Presse-toi à gauche !
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Le « wokisme » et le PQ : à droite sans complexe !

La prochaine élection se tiendra dans moins de deux ans mais le PQ prend toutes les mesures pour adapter son discours afin de consolider sa première place dans les sondages et de rafler la mise en octobre 2026. La tendance clairement à droite des récents résultats électoraux dans plusieurs pays occidentaux montrent une tendance de fond. Les formations politiques misant sur les discours racistes et/ou islamophobes progressent. La direction péquiste s'y adapte en doublant la CAQ sur sa droite quitte à « tirer dans le fond de la chaloupe » de la construction du bloc indépendantiste.
Cibles d'attaques répétées, des mouvements marqués à gauche se voient affublés par la droite et l'extrême-droite de l'épithète de « wokes ». Pourtant, aucun des mouvements contestataires ne se définit lui-même comme « woke ». À l'origine utilisé par des afro-américains pour faire campagne contre le racisme ambiant aux Etats-Unis, il encourageait à s'affirmer politiquement (1). Ce fut cependant aux lendemains du meurtre du jeune afro-américain Michael Brown aux mains d'un policier blanc et la formation de Black lives matter que la formule a pris l'ampleur qu'on lui connaît aujourd'hui. La réaction à droite fut rapide. Le « wokisme » devient la posture à condamner, à criminaliser s'il le faut. Toute affirmation, article, recherche ou prise de parole dénonçant le racisme, le sexisme, les attaques contre les communautés LGBTQ sont dorénavant mis au ban sans appel.
Paul St-Pierre-Plamondon prend la balle au vol et affuble Québec solidaire du titre de « woke ». La sortie d‘Haroun Bouazzi à propos de la construction du racisme en serait la plus récente démonstration. Après François Legault, lui aussi grand inquisiteur du wokisme de la gauche, PSPP tire à boulets bleus sur tout ce qui remet en cause la cohésion de la « nation » québécoise. Et tout comme Legault, il résume tous les problèmes sociaux vécus au Québec par une immigration débridée, qui dépasserait la capacité d'accueil du Québec. Ainsi, le discours trumpiste et plus généralement des gouvernements néolibéraux qui veulent construire des murs contre l'immigration trouve ainsi des échos au PQ.
Le débat a pris une deuxième vitesse alors que la chroniqueuse Rima Elkouri de la Presse+ y allait d'une charge contre les propos de PSPP l'accusant de « jeter encore plus d'huile sur le woke » et qualifiant « d'insidieuse stratégie » la construction d'épouvantail pour désigner « l'autre ». Rappelant comment le terme fut utilisé par différentes mouvances de droite et d'extrême-droite pour disqualifier plusieurs revendications et mobilisations initiées par la gauche, Elkouri mentionne une étude portant sur le rôle des chroniqueurs de Québecor dans cette construction. Or, Québecor est étroitement lié au PQ, son PDG ayant été aussi chef de la formation politique.
La réplique ne tarda pas. Ce lundi, la présidente du PQ Catherine Gentilcore, future candidate du PQ dans Repentigny, accuse Rima Elkouri de wokisme. Par un ensemble d'associations douteuses (elle fait appel à Obama, à Kamela Harris et même à Bernie Sanders), elle prétend que le PQ n'est pas de cette mouvance qui fait de l'immigration un épouvantail. Que le PQ est de tous les enjeux sociétaux. Elle dénonce l'utilisation « de certains concepts de la gauche radicale qui se sont imposés à coup de procès d'intention et d'intimidation idéologique de toute personne osant les critiquer. » Nous pourrions rappeler à madame Gentilcore qu'on vient d'expulser un membre de son exécutif, monsieur Vincent Boulay, parce qu'il a osé critiquer la politique identitaire de son parti.
Le PQ des années 1970 était un parti qui tentait de construire des alliances avec les différentes communautés culturelles. Le travail du député Gérald Godin fut à ce titre exemplaire. Si le PQ fut dans le passé un parti aux approches positives en matière d'accueil des immigrant.e.s, on pourrait accorder un peu de crédibilité à leurs déclarations. Mais il est utile de rappeler que l'embellie fut de courte durée et que le PQ abandonna cette orientation au tournant de années 2000 et il a été maître d'oeuvre de la mise au rancart des COFI (Centre d'orientation et de formation des immigrants) et de leur fermeture alors que tous convenaient que ces organismes étaient un exemple à suivre et à multiplier pour l'accueil et l'intégration des immigrant.e.s.
Plus récemment, la publication de « Pour un Québec libre de ses choix », sa politique portant sur l'immigration, révèle le côté sombre de cette formation. Réduction radicale des seuil d'immigration, vision utilitariste des migrant »e.s, exigences excessives concernant la connaissance du français, tous les problèmes sont réduits à un seul enjeu : l'immigration. Le gouvernement fédéral est montré du doigt comme coupable de la situation actuelle, plaçant le Québec dans une position vulnérable dans la défense du français. Et puis tout y passe : les services publics sont victimes des surplus en immigration, la crise du logement y est attribuable, le marché du travail est dépendant d'une main d'oeuvre importée et tutti quanti. Bref, l'immigration massive serait facteur de « déstabilisation du climat social ».
Pour motiver cette politique restrictive, on évoque les limites de la « capacité d'accueil du Québec ». Or, sans définir cette « capacité », en quoi est-elle insuffisante et que s'engage-t-on à faire pour améliorer la situation ? On ne va nulle part. La présentation de PSPP complète le tableau en qualifiant d'avance les contre-propositions de « militantisme » et de « clivages idéologiques ». Bref, une brochette d'explications faciles et de clichés qui prétendent répondre aux enjeux en s'inspirant des situations vécues par plusieurs pays européens (p. 39 et suivantes du document Pour un Québec libre de ses choix).
Le discours de Jacques Parizeau en 1995 sur les « votes ethniques » a causé une rupture et fourni des munitions aux adversaires de l'option indépendantiste. Puis ce fut le virage déficit zéro de Lucien Bouchard qui a concrétisé la rupture avec la gauche péquiste et recentré l'orientation péquiste vers un nationalisme davantage identitaire. Les pressions à droite sont devenues plus importantes avec la formation de l'ADQ, puis de la CAQ. L'accession au pouvoir de cette dernière a presque entraîné la disparition du PQ, réduit à une députation de 4 élus en 2022. La formation politique a choisi de se reconstruire autour d'un discours identitaire qui tient davantage de la mentalité d'assiégés que d'une politique émancipatrice pour tous et toutes.
Les engagements de Donald Trump sur les expulsions massives de migrant.e.s soulève aussi des questions sur les conséquences pour le Québec et le Canada. La CAQ exige le renforcement des frontières. Le PQ lui emboite le pas en déplorant la porosité de la frontière Québec-Etats-Unis et craint l'arrivée de « millions aux frontières ».
Tout cela nous confirme que le PQ est un parti caméléon qui prend la couleur qui lui permettra, croit-il, de revenir au pouvoir. Dans ce contexte, les récents discours sur la tenue d'un référendum lors du prochain mandat péquiste ne sont que des leurres. Sans l'apport et la mobilisation de communautés culturelles, l'option indépendantiste n'a aucune chance de devenir majoritaire. Il sera facile aux fédéralistes de peindre les indépendantistes de la couleur du racisme et de l'intolérance. Au contraire, la construction d'un bloc indépendantiste passe par une politique d'accueil et d'intégration émancipatrice et qui implique ces communautés dans la définition et la construction d'un Québec indépendant.
Notes
1- Voir le document de Vox
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Et si la direction de QS avait réagi autrement !

Beaucoup l'ont écrit et ré-écrit avec raison : ce qu'a affirmé le député de Maurice Richard et membre de Québec solidaire, Haroun Bouazzi, n'a en soi rien de scandaleux ou d'iconoclaste. Et comparativement à ce qu'ont pu déclarer certains ministres de la CAQ vis-à-vis de l'immigration (1), il ne mérite aucunement ce clouage au pilori, cet hallali parlementaire dont, au travers d'un feu d'artifice de motions vindicatives, il a été victime, mettant les forces de gauche et en particulier Québec solidaire, une fois de plus en bien mauvaise position.
