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Sortir de l’approche coloniale 5 enjeux pressants en matière de droits des peuples autochtones au Québec
Nous reproduisons ici une partie du bilan produit par la Ligue des droits et liberté.
Vous pourrez trouve le document à l'adresse suivant https://liguedesdroits.ca/sortir-de-lapproche-coloniale/
Pourquoi ce bilan ?
La Ligue des droits et libertés (LDL) est une organisation non partisane et indépendante vouée à la promotion et la défense des droits humains depuis 1963. Ses interventions pour exiger le respect des droits des peuples autochtones remontent aux années 1970 et se poursuivent aujourd'hui, en rappelant aux gouvernements leurs obligations en matière de respect des droits humains, dans une perspective fondée sur l'interdépendance des droits.
À titre d'organisation allochtone et de défense des droits et libertés, la LDL adresse ce document principalement aux personnes et organisations allochtones. Ce dernier offre un survol de quelques enjeux importants qui touchent les droits des peuples autochtones au Québec et propose un bilan des (in)actions du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans ce domaine, depuis son accession au pouvoir en 2018. Il poursuit deux principaux objectifs, soit de sensibiliser la population québécoise sur ces enjeux et de réclamer que l'État québécois, quel que soit le parti au pouvoir, respecte ses obligations en vertu du droit national et international relatif aux droits humains.
Après sept ans de gouvernement majoritaire de la CAQ, la LDL croit effectivement qu'il est temps de dresser un bilan critique de la contre-performance de celui-ci et de rappeler au gouvernement et aux partis d'opposition les solutions existantes pour assurer la reconnaissance, la protection et la mise en œuvre des droits des peuples autochtones.
Toutefois, il convient d'insister sur le fait que les obstacles et les reculs dans ce domaine sont loin d'être le fait exclusif du gouvernement provincial actuel. Ils s‘inscrivent en effet dans le prolongement des politiques racistes et assimilationnistes qui ont façonné l'histoire du Québec et du Canada. Les pistes de solution à emprunter sont pourtant claires et devraient interpeller tous les acteurs politiques, tant sur le plan municipal, provincial que fédéral, à qui incombe la responsabilité d'assurer le respect des droits humains.
Quelques avancées ont eu cours dans les dernières années grâce aux efforts de mobilisation des communautés autochtones et une sensibilisation accrue – quoiqu'encore insuffisante – du grand public face aux violences coloniales et à leurs impacts sur les droits humains. Mais force est d'admettre que le portrait global au Québec demeure sombre, se caractérisant soit par un statu quo, soit par des reculs.
Cet outil ne prétend pas à l'exhaustivité. Il propose un tour d'horizon partiel des luttes et des enjeux actuels concernant la défense des droits des peuples autochtones au Québec. Pour l'élaborer, les membres du comité de travail de la LDL sur les droits des peuples autochtones ont consulté de multiples sources documentaires, notamment des communiqués et mémoires d'organisations autochtones, mais sans que ces dernières ne soient directement impliquées dans l'analyse et la rédaction de ce document. Les membres du comité se sont également appuyé.es sur le cadre de référence des droits humains, notamment sur les droits et principes inscrits dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), afin d'analyser l'état de la situation au Québec et proposer des recommandations qui permettent la mise en œuvre effective de ces droits.
Une négation obstinée du racisme systémique
« L'Assemblée générale,
Convaincue que le contrôle, par les peuples autochtones, des événements qui les concernent, eux et leurs terres, territoires et ressources, leur permettra de perpétuer et de renforcer leurs institutions, leur culture et leurs traditions et de promouvoir leur développement selon leurs aspirations et leurs besoins […] proclame solennellement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, dont le texte constitue un idéal à atteindre dans un esprit de partenariat et de respect mutuel »
– Extraits de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2007.
À travers le monde, les violences coloniales et le racisme systémique auxquels sont confrontés les peuples autochtones sont de plus en plus nommés, compris et reconnus, grâce aux luttes incessantes des Autochtones pour défendre leurs droits culturels, ancestraux, territoriaux et à l'autodétermination. Au Québec, plusieurs rapports et recommandations émanant de commissions d'enquête ont mis en lumière l'héritage et les persistances du colonialisme et du racisme systémique ainsi que leurs impacts sur les droits des peuples autochtones.
Le gouvernement Legault, en place depuis 2018, s'est entêté à nier l'existence, au Québec, d'un racisme de nature systémique à l'égard des peuples autochtones. Cette négation a été particulièrement explicite dans les réactions et commentaires du gouvernement lors des occasions suivantes :
– dépôt du rapport de la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (Commission Viens) en septembre 2019 ;
– création du Principe de Joyce par le Conseil des Atikamekw de Manawan et le Conseil de la Nation Atikamekw en novembre 2020 ;
– publication du rapport de la coroner Géhane Kamel sur la mort de Joyce Echaquan en octobre 2021 ;
– l'étude en commission parlementaire en septembre 2023 du projet de loi no 32, Loi instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux ;
– le refus, au début du mois de septembre 2025, d'un financement fédéral visant l'équité dans le système judiciaire à travers, notamment, les évaluations de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle[1].
Par exemple, en 2021, en réaction au dépôt du rapport de la coroner Kamel, à la suite du décès de Mme Joyce Echaquan, le premier ministre François Legault a affirmé à plusieurs reprises que le racisme systémique a déjà existé au Québec, notamment à l'époque des pensionnats, mais que ce n'est toutefois plus le cas aujourd'hui.
Pour justifier son refus de le reconnaître, le premier ministre s'est servi de cette définition du terme « systémique » donnée par le Petit Robert : « Relatif à un système dans son ensemble ». Il a alors ajouté :
Pour moi, un système, c'est quelque chose qui part d'en haut. Prenons, par exemple, le réseau de la santé. Est-ce qu'il y a quelque chose qui part d'en haut puis qui est communiqué partout dans le réseau de la santé en disant : Soyez discriminatoires dans votre traitement auprès des autochtones ? Moi, c'est évident que, pour moi, la réponse, c'est non.[2]
Il est sans doute utile ici de rappeler que les relations entre l'État et les Autochtones au Québec s'inscrivent dans un long historique d'oppression coloniale, marqué notamment par le colonialisme d'occupation et de peuplement, l'usurpation des territoires autochtones et de leurs ressources, le système des pensionnats et les politiques de génocide culturel, la sédentarisation et les déplacements forcés de population, le déni des droits culturels et ancestraux, les politiques d'assimilation et les nombreuses autres formes de violences coloniales, physiques ou symboliques, qui se perpétuent encore aujourd'hui.
Or, pour le premier ministre, la discrimination et le racisme au Québec ne se résumeraient qu'à de rares comportements individuels et isolés : « C'est possible qu'à certains endroits il y a [sic] des employés, des groupes d'employés, peut-être certains cadres qui aient [sic] des approches discriminatoires »[3]. De la même manière, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, estime que « le racisme, c'est souvent le résultat de l'ignorance, du manque de connaissances »[4]. Les deux laissent par ailleurs entendre que parler de racisme systémique est divisif et ne permettrait pas de s'attaquer aux comportements inacceptables.
En réalité, leurs propos témoignent d'un manque de connaissance du système raciste, de ses structures et des mécanismes qui les perpétuent. Réduire le racisme à une série de comportements haineux, intentionnels et individuels, c'est refuser de prendre acte des dimensions systémique, structurelle et institutionnelle du racisme, qui sont abondamment documentées par la science.
Le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Sipi Flamand, est catégorique à propos de ce déni :
Tant que le gouvernement refusera de reconnaître le caractère systémique du racisme et de la discrimination à l'égard des Autochtones, les mesures qu'il mettra en œuvre pour soutenir les communautés ne représenteront qu'un pansement sur des problèmes plus profonds[5].
Les enjeux abordés en ces pages illustrent quelques-unes des manifestations du colonialisme et du racisme systémique au Québec, et leurs impacts sur les droits humains des peuples autochtones. Nous aborderons la contre-performance du gouvernement de François Legault quant à plusieurs aspects de la réalité des peuples autochtones. Parmi ceux-ci, nous discuterons d'abord des droits linguistiques, puis nous poursuivrons avec la sécurisation culturelle et le Principe de Joyce. Nous traiterons par la suite de la protection de la jeunesse ainsi que des femmes et enfants autochtones disparus ou assassinés. Nous terminerons par une analyse du rapport problématique qu'entretient le gouvernement de la CAQ avec le droit à l'autodétermination des peuples autochtones.
Références
[1] Miriam Lafontaine, « Système judiciaire |Québec refuse des fonds fédéraux pour les évaluations de l'incidence de l'origine ethnique ». La Presse, 2 septembre 2025. www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2025-09-02/systeme-judiciaire/quebec-refuse-des-fonds-federaux-pour-les-evaluations-de-l-incidence-de-l-origine-ethnique.php.
[2] Assemblée nationale du Québec, (2021, 5 octobre), Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre. https://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-77251.html?appelant=MC
[3] Assemblée nationale du Québec, (2021, 5 octobre), Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre. https://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-77251.html?appelant=MC
[4] Assemblée nationale du Québec, (2021, 9 décembre), Conférence de presse de M. Benoit Charette, ministre responsable de la Lutte contre le racisme, M. Ian Lafrenière, ministre responsable des Affaires autochtones, et M. Christopher Skeete, adjoint parlementaire du ministre responsable de la Lutte contre le racisme – Assemblée nationale du Québec. https://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-80311.html
[5] Frédéric Lacroix-Couture, « Des groupes autochtones demandent la reconnaissance du racisme systémique ». La Presse, 16 mars 2023. https://www.lapresse.ca/actualites/2023-03-16/des-groupes-autochtones-demandent-la-reconnaissance-du-racisme-systemique.php.
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Austérité et favoritisme : la CAQ, un parti au service des élites
Depuis son arrivée au pouvoir, la Coalition Avenir Québec (CAQ) s'est confortablement installée dans son fauteuil de gouvernement au service des élites économiques.
Tiré du journal CSN Le.point.syndical
Le projet politique de ce club sélect au service des mieux nantis est clair et limpide : un Québec où tout se vend, tout se privatise, tout s'exploite. Cette organisation politique applique sans gêne un programme hostile aux droits des travailleuses et travailleurs et est obsédée par l'enrichissement du secteur privé – duquel bon nombre de ses proches font partie.
François Legault et ses ministres ne s'en cachent même plus : les syndicats sont leurs ennemis, des « nids de guêpes » pour reprendre leurs propos. Afin d'affaiblir le pouvoir collectif des travailleuses et des travailleurs pour mieux faire passer des politiques qui enrichissent une minorité, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé un projet de loi en février dernier. Adopté depuis, il restreint grandement la possibilité pour les syndiqué-es d'améliorer leurs conditions d'emploi. Prétextant qu'il considérera davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock out, le gouvernement se donne le droit de mettre fin à des conflits de travail et d'imposer des services minimums dans tous les secteurs, ou presque. En plus de judiciariser inutilement les conflits, cette loi vient limiter de manière abusive les moyens dont disposent les salarié-es syndiqués pour exercer leur rapport de force nécessaire en négociation. Le message est clair : « Fermez-la, travaillez sans exiger plus, contentez-vous du minimum ! »
Le vrai visage de la CAQ
Les caquistes nous parlent de « rigueur », de « responsabilité » et de « saine gestion des finances publiques ». Mais ces mots maquillent ce qui constitue une austérité néolibérale sans imagination. C'est la réalité québécoise depuis plus de 40 ans.
Pendant que les plus riches et les grandes entreprises dorment sur leurs avantages fiscaux, que la CAQ procède à une baisse d'impôt, se privant ainsi de revenus essentiels, elle continue de réduire les services publics et laisse les écoles tomber en ruines, tout en regardant les hôpitaux crouler sous la pression. Parallèlement, des cliniques et entreprises privées de soins médicaux obtiennent des contrats mirobolants alors que les hôpitaux publics manquent de personnel et de matériel. Les ministres caquistes transforment la maladie en occasion d'affaires et la détresse humaine, en ligne comptable. Résultat de tout cela ? Des services sociaux qui disparaissent, une érosion de la confiance de la population envers ces derniers, des travailleuses et des travailleurs à bout de souffle et le privé qui s'insère partout où il le peut.
Depuis l'arrivée au pouvoir de François Legault, la frontière entre l'État et les intérêts privés est devenue complètement floue. On ne compte plus les nominations de proches dans des postes clés, les contrats publics accordés à des entreprises dirigées par d'anciens collaborateurs ou des donateurs et les appels d'offres qui favorisent la voisine ou le cousin. Quelques exemples : la gestion des maisons des aîné-es, confiée à des entrepreneurs proches du pouvoir, s'est soldée par des dépassements de coûts faramineux et une efficacité douteuse ; le 3e lien, présenté comme une nécessité stratégique, semble avant tout une bébelle électorale et une occasion en or pour des firmes d'ingénierie et des promoteurs bien connectés.
Salaire minimum : un mépris assumé
Parlons-en, du minimum. La CAQ refuse obstinément de hausser le salaire minimum à un niveau décent, pendant que le coût de la vie explose. Les gens peinent à boucler leurs fins de mois, mais le gouvernement préfère parler de « compétitivité » et de « prudence économique ». Traduction : mieux vaut protéger les marges de profit des entreprises que de garantir un revenu de base décent à celles et ceux qui font en sorte que le Québec fonctionne.
Et la crise du logement ? Joyeuse inertie. Des familles dorment dans des voitures ou restent piégées dans des appartements insalubres alors que le Québec connaît une flambée des loyers. Un contrôle des loyers aiderait grandement les locataires, mais la CAQ ne règlemente d'aucune façon l'accès au logement. Le parti aggrave même cette crise en révisant la méthode de calcul de l'indice d'augmentation de loyer à l'avantage des propriétaires ! La CAQ n'a pris aucune mesure sérieuse pour le logement social et n'a visiblement aucune volonté d'imposer des balises aux promoteurs voraces.
En somme, la CAQ gouverne avec la main de fer du patronat et le sourire figé du comptable. Son agenda est clair : casser les syndicats, prôner des politiques qui contribuent à réduire le pouvoir d'achat des travailleuses et travailleurs, privatiser l'essentiel des services publics et injecter des milliards dans le privé. Ce choix politique n'est pas un manque de vision, c'est un choix délibéré… et glaçant.
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Intervention de la députée Alejandra Zaga-Mendez à l’Assemblée nationale contre l’adoption du projet la loi 106
La députée de Verdun pour Québec solidaire, Alejandra Zaga-Mendez, a dénoncé, dans une intervention à l'Assemblée nationale, le projet de loi 106, intitulé « Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux ». En réalité, elle a démontré que, derrière cette formule alambiquée, le gouvernement de la CAQ cachait mal son irresponsabilité et son autoritarisme. C'est l'ensemble du système de santé qui paiera le prix de cette loi improvisée et imposée par le bâillon. (PTAG)
24 octobre 2025 |
Mme Alejandra Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente. J'imagine que, comme plusieurs de nos collègues, depuis une heure et demie, nous prenons connaissance de ce projet de loi. Je tiens à dire qu'il y a tout de même des nouveautés dans ce projet de loi, et j'y reviendrai.
Le débat d'aujourd'hui porte, bien sûr, sur la procédure d'exception et cette motion sans préavis. Nous n'en sommes pas surpris. Ni moi ni mon groupe ne le sommes, car ce que nous constatons est un symptôme d'un gouvernement qui refuse d'écouter, de dialoguer, de négocier, de s'asseoir à la table et de faire les choses comme il faut.
Le gouvernement de la CAQ choisit, depuis quelque temps… pardon, le projet de loi reflète cette manière de gouverner à coups de décrets et de bâillons. Je pense que c'est notre quatrième de la législature, et j'en compte déjà trois en moins de six mois et demi. Plutôt que de négocier et de convaincre dans le dialogue, la CAQ impose. Ce faisant, elle écrase tout le système de santé. Oui, on impose des mesures aux médecins, mais c'est tout le système qui en paiera le prix. Comme certains collègues l'ont dit, le gouvernement devient de plus en plus autoritaire. Ce recours exceptionnel est devenu sa méthode de gouvernance, et aujourd'hui il sert à imposer une loi spéciale qui ira contre des médecins.
On dit parfois que « le diable est dans les détails », mais, Mme la Présidente, la surprise se trouve à la fin de ce projet de loi. Je vous invite à consulter l'annexe. Nous n'aurons pas le temps, aujourd'hui, parce qu'on aura juste cinq heures d'étude détaillée, on va à peine ouvrir deux ou trois articles. C'est ça la procédure d'exception qu'on est en train de nous imposer.
J'ai parcouru toutes les annexes avant de venir au débat. Vous verrez ce que l'on appelle les « objectifs nationaux de performance », des objectifs auxquels la rémunération des médecins sera désormais attachée.
Sur le fond, écrire des objectifs est une bonne chose, personne n'est contre la tarte aux pommes. Mais le problème réside dans le niveau d'exigence de ces objectifs et dans le fait de croire qu'en les inscrivant dans une loi, on les atteindra automatiquement. Par exemple, il y a des objectifs pour les chirurgies en oncologie, visant à effectuer plus de 90 % des opérations en moins de 60 jours. Or nous n'avons ni assez de blocs opératoires, ni assez de personnel pour atteindre ces objectifs.
Deux options se présentent quand met des objectifs comme ça : soit les médecins décident de ne pas suivre ces objectifs, et perdent leur rémunération, soit ils s'y conforment malgré des conditions impossibles. Dans les deux cas, ce sont les patient·e·s et le personnel qui en souffriront. Les infirmières et tout le personnel qui tient le système de santé à bout de bras seront sous pression.
Ces objectifs me rappellent des promesses électorales des plateformes de 2018 et 2022, concernant la réduction des temps d'attente aux urgences et la rapidité des chirurgies. Pourquoi inscrire ces promesses électorales dans la loi alors que nous n'aurons même pas le temps d'en débattre ?
La CAQ impose ces mesures sans consultation, alors qu'elles pourraient être adoptées par règlement, comme prévu ailleurs. Résultat : encore plus de pression sur le système de santé, sans amélioration des soins, sans débat ni consultation. C'est inacceptable.
Il y a beaucoup de personnes, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Assemblée, qui ne seront peut-être même pas là dans un an pour appliquer ces objectifs. Ces mesures sont lancées dans l'air, et le gouvernement se lave les mains. Les objectifs peuvent être écrits, mais leur réalisation est une autre affaire.
C'est le cadeau que le ministre de la Santé laisse : toute la responsabilité aux médecins, plus de travail et de pression sur le système. La réforme promise avec la loi n° 15 et Santé Québec tarde à se concrétiser. Nous voyons seulement une augmentation de la gestion, tandis que les patient·e·s attendent encore et encore pour des rendez-vous.
Cette procédure d'exception nous muselle, elle muselle l'opposition et même des fonctionnaires du ministère de la Santé, qui ont exprimé qu'il serait impossible d'atteindre tous ces indicateurs. Ceux-ci ont été écartés ou ignorés.
Ce gouvernement ne tolère plus les contradictions ni les questionnements. Il s'agit désormais d'un problème de démocratie. En contournant le débat et en utilisant la force comme seul langage, il érode la confiance des citoyens envers leurs institutions et leur réseau de santé.
Je suis extrêmement déçue. Nous allons mener cette bataille avec notre groupe parlementaire, car il s'agit avant tout de fournir des soins aux patient·e·s sans surcharger un réseau déjà à bout de souffle. Nous n'avons pas les infrastructures nécessaires pour atteindre ces pseudo-objectifs. Ce ne sont pas des objectifs, mais des promesses en l'air, c'est une plate-forme électorale. Merci, Mme la Présidente.
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2005, dix ans plus tard, le bilan du référendum de 1995
Ce texte est tiré d'un document de réflexion intitulé, Une Assemblée constituante pour tracer ensemble les contours d'un Québec indépendant, écrit en octobre 2005, dans le contexte de l'élaboration de la proposition stratégique de la tenue d'une constituante pour l'Union des forces progressistes (UFP)
Avec la reprise en main par Jacques Parizeau en 1989 et la liquidation de la perspective d'affirmation nationale qu'avait défendue Pierre-Marc Johnson en 1985, le PQ s'est reconstruit. Il a pu, encore une fois, unir les souverainistes à l'intérieur du Parti avec le mot d'ordre de Parizeau : défendre la souveraineté avant, pendant et après les élections.
En 1994, le PQ reprend le pouvoir. L'année suivante, il organise un référendum sur la souveraineté-partenariat. Le gouvernement Parizeau n'envisage pas de convoquer une Assemblée constituante. Il adopte un projet de loi qui définit déjà clairement les grandes lignes de la souveraineté recherchée. La direction péquiste est engagée jusqu'au cou dans le néolibéralisme et veut désarmer la méfiance du gouvernement de Washington. Elle propose donc une souveraineté limitée.
Son projet prévoit l'association avec le Canada, la monnaie commune, la double citoyenneté, le soutien à l'ALENA et aux alliances militaires (OTAN et NORAD). Le Québec deviendrait souverain, mais les Québécoises et les Québécois pourraient demeurer citoyens canadiens. Le Québec deviendrait souve¬rain, mais il pourrait continuer à profiter de la monnaie canadienne. Le Québec deviendrait souverain, mais il continuerait à être partie à tous les traités et alliances signés par le gouvernement du Canada. Les fédéralistes auront beau jeu de tirer profit de ces contradictions évidentes.
En signe de bienveillance envers le gouvernement américain, Parizeau se présente comme l'avant¬garde du libre-échange sur le continent. Son projet de souveraineté limitée propose une « rupture tranquille » qui pourrait respecter la domination américaine.
Contrairement au référendum de 1980, la direction péquiste prévoit une consultation limitée et bien contrôlée. La Commission sur l'avenir du Québec est un bien pâle reflet de ce qu'aurait pu être une véritable démarche d'Assemblée constituante. Les gens du Québec auront le droit de se prononcer sur la souveraineté, mais non celui de décider collectivement de la réalité du Québec dans lequel ils veulent vivre.
Cette simple consultation a néanmoins démontré la force des aspirations démocratiques du peuple. La Commission sur l'avenir du Québec a tenu près de 300 audiences, reçu plus de 3 000 mémoires et réuni près de 40 000 personnes. La Commission des jeunes a tenu 20 forums dans 25 villes auxquels ont participé 5 000 jeunes. Nombre de personnes et d'organisations qui ont pris la parole devant les deux Commissions tenaient à lier les revendications sociales et les revendications nationales.
La démarche limitée de consultation a malgré tout insufflé un élan au camp du OUI qui l'a conduit à l'orée d'une victoire. Le PQ avait toutefois commencé dès mars 1995 à glisser vers une troisième voie pour se rapprocher de l'Action démocratique du Québec (ADQ).
Une campagne trop faible contre les forces du statu quo
Jacques Parizeau a adressé un discours à saveur social-démocrate aux classes populaires. Ce fut un facteur très important pour rallier un fort courant au camp du OUI. Les discours et la publicité associaient ce camp à la paix, à une société écologique et féministe. On cherchait à l'identifier avec les aspirations à une société égalitaire, une société qui n'est pas seulement centrée sur les possédants. Ce fut la base de la remontée du OUI bien plus que les discours modérés et rassurants de Lucien Bouchard. Les discours n'ont cependant pas été accompagnés de véritables mobilisations populaires ni d'engagements réels en termes de projet de société. Ils se sont bornés à une reprise médiatique des aspirations populaires.
Le camp du OUI a par ailleurs sous-estimé les forces d'opposition au projet de souveraineté du Québec. Contrairement à ses attentes, tous les secteurs importants de la bourgeoisie québécoise se sont rangés dans le camp du NON. Même les entreprises dont le développement avait profité du soutien actif de l'État québécois ont emboîté le pas.
Quant aux dirigeants canadiens, ils n'ont guère fait preuve d'un comportement démocratique. Ils n'ont reculé devant aucun moyen légal ou illégal pour empêcher la population du Québec de se prononcer librement. Avant le référendum, Jean Chrétien a même déclaré qu'il ne reconnaîtrait pas une victoire du OUI et il a d'ailleurs répété son refus après le référendum.
Le gouvernement américain n'a pas fait preuve de neutralité ; les dirigeants de tous les partis sont intervenus pour défendre l'unité canadienne. Bref, pour les chefs politiques canadiens et américains, la perspective d'une souveraineté même très limitée s'inscrivant dans un cadre libéral ou néolibéral était inacceptable.
En fin de compte, le OUI a raté la cible de peu : le NON l'a emporté avec 50,6 % des voix, soit à peine 54 000 votes de plus. À la lumière des manœuvres déloyales sinon illégales des fédéralistes, bon nombre de gens considèrent que le référendum de 1995 a été volé.
Les leçons du référendum de 1995
Pour l'Union des forces progressistes, le deuxième référendum sur la souveraineté montre la nécessité d'une démarche d'éducation populaire comme celle possible durant les travaux d'une Assemblée constituante. Pour s'opposer au camp de l'argent qui veut préserver le statu quo, il faut la plus large mobilisation possible. Les responsables du référendum de 1995 avaient compris l'importance d'une consultation, mais ils en ont limité l'envergure.
De plus, la direction péquiste n'a pas lié étroitement les revendications sociales et l'aspiration nationale à la souveraineté. Elle a préféré inscrire le projet social dans une démarche néolibérale et atlantiste. À notre avis, cela a empêché la population d'associer l'indépendance à des changements tangibles qui auraient pu consolider sa volonté d'aller de l'avant.
La direction péquiste a également négligé le caractère multinational et multiculturel du Québec pour miser davantage sur les francophones de souche. Selon l'UFP, cette erreur stratégique a permis aux fédéralistes de se présenter comme uniques défenseurs des communautés issues de l'immigration. Cette négligence niait la présence de membres de ces communautés dans le camp du OUI, mais elle réduisait aussi la portée du concept de la nation québécoise. La déclaration désastreuse de Parizeau sur les votes ethniques, le soir de la défaite, a confirmé cette incompréhension. À notre avis, le camp du OUI n'avait pas reconnu la force de sa démarche, soit l'ouverture aux aspirations démocratiques de toute la population.
Conclusion.
Les référendums de 1980 et de 1995 ont été deux autres moments où se sont exprimées les aspi¬rations nationales. Chaque fois, la campagne préalable offrait une occasion de mobilisation large. Malheureusement, la direction péquiste du camp du OUI a compté davantage sur la popularité des leaders et sur une approche de type marketing. Il faut souligner qu'en 1995, les stratèges ont nette¬ment sous-estimé la détermination des fédéralistes à stopper la vague souverainiste par tous les moyens. Parmi les manœuvres plus ou moins légales du camp du NON, mentionnons : la naturalisa¬tion accélérée de milliers de personnes immigrantes ; l'allocation de sommes astronomiques à Option Canada, un club du Conseil pour l'unité nationale ; une demande d'intervention aux États-Unis ; les dépenses illégales de la Marche pour l'Unité organisée à Montréal trois jours avant le référendum. Voilà seulement quelques-uns des actes commis au nom de l'unité canadienne contre la volonté populaire du Québec, actes qui viennent de faire surface dans l'enquête de la Commission Gomery et l'ouvrage de Robin Philpot, Le référendum volé. [1]
À la lumière des machinations des fédéralistes et des obstacles jetés sur le chemin de la souveraineté, notamment la Loi sur la clarté, une nouvelle stratégie s'impose. Pourquoi ne pas tirer des leçons des États généraux et des campagnes menées pour les deux référendums ? Chacune de ces expériences a montré la volonté des gens du Québec de s'exprimer sur leur destin. Chaque fois, la forte participa¬tion a confirmé la puissance des aspirations démocratiques. Chaque fois, le peuple a prouvé sa capacité de donner un contenu social et économique à l'avenir politique du pays.
Voilà pourquoi l'Union des forces progressistes propose la convocation d'une Assemblée constituante. Contrairement aux consultations des États généraux et des campagnes préréférendaires, l'Assemblée constituante sera pensée comme une démarche d'affirmation nationale et comme une rupture en soi avec le cadre fédéral. Le processus d'éducation populaire mené ne visera donc pas à convaincre la population de voter pour confier un mandat de négocier à un parti ou à un gouvernement. Il servira plutôt à faire surgir les visions collectives pour un Québec indépendant. Les besoins, les espoirs et les rêves exprimés s'incarneront dans un projet de Constitution, ce qui rendra visible le contenu social de la souveraineté.
