Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Vers une nouvelle zone industrielle à Québec ?

De vastes milieux naturels, situés au sud de l'aéroport, sont menacés par un développement industriel à Québec. Si une telle décision était prise, elle nuirait à notre résilience face à la crise climatique et contribuerait à la détérioration de notre environnement.
Si des promesses sont faites de conserver un pourcentage appréciable des milieux naturels du secteur, il n'en reste pas moins qu'une bonne proportion de ces milieux, avec les êtres qui y vivent, seront détruits de manière irrémédiable. La ville considère en effet qu'il existerait des milieux naturels « d'intérêt », les seuls dignes d'être conservés, ce qui justifie le mythe de la conciliation des usages.
Ajoutons à cela que les routes traversant les 3 cours d'eau et la construction d'immeubles, appauvriront peu à peu les espaces naturels résiduels puisque tous ces milieux sont interconnectés. Et les quelques arbres plantés, dont certains mourront d'ailleurs prématurément, ne seront pas en mesure d'exercer immédiatement les mêmes fonctions que les arbres matures : filtration et rafraîchissement de l'air, régulation des inondations, espaces de vie pour de nombreuses espèces.
Des surfaces humides, qui s'étendent de Jean-Gauvin jusqu'à la route de l'aéroport, captent le carbone, retiennent les eaux de dévaler la pente en direction de W.-Hamel et préviennent les inondations. Des solutions techniques sont souvent présentées pour remplacer certains de ces services écosystémiques que nous rend la nature. Ces ouvrages, construits à grands frais, ne ressusciteront pas ces milieux de vie uniques en ville.
Nous estimons que le peu de milieux naturels, situés dans le périmètre urbain de la ville, justifie leur préservation intégrale. En effet, les boisés de 0,5 hectare ou plus sont présents sur seulement 14 % de la surface de ce périmètre alors que les milieux humides, boisés ou non, en représentent un peu plus de 2%.
Par ailleurs, la pollution de l'air cause 300 décès prématurés par an à Québec, selon Santé Canada, et c'est sans compter l'aggravation des maladies respiratoires, cardiaques ou vasculaires. Dans le secteur sud de l'aéroport, il arrive aussi que la pollution dépasse les normes acceptables pour les humains. L'augmentation du camionnage et un air devenu plus toxique du seul fait de l'augmentation de la température générée par la création d'îlots de chaleur ajouteront également à la pollution. En été, la température peut atteindre 12°C de plus sur des surfaces asphaltées en comparaison aux surfaces végétalisées. Précisons que la station du ministère de l'Environnement, située à l'école Primevères, n'est pas en mesure d'enregistrer la plupart des polluants générés par l'aéroport et par le trafic sur les grandes voies de circulation qui encerclent le secteur résidentiel. Si elle les enregistrait, on assisterait probablement à d'autres dépassements de normes.
En outre, si le sud de l'aéroport est développé, d'anciennes terres agricoles, dont la fertilité a été élaborée par des siècles de labeur de la nature, perdront cette capacité de nourrir à nouveau le Québec. Elles pourraient pourtant contribuer à notre sécurité alimentaire, mise à mal par les changements climatiques, qui entraîneront plus d'incendies et d'inondations ayant comme conséquence de couper des voies de circulation pour acheminer la nourriture en direction de notre ville.
Puisque la ville a converti un terrain de soccer naturel en terrain synthétique au coût de 5,3 millions de dollars, elle aurait certainement eu les moyens d'acquérir un terrain d'un km2, de l'éventuelle zone industrielle, acheté par un promoteur deux ans auparavant à coût similaire. Cela amène à nous interroger sur les « besoins » à prioriser : les intérêts à court terme de différents investisseurs ou un environnement sain pour tous les enfants ?
Le maintien de la nature peut pourtant nous assurer un équilibre écologique, même en ville, et il est justement nécessaire de la préserver, en ville, pour garantir un équilibre écologique global. Que préférons-nous pour contrôler les populations de rongeurs : laisser les grands oiseaux faire leur travail parce que nous aurons protégé leur habitat ou appliquer des poisons de manière généralisée ?
Les immeubles vides et les vastes stationnements inutilisés forment déjà de tristes cicatrices dans nos paysages de plus en plus bétonnés et privés d'arbres matures. Que souhaitons-nous collectivement pour nos enfants : encore plus de béton ou une véritable cohabitation avec la nature ?
Anne-Frédérique Gosselin et Cédric Kessler, pour les Amis du boisé de l'aéroport
Christine Penner, Mère au front pour Pascal et David
Isabelle Goarin, Mère au front pour mon enfant (étudiant en technique du milieu naturel)
Josée Roy, Mère au front pour Émilie
Marie-Hélène Joannette-Cartier, Mère au front pour Céleste
Hélène Landry, Mère au front pour le vivant et les enfants
Joances Beaudet, Mère au front pour Pierre-Olivier
Catherine Berthod, Mère au front pour Aurore, Loic et Clément.
Marie-Hélène Felt, Mère au front pour Jeanne et Élie
Mathieu Benoit, Père au front pour Frédérique et Raphaëlle
Nathalie Goulet, Mère au front pour Gaspard, Gustave, Joséphine, Mathias et Leonie
ainsi que pour mes deux petits fils : Grégoire et Théodore
Elsa Moreau, Mère au front pour Ophélie et Héloïse
Marie-Eve Brassard, Mère au front pour Agathe et Lily
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Cassons les ailes de QSL !

Le maire Marchand nous accuse de vouloir « casser les ailes » du projet de terminal de conteneurs de QSL au port de Québec. Il a bien raison, ce projet doit être ARRÊTÉ avant qu'il ne prenne son envol et qu'il soit trop tard !
Le maire de Québec prétend qu'il n'a pas assez d'informations pour s'opposer au projet. Or, tel que révélé par Radio-Canada, ces informations existent et ont été transmises au gouvernement du Canada, mais QSL refuse de les dévoiler publiquement.
Tout indique que le projet de QSL sera dévastateur pour la qualité de l'air et pour la santé humaine. On ne peut pas souhaiter réduire la pollution de l'air et être en faveur d'un terminal de conteneurs à la Baie de Beauport, c'est l'un ou l'autre, il faut choisir son camp.
Appel à l'action : envoi massif de courriels
Pour faire pression sur le Maire et son équipe, nous vous invitons à écrire dès maintenant à Bruno Marchand, ainsi qu'à Marie-Josée Asselin, responsable de l'environnement au comité exécutif.
Montrons-leur que nous sommes nombreux et nombreuses à être en désaccord !
Cassons les ailes de QSL !
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M. Marchand, j'ai de grandes inquiétudes quant aux impacts désastreux qu'occasionnerait un terminal de conteneurs à la Baie de Beauport.
Nous avons toutes les informations nécessaires pour se rendre à l'évidence que le projet de l'entreprise QSL qui prévoit transfrontalier 250 000 conteneurs par année aurait pour conséquence de faire transiter à travers les quartiers limitrophes au port de Québec plusieurs centaines de camions de plus par jour. Or, la Direction de la santé publique a déclaré que l'air de Limoilou-Basse-ville était déjà saturé en contaminants atmosphériques, que les risques pour la santé des personnes vulnérables étaient élevés et qu'il fallait réduire cette pollution, pas en ajouter.
Au nom de l'amélioration de la qualité de l'air et de la préservation de la santé de la population, je vous demande de retirer immédiatement votre appui au projet de terminal de conteneurs à la Baie de Beauport, avant qu'il ne prenne son envol et qu'il ne soit trop tard.
Sincèrement,
Table citoyenne Littoral Est
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Le grand retour de l’austérité

La CAQ a accédé au pouvoir en 2018 en misant sur les ratés de l'austérité imposée par le PLQ de Philippe Couillard. On peut comprendre que le gouvernement tente aujourd'hui par tous les moyens de nier les lourdes conséquences de ses choix politiques…
Tiré de Le point syndical. Illustration : Alain Pilon
« Il faut s'en tenir aux dépenses vraiment nécessaires » en procédant à des « analyses chirurgicales ». « Il n'y a aucune commande de réduction budgétaire », juste des « gestionnaires qui se sont aperçus qu'ils étaient en dépassement de budget. » Tel est le discours tenu tout l'été par les ministres de la CAQ, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en tête.
Le dernier budget, déposé il y a six mois à peine, prévoyait tout un chapitre sur « l'optimisation de l'action de l'État et l'examen des dépenses gouvernementales » assorti de prévisions couvrant à peine l'augmentation des besoins. Déjà, la CSN notait que ce budget mettrait à mal les services publics, le gouvernement ayant choisi de se priver de plus de 2 milliards $ l'année précédente en offrant des baisses d'impôt qui ont surtout profité aux mieux nantis.
Or, loin des tapis feutrés de l'Assemblée nationale et des salles de presse, les conséquences de l'austérité frappent déjà. Depuis la fin de l'été, on découvre chaque jour une nouvelle coupe ou une nouvelle politique de restrictions dans nos services publics.
Le 24 octobre, Sonia LeBel a annoncé un gel de recrutement dans les ministères et dans plusieurs sociétés d'État, dont les services correctionnels et les organismes gouvernementaux. Dans les réseaux publics de la santé et des services sociaux, de l'éducation et de l'enseignement supérieur, cette politique vise le personnel administratif.
Dans les écoles primaires et secondaires, 400 millions $ ont été retranchés cette année du budget d'entretien, et ce, dans un contexte où de nombreux établissements nécessitent des travaux importants. Les programmes de francisation ont aussi subi le couperet gouvernemental, certains centres n'acceptant plus d'inscriptions cet automne.
Dans les cégeps, nombre de projets de rénovation et d'agrandissement ont été mis en suspens. La situation est si alarmante que les présidentes et les présidents des conseils d'administration des cégeps ont publié une lettre ouverte conjointe le 19 novembre pour exprimer leur inquiétude sur la mission même des cégeps, qui est en péril.
En novembre, la nouvelle PDG de Santé Québec tenait une tournée médiatique pour expliquer la toute première mission que lui a confiée le gouvernement : couper plus de 1,5 milliard $ cette année !
En Abitibi-Témiscamingue, le chat était sorti du sac en septembre lors du conseil d'administration du CISSS. La réunion aurait dû se dérouler à huis clos, mais des journalistes ont pu y assister par erreur. Les coupes à venir ont été évoquées ainsi que la possible révision des services dans la région. Le déficit atteindrait 110 millions $. Officiellement, les gestionnaires se veulent rassurants : les soins et les services à la population seront préservés…
Le président du Conseil central de l'Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec–CSN, Félix-Antoine Lafleur, en doute. « La population active de la région, c'est environ 100 000 personnes. Ça fait 1000 $ par personne de déficit. Comment croire qu'il n'y aura pas d'impact ? »
Parmi les pistes de solution proposées par le syndicat, notons la fin du recours aux agences privées de placement de personnel. Le CISSS a payé 145 millions $ à ces agences l'an dernier, soit 27 % de plus que l'année précédente. C'est plus que le déficit au complet !
Recruter, dans le public
Les syndiqué-es du réseau public demandent d'ailleurs depuis longtemps que cesse l'utilisation de ces agences privées pour investir plutôt dans le réseau public. Et ce n'est pas qu'une question de bonne gestion financière : ça concerne aussi la qualité des soins et des services à la population. À cet effet, les employé-es des CHSLD, en nombre insuffisant et déjà essoufflés, constatent que la qualité de vie des résidentes et des résidents se dégrade. Les employé-es d'agence peuvent être compétents, néanmoins, ils sont dépêchés pour de très courtes périodes dans les établissements. L'époque où le personnel des CHSLD pouvait créer de vrais liens humains avec les bénéficiaires est décidément révolue.
