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Comprendre la rébellion en Syrie. Entretien avec Joseph Daher

17 décembre 2024, par Joseph Daher — ,
Dans une longue interview au média Tempest, Joseph Daher, militant anticapitaliste suisse-syrien et universitaire basé en Suisse, revient sur la situation complexe dans le pays (…)

Dans une longue interview au média Tempest, Joseph Daher, militant anticapitaliste suisse-syrien et universitaire basé en Suisse, revient sur la situation complexe dans le pays et développe une approche marxiste de ses développements récents.

Tiré de Révolution permanente. Interview publiée originalement sur Tempest le 9 décembre. Nous reproduisons ici l'introduction rédigée par le média :

La rébellion en Syrie a pris le monde par surprise et a conduit à la chute de la dictature de la famille Assad, qui dirigeait la Syrie depuis que le père de Bachar al-Assad, Hafez, avait pris le pouvoir par un coup d'État, il y a 54 ans. Ni les forces militaires du régime, ni son parrain impérial, la Russie, ni son soutien régional, l'Iran, n'ont été en mesure de le défendre. Les villes contrôlées par le régime ont été libérées, des milliers de prisonniers politiques ont été sortis de ses célèbres geôles et, pour la première fois depuis des décennies, un espace s'est ouvert pour un nouveau combat en faveur d'une Syrie libre, inclusive et démocratique.

Dans le même temps, la plupart des Syriens savent qu'une telle lutte se heurte à d'énormes difficultés, à commencer par les deux principales forces rebelles, Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) et l'Armée nationale syrienne (ANS), soutenues par la Turquie. Bien qu'elles aient été le fer de lance de la victoire militaire, elles sont autoritaires et ont un passé de sectarisme religieux et ethnique. Certains militants de gauche ont affirmé sans fondement que leur rébellion avait été orchestrée par les États-Unis et Israël. D'autres ont, sans aucun esprit critique, idéalisé ces forces rebelles, estimant qu'elles ravivaient la révolution populaire, à ses premières heures, qui avait failli renverser le régime d'Assad en 2011. Ni l'un ni l'autre ne rendent compte de la dynamique complexe qui se déroule aujourd'hui en Syrie.

Dans cet entretien, réalisé dans un contexte d'évolution rapide de la situation en Syrie, Tempest interroge le socialiste syrien Joseph Daher sur le processus qui a conduit à la chute du régime d'Assad, sur les perspectives des forces progressistes et sur les défis auxquels elles sont confrontées dans leur lutte pour un pays véritablement libéré qui serve les intérêts de toutes ses communautés religieuses et de toutes les couches populaires.

Tempest : Comment les Syriens se sentent-ils après la chute du régime ?

Joseph Daher : La joie est incroyable. C'est un jour historique. La tyrannie de la famille Assad, qui dure depuis 54 ans, vient de se terminer. Nous avons vu des vidéos de manifestations populaires dans tout le pays, à Damas, Tartous, Homs, Hama, Alep, Qamichli, Suwaida, etc, mobilisant toutes les confessions religieuses et toutes les ethnies, détruisant les statues et les symboles de la famille Assad.

Bien sûr, la joie est également grande face à la libération des prisonniers politiques des prisons du régime, en particulier la prison de Sednaya, connue sous le nom d'« abattoir humain », qui enfermait 10 000 à 20 000 prisonniers. Certains d'entre eux étaient détenus depuis les années 1980. De même, les personnes qui avaient été déplacées en 2016 ou plus tôt, d'Alep et d'autres villes, ont pu retourner dans leurs maisons et leurs quartiers, et revoir leurs familles pour la première fois depuis des années.

Parallèlement, dans les premiers jours qui ont suivi l'offensive militaire, les réactions de la population ont été mitigées et confuses, reflétant la diversité des opinions politiques de la société syrienne, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Certains secteurs étaient très heureux de la conquête de ces territoires et de l'affaiblissement du régime, et maintenant de sa chute potentielle. Mais d'autres secteurs de la population craignaient, et craignent toujours, HTS et l'ANS. Ils s'inquiètent de la nature autoritaire et réactionnaire de ces forces et de leur projet politique.

Et certains s'inquiètent de ce qui se passera dans la nouvelle situation. En particulier, de larges secteurs des communautés kurdes, parmi d'autres, qui tout en se réjouissant de la chute de la dictature d'Assad, ont condamné les déplacements forcés et les assassinats de personnes perpétrés par l'ANS.

Tempest : Pouvez-vous retracer le déroulement des événements, en particulier l'avancée des rebelles, qui ont vaincu les forces militaires d'Assad et conduit à sa chute ? Que s'est-il passé ?

JD : Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) et l'Armée nationale syrienne (ANS), soutenues par la Turquie, ont lancé une campagne militaire le 27 novembre 2024 contre les forces du régime syrien, remportant des victoires éclatantes. En moins d'une semaine, le HTS et l'ANS ont pris le contrôle de la plupart des gouvernorats d'Alep et d'Idlib. Ensuite, la ville de Hama, située à 210 kilomètres au nord de Damas, est tombée aux mains du HTS et de l'ANS à la suite d'intenses affrontements militaires avec les forces du régime, appuyées par l'armée de l'air russe. Après Hama, le HTS a pris le contrôle de Homs.

Dans un premier temps, le régime syrien a envoyé des renforts à Hama et à Homs puis, avec le soutien de l'aviation russe, a bombardé les villes d'Idlib et d'Alep et leurs environs. Les 1er et 2 décembre, plus de 50 frappes aériennes ont touché Idlib, au moins quatre centres de santé, quatre écoles, deux camps de déplacés et une station d'eau. Les frappes aériennes ont déplacé plus de 48 000 personnes et ont gravement perturbé les services et l'acheminement de l'aide. Le dictateur Bachar al-Assad avait promis la défaite à ses ennemis et déclaré que « le terrorisme ne comprend que le discours de la force ». Mais son régime s'effondrait déjà de toute part.

Alors que le régime perdait ville après ville, les gouvernorats méridionaux de Suweida et de Daraa se sont libérés ; leurs forces d'opposition populaires et armées locales, distinctes du HTS et de l'ANS, ont pris le contrôle. Les forces du régime se sont ensuite retirées des villages situés à une dizaine de kilomètres de Damas et ont abandonné leurs positions dans la province de Quneitra, qui borde le plateau du Golan, occupé par Israël.

Alors que différentes forces armées de l'opposition, qui ne sont liées ni à HTS ni à l'ANS, s'approchaient de la capitale Damas, les forces du régime se sont effondrées et retirées, tandis que les manifestations et les attaques contre tous les symboles de Bachar el-Assad se multipliaient dans les différentes banlieues de Damas. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, la libération de la ville a été annoncée. Le sort exact et la localisation de Bachar el-Assad n'ont pas été connus immédiatement, mais certaines informations indiquent qu'il se trouve en Russie sous la protection de Moscou.

La chute du régime a prouvé sa faiblesse structurelle, tant sur le plan militaire qu'économique et politique. Il s'est effondré comme un château de cartes. Cela n'est guère surprenant, car il semblait évident que les soldats n'allaient pas se battre pour le régime d'Assad, compte tenu de leurs salaires et de leurs conditions de travail médiocres. Ils ont préféré fuir ou ne pas se battre plutôt que de défendre un régime pour lequel ils n'ont que très peu de sympathie, d'autant plus que beaucoup d'entre eux ont été enrôlés de force.

En parallèle de cette situation dans le sud du pays, d'autres éléments ont également émergé dans d'autres parties du pays depuis le début de l'offensive des rebelles. Tout d'abord, l'ANS a mené des attaques contre les territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord d'Alep, puis a annoncé le début d'une nouvelle offensive contre la ville de Manbij, dans le nord du pays, dominée par les FDS. Dimanche 8 décembre, avec le soutien de l'armée turque, de l'aviation et de l'artillerie, l'ANS est entrée dans la ville.

Deuxièmement, les FDS se sont emparées de la majeure partie du gouvernorat de Deir-ez-Zor, auparavant contrôlé par les forces du régime syrien et les milices pro-iraniennes, qui s'étaient retirées pour se redéployer dans d'autres régions afin de lutter contre HTS et les FDS. Les FDS ont ensuite étendu leur contrôle à de vastes zones du nord-est qui étaient auparavant sous la domination du régime.

Tempest : Qui sont les forces rebelles et en particulier les principales formations rebelles, HTS et l'ANS ? Quelles sont leur politique, leur programme et leur projet ? Que pensent d'elles les classes populaires ?

JD : La prise réussie d'Alep, de Hama, de Homs et d'autres territoires dans le cadre d'une campagne militaire menée par le HTS reflète à bien des égards l'évolution de ce mouvement sur plusieurs années, qui est devenu une organisation plus disciplinée et plus structurée, tant sur le plan politique que militaire. Il est désormais capable de produire des drones et dirige une académie militaire. HTS a pu imposer son hégémonie sur un certain nombre de groupes militaires, tant par la répression que par la cooptation au cours des dernières années. Fort de son développement, il s'est positionné pour lancer cette attaque.

HTS est devenu un acteur quasi-étatique dans les zones qu'il contrôle. Il a mis en place un gouvernement, le gouvernement syrien du salut (SSG), qui fait office d'administration civile du HTS et fournit des services à la population. Ces dernières années, le HTS et le SSG ont fait preuve d'une volonté manifeste de se présenter aux puissances régionales et internationales comme une force rationnelle afin de normaliser son autorité. Cela a notamment permis à certaines ONG de disposer de plus d'espace pour opérer dans des secteurs clés tels que l'éducation et la santé, pour lesquels le SSG manque de ressources financières et d'expertise.

Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de corruption dans les zones sous son autorité. Il a imposé son autorité par des mesures autoritaires et des actions de maintien de l'ordre. Le HTS a notamment réprimé ou limité les activités qu'il considère comme contraires à son idéologie. Par exemple, il a mis fin à plusieurs projets de soutien aux femmes, en particulier aux résidentes des camps, sous prétexte que ces projets cultivaient des idées sur l'égalité des sexes qui étaient hostiles à son idéologie. HTS a également pris pour cible et détenu des opposants politiques, des journalistes, des militants et des personnes qu'il considérait comme des détracteurs ou des ennemis.

HTS, qui est toujours considéré comme une organisation terroriste par de nombreuses puissances, y compris les États-Unis, a également essayé de donner une image plus modérée de lui-même, en essayant de les convaincre qu'il est désormais devenu un acteur rationnel et responsable. Cette évolution remonte à la rupture de ses liens avec Al-Qaïda en 2016 et au recadrage de ses objectifs politiques dans le cadre national syrien. Il a également réprimé les individus et les groupes liés à al-Qaïda et au soi-disant État islamique.

En février 2021, pour sa première interview avec un journaliste américain, son chef Abu Mohammad al-Jolani, ou Ahmed al-Sharaa (son vrai nom), a déclaré que la région qu'il contrôlait « ne représentait pas une menace pour la sécurité de l'Europe et de l'Amérique », affirmant que les zones sous son autorité ne deviendraient pas une base pour des opérations à l'étranger.

Dans cette tentative d'apparaître comme un interlocuteur légitime sur la scène internationale, il a mis l'accent sur le rôle du groupe dans la lutte contre le terrorisme. Dans le cadre de cette transformation, il a permis le retour des chrétiens et des druzes dans certaines régions et a établi des contacts avec certains dirigeants de ces communautés.

Après la prise d'Alep, HTS a continué à se présenter comme un acteur responsable. Les combattants du HTS ont par exemple immédiatement posté des vidéos devant les banques, assurant qu'ils voulaient protéger les propriétés et les biens privés. Ils ont également promis de protéger les civils et les communautés religieuses minoritaires, en particulier les chrétiens, car ils savent que le sort de cette communauté est étroitement surveillé à l'étranger.

De même, le HTS a fait de nombreuses déclarations promettant une protection similaire aux Kurdes et aux minorités islamiques telles que les Ismaéliens et les Druzes. Il a également publié une déclaration concernant les alaouites, les appelant à rompre avec le régime, sans toutefois suggérer que le HTS les protégerait ou dire quoi que ce soit de clair sur leur avenir. Dans cette déclaration, le HTS décrit la communauté alaouite comme un instrument du régime contre le peuple syrien.

Enfin, le chef du HTS, Abu Mohammed al-Jolani, a déclaré que la ville d'Alep serait gérée par une autorité locale et que toutes les forces militaires, y compris celles du HTS, se retireraient complètement de la ville dans les semaines à venir. Il est clair qu'al-Jolani souhaite s'engager activement auprès des puissances locales, régionales et internationales.