Il est vrai que deux semaines auparavant, le 2 novembre 2024, au gala d'excellence de la Fondation Club avenir, Haroun Bouazzi avait cherché à sa manière à mettre en lumière quelques-uns des mécanismes propres au racisme, expliquant qu'« il n'y a pas de races humaines" et que la race est construite par la société qui "crée une catégorie à laquelle on assigne une culture qui par définition, est dangereuse, qui est inférieure".
Il est vrai aussi qu'il avait ajouté : "nous voyons malheureusement —et Dieu sait que je vois ça à l'Assemblée nationale tous les jours— la construction de cet Autre, et cet Autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est Autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure". Le tout, pour montrer comment les actions posées par les membres du club avenir dont il célébrait le travail, permettaient "de casser la construction de ces mécanismes du racisme".
Tout le monde en conviendra cependant facilement. Au-delà même de la manière dont elles ont été formulées, les dénonciations d'Haroun Bouazzi renvoyaient à l'évidence à un éléphant dans la pièce : ce climat anti-immigrant qui n'échappe à personne au Québec et que le gouvernement de la CAQ ainsi que certaines élites médiatiques et politiques de la belle province (dont Paul Saint Pierre Plamondon du Parti québécois !), n'ont cessé d'alimenter au cours des dernières années.
Ils ont repris là une technique qui fait fortune un peu partout au monde : celle de brandir à la vindicte publique « un bouc-émissaire » —celui des immigrants— espérant rallier derrière eux tous ceux et celles qui, désorientés et déstabilisés par les multiples crises dont notre époque est friande, croient trouver là la raison et le remède aux peurs et exaspération souterraines qui les hantent.
Certes, les dénonciations d'Haroun Bouazzi devraient être replacées dans leur contexte, puisqu'il parlait aux siens et devant un public de convaincus. Elles restaient malgré tout —comme le rappelle Simon Jodoin (2)— bien générales et tendaient à viser "personne et tout le monde à la fois", laissant ainsi bien des marges de manoeuvre à ses adversaires politiques pour tenter de le discréditer.
Et justement, c'est ce sur quoi je voudrais m'arrêter ici : les manières de réagir et les positions prises par les deux porte-parole de QS, Ruba Gaza et Gabriel Nadeau-Dubois pour faire face à la situation et réagir aux déclarations d'Haroun, ont été... totalement contre-productives.
La responsabilité de Québec solidaire
Plutôt que de se servir des dires du député de Maurice Richard comme d'une occasion positive pour faire ressortir haut et fort l'existence de discriminations sociales pesant sur les immigrants ainsi que l'incurie dont fait preuve à ce propos une assemblée nationale gagnée très majoritairement aux idées néolibérales de droite, ils ont tout simplement plié l'échine devant la pression médiatique.
Et plutôt que de prendre la défense de leur camarade de parti et d'en profiter pour dénoncer fortement cette peur de l'autre que manipulent sans vergogne certains politiciens du Québec, ils ont choisi de jouer le jeu du politiquement correct.
Ils se sont clairement désolidarisés de lui, en prenant « de facto » le parti de ses adversaires politiques : l'une jugeant ses propos « franchement maladroits et exagérés » ; l'autre exprimant son désaccord à des propos jugés « clivants ». Résultat : à leur insu ils ont renforcé ce préjugé -en passe de devenir aujourd'hui si commun— voulant que la source du problème réside, non pas dans certaines politiques gouvernementales néolibérales et conservatrices, mais comme par hasard... dans les dires d'un député issu de l'immigration.
Plus encore, ils se sont employés, à réduire la portée de la motion de soutien à Haroun Bouazzi qui avait été amenée sur le plancher du congrès de QS par la gauche du parti et votée avec succès. Ils ont placé ainsi QS dans une position mi figue-mi raisin qui, plutôt que de donner l'impression de défendre haut et fort les principes de la justice et de l'égalité sociale –les bannières mêmes de la gauche—, l'ont conduit à coller au consensus en vigueur des élites politiques. Un consensus voulant que l'assemblée nationale provinciale –création pourtant du colonialisme britannique et dirigée par un parti clairement orienté à droite— ne puisse paraître dans cette affaire qu'au dessus de tout soupçon.
Il est vrai qu'il y a là – avec la question du racisme— un chantier collectif de réflexion à approfondir à propos duquel la direction de QS a accumulé bien de retard et qui dans ce cas là aurait pu l'aider à clarifier les choses et à remettre les adversaires d'Haroun à leur place. Qu'en est-il du racisme ordinaire, du racisme systémique ? Doit-on ou non politiquement le distinguer de la xénophobie ou de la peur de l'autre ? D'autant plus qu'a fini par s'imposer dans certains cercles une conception culturaliste du racisme très en vogue, mais succincte et imprécise, tendant à minimiser les nuances et acquis d'une tradition de gauche bien vivante (Angela Davis, Frantz Fanon, etc.) qui s'est toujours acharnée, parce qu'elle gardait en tête l'objectif de faire avancer stratégiquement la cause générale de l'égalité sociale, à tenir soigneusement compte du contexte économique, social et politique comme des acteurs précis que l'on choisissait de dénoncer.
Et si, comme chacun le sait, dénoncer quelqu'un comme étant raciste, équivaut à une condamnation toujours forte et explosive dont il faut savoir politiquement mesurer la portée comme l'efficacité véritable, cela ne devrait nullement empêcher de s'employer à trouver les moyens les plus adéquats pour rallier à la cause de l'anti-racisme de larges secteurs de la population.
Il aurait été ainsi facile, en s'en tenant fermement aux acquis programmatiques de QS et en n'ayant pas peur d'aller à contre-courant, de prendre une tout autre position qui aurait en contre-partie rassuré bien des progressistes du Québec sur les capacités de QS à incarner une véritable alternatives aux multiples crises que nous traversons.
En se jouant de l'imprécision même des propos d'Haroun, les deux porte-paroles de QS auraient pu profiter de l'occasion pour reprendre l'initiative et dénoncer les politiques gouvernementales de la CAQ en disant en substance : « ce que nous comprenons de ce qui a été dit par Haroun et que nous partageons entièrement, c'est l'odieux de déclarations récurrentes qui tendent à mettre sur le dos des immigrants des maux sociaux bien réels (pénurie de logement, crise des services publics, recul du français, crise de la DPJ, etc.), mais dont seul le gouvernement de la CAQ –et non pas l'immigrant— est le responsable de par des politiques littéralement schizophréniques. »
« Car c'est lui qui d'un côté a cautionné, dans le sillage de ses orientations néolibérales excluant tout véritable contrôle public, l'arrivée au Québec d'une main-d'oeuvre bon marché, captive et dénuée de tous droits effectifs ; tout en stimulant de l'autre côté un nationalisme identitaire étriqué alimentant la peur de l'autre et la méfiance de l'étranger. Renforçant plus encore les sources d'inégalités, de divisions et d'intolérances qui traversent la société québécoise d'aujourd'hui et qui conduisent tout droit au racisme ! Et le scandaleux est bien là : qu'une grande majorité des députés de l'assemblée nationale aient fermé les yeux à ce propos et se soient drapés dans une hypocrite bonne conscience, alors que partout, comme on le sait, les idées de l'extrême droite populiste gagnent du terrain. »
Et si dénoncer une telle hypocrisie aurait assurément heurté un certain « establishment » conservateur québécois, elle aurait par contre permis de rassembler derrière QS tous ceux et celles qui cherchent sourdement, mais de manière encore si dispersée, une alternative cohérente aux politiques sans issues de la CAQ. Une alternative qui permettrait de faire face aux défis de l'égalité sociale et de la transition écologique mais aussi à celui de co-construire avec les nouveaux arrivants une société du Québec qui puisse être un peu plus souveraine et démocratique, en somme maîtresse de ses conditions de vie et de destin.
Assurément ceux-là sont bien plus nombreux qu'on le pense. Et, plutôt que de rêver aux gains incertains d'un hypothétique recentrage politique, c'est à eux qu'aurait dû d'abord penser la direction actuelle de QS.
Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec, le 2 décembre 2024
(1) Voir notamment cette fameuse déclaration du ministre Jean Boulet : 21 septembre 2022 : 80 % des immigrants « ne travaillent pas, ne parlent pas français, ou n'adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ». Voir aussi les déclarations de François Legault, le 10 juin 2024 : « Depuis deux ans, l'augmentation [des immigrant·es temporaires] fait qu'on a besoin de 120 000 logements de plus, juste depuis deux ans. [Mais] quand on regarde toutes les constructions, […] il y en a eu 90 000 depuis deux ans. On voit que 100 % du problème de logement vient de l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires. »
(2) Voir Vaste programme https://vasteprogramme.ca/2024/11/21/haroun-bouazzi-le-racisme-et-lassemblee-nationale/
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Manifs le 8 décembre : bloquons le projet de loi 69 !

Le projet de loi 69 de privatisation de l'électricité de la CAQ est un véritable coup de force des lobbys de la privatisation des services publics. C'est carrément un détournement de la transition énergétique couplé d'une vaste campagne de désinformation concernant une pénurie d'électricité. Cette pénurie a été créée de toute pièce par des décisions de la CAQ : 1 : les deux récents contrats d'exportation d'électricité aux États-Unis qui seront à perte pour les contribuables et : des énormes rabais sur l'électricité industrielle déjà pas chère, pour attirer les carnivores électriques de la planète. Il n'est pas trop tard pour faire marche arrière et conserver notre précieuse électricité pour sortir le gaz et le pétrole de notre équation énergétique et ainsi opérer une véritable décarbonation sur le territoire québécois.
Le projet de loi 69 vise à privatiser l'électricité du Québec
1. La privatisation par l'autoproduction ce qui viendrait légaliser le projet illégal de TES Canada/Power corporation en Mauricie (800 MW d'éolien privé pour produire de l'hydrogène ce qui est du pur gaspillage d'électricité)
2. La privatisation de barrages publics jusqu'à 100 MW
3. La privatisation de la distribution d'électricité
4. La privatisation par l'actionnariat en créant une nouvelle personne morale privée comme les projets éoliens Éolien des neiges et le projet de 3 000 MW au Lac St-Jean annoncé par Sabia
5. La privatisation par l'obligation faite à HQ de transporter l'électricité privée
6. La privatisation par la légalisation de la vente d'un privé à un autre privé
7. En poursuivant la stratégie de privatisation de la production éolienne qui a déjà coûté, au bas mot, 6 milliards de dollars aux consommateurs selon l'IREC
Ce serait le retour aux fiefs privés d'électricité d'avant la nationalisation de l'électricité, avec tous leurs effets pervers. Ce serait le début de la fin d'Hydro-Québec qui a été et est toujours une réussite extraordinaire en termes social, environnemental et économique.
Comment bloquer le PL 69
La CAQ opère avec le PL 69 un détournement hypocrite de la transition énergétique. Les oppositions ont l'opportunité de les bloquer en flibustant le PL 69. Ils doivent se retrousser les manches et faire de l'obstruction systématique au PL 69. Et comme le gouvernement peut utiliser le bâillon, mais seulement une seule fois par session, les oppositions doivent également flibuster un 2e voire un 3e projet de loi auquel la CAQ tient absolument afin que le bâillon soit utilisé sur cet autre projet de loi plutôt que sur le PL 69. Les oppositions doivent dire à la CAQ : Abandonnez le PL 69 si vous voulez que votre projet de loi préféré passe.
Mobilisons-nous
Des groupes de divers horizons, syndicaux, citoyens, communautaires, environnementaux et politiques et ce à travers tout le Québec collaborent pour faire bloquer le projet de loi 69 à l'Assemblée nationale afin de stopper la privatisation de l'électricité.
Joignez-vous à nous pour faire pression sur les oppositions afin qu'elles se donnent les moyens de bloquer l'opération de dépossession sournoise de notre territoire auquel se livre la CAQ avec la complicité de Michael Sabia, un expert de la privatisation des services publics, qu'elle a elle-même nommé à la tête d'Hydro-Québec.
Martine Ouellet, ing. MBA
ancienne cadre d'Hydro-Québec,
ancienne ministre des Ressources naturelles
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Libre-échange : Le Canada panique

L'élection de Trump, avec la perspective de tarifs sur les exportations canadiennes et surtout la renégociation de l'ACEUM, l'Accord de libre-échange Canada/États-Unis/Mexique, provoque la panique dans les milieux d'affaires et politiques canadiens.
22 novembre 2024 | tiré de l'Aut'journal
Doug Ford, le premier ministre de l'Ontario, a été le premier à exiger que l'accord à trois soit remplacé par un accord à deux, Canada/États-Unis, laissant le Mexique sur le carreau. L'Alberta a donné publiquement son accord et, selon Ford, toutes les provinces et les territoires, consultés lors d'un entretien téléphonique, appuient son idée.
En fait, l'équipe de Donald Trump a déjà déclaré qu'on n'imposerait pas de tarifs à l'importation de pétrole et de gaz naturel de l'Alberta et la proposition de Doug Ford peut se résumer à un accord Ontario/États-Unis pour préserver les intérêts de l'industrie automobile de sa province, car les milieux d'affaires et les politiciens canadiens-anglais ont fait savoir publiquement qu'ils sont prêts à sacrifier la gestion de l'offre en agriculture dans d'éventuelles négociations, ce qui affecterait principalement le Québec. Le gouvernement Legault n'a pas rendu public l'argumentaire qui l'a amené à appuyer la proposition de Doug Ford.
À Ottawa, Chrystia Freeland, la ministre des Finances, chargée des relations économiques à venir avec le Canada, n'a pas écarté la proposition de Doug Ford. Mme Freeland s'est dite « grandement préoccupée » par le fait que la Chine utilise le Mexique pour accéder aux marchés nord-américains.
Mais les milieux d'affaires étaient plus prudents. Dennis Darby, président de l'association Canadian Manufacturers & Exporters s'est dit mécontent de voir le Canada répondre à l'élection de Trump en discutant sur la place publique de l'idée d'abandonner l'accord trilatéral avec le Mexique et les États-Unis. Il a souligné que plusieurs entreprises avaient des investissements dans les trois pays.
Flavio Volpe, président de Canada's Automative Parts Manufacturer's Association a déclaré que les États-Unis et le Canada avaient besoin du Mexique pour concurrencer la Chine.
La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a déclaré que la proposition de Doug Ford « n'avait pas de futur », en rappelant que, lors de la dernière ronde de négociations, le Mexique a demandé à ce que le Canada demeure dans l'accord, alors que les États-Unis étaient prêts à conclure une entente avec le Mexique et à larguer le Canada.
Des propos confirmés par le négociateur américain Robert Lighthizer dans son livre No Trade Is Free. Changing Course, Taking On China, and Helping America's Workers (Broadside Books, 2023). Pour contextualiser les négociations futures, nous reproduisons le résumé du livre de Lighthizer.
Un rappel important
La mise sur pied du comité du Cabinet présidée par Chrystia Freeland pour se préparer à braver la tempête en matière de commerce et de libre-échange à la suite de l'élection de Donald Trump est une sage décision car, lors de la renégociation de l'ALENA, le Canada s'est fait rouler dans la farine, comme en témoigne le compte-rendu qu'en fait le négociateur américain Robert Lighthizer dans son livre No Trade Is Free. Changing Course, Taking On China, and Helping America's Workers (Broadside Books, 2023). L'initiative fédérale est d'autant plus pertinente que Lighthizer fait partie du comité chargé de l'élaboration du programme économique d'une nouvelle administration Trump.
Originaire de l'Ohio, Lightizer s'est opposé dès le départ au libre-échange entre le Canada, le Mexique et les États-Unis, jugeant que cela se traduirait par la perte de centaines de milliers d'emplois dans son pays. Au plan international, il s'est prononcé contre l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce et à cette idée d'un marché mondial bénéfique pour tous qui s'est imposée au lendemain de la chute du mur de Berlin.
