Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Comptes rendus de lecture du mardi 19 août 2025
Moins !
Kōhei Saitō
Traduit du japonais
Tous ceux que le réchauffement climatique préoccupe réellement devraient lire cet important essai ! L'auteur nous y décrit ce qui demeure la seule voie réaliste pour faire face à la catastrophe environnementale appréhendée : le communisme de décroissance ; communisme de décroissance qui implique la mise en place de communs, la réappropriation de la démocratie et un monde axé sur l'entraide, la valeur d'usage des biens et services et la prospérité, sans oublier personne. Tout le contraire du capitalisme, de la croissance illimitée, inégalitaire et destructrice de notre environnement, qui n'assure en fait la prospérité que d'une faible minorité de possédants. Un bouquin plein d'optimisme aussi, qui nous trace la voie à suivre.
Extrait :
Le capitalisme dépend de la rareté artificielle. C'est ce capitalisme, en tant que système d'austérité, qui nous force à endurer une vie de pauvreté. Nous ne sommes pas pauvres parce que nous ne produisons pas assez. Nous sommes pauvres parce que l'essence du capitalisme c'est la rareté. C'est ça l'opposition entre valeur et valeur d'usage. Les politiques néolibérales d'austérité menées récemment conviennent parfaitement au capitalisme, car ce sont des politiques qui augmentent la rareté artificielle. Au contraire, l'abondance demande une rupture avec le paradigme de la croissance économique.
Le pari québécois d'une culture avant le pays
Jean-Claude Germain
Jean-Claude Germain nous a quitté plus tôt cette année. J'ai lu ses très intéressantes chroniques dans L'aut'journal pendant des années. Il nous y parlait de notre petite et grande histoire, du passé dont il avait été témoin, de culture, de la nôtre et de celles des autres, de façon colorée, avec des anecdotes, des souvenirs, des rappels de notre passé. Dans ce dernier bouquin, il nous parle de Durham, et de ceux qu'il nomme ses trois fils spirituels : Wilfrid Laurier, Louis St-Laurent et Pierre Elliot Trudeau. Il nous parle aussi de nos artistes, de notre langue, de féminisme… Un de nos grands historiens et grands raconteurs comme il s'en trouve peu.
Extrait :
À une époque où Maurice Duplessis tenait le Québec sous le charme de ses calembours et de son éloquence du terroir, Louis Stephen Saint-Laurent cassait son français. Cette particularité linguistique de Mononcque Louis — cette distanciation brechtienne par l'accent — lui conférait dans le paysage politique québécois, du moins celui des oreilles, un statut exotique. Presque celui d'un étranger.
L'OTAN
Medea Benjamin et David Swanson
Traduit de l'anglais
Ce bouquin, dont je vous recommande vivement la lecture, nous apporte un éclairage absolument nécessaire sur cette alliance militaire qu'est l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), la plus grande et destructrice alliance militaire de tous les temps. Les militants pacifistes Medea Benjamin et David Swanson y exposent comment cette organisation en perpétuelle croissance et qui viole continuellement de nombreux articles de la Charte des Nations Unies stimule la course à l'armement, exacerbe les conflits dans le monde et accentue dangereusement le risque d'une guerre nucléaire.
Extrait :
Pour prévenir un autre confit mondial dévastateur et créer un ordre international qui ne sera pas fondé sur des alliances militaires, mais sur une coopération dont tous les pays sortiront gagnants, la tâche à accomplir est claire : il faut construire un mouvement citoyen mondial qui dira non à l'OTAN et non à la guerre.
Satan Belhumeur
Victor-Lévy Beaulieu
Victor-Lévy Beaulieu, qui nous a quittés le mois dernier, est une des figures les plus imposantes de notre littérature. Dans un style et une langue bien à lui, il nous aura légué une œuvre importante comprenant des dizaines de romans, de récits, d'essais, de téléromans et de pièces de théâtre. Dans ce roman, paru en 1981, le protagoniste Satan Belhumeur est un type marginalisé qui vit dans un tonneau, rue Monselet, à Moréal-Mort. Il a pour amis Jos, l'homme-cheval Bom' Câlice Doucet et Abel, et il à maille à partir avec les autorités, en particulier avec le maire Polux Ryani et l'infâme Caligula Trudel, qui veulent le forcer à quitter les lieux…
Extrait :
S'il y a une chose qui n'est pas normale, déclare l'un de ceux-ci, c'est bien celle-là : que Belhumeur occupe l'un des derniers beaux terrains qu'il nous reste à Moréal-Mort ! À la place de cet affreux tonneau, imaginez ce que ça serait si l'on érigeait une Tour d'habitation, avec plein de petites boutiques au rez-de-chaussée et un immense parquigne dans le sous-sol ! Pensez à la reconnaissance que tous nos vieillards et toutes nos vieillardes nous manifesteraient même après leur mort !

Les puits maudits
C'est en allant visiter un ami qui habite à la frontière entre La Présentation et Saint-Jude que j'ai eu une surprise de taille. Le site du puits gazier du Rang Salvail était rempli de nombreux véhicules et même d'une tour !
photo Ricochet Rémy Bourdillon
Est-ce que je refais un vieux cauchemar ? Peu après sa fracturation, les problèmes du « puits qui fuit » de La Présentation avaient fait les manchettes pour les mauvaises raisons.[1] Dès janvier 2011, le ministre de l'Environnement de l'époque, M. Pierre Arcand, avait émis un avis de non-conformité.[2] Deux mois plus tard, le gouvernement avait ordonné la fermeture définitive du puits de La Présentation car « une fuite de méthane détectée à l'extérieur de l'enceinte du puits, à une profondeur de sept mètres dans le sol, menaçait de contaminer la nappe phréatique. »[3] Et puis, la fermeture du puits aggraverait-elle la situation ? Cette question devint le sujet d'une vive controverse. [4] Quatorze ans plus tard, ces activités au puits ont-elles pour objectif de tenter de le réparer pour une énième fois, ou est-ce dans le cadre de sa fermeture définitive selon le Projet de loi no 21 de 2022 ? [5]
Malgré mon émoi, j'opterais pour la deuxième possibilité. En gros, la Loi mettant fin à la recherche d'hydrocarbures ou de réservoirs souterrains, à la production d'hydrocarbures et à l'exploitation de la saumure (LMF)[6] révoque les licences des compagnies gazières et exige la fermeture définitive des puits et la restauration des sites. Certes, il y a bien quelques conditions à respecter sans oublier des exceptions, mais ces cas sont des détails qui n'ont pas grand intérêt pour monsieur et madame Tout-le-Monde. Enfin, malgré le manque d'acceptabilité sociale, les gazières contestent encore et toujours cette loi devant les tribunaux.
L'important à retenir, c'est que la compagnie doit avoir un plan de fermeture qui a été approuvé. À partir du moment où la fermeture du puits fracturé est déclarée conforme par le ministère de l'Environnement, la compagnie est prête à signer une entente avec les autorités conformément aux dispositions de la loi. Après la signature de ce contrat entre les parties, la compagnie remet la propriété du puits aux autorités publiques (gouvernement du Québec et/ou municipalité) qui en deviennent propriétaires. Ce document est un genre de « quittance » qui libère la compagnie de toutes responsabilités légales ou financières s'il devait y avoir des problèmes dans l'avenir. Légalement, il y a un fort risque que toute contamination future par un puits fermé soit aux frais des contribuables et de leurs gouvernants. Parfois, selon les contrats signés, le propriétaire terrien pourrait également être tenu responsable.
Le hic, c'est qu'une structure de béton et d'acier comme un puits ne dure pas éternellement. Une fois le gisement gazier fracturé, le gaz dans le schiste continue à migrer lentement dans la roche, puis il se faufile dans les fissures vers la sortie, c'est-à-dire le puits ; par conséquent, la pression interne va continuer à augmenter, même si le puits est fermé depuis belle lurette. Comme le puits est bouché, ce gaz, sous grande pression, va tenter de trouver une sortie ; le gaz se faufilera dans toute faille ou fissure qu'il peut trouver pour pouvoir quitter sa prison souterraine. De plus, après des dizaines d'années, la corrosion risque de multiplier les voies par lesquelles le gaz pourrait s'échapper dans le sous-sol et la nappe phréatique. Par comparaison, on pourrait dire qu'une fois que le génie est sorti de la « bouteille », il refuse de revenir dans son ancienne demeure !
