La Maison-Blanche se heurterait à une résistance farouche de la part d'une bonne partie de la population. Il en résulterait un conflit majeur et indésirable pour le gouvernement américain. Après tout, le déploiement des investissements américains au Canada rapporte déjà beaucoup aux firmes américaines (et donc indirectement à l'État par le biais des taxes et impôts). Alors, pourquoi risquer de tout bousiller ? Ottawa dispose d'une influence internationale importante et une tentative d'annexion plomberait encore davantage la crédibilité américaine dans le monde déjà très amochée.

Si l'annexion se produisait, comment disposer de cet immense territoire ? Trump en plaisantant, a affirmé à Mar-a-Lago qu'on pourrait diviser le Canada en deux États, l'un libéral et l'autre conservateur, mais dans la réalité il faudrait le diviser en plusieurs États et donc, tenir compte de ses particularités régionales (en particulier de celle du Québec), ce qui représenterait tout un casse-tête pour les dirigeants américains. L'équilibre des forces partisanes au Congrès s'en trouverait bouleversé.

Pour terminer, la question du Québec se poserait. Le Québec a plutôt mauvaise réputation aux "States" vu ses velléités souverainistes et son rôle de trouble-fête au sein de la fédération canadienne. On peut douter que la classe politique américaine et que la plupart de ses électeurs soient intéressés à se charger de ce "fardeau".

Toutes ces considérations constituent de la politique-fiction j'en conviens, mais elle peuvent nous donner une idée des possibilités d'action et de leurs limites chez les deux voisins nord-américains et par ricochet sur les nôtres, ici au Québec.

Jean-François Delisle

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Extrême droite sur Internet : la montée des influenceur·ses nationalistes

10 décembre 2024, par Tanguy Delaire — , ,
Si Internet favorise l'extrême droite, c'est aussi parce que ses stratégies de communication s'y sont adaptées, notamment en utilisant les techniques issues du marketing. La (…)

Si Internet favorise l'extrême droite, c'est aussi parce que ses stratégies de communication s'y sont adaptées, notamment en utilisant les techniques issues du marketing. La communication policée du RN lui donne un vernis de respectabilité, tout en favorisant tout un écosystème d'influenceurs et de groupes plus radicaux où les discours racistes se libèrent. Analyse.

Tiré du blogue de l'auteur.

Cet article est le deuxième volet d'une recherche sur Internet et l'extrême droite. Vous pouvez lire le premier article ici.

Avant même l'apparition des médias alternatifs et des réseaux sociaux, Internet a permis à des groupes traditionnellement peu ou pas mis en avant par les médias « mainstream » de s'exprimer publiquement. Pour Dominique Cardon, nous vivions à la fin du XXème siècle dans une « sphère publique restreinte » (1).

Dans cet espace, les médias (journaux, télévision, radio) avaient une fonction de « gatekeepers » (« gardiens de porte ») ; en sélectionnant les prises de parole publiques, le système médiatique décidait quels discours avaient une visibilité et une légitimité, et les hiérarchisait. Le fait d'être repris dans les médias légitime un discours ou une personnalité auprès du grand public. Il permet en tout cas de se faire connaître, d'avoir une existence dans le débat. L'internet permet de contourner ces gatekeepers, et ainsi de donner la parole à des groupes qui n'ont traditionnellement pas voie de cité dans les médias, d'ouvrir la porte aux « quidams » (2). En France, ce sont les groupes d'extrême droite qui ont été les pionniers de ce type d'expression directe, contournant le système médiatique. Le Front National a été le premier parti politique français à créer un site internet en 1996, et un compte Facebook en 2006 (3).

Cette présence n'est pas surprenante, elle est dans la continuité des stratégies historiques du parti et de ce courant. Avant de créer le Front National en 1972, Jean-Marie Le Pen s'associe à Léon Gaultier, ancien officier SS, pour créer en 1963 la SERP (Société d'Études et de Relations Publiques) avec laquelle il diffusera sous le manteau des enregistrements défendant l'OAS – Organisation Armée Secrète, qui avait tenté un coup d'état pour conserver l'Algérie française (4). Cette société d'édition se spécialisera dans les chants militaires, incluant des chants de la Wehrmacht et des Waffen SS. Elle a été condamnée en 1968 pour « apologie de crimes de guerre » après la diffusion de chants du IIIe Reich (5). L'image sulfureuse de ces hommes leur interdisant l'accès aux médias, c'est donc « par les marges » qu'ils arrivent à la médiatisation (6). L'adresse de la SERP deviendra d'ailleurs l'adresse officielle du premier siège du FN.

Le FN est devenu RN, et la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen va désormais jusqu'à refuser la filiation à l'extrême droite (7), et tenter d'effacer les traces de l'antisémitisme qui l'a créé et continue de le nourrir (8). Maintenant que le RN a « blanchi » son image et se veut un parti « républicain », cette stratégie de « communication par les marges » est utilisée par les nouveaux groupuscules d'extrême droite, tels que le Bloc Identitaire en France (dissous en 2021) ou CasaPound en Italie (9).

Ces groupuscules, plus radicaux que les partis institutionnalisés, n'ont pas accès par défaut à l'agenda médiatique, et doivent donc, pour se faire entendre, utiliser des moyens détournés. Internet leur offre la possibilité de diffuser eux-mêmes leurs contenus, et d'accéder ainsi à une visibilité : « Une vidéo qui « fait le buzz » a toutes les chances d'être reprise par les journalistes se sentant autorisés à commenter l'activité des réseaux sociaux » (10). Ces groupes organisent donc des actions spectaculaires (occupation de mosquées, irruption dans un fast-food avec des masques de cochon, organisation d'« apéros saucisson-pinard »...), inspirées des actions des mouvements écologistes type Greenpeace. Ce côté sensationnel, associé à des messages politiques simplifiés, et la diffusion importante de ces actions sur l'internet, leur permet de rentrer dans l'agenda médiatique. Ces actions de « second degré » ne visent pas les personnes présentes physiquement à ces manifestations, mais les les sympathisant·es sur les réseaux sociaux, et surtout les journalistes.

D'ailleurs, les groupes ne s'y trompent pas dans la formation de leurs militant·es. Celle-ci « ne consiste pas dans l'apprentissage approfondi des théories politiques. […] Devenir un militant de ces organisations consiste à apprendre à communiquer dans des formes [adaptées aux] supports médiatiques qui hybrident davantage l'information et le divertissement, tels que la presse gratuite, les réseaux sociaux, les chaînes d'information en continu ou la presse locale » (11).

L'internet devient donc un échelon intermédiaire, entre une communication limitée de groupe radical et les médias mainstream. Exister sur Internet permet de toucher beaucoup plus de personnes qu'avec des enregistrements sonores de plaidoirie, mais aussi, grâce aux reprises des médias, de toucher petit à petit le grand public, et se faire une place dans le débat politique national. C'est ainsi que le discours de l'extrême droite se répand et se banalise. Ces groupuscules, bien que non affiliés au RN, communiquent sur YouTube, sur des blogs, sur les réseaux sociaux, et diffusent les thématiques de l'extrême droite.

L'intérêt pour le RN est que ces vidéastes parviennent à « politiser » un public jeune qui serait naturellement tenté par l'abstention. […] « Plus le RN cherche à se respectabiliser, plus il est obligé d'adopter un langage très institutionnel, très policé, et plus il risque de se couper de son électorat contestataire, explique Julien Boyadjian (12). Mais c'est d'autant plus intéressant pour eux de déléguer à d'autres ce travail de politisation moins lisse, moins formaté. » (13)

Les groupuscules radicaux utilisent donc Internet pour faire émerger leurs problématiques dans l'espace public. Qu'on en parle en bien ou en mal ne change rien, on en parle, ces thèmes font l'actualité. C'est ce qu'on appelle l'astroturfing (14) : quand un groupe restreint impose ses problématiques en faisant croire qu'elles concernent un groupe plus grand. Une fois ce discours infusé dans la société, les forces en présence (partis politiques, associations de la société civile...) sont obligées de s'adapter à cet agenda médiatique, et de réagir aux thématiques imposées par l'extrême droite (immigration, sécurité, islam...), laissant de côté les leurs (écologie, inégalités sociales, éducation...).

En France, cette stratégie a payé, et le rôle des militant·es des groupuscules identitaires est de plus en plus prégnant au RN, influençant la ligne du parti et ses votes à l'Assemblée nationale. De nombreux membres du Bloc Identitaire ou de Génération Identitaire ont rejoint les rangs du FN, comme Philippe Vardin et Damien Rieu (désormais avec Zemmour) ou encore Grégoire de Fournas (député RN, ancien membre du BI, qui avait été suspendu quinze jours pour avoir crié « Qu'il retourne en Afrique ! » au député La France insoumise (LFI) Carlos Martens Bilongo (15)).

« « Il y a eu une imprégnation générale des idées et du style identitaires », explique un ancien cadre du BI. En 2021, Jordan Bardella reprenait à son compte la théorie complotiste du « Grand Remplacement », très relayée dans les milieux identitaires » (16). Le « Grand Remplacement » est une théorie développée par le polémiste d'extrême droite Renaud Camus. Elle « fait référence à un supposé processus de substitution des Européens ou des Français "de souche" par des immigrés extra-européens, venus principalement d'Afrique » (17).

Les influenceur·ses d'extrême droite : rendre l'idéologie « cool »

Les règles de diffusion d'un contenu sur l'internet ne sont pas les mêmes que dans les médias traditionnels, et l'extrême droite s'est adaptée à ces nouveaux canaux. Leurs idéologues ne diffusent plus sous le manteau des cassettes de chants de guerre de la Wehrmacht, mais reprennent les codes de la publicité et de la « culture LOL » (18) d'internet pour toucher un public plus large. Le cas de YouTube et des influenceur·euses d'extrême droite qui y officient est particulièrement représentatif de cette dynamique.

Les médias mainstream étant de plus en plus critiqués pour leur manque d'objectivité, le public se tourne vers des sources d'information alternatives. Une tendance qui s'est renforcée depuis la pandémie de COVID-19 et les confinements généralisés. L'extrême droite s'y est adapté en présentant ses médias comme « alternatifs » ou « citoyens », en opposition à un système médiatique présenté comme manipulatoire. Nous avons analysé dans un autre article comment la publicité a diffusé ses techniques manipulatoires dans tout l'espace public (médias, prises de parole politiques...), les érigeant en norme de discours, et créant ainsi un doute permanent dans la parole publique qui se paie aujourd'hui par cette défiance généralisée envers les médias et les politiques (19).

Une étude de 2018 du Pew Research Center a trouvé que 73% des adultes états-uniens visitaient YouTube, allant jusqu'à 94% pour les 18-24 ans. En 2017, YouTube était uniquement derrière Facebook comme réseau social le plus populaire pour s'informer. En parallèle, la confiance dans les médias mainstream est en déclin constant, avec seulement 32% des Américains affirmant avoir confiance dans les médias, selon une étude de 2016 du Gallup Poll. (20)

Une étude récente sur les jeunes consommateurs d'informations a découvert qu'ils avaient plus confiance dans les contenus « générés par les utilisateurs » que par les médias traditionnels. (21)

C'est une aubaine pour l'extrême droite, qui a développé le concept de « réinformation » (22), capitalisant sur le doute légitime des citoyen·nes pour mieux imposer sa vision du monde. Le fait de se faire passer pour des médias « alternatifs », créés par et pour des « citoyens désintéressés », permet ainsi de contourner la méfiance par défaut envers les contenus politiques identifiés comme venant d'un parti ou d'un « camp politique ». Une fois créée cette forme de confiance, les internautes sont plus perméables aux idées diffusées. Ainsi le site Novopress créé en 2005, se présente comme une « arme de réinformation », qui entend défendre une information « alternative et sans tabous » afin de lutter contre « le monde de la pensée et de l'information uniques » (23).

