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Wagner a gagné plus de 2,5 milliards $ grâce à l’extraction d’or

17 décembre 2024, par Nicolas Beau — , ,
(Agence Ecofin) – L'exploitation de l'or fait partie du modèle économique du groupe de mercenaires russes. Son récent passage sous la tutelle du Kremlin ne l'a pas empêché de (…)

(Agence Ecofin) – L'exploitation de l'or fait partie du modèle économique du groupe de mercenaires russes. Son récent passage sous la tutelle du Kremlin ne l'a pas empêché de continuer à fournir des prestations de sécurité, de formation et de combat à des acteurs étatiques en échange d'un accès au précieux métal jaune, au grand dam des mineurs artisanaux.

Tiré de MondAfrique.

Le groupe paramilitaire russe Wagner a gagné plus de 2,5 milliards de dollars grâce à l'extraction illicite d'or, notamment dans des pays africains, depuis le début de la guerre en Ukraine, souligne un rapport publié le 18 novembre par le Conseil mondial de l'or (WGC).

Intitulé « Le silence est d'or : un rapport sur les mineurs artisanaux exploités dans le but de financer la guerre, le terrorisme et le crime organisé », le rapport précise que cette somme provient essentiellement des bénéfices tirés des mines et des raffineries sous contrôle de Wagner dans des pays déchirés par des conflits comme la République centrafricaine, le Mali, la Libye et la Syrie, ainsi que des honoraires versés par les régimes à cette société militaire privée, aujourd'hui incorporée dans l'armée russe, en contrepartie de service de sécurité.

Le métal précieux pillé par Wagner peut être ramené en Russie directement via la base militaire russe de Lattaquié, en Syrie, ou indirectement via des centres internationaux de commerce de l'or comme Hong Kong, l'Inde, la Suisse, la Turquie et les Émirats arabes unis. Les recettes issues de ce commerce international illicite servent essentiellement à financer la machine de guerre russe.

Loin de réduire ses activités depuis la mort de son fondateur, Yevgeny Prigozhin, et son passage sous la tutelle des forces armées russes, Wagner étend son contrôle sur les ressources aurifères du Mali, notamment en prenant le contrôle d'une mine artisanale à Intahaka en février 2024.

Le rapport élaboré par l'ex-vice-Premier ministre britannique Dominic Raab indique également que les gains colossaux engrangés par les mercenaires de Wagner grâce au commerce illicite de l'or constituent un exemple frappant de l'exploitation de l'activité minière artisanale dans le secteur aurifère par des acteurs mal intentionnés pour financer des conflits, faciliter le blanchiment d'argent et l'enrichissement d'entreprises criminelles. Mais toute la filière de l'exploitation minière artisanale et à petite échelle de l'or (ASGM) n'est pas toxique et des millions de foyers, souvent dans les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées, en dépendent.

Des gouvernements privés d'une précieuse source de revenus fiscaux

Cette filière particulièrement concentrée en Afrique, en Asie et en Amérique latine représente environ 20 % de l'approvisionnement annuel mondial en or et 80 % de la main-d'œuvre totale des mines d'or dans le monde. La production de l'ASGM a connu une croissance spectaculaire, passant de 304 tonnes en 2002 à 669 tonnes en 2018.

En 2022, on estimait que la filière fournissait des moyens de subsistance directs à quelques 15 à 20 millions de personnes, et qu'elle soutenait indirectement 270 millions de personnes supplémentaires.

Selon certaines estimations, 80 % de l'activité évolue dans l'économie parallèle. Cette situation est source de nombreux risques et défis. Les mineurs d'or locaux sont souvent la cible de gangs criminels, de groupes armés, d'organisations terroristes et de fonctionnaires corrompus. L'extorsion des entités de l'ASGM fait partie intégrante de l'expansion stratégique des affiliés de l'État islamique et d'Al-Qaeda opérant au Sahel. En Colombie, le Clan del Golfo et d'anciens groupes paramilitaires, l'Armée de libération nationale (ELN) et des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), financent leurs activités par l'exploitation illégale de l'or.

Les communautés de l'ASGM sont également souvent exploitées par des intermédiaires peu scrupuleux qui se spécialisent dans l'exportation clandestine de l'or, privant ainsi les gouvernements nationaux d'une précieuse source de revenus fiscaux. Au Soudan, la spoliation des communautés des mineurs artisanaux d'or a par exemple privé le gouvernement d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en une seule année.

D'autres risques menacent la filière de l'exploitation minière artisanale et à petite échelle de l'or. Le mercure est utilisé comme un moyen bon marché par les mineurs artisanaux pour séparer l'or du minerai. Or, l'exposition au mercure peut endommager les reins, réduire l'ouïe, nuire à la vue et causer des dommages neurologiques.

Quand les mineurs artisanaux ne peuvent trouver de mercure, il existe des cas très nombreux d'utilisation de cyanure qui nuit à la santé respiratoire et cardiovasculaire. L'exposition au plomb et au cadmium représente aussi un risque courant pour les personnes travaillant dans l'ASGM. L'absence d'autres normes de sécurité de base au sein de l'ASGM entraîne par ailleurs des taux élevés de mortalité, notamment en raison de glissements de terrain et d'effondrements, en plus de cas disproportionnés de pertes auditives, de déficiences de langage, de maladies respiratoires et d'autres affections.

Une approche concertée entre les acteurs nationaux et internationaux

Plus l'Etat de droit est faible, plus les risques sont grands que l'ASGM donne lieu au travail d'enfants et à de graves violations des droits de l'homme. En 2015, Human Rights Watch a documenté la pratique généralisée du travail des enfants dans les mines d'or artisanales au Ghana. En RDC, l'ONG Southern Africa Resource Watch (SARW) a révélé que des milices et des bandits ont déplacé les mineurs artisanaux dans la province du Nord-Kivu, les obligeant ainsi à adopter un mode de vie nomade.

Les instruments internationaux et nationaux destinés à protéger l'ASGM ne manquent pas, notamment les Principes directeurs des Nations Unies concernant les droits de l'homme et les affaires 2011, la législation de l'Union européenne sur les minerais de conflit et la loi américaine Dodd-Frank. On observe toutefois un manque saisissant de transparence entre entreprises et gouvernements concernant l'application des normes légales prescrites, ainsi qu'une dangereuse inertie dans l'application des lois pénales envers certains des auteurs des infractions les plus graves contre les mineurs artisanaux.

Troisièmement, en l'absence d'une approche concertée et coordonnée entre les différentes autorités nationales et agences internationales pour la protection des communautés de l'ASGM en difficulté, l'activité continue à causer des souffrances et des pertes humaines absurdes, tout en profitant à des organisations dangereuses qui menacent directement la paix et la sécurité régionales et internationales.

Pour éliminer ces menaces, les gouvernements, les organisations internationales et les acteurs du secteur de l'or doivent coordonner l'action menée pour démanteler les réseaux criminels (saisie des actifs provenant du commerce illégal de l'or, interdictions de visa des officiels qui collaborent avec le groupe Wagner ou toute organisation comparable, renforcement de la coopération judiciaire pour augmenter le nombre de poursuites, surveillance des raffineries et des centres de traitement…) et intégrer l'ASGM dans des chaînes d'approvisionnement légales (formalisation de l'activité minière artisanale, développement des systèmes d'alerte précoce pour les communautés minières vulnérables, élargissement des programmes d'achat d'or par les banques centrales, sensibilisation des acheteurs à se renseigner sur la source de l'or vendu en magasin, etc.).

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Soudan : Crimes de guerre au Kordofan du Sud

17 décembre 2024, par Human Rights Watch — , ,
Les Forces de soutien rapide (RSF) et des milices arabes alliées ont perpétré de nombreuses exactions contre des civils dans le comté de Habila, dans l'État soudanais du (…)

Les Forces de soutien rapide (RSF) et des milices arabes alliées ont perpétré de nombreuses exactions contre des civils dans le comté de Habila, dans l'État soudanais du Kordofan du Sud, de décembre 2023 à mars 2024, lors du conflit avec les Forces armées soudanaises (SAF) et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord SPLM-N).

Tiré du site de Human rights watch.

Ces exactions constituent des crimes de guerre et comprennent des meurtres, des viols et des enlèvements de résidents de l'ethnie Nouba, ainsi que le pillage et la destruction de maisons. Elles ont entraîné des déplacements massifs, transformant Habila et Fayu, non loin de là, en villes fantômes.

Les Nations Unies et l'Union africaine devraient déployer d'urgence une mission pour protéger les civils au Soudan.

(Nairobi, le 10 décembre 2024) – Les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces, RSF) ont tué des dizaines de civils et blessé, violé et enlevé de nombreuses autres personnes lors de vagues d'attaques à Habila et Fayu, deux villes de l'État du Kordofan du Sud au Soudan, entre décembre 2023 et mars 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ces attaques, menées principalement contre des habitants membres de l'ethnie Nouba et ayant précédemment fait l'objet d'une faible couverture médiatique, constituent des crimes de guerre.