La montée en puissance de la Chine disputant les marchés mondiaux aux États-Unis a confirmé ses appréhensions. C'était comme si les États-Unis s'étaient endormis avec « la fin de l'histoire » de Fukuyama pour se réveiller avec « le choc des civilisations » de Samuel Huntington. Lightizer a présidé, en tant que Représentant des États-Unis pour le commerce, au plus important changement de stratégie économique de l'histoire des États-Unis en imposant à la Chine et à d'autres pays des tarifs douaniers protectionnistes.
Un bilan négatif de l'ALENA
La plus grande partie de son livre est consacrée aux négociations avec la Chine, mais deux chapitres traitent du renouvellement de l'ALENA. Le bilan qu'il a fait de l'accord est totalement négatif. Les États-Unis ont perdu 700 000 emplois au profit du Mexique. La prédiction de ses promoteurs selon laquelle se créerait au Mexique une classe moyenne avec des salaires qui se rapprocheraient des salaires des travailleurs américains ne s'est pas matérialisée. Pire encore, le pouvoir d'achat tout de même accru des Mexicains s'est traduit par l'achat de biens fabriqués non pas aux États-Unis, mais en Chine, conséquence de l'adhésion de ce pays à l'OMC. De plus, souligne-t-il, l'exportation de grains américains au Mexique a eu un effet dévastateur sur les secteurs agricoles mexicains à forte densité de main-d'œuvre, alimentant l'émigration vers les États-Unis.
Trump a qualifié l'ALENA de « pire accord jamais négocié » et a promis, lors de la campagne électorale de 2016, d'y mettre fin. Lightizer l'a plutôt convaincu de le renégocier, son abolition aurait été catastrophique.
Le principal problème avec l'ALENA pour les États-Unis concernait la fabrication de voitures au Mexique. Au départ, les Trois Grands de l'automobile n'avaient transféré au Mexique que l'assemblage de voitures économiques. Mais, progressivement, les opérations à haute valeur ajoutée comme la fabrication de moteurs et de transmissions ont franchi la frontière.
Plus troublant encore pour Lightizer, le Mexique servait de porte d'entrée pour les composantes produites à l'extérieur des pays de l'ALENA. En théorie, une voiture devait avoir 65% de contenu nord-américain pour se qualifier pour être exemptée de tarifs douaniers. Mais le Mexique ayant signé des ententes de libre-échange avec d'autres pays, des composants (électroniques, etc.), inexistants lors de la ratification de l'Accord, étaient considérés comme « pièces d'origine » d'Amérique du Nord, même s'ils étaient produits en Allemagne, en Corée du Sud, au Japon ou en Chine, si bien qu'une voiture pouvait se qualifier avec 50% de son contenu provenant de l'extérieur de l'Amérique du Nord. De plus, de 1997 à 2014, neuf des onze usines de voitures construites en Amérique du Nord l'ont été au Mexique.
Lightizer proposa de hausser le contenu régional de 65 à 85% – on s'entendra sur 75% – tout en éliminant les passe-droits. De plus, 70% de l'acier et de l'aluminium devaient être produits en Amérique du Nord. Le Mexique était aussi sommé de réformer son code du travail en y inscrivant l'obligation d'un vote secret pour la reconnaissance syndicale, l'élection des dirigeants et l'approbation des conventions collectives et d'accorder un salaire minimum de 16$ de l'heure, le tout pour mettre fin à une concurrence déloyale avec les travailleurs américains.
Dans le cas du Canada, la cible identifiée par Trump était la gestion de l'offre des produits laitiers qui protégeait le marché canadien et permettait au Canada de concurrencer les États-Unis sur les marchés étrangers. L'accès au marché canadien pour les produits laitiers américains était notre principale priorité à l'égard du Canada, affirme Lightizer.
Il y avait d'autres irritants. Par exemple, l'exemption culturelle – une relique de l'ALE Reagan-Mulroney – qui avait pour but de protéger le caractère bilingue du Canada et d'apaiser les séparatistes québécois, selon Lightizer. Elle avait été utilisée pour exclure des entreprises américaines, comme la diffusion des publicités américaines lors du Super Bowl au Canada. Lightizer reconnaît qu'il n'a pas réussi à se débarrasser de cette exception culturelle, mais se console avec l'inscription dans le nouvel Accord d'un amendement qui permet aux entreprises américaines d'imposer unilatéralement des mesures punitives contre le Canada.
Lightizer voulait éliminer la clause – tant honnie par les progressistes – qui permettait aux entreprises de poursuivre des gouvernements étrangers. Selon lui, elle était devenue une police d'assurance gratuite contre les risques politiques pour les compagnies qui désiraient transférer des emplois américains dans d'autres pays. Au Congrès, les Républicains protestèrent et Paul Ryan, le Speaker de la Chambre des représentants, déclara que le nouvel Accord ne serait pas adopté sans le maintien de cette clause.
Mais Lightizer avait l'appui de Trump et, après consultation, il s'est avéré que les seules bénéficiaires étaient les pétrolières et les gazières ayant des investissements au Mexique. Le président Nieto avait ouvert le marché des hydrocarbures aux compagnies étrangères et celles-ci craignaient un retour en arrière avec un nouveau gouvernement et de futures expropriations. Le compromis trouvé fut de restreindre la clause à ces seuls investissements.
La stratégie de négos de Trump
Lightizer raconte que la stratégie canadienne – et dans une certaine mesure celle du Mexique – était de le contourner en privilégiant des activités de lobbyisme auprès des membres du Congrès dans l'espoir qu'ils feraient des pressions sur les négociateurs américains pour qu'ils laissent tomber leurs demandes, leur menace de se retirer de l'Accord, voire l'ensemble de l'exercice. Une série d'événements allaient modifier la dynamique.
Premièrement, Trump décida d'imposer des tarifs sur l'acier et l'aluminium. Au départ, le Mexique et le Canada en furent exemptés. Mais à la condition qu'ils n'en profitent pas pour inonder le marché américain de leurs produits, remplacés par des produits de substitution en provenance d'autre pays. Quand il est apparu qu'ils ne restreignaient pas leurs exportations, Trump leur a imposé des tarifs.
Deuxièmement, Trump instaura une enquête sur les importations de voitures en provenance des deux pays en invoquant des pouvoirs relatifs à la sécurité nationale, ce qui lui aurait permis de hausser les tarifs sans aucun plafond. Une telle politique aurait été catastrophique pour le Canada et le Mexique.
Comme troisième élément, Lightizer cite le Sommet du G-7 à Charlevoix. Pour forcer la main à l'administration Trump, le gouvernement Trudeau a publié avant le Sommet une déclaration laissant faussement entendre que les négos étaient rendues à leur stade final et qu'un Accord serait bientôt annoncé. Lightizer a rapidement démenti l'information dans un communiqué.
Puis, Trudeau s'est permis de critiquer les tarifs sur l'acier et l'aluminium, lors de la conférence de presse clôturant le Sommet. Trump, qui avait déjà quitté Charlevoix, a réagi par tweet reniant sa signature sur la déclaration finale. Un de ses proches conseillers a déclaré qu'il y avait « une place en enfer pour Trudeau. » Selon Lightizer, les relations entre le Canada et les États-Unis n'avaient jamais été aussi mauvaises depuis la guerre de 1812.
Un Accord États-Unis – Mexique
Les négociations ont par la suite fait une pause dans l'attente du résultat des élections mexicaines qui se sont conclues par l'arrivée au pouvoir d'Andrés Manuel Lopez Obrado (AMLO). La stratégie américaine a alors consisté à ne négocier qu'avec le Mexique. Une entente est intervenue sur l'industrie automobile garantissant un contenu de valeur régionale, un code du travail mexicain amendé et un salaire minimum de 16$.
La clause sur la protection des investissements étrangers dans les hydrocarbures a été plus difficile à conclure, mais l'interdiction d'expropriation des installations privatisées a été obtenue en échange de l'inclusion dans l'Accord d'une déclaration de principe à saveur nationaliste pour satisfaire le gouvernement mexicain.