L' Assemblée constituante fera sortir la démarche de souveraineté des mains d'un seul parti politique, le Parti québécois, pour devenir enfin un projet citoyen. Elle cessera d'être une affaire d'experts pour devenir enfin l'affaire de tout le monde. Comme elle s'appuie sur une conception inclusive de la nation, elle permettra de travailler avec les communautés issues de l'immigration qui ont été auparavant négli¬gées. Selon l'UFP, une Assemblée constituante serait en effet sérieusement compromise sans la parti¬cipation de ces communautés. Elle le serait tout autant sans une reconnaissance concrète de la réalité nationale des peuples autochtones. Pour nous, cela signifie entre autres de leur offrir la possibilité de prendre part, d'égal à égal, à la démarche démocratique pour tracer les contours d'un Québec indépendant.
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Pour l’indépendance, une souveraineté populaire et un projet de société égalitaire
Dans le cadre de la tournée de Commission sur l'avenir du Québec, l'Association régionale de Québec du Parti de la Démocratie Socialiste a pu présenter son mémoire devant une assemblée nombreuse où différentes orientations ont pu s'exprimer en février 1995. Nous reproduisons ci-dessous, ce mémoire qui défendait la position d'une gauche socialiste contre le projet de souveraineté-partenariat du Parti québécois.
DÉCLARATION DE SOUVERAINETÉ
Pour un Québec indépendant et égalitaire
Le Québec souverain cherchera à construire une société juste, humaine, égalitaire, équitable, non-violente, respectueuse de son environnement raturel et de sa culture et travaillant à répondre aux besoins de l'ensemble de sa population sans mesure d'exclusion.
Un Québec souverain enchâssera dans sa constitution le droit au travail afin de disposer de tous les moyens nécessaires à la mise en oeuvre du plein emploi. Il réconciliera les objectifs de développement économique et social par le maintien des emnploiis existants, la réduction généralisée du temps de travail sans perte de salaire et la création de nouveaux emplois socialement utiles comme le développement de services publics (éducation, santé, garderies, logements sociaux, et autres services sociaux) qui répondent aux besoins de la population.
Un Québec souverain utilisera tous les moyans à sa disposition pour réduire les inégalités de revenus et garantir à toutes et à tous un seuil acceptable de ressources pour vivre et s'épanouir. Pour permettre un véritable droit à l'éducation, un Québec indépendant établira un système d'éducation laïque, public et gratuit, accessible à toutes et à tous, et ce à tous les niveaux.
Réalisant l'égalité entre les hommes et les femmes
L'avant-projet de loi du Québec ne dit rien de !a place des femmes dans un Québec souverain. Pourtant, un Québec souverain ne pourra être reconstruit sans elles et dans le respect de leurs droits.
La redéfinition des rapports politiques devra être une occasion pour la concrétisation d'une véritable égalité entre les hommes et les femmes. Mettre en place des outils pour rééquilibrer la présence des femmes dans les institutions politiques, adopter systématiquement des mécanismes pour une représentation égalitaire des hommes et des femmes sont des signes de la volonté d'un changement pour une société sans discrimination basée sur le sexe. Plus encore, les femmes veulent des garanties constitutionnelles des droits fondamentaux menacés par les chevauchements des compétences à différentes niveaux et par l'incohérence des interventions des différents gouvernements dans les domaines du travail, du droit à la famille, de la sécurité du revenu et du droit de la santé tei que l'accès à l'avortement. Le débat politique sur la définition d'un pays concerne les femmes d'abord à titre de citoyennes, mais aussi parce qu'elles ont des intérêts spécifiques à faire valoir.
Le droit à l'égalité entre les sexes est un droit fondamental qui doit faire partie des protections de base. Mais cette garantie ne peut remplacer les efforts nécessaires pour atteindre une réelle égalité. Le droit à la sécurité et à l'intégrité porte un sens peut être plus concret pour les femmes.
La remise en cause d'un système qui génère la violence, la pauvreté, la domination, la discrimination et l'exclusion est essentielle.
Un Québec souverain cherchera à réaliser l'égalité des hommes et des femmes au niveau social, économique, culturel et politique.
L'équité dans l'emploi passe par une équité salariale. La discrimination salariale est une non-reconnaissance du travail des femmes. Les femmes sont également préoccupées par la responsabilité sociale face à la famille. L'inaccessibilité à un réseau complet de garderies, la dispersion des responsabilités en matière de congés parentaux, l'iniquité dans la fiscalité, le chevauchement sont des entraves à une véritable politique, intégrée et complète de support aux familles, qu'elle qu'en soit la composition.
Pour les femmes, le contrôle de leur corps, incluant leur pouvoir reproducteur, est bafoué par les agressions. Bafoué car depuis 1990, 10 000 agressions envers les femmes ont été rapportées à la police chaque année ; bafoué par l'inaccessibilité aux services sécuritaires, complets et gratuits d'avortement dans les régions du Québec ; bafoué par la surmédicalisation de leur vie de femme et par non-reconnaissance des sages-femmes et inaccessibilité aux maisons de naissances.
Le libre-choix des maternités est un droit fondamental des femmes et il devrait comprendre l'accès aux services d'une sage-femme. Les enjeux des nouvelles pratiques et de la recherche dans le domaine des techniques de la reproduction sont extrêmement importants et leur contrôle ne peut demeurer entre les mains des pouvoirs scientifiques et médicaux au détriment de l'intégrité du corps des femmes.
Un Québec souverain agira selon des valeurs d'égalité, d'équité, de dignité, de justice et de solidarité sociale.
Un Québec pluriethnique
Un Québec souverain facilitera la participation harmonieuse et en pleine égalité sociale de toutes ses communautés culturelles et reconnaîtra leur apport à notre patrimoine commun, et définira sa politique d'immigration et d'accueil aux personnes dans une optique de solidarité internationale.
Dans un Québec souverain, la langue de communication publique au Québec est le français, particulièrement comme langue de travail. La francisation des immigrante-s sera obligatoire et se fera au frais de I'État Il y aura qu'un seul réseau éducatif et de santé qui sera entièrement public, laïc, d'accès gratuit et dont la langue de fonctionnement sera le français.
Un Québec souverain sera une société réellement pluraliste favorisant le rapprochement interculturel et interethnique par l'acceptation des différences dans le respect de l'égalité entre toutes et tous. C'est pourquoi, il favorisera la non-discrimination pour raison d'ethnie, de nationalité, de langue, de sexe, de préférence sexuelle, d'âge, de religion, en particulier dans les domaines de l'emploi et du logement. Il préconisera le droit à l'enseignement en anglais à l'intérieur d'un réseau scolaire unifié pour la minorité anglaise historique. Le réseau hospitalier reconnaîtra le droit d'être servi en anglais pour la minorité anglophone reconnue.
Un Québec souverain s'assurera le soutien matériel à la francisation des nouveaux immigrants aux frais de l'État et il soutiendra les allophones et anglophones qui désirent apprendre le français. Il fera la promotion de la culture des communautés culturelles par l'école et les médias. Il s'assurera le droit aux communautés culturelles à l'enseignement de leur langue et de leur culture à l'intérieur du réseau scolaire publique francophone et favorisera l'inclusion, dans le curriculum de la majorité, de cours dé langue autres qu'anglaise et française et sur l'histoire el les cultures du monde.
Un Québec écologique et pacifiste
Un Québec souverain chercherait à bâtir un Québec écologique. li mettrait en œuvre un vaste programme d'économie d'énergie. Il établirait une politique d'efficacité énergétique et favoriserait le développement des énergies douces. li renforcerait les normes relatives à production, au transport, à l'utilisation de l'énergie et des matières dangereuses de façon à éliminer les risques pour la santé des personnes et à améliorer la qualité de l'environnement. Un Québec souverain veillerait à la qualité de l'environnement et de la vie de sa population.
Un Québec souverain refusera de produire et de vendre des armes pour que d'autres peuples s'entretuent. II pratiquera une politique de non-alignement envers les blocs militaires. Un Québec souverain cherchera à démilitariser l'économie québécoise et à réorienter la vocation des usines de production d'armements vers la production d'équipements collectifs utiles et à transformer les forces années en force de sécurité civile. Il abolira les dépenses militaires et les réaffectera à des objectifs de développement économique, social et culturel. Un Québec souverain apportera sa contribution à la promotion du désarmement et de la paix.
Retour sur le projet de loi 1, intitulé : Loi sur l'avenir du Québec, 1995
Article 1 DE LA SOUVERAINETÉ
La souveraineté nationale désigne le fait pour une nation de ne pas être soumise à une autorité qui lui est extérieure. La souveraineté exclut la dépendance et la soumission à toute forme de domination étrangère mais pas les échanges et la coopération internationale.
L'avant-projet de loi définit un projet de souveraineté limitée pour le Québec. La souveraineté s'accompagne d'emblée de l'association. La souveraineté proposée s'accommode de l'absence d'une monnaie nationale. Il n'interroge pas les pactes passés par le gouvernement canadien. La participation aux alliances militaires des grandes puissances est acceptée sans plus d'examen. Les propositions de l'avant-projet de loi favorisent l'ingérence politique et économique étrangère dans les décisions d'un Québec souverain. Mais surtout, l'avant projet ne fait aucun lien entre tes aspirations nationales et les revendications sociales de la majorité de la population du Québec. C'est ce que nous allons maintenant démontrer.
– Le Québec indépendant doit disposer de tous les droits et pouvoirs d'un État indépendant.
Article 2 L'ASSOCIATION ÉCONOMIQUE
Le gouvernement du Québec nous propose qu'un Québec indépendant soit amené à conclure avec un gouvernement du Canada une association économique. En plaçant l'association dans l'avant-projet de loi sur la souveraineté, le gouvernement donne à la volonté de « maintenir » une association économique avec le Canada un statut d'élément de la souveraineté que nous cherchons, avant même que nous l'eussions obtenu.
L'avant-projet de loi tend donc à rendre conditionnel à l'association l'appui à la souveraineté. Alors que l'association économique ne peut être le résultat que d'une entente entre deux peuples souverains.
En avançant une telle proposition, le gouvernement lie l'appel au vote sur la souveraineté au projet de l'association économique. Par là, il donne au gouvernement fédéral le pouvoir d'affirmer qu'il n'acceptera pas une telle association.
La souveraineté-association repose sur l'idée que pour réaliser la souveraineté-association, il ne suffit que le Québec le souhaite. Mais le Canada doit donner son accord. Cette orientation repose sur la dangereuse illusion que « tant le Québec que le Canada ont intérêt à assurer une transition la plus harmonieuse possible et à se doter des mécanismes les plus efficaces pour gérer leurs relations mutuelles . » Cette approche piège les souverainistes. Le référendum doit porter sur la souveraineté pas sur une nouvelle entente à conclure avec le Canada. Une fois la souveraineté acquise, l'État du Québec sera libre de conclure des ententes avec d'autres États indépendants (ententes commerciales, accords de coopération technique ou culturelle).
Article 3 NOUVELLE CONSTITUTION ET SOUVERAINETÉ POPULAIRE
L'avant-projet de loi affirme que c'est le« gouvernement (qui) doit, conformément aux modalités prescrites par l'Assemblée nationale, pourvoir à l'élaboration d'un projet de constitution pour le Québec et à son adoption. » Nous croyons, que la démarche proposée ne rencontre pas les nécessités d'une démarche assumant pleinement la souveraineté du peuple.
Le peuple québécois dans sa totalité est l'autorité suprême pour l'élaboration et l'adoption de la constitution d'un Québec indépendant. L'Assemblée nationale doit définir le mode d'exercice de la souveraineté populaire et prévoir la création et la convocation de l'Assemblée constituante, élue au suffrage universel, avec scrutin secret et libre, composée d'un nombre égal de femmes et d'hommes, et assurant la représentation proportionnelle de la composition sociale de la société québécoise. L'Assemblée constituante à la fin de son mandat, soumettra son projet de constitution au peuple québécois pour qu'il en dispose de façon souveraine en référendum national.
– La constitution du Québec souverain sera élaborée par une assemblée constituante élue et représentative de toutes les composantes de la société afin quelle soit l'expression de la souveraineté populaire.
DROITS DES NATIONS ABORIGÈNES
– Un Québec souverain établira une nouvelle entente entre la Nation québécoise et les Premières nations, fondée sur le principe du droit à l'autodétermination des nations aborigènes habitant en tout ou en partie l'actuel territoire du Québec, c'est-à-dire de leur droit de se déclarer indépendant ou de demeurer au sein du Canada. Plus précisément, l'offre de négocier des traités internationaux de nation à nation sur la base de territoires aborigènes exclusifs considérablement plus grands que les réserves actuelles et de copropriété indivise de tous les territoires litigieux ; les aborigènes doivent pouvoir jouir :
— de tous les pouvoirs étatiques normaux sur les territoires exclusifs ;
— d'un droit d'extra-territorialité pour la langue, l'école et autres services publics et,
— d'un droit de cogestion, y incluant le droit de veto, sur le développement des ressources et des infrastructures sur les territoires en copropriété indivise.
Article 5 CITOYENNETÉ
L'avant-projet de loi affirme que « la citoyenneté québécoise peut être cumulée avec celle du Canada ou de tout autre pays ». Si le Québec était déjà un pays souverain, ce principe ne nous poserait aucun problème. Mais tel n'est pas le cas. Chaque État détermine qui sont ses citoyens ou citoyennes, et ce n'est pas un vote majoritaire au référendum sur la souveraineté du Québec qui peut déterminer qui sera citoyen ou citoyenne du Canada. C'est l'État canadien qui gardera ce privilège.
En fait, la souveraineté du Québec fonde l'existence de la citoyenneté québécoise, comme citoyenneté essentielle dans l'État québécois. Le droit de vote et de représentation au parlement fédéral, prérogatives essentielles de la citoyenneté canadienne, cesse d'être un droit dans un Québec souverain, car ici, c'est la légitimité de l'État québécois qui est en jeu. Le fait que des citoyens ou des citoyennes français (cumulant la citoyenneté canadienne) volent aux élections françaises ne pose aucunement le problème de la légitimité de l'État canadien. Mais serait-ce vraiment le cas, au Québec, si des secteurs substantiels de sa population demandaient de pouvoir jouir des droits de vote et de représentation au niveau de l'État fédéral ? Ce n'est donc pas la question de la double citoyenneté qui fait .problème, mais bel et bien celle du cumul des citoyennetés canadienne et québécoise, et particulièrement, lorsqu'on en fait un élément fondamental, d'un avant-projet chargé de définir la souveraineté du Québec.
Article 6 MONNAIE
L'avant-projet de loi affirme que le dollar canadien aura cours légal au Québec. C'est là une atteinte sérieuse à la souveraineté du Québec. C'est déléguer l'exercice de pouvoirs économiques importants à un organisme supranational, la Banque du Canada, sous le contrôle de l'État canadien.
Les choix monétaires de la Banque du Canada se sont souvent avérés néfastes pour l'économie du Québec. Depuis vingt ans, le taux de chômage au Québec dépasse la moyenne nationale, et cela est dû, en partie, aux politiques monétaires de la Banque du Canada. li est impensable que l'accès à l'indépendance s'opère sur un fond de statu quo monétaire. Conserver le dollar canadien, c'est compter sur une stabilité bien aléatoire par les temps qui courent et c'est s'enlever les leviers de la gestion monétaire. Ce n'est pas une très problématique représentation minoritaire au conseil des gouverneurs de la Banque du Canada qui y changera grand chose.
Une monnaie distincte est susceptible de créer à terme un ajout majeur pour le Québec et lui assurerait une véritable indépendance sur ce terrain. Un tel scénario ne mettra pas en péril la situation économique québécoise, si on prend les moyens nécessaires, mais lui donnerait tous les leviers que l'indépendance politique peut donner. Sans sa propre monnaie, un État ne peut avoir aucune marge de manœuvre quant à sa politique monétaire (taux d'intérêt, taux de change) et sa politique fiscale (taux d'imposition, répartition de l'assiette fiscale entre compagnies et ménages, entre impôts sur le revenu, la richesse et la consommation). En cas de structure fiscale plus progressive au Québec pour créer des emplois, sans le contrôle de notre propre monnaie, il y aurait fuite du capital-argent au Canada.
– La politique monétaire constitue un outil central dans la gestion macro-économique de tout État moderne. Un Québec indépendant doit avoir sa propre monnaie et assumer sa propre indépendance y compris sur ce terrain.
Articles 7, 8 et 9 TRAITÉS ET ALLIANCES INTERNATIONALES
Contre le libre-échange
Contrairement à ce qu'avance l'avant-projet de loi, on ne peut souscrire à l'avance à tous les traités et alliances internationales signées par le Canada sans les juger à leur mérite, à les renégocier ou s'en retirer si nécessaire. C'est, ici encore, la souveraineté du Québec qui est en jeu.
L'Accord de libre-échange-nord-américain a été critiqué et dénoncé par l'ensemble des organisations syndicales et populaires qui se sont regroupés dans une vaste coalition pour le faire. L'ALENA s'inscrit dans une stratégie où l'économie de libre marché prime surtout autre modèle de développement. Les entreprises dictent les règles du jeu avec des contraintes sociales minimales et un maximum de profits pour un minimum d'individus. Au moment de sa discussion, cette coalition affirmait que cet accord constituait un danger pour les programmes sociaux. Aujourd'hui le projet Axworthy fait la démonstration de la véracité de ces affirmations. De plus, cet accord et les ententes complémentaires qui en ont découlé n'établit pas de normes minimales continentales sur la protection de l'environnement et ne protègent pas le droit à la syndicalisation.
L'ALENA fait en sorte que chaque gouvernement renonce à une partie de sa marge de manœuvre.
À moyen terme, la dynamique mise en marche par l'Accord de libre-échange favorisera l'accentuation des pressions pour que les lois québécoises relatives notamment, à l'organisation du travail, aux programmes sociaux, à la protection de l'environnement s'alignent de plus en plus sur les pratiques qui ont court aux États-Unis. En fait, le libre-échange comporte beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages et la souveraineté peut permettre au Québec de s'en dégager.
– Un Québec indépendant doit renégocier l'ensemble de ces ententes commerciales en tenant compte de la protection de nos programmes sociaux, du droit à la santé et à la sécurité au travail, à l'établissement de normes environnementales, de l'égalité des droits des immigrants-tes et de la protection des droits d'association ; et il doit se retirer des pactes commerciaux qui sont contre les intérêts de la majorité de la population tel l'AlENA.
Contre la participation l'OTAN et NORAD
Les accords sur le Développement de la défense et sur le partage de la production(DPSA) visent à intégrer la production militaire canado-américaine (Québec y compris) à la planification militaire entre le Canada et les États-Unis. Cet accord permet un« libre échange » des biens militaires entre les deux pays, en particulier dans le cadre des contrats militaires américains avec les industries canadiennes et québécoises. Le DPSA et NORAD sont deux facettes d'une même politique : le développement d'une politique militaire et de l'industrie d'armements qui supporte cette. politique. Le Canada et le Québec sont devenus les meilleurs pourvoyeurs de pièces d'armements des États Unis. Maintenir de tels accords c'est accepter de participer à une politique militariste qui va à l'encontre les idéaux pacifistes du peuple québécois.
– Un Québec souverain adoptera une position d'indépendance réelle dans sa conduite de sa politique étrangère et un engagement marqué pour le désarmement et la paix.
– Un Québec souverain sera un pays sans armée qui transformera les forces années en forces de sécurité civile. li proclamera.sa neutralité et refusera d'adhérer aux alliances militaires des grandes puissances (l'OTAN et à NORAD).- Un Québec doit abolir ses dépenses militaires et réaffecter les tonds dégagés à des objectifs de développement économique, social, culturel et environnemental.
_
– Un Québec souverain défendra les droits des peuples à disposer d'eux-mêmes.
– Un Québec souverain sera une zone libre d'énergie et d'armes nucléaires, chimiques et
biologiques.
Article 15 LA NON RECONNAISSANCE DE LA DETTE CANADIENNE
Le Québec a été intégré de force dans la fédération canadienne. li a servi de réservoir de richesses et sa population a servi de main-d'œuvre à bon marché pour les entreprises canadiennes et cela depuis des générations. Le Québec a toujours été une source de surprofits. Notre part de la dette a été payée depuis longtemps, durant toute notre histoire de soumission à l'État fédéral canadien. De plus, s'il fallait payer cette « supposée » dette, on ne pourra pas dégager de l'argent pour lutter pour le plein emploi.
Il faut reconnaître l'immense capacité de nuisance des « marchés financiers ». Ce sont les spéculateurs et autres "boursicoteurs" qui demandent de fermer les hôpitaux et de laisser se développer le chômage pour pouvoir continuer à toucher des intérêts qui leur permettront de spéculer de nouveau pour développer leurs profits financiers aux dépens de l'économie réelle. Il faut prendre conscience que le capital-argent se met en valeur de façon de plus en plus parasitaire et au mépris du bien-être de l'ensemble des populations. Le capital-argent voudrait qu'on s'agenouille devant son veau d'or. Rien ne devrait entamer le niveau des taux d'intérêt qu'il a pris coutume de s'approprier quel qu'en soit le coût en termes de chômage et de misère.
Quand le service de la dette canadienne dépense plus de 40 milliards par année pour payer les taux d'intérêt... et qu'on est prêt à s'attaquer aux services, aux programmes sociaux et aux programmes de relance de l'économie pour pouvoir continuer à payer les intérêts des banquiers, c'est que les priorités sociales ne pèsent plus lourd. Arrêter de payer ces intérêts sur la dette, dégagerait des sommes considérables pour la relance de l'économie. Mais seulement l'envisager est devenu un sacrilège. Le ministre Campeau a osé dire que le paiement de la dette nuirait au développement économique du Québec. La levée des boucliers a été immédiate. Le ministre Landry a même osé dire que c'était une attitude de voleur. Mais qui sont les véritables voleurs ? Les financiers internationaux qui spéculent sur les taux de change et qui font pression à la hausse sur les taux d'intérêt pour s'accaparer des milliards supplémentaires ou un peuple qui refuserait de se plier à un tel chantage. La non-reconnaissance canadienne est, en fait, une invitation au peuple canadien à rompre avec l'acceptation de l'ingérence du capital financier international dans les affaires canadiennes.
Pour financer notre développement économique, pour pouvoir fonctionner avec un budget public sans déficit et être capable d'assurer le plein emploi social et écologique, un Québec souverain devra prélever une taxation très progressive des profits élevés, sur la richesse et veiller au contrôle des changes ; taxer la consommation luxueuse et énergivore ; établir un moratoire sur le service de la dette de l'actuel gouvernement québécois jusqu'à l'atteinte du plein emploi.
Articles 16 et 17
LA QUESTION RÉFÉRENDAIRE ET SOUVERAINETÉ POPULAIRE
Nous croyons que le travail des commissions ne fait qu'ouvrir le débat sur le contenu d'un Québec souverain et que ce débat ne devrait pas être fermé.
Nous croyons également que le projet de loi devrait se limiter à deux éléments essentiels de la démarche d'accession à la souveraineté :
La question référendaire
La question référendaire ne devrait pas porter sur un projet de loi qui tranche sur toute une série de questions sur la constitution que devrait se donner un Québec indépendant. Le débat s'ouvre à peine.Toutes ces questions, comme bien d'autres, devraient être remises en discussion, une fois la souveraineté votée en référendum.
L'assemblée constituante
La définition de la démarche devant doter le Québec souverain d'une constitution doit respecter le principe d'une souveraineté populaire pleinement assumée.
La question référendaire devrait donc porter sur la souveraineté dans le cadre d'une assemblée constituante élue. C'est pourquoi nous proposons que la question référendaire soit formulée comme suit :
« Êtes-vous d'accord que le Québec devienne un pays souverain qui se dotera d'une constitution élaborée et adoptée par l'ensemble de sa population. OUI ? NON ? »
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L’entente de principe intervenue le 12 juin 1995 entre le Parti québécois, le Bloc Québécois et l’Action démocratique du Québec
Nous publions ci-dessous l'entente intervenue entre le Parti québécois, le Bloc québéois et l'AAction démocratique du Québec le 12 juin 1995 qui définit ce qui sera soumis à la négociation advenant une victoire du OUI au référendum. Ce texte décrit bien les buts visés par ces partis d'amorcer une démarche de négociation d'une souveraineté-partenariat même si les apsirations sociales et nationales portées par la démcarche référendaire, et particulièrement par le Camp du changement, exprimaient la volonté de "bâtir une nouvelle société québécoise." Ce projet de société du camp de changement était, lui, présenté dans la brochure intitutlée, Le Coeur à l'ouvrage.
Représentant le Parti québécois, le Bloc québécois et l'Action démocratique du Québec, nous convenons d'un projet commun qui sera soumis au référendum afin de répondre de manière moderne, décisive et ouverte à la longue quête des Québécois pour la maîtrise de leur destin.
Nous convenons de conjuguer nos forces et de coordonner nos efforts pour qu'au référendum de l'automne 1995, les Québécois puissent se prononcer pour un véritable changement : faire la souveraineté du Québec et proposer formellement un nouveau partenariat économique et politique au Canada, visant notamment à consolider l'espace économique actuel.
Les éléments de ce projet commun seront intégrés au projet de loi qui sera déposé à l'automne, sur lequel les Québécois se prononceront lors du référendum.
Nous croyons que ce projet commun est respectueux des vœux d'une majorité de Québécoises et de Québécois, qu'il est le reflet des aspirations historiques du Québec et qu'il incarne de façon concrète les préoccupations exprimées au sein des Commissions sur l'avenir du Québec.
Ainsi, notre projet commun rompt avec le statu quo canadien, rejeté par l'immense majorité des Québécois. Il est fidèle à la volonté d'autonomie des Québécois et fait en sorte que le Québec devienne souverain, perçoive tous ses impôts, vote toutes ses lois et signe tous ses traités.
Notre projet exprime aussi le souhait des Québécois de maintenir un lien souple et équitable avec nos voisins canadiens pour gérer en commun l'espace économique, notamment par la mise en place d'institutions communes, y compris de nature politique.
Nous sommes convaincus que cette proposition est conforme aux intérêts du Québec et du Canada, mais nous ne pouvons bien sûr préjuger de la décision que les Canadiens auront à prendre à cet égard.
Enfin, notre projet répond au vœu maintes fois exprimé ces derniers mois : que le référendum puisse rassembler le plus grand nombre de Québécois possible autour d'une proposition claire, moderne et ouverte.
Le mandat référendaire
Après une victoire du OUI au référendum, l'Assemblée nationale aura, d'une part, la capacité de proclamer la souveraineté du Québec, et le gouvernement sera tenu, d'autre part, d'offrir au Canada une proposition de traité sur un nouveau partenariat économique et politique, visant notamment à consolider l'espace économique actuel.
La question incorporera ces deux éléments.
L'accession à la souveraineté
Dans la mesure où les négociations se déroulent positivement, l'Assemblée nationale déclarera la souveraineté du Québec après entente sur le traité de partenariat.
Un des premiers gestes du Québec souverain sera la ratification du traité de partenariat. Ces négociations ne dureront pas plus d'un an, sauf si l'Assemblée nationale en décide autrement.
Dans la mesure où les négociations seraient infructueuses, l'Assemblée nationale pourra déclarer la souveraineté du Québec dans les meilleurs délais.
Le traité
Les nouvelles règles et la réalité du commerce international permettront à un Québec souverain, même sans partenariat formel avec le Canada, de continuer à bénéficier d'un accès aux marchés extérieurs, entre autres à l'espace économique canadien.
De plus, un Québec souverain pourra, de son propre chef, garder le dollar canadien comme devise.
Toutefois, étant donné l'ampleur des échanges économiques et l'intégration des économies québécoise et canadienne, il sera à l'avantage évident des deux États d'élaborer, par traité, un partenariat économique et politique.
Le traité engagera les parties et prévoira les mesures aptes à maintenir et à améliorer l'espace économique existant. Il établira les règles de partage des actifs fédéraux et de gestion de la dette commune.
Il prévoira de même la création et les règles de fonctionnement des institutions politiques communes nécessaires à la gestion du nouveau partenariat économique et politique.
Il prévoira la mise sur pied d'un Conseil, d'un Secrétariat, d'une Assemblée et d'un Tribunal de règlement des différends.
Prioritairement, le traité verra à ce que le partenariat ait la capacité d'agir dans les domaines suivants :
• l'union douanière ;
• la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux ;
• la politique monétaire ;
• la mobilité de la main-d'œuvre ;
• la citoyenneté.