C'est pourquoi les administrations municipales de la MRC des Maskoutains ET le ministère de l'Environnement ET le gouvernement du Québec doivent y penser longuement avant de signer un document légal ( quittance ) qui dégagerait les gazières de toute responsabilité, sinon ce sont les générations futures qui hériteront de ce cadeau empoisonné. Le principe de précaution devrait inciter nos administrateurs à exiger que les documents légaux contiennent des clauses qui permettent de tenir les compagnies responsables au cas où des problèmes criants devaient contaminer notre environnement dans l'avenir.
En août 2010, c'est avec son vélo que le regretté Pierre Foglia avait visité nos puits de gaz maskoutains. Avec trois articles en un mois, il avait puissamment contribué à nous faire prendre conscience de la présence prédatrice des gazières ; comme métaphore, il les avait assimilées à « des oiseaux de proie ».[7] Dans l'imaginaire populaire, un oiseau de proie fonce sur sa victime, puis l'emporte pour la déchiqueter et la dévorer. Même après leur départ, il ne faudrait pas que les contrats mal ficelés permettent à ces « oiseaux de proie » d'être libérés de leurs obligations légales et financières. La réalité brutale, c'est qu'à l'intérieur des puits fermés de la MRC (et de la province), la pression du gaz continuera à augmenter. Alors, avant de signer cette « quittance », nos administrateurs doivent répondre à la question qui tue : « Combien de temps l'acier et le béton de ces puits maudits sauront-ils résister à la corrosion inévitable ? »
Gérard Montpetit
Comité Non Schiste La Présentation
le 4 août 2025
1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/524033/saint-hyacinthe-gazschiste-fuites
2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/502552/gaz-schiste-la-presentation-citoyens-inquietude ?
3] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/509259/fermeture-puits-presentation?depuisRecherche=true
4] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/509698/danger-puits-presentation?depuisRecherche=true
6] https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/R-1.01
7] https://www.lapresse.ca/debats/201008/20/01-4308518-les-oiseaux-de-proie.php
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Internationalisme ou géostratégie, il faut choisir !
Poutine se frotte les mains car les crimes génocidaires monstrueux de Netanyahou et Cie contre le peuple palestinien tendent a éclipser les crimes à peine moins monstrueux qu'il commet contre le peuple ukrainien... avec la complicité évidente de Donald Trump.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
6 juillet 2025
Par Daniel Tanuro
Pourquoi Trump soutient-il Poutine ? Parce que son projet stratégique consiste a sauver l'hégémonie US en usant de la supériorité militaire yankee pour dicter à la Russie et à la Chine les conditions d'un partage du monde entre puissances - despotiques à l'intérieur, impérialistes à l'extérieur. Mutatis mutandis, ce projet est comparable à celui qu'Hitler caressait avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, quand il envisageait un partage du monde entre Berlin, Tokyo, et Washington.
Dans ce projet, Israël est plus que jamais le chien de garde de l'impérialisme US au Moyen-Orient. Trump permet donc tout à Netanyahou, ou presque. Sa relation avec Poutine est plus contradictoire : c'est la relation d'un Capo avec le chef d'une mafia rivale, avec qui il veut délimiter les territoires respectifs. D'où un certain nombre de zig-zags. Mais c'est bien de partenariat et de complicité entre bandits qu'il s'agit, il n'y a aucun doute la-dessus.
Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, affirmait il y a quelques mois qu'Israël poursuivait à Gaza les mêmes objectifs que la Russie en Ukraine : « dénazification et démilitarisation ». Il faut être aveugle et sourd, en effet, pour ne pas voir que l'enjeu politique fondamental est le même en Ukraine et en Palestine (et ailleurs !) : le droit des peuples à exister et à déterminer eux-mêmes leur destin face au talon de fer des logiques d'écrasement coloniales et suprémacistes.
Ce n'est pas par hasard que Trump et la plus grande partie de l'extrême-droite internationale soutiennent à la fois Netanyahou et Poutine (et que ceux-ci se soutiennent d'ailleurs mutuellement, en coulisse !). La victoire de ces deux criminels sans scrupules serait pour les aspirants despotes du monde entier un formidable encouragement à établir partout des régimes autoritaires, fascisants ou fascistes. Avec tout ce que cela implique de racisme, de machisme, de négationnisme et d'obscurantisme.
Il est pathétique que la gauche internationale, à quelques trop rares exceptions près (notamment la IVe Internationale, à travers la résolution majoritaire à son dernier congrès mondial) soit incapable de se hisser au niveau de cet enjeu majeur. Elle devrait défendre une position de principe claire :
soutien aux peuples en lutte pour leur droit légitime à l'autodétermination ;
en Palestine, en Ukraine et partout, l'occupation est un crime ;
droit des peuples à défendre leurs droits, y compris par les armes.
Au lieu de cela, la plus grande partie de la gauche s'est embourbée dans des calculs géostratégiques qui l'amènent à choisir un des camps étatiques en présence contre l'autre, au nom du « moindre mal ». Les uns choisissent le camp de l'Occident, les autres choisissent le camp de ses rivaux. Parfois ouvertement - il y a des « communistes » pro-russes -, le plus souvent au nom d'un faux pacifisme (« pas d'armes pour l'Ukraine »... mais « le peuple palestinien a le droit de se défendre par les armes »). Une position révolutionnaire consiste au contraire à choisir toujours le camp des peuples en lutte, quel que soit le « camp » de l'Etat qui les opprime.
La gauche se dit « internationaliste ». Il faut donc rappeler, hélas !, que cette position de principe constitue justement le fondement de l'internationalisme ! « Prolétaires du monde entier, unissez-vous » : ce slogan s'adresse bien aux peuples, aux personnes qui les composent, pas à leurs dirigeants, n'est-ce pas ? Il n'implique en soi aucun soutien politique à ceux-ci, aucun alignement acritique sur leur orientation. Concrètement, il s'agit de soutenir le peuple palestinien en dépit du Hamas (et de « l'Autorité palestinienne » fantoche ! et du role des mollahs iraniens !). Il s'agit de même de soutenir le peuple ukrainien en dépit de Zélensky et de sa politique néolibérale pro-OTAN.
Précision n°1 : cette position de principe doit s'affranchir de toute comptabilité macabre. Un crime contre l'humanité est un crime contre l'humanité, quelle que soit son ampleur. Le bombardement des civils à Marioupol ou a Kyiv n'est pas « plus acceptable » que le bombardement des civils à Gaza. La déportation-russification des enfants ukrainiens n'est pas « plus acceptable » que le massacre des enfants de Gaza. Il y a « deux poids deux mesures » dans les positions occidentales sur Gaza et l'Ukraine ? Oui, c'est ignoble, c'est à dénoncer ! Mais répondre au « deux poids deux mesures » de l'Occident par un autre « deux poids deux mesures », symétrique du premier, est indigne d'une gauche de gauche et, plus largement, de l'éthique la plus élémentaire.
Précision n°2 : cette position de principe doit s'affranchir de tout pacifisme abstrait. Concrètement, le droit des peuples à l'autodétermination et à l'autodéfense implique de dire à la fois « Oui aux armes pour l'Ukraine » et « Stop arming Israel », tout en s'opposant au projet « Rearm Europe » et autres politiques de remilitarisation impérialiste. Ce n'est pas facile, mais il n'y a pas d'autre voie pour des anticapitalistes-internationalistes.
J'ai commencé ce billet en écrivant que Poutine se frotte les mains. Dans une certaine mesure, Netanyahou se les frotte aussi. Pour la même raison : la focalisation sur les horreurs sans nom infligées à Gaza détourne l'attention des crimes à peine moins monstrueux qu'Israël commet en Cisjordanie (pour ne pas parler des bombardements israéliens ininterrompus au Liban, en Syrie, dans la plus totale impunité !). Sans compter les régimes arabes (Arabie saoudite, Émirats, Égypte, Maroc...), qui n'ont qu'un souhait : se faire les plus discrets possible en espérant monnayer leur collaboration au « nouveau Moyen-Orient » qui sortira du poker menteur entre les empires. Sur le dos du droit de tous les peuples.