4000 en moins
Pour réduire son déficit, le CISSS a retranché 4000 heures de soins par mois au CHSLD Pie-XII, à Rouyn-Noranda. C'est intenable pour les employé-es, qui peinent à assurer aux aîné-es dans ces milieux de vie les soins dont ils ont besoin. Le 17 octobre, après avoir proposé d'autres solutions aux gestionnaires, le syndicat local affilié à la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN et le conseil central ont dénoncé cette mauvaise décision et ont alerté la population de la région sur les répercussions de l'austérité caquiste.
Des coupes partout
Cette nouvelle période d'austérité se confirme à une vitesse folle en santé et dans les services sociaux. Au CHUM, 26 postes de préposé-es aux bénéficiaires et 7 postes d'agentes administratives ont été supprimés. D'autres coupes et des postes non remplacés ont aussi été dévoilés dans les médias depuis, notamment au CISSS de Laval et au CIUSSS du Centre-Sud de l'Île-de-Montréal. On doit s'attendre à ce que pas mal tous les établissements procèdent éventuellement à de telles annonces, qui découlent directement des choix politiques de la CAQ.
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6 décembre 1989 : 35 ans après la tragédie, le combat doit continuer

Il y a 35 ans, le 6 décembre 1989, le Québec était marqué à jamais par un acte de violence misogyne : la tuerie de l'École Polytechnique de Montréal. Cet événement, au-delà de l'horreur qu'il a suscitée, a aussi mis en lumière un problème profond : les violences faites aux femmes, simplement parce qu'elles sont des femmes.
Tiré de Ma CSQ.
« En 2024, cette tragédie demeure un rappel brutal de l'importance de lutter contre le sexisme et les violences genrées qui persistent encore aujourd'hui. Commémorer le 6 décembre est essentiel pour honorer la mémoire des 14 victimes et réaffirmer notre engagement collectif à bâtir une société plus juste et égalitaire », souligne la vice-présidente de la CSQ, Nadine Bédard-St-Pierre.
Ne jamais oublier
Il aura fallu 30 ans, soit en 2019, pour que l'on reconnaisse enfin cet attentat comme antiféministe. « Cette attaque ciblait les femmes parce qu'elles étaient des femmes, c'est important de le reconnaître et de ne jamais l'oublier », ajoute Nadine Bédard-St-Pierre. Bien que 35 ans se soient écoulés, les violences faites aux femmes, sous des formes diverses, continuent d'être présentes : féminicides, harcèlement, agressions, inégalités économiques, cyberviolence. Chaque année, des milliers de femmes au Québec et dans le monde en sont victimes.
« Pour la CSQ, cette journée est l'occasion de réitérer son engagement envers l'équité et la lutte contre toutes les formes de violence », souligne la vice-présidente.
Un combat toujours nécessaire
Malgré des progrès, il reste encore tant à faire : les statistiques montrent que les femmes continuent de faire face à des obstacles au cours de leur vie, qu'il s'agisse de violences physiques ou psychologiques, d'inégalités, de représentations stéréotypées, etc. « Cette journée du 6 décembre nous rappelle aussi que chaque action compte : éduquer, sensibiliser, légiférer et, surtout, écouter les femmes », conclut Nadine Bédard-St-Pierre.
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Francisation : l’aveuglement fait place à l’improvisation

Après des mois de représentations auprès des élus et de mobilisations aux quatre coins du Québec, nous recevons l'annonce du retour de 10 millions de dollars aux centres de services scolaires qui offrent des services de francisation de qualité avec une grande déception. Non seulement s'agit-il d'une somme économisée par l'abandon de l'allocation octroyée aux étudiants qui suivaient des cours de francisation à temps partiel, mais elle n'est même pas pérenne.
Ce que le gouvernement appelle aujourd'hui un investissement n'est rien d'autre qu'une aide d'urgence pour stopper l'hémorragie dans certains milieux.
- Bien sûr que la FAE est heureuse pour les 5000 nouveaux élèves qui seront francisés grâce à cette somme, mais qu'en est-il de toutes les autres personnes qui sont laissées pour compte ?
- - Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle à la FAE
Concrètement, ces 10 millions représentent des miettes comparativement aux besoins du réseau. Cette annonce génère, encore une fois, de l'incertitude et provoque de l'instabilité. Qu'arrivera-t-il après le 31 mars ? Les 5 000 élèves supplémentaires devront-ils attendre de nouveau avant d'être accueillis dans le réseau du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI) ? Pendant ce temps, la situation continuera de se détériorer dans les CSS qui n'auront pas leur part du gâteau. Comment ces sommes seront-elles réparties et comment ce montant a-t-il été déterminé ? En aucune façon, cette somme ne traduit une volonté politique de sauver les services de francisation dans les centres de services scolaires.
Nous dénonçons également le fait que le ministre Jean-François Roberge n'ait pas rencontré les personnes concernées pour discuter de la situation et trouver des solutions viables et concrètes. Le ministre Roberge a finalement réalisé que le réseau MIFI n'était pas en mesure d'accueillir les élèves dont les cours ont pris fin de façon abrupte dans les centres d'éducation des adultes, mais il improvise une solution bancale plutôt que de continuer à miser sur un réseau scolaire solide, établi et mature.
« Des centaines d'enseignantes et enseignants ont perdu leurs emplois au cours des dernières semaines. Le ministre Roberge pense-t-il vraiment que ces personnes ont attendu patiemment dans leur salon qu'il se réveille pour se trouver un autre emploi ? S'il souhaite qu'elles poursuivent leur enseignement auprès des personnes immigrantes, il faudrait leur démontrer que leur apport est important et leur assurer une stabilité. On le dénonce dans la rue depuis des semaines : le gouvernement Legault est en train de démanteler un service de qualité, mais aussi un tissu social qui permettait d'intégrer les personnes issues de l'immigration dans la société québécoise », s'insurge Madame Tardif.
Par ailleurs, la FAE s'attendait minimalement à ce que les investissements supplémentaires, puisés à même les économies réalisées par la coupe de l'allocation de participation des élèves à temps partiel (entre 65 et 67 M$), soient à la hauteur de la proportion des élèves francisés dans le réseau scolaire par rapport à ceux inscrits dans le réseau du MIFI. De même, cette annonce ne répond pas aux autres demandes de la FAE, à savoir le déplafonnement du nombre d'élèves équivalent temps plein, que le ministère avait limité à 8 789, et à la fin de l'interdiction d'utiliser d'autres enveloppes budgétaires dans les centres de services pour continuer d'assurer des services en francisation.
Le ministre Roberge ne cesse de répéter que son ministère travaille activement pour trouver de nouveaux partenaires afin que des classes ouvrent rapidement. Pendant ce temps, les centres d'éducation des adultes ont le personnel, les locaux et l'expertise pour répondre aux besoins ; il n'a donc pas à chercher bien loin. Que se cache-t-il derrière cet entêtement à vouloir démanteler les services de francisation dans les CSS ?
Pour en savoir plus, consultez notre page sur le sujet.
La vidéo "Stop au démantèlement de la francisation"
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Les principes et les statuts de l’Alliance ouvrière

Nous publions les principes et les statuts de l'Alliance ouvrière discutés à son congrès de 2024 (PTAG)
Nos principes
1. Démocratie et liberté
Malgré l'éloge constant de la classe politique et des grands médias pour les institutions « démocratiques » de notre pays (parlement, chambre des communes, etc.), nous savons qu'il ne s'agit que de façades qui n'ont rien à voir avec la démocratie réelle. Quel pouvoir détient vraiment le travailleur moyen sur les grandes décisions politiques qui affectent sa vie ? Nous sommes limités à voter une fois aux quatre ans pour mandater l'une ou l'autre des grandes-gueules carriéristes qui, sitôt advenue au pouvoir, abandonne toutes ses belles promesses électorales et se range docilement derrière les intérêts des corporations et des grandes banques – les véritables dirigeants de ce pays.
Alliance Ouvrière défend la perspective d'un système véritablement démocratique. Un système où les gens ordinaires ne voteraient pas seulement pour un représentant aux quatre ans, mais détiendraient un réel pouvoir sur les décisions qui les affectent : de la vie quotidienne à la shop et dans les quartiers jusqu'aux décisions de planification économique et de politique étrangère. D'ici là, nous continuons à défendre le peu de démocratie possible dans le système actuel. Nous réclamons la transparence des gouvernements, institutions et corporations ainsi que le droit du peuple d'être informé correctement. Nous défendons la liberté de former des associations et organisations indépendantes, la liberté d'expression, de contestation et de manifestation.
2. Égalité et unité
Nous défendons l'égalité pour tous les travailleurs et travailleuses au-delà des nationalités ou des spécificités démographiques. Nous cherchons à nous unir sur la base de la classe sociale au-delà des divisions nationales, culturelles, de sexe, etc. qui la traverse. Nous rejetons les politiques qui visent à « diviser pour mieux régner » incarnées par les guerres culturelles, inventant des critères de divisions toujours plus saugrenus les uns que les autres pour briser notre unité. Nous nous opposons aux idéologies rétrogrades (racisme, sexisme, etc.) au sein de la classe et défendons le droit à tous et toutes de participer à la lutte sans discrimination.
Nous luttons pour la perspective d'un monde réellement égalitaire, libéré des inégalités socioéconomiques, des divisions nationales et des guerres impérialistes. La véritable liberté ne sera possible que lorsque les travailleurs et travailleuses prendront en main la direction de la société indépendamment des monopoles, des banques, des corporations et autres institutions parasitaires qui perpétuent les inégalités et empêchent la majorité de l'humanité de mener une vie digne.
3. Classe contre classe
Nous avons un parti pris pour les travailleurs et travailleuses et nous défendons leur droit de lutter pour améliorer leur conditions de travail et de vie. Nous reconnaissons que l'appareil légal n'est qu'un compromis historique et qu'il est moralement juste d'agir au-delà du code du travail lorsque nécessaire. Nous rejetons la collaboration de classe et l'inféodation du mouvement ouvrier à des partis électoraux vendus à l'ordre établi. Nous croyons en la nécessité d'avoir nos propres organisations, indépendantes des structures imposées par l'État.
Nous défendons la centralité ouvrière – le principe stratégique selon lequel la classe ouvrière doit jouer le rôle déterminant dans le mouvement pour dépasser le capitalisme. Un changement social fondamental ne peut venir que par l'organisation solide des travailleurs et travailleuses pour la défense des intérêts de la classe.
Nos objectifs
Les classes populaires ont la volonté de lutter contre les injustices. Que ce soit les luttes menées par les centrales syndicales dans les sphères économiques et politiques, les envolés de mécontentement généralisées tel le mouvement des convois de la liberté ou les luttes menées par les diasporas migrantes contre l'agression impérialistes sur leur nation, nous voyons que l'ordre de choses actuel provoque la colère du peuple.