Toutefois, la question de savoir si HTS donnera suite à ces déclarations reste ouverte. L'organisation s'est montrée autoritaire et réactionnaire, avec une idéologie fondamentaliste islamique, et compte toujours des combattants étrangers dans ses rangs. Ces dernières années, de nombreuses manifestations populaires ont eu lieu à Idlib pour dénoncer son régime et les violations des libertés politiques et des droits de l'homme, notamment les assassinats et la torture des opposants.

Il ne suffit pas de tolérer les minorités religieuses ou ethniques ou de les autoriser à prier. L'essentiel est de reconnaître leurs droits en tant que citoyens égaux participant à la prise de décision sur l'avenir du pays. Plus généralement, les déclarations du chef du HTS, al-Jolani, ne sont absolument pas rassurantes, bien au contraire. Comme celle-ci : « Les personnes qui craignent la gouvernance islamique en ont vu des applications incorrectes ou ne la comprennent pas correctement »,

En ce qui concerne l'ANS, soutenue par la Turquie, il s'agit d'une coalition de groupes armés dont la plupart défendent des politiques islamiques conservatrices. Elle a une très mauvaise réputation et est coupable de nombreuses violations des droits de l'homme, en particulier à l'encontre des populations kurdes dans les zones qu'elle contrôle. L'ANS a notamment participé à la campagne militaire menée par la Turquie pour occuper Afrin en 2018, entraînant le déplacement forcé d'environ 150 000 civils, en grande majorité des Kurdes.

Dans la campagne militaire actuelle, une fois de plus, l'ANS sert principalement les objectifs turcs en ciblant les zones contrôlées par les Forces de défense syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes et où vivent beaucoup de communautés kurdes. L'ANS a, par exemple, capturé la ville de Tal Rifaat et la zone de Shahba dans le nord d'Alep, auparavant sous la gouvernance des FDS, entraînant le déplacement forcé de plus de 150 000 civils et violant à de nombreuses reprises les droits de l'homme contre les individus kurdes, en pratiquant même des assassinats et des enlèvements. L'ANS a ensuite annoncé qu'elle lançait une offensive militaire, soutenue par l'armée turque, sur la ville de Manbij, où vivent 100 000 civils et qui est contrôlée par les FDS.

Il existe donc des différences entre le HTS et l'ANS. Le HTS jouit d'une autonomie relative vis-à-vis de la Turquie, contrairement à l'ANS, qui est contrôlé par la Turquie et sert ses intérêts. Les deux forces sont différentes, poursuivent des objectifs distincts et ont des conflits entre elles, bien que ceux-ci soient pour l'instant tenus secrets. Par exemple, les HTS ne cherchent actuellement pas à affronter les FDS. En outre, l'ANS a publié une déclaration critique à l'encontre du HTS pour son « comportement agressif » à l'égard des membres de l'ANS, tandis que le HTS aurait accusé les combattants de l'ANS d'avoir commis des pillages.

Tempest : Pour beaucoup de ceux qui n'ont pas suivi l'évolution de la Syrie, cette affaire est tombée du ciel. Quelles sont les racines de cette situation dans la révolution, la contre-révolution et la guerre civile en Syrie ? Que s'est-il passé à l'intérieur du pays au cours de la période récente qui a déclenché l'offensive militaire ? Quelles sont les dynamiques régionales et internationales qui ont ouvert la voie aux avancées des rebelles ?

JD : Initialement, HTS a lancé sa campagne militaire en réaction à l'escalade des attaques et des bombardements du régime d'Assad et de la Russie sur son territoire du nord-ouest. Elle visait également à reprendre des zones conquises par le régime, en violation des zones de désescalade convenues dans l'accord de mars 2020, négocié par Moscou et Téhéran. Toutefois, forts de leur succès surprenant, leurs ambitions ont grandi et ils ont appelé ouvertement au renversement du régime, ce qu'ils ont désormais accompli avec l'aide d'autres groupes.

Le succès du HTS et de l'ANS s'explique par l'affaiblissement des principaux alliés du régime. La Russie, principal sponsor international d'Assad, a détourné ses forces et ses ressources vers sa guerre impérialiste contre l'Ukraine. En conséquence, son implication en Syrie a été nettement plus limitée que lors des opérations militaires similaires qu'elle a menées au cours des années précédentes.

Ses deux autres alliés clés, le Hezbollah libanais et l'Iran, ont été considérablement affaiblis par Israël depuis le 7 octobre 2023. Tel-Aviv a assassiné les dirigeants du Hezbollah, dont Hassan Nasrallah, a décimé ses cadres lors de l'explosion des bipeurs et a bombardé ses forces au Liban. Le Hezbollah est sans aucun doute confronté à son plus grand défi depuis sa création. Israël a également lancé des vagues de frappes contre l'Iran, exposant ses faiblesses. Il a également intensifié les bombardements des positions iraniennes et du Hezbollah en Syrie au cours des derniers mois.

Avec ses principaux soutiens occupés ailleurs et affaiblis, la dictature d'Assad se trouvait dans une position vulnérable. En raison de toutes ses faiblesses structurelles, du manque de soutien de la population sous son joug, du manque de fiabilité de ses propres troupes et de l'absence de soutien international et régional, [le régime Assad] s'est avéré incapable de résister à l'avancée des forces rebelles, ville après ville, et son autorité s'est effondrée comme un château de cartes.

Tempest : Comment les alliés du régime ont-ils réagi dans un premier temps ? Quels sont leurs intérêts en Syrie ?

JD : La Russie et l'Iran se sont d'abord engagés à soutenir le régime et à faire pression sur lui pour qu'il combatte le HTS et l'ANS. Dans les premiers jours de l'offensive, la Russie a appelé le régime syrien à se ressaisir et à « remettre de l'ordre à Alep », ce qui semble indiquer qu'elle comptait sur une contre-attaque de Damas.

L'Iran a appelé à une « coordination » avec Moscou face à cette offensive. L'Iran a affirmé que les États-Unis et Israël étaient derrière l'offensive des rebelles contre le régime syrien qu'il considère comme une tentative de le déstabiliser et de détourner l'attention de la guerre d'Israël en Palestine et au Liban. Les responsables iraniens ont déclaré leur soutien total au régime syrien et ont confirmé leur intention de maintenir et même d'accroître la présence de leurs « conseillers militaires » en Syrie pour soutenir l'armée syrienne. Téhéran a également promis de fournir des missiles et des drones au régime syrien et même de déployer ses propres troupes.

Mais cela n'a manifestement pas fonctionné. Malgré les bombardements russes sur les zones échappant au contrôle du régime, l'avancée des rebelles n'a pas été stoppée.

Les deux puissances ont beaucoup à perdre en Syrie. Pour l'Iran, la Syrie est cruciale pour le transfert d'armes et la coordination logistique avec le Hezbollah. Avant la chute du régime, le bruit courait que le parti libanais avait envoyé un petit nombre de « forces de supervision » à Homs afin d'aider les forces militaires du régime et 2000 soldats dans la ville de Qusayr, l'un de ses bastions en Syrie près de la frontière avec le Liban, pour la défendre en cas d'attaque des rebelles. Dans sa chute, le régime a retiré ses forces.

Du côté de la Russie, la base aérienne russe de Hmeimim, dans la province syrienne de Lattaquié, et son installation navale de Tartous, sur la côte, ont été des sites importants lui permettant d'affirmer son poids géopolitique au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afrique. La perte de ces bases compromettrait le statut de la Russie, car son intervention en Syrie a été utilisée comme un exemple de la manière dont elle peut utiliser la force militaire pour influencer les événements à l'extérieur de ses frontières et rivaliser avec les États occidentaux.

Tempest : Quel rôle les autres puissances régionales et impériales, en particulier la Turquie, Israël et les États-Unis, ont-elles joué dans ce scénario ? Quelles sont leurs ambitions dans cette situation ?

JD : Malgré la normalisation de la Turquie avec la Syrie, Ankara s'est sentie frustrée par Damas. Elle a donc encouragé l'offensive militaire, ou du moins lui a donné le feu vert, et l'a aidée d'une manière ou d'une autre. L'objectif d'Ankara était initialement d'améliorer sa position dans les futures négociations avec le régime syrien, mais aussi avec l'Iran et la Russie.

Aujourd'hui, avec la chute du régime, l'influence de la Turquie est encore plus importante en Syrie et en fait probablement l'acteur régional clé dans le pays. Ankara cherche également à utiliser l'ANS pour affaiblir les FDS, qui sont dominées par la branche armée du parti kurde PYD, une organisation sœur du parti kurde turc PKK, désigné comme terroriste par Ankara, les États-Unis et l'Union européenne.

La Turquie a deux autres objectifs principaux. Tout d'abord, elle souhaite procéder au retour forcé en Syrie des réfugiés syriens se trouvant en Turquie. Deuxièmement, elle veut nier les aspirations kurdes à l'autonomie et plus particulièrement saper l'administration dirigée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, l'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES, également appelée Rojava), ce qui créerait un précédent pour l'autodétermination kurde en Turquie, une menace pour le régime tel qu'il est actuellement constitué.

Ni les États-Unis ni Israël n'ont joué un rôle dans ces événements. En fait, c'est le contraire qui s'est produit. Les États-Unis craignaient que le renversement du régime ne crée davantage d'instabilité dans la région. Les responsables américains ont d'abord déclaré que « le refus persistant du régime Assad de s'engager dans le processus politique décrit dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations-Unies et sa dépendance à l'égard de la Russie et de l'Iran sont à l'origine de la situation actuelle, y compris de l'effondrement des lignes du régime Assad dans le nord-ouest de la Syrie ».

La Maison Blanche a également déclaré qu'elle n'avait « rien à voir avec cette offensive, qui est dirigée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), une organisation caractérisée comme terroriste ». Après une visite en Turquie, le secrétaire d'État Antony Blinken a appellé à la désescalade en Syrie. Après la chute du régime, les responsables américains ont déclaré qu'ils maintiendraient leur présence dans l'est de la Syrie, soit environ 900 soldats, et qu'ils prendraient les mesures nécessaires pour empêcher une résurgence de l'État islamique.

De leur côté, les responsables israéliens ont déclaréque « l'effondrement du régime d'Assad créerait probablement une situation chaotique qui pourrait permettre à des menaces militaires contre Israël de se développer. » De plus, Israël n'a jamais vraiment soutenu le renversement du régime syrien depuis la révolution avortée de 2011. En juillet 2018, M. Netanyahou ne s'est pas opposé à ce qu'Assad reprenne le contrôle du pays et stabilise son pouvoir.

Netanyahou a déclaré qu'Israëln'agirait que contre les menaces ouvertes, telles que les forces et l'influence de l'Iran et du Hezbollah, expliquant : « Nous n'avons pas eu de problème avec le régime d'Assad, pendant 40 ans, pas une seule balle n'a été tirée sur le plateau du Golan ». Quelques heures après l'annonce de la chute du régime, l'armée d'occupation israélienne a pris le contrôle de la partie syrienne du mont Hermon, sur le plateau du Golan, afin d'empêcher les rebelles de s'emparer de la zone, ce dimanche. Auparavant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait ordonné à l'armée d'occupation israélienne de « prendre le contrôle » de la zone tampon du Golan et des « positions stratégiques adjacentes ».

Tempest : De nombreux militants ont pris une nouvelle fois la défense d'Assad, affirmant cette fois qu'une défaite d'Assad serait un revers pour la lutte de libération palestinienne. Que pensez-vous de cet argument ? Qu'est-ce que cela signifie pour la Palestine ?

JD : Oui, les militants ont affirmé que cette offensive militaire était menée par « Al-Qaïda et d'autres terroristes » et qu'il s'agissait d'un complot impérialiste occidental contre le régime syrien visant à affaiblir le soi-disant « axe de la résistance » dirigé par l'Iran et le Hezbollah. Étant donné que cet axe prétend soutenir les Palestiniens, les militants affirment que la chute d'Assad l'affaiblit et, par conséquent, sape la lutte pour la libération de la Palestine.

En plus d'ignorer tout du rôle des acteurs locaux syriens, le principal problème de l'argument avancé par les partisans de ce qu'on appelle « l'axe de la résistance » est qu'ils supposent que la libération de la Palestine viendra d'en haut, de ces États ou d'autres forces, indépendamment de leur nature réactionnaire et autoritaire, et de leurs politiques économiques néolibérales. Cette stratégie a échoué par le passé et continuera à échouer aujourd'hui. En fait, au lieu de faire progresser la lutte pour la libération de la Palestine, les États autoritaires et despotiques du Moyen-Orient, qu'ils soient alignés sur l'Occident ou opposés à lui, ont à maintes reprises trahi les Palestiniens et les ont même réprimés.