Daniel Tanuro
Commentaires
Martine Collin
D'accord sauf sur la critique trop globale de Zelensky .. crois tu vraiment que ce peuple envahi ait le choix de ses alliances ?
* * *
D Tanuro
Martine Collin - Il y a deux aspects. La politique néoliberale de privatisations et d'atteintes aux droits sociaux ne peut qu'affaiblir la mobilisation populaire contre l'invasion, raison pour laquelle nos camarades de Sotsialnyi Rukh et des secteurs sociaux luttent sur deux fronts. Sur l'OTAN, on peut comprendre que les peuples de pays qui ont subi la domination tsariste, puis stalinienne, voient l'OTAN comme une garantie anti-invasion. Mais la solidité de cette garantie diminue et, surtout, on ne peut que dire son opposition a ce réflexe, en raison de la nature même de l'OTAN, comme alliance impérialiste. Tactiquement, ce n'est pas facile du tout, évidemment (on l'a vu aussi en Suède et en Finlande !). Il faut développer les arguments adéquats en fonction du contexte, notamment en couplant cela, je pense, à la dissolution de toutes les alliances militaires.
P.-S.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Impacts des projets éoliens au Québec : un BAPE générique est nécessaire
Les projets de parcs éoliens se multiplient au Québec. Depuis seulement 2024, déjà 9 nouveaux projetsont fait l'objet d'une consultation publique par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).
Crédit photo : Jean-Claude Coulbois. Film Boisbouscache : territoire sous influence.
À eux seuls, ces projets totalisent des investissements de près de 6 milliards de dollars. Les quelques 370 éoliennes prévues détruiront ou perturberont des milliers d'hectares de territoires forestiers et agricoles, et des milieux humides. Et ce n'est là qu'un début. Face à ce déferlement de projets éoliens, plusieurs municipalités, citoyens et groupes de tous horizons ont fait parvenir au gouvernement la demande de la tenue d'un BAPE générique sur la filière éolienne afin d'évaluer correctement les enjeux environnementaux, sociaux et économiques cumulatifs des projets. Le BAPE a lui-même formulé cette recommandation en conclusion de plusieurs de ses rapports sur des projets éoliens (voir les conclusions des rapports 375,385,386 et 388).
Malgré les demandes répétées, le gouvernement du Québec et l'ex-directeur d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia, se sont toujours opposés à mener cet examen rigoureux de la filière éolienne, et cela en dépit des impacts négatifs très importants des projets éoliens dénoncés par de nombreux citoyens et experts.
Parmi les effets les plus nuisibles du développement éolien actuel mentionnons la dénationalisation de l'électricité et une crise tarifaire à venir sans précédent au Québec. Selon plusieurs experts, les tarifs d'électricités pourraient subir une hausse annuelle de 5,6 à 9% par an dès 2028, soit des hausses cumulatives de 65 à 75 % sur 11 ans. Selon l'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), la perte de la rente éolienne pour Hydro Québec, due à la privatisation dans ce secteur, est estimée à entre 1,79 et 3,34 milliardsà l'horizon de 2035.
Si ces profits étaient partagés 50-50 entre Hydro Québec et les MRC, les revenus de chaque partie devraient atteindre entre 910 millions$ et 1,70 milliard$ à l'horizon 2035. Ce qui est au moins 100 fois plus que ce qui est offert présentement aux municipalitésqui acceptent des éoliennes sur leur territoire en partenariat avec le privé. En laissant les compagnies privées accaparer la rente éolienne, ces profits seront vraisemblablement exportés vers desparadis fiscaux plutôt que d'enrichir le Québec.
De plus, chaque nouveau parc éolien augmente la charge financière d'Hydro-Québec Production qui doit assumer les frais pour l'intégration et l'équilibrage de la nouvelle électricité. Ce qui se chiffre en milliards de dollars. La société d'État est également obligée d'acheter cette électricité à prix fort (entre 10 à 12 ¢ au lieu des 2,79 ¢ le kilowattheure pour l'électricité patrimoniale). Le coût d'acquisition de l'énergie éolienne par Hydro-Québec est estimé à 22,2 milliards de dollars d'ici 2035. À cela doivent encore s'ajouter les frais d'Hydro-Québec pour l'entretien des infrastructures vieillissantes de son réseau. C'est ce qui a fait dire à plusieurs experts que le Plan d'action de l'ex-PDG d'Hydro-Québec, qui vise à doubler la production d'électricité au Québec est un gouffre financier qui préfigure un appauvrissement inutile de la population, en plus d'être totalement irréaliste.
Les experts reconnaissent que le gouvernement met la charrue avant les bœufs en se lançant dans une production pharaonique d'électricité avant même d'avoir un agenda concret de décarbonation de notre économie. Le gouvernement considère la transition énergétique comme une « occasion d'affaires » et il attribue l'essentiel des nouveaux blocs d'énergie (que nous ne possédons pas encore) à des entreprises, souvent étrangères, qui ne contribuent pas à la réduction de notre dépendance au pétrole et au gaz. L'idée de transition énergétique sert donc de prétexte pour un développement industriel qui favorise la mainmise du privé dans le marché nord-américain de l'électricité.
D'autres enjeux importants concernent la santédes populations qui doivent vivre avec les nuisances des tours éoliennes, dont le bruit, la perte des paysages et la baisse de valeur de leur propriété. Les conséquences sur l'environnement sont également très importantes, bien que banalisées par les promoteurs : fractionnement des corridors forestiers, destruction de milieux humides et d'habitats d'espèces menacées, mortalités d'animaux, perte de territoire agricole, alors que le Québec compte moins de 2 % de terres cultivables, etc.
Enfin, il faut encore mentionner les graves lacunes démocratiques dans la manière dont les projets éoliens sont imposés aux populations. Les décisions sont prises derrière des portes closes par une poignée de décideurs qui sont parfois en situation de conflits d'intérêts. Plusieurs municipalités refusent de tenir des référendums malgré les pétitions adressées par leurs concitoyens. Des citoyens aux prises avec des projets éoliens témoignent duchaos socialqui s'installe dans la communauté.
C'est dans ce contexte qu'une coalition s'est mobilisée pour demander un BAPE générique sur la filière éolienne. Les municipalités qui ne l'ont pas déjà fait sont invitées à se joindre à ce mouvement pour un développement plus socialement acceptable de la filière éolienne au Québec
Louise Morand
Regroupement vigilance énergie Québec
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Dilemme : énergie sale aujourd’hui, ou sale climat demain
Au lendemain de son élection de 2018, le Premier ministre du Québec, M. Legault, avait déclaré qu'il renonçait à l'oléoduc Énergie Est parce qu'il n'y avait pas d'acceptabilité sociale pour le transport de « l'énergie sale » de l'Alberta.
L'expression avait fait sourciller les partisans de l'industrie pétrolière ![1] Le manque d'acceptabilité sociale, les dangers pour nos cours d'eau, le manque de retombées économiques pour le Québec ainsi que l'aggravation de la crise climatique furent les arguments décisifs pour mettre fin à Énergie Est ainsi qu'au projet de gazoduc qui devait aboutir sur les rives du Saguenay. La fin de ces deux projets était un pas dans la bonne direction dans le très nécessaire combat pour réduire la production des gaz à effet de serre (GES), responsables des changements climatiques.
Hélas ! Le nouveau Président Trump s'est lancé dans une politique agressive de « drill, baby, drill » niant complètement la réalité climatique tout en déclenchant une guerre tarifaire contre ses alliés. Devant ce danger pour notre économie et notre indépendance politique, le nouveau Premier ministre, M. Carney, propose de recentrer notre économie en construisant rapidement de grands projets, dont des pipelines.