Cependant, les mouvements populaires feront toujours face à des limites si nous n'arrivons pas à innover dans nos méthodes. D'un côté, on échoue de s'inscrire dans la continuité d'un projet politique plus large. On manifeste un jour pour la Palestine, le lendemain contre la corruption, l'autre jour pour la négo syndicale. On court d'une lutte à l'autre sans faire d'avancées – sans construire une structure qui permettrait de pérenniser notre force de frappe. Bref, on se contente de mobiliser sans organiser. Sans canaliser les luttes dans des organisations, capables de relancer de nouvelles vagues de luttes, de se consolider et grossir pour répéter jusqu'à la victoire, on tombe dans le mouvementisme. On saute d'un mouvement à l'autre sans être capable de les lier par la pratique et de renforcer le pouvoir de la classe sur le long terme.
De l'autre côté, même si les luttes mènent parfois à des organisations et servent des projets politiques plus larges, elles échouent de le faire pour notre propre classe, et sont plutôt récupérées par des forces de classe réactionnaires. Nous pouvons penser au mouvement des convois de la liberté, qui bien que comportant une participation de la classe ouvrière, s'est ultimement fait canaliser dans la faction conservatrice de la classe dirigeante (Poilèvre et cie). Nous pouvons penser également aux grèves étudiantes de 2012, qui au final auront surtout profilées au projet social-démocrate de la petitebourgeoisie et au parti politique Québec Solidaire. Dans tous les cas, la classe ouvrière, bien que partie intégrante de ces mouvements, n'a pas su apprendre à les diriger selon ses propres intérêts.
C'est pourquoi notre objectif principal est de constituer la classe ouvrière en force politique indépendante. [1] Agir en force politique indépendante, cela veut dire d'abord se concevoir comme classe (avoir une conscience de classe), comprendre le nous comme la classe ouvrière plutôt que la nation, l'appartenance à l'un ou l'autre des côtés de la guerre culturelle, ou d'autres divisions secondaires. Cela veut dire ensuite de se doter des outils qui nous permettent d'agir indépendamment et collectivement en tant que classe, de puissantes organisations capables de rivaliser avec le patronat et l'État. De son côté, le grand patronat, qui détient le contrôle de l'économie, est bien organisé pour faire valoir ses intérêts et est en mesure de tirer les ficelles de la politique en sa faveur. Si nous voulons être capable de lui faire face, nous avons besoin de : A. organiser solidement la classe ouvrière ainsi que B. Éduquer et mobiliser politiquement la classe ouvrière.
A. Organiser solidement la classe ouvrière
Cela veut avant tout dire construire les organisations de défense de base de la classe ouvrière, les syndicats. Malheureusement, des décennies d'absence de syndicalisme de classe ont effrité la capacité des syndicats à assumer ce rôle fondamental. Ceux-ci ayant été incapable de s'adapter à une réalité changeante du monde du travail, le taux de syndicalisation est bas (29%) et tend à diminuer. Parmi les syndicats qui existent, plusieurs sont des organisations peu démocratiques, avec une implication minimale ou inexistante des membres. Si implication il y a, c'est généralement au sens de mobilisation (manifestations, piquets de grève) et rarement au sens d'organisation. Parfois, même la démocratie formelle (assemblées, élections, etc.) est limitée, en particulier dans certains syndicats internationaux. [2].
Les syndicats ont accepté l'appareil légal comme étant légitime, plutôt que de le comprendre comme un simple compromis historique. Bien qu'il soit juste de reconnaître que les gains du mouvement ouvrier passé tel que la reconnaissance légale des syndicats, le droits de grève, etc. sont des acquis précieux qui été arrachés à la bourgeoisie par la lutte, il faut également reconnaître que ces gains sont conditionnels au rapport de force exercé par la classe.
Malheureusement, au sein du mouvement syndical actuel, on se fourvoie trop souvent en s'appuyant principalement sur ces acquis légaux plutôt que sur la construction d'un réel rapport de force. Même les syndicats plus militants et ancrés dans leur base sont coincés dans cette mentalité de paix industrielle, où tout militantisme se doit de respecter les règles du jeu de la bourgeoisie. Ce problème est exacerbé par le fort poids joué par les employés permanents au sein des syndicats, trop souvent des personnes issues d'études universitaires poursuivant des ambitions carriéristes, formés à une mentalité de « ressources humaines ». L'État, lui, ne se limite pourtant pas à respecter les règles de son propre jeu et peut écraser même les luttes syndicales légales via des lois de retour au travail ou d'autres stratagèmes bureaucratiques. Même s'il est prouvé que l'État agit de manière inconstitutionnelle, la judiciarisation des luttes donne toujours le bénéfice du doute à la partie patronale. Après des délais de plusieurs années avant un règlement en cours, les membres sont démobilisés et le mal est fait.
Ce dont nous avons besoin, ce sont de syndicats qui sont réellement capables d'accomplir leur rôle, des syndicat de lutte de classe. D'abord, cela veut dire des syndicats combatifs, prenant partie fermement pour obtenir le plus de gains possibles pour leur membres, n'ayant pas peur de mener des grèves, des actions dérangeantes et des campagnes politiques à la défense de la classe, et ce en permanence et non seulement lors des périodes de négociation de la convention. Ensuite, cela veut dire des syndicats démocratiques dans lesquels les membres sont réellement organisés au sein de la structure syndicale, sont impliqués dans les discussions stratégiques, et où la volonté de la base est réellement ce qui dirige l'action syndicale. Finalement, cela veut dire des syndicats militants, se basant sur les intérêts absolus de la classe ouvrière dans son ensemble plutôt que sur l'intérêt étroit de leurs propres membres, et capables de mener des actions qui dépassent ce qui est permis par l'État.
B. Éduquer et mobiliser politiquement la classe ouvrière
Le syndicat est l'organisation de défense de base de la classe ouvrière, un outil essentiel sans lequel il serait impossible de rivaliser avec la classe dirigeante. Cependant, les syndicats possèdent en soi des limites qu'ils ne pourront dépasser s'ils sont laissés à eux-mêmes. Il ne suffit que de regarder l'état du mouvement syndical actuel qui a été laissé à lui-même depuis les vagues de militantisme politique des années 70 et 80. Le syndicalisme ne mène, spontanément, qu'à la conscience syndicale. Si nous voulons avoir une conscience de classe, alors nous devons également avoir une organisation de classe, qui ne se limite pas à défendre les intérêts « sur la job », mais aussi les intérêts des travailleurs et travailleuses dans l'ensemble de la société. Ceci ne viendra pas d'un développement spontané du mouvement syndical, mais d'une impulsion de l'extérieur.
Tout en reconnaissant le rôle essentiel des syndicats, nous devons lutter contre le syndicalisme étroit et aller au-delà de la conscience syndicale. Ceci implique d'éduquer la classe ouvrière pour qu'elle soit en mesure de comprendre ses propres intérêts et former son opinion indépendamment des grands médias. Comment, par exemple, former des militants capables de tenir tête aux permanents syndicaux de carrières, confiants et connaisseurs, habitués de diriger les structures syndicales ? Comment faire pour que les travailleurs et travailleuses saisissent la nature des réformes néolibérales et voient au-delà des mensonges des politiciens ? Comment faire pour que les syndicats situent leurs luttes dans un horizon internationaliste, en solidarité avec les peuples ailleurs dans le monde qui sont opprimés par l'impérialisme Canadien ? Cela implique un vaste effort d'éducation politique pour apprendre à déceler nos propres intérêts de classe, comprendre notre histoire, et développer nos capacités.
Dans cette optique, il n'existe pas de meilleur école que la lutte. C'est en menant la lutte politique que la classe ouvrière apprendra en pratique qui sont ses amis et ses ennemis. Il faut viser à mobiliser la classe ouvrière dans des campagnes politiques dépassant le cadre étroit des conditions de travail. Il faut apprendre à lutter contre les fermetures de shop, contre les réformes néo-libérales, contre les permis de travail fermés, contre la spéculation immobilière, bref, lutter contre la classe dirigeante dans l'ensemble des sphères de la vie sociale, et ultimement pour le renversement complet de l'ordre établi.
Notre stratégie
Si l'on veut se constituer en force politique indépendante, alors il faut apprendre à lutter avec nos propres moyens, à faire de la lutte politique ouvrière. Cela veut dire non seulement se préoccuper des autres sphères de la vie sociale au-delà des luttes économiques, mais surtout, de se réapproprier nos propres méthodes de lutte.
Ce qui fait que la classe ouvrière possède un réelle poids et lui donne un rôle historique, c'est son contrôle sur la production. Dans notre société, les moyens de production sont détenus par une minorité qui encaisse les profits, mais le processus de fabrication des marchandises est divisé parmi des millions de travailleurs et travailleuses. La minorité qui possède s'enrichit sur le dos de la majorité qui travaille. La classe ouvrière, consciente d'elle-même, peut utiliser son contrôle sur la production – faire la grève – non seulement pour des gains au travail, mais pour défendre ses intérêts dans l'ensemble de la société. C'est là que se situe le potentiel d'un réel rapport de force : dans notre capacité à faire des grèves politiques.
Le rôle de l'État est, en premier lieu, de préserver la domination économique de la classe dominante, ce qui implique en grande partie de réprimer le droit de grève. Historiquement, faire la grève, même pour des raisons économiques, était carrément illégal, et l'État réprimait sévèrement le syndicalisme. C'est éventuellement devenu intenable : face au dynamisme et à la combativité du mouvement ouvrier, valait mieux ouvrir la valve de l'autocuiseur que de contenir la pression jusqu'à ce que ça explose. L'État a opté pour encadrer le syndicalisme afin de s'assurer qu'il ne nuise pas trop au bon fonctionnement de la société et surtout, qu'il n'en vienne pas à menacer l'existence même du capitalisme. On en arrive aujourd'hui avec un ensemble de loi – le code du travail – issu d'un pacte de paix sociale entre le patronat et les syndicats.
Les syndicats ont, malheureusement, plié l'échine et se sont soumis à ces lois pacifiantes et démobilisatrices. Souvent, ils font même confiance à l'État et font la promotion de politiques qui renforcent le rôle de l'État dans la société (social-démocratie) . Ils ignorent ce qui est principal, le rapport de force entre les classes, pour se concentrer sur du lobbying parlementaire. Quand ils n'arrivent pas à obtenir leur objectif de cette façon, ils se replient et se contentent de se dire qu'ils ont fait « tout en leur possible. »
La récupération de l'outil de la grève politique pour rétablir le rapport de force de la classe ouvrière est nécessaire. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de crier des mots d'ordres radicaux de l'extérieur du mouvement syndical comme des clients insatisfaits – appeler à la grève politique n'amènera pas à la grève politique. Nous ne pouvons pas non plus nous contenter de rester isolés dans des microsorganisations avec un membership dans les deux chiffres et aucune influence dans la société. Pour améliorer le mouvement syndical, il faut être dans le mouvement syndical. Pour avoir des meilleurs syndicalistes, il faut être les meilleurs syndicalistes. Il est facile de critiquer lorsqu'on est à l'extérieur du mouvement, mais lorsqu'on est confronté à ses réalités, à ses problèmes concrets, ce n'est pas si simple. La réalité est qu'un bon nombre de syndicalistes sont des personnes bien intentionnées, réellement dévouées pour la classe, qu'il ne faut pas aliéner avec une posture ultra-radicale. Ils font simplement face aux mêmes limites que nous.
