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Entretien avec Renaud Viel, président de la section locale de Montréal du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des Postes

10 décembre 2024, par André Frappier —
La direction de Postes Canada veut implanter un nouveau modèle de livraison de courrier STL (Séparation Tri Livraison), ce qui fait en sorte que le facteur ne trie plus du tout (…)

La direction de Postes Canada veut implanter un nouveau modèle de livraison de courrier STL (Séparation Tri Livraison), ce qui fait en sorte que le facteur ne trie plus du tout le courrier. C'est un achemineur de nuit qui trie la route, (travaille de jour) et ce sont d'autres facteurs qui trient pour notre route. Il n'y a aucune valeur de temps qui y est attribuée (comme le prévoit le Système de Mesure des Itinéraires des Facteurs, selon la convention collective). L'administration fait des calculs arbitraires pour évaluer cette charge de travail. On n'a plus aucune manière de vérifier. Ce sont des employés à plein temps en général de 10h à 18h qui trient les lettres pour le lendemain.

10 décembre 2024

Par la suite, le facteur prend le courrier trié et va effectuer la livraison. Ce système implique un ajout de points de livraisons (étant donné qu'il n'y a plus de valeurs pour le tri) et les parcours de livraison deviennent de plus en plus longs. Le système de mesure n'est pas à jour pour tenir compte de cette nouvelle réalité.

La diminution du volume de courrier implique également un parcours plus long (puisqu'il est calculé sur la charge de travail). Lorsqu'on ajoute la livraison des circulaires, la charge de travail devient immense (les circulaires ne sont pas comptabilisés en termes de valeur de temps comme les lettres, mais calculés en valeur monétaire à la pièce, ce qui rend maintenant la tâche colossale).

La grosse problématique à Montréal est causée par ce qu'on appelle les colis late, la remorque de Toronto, qui arrive plus tard au centre de tri Léo-Blanchette et retarde tout le tri et la livraison.

Depuis 2023, il y a eu beaucoup de démissions causées par ce nouveau système de livraison. En 2024, il y a eu au-delà de 250 démissions de facteurs et factrices seulement à Montréal, soit environ 10% des facteurs, à cause de la charge de travail et des horaires où la livraison se fait beaucoup en soirée. L'horaire jusqu'à récemment débutait à 6h le matin.

Cela a un impact important, particulièrement dans la période hivernale, parce que les facteurs doivent livrer à la noirceur. Ce n'est pas comme la livraison d'Amazon qui livre des colis un à la fois. Les facteurs marchent avec leur pile de lettres dans la main et doivent lires les adresses à la noirceur, ce n'est pas évident. Plus de temps à la livraison implique aussi plus de risques d'accidents de travail, particulièrement l'hiver avec le risque de chutes et glissades.

Qu'en est-il de l'embauche des employés occasionnels et temporaires pour assurer le service les fins de semaines pour réduire les coûts ?

Postes Canada veut créer des postes de facteurs de fin de semaine, des postes à temps partiel avec garantie de 8 h par semaine, mais avec une disponibilité de 3 à 4 jours. C'est un gros point qui achoppe à la table de négociation. Cela obligerait ces personnes à ne pas pouvoir travailler ailleurs durant cette période tout en se limitant à 8h de travail, c'est inacceptable. Il faut aussi protéger les itinéraires de semaine parce que, selon le système de mesure des itinéraires, le fait de retirer des colis de l'itinéraire sur semaine pour les livrer la fin de semaine obligera à augmenter le nombre de portes de livraison.

Postes Canada donne comme motif son déficit pour justifier ces changements mais il ne parle pas des propositions syndicales de nouveaux services qui contribueraient à augmenter les revenus comme le service bancaire ajouté aux services fournis dans les bureaux de poste.

Il n'y a pas d'écoute mais ça pourrait être plein de choses, comme la livraison de médicaments et le service de vigilance pour les personnes âgées.

Il faut aussi revendiquer le dernier kilomètre qui devrait revenir à Postes Canada. Cela signifie que toutes les compagnies privées de livraison de colis livreraient régionalement dans des entrepôts de Poste Canada, comme par exemple à la succursale de Repentigny, et ce sont les facteurs qui livreraient le dernier kilomètre à la résidence appropriée. Cela aurait pour conséquence qu'il y aurait beaucoup moins d'autos et de camions de livraison sur la route et beaucoup moins d'embouteillage et de pollution. Et cela devrait être inclus dans la loi postale, ce qui protégerait le service à la population partout au Canada.

Il va falloir que Postes Canada se réinvente parce qu'elle perd beaucoup d'argent. Le nouveau modèle (STL Séparation Tri Livraison) se fait entièrement en livraison par camion, ce qui est très dispendieux. Cette perspective nécessite de motoriser toute la livraison au Canada. En 2023, cela a couté $200 millions en nouveaux camions et ce n'est pas terminé. À Montréal, par exemple, on a des réorganisations jusqu'en 2025. Au coût d'achat, il faut ajouter l'essence, les assurances et l'entretien.

Postes Canada perd de l'argent mais investit inutilement dans une flotte de camions que personne n'a demandé, en tout cas pas les facteurs et factrices. Il n'y aura plus aucun facteur à pied à la grandeur du Canada.

Une problématique est l'augmentation des circulaires qui occasionne une surcharge de travail. Il y a souvent de 10 à 15 sortes de circulaires à trier par jour (qui ne sont pas comptabilisés dans la charge de travail, mais payés à l'unité). Cela débalance la planification de la livraison parce qu'avec cette charge de poids et de volume, le facteur ne peut livrer qu'une vingtaine de portes à la fois alors que le circuit prévu qui le ramène au camion en compte 130. Cela équivaut aux 50 livres de poids maximum à transporter prévu à la convention collective. Et cela oblige plusieurs allers-retours au camion, non comptabilisés dans le temps prévu. Ce système a remplacé les boîtes à relais qu'on pouvait voir au coin des rues et auxquelles les facteurs et factrices se réapprovisionnaient. Il faut aussi calculer le temps de préparation des circulaires qui peut prendre une couple d'heures non comptabilisées parce que payées à l'unité. Ce système rallonge considérablement la journée de travail.

Postes Canada a commencé à effectuer des mises à pied et à annuler des avantages sociaux parce qu'il n'y a plus de convention collective. Au moment de l'avis de grève, Postes Canada a coupé tous les avantages sociaux comme les assurances médicaments. Ils ont licencié des employés pour cause de manque de travail alors qu'on est en grève, c'est du jamais vu. Le syndicat a déposé une plainte au CCRI (Conseil Canadien des Relations Industrielles) pour licenciement illégal. Cette décision n'est basée sur aucun motif financier, mais représente une épée de Damoclès sur les grévistes. La direction de Postes Canada a en effet laissé entendre que leur réembauche n'était pas garantie, cela dépendrait du travail disponible. En ce qui nous concerne, ce sont des licenciements illégaux.

Dans une autre perspective, le syndicat veut également fusionner les deux unités de négociation que représentent les FFRS (Facteurs et factrices Ruraux et sub urbains) avec l'unité urbaine des facteurs et factrices et des employésEs au tri et à l'entretien mécanique.

On veut aussi rattraper le salaire perdu selon l'inflation. Au niveau des avantages sociaux, on demande le minimum d'assurances selon les provinces. Par exemple, au Québec, la RAMQ couvre plus de médicaments que notre assurance. On veut des véhicules fournis par Postes Canada aux facteurs et factrices ruraux qui utilisent leur propre véhicule. C'est tout de même contradictoire de constater que Postes Canada investit $200 millions pour des véhicules aux facteurs et factrices qui n'en ont nul besoin et le refusent pour les FFRS qui eux le demandent et en ont besoin.

La direction de Postes Canada perd $748 millions mais dépense $200 millions pour des camions dont on n'a pas besoin. Elle a également construit le nouveau plan mécanisé Albert-Jackson à Toronto qui a coûté $470 millions. Elle avait un plan quinquennal avant la pandémie mais elle l'a maintenu quand même lorsque le volume a baissé durant la pandémie. Postes Canada savait que ce nouveau plan était inutile dans ces circonstances mais la direction a maintenu sa construction quand même. Elle a continué à motoriser tout le monde.