« Les exactions commises par les Forces de soutien rapide contre des civils au Kordofan du Sud sont emblématiques des atrocités qui continuent d'être perpétrées dans tout le Soudan », a déclaré Jean-Baptiste Gallopin, chercheur senior auprès de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Ces nouvelles constatations soulignent la nécessité urgente de déployer une mission pour protéger les civils au Soudan. »

Pendant 16 jours en octobre, des chercheurs de Human Rights Watch ont visité des zones dans la région des monts Nouba au Kordofan du Sud, contrôlées par le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (Sudan People's Liberation Movement–North, SPLM-N), un groupe armé principalement d'origine ethnique nouba qui contrôle des parties de cet État depuis des décennies. Les chercheurs ont visité des sites abritant des dizaines de milliers de personnes déplacées, principalement des Noubas, qui ont fui les zones contrôlées par les Forces armées soudanaises (Sudanese Armed Forces, SAF) ou les forces RSF, qui se battent pour le contrôle du pays, au Kordofan du Sud et dans d'autres régions du Soudan.

Les chercheurs ont mené des entretiens avec 70 personnes déplacées, dont 40 survivants des attaques menées par des combattants RSF contre Habila, Fayu et les villages voisins, et ont analysé des images satellite enregistrées entre décembre 2023 et octobre 2024. Les chercheurs ont également mené des entretiens avec 24 autres personnes, dont des travailleurs humanitaires, des responsables locaux et d'autres personnes connaissant la région.

Human Rights Watch a documenté les meurtres de 56 personnes non armées lors de ces attaques, dont 11 femmes et 1 enfant, sur la base d'entretiens avec des témoins. Les combattants RSF ont tué des personnes en les exécutant dans leurs maisons, et ont abattu d'autres personnes dans la rue. Les chiffres réels pourraient être nettement plus élevés, étant donné que la plupart des personnes ont fui dans diverses directions après les attaques.

Human Rights Watch a également documenté le viol de 79 femmes et filles, y compris dans un contexte d'esclavage sexuel, sur la base d'entretiens avec des survivantes, des témoins et des proches et ami-e-s des victimes.

Le 25 novembre, Human Rights Watch a envoyé par courrier électronique un résumé détaillé de ses conclusions, accompagné de questions spécifiques, au lieutenant-colonel Al-Fateh Qurashi, porte-parole des forces RSF, mais n'a pas reçu de réponse à ce jour.

Depuis le début du conflit entre les forces SAF et les forces RSF en avril 2023, des centaines de milliers de personnes ont fui vers le territoire contrôlé par le mouvement SPLM-N ; ce territoire était une zone de conflits tout au long des années 2010, mais est actuellement l'une des régions les plus stables du Soudan. Des affrontements ont eu lieu entre les SAF, les RSF et le SPLM-N dans d'autres parties du Kordofan du Sud, à la frontière des zones contrôlées par les SAF et les RSF. Parmi les zones touchées figuraient les villes de Habila et Fayu, ainsi que les villages voisins, tous situés dans le comté de Habila.

Le 31 décembre 2023, les forces RSF ont attaqué la ville de Habila, tenue par les FAS. Ce jour-là et les jours suivants, des combattants RSF ont tué au moins 35 civils et combattants qui étaient alors non armés, lors d'attaques délibérées et indiscriminées. Les combattants RSF ont blessé d'autres civils, et violé des femmes et des filles. Ils ont également commis de nombreux actes de pillage, infligés aux civils.

Suite du communiqué (en anglais)

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Solidarité avec le peuple haïtien en réponse aux commentaires du président français Emmanuel Macron lors du sommet du G20.

Le président français a déclaré d'une part : « ce sont les Haïtiens qui ont détruit, tué Haïti “, et d'autre part il a déclaré : ” Garry Conille était un “ super ” Premier (…)

Le président français a déclaré d'une part : « ce sont les Haïtiens qui ont détruit, tué Haïti “, et d'autre part il a déclaré : ” Garry Conille était un “ super ” Premier ministre, “ était ” formidable, et ils l'ont renvoyé “, alors les Haïtiens sont une bande ”de cons".

Le CADTM - AYNA soutient la position des syndicats haïtiens suivants : SPEMENFP, CENEH, SHJRH, ANSTVH, MEEN, SDE / OAVCT, ANAGH, REPROH, SONHED, UNNOH sur la déclaration du Président français Emmanuel Macron sur la situation en Haïti après le limogeage de Gary Conille.

5 décembre 2024 | tiré du site du CADTM | Photo : Remi Jouan, CC, Wikimedia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Emmanuel_Macron_%286%29.JPG

Première considération : nous, membres des syndicats susmentionnés, inscrivons cette déclaration dans le cadre des pratiques habituelles d'ingérence des puissances impérialistes telles que les États-Unis, la France et d'autres en Haïti afin de pouvoir continuer à dominer le pays. Elle se traduit également par une attitude coloniale et un manque de respect de la part du président Macron à l'égard du peuple haïtien et de tous ceux/celles qui le dirigent ;

Deuxième considération : C'est une violation de la Convention de « Vienne » qui n'autorise aucun pays à s'ingérer dans les affaires intérieures d'un autre ;

Troisième considération : Si Emmanuel Macron considère Garry Conille « extra », « super », « qui est formidable », alors, il pourrait l'imposer comme Premier ministre de la France, et ainsi Conille aiderait Macron à être formidable aussi en France où il y a beaucoup de plaintes contre Emmanuel Macron en tant que président ;

Quatrième considération : Comme tout l'Occident, en particulier la France, déteste Haïti à cause de la bataille de La Vertières que nos ancêtres ont remportée sur la grande armée napoléonienne le 18 novembre 1803, « comment peuvent-ils vouloir que nous ayons des dirigeant·es vraiment grand·es et formidables pour nous diriger ». Toutes les personnes dotées de bon sens comprendraient déjà à quel jeu pervers Macron est en train de jouer. Maintenant, quand ces gens qui détestent tellement Haïti, qui imposent toujours des vassaux pour diriger notre pays, déclarent qu'une personne est un bon leader, nous savons déjà que cette personne ne peut pas être une bonne personne, ni un bon leader pour Haïti. De plus, la collusion apparente entre Garry Conille et les gangs terroristes suffit à montrer quel genre de personne il est et quel genre de sale besogne il accomplissait contre le peuple haïtien en tant que chef d'État.

Cinquième considération : Macron semble avoir la mémoire courte ou la perte de mémoire. Il semble avoir oublié les conséquences néfastes de la Fraude historique de 1825 par la France à Haïti, où avec la complicité des traîtres haïtiens de l'époque, il nous a forcés à payer pendant plus d'un siècle une soi-disant « Dette d'Indépendance » qui a détruit l'économie du pays et a permis de renforcer sa propre économie, et qui a permis, aussi, la construction de la « Tour Eiffel » qui rapporte à la France plusieurs millions chaque jour.

Nous, membres des syndicats susmentionnés, rappelons à Macron que les véritables assassins d'Haïti sont :

1) La grande fraude que le Roi Charles X a commise contre le Peuple Haïtien avec la complicité des traîtres locaux en avril 1825. Certes, nous pouvons dire : « la Restitution et la Réparation que la France n'a pas fait jusqu'à aujourd'hui », sont ces choses qui tuent vraiment Haïti ;

2) Le vol de notre réserve d'or par les Américains le 17 décembre 1914, qui jusqu'à présent n'a pas été remboursé ou réparé ;

3) L'ingérence et la domination politique et économique des puissances impérialistes telles que la France, le Canada et les Etats-Unis sur Haïti, où ils imposent des bandits cravatés, leurs laquais du PHTK à la tête de notre pays, voilà ce qui tue notre pays.

4) Le plan néolibéral imposé depuis les années 80 a tué l'économie d'Haïti, il tue Haïti en augmentant la pauvreté, la faim, la dépendance politique et économique ;

5) Le Génocide silencieux que les puissances impérialistes perpètrent avec le soutien de leurs complices internes, les oligarques criminels, les gangsters en cravate ainsi que les gangsters en sandales, est ce qui tue Haïti ;

6) Les armes et les munitions que les États-Unis et d'autres pays continuent d'envoyer à Haïti, comme l'a démontré une enquête de l'ONUDC, sont ce qui permet aux gangs terroristes de consolider la situation chaotique dont souffre Haïti aujourd'hui.

Ce que nous avons mentionné ici n'est qu'une partie des choses qui tuent vraiment Haïti, pour lesquelles Emmanuel Macron n'est pas du tout innocent. Il n'a aucune leçon à donner au peuple haïtien.

Pour conclure, le CPT (Conseil Présidentiel de Transition) que Macron essaie d'abrutir, devrait prendre toutes les mesures diplomatiques nécessaires pour exiger que Macron ravale cette déclaration et s'excuse auprès du peuple haïtien et de ceux qui le dirigent.

Cette déclaration devrait faire comprendre à tous les Haïtien·nes qui ont le sang de Dessalines dans les veines la nécessité d'organiser la Bataille de Libération Nationale qui consiste à lutter contre l'ingérence étrangère, à lutter pour retrouver notre souveraineté nationale et le droit d'élire nos dirigeant·es en tant qu'adultes. Enfin, la lutte pour la Libération Nationale implique la lutte contre tous les traîtres haïtien·es qui se sont joint·es à ces étrangers pour tenter de vendre et de détruire notre pays. Elle explique aussi que la lutte pour la Restitution et les Réparations doit être unie à la lutte de tous les peuples du monde qui se battent.