Ce que l'on propose, c'est un processus à long terme, un travail qui nécessitera des années. Pour cela, nous ne pouvons pas nous contenter de nous éparpiller dans les différents syndicats sans coordination ni stratégie commune. Notre objectif (constituer la classe ouvrière en force politique indépendante), concrètement, veut dire qu'Alliance Ouvrière vise à agir comme centre politique pour organiser le déploiement des militants pour la grève politique dans le mouvement ouvrier. Voici comment nous proposons d'y arriver :
1. S'organiser sur la base de caucus ou comité par industrie pour planifier l'expansion et la consolidation du syndicalisme de lutte de classe. Les caucus peuvent servir à augmenter la densité syndicale par industrie en formant de nouveau syndicats, à réformer les syndicats existants pour en faire des syndicats combatifs, démocratiques et militants ainsi que de promouvoir l'unité et la coordination intersyndicale.
2. Mener des campagnes politiques combatives contre les attaques de l'État sur la classe ouvrière (réformes du code du travail, privatisations, etc.). Ce faisant, encourager les syndicats à lutter politiquement et à adopter des tactiques militantes plutôt que de se limiter au lobbying et aux campagnes de communication.
3. Constituer un centre d'éducation et d'information sur les questions d'organisation en milieu de travail, sur les questions politiques (grèves politiques, rôle politique et social du syndicalisme, histoire ouvrière) et sur les luttes ouvrières en cours. Collectiviser les expériences et approfondir notre compréhension de la lutte politique ouvrière.
En menant cette approche en trois fronts, nous pourrons apprendre à organiser et diriger la classe ouvrière au sein des organisations de défense de base (syndicat), à mener de lutter politiques d'envergure et à approfondir notre compréhension du mouvement syndical. En combinant ces trois fronts, nous pourrons éventuellement mener des grèves politiques pour le pouvoir ouvrier.
Nos statuts
1. Mission
Alliance Ouvrière vise à constituer la classe ouvrière en force politique indépendante. Nous organisons et mobilisons la classe ouvrière dans les milieux de travail et les autres sphères de la vie sociale afin de récupérer l'outil de la grève politique.
2. Membres
Toute personne ayant participé à au moins une assemblée générale, et étant en accord les principes, les objectifs et la stratégie d'Alliance Ouvrière peut devenir membre.
Les membres ont le devoir de contribuer au travail de base d'Alliance Ouvrière, soit l'organisation de la classe ouvrière dans les milieux de travail, et de respecter les principes généraux d'Alliance Ouvrière.
Les membres ont le droit de voter et se faire élire, de participer aux rencontres de leur organisation de base et aux congrès, ainsi que de partager leur point de vue lors des rencontres.
3. Cotisations
La cotisation pour les membres d'Alliance Ouvrière est de 10$ par mois, qui est remise et administrée par l'exécutif de chaque chapitre régional.
Le chapitre régional doit remettre 20% de son budget au comité de coordination.
4. Instances de base
Les instances de base d'Alliance Ouvrière sont le caucus industriel et le chapitre régional. Les instances de base sont des organisations avec leur propre structure démocratique, définie en concordance avec les principes, les objectifs, la stratégie et les statuts d'Alliance Ouvrière.
Toute région ou industrie avec au minimum trois membres d'Alliance Ouvrière peut former une instance de base et nommer un délégué au comité de coordination.
4.1 Le caucus industriel
Le caucus industriel est la principale instance d'Alliance Ouvrière, et vise à coordonner la stratégie des militants dans chaque industrie pour arriver à l'objectif de la grève politique. Il est formé de membres d'Alliance Ouvrière dans une industrie spécifique.
Le caucus tient une assemblée générale au minimum aux six mois. Le caucus se divise en comités basés sur des tâches ou des milieux de travail spécifiques selon les besoins.
Le caucus élit un comité exécutif chargé d'organiser les rencontres, de coordonner les activités entre les rencontres et de coordonner les actions des différents comités.
4.2 Le chapitre régional
Le chapitre régional est l'instance chargée de coordonner les différents caucus industriels d'Alliance Ouvrière dans une ville ou région, de mener des campagnes politiques et d'organiser des activités d'éducation. Il est formé de membres d'Alliance Ouvrière dans une ville ou région.
Le chapitre tient une assemblée générale au minimum aux trois mois. Le chapitre peut se diviser en sous-comités selon les besoins.
Le chapitre élit un comité exécutif chargé d'organiser les rencontres, de coordonner les activités entre les rencontres et de coordonner les actions des différents comités.
5. Comité de coordination
Le comité de coordination est l'instance chargée d'organiser les congrès, d'approuver la création des instances de base, et d'assurer la communication et la coordination entre les différentes instances d'Alliance Ouvrière.
Politiquement, le comité de coordination doit mettre de l'avant des campagnes politiques nationales, mettre en commun les ressources des instances, et promouvoir l'unité d'action.
Le comité de coordination d'Alliance Ouvrière est composé d'un représentant de chaque chapitre régional élu lors du congrès. Si un chapitre régional est formé entre deux congrès, le chapitre régional élit un représentant au comité de coordination lors d'une de ses assemblées générales.
6. Congrès
Le congrès est l'instance dirigeante d'Alliance Ouvrière. Le comité de coordination élu au congrès précédent est responsable d'organiser le congrès suivant.
Toutes les instances de base d'Alliance Ouvrière ont le droit d'amener des propositions aux congrès. Tous les membres d'Alliance Ouvrière ont le droit de participer au congrès ainsi que de débattre, proposer des amendements, et voter les propositions amenées par les instances.
Le congrès doit se tenir au minimum aux deux ans.
[1] Lorsqu'on utilise le mot politique ici, c'est au sens large - l'organisation de la vie sociale - et non au sens des institutions politiques (partis, parlements, municipalités, etc.). On parle de mener des luttes politiques, et non de faire du lobbyisme ou de la politique partisane.
[2] Les syndicats internationaux se distingues des syndicats "Canadiens" ou Québécois par le fit que les directions centrales sont situées aux États-Unis, et parfois possèdent un droit de veto sur les décsions prises en assemblées syndicales locales

Une chronologie de la grève illimitée de la FAE de 2023

Nous publions ici la seconde partie de la chronique du GIREPS consacrée à la grève des 65 500 enseignantes (du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l'enseignement en milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes) syndiquées à la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) qui a été déclenchée le 23 novembre 2023 avec un mandat de grève illimitée et qui a pris fin après cinq semaines.
Cette seconde partie présente une chronologie des évènements qui ont marqué cette mobilisation historique (Partie 2). Elle fait suite à une première partie centrée sur le contexte de cette grève, la dynamique syndicale dans laquelle elle s'inscrit ainsi que sur les revendications (Partie 1). Une dernière partie proposera quelques pistes de réflexion (Partie 3).
L'ensemble a été exclusivement rédigé à partir des articles de presse, communiqués syndicaux, chroniques, synthèses ou commentaires repérés sur les pages Facebook (de la FAE, des syndicats membres de la FAE et du Front commun) qui ont été publiés, et ce jusqu'à trois mois après la signature de l'entente mettant fin à la grève.

Dévitalisation — Anatomie d’une violence silencieuse

À travers une série de dessins représentant l'anatomie de l'utérus, l'artiste iranienne Nikoo Nateghian, qui vit et travaille à Bruxelles, nous plonge dans les méandres des lois oppressives iraniennes. Chaque détail anatomique renvoie à un article de loi, soulignant ainsi la manière dont le système juridique peut être utilisé pour opprimer et contrôler les femmes en Iran. Ce projet, intitulé « Dévitalisation », explore ainsi la violence insidieuse qui touche les femmes iraniennes émanant des systèmes législatifs qui violent leurs droits fondamentaux.
Tiré de Agir par la culture
Nikoo Nateghian
La représentation anatomique de l'utérus que l'artiste confronte à ces textes agit comme un moyen de neutralisation et de désensibilisation de la perception de cet organe féminin puissant et sacré. Les articles de loi, avec leur langage juridique impérieux, interviennent pour perturber cette contemplation paisible. Ils déconstruisent la connaissance acquise par l'observation des planches anatomiques, révélant ainsi la manière dont ces lois contribuent à la dévitalisation des femmes en Iran, en les réduisant à de simples cas à traiter par le système judiciaire.
Art. 1133 (amendé le 10/11/2002). Un homme peut demander le divorce en respectant les conditions prévues par la loi.
Art. 1133 (amendé conditions énoncées aux articles 1119, 1129 et 1130 de cette loi). Les situations permettant à la femme de demander le divorce comprennent la disparition de l'époux pendant quatre ans, le refus de l'époux de fournir une pension alimentaire, le non-respect de l'époux des autres droits obligatoires, le mauvais traitement de l'époux au point où la vie devient insupportable, les maladies sexuellement transmissibles graves de l'époux qui mettent l'épouse en danger.
Art. 1180. Un enfant mineur est placé sous l'autorité parentale de son père et de son grand-père paternel. L'enfant non émancipé ou mentalement handicapé est placé sous l'autorité parentale de son père et de son grand-père paternel si l'incapacité ou le handicap existaient déjà durant la minorité.
Art. 1181. Chacun des pères et des grands-pères a autorité parentale sur ses enfants.
Art. 1233. Une femme ne peut pas accepter une tutelle sans le consentement de son mari.
Art. 1114. L'épouse doit résider dans le domicile désigné par son époux, à moins que le choix du domicile ne lui ait été confié.
Art. 1117. L'époux peut interdire à son épouse de pratiquer une profession ou un métier qui contrevient aux intérêts de la famille, à ses propres valeurs ou aux valeurs de sa femme.
Art. 367. Dans l'article 366 de cette loi, si les ayants droit des deux parties plaignantes demandent la peine de Qisâs et que les montants du prix du sang pour les deux victimes ne sont pas les mêmes, et si le prix du sang pour les auteurs est supérieur à celui des victimes, par exemple si les deux meurtriers sont des hommes et l'une des deux victimes est une femme, le demaneur de la peine de Qisas du côté de la femme doit payer la moitié du montant complet du prix du sang. Dans ce cas, en raison de l'incertitude quant à l'identité du meurtrier de la femme, l'excédent du prix du sang mentionné est réparti également entre les meurtriers.
Art. 301. L'indemnité pour les hommes et les femmes est égale, mais lorsque le montant de l'indemnité est inférieur au tiers complet, l'indemnité pour la femme est la moitié de celle de l'homme. (Cette règle s'applique à l'indemnité pour les coups et blessures n'ayant pas entraîné la mort).
Art. 351. Le « walî damm » (tuteur du sang) est le même que les héritiers de la victime, à l'exception du conjoint qui n'a pas le droit de demander la peine de qisâs.
Art. 630. Si un homme surprend sa femme en train d'avoir des rapports sexuels avec un autre homme et a connaissance de son consentement à l'adultère, il peut les tuer sur-le-champ, et s'il s'agit d'un rapport sexuel forcé pour sa femme, il peut seulement tuer l'homme. La punition pour les coups et blessures est la même que pour le meurtre dans ce cas.
Art. 258. Lorsqu'un homme commet un meurtre sur une femme, le walî (tuteur) de la victime doit payer la moitié du diyeh complète avant de recourir à la peine de représailles et si les héritiers de la victime acceptent, le meurtrier peut négocier un arrangement pour le montant total du prix du sang, soit moins, soit plus que cela.
Art. 382. Lorsqu'une femme musulmane est délibérément tuée, le droit de représailles est établi. Mais si le meurtrier est un homme musulman, le walî (tuteur) de la victime doit payer la moitié du diyeh complet avant de recourir à la peine de représailles. Si le meurtrier est un homme non musulman, aucune compensation n'est exigée avant d'appliquer la peine de représailles. Dans le cas de la peine de représailles pour le meurtre d'une femme non musulmane par un homme non musulman, le paiement de la différence du diyeh entre eux est requis.