Moi, quand je n'ai pas d'argent, je ne me permets pas de rénover ma cuisine. Il est temps que le ministre fasse du ménage dans cette administration-la.

En 2020, on était les seuls à livrer. Mais les compagnies privées comme Amazon sont venues prendre une grande part du marché.

Selon Jan Simpson, présidente nationale du syndicat, en 2022, M. Ettinger et ses cadres ont informé la société Amazon que Postes Canada n'avait pas la capacité de traiter ses colis. Résultat : Amazon est allée voir ailleurs. La diminution du nombre de colis est majoritairement attribuable à cette mauvaise décision. Si la Société avait conservé Amazon parmi ses clients, elle ne pourrait pas invoquer la « crise » comme argument à la table de négociation.

À l'origine, le plan quinquennal de Postes Canada allouait quatre milliards de dollars pour la mise à niveau des infrastructures afin de répondre à l'explosion du nombre de colis durant la pandémie. Comme on le voit bien, la croissance du nombre de colis a fléchi, mais Postes Canada a continué de dépenser. En somme, quatre milliards de dollars dépensés en cinq ans équivaut à $800 millions par année, d'où la perte financière de $748 millions pour l'exercice 2023. Ce n'est pas une coïncidence.

De plus, le STTP a proposé à Postes Canada de nombreuses initiatives de diversification des services, dont la mise en œuvre des nouveautés suivantes : banque postale, service de vigilance, plateforme efficace de commerce en ligne destinée aux PME du Canada et nouveaux services de livraison. Ces nouvelles mesures, porteuses de revenus, n'ont pas encore été acceptées par Postes Canada, qui se montre indifférente à tout ce qui ne s'inscrit pas dans son plan. [1]

Une bataille pour une société égalitaire

Au final, il s'agit également d'une question de justice sociale et de vision de la société. La tendance à la privation des services publics dont Postes Canada en exprime la tendance et du phénomène de morcellement du travail à la pièce conduit à une précarisation du travail au niveau salarial mais également de la santé et des conditions de travail. La bataille du STTP représente un enjeu de société pour des emplois décents, rémunérés à leur juste valeur.

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[1] Bulletin STTP no 23, 16 août 2024, Jan Simpson Présidente nationale, https://www.sttp.ca/fr/affirmations-trompeuses-de-postes-canada-une-mise-au-point-s%E2%80%99impose

Qu’est-ce que la Charte mondiale des femmes pour l’humanité

10 décembre 2024, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF), Emilia Castro, Marie-France Benoit — ,
La charte mondiale des femmes Tiré de L'infolettre de la CQMMF Cette charte a été construite grâce aux contributions de groupes de base du mouvement et bâti autour des 5 (…)

Tiré de L'infolettre de la CQMMF

Cette charte a été construite grâce aux contributions de groupes de base du mouvement et bâti autour des 5 valeurs suivantes : Liberté, Égalité, Solidarité, Justice et Paix. La Charte a été adoptée à Kigali au Rwanda lors de la 5e rencontre internationale.

Processus de création

En 2003, lors de la 4e Rencontre internationale de la MMF à New Delhi en Inde, les militantes de la MMF proposent d'élaborer une Charte féministe pour l'humanité

C'est-à-dire que les femmes prennent l'initiative de proposer les grandes lignes d'une charte pour un autre monde possible avec des valeurs universelles et féministes. Il est alors proposé que cette charte prenne racine à partir des 17 revendications mondiales de la MMF en 2000 afin de formuler des propositions d'alternatives.

La rédaction s'est également inspirée de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, mais en faisant un pas de plus pour le progrès de l'humanité. L'orientation principale visait à proposer les grandes lignes pour « changer le monde », afin d'appuyer l'action des féministes de la base.

Le démarrage

Un Comité de la MMF a été mis en place. On rappelle qu'à l'époque le Secrétariat international de la MMF était situé à Montréal. Le mandat était sous la responsabilité de Brigitte Verdières, salariée de l'équipe internationale et responsable des communications de la MMF. Plusieurs militantes participaient à la rédaction de la première version de la Charte dont Ana-Maria d'Urbano, Lorraine Guay et plusieurs autres dont Marie-France Benoit.

Les échéanciers

Première ébauche et réception des commentaires

Du 15 mars au 15 juin 2004 Les commentaires et documents partagés ont été publiés sur le site internet de la MMF où il était possible de connaître et réagir aux autres commentaires.

Écriture de la seconde ébauche de la charte

Du 15 juin au 15 août 2004 en fonction des commentaires reçus par le comité de la Marche mondiale des femmes chargé de l'élaboration de la charte.

Envoi de la seconde ébauche de la charte

Septembre 2004, la deuxième version est transmise aux coordinations nationales afin d'être discutée et préparer les déléguées à la prochaine Rencontre internationale.

Adoption

La Charte mondiale des femmes est adoptée à Kigali au Rwanda lors de la 5e rencontre internationale.

Charte mondiale des femmes pour l'humanité

« En 2004, je faisais partie de la délégation de la CQMMF du Québec qui a participé à la 5ème rencontre internationale qui a eu lieu à Kigali au Rwanda, première rencontre en territoire africain. Cette rencontre reste jusqu'à aujourd'hui très présente dans ma mémoire et mon cœur à cause du génocide de 1994 vécu par le peuple des Tutsis ou le viol et les violences envers les femmes a été systématiquement utilisé comme une arme redoutable.

(...)

Nous avons ressenti notre force et notre solidarité que nous soyons du nord ou du sud est concrète. Ce que nous avons essayé de refléter dans la rédaction de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité. Une construction des femmes du monde entier, de la devise « De la vision à l'action : contrer la pauvreté et la violence envers les femmes », c'était la rencontre qui a élaboré ce que serait la 2ème Action internationale de la MMF (2005), et qui a approuvé la Charte Mondiale des femmes pour l'Humanité. »

Emilia Castro

Le tour du monde de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité

L'année suivant son adoption, la Charte a circulé de mains en mains à travers 55 pays comme l'illustre l'image suivante.

« Nous avons aussi organisé un long périple de la Charte. Elle a fait « un voyage » un symbole qui nous unit toutes, peu importe d'où nous venons, peu importe notre condition. Nous avons voulu ainsi exprimer notre désir de changement et notre volonté d'agir à travers le voyage de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité.
La Charte servira de référence et de trait d'union entre les femmes d'ici et d'ailleurs.

(...)

Nous avons d'ailleurs convenu de porter cinq revendications spécifiques, chacune incarnant les valeurs de la Charte. La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) a déposé ses revendications auprès du gouvernement du Québec. La Charte mondiale des femmes pour l'humanité est arrivée à Québec, le samedi 7 mai 2005, l'occasion d'une grande mobilisation, le moment où nous avons réaffirmé notre solidarité.

Marie-France Benoit

Un projet de société toujours pertinent

« Nous donnons la vie, travaillons, aimons, créons, militons, nous distrayons. Nous assurons actuellement la majorité des tâches essentielles à la vie et à la continuité de cette humanité. »

Charte mondiale des femmes pour l'humanité

Tel que mentionné en introduction, le contenu de la Charte demeure pertinent en ce qu'elle porte une analyse systémique des enjeux de pauvreté et de violence à l'égard des femmes. Plus encore, elle accuse les systèmes d'oppressions de mettre « l'humanité et la planète en péril. »

Voici quelques extraits qui portait déjà une attention particulière aux relations d'interdépendance et d'écodépendance dans l'affirmation d'un projet de société féministe.

« Tous les êtres humains sont interdépendants. Ils partagent le devoir et la volonté de vivre ensemble, de construire une société généreuse, juste et égalitaire, basée sur les droits humains exempte d'oppression, d'exclusions, de discriminations, d'intolérance et de violences.

(...)