Un Accord États-Unis – Mexique a donc été proclamé le 27 août, soit quelques heures avant le délai prévu pour son adoption par le Congrès. Le Canada a été invité à s'y joindre, mais en laissant clairement entendre que les deux pays étaient disposés à aller de l'avant sans le Canada. Un délai de 30 jours était prévu avant que le texte définitif soit étudié par le Congrès, soit le 30 septembre.
Ce n'est que le 18 septembre que les communications rompues depuis Charlevoix ont été rétablies. Le Canada a bonifié son offre sur les produits laitiers et le nouveau texte a été adopté à 23:59 la veille du 30 septembre.
La négociatrice canadienne, Chrystia Freeland
Au Canada, les médias ont encensé la ministre Chrystia Freeland responsable des négociations. C'est un autre son de cloche que laisse entendre l'ex-ministre des Finances Bill Morneau dans son livre Where To From Here. A Path to Canadian Prosperity (ECW, 2023). Après avoir affirmé que si le Canada et les États-Unis « bénéficient de l'intégration de leurs économies, les Canadiens doivent se rappeler que d'aucune façon cela n'est un partenariat égalitaire ». Nous pouvons, poursuit-il, avoir des désaccords avec plusieurs politiques commerciales américaines, mais la meilleure attitude est de ne pas importuner les dirigeants américains. Puis, il raconte que c'est exactement ce qui s'est produit durant son mandat en citant une intervention de Chrystia Freeland.
Bil Morneau avait développé une excellente relation avec Steven Mnuchin, le Secrétaire au Trésor américain, au point d'avoir été invité à son mariage. Mais cette amitié a été rudement mise à l'épreuve lors de la renégociation de l'ALENA. Il cite un discours de Chrystia Freeland, alors ministre des Affaires étrangères, en juin 2018, lors de la réception du prix « Diplomat of the Year » de la revue Foreign Policy. Exaspérée par l'imposition de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium canadiens, elle a alors déclaré : « Vous pouvez croire aujourd'hui que votre importance vous permet de marcher main dans la main avec vos adversaires traditionnels et être assurés de gagner, mais, si l'histoire nous enseigne quelque chose, c'est qu'aucune nation n'est éternelle. »
Quelques jours après ce discours, Morneau reçoit un appel d'un Mnuchin irrité. « Comment vous sentiriez-vous si j'étais honoré par de gens qui s'opposent à votre gouvernement, que j'irais à Ottawa pour recevoir ce prix et que je prononcerais un discours qui vous critiquerait vous et votre gouvernement, et qu'après coup je retournerais à Washington sans vous en avoir parlé ? Est-ce que vous pensez que notre relation serait la même ? »
Dans son livre, Lightizer couvre d'éloges Chrystia Freeland et va jusqu'à affirmer qu'il la voit comme future première ministre du Canada. Il mentionne discrètement au passage qu'il lui a arraché une clause majeure qui assure un droit de veto des États-Unis sur tout accord de libre-échange du Canada avec un pays non démocratique (lire : la Chine). Parions qu'il serait heureux de la retrouver à la table des négociations advenant une renégociation de l'Accord à la suite de la réélection de Trump.
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France : Censurons le gouvernement et le patronat !

Alors que le budget concocté par Barnier avait fait l'objet de nombreux amendements à l'Assemblée nationale, il est désormais revenu, le 25 novembre, dans sa version initiale devant le Sénat. Selon le rapporteur général de la commission des finances, Jean-François Husson (LR), « on est dans la grande urgence ».
27 novembre 2024 | Hebdo L'Anticapitaliste - 731 (28/11/2024)
Pourtant, le Sénat ne devrait pas voter le projet de loi de financement tel que le gouvernement l'a conçu. Près de 2 000 amendements sont au menu, issus pour partie des débats à l'Assemblée. Et les négociations entre les sénateurs, majoritairement issus du centre et de la droite, et le gouvernement battent leur plein.
Tractations au Sénat
Le Sénat veut notamment préserver les collectivités locales et faire baisser les coupes prévues de 5 à 2 milliards d'euros. Ce que le gouvernement avait commencé à envisager sous l'effet de la grogne des éluEs locaux, en procédant l'atténuation des coupes de 0,5 point pour les départements le 15 novembre. Quand 70 % des budgets des départements sont des missions sociales (aide sociale à l'enfance, AAH, RSA…), c'est une dégradation majeure des services publics qui s'annonce.
Autre sujet sur la table cette semaine : la taxe sur l'électricité serait abaissée finalement, tandis que celle sur le gaz, augmentée ! Un effet de vases communicants sans effet réel. Les coupes sont là même si le gouvernement Barnier essaye de négocier chaque millier d'euros.
Si le gouvernement continue de privilégier tout ce qui peut sauver « la compétitivité » et de détruire ce qu'il reste aux classes populaires pour ne pas sombrer, il doit aussi composer avec la volonté des sénateurs de ramener les suppressions de postes dans l'Éducation nationale de 4 000 à 2 000. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, contraint, explique que le déficit pourrait dépasser la barre fatidique des 5 % du PIB…
Sur le plan de la santé, pas de petit recul prévu. Baisse de la prise en charge des consultations médicales et des médicaments, report de l'augmentation des pensions des retraitéEs, augmentation des jours de carence dans la Fonction publique sont toujours à l'ordre du jour. Ces mesures vont continuer d'appauvrir et de dégrader les conditions de vie des plus fragiles et tirer l'ensemble du salariat vers le bas.
Licenciements
Ce budget, qui est un énième coup de massue contre les classes populaires, s'inscrit dans une situation où le patronat jette des milliers de personnes à la rue. Il est d'autant plus criminel socialement qu'il vient s'ajouter à l'offensive du patronat qui, pour maintenir ses profits dans le cadre de la concurrence mondiale, a engagé une véritable saignée dans l'emploi industriel.
Depuis le début de l'année, 150 000 emplois directs et indirects ont été supprimés, et cela va continuer. Des plans de licenciements qui ont lieu dans des secteurs parfaitement rentables, gavés d'argent public : 500 millions d'euros de crédit impôt compétitivité emploi pour Auchan entre 2013 et 2018.... Après Vencorex, Airbus, Michelin et tant d'autres, c'est au tour d'Arcelor Mittal d'annoncer la fermeture de deux sites à Reims et Denain, condamnant 135 personnes au chômage.
Mobilisation générale !
Les logiques parlementaires ne suffiront pas, ni contre le budget d'austérité, car il existe un arsenal législatif qui permet l'application du budget précédent sous forme de « loi spéciale », permettant une gouvernance par ordonnances et la mise en place d'un gouvernement technique, ni pour maintenir et reconvertir les emplois.
Les batailles locales qui viennent de commencer doivent pouvoir s'unir. Dans la fonction publique, une large intersyndicale appelle à une journée de grève le 5 décembre. Sur le front de la défense de l'emploi, la journée nationale appelée par la CGT le 12 décembre doit permettre de faire converger les résistances. Dans la SNCF la mobilisation continue avec l'appel à une grève reconductible à partir du 11 décembre. Et pour défendre également les travailleurEs sans-papiers, menacés par les politiques de plus en plus répressives, nous serons également dans la rue le 14 décembre.
Pour faire de ces échéances un succès nous avons besoin de mettre toutes nos forces dans la bataille. Le NPA a interpellé les organisations du mouvement ouvrier pour agir conjointement face à la vague de licenciements et de suppressions d'emploi. Une telle mobilisation unitaire, comme celle qui s'est constituée en juin autour du Nouveau Front populaire, est plus que jamais nécessaire pour faire reculer le gouvernement, le patronat et l'extrême droite et imposer des mesures d'urgences sociales et écologiques.
Fabienne Dolet
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Le cessez-le-feu au Liban n’est pas une « victoire divine »

La situation actuelle et l'accord de cessez-le-feu qui a été négocié à petit feu pendant des mois et à feu très intense ces dernières semaines sont très différents de ce qu'ils étaient en 2006.