En fonction de la dynamique des institutions communes et du rythme de leurs aspirations, rien n'empêchera les deux États membres de s'entendre dans tout autre domaine d'intérêt commun, tels que :
• le commerce intérieur, pour adapter et renforcer les dispositions de l'Accord sur le commerce intérieur ;
• le commerce international, pour convenir de positions communes sur l'exception culturelle dans l'OMC et l'ALENA ;
• la représentation internationale, pour que le partenariat parle d'une seule voix dans certaines instances internationales ;
• les transports, pour faciliter l'accès aux aéroports, harmoniser les politiques routières, ferroviaires et maritimes ;
• la défense, pour convenir d'une participation commune à des opérations de maintien de la paix ou à la coordination au sein de l'OTAN et du NORAD ;
• les institutions financières, pour définir la réglementation des banques à charte et les règles de sécurité financière ;
• les politiques fiscales et budgétaires, pour assurer la compatibilité des actions respectives ;
• la protection de l'environnement, pour fixer des objectifs communs sur la pollution transfrontalière et la gestion des matières dangereuses ;
• la lutte contre le trafic d'armes et de drogue ;
• les postes ;
• et toute autre matière d'intérêt commun.
Les institutions communes
1) Le Conseil
Le Conseil du partenariat, formé à parts égales de ministres des deux États, aura un pouvoir décisionnel quant à la mise en œuvre du traité. Les décisions du Conseil devront être unanimes : chacun y aura donc droit de veto.
Le Conseil sera soutenu par un secrétariat permanent, qui servira de liaison fonctionnelle avec les gouvernements et veillera au suivi des décisions.
À la demande du Conseil ou de l'Assemblée parlementaire, le Secrétariat fera des rapports sur tout sujet relatif à l'application du traité.
2) L'Assemblée parlementaire
Une Assemblée parlementaire du partenariat, formée de députés québécois et canadiens désignés par leurs assemblées législatives respectives, sera créée.
Elle examinera les projets de décision du Conseil du partenariat et lui fera ses recommandations. Elle pourra aussi adopter des résolutions sur tout sujet relatif à son application, notamment à la suite des rapports périodiques sur l'état du partenariat que lui adressera le Secrétariat.
Elle entendra en audiences publiques les dirigeants des commissions administratives bipartites chargées de l'application de certaines dispositions du traité.
La composition de l'Assemblée reflétera la répartition de la population au sein du partenariat : le Québec y détiendra 25 % des sièges.
Le financement des institutions du partenariat sera paritaire, sauf pour les dépenses occasionnées par les parlementaires, qui seront à la charge de chaque État.
3) Le Tribunal
Un tribunal sera mis sur pied pour régler les différends relatifs au traité, à son application et à l'interprétation de ses dispositions. Ses décisions lieront les parties.
On pourra s'inspirer, pour ses règles de fonctionnement, des mécanismes existants tels que le Tribunal de l'ALENA, celui de l'Accord sur le commerce intérieur ou celui de l'Organisation mondiale du commerce.
Le comité
Un comité d'orientation et de surveillance des négociations, formé de personnalités indépendantes agréées par les trois partis (PQ, BQ, ADQ), sera créé. Sa composition sera dévoilée au moment jugé opportun.
Ce comité :
1. sera impliqué dans le choix du négociateur en chef ;
2. pourra déléguer un observateur à la table des négociations ;
3. conseillera le gouvernement sur la marche des négociations ;
4. informera le public sur le processus et l'avancement des négociations.
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Élection municipale 2025 – Réponses des partis aux demandes de la Table citoyenne Littoral Est
Québec, le 23 octobre 2025 – Au cours des dernières semaines, la Table citoyenne Littoral Est a interpellé les principaux partis en lice à la mairie de Québec, ainsi que leurs candidats et candidates des districts Vieux-Limoilou, Maizerets-Lairet et Robert Giffard afin qu'ils se prononcent sur nos dix revendications, sous la thématique « Des quartiers PAR ou POUR les
citoyen.nes ».
Dans le cadre de cette démarche, nous avons convié l'ensemble des candidats et candidates de ces districts à marcher avec nous dans le quartier, afin d'engager un dialogue directement sur le terrain, en lien avec nos revendications. Seule l'équipe de Leadership Québec n'a pas donné suite à notre invitation. À la suite de ces marches, les différents partis nous ont transmis leurs positions concernant chacune de nos revendications, que nous avons résumées dans le tableau disponible. Les équipes de Respect Citoyens et de Leadership Québec ont quant à elles préféré ne pas répondre par écrit à nos demandes. Nous déplorons ce choix et y voyons un manque de considération à l'égard des préoccupations citoyennes portées par la Table.
L'équipe de Québec Forte et fière (QFF), bien que n'ayant pas formulé d'engagements clairs sur plusieurs de nos demandes, montre une certaine ouverture à évaluer l'option d'un accès gratuit à la plage de la Baie de Beauport, à verdir le site de l'ancien dépôt à neige d'Estimauville en concordance avec la Vision d'aménagement des quartiers de la Canardière, à entamer une réflexion sur un accès cyclable à la Baie de Beauport par Henri-Bourassa et à poursuivre le travail pour le Centre social autogéré avec la communauté mobilisée. Nous soulignons leur engagement en faveur du logement social en doublant « les investissements actuels dans la réserve foncière pour le logement social, passant de 16M en 2025 à 32M en 2029 », dans l'optique de permettre au logement social d'atteindre 20% du parc de logement locatif d'ici 2040. Elle s'engage également à protéger davantage les chambreurs et chambreuses par l'exercice du droit de préemption sur « les maisons de chambre à risque de fermeture sur notre territoire ». Nous sommes cependant déçu.es de leur refus de s'opposer au projet de terminal de conteneurs de QSL, prétextant qu'« il n'y a pas de projet de conteneurs qui a été déposé par QSL ou le Port de Québec » alors que les signes d'avancement de ce projet sont évidents depuis plusieurs semaines, tant du côté du Port de Québec que dans les médias.
Pour leur part, l'équipe de Transition Québec présente un ambitieux plan en matière de logement social incluant l'utilisation du droit de préemption afin d'acquérir des terrains, la création d'un programme municipal de logement social intitulé « Je me loge » ainsi qu'une politique d'inclusion de logement social pour les projets privés comprenant au moins 50 logements. Leurs engagements s'accompagnent d'une volonté de soutenir la création de 1200 nouvelles unités de logement social annuellement. Transition Québec est le seul parti qui s'engage à refuser le projet de terminal de conteneurs de QSL et à reconnaitre formellement le projet de Centre social autogéré au Garage municipal comme un « commun » s'inscrivant dans un partenariat public commun avec la Ville de Québec.
Enfin, l'équipe de Québec d'abord propose un ambitieux plan de corridor de biodiversité incluant la transformation de l'ancien dépôt à neige d'Estimauville en forêt urbaine. Nous sommes également satisfait.es de leur engagement à construire 1000 nouveaux logements sociaux par année, soit le double de l'objectif actuel, à garantir un accès gratuit à la place de la Baie de Beauport et à engager une négociation avec le ministère des Transports, actuel propriétaire du viaduc menant à la Baie de Beauport par Henri-Bourassa, afin d'y instaurer une piste cyclable. Finalement, la position de Québec d'abord concernant le projet de terminal de conteneurs de QSL nous déçoit également, mais nous soulignons leur intention d'imposer des critères d'impacts environnementaux avant une éventuelle acceptation du projet.
Au cours des semaines restantes à la campagne, nous invitons les citoyens et citoyennes du
Littoral Est à prendre connaissance des demandes formulées par la Table citoyenne Littoral Est et à les faire valoir à l'ensemble des candidates et candidats du secteur.
Liste complète des demandes de la Table et des réponses officielles des partis disponibles ici.
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S’opposer à l’industrie d’armement militaire : le municipal aussi doit le faire !
Dans un contexte marqué par l'escalade des conflits armés à l'international et l'augmentation du budget de la défense canadienne vers une cible annuelle en 2035 de 5 % du PIB, soit 150 milliards de $ ou 32 % du budget fédéral, plus que jamais, un mouvement populaire pour la paix et contre le militarisme doit prendre sa place dans l'espace public.
Tiré du Journal Entrée Libre
21 octobre 2025
Marianita Hamel pour Solidarité Populaire Estrie
Contre la course à l'armement militaire, nous affirmons notre appartenance au camp du vivant et à notre humanité. Cela signifie entre autres de prioriser la protection de la biodiversité, la dignité humaine sans discrimination et dénoncer vigoureusement les génocides, dont celui du peuple palestinien par l'État d'Israël.
Les milliards de $ investis dans les activités militaires au Canada engraissent les profits des compagnies d'armement qui alimentent les guerres et génocides. La fabrication et l'utilisation des armements militaires ont des conséquences catastrophiques sur la biodiversité et la souveraineté alimentaire des populations à travers le monde. Pendant ce temps, l'austérité imposée fait des ravages dans nos hôpitaux, nos écoles, nos logements sociaux et autres services publics.
Les mouvements sociaux ont un rôle historique à jouer pour faire percer dans l'espace public un discours de paix et de désescalade des conflits armés. Nous demandons aux élu·es de tous les niveaux de gouvernement de prendre position pour choisir l'humanité et rejeter le militarisme !
Nous demandons à la Ville de Sherbrooke qu'elle s'engage à agir avec tous les moyens dont elle dispose pour une désescalade des conflits armés en adoptant la résolution suivante :
Que la Ville de Sherbrooke prenne position contre toutes activités de compagnies d'armement militaire sur son territoire, que ce soit des activités liées à la production, la distribution, la recherche ou l'administration d'un siège social.
Cette campagne locale est liée à la campagne annuelle du coquelicot blanc du Collectif Échec à la guerre.
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Pour des milieux de vie justes et viables - Comment aborder la transition socio-écologique en niveau local ?
À travers le Québec, les municipalités font face à plusieurs crises interreliées, et la transition socio-écologique, comme réponse à ces crises, ne peut plus attendre. Les municipalités disposent de leviers essentiels pour entamer ces transformations vers des milieux de vie justes et viables.
Dans cette optique, le Front commun pour la transition énergétique publie un document dans le cadre des élections municipales 2025 qui s'intitule Campagne municipale 2025 - Pour des milieux de vie justes et viables - comment aborder la transition socio-écologique au niveau local ? Vous pouvez le consulter ci-dessous.
Lors de la constitution des nouvelles équipes municipales cet automne, il est primordial que ces transformations soient au cœur des discussions et des actions. Ce document vise à guider et outiller les municipalités et les MRC dans l'élaboration de leurs politiques publiques municipales, en présentant 9 orientations réunies sous 3 thématiques : les collectivités, le transport et l'énergie. Ces orientations sont soutenues par des actions concrètes, et accompagnées de plusieurs ressources informatives et inspirantes.
Introduction
Le Québec, comme l'ensemble de la planète, fait face à une série de crises interreliées qui mettent en danger nos sociétés : catastrophe climatique, effondrement de la biodiversité,
inégalités sociales croissantes, insécurité économique, tensions démocratiques.
Maintenir des communautés viables et justes dans ce contexte de polycrise exige une réponse urgente, coordonnée et ancrée dans les territoires. La transition socio-écologique — une transformation sociale, écologique et économique pour répondre à ces défis — ne peut plus attendre. Celle-ci doit être ambitieuse, systémique, porteuse de justice sociale et profondément démocratique.
Les municipalités, en tant que gouvernements de proximité, sont au cœur de cette transformation. Elles sont les premières à ressentir les impacts de l'urgence climatique — inondations, canicules, stress sur les infrastructures et les services publics — et les premières
interpelées par les citoyen·nes en quête de solutions concrètes. Ce sont aussi
elles qui sont le plus près du quotidien des citoyen·nes.
Par leur capacité à planifier l'aménagement du territoire, à organiser les transports, à soutenir le logement, l'alimentation, les services communautaires, les loisirs, les milieux naturels et la participation citoyenne, elles disposent de leviers essentiels pour orienter la transition à l'échelle locale.
Cela leur donne une connaissance fine des besoins du terrain. Cette proximité leur confère une légitimité démocratique et une capacité de mobilisation qui ne peut être ignorée.
Elles peuvent donc jouer un rôle d'influence crucial auprès du gouvernement du Québec, en faisant entendre la voix des communautés sur les choix structurants à venir.
Mais, compte tenu de la complexité des enjeux et les réalités locales extrêmement variées — métropole, ville de taille moyenne ou municipalité rurale, activité industrielle, forestière ou
agricole, etc. — aucune transformation durable ne pourra se faire sans la participation active des personnes concernées. La planification locale et démocratique, le dialogue social, la concertation avec les groupes de la société civile — dont les travailleurs et travailleuses — ainsi que la prise en compte des savoirs citoyens, autochtones et scientifiques sont les
piliers d'une transition juste, inclusive et respectueuse des écosystèmes. Miser sur l'intelligence collective, c'est se donner les moyens de bâtir des solutions mieux adaptées, plus justes et plus largement partagées.
Dans le cadre de la campagne en vue des élections municipales du 2 novembre 2025 et lors de la constitution des nouvelles équipes municipales, il est primordial que la transition socio-écologique soit au cœur des discussions et des actions. Cet automne doit être l'occasion d'un
véritable tournant dans l'application de politiques ambitieuses, cohérentes et courageuses pour lutter contre les crises et leurs causes.
Ce document se veut un outil pour réfléchir à ces actions, offrant des orientations englobantes pour toutes les municipalités et les Municipalités régionales de comté (MRC). Il présente également des actions concrètes pour appuyer les municipalités qui veulent
prendre le virage de la transition socio-écologique avec ambition, cohérence et courage. Il y a beaucoup à faire, et les actions qui figurent ici ne représentent qu'une partie de l'ensemble
des transformations nécessaires. Plusieurs ressources supplémentaires se trouvent dans la section « Pour aller plus loin » et peuvent être une source d'information et d'inspiration. ■
LE PALIER LOCAL, UN LEVIER POUR DES CHANGEMENTS AU PROVINCIAL ?
En se regroupant — par exemple au sein des unions municipales ou des coalitions
thématiques —, les municipalités peuvent faire pression de manière coordonnée pour
obtenir des changements législatifs, des budgets ou des programmes adaptés aux
réalités locales. Elles peuvent aussi adopter des résolutions ambitieuses, expérimenter
des projets pilotes ou adopter des règlements innovants qui deviennent des modèles à
l'échelle du Québec. Ainsi, en démontrant la faisabilité et l'appui citoyen de certaines
mesures, elles peuvent créer un rapport de force favorable et obligent le
gouvernement provincial à emboiter le pas.
Les villes et les MRC sont témoins de la réalité quotidienne de millions de
Québécois·es ; leur mobilisation envoie un message politique fort et rend
incontournable l'adoption de mesures provinciales à la hauteur de la crise climatique. ■
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Les Québécoises et les Québécois soutiennent la transformation des villes et des villages pour relever les défis collectifs
Québec, le 23 octobre 2025 – Alors que les futures équipes municipales auront de nombreux défis à relever, la population se montre favorable aux transformations des milieux de vie nécessaires pour bâtir des collectivités résilientes, équitables et prospères, selon un sondage Léger [2] réalisé pour Vivre en Ville. Une écrasante majorité de la population estime que les municipalités doivent construire davantage d'habitations, dans des milieux de vie complets, et mettre en place des aménagements sécuritaires pour les déplacements actifs. Les Québécois et Québécoises envoient un message clair : ils veulent des villes qui passent à l'action.
« Les citoyens veulent que les municipalités agissent face à la crise de l'habitation et pour améliorer leur qualité de vie. Les Québécois ont compris le virage qui doit être pris en matière d'aménagement urbain pour relever ces défis », déclare Christian Savard, directeur
général de Vivre en Ville.
Un appui massif aux actions locales
Le sondage révèle que les Québécoises et les Québécois souhaitent que leurs municipalités agissent sur tous les fronts :
* Densification soutenue : une nette majorité est d'accord pour augmenter l'offre d'habitation à même les quartiers existants plutôt que de s'étaler, surtout si cela permet de protéger la nature et les terres agricoles. L'option de la densification (56 %) obtient presque trois fois plus d'appui que celle de l'étalement (21 %), et sept fois plus d'appui que l'option de ne pas construire davantage de logements (8 %).
* Proximité et qualité de vie : les trois quarts des répondants jugent important de pouvoir accéder à des commerces et services à distance de marche.
* Mobilité active sécuritaire : les trois quarts des répondants veulent que les municipalités mettent en place des aménagements visant à améliorer la sécurité des personnes qui se déplacent à pied ou à vélo.
* Logement abordable : 79 % des répondants appuient les initiatives municipales visant à accélérer la construction d'habitations et à prioriser le logement à but non lucratif.
Les 12 travaux de nos collectivités soutenus partout au Québec
Les résultats du sondage démontrent qu'un modèle de développement plus sobre, axé sur la proximité, la mobilité durable et une offre d'habitation répondant aux besoins, est non seulement souhaitable, mais largement soutenu par la population. Ils témoignent ainsi de l'appui d'une large majorité de la population, partout au Québec, à chacun des « 12 travaux de nos collectivités [3] » présentés par Vivre en Ville dans le cadre des élections municipales.
« Densifier, ce n'est pas empiler du béton, c'est rapprocher les gens, protéger notre territoire, favoriser le transport collectif et améliorer la qualité de vie de tous. Les villes actives sont des villes vivantes : avoir un parc, une école et une épicerie à distance de marche, c'est le vrai progrès, celui qui améliore la qualité de vie de tous et toutes. Moins de déplacements, c'est plus de temps pour vivre. », conclut Jeanne Robin, directrice principale de Vivre en Ville.
Le sondage complet est disponible ici. [1]
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De la Marche mondiale des femmes à Mères au front L’écoféminisme décolonial en action au Québec
Le 18 octobre 2025, un moment historique a eu lieu. Dans la ville de Québec, grâce à l'effort de la Coordination du Québec pour la Marche mondiale des femmes ainsi que de très nombreux groupes, près de 20 000 personnes (essentiellement des femmes) ont occupé la rue.
Par Claudia Santibanez, Chargée de mobilisation à Mères au front
Cette même journée, des mobilisations féministes, éco-féministes, se produisaient presque simultanément dans plusieurs villes sur le globe, montrant que ces luttes n'ont ni langue, ni frontières ; que nous sommes encore en marche, et tant qu'il le faudra.
En 1995, 800 femmes ont marché sur les routes du Québec en réclamant « Du pain et des roses ». Trente ans plus tard, des mères se lèvent aux côtés des Premières Nations, les gardien·ne·s des territoires ancestraux, contre des projets capitalistes qui menacent de livrer un tiers des forêts publiques à l'industrie. Cette continuité des luttes n'est pas un hasard : elle révèle l'émergence d'un écoféminisme décolonial qui lie indissociablement justice sociale, égalité des femmes, protection de l'environnement et reconnaissance des droits des personnes autochtones.
Puisée à même l'expérience transformatrice « Du pain et des roses » de 1995, c'est dans ce terreau fertile de l'engagement féministe québécois que la Marche mondiale des femmes trouve racine, portée par la Fédération des femmes du Québec, et sous l'impulsion de nulle autre que la militante et femme politique féministe, Françoise David. Cette émergence nouvelle était alors la démonstration tangible de la puissance de la mobilisation citoyenne, particulièrement celle des femmes, une voix jusqu'alors peu visible au Québec. Cette marche de dix jours - Du pain et des roses - qui a rassemblé des centaines de femmes afin de parcourir 200 kilomètres à pieds, portait déjà en elle les germes d'une vision écoféministe : réclamer à la fois du pain (les besoins essentiels) et des roses (la qualité de vie, la beauté, la solidarité et la dignité).
Il est également très intéressant d'observer que l'évolution de la Marche mondiale des femmes, parallèlement à celle du mouvement Mères au front, illustre parfaitement la manière dont les mouvements sociaux s'adaptent aux défis de leur époque. Si les marcheuses de 1995 réclamaient une justice économique et une dignité sociale, les Mères au front d'aujourd'hui élargissent cette vision en incluant le futur du vivant, des enfants, et de la Nature, en tant que luttes essentielles à la survie de toute l'humanité.
Cette progression n'est certainement pas fortuite. Elle trouve sa source dans une compréhension nouvelle et approfondie de l'intersectionnalité des oppressions. L'écoféminisme révèle, pour sa part, la façon dont « la crise environnementale touche de manière disproportionnée les femmes »1 ; particulièrement les femmes racisées, autochtones et en situation de pauvreté. Cette prise de conscience d'une grande importance a donné naissance à un mouvement pan-québécois qui refuse de diviser les luttes, et qui, en seulement cinq ans d'existence, a évolué à grandes enjambées, s'adaptant sans cesse à cette compréhension actualisée de l'écoféminisme, ainsi qu'à son évolution au sein des luttes et des communautés.
La rencontre entre la Marche mondiale des femmes et l'engagement de Mères au front dessine un avenir prometteur pour le Québec, et au-delà. Cette alliance permet de reconnaître que la crise climatique est indissociable des inégalités de genre ; que la protection de l'environnement passe par l'émancipation des femmes ; et que les mères, en tant que gardiennes de la vie, ont un rôle central à jouer dans cette transformation.
De plus, cette convergence des luttes s'inscrit dans une perspective écoféministe décoloniale plus vaste encore, puisque la plupart des écoféministes au Québec sont également mues par une volonté d'inclusion, en plus de mettre la nécessité de « décoloniser nos mouvements sociaux2 » à l'avant-plan. En ce sens, l'écoféminisme s'engage à faire converger les luttes féministes et écologistes, en mettant en exergue une nouvelle hiérarchie de valeurs semblable à celle de nombreux peuples autochtones.
Alors que l'urgence climatique et la transition socio-écologique nous demandent de reprendre la route, à l'instar des marcheuses de 1995 qui réclamaient du pain et des roses, nous devons exiger de la part de nos gouvernements un engagement formel envers nos enfants, afin de leur assurer un avenir vivable et viable. L'écoféminisme québécois actuel nous montre déjà la voie à suivre - aucune lutte ne peut être menée de façon isolée, et nous devons nous rassembler.
Face aux polycrises, à la pollution industrielle, aux inégalités persistantes et grandissantes ; vis-à-vis des projets de lois tels que le PL 97 et le PL C-5, nous n'avons d'autre choix que de nous mobiliser massivement afin de protéger la biodiversité et les droits humains fondamentaux à vivre dignement dans un environnement sain et sécuritaire pour tous·tes.
Les revendications de la Marche mondiale des femmes – élimination de la pauvreté, fin des violences envers les filles et les femmes, justice sociale ; le droit de vivre dans un environnement sain et respectueux des humains, des communautés et de la biodiversité – demeurent d'une criante actualité et sont désormais nourries par l'urgence climatique ayant cours.
Trente ans après « Du pain et des roses », nous sommes encore en marche pour transformer le monde, et le message résonne plus fort que jamais,« On doit trouver le courage de pointer l'empereur qui est nu ! Même si des fois le doigt se tourne vers nous même”3 ».
Nots
1. Vandana, Shiva, Ecofeminism, 1993
2. Casselot, Marie-Anne, Les écoféminismes : un foisonnement intersectionnel, Nayla Naoufal, La Gazette des femmes, janvier 2020.
3. Mollen-Dupuis, Melissa, 30 août 2025
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Un seul candidat propose des politiques audacieuses lors du forum sur la direction du NPD
Le forum sur la direction du NPD, parrainé par le Congrès du travail du Canada (CTC), s'est surtout concentré sur les biographies et la personnalité des candidats. Mais un candidat a tenté de bousculer les choses en mettant sur la table des idées audacieuses.
23 octobre 2025 | tiré de Rabble.ca | Photo : Les candidats à la direction du NPD sur scène avec la présidente du CTC, Bea Bruske.
Crédit : Nick Seebruch
Le très médiatisé forum sur la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD), parrainé par le Congrès du travail du Canada, qui s'est tenu à Ottawa le mercredi 22 octobre, aurait été un événement terne et prévisible si un candidat n'avait pas présenté des propositions politiques risquées et audacieuses.
Ce candidat était Avi Lewis.
L'événement d'Ottawa était la deuxième fois que les cinq candidats prenaient la parole depuis la même tribune. La première fois avait eu lieu loin des projecteurs nationaux : à Nanaimo, en Colombie-Britannique, au début du mois d'octobre.
Le forum du CTC aurait pu constituer une occasion de couverture médiatique nationale importante pour le parti.
Mais – mauvaise nouvelle pour le NPD – le Premier ministre Carney a prononcé un discours télévisé majeur la même soirée. C'était dans le cadre de ses efforts pour gérer les attentes publiques avant le budget d'« ultra-austérité » que son ministre des Finances présentera le 4 novembre.
L'émission télévisée du Premier ministre a largement éclipsé les interventions des candidats du NPD.
Un candidat sort du script “voici qui je suis”
Le forum parrainé par le CTC n'était en aucun cas un débat.
Dans une salle du luxueux Westin Hotel d'Ottawa, la présidente du CTC, Bea Bruske, a mené des sessions de questions-réponses séparées de dix minutes avec chacun des candidats.
Les candidats n'avaient aucune occasion d'échanger entre eux ni de répondre aux questions du public enthousiaste, mais restreint, présent dans la salle.
Pour la plupart, les candidats ont profité de l'occasion pour se présenter aux Canadiens, peut-être pour la deuxième ou troisième fois.
Leurs interventions étaient largement autobiographiques, agrémentées d'une touche de rhétorique progressiste.
Le seul candidat qui a davantage parlé de politiques que de sa propre biographie était l'activiste et cinéaste basé en Colombie-Britannique, Avi Lewis.
Lewis a réussi à lancer une conversation nationale sur sa proposition que le gouvernement fédéral crée une « option publique » dans l'industrie alimentaire de gros.
Lors de son échange avec Bea Bruske, il a ajouté qu'il proposait également des options publiques similaires pour les services de téléphonie mobile et pour le logement.
Lewis a été le seul candidat à parler français et, dans cette langue, il a imputé le coût de la vie – « qui explose partout au Canada », dit-il – au degré élevé de concentration des entreprises dans le pays.
Il a souligné comment cinq grandes chaînes d'épicerie, cinq grandes banques nationales et trois géants des télécommunications contrôlent une grande partie du marché canadien. Ils profitent des difficultés économiques actuelles, ajouta-t-il, en fixant des prix extrêmement élevés pour le Canadien moyen.
Lewis publiera prochainement plus de détails sur ses propositions politiques et les rendra disponibles en ligne. Pour l'instant, il a expliqué à Bea Bruske qu'il financerait ses initiatives publiques proposées par un impôt sur la richesse visant les plus riches des riches.
McPherson ne renonce pas aux « tests de pureté »
Comme lors de son lancement de campagne, la seule députée en lice, Heather McPherson d'Edmonton, a parlé de sa famille inclusive et accueillante.
Elle a rappelé au public et aux spectateurs en ligne que son père était chauffeur de camion, membre authentique de la classe ouvrière. Sa mère était une femme au foyer à l'ancienne, et à leur table familiale « tout le monde était le bienvenu ».
C'est ce modèle, a soutenu McPherson, que le NPD devrait suivre.
« Nous devons rencontrer les gens là où ils sont, » a-t-elle dit, « et parler avec eux des enjeux qui leur importent. »
Lors de son lancement de campagne, la députée d'Edmonton avait offensé plusieurs autres NPDistes, notamment sa collègue Leah Gazan, en dénonçant ce qu'elle qualifiait de « tests de pureté » au sein du Nouveau Parti démocratique.
Gazan et d'autres ont fait remarquer que l'expression « tests de pureté » est associée à l'extrême droite américaine. Les conservateurs l'utilisent comme un signal codé contre les efforts de diversité et d'inclusion.
Lorsque des journalistes ont interrogé McPherson sur l'usage de ce terme potentiellement offensant, elle ne s'est pas rétractée. Elle a plutôt répété son mantra : le NPD doit être plus inclusif.
Un docker, un agriculteur et une travailleuse sociale autochtone
Le dirigeant syndical de la Colombie-Britannique, Rob Ashton, a suscité beaucoup d'intérêt et une couverture médiatique favorable depuis qu'il a annoncé sa candidature. Il déclare ouvertement ne pas encore être prêt à présenter des politiques qu'il pourrait défendre, préférant qu'elles émergent des conversations avec les militants et membres du NPD, ainsi qu'avec d'autres Canadiens.
Il se présente comme un vrai travailleur, contrairement aux leaders des deux plus grands partis canadiens.
« Pierre Poilievre n'est pas un travailleur », a-t-il dit à Bruske. « Mark Carney n'est pas un politicien. »
Il ajoute : « Nous sommes dans une guerre des classes. C'est la classe dirigeante contre la classe ouvrière. Il faut en parler fort et mobiliser les troupes. »
Tony McQuail, agriculteur biologique de la région de Huronia, en Ontario, a déjà été candidat pour le NPD à sept reprises, au niveau fédéral et provincial. Il veut lier la lutte pour une démocratie efficace, pour la planète et pour la justice économique et sociale.