Car même si nous sommes conscient·es que les informations que nous recevons ne sont pas toujours vraies, il reste très difficile de distinguer le vrai du faux : aux États-Unis, 84 % des adultes interrogés se sentaient confiants (39 % très confiants et 45 % plutôt confiants) dans leur capacité à reconnaître de fausses informations (24). En France, 73% des Français·es ne jugent pas fiables les informations reçues via les réseaux sociaux numériques. Mais lorsqu'une étude de 2017 (25) teste cette capacité à distinguer le vrai du faux, la rumeur selon laquelle « des maires de villes de province font venir des personnes étrangères de Seine-Saint-Denis dans leur ville en échange de subventions » est jugée comme une affirmation fausse par seulement 31 % des répondants (certainement fausse à 9 % et probablement fausse à 22 %) » (26).

YouTube a pris une place de premier choix dans la création de médias alternatifs, et l'extrême droite s'en est emparée, notamment avec des réseaux d'influenceurs, présentant une idéologie ultra-conservatrice tout en reprenant les codes « cool » de la culture Internet. Un exemple est ce que Rebecca Davis appelle le RIA (Réseau d'Influence Alternative). Dans son rapport « Broadcasting alt-right on YouTube » (27), elle décrit un réseau de YouTubeurs états-uniens d'extrême droite (approximativement 65 sur 80 chaînes) qui récupèrent cette méfiance pour diffuser leur idéologie.

On peut parler de réseau dans le sens où ceux-ci partagent les mêmes sujets de prédilection – la menace « woke » et féministe, la peur des étranger·es, le « racisme scientifique », la détestation des « élites » et des SJW (« Social Justice Warriors » ou « Guerriers de la justice sociale »)... – se citent les uns les autres et apparaissent dans les vidéos des autres chaînes du réseau. La variété des sujets abordés ainsi que la production importante de contenus exprime le projet de ne pas être uniquement des sources d'information alternatives, mais bien de remplacer les médias mainstream (28).

Ces chaînes adoptent une charte graphique et un ton de parole « légers », drôles, reprenant les codes des influenceur·ses commerciaux·les (29). Cela leur permet de toucher un public très divers, de masquer la radicalité des opinions qu'ils défendent, et d'invisibiliser la souffrance des personnes désignées comme ennemies ou inférieures (personnes LGBT, non-blanches, femmes, « wokistes »...).

Parce qu'elles brassent des sujets divers (féminisme, racisme, corruption...), ces vidéos sont autant de portes d'entrée dans l'univers de la « droite alternative » (30). Une fois happé par ce ton léger, il devient très facile de virer vers des vidéos de plus en plus radicales, par le jeu des collaborations, c'est-à-dire d'invitations sur les vidéos les uns des autres pour des débats ou des partages d'expériences. Cela crée des passerelles depuis des chaînes mainstream et plus modérées, vers d'autres chaînes beaucoup plus radicales qui prônent ouvertement la suprématie blanche et l'action violente. Ces YouTubeurs se citent entre eux, créant ainsi une illusion de sourçage des informations. Une information peut être recoupée par plusieurs chaînes du réseau et donc donner l'impression d'être vérifiée, alors que toutes citent la même source. Tout cela crée les conditions d'une radicalisation de ces internautes.

Elles arrivent aussi à être les vidéos les plus mises en avant par YouTube sur n'importe quel sujet, en utilisant les failles dans les algorithmes. Les techniques de SEO (Search Engine Optimization) sont utilisées depuis de nombreuses années par les grandes entreprises et les publicitaires pour mettre leurs publications en avant dans les moteurs de recherche. L'idée est de connaître les règles qu'utilisent les algorithmes pour classer les contenus, et formater sa page ou son post pour qu'il corresponde à ces règles (format de vidéo, mots-clés dans le titre, images de présentation, etc.) et se retrouve mis en avant. Les influenceurs d'extrême droite reprennent ces techniques à leur profit, ce qui fait que jusqu'à la purge de 2020 des contenus d'extrême droite par YouTube, quand on tapait le mot-clé GamerGate (31), l'algorithme mettait systématiquement en avant des vidéos de harceleurs comme Mia Yiannopoulos ou Carl Benjamin, plutôt que des victimes de ces harceleurs.

Les algorithmes des GAFAM mettent en avant les contenus qui créent le plus d'engagement chez les internautes, c'est-à-dire surtout des commentaires (positifs ou négatifs). L'onglet « recommandé pour vous » de YouTube renvoie donc le plus souvent à des vidéos clivantes, guidant les internautes dans un voyage vers de plus en plus de radicalité :

En 2016, une publication interne à Facebook montrait que « 64% des entrées dans des groupes extrémistes sont dus à nos outils de recommandation », spécifiquement via les fonctionnalités Suggestions pour vous et Découvrir (32).

En 2017, l'algorithme [de YouTube] recommandait environ 10 fois plus de contenus affirmant que la Terre est plate que de vidéos fondées sur la vérité scientifique. Pourquoi ? Parce que ce type de contenus fait réagir les utilisateurs, les fidélise et permet de diffuser davantage de publicité, donc de générer plus d'argent. (33)

Le résultat de cette stratégie est que le 4 janvier 2018, la vidéo la plus vue en direct sur YouTube est un débat animé par les youtubeurs d'extrême droite Andy Warski et Jean-François Gariépy, autour du « racisme scientifique » – qu'ils appellent « race realism ». Les invités sont Richard Spencer, suprémaciste blanc qui a popularisé le terme d'alt-right, et Carl Benjamin, libertarien présenté comme plus modéré que son adversaire. Les débats tournent autour de la notion de race, des qualités inhérentes à la « whiteness » (« blanchité »), et les commentaires sont largement favorables à Richard Spencer : « Je n'ai jamais vraiment écouté parler Spencer avant, mais on voit tout de suite qu'il est d'un niveau bien plus élevé », commente Nashmau (34), un utilisateur. Ces vidéos ont néanmoins été supprimées en même temps que plusieurs chaînes d'extrême droite le 29 juin 2020 (35). Mais celle-ci avait engrangé 450,000 vues et été mise en avant par YouTube en tant que #1 trend.

En France aussi, il existe un réseau de youtubeurs d'extrême droite avec les mêmes pratiques. Des chaînes comme celle de Papacito, Valek, Bruno le Salé, Raptor dissident ou Lapin du futur, font des millions de vues (une vidéo sur le racisme anti-Blancs de Valek est en 2023 à 1,7 millions de vues (36)). Tout en reprenant les codes du stand-up et en faisant des placements de produits pour des compléments alimentaires ou des applications bancaires, ils distillent une idéologie raciste à destination des jeunes (37).

Cette idéologie n'est pas neutre. Les appels au meurtre et à la violence sont monnaie courante dans ces vidéos, ce qui mène d'ailleurs régulièrement à des condamnations ou à des suspensions de compte. Cette banalisation de la violence a des effets réels, et pousse certains internautes à aller jusqu'à commettre des actes terroristes. Le YouTubeur Papacito a été condamné pour une vidéo montrant l'exécution d'un électeur de LFI (38).

La culture du LOL, entre blagues sexistes et mèmes racistes

Sur les forums comme dans les vidéos YouTube, c'est beaucoup par l'humour que l'extrême droite fait passer ses idées. En effet, la culture du LOL normalise les blagues sexistes. Celles-ci sont beaucoup mieux acceptées que les blagues racistes et se propagent plus facilement. Mais sur les forums, tout se mélange, c'est d'ailleurs le principe même de l'humour Internet. Sous couvert d'ironie, de troll (39) et de « shitposting » (40), les internautes mélangent blagues sexistes et racistes, créant ainsi, selon l'expression de Mathilde Saliou, une « intersectionnalité des haines » (41).

Le forum « Blabla 18-25 » de jeuxvidéos.com a été très actif dans plusieurs campagnes de cyberharcèlement à caractère sexiste depuis 2013 (42) et est en parallèle devenu un soutien quasi-officiel à Henry de Lesquen, ancien président de Radio Courtoisie, figure de l'extrême droite et de la « remigration ». Celui-ci reprend les codes de la rhétorique catholique contre-révolutionnaire, ce qui semble de prime abord assez loin de l'esprit d'un forum nommé « Blabla du 18-25 ». Mais ses formules surannées (il a traité un journaliste juif de « menteur pharisien ») et ses attaques racistes particulièrement violentes (il utilise le terme « Congoïde » pour désigner les personnes noires) en font une sorte de « troll » IRL (In Real Life).

Les internautes se sont emparés de son image décalée, en créant et diffusant de manière massive des mèmes et des gifs à son effigie. « Cynique, décomplexée et collant à l'actualité, cette communication, qui s'adresse aux jeunes internautes en reprenant leurs codes visuels et leurs références culturelles, est taillée pour une viralité qui va bien au-delà des cercles habituels de l'extrême droite » (43).

Cette communication opportune pour le personnage a été depuis copiée par des équipes plus officielles, comme celle d'Eric Zemmour, qui a repris ces codes à son profit lors de sa campagne de 2022. « Cette cool connexion s'avère une arme d'autant plus redoutable qu'il n'est nul besoin de partager ces idées pour en rire, et que même ceux qui s'en offusquent participent […] à leur viralité » (44). Ces figures de l'extrême droite sont transformées en « icônes pop », les rendant quasiment sympathiques et surtout omniprésentes sur la Toile, particulièrement dans les discussions sur les jeux vidéo. C'est une stratégie habile dans la mesure où en France, en 2018, 3 internautes sur 4 étaient des gamers, soit 32,3 millions de personnes (45).

Le recrutement des militant·es par l'internet

Selon le journaliste Paul Conge, auteur d'une étude sur l'extrême droite, les jeux vidéos sont « un vecteur identitaire très fort pour des jeunes gens qui ont entre 14 et 18 ans, qui n'ont pas forcément une culture politique au départ – mais qui en acquièrent une grâce à ça » (46). Le journaliste s'est fait passer pour un adolescent dans le but de rencontrer des recruteur·ses de groupes d'extrême droite. Ceux-ci vont sur des jeux multijoueurs en réseau comme Fortnite ou des forums, et « trollent » des joueur·ses ou des groupes. Le but est de faire déraper la discussion, et selon les réactions, d'inviter les joueur·ses intéressé·es dans des forums plus confidentiels, où se discutent ouvertement les thèses racistes et les moyens de résister au « Grand Remplacement ». Le même mécanisme est d'ailleurs utilisé par des représentant·es du RN dans les conventions de tuning : iels s'insèrent, distillent leurs discours, et réussissent à amener leurs idées dans des domaines qui n'ont au départ rien à voir avec la politique.

Le phénomène dit du « troll » est particulièrement adapté aux stratégies de l'extrême droite. Un troll est un internaute qui « cherche délibérément à engendrer des polémiques, par exemple en abordant un sujet controversé ou en s'en prenant aux autres participants » (47). Il y a de nombreux types de trolls, qui vont du « grammar nazi » (« nazi de la grammaire ») débusquant et moquant la moindre faute d'orthographe jusqu'aux trolls politiques organisés par des personnalités, des entreprises ou des gouvernements pour discréditer des adversaires ou perturber les débats à l'intérieur d'une nation ennemie. Le troll est un produit typique de l'économie de l'attention (voir l'autre partie de cet article).

L'irruption de trolls d'extrême droite dans des parties de jeux vidéo ou des conversations en ligne est une arme redoutable. Même si le troll est évacué par les participant·es, la multiplication des attaques crée un climat de tension permanente, et impose les sujets de l'extrême droite dans les conversations. Plus leurs thématiques sont discutées, plus elles seront présentes dans les tendances, et donc mises en avant par les algorithmes. Se présenter sous la forme de l'humour, même violent, permet au discours en question de se rappeler en permanence aux membres du groupe par des blagues, des mèmes, des images, des références.

L'ironie est utilisée comme une arme. Toute critique est impossible, car elle se fait opposer la sentence : « tu dois être vraiment stupide pour penser que je pense ce que je dis. Tu vois bien que c'est ironique. » « Mais en même temps, leurs contenus [sont] odieux, et [abaissent] chaque fois le curseur de l'acceptable » (48). Un ou plusieurs internautes peuvent alors être intéressés par les propos du troll et se mettre en contact avec lui, en dehors du groupe initial.