De plus, les campistes ignorent que les principaux objectifs de l'Iran et de la Syrie ne sont pas la libération de la Palestine, mais la préservation de leurs États et de leurs intérêts économiques et géopolitiques. Ils les feront passer avant la Palestine à chaque fois. La Syrie, en particulier, comme Netanyahu l'a clairement indiqué dans la citation que je viens de citer, n'a pas levé le petit doigt contre Israël depuis des décennies.

Pour sa part, l'Iran a soutenu la cause palestinienne de manière rhétorique et a financé le Hamas. Mais depuis le 7 octobre 2023, son principal objectif est d'améliorer sa position dans la région afin d'être dans la meilleure position pour de futures négociations politiques et économiques avec les Etats-Unis. L'Iran souhaite garantir ses intérêts politiques et sécuritaires et a donc tenu à éviter toute guerre directe avec Israël.

Son principal objectif géopolitique vis-à-vis des Palestiniens n'est pas de les libérer, mais de les utiliser comme levier, notamment dans ses relations avec les Etats-Unis. De même, la réponse passive de l'Iran à l'assassinat de Nasrallah par Israël, à la décimation des cadres du Hezbollah et à sa guerre brutale contre le Liban, démontre que sa première priorité est de se protéger et de protéger ses intérêts. Il n'était pas disposé à les sacrifier et à prendre la défense de son principal allié non étatique.

L'Iran s'est révélé être, au mieux, un allié inconstant du Hamas. Il a réduit son financement au Hamas lorsque leurs intérêts ne coïncidaient pas. Il a réduit son aide financière au Hamas après la révolution syrienne de 2011, lorsque le mouvement palestinien a refusé de soutenir la répression meurtrière du régime syrien à l'encontre des manifestants syriens.

Dans le cas du régime syrien, l'argument contre son prétendu soutien à la Palestine est imparable. Il n'a pas pris la défense de la Palestine au cours de la dernière année de guerre génocidaire d'Israël. Malgré les bombardements israéliens sur la Syrie, avant et après le 7 octobre, le régime n'a pas réagi. Cette attitude est conforme à la politique menée par le régime depuis 1974, qui consiste à éviter toute confrontation significative et directe avec Israël.

En outre, le régime a réprimé à plusieurs reprises les Palestiniens en Syrie, notamment en tuant plusieurs milliers d'entre eux depuis 2011 et en détruisant le camp de réfugiés de Yarmouk à Damas. Il s'est également attaqué au mouvement national palestinien lui-même. Par exemple, en 1976, Hafez al-Assad, père de son héritier et dictateur déchu Bachar al-Assad, est intervenu au Liban et a soutenu les partis libanais d'extrême droite contre les organisations palestiniennes et libanaises de gauche.

Il a également mené des opérations militaires contre des camps palestiniens à Beyrouth en 1985 et 1986. En 1990, environ 2 500 prisonniers politiques palestiniens étaient détenus dans des prisons syriennes.

Compte tenu de cette histoire, le mouvement de solidarité avec la Palestine commet une erreur en défendant et en s'alignant sur des États impérialistes ou sous-impérialistes qui font passer leurs intérêts avant la solidarité avec la Palestine, rivalisent pour obtenir des gains géopolitiques et exploitent les travailleurs et les ressources de leurs pays. Bien sûr, l'impérialisme américain reste le principal ennemi de la région avec sa longue histoire de guerres, de pillages et de domination politique.

Mais il est absurde de considérer les puissances régionales réactionnaires et d'autres États impérialistes comme la Russie ou la Chine comme des alliés de la Palestine ou de son mouvement de solidarité. Il n'y a tout simplement aucune preuve pour étayer cette position. Choisir un impérialisme plutôt qu'un autre, c'est garantir la stabilité du système capitaliste et l'exploitation des classes populaires. De même, soutenir des régimes autoritaires et despotiques dans la poursuite de l'objectif de libération de la Palestine est non seulement moralement erroné, mais s'est également avéré être une stratégie vouée à l'échec.

Au contraire, le mouvement de solidarité palestinien doit considérer que la libération de la Palestine est liée non pas aux États de la région, mais à la libération de ses classes populaires. Celles-ci s'identifient à la Palestine et considèrent que leurs propres combats pour la démocratie et l'égalité sont intimement liés à la lutte de libération des Palestiniens. Lorsque les Palestiniens se battent, cela tend à déclencher le mouvement régional de libération, et le mouvement régional se répercute sur celui de la Palestine occupée.

Ces luttes sont dialectiquement liées ; ce sont des luttes mutuelles pour la libération collective. Le ministre israélien d'extrême droite Avigdor Lieberman a reconnu le danger que les soulèvements populaires régionaux représentaient pour Israël en 2011 lorsqu'il a déclaré que la révolution égyptienne qui a renversé Hosni Moubarak et ouvert la voie à une période d'ouverture démocratique dans le pays constituait une plus grande menace pour Israël que l'Iran.

Il ne s'agit pas de nier le droit de résistance des Palestiniens et des Libanais aux guerres brutales d'Israël, mais de comprendre que la révolte unie des classes populaires palestiniennes et régionales a le pouvoir de transformer l'ensemble du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, en renversant les régimes autoritaires et en expulsant les États-Unis et les autres puissances impérialistes. La solidarité internationale anti-impérialiste avec la Palestine et les classes populaires de la région est essentielle, car elles sont confrontées non seulement à Israël et aux régimes réactionnaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, mais aussi à leurs soutiens impérialistes.

La tâche principale du mouvement de solidarité avec la Palestine, en particulier en Occident, est de dénoncer le rôle complice de nos classes dirigeantes qui soutiennent non seulement l'État d'apartheid, raciste et colonial, d'Israël et sa guerre génocidaire contre les Palestiniens, mais aussi les attaques d'Israël contre d'autres pays de la région, tels que le Liban. Le mouvement doit faire pression sur ces classes dirigeantes pour qu'elles rompent toute relation politique, économique et militaire avec Tel-Aviv.

De cette manière, le mouvement de solidarité peut remettre en question et affaiblir le soutien international et régional à Israël, ouvrant l'espace pour que les Palestiniens se libèrent avec les classes populaires de la région.

Tempest : L'avancée des rebelles en Syrie va-t-elle permettre aux forces progressistes de relancer la lutte révolutionnaire et d'offrir une alternative au régime et au fondamentalisme islamique ?

JD : Il n'y a pas de réponse évidente, surtout des interrogations. La lutte par en bas et l'auto-organisation seront-elles possibles dans les zones où le régime a été chassé ? Les organisations de la société civile (non pas au sens étroit d'ONG, mais au sens gramscien de formations de masse populaires en dehors de l'État) et les structures politiques qui pourraient mener des politiques démocratiques et progressistes, seront-elles en mesure de s'établir, de s'organiser et de constituer une alternative politique et sociale au HTS et au SNA ? L'étirement des forces du HTS et de l'ANS permettra-t-il de s'organiser au niveau local ?

Telles sont les questions clés qui, à mon avis, n'ont pas de réponses claires. Si l'on examine les politiques du HTS et de l'ANS dans le passé, on constate qu'elles n'ont pas encouragé le développement d'un espace démocratique, bien au contraire. Elles ont été autoritaires. Aucune confiance ne devrait être accordée à de telles forces. Seule l'auto-organisation des classes populaires luttant pour des revendications démocratiques et progressistes créera cet espace et ouvrira la voie à une véritable libération. Pour cela, il faudra surmonter de nombreux obstacles, de la fatigue de la guerre à la répression, en passant par la pauvreté et la dislocation sociale.

Le principal obstacle a été, est et sera les acteurs autoritaires, auparavant le régime, mais maintenant une grande partie des forces d'opposition, en particulier le HTS et l'ANS ; leur domination et les affrontements militaires entre eux ont étouffé l'espace qui aurait pu permettre aux forces démocratiques et progressistes de déterminer démocratiquement leur avenir. Même dans les zones libérées du contrôle du régime, nous n'avons pas encore assisté à des campagnes populaires de résistance démocratique et progressiste. Et là où l'ANS a conquis des zones kurdes, il a violé les droits des Kurdes, les a réprimés par la violence et a déplacé de force un grand nombre d'entre eux.

Nous devons nous rendre à l'évidence : l'absence d'un bloc démocratique et progressiste indépendant capable de s'organiser et de s'opposer clairement au régime syrien et aux forces fondamentalistes islamiques est criante. La construction de ce bloc prendra du temps. Il devra combiner les luttes contre l'autocratie, l'exploitation et toutes les formes d'oppression. Il devra porter les revendications de démocratie, d'égalité, d'autodétermination kurde et de libération des femmes afin de créer une solidarité entre les exploités et les opprimés du pays.

Pour faire avancer ces revendications, ce bloc progressiste devra construire et reconstruire des organisations populaires, des syndicats aux organisations féministes, en passant par les organisations communautaires, et des structures nationales pour les rassembler. Cela nécessitera une collaboration entre les acteurs démocratiques et progressistes de l'ensemble de la société.

Ceci dit, il y a de l'espoir, alors que la dynamique clé était initialement militaire et menée par le HTS et l'ANS, ces derniers jours, nous avons vu des manifestations populaires grandissantes et des gens qui sortent dans les rues à travers le pays. Ils ne suivent pas les ordres du HTS, de l'ANS ou d'autres groupes d'opposition armés. Il y a maintenant un espace, avec ses contradictions et ses défis comme mentionné ci-dessus, pour que les Syriens essaient de reconstruire une résistance populaire civile à partir de la base et des structures alternatives de pouvoir.

En outre, l'une des tâches essentielles consistera à s'attaquer à la principale division ethnique du pays, celle entre les Arabes et les Kurdes. Les forces progressistes doivent mener une lutte claire contre le chauvinisme arabe afin de surmonter cette division et de forger une solidarité entre ces populations. Il s'agit d'un défi qui se pose depuis le début de la révolution syrienne en 2011 et qui devra être affronté et résolu de manière progressiste pour que le peuple syrien soit réellement libéré.

Il est absolument nécessaire de revenir aux aspirations initiales de la révolution syrienne en matière de démocratie, de justice sociale et d'égalité, tout en respectant l'autodétermination kurde. Si le PYD kurde peut être critiqué pour ses erreurs et son mode de gouvernement, il n'est pas le principal obstacle à une telle solidarité entre Kurdes et Arabes. Il s'agit des positions et des politiques belliqueuses et chauvines des forces d'opposition arabes en Syrie - à commencer par la Coalition nationale syrienne, dominée par les Arabes, suivie par la Coalition nationale des forces révolutionnaires et d'opposition syriennes, les principaux organes d'opposition en exil soutenus par l'Occident et les pays de la région, qui ont tenté de diriger la révolution syrienne dans ses premières années - et aujourd'hui celles des deux principales forces militaires, le HTS et l'ANS.
Dans ce contexte, les forces progressistes doivent poursuivre la collaboration entre les Arabes syriens et les Kurdes, y compris l'AANES. Le projet AANES et ses institutions politiques représentent de larges pans de la population kurde et l'ont protégée contre diverses menaces locales et extérieures.

Cela dit, il a lui aussi des défauts et ne doit pas être soutenu sans critique. Le PYD et AANES ont eu recours à la force et à la répression contre les militants politiques et les groupes qui contestaient leur pouvoir. Ils ont également violé les droits de l'homme des civils. Néanmoins, ils ont obtenu des résultats importants, notamment en augmentant la participation des femmes à tous les niveaux de la société, en codifiant des lois laïques et en incluant davantage les minorités religieuses et ethniques. Toutefois, sur les questions socio-économiques, ils n'ont pas rompu avec le capitalisme et n'ont pas répondu de manière adéquate aux demandes des classes populaires.

Quelles que soient les critiques que les progressistes peuvent adresser au PYD et à l'AANES, nous devons rejeter et nous opposer aux descriptions chauvines arabes qui les qualifient de « diable » et de projet ethno-nationaliste « séparatiste ». Mais en rejetant ce sectarisme, nous ne devons pas idéaliser l'AANES sans esprit critique, comme l'ont fait certains anarchistes et gauchistes occidentaux, en la présentant à tort comme une nouvelle forme de pouvoir démocratique par en bas.

Il y a déjà eu une certaine collaboration entre les démocrates et les progressistes arabes syriens et l'AANES et les institutions qui y sont liées, et il faut la développer et l'étendre. Mais, comme dans tout type de collaboration, celle-ci ne doit pas se faire sans esprit critique.