Vive une Haïti souveraine avec des dirigeant·es dignes !

Vive une Haïti avec du bien-être pour tous !

Les syndicats signataires sont :

*Garry Lapierre, Syndicat du Personnel du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle (SPEMENFP)
*Bathol Alexis, Syndicat de défense des employés de l'OAVCT (SDE/OAVCT)
*Esther Eloy, Syndicat national des syndicats du ministère de l'éducation nationale et de la formation professionnelle (SPEMENFP)
*Louiné JOSEPH, Syndicat de Solidarité pour une Nouvelle Haïti pour l'Éducation (SONHED)
*Mayo Shelomit Dorvil, Syndicat des Huissiers de Justice de la République d'Haïti (SHJRH)
*Me Ainé Maten, Association Nationale des Griffiers D'Haïti (ANAGH)
*Fernando Jean-Mary, Collectif des enseignants pour l'innovation de l'éducation en Haïti (CENEH)
*Adler Alexis, Mouvement des enseignants des écoles nationales
*René Gary, Regroupement des Educateurs Progrèsistes d'Haïti (REPDH)
*Josué Mérilien, Union nationale des enseignants d'Haïti (UNNOH).

Auteur.e
CADTM AYNA

Abya Yala Nuestra América

Abya Yala est le nom donné par les Indiens Kunas du Panama et de la Colombie au continent américain avant l'arrivée de Christophe Colomb et des européens. L'expression « Abya Yala » signifie « terre dans sa pleine maturité » dans la langue des Kunas. Le leader indigène aymara de Bolivie Takir Mamani a proposé que tous les peuples indigènes des Amériques nomment ainsi leurs terres d'origine, et utilisent cette dénomination dans leurs documents et leurs déclarations orales, arguant que « placer des noms étrangers sur nos villes, nos cités et nos continents équivaut à assujettir notre identité à la volonté de nos envahisseurs et de leurs héritiers. ». Abya Yala est choisie en 1992 par les nations indigènes d'Amérique pour désigner l'Amérique au lieu de le nommer d'après Amerigo Vespucci.

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Bayrou entre en scène mais ne fera pas diminuer la crise

17 décembre 2024, par Arguments pour la lutte sociale — , ,
Le fait politique le plus frappant concernant la nomination de Bayrou, par Macron, à Matignon, est la sourde indifférence du pays lourde de menace. Les commentateurs (…)

Le fait politique le plus frappant concernant la nomination de Bayrou, par Macron, à Matignon, est la sourde indifférence du pays lourde de menace. Les commentateurs interprètent cela comme de la lassitude et un désir de « stabilité ». Ce n'est pas faux, à condition de préciser que l'instabilité vient d'en haut, de Macron, et de ce budget qui a été battu à l'Assemblée nationale la veille de la grève très politique de la fonction publique du 5 décembre.

14 décembre 2024 | t iré du site d'aplutsoc
https://aplutsoc.org/2024/12/14/bayrou-entre-en-scene-mais-ne-fera-pas-diminuer-la-crise-editorial-du-14-decembre-2024/

Il y a deux aspects dans l'étape « Bayrou ».

L'un est la totale continuité antidémocratique, confirmée par le premier discours du premier ministre nous faisant le numéro des pères de famille montagnards qui n'aiment pas que l'on reporte ses dettes sur ses enfants : en vérité, la « dette publique » est le moyen par lequel l'État alimente la pompe à finance indispensable aux taux de profits du capital. La société n'a pas besoin des prêts des « investisseurs » pour fonctionner, ce sont eux vers qui les gouvernements successifs détournent le produit des impôts. La fin de la V° République et la fin de ce piège financier et fiscal sont donc des questions de plus en plus liées.

Bayrou va donc essayer de faire repasser un budget de guerre sociale fondamentalement identique au budget Barnier, alors que les recteurs, préfets et directeurs d'ARS sont déjà en train de voir comment ils pourront supprimer des postes, des services et des lits, sans base légale !

Mais il y a un autre aspect : avoir dû nommer Bayrou est une vraie défaite pour Macron, et cette nomination lui a été imposée au forceps et sous la menace, durant des prolongations à la fois comiques et consternantes, le tapis rouge déroulé et prenant l'eau. Bayrou était le seul premier ministre à être à la fois, bien sûr, sur la même ligne politique fondamentale que Macron, mais à ne lui devoir rien et à le rapetisser par sa seule présence à ses côtés. Bayrou ne le fait pas exprès, c'est la logique des choses : Macron diminue et le pouvoir présidentiel avec lui.

Le RN ayant fait savoir qu'il ne censurerait pas Bayrou « a priori », le même rapport de dépendance qu'avec Barnier s'établit.

La censure préalable annoncée par LFI n'a donc d'autre fonction que de tester le PS pour pouvoir diviser en l'accusant de trahison. Cette censure préalable n'est qu'une posture parlementaire impuissante, liée à la demande faite à Macron de bien vouloir démissionner pour que des élections présidentielles redonnent des couleurs à la V° République toute pâlichonne.

Les trois autres groupes parlementaires du NPF demandent à Bayrou de s'engager à ne pas utiliser le 49-3, voire à « geler » la réforme des retraites. De tels reculs, alors que Bayrou est en train de négocier officiellement avec LR, et officieusement, n'en doutons pas, avec le RN, ne sont possibles que sous la pression de la lutte sociale.

L'affrontement social devient la vraie perspective politique. Il est certainement possible d'imposer des reculs à cet exécutif très affaibli. Mais au-delà, l'affrontement social est la seule voie pour chasser Macron et changer de régime. La discussion sur la manière d'imposer une assemblée constituante, que L'APRÈS est de fait en train d'engager dans ses rangs et vers le NFP, est l'alternative à la cassure du NFP au nom de la soi-disant exigence de démission de Macron.

Unité, lutte sociale et constituante sont donc les maîtres mots du moment politique qui commence et qui, on le sait, ne durera pas des lustres.

Le 14/12/2024.

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Le resserrement des rangs autour du leader, n’endiguera pas la droite

17 décembre 2024, par Jaime Pastor — , ,
Le récent congrès du PSOE s'est déroulé dans un contexte international et géopolitique de plus en plus instable, d'une part, et dans le contexte de centralité médiatique et (…)

Le récent congrès du PSOE s'est déroulé dans un contexte international et géopolitique de plus en plus instable, d'une part, et dans le contexte de centralité médiatique et judiciaire de corruption qui affecte le soi-disant sanchisme, en particulier le numéro 2 de ce parti, José Luis Ábalos, d'autre part.

7 décembre 2024 | tiré de Viento sur
https://vientosur.info/con-el-cierre-de-filas-en-torno-al-lider-no-se-para-a-la-derecha/

Dans ces conditions, le développement de ce rassemblement parlementaire à Séville était prévisible : démonstration maximale de resserrement des rangs autour du leader charismatique et de son Manuel de résistance, ainsi que réaffirmation de son engagement à continuer à jouer la carte du chantage (« la droite et l'extrême droite arrivent ») afin de discipliner ses partenaires au gouvernement et au parlement.

De cette manière, Sánchez cherche à atteindre son objectif de rester à la Moncloa jusqu'en 2027 et, malgré les mauvais présages des urnes, de remporter les prochaines élections. Comme on pouvait s'y attendre, il n'y a pas non plus eu de tentative d'autocritique par rapport à de nombreuses politiques développées au cours de ces années, pas même pour leur coresponsabilité dans l'inaction initiale face à la catastrophe tragique de la DANA [1] (Depresion Aislada en Niveles Altos), malgré le fait que les reproches soient venus de secteurs très différents, y compris de certains de ses partenaires, tels que Compromís et Podemos.

Rhétorique sociale-libérale, protectionnisme précaire et euro-atlantisme

Si nous prêtons attention au document-cadre de la Conférence, intitulé « Espagne 2030. Un socialisme qui avance, une Espagne qui dirige », il est juste de reconnaître quelques signes d'une rhétorique plus radicale contre les « méga-riches » en défense de « la classe moyenne et ouvrière », mais on voit peu de nouveautés programmatiques. En effet, le document commence par annoncer quatre défis majeurs à l'horizon 2030, ce qui semble bien loin en ces temps d'accélération réactionnaire : développer un modèle de croissance différent et faire face à l'urgence climatique (il faudrait expliquer comment le premier et le second peuvent être compatibles...) ; faire face à la transformation de l'ordre mondial et, enfin, répondre à la « montée des valeurs autoritaires à l'échelle internationale ».

Il s'en est suivi la tentative de magnifier les « choses impossibles que nous avons accomplies » dans la dernière étape (avec la réforme du travail, malgré ses limites, en premier lieu) et l'annonce des « choses impossibles que nous réaliserons » (avec le projet – difficilement viable avec ses alliés PNV et Junts – de protection constitutionnelle des conquêtes sociales), puis la définition d'un projet pour le pays avec dix objectifs : le premier d'entre eux (« Une économie plus compétitive, équitable et durable ») fixe déjà le cadre de ceux qui seront présentés plus loin : réduction du temps de travail, éducation de qualité, logement pour tous, lutte contre les inégalités sous toutes leurs formes, État autonome renforcé, démocratie pleine qui résiste à la désinformation, vocation en direction du projet européen, soutien à la (fausse) « solution de deux États en Israël et en Palestine » et le renforcement de « l'autonomie stratégique » de l'UE en matière de défense avec l'alibi de la guerre en Ukraine.