« Les ressources naturelles, les biens et les services nécessaires à la vie de toutes et de tous sont des biens et des services publics de qualité auxquels chaque personne a accès de manière égalitaire et équitable. »

Charte mondiale des femmes pour l'humanité

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Formation sur la transformation des produits agricoles

10 décembre 2024, par Smith Prinvil, Ruth Sherline Jean Claude — , ,
AFVIS renforce les capacités de gestion des transformateurs et transformatrices en produits agricoles De smith Prinvil Le dimanche 10 novembre 2024, s'est tenue à (…)

AFVIS renforce les capacités de gestion des transformateurs et transformatrices en produits agricoles

De smith Prinvil

Le dimanche 10 novembre 2024, s'est tenue à l'UNITECH aux Cayes une formation intitulée“Importance de la transformation des produits agricoles dans le milieu professionnel :avantages et inconvénients”.

Cette rencontre, marquée par une forte participation, a réuni une trentaine de participants animés par l'intérêt pour l'amélioration et la valorisation des pratiques agricoles. La formation a été organisée par l'Association des Femmes Visionnaires du Sud (AFVIS), une association engagée dans la promotion de l'entrepreneuriat agricole, l'entrepreneuriat féminin, et l'autonomie des femmes grâce à des initiatives éducatives, sociales et économiques.

L'objectif principal de cette session était d'explorer les concepts fondamentaux de la transformation des produits agricoles et d'analyser ses implications dans le milieu professionnel. La formation visait à renforcer les connaissances des participants, partager des pratiques exemplaires et aborder les défis associés à la transformation agricole, tout en identifiant des solutions viables.

La formation a débuté par une explication détaillée de ce qu'est la transformation des produits agricoles. L'intervenante, Agronome Dachna Lalanne, a souligné l'importance de la transformation comme levier pour prolonger la durée de conservation des produits, augmenter leur valeur ajoutée et diversifier les produits proposés sur le marché.
Un focus particulier a été mis sur l'importance de la sélection des matières premières de qualité pour garantir un produit final satisfaisant. Les participants ont appris comment identifier les meilleures matières premières et les critères de sélection à respecter.
Les avantages tels que l'amélioration de la sécurité alimentaire, la création d'emplois, et l'augmentation des revenus pour les producteurs ont été détaillés. L'Agronome Lalane a illustré comment la transformation favorise le développement de chaînes de valeur locales.
Plusieurs défis ont été abordés, incluant la disponibilité des infrastructures, le coût des équipements, et la formation technique. Des solutions pratiques, telles que la mutualisation des ressources et l'accès à des financements, ont été proposées et discutées.

L'intervenante a expliqué comment la transformation des produits agricoles peut stimuler l'économie locale et nationale. Les participants ont analysé des études de cas démontrant l'impact positif sur le PIB et le développement des petites et moyennes entreprises.
L'accent a été mis sur l'importance de la standardisation des procédés pour assurer la qualité et la conformité des produits aux normes nationales et internationales. Cette étape est cruciale pour accéder à de nouveaux marchés et assurer la compétitivité des produits transformés.

Espérant que les compétences acquises et les échanges menés lors de cette session continueront d'inspirer et de soutenir les initiatives des participants. Cette formation a ouvert la voie à des collaborations futures et à la mise en place de nouveaux projets innovants dans la transformation des produits agricoles.

La formation s'est achevée avec succès, enrichissant les participants par de nouvelles connaissances théoriques. L'intervenante, Agronome Dachna Lalanne, et l'équipe de l'AFVIS ont été saluées pour la qualité de leur encadrement et leur implication.

Smith PRINVIL, Rédacteur
En collaboration avec Ruth Sherline Jean Claude Directrice de programme de l'AFVIS et Secrétaire Générale

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La défense collective des droits : arrêtons...

10 décembre 2024, par Collectif — , ,
La défense collective des droits : arrêtons l'hémorragie Rien ne va plus. La crise environnementale, la crise du logement, la misogynie, le racisme systémique, la crise de (…)

La défense collective des droits : arrêtons l'hémorragie

Rien ne va plus. La crise environnementale, la crise du logement, la misogynie, le racisme systémique, la crise de nos services publics font des victimes quotidiennement. La pauvreté hypothèque de plein fouet la vie des ménages à faible revenu ; la hausse du coût de la vie (17,4 % depuis 2020) continue de faire des ravages. Les personnes racisées, les femmes et les personnes trans, les aîné·e·s, les locataires, les personnes assistées sociales, en situation d'itinérance ou de handicap et toutes celles qui se trouvent à l'intersection de différents systèmes d'oppression sont les premières à payer le gros prix. Et la conjoncture politique d'ici et d'ailleurs nous fait craindre le pire pour la suite du monde.

Pourtant. Pourtant, au Québec, des organismes communautaires en défense collective des droits continuent contre vents et marées à faire avancer les droits humains. Si la transformation sociale et un profond désir de s'attaquer aux racines des inégalités sociales est au coeur de leurs actions, c'est aussi dans ces organismes que bon nombre de personnes vont trouver du soutien pour se dépêtrer quand elles sont prises dans les rouages du système Ou tout simplement pour faire les provisions d'espoir quand l'avenir semble incertain. C'est grâce à ces organismes qu'on se rassemble et qu'on partage nos vécus, qu'on se mobilise, qu'on fait entendre nos voix, qu'on visibilise les injustices que l'on vit. Ce sont différentes communautés qui se bâtissent au sein de ces organismes.

Pourtant. Pourtant on continue à sous-financer les organismes en défense collective des droits. Aucun processus d'indexation de leurs subventions n'a été instauré, réduisant à des pinottes les maigres augmentations des dernières années. L'augmentation du coût de la vie fait mal à une grande partie de la population et les organismes qui ont pour mandat de faire entendre leurs voix en souffrent également. Précarité, effritement des conditions de travail et des services rendus, surcharge, épuisement, roulement de personnel, déficits structurels. Les exemples ne finissent plus de s'accumuler.

Il est temps d'arrêter l'hémorragie. Les organismes en défense collective des droits ont besoin d'une indexation annuelle qui, pour l'année 2024-2025, se chiffre à 3,6 %. Le gouvernement doit injecter un montant supplémentaire de $ 154 millions pour l'ensemble des organismes actuellement financés en défense collective des droits, en plus de prévoir une augmentation de l'enveloppe permettant d'accueillir les groupes en attente de financement.

Les organismes de défense collective des droits sont des remparts essentiels aux droits sociaux et humains. Financer convenablement la défense collective des droits, c'est assurer le respect des droits humains et contrer les discriminations. C'est assurer une participation à la vie publique et politique. C'est viser l'amélioration des conditions de vie pour les populations les plus pauvres et marginalisées. C'est aussi former une société démocratique saine. Qu'attend le gouvernement de la Coalition Avenir Québec pour agir ?