S'il est important de rappeler à tous que le régime de Bachar al-Assad et ses alliés sont les premiers responsables du massacre de centaines de milliers de civils, des destructions massives, de l'appauvrissement croissant et de la situation actuelle en Syrie, l'objectif de la révolution syrienne va au-delà de ce que le chef de HTS, al-Jolani, affirme dans son interview avec CNN. Il ne s'agit pas seulement de renverser ce régime, mais de construire une société démocratique et égalitaire où les groupes opprimés jouissent de droits complets. Sinon, nous ne ferons que remplacer un mal par un autre.

Tempest : Quel sera l'impact de la chute du régime sur la région et les puissances impériales ? Quelle position la gauche internationale devrait-elle adopter dans cette situation ?

JD : Après la chute du régime, le chef du HTS, M. al-Jolani, a déclaré que les institutions de l'État syrien seraient supervisées par le premier ministre de l'ancien régime, M. Mohammed Jalali, jusqu'à ce qu'elles soient remises à un nouveau gouvernement doté des pleins pouvoirs exécutifs, à la suite d'élections, ce qui témoigne des efforts déployés pour assurer une transition ordonnée. Le ministre syrien des télécommunications, Eyad al-Khatib, a accepté de collaborer avec les représentants du HTS pour garantir la continuité des télécommunications et d'internet.

Ces éléments indiquent clairement que le HTS souhaite procéder à une transition contrôlée du pouvoir afin d'apaiser les craintes des pays étrangers, d'établir des contacts avec les puissances régionales et internationales et d'être reconnu comme une force légitime avec laquelle il est possible de négocier. Un obstacle à cette normalisation est le fait que le HTS est toujours considéré comme une organisation terroriste, alors que la Syrie fait l'objet de sanctions.

Il faut donc s'attendre à une période d'instabilité dans le pays. À Damas, le lendemain de la chute du régime, on a pu observer un certain chaos dans les rues, la banque centrale ayant par exemple été pillée.

Il est encore difficile de dire quel sera l'impact de la chute du régime sur les puissances régionales et impériales. Pour les États-Unis et les pays occidentaux, l'objectif principal est désormais de limiter les dégâts afin d'éviter que le chaos ne s'étende à la région. Les États de la région ne sont manifestement pas satisfaits de la situation actuelle, alors qu'ils avaient entamé un processus de normalisation avec le régime au cours des dernières années. Quant à la Turquie, son principal objectif sera de consolider son pouvoir et son influence en Syrie et de se débarrasser de l'AANES dirigée par les Kurdes dans le nord-est. Le chef de la diplomatie turque a d'ailleurs déclaré dimanche que l'État turc était en contact avec les rebelles en Syrie pour s'assurer que l'État islamique et surtout le « PKK » ne profitent pas de la chute du régime de Damas pour étendre leur influence.

Les différentes puissances ont cependant un objectif commun : imposer une forme de stabilité autoritaire en Syrie et dans la région. Cela ne signifie évidemment qu'il existe une unité de vues entre les puissances régionales et impériales. Elles ont chacune leurs propres intérêts, souvent antagonistes, mais elles ne veulent pas de la déstabilisation du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, surtout pas d'une instabilité qui perturberait l'acheminement du pétrole pour le capitalisme mondial.

La gauche internationale ne doit pas se ranger du côté des restes du régime ou des forces locales, régionales et internationales de la contre-révolution. Au contraire, la boussole politique des révolutionnaires devrait être le principe de solidarité avec les luttes populaires et progressistes par en bas. Cela signifie qu'il faut soutenir les groupes et les individus qui s'organisent et luttent pour une Syrie progressiste et inclusive et construire une solidarité entre eux et les classes populaires de la région.

Dans un contexte instable en Syrie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous devons éviter le double piège du romantisme et du défaitisme. Au contraire, nous devons poursuivre une stratégie de solidarité critique, progressiste et internationale entre les forces populaires de la région et du monde entier. Il s'agit là d'une tâche et d'une responsabilité cruciales de la gauche, en particulier en ces temps très complexes.

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Contre la bouc−émissarisation des immigrant·es

17 décembre 2024, par À Bâbord ! — , ,
Annonce d'un moratoire sur l'immigration au Québec, virage du Parti libéral du Canada et du gouvernement fédéral sur les seuils d'accueil, débats sur l'adhésion (ou (…)

Annonce d'un moratoire sur l'immigration au Québec, virage du Parti libéral du Canada et du gouvernement fédéral sur les seuils d'accueil, débats sur l'adhésion (ou non-adhésion) aux « valeurs de la société québécoise ». C'est acté : l'immigration s'enligne pour être l'un des grands sujets des campagnes électorales canadiennes et québécoises.

Éditorial du numéro 102 par le Collectif de la revue A babord !

Accueilli·es à bras ouverts pendant la pandémie, les immigrant·es sont désormais les boucs émissaires systématiques de la droite et de leurs soutiens. De la crise du logement au déclin du français, en passant par la laïcité, les accusations ne cessent de s'accumuler au Québec. L'hostilité d'une partie du champ politique à l'égard des personnes immigrées suscite les propositions les plus électoralistes, les plus absurdes et déshumanisantes, comme le démontre l'intention du Parti Québécois de miser sur la robotisation pour les remplacer.

Alors que l'inflation détériore le niveau de vie des Québécois·es, on tente aussi d'opposer les classes populaires aux immigrant·es en agitant la menace qu'iels représenteraient sur l'État-providence. Le filet social ou l'immigration : un dilemme fallacieux et dangereux qui est largement utilisé dans les pays scandinaves par l'extrême droite.

Évidemment, il ne s'agit pas de parler de tous les immigrant·es. Il ne s'agit pas de remettre en cause l'exploitation des travailleur·euses temporaires et précaires, comme dans le secteur agricole, qui sont pieds et poings liés à leurs employeurs. Il semble aussi évident que la droite porte un regard différent sur l'immigration en fonction du pays, de la couleur de peau ou de la religion.

Notons ici l'ironie de vouloir restreindre ainsi l'immigration lorsque la construction de l'État canadien et québécois repose sur l'accaparement et la colonisation des territoires autochtones non cédés. Pour reprendre le fameux slogan altermondialiste : « Personne n'est illégal sur les territoires volés ». Sans surprise, de telles réflexions sont absentes dans les grands médias.

Ce climat xénophobe et raciste joue une double fonction. D'une part, il permet d'intimider et de menacer les personnes concernées en les dissuadant de s'organiser et de répliquer. Et d'autre part, il permet à de plus en plus de personnes de se sentir à l'aise d'exprimer des idées discriminatoires et nauséabondes.

Face à cette situation, la réponse des partis et organisations de gauche demeure insatisfaisante. Certes, on continue à souligner le rôle positif que l'immigration joue dans le fonctionnement des services publics et de l'économie québécoise en général. On la promeut comme un moyen de dynamiser les régions et on rappelle qu'elle comble les emplois que les Québécois·es ne souhaitent pas occuper. Mais là encore, les immigrant·es restent considéré·es en tant que variables d'ajustement économique et non comme des personnes qui ont des désirs, des rêves et des projets de vie.

Côté syndicats, une certaine vision réductionniste, consistant à voir le syndicalisme comme une sorte de compagnie d'assurance des travailleur·euses et non comme une force politique plus ambitieuse, empêchent plusieurs organisations de prendre des positions plus fortes sur ces enjeux. Comme si défendre d'autres causes, et leur attribuer des ressources et du temps, était incompatible avec la défense des intérêts de leurs membres.

À l'heure des bouleversements climatiques, de la montée des idées d'extrême droite et des ravages accrus du capitalisme, il est plus urgent que jamais de raviver les idéaux internationalistes et humanistes consistant à ne pas traiter autrui comme un simple objet mais comme un véritable sujet.

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Lettre ouverte du RCCQ : Ensemble pour la reconnaissance du droit à l’alimentation au Québec

17 décembre 2024, par Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) — , ,
En cette Journée internationale des droits humains, Ensemble pour la reconnaissance du droit à l'alimentation au Québec. De Regroupement des cuisines , le 2024-12-09 09:15 (…)

En cette Journée internationale des droits humains, Ensemble pour la reconnaissance du droit à l'alimentation au Québec.

De Regroupement des cuisines , le 2024-12-09 09:15

En ce 10 décembre, la Journée internationale des droits humains nous invite à réfléchir sur l'importance de garantir à toutes et tous des conditions de vie dignes et justes. Alors que notre monde est confronté à des crises profondes — économiques, sociales et environnementales —, il devient impératif de considérer les droits humains comme un ensemble indissociable et interdépendant.

L'enjeu actuel de l'insécurité alimentaire croissante nous amène à nous pencher sur un droit plus spécifique, le droit à l'alimentation.

Ce droit, bien qu'essentiel, ne peut être pleinement garanti sans la reconnaissance et la protection d'autres droits fondamentaux. L'accès à une nourriture suffisante et saine repose sur un logement stable pour préparer et conserver les aliments, sur un revenu décent pour en assurer l'achat, sur un environnement sain pour maintenir la production agricole, et sur des soins de santé accessibles pour en préserver les bienfaits. Ces droits se soutiennent mutuellement : lorsque l'un vacille, tous sont fragilisés.

En cette journée de réflexion et de mobilisation, nous devons regarder notre société en face et admettre que ces droits, pourtant reconnus universellement, ne sont pas une réalité pour une grande partie de la population. Les inégalités économiques et les injustices
environnementales creusent des fossés qui menacent le bien-être individuel et collectif. Trop de personnes vivent dans l'insécurité alimentaire, non par manque de ressources, mais en raison de systèmes sociaux et économiques qui les laissent pour compte.

Garantir le droit à l'alimentation ne se limite pas à offrir de la nourriture ; cela implique de transformer nos politiques publiques pour répondre aux besoins fondamentaux de toutes et tous. Cela signifie investir dans des logements abordables et adaptés, assurer l'accès à une éducation gratuite et de qualité, rehausser les revenus, protéger les écosystèmes et soutenir des systèmes alimentaires durables au bénéfice de nos territoires et des personnes qui y habitent.

Les droits humains ne sont pas des concepts abstraits : ils sont la base sur laquelle nous pouvons bâtir un avenir plus juste. Les respecter et les promouvoir, c'est poser les fondations d'une société où toute personne peut vivre dans la dignité, sans avoir à choisir entre se nourrir, se loger, s'instruire ou se soigner.

En cette Journée internationale des droits humains, rappelons-nous que chaque droit compte, mais que c'est leur interdépendance qui les rend si puissants. Ensemble, agissons pour faire de ces droits une réalité pour toutes et tous, ici et ailleurs.

Signataires (par catégories) :

Milieu académique

* Laurence Guillaumie, Professeure, Université Laval, Membre de l'INAF
et du Regroupement des chercheur.es SAT

* Malek Batal, PhD, FRSC, FCAHS. Professeur et titulaire de la Chaire de
recherche du Canada sur les inégalités en nutrition et santé (CIENS,
Université de Montréal. Chercheur, Centre de recherche en santé publique
(CReSP) et au Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice
intersectionnelle, la décolonisation et l'équité (CRI-JADE)

* Rosanne Blanchet, Professeure, École de santé publique de
l'Université de Montréal (ESPUM). Chercheuse Centre de recherche en
santé publique (CReSP). Chercheuse au Centre de recherche
interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et
l'équité (CRI-JADE)

* Alexandra Otis, Dt.P., M. Sc., Candidate au doctorat à l'École de
santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM). Centre de recherche
en santé publique (CReSP)

* Théa Demmers, ESPUM, CReSP

* Valérie Levacher, Dt.P., M. Sc., Étudiante au doctorat à l'École de
santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM). Membre étudiante au
Centre de recherche en santé publique (CReSP) et au Centre de recherche
interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et
l'équité (CRI-JADE)

* Mylène Ratelle, Professeure, École de santé publique de
l'Université de Montréal (ESPUM). Professeure associée, School of Public
Health, University of Waterloo. Chercheuse au Centre de recherche en santé
publique (CReSP). Chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire sur
la justice intersectionnelle, la décolonisation et l'équité (CRI-JADE).

* Lara Gautier, Professeure, École de santé publique de l'Université
de Montréal (ESPUM). Chercheuse au Centre de recherche en santé publique
(CReSP). Chercheuse à l'Institut Universitaire SHERPA. Chercheuse au
Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la
décolonisation et l'équité (CRI-JADE). Chercheuse associée, Ceped
(IRD-Université de Paris).

* Sophie Dupéré, professeure titulaire, faculté des sciences
infirmières, Université Laval. Chercheuse au Centre de recherche de
Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les
pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS).