Il dénonce l'économie centrée sur le consommateur et le degré élevé et croissant des inégalités, et estime qu'un système électoral proportionnel produirait un parlement plus apte à relever ces défis que l'actuel.
McQuail a été le seul candidat à parler des enjeux et des menaces de l'intelligence artificielle (IA).
« Nous devons nous inquiéter à la fois de l'énorme empreinte écologique de l'IA et de savoir qui contrôle l'IA – actuellement des méga-entreprises basées à l'extérieur du Canada. »
Tanille Johnston, travailleuse sociale et conseillère municipale à Campbell River sur l'île de Vancouver, est la seule candidate autochtone. Elle parle de son expérience de travailleuse sociale humaniste, inspirée par les écrits de bell hooks, et de son engagement dans la vie étudiante.
« En tant que personne ayant grandi dans la politique étudiante, en tant qu'autochtone et en tant que femme, » dit-elle, « je me sens en position de construire ce parti. »
La seule proposition concrète de Johnston concerne le parti, pas le gouvernement canadien. Si elle devenait chef, elle a déclaré que dès le premier jour, elle rendrait l'adhésion au NPD gratuite.
« Si nous voulons faire croître le parti, nous avons besoin de plus de monde. Il faut le rendre plus accessible. Il ne faut pas de barrières financières. »
Pour reprendre les mots de Heather McPherson, Johnston a dit : « Si nous voulons que davantage de personnes viennent à la table, ouvrons la porte ! »
Les politiques manquaient à l'appel, sauf pour Lewis
En fin de compte, ce soir-là, c'est Avi Lewis qui a présenté les propositions les plus audacieuses, provocatrices et intéressantes.
Il a insisté pour dire que cette course ne devrait pas porter sur la biographie ou l'identité de quiconque, mais sur des idées politiques concrètes et significatives.
« Je prends de grands risques, » a-t-il dit, « et je propose des solutions claires, à la hauteur des crises auxquelles nous faisons face. »
Il a reconnu que tout le monde n'est pas d'accord avec ses solutions, mais a ajouté :
« Le NPD doit proposer des idées, pas seulement des mots justes, soigneusement choisis. C'est une période de désespoir où le fascisme monte – et pas seulement dans le gouvernement autoritaire au sud de la frontière. »
La crise économique actuelle, a expliqué Lewis, crée des conditions fertiles pour les remèdes faciles et haineux de l'extrême droite.
Les progressistes doivent confronter ces fausses promesses avec un discours clair et des alternatives sérieuses et réalisables – des politiques alternatives qui offrent un vrai espoir aux personnes inquiètes et en colère.
La prochaine rencontre des candidats sera un véritable débat, où ils pourront s'adresser les uns aux autres, et pas seulement à un modérateur.
Cela aura lieu à Montréal le 27 novembre – sauf, bien sûr, si des élections sont déclenchées avant cette date.
Comme le disait le grand pianiste et compositeur de jazz Fats Waller :
« On ne sait jamais, hein ? »
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Si loin de Dieu, si près des États-Unis
Depuis son entrée en fonction comme président des États-Unis (janvier 2025) pour un second et dernier mandat, Donald Trump évoque de temps à autre (quoique rarement) son rêve d'annexer le Canada.
Dans quelle mesure doit-on prendre ses affirmations au sérieux ? Y croit-il vraiment lui-même ? On le sait instable et souvent imprévisible. Aurait-il une idée derrière la tête en formulant ce songe ? Ou s'agirait il d'un plan sérieux, à long terme ?
S'il peut se permettre de formuler cette lubie à voix haute sans que personne ne le contredise, du moins ouvertement, c'est qu'il a la certitude que d'autres personnes de son entourage partagent cette idée d'annexion ou « d'intégration », ce dernier terme pouvant signifier bien des choses. Nous y reviendrons.
Certes, Trump ne demeurera pas en poste indéfiniment et il va quitter ses fonctions de président en 2029. Mais il ne fait qu'exprimer l'envie d'une partie de la classe politique d'accentuer la mainmise américaine sur le voisin du nord et dans quelques cas, de l'annexer carrément.
Mettre la main sur les ressources naturelles canadiennes, s'emparer de son économie, bénéficier du savoir-faire et de la compétence de ses élites économiques et financières, de sa main d'oeuvre qualifiée, voilà une tentation irrésistible pour certains politiciens américains. Mais est-ce réaliste et faisable ? Bien des facteurs d'incertitude s'interposent entre ce rêve et la réalité, au premier chef celui des rapports de force réciproques.
Tout d'abord, le Canada est déjà le vassal des États-Unis dans une large mesure. De plus, il compte quarante millions d'habitants, dont neuf millions de Québécois au particularisme très marqué. Il possède donc une population assez considérable, même si elle est bien inférieure à celle de son voisin du sud. Vaut-il la peine, dans ce contexte, d'essayer de l'acquérir et si oui, comment ? Canadiens et Québécois sont-ils seulement intéressés à devenir le cinquante-et-unième État américain ? Il s'agit là d'une question centrale, incontournable. Rien ne permet ne répondre par la positive. Si les Canadiens et les Québécois refusent l'intégration politique à la république américaine, il ne reste aux trumpistes que deux options : la conquête militaire ou l'étouffement économique.
Trump a déjà exclu la première. Il n'a pas précisé comment il prévoyait s'y prendre pour réaliser ce qui n'apparaît pour l'instant qu'un rêve, pas même un projet dont la réalisation représenterait une entreprise périlleuse et au résultat incertain.
Quoi qu'on en dise, États-Unis et Canada sont deux pays très différents l'un de l'autre à bien des égards. La culture politique n'est pas la même ni les institutions qui en découlent, ni le partage des pouvoirs entre les entités (États et provinces) propres aux deux pays. Les politiques publiques de la redistribution de la richesse produite diffèrent d'un pays à l'autre (elle est moins maigre au Canada). De plus, il y a chez nous la question du Québec qui n'est toujours pas réglée, quoiqu'on en dise. Il n'est pas sûr que les Américains sont prêts à mettre la main dans ce guêpier.
Surtout, la direction américaine, qu'elle soit démocrate ou républicaine, devrait compter avec la forte résistance d'une majorité de la population canadienne devant les initiatives annexionnistes de sa part, ce qui lui coûterait très cher tant en termes politiques que diplomatiques et commerciaux. Le prix à payer pour annexer la Canada s'avérerait bien plus élevé que les bénéfices escomptés.
L'annexion, si elle réussissait, chamboulerait tout l'équilibre politique interne des États-Unis. L'électorat américain augmenterait de plusieurs millions d'électeurs et d'électrices, ce qui pourrait menacer le jeu des partis déjà établis et même transformer, sait-on jamais, leur orientation.
Sur papier, la lubie annexionniste est tentante, mais elle apparaît en pratique irréalisable. D'ailleurs, Trump n'en parle que rarement et on peut douter que l'ensemble de la classe politique américaine y croie vraiment ; une bonne partie s'y opposerait vraisemblablement si le président essayait de la matérialiser.
Les trumpistes parlent d'intégration du Canada aux États-Unis plus que d'annexion. Mais qu'entendent ils au juste par là ?
L'annexion politique pure et simple ou une insertion libre-échangiste encore plus poussée que celle qui prévaut actuellement ? Ils ne le précisent pas. Ils n'ont pas intérêt à étouffer commercialement le Canada, même s'ils exercent de fortes pressions tarifaires sur lui pour rapatrier le plus de filiales d'entreprises américaines possible aux États-Unis. Il ne faut donc pas prendre à la légère les menaces trumpistes d'intégrer encore davantage l'économie du Canada à celle des États-Unis. On doit donc se préparer à une une longue résistance aux pressions de Trump sur l'économie canadienne. Mais son rêve de procéder un jour à l'annexion du Canada paraît relever davantage d'une tocade que d'une réelle intention.
Jean-François Delisle
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Projet de loi C-12 : Quand la sécurité frontalière menace
Derrière le discours sur la « sécurité », un projet de loi controversé pourrait restreindre l'accès à l'asile au Canada. L'avocate Suzanne Taffot alerte sur les dérives d'une approche qui sacrifie l'humain à la logique frontalière.
25 octobre 2025 | tiré de NéoQuébec
https://institut.neoquebec.com/analyses-opinions/projet-de-loi-c-12-quand-la-securite-frontaliere-menace-les-droits-humains
Le projet de loi C-12, anciennement connu sous le nom de C-2, suscite une vive controverse. Présenté par le gouvernement fédéral comme un moyen de renforcer la sécurité à la frontière canado-américaine, le texte soulève de profondes inquiétudes chez les juristes et les organisations de défense des droits humains. Pour plusieurs observateurs, cette réforme pourrait affaiblir les garanties fondamentales accordées aux demandeurs d'asile et remettre en cause la réputation humanitaire du Canada.
C'est l'analyse qu'en fait Me Suzanne Taffot, avocate en droit de l'immigration et cofondatrice du cabinet Herittt Avocats, au cours de l'émission radio de Neoquébec animée par Cyrille Ekwalla. Membre active de l'AQAADI (Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration) et de la Canadian Association of Refugee Lawyers (CARL), elle plaide pour un retrait pur et simple du projet de loi, qu'elle juge « dangereux, inutile et contraire au droit international ».
Deux clauses qui ferment la porte à l'asile
Sous couvert de lutte contre la criminalité transfrontalière et l'immigration irrégulière, le projet de loi introduit deux nouvelles clauses d'irrecevabilité des demandes d'asile.
La première empêche toute demande déposée plus d'un an après l'entrée sur le territoire canadien — avec effet rétroactif jusqu'à 2020.
La seconde supprime la possibilité de régulariser une entrée irrégulière dans un délai de 14 jours, une disposition qui permettait encore à des milliers de personnes de faire valoir leurs droits.
« Ces mesures sont inhumaines », dénonce Me Taffot. « Elles ignorent totalement les réalités vécues par les réfugiés, notamment les femmes victimes de violences, les personnes LGBTQ+ ou celles souffrant de traumatismes. Punir leur silence ou leur retard administratif, c'est refuser de voir leur souffrance. »
Procédures expéditives et agents non spécialisés
Le texte prévoit également de confier les demandes d'évaluation des risques avant renvoi (ERAR) à des agents non spécialisés.
Ces demandes, censées offrir une dernière protection avant l'expulsion, se feraient désormais sans audience, sans avocat et sur la seule base de documents écrits.
« C'est une justice administrative à la chaîne, où la vie des gens se joue sur un formulaire », déplore Me Taffot.
Selon elle, ces procédures expéditives violent le droit à une audience équitable reconnu par la Charte canadienne des droits et libertés.
Des pouvoirs renforcés pour les agents frontaliers
Autre aspect préoccupant : l'élargissement des pouvoirs de fouille et de surveillance.
Le projet de loi autorise les agents frontaliers à ouvrir le courrier, effectuer des fouilles sans mandat et partager des données personnelles avec les autorités américaines.
Pour plusieurs juristes, ces dispositions constituent une dérive sécuritaire incompatible avec le respect de la vie privée.
« Nous risquons d'installer un régime d'exception permanent », avertit l'avocate. « Ce n'est pas ainsi qu'on protège une démocratie. »
Le poids du voisin américain
Derrière cette réforme, Me Taffot voit aussi une pression politique implicite exercée par les États-Unis, qui reprochent au Canada une certaine « permissivité » migratoire.
Depuis la renégociation de l'Entente sur les tiers pays sûrs, le fameux chemin Roxham — longtemps symbole d'espoir pour des milliers de demandeurs d'asile — est désormais fermé.
« On bâtit des murs invisibles », regrette-t-elle. « Des murs juridiques, administratifs et politiques qui repoussent les gens vers la misère ou le danger. »
Des solutions existent
Face à cette dérive, plusieurs regroupements — dont la Coalition pour la justice migratoire — proposent des amendements réalistes :
- rétablir les exceptions humanitaires pour les personnes vulnérables ;
- garantir une audience obligatoire dans les cas d'évaluation des risques ;
- suspendre tout renvoi en cas de recours judiciaire ;
- et surtout, réintroduire une approche centrée sur la dignité humaine plutôt que sur la seule logique de contrôle.
Pour Me Taffot, il ne s'agit pas d'être naïf face aux enjeux de sécurité, mais d'éviter que le Canada abandonne ses principes humanitaires au nom d'un discours politique anxiogène.
« La peur n'a jamais été un bon fondement pour écrire une loi », affirme-t-elle.
Vers une justice plus consciente des réalités culturelles
Au-delà de la question migratoire, Me Taffot milite également pour une approche judiciaire plus équitable à travers les rapports d'évaluation de l'incidence culturelle et ethnique (EICÉ).
Déjà utilisés dans d'autres provinces, ces rapports permettent aux juges de mieux comprendre les contextes sociaux et raciaux qui influencent les comportements des accusés, afin de rendre des décisions plus justes.
« L'équité, ce n'est pas un privilège », rappelle-t-elle. « C'est une façon de réparer ce que le système a brisé. »
Entre sécurité et humanité : un choix de société
Le projet de loi C-12 place le Canada devant un dilemme moral et politique.
En cherchant à contrôler davantage ses frontières, le pays risque de renier la tradition d'accueil qui a longtemps façonné son identité.
« Les lois doivent protéger les citoyens, bien sûr, mais elles doivent d'abord protéger les êtres humains », conclut Me Taffot.
Une évidence, certes — mais qu'il semble nécessaire de rappeler à l'heure où la peur prend trop souvent le pas sur la compassion.
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Le collectif Gen X Madagascar propose une feuille de route pour une transition souveraine et populaire

Réforme du régime syndical. Et pourquoi pas une « cotisation patronale facultative » ?
En parfaite contradiction avec les normes minimales de l'Organisation internationale du travail , l'actuel Ministre du travail Jean Boulet affirme que « la mission centrale d'un syndicat, c'est de représenter, de négocier et de faire de la formation. Ce n'est certainement pas de faire de la politique ou de contester des lois comme celle sur la laïcité ».
Et pour défendre sa réforme du régime syndical, comme sa redéfinition du syndicalisme, il ajoute avec une hypocrisie difficile à ne pas remarquer :
« Je le réitère : ce n'est pas un projet de loi contre les syndicats mais pour les syndiqués ».
Pour rappel, Jean Boulet, qui fut avocat patronal, président de la Chambre de commerce de la Mauricie, Ministre de la région de la Mauricie, d'Abitibi-Témiscamingue, du Nord du Québec, a été démis de ses fonctions de Ministre de l'immigration puis renommé Ministre du travail par François Legault, après avoir affirmé que « 80 % des immigrants s'en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français » . Désormais, il poursuit ses basses œuvres de porte-flingue du patronat contre les syndicats.
Concrètement, après s'être attaqué au droit de grève (Projet de loi 89), aux mécanismes de prévention de la santé et de la sécurité dans les secteurs d'emplois les plus féminisés (Pl.101), il entend obliger les syndicats à organiser des consultations visant à rendre les « cotisations syndicales facultatives » pour tout ce qu'il considère comme étant politique et ne relevant donc pas de la mission « essentielle » du syndicat, selon lui. Cela au nom d'une meilleure « transparence » dans l'usage des ressources financières.
Puisqu'on en parle, nous aussi on aime la transparence et on aimerait bien savoir dans quelles poches sont finalement tombés : les 3 milliards ou les 458 millions de dollars de fonds publics (les chiffres varient selon les sources) dépensés pour SAAQclic ; les quelques 400 millions perdus sur les 800 millions « investis » dans Airbus ; les 325 millions offerts au chantier maritime Davie ; les 270 millions de dollars laissés à Northvolt ; les 220 millions à Recyclage Carbonne Varennes, les 143 millions accordés à Lion Électrique, etc .
On aimerait bien être consulté.e.s pour une « cotisation patronale facultative » afin d'arrêter ce pillage organisé, sans consultation, par et pour une poignée de millionnaires.
Mais pour la CAQ et le patronat, la transparence et les consultations démocratiques sont à géométrie variable. Elles valent certes pour les cotisations syndicales mais ne sont plus souhaitables lorsqu'il s'agit des impôts, de l'argent public et du capital où le lobbying et les négociations secrètes avec les organisations patronales sont privilégiées.
Force est ainsi de constater que ce qu'il faut bien appeler les syndicats patronaux - au premier rang desquelles les chambres de commerce – sont non seulement organisés mais bien représentés, ayant bien compris quant à eux l'intérêt d'avoir un gouvernement et un ministre du travail à leur service. C'est-à-dire viscéralement enclins à s'attaquer aux syndicats de travailleurs et de travailleuses.
Aussi, compte tenu des rapports de force et en attendant le renversement urgent et nécessaire de ce gouvernement, pourquoi ne pas prendre au mot le Ministre ? On pourrait par exemple consulter les syndiqué·es sur la question de savoir s'ils et elles souhaiteraient engager des fonds syndicaux dans la documentation des usages qui ont été faits de l'argent public. Une telle consultation serait évidemment une manière de faire de la politique puisqu'elle porte en elle un réel risque de mobilisation sociale – y compris des non-syndiqué·es - contre un gouvernement qui n'a de cesse de détruire les services publics, de s'attaquer aux migrant·es et de creuser les inégalités sociales, au point de faire du Québec la province canadienne la plus inégalitaire.
Camille Popinot et Paco
Le 22 octobre 2025

Les colloques régionaux intersyndicaux de 1970 : le logement au Québec
Dans mon article précédent, je mentionnais l'existence des colloques régionaux intersyndicaux en 1970, colloques inédits d'une grande actualité et trop méconnus de la part des plus jeunes militants. Le rapport déposé pour discussion, riche en données et perspectives, était divisé en thèmes. Dans la présente contribution, je reviens sur le thème de l'enjeu du logement.
Marc Comby
Archiviste et historien des mouvements sociaux
La Confédération des syndicats nationaux (CSN) portait un intérêt particulier sur cet enjeu du logement. En mars 1969, le Conseil confédéral de la CSN décide de confier à un Comité spécial le soin de travailler à l'élaboration d'une politique du logement. Le comité était composé de Jacques Archambault de la Fédération du commerce de la CSN, Jacques Trudel, urbaniste à la Ville de Montréal, Claude Gingras de la Fédération du Bâtiment et du Bois ouvré de la CSN.
Dans le même temps, le Conseil central des syndicats nationaux de Montréal (CCSNM) a mit sur pied un comité ad hoc d'étude sur le logement et les taudis dans les limites territoriales de l'Île de Montréal qui donna lieu au rapport Un meilleur logement à meilleur prix. Le comité du Conseil confédéral s'est largement inspiré du rapport du CCSNM. Les grandes orientations de ces rapports se retrouveront dans le rapport des colloques régionaux.
Les auteurs soulèvent que l'enjeu de l'accessibilité au logement touche de larges couches de la population. Ils posent d'emblée une politique du logement à celle de l'utilisation du sol qui ne contrôle pas la spéculation foncière.
En terme des besoins en logement, en 1968, selon la Société centrale d'hypothèque et de logement (SCHL) environ 250 000 nouveaux logements par an seraient nécessaires pour résoudre en cinq ans, au Canada, les demandes en logement et la solution aux logements inadéquats. Au prorata de la population du Québec, 72 500 nouveaux logements seraient nécessaires. Pour satisfaire aux besoins des familles, les auteurs émettent des normes pour résoudre le problème de surpeuplement définit comme étant l'occupation d'un logement par plus d'une personne par pièce. En 1961, 22% de tous les logements étaient considérés surpeuplés.
Le logement est aussi un milieu ambiant sain (bruit, circulation, polluants sonores et industriels, présence d'espaces verts, accès aux transports, etc.). Ainsi, la rénovation urbaine qui consiste trop souvent à la démolition de pans de quartier a pour conséquence d'aggraver le milieu social. La transformation des quartiers ne sauraient se faire sans l'amélioration des conditions de vie de la population résidente. Les auteurs plaident pour un vaste programme de construction intensive de logements qui ne saurait se mettre en place sans la participation et la consultation des futurs occupants de ces logements.
Pour une politique du logement
Pour satisfaire aux besoins en logement, les citoyens doivent pouvoir se loger à un prix abordable. À Montréal, les 40% des citoyens les moins fortunés habitent 80% des vieux logements et 53% des logements surpeuplés. Parmi les gens défavorisés, la part du loyer des dépenses de consommation augmente sans cesse car la hausse des salaires ne suit pas la hausse des loyers. Les auteurs y mentionnent aussi la hausse des coûts de construction pour expliquer la difficulté d'accéder à des logements abordables : « Comme le coût de construction ne représenterait lui-même qu'au plus 60% du coût total ou prix de vente du logement, la main-d'œuvre ne représenterait elle-même que 15% de ce coût ». Le coût des terrain, tant pour les vieux que les neufs logements, devient aussi un facteur de l'augmentation du coût du logement. Neutraliser la spéculation devient essentiel pour empêcher toute hausse démesurée du prix du terrain : « la nationalisation du sol urbain pourrait éliminer totalement la spéculation ».
À la différence des autres objets de première nécessité, « le logement se consomme sur une très longue période » (20 ans et plus) d'où l'importance des taux d'intérêt. De 1966 à 1969, les taux bondissaient de 7 1/4% à plus de 9%. Devant l'augmentation considérable des taux, la CSN, dans un mémoire au gouvernement fédéral en 1969, mentionnait qu'elle était de « nature à favoriser les spéculateurs, les banques et les compagnies d'assurances ».
La propriété privée du sol est une entrave à une meilleure planification et aménagement urbain. Le privé engendre morcellement arbitraire et irrationnel du sol. Le spéculateur en sort gagnant. Il finance ses opérations en utilisant son propre capital pour 10% et obtient les 90% restant sur le marché financier des prêts hypothécaires.
Pour les auteurs, l'adoption d'une politique du logement est nécessaire englobant l'industrialisation de la construction, les allocations aux personnes délogées, la rénovation urbaine, le logement des personnes âgées, le logement des immigrants et les droits des locataires.
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Ensemble, on bloque le recul
Quand les projets de la CAQ tournent au désastre, de SAAQclic à Northvolt, le gouvernement Legault préfère faire diversion et changer de sujet. Au lieu de s'attaquer à la crise du logement, à la santé en déroute ou aux écoles délabrées, il s'en prend aux syndicats.
Grand rassemblement intersyndical
Le 29 novembre, on ne tombera pas dans le piège : marchons pour lui rappeler les vraies priorités !
Toute la population est invitée à se joindre au grand rassemblement intersyndical ! Une grande marche se mettra en mouvement, à Montréal, pour se rendre jusque devant le bureau du premier ministre coin McGill College et Sherbrooke.
Venez en grand nombre !
Quand : 29 novembre à 13 h 30
Où : Place du Canada (Montréal)
Renseignements et transport
Des autobus partiront de toutes les régions. Vous devez vous inscrire préalablement en remplissant le formulaire ci-dessous. Des boîtes à lunch seront fournis dans les autobus.
Affichez-vous !
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– Image pour Facebook (PNG)
– Image verticale Instagram (PNG)
– Affiche 8,5 x 11 (PDF)
– Affiche 8,5 x 11 avec traits de coupe (PDF)
– Affiche 11 x 17 (PDF)
– Affiche 11 x 17 avec traits de coupe (PDF)
– Bandeau pour signature courriel (PNG)
Organisée par l'intersyndical, cette mobilisation est ouverte à l'ensemble de la population.
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La question de la semaine en période électorale
Dans un article de Thomas Deshaies de la SRC, nous apprenons que dix municipalités du Québec ont des concentrations alarmantes de pesticides dans leur eau potable.
Ainsi, notre ville de Saint-Hyacinthe aurait le triste honneur d'avoir, dans son eau dite « potable », 12 462 microgrammes par litre (µg/L) de pesticides. Les autres villes ont moins de pesticides que la capitale de l'agroalimentaire, mais selon le tableau, elles ont toutes une concentrations supérieures à 2 000 µg/L ![1] Même si les prises d'échantillons ont été faites en périodes d'épandage, ces données ne sont pas rassurantes ! Surtout si on se souvient que plusieurs municipalités, comme notre voisine Sainte-Cécile-de-Milton, ont des contaminations aux PFAS (ou produits chimiques éternels). Les émissions La semaine verte et Enquête de la SRC ont également fait des reportages au sujet de boues américaines contaminées aux PFAS en sol québécois.[2] Quels pourraient être les effets d'un tel cocktail chimique sur notre santé ?
Comme le souligne le prof. Sébastien Sauvé, l'interaction entre des PFAS et des pesticides dont le glyphosate est inquiétante. En effet, la littérature scientifique fait des liens entre ces produits et certaines maladies graves dont divers cancers, des dérèglements hormonaux et la maladie de Parkinson.
Plusieurs articles laissent entendre qu'il y a une trop grande proximité entre l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) et le lobby des pesticides.[3] Pour contrer cette proximité dangereuse avec les Monsanto de ce monde, il faudrait que les municipalités proclament haut et fort leurs préoccupations aux gouvernements de Québec et d'Ottawa.[4]
Entretemps, j'invite les municipalités et les MRC à collaborer avec l'ensemble des citoyens, ainsi qu'avec les organismes de bassins versants comme l'OBV Yamaska, et les autres paliers de gouvernement, pour trouver des solutions qui pourront réduire cette contamination à la source. Si la norme européenne est plus basse, c'est que ces pays gèrent les pesticides à partir du principe de précaution. Alors pourquoi ne pas utiliser ce principe dans notre gestion des produits antiparasitaires ? Il faudrait aussi travailler avec les agronomes et l'industrie pour réduire la quantité de ces produits que les agriculteurs utilisent. Un autre article nous apprend qu'un de nos concitoyens, l'agronome Louis Robert, a travaillé pendant 30 ans au ministère de l'Agriculture et qu'il « déplorait récemment qu'il n'y ait pas davantage d'efforts pour démontrer qu'il existe des solutions de rechange aux pesticides. »[5]
La connaissance du danger mène à l'action ! Pour obliger les gouvernements des paliers supérieurs à agir, il faut que la population soit bien informée de la situation. Dans cette optique, le magazine français Good Planet nous informe que deux ONG « ont mis en ligne jeudi un site proposant une carte interactive des principaux polluants chimiques présents dans l'eau du robinet en France, espérant permettre ainsi « un accès plus facile du public à ces informations. »[6]
Je suis conscient que le laxisme des normes canadiennes par rapport aux normes européennes ne relève pas du niveau municipal. Mais nous sommes en période électorale. Et les élus municipaux doivent défendre la santé de leurs concitoyens devant le laxisme des autres paliers de gouvernement. Pour que les citoyens puissent être conscients de la présence de ces produits délétères dans leur eau potable, pouvons-nous, ensemble, tenter de mettre sur pied un site interactif tel que décrit plus haut ?
Gérard Montpetit
La Présentation
le 22 octobre 2025
1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2199577/glyphosate-pesticides-eau-villes-quebec-normes
3] https://www.nationalobserver.com/2025/03/06/news/canada-pfas-forever-chemicals-toxic
4] https://www.nationalobserver.com/2024/11/04/news/canada-pesticide-regulator-pmra-captured-industry
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Une pétrolière convainc le Canada de modifier ses lois sur le renseignement
Montréal — Des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information par The Narwhal révèlent que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a fait sienne une proposition de la pétrolière TC Energy visant à créer une entente officielle d'échange d'information entre l'agence de renseignement du Canada et les plus grandes entreprises du pays.
Tiré de Greenpeace Canada.
En février 2024, TC Energy a proposé la création d'un “Conseil de l'alliance de la sécurité canadienne” inspiré d'un programme américain dans le cadre duquel les agences de renseignement échangent directement des informations avec des entreprises privées. Le SCRS a non seulement accueilli favorablement cette proposition, mais il a aussi encouragé TC Energy à faire pression pour obtenir des changements législatifs permettant le partage de renseignements classifiés avec des sociétés privées. Ces changements ont ensuite été intégrés au projet de loi C-70, une loi visant à contrer l'ingérence étrangère, adoptée à la hâte par le Parlement en 2024.
« Les services secrets canadiens espionnent-ils les Québécoises et Québécois au nom de l'industrie pétrolière ? Le SCRS devrait protéger la population au lieu de conclure des ententes avec les pétrolières », déclare Louis Couillard, responsable de la campagne climat-énergie pour Greenpeace Canada. « La frontière entre sécurité publique et intérêts corporatifs est brouillée, et ça risque de placer sous surveillance des défenseur·es des territoires autochtones ainsi que des militant·es pour le climat qui s'opposent pacifiquement à l'expansion des énergies fossiles. »
Les documents montrent également que des cadres du SCRS se sont félicités de la rapidité avec laquelle le projet de loi C-70 a été adopté, en soulignant qu'ils avaient réussi à élargir leurs pouvoirs de divulgation à « toute personne ou entité », donc même à des entreprises privées comme TC Energy.