27 novembre 2024
Gilbert Achcar
Professeur, SOAS, Université de Londres
Mediapart
L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban pourrait-il être une nouvelle « victoire divine » ? C'est ainsi que l'accord qui a mis fin à l'agression israélienne contre le Liban en 2006 avait été caractérisé par le Hezbollah. Le parti avait alors affiché ce slogan sur d'énormes panneaux d'affichage ornés d'une photo de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, dans un jeu de mots clair, le slogan pouvant être lu à la fois comme victoire attribuée à Dieu et comme victoire menée par Nasrallah, dont le nom en arabe signifie « la victoire de Dieu ». Indépendamment de cette prétendue divinité, la revendication de la victoire faisait sens, en effet, en 2006, lorsque l'assaut d'Israël n'avait pas réussi à porter un coup décisif au parti, qui lui avait opposé une résistance farouche. L'État sioniste a été contraint d'arrêter son agression en s'appuyant sur une résolution internationale, la résolution n° 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui n'offrait aucune garantie réelle pour sa mise en œuvre – ne serait-ce que celle de sa première clause, qui appelait au retrait des forces du parti au nord du fleuve Litani, sans parler de la clause réaffirmant la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité de l'ONU appelant au désarmement du Hezbollah – la seule organisation qui avait refusé de désarmer au Liban après 1990 au nom de la résistance à l'occupation israélienne.
Le parti a été en mesure de guérir les blessures de la guerre de 2006, qui avait fait plus d'un millier de victimes et occasionné des destructions généralisées dans les zones dominées par le parti, conformément à ce qui a été connu plus tard sous le nom de « doctrine Dahiya ». Le financement iranien permit au Hezbollah de verser des indemnisations pour les vies et les biens, tout comme l'armement fourni par l'Iran lui permit non seulement de compenser ses pertes d'équipement militaire, mais aussi d'augmenter considérablement sa puissance de feu, tant en quantité qu'en qualité, afin d'acquérir une capacité dissuasive contre l'État sioniste. Comme on sait, la force militaire du parti et le soutien prodigué par l'Iran augmentèrent ultérieurement par suite de son intervention en Syrie pour soutenir le régime d'Assad et de sa transformation de fait en une division de la Force Qods – l'aile des Gardiens de la révolution islamique d'Iran spécialisée dans les opérations à l'étranger – chargée de missions militaires qui se sont étendues à l'Irak et au Yémen.
La situation actuelle et l'accord de cessez-le-feu qui a été négocié à petit feu pendant des mois et à feu très intense ces dernières semaines sont complètement différents de ce qu'ils étaient en 2006. La première différence, et la plus importante, est que le coup que les forces armées sionistes ont pu infliger au parti est beaucoup plus grand aujourd'hui qu'il ne l'était en 2006, même s'il n'est pas fatal. Israël ne se fait pas d'illusions, de toute façon, sur le fait qu'il peut éliminer le parti en le bombardant simplement, puisque le Liban offre divers abris locaux et régionaux – contrairement à la bande de Gaza, qui est restée une grande prison malgré le réseau de tunnels creusés par le Hamas.
L'offensive lancée par les forces armées sionistes au Liban il y a deux mois et demi, en commençant par l'explosion des appareils de communication aux mains des cadres du Hezbollah, lui a permis de décapiter le parti en tuant la plupart de ses dirigeants et de se concentrer sur la destruction de ses capacités et infrastructures militaires beaucoup plus efficacement qu'il ne l'a fait il y a dix-huit ans, et ce grâce à des renseignements plus efficaces bénéficiant des évolutions technologiques réalisées ces dernières années. Le Hezbollah sortira de cette guerre épuisé au-delà de toute comparaison avec ce qui lui était arrivé en 2006, et sa capacité à reconstruire sa force, sans parler de l'amplifier, sera fort limitée par rapport à ce qui avait suivi cette année-là.
Comme l'a récemment déclaré l'ambassadeur d'Israël aux Nations Unies, ils ont appris les « leçons de 2006 et de 1701 », au sens que cette fois-ci, les Israéliens seront soucieux de vérifier le retrait complet des forces du Hezbollah au nord du fleuve Litani, ainsi que d'empêcher l'Iran de réarmer le parti à travers le territoire syrien. Ils ont exigé une garantie officielle des États-Unis au sujet de ces deux questions, tout en préservant leur liberté de frapper tout mouvement qui contredirait l'accord, à l'instar de la liberté qu'ils s'octroient de frapper les mouvements iraniens sur le territoire syrien. Il a même été question qu'Israël demande à la Russie de coopérer dans ce domaine, dans l'esprit de l'accord entre les deux États, en vertu duquel les avions et systèmes de défense aérienne russes déployés sur le territoire syrien n'interceptent pas les attaques menées par l'armée de l'air israélienne sur ce même territoire.
De plus, la capacité du Hezbollah à panser les plaies de sa base populaire et de son environnement sera plus faible cette fois-ci, non seulement parce que les blessures d'aujourd'hui sont plus grandes qu'elles ne l'étaient en 2006 (plus de trois fois le nombre de morts, environ quatre fois le nombre de blessés et un nombre de destructions beaucoup plus important), mais aussi parce que les capacités financières de Téhéran sont relativement plus faibles aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 2006 avant que les États-Unis ne durcissent les sanctions contre lui. Cela s'ajoute aux problèmes qui entraveront probablement la capacité de Téhéran à transférer des fonds au parti comme il l'avait fait il y a dix-huit ans.
Enfin, l'État sioniste mise sur les efforts de Washington, en coopération avec Paris, pour changer de manière décisive la carte politique libanaise dans la période à venir, en renforçant les forces armées libanaises régulières tout en empêchant le parti de reconstruire sa force, afin d'atteindre un point où les premières pourraient imposer le désarmement du second, fût-ce par accord politique ou par la force. La restauration des institutions étatiques libanaises, en particulier l'élection d'un nouveau président et la nomination d'un nouveau gouvernement, constituera une étape fondamentale sur cette voie. Il est bien connu que Washington fait pression pour l'élection de Joseph Aoun, l'actuel commandant des forces armées libanaises, à la présidence.
Que les choses aillent dans cette direction relativement aisément, ou que l'affrontement des visées conduise à un nouveau cycle de guerre par procuration sur le sol libanais, cette fois entre l'Iran d'un côté et les États-Unis et Israël de l'autre, dépendra à la fois de l'Iran et des États-Unis. Tout le monde a remarqué comment Téhéran – après avoir insisté sur le rejet par le Hezbollah d'un cessez-le-feu au Liban avant un cessez-le-feu à Gaza (cela était en fait un prétexte pour maintenir le parti engagé dans la guerre, en prévision d'une escalade de l'affrontement entre Israël et l'Iran) – a changé de position et a donné au parti son feu vert pour abandonner la condition préalable de Gaza. Certains pensent que la raison de ce changement est le succès de l'attaque sioniste contre le Hezbollah et la prise de conscience par Téhéran que le passage du temps signifie un affaiblissement supplémentaire des capacités du parti, tandis que d'autres pensent que c'est la crainte de Téhéran de la participation de Washington à une prochaine attaque israélienne contre lui, et contre ses capacités nucléaires en particulier, par suite du retour de Donald Trump, son ennemi juré, à la Maison Blanche.
Si cette dernière estimation est correcte et que Téhéran cherche à conclure un « deal » avec Trump, alors le prix à payer sera que Téhéran recommande à ses auxiliaires régionaux, principalement le Hezbollah, de s'engager dans la construction de l'État local au lieu de chercher à construire un État parallèle, en plus de son acceptation de renoncer à son uranium hautement enrichi et de renforcer le contrôle de ses installations nucléaires. Si ce pari échoue, cependant, le Liban et toute la région se dirigeront vers de nouvelles étapes de violence, et le cessez-le-feu au Liban ne sera rien de plus qu'une trêve temporaire dans une confrontation multiforme qui a commencé il y a près de quarante ans avec la fondation du Hezbollah, ou même six ans plus tôt avec la naissance de la « République islamique ».
Traduit et adapté de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 26 novembre en ligne et dans le numéro imprimé du 27 novembre. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.