* Lucie Lamarche, professeure, Faculté de science politique et de droit,
UQAM

* Nathalie Vallée, directrice générale du Collège Ahuntsic, Montréal

* Marie-Anne Viau, enseignante et coordonnatrice du département
d'agriculture urbaine du Collège Ahuntsic, Montréal

* Christine Gingras, directrice par intérim et coordonnatrice de
projets, Centre d'innovations sociales en agriculture du Cégep de
Victoriaville

* Olivier Riffon, Professeur responsable, LAGORA - Laboratoire de
gouvernances alternatives - UQAC

* Laurence Simard-Gagnon, professeure, département de psychosociologie
et travail social, Université du Québec à Rimouski - campus de Lévis

* Julie Richard, professeure, département de psychosociologie et travail
social, Université du Québec à Rimouski - campus de Lévis

* Martine D'Amours, professeure associée (retraitée), département des
relations industrielles, Université Laval

* Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ (Fédération de
l'enseignement collégial)

* Camille Labadie LL.M., LL.D., Chargée de cours Université du Québec
à Montréal

* Mylène Lafrenière-Abel, avocate

Milieu institutionnel et de la santé

* Thomas Bastien, directeur général de l'Association pour la santé
publique du Québec

* Kathleen Pelletier, médecin-conseil en promotion de la santé,
Direction de santé publique, CIUSSS SLSJ

* Lyne Sénéchal, O.C CIUSSS Saguenay-Lac-St-Jean

Milieu alimentaire, agricole et environnemental

* Marcel Groleau, président, Coalition Nourrir l'Humanité durablement

* Colleen Thorpe, directrice générale, Équiterre

* Bernard Lavallée, Dt.P., M. Sc., Le nutritionniste urbain

* Hélène Laurendeau, nutritionniste, auteure et conférencière

* Nathalie Laplante, consultante en projets collectifs nourriciers,
L'Assiette Turquoise

* Sophie Lapointe, écoconseillère, coordonnatrice de Borée,
Saguenay-Lac-Saint-Jean

* Audrey Pelchat, directrice générale, Société de gestion
environnementale de Dolbeau-Mistassini

* Florence Roy-Allard, co-coordonnatrice, Forum SAT

* Laurence Deschamps-Léger, co-coordonnatrice, Forum SAT

* Gabrielle Payette-Bédard, chargée à la mobilisation régionale,
Forum SAT

* Maxime Sharkey, directice générale, Marchés Ahuntsic-Cartierville

Milieu communautaire, philanthropique et social

* Martin Munger, directeur général, Banques alimentaires du Québec

* Christian Savard, directeur général, Vivre en Ville

* Karine Robinette, directrice générale, Regroupement des popotes
roulantes du Québec

* Yves Bellavance, directeur général, Coalition montréalaise des
Tables de quartier

* Wade Thorhaug, Réseau pour une alimentation durable

* Corinne Voyer, directrice du Collectif Vital

* Judith Barry, Co-fondatrice du Club des petits déjeuners et directrice
des relations gouvernementales

* Chantal Vézina, Directrice générale, Moisson Montréal

* Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en
réaménagement urbain (FRAPRU)

* Laurence Guénette, coordonnatrice Ligue des droits et libertés

* Nick Saul, Centres communautaire d'alimentation du Canada

* Mireille Jetté, Direction générale adjointe pour La Cantine pour
tous

* Caroline Toupin, coordonnatrice, Réseau québécois de l'action
communautaire autonome (RQ-ACA)

* Stéphanie Vallée, présidente, Table des regroupements provinciaux
d'organismes communautaires et bénévoles

* Équipe du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Québec

* Nancy Neamtan, co-fondatrice et ancienne directrice du Chantier de
l'économie sociale

* Mouvement ATD Quart Monde -Agir Tous pour la Dignité-

* Stéphanie Taillon, Partageons l'espoir

* Tasha Lackman, Le Dépôt, Centre communautaire d'alimentation

* Marie-Ève Lefrançois, directrice, Centre d'action bénévole
Entre-Êtres de Jonquière

* Magdouda Oudjit, Directrice, LA MAISON DE QUARTIER VILLERAY

* Yanick Soumis, directeur général, Moisson Saguenay-Lac-St-Jean

* Cloé Loiselle, Dt.P., coordonnatrice des Espaces Collaboratifs de
Transformation alimentaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean

* Gabrielle Girard, Directrice Générale Adjointe, Moisson
Saguenay-Lac-St-Jean

* Lise Savard, directrice ajointe centre Mamik

* Nadia Simard, adjointe administrative, Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean

* France Simard, Mouvement Action Chômage Lac-Saint-Jean

* Nadia Bolduc, intervenante en défense collective des droits, Mouvement
Action Chômage Lac-Saint-Jean

* Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de
soutien de l'Enseignement supérieur (FPSES-CSQ)

* Marie-Claire Rufagari, coordonnatrice de la formation TCRI

* Michel Dubé, coordonnateur, Action Populaire Rimouski-Neigette

* Carolyne Belso, directrice générale, La Maison des Parents de
Bordeaux-Cartierville

* Line Sirois, Action-Chômage Côte-Nord

* Jimmy Tremblay, Président régional SFPQ pour Saguenay Lac-St-Jean,
Chibougamau, Charlevoix, Haute côte Nord

* L'équipe de Cuisine collective, le vent dans les tabliers,
Îles-de-la-Madeleine

* Vicky Tremblay, Mouvement Action-Chômage de Montréal

* Joël Poliquin, Regroupement des Sans-Emploi de Victoriaville

* Sylvie Hébert, Droits Devant Érable

* Francis Roy, intervenant responsable des cuisines collectives, la
maison de la famille du Nord de Mont-Tremblant

* Gracia Adam, coordonnatrice, Table en sécurité alimentaire de
Limoilou

* Annie Tanguay, co-coordonnatrice et intervenante La Collective des
femmes de Nicolet et région

* Félix Meilleur, cuisinier-animateur à La Bouffe Du Carrefour

* Eugénie Fortin, simple citoyenne en appui au droit à l'alimentation

* Jean Ayotte, coordonnateur Comité chômage de l'est de Montréal

* Marie-Ève Lemaire St-Gelais, coordonnatrice en sécurité alimentaire,
Table de Quartier Sud de l'ouest-de-l'île

* Franceska Samson, Coordonnatrice en défense des droits sociaux,
regroupement de défense des droits sociaux district Drummond

* Jean-Philippe Laperrière, directeur général de la Table de
concertation sur la faim et le développement social du Montréal
métropolitain.

* Victoria F. Legault, directrice générale, Aide aux Trans du Québec
(ATQ)

* François Bergeron, directeur général, corporation de développement
communautaire du Centre-Sud de Montréal

* Nadia Mongeon, coordonnatrice Mouvement Action Chômage Pabok GÎM

* Julie Proulx, coordonnatrice Action Chômage Kamouraska

* Lysa Villeneuve, directrice générale de la Bouffe du Carrefour à
Saint-Hubert

* Josée Lemay, directrice générale Centre d'action Bénévole DDR

* Mireille Guy-Tremblay, conseillère budgétaire au service budgétaire
de Saint-Félicien

* Yany Charbonneau, coordonnatrice clinique Service de travail de rue de
Chicoutimi

* Nathalie Lanctôt, membre de Touski, Québec

* Lucie Gélineau, professeure, Université du Québec à Rimouski,
Antenne de Baie-Comeau

* Diane Barrette, Coordonnatrice Les cuisines collectives de Francheville
(Trois-Rivières)

* Elisabeth Dupuis, Présidente, Association X Fragile Québec

* Annie-Claude Tremblay, Coordonnatrice, Moisson d'Alma

* Jean Girard, Intervenant Maison Oxygène Alma

* Alice Châtel, coordonnatrice Ressources familiales la vieille caserne
de Montmorency

* Tania Angulo, Conseillère principale Impact et Engagement collectif,
Club des petits déjeuners

* Donald Boisvert, La Corbeille-Bordeaux-Cartierville

* Vanessa Gamboa González, Association des groupes d'éducation
populaire autonome (AGÉPA) Centre-du-Québec

* Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM

* Sylvie Chamberland, Codirectrice générale du Carrefour solidaire
centre communautaire d'alimentation

* Dominique Lalonde, agr., codirectrices ainsi que l'ensemble de
l'équipe du Collectif Récolte

* Judith Colombo, agr., codirectrices ainsi que l'ensemble de l'équipe
du Collectif Récolte

* Danièle Savoie, coordonnatrice REGAL+, Regroupement alimentaire des
Laurentides +

* Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, coordonnatrice, Regroupement
intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM)

* Marie-Christine Latte, Coordonnatrice de l'Organisation populaire des
droits sociaux (OPDS)

* Daniel Leroux, Intervenant communautaire, Centre d'Entraide La
Samaritaine de Mont-Tremblant

* Sylvie Taillefer, consultante auprès d'organismes en sécurité
alimentaire

* Sophie Desmarais, Amie du Quartier

* Geneviève Deneault, Intervenante socioprofessionnelle, Carrefour
Jeunesse-Emploi D'Argenteuil

* Alyssa Légaré, Directrice générale, La Maison de la Famille de
Bois-des-Filion

* Josée Lefebvre, intervenante, Centre d'entraide Racine-Lavoie

* Maryse St-Jacques, agente de projets, Carrefour jeunesse-emploi
Deux-Montagnes

* Evelyne Landry, coordonnatrice, Maison d'Entraide de Prévost

* Marie-Ève Fortin, intervenante, Centre d'entraide Racine Lavoie,
Saint-Eustache

* Louise Desrochers, Directrice générale, Centre d'Entraide
d'Argenteuil

* Stéphany Bombardier, organisatrice communautaire, Centre d'Entraide
d'Argenteuil

* Odette Gagnon, secrétaire trésorière Carrefour d'entraide de Saint
Placide

* Marilyne Barbe, Coordination, Table de concertation Pauvreté
Sainte-Thérèse-de-Blainville

* Julie Jeanson, Directrice générale, Cuisines Collectives du
Haut-Saint-François

* Camille Perry, coordonnatrice, Table de concertation en sécurité
alimentaire Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine

* Mario Frey, Direction générale, Maison de la Famille de Laval-Ouest

* Maryse-Hélène Soucy, coordonnatrice- Cuisines Collectives de Cabano

* Catherine Robert, coordonnatrice des ateliers culinaires, Alliance
alimentaire Papineau,
Saint-André-Avellin

* Brigitte Rosa, directrice du Carrefour communautaire de Chibougamau

* Claudia Thivierge, Responsable des services d'aide aux familles et des
cuisines collectives, Centre de Bénévolat d'Acton Vale

* Judy Bérubé, agente de développement responsable des cuisines
collectives de Brownsburg-Chatham

* Hélène Gadoury, Coordonnatrice adjointe, Carrefour d'éducation
populaire de Pointe-Saint-Charles

* Vicky Blanchard, codirectrice responsable des finances et de la
sécurité alimentaire Maison de la Famille de St-François

* Kadiétou Savadogo, directrice générale, Centre communautaire Bon
Courage

* Marie Renaud, vice-présidente et secrétaire du Conseil
d'administration, Maison de la Famille de Laval-Ouest

* Équipe du Regroupement des comités logement et associations de
locataires du Québec (RCLALQ)
* Catherine Drouin, directrice générale de la Maison de la famille du
Nord

* Élise Gauthier, Comité Un toit pour tous

* Jaymie Besson, intervenante ORHA

* Alexis Melançon-Renaud, coordonnateur de la Table de concertation en
sécurité alimentaire de la MRC d'Antoine-Labelle

* Mélanie Desormeaux, directrice générale adjointe, Carrefour
jeunesse-emploi des Pays-d'en-Haut

* Bruno-Willy Matthys, coordonnateur et administrateur des Cuisines
Collectives de Matha.

* Francine Piché, Action Famille Lanoraie

* Rachel Lauzier, coordonnatrice du Marché Ambulant

* Jacques Roy, Directeur Maison de la Famille Contre Vents et Marées

* Caroline Guay, Intervenante en sécurité alimentaire mobile Carrefour
d'Entraide Lachine

* Julie Humbert-Brun, Coordonnatrice des services alimentaires, Centre de
ressources et d'action communautaire de La Petite-Patrie

* Guy Julien, Responsable des cuisines collectives, Source alimentaire
Bonavignon à Maria, Gaspésie

* Martin Petrarca, Directeur général de CAP Emploi, Laurentides

* Véronique Gagnon, Directrice générale Café communautaire
L'Entre-Gens

* Annie Savage, directrice du Réseau d'aide aux personnes seules et
itinérantes de Montréal (RAPSIM)

* Blanche Laforge-Cotte, agente aux communications et au développement
à La Bouffe du Carrefour

* Dominique Bastenier, directrice du Centre d'entraide Racine-Lavoie

* Catherine Lachance, directrice du Réseau d'Entraide des Appalaches

* Équipe Collectif Aliment-Terre, Paspébiac, Gaspésie

* Maryse Laroche, directrice des Cuisines collectives des Bois-Francs

* Corporation de développement communautaire de Mirabel, Laurentides

* Miriam Morin, directrice générale de La Maison de Quartier de
Fabreville inc.