C'est un phénomène très sérieux dont même l'OTAN s'inquiète, dans un rapport de 2021, comme d'une arme pouvant être utilisée par des États pour interférer dans la politique intérieure d'autres États. La Russie est reconnue avoir utilisée des « usines à trolls » diffusant de fausses informations et encourageant les rumeurs complotistes. Ceci afin de favoriser l'extrême droite européenne, plus favorable a priori à son régime et propice à déstabiliser les États de l'intérieur (49). De nombreux internautes pro-Trump ont aussi utilisé les trolls pour promouvoir leurs candidats, allant jusqu'à s'auto-nommer « Trump's Troll Army » (« l'armée de trolls de Trump »). Joe Biden a lui aussi utilisé des « usines à troll » pour promouvoir sa campagne (50). Brenton Tarrant, terroriste responsable de la tuerie de Christchurch, écrivait avant son attaque que « les mèmes ont fait plus pour le mouvement ethnonationaliste que n'importe quel manifeste » (51).

Conclusion

Les discours de l'extrême droite se sont adaptés aux codes de l'internet pour asseoir sa domination. Gardant son côté sulfureux historique, tout en reprenant l'humour léger de la publicité et le cynisme des forums Internet, elle a réussi à faire de l'internet un porte-voix pour ses idées excluantes. La médiatisation par les marges des groupuscules les plus violents a permis aux groupes plus institutionnels et policés comme le RN de se hisser aux postes d'élu·es, tout en se démarquant de cette image de milices qui lui collait à la peau. Comme une division du travail idéologique, on voit les représentant·es de partis d'extrême droite afficher une image de respectabilité et d'ouverture, en encourageant en douce les groupes les plus radicaux à saturer la toile de discours racistes et d'appels au meurtre.

Ce jeu entre partis « officiels » et groupuscules radicaux permet à l'extrême droite de déplacer la fenêtre d'Overton. Cette métaphore a été imaginée par le sociologue du même nom pour désigner les opinions considérées comme acceptables par l'opinion publique, et donc susceptibles d'être introduites dans la législation (52). Toute opinion exprimée dans l'espace public qui se trouverait en dehors de cette fenêtre métaphorique serait par défaut discréditée comme insensée ou trop extrême. Par exemple, la prohibition de l'alcool aux États-Unis a duré pendant 13 ans (de 1920 à 1933). Elle était donc acceptable politiquement à ce moment précis de l'Histoire, à cet endroit du monde. En 2024, un·e politicien·ne qui proposerait l'interdiction de la vente et de la consommation d'alcool serait sûr·e de ruiner son image et sa carrière. Elle n'est plus dans la fenêtre d'Overton.

De même, la théorie du « grand remplacement » est longtemps restée confinée à d'obscurs groupuscules ou des terroristes (Brenton Tarrant a intitulé son manifeste « Le grand remplacement » avant de tuer 50 personnes à la sortie d'une église néo-zélandaise). Elle est désormais reprise dans de nombreux médias (notamment la chaîne CNews, possédée par Vincent Bolloré) et par de nombreux responsables politiques d'extrême droite ; d'abord cantonnée à Éric Zemmour et ses soutiens, elle est passée au Rassemblement National et même maintenant au groupe politique « centre-droit » Renaissance.

L'agenda médiatique actuel est déplacé vers les problématiques de l'extrême droite, qui saturent petit à petit le débat politique. Les discours racistes des marges se retrouvent au cœur des gouvernements et de leurs politiques, que les élu·es soient ou non affilié·es à des partis d'extrême droite. En France, la loi sur l'immigration, proposée par Renaissance, pourtant désigné par le ministère de l'Intérieur comme « centre-droite » a été votée par 100% des parlementaires du RN tandis que 22% des parlementaires de Renaissance s'abstenaient ou votaient contre. Une première dans ce mandat (53). Marine Le Pen a d'ailleurs qualifié ce vote de « victoire idéologique » (54).

Notes

1- Jurgen HABERMAS, L'espace public. Archélogie de la publciité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Payot, 1993

2- Dominique CARDON, La démocratie Internet, éditions du Seuil et La République des idées, 2010

3- Achraf BEN BRAHIM, Pourquoi l'extrême-droite domine la toile. Le grand remplacement numérique, Éditions de l'aube et fondation Jean Jaurès, 2023, p. 13

4- Jonathan THOMAS, La propagande par le disque. Jean-Marie Le Pen, éditeur phonographique, Paris, EHESS, in Achraf BEN BRAHIM, op. cit.

5- Valérie IGOUNET, « Plongée dans les sonorités nationalistes », France TV Infos, 20 juin 2016, à consulter ici : https://blog.francetvinfo.fr/derriere-le-front/2016/06/20/plongee-dans-les-sonorites-nationalistes.html

6- Achraf BEN BRAHIM, op. cit., p. 12

7- Youmni KEZZOUF, « Pour le Conseil d'État, le RN est bien d'extrême-droite », Mediapart, 21 septembre 2023 https://www.mediapart.fr/journal/politique/210923/pour-le-conseil-d-etat-le-rn-est-bien-d-extreme-droite

8- Youmni KEZZOUF et Marine TURCHI, « Israël-Hamas, le RN tente de faire oublier son passé antisémite », Mediapart, 11 octobre 2023

9- Pietro Castelli GATTINARA, Caterina FROIO, « Quand les identitaires font la une. Stratégies de mobilisation et visibilité médiatique du bloc identitaire », Revue française de science politique, 2018/1 (Vol. 68), p. 103 https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2018-1-page-103.htm

10- Caterina FROIO, Samuel BOURON, « Entrer en politique par la bande médiatique ?​ Construction et circulation des cadrages médiatiques du Bloc identitaire et de Casapound Italia », Questions de communication, 2018/1 (n° 33), p. 221 https://shs.cairn.info/revue-questions-de-communication-2018-1-page-209?lang=fr

11- Caterina FROIO, Samuel BOURON, op. cit., p. 218

12- maître de conférences à Sciences-Po Lille et spécialiste de la politisation en ligne.

13- Lucie DELAPORTE, « Les Youtubeurs de la haine : un fascisme débonnaire », Mediapart, 14 mars 2021 https://www.mediapart.fr/journal/france/140321/les-youtubeurs-de-la-haine-un-neofascisme-debonnaire

14- David CHAVALARIAS, op. cit.

15- Valérie HACOT, « Les identitaires, nouveau vivier du FN », Le Parisien, 24 juillet 2018, https://www.leparisien.fr/politique/les-identitaires-nouveau-vivier-du-fn-11-05-2018-7711248.php?ts=1701272182641

16- Ellen SALVI, « Le passé identitaire du député RN Grégoire de Fournas est aussi un passif judiciaire », Mediapart, 18 décembre 2023 https://www.mediapart.fr/journal/france/181223/le-passe-identitaire-du-depute-rn-gregoire-de-fournas-est-aussi-un-passif-judiciaire?at_medium=custom7&at_campaign=1046

17- Alice GALOPIN, Thibault LE MENEC, « L'article à lire pour comprendre pourquoi le "grand remplacement" est une idée raciste et complotiste », France Info, 13 mars 2022 https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/l-article-a-lire-pour-comprendre-pourquoi-le-grand-remplacement-est-une-idee-raciste-et-complotiste_4965228.html

18- Laughing Out Loud, ou « Mort de Rire » en français. Voir Monique DAGNAUD, « De la BOF génération à la LOL génération », Slate, 13 septembre 2010, à consulter ici ; https://www.slate.fr/story/27079/bof-generation-lol-generation

19- https://blogs.mediapart.fr/tanguy-delaire/blog/041124/publicite-lindustrialisation-de-la-manipulation

20- Rebecca DAVIS, Alternative Influence, Broadcasting the reactionnary right on YouTube, Data & Society, 2018, p. 5, traduction personnelle https://datasociety.net/wp-content/uploads/2018/09/DS_Alternative_Influence.pdf

21- Ibid., p. 16, traduction personnelle

22- Jen SCHRADIE, L'illusion de la démocratie numérique. Internet est-il de droite ?, éditions quanto, 2022. Voir aussi son interview sur France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-code-a-change/pourquoi-internet-favorise-la-droite-2707050

23- Elsa GIMENEZ, Olivier VOIROL,"Les agitateurs de la toile. L'internet des droites extrêmes. Présentation du numéro", Réseaux, 2017/2, n. 202-203, p. 9-37 https://shs.cairn.info/revue-reseaux-2017-2-page-9?lang=fr

24- PEW RESEARCH CENTER (2016), Many Americans Believe Fake News Is Sowing Confusion, http://www.journalism.org/2016/12/15/many-americans-believe-fake-news-is-sowing-confusion/ , cité par Franck REBILLARD, « La rumeur du PizzaGate durant la présidentielle de 2016 aux États-Unis. Les appuis documentaires du numérique et de l'Internet à l'agitation politique », Réseaux, 2017/2 (n° 202-203), Éditions La Découverte, p. 278-279 https://shs.cairn.info/revue-reseaux-2017-2-page-273?lang=fr

25- KANTAR, Baromètre de la confiance des Français dans les médias, cité par Franck REBILLARD, op. cit.

26- Franck REBILLARD, op. cit.

27- Rebecca DAVIS, op. cit., p. 16, traduction personnelle

28- « By creating an alternative media system on YouTube, influencers in the AIN express a wish not only to provide an additional, alternative option for young audiences, but also to replace their consumption of mainstream news entirely. » Rebecca DAVIS, op. cit., p. 15

29- « personnes qui modèlent l'opinion publique et promeuvent des biens et services à travers la « calibration consciente » de leur personnalité en ligne » définition de Rebecca DAVIS, op. cit., p. 6, traduction personnelle

30- Ou alt-right, terme dont la paternité est revendiquée par Richard Spencer, militant d'extrême droite états-unien. Il désigne une nouvelle forme d'extrême droite, plus moderne, tournée contre le féminisme, le « gauchisme », et pour un suprémacisme blanc.

31- Le GamerGate est une campagne de cyberharcèlement envers Zoë Quinn, une programmeuse de jeux vidéos, lancée par son ex-petit ami Eron Gjoni, jaloux de la sortie du jeu Depression Quest de Zoë. Elle prend de l'ampleur sur les forums tels que Reddit, 4Chan, 8Chan et Twitter, ou le « 18-25 » de jeuxvideo.com en France, utilisant les algorithmes pour inonder le web de leur rancœur et leurs menaces de mort. cf. Mathilde SALIOU, Technoféminisme, Comment le numérique aggrave les inégalités, Éditions Grasset & Fasquelle, 2023, pp. 35-50

32- Mathilde SALIOU, op. cit., p. 59

33- Mathilde SALIOU, op. cit., p. 57

34- « I've never really listened to Spencer speak before, but it is immediately apparent that he's on a whole different level. » traduction personnelle

35- « YouTube supprime des chaînes racistes, dont celle du polémiste Dieudonné », RTS, 30 juin 2020 https://www.rts.ch/info/monde/11438734-youtube-supprime-des-chaines-racistes-dont-celle-du-polemiste-dieudonne.html

36- Valek, « ANTIRACISME », YouTube, 24 septembre 2019 consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=tHt_L9mz85o&t=485s

37- Lucie DELAPORTE, op. cit.

38- « Une enquête ouverte contre Papacito, le youtubeur d'extrême droite, pour provocation au meurtre », Le Monde, 9 juin 2021 https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/09/une-enquete-ouverte-contre-le-youtubeur-d-extreme-droite-papacito-pour-provocation-au-meurtre_6083462_3224.html

39- « perturber quelque chose parce que c'est amusant » : Lucie RONFAUT, « Des ados ont trollé Trump, et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle », Libération, 27 juin 2020. https://www.liberation.fr/planete/2020/06/27/des-ados-ont-trolle-trump-et-ce-n-est-pas-forcement-une-bonne-nouvelle_1792456/ La pratique du trolling prend souvent la forme de remarques hors de propos au milieu d'une conversation, dans le but de la faire dégénérer.

40- Le shitposting (« poster de la merde ») est une variante du troll (ou trolling) qui consiste à littéralement poster de la merde, c'est-à-dire avancer des positions absurdes et contraires au bon sens, dans le but de faire déraper une conversation.

41- Mathilde SALIOU, op. cit.