Face à une possible résurrection des pipelines, M. Legault hésite et reste « ouvert » à l'idée.[2] Pour prendre une décision éclairée, il faut se recentrer sur certains faits fondamentaux. Quels objectifs visons-nous en élaborant ces projets « d'intérêt national » ? Dans l'immédiat, Trump nous pose de sérieux problèmes, mais dans 42 mois, son mandat prendra fin alors que le reste du monde continuera à évoluer vers les énergies renouvelables. Les pays qui auront pris les mauvaises décisions seront à la remorque des pays ayant compris que la présente transition vers l'avenir se joue dans les énergies renouvelables.
À long terme cependant, comme les changements climatiques seront de plus en plus graves, en limiter les dommages doit être notre premier objectif. Malgré le brouhaha venu d'outre-frontière jumelé à une promotion effrénée du lobby pétrolier, il faut se demander si le plan d'affaire des pipelines est économiquement viable dans les marchés mondiaux alors que tous les indicateurs nous disent que le « pic pétrolier » est à nos portes.
De nombreux pays ont des plans sérieux pour interdire la vente de véhicules à combustion d'ici 2035. La Chine, grand concurrent des États-Unis, avance à grands pas pour se sevrer des énergies fossiles. Les Chinois sont les champions de la production de panneaux solaires peu dispendieux. Si des pays comme le Pakistan adoptent l'énergie solaire, ce n'est pas par souci écologique ; c'est devenu un choix strictement économique car cette énergie renouvelable est moins dispendieuse que les énergies fossiles. [3] De plus, la flotte chinoise de véhicules électriques (pensons à la marque BYD) est tellement performante et peu dispendieuse que le marché nord-américain de l'automobile doit faire appliquer des droits douaniers de 100% avec l'aide de Messieurs Trump et Carney ; notre industrie automobile est déclassée sur le plan économique et technologique. L'an passé, la Chine a produit 12,4 millions de véhicules électriques (VE) alors que l'Union européenne en a construit 2,4 millions. Tous ces VE réduiront la consommation mondiale de pétrole.[4]
Enfin, le pétrole WCS (Western Canadian Select) est beaucoup plus couteux à extraire et à raffiner que le pétrole de la région du golfe persique. Les experts, dont l'Agence internationale de l'énergie (AIE), prévoient que le « pic pétrolier » arrivera d'ici la fin de la décennie. Avec « l'affaiblissement de la demande », les prix du brut risquent de s'effondrer.[5] Avec une demande mondiale beaucoup plus faible, c'est le pétrole le plus dispendieux comme le WCS qui écopera en premier, ce qui par conséquent rendra cet oléoduc désuet !
Pour les individus comme pour les nations, la maturité consiste à éviter de refaire les mêmes erreurs. Pour favoriser la production de pétrole WCS, le gouvernement de M. Trudeau a acheté l'oléoduc Trans Mountain au montant de 4,5 milliards de dollars et a ajouté un autre 30 milliards pour en tripler la capacité. Sur le plan financier, cette aventure était inacceptable pour les compagnies pétrolières ; ce sont donc les contribuables qui doivent payer pour ce fiasco financier ! Une erreur de ce genre, ça suffit ! [6]
La Loi sur l'unité de l'économie canadienne (projet de loi C-5) se veut une réponse aux menaces économiques et politiques d'outre-frontière. Nous croyons qu'il faut nous affranchir de l'économie américaine, mais sans jeter le bébé avec l'eau du bain. La résurrection des pipelines est une mesure opportuniste qui ne tient pas la route sur le plan financier, qui aggrave la catastrophe environnementale et qui piétine les droits des nations autochtones. En septembre 2015, le gouverneur de la banque d'Angleterre, un certain Mark Carney, mettait en garde les assureurs de la Lloyd's de Londres contre les risques financiers liés aux changements climatiques et leur signalait la nécessité d'une économie à faible intensité de carbone.[7]
Prendre la bonne décision est un enjeu capital pour notre avenir. Dans la compétition avec la Chine pour le premier rang économique de la planète, même les États-Unis n'échappent pas à cette logique implacable. En misant le tout pour le tout sur le pétrole, le Président Trump réussira-t-il son pari du MAGA (« Make America Great Again ») ou aura-t-il, par cette politique d'un autre siècle, condamné son pays à devenir dans dix ans un « HAS-BEEN Country », c'est-à-dire un pays dépassé technologiquement et économiquement à cause de ses mauvaises décisions ? Au nord du 45e parallèle, espérons que le Premier ministre Carney, le Premier ministre Legault et leurs homologues provinciaux mettront en pratique les sages conseils de l'ancien gouverneur de la banque d'Angleterre !
Gérard Montpetit
La Présentation
le 27 juillet 2025
3]https://www.nationalobserver.com/2025/07/23/news/renewables-solar-energy-pakistan?
4]https://www.iea.org/reports/global-ev-outlook-2025/trends-in-the-electric-car-industry-3
5]https://www.netzeroinvestor.net/news-and-views/iea-global-oil-demand-will-peak-before-2030
6] https://www.nationalobserver.com/2025/06/10/analysis/trans-mountain-pipelines-cost-taxpayers-canada ?
7]https://www.youtube.com/watch?v=V5c-eqNxeSQ
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Conférence de presse du réseau scolaire : le contrat social rompu en éducation
Réunis dans le cadre d'une conférence de presse conjointe, le président de la CSQ, Éric Gingras et les autres présidences du réseau scolaire, Richard Bergevin de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), Éric Pronovost de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) et Carolane Desmarais de la Fédération du personnel professionnel de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ), sont unanimes sur le fait que la saga des annonces de coupes budgétaires a replongé le réseau scolaire dans un marasme teinté de cynisme.
« La rentrée, c'est le moment de tous les possibles ! Une effervescence spéciale marque l'énergie des premiers jours de classe. Une fois encore, l'ensemble du personnel – enseignant, de soutien scolaire et professionnel – sera au rendez-vous pour s'assurer que tout se déroule bien. Mais à quel prix ? C'est la question sur toutes les lèvres. Il est impossible d'entamer cette année scolaire sans parler des impacts majeurs qu'engendre l'instabilité du financement », fait valoir le président de la CSQ, Éric Gingras.
Rupture du contrat social
« Le scénario catastrophe de coupures est mis de côté pour le moment, mais ça ne change rien au fait que le réseau a besoin de prévisibilité. Oui, le gouvernement a investi en éducation, mais pas à la hauteur des besoins qu'engendre la hausse du nombre de jeunes dans nos écoles et nos centres, et des besoins liés aux élèves en difficulté. Si l'éducation était vraiment une priorité, ces différents facteurs seraient pris en compte et ce n'est pas le cas », ajoute Éric Gingras.
« Le gouvernement a rompu le contrat social en éducation. Tous les jeunes ne sont pas égaux à l'heure actuelle et tous, de l'aveu même du ministre de l'Éducation, n'ont pas accès aux services auxquels ils ont droit. »
Le syndicalisme en éducation est là pour rester
« Depuis le début de l'année 2025, le gouvernement se cherche une cible et casse du sucre sur le dos des syndicats : le nombre de grèves et de conflits, la décote financière du Québec, l'instabilité économique et sociale, les sorties négatives sur les politiques et les orientations du gouvernement. C'est toujours la faute des syndicats. Là, c'est assez, insiste le président de la CSQ, Éric Gingras. Nous ne sommes pas responsables des mauvais choix politiques du gouvernement ! »
« Le syndicalisme en éducation est là pour rester et j'ajoute même qu'il s'avère peut-être plus important que jamais. Ce qui s'en vient, ce n'est pas une bataille syndicale. C'est une lutte menée par les travailleuses et les travailleurs à pied d'œuvre sur le terrain au quotidien. Les gouvernements et les ministres changent, mais le personnel reste. Et c'est pour eux que nous prenons la parole dans l'espace public et que nous continuerons de dénoncer ce qui doit l'être. »
Le changement en éducation passe par une grande réflexion
La CSQ et ses fédérations estiment que, pour reformer le contrat social en éducation, il faut une grande réflexion collective impliquant l'ensemble des actrices et acteurs du milieu de l'éducation, demande répétée par la CSQ depuis plusieurs mois.