Greenpeace Canada alerte sur la possibilité que le projet de loi C-2 du gouvernement Carney qui sera débattu au Parlement cet automne élargisse davantage les pouvoirs de surveillance du SCRS. Cela ouvrirait la porte au partage direct d'informations des agences de renseignement canadiennes avec des pétrolières multinationales ainsi que des gouvernements étrangers.
« Au lieu de se concentrer sur la véritable menace qui pèse sur la population québécoise et canadienne, la crise climatique, nos agences de sécurité tissent des alliances avec les entreprises qui alimentent cette crise », ajoute Louis Couillard. « Le Canada doit s'éloigner de l'exploitation des énergies fossiles pour protéger la population contre les changements climatiques, et non renforcer ses liens avec l'industrie pétrolière.
Le SCRS peut maintenant partager des informations classifiées avec des compagnies comme TC Energy sous prétexte de lutter contre l'ingérence étrangère dans nos élections et aux frontières. Et avec le projet de loi C-2, le gouvernement Carney veut encore plus de pouvoirs pour espionner sans mandat. C'est une pente glissante vers plus d'abus »
Pour lire le document d'information complet et accéder aux documents originaux obtenus par la Fondation pour le journalisme d'enquête, cliquez ici
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Mères au front exige une protection accrue pour la principale source d’eau potable de la Ville de Québec
Cette source, le lac Saint-Charles, se retrouve dans un état de plus en plus inquiétant. En 2018, AGIRO a évalué qu'il avait vieilli de 25 ans en 5 ans. On peut maintenant lui en ajouter un autre 25.
Cette réserve d'eau potable alimente actuellement 350 000 citoyennes et citoyens de Québec, de Wendake, de L'Ancienne-Lorette et la base militaire de Valcartier.
En plus de fournir de l'eau aux humains, le lac St-Charles et son bassin versant constituent un milieu de vie riche pour plusieurs espèces de poissons, d'amphibiens, de reptiles, de mammifères et d'oiseaux.
Le lac est alimenté par les cours d'eau de surface et souterrains en provenance d'un bassin versant qui inclut les villes de Stoneham et de Lac Delage. L'eau de pluie qui glisse sur les surfaces peut aussi se retrouver dans le lac St-Charles.
La pollution générée par les activités humaines se retrouvent donc en grande partie dans le lac. Certaines mesures sont prises pour freiner cette pollution, par exemple, moins de sel est épandu en hiver sur les écoroutes situées en bordure du lac.
Actuellement, la cause principale de pollution du lac, ce sont les rejets des usines d'épuration des eaux usées de Stoneham et de Lac Delage. Car ces usines ne sont pas en mesure de traiter tout le volume d'égouts qu'elles reçoivent. Cela crée des surverses, c'est-à-dire que les eaux non traitées débordent des bassins et se retrouvent directement dans le lac St-Charles. Par exemple, lorsqu'il y a beaucoup de skieurs au centre de ski de Stoneham, il y a surverses. Ces surverses augmenteront avec le développement de la Ville de Stoneham. Les pluies diluviennes, qui seront de plus en plus fréquentes avec les changements climatiques, sont également à l'origine de surverses.
Selon les scientifiques, le raccordement des usines d'épuration des eaux usées de Stoneham et de Lac Delage au réseau d'égout de la Ville de Québec constitue donc la mesure la plus sensée pour régler la principale source de contamination du lac St-Charles. La Ville de Québec n'a pourtant fait aucune démarche pour obtenir des subventions en vertu de programmes existants au gouvernement du Québec et du Canada alors que plusieurs de ces programmes se termineront bientôt.
Contre toute attente, en 2023. la Ville de Québec s'est attaquée à un problème, qu'il faut certes régler, mais marginal par rapport à la pollution actuelle et future générée par les deux usines de traitement des eaux usées. Dans les zones écologiques les plus sensibles, le changement des installations septiques pour les résidences ayant plus de 30 ans, a été imposé, même dans le cas d'installations qui étaient parfaitement fonctionnelles et conformes selon les normes provinciales. Surtout, la Ville de Québec n'a pas choisi la solution privilégiée, depuis nombre d'années, par les experts à savoir, connecter ces résidences à l'égout municipal ! Et la Ville de Stoneham a agi dans le même sens.
Par-dessus le marché, malgré que la technologie de fosses tertiaires ait été imposée par la Ville de Québec, les tests effectués sur les rejets de plusieurs fosses septiques ont ensuite démontré qu'ils dépassent de beaucoup les normes. Ce sont les citoyens concernés qui ont tiré la sonnette d'alarme alors que la Ville de Québec a refusé de divulguer la situation dans son ensemble à la demande de journalistes et de citoyens.
De plus, les installations septiques s'avèrent dispendieuses en dépit des subventions versées, exigent des coûts très élevés d'entretien et certaines d'entre elles sont tombées en panne. Également, le remplacement des fosses septiques a entraîné l'abattage de plusieurs arbres alors que la végétation contribue à l'absorption de divers polluants qui autrement se retrouveraient dans le lac.
Soulignons que l'usine d'épuration de la Ville de Québec ne pourra pas traiter une eau de plus en plus polluée sans de nouvelles mises à niveau coûteuses et qu'aucune technologie ne permettra de traiter une eau trop polluée, certains polluants n'étant pas identifiés par des tests, donc non traités.
Protégeons la ressource eau, plutôt que de la dépolluer et sauvegardons, par la même occasion, toute la faune qui en dépend !
En conséquence, Mères au front ville de Québec demande aux personnes candidates aux élections municipales d'appuyer les propositions suivantes :
• Que la Ville de Québec demande aux gouvernements une aide financière pour le raccordement à son réseau d'égout des usines d'épuration de Stoneham et Lac Delage et réserve des montants en vue de ce raccordement ;
• D'évaluer rapidement la possibilité d'établir un réseau d'égout dans les rues des zones sensibles du bassin versant de la prise d'eau potable de la St-Charles afin de raccorder, au fur et à mesure, les installations sanitaires lorsqu'elles seront désuètes.
• De mettre sur pause le programme de changement obligatoire de fosses septiques.
• D'établir un dialogue avec les citoyens qui ont déjà changé leur fosse septique afin de trouver une solution raisonnable aux problèmes qu'ils ont signalés.
• De revoir, simultanément, la planification en vue d'une meilleure préservation de la qualité de l'eau potable du lac Saint-Charles afin d'augmenter sa résilience devant la menace des changements climatiques sur les écosystèmes.
Béatrice Lara Bilodeau, pour Mères au front ville de Québec
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COP 30 : les communautés autochtones en première ligne pour l’environnement
À partir d'une entrevue avec Marie-Josée Béliveau, ethnograhe, féministe et écologiste.
10 octobre 2025 | tiré du journal des alternatives | Photo : L'Amazonie en feu en 2019 @ Ibama - Brésil CC BY-SA 2.0 via Wikicommons
En novembre prochain, le Brésil sera au centre de l'attention mondiale en accueillant la COP30. À quelques rues des négociations officielles, le Sommet des peuples réunira, en parallèle, la société civile, des groupes écologistes et des délégations des Premiers Peuples, venus des quatre coins du monde pour réfléchir aux défis environnementaux. Mais loin des caméras et des tribunes internationales, au cœur de l'Amazonie, des communautés autochtones luttent déjà, souvent au péril de leur vie, pour protéger ce que plusieurs surnomment le « poumon de la Terre ».
« Protéger la forêt n'est pas un choix pour les communautés autochtones, c'est une question de survie », explique la chercheuse Marie-José Béliveau, qui a traversé l'Amazonie pour aller à la rencontre de plusieurs de ces Premières Nations.
Marie-Josée Béliveau sera à Bélem en novembre prochaIn avec une délégation de jeunes du cégep Ahuntsic à la COP 30 et au Sommet des peuples.
Madame Béliveau a notamment réalisé, en collaboration avec le cinéaste Santiago Bertolino, un film intitulé L'Amazonie, à la rencontre des gardiens et des gardiennes de la forêt. L'œuvre met en lumière une réalité trop souvent ignorée : celle des « gardiens de la forêt » ; ces femmes et ces hommes qui consacrent leur vie à défendre leur territoire.
« On observe que les territoires occupés par les communautés autochtones en Amazonie sont souvent les mieux préservés », précise la chercheuse.
Elle y a observé des communautés entières mobilisées à travers des organisations locales très structurées, certaines appelées guardias. Ces groupes patrouillent, installent des campements dans les zones menacées, relèvent des échantillons, capturent des images et surveillent les intrusions extérieures, souvent liées à des industries polluantes et destructrices.
« Ce rôle est crucial, car leur présence physique envoie un message clair : ce territoire est habité et défendu », souligne madame Béliveau.
Mais cette vigilance a un prix. « Les gardiens de la forêt reçoivent régulièrement des menaces de mort, et certains ont même été tués par des tueurs à gages. En ce moment, l'un d'eux, qui est aussi un ami, vit sous une menace grave », confie l'ethnographe. Il s'agit d'Itahu Ka'apor, l'un des chefs de la communauté Ka'apor au Brésil, qui doit présentement se cacher dans la forêt pour survivre.
Malgré ces risques, le silence n'est plus une option pour la chercheuse. « Il faut en parler. Tant qu'il y aura de l'impunité, les crimes contre les protecteurs de l'environnement continueront. C'est aussi pour cette raison qu'ils ont accepté de participer au film : pour témoigner, pour que leurs voix soient entendues et que la violence cesse », affirme-t-elle.
Résister à la déforestation, du Brésil à l'Équateur
Au Brésil, le peuple Ka'apor subit une pression grandissante de l'industrie agroalimentaire. L'élevage bovin et la culture du soja grugent une grande partie de la forêt amazonienne et souvent de façon illégale. « Les forestiers brûlent des pans entiers pour créer des pâturages », raconte Marie-José Béliveau.
Privés du soutien des autorités, qui ferment souvent les yeux — notamment sous l'administration Bolsonaro —, les Ka'apors se retrouvent seuls à défendre leur territoire. Leur guardia, désormais affaiblie après l'assassinat de plusieurs de ses membres, dont l'un empoisonné l'an dernier, s'efforce de tenir bon et de rester un rempart contre la déforestation et la destruction industrielle.
Mais au-delà de cette réalité sombre, madame Béliveau tient à rappeler qu'il existe aussi des victoires. De l'autre côté de la frontière, en Équateur, la communauté des A'i Cofáns lutte depuis 2016 contre les concessions minières autorisées par l'État. L'exploitation aurifère, qui utilise du mercure et du cyanure, a contaminé les rivières et rend l'eau impropre à la consommation. « Les gens ne pouvaient plus boire ni pêcher. Leur mode de vie était directement empoisonné », explique-t-elle.
Face à cette menace et armée de téléphones, de caméras et de GPS, la communauté A'i Cofán a documenté les dommages et rassemblé des preuves pour porter leur cause devant les tribunaux.
Leur persévérance a porté fruit : en 2019, un tribunal équatorien a rendu un jugement en leur faveur et a ordonné l'arrêt de plusieurs concessions minières.
« Ils ne savaient pas encore, au moment du tournage, qu'ils allaient gagner quelques mois plus tard. Mais déjà, ils avaient compris que s'unir, c'était leur plus grande force », souligne madame Béliveau.
La déforestation de l'Amazonie repart à la hausse
Entre août 2024 et mai 2025, la destruction forestière au Brésil a bondi de 9,1 % par rapport à la même période l'an dernier, selon l'Institut national de recherches spatiales (INPE). En mai seulement, la déforestation a bondi de 92 %, un chiffre alarmant.
À l'échelle mondiale, c'est 6,7 millions d'hectares de forêts primaires qui ont disparu l'an dernier, un triste record depuis plus de vingt ans, d'après les données de Global Forest Watch, en partenariat avec l'Université du Maryland.
Les spécialistes estiment que cette hécatombe résulte de la combinaison du changement climatique et des incendies qu'il provoque, affaiblissant encore davantage des écosystèmes essentiels à la régulation du climat mondial.
COP30 sous le feu des critiques
Depuis quelques années, les COP font l'objet de critiques récurrentes face à un manque d'actions concrètes et leurs promesses non tenues, notamment en matière de réduction des gaz à effet de serre et de protection de l'environnement.
Face à ces constats, le Sommet des peuples se veut une alternative portée par la société civile, afin de proposer des solutions durables, aborder le sujet de justice climatique et valoriser des savoirs souvent écartés, notamment ceux des communautés autochtones.
« Oui, je crois en la COP30, mais seulement si la société civile est présente pour la challenger », affirme la militante écologiste.
Un autre enjeu majeur de cette édition tient au manque d'espace pour accueillir tous les participants. Belém, située dans le nord du Brésil, demeure bien plus petite que les grandes métropoles comme Rio de Janeiro ou Brasília, la capitale.
Cette contrainte logistique et géographique touche particulièrement les peuples autochtones d'Amérique du Sud, déplore Fany Kuiru Castro, directrice du Comité de coordination des organisations autochtones du bassin du fleuve Amazonien (COICA). « Plus de 5 000 Autochtones souhaitent participer à la COP30, mais très peu d'accréditations ont été accordées aux communautés, et les places sont limitées en raison de la capacité d'accueil », explique celle qui est issue de la Nation Uitoto, un peuple vivant au cœur de la forêt amazonienne, dans le sud-est de la Colombie, près de la frontière péruvienne.
Sur son compte Facebook, Marie-Josée Béliveau mène présentement une levée de fonds pour permettre au peuple Ka'apor d'être présent au Sommet des peuples.
La COP30 se tiendra du 10 au 21 novembre, tandis que le Sommet des peuples aura lieu du 12 au 16 novembre.

Voix métisse : quand Gayacaona fait danser la neige au rythme du tambour.
Entretien avec Gayacaona : la musique comme langage de mémoire. Entre deux répétitions, nous avons rencontré Gayacaona. Elle nous parle de son parcours, de sa vision et de sa relation à la langue créole.
— Marvens Jeanty : Que représente pour toi le Mois Créole de Montréal ?
— Gayacaona : C'est un retour à la maison. Même si je suis née ici, j'ai grandi dans un environnement où le créole était parfois perçu comme une langue du passé. Ma mère est une fervente chrétienne qui m'a permis d'exercer le muscle de la foi, mais ne me parlait pas en créole, d'où la raison pour laquelle j'ai longtemps été gênée de le parler, et mon père un passionné de la musique qui me faisait constamment don du rythme haïtien à travers des musiques en créole. Tout ceci pour dire que j'ai grandi quand même dans un environnement où le créole haïtien a pu jouer un très grand
rôle. Le Mois Kreyòl , c'est l'occasion de montrer que cette langue vit, respire, évolue. C'est un espace de fierté.
— Marvens Jeanty : Ton nom d'artiste évoque la résistance et la mémoire. Pourquoi ce choix ?
— Parce que je voulais rendre hommage à nos ancêtres spirituels. La Reine Anacaona, dans l'histoire des Taïnos, représente la dignité. C'est un symbole de femme libre. En prenant ce nom, j'ai voulu me rappeler que chaque chanson que je chante est une lutte pour la beauté et la liberté.
— Marvens Jeanty : Quelle place occupe la femme dans ton œuvre ?
— Une place centrale. Je chante les femmes de ma famille, celles qui ont prié, souffert, résisté. Je veux leur donner une voix à travers la mienne. Et puis, la femme créole, c'est la mémoire du monde : elle porte le feu et la tendresse.
— Marvens Jeanty : Comment définirais-tu ta musique ?
— C'est une musique de passage. J'aime dire que je fais du “folk créole contemporain”. J'emprunte aux traditions, mais je les transforme. Je veux que mes chansons parlent aussi bien aux jeunes d'Haïti qu'aux jeunes du Québec.
— Marvens Jeanty : Que ressens-tu quand tu chantes en créole devant un public québécois ?
— De la fierté. C'est une manière d'ouvrir le dialogue. Souvent, les gens viennent me voir après un concert et me disent : “Je ne comprenais pas tous les mots, mais j'ai tout ressenti.” Et c'est ça la magie du créole : c'est une langue qui se comprend avec le cœur.
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Dans la mosaïque musicale de Montréal, où les langues se croisent et les cultures se répondent, s'élève une voix singulière, chaude, vibrante, enracinée dans deux mondes. Gayacaona, de son vrai nom Sanya Michel Élie, est une artiste haïbecoise (mot-valise formé à partir de Haïti et de Québec), un mot qu'elle fait sien pour désigner son identité double, entre Haïti et le Québec. Née et grandie à Montréal de parents haïtiens, elle est le fruit d'un métissage culturel fécond où se rencontrent les tambours du Sud et la neige du Nord.
En 2024 et 2025, elle a participé successivement aux 23e et 24e éditions du Mois Kreyòl de Montréal, un événement majeur initié par le KEPKAA (Komite Entènasyonal pou Pwomosyon Kreyòl ak Alfabetizasyon / Comité International
pour la Promotion du Créole et de l'Alphabétisation). Deux participations consécutives qui ne relèvent pas du hasard, mais d'une reconnaissance : celle d'une artiste qui, par sa voix, porte la langue créole au cœur du Québec, et la fait résonner comme une mémoire partagée.
Une voix entre deux mondes
Chez Gayacaona, tout est question de passage. Entre les continents, entre les langues, entre les héritages. Son univers musical s'ancre dans la tradition haïtienne , les rythmes du rara, du konpa, du twoubadou, mais les réinvente à travers des sonorités plus modernes : jazz, soul, reggae, électro.
Elle n'imite pas, elle dialogue, elle redonne vie à des chansons qui méritent d'habiter l'éternité. Elle fait se rencontrer les mondes.
« J'ai toujours senti que ma voix appartenait à deux terres, confie-t-elle. En Haïti, mes racines chantent ; au Québec, mes ailes s'ouvrent. »
Cette double appartenance, loin d'être un déchirement, devient pour elle une force. Gayacaona incarne une génération d'artistes diasporiques qui refusent de choisir entre deux identités. Être haïbecoise, c'est être pont et passage, mémoire et avenir.
Sur scène, sa voix a quelque chose d'incantatoire. Elle ne chante pas seulement : elle raconte, elle invoque, elle tisse des liens entre les âmes. Ses performances au Mois Kreyòl de Montréal en témoignent : un mélange de ferveur et de douceur, où la parole poétique et l'engagement épousent la transe musicale.
Le Mois Kreyòl : célébrer la langue et les racines
Le Mois Kreyòl de Montréal, fondé et porté par le KEPKAA, est devenu l'un des événements les plus importants de la diaspora créole au Canada. Chaque automne, il rassemble artistes, chercheurs, écrivains et musiciens autour
d'un même idéal : célébrer la langue créole sous toutes ses formes.
Durant les 23e et 24e Édition, Gayacaona y a tenu une place de choix. Sa voix, à la fois enracinée et aérienne, a séduit le public. Mais plus encore, elle a porté un message de fierté et de continuité culturelle.
« Sans minimiser les autres langues, le créole haïtien c'est ma manière d'aimer le monde, dit-elle. C'est une langue qui a survécu à la douleur, qui a appris à danser avec la mémoire. »
Sur la scène du Mois Kreyòl , elle chante non seulement pour le plaisir, mais aussi pour la transmission. Ses performances deviennent des cérémonies d'appartenance, où la diaspora haïtienne reconnaît en elle une ambassadrice
de son héritage.
Ses chansons, souvent écrites en créole et en français, évoquent la mer, les ancêtres, la résilience des femmes et la beauté du métissage. Dans un Québec en quête de diversité culturelle, sa présence incarne la vitalité du
patrimoine créole.
Un nom, une symbolique : Gayacaona
Le choix du nom Gayacaona n'est pas anodin. Il puise dans la mémoire des Taïnos, les premiers habitants des Caraïbes avant la colonisation. Gaya pour dire brave et Anacaona pour dévoiler la reine qui l'habite dès son enfance . D'ailleurs, la Reine Anacaona était une figure de résistance, une femme de courage et de dignité.
En adoptant ce nom, Sanya Michel Élie inscrit sa démarche artistique dans une continuité historique et spirituelle. Elle rend hommage à toutes celles qui ont tenu tête au silence, à l'oubli, à l'exil.
« Pour moi, Gayacaona, c'est la femme qui parle quand on lui dit de se
taire. C'est celle qui chante même quand le monde brûle. »
Dans sa musique, cette symbolique se traduit par une alliance de douceur et de force. Sa voix oscille entre prière et cri, entre mélancolie et espérance. Chaque chanson devient un territoire où la femme noire, la migrante, la poétesse et l'artiste se rencontrent.
Une artiste de la diaspora consciente de sa mission
Au-delà de la scène, Gayacaona s'engage dans plusieurs initiatives communautaires. Elle participe à des ateliers d'écriture théâtrale et à des projets éducatifs visant à valoriser le créole. Pour elle, l'art n'est pas une fin en soi, mais un outil de conscientisation. Elle parle couramment l'anglais et le français, mais laisse toujours la place au créole haïtien
partout où elle passe.
Elle se voit comme un pont culturel entre générations, un relais entre la mémoire haïtienne et la créativité montréalaise.
Dans ses chansons, les thématiques de la femme, de la terre et de la résilience reviennent souvent. Son univers est empreint d'une spiritualité douce, presque mystique, où le chant devient une prière.
« J'aimerais que mes chansons donnent du courage, dit-elle simplement. Qu'elles rappellent aux gens que la beauté peut encore naître de la douleur. »
L'art de la présence : entre poésie et conscience
Assister à un concert de Gayacaona, c'est vivre une expérience. Ses performances ne relèvent pas du simple divertissement. Il s'y passe quelque chose de plus profond : un échange d'énergie, un rituel d'écoute.
La scène devient un espace sacré où elle invoque la mer, les ancêtres, la mémoire des tambours. Sa voix, tour à tour grave et lumineuse, semble dialoguer avec l'invisible.
Cette dimension poétique s'inscrit dans une tradition haïtienne de la parole chantée, celle des troubadours, des prêtresses du vodou, des poètes de la négritude. Mais Gayacaona y ajoute une conscience contemporaine, une
esthétique de la fusion.
Elle fait de la musique, oui, mais aussi de la poésie incarnée. Et dans un monde saturé de bruits, elle choisit la justesse plutôt que le volume.
Une étoile montante de la créolité montréalaise
À travers ses deux participations au Mois Créole, Gayacaona s'impose désormais comme une figure montante de la scène afro-créole montréalaise. Son parcours inspire une génération d'artistes haïtiens et caribéens du Québec à affirmer leur voix, leur langue et leur héritage sans compromis.
Le succès de ses prestations témoigne d'une réalité nouvelle : la créolité montréalaise n'est plus marginale, elle devient un pilier de l'identité culturelle du Québec contemporain. Et Gayacaona, par son authenticité et son engagement, en est l'un des visages les plus lumineux.
Pour le moment Gayacaona travaille sur de multiples projets, dont celui de participer à une présentation théâtrale, et le 15 novembre elle sera sur scène avec l'illustre chanteur haïtien Alan Cavé dans le cadre de la 7ème anniversaire du Gala Radio Vertière.
Entre mer et neige se trouve Gayacaona
Entre la mer d'Haïti et la neige du Québec, la voix de Gayacaona trace un chemin de lumière. Elle chante pour rassembler, pour guérir, pour se souvenir. Sa musique est un lieu de passage, un pont suspendu entre la mémoire et le rêve.
Dans la blancheur du Nord, résonne la chaleur du Sud.
Et dans cette vibration, Montréal découvre ou redécouvre l'essence même de la créolité : une manière d'être au monde, libre, métissée, habitée par la beauté du multiple.
Marvens Jeanty
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Rachida M’Faddel réinvente le vivre-ensemble
Écrire sur un livre qu'on aime profondément est souvent une entreprise périlleuse. Les mots semblent toujours trop pauvres, trop plats, trop rationnels pour traduire l'émotion intime, la résonance intérieure qu'une œuvre provoque. Et pourtant, depuis que j'ai refermé le sixième roman de Rachida M'Faddel, Résidence Séquoia, je sens l'urgence d'en parler, non pas comme on commente une parution littéraire, mais comme on partage une rencontre, presque une révélation.
Ce livre m'a accompagné jusqu'à la mer. Sur la plage d'Old Orchard, entre la rumeur des vagues et la lumière salée du soir, les voix de la Résidence Séquoia se mêlaient au vent, comme si le roman lui-même respirait au rythme du large. C'est dire à quel point Résidence Séquoia n'est pas un simple récit : c'est une présence, un souffle collectif, une polyphonie humaine qui transcende les murs d'un établissement pour personnes âgées afin d'embrasser, avec tendresse et lucidité, le Québec d'aujourd'hui.
Rachida M'Faddel ne signe pas ici un roman social au sens strict, ni une enquête sur les conditions de vie en CHSLD. Elle écrit une fresque du vivre-ensemble, une exploration sensible des rapports humains dans leur complexité, leur rugosité, leur beauté. Ce que les commissions parlementaires, les débats médiatiques et les slogans politiques n'ont pas su accomplir, elle le réalise par la littérature : réinventer la possibilité d'un dialogue entre les différences, créer un espace commun où la parole se libère, où les identités cessent d'être des frontières.
Dans cette Résidence Séquoia, les cultures, les langues, les croyances et les orientations se croisent, se frottent, se heurtent, mais surtout, elles s'apprivoisent. Chacun des personnages, qu'il soit originaire du Liban, d'Haïti, de la Chine ou du quartier Villeray, porte avec lui le poids de son histoire, la mémoire de ses blessures et la lumière de ses espérances. Ce sont des êtres à la fois ordinaires et immenses, parce qu'ils incarnent la condition humaine dans toute sa diversité.
Le roman devient alors une sorte de laboratoire d'humanité : on y observe comment la proximité, parfois forcée, parfois choisie, transforme les rapports entre les êtres. Ici, la curiosité de l'autre n'est pas un danger, mais une ouverture. On apprend que l'écoute véritable suppose le risque du choc : celui d'être bousculé dans ses certitudes, d'être dérangé par la vérité nue d'autrui. Mais chez M'Faddel, le choc n'est jamais stérile. Il devient un ferment, une étincelle de compréhension. Les disputes, les rires, les maladresses et les tendresses forment la trame d'un dialogue ininterrompu où la franchise n'exclut jamais la bienveillance.
Et il y a cette phrase, lancée par Paula, la plus truculente des résidentes, à Shiraz la nouvelle venue : « Ma fille, tu vas avoir le temps de te reposer quand tu vas être morte. Profite donc des jours qui te restent avec nous. » Cette réplique, à la fois drôle et bouleversante, condense tout le message du roman : vivre, c'est participer, raconter, transmettre. Se retirer, se taire, c'est déjà mourir un peu.
Chez M'Faddel, raconter n'est jamais anodin. Chaque personnage est convié à remonter le fil de sa vie, à exhumer les souvenirs enfouis, à dire l'indicible. Ce travail de mémoire devient un acte de libération. Il ne s'agit pas d'une nostalgie figée, mais d'une réconciliation avec soi-même. En redonnant la parole à ces voix longtemps tues, celles des femmes, des immigrés, des vieillards, des oubliés, l'auteure redonne aussi une jeunesse à leurs âmes.
Ainsi, Marguerite, centenaire née au Liban, voit sa vie racontée à la fois par son fils, qui en glorifie les exploits, et par Esther, l'amie fidèle, qui en révèle les zones d'ombre. Deux récits, deux vérités, mais un même besoin : que la vie soit dite dans toute sa complexité, sans censure, sans fard. Car à la Résidence Séquoia, on ne cache rien, ni de soi ni des autres. Même les secrets les plus enfouis trouvent leur place dans ce grand tissu de confidences.
Difficile de parler de Résidence Séquoia sans évoquer Paula, ce moulin à paroles inépuisable, ce personnage haut en couleur qui semble tout droit sorti d'une pièce de Michel Tremblay. Elle a la gouaille du peuple, l'esprit vif et la générosité de cœur qui désarment tout cynisme. À elle seule, elle incarne la dimension théâtrale du roman. On l'imagine volontiers sur scène, interprétée par une Louise Latraverse habitée, tant son monologue est savoureux, oscillant entre humour caustique et émotion pure.