42- Dont on peut retrouver une liste non-exhaustive de 2013 à 2017 dans cet article : Jules DARMANIN, « La misogynie du forum 18-25 de jeuxvidéo.com est connue depuis des années », BuzzFeed, 3 novembre 2017 https://www.buzzfeed.com/fr/julesdarmanin/jeuxvideocom-des-annees-de-harcelement-misogyne-et-de

43- Achraf BEN BRAHIM, op. cit., p. 53

44- Ibid., p. 57

45- Selon une étude de Médiamétrie. Cité par Mathilde SALIOU, op. cit., p. 39

46- Christophe CECIL-GARNIER, Paul CONGE, « Soirées tuning, cours de drague et jeux vidéo : les nouvelles méthodes de recrutements de l'extrême droite », StreetPress, 4 septembre 2020 https://www.streetpress.com/sujet/1599222757-soirees-tuning-cours-drague-jeux-video-nouvelles-methodes-recrutement-extreme-droite-fn-rn

47- Rapport de l'OTAN, « DEEP ADL - Infographie : Les usines à trolls (Médias - (Dés)information - Sécurité », 3 janvier 2021 https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_175693.htm

48- WU MING 1, Q comme Qomplot. Comment les fantasmes de complot défendent le système, Lux Éditeur, 2022, p. 119

49- Sylvain TRONCHET, « Les "influenceurs du Kremlin", ces Français qui ont choisi de relayer la propagande russe depuis Moscou », France Info, 18 décembre 2023 https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-les-influenceurs-du-kremlin-ces-francais-qui-ont-choisi-de-relayer-la-propagande-russe-depuis-moscou_6251514.html

50- Siddhartya ROY, « Joe Biden, Kamala Harris Got a Big Social Media Boost from Indian Troll Farms », Newsweek, 2 novembre 2020 https://www.newsweek.com/joe-biden-kamala-harris-got-big-social-media-boost-indian-troll-farms-1544047

51- « Memes have done more for the ethnonationalist movement than any manifesto », in David R. KIRKPATRICK, « Massacre suspect traveled the world but lived on the internet », New York Telegraph, 15 mars 2019. https://www.nytimes.com/2019/03/15/world/asia/new-zealand-shooting-brenton-tarrant.html

52- « Policies that are widely accepted throughout society as legitimate policy options », MacKinac Center for Public Policy, dont Joseph P. Overton a été vice-président https://www.mackinac.org/OvertonWindow

53- Pauline GRAULLE et Ilyes RAMDANI, « Loi immigration : à l'Assemblée nationale, la victoire au goût de débâcle du camp présidentiel », Mediapart, 20 décembre 2023 https://www.mediapart.fr/journal/politique/201223/loi-immigration-l-assemblee-nationale-la-victoire-au-gout-de-debacle-du-camp-presidentiel?at_medium=custom7&at_campaign=1046

54- « Projet de loi immigration : le RN votera pour le texte issu de la CMP, annonce Marine Le Pen, qui salue une "victoire idéologique" », Franceinfo avec AFP, 19 décembre 2023 https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/loi-immigration-le-rn-votera-pour-annonce-marine-le-pen-qui-revendique-une-victoire-ideologique_6254361.html

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Le Frente Amplio remporte les élections en Uruguay

10 décembre 2024, par Revista Movimento — , ,
Yamandú Orsi, candidat du parti de centre-gauche Frente Amplio (Front large), a battu son rival du Parti national lors du second tour de l'élection présidentielle en Uruguay, (…)

Yamandú Orsi, candidat du parti de centre-gauche Frente Amplio (Front large), a battu son rival du Parti national lors du second tour de l'élection présidentielle en Uruguay, qui s'est tenu fin novembre. Le premier tour avait eu lieu le 24 octobre, simultanément avec les élections législatives et deux référendums.

6 décembre 2024 | tiré d'Inprecor.org | Photo : Comício da Frente Ampla - © Comício da Frente Ampla
https://inprecor.fr/node/4473

Le Frente Amplio large (FA) gouvernera à nouveau le pays suite à sa victoire au second tour des élections qui se sont tenues ce dimanche 24 novembre. Le candidat de la coalition Frente Amplio, le professeur d'histoire Yamandú Orsi, a battu le candidat du Parti national (conservateur) Álvaro Delgado de près de 4 %, ce qui permettra à la formation de centre-gauche d'accéder à nouveau à la présidence du pays.

Orsi était le candidat soutenu par l'ancien président José Mujica et avait remporté les primaires du FA face à Carolina Cosse, qui était, elle, soutenue par les groupes de gauche du Frente Amplio. Battue aux primaires, Carolina Cosse a finalement participé en tant que candidate à la vice-présidence. L'extrême droite représentée par le parti Cabildo Abierto du général de réserve Manini Ríos, qui avait obtenu de bons résultats lors des dernières élections, a cette fois-ci subi une défaite importante et est passée de trois sénateurs et neuf députés en 2019 à seulement deux députés aujourd'hui.

Simultanément au premier tour des élections présidentielles était organisé un plébiscite qui visait à inscrire le thème de la Sécurité sociale dans la constitution comme un droit humain fondamental. Bien qu'il ait près de 40 % des suffrages, le changement n'a pas atteint le niveau nécessaire pour être approuvé. Dans une interview exclusive à la Revista Movimento1 accordée entre les deux tours des élections, la sénatrice suppléante Cecilia Vercellino (PVP/FA) expliquait :

Le plébiscite sur la Sécurité sociale proposait d'incorporer dans la Constitution de la République trois mesures de protection, qui s'opposaient à la loi votée par le gouvernement actuel, et qui allaient beaucoup plus loin : lier les pensions les plus basses au salaire minimum national. En d'autres termes, faire qu'aucun retraité ne gagne moins que le salaire minimum national (ce gouvernement a gelé les pensions, elles n'ont pas augmenté durant tout son mandat) ; rétablir à 60 ans l'âge minimum à partir duquel on peut, si on le souhaite, prendre sa retraite (ce gouvernement a porté l'âge minimum à 65 ans) ; et surtout, principale proposition progressiste, a généré toute la controverse : l'élimination du profit dans la gestion de la Sécurité sociale, ce qui signifie la fin des AFAP (Gestionnaires privés des fonds de retraite par capitalisation en Uruguay). Il ne reste que 12 pays dans le monde avec ce modèle d'AFAPs et l'Uruguay est l'un d'entre eux.

Le FA était divisé sur cette question. Dès le départ, ses dirigeants ont clairement indiqué qu'ils ne soutiendraient aucune proposition de plébiscite, avec ou sans AFAP. Ils ne voulaient ni n'acceptaient de s'engager dans une autre lutte, qu'ils considéraient comme perdue, et qui pouvait, selon eux, détourner l'attention et les forces destinées à la reconquête du gouvernement. Des secteurs comme celui auquel j'appartiens (le PVP, Parti pour la Victoire du Peuple) n'étaient pas et ne sont pas d'accord avec ce point de vue d'une partie de la FA et, avec le Parti socialiste et le Parti communiste (eux aussi partie prenante du FA), nous avons soutenu l'initiative du PIT-CNT (la confédération syndicale uruguayenne) dès le début, bien sûr avec des nuances et des débats, mais nous l'avons fait sans hésitation parce que, si nous devions perdre et si nous avions tort, nous préférerions le faire en soutenant et en appuyant la classe ouvrière organisée.

Le nouveau gouvernement du FA, qui n'aura pas la majorité absolue au parlement à deux sièges près, a déjà annoncé la nécessité de lutter contre la pauvreté en réformant le système de protection sociale pour combattre l'actuelle situation de pauvreté qui affecte environ 20 % des enfants de moins de six ans et de créer un système unique contre le crime organisé.

Publié le 25 novembre 2024 par la revue Movimento, traduit par Luc Mineto

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Russie - Ce que cachent les missiles hypersoniques

10 décembre 2024, par Catherine Samary — , ,
Le jeudi 21 novembre Poutine « dévoilait » une nouvelle arme de son arsenal en ordonnant le lancement du missile hypersonique, « Oreshnik » (noisetier), de portée (…)

Le jeudi 21 novembre Poutine « dévoilait » une nouvelle arme de son arsenal en ordonnant le lancement du missile hypersonique, « Oreshnik » (noisetier), de portée intermédiaire. Un « test » réussi ou une démonstration d'impasse de son « opération militaire spéciale » ?

Hebdo L'Anticapitaliste - 731 (28/11/2024)

Par Catherine Samary

Les États-Unis avaient été informés, 30 minutes avant, du lancement de ce missile sans ogive nucléaire mais capable d'en transporter. Il n'a guère fait de dégâts, frappant une ancienne usine de Dnipro. Il s'agissait pour Poutine d'une opération théâtrale à plusieurs dimensions envers divers publics : faire peur, en Ukraine et auprès des opinions publiques de pays la soutenant ; en poussant d'un cran la rhétorique nucléaire dans ses menaces à destination de l'Occident, en amendant un oukaze pour signifier que toute aide apportée à l'Ukraine signalerait le pays concerné comme « cobelligérant » et susceptible de ­représailles nucléaires.

Parallèlement, il s'agissait pour Poutine de se montrer rassurant en direction de la population russe, quant aux capacités de défense du pays. Le dirigeant russe s'est réjoui de la réussite d'un « test » — permettant de lancer la production d'autres missiles de ce type. Sauf que son coût serait selon les experts, de 100 à 200 fois supérieur à celui des missiles quotidiennement envoyés sur l'Ukraine (et massivement interceptés). Par ailleurs, l'Ukraine a déjà été confrontée à l'envoi de missiles hypersoniques russes précédemment qualifiés par Poutine d'invincibles. Ce fut le cas en mai 2023, lorsque Kiev s'est servi d'un système antimissile américain Patriot pour détruire un missile Kh-47M2 Kinjal (lancé sur l'Ukraine depuis un MiG-31 russe) et qui, selon Poutine comme il l'a redit pour son « Oreshnik », ne pouvait être intercepté…

Les difficultés du régime poutinien

Mais surtout, Poutine a accompagné sa présentation de l'opération « Oreshnik » d'une mesure significative à destination de ses soldats : l'annulation de leurs dettes — ce qui s'ajoute à plusieurs mesures budgétaires déjà prises pour trouver des volontaires — et aider leur famille lorsqu'ils meurent au front, ce qui est la règle.

Début novembre, selon des services de sécurité étatsuniens, la Russie aurait formé des soldats nord-coréens qui pourraient aller sur le front. Cela marquerait à la fois un tournant de la guerre et un aveu. Jusqu'alors il n'y a eu aucun recours à des troupes étrangères pour se battre aux côtés de Kiev ou de Moscou — mais ce recours soulignerait encore la difficulté de recrutement de soldats — ce qui est également vrai en Ukraine, avec un autre contexte. Poutine s'est tourné vers les populations les plus pauvres du fin fond de la fédération de Russie et a offert des salaires bien supérieurs à ce qu'offre l'industrie, produisant aussi des pénuries de main-d'œuvre de ce côté. L'économie de guerre russe tourne à plein régime et distribue des salaires — mais elle ne permet pas de « vivre » ni de produire ce dont la population a besoin. Et l'inflation risque d'aggraver les tensions.

Globalement, « l'opération militaire » lancée par Poutine en février 2022 était supposée obtenir une chute du gouvernement Zelensky et une soumission de l'Ukraine au « monde russe » en quelques jours. Depuis près de trois ans, les UkrainienNEs résistent toujours (ce qui a surpris Biden et autres forces de l'OTAN) en réclamant les moyens de repousser l'envahisseur (1).

L'Ukraine se bat, en légitime défense

Dans l'attente de négociations qui seraient catalysées par Trump après son investiture, les deux parties cherchent à consolider leur position. Selon la presse états­unienne, le président Biden a autorisé Kiev à effectuer sous sa supervision des attaques sur le territoire russe avec des missiles d'une portée de 300 km capables d'atteindre la région de Koursk (2) où seraient les forces nord-coréennes. Il s'agirait de dissuader celles-ci d'intervenir et de cibler des sites militaires d'où partent les attaques répétées sur les infrastructures et populations de l'Ukraine depuis des mois — faisant des milliers de morts et centaines de milliers de blesséEs.