En janvier dernier, la CSQ publiait les résultats d'un sondage Léger, qui révélaient notamment que près de 70 % des Québécoises et des Québécois estiment qu'une grande réflexion collective pour développer une vision claire et un plan à long terme pour le réseau s'impose.
Les enjeux qui secouent le réseau de l'éducation résident dans les fondements et dans la mission même de l'éducation. « Nous savons que la population appuie le personnel de l'éducation, c'est plutôt le manque de soutien, les structures et les infrastructures qui sont en cause. Les choix politiques du gouvernement ne font qu'accentuer le bris de confiance. Et à la CSQ, c'est ce sur quoi on veut travailler. Et proposer des solutions qui viennent des milieux. C'est ce que les membres veulent d'ailleurs : proposer, contribuer, agir », soutiennent les dirigeantes et les dirigeants syndicaux.
« La grande réflexion collective que nous réclamons, c'est ça. On veut parler de la réussite éducative des jeunes, de l'égalité des chances, de mixité scolaire et sociale. On veut parler d'éducation, pour de vrai. On veut un plan, un projet collectif, structurant et inspirant pour le Québec de demain. »
Inquiétudes pour la réussite des élèves
« On souhaite une bonne année scolaire aux enseignantes et aux enseignants, mais on sait déjà qu'elle sera éprouvante parce qu'ils vivront avec le spectre omniprésent de compressions injustifiables. Qui plus est, la situation de pénurie augmentera la pression sur les profs qui devront soutenir et épauler les personnes qui entrent dans la profession avec une formation insuffisante. Il faudra que le gouvernement appuie ses enseignants et cesse de les attaquer avec des contraintes et de nouvelles obligations qui les surchargent et les dévalorisent. » – Richard Bergevin, président de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ).
Abolition de postes essentiels et instabilité pour le personnel de soutien scolaire
« La rentrée scolaire 2025 s'amorce dans un climat d'incertitude et de colère pour le personnel de soutien scolaire. Tandis que les élèves retrouvent leur école, plusieurs services directs qui leur sont destinés sont affaiblis par l'abolition de postes essentiels, malgré la récente correction partielle du budget. Du côté administratif, un gel d'embauche vient paralyser un réseau déjà fragilisé. Dans un contexte criant de pénurie de main-d'œuvre, le gouvernement choisit d'aggraver la situation plutôt que d'y remédier. Plusieurs de nos membres, essentiels au bon fonctionnement du réseau, sortent d'un été d'angoisses, plusieurs ayant passé leurs vacances à craindre pour leur emploi et ils sont maintenus dans l'instabilité jusqu'à la fin du mois d'août. Cessons les coupes en éducation. » – Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ).
Bien-être et conditions d'apprentissage compromis
« À l'heure où le réseau scolaire était déjà en difficulté, le gouvernement a choisi de couper dans une foule de services, dont les services professionnels, puis de réinvestir partiellement sous des conditions impossibles à réaliser. Trop peu trop tard, nous craignons que le chaos soit installé durablement. Les centres de services scolaires devront jouer de prudence devant l'instabilité du financement, et, malgré ce qu'en dit le ministre, les milieux vont subir des coupes de services professionnels. Ce cafouillage politique affectera directement le bien-être des élèves et les conditions d'apprentissage dans nos écoles. Nous ne resterons pas les bras croisés devant ces coupes qui sont dénoncées par tous les acteurs de la société. » – Carolane Desmarais, présidente de la Fédération du personnel professionnel de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ).
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Journée de réflexion intersyndicale sur le travail migrant
La FTQ vous invite a participer à la journée de réflexion intersyndicale sur l'immigration. L'activité est gratuite et accessible sur réservation auprès de votre organisation syndicale. Les places sont cependant limitées et réparties selon les modalités convenues dans le cadre des États généraux sur le syndicalisme. Veuillez vérifier auprès de votre organisation.
Programmation
8h30 : ouverture des inscription
9h00 : ouverture et présentation de l'activité
9h10 : Accueillir, représenter et mobiliser des personnes issues de l'immigration (défis syndicaux et perspectives militantes)
11h00 : échanges pléniers avec les panelistes
12h00 : dîner-causerie conférence Fernand-Daoust
13h30 : Etats généraux du syndicalisme : Comment mener une action syndicale inclusive, solidaire et émancipatrice pour les membres issus de l'immigration
16 h 20 : synthèse et évaluation de l'activité
Nos conférencières
Dalia Gesualdi-Fecteau
Dalia Gesualdi-Fecteau est membre du Barreau du Québec, professeure titulaire à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal et directrice du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT). Dans un contexte de fortes mutations de l'organisation du travail, ses recherches documentent dans quelle mesure le droit du travail parvient à redresser les inégalités dans les rapports de travail. Au cours des dernières années, Dalia Gesualdi-Fecteau a siégé sur le Comité d'experts sur les normes du travail fédérales modernes (2019) et sur le Comité d'expertes chargé d'analyser les recours en matière de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles au travail (2023). La plupart de ses recherches se font de concert avec les acteurs du marché du travail.
Amel Zaazaa
Amel Zaazaa est cofondatrice et directrice générale de l'Observatoire pour la justice migrante (OPLJM). Elle œuvre depuis plus de 15 ans à l'intersection des milieux communautaires, académiques, culturels et militants, en portant une vision profondément engagée pour la justice sociale. Arrivée à Tiohtià:ke (Montréal) en 2013, après un parcours en Tunisie marqué par une forte implication dans la société civile, elle s'est activement investie dans les mouvements féministes et antiracistes au Québec. Autrice, formatrice et stratège politique, elle travaille à rendre accessibles les savoirs situés aux marges et à soutenir les organismes communautaires dans l'intégration de pratiques féministes intersectionnelles. Elle est aussi coautrice de l'ouvrage collectif 11 brefs essais contre le racisme pour une lutte systémique (Somme Toute, 2019).
QUAND : 1 octobre 2025 dès 8h30
LIEU : Édifice Fernand-Daoust (Salle Louis-Laberge ABC) 2e étage
565 boul. Crémazie Est
Montréal (Québec) H2M 2W3
Renseignements
Vous avez des questions ? Écrivez au jtrepanier@ftq.qc.ca
Répartitions des places par syndicat
– 35 Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
– 20 Confédération des syndicats nationaux (CSN)
– 11 Central des syndicats du Québec (CSQ)
– 7 Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
– 7 Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
– 7 Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
– 6 Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
– 3 Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
– 3 Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)
Cette activité est jumelée avec une Conférence Fernand Daoust (de 12 h à 13 h 30)
Notez que si vous êtes inscrit.e. à la Journée de réflexion pour le travail migrant, votre inscription à la Conférence est automatique.
Dans le cadre d'un projet réalisé grâce à la contribution financière de l'Office québécois de la langue française (OQLF), le service de la Francisation de la FTQ présente la conférence « Garantir le droit de travailler en français : l'accès aux services de francisation pour les travailleuses et travailleurs étrangers au Québec » par Stéphanie Arsenault, professeure titulaire à l'école de travail social et de criminologie de l'Université Laval.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Hiroshima, Nagasaki et le génocide
Le 24 octobre 2023, Omar El Akkad, journaliste et romancier égypto-américain, a publié sur X : « Un jour, quand la situation sera sûre, quand il n'y aura plus d'inconvénient personnel à appeler les choses par leur nom, quand il sera trop tard pour demander des comptes à qui que ce soit, tout le monde aura toujours été contre cela. »
7 août 2025 Entre les lignes entre mots | Photo : bannière Free Gaza à Hiroshima
Ce tweet, vu plus de dix millions de fois, a été développé dans un livre, One Day, Everyone Will Have Always Been Against This, publié au début de cette année. Entre les réflexions sur le génocide des Palestinien·nes à Gaza, l'auteur partage des réflexions sur sa propre histoire et celle de sa famille. En tant qu'Arabe et musulman, El Akkad s'interroge sur la réponse qu'il pourrait donner lorsqu'on lui dit : « Retourne d'où tu viens. » Il se dit : « Si tu aimes tant les gouvernements autoritaires, pourquoi ne vas-tu pas là d'où je viens ? »
Dans quelle mesure quelqu'un aurait-il pu s'opposer aux bombardements atomiques ? Et comment les attitudes à l'égard de ces bombardements ont-elles évolué depuis ? En 1945, l'opinion publique américaine était favorable à une vengeance pour Pearl Harbor et à la destruction de l'Empire japonais.