Art. 209. Si un homme musulman tue intentionnellement une femme musulmane, il est condamné à la peine de mort. Cependant, le parent de la femme doit payer la moitié du prix du sang à l'auteur d'assassinat avant l'exécution. (Il est à noter que ce titre de « parent » est généralement appliqué au tuteur légal de la femme mineure.)
Art. 963. Si les époux ne sont pas des ressortissants du même pays, leurs relations personnelles et patrimoniales sont régies par les lois de l'État du pays dont l'époux est le ressortissant.
Art. 964. Les relations entre les parents et les enfants sont régies par les lois de l'État du pays dont le père est le ressortissant.
Art. 1105. Dans les relations entre époux, la direction de la famille incombe à l'époux.
Art. 1108. Si l'épouse refuse sans motif légitime de remplir ses devoirs conjugaux, elle ne sera pas en droit de recevoir de pension alimentaire.
Art. 1043 (amendé le 05/11/1991). Le mariage d'une fille vierge, même si elle a atteint l'âge de la puberté, est soumis à l'autorisation de son père ou de son grand-père paternel. Si le père ou le grand-père paternel refuse injustement de donner son autorisation, celle-ci est nulle pour autant que la fille obtienne l'autorisation du tribunal civil spécial. Le tribunal exigera que l'époux ait été présenté en bonne et due forme, que les conditions du mariage soient respectées et que la dot soit convenue entre les parties. Le mariage devra ensuite être enregistré au bureau d'enregistrement du mariage.
Art. 1158. Un enfant né pendant le mariage a pour père l'époux de sa mère, pour autant que la cohabitation ait préexisté dans un délai de 6 à 10 mois précédant la naissance de l'enfant.
Art. 1167. Un enfant né hors mariage n'est pas rattaché
au père adultérin.
Art. 220. Le père ou le grand-père qui tue son propre enfant n'est pas soumis à la peine de mort, mais il doit payer une indemnité au walî (tuteur) de l'enfant et subir une punition.
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Transition de genre : une BD pour mieux comprendre

Parue en septembre 2024, la bande dessinée/Petite fille deviendra grand,/illustrée par Marie-Lou Lesage/,/est l'occasion pour lui, devenu auteur, de partager désormais avec un plus large public son histoire, et d'apporter sans détour, mais avec délicatesse, des réponses justes et éclairantes à des questions qu'il est parfois difficile de se poser, et de poser.
Tiré de Le Café pédagogique, Paris, 27 novembre 2024
Par Claire Berest
*Depuis 2020, Louis Feghlou, étudiant en médecine, raconte au quotidien, à travers son compte @loulouparfois sur Instagram et Tiktok, son parcours de vie d'homme transgenre et en particulier les différentes étapes qui jalonnent sa transition, entamée à l'âge de 18 ans.
Petite fille deviendra grand, Louis Feghlou et Marie-Lou Lesage. Editions Leduc – Collection Leduc Graphic <https://www.editionsleduc.com/produ...> /./
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*Autobiographie d'un parcours*
Dans la première partie de l'album, l'auteur, né Alia, raconte ses origines, sa famille, son éducation, et la sensation diffuse, très tôt, d'être en décalage avec les codes féminins. Le coming out lesbien qui arrive à l'adolescence, apporte, un temps, une réponse. Mais n'empêche pas« la sensation de vide », de perdurer, et avec elle l'impression de ne pas s'être« vraiment trouvée »…
Jusqu'à ce qu'un reportage documentaire mette enfin les mots « dysphorie de genre » et « transidentité » sur ce qui était là, mais sans pouvoir, ou savoir, se dire. C'est alors un intense et renversant moment de bascule, placé exactement au centre du livre, évoqué dans une sorte de tourbillon graphique bouleversant. Un avant, et un après. La seconde partie de l'album est consacrée aux différentes étapes de la transition sociale, puis de la transition physique de réassignation, qui vont prendre plusieurs années, et confronter l'auteur, et son entourage, à de nombreuses interrogations et discussions.
Le récit prend donc son temps, et le rythme de narration fait ici particulièrement sens. Il rappelle en effet combien un parcours de transition vient de loin, et combien il se construit, étape après étape. On est bien loin des représentations qu'en font parfois certain·es, qui veulent y voir une lubie adolescente et un effet de mode. L'auteur ne cache d'ailleurs rien des difficultés rencontrées, des échecs et des rejets, de ce parcours vécu « comme un train en marche »au cours duquel, parmi ses proches,« des personnes descendraient à certains arrêts et ne remonteraient jamais ». Mais il raconte aussi les réussites, la libération et le bonheur de ne plus être, enfin,« incomplet »…
*Un album nécessaire*
Depuis 2021, une circulaire de l'Éducation nationale encadre l'accueil des élèves transgenres, ou en interrogation sur leur identité de genre, afin de les protéger de toute discrimination expliquant que : La transidentité est un fait qui concerne l'institution scolaire. Celle-ci est en effet confrontée, à l'instar de leur famille, à des situations d'enfants – parfois dès l'école primaire – ou d'adolescents qui se questionnent sur leur identité de genre ». Le texte a ses limites, mais il aussi le mérite d'exister, et de rappeler qu'il est de la responsabilité de tous et de toutes, au sein de l'Ecole, de se mobiliser « pour créer des environnements scolaires qui garantissent à ces élèves le droit à l'intégrité, au bien-être, à la santé et à la sécurité. »
Pour autant, une circulaire ne peut mettre fin à elle seule aux menaces et agissements discriminatoires. Comme le rappelait le sociologue Arnaud Alessandrin, dans un entretien donné auCafé pédagogiqueen octobre 2023,« plus de 80% des jeunes trans ou non binaires disent avoir vécu une scolarité dégradée ou très dégradée du fait des violences transphobes ou d'une peur qu'elles s'abattent sur eux ». A leur façon les « manuels scolaires parfois très stigmatisants »ou encore les « cours d'éducation à la sexualité (…) qui oublient littéralement l'existence de ces mineurs », participent de cette violence, et témoignent de l'écart important entre les préconisations officielles et ce qui se joue concrètement sur le terrain.
Pour combattre cette violence, et faire de l'Ecole un véritable lieu d'accueil, il faut s'attaquer aux idées reçues qui font le terreau de la transphobie, mais aussi permettre aux élèves trans de ne plus se sentir invisibilisé·es et empêché·es d'exister. Le très bel album/Petite fille devient grand/, particulièrement adapté par son langage, à la fois pudique et sans tabou, à un lectorat adolescent, peut, à coup sûr, contribuer efficacement à l'un et à l'autre…
Claire Berest, 27 novembre 2024
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Stanley Ryerson : militant révolutionnaire et historien

L'automne 2024 est l'occasion du lancement d'une nouvelle collection de livres chez M Éditeur, une petite maison d'édition installée au Québec et dont le catalogue se compose principalement d'ouvrages progressistes. La collection se présente ainsi : « La série Recherches matérialistes publie des ouvrages critiques en sciences sociales dans une perspective marxiste. Elle vise à rendre accessibles divers travaux, passés et présents, concernant l'histoire, l'économie et la pensée politique, pour outiller les militant·es contemporain·es. La série désire en particulier valoriser la recherche québécoise ou portant sur le Québec. »
4 décembre 2024 | tiré de contretemps.eu
Le premier ouvrage publié est une réédition de Capitalisme et confédération (Stanley Ryerson, 1972). Dans ce livre, l'auteur présente une synthèse de la construction du Canada en intégrant les éléments économiques, sociaux et politiques, avec un intérêt particulier pour la lutte des classes. Ce livre est constitutif de l'historiographe marxiste canadienne et recèle une valeur programmatique pour la collection, dont l'objectif est d'encourager une réflexion marxiste afin d'alimenter la lutte d'émancipation du prolétariat. Contretemps vous présente ici la nouvelle préface à l'ouvrage, rédigée par Nathan Brullemans et Alexis Lafleur-Paiement.
Stanley Bréhaut Ryerson (1911-1998) demeure à ce jour le plus important intellectuel marxiste canadien, tant pour son rôle dirigeant au sein du Parti communiste du Canada (PCC) que pour ses contributions théoriques et historiques. Sa vie durant, il choisit de mettre son talent intellectuel au service du peuple, se privant longtemps d'une carrière prestigieuse à laquelle le destinait son milieu d'origine. C'est ainsi que, dans les années 1930, il rejoint le Parti communiste, entraînant rapidement son licenciement du collège Sir George William's (Montréal).
Dès lors, il se consacre au travail militant comme journaliste, éducateur populaire et organisateur. Durant trente ans, il produit une riche documentation destinée aux ouvrières et aux ouvriers. Lorsqu'il quitte le Parti en 1971, il poursuit sa mission au sein de la jeune Université du Québec à Montréal (UQAM). Sa proximité avec le mouvement indépendantiste lui attire la sympathie de la gauche québécoise. Malgré ses ruptures et ses soubresauts, la trajectoire de Ryerson suit le fil d'un marxisme vivant, porté vers la théorie, mais aussi profondément enraciné dans la pratique.
Alors que Ryerson incarnait jadis l'éminente figure de l'intellectuel du Parti, sa vie et son œuvre sont moins connues des jeunes générations, ce qui s'explique notamment par le ressac des grandes causes politiques qui furent les siennes, à savoir le marxisme et l'autodétermination du Québec. D'abord, le marxisme est entré en crise depuis les grandes défaites qu'a subies le mouvement ouvrier à partir des années 1970[1], puis de l'effondrement du Bloc de l'Est en 1991. Les restructurations néolibérales, la flexibilisation du travail et le saccage des syndicats rendent maintenant difficile une politique ouvrière radicale[2].
Ensuite, les échecs référendaires de 1980 et de 1995 ont affaibli le mouvement indépendantiste québécois qui s'est replié dans une posture identitaire[3]. Ce climat délétère complique la diffusion des idées marxistes, avec des conséquences pour la transmission de la pensée de Ryerson. Les études à son sujet se font rares et ses ouvrages demeurent difficiles d'accès. De fait, pratiquement aucun de ses livres n'a été traduit en français, alors que Capitalisme et confédération n'a pas été réédité depuis 1978.
Pourtant, nous sommes convaincus que l'œuvre de Ryerson, ainsi que sa méthode liant la recherche théorique et l'engagement politique, méritent notre attention. C'est pourquoi nous proposons, dans cette introduction, de présenter brièvement le parcours de Stanley Ryerson et les lignes de force qui traversent son œuvre, sensible aux trajectoires nationales et coloniales. Partant, le lecteur pourra mieux apprécier le riche contenu du livre Capitalisme et confédération, sa plus importante contribution à l'historiographie canadienne et à l'étude des trajectoires coloniales / nationales.
Une vie intellectuelle et militante[4]
Stanley Bréhaut Ryerson est né le 12 mars 1911 dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle torontoise. Son père est le doyen de la faculté de médecine de l'Université de Toronto et lui-même fréquente la meilleure école de la ville, le Upper Canada College (1919-1929). Il s'inscrit ensuite en langues modernes à l'Université de Toronto, tout en étant précepteur pour les enfants de certains des plus importants notables de la province.