1. Olivier Amiot, Action Chômage de Québec
2. Steve Dubois, AGIR en santé mentale
3. Daniel Poulin-Gallant, Alter Justice
4. David Lee C. Riopel, Association coopérative d'économie familiale de Québec (ACEF de Québec)
5. Rosalie Audet-Paradis, Association coopérative d'économie familiale - Appalaches-Beauce-Etchemins (ACEF-ABE)
6. Mélanie Pinault, Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et pré-retraitées- section Lévis-Rive-Sud
7. François Boudreau, Association de défense des droits des personnes plus 50 ans, section Montmagny-L'islet (AQDR)
8. Laurent Lévesque, Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain (ADDSQM)
9. Cynthia Perreault, Auto-Psy (région de Québec)
10. Nicole Dionne, Bureau d'animation et information logement (BAIL)
11. Yves Carrier, Carrefour d'animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO)
12. Gilbert Tremblay, Centre d'information et de recherche en consommation de Charlevoix-Ouest (CIRCCO)
13. Hyungu Kang, Gabriela Santos, Collectif de Lutte et d'Action contre le Racisme (CLAR)
14. Dominique Salgado, Comité d'action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH)
15. Sarah-Jane Ouellet, Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur
16. Charles-Olivier P. Carrier, Comité logement d'aide de Québec Ouest
17. Marie-Ève Duchesne, Comité populaire Saint-Jean-Baptiste
18. Wafa Zribi Dakhlaoui, Corporation de défense de droits de Lotbinière
19. Lydia Didier, Groupe de Recherche en Animation et Planification Économique (GRAPE)
20. Josyanne Proteau, Ligue des droits et libertés - Section de Québec
21. Julie Brassard, Mouvement-Action-Chômage de Charlevoix.
22. Vania Wright-Larin, Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches
23. Rosalie Fournier-Paré, ROSE du Nord
24. Anne-Valérie Lemieux Breton, Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN)
25. Véronique Vézina, Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région 03 (ROP03)
26. Karine Drolet, Réseau des groupes de femmes Chaudière-Appalaches
27. Azélie Rocray, Table citoyenne Littoral Est
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Les médias et l’extrême-droite

10 décembre 2024, par LaCarmagnole — , ,
L'extrême-droite mène une bataille culturelle acharnée pour : Délégitimer les discours critiques sur la société capitaliste Déconsidérer les gauches et les écologistes Imposer (…)

L'extrême-droite mène une bataille culturelle acharnée pour : Délégitimer les discours critiques sur la société capitaliste Déconsidérer les gauches et les écologistes Imposer son agenda, ses thèmes et son vocabulaire avec l'appui de certains médias et amuseurs publics au service de milliardaires réactionnaires. A l'évidence, le groupe Bolloré en est l'exemple type, présent dans la presse écrite, la télévision, l'édition… il s'agit non simplement d'un réseau d'opinion mais d'un secteur militant.

Carine Fouteau (Présidente et directrice de la publication de Médiapart)
Mathieu Molard (co-rédacteur en chef du site d'information indépendant StreetPress, auteur d'enquêtes sur l'extrême droite)
Stéphane Ortega (Rapport de forces)
Elian Barascud (Le Poing)
Rémy Cougnenc (la Marseillaise)

Comment déconstruire le discours de l'extrême-droite ?
Comment lutter contre cette offensive culturelle et politique ?
Quelle est la responsabilité des médias indépendants dans ce combat ?

Israël est responsable d’un génocide à Gaza

10 décembre 2024, par Amnistie Internationale Canada, France-Isabelle Langlois — , , ,
Le 9 décembre 1948, la communauté internationale adoptait la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Nous exprimions ainsi notre volonté commune (…)

Le 9 décembre 1948, la communauté internationale adoptait la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Nous exprimions ainsi notre volonté commune d'empêcher la répétition des atrocités de la Deuxième guerre mondiale. Soixante-seize ans plus tard, force est de constater que l'histoire se répète.

Aujourd'hui, en ce 9 décembre, la commémoration des victimes des génocides prend un tout autre sens, alors même qu'un génocide est actuellement en cours. L'heure est grave, et j'en appelle à votre solidarité et à votre conviction la plus profonde.

Vous le savez sûrement maintenant, le 5 décembre dernier Amnistie internationale a publié l'un des rapports les plus importants et cruciaux de son histoire.Au terme d'une enquête approfondie sur les agissements d'Israël à Gaza, nous en arrivons à la conclusion hors de tout doute, et selon le droit international, qu'Israël est coupable du crime de génocide.

Depuis le début de l'offensive militaire, lancée à la suite des attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre 2023, Israël fait subir aux Palestiniens et Palestiniennes de Gaza un déchaînement de violence et de destruction sans précédent, en toute impunité. Il a commis des actes interdits par la Convention sur le génocide à savoir des meurtres, des atteintes graves à l'intégrité physique et mentale, et la soumission intentionnelle des Palestinien·ne·s à des conditions d'existence devant entraîner leur destruction physique. Cela dans l'intention de détruire la population palestinienne de Gaza.

Ce matin, devant le consulat d'Israël à Montréal, nous avons tenu un rassemblement pacifique et symbolique, afin d'exiger la fin du génocide, de l'apartheid et de l'occupation illégale. Nous poursuivrons notre travail de plaidoyer et de mobilisation pour que le Canada soit à la hauteur de son obligation, en vertu de la Convention, de prévenir le génocide.

Les ventes d'armes, de composantes ou de matériel militaire létal ou non létal, par le Canada à Israël, n'ont pas cessé. Entre le 7 octobre 2023 et le 6 décembre 2023, 28,5 millions de dollars de nouvelles exportations militaires ont été approuvées.

Suite aux mobilisations importantes de la société civile, le Canada avait annoncé que l'autorisation de nouvelles licences d'exportation vers Israël avait été suspendue en janvier 2024. En septembre 2024, on estime qu'au moins 180 licences d'exportation sont encore en vigueur. Des pièces, des composantes et d'autres matériels militaires canadiens sont notamment exportés vers les États-Unis, qui les intègrent à leur tour dans des équipements militaires américains tels que les avions F-35 fournis à l'armée de défense israélienne.

À la lumière des preuves présentées dans le rapport d'Amnistie internationale, l'urgence de mettre fin au génocide en cours à Gaza et à l'impunité d'Israël pour les violations du droit international est claire. Le Canada, à l'instar d'autres pays, a un rôle crucial à jouer.

En continuant le transfert d'armement ou de matériel militaire, directement ou indirectement, vers Israël, le Canada, à l'instar des États-Unis, risque d'être accusé de complicité de génocide. Ce qui, selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, est punissable.

Le Canada doit en outre pouvoir démontrer qu'il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher le crime de génocide, à partir du moment où il avait connaissance du risque que celui-ci puisse s'avérer.

Joignez-vous à nous pour exiger que le gouvernement du Canada prenne des mesures concrètes contre le génocide d'Israël à Gaza.

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Appel à une grève sociale le 18 décembre – Journée internationale des Migrant·es

10 décembre 2024, par Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) — ,
Les migrant-e-s sont une nouvelle fois de plus les victimes et les boucs émissaires d'une politique de division. Malgré les promesses du gouvernement fédéral d'un programme de (…)

Les migrant-e-s sont une nouvelle fois de plus les victimes et les boucs émissaires d'une politique de division. Malgré les promesses du gouvernement fédéral d'un programme de régularisation global, de nouvelles politiques ciblant tous les migrant·es - travailleurs et travailleuses temporaires, étudiant·es internationaux et demandeur·es d'asile - ont été mises en place par les gouvernements fédéral et provincial. Ces nouvelles mesures forceront les migrant·es à vivre et travailler dans des conditions précaires, sans statut et sans permis de travail.

tiré du site www.iwc-cti.ca

NOUS EXIGEONS IMMÉDIATEMENT NOS DROITS ET NOTRE ÉGALITÉ

  • Arrêter la mise en oeuvre des dernières mesures d'immigration pour les personnes déjà présentes dans le pays et garantir leur accès à la résidence permanente.
  • Mise en œuvre d'un programme de régularisation globale et complet, ainsi que la suspension immédiate des déportations et des détentions.
  • Abrogation des permis de travail fermés et accès à la résidence permanente pour toute·es les travailleurs et travailleuses temporaires.
  • Soutenir réellement la francisation.

AGISSONS LE 18 DÉCEMBRE :

  • Prenez la journée ou même une heure de congé pour montrer au gouvernement et à la société que les migrant-e-s sont essentiel·les et méritent le statut.
  • Organisez-vous avec vos collègues pour distribuer des tracts et amener d'autres travailleurs et travailleuses aux actions du 18 décembre.
  • Prenez une photo ou un selfie pour montrer votre soutien et envoyez-le à joursansmigrants@gmail.com
  • Impliquez-vous dans l'organisation et la mobilisation pour le 18 décembre.
  • Pour plus d'informations, visitez : www.iwc-cti.ca
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6 décembre 2024 : journée de commémoration et de luttes contre les violences faites aux femmes

10 décembre 2024, par Ginette Lewis — ,
À Québec, plus de 200 femmes se sont mobilisées, vendredi le 6 décembre dernier, pour marcher sur la Colline parlementaire lors d'une manifestation contre les violences faites (…)

À Québec, plus de 200 femmes se sont mobilisées, vendredi le 6 décembre dernier, pour marcher sur la Colline parlementaire lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes.