Les représentations des Japonais comme des vermines ou des singes ont suscité un soutien en faveur du bombardement des populations civiles de toutes les grandes villes japonaises (à l'exception de Kyoto). Les bombardements de Tokyo les 9 et 10 mars 1945 ont fait quelque 100 000 mort·es. Au total, les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki ont fait entre 150 000 et 246 000 mort·es à la fin de l'année 1945. Compte tenu du secret qui entourait le projet Manhattan visant à développer les bombes atomiques, très peu de personnes auraient pu s'opposer à leur utilisation avant qu'elles ne soient déployées. Parmi eux figurait Leó Szilárd, un physicien hongrois qui, au cours de l'été 1945, fit circuler une pétition, principalement parmi les scientifiques du Laboratoire métallurgique de Chicago, s'opposant à l'utilisation de ces armes sans donner au Japon la possibilité de se rendre.
En 1942, sur le continent américain, en vertu d'un décret signé par Franklin D. Roosevelt, les Américain·es d'origine japonaise furent dépossédé·es de leurs terres et de leurs biens et incarcérés dans des camps de prisonnier·es. Rien de tel n'a été perpétré à l'encontre des personnes d'origine allemande ou italienne. Ne devrait-on pas qualifier cela de nettoyage ethnique ? Est-il risqué d'interpréter l'histoire à travers des catégories modernes ? Alors que Harry Truman a suggéré qu'en évitant la nécessité d'envahir le territoire japonais, les bombardements atomiques ont épargné la vie d'environ un demi-million de soldats américains, la plupart des historien·nes affirment que l'Empire japonais savait qu'il était fini et était prêt à se rendre. L'objectif déclaré des bombardements atomiques était de mettre fin à la guerre. D'autres raisons non déclarées comprenaient la démonstration de cette nouvelle arme à l'ennemi de la guerre froide à venir, l'Union soviétique, et la justification du coût de développement de l'arme auprès des contribuables américain·es. Bien que le résultat final ait été la mort de nombreuses et nombreux Japonais, l'intention déclarée n'était pas génocidaire. Par conséquent, nous ne qualifions pas officiellement cela de génocide. (Il convient toutefois de noter que l'étymologie du mot « holocauste » signifie « brûler tout », ce qui fut certainement le cas à Hiroshima et Nagasaki).
En 2025, toute personne rationnelle s'oppose à la guerre nucléaire, car même une guerre nucléaire « limitée » peut entraîner un hiver nucléaire, susceptible de mener à l'extinction de l'espèce humaine. Pourtant, le Bulletin of Atomic Scientists rapproche chaque jour davantage son horloge de l'apocalypse de minuit.
Actuellement, il est minuit moins 89 secondes. Les hibakusha (survivant·es de la bombe atomique), aujourd'hui âgé·es pour la plupart de plus de 80 ans, lancent un appel : « Plus jamais Hiroshima ! Plus jamais de Nagasaki ! Non au nucléaire ! NON À LA GUERRE ! » À l'approche du 80e anniversaire, les militant·es pour la Palestine à Hiroshima tentent de mettre l'accent non seulement sur les milliers de Japonais·es, de Coréens·ne et d'autres personnes qui ont été tuées et blessées lors du génocide nucléaire, mais aussi sur cette journée comme une journée de protestation contre le génocide actuel à Gaza et le nettoyage ethnique dans toute la Palestine.
En commémorant les 80 ans de la bombe, nous devons également inclure l'histoire de l'impérialisme japonais, qui est effacée de la cérémonie officielle de commémoration de la paix à Hiroshima. La défaite de l'Empire japonais doit être considérée comme la libération des peuples d'Asie et du Pacifique de la brutale domination coloniale japonaise. L'écho de l'impérialisme japonais se poursuit sous diverses formes néocoloniales à travers l'Asie, via l'exploitation économique, foncière et du travail, le tourisme et l'industrie du sexe, sans parler de l'occupation continue des terres aïnous à Hokkaido et des terres ryukyu à Okinawa. En fait, nous considérons la cérémonie elle-même comme un rituel renforçant la mythologie nationale japonaise et le système impérial nationaliste qui « nécessite » les armes nucléaires. Même la manière dont la « paix » est imposée à Hiroshima par le biais d'une « prière silencieuse » est une manipulation fasciste des expressions de chagrin et de colère du peuple. La ville d'Hiroshima a convaincu le public que plier des grues en papier et faire visiter le parc de la paix aux enfants suffit à instaurer la « paix ».
En 2024, alors que le génocide des Palestinien·nes battait son plein, la ville d'Hiroshima a honteusement invité un·e délégué·e israélien·ne à assister à la cérémonie commémorative de la paix à Hiroshima, sans inviter de représentant·e palestinien·ne. Les responsables de la ville de Nagasaki, quant à eux, ont désinvité La/le délégué israélien. Cette année, Hiroshima a envoyé des « notifications » au lieu d'« invitations » afin d'éviter toute controverse sur les pays invités et ceux qui ne le sont pas. Cette attitude de « peacewashing » est maintenue par la majorité de la société japonaise, qui est également généralement mal informée des atrocités commises par ses ancêtres au nom de l'empereur.
Dans The World After Gaza, Pankaj Mishra nous donne un aperçu de la manière dont la Shoah, le génocide des Juifs et Juives européen·nes par les nazis, a servi de justification idéologique au projet sioniste d'apartheid, de nettoyage ethnique et, aujourd'hui, de solution finale du génocide. De même, Hiroshima et Nagasaki sont les histoires de victimisation ultimes que les nationalistes japonais utilisent pour justifier la militarisation, le développement technologique et armement, et les collaborations continues avec le gouvernement israélien. Le programme Aichi-Israel Matching, qui met en relation les start-ups israéliennes spécialisées dans les technologies d'armement avec le cœur industriel du Japon, en est le parfait exemple. Le fonds de pension japonais (le plus important au monde !) investit massivement dans des obligations israéliennes ainsi que dans des fabricants d'armes tels qu'Elbit Systems (Israël), Lockheed Martin (États-Unis) et BAE Systems (Royaume-Uni). Des entreprises japonaises comme Kawasaki achètent des drones à Israël, tandis que Mitsubishi Heavy Industries fabrique des pièces dans la chaîne d'approvisionnement d F-35.
Pendant ce temps, lors des dernières élections, le parti Trumpian Sanseito a remporté 14 sièges au gouvernement grâce à sa rhétorique xénophobe diffusée sur YouTube, jouant sur les craintes des Japonais·es d'une contamination étrangère et de la perte de la culture japonaise « pure ». Ce regain d'intérêt pour le racisme ouvert, associé au développement rapide de l'industrie des armes à intelligence artificielle en collaboration avec un État génocidaire, est ce que nous considérons en japonais comme « abunai » – dangereux !
Notre point le plus urgent depuis le point zéro à Hiroshima est le suivant : la Palestine est une question nucléaire. Israël possède quelque 90 armes nucléaires et est en fait un dépôt d'armes nucléaires américain en Asie occidentale. Plusieurs représentants de son gouvernement ont appelé à l'utilisation d'armes nucléaires sur Gaza. La récente demi-guerre nucléaire avec l'Iran a détruit des installations de production de combustible nucléaire, provoquant sans aucun doute une contamination chimique et radioactive que personne n'est prêt à reconnaître, et a démontré à quel point Israël est prêt, avec le soutien des États-Unis, à entraîner la région vers une guerre nucléaire. Les prétentions d'Hiroshima à être une « ville internationale de la paix » engagée dans l'abolition des armes nucléaires semblent égoïstes et creuses, car elle reste complètement silencieuse sur les réalités nucléaires de la Palestine et continue d'occulter les crimes de guerre du Japon. En tant que lutte de libération indigène, la Palestine est également liée au mouvement #LandBack qui croise la lutte contre le colonialisme nucléaire – des îles Marshall à Semipalatinsk, au Kazakhstan, en passant par la nation Navajo, Shinkolobwe au Congo, les Aborigènes d'Australie, et bien d'autres encore.