À l'été 1931, il s'installe à Paris pour sa troisième année d'études universitaires. Il y rencontre de jeunes marxistes et évolue du libéralisme progressiste de son adolescence vers le communisme. Dès son retour au Canada (printemps 1932), il s'implique dans la Ligue des jeunes communistes (aile jeunesse du Parti communiste du Canada), puis devient rédacteur en chef du journal The Young Worker. En 1933-1934, le jeune Ryerson retourne à Paris pour ses études de deuxième cycle, toujours en langues modernes. L'époque est bouillante de contradictions sociales qui affermissent ses convictions. Il précise :
Ces deux séjours à Paris sont déterminants pour [moi]. C'est l'époque de la crise, de la montée des fascismes, et du Front populaire, et aussi celle où le marxisme et le communisme exercent une fascination certaine sur les intellectuels. C'est l'heure des choix ! [Je] considère que le communisme est alors la seule voie susceptible de résoudre les problèmes sociaux et la crise des valeurs engendrées par le capitalisme.[5]
En août 1934, il s'installe à Montréal afin d'enseigner au collège Sir George William's. L'expérience est de courte durée puisque Ryerson devient membre du Parti communiste du Canada, fait qui, lorsqu'il est connu en 1937, entraîne son licenciement. Alors que le PCC est en pleine ascension, il éprouve des difficultés à recruter des intellectuels, un vide qui permet à Ryerson d'occuper un rôle unique au sein de l'organisation[6].
À partir de 1935, les choses s'accélèrent pour le jeune Stanley qui cumule les postes au sein du Parti. Il est nommé directeur du programme d'éducation du PCC, puis devient membre du comité central. L'organisation considère alors que les Canadiens français sont les « masses les plus exploitées du Canada » et cherche conséquemment à développer sa présence au Québec[7].
Ryerson apparaît comme la personne désignée pour s'occuper de cette tâche en sa qualité d'intellectuel bilingue. Il est élu secrétaire du Parti pour le Québec et rédacteur en chef adjoint du journal de l'aile provinciale, Clarté. À partir de 1937, Ryerson travaille à temps plein pour le Parti et devient un de ses principaux dirigeants, ce qui lui vaut d'être arrêté, et de voir ses livres confisqués puis brûlés par la police. En 1939, il passe à la clandestinité, peu de temps avant que le PCC soit déclaré illégal[8].
En septembre 1942, les dirigeants communistes clandestins (dont Ryerson) décident de se livrer aux autorités et sont brièvement incarcérés, avant de lancer une organisation paravent pour le Parti communiste, appelée Parti ouvrier progressiste. Ryerson, de retour à Toronto, continue de s'occuper de l'éducation et prend la tête de la nouvelle revue théorique National Affairs Monthly en 1944. Cette période agitée ne l'empêche pas de publier une quinzaine de livres et de brochures entre 1937 et 1949.
En 1951 et après, Ryerson voyage régulièrement en URSS en tant que représentant du Parti et intègre la rédaction de la revue du Kominform, Pour une paix durable et une démocratie populaire. Il participe au XXe Congrès du Parti communiste d'Union soviétique (1956) en tant que membre de la délégation du Canada et rencontre Nikita Khrouchtchev. En 1960, Ryerson prend la direction du Centre d'études marxistes (Toronto) et dirige l'édition canadienne de la World Marxist Review.
Durant cette décennie, il joue non seulement un rôle dirigeant dans le Parti communiste du Canada, mais obtient aussi une renommée dans le mouvement communiste mondial en tant que directeur de la revue Marxist Quarterly. Cette période faste est marquée par la publication de deux ouvrages historiques majeurs : The Founding of Canada (1960) et Unequal Union (1968), traduit en français sous le nom Capitalisme et confédération (1972).
Les années suivantes se révèlent plus compliquées pour Ryerson, qui démissionne de son poste au comité central en 1969 en raison de désaccords avec les autres dirigeants concernant l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie (1968), la question de l'autodétermination du Québec et la démocratie socialiste. En 1970, Ryerson se réinstalle à Montréal où il est embauché comme professeur à l'UQAM. Ses divergences avec le PCC persistant, il décide de le quitter en 1971.
L'engagement marxiste continue d'animer les travaux de Ryerson, mais c'est surtout dans le domaine académique qu'il brille dans les années 1970 et 1980, alors que la cause de l'indépendance du Québec devient son principal combat à la même époque. Il poursuit son implication dans le Comité international des sciences historiques, tout en publiant de nombreux articles. Il obtient un doctorat de l'Université Laval (1987) en témoignage de son œuvre, pour lequel il doit seulement écrire un texte d'une cinquantaine de pages décrivant sa vie et sa vision de l'histoire[9]. Ryerson prend sa retraite en 1991 et obtient l'éméritat du département d'histoire de l'UQAM l'année suivante. Il décède le 25 avril 1998.
Cette vie profondément marquée par l'action politique et intellectuellement riche a laissé des traces durables. Ryerson a rédigé un grand nombre de textes : plus de 500 selon la recension non exhaustive de Robert Comeau et de Robert Tremblay[10]. De cette masse ressortent une vingtaine de livres et de brochures, dont les deux ouvrages fondamentaux parus en 1960 et en 1968. Sans prétendre épuiser le sujet, nous pouvons donner quelques indications au lecteur afin qu'il s'oriente dans cette œuvre colossale, tout en soulignant ses traits fondamentaux.
« L'histoire du peuple », une œuvre à vocation politique
L'œuvre de Ryerson, bien que globalement cohérente dans sa méthode et ses sujets, semble formée de blocs successifs.
Il y a d'abord les réflexions historiques dans un dessein d'éducation et d'agitation politique (vers 1935-1949), suivi d'une deuxième période marquée par l'approfondissement théorique et les questions internationales (vers 1950-1960), elle-même suivie par la séquence des « grandes études marxistes » sur l'histoire du Canada (1960-1972) et, enfin, d'un quatrième moment plus académique, marqué du sceau de l'indépendantisme (après 1972).
Cette division schématique ne saurait gommer les récurrences dans son œuvre, au premier rang desquelles l'approche marxiste, la connexion entre théorie et pratique, et la centralité de l'histoire canadienne. C'est d'ailleurs sur ces éléments de continuité que nous voulons insister, avec une attention particulière à la méthode de Ryerson et à ses ouvrages des années 1960.
La vision de l'histoire de Stanley Ryerson est restée étonnamment constante durant ses quelques soixante années de travail. La cohérence de sa démarche trouve son origine dans le programme initié par le Parti dans les années 1930 sous la direction de Margaret Fairley et de Ryerson. Ce projet, appelé « l'histoire du peuple », cherche à présenter une chronique du Canada et des luttes populaires canadiennes aux travailleurs, de manière accessible et didactique. Les grandes études marxistes publiées par Ryerson dans les années 1960 forment l'apogée de ce programme au long cours[11], avec trois axes principaux.
D'abord, l'histoire est considérée comme un outil nécessaire afin de comprendre les structures sociales du présent, dans le sillon du matérialisme historique. Ensuite, l'histoire possède une valeur heuristique pour éduquer les classes laborieuses et élever leur niveau de conscience, permettant aussi de les intéresser aux luttes politiques. Enfin, l'histoire peut servir d'appui aux luttes politiques concrètes, puisqu'elle permet de comprendre leurs ressorts, mais aussi parce qu'elle offre un bassin comprenant la totalité des expériences accumulées par la classe ouvrière dans son combat pour son émancipation.
De fait, l'histoire joue un rôle essentiel dans le processus révolutionnaire, qui n'est pas sans rappeler « l'historicisme réaliste » d'Antonio Gramsci (1891-1937)[12]. Dans un article de 1947, Ryerson explique :
« Notre étude théorique portera fruit dans la mesure où elle fusionnera avec les tâches pratiques de la lutte. […] Nous traitons de la vraie histoire de notre pays afin d'armer et d'inspirer le camp du peuple dans son combat contre le fascisme en Amérique, et pour aider à faire avancer la lutte pour un Canada socialiste ! »[13]
Malgré son éloignement du marxisme révolutionnaire, Ryerson conserve le même cadre épistémologique quarante ans plus tard, lorsqu'il explique en 1987 : « Au plan social, l'histoire répond à des besoins précis : besoins de savoir leur genèse pour comprendre les problèmes actuels, besoin pour les groupes sociaux de prendre conscience de leurs racines et de leur identité pour devenir des agents efficaces. »[14]
De plus, l'œuvre de Ryerson a une propension multidisciplinaire qui associe l'histoire, l'économie, les sciences politiques et les études culturelles. Ces différents domaines sont pour lui autant de moyens de connaître les réalités passées et présentes, et des outils pour agir concrètement en vue de transformer la société. Cette ouverture est perceptible dans son approche à la fois globale et située, puisque « c'est dans un contexte international que se constitue le national »[15].
Conséquemment, Ryerson n'a de cesse d'entretenir le dialogue avec ses camarades étrangers, surtout par l'entremise du Comité international des sciences historiques. La focalisation sur le contexte canadien s'avère une manière de comprendre les dynamiques internationales, sous forme d'étude de cas, quoique jamais réductible totalement. Le chercheur militant doit pratiquer sans cesse des allers-retours dans ses analyses entre son domaine et les grands facteurs qui structurent le monde (capitalisme, impérialisme). Après, l'étude d'un contexte donné demeure nécessaire pour vérifier les principes généraux, mais aussi pour lutter efficacement dans ledit contexte.
Une autre manière de synthétiser l'approche de Ryerson est d'affirmer avec Jean-Paul Bernard que sa méthode « se caractérise par la valorisation, sans exclusive, de la totalisation, de la conceptualisation, et de la primauté du présent dans le rapport présent / passé »[16]. C'est dans cette perspective qu'il étudie l'histoire de la transition du féodalisme au capitalisme (vers 1775-1840), le développement de la classe ouvrière canadienne et les luttes politiques du XIXe siècle.
À partir de ses recherches, Ryerson croit que nous sommes en mesure de comprendre les structures politiques, sociales et économiques qui fondent le Canada, et de mieux les combattre. Pour lui, le développement du capitalisme canadien s'inscrit dans une transition internationale, mais implique une spécificité, soit l'assujettissement des Canadiens français, politiquement et économiquement, ainsi que la relégation aux marges des peuples autochtones. Son œuvre accorde un intérêt marqué aux rapports entre les différentes nations qui forment le Canada, où le droit à l'autodétermination des peuples joue un rôle central.
Alors que le PCC s'est longtemps crispé sur la question nationale québécoise, les études pionnières de Ryerson sur le républicanisme dans les deux Canadas l'entraînent vers une position d'ouverture. De sa fondation jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale (1921-1939), le Parti refuse de reconnaître que les Canadiens français forment une nation distincte, évacuant ipso facto la question de l'autodétermination nationale[17].
Ryerson joue alors un rôle important dans la reconnaissance du Québec comme nation minoritaire, notamment grâce à son ouvrage French Canada (1943), où il met de l'avant les traditions démocratiques et anti-impérialistes du Québec. Jusque dans les années 1960, le PCC et Ryerson adhèrent néanmoins aux thèses de Lénine sur la question nationale, à savoir que toute nation a un droit conditionnel à l'autodétermination, dans une logique de subordination aux luttes du prolétariat[18]. L'historien abandonne cette position après sa rupture avec le Parti.
Dans le sillage de la commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme au Canada, Ryerson qualifie le Québec de « nation dominée » et réexamine le potentiel révolutionnaire du mouvement national québécois. La conjoncture politique, marquée par les événements d'Octobre 1970 et du Front commun intersyndical de 1972, prouve à ses yeux la jonction entre la lutte de libération nationale et la lutte des classes[19].