Parallèlement à la mesure la plus répandue de réduction du temps de travail, dont le contenu concret reste à apprécier, parmi les développements spécifiques qui pourraient attirer l'attention, on peut citer la création d'un « siège citoyen » au Congrès et au Sénat afin que des représentants de la société civile puissent intervenir ; le droit de vote dès l'âge de 16 ans et la convocation de conventions citoyennes délibératives ; l'interdiction de la conversion de logements résidentiels en logements touristiques et saisonniers, la création d'une société d'État pour la création de logements sociaux et l'exigence que les hypothèques et les loyers n'excèdent pas 30 % des salaires ; la réforme du système de financement régional (avec une formulation suffisamment ambiguë pour satisfaire toutes les baronnies...) ; ou enfin, l'abrogation de l'Accord de 1979 avec l'Église catholique en matière culturelle et éducative…

Certaines de ces promesses sonnent déjà comme une simple répétition de celles incluses dans les Congrès précédents, tandis que le peu d'attention accordée à la (nécro)politique migratoire (seulement la nécessité d'un « modèle d'immigration qui garantisse un flux constant ») ou l'absence d'une politique fiscale allant au-delà d'une référence générique au fait que les grandes entreprises seront obligées (comment ?) de répartir une partie des bénéfices scandaleux réalisés au cours des dernières années. Sans parler de l'abrogation toujours repoussée de la loi bâillon et de la loi sur les secrets officiels ; ou de la réforme démocratique et urgente du système judiciaire (où est cette annonce de la régénération démocratique ?) ; ou le manque de précision de ce que peut signifier « se plonger dans le processus de fédéralisation de l'État » ; ou, last but not least, le silence total sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, confirmant une fois de plus sa complicité avec le régime répressif marocain.

Cependant, l'intérêt que ce document-cadre a pu avoir au Congrès n'a fait que dépasser le triomphe des féministes dites classiques avec leur amendement visant à empêcher l'inclusion de Q+ aux côtés des LGBTI. Chose qui a été réalisée grâce au lobby mené par l'ancienne vice-présidente Carmen Calvo, et qui a finalement été approuvée en séance plénière avec un très faible pourcentage de participation. Une décision qui représente un grave pas en arrière dans la reconnaissance de la diversité, contribue à promouvoir la transphobie, enhardit la droite dans sa guerre culturelle et éloigne le PSOE d'une position qui fait l'objet d'un large consensus dans la majeure partie du mouvement féministe ; surtout, parmi ses nouvelles générations.

En bref, Sánchez a profité du Congrès pour exiger la loyauté des militant-es face au harcèlement judiciaire, politique et médiatique qu'il subit, surtout depuis l'approbation de la loi d'amnistie (voulant oublier qu'il n'a pas protesté et qu'il a même été complice de celle qui, dans le passé, a affecté la souveraineté catalane et Podemos). En même temps, il propose un projet de gouvernement suffisamment ambigu sur les questions fondamentales auxquelles il est confronté avec le PP pour tenter d'attirer une partie de son électorat et même rétablir avec ce parti un système bipartite à partir d'un sens de l'État. Ce n'est guère une tâche réalisable, même comme nous le voyons face à l'urgence migratoire aux îles Canaries, puisque le PP continue d'être sous la pression non seulement de Vox (désireux de revendiquer sans complexe l'héritage de la dictature franquiste à l'approche du 50e anniversaire de la mort de son fondateur), mais aussi de la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, tous deux renforcés par la victoire électorale de Trump. De plus, compte tenu de l'hétérogénéité de ses alliés au Parlement, il n'est pas non plus prévisible que certaines des lois et mesures progressistes promises, à commencer par leur inclusion dans le budget, se concrétisent.

Ainsi, nous allons nous retrouver avec un PSOE qui va continuer sur la voie du réformisme sans réformes structurelles remettant en cause les intérêts du grand capital et les bases du régime monarchique dont ce même parti a été et est un pilier fondamental. Ce n'est pas par cette voie qu'il pourra arrêter la menace réelle du bloc réactionnaire ni, malgré les bonnes données macroéconomiques, atténuer l'aggravation des inégalités. Il n'est possible, dans les meilleures hypothèses, que d'essayer de neutraliser le conflit social en répondant à certaines revendications, comme dans le cas de la lutte pour un logement décent ; mais cela n'arrivera pas si la taxe sur les locations saisonnières ne peut même pas être votée par le Parlement.

Cette impasse stratégique dans laquelle s'est engagé le PSOE n'est pas sans rapport avec l'évolution qui a longtemps caractérisé un social-libéralisme atlantiste qui tend à perdre de sa centralité dans de nombreux pays, comme on le voit maintenant en France et très probablement en Allemagne après les élections législatives de février. Dans ce contexte, dans le cas de l'Espagne, la résilience du gouvernement apparaît de plus en plus comme une anomalie grâce au fait qu'il a réussi à annuler le potentiel de rupture des partis qui ont émergé à sa gauche – Podemos puis Sumar – et, en même temps, à maintenir une politique de pactes avec les forces non étatiques, principalement au Pays basque et en Catalogne, en échange de modestes concessions pratiques.

Cependant, cette politique de la peur face au mal plus grand ne durera pas éternellement à une époque où l'agitation sociale et la désaffection politique, maintenant accrues par les conséquences de la catastrophe de la DANA, continueront à augmenter. Ce ne sont pas les politiques de ce gouvernement qui empêcheront le bloc réactionnaire de capitaliser sur la propagation de l'antipolitique parmi de nouveaux secteurs de l'électorat.

Peur de la démocratie interne

Sur le plan organisationnel, la consolidation d'un modèle de parti basé sur un césarisme de plus en plus renforcé autour du leader maxima est également évidente, comme l'a déjà critiqué l'un des rares délégués de la Gauche socialiste à avoir assisté au congrès, Manuel de la Rocha Rubí. Comme il l'a lui-même vérifié, il y a eu une démonstration claire de la « peur de la démocratie », qui s'est manifestée même dans le « refus de débattre de la gestion au Congrès, en violation d'un principe démocratique fondamental et d'un article clé de nos statuts », et une subordination totale du parti au gouvernement lui-même a été installée ; ce qui a été rendu encore plus visible avec le nombre de ministres qui font partie de la nouvelle Commission exécutive fédérale ; définitivement, conclut-il, « la position du Parti est fixée par le gouvernement et non l'inverse, sans même qu'il y ait possibilité d'une influence mutuelle ».

Le cas de Madrid, avec la démission forcée de Juan Lobato en tant que secrétaire général du PSM, quelle que soit l'opinion que l'on a sur son comportement vis-à-vis la compagne de Díaz Ayuso, est un autre exemple clair de ces pratiques, comme l'a critiqué à juste titre Izquierda Socialista de Madrid (« Les formes comptent ! ») face à l'interdiction des réunions pour monter quelque candidature que ce soit contre le parti au pouvoir, dirigé par l'actuel ministre Oscar López.

Ainsi, certainement, en vertu de la maxime de faire de la nécessité une vertu, le triomphe d'un modèle de leadership plébiscitaire qui n'aspire qu'à rester au gouvernement en faisant quelques concessions à ses alliés aux investitures dans des domaines qui n'affectent pas le noyau dur de l'économie politique qui est dicté par l'UE, principalement à partir de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne.

Vide à gauche

À ces sombres perspectives s'ajoute l'absence tragique de forces politiques à gauche du PSOE capables de construire une alternative aux politiques de division des classes populaires pratiquées par la droite, mais aussi au social-libéralisme en déclin de Sánchez. Ni Sumar – de plus en plus adapté aux limites fixées par la Moncloa et l'UE – ni Podemos – malgré ses efforts pour apparaître aujourd'hui hypercritique à l'égard d'un PSOE avec lequel il continue pourtant d'aspirer à gouverner – n'ont la crédibilité d'être des références dans la tâche ardue de recomposer une gauche prête à tirer les leçons du cycle ouvert par le 15M et les processus catalans afin d'offrir une voie de refondation qui ne soit pas subordonnée à la politique institutionnelle.

Sur le plan plus social, les directions des grands syndicats, CCOO et UGT, subordonnées à leur tour à ce que dicte le gouvernement, n'apparaissent pas non plus aujourd'hui comme le cadre de référence d'une recomposition d'un mouvement ouvrier prêt à affronter un patronat et un grand capital de plus en plus enclins à favoriser l'arrivée du bloc réactionnaire au gouvernement.

Dans l'ensemble, les mobilisations pour un logement décent sur pratiquement tout le territoire de l'État espagnol – véritables expressions d'une lutte de classe qui s'attaque directement au capitalisme rentier – ainsi que l'admirable réponse solidaire du peuple valencien et d'autres parties de l'État face à la catastrophe éco-sociale de la DANA, ainsi que les différentes formes de résistance qui ont lieu dans différents secteurs – tels que la santé et l'éducation ou en solidarité avec la Palestine, montrent des symptômes d'espoir qu'un nouveau cycle de mobilisations d'en bas et de gauche puisse être rouvert dans la période à venir. C'est de ces expériences qu'il nous faudra tirer les leçons pour chercher de nouvelles formes de confluence dans les luttes et les débats d'acteurs collectifs renouvelés ; et avec eux, générer de nouvelles initiatives qui nous permettront de construire un front politique et social commun, capable de faire face à la menace réactionnaire et d'accumuler un potentiel contre-hégémonique à partir des quartiers et des lieux de travail. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons remettre au centre la nécessité d'une stratégie de transition éco-sociale et de rupture démocratique avec ce régime et avec le bloc de pouvoir qui le soutient.