Ce qui fait la force du livre, c'est sa justesse. M'Faddel ne tombe jamais dans le didactisme. Elle n'oppose pas les cultures, elle les met en dialogue. Elle ne prêche pas la tolérance : elle la montre à l'œuvre, dans ses élans et ses maladresses, dans la parole qui trébuche, dans le rire qui désamorce, dans l'écoute qui console. Résidence Séquoia nous rappelle que le vivre-ensemble n'est pas un concept abstrait ni une formule politique : c'est un exercice quotidien de générosité et de courage, un art fragile qui s'apprend dans les gestes ordinaires, autour d'une table de cuisine, d'un jeu de cartes, d'un souvenir partagé.
Rachida M'Faddel signe ici un roman lumineux, porté par une langue claire, sensible, parfois ironique, toujours profondément humaine. Six années de travail ont donné naissance à une œuvre qui nous ressemble, qui nous interroge et nous console à la fois. Il y a, dans Résidence Séquoia, une matière dramatique assez riche pour inspirer un film ou une série, tant ses personnages, ses dialogues et ses situations débordent de vie et de vérité.
Mais avant qu'il ne prenne vie sur scène ou à l'écran, offrez-vous le plaisir de le lire. Et si, comme moi, vous l'aimez, laissez-vous gagner par son humanité et par cette joie simple de se sentir un peu moins seul au monde.
Mohamed Lotfi
Résidence Séquoia, publié chez Fidès.
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La planète s’offre un selfie
– Et si je m'offrais un selfie avec la nouvelle Technologie ? s'interroge la Terre.
- Ça fait des lustres que je n'ai pas vu ma tronche.
( Son monologue résonne formidablement dans l'espace intersidéral. Elle s'empare du Smartphone… )
- La haute résolution, dit-elle, suppose l'arrêt de ma respiration et l'accommodement d'un « Cheese ! » hautement généreux. C'est parti ! :
- Cheeese !
- Clic !
- …
- Ô Seigneur, Ya Allah, Oh My God !
( La Planète éclate en sanglots. Elle pleure toute son âme ! Les ravages sont colossaux )
- Les Hommes m'ont abîmée ! s'écrie -t- elle. Où êtes-vous Ecolos ? Une lutte à vau - l'eau ?
- Où est l'Amazonie ? L'Afrique avec sa faune et sa flore ?
- Je ne vois plus les Dionées Attrape-mouches, les Hortensias, les Oiseaux du Paradis ? Le Colibri ?
- Dites-moi où sont partis les Impalas, les Pandas, les Gorilles, les Rorquals communs, les Eléphants, les Hippopotames, les Fennecs ? les Flamants roses ?
- Je ne vois plus les Glaciers ?
- Les Récifs coralliens ?
- Les forêts tropicales ?
- L'Everest ?
- Les Aurores boréales ?
( DISPARUS !)
– « Seigneur ! Je quitte le Système solaire dont je fus la perle de fraîcheur et Vous l'Artisan de Son agencement consommé ».
( La Planète bleue, devenue à présent une Sphère gris anthracite, envoie un Sms à sa collègue la Planète rouge )
- Ma Chérie, barre-toi ! l'Homme a tout dévasté. Il arrive vers toi.
( Sonnée par la nouvelle, Mars réplique )
- Qu'est - ce qu'il t'arrive ?
- Peuplée par les Bipèdes, ils m'ont réduite en monobloc hideux au milieu du Système solaire. Tu es la prochaine cible.
– Ils ne peuvent pas m'atteindre ! Je ne suis pas à leur portée.
– Tu parles ! Change d'orbite, si tu tiens à ta survie !
- J'te dis que suis inatteignable, Terre… ! Pardon ! On t'appellera comment à présent ? Et tu seras où exactement ?
- Je n'en sais rien ! Peut-être absorbée par un Trou Noir !
- Ne parle-pas de ça ! C'est flippant.
– Prends tes cliques et tes claques, Mars ! Et tires-toi, !
– T'es têtue ou quoi ? Je ne suis pas convoitée comme toi.
– Ingénue ! glisse la collègue.
- Tu sembles ignorer que je suis à 225 millions de Km, s'irrite Mars.
– Ha, ha, ha !
- Ton rire nerveux m'exaspère, feu Terre.
– Eh, Mars ! de toi à moi : Les Bipèdes, après avoir paraphé sur le registre de l'Humanité leurs « prouesses » climatiques ravageuses, généré la Famine, les Guerres et les Maladies et la Dissolution du modèle social, se disputent présentement la Suprématie sur « ton terrain ».
– Comment ?
- Ils ont une mission habitée sur la table.
– ( Mars pouffe de rire)
- T'en ris ? Ils disent que t'es la plus accessible et la plus accueillante.
– Bien sûr ! Avec - 63°C et - 143 °C (la nuit), y a pas plus affable que moi !
– Ta fatuité pourrait te jouer un mauvais tour ? dit la boule anthracite.
– Tes Envahisseurs, reprend Mars, semblent oublier les redoutables rayonnements cosmiques. Une atmosphère composée à 96% de CO2. Pas des traces liquides, ni de mers, ni d'océans.
– Etant désorbitée, fait « l'Exilée », j'suis pas censée te mettre en garde. Mais sache que ta colonisation devrait avoir lieu au moment de notre alignement accompli. Et comme je suis partante, tu resteras sur ta faim…
- Non ! surtout pas ça !
- Désorbite-toi ! ma Chérie !
- Arrête de délirer, ils finiront en Merguez carbonisé, chemin faisant !
- Brûle la politesse, j'te dis ! Le Système solaire demeurera témoin de l'envahissement barbare.
– Tu dérailles !
- Oui, moi peut-être ! Mais pas ceux et celles qui se concertent pour te gratifier d'un Lifting sans Botox.
– Je crois, qu'à notre insu (les Planètes), tu t'es trop approchée du Soleil et subie une forte insolation !
- Et si je te dis que les Agences américaines, japonaises, canadiennes, européennes s'inviteront bientôt chez toi, sans crier gare, pour des projets à te couper le souffle ?
– Je suis UNE BOULE HOSTILE ! Rien à gratter ! Makech !
– Eh ! Les Timbrés du XXI siècle ont déjà mis au point un Robot qui produit autant d'oxygène qu'un arbre. Il s'appelle MOXIE.
( Médusée, Mars reste aphone )
- Et, cerise sur le gâteau, ils prévoient des serres bio-génératives à l'intérieur des vaisseaux.
– C'est de la fiction dispendieuse, gogo !
- Attends, attends !
- Qu'est-ce que tu vas me sortir encore ?
- Un truc déroutant !
- Pour l'eau, ils envisagent, une fois dans l'espace, de boire leurs Pipis recyclés par des combinaisons spéciales.
– Et pourquoi pas leurs crottes de nez, comme amuse-gueules ? Bandes de tarés ! Des Chitanes ! Ils auraient pu injecter le capital vertueusement.
– Eh, Mars ! L'homme à l'origine de cette ineptie ruineuse, s'appelle Elon Musk. Il a dit : « Un jour nous occuperons Mars ! »
- Dis-lui : rêver, c'est bien ! chambouler l'ordre, c'est mieux !
– Barre-toi Mars ! Ces Monstres ne te méritent pas !
Texte et illustration : Omar HADDADOU Paris, 2025
NB : Bien qu'il cristallise une réalité atterrante, ce modeste texte reste factitif.
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Coup de rabot sur les grosses fortunes, mais… !
Un Budget 2026 tiré par les cheveux ! Au Palais Bourbon, les Députés n'ont examiné, ce lundi, que 5 articles sur 81. L'examen en première lecture du texte, a abouti à un amendement augmentant la surtaxe sur les entreprises et les grosses fortunes. Mais, cacophonie et divergences demeurent à l'Assemblée !
De Paris, Omar HADDADOU
Les partis de Gauche résolus à épingler les bénéfices des grosses fortunes ! Ne jetez pas un œil sur le compteur de la dette publique française ! Vous n'en croirez pas vos yeux.
Elle est désormais à hauteur de 3 345, milliards d'euros, soit 114 % du produit brut intérieur (PIB). La France connait un épisode d'instabilité socioéconomique violent, impactant significativement le pouvoir d'achat des foyers modestes, les retraites, les salaires, etc. Une situation qui se traduit par un malaise social exacerbé par une inflation brutale (Exemple de la hausse sournoise du ticket de transport et de la baguette, en sont les preuves manifestes), sur fond d'une chute prononcée de la popularité du Président Emmanuel Macron. L'optimisme des Analystes bienpensants n'y changera pas grand-chose ! Ils sont rétribués pour vendre des embellies factices aux médias inféodés, en vue d'une paix sociale suintant le toc à cent lieues !
Aussi l'Institut national de la Statistique et Etudes Economiques (INSEE), prévoit-il une croissance de 0,6% sur l'ensemble de l'année. En réalité, la France est en phase de décrochage en matière de croissance dans la zone euro, par rapport à ses voisins. A l'Assemblée nationale, l'heure est à la recherche de recettes supplémentaires. Mais le spectre d'une nouvelle motion de censure et de dissolution plane toujours au Palais Bourbon.
Et ce, en dépit du « clin d'œil » adressé à la Gauche par le gouvernement, ce lundi 27 octobre, en déposant un amendement augmentant la surtaxe sur les entreprises. Les Députés ont adopté un amendement qui ferait passer la taxe à 6 milliards d'euros, dans le projet de Loi de finances 2026. Il était à 4 milliards jusqu'alors.
S'arrogeant le rôle de médiateur dans un climat de discorde tendue sur l'imposition des grandes fortunes, le Secrétaire général du Parti socialiste, Olivier Faure, a pris cause et fait pour la taxe Zuckman, affirmant que son « rejet représenterait un casus belli ». Il préconise une copie soft de la mesure, afin d'arracher un consensus collégial avec la majorité, évitant ainsi une nouvelle crise politique. L'économiste (Zuckman) a expliqué, hier lundi sur une chaîne d'information en continu, comment fonctionnera son bouclier anti-exil fiscal.
Rejetée en Commission des Finances, et partant, ses chances d'adoption dans l'hémicycle, ladite taxe inscrite dans la partie Recettes du Budget, vise à instaurer un impôt minimal de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros.
La bataille menée par les partis de Gauche semble porter, cahin-caha, ses premiers fruits. Mais il est très tôt de consigner une telle avancée, tant les impondérables au sein du socle commun (Renaissance, MoDem, Horizons, UDI) demeurent prégnants. La hausse de la surtaxe, approuvée, à l'issu d'un vote, à l'Assemblée nationale, sur les bénéfices des entreprises de 2 milliards d'euros, suffirait-elle à aplanir les tiraillements entre les Députés et taire la grogne de l'Intersyndicale ?
Le vote de ce Budget n'est pas pour demain ! Et pour cause, les Députés ont 81 articles à examiner. Piégés par le chaos et les antagonismes qui minent les séances, ils risquent de se fossiliser à même leurs sièges et prendre davantage de surpoids. Depuis le vendredi 24 octobre, à 15 heures, 5 articles seulement ont été amendés !
Arracher des concessions au gouvernement Lecornu, s'avère une rude et éprouvante épreuve. La Gauche continue à batailler ferme. En tapant fort sur la table, hier à l'Assemblée nationale, pour arracher des acquis vitaux, elle a démontré qu'elle peut gagner les manches, au coup par coup.
En effet, si le Parti socialiste (PS) avait trouvé, non sans peine, un terrain d'entente avec le gouvernement sur la surtaxe des bénéfices des entreprises, la France Insoumise n'est pas restée les bras ballants. Mus par un objectif commun, LFI et RN ont défié le gouvernement et obtenu, in extrémis, un Crédit d'Impôt pour tous les Retraités (es) sur les frais de séjour en Ehpad.
Un bon signe de la résilience des Plaidoyers du Peuple.
Les débats se poursuivent pour une Justice sociale et un haro contre la voracité du Capital !
O.H
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La guerre d’attrition de Trump contre les médias et la réalité
Cela fait déjà une décennie que Trump est devenu un sujet médiatique majeur du fait de son entrée en politique. Et avec lui est arrivé l'inquiétude face aux fake news. Retour sur cette décennie de guerre de Trump contre les médias et l'information, et sur les nouvelles formes que prends cette dernière depuis son retour à la Maison Blanche.
Tiré du blogue de l'auteur.
Dire que Trump a, depuis son entrée dans la primaire républicaine de 2016, une relation conflictuelle avec la presse et le concept même de journalisme est une affirmation aussi osée que de dire que Manuel Valls a une relation conflictuelle avec la constance et la loyauté en politique. Le concept même de fake news, qui irrigue le débat public depuis une décennie, a largement pris son essor en tandem avec celui de Donald Trump en politique. Celui-là même qui est connu pour utiliser « fake news » comme surnom pour toustes les journalistes qui ne répètent ses pas opinions avec la déférence qu'il apprécie est aussi l'une des causes principales de l'apparition d'équipes de fact-checking dans certaines rédactions. Après tout, le terme alternative facts est apparu dès le troisième jour de sa première présidence dans la bouche de sa conseillère de l'époque, Kellyanne Conway, qui invoquait ces fameux alternative facts pour justifier que Trump avait raison de dire que son inauguration avait été celle à laquelle le plus de personnes avaient assisté dans l'histoire étasunienne (ce qui était bien évidemment faux).
Mais, presque 10 ans après, la question de la vérité et du traitement des journalistes par Trump a bien changé. L'idée même de fact-checker Trump est devenue presque risible tant ce dernier ment et expose des faits imaginaires à une fréquence extrême. Et si sa première présidence a pu servir à polariser les étasunien·nes sur la question de la confiance qu'iels accordent à la presse en discréditant cette dernière en permanence, la seconde va beaucoup plus loin dans son agressivité à l'encontre des journalistes.
Une présidence pour créer un écosystème médiatique alternatif
Un côté grande gueule, qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui est prêt à dire tout et n'importe quoi ; voilà qui une description qui représente bien le Trump de 2016, le candidat à la présidence. Dès les premiers débats entre candidat·es à la primaire républicaine, il avait su se démarquer en n'hésitant pas à s'attaquer à ses opposant·es, allant même jusqu'à les insulter face à elleux, et à inventer ses premières chimères comme lorsqu'il commença à dire que les Mexicain·es étaient toustes des criminel·les. De l'autre côté de l'Atlantique, Boris Johnson arborait une attitude assez similaire avec un style tonitruant et ses bus de campagne pour le Brexit, flanqué de sa promesse selon laquelle le Brexit allait permettre au Royaume-Uni de renforcer le NHS, son service public de la santé. Et les deux hommes se retrouvèrent en même temps à devoir faire face à des journalistes les questionnant sur leurs mensonges, essayant de leur faire avouer leurs torts. Or, s'il y a bien une chose que Donald Trump ne fera jamais, c'est avouer, voire penser, qu'il ait pu avoir tort un jour. Et plus les médias le pressaient sur ses mensonges et ses alternative facts, plus il les traitait comme des ennemis, n'accordant des interviews qu'à des médias complaisants (Fox News en fut le modèle lors de sa première présidence).
Et cette attitude eut pour effet de créer un système médiatique extrêmement polarisé au niveau des grandes institutions médiatiques étasuniennes. MSBNC, le New York Times, le Washington Post ou CNN devinrent aux yeux de Trump, et de ses électeurices, des machines à mentir, les ennemis même de la vérité sauce Trump. Et de l'autre côté, Fox News était vénéré comme l'étendard de la vérité. Les sondages d'opinions sur la confiance des étasunien·nes envers la presse s'en firent largement ressentir : en 2015, 32% des républicain·es avait confiance dans les « médias de masse » quand 27% n'avaient absolument aucune confiance en eux (les chiffres étaient alors de 55% et 16% chez les démocrates). 10 ans après, à peine 8% des républicain·es ont encore confiance dans ces médias quand 62% n'ont plus aucune confiance. Et si les sondages d'opinions ne permettent certainement pas de comprendre précisément ce qui se joue dans cette crise de la confiance envers le journalisme, ils montrent tout de même que du côté du parti républicain, il y a une défiance extrême envers les médias, qui ne se retrouve absolument pas chez les démocrates.
Et cette hostilité croissante fut l'opportunité pour certain·es d'ouvrir un marché de l'information (alternative) calibrée pour des électeurices républicain·es de plus en plus déconnecté·es de la réalité. Ainsi, si Fox News reste l'étendard de la télévision qui roule pour Trump, Newsmax et OAN (One America News) ont pu faire leur nid dans le monde de la télévision trumpienne avec des lignes éditoriales souvent plus radicales que celle de Fox News, surtout pour OAN. Et sur Internet, ce fut l'occasion pour des figures dites « conservatrices » d'alimenter leur ascension en devenant des relais des idées trumpistes en plus de participer activement à la radicalisation de leur audience. Ce fut le cas par exemple de Ben Shapiro, Matt Walsh ou Candace Owens avec le Daily Wire, de Charlie Kirk avec TPUSA ou de Tim Pool avec son Timcast. Ainsi, les électeurices de Trump, définitivement devenu·es allergiques aux médias honnis par ce dernier, avaient enfin accès à la « pluralité » médiatique qu'iels recherchaient. C'est-à-dire une pluralité qui n'était pas synonyme de débat d'idées ou de lignes éditoriales variées, mais simplement une pluralité au sens où iels avaient enfin plusieurs médias qui leurs servaient les mêmes faits alternatifs et le même narratif sur différents canaux, sans jamais oublier d'avoir un bon mot pour Trump.
Mais si cette présidence a pu voir l'essor de « médias » relais du pouvoir, c'est aussi parce que cette famille politique était prête à prendre cette place et qu'elle possédait déjà les soutiens économiques et idéologiques qui lui ont permis de s'installer. Le Daily Wire a été fondé par deux anciens de TruthRevolt, un site financé par l'organisation de David Horowitz, qui a aussi lancé la carrière de Stephen Miller. Et ils ont pu le lancer grâce à un financement venant des frères Wilks, deux milliardaires qui ont obtenu leur fortune grâce à la fracturation hydraulique et qui finançait déjà PragerU (une organisation qui produit de la propagande de droite et d'extrême-droite). De la même manière, TPUSA a été fondé grâce au financement d'un membre du Tea Party avant d'être financé par des gens tels que le patron du lobby pétrolier aux États-Unis ou la femme de Clarence Thomas, un des neuf juges de la Cour Suprême. La naissance de cet écosystème médiatique d'extrême-droite a donc été rendu possible à la fois par une rhétorique et une pratique politique de Trump qui exacerbait les divisions et la méfiance à l'égard du milieu médiatique traditionnel. Mais aussi via un soutien économique et idéologique venant de riches donneureuses et de militant·es d'extrême-droite chevronné·es et influent·es qui avait déjà pu exploiter les années du Tea Party pour influencer le parti républicain et créer des relais pour leur propagande.
Et une autre pour l'institutionaliser…
Les années Biden furent une période pendant laquelle cet écosystème alternatif d'extrême-droite a pu se développer et se solidifier autour de Trump, même si ça ne fut pas évident d'entrée de jeu. Après la tentative de coup d'État du 6 janvier 2021, même Fox News s'était mis à se distancer de Donald Trump. Pareil pour Ben Shapiro par exemple qui essayait de pousser son Daily Wire vers des positions néoconservatrices plus « classiques ». Mais, rapidement, il devint évident que le 6 janvier n'allait pas avoir un effet si majeur que ça politiquement. Les sondages sur la popularité de Trump parmi les républicain·es chutèrent dans un premier temps, mais ils remontèrent rapidement et le parti ne pris pas du tout ses distances avec lui. Et côté démocrates, plutôt que de choisir de poursuivre Trump en justice d'entrée de jeu, le ministre de la Justice de Joe Biden, Merrick Garland, opta plutôt pour une commission d'enquête du Congrès, choisissant de laisser les étasunien·nes se faire leur avis. Une opportunité sur laquelle les médias alternatifs trumpistes se jetèrent afin d'exploiter cette commission d'enquête pour renforcer le discours sur la prétendue persécution de Donald Trump tout en essayant de l'exonérer et de retourner la commission contre les démocrates. Or, on connaît le résultat de cette commission d'enquête étant donné que Donald Trump a été réélu sans jamais être jugé pour ce qui s'est passé le 6 janvier.
Et cette faiblesse des démocrates, animé·es par une volonté de ne pas donner des munitions à Trump pour son discours de persécution, a certainement jouée en la faveur de Trump qui a pu prétendre que le 6 janvier n'était rien de bien important puisqu'il n'a jamais été réellement inquiété pénalement (et qu'il a fini par gracier les personnes jugées coupables de violences et autres délits/crimes ce jour-là). Le tout tombant dans les travers démocrates habituels qui refusent systématiquement d'opter pour une position réellement offensive contre Trump et les républicain·es, continuant à invoquer le fantôme d'un bipartisanisme qui était déjà mort et enterré avant même que Trump n'accède à la Maison Blanche en 2016.
Résultat, alors que l'élection de 2020 approchait, l'écosystème médiatique d'extrême-droite était plus fort que jamais et entièrement positionné en faveur de Trump qui ne manquait pas une occasion de les mettre en avant.
Et, depuis le retour de Trump à la Maison Blanche en janvier, son administration s'est lancée dans une opération d'institutionnalisation de cet écosystème qui vise à la fois à le mettre en avant, à favoriser le discours de Trump et à mettre à l'écart les médias traditionnels. Ainsi, lors des conférences de presse de Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche, on trouve aujourd'hui des personnes appartenant au groupe des « new medias » invitées par la Maison Blanche, soit un mix de médias, d'influenceureuses et d'activistes d'extrême-droite. Et leurs questions vont systématiquement dans la même direction : inonder Trump de louanges, insulter les démocrates et les autres médias et servir de relais à la propagande trumpiste. On peut penser à l'altercation en début d'année entre Zelensky, Trump et Vance au cours de laquelle un journaliste d'un de ces « new medias », Real America's Voice, s'en est pris à Zelensky du fait que ce dernier ne portait pas de costume. Real America's Voice étant un média hébergeant des émissions présentées par des gens comme Steve Bannon (ex-stratégiste de Trump, parrain de l'alt-right), Jack Posobiec (un troll néo-nazi qui est passé par OAN puis TPUSA) ou Charlie Kirk qui y diffusait son émission The Charlie Kirk Show.
Et cette ouverture de la Maison Blanche à des « médias » d'extrême-droite prends toujours plus d'importance avec la tenue par exemple d'une table ronde sur la « menace antifa » le 8 octobre dernier. Une table ronde présidée par Trump, entouré par la crème de son cabinet comme Stephen Miller, Kristi Noem (la papesse de la déportation des personnes migrantes), Pam Bondi (la ministre de la Justice) ou Kash Patel (le patron du FBI, lui-même ancien podcasteur conspirationniste d'extrême-droite). On pouvait retrouver autour de la table, invité·es en tant qu'expert·es ou victimes de la menace antifa, divers influenceureuses d'extrême-droite comme Jack Posobiec ou Andy Ngo qui documente les « exactions » antifas à Portland depuis des années, en lien avec les groupuscules fascistes violents locaux, comme les Proud Boys.
Elle peut même prendre des airs plus autoritaires comme avec ce qui s'est passé avec le press pool du Pentagone (les journalistes ayant accès à des locaux dans le Pentagone). Le ministre de la Défense, Pete Hegseth, a d'abord exigé que ces journalistes, et leurs médias, signent un document stipulant qu'iels devaient s'engager à ne publier que les articles et informations validées au préalable par le ministre lui-même. Face à une telle insulte à la liberté de la presse, tous les médias traditionnels du press pool ont refusé, Fox News et Newsmax inclus, et se sont vu retirer leurs cartes d'accès au Pentagone. Et pour les remplacer, l'administration a invité une flopée de médias et influenceureuses d'extrême-droite comme Jack Posobiec, TPUSA, Tim Pool, Real America's Voice ou Lindell TV, une télévision lancée par Mike Lindell, un millionnaire proche de Trump connu pour son conspirationnisme et ses oreillers.
Et tout ça se fait en plus des apparitions constantes de membres de l'administration sur des podcasts et émissions de cet écosystème médiatique fascisant, à défaut d'être fascinant, qui ont pu aller jusqu'à avoir J.D Vance, le vice-président des États-Unis, qui présente l'émission de Charlie Kirk après l'assassinat de ce dernier. En résulte un écosystème médiatique où l'administration boude les médias traditionnels et leur ferme ses portes (qui restent tout de même ouvertes tant les fuites d'informations sont monnaies courantes dans l'administration Trump). Alors que, dans le même temps, elle ouvre ces mêmes portes à des influenceureuses et des « journalistes » pas embarrassé·es par une quelconque forme de déontologie qui se font le relais de la propagande de Trump tout en se présentant comme des outsiders et des défenseureuses de la liberté d'expression qui rejettent le politiquement correct.
…Et briser l'écosystème traditionnel
Or, si le « politiquement correct » existe aux États-Unis aujourd'hui, il est bien le fait du parti républicain et de Trump en particulier. Car s'il y a bien une chose qui peut valoir une montagne de problèmes à des médias ou des individus, c'est bien le fait de critiquer Donald Trump. Et cette fois-ci, il ne fait pas que répondre à la critique par les insultes.
Les menaces envers les médias sont récurrentes, Trump ayant à plusieurs reprises exprimé le fait qu'il considérait que parler négativement de lui et de sa politique était non seulement faux mais surtout pouvait être illégal selon lui. Et ces menaces ont pu être mises à exécution comme ce fut le cas avec CBS. Suite au 60 minutes avec Kamala Harris pendant la campagne, Trump avait accusé la chaîne d'avoir monté l'émission de manière à favoriser Harris et lui avait intenté un procès en octobre 2024, réclamant 20 milliards de dollars. Une plainte largement jugée comme étant ridicule, autant dans ses demandes que ses justifications. Mais cela n'empêcha pas CBS de conclure un marché avec Trump, mettant fin aux poursuites en échange d'un versement de 16 millions de dollars au fond pour la construction d'une bibliothèque Trump. Un accord vraisemblablement passé car Paramount, la maison-mère de CBS, avait besoin de l'aval de l'administration Trump pour pouvoir effectuer sa fusion avec Skydance. Fusion qui a lieu, en échange de concessions supplémentaires de la part de Paramount et CBS qui ont accepté de mettre fin à leurs programmes d'inclusivité, d'effectuer des changements de lignes éditoriales pour rectifier des prétendus « biais » anti-Trump et qui ont annoncé la fin du Late Show de Stephen Colbert peu après que ce dernier ait critiqué l'accord passé pour mettre fin aux poursuites judiciaire de Trump contre CBS. Et depuis, Paramount a annoncé le rachat, pour 150 millions de dollars, de The Free Press, un média indépendant assez peu important dirigé par Bari Weiss, dont la production se concentre sur la critique du « wokisme ». Bari Weiss qui s'est alors retrouvée nommée rédactrice en chef de CBS News, qui depuis relaie beaucoup les articles de The Free Press, articles qui n'ont, étrangement, jamais été critique de Donald Trump alors que Bari Weiss se revendique de centre-gauche (dans les faits, elle ne fait qu'attaquer les « wokes » et défendre les républicain·es et Netanyahu dont elle est une ardente supportrice).
Cette situation avec CBS illustre bien la stratégie qu'adopte cette fois l'administration Trump face à l'écosystème médiatique traditionnel. Elle est prête à utiliser la justice et la menace de poursuites comme outils de chantage pour forcer les médias trop critiques de Trump à s'aligner derrière lui au mieux ou, au pire, à se taire. Or ces menaces judiciaires ont bien peu de chances d'aboutir et c'est bien l'intérêt économique qui a prévalu à CBS : il fallait l'accord de de la FCC (sorte d'Arcom étasunienne) de Trump pour la fusion donc Paramount a cédé à tout par intérêt économique. Et sans ça, les menaces de Trump ont bien moins de mordant. En témoigne le cas Jimmy Fallon. Il avait été critiqué par Brendan Carr, le patron de la FCC placé là par Trump, sur un podcast appartenant à l'écosystème d'extrême-droite trumpiste qui menaçait d'enquêter sur sa chaîne. Et peu après, Disney a suspendu Jimmy Fallon et son émission avant de les réintégrer la semaine suivante sans même que Fallon n'ait eu à s'excuser comme le demandait Trump et Vance. Et c'est bien la leçon que devrait prendre les médias étasuniens : oui, Trump est menaçant et agressif mais son administration n'a que rarement le courage de réellement mettre ses menaces à exécution, pour l'instant.