* Annie Pelletier, directrice générale de La Maison d'Aurore, Montréal

* Club populaire des consommateurs de Pointe-Saint-Charles, Montréal

* Adeline Deheunynck, responsable des cuisines collectives du Club
populaire des consommateurs de Pointe-Saint-Charles

* Ginette Boucher, Directrice générale de Cuisines de l'Amitié,
Brossard

* Nathalie Charbonneau, directrice générale de Sourire sans fin,
St-Rémi

* Nancy Champagne, Directrice générale de la Maison de Quartier Vimont

* Audrey Borris, Responsable des cuisines collectives de Parenfants de
Mascouche

* Josiane Gagnon, Agente de Planification, Programmation, Recherche,
Système alimentation durable, Saine alimentation et Sécurité
alimentaire, Secteur Saguenay et du Fjord.

* Aline Ménard, Présidente du Conseil d'administration, Carrefour
Alimenter L'Espoir de Blainville (CALEB). Blainville.

* Jeanne d'Arc Ostiguy, CA la Bouffe du Carrefour St-Hubert

* Pénélope Stuart, Responsable - vie associative et communications,
Cuisines collectives du Grand Plateau

* Esther Prince, directrice générale, Centre de femmes du
Haut-Richelieu

* Laurence Arbogast, Directrice générale, Bouffe-Action de Rosemont

* Zoé Lefort-Taillon, Directrice logistique et des services, Centre
Communautaire On Rock

* Rachelle Cournoyer, adminstratrice, Citoyens pour un Dorval Meilleur

* Ginette Lewis, retraitée

* Luisa Cruz, Directrice RH, Corbeille de Pain Lac-St Louis

Source : Jessica Dufresne, Ph.D,
chargée de projet droit à l'alimentation
projetda@rccq.org
Regroupement des cuisines collectives du Québec

www.droitalimentation.org [1]

www.rccq.org

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Couper dans les services aux personnes handicapées jusqu’à l’indécence

17 décembre 2024, par Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées (AQRIPH) — , ,
Québec, lundi 9 décembre 2024 – L'Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées (AQRIPH) déplore que le gouvernement s'en prenne (…)

Québec, lundi 9 décembre 2024 – L'Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées (AQRIPH) déplore que le gouvernement s'en prenne aux personnes handicapées et leurs proches en coupant ou en sous-investissant dans les programmes qui leur sont destinés.

Au cours des dernières semaines, nous avons appris que la mesure Contrat d'intégration au travail (CIT) qui permet l'intégration et le maintien en emploi de personnes handicapées a été amputée de 5 % pour plusieurs travailleurs handicapés ; que le Programme d'adaptation de domicile a été suspendu pour le reste de l'année financière ; que plusieurs bénéficiaires du chèque-emploi-service (CES) pour les services de soutien à domicile (SAD) ont subi une diminution du nombre d'heures accordées ; que les familles qui bénéficiaient d'allocations pour le soutien aux familles (SAF) dépassant les barèmes de 1991 pour l'achat de services de répit verront leurs allocations réduites à partir d'avril prochain pour revenir aux barèmes d'il y a 33 ans.

De plus, en ce qui concerne la consultation qui vient d'être lancée sur la nouvelle Politique nationale sur les soins et les services de soutien à domicile, le gouvernement remet en question la décision gouvernementale de 19881 d'accepter le principe de « la compensation des limitations fonctionnelles des personnes handicapées sans égard à leur revenu et celui de leur famille ». Même s'il s'agit d'un document de consultation, il est indécent que le gouvernement y envisage cette possibilité de remettre en cause un principe d'équité et de justice dont s'est doté le Québec pour les personnes handicapées.

Citation :

« On assiste ici à un recul de 35 ans au regard d'une plus grande équité nécessaire à une société plus inclusive des personnes handicapées. L'AQRIPH revendique que le gouvernement cesse de s'en prendre aux personnes handicapées dans son exercice de retour à l'austérité et recule concernant son attaque au principe de compensation. »

Isabelle Tremblay, directrice générale de l'AQRIPH

À propos de l'AQRIPH

L'AQRIPH est un organisme national de défense collective des droits des personnes handicapées et des proches, formé de 17 regroupements régionaux présents sur le territoire québécois, qui eux rassemblent plus de 400 organismes de personnes handicapées et de proches.

Note
1. Délibération du Conseil exécutif, 88-151

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Le soutien massif des banques et investisseurs canadiens à l’expansion du GNL alimente une future bombe climatique

17 décembre 2024, par Laura Bergamo — , ,
Les banques canadiennes investissent des milliards de dollars US dans l'expansion mondiale des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), une expansion qui pourrait contribuer à (…)

Les banques canadiennes investissent des milliards de dollars US dans l'expansion mondiale des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), une expansion qui pourrait contribuer à émettre plus de 10 gigatonnes d'émissions de gaz à effet de serre selon une nouvelle étude (1). L'expansion du GNL dépend du soutien des banques et investisseurs, et entre 2021 et 2023, neuf banques canadiennes ont soutenu l'expansion du GNL à hauteur de 16,7 milliards de dollars US (2). Reclaim Finance et Greenpeace Canada dénoncent le fait que les émissions provenant de ces projets de GNL, qui peuvent être plus nocifs que le charbon, mettent en péril l'objectif de carboneutralité. Greenpeace Canada et Reclaim Finance demandent aux banques de cesser immédiatement de soutenir les développeurs de tous nouveaux projets de GNL et de cesser en premier lieu de financer les terminaux d'exportation.

Tiré du site de Greenpeace Canada.

156 nouveaux terminaux de GNL, dont 63 terminaux d'exportation dans le monde d'ici 2030 : c'est ce que prévoient de développer des entreprises pétrolières et gazières telles que Shell, TotalEnergies, ainsi que des entreprises spécialisées dans le secteur du GNL comme Venture Global LNG. Des plans d'expansion à grande échelle, alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) indique dans ses projections que les capacités actuelles des terminaux d'exportation sont suffisantes pour répondre à la demande (3).

Les 63 terminaux d'exportation de GNL qui doivent voir le jour d'ici 2030 pourraient émettre, notamment à cause des fuites de méthane, plus de 10 gigatonnes de gaz à effet de serre (GES) d'ici la fin de la décennie (4), soit près de l'équivalent des émissions annuelles des centrales à charbon en activité au niveau mondial (5). Ces nouvelles infrastructures entraineront par ailleurs des niveaux élevés de pollution et affecteront la santé des communautés locales (6).

Ces projets ne pourraient pas voir le jour sans le soutien massif des banques internationales, qui ont accordé 213 milliards de dollars US entre 2021 et 2023 aux principaux développeurs de GNL pour leurs plans d'expansion. Neuf banques canadiennes sont concernées, et six d'entre elles sont à l'origine de 97% de ce soutien, dont la Banque royale du Canada (RBC) (6,1 milliards de dollars US) et la Banque Scotia (5,5 milliards de dollars US). (7).

Le rapport montre que les investisseurs détenaient globalement 252 milliards de dollars US d'actifs dans l'expansion des principaux promoteurs de GNL en mai 2024, les 21 investisseurs canadiens qui ont le plus investi dans l'expansion du GNL y étant exposés à hauteur de 15,8 milliards de dollars US. (8).

Keith Stewart, stratège principal de Greenpeace Canada en matière d'énergie, a déclaré : « Imaginez le nombre de projets d'énergie propre ou de maisons vertes que nous aurions pu construire avec les milliards que nos banques ont versé dans des projets de GNL à l'échelle mondiale. Alors que les grandes banques délaissent les combustibles fossiles pour investir dans des solutions climatiques, les banques canadiennes redoublent d'efforts pour financer des projets de GNL qui alimentent la crise climatique et violent les droits des peuples autochtones ».

Bien que les six banques canadiennes qui financent le plus l'expansion du GNL se soient toutes engagées à aligner leurs activités sur une trajectoire de 1,5°C et à atteindre la décarbonation d'ici 2050, aucune de ces banques n'a pris de mesures pour mettre fin au financement de l'expansion du GNL. En fait, RBC, la Banque Scotia et la Banque Nationale du Canada ont toutes augmenté de manière significative leur financement de l'expansion du GNL entre 2021 et 2023.

Les banques canadiennes sont à la traîne par rapport à leurs homologues européennes. La banque néerlandaise ING s'est engagée à ne plus financer de nouveaux terminaux d'exportation de GNL à partir de 2026 (9), et Barclays, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, HSBC et Société Générale ont toutes introduit des restrictions au financement des terminaux d'exportation de GNL.

Justine Duclos-Gonda, chargée de campagne à Reclaim Finance, a déclaré : « Les entreprises pétro-gazières misent leur avenir sur les projets de GNL alors que chacun de ces projets met en danger l'avenir de l'Accord de Paris. Les banques et les investisseurs prétendent soutenir ces entreprises dans la transition, mais au lieu de cela, ils investissent des milliards de dollars dans de futures bombes climatiques. Il faut être très clair : le GNL est une énergie fossile et les nouveaux projets n'ont aucun rôle à jouer dans la transition énergétique. Les banques et les investisseurs doivent prendre leurs responsabilités et cesser immédiatement de soutenir les développeurs de GNL et leurs plans d'expansion. »

Reclaim Finance et Greenpeace Canada exhortent donc les banques et les investisseurs à adopter des politiques visant à cesser de fournir un soutien financier aux développeurs de tous les nouveaux projets de GNL et à mettre fin en premier lieu au financement des terminaux d'exportation.

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Syndicats et groupes environnementaux s’allient pour dénoncer la réforme du régime forestier

17 décembre 2024, par Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), Nature Québec, Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement, Société pour la Nature et les Parcs-section Québec, Syndicat des Métallos, Unifor — , ,
Nature Québec, Unifor, la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), le Syndicat des Métallos, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), le Regroupement national (…)

Nature Québec, Unifor, la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), le Syndicat des Métallos, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) s'allient pour dénoncer la réforme du régime forestier. Les groupes environnementaux et les syndicats estiment que le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) fait fausse route avec cette réforme et qu'il doit la réviser en profondeur avant que la ministre ne dépose un projet de loi à l'Assemblée nationale.

Une réforme nécessaire, mais qui ne s'attaque pas aux problèmes

Dans le contexte actuel d'une crise structurelle et conjoncturelle qui frappe toute la filière forestière, les groupes environnementaux et les syndicats, qui représentent les travailleurs de l'ensemble de la chaîne de production de bois du Québec, soutiennent qu'une réforme du régime forestier s'impose, mais que les orientations mises de l'avant ne permettront pas de résoudre la crise forestière. Ils estiment que la réforme proposée contient néanmoins certains éléments intéressants qui peuvent être mis à l'essai, dans la mesure où certaines balises les concernant sont modifiées.

« En forêt, le statu quo est intenable. Il faut une transformation majeure de l'industrie forestière pour régler les problèmes d'appauvrissement des forêts et des travailleurs. Malheureusement, la réforme proposée n'est pas celle dont nous avons besoin. Cette réforme mise avant tout sur l'augmentation de la production de bois, sans résoudre les conflits avec les autres usagers de la forêt, sans s'adapter aux changements climatiques, et sans protéger les emplois et la biodiversité », estime Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.

« La ministre devrait concentrer ses efforts pour apporter des réponses aux craintes légitimes des travailleurs et travailleuses. Après des années marquées par les fermetures et les licenciements, la modernisation du régime forestier nous offre l'occasion de revoir notre approche globale et de planifier une transition à l'avantage de tous. Pour nous, la refonte du régime et l'évolution de notre stratégie industrielle vont de pair. Il est possible de maintenir de bons emplois et de réduire la pression sur les écosystèmes, mais il faut être prêt à appuyer sur les bons leviers et à travailler ensemble », explique Daniel Cloutier, directeur québécois d'Unifor.

Les syndicats et les groupes environnementaux invitent d'autres organisations à se joindre à eux pour dénoncer la réforme du régime forestier et proposer des solutions concrètes pour que l'aménagement forestier au Québec soit réellement durable. « Cette sortie commune vise à sensibiliser la ministre à l'effet que les orientations présentées par le MRNF suscitent des inquiétudes importantes. Le MRNF doit prendre le temps et les moyens d'y répondre adéquatement et proposer des principes qui garantiront une forêt durable et un approvisionnement pérenne en bois, assurant ainsi une stabilité et une sécurité à long terme pour l'ensemble des personnes intéressées par la forêt au Québec, dont les travailleuses et travailleurs. Nous sommes d'avis que d'autres groupes sociaux partagent nos craintes et nos préoccupations », explique Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).