Jaime Pastor est politologue et membre de la rédaction de Viento Sur

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[1] Une DANA se produit lorsqu'une masse d'air froid en altitude reste isolée dans l'atmosphère tandis qu'en surface l'air est plus chaud et plus humide. Ce contraste entre température provoque une instabilité atmosphérique importante, ce qui peut entrainer des précipitations intenses et soudaines, souvent sous forme de violents orages ou de pluies torrentielles – Chat GPT

Grèce : un meeting pour des perspectives à gauche

17 décembre 2024, par Andreas Sartzekis — , ,
La nécessité de donner une réponse politique de gauche en prolongement aux luttes sociales commence à intégrer la dimension unitaire. L'effacement d'un Syriza « pasokisé », qui (…)

La nécessité de donner une réponse politique de gauche en prolongement aux luttes sociales commence à intégrer la dimension unitaire. L'effacement d'un Syriza « pasokisé », qui s'est traduit par son implosion, clarifie le paysage.

9 décembre 2024 | tiré du site de la Gauche anticapitaliste
https://www.gaucheanticapitaliste.org/grece-un-meeting-pour-des-perspectives-a-gauche/

Par | 09/12/2024 | International
Grèce : un meeting pour des perspectives à gauche

Et si le congrès de Nea Aristera, groupe formé à l'initiative des ancienNEs cadres autour de Syriza, appelle à un Front populaire, en assumant la politique désastreuse de Tsipras au pouvoir, c'est dans la gauche radicale et révolutionnaire que des forces veulent en finir avec l'autoproclamation du parti révolutionnaire et travaillent à un cadre unitaire, à la lumière d'autres expériences. À cette fin, cinq groupes ont invité à Athènes le 8 novembre notre camarade Olivier Besancenot à animer un meeting sur la question du Nouveau Front populaire, qu'on met un peu à toutes les sauces ici. Parmi ces organisations, DEA, Anametrissi (y militent les camarades de la Tendance programmatique IVe Internationale, un des deux groupes de la section grecque), Metavassi (groupe issu de NAR, la principale organisation de la gauche révolutionnaire)…

Un meeting réussi

Olivier a d'abord insisté sur la gravité de la situation mondiale, la bourgeoisie choisissant de laisser former des gouvernements de droite extrême ou d'extrême droite, avec toutes les menaces de guerres qui s'amoncellent dans le cadre des concurrences interimpérialistes, et bien sûr une extension générale de la répression contre les mobilisations et la gauche. Il a montré comment le NFP est avant tout le fruit d'une mobilisation exceptionnelle qui donne espoir dans les capacités de résistance du mouvement de masse. Et cette mobilisation est en même temps le fruit des mouvements de masse antérieurs, par exemple contre la retraite à 64 ans, et de la pression unitaire qui a joué un rôle important pour le front syndical l'an passé. Mais la situation actuelle est celle d'un abandon du NFP pour un repli partidaire dans le cadre électoraliste des institutions, et face à cela, la volonté du NPA est de faire vivre des comités locaux NFP.

Diverses questions de la salle ont suivi, dénotant un intérêt dépassant le cadre des 5 organisations. De manière générale, tout le monde semblait fort heureux d'une rencontre ponctuée par un appel internationaliste à se battre. Succès de la participation avec 350 à 400 personnes. Tout le monde est reparti avec du tonus pour faire face aux échéances nombreuses, et avec l'idée qu'il faut travailler à créer un front à vocation unitaire et révolutionnaire.

La colère sociale monte !

Tous ces derniers jours, des mobilisations importantes ont lieu : contre la répression de syndicalistes enseignantEs, le gouvernement a voulu interdire la grève enseignante, il s'est retrouvé avec une grève de la fonction publique ! Ça bouge bien sûr dans les facs, face au projet de réduire d'un tiers des départements de l'université publique. Mais aussi chez les collégienNE s et lycéenNEs, contre le manque de profs et la fusion de classes. Les 2 500 pompiers saisonniers se mobilisent pour que leurs contrats ne se réduisent pas aux mois d'été, vu la situation catastrophique des incendies et de leur prévention. Les habitantEs d'îles comme Ikaria, Samothrace refusent en masse l'imposition de centaines d'éoliennes. Le tout sur fond de répression, devenant orwellienne contre les pompiers, ou comme au Pirée où des collégienNEs ont été convoqués par la police car « soupçonnéEs de vouloir ­occuper leur ­établissement » !

Un résultat peut-être prometteur de l'ambiance : PAME, le très sectaire courant syndical du KKE (PC grec), a invité à une conférence des syndicats radicaux, comme celui des livreurEs…

Sans oublier bien sûr la mobilisation annuelle du 17 novembre commémorant le massacre de l'Université polytechnique par la junte des colonels, un temps fort de l'agenda social et donc politique sera la grève générale appelée le 20 novembre, à un moment où 2,5 millions de contribuables vivent sous le seuil de pauvreté.

Article initialement publié le 22 novembre sur le site de l'Anticapitaliste

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Pourquoi nous détestons le Parti Socialiste

17 décembre 2024, par Guillaume Étievant — , ,
En 2017, Olivier Faure espérait (déjà !) une grande coalition, allant du Parti socialiste à la droite, « qui tienne compte de l'électorat très composite (…) (venu) faire (…)

En 2017, Olivier Faure espérait (déjà !) une grande coalition, allant du Parti socialiste à la droite, « qui tienne compte de l'électorat très composite (…) (venu) faire obstacle à Marine Le Pen ». Il la souhaite encore et s'est ainsi dit, suite à la censure du gouvernement Barnier, prêt à discuter avec les macronistes et la droite, sur la base « de concessions réciproques ». Il s'est même dit prêt à faire « des compromis sur tous les sujets ». LFI continuant quant à elle à exiger la démission d'Emmanuel Macron, le NFP est ainsi proche de l'explosion. Et c'est tant mieux. Car cette alliance, mêlant les héritiers du hollandisme et ceux qui s'y sont opposés frontalement, constitue un obstacle majeur à l'émergence d'une véritable alternative à la politique actuelle. Hormis quelques sièges de députés, l'union avec le PS ne peut rien apporter de bénéfique. Le rejet de ce parti, parfois perçu comme une posture sectaire ou un refus obstiné de l'unité, découle pourtant directement de l'expérience : celle de ses choix politiques, de sa manière de gouverner et de l'espoir, vivace, de voir arriver sa disparition définitive.

9 décembre 2024 | tirer de Frustrations
https://www.frustrationmagazine.fr/pourquoi-nous-detestons-le-parti-socialiste/

En France, la vie politique est structurée par les partis et l'intérêt individuel des élus qui les composent. On le voit encore une fois depuis quelques mois, avec la création du NFP et les négociations pour avoir les places éligibles aux législatives, puis les négociations pour tenter d'aboutir à un choix commun de premier ministre NFP et enfin aujourd'hui avec toute la gauche “de gouvernement”, qui va boire la soupe de Macron, à part LFI. L'intérêt des partis est supérieur à celui des idées qu'ils prétendent défendre. Cette simple affirmation est une évidence pour la majorité de la population, qui affiche une juste défiance à la fois spontanée et réfléchie au personnel politique. Mais les militants politiques, et c'est bien normal, s'engagent initialement souvent avant tout pour des idées, des convictions, et sont donc sans cesse déçus par les élus et les dirigeants des partis politiques, qui visent avant tout la poursuite de leur carrière et des rémunérations qui l'accompagnent.

Pour le PS, les idées ne sont qu'un outil pour gagner les élections

Le Parti socialiste en est la plus pure illustration. Entre ses discours quand il est en campagne électorale et ce qu'il pratique une fois qu'il est au pouvoir, il y a un monde. Les idées ne sont pour lui qu'un outil parmi d'autres pour gagner des élections. Il joue le jeu classique et cynique des sociaux-démocrates qui consiste à faire des promesses antilibérales dans un cadre parfaitement libéral, comme nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire : « cela a l'avantage de montrer une bonne volonté en faisant mine de vouloir mettre en place ce pour quoi on a été élu, puis de faire constater à tous l'échec de ces politiques alors même que celles-ci ne pouvaient qu'échouer dans ce contexte. C'est une des manœuvres de la bourgeoisie, aussi grossière qu'efficace, pour “naturaliser” une fois de plus le capitalisme ».

Quand il gouverne, le PS ne fait pas qu'accompagner le libéralisme, il accélère la destruction de notre modèle social, tout en ayant promis le contraire.