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Près d’un millier de personnes manifestent contre les coupures dans les services de francisation.

Le samedi, 30 novembre dernier, c'est près d'un millier de manifestant-es qui scandaient dans les rues de Québec leur indignation face aux coupures que le gouvernement Legault est en train de faire dans les services de francisation offerts dans les centres d'éducation des adultes. Enseignant·es, élèves et parents manifestaient pour réclamer le maintien des services de francisation dans le réseau scolaire.
Alors que le gouvernement de la CAQ se prétend le défenseur de la langue française, il coupe en francisation. C'est complètement illogique ont crié haut et fort les manifestant·es. C'est également dramatique, pour les personnes laissées sans soutien face aux problèmes que ces immigrant-es rencontrent pour participer à la société québécoise. La francisation, pourtant, facilite l'accès au marché de l'emploi et l'accès aux services sociaux pour les nouveaux arrivants. Sans compter que ce sont des centaines d'enseignant-e-s qui ont développé une précieuse expertise en francisation qui risquent d'être licencié·es. Les personnes présentes à la manifestation sont bien décidées à ne pas baisser les bras et déjà de prochains rendez-vous sont prévus pour continuer la lutte.
PTAG publie ici la vidéo des interventions de Martin Hogue, président du Syndicat de l'enseignement des Deux-Rives, d'Étienne Grandmont et Sol Zanetti, députés de Québec solidaire, de Pascal Paradis du Parti Québécois, de Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et de François Bernier, président du Syndicat de l'enseignement de la région de Québec. Ces responsables politiques et syndicaux ont apporté leur soutien aux revendications en défense des services de francisation et promis de demeurer solidaires de cette lutte essentielle pour les immigrant·es du Québec.
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Des groupes communautaires dénoncent le budget du SPVM

La violence, ça suffit ! Des groupes communautaires exigent que les fonds publics soient utilisés pour répondre aux besoins des montréalais·es et non pour la répression
Montréal, le 29 novembre 2024 – Des groupes communautaires appellent les Montréalais·es à se faire entendre lors de l'étude publique du budget du SPVM qui aura lieu le vendredi 29 novembre. Les groupes soulignent que le SPVM a encore une fois dépassé son budget de plusieurs dizaines de millions de dollars cette année - des sommes qui, selon eux, seraient mieux utilisées pour répondre aux besoins des Montréalais·es et résoudre des problèmes sociaux.
Dans un document soumis à la consultation budgétaire de la Ville, le SPVM a révélé qu'il dépassera son budget de 54 millions de dollars cette année. Ce dépassement s'inscrit dans une tendance plus longue, propre au SPVM. Au cours des cinq dernières années, le SPVM a en moyenne dépassé son budget de 40 millions de dollars par année. Aucun autre grand service de police au Canada ne dépense autant. L'exemple le plus proche est celui du Service de police de Calgary, qui dépasse son budget de 0,45 million de dollars par
année, soit plus de 100 fois moins.
Au cours de la même période, le budget du SPVM a augmenté rapidement. Depuis 2019, le SPVM a reçu plus de 170 millions de dollars de nouveaux fonds. Pour 2025, il demande une autre augmentation.
Les groupes communautaires affirment que cet argent servira majoritairement à financer des actes de violence contre les Montréalais·es, y compris des violations systématiques de leurs droits civils et humains.
« Le profilage racial et la violence policière nuisent profondément aux communautés Noires de Montréal depuis des générations, » dit Kassandra Kernisan, directrice générale du DESTA Black Community Network. Au lieu d'augmenter le financement d'un système qui cible de manière disproportionnée les Noirs et les personnes racisées, la ville devrait
investir en priorité dans les programmes communautaires, le logement et les opportunités qui favorisent l'équité et qui enrichissent nos communautés. »
Les groupes soulignent également que le financement de la police a augmenté parallèlement à l'aggravation de la crise du logement, la police étant appelée à s'occuper des symptômes de la crise. Ils notent que la police est régulièrement appelée à expulser les personnes en situation d'itinérance des campements, ce qui constitue une « violation des droits de la personne », selon la Commission canadienne des droits de la personne.
« Faute d'hébergement adéquats, plusieurs personnes en situation d'itinérance doivent s'organiser en campements pour se soutenir mutuellement et se protéger des intempéries, note Clara du FLIP. Nous savons que les campements ne sont pas idéaux, mais plutôt que de financer des solutions à la crise du logement ou des ressources adaptées, la Ville
paie de plus en plus cher la police pour qu'elle les exproprie et les
harcèle partout dans la ville. »
En cette année de manifestations historiques de solidarité avec la Palestine, la police a également utilisé les ressources massives dont elle dispose pour réprimer les militant·es et les membres de la communauté par le biais d'actions telles que des agressions physiques, des gaz toxiques, des arrestations arbitraires, une surveillance illégale, des abus verbaux
et des humiliations, ainsi que de nombreuses autres violations des droits civils.
« Sur les campus, nous avons assisté à une intensification de la brutalité policière suite au mouvement étudiant pro-palestinien, dit Zaina Karim, une organisatrice étudiante à McGill. Même les petits rassemblements pacifiques sont maintenant ciblés par une force policière écrasante. Le SPVM a dépensé des sommes inimaginables en gaz lacrymogènes, en matériel de surveillance et en équipement anti-émeute pour brutaliser des jeunes qui se mobilisent contre un génocide sur leur propre campus. »
Les groupes appellent les Montréalais·es à assister à la présentation du budget du SPVM vendredi à 12h30 et à exprimer comment iels préféreraient voir cet argent dépensé.
Les groupes sont d'avis que l'argent de leurs impôts ne devrait pas être utilisé à ces fins violentes, autoritaires et antidémocratiques, mais plutôt pour répondre aux besoins pressants des Montréalais·es. Les groupes constatent que la ville a besoin de financement pour des logements abordables, des services communautaires accessibles, des opportunités pour les jeunes, des transports en commun et des infrastructures fonctionnelles. La sécurité publique, les groupes expliques, ne peut venir que de la
satisfaction des besoins de tous, et non de la violence infligée aux membres vulnérables de la communauté.
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Ma place au travail assiste au dépôt de sa pétition pour la qualité éducative à l’Assemblée nationale

Crise dans les services de garde : Ma place au travail assiste au dépôt de sa pétition pour la qualité éducative à l'Assemblée nationale
Québec, le 28 novembre 2024 – Aujourd'hui, l'organisation Ma place au travail, accompagnée de parents et d'alliés, se rend à l'Assemblée nationale pour assister au dépôt officiel de sa pétition sur la qualité éducative dans les services de garde éducatifs à l'enfance. Lancée en réponse au rapport accablant de la Vérificatrice générale du Québec sur le sujet, cette initiative appelle le gouvernement à prendre des mesures
concrètes, ambitieuses et urgentes pour adresser la situation.
Six mois après la publication du rapport révélant que près de 30 % des services de garde évalués n'atteignent pas les normes minimales de qualité éducative, le ministère de la Famille n'a toujours pas présenté au public de plan d'action pour répondre aux recommandations de la Vérificatrice générale.
Au cours des dernières semaines, une série de faits troublants sur la santé du réseau ont aussi été dévoilés, notamment le fait que 10 000 éducatrices ont quitté la profession au cours des trois dernières années. Leur départ prive le réseau d'un pilier essentiel pour garantir des milieux de garde sécuritaires, sains et de qualité pour les tout-petits. C'est d'autant plus inquiétant que l'an dernier, sur les 10 831 postes pourvus d'éducatrices,
69% sont non qualifiées.
Cette pétition s'inscrit dans une mobilisation continue de l'organisme, incluant des actions telles que la remise d'un volumineux cahier de témoignages de parents et de personnes éducatrices aux représentants des dossiers Famille de l'Assemblée nationale, démontrant leurs inquiétudes et leur volonté que les choses changent. Parmi les demandes prioritaires,
l'organisme souligne également l'importance d'un meilleur accompagnement des parents et des enfants dans le processus de plaintes.