Une bonne écoute pour le lobby et la sourde oreille pour les travailleurs

Les organisations déplorent que les solutions amenées semblent sortir tout droit du mémoire que le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) a déposé durant la démarche de réflexion sur l'avenir de la forêt. Pendant ce temps, les demandes des travailleurs et des travailleuses restent sans réponse de la part du ministère.

« La ministre semble toujours prête à écouter le lobby forestier, mais elle reste sourde aux préoccupations des travailleurs et des travailleuses. Depuis des mois, nos membres réclament un plan de transition concret pour amorcer une véritable transformation industrielle, en mettant l'accent sur une plus forte transformation de la matière ligneuse ici, au Québec. Cette approche permettrait de moderniser nos pratiques, de protéger les emplois et d'assurer une gestion durable des forêts. Sans un plan clair pour une transition juste et une stratégie ambitieuse visant à développer la deuxième et la troisième transformation, on risque de laisser les travailleurs, les communautés et l'environnement derrière. La réforme actuelle rate l'occasion de poser les bases d'une industrie forestière résiliente et durable pour les générations à venir », estime Dominic Lemieux, directeur québécois des Métallos.

La hache dans les acquis environnementaux de la Commission Coulombe

Les organisations dénoncent l'intention de mettre la hache dans les modalités de l'aménagement écosystémique, sous prétexte de vouloir adapter les forêts à la crise climatique. Elles estiment que cette décision sans fondement constituerait un recul environnemental majeur et pourrait entraîner une dégradation des forêts du Québec, en plus de sabrer dans les acquis hérités de la Commission Coulombe. Les organisations sont d'avis que miser sur les processus naturels des forêts est essentiel pour les rendre plus résilientes face à la crise climatique et maintenir la biodiversité des écosystèmes forestiers. Si les mesures d'intensification nécessaires au maintien de l'approvisionnement en bois ont leur place, elles doivent être clairement balisées et encadrées.

« Cette réforme tente d'évacuer certains des principes les plus importants de l'actuel régime forestier sous de faux prétextes, sans se baser sur une analyse factuelle et rigoureuse. La MRNF essaie de se débarrasser de l'aménagement écosystémique pour augmenter la récolte et répondre aux demandes du CIFQ. Ce recul serait une menace à la réputation du bois québécois sur les marchés internationaux et pourrait nuire à l'exportation de nos produits », explique Kevin Gagnon, président de la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN).

Les restes de table de l'industrie comme zones de conservation

Les syndicats et les groupes estiment que la proposition d'instaurer un zonage par triade peut être intéressante, mais que la séquence selon laquelle la triade sera mise en place est primordiale. Les organisations s'inquiètent de voir le MRNF ou le Forestier en chef sélectionner d'abord les territoires où l'intensification de la production de bois sera réalisée, puis de laisser les restes de table de l'industrie forestière pour la conservation.

Ils sont d'avis que ni le MRNF, ni le Forestier en chef, ni l'aménagiste régional, et encore moins l'industrie forestière, n'ont les compétences pour déterminer l'emplacement des zones de conservation. Pourtant, dans un avis datant de mai 2024, le Forestier en chef recommande de protéger les territoires dont l'industrie ne veut pas pour atteindre le 30% de conservation d'ici 2030, c'est-à-dire les pentes fortes, les bandes riveraines et les milieux humides.

« La modernisation du régime forestier doit être l'occasion de transformer la culture organisationnelle du ministère. Elle doit passer d'opposition aux efforts de conservation du territoire à celle de partenaire constructif ne travaillant plus en silo. Que ce soit pour la mise en œuvre d'un nouveau régime forestier ou d'un réseau d'aires protégées permettant d'atteindre la cible de 30%, nous devons adopter un langage commun qui repose davantage sur la science que sur l'influence, et être guidés davantage par une approche inclusive, pangouvernementale et régionale que par la vision du lobby des multinationales », indique Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.

Une planification forestière sans imputabilité démocratique

Les organisations sont conscientes de l'importance de renforcer la cohérence des opérations sur le terrain et estiment que la création de postes d'aménagistes forestiers régionaux pourrait répondre à une faiblesse du processus de planification forestière actuelle, pourvu que son mandat soit de contribuer à la mise en œuvre d'un aménagement durable des forêts et non seulement d'un plan de production ligneuse. Les groupes et les syndicats reconnaissent la nécessité de revoir la gouvernance de la planification de l'aménagement en forêt publique. Si la recherche d'agilité est importante, cette quête ne peut servir de prétexte à un recul démocratique. L'imputabilité et la transparence doivent être au cœur de la planification forestière.

Un appel à un dialogue clair et ouvert

En terminant, les groupes environnementaux et les syndicats dénoncent le processus qui leur a été imposé pour commenter la réforme, en toute urgence, de façon opaque et en restreignant le droit de parole des organisations rencontrées. « Une réforme d'une telle ampleur nécessite un processus de consultation clair et transparent, où les parties prenantes et la population disposent de toutes les informations nécessaires pour nourrir une réflexion collective. Cela est essentiel pour assurer que la réforme soit bien accueillie et qu'elle réponde aux besoins du milieu », conclut Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ).

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Manifestation contre la modification de rezonage à Dalhousie favorisant l’implantation d’une mine de pouzzolane

17 décembre 2024, par Non Merci, Pozzolan Dalhousie — , ,
Nouvelle (Québec), le 11 décembre 2024. – Le groupe citoyen Non Merci, PozzolanDalhousie ! lance une invitation à la population de la Baie-des-Chaleurs à venir manifester le 16 (…)

Nouvelle (Québec), le 11 décembre 2024. – Le groupe citoyen Non Merci, PozzolanDalhousie ! lance une invitation à la population de la Baie-des-Chaleurs à venir manifester le 16 décembre 2024 contre le projet de mine à ciel ouvert de pouzzolane lors de la réunion publique du conseil municipal de Baie-des-Hérons. Selon les informations connues actuellement, la rencontre aura lieu à 19 h (heure locale du Nouveau-Brunswick), à l'hôtel de ville, au 111, rue Hall, à Baie-des-Hérons.

Cette rencontre du conseil municipal de Baie-des-Hérons est cruciale. La dérogation au règlement de zonage permettant l'implantation de la mine passera en troisième et dernière lecture. En cas d'adoption, ce règlement ouvrira la porte à l'implantation de la mine en plein cœur de la municipalité,avec tous ses effets catastrophiques attendus des deux côtés de la baie des Chaleurs.

Le groupe Non Merci, Pozzolan Dalhousie ! insiste sur la pertinence et la nécessité de la présence du plus grand nombre de personnes pour exprimer leur désaccord envers le projet de mine, le processus en place pour favoriser ce dernier, la sourde oreille apparente de certain(e)s élu(e)s et plusieurs manquements au processus démocratique déjà dénoncés par le groupe (réduction de la capacité de la salle, suppression des périodes de questions, tentative manquée de diffusion en continu, etc.).

Pour faciliter la participation des citoyen(ne)s, le groupe Non Merci, Pouzzolane Dalhousie ! organise un transport gratuit en autobus, qui partira de l'église de Nouvelle et se rendra à l'hôtel de ville de Baie-des-Hérons.

À propos du groupe citoyen

Nous sommes un groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s uni(e)s contre le projet EcoRock (anciennement Pozzolan Dalhousie). Notre objectif est de regrouper la population francophone de la baie des Chaleurs, incluant la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick. Nous appuyons les efforts de la communauté de Baie-des-Hérons, qui a déjà mis en œuvre plusieurs actions sous le nom No Thx Pozzolan v2.0 - Save Dalhousie Mountain.

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Make it great again Noël féministe

17 décembre 2024, par Élisabeth Germain — , ,
Ce texte a été lu lors du Noël festif et solidaire organisé le 1 décembre par le comité des femmes de Québec Solidaire Capitale nationale. 2024-12-01 Élisabeth Germain (…)

Ce texte a été lu lors du Noël festif et solidaire organisé le 1 décembre par le comité des femmes de Québec Solidaire Capitale nationale.

2024-12-01
Élisabeth Germain

Je ne sais pas très bien ce qui m'arrive. C'est peut-être la vieillesse du corps qui s'est imposée à moi depuis un an et qui me ralentit. Ou une fragilité nouvelle qui me rend plus vulnérable aux fragilités autour de moi. En tout cas me voilà moins combative, moins prompte à monter sur mes grands chevaux, comme on dit.

C'est aussi, je crois, mes recherches écoféministes qui me font devenir tellement plus consciente de nos interdépendances et aspirer à ce que nous prenions soin de la vie, forte et fragile comme elle est.

J'ai envie de me tourner vers la paix plutôt que vers la lutte. Ou, en tout cas, de lutter pour rendre la paix possible. Vous voyez, je suis un peu mêlée. Et puis c'est un lieu commun, je le sais, parler de paix à Noël.

Mais c'est l'hiver, le début de l'hiver, et je ne peux qu'angoisser en pensant à toutes les Ukrainienꞏnes qui vont encore endurer le froid, la noirceur et l'impuissance, pour un troisième hiver d'affilée.

Parce qu'un empire a décidé de les conquérir. Parce qu'un orgueil mâle aspire à régner. Make Russia great again.

C'est le début de l'hiver et les Palestinienꞏnes continuent à être délogées, bousculées, bombardées, affamées. À mourir longuement.

Parce qu'un orgueil mâle, là aussi, poursuit impitoyablement sa vengeance et son appropriation. Make Israël great again.

Et c'est le début d'un hiver de quatre ans chez nos voisins du sud. J'angoisse là aussi, en pensant à toutes les femmes sur lesquelles le contrôle mâle, politique et religieux, va s'étendre de plus en plus.

Your body, my choice. Make America great again.

C'est aussi le début d'un hiver écologique où les puissants détruisent la vie pour construire leurs empires de pétrole, de satellites et d'artifices, Viagra, faux seins et intelligence artificielle.

Autrefois, hier encore, on pouvait ne pas savoir, on pouvait être des analphabètes de l'écologie, malgré les découvertes scientifiques depuis 1856 où Eunice Newton Foote, la première, découvrait l'effet de serre. Malgré les avertissements inquiets et bienveillants de Rachel Carson, les alarmes fracassantes de Françoise D'Eaubonne, les appels de Margaret Mead, les arguments des Australiennes Ariel Salleh et Val Plumwood, de l'Indienne Vandana Shiva, de l'Allemande Maria Mies, malgré les enseignements vécus de nos sœurs autochtones et africaines, de nos Mères au front québécoises et de toutes celles qui n'ont pas publié mais qui ont agi, alerté leurs milieux saccagés par l'expansion industrielle, affirmé la nécessité de l'attention, du soin, des relations, de la bonté.

Aujourd'hui… aujourd'hui c'est la planète elle-même qui nous fait savoir que ça ne va pas. Ces conquêtes, ces destructions d'êtres vivants, ces creusages de mines, ces gaz toxiques, engendrent déserts et déluges, défaites et désespoirs.

Les puissants, tous néo-capitalistes et autoritaires sous leurs étiquettes de gauche ou de droite, ces Make it great again veulent contrôler la planète, la vie, nos vies, notre sexualité.
Ils ne pourront pas empêcher cette vie de jaillir de nos corps, de notre sang, de nos accouchements, de nos désirs, de nos soins pour les vivantꞏes qui nous entourent. Car ensemble nous prenons soin, malgré tout.

Nous résistons. Est-ce que nous prenons une conscience nouvelle de notre force et de nos connexions ? Est-ce qu'un courage nouveau remplit nos veines pour résister aux nouvelles colonisations, aux nouvelles destructions de la vie et de la terre ?

Dites-moi, dites-moi que nous ne laisserons pas le champ libre à ces nouveaux tsars redoutables autant que méprisables :

Vladimir 1er, le faux curé,
Xi 1er, le rouleau compresseur,
Donald 1er, le pelotteur,
Benyamin 1er, le corrompu ,
Elon 1er, le fou des machines,

et tous leurs petits soldats malades de grandeur et de puissance phallique.

Noël, une fête presque aussi ancienne que notre hémisphère nord, célèbre le retour de la lumière, alors que nous sommes au creux de la noirceur : fin décembre, les jours commencent à allonger. Quand on se sent comme à la fin de tout, il y a… un léger basculement, presque imperceptible, mais porteur de tous les possibles.