C'est pour cela que nous détestons le Parti socialiste. Ce n'est pas un préjugé, ce n'est pas un « refus d'unité », ça n'est pas un caprice qui empêcherait la gauche de gouverner. C'est que tout gouvernement où le PS aura une position déterminante mènera une politique de droite et c'est l'expérience qui le démontre. Quand il gouverne, le PS ne fait pas qu'accompagner le libéralisme, il accélère la destruction de notre modèle social, tout en ayant promis le contraire.

En particulier, Mitterrand et ses gouvernements ont libéralisé massivement l'économie. Le storytelling de gauche sur l'expérience mitterrandienne consiste souvent à considérer que les socialistes ont fait des réformes de gauche jusqu'en 1983, que cela a créé trop de problèmes économiques et qu'ils ont ensuite arrêté les réformes (le fameux “tournant” de la rigueur). En réalité, ce “tournant” était prévu dès le départ comme le montre le discours de politique générale du premier ministre Pierre Mauroy du 8 juillet 1981 où il affirme notamment : “Cette démarche, que je viens d'inscrire dans la durée, sera conduite dans la rigueur. Cela signifie la rigueur budgétaire. Cela signifie que nous défendrons le franc et le maintiendrons dans le système monétaire européen.” La soumission à l'Europe au détriment de la population française était déjà très claire. Le PS a par la suite réformé massivement tout au long des années 1980, en faveur du capital : il a mis fin au contrôle des crédits et des taux d'intérêts et a déréglementé les marchés financiers. Il a légalisé les produits dérivés à l'origine de la crise de 2008. Il a soutenu le traité de Maastricht qui nous a fait perdre notre indépendance monétaire et nous a livrés pieds et poings liés aux emprunts auprès des marchés financiers. Et dans le même temps, il a désindexé les salaires des prix.

Le PS a réformé massivement tout au long des années 1980, en faveur du capital : il a mis fin au contrôle des crédits et des taux d'intérêts et a déréglementé les marchés financiers. Il a légalisé les produits dérivés à l'origine de la crise de 2008. Il a soutenu le traité de Maastricht qui nous a fait perdre notre indépendance monétaire et nous a livré pieds et poings liés aux emprunts auprès des marchés financiers. Et dans le même temps, il a désindexé les salaires des prix

Lionel Jospin va garder cette cohérence libérale quand il devient Premier ministre en 1997 en privatisant à tout va (France Télécom, CIC, Crédit Lyonnais, les autoroutes ASF, le futur EADS, Air France, etc.) et en faisant bénéficier les entreprises privées d'exonérations massives de cotisations sociales lors de la mise en œuvre des 35 heures. Le PS va également autoriser les grandes entreprises du CAC 40 à racheter jusqu'à 10 % de leurs actions et diminuer la fiscalité sur les plus-values boursières des actions. A l'époque, il avait pourtant largement les moyens de faire autrement : la gauche était au pouvoir dans de nombreux pays européens, ce qui aurait permis de négocier des traités plus favorables aux salariés. La croissance était au beau fixe, ce qui permettait de dégager de larges marges de manœuvre financières. L'épisode le plus symptomatique fut sans doute celui de la “cagnotte”. En 1999, l'économie française connaît un taux de croissance dépassant les prévisions (3% au lieu de 2 %), ce qui crée l'équivalent d'environ quinze milliards d'euros de rentrées fiscales supplémentaires. Après avoir tenté maladroitement de cacher cette “cagnotte” pendant des mois aux Français, le gouvernement a finalement choisi, plutôt que de l'orienter vers les plus pauvres, de l'utiliser pour baisser la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, soit celle qui est payée par les plus riches !

En 2012, après dix ans de disette, le PS revient aux plus hautes responsabilités. François Hollande a été élu sur un programme qu'il a peu à peu gauchisé pendant la campagne électorale, sous pression de la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages. “Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance”, a-t-il clamé lors de son discours au Bourget de janvier 2012. Une fois élu, il ne fait ensuite que conforter les intérêts de la finance et du patronat. Il nomme immédiatement Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de son cabinet, puis ministre de l'Economie en 2014. Il met en œuvre de multiples lois de déréglementation du droit du travail, facilitant les licenciements boursiers, plafonnant les indemnités de licenciement illicites, et permettant à des accords d'entreprise de déroger au droit du travail en défaveur des salariés. Les cadeaux au patronat atteignent dans le même temps des sommets, avec en particulier le CICE (Crédit d'impôt compétitivité emploi) versé aux entreprises pour un montant global de 20 milliards d'euros par an, sans contrepartie.

Lionel Jospin va garder cette cohérence libérale quand il devient Premier ministre en 1997 en privatisant à tout va (France Télécom, CIC, Crédit Lyonnais, les autoroutes ASF, le futur EADS, Air France, etc.) et en faisant bénéficier les entreprises privées d'exonérations massives de cotisations sociales lors de la mise en œuvre des 35 heures.

Le mandat de Hollande a été aussi un tournant sur le maintien de l'ordre, les manifestants étant systématiquement matraqués à partir de 2014, et sur l'immigration. Rappelons-nous de la pauvre Leonarda Dibrani, enfant de 15 ans arrêtée par la police à la sortie de son autobus scolaire en 2013 pour l'expulser au Kosovo, avant que, vu le tollé médiatique, François Hollande tente de reculer en l'autorisant elle seule, sans sa famille, à revenir en France, une aberration contraire à la Convention internationale des droits de l'enfant. Le PS a achevé également, pendant cette période, sa conversion à l'islamophobie, comme le raconte Aurélien Bellanger dans son ouvrage Les derniers jours du Parti socialiste.

Se débarrasser du PS

Pourquoi croire que le PS d'aujourd'hui fera différemment ? Par quel miracle ? Olivier Faure a voté absolument toutes les lois de régression sociale de François Hollande. Il a même hésité à soutenir Macron dès 2016. Il aurait été prêt à signer quasiment n'importe quel programme électoral pour assurer un nombre suffisant de députés à son parti. Pour le NFP, une soirée de négociations a d'ailleurs suffi : le PS, les programmes, il ne les applique pas, de toute manière. A terme, le but de Faure n'est pas de combattre Macron, mais de le remplacer. Il veut que le PS retrouve son rôle historique central : incarner une alternance politique acceptée par la bourgeoisie et défendant ses intérêts en prétendant le contraire.

Olivier Faure a voté absolument toutes les lois de régression sociale de François Hollande. Il a même hésité à soutenir Macron dès 2016. Il aurait été prêt à signer quasiment n'importe quel programme électoral pour assurer un nombre suffisant de députés à son parti.

Ce qui est peut-être encore pire pour l'avenir, c'est que la matrice du Parti socialiste est celle à laquelle toute formation de gauche qui vise le pouvoir a la tentation de s'adapter. À Frustration, notre désaccord le plus fort avec Jean-Luc Mélenchon concerne les alliances qu'il noue épisodiquement avec le Parti socialiste pour des raisons électorales. Cette stratégie fonctionne de ce point de vue : la FI a désormais 71 députés. Mais le revers de la médaille, c'est que le Parti socialiste en a quant à lui 65, alors qu'à l'issue du mandat de Hollande il était passé en cinq ans de 280 députés à seulement 30. La FI a largement contribué à faire renaître le PS, avec la Nupes puis le NFP, alors que l'occasion historique de s'en débarrasser était peut-être à portée de main.

Il est souhaitable d'isoler le PS et de peu à peu le réduire à néant. Non seulement au niveau national, mais aussi au niveau local : rappelons qu'il contrôle cinq régions. Il va y avoir du boulot pour s'en débarrasser. De nombreux militants ne sont pas convaincus de cette nécessité, pensant sincèrement que ce parti, ou au moins certains de ses dirigeants, peuvent changer, faire évoluer leurs positions vers plus de radicalité, tellement la situation sociale catastrophique d'aujourd'hui l'exige. Pourtant, depuis maintenant quarante ans, ça n'a jamais été le cas. Chaque programme présidentiel du PS est plus à droite que le précédent (je me suis infligé la lecture de celui d'Anne Hidalgo pour le vérifier), les courants de gauche au sein du PS ont constamment occupé une position marginale, et le programme porté par le NFP ne traduit pas un durcissement des positions du PS, mais bien un assouplissement des ambitions initiales de La France Insoumise.

La FI a largement contribué à faire renaître le PS, avec la Nupes puis le NFP, alors que l'occasion historique de s'en débarrasser était peut-être à portée de main.

La composition du futur gouvernement pourrait offrir une opportunité de clarification, notamment si le PS y joue un rôle. La fragilité intrinsèque d'une coalition hétérogène, minée par des dissensions internes et dépourvue de légitimité populaire, la rendra particulièrement vulnérable face à un mouvement social structuré, pérenne et offensif. C'est là que réside l'enjeu crucial : quel que soit le caractère disparate de la future équipe dirigeante ou le nombre de figures estampillées « de gauche » en son sein, il faudra agir sans délai pour la contrer. Les syndicats ont déjà amorcé cette dynamique, et il s'agit de la renforcer en multipliant les grèves et les actions collectives, notamment contre les directions d'entreprises, afin d'exercer une pression constante sur le véritable pouvoir tout en construisant une alternative collective, autonome et affranchie des partis politiques.