La douleur d'Hiroshima, de Nagasaki et de tous les massacres et atrocités des 80 dernières années est réelle et nous hante encore aujourd'hui. Le mouvement antinucléaire et les mouvements de libération de la Palestine ont également vu le jour et se sont développés au cours de ces mêmes 80 années. Les militant·es pour la Palestine au Japon voient au-delà du 80e anniversaire de Hiroshima et comprennent que le système impérial japonais, comme celui de la Grande-Bretagne, des États-Unis, de l'Allemagne, etc., n'a pas réellement changé, il a simplement changé de forme. Depuis près de deux ans, nous assistons à un génocide à Gaza, où les auteurs ont juré d'éliminer les Amalek ou les « animaux humains ». Comme si Israël expérimentait toute une série de méthodes pour tuer, nous avons vu des enfants exploser sous les bombes, se faire tirer dessus par des snipers et maintenant mourir de faim.
Ce sont les contribuables étasunien·nes qui financent cela. Ce sont les participant·es au régime de retraite japonais qui financent cela. Nos gouvernements et leurs amis des grandes entreprises fournissent les armes et assurent la couverture diplomatique. Nous ne devons pas laisser nos gouvernements s'approprier nos histoires de douleur et de souffrance pour justifier davantage de douleur et de souffrance. Nous ne devons pas attendre que la situation soit sûre, qu'il n'y ait plus d'inconvénient personnel à appeler les choses par leur nom, qu'il soit trop tard pour demander des comptes à qui que ce soit. Nous devons faire tout notre possible pour nous opposer à l'apartheid, au nettoyage ethnique et au génocide. Nous devons lutter pour la libération de la Palestine et la libération de tous les peuples de la domination, de la militarisation et des économies de guerre.
Rebecca Maria Goldschmidt & Seiji Yamada
Rebecca Maria Goldschmidt est une artiste et une travailleuse culturelle qui s'engage dans des projets artistiques et de recherche liés au territoire. Ses travaux récents reflètent ses études sur les pratiques culturelles et territoriales de ses ancêtres juifs et philippins. Elle est cofondatrice de LAING Hawai'i, une organisation de préservation des langues patrimoniales, et directrice de programme pour le Queer Mikveh Project. Elle a obtenu son master en beaux-arts à l'université d'Hawaï à Mānoa, à Honolulu, en 2020, et poursuit actuellement ses études de doctorat en sculpture à l'université municipale d'Hiroshima, au Japon, dans le cadre d'une bourse MEXT. Elle est coanimatrice de CounterPunch Radio.
Seiji Yamada est originaire d'Hiroshima et exerce en tant que médecin généraliste et enseignant à Hawaï.
https://www.counterpunch.org/2025/08/04/hiroshima-nagasaki-and-genocide/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
Merci à MHL pour la communication de ce texte
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Manifeste pour la défense de la création authentique (par un développement raisonnable et raisonné de l’IA)
Le développement de l'IA en culture doit se faire avec le milieu, pour le milieu et de manière prudente, raisonnable et raisonnée, parce que l'art est humain !
Montréal, le 9 juin 2025 - Les membres de 6 organisations syndicales québécoises représentant plus de 25 500 artistes, créateur·trice·s, interprètes, artisan·e·s et technicien·ne·s de l'audiovisuel et de la musique se sont réuni·e·s en ce lundi 9 juin 2025 pour rendre public leur « manifeste pour la défense de la création authentique ». Cette déclaration met en évidence les grands principes avec lesquels il leur parait indispensable de conduire un développement responsable et prudent des outils d'intelligence artificielle ainsi que leurs revendications et recommandations adressées aux responsables politiques provinciaux et fédéraux ainsi qu'aux différent·e·s acteur·e·s de notre industrie.
Préambule
L'IA générative s'impose un peu plus chaque jour dans nos vies, nos discussions, nos métiers, nos médias. Elle véhicule un grand nombre de promesses pour des lendemains plus performants, plus créatifs, plus rentables. Elle est présentée comme une « révolution » qu'on ne peut arrêter, comme « un train qu'il faut prendre à temps » sous peine de rester sur le quai des temps passés.
Pourtant, chaque jour, des œuvres de créateur·trice·s sont usurpées à des fins d'entrainement de l'IA. À chaque instant, images, textes, voix, compositions, sont utilisés sans consentement, sans transparence et sans rémunération, violant toutes les valeurs morales et les cadres réglementaires les plus fondamentaux.
Avons-nous décidé, en tant que société, que tout ça n'avait plus aucune valeur ? Que l'artiste-créateur·trice pouvait se faire piller pour enrichir les multinationales qui exploitent ses œuvres ?
Avons-nous décidé, en tant que société, qu'il était normal d'accepter comme une fatalité des temps modernes, de voir nos conditions de travail se faire piétiner au nom de l'innovation ?
Avons-nous décidé, en tant que société, de courir le risque de voir la souveraineté de notre culture distincte menacée par des technophiles obsédé·e·s par une vision mercantile de la création ?
Avons-nous décidé de tout cela ?
Dans le milieu des arts et de la culture... JAMAIS !
Le développement de l'IA générative dans le milieu culturel doit se faire avec les artistes, pour les artistes et de manière prudente, raisonnable et raisonnée.
En savoir plus et signer le manifeste.
Grands principes
Principe #1 : Innovation n'est pas synonyme de progrès
Le progrès ne vaut que s'il est partagé par tous. (Aristote, philosophe grec, 384-322 av. J.-C)
Nous recommandons de ne pas confondre innovation et progrès. Le véritable progrès est celui qui est élaboré, négocié et conçu pour bénéficier au plus grand nombre et améliorer les conditions de vie de toutes et tous.
L'IA pourra sans doute permettre, dans certains domaines, d'accomplir ce que l'humain est incapable de faire seul. Mais il faudra que tout le monde puisse, demain, bénéficier de ces avancées, pour que nous soyons en mesure de parler de véritable progrès.
Sans cela, l'IA risque de devenir un accélérateur d'inégalités entre celles et ceux qui pourront bénéficier des innovations, et celles et ceux qui, pour des raisons sociales, géographiques, économiques, culturelles, en seront tenu·e·s à l'écart.
Dans le milieu culturel, l'IA n'a pas encore démontré sa capacité à être un véritable agent de progrès. Si les systèmes d'IA veulent trouver leur place parmi nos outils de travail, leurs opérateurs doivent nous prouver leur volonté d'être au service de la créativité, dans le respect et au bénéfice de toutes celles et tous ceux qui sont les authentiques artistes et artisan·ne·s. L'IA, conçue et développée essentiellement par des compagnies centrées sur des objectifs de pouvoir et de profits, est surtout une illusion de progrès. Cette course technologique effrénée se fait sans aucune éthique, au détriment de nos créateurs et créatrices et de la diversité culturelle.
Principe #2 : L'art est de nature particulière
L'art est d'une nature particulière. Il est humain.
L'artiste ne crée pas par automatisme. Il crée par impulsion, par désir de communiquer à ses contemporain·e·s une vision personnelle et unique de notre société, notre existence, notre condition humaine.
L'IA, elle, ne connaitra jamais l'un des constituants fondamentaux de l'être humain : celui de se savoir mortel, celui qui probablement nous pousse à créer…
L'IA ne fait que se saisir de tout ce qui a été fait auparavant. Avant elle, sans elle. Elle n'est que la somme de toutes ces visions intimes du monde, qu'elle découpe, émiette et recopie pour les assembler. Loin d'innover, elle recycle !
L'IA reproduit nos conditionnements sociaux, perpétue nos clichés et reflète l'idéologie dominante. Elle nous offre une vision biaisée du monde. Elle menace la diversité des expressions culturelles et, par le fait même, la souveraineté culturelle du Québec, ses spécificités mais également la place du français dans notre paysage culturel. C'est pour ces raisons que l'art est, et doit rester, un privilège de l'humain et que seules les œuvres créées par des humains peuvent être reconnues comme telles par le droit d'auteur canadien.