Alors mon Noël féministe, je vous le partage. C'est le travail incessant, les cris d'amour et les révoltes de nos sœurs autour du monde. C'est la puissance des femmes quand elles s'allient pour la vie. C'est l'espoir que les humains mâles finissent par nous rejoindre dans la tâche essentielle : prendre soin de la vie, de toutes les vies, partout. Mon Noël féministe, c'est le rêve de renverser les puissances obscures et c'est la joie forte de partager ce rêve avec vous, en ce moment.

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Un recours comme dernier recours face à l’inaction de Québec

17 décembre 2024, par Collectif — , ,
Plus de sept ans après son adoption dans la Loi sur la qualité de l'environnement, le registre public d'information environnementale se fait toujours attendre. Forts de plus de (…)

Plus de sept ans après son adoption dans la Loi sur la qualité de l'environnement, le registre public d'information environnementale se fait toujours attendre. Forts de plus de 80 organisations et individus issus des milieux environnemental, syndical, juridique, de défense des droits, universitaire, journalistique et citoyen, nous prenons une fois de plus la parole pour défendre le droit à l'information comme pilier de la démocratie aux côtés du Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE), qui a déposé mardi une action visant à obtenir le registre public d'information environnementale.

Un droit fondamental souvent négligé

Cela fait des années que nous sommes nombreux à dénoncer le manque de transparence et les délais exaspérants, autant d'obstacles à la participation citoyenne et au respect du droit à l'information.

L'absence du registre public d'information environnementale illustre tristement cette « tendance au secret », pour citer l'ancienne juge en chef du Canada Beverley McLachlin. Il est grand temps de renverser cette tendance, au bénéfice de la population.

L'information environnementale, clé de voûte pour le respect des droits

L'environnement est au cœur de nos vies : il influence notre santé, notre sécurité et notre bien-être collectif présent et futur. Sans un accès rapide à des informations précises sur les impacts environnementaux des projets, comment la population peut-elle prendre part au débat public et agir ?

Le registre public d'information environnementale permettrait à chaque citoyen de comprendre les projets qui touchent son milieu de vie, de remettre en question les choix faits et de contribuer de manière éclairée aux affaires d'intérêt public et, lorsque nécessaire, à la prise de décision.

Les dénis du droit à l'information entraînent des conséquences sur l'exercice d'autres droits. Les tribunaux ont rappelé récemment que, « bien souvent, le seul écoulement du temps équivaut à un déni d'accès » . Aujourd'hui, nous, acteurs de tous les milieux, portons haut et fort la demande d'une plus grande transparence en matière d'information, notamment environnementale. C'est notre affaire à toutes et à tous.

Une demande collective pour la transparence

Il est regrettable qu'il faille en arriver à une action en justice pour assurer que le gouvernement respecte une décision législative si essentielle, adoptée démocratiquement par l'Assemblée nationale. L'action du CQDE vise à corriger cette opacité, à mettre fin à une longue attente et à rappeler que l'accès efficace à l'information n'est pas un privilège, mais un droit.

Nous appelons donc le gouvernement du Québec à prioriser la mise en œuvre de ce registre et à honorer son obligation envers la population.

Parce qu'en environnement comme en démocratie, le droit de savoir est la première étape vers l'action.

Signataires

Geneviève Paul, directrice générale du Centre québécois du droit de l'environnement ; Éric-Pierre Champagne, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec ; Denis Bolduc, secrétaire général, Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) ; Colleen Thorpe, directrice générale, Équiterre ; Nathalie Prud'homme, présidente, Ordre des urbanistes du Québec ; Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l'économie sociale ; Henri Jacob, président, Action boréale ; Christian Daigle, président-général, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) ; Malorie Flon, directrice générale, Institut du Nouveau Monde (INM) ; Sylvain Gaudreault, député de Jonquière à l'Assemblée nationale de 2007 à 2022 ; Louis-Gilles Francœur, journaliste affecté à la couverture environnementale de 1981 à 2012 au Devoir et vice-président du BAPE de 2012 à 2017 ; Cédric Bourgeois, cofondateur et associé, Transfert Environnement et Société ; Laure Waridel, professeure associée à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM, chroniqueuse au Journal de Montréal et co-instigatrice de Mères au front ; Jean Baril, docteur en droit et auteur d'une thèse de doctorat, Droit d'accès à l'information environnementale : pierre d'assise du développement durable, récompensée par l'Assemblée nationale en 2012 ; Michel Bélanger, avocat émérite et cofondateur du CQDE ; Mario Denis, avocat légiste retraité (conseiller juridique et rédacteur de lois au ministère de l'Environnement du Québec de 1993 à 2010) ; Anne-Julie Asselin, avocate, Trudel, Johnston & Lespérance ; Geneviève Brisson, directrice scientifique, Centre de recherche en développement territorial (CRDT), et professeure en développement territorial, UQAR ; Alexandre Petitclerc, président, Ligue des droits et libertés ; Rodrigue Turgeon, avocat, coresponsable du programme national de MiningWatch Canada et co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine ; Sébastien Brodeur-Girard, professeur, École d'études autochtones, UQAT ; Lise Parent, professeure en sciences de l'environnement, Université TELUQ ; Martin Gallié, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; Rébecca Pétrin, directrice générale, Eau Secours ; Louis Simard, professeur, École d'études politiques, Université d'Ottawa ; Karel Ménard, directeur général, Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets ; Jean-François Girard, avocat, DHC Avocats et membre honoraire du CQDE ; Bonnie Campbell, professeure émérite, Département de science politique, UQAM ; Stéphanie Roy, avocate et professeure adjointe, Faculté de droit, Université de Sherbrooke ; Paul Casavant, président, TerraVie – fonds foncier communautaire ; Antoine Corriveau-Dussault, chercheur et codirecteur de l'axe Éthique environnementale et animale, Centre de recherche en éthique ; Sébastien Jodoin, vice-doyen à la recherche, professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les droits humains, la santé et l'environnement, Faculté de droit, Université McGill ; Isabelle Miron, professeure, Département d'études littéraires, UQAM ; Spencer C. Nault, administrateur, Association des juristes progressistes (AJP) ; Lucie Sauvé, professeure émérite, Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement (Centr'ERE – UQAM) ; Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec ; Alain Branchaud, directeur général, SNAP Québec ; Joyce Renaud, vice-présidente, Mobilisation climat Trois-Rivières ; André Bélanger, directeur général, Fondation Rivières ; Louis Marchildon, professeur émérite (physique), UQTR ; Alexandre Lillo, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; David Roy, directeur général, Ateliers pour la biodiversité ; Olivier Barsalou, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; Paule Halley, avocate, professeure et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement, Faculté de droit, Université Laval ; Hugo Tremblay, avocat, professeur, Faculté de droit, Université de Montréal ; Priscilla Gareau, biologiste, directrice générale, Ambioterra ; Laurence Brière, professeure au Département de didactique, directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement (Centr'ERE), UQAM ; Bruce Broomhall, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPQ) ; Thibault Rehn, coordinateur, Vigilance OGM ; Touwendé Roland Ouédraogo, chargé de cours, UdeM et UQAM ; Élisabeth Patterson, avocate, Dionne Schulze ; Geneviève Tremblay-Racette, coordonnatrice, Table ronde des organismes volontaires en éducation populaire de l'Outaouais (TROVEPO) ; Myriam Thériault, codirectrice, Mères au front ; Sophie-Laurence H. Lauzon, codirectrice générale, Réseau des femmes en environnement ; Emmanuel Rondia, directeur général, Conseil régional de l'environnement de Montréal ; Sylvain Lafrenière, coordonnateur, Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD) ; Cédric G.-Ducharme, avocat, ex-président CQDE ; Jean-Philippe Waaub, professeur retraité, Département de géographie de l'UQAM et membre de l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM ; Pascal Bergeron, porte-parole, Environnement Vert Plus ; Christophe Reutenauer, professeur, Département de mathématiques, UQAM ; Bernard Saulnier, ingénieur, Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec ; Jacinthe Villeneuve, porte-parole du Comité Action citoyenne – projet Northvolt (C.A.C.) ; Sebastian Weissenberger, Département science et technologie, Université TELUQ ; Anne-Josée Laquerre, directrice générale et co-initiatrice, Québec Net Positif ; Elodie Morandini, directrice générale, Conseil régional de l'environnement de Laval ; Gilles Côté, chargé d'enseignement, Université de Sherbrooke ; Sabaa Khan, directrice générale, Fondation David Suzuki (Québec) ; Sylvain Paquin, directeur général, Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie ; Christopher Campbell-Duruflé, professeur adjoint, Lincoln Alexander School of Law, Toronto Metropolitan University ; Pascale Pinette, présidente, Comité de citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain (CCCPEM) ; Jacques Tétreault, président Arbres.eco et ancien coordonnateur général du RVHQ ; Jean-Marc Fontan, professeur titulaire, Département de sociologie, UQAM ; Valérie Vedrines, présidente et fondatrice, Masse critique ; Christiane Bernier, porte-parole de Les enjeux de l'insecticide Bti sur la biodiversité ; Jacques Benoit, GMob (Group Mobilisation) ; Suzann Méthot, ex-présidente du Comité d'examen des répercussions sur l'environnement et le milieu social (COMEX), consultante ; Mitchell Marin, ex-président du Conseil régional de l'environnement de la Mauricie ; Marc Lépine, fondateur du Groupe Citoyen EAUTAGE ; André Beauchamp, président du BAPE de 1983 à 1987 ; Michel Lafleur, biologiste membre du comité des Vieilles Forges, Trois-Rivières ; Sarah Bourdages, présidente du conseil d'administration du Comité de solidarité/Trois-Rivières (CS3R) ; Marianne Bargiel, pour le Collectif Trois-Rivières pour la biodiversité ; Dominique Leydet, professeure, Département de philosophie, UQAM ; Sarah-Katherine Lutz, directrice générale d'ENvironnement JEUnesse ; Alice-Anne Simard, directrice générale, Nature Québec.

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Journée des droits de la personne 2024 : Les syndicats du Canada ripostent à la montée de la haine

17 décembre 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des droits de la personne en incitant les Canadiennes et Canadiens à s'unir pour contester la montée de la haine que (…)

Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des droits de la personne en incitant les Canadiennes et Canadiens à s'unir pour contester la montée de la haine que répand une extrême droite enhardie.

Depuis la création de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, le Canada a réalisé d'importants progrès en matière de droits de la personne. Le droit à un salaire équitable, le droit à la sécurité au travail et le droit de ne pas faire l'objet de harcèlement et de discrimination sont des droits de toute personne, quels que soient son origine, son identité ou son statut. Bien qu'il y ait encore du pain sur la planche pour ce qui est de garantir à tous ces droits et d'autres droits de la personne, ces droits sont censés permettre à tous de vivre en sécurité, dans le respect et dans la dignité au Canada.

« Cette journée rappelle aux syndicats du Canada leur responsabilité de défendre les valeurs sur lesquelles repose la Déclaration—l'égalité, la liberté et l'équité. Ces valeurs sont au cœur de l'identité de notre mouvement. Mais il ne suffit pas d'appuyer ou même de promouvoir ces valeurs et principes : nous devons combattre activement la normalisation croissante de la haine, du racisme et de la xénophobie et riposter aux atteintes portées aux droits de la personne au Canada », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.

Dans l'ensemble du pays, nous continuons à assister à une très inquiétante flambée du discours et du harcèlement haineux. Les forces réactionnaires d'extrême droite, enhardies par un climat de polarisation accrue et alimentées par des politiciennes et politiciens qui sèment la peur, tentent de réduire les droits de la personne durement acquis. Leurs tactiques sont clivantes : elles opposent les travailleuses et travailleurs et les voisines et voisins entre eux en désignant des boucs-émissaires, jouant sur les stéréotypes et alimentant les feux du racisme, de la xénophobie et de la discrimination pour miner la solidarité qui est le fondement même de notre force collective. Le mouvement syndical doit continuer à tenir ferme contre ces forces et maintenir son engagement et son action pour faire régner la sécurité et le respect dans nos lieux de travail, nos syndicats et nos collectivités.

« Aujourd'hui, nous incitons tous les travailleurs et travailleuses—qu'ils soient syndiqués ou non—à s'unir pour se prononcer contre la haine, le racisme et la discrimination. Notre mouvement et notre pays ont lutté longtemps et avec acharnement en faveur de ces droits, et nous ne ferons pas marche arrière maintenant. Chaque étape de progrès a été gagnée grâce à la détermination, au militantisme et à la solidarité. Nous avons fait trop de chemin pour laisser d'autres nous faire reculer, et nous ne faisons pas qu'éviter un recul—nous allons de l'avant, ensemble, parce que la lutte pour ls droits de la personne est loin d'être terminée », a dit Larry Rousseau, vice-président exécutif du CTC.

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