Guillaume Etievant

Crédit Photo : François Hollande en 2014 – Kremlin.ru, CC BY 3.0 via Wikimedia Commons

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Liberté de la presse : Le boycott d’Haaretz par Netanyahou ne nous empêchera pas de rendre compte de la sinistre vérité sur les guerres d’Israël

17 décembre 2024, par Ben Aluf — , , ,
A la différence de la plupart des organes de presse israéliens, mon journal montre la souffrance à Gaza et au Liban. C'est pourquoi le gouvernement nous a ciblés [Aluf Benn est (…)

A la différence de la plupart des organes de presse israéliens, mon journal montre la souffrance à Gaza et au Liban. C'est pourquoi le gouvernement nous a ciblés [Aluf Benn est le rédacteur en chef de Haaretz].

Tiré d'Europe Solidaire Sans Frontières
26 novembre 2024

Benn Aluf

« La vérité est la première victime de la guerre » dit le vieux cliché, mais comme tout autre adage, il contient un brin de vérité. Un reportage sur un champ de bataille est toujours un défi : vous êtes empêché par un accès limité, un danger mortel, un brouillard délibéré, et des responsables qui s'en sortent en ne disant pas la vérité. Et cela devient encore plus compliqué lorsque les journalistes font partie de la société belligérante, surtout si le combat jouit d'un large soutien populaire en tant que guerre juste.

Le 7 octobre 2023, Israël a été attaqué par le Hamas, envahissant depuis Gaza pour tuer, piller violer et kidnapper des civils et des soldats. Le lendemain, le Hezbollah a rejoint le combat depuis le Liban. Israël a riposté avec acharnement, dépeuplant et détruisant les villes et villages de la Bande de Gaza, tuant quantité de civils parallèlement aux combattants et opérateurs du Hamas. En septembre 2024, les Forces de Défense Israéliennes (FDI) ont lancé une contre-offensive sur le front nord, portant un coup fatal à son grand rival le Hezbollah et rasant les villages chiites qui lui servaient de base avancée.

Bouleversé par l'attaque surprenante de l'ennemi et par les atrocités du Hamas, le public juif israélien s'est uni dans un soutien écrasant à ce qui a paru être un combat existentiel contre des ennemis irréductibles et sans pitié. Ce jugement prévaut tout à fait en ce 14e mois de guerre, malgré le nombre croissant de victimes dans les FDI et l'échec persistant d'une arrivée à la « victoire totale » promise par le premier ministre Benjamin Netanyahou.

L'attitude des citoyens a dicté les limites de la couverture de l'actualité dans les grands médias israéliens : ne montrer aucune pitié pour l'autre côté. La plupart des médias ne diffusent pas l'assassinat, la destruction et les souffrances humaines à Gaza et au Liban. Au mieux, ils citent la critique internationale des actions d'Israël, la qualifiant d'antisémite et d'hypocrite. On ne voit Gaza et le Liban qu'à travers les lentilles des reporters embarqués dans les unités d'invasion des FDI.

L'incarnation de la couverture médiatique en temps de guerre, c'est Danny Kushmaro, présentateur du journal à Channel 12, le plus grand réseau de télévision d'Israël. Rejoignant le mois dernier une force d'infanterie au Liban, un Kushmaro coiffé d'un casque a fait exploser une maison dans un village chiite occupé, tout en fanfaronnant : « Ne vous frottez pas aux Juifs. » Quand la cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt contre Netanyahou et l'ancien ministre de la défense Yoav Gallant, Kushmaro a réagi avec émotion à la télé à une heure de grande écoute, entouré de photos d'enfants morts et kidnappés du 7 octobre, disant que ces justifications étaient contre nous tous, nos soldats, ce peuple, ce pays ». Kushmaro, et ses collègues à l'antenne, ne se sont jamais donné le mal d'expliquer le fondement factuel derrièreles accusations de la CPI de famine délibérée en tant que méthode de guerre et autres crimes contre l'humanité, apparemment ordonnée par les dirigeants israéliens.

Israël a un censeur militaire, et chaque reportage sur la sécurité nationale ou le renseignement doit obtenir son approbation. La censure est un fléau, mais en temps de guerre, la contrainte statutaire et le filtrage font pâle figure comparés à l'autocensure du public. Les Israéliens ne veulent tout simplement pas savoir.

Presque toujours seul, Haaretz rend compte depuis des décennies de la souffrance des Palestiniens sous occupation israélienne et sur ce que les FDI considèrent comme le « dommage collatéral » du combat contre le terrorisme. A maintes reprises, le journal a été fustigé pour avoir critiqué la moralité des actions des FDI. Des lecteurs ont résilié leur abonnement et des politiques se sont alliés contre nous. Mais nous n'avons jamais bougé. Lorsque vous voyez des crimes de guerre, vous devez vous exprimer tant que la guerre fait rage plutôt que d'attendre jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour faire la différence. La guerre du 7 octobre n'est pas différente : à nouveau seuls, nous rendons compte de l'autre côté du conflit, malgré les difficultés pour accéder aux sources à Gaza et au Liban, tout en embarquant nos reporters avec les FDI comme les autres médias.

Netanyahou n'a jamais aimé notre attitude critique face à lui et sa politique d'occupation et d'annexion, appelant Haaretz et le New York Times « les plus grands ennemis d'Israël en 2012 » (même s'il s'est rétracté plus tard). Comme il a construit sa carrière sur la manipulation des médias, Netanyahou ne peut supporter les voix critiques, indépendantes. Pendant la décennie précédente, son abus du pouvoir de l'État pour fausser la couverture médiatique, dévoilée par Haaretz en 2015, a conduit Netanyahou sur le banc des accusés dans un procès pour corruption criminelle toujours en attente. Mais, même après son inculpation, il n'a fait que changer de tactique, non de stratégie, s'inspirant de la règle du jeu gagnant de son ami et mentor hongrois viktor Orban : attaquer les médias grand public comme hostiles, faire lancer par vos soutiens milliardaires des canaux de soutien, fabriquer une « machine empoisonnée » pour unifier votre base dans les réseaux sociaux. Au fil du temps, le courant dominant changerait de position, ajoutant les porte-parole du leader aux heures de grande écoute, craignant de perdre des téléspectateurs au profit de Channel 14,la Fox d'Israël dopée aux stéroïdes qui ne s'interdit rien.

Netanyahou est une personnalité qui divise, et le public juif israélien, quoique uni derrière la guerre, est profondément partagé entre pro- et anti-Bibistes. Mais Netanyahou utilise les combats extérieurs pour justifier la réduction au silence de ses critiques nationaux. Peu après le 7 octobre, le ministre des Communications Shlomo Karhi, copain du premier ministre, a soumis un projet de résolution du cabinet pour boycotter toute publicité gouvernementale ou abonnement à Haaretz, invoquant la « propagande anti-Israël » du journal. Tout d'abord bloqué par le ministère de la Justice, Karhi a relancé son plan pour affaiblir Haaretz, sous prétexte de propos controverséde notre éditeur Amos Schocken.

Dimanche dernier, la résolution du boycott de Haaretz, maintenant parrainée par Netanyahou, a été votée à l'unanimité du cabinet. Et pour faire bonne mesure, Karhi a également lancé un projet de loi pour privatiser la radiodiffusion publique, qui a été une épine dans le pied du gouvernement, contrairement à sa panoplie de porte-parole médiatiques. « Nous sommes élus par le public, et nous pouvons mettre en place un changement de régime si nous le voulons », a-t-il dit de la motivation profonde de son patron. Le boycott de Haaretz est dépourvu de base juridique, mais Netanyahou s'en moque éperdument : s'il est annulé, il lancerait une tirade contre « l'état profond juridique » et son travail de sape contre son gouvernement. Et il a misé sur les leaders de l'opposition qui, adhérant à la ferveur nationaliste-militariste, se sont abstenus de soutenir le journal.

Mais nous l'emporterons sur la récente agression de Netanyahou, exactement comme nous l'avons remporté sur la colère et le rejet de ses prédécesseurs. Haaretz s'en tiendra à sa mission qui consiste à rendre compte avec un œil critique de la guerre et de ses conséquences terribles pour toutes les parties. La vérité est parfois difficile à protéger, mais elle ne devrait jamais être la victime de la guerre.

Aluf Benn, rédacteur en chef de Harretz.

P.-S.

• Posted on novembre 29, 2024 :
https://aurdip.org/le-boycott-dhaaretz-par-netanyahou-ne-nous-empechera-pas-de-rendre-compte-de-la-sinistre-verite-sur-les-guerres-disrael/

• Traduction J.Ch. pour l'AURDIP.

Source - The Guardian, 26 novembre 2024 :
https://www.theguardian.com/commentisfree/2024/nov/26/benjamin-netanyahu-haaretz-israel-gaza-lebanon-war

• Aluf Benn set rédacteur en chef de Harretz.

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Israël ferme son ambassade en Irlande avec fracas

17 décembre 2024, par Courrier international — , , , ,
Excédé par les sorties propalestiniennes de Dublin, Israël va retirer sa représentation diplomatique du pays, au grand regret de la presse de l'île d'Émeraude, qui juge (…)

Excédé par les sorties propalestiniennes de Dublin, Israël va retirer sa représentation diplomatique du pays, au grand regret de la presse de l'île d'Émeraude, qui juge légitimes les prises de position du gouvernement centriste.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Un graffiti "Victoire pour la Palestine" photographié à Dublin, le 22 mai 2024. Photo Hannah McKay/Reuters.