Commémoration et luttes du 6 décembre

Depuis 1989 et l'acte de féminicide de Lépine, la journée du 6 décembre est marquée d'une pierre blanche pour le mouvement des femmes au Québec. Contre vents et marées, les femmes se rassemblent et prennent la parole pour que jamais on n'oublie ces étudiantes de Polytechnique tombées sous les balles et pour lutter solidairement contre toutes les violences faites aux femmes.

En 2024, ce sont 24 femmes qui ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Cette pointe tragique de l'iceberg cache toutes les formes de violences faites aux femmes : physiques, psychologiques, harcèlement au travail, violences économiques, menaces, cyberharcèlement, violences sexuelles, etc.

Les discours prononcés lors de la manif de Québec abordaient plusieurs aspects reliés fortement à ces violences : insécurité face à la crise du logement, femmes en situation de handicap, personnes de la diversité sexuelle, femmes au travail, femmes immigrantes, etc.

Le mouvement syndical était aussi présent à cette manif avec des militantes de l'APTS et une trentaine de militants et militantes du Conseil central de Québec-Chaudières -Appalaches CSN.

Mais tout cela ne sera pas suffisant.

Le mouvement des femmes adresse ses revendications au gouvernement, que ce soit par des campagnes de sensibilisation et par la demande incessante d'une majoration significative des subventions pour l'hébergement des femmes violentées ou pour des logements sociaux notamment.

Sol Zanetti, Étienne Grandmont et Ruba Ghazal, présents et présente à la manifestation, se sont engagé-es à faire passer le message à l'Assemblée nationale. Mais tout cela ne sera pas suffisant.

Les violences faites aux femmes sont des actes de domination des hommes sur les femmes qui servent trop bien le système patriarcal et capitaliste actuel. Trop pour qu'il y ait une réelle intention de s'y attaquer de la part du gouvernement.

Les femmes font du travail gratuit à la maison pour prendre soin de la famille, c'est payant pour le système.
Les femmes travaillent à moindre salaire, c'est payant pour le système.
Les femmes prennent soin partout dans la société pour permettre la survie de bien des personnes, c'est payant pour le système.

Les violences faites aux femmes sont trop bien imbriquées dans le système actuel pour qu'on y mette fin, même avec des campagnes de sensibilisation ou des subventions plus généreuses. Alors à quoi servent les revendications féministes puisque le grand soir n'arrivera pas ?

Les revendications du mouvement des femmes demeurent essentielles pour améliorer la situation des femmes violentées et pour sensibiliser au phénomène de la violence. Chaque lutte compte, chaque silence brisé devient prise de parole, chaque femme qui se sort du cycle de la violence devient une force, chaque geste améliore la vie communautaire et le bien vivre. Dans ce contexte et avec ces visées, les hommes peuvent devenir des alliés et participer à la dénonciation de toutes les violences faites aux femmes.

Luttons contre les violences faites aux femmes maintenant !

Pas une de plus

Ginette Lewis

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La relation avec le gouvernement caquiste empire dangereusement

10 décembre 2024, par Marc Bonhomme — , ,
Les gens de gauche qui veulent être bien renseignés à propos de la question autochtone et inuit ont tout avantage à consulter la section « Espaces autochtones » de Radio-Canada (…)

Les gens de gauche qui veulent être bien renseignés à propos de la question autochtone et inuit ont tout avantage à consulter la section « Espaces autochtones » de Radio-Canada quitte à s'abonner à son infolettre hebdomadaire. La dernière lettre est riche d'informations donnant mal au cœur à tout démocrate.

8 décembre 2024

À la dernière assemblée générale de l'Assemblée des Premières nations (APN), le Premier ministre Trudeau, bien que vivement interpelé, a refusé de s'engager « à ouvrir une enquête nationale sur le racisme systémique dans les corps policiers du pays. […] Le premier ministre a prolongé sa présence devant l'assemblée, malgré les "honte au Canada" et les "Trudeau, rentre chez toi" qui ont suivi sa réponse aux interventions des mères d'autant plus que de nombreux chefs voulaient qu'il réponde à leurs doléances et à leurs difficultés quotidiennes » dont le manque d'eau potable dans une communauté nord-ontarienne depuis 30 ans « malgré le projet de loi C-61 sur l'eau potable » et qu'« [e]n 2015, Justin Trudeau s'était engagé à lever tous les avis à long terme sur la qualité de l'eau potable. Or, 31 sont encore en vigueur dans 29 communautés. »

Comme on pouvait s'y attendre les rapports avec les peuples autochtones ne sont pas au beau fixe du côté de Québec non plus. « En vertu de [la nouvelle loi 32 adoptée au début décembre], tous les établissements de santé devront se doter d'une approche de sécurisation culturelle envers les Premières Nations et les Inuit, en tenant compte de leurs réalités. Ils rendront des comptes annuellement sur les actions entreprises. » Sauf que « [l]es représentants du Conseil atikamekw de Manawan, de la nation Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, de Femmes autochtones du Québec et du Bureau du Principe de Joyce ont tour à tour demandé le retrait ou la suspension du texte, le temps d'entreprendre une véritable collaboration. […] L'Assemblée des Premières Nations QuébecLabrador (APNQL) a carrément refusé de se présenter devant les parlementaires. »

Les groupes autochtones réclament l'adoption du Principe de Joyce, qui est une forme de sécurisation culturelle. Rédigé par la communauté atikamekw, il a été appuyé par le gouvernement fédéral ainsi que par le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, entre autres. Le gouvernement Legault s'y oppose, car la reconnaissance de l'existence du « racisme systémique auquel font face les Autochtones » – qu'il refuse d'admettre – se trouve au cœur du Principe de Joyce.

De son côté, « Hydro-Québec a dévoilé jeudi sa Stratégie de réconciliation économique et de renforcement des relations avec les Premières Nations et les Inuit […qui] contient quatre grands axes. Le premier, l'axe économique, vise à faire en sorte que les communautés autochtones bénéficient de retombées économiques à long terme grâce aux grands projets énergétiques. La deuxième priorité, qui est environnementale et territoriale, a pour but de favoriser la participation des communautés en amont, quand les projets ont lieu sur leurs territoires traditionnels. […] Le troisième grand axe est lié à l'emploi. Il vise à créer des occasions de travail pour les individus… » On note qu'il n'est pas question de considérer un éventuel refus de ce développement économique tout électrique en parcs éoliens ou en barrages sur la base de l'article 32.2 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones qui stipule « d'obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause, avant l'approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressources, notamment en ce qui concerne la mise en valeur, l'utilisation ou l'exploitation des ressources minérales, hydriques ou autres. » Quant à l'amas de factures d'électricité impayées comme politique spontanée de résistance autochtone, il n'est point question de les effacer comme geste de bonne volonté mais d'un « quatrième grand axe de la stratégie de réconciliation [… mettant] en place des mesures visant à rapprocher Hydro-Québec des clients au sein des communautés… ».

C'est une histoire semblable avec le nouveau régime forestierqui « veut remettre la planification forestière entre les mains du Forestier en chef et de l'industrie, en plus de ramener le concept de zonage forestier. »

« Retour en arrière de 30 ans », « vision biaisée » au profit de l'industrie forestière, « transgression » des obligations envers les Premières Nations ; la réforme du régime forestier proposée par le gouvernement Legault ne passe pas auprès des communautés autochtones de la province. […] Faisant front commun, les Premières Nations ont en effet refusé de signer un engagement de confidentialité qui leur aurait interdit de partager les renseignements sur la place publique, y compris aux membres de leurs communautés respectives. […] Les Premières Nations redoutent l'absence « d'imputabilité politique » si Québec délègue la gestion des forêts à une tierce partie indépendante. « Comment comptez-vous honorer vos engagements et vos obligations constitutionnelles envers nos droits ancestraux ? », demandent les signataires. […] « Il n'y a rien concernant la sauvegarde de nos
modes de vie. Rien pour stopper la dégradation de nos territoires ancestraux. On n'y retrouve aucune mention de l'aménagement écosystémique et du maintien des vieilles forêts, si précieuses pour notre biodiversité et le caribou forestier », déplorent-elles.