Cette guerre a transformé le régime russe dans un sens fascisant – tuant ses opposantEs, les emprisonnant ou les forçant à s'exiler (3), (4). Elle a aussi creusé des haines « anti-russes » même dans les régions russophones de l'Ukraine. Sans que cesse l'aveuglement d'une partie des gauches dans le monde dont le seul ennemi impérial possible était l'Otan — et qui, pour certains, voient en Poutine une alternative progressiste à l'Occident.

L'ère Trump ouvre de grandes incertitudes. Notre rôle est d'aider la résistance populaire en Ukraine (5) — armée et non armée, et indépendante des gouvernants — et les opposantEs russes à la guerre en construisant les alternatives internationalistes (6).

Catherine Samary

1. https://lanticapitaliste…
2. https://lanticapitaliste…
3. https://inprecor.fr/node…
4. https://links.org.au/aut…
5. https://inprecor.fr/node…
6. https://lanticapitaliste…

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Martinique : Halte à la répression ! Libérez Petitot ! Non à la criminalisation de la contestation sociale !

10 décembre 2024, par Groupe Révolution Socialiste — , ,
Certes, donner des injonctions de fermeture des mairies aux élu-e-s de la population n'est pas très conventionnel. Certes, leur crier de façon assez lapidaire « NOU KÉ ATAKÉ (…)

Certes, donner des injonctions de fermeture des mairies aux élu-e-s de la population n'est pas très conventionnel. Certes, leur crier de façon assez lapidaire « NOU KÉ ATAKÉ ZOT », c'est prêter le flanc aux polémiques qui jouent sur les ambiguïtés.

30 novembre 2024 | • Inprecor. 3 décembre 2024 | Photo : Rodrigue Petitot, Le R, arrive au tribunal de Fort-de-France, le 15 novembre 2024. • ©Kelly Babo
https://inprecor.fr/node/4466

Mais, à qui fera-t-on croire que Préfet et Procureure de la République, qui scrutent à la loupe toute déclaration du RPPRAC ignoreraient que les attaques en question concernent le terrain électoral dans lequel cette organisation a déclaré publiquement vouloir se lancer ?

À qui fera-t-on croire que l'appel à la répression exprimé par un grand nombre d'élu-e-s (territoriaux ou municipaux), est autre chose qu'une couverture pour la propre impuissance dans laquelle les plonge le système colonial ?

Le prétexte à la répression contre Petitot ne trompe que les naïfs. Le harcèlement judiciaire actuel n'est que la mise en exécution du plan sinistre de Retaillau, dont tout le monde sait que les jours comme ministre, sont comptés jusqu'au renversement du gouvernement illégitime, rétrograde, et liberticide du sieur Barnier.

Le GRS réclame la libération immédiate de Petitot et de tous les contestataires victimes de la criminalisation du mouvement social. Une honte pour la prétendue « patrie des droits de l'Homme » !

Le mouvement ouvrier et démocratique se doit de s'opposer fermement à la répression qui, en dernière instance, s'attaquera à tout ce qui bouge, si on laisse faire ! La mobilisation contre la vie chère, pour une vie digne, pour l'emploi, la santé, l'École, et pour notre liberté, est un seul et même combat.

Fort-de-France le 30 novembre 2024

Groupe Révolution Socialiste
P.-S.

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Dialogue Binet-Tanuro : le défi écologique passé au crible

10 décembre 2024, par Daniel Tanuro, Sophie Binet — , ,
C'est une initiative de la CGT de Loire Atlantique (44) réalisée en mai 2024 : un dialogue entre Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT et Daniel Tanuro, ingénieur (…)

C'est une initiative de la CGT de Loire Atlantique (44) réalisée en mai 2024 : un dialogue entre Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT et Daniel Tanuro, ingénieur agronome et auteur d'ouvrages sur le défi écologique avec notamment son dernier livre : « Ecologie, luttes sociales et révolution » (La Dispute). Un débat qui aborde (presque) toutes les questions : les limites de la planète, la contradiction entre le « social » et « l'environnemental« , la sécurité sociale professionnelle et environnementale, la décroissance mondiale de la production énergétique (sans pénaliser les pays pauvres), le sens du mot « production« , du « travail » et de l'industrie, et aussi les sources de luttes et d'espoir. Un échange très fécond. Plus bas, noter aussi un autre dialogue entre le même Daniel Tanuro et Sébastien Menesplier (secrétaire confédéral chargé de l'environnement) dans le cadre de « journées de l'écosyndicalisme » à Nantes en avril 2024.

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Déclaration de la confédération syndicale de Géorgie contre la répression.

10 décembre 2024, par Confédération syndicale de Georgie — , ,
L'Union des syndicats professionnels de Géorgie déclare qu'il n'y a pas d'alternative à l'intégration européenne, c'est la volonté inébranlable du peuple géorgien inscrite dans (…)

L'Union des syndicats professionnels de Géorgie déclare qu'il n'y a pas d'alternative à l'intégration européenne, c'est la volonté inébranlable du peuple géorgien inscrite dans la Constitution géorgienne. Les autorités et chaque membre de la société ont l'obligation et la nécessité vitale de concentrer leurs efforts sur une intégration rapide dans l'Union européenne.

4 décembre 2024 |tiré d'Arguments pour la lutte sociale

Jusqu'à présent, chaque progrès du pays dans des directions différentes est lié au processus d'intégration européenne, et chaque défi qui inquiète la population de notre pays ne peut être résolu qu'en introduisant des normes européennes, avec une large participation du public. C'est pourquoi nous pensons que la décision du gouvernement de refuser d'ouvrir les négociations jusqu'en 2028, ainsi que le nom du candidat à la présidentielle qu'il a désigné, auraient dû être connus du public avant les élections.

Nous considérons que seule l'intégration européenne permettra d'assurer le bien-être de la société, la sécurité sociale, un emploi décent et, en général, une protection et un respect inébranlables des droits humains.

Nous condamnons catégoriquement l'excès évident de force de la part des forces de l'ordre, qui s'est manifesté par la violation des droits des représentants des médias et des participants aux manifestations, y compris par la violence physique. Nous pensons que chaque auteur et toutes les personnes responsables doivent être identifiés et tenus responsables immédiatement.

Il est également nécessaire de prévenir les actes de violence et de vandalisme contre les forces de l'ordre de la part des personnes impliquées dans la manifestation.

L'Union des syndicats professionnels de Géorgie est prête à fournir une assistance juridique à toutes les personnes dont les droits du travail seront violés en raison de l'exercice de la liberté d'expression ou d'autres droits légaux.

Syndicat professionnel des travailleurs des transports et de la route de Géorgie
Syndicat des métallurgistes, des industries minières et chimiques
Syndicat ferroviaire
Union des syndicats professionnels d'Abkhazie
Syndicat Professionnel des Travailleurs du Métro
Syndicat Professionnel des Énergéticiens
Union professionnelle des travailleurs de la connectivité
Syndicat Professionnel des Travailleurs Médicaux, Pharmacie et Protection Social
Union professionnelle des marins
Syndicat Professionnel des Bâtisseurs et Travailleurs Forestiers
Syndicat professionnel des travailleurs du secteur des services, des services publics et des banques
Syndicat professionnel des travailleurs de l'industrie pétrolière et gazière
Union professionnelle des fonctionnaires
Union professionnelle de l'art, des médias, des institutions culturelles et éducatives, des travailleurs du sport et du tourisme.
Syndicat libre des enseignants et des scientifiques de Géorgie (SPMTP)

Le 2 décembre 2024.

Source : RESU

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Une interview de Yuriy Samoilov, dirigeant du syndicat indépendant des mineurs ulrainiens

10 décembre 2024, par Frederico Fuentes, Yuri Samoilov — , ,
Yuriy Samoilov est un dirigeant du Syndicat indépendant des mineurs d'Ukraine (NPGU-KVPU) à Kryvyi Rih et un militant de l'organisation ukrainienne de gauche Sotsialnyi Rukh (…)

Yuriy Samoilov est un dirigeant du Syndicat indépendant des mineurs d'Ukraine (NPGU-KVPU) à Kryvyi Rih et un militant de l'organisation ukrainienne de gauche Sotsialnyi Rukh (Mouvement social). Dans cet entretien avec Federico Fuentes pour LINKS International Journal of Socialist Renewal, réalisé avec l'aide de Serhii Shlyapnikov, Samoilov donne une perspective syndicale et de gauche sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Il explique comment les syndicats font face au double défi de l'occupation étrangère et des attaques contre les droits des travailleurs, ainsi qu'à la nécessité d'une solidarité internationale avec les travailleurs ukrainiens.

Federico Fuentes

3 décembre 2024 | Links - Traduction Patrick Le Tréhondat

Quels ont été les effets sur le moral de la population des attaques incessantes de la Russie contre les infrastructures énergétiques ?

L'été [juin-août] a été marqué par de nombreuses attaques contre les infrastructures énergétiques. Tout le monde fait des réserves de générateurs et de batteries. Le chauffage n'a pas encore été allumé dans les grands bâtiments, mais il a neigé hier [13 novembre], de sorte que les gens sont déjà gelés et craignent l'hiver à venir, en particulier les personnes âgées et celles qui ont des enfants. À Kryvyi Rih, les attaques russes se concentrent désormais sur les zones résidentielles et les hôtels. Quatre hôtels ont été détruits, ainsi que plusieurs bâtiments résidentiels. Des civils, des familles entières, ont été tués. Il y a quelques jours, une frappe a eu lieu près de notre bureau syndical. Un grand bâtiment de cinq étages a été détruit. Plusieurs personnes sont mortes, dont une mère et ses trois jeunes enfants, dont le plus jeune n'avait que sept mois. Le père n'a survécu que parce qu'il était au travail. Les enfants doivent étudier dans les sous-sols ou en ligne. Tout le monde craint de nouvelles attaques. En ce qui concerne les installations énergétiques, les Russes ont bombardé tout ce qu'ils pouvaient. Les seules cibles restantes sont les centrales nucléaires, mais les frapper représenterait une situation tout à fait différente. Si une centrale nucléaire était bombardée, les radiations se propageraient également à l'Ouest. Si un missile touchait la centrale nucléaire de Rivne, toute la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la République tchèque seraient touchées par les radiations. Il est possible qu'ils commencent à bombarder certaines sous-stations de distribution à proximité des centrales nucléaires ; nous y sommes habitués parce qu'ils l'ont fait l'année dernière.

Comment le gouvernement et les syndicats ont-ils réagi aux attaques contre les habitations ?

Le gouvernement verse des indemnités aux personnes qui perdent leur logement. Lorsque les maisons peuvent être réparées, les autorités locales procèdent aux restaurations. D'après ce que je vois, cela se fait assez rapidement. En ce qui concerne les syndicats, lorsque la maison d'un membre est détruite, nous fournissons un logement temporaire.

Les syndicats, en particulier les sections locales telles que les mineurs de Kryvyi Rih, ont joué un rôle important dans la résistance ukrainienne. Comment les syndicats ont-ils contribué à la défense de la souveraineté de l'Ukraine ?

La moitié des membres du NPGU ont rejoint le front dès le début de la guerre. Ils se sont engagés dans la défense territoriale ou ont été incorporés dans l'armée. Aujourd'hui, environ 70 % de ceux qui étaient syndiqués au début de la guerre combattent. Les syndicats soutiennent fortement ceux qui se battent parce qu'ils restent syndiqués. Mais le nombre de syndiqués a diminué à cause de la guerre. Nous couvrons les travailleurs des grandes entreprises, où il est plus facile de recruter des militaires. Aujourd'hui, il existe des exemptions qui empêchent les travailleurs d'être enrôlés dans l'armée. Mais en général, tout le monde se sent poussé à aller se battre. Les centres de formation de la défense territoriale sont très durs et fonctionnent sur le mode de la provocation. Les recruteurs pénètrent dans des entreprises comme ArcelorMittal, mais les syndicats s'y opposent.

Comment la guerre a-t-elle affecté le travail normal des syndicats ? Les syndicats ont-ils dû mettre de côté leurs propres revendications et actions, telles que des grèves pour maintenir les salaires, afin de ne pas être perçus comme sapant l'effort de guerre ?