Pourtant, Ryerson n'est pas un souverainiste jusqu'au-boutiste : il défend la reconnaissance des Franco-Québécois comme nation et leur droit réel à l'autodétermination qui lui semble irréalisable dans le Canada tel qu'il existe. Une fédération socialiste demeure la solution qu'il privilégie en théorie, mais l'indépendance est préférable dans le contexte bloqué de l'époque Trudeau. Cette position s'harmonise avec l'air du temps : « Il paraît assez évident que, tout au long des années 70, les positions de l'auteur correspondent au plus près au sentiment politique dominant au sein des mouvements sociaux du Québec, au point d'en constituer l'expression intellectuelle la mieux articulée. »[20]
En somme, l'historien révolutionnaire désire comprendre l'origine des structures d'exploitation qui s'imposent aux sociétés contemporaines, saisir les potentialités de la classe ouvrière – agent révolutionnaire par excellence – et découvrir comment instaurer les conditions sociopolitiques d'égalité pour les nations, dont le Québec. Son œuvre, « essentiellement marquée par le matérialisme historique »[21], concourt à l'objectif d'un monde libéré du capitalisme et de l'impérialisme.
Retour à Capitalisme et confédération
En 1996, l'historien David Frank écrivait au sujet de Stanley Ryerson : « Le renouveau de l'histoire du Canada dans les dernières décennies a accumulé à son endroit une dette qui est loin d'être toujours reconnue. »[22] Si cette mésestime persiste, un problème plus grave affecte aujourd'hui l'œuvre de Ryerson : son manque de lecteurs. Cet écueil est d'autant pénible que les ouvrages de Ryerson recèlent une valeur historique, épistémologique, didactique et heuristique importante pour approcher l'histoire du Canada. Plus de cinquante ans après sa publication, l'heure est venue d'un retour à Capitalisme et confédération.
L'ouvrage paraît aux éditions Parti pris en 1972, en tant que « version refondue, corrigée et augmentée » du livre Unequal Union sorti en anglais en 1968[23]. Le titre francophone est sans doute plus conforme à l'esprit du projet de Ryerson qui veut éclairer en chassé-croisé les structures économiques et politiques, c'est-à-dire la concomitance des processus d'accumulation dans la colonie et la formation d'un appareil d'État bourgeois moderne, hostile aux nations minoritaires et aux souverainetés autochtones.
La question centrale de Capitalisme et confédération est la suivante : « Quel rapport y aurait-il entre l'institution du travail salarié et la Confédération canadienne ? En d'autres termes : entre l'industrie capitaliste et la question nationale ? »[24] Les deux axes qui expliquent l'histoire du Canada seraient, d'un côté, les classes sociales et la transition vers le capitalisme, et de l'autre, la consolidation des appareils d'État et les principes démocratiques nationaux. La proposition de Ryerson consiste à restituer la formation de ces catégories à travers la combinaison de la lutte des classes et du contexte colonial / national.
Le livre s'inscrit dans le renouveau de l'historiographie marxiste canadienne des années 1970[25]. Néanmoins, contrairement à la tradition économiciste issue de la IIe Internationale, Ryerson ne considère pas les phénomènes étatiques et nationaux comme de simples reflets superstructurels de la base économique[26]. Il se distancie du structuralisme althussérien qui préconise une subordination de l'histoire à la philosophie marxiste (à travers les concepts de classes, de surdétermination, d'appareils idéologiques d'État, d'instances et de modes de production). Son œuvre s'inscrit plutôt dans l'historicisme d'Edward P. Thompson, qui demeure attaché à une méthode inductive et à la recherche empirique[27].
De fait, Ryerson accorde une primauté aux événements, à l'agentivité humaine et à l'imprévisibilité de la lutte des classes. Comme il le dit, son projet est celui d'une « histoire socio-économique, politique et philosophique qui tienne pleinement compte des réalités sociales, nationales, humaines »[28]. Il s'en dégage une méthode d'interprétation historique flexible qui, sans mobiliser un appareil conceptuel abstrait, intègre les notions marxistes avec agilité et une certaine simplicité[29].
Ainsi, l'ouvrage renvoie dos à dos les lectures économicistes et nationalistes de l'histoire canadienne, qui recoupent approximativement les vues des Écoles historiques de Québec et de Montréal[30]. La première vision, incarnée par Fernand Ouellet, prétend que la Conquête anglaise de 1760 n'entraîne pas une coupure radicale avec l'économie de la Nouvelle-France. L'accent est mis sur la continuité des structures coloniales, mercantiles et seigneuriales ainsi que sur la prolongation du commerce des fourrures, quoiqu'en soulignant le dynamisme économique impulsé par les marchands anglais[31].
De manière semblable, l'historien Harrold Innis contribue à l'histoire économique du Canada en insistant sur les aspects techniques et géographiques. Ryerson estime que la thèse de Ouellet se focalise unilatéralement sur la conjoncture économique et néglige les questions nationales et politiques, notamment les révolutions atlantiques et l'arrivée massive des loyalistes qui entraîne un développement inégal des institutions politiques[32]. Dans le cas d'Innis, notre auteur considère que son « matérialisme » ressemble plutôt à une métaphysique, car il fait l'histoire de l'extraction des ressources naturelles en déconnexion des rapports sociaux qui médiatisent la nature, évacuant du coup la référence aux classes sociales[33].
À l'extrême opposé, la thèse du « nationalisme traditionnel » portée par Lionel Groulx apparaît aussi inacceptable, car elle comprend la nation comme une « mystique réactionnaire » et « empêche de situer le fait national dans le contexte universel de l'évolution des formations socio-économiques »[34].
Pour Ryerson, l'empire colonial relève d'un espace mondial où se joue un conflit entre de nombreuses classes et fractions de classes : marchands anglais, petits-bourgeois républicains, capitaines d'industrie émergente, seigneurs, clercs, paysannerie… sans oublier la classe ouvrière naissante. Le recoupement des positions de classes et des intérêts nationaux permet de dépasser l'explication simpliste de l'école nationaliste[35].
Capitalisme et confédération présente la formation de l'État canadien dans le contexte d'une transition inégale de l'économie d'Ancien Régime vers le mode de production capitaliste. Dans le sillage de Maurice Dobb, Ryerson rappelle la distinction analytique entre le capital marchand et le capital industriel[36]. Les marchés précapitalistes sont compatibles avec le commerce métropolitain, alors que le passage au capitalisme commande la transformation de la terre en capital, la dépossession des producteurs directs et, à terme, l'irruption d'une révolution industrielle.
La théorie de Ryerson repose sur l'idée que l'essor de la petite industrie caractérise la transition capitaliste autour de 1830. Cette dynamique s'exprime selon lui à travers trois secteurs : 1) le commerce du bois et les chantiers maritimes, 2) les usines et les ateliers, et 3) l'expansion de la petite entreprise de biens de consommation. Dans les deux premiers cas, les capitalistes sont canadiens-anglais (avec des prolétaires francophones), alors que le troisième secteur est dominé par « l'embryon d'une bourgeoisie industrielle francophone »[37]. Mais cette transition est bloquée par les forces coloniales, économiques comme politiques.
L'inertie coloniale est aggravée par la crise qui sévit dans les campagnes, résultat de la distribution inégale des terres, du renforcement des charges féodales après la Conquête et des mauvaises récoltes. Cette crise agraire plus ou moins permanente (avec une intensité particulière dans les années 1830) pousse des milliers d'habitants – c'est-à-dire des paysans canadiens français – à migrer vers les États-Unis, sans avoir été préalablement transformés en prolétaires salariés, en raison de l'absence de travail industriel suffisant en ville. Il faut attendre l'étouffement des insurrections de 1837-1838 pour lancer la révolution industrielle canadienne et construire des institutions bourgeoises modernes[38].
Toujours est-il que Ryerson discerne l'apparition d'un conflit de classe qui oppose les petits capitalistes industriels aux élites aristocratiques, marchandes et cléricales. En s'appuyant sur le mécontentement généralisé des habitants face au régime seigneurial, les conditions sont mûres pour la révolution. C'est à partir de ces antagonismes que Ryerson pose le diagnostic d'une révolution bourgeoise avortée. Plus précisément, il décrit les insurrections de 1837-1838 comme une « révolte paysanne dirigée par la petite-bourgeoise » ou encore – d'une manière aussi stimulante que paradoxale – comme une « révolution bourgeoise sans bourgeoisie »[39].
De plus, les insurrections se manifestent à un moment où le pouvoir des capitalistes canadiens apparaît encore bigarré. Certains des insurgés sont attachés au régime seigneurial, comme Louis-Joseph Papineau. Il n'en demeure pas moins que les révolutions au Canada adoptent l'esprit démocratique bourgeois de l'époque, tout en s'incarnant de manière originale suivant leur situation géopolitique et économique[40].
Ryerson considère aussi l'expérience révolutionnaire canadienne comme une itération des révolutions atlantiques, au sens de l'historien Jacques Godechot[41]. Il rappelle l'influence politique des révolutions américaine et française, ainsi que leur impact sur la formation intellectuelle des leaders canadiens. L'historien note des filiations directes, comme pour l'exilé polonais Von Schultz qui avait combattu le despotisme du tsar en Pologne en 1831, avant de s'engager dans la révolution du Haut-Canada[42].
Le nationalisme des Patriotes est loin d'exprimer un sentiment ethnique étroit, comme le pense lord Durham qui réfléchit les rébellions en termes de conflit de « races ». Il est plus juste de parler d'un « patriotisme démocratique » se préoccupant de la condition des Canadiens français. C'est un fils de loyalistes, Robert Nelson, qui proclame le 28 février 1838 la République du Bas-Canada. Sans oublier, de manière plus fondamentale, que l'action révolutionnaire de 1837-1838 a lieu dans les deux Canadas, où les colons d'origine britannique se soulèvent aussi[43].
L'auteur conçoit les insurrections du Haut et du Bas-Canada comme des sœurs. Leurs origines sont similaires : c'est l'oppression du pouvoir impérial, et la domination des marchands et des propriétaires terriens. Dans le Haut-Canada, c'est le despotisme du « family compact » sur les petits colons qui mène à une lutte armée de libération nationale. Le leader William Lyon Mackenzie déclare sa solidarité avec l'insurrection du Bas-Canada, bien que les liens militaires soient trop faibles pour mener à la réussite de la révolte.
Ces républicains sont aussi en faveur de l'abolition de l'esclavage, alors que la déclaration d'indépendance de Nelson affirme que les Autochtones possèdent les mêmes droits que tous les autres citoyens. Dans le Bas-Canada, les récriminations contre le despotisme du gouverneur, l'arbitraire des autorités, les blocages sociaux et économiques, ainsi que l'infériorisation des francophones, se mêlent dans un mouvement révolutionnaire, nationaliste et républicain, avec une direction démocratique.
Il est clair pour Ryerson que le triomphe de la contre-révolution n'efface pas l'apport décisif des rébellions aux transformations politiques et économiques de la colonie. C'est après l'Acte d'Union de 1840 que le gouvernement responsable est établi grâce à la pression de Lafontaine, offrant les bases de l'état bourgeois établi en 1867.
Mais ces éléments politiques seraient insuffisants pour comprendre pleinement le développement du Canada : ce qu'il fallait pour unir le pays, c'est un réseau de communication efficace, un chemin de fer. À partir de 1850, il se développe un capitalisme de connivence entre les hommes d'État canadiens et les grandes compagnies de chemin de fer, particulièrement la Grand Trunk Railway. Le train devient l'instrument du colonialisme et permet de lancer les bases d'une accumulation capitaliste élargie, principalement au service des intérêts anglais[44].