Comme si la semaine ne pesait pas d'un poids écrasant sur les épaules autochtones, « le gouvernement du Québec […] a décidé de faire appel de la décision d'un tribunal qui avait statué que la province avait l'obligation de consulter les communautés autochtones avant d'accorder des claims miniers sur les territoires ancestraux. » Suite à cette décision,

La Première Nation Mitchikanibikok Inik, également connue sous le nom des Anishnabeg de Lac-Barrière, a manifesté son désaccord mercredi, concernant la décision du gouvernement de porter appel d'un jugement rendu le 18 octobre dernier. « L'exploitation minière met en péril nos terres, nos droits et la nature sauvage que nous préservons depuis des générations », a déclaré le chef de la nation Casey Ratt, dans un communiqué qui souligne que « Québec a choisi de porter la décision en appel, prolongeant ainsi les querelles juridiques au lieu de voir là une occasion d'avancer dans le processus de réconciliation ». […] « Le Québec devrait donner l'exemple en modernisant sa Loi sur les mines pour non seulement respecter, mais même aller au-delà de ses obligations constitutionnelles, plutôt que de perpétuer des pratiques dépassées », a déclaré mercredi Marc Bishai, avocat au Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE), qui représente la communauté autochtone.

Faut-il alors de surprendre de l'accueil glacial du chef bloquiste à l'APN contrairement à l'accueil chaleureux faite au chef du NPD :

Le premier passage du chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, à un rassemblement de l'APN ne s'est pas passé aussi calmement. D'abord arrivé dans un silence de moine au lutrin, il a parlé de l'autodétermination, à laquelle son parti est attaché, des langues, de la relation de nation à nation. Les choses se sont gâtées quand il a tenté de répondre aux questions du chef de Kahanawà:ke.
« On était là quand vos ancêtres sont arrivés en bateau. […] Je vous invite à Kahnawà:ke pour discuter sur ce que devrait être notre relation, sur comment votre peuple peut… commencer à faire ses bagages », lui a lancé Cody Diabo avec un sourire. Yves-François Blanchet a alors répondu que ce n'était » ni le lieu ni la tribune pour cette discussion ». Bien que sensible à la question, il a précisé « Vous n'y étiez pas, moi non plus. Outre la reconnaissance de l'histoire qui est absolument fondamentale, il faut aussi prendre acte de la réalité d'aujourd'hui. » Cette réponse lui a valu des huées bien senties.

Une remarque cinglante remettant en cause l'existence même de la nation québécoise a valu une réponse dans le même registre suggérant que le territoire des Kanien'kehà:ka au sein du Québec ne l'a pas toujours été. C'est là le résultat d'une relation des Autochtones avec le gouvernement du Québec se détériorant rapidement, alors que celle avec le gouvernement canadien, Libéral-NPD jusqu'à tout récemment, a su maintenir une apparence de « réconciliation » malgré une tout autre réalité. Pour la nation Kanien'kehà:ka, fortement anglicisée et dont seulement une partie réside à l'intérieur des frontières de la province fédérale du Québec, leur nationalisme anti-oppression particulièrement combatif est susceptible de mal jauger le nationalisme québécois par rapport au chauvinisme canadien qu'elle a partiellement assimilé.

Marc Bonhomme, 8 décembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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Congrès pour une internationale brune : « Nous devons enfin en finir avec cette ordure qu’est le socialisme », affirme le président argentin Javier Milei, lors d’un forum de l’extrême droite

10 décembre 2024, par Ovide Bastien —
« Depuis l'élection de Donald Trump, on sent un vent de liberté, on sent qu'il existe une opportunité historique de changer le monde. Nous devons enfin en finir avec cette (…)

« Depuis l'élection de Donald Trump, on sent un vent de liberté, on sent qu'il existe une opportunité historique de changer le monde. Nous devons enfin en finir avec cette ordure qu'est le socialisme, avec des dirigeants comme l'Espagnol Pedro Sánchez, le Brésilien Lula da Silva, le Colombien Gustavo Petro, les Vénézuéliens Hugo Chavez et Nicolas Maduro. Nous devons nous coordonner au niveau international et livrer une bataille culturelle à la gauche qui a réussi à imposer un agenda du politiquement correct : accès à l'avortement, politique du genre, LGBTQ, wokisme, etc. »

Ovide Bastien

Tels furent les propos que prononçait le président d'Argentine Javier Milei lors du forum - Conservative Political Action Conference (CPAC) – réunissant à Buenos Aires, le 4 décembre, des représentants de l'extrême droite d'un peu partout à travers le monde.
Milei fut élu en novembre 2023 après avoir mené une campagne électorale où, tronçonneuse à la main, il promettait des coupures drastiques à la taille du gouvernement, la dollarisation de l'économie, la privatisation et, assez étonnamment, la suppression de la Banque centrale. Tout cela est nécessaire, affirmait Milei, pour éliminer l'inflation galopante découlant de dépenses publiques excessives des gouvernements antérieurs qui furent financées simplement en imprimant plus d'argent.

Parmi les quelques centaines de participants, qui devaient payer entre 100 et 5000 dollars US pour assister à cet événement tenu dans l'hôtel Hilton du quartier sélect de Puerto Madero, on trouvait surtout des gens avec manteaux, chemises et cravates. Fonctionnaires, législateurs et militants du parti de Milei, La Libertad Avanza, Lara Trump, productrice de télévision et belle-fille de Donald Trump, l'Espagnol Santiago Abascal, leader de Vox et le député brésilien Eduardo Bolsonaro.

Participaient aussi à l'évènement, mais seulement par vidéo car la justice les empêchait de quitter leur pays, l'ancien président du Brésil, Jair Bolsonaro, ainsi que l'ancien conseiller de Trump, Steve Bannon.

Donnant le ton de la rencontre dès son ouverture, le couple américain Matt et Mercedes Schlapp appelait à « la défaite du communisme en Amérique latine et dans le monde entier ». Il mentionnait les leaders ultra-conservateurs Donald Trump, l'Italienne Giorgia Meloni, le Hongrois Viktor Orbán et le Salvadorien Nayib Bukele. Il affirmait que Javier Milei représente un lion, mais qu'il en faut toujours plus, des leaders comme lui.
Dans ses interventions, le président argentin Milei a rappelé l'importance d'être agressif, de savoir foncer dans le tas et de ne pas avoir peur.

« Nous ne devons pas avoir peur d'exercer le pouvoir, nous devons utiliser les armes de l'ennemi, » a-t-il dit. « Les espaces de pouvoir que nous n'occupons pas seront occupés par nos adversaires de la gauche. (...) Le feu est combattu par le feu et s'ils nous accusent de violence, je leur rappelle que nous sommes la réaction à 100 ans d'abus (...) Si vous continuez avec les bonnes vieilles méthodes, que va-t-il se passer ? Ils vont vous écraser. »

Le leader de Vox en Espagne, Santiago Abascal, a rappelé que « Les forces patriotiques et antimondialistes remportent de grandes victoires dans les principales nations ». Accusant le Parti socialiste de son pays d'avoir « un long passé criminel » et le Parti populaire de faire un pacte avec le socialisme, il a résumé ainsi son crédo :
« Non à l'immigration massive et illégale. Non au fanatisme climatique. Non au wokisme, à l'idéologie du genre et à la destruction de la famille. Non à la corruption des mineurs dans les salles de classe ».

*************

Lorsque je lisais l'information qui précède dans l'article de Javier Lorca publié le 5 décembre dernier dans El País, je me rappelais où j'étais et ce que je faisais, dans cette même période de l'automne, il y a exactement 51 ans.