Mais il n'empêche que cela fait à peine 9 mois que Trump est revenu à la Maison Blanche et il a déjà fait bien plus pour s'attaquer à la liberté de la presse et pour promouvoir des « médias » alternatifs à sa botte que durant toute sa première mandature. Il y a donc fort à parier que les années à venir seront plus difficiles que jamais pour la liberté de la presse et pour l'information en général aux États-Unis. Et de l'autre côté de l'Atlantique, il peut être important de surveiller ce que Trump fait car ses engeances locales l'observent avec intérêt et la France n'est pas avare en influenceureuses et pseudos-médias d'extrême-droite, financés parfois par nos milliardaires d'extrême-droite favoris, qui n'attendent que l'arrivée au pouvoir d'un parti prêt à s'en prendre à la presse traditionnelle pour mettre en avant leur réalité imaginaire. Et si les producteurices d'info que sont les journalistes ne veulent pas se faire remplacer par des infox poussées par des milliardaires et autres fascistes, il leur faudra apprendre de la décennie passée et pousser les grands médias à arrêter de céder du terrain à l'extrême-droite au nom d'un pluralisme en laquelle cette dernière ne croit que quand ça lui ouvre des places sur nos ondes et nos journaux.
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De mal en pis : le nouveau contexte politique et les défis de la gauche canadienne
Cette brochure vise à encourager un débat de principe entre la gauche et la classe ouvrière afin de promouvoir un mouvement socialiste viable au Canada. Le débat démocratique est encouragé au sein et au-delà du Projet socialiste.
13 avril 2025 | tiré du site de Socialist Project | traduction David Mandel
La crise de légitimation et l'État autoritaire
La conjoncture politique actuelle se caractérise par le sentiment croissant, au Canada et partout dans le monde, que les politiques néolibérales ont échoué et que le capitalisme lui-même ne fonctionne pas. Ce sentiment est alimenté par l'affaiblissement, le démantèlement, voire la destruction, de ce qui conférait au système capitaliste une apparence de « légitimité » et d'« équité » aux yeux de la classe des travailleurs et travailleuses : salaires qui montaient, logements abordables, amélioration des soins de santé, et protection de l'environnement. Il s'agit d'une crise de légitimité croissante.
Si l'origine la plus immédiate de cette impasse est la « grande crise financière » de 2008-2010, elle est plus profondément enracinée dans la structure de l'État néolibéral, qui connaît un approfondissement de ses caractéristiques autoritaires dans la plupart des pays, en particulier avec l'arrivée au pouvoir de la seconde administration de Donald Trump aux États-Unis en janvier 2025.
La transformation des États capitalistes en un régime politique plus discipliné et axé sur le marché s'est opérée lorsque les États ont sacrifié l'augmentation des impôts sur les riches, qui avait soutenu les politiques et programmes sociaux, aux besoins du capital en matière de profits accrus, face à la longue crise des années 1970.
Les fonctions d'accumulation de l'État – les divers soutiens politiques à la rentabilité et à la réussite économique de la classe capitaliste – ont pris le pas sur la fourniture de services sociaux pour répondre aux besoins humains en matière de santé, de vieillissement, d'éducation, de culture, etc. Pour mener à bien ce programme, à partir des années 1980, le pouvoir de l'État a été largement centralisé au sein des banques centrales, des ministères des Finances et des services de police et pénitentiaires, tous largement à l'abri des pressions populaires et de la responsabilité démocratique.
Le rôle des partis politiques, des élections et des autres institutions étatiques associées à la légitimation du système est devenu de plus en plus limité et circonscrit, parallèlement à la restriction persistante des droits syndicaux. Pourtant, dans un contexte de précarité croissante du marché du travail et de stagnation des salaires jusque dans les années 1990, la contestation ouvrière a été largement contenue. Cet État néolibéral – fait de privatisations, de déréglementation, de libre-échange et de renforcement des contrôles policiers – a conduit de nombreux militants, nombreuses militantes et acteurs et actrices socialistes à parler d'une défaite de la politique ouvrière et d'un « vidage » de la démocratie libérale.
Les effets de la crise financière de 2008
C'est en 2008 que cette évolution a dégénéré en une véritable crise de légitimité politique, souvent qualifiée de « crise financière mondiale ». La crise financière s'est d'abord concentrée sur les institutions du système étatique les plus directement associées à l'intégration idéologique, dont la fonction est de convaincre la population de la légitimité et de la justice du système capitaliste – les partis politiques, les médias grand public et les établissements d'enseignement.
Elle a également pris la forme d'une crise de l'impérialisme, se répercutant du centre impérial américain sur l'ensemble du système impérial, y compris le Canada, et puis se répercutant sur le cœur même de l'empire américain. Le Canada, allié le plus fiable de l'empire, a dû faire face à bon nombre des mêmes contradictions que les États-Unis dans la gestion des conséquences économiques, sociales et idéologiques.
La crise financière a ainsi révélé l'interdépendance de formations sociales distinctes qui se sont formées au cours de la mondialisation menée par les États-Unis. Pendant plusieurs années, l'instabilité financière, la récession, le chômage et les renflouements ont touché des formations sociales particulières, à des rythmes distincts, définis par la position de chaque État national au sein du système impérial, son équilibre des forces et sa composition de classe. Chaque État a connu ses propres manifestations, ses tensions latentes et ses symptômes morbides : l'apparition de Trump et du mouvement MAGA aux États-Unis, la résurgence de mouvements fascistes majeurs en Allemagne, en Italie, en France et dans d'autres régions d'Europe, et des émeutes racistes explosives en Grande-Bretagne.
Au Canada, on a assisté à l'émergence d'une extrême droite populiste au sein du Parti conservateur national, à des scissions politiques en partis d'extrême droite dans plusieurs provinces, et à l'émergence du Parti populaire du Canada.
La crise a été aggravée par l'inquiétude populaire face à un effondrement écologique imminent, avec des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes record frappant l'Amérique du Nord avec une régularité effrayante.
L'incapacité flagrante des États capitalistes à prendre des mesures significatives pour faire face à la catastrophe grandissante a éviscéré le mythe du « progressisme » libéral et de l'« incrémentalisme politique », selon lequel la situation s'améliorerait progressivement. Les illusions qui ont longtemps été essentielles à la légitimation du système capitaliste, comme la notion d'un « avenir meilleur », et même l'idée même de « l'avenir » sur laquelle ces idéologies s'appuient, ont brutalement disparu, surtout aux yeux des jeunes.
Pendant ce temps, la poursuite de l'austérité et des privatisations a accru l'exposition de la classe ouvrière au marché, réduisant les protections restantes contre ses ravages, tout en élargissant, ou en consolidant, sa centralité et son pouvoir dans l'allocation des ressources. Une nouvelle génération, arrivée à maturité au Canada depuis la crise de 2008, est aujourd'hui confrontée à un ordre politique et économique qui semble totalement incapable d'offrir une vie enrichissante et sûre, ce qui se traduit par des défis majeurs en matière de logement, de maintien des revenus et de sécurité d'emploi.
Ce régime d'« autoritarisme marchand » s'est consolidé grâce au durcissement des coalitions centristes, rendant le terrain électoral extrêmement défavorable à l'intervention des forces socialistes ou populaires. Outre une gouvernance hautement coercitive à l'intérieur du pays, ces forces se sont tournées vers un militarisme croissant à l'étranger, notamment par une confrontation croissante entre grandes puissances et le développement de nouveaux systèmes d'armes puissants, tels que des missiles hypersoniques équipés d'une nouvelle génération de bombes nucléaires.
La montée de ce militarisme est manifeste dans la guerre en Ukraine, soutenue par les États-Unis et l'OTAN (actuellement réévaluée par l'administration Trump à partir de 2025), et dans la guerre génocidaire israélo-américaine à Gaza.
Donald Trump et la montée de la droite
La nouvelle administration Trump a lancé une combinaison agressive d'attaques autoritaires contre des institutions étatiques clés et les communautés immigrées, recourant à des décrets présidentiels pour contourner le contrôle législatif. Cette concentration du pouvoir exécutif s'accompagne d'un nouveau discours impérialiste agressif, avec des menaces parfois illogiques contre d'autres États et territoires, notamment le Groenland, le Panama, la Chine et le Canada.
On ignore combien de temps il faudra pour que ces changements soient institutionnalisés et quelle sera leur ampleur pour instaurer un nouvel autoritarisme. Jusqu'à présent, peu d'opposition s'organise aux États-Unis. Des éléments de la classe capitaliste encore attachés au projet de mondialisation mené par les États-Unis sont mal à l'aise avec les initiatives de Trump (à l'exception de la promesse de baisses d'impôts), mais restent silencieux. Le Parti démocrate est désorienté après l'échec du programme Biden et l'aliénation populaire résultant de leur soutien aux guerres en Ukraine et à Gaza. Et la gauche et le mouvement ouvrier américains sont encore en proie à des difficultés organisationnelles, remarquablement silencieux face aux menaces contre les travailleurs et travailleuses du Canada et du Mexique.
Le durcissement de la politique et de l'État a initialement réussi en Amérique du Nord à contrer la menace mondiale croissante de l'extrême droite. Ce mouvement est notamment porté par des petits entrepreneur.e.s de plus en plus radicalisé.e.s (la petite-bourgeoisie), longtemps mis.es à l'étroit par la mondialisation, ainsi que par des pans de la classe ouvrière en colère et politiquement confus.
Malgré leurs importantes contradictions et les limites programmatiques et stratégiques majeures de la droite populiste et radicale, ces forces sociales ont été les principales bénéficiaires de la crise de légitimité. Elles ont démontré leur capacité à occuper, à des degrés divers, les espaces idéologiques évacués par les forces politiques sociales-démocrates et libérales en Europe et en Amérique du Nord.
Le réalignement néolibéral en cours des partis sociaux-démocrates en difficulté, par exemple, a continué à refléter et à alimenter la décomposition de la classe ouvrière, sous-tendue par les forces économiques centrifuges de la dispersion et de la précarité, l'augmentation forcée de la responsabilité individuelle sur le marché du travail, et l'intensification des processus de travail.
Ce processus a persisté après les défaites politiques de Bernie Sanders (faisant le pont entre le Parti démocrate et les Democratic Socialists of America aux États-Unis, de Jeremy Corbyn au sein du Parti travailliste britannique - comme auparavant avec Tony Benn), et les impasses des nouveaux partis de gauche en Grèce, en Espagne, en Allemagne et ailleurs en Europe.
Ces défaites ont ouvert la voie à une mainmise renouvelée des centristes libéraux, soutenus par les grandes entreprises, sur les partis de centre-gauche, sans grand succès électoral à l'appui. Le NPD a adopté une approche similaire aux niveaux provincial et fédéral au Canada.
Les jeunes du Canada, des États-Unis et d'Europe n'ont pas été épargné.e.s par l'adoption de solutions économiques de marché et de droite, en raison de leur manque de confiance en leur avenir économique et social, ce qui s'est traduit par un soutien électoral croissant aux partis conservateurs, comme le Parti conservateur du Canada de Pierre Polièvre et le Parti républicain de Trump.
Pourtant, la contestation, comme par le passé – notamment à l'époque du mouvement altermondialiste, d'Idle No More, et des soulèvements de Black Lives Matter – a attiré de nouvelles vagues de jeunes. Cette fois, c'est la multiplication des campements et des manifestations contre les attaques génocidaires israéliennes à Gaza, qui a attiré de nouvelles vagues de jeunes vers la pensée anti-impérialiste, les actions BDS et les politiques progressistes. La syndicalisation dans le secteur de la logistique et autour d'Amazon, ainsi que d'autres campagnes autour de l'économie des petits boulots, ont également suscité l'émergence d'une nouvelle cohorte de militant.e.s syndicaux et syndicales.
Les partis sociaux-démocrates comme le NPD ont depuis longtemps renoncé à toute remise en cause du capitalisme et n'ont guère avancé que de modestes réformes du régime néolibéral dans leur quête incessante d'un « capitalisme à visage humain ». Il est clair que l'adhésion à ces partis n'a pas donné naissance à une politique anticapitaliste ni permis l'émergence d'une nouvelle gauche politique.
Le contexte actuel, caractérisé par une gauche radicale faible, des classes ouvrières fragmentées et un mouvement syndical politiquement prudent, a conduit de nombreux et nombreuses membres de la gauche, tant en Europe qu'en Amérique du Nord, à ne voir d'autre solution que de s'allier aux partis politiques traditionnels comme « partenaires juniors » au sein de nouveaux « fronts populaires », seule voie pour combattre la menace immédiate de la montée de la droite dure. Au Canada, cela se traduit par diverses alliances électorales entre le NPD, les Verts et les Libéraux (avec une variante propre au Québec), soutenues par un large éventail d'organisations de la gauche sociale cherchant à bloquer toute nouvelle érosion des acquis sociaux.
Il faut s'attaquer à la menace croissante de la droite. Mais cela ne doit pas se faire au prix de la dissolution d'une politique socialiste dans des coalitions dont les stratégies politiques et économiques – néolibéralisme et guerres mondiales en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Asie – ont été si directement responsables de la montée des forces d'extrême droite.
Dans ce contexte, il est plus important que jamais que la gauche socialiste mette tout en œuvre pour accroître sa propre visibilité, créer une présence organisationnelle et promouvoir, aussi vigoureusement que possible, une vision politique alternative.
Cela est nécessaire non seulement pour préserver les acquis démocratiques du passé, mais aussi pour répondre aux exigences croissantes d'un avenir proche « terrifiant » vers lequel Trump, l'OTAN et le changement climatique nous poussent sans relâche.
Si les « solutions » fondées sur le marché à la crise écologique proposées par le centre néolibéral sont insuffisantes, nous devons insister explicitement sur le fait que seule la remise en cause fondamentale du capitalisme et une profonde réorganisation de l'économie sur la base d'une démocratie radicale et la mise en œuvre d'un régime de planification démocratique ont une chance de conduire à un avenir durable. Ce n'est pas parce que cela presse que les compromis centristes ou les postures d'extrême gauche deviennent soudainement efficaces.
L'ouverture pour les socialistes
À l'heure actuelle, face à la menace des tarifs douaniers de Trump et à leurs répercussions socioéconomiques, une ouverture politique s'offre aux socialistes. La nécessité de rééquilibrer la relation du Canada avec l'empire américain – voire, pour certain.e.s, de s'en désengager – devient un sujet populaire parmi les travailleurs et travailleuses de tous horizons. Ils et elles expriment des inquiétudes quant au niveau d'intégration avec les États-Unis et aux coûts des politiques sociales et économiques de Trump, notamment les demandes d'augmentation radicale des dépenses militaires et de militarisation de l'Arctique et de la frontière canado-américaine.
Défier Trump signifie différentes choses pour différentes sections de la classe capitaliste canadienne : une majorité souhaite le statu quo ; d'autres réclament une intégration plus poussée ; et une petite minorité souhaite une politique industrielle davantage centrée sur le national, fondée sur une compétitivité et un capitalisme accrus, mais qui, à bien des égards, demeure conciliante avec l'empire américain et liée à la dépendance aux exportations.
Cette dernière position comprend des propositions visant à construire des pipelines de combustibles fossiles est-ouest, à abaisser les barrières commerciales interprovinciales, à rechercher activement de nouveaux marchés d'exportation, à poursuivre une gouvernance et des politiques économiques plus néolibérales et à répondre aux demandes de dépenses militaires accrues avec une intégration opérationnelle militaire plus poussée avec les États-Unis et l'OTAN dans l'Arctique, en Europe et en Asie de l'Est.
Les socialistes ont l'occasion de plaider en faveur d'un désengagement de l'empire américain en construisant une économie coopérative, socialement gérée et planifiée démocratiquement, organisée pour répondre aux besoins humains. Une telle économie serait davantage axée sur le développement interne, avec des prestations sociales en matière de logement, d'éducation, de transports publics et de soins de santé pour les travailleurs et travailleuses, et une évolution résolue vers la durabilité écologique et une réduction radicale des émissions de carbone.
Cela nécessiterait une rupture avec la mobilité des capitaux, le contrôle de la finance et du crédit, un nouveau régime fiscal, l'arrêt de l'austérité, l'abandon de la dépendance aux énergies fossiles et la rupture avec la voie néolibérale plus autoritaire dans laquelle Trump engage les États-Unis et que Polièvre, Doug Ford et le parti Conservateur entendent suivre.
La gauche socialiste que nous devons construire doit être anti-impérialiste. Il ne s'agit pas de semer l'illusion que le capitalisme est « à bout de souffle » ou que l'empire américain est sur le point de disparaître en tant que puissance mondiale dominante.
Nous devons reconnaître avec lucidité l'ampleur du défi. Si l'empire américain s'est fragmenté, si l'État américain ne jouit plus d'un « moment unipolaire » et si sa primauté dans l'ordre mondial s'est érodée, il n'en demeure pas moins la puissance économique, militaire et diplomatique dominante. De même, la mondialisation capitaliste et la mobilité des capitaux sont toujours bien présentes, les entreprises continuent d'engranger des profits, et les bouleversements environnementaux et sociaux ne remettent pas en question le recours aux prix et aux solutions de marché pour tenter de les résoudre.
Le capitalisme ne s'effondrera pas de lui-même ; il doit être transformé par l'action politique de la classe ouvrière. Cela doit inclure la lutte contre le colonialisme, souvent étroitement lié au capitalisme extractif des énergies fossiles. Cela commence par une déclaration de solidarité avec les défenseur.eue.s des terres autochtones, comme engagement prioritaire en faveur du droit des peuples colonisés à vivre dans la dignité et l'autodétermination.
On observe aujourd'hui une polarisation des options. La politique de compromis de classe, qui a défini la politique sociale-démocrate du XXe siècle au sortir des guerres mondiales et de l'émergence d'une syndicalisation de masse, n'est plus d'actualité. Même remporter des réformes modérées aujourd'hui exige une confrontation directe avec le capital et le capitalisme, ce qui, à son tour, exige de construire la base sociale profonde nécessaire à son efficacité.
De tels efforts doivent dépasser l'électoralisme qui considère le vote pour des politicien.ne.s individuel.le.s comme un raccourci. Et cela ne se résume pas à reconstruire et à élargir les syndicats conservateurs, dont les horizons politiques limités ont si directement contribué à notre situation actuelle.
Les efforts politiques de la gauche pour se développer en marge du mouvement syndical ne peuvent se faire que de manière à nous rendre dépendants et à nous abstenir de remettre en question l'orientation politique du syndicat.
Les mobilisations et résistances isolées – comme les grèves réussies dans le secteur automobile et ailleurs – ont été importantes. Mais elles n'ont pas permis de percée durable qui mettrait fin à l'inertie plus générale du cynisme et du fatalisme de la classe ouvrière. Le mouvement ouvrier au Canada doit encore être transformé.
Le Projet Socialiste : Vers l'Avenir
Tout cela nécessite un parti socialiste capable de s'engager dans la formation de la classe ouvrière par la pratique politique, en reliant les luttes disparates et en transformant les syndicats en instruments de lutte des classes. C'est le contexte auquel la gauche est confrontée au Canada et ailleurs.
À partir de cette constatation politique, le Projet Socialiste se penche non seulement sur le passé et le présent, mais aussi, comme tous les socialistes, sur l'avenir. De toute évidence, le présent n'est pas celui de grand succès de la classe ouvrière et des socialistes : les ravages du capitalisme néolibéral, l'impérialisme brutal de Trump, la défaite et la faiblesse des mouvements ouvriers, en particulier du mouvement syndical organisé, et la montée du populisme de droite et du conservatisme social, face à l'incapacité du centrisme libéral et de la social-démocratie à affronter le capitalisme. Cela sans parler des terribles pertes en vies humaines dans les guerres comme celles de Gaza, d'Ukraine et d'ailleurs, ou de la tragédie de la vie sans eau potable, au milieu de l'abondance, dans les communautés autochtones.
Il existe néanmoins des possibilités et de l'espoir : la classe ouvrière, bien que vaincue politiquement, continue de riposter, quoique sous des formes manquant de cohérence, de pouvoir organisationnel, et de cohésion, ainsi que d'une culture et d'une idéologie politiques propre à la classe ouvrière.
Mais une grande partie du virage vers le cynisme, la pensée et le vote de droite reflète le renforcement des pires composantes du capitalisme – chômage, inégalités, dégradation climatique, fracture sociale et réactions négatives – qui accompagnent inévitablement un leadership politique et social qui accepte et renforce quotidiennement le mythe selon lequel il n'existe pas d'alternative au capitalisme. Les travailleurs et travailleuses réagissent à ceux et celles qui proposent de fausses solutions, comme les Trump et les Poilièvre de ce monde.
Mais l'insécurité, la colère et la frustration qui poussent de nombreux travailleurs et nombreuses travailleuses vers la droite peuvent servir de fondement à une alternative à la gauche. Les socialistes occupent une place centrale dans les efforts visant à construire une compréhension et une identification de classe au sein et à travers la classe ouvrière, au Canada et dans d'autres pays. Nous avons la responsabilité et le potentiel de travailler au sein des institutions, des communautés et des syndicats clés de la classe ouvrière afin de former une nouvelle génération de dirigeant.e.s issu.e.s de la classe ouvrière et de bâtir une alternative.
Ils peuvent puiser une forte motivation des immenses manifestations contre le génocide de Gaza ; da la colère et le ressentiment grandissants des travailleurs et travailleuses en quête de logement, de soins de santé, d'emplois décents, de nourriture et de loisirs abordables ; et dans la prise de conscience croissante de la nécessité de créer un Canada – solidaire des autres – où les travailleurs et les travailleuses sont capables de prendre des décisions économiques et politiques clés, face à l'intimidation de l'empire américain, aux compromis et au besoin impérieux de faires de profits sur le dos de la classe ouvrière.
Cela nécessite la construction d'un parti politique socialiste, fondé sur les actions, les idées et l'organisation de la classe ouvrière.
La classe ouvrière est vaste. Elle est la source du travail qui rend possible tous les aspects de notre vie sociale et économique. Mais nous sommes divisé.e.s par secteurs, par niveaux du marché du travail, par statut social et identités : cols bleus/cols blancs, immigrant.e.s/natifs et natives, migrant.e.s, travailleurs et travailleuses précaires, hommes/femmes, transgenres, LGBT, public/privé, propriétaires/locataires et sans-abri.
Rassembler ces segments de la classe ouvrière et bâtir un mouvement politique et une identité commune est la mission d'un parti authentiquement socialiste.
Résumer et appliquer les leçons tirées de l'expérience et des luttes passées est un rôle clé pour les socialistes et une perspective passionnante pour construire et remettre en question et finalement renverser le système social existant.
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Soutenir le journalisme rigoureux de la CBC concernant l’occupation
Alors qu'Israël continue de violer l'accord de cessez-le-feu, les médias canadiens continuent de relayer les arguments israéliens non fondés et d'omettre des informations critiques importantes. Du cessez-le-feu à la libération des otages, la couverture médiatique a été gravement trompeuse et incomplète.
C'est pourquoi CJPMO encourage quotidiennement les journalistes à inclure le contexte approprié et à respecter les normes fondamentales du journalisme. Depuis le début de l'année 2024, notre petite mais infatigable équipe de défense des médias a envoyé des milliers de lettres aux médias pour exiger une couverture plus équilibrée, plus juste et plus précise.
Dans certains cas, les journalistes font un excellent travail en dévoilant la réalité de ce qui se passe en Palestine, et sont attaqués par le lobby pro-israélien pour cela. Dans ces moments-là, notre équipe intervient pour s'assurer que le bon journalisme soit reconnu.
La couverture médiatique façonne la façon dont les Canadiens perçoivent ces questions, ce qui peut avoir un impact sur la voie empruntée par notre gouvernement. C'est précisément pour cette raison que le lobby pro-israélien investit massivement dans des organismes médiatiques influents financés par des milliardaires, tels que HonestReporting, qui disposent de budgets annuels de plusieurs millions de dollars. Compte tenu de la grande incertitude qui entoure l'avenir du cessez-le-feu en Palestine – création d'un État et fin du génocide ou poursuite des effusions de sang et occupation israélienne permanente –, le plaidoyer médiatique n'a jamais été aussi important. Vous trouverez ci-dessous quelques-unes de nos récentes réalisations.
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Soutenir le journalisme de qualité de la CBC sur l'occupation
Bien que nous critiquions souvent (et à juste titre) la CBC, celle-ci a diffusé un reportage remarquable sur la manière dont les organisations caritatives canadiennes subventionnent l'occupation israélienne et le nettoyage ethnique des Palestiniens en Cisjordanie.
Depuis lors, elle fait l'objet d'attaques virulentes de la part du lobby pro-israélien. Cela inclut des campagnes de harcèlementde la part d'HonestReporting Canada et des menaces d'enquêtes de la part du CIJA.
Il est important que nous demandions à la CBC de soutenir ce documentaire et de produire davantage de reportages de ce type, sans craindre les répercussions négatives. Cliquez icipour participer à notre alerte médiatique et lutter contre la pression exercée par le lobby israélien.
Essai : Qualifier à tort les « détenus » palestiniens de « prisonniers »
Une question importante que nous observons fréquemment est la terminologie utilisée par les médias traditionnels dans leur couverture de la libération des otages. La grande majorité des médias ont résumé l'échange entre Palestiniens et Israéliens en ces termes : le Hamas libérerait des « otages » israéliens, tandis qu'Israël libérerait des « prisonniers » palestiniens. La plupart des reportages ont omis une distinction cruciale : bon nombre des Palestiniens libérés ne sont pas des prisonniers au sens conventionnel du terme, mais étaient en réalité des otages, détenus pendant des mois ou des années sans inculpation ni procès équitable dans le cadre de la politique de détention administrative d'Israël.
CJPMO a réagi avec détermination à la mauvaise couverture médiatique liée à l'utilisation trompeuse du terme « prisonniers » pour décrire les Palestiniens détenus illégalement par les forces d'occupation israéliennes. De plus, nous avons publié un essaiqui analyse cette question et formule des recommandations à l'intention des journalistes et des rédacteurs en chef.
Impact majeur : CJPMO obtient gain de cause auprès du Conseil national des médias d'information dans sa plainte contre le National Post et le Jewish News Syndicate
Après plus de six mois, le Conseil national des médias d'information (CNMI) a finalement rendu publique sa décision concernant la plainte officielle déposée par CJPMOau sujet de l'article intitulé « Leréalisateur palestinien du documentaire oscarisé « No Other Land »arrêté pour avoir lapidé des agents de sécurité : rapports », rédigé par le Jewish News Syndicate (JNS). Le Conseil national des médias d'information a estimé que la plainte « avait été résolue grâce à des mesures correctives », mais a réitéré sa « recommandation » selon laquelle le Post devrait fournir « plus d'informations » aux lecteurs sur leJewish News Syndicate lorsqu'il publie son contenu.
Le Jewish News Syndicate est en fait un organe de propagande israélienne, que le National Post et sa société mère, Postmedia, publient régulièrement dans tout le Canada. Il est présenté comme un organe d'information malgré son extrême partialité et ses fréquentes erreurs factuelles.
CJPMO s'inquiète du fait que le Conseil national des médias d'information ait, pour la deuxième fois, reconnu que le JNS ne répondait pas aux normes journalistiques canadiennes, mais continue de laisser le National Post s'en tirer à bon compte pour son rôle dans la diffusion délibérée de préjugés et de désinformation. Nous considérons cela comme une victoire majeure, mais restons déçus et préoccupés par la faiblesse du système canadien de responsabilité journalistique.
Black Press Media retire ses allégations d'antisémitisme à l'encontre de CJPMO
Un récent article publié par Black Press Media suggérait que CJPMO avait partagé un message prétendument antisémite de la députée provinciale de Penticton-Summerland, Amelia Boultbee, qui dénonçait le génocide à Gaza. Suite à la contestation de CJPMO, l'article a été corrigé et une note de la rédaction a été ajoutée pour clarifier :
« Note de la rédaction : Cet article a été mis à jour afin de préciser que c'est M. Rustad qui a affirmé que Mme Boultbee avait partagé un message antisémite, et que le message de CJPMO ne contenait aucun contenu antisémite, ni aucun élément permettant de suggérer le contraire. »
Cet incident démontre l'importance de lutter contre les accusations injustes d'antisémitisme qui sont utilisées dans le but de faire taire les détracteurs d'Israël. Pour en savoir plus, veuillez consulter notre page Impact.