Actuellement, à l'usine de minerai de fer de Kryvyi Rih, nous sommes impliqués dans un conflit du travail. Malgré la guerre, nous demandons une augmentation de salaire de 20 %. Nous négocions dans le cadre légal dont nous disposons. Avant la guerre, les grèves et les manifestations étaient reconnues comme légales par les tribunaux. Aujourd'hui, nous continuons à faire valoir nos revendications sans recourir aux manifestations ou aux grèves. Nous sommes en effet limités dans les actions que nous pouvons entreprendre pour protéger nos droits.

Comment les syndicats ont-ils réagi aux mesures prises par le parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, pour restreindre les droits des travailleurs ?

La classe ouvrière et les syndicats n'ont pas de parti à la Verkhovna Rada qui représente leurs intérêts. Le seul député issu d'un syndicat est Mykhailo Volynets, qui appartient à la Confédération des syndicats libres d'Ukraine (KVPU) et est membre de la faction parlementaire Batkivshchyna (Patrie). Surfant sur la vague d'espoir que représentait Volodymyr Zelensky en 2019, plusieurs partis sans véritable idéologie sont entrés à la Verkhovna Rada. Les syndicats ne savent pas comment travailler avec ces partis. Ils n'ont pas non plus trouvé les moyens d'amender la législation au parlement à cause de la guerre. En revanche, les syndicats ont déjà fait échouer les tentatives d'adoption d'un nouveau Code du travail. En Ukraine, le Code du travail adopté à l'époque de l'Union soviétique est toujours en vigueur [contrairement à la Russie, où il a été aboli au début de la présidence de Vladimir Poutine en 2001]. Et malgré toutes les lois de décommunisation, ils n'ont pas encore réussi à « décommuniser » le Code du travail. C'est grâce au travail des syndicats et à l'intervention des organisations syndicales internationales.

Des rapports occidentaux font état d'une lassitude croissante à l'égard de la guerre en Ukraine. Que pensent les Ukrainiens des spéculations sur ce qui serait très probablement un accord de paix injuste ?

Plus que la fatigue, qui est déjà passée, nous avons maintenant l'apathie. L'apathie, c'est pire. La plupart des gens n'attendent plus rien. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une répétition de 1943 [lorsque la moitié de l'Ukraine était sous l'occupation nazie et que les perspectives de victoire semblaient incertaines]. J'ai l'impression que le soutien occidental à l'Ukraine va disparaître et que nous serons laissés seuls face à l'impérialisme russe.

Nombreux sont ceux qui partagent vos craintes quant à une baisse du soutien occidental ?

Nous nous trouvons dans une situation similaire à celle de la Tchécoslovaquie en 1938 - ceux qui connaissent l'histoire comprendront ce que je veux dire. Les dirigeants européens et américains considèrent la situation de la même manière qu'à l'époque, lorsque l'Europe cherchait des moyens d'apaiser Hitler. Comme beaucoup d'autres pays, l'Ukraine n'est pas considérée comme faisant partie du monde « civilisé ». En ce sens, il n'y a pas de distinction entre nous et les nations d'Amérique latine, d'Asie ou d'Afrique et l'Occident nous traite tous de la même manière.

Les pays occidentaux ont utilisé l'aide militaire à l'Ukraine comme prétexte pour réduire les dépenses sociales dans leur pays. Que diriez-vous aux gouvernements qui cherchent à utiliser la juste guerre d'autodéfense de l'Ukraine pour mener des attaques régressives contre leurs propres travailleurs et syndicats ?

En Ukraine, les droits sociaux des travailleurs et des syndicats sont également réduits. Plusieurs lois ont été adoptées qui réduisent considérablement les droits des travailleurs et du personnel militaire. Les pensions ont été réduites : avant la guerre, il était rare que les pensions soient réduites, mais aujourd'hui, ce sont les retraités qui sont visés. Même les personnes handicapées sont visées, avec un projet de loi en cours de discussion qui les privera du droit de réclamer des dommages et intérêts à leur employeur en cas de blessure ou de perte de capacité de travail. Cette mesure s'appliquera également au personnel militaire. Les gouvernements des autres pays observent la situation et cherchent à suivre la même voie. Ils cherchent n'importe quelle excuse pour réduire les prestations sociales des travailleurs. Nous ne devrions pas écouter de telles excuses.

Comment les syndicats ont-ils réagi au « plan de victoire » récemment annoncé par Zelensky ?

Un plan ne se limite pas à cinq mots sur une page. Un plan nécessite un ensemble complet d'actions à mettre en œuvre dans tout le pays. Ce n'est pas le cas. Par exemple, nous ne disposons pas d'une véritable mobilisation militaire. Il est vrai que nous attendons le soutien de l'Occident mais, à l'intérieur, nous sommes mal organisés. L'Ukraine dispose d'un énorme potentiel militaro-industriel, notamment en termes de personnes compétentes capables de développer des armes modernes. Mais aujourd'hui encore, les entreprises minières et métallurgiques ne reçoivent pas de commandes de minerai de fer ou de métal de l'intérieur du pays. De nombreuses entreprises industrielles ukrainiennes pourraient fonctionner, mais ne le font pas pour l'instant.

Comment les syndicats [internationaux] peuvent-ils aider au mieux leurs homologues ukrainiens ?

Bien qu'ils disent que je ne devrais pas aborder ce sujet, il est important de souligner que les syndicats internationaux ont seulement suspendu l'adhésion des syndicats russes qui soutiennent l'agression militaire contre l'Ukraine. La seule confédération à avoir exclu son syndicat russe affilié pour son soutien à la guerre est l'UITA [Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes]. Aucune autre structure syndicale n'a expulsé de syndicats russes soutenant l'agression militaire. Depuis 2014, les biens des syndicats de Crimée et des territoires occupés ont été remis à des syndicats jaunes basés en Russie. Ces mêmes syndicats sont profondément ancrés dans les syndicats européens et mondiaux. Je ne connais pas toute la situation, mais j'aimerais savoir comment les syndicats mondiaux et européens peuvent accepter de l'argent d'un agresseur aux mains pleines de sang. Une partie des cotisations perçues par ces syndicats provient de régions d'Ukraine ensanglantées. Je pourrais dire la même chose des Nations unies. Récemment, [le secrétaire général de l'ONU António] Guterres s'est rendu à un sommet des BRICS à Kazan, où une photo a été prise de lui serrant la main de Poutine, la tête baissée. Où avons-nous vu une telle photo auparavant ? Lorsque le dernier président de la première République tchèque a serré la main d'Hitler. La même posture. La même photo. Le moins que l'on puisse attendre des organisations internationales est qu'elles ne se salissent pas les mains avec le sang de l'impérialisme russe.

J'ai entendu dire qu'il y avait également un mécontentement à l'égard de la Croix-Rouge.

Je pense qu'il serait bon que les syndicats protestent devant les sièges de la Croix-Rouge dans différents pays, car la politique actuelle de la Croix-Rouge facilite manifestement l'agression. La Croix-Rouge vient inspecter les camps et les prisons où sont détenus les prisonniers de guerre russes en Ukraine. Pourtant, il n'y a pas eu un seul rapport sur la condition des prisonniers de guerre ukrainiens dans les prisons russes, bien que de nombreux Ukrainiens soient morts dans les prisons russes, comme le documente le bureau du procureur ukrainien, et que beaucoup d'autres aient été tués en se rendant sur le champ de bataille.

Pensez-vous que les syndicats internationaux et les organisations de gauche n'apportent pas d'aide à l'heure actuelle ?

Il est important de dire qu'une aide est apportée. Par exemple, notre ville a été privée d'eau potable. Cela a créé une situation que je n'ai vue nulle part ailleurs, où les magasins ne vendent que de l'eau potable. À Kryvyi Rih, ces magasins sont nombreux et vendent de l'eau propre à 2,50 dollars le litre. En réaction, des syndicats d'Europe et du monde entier, ainsi que des groupes de gauche, ont collecté des fonds pour acheter des filtres afin que nous puissions distribuer de l'eau gratuitement à certaines parties de la population. Mais de nombreux groupes de gauche continuent à défendre des positions pro-russes. Ils pensent qu'il n'y a qu'un seul impérialisme, l'impérialisme américain, et affirment que l'impérialisme russe n'existe pas. Or, il existe de nombreux impérialismes. Les groupes de gauche indépendants et les syndicats peuvent nous aider en parlant au monde de la gauche indépendante en Ukraine et du fait qu'il y a des Ukrainiens de gauche qui se battent sur le front et qui organisent les travailleurs. C'est important car beaucoup considèrent que les politiques de gauche sont liées à l'impérialisme russe. Au contraire, nous devons construire un internationalisme au sein du mouvement syndical qui cherche à unir tous les travailleurs du monde - en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, en Afrique, en Asie et en Ukraine.

2 décembre 2024

Publié par Links

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Extrême droite sur Internet : la montée des influenceur·ses nationalistes

10 décembre 2024, par Tanguy Delaire — , ,
Si Internet favorise l'extrême droite, c'est aussi parce que ses stratégies de communication s'y sont adaptées, notamment en utilisant les techniques issues du marketing. La (…)

Si Internet favorise l'extrême droite, c'est aussi parce que ses stratégies de communication s'y sont adaptées, notamment en utilisant les techniques issues du marketing. La communication policée du RN lui donne un vernis de respectabilité, tout en favorisant tout un écosystème d'influenceurs et de groupes plus radicaux où les discours racistes se libèrent. Analyse.

3 décembre 2024 | Billet de blog
https://blogs.mediapart.fr/tanguy-delaire/blog/031224/extreme-droite-sur-internet-la-montee-des-influenceur-ses-nationalistes

Pour lire l'ensemble de l'article cliquez sur ce lien

Conclusion

Les discours de l'extrême droite se sont adaptés aux codes de l'internet pour asseoir sa domination. Gardant son côté sulfureux historique, tout en reprenant l'humour léger de la publicité et le cynisme des forums Internet, elle a réussi à faire de l'internet un porte-voix pour ses idées excluantes. La médiatisation par les marges des groupuscules les plus violents a permis aux groupes plus institutionnels et policés comme le RN de se hisser aux postes d'élu·es, tout en se démarquant de cette image de milices qui lui collait à la peau. Comme une division du travail idéologique, on voit les représentant·es de partis d'extrême droite afficher une image de respectabilité et d'ouverture, en encourageant en douce les groupes les plus radicaux à saturer la toile de discours racistes et d'appels au meurtre.

Ce jeu entre partis « officiels » et groupuscules radicaux permet à l'extrême droite de déplacer la fenêtre d'Overton. Cette métaphore a été imaginée par le sociologue du même nom pour désigner les opinions considérées comme acceptables par l'opinion publique, et donc susceptibles d'être introduites dans la législation [1]. Toute opinion exprimée dans l'espace public qui se trouverait en dehors de cette fenêtre métaphorique serait par défaut discréditée comme insensée ou trop extrême. Par exemple, la prohibition de l'alcool aux États-Unis a duré pendant 13 ans (de 1920 à 1933). Elle était donc acceptable politiquement à ce moment précis de l'Histoire, à cet endroit du monde. En 2024, un·e politicien·ne qui proposerait l'interdiction de la vente et de la consommation d'alcool serait sûr·e de ruiner son image et sa carrière. Elle n'est plus dans la fenêtre d'Overton.

De même, la théorie du « grand remplacement » est longtemps restée confinée à d'obscurs groupuscules ou des terroristes (Brenton Tarrant a intitulé son manifeste « Le grand remplacement » avant de tuer 50 personnes à la sortie d'une église néo-zélandaise). Elle est désormais reprise dans de nombreux médias (notamment la chaîne CNews, possédée par Vincent Bolloré) et par de nombreux responsables politiques d'extrême droite ; d'abord cantonnée à Éric Zemmour et ses soutiens, elle est passée au Rassemblement National et même maintenant au groupe politique « centre-droit » Renaissance.

L'agenda médiatique actuel est déplacé vers les problématiques de l'extrême droite, qui saturent petit à petit le débat politique. Les discours racistes des marges se retrouvent au cœur des gouvernements et de leurs politiques, que les élu·es soient ou non affilié·es à des partis d'extrême droite. En France, la loi sur l'immigration, proposée par Renaissance, pourtant désigné par le ministère de l'Intérieur comme « centre-droite » a été votée par 100% des parlementaires du RN tandis que 22% des parlementaires de Renaissance s'abstenaient ou votaient contre. Une première dans ce mandat [2]. Marine Le Pen a d'ailleurs qualifié ce vote de « victoire idéologique » [3].


[1] « Policies that are widely accepted throughout society as legitimate policy options », MacKinac Center for Public Policy, dont Joseph P. Overton a été vice-président https://www.mackinac.org/OvertonWindow

[2] Pauline GRAULLE et Ilyes RAMDANI, « Loi immigration : à l'Assemblée nationale, la victoire au goût de débâcle du camp présidentiel », Mediapart, 20 décembre 2023 https://www.mediapart.fr/journal/politique/201223/loi-immigration-l-assemblee-nationale-la-victoire-au-gout-de-debacle-du-camp-presidentiel?at_medium=custom7&at_campaign=1046

[3] 54 « Projet de loi immigration : le RN votera pour le texte issu de la CMP, annonce Marine Le Pen, qui salue une "victoire idéologique" », Franceinfo avec AFP, 19 décembre 2023 https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/loi-immigration-le-rn-votera-pour-annonce-marine-le-pen-qui-revendique-une-victoire-ideologique_6254361.html

La collaboration syndicale internationale contre l’extrême droite est absolument vitale

Ce qui est plus important, c'est que nous renforcions notre travail de solidarité pratique au cours des 12 prochains mois. Je sais que l'on pourrait dire que chaque année a été (…)

Ce qui est plus important, c'est que nous renforcions notre travail de solidarité pratique au cours des 12 prochains mois. Je sais que l'on pourrait dire que chaque année a été cruciale dans cette guerre, et chaque année dans une guerre est par définition cruciale. Mais il est évident que les forces armées ukrainiennes ont subi des revers récemment.

tiré de Entre les lignes et les mots

Le Public and Commercial Services Union (PCS) a été l'un des premiers au Royaume-Uni à défendre l'Ukraine et le mouvement syndical ukrainien après l'invasion russe du 24 février 2022. Avec le recul, comment évaluez-vous ce que vous avez accompli ?

John Moloney : Au début, je pense que nous étions potentiellement un catalyseur important pour d'autres syndicats, dans la mesure où nous étions un syndicat de taille moyenne avec des références de gauche et compte tenu du fait, en particulier, que notre secrétaire général de l'époque, Mark Serwotka, s'est montré très ferme dès le premier jour en faisant passer le message que le syndicat devait être du côté du peuple et du mouvement syndical d'Ukraine.

Je pense que cela a non seulement eu un impact évident en incitant les gens à soutenir cette position au sein de notre syndicat, mais aussi, dans une moindre mesure, dans d'autres syndicats. C'était un point de départ important. Je pense que le fait que nous ayons été fermes dans notre soutien malgré les défis (comme nos propres conférences l'ont démontré) a signifié que peut-être l'Ukraine a été perçue par d'autres syndicats comme une question importante qui devrait être défendue, et que, au sein des syndicats où la question est encore en cours de décision, le débat interne est également une bonne chose. En fin de compte, ce débat a abouti à ce que je pense être la bonne conclusion.

Je pense donc que notre adoption précoce, si vous voulez, a eu ce type d'importance pour le mouvement syndical et, évidemment, lorsqu'il s'est agi du Congrès des syndicats, lorsque la décision a été prise sur la position intersyndicale à adopter à propos de l'Ukraine. Je ne veux pas trop insister sur notre influence, mais je pense que le fait que nous ayons, avec d'autres syndicats, pesé de tout notre poids en faveur de cette position a eu son importance.

Il est évident que nous ne pouvons pas refaire l'histoire, mais un certain nombre de syndicats qui ont par la suite adopté une position en faveur des syndicats ukrainiens ne l'ont peut-être pas fait, ou nous avons pu constater qu'ils ont été retardés dans l'adoption de cette position.

L'ancien gouvernement conservateur et l'actuel gouvernement travailliste ont affirmé à maintes reprises que « nous sommes aux côtés de l'Ukraine ». Quelle évaluation le PCS fait-il de la qualité de ce soutien ? Que faut-il faire d'autre, le cas échéant ?

Tout d'abord, elle est épisodique. Ainsi, lorsqu'il s'agit d'aide et d'argent à l'Ukraine, cela a tendance à être retardé.

En d'autres termes, il n'y a pas de financement régulier de l'État ukrainien, il n'y a pas d'aide régulière. De même, au Royaume-Uni, il y a chaque année d'énormes quantités de véhicules usagés que l'État, par l'intermédiaire du ministère de la défense, de la fonction publique ou des forces de police, met tout simplement au rebut, alors qu'ils pourraient en fait être recyclés et envoyés en Ukraine. Il en va de même pour le matériel radio, les batteries, le matériel médical, etc. En d'autres termes, l'État ne s'est, à mon avis, pas totalement mobilisé en termes d'aide.

Nous avons essayé de convaincre les parties de l'État qui ont le pouvoir d'arrêter la mise à la casse ou la vente de ces véhicules de les exporter directement vers l'Ukraine. Mais nous avons beaucoup de mal à persuader les différentes parties de l'État de le faire. Il y a donc une dichotomie : d'un côté, un ministre peut affirmer qu'il soutient pleinement l'Ukraine, mais de l'autre, lorsqu'il s'agit d'une procédure ministérielle formelle, il donne son accord pour que, disons, 100 véhicules partent à la casse ou soient vendus parce qu'ils ont atteint leur date de fin d'utilisation. Cette personne ne demande pas : « Ukraine, voulez-vous ces cent véhicules ? » alors qu'en général, c'est l'Ukraine qui les veut.

La situation est similaire pour ce que nous considérons comme des produits de consommation courante, tels que les piles, les seringues, etc. qui, dans ce pays, existent littéralement par millions. Il n'y a pas de mobilisation systématique pour mettre ce matériel à la disposition de l'Ukraine.

En ce qui concerne une question aussi simple que l'annulation de la dette, la Grande-Bretagne, du moins officiellement si j'ai bien compris, n'a rien dit au sujet des dettes croissantes de l'Ukraine. Mais il semble que le Royaume-Uni, et évidemment les États-Unis aussi, soient presque satisfaits de voir l'Ukraine accumuler des dettes énormes pour tenter de rester dans la guerre. La position du PCS est qu'il devrait y avoir une remise de dette afin que l'Ukraine, après la guerre, n'ait pas à passer littéralement des décennies à rembourser la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Enfin, la Grande-Bretagne n'exerce aucune pression sur le gouvernement Zelensky en ce qui concerne les droits syndicaux. Certains pays de l'Union européenne (UE) disent qu'ils le feront, évidemment si l'Ukraine veut accéder à l'UE.

Pour accéder à l'UE, l'Ukraine doit respecter certains droits fondamentaux, mais en ce qui concerne les droits syndicaux, les gouvernements britanniques se sont montrés totalement indifférents, pour autant que nous puissions le constater.

Le parti travailliste n'est au pouvoir que depuis quelques mois et, pour l'instant, il n'a pas soulevé la question des droits syndicaux en Ukraine. Nous pensons qu'ils devraient le faire.

Le travail de la campagne de solidarité avec l'Ukraine (USC) depuis plus d'une décennie est largement responsable du fait que l'Ukraine bénéficie d'un soutien majoritaire au sein du monde du travail organisé au Royaume-Uni. Ce soutien est, par exemple, supérieur à celui obtenu dans de nombreux pays de l'Union européenne, à l'exception, peut-être, de la France. Quels sont pour vous les principaux enseignements de ce succès ?

Eh bien, tout d'abord, chaque pays devrait avoir un Chris Ford [organisateur de l'USC] ! Je veux dire que la raison pour laquelle l'USC a connu un succès relatif et certainement disproportionné par rapport à son nombre est littéralement le dévouement pur et simple, mais aussi la nature systématique de son travail.

Littéralement chaque semaine, elle fait quelque chose. Il ne s'agit donc pas d'une de ces campagnes où l'on organise une série de réunions et où, entre les réunions, la campagne passe son temps à attendre la réunion suivante ! L'USC a certainement concentré son travail sur des aspects pratiques, tels que l'adhésion des syndicats à une position de soutien à l'Ukraine, mais elle s'est également montrée infatigable dans la collecte de fonds.

En d'autres termes, elle peut honnêtement démontrer aux syndicats ukrainiens qu'au cours de cette période, nous avons collecté des dizaines de milliers de livres sterling et que nous avons expédié ceci, nous avons expédié cela. Je pense donc que l'une des choses que les autres peuvent apprendre de l'USC est qu'elle s'est concentrée, si l'on peut dire, sur un ensemble d'objectifs très étroits. Elle a des objectifs politiques plus larges, mais les deux objectifs qu'elle s'est fixés sont (1) de gagner le débat au sein des syndicats au Royaume-Uni et (2) de démontrer aux gens qu'ils peuvent faire quelque chose de concret pour l'Ukraine.

Ils ont accepté pour eux-mêmes, si l'on peut dire, des objectifs limités mais très exigeants, se sont tenus à ce qu'ils voulaient faire et ne se sont pas laissés distraire. Je pense que ce sont des leçons que d'autres campagnes de solidarité autour de l'Ukraine dans d'autres pays pourraient tirer.

Quels sont les principaux défis à relever pour renforcer la solidarité avec l'Ukraine au sein des syndicats britanniques ?

Il est clair que tous les syndicats ont des centres d'intérêt différents. En Grande-Bretagne, si vous êtes un syndicat affilié au parti travailliste, votre principale préoccupation au cours des derniers mois a été les récentes élections. Il est clair que le mouvement syndical s'est concentré, à juste titre, sur les nouveaux droits que le gouvernement travailliste accordera aux syndicats et aux travailleurs, ainsi que sur les discussions et les campagnes menées autour de cette question.

La bande de Gaza est également devenue de plus en plus un axe majeur du travail international des syndicats. Le principal défi consiste donc à savoir si un syndicat choisira de mettre l'accent sur l'Ukraine, car il est tout à fait compréhensible qu'il y ait de nombreuses possibilités de mettre l'accent sur ce sujet.

Pour le PCS, il s'agit simplement de revenir aux premiers principes, qui s'appliquent à Gaza et à l'Ukraine et sur lesquels mon syndicat a une position très claire. Si l'on croit à la solidarité fondamentale avec les peuples victimes d'invasions, celle-ci doit s'appliquer à l'Ukraine tout autant qu'elle s'applique, à juste titre, à la Cisjordanie et à Gaza. C'est donc le maintien de cette attention particulière à l'Ukraine qui constitue, je pense, le principal défi à l'heure actuelle.

Une grande partie du travail de solidarité avec les syndicats ukrainiens se fait de syndicat à syndicat, voire de section syndicale à section syndicale. Quel(s) niveau(x) syndical(aux) le PCS privilégie-t-il dans son travail de solidarité avec les organisations syndicales ukrainiennes ?

Au sein du PCS, nous n'avons guère réussi à inciter les branches individuelles à travailler sur cette question. Il y a des exceptions, mais je pense que nous devons admettre que nous n'avons pas réussi à mobiliser des pans entiers de la base pour faire du travail de base en rapport avec l'Ukraine. Pratiquement tout le travail a eu tendance à être un travail de « haut niveau ». Ainsi, le Comité exécutif national (CEN) a envoyé une délégation en Ukraine, le CEN a accepté d'envoyer de l'argent et de l'aide médicale, etc. à l'Ukraine. Malheureusement, nous avons lamentablement échoué à mobiliser, comme je l'ai dit, la base pour faire ces choses.

Cela dit, nous avons eu trois séries de débats sur l'Ukraine lors de la conférence et de larges majorités ont voté pour soutenir le mouvement syndical ukrainien et le peuple ukrainien. Mais ce que nous n'avons pas réussi à faire, c'est, si l'on peut dire, de prendre ce soutien de la base tel qu'il a été démontré lors de la conférence et de le traduire en un travail important au niveau des branches.