Principe #3 : L'IA n'est pas une révolution, mais une évolution !
Il n'y a pas de « révolution de l'IA », n'en déplaise aux impatients. L'idée même de révolution induit un changement brutal qui impose de nouveaux paradigmes en faisant table rase du passé.
Ici, nous ne parlons pas de révolution mais d'une phase d'évolution importante qu'il convient de mener avec prudence et responsabilité.
Il n'y a aucune saine raison d'agir dans la précipitation. Ces transformations doivent se faire dans le dialogue, le respect, la régulation et le calme. Il y va de l'avenir de certaines industries, dont la nôtre !
Le temps de la démocratie est un temps long. Celui de la réglementation l'est également. Les amateurs de vitesse, qui prônent le libre accès et la dérégulation, doivent lever le pied et accepter de prendre leur place dans le trafic de la coopération. C'est pourquoi les gouvernements fédéraux et provinciaux doivent promptement clarifier leurs positions et les grands principes qui guideront leurs travaux. Ils doivent commencer, sans attendre, à élaborer un cadre réfléchi et concerté permettant un développement respectueux et éthique de l'IA.
Revendications et recommandations
Sur la base des grands principes présentés précédemment, nos organisations s'entendent pour appeler les gouvernements québécois et canadien à :
– Exercer un leadership fort dans chacune des instances internationales où l'encadrement de l'utilisation de l'IA est étudié pour y défendre les enjeux spécifiques aux arts, à la culture et à la diversité des expressions culturelles ;
– Appuyer sans ambiguïté le développement d'un protocole additionnel à la convention de l'UNESCO de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cette démarche nous apparait comme la plus adaptée pour renforcer l'efficacité de la convention dans l'environnement numérique et face aux défis posés par l'IA ;
– Bâtir prioritairement un cadre réglementaire strict, impossible à contourner et encadrant le développement et l'utilisation de l'IA en veillant spécifiquement à protéger les droits individuels des personnes, les droits des travailleurs et travailleuses et les droits d'auteur des créatrices et créateurs. Nous demandons que le principe « A.R.T. » (Autorisation, Rétribution, Transparence) guide les travaux d'encadrement et de révision des programmes de financement ;
– Exiger des systèmes d'IA une transparence totale quant aux contenus utilisés pour l'entrainement des outils et leurs conditions d'utilisation et de rémunération ;
– Reconnaitre et affirmer que la Loi sur le droit d'auteur vise à s'assurer que seul un humain puisse générer une œuvre ou une prestation protégée par le droit d'auteur ;
– S'engager à ne jamais considérer la fouille de textes et de données (FTD) comme une exception possible à la Loi sur le droit d'auteur ;
– Exiger que tout contenu généré par l'IA soit identifié comme tel aux yeux du grand public.
Conclusion
En conclusion, nos organisations rappellent que le milieu artistique a toujours été favorable au progrès et a su évoluer au fil des époques et des nouvelles technologies. Nos artistes, créateur·trice·s, interprètes, artisan·e·s et technicien·ne·s de l'audiovisuel et de la musique en seront évidemment capables cette fois-ci encore !
Utiliser avec prudence des outils d'intelligence artificielle pour améliorer certains aspects de nos métiers est naturellement une pratique appelée à se développer. Nous la comprenons, la soutenons et l'accompagnons.
En revanche, voir notre culture se laisser dévorer « donnée par donnée », « emploi par emploi », « œuvre par œuvre » par des compagnies technologiques aux fins lucratives et souvent peu respectueuses des cultures nationales, locales et distinctes n'est pas acceptable.
Il est de notre responsabilité, d'une part d'y sensibiliser celles et ceux que nous représentons et, d'autre part, de dénoncer les pratiques abusives qui menacent nos emplois, notre culture, nos vies en exigeant un cadre de régulation plus efficace.
Nous sommes et resterons mobilisé·e·s.
Nos gouvernements doivent l'être et agir de manière raisonnable et raisonnée quant au développement des systèmes d'IA.
L'art a besoin d'être aimé et soutenu…parce que l'art est humain !
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

World Press Photo Montréal 2025 - Voir et comprendre la pauvreté au Québec
QUÉBEC, le 18 août 2025 - L'édition 2025 du World Press Photo Montréal présente une exposition du professeur de l'Université TÉLUQ Normand Landry, du 27 août au 13 octobre au Marché Bonsecours à Montréal.
Intitulée Regards sur la pauvreté au Québec, l'exposition regroupe 30 photographies percutantes prises par le professeur Landry. Ces images, issues d'un travail rigoureux de recherche, révèlent des scènes de pauvreté humaines, captées aux quatre coins du Québec. Elles s'appuient sur les résultats d'une vaste étude menée par son équipe de recherche portant sur les représentations de la pauvreté dans la province.
En plus de ces clichés, le public découvrira des données saisissantes recueillies lors d'entrevues et de sondages réalisés auprès de la population. L'exposition met en lumière les préjugés persistants envers les personnes en situation de pauvreté, préjugés qui influencent encore aujourd'hui les discours parlementaires et les politiques publiques.
« Notre équipe est honorée d'accueillir cette exposition lucide, sensible et profondément humaine. Plus de 70 000 visiteurs croiseront des portraits, des regards et des témoignages incarnés avec justesse par la lentille de Normand Landry, initiateur de cette précieuse collaboration. Puissions-nous éveiller les consciences et les gestes face à ces réalités persistantes », souligne Yann Fortier, directeur général et commissaire de l'exposition World Press Photo Montréal.
Quelques faits frappants
– 85% des Québécois francophones estiment que la pauvreté a augmenté au cours des 10 dernières années.
– 80% pensent que le gouvernement n'en fait pas assez.
– À peine 6% des interventions parlementaires mentionnent la pauvreté.
– Les femmes parlementaires en parlent 2 fois plus que leurs collègues masculins.
Activités autour de l'exposition
Deux activités complémentaires viendront enrichir l'exposition du professeur Landry. D'une part, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse offrira une visite commentée intitulée « La pauvreté au Québec : arrêt sur image, 30 poses en 30 minutes ». D'autre part, un exposé synthèse des résultats du projet de recherche sur les représentations de la pauvreté au Québec sera présenté le 9 septembre au Musée Pointe-à-Callière par la Chaire sur la démocratie, le vivre-ensemble et les valeurs communes au Québec. Ces activités permettront au public d'approfondir sa compréhension des enjeux soulevés par l'exposition.
L'équipe de recherche
L'exposition du professeur Landry présente les photographies et les résultats de recherche d'un projet mené en partenariat avec l'Université TÉLUQ, le Centre pour l'étude de la citoyenneté démocratique (CÉCD), le Groupe interdisciplinaire et interuniversitaire de recherche sur l'emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS), la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, ainsi que le Collectif pour un Québec sans pauvreté.
« En croisant l'art photographique et les savoirs scientifiques, cette exposition vise à bousculer notre perception de la pauvreté au Québec et à remettre en question notre rapport à cet enjeu de société majeur. Elle cherche à susciter une réflexion publique en profondeur sur les façons dont nous abordons la pauvreté. Ce n'est qu'en interrogeant ce rapport que nous pourrons repenser collectivement les mesures que nous mettons en place pour y faire face », souligne Normand Landry, professeur à l'Université TÉLUQ et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux médias et droits humains.
« À l'Université TÉLUQ, nous croyons fermement que la connaissance doit éclairer l'action. Cette exposition illustre avec force le rôle que joue la recherche universitaire dans la compréhension des grands enjeux de société. C'est avec fierté que nous soutenons des travaux qui donnent une voix aux réalités trop souvent invisibilisées », affirme Marc-André Carle, directeur de l'enseignement et de la recherche à l'Université TÉLUQ.
Le professeur Normand Landry est disponible pour des entrevues afin de discuter de son travail photographique ainsi des résultats de ses plus récents travaux de recherche.
Pour tout savoir
Expo World Press Photo Montréal 2025
27 août au 13 octobre 2025
Marché Bonsecours, Montréal
Billets en vente uniquement à l'entrée
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :