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De la domination au nettoyage ethnique. L’industrie militaire et la stratégie d’Israël depuis 1948
[Allison Kaplan Sommer, dans Haaretz du 20 octobre 2025, indique que « fait rage en Israël un débat politique acharné au sujet du nom à donner à la guerre sur plusieurs fronts qui a débuté suite à l'infiltration et au massacre sanglant perpétré par le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023. Depuis, elle s'est étendue au Liban, à la Syrie, à l'Irak, au Yémen, à l'Iran et presque dans tous les recoins d'Israël – elle est désormais (du moins selon le président américain) TERMINÉE. » Après avoir indiqué que « la bureaucratie de l'armée israélienne chargée de nommer les guerres a travaillé d'arrache-pied », la journaliste indique que « Netanyahou a choisi “La guerre de la Rédemption” ». Allison Kaplan Sommer souligne que le choix de Netanyahou suscite des objections, y compris au sein de son « cercle de fidèles ». Elle constate que « le nouveau nom n'a certainement aucun impact sur les Palestiniens, les dirigeants mondiaux, les ONG israéliennes critiques et les institutions internationales qui ont déjà déclaré que cette guerre constituait un génocide ».
Tiré de A l'Encontre
22 octobre 2025
Par Shir Hever*
Shir Hever, dans cet article, analyse les évolutions de la stratégie militaire de l'Etat sioniste et les liens existant entre les choix d'armement, les relations militaires avec les Etats-Unis, la production et l'exportation d'armes par Israël, la colonisation des territoires palestiniens et le type de guerre menée depuis 2023 où s'articulent « domination et anéantissement » d'une population. – Réd. A l'Encontre]
***
Israël est l'un des pays les plus militarisés au monde. Les Forces de défense israéliennes (FDI) et, plus largement, les forces de sécurité israéliennes constituent le noyau autour duquel les institutions, les structures financières et l'économie du pays se sont développées depuis que David Ben Gourion a ordonné la création des FDI le 26 mai 1948. Au cours des décennies qui ont suivi, l'économie politique du pays s'est développée autour de ce principe central d'organisation de la guerre, évoluant au fur et à mesure que la nature de la guerre changeait avec la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Dans les années 1940, les milices coloniales décentralisées se sont regroupées pour former une entreprise publique gérée par l'État pour la production de matériel militaire. L'État israélien a limité les exportations de cette industrie, une tendance qui s'est poursuivie après l'indépendance, les fabricants d'armes publics produisant des armes à des fins expansionnistes. Au début de la guerre froide et pendant la période postcoloniale, la stratégie militaire israélienne reflétait ce modèle économique. Plutôt que de mener une guerre conventionnelle, la colonisation était encouragée par de petites unités militaires menant des campagnes de nettoyage ethnique avec des armes légères. Si Israël importait des armes, principalement de France, il équipait ces milices principalement grâce à la production nationale.
C'est à la suite de la guerre israélo-arabe de 1973 (guerre du Yom Kippour), avec l'augmentation du financement militaire par les Etats-Unis, que les pratiques d'approvisionnement de l'armée israélienne ont changé. La nouvelle phase de la guerre froide mondiale a marqué le début d'une période de changement sectoriel au sein de l'industrie de défense israélienne. La guerre a mis en évidence de graves faiblesses dans la défense israélienne, qui avait lutté contre les armées des pays arabes équipées par l'Union soviétiques. La réponse d'Israël a été une augmentation rapide et forte des importations de systèmes d'armes états-uniens. Mais cette décision a nécessité un ajustement structurel : afin de renforcer ses liens avec l'industrie de défense américaine, Israël a privatisé et libéralisé son appareil militaire national. Au cours des dernières décennies du XXe siècle, les Forces de défense israéliennes (FDI) se sont transformées en une force de police coloniale de haute technologie, gérant les populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie par la surveillance et le contrôle. Alors que les importations d'armes en provenance des États-Unis se poursuivaient à un rythme soutenu, Israël a réorienté sa propre production vers de nouvelles technologies spécialisées de surveillance et d'incarcération. Une nouvelle division mondiale du travail dans la production d'équipements militaires a vu le jour, façonnée par la guerre contre le terrorisme et l'industrie mondiale de la défense dirigée par les États-Unis jusqu'en 2023.
La campagne génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza marque une rupture avec le statu quo qui prévalait depuis des décennies. Depuis le 7 octobre, l'industrie militaire israélienne cherche de plus en plus à compenser sa dépendance écrasante vis-à-vis des importations militaires par sa propre production nationale, revenant ainsi à ses origines de nation-milice mobilisée pour des hostilités constantes. Ce changement est à la fois qualitatif et quantitatif. En produisant pour la consommation nationale, le complexe militaro-industriel israélien a commencé à recomposer son profil de production autour d'armes de faible technologie conçues pour la destruction et le déplacement de masse, donc pour des produits et des pratiques plus proches de sa stratégie fondatrice.
Un État colonialiste
Les racines de l'industrie de l'armement israélienne sont antérieures à la fondation de l'État lui-même. Israel Military Industries, la société à l'origine du Desert Eagle (pistolet semi-automatique) et de l'Uzi (pistolet-mitrailleur), a été créée en 1933 en tant que fabricant d'armes légères pour approvisionner les premières milices sionistes. Ses armes étaient produites en secret [c'était l'époque du mandat britannique, s'étalant de 1922 à 1947, suite à la décision de 1917], introduites en contrebande et stockées illégalement pour être utilisées par ces groupes armés sionistes. Les milices qui ont ensuite formé l'armée israélienne étaient principalement armées de mitraillettes Sten [d'origine britannique], de mortiers et de véhicules blindés légers, des armes bien adaptées pour intimider les civils et finalement efficaces dans le nettoyage ethnique de la Palestine. Ces armes favorisaient les tactiques de petites unités et la guerre irrégulière sur des terrains accidentés, s'alignant sur la doctrine initiale d'Israël de haute mobilité et de commandement décentralisé, et illustrant ce que les généraux israéliens décrivaient souvent comme l'idéal d'une « armée petite et intelligente ».
La mentalité collectiviste des colons a joué un rôle essentiel dans le militarisme du mouvement sioniste, ses stratégies d'armement et ses relations avec la population palestinienne indigène. Sous la direction de l'ancien Premier ministre israélien David Ben Gourion, chef du Parti travailliste et des syndicats [il fut aussi dirigeant du groupe armée Haganah], l'État a monopolisé la fabrication d'armes israéliennes. Ce monopole sur la production d'armes a favorisé le développement du secteur public du pays, les recettes étant réinvesties dans la recherche et le développement [1]. Ce type de guerre a également influencé la politique de recrutement militaire. Afin de maintenir la cohésion et la loyauté des unités, Israël a exempté de conscription une grande partie de la population : les Palestiniens, les juifs ultra-orthodoxes et, plus tard, un nombre croissant de juifs laïques. Cette stratégie s'est avérée efficace en 1948, 1956 et 1967, lorsque des unités légères et agiles ont pu prendre le dessus sur des forces arabes moins organisées. Cependant, avec le déclenchement de la guerre en 1973, les limites de cette stratégie ont rapidement été mises en évidence.
L'infrastructure de la domination
Si les succès militaires d'Israël contre l'Égypte, la Syrie et la Jordanie lors de la guerre des Six Jours en 1967 ont engendré une confiance excessive parmi les élites militaires israéliennes, la guerre du Yom Kippour en 1973 a ébranlé cette conception de l'autosuffisance, y compris dans la fabrication d'armes. Les achats massifs d'équipements militaires russes par les gouvernements irakien et syrien, ainsi que l'explosion des revenus pétroliers arabes et l'afflux d'armes achetées grâce à ces revenus, ont marqué le début d'une course à l'armement régional sur de nombreux axes de conflit. Lorsque la guerre a éclaté en octobre 1967, les petites unités israéliennes et même la supériorité aérienne n'ont pas réussi à stopper l'avance des divisions syriennes et égyptiennes. Au milieu de la guerre, Israël s'est tourné vers les importations d'armes fabriquées aux États-Unis, ce qui a nécessité de nouvelles tactiques et, en fin de compte, une nouvelle stratégie.
La dépendance vis-à-vis du financement militaire états-unien a commencé au milieu de la guerre du Yom Kippour et est rapidement devenue une caractéristique essentielle de l'industrie israélienne de l'armement. L'hostilité inhérente d'Israël envers les gouvernements socialistes arabes financés par l'Union soviétique en a fait un allié naturel des intérêts états-uniens pendant la guerre froide. En sauvant Israël de la destruction, les États-Unis ont obtenu un nouvel outil pour projeter leur puissance au Moyen-Orient et une occasion toute trouvée de restructurer l'industrie militaire israélienne en fonction de leurs propres priorités économiques et géostratégiques.
Dans les années qui ont suivi, les États-Unis ont utilisé le financement militaire pour exercer une pression sur le type de technologies et d'équipements qu'Israël pouvait produire chez lui. Le Pentagone a identifié les projets de recherche militaire israéliens susceptibles de concurrencer les entreprises de défense états-uniennes et a négocié leur arrêt définitif. Il s'agissait notamment de travaux sur un missile antichar destiné à concurrencer le missile LAU de fabrication états-unienne, ainsi que du projet d'armement phare d'Israël, l'avion de chasse Lavi, développé dans les années 1980 et conçu pour surpasser le chasseur F-16 de Lockheed Martin [2]. Le Pentagone a également surveillé les exportations d'armes israéliennes contenant des technologies états-uniennes, interdisant leur vente à des pays comme la Russie et la Chine.
Depuis 1973, Israël est devenu le plus grand bénéficiaire de l'aide militaire étrangère des Etats-Unis dans le monde et, depuis la révolution iranienne de 1979, le plus grand acheteur d'équipements militaires américains de la région, et de loin. Depuis le début de la guerre du Yom Kippour, les États-Unis ont accordé à Israël une aide militaire totale de plus de 171 milliards de dollars, sans tenir compte de l'inflation et sans intérêts [3]. Ce changement dans la base des achats militaires israéliens a profondément réorienté le rôle des fabricants d'armes locaux. Si les États-Unis sont de loin le plus grand exportateur d'armes au monde, Israël est devenu à son tour un exportateur d'armes majeur, avec le taux d'exportation d'armes par habitant le plus élevé au monde. Cependant, alors que les exportations d'armes états-uniennes privilégient les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), la plupart des exportations d'armes israéliennes sont destinées à des pays non membres de l'OTAN.
Le mariage entre les intérêts militaires des Etats-Unis et d'Israël allait avoir deux conséquences. Premièrement, sous l'influence des États-Unis, les entreprises d'armement privées ont pris le pas sur les entreprises publiques dans les achats de l'armée israélienne, alors que le pays traversait une période de privatisation intense. Les pressions en faveur de la privatisation se sont accrues en raison des ajustements douloureux imposés par les États-Unis à la production d'armes et des réductions des dépenses militaires reflétant la fin de la guerre froide. En 1993, un comité gouvernemental présidé par le professeur Israel Sadan s'est réuni pour étudier l'avenir des achats militaires israéliens et a recommandé la privatisation des fonctions « périphériques », du stockage et de la distribution jusqu'aux acquisitions logistiques, voire à la sécurité des bases elles-mêmes. La concurrence entre les fournisseurs privatisés a été présentée comme une mesure d'économie qui, selon les assurances données aux Israéliens, ne compromettrait pas la sécurité. L'efficacité était le mot d'ordre du jour, un principe repris par le chef de l'armée israélienne de l'époque, Ehud Barak [chef d'Etat-major des FID de 1991 à 1995, puis ministre des Affaires étrangères, et premier ministre de 1999 à 2001], qui déclara : « Tout ce qui ne tire pas ou n'aide pas directement à tirer sera supprimé. » [4]
La privatisation ne s'est pas limitée à l'industrie de l'armement. Avec le plan de stabilisation structurelle de 1985, Israël s'est lancé dans un processus de privatisation à grande échelle de ses infrastructures et services de télécommunications, de sa compagnie aérienne nationale, du secteur bancaire, ainsi que dans une privatisation partielle des secteurs de l'eau, de la santé et des ports [5]. En plus de répondre aux préférences des États-Unis, la privatisation a offert aux membres de l'élite sécuritaire israélienne des opportunités lucratives dans la gestion d'entreprises d'armement privées.
Deuxièmement, ces entreprises privées allaient s'impliquer de plus en plus dans la guerre mondiale contre le terrorisme menée par les États-Unis. La privatisation allait de pair avec la spécialisation dans les technologies utilisées dans la cyberguerre, les drones d'attaque et les systèmes électroniques avancés pour les véhicules militaires [6]. À la suite de la deuxième Intifada [2000-2005] et des attentats du 11 septembre 2001 [World Trade Center], Israël et les États-Unis ont partagé un intérêt commun pour le développement de systèmes de haute technologie pour la surveillance, la réglementation et le contrôle.
Depuis 2001, entre 70 et 80% des armes fabriquées en Israël ont été vendues à l'exportation. Les entreprises d'armement israéliennes se sont forgé une réputation de vendeurs d'armes à des clients marginaux : les pays soumis à un embargo militaire, les groupes rebelles, les milices, les États sans relations diplomatiques avec les autres grands producteurs d'armes, et même des clients qui ont ensuite utilisé ces armes contre Israël [7]. Israël s'est forgé cette réputation dans les années 1960, au plus fort de la guerre froide mondiale, en exportant des armes vers l'Ouganda, l'Angola, le Chili, l'Afrique du Sud, Singapour, Taïwan, le Nicaragua, le Guatemala et l'Iran pré-révolutionnaire. Plus tard, à mesure que la géographie des guerres chaudes évoluait, ses exportations se sont déplacées vers le Rwanda, la Yougoslavie, la Turquie, l'Azerbaïdjan et l'Inde. Au cours des dernières décennies, les États du Golfe ont commencé à importer de plus en plus d'armes israéliennes [en complément des armées états-uniennes]. Bien qu'Israël soit loin derrière les principaux exportateurs mondiaux d'armes tels que les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, il a atteint le statut de premier exportateur mondial d'armes par habitant vers 2009, après que l'invasion de la bande de Gaza en 2008 ait tué environ 1400 Palestiniens [8].
En 2003, le président américain George Bush a créé le Département de la sécurité intérieure (DHS- Department of Homeland Security) avec un budget dépassant 59 milliards de dollars. Le DHS et le climat de la GWOT (Global War on Terrorism) ont offert aux entreprises militaires et de sécurité israéliennes l'occasion idéale de tirer parti de leur expérience dans les territoires occupés. Les entreprises israéliennes ont présenté les territoires palestiniens occupés comme un terrain d'essai pour développer des produits adaptés à un projet américain de sécurité intérieure en pleine évolution, et Tel-Aviv est rapidement devenue la capitale mondiale du secteur de la sécurité de l'industrie de l'armement [9]. La série d'opérations militaires israéliennes à Gaza, au Liban et ailleurs a été une aubaine pour les entreprises d'armement du pays, leur permettant de commercialiser leurs produits comme « testés au combat » lors des différents salons de l'armement qui ont suivi chaque opération [10]. À l'heure actuelle, ces produits militaires sont devenus une activité très lucrative et un secteur clé de l'économie israélienne. En 2012, Israël a engrangé 7,5 milliards de dollars grâce aux exportations militaires ; la même année, l'ancien ministre israélien de la Défense Ehud Barak a déclaré que 150 000 foyers israéliens dépendaient de l'industrie de l'armement pour leurs revenus.
La relation particulière entre Israël et les États-Unis est essentielle dans tout cela. Il s'agit d'une relation essentiellement militaire, où les flux monétaires et les exportations/importations d'armes jouent un rôle structurant dans l'économie israélienne. Si environ 75% des 3,1 milliards de dollars d'aide militaire états-unienne à Israël doivent être dépensés en armes américaines, le reste peut être consacré à des armes produites localement. Ce renforcement de l'alignement diplomatique a facilité l'intégration industrielle, comme lorsque la société américaine Magnum Research a transféré la production de ses pistolets Magnum et Desert Eagle en Israël. Aujourd'hui, même lorsque Israël achète des armes fabriquées aux États-Unis, celles-ci sont souvent construites avec des composants israéliens. Les fonds de recherche alloués par le gouvernement et les programmes de recherche universitaires conjoints ont conféré une légitimité scientifique aux technologies de répression [11]. En 2018, la vague de privatisation et la nouvelle demande à l'exportation ont abouti à l'achat de la société publique Israel Military Industries par la société privée Elbit Systems. Cette dernière est ainsi devenue la plus grande entreprise d'armement d'Israël et la vingt-huitième plus grande firme d'armement au monde en 2019. Elle fournit les armées non seulement directement, mais aussi indirectement en tant que sous-traitant de grandes entreprises telles que General Dynamics et Airbus [12]. Elbit Systems incarne clairement le nouveau visage de l'industrie de l'armement israélienne : technologies d'oppression, gammes de produits complémentaires plutôt que concurrentes des armes des Etats-Unis, et exportations mondiales qui misent sur la valeur que les gouvernements du monde entier accordent à l'expérience d'Israël en matière d'occupation.
Au cours des cinq décennies qui ont suivi la guerre de 1973, les milices de colons soutenues par l'État israélien se sont transformées en un système de haute technologie destiné à opprimer les Palestiniens. Dans son armée désormais à forte intensité capitalistique, les entreprises d'armement démontrent leur technologie de pointe à travers les assauts militaires contre les Palestiniens et la surveillance et le contrôle quotidiens de l'occupation [13 et 14].
Spécialisé dans les systèmes de surveillance, les équipements anti-émeutes et les infrastructures carcérales, ce « laboratoire » a produit des outils idéaux pour maintenir l'occupation, mais mal adaptés à la guerre conventionnelle. N'étant plus une force de combat, l'armée israélienne s'est transformée en une armée de police coloniale, privilégiant la dissuasion, l'humiliation et la répression de la résistance palestinienne plutôt que la suprématie sur le champ de bataille. Des dizaines de milliers d'agents de sécurité privés ont été formés au développement et à la maintenance de ces technologies.
La stratégie d'anéantissement, de nettoyage ethnique
La dépendance d'Israël, depuis des décennies, à ce modèle de surveillance high-tech des populations palestiniennes enclavées a été remise en cause par les attentats du 7 octobre. Des enquêtes internes divulguées en mars 2025 révèlent que les officiers avaient écarté la possibilité d'une attaque palestinienne, estimant que leur régime de dissuasion était infaillible. Lorsque le Hamas a brisé cette illusion, le gouvernement d'extrême droite israélien est revenu à ce qui semblait jusqu'alors être une forme de guerre dépassée : des armes lourdes fournies par les États-Unis (artillerie, chars, drones armés, bombardements navals et avions de combat) pour assiéger de manière prolongée toute une population.
Le génocide perpétré par Israël à Gaza, ainsi que l'invasion du Liban et les frappes aériennes en Syrie, au Yémen et en Iran, ont un point commun important : ils sont menés principalement avec des armes importées. La majorité d'entre elles sont subventionnées par les contribuables américains, bien qu'Israël paie un prix plus élevé pour les armes provenant d'Allemagne, de Serbie et, de plus en plus, « de pays avec lesquels nous n'avons pas de relations diplomatiques, y compris des États musulmans sur tous les continents », a déclaré un responsable de la Défense israélienne à Yediot Aharonot en novembre 2024. Alors que l'armée israélienne a épuisé ses munitions et son armement lors de sa campagne postérieure au 7 octobre, les marchands d'armes israéliens se sont transformés en charognards dans un commerce mondial des armes dont les prix sont gonflés par la demande en Ukraine, échangeant des systèmes d'armes de haute technologie tels que des drones et des équipements informatiques contre du matériel de base comme des obus, de la poudre à canon et d'autres explosifs [15]. Selon le Wall Street Journal, en décembre 2023, les États-Unis avaient livré à Israël plus de 5000 bombes non guidées Mk82, 5400 bombes non guidées Mk84 de 907 kg, 1000 bombes GBU-39 de 110 kg et environ 3000 kits JDAM (Joint Direct Attack Munition). Depuis le 7 octobre, les États-Unis ont fourni à Israël pour environ 17,9 milliards de dollars d'armes et de munitions, en plus du financement militaire extérieur annuel de 3,8 milliards de dollars et des importations payées de 8,2 milliards de dollars provenant des entreprises d'armement des Etats-Unis [16].
Le passage à une stratégie visant à maximiser la destruction a également entraîné un regain d'intérêt pour la fabrication d'armes au niveau national. Lors de la conférence des actionnaires d'Elbit Systems en 2025, la tendance était claire : Israël reste dépendant des importations d'armes, mais tente de s'approvisionner autant que possible auprès d'entreprises nationales afin d'échapper à l'impact de l'embargo militaire croissant dont il fait l'objet. La part des exportations d'Elbit Systems est passée de 79% au premier trimestre 2023 à 58% au quatrième trimestre 2024. Mais cette recomposition de la demande axée sur le client national fondateur de l'entreprise n'a pas réduit les ventes. Les derniers rapports financiers d'Elbit Systems révèlent que le chiffre d'affaires et le bénéfice d'exploitation de l'entreprise ont augmenté non pas grâce aux exportations, mais grâce à « une augmentation significative de la demande pour ses produits et solutions de la part du ministère israélien de la Défense (IMOD) par rapport aux niveaux de demande avant la guerre ». Pour l'année se terminant en décembre 2024, la société a réalisé 1,6 milliard de dollars de bénéfices sur 6,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires, contre 1,5 milliard de dollars de bénéfices sur 6 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2023. Son carnet de commandes est passé de 17,8 à 23,8 milliards de dollars. Dans l'ensemble, les entreprises d'armement israéliennes ont vu affluer les commandes de l'armée nationale [17]. En mai 2025, Elbit a émis pour 588 millions de dollars de nouvelles actions, souscrites par Bank of America Securities, J.P. Morgan, Jefferies Group LLC et Morgan Stanley.
Comme lors des périodes précédentes, ce tournant économique s'est accompagné de changements dans la stratégie militaire. Le nouveau canon Sigma (Ro'em) de 155 mm d'Elbit Systems en est un exemple révélateur. À première vue, son développement semble paradoxal : Israël est confronté à une pénurie critique d'obus de 155 mm, alors pourquoi investir dans un canon qui double la cadence de tir ? Les innovations du Sigma révèlent les priorités profondes de l'armée israélienne : son chargeur automatique robotisé réduit les besoins en personnel de sept soldats à seulement deux, ce qui permet à des unités plus petites d'opérer avec un minimum de coordination ou de discipline. Avec l'afflux continu de bombes américaines et l'aide financière des États-Unis pour l'achat de munitions par Israël dans le monde entier, ce nouvel équipement peut faciliter une réorganisation de la stratégie de l'armée israélienne.
Le Sigma est une arme destinée à des bombardements de type milicien, qui maximise la destruction par soldat tout en institutionnalisant le manque de discipline qui a caractérisé la campagne israélienne à Gaza. Il incarne la transformation de l'armée israélienne : une armée technologiquement avancée qui revient à l'artillerie, où la puissance de feu remplace la stratégie et où l'anéantissement remplace l'occupation.
Ces outils sont utilisés avec la mentalité des milices de colons. « L'artillerie et les tirs directs de chars sont plus efficaces que les armes de précision coûteuses », a déclaré un officier de l'armée israélienne en novembre. « Tuer un terroriste à l'aide d'un obus de char ou d'un tireur d'élite, plutôt qu'avec un missile tiré depuis un drone, est considéré comme plus « professionnel » [18]. Les chars bombardent les camps de réfugiés à bout portant ; les frappes aériennes rasent des quartiers entiers pour tuer un seul militant. La doctrine américaine des armes combinées et des frappes de précision est ignorée, remplacée par une destruction aveugle. L'industrie de l'armement créée pour contrôler les zones d'occupation dans les pays du Sud à la fin de la guerre froide s'est recentrée sur l'intérieur, afin de compléter une gamme moderne d'équipements états-unies à capacité de destruction maximale. (Article publié par Phenomenal World le 29 août 2025 ; traduction rédaction A l'Encontre)
*Shir Hever, économiste. Il est directeur de Alliance for Justice between Israelis and Palestinians. Ses recherches portent entre autres sur les dimensions économiques de la politique d'occupation, de colonisation des territoires palestiniens. Il a publié The political economy of Israel's occupation. Repression beyond exploitation, Pluto Press 2010, et The privatisation of Israeli security, Pluto Press 2017.
1. Ya'akov Lifshitz, Security Economy, the General Theory and the Case of Israel, Jerusalem : Ministry of Defense Publishing and the Jerusalem Center for Israel Studies (2000).
2. Sharon Sadeh, “Israel's Beleaguered Defense Industry,” Middle East Review of International Affairs Journal, Vol. 5, No. 1, March 2001, pp. 64–77.
3. Jeremy Sharp, “US Foreign Aid to Israel : Overview and Developments since October 7, 2023,” https://www.congress.gov/crs-product/RL33222, accessed August 2025.
4. Nadir Tzur, “The Third Lebanon War,” Reshet Bet, July 17th, 2011 http://www.iba.org.il/bet/?entity=748995&type=297, accessed December 2013.
5. Yael Hason, Three Decades of Privatization [Shlosha Asorim Shel Hafrata], Tel-Aviv : Adva Center (November 2006).
6. Sadeh, 2001.
7. Jonathan Cook, “Israel Maintains Robust Arms Trade with Rogue Regimes,” Al-Jazeera, October, 2017 https://www.aljazeera.com/news/2017/10/23/israel-maintains-robust-arms-trade-with-rogue-regimes, accessed December 2024.
8. United Nations, “5. Estimates of Mid-Year Population : 2002–2011,” Demographic Yearbook, 2013 http://unstats.un.org/unsd/demographic/products/dyb/dyb2011.htm, accessed December 2024 ; Richard F. Grimmett and Paul K. Kerr, “Conventional Arms Transfers to Developing Nations, 2004–2011, “Congressional Research Service, 7–5700, August 24, 2012 ; Amnesty International, “Israel/Gaza : Operation ‘Cast Lead' – 22 Days of Death and Destruction, Facts and Figures,” July, 2009 https://www.amnesty.org/en/wp-content/uploads/2021/07/mde150212009eng.pdf, accessed December 2024.
9. Jonathan Cook, “Israel's Booming Secretive Arms Trade,” Al-Jazeera, August, 2013 https://www.aljazeera.com/features/2013/8/16/israels-booming-secretive-arms-trade, accessed December 2024. Neve Gordon, “The Political Economy of Israel's Homeland Security/Surveillance Industry,” The New Transparency, Working Paper (April 28, 2009).
10. Sophia Goodfriend, “Gaza War Offers the Ultimate Marketing Tool for Israeli Arms Companies,” +972 Magazine,January, 2024 https://www.972mag.com/gaza-war-arms-companies/, accessed December 2024.
11. Maya Wind, Towers of Ivory and Steel : how Israeli Universities Deny Palestinian Freedom, Verso (2023).
12. Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) “The SIPRI top 100 Arms-Producing and Military Service Companies, 2020,” SIPRI, December, 2020 https://www.sipri.org/sites/default/files/2021-12/fs_2112_top_100_2020.pdf, accessed December 2024.
13. Yagil Levy, Israel's Death Hierarchy : Casualty Aversion in a Militarized Democracy, New York : NYU Press (2012).
14. This is widely referred to as the Palestinian “laboratory”—a term used in the critical literature as well as by Israeli arms companies themselves.
15. Hussein, 2024. Yoav Zitun, “From deals in the Third World to dubious brokers : a glimpse into the IDF arms race,” Ynet, November 22nd, 2024, https://www.ynetnews.com/article/h1tefly71g ; Cf. https://www.haaretz.com/israel-news/2024-09-27/ty-article-magazine/.highlight/retired-israeli-general-giora-eiland-called-for-starving-gaza-does-he-regret-it/00000192-33f5-dc91-a1df-bffff4930000, accessed January 2025.
16. Ellen Knickmeyer, “US spends a record $17.9 billion on military aid to Israel since last Oct. 7,” AP, October 9th, 2024, https://www.ap.org/news-highlights/spotlights/2024/us-spends-a-record-17-9-billion-on-military-aid-to-israel-since-last-oct-7/, accessed August 2025 ; Hagai Amit, “89 Billion NIS in two years : the numbers behind the buying binge of the IDF in the war,” The Marker, July 27, 2025. https://www.themarker.com/allnews/2025-07-27/ty-article/.highlight/00000198-4735-deec-ab9e-e73f8bc40000, accessed August 2025.
17. Yuval Azulay, “Israel's Arms Industry Profits Soar as Wars Fuel Billion-Dollar Contracts,” Calcalist, August, 2024 https://www.calcalistech.com/ctechnews/article/hkuwdfkic, accessed December 2024.
18. Zitun, “From deals in the Third World to dubious brokers : a glimpse into the IDF arms race,” Ynet, November 22nd, 2024, https://www.ynetnews.com/article/h1tefly71g(Back)
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