Avez-vous un plan ou une idée sur la manière dont vous pouvez commencer à changer cela ?

Là encore, nous devons nous inspirer du livre de jeu de l'USC et faire ce travail de manière beaucoup plus systématique. Comme je l'ai dit, nous apportons notre aide là où nous le pouvons. Par exemple, l'USC nous a récemment demandé de discuter avec les différentes régions de l'État pour savoir si des batteries de véhicules de rechange, des vestes de pompiers, etc. pouvaient être données à l'Ukraine. Nous l'avons fait, mais nous avons tendance à attendre qu'on nous le demande.

Ce que nous devons développer, c'est une masse critique d'activistes, afin de pouvoir commencer à travailler de manière beaucoup plus systématique. Je pense et j'espère que le troisième anniversaire de l'invasion russe, qui aura lieu en février prochain, nous permettra d'essayer de lancer une campagne plus sectorielle, de rassembler un petit nombre de personnes pour qu'elles effectuent un travail plus systématique.

Au niveau du militantisme syndical politique conscient, la bataille sur la politique à l'égard de l'Ukraine a, dans le cas du Royaume-Uni, été menée entre les positions de l'UCS et celles de la Stop the War Coalition, cette dernière perdant, semble-t-il, progressivement du terrain syndicat après syndicat. Comment expliquez-vous cette tendance ? Pensez-vous que la solidarité et le soutien à l'Ukraine au sein des syndicats se sont consolidés au point qu'il est difficile d'envisager un retour en arrière ?

Pour nous, au sein du PCS, les faits sur le terrain étaient très clairs. Ainsi, l'argument avancé par certains au début de la guerre, selon lequel c'était l'Ukraine qui avait en quelque sorte poussé la Russie à l'invasion, était tellement faux qu'il était impossible à soutenir.

Certaines personnes ont également immédiatement commencé à répéter la phraséologie de Poutine selon laquelle il ne s'agissait pas d'une guerre, mais littéralement d'une « opération militaire spéciale ». Là encore, je pense que la grande majorité des activistes ont compris ce qu'il en était.

Il y a également eu un débat sur la part de responsabilité de l'OTAN, mais là où ce débat a eu lieu, quoi que les gens aient pu penser de l'OTAN, personne n'a pensé que la Russie avait raison de l'invoquer pour justifier son invasion.

Je pense donc que les faits ont eu raison de cette opposition, y compris celle qui prétendait que l'Ukraine était intrinsèquement fasciste et raciste. Les gens ont passé en revue la litanie des crimes supposés concernant l'Ukraine, mais lorsque nous avons eu un débat ouvert, et certainement parmi nos représentants et nos militants, cette position n'a pas pu être maintenue lorsque nous sommes arrivés à la conférence nationale.

Lors de la première conférence nationale qui a adopté des positions en faveur de l'Ukraine, il y a eu très peu d'opposition. Encore une fois, je dois reconnaître à Mark Serwotka, en tant que secrétaire général, une grande partie du mérite. Il avait beaucoup d'influence sur un grand nombre de membres et une position ferme.

Mark a clairement indiqué qu'il ne pouvait pas comprendre comment quelqu'un pouvait rationnellement soutenir l'argument selon lequel l'Ukraine était coupable et, plus tard, il a rejeté l'argument selon lequel il s'agissait d'une guerre inter-impérialiste où l'Ukraine n'était que le jouet des puissances impérialistes et n'avait pas d'action propre.

Mark a joué un rôle important, mais l'argument lui-même a permis d'éliminer tout contre-argument parce que, pour être franc, le contre-argument n'a pas de base factuelle et est profondément irrationnel. Pour ce qui est d'un retour en arrière, dans notre syndicat, je ne vois pas comment on pourrait le faire, en partie parce que nous avons une règle selon laquelle on ne peut pas annuler une position politique dans les trois ans qui suivent l'adoption de la politique.

Maintenant, en théorie, lors de la conférence de l'année prochaine, nous pourrions voir des gens avancer l'argument que oui, il y a trois ans, nous avons soutenu l'Ukraine, mais que nous devons maintenant en tirer les leçons. Je ne pense pas que cela se produise. Ou si c'est le cas, je pense que l'argument sera rejeté.

Des règles similaires s'appliquent dans d'autres syndicats. Leurs règlements stipulent généralement que si une position est adoptée lors d'une conférence, elle ne peut être réexaminée pendant une période donnée.

D'après mon impression sur l'ensemble du débat au sein du mouvement syndical ici, les contre-arguments avancés sont si faibles qu'il me semble très difficile d'imaginer que la position adoptée puisse être renversée, en particulier si l'on établit un parallèle avec ce qui se passe en Palestine. Il semble incroyable d'affirmer que ce qui est arrivé à la Palestine est mauvais, ce qui est le cas, mais que ce qui arrive à l'Ukraine est juste.

Deux pays ont été envahis. Deux pays sont bombardés. Oui, l'Ukraine dispose d'un système de défense que les Palestiniens n'ont pas. Mais ce n'est pas cette question qui doit déterminer notre orientation fondamentale. La question est plutôt la suivante : S'oriente-t-on vers l'agresseur ou vers les victimes de l'agression ?

Quelques syndicats semblent avoir une politique contradictoire vis-à-vis de la solidarité avec l'Ukraine, étant en faveur de l'aide humanitaire mais contre le soutien militaire, malgré les appels persistants des syndicats ukrainiens en faveur de ce dernier. Que pensez-vous qu'il faille faire à ce sujet ?

Eh bien, tout d'abord, je dois être honnête, car bien que le PCS n'ait pas de « politique contradictoire » au sens strict du terme, c'est-à-dire une motion qui dit « Armez l'Ukraine » et une autre qui dit « Pas d'armes pour l'Ukraine », nous sommes néanmoins dans une position inconfortable et espérons que la prochaine conférence pourra clarifier si nous soutenons pleinement le soutien militaire.

Nous ne sommes pas allés jusqu'à la conclusion logique qui, selon vous, correspond aux positions politiques que nous avons adoptées jusqu'à présent. Je présume et j'espère, ne serait-ce que par souci de clarté, que la prochaine conférence donnera lieu à un débat clair sur le soutien militaire. Et il est évident que la PCS aura une position claire, qu'elle ait gagné ou perdu.

L'une des contradictions du mouvement syndical international, en particulier de la Confédération syndicale internationale (CSI), est qu'elle n'a pas encore expulsé la Fédération des syndicats indépendants de Russie (FNPR), alignée sur Poutine, ni insisté pour que l'Organisation internationale du travail (OIT) fasse de même et ferme le bureau de l'OIT à Moscou. Que pense le PCS de cette situation ?

Il est certain que le syndicat a pris position : nous avons voté la suspension et nous voterions l'expulsion de la FNPR, alignée sur Poutine, mais pas parce qu'elle est alignée sur l'État. Il y a beaucoup de fédérations syndicales qui sont alignées sur des États qui, à mon avis, sont discutables.

Cependant, toutes les preuves dont nous disposons montrent que la FNPR était ouvertement en faveur de l'invasion et les documents que j'ai vus indiquent qu'elle souhaitait ouvertement que la Russie conquière toute l'Ukraine et qu'elle reprenait la position de certaines personnes selon laquelle l'Ukraine ne devrait pas exister : elle devrait soit être absorbée par la Russie, soit être transformée en un pays différent. Sur cette base, nous pensons qu'il est juste et approprié qu'ils soient suspendus de la CSI et qu'ils soient expulsés.

Sur les autres questions, le PCS n'a pas de position, donc je ne vais parler qu'à titre personnel, mais il me semble que si l'on adopte la position de l'OIT sur l'agression, alors, au minimum, elle devrait suspendre ses relations avec le gouvernement russe, non seulement en raison de ce qui s'est passé en Ukraine, mais aussi de manière plus générale. Je veux dire, vous savez, la FNPR n'est pas un syndicat libre, comme je comprends ce concept dans ce pays. Pour des raisons diplomatiques, il se peut que vous souhaitiez maintenir certains liens, car la Russie est peut-être encore affiliée à l'OIT par traité, mais je pense néanmoins que vous devriez vous différencier. Je pense que ce type de bataille doit être mené au sein des différentes fédérations internationales : dans la fédération dont nous sommes membres [l'Union syndicale européenne des services publics (FSESP)], nous avons toujours plaidé en ce sens.

Certaines fédérations ont pour règle de ne pas pouvoir expulser un affilié à moins d'organiser un congrès tous les quatre ans ; d'autres ne peuvent que suspendre un affilié jusqu'à ce qu'une décision d'expulsion soit prise lors du congrès suivant. Pour notre part, nous avons soutenu, certainement lors d'au moins un congrès de la FSESP, que la FNPR devrait être expulsée des organisations syndicales internationales auxquelles elle est affiliée.

À l'occasion du deuxième anniversaire de l'invasion russe, le mouvement syndical solidaire de l'Ukraine a participé à une réunion publique de solidarité internationale à Kiev. Toutefois, cette réunion s'est déroulée en grande partie par téléconférence. Que doit faire le mouvement syndical qui soutient l'Ukraine à l'occasion du troisième anniversaire ?

Vous avez évoqué l'idée d'une délégation à Kyiv à l'occasion du troisième anniversaire, et je ne manquerai pas de faire savoir au PCS que si cette initiative voit le jour, nous devrions essayer d'envoyer une délégation pour y participer.

Mais ce qui est plus important, c'est que nous renforcions notre travail de solidarité pratique au cours des 12 prochains mois. Je sais que l'on pourrait dire que chaque année a été cruciale dans cette guerre, et chaque année dans une guerre est par définition cruciale. Mais il est évident que les forces armées ukrainiennes ont subi des revers récemment.

Nous savons maintenant que Trump sera le président des États-Unis. Je pense que nous pouvons probablement deviner qu'il essaiera de forcer l'Ukraine à signer un accord de paix basé sur le démembrement de l'Ukraine. La position du PCS est qu'il ne devrait pas y avoir de démembrement de l'Ukraine. Il est évident que c'est au peuple ukrainien de décider sur quelle base il accepterait la paix.

Nous espérons transformer l'année à venir en une année d'établissement de véritables liens à la base, où nos branches tendraient la main aux syndicats ukrainiens ou nos branches seraient beaucoup plus actives dans l'aide à la solidarité avec le mouvement syndical ukrainien et, bien sûr, avec le peuple ukrainien en général.

Certains syndicats affirment que le syndicalisme devrait s'engager dans la lutte pour la démocratie et adopter une position plus active en cas de violation évidente des droits humains et du travail, comme dans le cas de l'invasion de l'Ukraine. Pensez-vous que le syndicalisme peut et doit faire un front commun international, indépendamment de ses gouvernements, pour la démocratie et contre le fascisme ?

Je pense que c'est d'une importance vitale. La menace de l'extrême droite est évidemment présente, et pas seulement dans ce pays. Vous avez peut-être vu que la nouvelle dirigeante du parti conservateur est très à droite et que son cheval de bataille est la négation du climat et la guerre contre les réfugiés. Une droite fasciste ou en tout cas autoritaire est également présente dans ce pays, avec le Reform Party de Nigel Farage.

Nous avons également observé avec une certaine nervosité ce qui va se passer en Ukraine au cours des 12 prochains mois, car, compte tenu des récentes avancées de l'armée russe, il est clair que c'est très inquiétant.

Je suis en train de réfléchir à ce que cela peut signifier concrètement en Europe, bien sûr, mais aussi dans le reste du monde, surtout depuis la victoire de Donald Trump.

La position politique des États-Unis est également très inquiétante et le mouvement syndical américain serait certainement très menacé. C'est pourquoi la solidarité internationale et les liens, comme le dit Alphonse Bech [coordinateur syndical du RESU], sont absolument vitaux.

La seule question est de savoir comment nous le faisons. Et si nous le faisons, comment pouvons-nous nous assurer qu'il se concentre sur les aspects pratiques autant que sur les positions.


John Moloney, Secrétaire général adjoint Syndicat des services publics et commerciaux, Royaume-Uni.

Publié dans le Bulletin d'information syndicale n°13 du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine (octobre-novembre 2024) : 2024 – 11 – 28 – Trade Union Newsletter FR 13

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