Je me trouvais avec ma conjointe d'alors, Wynanne Watts, dans l'ambassade canadienne à Santiago, Chili. Jeffrey Pearson des Affaires extérieures et Gary Schrow de l'Immigration avaient été envoyés par le premier ministre canadien Pierre Eliott Trudeau pour enquêter au Chili. Et ces deux enquêteurs nous avaient convoqués à l'ambassade, Wynanne et moi, ainsi qu'une demi-douzaine de personnes avec lesquelles nous collaborions, d'une part afin de faire connaître au monde extérieur ce qui se passait au Chili et, d'autre part, afin d'aider les Chiliens et Chiliennes persécutées à se réfugier dans une ambassade. Pearson et Schrow voulaient avoir notre opinion sur la situation au Chili. Nous étions leurs premiers invités dans cette enquête.

Trudeau avait envoyé ces deux enquêteurs au Chili parce que la crédibilité de son ambassadeur au Chili, Andrew Ross, était fortement remise en question par l'opinion publique canadienne.

À la suite du coup d'état du 11 septembre, qui renversait brutalement l'Unité populaire que dirigeait Salvador Allende, Ross faisait parvenir des télégrammes à Ottawa, affirmant qu'il voyait le coup d'un œil positif et invitant le gouvernement à reconnaître immédiatement la junte militaire, exprimant sa confiance que cette dernière allait assez rapidement permettre l'élection d'un nouveau gouvernement civil et affirmant qu'il n'était pas du tout nécessaire que le Canada ouvre ses portes aux Chiliens et Chiliennes qui cherchaient à s'expatrier, la plupart de ces derniers, ne représentant, selon lui, que la « racaille » que constitue la gauche latinoaméricaine.

L'employé de l'Agence canadienne du développement international (ACDI), Bob Thomson, était hors de lui lorsqu'il lisait les télégrammes, secrets d'État, de M. Ross. Carrément indigné par la teneur fasciste de ces télégrammes, il a décidé de passer outre à son devoir de fonctionnaire. Il en a fait des copies et a donné celles-ci à un membre du NDP au parlement.

Dans les jours qui ont suivi, journaux, syndicats, mouvements populaires, Églises, etc. se sont emparés de ces télégrammes et, assez rapidement, le gouvernement Trudeau s'est trouvé en sérieuse difficulté, d'immenses manifestations ayant lieu un peu partout au pays où on demandait le renvoi de Ross et l'ouverture du Canada aux réfugiés chiliens.

Pour résoudre la question, Trudeau a envoyé deux enquêteurs au Chili.

Si le Canada a fini par ouvrir ses portes à des milliers de réfugié-es chiliens, c'est à cause du courage immense de Bob Thomson, qui fut par la suite congédié de l'ACDI et barré de tout futur emploi au sein du gouvernement fédéral.

C'est aussi parce que Trudeau a cru ce que lui rapportèrent Pearson et Schrow à leur retour à Ottawa, une information qui contredisait carrément celle de son ambassadeur.
Lorsque nous - petit groupe d'une demi-douzaine de militants - donnions notre témoignage sur la situation au Chili à Pearson et Schrow, nous sentions, par leur attitude de profonde empathie, qu'ils nous croyaient et qu'il y aurait bientôt du changement à Ottawa.

Cela étant dit, ce n'est qu'en avril 2014 que je découvrais que l'ambassadeur Ross, qui, peu après le coup d'état, avait exercé une immense pression sur Wynanne et moi afin de nous convaincre de retourner au Canada, avait tout fait pour discréditer le témoignage que nous avions donné aux enquêteurs Pearson et Schrow.

Le 24 avril 2014, Mary Armstrong, productrice et directrice de documentaires, et Bob Thomson, ex-employé de l'ACDI se sont rendus à Ottawa pour examiner, dans Bibliothèque et Archives Canada, tous les télégrammes qu'Andrew Ross avait fait parvenir à Ottawa dans les semaines suivant le coup d'état chilien du 11 septembre 1973. Cela est possible car la période où le gouvernement fédéral devait maintenir ces télégrammes secrets et inaccessibles au public vient de s'écouler.

Voici le télégramme que Ross a fait parvenir à Ottawa le 28 novembre 1973, immédiatement après le retour au Canada des enquêteurs Pearson et Schrow :

« Cependant, je crois qu'à cette étape avancée ce n'est pas une bonne idée de changer notre approche relativement au droit d'asile et de refuge humanitaires. De toute évidence, le bref séjour ici de Pearson et Schrow ne leur a pas permis de saisir l'immense fanatisme marxiste révolutionnaire des quelque 30% de ceux et celles qui appuient l'Unité populaire... et leurs vues d'extrême gauche (…) Ce sont les membres actifs de telles organisations qui sont les plus recherchés par la junte militaire et ils représentent la grande majorité des demandeurs d'asile. (…)

« Dans le premier groupe rencontré par Pearson et Schrow se trouve Serge Mongeau, qui est arrivé en février 1973, et qui est bien connu du PSS comme un Marxiste-Séparatiste.
« Il y a aussi Ovide Bastien et son épouse, ici seulement depuis la fin juillet 1973. Grâce aux rapports que nous avons fournis sur leurs activités, lorsqu'ils se sont temporairement réfugiés dans ma résidence et dans les semaines qui suivirent, ils sont aussi bien connus des services secrets GWL et PSS. Tous les deux ont démontré beaucoup d'énergie à fournir de ‘l'information' au Comité de solidarité Québec-Chili et aux médias. (…) Les Bastien n'ont pas manqué une seule opportunité pour rencontrer chaque représentant de la presse canadienne qui est venu au Chili à la suite du coup d'état—sauf Charpentier de Radio-Canada. Cela inclut Jim Reed de CTV et Adams de Weekend Magazine. Ils accueillent présentement ce dernier dans leur appartement.

« Malheureusement il n'y avait aucun journaliste canadien important qui vivait au Chili durant les années du gouvernement Allende, et qui aurait pu fournir aux médias une évaluation objective du récent bouleversement.

« Dans de telles circonstances, les Bastiens, qui n'ont pratiquement aucune expérience personnelle ici mais qui ont un fort penchant idéologique personnel, ont réussi à exercer une influence sur les médias, et ce à leurs propres fins.

« Nous n'avons pas encore vu les reportages d'Adams mais le fait qu'il n'ait même pas chercher à obtenir l'assistance de l'ambassade ici est fort révélateur. Nous aurions pu l'aider, par exemple, à obtenir une entrevue avec Frei.

« Pour en venir à l'essentiel : les commentaires faits par Schrow, à la suite de la rencontre de ce groupe, laissent clairement entendre qu'ils ont déjà une liste de plusieurs Chiliens et Chiliennes qui vont vouloir prendre asile au Canada s'il y a un changement dans notre politique. (…) La majorité des demandeurs proviendrait sans doute du cercle Mongeau-Bastien. Personnellement, je serais des plus étonnés si leurs candidats étaient des membres des partis politiques modérés de l'Unité populaire. (…) Bref, je crois que « la mobilisation populaire ne provient que d'une demi-douzaine des 224 Canadiens et Canadiennes vivant présentement au Chili » (Organized pressure is coming from half dozen persons out of total 224 Canadians now registered with Embassy). »

*************

Après cette longue digression, retournons au reportage de Javier Lorca au sujet du forum de politiciens d'extrême droite qui a eu lieu à Buenos Aires le 4 décembre dernier.

« Le feu est combattu par le feu, » affirme le président argentin Milei lors de ce forum. « S'ils nous accusent de violence, je leur rappelle que nous sommes la réaction à 100 ans d'abus (...) Si vous continuez avec les bonnes vieilles méthodes, que va-t-il se passer ? Ils vont vous écraser. »

La junte militaire d'Augusto Pinochet avait des idées fort similaires à celles mises de l'avant par Milei et les autres politiciens de l'extrême droite qui assistaient au forum. Réduction drastique de l'État, privatisation radicale de la santé, de l'éducation, des pensions, de l'eau potable, élimination des subventions aidant les personnes pauvres et marginalisées, ouverture du marché chilien à la concurrence internationale, etc.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette junte savait, encore plus que ne le préconise Milei, foncer dans le tas, adopter un comportement agressif, combattre le feu par le feu, écraser au lieu de se laisser écraser : plus de 3000 morts, environ 40 000 prisonniers, des camps de concentration, plus de 27 000 personnes soumises à la torture et des centaines de milliers d'expatriés dont de nombreux intellectuels et artistes.