Portée par le député Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du troisième groupe d'opposition pour la famille et en matière de CPE, la pétition a recueilli, en seulement 4 semaines, près de 4 000 signatures.
Marylin Dion, directrice générale et porte-parole de Ma place au travail, souligne : « Les parents nous disent qu'ils sont inquiets, et ils ont raison de l'être. Étant donné que la pénurie de places en services de garde est toujours aussi importante, les parents n'ont pas toujours le luxe d'être exigeants dans leur choix de service de garde, puisqu'ils n'ont,
justement, que trop peu de choix. Ce que nous demandons aujourd'hui, c'est un véritable engagement de la part du gouvernement pour assurer la qualité éducative dans nos services de garde. Le temps presse. Si rien n'est fait, nous risquons de voir des milieux de garde de plus en plus fragilisés, au détriment de nos tout-petits, qui méritent un départ solide dans la vie. »
Avec cette démarche, Ma place au travail veut rappeler que le Québec, autrefois un modèle en petite enfance, doit agir pour redonner confiance aux familles et assurer à chaque enfant un milieu éducatif de qualité où il peut s'épanouir pleinement.
À propos
Ma place au travail est un organisme à but non lucratif assurant une veille de l'offre proposée aux familles en matière de services de garde et intervient auprès des instances gouvernementales afin que chaque parent qui le désire puisse avoir accès à une place de qualité et subventionnée pour son enfant. L'organisme vise à faire connaître les difficultés bien réelles que les familles rencontrent dans leurs recherches d'un milieu de garde, et
ce, tous types de milieux confondus. Ma place au travail expose régulièrement les répercussions de la pénurie sur la vie personnelle, professionnelle et financière des parents.
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Montréal : le travail comme vecteur d’intégration pour les femmes immigrantes

À Montréal, des entreprises d'économie sociale accompagnent les nouvelles arrivantes dans leur insertion sur le marché de l'emploi québécois.
Tiré du Journal des ALternatives
Par Charline Caro -22 novembre 2024
Photo :Les employées des Filles Fattoush à l'œuvre dans la cuisine de l'entreprise - Crédit : Charles Briand
À travers des formations professionnalisantes, les participantes accroissent leur employabilité, socialisent et prennent confiance en elles, dans un contexte qui leur est parfois défavorable.
En franchissant la porte de Petites Mains, on est immédiatement accueilli par une atmosphère de travail vivante et chaleureuse. Des personnes de diverses origines s'activent, qu'il s'agisse de tâches culinaires, artisanales, ou administratives. Petites Mains est l'une des entreprises d'insertion sociale montréalaises destinées aux femmes immigrantes, leur offrant des formations rémunérées en restauration, en couture et en administration. Autre acteur clé de l'insertion, Les Filles Fattoush, qui emploie des nouvelles arrivantes syriennes pour son service de prêt-à-manger. Ces initiatives sont nées du constat que le travail est un vecteur d'intégration majeur pour les personnes immigrantes, mais qu'il leur demeure difficile d'accès.
La difficile recherche d'emploi
« Ce n'est pas facile de trouver un emploi immédiatement. Peu importe les qualifications, on se retrouve souvent dans des emplois difficiles comme le nettoyage ou la plonge. » Jeyashri, enseignante de profession au Sri Lanka, a immigré au Canada il y a une dizaine d'années. Comme d'autres nouveaux et nouvelles arrivant·es, elle a été confrontée à de nombreux obstacles pour intégrer le marché du travail québécois.
Sur le plan structurel, le manque de reconnaissance des diplômes étrangers est un premier obstacle à la recherche d'emploi. « On accueille des comptables, des architectes, des ingénieures », relate Adelle Tarzibachi, co-fondatrice des Filles Fattoush. Les nouvelles arrivantes qualifiées n'ont pas toujours le goût de « retourner aux études à un certain âge, et veulent juste trouver un emploi. » Malgré des carrières parfois remplies, le manque d'expérience au Québec peut également être un frein pour les employeurs. Les personnes immigrantes peuvent ensuite souffrir d'une méconnaissance des codes du marché du travail local, et d'un manque de contacts.
Jeyashri, une des participantes de l'atelier de couture de Petites Mains – image fournie
Une autre barrière courante est la maîtrise de la langue française, requise dans la plupart des secteurs. Après quelques mois en tant qu'éducatrice de la petite enfance, Jeyashri a dû quitter son emploi, car « la communication en français était devenue indispensable, bien que l'environnement de travail soit anglophone. »
« J'ai remarqué que les femmes ont encore plus de difficultés à trouver un emploi », remarque Adelle Tarzibachi. Pour les nouvelles arrivantes en particulier, certains défis s'additionnent, tels que la nécessité de concilier la vie familiale et professionnelle. La charge liée à d'éventuels enfants nécessite que les « heures de travail soient accommodées », appuie la co-fondatrice des Filles Fattoush.
La recherche d'emploi des femmes immigrantes est ainsi obstruée par des enjeux de natures diverses. Le travail est pourtant un vecteur d'intégration essentiel, puisqu'il amène la socialisation, l'indépendance financière, la francisation ou encore la confiance en soi. Les entreprises d'insertion sociale tentent d'accroître l'employabilité de leurs participantes en vue de favoriser leur adaptation à leur nouveau lieu de vie.
Les entreprises montréalaises d'insertion
Jeyashri a rejoint la fabrique de couture de Petites Mains dans le but de trouver par la suite « un meilleur emploi ». L'objectif premier de cette entreprise d'économie sociale est en effet de développer l'employabilité de ses usagères, à travers une formation de six mois à la couture industrielle. Maîtrise des machines à coudre, confection d'articles textiles, contrôle qualité… l'organisme vise à professionnaliser ses participantes. Le tout à travers une réelle entreprise de couture qui répond aux commandes de différents clients. Lors de la visite du Journal des Alternatives, des T-shirts pour les pompiers de Montréal étaient en train d'être confectionnés.
Pour celles qui préfèrent les secteurs de la cuisine et de la restauration, Petites Mains dispose d'un café-traiteur et d'une formation similaire. C'est également le cas des Filles Fattoush, dont l'entreprise de prêt-à-manger emploie et forme de nouvelles arrivantes syriennes à la cuisine professionnelle. « Avoir une expérience dans le domaine, ça aide beaucoup », estime Adelle Tarzibachi.
S'intégrer par le travail
Ces organismes contribuent toutefois à une intégration qui dépasse le seul cadre professionnel. Les usagères de Petites Mains apprécient le côté humain de la formation, qui leur permet de socialiser avec les autres participantes et les employé·es québécois·es. Une opportunité de se faire un réseau amical et professionnel. « C'est la première fois que je rencontre autant de gens différents. C'est très intéressant […] et enrichissant », nous confie Jeyashri.
L'insertion professionnelle est également un moyen d'apprendre la langue française pour celles qui ne la parlaient pas. Petites Mains accueille des cours de francisation du gouvernement, en plus d'être un lieu d'échanges francophones. Jeyashri a appris le français dans le but d'intégrer l'organisme, où elle continue aujourd'hui de le perfectionner. « C'est un endroit parfait pour m'adapter au milieu de travail au Canada tout en améliorant mon français », estime-t-elle.
Chez les Filles Fattoush, les employées syriennes peuvent alterner entre l'arabe et le français, la co-fondatrice et la directrice générale étant respectivement d'origine syrienne et québécoise. Les relations avec la clientèle du prêt-à-manger permettent également aux employées de communiquer dans la langue locale. « Même si elles ne parlent pas à 100 %, elles sont au moins dans un environnement où elles sont obligées de pratiquer », relate Adelle Tarzibachi.
Enfin, avoir une formation et un emploi apporte de la confiance aux nouvelles arrivantes. « Le travail, c'est comme un boost, un espoir », confie la co-fondatrice des Filles Fattoush. « C'est quand même une très grande fierté pour elles » de s'accomplir sur le plan professionnel. Jeyashri confirme cette impression, se sentant « poussée vers le haut » par sa formation à la fabrique de couture, qu'elle estime être un soutien moral très important. « C'est ce dont les femmes immigrantes ont besoin, je pense. »
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