L'ouvrage prend au sérieux la question du colonialisme et ses effets corrosifs sur les sociétés autochtones, soulignant « l'exploitation effrénée des populations indigènes », marquée par la violence de l'accumulation primitive[45]. Pour Ryerson, cela relève d'un « régime de colonialisme infiniment plus opprimant et impitoyable que celui qui fut par la suite imposé aux colonies blanches par leur métropole »[46].
En plus d'un siphonnage de l'économie traditionnelle, il faut ajouter les stratégies d'accaparement des terres stimulées par l'expansion territoriale d'un Canada voulant imposer son hégémonie a mari usque ad mare. C'est à partir de ces transformations qu'il faut comprendre les soulèvements des Métis de 1869 et de 1885 que Ryerson considère comme « le seul exemple d'une intervention réelle des masses dans la question de la Confédération »[47].
On peut dire que Ryerson conçoit la domination et l'exploitation des Premières Nations par l'Empire britannique en deux temps, qui répondent à la logique de transition du colonialisme classique vers l'impérialisme. Le premier moment est l'exploitation mercantile coloniale du travail autochtone à travers le commerce des fourrures, au profit des marchands anglais (jusqu'en 1840 environ)[48]. La seconde phase, caractérisée par la domination capitaliste, implique un double mouvement de prolétarisation et d'encasernement des peuples autochtones.
En somme, dans Capitalisme et confédération, Ryerson offre une remarquable leçon d'histoire intégrée, avec une focale sur les classes populaires et les peuples minoritaires. Il atteint son objectif d'écrire une histoire à même d'éclairer la conscience collective, et de nous aider à lutter contre des systèmes d'exploitation profondément enracinés, mais jamais irrévocables.
***
Depuis l'œuvre pionnière de Ryerson, de nombreuses avancées ont été faites sur le terrain de l'histoire sociale au Québec, alors que le marxisme s'est considérablement renouvelé dans sa méthode historique[49]. Pareillement, divers travaux stimulants ont vu le jour depuis les années 1990 concernant les rébellions de 1837-1838 et la transition vers le capitalisme au Canada. Les contributions les plus importantes associent les insurrections patriotes aux révolutions atlantiques et éclairent leur contenu républicain, des idées qui trouvent leur origine dans l'œuvre de Stanley Ryerson[50].
À la jonction du marxisme et de l'histoire, la discussion sur la transition au Canada a fait des progrès considérables. Plusieurs hypothèses ont été formulées quant à la nature des modes de production dans la vallée du Saint-Laurent et aux causes des changements sociaux afférents[51]. À la lumière de ces travaux, Capitalisme et confédération apparaît comme une œuvre séminale, pleine d'intuitions qui n'ont pas fini de produire leurs fruits et, surtout, porteuse d'une méthode dialectique dont la maîtrise n'a guère d'équivalent. Ainsi, le projet de Stanley Ryerson d'une sociologie historique de la formation étatique, coloniale et nationale, liée à une théorie de la transition vers le capitalisme, continue de susciter l'intérêt[52].
Maintenant, laissons place à l'œuvre de Stanley Bréhaut Ryerson. Que la lectrice ou le lecteur y trouve une histoire riche et vivante, présentée suivant une méthode marxiste dont il ne faut jamais oublier le potentiel heuristique et révolutionnaire.
Nathan Brullemans et Alexis Lafleur-Paiement[53]
Montréal, le 15 juin 2024.
Notes
[1] Sur la crise du marxisme, voir MOREAU, François et Richard POULIN. « Montée et déclin du marxisme au Québec » dans Critiques socialistes, no 1 (automne 1986), pages 101-146.
[2] À ce sujet, voir notamment CAMFIELD, David. La crise du syndicalisme au Canada et au Québec, Montréal, M Éditeur, 2014, et ROBERT, Martin et Martin PETITCLERC. Grève et paix. Une histoire des lois spéciales au Québec, Montréal, Lux, 2018.
[3] PIOTTE, Jean-Marc et Jean-Pierre COUTURE. Les nouveaux visages du nationalisme conservateur au Québec, Montréal, Québec Amérique, 2012.
[4] La meilleure source biographique demeure COMEAU, Robert et Robert TREMBLAY (dir.). Stanley Bréhaut Ryerson, un intellectuel de combat, Hull, Vents d'Ouest, 1996.
[5] RYERSON, Stanley B. Connaître l'histoire, comprendre la société : un rapport en voie de mutation ?, thèse de doctorat, Université Laval, 1987, page 44.
[6] KEALEY, Gregory. « Stanley Bréhaut Ryerson : intellectuel révolutionnaire canadien » dans COMEAU, Robert et Bernard DIONNE (dir.). Le droit de se taire. Histoire des communistes au Québec, Montréal, VLB, 1989, page 200.
[7] BISAILLON, Joël. Stanley Bréhaut Ryerson (1911-1998) et l'analyse de sa pensée sur la question nationale au Québec, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2008, page 53.
[8] Le PCC est interdit à trois reprises : en 1921, 1932 et 1940.
[9] RYERSON. Connaître l'histoire, comprendre la société, 1987.
[10] COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, pages 381-411.
[11] KEALEY, Gregory. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste » dans COMEAU et DIONNE. Le droit de se taire, 1989, page 250.
[12] DOUET, Yohann. L'histoire et la question de la modernité chez Antonio Gramsci, Paris, Garnier, 2022.
[13] RYERSON, Stanley B. « Marxism and the Writing of Canadian History » dans National Affairs Monthly, vol. 4-2 (1947), page 51. Nous traduisons.
[14] RYERSON. Connaître l'histoire, comprendre la société, 1987, page 45.
[15] RYERSON, Stanley B. « À propos de Les syndicats nationaux… de Jacques Rouillard » dans Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 35-3 (1981), page 400.
[16] Dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 98.
[17] BISAILLON. Stanley Bréhaut Ryerson, 2008, page 28.
[18] BISAILLON. Stanley Bréhaut Ryerson, 2008, page 93.
[19] BISAILLON. Stanley Bréhaut Ryerson, 2008, page 182.
[20] Sur l'enjeu des liens entre le Canada et le Québec, voir l'excellent DENIS, Serge. « Stanley B. Ryerson et le Québec contemporain, 1965-1993 » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, pages 157-208 (page 196 pour la citation).
[21] MASSÉ, Georges. « Démarche historienne et apport d'un marxiste québécois à l'historiographie ouvrière » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 307.
[22] FRANK, David. « L'influence de Stanley B. Ryerson auprès de la nouvelle gauche anglo-canadienne » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 359.
[23] Le livre connaît deux éditions en français, d'abord sous le titre Le capitalisme et la confédération (1972) puis sous le titre Capitalisme et confédération (1978) qui présentent le même texte.
[24] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 13.
[25] Par exemple : BOURQUE, Gilles. Classes sociales et question nationale au Québec, 1760-1840, Montréal, Parti pris, 1970 ; BOURQUE, Gilles et Anne LEGARÉ. Le Québec. La question nationale, Paris, Maspero, 1979 ; NIOSI, Jorge. La bourgeoisie canadienne. La formation et le développement d'une classe dominante, Montréal, Boréal, 1980 ; GAGNON, Charles. Feu sur l'Amérique, Montréal, Lux, 2006.
[26] RYERSON, Stanley, B. « Prise de conscience : nationalité et tensions sociétales. Notes pour un témoignage » dans Cahiers de recherche sociologique, no 20 (1993), page 16.
[27] THOMPSON, Edward P. The Making of the English Working Class, New York, Penguin, 1966.
[28] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 15.
[29] FECTEAU, Jean-Marie. « Classes, démocratie, nation. La transition au capitalisme chez Stanley B. Ryerson » dans COMEAU et TREMBLAY. Stanley Bréhaut Ryerson, 1996, page 238.
[30] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 24.
[31] OUELLET, Fernand. Histoire économique et sociale du Québec (1760-1850), Montréal, Fides, 1966.
[32] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, pages 25-26.
[33] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 514, et KEALEY. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste », 1989, page 248.
[34] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 24.
[35] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 504.
[36] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 515.
[37] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972,page 47.
[38] KEALEY. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste », 1989, page 254.
[39] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 113.
[40] KEALEY. « Stanley Bréhaut Ryerson : historien marxiste », 1989, page 252.
[41] COVO, Manuel et al. « Les révolutions atlantiques. Une vague démocratique » dans BANTIGNY, Ludivine (dir.). Une histoire globale des révolutions, Paris, La Découverte, 2023, pages 223-263.
[42] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972,page 178.
[43] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 82. Voir aussi MAUDUIT, Julien. La guerre d'indépendance des Canadas, Montréal, McGill's University Press, 2022.
[44] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 317.
[45] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 20. Au sujet des peuples autochtones et du processus colonial canadien, on consultera aussi les six premiers chapitres de RYERSON, Stanley. The Founding of Canada, Toronto, Progress Books, 1960.
[46] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 20.
[47] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 460.
[48] RYERSON. Le capitalisme et la confédération, 1972, page 515.
[49] Pour un exemple concernant la transition, voir BRENNER, Robert et al. The Brenner Debate : Agrarian Class Structure and Economic Development in Pre-Industrial Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.
[50] Voir notamment GREER, Allan. Habitants et patriotes : la Rébellion de 1837 dans les campagnes du Bas-Canada, Montréal, Boréal, 1997 ; LAMONDE, Yvan. Histoire sociale des idées au Québec, 1760-1896, Montréal, Fides, 2000 ; BELLAVANCE, Marcel. « La rébellion de 1837 et les modèles théoriques de l'émergence de la nation et du nationalisme » dans Revue d'histoire de l'Amérique française, no 53-3 (2000), pages 367-400 ; HARVEY, Louis-Georges. Le printemps de l'Amérique française, Montréal, Boréal, 2005 ; DUCHARME, Michel. Le concept de liberté au Canada à l'époque des révolutions atlantiques, Montréal, McGill's University Press, 2010.
[51] BERNIER, Gérald et Daniel SALÉE. Entre l'ordre et la liberté. Colonialisme, pouvoir et transition vers le capitalisme dans le Québec du XIXe siècle, Montréal, Boréal, 1995 ; GREER, Allan. Habitants, marchands et seigneurs. La société rurale du Bas-Richelieu, Montréal, Septentrion, 2000 ; GRENIER, Benoît. « Pouvoir et contre-pouvoir dans le monde rural laurentien aux XVIIIe et XIXe siècles » dans Bulletin d'histoire politique, no 18-1 (2009), pages 143-163 ; GREER, Allan. Property and Dispossession : Natives, Empires, and Land in Early Modern North America, Cambridge, Cambridge University Press, 2018 ; SANFILIPPO, Matteo. Le féodalisme dans la vallée du Saint-Laurent. Un problème historiographique, Ottawa, Presses universitaires d'Ottawa, 2022.
[52] DUFOUR, Frédérick Guillaume. « Lamonde, la Brève histoire des idées au Québec et les défis d'une sociologie historique des processus de formation étatique, nationales et coloniales au Québec et au Canada » dans Bulletin d'histoire politique, no 29-1 (2020), pages 195-211.
[53] Les auteurs codirigent la série Recherches matérialistes chez M Éditeur et sont membres du collectif Archives Révolutionnaires (https://archivesrevolutionnaires.com/).
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