“L'Irlande a franchi toutes les lignes rouges.” Dans une déclaration virulente à l'égard du gouvernement irlandais, le ministre des Affaires étrangères israélien a annoncé la fermeture à venir de l'ambassade de l'État hébreu à Dublin. “La rhétorique et les actes antisémites commis par l'Irlande envers Israël se fondent sur la délégitimation et la diabolisation de l'État juif”, a justifié Gideon Saar, dimanche 15 décembre, dans des propos rapportés par le quotidien Times of Israel. À la place, Israël compte renforcer sa présence diplomatique en Moldavie, pays considéré comme plus favorable au “resserrement des liens”.

Tel-Aviv avait déjà rappelé son ambassadrice au mois de mai, en réaction à la reconnaissance par Dublin de l'État palestinien. Mais cette fermeture pure et simple de la représentation diplomatique marque, comme le constate la presse irlandaise, l'apogée des tensions entre les deux pays. “Les relations se sont fortement dégradées depuis le 7 octobre 2023, jour des attaques sanglantes du Hamas contre Israël suivi d'une riposte sur Gaza dont l'ampleur est critiquée par l'Irlande”, retrace The Irish Times.

Outre la reconnaissance de la Palestine au printemps, le gouvernement centriste a proposé en octobre le vote d'une loi sur l'interdiction du commerce avec les colonies des Territoires palestiniens occupés. Puis, en novembre, le Premier ministre, Simon Harris, a indiqué que la république d'Irlande appliquerait le mandat d'arrêt international lancé par la Cour pénale internationale contre son homologue, Benyamin Nétanyahou. Enfin, la semaine dernière, dernière goutte d'eau aux yeux de Tel-Aviv : la confirmation par la voix du vice-Premier ministre sortant (les législatives du 29 novembre ont débouché sur des tractations toujours en cours), Micheál Martin, de l'intervention de l'Irlande dans la plainte pour génocide portée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ).

“Aucune malveillance”

Cette accumulation de prises de position constitue, pour Gideon Saar, “des mesures anti-Israël extrêmes”. “L'approche irlandaise de ce conflit n'est pas motivée par des intentions malveillantes”, rétorque l'Irish Independent dans son éditorial du lundi 16 décembre.

  • “Le gouvernement a condamné fermement les attaques du Hamas tout en étant très clair sur le droit d'Israël à se défendre, du moment que cette réponse était proportionnée. Ce qui se déroule à Gaza n'est pas proportionné, au vu des morts, des destructions et des restrictions sur l'aide humanitaire auxquels nous assistons depuis quinze mois.”

À ce stade, Micheál Martin a exclu toute mesure de réciprocité, en raison du “travail important” mené par l'ambassade irlandaise à Tel-Aviv. Une représentation diplomatique ouverte en 1996 seulement (la même année que celle d'Israël en Irlande), après une longue période de tergiversations entre les deux pays.

Considérée par l'État hébreu comme l'un des soutiens les plus farouches de la cause palestinienne en Europe, la république d'Irlande “est le seul pays à perdre son ambassade d'Israël parmi les 14 autres qui comptent intervenir auprès de la CIJ ou qui ont reconnu la Palestine en mai dernier en même temps que Dublin”, à savoir la Norvège et l'Espagne, remarque The Irish Times.

En 2018, Israël avait d'ailleurs déjà évoqué l'hypothèse d'une fermeture de sa représentation diplomatique dans le but de faire des économies (l'Irlande compte une minorité juive d'environ 2 200 membres). “Plutôt que de provoquer un électrochoc et d'inciter les deux parties à régler leurs différends, s'inquiète l'Irish Independent, la fermeture d'une ambassade mène souvent à un plus grand désengagement diplomatique, particulièrement regrettable.”

Courrier international

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Le prix de défense des droits humains accordé à Bisan Owda et « tous les journalistes de Gaza »

17 décembre 2024, par Agence Média Palestine — , , ,
Jeudi 12 décembre, la branche australienne d'Amnesty International annonçait la création du « Prix de défense des droits humains », décerné cette année à Bisan Owda, Plestia (…)

Jeudi 12 décembre, la branche australienne d'Amnesty International annonçait la création du « Prix de défense des droits humains », décerné cette année à Bisan Owda, Plestia Alaqad, Anas Al-Sahrif, Ahmed Sihab-Eldin ainsi qu'à « tous·tes les journalistes de Gaza ».

Tiré d'Agence médias Palestine.

Ce prix entend « célébrer l'excellence du journalisme en matière de droits de l'humain », récompenser le courage et visibiliser la précarité des conditions de travail des reporters travaillant en zone de guerre. Pour la première édition du prix, Amnesty rend hommage aux journalistes de Gaza et à leur précieuse documentation de l'offensive génocidaire israélienne, malgré la dangerosité du terrain.

Mohamed Duar, porte-parole d'Amnesty International Australie pour les territoires palestiniens occupés, déclare : « La liberté de la presse est essentielle à l'existence de sociétés démocratiques et libres. La liberté d'information est un droit humain fondamental. Les journalistes et les médias sont essentiels pour garantir la transparence et la responsabilité. Pourtant, la liberté des médias et la sécurité des journalistes sont menacées dans le monde entier. Chaque attaque contre les journalistes est une attaque contre la presse, la liberté et la vérité. Les journalistes ne sont pas et ne devraient jamais être une cible. »

« C'est dans ce contexte que les prix Amnesty International Australia Human Rights Defender Awards récompensent l'excellence en matière de journalisme sur les droits humains et saluent le courage et la détermination des journalistes qui risquent leur vie pour raconter des histoires importantes sur les droits humains depuis Gaza ou à l'intérieur de Gaza. Les prix rendent hommage à ceux qui ont risqué leur vie pour garantir et défendre l'intégrité du journalisme, en protégeant la liberté d'une information indépendante ».

« Rien de plus honorable sur terre »

Bisan Owda, dont la série « Still Alive » avait été récompensée d'un Emmy Award en septembre dernier, a réagit à l'annonce d'Amnesty International par une vidéo :
« Merci pour votre travail, pour la reconnaissance et pour tous les efforts que vous déployez pour faire la lumière sur ce génocide. C'est un honneur d'accepter ce prix. Je suis ici, devant vous, après avoir survécu plus de 420 jours. J'ai survécu à des bombardements, tout en aidant mon peuple en diffusant la vérité et en documentant le génocide. Je ne trouve rien de plus honorable sur terre que de défendre les droits des personnes sans défense, des personnes opprimées.

« Merci à tous les défenseurs des droits humains sur cette terre et merci pour ce prix.
« Vive la Palestine libre. »

Depuis le début de l'offensive génocidaire d'Israël à Gaza, Bisan Owda documente le quotidien des Palestinien·nes. Avec 4,8 millions d'abonnés sur Instagram (@wizard_bisan1) et plus de 1,2 million de followers TikTok, ses vidéos ont un impact significatif à l'échelle mondiale, mettant en lumière la résilience et la force d'un peuple confronté à la violence génocidaire et la catastrophe humanitaire qui l'accompagne.

Bisan a poursuivi son travail malgré le fait que la guerre contre Gaza ait été reconnue par les Nations unies dès le mois de février comme étant « le conflit le plus meurtrier et le plus dangereux pour les journalistes de l'histoire récente ». À ce jour, au moins 138 journalistes ont été assassiné·es, ce qui correspond à 10% d'entre elles et eux.

« Tous les journalistes de Gaza »

Le fait que les forces israéliennes prennent délibérément pour cible et tuent des journalistes et des membres de la presse constitue un crime de guerre au regard du droit humanitaire international. Malgré ces violations manifestes, aucun·e de leurs auteur·ices n'a eu à répondre de ses actes à ce jour et les journalistes continuent d'être pris·es pour cible en toute impunité.

Mais outre les meurtres de journalistes à Gaza, la presse est aussi entravée par l'empêchement par Israël aux journalistes internationaux de se rendre dans l'enclave Palestinienne, et les pressions politiques observées partout dans le monde pour imposer un narratif biaisé de la situation.

« Dans un contexte mondial de plus en plus marqué par la désinformation, où le journalisme s'est répandu sur de nouvelles plateformes et où les préjugés sont enracinés dans les reportages des principaux médias, la nécessité de défendre la liberté d'expression et d'opinion n'a jamais été aussi cruciale. Les prix rendent hommage à ceux qui ont risqué leur vie pour garantir et défendre l'intégrité du journalisme, en protégeant la liberté d'une information indépendante, » explique Amnesty dans sa déclaration.

Outre les quatre journalistes nommés, le prix est décerné à « tous les journalistes de Gaza », afin d'honorer tous et toutes les professionel·les de la presse, dont certain·es ont perdu la vie en exerçant leur métier. « Nous rendons hommage à l'extraordinaire résilience, à la bravoure et au courage des journalistes qui travaillent dans les conditions les plus périlleuses pour documenter les réalités de la crise de Gaza. »

Les prix récompense et célèbre le travail incroyable des journalistes de Gaza, leurs reportages intrépides sur le génocide, leur utilisation innovante des médias sociaux et du journalisme citoyen pour remettre en question les narratifs établis, et de leur capacité à inspirer l'actions en faveur de la justice.

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