Débarrassons le monde de cette ordure qu'est le socialisme, affirme Milei. Avec l'élection de Trump, un vent de liberté souffle à travers le monde...

Éliminons du Chili le cancer socialiste et communiste, disait Augusto Pinochet en 1973. Ce cancer qui nous plonge dans la misère, qui détruit qui nous sommes et qui ronge l'âme judéo-chrétienne du peuple chilien. Célébrons tous ensemble ce grand jour où un vent de liberté souffle à nouveau sur notre pays, affirmait Pinochet, alors qu'il brûlait dans la rue des tonnes de livres progressistes, mettait la clé dans toutes les maisons d'édition progressistes, censurait les médias, bannissait l'immense centrale syndicale chilienne, la CUT, obligeait les femmes à changer pantalon pour robe et les hommes à couper leur barbe, torturait et criblait de balles Victor Jara dans le stade national, celui dont le chant incarnait pour les sans-voix et opprimés espoir et liberté.

« S'ils nous accusent de violence, je leur rappelle que nous sommes la réaction à 100 ans d'abus, » affirme Milei.

Lorsque Pinochet appliquait une thérapie de choc, éliminant du jour au lendemain, les subventions que l'Unité populaire accordait depuis trois ans aux biens jugés essentiels pour les personnes pauvres et marginalisées – pain, lait, viande, transport en commun, etc. ; lorsqu'il privatisait radicalement l'éducation, argumentant que ce n'est pas tout le monde qui a la ‘vocation' pour fréquenter l'université et que l'Unité populaire, en cherchant à donner à tous l'accès à l'université, se trompait ; lorsqu'il considérait la santé de droit civique comme une pure marchandise qu'on vend sur le marché ; lorsqu'il s'en prenait à tous ces curés, qui, au lieu de respecter leur vocation en se dévouant à la prière, à la messe et aux enterrements allaient vivre dans les bidonvilles et passaient leur temps à répandre ce cancer socialiste qui empoisonnait l'âme chilienne, les expatriant, les emprisonnant, les torturant, et parfois, comme dans le cas du prêtre espagnol Joan Alsina, les assassinant…

Lorsqu'il faisait tout cela, Pinochet sentait, comme Milei, que sa violence était justifiée, qu'elle ne représentait qu'une réaction « à des années d'abus » dans le passé.

Plusieurs, comme le prestigieux The Economist dans son numéro du 28 novembre, semblent suggérer que le président argentin Milei a raison lorsque, comme Pinochet, il cherche à détruire l'État de l'intérieur, percevant « toute entrave à la libre entreprise » comme un pas « vers le socialisme ». Pour le président argentin, « même l'économie néoclassique, le cadre qui guide la plupart des politiques économiques contemporaines, ‘finit par favoriser le socialisme' », souligne The Economist. Faisant l'éloge d'une telle approche, cette prestigieuse revue, comme le note Giorgos Mitralias, va « jusqu'à conseiller Trump d'oublier son protectionnisme, de suivre l'exemple de Milei et d'appliquer durant sa nouvelle présidence, les... thérapies de choc du très libertarien président d'Argentine ». Un point de vue qui plait énormément, poursuit Mitralias, à la presse de droite des pays européens, étant donné les craintes immenses que suscite chez elle la menace brandie par Trump, notamment l'imposition d'un tarif assez important aux produits provenant de l'Europe.

Plusieurs ont cru et croient encore qu'Augusto Pinochet a eu raison de faire appel à une théarape de choc pour éliminer « des années d'abus ». Grâce à sa révolution économique néolibérale inspirée par Milton Friedman, disent-ils, le Chili est devenu, au cours des décennies suivantes, un modèle de croissance et de prospérité.

Si tel est le cas, cependant...Si c'est bel et bien vrai, comme le soutenait Adam Smith, que les forces du marché représentent la main invisible de Dieu qui permet que le gâteau économique soit automatiquement partagé par tous et favorise le bien commun, comment expliquer l'immense soulèvement du peuple chilien, un soulèvement qui a secoué pendant des mois le pays entier, et qui aboutissait, à la mi-décembre 2021, à la victoire écrasante du président de 35 ans Gabriel Boric, un homme qui a juré de débarrasser le Chili du modèle économique néolibéral ?

Un bref retour sur l'origine de cette révolte du peuple chilien

Lorsque le gouvernement chilien a annoncé, au début du mois d'octobre 2019, une augmentation des tarifs du réseau de métro de Santiago, cela a immédiatement déclenché une campagne de refus de paiement de la part de lycéens exaspérés. En l'espace de quelques heures, la quasi-totalité des usagers du métro de Santiago se sont joints à la campagne, refusant de payer le prix du billet et sautant tout simplement par-dessus les tourniquets.

Le 18 octobre, lorsque la police est entrée dans les stations de métro et a réprimé violemment et brutalement la masse de fraudeurs, le mouvement de protestation, tel un feu dans une forêt extrêmement sèche exposée à des vents violents, s'est rapidement étendu à tout le pays, donnant lieu à d'immenses manifestations souvent accompagnées de bruits de casseroles.

Le fait qu'une étincelle – le refus de lycéens exaspérés de payer le métro - se transforme soudainement et de manière inattendue en un incendie à l'échelle nationale est un signe on ne peut plus clair que cette hausse des tarifs ne représentait que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Le vase d'une économie néolibérale qui a produit une scandaleuse inégalité de revenus et de richesses, des emplois précaires, des bas salaires, des pensions misérables pour retraités, une privatisation radicale de l'éducation, du système de santé et même de l'eau qui favorisent l'élite tout en pénalisant les masses, et un environnement détruit au point que l'air de Santiago est tellement pollué certains jours qu'on défend aux enfants d'aller à l'école.

La violence et la brutalité de la répression policière ont été telles qu'au lieu d'éteindre l'incendie, elles ne l'ont qu'attisé. Les manifestants ont commencé à occuper et à s'emparer des stations de métro, à vandaliser et même à incendier certaines d'entre elles. Ils ont également commencé à incendier des bus et à piller des magasins.
Pendant ce temps, le président Sebastian Piñera se trouvait dans un restaurant chic de Vitacura, l'un des quartiers les plus riches de Santiago, où il fêtait tranquillement l'anniversaire de l'un de ses petits-enfants. Pris au dépourvu, le président qui, quelques jours auparavant, se vantait de l'oasis de paix et de prospérité que représentait le Chili en Amérique latine, a immédiatement annoncé l'état d'urgence, décrété un couvre-feu dans l'agglomération de Santiago et demandé aux forces armées de se joindre à la police pour faire face à la crise.

Pour endiguer la vague de protestation massive et croissante dans tout le pays, la police et l'armée ont fait preuve d'une brutalité et d'une violence qui rappellent celles qui ont caractérisé les 17 années de la dictature de Pinochet : boulettes de caoutchouc, canons à eau, gaz lacrymogènes et brutalités. Leur répression violente a visé non seulement la minorité de manifestants qui, au cours des premiers jours de protestation, avaient vandalisé et détruit des biens publics, mais absolument tous les manifestants, dont la grande majorité manifestait pacifiquement.

Bilan : plus de 20 000 personnes détenues (dont 12 % d'enfants et d'adolescents, 31 morts, 3748 personnes blessées, dont 2141 à la suite de tirs d'armes à feu de la police. Plus de 79 % des personnes blessées le furent par des tirs de perdigones, 427 d'entre elles ayant subi des lésions oculaires (dont 29 avec perte partielle ou totale de la vue).

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